(Quinze heures trente minutes)
La Modératrice : Bonjour,
tout le monde. Bienvenue à ce point de presse, donc, des oppositions,
accompagnées d'une délégation, en fait, la délégation de Petapan. Prise de
parole du porte-parole de l'opposition officielle pour les relations avec les
Premières Nations et les Inuit, M. André Morin. Ensuite, prise de parole de la
porte-parole du deuxième groupe d'opposition pour les relations avec les
Premières Nations et les Inuit, Mme Manon Massé. Prise de parole du
porte-parole du troisième groupe d'opposition, M. Pascal Bérubé. Ensuite,
prendront également la parole le chef du conseil de... Natashquan, pardon, Réal
Tettaut, chef du conseil d'Essipit, Martin Dufour, et chef du conseil de
Mashteuiatsh, Gilbert Dominique. Ensuite, on prendra les questions. Par respect
pour la délégation, on va s'en tenir au sujet du jour, s'il vous plaît. Merci.
M.
Morin :Alors, bonjour. Bonjour, tout le monde. Bon après-midi.
Je suis très heureux d'être ici avec vous cet après-midi, ainsi que mes
collègues des autres groupes d'opposition, trois chefs des nations innues :
Mashteuiatsh, Essipit, Natashquan, et des membres de leur délégation, parce que
je vous dirais que c'est une journée importante, d'abord, d'être tous ensemble
à l'Assemblée nationale.
Vous suivez les débats de l'Assemblée, vous
savez que nous venons d'adopter une motion. Tout le monde s'est levé
unanimement pour rappeler au gouvernement l'importance de retourner à la table
des négociations pour faire avancer, évidemment, le traité de Petapan, négociations
qui sont excessivement importantes, pas uniquement pour les communautés innues,
pour l'ensemble du Québec. Pourquoi? Parce que cette négociation-là, innovante,
va permettre de donner davantage d'autonomie gouvernementale aux Premières
Nations, renforcer leur économie, reconnaître leurs droits ancestraux. Et, dans
le cadre des débats, vous l'avez vu, on a l'impression que le gouvernement
n'est pas là, qu'il les abandonne. Nous, nous serons là. Moi, je serai là,
évidemment, pour défendre et pour faire avancer ces négociations. Je cède
maintenant la parole à mes collègues. Je vous remercie.
Mme Massé : Oui,
bonjour. Effectivement très, très heureuse d'être avec vous cet après-midi.
Vous savez, ce qui est fascinant, c'est qu'actuellement le gouvernement du
Québec détient entre ses mains la possibilité de faire avancer ou non le
processus de ce traité nouveau genre qu'est le traité de Petapan. Alors, je
discutais avec les chefs sur l'heure du midi. Ils m'ont clairement expliqué,
tant et aussi longtemps que Québec ne signe pas, ne donne pas son aval, bien,
les consultations auprès de leurs communautés sont difficiles puisque Québec
n'a pas dit s'il était d'accord ou non.
Alors, moi, j'implore, je lui ai écrit,
d'ailleurs, durant la période de questions, j'implore le chef actuel de ma
nation, le premier ministre, François Legault, je l'implore d'aller s'asseoir
avec les chefs innus pour comprendre pourquoi ça bloque et surtout pour trouver
comment faire débloquer cette situation-là.
M. Bérubé : Merci,
Manon. Bonjour, tout le monde. Un moment important pour un projet très
important. Le gouvernement du Québec doit se rasseoir avec le Regroupement
Petapan et faire sa contre-offre promise et due depuis le 31 mars dernier. On
est ici aux côtés des représentants du peuple innu pour que le dialogue de
nation à nation se poursuive. C'est une ligne de conduite qui est un héritage
de la Paix des braves et que ma formation politique souhaite continuer de
soutenir.
