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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et Mme Christine Labrie, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de services sociaux

Version finale

Le mardi 21 février 2023, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trois minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Bonjour, tout le monde, content de vous retrouver à l'Assemblée nationale ce matin. Demain se tiendra la commission parlementaire qu'avait demandée Québec solidaire, qu'avait demandé mon collègue Vincent Marissal sur les initiations violentes dans le monde du hockey au Québec.

D'abord, je veux remercier les autres partis politiques d'avoir accepté la proposition de mon collègue Vincent Marissal. Ces enjeux-là, c'est des enjeux de société importants, il faut les explorer de manière transpartisane. Et je félicite également, bien sûr, mon collègue Vincent d'avoir tendu la main comme ça aux autres partis. Parce que, demain, ça va être un moment important où on va entendre plusieurs des hautes autorités du hockey québécois pour aller au fond des choses, pour comprendre pourquoi des événements comme ça ont eu lieu, dans le monde du hockey au Québec, et surtout pour déboucher sur des solutions concrètes pour que ça n'arrive plus, pour que ça cesse, pour qu'on casse la culture qui rend possibles des pratiques comme celles-là.

Ça va être un moment, donc, important demain, parce qu'on a un gros problème dans notre sport national, il faut aller au fond des choses, travailler ensemble, trouver des solutions concrètes pour la suite. C'est notre souhait, je le répète, pour la journée de demain. Bien sûr, qu'on pose des questions, qu'on comprenne comment ça a été possible, mais surtout qu'on débouche sur des solutions concrètes.

Je vais passer la parole à ma collègue Christine qui va déposer aujourd'hui un projet de loi, un projet de loi pour moderniser la loi Françoise David. Le Québec est en pleine crise du logement. Les jeunes sont frappés de plein fouet par cette crise-là, mais aussi les moins jeunes. À peu près à chaque semaine, on lit, dans les journaux, des histoires crève-cœurs d'expulsions sauvages des gens qui perdent leur logement, des fois après avoir passé cinq, 10, 15 ans au même endroit. Ça n'a pas d'allure.

Il faut moderniser la loi Françoise David qui vient protéger les aînés du Québec contre les évictions sauvages. Comprenez-moi bien, c'est tragique pour tout le monde, une éviction, c'est une tragédie peu importe l'âge qu'on a, mais, pour les aînés, c'est un déracinement qui est carrément inhumain, qui, des fois, peut déboucher sur des décès, on l'a vu sur de l'itinérance, on l'a vu. À l'époque, tous les partis politiques du Québec s'étaient unis pour adopter le projet de loi de Québec solidaire. Bien, c'est l'appel que je lance, également, aujourd'hui et je lance un appel particulièrement aux libéraux et à la CAQ. Je demande aux libéraux et à la CAQ d'arrêter de bloquer les solutions de Québec solidaire à la crise du logement, d'arrêter de s'unir pour qu'on ne fasse rien pour régler la crise du logement et d'au contraire travailler avec nous pour apaiser la crise actuelle, en commençant par protéger les locataires aînés, en commençant par adopter la modernisation de la loi Françoise David que ma collègue Christine va déposer aujourd'hui.

Mme Labrie : Merci, Gabriel. Donc, effectivement, on revient à la charge aujourd'hui, à Québec solidaire, avec des propositions très concrètes pour aider les gens face à la crise du logement. Je vais déposer à nouveau le projet de loi pour moderniser la loi Françoise David, qui avait été adoptée à l'unanimité en 2016.

Et, s'il faut faire ça, c'est parce que les aînés sont particulièrement vulnérables, dans le contexte de la crise du logement, face aux évictions. D'abord, parce que leurs sources de revenus ne suivent pas du tout les hausses phénoménales de loyer, ensuite, parce que se reloger, déménager à un âge plus avancé, ça peut engendrer toutes sortes de problèmes, notamment au niveau cognitif, on l'a vu, c'est démontré assez clairement. Et malheureusement il y a énormément d'aînés qui vivent des évictions, les exemples se multiplient. On a la responsabilité de mieux les protéger.

Et moderniser la loi Françoise David, c'est une solution qui ne coûte pas un sou au gouvernement. Je pense qu'on gagne à adopter des lois comme celles-là qui élargissent la protection des locataires. La semaine dernière, Gabriel vient de le dire, la CAQ et le Parti libéral du Québec ont rejeté une de nos pistes de solution gratuite, qui est l'abolition de la clause F. J'espère qu'aujourd'hui ils vont être capables de s'unir, là, avec nous pour faire cheminer ce projet de loi là. Parce que les aînés, actuellement, ils sont dans une situation extrêmement précaire. Ce sont eux qui frappent le plus souvent à notre porte, là, dans les bureaux de circonscription, face à la crise du logement.

