(Huit heures une minute)
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. C'est un plaisir de vous retrouver ce matin. J'ouvre pour Paul St-Pierre
Plamondon cette conférence de presse... ce point de presse.
Parler de l'exercice du budget, qu'est-ce
que ça veut dire pour les gens? Quand on parle de centaines de millions de
dollars, ça ne veut rien dire pour les Québécois. Ces colonnes de chiffres, on
peut les mettre à la fin du budget dans un document en annexe. Ce qu'il faut
être capable d'identifier, c'est qu'est-ce que ça change pour les gens, combien
de nouveaux enseignants, de psychologues, d'IPS, de travailleuses en CPE, d'écoles
qui sont mieux adaptées pour les enfants, d'hôpitaux rénovés, de routes. Il
faut que, concrètement, ça veuille dire quelque chose pour les gens. Il faut
que ces gens-là soient capables de les identifier, puis que l'année d'après,
avant le prochain budget, soient capables de nous dire : Oui, finalement,
ça a donné de quoi. Le reste, ça donne peu de choses. On envoie des centaines
de millions. Après, on tient un cocktail avec des invités, qui, souvent, les
invités, font le cocktail, mais sont quand même fâchés. Il faut que ça ait un
sens, un budget.
Alors, moi, je suis parti du titre choisi
par le gouvernement du Québec, qui est : Un Québec engagé, alors,
on propose une annotation, libre à vous de la reprendre si vous le souhaitez :
Un Québec qui engage des éducatrices en CPE, des professeurs, des psychologues,
des infirmières, des IPS. Un Québec qui engage, c'est de ça qu'on a besoin.
Moi, je l'ai vécu, à Amqui la semaine dernière. On a appris, par exemple :
dans notre communauté — Paul, tu étais là — à 100 kilomètres,
il n'y a aucun service de psychologue, de psychiatre. Il y a un poste qui est
affiché depuis sept ans comme... de psychologue à Matane. Pourquoi? Parce que ce
n'est pas compétitif de venir dans le réseau public. C'est un exemple. Il y en
a combien d'autres? Alors, c'est ça qui est important.
Mais on retient que le ministre des
Finances a appliqué dans son budget tout ce que le premier ministre lui a demandé.
Il a tout mis, notamment des baisses d'impôt, qui, essentiellement, vont
rapporter aux plus riches. Puis, quand on calcule sur une année, pour les gens
qui reçoivent moins, ce n'est pas énorme. Alors, Paul, hier, a indiqué les
choses à améliorer, a parlé de nos propositions, des choses qui sont
intéressantes aussi, et il saura l'exprimer mieux que moi.
En terminant, peut-être rappeler, parce
que c'est moi qui l'ai déposé, une motion concernant l'hébergement touristique
de courte durée, motion adoptée par l'ensemble de l'Assemblée nationale, qui
demande qu'on mette fin, dans les plus brefs délais, à l'offre d'hébergement
illégale. J'ai eu l'occasion d'échanger un peu avec la ministre du Tourisme.
Vous savez que j'ai occupé ce ministère. Je connais par cœur ce dossier. Je
vais le résumer en une phrase : Si les clients sont capables de trouver l'offre
illégale rapidement, je pense que les enquêteurs aussi. Ça fait que moi, j'irais
là, je les identifierais, je donnerais des amendes, puis je les fermerais. C'est
ça, notre plan de match, et je l'ai librement donné à la ministre. Alors, si
elle peut l'appliquer, ça va être bon pour le Québec. Je vous remercie. Je
reviendrai au besoin.
M.
St-Pierre
Plamondon :Bonjour, tout le monde.
Donc, en complément de ce que Pascal vient de dire, évidemment qu'un budget c'est
l'occasion de se poser la question ça correspond à quel objectif, à quelle
vision de société. C'est un budget qui stimule beaucoup l'économie — vous
vous rappellerez qu'en sortie de pandémie on a décidé de stimuler beaucoup,
beaucoup l'économie en investissant énormément en infrastructures — vraiment
plusieurs initiatives pour améliorer la productivité, l'innovation, aider les
entreprises dans leurs grands projets.
