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(Huit heures deux minutes)
Mme Rizqy : Bonjour, tout le
monde. Très contente de vous retrouver aujourd'hui. Alors, je sais que mon chef
Pablo... à qui je cède la parole.
M. Rodriguez (Pablo) : Merci
beaucoup, Marwah. Bon matin, tout le monde. Bon troisième matin, toujours aussi
content de vous voir. J'aurais voulu vous parler de deux choses différentes,
des choses différentes de ce qu'on a parlé mardi, mercredi, mais avec ce qu'on
apprend ce matin de Thomas Gervais, bien, on va retourner... on va rester sur
le même dossier. Vous savez, on pensait tout avoir vu après SAAQclic, mais là
vous avez SIFARH, SIFARH qui est... qui est le nouveau fiasco numérique de la
CAQ. Vous savez, ce projet qui a été autorisé en 2022, qui devait coûter, au
départ, là, 86... 96 milliards de dollars pour moderniser la gestion
financière et l'approvisionnement du réseau de la santé. Trois ans plus tard, donc,
aujourd'hui, là, trois ans plus tard, on parle d'un projet qui est rendu à plus
de 630 millions de dollars. Donc, on devrait passer de 96 millions,
on est rendus à 630 millions de dollars, et ça, ça peut aller jusqu'à 725 millions de
dollars. On parle énormément d'argent ici. Puis là, ce n'est pas comme s'il n'y
a personne qui avait vu venir quoi que ce soit. Ce n'est pas... Ça n'a pas dû
être une surprise pour qui que ce soit. Parce qu'ils ont été avertis cinq fois
d'arrêter le projet, le gouvernement a été averti cinq fois, une, deux, trois,
quatre, cinq fois. Et ça, c'est la fameuse lettre, celle que Marwah a déposée
hier en Chambre, une version qui, à ce moment-là, était caviardée. Et la
version qu'on a aujourd'hui, bien, la version non caviardée démontre exactement,
exactement mot à mot ce que le gouvernement voulait cacher.
Et il y a une série de drapeaux rouges.
Premier drapeau rouge, ça, c'est en juillet 2024, le sous-ministre du ministère
de la Cybersécurité, Stéphane Le Bouyonnec, écrit au sous-ministre de la Santé
pour dire que les coûts explosent, que le projet est en train de déraper, que
le projet dérape, là, déjà, à ce moment-là. Deuxième drapeau rouge, un petit
peu plus loin, septembre 2024, le ministre de la Cybersécurité, à l'époque,
Éric Caire, écrit à Christian Dubé, le ministre de la Santé, pour lui
recommander de suspendre le projet, et, en octobre, juste après, le ministre
Dubé lui dit : Non, moi, j'ai décidé de continuer, je ne suspendrai pas le
projet. Troisième drapeau rouge, mars 2025, Santé Québec reçoit un audit
dévastateur au niveau de ce projet-là. Quatrième... là, on en a, des drapeaux,
là... quatrième drapeau rouge, et c'est toujours en mars 2025, le nouveau
ministre de la Sécurité... parce que là, ils changent, entre-temps... donc, Gilles
Bélanger, il demande au ministre Dubé d'arrêter le projet sans délai, il
dit : OK, là, là, ça ne va pas bien, là, on l'arrête tout de suite. Et
cinquième drapeau rouge, en juin 2025, le sous-ministre Stéphane Le Bouyonnec,
qui recommande officiellement d'annuler complètement le projet et il dit, noir
sur blanc — d'ailleurs, on peut le lire — que les coûts
sont hors de contrôle, et que le contrat est défavorable pour l'État.
C'est extrêmement sérieux, là, et, encore
une fois, là, ce n'est pas un, ce n'est pas deux, ce n'est pas trois, ce n'est
pas quatre, c'est cinq drapeaux rouges, en une courte période, qui disent, noir
sur blanc : Aïe! arrêtez ça, ça ne va pas bien. Puis, malgré ça, malgré
tout ça, Christian Dubé continue, et réclame plus d'argent, et continue de
défendre son projet. Et le pire dans tout ça, c'est qu'avant-hier, en Chambre,
là M. Dubé joue les innocents puis il dit : Ah! bien, je n'étais pas au
courant. «Come on», pas au courant, après tous ces drapeaux-là, c'est
impossible, on le sait.
