Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Treize heures dix-neuf minutes)
M. Morin : Alors, voilà, donc
je tenais absolument à réagir à la sortie du ministre Roberge relativement à la
planification en immigration. Je vous dirai qu'avec le seuil, sa décision, on
évite la catastrophe, mais on est loin d'être sortis de l'auberge, ça, c'est
très clair. Parce qu'on le sait, on le dit, je le dis depuis des années,
l'immigration, ça se planifie, l'immigration, ce sont des humains, et j'ai
l'impression que la CAQ ne comprend pas ça.
Et à titre d'exemple, le ministre décide
de ne pas rétablir le PEQ, le Programme de l'expérience québécoise. Moi, pour
l'opposition officielle, j'ai fait toutes les séances de consultations, hein,
on a terminé les consultations... pendant un mois, tout le monde, les
universités, les employeurs, nous ont dit : Le PEQ, c'est un excellent
programme, le PEQ, ça nous permet évidemment une fois qu'on a des étudiants qui
sont ici, qui sont diplômés, qui veulent travailler, ça nous permet de les
garder. Quand on a des gens de l'étranger qui travaillent chez nous et qui
veulent rester, on peut les garder. Et là il y a une prévisibilité. Personne ne
nous a dit de le laisser tomber. Or, le ministre, lui, c'est sa décision.
Alors, c'est pour ça que je vous dis, en termes de planification, il ne
comprend pas.
Il nous parle de son programme, le PSTQ,
le Programme de sélection des travailleurs qualifiés. Et je vous dirais que c'est
un programme qui a un enjeu de taille, c'est qu'il n'y a pas de prévisibilité
avec ce programme. Il y a quatre volets, et c'est le ministre qui va décider,
sur invitation, qui va être appelé éventuellement. Tout le monde nous a dit :
Ce qu'on veut en immigration, c'est de la prévisibilité. C'est ça qu'ils ont de
besoin et de la stabilité. Avec le PSTQ, on n'aura pas ces deux éléments.
Et d'ailleurs, ça va poser des problèmes.
Moi, j'ai hâte de voir... bien, «hâte de voir», c'est, en fait, curieux de
dire. Je n'ai pas hâte de voir ce que ça va faire dans quelques mois. Parce qu'il
dit qu'il augmente ses seuils parce qu'il y aurait trop de temporaires, qu'il
faut les rendre permanents, et il va utiliser le PSTQ, mais comment il va faire
pour identifier, dans les semaines, dans les mois à venir, quelle catégorie de
travailleurs il va appeler, dans quelle région, dans quel type d'industrie? On
ne le sait pas. Il ne le sait pas non plus. Alors, ça va créer un enjeu de
taille, même à ce niveau-là.
Je voudrais aussi vous parler du
regroupement familial. C'est un dossier sur lequel moi, je fais une bataille
depuis plus d'un an parce que je trouve totalement inhumain qu'au Québec les
délais soient quatre fois plus longs qu'ailleurs au Canada... 3 à 4 fois
plus long. Ce n'est pas normal. Je le répète, c'est inhumain. C'est ce que les
gens sont venus nous dire en consultations. Et ce qu'ils demandaient au
ministre, c'était au moins d'avoir cette considération-là, ne pas séparer des
familles, permettre de les réunir. Et je vous rappelle que, quand les gens sont
venus nous voir, la très grande majorité des cas, la personne qui a le conjoint
à l'étranger, là, bien, elle, elle est ici, elle a un toit, elle a un logement,
elle a un travail. Donc, pourquoi ce si grand écart entre la moyenne canadienne
et le Québec? Je ne le comprends pas. C'est dogmatique. Il n'y a pas de raison.
Puis on ne parle pas de centaines de milliers de personnes, là. Alors, là-dessus,
je pense que le gouvernement n'a pas écouté, a fait fausse route totalement.
Et là, il va falloir voir ce qui va
arriver avec les 142 000 personnes qui sont sur le territoire, qui
ont des certificats de sélection au Québec, qui sont en voie vers la permanence,
mais qui ne l'ont pas. Qu'est-ce qu'il va faire avec son PSTQ? Ces gens-là vont
rester ici des mois, des mois et des mois?
Et je vous rappelle, et j'avais terminé
avec ça, que pour le PEQ, le Programme de l'expérience québécoise, moi, il y a des
gens, beaucoup de gens qui m'ont contacté dans mon bureau de circonscription,
des gens qui sont partis entre autres de la France à l'époque où c'était clair
quel était le programme. Ils sont arrivés ici et, pendant qu'ils sont ici,
alors qu'ils ont tout vendu là-bas et qu'ils travaillent, je pense entre autres
à un couple qui travaille dans un cabinet de notaires et un soudeur, ils
travaillent, mais là, le programme change, les règles changent. Et là, le
programme va être annulé! Alors, ces gens-là, ils vont faire quoi? Ils vont
retourner chez eux? On a besoin de soudeurs, on a besoin de machinistes, on a
besoin de travailleurs. Et puis ils parlaient très bien français, soit dit en
passant.
