(Huit heures trois minutes)
Mme Sauvé : Merci beaucoup.
Alors, bon matin. Alors, comme c'est la dernière journée, je vais souhaiter
d'avance joyeuses fêtes à tous et à leurs familles.
Ce matin, encore une fois, on a des
révélations par rapport à la gestion de la crise dans les CHSLD. On a appris
dans La Presse qu'il a fallu un délai, un délai de cinq jours pour
que... malgré les appels du terrain, malgré les drapeaux rouges qui ont été
levés, ça a pris cinq jours avant qu'on interdise les transferts des aînés des
hôpitaux vers les CHSLD. Puis on le sait, là, quand on est en gestion de crise,
là, bien, cinq jours — et c'est un peu le titre, aussi — c'est
une éternité. Comment se fait-il, encore une fois, qu'il y a eu des signaux, il
y a eu des demandes d'agir, et ça a pris ce temps-là avant qu'on soit capables
de bouger puis dire : Ça suffit? Il y a eu, au mois de mars, là,
1 000 aînés qui ont été transférés des hôpitaux vers les CHSLD, mais,
le temps qu'ils agissent, le mal était déjà fait, on le sait.
Alors, moi, ce matin, là, je vais revenir
un peu sur les trois dernières semaines, mais je me dois de vous dire, aussi,
aux journalistes : Vous avez ce souci d'aller chercher l'information, comme
nous, vous voulez comprendre ce qui s'est passé durant cette première vague, alors
je veux vous remercier parce que vous amenez des informations que nous, on
essaie d'aller chercher aussi. On pose des questions au gouvernement, mais on
n'a pas de réponse, et ce qu'on a comme réponse, c'est très souvent
contradictoire. Alors, merci. On est tous là pour vouloir savoir ce qui s'est
passé, comment ça s'est passé, quelles décisions ont été prises pour la
population et pour les 6 000 familles qui sont encore en deuil.
Qu'est-ce qui s'est passé depuis trois
semaines? D'abord, la première semaine, bien, il y a eu toute la saga, le
scandale des rapports. Est-ce qu'ils étaient verbaux? Est-ce qu'ils étaient
écrasés? Est-ce qu'ils étaient existants? Est-ce qu'ils n'étaient pas
existants, finalement? Bien, bref, finalement, quand on regarde ça, je ne suis
pas sûre qu'on sait la réalité. Je ne suis même pas sûre qu'on sait où sont
tous ces rapports-là. Chose certaine, ils ne sont pas encore rendus publics à
la population. Ça, c'est la première semaine.
La deuxième semaine, il y a eu le rapport
de la Protectrice du citoyen, et là on a appris deux choses, deux choses
importantes... mais bien d'autres choses, mais deux éléments, je pense, qui
sont ressortis, assez majeurs. Premièrement, le gouvernement savait que les
CHSLD étaient pour être fragiles, dès le mois de janvier. Et, deuxième chose
qu'on a apprise, il y a eu une première directive gouvernementale, seulement le
10 avril, pour renforcer la protection dans les CHSLD. C'est un grand laps de
temps, ça : janvier, avril. On a posé beaucoup, beaucoup de questions.
Qu'est-ce qui a été fait durant ce temps-là? Alors, ce qu'on a appris, c'est
qu'on n'était pas capable de nous répondre.
Troisième semaine, les courriels, les
appels à l'aide de Mme Lavoie, qui représente les CHSLD privés
conventionnés. Elle est venue lever le drapeau rouge pour dire : Écoutez,
là, mobilité du personnel, ça suffit. Elle est venue pour dire : Moi, ce
que j'entends aux points de presse, sur le manque d'équipements puis ce qui se
passe sur le terrain, attention, ce n'est pas la même histoire. Des courriels
avec des «de grâce», «pitié», «écoutez le terrain», bien, ou bien on ne lui
répondait pas ou bien, quand il y avait des actions, bien, c'était trop tard, c'était
l'hécatombe.
Alors, ça continue, tout ça, parce que,
comme je le dis, encore ce matin, on apprend dans LaPresse
cet élément d'information là, de savoir qu'il y a eu des délais. Puis, en
gestion de crise, là, les délais, c'est le nerf de la guerre, parce que,
pendant ce temps-là, là, quand il y a 1 000 aînés qui ont été transférés,
bien, évidemment, il y a des centaines d'aînés qui vont décéder par la suite.
