(Huit heures cinquante minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Bien sûr, on veut revenir sur le budget qui a été déposé hier. En un mot, le
budget de François Legault est injuste, injuste parce que François Legault a
fait des choix injustes. François Legault a décidé, a choisi d'aider le plus les
gens qui ont le moins besoin d'aide et il a choisi de ne pas aider les gens qui
ont le plus besoin d'aide. Il va donner de l'argent aux gens qui sont les mieux
outillés pour faire face à l'inflation, puis il va en donner à peine au monde
qui ont vraiment de la misère à joindre les deux bouts.
On va faire ça simple. Si vous faites 30 000 $
par année, la CAQ va vous donner 108 $ de baisses d'impôt. Si vous faites
plus de 100 000 $ par année, 150 000 $, 200 000 $,
350 000 $, bien là, la CAQ va vous donner plus de 800 $ de
baisses d'impôt. Donc, on va prendre un exemple. Si vous êtes une caissière
dans une épicerie, vous allez recevoir 108 $ de plus dans vos poches. Si
vous êtes le P.D.G. de la chaîne d'épicerie, ah! bien là, vous avez le jackpot,
plus de 800 $ de baisse d'impôt. En donner plus à ceux qui en ont déjà le
plus, en donner moins aux gens qui en ont déjà le moins, c'est ça, le choix qu'a
fait François Legault. Pouvez-vous bien me dire dans quel univers c'est juste,
ça, comme budget?
Tout le monde n'est pas égal face à l'inflation.
Il y a du monde qui ont plus de misère, puis c'est ce monde-là qu'on devrait
aider le plus. Il y a des gens qui ont le moins besoin d'aide, puis ces
gens-là, on pourrait les aider un peu moins, ce serait juste normal. C'est le
monde en bas de l'échelle puis le monde au milieu de l'échelle qui en arrachent
le plus en ce moment, puis le budget d'hier abandonne ces gens-là. Ceux qui
vont être le plus aidés par François Legault, c'est le monde en haut de l'échelle.
Puis ça, suffit d'être doté du gros bon sens pour comprendre que c'est tout
simplement inéquitable.
La bonne nouvelle, c'est que Québec
solidaire est là, on va d'ailleurs avoir un député de plus dès la semaine
prochaine, puis on va continuer à défendre les gens que François Legault
abandonne systématiquement.
M. Bouazzi : Merci, Gabriel.
Il faut comprendre que ce budget-là nous appauvrit tous, avec les 2 milliards,
justement, de baisses d'impôt, dont on va nous priver tous ensemble. Moi, je
vais parler de deux problèmes particulièrement : la question du logement
et la question de la santé mentale.
Le gouvernement fait comme s'il n'y avait
pas de crise de logement, une crise que tous les gens vivent à tous les jours. Et
les maires et mairesses sont les premiers, en première ligne, à voir les
conséquences de cette crise. Et je cite particulièrement le président de l'UMQ,
Daniel Côté, qui est sorti, la mairesse de Montréal aussi, pour dire que ce
budget ne répond pas aux attentes. Ce qu'on a vu dans le budget, c'est des
arrérages qui ont été promis par le Parti libéral, des promesses qui ont été
faites en 2018, qui n'ont pas été livrées et qui, en fin de compte, pour
beaucoup d'entre elles, seront livrées en 2030. Il n'y a pas de nouveaux
logements sociaux qui ont été annoncés, il y a juste des arrérages qu'on finit,
et c'est très, très triste étant donné tous les besoins qu'on a.
Il y a aussi toute la question des
rénovations des HLM. On a vu 100 millions dans le budget. C'est tout à
fait irréaliste. Rappelons-nous des titres il y a seulement quelques mois, du
2,2 milliards de dollars qui traîne dans des accords qu'on a avec le
fédéral. Et malheureusement on n'a pas vu le début d'une politique sérieuse de
rénovation de ces HLM, qui sont insalubres actuellement, voire inoccupés.
Et qu'est-ce que propose la CAQ pour
augmenter... On a vu une augmentation du crédit d'impôt pour solidarité. Si on
enlève ce qui était déjà prévu, là, ce n'est pas 10 $, 20 $ ou
50 $ par mois qui va régler, justement, les augmentations que les
locataires reçoivent. C'est 37 $ par an, par an. C'est 0,10 $ par
jour, ça, 10,9 sous exactement. Ce n'est vraiment pas à la hauteur des
attentes des Québécoises et des Québécois et des maires et mairesses des régions
et des grandes villes.
