Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quatorze heures six minutes)
Le Président: Mmes, MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Présence du président de la section du
Maine de l'AIPLF
J'ai le très grand plaisir de souligner la présence, dans
les galeries, du président de la Chambre des représentants de
l'État du Maine, président de la National Conference of State
Legislatures et président de la section du Maine de l'AIPLF, M. John
Martin.
Présence du ministre du Travail du
Manitoba
Également, j'ai le très grand plaisir de souligner la
présence du ministre du Travail, ministre responsable de la Fonction
publique et président de la Commission des accidents du travail du
Manitoba, M. Darren Praznik.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Alors, M. le Président, je vous invite
à appeler l'article d du feuilleton de ce matin.
Projet de loi 207
Le Président: Alors, à l'article d du feuilleton,
j'ai reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet
de loi 207, Loi concernant la succession de Cora Frances Dunkerley. Le
directeur de la législation a constaté que les avis ont
été faits et publiés conformément aux règles
de fonctionnement des projets de loi d'intérêt privé. Je
dépose ce rapport.
En conséquence, M. le whip en chef du gouvernement, au nom de M.
le député de Sherbrooke, présente le projet de loi
d'intérêt privé 207, Loi concernant la succession de Cora
Frances Dunkerley. Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de
ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission des institutions
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré à la commission des
institutions et que M. le ministre de la Justice en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Article h, M. le Président.
Projet de loi 270
Le Président: À l'article h du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 270, Loi concernant la ville de Sept-îles. Le directeur de la
législation a constaté que les avis ont été faits
et publiés conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ce
rapport.
En conséquence, M. le whip de l'Opposition, au nom de M. le
député de Duplessis, présente le projet de loi
d'intérêt privé 270, Loi concernant la ville de
Sept-îles. Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de
ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements et pour que M. le ministre des
Affaires municipales en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Article i.
Projet de loi 280
Le Président: À l'article i du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 280, Loi concernant la ville de Sherbrooke. Le directeur de la
législation a constaté que les avis ont été faits
et publiés conformément aux règles de fonctionnement
des
projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ce
rapport.
En conséquence, M. le whip en chef du gouvernement, au nom de M.
le député de Sherbrooke présente le projet de loi
d'intérêt privé 280, Loi concernant la ville de Sherbrooke.
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de
loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Alors, M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements et que le ministre des Affaires
municipales en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Article j.
Projet de loi 285
Le Président: À l'article j du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 285, Loi concernant la ville de Saint-Hyacinthe. Le directeur de la
législation a constaté que les avis ont été faits
et publiés conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ce
rapport.
En conséquence, M. le whip en chef du gouvernement, au nom de M.
le député de Saint-Hyacinthe, présente le projet de loi
d'intérêt privé 285, Loi concernant la ville de
Saint-Hyacinthe. Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de
ce projet de loi? Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements et que le ministre des Affaires
municipales en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est adoptée?
Adopté.
Dépôt de documents.
Dépôt de rapports de commissions. M. le président de
la commission du budget et de l'administration et député de
Vanier.
Étude détaillée du projet de loi
126
M. Lemieux: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission du budget et de l'administration qui
a siégé les 8 et 29 mai 1991 afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 126, Loi modifiant
diverses dispositions législatives concernant les régimes de
retraite des secteurs public et parapublic. Le projet de loi a
été adopté avec des amendements.
Le Président: Votre rapport est déposé.
Dépôt de pétitions. M. le député de
Lavio-lette.
Retirer la proposition de coupure dans les subventions
publiques au transport en commun
M. Jolivet: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
1446 pétitionnaires, citoyennes et citoyens du Québec. Les faits
invoqués sont les suivants: "Considérant que la politique de
coupure de subventions publiques du gouvernement à l'égard du
transport en commun constitue une véritable atteinte à la survie
même de ce service public auquel la population a droit;
"Considérant que les victimes d'une détérioration du
transport en commun seraient les personnes âgées, les jeunes, les
plus démunis et la population en général, sans compter
l'impact d'une telle mesure sur l'emploi, l'environnement et l'achalandage du
réseau routier."
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous,
soussignés, demandons à l'Assemblée nationale d'intervenir
auprès du ministre responsable et du gouvernement afin de retirer sa
proposition de coupure dans les subventions publiques accordées au
transport en commun."
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Votre pétition est
déposée.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit, ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Je voudrais vous aviser qu'après la période de questions
il y aura un vote reporté sur la motion de censure
présentée par M. le leader de l'Opposition officielle et
débattue le jeudi 30 mai dernier.
Nous allons maintenant procéder à la période de
questions et réponses orales des députés. Je vais
reconnaftre, en première question principale, M. le chef de
l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
L'objet des représentations du premier ministre
au ministre fédéral Joe Clark
M. Parizeau: m. le président, le premier ministre
rencontre cet après-midi m. joe clark, le ministre fédéral
des affaires intergouvernementales canadiennes qui, si on fie aux
déclarations de ce dernier, va chercher à convaincre le premier
ministre du québec des bonnes intentions du reste du canada, en
général, et du gouvernement fédéral, en
particulier.
Le premier ministre a-t-il l'intention, à l'occasion de cette
rencontre, de dénoncer les seuls signes concrets tangibles que nous
ayons, à l'heure actuelle, des intentions du gouvernement
fédéral, c'est-à-dire, depuis 15 jours, l'intrusion dans
le domaine de l'éducation et de la formation professionnelle,
l'intrusion dans le développement régionale et, s'il faut se fier
au ministre délégué aux Forêts, maintenant
l'intrusion dans les forêts?
Le premier ministre a-t-il l'intention, auprès de M. Joe Clark,
de demander comme première manifestation de bonne volonté du
gouvernement fédéral qu'il se retire des intrusions qu'il a
annoncées dans ces trois Chambres?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je serai très heureux
d'accueillir M. Clark dont la nomination, d'ailleurs, a été
soulignée positivement par les différents partis politiques, au
Québec comme à l'extérieur. Je dirai à M. Clark ce
qui est bien connu, c'est que nous avons mis l'accent, notamment, si je parle
au nom de mon parti, sur le fédéralisme efficace. Nous ne pouvons
plus accepter ce genre de fédéralisme compétitif que nous
avons au Québec depuis un demi-siècle et qui a conduit le Canada
dans une crise financière, avec comme conséquences des coupures
brutales aux autres administrations en même temps que des taxes
très élevées qui forcent également les autres
administrations à taxer et à couper.
Donc, j'ai l'intention de lui souligner que la politique du
gouvernement, c'est de rechercher non plus un fédéralisme
compétitif, mais un fédéralisme efficace, de
manière à pouvoir assainir les finances publiques de l'ensemble
du pays.
Le Président: En question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Tout en comprenant, M. le Président, que ces
préoccupations du premier ministre l'honorent, est-ce qu'il pourrait
nous dire s'il fera état devant M. Clark de cette proposition
présentée par l'Opposition la semaine dernière,
acceptée par ceux de son parti qui étaient sur les banquettes
ministérielles, à l'effet que l'Assemblée nationale
condamne la volonté inacceptable du gouvernement fédéral
exprimée dans le discours du trône à l'effet de s'immiscer
davantage dans les secteurs de l'éducation et de la formation
professionnelle. Puisque l'Assemblée nationale a voté cela
à la quasi-unanimité, le premier ministre a-t-il l'intention, au
moins, de transmettre à M. Clark les voeux de l'Assemblée
nationale?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je croyais, M. le Président, que le chef de
l'Opposition m'avait compris. J'ai bien spécifié que ce genre de
fédéralisme où les deux niveaux de gouvernement sont en
concurrence et surtout quand ça s'applique à des champs de
juridiction provinciale, comme je l'ai dit la semaine dernière, n'est
pas acceptable. Donc, je crois avoir répondu au chef de l'Opposition de
manière à le rassurer sur les discussions que j'aurai avec M.
Clark.
Le Président: En question complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, là encore, les
intentions du premier ministre l'honorent, sauf qu'à l'occasion de ce
vote, il n'était pas en Chambre, d'où ma question.
Des voix: Ha!
M. Parizeau: Je voulais quand même faire confirmer
ça. Puis-je demander au premier ministre s'il a l'intention de
manifester auprès de M. Clark la dénonciation de cette intrusion
du gouvernement fédéral dans le développement
régional qu'a si pesamment soulignée son ministre de la Justice
et ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je crois qu'il est un peu
inélégant de la part du chef de l'Opposition...
Une voix: Oui, c'est exact!
M. Bourassa: ...et ce n'est pas un trait qui est
caractéristique de sa personnalité de souligner mon absence
mercredi dernier. Il sait fort bien que mercredi est une journée du
Conseil des ministres, donc, c'est une journée plus exigeante pour le
chef du gouvernement avec toutes les rencontres que ça suppose, avant
comme après la réunion du Conseil des ministres.
Une voix: Jeudi, il n'était pas là!
M. Bourassa: Je ne vois pas pourquoi il
répète constamment cette absence de ma part mercredi
dernier. J'essaie d'être présent au maximum possible. Ceci
étant dit, à la suite de sa première question et à
la suite de sa deuxième question, j'ai répété qu'il
était important, actuellement, non seulement pour le Québec, mais
également pour l'ensemble des provinces, de souligner l'importance d'un
changement profond dans le fonctionnement du fédéralisme et j'ai
autant d'opportunités à le faire dans cette rencontre avec M.
Clark. Je crois que l'opportunité se présente de lui souligner
cet objectif du gouvernement, en citant les exemples qu'il vient
d'énumérer dans ses questions.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, je veux demander au premier
ministre: Est-il exact que le Conseil des ministres aurait, au début du
mois de mai, accepté, par arrêté en conseil, certaines des
caractéristiques principales de cette intrusion du gouvernement
fédéral dans l'éducation et la formation de la
main-d'oeuvre que la plupart d'entre nous avons stigmatisée en Chambre
la semaine dernière?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Comme cette question s'adresse également au
ministre de l'Éducation, je lui demanderais de répondre.
Le Président: Alors, M. le ministre de
l'Éducation.
M. Pagé: M. le Président, pour répondre
à la question du chef de l'Opposition, ce qui est arrivé est
très simple et très clair et ça va dans le sens de la
position du gouvernement du Québec. Essentiellement, certaines
commissions scolaires au Québec, jusqu'à tout récemment,
signaient elles-mêmes des ententes avec le ministère de l'Emploi
et de l'Immigration du gouvernement canadien pour l'application de certains
programmes en fonction de la formation et, plus particulièrement, de
l'éducation des adultes, entre autres. C'était à un point
tel que ça débordait même sur certains programmes pour
l'aide au soutien à l'éducation, notamment aux
décrocheurs.
