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(Onze heures vingt-huit minutes)
La Modératrice : Alors,
bonjour et bienvenue à cette conférence de presse qui fait suite au dépôt d'une
pétition pour assurer la pérennité des ressources intermédiaires. Donc, on aura,
en premier, Mme Linda Caron, la députée de La Pinière, qui sera suivie de Manon
Charpentier, la directrice générale de l'ARIHQ, et suivie de Eva Sultan.
Ensuite, on aura une période de questions. Vous pouvez y aller.
Mme Caron : Alors, bonjour à
tous. J'ai déposé, donc, ce matin, une pétition pour les ressources
intermédiaires, qui a été signée par 2 482 pétitionnaires, et cette
pétition demandait d'augmenter le financement et les ressources qui sont
accordées, qui sont destinées aux ressources intermédiaires, afin d'assurer la
pérennité des milieux de vie actuels et de permettre la création de nouvelles
places pour répondre aux besoins de la population.
Alors, ce qu'il faut savoir, c'est que les
ressources intermédiaires qui sont membres de l'ARIHQ, l'Association des
ressources intermédiaires d'hébergement du Québec, sont régies par une entente
nationale 2020‑2025, donc qui est échue depuis sept mois, depuis le 31 mars
2025, et qui est présentement en négociation. Ce qu'il faut savoir, évidemment,
c'est que les coûts d'exploitation et les coûts de construction de nouvelles
places ont beaucoup augmenté ces dernières années. Alors, en période de
questions ce matin, j'ai rappelé les faits saillants de la situation, que
43 % des ressources intermédiaires existantes sont à risque de fermer si
les ressources financières ne sont pas au rendez-vous rapidement. Et il y a
72 % des appels d'offres que le gouvernement, les centres... les CISSS et
CIUSSS ont lancé depuis 2020, 72 %, qui ont été annulés parce que les
conditions financières pour la viabilité de ces projets n'étaient pas là ou il
y avait, donc, absence de soumissionnaires.
C'est un grand problème, et j'ai posé donc
des questions à ce sujet-là, je m'inquiète beaucoup de cette situation-là pour
toutes les personnes qui sont présentement en ressources intermédiaires, il y
en a plus de 20 000, et je m'inquiète encore plus pour les
5 500 personnes qui attendent présentement une place.
Malheureusement, la réponse finale de la ministre c'est : Je reste zen.
Mais c'est ça le problème. Il ne faut pas rester zen, il faut agir, ça fait
sept mois que l'entente est échue, ça fait au moins deux ans que le milieu crie
à l'aide et il n'y a pas de réponse, silence radio du gouvernement.
Alors là-dessus, je vais céder la place,
la parole à Mme Manon Charpentier, directrice générale de l'ARIHQ.
Mme Charpentier (Manon) : Alors,
bonjour à tous et à toutes. Juste dire que je suis effectivement directrice
générale de l'ARIHQ depuis déjà quelques années, mais j'ai quand même été
pendant 30 ans propriétaire et gestionnaire de ressources intermédiaires
pour différentes clientèles. Donc c'est un milieu que je connais très bien.
J'aimerais juste rappeler rapidement
qu'est ce que c'est une ressource intermédiaire. Alors on regroupe... ce sont
des milieux d'hébergement pour adultes offrant des soins et des services pour
une clientèle qui ont des défis d'autonomie. Alors on touche quels types de
clientèle? Personnes aînées, personnes avec des problèmes de santé mentale,
déficience intellectuelle ou encore avec un trouble du spectre de l'autisme ou
même de dépendance.
La raison pour laquelle on est ici
aujourd'hui, c'est important, là, c'est de dire sur les... actuellement, on
héberge 20 000 personnes, c'est quand même un nombre important à la
grandeur du Québec. Par contre, il y a 5 500 personnes qui sont en attente
pour venir joindre nos milieux. Il faut le savoir, là, les
5 500 personnes, c'est des gens qui ont besoin du type d'hébergement
et de soins que nous, on offre. C'est... donc, ils n'ont pas besoin de soins
aigus, par exemple comme en CHSLD ou encore à l'hôpital. Mais ces gens-là, en
fait, ce nombre-là, ce que j'aimerais dire et souligner, c'est que derrière
chacun des nombres, il y a un nom, il y a une personne qui attend, il y a des
familles qui sont découragées, il y a des familles qui ne savent plus à quel
saint se vouer, il y a des gens qui se demandent : Bien qu'est-ce qui va
arriver avec moi dans les prochains mois, dans les prochaines années?
Le chiffre de 5 500 personnes
aussi, ce n'est que la pointe de l'iceberg. Pourquoi? Parce que ce sont des
gens qui sont sur la liste d'attente. Mais avant, avant d'être sur la liste
d'attente, ce que ça veut dire c'est qu'il faut quand même être évalué, il faut
réussir à avoir une travailleuse sociale, il faut réussir à passer tout un
processus vraiment très complexe.
Alors, c'est la première des choses, un
5 500 et on demande à la ministre de s'assurer que ce nombre-là soit
reflété sur le tableau du ministre... du tableau de bord du ministre. Pourquoi?