Enfin, je voudrais aussi parler un peu de
santé mentale. Dans les dernières semaines, on a vu le premier ministre Legault
et tous les ministres nous parler de tous les problèmes de santé mentale et du
fait qu'il va falloir investir dans le... qu'il va y avoir, donc, dans le
budget, des grands investissements de santé mentale. On était sceptiques, étant
donné que probablement que le budget était déjà imprimé quand ils ont découvert
l'importance d'investir dans la santé mentale. Et malheureusement on avait
raison, étant donné que, si on enlève à peu près tout le gras, là, ce qui va
toucher directement aux services en santé mentale, on parle de 15 millions
supplémentaires. 15 millions supplémentaires pour 8 millions de
Québécois, ça n'a juste pas d'allure. Merci.
Mme Morin-Martel (Florence) : Combien
il aurait fallu investir, selon vous, en santé mentale?
M. Bouazzi : Sur la santé
mentale...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
écoutez, nous, on comprend, là, que le budget a été sans doute bouclé avant les
événements des dernières semaines, sauf que, là, on est en train d'avoir une
prise de conscience collective au Québec sur le caractère absolument urgent de
la santé... de la crise de santé mentale. Nous, ce qu'on demande au
gouvernement, c'est d'ouvrir la porte, dès aujourd'hui, à bonifier ce qui est
prévu dans le budget d'hier en matière de santé mentale.
Tout le monde a appelé, dans les dernières
semaines, à une grande réflexion collective sur la santé mentale. Moi, je ne
vais pas me présenter ici ce matin puis prétendre avoir toutes les réponses,
toutes les solutions. On est dus pour un grand chantier national sur la
question de la santé mentale, qui doit venir avec un réinvestissement
historique, historique pour améliorer la prévention, les soins de première
ligne et aussi les soins plus critiques, en psychiatrie par exemple, exactement
le genre de soins qui n'étaient pas disponibles, d'ailleurs, directement à
Amqui, il fallait aller jusqu'à Rimouski pour les obtenir. Il n'y avait pas de
psychiatre à Amqui. Donc, sans vouloir faire de parallèle abusif, il y a là...
je pense qu'on est en ce moment dans une prise de conscience au Québec, là, et,
dans le budget d'hier, il n'y a pas le réinvestissement historique auquel les Québécois
s'attendaient en matière de santé mentale.
Ce n'est pas la fin des haricots, c'est
possible pour le gouvernement d'annoncer, éventuellement, des investissements
supplémentaires. Ce qu'on lui demande aujourd'hui, c'est au moins de ne pas
fermer la porte à ça, de garder la porte ouverte à ce qu'on rajoute de
l'argent, parce que, je veux dire, 15 millions l'an prochain de plus, là,
en augmentations de services, je veux dire, ce n'est pas sérieux, là.
M. Denis (Maxime) : Sur la
récession, est-ce qu'on joue sur deux tableaux puis on veut rassurer tout le
monde, on veut être optimistes, mais, en réalité, le mur s'en vient, puis on
s'en va dedans?
M. Bouazzi : C'est toujours
étonnant, effectivement, quand j'ai entendu le ministre des Finances, M. Girard,
dire qu'il était un peu plus optimiste qu'à peu près tous les économistes du
Québec parce qu'il y avait l'effet de son budget qui allait améliorer les
choses. Rappelons-nous de l'effet du budget libéral, hein, à l'époque. On voit
bien que c'est la même lignée d'ailleurs, hein? Bon, il y avait effectivement
des anciens conservateurs aussi au Parti libéral, dont le premier ministre
Charest, à l'époque. Et puis on sent qu'il y a une continuité, d'abord des
lunettes roses, hein, et puis, deuxièmement aussi, dans un moment d'incertitude — parce
qu'elles sont peut-être bonnes, ces prévisions-là, mais ce qui est sûr, c'est
qu'on est dans un moment d'incertitude — on décide de se priver de
pratiquement 2 milliards annuellement de marge de manœuvre. D'un point de
vue comptable, c'est juste irresponsable, c'est juste irresponsable. On ne sait
pas comment va se passer la prochaine année, mais ce qui est sûr...
Puis il n'y a pas juste, évidemment, ça, il
y a la crise climatique. Je veux dire, on le sait, qu'il va y avoir des
catastrophes dans les prochaines années, on va avoir besoin d'argent, on va
avoir besoin de fonds de côté. C'est vraiment... c'est ça, c'est des lunettes
roses.