Dans cette logique-là, on pense que le
gouvernement doit retourner à la table de négociation. Aussi simple que ça. Le
premier ministre lui-même devrait intervenir et avoir le leadership que sa
fonction lui impose. C'est inconcevable que des négociations qui s'échelonnent
depuis des décennies et auxquelles divers gouvernements ont participé, tant
péquistes que libéraux, de façon non partisane, se retrouvent aujourd'hui au
point mort, sans motif, sous le gouvernement de la CAQ. Les chefs sont ici, ils
nous demandent d'intervenir, nous répondons présent. À notre gouvernement de
réagir pour un projet fantastique. Nous entendons cet appel. Avec de la
volonté, on peut y arriver, et on le souhaite pour la suite du monde et la
suite de nos relations de nation à nation. Merci.
M. Tettaut (Réal) : (S'exprime
dans une langue autochtone).
M. Dufour (Martin) : Alors,
très rapidement, avant de passer la parole à Gilbert, j'aimerais remercier
l'ensemble des partis de l'opposition pour nous avoir donné l'opportunité de
venir faire entendre notre voix à l'Assemblée nationale. Ça fait que (S'exprime
dans une langue autochtone) à vous autres.
M. Dominique (Gilbert) : Kwe,
kwe... (S'exprime dans une langue autochtone) Merci à vous tous qui a
grandement contribué à faire en sorte que la démarche de notre négociation si
longtemps attendue par les membres de nos communautés puisse, là, avoir
l'unanimité de l'Assemblée nationale. Aujourd'hui, on est arrivés ici en
espérant, là, pouvoir sensibiliser, rallier certains acteurs, là, provenant de
l'opposition, et on s'aperçoit qu'en travaillant ensemble, finalement, c'est
l'ensemble de la députation que constitue l'Assemblée nationale, et c'est
merveilleux. Je pense que ça envoie le signal, là, que la négociation d'un traité,
là, sur la base de nos droits, y compris la reconnaissance de nos droits
ancestraux, y compris le titre aborigène, c'est fondamentalement important pour
nous, les Premières Nations, enfin, d'être reconnues et respectées dans ce
contexte-là, mais, également, pour l'ensemble, là, de la députation qui
représente l'ensemble des citoyens au Québec, d'envoyer le signal unanime que
c'en est une, priorité, à ce moment-ci. Puis on va tout faire, là, pour, bien
entendu, là, faire en sorte que ce soit discuté et négocié rapidement.
Honnêtement, je suis très, très satisfait,
là, de cet exercice aujourd'hui. J'ose croire qu'à partir de maintenant le
mandat de négociateur du Québec a été confirmé et que celui-ci viendra se
joindre à notre table de discussion au cours des prochaines journées afin
d'entamer ce dernier droit tellement important et fondamental, là, pour
l'avenir de notre première nation. (S'exprime dans sa langue).
La Modératrice : On va passer
à la période de questions. Peut-être vous nommer, avec votre média, si vous
n'êtes pas de la colline. Je vais commencer avec les micros de gauche.
Mme Bacon (Shushan) : Kwe.
Shushan Bacon, Nouvelles nationales d'APTN. La question que je me pose
en premier, c'est : Qu'est-ce que vous pensez que le premier ministre
n'était pas là, présent dans la salle lorsque la résolution, elle a passé, vos...
les Innus puis les quatre chefs de l'opposition, s'il vous plaît?
M. Dominique (Gilbert) : Oui,
bien, personnellement, point de vue très personnel, je trouve ça, bien sûr, un
peu désolant. J'aurais aimé ça, effectivement, là, que l'ensemble de la
députation, y compris, là, le premier ministre soit partie prenante de la
décision, mais j'ose croire que le mandat... il est parti aller confier le
mandat au négociateur, là, pour que, rapidement, là, on puisse s'activer. On a
invité, là, le négociateur du Québec à une table de discussion, justement,
demain, donc j'imagine que c'est le mandat qu'il est allé confier.