Ensuite, je veux revenir sur le rapport de la coroner, déposé hier, suite à la mort du petit Thomas. C'est une histoire absolument tragique, un signalement qui avait été retenu, qui était en attente d'assignation à un intervenant. Malheureusement, au moment où un intervenant a été assigné au dossier, il était trop tard, Thomas était décédé la veille. Ça, c'est arrivé en 2016, puis, depuis, il y a eu Granby, il y a eu la commission Laurent. On s'est penchés collectivement sur ça pour que ça ne se reproduise plus jamais, mais les années passent, les rapports s'empilent, et on est dans une situation où c'est peut-être encore en train d'arriver. Ce qui se passe à la protection de la jeunesse, actuellement, c'est extrêmement tragique. Le problème de fond, c'est le manque d'intervenants, d'intervenantes. Les équipes sont largement incomplètes, à travers le Québec, ne sont pas en mesure de traiter les signalements dans un délai qui serait raisonnable pour assurer la sécurité de tous les enfants.

Et malheureusement, vous l'aurez remarqué comme moi, la protection de la jeunesse, ce n'est pas un secteur qui est considéré prioritaire par le gouvernement du Québec dans les négociations du secteur public. C'est malheureux. Quand on est rendus à avoir un rapport de coroner qui nous dit qu'il faut valoriser une profession, qui nous dit qu'il faut s'assurer d'avoir une charge de travail adéquate pour les intervenantes, là, on a étiré l'élastique pas mal trop loin. Donc, j'espère que le ton va changer, et que le gouvernement va s'engager à respecter les recommandations de la coroner, et puis que ces rapports-là arrêtent de prendre la poussière.

M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce qu'il faut un plan de sortie de crise par rapport à ce qui se passe à la DPJ? Pourquoi est-ce qu'on semble s'enliser à travers les années, malgré, justement, la commission Laurent, et que les délais d'attente poursuivent leur hausse, là?

Mme Labrie : J'ai effectivement l'impression qu'on s'enlise. Moi, ce que les intervenantes me disent, c'est que la situation s'est dégradée depuis, alors qu'on aurait souhaité qu'elle s'améliore suite au rapport Laurent. Les intervenantes fuient ces milieux de travail là comme la peste. Elles y entrent et elles s'en vont presque instantanément parce que la charge de travail est trop lourde. Et, en ce moment, malheureusement, les conditions ne sont pas réunies, là, pour les retenir. Donc, oui, ça prendrait un plan d'action assez radical, là, pour changer les choses, parce qu'on n'est pas proches d'une solution, là, on est plutôt en train de s'enfoncer.

M. Duval (Alexandre) : Puis ça, c'est la chose la plus importante, selon vous, les conditions de travail, pour attirer et retenir? Parmi tout ce qui a été dit dans le rapport Kamel, c'est ça, la priorité, selon vous?

Mme Labrie : Bien, écoutez, je vais vous donner l'exemple de l'Estrie, là. Il y a quelques semaines, sur 24 postes au traitement, à l'évaluation des signalements, il y en avait juste neuf de comblés. Donc, c'est certain que ce n'est pas possible de traiter les signalements dans un délai raisonnable avec une équipe aussi réduite. Moi, je ne peux pas m'attendre de miracles des personnes qui sont là dans des circonstances comme celles-là. On leur attribue beaucoup trop de dossiers, elles ne peuvent pas bien faire leur travail. C'est une pression énorme, et donc elles se sauvent en courant dès qu'elles en ont la possibilité. Tant qu'on maintient des conditions comme celles-là, on ne réussira pas à traiter les signalements et à faire le suivi des dossiers à temps.

M. Lacroix (Louis) : M. Nadeau-Dubois, sur la commission parlementaire, comment vous réagissez quand vous voyez que McGill ne va pas... décline, en fait, l'invitation de venir devant cette commission-là? Ils auraient eu, quand même, une expérience assez intéressante à raconter parce qu'ils ont vécu ce problème-là, puis ils ne viennent pas. Alors, comment vous qualifiez ce geste-là? Est-ce que c'est de l'arrogance?

M. Nadeau-Dubois : C'est très décevant. C'est très décevant, surtout qu'on ne les a pas invités pour faire leur procès, on les a invités pour apprendre de leur expérience. McGill, il a fait face à un scandale d'initiations violentes, dégradantes, il y a quelques années, et on voulait les entendre sur comment ils ont géré la situation puis quels moyens ils ont pris pour que ça prenne fin. Donc, on ne les invitait pas pour leur tirer des tomates, on les invitait pour, de manière constructive, qu'ils nous aident à trouver des solutions. C'est très, très décevant de la part de l'Université McGill.

