Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Onze heures vingt-neuf minutes)
Mme Dionne : Alors, bonjour à
tous et à toutes. Je vous remercie infiniment pour votre présence nombreuse en
ce jour qui marque, je vous dirais, l'aboutissement de plusieurs mois de
travail et d'étroite collaboration. Donc, c'est avec le sentiment du devoir
accompli que, membres de la commission, nous vous présentons aujourd'hui le
rapport final de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des
réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes.
À titre de présidente de la commission, je
tiens d'abord à remercier mes collègues Enrico Ciccone, Alexandre Leduc, Pascal
Bérubé, Audrey Bogemans, Madwa-Nika Cadet, Yannick Gagnon, Marie-Belle Gendron,
Elisabeth Prass, Stéphane Sainte-Croix, François St-Louis et Suzanne Tremblay.
Ensemble, on a sillonné les routes du Québec à la rencontre des jeunes, tenu
une trentaine de séances de travail et siégé de nombreuses heures en
commission.
Chers collègues, je salue votre dévouement
dans la réalisation de ce mandat qui nous a été confié par l'Assemblée nationale,
je vous rappellerai, le 6 juin 2024. Nos travaux se sont déroulés dans un
esprit transpartisan, le bien-être et la santé des jeunes transcendant les
familles politiques. Et nous avons réussi. Notre mandat couvrait très... un
large éventail d'enjeux, soit le temps d'écran chez les jeunes, les mesures
d'encadrement à l'école et sur le Web, l'accès aux réseaux sociaux et aux jeux
vidéo, la cyberintimidation, l'exposition à la pornographie, les mécanismes
créant la dépendance et la publicité en ligne destinée aux enfants.
Pour mener à bien ses travaux, la
commission a tenu deux phases d'auditions publiques et a entendu près de
70 experts et organismes. Nous sommes allés à la rencontre de plus de
500 jeunes dans le cadre d'une tournée dans 17 établissements du…
scolaires répartis dans 13 villes et six régions du Québec. La
consultation en ligne a mobilisé plus de 7 000 répondantes et
répondants, en seulement trois mois, ce qui constitue un record pour
l'Assemblée nationale.
Nous avons relevé de nombreux défis,
parfois complexes, souvent inattendus, mais nous en sommes parvenus à produire,
dans les délais, un rapport consensuel, tant pour les membres que pour
l'ensemble de la société. Face aux multiples enjeux, nous avons rapidement
compris qu'il était impératif de proposer des solutions concrètes et réalistes
pour favoriser le bien-être des jeunes, leur permettre de s'épanouir et de
développer un rapport sain avec le numérique.
Notre recommandation d'interdire les
appareils mobiles individuels dans les établissements scolaires, formulée dans
le rapport intérimaire déposé en avril dernier, a déjà conduit à l'adoption de
mesures. Cela démontre que nos recommandations sont applicables. Nous vous
soumettons aujourd'hui 56 recommandations qui forment un tout cohérent,
qui peut avoir un réel impact sur le bien-être de nos jeunes. Notre approche
allie la prévention, l'éducation, la sensibilisation, l'encadrement légal et
également la coopération intergouvernementale et pour ne pas dire
internationale.
Sensibiliser la population, en particulier
les jeunes et les parents, est une première étape essentielle à la prise de
conscience des risques du numérique et pour encourager un changement vers de
saines habitudes de vie. La commission recommande le déploiement d'une stratégie,
à l'envergure nationale, d'information et de sensibilisation, non seulement à
l'intention des jeunes, mais aussi des parents. Cela implique une meilleure
compréhension des enjeux liés aux écrans, un accompagnement qui est fondé sur
des outils adaptés et une prise de conscience de leurs propres usages du
numérique. Nous proposons une multitude d'actions et de mesures pour outiller,
informer, sensibiliser les parents, le personnel enseignant et les intervenants
qui travaillent auprès de nos jeunes.
Afin d'offrir aux jeunes… aux jeunes des
alternatives aux écrans, la commission recommande également de poursuivre le
développement d'infrastructures polyvalentes, accessibles et exemptes d'écrans
afin de permettre aux jeunes de s'investir dans des activités physiques,
sociales ou culturelles, et ce, à faible coût. Merci pour votre attention. Je
cède à mon tour la parole à notre vice-président de la commission, M. Enrico
Ciccone.
M. Ciccone :
Merci beaucoup, Amélie. Je tiens… Bonjour à tous. Je tiens également à
remercier l'ensemble de mes collègues et tout particulièrement notre présidente
qui a mené cette commission-là d'une main de maître. Elle avait une main…
comment est-ce qu'on dit ça? Une main de fer dans un gant de velours, pour…
Elle nous a bien outillés pour bien remplir notre mandat. Ça n'a pas toujours
été évident. Nous avions parfois des demandes, puis on voyait que la
présidente, elle avait l'écoute puis elle était capable de se tourner sur un…
sur un trente-sous, comme on dit en bon québécois.
Je dois l'admettre, ce n'est pas toujours
évident. J'ai été frappé par la diversité des positions des experts. Cependant,
dans un mandat d'envergure comme le nôtre, ça nous a permis de prendre
considération d'une pluralité d'avis, parfois contradictoires. Ça, ça a été… ça
a été… c'est là qu'on s'est aperçu, d'entrée de jeu, que notre mandat était
pour être pas mal plus difficile qu'on pensait. Nos échanges ont été riches,
nos visions divergentes, à l'occasion, la présidente l'a mentionné, mais nous
sommes toujours parvenus à trouver un terrain d'entente, et c'est avec une
grande fierté que nous vous présentons ce rapport consensuel, fruit d'un
travail d'équipe.
Au cours de nos travaux, nous avons
accordé une importance particulière aux écrans dans le cadre scolaire. Nos
jeunes passent une grande partie de leur quotidien à l'école, il était donc
essentiel de s'y attarder. La commission formule plusieurs recommandations
visant à encadrer l'utilisation des outils numériques à l'école, ces
recommandations complètent celles interdisant l'utilisation des appareils
mobiles dans les établissements scolaires. Nous recommandons, par exemple,
d'inscrire la notion de citoyenneté numérique dans le code de vie des écoles.
Le but est de sensibiliser les élèves à l'impact de leur comportement en ligne
et de les encourager à adopter des pratiques respectueuses, sécuritaires et
responsables.
La commission recommande également aux établissements
scolaires d'éviter les écrans à titre de récompense et de préconiser des
alternatives sans écran axées sur le bien-être des élèves comme l'activité
physique, la lecture et les interactions sociales.
En bref, nous arrivons à la conclusion qu'à
l'école les outils numériques devraient être réservés aux usages pédagogiques.
Selon nous, le milieu scolaire est prêt à adopter de telles mesures, ce qui se
ferait dans le respect de l'autonomie et du jugement professionnel des
intervenants et intervenants.
Le sport électronique maintenant. Pour
ceux qui me connaissent, vous savez que j'ai... ça fait sept ans que j'en
parle. Je ne peux pas concevoir qu'on met le mot «sport» avec les e-sports,
mais bon. Un sujet qui m'a particulièrement tenu à cœur au fil de notre mandat,
celui du sport électronique. Lors de notre tournée des écoles, nous avons eu la
chance de rencontrer des élèves inscrits à un programme e-sports. Ils nous ont
partagé combien ce programme nourrit leur passion, les motive à l'école et renforce
leurs liens avec leurs coéquipiers. Cependant, le sport électronique contribue
à l'augmentation du temps et à la cyberdépendance en plus d'exposer les jeunes
à des risques physiques et psychologiques. Afin de réguler cette pratique sans
priver les jeunes et d'assurer une approche saine et équilibrée, la commission
recommande que les établissements scolaires encadrent rigoureusement les
programmes de sport électronique. Nous jugeons important que ces programmes
intègrent des mesures de prévention et de sensibilisation et que les
intervenants soient outillés pour reconnaître les méfaits physiques et
psychologiques. La commission recommande également qu'avant la mise en place de
tout nouveau programme de sport électronique, le conseil d'établissement en informe
le ministère de l'Éducation et que le ministère assure un suivi accru des
programmes de sport électronique dans le réseau scolaire.