Alors, il faut continuer à creuser parce
que le gouvernement, ce gouvernement nie la responsabilité de l'hécatombe. On a
été un des pires bilans de la planète, il ne faut jamais, jamais l'oublier. Ça
s'est bien passé dans les hôpitaux et ça a été l'hécatombe dans les CHSLD.
Pourquoi? La population a besoin de savoir.
Et ça va continuer parce qu'il faut
continuer à aller chercher des réponses qu'on n'a toujours pas. Il va y avoir
le rapport de la commissaire à la santé et aux services sociaux, qu'on va
recevoir, présumément, entre Noël et le jour de l'An, donc on va surveiller ça
de près, et, bien sûr, les enquêtes de la coroner qui vont se poursuivre au
retour des fêtes, qu'on va suivre aussi de près. Alors, il faut des réponses,
on va continuer à faire le travail, et, si le gouvernement ne veut pas
d'enquête publique indépendante, bien, nous, on continuera de poser des
questions. Et je pense que vous, journalistes, vous continuerez aussi à aller
chercher de l'information, alors ça sera peut-être une enquête publique par les
médias et par nous. Merci beaucoup.
Le Modérateur
:
M. Fortin.
M. Fortin :
Merci. Bonjour. Deux sujets dont j'aimerais vous entretenir rapidement, ce
matin, avant de prendre vos questions.
D'abord, les primes qui ont été offertes
aux infirmières du personnel... aux infirmières dans le réseau de la santé pour
attirer celles-ci à revenir vers le réseau public.
On voit, ce matin, ce que plusieurs
anticipaient déjà, c'est-à-dire, un impact très limité de cette mesure-là qui a
été mise de l'avant par Christian Dubé et le gouvernement de la Coalition
avenir Québec. Quand on voit qu'une région entière comme
l'Abitibi-Témiscamingue, où il y a énormément d'enjeux, a réussi à attirer sept
infirmières avec ces primes-là, on est loin, disons, du chiffre de 4 000
qu'avançait le ministre de la Santé pour l'ensemble du Québec. On est loin de
pouvoir assurer les services qu'on veut, qu'on doit offrir aux citoyens de
partout à travers le Québec. Alors, c'est malheureusement une situation qu'on
avait comprise d'avance. Moi, mon journal local en Outaouais titrait, ce
jour-là, le jour de l'annonce des primes : On ne reviendra pas pour
12 000 $. Bien, malheureusement, c'est essentiellement ce qui est
en train de se produire. Alors, ça prend plus que des demi-mesures, des mesures
temporaires, ça prend des mesures plus structurantes que ce qui a été offert.
Pour l'autre enjeu dont j'aimerais vous
discuter, c'est l'enjeu de l'inflation. J'ai entendu des commentaires d'Eric
Girard à savoir que les Québécois étaient bien préparés pour répondre à une
hausse de 7 % du panier d'épicerie. Ça, ça va peut-être pour certains
Québécois, ça va peut-être pour des gens comme moi, des gens comme le ministre
des Finances, qui sont dans une bonne position financière. Mais il y a beaucoup
de Québécois pour qui une hausse de 7 % du coût du panier d'épicerie, ça
va faire une immense différence à la fin du mois. Ça va vouloir dire se priver
de beaucoup d'autres choses, ça va vouloir dire des fins de mois difficiles.
Alors, de dire que les Québécois sont bien préparés à une telle hausse, alors
que le gouvernement lui-même, aussi, annonce des hausses, que ce soit au niveau
d'Hydro-Québec ou ailleurs, c'est complètement déconnecté de la réalité de ce
que vivent les Québécois. C'est une approche de fonctionnaire dans sa tour
d'ivoire, dans les bureaux du ministère des Finances à Québec. Les Québécois
vont avoir de la difficulté à arriver à la fin du mois avec des hausses si
substantielles.
