(Treize heures trente-quatre minutes)
M. Bolduc (Jean-Talon) :
Bon,
merci de tous être présents aujourd’hui. Je veux faire le point sur quelques
dossiers dont, entre autres, en santé, puis je tiens à vous le dire immédiatement,
on a de grandes inquiétudes, à débuter par le dossier de l’Hôtel-Dieu de Québec.
Je prenais connaissance du dossier ce matin. Le ministre doit se décider très rapidement,
pour plusieurs raisons.
Dans un premier temps,
c’est les coûts qui augmentent. Deuxièmement, c’est un projet qui va être
retardé. Déjà, on sait que ça va être un projet retardé d’au moins une année.
Troisièmement, ça a été une décision qui a été prise très rapidement, sans
consultation, sans évaluation, et, quelques semaines après, le ministre veut
revenir en arrière et il ne savait même pas que le coût serait peut-être de
plus de 1 milliard de dollars supplémentaires. Donc, vous comprendrez
qu’on a de grandes inquiétudes dans ce dossier, et, pour la population de la
ville de Québec, c’est important de prendre une décision rapidement dans ce
dossier.
Deuxième dossier sur lequel je voudrais
faire une mise au point, c’est celui de la pharmacie. Premièrement, on se rend
compte qu’on s’en va vers un dossier à trois vitesses. Il va y avoir ceux qui
ont une assurance couverte par le gouvernement, qui, eux autres, ça va être
gratuit; ceux qui ont une assurance qui est privée, mais que les assurances
vont accepter de payer, donc il n’y aura pas de déboursés; et le troisième,
c’est ceux qui… l’assurance n’acceptera pas de couvrir. Parce que le ministre
n’a pas été clair, ce serait une négociation entre les compagnies d’assurances
et également les assurés. J’ai de l’inquiétude parce qu’on s’en va vers un système
à trois vitesses, et, pour quelqu’un qui, avant d’entrer en politique,
défendait le système public, je pense que les gens sont en train de voir qu’il
est en train de reculer sur plusieurs de ces grandes orientations.
Également, il va y avoir une taxe pharmacie,
car les gens vont devoir payer plus cher pour leurs services parce que ce ne
sera pas couvert par le public. Et le ministre devrait regarder, dans son
enveloppe globale, comment il pourrait récupérer le montant nécessaire pour
qu’on puisse plus donner de services au niveau de l’accessibilité puis au
niveau des patients.
Je vous rappelle que la première raison
qu’on a mis ce dossier en place, c’est offrir une meilleure accessibilité puis
utiliser la compétence des pharmaciens à leur juste valeur, et ça peut se
faire. Ça va diminuer l’engorgement dans les urgences, diminuer les
consultations chez les médecins. Il y a des économies, au niveau du réseau de
la santé, qu’on doit récupérer pour payer des pharmaciens. Dans ma tête,
c’était certain qu’on allait avoir une rémunération à donner aux pharmaciens,
et cette rémunération doit être ajustée en fonction des services qu’ils vont
nous offrir.
Le troisième dossier sur lequel je voudrais
faire une mise au point — et on va demander
au ministre de clarifier sa pensée — c’est toute la question de
l’assurance autonomie et de la taxe qui va venir. Au début, l’assurance
autonomie est un dossier vraiment pour améliorer les services aux personnes aînées.
On a toujours cru qu’il fallait plus de services à domicile, garder nos soins
intégrés et faire en sorte que nos gens aillent le moins possible dans les
CHSLD ou les résidences intermédiaires. Lorsqu’on consulte le livre blanc et
lorsqu’on lit et on entend le ministre, entre autres en Chambre, lorsqu’il
répondait à des questions, il dit que les gens vont devoir payer. Il a toujours
été d’accord pour une augmentation du paiement au niveau des CHSLD, mais également,
il a laissé savoir, lors de certaines remarques, qu’il y aurait également une
cotisation de la part des patients pour les soins à domicile pour que ce soit
égalitaire par rapport en CHSLD. Je demande au ministre de clarifier sa pensée parce
qu’on sait maintenant qu’on s’en va vers une taxe. Mme Marois a dit clairement
que, pour les deux, trois prochaines années, il n’y aurait pas de nouvel argent
demandé, mais, par la suite, il y aurait des cotisations supplémentaires, et ce
serait une nouvelle taxe qui serait rajoutée dans le fardeau des impôts du
contribuable.