Et maintenant je cède la parole au célèbre
Alexandre Leduc, membre du comité directeur. C'était sur la feuille.
M. Leduc : C'est sur la
feuille! Tabarnouche! C'est Enrico Ciccone qui me dit ça. Eh bien! Bien,
bonjour, tout le monde. Comme l'ont mentionné mes collègues, l'analyse des
enjeux associés à l'usage des écrans doit être nuancée tant les impacts sont
variés. On a évalué la question sous divers angles, en considérant non
seulement les risques, mais aussi les bénéfices, parce que, oui, il est
essentiel de reconnaître les possibilités que les écrans ont à offrir en
matière de partage, de créativité et aussi d'expression personnelle. On a
examiné avec discernement ces avantages et inconvénients pour en arriver aux
recommandations les plus équilibrées possibles. En ce sens, concernant l'âge
minimal d'inscription aux réseaux sociaux, la commission recommande que le
gouvernement instaure une majorité numérique interdisant l'inscription et
l'accès aux réseaux sociaux aux moins de 14 ans, sans le consentement de
leur tuteur légal. Ce seuil s'inscrit dans la lignée des mesures prises par
d'autres États et des balises déjà établies dans le cadre législatif québécois.
On est conscient des défis que ça soulève, la mise en place d'un tel mécanisme
de vérification d'âge, on a évalué les enjeux liés à la protection des
renseignements personnels, puis nous sommes arrivés à recommander que le
gouvernement mène une analyse rigoureuse, fondée sur les principes de
faisabilité, d'applicabilité et de proportionnalité avant d'imposer de tels
mécanismes. Ainsi, la commission recommande que le gouvernement du Québec
entame des travaux au sein des instances intergouvernementales et
multilatérales dont il est membre afin d'inciter à l'adoption de réglementation
des plateformes numériques tant à l'international qu'en droit interne.
Comme les jeunes nous l'ont exprimé lors
de la tournée des écoles, les réseaux sociaux occupent une place centrale dans
leur quotidien. Toutefois, les jeunes demeurent lucides face aux risques liés à
leur utilisation, telles que la cyberintimidation, le partage de fausses
informations et les impacts sur la santé mentale et l'estime de soi. Pour
protéger les jeunes, il devient impératif d'amorcer une réflexion en vue de
moderniser le cadre législatif québécois et de revoir la responsabilité des
grandes entreprises numériques. La commission recommande que le gouvernement
engage une analyse approfondie visant la mise à jour de la loi concernant le
cadre juridique des technologies de l'information et la réévaluation de la
responsabilité des entreprises numériques par rapport aux pratiques jugées
contraires à l'intérêt de l'enfant.
Comme le modèle d'affaires des plateformes
repose notamment sur la collecte et l'exploitation des données personnelles,
nous sommes préoccupés par les enjeux de protection des renseignements
personnels des jeunes. La commission recommande donc d'interdire la vente ou
toute autre forme d'aliénation des renseignements personnels des moins de
14 ans et également d'interdire la publicité ciblée qui leur est destinée,
et ce, même si le consentement du titulaire de l'autorité parentale est obtenu.
Finalement, les jeux vidéo. Les jeux vidéo
ont un grand potentiel créatif d'apprentissage et de divertissement pour les
jeunes, mais ils comportent des risques pour leur santé et leur développement.
Il est crucial d'encadrer ce secteur pour limiter les pratiques abusives et
protéger les jeunes utilisateurs. J'ai en mémoire, d'ailleurs, dans une tournée
d'une école, un jeune qui nous avait dit qu'il avait dépensé 4 000 $
en deux ans dans le jeu Fortnite. Imaginez, 4 000 $, pour un jeune de
14 ans. La commission recommande l'interdiction des lots aléatoires
payants, qu'on appelle aussi des loot box, et des microtransactions dans les
jeux vidéo s'adressant aux mineurs.
Pour mieux informer la population sur les
risques auxquels les jeunes sont exposés, nous recommandons qu'un organisme
comme l'INSPQ soit mandaté pour élaborer et faire connaître une classification
des mécanismes inappropriés aux mineurs, quelque chose qui ressemble un peu au
cinéma. Afin de pérenniser ces changements, la commission recommande de former
les futures générations de développeurs à une conception éthique des jeux vidéo
et de sensibiliser... les sensibiliser aux impacts nuisibles de certains
mécanismes sur les jeunes.
Je vous remercie. Et j'invite mon collègue
Pascal Bérubé, membre du comité directeur, à terminer la présentation.
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. C'est un moment important de notre vie parlementaire à toutes et tous.
C'est vraiment du beau travail. Félicitations à notre présidente et à toute
l'équipe. Comme mon collègue l'a exprimé, la protection des jeunes en ligne a
été un pan très important de nos travaux. L'exposition à du contenu indésirable
n'est pas sans conséquence pour eux. C'est un enjeu complexe qui dépasse nos
frontières. Il est de notre devoir collectif de limiter l'accès à ce type de
contenus de manière claire et responsable, pour permettre aux jeunes de
naviguer en toute sécurité.
Malgré le cadre légal existant, les jeunes
ne sont pas l'abri des effets des pratiques publicitaires persuasives. Pour
eux, il peut être difficile de distinguer le contenu publicitaire de celui qui
ne l'est pas. Nous en sommes venus à la conclusion qu'une plus grande
transparence permettrait aux jeunes de reconnaître plus aisément de la
publicité. C'est pourquoi nous recommandons au gouvernement de procéder à une
analyse détaillée en vue d'une amélioration des obligations en matière de
divulgation du contenu publicitaire, notamment dans le cadre du marketing
d'influence. Dans la même lignée, nous recommandons au gouvernement d'encadrer
davantage le travail des influenceurs et le pourtour des contrats entre ces
derniers, leurs agents et les annonceurs dès que le contenu rejoint les
utilisateurs du Québec.
Avec l'évolution rapide du numérique, dont
l'intelligence artificielle, les jeunes sont exposés à de nouveaux risques,
comme la prolifération d'images générées artificiellement sur les plateformes.
La commission recommande que le gouvernement entreprenne des travaux d'analyse
sur la présence croissante de ce type de contenus sur les réseaux sociaux afin
de mieux outiller les mineurs à les reconnaître.
Un enjeu majeur à la vérification d'âge
sur les plateformes numériques est l'accès des mineurs aux contenus
pornographiques en ligne. Ce type de contenus est devenu facile d'accès et a
des impacts négatifs sur la construction sexuelle des jeunes, exposés trop tôt
à ce genre d'images. Pour un encadrement efficace, la commission recommande que
le gouvernement collabore avec le gouvernement fédéral et ceux des États
fédérés afin d'imposer aux plateformes diffusant du contenu sexuellement
explicite des mécanismes de vérification d'âge fiables, non contournables et
respectueux de la vie privée. En ce sens, l'accès aux sites pour adultes
devrait être conditionné par une vérification d'âge réalisée avec succès. Ces
paramètres de protection devraient être activés par défaut sur les appareils,
les systèmes d'exploitation et les navigateurs.
En parallèle, la commission recommande que
le gouvernement renforce et valorise l'éducation à la sexualité à l'école, en
l'adaptant à la réalité des jeunes, dans une approche axée sur la prévention et
le bien-être. Nombreux sont les défis légaux et d'encadrement des plateformes
et sites diffusant du contenu pour adultes. Nous appelons donc à une collaboration
entre le gouvernement du Québec et les instances internationales et
multilatérales dont il est membre afin d'inciter à l'adoption d'une
réglementation des plateformes numériques à l'échelle internationale, et de
tenir compte des avancées législatives et techniques de vérification de l'âge
dans d'autres États.
Je cède maintenant la parole à la
présidente pour le mot de la fin.