Moi, je leur lance la perche. Ils ont toute la journée d'aujourd'hui pour changer d'idée, pour confirmer leur présence demain. Je les invite à le faire. On veut les entendre, on veut travailler avec eux autres pour protéger les jeunes du Québec. C'est ça, l'objectif, hein, c'est ça, l'objectif, protéger les petits gars, les petites filles qui vont jouer au hockey. Parce que les parents les inscrivent au hockey pour, bien sûr, qu'ils soient en forme, mais pour leur transmettre des bonnes valeurs, pour qu'ils s'épanouissent comme personne, et ils courent le risque de se retrouver dans des situations comme ça. C'est épouvantable. Il faut qu'on travaille ensemble. McGill a une contribution à faire dans ce débat-là. Moi, je les invite à revenir sur leur décision puis à venir discuter avec nous demain.

M. Lacroix (Louis) : L'Assemblée nationale a le pouvoir de contraindre, peut envoyer un subpoena à McGill pour les obliger à témoigner. Je sais que ça a été évoqué au bureau, en fait, du côté ministériel. Est-ce que vous seriez d'accord avec ça? Est-ce que vous, vous croyez que leur présence est à ce point importante qu'on devrait les forcer, les contraindre?

M. Nadeau-Dubois : C'est une option... comment dire? C'est un pouvoir dont dispose l'Assemblée nationale. On va en discuter avec les autres partis aujourd'hui pour voir ce qu'on fait.

M. Gagnon (Marc-André) : Concernant, je reviens sur la loi Françoise David, le logement mais, de façon connexe, le logement social. Quand qu'on voit que, depuis 2018, la CAQ a financé seulement 4 700 des 14 000 logements sociaux qui étaient promis, pourquoi ça n'avance pas?

M. Nadeau-Dubois : Bien, première chose, François Legault a désinformé les Québécois, les Québécoises. Il a passé la campagne électorale à dire : Nous avons livré ou on est sur le bord, bord, bord de livrer 15 000 logements sociaux. Il a à peu près fait, même pas, le tiers de ça. Donc, François Legault a désinformé les Québécois, Québécoises sur son bilan en logement lors de la dernière élection. Et là je le voyais, dans Saint-Henri–Sainte-Anne, mettre des pancartes électorales qui disent : Encore plus de logement social. Encore plus que combien, que ce qu'il a fait ou ce qu'il prétend avoir fait? François Legault a passé son mandat à nier la crise du logement plutôt qu'à construire des logements, et c'est pour ça que, dans bien des quartiers, on est en pleine crise du logement au Québec.

M. Laforest (Alain) : Chemin Roxham, deux autobus, encore aujourd'hui, qui arrivent des États-Unis.

M. Nadeau-Dubois : Votre question?

M. Laforest (Alain) : Vous en pensez quoi?

M. Nadeau-Dubois : La solution durable, la solution qui va fonctionner, c'est la suspension ou la renégociation de l'entente sur les tiers pays sûrs pour que les gens puissent entrer de manière sécuritaire, ordonnée, encadrée, sur le territoire du Québec, du Canada, par les postes frontaliers. Et ça, ça va nous aider, d'ailleurs, à ce qu'il y ait une meilleure répartition entre les différentes provinces, puisque les demandeurs d'asile pourront entrer par le poste frontalier de leur choix tout au long de la frontière canado-américaine.

M. Laforest (Alain) : Avez-vous l'impression que le reste du Canada est en train de se réveiller parce que les migrants du chemin Roxham sont envoyés en Ontario, alors qu'avant ils venaient tous au Québec, là? Parce qu'on sent de plus en plus de réactions de la part de maires de villes ontariennes, les éditoriaux des Ontariens, alors qu'avant c'était un problème québécois, là.

M. Nadeau-Dubois : Il faut se mettre les yeux devant les trous, là. On s'en va, au Québec, au Canada et sur la planète, vers des enjeux migratoires de plus en plus complexes, avec des vagues, par exemple, de réfugiés climatiques qui vont s'ajouter aux réfugiés actuels. C'est un défi qu'il va falloir gérer ensemble, pas en se pointant du doigt une ville ou l'autre, une province ou l'autre… mais développer des mécanismes qui fonctionnent pour qu'on accueille les gens de manière légale, ordonnée et de manière à respecter leurs droits, tout en respectant, bien sûr, nos obligations internationales. Donc, oui, travaillons tous et toutes ensemble, ce n'est pas de la chicane qu'on a besoin, c'est de la collaboration.