Puis, quand le gouvernement de la
Coalition avenir Québec nous avait dit : Bien, nous, on va limiter les
hausses d'Hydro-Québec, hein, parce qu'on sait que le portefeuille des
Québécois, c'est important, on va limiter les hausses d'Hydro-Québec, avec leur
fameux projet de loi, bien, aujourd'hui, en liant ça à l'inflation, en enlevant
les pouvoirs de la Régie de l'énergie de limiter ces hausses-là, bien, pour
utiliser une expression bien de chez nous que vous avez entendue cette semaine,
là, on a l'impression que les Québécois se sont fait rouler dans la farine
comme un filet de doré.
Donc, c'est malheureux, cette
situation-là, et c'est doublement malheureux de dire qu'il n'y aura pas d'impact
sur les Québécois, qu'ils sont bien préparés à ça. Il y a beaucoup de Québécois
qui se posent des questions à savoir comment ils vont pouvoir arriver à leur
fin de mois. Je vous remercie.
Le Modérateur
: Alors,
s'il y a des questions, on va y passer immédiatement.
M. Lacroix (Louis) : …sur la
demande d'enquête publique? Parce que j'entends Mme Sauvé dire, et je la cite — je
vais la citer quand je vais retrouver la «quote» : «Ça sera peut-être une
enquête publique par les médias.» Donc, vous vous êtes fait… vous êtes en train
de vous faire à l'idée que M. Legault ne changera pas d'idée, dans le fond?
Mme Sauvé : Nous, on va
continuer à marteler. Il en faut une, c'est très, très clair. Mais là ce qui
est en train de se passer, parce qu'il n'a pas dit oui à ça, ça passe par les
médias, ça passe par nos questions. Honnêtement, je suis en train de faire un constat,
mais c'est clair qu'on va marteler.
Et pourquoi on va marteler? Parce que le
premier ministre, il dit toujours : Oui, mais il y a trois enquêtes en
cours. Rappelons-nous, là, la première, c'est, évidemment, l'enquête de la
coroner, qui cible six établissements CHSLD. Donc, c'est six. Elle fait un
travail remarquable, mais ce n'est pas toute la lumière. Ensuite, la
Protectrice du citoyen, qui a amené, évidemment, de grandes recommandations et
qui a fait, encore là, un travail exceptionnel. Mais tous les documents
auxquels elle a eu accès, la population n'y a pas accès.
Et là il y a, là, évidemment, le rapport
de la Commissaire à la santé, qui a reçu un mandat limité de son patron, qui
est le ministre de la Santé, puis qui a comme mandat et comme fonction de
regarder l'efficience du réseau de la santé. On n'est pas dans la lumière faite
sur les décisions politiques et sur les décisions de la Santé publique, alors
ce n'est pas suffisant. Puis, avec ce qu'on a comme réponses présentement, qui
est zéro, c'est clair qu'on va marteler encore une enquête publique
indépendante.
M. Lacroix (Louis) : M.
Fortin, je veux revenir sur la hausse du coût de la vie. Parce que, dans sa mise
à jour économique, mon Dieu! il y a deux semaines, M. Girard avait quand même
des mesures pour les personnes à faibles revenus, là, l'aide qui peut aller
jusqu'à 275 $ pour une personne seule, 400 $ pour un couple, etc. Ce
que je comprends, c'est que vous jugez que c'est insuffisant pour compenser.
Mais ça, ça touche vraiment les personnes qui ont un très faible revenu. Pour
la classe moyenne, est-ce qu'on devrait prévoir quelque chose? Ça touche tout
le monde, là. On comprend que les personnes avec un revenu élevé, c'est
moins... on est capable de l'absorber, ces gens-là sont capables de l'absorber.
Mais, pour la classe moyenne, qu'est-ce qu'on devrait faire?
M. Fortin :
D'entrée de jeu, là, on a une responsabilité envers les gens qui sont à plus
faibles revenus, les gens qui sont dans une situation beaucoup plus précaire.
Mais l'annonce qui a été faite, de 275 $ — une fois, en passant — ça
va difficilement compenser une telle hausse du coût de la vie, une telle hausse
de l'inflation, une telle hausse du panier d'épicerie. C'est pour ça que nous,
on propose des mesures qui sont plus structurantes, à plus long terme, entre
autres pour les aînés au Québec, où on a proposé une aide financière...
M. Lacroix (Louis) : Mais je
parle de la classe moyenne. Parce que je comprends, les aînés, mais, je veux
dire...