Nous, ce qu'on pense, c'est que c'est une
bonne chose de stimuler l'économie, mais que l'économie inclut les questions
sociales. Et c'est là qu'il y a un angle mort dans ce budget, à savoir : Si
on stimule l'économie, mais les parents n'ont pas de place en CPE pour leurs enfants,
ils vont aller travailler comment? S'il y a des problèmes de santé mentale
importants dans la population, de plus en plus de détresse, ça aura également
un impact sur la participation au travail, de la même manière que des familles
qui ne trouvent pas de logement ne pourront pas participer à l'économie de la
même manière que des familles qui, n'ayant pas de soins longue durée, sont mal
pris sur le plan de la santé ou ne trouvant pas, là, de soins de santé. Des
gens qui ne sont pas en santé, qui ne peuvent pas se loger, ne peuvent pas
participer à l'économie.
Donc, on peut la stimuler, cette
économie-là, tant qu'on veut, la question sociale fait partie de l'économie, et
c'est là que, des fois, on a l'impression qu'il y a un engagement fort pour les
questions économiques, mais un désengagement pour les questions sociales, comme
si elles n'étaient pas reliées.
Donc, on a fait nos propositions par
rapport à ce qui pourrait être amélioré. Je fais un point très spécifique que
je n'ai pas nommé hier parce que c'est dans l'actualité ce matin. On apprend
que l'inflation ralentit, sauf dans le panier d'épicerie; 10 %, toujours,
d'augmentation dans le panier d'épicerie. Placez cette donnée-là à côté de la
baisse d'impôt qui profite aux plus riches. Si vous êtes dans le groupe qui
gagne 40 000 $ ou moins, est-ce que les 210 $ que vous avez
obtenus suffiront pour compenser la hausse sans arrêt, là, et très, très
importante du panier d'épicerie, et de l'énergie, et du loyer? La réponse,
c'est non. C'est ceux qui ont obtenu 800 quelques dollars et plus qui,
eux, auront de la facilité à s'adapter à l'inflation.
Mais c'est ça, la problématique des
mesures qui favorisent les plus riches, c'est que, quand on regarde ce qu'on
offre à ceux qui ont le plus de difficultés à rejoindre les deux bouts, dans le
contexte où l'inflation continue... Et je réitère notre proposition là-dessus,
parce que le gouvernement est très timide, il y a un problème de concurrence en
alimentation et on ne fait rien en ce moment, on laisse ce problème de
concurrence là faire les frais du portefeuille des consommateurs, donc un
bureau de concurrence québécois avec des dents. Mais la baisse d'impôt n'aidera
pas beaucoup ceux qui ont le plus de difficultés à faire leur épicerie, à la
lumière de ces données-là. Donc, on réitère nos propositions : bureau de
la concurrence québécois avec des dents puis des mesures qui visent davantage
ceux qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts et non pas les plus
riches. Malheureusement, la CAQ ne nous aura pas écoutés sur ce point-là.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous ne percevez pas, dans ce budget, l'intention du gouvernement d'essayer
de rendre le Québec plus attractif sur le plan de l'emploi en regard des autres
provinces? Parce que, dans le budget, un peu partout... M. Legault en
parle souvent, là, la compétitivité, pardon, avec l'Ontario est marquée, en ce
sens que le Québec est plus... les Québécois sont plus imposés que les
Ontariens. Et donc on n'essaie pas, avec cette diminution du fardeau fiscal,
d'essayer d'équilibrer les choses pour que le Québec demeure attractif sur le
plan de l'emploi?
