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Commission permanente de la Voirie
Crédits du ministère de la
Voirie
Séance du jeudi 25 juin 1970
(Onze heures quatorze minutes)
M. BROWN (président suppléant de la commission permanente
de la Voirie): A l'ordre, messieurs! M. Latulippe, M. Lavoie (Wolfe), M.
Saindon, M. Tremblay (Sainte-Marie).
M. PINARD : Est-ce que vous avez oublié de faire l'appel des
membres de la commission par représentation selon les partis?
M. LE PRESIDENT: Oui. M. Picard est absent, ainsi que M. Fraser et M.
Lafontaine; ils viendront plus tard.
M. PINARD: Très bien.
M. LE PRESIDENT: D'accord? La séance de la commission est ouverte
afin de discuter les prévisions budgétaires du ministère
de la Voirie.
M. LEGER: C'est une question d'information que je pose. Je veux demander
au ministre de la Voirie à quel poste je puis poser la question
suivante: Est-ce que c'est au poste 2 ou poste 7 que l'on peut discuter des
sorties qui auraient dû être aménagées au bout du
boulevard Métropolitain, en direction du prolongement de la route
transcanadienne qui va jusqu'à Berthier dans la section d'Anjou?
M. PINARD : Cela viendra plus tard au poste intitulé
"construction". Vous verrez, à la page 196 de votre cahier des
estimations budgétaires...
M. LEGER: Poste 7.
M. PINARD: ... Au poste 7, article 3, "construction des voies
latérales du boulevard Métropolitain". A ce moment-là,
vous pourrez poser la question et je répondrai avec plaisir à
votre demande d'explications.
M. RUSSELL: M. le Président, le ministre pourrait peut-être
informer la commission des changements majeurs de sa politique dans le domaine
de la voirie, pour éviter des questions inutiles et tâcher
d'accélérer autant que possible le travail concernant les
crédits.
M. PINARD: En général, j'aimerais dire que je n'ai pas de
déclaration détaillée à faire à ce stade-ci
de la discussion en commission, puisqu'il s'agit d'un budget
préparé par l'ancienne administration. Nous avons fait des
modifica- tions de détail à certains postes budgétaires,
mais je ne pense pas qu'il s'agira de changements fondamentaux du budget
déjà préparé par l'ancienne administration.
Je réserve mes remarques pour le moment où je
répondrai à des questions beaucoup plus précises. Comme
nous sommes au poste budbétaire "administration", poste
budgétaire 1, article 1, j'aimerais que nous procédions dans cet
ordre.
M. RUSSELL: Je demanderais au ministre que nous procédions
article par article, que nous posions nos questions et que nous attendions les
renseignements que nous voulons obtenir, article par article, plutôt que
de procéder à un exposé global de tous les changements
administratifs qu'il y aurait au ministère de la Voirie.
Changements à l'administration
M. PINARD: J'aurais une déclaration d'ordre général
à faire à l'ouverture de la discussion des crédits.
J'aimerais souligner qu'il y a eu des changements au ministère au niveau
administratif. J'ai remplacé M. Eddy Monette qui a
démissionné du poste de sous-ministre et titulaire. M. Monette a
donné sa démission par lettre adressée au premier
ministre, M. Bourassa. Nous avons accepté la démission de M. Eddy
Monette. Nous l'avons remplacé par M. Philippe Bureau qui, jusqu'ici,
était sous-ministre adjoint. M. Bureau devient maintenant le titulaire,
à titre de sous-ministre.
Congrès international
M. Monette a été affecté à des fonctions
très importantes à Montréal. Il devient l'adjoint de M.
Arthur Branchaud, l'ingénieur en chef, qui a été
mandaté plus spécialement à la préparation du
congrès international routier qui se déroulera à
Montréal, au mois d'octobre, c'est-à-dire du 4 au 10 octobre
1970. Il s'agit d'un événement d'envergure internationale,
puisque nous sommes assurés de la participation technique de 100 pays.
Il y aura, me dit-on, tout près de 5,000 congressistes qui assisteront
à ce congrès international routier. Déjà
près de 2,000 demandes d'inscription ont été faites et il
y a eu paiement des inscriptions, c'est-à-dire que nous pouvons
déjà compter sur 2,000 présences.
Alors, M. Monette, qui avait été mêlé assez
étroitement, avec l'ingénieur en chef, M. Bran-chaud, à la
préparation de ce grand événement, fera un travail
très important auprès de M. Branchaud et il m'a
déclaré sa satisfaction d'avoir été affecté
à ce poste. Il est gardé en fonction au même traitement.
Vous savez sans doute qu'il lui reste 13 mois avant d'obtenir sa pleine
pension. Nous avons pensé qu'il était juste et raisonnable de lui
accorder ce délai et de le maintenir en fonction, comme je l'ai dit
tantôt, fonction très importante puisqu'il s'agit d'un
grand événement qui prend une envergure internationale et
qui permet au Canada, et tout spécialement au Québec, de jouer un
rôle sur le plan international.
Cette fois-ci, sur le plan de la technique routière, et si l'on
tient compte déjà des invitations qui ont été
faites et des réponses qui ont été données
relativement aux communications d'ordre technique qui seront faites au cours de
ce congrès, je crois que ce congrès marquera l'histoire du Canada
et surtout l'histoire du Québec sur le plan de la technique
routière, de la technique de la construction des ponts et aussi sur le
plan de la recherche effectuée pour améliorer les techniques de
construction et aussi les techniques d'entretien.
Je crois que je dois rendre à César ce qui appartient
à César. Ce congrès avait déjà
été préparé sous le règne de mon
prédécesseur. Les travaux ont été menés de
façon rapide et efficace grâce, encore une fois, à la
qualité des fonctionnaires mis au travail à Montréal. Il
s'agit d'une équipe homogène qui travaille très bien et
qui ne manque aucune occasion de faire ressortir le rôle important que
peuvent jouer le Canada et le Québec en particulier, dans le domaine de
la Voirie, de la construction des ponts et de la technique en
général.
M. LOUBIER: Avant de poser une question au ministre de la Voirie,
je...
Autres nominations
M. PINARD: Je voudrais également mentionner aux membres de la
commission qu'il y a eu aussi une nomination, celle de M. Claude Rouleau, qui,
jusqu'ici, était commissaire à l'Office des autoroutes. Il est
ingénieur professionnel, il est jeune et a acquis une très vaste
expérience dans le domaine de la construction routière et
notamment dans le domaine des autoroutes. Je l'ai appelé à venir
occuper un poste important au sein du ministère. En sa qualité de
sous-ministre associé, il prêtera main-forte à M. Bureau et
à tous ceux qui sont déjà en fonction. Ce sont: M. Henri
Perron, qui est sous-ministre adjoint chargé plus spécialement de
la préparation du budget et qui est directeur général de
la planification; les sous-ministres, M. Ostiguy, sous-ministre adjoint qui
s'occupe plus spécialement de la construction, et M. Legault, qui est
l'adjoint de l'ingénieur-en-chef, M. Branchaud. Il y a également
le directeur de la construction, M. Blais. Il y a M. Ben Deshaies, qui est
directeur général de l'entretien; M. Roch Bergeron, qui est le
directeur général du service des contrats, il y a le directeur
adjoint du personnel, M. François Favreau; il y a M. Adam, directeur
général du service des expropriations. Je pense n'avoir
oublié personne.
Il y a ici, derrière moi, M. Marcel Lacroix, qui a
été appelé à devenir mon conseiller spécial
pour une période temporaire. Il me prête ses services.
Nous avons demandé, à plusieurs reprises, aux hommes
d'affaires de venir prêter main-forte au gouvernement, surtout lorsqu'il
est question de rénover ou de rajeunir, ou de moderniser
l'administration publique, à tous les niveaux, dans tous les
ministères. Il est bon que des hommes d'affaires viennent prêter
main-forte aux législateurs, aux hommes politiques, pour une
période indéterminée, parfois, parce qu'ils ne veulent pas
tous devenir fonctionnaires. Il pourra m'aider à faire les
réformes qui s'imposent au niveau de l'administration, non pas que
l'administration ait été déficiente, mais il faut remettre
l'administration à l'heure de 1970; il faut aller chercher, chez les
hommes d'affaires et dans leurs entreprises, les méthodes en vigueur qui
donnent de l'efficacité, de la rentabilité, et permettent aussi
d'agir plus rapidement. Je ne vois pas pourquoi ces méthodes qui sont
bonnes pour l'administration privée ne seraient pas également
efficaces pour l'administration publique.
On pourrait faire une longue dissertation là-dessus, mais c'est
également le sens de l'enquête faite actuellement par la firme
Price Brother House, et plus spécialement par M. Mineault qui cherche
à implanter de nouvelles mesures, de nouvelles formules administratives,
dans les ministères, pour accroître l'efficacité, compte
tenu de l'augmentation croissante des budgets au niveau du gouvernement
là je parle globalement et aussi, au niveau de certains
ministères. Et comme le ministère de la Voirie est certainement
un ministère à forte vocation économique, avec une forte
incidence industrielle, je crois que les services qui nous sont
prêtés par quelques hommes d'affaires, que je veux attirer dans
mon cabinet pour une période indéterminée, ces
services-là seront bienvenus et bien accueillis, non seulement au sein
de mes fonctionnaires, mais aussi par tous les députés de la
Chambre, et en général par le public aussi.
M. LOUBIER: M. le Président, je suis surpris. Le ministre nous
disait tout à l'heure qu'il ne ferait pas de préambule. Quelle
serait pour lui la définition d'un préambule, si ce n'est pas ce
qu'il vient de dire? De toute façon, lorsqu'il mentionne qu'il fait
appel à des hommes d'affaires comme conseillers à son bureau, je
pense qu'il touche juste à ce moment-là. Je connais M. Lacroix,
entre autres, je connais peut-être mieux ses frères, je sais que
c'est sûrement un atout, pour qu'on tombe sur nos deux pieds. Mais dans
la question de l'administration générale de son ministère,
le ministre nous a dit qu'il n'y avait pas eu de changement au niveau
supérieur ou à des niveaux "semi-supérieurs". Est-ce que
j'ai bien compris?
M. PINARD: Enfin, j'ai mentionné des changements...
M. LOUBIER: Les seuls que...
M. PINARD: ... à des niveaux supérieurs. Cela n'a pas
été un réaménagement
généralisé des fonctions qui sont déjà
occupées par des fonctionnaires compétents.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre, à même le budget,
à l'article "administration", prévoit la création de
certains autres postes pour l'exercice financier courant?
M. PINARD: Cela n'affecte pas le poste budgétaire qui est
déjà en discussion; il me faut constituer un cabinet. Mon chef de
cabinet n'a pas encore été choisi, il le sera d'ici quelques
jours, tout au plus. Il est possible que je groupe autour de moi d'autres
personnes qui auront une préparation plus spécifique au plan
administratif et au plan économique de façon que, dans la
préparation des grandes politiques et dans la préparation de la
planification, nous puissions marier, de façon efficace, la technique et
l'administration avec l'efficacité administrative. On ne peut pas faire
de planification efficace et rentable si nous ne sommes pas capables de
prévoir, au départ, toutes les incidences budgétaires,
industrielles et sociales de l'influence de la création d'un programme
routier. Je pense que la véritable planification est basée sur
les éléments que nous discutons en ce moment.
Problèmes de patronage
M. LOUBIER: Au poste de l'administration, le ministre de la Voirie
partage-t-il une philosophie qui a été émise par le
candidat libéral défait, dans Montmagny, selon laquelle... Je ne
voudrais pas déranger le ministre.
M. PINARD: Allez, allez.
M. LOUBIER: Le ministre partage-t-il la philosophie émise par le
candidat libéral défait, dans Montmagny, selon laquelle les
"patro-neux" du comté, ou les candidats libéraux défaits,
se feront les intermédiaires, ou les porte-parole, des revendications et
des intérêts des différents comtés de la
province?
M. PINARD: Je me sens très à l'aise pour répondre
à cette question du député de Bellechasse.
M. LOUBIER: Sans aucune arrière-pensée, le ministre me
connaît.
M. PINARD: Je sais. C'est pour cela que je me sens à l'aise pour
répondre. Je fais mienne la déclaration faite en Chambre ce matin
par le premier ministre, M. Bourassa, selon laquelle le candidat, même
s'il a un statut de représentation comme n'importe quel autre citoyen du
Québec, comme n'importe quel autre porte- parole ou représentant
d'un corps intermédiaire, légalement, légitimement
constitué, n'a pas d'autre statut que celui de citoyen qui peut demander
à l'occasion des informations au ministre, aux députés et
aux fonctionnaires.
Les portes du ministère de la Voirie sont ouvertes à tous
les citoyens du Québec, à tous les députés de
l'Opposition et à ceux qui s'occupent des affaires publiques mais il n'y
a pas de statut... Un instant, je n'ai pas fini ma déclaration...
M. LOUBIER: Ma question est très précise. Est-ce que les
députés... Excusez-moi.
M. PINARD: ... je n'accorde pas personnellement de statut politique ou
de statut de représentant politique au candidat qui a été
défait parce que la population ne l'a pas mandaté pour
représenter son comté auprès des autorités
gouvernementales.
M. LOUBIER: Je remercie le ministre de l'honnêteté avec
laquelle il a répondu à cette question. Ceci me permet je
ne sais pas, le ministre me corrigera de conclure que les
députés élus, de quelque allégeance politique
qu'ils soient, demeurent aux yeux du ministre comme aux yeux du premier
ministre, les représentants officiels et ceux qui sont mandatés
pour faire écho aux besoins et aux aspirations de chacun des
comtés. Dans le cas présent, en ce qui concerne la voirie, ce
sont les députés qui recevront les représentations.
En effet, comme l'a mentionné l'autre jour le ministre, il ne
faudrait pas non plus verser à l'autre extrême et qu'un
député, quel qu'il soit, puisse devenir un roitelet dans son
comté, et, de quelque allégeance qu'il soit, à ce
moment-là, il veuille tout contrôler.
Je veux simplement cristalliser ma pensée comme suit: Lorsque
nous avons des représentations de corps municipaux, ou des
représentations de corps intermédiaires comme l'UCC demandant
l'amélioration du réseau routier ou d'une partie du réseau
routier d'un comté, à ce moment, le ministre tiendra compte du
fait que le représentant officiel du comté est
l'intermédiaire entre les municipalités ou les corps
intermédiaires. Est-ce que j'ai bien compris? C'est dans ce sens que le
ministre s'exprime.
M. PINARD: Si on veut vraiment faire jouer le système
démocratique de la façon qu'il doit jouer, et ne pas fausser les
mécanismes de représentation en vertu de notre système
parlementaire et de notre système électoral, il faut bien
admettre que le député choisi par la population le soir de
l'élection devient effectivement le mandataire de cette population du
comté. Qu'il soit le représentant ministériel ou le
représentant de l'Opposition n'enlève rien à son statut.
C'est dans ce cadre que je veux situer la discussion aujourd'hui et aussi ma
réponse.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Argenteuil.
M. SAINDON: M. le Président, je comprends difficilement la
question du député de Bellechasse, surtout si on considère
que de 1966 à 1970, nous ne recevions même pas dans nos
comtés une copie des budgets de comté et que, à plus forte
raison, nous n'étions pas consultés. Je comprends difficilement
l'attitude du député de Bellechasse.
M. LOUBIER: M. le Président, je réponds au
député. Premièrement, le même sort nous était
réservé les premières années où nous
étions dans l'Opposition. Sauf qu'à un moment donné, il y
a eu un sursaut de bonne volonté de la part du ministre du temps, qui
est le ministre actuel. Nous pouvions recevoir, à un moment
donné, surtout en Chambre, toutes les informations requises pour nos
différents comtés. Nous avons tenté, depuis quelques
années je dirais depuis sept ou huit ans d'épurer
ce climat de partisa-nerie. Je pense qu'au lieu de rétrograder ou de
faire marche arrière, on devrait continuer d'agir dans ce sens. Le
député du temps je me per. mettrais, M. le
Président, de lui poser la question a-t-il demandé au
ministre de la Voirie d'alors de lui faire parvenir copie des travaux qui
seraient effectués dans son comté?
M. SAINDON: Je l'ai demandé bien des fois et je n'ai jamais rien
eu.
M. LOUBIER: Vous l'avez demandé bien des fois?
UNE VOIX: Avec beaucoup de sympathie.
M. SAINDON: Avec beaucoup de sympathie, mais je me demande comment cela
se fait. Si vous avez essayé d'épurer comme vous dites, cela est
resté au stade d'essai parce qu'il n'y a pas eu d'épuration.
M. LOUBIER: Est-ce que le député va admettre que je
ne parlerai pas au nom des autres parce que l'ancien ministre n'est pas ici
lorsque j'étais ministre du Tourisme, tous les
députés de l'Opposition étaient bienvenus? Ils venaient me
voir, me faisaient des requêtes. Lorsque cela avait du sens, ils
obtenaient une réponse favorable.
M. SAINDON: Peut-être qu'ils étaient bienvenus, mais s'il y
a une chose que je peux répondre là-dessus, c'est au sujet des
subventions. Par exemple, c'est le cas pour les kiosques d'information
touristique. Lachute, entre autres, a reçu sa subvention de 1967/68;
celle de 1968/69, nous ne l'avons jamais eue. Peut-être cela a-t-il
été demandé plusieurs fois.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: II y a bien des kiosques situés dans des
comtés représentés par des députés de
l'Union Nationale et qui n'ont pas eu de subventions non plus. Je pense que
avec toute la déférence que je dois au
député c'est un hors-d'oeuvre qu'il vient de nous servir,
parce que le premier ministre a pris ce matin une position claire, nette et
franche et le ministre de la Voirie vient de répéter sensiblement
les mêmes propos.
M. SAINDON: C'est malheureux, il vous donne tous les avantages que nous
n'avons pas eus.
M. LOUBIER: C'est tout simplement... Bien, ça, M. le
Président, je pense que si...
M. PICARD (président de la commission de la Voirie): A l'ordre,
messieurs. Je pense que la discussion sur cet incident s'éloigne un peu
des crédits en général. J'aimerais donner la parole au
député de Portneuf.
M. DROLET: M. le Président, dans la discussion
générale qui a été entreprise, je suis d'accord
avec le ministre de la Voirie, lorsqu'il dit au début que les candidats
libéraux défaits n'ont aucun statut particulier...
M. PINARD: Tous les candidats, de quelque parti qu'ils soient, s'ils ont
été défaits alors qu'ils représentaient un autre
parti que le Parti libéral, n'ont pas plus de statut que les candidats
libéraux défaits.
M. DROLET: D'accord.
M. PINARD: II y a d'autres candidats qui représentaient d'autres
partis, qui viennent faire des instances non seulement auprès des
fonctionnaires du ministère à Québec, mais aussi dans les
divisions. Ils voudraient avoir un certain statut qu'ils n'ont pas
effectivement. Ma remarque s'applique à tous les candidats, de quelque
parti qu'ils soient.
M. DROLET: Bon, j'en suis. Tous les candidats défaits, si vous
voulez. A ce moment, je pense qu'il devrait y avoir certainement une mise au
point du ministre, parce que, dans certains comtés, cela se fait. Qu'on
le veuille ou non, cela se fait. Présentement je peux vous assurer que,
dans le comté de Portneuf, les ordres concernant la voirie, les
engagements concernant la voirie, viennent exclusivement de M. André
Sauvageau, candidat libéral défait. A ce point de vue, M. le
ministre, je peux vous assurer que vous n'avez qu'à communiquer avec le
chef divisionnaire à Cap-Santé, qui est un chic type dans la
force du mot. Il est lui-même tout mêlé avec ça.
Encore la semaine dernière, on a engagé un cultivateur
propriétaire de 35 vaches pour travailler dans le domaine de la
voirie.
M. PINARD: Un cultivateur propriétaire de 35 vaches?
M. DROLET: Oui. Ce type a assez de travail sur sa terre, il n'a pas
d'affaire à travailler pour la voirie alors qu'il y en a plusieurs qui
attendent pour travailler. Ce type était un des organisateurs assez
puissants du Parti libéral du comté, et c'est lui qui travaille
présentement. Il a été engagé par l'organisation
libérale et par M. Sauvageau, le candidat libéral défait.
En plus, je peux vous assurer M. le Président et M. le ministre que je
reçois des lettres, des communications, des télégrammes
à mon bureau du parlement s'adressant à M. André
Sauvageau, candidat libéral défait. Je les reçois au nom
d'André Sauvageau, député de Portneuf. Il s'est fait
battre par 3,300 voix, pour ceux qui ne le savent pas.
M. PINARD: M. le Président, j'aimerais répondre au
député de Portneuf qu'il est bienvenu dans mon ministère.
Il a droit de venir y rencontrer les fonctionnaires. Il a même le droit
et l'obligation de demander des entrevues au ministre de la
Voirie, si le besoin s'en fait sentir, pour obtenir des informations...
M. DROLET: Cela me fait plaisir.
M. PINARD: ... ou faire certaines recommandations de bon aloi. La
meilleure preuve, c'est qu'il m'a fait parvenir, à ce jour, passablement
de lettres auxquelles j'ai pris soin de répondre.
M. DROLET: C'est vrai et je vous remercie.
M. PINARD: Et je pense que, jusqu'à maintenant, j'ai fait la
preuve que je traitais le député de Portneuf, le
représentant du comté dans l'Opposition, de façon juste et
raisonnable. J'ai fait la preuve de ce que j'ai avancé tantôt
à l'effet que je lui donnais le statut de représentant du
comté de Portneuf. Il m'a fait des demandes et jusqu'ici j'ai pris bien
soin de répondre à ses lettres. J'en ai une, ici, en date du 17
juin 1970, qui répond à la sienne du 12 juin. Il y a eu cinq
jours de décalage. Je pense que c'est une réponse qui a
été faite dans un délai raisonnable...
M. DROLET: M. le Président, je voudrais seulement ajouter...
M. PINARD: ... et je constate que le député de Portneuf
reçoit des résolutions des corporations municipales dont il me
fait parvenir copie. Il fait son travail de député et c'est
normal que le candidat défait, M. Sauvageau, reçoive certaines
recommandations, lui aussi. Elles recevront l'attention que le candidat
défait doit recevoir, je l'ai dit tantôt. Alors c'est...
M. DROLET: C'est justement là...
M. PINARD : Les demandes du candidat défait peuvent
coïncider avec celles faites par le représentant dûment
élu dans Portneuf. Il arrivera que le ministre, tout en donnant raison
ou une réponse favorable au député de Portneuf, s'adonne
aussi à donner raison au candidat défait qui a fait exactement la
même demande. Ce sera une lutte de prestige entre les deux personnes en
question et j'imagine que le député de Portneuf sait comment s'y
prendre. Je pense qu'il est assez habile de ce côté-là.
M. DROLET: M. le Président, j'ai juste un mot à ajouter
là-dessus. IL est vrai que le ministre répond très bien
à nos lettres et il y répond rapidement. J'espère qu'il
passera à l'action ensuite. Et, pour ajouter à ce qu'il dit, un
candidat défait est défait démocratiquement. Il ne devrait
pas y avoir de lutte de prestige ou autre. Il est défait, qu'on le
veuille ou non. Ce n'est pas notre faute, c'est la population qui le veut
ainsi.
M. PINARD: Ecoutez! Là, on entre dans un débat qui a des
dimensions de tradition, de sociologie, de comportement des Canadiens
français face aux gouvernements, au niveau provincial, au niveau
municipal, au niveau scolaire. C'est une espèce de cancer qui s'est
généralisé depuis que les gouvernements sont en fonction
dans la province de Québec. Heureusement qu'il y a eu des
réformes qui ont été amorcées, le système de
soumissions publiques, par exemple...
M. DROLET: Les tiers partis.
M. PINARD : Je pense que la population a évolué dans ce
sens-là mais ce n'est pas fini. Ce n'est pas tellement un
problème de réforme en soi comme un problème de
comportement des hommes, quels qu'ils soient, au niveau ministériel ou
au niveau de l'Opposition. Si les hommes ne se donnent pas la main,
indépendamment des étiquettes partisanes, pour mettre fin
à cette situation déplorable, on aura toujours des discussions
à n'en plus finir sur ce fameux problème du patronage qui est
dramatisé, qui devient une préoccupation exacerbante au niveau de
certains média d'information parce que pour eux, la seule chose
inquiétante c'est le patronage dans le Québec alors qu'il s'en
fait partout dans les autres provinces au Canada et dans le monde, mais on en
parle moins. Et les Anglo-Saxons ont au moins cette qualité: lorsqu'ils
font du patronage, ils s'entendent pour le faire silencieusement et ils ne
s'attaquent pas trop là-dessus. Au Québec, c'est une constante,
les hommes politiques s'attaquent réciproquement chacun leur tour et
quand un changement de gouvernement se produit on n'est jamais rendu plus loin.
C'est le comportement des hommes
qu'il faut changer. Si les représentants de l'Opposition comme
les représentants du parti au pouvoir veulent réellement changer
fondamentalement la situation de l'administration publique au Québec, il
devront se donner la main et cesser de s'attaquer dans un domaine où
nous avons été faibles, il est vrai, mais où il s'est fait
des réformes qui ont été très efficaces. Il y a eu
de la bonne volonté démontrée par les gouvernements qui se
sont succédé depuis les années 1960, mais peut-être
que des ministres ou des députés n'ont pas montré le
même degré de disponibilité, n'ont pas fait le même
effort de réforme personnel que d'autres ministres, que d'autres
députés et c'est là le problème.
On pourrait discuter toute la journée et on ne serait pas plus
avancé. Faisons en sorte que la population ait confiance en
l'administration publique, ait confiance en ses représentants, qu'ils
soient ministériels ou de l'Opposition et que le tout fasse pour le plus
grand avantage des contribuables. Nous aurons alors le maximum de
rentabilité des taxes payées par les citoyens et nous aurons une
administration plus rapide, plus efficace et plus humaine. A ce
moment-là, ce sont les hommes qui feront en sorte que l'administration
aura changé véritablement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, c'est une question
que je voudrais adresser au ministre. A quel article pourrons-nous discuter les
règlements qui régissent la pesanteur sur les routes de la
province?
M. PINARD: Cette question concerne surtout l'entretien des routes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): L'entretien des routes.
M. PINARD: Oui. Cela touche également la construction et cela a
une incidence très forte au ministère de la Voirie. La
juridiction appartient au ministère des Transports et des
Communications, à qui le ministère de la Voirie fait parvenir
chaque année des rapports techniques indiquant que la capacité
portante de telle route ne permet pas le transport lourd, à certaines
périodes de l'année, etc..
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Lorsque nous avons discuté les
crédits du ministère des Transports, la question a
été posée et on nous a dit que cette question devait
être adressée au ministère de la Voirie.
M. PINARD: Cela dépend. Si vous voulez savoir quelle est la
capacité portante de la route 34, par exemple, le ministre de la Voirie
pourrait vous donner des renseignements techniques plus détaillés
que le ministre des Transports. S'il s'agit du problème de l'application
des règlements concernant la pesanteur, c'est au ministre des Transport
que vous devez poser la question, parce que c'est de lui que relève
l'application de ces règlements.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Très bien.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: II y a deux points que je voudrais soulever concernant la
question dont M. le ministre a parlé plus tôt. La première
je pense bien que M. le ministre a dépassé sa
pensée quand il a dit que le patronage fait par un Anglo-Saxon,
silencieusement, était mieux que le patronage fait par un Canadien
français, ouvertement.
M. PINARD: Je n'ai pas dit cela.
M. LEGER: Je sais que vous avez peut-être dépassé
votre pensée.
M. PINARD: J'ai dit que les journaux s'en emparaient moins parce que
c'était plus silencieux, mais il y a une espèce de "gentlemen
agreement" entre les partis ministériels et les partis de l'Opposition
dans les provinces anglo-saxonnes. Vous entendez rarement parler du patronage
dans ces provinces-là. C'est une constante, là aussi. C'est une
constatation que tout le monde peut faire aussi.
M. LEGER: Il n'est pas mieux d'avoir ce problème silencieusement
qu'ouvertement.
M. PINARD: Non, absolument pas. Mais il faut définir le mot
"patronage", ici. Il est laissé à la libre interprétation
de l'individu.
UNE VOIX: Ne vous embarquez pas là-dedans...
M. LEGER: La question que je voulais poser à M. le ministre est
la suivante. Tout à l'heure, on semblait dire que le candidat
libéral défait d'un comté pouvait apporter la même
demande que le député de l'Opposition. Est-ce que cette demande a
plus de poids auprès du ministre? J'espère que non, parce que,
à ce moment-là si une demande était faite par un
député de l'Opposition, comme c'est le cas ici, elle aurait moins
de poids que si elle venait du candidat défait auprès de la
population; J'espère qu'il n'attend pas qu'une demande faite par un
député de l'Opposition soit par la suite, corroborée par
un candidat défait, pour que lui-même ait du prestige dans son
comté.
M. PINARD: Je vais établir la distinction tout de suite. Il peut
arriver, par exemple, qu'un candidat défait occupe d'autres
fonctions
au niveau municipal, ou au niveau scolaire. Il a un titre de
représentant de ses commettants. Alors, comme maire, il a le droit de
faire des représentations.
M. LEGER Ou comme échevin.
M. PINARD: Ou comme échevin, ou comme président de la
commission scolaire. Mais parfois il fait peser un peu plus lourdement son
titre de candidat défait. Alors, je fais la distinction qui s'impose.
J'accuse réception de la correspondance qu'il m'adresse, des
résolutions dont il me fait part.
Je lui donne l'importance qu'il a. Je le traite beaucoup plus en
représentant constitué de la population à tel niveau
d'autorité, au niveau municipal, au niveau scolaire, et j'oublie
davantage le statut d'un candidat défait parce qu'à mon avis il
n'a pas de statut de représentation au même titre qu'un
député qui a été élu, c'est tout. Est-ce que
cela répond à votre question?
M. LEGER: Presque. Je vous fais confiance jusqu'à nouvel ordre
sur cette question.
M. PINARD: Encore une fois, je le répète, faisons un essai
loyal, mais je demande la collaboration de tous les députés,
quels qu'ils soient. Bien honnêtement, je reçois des lettres, non
pas à la tonne, mais au charriot, depuis un bout de temps. Je
m'aperçois que le patronage que l'on voudrait interdire à
certaines personnes, d'autres voudraient l'exercer parce qu'elles ont
été élues députés soit du côté
ministériel, soit du côté de l'Opposition. Ce n'est pas
meilleur pour les uns que pour les autres. C'est exactement le même
principe qui est en cause. On prend même la peine, dans certaines
lettres, de me dire: Auriez-vous l'obligeance de faire en sorte que M. Untel
occupe le poste de contre-maître à tel endroit, le poste de
conducteur de tel équipement à la division de voirie de tel
endroit? A ce moment, si ce n'est pas du patronage, qu'est-ce qu'est? Ce sont
au moins des recommandations. Cela vient des comtés de l'Opposition,
cela peut venir des comtés ministériels. Je me dis que c'est un
problème d'hommes. Il faut que tout le monde s'entende sur le rôle
qu'un député doit jouer.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de la Beauce.
M. ROY (Beauce): L'honorable ministre de la Voirie pourrait-il nous
informer s'il a donné ou s'il entend donner des instructions au
divisionnaire de la Beauce, relativement aux ordres que pourrait donner le
candidat libéral défait dans le comté de Beauce?
M. PINARD: Des directives ont été données aux
divisionnaires, aux divisionnaires adjoints, aux chefs de district et ils
savent comment se comporter, mais il est parfois assez embêtant pour eux
de trancher au couteau de quelle façon ils doivent se comporter
vis-à-vis de telle personne. Ils ont donc un peu tendance à
référer le cas ou le dossier au niveau supérieur, soit au
niveau du directeur du personnel ou du directeur adjoint, du ministre ou des
sous-ministres. Cela prend un peu plus de temps. A ce moment, il peut se passer
des événements un peu disgracieux dans certains comtés,
comme c'est le cas à l'heure actuelle dans le comté de
Témiscouata où il y a une bataille entre des groupes riveaux, qui
prétendent avoir droit à des représentations ou avoir
droit d'être sur certains chantiers plutôt que d'autres. A ce
moment-là, il n'y a plus d'autorité. Il y a eu peut-être un
peu de faiblesse de la part des représentants du ministère, qui
n'ont peut-être pas jaugé ou saisi toute l'ampleur de la
situation. Il arrive que le chantier est de construction très urgente,
mais il est fermé à toutes fins pratiques. Les entrepreneurs ne
peuvent pas exécuter leurs travaux. Il est possible que cela conduise
à la production de réclamations de la part de ces entrepreneurs.
Nous ne pouvons pas laisser la situation telle quelle indéfiniment.
Lundi, il faudrait que le chantier soit ouvert, coûte que coûte. Il
faudrait qu'il y ait énormément de bonne volonté de la
part du représentant du comté dûment élu, et de la
part de ceux qui n'ont pas de statut, comme je l'ai dit tantôt, mais nous
essaierons d'en arriver à un modus vivendi.
L'indice du chômage est considérable dans ce comté.
Il n'est pas juste, à mon avis, que les mêmes personnes soient
toujours à des postes occasionnels. Il n'y a pas de statut de
syndiqué, il n'y a pas de syndicalisation possible dans ces cas,
puisqu'il s'agit de travaux occasionnels et exécutés à
l'occasion d'un grand chantier qui s'appelle route transcanadienne. Lorsque ce
grand chantier sera terminé, la plupart des personnes qui y auront
travaillé seront retournées chez elles purement et
simplement.
M. SIMARD (Témiscouata): Le ministre pourrait-il dire à
cette commission s'il a vérifié...
M. PINARD: En somme, il ne peut pas y avoir de sécurité
d'emploi sur ce chantier de la route transcanadienne de Témiscouata ou
ailleurs, parce que c'est un projet spécial.
M. SIMARD (Témiscouata): Lorsqu'il s'agit d'équipes
d'arpentage, par exemple, il me semble que c'est un travail de
précision. Il doit durer encore au-delà d'un an ou un an et demi.
Si le gouvernement actuel veut pratiquer ce qu'il a prêché pendant
la campagne, c'est-à-dire l'efficacité, ce n'est pas à
l'avantage des contribuables de changer d'hommes toutes les deux ou trois
semaines. On sait que c'est un travail de précision. J'aimerais ici que
le ministre rétablisse les faits à un moment donné, il a
été question
dans les journaux qu'il n'y aurait rien de surprenant que le
député soit pour quelque chose là-dedans. J'aimerais qu'il
précise. S'il ne l'a pas dit, d'accord, mais, si tel est le cas,
j'aimerais qu'il précise sa pensée. J'ai été mis en
cause dans le comté, on a dit que j'étais pour quelque chose
là-dedans. Je crois que s'il y a 26 personnes qui ont été
congédiées; or, je ne suis pour rien dans cela.
M. PINARD: Cinq personnes ont été
congédiées, et non pas 26 personnes. Il s'agit de gens que l'on
appelle des journaliers. Ils n'ont pas le statut de syndiqué. Ils n'ont
pas passé de concours en vertu des dispositions de la Loi de la Fonction
publique, ils ne se sont en aucune façon qualifiés.
Ils ont été évalués au point de vue de la
compétence, par le résident sur le chantier ou par le
divisionnaire, selon le cas. Ce sont des occasionnels. Mais ceux qui ont le
statut de travailleur journalier, qui n'ont pas de compétence
particulière, qui ne sont pas des techniciens en arpentage, qui ne sont
pas des techniciens routiers proprement dits, je ne vois pas pourquoi ils
voudraient prétendre à obtenir ou à être
assurés de la sécurité d'emploi, alors que le travail
pourrait se faire par d'autres personnes aussi bien qualifiées
qu'elles.
M. SIMARD (Témiscouata): Le ministre est certainement au courant
que ces gens-là ont passé par la voie normale du bureau de
placement. Lorsqu'une personne est congédiée, je crois qu'elle
est bien contente de savoir, à un moment donné la raison pour
laquelle elle a été congédiée.
M. PINARD: Bon.
M. SIMARD (Témiscouata): Le ministre en mentionne cinq. Ces gens
avaient reçu verbalement un avertissement, à savoir que la
semaine suivante serait leur dernière semaine de travail. On avait
l'intention de les remplacer tous, même je crois que le ministre
est au courant le candidat défait encore dans ce
comté-là comme partout ailleurs, avait fourni des listes.
J'aimerais qu'il nous dise si ça va changer cette situation voulant que
le candidat libéral défait dans le comté de
Témiscouata agisse comme agent de la main-d'oeuvre. Prenons, par
exemple, l'Association des camionneurs artisans. Ils ont une réunion
dans le comté cette semaine et le candidat libéral défait
a été invité comme représentant du comté.
J'admets que ce n'est pas le ministère de la Voirie qui a fait parvenir
cette convocation, mais il faut que ça s'éclaircisse une fois
pour toutes.
M. PINARD: Je vais répondre au député, s'il me le
permet.
M. SIMARD (Témiscouata): J'ai ici une let- tre de convocation
à une assemblée assez importante. On convoque M. Adrien Beaulieu,
candidat libéral défait, comme représentant du
comté de Témiscouata à cette réunion.
M. PINARD: Ce n'est pas lui qui se convoque, c'est lui qui est
convoqué par une association. Que voulez-vous que j'y fasse?
M. SIMARD (Témiscouata): Ce n'est pas lui qui se convoque, mais
seulement il faut...
M. MAILLOUX: M. le Président,...
M. PINARD: Je voudrais vous faire part des instructions précises
qui ont été données par mon ministère à M.
J.-A. Tremblay, ingénieur résident. Il y en a qui ont
été données et d'autres vont suivre. M. J.-A. Tremblay
surveille les travaux de construction de la Transcanadienne dans le
comté de Témiscouata. Le projet des directives qui lui seront
envoyées se lit comme suit: "Suite au télégramme du 16
juin, adressé par J.-Philippe Bureau, sous-ministre, veuillez donner
instruction immédiatement à tous les employés ayant
quitté le travail, de réintégrer leur fonction, lundi
matin, le 29 juin, sous peine de sanction, et même sous peine de
congédiement s'il y avait mauvaise volonté de leur part. Des
instructions suivront sur la politique à suivre."
Il faut bien comprendre qu'il y a eu cinq personnes qui ont
été mises à pied et elles l'ont été suivant
les recommandations des chefs d'équipe et pour la raison suivante: les
mises à pied ont été motivées essentiellement parce
que ces employés remplissaient un poste qui ne nécessitait pas de
compétence particulière et pouvaient facilement être
remplacés par quelqu'un d'autre. C'est le rapport qu'a fait M. Tremblay
aux autorités du ministère.
M. SIMARD (Témiscouata): C'est une manière comme une autre
de les renvoyer.
M. PINARD: II n'y avait pas eu de concours de qualification, il y avait
peut-être eu une intervention du centre de la main-d'oeuvre de
celui qui s'en occupe mais il n'y avait pas eu de qualifications
particulières exigées, il n'y avait pas eu non plus de concours
exigé pour ces personnes.
M. SIMARD (Témiscouata): Est-ce qu'on a l'intention de changer la
procédure d'embauchage?
M. PINARD: Nous allons garder en fonction les personnes qui ont une
expérience technique dans le domaine de l'arpentage, qui vont être
capables, par exemple, de donner les lignes aux entrepreneurs, de façon
que les travaux soient exécutés efficacement et rapidement, selon
les données de l'arpentage, sous la surveillance des
techniciens compétents en arpentage. Il faut qu'il y en ait aussi
qui posent des piquets, mais n'importe qui est capable de poser des piquets,
une fois que les lignes sont bien déterminées par les techniciens
en arpentage. Cela ne requiert pas de qualifications particulières.
C'est pour ça que j'ai parlé d'un système possible de
rotation qui permettrait à des personnes qui sont en chômage, qui
ont des charges de famille très lourdes, de pouvoir travailler sur un
chantier. Ce n'est pas réservé seulement à des amis de
l'ancien parti ministériel défait. Le député va
comprendre ça. Il peut le comprendre en toute bonne volonté?
M. SIMARD (Témiscouata): Je crois que si vos fonctionnaires font
enquête dans cette affaire-là, ils vont constater qu'il y a 50
p.c. de "bleus" et 50 p.c. de "rouges". Ils n'ont pas été
triés.
M. PINARD: Je sais, c'est possible. Il est possible qu'il y ait aussi
des créditistes...
M. SIMARD (Témiscouata): On ne peut pas les identifier
ceux-là.
M. PINARD: ... qui aient du travail, qui aient besoin de gagner plus
qu'ils ne gagnent. Ils sont peut-être sous le régime de
l'assistance publique ou du bien-être social. Ils ont peut-être des
charges de famille écrasantes, et ils ont le droit de travailler comme
n'importe quel autre citoyen. C'est cela qu'il faut comprendre. Et à ce
moment-là, quand l'indice de chômage est trop élevé,
et qu'il y a tout de même des travaux d'envergure exécutés
dans un comté, pourquoi ne pas essayer de mettre en oeuvre un
système de rotation qui donnera justice à tous ceux qui ont
besoin de travail pour gagner leur vie?
C'est une formule possible. Je l'ai fait, dans mon comté, avec
les camionneurs. A un certain moment, lors de l'exécution des grands
chantiers de la route transcanadienne, il y en avait 128 dans mon comté.
Alors il s'est dépensé passablement d'argent. Il y a eu tellement
de travaux que nous avons pu embaucher tout le monde, indépendamment de
toute étiquette partisane. Je leur ai dis, cependant: Vous allez vous
entendre. Tout le monde ne peut pas aller travailler au même endroit. Il
y aura un système de rotation de façon à donner une chance
égale à tous les camionneurs de travailler parfois sur la
meilleure partie du chantier. Il y en avait qui disaient: vous nous envoyez
dans le trou. Quand ils disaient cela, cela signifiait: Vous nous envoyez dans
la plus mauvaise partie du chantier ou l'on risque de briser davantage nos
camions et où cela nous coûte plus cher, compte tenu du revenu que
nous pouvions gagner à la fin de la semaine. Le système de
rotation faisait que chacun avait une change de se rattraper.
Cette expérience est donc possible, dans tous les comtés
de la province, si on y met de la bonne volonté et si on veut donner un
statut vraiment représentatif à l'Association des camionneurs
artisans qui regroupe tous ces camionneurs dans les comtés ruraux, par
exemple. A mon avis, ces camionneurs sont bien disciplinés. Si, comme on
l'a fait dans le passé, on enlève à l'Association des
camionneurs artisans le statut de représentation pour donner un
véritable statut à une association parallèle qui regroupe
seulement les amis du régime, ce sont seulement les camionneurs amis du
régime qui peuvent travailler pendant quatre ans. Et je m'oppose
à cela. Je m'y suis opposé lorsque j'étais ministre,
à l'époque, et je m'y opposerai encore. Je le dis en toute
sincérité, en toute franchise, à tous les membres de la
commission quels qu'ils soient: Donnez une chance à cette association
représentative, à mes yeux, de faire la discipline au sein de ses
membres, et vous allez voir que les députés n'auront plus les
problèmes qu'ils ont à résoudre quels qu'ils soient,
qu'ils soient du côté ministériel, qu'ils soient du
côté de l'Opposition. Si vous voulez implanter des associations
parallèles à côté de cette association-là,
vous vous créez des difficultés et vous n'en sortirez jamais.
C'est l'expérience que nous avons vécue pendant six ans, c'est
l'expérience qui a été vécue par ceux qui nous ont
précédés au gouvernement et ils n'en sont pas sortis, eux
non plus. Je pense que c'est la meilleure façon de régler le
problème. Mais nous ne pouvons pas donner de garantie de
sécurité d'emploi à des camionneurs qui sont allés
s'acheter des camions de dix tonnes à un certain endroit et qui disent:
Je suis bien prêt à vous encourager, à acheter votre camion
mais vous allez me garantir un emploi sur les chantiers de voirie, sur la
Transcanadienne ou sur les chantiers de la voirie rurale. A ce
moment-là, le rôle du représentant est faussé, parce
que cela oblige le représentant à donner une garantie de travail
à des personnes qui disent: Bien, nous allons acheter de toi
plutôt que d'aller acheter ailleurs. Alors, ce n'est pas mieux dans un
cas comme dans l'autre.
Je pense en avoir dit suffisamment pour ne pas avoir à donner
plus de détails. Je connais à fond le dossier et je sais qu'il y
a des personnes qui sont actuellement sur le chantier ou qui l'ont
été avant la fermeture du chantier et qui sont allées
acheter des camions à un certain endroit avec la promesse qu'elles
auraient du travail afin de payer le camion acheté à tel
endroit.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: M. le Président, je voudrais ajouter, à
l'argumentation, au sujet de la route transcanadienne, que j'ai eu la visite,
comme adjoint parlementaire du ministre de la Voirie, de M. J.-A. Tremblay qui
est résident sur ce chantier. Il m'a dit, au début de la
discussion,
qu'il avait rencontré, dans les jours qui ont
précédé cette rencontre à mon bureau, M. Beaulieu
dont on a parlé tantôt et qui est le candidat défait
là-bas. Il aurait refusé catégoriquement de prendre tout
ordre venant de M. Beaulieu. Je pense que c'était son droit de refuser
catégoriquement avant d'obéir à quelqu'un qui n'avait
aucun mandat.
Il m'a demandé ce que le ministère attendait faire avec le
cas Beaulieu. Je lui ai répondu que nous avions plusieurs candidats
défaits avec lesquels nous avions des problèmes dans certains
ministères mais qu'aucun fonctionnaire du ministère de la Voirie
n'avait d'ordre à recevoir de qui que ce soit quel que soit son titre
d'organisateur. Ce sont les paroles mêmes que j'ai dites au
résident de l'endroit.
Ce qui m'a surpris dans le fait que Radio-Canada ait été
invitée sur les lieux dans les deux jours qui ont suivi, c'est
qu'après avoir donné à M. Tremblay une telle directive il
m'ait appelé à dix heures du matin pour me dire que 28 personnes
avaient été libérées des chantiers; non pas cinq,
mais 28 personnes. C'était l'appel téléphonique de M.
Tremblay à mon bureau, au parlement. Le lendemain, M. Tremblay a dit
nous avoir induit en erreur et que ce n'était pas 28 personnes mais cinq
qui avaient été libérées Et les cinq qui ont
été libérées l'ont été à la
suggestion des chefs d'équipe parce qu'elles n'étaient pas
efficaces. Je pense que Radio-Canada n'aurait pas été
invitée sur les lieux s'il y avait eu cinq personnes de
libérées sur un total de 40 personnes et non pas 28, tel qu'il
avait fait son rapport.
En ce qui regarde le camionnage, dans le comté de
Témiscouata, je voudrais cependant préciser, à l'endroit
du député de Témiscouata, que si M. Beaulieu a
tenté de faire intégrer tous ceux qui ont eu, dans le
passé, la possibilité de gagner leur vie dans le camionnage
artisan, je pense que c'est une tentative que je fais moi-même afin de
faire réintégrer en quelque sorte tous ceux qui ont
été évincés des chantiers depuis quatre ou cinq
ans.
Que chaque comté fasse la preuve, comme M. Bertrand l'a faite
dans Missisquoi, comme M. Leduc l'a faite dans Taillon, comme je l'ai fait chez
nous, où pas un seul artisan, quelle que soit son allégeance
politique, n'a jamais été évincé des associations.
Il y a plusieurs députés qui agissent de la sorte, mais nous
constatons que, dans certains autres comtés, seulement ceux qui
étaient depuis 1966 de l'Union Nationale ont été
acceptés sur les chantiers. Je précise que, dans le comté
de Témiscouata, on a des préjugés contre le
député de Témiscouata. Sur 50 camions, s'il y en a 32
vendus par le garage de M. Montcalm Simard, on a raison d'avoir des
préjugés parce que je pense que le député du
comté a des préférences pour ces camions-là.
M. SIMARD (Témiscouata): Le député de
Charlevoix va admettre qu'il est assez difficile d'empêcher
quelqu'un de venir acheter un camion là où il veut l'acheter.
M. MAILLOUX: Je ne le conteste pas, je le constate cependant.
M. SIMARD (Témiscouata): Vous constatez, mais vos constatations
peuvent être fausses...
M. MAILLOUX: J'ai pris la peine de faire revérifier.
M. SIMARD (Témiscouata): On a voulu mentionner, dans les
journaux, la semaine dernière, qu'on était surpris de voir le
député du comté sur les lieux. J'aimerais, à ce
stade-ci, donner une précision. J'assistais au service funèbre de
la belle-mère de mon secrétaire à Notre-Dame-du-Lac et
pure coincidence, le cimetière était juste en face du bureau de
la route transcanadienne. Je ne suis pas habitué à voir du
piquetage et des pancartes dans le comté de Témiscouata et des
problèmes comme nous avons eu dans le moment. Cela m'a donc
inquiété. Je me suis dirigé vers ces gens là pour
leur demander ce qui se passait. Ils m'ont dit que 26 personnes avaient
été congédiées qu'on voulait protester et au moins
savoir pourquoi ces gens-là avaient été remerciés
de leurs services. Je leur ai dit, sans les encourager, que c'était leur
droit et que, comme employeur moi, lorsque je congédiais un
employé, je lui donnais au moins une raison La raison, ils
pouvaient probablement la connaître sur place, parce que leurs
remplaçants piquetaient de l'autre côté du chemin. C'est
dire que l'on n'avait pas explicité davantage le congédiement de
ces gens-là. Ces gens là se sont sentis lésés dans
leur droit et ils ont pris les moyens pour essayer au moins de savoir la raison
pour laquelle ils avaient été congédiés. Je crois
que ceci éclaircit ma position et ma raison d'être sur les lieux
lundi il y a quinze jours.
M. MAILLOUX: On a fait un drame avec cinq journaliers qui ont
été libérés alors que d'autres chômeurs
demandent également de l'ouvrage. Or; les 40 personnes du chantier de
Témiscouata sont 40 journaliers sans aucune autre compétence que
celle-là. Ils ont le droit de vivre comme d'autres qui sont en
chômage ont également le droit de vivre.
M. SIMARD (Témiscouata): On commence par cinq mais qu'on se
rappelle ce qui est arrivé de 1960 à 1966. Même en 1970,
avant même que le conseil des ministres soit assermenté, le
candidat défait circulait sur tous les chantiers d'hôpitaux ou de
la voirie pour donner à l'ingénieur en place des instructions de
renvoyer celui-ci et de prendre celui-là. Je crois que les gens ont un
chat...
M. MAILLOUX: M. le Président, pensez-
vous que le ministère de la Voirie peut garder les 856 hommes
engagés dans Gaspé-Sud durant la période
électorale?
M. LE PRESIDENT: C'est une décision à prendre pour le
ministre.
M. PINARD: J'aimerais ajouter, pour clore le débat, si vous me le
permettez, qu'il faut bien comprendre aussi que, si le candidat défait
n'a pas d'ordre à donner aux fonctionnaires du ministère de la
Voirie, il ne s'ensuit pas nécessairement que le député
peut, lui, donner des ordres aux fonctionnaires du ministère de la
Voirie. Pas plus.
M. SIMARD (Témiscouata): Je demanderais au ministre,
là-dessus, d'éclaircir les insinuations faites à mon
sujet.
M. PINARD: ... Je sais qu'il s'agit de cas d'espèce, mais des cas
d'espèces qui existent quand même, parce que nous avons les
dossiers en main, pour être en mesure de le prouver, quand la chose
serait nécessaire. Il faut faire attention. Peut-être le
député se sent-il disons, pressé, par les
événements. Il ne veut pas perdre son prestige de
député. Il a été ministériel pendant une
certaine période, il est passé dans l'Opposition. Il a
peut-être pris des engagements vis-à-vis de ses amis, de ses
organisateurs, ce qui est assez légitime. Mais ceci n'engage pas
nécessairement le ministre ou les fonctionnaires. Si le
député a fait des promesses, alors, qu'il s'arrange pour les
tenir comme il pourra, mais ce n'est pas nécessairement écrit que
le ministre aura, lui, à remplir les promesses faites par le
député qui a été battu le soir des
élections.
On a donné un exemple très précis dans le cas des
camionneurs. Il est possible que le député veuille maintenir en
fonction sur le chantier des amis politiques qui y sont entrés en 1969,
qui veulent y rester et qui prétendent avoir droit à une
sécurité d'emploi. Ce qu'ils n'ont pas et ce qu'ils n'auront pas,
parce qu'ils ne sont pas dans une situation pour l'obtenir. Mais je le
répète, il y en a d'autres qui ont le droit de travailler, quels
qu'ils soient. Je ne regarde pas l'étiquette politique moi, quand
quelqu'un vient me demander du travail. Je regarde ses besoins, ses charges de
famille et je vérifie si c'est une personne compétente, capable
de bien exécuter le travail pour lequel elle postule un emploi.
Je pense que ce sont les critères sur lesquels nous pouvons nous
entendre, si nous sommes de bonne volonté et si nous prétendons
vouloir revaloriser la démocratie et améliorer l'administration
générale de la province. Si nous nous entendons là-dessus,
je pense que cela va très bien aller. Il pourra se commettre des
erreurs; c'est entendu, dans un système comme le nôtre, nous avons
à rénover, à améliorer. Mais si on fait preuve de
bonne volonté, nous allons en sortir une fois pour toutes et cela ira
beaucoup mieux, vous savez. Les journalistes ne courront plus à
Témiscouata, les cameramen non plus, pour essayer de dramatiser un
événement qui, somme toute, est un événement bien
mineur par rapport à d'autres situations beaucoup plus scandaleuses qui
ont eu lieu au Québec et qui, probablement, ont encore cours au
Québec. Et c'est là qu'il faudrait faire porter nos efforts, si
nous voulons être des hommes de bonne volonté et de
véritables administrateurs de la chose publique.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Frontenac.
M. SIMARD (Témiscouata): Ecoutez, M. le Président, sur le
même sujet, parce que le ministre a mentionné le mot "promesses"
tantôt je crois que je suis très à l'aise ici,
surtout depuis le 29 avril dernier mais si on veut parler de promesses,
je pense que s'il y a des problèmes dans le comté de
Témiscouata aujourd'hui, c'est parce que le candidat libéral en a
fait plus qu'il n'était capable d'en tenir.
M. PINARD: Oui, mais nous avons réglé le cas du candidat
libéral, là. Il faudrait quand même que le
député en fonction connaisse bien la limite de ses pouvoirs et
celle de ses responsabilités. Il a été représentant
du comté, du côté ministériel. Mais il ne peut pas
se comporter nécessairement comme s'il l'était encore. Alors je
pense que c'est là la délimitation bien précise qu'il faut
faire et je n'ai pas besoin de donner plus de détails. Il sait à
quoi je veux faire allusion.
M. LE PRESIDENT: Alors, je cède la parole au député
de Shefford sur la même question. Ensuite le député de
Frontenac aura la parole.
M. RUSSELL: M. le Président, je voudrais revenir sur la
même question, parce qu'il y a eu des accusations qui ont
été faites par le député de Charlevoix
à moins que ses paroles aient dépassé sa pensée
affirmant qu'il y avait 32 camions sur 40 ou 50 qui étaient
vendus par le député de Témiscouata, qui est un vendeur
d'automobiles. Je pense que c'est une affirmation gratuite. On marche sans
aucune preuve. Cela ne veut pas dire que le député de
Témiscouata ait vendu des camions sur des promesses...
M. PINARD: II l'a admis tantôt!
M. MAILLOUX: Je maintiens le chiffre de 32 que j'ai mentionné
tantôt.
M. RUSSELL: J'ai la parole, M. le Président, et si on veut faire
un débat à celui qui va crier le plus fort, ce sera difficile de
s'entendre.
M. MAILLOUX: Je maintiens le chiffre de 32 que j'ai avancé
tantôt.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. RUSSELL: Je ne nie pas le fait qu'il va y avoir là 32 camions
qui ont été vendus par le commerce du député de
Témiscouata.
M. MAILLOUX: Et je le maintiens.
M. RUSSELL: Je ne nie pas ce fait, mais ceci ne veut pas dire que ces
gens-là ont acheté des camions avec la garantie d'obtenir du
travail.
M. MAILLOUX: Non, c'était sous-entendu.
M. RUSSELL: Pas plus que ceux-là qui, de 1960 à 1966,
achetaient des camions Ford, n'avaient du travail assuré parce que les
parents du ministre avaient un garage à Drummondville et vendaient des
produits Ford.