M. Fortin :Oui, mais ça en fait partie également, là. Mais, pour les
aînés, d'avoir un montant comme celui-là, année après année... Parce que
l'inflation, elle augmente, mais elle ne retourne pas... elle n'est pas
négative l'année d'après, là. Alors, d'avoir un paiement, une fois, de
275 $, pour nous, c'est complètement insuffisant.
Pour ce qui est de la classe moyenne, c'est
sûr que tous les Québécois vont faire face à une augmentation du coût, sauf que
cette augmentation-là, elle est disproportionnée pour des personnes qui sont à
plus faibles revenus, qui sont dans une position plus précaire. Alors, d'entrée
de jeu, d'entrée de jeu, c'est à eux qu'on pense aujourd'hui, que ce soient les
aînés ou que ce soient les gens dans une position plus précaire, qui sont
affectés disproportionnellement. Alors, oui, tout le monde va être affecté par
une hausse du coût de la vie. Et c'est pour ça que je vous dis, entre autres :
Les tarifs d'Hydro-Québec, c'est une des mesures qui ne fait aucun sens, à nos
yeux, que la Régie de l'énergie ne puisse plus limiter, année après année, ces
hausses-là, c'est une des mesures qui, entre autres, pourraient toucher la
classe moyenne.
M. Lacroix (Louis) : Mais je
comprends que vous n'avez rien dans votre besace, actuellement, pour la classe…
Moi, je pense à la petite famille…
M. Fortin :
Bien d'abord… Oui.
M. Lacroix (Louis) : Je pense
à la famille, la petite famille moyenne, là, papa, maman, avec deux enfants,
par exemple, avec les coûts d'épicerie. On parle beaucoup de la hausse du coût
du panier d'épicerie, en ce moment, là. Je voyais la boulangerie, entre autres,
ça explose, les fruits et légumes, ça n'a pas… c'est très, très, très cher.
Donc, ils ont un impact qui est direct parce que c'est à chaque semaine que tu
vas faire ton épicerie. Alors, pour eux? Je comprends, là, le 2 000 $
pour les aînés puis, bon… Vous avez quoi à leur offrir à eux?
M. Fortin :
Pour nous, le retour à une formule, pour les tarifs d'électricité, qui fait
beaucoup plus de sens, qui fait en sorte que ces tarifs-là peuvent être limités
à une hausse beaucoup plus abordable pour ces gens-là, bien, c'est quelque
chose qui est incontournable et qui peut avoir… qui aurait, nécessairement, un
impact sur les paiements mensuels que font les Québécois auprès d'Hydro-Québec.
Alors, ça, c'est une mesure qui s'adresse à tout le monde, qui s'adresse, entre
autres, à la classe moyenne. Mais, de façon plus globale, ce qu'on veut
s'assurer, c'est qu'on ne fasse pas des «one-shot deals», qu'on ne fasse pas
des paiements uniques, mais qu'on s'assure que les mesures qu'on présente sont
des mesures structurantes. On en a présenté une pour les aînés. On va en
présenter d'autres d'ici à l'élection.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour. Bonne dernière journée de session parlementaire. Bien, pour aller un
peu dans le même sens que mon collègue, mais au sujet des primes pour les
infirmières, qu'est-ce que vous proposez si… Parce que là, tout à l'heure, vous
avez dit : Ça prendrait des mesures plus structurantes. Mais c'est quoi
qu'il faut leur offrir, aux infirmières, pour qu'elles reviennent au travail?
M. Fortin :
Bien, écoutez un peu ce que les infirmières disent elles-mêmes, ce matin. Elles
veulent s'assurer d'avoir des conditions de travail qui leur permettent de
donner les soins nécessaires, les soins appropriés aux patients, qui leur
permettent de donner une qualité de soins aux patients. Et c'est pour ça que
nous, on avait proposé un projet de loi, entre autres, sur des projets ratio.
Mais je vais prendre l'exemple, pour
répondre à votre question, de ma région bien précise, là. L'engagement qui
avait été pris par la Coalition avenir Québec, ce n'était pas de proposer une
prime, une fois, pour attirer des infirmières, c'était d'augmenter les
conditions salariales année après année. Et on revient un peu au même discours
que je viens d'avoir avec votre collègue, quand on fait une mesure, une fois,
ça n'a pas le même impact structurant, ça na pas le même impact sur le comportement
des gens. Et c'est pour ça que nous, ce qu'on propose, c'est d'avoir, de un,
des meilleures conditions de travail dans l'environnement de travail, mais,
pour des régions où il y a des particularités, comme la mienne, là, c'est
d'avoir des mesures à plus long terme.
