(Huit heures trois minutes)
M. Arseneau : Alors,
bonjour, tout le monde. Je voulais d'entrée de jeu signifier la solidarité qu'on
veut exprimer aux travailleurs de l'information, des coops d'information, dont
plusieurs perdront leur emploi avec les décisions qui sont prises de cesser la
publication des versions papier. Je pense qu'encore une fois, là, on voit les
difficultés qui sont gérées par les entreprises d'information, alors que, comme
on le voit depuis des années, les revenus publicitaires fondent. Et tout ça
découle évidemment du fait que les grands réseaux, les GAFAM, en fait, les
entreprises numériques vont chercher la part du lion et qu'ils n'ont pas à
payer leur dû. Les gouvernements n'ont pas agi à cet égard, et je pense qu'il
faut encore une fois de plus, là, relever le fait que c'est l'absence de
réglementation puis de taxation qui entraîne des difficultés à nos médias qui,
eux, nous alimentent en informations factuelles, vérifiées et crédibles.
Je voulais mentionner que ce matin nous
allons déposer une motion pour demander au gouvernement de prêter une oreille
attentive et prendre acte des revendications des étudiants et des étudiantes de
l'UQAR qui réclament que les stages soient rémunérés, des stages obligatoires.
Il appert que les étudiants qui doivent faire des stages dans les entreprises
privées, souvent, sont rémunérés, mais que le secteur public, lui, ne rémunère
pas les stages. Donc, le gouvernement ne reconnaît pas la valeur, justement,
des stages, alors que plusieurs de ces professions-là pour lesquelles on est en
recrutement, en pénurie de main-d'œuvre, plusieurs de ces postes-là sont
souvent à prédominance féminine. Il y a un coup de barre à donner, et je pense
que les revendications des étudiants sont légitimes. Le gouvernement doit les
entendre et véritablement, là, faire preuve d'ouverture. Au-delà des bourses
qui peuvent être données, ces étudiants-là s'endettent, s'appauvrissent avant
d'atteindre le marché du travail. Et je pense que le mouvement... la
mobilisation actuelle, bien, elle doit être écoutée si on veut véritablement
redresser nos systèmes publics, que ce soit en éducation, que ce soit dans la
santé et les services sociaux et les autres secteurs également.
Dernier sujet, qui est aussi d'importance,
on a un article fouillis aujourd'hui sur la question du transport aérien
régional, et je me permets de mentionner que la situation n'a jamais été aussi
catastrophique dans l'ensemble des régions du Québec. Et on ose encore dire, au
gouvernement, que le programme des billets à 500 $ est un succès. Alors,
j'espère bien que le Comité permanent sur le transport aérien qui a été mis en
place, qui s'est réuni un peu, là, sans qu'on sache quels étaient ses
objectifs, s'est réuni en début de semaine. Elle se donne deux ans pour trouver
des solutions. Évidemment, là, les régions ne peuvent pas attendre tout ce
temps-là. Il faut que, d'ici les deux prochains mois, le gouvernement arrive
avec des solutions, là, structurantes pour le transport aérien régional. Alors,
là-dessus, je suis prêt à prendre vos questions.
Mme Lévesque (Fanny) : ...député
des Îles-de-la-Madeleine, c'est un sujet que vous connaissez, le transport
aérien. Quand vous dites que ça n'a jamais été aussi pire, en fait, que c'est catastrophique,
vous vous basez sur quoi?
M. Arseneau : En fait, sur une
expérience empirique à chaque semaine, sur des dizaines et des dizaines de
témoignages de gens qui nous disent qu'essentiellement le service n'a jamais
été aussi peu fiable. Les vols sont constamment retardés, annulés. Il y a des
bris mécaniques à répétition. En fait... du moins, c'est les excuses qui sont
données. Les gens doivent se déplacer pour toutes sortes de raisons pour le
travail, pour obtenir des soins de santé.
Maintenant, les gens qui doivent, par
exemple, aller à Québec pour obtenir des traitements ou des examens doivent
partir deux, trois jours à l'avance. Et même là, on n'est pas sûr de pouvoir se
rendre parce qu'il y a souvent des congestions. Une fois qu'on a mis en place
les services, là... disponibiliser les avions surtout, bien là, il y a la
météo, il y a les pénuries de pilotes, ce qui fait qu'il y a comme une cascade
d'événements qui font que, si on a une alternative, comme à Sept-Îles, comme à
Gaspé, bien, on ne prend plus l'avion. Puis aux Îles-de-la-Madeleine, bien, la
seule alternative, c'est de prendre le traversier, ce qui va entraîner
évidemment des délais beaucoup plus longs. Donc, on doit partir très longtemps
à l'avance avec ce que ça comporte aussi de dépenses supplémentaires. Donc je
pense que le gouvernement doit vraiment regarder la situation de plus près.
