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Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition, et M. Pascal Paradis, député de Jean-Talon

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Le mardi 17 octobre 2023, 15 h 55

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures cinquante-cinq minutes)

M. St-Pierre Plamondon : Alors, retour sur cette motion de la CAQ portant sur les événements épouvantables perpétrés par le Hamas dans le conflit qui nous occupe tous présentement. Nous avons voté par abstention et nous désirons vraiment préciser en quoi, à notre avis, ce que vient de faire la CAQ est un manque du sens des responsabilités à l'international.

Lorsque le Québec adopte des motions qui ont une portée internationale, on doit s'assurer que ce qu'on déclare au nom de l'Assemblée nationale est conforme à nos principes juridiques et nos principes éthiques. On ne peut pas avoir deux classes ou des catégories différentes dans l'application du droit international. Et la faiblesse évidente de cette motion-là, c'est qu'on condamnait à juste titre le Hamas et ses actes, et je réitère que le Parti québécois a été très prompt à condamner le Hamas comme une organisation terroriste dont les gestes sont dégoûtants et inacceptables, on a également condamné sur-le-champ des manifestations qui se réjouissent de crimes de guerre. Mais, une fois que la réplique d'Israël est également clairement une violation du droit international, notamment, bombarder des civils, priver des civils d'eau, de nourriture, d'énergie, empêcher l'évacuation de civils, lorsque ces gestes-là sont confirmés et qu'il n'y a aucun doute qu'il s'agit d'une violation du droit international, on ne peut pas simplement fermer les yeux sur ça pendant qu'on condamne d'autres violations du droit international.

Nous croyons que le Québec a la responsabilité de faire une motion qui est complète et cohérente sur le plan du droit international, et ce n'est pas ce que la CAQ a fait, et c'est pourquoi, donc, on s'est... On a senti le besoin de préciser et rectifier le tir.

Puis je ne sais pas si, M. Paradis, vous voulez... S'il y a des questions.

Journaliste : ...justement, des amendements que vous avez proposés à la CAQ?

M. St-Pierre Plamondon : Donc, on a proposé des amendements qui enjoignaient Israël à également respecter le droit international. C'était on ne peut plus clair, je peux vous lire ça, ici.

Journaliste : Ils ont refusé que ça soit...

M. St-Pierre Plamondon : Puis ils ont refusé que ce soit ajouté. Vous comprenez, là, le problème. Je vais vous les lire pour être certain qu'on soit rigoureux. Et vous irez voir auprès des autres oppositions parce qu'on n'est pas tout seul à avoir essayé. Donc, ça se lit comme suit.

M. Paradis : ...

M. St-Pierre Plamondon : Ici. Donc, on avait ajouté à la motion originale rédigée par la CAQ : «Qu'elle rappelle que la riposte d'Israël doit respecter le droit international; et qu'elle condamne les violations du droit international de part et d'autre, notamment les attaques indiscriminées ou ciblées contre les civils.» Ce n'est pas grand-chose comme demandes, là, tu sais, c'est vraiment la base.

Et je pense que, de la part du premier ministre, tantôt, en point de presse, il n'était pas capable, là, de nommer qu'il y avait des violations du droit international de part et d'autre. Et, dans la mesure où la motion, elle a une portée, la volonté, c'est que ça ait une portée internationale, on doit être rigoureux. Et ça manque de rigueur et donc c'est très dommage.

Journaliste : Je vais vous poser une question. Vous êtes tous les deux juristes, vous, M. Paradis, vous avez même contribué à fonder Avocats sans frontières, là, vous savez de quoi... quand vous parlez de violation du droit international, est-ce qu'on peut parler de crime de guerre?

M. Paradis : C'est la mesure et la prudence qui doivent nous guider, là, dans des cas comme ceux-là. Actuellement, il y a un conflit. Pour établir des crimes, des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité, ça prend des preuves, et ça prend des preuves d'abord de la commission de l'acte. Puis ensuite, il faut que ça corresponde à la définition d'un crime de guerre. Il est un peu tôt pour se prononcer sur ces questions-là, mais il y a clairement en tout cas des violations du droit international. Le droit international, il fixe des règles qui s'appliquent dans les conflits comme celui-ci, et là, actuellement, le fait qu'on bombarde des civils, qu'on bombarde des immeubles à logements, qu'on fasse un blocus, qu'on affame, qu'on empêche des gens d'avoir accès à des services de santé, ce sont... il y a des règles de droit international qui disent qu'on ne peut pas faire ça. Alors, à l'heure actuelle...

Journaliste : Mais ça, ça semble reconnu, là, des... Ils ont bombardé un hôpital dans lequel il y avait 200 personnes.

M. Paradis : Aujourd'hui même.

Journaliste : Aujourd'hui même, là.

M. Paradis : Aujourd'hui même.

Journaliste : 200 victimes, minimalement, là. Ça, ce n'est pas un crime de guerre, ça?

M. Paradis : Bien, c'est parce qu'il faut...

Journaliste : Bombarder un hôpital, ce n'est pas un crime de guerre?