Alors, c'est une incompréhension. Et c'est,
pour la CAQ, une très, très mauvaise compréhension de ce que c'est que de
planifier de l'immigration. Je l'ai dit, l'immigration, ce n'est pas des
chiffres, ce sont des humains. Je vous remercie. Maintenant, je vais répondre à
vos questions.
Journaliste : Les gens dont
vous parliez, est-ce que c'est les gens de Montréal ou Laval, le couple dont
vous parlez?
M. Morin : Ce sont des gens
de la Montérégie.
Journaliste : Parce qu'il y a
quand même cette décision, là, de prioriser les autres régions. Vous êtes en
désaccord avec ce... ce système-là, là, pour ce qui est des travailleurs
temporaires?
M. Morin : Pour les régions,
là, moi, j'ai dit depuis le départ que l'immigration, ça devait se planifier
avec les régions. Et d'ailleurs on a même proposé des sommets régionaux pour
être capables de savoir exactement combien il en faut dans les régions puis
pour répondre aux besoins des régions.
Journaliste : ...le
gouvernement a décidé de les prioriser. Donc... la question, c'est peut-être
plus davantage que Montréal puis Laval sont un petit peu laissées de côté, là.
M. Morin : Montréal, Laval
sont laissées de côté. J'ai écouté ce que le ministre a dit. Moi, je pense qu'il
faut aller voir l'ensemble des régions du Québec, puis Montréal, Laval aussi, puis
voir l'ensemble des entreprises. Parce que moi, je peux vous dire que j'ai
rencontré un très grand nombre d'entreprises, puis encore hier, là, et il y a
plusieurs manufacturiers, plusieurs entreprises qui sont littéralement
paniqués, mais véritablement paniqués 19253et
il y en a qui m'ont dit : Écoutez, on ne va pas frapper un mur, on est
dans le mur, et ça ne va pas bien aller.
Journaliste
: C'est
combien, vos cibles, au PLQ? Juste pour...
M.
Morin :
Alors, voilà. Donc, toujours les cibles. Moi, ce que j'ai dit depuis le début,
c'est que les cibles, là, pour moi, ce n'est pas la bonne façon de voir et
d'aborder la question. Ce qu'il faut voir d'abord, c'est des sommets régionaux,
aller consulter l'ensemble des régions. Les acteurs dans les régions, chambres
de commerce, les universités, les villes, ils veulent travailler avec nous.
Après, reprendre ces éléments-là, arriver avec un chiffre et là être capable de
planifier et de dire : Éventuellement, pour les années à venir, ce sera
ça. Mais là on fait... on fait l'exercice à l'envers, c'est-à-dire qu'on fixe
une cible, mais on ne peut pas l'expliquer. D'ailleurs, le ministre Roberge, il
a pris 45 000. Il y avait trois scénarios, vous vous rappellerez : 25 000,
35 000, 45 000. Il prend le 45 000, parce qu'il dit : Bien,
ça, c'est à cause d'Ottawa. Mais pourquoi 45 000? Pourquoi pas
55 000? Pourquoi pas 50 000? Il y a des gens en consultations qui
sont venus nous dire 60 000, 65 000. Moi, ce que je veux, là, c'est
qu'on soit capable de travailler. Puis, si jamais je dis un chiffre ou un
seuil, j'aimerais être capable de vous l'expliquer. Et la seule façon pour moi
de le faire, c'est d'être capable de travailler avec des régions, pour arriver
après ça à une consolidation et vous dire : Oui, pour les prochaines
années, c'est ça qu'il nous faut.
Journaliste
: Mais ce
serait plus élevé que 45 000, on présume, si vous dites que...
M. Morin : Écoutez, l'enjeu
qu'on a présentement, là, OK, c'est qu'on a 142 000 personnes, là, qui ont
un CSQ sur le territoire du Québec, ils sont déjà ici, là, ils travaillent, ils
ont un logement, OK? Ça fait qu'il va faire quoi avec ces gens-là, le ministre
Roberge? Puis, s'il essaie de leur appliquer son PSTQ, il va les sélectionner
comment? Puis, s'il ne les sélectionne pas, il va les renvoyer. Puis lesquels
il va choisir?
Ça fait que c'est pour ça que je vous
dis : Il faut véritablement qu'il y ait un dialogue constant avec les
régions, et c'est la seule façon dont on va être capable d'y arriver. Puis il
faut tenir compte aussi des arrérages, arrérages, je vous ferai remarquer, que
la CAQ a créés. Les CSQ, là, c'est le gouvernement de la CAQ qui les a émis, et
ça, il ne faut pas l'oublier.