M. St-Pierre Plamondon : Non.
Moi, je pense qu'il y a une philosophie de la CAQ de baisser les impôts puis de
réduire notre assiette fiscale. C'était dans le programme ou dans la mentalité
de la CAQ depuis longtemps. Quand j'ai posé la question au ministre : Est-ce
que vous anticipez une hausse des revenus de l'État dans la participation du
travail en lien avec la baisse d'impôt?, la réponse, c'est : Non, on
n'anticipe pas ça. Il faut rappeler aussi que le Québec est très attractif en
raison de ses CPE, en raison de services ou de façons de faire au Québec qui
sont différentes du reste du Canada. Non, moi, je pense qu'on est devant une
baisse d'impôt qui, un peu comme les chèques de 500 $, à court terme, peut
être intéressante, mais qui, à moyen et long terme, pose des problèmes de
financement de nos services publics. Mais ça faisait partie de la philosophie
de la CAQ.
M. Bérubé : ...ajouter un
élément en lien avec l'éducation. Il semble que notre nouveau projet de
société, là, sous la CAQ, c'est de ressembler à l'Ontario. C'est ça, notre
modèle maintenant. Je veux bien, mais, si on pousse la logique plus loin,
est-ce qu'on va payer les enseignants et enseignantes du Québec au même salaire
que les enseignants ontariens? Je soumets ça bien humblement, là. On est en
négociation présentement. C'est drôle, le gouvernement choisit à la carte ses
comparatifs. Mais, sur la façon dont il traite les enseignants, vous savez
qu'autour de l'Outaouais, de l'Abitibi, il y a de nombreux enseignants
québécois, je le sais, je suis issu de cette filière, diplômé en enseignement,
qui décident d'aller en Ontario. J'ai plusieurs collègues qui ont choisi, après
le bac, de rester en Ontario toute leur vie, pour leur carrière, pour installer
leur famille. Donc, si c'est le nouveau projet de société, d'être l'Ontario,
bien, qu'on regarde tous les éléments et les contextes qui s'y rattachent.
Alors, je voulais l'indiquer, parce qu'hier c'était frappant. Notre projet de
société, c'est : comme l'Ontario. Regardez, là, Ford, là, c'est à ça qu'il
faut ressembler. Nous, on veut se comparer avec le monde, pas avec l'Ontario.
M. St-Pierre Plamondon : Puis,
si je peux ajouter, juste sur la participation travail, nous, on a proposé des
baisses d'impôt pour les retraités, ciblées pour des retraités qui pourraient
revenir sur le marché du travail. Ça, c'est une mesure qui pourrait vraiment
augmenter la participation au travail. Le gouvernement a décidé de ne pas aller
là. Mais de penser que de réduire d'un point de pourcentage l'imposition, ça va
changer la pénurie de main-d'œuvre ou la participation au travail, c'est une
hypothèse assez fragile, je pense.
M. Laforest (Alain) : ...en
Amérique du Nord, ce n'est pas un problème pour vous?
M. St-Pierre Plamondon : Non.
Moi, je pense que, si on regarde avec les pays de l'OCDE, les pays de l'Union
européenne, il faut regarder quel panier de services pour quel montant. Et je
continue à penser que ce qui distingue le Québec du reste de l'Amérique du Nord
et ce qui doit continuer de nous définir, c'est qu'on a à cœur d'avoir moins
d'inégalités sociales puis plus de services à tout le monde.
M. Laforest (Alain) : Il n'y a
personne qui a diminué le panier de services hier, là.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
oui, mais on entame notre capacité à financer des services publics. Je veux
dire, on peut aller piger dans le Fonds des générations, mais, au final, quand
on réduit nos revenus, on réduit notre capacité à livrer des services à travers
l'État. Ça, c'est officiel.
M. Desrosiers (Sébastien) : Je
comprends que vous dites que le gouvernement aurait pu mettre l'argent qu'il a
mis dans les baisses d'impôt dans les services publics, hein? C'est un peu ce
que vous dites?
M. St-Pierre Plamondon : Voilà.
Exact.
M. Desrosiers (Sébastien) : Mais
cet argent-là, comme le fait remarquer mon collègue, il le prenne dans le Fonds
des générations. Est-ce que vous auriez pris... Est-ce que vous auriez réduit
les versements au Fonds des générations pour financer des services publics?