M. Lacroix (Louis) : Bien, ce matin, M. Legault envoie une lettre qui paraît dans le Globe and Mail. Le titre, c'est : It's time to close the bridge at Roxham Road and enforce Canada's borders. Ça veut dire que vous êtes d'accord avec cette position-là, si je comprends bien.

M. Nadeau-Dubois : Bien, ce avec quoi on est d'accord, c'est l'idée selon laquelle la situation actuelle, le statu quo, ce n'est pas possible. La solution durable, c'est la suspension ou la renégociation de l'entente sur les tiers pays sûrs. Ce n'est pas d'envoyer la police, de passer des tracts, de mettre une clôture, c'est de s'assurer que les gens puissent entrer au Québec puis au Canada par un processus qui est légal, qui est encadré puis qui garantit le respect de leurs droits.

M. Gagnon (Marc-André) : Parce que, par le passé, d'envoyer ces migrants-là vers une province, par exemple comme l'Ontario, on vous avait questionnés là-dessus, vous disiez que ce n'était pas ça, la solution, mais là, aujourd'hui, vous nous dites : Bien oui, bien là, maintenant, ça nous prend une répartition plus équitable.

M. Nadeau-Dubois : On a toujours été d'accord sur le principe. D'abord, que le fédéral fasse sa part sur le plan de l'accueil de ces gens-là, puisque c'est une compétence fédérale. On a toujours été clairs sur le fait qu'une répartition équitable entre les différentes provinces, c'est quelque chose qui est souhaitable, mais, et il y a un gros «mais», ça doit se faire de manière volontaire. Il ne faut pas forcer les gens. Il y a des gens qui arrivent au Québec pour rejoindre des membres de leur famille, par exemple. Il y a des questions, là, il y a une compassion minimale à avoir de ne pas séparer les gens de leur famille, d'abord parce que c'est une question humaine, puis ensuite parce que, pour l'intégration de ces gens-là, au marché du travail par exemple, c'est une des clés d'arriver ici dans un réseau familial, par exemple, qui peut nous aider à s'intégrer à la société d'accueil. Donc, c'est complètement contreproductif de déchirer des familles puis de forcer les gens, mais, l'idée d'une répartition équitable, là, tout le monde s'entend là-dessus, même les organismes communautaires qui viennent en aide à ces gens-là.

M. Gagnon (Marc-André) : La réponse du gouvernement fédéral, essentiellement, à la lettre de M. Legault, là, c'est de dire : Bon, bien, on reconnaît vos efforts, on va vous verser encore de l'argent pour le logement, mais c'est à peu près tout. Alors, il y a d'autres dépenses. Est-ce que c'est insuffisant, donc, la réponse du fédéral?

M. Nadeau-Dubois : Bien sûr, Justin Trudeau doit arrêter d'éviter la seule solution durable à la situation du chemin Roxham, cette solution-là, c'est la suspension ou la renégociation de l'entente sur les tiers pays sûrs. C'est ça qui va nous permettre de régulariser la situation, c'est ce que Justin Trudeau doit faire. Ça fait des mois qu'on le dit à Québec solidaire et on va continuer de...

M. Gagnon (Marc-André) : Renégocier quoi? Parce que... qu'est-ce que vous voulez renégocier dans l'entente?

M. Nadeau-Dubois : D'abord, il y a une procédure qui permet au gouvernement du Canada de suspendre l'entente.

M. Gagnon (Marc-André) : Oui, mais ça, ce n'est pas une négociation, qu'est-ce que vous voulez comme...

M. Nadeau-Dubois : Non, non, mais d'abord ça, c'est le premier outil dont Trudeau dispose ici et maintenant. Puis ça, ça permettrait, je le répète, aux demandeurs d'asile, aux gens qui veulent avoir un statut de réfugiés d'entrer par les postes frontaliers.

M. Gagnon (Marc-André) : Mais, si vous étiez à la table, là, qu'est-ce que vous négocieriez avec...

M. Nadeau-Dubois : On négocierait le fait que les États-Unis ne sont plus considérés comme un pays sûr et que, donc, les gens qui veulent faire leur entrée sur le territoire canadien ou québécois par les États-Unis doivent le faire par des postes frontaliers réguliers où on va leur demander leurs papiers, ou on va leur donner des papiers temporaires, puis on va s'assurer qu'ils fassent partie d'un processus d'immigration qui soit légal, ordonné puis qui respecte leurs droits à eux aussi. C'est bon pour tout le monde, c'est bon pour la société québécoise, la société canadienne et les demandeurs d'asile qui ont droit de voir leurs droits respectés.

