(Onze heures trente minutes)
M. Roberge : Bonjour. Merci
d'être là. Ce matin, on a vu se concrétiser le cauchemar qu'on voyait depuis le
printemps... pardon, pas le printemps, mais bien l'automne dernier. On avait vu
venir la fin de l'entente avec la fondation Chagnon, on avait avisé le ministre :
Attention, danger! Même au printemps dernier, au printemps 2015, lors de
l'étude des crédits, j'avais interrogé le ministre parce que j'avais des
informations à savoir que l'entente avec la fondation Chagnon était compromise,
mais on voyait bien que... C'est quelque chose qui est porteur, l'entente avec
la fondation Chagnon parce que ça a des impacts sur énormément d'organismes qui
interviennent directement auprès des jeunes. Et là on l'a vu, les conséquences
sont là, les organismes régionaux de soutien à la réussite crient famine, des
programmes sont en danger.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure en
Chambre, en Outaouais il y a 32 programmes, 32 mesures concrètes
d'intervention sur le terrain qui sont précarisées. À Montréal, le réseau
montréalais, de peine et de misère, cette année, va financer 50 % de ce qu'il
faisait l'année passée. Est-ce qu'il y a moins de besoins? Non. Est-ce qu'il y
a moins de pauvreté? Non. Est-ce qu'il y a plus d'élèves qui réussissent? Non.
Est-ce qu'il y a moins de moyens? Ah! Oui, par exemple, il y a moins de moyens.
Donc, c'est vraiment un cas où on voit que
le gouvernement n'est absolument pas en symbiose ou en contact avec les
besoins. Il n'est pas là pour répondre aux besoins des jeunes, il est là pour
atteindre des objectifs budgétaires. Puis, pour lui, l'éducation, c'est une
colonne de chiffres, puis les jeunes, bien, c'est à sacrifier. Et, quand le
premier ministre nous dit que c'est pour les jeunes qu'il coupe, il se trompe
solidement; c'est dans les jeunes qu'il coupe. Il est en train de sacrifier des
jeunes.
Et la réussite scolaire,
là — moi, je le sais, j'en ai eu, des jeunes, là — quand tu
arrêtes d'aider un élève pendant six mois, ce n'est pas comme si tu stationnais
ta voiture pendant six mois. Quand tu reviens, là, tu pars ta voiture, ça
repart comme si de rien n'était, mais, si tu arrêtes d'intervenir sur des
jeunes pendant six mois, pendant un an, le retard que tu accumules, tu ne peux
pas le rattraper. Il y a des jeunes qui se démobilisent, il y a des jeunes qui
se démotivent, il y a des jeunes qui ne réussiront jamais à rattraper ce
retard-là, et c'est pour ça que c'est vraiment dramatique.
Un autre exemple, les forums jeunesse. Les
forums jeunesse, qui subventionnaient énormément d'initiatives locales, sont
passés dans la tordeuse. Mais le gouvernement nous disait : Ce n'est pas
grave, on va confier cette mission-là aux carrefours jeunesse-emploi. Peut-être
que ça va arriver un jour, mais, pour l'instant, les forums jeunesses ne sont
plus là. Les carrefours jeunesse-emploi n'ont pas leurs nouvelles fonctions,
puis on est dans une année sacrifiée, on est dans une année de jeunesse
sacrifiée, et c'est ça qui m'interpelle particulièrement.
La Modératrice
: Des
questions?
M. Vigneault (Nicolas) : Sur
les coupes dans son ensemble, les effets, directement dans vos régions,
qu'est-ce que vous constatez sur le terrain?
M. Roberge : Bien, ce qu'on
constate, là, c'est que tous les organismes communautaires qui interviennent
auprès des jeunes pour la réussite scolaire, là, sont précarisés. Il y en a qui
ferment carrément, il y en a qui mettent à pied des intervenants. Puis, encore
une fois, il y a une perte d'expertise, là.
Si on met à pied un psychoéducateur ou un
travailleur social qui intervient auprès des jeunes, bien, on le perd. Si on
reçoit l'argent en juin ou en septembre, on ne peut pas juste dire : Ah
bon! Bien, finalement, on te rengage. Cette personne-là, on l'a perdue, son
expertise, on l'a perdue. Le lien qu'il avait avec l'enfant, il est perdu, et
ça, ça peut prendre des mois à établir un lien avec un jeune.
C'est ça que le gouvernement ne comprend
pas. Intervenir auprès des jeunes, là, c'est miser sur une relation humaine. On
ne peut pas juste mettre l'interrupteur à «off», mettre l'interruption à «on»,
on injecte des fonds quand on en a, on en enlève quand on n'en a pas. Ce n'est
pas comme ça. C'est de bâtir quelque chose, puis on ne peut pas arrêter au
milieu du chemin. Je vous remercie.
(Fin à 11 h 34)