Mme Dionne : Merci beaucoup,
Pascal. Donc, en terminant, nous, on remercie, bien entendu, chaleureusement
toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin, ou d'une façon ou
d'une autre, aux travaux de cette commission, les experts, les organismes, les
jeunes, le personnel scolaire des établissements visités ainsi que l'ensemble
des citoyennes et citoyens qui ont acheminé leurs commentaires. Nos
remerciements vont également aux équipes de l'Assemblée nationale, dont le
professionnalisme et l'engagement ont été essentiels à la réussite de ce
mandat. Merci beaucoup.
Donc, la Commission spéciale sur les
impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des
jeunes conclut aujourd'hui ses travaux par le dépôt de son rapport final.
Plusieurs parlementaires étrangers nous
ont déjà exprimé leur intérêt pour nos travaux. Nous espérons que nos
recommandations auront une portée significative au Québec comme à
l'international, tant elles sont attendues. Nous espérons que ce rapport
nourrira la réflexion collective sur la présence des écrans dans la vie des
jeunes et plus largement dans notre société en général et qu'il contribuera à
offrir aux jeunes un environnement numérique sain et sécuritaire. Et,
par-dessus tout, nous souhaitons qu'avec le dépôt de ce rapport officiel
aujourd'hui, qu'il y ait une réelle prise de conscience collective. Merci à
tous.
Alors, j'imagine qu'on est rendu à la
période de questions, donc.
Journaliste : Moi j'en ai
plusieurs en lien avec la majorité numérique, parce que ce n'est quand même pas
simple, là. Meta, par exemple, dit qu'il y a déjà des conditions d'utilisation
qui empêchent les moins de 14 ans de se créer un compte. On voit que ça ne
les empêche pas de le faire, là, puis, même, souvent c'est les parents qui vont
le créer pour eux. Comment vous pouvez faire pour l'instaurer ici? Est-ce qu'il
y a des pays desquels vous vous inspirez puis vous vous dites : Ils l'ont
fait là-bas, en Australie peut-être, quelque chose comme ça? Et il y a...
Est-ce que vous avez des exemples concrets pour nous démontrer que c'est
quelque chose qui peut se faire?
Mme Dionne : C'est pour ça
qu'on a dit tout à l'heure qu'il y avait plusieurs axes à ce rapport, donc la
sensibilisation, l'éducation. C'est un enjeu de société, donc c'est certain
qu'au niveau des mécanismes d'applicabilité... je pense que c'est Pascal qui en
parlait tout à l'heure, qui dit : Tu sais, veux veux pas, on a une
problématique, parce que nous, ce qu'on souhaite c'est que la protection des
données personnelles de nos jeunes soit respectée, donc pour les 14 ans et
moins. C'est sûr que ça, ça vient poser un défi. Donc, c'est pour cette raison
que, justement, on souhaite vraiment voir la participation des parents aussi
puis de continuer à suivre ce qui se fait à l'international, mais qu'on fasse
des travaux d'analyse, là, sur la question, pour justement trouver la meilleure
solution possible.
Journaliste : Mais les géants
numériques veulent-ils collaborer? C'est toujours ça aussi, la question.
Mme Dionne : Bien, écoutez,
je pourrais vous dire qu'ils ont brillé par leur absence en commission
parlementaire. Toutefois, on connaît quand même leurs mécanismes. C'est pour ça
qu'on disait tout à l'heure que ça va prendre aussi des pourparlers à
l'international, également, qu'on participe avec les États fédérés, qu'on
participe avec notre gouvernement fédéral pour, justement... Vous savez, je
pense que ça va être la force du nombre, un jour, qui va faire en sorte qu'on
va pouvoir justement mieux les encadrer.
M. Leduc : Peut-être ajouter
quelque chose là-dessus, rapidement. Levez la main ceux qui ont attendu à 18 ans
pour boire leur premier verre d'alcool. Levez la main. Levez la main, ceux qui
n'ont jamais roulé en haut de 100 kilomètres-heure sur l'autoroute. Bon.
Ça fait que ça vous donne une idée, tu sais. Mettre la majorité numérique à 14 ans,
il y a un défi d'application, mais comme bien d'autres lois au Québec, mais ça
envoie un signal... Je pense que notre approche, c'était beaucoup la santé
publique aussi. Ça envoie un signal de santé publique que c'est ça qui devrait
être la norme. Ça envoie un signal aux parents aussi. On l'a dit tantôt, le
rôle des parents va être important, mais si ça devient clair, puis
éventuellement à travers une loi, potentiellement, que c'est 14 ans, le
signal est envoyé aux parents qu'ils ont un rôle à jouer aussi dans
l'application de cette norme-là.
Journaliste : Puis concernant
les influenceurs, c'est sûr que la loi au Québec pour la publicité des moins de
14 ans, quand c'est de la publicité à l'écrit, à la radio, à la télé,
c'est quand même assez clair, là, les balises. Je pense que c'est Option
consommateurs ou, en tout cas, l'Office de la protection du consommateur.
Mme Dionne : La Loi sur la
protection du consommateur, qui est... on est précurseur, ici, au Québec, avec
cette loi-là. Exact.
Journaliste
: C'est ça,
mais, dans le cas des réseaux sociaux, encadrer les influenceurs, c'est comme
le far west, là. Je comprends que vous voulez le mettre dans les contrats au
départ, mais qui va surveiller après ça?
Mme Dionne : Bien, c'est ce
qu'on recommande dans le rapport aussi, de prendre justement l'exemple de la
Loi de la protection du consommateur, où on est précurseurs, au Québec, et qui
a été réalisée il y a 40 ans, mais qui a des balises qui permettent
justement de faire des mises à jour, justement, pour venir mieux encadrer les
influenceurs. Parce que, vous savez, c'est récent, c'est du marketing
d'influence, ce qu'on ne connaissait pas avant.
Maintenant, ce qu'on écrit dans le
rapport, c'est qu'on souhaite vraiment qu'il y ait une mise à jour puis de
travailler avec, justement, la Loi de la protection du consommateur pour
vraiment venir mieux encadrer ce marketing d'influence, là, qui, justement,
là... Puis aussi je reviens avec l'éducation : il faut éduquer nos enfants,
il faut éduquer nos jeunes à ce qu'ils aient le sens du discernement,
également, puis qu'ils soient habiles à mieux reconnaître ce qui est une
publicité et ce qui ne l'est pas. Présentement, on a entendu des histoires dans
les écoles, là, des crèmes Sephora qui sont justement, là... publicité auprès
de jeunes filles de 11, 12 ans, avec des crèmes anti-âge. Elles, bien...
pour ces jeunes filles là, ce sont leurs influenceuses, ce sont des vedettes
pour elles, mais, en même temps, c'est de la publicité illégale.
Journaliste
: J'aurais
juste une dernière petite question concernant, justement, le suivi des
recommandations. Je vais prendre l'exemple d'une autre commission
transpartisane, Mourir dans la dignité. Dans ce cas-là, c'était évident que
c'était comme le ministère de la Santé et des Services sociaux qui reprenait la
pôle. Là, c'est parce que ça touche tellement d'affaires, justement, la Loi sur
la protection du consommateur, je pense, c'est à la justice. Il y a… les écrans
en général, c'est les services sociaux. Comment allez-vous vous assurer que
tous les ministres concernés vont être vraiment intéressés à apporter des
changements rapidement?
Mme Dionne : Alors, on va
commencer par leur déposer le rapport et leur demander d'en faire la lecture,
mais, blague à part, on l'avait dit, on ne voulait pas accoucher d'une souris,
on ne voulait pas d'un rapport tabletté. Donc, c'est certain que le défi qu'on
a eu, effectivement, vous avez totalement raison, c'est que ça touche plusieurs
ministères, mais, en même temps, je dois souligner que, le 6 juin 2024,
c'est quand même l'ensemble des 125 députés de l'Assemblée nationale qui
ont voté en faveur de la motion de la création de cette commission-là.