M. Lacroix (Louis) : Sur quelle base les États-Unis ne seraient plus un pays sûr?

M. Nadeau-Dubois : Bien, ça a été bien expliqué, récemment d'ailleurs, par notre candidat dans Saint-Henri–Sainte-Anne, Guillaume Cliche-Rivard, avocat spécialiste en immigration, qui expliquait que, de toute évidence, les droits de ces personnes-là, de plusieurs de ces personnes-là ne sont pas respectés aux États-Unis. Dans ce contexte-là, le gouvernement du Canada peut agir pour dire : On suspend l'entente et on permet aux gens, parce que c'est ce qu'ils souhaitent eux-mêmes et elles-mêmes, d'abord et avant tout, d'entrer sur le territoire par des postes frontaliers réguliers.

M. Gagnon (Marc-André) : M. Legault dit qu'il faut, dans le fond, que l'entente s'applique à l'ensemble de la frontière, coast-to-coast. C'est-u un peu militariser la frontière canadienne de demander ça?

M. Nadeau-Dubois : Bien, il faut... la proposition de Québec solidaire, ce n'est pas de fermer la frontière, ça, ce serait en contradiction avec nos obligations internationales d'accueillir les gens qui fuient la persécution, la violence, l'oppression. Ce qu'il faut, c'est s'assurer que les gens puissent rentrer par les postes réguliers frontaliers, pas s'assurer qu'ils ne puissent plus passer par aucun poste régulier frontalier. Si on fait ça, on ne va pas fermer le chemin Roxham, on va créer des centaines d'autres chemins Roxham.

M. Duval (Alexandre) : ...redigirer, pensez-vous que le Québec, bon, qui veut avoir une part plus équitable ou plus représentative de sa population, devrait au moins garder les francophones? M. Legault parle toujours du français, de la protection du français. Là, ils s'en vont tous dans d'autres provinces à l'heure actuelle.

M. Nadeau-Dubois : Le principe, là, c'est qu'il doit y avoir une répartition équitable, mais, et c'est un gros «mais», qu'il ne faut pas forcer le monde, ça ne se fait pas. Puis je pense en particulier aux gens qui ont des familles au Québec. Ça ne se fait pas, séparer du monde de leur famille. On ne fait pas ça au Québec, ce n'est pas dans nos valeurs, ce n'est pas comme ça qu'on accueille les gens.

M. Duval (Alexandre) : On ne doit pas tous les envoyer ailleurs à l'heure actuelle. Ce que vous dites, c'est qu'il faut les analyser au cas par cas quand ils arrivent, là.

M. Nadeau-Dubois : Moi, je... ce que les organismes sur le terrain nous disent, là, c'est qu'une bonne proportion de ces gens-là soit n'ont aucun problème à aller s'établir dans d'autres provinces, d'autres villes canadiennes… même, certains le souhaitent. Je veux dire, il n'y a pas de raison raisonnable de s'opposer à ce qu'on propose à ces gens-là de s'établir dans un endroit de leur choix au Canada, je veux dire, c'est juste une question de gros bon sens, mais forcer du monde, ça, ça ne se fait pas, puis on s'oppose à ça à Québec solidaire.

M. Lacroix (Louis) : Mais, si on ferme, en fait, le chemin Roxham, des experts à qui on parle nous disent que ça va créer d'autres brèches ailleurs puis que les gens vont rentrer au Canada pareil.

M. Nadeau-Dubois : Exact.

M. Lacroix (Louis) : Alors, on fait quoi avec ces gens-là qui arrivent une fois qu'on dit : O.K., on suspend l'entente sur les tiers pays sûrs? On ferme le chemin Roxham, mais il y a quand même du monde qui entre par d'autres points d'entrée, là, la frontière est poreuse entre le Canada puis les États-Unis, on fait quoi avec ces gens-là après?

M. Nadeau-Dubois : Un instant, c'est-à-dire que... Bien, d'abord, je suis d'accord avec le constat que vous relayez, parce que c'est ce que tous les experts nous disent puis c'est ce avec quoi j'ai commencé tantôt. On est devant des défis migratoires de plus en plus importants, et ça va continuer, et ça va continuer. Ça fait que ce qu'il faut, là, ce n'est pas faire des clips à la TV ou des tweets pour faire la nouvelle, c'est trouver des solutions durables qui vont nous permettre de...

