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(Douze heures trente-quatre minutes)
M. Bouazzi : Bien, bon matin.
On est ici aujourd'hui pour alerter la population québécoise sur une situation
qui est très grave, en fait. C'est que le gouvernement, ça fait déjà maintenant
plusieurs jours en commission parlementaire et ça continuait aujourd'hui, n'est
pas prêt à se donner comme ligne directrice que les données personnelles des
Québécoises et Québécois soient hébergées dans des infrastructures qui ne
soient pas assujetties à des législations étrangères.
Ça fait que, pour être clair,
actuellement, pour le projet de loi n° 82, dans l'identité numérique des
Québécoises et Québécois, évidemment, il y a toutes sortes de données
terriblement personnelles. Le gouvernement, d'ailleurs, a refusé de fermer la
porte à l'enregistrement de données biométriques. Ça, ça inclut la couleur de
la rétine, par exemple, ou le visage, ou les empreintes digitales, donc des
données qui ne changeront jamais, contrairement à un mot de passe, par exemple,
ou d'autres informations. Et, pour une raison qui nous semble totalement
irresponsable, refuse de se donner, comme ligne directrice, d'héberger ces
données-là dans des endroits qui ne sont pas assujettis à des législations
étrangères, dont, bien sûr, le Cloud Act.
Faut-il rappeler que les Américains, sous
la première élection de Trump, ont passé une loi qui permet au gouvernement
américain d'accéder aux données personnelles d'individus, qui sont stockées
dans des serveurs qui appartiennent à des compagnies américaines? Que les
serveurs soient au Québec, dans des centres d'Amazon et de Microsoft, pour ne
pas les nommer, ou aux États-Unis, ça ne change rien, ils ont droit d'y avoir
accès, sans prévenir ni l'individu ni le gouvernement du pays où ils prennent
les données. Dans un contexte où le président américain, par la répétition de l'annexion
du Canada... on peut bien penser que les données personnelles des Québécoises
et Québécois sont une question de souveraineté nationale, de sécurité
nationale. Et, pour nous, il est très, très important que ce gouvernement-là
recule, parce que c'était déjà irresponsable avant, mais on ne le savait pas.
Maintenant, on ne peut pas dire qu'on n'est pas au courant et il va falloir que
l'amendement que nous proposons soit adopté.
Journaliste : Est-ce que vous
pourriez être un petit peu plus précis sur ce que vous... Quand vous dites que
le gouvernement doit reculer, c'est-à-dire?
M. Bouazzi : Donc,
actuellement, le gouvernement ne se donne aucune balise, donc il a le droit de
stocker... et d'ailleurs c'est ce qu'il fait allègrement jusqu'à maintenant...
de stocker des données personnelles des Québécoises et Québécois sur des
serveurs d'Amazon ou de Microsoft. Et donc le gouvernement des États-Unis
pourrait... et peut-être a déjà eu accès à des données personnelles de
Québécoises et de Québécois. Il n'a pas l'obligation d'en informer ni les
personnes ni les gouvernements, et donc on ne le saura jamais. Il faut que ceci
s'arrête, et il ne faut surtout pas augmenter la situation dans le cas qui nous
intéresse, dans le cas de l'identité numérique des Québécoises et Québécois.
Journaliste : Donc, pour que
ce soit stocké au Québec, ça prend des clouds québécois, selon vous?
M. Bouazzi : Exactement. Ça
prend des infrastructures souveraines. C'est par... c'est par là où tout le
monde va, là. Déjà, on était un peu un train en retard, parce que ça fait déjà
quelque temps que les gens se posent des questions sur les questions de
sécurité associées aux données qu'on met dans le cloud. Moi, dans l'industrie
dans laquelle j'étais avant, il y a des grandes banques suisses, par exemple,
qui n'ont jamais voulu mettre leurs données dans des clouds, probablement pour
des questions d'évitement fiscal, au minimum, mais parce qu'évidemment ce n'est
pas des infrastructures sécuritaires. Ça fait déjà plusieurs années que les
gouvernements se posent la question, l'Union européenne étant largement en
avance sur nous là-dessus.
Mais là, depuis l'arrivée de Trump, il
semble assez évident, devant une tendance impérialiste assumée, qu'il serait
totalement irresponsable d'accepter qu'un gouvernement étranger quel qu'il
soit, et celui, évidemment, de Trump, n'est vraiment pas exception... ne fait
pas exception à ça, puisse avoir accès aux données personnelles des Québécoises
et Québécois. Ça ne prend pas grand-chose, en tout respect. Il y a des choses
plus compliquées dans la vie, là. Celle-là, elle est plutôt simple, parce que,
bien, c'est une énorme base de données de 9 millions de personnes. Vous
savez, ce n'est pas immense, là, dans la vie des données, là.
Journaliste : J'aimerais
avoir votre impression... excusez, je change de sujet, mais j'aimerais avoir
votre impression sur ce que Mme Ruba Ghazal a dit, mercredi, lors de son
discours avec Jean-Luc Mélenchon sur la droite, l'extrême droite, et plus
particulièrement sur le gouvernement Legault, qui met tout sur le dos de l'immigration.
M. Bouazzi : Bien, elle n'a
pas dit que ça. Je pense, c'est un très bon discours de...
Journaliste : ...je vous
demande votre réaction là-dessus.
M. Bouazzi : Bien, je pense
que c'est un très, très bon discours que Mme Ghazal a fait, et je pense qu'il a
été très bien accueilli par les solidaires.
Journaliste : Est-ce que vous
trouvez qu'il y a des rapprochements entre ce que vous, vous avez dit qui avait
provoqué polémique et ce qu'elle a dit?
M. Bouazzi : C'est sûr qu'on
a des styles terriblement différents. Dans les faits, on l'avait dit à l'époque
et on le redit aujourd'hui, c'est que l'instrumentalisation des immigrants à
tous azimuts est quelque chose d'irresponsable politiquement. Et, là-dessus, on
a toujours, tous et toutes, été d'accord.
Journaliste : Considérant le
traitement différencié, est-ce que vous trouvez que c'est un deux poids, deux
mesures?
M. Bouazzi : Moi, ça ne
m'intéresse pas, honnêtement. La vérité... Ce qui est important, c'est vraiment
le fond des choses, et, sur le fond, ce qu'elle a dit était important.
Journaliste
: Merci.
(Fin à 12 h 40)