Je pense qu'on a... Je vais répéter les
mots du premier ministre, là, l'an dernier, qui disait : On a un gros
problème de société sur les bras. Alors, je pense qu'au cours de nos travaux,
qui ont duré quand même un an, plus… près d'un an, les différents ministères se
sont intéressés à nos travaux également. Alors, je suis persuadée, avec le
dépôt de notre rapport intérimaire qui a mené à une mesure gouvernementale,
moi, je suis persuadée que ces mesures-là, ces 56 recommandations là
seront appliquées.
Et je veux juste souligner aussi que, je l'ai
répété tout à l'heure, c'est un tout cohérent. Donc, si on souhaite vraiment
opérer le changement, on ne peut pas prendre quelques mesures de ce rapport-là,
on doit le prendre dans son ensemble.
Journaliste
: Merci.
Journaliste
:
Bonjour,
Caroline Plante, de La Presse canadienne. Votre rapport interpelle très
largement les parents. Alors, pourquoi?
Mme Dionne : Parce que, vous
savez, c'est un enjeu de société. Donc, les commissions spéciales, justement,
sont là pour étudier des enjeux de société. En consultations, les parents nous
ont beaucoup parlé, nous ont dit à quel point ils se sentaient mal outillés,
peu informés des impacts. Donc, pour nous, c'est sûr que c'est important que
toutes les sphères de la société, y compris quand ça commence dans les
familles, que les gens soient au courant, soit éduqués, soient sensibilisés à
l'utilisation des écrans chez leurs enfants. Vous savez, dans la campagne
nationale, on mentionne vraiment des mesures concrètes, soit, je vous dirais,
la première, qui est ma préférée, c'est de démontrer l'exemplarité envers nos
enfants, d'interdire les écrans dans les chambres à coucher, de ne pas,
justement, permettre aux enfants de consulter les écrans avant d'aller dormir,
de contrôler le contenu consommé par les jeunes enfants. Vous savez, on parle
aussi des tout-petits. Il y a des données de l'OMS, du gouvernement qui
stipulent qu'entre zéro et deux ans on doit éviter les écrans. Donc, tout ça,
je pense qu'on est rendus aujourd'hui, en 2025, avec beaucoup de rapports,
beaucoup d'études, beaucoup d'experts qui sont venus nous mentionner,
justement, des résultats d'études qui sont concrètes. Donc, certainement que
c'est la première chose qu'on devra faire, soit de sensibiliser l'ensemble de
la société.
M. Ciccone :
Je peux-tu ajouter quelque chose?
Mme Dionne : Oui, vas-y,
Enrico.
M. Ciccone :Oui, merci. Je veux juste ajouter un petit élément, parce
qu'on parle des parents, puis un des éléments qui m'a beaucoup bouleversé puis
qui nous a bouleversés, là, c'est… on a… quand on a rencontré des jeunes, on a
posé une question. Les jeunes, un, sont conscients du fait qu'ils sont trop sur
les écrans. Déjà là, ils le comprennent. Cependant, ils veulent se faire offrir
d'autres options pour éviter d'être sur les écrans. Mais une des réponses qui
m'a le plus bouleversé, c'est quand j'ai posé la question suivante, j'ai
dit : Est-ce que… qui, ici, aimerait ça faire plus d'activités avec leurs
parents? Puis ça a été 100 % des mains qui ont été levées. Puis aussi j'ai
posé la question suivante : Est-ce que vous seriez moins sur vos
téléphones si vous feriez plus d'activités avec vos parents? Puis ils ont tous
levé la main encore.
Je comprends que les contextes sont tous
différents, familial, là, je veux dire, on ne pointe pas les parents parce
qu'ils ne sont pas capables d'aller faire du camping la fin de semaine. Ce
n'est pas ça qu'on dit, mais, quand on parle d'un enjeu de société, là, il y a
ça aussi. Puis je pense que les parents doivent être conscients également que
leurs enfants, nos enfants veulent faire plus d'activités avec nous autres
aussi. Puis ça, il faut le considérer.
Journaliste : Vous parlez,
dans le rapport, de campagnes de sensibilisation, de mieux soutenir les
organismes de loisirs, et tout ça. Est-ce que ça passe nécessairement par des
investissements? Avez-vous chiffré ce que ça pourrait représenter comme coûts?
Mme Dionne : Ce n'était pas
le but du rapport de chiffrer. Nous, ce qu'on a entendu beaucoup sur le
terrain, surtout dans les milieux défavorisés, c'est quand il y a absence,
justement, d'infrastructures à faible coût, des parcs, on voit que
l'utilisation des cellulaires est plus grande, parce que, vous savez, c'est une
source de désennui pour les enfants. Puis on s'est rendu compte aussi que ça
n'a pas nécessairement besoin de coûter très cher, des fois, soit juste
l'éclairage d'un parc, installer des lumières dans un parc, rendre accessible
un gymnase d'école, justement, la fin de semaine pour que les enfants puissent
s'amuser. Donc, ce sont toutes des mesures. Il y a déjà des programmes, tout
ça, des... gouvernementaux qui sont en place, mais nous, on souhaite pousser
plus loin, parce que, justement, pour atteindre la sobriété numérique, ça prend
une alternative, comme ça va en prendre aussi dans les écoles. Puis, en même
temps, les écoles, on assiste au même phénomène. Juste une table de
ping-pong... Je me souviens du jeune qui disait : Si j'avais droit à mon
cellulaire à l'école, je ne pourrais pas jouer à la table de ping-pong sur
l'heure du dîner. Donc, parfois, ce sont des mesures qui ne coûtent presque
rien, mais qui font la différence.
Journaliste : J'ai envie de
vous demander, comme dernière question : Est-ce qu'il y a eu un trop grand
laisser-aller dans les dernières années, puis là on se retrouve à essayer de
remettre la pâte à dents dans le tube?
M. Bérubé : La technologie a
tellement évolué, et les possibilités que c'est notre société qui a été
vraiment, là, envahie par les écrans, de toutes sortes de façons, et autant
pour les parents que pour les parlementaires, on savait que cette réalité
existait, mais il a fallu aborder tous ces enjeux-là, qui n'avaient jamais été
abordés de front à l'Assemblée nationale. Donc, on a fait beaucoup de travail,
en très peu de temps, de façon très professionnelle, et on a appris beaucoup de
choses, notamment par les jeunes, sur les applications qui les intéressent le
plus.
Et, des fois, on se dit, même
parlementaires... Facebook, par exemple. Les très jeunes, ils ne sont même plus
sur Facebook, ils sont sur d'autres applications, ils nous annoncent d'avance
quels seront les comportements de notre société dans les prochaines années.
Donc, ils sont très bons avec les réseaux sociaux, ils comprennent comment ça
fonctionne, ils les utilisent, et ça été souvent les meilleurs pour nous
expliquer les phénomènes. On parle des jeunes du primaire, même, et du
secondaire.
M. Leduc : Petit quelque
chose à rajouter là-dessus. Quand on avait posé la question dans les sondages
sur la majorité numérique ou l'interdiction du cellulaire à l'écran, on avait
fait, après ça, une distribution par âge, puis les jeunes qui sont encore à
l'école n'étaient pas très intéressés de se faire interdire le cellulaire... ou
la majorité numérique, mais ceux qui étaient juste en haut, juste en haut,
l'autre bloc d'âge, là, shlouk! ça basculait, d'un coup, vers : oui, c'est
une bonne idée. Puis eux, ils l'ont vécue, l'ère numérique, là, qui sont juste
à 18, 19, 20, 21 ans, ils l'ont connu, le secondaire avec le cellulaire,
puis eux, majoritairement, ils disaient : Oui, oui, il faut aller de
l'avant avec la réduction de... du cellulaire à l'école, etc. Ça fait qu'il y
avait comme une forme de maturité je dirais, de gens qui l'ont vécu, de dire,
oui, ce serait bien qu'on l'interdise pour les gens qui suivent. Puis on
imagine qu'ils auraient peut-être souhaité que ce soit interdit à leur époque.
Du moins, en tout cas, rétroactivement, ils souhaitent que ça aurait été
interdit à leur époque.