M. Gagnon (Marc-André) : O.K.
Toujours sur le thème des primes, mais dans un autre secteur, là, au niveau de
l'éducation supérieure. Votre collègue, Hélène David, quand vous étiez au
pouvoir, avait imposé des règles pour limiter, plafonner la rémunération des
hauts dirigeants de nos universités. Là, ce matin, quand vous voyez que la
rectrice de l'Université McGill, par exemple, gagne presque 1 million de
dollars par année, en incluant ses primes, puis il y en a d'autres, c'est un demi-million
de dollars, trouvez-vous que c'est trop? Puis est-ce qu'il faut en faire davantage
pour limiter la rémunération de ces dirigeants, de ces dirigeantes-là?
M. Fortin :
Une rémunération qui approche 1 million de dollars pour un recteur d'université
au Québec, là, c'est énorme, c'est disproportionné, c'en est gênant, même. Et,
dans les règles que ma collègue avait proposées, effectivement, là, il y avait
une clause grand-père. Moi, je comprends que, pour la situation bien précise de
l'Université McGill, cette clause-là va prendre fin à la fin du contrat, je
crois, l'an prochain. Alors, je pense qu'il y a beaucoup de gens qui vont
vouloir que ça revienne à une rémunération beaucoup plus... qui s'approche beaucoup
plus de la moyenne.
M. Gagnon (Marc-André) : ...à
la fin de cette clause grand-père là.
M. Fortin :
Exact.
M. Gagnon (Marc-André) : O.K.
Merci.
Mme Prince (Véronique) :
Bonjour. J'aimerais vous entendre sur cette enseignante de Chelsea qui n'a pas
pu garder son emploi parce qu'elle portait le hijab. Hier, votre cheffe n'a pas
répondu en français, mais elle a répondu en anglais. Alors, pouvez-vous
répondre maintenant?
M. Fortin :
Bien, d'abord, là, hier, j'ai entendu les deux questions. La question de la
journaliste, en français, portait sur la situation très précise de cette
enseignante-là, tandis que la question en anglais était formulée en demandant
un contexte... ou en proposant un contexte beaucoup plus général de la loi n° 21. Mais, pour nous, la laïcité, on est en faveur de la laïcité,
mais on est contre, et on est contre depuis le début, la loi n° 21.
Et je dois vous dire, ce matin, moi, je
suis plutôt triste par rapport à cette situation-là, triste pour les enfants
qui ont perdu une enseignante qu'ils aimaient, les parents qui avaient
confiance en cette enseignante-là. Moi, j'en ai, une petite fille de neuf ans.
Ce qui lui donne le goût d'aller à l'école au quotidien, là, c'est justement la
qualité de l'enseignante qu'elle a, c'est cet attachement qu'elle a envers son
enseignante. Alors, je comprends les enfants des parents de Chelsea qui ont
voulu manifester leur amour envers leur enseignante hier. C'est exactement le
type de situation qu'on appréhendait avec la loi n° 21,
justement. Qu'un enfant puisse se voir arracher son professeur en milieu
d'année, là, c'est une situation qui est incroyablement désolante.
Mme Prince (Véronique) : Mais,
en même temps, vous êtes les premiers à dire qu'il n'y a personne au-dessus de
la loi.
M. Fortin :
C'est vrai, c'est vrai.
Mme Prince (Véronique) : Puis,
dans les faits, peu importe la loi, cette loi-là, elle a été adoptée. Donc, la commission
scolaire, en l'engageant, savait que la loi était en vigueur, cette
enseignante-là savait que c'était en vigueur. Donc, n'êtes-vous pas d'accord
qu'à ce moment-là la loi doit s'appliquer, même si on n'aime pas la loi?