M. St-Pierre Plamondon : Non.
Donc, il y a une prémisse dans l'action de la CAQ qu'il faut absolument baisser
les impôts. Donc, cette prémisse-là, elle n'est pas confirmée par un paquet
d'économistes qui regardaient l'évolution de notre modèle, regardaient
l'évolution de la dette en fonction du PIB. Il n'y avait pas de nécessité de
faire ça. Est-ce que c'est... À court terme, est-ce que c'est attrayant
électoralement, un peu comme les chèques de 500 $? Sans doute. Est-ce qu'à
moyen, long terme, ça entame notre capacité à soutenir un réseau déjà mal en
point sur le plan de l'éducation, de la santé, de la santé mentale, du logement?
Est-ce que ça limite notre capacité à soutenir ces missions-là? Évidemment, on
vient de se retirer 2 milliards, ou presque, là, de revenus.
M. Laforest (Alain) : Donc,
vous reprocher à la CAQ d'avoir respecté son engagement électoral, sa promesse
électorale, son ADN, qui est la base de l'ADQ, là? Parce que c'est ça qu'ils
ont fait hier, là, ils ont juste fait ce qu'ils ont dit qu'ils feraient.
M. Bérubé : Bien, le contexte
a changé. Si le seuil minimum pour accorder des services aux Québécois, c'est 6 milliards
de dollars qui proviennent d'Ottawa puis qu'on en obtient un, selon mon calcul,
le manque à gagner est de 5 milliards. Ça ne paraît pas puis ça vient en
plus accréditer l'idée que... Et, c'est écrit dans le budget, on va s'acquitter
de toutes nos responsabilités. Donc, vous venez de dire au fédéral que vous
n'en aviez pas besoin, finalement, pour vous acquitter de vos responsabilités
en santé. Deux problèmes avec ça : on n'a pas l'argent puis on vient de
leur dire que, finalement, ce n'est pas grave, on va s'organiser avec un. Ça
envoie un message épouvantable, baisse d'impôt au moment où on demande de
l'argent avec le fédéral. Je ne sais pas qui est le stratège qui a pensé à ça
dans l'entourage du premier ministre, mais ça ne nous servira pas à long terme,
c'est très clair. Puis là ils décident qu'ils vont quand même de l'avant.
Je vais vous dire une autre réalité qui
n'est pas souvent dite. La dernière campagne électorale, pour beaucoup, elle a
été remportée à cause des chèques. Vous demanderez à plusieurs candidats qui
ont été battus qu'est-ce que les gens leur disaient : Qui c'est qui nous
envoie le chèque? Bien, c'est Québec. Là, j'ai l'impression qu'on est encore
dans la même dynamique d'entretenir ça, que c'est le gouvernement qui donne de
l'argent. Tout le monde est pour payer moins d'impôt, mais la responsabilité,
c'est de dire ce que nous disons aujourd'hui. La politique, ça ne peut pas
juste envoyer des chèques pour faire plaisir aux gens, ça doit être aussi de
considérer les services qu'on offre aux plus vulnérables, et à nous, à tout le
monde.
M. Lecavalier (Charles) : Est-ce
que vous trouvez que la mairesse de Montréal exagère lorsqu'elle dit que la CAQ
ignore la crise du logement, n'en fait pas assez? Est-ce que ce n'est pas un peu
facile de la part des maires de toujours en demander plus?
M. Bérubé : Bien, la mairesse
de Montréal, sur l'enjeu du logement social, évoque que ça ne suffira pas. Je
pense, c'est 5 200 le chiffre, je ne suis pas sûr à 100 %, mais je...
Une voix : ...
M. Bérubé : Si j'étais au Price
is Right, j'étais près de monter sur la scène. Oui, alors on est loin du
compte. Puis c'est la demande qu'on a partout. Je veux dire, le gouvernement a
un ministère maintenant qui ne fait que ça, a des leviers, ça stimule...
Stimuler l'économie, stimuler la construction, c'est bien accueilli partout.