M. Paradis : C'est parce qu'avant d'établir un crime, là, hein?, il faut un processus, O.K.? Donc là, on peut supposer qu'il y a une commission des crimes de guerre, mais là, il va falloir un processus : qui a tiré, qu'est-ce qu'on visait comme cible, est-ce qu'on a pris toutes les précautions pour éviter que les civils soient affectés, là. Quand c'est un hôpital qui est directement visé, vous comprenez que ça commence à être difficile de démontrer qu'on a tout fait pour éviter de viser les civils. Mais donc, la question de l'existence ou non d'un crime, ce n'est pas au moment où ça se passe qu'on peut le déterminer, mais on peut juger de la nature de l'acte en fonction des règles du droit international. Puis ici, le droit international, ce qu'il dit, c'est une riposte mesurée, une riposte qui est proportionnelle à l'attaque, une riposte qui ne vise pas les civils. Et c'est la même chose de l'autre côté, là, attention, c'est la même chose pour les gestes du Hamas.

Journaliste : Alors, selon ce que vous voyez, là, on est en train de mettre... d'araser complètement la bande de Gaza, est-ce que c'est une réponse qui est proportionnée?

M. St-Pierre Plamondon : C'est une violation du droit international, dans quel cas on est dans un geste qu'on ne peut...

Journaliste : Bien, des deux côtés, il y a des violations du droit international.

M. St-Pierre Plamondon : Bien... Puis on ne peut pas accepter ça. Mais vous comprenez ce qui vient de se passer, là, c'est qu'on vient de créer une hiérarchie entre les civils en ce qui a trait à l'application du droit international. C'est ça, le message du Québec à l'international, aujourd'hui. Ça ne se défend pas. C'est un manque de rigueur à nouveau de la CAQ. La vision qu'on porte du Québec, non seulement c'est un Québec libre et indépendant, mais c'est un Québec qui sera pacifiste, qui va jouer un rôle de diplomatie active pour encourager les processus de paix, encourager la protection des droits de la personne. En votant une motion comme on le fait là, puis en créant essentiellement des catégories des violations de droits de la personne qu'on tolère ou qu'on ne mentionne pas, ou des catégories de civils en fonction de ce que certains mériteraient et d'autres peut être pas, on envoie vraiment le mauvais signal et c'est ça qu'on veut...

Journaliste : Est-ce qu'on... Est-ce que par là... Est-ce que la CAQ, par exemple, avec sa motion, a pris position d'une certaine façon pour un camp?

M. St-Pierre Plamondon : Dans la mesure où on a suggéré des amendements qu'on pourra vous fournir et qu'on n'est pas les seuls, et que ces amendements-là étaient parfaitement raisonnables et permettaient au Québec d'agir sans discrimination comme un agent de promotion du droit de la personne, dans la mesure où la CAQ a refusé ça, il y a lieu de se poser des questions. En fait, la CAQ doit absolument être questionnée sur pourquoi elle a manqué à son devoir.

Journaliste : Mais, dans votre compréhension, pourquoi ils ont refusé cet amendement-là? Quels motifs ils ont invoqués?

M. St-Pierre Plamondon : Aucun, on a juste des refus.

Journaliste : Mais à la lumière de la motion adoptée, là, le Québec a...

M. St-Pierre Plamondon : Ils ont modifié. Pour être rigoureux, là, je m'excuse, ils ont modifié un truc à la demande de... avec les demandes, en disant tout le monde devrait respecter le droit international. Mais le fait est qu'à la lumière de l'hôpital on est rendu à quoi, à plus de 1 000 enfants qui ont été tués par bombardement dans la bande de Gaza, 1 000 enfants! Il faut être juste rigoureux et pondéré lorsqu'on prend position sur des choses aussi complexes, et la CAQ a manqué à son devoir de rigueur et de pondération en l'espèce.

Journaliste : Justin Trudeau a condamné l'attaque sur l'hôpital à Gaza. De quoi est-ce que le Québec a l'air aujourd'hui après l'adoption de cette motion-là?

M. St-Pierre Plamondon : C'est le manque de rigueur dans notre représentation internationale et dans plusieurs dossiers internes du Québec qui revient. L'arrivée de Pascal Paradis, pour nous, c'est dans une mentalité de ramener le plus de rigueur, relever le débat le plus possible. Ça demande des nuances, particulièrement quand ce sont des conflits aussi complexes que ceux-là. Si on n'est pas capable d'être dans la rigueur et les nuances, il y a des conséquences qui ne sont pas heureuses pour le Québec. Et c'est important pour nous de faire ces mises au point là parce qu'on porte une vision du Québec qui est celle d'un agent pacifiste qui est capable de parler sans discrimination à tous les peuples et tous les civils qui sont victimes d'atrocités comme celles-là.

La CAQ vient de rater une belle occasion d'envoyer le bon message sur le plan de la rigueur et de la pondération, c'est un peu incompréhensible, et on voulait faire cette nuance-là. Pour autant, on ne pouvait pas voter contre, bien évidemment, parce qu'on a été les premiers à dénoncer le Hamas avec vigueur. On est sincèrement dégoûtés puis solidaires des Israéliens qui ont vécu ces horaires... ces horreurs-là. Simplement, quand on intervient puis on fait une motion pour l'international, il faut faire le travail correctement. Merci.

(Fin à 16 h 04)

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