On va souhaiter, bien entendu, là, que le
tout se concrétise, là, très rapidement et que, bien sûr, là, le gouvernement
prenne acte de cette motion unanime et que celui-ci confie, là, la marge
nécessaire pour entamer le dernier droit de notre importante négociation qui va
nous conclure un traité conclu honorablement.
La Modératrice
: Micro
de droite, Fanny Lévesque.
Mme Lévesque (Fanny) : Oui,
bonjour. Fanny Lévesque, La Presse. Kwe. M. Dominique, la dernière fois
que M. Legault s'est exprimé publiquement sur Petapan, c'était après que vous
ayez un peu haussé le ton, là, devant l'absence de réponse. Il a évoqué que les
juristes de l'État craignaient que cette entente-là se traduise par un droit de
veto des Premières Nations sur le développement économique. Et aussi il y avait
une problématique avec le droit inhérent, là, qu'on pourrait peut-être diviser
le territoire québécois. Quelle est votre réponse à ces informations-là? Est-ce
qu'il a une mauvaise interprétation des choses? C'est quoi, l'état des lieux
par rapport à ça?
M. Dominique (Gilbert) : Bien,
c'est une des raisons que nous souhaitions ardemment rencontrer M. Legault,
pour comprendre, également, là, la perception qu'il a du texte du projet de
traité. Parce qu'en aucun temps dans le texte qu'on nous a soumis présentement,
qui est conclu, là, entre l'ensemble des parties — y compris le
Québec, parce qu'il y a des parties qui sont conclues avec le négociateur du
Québec — en aucun temps, là, on ne parle, là, d'un droit de veto. En
aucun temps, là, on ne parle qu'il y a une possibilité de division, là, du
territoire, en aucun temps.
Donc, on veut comprendre, effectivement,
là, de quelle façon l'information a été amenée, bien entendu, au premier
ministre, pour s'assurer qu'on lui partage, bien entendu, là, les bonnes
informations puis que ce soit, là, un bon exercice de compréhension mutuelle.
Mme Lévesque (Fanny) : Donc,
vous êtes ouverts à apporter des aménagements, j'imagine, au texte du traité,
de façon à ce que ces deux portes-là ne soient pas ouvertes ou... de façon
légale, ou...
M. Dominique (Gilbert) : Bien,
c'est clair qu'on n'aborde pas tous ces éléments-là dans le contexte du traité,
O.K.? Donc, ça n'apparaît pas, à aucun endroit. Donc, il faudra voir
effectivement, là, les préoccupations de Justice Québec, qui argumente cet état
de fait là. Et je pense qu'entre nos négociateurs, comme on l'a toujours fait,
on va s'assurer en fonction des objectifs... si les objectifs, là, sont
concertés, sont convenus, on va trouver, bien entendu, là, des modalités, des
libellés qui vont répondre aux objectifs poursuivis sur le plan politique.
Mme Lévesque (Fanny) : Puis,
la dernière fois...
Mme Massé : Si vous permettez,
Mme Lévesque, c'est que le premier ministre le sait très bien, en 2019, on a
fait adopter ici, à l'Assemblée nationale, une motion qui reconnaît les
principes de la déclaration des Nations unies — vous vous en souvenez — pour
les droits des peuples autochtones. Dans cette déclaration-là, il est
clairement dit que cette déclaration-là ne peut pas être utilisée pour diviser
le territoire, etc., mais il est clairement dit qu'on a une responsabilité de
reconnaître les droits ancestraux des Premières Nations. Alors, je ne sais pas
de quoi le premier ministre a peur. À chaque fois que je lui en parle, il me
revient toujours avec ça. Quand je lui en demande plus, il ne m'en donne pas
plus.
Alors, l'importance de s'asseoir, bien
sûr, avec Petapan, mais ce ne sont pas les seuls chefs qui demandent à notre
chef de nation de s'asseoir avec eux autres, notamment pour Petapan mais aussi
pour la mise en œuvre de la déclaration des Nations unies.