Puis loger des gens, bien, c'est non seulement de la dignité, mais une fois que
tu es logé, tu peux commencer à t'organiser pour travailler, socialiser
davantage, c'est bon. Puis qui accuserait le gouvernement d'en faire trop, je
vais poser la question comme ça, en matière d'habitation? Personne. Alors,
manifestement, il y a un blocage. Ils se disent : Il ne faut pas trop en
donner. Mais ça profite à qui, ça? Alors, logement social, pénurie partout au
Québec, la mairesse de Montréal a bien raison de l'indiquer. Puis elle a
tellement raison que je l'ai même retweetée moi-même.
Mme Lajoie (Geneviève) : Sur
le report de l'implantation du cours de culture et citoyenneté québécoise, je
veux vous entendre là-dessus. Donc, c'était supposé de commencer en septembre,
mur à mur, partout, et là, donc, ce ne sera pas ça, c'est reporté d'un an.
M. Bérubé : Bon, alors
pourquoi le cours a été aboli? Bien, humblement, ça faisait partie des
négociations dans le cadre du projet de loi n° 21. Souvenez-vous, j'étais
venu ici et j'avais dit : J'ai demandé au gouvernement du Québec de
l'abandonner. Ils ont accepté. Le premier ministre m'a dit ça en Chambre :
Nous acceptons votre proposition, malgré Jean-François Roberge qui voulait le
garder. Il avait dit, aux Francs-tireurs : Moi, j'ai enseigné ça,
puis ça avait bien de l'allure. Bien, heureusement, ça a été changé.
Quant au report, très bien si on veut que
ça soit fait correctement, mais qu'est-ce qu'il va y avoir dedans? Tout le
monde a des propositions puis embarque ça là-dedans. À un moment donné, ça ne rentrera
plus. Alors, j'aimerais ça, voir quels choix ont été faits. Moi, je n'ai pas de
problème que ça soit retardé d'un an, mais j'aimerais connaître les contenus
avant que ça fasse l'objet d'une annonce. Ça, ce serait intéressant. Et le but,
c'était d'éliminer un ensemble de contenus qui étaient axés beaucoup sur les
religions, qui étaient... qui n'allaient pas dans le sens de la laïcité, qui
exacerbaient des préjugés. C'était ça, l'ancien programme.
Alors, comme nous, on est beaucoup
responsables de l'avoir modifié, au grand dam de Québec solidaire... Je me souviens
qu'une députée, elle avait fait un vidéo pour m'attaquer, en disant : Ça
n'a aucun sens, qu'il ait dit ça. Bien, je l'ai fait pareil, puis je considère
que c'est la bonne chose, au nom de notre formation politique. Donc, ce qui
m'intéresse, pour répondre strictement à votre question, c'est il va y avoir
quoi dedans. Le ministre, il le sait, lui. Moi, je ne le sais pas, puis vous
non plus. Alors, on aimerait le savoir.
M.
St-Pierre
Plamondon :Puis j'ajouterais que c'est
un peu aussi le reflet de notre système d'éducation en ce moment-là,
c'est-à-dire que, si on a de la misère à trouver des enseignants puis à former
les gens dans les matières de base, quand on ajoute de la nouvelle matière,
bien, la capacité du système d'éducation de s'adapter est très mince, parce que
même les missions de base fonctionnent difficilement en ce moment. Donc, c'est
aussi, ce retard-là, le reflet de l'état de notre système d'éducation en
général.
M. Lecavalier (Charles) : ...mais
ce n'est pas un peu particulier de négocier le contenu des cours, comme ça, à
l'Assemblée nationale? C'est ce que vous demandez. Bien, vous voulez avoir le
contenu des cours pour décider si c'est correct ou pas. Ce n'est pas... Il y
a-tu d'autres cours qu'on pourrait faire? L'histoire, est-ce qu'on devrait
aussi négocier le contenu des cours d'histoire à l'Assemblée nationale?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, ce ce n'est pas de
négocier le contenu, c'est que le contenu soit su puis... c'est-à-dire qu'il y
a un débat démocratique sur certains, on ne fera pas le plan de cours de
chaque... mais que le plan de cours soit su, soit connu, puis qu'on sache si de
tels retards ont un lien avec le contenu du cours et/ou le manque de personnel
puis l'incapacité à former les enseignants. Je pense que juste d'avoir
l'information puis le diagnostic, c'est la base.