M. Lacroix (Louis) : Mais vous ne répondez pas à ma question, monsieur, sauf votre respect.

M. Nadeau-Dubois : J'y viens. J'y viens. Bien, sauf votre respect, c'est important d'avoir des propos intelligents puis nuancés sur ces enjeux-là. Je ne fais pas partie des politiciens qui veulent utiliser ça pour gagner des points au Téléjournal ce soir. Il faut trouver des solutions durables qui respectent les droits de ce monde-là, parce qu'ils en ont, c'est des êtres humains, et qui respectent l'intégrité de nos lois en matière d'immigration.

En effet, si on se contente de mettre une clôture, la Sûreté du Québec… ou je ne sais trop quelle autre patente à gosses pour fermer physiquement le chemin Roxham, on va peut-être le fermer, lui, mais il y en a des centaines d'autres qui vont apparaître, parce que les gens vont entrer ailleurs. C'est pour ça qu'il faut permettre aux gens de rentrer par les postes frontaliers. C'est ce que ces gens-là souhaitent, déposer une demande de statut de réfugié de manière légale, c'est d'ailleurs la première chose qu'ils font une fois qu'ils sont sortis du chemin Roxham.

M. Lacroix (Louis) : Oui. Non, je comprends ce que vous dites, mais c'est parce que vous dites, d'entrée de jeu, tout à l'heure : Il faut suspendre l'entente sur les tiers pays sûrs.

M. Nadeau-Dubois : Oui, pour permettre aux gens de passer par les postes frontaliers.

M. Lacroix (Louis) : O.K., mais s'ils passent puis l'entente n'existe plus?

M. Nadeau-Dubois : Mais ce que les demandeurs d'asile souhaitent, là... et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'ils passent par le chemin Roxham, ils savent bien qu'une fois sur le territoire, qu'est-ce qu'ils vont pouvoir faire, déposer une demande. Si on leur permet de déposer une demande en passant par un poste frontalier régulier, il n'y a plus aucun intérêt de passer par des chemins clandestins. Les gens veulent déposer une demande parce qu'ils veulent être reconnus comme réfugiés. Si on leur permet de le faire par un poste régulier frontalier, on va régulariser la situation, on va encadrer leur arrivée au pays.

Mme Plante (Caroline) : Maintenant que Mme Elghawaby est arrivée en poste, allez-vous solliciter une rencontre avec elle?

M. Nadeau-Dubois : Nous, on souhaitait la rencontrer pour évaluer sa capacité à occuper la fonction, puis elle a refusé de nous rencontrer avant d'entrer en fonction. Donc, ça a tué dans l'oeuf notre volonté de dialogue. Puis, dans ce contexte-là, on est arrivés à la conclusion que ce n'était pas la bonne personne pour occuper cette fonction-là.

Mme Plante (Caroline) : Ça n'a plus aucune valeur de discuter avec elle pour, peut-être, la sensibiliser?

M. Nadeau-Dubois : Bien, est-ce que ça... C'est une question un peu théorique que vous me posez. Nous, la demande de rencontre, comment dire, on a reçu, en réponse, un refus. Donc, pour le moment, on en est là, on verra pour la suite.

M. Duval (Alexandre) : ...la suspension de l'entente, là, je reviens à la question de mon collègue Louis. La suspension de l'entente ne ferait pas ralentir les flux migratoires, le même nombre de personnes, peut-être même plus, viendraient par avion ou à la frontière terrestre. Comment la suspension amènerait-elle une meilleure répartition naturelle des demandeurs?

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, le fait de permettre aux gens de passer par les postes frontaliers réguliers, là, ça va répartir le flux entre les différents postes frontaliers. En ce moment, le chemin Roxham s'est fait une réputation d'être une voie d'accès rapide au territoire, et c'est pour ça que les gens passent par là. À partir du moment où on dit : Vous pouvez passer, vous devez passer par les postes réguliers frontaliers, vous avez la possibilité de déposer une demande de statut de réfugié par les postes réguliers frontaliers, bien, ça va permettre aux gens de passer par tous les postes frontaliers tout au long de la frontière canadienne. Ça va aider à répartir les différentes entrées sur le territoire, c'est une des raisons qui militent en faveur de cette solution-là, d'ailleurs.

M. Gagnon (Marc-André) : Vous dites, dans le dossier du chemin Roxham : Je ne suis pas là pour faire des clips, et tout ça. Et, en même temps, vous dites : Justin Trudeau doit cesser de faire de l'évitement. M. Legault, est-ce qu'il a fait un bon coup avec sa lettre? Parce que, là, depuis ce temps-là, je veux dire, on en reparle, tout le monde en parle.

M. Nadeau-Dubois : Est-ce qu'il a fait un bon coup?

M. Gagnon (Marc-André) : Pour mettre de la pression, là, sur Justin Trudeau?

M. Nadeau-Dubois : La solution, on la connaît depuis longtemps, tout le monde, là, qui suit ce dossier-là de près le répète que la solution, c'est la suspension ou la renégociation de l'entente sur les tiers pays sûrs. Je ne sais pas trop quoi vous dire.