Ce que le gouvernement du Québec a fait par sa décision du
1er mai, ça va dans le sens de la position du gouvernement, à
savoir qu'à l'avenir, pour toute commission scolaire qui veut
bénéficier d'un programme du gouvernement canadien, ça
doit faire l'objet d'une entente entre le ministère de
l'Éducation du Québec et le ministère de l'Emploi et de
l'Immigration avec, évidemment, les autres ministres concernés,
premièrement, et, deuxièmement, ça vient établir
une règle comme quoi, à l'avenir, aucune com- mission scolaire ne
pourra participer à un tel programme sans que le gouvernement du
Québec y soit. Ça, c'est défendre les
intérêts du Québec, M. le chef de l'Opposition. (14 h
20)
Le Président: M. le chef de l'Opposition, toujours en
complémentaire.
M. Parizeau: Une dernière question, M. le
Président, toujours dans le sens de ces intrusions, est-ce qu'il n'y a
pas un arrêté en conseil passé depuis déjà
plusieurs années qui interdit à un corps public
québécois de traiter directement avec le gouvernement
fédéral, sans obtenir l'approbation du ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'ai répondu la semaine dernière, je
crois, au chef de l'Opposition qu'une loi avait été
adoptée à cet égard-là. Donc, je ne vois pas en
quoi le gouvernement du Québec aurait la possibilité de ne pas
respecter les lois de l'Assemblée nationale. Donc, sa question est tout
à fait inutile et insinuante, comme ça lui arrive.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition.
Le respect de la juridiction du Québec en
matière de développement régional
M. Brassard: M. le Président, dans une charge à
l'emporte-pièce, le mercenaire de Brian, Benoît Bouchard, ministre
fédéral chargé du développement régional au
Québec, accuse le ministre québécois des Affaires
intergouvernementales canadiennes de faire de l'obstruction systématique
dans le dossier et maintient son intention de faire ce qu'il veut, que le
ministre québécois soit d'accord ou non: véritable
déclaration de guerre. On est loin de la bonne entente, de l'harmonie et
de la concorde que le ministre célébrait en juin 1988, lors de la
signature de l'entente fédérale-provinciale sur le
développement des régions. Fini les embrassades.
Or, à la guerre, il n'y a pas 36 façons de se comporter.
La première, c'est qu'on la fait en prenant les moyens de la gagner; la
deuxième, on renonce à combattre et on capitule, à moins
qu'on ne se contente, comme le signalait l'article de L'actualité
à propos du ministre, de passer toute sa vie à faire de la
mise en scène, à monter de grands événements
à l'allure savante où il campe, la plupart du temps, le
rôle...
M. Pagé: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. Le député de Lac-Saint-
Jean. Alors, question de règlement, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je crois que vous venez
d'assister à un très bel exemple du genre de question qui suscite
des débats, qui entraîne des questions de règlement de la
part de mon collègue, le leader parlementaire de l'Opposition et de
moi-même. Venez-en donc à l'essentiel. Mettez de côté
le caricatural et venez-en à l'essentiel, ça va bien aller.
Le Président: S'il vous plaît! Alors, je vous
demanderais, M. le député de Lac-Saint-Jean, de poser
immédiatement votre question.
M. Brassard: Je la pose immédiatement. Est-ce que je peux
déposer? Non! Ma question est très simple. Avant toute chose,
quelles sont les intentions réelles du gouvernement à
l'égard de cette guerre qui vient d'éclater en matière de
développement régional? A-t-il l'intention de poursuivre la
guerre et de la gagner ou annonce-t-il, à court terme, une capitulation
après s'être contenté de quelques escarmouches pour la
galerie? Où est-ce qu'on s'en va?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Rémillard: M. le Président, tout d'abord, le
député de Lac-Saint-Jean me permettra de dire que, non, ça
ne soulèvera pas de débat, l'article de L'actualité
auquel il se réfère. Il aurait pu se référer
aussi à la caricature, mais il s'est limité au texte. D'ailleurs,
il y a assez de matériel pour revenir à plusieurs reprises dans
cet article-là, je lui fais confiance, il y en a, il y en a, il y en a!
Je crois à la liberté de la presse, M. le Président, et je
crois à l'intelligence aussi des lecteurs qui sont capables de faire la
distinction entre un portrait et des règlements de compte. Alors,
à ce niveau-là, M. le Président...
Des voix: Bravo!
M. Rémillard: ...on ne peut pas plaire à tout le
monde et même à ses anciens collègues. Qu'est-ce que vous
voulez? Enfin!
M. le Président, quant à la question elle-même, je
devrais dire, tout d'abord, que ce que je retiens de M. Bouchard, de ses
commentaires d'aujourd'hui, c'est qu'il reconnaît que le Québec
n'a pas sa juste part. Ce qu'il nous dit: Bien, oui, je n'ai que 247 000 000 $.
Je comprends que ce n'est pas assez, ce n'est pas suffisant, mais, au moins,
travaillons à pouvoir dépenser ces 247 000 000 $. Je veux bien,
mais, au moins, qu'il se mette à table avec nous et qu'on puisse avoir
un développement coordonné entre les différents
ministères qui veulent avoir sur le terrain, dans nos régions, un
développement économique ordonné. Ce que nous voulons, M.
le Président, c'est strictement de l'efficacité, ce n'est pas une
guerre de drapeaux qu'on veut faire. Cependant, de la façon qu'Ottawa
veut procéder, ils font en sorte qu'on ne peut, sous aucun
prétexte, avoir un développement économique
concerté parce qu'ils viennent s'immiscer dans des compétences
provinciales. Et ça, il n'y a pas un seul gouvernement
québécois qui a accepté que Québec procède
de cette façon-là. Et nous, on ne l'acceptera pas non plus. M. le
Président, qu'on compte sur nous, les pouvoirs du Québec, nous,
on ne les abandonne pas.
Le Président: En question complémentaire.
M. Brassard: Est-ce que c'est exact que vous faites de
l'obstruction systématique?
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: II est exact, M. le Président, qu'on
s'oppose systématiquement à ce que le Québec vienne
s'immiscer dans des compétences exclusives du Québec. Il est
exact qu'on s'oppose systématiquement que le
fédéral...
Une voix: Ottawa.
M. Rémillard: Excusez-moi, j'ai fait un lapsus. On
s'objecte à ce qu'on ne puisse pas avoir un développement
économique qui serait garant d'une économie forte au
Québec, et ça passe par les provinces. Il faut qu'il y ait une
coordination, une concertation entre les deux niveaux de gouvernement. Notre
seul objectif, c'est cette efficacité. Notre seul objectif, c'est
d'avoir une coordination entre les deux niveaux de gouvernement, respectant les
champs de compétence pour que, lorsqu'on dépense 1 $, il soit le
plus rentable possible pour la population.
Le Président: Question complémentaire.
M. Brassard: M. le Président, quels sont les moyens
juridiques, administratifs et politiques que vous entendez déployer pour
tenter de remettre Ottawa à sa place et assurer ainsi le respect de la
maîtrise d'oeuvre du Québec en matière de
développement régional? Parce que le ministre doit être
conscient qu'à défaut de moyens concrets, il a toutes les allures
d'un général fantoche qui lance des armées fantômes
à l'assaut.
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean a l'image facile. Mais ça met
quand même un peu de couleur. Des fois, il est intéressant. Il est
bon...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: ...ça met un peu de... Ça met
un petit peu... Ça vient... Mais, quelquefois, c'est meilleur que
celle-là. Ce n'est pas sa meilleure. Mais dans ce contexte-là, M.
le Président, on a différents moyens juridiques, oui, qui sont
étudiés, mais avant tout, c'est au niveau politique qu'on peut le
régler et j'ai été informé des discussions qu'il
peut y avoir actuellement entre les fonctionnaires du Québec et les
fonctionnaires d'Ottawa et il m'apparaît que, peut-être, il y a
moyen de pouvoir trouver une façon de faire plus coordonnée et
que, peut-être, les choses vont s'orienter mieux dans l'avenir. Je
l'espère en tout cas.
Le Président: En question additionnelle toujours, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Si ça ne marche pas, si vous ne vous entendez
pas, c'est quoi les moyens que vous entendez prendre? Est-ce que, comme vous
l'avez indiqué à un journaliste, vous entendez contraindre les
organismes qui relèvent du développement régional, qui
s'occupent du développement régional, de ne pas faire affaire, de
ne pas faire de transaction, de ne pas conclure d'entente avec le gouvernement
fédéral?
Une voix: Comme le décret. Le Président: M.
le ministre.
M. Rémillard: C'est une question hypothétique, M.
le Président. Alors, laissons aller les choses. Des discussions peuvent
avoir lieu, dans le contexte du respect des compétences exclusives du
Québec. Voyons ce que les prochaines discussions peuvent nous amener. Et
je peux vous assurer une chose, c'est qu'on ne cédera pas d'un pouce sur
ce respect des compétences du Québec. Et je crois qu'il est
possible d'établir cette coordination, cette concertation entre les deux
niveaux de gouvernement, respectant l'esprit de l'EDER tel que
négocié en 1984 et renégocié en 1988. Et c'est dans
cet esprit-là qu'on pourra avoir la juste part du Québec parce
que, actuellement, le Québec n'a pas sa juste part en ce qui regarde le
développement économique régional et qu'on pourra
travailler en étroite concertation avec le fédéral pour le
développement économique de nos régions. On se souvient,
M. le Président, que dans les auditions de Bélanger-Campeau,
autant que tous les groupes qui sont venus devant la Commission
Bélanger-Campeau, tous ces groupes ont demandé que le
Québec puisse agir d'une façon exclusive en concertation avec
Ottawa et c'est ce que nous allons faire.