M. Ciccone :Juste un élément aussi, puis, dès le début, je pense qu'on
en a pris conscience, c'est quand on a réalisé... puis on a fait venir les
premiers scientifiques qui sont venus nous entretenir, puis on a posé la
question parfois, on disait : Avez-vous des rapports, avez-vous des
chiffres?, puis ils ont dit : On n'a pas encore ces rapports-là, on n'est
pas capables de se prononcer encore, parce que, justement, l'aspect numérique
est allé trop vite pour la science.
Ça fait que c'est pour ça que moi,
j'appelle aux futurs députés qui vont être ici, là, qui vont venir dans les
prochaines années et décennies, de mettre à jour ce rapport-là, parce que...
Puis il est écrit en ce sens qu'il peut toujours être mis à jour, parce que ce
n'est pas définitif, ce qu'on met là, mais, en même temps, ça va vivre dans le
temps. Si les scientifiques nous disent qu'on n'est... qu'ils ne sont pas
capables de se prononcer sur certains éléments, bien, nous autres non plus, on
n'a pas été capables de le faire. Ça fait qu'il faut que ça vive dans le temps,
ce rapport-là.
Journaliste : Bonjour.
Daphnée Dion-Viens, du Journal de Québec. J'aimerais vous entendre sur la
petite enfance et le préscolaire à l'école. Certains recommandent, auraient
aimé qu'on interdise complètement les écrans à la garderie. Dans les pays
européens, il y en a plusieurs qui interdisent complètement les écrans à la
maternelle. Pourquoi ne pas être allé avec un encadrement plus strict pour les
quatre, cinq ans et moins?
Mme Dionne : Bien, en fait,
il y a déjà une directive. Il y a déjà un règlement qui existe dans les réseaux
de la petite enfance, donc, qui interdit les écrans aux 0-2 ans, et
maximum 30 minutes, à l'occasion, pour, justement, là, une activité
pédagogique. Donc, c'est déjà... il y a déjà des mesures. Je pense, ça a été
mis à jour en 2022.
Donc, ce qui importe, pour la petite
enfance, puis ce qu'on a établi dans le rapport aussi, ce sont justement... la
sensibilisation auprès des organismes, auprès des éducatrices, effectivement,
sur des données qui existent déjà avec l'OMS, avec le gouvernement du Québec.
Quand on... Je dis souvent : 0-5 ans, on évite ou on limite. Donc,
pour nous, dans les CPE, c'était déjà une directive qui était quand même
appliquée.
Maintenant, c'est ça, ce qu'il faut
c'est... je pense, que ressortir cette réglementation-là puis, justement...
sensibiliser les intervenants, les intervenantes qui gravitent autour de la
petite enfance à appliquer ce règlement-là. Mais je peux vous dire, pour avoir
visité quelques CPE, il y en a déjà où il n'y a vraiment, là, plus d'écrans du
tout, là, à ce niveau-là.
Journaliste : Donc, je
comprends que les règles en place sont adéquates. Maintenant, il suffit de
s'assurer qu'elles soient respectées, c'est ça, l'enjeu.
Mme Dionne : Voilà.
Journaliste : Le constat est
le même pour la maternelle ou... Parce qu'au niveau de l'apprentissage
plusieurs vont affirmer qu'il n'y a pas de bénéfice, là, en maternelle, au
niveau pédagogique.
Mme Dionne : Bien, on y est
allé primaire, secondaire, c'est l'interdiction complète des appareils
individuels. Ce qu'on stipule dans le rapport, c'est qu'au niveau des outils
numériques à des fins pédagogiques, c'est nuancé, il faut y aller en
parcimonie, parce qu'il n'y a pas encore... il y a autant... tu sais, il y a
des bénéfices puis il y a des effets néfastes, mais malheureusement, comme
Enrico disait tout à l'heure, on n'a pas encore assez d'études sur, vraiment,
les outils pédagogiques numériques à l'école. Donc, ce qu'on recommande, nous,
à l'intérieur du rapport, c'est que ces outils numériques soient réservés
uniquement à des fins pédagogiques. Et on laisse aussi l'autonomie aux
enseignants, aux conseils d'établissements, là, de déterminer. On stipule aussi
qu'on recommande également qu'il y ait un cadre de référence, justement, là,
pour l'utilisation des outils numériques dans les établissements scolaires.
Donc, ça inclut primaire et secondaire.
Oui. Si je peux me permettre, sur un autre
sujet, la majorité numérique à 14 ans, pourquoi pas 15 ans, comme la
France, ou 16 ans comme l'Australie?
Bien, comme... Qui l'a expliqué, tout à
l'heure, je ne me souviens plus, bon... c'était Alexandre, oui, c'est certain
que... Vous savez, au niveau des experts, on a entendu un et son contraire,
beaucoup, beaucoup de... écoutez, je pense qu'il y a une neurologue qui nous a
même dit 18 ans. Alors, on a pesé le pour et le contre. Comme Alexandre
l'expliquait tout à l'heure, notre cadre légal au Québec permet à des jeunes de
14 ans plusieurs... ils ont plusieurs responsabilités et droits, à l'âge
de 14 ans, y compris justement l'autorisation de pouvoir divulguer des
informations personnelles. Donc, il y a plusieurs lois au Québec qui existent
en ce sens-là, puis que c'est 14 ans... travailler, effectivement, Pascal,
consulter un médecin à l'âge de 14 ans, justement, sondages en ligne, on
permettait aux jeunes de 14 ans et plus de pouvoir participer sans
l'accord d'un tuteur. Donc, on a pris tout ça, on a pris le temps d'analyser la
situation et on s'est dit qu'avec le cadre légal au Québec, si un jeune de
14 ans peut, justement, consulter un médecin, on se disait qu'il pouvait
aussi décider s'il s'inscrivait sur les réseaux sociaux ou pas.
On a été mis en garde... aussi par des
experts que lorsque l'on retarde trop l'entrée sur les réseaux sociaux... c'est
qu'on ne veut pas non plus que nos jeunes soient néophytes de l'ère des réseaux
sociaux. Vous savez, l'idée, ce n'est pas de bannir les réseaux sociaux, c'est
vraiment de mieux encadrer puis d'arriver à une sobriété numérique tout en,
justement, éduquant les gens, en sensibilisant les jeunes sur les effets
néfastes. Donc, c'est un peu pourquoi on a décidé de... la recommandation est à
14 ans.
Journaliste : Bonjour. En
suivi la question de Véronique, là, pour aller mettre au pas Fortnite ou les
influenceurs sur Tik Tok, là, est-ce qu'on a actuellement des instances qui ont
les pouvoirs de faire ça ou est-ce qu'il va falloir donner des nouveaux
pouvoirs à une instance qui existe, en quel cas, laquelle?
Mme Dionne : Bien, vous
savez, comme j'ai dit tantôt, ce n'est pas une mince affaire de réglementer sur
les grandes plateformes. Donc, nous, ce qu'on recommande, c'est que le travail
se fasse au niveau des experts et du gouvernement. Comme on… tout à l'heure, il
y a des lois qui peuvent être mises à jour, il y a des lois qui peuvent être retravaillées
aussi pour… justement, quand je parlais du marketing d'influence, la loi de la
protection du consommateur, qui est déjà une loi qui existe au Québec, qui est
précurseur et qui a été… qui a bien vieilli dans le temps, justement, qui
permet justement des mises à jour pour pouvoir intervenir à ce niveau-là.
Dans le cas de Fortnite, comme Alexandre
disait tout à l'heure, les microtransactions et les lots aléatoires payants,
coffres à butin payants, nous, ce qu'on recommande, c'est l'interdiction. Maintenant,
c'est ça, ce qu'on… c'est très complexe. Il y a vraiment un encadrement légal à
réfléchir là-dessus. Donc, c'est pour ça que nous, on recommande que ce soient
des experts et le gouvernement qui se penchent sur la question.
Journaliste : Donc, en ce
moment, on n'a pas ce qu'il faut pour appliquer ces recommandations-là.