M. MAILLOUX: Avez-vous envie de nous prendre pour des valises?
M. RUSSELL: La même chose pour ceux qui achetaient du General
Motors chez nous et pensaient obtenir du travail parce que le vendeur du
General Motors est un organisateur libéral très puissant. La
preuve, c'est que le monsieur s'est placé devant un fait. Lorsque le
travail a diminué, il y a eu une rétrocession de plusieurs
camions et cela a créé un malaise chez beaucoup d'individus.
Donc, lorsqu'on apporte des choses comme celles-là dans une discussion
aussi importante que celle des crédits de la Voirie, je pense que c'est
injuste et je demanderais au député de Charlevoix de retirer son
accusation. D peut maintenir le fait que le député ait vendu 32
camions, il n'y a rien de mal là-dedans, mais à moins qu'il ait
des preuves que les camions ont été vendus sur promesse, je lui
demanderais de retirer ses paroles.
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai été celui qui,
en Chambre, en 1968, a fait accepter par le gouvernement du temps une motion
prioritaire sur le malaise grave dans le camionnage artisan dans la province de
Québec. J'ai dit, à ce moment-là, que certainement tous
les partis politiques, quels qu'ils soient, le nôtre y compris,
s'étaient trop souvent servis de gens qui gagnent leur vie
péniblement, pour en faire des marionnettes politiques qui, quelques
mois après leur engagement, sont entre les mains de la finance. Cela
reste encore gravé dans mon esprit. Et je pense que si chaque
député veut faire la preuve que, dans son comté il
y en a plusieurs qui en ont fait la preuve jusqu'à maintenant
tous ceux qui, depuis des années, ont été dans cette
sphère d'activité, n'ont pas été
lésés dans leurs droits... L'on constate actuellement j'ai
été au milieu du problème que, dans certains
comtés, seulement ceux qui votaient du côté du pouvoir
pouvaient entrer dans les associations. Dans le comté de Shefford
étant donné que c'est le député de Shefford
qui vient porter une contre-accusation je dirai que,
précisément depuis 1968, tous ceux qui ne partageaient pas les
vues politiques du député de Shefford n'ont eu accès
à aucun chantier. Dans le comté de Missisquoi, par contre, tout
le monde a eu accès aux chantiers. Je pense qu'aujourd'hui, si chaque
député veut faire la preuve et qu'il veut donner "fair-play",
à tous ceux qui ont vécu dans cette sphère
d'activité, même ceux qui ont dû vendre leur unité en
1966, parce qu'on ne voulait plus les employer, ont droit de retourner
également au travail et ont droit à ce que la rotation les
protège. Chez nous, ne venez pas regarder la couleur politique, c'est un
adversaire politique acharné qui est en tête de l'association. Je
ne suis jamais intervenu en 1964, en 1965 ou par la suite. Nous avons la paix
chez nous, comme vous pourriez l'avoir dans chacun de vos comtés.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, messieurs, à l'ordre! Les travaux
de la commission ne sont pas un endroit pour faire le procès des
députés sortants ou des candidats défaits. Si vous voulez,
nous allons nous en tenir strictement au côté administratif des
crédits du ministère de la Voirie. Je considère maintenant
cet incident clos et je cède la parole au député de
Frontenac.
M. RUSSELL: M. le Président... M. LE PRESIDENT: Je
m'excuse...
M. RUSSELL: ... Je soulève un point d'ordre. Une accusation a
été portée par un député contre un autre
député et ceci ne peut pas rester pendant, il faut que la
question soit vidée. Si le député qui a porté cette
accusation a des preuves, je lui demanderais de déposer ses preuves,
sinon, il devra retirer ses paroles.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, M. le député, j'ai entendu
le député de Charlevoix dire que le député de
Témiscouata avait vendu 32 camions et je crois que c'est seulement
ça qui a été dit. Il n'a pas accusé le
député de Témiscouata d'avoir vendu ses camions avec une
promesse de travail.
M. RUSSELL: II affirmé, M. le Président, que le
député de Shefford, de 1968 à 1970, n'autorisait que ceux
qui étaient des membres de son parti politique à travailler avec
des camions.
M. MAILLOUX: C'est exact.
M. RUSSELL: Je réaffirme que ceci est faux. Je lui demanderais de
déposer ses preuves.
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai dit que, dans le comté
de Témiscouata, forcément il y avait un malaise dans le
camionnage artisan, que quelque 50 camionneurs faisaient office d'artisans, et
qu'il y avait 32 unités vendues par le garage appartenant à M.
Montcalm Simard, député de Témiscouata. J'ai dit que dans
ce comté, il y avait un préjugé de la part du
député à l'endroit d'autres camions. Je ne retire rien de
cet avancé.
M. RUSSELL: M. le Président, ce qu'il laisse entendre...
M. MAILLOUX: Je ne laisse rien entendre.
M. RUSSELL: ... c'est que, pour travailler pour la voirie, par le
passé, il fallait acheter un camion de M. Montcalm Simard. C'est
là qu'est l'avancé du député et c'est là que
sont la malice et la malhonnêteté du député. A
moins, qu'il n'ait des preuves, et qu'il puisse établir que ceci est un
fait, aussi bien que quand il avance que, dans le comté de Shefford, de
1968 à 1970, il fallait être membre du parti de l'Union Nationale
pour travailler pour la Voirie, je dis et je maintiens que ceci est faux. Si le
député a des preuves, je lui demande de les déposer, sinon
de retirer ses paroles.
UNE VOIX: Dans le comté de Shefford, c'est l'aveu unanime de
l'association du comté.
M. SIMARD (Témiscouata): Il serait bon que le
député de Charlevoix se rende sur les lieux pour prendre un peu
connaissance du commerce de l'automobile dans Témiscouata. Je ne veux
pas dire que j'ai le contrôle de la vente de l'automobile du comté
de Témiscouata, mais ce serait bon qu'il se rende sur les lieux, pour
voir... Pour le type qui achète une voiture avec les garanties que
donnent les manufacturiers aujourd'hui, de 5 ans ou 50,000 milles, il n'y a pas
avantage à aller chercher les camions à Rivière-du-Loup.
Je suis à peu près un des seuls vendeurs officiels qui se
spécialisent dans le camion et ça, pas depuis 1966, mais depuis
1948. J'ai des experts et deux garages au service de la population, un à
Cabano et un à Rivière-Bleue. J'ai seize employés à
Rivière-Bleue et douze à Cabano, et mes compétiteurs ne
peuvent pas donner ce service. Le soleil luit pour tout le monde, et il est
toujours possible à n'importe qui de venir s'installer dans le
comté de Témiscouata pour y vendre des camions. Mais je
n'empêcherai pas les gens du comté de Témiscouata de venir
acheter des camions chez nous, même en 1970. J'en ai vendu depuis que le
Parti libéral a pris le pouvoir, j'entends continuer à en vendre,
ce n'est pas le député de Charlevoix qui va m'en
empêcher.
M. MAILLOUX: Ce n'est pas mon intention.
M. SIMARD (Témiscouata): Je l'espère.
M. RUSSELL: M. le Président, il y a une question de posée
et je voudrais bien qu'elle soit vidée. Il y a eu une accusation de
portée contre le député de Shefford. Je demande au
député qui a porté l'accusation de retirer ses paroles ou
de déposer des preuves. Des voeux gratuits, je n'accepte pas ça
devant la commission.
M. PINARD: A mon avis, s'il y a eu une accusation de la part du
député de Charlevoix, elle est confirmée par les propos
mêmes du député de Témiscouata qui a admis avoir
vendu 32 camions, sauf qu'il dit: Je n'ai fait de promesses à personne
pour qu'on vienne les acheter chez moi.
M. SIMARD (Témiscouata): Je n'ai pas fait de promesses.
M. PINARD: L'affirmation du député de Charlevoix reste
faite. Le débat, à mon avis, est clos.
M. RUSSELL: La censure entend malicieusement que le député
de Shefford ou le parti contrôlait exactement l'Association des
camionneurs dans Shefford.
M. MAILLOUX: Ces dernières paroles sont les paroles du
député de Shefford, elles ne sont pas celles du
député de Charlevoix. J'ai dit qu'il avait vendu 32 unités
parmi les camionneurs de l'Association et je n'ai ajouté aucun
conditionnel.
M. RUSSELL: Non M. le Président, il y a eu deux accusations. J'ai
relevé les deux. Qu'on se maintienne sur une si le député
de Témiscouata accepte de retirer celle-là... Mais quant à
l'autre, je maintiens qu'il doit déposer sa preuve pour les accusations
qu'il a faites ou qu'il retire ses paroles.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, si le député de Shefford
insiste pour que le député de Charlevoix retire l'affirmation
qu'il a faîte tantôt, je devrai faire un rapport au
président de l'Assemblée nationale.
M. PINARD: Sur une question d'ordre et de règlement, j'ai compris
l'affirmation du député de Charlevoix qui a dit que, dans le
comté de Shefford, on s'était arrangé pour ne pas donner
un véritable statut à l'Association des camionneurs artisans.
J'ai cru comprendre qu'il y avait eu mise en place d'une association
parallèle de façon que ceux qui voulaient être
employés sur les chantiers de voirie fassent partie de l'association
parallèle plutôt que de faire partie de l'Association des
camionneurs artisans. Ce qui a en-traîné comme conséquence,
la désertion des
rangs de l'Association des camionneurs artisans pour permettre à
ceux qui en faisaient partie autrefois et qui voulaient travailler parce
qu'il faut travailler pour gagner sa vie d'aller joindre les rangs de
l'autre association. C'est ce que j'ai compris dans les propos du
député de Charlevoix. Je pense que c'est vrai, parce que nous
avons accumulé suffisamment de dossiers pour être capable
d'établir cette preuve. C'est exactement le cas dans mon propre
comté où l'Association des camionneurs artisans regroupait la
très grande majorité des camionneurs du comté. Mais, en
1966, après le changement de pouvoir, l'association parallèle est
venue au monde avec un président et des membres du conseil
d'administration et on disait: Si vous voulez obtenir du travail,
désertez des rangs de l'Association des camionneurs artisans et venez
joindre les rangs de la nouvelle association, dont M. Untel était le
président. C'est un fait connu de tout le monde. Je pense que le
député de Shefford ne pourra pas défendre bien longtemps
sa thèse. Il sait que cela s'est fait dans plusieurs comtés. Que
cela ne se soit pas fait, ailleurs, le député a
préféré faire confiance à l'Association des
camionneurs artisans et c'est dans ces comtés-là que les
problèmes ont été les mieux réglés et que le
travail a été le plus justement distribué.
M. RUSSELL: M. le Président, je n'accepte pas la thèse du
ministre de la Voirie qui, habilement, prend la défense d'un de ses
collègues en voulant faire dévier le débat ou tenter
d'exposer le débat d'une autre façon. Mais je m'en tiens
simplement aux paroles qui ont été prononcées par le
député de Charlevoix et qui laissent entendre clairement qu'il y
eu une association de fondée où seulement les membres de l'Union
Nationale étaient acceptés et travaillaient pour le
ministère de la Voirie. Je maintiens que ceci est une fausseté et
que le député de Charlevoix doit retirer cette accusation
à moins qu'il ait des preuves. Et s'il a des preuves, qu'il les
dépose.
M. PINARD: Le député de Shefford n'est pas plus en mesure
d'infirmer la déclaration du député de Charlevoix que le
député de Charlevoix serait en mesure de mettre une
étiquette partisane sur tel ou tel membre de l'Association des
camionneurs artisans ou sur tel ou tel membre faisant partie de l'association
parallèle. C'est une déclaration d'ordre général
qui a été faite. C'est une situation que tout le monde
connaît dans la province, que les ministres connaissent, que tous les
hommes publics connaissent, que tous les députés, quels qu'ils
soient, connaissent. Et c'est à cette situation-là que nous
voulons mettre fin. Et on dit: Laissons donc former une association de
camionneurs véritablement représentative, donnons-lui un statut
légal, donnons-lui la protection que donnent les lois du travail
à d'autres associations. A ce moment, on aura fait un grand pas vers un
traitement juste et équitable d'un secteur de la population qui demande
à travailler en toute sécurité, mais qui ne veut plus
être trituré par les politiciens ou les hommes politiques. C'est
cela que je demande et c'est à cette situation qu'on a fait écho
tantôt. Il n'y a pas d'accusation plus spécifique pour les uns que
pour les autres. C'est toujours d'ordre général, à mon
avis.
M. RUSSELL: M. le Président, j'accepte avec beaucoup de plaisir
la suggestion du ministre de la Voirie. Je voudrais que l'on puisse continuer
à discuter les crédits dans le même climat. Mais je
n'accepterai pas, à moins que le député de Charlevoix
retire ses affirmations, que l'on continue dans ce climat et si ce climat doit
continuer à exister, on déposera les preuves dans chacun des cas
et on fera des accusations directes. A ce moment-là, le
député de Charlevoix retirera ses paroles et nous continuerons la
discussion.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, à l'ordre s'il vous plaît! Je
dois aviser les membres de la commission que je ferai rapport au
président de l'Assemblée nationale, étant donné que
les accusations pour lesquelles le député de Shefford
demande...
M. PINARD: M. le Président, je pense que la question de
privilège soulevée par le député de Shefford
n'attaque en rien son honnêteté, sa compétence ou sa
réputation. Le député de Charlevoix a parlé d'une
situation de fait. Le député de Shefford n'est pas d'accord avec
la déclaration du député de Charlevoix. Ce n'est pas
à la commission de juger, ce n'est pas au président c'est
mon humble avis et je le dis en toute déférence pour
l'autorité c'est à la population de juger, c'est aux
média d'information. Si le député de Shefford est capable
de dire que la situation décrite tantôt par le
député de Charlevoix n'a pas été celle qui a
prévalu dans son comté, il le fera en temps et lieu et, à
mon avis, sa réputation n'a pas été attaquée, sa
compétence non plus. Il n'y a rien, dans les propos tenus par le
député de Charlevoix, qui puisse permettre au
député de Shefford de soulever une question de privilège
et qui soit à ce point grave que vous deviez faire rapport au
président. A mon avis, l'incident devrait être clos et nous
devrions commencer sérieusement le travail de discussion, article par
article, surtout à l'article 1, l'administration.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Shefford accepte
ces explications?
M. RUSSELL: M. le Président, je suis bien prêt à
accepter de continuer à discuter les crédits du ministère
de la Voirie, mais non pas dans le climat qui a été
créé par le député de Charlevoix. Il a tenté
de laisser planer des doutes sur la réputation d'un député
ou sur le tra-
vail qui se faisait dans un comté. Cela ne devrait pas se faire
sans que le député de Charlevoix ait des preuves à
déposer.
En ce qui concerne le comté de Shefford, je peux prendre chaque
camion, chaque nom, chaque propriétaire, chaque allégeance
politique. Ce n'est pas le député de Charlevoix qui va venir me
donner une leçon au sujet de ce qui s'est passé dans Shefford de
1966 à 1970, pas plus que j'ai l'intention d'aller dans son comté
pour tenter de lui imposer une ligne de conduite, suivant les agissements
politiques chez lui. C'est sa responsabilité, et qu'il en prenne
l'odieux. J'ai accepté la responsabilité de ce qui s'est
passé dans mon comté et je suis prêt à discuter des
cas, un par un. Je n'accepterai pas que des agences politiques, ou des agences
sous le couvert d'une association, viennent porter des accusations gratuites,
que le député ramasse gratuitement ces faits et qu'il essaie d'en
faire un ballon politique. Cela, je ne l'accepterai pas, ni de sa part, ni de
celle d'un autre collègue ici ou en Chambre.
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai donné tantôt un
exemple très concret. Le député de Missisquoi,
l'ex-premier ministre de la province de Québec, a accepté dans
son comté tous les artisans de quelque parti politique qu'ils soient.
Qu'on fasse la même preuve dans chaque comté, qu'on soit
prêt à donner la même mesure de justice à tous les
gens qui étaient artisans et l'on sera d'accord avec le ministère
de la Voirie. C'est dans cet esprit que j'ai demandé tantôt que
tous les députés, ou tous ceux qui ont accès au
ministère de la Voirie, agissent.
M. RUSSELL: M. le Président, dans ce cas, je vais demander au
ministre de la Voirie de convoquer ici, le divisionnaire. On pourrait, devant
la commission de la Voirie, faire témoigner le divisionnaire pour savoir
si chacun des camionneurs dans le comté de Shefford qui a voulu
travailler lorsqu'il y avait du travail, a pu le faire; pour savoir s'il y a eu
du favoritisme d'un côté ou de l'autre, de la part d'un
député ou d'un autre; pour savoir si ce n'était pas lui
qui avait la responsabilité de donner du travail aux camionneurs, sans
avoir en sa possession des listes de camionneurs venant du député
ou d'un autre individu du comté.
M. PINARD: M. le Président, je note la déclaration du
député de Shefford. Je pense qu'il a présenté une
bonne défense à la présumée accusation qu'il
prétend avoir reçue et, à mon avis, l'incident est clos.
Le député a bien expliqué sa situation. C'est tout.
M. SIMARD (Témiscouata): L'incident n'est pas clos. Certainement
pas, M. le ministre... parce que le député de..
M. LE PRESIDENT: Le député de Brome a la parole.
MR. BROWN: Is the honourable member from Shefford one of our
committee?
MR. PRESIDENT: No. It does not matter. Why?
MR. BROWN: Why waste all this time discussing something about a member
who is not even a member of the committee?
MR. LAVOIE (Wolfe): That does not matter. Everybody has a...
MR. PRESIDENT: Every member of the House has the privilege to ask
questions or to put up any question he wants at this commission. However,
should we come to a vote...
A VOICE: No.
MR. PRESIDENT Only the members of the committee have the right to
vote.
M. SIMARD (Témiscouata): M. le Président, le
député de Charlevoix a mentionné tantôt que le
député de Témiscouata avait vendu 32 camions dans le
Témiscouata, durant les quatre dernières années, et a
ajouté qu'ils avaient été vendu avec des promesses.
M. MAILLOUX: M. le Président, je regrette, j'ai dit qu'il avait
vendu 32 camions aux camionneurs qui travaillaient dans le comté.
M. SIMARD (Témiscouata): Oui, oui, mais avec des promesses, des
engagements.
M. MAILLOUX: Je n'ai pas dit de 1966 à 1970. Je dis que, parmi
les camionneurs qui travaillaient dans le Témiscouata, il y avait 32
ayant acheté des camions venant du garage de M. Montcalm Simard,
député de Témiscouata.
M. SIMARD (Témiscouata): Cela change quoi?
M. MAILLOUX: Cela ne change rien. Cela ne veut pas dire dans quatre
ans...
M. SIMARD (Témiscouata): Est-ce que vous n'avez pas
ajouté, tantôt, que c'était avec des engagements de travail
par exemple?
M. MAILLOUX: Je regrette, monsieur. Demandez aux autres membres de la
commission. J'ai dit 32 camions vendus par le député de
Témiscouata. Vous n'y étiez pas.
M. SIMARD (Témiscouata): Je vais relire le journal des
Débats, et je reviendrai sur la question cet après-midi.
M. MAILLOUX: Exact. Il n'y a pas eu de conditionnel d'ajouté.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Le député de
Shefford a la parole.
M. RUSSELL: M. le Président, j'ai fait une proposition tout
à l'heure au ministre de la Voirie, par votre entremise, pour clarifier
cette question et je suis bien prêt à accepter, si l'on veut
convoquer le divisionnaire pour clarifier cette question devant la commission
à l'occasion des discussions des crédits, on pourra revenir sur
la question à ce moment-là et poser les questions au
divisionnaire.
M. PINARD: Je pense que c'est une demande qui me parait assez
extraordinaire! S'il fallait que l'on convoque tous les divisionnaires pour
répondre aux questions des députés qui se sentent
attaqués dans un domaine ou dans un autre! On fait ni plus ni moins le
jeu de ceux qui voudraient politiser les fonctionnaires! Et, à ce
moment-là, cela pourrait devenir encore plus disgracieux que cela ne
l'est présentement! Je pense qu'il y a un très très gros
risque d'agir de cette façon. Si le député de Shefford dit
que je n'ai pas donné d'instruction au divisionnaire de mon
comté, nous prenons sa déclaration, elle est consignée au
procès-verbal, au journal des Débats et nous l'accepterons comme
telle. Cela sera à ceux qui prétendent le contraire, d'en faire
la preuve. Le député avait tout dernièrement le droit de
dire: Vous êtes obligés de prendre ma parole; alors, en vertu des
règlements, nous prenons sa parole.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aimerais savoir si l'honorable
ministre de la Voirie a invité les divers directeurs ou chefs
divisionnaires de comté à traiter directement avec les diverses
associations, de camionneurs artisans de la province de Québec. Cela,
justement dans le but de donner une force de reconnaissance, surtout une force
d'organisation, en vue d'établir une structure juridique pour
l'avenir.
M. PINARD: C'est la tendance vers laquelle nous nous dirigeons. Il y a
eu des travaux faits par un comité parlementaire qui s'est réuni
à plusieurs reprises au ministère du Travail, en présence
du ministre du Travail, au début, et avec ses représentants
autorisés, par la suite, pour essayer de rechercher une formule de
légalisation de cette association, pour lui donner un statut juridique
bona fide, en vertu des lois du travail, de façon qu'il n'y ait plus
d'associations parallèles qui viennent mettre en danger la vie
d'association des camionneurs artisans.
On me dit que c'est un problème juridique d'envergure, c'est
vrai. J'ai demandé au président de la CSN et au président
de la FTQ de prêter des services juridiques, des services de leurs
conseillers juridiques et de leurs écono- mistes à cette
association pour dégager les grandes lignes de force et pour proposer un
projet de législation soumis au comité qui a été
formé à l'époque et qui pourrait faire des recommandations
au gouvernement afin de permettre la légalisation de cette association
et de lui donner un véritable statut juridique en vertu des lois du
travail. C'est un travail qui est en cours, c'est un travail qui se fait
difficilement, laborieusement. J'aimerais que les chefs syndicaux sachent une
fois pour toutes, que l'on veut laisser de côté ces camionneurs
artisans. Pour quelle raison au juste? Je ne le sais pas. Mais, on n'a pas
été capable de sensibiliser les associations syndicales comme la
FTQ, comme la CSN, pour qu'elles prêtent autant d'attention aux
revendications des camionneurs artisans que les centrales syndicales en on
prêtée aux autres travailleurs dans l'industrie. Je me demande
encore pourquoi. Les centrales syndicales ne veulent peut-être pas
toucher à un domaine qui est plus politisé qu'un autre. La
rentabilité de la perception des cotisations ne serait peut-être
pas suffisante? C'est un autre motif que j'ignore! Je ne l'affirme pas, je
constate un fait et je me demande pourquoi les grandes centrales syndicales ne
veulent pas prendre la situation en main pour enlever tout ce secteur du
camionnage artisan des mains des hommes politiques puisqu'on les accuse si
souvent, quels qu'ils soient. Que les centrales syndicales prennent donc leurs
responsabilités! Qu'elles viennent donc prendre en main la situation! Et
là, on verra s'il y a possibilité de "dépatroniser" tout
ce problème dont on parle si abondamment depuis quelques années
au Québec!
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le ministre, est-ce que les divisionnaires des
comtés ont été invités à transiger
directement avec les associations de comté, l'association locale de
camionneurs artisans?
M. PINARD: Voulez-vous reprendre parce que le député de
Shefford me parlait.
M. LATULIPPE: Est-ce que les divisionnaires des comtés ont
été invités à transiger directement avec les
associations des camionneurs artisans?
M. PINARD : Actuellement, nous faisons un inventaire à travers la
province et, en particulier, dans les comtés ruraux. Il y a environ 80
comtés que l'on peut qualifier de ruraux ou de semi-ruraux où
s'exécutent des travaux de voirie mais où se regroupent, de
façon particulière, les camionneurs artisans.
Nous faisons une évaluation, un inventaire du nombre de ces
camionneurs qui seront réellement dans la définition de ce que
l'on appelle
camionneurs artisans de façon que l'on ne fasse pas affaires avec
des médecins qui s'achètent des camions et qui engagent des
conducteurs pour les faire travailler à la voirie. Ce ne sont pas des
artisans à ce moment-là.
Il faut que ce soit un homme qui gagne sa vie avec un instrument qu'on
appelle un camion. On ne pourra pas donner le même statut à celui
qui a quatre ou cinq camions. A ce moment-là, il devient un industriel
du camionnage. Il ne s'inscrit pas dans la définition du camionneur
artisan. Cet inventaire n'étant donc pas terminé, il est bien
difficile d'aller plus loin, comme le souhaite le député. Mais si
nous sommes de bonne volonté, tous ensemble, et si nous
dépolitisons tout le problème, nous y arriverons plus vite et le
ministère du Travail sera en mesure de nous soumettre un projet de
législation qui assurera une protection adéquate à ces
camionneurs artisans qui ont besoin de travailler, parce que c'est leur
principal gagne-pain. C'est là le problème.
M. LATULIPPE: Ces études sont donc présentement en cours,
et, d'ici quelques mois, cela devrait être au point.
M. PINARD: Oui. Enfin, disons que nous allons accélérer
les travaux du comité. Nous allons le reconstituer, parce qu'il faut le
reconstituer, vu qu'il y a beaucoup de ses membres qui sont disparus, à
cause des événements électoraux que vous connaissez. Il
faudra hâter le travail, il faudra frapper à la porte du
ministère du Travail et demander aux spécialistes de ce
ministère de nous aider à trouver une formule juste et
raisonnable dans les circonstances. Nous pourrions passer maintenant au poste
budgétaire "Administration".
UNE VOIX: Je pense que le ministre faisait partie du comité.
M. PINARD: Oui.
UNE VOIX: A titre de vice-président.
M. PINARD: Je ne sais pas à quel titre précis mais j'en
faisais partie parce que cela m'intéressait énormément. M.
Plamondon représentait le parti ministériel. Il était
alors député de Portneuf.
M. MAILLOUX: M. Plamondon en était le président.
M. PINARD: Les travaux ont été faits de façon
sérieuse. Des procès-verbaux très élaborés
ont été préparés par les fonctionnaires du
ministère du Travail. A l'époque, le ministre du Travail, M.
Bellemare, songeait sérieusement à la préparation d'un
projet de loi. Malheureusement, elle n'a pas été faite, mais je
pense qu'il faudrait y aller rapidement si on a toute la collaboration voulue
de tous les partis.
M. LAFONTAINE: Il est exact que M. Belle-mare songeait à la
présentation d'une loi, mais je pense qu'il y a eu aussi un rapport fait
par le comité.
M. PINARD: Oui.
M. LAFONTAINE: Le ministre peut-il nous dire sur quel principe
s'appuyait le rapport? Est-ce que c'était la reconnaissance
syndicale?
M. PINARD: Oui, c'était sur une base de reconnaissance syndicale,
mais il se pose un problème juridique d'envergure qui n'a pas encore
été vidé, à l'heure actuelle, par les conseillers
juridiques du ministère du Travail. Le ministre n'était pas
arrivé et c'est pour cela que j'ai fait une invitation pressante aux
centrales syndicales FTQ et CSN, de prêter main-forte à cette
association, de donner tous les services techniques nécessaires, au plan
juridique et au plan économique, pour que nous ayons quelque chose sur
quoi nous pourrions travailler sérieusement et sur quoi nous pourrions
préparer un projet de loi qui rendra justice à ces artisans.
M. LAFONTAINE: Est-ce que les candidats libéraux défaits
font partie de ces associations de camionneurs?
UNE VOIX: Est-ce qu'ils sont camionneurs ou s'ils ne le sont pas?
M. PINARD: C'est ce que je viens de dire. Il faudra revenir à la
définition du mot "artisan", pour que la personne qui veut faire partie
de cette association puisse en faire partie de façon légale. A ce
moment-là, il s'agit d'établir une législation, une
réglementation. Un pouvoir de discipline sera donné à
l'association, parce que, étant accréditée par le
ministère du Travail en vertu des lois du Travail, l'association prendra
ses responsabilités.
M. LAFONTAINE: Je remercie le ministre d'avoir donné le feu vert
pour la confection de deux tronçons de la route 35, mais je me demande
en vertu de quel principe le candidat libéral défait dans le
comté de Labelle et Dieu sait s'il a été
défait, il a perdu sa caution se mêle d'aller sur les
chantiers et de dire aux contremaîtres des entrepreneurs: Tu ne prendras
pas ce camion-là, parce que c'est un bleu, un PQ, ou un
créditiste; tu vas prendre celui-là, même s'il a un vieux
camion de quatre roues!
M. PINARD: Enfin, je l'ai dit tantôt, au début de mes
remarques, le candidat défait n'a de statut ni aux yeux du ministre de
la Voirie, ni aux yeux des fonctionnaires du ministère.
M. LAFONTAINE: Maintenant...
M. PINARD: Un instant. J'aime répondre quand même. L'ancien
ministre veut faire re-
prendre tout le débat qui s'est déroulé depuis le
début, avant son arrivée. Je pense que, ma déclaration
ayant été faite, les divisionnaires, les résidents sur les
chantiers sachant à quoi s'en tenir quant à ces personnes, de qui
ils n'ont à recevoir aucun ordre, la situation va se résorber, si
tout le monde y met de la bonne volonté, comme je l'ai souligné
tantôt.
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'ai confiance dans la bonne foi
du ministre, mais, pour le bénéfice de toute la
députation, de quelque côté que ce soit de la
Chambre...
M. PINARD: II y a peut-être un esprit de vengeance qui
prévaut dans quelques comtés.
M. LAFONTAINE: Qu'est-ce qu'un député ou un citoyen du
Québec peut faire vis-à-vis d'un modus vivendi semblable?
Qu'est-ce que l'on fait dans ce temps-là? L'entrepreneur est-il
obligé de se plier aux caprices du candidat libéral défait
ou d'un de ses organisateurs? Fait-on un rapport directement au ministre?
Est-ce qu'on se plaint?
M. PINARD: Enfin, disons que si la situation...
M. LAFONTAINE: Parce que je pense bien que le ministre est imbu de
justice, de justice distributive. Je pense qu'il n'a pas l'intention de faire
de la petite politique sur le dos des petites gens.
M. PINARD: Disons que si la situation prend une envergure telle que
ça menace l'autorité du représentant du ministère
dans le comté, soit au niveau du divisionnaire, soit au niveau du
résident sur un chantier, à ce moment-là, il faut que le
ministre prenne la situation en main avec les fonctionnaires et les adjoints
parlementaires. Il y a une enquête en cours dans tous les comtés
ruraux pour qu'on évalue bien la situation et qu'on y apporte les
correctifs et les remèdes appropriés. Si vous avez des cas
où il y a du patronage éhonté qui se pratique, avec menace
de représailles ou de tout ce que vous voudrez, je voudrais être
informé de la situation; mais il ne faut pas non plus que ces
situations-là soient suscitées de toutes pièces,
fomentées.
M. LAFONTAINE: Non, non. D'ailleurs le ministre sait...
M. PINARD: Parce qu'à ce moment-là, nous n'en sortirions
jamais. Il y en a qui ont été maltraités pendant un
certain temps et qui veulent prendre leur revanche. Une injustice ne corrige
jamais une autre injustice. C'est ça que je veux dire en terminant, si
le député me le permet. S'il y a des cas très particuliers
à me soumettre, je les recevrai avec plaisir et j'y apporterai mon
attention personnelle.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le sous-article 1 de l'article 1 est
adopté ou si vous voulez continuer le débat? Parce que je
remarque, messieurs, que nous revenons toujours sur la même question.
Nous avons débattu cette question des pouvoirs, des juridictions des
candidats défaits et des candidats élus, le ministre a
donné la politique de son ministère et, plus tôt ce matin
en Chambre, le premier ministre lui-même a expliqué quelle serait
la politique du gouvernement en ce domaine.
M. LAVOIE (Wolfe): Je ne crois pas, M. le Président, qu'il
appartienne au président de limiter le temps des discussions.
M. LE PRESIDENT: Non, absolument pas, je demande...
M. LAFONTAINE : De la coopération.
M. LE PRESIDENT: ... votre coopération depuis le début de
la séance.
M. PINARD: En effet, il n'y a pas d'ordre général.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes sur la même question et j'ai
toléré jusqu'ici qu'on se serve d'exemples à
caractère purement local, alors qu'on devrait traiter de la question de
l'administration des crédits du ministère sur une base plus
générale. Il ne faudrait pas tout de même qu'on
ambitionne.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je pense bien je ne veux
pas mettre en doute votre compétence, vous êtes ici pour maintenir
l'ordre que si ça regarde la Voirie, que ce soient des principes
généraux ou des particularités, on a le droit de le faire.
Ce n'est pas une question, comme c'est le cas en Chambre, qui doit être
d'intérêt public et d'intérêt général.
Même ici, pour une question d'intérêt purement local, je
pense qu'avec la collaboration du ministre, on n'a aucune...
M. PINARD: Nous avons fait un débat d'ordre
général...
M. LAFONTAINE: Nous, de l'Opposition officielle, n'avons pas l'intention
de retourner la commission en foire, mais je pense que c'est l'endroit voulu
pour vider certains abcès. On parlait justement des camionneurs. Le
ministre m'a donné une réponse, je suis satisfait de sa
réponse, j'ai confiance en son intégrité. Je pense qu'il
va essayer de mettre un frein à cette chose, parce que ça ne peut
pas continuer à exister. Mais pour continuer à illustrer mon
idée, je vais poser une question au ministre. Est-ce que le ministre,
à l'heure actuelle, fournit des locaux
aux candidats libéraux défaits dans la province de
Québec? Parce qu'il m'a parlé tout à l'heure du
divisionnaire dans les comtés.
M. PINARD: C'est impossible que...
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas impossible parce que...
M. PINARD : Non, non, un instant.
M. LAFONTAINE : ... mon ancien bureau à Mont-Laurier est
occupé par le candidat libéral défait qui demeure à
L'Annonciation et qui y fait régulièrement du bureau, une ou deux
fois par semaine, et donne directement des ordres au divisionnaire ; c'est le
divisionnaire qui l'endure dans les locaux du ministère de la Voirie
à Mont-Laurier. C'est un cas patent.
M. PINARD : Depuis quand cette situation existe-t-elle?
M. LAFONTAINE: Depuis la défaite.
M. PINARD: Pourquoi l'ancien titulaire du ministère ne m'a-t-il
pas mis au courant de cette situation dès le début?
M. LAFONTAINE: Je l'ai apprise en fin de semaine.
M. PINARD: Je comprends qu'il était absent et pour des raisons
très justifiables.
M. LAFONTAINE: Quand on m'a dit cela, je me suis dit que ça
n'avait aucun sens.
M. PINARD: Je l'apprends aujourd'hui et j'en suis très
surpris.
M. LAFONTAINE: J'ai téléphoné moi-même
à la division de la Voirie. On n'a pas reconnu ma voix. J'ai dit: Est-ce
que je peux parler à M. Robidoux? On a répondu: II n'est pas ici
aujourd'hui. J'ai demandé: Quand l'attendez-vous? On a répondu:
II ne vient pas régulièrement.
M. PINARD: Alors le divisionnaire...
M. LAFONTAINE: Non, c'est la jeune fille qui répond au
téléhone.
M. PINARD: Non, un instant. Le député affirme que le
divisionnaire maintient dans des locaux payés par le gouvernement...
M. LAFONTAINE: Oui.
M. PINARD: ... la présence de cet homme.
M. LAFONTAINE: Oui, dans mon ancien bureau à Mont-Laurier.
M. PINARD: Alors, en vertu de quel droit et de quel pouvoir le
divisionnaire peut-il outrepasser les directives précises qu'il
connaît très bien, émanant du ministère de la
Voirie? A ce moment-là, vous portez à la fois une accusation
contre le candidat défait et une accusation très
précise...
M. LAFONTAINE: Je ne fais pas une accusation, je rapporte des faits.
M. PINARD: Je comprends, mais ça devient quand même assez
embêtant.
M. LAFONTAINE: Je me fie à l'intégrité du
ministre.
M. PINARD: ... pour le divisionnaire, qui lui, connaît bien les
limites de ses pouvoirs et n'a pas à donner de statut à un
candidat défait et qui a encore bien moins le pouvoir de lui donner un
local.
M. LAFONTAINE: Non seulement, M. le Président, l'ancien candidat
libéral défait fait du bureau, mais également son
épouse.
M. PINARD: Nous allons faire enquête.
M. LAFONTAINE: Et non seulement son épouse, mais également
un organisateur, vendeur de camions.
M. PINARD: M. le Président, je prends note de...
M. LAFONTAINE: C'est épouvantable, ça parait que ça
a changé.
M. PINARD: ... la situation qui m'est décrite par le
député de Labelle: nous faisons enquête
immédiatement. Le directeur adjoint du personnel, qui est
présent, M. Favreau, va envoyer quelqu'un prendre connaissance de la
situation. Il fera rapport au ministre.
M. LAFONTAINE : J'ai beaucoup confiance en M. Favreau. Si le ministre me
permet, je peux l'appeler et lui donner des renseignements...
M. PINARD : II va vous donner des renseignements, vous admettrez qu'il
faudra quand même les vérifier et nous prendrons les mesures qui
s'imposent.
M. LAFONTAINE: Cela a été vérifié. J'ai
envoyé quelqu'un. J'ai téléphoné. Le ministre sait
que je ne me hasarde pas...
M. PINARD : II ne faudrait pas, encore une fois, que les situations qui
nous sont décrites ce matin soient montées de toutes
pièces.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Le député de
Saint-Maurice a la parole.
M. DEMERS: Alors que se détériorent un peu les propos qui
sont tenus ici, qu'on aille dfner tout le monde et que l'on revienne
après dîner.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes censés siéger jusqu'à
une heure.
M. DEMERS: Dans ce cas-là, je vais me mettre à table.
M. PINARD: Bonjour, docteur, bon appétit. J'aimerais bien
discuter de l'administration du ministère, poste budgétaire 1,
article 1, sous article 1.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez d'autres questions?
M. LAFONTAINE : Je pense bien que le ministre a raison de vouloir
discuter d'administration, parce que la base même de la voirie, ce sont
les divisions territoriales qui sont présentes vis-à-vis
du...
M. PINARD : La situation est tout à fait particulière et
j'y apporte une attention immédiate.
M. RUSSELL: Est-ce que nous allons discuter de l'administration des
divisions de voirie, ou si nous allons attendre...
M. PINARD: Bien il s'agit de traitements et indemnités.
J'aimerais mieux attendre à un autre article budgétaire où
l'on traite spécifiquement d'entretien et de construction. Cela
dépend de la question du député. Est-ce qu'il s'agit de
savoir pourquoi il y a une augmentation de huit personnes cette année?
Pourquoi il y a une augmentation au sous-article budgétaire de
$1,622,400 par rapport aux $1,493,000 demandés l'année
dernière?
M. RUSSELL: Donc, si je comprends bien, M. le Président, ceci
regarde simplement les officiers de l'administration ici à Québec
et à Montréal, en particulier...
M. PINARD : Je peux permettre la question. Si on ne revient pas plus
tard avec la même question à un autre poste budgétaire.
Quelle est la question du député?
M. RUSSELL: C'est la question de l'autorité des divisionnaires et
la façon dont les engagements se font dans le comté, dans
l'administration. Tout à l'heure, on a mentionné que le
divisionnaire obéissait à une autorité. On a laissé
entendre que chacun des employés dans les comtés est
engagé suivant des postes et qu'il n'y avait pas de déplacement
à moins de nécessité, de recommandation ou de
congédiement. Je voudrais poser une question au ministre dans ce sens:
Sur quelle recommandation a-t-il donné son congé au chef
cantonnier du comté de Shefford pour en engager un qui ne faisait pas
partie de l'équipe de la voirie et sans offrir à d'autres
l'occasion d'en faire partie et de devenir cantonnier au lieu de prendre un
gars complètement de l'extérieur, qui est un cultivateur? C'est
un bon cultivateur reconnu, qui a une très grosse ferme, et qui vivait
très bien sur sa ferme. On l'amène au ministère de la
Voirie et on enlève son emploi à un cantonnier qui faisait bien
son travail. Je ne minimise pas que le ministre a peut-être des raisons
d'envoyer le chef cantonnier en vacances pour trois semaines pour en mettre un
autre à sa place, c'est son privilège.
M. PINARD: Ce n'est pas le ministre qui intervient dans cela. Le
député le sait fort bien que s'il se produit une situation comme
celle qu'il décrit, cela se passe au niveau local. J'ignore exactement
la situation qu'il décrit en ce moment. Est-ce que je peux lui demander
de faire un appel téléphonique ou d'aller voir le directeur
adjoint du personnel, M. Favreau. Il connaît très bien le
fonctionnement de la convention collective qui déterminera s'il y a
violation flagrante des dispositions de la convention collective, s'il s'agit
d'un employé syndiqué ou syndicable, s'il s'agit d'un
employé occasionnel ou temporaire, par rapport à un
employé qui est en voie d'obtenir sa permanence. Tout cela sera alors
déterminé, étudié et le directeur du personnel ou
l'adjoint prendra les dispositions nécessaires pour corriger la
situation. Ce n'est pas le ministre qui autorise de pareilles situations dans
les comtés.
M. RUSSELL: II s'agit d'un officier permanent qui travaillait et qu'on a
envoyé en vacances pour le remplacer.
M. PINARD: Voulez-vous donner son nom, M. Favreau va vérifier la
situation.
M. RUSSELL: C'est le cantonnier du comté de Shefford, qui a
été remplacé par un ancien cantonnier, qui avait
donné lui-même sa démission volontairement sans aucune
pression de la part de personne. Il était retourné cultiver sa
ferme. Il faisait très bien son travail. On le ramène au
ministère de la Voirie. On va même le forcer à
négliger sa ferme, à la vendre ou à diminuer son troupeau.
On va lui faire faire un travail. S'il fait cela, il ne fera pas son travail
à la voirie. D'un autre côté, on prive la province du
privilège de remplir un des 100,000 emplois promis à l'occasion
des dernières élections.
M. PINARD: C'est un commentaire qui ne demande pas de commentaires.
UNE VOIX: Gratuit.
M. LAFONTAINE: M. le Président, on a demandé à mon
collègue de Shefford de donner le nom du cantonnier. Est-ce que je
pourrais donner le nom du candidat libéral défait chez nous? Un
nommé Robidoux. Et le nom du cantonnier est Mathieu.
M. PINARD: C'est facile à vérifier.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LAFONTAINE: Un instant, M. le Président. On a la
liberté de parole ici, et j'ai bien l'intention de l'exercer à la
manière qu'il me plaît, pour autant que j'entre dans le cadre de
la discussion. Parce que je suis à l'intérieur des
règlements, je n'ai pas l'intention de subir aucun bâillon
malgré toute la déférence que je vous dois.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je n'aime pas du tout
que le député de Labelle insinue qu'il y a de la part du
président de cette assemblée...
M. LAFONTAINE: Je fais simplement remarquer que ça fait trois ou
quatre fois que je viens pour débattre un sujet vous me coupez
continuellement. Vous dites que ce n'est pas dans l'article. Je regrette, c'est
dans l'article. Alors, je n'ai pas l'intention de subir de bâillon.
M. PINARD: Posez votre question, ce sera plus rapide.
M. LAFONTAINE: Le divisionnaire a été changé chez
nous. Quand je donne le nom de Mathieu, je ne sais pas si c'est le
divisionnaire intérimaire. Est-ce qu'il a été nommé
permanent?
M. PINARD: Par intérim seulement.
M. LAFONTAINE: II est par intérim seulement.
M. PINARD: Nous allons regarder ça de plus près.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: La question que j'ai posée au ministre a eu une
réponse partielle. Je voudrais qu'elle soit complétée. Je
vois qu'il y a une augmentation de huit personnes et une hausse de
$129,000...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il faudrait aller directement au
sous-article 1. Nous terminons la discussion générale.
M. PINARD: Appellez-le, si nous sommes rendus là...
M. LE PRESIDENT: Alors, le sous-article 1 de l'article 1 du poste 1.
M. LEGER: Traitements et indemnités?
M. PINARD: C'est ce dont je parle: Traitements et indemnités.
M. LE PRESIDENT: Alors, est-ce que le comité est d'accord pour
que nous passions à l'article 1 immédiatement?
M. LAVOIE (Wolfe): J'aurais un mot à ajouter, M. le
Président. Chez nous, il y a eu un cas assez déplorable
récemment lorsqu'on a mis à la porte un M. Roland Goudreau dont
j'ai fait part de la lettre à M. Favreau il y a un instant. Ce
type-là avait été engagé au mois de janvier, je
crois, et on l'a démis de ses fonctions au mois de juin. C'est un
père de famille, un chauffeur de camion depuis 25 ans et je ne peux pas
accepter le fait qu'il n'ait pas passé ses examens de chauffeur de
camion: il ne sait pas faire autre chose que ça, il a fait ça
toute sa vie. Je ne peux pas concevoir qu'on ait ainsi remercié ce type
de ses services. Vous admettrez que je ne suis jamais intervenu pour
démettre de ses fonctions qui que ce soit depuis 1966; c'est le seul
employé qui ait été engagé depuis 1966 et on l'a
mis dehors. La population est soulevée à ce sujet-là parce
qu'il ne méritait pas d'être mis de côté.
M. PINARD: Je vois que le député de Wolfe a soumis une
copie de cette lettre-là à M. Favreau, le directeur adjoint du
personnel, qui fera enquête, qui donnera la réponse au
député de Wolfe et qui verra à prendre les mesures qui
s'imposent.
M. LE PRESIDENT: Alors s'il n'y a pas d'autres questions, nous pourrions
maintenant procéder à l'étude du sous-article 1 de
l'article 1 du poste no 1 : Administration.
M. PINARD: Très bien.
Administration
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine a la parole.
M. LEGER: M. le Président, je voulais simplement souligner au
ministre le fait qu'il y ait une augmentation de huit personnes dans le
personnel et une augmentation de $129,000 dans le budget; ça fait une
moyenne de traitement de $16,000 pour les huit personnes. Est-ce que ce sont
tous des membres du personnel de la haute administration pour avoir une moyenne
de revenu si élevée?
M. PINARD: Ce sont des modifications normales dans les effectifs du
personnel. C'est vrai qu'il y a une augmentation du nombre des employés
mais, il y a aussi une augmentation des salaires par suite du fonctionnement de
la convention collective, des augmentations statutaires.
M. LEGER: Des augmentations statutaires.
M. PINARD: C'est cela. C'est tout à fait normal. Pour tous les
employés. Cela se retrace à différents niveaux de
fonctions et d'emplois.
M. RUSSELL: Mais, est-ce que le montant de $1,493,000 voté l'an
dernier a été dépensé?
M. PINARD: Nous allons vous donner exactement la somme
dépensée par rapport à la somme votée. Il y avait
eu modification des crédits. La somme dépensée est
effectivement de $1,558,934. Les crédits avaient été
modifiés pour en arriver à un montant de $1,568,000,
c'est-à-dire qu'il reste un solde de $10,000 pour l'année
69/70.
M. RUSSELL: Mais, par contre, les 232 postes que vous aviez
étaient comblés. Ceci veut dire que l'augmentation n'est pas
seulement at-tribuables à des nouveaux postes...
M. PINARD: Non, non.
M. RUSSELL: .. mais aussi à l'augmentation des salaires. L'an
dernier, on avait manqué d'argent à ce sous-article...
M. PINARD: C'est cela.
M. RUSSELL: ... c'est la raison de la différence.
M. PINARD: Parce que la convention collective s'applique et alors les
augmentations sont statutaires à différents niveaux de
fonctions.
M. RUSSELL: M. le Président, une autre question. Est-ce
qu'»l y a eu des changements au bureau du personnel? Le chef du personnel
est-il encore le même? Est-ce qu'il y a eu des changements, une
démission?
Mutation de M. Ménard
M. PINARD: II n'y a pas de démission effective de la part du
directeur du personnel. Il est venu me rencontrer à mon bureau, et j'ai
eu une entrevue excellente, très cordiale. Il m'a expliqué sa
situation bien honnêtement. Je pense qu'il ne m'en voudra pas si je le
dis aux membres de la commission. Il m'a dit qu'il lui paraissait difficile de
garder la même fonction à cause de certaines situations que
certaines personnes connaissent bien. Il m'a demandé de trouver une
formule élégante pour que je puisse le faire muter ailleurs. Et
je fais actuellement des démarches, dans certains ministères,
pour qu'il puisse aller dans un autre ministère. C'est d'ailleurs la
demande qu'il m'a faite personnellement.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre reconnaît que c'est un homme
compétent?
M. PINARD: Oui, oui, même très compétent.
M. LAFONTAINE: Maintenant, le ministre dit qu'à sa demande, pour
certaines raisons que l'on connaît, je ne me cache pas de ne pas
connaître les raisons, est-ce que c'est quelque chose...
M. PINARD: Disons, enfin, qu'il serait assez disgracieux pour moi de
dévoiler les détails de la conversation que nous avons eue
ensemble, à mon bureau, à la suite de son retour de vacances. IL
avait droit à des vacances de trois semaines. Je l'ai autorisé
à les prendre. A son retour de vacances, il a demandé à me
voir. Je l'ai vu presque immédiatement. Et en toute
honnêteté je dois dire qu'il occupait de façon
compétente les fonctions au poste de directeur du personnel. Mais, pour
des raisons qui lui sont personnelles et particulières, il
préfère ne plus occuper cette fonction et il m'a demandé
de lui trouver un autre poste ailleurs. Je suis en négociation avec M.
Roch Bolduc et avec les représentants de la DGRT et avec le titulaire du
ministère du Travail pour lui trouver un emploi à la mesure de
son talent, de sa compétence et de son dévouement.
M. LAFONTAINE: Je pense que le moment est bien choisi pour lui rendre
hommage, témoignage de son ancien patron et je pense bien, de son patron
actuel, pour l'oeuvre accomplie au ministère de la Voirie. Il a fait un
travail immense, énorme. Il a pris un ministère qui était
plus ou moins organisé au point de vue du personnel et cela se comprend
parce qu'à ce moment-là, les unions commençaient, les
syndicats...
M. PINARD: C'était un nouveau régime syndical qui entrait
en fonction.
M. LAFONTAINE: Je me souviens, lorsque j'ai été
nommé ministre, j'ai eu certains problèmes de personnel. La
présence de M. Ménard, à côté des
sous-ministres et du ministre de la Voirie, de la haute direction du
ministère et avec les efforts conjurés de son adjoint que
je vois ici M. Favreau, ont fait que le ministère de la Voirie
est organisé aujourd'hui au point de vue du personnel, comme pas un
ministère.
Divisionnaires convoqués
M. PINARD : C'est peut-être le ministère où
l'application de la convention collective est la plus difficile, où les
cas sont les plus variés et où les lignes de démarcation
sont les plus difficiles à établir. Cela constitue un fardeau
très lourd pour le directeur du personnel, pour son adjoint et pour tous
ceux qui constituent l'équipe à la direction du personnel; cela
constitue aussi un fardeau très lourd au niveau de la division. Parfois,
à cause de renseignements insuffisants, ou à cause
d'interprétations différentes de certaines clauses de la
convention collective, il arrive que certains cas, soumis tout à
l'heure, au cours de la discussion, dans les comtés, sont dûs
plutôt à une mauvaise interprétation d'une clause de la
convention collective, qu'à un fait ou à un acte de patronage pur
et simple. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas dramatiser les situations,
elles vont revenir à la normele. J'ai demandé à M. Favreau
de convoquer les divisionnaires s'il ne lui est pas possible de faire le tour
de toutes les divisions, pour déterminer les lignes d'autorité,
pour expliquer la liberté de manoeuvre à l'intérieur des
dispositions de la convention collective. Eventuellement, je voudrais que des
séances d'information soient présentées à tous les
députés, afin que, même involontairement, ils ne soient pas
amenés à commettre des injustices au niveau de certains
employés, parce que certains députés ne savent pas qu'il
existe des dispositions de la Loi de la Fonction publique d'abord et aussi des
dispositions d'une convention collective en vigueur. S'ils ne le savent pas, on
ne peut pas les accuser de faire du patronage éhonté, c'est d'une
façon tout à fait involontaire qu'ils le font.
M. LAFONTAINE: Le ministre pourrait peut-être continuer son
idée...
M. PINARD: Admettons.
M. LAFONTAINE: ... et non seulement donner des séances
d'informations aux députés élus, mais aussi aux candidats
libéraux défaits.
M. PINARD: Si nous le faisons, le député de Labelle
admettra que, à ce moment-là, on leur donne une espèce de
statut. Je pense que le premier ministre envisage très
sérieusement la possibilité de convoquer les candidats pour leur
dire carrément qu'ils n'ont pas de statut, qu'ils ont des pouvoirs de
représentation comme n'importe quel contribuable du Québec. Et,
s'il arrive qu'un candidat je l'ai dit tout à l'heure
cumule à la fois les fonctions de président de la commission
scolaire ou de maire de sa municipalité, de conseiller municipal ou
d'échevin, et qu'il met surtout l'accent sur sa qualification de
candidat à une élection, à ce moment-là, on
traitera la personne comme étant représentative d'un milieu
donné, d'une population donnée, en sa qualité de
président de la com- mission scolaire, de maire, de conseiller municipal
ou d'échevin, mais pas plus. Alors, voilà le problème.
M. LAFONTAINE: Le député de Bellechasse me prie de
demander au ministre, lorsqu'il dit qu'un candidat libéral défait
n'a pas de statut, comment écrit-il le mot statut, avec un "t" ou un "e"
à la fin?
M. PINARD: S'il y avait des candidats-statuettes, j'aimerais bien qu'on
me les présente.
M. LAFONTAINE: Je pense que le ministre pourrait peut-être
compléter sa pensée. Les conseils que le premier ministre peut
donner aux candidats libéraux défaits ou aux organisateurs
libéraux, cela ne me regarde pas; cela regarde la
Fédération libérale du Québec. J'aimerais cependant
que le ministère de la Voirie donne des cours aux divisionnaires, pour
leur montrer comment se comporter avec le public. Je me souviens, quand
j'occupais, de l'autre côté, la même place que le
député de Drummond, on avait discuté avec le personnel
d'un projet de cours aux divisionnaires, qui sont des représentants de
l'Etat du Québec auprès de la population et non pas les
représentants d'un parti auprès de militants du parti.
Il y a toute une différence. Il y a toute la philosophie de la
voirie là-dedans.
M. PINARD: II ne faut pas les politiser. Et s'ils sont devenus
politisés, il faut faire en sorte qu'ils se dépolitisent. S'il
n'y a pas moyen de les dépolitiser, ce sera ma responsabilité de
voir de quelle façon nous pouvons corriger la situation.
M. LAFONTAINE: Je ne les accuse pas d'être politisés, je
pense bien...
M. PINARD: II peut exister des cas.
M. LAFONTAINE: II peut exister des exceptions. Le divisionnaire,
normalement, n'est pas politisé mais certains divisionnaires,
s'imaginent qu'ils doivent être politisés et qu'il leur faut se
plier devant "l'establishment" local libéral quand le parti
libéral est au pouvoir, et inversement de l'autre côté.
C'est un état de fait qui ne doit pas exister.
M. PINARD: Je suis d'accord avec le député de Labelle
là-dessus.
M. LAFONTAINE: Supposons qu'un homme reconnu, par exemple, comme
étant un partisan très fort de l'autre côté appelle
le divisionnaire et que celui-ci dise: Je n'ai pas d'ordre à prendre de
toi; supposons qu'il rapporte qu'un pont est brisé et se fait
répondre par un divisionnaire à l'autre bout de la ligne, comme
cela s'est fait dernièrement : Je vais appeler M. Untel pour savoir s'il
donne son accord là-dessus, il y
a tout de même une limite. Cela s'est passé la semaine
dernière.
M. PINARD: Si l'on veut changer quelque chose, c'est là qu'il
faut aller.
M. LAFONTAINE: C'est cela. C'est pour cela que je demande au ministre,
non seulement de donner des instructions aux députés...
M. PINARD: Je remarque au moins une constante à la voirie, c'est
que, lorsque j'étais de l'autre côté de la table, je
faisais les mêmes suggestions, les mêmes critiques.