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
La notion de délai raisonnable dans les cas
d'agression physique ou sexuelle
Mme Harel: Alors, M. le Président, après la
décision de la Cour suprême dans l'affaire Askov, à l'effet
de garantir à tout accusé le droit d'être jugé dans
un délai raisonnable, le gouvernement ontarien réagissait
rigoureusement et nommait notamment 27 nouveaux juges. Au Québec, des
dizaines de personnes accusées de crimes graves, agressions sexuelles,
vols à main armée, ont, depuis octobre dernier, été
libérées, semant la consternation et la désapprobation
dans toute la population. Il a fallu un tollé de protestation, vendredi
dernier, pour que le ministre de la Justice porte enfin en appel la
libération d'un accusé du viol d'une jeune fille de 16 ans. Le
même jour, cette fois, à la fin d'un procès, un autre
accusé était libéré de 14 accusations d'agression
sexuelle contre quatre enfants. (14 h 30)
Le ministre de la Justice, en sa qualité de Procureur
général, a-t-il l'intention de porter également en appel
cet autre jugement de libération prononcé cette fois par la juge
Dubreuil et entend-il systématiquement faire préciser cette
fameuse notion de délai raisonnable, surtout dans les cas de violence
physique ou sexuelle contre des personnes, petites ou grandes, M. le
Président?
Le Président: M. ministre de la Justice.
M. Rémillard: Nous avons décidé vendredi, je
l'ai annoncé comme Procureur général, d'aller en appel de
certaines décisions en ce qui regarde ces délais
déraisonnables. Donc, Mme la députée comprendra que je
dois quand même être prudent, comme Procureur
général. Je dois respecter la règle du sub judice.
Cependant, ce que je peux lui dire, c'est que dans l'affaire Askov, dans son
jugement même, la Cour suprême a bien mentionné que le
Québec pouvait servir d'exemple quant aux délais et que le
Québec était probablement le mieux préparé, la
province la mieux préparée pour faire face à cette
décision de la Cour suprême.
Il ne faut pas exagérer quand j'entendais, des dizaines de crimes
de très grande importance. Il faut faire bien attention, ce n'est pas
des dizaines de crimes de grand importance. Il y a eu, de fait, des causes qui
se sont produites. Nous allons en Cour d'appel. On va faire préciser le
jugement Askov de la Cour suprême. C'est pour nous extrêmement
important. Maintenant, M. le Président, nous avons pris aussi les
mesures qui s'imposaient à la suite de la décision Askov, et j'ai
aussi ici devant moi un rapport qui démontre que, dans des endroits
comme au palais de justice de Joliette où vous aviez en octobre 1990,
320 jours de délai, on se retrouve maintenant à 233. Vous aviez
à Saint-Jérôme 240
jours de délai, on se retrouve à 45 jours de délai.
À Valleyfield on est passé à 27 jours de délai,
maintenant en mars 1991, parce qu'on a pris les moyens nécessaires,
parce qu'on a ajouté de nouvelles salles aussi et parce que tout le
monde y met la main.
Le Président: En question complémentaire.
Mme Harel: Alors, M. le Président, est-ce que le ministre
de la Justice reconnaît que la diminution des délais dans les
districts judiciaires de Saint-Jérôme et de Joliette est due au
fait que des centaines, des centaines de dossiers ont simplement
été annulés et que dans des cas graves - et je veux lui
rappeler, est-ce que le ministre se rappelle ces cas d'agression sexuelle sur
des enfants, ces cas de vol qualifié avec possession d'armes, de voies
de fait qui ont été annulés dans les districts judiciaires
de Joliette et de Saint-Jérôme, il y a à peine trois mois?
Comment le ministre peut-il considérer que la situation s'est
améliorée, M. le Président, puisque dorénavant ces
districts assignent au district de Montréal les cas qui prennent
beaucoup trop de temps?
Comment peut-il ne pas constater que le Québec a perdu sa
réputation de ne pas allonger les délais
déraisonnablement? Et entend-il - je lui repose la question - quant au
jugement de la juge Dubreuil porter également en appel cette
libération d'un accusé de quatorze voies de fait sur des jeunes
personnes, M. le Président?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, tout d'abord, les
jugements qu'on doit porter en appel, on les portera en appel. J'en ai
annoncé un, vendredi. D'autres pourront suivre. On verra. Mais je dois
dire aussi qu'il ne faut pas exagérer la situation. Ça ne donne
absolument rien d'exagérer la situation. Il y a eu des cas
peut-être difficiles, oui, j'en conviens. On a pris les moyens pour y
remédier. Et les statistiques que je donne ici sont quand même
très intéressantes. De nouveaux juges seront nommés. Nous
allons discuter, ce soir, en commission parlementaire, un projet de loi pour en
nommer cinq nouveaux. Nous en avons, l'an dernier, en 1990, nommé six
nouveaux.
Ce sont de nouveaux juges qui viennent porter main forte à
l'ensemble des juges de la Cour du Québec. Alors, dans ce
contexte-là, M. le Président, je peux dire qu'on prend les moyens
pour faire face à la situation et aller en appel pour faire
préciser le jugement Askov, et avoir les moyens et le matériel
dans nos palais de justice, et aussi au point de vue du personnel tant au
niveau des juges que des autres personnels nécessaires, pour faire
respecter ces délais comme on peut le voir dans l'esprit du jugement
Askov.
Le Président: Alors, en question complémentaire, M.
le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Dans le cas du district de Joliette
précisément, n'est-il pas exact qu'il y a eu le renvoi de 150
causes précisément à cause de délais, dont une des
causes est l'agression d'une jeune fille qui, elle, n'a jamais
été portée en appel comme cause?
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je pourrai prendre
avis de cette question. Je n'ai pas les informations ici devant moi, mais je
pourrai prendre avis de la question et revenir au leader de l'Opposition un peu
plus tard.
Le Président: Toujours en additionnelle, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Est-ce que le ministre de la Justice reconnaît
que les nouvelles salles d'audience, notamment à
Saint-Jérôme, sont restées vides faute de juges pour y
siéger? Et comment peut-il expliquer qu'il a fait adopter des
législations, la semaine dernière, sans considérer comme
une priorité celle-là même qu'il veut nous faire adopter
cette nuit concernant la nomination de nouveaux juges, M. le
Président?
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: Je ne sais pas si je comprends vraiment le
sens de la question de Mme la députée, mais je lui ai dit tout
à l'heure qu'il y aurait cinq nouveaux juges de nommés et que
nous aurons l'occasion, comme Assemblée nationale, de nous pencher en
commission parlementaire sur cette loi en nommant cinq nouveaux juges. Dans ce
contexte-là, donc, il y a des nouveaux juges aussi qui vont pouvoir
porter main forte à Saint-Jérôme. Je suis allé
à Saint-Jérôme, j'y suis allé il y a quelques
semaines. Je suis allé faire trois visites à ce palais de
justice. J'ai suivi les travaux de près et je suis encore allé
d'une façon bien impromptue. J'étais dans les parages et je suis
allé à Saint-Jérôme. Je suis allé voir. Je
suis allé visiter chaque salle. Je suis allé voir comment
ça se passait. J'ai eu les commentaires des gens. Je suis allé
voir les juges et je peux vous dire que, de l'avis de tout le monde, la
situation s'est très grandement améliorée. Bien sûr
qu'il y a encore beaucoup à faire, nous allons compléter, mais il
y a déjà beaucoup qui a été fait et les
statistiques sont là pour le démontrer.
Le Président: Pour une dernière question
additionnelle, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Est-ce que le ministre de la
Justice reconnaît qu'il manque toujours de juges, notamment
à Saint-Jérôme et à Joliette? Et puisqu'il y est
allé, a-t-il pris connaissance de cette demande expresse du juge
coordonnateur des services de ces palais de justice qui réclame la
nomination expresse de nouveaux juges, considérant que des salles
d'audience restent vacantes du fait que des juges n'y sont pas pour y
siéger?
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: Écoutez, pendant que vous parliez
avec le leader de l'Opposition, c'est exactement la question à laquelle
j'ai répondu. Ce que j'ai dit, c'est qu'il y a cinq juges qu'on va
pouvoir nommer à la suite de cette loi. Cinq! Alors, à partir de
là... D'ailleurs, si nous avons cette loi prévoyant cinq juges,
c'est parce qu'en concertation avec la magistrature, le juge en chef Gobeil que
j'ai rencontré à plusieurs reprises, et les juges en chef, on est
arrivé à la conclusion qu'avec cinq juges on pourrait faire face
à la situation, toujours en vous rappelant que, l'an dernier, on en
avait ajouté six et que la Cour suprême, dans l'affaire Askov, dit
très bien que le Québec peut être cité en exemple
quant au respect des délais. Alors, je crois que les travaux que nous
allons faire ce soir, en acceptant ce projet de loi, cinq nouveaux juges vont
nous permettre de faire face à la situation avec plus de
célérité en plus des décisions que nous pourrons
avoir pour faire préciser la réelle portée de l'affaire
Askov. Nous allons avoir un tableau complet, donc, de la situation.
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Taillon.
Fermeture éventuelle des installations de SNC
à Valcartier
Mme Marois: Merci, M. le Président. Nous sommes
informés depuis déjà quelques temps que la
société SNC devrait fermer ses installations à Valcartier,
risquant ainsi de mettre à pied plus de 300 travailleuses et
travailleurs. Or, ces mises à pied seraient dues au fait que le
fédéral ne respecte pas l'engagement qu'il avait pris à
l'égard de l'entreprise quant au fait de contracter pour 600 000
heures-personnes d'emploi pour Valcartier. Est-ce que le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie a fait des interventions, comme
le demandent d'ailleurs les travailleuses et les travailleurs de l'entreprise,
pour qu'Ottawa respecte ses engagements à l'égard des
travailleuses et des travailleurs de l'entreprise?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, ça me
rappelle un peu l'homme d'affaires qui avait des charrettes avec des animaux et
qui continuait à faire beaucoup d'articles qui servaient ces
charrettes-là, avec la conséquence qu'aujourd'hui la
députée de Taillon me pose une question sur une entreprise qui
n'a peut-être plus de marché à cause du gouvernement
fédéral. La députée de Taillon le sait très
bien. Les démarches ont été entreprises, le
député de Chauveau, à plusieurs reprises, a
rencontré les intervenants et la société SNC
négocie avec le gouvernement fédéral soit le contrat, soit
une compensation pour le manque de commandes pour assurer la réussite de
ces entreprises. (14 h 40)
Le Président: Question complémentaire.
Mme Marois: Est-ce que le ministre de l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie n'aurait pas une proposition de politique industrielle en
matière de substitution? Parce qu'on sait qu'effectivement il y aura un
certain nombre de problèmes dans le cas des armements et que ce qui
concerne Valcartier risque de concerner plusieurs entreprises à travers
le Québec. Est-ce qu'il a une proposition à faire à cet
égard pour permettre une transformation de ce secteur industriel?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, on dirait des
fois que la députée de Taillon souhaiterait une autre guerre.