Donc, ce qu’on
constate, c’est un ministre qui, après une année, a pris des décisions qu’on
peut dire injustifiées. Également, c’est un ministre qui ne sait pas trop où il
s’en va. Et, entre autres, il met beaucoup, beaucoup d’énergies sur les
personnes aînées, mais on sent déjà, dans le réseau de la santé, qu’il y a des
coupures importantes. Moi, on m’appelle régulièrement pour me dire que les hôpitaux
vont être coupés au niveau des services, des infirmières qui sont mises à pied,
des services qui vont être revus ou remis en question. Également, c’est un ministre,
comme on peut voir, qui, souvent, prend des décisions très rapides, par la
suite se rend compte qu’il n’y a pas eu d’évaluation et change la décision. Et
le plus bel exemple que nous avons, c’est l’Hôtel-Dieu de Québec.
M. Salvet
(Jean-Marc)
: Dans ce dossier-là, quel scénario
privilégiez-vous?
M.
Bolduc
(Jean-Talon)
: Les deux scénarios sont deux bons scénarios,
sauf qu’il faut accepter que, si on va du côté de l’Enfant-Jésus, à ce
moment-là, il va y avoir une facture de près de 1 milliard de dollars supplémentaires.
Ce matin, dans les médias, on parlait d’autour de 200 à 300 millions, mais
il y a plusieurs éléments qui n’avaient pas été calculés. Et il faut également
calculer qu’il va y avoir, de toute façon, une rénovation de l’Hôtel-Dieu de Québec,
ne serait-ce que si on en fait des bureaux et rénover un bloc opératoire pour
en faire des bureaux, ça va être très dispendieux parce que c’est du
patrimonial. Donc, il y a une autre facture de 500 à 600 millions seulement
que pour l’Hôtel-Dieu de Québec, alors que si on laisse le projet à
l’Hôtel-Dieu de Québec, on n’aura pas besoin d’assumer cette facture.
Mais la décision appartient au ministre, et on va supporter l’une ou
l’autre des décisions. Mais le plus important, c’est qu’il n’y a pas de
décision, et l’indécision coûte cher. Et je vous rappellerai que, dans ce
dossier, il y a eu 200 mises à pied du jour au lendemain, des gens qui
travaillaient sur le projet, et seulement que reformer l’équipe va certainement
prendre plusieurs mois.
Mme Richer
(Jocelyne): M. Bolduc, c’est vous le père de la loi sur les nouveaux
pouvoirs octroyés aux pharmaciens. Est-ce que vous n’auriez pas dû, l’an passé
ou il y a deux ans, déjà prévoir un verrou financier pour faire en sorte que ce
soit couvert par l’assurance maladie puis on ne se retrouverait pas dans la situation
dans laquelle on est aujourd’hui?
M.
Bolduc
(Jean-Talon)
: Non, ce n’était pas possible parce qu’il
fallait d’abord passer la loi puis il y avait des discussions au niveau de la réglementation
entre l’Ordre des pharmaciens et le Collège des médecins. Et tant qu'on
ne savait pas les conclusions de ces discussions, on ne pouvait pas savoir
comment on appliquerait la loi. Mais, à l’époque, j’avais eu des rencontres
avec l’Ordre des pharmaciens, et ils m’avaient fait savoir que ça prendrait un
paiement. Ça, c’était tout à fait adéquat. Et je leur avais dit, entre autres au
niveau de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires, que, oui, on
s’entendrait. Et d’ailleurs, dans une lettre que nous avons signée, il devait y
avoir une entente pour décembre 2012.
Mme Richer (Jocelyne): Et est-ce
que vous dites aujourd’hui que ça devrait être entièrement gratuit, entièrement
couvert par l’assurance maladie et non pas par l’assurance médicaments qui
permet, là, le privé-public?
M.
Bolduc
(Jean-Talon)
:
Oui, absolument. Ce qu'il faut voir, c'est qu'il va y avoir des économies dans
le réseau de la santé. Et ce que ça fait, cette nouvelle loi, ça empêche également…
ça diminue la consultation au niveau des médecins de famille et il va y avoir
une meilleure accessibilité au niveau des services.
Donc, il faut voir que c'est un service
qui devrait être publiquement assuré comme d’ailleurs est la consultation chez
le médecin. En rendant ça optionnel, à ce moment-là, on n'est pas certains que
certaines compagnies d'assurance vont le couvrir. Également, la mise en place
va prendre plusieurs mois, parce qu’ils vont devoir charger, à leurs cotisants,
un certain montant pour être capables de garantir les actes couverts.