M. LAFONTAINE: Mais pas d'une façon aussi habile.
M. PINARD: Je recevais des réponses de mon
prédécesseur disant qu'il prenait ses responsabilités et
je lui ai donné le crédit d'avoir fait son effort.
M. LAFONTAINE: C'est arrivé quelques fois. En arrière du
trône mais jamais en public.
M. PINARD: Ce ne sont pas des formules que nous choisirons.
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'aimerais savoir..
M. LOUBIER: II faudrait changer de table, comme cela.
M. PINARD: Non, pour quatre ans j'aimerais occuper les fonctions que
j'occupe présentement.
M. LAFONTAINE: J'aimerais savoir, M. le Président, qui le
ministre a l'intention de nommer à la place de M. Ménard.
M. PINARD: Je n'ai pas pris de décision. Il y a des consultations
en cours. Il faut consulter certaines autres personnes qui sont en
autorité au niveau de la DGRT, au niveau de la Commission de la Fonction
publique. Ces discussions ne sont pas terminées et, en temps et lieu,
j'annoncerai la décision. H faudra combler le poste,
évidemment.
M. LAFONTAINE: Je peux peut-être donner certaines recommandations
si cela ne nuit pas au candidat. L'adjoint de M. Ménard est là
depuis plusieurs années, il est un homme extrêmement
compétent...
M. PINARD: Un homme de voirie. Nouveaux sous-ministres
M. LAFONTAINE: ... un homme de voirie. Cela serait quelqu'un
déjà à l'emploi du ministè- re. Et en passant, M.
le Président, j'aimerais féliciter le nouveau sous-ministre,
c'est un homme qui a fait ses preuves, un homme de "bureau", un homme
compétent. J'aimerais aussi féliciter le nouveau sous-ministre
associé, un nouveau venu au ministère de la Voirie. Je reconnais
la compétence de M. Rouleau. D'ailleurs, je me flatte de le
considérer comme un de mes amis. Je ne sais pas s'il fait de même
de son côté.
M. PINARD: Il n'a pas le droit de répondre, malheureusement.
M. LAFONTAINE: ... mais je me demande si sa nomination au
ministère de la Voirie, est la reconnaissance de sa compétence ou
la non-reconnaissance de la compétence de moult ingénieurs
compétents qui travaillent au ministère de la Voirie. Pourquoi le
ministre a-t-il été chercher quelqu'un de l'extérieur pour
le nommer sous-ministre associé quand il y a des centaines et des
centaines d'ingénieurs compétents au ministère de la
Voirie qui auraient pu occuper le poste? Ce n'est pas une critique à
l'endroit de sa compétence.
M. PINARD : Le ministre a jugé la compétence du candidat
et il s'est aperçu que le...
M. LAFONTAINE: II est très compétent.
M. PINARD: ...nouveau sous-ministre associé faisait partie de la
confrérie des ingénieurs, qu'il était réellement
familier avec les rouages administratifs du ministère de la Voirie et
qu'il faisait déjà partie de la grande famille de la voirie. Il
avait agi en sa qualité de commissaire à l'Office des autoroutes,
et comme on s'en va vers une intégration graduelle de l'Office des
autoroutes au ministère de la Voirie...
M. LAFONTAINE: Je pense que le président de l'Office des
autoroutes n'accepterait pas de faire partie de la confrérie...
M. PINARD: ... à ce moment-là, les fonctionnaires du
ministère de la Voirie n'ont pas jugé qu'il entrait dans la
maison un intrus. Ils l'ont considéré comme un membre de la
famille et ça été très bien accepté.
M. LAFONTAINE: D'accord. Ce n'est pas par mesquinerie que je dis
ça. Je l'ai dit tout à l'heure, j'ai le plaisir de compter M.
Rouleau comme un de mes amis personnels, je reconnais sa compétence,
c'est un bon ingénieur-conseil. Il a été un commissaire de
l'office parfaitement à sa place et très dynamique, mais il y a
quand même une chose: On parle toujours de plan de carrière dans
la Fonction publique Je vois quelqu'un qui entre dans la Fonction publique et
qui dit: Un jour, je deviendrai sous-ministre. Je pense bien que l'on peut me
rendre l'hommage que celui qui a mis en place les sous-ministres
qui venaient orginairement de la Voirie, c'est celui qui vous parle en
ce moment.
On sait que la vieille habitude au ministère de la Voirie
était d'aller chercher des gens de l'extérieur, de les faire
entrer au ministère de la Voirie et d'en faire des chefs
supérieurs. Le seul que nous sommes allés chercher à
l'extérieur est M. Ménard. Il est pitoyable que le ministre s'en
défasse. De toute façon, les raisons profondes qu'il ne veut pas
nous expliquer ne nous regardent pas...
M. PINARD: Ne jugez pas les raisons que le ministre a pu avoir d'agir
ainsi.
M. LAFONTAINE: ... mais c'est le seul que nous sommes allés
chercher à l'extérieur. Nous sommes allés chercher un chef
ouvrier, qui connaissait les relations du travail. Dans le ministère de
la Voirie il y a certes beaucoup d'ingénieurs qui aspirent ils y
sont entrés, et ils y ont fait un an, deux ans, dix ans, quinze ans,
vingt ans à arriver eux aussi à la haute direction. Le
seul fait de prendre un jeune homme comme Claude Rouleau, de l'amener comme
collaborateur immédiat de M. Bureau, laisse prévoir que, dans un
an, un an et demi, deux ans, lorsque M. Bureau prendra sa retraite, M. Rouleau
sera nommé sous-ministre en titre du ministère de la Voirie. En
1961 ou 1962, l'ancien ministre s'en souviendra, on est allé chercher un
ancien candidat libéral défait pour le nommer sous-ministre en
titre.
M. PINARD: De toute façon, c'est une coincidence.
M. LAFONTAINE: C'est une coincidence...
M. PINARD: C'était un ingénieur de carrière.
M. LAFONTAINE: C'était un "outsider".
On avait pris une compétence à l'extérieur du
ministère. Disons que là, on a pris réellement un homme
compétent, mais encore à l'extérieur du ministère.
Même si on me disait qu'il a agi comme commissaire à l'Office des
autoroutes et qu'il faisait partie de la grande famille de la Voirie, c'est une
famille très spécialisée, l'Office des autoroutes. Je
pense bien que, dans les relations entre la Voirie et l'office, on ne peut pas
considérer que c'est une grande famille. Il y a un genre de ligne
Maginot qui ne parait pas, mais qui existe.
M. PINARD: De toute façon...
M. LAFONTAINE: Je comprends que le ministre veuille l'y
intégrer.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre peut me dire pourquoi? Est-ce que
c'est une négation de la compétence des ingénieurs du
ministère de la Voirie? Ou est-ce que la compétence de M. Rouleau
étant tellement supérieure à celle des ingénieurs
du ministère de la Voirie, il a cru bon aller le chercher? Et n'allant
pas le chercher, le ministère de la Voire n'aurait-il pas ou aurait-il
aussi bien fonctionné?
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, je demande au ministre de la Voirie
de préparer sa réponse. Il pourra nous la donner à trois
heures cet après-midi, lorsque nous recommencerons la discussion des
crédits.
M. PINARD: Il y aura des surprises agréables. Je peux annoncer
éventuellement à mon prédécesseur, au poste
de...
M. LE PRÉSIDENT: Alors, ajourné à trois heures cet
après-midi.
Reprise de la seance à 15 h 7
M. PICARD (président de la commission de la Voirie): A l'ordre,
messieurs! Nous sommes rendus au sous-article 1, l'article 1, poste
budgétaire 1 : Administration.
M. PINARD: Est-ce que nous tenons pour acquis que toutes les questions
ont été posées, toutes les réponses données
au sous-article 1 : Traitements et indemnités, pour un montant de
$1,620,400? Est-ce que nous pouvons passer au sous-article 2, Frais de
voyage?
M. LAFONTAINE: Je vais répondre que, lorsque nous avons
ajourné, à 1 h 05, le ministre a dit qu'il reviendrait à 3
heures et qu'il aurait des nouvelles à m'apprendre sur la nouvelle
restructuration, sur la question du nouveau sous-ministre associé, et
sur bien d'autres choses. J'attends les bonnes nouvelles. Il m'a dit à
part ça: Ce sont de bonnes nouvelles.
M. PINARD: J'ai dit au député de Labelle que j'aurais de
bonnes nouvelles à annoncer un peu plus tard, mais qu'elles
étaient à venir...
M. LAFONTAINE: Je pensais que c'était à 3 heures. J'ai
averti la presse qu'on aurait de bonnes nouvelles.
M. PINARD: ... elles sont en gestation.
Office des autoroutes
M. LAFONTAINE: Les bonnes nouvelles, ce sera probablement
l'intégration de l'Office des autoroutes à la grande famille du
ministère de la Voirie.
M. PINARD: Pas nécessairement, sauf que déjà, des
modifications sensibles ont été apportées. Cela va de soi,
je pense, il n'y a pas de surprise là-dedans, ce n'est plus une
entreprise...
M. LAFONTAINE: Nous ne discuterons pas ici de l'Office des autoroutes
comme tel, parce qu'à ce moment-là, il faudrait que j'entre dans
certains détails que je ne pourrais pas contrôler.
M. PINARD: Non, il ne faudrait pas non plus que le député
de Labelle présume de mes décisions à ce niveau.
M. LAFONTAINE: Non, mais le ministre a dit ceci tout à l'heure:
C'est une question d'intégration, c'est une grande famille, et dans la
question d'intégration des forces du ministère de la Voirie, le
sous-ministre va être utile. Est-ce qu'il a en ce moment pour tâche
de faire hara-kiri à l'Office des autoroutes, maintenant qu'il est rendu
commissaire, de se faire harakiri comme commissaire, des autoroutes, ceci sans
parler de l'office?
M. PINARD: Non, ils sont postés à titre de commissaires et
représentent le ministère de la Voirie à l'Office des
autoroutes, sans traitement autre que celui qu'ils retirent déjà
comme fonctionnaires du ministère de la Voirie. L'ingénieur en
chef de l'Office des autoroutes, M. Roger Trudeau, pourra être
appelé à Québec à titre consultatif, à titre
exécutif et même à titre administratif, à
l'occasion, pour permettre au ministère de la Voirie d'avoir un droit de
regard plus approfondi sur l'administration de l'office.
M. LAFONTAINE: D'ailleurs, si le ministre regarde la loi de l'office, il
est bien indiqué que le ministre de la Voirie accepte ou refuse les
plans de l'office. Quand on parle du ministre, ce n'est pas le ministre pris
comme tel...
M. PINARD: Ce sont les fonctionnaires, la structure administrative comme
telle.
M. LAFONTAINE: Le ministre avait tous les droits comme tels sans avoir
à imposer son sous-ministre associé comme commissaire.
M. PINARD: II les a exercés du mieux qu'il a pu à
l'époque. Mon prédécesseur, pendant une période, a
fait son possible lui aussi, mais il y avait des problèmes.
M. LAFONTAINE: J'ai été tellement satisfait de votre
sous-ministre comme commissaire.
M. PINARD: Cela va de soi, parce que l'Office des autoroutes n'est plus
un organisme d'exécution, mais un organisme d'administration des
péages pour une période de temps "X". A moins que nous ne
puissions faire du rattrapage dans le domaine des autoroutes à
péage, ce qui me paraît assez improbable dans le moment, je pense
que c'était nécessaire de couper les dépenses, comme on
l'a fait, de réduire le personnel administratif, de ne pas tellement
affecter le personnel technique, parce qu'on peut l'intégrer assez
facilement au ministère de la Voirie et lui donner une double fonction,
et à l'office et au ministère.
Il fallait couper les dépenses, parce que cela se justifiait
très mal par rapport à la situation financière globale de
l'office, qui est largement déficitaire annuellement.
M. LAFONTAINE: Autrement dit, l'office est devenu un organisme de
perception du ministère de la Voirie?
M. PINARD: Pour le moment. Seulement, si la situation financière
du Québec, en général, nous permettait d'aller beaucoup
plus vite sur le tronçon de l'autoroute de la rive nord, Berthier,
Trois-Rivières, Champlain, Québec éventuellement, et que
la décision est à l'effet qu'il faut continuer ces
sections-là et les mettre à péage, ce qui n'est pas
décidé il faut que ma préci-
sion soit bien établie il est possible que l'office
reprenne l'importance qu'il a eue à l'époque où on a fait
du rattrapage routier.
M. LAFONTAINE: Sans en avoir causé avec le sous-ministre
associé, je pense qu'il est improbable que ce soit à péage
entre Trois-Rivières et Berthier, parce que j'ai déjà
entendu dire que votre sous-ministre associé trouvait qu'il en
coûtait plus cher de collecter les $0.25 que de ne pas le faire, pour
cette section-là, en particulier.
M. PINARD: C'est un débat qui est encore en cours, mais il est
possible qu'il y ait modification de tracé sur une des sections de
l'autoroute de la rive nord, compte tenu du programme de rénovation
urbaine qui sera en cours à Trois-Rivières, compte tenu de la
subvention du gouvernement fédéral pour un montant de $52
millions, si ma mémoire est fidèle, pour permettre à
Trois-Rivières d'être dans la région désignée
et de vaquer à certains travaux d'importance sur le plan de la
rénovation urbaine, de l'élimination de taudis, etc.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas encore signé.
M. PINARD: Nous attendons la signature de l'entente et nous verrons
quelles seront les conditions qui seront faites au ministère de la
Voirie, dans les circonstances. Il y aura peut-être possibilité de
ramener le tracé actuel à l'ancien tracé original, pour ne
pas perdre d'abord un investissement qui était assez considérable
au plan des expropriations. Il y aurait $300,000 à payer. C'est en
discussion, ce n'est pas à l'état de décision. Je voudrais
que ma décision soit bien établie.
M. LAFONTAINE: Je peux donner un conseil au ministre. Si jamais il signe
une entente avec Ottawa, qu'il fasse attention, parce qu'il a
déjà signé une entente sur la Transcanadienne. Nous sommes
rendus en 1970, donc il en sera question bientôt !
M. PINARD: Je la connais bien! J'ai signé l'entente de la route
transcanadienne. Je l'ai reconduite à deux reprises, mais,
malheureusement, elle n'a pas été reconduite.
M. LAFONTAINE: Je l'ai reconduite à une troisième
reprise.
M. PINARD : Oui, mais seulement, il y a une date limite: le 31
décembre 1970, avec gel possible de la participation financière
d'Ottawa à $172 millions.
M. LAFONTAINE: C'est cela. C'est épouvantable, c'est un
drame!
M. PINARD : C'est ce que nous irons renégocier d'ici quelques
semaines.
M. LAFONTAINE: J'espère que la parenté des partis des
gouvernements d'Ottawa et de Québec va aider le ministre dans ses
démarches.
M. PINARD: Nous allons nous arranger pour ne pas faire de fausse guerre
de prestige.
M. LAFONTAINE: Vous n'en avez pas fait de fausse guerre de prestige!
Cela aurait été tellement facile, M. le Président, en
temps d'élections, de lancer cela dans le public. Cela aurait
peut-être été pire que les bombes de Westmount et
d'Outremont, peut-être pire que la bombe qu'ils ont eue à
Ottawa!
M. PINARD: De toute façon, nous allons bien nous entendre.
Jusqu'ici nous nous étions très bien entendus aux deux niveaux de
gouvernement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! C'est très
intéressant d'entendre la conversation entre les deux ministres,
l'ancien et le nouveau, mais, nous en sommes au sous-article 1, et je pense que
nous devrions nous en tenir à cela. Le député de
Sainte-Marie a demandé la parole.
M. LAFONTAINE: M. le Président, nous reprendrons, si vous me
permettez, cette discussion-là.
M. PINARD: Oui, un peu plus loin, à la Transcanadienne.
M. LE PRESIDENT: D'accord. Camionneurs artisans
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, j'aimerais faire une
certaine mise au point sur une remarque que le ministre a faite, ce matin. Le
ministre a dit qu'il aimerait que les centrales syndicales, la CSN ou la FTQ,
fassent des tentatives pour syndiquer l'Association des camionneurs artisans.
Je voudrais vous dire qu'il y a quelques années la CSN a fait une
tentative dans ce sens-là. La majorité des membres ont
signé des cartes d'adhésion et, quand est venu le temps de
demander l'accréditation, en vertu du code du travail, ces
gens-là n'étaient pas considérés comme des
salariés et cela a été refusé. Pour faire une autre
tentative, je crois qu'il faudrait que le code du travail soit
amendé.
M. PINARD: C'est possible. C'est pour cela que je veux que les travaux
aillent rapidement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Même le député de
Maisonneuve, qui est un conseiller juridique de la CSN...
M. PINARD: II faudrait que les conseillers techniques de la CSN, et de
la FTQ, selon le cas, et même les conseillers économiques,
là, parce qu'il y a une incidence économique dans
tout le problème, se mettent réellement à l'ouvrage
avec nous et surtout avec les représentants du ministère du
Travail et les membres du comité pour formuler quelque chose de
précis, parce que nous sommes toujours dans la zone grise, quant
à ces fameux camionneurs artisans.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'aimais surtout faire cette mise au point
à M. le ministre, parce que vous aviez dit, dans votre
déclaration, que vous vous demandiez si ces gens-là
n'étaient pas rentables au point de vue des cotisations.
M. PINARD: Vraiment, il s'est posé ce
problème-là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'aimerais vous dire que c'est tout
simplement en vertu du code du travail.
M. PINARD: Je suis très à l'aise, pour avoir fait la
déclaration que j'ai faite ce matin, j'en ai discuté, à
moult reprises, avec M. Pepin, qui est un de mes amis, le président de
la CSN et avec M. Laberge. Je leur ai dit, carrément, que je
n'étais pas d'accord avec eux, parce que je ne voyais pas pourquoi ils
laissaient de côté ces gens-là.
Ils m'ont dit qu'il y avait peut-être des secteurs de la
population où il était plus urgent d'agir. Mais, il reste quand
même que, dans les comtés ruraux, c'est urgent. C'est un
problème politique qui n'est plus tenable. Parce que ça ne
s'administre pas.
M. BURNS: Si le ministre est tellement intéressé à
ce que ces gens-là soient syndiqués, ce serait peut-être
l'occasion pour lui de faire une recommandation à son collègue du
Travail en vue d'élargir la définition du mot "salarié"
auquel il fait allusion. C'est ça le problème.
M. PINARD: Cela a été fait à plusieurs reprises.
Sous les deux gouvernements, bien honnêtement, surtout à partir de
1965 où on a songé vraiment à les syndiquer et où
on a eu les mêmes objections que celles qui nous ont été
faites sous le gouvernement précédent, alors que M. Bellemare
était titulaire du ministère. H y avait beaucoup de sympathie
à l'égard des camionneurs artisans, mais il y avait toutes sortes
d'imbroglios au plan juridique qui faisaient qu'on ne pouvait pas aller plus
loin. Les travaux sont restés pendants, si vous voulez. Il faut les
reprendre, réactiver le travail de la commission et on verra à le
reconstituer et à entrer dans cette commission les membres vraiment
représentatifs de ce secteur de la population et surtout ceux qui sur le
plan syndical, ont une forte expérience.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors, faites amender le code du travail. Et
moi, comme membre d'un syndicat qui est affilié à la FTQ, je
pense que la FTQ ou la CSN ferait une tentative pour les syndiquer de nouveau.
Seulement, c'est la loi qui ne peut pas permettre l'accréditation. Ils
ne sont pas des salariés. Je voulais que la réputation des
syndicats soit sauve.
M. PINARD: Ecoutez, je n'ai pas fait une critique mesquine.
M. LOUBIER: Est-ce que vous sentez le besoin de défendre la
réputation des syndicats?
M. PINARD: C'était à l'article de l'administration,
article 1, nous sommes revenus par voie d'exception. Est-ce que l'on peut
reprendre la discussion au sous-article 1, maintenant: Traitements et
indemnités? Est-ce qu'il y a d'autres questions à poser
là-dessus?
M. LAFONTAINE: On m'a demandé de poser la question. Je n'ai pas
compris la réflexion du ministre. Il ne fait seulement que commencer et
il commence déjà à perdre les nerfs. C'est seulement le
commencement. A midi, le député de Shefford m'a demandé,
il était obligé de participer aux travaux de la commission
des Travaux publics qui siège présentement si le ministre
avait une réponse à la question que j'ai posée ce
matin.
UNE VOIX: Laquelle?
M. PINARD: L'ancien ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche était absent, alors c'est difficile pour lui de nous dire
quelle question son collègue voulait nous poser.
M. LOUBIER: Voici.
M. PlNARD: Non, ne l'inventez pas. Qu'est-ce que c'était?
M. LAFONTAINE: Ce n'était pas une question de
contremaître?
M. PINARD: Non, cela a été discuté. J'ai
donné une réponse à cela. M. François Favreau a
pris l'affaire en note et doit donner une réponse un peu plus tard
à M. Russell.
Adopté?
M. LAFONTAINE: Est-ce qu'il y a eu des augmentations de salaire, de
traitements et d'indemnités?
M. PINARD: J'ai donné l'explication ce matin. Alors, il y a huit
personnes de plus. Mais, il y a aussi une ventilation dans d'autres niveaux de
fonctions, avec l'augmentation statutaire prévue dans la convention
collective...
M. LAFONTAINE: Une ventilation?
M. PINARD: Une ventilation, c'est-à-dire
que cela s'en va dans plusieurs secteurs de fonctions. Ce qui fait qu'il
y a eu une augmentation assez sensible, c'est l'augmentation des salaires
prévus par la convention collective. Ce n'est pas attribuable seulement
à l'augmentation du personnel de huit personnes, de 232 à
240?
M. LAFONTAINE: C'est l'augmentation normale. Est-ce que le sous-ministre
associé a le même traitement que l'ancien sous-ministre
associé?
M. PINARD: C'est cela.
M. LAFONTAINE: Est-ce qu'il a été nommé avec droit
de succession?
M. PINARD: Il est en probation actuellement.
M. LAFONTAINE: II n'est pas encore permanent?
M. PINARD: II a un certain droit à la permanence mais...
M. LAFONTAINE: ... un droit qui va être acquis d'ici quatre ou
cinq mois.
M. PINARD: II n'y a pas de limite.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1, adopté. Sous-article 2, Frais de
voyage. Adopté. Sous-article 3, Frais de bureau et autres
dépenses.
Frais de bureau
M. LAFONTAINE: Est-ce que le bureau du candidat libéral de mon
comté est payé à même les $35,000?
M. PINARD: Si j'ai bien compris, c'était un bureau qui
était mis à la disposition du ministre de l'époque par le
ministère des Travaux publics. A la division.
M. LAFONTAINE: A la division. Payable par le ministère de la
Voirie ou le ministère des Travaux publics?
M. LAFONTAINE: C'est le ministère des Travaux publics qui paie
tous les bureaux. Ce sont des bureaux qui sont loués pour la
division.
M. PINARD: Je trouve anormal que le candidat ait un bureau mis à
sa disposition par le gouvernement, il n'a pas de statut pour l'obtenir.
M. LAFONTAINE: Le ministre m'a dit qu'il corrigera ce problème
cette semaine.
M. PINARD: Nous allons voir à cela.
UNE VOIX: Est-ce que c'est accidentel?
M. LAFONTAINE: Adopté. Non, c'est bien prévu. On a des
caucus. On fait venir le divisionnaire, on donne des ordres, on reçoit
la population du comté. On agit comme si on avait été
élu mais malheureusement, on a été défait.
M. PINARD: Cela ne me parait pas anormal qu'il ait des rencontres avec
le divisionnaire à un moment donné et que...
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas d'objection à ce qu'il rencontre le
divisionnaire ou la femme du divisionnaire ou que le divisionnaire rencontre
son épouse. Je n'ai aucune objection, mais qu'on le fasse.
M. PINARD: De façon systématique. M. LAFONTAINE:
Décemment.
M. PINARD: M. Favreau s'occupera du cas et il me fera un rapport.
M. LE PRESIDENT: Alors, sous-article 3 adopté. Sous-article 4:
Matériel, articles de bureau, impressions et abonnements.
M. LAFONTAINE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 5, publicité et information
Publicité et information
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre peut me dire pourquoi il y a cette
augmentation fantastique de $27,000 à $155,000?
M. PINARD: On me dit que ce sont des crédits qui étaient
payés par le budget de l'Office de publicité et d'information du
Québec mais qui sont maintenant imputables au budget du ministère
de la Voirie proprement dit. Il a fallu créer un sous-article
spécifique pour...
M. LAFONTAINE: Autrement dit, ce sont les anciens crédits de la
Voirie qui étaient passés à l'Office de
l'information...
M. PINARD: Et qui nous reviennent...
M. LAFONTAINE: Qui sont revenus au ministère de la Voirie.
M. PINARD: Oui. Nous avons créé un sous-article
spécifique pour permettre la dépense envisagée ici pour un
montant de $155,000 mais rien ne nous dit que la somme sera complètement
dépensée à la fin de l'année.
M. LOUBIER: Est-ce qu'il n'y a pas là égale-
ment une somme prévue pour le congrès international dont
vous parliez ce matin?
M. PINARD: Je ne sais pas si c'est inclus là-dedans. Je pense que
c'est imputable à un autre poste budgétaire, parce que c'est une
dépense spécifique pour une période temporaire; ce serait
au poste 6.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 6: Automobiles?
M. PINARD: Je veux dire que la réponse que je devrais donner, je
pourrais la donner à l'article 6 concernant les dépenses
d'information et de publicité du comité chargé de la
préparation du congrès mondial routier.
M. LE PRESIDENT: Dépenses diverses?
M. PINARD: Dépenses diverses, c'est ça. A la page 191:
Dépenses diverses et imprévues, $100,000. C'est là que
nous pourrons prendre l'argent nécessaire pour l'information et la
publicité du congrès international routier.
Le sous-article 5 est-il adopté? Sous-article 6, $6,500 pour
l'achat ou l'entretien d'automobiles.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Automobiles
M. LAFONTAINE: Adopté. L'automobile du ministre est-elle comprise
dans ce montant?
M. PINARD: L'automobile du ministre sera payée par le
ministère des Transports auquel la facture a été
envoyée.
M. LAFONTAINE: Non, non, l'automobile même du ministre?
M. PINARD: J'ai gardé la même automobile que mon
prédécesseur.
M. LAFONTAINE: Je comprends.
M. BOURASSA: L'austérité.
M. LOUBIER: C'est pas mal fatigant.
M. LAFONTAINE: Entretien et opération. C'est l'opération
de votre voiture.
M. BOURASSA: Pas de gaspillage.
M. PINARD: II y a autre chose là-dedans. Il n'y a pas seulement
l'automobile du ministre dans ces $6,500. H y a toutes les autres automobiles
du ministère.
M. LAFONTAINE: Il n'y a pas l'achat, c'est l'entretien.
M. PINARD: II n'y a pas eu d'achat à ce jour, sauf l'achat qui a
été fait, mais que je réfère au ministère
des Transports, puisque l'automobile est passée à ce
ministère-là, pour l'usage du ministre, M. Tremblay.
Entretien et construction de routes
M. LE PRESIDENT: Adopté? L'article 2: Service d'entretien et de
construction de routes. Sous-article 1 : Traitements.
M. BOURASSA: Adopté.
M. LOUBIER: Nous commençons vraiment maintenant à
étudier les crédits.
M. LAFONTAINE: Là, réellement ça va..
M. BOURASSA: Ce sont les crédits de l'ancien ministre.
M. LOUBIER: Cela sera aux dépenses de l'administration.
M. LAFONTAINE: II y a une différence dans l'administration.
M. BOURASSA: Adopté.
M. LOUBIER: Comme disait l'ancien candidat, je le rivais au
plancher.
M. PINARD: La somme demandée est de $16,409,200. Elle est
répartie de la façon suivante: traitements, $15,680,200;
avancements d'échelon, $425,000; révision des traitements,
$100,000; paiement des occasionnels, $50,000. Ces $50,000 sont pour
l'engagement des étudiants à titre d'occasionnels.
M. PINARD: Nous ne sommes pas capables de lire.
M. LOUBIER: Cela est fait pour nous.
M. LAFONTAINE: C'est bien fait, c'est le ministre qui n'est pas capable
de les interpréter.
M. PINARD: Ce qui est arrivé: on a perforé
précisément à l'endroit où il y a des
explications.
M. LOUBIER: C'était fait pour nous, pas pour vous.
M. BOURASSA: On a perforé à la mauvaise place.
M. LOUBIER: Je le sais.
M. PINARD: Employés additionnels: $100,000.
M. LOUBIER: C'est un de nos signes pour nous reconnaître.
M. LAFONTAINE: Additionnels, dans quel sens? Qu'est-ce que le ministre
entend par employés additionnels?
M. PINARD: Le directeur adjoint du personnel me dit que, par suite de
maladie, dans le cas du personnel féminin, il faudra donner des
congés de maternité en vertu de la convention collective,
congés sans solde. Il faut donc prévoir une somme de $100,000
pour permettre l'engagement de personnel surnuméraire en attendant le
retour des fonctionnaires qui sont employés de façon normale.
M. LAFONTAINE: Mais toujours sur l'entretien et non pas sur...
M. PINARD: Oui, l'entretien. Et cela comprend les dépenses
relatives au personnel en vacances, également.
M. LAFONTAINE: Parce qu'en disant que c'est pour payer du personnel
surnuméraire quand du personnel est malade, en congé sans solde,
ce n'est pas bien fort. Si le personnel est en congé sans solde, il
n'est pas payé et on peut prendre cet argent-là pour employer du
personnel supplémentaire. C'est certainement d'autres choses que
cela.
M. PINARD: Cela comprend l'entretien et la construction. $16,409,200 est
le service d'entretien et de construction. Vous allez dans les deux
catégories d'emploi: entretien et construction. Pour les
étudiants, comme je l'ai dit tout à l'heure, $50,000. C'est le
comité de placement qui s'occupe de leur engagement. Dans le
Témiscouata on nous l'a dit ce matin c'est le
comité de placement...
M. LOUBIER: Ne rouvrons pas de portes!
M. PINARD: De toute façon, cela existe comme structure? C'est
Michel Guay qui s'occupait de cela? Vous l'avez bien connu?
M. LOUBIER: En principe.
M. PINARD: Cela marche encore.
M. LAFONTAINE: Ici dans les traitements, est-il question de machines
à tracer les lignes blanches? Ce n'est pas là-dedans.
Prime d'isolement
M. PINARD: Je voudrais ajouter: avec une prime d'isolement de $4,000
pour permettre à des divisionnaires d'aller dans des endroits plus
éloignés, où ce n'est pas tellement attirant, mais
où il faut quand même avoir une représentation du
ministère. Au niveau de la division, il y a donc une somme de $4,000 qui
est prévue pour permettre le paiement d'une prime d'isolement à
ceux qui acceptent d'aller travailler là-bas.
M. LAFONTAINE: Je pense que tous les divisionnaires reçoivent un
montant de $150 par... Cela n'est pas passé. L'arrêté
ministériel n'a pas été signé? C'est une prime de
gérance. Au ministère de la Voirie, vous aurez le même
problème que nous avons eu et que vous avez eu avant 1966, celui
d'obtenir du personnel qualifié qui accepte d'être divisionnaire
c'est-à-dire, représentant vis-à-vis du public, en
plus de gérer l'administration normale de la division et de le
garder dans le plan de carrière, surtout pour les ingénieurs
diplômés. L'ingénieur diplômé qui
décide de prendre son plan de carrière est probablement mieux
comme résident que comme divisionnaire. Pour amener des
ingénieurs à accepter un poste de divisionnaire, il faut
peut-être laisser un peu le plan de carrière de côté.
Tous les officiers du ministère m'avaient recommandé, dans le
temps, d'instituer une prime de gérance, de telle sorte qu'on attire
plus d'ingénieurs.
M. PINARD: Le député de Labelle a parfaitement raison,
c'est un problème qui est en voie de solution.
M. LAFONTAINE: J'avais l'impression que l'arrêté
ministériel avait été signé et je vois votre
directeur adjoint du personnel...
M. PINARD: II est possible qu'il soit ramené quand même au
niveau du conseil des ministres pour signature, mais dans la mesure où
il y aurait eu une entente avec de nouveaux intermédiaires... C'est
à venir.
M. LAFONTAINE: Il a passé, mais il a peut-être
été suspendu.
M. PINARD: Non, il n'est vraiment pas venu au conseil des ministres,
parce que je sais que tout le monde n'est pas d'accord avec ce problème,
avec la façon de le résoudre.
M. LAFONTAINE: Disons que la majorité n'est pas d'accord.
M. PINARD: Nous avons découvert, par exemple, qu'il y avait des
primes de $500 qui étaient payées à des
sténodactylos qui sont en fonction et demeurent à
Montréal, alors que je prétendais qu'il s'agissait de primes
d'isolement pour permettre à des sténodactylos compétentes
de sortir de Montréal et d'aller travailler dans des bureaux plus
éloignés.
Je ne comprenais pas trop et on m'a dit qu'une explication technique
valable...
M. LAFONTAINE: Quelle explication?
M. PINARD: Cela ne permet pas...
M. LAFONTAINE: Je comprends mal qu'on puisse donner une prime
d'isolement de $500 à...
M. PINARD: On m'a dit qu'à la convention collective, cela avait
été accepté et cela avait été une
réclamation très fondamentale des syndicats. On m'a
expliqué que c'était pour les équilibrer, au plan du
salaire, avec les salaires payés dans l'entreprise privée.
D'ailleurs, il a fallu faire du rattrapage à raison de $500. Autrement,
nous n'étions pas capables de les recruter. C'est possible à
Montréal, parce que c'est un endroit où des salaires très
élevés sont payés aux sténodactylos, beaucoup plus
qu'à Québec, par exemple, à Sherbrooke, à
Drummondville ou à Trois-Rivières.
M. LAFONTAINE: On ne peut pas appeler ça une prime
d'isolement.
M. PINARD: Ecoutez, c'est une prime de rattrapage salarial pour
équilibrer le salaire payé dans l'entreprise privée.
M. LE PRESIDENT: Le député de Portneuf.
Placement des étudiants
M. DROLET: M. le Président, le ministre a parlé tout
à l'heure des emplois aux étudiants. J'aimerais savoir de quelle
façon précise on doit s'y prendre pour faire engager des
étudiants au ministère de la Voirie.
M. PINARD: Comme je l'ai dit tantôt, il existe une unité de
placement étudiant au centre de placement qui est sous l'autorité
du ministère du Travail.
M. DROLET: Faut-il qu'il remplisse une formule spéciale?
M. PINARD: Oui, il y a des formules qui sont envoyées aux
postulants. Il y a des formules qui ont été mises à
l'usage des députés, je pense...
M. DROLET: Des candidats.
M. PINARD: ... dans les collèges et les universités.
Alors, à ma connaissance, la plus forte partie des demandes d'emploi
étudiant sont venues directement des étudiants eux-mêmes
qui savaient comment fonctionnait le système et qui les ont
envoyées directement à M. Michel Guay.
M. DROLET: Monsieur qui?
M. PINARD: M. Michel Guay, mais qui n'est plus en fonction à ce
qu'on m'a dit la semaine dernière, et qui a été
remplacé je ne sais par qui.
UNE VOIX: II est à la porte.
M. PINARD: On me dit que M. Guay a été remplacé par
M. Dugas.
M. MAILLOUX: M. Dugas. M. PINARD: M. Dugas.
UNE VOIX: C'est du gars qu'on parlait tantôt.
M. PINARD: Non, non.
M. DROLET: Mais il semble, M. le ministre, qu'il est très
difficile toutefois pour les étudiants de trouver un emploi cette
année, parce que quelques étudiants de mon comté ont fait
des demandes directement, m'ont téléphoné ou sont venus me
voir pour me dire qu'il semble que c'est très difficile d'avoir des
emplois.
M. PINARD: Bien honnêtement, nous avons eu un rapport de
l'unité de placement étudiant disant qu'il y avait beaucoup plus
de demandes qu'il n'y avait d'emplois disponibles. Nous n'avons pas voulu trop
intervenir dans ce domaine. Il y avait quand même certains
critères qui ont été déterminés par
l'unité de placement étudiant. Alors, nous avons laissé M.
Guay prendre ses responsabilités. Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu
d'autres façons de placer les étudiants, c'est possible.
Seulement, on a dit aux fonctionnaires qu'ils n'avaient pas plus le droit que
les députés d'en placer. Cela va peut-être laisser un peu
plus de place.
M. DROLET: D'accord. Ce n'est pas parce que je veux me mêler
là-dedans, c'est tout simplement que je veux savoir la façon de
dire aux étudiants de quelle manière procéder pour trouver
un emploi.
M. PINARD: Enfin, ils ont pris la bonne façon. Mais, s'il n'y a
pas de poste disponible, il est bien difficile de trouver un emploi
spécifiquement pour eux.
M. LOUBIER: La meilleure façon, c'est de leur dire d'aller voir
M. Rivest.
M. DROLET: Merci.
M. PINARD: Adopté.
M. LOUBIER: II s'en sort très bien!
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1, adopté. Sous-article 2: Frais de
voyage.
M. LAFONTAINE: Au sous-article 1, ce sont simplement des traitements,
des salaires. Il n'y a pas autre chose là-dedans?
M. PINARD: Oui.
M. LAFONTAINE: Quelle différence le ministre voit-il entre...
M. PINARD: II y a des imputations. Alors au poste 2, article 1, les
imputations concernent l'entretien des routes. Au poste 7, article 1, c'est la
construction des routes. Au poste 7, article 2, $20,900 concernent le chantier
sur la route 6 Matane-Les Boules, ce qui donne $11,035,700 d'imputation sur un
montant total demandé de $16,409,200.
M. LAFONTAINE: Adopté.
M. PINARD : Ce qui signigie que, pour l'administration pure et simple,
il y a une somme de $5,373,500 qui est demandée.
M. LAFONTAINE: Comme traitements seulement, pas autre chose, pour aucun
achat.
M. PINARD: C'est ça! Pour le traitement.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 2: Frais de voyage.
M. LAFONTAINE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3: Frais de bureau et autres
dépenses.
M. LAFONTAINE: Mon candidat libéral n'est pas payé
à même le sous-article.
M. PINARD: Vous voyez qu'on a déjà pris action, c'est
qu'on a diminué le montant de $385,000 à $225,000. Alors
ça va lui enlever probablement ses locaux.
M. LAFONTAINE: Non, M. le Président, je m'aperçois que le
budget que nous avions présenté était de $225,000, et vous
demandez $225,000. Dans mes prévisions budgétaires, je n'avais
pas prévu le budget du candidat libéral défait.
M. PINARD: Vous n'aviez pas prévu que le poste serait vacant.
M. LAFONTAINE: Je l'avais prévu, mais je ne pensais pas que cela
irait à lui.
M. LAVOIE (Wolfe): Qui paie les dépenses du "patroneux"
M. LOUBIER: La Voirie...
M. PINARD: Ils n'ont pas de statut, ils ont encore moins d'allocations
de dépenses.
M. LAFONTAINE: Le ministre ne devrait pas quitter son poste au
ministère de la Voirie, parce qu'il va y en avoir plusieurs qui se
promènent dans les corridors.
M. PINARD: Je ne l'ai jamais quitté.
M. LOUBIER: Vous avez des rats qui aiment le fromage.
M. PINARD: Noblesse oblige. Il faut que je sois ici pour répondre
aux questions du député de Labelle.
M. LAFONTAINE: Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3 adopté. Sous-article 4:
Matériel, articles de bureau impressions et abonnements.
M. LAFONTAINE: Matériel et articles de bureau, est-ce que cela
comprend le matériel de bureau dont la femme du candidat libéral
défait dans le comté de Labelle se sert pour recevoir les
électeurs du comté de Labelle à Mont-Laurier dans la
division?
M. PINARD: Je sais qu'il s'agit là d'une question humoristique,
je vais essayer de donner une réponse humoristique.
M. LAFONTAINE: D'accord.
M. PINARD: Alors, je ne vois pas ce que la femme du candidat
libéral défait. .
M. LAFONTAINE: Parce qu'elle fait du bureau pour la division de la
Voirie, M. le Président...
M. PINARD: Laissons-lui des heures de travail normales le jour. Le soir,
on ne s'en occupera pas, voulez-vous?
M. LAFONTAINE: Non, c'est dans le jour.
M. PINARD: Parce que tout à l'heure le député
parlait d'emphase, c'était le jour et la nuit.
M. LAFONTAINE: On peut permettre qu'ils se rencontrent
définitivement le jour ou le soir s'ils veulent, cela ne m'occupe
pas.
M. PINARD: Alors, quelle est votre question précise?
M. LAFONTAINE: C'est unequestion humoristique. Est-ce que la
femme...
M. PINARD: Si le candidat n'a pas de statut, la femme en a encore moins,
sauf que je lui concède son statut de femme, mariée
probablement.
M. LAFONTAINE: Alors, le ministre va sévir contre cela?
M. PINARD: Je ne sévirai pas contre la femme, mais contre le
candidat.
M. LAFONTAINE: Contre le candidat et contre la femme, parce qu'elle
aussi fait du bureau.
M. PINARD: C'est une femme généreuse.
M. LAFONTAINE: J'aimerais que le ministre nous dise...
M. PINARD: Je vais demander à M. Favreau de voir à la
situation anormale de cette dame, qui aide son mari.
M. LAFONTAINE: Le ministre n'accepte pas le principe...
M. PINARD: Pas du tout.
M. LAFONTAINE: ... que les candidats libéraux défaits
aillent faire du bureau avec leur épouse dans des locaux loués
par le ministère de la Voirie.
M. PINARD: Nous allons vérifier si la situation est aussi
dramatique que celle qui a été décrite ce matin.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le ministre peut prendre ma
parole. Je ne l'ai jamais trompé. Quand je dis que c'est ce qui se
produit, c'est ce qui se produit. Et si le ministre veut tenter une
expérience, qu'il prenne le téléphone, qu'il appelle
à Mont-Laurier, à la division, pour demander quand M. Robidoux va
faire du bureau.
M. PINARD: A ce moment-là, le divisionnaire n'avait qu'à
faire un rapport sur la situation anormale qui prévalait dans la
division de Voirie et je trouve bien étrange que le divisionnaire n'ait
pas fait mention à ses supérieurs d'une situation semblable. Il
s'agit peut-être d'un divisionnaire qui est gêné ou qui est
timide. Nous allons lui donner de la force.
M. LAFONTAINE: Justement, c'est pour cela que je demandais au ministre
tout à l'heure de faire des cours de recyclage pour certains
divisionnaires.
M. PINARD: Nous allons y mettre du tigre. M. LOUBIER: Du
Géritol.
M. LAFONTAINE: Adopté;
M. LE PRESIDENT: Article 3, Service d'entretien et de construction de
ponts, sous-article 1 : Traitements.
Entretien et construction de ponts
M. LEGER: M. le Président, seulement une question d'information,
parce que nous n'avons pas eu l'occasion de travailler dans ce
domaine-là, comme l'Union Nationale, qui avait les livres auparavant.
Est-ce que, la construction de ponts, cela comprend aussi la question de voies
d'embranchement élevées ou de sorties élevées
au-dessus des routes? Ou est-ce à d'autres articles?
M. PINARD: Nous sommes à l'article général,
"administration", mais nous irons un peu plus loin à d'autres articles:
Construction et entretien de routes et de ponts.
M. LEGER: Le mot "ponts", est-ce que cela veut dire aussi les ponts qui
passent par-dessus et non pas...
M. PINARD: Les structures élevées. Nous en discuterons un
peu plus loin, si vous voulez.
M. LAVOIE (Wolfe): Qu'est-ce que vous prévoyez pour Wolfe?
M. PINARD: Dans les traitements?
M. LOUBIER: C'est au poste 7: Construction et réfection...
M. PINARD: Nous sommes encore à l'administration, alors pour les
traitements: $1,001,700.
M. LOUBIER: Ce que les députés veulent savoir, c'est quand
il s'agira de construction, d'amélioration, c'est au poste 7.
M. LAFONTAINE: H n'y a pas eu de contremaîtres de ponts qui ont
changé de place?
M. PINARD: Non, mais il y a peut-être eu intégration. Il y
a eu intégration de personnel du service des ponts du ministère
des Travaux publics au service des ponts du ministère de la Voirie; il
s'est fait une intégration pour les deux ministères pour les
mêmes services. C'est ce qui explique la diminution. Adopté?
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 2: Frais de bureau et
autres dépenses.
M. PINARD: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 3:
Matériel, articles de bureau, impressions et abonnements.
M. PINARD: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4: Service de la route
transcanadienne.
Route transcanadienne
M. LAVOIE (Wolfe): Où allons-nous parler de la
transquébécoise?
M. PINARD: Au poste 7: Construction.
M. LAVOIE (Wolfe): Adopté. Alors, l'article 4 adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 4 est-il adopté en entier?
M. LOUBIER: J'aurais seulement une petite question, si le ministre veut
me répondre. Pour le service de la route transcanadienne, si je
comprends bien, on en est encore au poste des traitements. Si on veut demander
des informations sur les travaux qui se feront dans la continuation de la
transcanadienne...
M. PINARD: C'est le poste 8, un peu plus loin, si vous voulez; nous
sommes à l'administration.
M. LAFONTAINE: Les articles 1 et 4, si je comprends bien, c'est
simplement l'administration normale de la Transcanadienne sans parler...
M. PINARD: Traitements, frais de bureau, articles de bureau, etc.
M. LE PRESIDENT: Adopté en entier. Article 5, service des
expropriations.
Expropriations
M. PINARD: II s'agit encore de l'administration du service des
expropriations, du sous-article 1, nous demandons $1,623,000 pour payer les
salaires, les traitements des fonctionnaires en place.
M. LAVOIE (Wolfe): Avez-vous l'intention, M. le ministre, de recruter
quelques fonctionnaires spécialistes en expropriation? Parce que je
crois que l'on manque de...
M. PINARD: Je pense que, compte tenu des besoins, compte tenu du
rattrapage qu'il faudra nécessairement dans ce service, augmenter le
personnel. Non pas que le personnel actuel ne soit pas compétent. Mais
je pense qu'il faut aller beaucoup plus vite dans le règlement des cas
d'expropriation. Il reste encore un très grand nombre de dossiers qui ne
sont pas réglés; d'autres sont en voie de règlement. Mais
la procédure, pour différentes raisons que vous connaissez tous,
est peut-être un peu trop lente. Il va falloir mettre l'accent sur
l'efficacité ou sur la rapidité au niveau de la décision
et, une fois la décision intervenue, dans la procédure de
paiement pour l'échange plus rapide des dossiers entre les
différents services qui sont concernés et pour avoir une
procédure d'émission plus rapide des chèques une fois les
notes de crédits adoptées.
M. LAVOIE (Wolfe): J'aurais une suggestion à ce sujet-là,
M. le ministre. Il y avait un bureau à Sherbrooke, maintenant, il est
transféré à Trois-Rivières et les sossiers vont
à Trois-Rivières...
M. PINARD: II y a eu des districts qui ont été
créés, pour décentraliser l'administration. C'est
certainement bon en principe, mais il s'agit de savoir si, au plan pratique,
cela a donné tous les résultats que l'on devait attendre d'une
pareille réforme. Je pense que c'était bon. En
général, il reste peut-être qu'il y en a qui ont peur de
prendre des décisions, qui se croient obligés de toujours
référer à l'autorité supérieure pour prendre
les décisions qui sont de leur juridiction propre, en bas de $25,000, si
je comprend bien. Il y a quelquefois des problèmes techniques. Ce n'est
pas tellement le montant qui est impliqué qui fait que le fonctionnaire
hésite à prendre rapidement une décision mais, il y a des
incidences techniques ou juridiques ou d'ordre économique qui font que
le fonctionnaire se sent obligé d'aller à l'autorité
supérieure pour faire accréditer sa propre décision.
Alors, cela fait un transfert de dossier qui n'est peut-être pas...
M. LAVOIE (Wolfe): C'est un manque de personnel.
M. PINARD: Oui, évidemment.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je me permets de ne pas souscrire
aux vues du ministre actuel. Le gros problème de l'expropriation n'est
pas le personnel d'expropriation. Je comprends que certains employés du
ministère ont peur de prendre certaines décisions et qu'ils font
toujours appel à l'autorité supérieure. Je pense bien
qu'au ministère de la Voirie, il y a un personnel qualifié au
service des expropriations, qu'il soit entré au service du gouvernement
sous quelque administration que ce soit. Je pense que le gros problème,
au service des expropriations, c'est le manque d'argent pour payer
l'expropriation proprement dite, que l'on doit sous divers projets. Je sais par
expérience, le ministre le sait aussi par expérience, que nous
pourrions peut-être dépenser avec la machine administrative,
l'expropriation à l'heure actuelle, deux fois et trois fois plus
d'argent si le Conseil de la trésorerie et le ministère
des Finances mettaient les crédits nécessaires à la
disposition du ministre de la Voirie. Alors, c'est un point important, tout le
monde gueule tout le monde crie contre le personnel de l'expropriation. Je sais
que ce n'est pas populaire de défendre des gens qui travaillent pour
l'expropriation parce que, quand on exproprie, c'est pratiquement immoral et
amoral parce que l'on spolie la propriété des gens, on s'en sert
pendant trois ans, quatre ans, et j'ai vue des cas d'expropriation qui ont
été réglés simplement après onze ans de
prise de possession préalable par le ministère de la
Voirie...
M. PINARD: Cela devient une injustice sociale.
M. LAFONTAINE: Cela devient une injustice sociale criante. Je sais que
l'ancien gouvernement, celui qui nous a précédé avait
formé un comité d'étude, le comité Alary, ce
n'était pas une commission, même si plusieurs personnes l'on
appelé une commission, c'était plutôt un comité
d'étude.
M. PINARD: Cela a pris l'allure d'une commission à cause de
l'envergure des travaux qui ont été faits.
M. LAFONTAINE: Maintenant, on a proposé dans ce comité
d'étude, certains correctifs à la situation. On a proposé
une régie d'expropriation. Je ne vois pas ce qu'une régie
d'expropriation viendrait faire dans un domaine semblable. Ce serait encore
alourdir les structures existantes. Je pense qu'il y a seulement une
façon de passer à travers le problème d'expropriation.
Je pense que les sommes dues par le gouvernement, par le
ministère de la Voirie, peuvent varier entre $40,000,000 et $100,000,000
selon les saisons et suivant la somme des travaux que le ministère de la
Voirie pense entreprendre ou a entrepris. Cela varie. C'est évident que
le gouvernement devra prendre le boeuf par les cornes et consolider cette
dette.
Je pense bien qu'avec le personnel que le ministère
possède, un personnel qualifié, compétent, il y aurait
possibilité dans deux ou trois ans, si le ministère des Finances
donnait au ministère de la Voirie les sommes d'argent voulues, de
régler le problème une fois pour toutes sans passer par une
régie ou un autre grand planificateur ou un grand commis de l'Etat, ce
qui alourdirait simplement les règlements des...
M. PINARD : Nous faisons une enquête pour savoir combien de cas,
combien de dossiers de voirie, d'expropriation peuvent se situer dans la
catégorie des montants en bas de $5,000 ou peut-être en bas de
$2,500. On me dit qu'il y en a énormément.
M. LAFONTAINE : Je me souviens toujours, M. le Président je
vais faire rire le ministre...
M. PINARD: II y a 10,000 dossiers à une moyenne de $2,500 chacun,
c'est quand même une grosse somme d'argent à recueillir tout d'un
coup, si on a l'obligation de le faire.
M. LAFONTAINE: Evidemment il y a des cas qui ne sont pas
réglables parce que les gens ne veulent pas régler leur
problème d'expropriation. Mais je me souviendrai toujours je
pense que cela faisait deux ou trois jours que j'étais au bureau du
ministre de la Voirie de la journée où j'ai reçu
une lettre qui disait: Monsieur le ministre, enfin un gouvernement
honnête d'élu. Mais ce que l'auteur de la lettre ne savait pas,
c'est que j'avais le dossier de 1960, et, lorsque l'ancien ministre qui est le
ministre actuel avait été nommé, il avait reçu
exactement la même lettre que j'ai reçue: Enfin, M. le ministre,
un gouvernement honnête d'élu. C'est quelqu'un qui a
été exproprié en 1956, 1957 ou 1958...
M. PINARD: C'est un hommage aux vieux partis.
M. LAFONTAINE: ... et qui n'a jamais été
réglé, à cause, probablement, d'un problème assez
bénin, sans grande importance. Mais pour lui, cela avait
énormément d'importance. A ce moment-là, le
ministère ne s'en occupe pas. Le type devrait passer devant la
Régie des services publics et son cas n'a pas été
amené devant la Régie des services publics. Il y aurait
peut-être un correctif à apporter. Lorsqu'une expropriation dure
plus de six ou sept mois au ministère de la Voirie, qu'il n'y a aucune
entente possible entre la personne expropriée et le ministère,
celui-ci devrait prendre l'initiative de l'amener devant la Régie des
services publics au lieu d'attendre...
M. PINARD: C'est là que se situe le problème
véritable.
M. LAFONTAINE: C'est une facette du problème.
M. PINARD: C'est une facette du problème. C'est vrai ce que le
député de Labelle dit qu'il n'y a pas tellement de cas qui sont
référés à la Régie des services publics sur
une base annuelle parce que le ministère ne prend pas assez souvent
l'initiative de référer les dossiers à la régie
lorsqu'il y a trop de retard pour en arriver à une entente entre la
partie expropriée et la partie expropriante. Mais quand nous
déciderons de prendre cette initiative, le tout va bouger, parce que
les
commissaires ne siègent pas, leur nombre n'est pas suffisant et,
bien souvent, ils ne veulent pas prendre leurs responsabilités pour
différents motifs, que l'ancien ministre connaît aussi bien que
moi. Il faut au moins reconstituer ce tribunal et lui donner une vocation
spécifique pour en faire un tribunal d'expropriation purement et
simplement.
M. LAFONTAINE: Je pense que tout le monde s'entend là-dessus.
M. PINARD : A ce moment-là, la procédure légale
sera beaucoup plus expéditive, les ordonnances seront rendues plus
rapidement, il y aura homologation des ordonnances par la cour
Supérieure selon le cas et tout le processus administratif au plan de la
procédure de paiement sera plus rapide.
M. LAFONTAINE: C'est une facette du problème, ce sont ceux qui ne
veulent pas que leur problème se règle et qui ne partagent pas
les mêmes vues que le ministère de la Voirie.
M. PINARD: II y en a qui trouvent que c'est un bien bon placement de
laisser un dossier d'expropriation non réglée à 5 p.c.
M. LAFONTAINE: A 5 p.c. Et c'est encore mieux. Le Trust
Général du Canada a 10 p.c.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
M. DROLET: M. le Président, je pense que l'ancien ministre de la
Voirie a raison lorsqu'il dit que ce n'est probablement pas la faute du
personnel; c'est tout simplement qu'il y a eu manque de crédits. Je me
rends compte qu'au comité de la Voirie, c'est la même chose qu'au
comité dont j'ai eu l'occasion de faire partie, l'ancien ministre et le
nouveau ministre sont remplis de bonne volonté, mais la seule chose qui
manque, c'est la finance. A ce moment-là, qu'ils se penchent sur le
programme du Ralliement crédi-tiste. Ils vont probablement y trouver une
solution, même si cela déplaît beaucoup à l'honorable
député de Bellechasse. Je pense que cela lui ferait du bien lui
aussi de lire notre programme.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je pense bien qu'il est vrai que
l'ancien et le nouveau ministre s'entendent là-dessus. Mais vu qu'il y a
un gouvernement qui a été élu sous le signe de
l'efficacité et sachant le souci de l'actuel ministre pour
l'efficacité et l'économie générale du
Québec, sachant aussi sa force auprès du Conseil de la
trésorerie, parce qu'il est membre du Conseil de la trésorerie et
ex-membre du Conseil de la trésorerie d'avant 1966, connaissant ses
bonnes relations avec le premier ministre actuel, je pense bien que la solution
serait simple, ce serait d'aller simplement au ministère des Finances,
au Conseil de la trésorerie et de se faire accorder plus d'argent que
celui qui vous parle en a eu dans le passé pour régler les cas
d'expropriation. Je sais qu'il est au fait des problèmes.