M. Desrosiers (Sébastien) : Le
troisième lien n'est pas chiffré dans le budget. M. Julien répond que
c'est pour ne pas nuire aux appels d'offres. Qu'est-ce que vous pensez de cet
argument-là? Qu'est-ce que ça veut dire pour le projet...
M. Bouazzi : Bien, c'est sûr
que c'est un projet qui traîne en longueur indéfiniment, mais ce qu'il
faudrait, c'est surtout l'abandonner. Deuxièmement, à l'instant où on va sortir
du projet, il y a de l'argent qui est budgété depuis toujours dans le PQI, là,
pour pouvoir commencer à mettre les milliards sur la table. Nous, on pense
qu'en 2023, il y a eu un rapport du GIEC il y a deux jours qui est sorti, il
est vraiment temps que le gouvernement arrête de vivre dans un monde qui est
resté bloqué dans les années 90. 2023, là, on n'investit pas plus de 6 milliards
de dollars pour ajouter plus de voitures dans les routes, là, ça n'a pas
d'allure.
M. Lecavalier (Charles) : M. Nadeau-Dubois,
là-dessus, pensez-vous vraiment que ça va se faire, le troisième lien?
M. Nadeau-Dubois : C'est une
maudine de bonne question, ça. Est-ce que ça va se faire un jour? Disons, mon
côté optimiste me tend à penser qu'à un moment donné la réalité va rattraper la
CAQ, la réalité environnementale, la réalité, aussi, technique, là, d'un énorme
projet, d'un projet pharaonique comme celui-là. Moi, ma moitié optimiste me
dit : Je pense qu'à un moment donné la réalité va nécessairement les
rattraper, puis je ne suis pas sûr qu'on va voir ça de notre vivant, ce fameux
troisième lien, qui, d'ailleurs, au départ, là, était un simple spin
médiaticopolitique, là, puis qui est devenu une obsession électorale de la CAQ.
Pas sûr qu'on va voir ça de notre vivant. Ma moitié pessimiste me dit qu'on est
devant un gouvernement qui est tellement entêté, qui est tellement idéologique,
qui est tellement déconnecté de la réalité de la crise climatique qu'il y a
peut-être des risques qu'il s'entête jusqu'au bout puis qu'il nous fasse foncer
dans le mur avec lui. Ça fait que j'espère que c'est ma moitié optimiste qui a
raison.
M. Lecavalier (Charles) : Juste
une question sur les lunettes roses. Est-ce que c'est vraiment des lunettes
roses ou, en fait, ces baisses d'impôt là, il y a un sous-entendu dans le
budget que ça va mener à des... disons, à des compressions dans les services?
Puis je vous donne un exemple, là. M. Beauchemin faisait remarquer, il y a
400 millions qui est prévu cette année pour les agences de transport
collectif, là, qui ont des difficultés financières. À partir de l'an prochain,
il n'y a rien de prévu. Ça fait que, si on leur donne de l'argent l'an
prochain, bien, je veux dire, ça va créer un déficit. La négociation dans la
fonction publique, c'est comme si c'est une offre finale. Bon, si le
gouvernement en met un peu plus, ça va encore creuser un déficit, etc. Est-ce
vraiment des lunettes roses ou c'est une stratégie?
M. Bouazzi : Bien, il y a une
partie tout à fait irréaliste, là. Vous avez parlé de transport en commun. Les
400 millions, c'est quand même 170 millions de moins que ce qu'ils demandaient.
Donc, il va y avoir des coupures, en plus, dans le transport en commun, et
effectivement, l'année suivante, on a un problème.
Il y a 9 % d'augmentation sur la
table, sur cinq ans, pour la fonction publique, c'est ça qu'on comprend du
gouvernement. Après, tous les postes qui sont à pourvoir, je ne sais pas est-ce
que vous vous rendez compte à quel point un psychologue est payé dans le privé,
à quel point, dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre, les informaticiens,
les ingénieurs, et puis j'en passe, les enseignants, etc., on a besoin de bien
traiter ces gens-là. Après une inflation assez terrible, on a prévu de les
appauvrir. Et, dans les faits, on nous appauvrit, nous, en tant que société.