Mme Plante (Caroline) : Sur
la vétusté des écoles, on est passés de 59 % à 61 % des écoles qui
sont en mauvais état. Est-ce que vous avez espoir... Là, on a lancé plusieurs
millions, là. Est-ce que vous avez espoir qu'on va inverser la tendance?
M. Bérubé : Première
suggestion au ministre de l'Éducation : j'aimerais ça qu'au-delà de la
circonscription, au-delà des écoles préchoisies avec ses collègues de la CAQ,
il visite des écoles cotées 10. 10, c'est l'indice de défavorisation le
plus élevé. Il pourrait aller visiter des écoles dans la circonscription de
Camille Laurin, Paul vous parlera de l'école Trichet, des écoles dans ma
circonscription, ou ailleurs. Les écoles cotées 10, c'est les écoles qui
ont faim, on en a parlé dans les derniers jours, les enfants qui ne mangent pas
à leur faim, qui ne sont pas capables d'étudier. Le gouverneur du Minnesota
vient d'annoncer un programme universel pour tous les enfants, à moins qu'il ne
se retire du programme, pour déjeuner et dîner à l'école. C'est unique en
Amérique. Et qu'est-ce qui empêche le Québec de regarder ça? Moi, à mon époque,
il y avait des berlingots. C'est moi qui allais les chercher.
M.
St-Pierre
Plamondon :Je me souviens des
berlingots.
M. Bérubé : Tu te souviens
des berlingots? Vous?
M.
St-Pierre
Plamondon :Moi aussi, j'allais les
chercher.
M. Bérubé : Ça trahit votre
âge, dépendamment si vous êtes au courant ou pas. Donc, il y a la faim. Ensuite...
Une voix : ...
M.
Bérubé
: On
la trayait. Alors, vétusté des écoles, autre élément : Est-ce qu'il y a
des fonds dans le budget pour s'assurer de l'aération et de la qualité de l'air
dans chacune des écoles du Québec? La réponse, c'est non. Ils espèrent que,
plus le printemps va avancer puis plus ils vont monter les fenêtres, ça va
disparaître. Ça n'arrivera pas comme ça. C'est le deuxième élément. Puis le
dernier : des écoles attrayantes, des belles cours d'école, des gymnases. Je
ne demande pas un lab-école, là, je demande des écoles qui sont attrayantes et
belles, et qui rendent fiers les étudiants et le personnel.
M.
St-Pierre
Plamondon :Mais un exemple concret sur
l'état des écoles, là, donc, dans le cas de... dans mon comté, je vous donne un
exemple, là, Louise-Trichet, donc une école qui est vraiment surpeuplée, et il
y a un projet d'agrandissement qui a été identifié comme étant nécessaire
autour de 2016. Autour de 2018, on s'est dit : Il faut vraiment faire cet
agrandissement-là, et là la demande est envoyée au ministère. Et que fait le
ministère? Bien, il pellette par en avant constamment, de sorte qu'en date
d'aujourd'hui il n'y a toujours pas d'appel d'offres pour l'agrandissement. Et
moi, je suis allé visiter cette école-là, et vraisemblablement il n'y a pas de
place, il y a beaucoup trop d'élèves pour l'espace. Et également il y a la
qualité, là, des installations. J'ai interpellé personnellement Bernard Drainville
là-dessus. Je dépose aujourd'hui une pétition. Donc, on va voir si... ce genre
de dossiers, qui, sous la CAQ, en près de cinq ans, ont été souvent pelletés
par en avant, on va voir si, concrètement, ils débloquent par des gestes
concrets, comme un contrat qui est octroyé, puis un engagement dans le temps à
livrer ces rénovations-là. Mais ça n'aura pas bougé beaucoup au cours des cinq
dernières années. Donc, tant qu'on n'aura pas vu de résultats concrets, on va
demeurer aux aguets.