Et ce qui est étonnant, c'est qu'avec la
table de concertation qu'on a mis en place... Puis on avait demandé d'être
présents, on nous a exclus, les porte-parole de l'opposition, mais surtout, on
a... sur les 16 membres du comité, il y en a six qui représentent les
transporteurs. On se demande comment on va trouver des solutions, là, en dehors
de la boîte, si on veut, si ce sont les transporteurs qui justifient leur
service qui est actuellement, là, sous standard. Moi, je pense qu'on ne peut
pas être juge et partie dans ce dossier-là. Que les transporteurs fassent
partie de la solution, bien entendu, mais qu'on puisse porter un regard
objectif, neutre et indépendant, c'est ce qui prime, puis qu'on le fasse
rapidement.
Mme Lévesque (Fanny) : ...qu'ils
devraient être exclus de la table?
M. Arseneau : Bien, en fait,
moi, je ne vois pas ce qu'ils vont apporter comme solution à leurs propres
turpitudes dans la livraison des services de transport aérien. Moi, je pense
que le comité aurait dû être constitué de gens qui sont... en fait, qui sont là
pour livrer des services ou répondre aux attentes des citoyens et aller chercher
l'information des transporteurs, oui, mais aller chercher aussi des solutions
qui peuvent être à l'extérieur de ce que les transporteurs peuvent faire valoir
pour leurs propres intérêts.
Mme Lévesque (Fanny) : Rapidement,
si vous avez une solution à identifier dans deux mois, ça serait laquelle?
M. Arseneau : Bien, en fait,
je pense qu'il faut que le gouvernement y mette des sommes importantes. Je
pense qu'il y a des solutions qui avaient été déposées au cours des travaux du
groupe d'intervention. On pouvait aller par appel d'offres, par exemple. On
avait des solutions par la mise en place d'une coopérative qui voulait
développer des services complémentaires en augmentant l'offre. On a également
un service de coopérative de transport aérien dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean,
auquel on a tout simplement coupé l'élan. Alors, je pense qu'il y a des
solutions, mais actuellement, ce qu'on dit, c'est qu'on va se donner deux ans
pour y réfléchir. Ce n'est pas un comité de réflexion qu'on veut, c'est un
comité d'action.
M. Bellerose (Patrick) : Ce
matin, il y a le directeur exécutif des Chantiers Chibougamau qui lance la
réflexion, qui lance l'idée en disant : On fait venir beaucoup de
travailleurs manufacturiers, désormais de l'étranger, des travailleurs temporaires,
peut-être qu'il faudrait abaisser les exigences de français pour les garder à
plus long terme... la résidence permanente. Souvent, c'est des gens qui ne vont
pas nécessairement avoir acquis un niveau de français assez élevé pour avoir le
niveau 7, nécessaire pour la résidence permanente. Est-ce que c'est un
débat qu'on devrait avoir? Est-ce qu'on devrait changer les normes pour la
résidence permanente?
M. Arseneau : Ah!
l'acquisition du français, la francisation des travailleurs, c'est non
négociable. S'il y a des problèmes en matière de francisation, c'est au
gouvernement d'intervenir plutôt que de faire des publicités, là, gentilles ou
drôles sur la langue, de former des comités bidon puis de revenir sur un projet
de loi qui ne remplit pas l'objectif de contrer le déclin du français. Je pense
qu'on peut agir en matière de francisation. J'ai des exemples, à Gaspé, où il y
a 250 travailleurs philippins qui ne peuvent pas avoir une francisation
adéquate parce qu'ils ont des horaires de travail qui ne conviennent pas aux
exigences, là, du ministère de l'Immigration concernant les cours de
francisation qui doivent se donner dans un cadre très, très technocratique.