Une voix: Ah oui!
M. Tremblay (Outremont): Parce que c'est un secteur qui n'est pas
voué à un avenir prometteur. Le député de
Salaberry-Soulanges me parle souvent de la compagnie Expro. Des
démarches ont été faites, à plusieurs reprises, au
niveau du gouvernement fédéral, pour, dans un premier temps,
renouveler un contrat qui peut assurer la rentabilité de
l'entreprise.
Je vais aller plus loin, avec la députée de
Verchères. Des rencontres ont eu lieu pour ICI pour essayer de trouver
des solutions concrètes avec le gouvernement fédéral dans
un premier temps, avec les propriétaires de l'entreprise dans un
deuxième temps, avec les travailleurs et les travailleuses dans un
troisième temps, pour favoriser la diversification de ces entreprises.
Mais il faut que l'entreprise ait un marché. Alors, nous travaillons,
mais s'il n'y a plus de marché, nous essayerons de diversifier avec les
partenaires.
Le Président: Toujours en question complémentaire,
Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: J'ai l'impression que le ministre ne comprend pas ma
question. Est-ce
qu'il en a une proposition? Je suis d'accord avec son analyse, mais
est-ce qu'il en a une proposition pour procéder à la reconversion
de ce secteur industriel qui touche des dizaines de milliers d'emplois? On
parle de 40 000 emplois dans ce secteur, M. le Président. Est-ce qu'il
en a une stratégie concrète, précise à proposer
à ce secteur industriel?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Au même titre que les entreprises
impliquées dans le secteur, par exemple, de la fabrication de
cigarettes, ces entreprises, un certain nombre d'années, ont
commencé à diversifier leurs opérations. Le présent
gouvernement a identifié de façon très claire des secteurs
clés et des créneaux d'excellence justement pour guider les
politiques de diversification de ces entreprises. Et, dans cette optique, nous
travaillons avec ces entreprises pour trouver des solutions concrètes au
maintien des emplois des travailleurs et des travailleuses au
Québec.
Le Président: En question principale, M. le
député de Jacques-Cartier.
Faut-il modifier la loi régissant l'affichage
commercial?
M. Cameron: Merci, M. le Président. My question is for the
minister responsible for the Charter of the French Language. I am sure that the
minister has noted, as have other members of the Government, the Southam poll
that was published on the weekend. And I cite the The Gazette version.
The story was headed "Quebecers prepare to pull plug on sign law for the right
deal". I would ask the minister whether it is not time for him to consider, and
for the Government to consider, that the present sign legislation is not, in
fact, the defense of the French language, but a disaster for Québec and
a disaster for Canada; and, at least, to consider possible changes in this
legislation. Merci, M. le Président.
Le Président: M. le ministre, allez-y.
M. Ryan: M. le Président, si mes souvenirs sont exacts, la
loi qui apportait des modifications à la Charte de la langue
française concernant l'affichage commercial fut adoptée par cette
Chambre en décembre 1988 et elle prévoit une période de
cinq ans pendant laquelle l'Assemblée nationale a décidé,
dans l'exercice de sa souveraineté légale, de déroger
à la Charte canadienne des droits et libertés, telle
qu'interprétée par la Cour suprême dans ce cas-ci.
La période de dérogation doit normalement expirer, si je
compte bien, en décembre 1993. Il reste plus de deux ans, période
pendant laquelle je souhaite vivement que nous ayons un débat
démocratique au cours duquel pourront être soulevés tous
les problèmes, tous les points de vue possibles et à l'issue
duquel l'Assemblée nationale serait invitée, en temps utile,
à se prononcer, comme elle l'a fait la dernière fois, et selon la
manière dont elle le jugera nécessaire à ce
moment-là.
Le Président: En question complémentaire.
M. Cameron: Given the fact that the original decision of the
Supreme Court certainly allowed Québec to legislate in matters of
language, but also opposed the idea of suppression of a language, surely it
would at least be possible for the Government to consider, in terms of the
large possible constitutional changes that Canada and Québec are now
facing, that this matter can be reconsidered?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: C'est une question que certains se posent. J'ai vu
l'article auquel le député de Jacques-Cartier fait allusion dans
la Gazette de ce matin. À ma connaissance, il n'est aucunement
question d'un changement d'orientation, pour le gouvernement, sur ce point
précis dont a parlé le député de
Jacques-Cartier.
Le Président: En question additionnelle, M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Merci, M. le Président. Au ministre des
Affaires intergouvernementales. À la lumière de ce sondage
intéressant, est-ce que le gouvernement pourrait aussi considérer
incorporer dans la loi 150 une commission pour étudier les relations
avec les anglophones, les allo-phones et les autochtones, une suggestion qui a
été faite par les deux présidents de la Commission
Bélanger-Campeau de leur initiative? Dans leur première
initiative, leur première proposition, ils ont suggéré une
telle commission. Est-ce que le gouvernement peut considérer incorporer
dans la loi 150 une telle commission?
Le Président: M. le ministre des Affaires
intergouvernementales canadiennes.
M. Rémillard: M. le Président, tout d'abord, vous
me permettrez de rappeler que c'est le Québec qui a insisté pour
qu'on puisse, dans l'entente du lac Meech, insérer le respect de la
dualité canadienne. Donc, pour la première fois, on reconnaissait
l'existence juridique constitutionnelle de la minorité anglophone, ici
au Québec, comme des minorités francophones à
l'extérieur du Québec. Bon, ça n'a pas marché.
Très bien. Dans ce contexte-là, nous aurons ce projet de loi 150
que nous étudierons ici, dont le coeur et la formation de ces deux
commissions
parlementaires, l'une pour étudier ce que pourrait comporter un
fédéralisme profondément renouvelé et des offres
qu'on pourrait retenir, qu'on pourrait avoir d'Ottawa et des autres provinces,
et, d'autre part aussi, toutes les implications de la souveraineté et un
partenariat économique qui pourrait nous être offert d'Ottawa en
ce qui regarde la souveraineté. Dans ce contexte-là, M. le
Président, je crois que la question que pose M. le député
pourrait se comprendre et dans une commission et dans l'autre commission, sans
avoir besoin de créer une commission spécifique sur ce
sujet-là.
Le Président: En question principale maintenant, Mme la
députée de Taillon.
Dossier de l'aide financière gouvernementale au
groupe Malenfant
Mme Marois: Merci, M. le Président. Pour justifier un
prêt gouvernemental de 2 900 000 $ à M. Malenfant et à son
groupe, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie a
invoqué trois projets, soit celui du centre de ski de Pin rouge à
New Richmond, le Plaza Universel de Sainte-Foy et l'hôtel Universel de
Montréal. C'est lui-même qui le disait en cette Chambre. Il se
trouve que le centre de ski de Pin rouge à New Richmond y a
été installé à rencontre des recommandations des
gens du milieu, du sommet économique, entre autres, qui favorisaient
à l'unanimité le mont Saint-Joseph à Carleton. Une
étude d'experts, d'ailleurs, commandée par le Conseil
régional de développement, est arrivée à la
conclusion que c'était aussi Carleton qui devait être choisie.
Seule une intervention d'un membre de l'entourage du ministre des Finances, M.
Levesque, a permis de renverser la décision. Est-ce donc que le ministre
de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie a précisé, a
informé ses collègues du Conseil des ministres du prêt,
lorsqu'il a procédé et recommandé le prêt de 2 900
000 $? Est-ce qu'il les a informés, non seulement de cette situation,
mais qu'en plus le groupe Malenfant avait reçu 3 000 000 $ pour le
centre de ski de Pin rouge à titre de subvention, M. le
Président?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): Alors, je vois, M. le Président,
que les questions se suivent et sans cohérence, parce que dans certains
dossiers, on me reproche, on semble me reprocher de ne pas aider des
entreprises qui ne sont pas, disons, vouées à un succès,
mais, d'un autre côté, quand c'est le temps d'essayer de
protéger des emplois, on essaie, encore une fois, de continuer à
essayer de trouver quelque malentendu pour un entrepreneur
québécois. C'est avec beaucoup d'intérêt que le
leader de l'Opposition, je lisais dans le journal, on disait qu'il voulait
mettre le premier ministre en pénitence à cause de la
qualité de ses réponses. Alors, je lui suggérerais
humblement de mettre la députée de Taillon en pénitence
à cause de la non-qualité de ses questions, à cause de son
traitement... (14 h 50)
Une voix: Bravo!
M. Tremblay (Outremont): ...incomplet et superficiel du dossier
malenfant et surtout à cause de sa mémoire sélective
à toutes les réponses que je lui ai déjà
données.
Le Président: En question complémentaire, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Est-ce que le ministre pourrait me dire pourquoi il a
privilégié le support de ces trois projets, en particulier,
plutôt que le support de d'autres actifs du groupe Malenfant, M. le
Président?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Pour la simple raison que
c'étaient les actifs où il y avait une certaine plus-value,
où on pouvait assurer la protection du prêt gouvernemental qui, en
passant, n'a pas été déboursé. Alors, attendons
donc les événements pour voir si oui ou non nous pouvons ensemble
protéger 2800 emplois dans toutes les régions du Québec et
je le répète, si jamais il arrivait quelque chose, vous irez dire
à tous les employés dans ces hôtels, vous irez leur dire
qu'ils ont peut-être, à court terme, perdu leur emploi.
Le Président: Toujours en complémentaire.
Mme Marois: Est-ce que le ministre, lorsqu'il a proposé
qu'un tel prêt soit offert au groupe Malenfant, était au courant
des arriérés dus aux municipalités du Québec par ce
même groupe Malenfant, M. le Président?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, la
députée de Taillon est en train de faire la
démonstration...
Une voix: Qu'elle est incompétente.
M. Tremblay (Outremont): Non, je n'irais pas
jusque-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Elle est en train de faire la
démonstration que nous avions raison de différer la publication
du décret.
Non, non. Je vois le chef de l'Opposition...
Ça ne sent pas bon? On va le voir si ça ne sent pas
bon.
Le Président: M. le ministre, s'il vous plaît.
Une voix: Oui.
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Sur une question de règlement, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je pense que l'article 79
est clair. Je comprends qu'il puisse subir l'influence de son collègue
de gauche et se prendre pour un autre, soit le mois prochain dans
L'actualité.