M. PINARD : Même au ministère des Finances...
M. LAFONTAINE: Disons que la solution que le député de
Portneuf suggère, même si réellement je ne suis plus au
pouvoir, je suis dans l'Opposition, peut-être que le ministre pourrait
l'accepter et tenter...
M. DROLET: Un jour viendra où on va l'accepter.
M. LAFONTAINE: ... d'obtenir un prêt sans intérêt de
la Banque du Canada, je n'aurais pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bellechasse.
M. LAFONTAINE: Peut-être que le ministre pourrait se faire aider
par le député de Portneuf!
M. LOUBIER: M. le Président, à chaque fois que je suis mis
en cause par un député du Ralliement créditiste, je prends
la mouche quand on parle des modes de financement faciles.
M. DROLET: C'est normal...
M. LOUBIER: Et je leur dis à chaque fois, j'essaie de le faire
avec le plus de déférence possible et le moins de vigueur
possible, de me trouver un seul pays au monde où cette fameuse doctrine
aurait été expérimentée. Nulle part, M. le
Président. Même mieux que cela, le chef fédéral a
toujours prêché, à venir jusqu'à il y a six ou sept
mois, que le rôle de ce parti politique était exclusivement
à Ottawa, puisqu'il s'agissait d'une question financière et que
seul le pouvoir central avait la juridiction de pouvoir agir dans ce
sens-là. Or, disons que je n'emploierai même pas les mots que j'ai
utilisés l'autre jour, de démagogie, d'arrêter de vendre
des mirages, d'être des colporteurs de bonheur facile, et d'arrêter
de nous ridiculiser; je suggère, plutôt, de convoquer le
comité des finances et une fois pour toutes, que les
députés, avec des experts, viennent nous faire la
démonstration de leur formule magique. Et, à ce moment-là,
on verra jusqu'où cela peut aller que d'imprimer des piastres et de
prêter de l'argent sans aucun intérêt, pour répondre
à tous les maux. C'est
une méthode facile, M. le Président, devant les
problèmes, d'arriver et de dire à l'ancien ministre et au nouveau
ministre de la Voirie: C'est bien facile, nous avons une recette magique, nous
autres! Alors, cela me fait penser à l'histoire d'une mère de
famille qui, en compagnie du père, était allée voir un
régiment...
M. PINARD: Attention, est-ce qu'elle peut être placée dans
la morale de la discussion?
M. LOUBIER: Ils étaient allés voir un régiment,
parce que leur fils, Arthur, était un nouveau soldat. Alors, sa
mère, qui aimait bien son fils, dit au bonhomme: Regarde passer le
régiment, et regarde cela, il y a juste Tit-Thur qui a le pas, parmi
tous les soldats! C'était le seul qui ne l'avait pas.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: Concernant justement les cas d'expropriation, je ne sais si
l'honorable ministre de la Voirie a pris connaissance, dernièrement, de
ce qui se passe, par exemple, quant au projet de raccordement du boulevard
Bourassa? Il y a 33 cas d'expropriation qui sont présentement en
marche.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je crois que vous
pourriez poser cette question au poste budgétaire 7.
M. BELAND: Merci.
M. LE PRESIDENT: J'en prendrai note le moment venu. Est-ce qu'il y a
d'autres questions?
M. LAVOIE (Wolfe): Oui. J'ai une question. M. le ministre, quand je vous
parlais du manque de personnel, tantôt, ce n'est peut-être pas dans
l'administration, mais il y a certaines spécialités, comme les
types qui vont analyser les puits artésiens pour le ministère de
la Voirie, quand ils font de l'expropriation. Je pense que des types de ce
genre sont assez rares. S'il y en avait une couple de plus dans la province, je
pense que cela aiderait énormément à prendre des
décisions.
M. PINARD: Oui. Ce sont des problèmes difficiles
d'appréciation. Est-ce qu'il y a contamination de l'eau à cause
des travaux de la voirie, à cause de l'écoulement des eaux de
surface, à cause du calcium et du sel qui sont en solution dans les eaux
de surface? Est-ce qu'il faut creuser un nouveau puits artésien pour
donner de l'eau salubre pour la famille et pour les troupeaux? C'est tout le
problème. Les experts sont assez rares dans ce domaine. Il va falloir en
trouver quand même pour hâter la solution de ces
problèmes-là, parce que, chez les cultiva- teurs, c'est
réellement un drame à certains moments; parce qu'ils sont
obligés, ou bien de vendre une partie de leur troupeau, ou bien de faire
un fusionnement de l'entreprise agricole avec des voisins et cela occasionne
des déboursés considérables.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions au poste
budgétaire 5?
M. PINARD: Ce ne sont pas des apprentis sorciers, ce sont des sourciers.
Des experts chimistes, des analystes.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre n'a pas l'intention d'engager des
sourciers? Ceux qui se promènent avec une baguette de bois?
M. PINARD: Cela fait partie de la panoplie des formules magiques dont
parlait tantôt le député de Bellechasse. Et apparemment,
cela fonctionne!
M. LE PRESIDENT: Alors, poste budgétaire 5, adopté.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre de la Voirie veut dire que tous
les sourciers sont des créditistes?
M. PINARD: Je n'ai pas dit cela J'ai dit que cela faisait partie de la
panoplie des exemples donnés par le député de
Bellechasse.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté. Article 6: Service des
contrats. Toujours sur le plan administratif. Adopté.
Contrats
M. LAFONTAINE: Il n'y a pas eu de changement dans le personnel, M. le
Président?
M. PINARD: II y a 12 et (12). Il n'y a pas eu de changement dans le
personnel.
M. LAFONTAINE: D'accord. Il n'y a pas eu de déplacement non
plus?
M. PINARD: Pas à ma connaissance.
M. LAFONTAINE: Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le poste numéro 2: Entretien des routes, article
1: Traitements. Adopté.
M. LAFONTAINE: Ce sont les imputations dont a parlé le ministre
tout à l'heure...
M. PINARD: Ce sont les imputations dont j'ai parlé tantôt,
pour $751,300.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2: Salaires.
M.LAFONTAINE: Quelle différence le ministre voit-il entre
salaires et traitements?
M. PINARD: Le traitement est payé à des fonctionnaires
permanents et le salaire est payé à des employés à
titre occasionnel ou semi-permanent, ou en voie d'obtenir leur permanence.
M. LAFONTAINE: J'entends l'adjoint parlementaire du ministre. Il dit: La
même question que l'année passée. Alors, je pose la
question au ministre, il a bien appris.
M. PINARD: Vous savez, j'ai surtout de la mémoire quant aux
questions qui me sont posées.
M. LOUBIER: Est-ce que cela comprend les cantonniers? Les cantonniers,
les occasionnels, c'est cela?
M. PINARD: Cela concerne la paie qui est donnée à des
employés à l'heure.
M. LOUBIER: Non, je veux dire est-ce que cela inclut...
M. PINARD: Vous voulez faire la catégorie des emplois.
M. LOUBIER: Est-ce que cela inclut les cantonniers, les occasionnels qui
coupent le foin sur le bord des routes?
M. PINARD: Si vous parlez de l'article "salaires", oui. Si vous parlez
de l'article "traitements", non.
M. LOUBIER: Je parle de l'article "salaires". M. PINARD: Salaires.
UNE VOIX: L'article "traitements" n'a pas été
adopté?
M. LE PRESIDENT: L'article traitements a été
adopté. Nous sommes à l'article 2: Salaires.
M. PINARD: L'article "traitements" a été
adopté.
M.LAFONTAINE: M. le Président, est-ce que je pourrais souligner
au sous-ministre en titre que nous ne sommes plus à l'expropriation et
que nous avons changé de chapitre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Wolfe.
M. PINARD: Est-ce que vous permettez qu'on biffe cette remarque? Ce
n'est pas gentil.
M. LAFONTAINE: C'est parce qu'il a dit...
M. PINARD: Ce n'est pas gentil dans le journal des Débats,
cela!
M. LAFONTAINE: ... j'ai entendu le sous-ministre dire
l'expropriation.
M. LOUBIER: Alors, expropriez cette remarque.
M. LE PRESIDENT: Le député de Wolfe.
Prestations de chômage
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, j'aimerais demander au
ministre de la Voirie s'il entrevoit la possibilité de faire payer
l'assurance-chômage aux employés occasionnels de la Voirie pour
que, lorsqu'ils sont sans travail durant la saison d'hiver ils puissent
recevoir quelque chose pour les aider à vivre. Il y a des
employés occasionnels ou temporaires qui ne travaillent que
l'été. L'hiver, ils sont obligés de recourir au Bien-Etre
social. Ils ont des problèmes de finance avec leur famille parce que
souvent ils ne travaillent que certains mois dans l'année.
M. LOUBIER: Un autre problème de finance.
M. LAVOIE (Wolfe): Croyez-vous que cela pourrait se discuter...
M. PINARD: Je pense qu'en principe, cela me parait être un
problème social très aigu. Il faudrait quand même faire
l'inventaire quant au nombre de ces personnes qui sont dans la catégorie
de celles que vous venez de mentionner et savoir aussi, sur le plan
budgétaire, ce que cela pourrait donner comme conséquence.
M. LAFONTAINE: Quant au nombre, je peux répondre tout de suite
qu'il y en a à peu près 35,000 à 40,000.
M. LAVOIE (Wolfe): Dans le livre blanc du gouvernement
fédéral, est-ce qu'il a été question de ces
employés?
M. PINARD: Je n'ai pas lu en détail les recommandations du livre
blanc. Nous devons avoir, éventuellement dans les jours prochains, des
copies du livre blanc pour tous les députés.
UNE VOIX: Je l'ai eu.
M. PINARD: Vous l'avez eu? Je n'en ai pas pris connaissance en
détail. Je ne sais pas si cela a été
étudié.
M. LAVOIE (Wolfe): Peut-on envisager la possibilité de faire
payer l'assurance-chômage...
M. PINARD: ... plutôt que d'être secourus par les
prestations de Bien-Etre social?
M. LOUBIER: Qu'est-ce qui empêche ce que vient de demander le
député? Est-ce que c'est sur un plan juridique,
l'assurance-chômage n'accepte pas ou...?
M. PINARD: Au plan des imputations budgétaires aussi parce que
c'est trop variable en nombre.
M. LOUBIER: Je ne veux pas embêter le ministre, mais est-ce qu'il
y a une loi? Je ne l'ai jamais su...?
M. PINARD: Bien, apparemment, ils ne sont pas qualifiables en vertu de
la loi.
M. LOUBIER: Ils ne sont pas qualifiables en vertu de la loi
fédérale.
M. PINARD: La loi fédérale. Il peut y avoir une entente,
éventuellement, mais il faudrait que cela se discute aux deux niveaux,
le ministère du Travail provincial et le ministère
fédéral.
M. LAVOIE (Wolfe): Je trouve que c'est très important. Combien de
ces gens que je connais sont obligés de recourir au Bien-Etre social.
S'ils avaient au moins l'assurance-chômage, ils n'iraient pas demander de
l'aide au Bien-Etre social.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre pourrait communiquer avec son
collègue et lui demander...
M. PINARD: Ce serait peut-être plus une question de salaire annuel
garanti.
M. LOUBIER: Non, mais est-ce que le ministre pourrait demander à
son collègue du ministère du Travail d'essayer, sinon de trouver
une solution, de rédiger un genre de mémoire pour expliquer les
raisons pour lesquelles cela ne peut pas se faire ou comment cela pourrait se
faire et quelle serait la procédure à adopter? Je ne sais pas.
Nous n'avons pas pu tout faire, nous n'avons été au pouvoir que
quatre ans!
M. PINARD: Messieurs, le directeur adjoint de la direction du personnel
me dit que, dans le livre blanc, il y a un chapitre justement sur le
problème que vient de soulever le député de Wolfe et qu'il
y a une situation de fait qui est bien décrite et qui établit
bien clairement le malaise qui sévit dans ce secteur de la population.
Il y a, selon toute possibilité, des recommandations qui peuvent
être faites, mais il faudrait, pour donner un caractère
d'universalité au régime, obliger celui qui vient en
chômage à une certaine période de l'année à
payer quand mê- me des prestations pour pouvoir être admissible
à une remise de la part de la caisse...
M. LOUBIER: Cela voudrait dire qu'il n'y aurait pas de timbres en nombre
suffisant...
M. PINARD: Le problème est de bien établir le montant de
la prestation qui devrait être payée sur une base annuelle ou sur
une base mensuelle par cet occasionnel qui, durant une période active de
travaux, est à l'ouvrage, mais qui, durant une autre période de
l'année, ne l'est plus. C'est peut-être cela. Au point de vue
actuarial, c'est peut-être difficile à établir.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Du fait qu'il est engagé durant
quelque temps...
M. PINARD: C'est ça.
UNE VOIX: Je n'accepte pas les dires du ministre de la Voirie.
M. PINARD : Ce ne sont pas mes dires à moi, c'est un
résumé de ce qui est contenu dans le livre blanc, d'après
le témoignage que je recueille de M. Favreau.
M. LAFONTAINE : Ce sont des ouvriers ou tout simplement des travailleurs
manuels, qui travaillent, disons, une semaine chez un et une semaine chez un
autre, et qui ont droit eux aussi aux prestations d'assurance-chômage,
excepté que les employés du gouvernement provincial sont exclus,
ce qui est une autre chose.
M. PINARD: Je ne parle pas des exclusions relatives aux employés
du gouvernement du Québec.
M. LAFONTAINE: C'est une question, comme le ministre l'a dit tout
à l'heure, qui relève de la caisse...
Pesanteur sur les routes
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, en admettant que le
ministre veut couper les dépenses, comme quand on parle du programme
d'austérité, est-ce que vous avez l'intention de faire quelque
chose pour faire appliquer les règlements concernant la pesanteur sur
les routes de la province de Québec? Voici pourquoi. Vous avez eu la
commission Lippé il y a quelques années. Elle a fait un rapport
là-dessus. Il est prouvé que, dans la province de Québec,
les poids et charges ne sont pas respectés et on prétend que cela
peut grever d'environ $10 millions
par année de plus l'entretien des routes. J'aimerais avoir votre
idée là-dessus.
M. PINARD: Un moratoire avait été établi pour faire
disparaître du territoire du Québec en 1971 une certaine
catégorie de camions lourds. Ils ne pourront plus circuler en 1971 sur
les routes du Québec parce qu'ils dépassent la limite de
pesanteur prévue dans la loi ou dans la réglementation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Là-dessus, il y a des camions...
M. PINARD: Pour ne pas pénaliser, par exemple, certains
manufacturiers du genre de Sicard, qui avaient fait des investissements
considérables, on a prévu un moratoire pour permettre
l'écoulement et la dépréciation normale de ces camions qui
étaient achetés par les entreprises du Québec dans le
domaine de la construction routière ou de la construction
générale. Mais quand la date de la fin du moratoire sera
arrivée, il faudra bien qu'ils se soumettent à la loi et à
la réglementation établies. En parallèle, nous faisons
actuellement une enquête, qui a été commencée, je
pense, sous l'administration précédente et qui se continue parce
qu'elle est nécessaire. C'est une étude de la capacité
portante de nos routes, en vertu du test que l'on appelle "Benkelman test".
C'est une firme spécialisée d'ingéneiurs du Québec.
Us font ce test sur 13,000 milles de routes dans le Québec. Cette
étude déterminera la capacité portante de la
chaussée. Elle nous dira que, sur telle route, il ne faudra pas qu'il
circule des camions de plus que tel tonnage, que, sur d'autres routes, la
limite est plus grande, que, sur d'autres routes encore, il faudra faire
d'urgence des travaux d'entretien, de reconstruction ou de réflection,
parce que la chaussée n'y permettra pas une circulation lourde ou que
des dommages peuvent être faits dans un bref délai et seraient
tellement considérables que cela coûterait
énormément cher au gouvernement de reconstruire ces routes
avariées par des camions à fort tonnage. Alors, voyez-vous, cela
nous permet de faire une planification et de mieux déterminer dans une
période de l'année, surtout durant la période du
dégel, quelles sont les routes qui peuvent être employées
par l'industrie du camionnage, par exemple.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Voulez-vous dire que 1971 est
l'échéance, la limite de temps et que les gens devront revenir au
poids normal, y compris les bétonnières, par exemple, et certains
camions de la voirie.
M. PINARD: Il y a plusieurs catégories de camions, selon le
nombre d'essieux et selon les attachements qui y sont installés. Plus il
y a d'essieux et de roues, mieux la charge est répartie. Il y a alors
moins de vibration sur la route. Cela permet peut-être l'utilisation de
camions à fort tonnage, sur certaines routes. Les
bétonnières se trouvent à être dans le même
cas. Toutes ces catégories ayant été établies, il y
aura une réglementation qui pourvoira à la défense ou
à la permission d'utiliser telle route, compte tenu du tonnage et du
camion en question.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On dit que la province de Québec est
à peu près le seul endroit en Amérique du Nord où
ce règlement n'est pas respecté.
M. PINARD: C'est vrai.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Et c'est tellement vrai qu'il y a même
une compagnie de pneus qui a deux garanties: une pour la province de
Québec et une autre pour les états américains et les
autres provinces. Alors, nous serions la seule province qui ne respecte pas ces
règlements.
M. LOUBIER: Mais elle est mieux garantie qu'une autre province.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela reste à voir.
M. PINARD: Ce que dit le député est vrai. Nous avons fait
des enquêtes dans les autres provinces du pays, notamment en Ontario, et
également dans les états américains. Le Québec fait
du rattrapage dans ce domaine. Une situation particulière a
prévalu durant un certain temps, mais il faut quand même un
moratoire qui doit être fixé et le délai limite est
1971.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bellechasse.
M. LEGER: M. le Président, tout à l'heure, M. le ministre
disait qu'on a permis à la compagnie Sicard d'écouler la...
M. PINARD: ... la production.
M. LEGER: ... production qu'elle avait jusqu'en 1971. Cela voudrait dire
que pour prévilé-gier une compagnie, il pouvait en coûter
à la province, durant les trois ou quatre années depuis que cela
existe, la somme de $30 millions à $40 millions pour permettre à
une compagnie d'écouler ses camions.
M. PINARD: Pas une seule compagnie, j'ai donné un exemple, j'ai
dit...
M. LEGER: Outre la compagnie Sicard, je pense qu'il n'y a pas tellement
d'autres compagnies...
M. PINARD: II y a eu d'autres compagnies.
Je pense qu'il y a eu la compagnie Matte qui faisait l'assemblage des
camions à Montréal, il y a eu la compagnie White
également, située pas tellement loin du rond-point
Décarie...
M. LEGER: La compagnie Brinks, ce n'était pas tellement pesant ce
qu'elle transportait. H y avait plusieurs camions vides.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bellechasse.
M. LOUBIER: Je retire ma question.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 5 est-il adopté?
M. LEGER: M. le Président, je n'avais pas terminé mes
remarques.
M. LAFONTAINE: M. le député du comté de Lafontaine,
dois-je soumettre au président de la commission que ces
questions-là doivent être soulevées au ministère des
Transports et non pas au ministère de la Voirie?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On nous a dit de les poser au
ministère de la Voirie.
M. LE PRESIDENT: Si j'ai bien compris, lorsque la question a
été posée on demandait au ministre de la Voirie s'il
soulèverait cette question-là.
M. LAFONTAINE: Le ministre de la Voirie n'a aucune responsabilité
dans le cas. L'arrêté ministériel dont il parle est un
moratoire qui doit finir en 1971. Cela veut dire qu'à partir de 1971 le
ministère des Transports n'émettra plus de permis pour les gros
camions, même si jusqu'en 1971 il a émis des permis.
M. LEGER: Est-ce que vous acceptez, autant l'ancien ministre que le
nouveau ministre, que ce principe est normal, que le gouvernement paie $40
millions, à peu près, de réparation de routes pendant
qu'on permet à certaines compagnies d'écouler leurs
véhicules. Cela veut dire que l'on privilège certaines compagnies
à même l'argent des contribuables. Est-ce normal, alors que la loi
devrait être respectée?
M. PINARD: Ce n'est pas normal. Nous n'avons jamais jugé la
situation normale sous aucun gouvernement et c'est précisément
cette situation de fait dont vous parlez qui a motivé l'étude
dont j'ai parlé tantôt, pour savoir comment bâtir notre
planification concernant l'entretien et la construction et comment se
débarrasser d'un problème dont toutes les autres provinces, ainsi
que les états américains, ont réussi jusqu'ici à se
débarrasser.
A cause d'une situation particulière au Québec nous avons
jugé bon de donner un moratoi- re jusqu'en 1971 et nous n'avons pas fait
de régime d'exception seulement pour Sicard. Toute la catégorie
des camions lourds et extralourds a été sujette à ce
moratoire.
M. LEGER: Puis-je savoir en quelle année a été fait
ce moratoire?
M. PINARD: L'arrêté ministériel 1965 fait suite
à des consultations très suivies avec l'industrie du camionnage
et avec les fabricants. Nous avons établi que nous ne pouvions pas aller
plus loin que 1971. Il faut admettre que, pour ces compagnies et pour
l'industrie du camionnage au Québec, il y a un problème de
rentabilité. Des camions-remorques, il y en a qui coûtent
jusqu'à $100,000, vous savez, surtout quand il s'agit de camions
réfrigérés. Il faut permettre à ces compagnies de
déprécier, sur une base normale, la valeur de leurs camions
achetés parfois à des prix très élevés.
Alors, cela paraissait un délai normal de
dépréciation. Mais, en 1971, la loi sera appliquée.
Mais encore là ça pose le problème de la
juridiction. Est-ce que ça ne devrait pas être
intégré dans l'un ou l'autre des ministères, Transports ou
Voirie? Eh bien, nous, nous avons notre opinion là-dessus. Le
ministère des Transports a son opinion là-dessus. Je pense qu'il
faudrait que les deux ministres se rencontrent ainsi que les fonctionnaires des
deux ministères pour donner la structure administrative la plus efficace
possible, de façon que la loi soit bien appliquée et qu'il n'y
ait pas de passe-droit envers personne. Il faut sauvegarder notre
équipement routier; il est vrai que ça coûte plus cher
d'entretien, parce qu'on fait l'entretien tout l'hiver, et que les usagers de
la route veulent que la chaussée soit à découvert à
l'année longue. Bien, cela coûte plus cher et l'action du gel est
plus forte aussi. L'action du dégel est également plus forte.
Cela coûte probablement plus cher durant l'été qui suit
pour faire les réparations, réparer les revêtements
bitumineux ou de béton; et parfois, aussi il faut faire des travaux
majeurs de réfection.
M. LEGER: Comme ça on peut espérer que ce moratoire, cette
permission qui a été donnée sous le régime
libéral en 1965 doit se répéter encore sous le
régime libéral en 1971 au moins.
M. PINARD: Oui. Seulement, j'aimerais aussi dire que le
député cite un peu à la légège le chiffre de
$10 millions par année ou de $40 millions.
M. LEGER: Mais c'est dans le rapport Lippé, ça.
M. PINARD: Oui, enfin, disons que ç'a
été une opinion émise par des personnes que je
pourrais qualifier d'expertes en la matière...
UNE VOIX: Dix ou huit...
M. PINARD: ... mais cela n'a pas été décisif
à ce point de vue là. Cela a été un ordre de
grandeur qui a été lancé comme ça dans la
discussion devant la commission Lippé et cela a été
reproduit dans le rapport pour probablement sensibiliser l'opinion publique et
le gouvernement sur un problème qui est très aigu et qui est
très réel. Il faut que le ministère de la Voirie arrive
à prendre des mesures qui sauvegarderont réllement le
réseau routier du Québec pour donner le meilleur résultat
possible compte tenu des investissements à payer annuellement.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Dorchester.
M. LEGER: Est-ce que, M. le Président, de la même
façon, vous avez vérifié si les postes de pesée
sont réellement efficaces et s'ils fonctionnent, s'il n'y a pas des
endroits où ces pesées ne fonctionnent pas du tout?
M. PINARD: II y a eu des problèmes, vraiment, au début.
Les balances n'étaient pas au point.
UNE VOIX: II y avait de l'eau dans le fond de la balance.
M. PINARD: On a pensé à l'époque d'installer le
plus rapidement possible et dans le plus grand nombre d'endroits possibles des
balances à mesurage électronique. Mais, cela coûte
énormément d'argent. Alors, le ministère y est allé
graduellement. Je pense que mon prédécesseur a suivi dans cette
voie-là aussi, mais la surveillance est meilleure qu'elle l'était
autrefois parce que les peseurs officiels sont mieux informés, sont plus
compétents et ils ont un système qui leur permet de ne pas faire
de passe-droit envers quiconque. Il y a peut-être des cas d'exception,
mais ce sont des cas d'exception.
M. LEGER: Mais qu'est-ce qui arrive quand un responsable de la
pesée s'aperçoit qu'un camion pèse trop et quelle est la
contravention qu'il peut faire? Est-ce qu'il peut l'empêcher de passer,
est-ce qu'il peut lui faire une contravention, lui donner un billet?
M. LOUBIER: H peut le décharger de l'excédent de sa
charge.
M. PINARD: C'est ça!
M. LOUBIER: Deuxièmement, l'amende parce qu'on en a
payé encore il n'y a pas longtemps et les frais sont de $35, je
pense, en tout, etc., plus le déchargement du surplus...
M. PINARD: C'est ça!
M. LOUBIER: Il est obligé de faire venir un camion chercher
l'excédent.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre...
UNE VOIX: Est-ce que cela s'est déjà fait?
M. LOUBIER: Cela s'est fait encore dernièrement pour une
très grosse compagnie qui s'appelle Loubier Métal
Limitée.
M. LEGER: Est-ce que, M. le Président, si le ministre pouvait
faire observer la loi dans ce domaine-là très bientôt, ce
ne serait pas une occasion de permettre à des camionneurs de travailler
beaucoup plus longtemps en mettant moins de chargement sur le même
camion, peut-être faire travailler deux ou trois camions, augmenter le
nombre d'emploi et diminuer l'objectif de 100,000 emplois que vous avez
à atteindre d'ici quelque temps S'il y a plus de camions moins pesants
sur la route, cela fait plus de travail pour plus de personne.
M. PINARD : Mais seulement il faut tenir compte des périodes
d'exécution dans une année. Dans la période de
dégel, c'est défendu pour tout le monde. Alors, durant les mois
d'exécution, je pense que c'est une bonne formule.
M.LE PRESIDENT: Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre de la Voirie a l'intention de
demander à son collègue de la Justice de lui accorder la
surveillance des balances de telle sorte que les employés de la voirie
puissent donner eux-mêmes la contravention lorsque les camions sont trop
chargés?
A l'heure actuelle, je crois que ce sont les gens de la voirie qui font
la pesée, mais les gens de la voirie n'ont aucun recours contre qui que
ce soit, contre aucun camionneur; il faut faire intervenir la police
provinciale. En plus de cela, vous avez le ministère des Transports qui
est impliqué. Alors, il y a un peu distribution des charges.
M. PINARD : Une mauvaise coordination.
M. LAFONTAINE: Une mauvaise coordination. Qu'on donne la juridiction de
toutes les balances, soit au ministère de la Justice,
soit au ministère des Transports, soit au ministère de la
Voirie.
M. PINARD: II faudrait peut-être en venir à rétablir
la police de la route...
M. LAFONTAINE: De la police de la route...
M. PINARD: ... sous la juridiction du ministère de la Voirie,
comme ce l'était autrefois.
M. LAFONTAINE: Dans le temps de Duplessis.
M. PINARD: Mais dans un domaine bien spécifique, que le
ministère de la Voirie...
M. LAFONTAINE: ... dans le temps de la grande noirceur.
M. PINARD: C'est un problème de juridiction qui est réel
et qu'il faut aborder avec les ministères concernés.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
M. PINARD: C'était une bonne suggestion à l'époque,
je vous l'avais faite, vous en souvenez-vous?
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Ministre...
UNE VOIX: Je l'ai faite moi aussi, mais cela n'a pas pris.
M. PINARD: Ah bon!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, dans le même ordre
d'idée, il y avait une balance qui devait fonctionner à
l'électricité à Loretteville. Elle n'a jamais
fonction-née on n'a même jamais mis le courant elle
était là...
M. PINARD: Elle aurait dû fonctionner à
l'électricité, mais elle n'a jamais fonctionnée comme
cela.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela a été des années
comme cela.
UNE VOIX: Est-elle "flambant" neuve?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non, mais cela fait quelques
années qu'elle est prête à fonctionner, seulement il n'y a
pas d'électricité et on ne s'en sert pas. Du moins jusqu'à
récemment. Je ne sais pas si actuellement elle fonctionne.
M. PINARD: On me dit que ce sont les officiers de la Sûreté
provinciale qui ont la responsabilité de cette balance. Alors, qu'est-ce
qui est arrivé? Je ne sais pas, mais nous prenons quand même note
de l'intervention du député et nous demanderons ce qui s'est
passé.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, mais je demande...
M. PINARD: C'est un exemple de plus qui prouve que parfois il n'y a pas
coordination entre les ministères. Nous sommes prêts à
admettre que c'est vrai. Alors, quand on parle d'efficacité
administrative, eh bien, cela en est un exemple; il faut avoir plus de
coordination, ou peut-être une intégration de certains services
dans un ministère donné pour accroître
l'efficacité.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je comprends que j'aurais pu poser cette
question à l'ancien ministre.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2.
M. LAFONTAINE: Si vous aviez posé la question à l'ancien
ministre, l'ancien ministre vous aurait répondu qu'au commencement les
balances dépendaient du ministère des Travaux publics et nous
avons tenté un regroupement. Aujourd'hui les balances dépendent
du ministère de la Voirie. Il y a au moins un pas positif qui a
été fait.
Le deuxième pas positif à faire, malheureusement le
peuple, divisant son vote entre le Parti québécois et le
Ralliement créditiste, nous a relégués dans l'ombre de
l'Opposition, le deuxième pas...
UNE VOIX: Vox populi, vox Dei.
M. LAFONTAINE: Pas nécessairement. Alors, je n'ai pas pu faire le
deuxième pas, je pense que le nouveau ministre de la Voirie sera capable
de bien mener cette barque. Je pense bien que le nouveau ministre de la Voirie
voudra tout mettre en oeuvre pour intégrer tous ces services de telle
sorte qu'on puisse mettre de l'ordre une fois pour toute dans cela.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté? UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors. Article 3: Frais de voyage.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4: Equipement, outillage et
véhicules moteurs, achats.
UNE VOIX: Par le gouvernement. M. LE PRESIDENT: Adopté?
UNE VOIX: C'est le poste budgétaire 2, article 4 cela?
M. PINARD: Poste budgétaire 2, article 4, oui.
Achat d'équipement
M. LAFONTAINE : Cela comprend quoi? Tout simplement l'administration, il
n'y a pas de machinerie là-dedans?
M. PINARD' L'achat, l'achat.
M. LAFONTAINE: L'achat même, ce n'est pas simplement
l'administration?
M. PINARD: L'achat, oui.
M. GUAY: M. le Président, il y a tout de même une
différence d'un million.
UNE VOIX: Article 4? M. GUAY: Oui.
UNE VOIX: A l'article 4, M. le Président...
M. PINARD : L'année dernière, sur des crédits de
$1.5 million, le ministère n'a dépensé que $549,532. Nous
voulons faire du rattrapage pour doter le service du ministère de tout
l'équipement nécessaire. Alors, nous voulons prendre avantage du
budget qui est augmenté cette année pour acheter
l'équipement absolument nécessaire pour permettre au
ministère de la Voirie...
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le député de Wolfe.
M. PINARD: ... d'effectuer tous les travaux, ou de donner tous les
services requis par la population.
M. BELAND: Si je comprends bien, c'est pour l'achat de machinerie
lourde?
M. PINARD: ... un instant, je vais vous donner les détails, si
vous voulez.
M. LAFONTAINE: M. le Président, si vous me permettez avant que le
ministre ne donne la liste...
M. PINARD: Voyez-vous, il y a, cette année, 73 camionnettes,
qu'on appelle communément en anglais "pick-up".
UNE VOIX: Est-ce que cela va donner une chance au député
de Témiscouata?
M. PINARD: II y a dix districts qui sont impliqués dans ces
transactions à venir: cela veut dire que le nombre varie entre six et
neuf unités, et même cela va jusqu'à quinze unités
par district. Dans le district no 1, c'est neuf unités; dans le district
no 2, c'est sept unités; dans le district no 3, c'est quinze
unités; dans le district no 4, c'est trois unités; dans le
district no 5, c'est neuf unités; dans le district no 6, c'est neuf
unités; dans le district no 7, c'est quatre unités; dans le
district no 8, c'est six unités; dans le district no 9, c'est cinq et
dans le district no 10, c'est six unités, ce qui donne un total de 73
unités qui devront être achetées cette année.
M. SIMARD (Témiscouata): Dans le district no 2, vous avez dit
combien d'unités?
M. PINARD: Sept. Cela vous intéresse? Alors, est-ce que cela
marche, les soumissions publiques, chez vous, dans votre coin?
M. SIMARD (Témiscouata): Oui.
M. PINARD: Alors, je n'ai pas d'objection à ce que vous soyez sur
la liste.
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'ai entendu...
M. PINARD: Sur la liste des soumissionnaires, alors, par appel d'offres
publiés dans les journaux.
M. LOUBIER: Si vous aviez objection, il ne pourrait pas
l'être.
M. PINARD: Non, non, mais enfin, il m'a dit qu'il n'avait pas
d'objection. Il l'a dit, ce matin, d'ailleurs.
M. LE PRESIDENT: Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'ai entendu la question du
député de Lotbinière, et j'ai entendu aussi la
réponse du ministre de la Voirie.
M. PINARD: Qui n'est pas terminée, si vous permettez.
M. LAFONTAINE: Ah! d'accord. C'est une question de principe.
M. PINARD: Alors, il y aurait également à
acheter 85 camionnettes d'un tonnage de 5,000 livres; 19 familiales,
communément appelées en anglais "station-wagons" et une
camionnette qui aura un tonnage de 7,500 livres et deux camionnettes qui sont
réquisitionnées, avec traction sur les quatre roues, d'un tonnage
possible de 7,500 livres; deux unités et une camionnette avec cabine
d'équipage. Il y aura également 43 fourgons, avec capacité
de charge de 7,500 livres, qui devront être achetés; et 107
camions qui seront achetés et qui devront avoir une capacité de
charge de 25,000 livres. Il y aura 23 camions qui pourront avoir une
capacité de charge de 29,000 livres; 16 camions qui devront avoir une
capacité de charge de 19,500 livres; un camion avec capacité de
charge de 10,000 livres; deux camions avec capacité de charge de 19,500
livres, avec traction sur quatre roues; et 15 fourgons qui serviront au service
de la signalisation. Et 100 tondeuses à gazon pour le service
d'entretien de nos terre-pleins et des accotements, des abords de route. Alors,
le grand total, c'est 160 unités, plus les 73 autres unités dont
j'ai parlé tantôt au début de mes remarques, ce qui donne
233 unités.
M. LE PRESIDENT: Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'ai entendu la question du
député de Lotbinière. J'ai entendu aussi la question
élaborée du ministre de la Voirie.
M. PINARD: La réponse...
M. LAFONTAINE: La réponse du ministre de la Voirie est
très élaborée dans les détails : les tondeuses, les
camions, les camionnettes. Pourtant, la question du député de
Lotbinière n'était pas à cet effet. La question du
député de Lotbinière disait: Pourquoi un million de plus
cette année? Alors, j'ai entendu le ministre dire: C'est un rattrapage.
J'ai ici les crédits 70/71 présentés par l'ancienne
administration; c'est le même montant. Ce qui est arrivé, c'est
qu'à un moment donné il y avait un budget de $4.5 millions ou $5
millions dévolus pour l'achat de machinerie. Mais quelle machinerie? Au
ministère de la Voirie, qu'on le croie ou qu'on ne le croie pas, avant
1966 il n'y avait pas d'inventaire de machinerie. Alors, j'ai commencé
par faire faire un inventaire de la machinerie.
J'ai créé un service de la recherche au ministère
de la Voirie et j'ai demandé d'étudier le caractère
fonctionnel de chacune des pièces de machinerie. On a fini par trouver
qu'on avait un parc évalué à $36.5 millions en machinerie,
avec un âge moyen de 6.9 ou 7.2 ans, ce qui est trop pour un parc de
machinerie. On a déterminé l'âge de chacune des
pièces de machinerie. Après ça, la deuxième
étude que j'ai demandé de faire au service général
de la recherche a eu pour but de me trouver, dans ce parc de machinerie, ce qui
était réellement utile pour la voi- rie, ce qui n'était
pas utile et que l'on pouvait trouver dans l'entreprise privée. La
raison était que, pour réapprovisionner le parc de machinerie de
la voirie, il aurait fallu sept ans, à raison d'une dépense de $5
millions par année. Le montant que le ministre demande cette
année, qui est de $2.5 millions, est assurément 50 p.c. de ce
qu'il serait normal de demander, c'est-à-dire $5 millions, pour pouvoir
recomposer le parc automobile ou le parc d'outillage du ministère de la
Voirie pour une période de sept ans. Il reste qu'il y a là-dedans
de l'équipement utile mais non essentiel et qui appartient au
ministère de la Voirie.
Autrement dit, c'est la lutte entre la machinerie peinte en jaune et la
machinerie qui n'est pas peinte en jaune. Cela ne sert donc à rien,
à un moment donné, d'acheter un camion ou une camionnette
à un cantonnier ou à quelqu'un qui peut fournir son automobile et
se faire payer tant le mille. C'est donc plus efficace quand on parle
d'efficacité et surtout de gouvernement efficace et c'est plus
économique aussi de louer de telles voitures et de payer $500 par
année que d'avoir une machinerie jaune qui se déprécie
dans la cour, qui ne sert absolument ou à peu près à rien.
On est obligé de recomposer après, sans compter que, assez
souvent, on se fait voler de l'essence et tout ce que vous voulez.
Le deuxième rapport que j'ai demandé au service
d'entretien consistait à savoir quel était l'outillage essentiel,
nécessaire, qui devait appartenir au ministère de la Voirie. Le
rapport a indiqué une somme de $18 millions pour les niveleuses
automotrices et plusieurs autres pièces d'équipement. La valeur
du parc automobile, normalement, ne devrait pas dépasser $18 millions.
Il faut donc, à ce moment-là, se défaire du vieil
équipement. Il y a, par exemple, au ministère de la Voirie, des
plans de pavage qui datent d'au-delà de 20 ans. Un plan de pavage de
plus de 20 ans n'est certainement pas rentable.
Il y a là un concasseur, je pense, qui coûte $3.75 pour
faire une verge de gravier, alors qu'on peut acheter d'un entrepreneur, dans un
comté, du gravier concassé pour $0.65, $0.70 ou $0.75 la verge.
Il n'y a donc aucune raison pour le ministère de la Voirie de garder
ça. Lorsque j'entends le nouveau ministre de la Voirie parler de
déblocage, il devrait plutôt rendre hommage à l'ancienne
administration, qui avait tenté de mettre de l'ordre dans ce domaine.
Aujourd'hui, il nous demande le montant de $2.5 millions, et j'en suis. Quant
à la liste des camionnettes, il fallait faire quelque chose, parce que
l'étude n'est pas terminée, car, à l'heure actuelle, il y
a des camionnettes qui ont fait le tour du cadran et je pense bien qu'il est
normal de les remplacer. Il y a aussi des camions qu'il est normal de
remplacer, ce sont des camions de service. Mais je pense que l'étude
n'est pas encore terminée et je lancerais aujourd'hui un appel
au ministre, pour qu'il donne encore beaucoup plus d'initiative au
service général de la recherche pour mettre un point final
à tout. En fait, nous ne nous vantions pas assez, lorsque nous
étions au pouvoir.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions à ce poste,
article 4: Equipement? Alors, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5: Equipement, outillage et véhicules
moteurs: entretien et opération. Adopté? Le député
de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, est-ce que le ministre
prévoit la location de pièces de machinerie de l'entreprise
privée? Y a-t-il augmentation du prix de location?
M. LOUBIER: Un instant.
M. PINARD: Le député pourrait poser sa question à
l'article suivant.
M. LE PRESIDENT: A l'article 6. Alors, l'article 5 est-il
adopté?
UNE VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 6: Equipement et outillage: loyers. Le
député de Wolfe.
Location de machinerie
M. LAVOIE (Wolfe): Je voudrais demander au ministre de la Voirie, M. le
Président, s'il entrevoit la possibilité d'augmenter le taux de
location des camions et de la machinerie lourde que loue le ministère de
la Voirie. On semble donner le même prix aujourd'hui qu'il y a plusieurs
années, quand ça coûte beaucoup plus cher d'achat, beaucoup
plus cher d'entretien et que les heures sont moins longues.
M. PINARD: M. Deshaies, le contremaître général de
l'entretien, me dit que les taux ont été uniformisés entre
les ministères, y compris celui de la Voirie. Il y a donc quand
même des recommandations qui sont faites pour hausser le taux du
loyer.
Ce n'est pas en vigueur en ce moment. Cela le sera à quel moment?
Je ne peux pas le dire.
M. LAVOIE (Wolfe): Prenez toute la machinerie lourde. Les taux n'ont pas
changé depuis de nombreuses années. C'est beaucoup plus cher
aujourd'hui que c'était autrefois.
M. PINARD: Oui, cela coûte plus cher d'opération, cela
coûte plus cher d'essence, d'huile diesel.
M. LAVOIE (Wolfe): Même les camionneurs...
M. PINARD: Le taux des salaires a été augmenté
à cause des conventions collectives dans l'entreprise. J'admets
cela.
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'ai entendu la question du
député de Wolfe. J'ai entendu la réponse du ministre de la
Voirie. Je voudrais préciser tout de suite que ce n'est pas le
ministère de la Voirie qui fixe les taux, mais le service
général des achats.
M. PINARD: Je sais bien.
M. LAFONTAINE: Deuxièmement, j'ai demandé au service
général des achats, lorsque j'occupais la place du ministre, de
former un comité. Un comité a été formé et
c'est M. Meunier qui a été nommé président du
comité. Il y a eu uniformisation dans tous les ministères. La
liste est officielle depuis le 1er janvier 1970, et je pense qu'elle n'a pas
encore été mise en vigueur. Je pense bien que cela devrait se
faire le plus tôt possible parce qu'il y avait certaines
différences sur certains modèles, quelques correctifs à
apporter à cette liste-là qui, globalement, est parfaite. Cela
répond assez bien au député de Wolfe. Les prix ont
augmenté. Relativement aux machines à niveler, je pense que le
prix a été augmenté de $2 ou de $2.25 de l'heure.
M. PINARD: M. Deshaies me dit que toutes les données du
problème qui est discuté en ce moment par les membres de la
commission ont été mises dans la machine IBM et nous en attendons
les résultats afin de mettre en marche le nouveau système...
M. LAFONTAINE: Non seulement les données ont été
mises, mais elles ont été mises il y a longtemps. Il y a un
fascicule qui est imprimé depuis le mois de janvier et qui est au
ministère de la Voirie.
M. PINARD: Le fascicule n'est pas imprimé par la machine IBM,
c'est la publicité gouvernementale.
M. LAFONTAINE: Les taux sont fixés dans un fascicule que le
ministre a.
M. PINARD : L'échelle des nouveaux taux.
M. LAFONTAINE: L'chelle des nouveaux taux a été
fixée. L'analyse a été faite par le Service
général de l'entretien en collaboration avec la direction
générale de la recherche et le fascicule est publié et est
dans le bureau du ministre. Il peut le rendre public n'importe quand et dire
que c'est une question de rattrapage.
M. PINARD : II y a un détail qui est très
intéressant et qui m'est fourni par M. Deshaies en réponse
à la question du député de Wolfe. C'est que, justement, la
machine va donner les résultats qui vont permettre au ministère
de faire une indexation des prix, compte tenu des augmentations du coût
de la main-d'oeuvre, de l'huile, des réparations, etc. et qui permettra
au ministère d'augmenter annuellement le taux des loyers de
l'équipement de façon à l'uniformiser dans tous les
ministères.
M. LAFONTAINE: Autrement dit, la formule qui a été
composée par le service général des achats tient compte de
toutes les variantes possibles. Aujourd'hui, au lieu d'être une
décision arbitraire du ministre, du sous-ministre ou du chef de
l'entretien pour fixer le taux de location d'une machinerie, c'est la formule
que l'on met dans la machine IBM avec toutes ces données qui sont
variables...
M. PINARD: La machine se trouve au niveau du jugement de l'homme.
M. LAFONTAINE: Pas du jugement de l'homme, mais à la
préférence de l'homme, ce qui était dangereux.
M. PINARD: Vous avez des préférences?
M. LAFONTAINE: Non, mais le ministre peut en avoir des
préférences.
M. PINARD : Ce n'est pas moi qui avais parlé, c'est mon
prédécesseur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bellechasse.
M. LAVOIE (Wolfe): Actuellement, cela coûte beaucoup meilleur
marché au gouvernement de louer la machinerie que de posséder sa
propre machinerie. La location de machinerie coûte moins cher au
gouvernement.
M. PINARD : Dans certains cas, oui, mais dans d'autres cas, non.
M. LAVOIE (Wolfe): Les gars qui ont des camions et qui...
M. PINARD: Ceux qui louent au gouvernement veulent rarement crever de
faim. Ils veulent faire de l'argent. C'est normal.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bellechasse.
M. LOUBIER: Est-ce que ce réajustement des prix pourrait avoir un
effet rétroactif? Je m'explique. Je sais qu'il y a peut-être un an
des petits entrepreneurs, propriétaires de niveleuses, etc., avaient
fait des représentations à l'effet que cela n'avait pas de sens,
qu'ils ne pouvaient aucunement faire de l'argent. Cela avait été
agréé par certains hauts fonctionnaires du ministère de la
Voirie qui disaient justement à l'époque et ils avaient
raison que le tout était en préparation pour le
réajustement. Or, le réajustement des prix, à ce que vient
de dire l'ancien ministre, s'est fait. Mais est-ce qu'il y aurait
possibilité pour l'an passé de leur accorder une compensation ou
si le ministre n'envisage pas cela du tout?
M. PINARD: Ce n'est pas prévu au budget et il est bien difficile
de régler de façon rétroactive des problèmes qui
doivent se régler au niveau administratif de façon quotidienne.
Alors, l'ancien ministre du Tourisme sait qu'il y a eu des problèmes
dans son ministère et qu'il serait bien difficile de procéder de
façon rétroactive. C'est peut-être mieux de faire un
rattrappage, dans l'avenir.
M. LOUBIER: En 1970.
M. PINARD: En indexant réellement le taux horaire de location sur
le coût réel, avec une marge raisonnable de profit.
M. LOUBIER: Si je comprends bien, on va tenir compte de la
qualité de la machinerie offerte, de l'âge de la machinerie,
etc.
M. PINARD: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. LOUBIER: Puisque nous sommes à l'article "location de
machinerie", comment se fait-il qu'il y a une différence, ou qu'il a
existé jusqu'à maintenant une différence, de paroisse en
paroisse, ou même de comté en comté, vis-à-vis, par
exemple, de la location de camions, à tant le mille, ou tant l'heure?
Cela existe, oui?
M. PINARD: Les renseignements qu'on me donne, pour que je puisse
répondre de façon franche et précise au
député, sont les suivants: il y avait un taux maximum
prévu dans une certaine échelle non pas la nouvelle
échelle, mais l'ancienne qui permettait au divisionnaire de
négocier un prix maximum, ou à l'intérieur, un prix
situé entre le maximum et le minimum. Il y a peut-être donc eu,
dans certains comtés, une différence dans l'échelle des
taux payés effectivement au locateur d'équipement au
ministère. Pourquoi le divisionnaire utilisait-il une pareille formule?
C'est difficile pour moi de le dire. Peut-être à cause de la
compétence des opérateurs, à cause de l'âge de
l'équipement, de sa qualité, de sa marque? Il y avait toutes
sortes de critères...
M. LAFONTAINE: II y avait des préférences.
M. PINARD: ... un peu débridés. Le divisionnaire essayait
de juger le mieux possible dans les circonstances, mais le système
n'était quand même pas uniformisé et il était assez
déséquilibré dans certains endroits.
M. BELAND: Si vous me le permettez, il s'agissait exactement des
mêmes grosseurs de camions, de la même année, et à
peu près des mêmes compétences d'hommes. Je pense du moins,
que cet état de chose causait un grave préjudice d'une paroisse
à l'autre. Il créait une division, une animosité d'un
camionneur à l'autre. En somme, ce n'est pas normal qu'une telle chose
ait existé. Je ne sais pas si mon comté était un
comté particulier, mais, à tout événement, cela a
existé. Pas seulement dans mon comté. Je pense qu'il serait bon
d'avoir, à l'avenir, peut-être, une table bien définie, qui
soit agencée, pour tâcher de rendre justice à chacun.
M. PINARD: Plusieurs raisons pourraient être données pour
expliquer cette disparité dans le paiement du taux horaire. Il est
arrivé aussi que des personnes, voulant absolument faire travailler leur
équipement, aimaient mieux travailler à rabais que de ne pas
travailler du tout. Elles faisaient peut-être un peu compétition
à ceux qui avaient autant qu'elles le droit de demander la location de
leur outillage au divisionnaire. Il y a peut-être eu un peu de
surenchère, à la baisse, au niveau des prix. D'autres facteurs,
dans certains comtés, sont les accidents géographiques. IL en
coûte plus cher d'opération qu'ailleurs. C'est une autre raison
qui explique pourquoi c'est moins cher à certains endroits qu'à
d'autres.
M. BELAND: Je suis d'accord qu'il faut tenir également...
M. PINARD: Et, également, cela dépend du service qui
était demandé par le divisionnaire de la voirie. S'il s'agissait
de transporter du tuyau galvanisé, c'était là un service
de transport plus léger que dans le cas du transport du gravier, de la
pierre concassée, ou de l'asphalte chaude. Voilà autant de
facteurs qui faisaient que l'échelle était à la baisse ou
à la hausse, selon le cas.
M. BELAND: Ce que j'entendais, c'est que pour un même travail
précis, il y avait une différence jusqu'à $2 l'heure
même.
M. PINARD: Avec la nouvelle formule qui sera en vigueur, le taux sera
normalisé dans tous les comtés. Je pense que la situation de fait
expliquée par le député ne pourra plus survenir et, si
elle survenait, il faudrait étudier les causes du problème qui
serait posé éventuellement.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre peut nous dire à quelle
date il entend mettre en vigueur les nouveaux taux qui ont été
définis, qui étaient censés entrés en vigueur le
1er janvier?
M. PINARD: Bon...
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas fini ma question. J'ai arrêté ma
question parce que le ministre ne m'écoutait pas. Je ne voulais pas
être obligé de la recommencer. Disons que ce qui a
empêché l'ancienne administration de mettre ses tarifs en vigueur
était certaines machines qui existaient dans la province de
Québec, machines assez vieillottes et, à ce moment, ils
obtenaient ces gens pour un tarif moins élevé que celui de la
nouvelle formule. Alors, nous avons pensé je pense bien que c'est
peut-être la solution élégante, ce sont des machines qui
sont prêtes à sortir du marché faire peut-être
un moratoire, la même chose que dans le cas des camions lourds dont on
parlait tout à l'heure, et leur donner deux ans pour disparaître
du marché. Ensuite, appliquer la nouvelle formule intégralement
en laissant ces vieilles machines, ce que l'on appelle "red circle",
c'est-à-dire en continuant à leur payer ce qui leur était
payé auparavant, mais en les avertissant que dans deux ans le tarif
normal s'appliquerait dans leur cas. Il y a très peu d'explications,
mais assez pour faire...
M. PINARD: II y aurait à la fois un moratoire qui serait
établi, et il y aura également une pénalité pour
l'équipement trop vieux pour continuer à servir.
M. LAFONTAINE: Pas nécessairement. A un moment donné, vous
donnez deux ans.
M. PINARD: Oui.
M. LAFONTAINE: Vous l'avez gardé pendant deux ans "red circle".
Au bout de deux ans, la machinerie existe.
M. PINARD: Oui.
M. LAFONTAINE: Eh bien, le tarif a tombé, disons, de $7 à
$4.50 l'heure. S'il veut travailler pour $4.50 l'heure, qu'il travaille pour
$4.50 l'heure.
M. PINARD: Je comprends ce que vous voulez dire.
M. LAFONTAINE: Mais il ne retirera plus $7. Alors, qu'il change
d'équipement...
M. PINARD: C'est cela.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas nécessaire de mettre une amende au
bout.
M. PINARD: C'est le système qui sera en vigueur à
l'année.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions sur la location
d'équipement et d'outillage? Article 6, adopté?
M. PINARD: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 7: Matériaux. Le député de
Wolfe.
Matériaux
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que les comtés de l'Opposition se sont
servis du calcium cette année de la même façon que les
années passées...
M. LOUBIER: II dira oui, voyons donc!
M. PINARD: J'ai présenté au Conseil de la
trésorerie des demandes qui se chiffrent par millions pour l'achat du
calcium liquide, des huiles abat-poussière, du chlorure de sodium, etc.
qui devront être répandus sur nos routes pour régler le
problème de la poussière...
M. LAVOIE (Wolfe): Parce que jusqu'à maintenant on me dit
aujourd'hui même qu'il y a très peu de calcium dans notre
comté. Tout le monde se plaint qu'il y a beaucoup de poussière et
on aimerait bien avoir du calcium.
M. PINARD: H faut tenir compte que, dans certains comtés, il faut
traiter la surface de la route avec un agrégat spécial. On me dit
que dans le cas soulevé probablement par le district dont fait partie le
député de Wolfe, c'est un ingrédient spécial qui
malheureusement n'est pas encore arrivé. La réquisition a
été faite. La commande est passée à la compagnie,
mais le matériel n'est pas arrivé.
M. LOUBIER: Vous n'avez qu'à appeler Ri-vest; Rivest arrangera
cela.
M. LE PRESIDENT: Le député de Portneuf.
M. DROLET: M. le Président, est-ce que le ministre peut me dire
si nous aurons dans chacun de nos comtés du calcium liquide?
M. LOUBIER: 3 est sympathique à tous nos comtés!
M. DROLET: Je demande cela parce qu'il paraît que c'est moins
poussiéreux. Etant donné que Portneuf est un comté dont la
plupart des routes sont en terre, on aimerait bien avoir du calcium. A moins
que le ministre fasse le pavage cette année.
M. PINARD: Le directeur général de l'entretien m'explique
que l'épandage du calcium liquide est fait dans les comtés
où les routes sont très sablonneuses.
M. DROLET: Ah!
M. PINARD: Dans les routes où les agrégats sont
différents du sable, c'est un autre procédé
d'épandage de produits chimiques qui est fait. C'est ce qui explique
qu'il y a différents produits répandus sur nos routes selon la
condition du sol.
M. DROLET: Est-ce que c'est tout à fait normal que le chef
divisionnaire de la voirie, sans qu'on le lui demande, fasse l'épandage
du calcium?
M. PINARD: D a la responsabilité de l'entretien du réseau
routier dans sa division. Evidemment, il y a un problème de budget,
aussi. On ne peut pas aller de façon démesurée dans..
M. DROLET: Je ne dis pas d'en mettre cinq pouces, mais qu'il en
mette.
M. LAFONTAINE: II y aurait peut-être possibilité. .
M. PINARD: Il faut quand même viser à la meilleure
efficacité possible et au service de la population...
UNE VOIX: M. le Président...
M. PINARD: ... qui avec raison se plaint...
M. LAFONTAINE: M. le Président, il y aurait peut-être
possibilité de régler ce problème, je pense bien, à
l'avantage de tous les députés tant au pouvoir qu'à ceux
de l'Opposition. Le chef, dans un comté ou dans une division, c'est le
divisionnaire. Il y a évidemment toute sorte de monde dans le monde pour
former un monde. H y a des gens qui ont l'esprit d'initiative, il y en a
d'autres qui n'ont pas d'esprit d'initiative et il y en a qui n'ont pas
d'esprit du tout.