Donc, il n'y a aucun ajustement de ces cours de français là pour les
Philippins, qui, eux, veulent s'intégrer. Puis c'est ça, l'élément clé. Ce
qu'on veut, ce n'est pas simplement d'avoir une relation utilitaire avec les
employés qui viennent de l'étranger, mais vraiment, là, un accueil, une
intégration, et ça passe par une compréhension de la langue, et de la culture,
et du peuple avec qui on est en interrelation.
M. Bellerose (Patrick) : Vous
croyez que tout individu peut apprendre ce niveau de langage là dans une langue
seconde, en quelques années, d'arriver à un niveau 7 où on maîtrise le
subjonctif puis les propositions?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
moi, je pense que, si on ne met pas les efforts actuellement pour la
francisation, on a les résultats, évidemment, conséquents. D'abaisser les
standards, ce n'est pas une solution. Je pense qu'on peut être compétitifs. Je
pense qu'on peut favoriser l'intégration et que c'est un devoir de la société
québécoise. Et là-dessus, moi, je n'ai vraiment aucune espèce d'ouverture à ce
que l'on repousse ces délais-là. Je pense que c'est les efforts de la société
d'accueil qui doivent être augmentés.
M. Bellerose (Patrick) : ...des
gens au profit de l'Ontario, des gens qu'on fait venir, qu'on réussit à
intégrer pendant deux, trois ans, peut-être quatre ans, et qu'au moment de la
résidence permanente, qui quittent vers l'Ontario? Parce que c'est plus facile
d'apprendre l'anglais, qu'on le veuille ou non.
M. Arseneau : Bien, écoutez,
on n'aspire pas, comme Québec, à devenir l'Ontario. Alors, moi, je pense qu'on
a une offre distinctive qui passe notamment par notre culture, notre langue,
notre façon d'être. Et c'est un ensemble de conditions d'accueil qu'on offre.
Et, si les gens choisissent d'aller ailleurs, on peut reconnaître que c'est un
libre choix, mais, à partir du moment où on les accueille, il y a un certain
nombre de conditions à remplir et il y a un certain nombre d'efforts à
déployer. Moi, je pense qu'on peut en faire davantage.
M. Lacroix (Louis) : Hier, le
ministre Dubé a laissé... bien, en fait, il vous a présenté son projet de loi
avant de faire la... Et, en conférence de presse, il a dit qu'il y avait... que
ça semblait avoir été bien reçu par les partis d'opposition et qu'il était
confiant qu'il allait avoir du travail constructif fait en commission
parlementaire pour notamment l'étude article par article. Il a même dit que,
dans un monde idéal, ce serait fantastique si c'était adopté dans la session
qui vient. Est-ce que vous allez offrir votre collaboration à M. Dubé?
M. Arseneau : Bien, je dirais
que, dans un monde idéal, on aurait atteint l'objectif d'un temps d'attente à
90 minutes dans les urgences avant le triage. Puis, pourtant, le temps
d'attente, il est encore 3 heures, 3 h 30. On n'est pas dans un
monde idéal. Est-ce qu'on va être constructif? Tout à fait. Est-ce qu'on a eu
une bonne rencontre avec le ministre? Oui, dans la mesure où il nous a fait une
présentation d'environ 45 minutes sur ses intentions puis sur certains
éléments, là, de façon générale, de son projet de loi. On l'a écouté avec
courtoisie et on a posé un certain nombre de questions, en sachant qu'on aurait
une séance de breffage plus importante, plus approfondie d'ici les prochains
jours. Donc, la rencontre a été faite en toute courtoisie.
Est-ce que nous, on accueille l'ensemble
de l'oeuvre de façon positive? Bien, pas vraiment, dans la mesure où on voit
que l'esprit du projet de loi, ce qu'on dénote, et c'est la principale faille
que l'on y voit, c'est qu'on présente ça comme un projet qui va permettre une
gestion de proximité, une plus grande imputabilité, alors qu'on décèle
exactement le contraire, c'est-à-dire que, pour l'imputabilité, le
gouvernement, le ministre dit : Moi, je vais confier les opérations, la
conduite des opérations à un groupe de gestionnaires «top guns» issus du privé,
et, pour ce qui est de la gestion de proximité, on va nommer des directeurs un
peu partout, là, où on les avait fait... des gestionnaires locaux. Et là, pour
nous, en fait, nommer des gestionnaires qui ne dépendent plus d'un conseil
d'administration élu ou d'un conseil d'administration, mais qui dépendent
plutôt des gestionnaires de Québec, c'est le plus grand projet de
centralisation du système de santé qu'on n'a jamais vécu. Et la question qui se
pose, c'est : Quelle sera l'écoute que ces gestionnaires auront par
rapport à l'expérience des usagers, des patients, des communautés, des
intervenants locaux, du personnel, évidemment, alors qu'ils seront
essentiellement les exécutants des gestionnaires de Québec qui n'ont pas
d'imputabilité politique.