Mme Richer (Jocelyne): Est-ce que
vous savez, la façon dont ça se mijote présentement, le dossier se présente, ça
serait quoi, la facture globale pour les contribuables, de l’instauration de
ces nouveaux pouvoirs là? Parce qu’on dirait que les pharmaciens, ils veulent
faire la passe, là, ils veulent avoir les honoraires par rapport à ça.
M.
Bolduc
(Jean-Talon)
:
Bien, il y a des honoraires qui devraient être… qui sont justifiés et qui
devraient être à la juste valeur du service. Mais l’estimé global, là, va probablement
être autour d’une centaine de millions de dollars de coût. Mais il faut
voir qu'à chaque fois qu'un pharmacien va voir un patient qui n’ira pas à
l’urgence ou ne consultera pas un médecin, on augmente l’accessibilité des
services et, à la fin, on va avoir une économie au niveau du réseau de la santé.
M. Lafille (Julien)
: Concernant
l’assurance autonomie, vous dites craindre une taxe. Comment est-ce qu’on
devrait financer? Est-ce que c'est un peu comme, justement, le même principe
que les services offerts par les pharmaciens, c’est-à-dire dégager des économies
ailleurs? Qu’est-ce que vous proposez?
M.
Bolduc
(Jean-Talon)
:
La première chose, au niveau de l’assurance autonomie puis au niveau des
services aux personnes aînées, il faut améliorer la performance du réseau.
Puis, dans le réseau de la santé, il y a plusieurs projets d’optimisation des ressources
qui ont été mis en place et qui donnent des bons résultats. D’abord, mieux
utiliser les ressources.
Deuxièmement, il faut
voir que, si on dégage de l’argent qui va aller dans les soins à domicile, on
va économiser également au niveau des hôpitaux puis au niveau des CHSLD. Ce que
je remets en question, c'est de tout revoir la structure administrative et de
créer une nouvelle façon de faire complètement indépendante des soins intégrés,
où, là, les gens vont devoir soit recevoir un montant ou soit recevoir des
services.
Donc, ce que le ministre
veut faire, c'est de tout changer le système, alors que tout ce qu'on a besoin
de faire, actuellement, c'est de mettre plus d’argent dans les soins à
domicile, consolider les soins à domicile avec une meilleure performance, et, par
la suite, d’après moi, on est capables de réussir à donner tous les soins nécessaires
pour les prochaines années. Entre autres, au niveau des places en CHSLD, on n'a
pas besoin de plus de places en CHSLD, mais on a besoin qu’il y ait des gens
qui sont en CHSLD, entre autres dans la région de Montréal, qui puissent être
réorientés vers les soins à domicile de façon à ce qu'ils puissent être gardés
un certain temps, plus longtemps à la maison. Et ça, ça ne se fait pas pour la
clientèle actuelle, ça se fait progressivement au niveau des réadmissions.
M. Lafille (Julien)
:
Donc, vous parlez de pallier le manque à gagner non pas avec une taxe, mais avec
des nouvelles…
M.
Bolduc
(Jean-Talon)
:
Oui, puis, vous savez, le ministre l’a dit qu’il était venu en politique pour
ce dossier. Ce qu’on se rend compte, c’est que les dossiers chirurgicaux,
dossiers des urgences, d’aller dire que le temps moyen d’attente est de deux
heures au Québec et qu’on prenne juste le temps entre le moment où le patient
est vu par l’infirmière puis le moment qu’il est vu par le docteur, alors qu’il
y a tout un épisode de soins, je pense que c’est une méconnaissance du fonctionnement
des urgences, et plusieurs, d’ailleurs, ont décrié cette façon de mesurer. Et
juste pour vous dire, la clientèle ambulatoire, quand vous avez des bons
services externes, ça diminue et il y en a moins. Et plus vous avez de la
clientèle ambulatoire qui ont suite à l’urgence, plus votre temps d’attente va
baisser, et ce n’est pas ça qu’on recherche.
Mme Richer (Jocelyne)
:
C’est de la méconnaissance ou de la désinformation, selon vous?
M.
Bolduc
(Jean-Talon)
:
Je vous laisse interpréter. Chose qui est certaine, la façon dont ça a été
sorti, il faut se poser des questions sur la façon dont le ministre regarde les
urgences. Si, pour lui, il y a juste deux heures d’attente, ce n’est pas la
perception qu’on a au Québec. Et, souvenez-vous, je n’ai jamais nié qu’il y
avait des problèmes dans les urgences, mais j’ai dit qu’il fallait y
travailler. Et, au cours des deux dernières années, on a vu quelques améliorations,
mais ma perception actuellement, c’est qu’on est en train de perdre les améliorations
qui ont été gagnées au cours des dernières années.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 13
h 43
)