Mme Dionne : C'est qu'on n'a
pas poussé… on a des règlements au Québec, on a des lois. Donc, nous, ce qu'on
veut, c'est… justement, on a quand même disposé seulement… je dis «seulement»,
c'est quand même 12 mois, mais il faut pousser la réflexion plus loin puis
ça prend des travaux d'analyse sérieux pour justement évaluer le cadre légal au
Québec et voir est-ce qu'on peut… il y a une loi qu'on peut mettre à jour,
comme la loi qui… sur les technologies de l'information. Donc, c'est ça, ça
fait que ça, tout ce travail-là, nous, ce qu'on recommande, c'est de laisser
les… des experts et le gouvernement se pencher sur la question pour arriver à
ce qu'on fait comme recommandations. Dans le cas des jeux vidéo, Fornite, c'est
très clair. Nous, on interdit les microtransactions, les lots aléatoires
payants. Maintenant, comment on va le faire? Alors là, ce sera le travail du
gouvernement et des experts.
Journaliste : Vous aviez vous-mêmes
le pouvoir de contraindre des géants à venir… géants numériques à venir en
commission parlementaire. Vous ne vous êtes pas prévalus de ce pouvoir-là. Ça
n'aurait pas été intéressant d'envoyer un message, justement, puis de leur
dire : Regardez, on en est capable de vous obliger à venir à l'Assemblée
nationale.
Mme Dionne : Écoutez, le
travail, ce travail-là a été fastidieux. On a disposé de 12 mois. Moi, je
considère qu'ils ont été invités, ils ont brillé par leur absence, ils nous ont
déposé des mémoires, mais, en même temps, à la lumière des autres consultations
qu'on a tenues en février, on a été en mesure de comprendre quels sont leurs
mécanismes. Donc, c'est certain que leurs mécanismes d'utilisation, ça revient
à… c'est vraiment de la… de créer de la dépendance chez nos jeunes, de
collecter des données personnelles. Donc, nous… je pense que c'était suffisant
d'entendre les experts sur, justement, la façon qu'ils ont de travailler puis
de développer leur plateforme. Maintenant, comme je vous dis, nous, on souhaite
travailler avec d'autres... d'autres pays, les États fédérés pour, justement,
que ça soit la force du nombre, à un moment donné, qui fasse en sorte qu'on
trouve la meilleure solution pour venir justement les encadrer.
Journaliste : Puis on
comprend, en lisant le rapport... vos recommandations, plutôt, que ce n'était
pas... vous vous êtes chicanés sur l'interdiction du cellulaire à l'école. Il y
en a, parmi vous, qui n'étaient pas favorables à une interdiction dès la
prochaine rentrée. Là, je ne sais pas c'est qui parmi vous, mais pourquoi vous
vous êtes rangé finalement à la recommandation? Vous étiez le seul à vous y
opposer...
M. Leduc : Bien,
c'est-à-dire, juste pour être parfaitement clair, nous sommes pour l'interdiction
du cellulaire à l'école, sur le fond, il n'y a absolument aucun doute dans
notre esprit, même que ça a démontré l'utilité de ce genre de commission là.
Parce que, pour être honnête avec vous, au début de la commission, on n'était
pas très chaud à cette idée-là. Puis on a cheminé, moi puis mes collègues du
caucus, en entendant les rapports des experts, en rencontrant les élèves dans
les écoles, etc., en discutant avec les collègues. Là où on n'a pas réussi,
peut-être, à s'entendre, c'est vraiment sur, en bon français, le «fine-tuning».
Moi, je plaidais qu'il fallait laisser un
peu plus de temps aux écoles pour installer cette mesure-là qui n'est pas
simple. Puis je pense que le compromis qu'on a trouvé à la fin de l'exercice
est intéressant parce qu'on a déposé un rapport intérimaire plus tôt, parce que
sinon le rapport est déposé aujourd'hui, on aurait eu une directive du ministre
la semaine prochaine ou à la mi-juin. L'école est fermée, à toutes fins
pratiques, pour juin, juillet, août, ça n'aurait pas beaucoup laissé le temps
aux équipes-écoles de se revirer de bord. Là, le fait qu'on ait déposé un
rapport intérimaire, quoi, il y a quatre ou cinq semaines déjà, ça laissait un
petit délai supplémentaire. J'aurais plaidé pour qu'on fasse ça peut-être un
peu plus en janvier, mais, dans les circonstances, je pense qu'on a trouvé un
terrain satisfaisant.
Journaliste : Puis j'ai une
dernière question, j'ai vu ça sur le... parce que vous vous dites, je n'ai pas
la formulation exacte, là, mais vous dites essentiellement au ministère de
regarder ça un peu, tu sais, de l'encadrer. En ce moment, le ministère fait
quoi? Est-ce qu'il surveille ces programmes-là ou pas du tout?
M. Ciccone :Bien, je veux dire, s'il y a des programmes, c'est parce
qu'éventuellement, indirectement ou directement, c'est accepté par le
ministère. Ceci dit, nous, ce qu'on demande... C'est sûr que, moi, vous m'avez
entendu en parler, pour moi, ça ne devrait pas exister dans les écoles puis il
ne devrait pas y avoir une connotation de sport avec ces jeux-là. Cependant,
j'ai été sensibilisé, on a parlé à des jeunes. Puis le but là-dedans, ce n'est
pas d'exclure personne aussi. Puis je comprends qu'avec ce jeu-là qui crée
quand même une dépendance, tu sais, on garde des jeunes à l'école aussi, ça
fait que ça, il faut le considérer. Puis j'ai été sensibilisé par Yannick,
justement, qui a un beau programme, qu'il a dans son comté, puis c'est un cri
du cœur, honnêtement. Puis, de mon côté, je me suis dit : Oui, peut-être
qu'on devrait... Il y a un consensus, mais on va mettre des balises un peu plus
sévères pour que le gouvernement, pour que le ministère se mette le nez
là-dedans, puis qu'il y ait aussi une reddition de comptes pour des programmes.
Journaliste : Parce qu'il n'y
en a pas en ce moment.
M. Ciccone :Bien non, là, en ce moment, il n'y en a pas. Ça veut dire
que là ce qu'on demande par recommandation, c'est que le ministère va vérifier,
va savoir et aussi va demander une reddition de comptes à chaque année :
Où vous êtes rendus? Qu'est-ce qui arrive... qu'est-ce qui arrive avec les
jeunes? Il y en a combien qui ont lâché? C'est quoi, les notes des jeunes...
cette reddition de comptes là puis on être capables de... parce qu'on ne veut
pas exclure des jeunes de l'école.
Journaliste : Vous avez été
sensibilisé, mais vous n'avez pas changé d'idée pour autant.
M. Ciccone :Mais, je veux dire, c'est un consensus, O.K., c'est un
consensus. Merci.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Dionne : Mais juste pour
terminer, c'est parce que, justement, puis le consensus, il est venu avec ces
programmes-là. Les élèves qui participent, bon, ce sont des programmes
particuliers, puis ils ont vraiment des critères, ces jeunes-là font plus
d'exercice physique. Puis il y a tout le côté, quand je parlais tantôt,
éducation, sensibilisation, justement, pour ne pas créer de dépendance, ces
jeunes-là sont vraiment... Ils reçoivent de l'information, de la
sensibilisation, puis on les accompagne justement pour ne pas créer de
dépendance. Donc, c'est le côté bénéfique, tu sais, au lieu d'interdire, bien,
on se dit : Ils vont être encadrés dans ces programmes-là, donc, ça va
nous permettre justement de les sensibiliser aux effets néfastes.
Journaliste : Ça, c'est intéressant,
excusez-moi, mais il y a eu quelques témoignages de députés où vous aviez des
idées au départ, puis finalement, en rencontrant les jeunes, vous avez cheminé
ou changé d'idée. Est-ce que c'est possible de partager, par exemple, des
exemples de témoignages qui vous ont marqués puis qui vous ont fait changer
d'idée? On a mentionné les... le 4 000 $ en deux ans. Est-ce qu'il y
en a d'autres, des témoignages qui vous ont marqués?