M. Lacroix (Louis) : Mais
l'idée de regrouper 136 unités syndicales en quatre accréditations
syndicales, est-ce que... pour permettre justement la mobilité du personnel en
santé, est-ce que ça, vous trouvez que c'est une approche qui est intéressante?
M. Arseneau : Bien,
l'approche de pouvoir favoriser la mobilité du personnel, des professionnels en
soins, nous, sur le principe, on est d'accord, dans la mesure où il n'est pas
logique de ne pas reconnaître qu'une personne a travaillé dans le réseau de la
santé du Québec aux Îles-de-la-Madeleine ou à Québec ou au Saguenay, et que, du
jour au lendemain, parce qu'on a des besoins ou parce... dans un établissement
d'une autre région ou parce qu'on a le goût de déménager, ou parce que son
conjoint, sa conjointe a décidé ou a dû changer d'endroit, qu'on prive
essentiellement ces gens-là de tout le bagage qu'ils ont accumulé dans le
réseau et pour faire valoir leurs droits et pouvoir, donc, contribuer aux soins,
il y a quelque chose là qui est aberrant. Alors, qu'on le règle sur le plan
global, moi, je suis d'accord, on est aussi dans l'obligation d'aller chercher
les employés qu'on a perdus aux dépens de la main-d'oeuvre indépendante des
agences. Et, si on veut les faire réintégrer les réseaux, si on nie toute
l'expérience qu'ils ont ou qu'elles ont acquise, bien évidemment, on
n'atteindra pas nos objectifs. Donc, il faut trouver la mécanique pour pouvoir
respecter cette ancienneté-là.
M. Laforest (Alain) : ...traditionnelle
de tous les gouvernements, le gouvernement Marois le demandait, faire
reconnaître le chantier maritime Davie comme un chantier naval canadien. C'est
sur le point d'être fait. Est-ce que le gouvernement du Québec doit payer pour
la modernisation, là, pour que Davie puisse enfin avoir des contrats du fédéral
pour des brise-glaces ?
M. Arseneau : Bien, je n'ai
pas l'information à savoir quelle est la nature ou l'ampleur de la demande du
chantier maritime Davie, mais que le gouvernement du Québec appuie les
chantiers maritimes et le développement de cette filière-là, ça me semble être
un investissement qui est profitable pour le Québec. Tout à fait. Alors, moi,
je dis que, oui, le gouvernement doit accueillir la demande du chantier
maritime parce que c'est un secteur industriel dans lequel le Québec a perdu
des plumes ces dernières années. Si on peut se réinstaller comme un leader, je
pense que le gouvernement a un rôle à jouer, oui.
M. Bossé (Olivier) : ...les
propriétaires de résidences des personnes âgées qui ferment leur résidence
parce que ce n'est pas assez payant puis ils aiment mieux... pour des condos ou
des choses comme ça. Qu'est-ce qu'on fait avec ça ?
M. Arseneau : Mon Dieu! Ce
dossier-là, je pense que le gouvernement a encore un rôle à jouer,
particulièrement pour les plus petites RPA. Ce n'est tout simplement pas
rentable. Vous avez raison de le mentionner. Moi, je le vis chez nous, il y a
trois RPA, et il n'y a pas d'alternative. Les trois sont en déficit. Les trois
risquent de fermer et ils attendent un geste fort du gouvernement parce que
c'est de l'hébergement, quand même, de personnes âgées qui n'ont pas d'autre
option. Et ils n'ont pas de... je dirais, de source de revenus autre que celles
qui proviennent des usagers, qui n'ont pas souvent les moyens de payer
davantage. Alors, moi, ce que je pense que le gouvernement va devoir faire
éventuellement, c'est accorder un montant minimal pour que ces organisations-là
puissent passer au travers des...
M. Bossé (Olivier) : Aux
propriétaires ou aux résidents ?