M. Desrosiers (Sébastien) : Rapidement,
sur le projet de troisième lien. Il n'est pas chiffré dans le budget. De ce
qu'on comprend des propos du ministre Julien, c'est pour ne pas nuire aux
appels d'offres à venir. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Bérubé : On salue Éric
Caire.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Une voix : C'est votre
réponse?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non, mais c'est... Moi, je me suis permis, hier, de féliciter le gouvernement
de ne pas avoir chiffré à nouveau le troisième lien. C'est une boutade, mais ça
n'en est pas une, parce que c'est un geste politique. De toute évidence, il n'y
a pas d'intention, là. Quand on n'est même pas capable de projeter dans le
temps, dans le PQI, un projet aussi... qui a fait autant... qui a pris autant
d'espace médiatique que celui-là, c'est qu'on n'a pas l'intention de procéder,
ce qu'on a prédit à plusieurs reprises, hein? Donc, je les encourage à
continuer à ne pas le budgéter.
M. Bérubé : Je vais annoncer
notre motion du jour, le menu du jour.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
la motion.
M. Bérubé : Alors, ce qu'on a
comme motion du jour aujourd'hui, c'est une position unanime de l'Assemblée
nationale sur un rapport d'impôt unique et prérempli pour certaines catégories
de personnes. Ottawa vient de faire le débat et on le réitère avec le nouveau
mandat du gouvernement de la CAQ. On nous dit qu'ils ont des discussions à
l'intérieur. J'espère que la position tient encore. Il semblerait qu'il y a de
la résistance à Jonquière, c'est ça qu'on nous a dit. Donc, on va tester ça ce
matin. C'est une position importante parce que ça fait partie de comment on
réduit l'administration, on réduit la paperasse. D'ailleurs, vous savez que le
gouvernement a une politique de si tu rajoutes une règle, tu en enlèves une
ailleurs. Un jour, je vous invite à questionner là-dessus. Je ne suis pas sûr
qu'il y en ait tant que ça. Donc, notre motion sur un rapport d'impôt unique
ferait sauver énormément, énormément d'argent aux Québécois, et de temps, et
qui serait prérempli pour, notamment, des gens qui ont des prestations fixes. Je
trouve, c'est une bonne proposition. Donc, on l'amène ce matin puis on a bon
espoir que ça fasse l'unanimité. Ça sera notre motion.
Le
Modérateur :
En
anglais.
Mme Greig
(Kelly) : ...some of the reaction that are
seen from the budget about the tax cut. A lot of people are happy there's tax
cut. They've been waiting a long time for it. Do you think this was the right
time for it?
M. St-Pierre
Plamondon :
Well,
we don't think that we needed to do such a tax cut, especially in the context
where it helps people who don't have any financial problems in the context of
inflation. We learn this morning that the inflation at the grocery store is
still at 10%. So, how our low-income persons or families are going to cope with
such an important inflation with a tax cut that is worth $200? So, I don't
think it's a good public policy in the context where we still have many
problems with our health system, education, we can't provide housing for
everyone. And we're talking about the economy all the time, but we're
underestimating the fact that, if people are not in good health, cannot send
their kids to CPE and don't have housing, well, their participation to our economy
will be inexistant. And it's, on top of that, most importantly, very unfair.
So, that's not the orientation we think we should have.
Mme Greig
(Kelly) : I know there's a lot of criticism,
but what were you happy to see in the budget?
M. St-Pierre
Plamondon : Well, there were a few things like
the IPS clinics. So, I think, there's a good initiative there to provide us
with a better first line of health services. We're happy to see Télé-Québec
have their own made in Québec education TV show for kids. I was criticized
because it seemed that I wanted to stop and forbid the «Pat'Patrouille»…
the PAW Patrol to be on Télé-Québec, which was
not the case, but I think that's a good initiative to really provide our kids
with high education and quality products made in Québec. I think that's going
to be good.So, there are many
things. One of the great things is that the «troisième lien», the third link in
Québec is still not budgeted. And that's a political decision. And we encourage
the Government not to make any budget for that project in the future, keep
going like this, because it's not a good project.
Mme Mignacca (Franca
G.) : You also mentioned subsidized day-cares.