M. Leduc : Bien, sur
l'interdiction de cellulaires à l'école, moi, au début, j'étais plutôt frileux.
Je trouvais ça comme une fausse bonne idée, puis qu'on allait juste magasiner
du trouble. Puis il y a une professeure dans une classe qui... à la fin de
l'exercice, on parlait aux jeunes, on jasait, puis elle me disait... Elle était
dans une école où là ils l'avaient appliqué depuis un an ou deux, je pense.
Puis elle avait travaillé avant dans une autre école, où il n'y avait pas
d'interdiction, puis elle a dit : Jamais je ne reviendrais en arrière.
Maintenant que je connais cette réalité-là, de l'interdiction du cellulaire à
l'école, jamais, je ne reviendrais en arrière. Elle dit : Je gère
quasiment moitié moins de chicanes, parce qu'il y a beaucoup de chicanes entre
les ados qui commencent sur les réseaux sociaux puis, après ça, évidemment, se
répercutent dans le réel. Elle dit : Là, il n'a plus de réseaux sociaux,
en tout cas substantiellement moins, mais ça a allégé et facilité sa vie
d'enseignante, et ce, même si on a demandé aux jeunes : Qui a triché
aujourd'hui?, puis la moitié avait levé la main dans la classe, parce qu'ils
vont peut-être le regarder dans la salle de bain, ils vont peut-être le
regarder sur l'heure du dîner, mais même si la moitié a triché, elle, son vécu,
c'est qu'elle avait réduit quasiment de moitié la gestion de problèmes à faire
dans la classe. Moi, ça a participé à me convaincre que c'était une bonne
mesure.
Journaliste
: ...
M. Bérubé : Bien, on l'a
demandé, on l'a obtenu. On est ravis de ça. Alors, le résultat est
franchement...
Journaliste
: ...avez
des anecdotes de jeunes...
M.
Bérubé
: J'ai
plein d'anecdotes, mais ils m'ont dit de ne pas les raconter. Mais les
anecdotes... Le moment le plus marquant, c'est les rencontres avec les enfants.
C'est clairement ça. J'ai des souvenirs dans une école, entre autres à
Cap-Chat, dans ma circonscription à Rivière-du-Loup. C'est fantastique. Les
enfants participaient et ils ont donné des grandes leçons. Je donne un exemple.
Il y a, je pense que c'est dans la circonscription d'Amélie, il y a un jeune
qui nous disait : Moi, je n'ai pas beaucoup d'amis — déjà là le
cœur nous tord — et ça me permet d'être en contact avec les autres.
Quand le jeune te dit ça, tu nuances beaucoup le côté binaire : On
interdit ou pas? Ou des jeunes en milieu rural, par exemple, qui sont plus loin
de leurs amis, qu'il y a de l'isolement. Ça nous donne une autre sensibilité.
En tout cas, moi, ce jeune-là qui dit : c'est important pour moi d'être en
contact avec les autres, c'est plus dur pour moi d'être en relation, moi, ça
m'a fait beaucoup de peine puis mes collègues aussi, mais il nous envoyait un
message en même temps : Le téléphone joue un rôle dans ma vie. Alors ça,
ce serait mon anecdote qui m'a beaucoup touchée des rencontres qu'on a faites.
Journaliste
: I'll jump in English, if you
don't mind.
Mme Dionne : Ou si vous
voulez une dernière anecdote. Moi, c'est les parents. Vous savez, les membres
de la commission, on est en majorité des parents et on s'est rendu compte avec
les témoignages qu'on a reçus, à quel point les parents se sentaient mal... pas
outillés, pas informés. Alors, moi, ça m'a frappé beaucoup. Donc, c'est certain
que ce qu'on a dit dans ce rapport-là, qu'il fallait... tu sais, puis je veux
dire, le rapport se concentrait sur les jeunes, mais de voir des parents
démunis devant, justement, cet... ce phénomène là d'ère numérique qu'on a
laissé s'autoréguler, je vous dirais, au fil des années. Puis on en a discuté
aussi ensemble, en tant que parents, donc. Et justement à quel point également
les jeunes avaient des cellulaires en très bas âge. On parle de 7 à 10 ans
maintenant, les cellulaires. Moi, ça, ça m'a marqué. Puis c'est là qu'on s'est
dit : il faut vraiment sensibiliser. Il y a une partie d'éducation et de
sensibilisation à faire.
Journaliste
: ...Mais
est-ce que vous êtes tous d'accord? Est ce qu'il y avait... Est-ce qu'il y a eu
des débats au sein de la commission sur la pertinence d'entendre les géants
numériques puis de les forcer à venir témoigner? Est-ce que vous étiez tous
d'accord que c'était correct de ne pas les entendre?
M. Ciccone :Non, ça n'a pas été unanimement. Cependant, il y a eu un
consensus. Tu sais, à un moment donné, il faut que... On reste toujours avec
des petits... des fois, des petites «écorches». Mais, oui, certains... pour
être transparents, là, oui, certains groupes auraient aimé les forcer à
comparaître. Puis, mais finalement la commission a décidé de ne pas y aller, ça
fait qu'on est dans le consensus.
Journaliste
: ...
M. Ciccone :
Bien, je veux dire, pour moi, personnellement...
Journaliste
: ...
M. Ciccone : ...pour ceux qui voulaient les avoir, c'était d'envoyer un
message clair, envoyer un message clair qu'au Québec on ne fait pas n'importe
quoi, puis on va vous avoir à l'oeil, puis vous devez venir répondre à nos
questions. Tu sais, c'est... des groupes pensaient de cette façon-là, voulaient
envoyer un message clair. C'est sûr que ça aurait été peut-être un combat à ne
plus finir, là, parce qu'ils auraient pu s'empêcher de venir puis il y a eu des
contestations judiciaires, ça peut être long, là, mais ça aurait retardé aussi
notre... le dépôt du rapport.
Mme Dionne : Je peux
expliquer... Oui, mais c'est ça... Puis vas-y puis j'expliquerai.
M. Leduc : J'étais d'accord
aussi, mais je peux prendre la défense de mes collègues de la partie
gouvernementale. On a entendu quand même Aylo, hein, qui sont les propriétaires
de Pornhub. Moi, je n'ai pas été particulièrement impressionné. Ils sont venus
nous dire des lignes de com très, très travaillées puis lissées, ça fait que,
bon, c'était un exercice intéressant, on a pu leur poser des questions, mais je
peux vous... je pourrais écrire ce que Facebook serait venu nous dire, il
aurait dit : Ce n'est pas de notre faute, c'est la faute aux cellulaires.
Je pourrais vous écrire ce que les cellulaires seraient venus dire : Ce
n'est pas notre faute, c'est la faute aux plateformes. Ça fait qu'il y avait du
pour et du contre de les inviter, de ne pas les inviter. Au final, la
commission aboutit avec un bon rapport quand même.
Mme Dionne : Alors, merci,
Alexandre, tu confirmes, moi, c'était quoi mon opinion, c'est que ça aurait été
un gros shot de relations publiques.
Journaliste :
Just jump in English, if you don't
mind. For the recommendation on recommending to the Québec government to impose
a mandatory minimum age of 14 years old. This isn't the case that you don't
have the consent of a legal guardian. So, if you are younger than 14 years old,
then it's still the same is the status quo. I'm just curious to know why you haven't
come up with a more strict recommendation.
Mme Prass :
So, children under 14 with their
parents' consent, because it's 14 with... under 14 without your parents'
consent, so they can join social media under those circumstances. There's a lot
of jurisdictions around the world. We saw what Australia did earlier this year,
where they're trying to impose a 16 year-old-age limit. And the issue is the
mechanisms, because I think we didn't have social media companies that came to
speak to us, but they have to be a partner in this. And I think that if there's
enough jurisdictions that impose that rule, that they're going to have to
comply at some point and become a partner.
Journaliste :
But 14, if I have the consent of my
parent, I can go up there and be eight and open an account.