Des voix: Ah!
Le Président: Évidemment, toujours sur la
même question de règlement, M. le leader du gouvernement. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je n'ai surtout pas
l'intention de susciter un débat par la question de règlement,
moi, sauf que dans le cas qui nous occupe actuellement, ça nous
réfère encore une fois au fait que le règlement n'est pas
respecté et, selon les informations que j'ai, ce qu'on a pu voir, c'est
que le chef de l'Opposition aurait fait un commentaire déplacé.
Vous suscitez les débats.
Le Président: Sur la question de règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, le ministre, non seulement
ne répond pas aux questions, conformément à l'esprit de
l'article 79, mais il se permet de nous en adresser. Si vous voulez qu'on
change de place, faites des élections et vous allez voir que ce ne sera
pas long.
Le Président: oui. un instant, s'il vous plaît!
à l'ordre, s'il vous plaît! alors, sur une question de
règlement, m. le leader du gouvernement.
M. Pagé: permettez-moi, m. le président, de vous
rappeler que le règlement ne permet pas de cracher en l'air. ne crachez
pas trop vite, les amis, là.
Le Président: S'il vous plaît! Simplement, je
demanderais que lorsqu'une question est posée, de répondre
à ia question. On ne peut établir un dialogue des deux
côtés. On s'adresse toujours à ia présidence pour
les questions qui sont posées ou quand on pose une question
également. Évidemment, sur une question de règlement, si
on veut réprouver une façon de procéder, on ne fait pas
soi-même une chose qui est réprouvée par le
règlement.
Alors, vous complétez, M. le ministre; c'est
complété, votre réponse? Question complémentaire,
Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Est-ce que dans les 2800 emplois que le ministre
prétend sauver par ses interventions, nous sauvons aussi ceux de
Winnipeg et ceux de la Floride, M. le Président?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je n'ai pas
cité... Tout à l'heure, je n'ai pas posé de question
à l'Opposition, je n'ai fait que citer le chef de l'Opposition. alors,
j'aimerais faire le dépôt de deux documents: un premier document,
pour démontrer... on avait mentionné qu'il y avait eu 21
prêts aux entreprises dans le secteur touristique totalisant 15 762 000 $
pour des projets de 64 168 000 $, protégeant 3078 emplois et/ou en
créant 425. c'est drôle, j'entends le leader de l'opposition, il
dit: ça n'a rien à faire. mais dans cette liste-là, j'ai
été content de voir qu'il y avait un prêt de 1 734 000 $
à l'hôtel château joliette pour...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Tremblay (Outremont): ...des emplois créés de
60. Il y en avait un autre à Rouyn-Noranda, en passant, pour 2 250 000 $
pour 300 emplois créés.
Des voix: Ah! Ah!
Le Président: À l'ordre! S'il vous plaît! Sur
une question de règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, ma question était
précise, c'était sur le nombre d'emplois. À ce que je
sache, M. le Président, au Château Joliette, ils n'ont pas
demandé le huis clos, ils ne l'ont pas caché et ce n'était
pas des "chums" intimes du ministre.
Le Président: J'apprécierais qu'on pose une
question de règlement, mais sur un point précis, s'il vous
plaît, sans aller à l'extérieur. Vous le savez fort bien,
la latitude que vous avez et pas plus. Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Je ne me suis pas objecté à ia
question de règlement, j'étais convaincu que le
député de Joliette allait nous remercier.
Le Président: C'est suffisant; ça suffit, s'il vous
plaît. À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, j'invite le
ministre à conclure rapidement.
M. Tremblay (Outremont): Je veux juste rappeler au leader de
l'Opposition que la publica-
tion est faite uniquement après l'octroi du prêt.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt de ce document? S'il vous plaît! Un instant, s'il vous
plaît! Est-ce qu'il y a consentement au dépôt d'un document,
ce document-là?
Une voix: Ah oui!
Le Président: Alors, consentement, le document est
déposé. M. le ministre, s'il vous plaît, rapidement.
M. Tremblay (Outremont): ...à la question de la
députée de Taillon, je dépose la déclaration du
représentant de l'entreprise, M. Raymond Malenfant, qui démontre
qu'au Québec, c'est 2500 emplois, au Canada, donc hors Québec,
245 et 50 à l'étranger. Donc, la très grande
majorité des emplois, pour ne pas dire la totalité des emplois,
c'est au Québec.
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a... Des voix:
Bravo!
Le Président: Donc, il y a consentement au
dépôt du document. Le document est déposé. C'est la
fin de la période de questions.
Tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder au vote reporté. (15 heures)
Mise aux voix de la motion de censure
proposant
que l'Assemblée blâme le gouvernement
pour
son refus de prendre ses responsabilités
face
à la récession économique qui
frappe
les Québécoises et les
Québécois
Alors, je requiers l'attention de tous les collègues, s'il vous
plaît.
Alors, je mets aux voix la motion de censure présentée par
M. le leader de l'Opposition officielle.
Cette motion se lit comme suit: "Que cette Assemblée condamne
vigoureusement le gouvernement libéral pour son refus
délibéré de prendre ses responsabilités face
à la récession économique qui frappe cruellement les
Québécoises et les Québécois, pour avoir
lui-même jeté de l'huile sur le feu par l'imposition de plusieurs
milliards de taxes directes et indirectes et pour avoir miné la
crédibilité de nos institutions économiques, plus
particulièrement Hydro-Québec et la Société de
développement industriel, en manquant de transparence dans la gestion
des fonds publics."
En requérant de nouveau la collaboration de tous les
collègues, s'il vous plaît. MM. les députés, s'il
vous plaît.
Alors, que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent
bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Parizeau (L'Assomption), M.
Chevrette (Joliette), Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Blais (Masson), Mme Marois
(Taillon), M. Garon (Lévis), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), M.
Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), Mme Juneau (Johnson), M. Dufour
(Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M.
Léonard (Labelle), M. Paré (Shefford), M. Claveau (Ungava), M.
Morin (Dubuc), Mme Caron (Terrebonne), M. Bois-clair (Gouin), M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles), M. Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme
Dupuis (Verchères), M. Beaulne (Bertrand), M. Libman (D'Arcy-McGee), M.
Cameron (Jacques-Cartier).
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Bourassa (Saint-Laurent), M.
Pagé (Portneuf), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François), M.
Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil), M.
Côté (Charlesbourg), M. Bourbeau (Laporte), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Côté (Rivière-du-Loup), M. Sirros (Laurier), M.
Vallières (Richmond), M. Elkas (Robert-Baldwin), M. Tremblay
(Outremont), M. Rémillard (Jean-Talon), M. Rivard (Ro-semont), Mme Robic
(Bourassa), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Frulla-Hébert
(Marguerite-Bour-geoys), M. Cherry (Sainte-Anne), M. Bélisle
(Mille-Îles), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M. Picotte
(Maskinongé), Mme Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval), Mme
Bleau (Groulx), M. Houde (Berthier), M. Maltais (Saguenay), Mme
Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M. Philibert
(Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), M. Chagnon (Saint-Louis),
M. Doyon (Louis-Hébert), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Leclerc
(Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford),
M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe (Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Lemieux
(Vanier), M. Richard (Nicolet-Yamaska), Mme Bégin (Belle-chasse), M.
Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Gautrin
(Verdun), M. Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine), Mme Hovington
(Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M.
Bordeleau (Acadie), M. Audet (Beauce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbinière), M.
Bradet (Charlevoix), Mme Cardinal (Châteauguay), M. Després
(Limoilou), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Forget (Prévost),
Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance
(Iberville), M. MacMillan (Papineau).
Le Président: Est-ce qu'il y a des abstentions?
le secrétaire: pour. 25 contre: 69
Abstentions: Aucune
Le Président: Donc, la motion est rejetée.
Maintenant, motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Pagé: M. le Président, j'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires courantes et ce,
jusqu'à 18 h 30, de 20 heures à 24 heures ainsi que demain, le
mardi 4 juin 1991, de 10 heures à 12 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission des affaires sociales poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi 120, Loi sur les
services de santé et les services sociaux et modifiant diverses
dispositions législatives.
J'avise de plus cette Assemblée que demain, le mardi 4 juin, de 9
h 30 à 12 h 30, à la salle du Conseil législatif, la
commission de l'aménagement et des équipements entreprendra ses
consultations particulières...
Le Président: Alors, je vais demander la collaboration des
collègues. Je constate que certains collègues parient
impunément alors que le leader du gouvernement donne des avis touchant
les travaux des commissions. Ça m'ap-paraît essentiel que les
collègues sachent exactement quelle commission siège. Ça
évitera des questions inutiles à ce moment-là. Alors, M.
le leader, veuillez poursuivre, s'il vous plaît.
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'apprécie
cette protection que vous voulez me donner, au plus haut point. Ceci
étant dit, je reprends. J'avise cette Assemblée que demain, le
mardi 4 juin, suivant un ordre de la Chambre, de 9 h 30 à 12 h 30,
à la salle du Conseil législatif, la commission de
l'aménagement et des équipements entreprendra des consultations
particulières et tiendra des auditions publiques dans le cadre de
l'étude du projet de loi 145, Loi modifiant diverses dispositions
législatives concernant les finances municipales. La liste des
organismes à être entendus demain a été
déposée, mercredi ou jeudi, dans cette Chambre.
Le Président: Merci, M. le leader du gouvernement.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Je vous rappelle
que, tel que convenu, jeudi dernier, un débat de fin de séance
est reporté à la fin de la présente séance. Il
s'agit du débat entre M. le député de Labelle et M. le
ministre délégué à l'Administration et à la
Fonction publique concernant les négociations collectives avec le
Syndicat des constables spéciaux.
Ceci met fin à la période des affaires courantes.
Décision du président relative à
la motion de scission du projet de loi 145
Maintenant, aux affaires du jour. Avant de procéder à
l'appel de quelques sujets de discussion, je voudrais, à ce moment-ci,
rendre la décision concernant la motion de scission
présentée par M. le député de Lévis,
à l'occasion du débat sur la motion d'adoption du principe du
projet de loi 145, Loi modifiant diverses dispositions législatives
concernant les finances municipales.
Alors, à la séance du 29 mai dernier, le
député de Lévis a proposé à la fin de son
intervention, au cours du débat sur l'adoption du principe du projet de
loi 145, une motion de scission.