Mme Lévesque (Fanny) : Puis
juste rapidement, bien, M. Dominique, voulez-vous... M. Morin?
M.
Morin :Si vous permettez, je voudrais juste ajouter. Écoutez,
ce n'est pas la première fois, là, que les chefs demandent à rencontrer le
premier ministre. Rappelez-vous les publicités qui circulent, présentement, du
gouvernement de la CAQ, hein, on discute de nation entre nations. Bien,
discuter de nation entre nations, c'est plus qu'une pub. À un moment donné, il
faut qu'un leader, il faut qu'un premier ministre soit capable de s'asseoir
puis d'aller discuter pour faire avancer un traité aussi important que celui de
Petapan. Et ça, je pense que le premier ministre doit entendre ça puis il doit
agir maintenant.
Mme Lévesque (Fanny) : M.
Dominique, la dernière fois qu'on s'est parlé, vous aviez envoyé des lettres,
justement, à Rio Tinto, Produits forestiers Résolu, leur disant que vous
suspendiez leurs négociations, là, pour des ententes. Là, vous en êtes où avec
ça? Puis est-ce qu'il est prévu d'augmenter la pression, vos moyens de pression
dans les semaines qui viennent si vous n'avez pas de réponse du gouvernement
Legault?
M. Dominique (Gilbert) : Oui.
Bien, avec le message aujourd'hui, j'imagine que le gouvernement va,
assurément, là, prendre acte de la décision de l'Assemblée nationale. D'avoir
parlé d'une seule voix, moi, je trouve ça... c'est extraordinaire. Donc,
j'imagine qu'on pourrait s'attendre à ce que le traité soit réglé dans les plus
brefs délais, O.K.? À ce moment-là, effectivement, là, ça va nous permettre
d'éviter de tomber dans le piège, là, de procéder à des actions d'affirmation
unilatérales qui pourraient potentiellement avoir des secousses, là, auprès de
plusieurs grandes entreprises, là, dans nos régions.
Et l'ensemble de nos partenaires, parce
qu'on a de très bonnes relations avec ceux-ci, sont au courant de la situation,
O.K.? Donc, j'ose espérer que cette mise en œuvre de cette stratégie de dernière
instance... Parce que ce n'est pas ça qu'on veut, nous, là, provoquer, là, des
conflits sur le plan du territoire, d'amener les régions, là, de façon
vulnérable sur le plan économique, de créer une crise sociale, ce n'est pas ça
qu'on souhaite, mais, en même temps, après 40 ans, je pense que tout le
monde va être d'accord avec nous qu'il est temps, là, qu'entre nations on se
reconnaisse puis qu'entre nations on puisse, là, convenir, là, d'un traité qui
a été discuté et négocié de façon honorable. Donc, on s'attend, là, bien
entendu, à ce que le négociateur du Québec ait le mandat clair de régler dans
les plus brefs délais.
La Modératrice : Micro de
gauche.
M. Desrosiers (Sébastien) : Oui.
Sébastien Desrosiers, de Radio-Canada. En fait, qu'est-ce qui explique, selon
vous, que M. Legault ne soit pas venu s'asseoir avec vous jusqu'ici, malgré sa
promesse de la dernière campagne électorale?
M. Dominique (Gilbert) : Je
vous avouerai que je n'ai aucune indication, là, aucune réponse à formuler à ce
niveau-là. Nous, on a, bien entendu, là, beaucoup travaillé avec ses
mandataires, notamment le ministre Lafrenière, qui a beaucoup travaillé.