Et, en plus de ça, on nous parle de
baisser la dette du Québec jusqu'à 30 %, là — elle est à
37 %, là, dans la dette nette, là, et à 40 % dans la dette brute, là — alors
qu'on a déjà atteint les objectifs qu'on s'était donnés par la loi. Il y a un
côté vraiment idéologique où on veut nous appauvrir. Nos services à nous sont
moins importants qu'une idéologie comptable, franchement, là, qui date des
années 90, là. On est ailleurs aujourd'hui.
M. Nadeau-Dubois : Peut-être
juste ajouter là-dessus. Ce qui est... Et, j'ajouterais, le troisième élément
d'indignation sur les baisses d'impôt, c'est que tout ça est fait au nom de
quoi? Tout ça est fait au nom d'aider les Québécois à faire face à la hausse du
coût de la vie. Mais c'est qui, les Québécois qui ont besoin d'aide pour
affronter la hausse du coût de la vie? Ce n'est pas le monde qui font
150 000 $, 200 000 $, 300 000 $ par année, c'est
le monde en bas de l'échelle puis un petit peu au milieu de l'échelle. C'est ce
monde-là qu'il faudrait aider, et là François Legault fait le choix d'aider le
plus les gens qui ont le moins besoin d'aide et d'aider le moins les gens... bien
non, d'aider plus les gens qui ont le moins besoin d'aide. C'est complètement
absurde, c'est injuste.
M. Desrosiers (Sébastien) : À
ça, le ministre des Finances répond qu'il faut considérer l'ensemble des gestes...
M. Nadeau-Dubois : C'est quoi?
C'est son 39 $ d'aide au logement, ça, l'ensemble des gestes? C'est
complètement...
M. Desrosiers (Sébastien) : ...la
bonification du crédit d'impôt solidarité, la hausse du soutien pour aînés, le
plafonnement de l'indexation des tarifs gouvernementaux, les chèques envoyés
l'an dernier. Est-ce que vous reconnaissez qu'il y a là une aide du
gouvernement pour aider ces personnes-là?
M. Nadeau-Dubois : La pièce
maîtresse, la pièce maîtresse de ce budget-là, la plus grosse... sans doute une
des plus grosses dépenses, c'est... la plus grosse dépense, ce sont ces baisses
d'impôt là, ces baisses d'impôt qui vont aider le plus les gens qui ont le
moins besoin d'aide puis qui vont aider le moins les gens qui ont le plus
besoin d'aide. C'est absurde, c'est injuste, il n'y a aucune manière de
justifier ça. Si on veut aider les gens qui ont vraiment besoin d'arriver, là,
à la fin du mois parce que la facture d'épicerie explose, bien, il faut aider
ces gens-là. Comment on aide ces gens-là? Nous, on a fait une proposition, à
Québec solidaire, de bonifier le crédit d'impôt à la solidarité. Nous, on
aurait aidé beaucoup, beaucoup plus les gens au bas de l'échelle. Mais je suis
désolé, les gens qui font 300 000 $ par année, en ce moment, là, ce
n'est pas eux qui paniquent quand ils voient leur facture d'épicerie, ce n'est
pas eux qui paniquent, puis nous, ce n'est pas ces gens-là qu'on aurait aidés
en priorité.
M. Bouazzi : Juste rajouter
deux points là-dessus, là. Le chèque, il n'est pas récurrent, il est fini. Les
baisses d'impôt, elles sont pour toujours. Ce qu'on voit devant nous qui est
injuste, c'est pour toujours, là. Ça fait qu'il y a un côté quand même... Et
puis, par ailleurs, là, j'ai été dans tous les projets de loi dont vous parlez,
là, les plafonnements, etc., je vous demanderais juste de suivre l'équation
suivante, là. On a décidé d'augmenter l'électricité pour les Québécoises et les
Québécois de 3 %, c'est ça qu'on a fait, là. Aujourd'hui, Hydro-Québec se
fait de l'argent à chacune de nos factures d'électricité. C'est plus de
1 milliard par an pour les particuliers, là, pas dans les contrats
internationaux, etc. C'est qui, qui paie le plus cher son électricité? C'est
les personnes les plus démunies parce qu'elles vivent dans des maisons qui ne
sont pas... qui sont mal calfeutrées, qui ont des problèmes. Ça fait qu'on se
retrouve dans une situation où on a des décisions que le gouvernement nous
passe comme positives qui sont en fait des coûts qu'on fait peser sur les moins
nantis, sur des gens qui vont n'avoir rien comme retour d'impôt, et, de l'autre
côté, cet argent-là, qui devait aller au Fonds des générations, se retrouve à
être redistribué de la manière la plus injuste possible. Hydro-Québec est une
taxe injuste qui a été instaurée par ce gouvernement... renforcée par ce
gouvernement et les hausses de 3 %, et, de l'autre côté, la baisse d'impôt
est injuste, où on redistribue. C'est assez incroyable qu'on vive avec... Je ne
sais pas sur quelle logique cette situation-là participe à aider les personnes
qui en ont le plus besoin.