Je vais demander à tous les collègues, s'il vous
plaît, d'aller faire leurs caucus à l'extérieur de
l'Assemblée. Mmes, MM. les députés, s'il vous
plaît.
Je vais reprendre. À la séance du 29 mai dernier, le
député de Lévis a proposé, à la fin de son
intervention, au cours du débat sur l'adoption du principe du projet de
loi 145, une motion de scission. Celle-ci visait à scinder le projet de
loi 145 en trois projets de loi: un premier intitulé Loi modifiant
diverses dispositions législatives concernant les finances municipales;
un deuxième intitulé Loi modifiant la Loi sur le ministère
des Transports et d'autres dispositions législatives concernant la
constitution du Fonds des contributions des automobilistes au transport en
commun; et un troisième, intitulé Loi modifiant la Loi de la
police concernant des corps de police municipaux.
Le leader adjoint du gouvernement a soulevé alors le
problème de la recevabilité de cette motion. J'ai entendu
l'argumentation des deux leaders et j'ai ensuite pris cette question en
délibéré.
La position du leader adjoint du gouvernement peut se résumer de
la façon suivante: le projet de loi 145 serait indivisible puisque
l'ensemble des lois modifiées le sont toutes dans le but ultime de
pouvoir mettre en place et articuler tous les mécanismes
nécessaires à l'application de la réforme du gouvernement
visant un nouveau partage des responsabilités entre les
municipalités et l'État. Enfin, toutes les modifications
apportées aux diverses lois ne visent en fait qu'un seul et même
objectif, soit les finances municipales.
Quant au leader de l'Opposition officielle, je résumerais sa
position de la façon suivante: la motion vise à faire du projet
de loi 145 trois
projets de loi autonomes. Il soutient qu'une fois scindé, le
projet de loi 145 pourrait former trois projets de loi distincts ayant une
existence propre, ce qui permettrait à l'Assemblée de
procéder en pleine connaissance de cause à leur étude. De
plus, un vote sur un des trois sujets n'entraînerait aucunement un vote
automatique sur l'un des autres sujets. Enfin, la présidence doit
analyser la question de la recevabilité avec largesse et ouverture,
puisqu'il appartient à l'Assemblée d'en disposer à sa
convenance.
Tels furent les principaux motifs soulevés quant à la
recevabilité de la motion de scission du député de
Lévis. Cette motion de scission est proposée en vertu de
l'article 241 de notre règlement qui stipule, et je cite: "Lorsqu'un
projet de loi contient plusieurs principes, il peut, avant l'adoption, faire
l'objet d'une motion de scission. Si elle est adoptée, les projets de
loi résultant de la scission doivent être réinscrits
à l'étape de la présentation."
La jurisprudence a développé au fil des ans certains
critères qui nous aident à appliquer cet article. Le premier est
à l'effet qu'il est erroné de prétendre que chaque partie
d'un projet de loi constitue une fraction d'un tout, le tout constituant le
principe. Suivant ce critère, il est donc possible qu'un projet de loi
contienne plusieurs principes. Est-ce le cas du projet de loi 145? Pour le
déterminer, nous devons passer à l'étude de la notion, du
mot "principe" énoncée dans un deuxième
critère.
Ce critère pourrait s'énoncer comme suit: la notion de
principe n'étant pas définie clairement, nous devons distinguer
entre l'essence et les modalités pour déterminer si un projet de
loi contient plusieurs principes. Le traité de procédure ne
s'attardant pas à définir la notion de principe, il faut donc se
référer au sens commun généralement reconnu
à ce terme. Selon le dictionnaire Petit Robert, le mot principe se
définit comme suit: élément constituant, proposition
première. Quant au terme modalité, ce même dictionnaire le
définit de la façon suivante: forme particulière,
manière, particularité.
Si on parcourt le projet de loi 145, on y retrouve autant
d'éléments constituants que de simples particularités.
J'en arrive à la conclusion qu'il contient alors plus d'un principe. En
effet, à ce chapitre, on peut difficilement considérer que des
dispositions concernant une modification à la Loi de police et celles
modifiant la Loi sur le ministère des Transports ne constituent que des
modalités ou des dispositions législatives concernant les
finances municipales.
Ainsi, même si le projet de loi 145 a pour toile de fond la
modification de la Loi sur la fiscalité municipale, je ne peux
m'empêcher d'y voir plus d'un principe. Toutefois, la scission
proposée par le député de Lévis conduit-elle
à regrouper des dispositions constituant des principes distincts? Je
crois que oui. Le regroupement proposé comporte trois blocs, soit:
Premièrement, des modifications à certaines dispositions
législatives concernant les finances municipales.
Deuxièmement, des modifications à la Loi sur le
ministère des Transports et autres dispositions concernant la
constitution d'un fonds de contribution des automobilistes au transport en
commun.
Et, troisièmement, des modifications à la Loi de police
concernant les corps de police municipaux.
Ces trois blocs m'apparaissent constituer des principes distincts
pouvant former des projets de loi cohérents en eux-mêmes
conformément à un troisième critère établi
par la jurisprudence.
En conclusion, la motion de scission du projet de loi 145
proposée par le député de Lévis m'apparait
recevable. La volonté de l'auteur du projet de loi de procéder
à un réaménagement des responsabilités entre le
palier provincial et le palier municipal apparaît manifestement tout au
long de ce projet de loi. Cependant, je crois que, pour y parvenir, le projet
de loi n'énonce pas que des modalités, mais bien plusieurs
principes distincts également.
Et conformément à l'article 241, un tel projet de loi peut
faire l'objet d'une proposition de scission sur laquelle les membres de
l'Assemblée se prononceront.
Alors, ceci étant dit, je suis maintenant prêt à
demander au leader du gouvernement de m'indiquer quel article du feuilleton il
veut bien que nous appelions pour nos débats. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Alors, M. le Président, je vous invite
à appeler l'article 14 et on va entendre le député de
Lévis.
Débat sur la motion de scission
Le Président: Très bien. Donc, à l'article
14, à ce moment-ci, nous allons donc reprendre sur le projet de loi 145,
Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant les finances
municipales. Nous sommes à l'étape de l'adoption du principe et
nous avons une motion de scission qui est recevable et que nous devons discuter
immédiatement. Et pour procéder à cette discussion, cela
se fait à l'intérieur d'un débat restreint suivant le
règlement de l'Assemblée. Je vais donc suspendre quelques
minutes, convoquer les deux leaders pour faire le partage du temps et nous
reprendrons les travaux dans quelques minutes. Alors, nous suspendons quelques
instants.
(Suspension de la séance à 15 h 13)
(Reprisée 15 h 16)
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Au niveau
de la discussion sur la motion de scission qui donne lieu à un
débat restreint de deux heures, suite à une conférence
avec les leaders, le temps sera réparti de la façon suivante: une
heure sera accordée à l'Opposition officielle, une heure sera
accordée au groupe ministériel. Il est convenu que le temps
maximum d'une intervention à l'intérieur de l'enveloppe sera de
30 minutes. Également, il est convenu que le temps non utilisé
par une formation politique pourra accroître à l'autre formation
s'il y a lieu, si nécessaire, si les intervenants désirent
prendre la parole. Donc, je suis prêt à reconnaître le
premier intervenant sur cette motion de scission, et ce sera M. le leader de
l'Opposition et député de Joliette. M. le leader de
l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Nous avons voulu
précisément scinder ce projet de loi pour permettre des
débats nettement distincts les uns des autres. Nous avions la conviction
que ce projet de loi constituait, à toutes fins pratiques, trois blocs
extrêmement distincts.
Tout d'abord, bien sûr, il y a le bloc touchant le financement de
la Sûreté du Québec par des factures qui seront
dorénavant envoyées aux municipalités selon l'esprit de la
réforme; le deuxième bloc, qui parle de voirie tertiaire, parce
qu'on remettra à des municipalités la responsabilité et le
devoir de payer pour leur voirie tertiaire; et il y aura un troisième
bloc qui est une salade de taxes, à toutes fins pratiques, que l'on
envoie à la municipalité. On enlève des "enlieu" de taxes.
On leur dit: Vous pourrez taxer à tel champ plutôt que tel autre.
Il y a la taxe qu'on appelle la taxe de récréation, dans certains
milieux; on l'appelle la taxe d'amusement dans d'autres, etc. De sorte que le
projet de loi que nous avons devant nous nous oblige à faire un
débat sur les trois blocs, simultanément, alors que nous, on dit:
Pourquoi ne pas traiter de trois choses distinctes l'une après l'autre,
pour pouvoir discuter intelligemment?
Est-ce que ça a de l'allure, par exemple, dans le contexte
actuel, qu'on envoie une facture à des municipalités qui n'auront
même pas les services policiers, dont le service policier a
diminué? On va leur envoyer une facture au même tarif, au
même taux que les municipalités qui ont un service. Ça
m'apparaît être un débat de fond, en soi.
Le deuxième débat de fond, c'est la voirie. On sait
très bien que cette Assemblée nationale a voulu
délibérément que, par la loi 90, on ait des milieux
agricoles auxquels on ne toucherait plus. On voit, des fois, un cultivateur
à tous les kilomètres, même aux kilomètres et demi,
dans certains rangs, qui seront deux, trois, dans ce rang-là, pour
payer. Et l'Assemblée nationale dit: Vous n'en construirez plus, de
maisons, le long des routes, en plus, de sorte qu'on dit
délibérément: On va vous punir, vous autres. Même si
c'est nous autres qui avons décidé qu'il n'y aurait pas de
densité domiciliaire dans les milieux agricoles, vous allez payer vos
routes, dorénavant. Ça nous apparaît être un autre
débat, en soi, qui est capable de se faire parce qu'on pourra proposer
une banque de péréquation, on pourra proposer des choses
intelligentes pour que les municipalités rurales et le monde rural ne
soient pas pénalisés.
