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(Neuf heures deux minutes)
La Modératrice
: Alors,
bonjour. Bienvenue à ce point de presse sur le regroupement familial. Donc, on
aura André Albert Morin, le député de l'Acadie, qui va prendre la parole. Il
est accompagné de membres de l'organisme Québec Réunifié. Donc, on aura Marie-Gervaise
Pilon, qui est coordonnatrice de campagne, et Jean-Sébastien Gervais, qui est
responsable des opérations, qui vont prendre la parole. Par la suite, s'ensuivra
une période de questions.
M. Morin : Alors, bonjour. Ce
matin, je vais vous parler du regroupement familial, mais surtout de l'entêtement
idéologique de la CAQ qui empire la situation. Pour le regroupement familial au
Québec, les délais, c'est 39 mois, ailleurs au Canada, on parle d'environ 15 mois.
39 mois pour réunir une famille, c'est inhumain.
Présentement, avec le gouvernement de la
CAQ, il admet 10 600 dossiers, c'est le seuil que le gouvernement
envoie à Ottawa. Pourtant, pourtant, plusieurs ont déjà un certificat
sélectionné par le Québec et ils attendent la résidence permanente. Mais à
cause des seuils de la CAQ, présentement, bien, les délais s'allongent. Il y a
présentement 42 000 dossiers en attente. Mais vous suivez probablement la commission
avec la planification de l'immigration, et là vous avez des propositions que le
gouvernement a faites, scénario A, on voudrait descendre ça à 5 800
pour le regroupement familial. Alors là, on ne parle plus de 39 mois, là
les délais explosent. Le scénario B, c'est 8 100, le scénario C,
c'est 10 400.
Mais, dans tous les cas, les délais vont
allonger. 39 mois, avec un seuil de 10 600, imaginez ce qui va
arriver si le scénario A est retenu avec 5 800, le délai va passer à
78 mois, ça va littéralement exploser, plus de six ans. C'est cruel pour
des familles, et ça je tiens à le dénoncer. Avec son obsession des seuils, contrairement
à ce qu'il affirme, le ministre Roberge ne fait plus du Québec une terre d'accueil
pour le regroupement familial. Il n'y a aucune raison que les délais soient
aussi longs. C'est une véritable injustice que je dénonce, et je cède
maintenant la parole à Mme Marie-Gervaise Pilon. Merci.
Mme Pilon (Marie-Gervaise) : Merci,
M. Morin. Il y a bientôt deux ans, j'étais ici, à ce micro, pas exactement celui-ci,
mais sur le même étage, en compagnie de mes amis Sacha et Antoine, pour
dénoncer les délais du regroupement familial qui était, à l'époque, à 41 mois.
Ça a été 41 mois d'attente pour la résidence permanente de mon mari
William, qui attendait patiemment au Royaume-Uni. Depuis, Antoine a terminé son
parcours, et Sacha, un brillant médecin spécialiste, a quitté le Québec. Il ne
voulait pas vivre trois ans sans sa femme. Qui pourrait donc accepter cela?
Certainement pas Normand, qui a été emporté par un infarctus avant que sa
conjointe Marleine ne puisse le rejoindre. Certainement pas Pierre qui
maintient la sécurité de nos aéroports pendant que ses enfants grandissent loin
de lui. Certainement pas Jade, qui a épousé l'homme de sa vie la semaine
dernière et qui devra attendre plus que trois ans et peut être bien plus avant
de pouvoir faire vie commune avec son mari. Et certainement pas Dave qui est
lui aussi pris dans cet engrenage depuis 2023, ou Kim qui le voit son mari que
trois semaines par année.
Je vous présente Jean-Sébastien Gervais
qui, lui aussi, n'a pas accepté d'attendre trois ans et qui a dû faire des
choix déchirants pour être avec son mari.
M. Gervais (Jean-Sébastien) :
Merci, Marie. En 2020, lorsque j'ai rencontré Paolo, je ne m'attendais pas à
devoir étaler ma vie au grand jour aux médias comme je le fais présentement
aujourd'hui. C'est une attente qui est quand même assez longue. En 2022, on
avait initialement déposé un visa visiteur, visiteur qui a duré 430 jours
avant d'avoir une réponse négative à l'idée de pouvoir vivre ensemble quelques
mois ici, au Canada, avant de se marier. Ça a été malheureusement refusé. On a
attendu neuf mois pour avoir le fameux certificat de mariage par le directeur
de l'état civil au Québec. Donc, ça rajoute déjà aux délais de trois ans de
traitement. Et étant donné que le visa visiteur était déjà long, l'attente
était déjà assez longue avant de pouvoir se rencontrer, en 2023, j'ai pris la
décision en changeant de travail, donc baisse de salaire aussi, d'aller vivre
aux Philippines et attendre avec mon conjoint d'avoir la résidence permanente.