M. Gagnon (Marc-André) : Bon, bien, à ce moment-là, sur un autre sujet, celui des garderies, le gouvernement, donc, va injecter 116 millions dans 43 nouveaux CPE préfabriqués. Est-ce que, pour accélérer la construction de garderies, c'est une bonne solution?

Mme Labrie : Oui, c'est une bonne solution, mais le problème qu'on a, c'est qu'on est en train de construire très rapidement beaucoup de garderies, de CPE, alors qu'on ne forme pas aussi rapidement que ça des éducatrices. Vous irez voir les inscriptions dans les cégeps, actuellement, là, c'est famélique. Donc là, on va se retrouver dans une situation, dans les prochains mois, où on va avoir beaucoup de bâtisses toutes belles, toutes prêtes à recevoir des enfants puis on n'aura pas de personnel à mettre dedans pour recevoir des enfants.

Ça prend du personnel qualifié. Donc, le nœud du défi, là, au moment où on se parle, il est au niveau de la main-d'oeuvre en petite enfance. Il y a des pas qui ont été faits pour améliorer leurs conditions de travail, mais, de toute évidence, les incitatifs ne sont pas encore suffisamment au rendez-vous, parce qu'on le voit, dans les inscriptions, là, c'est au-dessus de 15 000 éducatrices que ça nous prend dans les prochaines années, là, pour remplir les places que le gouvernement est en train de créer, et ces personnes-là ne sont pas dans nos cégeps en ce moment.

M. Laforest (Alain) : Mme Labrie, qui est habillée en vert, mais votre cœur est vert, M. Fitzgibbon, ce matin, a dit, devant les producteurs d'énergie renouvelable, qu'il veut quatre fois plus d'éolien et beaucoup plus de solaire. Ça vous surprend? Je vois vos yeux.

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est-à-dire tant mieux, il devrait peut-être passer le mémo à son premier ministre. C'est ça qu'il faut faire au Québec, d'abord et avant tout, avant de fantasmer sur des nouveaux barrages, c'est mettre la pédale au plancher pour le développement des énergies renouvelables. L'Ontario est en avance sur nous sur le développement du solaire. Il y a des limites, bien sûr, à la technologie solaire au Québec, mais on peut aller beaucoup plus vite, beaucoup plus loin. Tant mieux que M. Fitzgibbon appelle à la création de plus d'énergie renouvelable au Québec.

Il y a un gros «mais», il faut que ça se fasse dans le cadre d'un plan de match transparent, démocratique. C'est pour ça qu'il nous faut une commission parlementaire pour entendre Sophie Brochu et c'est pour ça que M. Fitzgibbon doit faire preuve de plus de transparence. On ne gérera pas la transition énergétique au Québec avec des déclarations à l'emporte-pièce, une fois par deux semaines, où on apprend, par des clips à la TV, ça va être quoi, le plan de match pour transformer l'économie puis l'énergie au Québec.

M. Laforest (Alain) : Justement, Hydro, qui a payé, l'an passé, un record de plus de 200 millions en temps supplémentaire à ses employés, est-ce que c'est un problème de gestion? Est-ce que c'est une bonne affaire?

Mme Labrie : Bien, écoutez, vous avez peut-être suivi, là, le rapport de la Vérificatrice générale, juste avant les Fêtes, qui nous disait que, dans le réseau de distribution, il y avait énormément de problèmes d'entretien des infrastructures, notamment, ça génère plus de pannes, des pannes plus longues, plus complexes à réparer. Donc, à mon avis, il y a un lien direct à faire avec les heures supplémentaires. Le nœud du problème, c'est le déficit d'entretien du réseau. Puis c'est une raison supplémentaire qui démontre à quel point ça vaudrait la peine d'entendre Sophie Brochu ici, à l'Assemblée nationale.

M. Duval (Alexandre) : Sur le patient qui a été oublié à l'Hôpital Fleury, qu'est-ce que ça vous indique sur l'état du réseau de santé? Est-ce que vous en tirez une conclusion plus générale que ce cas isolé?

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, c'est un cauchemar. J'espère que ce patient et sa famille seront accompagnés pour la suite des choses, là, c'est quand même tout un traumatisme de vivre ça. Puis je pense à eux, bien sûr, à monsieur puis à sa famille ce matin.

La conclusion, c'est qu'il y a une désorganisation dans l'organisation, c'est un peu un pléonasme, là, il y a une désorganisation généralisée dans le système de santé. L'organisation du travail est défaillante, et c'est pour ça qu'il faut redresser le système puis pour que des histoires comme ça ne se reproduisent plus.