Et le troisième débat, c'est la salade de taxes. Je pense
que, ça aussi, ça ferait un débat en soi. Est-ce qu'on est
d'accord ou pas pour que les "en lieu" de taxes sautent sur les écoles
élémentaires? Est-ce qu'on est d'accord ou pas avec cette
possibilité de continuer à taxer? Même si je reconnais, M.
le Président, que les trois blocs, les trois projets de loi que, nous,
on voudrait voir discuter, au lieu d'un projet de loi global comme celui qui
nous est présenté, nous, M. le Président, on dit, sur le
fond de la réforme incluant ces trois blocs, qu'on est quand même
en désaccord. Le gouvernement provincial, le gouvernement
libéral, M. le Président, pellette son déficit dans la
cour des municipalités et dit aux maires des municipalités, dit
aux échevins des municipalités: Assumez donc nos dettes à
nous. Prenez donc cette partie de dettes pour qu'on puisse dire aux
contribuables québécois: Nous, on ne taxe pas trop. Taxez
à notre place. Nous, on ne taxe pas trop. On va pouvoir dire, comme le
ministre des Finances l'a dit: Écoutez, on n'augmente pas les
impôts; bien non. Mais, M. le Président, on n'augmente pas les
impôts, c'est 3 320 000 000 $ depuis l'élection de 1989. Ça
commence à faire des "pinottes", ça, M. le Président. Le
même ministre de la Sécurité publique et ministre des
Affaires municipales, l'an passé, avait contribué à aller
chercher dans le champ de taxation foncier 320 000 000 $ en augmentant les
taxes scolaires. Ce même ministre arrive cette année avec 369 000
000 $, taxes municipales. Nous, on voudrait que ce soit discuté bloc par
bloc et c'est pour ça, M. le Président, qu'on a
déposé cette motion de scission, pour qu'on puisse discuter du
cas de la police, pour qu'on puisse discuter de la voirie tertiaire et pour
qu'on puisse discuter du cas de la salade des taxes que l'on met sur le dos des
contribuables présentement, M. le Président.
Je suis content, M. le Président, que notre argumentation fort
logique, basée sur la jurisprudence, ait reçu écho au
niveau de la présidence, M. le Président. Je suis content parce
que ça nous permettra, si, bien sûr, la majorité le veut
dans cette Chambre, ça nous permettra de faire trois types de
discussions extrêmement intelligentes. Parce que discuter dans un tout,
M. le Président, on oppose les gens dans bien des cas. Il y a des
députés qui sont carrément des
députés de ville, qui ne sont pas affectés du tout
par la réforme, parce qu'ils disent: II y avait déjà une
police. On est très peu affecté par les "en lieu" de taxes s'il y
a correctifs. Mais il y a du monde, par exemple...
Je vois le député de Nicolet-Yamaska qui, lui, a des
petites municipalités. Il y a des municipalités, par exemple, par
rapport à la taxation sur la police qui seront touchées dans son
comté, qui seront touchées très sérieusement dans
son comté, M. le Président. Il serait peut-être bien plus
à l'aise de voter contre un bloc que de voter pour un autre. C'est pour
ça que la motion de scission a été acceptée, parce
qu'en soi, chaque bloc constitue un tout. Comme un autre député
peut être en accord, par exemple sur la partie de taxation au niveau de
la voirie tertiaire et il serait en désaccord... Ou l'inverse: II serait
en accord avec la Sûreté ou la police et il serait en
désaccord avec la voirie tertiaire, M. le Président. Il y a des
cironscriptions électorales qui ont des centaines de kilomètres
de routes à entretenir et qui sont très peu comme population.
Comment vont-elles faire pour respirer? Comment vont-elles faire, M. le
Président, pour payer la facture? Dans certains cas, le budget municipal
va doubler carrément et on demande d'un coup sec à du monde
d'avaler la pilule. C'est ça fondamentalement. Si l'Opposition veut se
battre pour scinder précisément les blocs, c'est pour permettre
de porter un jugement sur chacun de ces blocs qui est autonome et
indépendant en soi, M. le Président. Un député peut
être en faveur d'un bloc et être en désaccord avec deux; et
ça, fondamentalement, M. le Président, si ce règlement a
été adopté en cette Chambre, c'est nous permettre
précisément de donner le vote le plus juste selon les
idées que l'on a et dépendant des blocs. Moi, je suis
entièrement d'accord, M. le Président, avec cette motion de
scission qui a été présentée par le
député de Lévis parce qu'elle permettra a tout l'ensemble
des députés de cette Chambre de voter selon sa conscience en
faveur ou contre un bloc.
Là, on force les députés, s'ils sont en
désaccord profond avec un des trois blocs... Si je suis en profond
désaccord avec la police, par exemple, avec la taxe sur la police, et
que je suis d'accord avec les deux autres, je ne pourrais même pas
m'exprimer en faveur des deux, il faudrait que je vote contre le projet de loi.
Mais, M. le Président, soyez sans crainte, dans mon cas, je suis contre
les trois blocs, je veux bien rassurer les gens. Mais c'est pour permettre, si
on a fait cette motion, à l'ensemble des députés de
pouvoir voter, selon leur conscience, à partir de chacune des dimensions
que l'on retrouve dans ce projet de loi. Je rappelle, M. le Président,
toute la dimension transport en commun que l'on retrouve dans le bloc de la
salade; les gens de Montréal, les gens qui utilisent le transport en
commun, les gens qui seront touchés par une taxe sur l'assurance
automobile parce qu'ils entrent ou pénètrent dans le
périmètre urbain montréalais, M. le Président, ou
dans le périmètre du transport en commun, eh bien, il y en a qui
sont en désaccord profond avec ça, mais qui pourraient être
en accord avec une équité dans le service de police.
Tout ça nous amène, M. le Président, à
inciter les députés, de quelque côté que ce soit de
la Chambre, sans se faire d'illusion, bien sûr, sur ce que sera le
verdict - parce qu'on le sait d'avance, mais c'est le rôle de
l'Opposition en cette Chambre d'attirer l'attention des gens sur les gestes
qu'ils posent - d'amener le gouvernement à réfléchir bien
sérieusement avant de poser un geste, de lui faire comprendre qu'il y a
des aspects de son projet de loi sur lesquels on est en profond
désaccord, et, quand on est en profond désaccord sur l'ensemble
du projet de loi, on prend les moyens qui nous sont donnés par le
règlement, par le Parlement, pour se battre contre, et c'est ce qu'on
fait, M. le Président.
Il s'agit carrément, pour nous, d'une lutte - oui, d'une lutte -
pour amener le gouvernement libéral actuel à arrêter de
taxer, M. le Président. Ça n'a pas de bon sens. Les gens nous
disent: Où va notre argent? Où va notre argent? En scindant ainsi
le projet de loi, parce qu'il faut demeurer sur le sujet, les gens sauront que
les taxes qu'ils veulent nous imposer, un, c'est pour la police, deux, c'est
pour le transport en commun, trois, c'est pour la voirie tertiaire. Les gens
sauront que le compte de taxes municipales qu'ils recevront à compter de
1992, eh bien, c'est le gouvernement actuel, le gouvernement libéral qui
aura décidé de taxer les populations, y compris - et je prends le
cas de la police - les municipalités qui ont à peine un service,
qui reçoivent la visite des policiers quand il y a un accident. J'en ai
cité une liste, l'autre jour, de municipalités. Mon
collège de Jonquière pourrait citer un nombre incalculable de
municipalités dont les services policiers ont diminué, pour ne
pas dire qu'ils sont inexistants dans plusieurs cas. Mon collègue
pourrait aussi vous donner, parce qu'il est critique en matière
municipale, une série de municipalités qui ont plusieurs
dizaines, plusieurs cinquantaines même de kilomètres, d'entretien
de routes, M. le Président, en voirie tertiaire et qui auront de la
difficulté à boucler le budget, M. le Président, c'est
clair, c'est évident, des municipalités peu populeuses, mais qui
sont étendues sur des chemins de ligne, comme on le dit en bon
québécois dans notre bout, qui ont une, deux ou trois maisons par
rang, quatre maisons par rang, cinq maisons par rang, mais qui devront payer
des gros sous pour l'entretien du réseau routier, M. le
Président.
Il me semble, qu'on soit libéral, péquiste ou de n'importe
quelle formation politique que ce
soit, comme députés qui représentons des
citoyens... C'est du monde qui a voté pour nous autres. Moi, je ne me
vois pas être en faveur d'un projet de loi qui va dire, par exemple, que
ma municipalité de Saint-Charles-Borromée aura à payer 1
200 000 $ pour la police, 600 000 $ ou 500 000 $ pour Notre-Dame-des-Prairies.
Mes municipalités qui ont plusieurs kilomètres de route n'ont pas
encore de réponse sur le concret d'une banque de
péréquation qui viendra balancer. On dit: Ça va venir,
mais on ne le sait pas. Est-ce que ça tiendra compte de
l'étendue? Est-ce que ça tiendra compte de la population? Est-ce
que ça tiendra compte de l'évaluation municipale? Est-ce que
ça... (15 h 30)
Ça va dépendre, bien sûr! Tout est
discrétionnaire, si j'ai bien compris, et fera suite à une
décision gouvernementale. Mais vous mettrez combien dedans? On ne le
sait pas, et vous nous demandez de voter pour une législation dont on ne
connaît pas complètement la facture globale et finale, M. le
Président. C'est pour ça que mon collègue de Lévis
a proposé de scinder ce projet de loi en trois unités bien
précises, et j'espère que l'Assemblée nationale du
Québec, M. le Président, sérieusement, en particulier le
Parti libéral, permettra à ses députés de voter en
faveur de cette motion de scission qui permettrait à l'ensemble des
députés à ce moment-là de se prononcer en toute
connaissance de cause, en toute conscience, dans le sens des
intérêts des concitoyens que nous représentons. Je pense
qu'on a le droit de pouvoir le faire, M. le Président, alors que la loi
actuelle, telle que libellée, ne nous donne pas le choix. C'est une
salade de taxes que nous n'acceptons pas, que nous allons continuer à
combattre, nous de l'Opposition, et nous espérons cependant que le
Parlement nous offrira l'opportunité de discuter des trois volets bien
précis, trois volets qui étaient d'ailleurs acceptables puisque
la présidence vient de le reconnaître, et, M. le Président,
nous pourrons ainsi voter selon notre propre conscience. Merci.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader de
l'Opposition officielle. Toujours sur le même sujet, à savoir la
motion du député de Lévis proposant la scission du projet
de loi 145, je cède maintenant la parole à M. le
député de Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président, de me permettre de
donner un point de vue qui va éclairer le débat d'une autre
façon que celle que vient de faire M. le leader de l'Opposition. C'est
parfaitement son droit, bien sûr, de parler dans le sens où il l'a
fait, sauf que son argumentation est extrêmement faible, et elle oublie
des points de toute première importance.