Alors, il y a eu cinq avertissements, cinq
clairs avertissements, puis il n'était pas au courant. Le gouvernement n'a
absolument aucune crédibilité, de façon générale, je vous dirais, bien, encore
plus au niveau de la gestion, au niveau de la saine gestion, au niveau de la
mise en branle de projets qui sont importants pour le Québec. Et c'est toujours
la même recette : des projets mal ficelés, mal suivis, il n'y a personne
qui n'a rien vu, il n'y a personne qui sait quoi que ce soit, il n'y a personne
qui n'a rien... qui n'a rien lu. Alors, on demande au gouvernement, on exige du
gouvernement de faire preuve de transparence. Fini les cachettes, fini le
caviardage, les Québécois méritent d'avoir toute l'information, et je veux
savoir aussi depuis quand que François Legault le sait. Merci.
Journaliste : Bien, M.
Rodriguez, si je peux me permettre une question peut-être plus large, là, parce
que vous l'avez vu aussi à Ottawa : Pourquoi les gouvernements... c'est la
même chose au fédéral, avec le dossier des... du registre des armes à feu ou de
Phénix... pourquoi les gouvernements ont autant de difficultés à mener à bien
des projets informatiques à un coût raisonnable?
M. Rodriguez (Pablo) : Bien,
dans le cas... dans le cas du gouvernement du Québec, c'est systématique, là.
Et moi, ce qui m'inquiète, et la question se pose... Prenez le cas de SAAQclic.
Puis on peut parler aussi de plusieurs autres dossiers, mais... Vous avez un
ministre qui n'entend rien, vous avez un autre ministre qui... lui, il ne voit
rien, vous avez le chef de cabinet du premier ministre que... lui, ni voit rien
ni entend rien, et le premier ministre lui-même n'entend rien et ne voit rien.
Alors, la question se pose : C'est qui qui gouverne? Qui dirige le Québec
actuellement?
Journaliste : Puis, si c'est
systématique, comme vous dites, est-ce que de simplement tirer la plug sur les
projets qui envoient des drapeaux rouges, c'est vraiment la chose à faire, ou
il y a une réflexion plus profonde?
M. Rodriguez (Pablo) : Bien,
premièrement, ça prend... ils doivent admettre qu'ils l'ont mal géré là, qu'ils
l'ont échappé là, et apporter des correctifs importants. Parmi les correctifs,
on a plusieurs suggestions au Parti libéral du Québec, par exemple, au niveau
de la formation des hauts fonctionnaires, au niveau de la formation de ceux qui
négocient le contrat, des meilleures étapes de suivi en cours de route.
Lorsqu'on implante un projet, par exemple, lorsqu'on le met en branle, comme
SAAQclic, qu'on y aille par projet pilote, par région, au lieu de faire tout
d'un coup. Ces choses-là, là, ce n'est pas de la magie, là, ce n'est pas... ils
auraient pu prévoir ça. Je pense qu'il y a une incompétence chronique au sein
du gouvernement, aussi, un genre de laisser-aller, ce n'est pas grave. Mais
c'est très... c'est très...
Journaliste
: On voit la
même chose au fédéral.
M. Rodriguez (Pablo) : Bien,
vous poserez la question au fédéral. Mais...
Journaliste : ...par
exemple... à 60 millions...
M. Rodriguez (Pablo) : Vous
irez poser la question au fédéral. Ça fait longtemps que j'ai traversé le pont,
puis je suis bien chez nous, ici, au Québec.
Journaliste : ...je vous pose
une question générale : Pourquoi les gouvernements? Puis ce n'est pas
juste le gouvernement du Québec. On est... on dirait qu'on n'est pas capables
de... des projets informatiques.