Maintenant, il y a des enjeux qu'on estimait qui relevaient, là, d'au-dessus de
la responsabilité ministérielle du ministre Lafrenière, c'est pour ça que nous,
on souhaitait, depuis déjà, là, plusieurs mois, rencontrer M. Legault, pour
qu'on puisse, là, ensemble, là, convenir de la suite des choses, bon. Maintenant,
on va espérer que le message qui est lancé aujourd'hui, là, se concrétise, que
le gouvernement du Québec confirme le mandat à son négociateur puis qu'on
puisse dénouer le tout, là, très rapidement, là, à notre prochaine table de
négociation.
M. Desrosiers (Sébastien) : Mais
est-ce que, selon vous, ça témoigne d'un manque de considération?
M. Dominique (Gilbert) : Non,
je ne pense pas que c'est un manque de considération. Je pense qu'il doit faire
confiance, j'imagine, à son équipe, puis j'imagine que c'est les indications
qu'on lui a données. Donc, je n'ai pas... honnêtement, je n'ai pas de réponse à
ce niveau-là, mais une chose est sûre, c'est que, si effectivement on a la
chance de le rencontrer, on est convaincus, là, qu'on va être en mesure, là, de
lui démontrer, là, que ce qui est présentement sur la table, c'est un projet de
traité structurant, gagnant-gagnant pour tout le monde. Parce qu'on sait
pertinemment, là, que, si on chemine vers un projet de traité qui ne fait pas
l'affaire du gouvernement, Québec, Canada, et de nos Premières Nations, c'est
clair que c'est peine perdue, là. C'est sûr qu'on ne serait pas capables de
faire atterrir ça.
Donc, je pense que, là, on a un projet,
là, drôlement intéressant, novateur, bien entendu, basé sur la reconnaissance
de nos droits ancestraux, y compris le titre aborigène, qu'on se reconnaît
enfin, comme nations, et qu'on attache ça par le plus haut exercice, là,
démocratique conclu entre nations. C'est un traité dont, moi, je pense qu'on
serait en mesure de le convaincre.
M. Desrosiers (Sébastien) : Et
je profite de votre présence pour vous questionner sur un enjeu local, mais qui
a un lien avec le sujet du jour. Il y a un collectif d'Innus qui réclame
l'arrêt des coupes forestières au sud du lac Kénogami, qui est prêt à camper
sur place, même entamer des procédures judiciaires en collaboration avec les
Attikameks. Vous allez nous dire ce que vous pensez de ça, j'imagine, mais
est-ce que le traité pourrait régler des questions comme ça?
M. Dominique (Gilbert) : Bon.
C'est clair que, dans le traité, on va avoir les outils pour assurer, là, que
ce genre de situation ne se répète plus. Je vous l'ai dit, je l'ai partagé à
quelques reprises au gouvernement, il ne faut pas attendre que nos gens, là,
qui en ont ras-le-bol, sortent dans la rue, font des blocus, parce que nos gens
sont rendus, après 40 ans, là, à ce niveau-là, leur seuil de tolérance a
diminué, O.K.? Donc, je pense qu'on a, dans le projet de traité, des
mécanismes, notamment des mécanismes structurés de consultation. Ceux-ci ont
déploré qu'ils n'ont pas été consultés. Effectivement, avec raison. Donc, ça,
je pense que le traité va amener certaines balises qui va nous éviter
effectivement de tomber, là, dans des situations, là, comme celle-là.
M. Desrosiers (Sébastien) : Mais
est ce que vous soutenez ce que ce collectif-là fait?
M. Dominique (Gilbert) : On
n'est pas derrière ces enjeux-là, je vous dirais. On ne soutient pas, là, ce
collectif-là. On comprend pourquoi ceux-ci se sont mobilisés à ce niveau-là, mais,
pour le moment, nous, on veut faire confiance au processus de négociation de
façon honorable. Je pense que, si on avait convenu, là, au 31 mars,
probablement que ce genre de situation là ne serait pas advenue.
La Modératrice
: On a
une dernière question, je crois. Allez-y.
