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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin

Version finale

Tuesday, February 3, 2015, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente minutes)

Mme David (Gouin) : Projet de loi n° 10, où est-ce qu'on en est? Ce matin, on a vu, dans certains médias, annonce de bâillon, ça pourrait même se passer ce vendredi. Le ministre Barrette nous dit : Non, je ne le sais pas, c'est le leader qui décide, mais, en même temps, quand ce genre de rumeur commence à se propager, je pense qu'il faut que tout le monde soit bien au clair, là. Ça veut dire que ça s'en vient. Et pourtant qu'est-ce qu'on voit ce matin à la commission parlementaire, à laquelle je participe assidûment? À deux reprises, l'opposition officielle et moi, nous essayons d'aller vers des articles que nous jugeons prioritaires. Nous essayons d'accélérer les travaux. À deux reprises, le ministre refuse. Il tient à tout prix, pour des raisons obscures, à ce qu'on y aille par ordre chronologique : après le 5, c'est le 6; après le 6, c'est le 7, etc.

Pourtant, dans mon cas, j'ai proposé qu'on aille à l'article 131 qui parle de mettre en place un instrument de consultation de la population pour accompagner les nouveaux grands établissements de santé dans leur travail et je sais que le ministre est ouvert à la question. L'opposition officielle le demande aussi. Autrement dit, ça serait facile d'arriver rapidement à un consensus sur quelque chose qui viendrait dire à la population, aux travailleurs, travailleuses du réseau : On vous a compris, on vous a entendus, et la population aura voix au chapitre. Ça ne serait pas si compliqué. Bien non, le ministre dit : Non, il faut y aller chronologiquement. En fait, ça ressemble à un ministre qui veut un bâillon, qui veut que ça se tienne le plus vite possible, qui est tanné d'être en commission et qui n'est pas prêt à faire le moindre ajustement à ce que les oppositions lui proposent.

Moi, je trouve que c'est une attitude vraiment intransigeante, je trouve que ce n'est pas l'attitude d'un ministre qui comprend l'ampleur du projet de loi qu'il est en train de discuter, un projet de loi qui va toucher 270 000 travailleurs, travailleuses du réseau et qui va toucher la population par l'immensité de l'ampleur des réorganisations, un projet de loi où on prend 87 établissements assez proches des gens et, à la fin, il en reste 24. Puis tout ça, là, il faudrait que ça se fasse vite, là, pour qu'on soit prêts le 1er avril. J'ai dit au ministre ce matin : Vous savez, le 1er avril, ce n'est pas une date dogmatique, là. Quand bien même ça prendrait plus de temps, ça serait correct. C'est trop important. Il faut prendre le temps de bien faire les choses.

Alors, au stade où on en est maintenant… et le ministre répète que, de toute façon, la décision ne lui appartient pas, elle appartient à son leader, bien moi, je lance un appel au leader du Parti libéral, M. Jean-Marc Fournier. Je lance vraiment un appel solennel à M. Fournier pour lui demander d'être un grand démocrate, pour lui demander de nous laisser continuer à étudier, article par article, le projet de loi n° 10. Ça prendra probablement encore quelques semaines, pas très longtemps, ça avance assez bien, là, les travaux, en ce moment, mais au moins, on aura pu compléter notre étude de façon correcte.

M. Lacroix (Louis) : Donc, vous, vous pensez que c'est une stratégie du Dr Barrette, en fait du ministre Barrette, pour faire en sorte d'avoir le bâillon. Vous pensez que c'est… pour lui, là, c'est de vous empêcher, en fait, d'aller plus vite, c'est une stratégie orchestrée, là, pour mener vers le bâillon. Vous êtes sûre de ça?

Mme David (Gouin) : Écoutez, en fait, je ne la comprends même pas, sa stratégie. C'est évident, là, évident, il n'y a qu'à observer le verbal et le non-verbal du ministre Barrette pour savoir qu'il est plutôt excédé de la commission parlementaire et qu'il a hâte d'en finir. Je pense que, ça, personne n'en doute aucun instant.

Nous, ce que nous lui proposons… et moi en particulier, ça fait une semaine que je plaide pour qu'on aille d'emblée, avec entente de tous les partis, vers les articles où l'on sait qu'il y aura des amendements, où il y a des enjeux importants : la protection des budgets sociaux, le financement des organismes communautaires, la transparence des réunions du conseil d'administration, un comité consultatif représentatif des différents territoires qui composent le grand territoire du nouvel établissement de santé et de services sociaux. Ça n'est pas rien, là, ça n'est pas mineur, ça n'est pas cosmétique, c'est important.

Le ministre sait très bien que, depuis le début, je travaille de bonne foi à bonifier un projet de loi, en fait, envers lequel je suis viscéralement opposée, mais tout de même, mon rôle de députée, c'est de chercher à le bonifier. Pourquoi me refuse-t-il, comme il l'a fait ce matin, d'aller à un article, l'article 131, où tout le monde est d'accord? On pourrait justement régler rapidement, comme ça, les 15 ou 20 articles où il y a vraiment des enjeux importants.