M. Rodriguez (Pablo) : Ce
n'est pas... Moi, je vous dirais que ce n'est pas les gouvernements. Je ne
pense pas que tous les gouvernements dans l'histoire de l'humanité, que ce soit
chez nous, au Québec, au Canada, ailleurs, ont fait preuve d'incompétence comme
on voit, actuellement, de la part du gouvernement Legault. Ils sont ne pas
capables de réussir un projet et...
Journaliste : ...manque de
personnel, manque d'informaticiens, manque d'ingénieurs. Ils s'en vont
travailler au privé. Là, on est dans un processus de réduction de personnel,
donc on va perdre encore de l'expertise. Quand il y aura des gros projets à
faire, on va être encore obligés d'aller à l'externe. Il n'y a personne qui est
assez compétent pour contrôler, sauf souvent des jeunes qui commencent dans le
milieu avant de partir pour le privé. Ce n'est pas ça, le problème?
M. Rodriguez (Pablo) : Moi,
je vous dirais qu'il y a un manque de volonté politique de prendre ça au
sérieux. Vous avez assisté à la période de questions. Quand Marwah a posé des
questions très directes au premier ministre, vous avez remarqué la désinvolture
et des attaques en retour, plutôt que prendre la question au sérieux et de
répondre de façon... répondre de... répondre de façon factuelle... répondre de
façon factuelle.
Deuxièmement, réaliser qu'on a un problème
de fond, mettre les bonnes personnes aux bonnes places, avoir des mécanismes de
reddition de comptes et d'avoir... d'avoir les bonnes personnes au bon endroit.
Et actuellement je n'ai pas l'impression qu'ils prennent ça au sérieux.
Journaliste : Mais est-ce que
ce n'est pas la preuve, cette lettre-là, que le MCN fait son travail?
M. Rodriguez (Pablo) : C'est
la preuve qu'il n'y a pas grand monde qui fait son travail. C'est ça.
Journaliste : ...je pense,
là, ce que vous réclamez, c'est la mise sur pause des projets. Puis c'est
exactement ce que M. Le Bouillonnec fait dans sa lettre.
Mme Rizqy : M. Le
Bouillonnec, j'attire l'attention dans la lettre parce que le premier ministre,
hier, a dit qu'on mélangeait ministre et sous-ministre, comme par exemple pour
dire que ça n'a pas remonté par exemple au ministre de la Santé.
Dans la lettre de M. Le Bouillonnec, à
deux reprises, clairement, M. Dubé a été avisé personnellement. Et, ça, ça fait
au moins un an.
Pour répondre à l'autre question, quel est
le problème, je vais vous le dire de façon très franche, autant dans SAAQclic
que dans SIFA, c'est le fligne-flagne.
Permettez-moi d'expliquer. En 2022,
lorsqu'ils ont annoncé le projet SIFARH, ils ont dit à la population
202 millions de dollars. C'est ce qui nous a été présenté.
Été 2022, on est à la veille d'une élection. La réalité, c'est que c'est
le coût global qu'ils ne nous ont pas donné. Le coût global, ils le savaient
depuis 2022 que c'était 1.2 milliard de dollars. Mais ils savaient
que s'ils disaient aux Québécois que faire le virage numérique en santé,
c'était 1.2 milliard de dollars pour SIFARH, tout le monde au Québec
aurait dit : Un instant!
La première personne qui l'aurait dit, ça
aurait été François Legault. Parce qu'aux crédits du 30 avril 2025, il a
dit : Aïe! Un instant! SIFARH, 400 millions de dollars, et je le
cite, «c'est irraisonnable». Si 400 millions de dollars, c'est
irraisonnable, 1,2 milliard, c'est quoi? De la négligence? Puis...
Des voix : ...
Mme Rizqy : Une seconde. Je
veux juste... Pardon?
Journaliste : Comment on
arrive à ces montants-là? Je comprends, là, tu sais, vous donnez des
chiffres...