Normalement, la qualité de divisionnaires est bonne. Mais il y a
de l'humain qui habite dans chacun des divisionnaires, et là je rejoins
le député de Portneuf. Je sais que, dans son comté, il y a
énormément de chemins de terre. Malheureusement, le sort
électoral a voulu que vous soyez élu. Si notre gouvernement avait
été élu, il est probable que la pose de l'asphalte serait
déjà commencée dans votre comté. De toute
façon, je dois dire que certains divisionnaires, voyant que leur
comté est dans l'Opposition, n'osent pas demander à
l'administration de l'entretien un budget pour entretenir les chemins, parce
qu'ils sont dans un comté de l'Opposition.
Je fais donc une proposition au ministre. C'est un problème que
j'ai vécu et qui m'a écoeuré.
M. PINARD: Ils se sentent traumatisés.
M. LAFONTAINE: Us se sentent trauma-
tisés. Je me suis aperçu de ça en 1968 et en 1969,
et je me suis dit: Comment se fait-il que ce n'est pas fait...
M. PINARD: J'ai été traumatisé par votre
patronnage.
M. LAFONTAINE: Même en entrant dans l'Opposition, ça n'a
pas de bon sens, parce que ce sont des routes qui appartiennent à l'Etat
québécois et qui méritent d'être entretenues de la
même façon dans tous les comtés.
M. DROLET: M. le Président l'ancien ministre... nous dit qu'il
faut, qu'un député soit dans l'Opposition ou non, s'il y a une
route à faire, qu'elle se fasse.
M. LAFONTAINE: Alors, je dis, que l'on ne fait pas une route à
cause de la couleur du député.
M. DROLET: Bien, j'espère.
M. LAFONTAINE: Parce qu'il n'y a jamais eu de définition de la
voirie et je m'en suis donné une. La voirie, c'est un service que l'on
doit donner au public voyageur. Que l'on voyage dans n'importe quel
comté, que ce soit le comté de Portneuf ou le comté de
Drummond, il s'agit que l'usager de la route ait un service. Je demande donc au
ministre de réunir ses divisionnaires et de leur dire qu'ils ont un
devoir vis-à-vis du public et vis-à-vis de l'Etat
québécois, celui de prendre leurs responsabilités. S'ils
ne prennent pas leurs responsabilités, ils sont des mauvais serviteurs
de l'Etat. Il n'y a aucune raison pour que ce soit le député qui
intervienne pour faire poser du gravier parce que le député du
comté n'est pas cantonnier, cantonnier chef ou contremaître
général. Le député a autre chose à faire que
de s'occuper de la voirie. Je demande au ministre s'il n'y aurait pas
possibilité de réunir les divisionnaires et de leur dire de
prendre leurs responsabilités.
Vous avez, ici, à Québec, un service d'entretien qui est
merveilleux et des hommes parfaits; il n'y a donc aucune raison pour que
ça ne marche pas. Je ne vois aucune raison pour qu'en partant du
comté de Terrebonne, l'on s'en vienne et que l'on voit des lignes
blanches sur la route et que, juste à l'endroit où c'est
indiqué Comté de Labelle, les lignes blanches
s'arrêtent et que vous tombiez dans le noir, lorsque nous savons que la
route 11, durant les fins de semaine, est la route la plus achalandée de
tout le Québec.
UNE VOIX: Cela n'a pas été fait chez vous?
M. LAFONTAINE: Cela n'a pas été fait chez nous, ç'a
arrêté juste à la division des lignes de comté. J'en
ai parlé même avant de partir du ministère de la Voirie.
C'était à la transmission des pouvoirs. J'en ai parlé au
chef de l'entretien qui m'a dit: Je m'en occupe. Il s'en est occupé et
les lignes blanches n'ont pas été continuées plus loin que
la division de comté. Je trouve ça non-sens. Ce n'est
peut-être pas moi qui vais me tuer à cause de l'absence de lignes
blanches, c'est peut-être quelqu'un de Portneuf, peut-être
quelqu'un de Drummondville. C'est un service que l'on doit donner au public
voyageur.
On ne doit pas compartimenter les choses ainsi et pousser la
partisanerie politique à ce point. Mais, à ce moment-là,
je ne crois pas que ce soit quelqu'un du gouvernement qui soit intervenu, mais
un employé quelconque du ministère de la Voirie qui, dans son
optique, parce qu'il y a eu changement de gouvernement, ne voulait plus rien
faire dans Labelle.
M. PINARD: Je ne peux pas faire autrement que de donner raison au
député de Labelle. Ses remarques sont très
judicieuses.
M. LAFONTAINE: Vous êtes sympathique à mon idée.
M. PINARD: C'est bien difficile pour le ministre d'aller réparer
le camion qui sert à faire les lignes blanches sur les routes de son
comté. Apparemment, c'est un accident technique qui est survenu, une
malheureuse coincidence, dans son comté.
Alors, M. Deshaies et notre sous-ministre...
M. LAFONTAINE: On a toujours dit que ce qui coûte à peu
près le moins cher sur une route, ce sont les lignes blanches; c'est un
peu comme mettre de la peinture sur une maison. Une route parait tellement
mieux et c'est tellement plus sûr.
M. PINARD: II ne faut cependant pas trop gratter parfois.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Je ne sais pas si le parti au pouvoir a quelque chose à
voir à ce que l'on appelle le calcium sur nos chemins de gravier. Dans
mon comté, nous avons essayé d'en avoir. Plusieurs
municipalités se sont même plaintes qu'elles avaient besoin de
calcium et que ça réduirait énormément l'entretien,
mais ç'a toujours été impossible d'en obtenir. Est-ce
qu'il y a alors lieu, à ce moment-là, d'entrer en contact direct
avec le ministre de la Voirie? C'est un peu la question que je me pose, si
chaque divisionnaire ne réagit pas à la demande des
municipalités.
M. PINARD : Je réponds que les commandes ont été
transmises aux compagnies et qu'il y a eu des retards dans la livraison. Le
directeur général de l'entretien me dit qu'il est normal que,
dans les comtés représentés par les mem-
bres de la commission, il y ait épandage de calcium sur les
routes où c'est réellement nécessaire d'en mettre.
M. GUAY: Merci.
M. BELAND: M. le Président...
M. PINARD: Je dois peut-être faire une distinction absolument
essentielle, pour que le député ne prenne pas mes
déclarations comme étant des promesses à tort et à
travers.
Cela se limite aux chemins dont l'entretien relève du
ministère de la Voirie. Cela est une distinction bien importante, parce
que s'il y a des routes qui n'appartiennent pas au ministère de la
Voirie, dont le ministère n'a pas l'entretien, la responsabilité,
à ce moment-là il faudra comprendre que la Voirie ne peut pas
aller partout en même temps. Le réseau routier du Québec
est d'environ 49,000 milles de route; alors s'il faut que le ministère
prenne la responsabilité d'entretenir tout le réseau routier
municipal ou cantonal, vous voyez que c'est impossible au plan
budgétaire d'arriver dans une seule année à donner justice
à tout le monde. Rive sud ou rive nord, ce n'est pas possible non
plus.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: Concernant cet article, calcium liquide: en moyenne, à
travers la province, comment cela peut-il coûter par mille pour
répandre le calcium liquide?
M. PINARD: Cela dépend de l'emprise de la route, du genre de
surface. Cela coûte $55 la tonne et le tonnage varie de 3 à 8
tonnes, suivant la circulation. C'est de $200 à $300 le mille en
moyenne.
M. BELAND: Merci.
M. LAFONTAINE: Un chemin de 24 pieds.
M. PINARD: Pour une emprise de 24 pieds, oui, une chaussée
carrossable de 24 pieds.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions au sous-article
"matériaux"? Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 8: Services contractuels.
Adopté?
Services contractuels
M. PINARD: II s'agit du montant demandé annuellement pour
l'attribution des contrats d'entretien de chemins d'hiver. Pour les contrats
d'été, il s'agit de travaux de couches dures, traitement de
surface.
M. LOUBIER: Est-ce que les contrats sont accordés actuellement
pour les couches dures dans les différents comtés?
M. PINARD: Oui, plusieurs ont été...
M. LOUBIER: Ce n'est pas un traquenard, mais je pense que dans
Bellechasse ce n'est pas encore accordé.
M. PINARD: ... signés, j'ai demandé jusqu'à
maintenant deux ou trois séances spéciales du Conseil de la
trésorerie pour hâter le déblocage des contrats.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Etant donné qu'on peut noter une augmentation dans les
chiffres, est-ce qu'il y a lieu de croire qu'il y a plus de contrats
accordés cette année, que dans les années
passées?
M. PINARD: Voulez-vous reprendre votre question, parce que je ne sais
pas à quel niveau votre question se situe?
M. GUAY: Etant donné qu'il y a une petite augmentation dans les
services contractuels, est-ce qu'il y a lieu de croire qu'il y aura plus de
contrats accordés cette année que par les années
passées?
M. PINARD: Qu'est-ce qui vous fait dire que dans votre comté il
ne peut pas y avoir de travaux cette année?
M. GUAY: Disons que ce n'est pas uniquement pour mon comté. Etant
donné les chiffres qui sont donnés, il y a eu une augmentation. H
y a tout de même quelques centaines de milliers de dollars et,
étant donné cette augmentation, est-ce qu'il y aura, sur un plan
général, plus de contrats, dans la province, qu'il n'y en a eus
par les années passées?
M. PINARD: Le directeur général de l'entretien m'explique
que l'entretien des chemins d'hiver va coûter deux millions de plus cette
année, à cause de l'augmentation des prix de toute nature. C'est
ce qui explique la différence au niveau du budget.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Article 8, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 9: Subventions.
UNE VOIX: Adopté.
Subventions
M. LE PRESIDENT: Un instant, le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je veux poser une question au ministre. Dans le comté
de Lafontaine, il y a cinq municipalités ou villes. Il y en a une, entre
autres, qui est une ville qui ressemble à un village. Il n'y a
pratiquement pas de routes en asphalte: c'est Rivière-des-Prairies. Je
sais que ça relève de la municipalité, et non pas du
gouvernement provincial.
Mais, étant donné que parfois il arrive que le budget des
municipalités ne leur permet pas de régler ces problèmes,
est-ce qu'à l'article "subventions" il est possible que le gouvernement
aide les municipalités pour l'entretien des routes, surtout à
Rivière-des-Prairies? La raison est que la plupart des routes y sont en
terre, on est sur l'île de Montréal.
M. PINARD: Si le député me permet une question, je n'ai
pas d'objection à lui donner une réponse, à l'article 9:
Subventions. Mais il s'agit ici de subventions payables pour l'entretien des
chemins d'hiver et non pas pour l'entretien des chemins d'été.
Alors le député pose une question qui relève surtout de
l'entretien des chemins pendant l'été. On pourrait
peut-être y revenir un peu plus tard.
M. LEGER: A quelle place reviendrait cette question? De toute
façon, vous pouvez me répondre rapidement. Est-ce possible ou
non?
M. PINARD: Disons tout de suite qu'il ne s'agit pas d'un réseau
routier qui incombe à la juridiction du gouvernement provincial, au
budget de la Voirie. Il s'agit d'un réseau routier municipal et,
malheureusement, Rivière-des-Prairies étant dans le territoire de
la ville de Montréal, il est impossible au ministère de la Voirie
de subventionner la ville de Montréal pour de pareils travaux. Il
faudrait que la demande soit dirigée au service de l'entretien de la
ville de Montréal.
M. LEGER: La ville de Montréal elle-même ne peut pas
demander d'augmentations de revenus supplémentaires ou de subventions du
gouvernement provincial pour ces problèmes?
M. PINARD: Quand il y a des subventions accordées à la
ville de Montréal, c'est pour des travaux d'une autre nature que celle
de l'entretien: quand le ministère de la Voirie exécute de grands
travaux, comme sur Décarie et aux approches du pont Papineau, etc. Je
regrette de ne pas pouvoir faire davantage, mais c'est impossible avec le
budget de subventions qui m'est donné cette année de pouvoir
rendre ce service à la population. D faudrait que les demandes soient
dirigées à l'administration de la ville de Montréal.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre de la Voirie a l'intention de
demander une augmentation de ce budget, pour répondre aux demandes du
député de Lafontaine, de telle sorte que les gens soient
bien...
M. PINARD: Nous avons toujours, comme ministre de la Voirie, l'intention
de demander l'augmentation du budget, sans nous engager spécifiquement
à dire pour quelles fins cela devrait servir, parce qu'il y a tellement
de besoins qui sont établis qu'il faut faire une planification à
court terme dans ce domaine.
M. LEGER: Mais si vous aviez le budget, est-ce que ce serait faisable,
ou si c'est une chose qui ne peut pas se faire, qu'une municipalité
reçoive une subvention?
M. PINARD: Je pense que la ville de Montréal a un budget
suffisant pour lui permettre de prendre soin des besoins exprimés par le
député.
M. LAFONTAINE: Pour répondre au député de
Lafontaine, d'après la Loi de la voirie, oui. Le ministère de la
Voirie a le droit de le faire.
M. PINARD: Surtout avec le système de péréquation
et le revenu de la taxe de vente.
M. LAFONTAINE: Je pense que c'est en vertu de l'article 21 de la Loi de
la voirie.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 9: Subventions, adopté.
UNE VOIX: Adopté.
Ponts
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 3: Entretien des ponts et
construction de ponts semi-permanents. Article 1 ; Traitements.
M. PINARD: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2: Salaires.
M. LAFONTAINE: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous
dire pourquoi le montant est baissé à $74,700 alors qu'il
était de $423,700?
Intégration des fonctionnaires
M. PINARD: C'est à cause de l'intégration des
fonctionnaires du ministère des Travaux publics au ministère de
la Voirie. L'année dernière, il y a eu le même
problème au niveau budgétaire puisqu'il y avait des
crédits qui avaient été demandés pour $423,700 et
effectivement la dépense n'a été que de $99,208. C'est le
même phénomène qui se répète cette
année: à cause
de l'intégration du personnel technique du service des ponts des
Travaux publics au service technique des ponts et structures du
ministère de la Voirie.
M. LAFONTAINE: Je m'étais donné, lorsque nous avons
intégré les ponts au ministère de la Voirie, quatre ans,
pour les intégrer complètement. Je pense que l'intégration
a été faite en 1967.
M. PINARD: C'est consolidé.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre prévoit que d'ici un an
l'intégration va être totale, complète effective, suivant
la ligne de pensée du nouveau gouvernement?
M. PINARD: On me dit que l'intégration se fait de façon
normale et que la consolidation se fait...
M. LAFONTAINE: Est-ce qu'on peut tenir pour acquis que dans un an
l'intégration sera totale, finale?
M. PINARD: C'est peut-être difficile pour moi de mettre un
délai d'un an parce qu'il y a peut-être...
M. LAFONTAINE: Je m'étais fixé un délai de quatre
ans. Si on ne se fixe pas de délai...
M. PINARD: ... un roulement dans le personnel qui fait que
l'intégration se fait...
M. LAFONTAINE: Je ne chicanerais pas le ministre s'il était six
mois en retard dans l'intégration. Mais une intégration qui dure
vingt ans...
M. PINARD: ... moins rapidement que prévu.
M. LAFONTAINE: ...ce n'est pas une intégration et ce n'est pas
efficace pour un gouvernement qui se veut efficace.
M. PINARD: Bien sûr! Bien sûr!
M. LAFONTAINE: Il faut qu'elle finisse un jour cette
intégration.
M. PINARD: Nous avons eu une réunion précisément
à ce sujet il y a quinze jours, je crois, et nous prenons les mesures
nécessaires pour que l'intégration se fasse de façon plus
rapide, plus fonctionnelle et peut-être davantage à la
satisfaction du personnel étatisé, parce qu'il y avait
peut-être un problème de démotivation qui se posait.
M. LAFONTAINE: C'est pour cela que je m'étais donné quatre
ans, justement à cause du personnel concerné. Quelqu'un qui avait
vécu pendant vingt ou vingt-cinq ans au ministère des Travaux
publics et qui arrivait au ministère de la Voirie, il était
peut-être un peu traumatisé.
M. PINARD : Dans certains cas, il y avait un problème, sans
doute.
M. LAFONTAINE: J'avais expliqué, à un moment donné,
à un haut fonctionnaire du ministère de la Voirie qui ne
comprenait pas du tout, qui trouvait qu'on n'avait pas de collaboration, j'ai
dit: C'est bien simple, si toi, au lieu de porter le titre que tu portes,
c'était celui qui vient des Travaux publics qui portait ton titre et que
toi, si tu étais son assitant, peut-être que tu n'aimerais pas
beaucoup cela. Alors, je m'étais fixé un délai, je pense,
de quatre ans. Ce sont des problèmes humains, mais il ne faudrait pas
que les problèmes humains gênent indéfiniment la bonne
marche du ministère de la Voirie.
M. PINARD : Alors, je prends bonne note des remarques du
député.
M. LAFONTAINE: Je pense que, à un moment donné, ceux qui
ne veulent pas s'intégrer, il va falloir les recycler.
M. PINARD: C'est cela.
M. LAFONTAINE: Absolument, parce que cela gêne la bonne marche du
ministère.
M. PINARD: C'est comme dans l'entreprise privée. A un moment
donné, il y en a qui ne sont pas capables de se recycler dans un autre
poste.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Est-ce que vous pourriez me définir, M. le ministre,
ce que c'est qu'un pont semi-permanent? Un pont Bailey? Est-ce que c'est un
pont de bois qui serait entretenu?
M. PINARD: C'est une distinction qui est importante, mais qui est assez
difficile à faire. Je vais essayer de vous la donner quand
même.
M. DEMERS: II dure aussi longtemps que la rivière, quoi?
UNE VOIX: Un bon bout de temps.
M. PINARD: Disons que la période de durée d'un pont
semi-permanent est certainement moins longue que la période de
durée d'un pont permanent. Et au plan de la construction, cela
coûte sûrement moins cher. La dépréciation est plus
rapide dans le cas du pont semi-permanent. Il y a toujours possibilité
de remplacement d'un
pont semi-permanent par un pont permanent, compte tenu de la circulation
qui doit y passer et compte tenu du développement du territoire
environnant.
M. LAVOIE (Wolfe): Prévoyez-vous la construction de ponts
semi-permanents dans Wolfe?
UNE VOIX: En permanence, non.
M. PINARD : La question pourrait être posée au poste
budgétaire 7, "construction", s'il vous plaît.
M. LAFONTAINE: Maintenant, la somme de $74,700 sert à payer quoi
exactement?
M. PINARD: II s'agit des imputations dont je vous ai parlé
tantôt.
M. LAFONTAINE: Non, les imputations viennent en bas: $75,000.
M. PINARD: Voulez-vous répéter votre question, de
façon que je puisse donner une réponse plus précise?
M. LAFONTAINE: La somme de $74,700 va permettre de payer quoi,
exactement?
M. PINARD: C'est au poste budgétaire 3, article 1: Traitements.
Le montant va servir à payer le personnel qui travaillera
spécifiquement au service de l'entretien des ponts. C'est une
répartition du salaire, parce que, autrefois, il y avait du personnel
technique relevant du service des ponts qui était payé à
même un autre poste budgétaire.
M. LAFONTAINE: Mais, là, les traitements, cela veut dire que les
ingénieurs qui s'occupent en particulier de l'entretien des ponts
semi-permanents ne gagneraient, au total, que $74,700 par année, si
j'interprète bien la réponse du ministre de la Voirie.
M. PINARD: Le montant de $74,700 est réellement un
problème d'imputation budgétaire.
M. LAFONTAINE: Oui, mais imputation budgétaire pour faire
quoi?
M. PINARD: Au poste budgétaire 3, article 1, je vais vous donner
la ventilation des montants, traitements, $964,700; la ventilation, la
répartition des montants.
M. LAFONTAINE: C'est un nouveau terme?
M. PINARD: Non, c'est en langage budgétaire. La ventilation des
montants. Comment se ventile le montant total?
M. LAFONTAINE: Le ministre a dû rencontrer des économistes
dernièrement.
M. PINARD: Oui.
M. LAFONTAINE: On continue.
M. PINARD: Traitements, $964,700; avancement d'échelon, $21,000;
revision des traitements, $10,000; occasionnels, $5,000;
rémunération additionnelle, $1,000. Cela vous donne un total de
$1,001,700.
M. LAFONTAINE: D'accord, mais ce n'est pas ce que je demande au
ministre. Je pense qu'il n'a pas saisi ma question. Les $74,700, revision des
salaires, etc., c'est bien beau, mais cela sert à quoi exactement?
Quelle est la relation de ce montant de $74,700 en traitements relativement
à la marche du ministère de la Voirie? Est-ce que c'est pour la
réparation des ponts semi-permanents? Est-ce que c'est pour la
construction des ponts semi-permanents? Est-ce que c'est le salaire des
ingénieurs qui est imputé à un traitement?
M. PINARD: II s'agit du personnel qui est spécifiquement
affecté au service de l'entretien des ponts.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas tout le personnel.
M. PINARD: Une partie du personnel. M. LAFONTAINE: Quelle partie?
M. PINARD: D'autres sont payés à même un autre poste
budgétaire...
M. LAFONTAINE: ... qui s'appelle "salaires".
M. PINARD: II y en a qui sont payés à même le poste
budgétaire "construction". D'autres sont payés au poste
budgétaire imputable au service de l'entretien.
M. LAFONTAINE: Oui, mais ce que je comprends, avec les $74,700...
M. PINARD: II s'agit de techniciens spécialisés dans le
service d'entretien des ponts. Us sont six ou sept. Ils sont payés
spécifiquement à même cet article de $74,700. Ce sont des
spécialistes...
M. LAFONTAINE: Pourquoi les paie-t-on à cet article-là,
poste budgétaire 3, article 1? Le montant de $74,700 ne couvre
certainement pas tout le personnel, seulement une partie du personnel.
M. PINARD: II s'agit d'un personnel de très
haute compétence qui s'occupe spécifiquement de
l'entretien des grands ponts, surtout sur l'île de Montréal. Ils
sont six ou sept.
M. LAFONTAINE: Quelle est l'idée de les faire payer à un
article particulier, poste budgétaire 3, article 1? Disons, que c'est
l'entretien des ponts, je ne veux pas faire de chicane là-dessus.
M. PINARD: Non, le député de Labelle comprend qu'il y a un
problème de technique budgétaire.
M. LAFONTAINE: C'est cela que j'essaie de comprendre.
M. PINARD: Le ministère des Finances préfère que
l'on crée un poste budgétaire spécifique...
M. LAFONTAINE: Parce que, lorsque j'étais ministre de la Voirie,
j'avais ces problèmes-là et je n'ai jamais pu les comprendre, M.
le Président. Mais vu que c'est une technique budgétaire, et que
j'ai en face de moi non seulement le ministre de la Voirie, mais un membre du
Conseil de la trésorerie, est-ce que lui, comme membre du Conseil de la
trésorerie, peut expliquer à la satisfaction de la commission,
comment il se fait qu'à cause d'une contrainte du ministère des
Finances, du Conseil de la trésorerie, le ministère de la Voirie
est obligé d'avoir un poste budgétaire 3, article 1,
"traitements", $74,700, qui ne correspond à aucune
réalité?
M. PINARD: Cela correspond à une réalité, sauf que
cela aurait pu être inclus dans un poste budgétaire plus
considérable, je l'admets.
M. LAFONTAINE: C'est cela. Alors pourquoi prendre sur un total
d'employés les équipes d'entretien, pourquoi détacher
cette équipe-là de toute la masse?
M. PINARD: L'explication, c'est que le ministère des Finances a
demandé la création d'un poste budgétaire distinct parce
que ce sont des spécialistes qui ne font pas de l'administration mais
qui font spécifiquement de l'entretien sur les grands ponts...
M. LAFONTAINE: II y en plusieurs comme cela.
M. PINARD: Ils ne sont pas si nombreux, ils sont quatre ou cinq.
M. LAFONTAINE: A la façon dont le ministre a fait tout à
l'heure la ventilation de son montant, il n'y en a pas beaucoup. D y a des
augmentations de salaire, il y a des occasionnels là-dessus et
ceux-là on peut les payer ailleurs.
M. PINARD: L'explication c'est qu'il y a une différence notable
entre ceux qui sont dans le personnel d'entretien des grands ponts, les
spécialistes et les autres. Ils sont assez peu nombreux, ils sont quatre
ou cinq, eux font exclusivement de l'entretien de ponts. Tandis que d'autres,
qui font de l'entretien de ponts moins considérables et qui font
également de l'entretien de voirie, sont payés à
même un autre poste budgétaire...
M. LAFONTAINE: J'ai un cas bien précis pour le ministre. M.
Martin qui s'occupe exclusivement, à l'heure actuelle, de la
construction du pont de Québec (Frontenac) il n'est pas payé
à l'article 1 du poste 3.
M. PINARD: Il est payé à l'article 5 du poste 7, lui,
à même le poste budgétaire relatif à la construction
des ponts.
M. LAFONTAINE: Alors, c'est l'article de l'entretien des ponts et de la
construction des ponts semi-permanents et non pas simplement des grands
travaux.
M. PINARD : L'entretien des petits ponts est confié à ceux
qui font l'entretien de la Voirie.
M. LAFONTAINE: C'est une réponse logique, qui fait plaisir.
M. PINARD: Je l'ai dit tout à l'heure, mais ça n'avait pas
été clairement expliqué.
M. LAFONTAINE : Je la savais, mais je voulais faire apprendre son
métier au ministre. La construction des ponts semi-permanents est
donnée à chacune des divisions.
M. PINARD: Ils s'occupent à la fois d'entretien et de
construction.
M. LAFONTAINE : IL reste un flottement entre les deux.
M. PINARD: On me dit que, de moins en moins, il se construira de ponts
semi-permanents. Alors, leur nombre va diminuer. Ceux qui sont
déjà construits devront être entretenus, c'est entendu,
mais on en construira de moins en moins.
M. LE PRESIDENT: L'article 1 est adopté. L'article 2:
Salaires.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3: Frais de voyage,
adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LOUBIER: Même explication que tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4: Services contractuels, achat
de matériaux, achat, loyer et transport d'outillage, adopté?
M. LAFONTAINE: C'est l'outillage normal?
M. PINARD : II y a eu une erreur dans l'impression du budget. C'est
$3,215,000 qu'il faut lire à la place de $1,690,000 au poste 3, article
4.
M. DEMERS: C'est une erreur de typographie.
M. PINARD: II a quand même fallu faire un virement de fonds par
l'entremise du Conseil de la trésorerie.
M. LAFONTAINE: Le budget que nous avions présenté
était de $2,700,000.
M. PINARD: II y avait également eu une erreur d'impression dans
le document préparatoire du budget.
UNE VOIX: Quelle était la somme réelle?
M. PINARD: Alors, les crédits demandés originairement
étaient de $2,700,000, mais effectivement le poste budgétaire
donnerait une somme de $3,215,000. Ce qui fait un surplus de $1,300,000.
M. LAFONTAINE: $3,215,000 et c'est la somme que vous demandez?
M. PINARD: Oui.
M. LAFONTAINE: Et, dans l'impression du chiffre de $2,700,000, il y
avait eu erreur.
M. PINARD : Oui, il y avait eu erreur. UNE VOIX: D'accord,
adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 5: Subventions et autres
dépenses.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, toujours dans les dépenses ordinaires, au
poste no 4: Indemnités aux accidentés ou leurs dépendants
et soins médicaux, adopté?
UNE VOIX: Adopté;
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste budgétaire 5 : Subventions.
Adopté?
Subventions aux municipalités
M. LOUBIER: Est-ce que ce sont des subventions aux
municipalités?
M. PINARD: Oui.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre entend, pour les différentes
municipalités, pour quelque comté que ce soit, conserver
sensiblement le même budget?
M. PINARD: Bien, c'est...
M. LOUBIER: ... Pour ce qui est des répartitions.
M. PINARD: II y a tout de même eu une diminution notable au budget
des subventions, puisque le montant de l'an dernier avait été
établi à $5 millions et que celui de cette année est
établi à $2 millions. Ceci signifie qu'il ne peut pas y avoir une
distribution aussi considérable de la subvention.
M. LAFONTAINE: Est-il question de respecter les engagements pris par
l'ancien gouvernement?
M. PINARD: II y a un problème réel et qui est très
aigu pour moi.
M. LAFONTAINE: D'accord. Le problème est réel.
M. PINARD: Si on a envoyé des lettres d'intention aux
municipalités du Québec en basant la distribution des subventions
aux municipalités sur un budget global de $5 millions alors que la
disponibilité réelle n'est que de $2 millions, il y a alors un
manque à gagner de $3 millions, ce qui ne permettra pas au ministre
actuel de distribuer autant de subventions. Si on distribue autant de
subventions, elles seront d'un montant moindre. Alors, c'est difficile à
l'heure actuelle...
M. LAFONTAINE: Mais, à l'heure actuelle...
M. PINARD : En toute honnêteté, je suis obligé
d'avertir les maires des municipalités qui ont reçu des lettres
d'intention de l'ex-titulaire du ministère de s'attendre à une
diminution de la subvention. Si c'est possible, enfin, disons que ma
décision n'est pas formelle.
M. LAFONTAINE : Est-ce que le ministre peut légalement annuler
une décision administrative relativement à un corps public
où l'administration gouvernementale a pris des obligations
vis-à-vis de la municipalité et alors que la municipalité
elle-même a pris des engagements, vis-à-vis des entrepreneurs pour
l'achat de matériaux, etc.? Simplement sur une note, le ministre peut-il
annuler ces engagements? J'en doute fort.
M. PINARD: C'est un problème de disponibilité
budgétaire. S'il y a eu surengagement...
M. LAFONTAINE: II n'y a pas eu surengagement, M. le Président. En
1966, le budget de l'ancienne administration prévoyait $1,900,000 en
subventions aux municipalités. Le gouvernement qui a suivi dont
j'ai fait partie a augmenté les subventions aux
municipalités, parce que nous connaissons tous la situation dans
laquelle les municipalités sont prises à l'heure actuelle dans le
Québec. Nous avons porté ces subventions à $5 millions. Ce
fut de peine et de misère et contre l'avis du Conseil de la
trésorerie, du ministère des Finances, du ministère des
Affaires municipales, contre l'avis de tout le monde. Nous avons tenu notre
bout, nous avons accordé $4,600,000 l'an dernier si ma
mémoire est fidèle $5 millions.
M. GRASER: Etait-ce pour payer vos expropriations?
M. LAFONTAINE: Je ne parle pas d'expropriations, M. le Président.
Voulez-vous dire au député du comté de Huntingdon qu'il
sort présentement du débat? Il est complètement hors
d'ordre. Il ne parle pas souvent, mais quand il parle, il parle de travers. La
seule chose que je peux dire au ministre, c'est que je déplore je
ne ferai pas de longue chicane...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Labelle a la
parole.
M. LAFONTAINE: ... tout simplement cette décision administrative.
Plus tard, un nouveau gouvernement de l'Union Nationale redressera les
subventions aux municipalités aux montants où elles
étaient, les augmentera peut-être. Je pense que c'est un poste
extrêmement important du ministère de la Voirie parce qu'il se
trouve à ce moment à subventionner certaines municipalités
qui n'ont pas le moyen de faire des travaux d'investissements, des travaux de
construction de rues, et que cela dessert beaucoup plus de population que le
budget ordinaire de construction d'un lieu éloigné. Je le
déplore tout simplement, sans autre commentaire. Deuxième chose,
je me demande de quel droit et en vertu de quelle loi le ministre de la Voirie
peut écrire une telle note à une municipalité. Je pense,
par exemple, à la ville de Chicoutimi à laquelle nous avions
accordé, je pense, de mémoire, $125,000 ou quelque chose du
genre, pour le chemin ou la Côte de la Réserve. Je sais que la
municipalité de Chicoutimi s'attend à recevoir ses $125,000.
Comment le ministre de la Voirie peut-il, si les travaux sont faits, dire: Nous
ne payons pas vos travaux lorsque c'est un engagement plein et entier du
ministère de la Voirie?
Pour les montants. Excusez, je n'ai pas continué parce que je
voyais que le ministre voulait parler. Alors, quand il parle, il n'a pas le
don...
M. PINARD: II ne faut pas que je parle?
M. LAFONTAINE: Non, non, vous pouvez parler, mais, à ce
moment-là, j'arrête de parler, si je veux que le ministre
comprenne ma question.
M. PINARD: II ne faut pas non plus que mes fonctionnaires me
parlent.
M. LAFONTAINE: Non, non, d'accord, mais j'ai cessé de parler.
Quand j'ai arrêté, c'était simplement pour que vous
m'écoutiez.
M. PINARD: C'est très intéressant.
M. LAFONTAINE: J'ai un blanc de mémoire, mais cela va me
revenir.
UNE VOIX: La route de la Réserve.
M. LAFONTAINE: La côte de la Réserve.
En plus de cela, parmi les montants qui ont été
engagés en 1969, pour certains travaux faits en plusieurs tranches,
disons $100,000 payables cette année, $50,000 l'année prochaine,
$25,000 en 1971, les travaux sont déjà commencés. Le
ministre est obligé de respecter ces engagements. Parce que pour tous
les engagements qui ont été pris de plus de $25,000, il
était toujours marqué dans la lettre d'engagement du ministre,
sujet à l'approbation du Conseil de la trésorerie; les montants
de subvention inférieurs à $25,000 passaient par le petit Conseil
de la trésorerie du ministère de la Voirie. A ce
moment-là, le ministre pouvait s'engager directement avec l'assentiment
du...
M. PINARD: Pour être juste envers le député de
Labelle et envers les maires des municipalités qui ont reçu des
lettres d'intention relativement au paiement de subventions possibles, nous
reprenons chacun des dossiers et nous faisons la réévaluation des
besoins de façon à ne pas discriminer les municipalités
qui se seraient engagées déjà dans des programmes de
travaux qui, effectivement, seraient commencés et qui, s'ils
étaient contremandés, causeraient un préjudice grave
à la municipalité, à la population. Je ne dis pas qu'il
n'y aurait pas de subventions payées à des municipalités
mais à même le montant qui m'est accordé cette
année, c'est-à-dire $2 millions par rapport à $5 millions.
Le député admettra que ce n'est pas possible de faire la
même distribution et pour les mêmes montants. Compte tenu des
besoins, les municipalités recevront ce qu'elles ont droit de
recevoir.
M. LAFONTAINE: Le ministre devrait savoir, avant de s'engager trop loin,
que les $5 millions qui étaient dans nos prévisions
budgétaires n'ont pas été distribués aux
municipalités. IL y en a peut-être $2 millions ou $2 millions et
demi de distribués à l'heure actuelle. Alors, cela veut dire que
si le ministre...
M. PINARD : Je peux donner le tableau des engagements et je vais prouver
au député de Labelle qu'il ne reste à peu près rien
pour le ministre actuel à distribuer. Il y a $2 millions
d'engagés à l'heure actuelle.
M. LAFONTAINE: C'est ce que j'ai dit. Sur les $5 millions, il y a $2
millions, $2 millions et demi d'engagés.
M. PINARD: A ce moment-là, s'il y a $2 millions d'engagés
sur le budget possible de $2 millions, comment voulez-vous que je fasse des
miracles pour en payer $5 millions quand il manque $3 millions?
M. LAFONTAINE: Je ne demande pas d'en payer $5 millions.
M. PINARD: II y a eu un peu d'enthousiasme pour une certaine
période de temps.
M. LAFONTAINE: Je déplore que le budget qui était de $5
millions ait été baissé à $2 millions. Par contre,
le ministre me dit qu'il va intervenir auprès des municipalités
pour réétudier les dossiers. Cela cause un problème au
ministre parce que légalement je ne suis pas avocat je ne
crois pas que le ministre puisse annuler un engagement du gouvernement.
Deuxièmement, aujourd'hui on nous demande de voter $2 millions, les
sommes engagées à l'heure actuelle sont d'environ $2
millions.
M. PINARD: Pas tout à fait $2 millions, un peu plus de
$1,800,000, à peu près $2 millions.
M. LAFONTAINE: Quand le ministre dit que l'enthousiasme a aidé,
l'enthousiasme n'a pas aidé. Parce que si l'enthousiasme avait
aidé, non seulement j'aurais engagé $5 millions...
M. PINARD: Le fait que vous ayez engagé 30 p.c. du budget qui est
actuellement devant nous.
M. LAFONTAINE: Oui, mais ce budget, on ne le connaissait pas dans le
temps des élections.
M. PINARD: Vous n'avez pas fait voter le budget général.
Comment pouviez-vous vous engager à donner des subventions sur une base
de $5 millions quand vous n'aviez pas fait voter le budget
général?
M. LAFONTAINE: Pas plus que l'ancien ministre n'avait fait voter son
budget en 1966 lorsque le gouvernement avait déclenché des
élections.
M. PINARD: II y avait 1/12 du budget qui avait été
voté avant le déclenchement des élections
générales en 1966.
M. LAFONTAINE: Comme cette année.
M. PINARD: Vous vous êtes financés par mandats
spéciaux.
M. LOUBIER: Cela est le mauvais terrain. M. PINARD: Peut-être,
mais disons...
M. LOUBIER: Exactement le même phénomène en
1970...
M. PINARD: Nous faisons une enquête auprès des
municipalités. Pour celles qui se sont engagées jusqu'à
maintenant dans un programme de travaux, travaux qui sont effectivement
commencés, il serait très difficile de retenir le paiement de
subventions promises.
M. LAFONTAINE: Je m'excuse. Je ne voudrais pas revenir là-dessus.
J'ai pris toutes les formes du rapport pour protéger le ministre de la
Voirie à l'heure actuelle, mais je tiens à lui dire que,
présentement dans certains comtés, les "patroneux"
libéraux, les candidats libéraux défaits prennent le
téléphone, appellent les municipalités et disent: Ton
député a changé, ce n'est plus l'Union Nationale qui est
au pouvoir. Ne dépensez pas un cent là-dessus parce que vous ne
serez pas payés. J'arrive de Québec. J'ai vu le ministre. Il est
venu à Québec mais il n'a pas probablement vu le ministre. Cela
prend à tout coup. C'est une belle stratégie à ce
moment-là, si on fait intervenir le candidat libéral
défait et que, d'un autre côté, le ministre écrit
à la municipalité. Les gens vont commencer à avoir peur et
ils ne dépenseront rien. Je me souviens qu'en 1966, Dieu sait si
l'ancien ministre de la Voirie en avait écrit des lettres d'engagement !
Celui qui parle a respecté tous les engagements que l'ancien ministre
avait pris. Je ne peux pas comprendre qu'en 1970 on évolue dans
le 20e siècle le ministre, à l'heure actuelle, sait que sa
somme de $2 millions qu'on va lui voter est supérieure à la somme
divisée par l'ancien gouvernement.
Le ministre de la Voirie va dire: Je vais écrire aux
municipalités, elles vont s'arranger; je suis dans une position
délicate, les municipalités vont comprendre. Je demande aux
municipalités de maintenir leur point de vue et je sais que le ministre
de la Voirie va être obligé de les payer.
M. PINARD: II ne faudrait pas que le député de Labelle
dépasse ses pouvoirs. Il n'est plus ministre de la Voirie, il n'a plus
la responsabilité de la distribution du budget. Je vais faire mon
possible avec le montant qui m'est accordé.
M. LAFONTAINE: D'accord. Si jamais des municipalités se font
couper des subventions, je recommanderai aux municipalités de poursuivre
le gouvernement libéral...
M. PINARD: J'aimerais avoir le droit de répondre, M. le
Président, parce que j'ai laissé parler le député
de Labelle librement et assez longuement. Il est faux de prétendre que
les candidats ont fait une intervention au niveau du ministre ou au niveau des
fonctionnaires pour empêcher que des subventions soient payées aux
municipalités. Sa décision émane du ministre de la Voirie
et des fonctionnaires qui l'entourent, compte tenu de la capacité
financière du ministère de payer des subventions. Ce n'est pas
possible d'avoir $5 millions de subvention cette année et je ne crois
pas à la philosophie de l'ancien ministre qui dit que les
municipalités ont des besoins très aigus et c'est pourquoi il a
augmenté sensiblement chaque année le montant des subventions
payables aux municipalités.
Avec le système de péréquation du revenu de la taxe
de vente, il arrive que les municipalités accusent les surplus
budgétaires et elles sont en mesure de prendre soin de leurs propres
besoins. Sauf, dans le cas d'espèce que je reconnais et c'est
l'inventaire que nous faisons en ce moment. Je connais des municipalités
qui, grâce au système de subventions de chemins d'hiver, accusent
des surplus budgétaires considérables et ne savent même pas
comment employer ces surplus budgétaires durant l'année
suivante.
M. LAFONTAINE: Je ne parle des subventions des chemins d'hiver.
M. PINARD: ... non, non, un instant, je vous donne un exemple. Je ne
vois pas pourquoi mon prédécesseur ferait une crise de
"scandalomanie" quand il s'écrie que le ministre actuel discrimine les
municipalités. C'était une façon de faire de la politique.
J'aurai la mienne. Je prends mes responsabilités. J'informe les maires
des municipalités qu'il est possible qu'ils n'aient pas la subvention
promise, pour le montant promis. Je ne dis pas que les municipalités
n'auront pas du tout de subventions. Mais nous réévaluons chacun
des dossiers, à la lumière des besoins et nous irons là
où les besoins sont les plus essentiels, où les besoins sont les
plus aigus. Et il ne s'agit pas de discrimination politique, il s'agit de
besoins réels de la population.
M. LAFONTAINE: La discrimination politique, lorsque je l'ai
apportée, M. le Président, c'était simplement pour
souligner au ministre que présentement certains candidats défaits
dans plusieurs comtés... cela m'a été
rapporté, c'est arrivé chez nous dans le comté de Labelle
interviennent au niveau des municipalités et disent: Ne faites
pas vos travaux parce que vous ne serez pas payées. Cela est de
l'histoire écrite, à l'heure actuelle...
M. PINARD: C'est une affirmation trop générale.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas une affirma- tion. A chaque fois que l'on
apporte des faits au ministre, il dit: C'est une affirmation. Le ministre peut
peut-être douter de la parole de celui qui parle, mais je lui dis que
c'est la vérité pure et simple. Je demande au ministre ce qu'il
va faire vis-à-vis d'une municipalité qui a fait ses travaux
à l'heure actuelle pour un montant de $10,000, par exemple, et envoie
son compte au gouvernement. De quelle façon le ministre de la Voirie
peut-il refuser de payer cette municipalité pour des travaux faits en
vertu d'une lettre d'engagement?
M. PINARD: Si les travaux ont été
régulièrement approuvés et autorisés par
l'autorité compétente, le ministre actuel va respecter l'entente
du ministère de la Voirie.
M. LAFONTAINE: C'est justement ce que je voulais faire dire au
ministre.
M. PINARD: Mais ce n'est pas le cas... UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Le député de
Bellechasse.
M. LOUBIER: Est-ce que je pourrais faire une suggestion au ministre de
la Voirie? Dans ma suggestion je pense surtout aux petites
municipalités, comme celles qui existent actuellement dans le
comté de Bellechasse, des municipalités de 1,500 ou de 1,800 de
population et qui avaient antérieurement un engagement du
ministère de la Voirie, donc du gouvernement, par extension, selon
lequel elles recevraient tel montant, et je donne hypothétiquement un
montant de $10,000. Or, si cette année, par exemple, le ministre de la
Voirie n'a pas assez de disponibilité budgétaire à cet
article pour leur accorder la tranche de $5,000, est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité, à ce moment-là, parce que je
répète que ce sont des municipalités dont la situation
financière est assez débile au lieu d'accorder une tranche
de $5,000 le ministre ne pourrait pas leur dire: A cause des restrictions
budgétaires, à cause d'un manque de disponibilité, au lieu
de vous donner la tranche de $5,000 en 1970, nous vous accorderons deux
tranches de $5,000, soit une en 1970 et l'autre en 1971? Alors, je
répète, parce que le ministre était distrait par un de ses
fonctionnaires...
M. PINARD: J'ai bien compris, cela peut être imputable pour deux
exercices différents.
M. LOUBIER: Au lieu d'un exercice, ceci aiderait les petites
municipalités dont la situation financière est chancelente
à s'en sortir, au moins.
M. PINARD: Cela me paraît possible. Le budget, cette année,
ne me permet pas de faire
davantage, mais il est possible que l'année prochaine mon budget
de subventions soit augmenté, compte tenu des besoins qui auront
été établis et qui auront été soumis
à une enquête assez serrée de la part des fonctionnaires du
ministère de la Voirie. Parce qu'il y a des municipalités qui
font des demandes pour le plaisir d'en faire, purement et simplement. Et si le
truc fonctionne bien elles obtiennent leur subvention. Mais bien souvent, la
subvention ne sert pas aux fins pour lesquelles elle a été
demandée. Nous n'avons pas les moyens de contrôler effectivement
les dépenses, sauf dans le cas où nous imposons aux
municipalités un appel d'offres. Et, un appel d'offres pour des travaux
bien spécifiques. Alors, c'est facile pour le divisionnaire d'aller
constater si la subvention est bien utilisée conformément
à la demande. Quant aux subventions de $5,000, je pense que c'est facile
de juger le problème.
M. LOUBIER: Je ne veux pas faire perdre le temps de la commission, je
veux tout simplement savoir si le ministre est disposé à
envisager, précisément, cette possibilité. Au lieu de
donner $5,000 en un seul paiement, de le répartir sur deux
années, deux exercices financiers, et d'informer, à cet
égard, la municipalité concernée. Et le ministre
comprendra pourquoi, surtout pour les petites municipalités. Je ne parle
pas de subventions nouvelles. Je parle d'engagements antérieurs. Et
quand le ministre parlait, tout à l'heure, de lettre d'intention, mon
collègue, le député de Labelle, a pris soin de corriger la
terminologie, en disant: lettre d'engagement. Parce que, comme modeste avocat,
je prétends qu'au moment où l'engagement a été
ratifié un peu partout et que les travaux vont commencer, il y a
véritablement une liaison contractuelle, qui devient un acte
parfaitement légal, et qui lie toutes les parties en cause.
M. PINARD: Oui. Je ne veux pas discriminer personne. Je vais faire mon
possible pour respecter les engagements qui ont été pris, s'il y
a eu engagements. Mais il n'y a pas eu engagements dans tous les cas. Et il n'y
a pas eu également commencement du programme des travaux dans tous les
cas, parce que les municipalités ont pris la précaution de venir
s'informer si, véritablement, elles pouvaient compter sur la subvention
promise. Alors, quand on a dit bien franchement que le budget ne nous
permettrait pas de verser toutes les subventions promises, les
municipalités nous ont fait part de leur intention de ne pas amorcer le
programme des travaux, de façon à ne pas être
pénalisées. Et elles ont dit: Ce sera peut-être possible
d'effectuer nos travaux un peu plus tard, si la situation se redresse et si le
poste budgétaire, au chapitre des subventions, permet au ministre de les
payer. J'ai expliqué franchement la situation. Je ne peux pas faire de
miracles avec $2 millions par rapport à $5 millions. C'est
compréhensible.
Vous me direz: Pourquoi une diminution de $3 millions? Parce qu'il a
fallu établir des contraintes budgétaires et on a pensé
que c'était plus facile d'établir la contrainte budgétaire
à l'article des subventions aux municipalités, plutôt
qu'ailleurs. Nous voulons donner un meilleur service d'entretien, un meilleur
service de construction, et nous avons pensé que c'était
là, au chapitre des subventions, qu'il fallait diminuer, cette
année, peut-être que l'an prochain, ce sera ailleurs.
M. LOUBIER: Comme gouvernement, c'était votre privilège
d'établir vos priorités.
M. PINARD: C'est mon privilège et ma responsabilité.
M. LOUBIER: Sauf, qu'à l'instar du député de
Labelle, je dis que c'est une question d'opinion.
M. PINARD: C'est ça. Je ne le chicane pas, non plus.
M. LOUBIER: Et je dis que ces subventions aux petites
municipalités étaient extrêmement bénéfiques
et bienvenues, surtout dans les comtés ruraux.
M. PINARD: Oui, je l'admets.
M. LOUBIER: L'on peut diverger d'opinion, mais je pense...
M. LE PRESIDENT: Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, pour corriger une affirmation du
ministre de la Voirie qui dit qu'au moment des subventions, à part
quelques-unes, il n'y a aucune vérification, je dis: C'est faux. Pour
chacune des subventions accordées à une municipalité, on
mentionne toujours, dans la lettre d'engagement du ministre, que ces travaux
seront payés après une résolution du conseil municipal et
après vérification des comptes par le ministère de la
Voirie. Alors le divisionnaire vérifie les comptes de dépenses.
Il y a donc continuellement une vérification des comptes à
chacune des subventions.
M. PINARD: Je suis d'accord. Ce n'était pas là le sens de
mon propos. Quand j'ai parlé de vérification pas toujours
possible, c'était au niveau de la vérification des besoins
réels, urgents, des municipalités d'effectuer tel programme de
travaux. Parce que je sais fort bien qu'une fois la subvention payée, le
divisionnaire a droit d'aller voir dans les dossiers de la
municipalité.
M. LAFONTAINE: Pas payée. Avant d'être payée.
M. PINARD: Avant d'être payée, à l'engage-
ment, le divisionnaire a le droit d'aller voir toutes les pièces
justificatives. Je le sais.
M. LAFONTAINE: D'ailleurs, il y a deux articles. Vous avez les articles
40 et 41. Un est fait directement par la Voirie, mais sous forme de subvention
payée par le poste budgétaire 5 et l'autre est fait par la
municipalité qui, par une résolution au conseil, envoie ses
comptes au ministère de la Voirie, vérifiés par le
divisionnaire. Cela passe à la comptabilité, puis elle est
payée.
Les travaux seront toujours effectivement faits à moins qu'il y
ait eu collusion entre la municipalité et le divisionnaire, ce qui
serait assez difficile à croire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, je voudrais savoir du
ministre de la Voirie quelle solution il envisage pour régler le
problème des municipalités qui doivent de l'argent au
ministère de la Voirie depuis dix ans, quinze ans, vingt ans, vingt-cinq
ans, trente ans?
M. PINARD: A cause des retenues?
M. LAVOIE (Wolfe): A cause des retenues.
M. PINARD: L'information qu'on me donne, c'est qu'il est possible que le
ministère en vienne à la décision de radier toutes les
créances des municipalités envers le ministère de la
Voirie.
M. LAVOIE (Wolfe): A partir de quelle date?
M. PINARD: Bien, peut-être pas toutes, parce qu'il y en a qui sont
réellement dues et qui devraient être payées au
ministère. Dans la plupart des cas, cependant, il y a possibilité
de radiation de ces créances des municipalités envers la Voirie,
mais cela prend quand même des barèmes
déterminés.
M. LAVOIE (Wolfe): Il devait y avoir une étude de faite à
ce sujet. Où en sont rendus les résultats?
M. PINARD: Nous avons rencontré les représentants du
ministère du Revenu qui sont tombés d'accord avec nous pour
radier certains vieux comptes qui peuvent dater de quinze ans, dix-sept ans,
dix-huit ans, vingt ans même. Mais ce sont surtout des comptes
spécifiques. Je me rappelle qu'il y en avait, je pense, dans le
comté de Wolfe. Pour le reste, le ministère du Revenu ne s'est
pas prononcé et puis c'est sujet à étude
ultérieure.
M. LAVOIE (Wolfe): Le cas spécifique que j'avais
présenté, dans le temps...
M. PINARD: Je pense qu'il est dans la liste des comptes à
radier.
M. LAVOIE (Wolfe): A radier.
M. PINARD: Est-ce que c'est un gros montant?
M. BUREAU: Non. M. PINARD: Non.
M. BUREAU: C'est $12,000 ou $14,000, quelque chose comme cela.
M. LAFONTAINE: La rencontre dont parle le ministre, est-ce que c'est une
rencontre qui a eu lieu dernièrement ou antérieure au 27
avril?
M. PINARD: Oui, oui, justement. M. LAFONTAINE: Antérieure? M.
PINARD: Antérieure.
M. LAFONTAINE: II n'y a pas eu d'autres rencontres depuis?
M. PINARD: II n'y a pas eu d'autres rencontres depuis. Il y a simplement
eu, disons, une affirmation de principe à savoir que nous devrions
radier certains comptes qui ont été mentionnés
spécifiquement et que les autres feraient l'objet d'une autre
discussion.
M. LAVOIE (Wolfe): Avez-vous quelque chose à ajouter, M. le
ministre?
M. PINARD: C'est-à-dire qu'il y a un système qui est mis
sur pied pour faire la vérification, pour faire l'inventaire de toutes
ces créances des municipalités envers le ministère de la
Voirie. Elles seront déterminées par ordre de catégories.
Mais, apparemment, en reprenant les dossiers, les officiers du ministère
s'aperçoivent que des créances avaient été bel et
bien établies comme payables par la municipalité au
ministère de la Voirie, mais n'avaient pas été suivies
d'assez près. Dans ce cas, les ententes n'ont pas reçu
d'application. Il y avait eu promesse formelle de la municipalité de
rembourser le ministère de la Voirie, mais, à un moment
donné, les officiers ont oublié d'en faire la perception. Si
c'est payable et que la municipalité est en mesure de payer, je ne vois
pas pourquoi le ministère se priverait d'une source de revenus
additionnels. Dans le cas des municipalités pauvres où
réellement il n'y a pas de budget suffisant, on décidera en
faveur de la radiation pure et simple.
M. LAVOIE (Wolfe): Le ministère de la Voirie paie les
subventions, le Trésor ou le
ministère des Finances se garde une proportion, un
pourcentage.
M. LAFONTAINE: Qui déséquilibre...
M. LAVOIE (Wolfe): ... qui doit être gardé.
M. LAFONTAINE: C'est ce qui déséquilibre le budget de la
municipalité.
M. PINARD: Je voudrais ajouter que cette perception d'argent des
municipalités fait partie d'un système que le ministère du
Revenu veut instaurer dans tous les ministères comme, par exemple,
à la Voirie, les revenus qui viennent de la commission des Transports,
des chemins de fer où il y a des comptes en souffrance qui n'ont pas
été produits. Il faudra tout reprendre, les quatre
municipalités de la Côte-de-Liesse, par exemple, dont une couple
n'ont pas encore acquitté ce qui devrait être normalement
payé quand s'est construite l'autoroute de Liesse. C'est à ce
moment qu'est arrivée la radiation des vieux comptes des
municipalités comme celles dont vous parlez dans le comté de
Wolfe et qu'on a décidé de radier certains vieux comptes dans des
cas bien spécifiques. Dans d'autres cas, la décision a
été suspendue.
M. LAVOIE (Wolfe): Très bien. M. le Président, je ne
voudrais pas être hors d'ordre, mais je ne sais pas où parler de
la loi concernant les cimetières d'automobiles et les annonces sur le
bord de la route. Je voudrais savoir où en est rendu le ministère
à ce sujet-là et ce qui doit se faire prochainement?
M. PINARD: Je n'ai pas d'objection à répondre à
cette question parce que cela me tient à coeur. Vous savez qu'on a fait
des travaux et qu'on avait même adopté une législation
à ce sujet. J'aimerais réserver ma réponse pour avoir le
temps de discuter du problème avec mes fonctionnaires qui ont
certainement un rapport à jour préparé pour
répondre avec précision au député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): Vous ne voyez pas quel article...
M. PINARD: Non, enfin, laissez votre question en suspens et nous la
reprendrons à n'importe quel autre poste budgétaire qui viendra
ultérieurement.
M. LAVOIE (Wolfe): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le poste budgétaire 5: Subventions,
est adopté?
M. LOUBIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 6: Dépenses diverses ou
imprévues, adopté?
M. LOUBIER: Une minute!
M. LE PRESIDENT: Nous allons trop rapidement? Poste budgétaire 6,
page 191, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 7: Construction et
réfection de routes et de ponts permanents.
Dépenses diverses
M. LAFONTAINE: Poste budgétaire 6. Je pourrais peut-être
demander une chose au ministre. Que prévoit-il comme dépenses
imprévues?
M. PINARD: Un instant, je vais vous le dire.
UNE VOIX: Ils sont forts, ils sont forts! On prévoit
l'imprévu.
M. PINARD : Je vais donner au député de Labelle la
ventilation du montant de $100,000.
M. LAFONTAINE: Vous ne pouvez pas me parler un peu de chauffage au lieu
de ventilation?