Il y a énormément d'articles de concordance. Ça peut venir après, ça peut même être adopté en bloc. Il y en a, des manières parlementaires de faire avancer correctement l'étude d'un projet de loi. J'en ai vu, moi, depuis deux ans et demi, mais là, vraiment, on est devant un ministre très, très intransigeant.

M. Lacroix (Louis) : Mais M. Barrette et également M. Paradis ce matin ciblaient davantage Mme Lamarre, là, qui semble, selon, en fait, ce que disait M. Paradis, qui bloque, fait du blocage. C'est l'expression qu'il a utilisée. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça? Est-ce que vous constatez aussi que le Parti québécois fait du blocage?

Mme David (Gouin) : Moi, je n'utiliserais pas le terme de blocage. Personnellement, en tout respect pour M. Paradis, je trouve que ce terme est exagéré. Je reconnais toutefois que, particulièrement durant les premières semaines, il y a eu vraiment des lenteurs. C'est évident que l'opposition officielle a pris tout le temps dont elle disposait, et ce, sans apporter beaucoup d'amendements au départ. Mais ça n'est pas le moment d'avoir un bâillon. Ça va bien.

L'article le plus important du projet de loi, l'article 4, a été adopté. Ça, c'est celui qui détermine tous les territoires à travers le Québec. Ça a fait l'objet de nombreux débats, mais c'est un peu normal, là, ça touchait les populations de toutes les régions du Québec. C'est fait.

Alors, maintenant, ce que j'observe, là, depuis que c'est réglé, c'est que ça avance rondement. Franchement, ça n'est pas le moment d'imposer un bâillon. C'est parfaitement antidémocratique, et, en fait, l'impression que ça donne, c'est que le ministre Barrette a vraiment hâte d'en découdre avec les médecins de famille et avec les organismes qui rejettent le projet de loi n° 20, parce que vous savez que l'un vient après l'autre.

M. Lacroix (Louis) : Oui. Est-ce que vous pensez que la CNPP du Parti québécois… dit qu'il y a un choix stratégique avec la date de vendredi parce que ça va mettre les députés du Parti québécois dans l'embarras. Si on lance une procédure d'exception à partir de vendredi, ça va nous mener jusqu'à samedi, où eux sont en congrès à Montréal… à Laval

Mme David (Gouin) : Oui, effectivement, le Parti québécois est en conseil national en fin de semaine. Donc, en plus d'être antidémocratique, ce bâillon, s'il devait venir vendredi, vraiment, il y aurait quelque chose qui serait le contraire du fair-play. Et je me dis qu'en politique on a beau avoir des allégeances partisanes, on a beau se chicaner, etc., il me semble qu'on essaie d'avoir un minimum de fair-play les uns à l'égard des autres. Donc, on ne provoque pas de bâillon.

Pour le public qui nous écoute, le bâillon, c'est une loi spéciale. Ça prend de nombreuses heures, il y a toutes sortes d'étapes. Alors, ça veut dire qu'on finirait quelque part dans la nuit de vendredi à samedi. Sachant que les députés du Parti québécois devront être à leur conseil national samedi, franchement, moi, je trouve que ça serait une manoeuvre absolument indigne.

M. Vendeville (Geoffrey) : Est-ce que vous pensez que c'est peut-être un bluff pour précipiter les travaux de la commission ou est-ce que ça vient réellement?

Mme David (Gouin) : Écoutez, ça pourrait aussi être un bluff, c'est sûr. Tout est possible dans le monde politique. Mais, quoi qu'il en soit, moi, ce que je dis au ministre, là, c'est : Ne faites pas preuve d'intransigeance. Soyez ouvert à débattre en priorité d'enjeux, dans votre projet de loi, dont vous savez qu'ils sont importants. Concédez-le, là. Ça ne vous enlève rien. On pourrait discuter le l'article 131 sur la mise en place d'un grand comité consultatif pour accompagner le conseil d'administration du CISSS. Il n'y a aucun incident… aucune incidence, pardon, sur d'autres articles. Pourquoi ne pas le faire? Mme Lamarre proposait ce matin d'adopter tout de suite l'article 35, elle avait un amendement, le ministre disait : Je suis d'accord avec votre amendement, mais, non, on ne peut pas aller à l'article 35, il faut y aller petit bout par petit bout. C'est aberrant, là.

Et, pour un ministre qui veut chambarder tout un système en se targuant d'avoir un meilleur réseau, plus efficace, bien, je trouve qu'en ce moment le ministre nous condamne à l'inefficacité. Ce n'est pas très logique tout ça. Donc, que ça soit un bluff ou que ça soit réel, moi, je trouve que là, là, aujourd'hui, le débat est mal engagé. On devrait y aller sur des articles prioritaires et on devrait ensemble, là, tenter de bonifier le projet de loi sans menace de bâillon, là. Franchement, ça n'est pas une bonne façon de travailler. Merci à vous.

(Fin à 13 h 40)

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