Mme Prass :
Well, and a lot of what we do in the
report is we want to sensitize parents to the reality of the role that they
have to play in all of that. So, they need to understand the reality of their
child being on social media, what that exposure means, that they have to be
able to follow what they're doing to a certain extent. So, parents absolutely
have a role to play in all of this and that a lot of the recommendations are
targeted towards them.
Journaliste :
And why 14? Why did you come up with
14? In France, it's 15 years-old; in Australia, it's 16. I mean, there's a huge
difference between 15 and 16 years-old, and we are just at 14 years-old in
Québec. This is up to your recommendation, why?
Mme Prass :
A lot of laws in Québec give 14
years-old certain abilities to work, to be able to... There are already laws in
place that at 14 years-old, you have a certain amount of independence to go see
a doctor on your own, etc. So, we wanted to be coherent with the laws that are
already in place, and so 14 years-old was...
Journaliste :
And just one last question on
influencers. They are already out there. It's a Far West. So, what can you do
really realistically?
Mme Prass :
Well, two things. First of all, they
need to understand that they have a responsibility towards young people. I
agree, most of them don't assume that responsibility, but there are laws in
place, like the law for consumer protection that we would like to see perhaps
updated, because when they came to see us in consultations, they asked, they
wanted to be a part of the solution when it comes to monitoring ads on the Web
and influencers. So, there are laws that are in place that need to be updated
to give the ability to those organizations to have a say and to be able to go
after them when they're not being responsible.
Journaliste :
Also - excuse me - also, on the minimum
age, I'd like to ask you, Mr. Leduc. You know what's to stop teens from just
checking... or children from just checking a box and making an account for
themselves, even if they aren't 14 yet? And what's to stop parents from giving
them that consent? How do you think, realistically, this would actually change
anything?
M. Leduc :
Well, there's two answers to your
question. The first one is, even though it might be considered easy to
circumvent the recommendation, it still sends a signal as a public health
issue. When we say that the speed limit on the highways is 100 kilometers an
hour, we send them a signal. A lot of people go over 100, obviously, but it
sends a signal. Same thing for the drinking age at 18. A lot of people drink
their first glass of alcohol under that, myself included, but it sends a
signal.
So, first of all, it's a
good thing to send a signal that it's 14, we think, is a good age to start
being on the on the social networks. The other thing is how do you mechanically
or physically apply it? It's difficult. We had different presentations. We had
discussions. This is why we asked that further inquiries be made by the
Government to find the good one to be applicable. There's already some systems
in place in other places of the world. We need further investigation to see
which one is working the best, and which one would be the easier to apply here,
in Québec.
Journaliste :
And just two questions for Mr. Ciccone.
First of all, as your colleague mentioned, you know, parents have a role to
play in this. What did you hear in the commission when it comes to that
parent's role? You know, you mentioned earlier in French that potentially
parents might not be spending enough time with their children.
M. Ciccone :
Well, actually, that's what the kids
said. You know, when we asked a question: How many of you would like to do more
activities with your parents? And 100% of the kids raised their hands. So, I
think, it's a message, it's a strong message, not from us to the parents,
because there's a fine line there too, you know, the commission, here, we're
not... we're not going in their houses, we don't want to go in the bedroom, we
don't want to do this, because, I mean, it's your kids. But I'm just asking the
parents to listen to their kids, what they're asking them to... to spend more
time. I know, I know that a lot of parents, they cannot do that. You know, a
single mom, single dad, they cannot go out every weekend and go camping. I
understand that, and they don't have the funds to do that. But just... if the
parents just listen to to their kids, don't listen to the commission. I'm
asking the parents. Listen to your kids, because they spoke pretty loud on that
one.
Mme Prass :
Can I add something to that? What we
heard from a lot of students, too, when we asked them : Do you think your
parents are on their phones too much? Almost unanimously, the answer was yes.
And so, we have to lead by example, especially when we're parents. And so, they
would say : Well, it's very difficult for my parent to convince me to get
off my phone when they're on theirs all the time. So, again, parents need to
realize that they're leading by example and that their behavior is going to
have effect on that of their children.
Journaliste :
And just on e-sports, I'm trying to
understand why not, you know, recommend that they be banned altogether in
schools? Why do they have a place in schools? What's the benefit?
M. Ciccone :
Well, some of us suggested it to be
banned, but like I said, again, you know, when we... when you look at both
sides, you know, you look at... you said, okay... Some kids are very attached,
you know. We were... it was a tough decision, because some kids are very
attached to their program. Same thing with sports. And we saw it during the
pandemic, when you stop sports, a lot of kids got out of school, you know, and
they quit school.
And this is the same
thing. We saw a lot of kids that don't socialize too much, but they found their
way with those types of programs. But on the other hand, what we agreed on is
that, okay, we know there's a little problem with those e-sports, but we'll
make sure that the Government will keep a good eye, close eye on it, and every
year the program will have to give reports to make sure that they're doing
fine, that the kids in their program are doing fine, also. So that's a middle
ground we found altogether.
Journaliste :
I had a question about specifically
recommendation 4. It's about setting up services in the health care network to
deal with addiction. Was there a story in particular that showed it's not just
cell phone use, that it is getting into the realm of addiction with teenagers?
Mme Prass :
Well, when we have a 14 year olds
telling us that they spent $4,000 on Fortnite in the last few years, clearly,
there is addiction that comes in different forms, whether it be with video
games, whether it just be constantly having it in your face. And I think in a
lot of the consultations we heard, especially in the education sector, that
is... the big fear is that children are focusing all of their attention on
that. And we heard from organizations that work in addiction therapy, and they
see a lot of similarities between. addiction to drugs, addiction to alcohol,
than they see in behavior addiction to to screens and to social media. So, it
was very important for us to address. And again, parents need to be aware that
it's a potential consequence of their child being exposed to it, and so, they
need to be aware and able... in order to be able to act.
Journaliste :
And I mean, just as a concern, I'm
sure many of you are parents, but like, to have it go into the realm of
addiction, that's a pretty serious medical effects. As parents and as people
who are watching this, how does it affect you guys to see that this has gone
this far?
Mme Prass :
I think a lot of us were surprised when
we heard testimony during the consultations about how bad it can get and how it
can affect someone, how it can really take them away from their everyday life
and put them in a rabbit hole, if you will, where they're just... that's all
that they're doing all the time. So, I think we were surprised to hear the
extent to which it can be addictive as well, and the consequences. But many
organizations were concerned, and there are... one or two of them came that had
programs that specifically deal with online addiction, and hearing them tell us
what they see young people going through, I think was very alarming for all of
us.
Journaliste :
There's also... I don't want to focus
just on the negative. I mean, there's the issue of addiction in too much time,
but there's also... you want students and teenagers to be digitally literate,
you want them to know how to use the Internet, essentially, in a positive way.
How did you, as a commission, navigate that line between : this maybe
isn't great for your health, but also this is the reality of the world today?
Mme Prass :
Well, as... I don't know who said it
earlier, some children, especially when you live in more rural areas, that's
how they communicate with each other. Some kids who...You just moved or you're
lonely, you have friends... elsewhere, that's how you communicate. But
developing a critical sense, I think, was very important to all of us, because
there's so much untruth, there's so much misinformation on social media, and
it's very easy for children to just take for granted that that's the truth. But
they need to understand that, just, there's algorithms that are feeding you
things, there's… there's fake news out there, and you have to be able to
distinguish between what is reality… not just because you see it on the
Internet, and my son will say this to me often… he'll tell me something :
I found this out today. Where did you read that or where did you find out? On
the Web. That's not an answer.
You need to teach them,
in the same way, when we were young, we had to do research. You know, they're…
back in the good old days, before there was the Internet, but they need to
develop that critical sense because it's going to guide them through their
whole life, not just now. Because, when you are going down that rabbit hole in
the algorithm, you know, we see a lot of male chauvinism with the Andrew Tate's
of this world and whatnot. Kids need to be aware that's not the reality in the
real world.
Journaliste
:
Thank you.
(Fin à 12 h 26)