À ce moment-là, les délais étaient de 13 mois au moment du dépôt de notre
demande.
25 mois plus tard, malheureusement, ce
n'est toujours pas réglé. Malgré que toutes les étapes soient complétées depuis
novembre 2024, donc ça fait exactement un an que tout est complété, on est dans
un... dans une zone grise, dans un flou administratif. Il n'y a rien qui se
passe. Et pire, on nous demande de refaire à grands frais la visite médicale
pour réévaluer la santé de Paolo. Donc, vraiment, les étapes pour la
réunification familiale sont longues, sont très longues à monter, très longues
à démontrer, très longues à préparer. C'est préparé avec un avocat et, malgré
tout, alors que c'était sensé d'être 13 mois, deux ans plus tard, les
délais ont changé, et on est quand même pénalisés de vouloir suivre
l'immigration de façon légale.
Donc l'attente... Donc, émotionnellement,
le fait de devoir quitter et retourner au pays pour des raisons
professionnelles, c'est très difficile. C'est sûr que je me considère quand
même privilégié par rapport aux autres personnes qui attendent, eux, de leur
côté, ici au Québec, sans pouvoir se voir plus que peut être deux ou trois
semaines par année, dont des vacances annuelles. Mais ce n'est pas le cas de
malheureusement tout le monde. Économiquement aussi, c'est très difficile parce
que j'ai dû maintenir... Parce que j'ai continué à payer mon loyer ici et vivre
là-bas. Ça a été des... Ça a été des dépenses additionnelles, des assurances,
des pertes de salaire, parce que j'avais aussi une charge de cours à
l'université et que j'ai dû me résigner pour pouvoir vivre à l'étranger. C'est
des choix qui ont été faits, mais c'est des choix coûteux. Et lors du... Comme
je le disais, je le mentionnais lors de mon départ, je m'attendais à quitter
temporairement de 12 à 13 mois pour pouvoir revenir ensemble, et malheureusement
ça n'a pas été... cas n'a pas été le cas. Merci de votre attention.
Et j'aimerais redonner la parole à Marie,
qui présentera les recommandations de Québec Réunifié.
Mme Pilon (Marie-Gervaise) :
Merci, Jean-Sébastien. Alors, selon IRCC, nous sommes plus de
30 000 couples en attente. Les Québécois ne vont pas, du jour au
lendemain, parce que leur gouvernement instaure des délais prohibitifs, cesser
de voyager et de tomber amoureux. Québec Réunifié se veut la voix de ces
couples. Et nous demandons au premier ministre et à son cabinet de nous
respecter et surtout de respecter notre autonomie. Le Québec est une nation qui
tient à l'égalité des genres. Il est inconcevable dans une société libre et
démocratique que le gouvernement s'ingère ainsi dans la vie privée et familiale
de ses électeurs et contribuables. Nous demandons donc à ce que notre droit à
l'autonomie soit reconnu et respecté et à ce que nous soyons traités avec le
même respect que nos concitoyens canadiens qui, eux, attendent autour d'un pour
commencer leur vie commune au pays.
Les délais à venir, qui iront jusqu'à
10 ans dans le pire scénario, condamneront les Québécois expatriés à le
rester et forceront ceux qui sont ici à quitter le Québec. Le gouvernement du
Québec doit autoriser IRCC à traiter les dossiers sélectionnés par le Québec
sans mise sur pause arbitraire. Le ministère de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration doit reprendre les émissions de CSQ dans la
catégorie du regroupement familial. Les délais sont tels qu'il est possible de
mourir sans voir le dossier de son conjoint réglé. Le 27 novembre 2023, une
maman gatinoise... est décédée alors que son conjoint n'avait pas sa résidence
permanente. Les enfants du... sont maintenant tributaires du processus
d'immigration humanitaire pour leur papa.