M. PINARD: Subvention à l'Association canadienne des bonnes
routes: $13,600. Alors, c'est la contribution payable par le ministère
de la Voirie à l'Association. Contribution payable à l'American
Right of Way Association, $250. Association des constructeurs de routes du
Québec, $1,500. Réception à l'occasion de l'ouverture
officielle de nouvelles routes, de visites d'étrangers, de journalistes
dans les chantiers de Voirie: $7,000. Coût du service aérien du
ministère des Transports: $6,000. Intérêt à la ville
de Trois-Rivières sur solde du prix d'achat des billets de la traverse
Trois-Rivières-Sainte-Angèle: $2,500. Autres dépenses
imprévues...
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. PINARD : Et contribution du ministère de la Voirie à la
Fédération routière internationale; publicité,
information, promotion, de façon à obtenir le plus grand nombre
de congressistes possible à cet événement de dimension
internationale: $49,150. Total: $100,000.
M. LOUBIER: A quel endroit sont les imprévus
là-dedans?
M. PINARD: Les imprévus...
M. LOUBIER: Trois-Rivières, c'était prévu. M.
LAFONTAINE: Adopté.
M. PINARD: S'il arrivait qu'il y ait 5,250 congressistes plutôt
que 4,800, alors le Québec offrira un cocktail à tous ses
visiteurs...
M. LOUBIER: Ne m'invitez pas!
M. PINARD: ... et s'il y en a qui viennent d'ailleurs, par exemple, des
pays Scandinaves, on me dit que ça peut coûter un peu plus cher,
l'ancien ministre comprend ça. Apparemment "l'aquavite" les a
habitués à boire dru.
M. LAFONTAINE: Je pense bien que le ministre a un tuyau
d'échappement. A ce moment-là il peut toujours piger dans le
budget du premier ministre.
M. LOUBIER: Sauf que si vous manquez de congressistes à ce
moment-là, vous pouvez inviter le député de
Bellechasse...
M. PINARD: J'ai bien confiance en l'ingénieur en chef, M. Arthur
Branchaud, pour contrôler la dépense parce que je sais qu'il fait
partie de la ligue des abstinents. Alors, il n'y aura pas de danger.
M. LOUBIER: Le miel va tourner au vinaigre.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre pense qu'il peut même
contrôler les Suédoises?
M. PINARD : Si le député de Labelle se sent des talents de
moralisateur je pourrais peut-être le faire inviter
spécialement.
M. LAFONTAINE: Non, non.
M. LOUBIER: Si vous voulez qu'on remplisse adéquatement notre
rôle d'opposition, on pourrait leur faire opposition à ces
Suédoises.
M. PINARD: Oui, mais il ne faudrait tout de même pas que le
congrès s'en ressente au plan de la participation.
M. LOUBIER: C'est elles-mêmes qui vont s'en ressentir.
M. PINARD: II faudrait que vous restiez sur les lieux.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Le poste 6.
M. LAFONTAINE: On peut faire biffer ça des crédits de la
Voirie.
UNE VOIX: Oui, on le peut.
M. LE PRESIDENT: Poste 6.
M. PINARD: On pourrait peut-être biffer ce petit intermède
humoristique.
UNE VOIX: Au journal des Débats?
M. LE PRESIDENT: A partir du moment où on a dit: Adopté.
Poste 6, adopté. Maintenant aux dépenses en immobilisation, poste
7: Construction et réfection de routes et de ponts permanents.
M. PINARD: Permettez que je change de cahier?
M. LOUBIER: Oui.
M. LAFONTAINE: Ils sont bien faits ces livres-là.
M. LE PRESIDENT: Article 1 : Construction et réfection de routes.
Le député de Bellechasse.
Construction et réfection de routes
M. LOUBIER: Pour éviter que le ministre, à chaque
député, ait à répondre à la question
suivante: Quelles immobilisations prévoyez-vous en l'occurrence pour le
comté de Bellechasse, pour le comté de Wolfe, pour le
comté de Labelle, est-ce que le ministre ne pourrait pas, dès le
départ, avec un grand coup de canon, nous lancer assez brutalement, je
l'appréhende, les débris du budget qui restent pour des
comtés comme ceux de Bellechasse, Montmagny, Lotbinière,
Portneuf, Beauce? J'espère être déçu dans cette
appréhension.
M. PINARD: Si vous espérez être déçu, vous
servez bien mal la population que vous représentez, M. le
député.
M. LOUBIER: Non, être déçu dans
l'appréhension que j'ai.
M. PINARD: Je vais essayer de vous rassurer. Les travaux à
terminer dans la catégorie des projets spéciaux, il y en a pour
$62,607, 243.
M. LOUBIER: D'engagés actuellement?
M. PINARD: Des travaux à terminer, dans la catégorie des
projets spéciaux. Dans ce qu'on appelle la voirie régionale,
également travaux à terminer, il y en a pour une somme de
$14,571,289. Dans les nouveaux projets engagés, dans la catégorie
des projets spéciaux, il y en aura pour $42,922,600; j'ai fait une
erreur, parce qu'il y a une erreur d'insc ption sur mon tableau
général. Alors les nouveaux projets routiers prévus dans
la catégorie des projets
spéciaux sont de l'ordre de $42,922,600, je m'excuse.
M. LOUBIER: Si le ministre me le permet, au départ il nous a dit
ceci: Dans les projets spéciaux $62 millions, à terminer.
M. PINARD: Travaux à terminer.
M. LOUBIER: Dans la voirie régionale, $14.5 millions. Dans les
nouveaux projets...
M. PINARD: Prévus.
M. LOUBIER: Prévus, $42 millions.
M. PINARD: Projets spéciaux. Cela comprend cependant les travaux
de la route transcanadienne à finir et également les travaux
routiers sur la route no 6 entre Matane et Les Boules; la construction d'une
voie latérale au boulevard Métropolitain, à
Montréal. L'exécution des travaux pour l'élimination de
passages à niveau, pour une somme de $5,415,000. La construction de
ponts pour une somme de $7,792,846. La construction de terrains de camping pour
$356,000. Ce sont des haltes routières et non pas des terrains de
camping proprement dits. Il y aura également des travaux sur la route
transcanadienne pour une somme de $8,956,000 et dans la zone spéciale du
port de Québec, pour la construction de chemins de desserte, il y aura
une somme de $7,250,000.
M. LOUBIER: Je remercie le ministre d'avoir répondu à ma
question d'une façon générale. Par tête de chapitre,
est-ce qu'il pourrait spécifier, par exemple, pour le comté de
Bellechasse? J'avais prévenu hier le ministre de cette question que je
lui poserais. Il comprend facilement que, lorsqu'on représente un
comté, on aime bien savoir ce qui se passe, surtout sur le plan de la
voirie. Je pense que ça donnerait satisfaction à chacun des
collègues. Je veux éviter cette question rituelle de chacun: Que
prévoyez-vous pour Bellechasse, pour Wolfe, pour tel comté, etc?
Est-ce que le ministre serait en mesure de nous donner les budgets
prévus pour les différents comtés, ou encore si le
ministre préfère, parce que je ne veux pas le prendre comme son
chef a été pris durant la campagne électorale et qu'il a
baissé et ceci dit sans aucune malice ...
M. PINARD: Non, on ne dit pas ça. Il les a gardés, on a
menacé de les baisser, mais il les a gardés, intacto.
M. LOUBIER: L'histoire nous dira plus tard ce qui est arrivé
exactement.
M. PINARD: A ce propos-là, on pourrait raconter une anecdote
très intéressante, qui est arrivée au ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, mais je me demande si...
M. LOUBIER: II m'en est arrivé plus qu'une, choisissez dans le
paquet.
M. PINARD: ... la morale serait sauve. Pas la morale, l'éthique
professionnelle.
M. LOUBIER: Comme ministre? M. PINARD: Comme individu.
M. LOUBIER: Ah bon! Il m'en est arrivé
énormément.
M. PINARD: Parce qu'à l'endroit où c'est arrivé, ce
n'était pas nécessairement en qualité de ministre. Vous
faisiez une inspection rurale dans des terrains à vocation
agricole...
UNE VOIX: Est-ce que la commission pourrait être informée
de ces choses?
M. LOUBIER: Je retire mon allusion au chef du Parti libéral.
Est-ce que le ministre pourrait nous donner pour chaque comté quels sont
les budgets qui sont déjà attribués?
M. PINARD: Je n'ai pas d'objection, mais cela serait très
long.
M. LOUBIER: Bien, le comté de Bellechasse. Cela ne sera pas
long.
M. PINARD: Je n'ai pas le tableau général ici, la liste
des montants qui seraient dépensés comté par comté,
sauf que je peux dire au député de Bellechasse qu'à
l'intérieur de cette somme de $15,206,658 il est peut-être
possible que je lui réserve des surprises agréables.
M. LOUBIER: Je ne veux pas être désagréable. Je
pense que c'est le seul moyen pour un député de l'Opposition
à ce stade-ci. Je crois que les travaux auraient dû débuter
antérieurement à la discussion des crédits que l'on fait
aujourd'hui. Je pense que c'est l'un des seuls moyens pour un
député de l'Opposition de savoir de façon précise
et d'exiger que le ministre nous donne les prévisions qu'il a pour tel
comté en particulier. A moins que le ministre préfère par
exemple nous envoyer, pas le 20 décembre, mais d'ici une semaine, ce qui
se fera dans chacun de nos comtés. Si le ministre est prêt
à prendre cet engagement-là, je n'ai pas d'objection à
retirer ma question pour obtenir d'ici une semaine, par exemple, les travaux
qui se font dans le comté. Et voici pourquoi. Le ministre a
été au pouvoir, il a connu également les froideurs de
l'Opposition. On vit presque dans un iglou. M. le Président, le ministre
pourrait à ce moment-là nous donner ces informations-là
parce que nous avons encore
la visite des différents maires du comté. Nous avons
encore les représentations des conseils municipaux. On a des groupes de
cultivateurs, qui viennent à titre de membres de l'UCC ou par rangs,
demander des informations. Or, c'est beau avoir l'air bête, mais pas trop
non plus. On aimerait au moins.
M. PINARD: Que vous ayez l'air représentatif.
M. LOUBIER: ... la liste des travaux et dire: C'est le budget
prévu par le ministère de la Voirie et voici les travaux que le
ministre a décidé de faire dans le comté de Bellechasse
cette année.
M. PINARD : Pour donner bonne contenance au député de
Bellechasse, je suis prêt à lui écrire. Il connaît
déjà le programme de travaux suggérés dans son
comté, qui avait été préparé par les
divisionnaires, j'imagine bien, à l'hiver.
M. LOUBIER: Le 15 décembre.
M. PINARD: ... à la période tranquille. Alors, je ne peux
pas m'engager, dans son cas comme dans tous les autres cas, à lui
promettre qu'il aura nécessairement cette année, exactement le
montant pour exécuter les travaux suggérés par le
divisionnaire dans le document intitulé: Travaux suggérés
pour le comté de Bellechasse ou pour le comté de Drummond.
M. LOUBIER: D'accord.
M. PINARD: Je vais faire mon possible. Je n'ai pas d'objection, un peu
plus tard, lorsque j'aurai fini la discussion du budget du ministère, de
réévaluer tous les besoins et de faire une juste et
équitable distribution des montants, compte tenu du budget qui m'est
accordé. J'admets qu'il n'est pas tellement élevé par
rapport aux travaux à terminer: $15,206,658 divisés par 80
comtés parce que je tiens pour acquis qu'il faut faire des
travaux dans 80 comtés vous voyez tout de suite que cela ne donne
pas un très gros montant par comté. Alors, je pense bien que
l'ancien ministre, le député de Bellechasse va être de bon
compte avec moi. Ils ont exercé le pouvoir pendant quatre ans. Il est
normal qu'ils aient pendant quatre ans pris soin des besoins de leurs
comtés. Je ne les chicane pas. Il faudrait peut-être donner plus
d'attention à des comtés qui ont été dans
l'Opposition pendant une période très longue, aux dires des
représentants, pour leur donner la chance de faire du rattrapage au plan
routier. Cela ne signifie pas que, dans certains comtés, même
représentés par l'Opposition, à la lumière des
besoins plus aigus que dans d'autres comtés, le ministre ne
décidera pas favorablement en faveur des requête transmises par
les députés de l'Opposition. Parce que c'est une question
d'établissement de besoins réels par ordre de priorité,
par ordre d'urgence. C'est la politique fondamentale que le ministre doit
suivre.
M. LOUBIER: Je suis d'accord avec le ministre sur les propos qu'il vient
de tenir sauf que j'y mettrais peut-être d'autres nuances, mais en tout
cas. Mais, de toute façon, ce que j'aimerais avoir le plus rapidement
possible d'ici une quinzaine de jours, c'est la liste des travaux qui se feront
dans Bellechasse. Je sais qu'au 15 décembre, il y a eu des projets de
suggérés dans le comté...
M. PINARD: Un programme de travaux suggérés.
M. LOUBIER: ... qui se chiffraient peut-être à $900,000 ou
à $1 million.
M. PINARD: C'était beaucoup dans Bellechasse.
M. LOUBIER: Je sais, par expérience assez récente, qu'il
est possible, qu'après le 29 avril, il y ait une réduction;
aussi, je voudrais savoir dans quelle proportion et je ne voudrais pas non plus
que les besoins du comté soient considérés d'une
façon telle qu'il n'y ait plus rien qui se fasse. D y a des travaux
d'amorcés un peu partout, et je pense qu'à ce moment-là,
sans me faire l'interprète de mes collègues, c'est un peu le
même phénomène dans tous les comtés, on aimerait
savoir ce qui va se passer; et encore là, ça éviterait
peut-être que quelques roitelets comme je le disais ce matin
brandissent le spectre de l'autorité suprême, disent: C'est
nous qui allons mener ça. Alors, j'aime mieux que ce soit laissé
à l'initiative du ministre de la Voirie, qui nous transmet une copie des
travaux qui seront effectués. On ne pourra pas plaider à ce
moment collusion de telle député ou du chef de l'Opposition avec
le ministre de la Voirie. La décision nous est venue, c'est le tableau
que nous avons mais pas à la fin du mois de décembre. Si le
ministre pouvait nous dire cela d'ici une quinzaine de jours, je suis
prêt à retirer ma question.
M. FRASER: Vous avez dû faire ça quand vous étiez au
pouvoir.
M. PINARD: Il faut que le député tienne compte qu'il y a
quand même peut-être $43 millions de travaux à terminer. En
somme, si je fais le total, c'est $77 millions de travaux qui sont
effectués dans les comtés, à travers la province, travaux
qui ont été commencés et qui seront terminés et
à cela s'ajoutera la somme de $15,206,000 de nouveaux travaux, qui
seront exécutés dans les comtés. Cela fait quand
même de bons budgets.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre veut expliquer que les travaux qui
sont amorcés sur une route dans un comté, quel qu'il soit, seront
terminés, que c'est inclus dans le $42 millions? Je vous donne l'exemple
suivant. S'il y a une route nationale où on a fait 2 milles de chemin
l'an passé et qu'il reste 2 milles de chemin à faire, pour
terminer cette route-là, est-ce que c'est inclus dans les $42
millions?
M. PINARD: Je vais répéter l'explication. Travaux à
terminer dans la catégorie des projets spéciaux, $62,607,233.
Vous ajoutezà ce montant-là les travaux de voirie
régionale commencés et à terminer cette année,
$14,571,289, ce qui donne grosso modo $77 millions de travaux à
terminer. Si vous faites la répartition dans à peu près 80
comtés, vous voyez tout de suite que ça fait passablement
d'argent à débourser dans les comtés. Vous ajouterez
à ce montant de $77 millions de travaux à terminer, $15 millions
de nouveaux travaux dans la catégorie des travaux de voirie
régionale. Et $42 millions de travaux qui sont dans la catégorie
de projets spéciaux. Il y en a qui sont déjà
commencés dans cette catégorie, il faut les terminer. Je ne peux
pas dire ce soir de quelle façon cela va se distribuer dans les 80 ou 85
comtés de la province. J'aimerais cependant rassurer tous les
députés et leur dire que je leur enverrai, un peu plus tard, le
tableau des travaux d'entretien, de construction, qui seront
exécutés dans leurs comtés, de façon qu'ils aient
une image assez précise de la situation et de la distribution du budget.
Je peux m'engager à ça, mais ce n'est pas moi qui vais
préparer ce tableau pour tous les députés, c'est
déjà passablement de travail, les fonctionnaires s'en chargeront
et nous l'enverrons à chacun des députés, je n'ai aucune
objection à cela. C'est le député qui a posé la
question.
M. LE PRESIDENT: Une dernière question avant la suspension des
travaux, le député de Lafontaine.
M. LEGER: C'est très court. C'est tout simplement pour savoir
quel est le coût de la construction du pont Frontenac et pourquoi il a
été bâti juste à côté de l'ancien pont
de Québec?
M. PINARD: Je vous répondrai ce soir, parce que ce sera à
un autre article.
M. LE PRESIDENT: Les travaux de la commission sont suspendus
jusqu'à 20 h 15 ce soir.
Reprise de la séance à 20 h 20
M. PICARD (président de la commission permanente de la Voirie): A
l'ordre, messieurs! Afin de nous permettre de continuer le débat qui a
été suspendu pour le dfner, j'aimerais demander au
député de Lafontaine de formuler de nouveau sa question en
rapport avec le pont Frontenac.
Le pont Frontenac
M. LEGER: M. le Président, je demandais au ministre quel
était le coût prévu pour le pont Frontenac et pourquoi
a-t-il été construit à proximité du pont de
Québec?
M. PINARD : Les estimations étaient d'un montant approximatif de
$47 millions. C'est la compagnie Janin qui a présenté la plus
basse soumission sur un des contrats, par rapport à la soumission
présentée par Dominion Bridge et il s'avère maintenant que
la formule la plus économique mais, peut-être la plus originale et
la plus moderne, pour l'exécution des travaux a été
présentée par Janin Construction avec une différence de $5
millions par rapport à celle de Dominion Bridge. Je dois dire cependant
que le pont va coûter effectivement plus cher que l'estimation qui avait
été faite au départ, et en particulier, pour le coût
des approches. Il y a différentes raisons qui peuvent expliquer
l'augmentation du coût: d'abord la grève de l'année
dernière dans les métiers de la construction, la grève des
fournisseurs de l'acier, qui a retardé considérablement la
passation des commandes, et surtout, l'envoi du matériel requis par les
entrepreneurs et il y a eu, aussi, certains incidents d'ordre technique. On a
dû reprendre les travaux d'excavation et aller plus en profondeur parce
que le roc s'effritait lorsqu'il était à découvert. On a
dû utiliser et couler beaucoup plus de béton que prévu dans
les massifs d'ancrage. Cela augmente sensiblement le coût de la
construction du pont et des approches. Je pense que le coût final devrait
être de l'ordre de $52 à $55 millions environ. L'entrepreneur avec
qui nous avons causé, la semaine dernière, pour que nous sachions
quel était son cheminement critique et quel était l'avancement
des travaux, nous a garanti que, s'il n'y avait pas de bombes ou de
grèves, dans les métiers de la construction, ou que s'il n'y
avait pas d'autres incidents techniques majeurs, le pont serait livré,
tel que promis, pour l'ouverture au mois de novembre 1970.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions?
M. LEGER: J'avais une deuxième question. Pourquoi avoir choisi un
emplacement à proximité du pont de Québec et non pas
à l'autre extrémité de la ville?
M. PINARD : Après des études très approfondies sur
le choix des sites possibles, il s'est avéré que le meilleur
choix, dans les circonstances, était celui du ministère de la
Voirie et des Travaux publics, conjointement, pour le site actuel. Deux raisons
principales motivent ce choix: Cela permettait de faire une liaison
fonctionnelle entre deux réseaux routiers existants, du
côté sud et du côté nord, réseaux bien
établis, et c'est facile de le constater, puisque le
développement se fait vers l'ouest et cela permet aussi des
communications plus faciles avec le réseau routier en
périphérie de la ville de Québec et également, du
côté sud, pour la jonction avec la grande artère de la
route transcanadienne. Et dans la question du coût, cela peut
représenter une différence de $50 millions au lieu de
coûter $100 millions et peut-être davantage. Il est possible que le
pont et les approches, une fois terminés, auront coûté
entre $52 millions et $55 millions. Je l'espère.
M. LEGER: Est-ce que cela veut dire que c'est la question
d'efficacité du transport qui a prévalu, et que les gens doivent
traverser toute la ville pour ressortir? L'aspect financier a donc
été le gros argument qui a fait décider de l'emplacement
du côté ouest? C'est l'argument financier qui a primé sur
l'inconvénient que les gens éprouvent à passer à
travers toute la ville pour sortir.
M. PINARD: C'était non seulement une affaire de coût, mais
aussi une question d'équilibre des équipements déjà
en place. Il fallait aussi, de toute évidence, protéger le vieux
Québec. Il a été envisagé de construire un pont,
centre à centre, entre Lévis et Québec, quelque part sur
les plaines d'Abraham. Il aurait fallu avoir une structure suspendue pour la
majeure partie du pont, mais, du côté de Québec, il aurait
fallu creuser un tunnel pour permettre à la circulation de ressortir
quelque part sur le boulevard Dorchester ou dans les environs.
Cela aurait nécessité des travaux très
coûteux, qui auraient pu déséquilibrer aussi tout
l'équipement déjà en place à l'intérieur du
vieux Québec; cela aurait également exigé des
expropriations très coûteuses à l'intérieur
même du vieux Québec.
M. LEGER: Est-ce que la circulation se fera désormais dans les
deux sens sur les deux ponts ou s'il y aura un sens sur un pont et un autre
sens sur l'autre? Ou les deux sens sur les deux ponts?
M. PINARD: Elle se fera dans les deux sens sur les deux ponts. Le
nouveau pont Frontenac sera un pont à six voies de circulation. Le pont
actuel est un pont à deux voies. On avait pensé à
l'époque de réserver le vieux pont de Québec à la
circulation lourde seulement, et de réserver le nouveau pont à la
circulation des automobiles. De nouvelles études devront être
faites au point de vue de l'origine et de la destination. C'est plutôt
maintenant un problème de circulation locale qui déterminera la
décision à prendre quant à l'utilisation du vieux pont par
rapport à l'utilisation du nouveau.
M. LEGER: Les $47 millions figurent-ils à l'intérieur des
$136 millions prévus dans le budget ou si une partie a
déjà été payée à Janin et qu'il reste
un solde?
M. PINARD: C'est cela, c'est la partie à dépenser cette
année.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
Autoroute de la rive nord
M. DROLET: M. le Président, je suis bien heureux d'entendre le
député de Lafontaine nous parler du pont, mais j'aimerais avoir
l'opinion du ministre de la Voirie. Même si nous avions encore deux
autres ponts, bout à bout ou l'un à côté de l'autre,
et d'autres routes sur la rive sud, je pense que le point le plus important est
présentement l'autoroute de la rive nord. Là-dessus, je me
demande quelle est l'idée de nos anciens gouvernants qui, depuis des
années et des années, nous parlent de l'autoroute de la rive
nord. Jamais cela ne se concrétise. L'ancien ministre de la Voirie a
demandé cet après-midi au ministre si lui-même ou le
gouvernement actuel respecterait les engagements de l'ancien gouvernement.
Lors de la dernière campagne électorale, le chef du
gouvernement, d'alors le député de Missisquoi, avait promis
formellement à Donna-cona que l'autoroute de la rive nord se rendrait au
moins, au printemps 1971, jusqu'à Donnaco-na. Je vois l'ancien ministre
faire un signe de tête dans l'affirmative. Je me demande, à ce
moment-là, pourquoi le nouveau ministre de la Voirie a gelé
l'autoroute à Saint-Augustin. Je pense réellement que l'autoroute
de la rive nord est une chose indispensable. Ce n'est pas un luxe, je pense
même que ce serait une nécessité, lorsqu'on
considère toute la circulation qui existe sur notre pauvre petite route
2, sur le chemin du Roi, rempli de sinuosités aussi croches que le signe
de piastre, rempli de trous, sans que jamais on entende dire...
M. LAFONTAINE: Croches comme la Banque du Canada!
M. DROLET: Non, non, croches comme le signe de piastre et rempli de
trous comme Trudeau. Je crois, pour revenir aux choses sérieuses, que
l'autoroute de la rive nord, promise au temps du gouvernement Duplessis,
promise au temps du gouvernement Lesage,
promise au temps du gouvernement Johnson-Bertrand...
UNE VOIX: ... le dernier.
M. DROLET: Le dernier ne nous l'a pas promise encore.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le député doit
admettre pour une fois que l'ancien ministre de la Voirie a posé des
gestes positifs.
M. DROLET: Je demandais au nouveau ministre de la Voirie...
M. LAFONTAINE: S'il doit continuer ma politique constructive...
M. DROLET: ... s'il est au courant de la promesse faite lors de la
campagne électorale à l'effet que l'autoroute de la rive nord se
rendrait au moins jusqu'à Donnacona cette année. Je demande au
ministre de la Voirie quelles sont ses intentions et comment il se fait qu'il a
gelé le projet à Saint-Augustin.
M. LAFONTAINE: Je pense que le député de Portneuf me
permettra de protéger le nouveau ministre de la Voirie. L'ancien
ministre de la Voirie n'a jamais promis de réaliser le projet cette
année.
M. DROLET: Ce n'est pas l'ancien ministre de la Voirie, c'est son chef,
le premier ministre du Québec, qui l'a promis lors de la campagne
électorale, au maire Gaston Gaudreau de Donnacona, et j'étais
présent.
M. LAFONTAINE: M. le Président, mon sous-ministre du temps qui
est aujourd'hui au Congrès des bonnes routes, M. Monette, est
allé donner une conférence à ma place, parce que
j'étais à l'Hôpital. Et à un moment donné,
nous avons accepté le principe. Ce qui importait pour les gens de
Portneuf, c'était de...
M. DROLET: C'est à dire que c'est pour toute la rive nord, non
seulement pour Portneuf.
M. LAFONTAINE: Je parle au député de Portneuf à
l'heure actuelle. Je pense bien que sa première préoccupation est
le comté de Portneuf. C'était de relier le comté de
Portneuf à sa capitale qui est Québec, et par le fait même,
pour le pont Frontenac, ce sera relié à l'autoroute, la
Transcanadienne.
UNE VOIX: C'est ça.
M. LAFONTAINE: Disons que la Transcanadienne, au lieu d'être
construite sur la rive sud aurait pu l'être sur la rive nord, mais le
gouvernement du temps, l'ancien gouvernement libéral, l'a
décidé, probablement à raison, je ne sais pas. Mais il
reste un fait: une des causes de la richesse du Québec vient de son
potentiel d'eau, le fleuve Saint-Laurent; mais, en même temps, ça
cause au ministère de la Voirie et au gouvernement en
général un tas de problèmes dont celui de bâtir deux
autoroutes.
Personnellement, je dois vous dire ceci: Si dans le temps j'avais
été ministre de la Voirie, la Transcanadienne je ne l'aurais pas
construite sur la rive sud, mais sur la rive nord.
M. DROLET: Merci.
M. LAFONTAINE: Elle a été construite sur la rive sud.
C'est un fait, je n'ai pas à critiquer le passé, il faut regarder
vers l'avenir. Il rest un fait: quand l'autoroute a été
construite sur la rive sud, le pont de Québec était en
construction. Il faut peut-être relier le comté de Portneuf
à la région métropolitaine de Québec et, en
même temps, lui donner avec le nouveau pont de Québec un
accès sur la rive sud.
M. DROLET: Je suis d'accord avec l'ancien ministre de la Voirie.
Nécessairement, la route a été construite sur la rive sud
et il n'y a pas d'erreur, c'est parfait, ça permet de très bien
voyager, mais je dis que présentement ça prend un
débouché sur la rive nord.
M. LAFONTAINE: Celui qui parle au député de Portneuf a dit
ceci à un moment donné: II faut relier le comté de
Portneuf à la Transcanadienne, parce qu'il est inpensable comme l'a dit
le ministre cet après-midi, de bâtir immédiatement,
à cause des possibilités financières du gouvernement du
Québec, une nouvelle autoroute sur la rive nord.
Disons que si nous relions le comté de Portneuf à la
région de Québec et à la rive sud avec le nouveau pont de
Québec, je pense bien que c'est un palliatif acceptable pour le moment.
Parce que le gouvernement de l'Union Nationale, autant que le gouvernement
libéral, ne se finance pas avec la Banque du Canada par des prêts
sans intérêt.
M. DROLET: Je vois ça, ça parait.
M. LAFONTAINE: II nous faut payer des intérêts et,
considérant ce problème crucial de base, disons que nous allons
au plus pressé. En donnant cette chose-là, nous avons
commencé la continuation du boulevard Charest. Les contrats de structure
sont accordés.
M. DROLET: Mais bloqués à Saint-Augustin.
M. LAFONTAINE: Nous allons rejoindre l'ancienne route 2, les contrats
sont donnés.
M. DROLET: Jusqu'à Saint-Augustin.
M. LAFONTAINE: Ds sont de l'ordre de $5 millions exécutables en
deux ans. Il reste la jonction entre la route 2 et Donnacona. Le tracé
était à l'étude, il n'était pas définitif;
au fur et à mesure que le tracé s'étudiait et que le
"corridor" était défini, nous déposions les plans. C'est
au nouveau ministre de la Voirie à dire maintenant où ils en sont
rendus.
Pour autant que je suis concerné, je souhaite bonne chance aux
gens de Portneuf et à son député, de telle sorte que cette
autoroute qui part de Portneuf jusqu'à la ville de Québec se
fasse le plus vite possible. Non seulement elle reliera la population de
Portneuf à sa capitale qui est Québec et aussi à la
Transcanadienne, mais en même temps, elle permet d'accomplir une partie
de l'autoroute de la rive-nord, non payante. Et si jamais le gouvernement donne
suite à nos promesses de contourner la ville de Trois-Rivières,
et qu'on s'exécute le plus tôt possible, ça veut dire que,
peut-être dans cinq ou six ans, l'autoroute de la rive nord sera faite
entre Québec et Montréal, en prenant en considération les
premières priorités, c'est-à-dire de relier chacun des
comtés à son pôle d'attraction, comme par exemple relier
Portneuf à son pôle qui est la ville de Québec.
M. LE PRESIDENT: Le député de Portneuf est-il satisfait
des réponses que vient de lui donner l'ancien ministre?
M. DROLET: Je suis satisfait des réponses de l'ancien ministre et
je le remercie infiniment de cet exposé, mais j'aimerais avoir
l'idée du ministre maintenant.
M. LAFONTAINE: Je pense bien qu'il concourt dans les mêmes
circonstances.
M. DROLET: Je l'espère, mais nous allons voir ce qu'il va
dire.
Il n'a pas écouté du tout. Il était en train de
s'instruire avec mes anciens fonctionnaires.
M. PINARD: D y a toujours quelque chose à apprendre.
M. LAFONTAINE: Je comprends, surtout pour un avocat.
M. PINARD: Je voudrais répondre au député de
Portneuf que l'autoroute de la rive nord reste quand même une
priorité aux yeux du ministre de la Voirie et de ses fonctionnaires.
Mais, comme je l'ai souligné cet après-midi, même si on
prévoit les besoins assez longtemps d'avance, même si on les
détermine avec le plus de justesse possible, il reste à savoir
aussi quelles seront les disponibilités budgétaires pour
réaliser les grands projets.
Cela ne signifie pas que le projet de la construction de l'autoroute de
la rive nord de Trois-Rivières vers Québec n'est pas un projet
qui reste dans les priorités importantes du ministère. Comme
preuve, cette année, il y aura quand même près de $2
millions qui seront dépensés pour amorcer des travaux à
partir du boulevard Charest en direction de Saint-Augustin. Il y aura
également l'aménagement de carrefours étages à
plusieurs endroits pour permettre l'écoulement plus rapide de la
circulation. Dans la mesure du possible, et selon les disponibilités
budgétaires du ministère, chaque année nous entendons
aller de plus en plus loin dans le comté de Portneuf avec une
possibilité de liaison jusqu'au Cap-de-la-Madeleine.
Est-ce que ce sera une route à péage? Je ne peux pas
répondre de façon affirmative ce soir. Des études ont
été faites par l'administration que j'ai dirigée à
l'époque. D'autres études ont été faites par un
bureau d'ingénieurs-conseils durant la période de 1966 à
1970. Il faudrait peut-être reprendre certaines données de ces
études pour leur imprimer un plus grand caractère
d'actualité, compte tenu du développement économique
à entrevoir dans le comté de Portneuf et dans les régions
avoisinantes. S'il est vrai que le projet de raffinerie d'huile du
Québec doit voir le jour à brève échéance
un investissement industriel de l'ordre de $40 millions à $50
millions, si ma mémoire est fidèle, puisque j'ai conservé
près de moi un volumineux dossier sur tout ce problème si
cette construction devait être un investissement qui se fera dans votre
territoire très bientôt, alors il y aura une forte incitation
auprès du ministère de la Voirie pour aller peut-être plus
vite afin de donner des facilités d'accès, pour fournir des
débouchés à cette raffinerie d'huile très moderne,
et lui permettre d'avoir la plus grande rentabilité possible par rapport
à l'investissement considérable qu'elle fera dans votre
territoire.
Ce sont tous des facteurs qu'il faut étudier dans un plan
d'ensemble et parfois il est mieux d'aller moins rapidement mais plus
sûrement, que d'aller trop vite avec des possibilités d'erreurs
qui sont difficilement rachetables sans qu'il en coûte beaucoup.
J'assure le député de Portneuf que ce projet reste
prioritaire à nos yeux et que nous revoyons tout le programme de la
planification. Nous avons demandé à l'ingénieur de
l'Office des autoroutes, M. Roger Trudeau, de faire valoir son point de vue
quant à l'urgence, quant à la méthode de construction et
aussi quant au caractère qui devrait être donné à
cette autoroute de la rive nord.
Et parallèlement, des ingénieurs du ministère de la
Voirie étudient de leur côté quelle est la meilleure
formule à choisir entre l'autoroute à péage et l'autoroute
qui serait libre de péage. Est-ce qu'il est préférable
pour le ministère de la Voirie, à même le budget
d'immobilisation qui lui est accordé chaque année, de continuer
les travaux plutôt que de les confier à l'Office des autoroutes
qui lui se finance, comme le
ministère de la Voirie, pour la majeure partie de ses
immobilisations par voie d'emprunts, c'est là qu'est tout le
débat? Une certaine école dit qu'il est préférable,
même si l'autoroute n'est pas; rentable à 100 p.c. de faire
exécuter les travaux par l'Office des autoroutes; l'autre école
dit que ce serait plus économique que le ministère exécute
lui-même les travaux.
Or, comme nous n'avons pas encore fait le point et que tout le
problème est à l'étude, il est peut-être trop
tôt, ce soir, pour me prononcer de façon définitive.
J'aurai probablement une déclaration à faire à ce sujet
dans un avenir rapproché, dès que les recommandations m'auront
été faites par les spécialistes en la matière, soit
du côté du ministère, soit du côté des bureaux
d'ingénieurs-conseils qui ont été consultés
à ce sujet.
M. DROLET: Je remercie M. le ministre. Pour terminer je lui demanderais:
La section qui se rend jusqu'à la route 2, au viaduc de Saint-Augustin,
quand prévoyez-vous qu'elle sera terminée?
M. PINARD: Le programme d'ensemble des projets routiers pour les
carrefours étagés va représenter un investissement de
$5,500,000, tout près de $6 millions. On me dit que la période
requise pour la réalisation de tous ces travaux peut se situer entre
deux et trois ans, si tout va pour le mieux.
M. LE PRESIDENT SUPPLEANT: Est-ce que cela répond à votre
question?
M. DROLET: Merci.
M. LE PRESIDENT SUPPLEANT: Le député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, j'aurais trois ou quatre
petites questions à poser au ministre de la Voirie. Je vais les poser
à peu près toutes en même temps, il répondra ensuite
s'il veut bien.
Route 34
M. LAVOIE (Wolfe): II existe dans notre région la route 34; elle
est d'une importance capitale pour notre région. Il reste environ quatre
à cinq milles à faire pour qu'elle débouche à la
frontière américaine, soit entre Stratford, dans mon
comté, et Stornoway, dans le comté de Frontenac. J'aimerais
savoir du ministre s'il entend rendre ce projet prioritaire, pour que les
travaux se terminent dans le plus bref délai possible. C'est de toute
urgence pour notre région.
Je voudrais aussi demander au ministre si la liste des travaux
suggérés par le divisionnaire de la voirie dans le courant de
l'hiver va être faite cette année. Je voudrais savoir aussi s'il y
a des ponts qui vont se faire dans mon comté au cours de cet exercice
financier. En dernier lieu, je voudrais avoir une déclaration du
ministre de la Voirie sur la Transquébécoise et savoir ce qu'il
entend faire de ce côté-là, s'il entend réaliser
quelques-uns des projets de la Transquébécoise dès cette
année.
M. PINARD: Au sujet de la route 34, les fonctionnaires qui m'entourent
me disent qu'il s'agit de travaux routiers d'ordre régional. Evidemment,
la circulation n'est pas tellement intense sur la route 34. Je dois
admettre...
M. LAVOIE (Wolfe): Elle n'est pas intense, parce que la route n'est pas
praticable.
M. PINARD: ... que la route laisse à désirer parce que
l'emprise n'est pas assez large; il y a des courbes dangereuses, à ce
qu'on me dit, et il y a aussi des dos de chameau, comme on dit dans le langage
populaire, qui occasionnent parfois des accidents graves. Ce sont
peut-être là les corrections qu'il faudra apporter à cette
route par ordre d'urgence. Combien cela peut-il coûter? Je laisse le soin
aux fonctionnaires de me le dire. Ce n'est pas moi qui établis le
coût de reconstruction de routes. Ce sont les ingénieurs qui,
après avoir fait une analyse sur les lieux, sont en mesure de le
déterminer. Sur quelle distance les travaux seraient-ils le plus
pressants?
M. LAVOIE (Wolfe): Il y a cinq milles en Stornoway et Stratford.
M. PINARD: Combien cela peut-il coûter?
M. LAVOIE (Wolfe): Un quart de million de dollars, $50,000 le mille.
M. PINARD: Est-ce qu'il y a du roc?
M. LAVOIE (Wolfe): Le pire est fait. Les côtes de Stratford sont
déjà faites. C'était le pire.
M. PINARD : II y a l'entre-deux. Je crois que c'est le genre...
M. LAVOIE (Wolfe): Ce bout là est fait.
M. PINARD: Mais à partir de là jusqu'à Stratford,
vous avez quatre milles qui sont assez difficiles.
M. LAVOIE (Wolfe): Cela coûterait environ $500,000.
M. PINARD: Environ $500,000 à $600,000. C'est évident que,
dans une seule année, je ne peux pas donner un budget qui
permettrait...
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que l'on peut prévoir la continuation
des travaux?
M. PINARD: ... au député d'avoir satisfaction. Mais je
pense...
UNE VOIX: C'est déjà commencé.
M. PINARD: ... qu'il s'agit de déterminer jusqu'à quel
point il nous sera possible, financièrement, de continuer les travaux
pour améliorer la situation dans le comté de Wolfe sur cette
route-là.
M. LAVOIE (Wolfe): Le tronçon entre la frontière
américaine et Trois-Rivières est le seul tronçon qui reste
à faire.
M. PINARD: Est-ce qu'il y a là une forte incidence
touristique?
M. LAVOIE (Wolfe): II y en aurait une. très forte, si on avait ce
bout de route.
M. PINARD: Je prends bonne note de la demande du député de
Wolfe. Nous verrons ce qu'il est physiquement et...
M. LAVOIE (Wolfe): Ce n'est pas dans mon comté, mon comté
est tout fait.
M. PINARD: ... financièrement possible de faire cett
année.
M. LAVOIE (Wolfe): Dans mon comté, c'est tout fait.
M. PINARD: C'est dans Frontenac?
M. LAFONTAINE: Frontenac et Wolfe?
M. PINARD: Non.
M. LAVOIE (Wolfe): Non, cela fait la liaison. C'est fait jusqu'à
Wolfe. Il y a seulement la partie de Frontenac qui n'est pas faite.
M. PINARD: Est-ce qu'il y a un représentant du comté de
Frontenac qui...
M. LATULIPPE: Non, je ne pense pas. J'ai envoyé au ministre une
demande de statistiques.
M. PINARD: Oui.
M. LATULIPPE: J'ai reçu une lettre-réponse d'ailleurs de
votre bureau cet après-midi.
M. PINARD: Je vais donc étudier le problème attentivement
et je verrai de quelle façon nous pourrons résoudre le
problème le plus rapidement possible.
M. LAFONTAINE: Voyant les bonnes dispositions du ministre...
M. LAVOIE (Wolfe): J'avais fait des suggestions au divisionnaire de la
Voirie, au mois de janvier. Si le ministre actuel prétend y donner suite
dans leur entier, je voudrais bien savoir combien il va se construire de ponts
dans mon comté cette année.
M. PINARD: M. le Président, est-ce qu'on admet au départ
que nous pouvons discuter du poste budgétaire relatif à la
construction des ponts ou si...
M. LE PRESIDENT: Non, non. Nous parlons strictement des routes. A ce
sujet-là, j'aimerais attirer l'attention des membres de la commission
sur la troisième question que posait tantôt le
député de Wolfe, à savoir quels étaient les travaux
prévus au présent budget dans son propre comté.
Je crois que le ministre, avant le dîner, a fait une
déclaration à l'effet que peut-être d'ici 15 jours, il
pourrait remettre à tous les députés la liste des travaux
susceptibles d'être entrepris dans chacun de leurs comtés. Je
pense que si nous nous référons aux règlements des
commissions, règlements qui disent que chaque député,
qu'il soit membre de la commission ou non, a le droit de poser des questions
lors d'une séance de la commission, je ne sais où nous en serons
dans l'étude des crédits si les 108 députés
viennent ici, à tour de rôle, poser la même question au
ministre, alors qu'il a dit, avant le dîner, qu'il fournirait ces
informations.
M. LAFONTAINE: Cela ne fait rien, c'est leur privilège de poser
des questions.
M. PINARD: Oui, je n'ai pas d'objection à leur
répondre.
M. LE PRESIDENT: Je demande seulement la collaboration des membres de la
commission.
M. LAVOIE (Wolfe): D'accord.
M. LAFONTAINE: M. le Président, disons que vous avez la
collaboration acquise de tous les députés là-dessus, mais
je pense bien qu'il est du privilège de tous les députés
de demander au ministre...
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. LAFONTAINE: ... ce qu'il entend faire avec l'argent qu'on va lui
voter.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est cela. M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. LAFONTAINE: D'ailleurs, je me souviens, quand j'occupais sa place,
que j'ai toujours répondu avec bonhomie.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, pour continuer dans le
même ordre d'idées, c'est surtout pour connaître les
intentions du ministre au sujet de la Transquébécoise.
La Route Transquébécoise
M. PINARD: Je pense que le concept de la Transquébécoise
est né sous le régime du gouvernement Lesage de 1960 à
1966, mais il a pris forme, de façon plus précise, à
partir de 1964. C'est un axe routier nord-sud qui va quand même nous
donner comme distance totale environ 592 milles.
M. LAVOIE (Wolfe): Je comprends, M. le Président.
M. PINARD: II est évident que, si vous partez de Chibougamau et
que vous venez vers la haute ou la basse Mauricie en direction du pont de
Trois-Rivières, si vous allez du côté sud en direction des
Cantons de l'Est jusqu'aux frontières américaines, vous avez
déjà une route qui est très longue. Cela ne peut pas se
construire en deux ou trois ans.
M. LAVOIE (Wolfe): Si vous me permettez, M. le Président...
M. PINARD: C'est un programme routier qui doit être établi
en fonction des priorités les plus urgentes au plan économique,
au plan social et au plan des équipements routiers. Il faut doter
certaines régions dont la vocation économique est plus
accentuée et qui ont besoin d'une bonne infrastructure routière
pour être capables d'attirer chez elles de nouvelles industries.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, quand je parle de la
Transquébécoise, je parle du projet le plus important et le plus
urgent, c'est-à-dire de Sherbrooke vers Windsor Mills, Bromptonville et
ces coins-là.
M. PINARD: Je n'ai jamais caché...
M. LAVOIE (Wolfe): C'est très dangereux...
M. PINARD: ... que c'était peut-être la section la plus
prioritaire à cause du mauvais état de la route actuelle, qui est
très accidentée et dont la géométrie est
très mauvaise; les courbes sont aiguës, accentuées et il y a
des montées extrêment dangereuses. C'est une route difficile
d'entretien pendant l'hiver, elle est bloquée assez souvent à
cause de la forte tombée de la neige et aussi à cause des vents
violents fréquents dans cette région.
M. LAVOIE: (Wolfe): La circulation est très dense.
M. PINARD: La circulation est très dense également, parce
que si en fin de semaine, vous partez de Drummondville vers Sherbrooke ou vice
versa, vous êtes à la queue-leu-leu et cela vous prend presque une
heure trente pour franchir un trajet qui est de 40 milles tout au plus. Cela
devient exaspérant, surtout lorsqu'on est habitué à faire
de la vitesse sur la route Transcanadienne et que finalement on tombe sur une
route dont la capacité de circulation est très
réduite.
Je pense que c'est la section peut-être la plus prioritaire. Je
n'ai jamais déclaré que le ministère n'avait pas
l'intention de donner suite au projet, comme la Tribune a semblé le
laisser croire dans un editorial que j'ai lu la semaine dernière. Encore
une fois, il s'agit de savoir si le ministère de la Voirie a un budget
suffisamment élevé pour nous permettre de commencer les travaux
de génie-conseil dès cette année.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, lors de
l'élection,...
M. PINARD: Ce qui pourrait nous permettre de réaliser des travaux
routiers dès l'année prochaine.
M. LAVOIE (Wolfe): Lors de la campagne électorale, le premier
ministre actuel, M. Bourassa, n'a-t-il pas promis de faire ce tronçon de
route dès cette année?
M.PINARD: C'est-à-dire que le premier ministre, M. Bourassa, a
bel et bien dit qu'à ses yeux, c'était un projet prioritaire, un
projet à vocation économique, un service qui devait être
rendu à la population des Cantons de l'Est et que c'était la
section peut-être la plus prioritaire entre Sherbrooke, Windsor Mills et
Danville. Une bretelle devrait aussi être construite entre Danville et
Richmond.
M. LAVOIE (Wolfe): Asbestos.
M.PINARD: Entre Windsor Mills et Richmond. Alors, cette
bretelle-là est moins importante que l'autre section des travaux dont on
a parlé tantôt.
Les ingénieurs-conseils à qui des travaux avaient
été confiés, des travaux pour la réalisation
éventuelle de ce tronçon de la route
transquébécoise, ont reçu de ma part un
télégramme et je ne sais pas si les lettres explicatives
sont parties leur demandant de suspendre les travaux tant et aussi
longtemps que les fonctionnaires du ministère de la Voirie n'auront pas
évalué, de façon plus approfondie, l'urgence et la
priorité de construire cette section de la route
transquébécoise, aux endroits mentionnés tantôt,
compte tenu des disponibilités budgétaires de cette
année.
M. LAVOIE (Wolfe): Le Conseil économi-
que et régional a dû intervenir aussi à cet
effet-là, à maintes et maintes reprises.
M. PINARD : Oui, des organismes de pression comme les chambres de
commerce, les conseils de développement régional, de
développement économique, les maires des municipalités,
ont envoyé une foule de résolutions, ont même
préparé des mémoires très intéressants, qui
montrent jusqu'à quel point le problème est aigu et prioritaire
mais, il reste, quand même, qu'il faut exécuter en fonction de la
capacité de payer.
M. LAVOIE (Wolfe): Je vais laisser parler M. Lafontaine sur le
même sujet.
M. PINARD: Le coût de la construction de cette section entre
Sherbrooke et Danville, entre Windsor Mills et Richmond est de l'ordre de $35
millions à $40 millions. Il est évident qu'à la
lumière du budget qu'il me sera voté cette année, il me
paraît impossible de franchir des étapes aussi importantes...
M. LAFONTAINE: Le ministre de la Voirie peut-il dire à la
commission si le premier ministre, lorsqu'il a fait l'annonce officielle, qu'il
était en faveur de la construction de l'autoroute Sherbrooke-Danville
pour cette année était au courant des coûts?
M. PINARD: Le premier ministre Bourassa, au moment de sa campagne
électorale, n'a pas promis que l'autoroute de la
Transquébécoise...
M. LAFONTAINE: Les journaux ont dû mal renseigner la population!
Votre premier ministre est en arrière de vous. Il est certain que le
ministre de la Voirie ne contredira pas son premier ministre.
M. PINARD: II a déclaré que, compte tenu des
disponibilités financières de la province, il
considérerait que c'était un projet prioritaire.
M. LAFONTAINE: Tout est prioritaire. Ce n'est pas la question de
l'ancien ministre, c'est la question des gens des Cantons de l'Est...
M. BOURASSA: Oui.
M. LAFONTAINE: Quant à la priorité de la construction de
la Transquébécoise, je viens d'entendre le ministre de la Voirie
dire que c'était prioritaire...
M. BOURASSA: C'est évident.
M. LAFONTAINE: ... mais, par contre, nous ne sommes pas prêts
à le faire, malgré que le premier ministre ait dit que
c'était prioritaire. Il s'agit de faire une étude plus
approfondie. J'ai envoyé des télégrammes pour suspendre
ces travaux. Par contre, nous espérons les faire mais, je pense que nous
ne les ferons pas, c'est un peu ce qu'il vient de nous dire.
M. PINARD: Je n'ai pas dit cela mais en tout cas.
M. LAFONTAINE: Je n'aimerais pas qu'il renie ce que le premier ministre
a dit dans sa compagne électorale parce que j'ai bien lu les propos du
premier ministre dans la région de Sherbrooke. C'était bien dit,
je l'approuve. Pour une fois il était dans l'ordre. C'est
prioritaire.
M. PINARD: C'est beaucoup moins...
M.BOURASSA: M. le Président, nous aurions pu, si nous avions eu
confiance dans l'habilité de l'ancienne équipe, promettre que
cela se ferait à telle date, à tel moment ou à tel mois
mais nous ne savions pas quelle situation financière nous trouverions
quand nous prendrions le pouvoir.
M. LAFONTAINE: On voit que le premier ministre n'était pas
là en 1966.
M. BOURASSA: Nous avons trouvé un trou de $250 millions, un quart
de milliard nous avons trouvé un milliard de promesses dans toutes les
directions, à tous les niveaux!
M. LAFONTAINE: Est-ce que vous avez trouvé dans vos dossiers,
100,000 emplois? C'est dur à combler!
M. PINARD: ... vous avez posé une question, laissez-le
répondre.
M. BOURASSA: Mais nous demeurons convaincus que, dans toute la mesure du
possible, il faudra réaliser la route transquébécoise
mais, pas d'une façon aveugle, pas des bouts de chemin comme on faisait,
depuis quatre ans, qui coûtaient des sommes considérables.
M. LAFONTAINE: Avant 1966!
M. BOURASSA: Nous voulons faire cela d'une façon
planifiée, logique, pour utiliser d'une façon maximale les fonds
publics et pour ne pas être obligés d'augmenter les taxes.
M. LAFONTAINE: Le premier ministre...
M. BOURASSA: C'est tout ce que nous avons dit dans le programme, si
l'ancien ministre veut me laisser terminer.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: Nous pouvons aller chercher le programme. Il y a deux
choses en priorité, par rapport aux autres: la route Trans-
québécoise et la route de ceinture de la Gaspésie.
Qu'il relise le programme du parti libéral, il ne trouvera pas autre
chose, nous allons le faire parce que nous considérons cela comme
essentiel.
M. LAFONTAINE: Je vous ai regardé à la
télévision, avec votre petit sourire en coin.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BOURASSA: J'ai vu l'ancien ministre à la
télévision et j'avais envie de pleurer, moi aussi. Les
électeurs étaient d'accord avec moi parce que vous savez ce qui
vous est arrivé.
M. LAFONTAINE: Pas les électeurs chez nous. Vous avez perdu votre
dépôt chez nous.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs! La parole est au
député de Beauce.
M. LAFONTAINE: Le député de Labelle a demandé la
parole.
J'avais demandé la parole et je ne l'ai pas eue. Le premier
ministre est arrivé et a changé tout le cours des choses. J'en
conclus que le ministre de la Voirie fait certaines affirmations.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Labelle
à la condition qu'il s'en tienne à la question de la
Transquébécoise.
M. LAFONTAINE: La Transquébécoise: les sections
Roberval-Chibougamau, Sherbrooke-Richmond et Trois-Rivières-Shawinigan.
La route transquébécoise, ce n'est pas moi qui ai inventé
le terme, c'est le ministre actuel, en 1964 ou en 1965 alors qu'il disait que
cette route était prioritaire. Cela fait au moins six ou sept ans. Le
ministre a donné alors une conférence de presse à
Trois-Rivières où il est allé berner les gens disant que
les dépôts de plans se faisaient. Il n'y avait aucun
dépôt de plans de fait à ce moment-là.
M. PINARD: Les dépôts de plans concernaient la section
entre Shawinigan et Trois-Rivières.
M. LAFONTAINE: Les dépôts de plans ont été
faits entre 1966 et 1970, n'en déplaise au ministre de la Voirie et
à son premier ministre.
M. PINARD: II n'y a pas eu un dépôt de plans pour toute la
longueur de la route transquébécoise.
M. LAFONTAINE: Non, pas pour certaines sections. Et après avoir
été bien étudiés par les officiers du
ministère de la Voirie. Quand j'entends le ministre de la Voirie dire:
Nous avons demandé une étude plus approfondie, celui qui vous
parle a posé des gestes adminis- tratifs sur la recommandation des
mêmes fonctionnaires qui, aujourd'hui, le conseillent. Or, je n'accepte
pas le dire du ministre de la Voirie actuel: Nous allons aviser après
avoir demandé aux fonctionnaires de faire une étude plus
approfondie.
M. PINARD: Si on me permet de répondre, il faut quand même
poser des gestes responsables et mûrement réfléchis. Quand
je suis arrivé au ministère de la Voirie, je me suis
aperçu qu 'indépendamment...
M. BOURASSA: C'est vrai.
M. LAFONTAINE: C'est l'écho que nous venons d'entendre. Un
écho de 100,000 emplois, ou bien...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: ...des promesses électorales faites par le premier
ministre de l'époque, M. Bertrand, et par le ministre de la Voirie, le
député du comté de Labelle, bien qu'il n'y eût pas
de budget de voter et qu'il n'y eût pas de disponibilité
budgétaire pour permettre à quelque gouvernement que ce
soit...
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre s'imagine que la planification se
fait avec...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais au député de
Labelle de donner une chance au ministre de répondre.
M. PINARD: C'est bien beau de se dépêcher pendant la
période électorale, surtout dans les deux dernières
semaines, d'accorder des travaux d'ingénieurs-conseils à trois ou
quatre bureaux de la région des Cantons de l'Est pour un coût
estimé à peu près à $5 millions. L'ancien ministre
devrait savoir que l'on multiplie habituellement par 10 le coût des
travaux des ingénieurs-conseils et cela donne une idée de
l'ampleur des travaux à réaliser au plan routier. Où
l'ancien ministre, s'il avait été réélu avec son
gouvernement, aurait-il pris les $50 millions dont il aurait eu besoin pour
réaliser de façon prioritaire la première section de la
route transquébécoise entre Sherbrooke, Windsor Mills, Danville
et Richmond? Il n'avait pas d'argent dans son budget. Comment pouvait-il
promettre à la population des Cantons de l'Est de faire des travaux par
ordre de priorité et d'urgence, alors qu'il savait fort bien que le
budget général n'avait pas été voté et qu'il
n'avait pas les sommes suffisantes dans son propre budget du ministère
de la Voirie pour seulement amorcer les travaux? Et même pour payer dans
une seule année les travaux d'ingénieurs-conseils au bureau
à qui il s'est dépêché d'accorder des contrats
pendant la période électorale...
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. PINARD: Pour engraisser purement et simplement la caisse
électorale! Et cela est facile à prouver.