Mme Rizqy : Parce que la
Vérificatrice générale le dit.
Journaliste : ...est-ce qu'il
manque de personnel compétent pour faire des vérifications diligentes puis
avoir des informaticiens qui sont capables de monter des systèmes au
gouvernement du Québec? C'est ça qui a été décrié au cours des
10 dernières années. La fonction publique n'a pas l'expertise pour faire
ces projets-là.
Mme Rizqy : Avez-vous lu
l'audit de performance pour SIFARH? Moi, non. Pourquoi? Parce qu'il n'est pas
rendu public. Pourquoi il n'est pas rendu public? Parce que, quand on fait
juste lire la lettre de M. Le Bouillonnec, on se rend compte que c'est déjà
dévastateur. Mais, malgré qu'ils ont dit à M. Dubé : Ça va être
dévastateur, malgré qu'il y ait un travail sérieux qui a été fait par les gens,
les fonctionnaires pour dire : Arrêtez, c'est une hémorragie, Christian
Dubé continue, tête baissée, à foncer puis demander plus d'argent.
L'autre chose, c'est que si on remettait
aux Québécois d'entrée de jeu le contrat global et si on écoutait Mme Guylaine
Leclerc, au lieu de l'attaquer comme François Legault l'a fait en disant :
Non, non, nous, on regarde juste la livrance... la délivrance du projet,
c'est-à-dire le coût pour donner et non pas les récurrences, désolée, là, mais
on est en train de faire un fligne-flagne.
Il faut regarder non seulement combien ça
nous coûte, livrer le projet, mais combien ça va nous coûter chaque année
pendant 15 ans. Ce contrat-là, dès le départ, François Legault et son
équipe savaient que c'était 1,2 milliard de dollars. C'est marqué
noir sur blanc que ça a passé au Conseil du trésor.
Journaliste : ...il y a-tu
assez de monde compétent dans la fonction publique pour faire ces projets-là?
Mme Rizqy : Moi, à ce
stade-ci, tant et aussi longtemps que je n'ai pas l'audit de performance, je ne
suis pas en mesure de vous répondre. Puis c'est pour ça qu'on veut l'avoir.
Parce que moi, juste avec la lettre de M. Le Bouillonnec, ils ont été capables
de lever le drapeau rouge dès 2024. Le contrat a été signé le 1er mars
2024, l'encre n'a même pas eu le temps de sécher qu'immédiatement le MCN a
dit : Arrêtez le contrat.
Journaliste : Bien, ce n'est
pas la preuve justement qu'il y en a des contrôles...
Mme Rizqy : Ils l'ont fait
mais... Ils l'ont fait, eux, de lever... Ils ont fait leur travail. Oui. Mais pourquoi
Christian Dubé et son équipe n'ont pas écouté? Pourquoi il refuse de répondre à
Thomas Gerbet cette question-là? Il dit : Je ne veux pas répondre. Mais il
a le devoir et l'obligation morale de nous répondre. Les Québécois sont parmi
les plus taxés au monde. C'est notre argent. Et là, en ce moment, on est en
train de le dilapider...
Journaliste : ...pourquoi...
pourquoi... Là, vous attribuez ça beaucoup à la CAQ, mais sous les Libéraux...
Journaliste
: Non, mais
SAGIR... SAGIR a doublé de coûts. Il y a eu des rapports... Il y a eu des
rapports du Vérificateur général pour la mauvaise gestion des contrats
informatiques sous des gouvernements libéraux au Québec.
Journaliste
: Système
de télécommunication.
Journaliste
: Je veux
dire, système de télécommunication RENIR. Ça n'arrête pas. Donc là, vous
identifiez un parti politique, mais il n'y a pas... C'est quoi, la solution
pour quelque chose de plus profond dans les problèmes?