De tels drames ne doivent pas être
facilités par la bureaucratie étatique. C'est une question de volonté
politique. Les parrains du Québec ont la capacité d'accueillir leurs conjoints.
Il est temps que le gouvernement fasse preuve de bonne volonté et reconnaisse
que ce sont des Québécois qui ont sélectionné ces immigrants, comme
Jean-Sébastien l'a fait, comme je l'ai fait. Merci infiniment pour votre temps.
La Modératrice
: On va
maintenant passer à la période de questions.
Journaliste : Je peux
commencer. Bonjour. On est dans une discussion évidemment sur les seuils
d'immigration de manière un peu plus large. Demandez-vous à ce que les cas dont
vous parlez soient traités séparément, je dirais, ou, en tout cas, de manière
particulière, versus tous les cas d'immigration?
Mme Pilon (Marie-Gervaise) : Effectivement,
dans le mémoire que nous avons déposé, nous avons demandé à ce que les cas qui
ont 12 mois d'attente et un CSQ soient traités hors seuils. Ils ont déjà été
sélectionnés par le Québec, ils ont déjà attendu la norme canadienne, ils ne
devraient pas compter dans les seuils d'immigration.
Journaliste : ...tous ces
délais, vous avez même parlé jusqu'à 10 ans. Peut-être juste comprendre d'où
vient ce chiffre.
Mme Pilon (Marie-Gervaise) : Bien
sûr. Alors, on a calculé, c'est un calcul que nous avons fait. Nous avons des
mathématiciens dans notre équipe. Donc, en fait, on part... on part donc de l'inventaire
actuel en assumant un rythme normal d'applications, donc, on parle d'à peu près
12 000 applications par année pour les conjoints, et on calcule ensuite
l'inventaire tel qu'il aurait lieu si on traitait seulement 5 800 demandes
par année. Donc, avec 5 800, on se rend facilement jusqu'à 10 ans, pour
2030, si mon souvenir est bon. Et si vous souhaitez voir la feuille de calcul,
il nous fera plaisir de la partager.
Journaliste : Bien, juste
pour comprendre encore une fois, dans tous ces délais-là, est-ce que ce n'est
vraiment qu'une question de capacité de nombre de places ou il y a d'autres
raisons aussi, là, tu sais, administratives ou autres?
Mme Pilon (Marie-Gervaise) : Écoutez,
je pense que c'est une question qui serait une excellente question à poser au
ministre. En ce qui nous concerne, nous avons la capacité d'accueil pour nos
conjoints, nous avons des logements, nous sommes en mesure de les aider à
s'intégrer et à se franciser, nous sommes responsables d'eux pendant trois ans.
Nos conjoints arrivent généralement jeunes, ils ont passé un examen médical,
parfois plusieurs fois, comme Jean-Sébastien l'expliquait. Donc, il n'y a pas
vraiment de raison de limiter l'accès à nos conjoints. D'autant plus qu'en ce
moment le gouvernement du Québec n'est pas en mesure de calculer l'usage que
font les conjoints des services publics, comme nous l'avons montré dans un
article qui est sorti ce matin, et le rapport est disponible sur notre site
Web. Merci.
Journaliste : Très bon
article, d'ailleurs. Ma question est pour M. Morin. Est-ce que vous, vous êtes
favorable, au Parti libéral du Québec, à la proposition que fait Québec
Réunifié, c'est-à-dire de faire en sorte que les demandes en matière de
regroupement familial soient exclues des seuils? Est-ce que c'est ça, la
solution pour vous?
M.
Morin :En fait, vous savez, au Parti libéral... Moi, ma
position, ça a toujours été de dire : Le regroupement familial, là, c'est
quelque chose qui est tellement, tellement humain qu'on devrait les traiter en
priorité. C'est d'ailleurs les propositions que j'ai faites, c'est dans
l'espace public, et le gouvernement devrait, le plus rapidement possible,
s'assurer qu'il n'y aura pas ces arrérages de dossiers. Je l'ai publié, je l'ai
dit, parce que les délais augmentent sans cesse, d'ailleurs, vous en avez la
preuve ce matin, et en plus, en plus, à cause des limites qu'impose le
gouvernement de la CAQ, bien, Ottawa est pris avec un nombre x à traiter. Et il
n'y a pas de raison pour qu'on ne puisse pas réunir des familles plus
rapidement. Voilà.
(Fin à 9 h 15)