M. LAFONTAINE: Je regrette. Ce sont des accusations lancées en
l'air, à la méthode libérale. Et si le ministre veut
discuter cette chose, je vais apporter d'autres compléments de
renseignements qui ne feront pas plaisir au ministre de la Voirie, ni au
premier ministre. Alors, il est bien mieux d'arrêter ses accusations
voilées dans ce sens. Je vais dire ceci au ministre : La planification
routière ne se fait pas trois ans après que la route est
bâtie. Elle se fait avant que les routes se bâtissent. C'est cela
de la planification. Et quand le ministre dit que pour la section
Sherbrooke-Danville, on ne faisait rien... Vous avez le même
sous-ministre que j'avais, à côté de vous, et vous lui
demanderez si, à un moment donné, on a envoyé un
télégramme. J'ai corrigé un peu les termes du
télégramme. On commençait d'une façon symbolique
à l'automne. Et le mot symbolique n'est pas de moi, mais de M.
Bureau.
M. BOURASSA: L'aveu est lâché.
M. LAFONTAINE: C'est l'ancien sous-ministre, M. Monette, qui a
déclaré devant la délégation qui venait de
Sherbrooke que l'autoroute des Cantons de l'Est, de Sherbrooke à
Danville, commencerait d'une façon symbolique à l'automne. Est-ce
que le premier ministre peut dire plus haut ce qu'il vient de dire? Je l'ai
compris mais...
M. PINARD: Non, cela regarde le ministre de la Voirie, ce que le premier
ministre m'a dit, cela ne regarde pas le député de Labelle. Ce
n'est absolument pas disgracieux...
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas gentil. En tout cas, on continue.
M. PINARD: ... pour le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: Cela n'est pas d'intérêt public.
M. PINARD: Non, cela ne le concerne pas du tout.
M. LAFONTAINE: Quand la délégation des Cantons de l'Est
est venue avec les gens de Sherbrooke en tête...
M. PINARD: J'ai tout lu cela.
M. LAFONTAINE: Vous avez lu cela dans les journaux?
M. PINARD: Oui.
M. LAFONTAINE: Qu'est-ce que l'ancien gouvernement a dit?
M. PINARD : Je crois même que les gens, au Parlement de
Québec...
M. LAFONTAINE: Qu'on faisait la route tout de suite? Nous avons dit non,
nous la commençons. Mais avant de bâtir une route, il faut au
moins faire les plans.
M. PINARD: On sait cela.
M. LAFONTAINE: Si on doit commencer la route, je me demande pourquoi le
ministre a suspendu les contrats de génie-conseil. Est-ce qu'il faut
nécessairement que ces gens-là passent par la nouvelle caisse
électorale libérale?
M. PINARD: Absolument pas. M. LAFONTAINE: Est-ce cela? M. LE PRESIDENT:
A l'ordre!
M. LAFONTAINE : Après les accusations que le ministre a
lancées tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. PINARD: Absolument pas.
M. LAFONTAINE: Je vais peut-être en sortir et en défiler
une liste si cela intéresse le ministre. On pourrait peut-être
appeler M. Durocher ou Desrochers et l'asseoir ici. Il pourrait parler et bien
vite.
M. PINARD: II n'est pas question de caisse électorale.
M. LAFONTAINE: Le nouveau conseiller technique auprès du
gouvernement et des ministres.
M. PINARD : Il n'est pas question de dire au député de
Labelle ou aux membres de la commission ou à la population en
général qu'il n'est plus question de bâtir la section
prioritaire de la Transquébécoise entre Sherbrooke, Richmond et
Danville. Il s'agit de savoir si nous avons la capacité de payer...
M. LAFONTAINE: Le ministre retire-t-il ses accusations
antérieures?
M. PINARD: ... les promesses et les engagements qui ont
été faits envers les bureaux de génie-conseil.
M. LAFONTAINE: Oui.
M. PINARD: II y en a qui n'ont pas pris cela tellement au
sérieux. Ils n'ont pas commencé
leur travail parce qu'ils n'étaient pas sûrs que le
ministère aurait...
M. LAFONTAINE : Ce n'est pas cela, c'est parce que le ministre leur a
envoyé un télégramme disant: Suspendez tout!
M. PINARD: ... refusé de les payer.
M. LAFONTAINE: Pourquoi? Le ministre est-il contre la planification? Le
ministre connaît-il l'ABC de la planification? Le ministre est-il
prêt à retourner dans la région de Sherbrooke pour y faire
une déclaration disant que ce n'est plus prioritaire? Quelle est la
section de la Transquébécoise qui est prioritaire? Est-ce que la
section Sherbrooke-Danville? Est-ce la section entre Trois-Rivières et
Shawinigan? Est-ce la section entre Roberval et Chibougamau? Qu'est-ce que le
ministre a l'intention de faire là-dessus, sans tomber dans la
mesquinerie politicaillarde, comme je viens de le dire, relativement aux firmes
d'ingénieurs-conseils? N'est-il pas temps pour un avocat, qui est
ministre de la Voirie, de commencer à respecter les firmes
d'ingénieurs-conseils dans le Québec? Je pense bien que la caisse
électorale ne se situe pas simplement au niveau des
ingénieurs-conseils parce qu'à ce moment-là le ministre de
la Voirie viendrait de blâmer son nouveau sous-ministre
associé.
Nous nous comprenons, et bien vite, là-dessus. De la
cochonnerie,, je n'en accepte pas. Le ministre a-t-il compris?
M. PINARD: Oui, oui, j'ai compris et je vais vous répondre
à part cela.
M. LAFONTAINE: D'accord. Je vais demander à M. Desrochers de
venir s'asseoir ici, à la commission, et nous allons le questionner.
M. PINARD: M. Desrochers n'a absolument aucune responsabilité
à prendre dans cela...
M. LAFONTAINE: J'en sais peut-être plus que le ministre ne le
pense. Qu'est-ce qu'il fait auprès du conseil des ministres...
M. PINARD: Je suis au courant...
M. LAFONTAINE : ... comme conseiller technique spécial
employé par la Fédération libérale de
Québec?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LAFONTAINE: ... et les accusations de concussion envoyées par
le ministre de la Voirie, cela va cesser, une fois pour toutes?
M. PINARD: Ah! Seigneur! Vous êtes loin de m'impressionner ou de
me faire peur!
M. LAFONTAINE: Ah! je ne suis pas loin! Je sais...
M. PINARD: Je vous ai bien connu!
M. LAFONTAINE: ... toutes les transactions et toutes les tractations qui
se font par en arrière bien plus que le ministre ne le pense!
M. PINARD : Je vais répondre au député de
Labelle...
M. LAFONTAINE: D'accord, on va laisser cela de côté et je
vais demander au ministre de la Voirie de répondre comme un ministre et
non comme un politicailleur. Il y a une différence entre les deux.
Je vais dire tout de suite au ministre qu'il en coûte à peu
près 5 p.c. à 7 p.c. ou 8 p.c. avec les services d'un bureau
d'ingénieurs-conseils et, quand on engage des ingénieurs, comme
le fait la ville de Montréal, cela coûte entre 25 p.c. et 30 p.c.
d'honoraires professionnels et, c'est un ingénieur qui le dit!
M. PINARD: Est-ce que l'ancien ministre peut me répondre, en
toute franchise, que s'il avait été réélu, avec son
gouvernement, il avait, à son budget, les sommes disponibles pour payer
non seulement les frais de génie-conseil mais, également, les
frais d'expropriation dans l'année 1970, pour lui permettre de commencer
à exécuter les travaux routiers sur la section prioritaire entre
Sherbrooke, Windsor Mills, Danville et Richmond? Le ministre peut-il
m'affirmer, sur son honneur, qu'il avait les disponibilités
financières pour réaliser cela? Je le laisse parler
maintenant.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre a confiance au personnel qui
l'entoure?
M. PINARD : J'ai ici le sous-ministre adjoint...
M. LAFONTAINE: Vous demanderez au sous-ministre adjoint et vous
demanderez au sous-ministre en titre...
M. PINARD: II m'a déclaré qu'il n'avait pas de
disponibilités budgétaires pour...
M. LAFONTAINE : Pour payer les travaux de génie-conseil?
M. PINARD: Non.
M. LAFONTAINE: Bien, je regrette.
M. PINARD: Vous avez comme projet nouveau de voirie $9.5 millions et
vous aviez comme engagement, au premier budget que j'ai vu et que j'ai
étudié, $14.5 millions seulement en honoraires de
génie-conseil.
M. LAFONTAINE: Je regrette...
M. PINARD : Pensez-vous que c'est un équilibre entre les projets
routiers à réaliser...
M. LAFONTAINE : Dans combien d'années...
M. PINARD: ... et ce qui a été dépensé en
frais de génie?
M. LAFONTAINE: Dans combien d'années, $14.5 millions? Dans un an?
Non, M. le Président.
M. PINARD: Combien cela va-t-il coûter seulement pour la section
prioritaire de la Transquébécoise entre Sherbrooke, Windsor
Mills, Richmond, Danville?
M. LAFONTAINE: Demandez cela à vos fonctionnaires.
M. PINARD: Bon. Alors, $3.5 millions ont été
dépensés...
M. LAFONTAINE: J'avais les mêmes fonctionnaires. Les mêmes
fonctionnaires ont dit qu'ils avaient le budget pour payer les frais de
génie-conseil et commencer la construction d'une façon symbolique
cette année.
M. PINARD: Qu'est-ce que ça signifie, d'une façon
symbolique?
M. LAFONTAINE: Quand on commence au mois d'octobre ou au mois de
novembre, on ne peut tout de même pas faire de miracles, c'est ce qu'on
appelle commencer d'une façon symbolique. Les travaux sont
commencés; ils auraient été poursuivis l'année
prochaine par exemple, mais on les aurait commencés assurément
cette année.
M. PINARD: Qui vous dit que les travaux ne seront pas
réalisés? Je n'ai jamais affirmé que les budgets
étaient rejetés.
M. LAFONTAINE: Le ministre vient de suspendre les travaux de
génie-conseil.
M. PINARD: Oui, pour réévaluation, compte tenu des
priorités.
M. LAFONTAINE: Si le ministre prend trois mois pour
réétudier le problème, si le ministre attend que tous ces
gens aient passé entre les mains de Paul Desrochers, c'est bien clair
que les travaux ne commenceront pas d'une façon symbolique à
l'automne. C'est évident que ça va être remis aux calendes
grecques.
Que le ministre soit au moins sincère vis-à-vis de la
population. Son premier ministre a dit que les travaux commenceraient, qu'il
était en faveur de l'autoroute, mais qu'il le dise. Qu'il ne dise pas:
Nous ne le ferons pas.
M. PINARD: Non seulement nous l'avons dit, mais nous allons le
faire.
M. LAFONTAINE: Vous partez avec une béquille.
M. PINARD: La population des Cantons de l'Est, la population du
Québec...
M. LAFONTAINE: Elle va être déçue.
M. PINARD: ... a beaucoup plus confiance dans l'ancienne administration
libérale qui est de nouveau au pouvoir, parce qu'elle a fait la preuve
que, dans l'espace de cinq ans, elle a réalisé 500 milles
d'autoroute et de routes rapides à travers le Québec. Cela prouve
que nous sommes capables de prendre nos responsabilités.
M. LAFONTAINE: Quand j'entends le ministre de la Voirie recourir
à l'ancienne administration libérale. Elle a été
jugée par la population du Québec.
M. PINARD: Elle nous a ramenés au pouvoir et ça n'a pas
été long.
M. LAFONTAINE: Mais votre ancien premier ministre est parti, et bien
vite à part ça!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je m'excuse, nous sommes
présentement à étudier le budget du ministère.
M. LAFONTAINE: Le ministre de la Voirie, qui a fait valoir la
priorité de la Transquébécoise, a-t-il l'intention de
paver la section Rober-val-Chibougamau au coût de $13 millions? Je me
souviens toujours, lorsque j'étais ministre de la Voirie, d'avoir
reçu des délégations dirigées par le
député d'Abitibi-Est, l'ancien ministre des Terres et
Forêts dans le cabinet Lesage, disant que c'était une
priorité de premier ordre.
Je demande aujourd'hui au ministre de la Voirie s'il a l'intention de
donner suite au projet de reconstruction de la section Roberval -Chibougamau,
projet que l'ancien ministre des Terres et Forêts, M. Cliche, avait
tellement à coeur, quand il arrivait à mon bureau avec de
nombreuses délégations.
M. PINARD: Ce problème-là date de combien
d'années?
M. LAFONTAINE: Cela date de 1961. Je dois informer le ministre de la
Voirie qu'en 1961 le ministre actuel de la Voirie, qui était ministre de
la Voirie, a accepté un chemin qui était un chemin du
ministère des Richesses naturelles et il l'a accepté
malgré tous les
conseils de ses fonctionnaires qui l'entouraient à ce
moment-là. Ils lui disaient de ne pas accepter ce chemin sans avoir du
ministère des Finances l'argent nécessaire à sa
réfection pour en faire un chemin moderne. A ce moment-là, le
montant suggéré, je pense, était de $10 millions.
Aujourd'hui, la reconstruction de cette route va probablement coûter
entre $13 millions et $15 millions.
Le ministre a-t-il l'intention de donner suite aux propos de son ancien
collègue, l'ancien ministre des Terres et Forêts, pour la
reconstruction de cette route prioritaire?
M. PINARD: Si c'était tellement prioritaire, je me surprends
à constater que l'ancien ministre de la Voirie l'a complètement
oubliée pendant quatre ans.
M. LAFONTAINE: Il ne l'a pas oubliée. La première choses,
c'est que le ministre de la Voirie a donné un budget. Un instant, M. le
Président, je connais mon histoire par coeur.
M. PINARD: Oui si...
M. LAFONTAINE: Après ça, nous avons accordé un
contrat de pavage en asphalte de 13 milles ou à peu près.
L'entrepreneur n'a pas rempli son contrat, mais j'espère qu'il va le
remplir cette année. Incidemment, à ce moment-ci, je demande au
ministre de la Voirie de pénaliser les entrepreneurs qui se servent du
ministère de la Voirie comme d'une caisse de contrats. C'est ce qui est
arrivé dans le cas de la route Chibougamau-Roberval. L'entrepreneur
avait le contrat dans sa poche, mais il ne l'a pas exécuté ce
contrat de 13 milles de pavage.
M. PINARD: Qu'a donc fait le ministre à l'époque? Il n'a
pas eu connaissance de ça?
M. LAFONTAINE: Oui. Le ministre leur a parlé à
l'entrepreneur et il a dit aux gens qu'il n'accepterait plus ça. Comme
le disait le député de Sainte-Marie...
M. PINARD: Vous n'avez pas dû leur faire bien peur.
M. LAFONTAINE: ... vox populi, vox Dei.
M. PINARD: Vous n'êtes pas impressionnant dans vos
colères.
M. LAFONTAINE: C'est bien autre chose que cela, la voix de Dieu. Je ne
suis plus là, j'espère que le ministre va continuer. Quand un
entrepreneur a en sa possession un contrat du ministère de la Voirie, je
demande au ministre de la Voirie de le faire exécuter, mais qu'il ne
s'en serve pas comme banque.
M. PINARD: Alors, le contrat d'asphalte a été
adjugé?
M. LAFONTAINE: Oui, il a été adjugé il y a deux
ans.
M. PINARD: Les travaux seront exécutés en juillet.
M. LAFONTAINE: Je l'espère.
M. PINARD: Et, au programme...
UNE VOIX: Ils auraient dû le faire l'an passé et ils ne
l'ont pas fait.
M. PINARD: ... cette année, Saint-Félicien et
Chibougamau... Les travaux de terrassement et de gravelage seront
exécutés pour un montant de $300,000 cette année, mais
l'engagement est de $600,000.
M. LAFONTAINE: Ah! cela veut dire que l'ancien ministre a fait quelque
chose.
M. PINARD: Dans la section de Saint-Félicien et dans le parc de
Chibougamau, sur une distance de 49 milles, il y aurait des travaux de
gravelage pour un montant de $250,000 au cours du présent exercice
financier, ce qui donne une somme totale à dépenser de $550,000.
Mais le montant total des engagements est de $850,000.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre sait que les gens de Chibougamau
veulent avoir cette route-là terminée et ils ont raison
parce qu'ils se sentent isolés dans une période de sept
ans? Ils ont demandé cinq ans. Je vais convenir avec le ministre actuel
que cinq ans, c'est un peu court.
M. PINARD: Nous allons essayer de faire du rattrapage.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas du rattrapage. C'est peut-être du
rattrapage entre 1960 et 1966. Deuxième chose, il y a une section
très importante, c'est Trois-Rivières-Shawinigan. Est-ce que le
ministre a l'intention d'y donner suite? Il ne faut pas oublier que la
Transquébécoise, c'est le bébé du ministre actuel
de la Voirie. Il en a fait un ballon politique pendant de nombreuses
années. Même lorsque j'étais ministre de la Voirie, je
lisais souvent avec beaucoup de considération les propos que le ministre
écrivait dans la tribune. J'étais très touché!
UNE VOIX: Est-ce que c'était bon?
M. LAFONTAINE: Ah, il était bon! Il a tout fait cela dans le
passé. Aujourd'hui il est là. Quand va-t-il le faire?
M. PINARD: Est-ce que l'ancien ministre oublie qu'il a été
là pendant quatre ans et que je viens d'arriver au ministère de
la Voirie?
M. LAFONTAINE: Ah oui! J'ai été aiguillonné par
l'ancien ministre de la Voirie. Je ne faisais pas çi, il avait
hâte que je fasse ça. Il était bon dans l'Opposition. Je
trouve qu'il est moins bon au pouvoir.
M. PINARD: Si on fait preuve d'autant de célérité
pendant les quatre prochaines années...
M. LAFONTAINE: Oh! ce n'est pas en suspendant des contrats de
génie-conseil que vous allez faire preuve de
célérité par exemple.
M. PINARD: ... que nous l'avons fait pendant la période de 1960
à 1966...
M. LAFONTAINE: Je pense que le devoir du ministre de la Voirie est de
dire à sa caisse électorale: Là, je vais travailler
uniquement pour...
M. PINARD: ... je pense que le bilan va être plus positif.
M. LAFONTAINE: ... mon ministère et je vais essayer de
fonctionner.
M. PINARD: Le bilan va être très positif. Le raccordement
entre la rue Trudel à la Transquébécoise dans la ville de
Shawinigan sur une distance de 1.72 mille est en appel d'offres.
C'est-à-dire que le contrat est déjà adjugé. Il
s'agit de travaux qui sont exécutés pour une somme de $300...
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas ça que je demande. C'est ce qu'il a
l'intention de faire à l'avenir. Ce que j'ai fait, je le sais.
M. PINARD: Le montant total des engagements est de $681,096. Le montant
requis pour cette année est de $337,911. Cette année, le
ministère dépensera $300,000 sur un engagement de $568,754.
M. LAFONTAINE: Cela, c'est pour quel projet?
M. PINARD: Pour le projet de la Transquébécoise, en ce qui
concerne le raccordement de la rue Trudel, dans la cité de Shawinigan,
sur une distance de 1.72 mille...
M. LAFONTAINE: Mais ce n'est pas tout à fait la question que j'ai
posée.
M. PINARD: ... et la construction de deux ponts. C'est compris dans le
montant. Puisque la question est double et que la réponse l'est
également, vous le verrez tout de suite. Dans la municipalité de
Shawinigan, l'entrepreneur Marcel Gauthier Incorporé exécutera
des travaux pour $334,730, pour la construction d'un pont sur la rivière
Shawinigan avec projet de raccor- dement des rues Garnier et Trudel à la
route transquébécoise.
M. LAFONTAINE: Ah oui! M. le Président, ce n'est pas ce que j'ai
demandé.
M. PINARD: Et l'entrepreneur Marcel Gauthier...
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas ce que j'ai demandé au ministre de la
Voirie. Tout à l'heure, j'ai demandé ce que le premier ministre
avait dit au ministre de la Voirie. Je l'ai entièrement compris.
M. PINARD: Prenez, la construction possible de deux ponts...
M. LAFONTAINE: Le premier ministre a dit au ministre de la Voirie: Fais
durer cela parce qu'ils ne sont pas prêts pour d'autres crédits.
Je n'ai pas l'intention de faire durer cela. Tout ce que le ministre dit, tout
le monde le sait. Je demande quelle est la priorité que le ministre
actuel donne à la section, entre Trois-Rivières et
Shawinigan.
M. PINARD: Oui, je le dis au député de Labelle.
M. LAFONTAINE: Bien non, cela, c'est fait par l'ancienne
administration.
M. PINARD: Ce n'est pas fait par l'ancienne administration, ce sont les
travaux qui devront être exécutés cette année.
M. LAFONTAINE: Oui, ce sont des décisions prises par celui qui
vous parle.
M. PINARD: Alors, pour une somme totale de $768,196.
M. LAFONTAINE: On sait tout cela. Mais qu'est-ce que c'est lorsque
j'entends le ministre de la Voirie...
M. PINARD: C'est bien évident qu'il faut avoir de la
continuité dans l'administration provinciale.
M. LAFONTAINE: Je suis complètement d'accord, d'ailleurs j'ai dit
en 1966, ce que les rouges n'ont pas en 1960. Mais je demande ceci au ministre:
Quelles sont ses priorités sur les différentes sections de la
route transquébécoise? Vous avez la section Roberval-Chibougamau,
vous avez la section Sherbrooke-Richmond, vous avez la section
Trois-Rivières-Sha-winigan. J'ai aussi les déclarations du
ministre de la Voirie disant qu'il venait d'économiser à peu
près $700 millions en mettant la hache là-dedans.
Je dois faire ici, M. le Président, une mise au
point. Lorsque j'ai été nommé ministre de la
Voirie, j'ai respecté des lettres d'intention de l'actuel ministre de la
Voirie, des lettres d'intention envoyées à des firmes
d'ingénieurs-conseils, on nommait un ingénieur-conseil, mais sans
avoir passé ni par le conseil des ministres, ni par le Conseil de la
trésorerie pour faire ratifier cela. Et j'ai signé en 1966 des CT
au Conseil de la tésorerie disant, par lettre d'intention du ministre de
la Voirie en 1962, qu'on régularisait les situations l'une après
l'autre. D'après l'article 21 ou 27 de la Loi de la voirie, il est
écrit que le ministre de la Voirie a le droit de faire composer des
plans de construction de routes, de faire de la planification, de faire de
l'expropriation, seulement après que le lieutenant-gouverneur en conseil
ait autorisé le ministre de la Voirie à agir dans tel sens. Les
arrêtés ministériels qui ont été
passés et les arrêtés du Conseil de la trésorerie
ont été faits dans ce but-là, l'intention d'en faire le
procès c'est parce que le ministre en a parlé
tantôt. Avant 1966, la Loi de la voirie n'était pas suivie; c'est
clair ce que je dis. Elle est suivie depuis 1966 et j'ai "couvert" l'ancien
ministre de la Voirie en régularisant les irrégularités
qu'il avait faites entre 1960 et 1966.
M. PINARD : Quelles irrégularités?
M. LAFONTAINE: En accordant en 1960, 1961, 1962 et 1963 des contrats de
génie-conseil qui n'ont pas été exécutés en
1960, 1961, 1962 mais qui ont été exécutés en 1967
et 1968. Je dirais au ministre de la Voirie de ménager ses transports
lorsqu'il donne des conférences de presse. J'aurais pu y répondre
aisément, j'ai dit ça à quelques journalistes. Cela me
donne quoi de répondre à quoi? Mais je lui dis ce soir bien
sérieusement: Tout ce qu'il a fait au point de vue d'engagement de
génie-conseil avant 1966 était fait dans
l'illégalité et les engagements d'ingénieurs-conseils que
nous avons faits en 1968, 1969, 1970 ont été faits dans la
légalité. Il y a une grosse différence entre les deux. Il
faudrait que le ministre comprenne ça. Si le ministre ne comprend pas,
je sortirai les documents que j'ai en ma possession et je les rendrai
publics.
C'est beau d'aller donner une conférence de presse, mais il faut
tout de même être sincère vis-à-vis du public dont on
doit être le serviteur. J'ai l'impression que le ministre, à
l'heure actuelle, dans sa dernière conférence de presse, quand il
a déclaré: Je viens de mettre la hache ou je viens
d'arrêter $700 millions, a dit une fausseté. Il n'a rien
arrêté, le ministre. Parce qu'il ne peut pas arrêter $700
millions quand le budget de la Voirie est de $300 millions par année. Ce
qu'il a arrêté, c'est la planification; ce qui équivaut
peut-être à $600, $700 ou $800 millions de travaux à venir.
Mais si le ministre veut être un ministre efficace...
M. PINARD: C'est ce que j'ai dit aussi.
M. LAFONTAINE: Non, ce n'est pas tout à fait ce que les
journalistes ont compris. Je m'excuse, j'ai parlé avec les journalistes
après. Ils ont trouvé ça un petit peu
déplacé de la part du ministre actuel...
M. PINARD: Ce sont vos commentaires. Alors, gardez-les pour vous.
M. LAFONTAINE: Non, ce ne sont pas les miens. Je leur ai dit: Non, M.
Pinard c'est un homme honnête...
M. PINARD: Habituellement, les journalistes ne sont pas
gênés de dire ce qu'ils pensent.
M. LAFONTAINE: ... un homme factuel, un gars qui veut marcher. Je vous
ai défendu.
M. PINARD : Merci, merci. Vous êtes bien aimable.
M. LAFONTAINE: D'ailleurs, quelqu'un m'a dit tout à l'heure qu'il
y avait un axe, l'alliance des libéraux et des conservateurs contre les
créditistes et les péquistes. Je n'ai jamais cru ça, parce
qu'on a tenté de penser tout à l'heure...
M. PINARD: C'est parce que vous avez toujours le plancher, vous parlez
tout le temps, vous ne laissez aucune ouverture au ministre pour
répondre.
M. LAFONTAINE : II ne faudrait pas penser ça. Il reste, par
exemple, une chose.
M. PINARD: Défendez votre budget.
M. LAFONTAINE: Ça ne concerne pas mon budget. Je l'ai
adopté tout de suite. J'essaie de faire comprendre le bon sens au
ministre. Je ne sais pas si ça va être difficile, j'espère
que ça va être facile. Il a l'air intelligent aujourd'hui. Je dis
ceci.
M. PINARD: Avant le souper, ça ne me forçait pas du tout
de comprendre le député de Labelle, mais depuis que nous avons
commencé la discussion après souper, c'est beaucoup plus
laborieux.
M. LAFONTAINE: J'ai mangé avec un de vos sous-ministres
associés.
M. PINARD: Je m'en doute bien. Vous avez mangé, mais vous avez
fait autre chose également. Vous êtes agressif.
M. LAFONTAINE : J'ai parlé de vous avec bon sens.
M. PINARD : Je ne sais pas si c'est la nourriture ou si c'est l'autre
chose qui vous rend aussi agressif.
M. LAFONTAINE: Ce sont des interventions...
M. PINARD: Cela déséquilibre un peu la discussion. C'est
moins intéressant à mon point de vue.
M. LAFONTAINE: Le ministre revient à ses anciennes habitudes qui
ont toujours été détestables...
M. PINARD: Non.
M. LAFONTAINE: ... vis-à-vis de tout le monde.
M. LEGER: M. le Président, je soulève une question de
privilège.
M. PINARD: J'ai trouvé le député de Labelle
très agréable toute la journée, mais ce soir,
franchement...
M. LAFONTAINE: Quand j'entends le ministre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! messieurs. Je m'excuse,
messieurs!
M. LAFONTAINE: ... de la Voirie dire qu'il a suspendu...
M. LE PRESIDENT: Question de privilège, s'il vous plaît. Je
m'excuse, c'est une question de privilège.
UNE VOIX: II n'y a pas de question de privilège à une
commission.
M. LEGER: M. le Président, je vois devant moi des
créditistes et des péquistes qui sont tous surpris. Je me demande
s'il ne serait pas bon d'ajouter un poste 10 aux crédits, sous le titre
de "Patronage et caisse électorale". Les deux vieux partis pourront
s'engueuler à ce poste-là et nous pourrions être
sérieux pour le reste de la discussion.
M. LAFONTAINE: Est-ce un candidat PQ qui parle?
M. LE PRESIDENT: La résolution est irrecevable.
M. LAFONTAINE: Le candidat PQ ou le député PQ qui vient de
parler devrait peut-être nous expliquer à quelle place le PQ a
pris l'argent pour remplir sa caisse électorale à la
dernière élection.
M. LEGER: C'est parmi ses membres...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Alors, vu que la
discussion...
M. LAFONTAINE: Est-ce qu'il était financé par le
gouvernement fédéral?
UNE VOIX: M. le Président...
M. LEGER: C'est pas mal difficile.
M. LAFONTAINE: Etait-il financé par la caisse électorale
libérale?
M. LE PRESIDENT (Picard): L'honorable député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): A-t-on décidé de nous empêcher de
prendre la parole, ici, ce soir?
M. LAFONTAINE: J'étais en train de parler de la
Transquébécoise. J'avais la parole et j'ai l'intention de la
conserver. Je demande au ministre qui a lancé une accusation tout
à l'heure sur la question des ingénieurs-conseils de
préciser sa pensée. C'est clair. Qu'est-ce qu'il considère
comme priorité sur la route transquébécoise? Qu'est-ce
qu'il avait l'intention de dire, quand il a suspendu par
télégramme l'engagement de certains ingénieurs-conseils
des Cantons de l'Est, quant à la confection des plans de la
Transquébécoise dans la région de Sherbrooke-Richmond?
M. PINARD: Lorsque je suis arrivé au ministère, je me suis
aperçu qu'il n'y avait pas de disponibilité budgétaire
suffisante pour couvrir le paiement des travaux de génie-conseil
confiés à ces bureaux.
M. LAFONTAINE: Je regrette...
M. PINARD: Si on avait à payer durant l'année 1970 des
travaux de génie-conseil à ces bureaux, si on avait aussi
à faire toutes les expropriations requises, à ce
moment-là, on n'aurait pas suffisamment d'argent au budget...
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas parlé des expropriations, je parle des
ingénieurs-conseils.
M. PINARD: Si on prenait la plus forte partie du budget
réservée aux projets spéciaux, il ne serait rien
resté pour d'autres projets également prioritaires. Nous avons
donc voulu réévaluer toute la situation, refaire la
planification, non pas qu'elle était mal faite, mais j'ai trouvé
que le ministre, dans un élan d'enthousiasme assez facilement
compréhensible à une certaine période du mois d'avril, a
voulu aller plus vite que le violon et a voulu...
M. LAFONTAINE: Du tout, M. le Président.
M. PINARD: ... faire comprendre à la population qu'il
était bien intentionné. C'est beau d'être bien
intentionné, mais il faut aussi avoir
la capacité de payer. Nous nous sommes aperçu qu'il n'y
avait rien au budget pour pouvoir aller aussi vite que le ministre l'avait
annoncé à la population des Cantons de l'Est...
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre a parlé à ce
moment-là...
M. PINARD: ... et que l'avait annoncé également le premier
ministre du Québec au cours de la campagne électorale. Lui aussi
s'est fortement engagé quant à la priorité de la route
transquébécoise dans cette section...
M. LAFONTAINE: Le nouveau premier ministre.
M. PINARD : Je lui ai donné raison. Je n'ai jamais mis en doute
la parole du premier ministre, M. Bertrand, pas plus que celle de mon
prédécesseur au ministère de la Voirie...
M. LAFONTAINE: Mais M. Bourassa aussi.
M. PINARD: J'avais cependant espéré qu'il y aurait
suffisamment de crédits disponibles pour nous permettre d'aller aussi
vite que le premier ministre et le ministre de la Voirie du temps l'avaient
annoncé à la population des Cantons de l'Est.
M. LAFONTAINE: Oui.
M. PINARD : Ce que nous avons constaté, c'est que ce
n'était pas possible, et ce ne l'est pas encore, compte tenu des
disponibilités budgétaires contenues dans le budget de cette
année. Nous allons reviser la situation.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre me dit cela...
M. PINARD : Nous allons fort probablement...
M. LAFONTAINE: ... avec réellement de la sincérité
dans le coeur, de la façon dont on me parle?
M. PINARD: Enfin...
M. LAFONTAINE: Je dis au ministre qu'il y a, à l'heure actuelle,
dans son budget, toutes les disponibilités voulues pour payer les
travaux de génie-conseil. C'est clair. Il les a.
M. PINARD: Pour le projet de la Transquébécoise?
M. LAFONTAINE: Oui. Mais qu'il ne confonde pas deux problèmes et
ne parle pas en même temps de payer le génie-conseil et les
expropriations. Ce sont deux budgets complètement séparés.
Le ministre regardera dans son budget réservé aux paiements des
honoraires professionnels du génie-conseil...
M. PINARD: Oui, $14,500,000.
M. LAFONTAINE: ... il va s'apercevoir... Bien oui, mais on ne fait pas
la planification d'une telle route en un an. Rappelons-nous que le projet du
pont de Québec le député de Portneuf a
soulevé tantôt le projet de la construction du pont de
Québec on a commencé à en parler en 1959-1960. Les
travaux préliminaires ont commencé, je pense, d'après mes
souvenirs et après avoir vu certains dossiers M. Saint-Pierre
était ministre des Travaux publics et M. Lesage était premier
ministre en 1962. Cela a fini par aboutir en 1963. On a accordé
des contrats de génie-conseil en 1964. Le gouvernement libéral,
trois jours avant de déclencher les élections de 1966, a
accordé un premier contrat, parce qu'on s'en allait à une
élection. J'ai vécu cette phase de la construction du pont de
Québec pendant quatre ans. Nous sommes en 1970 et le projet a
commencé en 1960. Pour planifier la construction du pont de
Québec, cela a donc pris dix ans.
Mais si on suspend l'engagement d'ingénieurs-conseils pour la
Transquébécoise dans la région de Sherbrooke, je regrette,
on vient de remettre le projet au calende grecques et jamais ce chemin se
bâtira. On ne peut pas commencer un chemin sans que la planification en
soit déjà faite. La première des choses: le corridor
à fixer, la qualité de route à bâtir, la question de
sondage du sol, la construction des échangeurs, des structures, la
question des ponts, il y a un ensemble de problèmes. Il y a toujours une
chambre de commerce, ou une ville, qui intervient pour faire changer le trajet.
Or, si le ministre prétend construire cette route-là sans
ingénieurs-conseils, j'ai l'impression qu'il est en train de berner la
population. La population de Sherbrooke va attendre longtemps sa route
transquébécoise. C'est pour cela que je disais tantôt que
nous étions prêts à commencer, d'une façon
symbolique la construction de la route à l'automne. Commencer, d'une
façon symbolique, la construction de la route à l'automne, cela
veut dire qu'au printemps 1971, la construction de la route est en plein
essor.
M. MAILLOUX: Adopté.
M. LAFONTAINE: Votre ministre est en train de faire un examen de
conscience.
M. PINARD: En toute franchise, je demande des renseignements
additionnels au sous-ministre adjoint chargé spécialement de la
préparation du budget. Il est aussi le directeur général
de la planification. Il me dit, qu'au mieux, il n'aurait pas pu y avoir de
travaux routiers réalisés sur cette section prioritaire de la
route transquébécoise entre Sherbrooke, Windsor
Mills, Danville et Richmond avant, tard, l'automne 1971. C'était
laissé croire à la population des Cantons de l'Est que les
travaux pouvaient être réalisés dès l'année
1970, comme cela a été annoncé par mon
prédécesseur, alors que c'était physiquement et
financièrement impossible.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le ministre a changé mais
les fonctionnaires demeurent. Je ne peux pas comprendre...
M. PINARD: C'est le même fonctionnaire, à mes
côtés, qui était à côté du ministre
à l'époque.
M. LAFONTAINE: ... que le sous-ministre adjoint vous dise une chose
différente qu'il m'a dite dans le passé. Je ne peux pas
comprendre que le sous-ministre adjoint contredise ce que le sous-ministre en
titre avait dit, à ce moment-là, à M. Monette. Je ne peux
pas comprendre que M. Perron, M. Bureau et M. Monette qui étaient
présents... je ne l'étais pas présent. J'ai lu le compte
rendu dans les journaux que la route commencerait d'une façon symbolique
à l'automne.
M. PINARD: Symbolique? Cela voulait dire quoi?
M. LAFONTAINE: Symbolique: on commençait les travaux.
M. PINARD: Aux yeux de l'ancien ministre.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas moi qui ai trouvé le terme. Ce sont
les officiers du ministère de la Voirie.
M. PINARD: C'est quand même extraordinaire.
M. LAFONTAINE: C'était dans l'idéal. Je le souhaitais.
M. PINARD: C'était quand même extraordinaire, d'entendre
les fonctionnaires parler à la place des ministres, nantis de
l'autorité, pour commencer un pareil projet. On s'est servi de
fonctionnaires pour tenter de dépolitiser le problème. Pourquoi
le premier ministre n'a-t-il pas annoncé carrément le projet
routier de la Transquébécoise? Pourquoi n'était-ce pas le
ministre? Pourquoi a-t-on demandé au sous-ministre?
M. LAFONTAINE: Une route ne se commence pas sans plans.
M. PINARD: Pourquoi a-t-on demandé à M. Eddy Monette de
prendre la place du premier ministre et du ministre de la Voirie pour annoncer
un projet?
M. LAFONTAINE: Le ministre est méchant; le premier ministre
était présent. Le sous-ministre également. On a
posé des questions au sous-ministre et le sous-ministre a dit au nom du
ministère, qu'au mieux, on pourrait, d'une façon symbolique
et le terme vient de là et non pas de moi au moins
commencer les travaux. Et si les travaux commencent à l'automne, cela
veut dire qu'au printemps prochain, ils continuent et, avec beaucoup plus
d'ampleur.
M. ROY (Beauce): M. le Président, cela fait 30 minutes que j'ai
demandé la parole.
M. LE PRESIDENT: Le député de la Beau-ce.
Route Lévis-Jackman
M. ROY (Beauce): Je voudrais m'adresser au ministre de la Voirie. Vers
les années 1964 ou 1965, on avait commencé des études en
vue de tracer une route nouvelle pour relier la Beauce au pont de
Québec. On sait que cette route traverse une partie de la Beauce, de
Dorchester ainsi que le comté de Lévis. L'actuelle route
Président-Kennedy, qui relie la capitale provinciale avec les Etats de
la Nouvelle-Angleterre, ne se rend qu'à Lévis. On n'a pas de
route construite, c'est-à-dire qu'il y a une petite route qui traverse
les villages. Elle est extrêmement tortueuse et difficile, la route de
Scott-Jonction jusqu'au nouveau pont de Québec. Comme cet automne il y
aura deux ponts à Québec qui vont desservir toute la circulation,
est-ce qu'il serait possible de demander au ministre s'il y a quelque chose
d'entrepris dans ce domaine?
M. PINARD: Honnêtement, il n'y a rien d'entrepris de ce
côté-là. Quoique, dans la planification
générale du ministère à moyen terme,
peut-être à long terme, nous songeons éventuellement
à construire une autoroute dans la Beauce pour relier Québec
à la frontière de Lévis à Jackman. Je pense qu'elle
serait digne de porter le nom du président Kennedy, parce que en toute
franchise, je ne peux pas me soumettre à l'idée que le nom du
président Kennedy soit donné à la route actuelle. C'est
à la suite des pressions locales, de pressions des autorités
municipales que le gouvernement a consenti quand même à donner le
nom du président Kennedy à la route actuelle, entre
Québec, Lévis et Jackman. Personnellement, comme ministre de la
Voirie, je m'y étais opposé et je m'y oppose encore. Parce que ce
n'est pas digne du président Kennedy. C'est assez franc. Que
voulez-vous, je ne peux pas faire de miracles.
Je n'ai pas plus la capacité financière d'exécuter
plus rapidement que celle que j'aurai cette année de faire des travaux
par ordre de priorité, par ordre d'urgence, compte tenu de la
planifi-
cation à court terme établie non pas par le ministre, mais
par les fonctionnaires du ministère.
Je connais les besoins routiers à travers le Québec. Tout
devient prioritaire, c'est entendu. Mais nous irons là où c'est
le plus urgent et là où nous pourrons aller le plus rapidement,
compte tenu de la rentabilité des investissements routiers que nous
avons faits.
M. ROY (Beauce): Alors est-ce que M. le ministre, au cours des
dernières années, vers 1965-1966, des études avaient
été commencées sur ce sujet?
M. PINARD: C'étaient des études, disons, assez
générales. Il y avait eu détermination de corridors
possibles, probablement dans la partie la moins dispendieuse du territoire
à traverser, de façon à éviter la
spéculation, mais aussi pour abaisser le coût de construction.
M. ROY (Beauce): Alors, cela voudrait dire que cette année le
ministère n'envisage pas de commencer des études de ce
côté?
M. PINARD: Non. Là, on fait des travaux de correction sur la
route actuelle parce qu'elle est dangereuse à certains endroits. Les
courbes sont très accentuées. Il y a des montées
extrêmement dangereuses, où des collisions frontales se produisent
assez souvent. Nous allons faire ce qu'il sera financièrement possible
de faire. Que voulez-vous? Ce n'est pas moi qui détermine le budget
global de la province et ce n'est pas moi non plus, malgré toutes mes
instances, qui détermine quel sera le budget global du ministère
de la Voirie. Je fais mes revendications, mais il y a également 20
autres ministres qui ont des besoins à faire valoir auprès du
ministre des Finances et nous nous entendons pour établir la
planification dans nos ministères respectifs, compte tenu des urgences
et des priorités. Mais il faut quand même se limiter. C'est une
année d'austérité, comme l'a dit le premier ministre. Nous
sommes soumis à des contraintes budgétaires, mais nous
espérons que la situation financière s'améliorera
sensiblement au cours de l'année pour être en mesure de commencer,
l'année prochaine et les années suivantes, le rattrapage qui
s'impose et qui s'imposera pendant un certain temps, et pour exécuter
tous les travaux jugés prioritaires, compte tenu de la planification qui
a été faite par les fonctionnaires.
Route no 1
M. ROY (Beauce): J'aurais une autre question, s'il vous plaît.
C'est au sujet de la route numéro 1. Je sais que des travaux ont
été faits l'année dernière et il y a deux ans.
Est-ce que le ministère a l'intention de continuer au cours de
l'année les travaux dans cette partie de la route qui part de
Vallée-Jonction, qui traverse une partie de la Beauce et le comté
de Mégantic jusqu'à Thetford Mines? Ou est-ce que le ministre
préfère, par exemple, me faire parvenir quelques renseignements
plus tard à ce sujet?
M. PINARD: Je peux donner un renseignement dans le journal ce soir. Il y
a, dans East Broughton, une section actuellement en construction sur une
distance de cinq à six milles, qui va se terminer cette année, je
pense. Il y a $150,000 à dépenser cette année,
d'après le sous-ministre adjoint, M. Ostiguy.
M. ROY (Beauce): Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, avant de poser ma question au ministre
actuel de la Voirie, j'aimerais donner une réponse à une
accusation lancée tantôt par l'ancien ministre de la Voirie. Il
demandait à quel endroit le Parti québécois prenait sa
caisse électorale.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas pertinent avec les travaux de la
commission.
M. LEGER: De toute façon, c'est une accusation, je pense.
M. LAFONTAINE: J'avais entendu une réflexion du
député et je lui ai répondu.
M. LEGER: J'ai quand même droit à une réponse
là-dessus, je crois.
M. LE PRESIDENT: Non. A l'ordre, à l'ordre! Ce n'est pas
permis.
M. LEGER: M. le Président, je pense quand même que j'ai
été assez poli tantôt pour ne pas continuer l'engueulade
immédiatement, que vous pourriez me donner la chance de dire quelques
mots...
M. LE PRESIDENT: Non, non. C'est complètement hors d'ordre. M. le
député de Lafontaine, je ne pourrais pas permettre que l'on
soulève un débat sur cette question à cette commission.
Vous pourrez en parler, peut-être, lorsqu'on étudiera les
crédits du ministère du Revenu.
M. LEGER: Alors, je vais poser ma question au ministre!
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. LEGER: M. le Président, je n'ai pas posé ma question au
ministre de la Voirie.
M. LE PRESIDENT: Ah! vous avez une question à poser au ministre
de la Voirie.
M. LEGER: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. LEGER: De toute façon, je prends note de l'admiration de
l'ancien ministre de la Voirie sur la façon dont nous avons
administré notre campagne.
Office des autoroutes
M. LEGER: Voici la question s'adressant au ministre de la Voirie.
Tantôt vous avez mentionné le fait que vous aviez deux
écoles de pensée pour déterminer quelle était la
façon la plus rentable pour l'administration ou de la construction de
routes, soit par le ministère de la Voirie, soit par l'Office des
autoroutes. Pourriez-vous me répondre à la question suivante, M.
le ministre? Est-ce que les autoroutes de Sherbrooke et de Sainte-Adèle,
qui sont à péage, se sont révélées
rentables? Si c'est le cas, est-ce que le péage existera encore
longtemps à l'autoroute de Sainte-Adèle?
M. PINARD: On m'a posé la question. C'est moi qui suis titulaire
du ministère. J'aime bien que l'ancien ministre défende son
administration mais enfin...
M. LAFONTAINE: Comme membre de la commission, je dois dire qu'il y a une
commission des régies gouvernementales et l'analyse des bilans de
l'Office des autoroutes doit venir devant cette commission et non pas devant la
commission de la Voirie.
M. PINARD: C'est ce que j'étais pour dire.
M. LAFONTAINE: C'est le point d'ordre que je voulais apporter même
si...
M. PINARD: Je n'ai pas d'objection cependant à répondre de
façon générale au député qui a droit
d'être informé comme n'importe quel autre que...
M. LAFONTAINE: Cela peut ouvrir un long débat.
M. PINARD: ... l'administration de l'Office des autoroutes est
déficitaire, que la section la moins déficitaire cependant, est
certainement la section de Montréal Saint-Jérôme
Sainte-Adèle. Elle est moins déficitaire que la section
Sherbrooke-Montréal et elle sera encore moins déficitaire que la
section Montréal-Berthier et éventuellement
Montréal-Trois-Rivières. Mais ce n'est absolument pas rentable.
Ce n'est pas rentable à 100 p.c. Il y a toujours un trou de $15 millions
à combler par le gouvernement du
Québec. C'est ce qui me fait dire que nous devons
réétudier la formule de construction à savoir si l'on doit
continuer à faire construire par l'Office des autoroutes les autoroutes
à péage plutôt que de les faire construire par le
ministère de la Voirie? Le gouvernement est appelé de toute
façon à combler l'écart financier, c'est-à-dire le
déficit annuel qui s'accumule et qui fait qu'un bon jour il faudra
consolider les dettes de l'Office des autoroutes.
M. LEGER: C'est quand même basé sur l'intensité de
la circulation qui est beaucoup plus forte sur l'autoroute de
Sainte-Adèle que sur celle de Sherbrooke.
M. PINARD: C'est cela. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis où le
bassin de circulation est tellement considérable que cela devient
rentable pour l'entreprise privée de construire, pour le compte des
Etats américains, des autoroutes à péage. Nous ne sommes
pas dans cette situation-là du tout! Seulement, il faut quand même
doter le territoire du Québec d'autoroutes à péage ou non,
à circulation rapide, sécuritaire, et susceptible aussi de
provoquer le développement économique, le développement
industriel, de façon à avoir une véritable politique
d'aménagement du territoire et à donner de l'emploi à ceux
qui aspirent à en avoir et pour donner de l'importance à
certaines régions qui doivent constituer des pôles d'attraction.
Il faut que cela se fasse en dehors de la grande métropole qu'est
Montréal afin de donner l'opportunité à d'autres
régions du territoire québécois de se développer de
façon harmonieuse et équilibrée, de façon que tout
ne soit pas drainé vers Montréal.
C'est cela le dilemme dans lequel se trouve le Québec. Mais
seulement, c'est un territoire qui est très grand et très peu
peuplé. Il y a une concentration de population sur l'île de
Montréal, un peu de population dans le Québec
métropolitain, un peu de population dans les Cantons de l'Est, un peu de
population dans le Coeur du Québec, dans la région de
Trois-Rivières et après cela, il y a un territoire immense
à couvrir au plan routier. C'est un coût qui devient prohibitif si
l'on tient compte de la rentabilité que l'on peut estimer recevoir.
La région de la Gaspésie par exemple, est un territoire
à vocation touristique plutôt qu'un territoire à vocation
industrielle. Il faut quand même doter cette région d'un bon
réseau routier, susceptible d'attirer les touristes, dans cette partie
de la province qui est très intéressante et très belle
à voir! Il faut quand même dépenser l'argent qu'il faut
dépenser! Si l'on tient pour acquis, cependant, que l'industrie
touristique vient en troisième lieu par ordre d'importance, et si cela
était mieux planifié elle devrait peut-être se situer au
deuxième rang, par ordre d'importance, au niveau des revenus il est
évident que cette industrie touristique ferait
entrer les revenus sur une base annuelle pour le Québec et elle
serait, par le fait même, considérablement accrue.
C'est ce à quoi nous nous employons dans la planification
routière, de concert avec le ministère du Tourisme, qui doit
veiller à établir une bonne planification touristique; il faut
avoir de la coordination et c'est ce à quoi nous nous employons à
l'heure actuelle. Nous faisons la revision des programmes pour donner le plus
d'efficacité administrative et pour donner le plus de rentabilité
compte tenu des investissements à faire.
M. LEGER: C'est la raison pour laquelle il faut
décentraliser.
M. PINARD: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je voudrais avoir
une information sur un point de procédure. Est-ce que l'ancien ministre
a le droit de nous faire des procès d'intention et que nous n'avons pas
le droit de lui répondre?
M. LAFONTAINE: Non!
M. LE PRESIDENT: Personne n'a le droit de faire de procès
d'intention à qui que ce soit, en commission.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): II l'a fait tantôt.
M. LE PRESIDENT: Malheureusement...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II nous a demandé où nous
prenions notre argent pour notre caisse électorale. Est-ce que je peux
lui dire où nous l'avons pris.
M. LAFONTAINE: Parce que j'ai entendu dire la caisse électorale
libérale.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que vous avez une question à
l'adresse du ministre de la Voirie en rapport avec les crédits que nous
étudions présentement?
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Si je ne peux pas lui répondre, je
n'ai pas d'autres questions.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, est-ce que le poste 7 est adopté?
Boulevard Kennedy ou
Transquébécoise
M. LAFONTAINE: ... M. le Président, j'aurais voulu tout à
l'heure prendre la parole. Vous l'avez donnée à deux ou trois
autres avant, ce qui était votre droit. Je voulais demander au ministre
de la Voirie où il met sa priorité : est-ce le boulevard Kennedy
ou la Transquébécoise? Je l'ai entendu parler, les larmes aux
yeux, de l'ancien président Kennedy. J'ai beaucoup de
déférence pour l'ancien président Kennedy, mais j'ai
beaucoup plus de déférence pour la population du Québec?
Où est sa priorité? Est-ce que c'est sur le boulevard...
M. PINARD: A l'ordre! A l'ordre!
M LAFONTAINE: ... Kennedy ou sur la Transquébécoise? On
parle de priorité de voirie. J'ai entendu tout à l'heure le
ministre parler avec beaucoup de déférence des gens du bassin de
la Transquébécoise. J'ai ensuite entendu le ministre parler du
boulevard Kennedy. Je l'ai entendu parler du président Kennedy; un peu
plus, je me serais mis à pleurer, mais j'ai retenu mes larmes. Mais,
relativement à la population du Québec, où est la
première priorité, si on peut employer un terme semblable? Est-ce
le boulevard Kennedy ou la Transquébécoise? J'ai entendu tout
à l'heure avec beaucoup de plaisir le député de la Beauce
parler du boulevard Kennedy et dire que certains projets avaient
été annoncés en 1964/65. J'ai moi-même, aussi, dans
le passé, entendu le ministre actuel de la Voirie parler de la
priorité de la Transquébécoise. J'ai lu ses
déclarations de presse elles étaient enlevantes sur
la nécessité de la Transquébécoise. J'ai
l'impression qu'à titre de ministre de la Voirie, j'ai fait mon possible
pour la bâtir ou pour faire le plus possible pour la
Transquébécoise. Ma grande surprise, c'est de voir le ministre de
la Voirie suspendre certains travaux de génie-conseil qui sont
absolument essentiels, si on veut donner le plus tôt possible une voie de
liaison aux gens de Sherbrooke avec les gens de Richmond et de Danville.
J'ai aussi entendu, avec beaucoup d'intérêt, le ministre
parler de la route Kennedy. Mais de circulation, là il n'a pas
parlé. Il a parlé du président Kennedy et ça
m'inquiète. Où le ministre met-il sa priorité? Sur la
Transquébécoise ou sur la route Kennedy? Il a en effet
donné la même réponse dans ses deux cas, la limitation du
budget.
Deuxième chose, s'il me dit que c'est la
Transquébécoise, quelle est la section de la
Transquébécoise qui reçoit la priorité du
ministère de la Voirie? Est-ce la section Roberval-Chibougamau, la
section Sherbrooke-Richmond-Danville, la section
Trois-Rivières-Shawinigan ou la section entre le pont de
Trois-Rivières et la route transcanadienne?
M. PINARD : Parmi toutes ces priorités dont parle l'ancien
ministre, il faut quand même établir les priorités par
ordre d'urgence.
M. LAFONTAINE: C'est ça! M. PINARD: II faut les classifier.
M. LAFONTAINE: C'est ce que j'aimerais savoir.
M. PINARD: Tout devient prioritaire. Pour les représentants des
comtés situés dans la région de la Beauce, la route
numéro 1 devient prioritaire pour eux. Pour la population des Cantons de
l'Est, celle qui habite Sherbrooke, Windsor Mills, Bromptonville, Danville,
Richmond, cette section de la route transquébécoise devient
prioritaire. Pour ceux qui habitent Shawinigan et Grand'Mère, la
population demande que le tronçon de la route...
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas ce que je demande au ministre.
M. PINARD: ... transquébécoise entre Grand'Mère et
Shawinigan soit prioritaire au plan de la réalisation. Il faut quand
même tirer la ligne de démarcation au ministère de la
Voirie. J'aime mieux laisser aux fonctionnaires chargés de dresser les
programmes de construction, chargés aussi d'élaborer la
planification à court terme, à moyen terme et à long
terme, le soin de déterminer ces besoins, de faire la classification des
priorités, compte tenu des disponibilités budgétaires de
façon que le ministre puisse défendre sa décision en
Chambre, devant la population, devant les contribuables, parce que sa
décision aurait été appuyée sur des critères
positifs, c'est-à-dire sur des critères d'ordre technique, des
critères d'ordre budgétaire et des critères qui auront
été déterminés par l'établissement de
priorités...
M. LAFONTAINE: Mais celui qui a posé la question, M. le
Président...
M. PINARD: ... pas de façon politique, mais par des
fonctionnaires qui, après des études approfondies au plan des
priorités économiques et au plan des priorités
routières, auront dégagé les grandes lignes
d'action...
M. LAFONTAINE: Ce sont les mêmes fonctionnaires.
M. PINARD: ... que le ministre aura la responsabilité de suivre
et d'annoncer en temps et lieu. Je n'ai pas changé d'opinion sur la
priorité de la route transquébécoise dans les sections
dont je viens de parler. H est vrai que ctest prioritaire entre
Sherbrooke...
M. LAFONTAINE: Sherbrooke et Danville.
M. PINARD: Oui. Bromptonville, Windsor Mills, entre Danville et
Richmond.
M. LAFONTAINE: Et entre Trois-Rivières et Shawinigan.
M. PINARD: Je sais que c'est également prioritaire entre
Trois-Rivières, Shawinigan et Grand'Mère.
M. LAFONTAINE: Et c'est prioritaire aussi entre Chibougamau et
Roberval.
M. PINARD: Mais j'ai dit au ministre que le budget...
M. LAFONTAINE: Pas au ministre, mais au député de
Labelle.
M. PINARD: J'ai dit à l'ancien ministre, le député
de Labelle, que le budget ne me permettait pas cette année d'aller aussi
rapidement que je l'aurais espéré et que nous ferons la revision
de tous les programmes de travaux, de façon à choisir ceux qui,
réellement, revêtent un caractère de priorité et
d'urgence. Il faut donner satisfaction à la population qui, vraiment, a
le plus besoin d'avoir un réseau routier moderne, sécuritaire et
rapide. J'aurai à annoncer des décisions en temps et lieu, mais
je ne peux rien assurer ce soir.