M. Rodriguez (Pablo) : Mais
il y a une succession d'échecs, d'erreurs et de fiascos avec le gouvernement
actuel. Je vous ai... Je vous ai suggéré des solutions. Et d'ailleurs on
travaille sur une proposition très concrète sur comment améliorer toutes ces
situations-là, mais je l'ai dit tantôt : meilleure formation des... de nos
fonctionnaires, meilleure formation de ceux qui négocient les contrats,
meilleure formation de ceux qui supervisent les contrats, des rencontres plus
statutaires au niveau des mécanismes de suivi et de contrôle.
Moi, quand j'étais ministre, par exemple,
je rencontrais régulièrement mes hauts gradés, sous-ministres, sous-ministres
adjoints, responsables de projets. Pour quoi? Pour éviter ces choses-là. Est-ce
que... Et pourtant j'étais ministre de ministères de milliards de dollars... de
dollars. Mais ma responsabilité à moi, parce qu'ultimement c'est le ministre,
c'est de s'assurer que ça fonctionne, et c'est ce que je faisais. Et c'est ce
que le CAQ ne fait pas actuellement, mais au moins qu'ils l'avouent puis qu'ils
ne se cachent pas.
Journaliste : M. Rodriguez,
j'aimerais vous entendre sur le fait que M. Legault s'est adressé
majoritairement en anglais, au Château Frontenac, dans un discours. Vous
arrivez d'Ottawa. On remarque aussi que M. Carney s'adresse très peu en
français lorsqu'il s'en va sur diverses tribunes. Est-ce qu'un chef de
gouvernement du Québec doit s'adresser majoritairement en français devant un
parterre de gens d'affaires, notamment, ou même de dignitaires américains?
M. Rodriguez (Pablo) : Bien,
quand on est chez nous, définitivement. On est dans la capitale nationale. De
ce que je comprends, il y avait un système de traduction simultanée. Moi, je
l'ai vécu très souvent dans ma vie, et, lorsque vous avez ce système-là, par
courtoisie, vous allez parler un peu la langue des autres, si 8c'est possible,
mais sinon vous êtes chez vous, vous parlez français, et même ailleurs. J'ai
fait des discours aux Nations Unies, à l'Assemblée générale des Nations Unies,
mon discours était majoritairement en français. J'ai fait des discours à bien
des endroits. Lorsque vous avez une traduction simultanée, particulièrement
chez nous, dans notre capitale nationale, à Québec, bien, c'est notre langue
qui doit prédominer.
Des voix : ...
M. Rodriguez (Pablo) : Pardon?
Journaliste
: ...la
constitution aujourd'hui?
M. Rodriguez (Pablo) : C'est
quoi?
Journaliste : Votre degré
d'impatience concernant...
M. Rodriguez (Pablo) : Ah! je
ne m'en peux plus. Mais...
Journaliste
: Est-ce
que c'est une journée historique?
M. Rodriguez (Pablo) : Vous
savez, moi, je pense que c'est une journée où il y a une occasion manquée, une
occasion... On ne peut pas déposer deux, trois fois une constitution, hein,
puis que... je l'ai dit, on ne réécrit pas des petits bouts d'une constitution
pour les effacer puis recommencer.
Une constitution, c'est un document qu'on
va prendre pour interpréter d'autres lois. Une constitution, c'est un document
qui fait état de qui on est comme nation, de qui on est comme peuple. Et ce
document-là requiert, ne serait-ce que par respect pour lui-même, pour le
document en soi, une consultation qui soit large et qui soit approfondie, qu'on
aille discuter avec les Québécois à travers le Québec, qu'on parle avec les
experts, qu'on parle avec les Premières Nations, qu'on parle avec les
différents partis politiques. C'est absolument... C'est absolument essentiel.
Journaliste : ...dans la
constitution, vous allez le savoir à...
M. Rodriguez (Pablo) : Bien,
c'est ça, le problème.
Journaliste
: ...à 10 h
05, là, mais ce n'est pas un peu prématuré de critiquer un contenu, absent ou
présent, que vous ne connaissez pas? Pourquoi vous n'attendez pas de voir ce
qu'il y a dans la constitution pour critiquer le contenu? Vous dites...