Parce que tant que le chiffre n'y est pas, c'est comme s'il n'était pas reconnu,
c'est comme si ce chiffre-là n'existait pas. Pourtant, on a les données pour
les CHSLD, pour le service à domicile. Alors on demande, ça fait plusieurs fois
qu'on le demande, mais là, on exige de la ministre qu'elle fasse des pressions
afin qu'on soit représenté.
L'autre élément dans lequel j'aimerais
souligner, c'est que, Mme Caron l'a dit tout à l'heure, on est en négociation
actuellement. C'est une négociation qui piétine et durant les derniers mois,
même les dernières années, on a eu toutes sortes de conversations avec
l'ex-ministre Carmant et aussi avec la ministre Bélanger sur les orientations
qu'on voulait donner à cette négociation-là pour améliorer les conditions de
vie de nos résidents. Ces orientations-là ne sont pas reflétées à la table de
négociations. Et ce qu'on demande à la ministre, c'est qu'elle s'assure que les
orientations ministérielles discutées soient descendues à la table de
négociation pour qu'il y ait des mandats qui soient donnés pour qu'on puisse
avancer. Entre autres, on l'a dit tout à l'heure, au niveau du développement
des RI, il ne faut pas qu'on attende la fin de la négo, on perd un temps fou,
chaque jour qui passe est un jour de trop, ce sont des gens qui s'ajoutent à la
liste d'attente.
Alors j'aimerais dire, en terminant, qu'on
a avec nous Mme Eva Sultan, qui nous accompagne courageusement, qui illustre la
crise avec quelqu'un dans sa famille qui attend depuis beaucoup trop longtemps
pour être accueilli dans nos milieux. Alors, chaque jour compte. Il y a des
solutions qui existent, je me permets de le dire. Une meilleure planification
des besoins, une simplification des appels d'offres, un financement qui serait
adapté. Il est vraiment temps qu'on passe à l'action, parce qu'on n'a plus le
luxe d'attendre. Je vous remercie.
Mme Sultan (Eva) : Bonjour.
Merci. Donc, je m'appelle Eva Sultan, et j'ai un membre de la famille qui
souffre de... concomitance. Alors, santé mentale, toxicomanie. Et ça fait
longtemps, là, qu'elle est en processus d'orientation vers un milieu de vie. Et
puis, pour nous, le seul milieu qui serait... qui peut offrir, qui est adapté
et du soutien, c'est vraiment les ressources intermédiaires. Il n'y a pas autre
chose.
Je veux dire que la ministre Bélanger,
d'abord, la reconnaître pour tout son travail avec la population des aînés.
Mais je veux lui dire aussi que nous sommes des parties prenantes. Nous sommes
des partenaires dans la santé et on a une place à la table dans cette
discussion. Et ce que je veux dire, c'est que, de ne pas prendre la maladie de
la santé mentale et de la dépendance à la légère. Il y en a plusieurs. Si
vous... si vous comprenez la maladie, les maladies psychiques ou les maladies
de psychose apparentées, il y en a plusieurs qui sont suivies sous traitement
d'ordonnances à la Cour supérieure, à la CETM. Et donc... et cette population,
ce sous-type de population a besoin de ressources et ils sont capables. On
sait, il y a des modèles qui existent et puis on veut appuyer l'ARIHQ dans le
développement de ces modèles. Et ça devient la seule lueur d'espoir pour créer
un modèle stable, sécuritaire, même au plan économique, moins cher que le
milieu, même carcéral. Cette population, elle est à risque de judiciarisation.
Je pense qu'on peut dire qu'on a tous témoigné de ça à un moment, que ce soit
dans nos métros, dans nos rues, qu'on voit à quel point ils ne peuvent pas
gérer leur maladie, puis on ne peut pas mettre tout ce fardeau sur eux.
Et dernièrement, dans la dernière semaine,
on a parlé surtout de paix sociale, mais moi, je dirais mieux, dans la justice
sociale. On se doit en tant que communauté, en tant que société, en tant que
ministre, de se soutenir et de soutenir nos plus vulnérables. Les plus
vulnérables, c'est eux qu'on devrait mettre en priorité. Donc, j'invite les
ministres, ils doivent me connaître parce que j'écris souvent, puis je leur
écris souvent, puis... mais toujours sans réponse. Sur notre territoire, par
exemple, on n'a pas de ressources adaptées, on n'en a pas. Pas assez adaptées,
je ne veux pas... je ne veux pas diminuer le travail du CIUSSS Centre-Ouest,
mais on n'en a pas assez. Puis je siège sur différentes tables de concertation
et... de chaires de recherche pour être... faire partie de la solution. Alors,
je demande avec un cri de cœur, simplement, écoutez-nous, entendez-nous. Il y a
des familles qui souffrent. On vit les cicatrices. Il y a des familles qui ont
perdu des êtres chers. On ne dit jamais... on dit toujours on peut vaincre
le... cancer, mais presque jamais, on va dire vaincre la santé mentale et
de la dépendance. Il y en a qui sont en prison, il y en a qui sont
judiciarisés, puis j'aimerais vraiment continuer cette discussion dans un tour
de table avec la ministre. Et je vous remercie.
La Modératrice
: Alors,
c'est ce qui complète cette conférence de presse. Merci.
(Fin à 11 h 39)