What would you like to have seen done differently in the budget on that front?
And why is that such an issue on to you?
M. St-Pierre
Plamondon : So, if you care about the economy,
you want each parent to be able to go to work. What are we doing right here?
We're switching 5,000 places that already exist as a private day-care to
subsidized day-care. So, it's not going to change the offer, the number of places, whereas we had budgeted one
place in CPE guaranteed for each parent for social reasons. But it has an
economic impact, obviously, if your parents cannot go to work right now. So,
you can throw hundreds of millions in stimulus and packages to help your
economy going, if people can't work because you didn't care about the social
issues that are real problems in people's lives, well, the result from an
economic standpoint will be disappointing. We think we should do it for human
reasons, because we care about our people, but it's also an economic topic, and
I think it's the blindside of that budget.
Mme Mignacca (Franca
G.) : And can we hear from you,
Mr. Bérubé, on Airbnb, what you're…
M.
Bérubé
: Well, I used to be Minister of Tourism in the Marois Government. And I talked yesterday with
Minister Caroline Proulx.
Basically, what we have to do is make sure that we get rid of those illegal
offers in small-term hospitality. If the costumers can easily find a lot of
illegal offers in Old Montréal,
I guess that the people in charge about investigation can find those offers
pretty easily. So, this is a proposition: you look on the Web, you see the
illegal offer, you go there, you give... you ask them to stop doing it, that's
all, easy to do. They can hire a lot of people to do investigation.
And it's about equity, we
are in a housing crisis right now — we can say the word with the Parti québécois — it's about security, it's about
fiscal equality. Hotels paying big tax, not those illegal Airbnb, or other
platforms as well because there's other than Airbnb, so. We can start with Old Montréal and get rid, easily, in a few
weeks, of all the illegal offer. If you want to make sure that you're legal,
you put the number of your registration, a picture of it, and that's all, but
not in Old Montréal.
M. St-Pierre
Plamondon : If I may, on that topic, I mean,
we know we have a housing crisis for many years now. And I was listening
yesterday, in the salon bleu, and the Government was talking as if it was never suggested or never said publicly
that we should really act upon the way Airbnb operates. I find it so
unacceptable that we pretend right now that, oh, we just had the idea that we
should investigate and forbid illegal Airbnb offers. I mean, it's been said,
it's been disregarded by the Government. And, on top of that, we've disregarded rules about safety and fire
hazard, and it cost lives of people. So, I mean, somebody needs to be
responsible here. It can't be that a government is only about commenting what's happening as if they were not in
charge and not responsible for situations like that. They are responsible
because it's been proposed on many occasions, by many parties, and they really
disregarded that issue about Airbnb. And then, there's also the issue: How can
we have... how can we disregard safety rules and fire hazards regulations to
the point where people die? I don't get it. I don't accept that.
Mme Henriquez
(Gloria) :
Just
on housing, the minister... the mayor of Montreal came out saying that it was a
huge missed opportunity to, you know, tackle the housing crisis in Montreal.
She's holding a press conference today. What do you think about the provisions
in the budget on that topic?
M. St-Pierre
Plamondon :
Well,
it's really the blind side, the weak point of the budget. It's a budget that is
really oriented towards stimulating the economy, but if people cannot find
housing, they will not participate in the economy. It's that simple. So, we're
talking about 5,000 units. We thought, during the campaign, that 35,000 units
was a strict minimum. And it's not enough. As of today, because of Roxham road,
because of demographic factors and what we can measure, even 35,000 wouldn't be
sufficient. And you look at the budget, there's something next year in
AccèsLogis, and then there's nothing. So, there's an intention not to take care
of that issue. And it's a fundamental issue in the Maslow's pyramid. You can't
find anything more fundamental than housing. So, it's a moral problem and it's
an economic problem. Even if you care only about the economy, how can you
participate in the economy if you don't have housing, if you don't have health
care and if your kids cannot go to a day-care? How can you work? How can you
participate? So, those issues are weak, I think, in the budget.
(Fin de la séance à 8 h 32)