Journaliste : J'ai deux
questions. Je m'adresserais aux membres de l'opposition. Vous, c'est quoi que
vous recherchez à aider le Regroupement Petapan dans votre démarche
aujourd'hui? Qu'est-ce que vous voulez, tu sais, en s'adressant aux communautés
autochtones, qu'est-ce que vous... Pourquoi vous faites ça?
M. Morin : C'est une
excellente question. Écoutez, dans mon rôle à l'opposition, c'est avant tout
d'être la voix, la voix des gens qui sont dans le besoin, qui ont besoin de
faire avancer leur cause. Cette cause-là, elle est excessivement importante. Le
traité de Petapan, c'est une avancée fondamentale pour les Premières Nations au
Québec. Alors, moi, en tant que porte-parole de l'opposition officielle,
responsable des relations avec les Premières Nations et les Inuit, j'en suis.
Je les écoute, je suis leur voix, et ça va être bon pour l'ensemble du Québec.
Et c'est ça qu'il faut retenir. Donc, c'est sûr que je vais être là, aux
premières loges pour les aider et j'espère que le gouvernement nous entend, j'espère
que le premier ministre nous entend et qu'il va agir comme un véritable leader
doit agir.
Journaliste : Parce que ça va
coûter des milliards au Québec.
M. Morin : Écoutez, ça
fait partie du développement des nations qui sont sur le territoire du Québec.
Alors il y a un coût, il y a un coût à une foule d'activités que le
gouvernement fait, mais ça va permettre à des nations de se développer, d'avoir
une meilleure autonomie, d'avoir... de travailler au niveau du développement de
leur économie, de leur culture. Et ça, c'est fondamental.
Journaliste : Mon autre
question, ça serait à vous, Regroupement Petapan. Ah! Vous voulez... Oui, oui,
oui. Je pensais qu'il y avait un porte-parole pour les trois, excusez-moi.
M. Bérubé : Vous vous
adressez à nous trois. Alors, vous reconnaissez nos trois oppositions?
Journaliste : Oui. Parfait.
M. Bérubé : Très bien.
Je suis du parti qui, ici, en 1985, a reconnu le premier l'ensemble des peuples
autochtones, le même parti qui a signé la Paix des Braves. C'est une tradition
importante. Lorsque, nous-mêmes, nous plaidons l'autodétermination de notre
peuple, je pense que c'est dans l'ordre des choses de s'assurer de la pleine
émancipation des autres peuples. C'est une question de négociation de nation à
nation, alors c'est inscrit très profondément dans nos valeurs.
Et ne serait-ce que pour cette raison, ça
mériterait qu'on soit ici, mais, qui plus est, le travail qui a été fait est
gagnant pour les deux nations, alors c'est la moindre des choses qu'on soit là
pour les soutenir. Et on le fait par conviction, et nous sommes convaincus que,
pour la suite des choses, je l'ai indiqué tout à l'heure, c'est ce qu'il faut
faire, alors on n'a pas eu besoin de nous convaincre longtemps d'être ici. Et
merci pour votre question.
Mme Massé : Oui, bien, ça va
me faire plaisir de répondre aussi. Vous savez, à Québec solidaire, depuis
notre création, on veut réinventer ce monde... qu'on a malheureusement avec le
colonialisme eu de trop mauvais départs, qui a créé les situations qu'on vit
actuellement, dont notamment la réalité des Premières Nations et des Inuit. Je
pense que, pour réinventer cette histoire-là, il faut être capable de poser des
gestes concrets. Pour moi, ça s'appelle marcher à côté. Pour moi, ça s'appelle
réinventer la gouvernance. Petapan est un exemple. Je pense qu'il y en a
d'autres.