M. Fortin :
Toutes les lois au Québec doivent s'appliquer. Et la commission scolaire a un
travail à faire pour dire comment on en est arrivé à cette situation-là, de
leur côté. Mais l'autre raison pour laquelle on en est arrivé à cette
situation-là, c'est parce que le gouvernement du Québec a choisi d'inclure les
enseignantes dans leur projet de loi n° 21, ce qui n'était pas clair dès
le début, d'ailleurs. Donc, oui, la commission scolaire doit faire la lumière
sur les raisons pour lesquelles ils ont procédé à cette embauche alors que la
loi était en vigueur, selon ce que j'en comprends pour l'instant, mais, en même
temps, le gouvernement doit se regarder dans le miroir et se dire qu'il a sa
part de responsabilité face à cette situation-là. C'est la décision qu'il a
prise, qu'on a décriée à l'époque. On vous l'a déjà dit, on trouvait que
c'était une loi qui allait trop loin, qui était discriminatoire. Et aujourd'hui
on voit les effets de cette loi-là.
Mme Prince (Véronique) : Mais
il ne doit pas y avoir d'exception, si je comprends bien, pour cette femme-là.
M. Fortin :
Non. Cette loi, elle est en place et elle doit être appliquée.
Mme Prince (Véronique) :
Merci.
M. Fortin :
Comme toutes les lois, d'ailleurs.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour. Au sujet des primes, est-ce que vous,
vous aviez compris que, dans les calculs, le gouvernement intégrait les
nouvelles diplômées, donc on les compte parmi les renforts? Ça, c'est comme une
portion. Puis la deuxième portion, c'est qu'il y a quand même 26 CISSS et
CIUSSS qui ont répondu, mais la moitié d'entre eux partiellement. Est-ce que ce
ne serait pas intéressant qu'on ait une meilleure transparence, là, dans le
réseau?
M. Fortin :
Oui. Je pense que ce serait utile d'avoir le portrait d'ensemble, que
l'ensemble des CISSS et des CIUSSS répondent à la demande qui a été formulée, mais
qu'on puisse avoir un portrait d'ensemble. Mais disons que, supposons que les
informations qu'on a reflètent la réalité à travers le territoire québécois, c'est
préoccupant de voir que le gouvernement croyait pouvoir attirer
4 000 infirmières avec ces primes-là et de voir que, dans certaines
régions, ils en ont attiré moins que 10.
Notre compréhension, depuis le début,
c'était que les nouveaux et nouvelles diplômées étaient admissibles à cette
prime-là. Mais, quand on regarde les chiffres aujourd'hui, là, on voit que, si
on voulait attirer des infirmières du secteur privé, jusqu'à maintenant, ça a
été un échec. On voulait attirer des retraitées, on en a quelques-unes qui ont
accepté, mais une prime une fois de 10 000 $, 12 000 $,
15 000 $ pour sortir de sa retraite, c'est beaucoup demander à
quelqu'un. On se fie sur la bonne volonté des gens essentiellement pour dire :
Oui, j'accepte de sortir de ma retraite parce que je veux aider. Mais de
prétendre qu'une prime une fois de 12 000 $ va convaincre les gens de
sortir de sa retraite, c'est un peu se mettre la tête dans le sable.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Puis, sur un tout autre sujet, la posture du gouvernement
sur le baseball, le hockey, la pétanque, même, hier, comment vous l'analysez?
Tu sais, est-ce que c'est une manière de redonner espoir aux Québécois après la
pandémie? Est-ce que c'est une distraction? C'est quoi? Est-ce que c'est
volontaire? Tu sais, comment vous voyez...
M. Fortin :
Je ne sais pas. Moi, je n'avais pas de grand rêve d'une équipe de pétanque au Québec.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Il y a pourtant un mondial au Saguenay, si je
ne me trompe pas.
M. Fortin :
Mais disons que ça soulève des questions par rapport aux priorités
gouvernementales. Le discours... Je vais prendre un pas de recul. Cet enjeu-là
a commencé quand le gouvernement a parlé des Nordiques pour faire distraction
sur un autre sujet. Depuis, là, la Ligue nationale a confirmé qu'il y avait eu
très peu, sinon pas de pourparlers avec le gouvernement du Québec. Hier encore,
la Ligue nationale de hockey a émis... a eu, tenu des rencontres et n'a eu
aucune discussion sur la possibilité que la ville de Québec soit retenue pour
une équipe potentielle.