M. Rodriguez (Pablo) : Mais
le processus, il est connu. Le processus, il est fini aujourd'hui. Il s'en va
puis il le dépose ici.
Journaliste
: ...
M. Rodriguez (Pablo) : Mais je
n'ai pas... je n'ai pas à vous expliquer... chacun d'entre vous, vous avez une
expérience extraordinaire, là, et que je respecte énormément, mais, vous savez,
lorsqu'on prend un document politique, rédigé par un parti politique, qu'on le
dépose en plein milieu d'un Parlement, à l'Assemblée nationale, ça se
transforme en quoi? En document politique issu d'une formation politique
spécifique qui devient source de débat politique et partisan. Ce n'est pas ça,
une constitution. Une constitution doit atterrir à l'Assemblée nationale après
avoir fait... après qu'il y eut des consultations extrêmement larges, après
qu'il y ait un groupe d'experts qui se soit penché... l'ait rédigé, pas un
ministre sur un coin de table, parce qu'encore une fois on ne rédige pas des
petits bouts pour ensuite les effacer puis recommencer. C'est plus que ça, une
constitution.
Journaliste : ...sur une loi,
quand on étudie un projet de loi, c'est... quand on amène des amendements, par
exemple, sur des articles, on en enlève des petits bouts, on en ajoute, on
enlève des virgules, on met des mots, etc. Mais là j'ai l'impression que vous
êtes en train de critiquer un contenu que vous ne connaissez pas...
M. Rodriguez (Pablo) : Je
suis en train de continuer... critiquer...
Journaliste : Moi, ma
question, c'est : Si c'est bon... Mettons que c'est bon, ce qu'il y a
dedans, là, exemple, que ça fait votre affaire, allez-vous voter pour ou
contre?
M. Rodriguez (Pablo) : Le
processus, il n'est pas... il n'est pas acceptable...
Journaliste
: ...
M. Rodriguez (Pablo) : C'est
parce que vous me parlez du contenu. Moi, je vous parle de la façon dont le
document nous arrive, c'est un document fondamental, on parle de la
constitution encore une fois, un projet, hein, un projet de loi... plus important
que les autres qui doit unir un peuple et non pas le diviser, qui doit faire
état...
Journaliste
: ...
M. Rodriguez (Pablo) : ...si
vous me permettez deux secondes, qui doit faire état de consensus, qui doit
être rédigé par un comité d'experts non partisan, pas par le ministre qui a
une... politique très partisane. Et on l'amène ici pour en débattre de façon
partisane. Le document mérite mieux que ça.
Journaliste
: ...
M. Rodriguez (Pablo) : Pardon?
Journaliste
: Une question
qui se répond par un oui ou un non. Est-ce que quelqu'un de votre formation politique
ou vous avez été rencontré concernant la constitution?
M. Rodriguez (Pablo) : M.
Morin, André Morin.
Journaliste
: ...
M. Rodriguez (Pablo) : Non. M.
Morin a été consulté, puis c'est un grand expert, c'est quelqu'un, d'ailleurs,
qui se penche sur le dossier parce que la constitution...
Journaliste
: ...vous
l'avez rencontré dans le corridor?
M. Rodriguez (Pablo) : ...si
vous me permettez, la constitution, OK, est quelque chose d'extrêmement important
pour le Parti libéral du Québec, vous le savez, on en a discuté depuis des
générations. Benoît Pelletier avait travaillé là-dessus. Et, l'année dernière,
lors du Conseil général du Parti libéral du Québec, les membres ont clairement
mandaté l'aile parlementaire, les dirigeants du parti, de travailler sur le
projet de constitution, ce que l'on fait aussi, en passant, comme parti. On a plusieurs
propositions, on a plusieurs idées.
Il y a eu une rencontre, une courte
rencontre, oui, mais ce n'est pas ça, le processus large de consultation. Le
processus large de consultation, ça inclut un paquet de monde, ça inclut aussi
les discussions qu'on peut avoir en caucus, ça inclut des experts en la
matière, ça peut inclure des gens de différents...