M. Duval (Alexandre) : Et le ministre qui dit : Il y a une enquête qui est en cours, on verra, là, ça vous satisfait comme réponse?

M. Nadeau-Dubois : Bien, on va attendre de voir le résultat de l'enquête. Moi, j'ai pris acte, quand même, qu'on est devant une situation où le CIUSSS a reconnu ses torts puis s'est excusé. Donc, de toute évidence, au moins, il n'y a pas de volonté de nier le problème ou de le minimiser, c'est un bon départ. Regardons voir ce que l'enquête va démontrer.

Journaliste : Est-ce que vous avez peur qu'il y ait plus de cas comme ça qui arrivent?

M. Nadeau-Dubois : Bien, on parle de ce cas-là parce qu'heureusement c'est un cas isolé, parce qu'heureusement ça ne se produit pas tous les jours dans notre système de santé. Puis ça, je pense que c'est quand même important de le rappeler, là, de manière générale, les gens sont bien traités dans notre système de santé au Québec, même s'il y a d'énormes problèmes, mais j'ai bien hâte de voir les résultats de l'enquête. Parce qu'on ne veut pas que ça se reproduise, c'est franchement cauchemardesque, là.

Mme Mignacca (Franca G.) : We're hearing, this morning, that only about a third of the social housing units that were promised were actually built. What do you make of that?

M. Nadeau-Dubois : François Legault misinformed Quebeckers during the last election because he said he had built or was on the point of building 15,000 units of social housing. The reality is very different. He built not even a third of those units. So, I saw his signs in the riding of Saint-Henri—Sainte-Anne for the by-election, he was saying : We need more social housing. I don't know, is it more than what he said he did or more than what he did? Because he is responsible for the actual situation, he has denied the existence of the housing crisis for the majority of his last term. He is responsible for the housing crisis right now.

Mme Mignacca (Franca G.) :And I'd like to hear from you, Mme Labrie, on your upcoming bill. What exactly are you hoping to change?

Mme Labrie : We want to enlarge the protection for elders who are facing eviction in the context of the housing crisis. So, I cannot speak more than that of the bill, but the purpose of the bill is to enlarge the protection for elders.

Mme Mignacca (Franca G.) : Why is that such an important issue to you?

Mme Labrie : It's an important issue because elders, they don't have a rise in their revenues, they are facing more than others a housing crisis. And, when they have to move at this age, it has very important consequences, even on their cognitive abilities. So, I'm very concerned by this.

M. Nadeau-Dubois : And, let me add just one thing, you know, last week, the Liberals and the Coalition avenir Québec worked together to block the solution of Québec solidaire to the housing crisis. So, today, I have a message for Mr. Tanguay and Mr. Legault : Let's work together to protect elders from savage evictions, let's work together to protect those vulnerable people in Québec. The Liberals and the CAQ have to stop blocking our solutions, and they have to start working with us to apply those solutions. The housing crisis is real, it's hitting hard across Québec, it's hitting hard in Montréal. The people need us to fight for them, to protect them, to protect their right to have a roof over their head. This is a concrete solution, our hand is extended toward the Liberals, toward François Legault. Let's work together to protect them. And the Liberals and the CAQ have to stop working against us, because the only thing we want is to solve the housing crisis.

Journaliste : On Roxham Road, what do you think about Premier Legault appeal to have the border closed?

M. Nadeau-Dubois : Well, the only sustainable solution here is to suspend or renegotiate the Safe Third Country Agreement. That would permit the people that want to access the territory of Québec and Canada to do it crossing regular border offices. This is the only sustainable solution. Everyone agrees that it's a good thing to have a fair… a distribution of those people across Canada, but, there is a big, big «but», it has to be done voluntarily by individuals, we should not force anyone. Some of those people have families in Québec, it's inhuman and it's counterproductive from an integration perspective to separate the people from their family. We should not be doing that, this is not what Québec values are.

M. Authier (Philip) : The mayor of Montréal was saying that she desperately needs help from the Québec Government for the situation around place Dupuis and also that there are asylum seekers, also, ending up in that neighborhood. What do you think of her plea? She seems to be… I mean she's on the ground and she's got a mess.

M. Nadeau-Dubois : And I agree with her, I agree with her. Mr. Legault and Mr. Trudeau have to do more to help and accommodate those people. Those are vulnerable people that are fleeing persecution, violence, oppression. We have a responsibility to welcome them with dignity, and the Governments of Quebec and Canada have to do their fair share. Thank you. Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 35)

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