M. Arseneau : Bien, en fait,
que ce soit à travers les résidents ou les propriétaires, si ce sont... Par
exemple, chez nous, ce sont des organismes sans but lucratif. Qu'on ait une
aide directe pour soutenir et équilibrer les budgets, moi, je pense que ce
serait possible de le faire. Si ce sont des entreprises privées qui rendent des
comptes puis qui peuvent ouvrir leur livre et qui sont effectivement dans une
situation de déséquilibre financier, je pense que le gouvernement doit
envisager cette possibilité-là, oui.
M. Duval (Alexandre) : ...sur
le projet de loi n° 15, vous dites que ça va créer plus de centralisation,
centralisation jamais vue. Est-ce que c'est-à-dire que Santé Québec, une agence
distincte du gouvernement, ça n'est pas une bonne idée, selon vous?
M. Arseneau : Bien, quelle
est la valeur ajoutée d'une société d'État qui veille aux opérations du système
de santé? Moi, je peine à voir qu'est-ce que c'est que ces gestionnaires-là
vont apporter de plus que les gestionnaires actuels du système de santé. On n'a
pas fait la démonstration que les problèmes dans les urgences, le problème de
distribution des ressources puis d'opérations, essentiellement, ça découlait du
fait que le système de santé et ses gestionnaires sont sclérosés puis sont
incapables de mettre en place des solutions. On nous fait miroiter, et je pense
qu'il y a un côté idéologique à ça, le fait que, parce que ce sont des gens qui
vont être recrutés dans l'entreprise privée, qu'on va pouvoir utiliser une
espèce de nouvelle méthode Toyota pour pouvoir magiquement... pouvoir mieux
faire fonctionner les systèmes qui demeurent, là. Il n'y a pas...
M. Duval (Alexandre) : Je vous
demande juste, sur le fond...
M. Arseneau : Sur le fond,
oui.
M. Duval (Alexandre) : ...est-ce
qu'à la base, vous vous opposez à ce principe-là, de Santé Québec, agence
distincte du gouvernement?
M. Arseneau : Je dirais que
c'est difficile de dire qu'on s'oppose à cette structure-là parce qu'à l'heure
actuelle, moi, je n'ai pas eu le temps de voir quelle est la valeur ajoutée. Je
questionne le fait qu'on mette en place une nouvelle structure. Est-ce que,
fondamentalement, on aurait pu faire les mêmes changements sans cette
structure-là? J'ai l'impression que oui, à l'heure actuelle. Est-ce que je suis
contre ces structures-là? On ne m'a pas fait valoir que la structure elle-même
allait donner des résultats pour les...
Journaliste : Comment est-ce
que vous entrevoyez vos accès à Santé Québec, comme parlementaire? Comment
est-ce que vous entrevoyez vos accès à Santé Québec, comme parlementaire? Je veux
dire, Hydro-Québec, je pense, c'est une fois par année en commission
parlementaire qu'on les entend.
M. Arseneau : C'est
exactement la question qu'on se pose. Quand le ministre dit : Bien, moi,
je ne suis pas là pour éteindre des feux, mais qui est là pour éteindre les
feux? Puis, si on confie le soin à Santé Québec et à des gestionnaires issus du
privé, qui n'ont pas habituellement dans leur culture d'entreprise cette espèce
d'impératif de rendre des comptes à la population, bien, qui va rendre des
comptes à la population? C'est ça, la question qu'on se pose. Et, si on doit
avoir une agence qui, une fois par année, vient comparaître dans un format
comme une commission parlementaire pour rendre des comptes sur, je ne le sais
pas, moi, leur gestion de fonds publics, bien, ça ne rend pas le système plus
imputable puis ça ne donne aucune garantie que les patients, les usagers, les
communautés vont pouvoir se faire entendre et améliorer leurs services. C'est
déjà une perte monumentale, ce qu'on a fait avec le projet de loi n° 10,
d'éliminer la démocratie, là, et le vote des administrateurs pour chacun des
établissements. Là, on a transformé ça, dit : Bon, la population n'a plus
à nommer ces gens-là, là, comme leurs représentants, on va maintenant avoir le
ministère... le ministre qui nomme ces gens-là. Maintenant, on dit : On ne
va même pas avoir un conseil d'administration, on va avoir un seul conseil
d'administration pour l'ensemble du Québec et des conseils d'établissement. Puis
les conseils d'établissement n'auront aucun pouvoir, aucune écoute de la part
des P.D.G., qui vont tout simplement rendre des comptes à leur propre P.D.G.,
qui va venir comparaître une fois à l'Assemblée nationale par année ou par deux
ans, puis on va pouvoir lui poser, pendant trois minutes, un certain nombre de
questions. Moi, je pense qu'il va y avoir... les risques, en fait, que je vois
à l'heure actuelle, c'est que le système de santé n'ait plus des comptes à
rendre à personne.