Journaliste
: ...
M. Rodriguez (Pablo) : Pardon?
Journaliste
: Sébastien
Proulx, l'auteur du rapport Proulx-Rousseau, c'est un ancien ministre libéral,
M. Rousseau, c'est un péquiste.
M. Rodriguez (Pablo) : Mais ça
ne change rien au fond de la chose. On discute, on tourne en rond, là. Parce
que là, actuellement, on est en train de parler du fait qu'il n'y a pas eu de consultation...
il n'y en a pas eu. Un tel document le mérite, et ça doit être rédigé par un
groupe d'experts non partisan. Il y a peut-être des bonnes choses là-dedans, on
ne le sait pas, c'est ça, le problème, on ne le sait pas, on devrait le savoir,
on ne devrait pas l'apprendre à la dernière minute.
Journaliste
: ...
M. Rodriguez (Pablo) : On va
l'apprendre de ce que le ministre lui-même a rédigé seul de son côté, alors
que...
Journaliste
: ...en
raison de la façon dont ça a été fait, c'est non pour vous, là.
Journaliste
: C'est
mauvais.
M. Rodriguez (Pablo) : Oui,
vous avez raison, c'est-à-dire qu'on ne peut pas appuyer puis dire : Oui,
c'est une bonne idée. Les gens nous demandent d'être cohérents, et une des
choses les plus importantes, pour un politicien, c'est de la cohérence. On est
cohérents, mais on dit : Non, ce n'est pas une bonne idée de déposer un document
qui n'a pas fait partie de notre processus... qui n'a pas été rédigé par un
groupe indépendant d'experts, mais plutôt par la ministre seule dans son coin.
Journaliste
:
...mettons que, là, moi, je m'en vous voir, je ne vous consulte pas, mais je
vous donne une tarte aux pommes, puis vous aimez ça, la tarte aux pommes,
allez-vous me dire : Je ne la prends pas, vous ne m'avez pas consulté,
vous auriez dû me le dire avant que vous alliez me donner une tarte aux pommes?
M. Rodriguez (Pablo) : ...une
tarte au sucre, j'aurais préféré. Mais le rapport Rousseau, lui-même, dit que
ça prend une consultation transpartisane, qu'il faut élargir le processus de consultation,
ce qui n'a pas été le cas. C'est pour ça que, moi, je dis que c'est une
occasion manquée, je pense même que c'est une erreur historique. À partir du
moment où on met le document, excuse-moi, mais à partir du moment où est-ce
qu'on met le document dans une enceinte qui est ultrapartisane, vous le savez,
vous êtes ici, vous connaissez ça mieux que moi, moi, je viens de débarquer,
là. Tu sais, vous connaissez... la consultation aurait dû se faire de façon
beaucoup plus large, en incluant différents éléments de la société.
Journaliste
: Once you've said that you are
against the process, but it's going to be tabled in a couple of hours. How… We
don't know yet if this Constitution project will break through, will resonate,
like will resonate in the general public. We don't know if the Quebeckers will like this idea, will think
that it's a good idea. How would you distinguish yourself as the official
opposition in making sure that this constitution is the constitution of all Quebeckers, and it does matter?
M. Rodriguez
(Pablo) : Well, first of all, we shouldn't be
where we are at this moment…
Journaliste
: …
M. Rodriguez
(Pablo) : …we should have in our hands a
document that went through all consultations that included different segments
of society, including First Nations, discussions with different parties,
experts in this and that. We are working on our side, on different ideas for a
constitution. We've been mandated by the members, it's something that is very
important for us, Liberals, and it's been important for generations, right? So,
we have our own ideas, we have… But the problem is that there was no
opportunity for the society to discuss this at large. It's been drafted by one
person tabled in a forum... partisan, the National
Assembly and it should have been something... it should
have been a different process. I think it's a missed opportunity.
Journaliste
: Merci.
M. Rodriguez (Pablo) : Merci
tout le monde.
(Fin à 8 h 24)