Mais ce que je n'accepte pas, et ça, c'est
mon moteur profond d'être là, c'est que le premier ministre de ce gouvernement-là,
depuis qu'il est élu, rencontre plus souvent des chefs d'entreprises qu'il ne rencontre
les chefs des autres nations avec lesquelles on partage le territoire. Et moi,
ça, ça m'insulte parce que c'est ma nation, je suis québécoise, c'est ma
nation. Alors, le chef de ma nation rencontre plus souvent des multinationales
que les chefs, bien sûr, les chefs de Petapan, mais les chefs de l'ensemble des
communautés à travers le Québec. Alors, moi, ça, ça me donne du gaz pour
marcher aux côtés des gens, puis je vais continuer à le faire tant qu'il ne se
bougera pas. Puis là il a une belle opportunité, alors je compte sur lui.
Journaliste : (S'exprime dans
une langue autochtone) Ian Lafrenière a dit en Assemblée qu'il ne voulait
pas... il y avait une demande des autres chefs de ne pas signer Petapan. Est-ce
que vous considérez les autres chefs de votre nation?
M. Dominique (Gilbert) : Oui,
nous, regardez, on a fait preuve de transparence au plus haut point avec
l'ensemble des autres Premières Nations, particulièrement, là, nos frères et
sœurs de la nation innue. À plusieurs reprises, on les a informés sur notre
cheminement, notre processus. À plusieurs reprises, on leur a proposé des
démarches pour régulariser, là, ce qu'on pourrait appeler les zones de partage
de territoires, O.K.? Parce que ça fait partie de notre histoire. Dans notre
histoire, là, il n'y avait pas de limite, si l'on veut, ou de lignes tracées
sur un papier, hein, pour identifier, là, des frontières, c'étaient des zones
où il y avait une cohabitation entre différentes nations, différentes Premières
nations ou communautés d'une même nation.
Donc, oui, on a rencontré régulièrement,
là, nos frères et sœurs innus. On a rencontré également, là, à quelques
reprises l'ensemble des autres Premières Nations à travers le Québec. On est
allé présenter, là, notre démarche à l'APNQL, O.K.? Et je pense que, pour nous,
c'est une démarche qui est essentielle parce que ce n'est pas une négociation
qui, en bout de piste, là, va avoir des résultats, là, juste pour notre première
nation. Moi, je pense que, dans la relation qu'on veut renouveler entre, bien
sûr, les gouvernements, le Québec, le fédéral et les Premières Nations, nous
inclus, bien entendu, mais les autres Premières Nations, on a avantage, au lieu
de se livrer des batailles sur le plan juridique, on a avantage, bien entendu,
là, à se parler, à trouver des solutions qui sont faites de façon harmonieuse
et, bien entendu, là, à conclure ça, là, ou à sceller ça par un traité. Ça,
c'est une vraie relation de nation à nation.
Journaliste : (S'exprime dans
sa langue)
M. Dominique (Gilbert) : (S'exprime
dans sa langue).
La Modératrice : Merci. Je
pense qu'on a une dernière question. Est-ce qu'il y en avait en anglais? Je
veux juste...
M. Desrosiers (Sébastien) : Juste
une petite question pour MM. Dominique et...
La Modératrice : Donc, rapidement,
une dernière en français, une dernière en anglais, parce qu'il y a un autre
point de presse qui est attendu.
M. Desrosiers (Sébastien) : ...et
Dufour, sur le territoire justement, la Défense nationale, à Sainte-Foy, va
céder 20 % de ses terres, de ses terrains aux Innus, 80 % aux
Hurons-Wendats. Qu'est-ce que vous pensez de cette annonce-là? Qu'est-ce que ça
signifie?
M. Dominique (Gilbert) : Bien,
c'est à peu près ça qu'on proposait au Canada, à la ministre, donc elle répond,
effectivement, là, à la demande que nous avons établie. Je n'ai pas les
détails, là, mais ce que je comprends, là, de par la proportion, ça ressemble à
ça. Satisfait.
La Modératrice : Je pense
que, finalement, on n'a pas d'autre question, ça conclut. Merci. Bonne fin de
journée, tout le monde.
(Fin à 15 h 56)