M. Bergeron (Patrice) : Juste
pour clarifier, là, sur l'échéancier, là, vous pensez que c'est vraiment
possible pour juin, là, de le faire adopter, ce projet-là? 1 180 articles, là, vous, comme
parlementaire, vous trouvez que ça va se faire ou ça serait plus pour l'automne
ou...
M. Arseneau : Moi, je ne
pense pas qu'on va pouvoir passer au travers de 1 200 articles
avant la fin de l'année. C'est mon opinion là-dessus. J'espère que le ministre
va nous donner tout le temps d'aller au fond des choses.
Une voix : ...
M. Arseneau : Ah non! De
l'année, de l'année, de l'année de calendrier, là, en fait, de la session
d'automne. Je ne vois pas comment on peut passer...
M. Laforest (Alain) : Donc,
ça ne serait pas en 2023?
M. Arseneau : Bien, moi, je...
on peut espérer que ça se règle en 2023, d'ici la fin de l'année 2023,
mais pas d'ici la fin de la session de juin, là. Tu sais, ça me semble impossible.
Journaliste : Très, très vite
sur la rémunération des stages...
M. Carabin (François) : Qu'est-ce
que vous demandez exactement? Non, mais ça va...
M. Arseneau :
Que le
gouvernement rémunère les stages dans le secteur public chez les... pour les
étudiants et toutes disciplines confondues.
M. Spector
(Dan) : Who would you choose to head up Santé
Québec if you were a Health minister, what kind of person?
M. Arseneau : I don't think I would choose to create Santé Québec and I wouldn't
choose, you know, to have someone from the private sector, you know, very well
paid as a solution for all of the Québec health
network's problem. I think there's a bit of a magical thought in this idea or
ideology. And it's a marketing campaign as well to say : Well, you know,
our public system has so many problems that the solution will be coming from
the private sector. The private sector is part of the problem, it's not
necessarily the solution. And that's what they want to convince the public that
there is a solution through the private sector and the private management of
the public sector. I don't agree with that.
M. Spector (Dan) : Do you feel like just, you know, having
been presented this gigantic thick legislation and having all these kinds of
conceptual promises made by the Minister yesterday, like, do you feel like it's
all a bit abstract at this stage, like it's… Is it hard to imagine how it's all
going to come from the presentation to the result?
M. Arseneau : Yes. It's abstract or it's very, very much about selling this idea
that it's going to work better through, you know, a change in the management
and in, you know, the structure. It's very well presented in terms of image and
in terms of marketing, but it doesn't have a very strong factual basis upon
which you can say : Well, this is really going to change. There are a
couple of things, for example, when they talk about… what do you call
«ancienneté», you know, the…
M. Spector (Dan) : Seniority.
M. Arseneau : ...the seniority, you know, this is concrete, but is it at all
related to the reform? In other words, you know, do you need this huge bill to
solve the problem of seniority? Is it necessary to table this bill in order to
make sure that specialists will have a responsibility towards the population in
all of the regions of Québec.
And even the reaction of the specialists, you know, doctors was that, you know, this matter could be solved
without the bill. So, the concrete solutions for emergency long waiting list or
surgery list, I don't find them in the bill.
M. Grillo (Matthew) : On the Airbnb's, we were seeing that some
people are still trying to find ways to get their properties… listing what
appear to be fake permit numbers. What are your thoughts on this? I mean, to be
expected, but, you know, is there… I guess there's another step that Québec has to take…
M. Arseneau : Exactly. Exactly. You know, the easy part was to have a meeting and
admit that there was a problem, admit that the bill that was adopted a year ago
or so wasn't strong enough, didn't go far enough and that we're going to table
a new bill. That's the easy part. Now, the next step and the challenge is to
make sure that we have, you know, the resources to make sure that the law or
the pledge by Airbnb is actually followed, you know, by all people who are, you know, advertising their lodging. So, the hard work starts now, and you
need to have the resources to make sure that people respect the law. You know,
that's just a matter of equity. Merci beaucoup. Thank you.
(Fin à 8 h 30)