Mme Plante (Caroline) : J'aimerais
vous entendre sur l'éducation, mais, d'abord, je voulais savoir, il y a des
ministères où il n'y a pas d'augmentation de budget, là, j'y vais un peu de
mémoire, mais l'Emploi, Solidarité sociale, la Justice aussi...
M. Bouazzi : La Justice.
Mme Plante (Caroline) : Oui,
c'est ça. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus...
M. Bouazzi : Bien, encore une
fois, sur la question de la justice par exemple, on sait que ça prend
22 mois en moyenne aux petites créances pour juste avoir un rendez-vous
pour voir un juge. 22 mois, là, pour commencer à avoir justice, là, je ne
comprends pas. Il y a un côté idéologique, là, on nous appauvrit, on ne croit
pas aux services de l'État. Concrètement, là, décider que c'est correct de nous
priver de 2 milliards et d'avoir des ministères aussi importants, par
exemple, que le ministère de la Justice sans plus de fonds, quand on sait qu'il
y a une crise actuellement, il y a un aspect où on veut nous appauvrir, où on
ne croit pas à la mission de l'État, et puis on pense effectivement que c'est
du chacun pour soi et que c'est bien assez comme ça. Dans les faits, là, les
Québécoises et les Québécois, ils ont besoin de services. Ils ont besoin de
pouvoir parler à un juge quand ils veulent avoir justice, ils ont besoin d'une
école où le toit ne coule pas, où il y a des enseignants, ils ont besoin d'une
urgence qui est ouverte. Et c'est ça, notre richesse commune, et, aujourd'hui,
ce gouvernement-là, il nous appauvrit.
Mme Plante (Caroline) : ...à
deux volets. Vous l'avez abordé, là, la vétusté des écoles, on passe de
59 % à 61 % des écoles en mauvais état. Ce n'est pas un peu
décourageant? Est-ce qu'on va inverser la tendance? Puis j'aimerais vous
entendre aussi sur le cours d'éthique et culture religieuse, là, qui va être
reporté d'un an.
M. Bouazzi : Bien, sur les
écoles, vous prenez juste le chiffre de l'année dernière... si on revient à
2018, de mémoire, c'était autour de 46 % pour les écoles secondaires.
Donc, à chaque année, la situation se détériore, là, pour la situation des
écoles qui sont en très mauvais ou en mauvais état. Ça fait que, clairement, les
investissements sont insuffisants. Et la situation ne s'améliore pas avec ce
qu'on voit aujourd'hui. Clairement, la recette qui est mise sur la table ne
fonctionne pas. Et là on parle juste de la vétusté des écoles, là, il y a aussi
le fait qu'on manque d'enseignants.
Il y a aussi le système d'immigration, on
n'en a pas parlé, là, qui est lent, lent, lent. Et puis aujourd'hui, je veux
dire, je parle beaucoup à des gens qui sont les entrepreneurs de PME et qui
sont en souffrance totale par rapport à la pénurie de main-d'œuvre. Ce n'est
pas vrai qu'avec le budget qu'on a, on est en train d'accélérer. Il y a bien
des choses qu'on fait de bien pour intégrer les nouveaux arrivants, et on salue,
mais sur la question des délais qu'on va avoir sur ce ministère-là, on voit mal
comment ça va s'améliorer. Et je rappelle que... et ça, c'est peut-être quelque
chose qui me qui me tient personnellement à cœur, c'est que pour les petites
PME, pour les entrepreneurs, il y a une difficulté énorme de dealer avec toute
la paperasse des travailleurs temporaires que nous propose la nouvelle
politique d'immigration, en fin de compte, de ce gouvernement. Ce que les gens
veulent, c'est des immigrants qui sont ici, qui sont prêts à travailler. Et
puis les petites entreprises ne peuvent pas dealer, là, avec des formulaires à
n'en plus finir pour pouvoir amener des travailleurs étrangers temporaires.