Je ne peux pas dire quelle est ma décision, parce que nos
études ne sont pas terminées. Nous allons étudier tous les
dossiers du ministère.
M. LAFONTAINE: Le ministre va admettre ce soir que les fonctionnaires
qui le conseillent sont les mêmes fonctionnaires qui me conseillaient. Ce
sont des gens prudents, compétents, qui connaissent leur métier.
Et quand le ministre me dit qu'il a suspendu des contrats de
génie-conseil en passant quelques allusions que je n'ai pas trop trop
aimées c'est peut-être plus cela qui a changé la
nature de mon caractère que autre chose je dois lui dire
ceci1 Quand il demande une étude plus approfondie,
s'attend-il à une autre décision de la part de ses fonctionnaires
que la décision que j'ai reçue de la part des mêmes
fonctionnaires? Et s'il me dit oui, à ce moment ce n'est plus la
décision des fonctionnaires, mais la décision du ministre
imposée aux fonctionnaires. Il y a une grosse différence entre
les deux. J'espère que le ministre actuel de la Voirie a assez de
décense je le connais assez pour dire qu'il en a suffisamment
pour ne pas faire porter le poids de ses décisions par des
fonctionnaires qui sont loyaux à l'endroit de l'Etat du Québec,
pour tenter de changer une pflanification ou une priorité dans les
travaux de voirie.
La route transquébécoise n'a pas été
annoncée par celui qui parle, mais par l'actuel ministre de la Voirie en
1964. Je pourrais peut-être lui sortir des conférences de presse
qu'il a données dans la région de Trois-Rivières. J'ai
l'impression que l'actuel ministre de la Voirie rougirait, deviendrait de la
couleur de son veston. Cela se passait en 1964. Et en 1970, il est en train de
s'interroger sur les priorités de cette route qu'il a annoncée il
y a six ans. L'actuel député de Labelle, l'ancien ministre de la
Voirie, a tout mis en oeuvre pour tenter de rendre à maturité ce
que l'ancien ministre de la Voirie avait promis et annoncé. L'ancien
minis-
tre de la Voirie avait même annoncé l'expropriation entre
Shawinigan et Trois-Rivières, expropriation qui n'aurait jamais
été faite, qui a été faite en partie de notre
temps. Mais je suis surpris de l'entendre dire ce soir qu'il vient de suspendre
des contrats de génie-conseil. Si le ministre est vraiment
sérieux avec ses propos du passé, avec ses ambitions comme
ministre de la Voirie, s'il est sérieux vis-à-vis de la
population du Québec... Je n'ai pas fini. C'est que je savais que le
ministre ne m'écoutait pas. Dans ce temps-là, je parle dans les
airs. Si réellement le ministre est sincère vis-à-vis de
lui-même, il va arrêter ce genre de petite politique-là qui
consiste à partir, à aller trouver les journalistes à la
dérobée et à faire une grosse déclaration quand il
n'y a personne pour le contredire. Si le ministre a des déclarations
à faire, qu'il les fasse donc ce soir à la commission. Je
pourrais peut-être lui répondre du tac au tac sur à peu
près n'importe quel sujet. Je n'aime pas la façon dont le
ministre procède à l'heure actuelle.
M. PINARD: II me faut une question précise pour répondre
de façon précise.
M. LAFONTAINE: J'ai lu dans les journaux qu'il venait
d'économiser $700 millions en annulant la planification du
ministère de la Voirie.
M. PINARD : Posez-moi une question et je vais vous répondre.
M. LAFONTAINE: Cela fait trois fois que je la pose. A quelle place le
ministre met-il sa priorité, entre l'autoroute que l'on appelle la
Transquébécoise et l'autoroute que l'on appelle le Boulevard
Kennedy? L'actuel ministre de la Voirie, a promis, je dis cela au
député de la Beauce, deux autoroutes en 1964, la
Transquébécoise et le Boulevard Kennedy. Il revient, ce soir et
il promet encore une autoroute. Alors, je dis au gens de la Beauce que avec le
présent gouvernement, ils vont attendre longtemps a-vant d'avoir une
autoroute sur le Boulevard Kennedy.
M. COITEUX: Les promesses de l'Union Nationale, on les
connaît.
M. LAFONTAINE : Je ne parle pas des promesses de l'Union Nationale.
M. PINARD : Le ministre actuel a prévu dépenser $17 1/2
millions sur la Côte-Nord. Il avait promis cela pendant la campagne
électorale.
M. LAFONTAINE: Du tout.
M. PINARD: Quand je suis arrivé au ministère il n'y avait
pas de budget pour cela.
M. LAFONTAINE: Le ministre ne comprend pas le rouage. Il lira la Loi de
la voirie. La Loi de la voirie est constituée de telle sorte que le
ministre de la Voirie a des pouvoirs d'entretien, mais n'a aucun pouvoir de
construction de routes. Le pouvoir de construction de routes que le ministre de
la Voirie a, ou peut avoir, vient du conseil des ministres. Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut autoriser le ministre de la Voirie
à bâtir ou à rebâtir, mais tant que cet
arrêté ministériel n'est pas passé, le ministre de
la Voirie ne peut pas faire de planification, ne peut pas acheter de gré
à gré, ne peut pas exproprier, ne peut rien faire.
Il y a dix articles vous regarderez la Loi de la voirie
les arrêtés ministériels qui ont été
passés relativement...
UNE VOIX: II est parti!
M. COITEUX: Ah non, il n'est pas parti!
M. LAFONTAINE: L'arrêté ministériel pour $17.5
millions a été passé pour permettre au ministère de
la Voirie de fonctionner. Il n'y a pas un laps de temps de
déterminé dans l'arrêté ministériel. Mais
aucun gouvernement, y compris le gouvernement actuel, ne peut faire une
construction de route dans le Québec, sans au préalable se faire
autoriser par le lieutenant-gouverneur en conseil. C'est clair?
L'arrêté ministériel a été passé du
temps de l'ancien gouvernement, il s'agit maintenant pour le nouveau ministre
de mettre cela en application. Cela prendra un an...
M. PINARD: M. le Président, si le ministre veut me permettre de
répondre...
M. LAFONTAINE: ... deux, trois ou quatre ans. A l'heure actuelle le
ministre est libre d'agir. Dans le passé, il n'était pas libre
d'agir et je peux vous dire qu'après 1966 aucun des projets routiers
amorcés par l'ancien gouvernement libéral n'était
légalement fait, parce que l'arrêté ministériel
n'était pas passé. Nous avons mis de l'ordre
là-dedans.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous voulez me donner le numéro de
l'arrêté ministériel au sujet du pont de Moisie?
M. LAFONTAINE: Je lui ai posé quatre fois la question.
M. LE PRESIDENT: Le député de Drummond.
M. PINARD: Si le député était à ma place,
est-ce qu'il aurait un budget suffisant pour lui permettre d'exécuter
des travaux pour $17.5 millions, sur la Côte-Nord et la basse
Côte-Nord?
M. LAFONTAINE: Non.
M. PINARD: Est-ce qu'il aurait suffisamment d'argent au budget pour
commencer immédiatement les travaux de la Transquébécoise
dans Sherbrooke, Windsor Mills, Richmond et Danville?
M. LAFONTAINE: Oui, à l'automne, oui. Il m'a posé une
question, le ministre, c'est oui.
M. PINARD: Pour commencer les travaux de la
Transquébécoise entre Trois-Rivières et Sha-winigan?
M. LAFONTAINE: Oui.
M. PINARD: Vous auriez de l'argent pour tout ça?
M. LAFONTAINE: Certainement.
M. PINARD: A même le budget qui était préparé
et qui donnerait des fonds suffisants pour préparer tous les plans et
devis commencés...
M. LAFONTAINE: M. le Président, la route entre Shawinigan et
Trois-Rivières est déjà commencée.
M. PINARD: Est-ce que le député de Labelle a conscience
que le budget qu'on discute ce soir, c'est son budget à lui et qu'il
n'avait pas suffisamment de disponibilités budgétaires...
M. LAFONTAINE: Arrangé à la sauce libérale.
M. PINARD: ... pour exécuter tous les travaux promis durant la
campagne électorale. C'est ce que je veux lui faire comprendre, et ce
que je veux faire comprendre à la population. Nous sommes pris avec
cette situation, nous allons prendre nos responsabilités. Nous allons
dire clairement à la population que c'étaient des promesses
folichonnes, compte tenu de la capacité de payer du Québec qui
n'a pas de budget de voté capable de soutenir toutes ces
dépenses. C'est ce que je dis à l'ancien ministre et c'est ce que
je dis à la population, bien clairement. Mais, à
l'intérieur du budget que nous demandons de voter, nous allons quand
même manoeuvrer, de façon à donner satisfaction à la
population et nous irons là où les urgences et les
priorités nous commendent d'aller. J'annoncerai en temps et lieu les
d-ecisions et ce sera ma responsabilité de lancer ces
décisions-là, je ne confierai pas ma tâche à mes
fonctionnaires, je prendrai mes responsabilités moi-même...
M. LAFONTAINE: Ah bon!
M. PINARD: ... quitte à me faire critiquer ou louanger, sachant
fort bien qu'on est plus souvent critiqué que louange dans ce genre de
travail que nous avons à accomplir dans la vie publique. Mais j'y suis
habitué, j'ai été là pendant six ans et
j'espère être capable de faire quand même oeuvre utile
pendant quatre ans, indépendamment des commentaires faits ce soir par le
député de Labelle, indépendamment de ce qu'il pense,
indépendamment des vantardises qu'il a faites plus tôt pendant
près d'une heure.
M. LAFONTAINE: Le député de Drummond m'a posé une
question. Je vous aide, parce que votre premier ministre vous a dit tout
à l'heure: Tiens le temps! J'essaie de vous aider à tenir le
temps.
M. PINARD: Il ne m'a pas dit de tenir le temps, il m'a dit: Essaie de
finir la discussion des crédits ce soir. Mais je m'aperçois
qu'avec le député de Labelle, ce ne sera pas facile...
M. LAFONTAINE: C'est la même chose...
M. PINARD: ... parce qu'il s'est produit un dérangement entre six
et huit heures, malheureusement.
M. LAFONTAINE: C'est encore la mesquinerie du député de
Drummond.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: M. le Président, le ministre de la Voirie m'a
posé une question, il m'a demandé s'il était possible de
commencer les travaux entre Trois-Rivières et Shawinigan. Or, je dois
lui dire que les travaux entre Shawinigan et Trois-Rivières sont
commencés par Shawinigan et par Trois-Rivières, il y a au moins
deux ans, et qu'ils se continuent à l'heure actuelle. Une route ne
s'invente pas, ce n'est pas un produit de consommation. Une route se fait avec
le temps. Avant de commencer une route, il faut faire de la planification. Et
je comprends mal le ministre qui se veut un ministre dans le vent,
à la façon dont il s'habille, on voit qu'il est dans le vent
suspendre des contrats d'ingénieurs ici et là. Cela
le fatigue et j'aimerais savoir pourquoi.
M. PINARD: Voulez-vous que je vous le dise?
M. LAFONTAINE: Parce que son premier ministre a dit que la section entre
Sherbrooke et Danville, c'est une section prioritaire. Elle est prioritaire, la
section.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous ne sommes pas en campagne
électorale.
M. LAFONTAINE: Non, nous ne sommes pas en campagne électorale,
mais cela a été dit. Comment se fait-il que cela ait
été suspendu?
M. DROLET: Remettez-le à l'ordre et travaillons.
M. LAFONTAINE: Le député de Portneuf est
intéressé aux problèmes de Portneuf. Il y a les
problèmes de Sherbrooke, les problèmes des Cantons de l'Est...
Comment se fait-il qu'on suspend une planification routière dans les
Cantons de l'Est?
M. DROLET: M. le Président, j'ai posé une question...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DROLET: ... tout à l'heure, concernant le problème de
Portneuf. D m'a fallu cinq minutes, vous, il vous a fallu une heure et demie
pour votre discussion.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Nous sommes au poste budgétaire no 7,
le sous-article 1 est-il adopté? "Construction et réfection de
routes".
Je regrette, le député de Labelle a eu la réponse
du ministre à deux reprises. J'ai bien noté la façon dont
le ministre lui a répondu.
M. LAFONTAINE: J'ai au moins le droit de parler en commission une heure
sur chacun des articles et je n'ai pas l'intention de parler une heure sur
chacun des articles. Il est 9 h 54.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes à l'article 1 du poste 7...
M. LAFONTAINE: Je dis ceci.
M. LE PRESIDENT: Depuis exactement 17 h 30 cet après-midi...
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas parlé une heure sur le sujet, M. le
Président.
M. PINARD: J'espère que l'ancien ministre ne parlera pas une
heure sur le même article.
M. LAFONTAINE: Est-ce que j'ai le droit de dire un mot, M. le
Président, sans subir de bâillon de qui que ce soit?
M. LE PRESIDENT: II n'est pas question de bâillonner qui que ce
soit.
M. PINARD: Le député de Labelle n'a qu'à être
raisonnable dans ses questions, dans ses commentaires, c'est tout.
M. LAFONTAINE: Alors, M. le Président, en vertu du
règlement, j'ai droit de parler une heure sur chacun des articles. Je
n'ai pas l'intention d'épuiser mon droit de parole.
M. LE PRESIDENT: Dans ce cas-là, je laisse la parole au
député de Labelle et je lui demande d'être aussi bref que
possible.
M. LAFONTAINE: Si le président m'avait donné la parole
plus tôt, ce serait déjà fini. Je note simplement que le
ministre de la Voirie n'a pas répondu aux trois questions que je lui ai
posées. J'en prends note, point.
M. PINARD: Merci.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2: Construction de la route Les
BoulesRivière-au-Renard?
M. LAFONTAINE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3: Construction des voies latérales
du boulevard Métropolitain. Le député de Lafontaine.
Boulevard Métropolitain
M. LEGER: M. le Président, dans le comté de Lafontaine, le
boulevard Métropolitain passe à travers la section de la Ville
d'Anjou, et dans cette ville, il y avait auparavant des voies latérales
qui avaient été construites avant l'allée centrale du
boulevard Métropolitain qui va vers Joliette, route
transcànadienne. A ce moment-là, il y avait, venant de l'ouest,
des voies latérales pour pénétrer à l'entrée
de la ville d'Anjou et il y avait des voies pour entrer au centre d'Anjou et il
y en avait pour entrer aussi à la sortie d'Anjou. C'est du
côté sud du boulevard Métropolitain. Du côté
nord, il y avait aussi des voies latérales pour entrer dans le parc
industriel.
Lorsque l'autoroute a été complétée ou
prolongée la partie à l'intérieur de deux voies
latérales une certaine anomalie s'est produite : il n'y a pas de
voie pour entrer dans Anjou même, si ce n'est une voie, environ un mile
et demi avant Anjou, qui correspond à l'entrée des Galeries
d'Anjou. L'autre sortie se fait tout à fait à
l'extrémité d'Anjou, ce qui fait que, du côté sud,
tous les commerces qu'il y avait sur la voie latérale en ont souffert
énormément. Les gens qui veulent arriver dans Anjou sont
obligés d'entrer par les Galeries d'Anjou et passer à travers
tout le système des routes domiciliaires à l'intérieur
d'Anjou et c'est la même chose du côté nord du boulevard
Métropolitain. Les gens venant du parc industriel, pour entrer sur
l'autoroute ou le boulevard Métropolitain vers l'ouest, doivent
pénétrer un mil et demi passé la ville d'Anjou.
Alors ma question est la suivante: Est-ce que c'est possible ou est-ce
que c'est déjà entré dans vos prévisions ou dans
vos projets d'avoir des voies latérales pour pénétrer par
le nord dans la
ville d'Anjou autour de la rue de la Loire, en plein centre de la ville
d'Anjou? C'est en même temps la même voie qui pénètre
par le nord pour arriver exactement dans le centre du parc industriel.
M. PINARD: Si le député veut me donner un moment
d'attention. C'est un problème technique d'envergure que le directeur de
la planification est en train de m'expliquer.
Je pense qu'en commission, il est permis à un fonctionnaire de
répondre à une question d'ordre technique posée par un
membre de la commission. Je confie le soin à M. Henri Perron,
sous-ministre adjoint chargé du budget et directeur
général à la planification, de répondre aux
questions du député, parce que c'est un problème
strictement technique.
M. PERRON: Les entrées dont vous parlez étaient des
entrées temporaires quand les voies rapides n'étaient pas
terminées. Maintenant que les voies rapides sont terminées, il
est impossible de garder ces entrées temporaires. Mais, plus tard,
lorsque la montée de Saint-Léonard va être prolongée
vers le nord, vis-à-vis de la rue Jarry, il va y avoir un autre
carrefour, de façon à permettre aux gens de la partie nord de la
ville d'Anjou de sortir à cet endroit-là.
On a fait un bout de rue l'automne dernier, quand les voies rapides se
sont faites pour faciliter l'accès à la partie nord d'Anjou par
ce bout de rue-là de Jarry qui s'est fait jusqu'à prolongement de
montée Saint-Léonard, de façon à éviter
d'aller à un mille et demi vers l'est pour revenir à la partie
nord. Les gens peuvent prendre le carrefour et sortir par la rue Jarry, qui est
un peu au nord du boulevard Métropolitain qui a été
terminé l'an dernier.
M. LEGER: M. le Président, ce que vous proposez là, va
peut-être régler la question du parc industriel situé du
côté nord du boulevard Métropolitain. Mais, du
côté sud, pour les gens qui entrent à Anjou, cela ne
règle pas le problème et, c'est un problème majeur pour
les gens qui veulent entrer ou sortir d'Anjou. C'est aussi le problème
de tous les commerces, situés sur la voie latérale, qui sont en
train de dépérir: postes d'essence, magasin IGA,
épiceries, etc. Concevez-vous de façon technique, comment
régler le problème actuel?
M. PERRON: Les entrées et les sorties du carrefour de la rue
Lawson qui a été terminé il n'y a pas tellement longtemps,
et celle du carrefour de la montée Saint-Léonard, sont tellement
rapprochées qu'il est impossible de conserver les voies temporaires qui
étaient là. C'est un problème de signalisation pour les
gens qui étaient habitués de s'engager dans les entrées
temporaires, de quitter la voie pour l'entrée avant le carrefour de
montée Saint-Léonard et se rendre à Anjou. La
signalisation est très récente. Cela a été fait
l'automne dernier, assez tard. C'est une question de temps. Les gens
étaient habitués de passer tout droit et de se servir des
entrées temporaires quand les voies rapides n'étaient pas encore
faites.
M. LEGER: Oui, mais cela ne règle pas le problème. Vous
avez fait la sortie à l'extrémité d'Anjou et comme l'autre
sortie est à environ à 1 1/2 mille plus avant, je ne vois pas
comment cela ne pourrait pas être une sortie plus au centre de la ville
d'Anjou.
M. PERRON: La sortie à la fin de ville d'Anjou en fait, est pour
Anjou et pour Montréal-Est, quand les voies rapides vont être
faites dans Montréal-Est,
M. LEGER: Oui, mais Montréal-Est est passablement plus loin que
d'Anjou, il est à deux ou trois milles plus loin.
M. PERRON: II reste à peu près 10,000 pieds sur les voies
rapides pour joindre le carrefour Saint-Jean-Baptiste et celui de la section
qui est à se terminer.
M. LEGER: D'accord, mais cela veut dire que vous ne voyez pas de
solutions techniques pour que les gens d'Anjou, qui est quand même une
ville d'environ 25,000 de population actuellement, ne puissent pas entrer,
c'est la partie qui vient d'être construite dernièrement depuis
les deux dernières années, qui est la plus dense. Et ces
gens-là n'ont pas de voies d'accès pour rentrer à Anjou.
Vous dites qu'il y a un problème technique et que c'est impossible de
rapprocher une sortie.
M. PERRON: Nous l'avons étudié et c'est toujours à
l'étude. Le boulevard Métropolitain traverse l'île de
Montréal et n'est pas fait pour desservir les municipalités. Les
sorties sont pour toute la circulation du boulevard Métropolitain et, il
est assez difficile de localiser les sorties à chacune des
municipalités que l'on traverse. Mais le problème que vous
soulevez est un problème aigu que nous avons eu et que nous
étudions encore. Si c'est possible de le faire, on va le faire
sûrement.
M. LEGER: Je prends note que vous examinerez encore la situation parce
que je reviendrai sur le sujet. Les citoyens de la ville d'Anjou sont
très malheureux de la situation. Je demande au ministre de continuer
l'étude pour trouver une solution à ce
problème-là.
M. PINARD: Si le député veut venir au ministère et
discuter le problème et voir les plans, cela lui permettra
peut-être de mieux comprendre la situation et peut-être aussi de
formuler des solutions, des suggestions qui peuvent être très
intéressantes. Alors, je n'ai pas
d'objection à ce que le député vienne au
ministère et regarde les difficultés techniques que nous avons,
compte tenu des déclarations et des explications données par M.
Perron.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 3 est-il adopté?
J'aimerais demander aux membres de la commission s'ils ont l'intention
de continuer à siéger. Normalement, nous devrions...
M. PINARD: Moi, je préférerais continuer si les autres
députés n'ont pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Nous siégerons jusqu'à 11 heures.
Article 3 est adopté. Article 4, adopté. Article 5.
M. PINARD: Vous avez parlé cet après-midi de la
construction de ponts permanents. Alors, je vous avais demandé de poser
votre question au poste budgétaire 7, article 5. Vous avez
formulé la même question pour ce soir. Reformulez votre question,
s'il vous plaît.
M. TETLEY: Est-ce que c'est possible d'épuiser le budget avant 23
h? Le ministère du Revenu et ses fonctionnaires attendent la fin avec
impatience.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la commission du ministère du Revenu
doit siéger ici?
M. TETLEY: Oui. C'est très intéressant, mais quand
même.
M. LE PRESIDENT: de toute façon, il y a des députés
qui ont l'intention de poser des questions.
Pont de Wotton
M. PINARD: Je puis répondre de façon
générale, ce soir, au député de Wolfe, pour dire
que dans les nouveaux projets suggérés, il y avait la
construction d'un pont sur la rivière Nicolet, dans le canton de Wotton.
Il y avait un montant total d'engagement de $125,000. Si les
disponibilités budgétaires nous le permettent cette année,
nous essaierons de dépenser une somme qui pourrait permettre la
construction de ce pont-là dans un avenir assez rapproché.
Peut-être que la construction devrait se faire sur deux exercices
budgétaires. Je ne le sais pas pour le moment. Je pourrai mieux
préciser ma décision un peu plus tard, lorsque j'aurai fini, avec
les fonctionnaires, la révision des programmes de construction. A ce
moment-là, je vous enverrai, comme je l'ai dit cet après-midi,
une liste des travaux.
M. LAVOIE (Wolfe): Je voudrais faire une remarque en passant, M. le
ministre. C'est que à
Wotton, où ce pont-là doit être construit, le chemin
est déjà fait; et dans la paroisse voisine qui est dans Richmond,
le pont est fait et le chemin n'est pas fait. Cela ne marche pas très
bien. Un chemin pas de pont et un pont pas de chemin, ça ne convient pas
tellement.
M. PINARD: Nous allons étudier le problème et, s'il
s'avère très urgent de continuer les travaux, nous mettrons des
crédits disponibles pour exécuter rapidement.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est dû à l'ancienne administration de
l'Union Nationale. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5 adopté. Article 6.
Terrains de camping
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Article 6: Terrains de camping. Est-ce que ce
sont les voies d'accès pour se rendre aux terrains de camping ou s'il y
a des terrains de camping qui appartiennent au ministère de la
Voirie?
M. PINARD: II s'agit plutôt de haltes routières que de
terrains de camping. Les haltes routières, ce sont les aires, de repos
qui sont construites en bordure des grandes artères de communications
pour permettre lé repos des voyageurs, des automobilistes et des
camionneurs qui se sentent fatigués et qui, par mesure de prudence,
doivent s'arrêter au bord de la route plutôt que de continuer leur
chemin avec risque possible d'accident. Alors, c'est nécessaire
maintenant.
M. LE PRESIDENT: Le député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): Je voudrais savoir, M. le Président, combien
d'argent pourrait être investi dans le parc des Voltigeurs?
M. PINARD: Je pense qu'il y a un investissement de $2 millions environ
qui a été fait jusqu'ici. Cette année, il y a des contrats
pour l'installation d'un système d'électricité et il se
fait également des travaux depuis une semaine pour la construction de
bâtisses, de salles de toilette, de salles de déshabillage pour
les estivants qui iront dans le parc. Egalement la construction d'un
restaurant, si nous en avons le temps cette année, et surtout pour
permettre à la jeunesse et aux estivants de mieux profiter du parc des
Voltigeurs, la construction d'une piscine de grandeur olympique et la
construction d'une piscine, disons...
M. LAVOIE (Wolfe): Adopté. Pouvez-vous nous dire quel est le
montant que vous prévoyez dépenser pour le parc des
Voltigeurs?
M. PINARD: $400,000 à $500,000 cette
année, mais l'engagement est pour une somme beaucoup plus
importante que ça.
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté. M. LAVOIE (Wolfe):
Adopté.
M. PINARD: Est-ce que le député serait
intéressé à savoir le nombre de visiteurs que le parc a
accueillis durant l'avant-dernière semaine? Il y a eu exactement 15,460
personnes qui ont circulé dans le parc.
M. LAFONTAINE: 15,000 personnes, c'est impossible.
M. PINARD: Dans la semaine. C'est le contrôle des entrées
qui a été fait.
M. LAFONTAINE: C'est physiquement impossible, je m'excuse.
M. PINARD : II est entré 4,500 voitures. Je ne dis pas qu'il y a
eu 15,000 personnes qui ont séjourné dans le parc avec leur tente
et leur roulotte, mais qui sont passées dans le parc. Donc, cela
constitue un attrait touristique important, et je pense qu'une fois le parc
aménagé, ce sera un équipement routier.
M. LAFONTAINE: D'accord, mais il ne faudrait pas penser que ce sont
15,000 personnes qui ont séjourné là.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Au poste no 8: Construction de la route
transcanadienne, ponts compris. Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Au poste budgétaire no 9...
M. LAFONTAINE: Un instant, je n'ai pas dit adopté.
M. PINARD: Si vous n'avez pas dit adopté, ce n'est pas
adopté.
Négociations concernant la
Transcanadienne
M. LAFONTAINE: Seulement une question. Est-ce que le ministre pense
réussir à changer la mentalité d'Ottawa? Quand je suis
parti du ministère avoir une route transcanadienne, si la section du
Québec n'est pas bâtie. Je pense que le ministre sait les
interventions que j'ai faites, avec le plus de doigté possible,
vis-à-vis d'Ottawa. Quand je suis parti du ministère de la
Voirie, j'avais demandé à M. Marchand, ministre de l'Expansion
régionale à Ottawa, de tenter de protéger au moins les
intérêts bien compris du Québec. Il n'y a aucune raison
qu'on finisse la route transcanadienne dans les autres provinces, et qu'on
refuse à la province de Québec de terminer la route
transcanadienne dans le Québec. J'ai fait mon possible je n'en ai
pas fait un ballon politique, comme j'ai dit à certaines personnes
durant le souper, malgré que le ministre pense que j'aie fait autre
chose pendant le souper... Je lui souhaite tout simplement bonne chance et je
dis au ministre actuel de la Voirie qu'il pourra toujours compter sur l'aide
efficace et dynamique de l'Union Nationale, de telle sorte que le gouvernement
d'Ottawa permette au gouvernement du Québec de terminer la route
transcanadienne. Parce que si le gouvernement d'Ottawa ne collabore pas avec le
gouvernement du Québec, ce sera encore un autre traquenard d'Ottawa
où on a promis mer et monde au Québec, pour tenter de bâtir
dans les autres provinces une Transcanadienne, mais ne pas la compléter
dans le Québec. Et à ce moment-là, nous assisterons
à un non-sens historique: on aura dans le Canada une Transcanadienne qui
n'est pas complètement parce qu'elle ne sera pas terminée dans le
Québec.
Si on se reporte à la loi fédérale votée en
1949, la route transcanadienne était censée être un ruban
unissant les gens de l'Atlantique aux gens du Pacifique et le ruban ne sera pas
complet s'il n'est pas terminé dans le Québec. J'ai l'impression
que c'est un vol pur et simple de la part du gouvernement fédéral
envers la population du Québec, si le gouvernement fédéral
ne collabore pas avec le gouvernement du Québec, quelle que soit
l'allégeance politique du gouvernement provincial. Et je souhaite
à l'actuel ministre de continuer avec succès les interventions
les plus sensées que nous avons tentées avec le gouvernement
central. C'est tout ce que j'ai à dire et je dis: Adopté, M. le
Président.
M. LEGER: ... C'est sûr que si le Québec pouvait
récupérer tous ses impôts du fédéral, il
n'aurait pas besoin de demander, il réglerait ce
problème-là lui-même.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Poste 8, adopté.
M. PINARD : J'aimerais rassurer le député de Labelle. Une
fois les crédits du ministère de la Voirie adoptés, nous
dresserons immédiatement le plan d'action pour être en mesure
d'aller rapidement à Ottawa rencontrer les autorités
compétentes pour négocier de nouveau l'entente au sujet de la
construction de la route transcanadienne, de façon à permettre au
gouvernement du Québec d'obtenir tout l'argent nécessaire pour
compléter la route transcanadienne jusqu'à la frontière du
Nouveau-Brunswick. Il s'agit d'une dépense de $90 millions. Il faut
tenir compte aussi de toute la section dans le secteur est-ouest de
Montréal, où il faudra probablement engager de fortes
sommes, pouvant être évaluées à $200
millions. S'il arrivait que le gouvernement fédéral décide
de geler sa participation financière à $172 millions, comme cela
a été déclaré, ce fait mettrait en péril la
capacité d'exécution du Québec au plan de la construction
de la route transcanadienne. Cela surchargerait le poids financier de la part
du Québec. Il y aurait donc un manque à gagner à
l'égard du Québec d'environ $65 millions à $70 millions et
peut-être davantage, compte tenu de l'augmentation constante du
coût des matériaux, de la main-d'oeuvre, etc.
C'est une priorité, une très grande priorité, au
niveau du ministère de la Voirie. C'est bien mon intention d'aller
à Ottawa le plus rapidement possible rencontrer le ministre de
l'Expansion régionale, le ministre des Transports, M. Laing...
M. LAFONTAINE: II n'est pas facile, celui-là. Je peux dire cela
au ministre.
M. PINARD: ... et aussi le ministre de l'Industrie et du Commerce, M.
Jean-Luc Pépin...
M. LAFONTAINE: ... même s'il est libéral...
M. PINARD: ... à qui j'ai parlé du problème depuis
déjà un assez bon bout de temps de façon à
sensibiliser les ministres du gouvernement fédéral sur l'urgence
qu'il y a de négocier la reconduction de l'entente de la route
transcanadienne pour donner un prolongement quant au délai
d'exécution afin de ne pas pénaliser le Québec. Il faut
bien admettre que des précédents ont été
créés à l'égard et à l'avantage des autres
provinces du Canada. Il y a eu reconduction des ententes dans la plupart des
provinces. Il y a même eu, dans certains cas, une participation accrue au
plan financier en faveur de certaines provinces jusqu'à 90 p.c. et
même 100 p.c. du coût total de la construction. Je ne vois donc pas
pourquoi le Québec ne recevrait pas sa juste part. Je pense que nous
avons suffisamment de bons arguments pour faire changer la décision du
gouvernement fédéral. C'est ce à quoi nous nous
emploierons dans les prochaines semaines. Nous travaillons déjà
à un mémoire qui sera présenté au gouvernement
fédéral. A ce moment-là, il faudra avoir le concours du
ministre des Affaires intergouvernementales, l'honorable Gérard
Lévesque, qui est également ministre de l'Industrie et du
Commerce. Je pense que c'est une très forte préoccupation au
niveau du cabinet du premier ministre qui m'a donné toute latitude
à ce sujet et qui m'a demandé de recourir à ses services
et aux services du sous-ministre, M. Claude Morin, si le besoin s'en faisait
sentir de sorte que ces négociations se fassent de façon
vigoureuse et efficace, mais dans un climat d'amitié pour la meilleure
défense des intérêts du peuple Québécois.
M. LAFONTAINE: J'aimerais que le ministre de la Voirie regarde ceci par
exemple. Disons que j'ai fait ça dans l'ombre; j'ai fait ça sans
tambour ni trompette...
M. PINARD : Est-ce que je pourrais avoir ce dossier?
M. LAFONTAINE: ... j'ai tenté d'y mettre énormément
de compréhension. Je tiens à dire au ministre qu'il va avoir
quelqu'un dans ses jambes, qui s'appelle le ministre Laing. Il n'est pas
facile, lui, pour le Québec. Je le mets en garde et je ne comprends pas
que le gouvernement fédéral...
M. PINARD: Allez, allez!
M. LAFONTAINE: Non, j'aimerais bien ça que le ministre me
comprenne. Je ne voudrais pas parler dans l'air.
M. PINARD : Je comprends très bien.
M. LAFONTAINE: Non, non, le ministre n'a pas le don d'ubiquité,
c'est sûr!
M. PINARD: J'avais de la correspondance...
M. LAFONTAINE: Je ne comprends pas le gouvernement fédéral
d'avoir accepté, dans le temps de l'ancien gouvernement libéral
d'avant 1966, le tracé de la route est-ouest dans la ville de
Montréal parce qu'il l'a accepté, ce tracé, la
partie qui est acceptée d'avoir accepté de construire un
complexe de $20 ou $22 millions en dessous de la Place Bonaventure, complexe
auquel il a contribué...
M. PINARD: Le tunnel superposé?
M. LAFONTAINE: C'est ça. Le plus grand échangeur de
circulation souterrain au monde. D'avoir tout accepté, dis-je, à
un moment donné, dire au Québec: C'est regrettable, mais à
partir de 1970, nous ne reconnaissons plus aucune entente. Quand on sait que le
gouvernement fédéral a renégocié avec les
provinces, a adopté une loi par trois fois ou quatre fois, prolongeant
l'entente de la Transcanadienne dans toutes les provinces à l'exception
d'une seule, je pense, où il reste à peu près 40 milles
à rebâtir, une route extrêmement simple. Il reste le
Québec où nous avons, disons, peut-être $300, $350, ou
peut-être $400 millions à dépenser pour terminer la route
transcanadienne et le gouvernement fédéral, qui a amené
les provinces dans un autre plan conjoint dit vis-à-vis du
Québec, parce qu'il reste seulement le Québec... Comme le
ministre le disait tout à l'heure, on a accordé à
certaines provinces 50 p.c. et même 100 p.c. à certaines
provinces. Je pense, par exemple aux parcs dans l'Ouest, quand la
Transcanadienne traverse les parcs fédéraux, à la
construction de la Transcanadien-
ne en Colombie-Britannique, qui coûte en moyenne $5 millions le
mille et est payée à 100 p.c. par le gouvernement
fédéral. Non seulement elle est payée à 100 p.c.
par le gouvernement fédéral, mais elle est aussi entretenue
à 100 p.c. par le gouvernement fédéral.
On parlait tout à l'heure des couches d'usure dans le
Québec. Je connais les problèmes qu'a le ministre pour faire des
couches d'usure dans le Québec. Mais quand j'ai voyagé sur la
Transcanadienne dans les provinces de l'Ouest, surtout en Colombie-Britannique,
je me suis rendu compte qu'on se payait le luxe de mettre une couche d'usure
sur une route qui était en très bon état. Ici, dans le
Québec, on n'aurait jamais pensé de mettre une couche d'usure
avant dix ans sur une route semblable.
Cette route a été payée, à $5 millions du
mille, à 100 p.c. par le gouvernement fédéral et celui-ci
l'a entretenue à 100 p.c. sous le simple et fallacieux prétexte
qu'elle traverse un parc national. On a tenté, dans certaines autres
provinces, de donner des subventions accrues.
Pour terminer, dans une province que je ne mentionnerai pas, on a
augmenté la subvention à 90 p.c, mais, quand c'est le sort du
Québec, on est toujours traité en parents pauvres. Le
Québec n'a pas fini. J'ai tenté de faire valoir à un
ministre fédéral, ceci, en disant: Peut-être qu'en Ontario
ils ont 1,400 milles de route, mais dans le Québec nous avons seulement
440 milles de route. Par contre, la route de l'Ontario est une route à
deux voies. La route du Québec, c'est une autoroute, dont certaines
sections ont huit voies. Or, l'effort fiscal du gouvernement provincial a
été immense et on m'a dit à ce moment: Vous avez
reçu votre quote-part.
J'entends souvent des questions posées par certains
députés, j'entends les réponses à certaines
questions posées par certains députés du Québec,
à Ottawa, et la réponse est éternelle: On a donné
plus au Québec que dans les autres provinces, et c'est exact. On a
peut-être donné plus, mais on n'a pas rempli vis-à-vis du
Québec les engagements que le gouvernement fédéral avait
pris vis-à-vis du Québec. On n'a pas suivi les engagements que la
loi obligeait le gouvernement fédéral à honorer. C'est
pour cela que je dis au ministre de la Voirie actuel qu'il peut compter sur mon
entière et pleine collaboration. C'est un coup en bas de la ceinture
donné par les "fédérastes". De l'argent doit revenir pour
la Transcanadienne et le gouvernement fédéral doit prolonger son
entente; sinon c'est encore un autre vol dans la poche du contribuable
québécois.
Si l'ancien gouvernement libéral a pris la décision de
bâtir la section est-ouest dans la ville de Montréal, si l'ancien
gouvernement libéral, d'accord avec le gouvernement
fédéral, a décidé de bâtir le plus gros
échangeur sous-terrain de circulation au monde au coût de $20
millions ou de $22 millions, qui sont enterrés depuis cinq ans, surtout
avec le loyer d'argent, c'est parce que l'ancien ministre et je lui en
donne tout le crédit se fiait sur le gouvernement d'Ottawa pour
continuer les travaux. Sans cela, il n'aurait pas pris une décision
semblable. Je comprends mal que le gouvernement fédéral, dans son
optique actuelle veuille mettre un frein aux ambitions routières du
Québec. Je dis au ministre qu'il fasse la bataille, il n'aura jamais
l'Union Nationale entre les jambes; au contraire, l'Union Nationale appuiera le
gouvernement libéral dans sa campagne contre Ottawa pour aller
récupérer l'argent qui lui revient. Le gouvernement
fédéral ne fait pas de miracle, l'argent qu'il dépense
pour la Transcanadienne, il le prend chez les contribuables canadiens, et je
pense que les Québécois sont aussi des contribuables canadiens
à titre de Québécois. Si jamais le gouvernement
fédéral ne donne pas suite à son entente, c'est un
déni épouvantable des droits du Québec.
M. LEGER: Est-ce que le député de Labelle pourrait me
clarifier un petit passage de son exposé? Il a dit que le gouvernement
fédéral a donné plus au Québec qu'il devait lui
donner; après cela, le ministre a dit qu'il n'a pas rempli...
M. LAFONTAINE: Il faudrait que le député comprenne que la
route transcanadienne s'est faite en vertu d'une loi fédérale
adoptée en 1949, par laquelle le gouvernement du temps a voté, je
pense, de mémoire, $180 millions, quelque chose du genre, pour
bâtir une route avec la collaboration des provinces de l'Atlantique au
Pacifique on l'a appelée la route transcanadienne pour
relier l'Atlantique au Pacifique et tous les Canadiens par un ruban d'asphalte.
Par une guerre d'autonomie, l'ancien premier ministre du Québec, qui
s'appelait M. Duplessis, a toujours refusé disant que ce n'était
pas le rôle du gouvernement fédéral d'intervenir dans un
problème qui est proprement provincial, la construction des routes. Mais
par contre, il s'organisait toujours avec le ministre des Travaux publics du
temps, qui s'appelait M. Winters, pour faire voter une autre loi
protégeant les droits du Québec, de sorte que nous puissions
aller, à un moment donné, récupérer l'argent qui
était payé par les gens du Québec à Ottawa. M.
Duplessis est décédé en 1959. H y a eu changement de
gouvernement en 1960.
M. LEGER: Pourriez-vous me donner la date, s'il vous plaît?
M. LAFONTAINE: L'actuel ministre de la Voirie a signé une entente
avec Ottawa...
M. PINARD: Octobre 1960.
M. LAFONTAINE: ... en octobre 1960. En 1964, une autre loi a
été présentée parce que la première
était rendue à échéance. En 1967, le
gouvernement fédéral a adopté une autre loi
prolongeant l'entente...
M. PINARD : Pour trois autres années.
M. LAFONTAINE: ... pour une autre période de trois ans. La
philosophie même de la loi était de construire une route
transcanadienne, unissant les gens de l'Atlantique au gens du Pacifique. Je
souhaite que le nouveau gouvernement libéral puisse réaliser
l'ambition que j'avais. En 1970 est-ce à cause du gouvernement de
l'Union Nationale? Est-ce à cause de l'intrusion du gouvernement
fédéral dans les affaires de la province de Québec?
ils ont décidé de mettre fin à l'entente et puis de dire:
C'est bien dommage, mais on met fin à l'entente à partir du 30
décembre 1970. On vous donne un an pour régler vos
problèmes. Avant la fin de 1970, on paye; après, on ne vous donne
plus rien.
M. PINARD: M. le Président...
M. LAFONTAINE: Je me demande quelle est la philosophie qui anime le
gouvernement fédéral.
M. PINARD: M. le Président, si vous le permettez.
M. LAFONTAINE: Excusez, je réponds à votre première
question. Le Québec a reçu plus que les autres provinces, c'est
un fait. Le Québec a reçu plus, mais toujours en dedans de
l'entente. Ce n'est pas une entente où l'on dit: On donne tant à
telle province. C'est une entente qui vise à bâtir une
Transcanadienne. Si ça nous coûte plus cher dans le Québec,
c'est parce que nous avons voulu la faire plus grande. La Transcanadienne dans
le Québec va être une autoroute à partir des
frontières du Nouveau-Brunswick jusqu'aux frontières de
l'Ontario. Tandis qu'en Ontario ça va être une route à deux
voies qui monte par le nord, une route secondaire. Je vous appuyé cent
mille à l'heure là-dessus.
M. PINARD : M. le Président, est-ce que vous me permettriez,
quand même, de rétablir le problème dans le
véritable contexte où il doit être situé? J'entrerai
en relations avec le gouvernement fédéral d'ici quelques
semaines, tout au plus, et j'aimerais quand même préparer le
débat. J'admets que le député de Labelle a raison quand il
prétend que Québec ne devrait pas être
pénalisé au plan financier. Il faudrait que Québec puisse
continuer l'autoroute transcanadienne jusqu'à la frontière du
Nouveau-Brunswick. Le gouvernement fédéral devrait être
invité à reconduire l'entente pour nous permettre d'avoir le
temps d'exécuter ces travaux.
Mais, il faudrait quand même être juste à
l'égard du gouvernement fédéral qui, lui aussi, a fait un
effort financier plus considérable à l'égard du
Québec qu'à l'égard des autres provinces.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas écrit dans la loi.
M. PINARD: Le Québec a été la dernière
province à souscrire à l'entente de la route transcanadienne, dix
ans après la province de l'Ontario qui y avait déjà
souscrit dès l'adoption de la loi par le gouvernement
fédéral, en 1949. Ce n'est pas surprenant que Québec ait
eu à payer plus cher pour construire son autoroute transcanadienne. En
1960, le 27 octobre, les routes à deux voies étaient quelque
chose de dépassé sur le plan routier. Il a fallu faire des routes
à deux voies sur 56 milles de longueur, bâtir à quatre
voies sur 283 milles, bâtir à six voies sur 29 milles et
bâtir à huit voies sur 9 milles, pour un total de 377 milles. Il a
aussi fallu amorcer des travaux de très grande importance dans le
secteur de la ville de Montréal, dans l'axe est-ouest, entre autres, un
tunnel superposé d'une profondeur d'environ 85 pieds.
Alors, ça, c'est très coûteux. Il faut que le
fédéral admette que, même si le Québec est
arrivé en retard pour signer l'entente par rapport aux autres provinces,
ce serait vraiment nous pénaliser de ne pas reconduire l'entente et de
plafonner la participation financière du gouvernement
fédéral à $172 millions, alors qu'il reste encore des
travaux à exécuter pour une somme de $319 millions. Le coût
global du parachèvement des travaux de la Transcanadienne
s'établit à $319 millions. La contribution du gouvernement
fédéral s'établit à $78 millions. Le Québec,
à lui seul, devrait payer tout près de $241 millions. Je pense
que c'est un effort financier trop lourd pour le Québec.
La différence qu'il faudrait combler pour que le Québec
soit aussi bien traité que les autres provinces l'ont été,
compte tenu de toutes les affirmations qui ont été faites
tantôt et également des explications que j'ai données quant
au retard du Québec à souscrire à cette entente, selon la
loi actuelle, le gouvernement fédéral devrait souscrire $176
millions ou $177 millions.
Et si l'entente est reconduite jusqu'en 1975 pour permettre au
Québec de terminer sa route transcanadienne jusqu'à la
frontière du Nouveau-Brunswick et pour continuer les travaux dans
l'arche est-ouest pour faire le raccordement avec l'entrée du
pont-tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine, la contribution du Canada devrait
s'élever à $238 millions. Dans le cas de l'affirmative "A",
c'est-à-dire au cas où le fédéral décidait
de geler sa participation financière à tout près de $177
millions, il y aurait une perte nette, pour le Québec, de tout
près de $62 millions. Mais, avec l'augmentation constante du coût
des matériaux et de la main-
d'oeuvre, il pourrait arriver que, dans un délai de cinq ans,
cette perte nette pour le Québec soit évaluée à
près de $80 millions.
C'est une perte que le Québec ne peut pas se permettre de subir,
et c'est précisément le motif qui fera que j'irai à Ottawa
prochainement, accompagné de mes principaux fonctionnaires, pour
convaincre Ottawa de reconduire l'entente dans le plan de la route
transcanadienne et d'augmenter sa participation financière pour donner
un traitement juste et équitable aux citoyens du Québec. Je suis
assuré que, le climat de négociations étant favorable avec
le gouvernement d'Ottawa par le temps qui court, nous avons raison
d'espérer qu'Ottawa souscrira aux arguments qui seront invoqués
par le gouvernement du Québec et que nous reviendrons chez nous avec les
$75 millions ou les $80 millions dont le Québec aura besoin pour
compléter ces travaux.
M. LEGER: Est-ce que le gouvernement fédéral peut, d'une
façon unilatérale, dire: Nous arrêtons les montants au
Québec, sans que le Québec puisse dire un mot?
M. PINARD: Juridiquement parlant, je pense que le gouvernement
fédéral pourrait dire: Nous ne reconduisons pas l'entente qui
expirera le 31 décembre 1970. Mais ce serait difficilement avalable par
le peuple du Québec, et je pense que le gouvernement d'Ottawa reviendra
sur sa décision et se rendra aux arguments du Québec, qui,
à mon avis, sont solides et fortement appuyés par la population
et aussi par nos représentants fédéraux à
Ottawa.
M. LEGER: Mais cette attitude du gouvernement fédéral dans
la lutte actuelle, c'est ce qu'on appelle le fédéralisme
rentable. Je dirais que c'est le fédéralisme "rentrable", il veut
nous faire rentrer dans le rang, sans ça nous n'avons pas ce qui nous
revient.
M. PINARD: Ecoutez, tout est négociable. Il s'agit de
créer un climat propice de négociations, de ne pas jeter des
accusations en l'air, d'être juste pour l'autre gouvernement.
Jusqu'à maintenant, nous avons été traités
justement par le gouvernement d'Ottawa. Nous avons eu la reconduction de
l'entente de la route transcanadienne à trois reprises. Nous n'avons
jamais eu de difficultés avec le gouvernement d'Ottawa quant à sa
participation financière. Nous avons même obtenu un peu plus que
l'entente ne le prévoyait dans certains secteurs de travaux.
Malgré qu'ils aient été un peu surpris par notre attitude,
lorsqu'il s'est agi de profiter des 10 p.c. du parcours total de la route
transcanadienne dans le secteur de Montréal où nous avions
exécuté les travaux les plus coûteux, parce que nous avons
construit jusqu'à plus de 10 voies, nous avons construit le pont
Louis-Hyppolyte Lafontaine au coût de tout près de $80 millions,
le gouvernement fédéral a été obligé de se
soumettre aux conditions mêmes de l'entente qui prévoyait que le
Québec avait droit de prendre avantage de cette disposition. Admettons
qu'à cette époque le gouvernement du Québec ait
été assez habile pour exécuter ces travaux les plus
coûteux dans la section de Montréal, le gouvernement
fédéral a été obligé de se soumettre
à l'entente, même s'il a trouvé que la note à payer
était très chère. Cela prouve que le gouvernement
fédéral s'est comporté jusqu'ici d'une façon
convenable et juste pour le Québec.
Il s'agit de demander une extension, une reconduction de l'entente et
d'obtenir aussi une plus forte participation financière, compte tenu de
la charge que devra supporter le Québec, compte tenu aussi qu'il faudra
aménager des voies d'accès rapides conduisant à
l'aéroport de Sainte-Scholastique, et aussi compte tenu des grands
travaux qu'il faudra exécuter dans certaines régions du
Québec, dans le cadre de programmes de développement
régional, qui constituent en quelque sorte des plans conjoints
établis entre le gouvernement d'Ottawa et le gouvernement du
Québec, dans la région de Trois-Rivières, par exemple,
dans la région de Sept-Iles et dans la région du
Bas-Saint-Laurent.
M. LAFONTAINE: Cela n'a rien à faire avec la Transcanadienne.
M. LEGER: II faudra que l'entente soit renégociée avant
1970.
M. LAFONTAINE: Si le député me permet un renseignement
additionnel, l'entente fédérale-provinciale prévoit que le
gouvernement fédéral paie 50 p.c. de la construction d'une route
à deux voies, excepté quand nous prenons le boulevard
Décarie qui a huit voies ou une route à dix voies. m. PINARD:
C'est une route à six voies, mais elle a des voies de service de chaque
côté. Cela donne dix voies, dont deux voies de service de chaque
côté.
M. LAFONTAINE: Le gouvernement fédéral ne paie que 50 p.c.
pour une route à deux voies. Par contre, vu que c'est un secteur que
l'ancien ministre avait déterminé pour aider une autre province
que le Québec, le gouvernement fédéral avait
décidé d'augmenter sa contribution, pour 10 p.c. du parcours,
à 90 p.c. de subventions. Evidemment, le ministre du temps et je
le félicite a saisi l'occasion de faire faire et le boulevard
Décarie, et le tronçon est-ouest et le pont-tunnel. Il est
curieux qu'aujourd'hui, vu que les travaux à 90 p.c. sont faits dans les
autres provinces, cela ne s'applique plus au Québec. On met fin à
l'entente sur la Transcanadienne. A ce moment-là, je dis ceci: Si la
Transcanadienne n'est pas terminée dans le Québec aux mêmes
conditions qui ont été acceptées par les gouvernements
précédents et par celui dont j'ai fait partie, ce n'est plus
une
Transcanadienne. Parce que la Transcanadienne n'existe plus dans le
Québec. Je dis que le gouvernement d'Ottawa a deux poids, deux mesures.
Je ne veux pas attaquer la philosophie libérale, mais je me souviens
d'avoir entendu le premier ministre du Canada déclarer à la
télévision: On fait ceci, on fait cela et on donne 90 p.c. de la
Transcanadienne et à un moment donné 50 p.c. C'est faux. La
Transcanadienne, à l'heure actuelle, coûte aux contribuables du
Québec 60 p.c. de sa construction. Il y a seulement 40 p.c. qui sont
payés globalement, si l'on fait la somme entre la section à 90
p.c. et la section à 50 p.c. par le gouvernement fédéral,
grosso modo, le gouvernement du Québec paie 60 p.c.
Si jamais l'entente n'est pas reconduite et si le ministre ne
réussit pas, comme je n'ai pas pu réussir, je ne sais pas
pourquoi pourtant les mêmes arguments que le ministre vient
d'apporter, je les ai apportés; tant mieux s'il réussit je
dis qu'à ce moment-là, il n'y a plus de Transcanadienne, que la
Transcanadienne n'a jamais existé. Cela a été seulement un
ballon gonflé pour permettre de faire des routes en Colombie-Britannique
où le gouvernement fédéral a payé $5 millions le
mille et où il entretient ces routes qui ont coûté $5
millions le mille. Cela a été une façon de payer la
Transcanadienne dans les provinces maritimes où parfois les routes se
doublent pour faire plaisir aux gens des Maritimes. Mais vu que la
Transcanadienne est faite partout, si on l'arrête dans le Québec,
cela devient une fumisterie qui a duré depuis 1949 contre le peuple du
Québec et qui a été payée à même les
taxes du Québec.
Je comprends mal que le ministre nous ramène le fameux
ministère de l'honorable Jean Marchand avec des disparités
régionales et avec tout ce qu'on va donner à
Trois-Rivières et tout ce qu'on va donner ailleurs. Je pense bien que le
peuple du Québec est assez adulte pour mener ses affaires lui-même
dans le Québec sans avoir besoin du gouvernement fédéral.
Et je félicite le ministre actuel de la Voirie d'avoir accepté
l'entente fédérale-provinciale pour aller récupérer
les sommes d'argent qu'on nous devait. Si le gouvernement fédéral
taxait ce qu'il doit taxer au lieu de taxer ce qu'il n'a pas à taxer, le
gouvernement du Québec aurait assez d'argent pour bâtir ses routes
dans la province de Québec sans faire appel au gouvernement
d'Ottawa.
Je dis ceci, que si le ministre actuel ne réussît pas ses
transactions avec Ottawa, non seulement l'entente sur la Transcanadienne ne
continuera pas, mais à la fin de 1970, le gouvernement du Québec
devra remettre au gouvernement d'Ottawa $17 millions payés en trop parce
que d'après l'entente sur la Transcanadienne, il faut que les montants
payés en vertu des 50 p.c. égalent les montants payés sur
les 10 p.c. payé du parcours à 90 p.c. par Ottawa. Autrement dit,
la Transcanadienne mesure à peu près 440 milles, on me corrigera,
380 milles. Cela veut dire que 10 p.c. du parcours donne 38 milles et que le
gouvernement d'Ottawa paye 90 p.c. de la construction des 38 milles. Mais il
faut que la contribution d'Ottawa sur les 38 milles ne dépasse pas la
contribution du gouvernement fédéral à 50 p.c. sur le
reste. Or, à l'heure actuelle, la contribution du gouvernement, à
cause de la construction du boulevard Décarie, dépasse cela,
parce que l'on a fait un effort à cause de l'Expo 67. Si le ministre
actuel ne réussit pas à conclure une entente avec le gouvernement
d'Ottawa, cela veut dire que le gouvernement du Québec, en 1970, devra
remettre au gouvernement fédéral $17 millions d'argent
perçu en trop. Je dis que c'est un déni de justice. H s'agit de
la population du Québec.
M. PINARD: Enfin, le montant serait de $3 ou $4 millions plutôt
que de $17 millions.
M. LAFONTAINE: C'est $17 millions devant le Conseil de la
trésorerie.
M. PINARD: Dans cette éventualité-là.
M. LE PRESIDENT: Poste 8, adopté.
Poste 9: Desserte du port de Québec via le boulevard
Henri-Bourassa, la voie périphérique et le boulevard Henri IV
dans le Québec métropolitain. Poste budgétaire 9,
adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Les crédits du ministère
de la Voirie sont adoptés.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce qu'on garde un poste pour retourner en
Chambre? Est-ce qu'on garde le neuvième poste pour étude en
Chambre?
M. PINARD: Je n'ai pas d'objection à ce que cela soit
adopté.
M. LE PRESIDENT: Au nom de... M. LAFONTAINE: Adopté.
M. PINARD: C'est un programme de travaux qui se fait dans le cadre de
l'entente d'une région désignée. Alors, ça ne
coûte rien au Québec, c'est payé exclusivement par
Ottawa.
M. LAFONTAINE: Je pense bien que le ministre est assez sportif, si
jamais un député avait une question à poser...
M. PINARD: D'accord. UNE VOIX: Adopté.
M. PINARD: Je remercie les membres de la commission de leur
collaboration et le président d'avoir bien mené le débat
avec autorité et compréhension.
(Fin de la séance 22 h 42)