Journaliste
: On a
quand même dit qu'on allait privilégier les travailleurs étrangers
temporaires... bien, les immigrants temporaires qui étaient déjà sur le
territoire du Québec. De ce que je comprends de votre argumentaire, c'est quand
même une bonne avenue?
M. Morin : C'est sûr qu'il
faut d'abord régler les gens qui sont ici. Et d'ailleurs, quand on parle aux
entreprises sur le terrain, parce que j'ai fait plusieurs régions du Québec, ce
que les entreprises nous demandent, entre autres, c'est : S'il vous plaît,
ceux qu'on a, est-ce qu'on peut les garder? Ils sont ici, ils travaillent. La
grande majorité parle français ou ils sont en francisation. Donc, oui, bien
sûr, privilégions, parce qu'on a déjà un arrérage ici. Donc, c'est très
important.
Journaliste
: Vous
pensez quoi du Parti québécois, qui laisse entendre, au fond, que les
entreprises sont trop dépendantes aux immigrants temporaires?
M. Morin : Écoutez, ça, je
pense que c'est une question, je vous dirais bien franchement, qu'il faudrait
poser au Parti québécois. Moi... Moi, là...
Journaliste
: ...de ça,
parce qu'eux c'est pas mal ce qu'ils disent.
M. Morin : Moi, ce que je
vais vous dire, là, c'est leur cible, parce qu'eux, ils sont arrivés avec
35 000, là. Ça, c'est dans leur document qu'ils ont publié, là. Puis moi,
en commission parlementaire, j'ai demandé aux entreprises dans les régions qui
sont venues nous voir, et il y en a eu plusieurs : Qu'est-ce qui va
arriver à l'économie du Québec si on a une cible de 25 000 ou de
35 000? Et ils nous ont dit : Ça va être un désastre.
Alors, je reviens à ma formation
politique, le Parti libéral du Québec. Pour moi, on est la seule formation qui
traite véritablement de l'économie puis qui est à l'écoute des régions
là-dessus. Et c'est ça qu'il faut faire.
Journaliste
: Donc,
juste pour clarifier, la décision... la raison pour laquelle vous ne voulez pas
nommer de cible, c'est parce que... c'est quoi, vous souhaitez faire une
consultation d'abord ou...
M. Morin : Il faut absolument
travailler avec des sommets régionaux. C'est fondamental. Puis...
Journaliste
: ...on va
faire ça quand? Est-ce que c'est un projet pour après être éventuellement élus
ou c'est quelque chose que vous planifiez?
M. Morin : Ah! c'est... c'est
clairement avec un gouvernement libéral au Québec. C'est un élément, c'est un
système qu'on doit mettre en place immédiatement pour être capables de
travailler avec l'ensemble des régions, mais tout de suite, c'est une priorité.
La Modératrice
: Des
questions en anglais?
Journaliste :
What's your reaction to the
cancellation of the Québec Experience Program?
M. Morin :
I think it's a... it's a disaster.
Frankly, I think that this is exactly what it is, because, when we did the
consultation, every association groups, companies, universities, colleges, they
said that this was a great program. It's… You know how to work with it. It's
clear, rules are clear, so you know what to expect. And, when you referred to
immigration, that's a very key component of the whole system. Universities,
companies, they said : Please, please, Mr. Roberge, make sure that this
program will continue. 19253Well, his
decision today, this program is cancelled. So, it will be very difficult, and
it was a very good program.
Journaliste :
And the out of all the proposals listed
today with reducing the immigration numbers, which one concerns you the most?
M. Morin :
Well, I would say two things. What will
be the impact on the companies, on the economy and also the… what I call in
French: «le regroupement
familial». Delays will continue to be longer in Québec than anywhere else in
Canada, and, to me, this is not fair, this is not justice. There's no reason
why a family should not be reunited in Québec after 13 or 14 months, like what
it is in Canada, in other provinces. There's no reason. There's no reason. And
again, I mean, these people are here, they're waiting to be reunited, they have
a house, they have an apartment, they work. I mean, there's no real impact. And
we're not talking about thousands and thousands or hundreds of thousands of
people.
So, I was hoping that,
following the consultations, the minister will listen to them because many are
under stress, and it is very difficult for them. I was hoping that they would,
at least for this category, make sure that they will be reunited fast. It did
not happen. And that's very… I'm very sorry for them about that because this is
something that I was really pushing and pushing.
Journaliste :
What kind of message do you think this
sends to Québeckers.
M. Morin :
Well, for those who would like to have
their family reunited, it is a sad day. For the companies, for the economy,
it's not a good day at all. And there was, as I said at the beginning too, in
order to answer your question, the PEQ was a very good program. They all asked
the Minister to look at it, make sure that it would not disappear. It will
disappear, so that will have a significant impact. And I would say that the CAQ
Government does not understand how to plan immigration, obviously. And
immigration, it's not only numbers, it's people, so we should never forget
that. Thank you.
(Fin à 13 h 33)