Mme Plante (Caroline) : Le
cours d'éthique et culture religieuse qui va être reporté...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'était la seule décision possible. Une autre illustration d'à quel point la
CAQ essayait de s'entêter dans un projet qui était complètement déconnecté de
la réalité du terrain. Tout le monde sur le terrain disait qu'on ne serait pas
prêts. Ils se sont entêtés jusqu'à la dernière seconde, et là la lumière fut,
ils ont réalisé que ça ne fonctionnerait pas. Ils ont pris la seule décision
possible dans ce contexte-là.
Mme Lajoie (Geneviève) : Sur
le fond, vous êtes pour ou contre ce nouveau cours?
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
en sait encore assez peu, là, sur... On n'a pas toutes les informations sur le
contenu du cours. Je vais vous référer à ma collègue Ruba sur ces enjeux-là, en
détail, je ne sais pas où on est rendus dans le processus exact de définition de
ce cours-là.
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
étiez confortable avec l'ancien cours?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on a
toujours dit que le cours d'éthique et culture religieuse, à l'époque, aurait
pu et devait être amélioré et bonifié pour ajouter des composantes de
citoyenneté par exemple. Ça fait qu'on n'était pas défenseurs du statu quo.
Est-ce que le nouveau cours, où on en est rendu dans son élaboration... Ça, je
vais vous référer à ma collègue Ruba là-dessus, là.
Mme Mignacca (Franca G.) :
On the budget, what would you like to have seen
differently in terms of public transit and mental health specifically?
M.
Nadeau-Dubois :
That budget is completely unfair. It will give more money to the
people that don't need that much help, and it will give less money to the
people that really need some help right now, for example to get by with their
grocery bill. It is completely unfair. If that Government wanted to help
people, they would have helped the people at the bottom in priority. They
decided to do exactly the opposite and to help the people at the top. On the
other issues, I would give my friend Haroun…
M. Bouazzi :
Yes. So, you said about the…
Mme Mignacca (Franca
G.) : In terms of mental health and public transit
as well.
M. Bouazzi :
Yes. So, for the public transit, obviously, the minimum would have been to actually answer the request of the different
cities. They needed 560 million, from what I remember — there is only 400 million
on the table — to
just keep the service as it is. And we know, as an example, in Montréal, all the buses that are supposed to
come every 10 minutes don't exist anymore as a service. It's a terrible
situation. Just three days after the report of the GIEC, it's terrible. Now, if
we were actually on power, obviously, we'd invest more, but this is just less than the minimum of the
minimum.
For the mental health,
let's just remember that people wait between six months and two years to just
talk to a «psychologue». Today, the income in the public sector for the «psychologues»
is just impossible to match what's actually in the private. And putting 15 million
on the table for the entire 8 million of Quebeckers is just not enough. It's time to have a real conversation in
Québec and to invest more, obviously, for our mental health.
Mme Mignacca (Franca
G.) : And if I could quickly just hear from
you, Mr. Nadeau-Dubois, on Airbnbs. We heard the
Premier say yesterday he was ready to work on the issue, following the fire in
Old Montréal. Are you willing to work with him on it?
M.
Nadeau-Dubois :
We will work with them because we've been fighting for this for
years. But what troubles me is that question: Why do we need a tragedy to act?
Why do we need such a terrible event to stand up in front of that corporation?
We should have done this years ago. Amir Khadir, my esteemed former colleague,
tabled a bill in 2017 to ask for exactly what the Government finally accepted
yesterday, which is make Airbnb responsible for the announcements that is on
their own website. California did it. We can do it in Québec. We should have
done it years ago. At least, the Government saw the light on that issue. We will work with them to make that
amendment to the law as soon as possible. We want it to be done before the end
of the parliamentary session.
Mme Henriquez
(Gloria) :
Just
on housing and the housing units that were promised, clearly, municipalities
are very upset, saying it's not enough. What are your thoughts on that?
M. Nadeau-Dubois :
This budget is the end of social
housing in Québec. There is actually no new real social housing units in that
budget. They are going toward the total privatisation of the building of
housing in Québec. This will have… It's not an issue of technocratic things, this
will break the life of thousands of people in the next years, which won't have
a roof over their heads at an affordable price. That's a huge opportunity
missed by the Government. It's unacceptable.
M. Bouazzi : C'est bon?
Mme Henriquez
(Gloria) : Do you want to say something?
M. Bouazzi : No. We're good, yes.
Mme Henriquez
(Gloria) : OK. Thank you so much.
M.
Nadeau-Dubois : Merci beaucoup. Thank you.
(Fin à 9 h 14)