Je trouve que le gouvernement se sert du
sport professionnel, entre autres, pour faire distraction sur les réels enjeux
qui sont la priorité des Québécois en ce moment, que ce soit la hausse du coût
de la vie, que ce soit ce qui s'est passé dans les CHSLD, que ce soient les
agissements du ministre Fitzgibbon qui, lui, d'un côté, parle de sport
professionnel, mais parle très peu de l'utilisation de son enveloppe
discrétionnaire. Le gouvernement, réellement, là, est passé maître dans l'art
de faire distraction. On parle de ça pendant qu'on ne parle pas des vrais
enjeux.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Merci.
Le Modérateur
: English
questions? Une autre question en français?
M. Larin (Vincent) : Mme
Sauvé, concernant les questions sur les CHSLD, estimez-vous que vous avez eu
des résultats? Est-ce que ça sert à quelque chose de faire ça, selon vous?
Mme Sauvé : Bien, écoutez...
M. Larin (Vincent) : Ça fait
une semaine, là, que vous posez des questions sans arrêt...
Mme Sauvé : Trois semaines.
M. Larin (Vincent) : ...oui,
oui, particulièrement cette semaine, pas mal sans arrêt, à toutes les périodes
des questions, puis pourtant ça n'avance pas, là.
Mme Sauvé : Ça amène plus de
confusion pour la population et les familles qui sont endeuillées. Ce que ça
nous amène, c'est que ça nous amène à constater à quel point ce gouvernement
n'a pas de réponse. Quand il dit qu'il agit par transparence et qu'il ne veut
pas rendre les rapports publics à la population, alors que tous les rapports
d'enquête ont toujours été sur le site du ministère, clairement... En tout cas,
s'il y a quelque chose qu'on apprend, depuis trois semaines, c'est qu'à force
de poser des questions le gouvernement ne répond pas, ne donne pas de réponse,
il y a des versions contradictoires...
M. Larin (Vincent) : ...rendu
public?
Mme Sauvé : Les rapports, les
rapports de vigie. Alors...
M. Larin (Vincent) : Il les a
tous donnés à la coroner, ils ont tous été rendus à la coroner.
Mme Sauvé : Oui, mais ça a
pris du temps. Ça a pris un mois, un mois et demi avant que... Elle l'avait
demandé... la coroner avait demandé, dans un premier temps, les rapports, la
documentation pour les six établissements CHSLD qu'elle ciblait, et ça a pris
du temps, il a fallu des questions, il a fallu marteler. Alors, j'ose espérer
que la pression qu'on a mise, ça a fait en sorte que le gouvernement a déposé.
Mais pourquoi ne les a-t-il pas déposés dès le premier moment où la coroner les
a demandés? Ça fait que j'espère qu'à force de poser des questions puis à force
de demander de la transparence et des réponses, bien, ça a un effet, et puis on
finit par déposer. Mais pourquoi ne pas les avoir faits par souci de transparence
puis pour donner des réponses à la population? Pourquoi ne pas l'avoir fait
depuis le début? Alors, c'est vraiment ça, c'est pour ça qu'il faut continuer.
M. Larin (Vincent) : Donc,
selon vous, la joute politique influe sur les résultats de l'enquête de la
coroner? Là vous dites : Il ne les aurait peut-être pas déposés, si on
n'avait pas posé de questions.
Mme Sauvé : Bien, écoutez, je
pense que oui, je pense qu'on a eu un effet. On a certainement contribué à
ajouter une pression sur le gouvernement, qui doit donner des réponses, qui
doit rendre les documents publics, qui doit être capable de répondre, oui, à
nous, mais, d'abord et avant tout, à la population, là. Parce que depuis ces
trois semaines-là, je peux vous dire, dans mon comté, dans la population, les
gens ont des grands doutes, là : Qu'est-ce qui s'est passé? Alors, ce
n'était peut-être pas le cas, avant, mais je pense qu'à force de poser des
questions ça met pression sur le gouvernement. Il doit démontrer de la
transparence, il doit déposer les documents, il doit, finalement, répondre aux
questions pour la population d'abord. Et on attend toujours beaucoup trop de
réponses. Alors, on va continuer.
Le Modérateur
: Merci
de votre attention. Et à tous de très joyeuses fêtes.
(Fin à 8 h 28)