Il faut se souvenir, M. le Président, que l'Opposition
prétend que, bien sûr, il faudrait discuter de trois principes
séparément, regarder les choses une à une, une à la
fois, disant: Bien, c'est nécessaire pour que nous puissions regarder
à fond les problèmes qui sont soulevés. Évidemment,
de notre côté, du côté ministériel, on ne peut
pas prêter d'intention qui serait, par exemple, de laisser croire que la
mesure est une mesure dilatoire, qui tend à retarder le débat,
à le prolonger, et faire en sorte que le 22 ou le 23 juin nous tombe
dessus sans que le projet de loi ait été adopté avec les
conséquences qu'on connaît. ce n'est pas là mon propos, m.
le président, mais j'aurais aimé savoir de la part du leader de
l'opposition quel est le projet de loi, s'il avait été
scindé en trois, pour lequel il aurait pu, possiblement, voter en
faveur? il nous a même indiqué... il est allé au devant des
coups un peu, en nous disant: ne vous inquiétez pas, il n'y en a aucun
de ces trois là qui fait mon affaire et je voterais contre les trois.
j'ai un peu la réponse, m. le président, qui me permet, sans
faire d'accusation et de procès d'intention, de dire sans trop de risque
de me tromper que c'est une mesure qui vise à retarder le débat,
qui s'apparente à une mesure dilatoire, qui ne vise pas à aller
au fond des choses mais plutôt à embarrasser le gouvernement.
Moi, M. le Président, quand je regarde ça, je me dis que
si on avait séparé en trois parties différentes le projet
de loi qui est devant nous, l'Opposition aurait probablement été
en droit de nous faire des reproches, en disant: Le gouvernement n'a pas le
courage nécessaire pour affronter la réalité et dire les
choses telles qu'elles sont. L'Opposition nous aurait dit: Vous faites de la
fiscalité, de la voirie, des forces policières, mais tout
ça se fait à l'intérieur d'une attaque frontale,
dirait-elle, contre les municipalités. Et, à ce titre-là,
si vous aviez du courage, vous présenteriez un seul projet de loi. Et
c'est comme ça que la transparence devrait vous obliger à agir.
Moi, je vois très bien le gouvernement, le ministre des Affaires
municipales par exemple, dire: Aujourd'hui nous allons présenter un
projet de loi sur la fiscalité municipale proprement dite. Et j'entends
le leader de l'Opposition dire: Allons au-delà de ça et regardons
si, en arrière de la fiscalité municipale, il n'y a pas d'autres
intentions concernant les forces policières. Est-ce qu'il n'y a pas
d'autres intentions concernant le transport en commun, la voirie? Et à
ce titre-là, dirait-il à ce moment-là, est-ce que le
projet de loi ne devrait pas être unifié? Est-ce que la
transparence, dont se targue le gouvernement, et ce serait son discours, cette
transparence-là ne devrait pas obliger le gouvernement à
présenter un seul projet de loi? Ce serait une argumentation fort
logique dans les circonstances. Eh bien! nous sommes allés au
devant des coups, M. le Président, et c'est ce que nous faisons sans
avoir à nous le faire demander par l'Opposition. Vous croiriez que nous
en serons remerciés, qu'il y aura une sorte d'appréciation venant
de l'autre côté de la Chambre pour la façon dont nous
présentons les choses. L'ingratitude, M. le Président, dans ce
cas-là, est flagrante. Au lieu de nous remercier d'être
transparents, d'être courageux, de faire face à la musique, ils
nous reprochent de le faire, M. le Président. Comme quoi il est
très difficile de faire l'affaire de tout le monde et de son
père. Quelque geste qu'on pose, on se le voit reprocher.
Il y a un principe unificateur de toute première importance.
C'est le principe fondamental. Il s'agit de le voir, il s'agit de le
considérer, il s'agit de faire un effort pour s'apercevoir que tout
ça traite des responsabilités municipales et des moyens
nécessaires pour y faire face. C'est ça, le principe unificateur.
C'est ça le principe qui relie tous les aspects du projet de loi. Sans
ce principe-là, le projet de loi comme tel n'existerait pas. Un principe
unificateur de toute première importance, c'est-à-dire prise en
charge par les municipalités de leurs responsabilités avec, en
contrepartie, les moyens nécessaires pour assumer ces
responsabilités-là.
M. le Président, c'est tellement vrai qu'on ne pourrait pas en
toute logique agir autrement. Le leader de l'Opposition, tout à l'heure,
nous blâmait et va continuer de nous blâmer, de taxer indirectement
de cette façon-là, c'est-à-dire d'imposer des charges aux
municipalités qui vont devoir aller chercher des revenus pour faire face
à leurs responsabilités. C'est ça, le sens de l'autonomie
municipale. Comment ne peut-on pas comprendre ça? C'est qu'avec le
plaisir de dépenser doit venir l'odieux de taxer. Ça va ensemble.
Si on a du plaisir à dépenser, on doit subir l'odieux de taxer.
On ne peut pas séparer ça. C'est ce qu'on dit aux
municipalités, c'est ce qu'on essaie de faire valoir.
M. le Président, je vais vous raconter une expérience
personnelle. J'ai été, pendant plusieurs années, moi,
secrétaire général de la Communauté urbaine de
Québec. À ce titre-là, j'avais le privilège insigne
d'assister du début à la fin des discussions au comité
exécutif de la Communauté urbaine, qui siégeait tous les
mardis matins - je pense que c'est encore la même affaire - de 8 heures
du matin environ à 1 heure ou à 2 heures de l'après-midi.
C'était toujours pareil. La première heure des travaux du
comité exécutif consistait dans la prise de décisions,
c'est-à-dire qu'est-ce qu'on fait avec l'incinérateur, qu'est-ce
qu'on fait avec le transport en commun, qu'est-ce qu'on fait avec
l'évaluation? Les décisions se prenaient dans environ une heure.
Première heure de travail, la prise de décisions. Les quatre
autres heures, qu'est-ce qui restait à faire? Comment on s'organise pour
faire payer le gouvernement? C'était ça. On prenait les
décisions dans une heure et les quatre autres, chacun y allait de sa
suggestion comment on s'organise pour faire payer les autres.
C'est-à-dire comment on va dépenser l'argent des autres sans
avoir à aller chercher dans les poches des contribuables en faisant
accroire que ça, ça vient de nulle part.
Ça, c'est une expérience que j'ai vécue et je
n'étais pas n'importe où là et je n'avais pas n'importe
quel rôle à jouer. C'est moi qui les faisais, les
procès-verbaux. C'est moi qui les écrivais. J'étais
privilégié. J'étais assis à côté du
président de la Communauté urbaine de Québec qui me
disait: Bon, bien, ça la résolution va être dans tel sens.
La prise de décisions allait très bien. Très souvent, la
décision était prise sous réserve de trouver un mode de
financement qui n'imposerait pas aux municipalités d'aller chercher des
taxes. "C'est-u" révélateur comme façon de faire? C'est
révélateur. Une heure pour prendre des décisions, une
heure pour savoir qu'est-ce qu'on va dépenser. Trois heures, quatre
heures pour essayer de faire payer les autres.
Ça, c'est l'expérience d'un secrétaire
général de la Communauté urbaine de Québec pendant
plusieurs années. Je n'ai pas raison de croire que c'était
différent à Montréal, pas raison de croire que c'est
différent dans les municipalités, pas raison de croire que ce
n'est pas comme ça que ça se passe.
À partir de là, M. le Président, moi, je dis le
plaisir de dépenser; contrepartie, l'odieux de taxer. Je ne peux pas
séparer ça. Et les municipalités qui réclament
l'autonomie, quelle meilleure façon d'être autonome que de
disposer de ses propres sources de revenus, d'être capable de dire: Je
vais aller chercher une taxe sur le stationnement, je vais aller chercher une
taxe sur la plus-value des édifices commerciaux, je vais aller chercher
une taxe dans tel domaine. Et, à partir de là, une fois que j'ai
l'argent, je vais pouvoir dépenser cet argent-là à mon
gré, selon les nécessités, selon les besoins de la
municipalité. (15 h 40)
Est-ce que ça, ce n'est pas plus valorisant, pour des élus
municipaux, que de venir faire des pèlerinages chez le ministre des
Affaires municipales et, ni plus ni moins, de quémander pour ne pas dire
quêter? Est-ce que c'est ça l'autonomie municipale valorisante qui
consiste à dire: On va faire de l'aqueduc, on va donner du transport en
commun, on va faire ci, on va faire ça dans la municipalité,
mais, avant, on va aller demander un coup de tête au ministre des
Affaires municipales pour qu'il nous dise: Oui, je vais vous piloter quelque
chose au Conseil du trésor. Est-ce que c'est ça une autonomie
municipale valorisante? Est-ce que c'est ça l'autonomie municipale que
désirent les élus municipaux? Moi, je dis non. Je dis que
l'autonomie municipale, pour être valorisante, doit être
forçante, pour être valori-
santé, elle doit être exigeante.
Quelqu'un qui est capable de dépenser doit être capable de
justifier qu'il faut qu'il taxe et pourquoi il faut qu'il taxe. C'est trop
facile autrement de mettre des autobus dans toutes les rues et de les laisser
se promener à moitié vides. Et, là, on ne caricature pas.
Je sais que c'est facile et que c'est éculé cet
exemple-là, mais il est tellement connu de tout le monde que ne pas y
faire référence, c'est passer à côté du
sujet. Les autobus à Québec, les trois quarts du temps, plus ils
sont gros, plus ils sont vides. C'est comme ça que ça marche.
C'est ça l'espèce d'égalisation qui s'est faite, de
facteur égalisa-teur. Est-ce qu'il n'y aura pas une différence
à partir du moment où le gouvernement va cesser de subventionner
le transport en commun à 75 % et est-ce qu'il n'y aura pas des questions
qui vont se poser par les contribuables lorsque la réponse ne pourra
plus être: De toute façon, c'est le gouvernement qui paye?
La réponse ne pourra plus être ça, parce que
là on va aller chercher la taxe, au point de vue taxe foncière,
au point de vue évaluation municipale, dans les poches des
contribuables. Moi, j'en entends des contribuables qui vont dire: Là,
ça va faire. Tant que c'était eux autres qui payaient, passe
encore, mais maintenant que c'est nous autres, s'il vous plaît, soit vous
rapetissez les autobus, soit vous vous arrangez pour qu'il y ait plus de monde
dedans. Est-ce que ce n'est pas normal ça?
Est-ce que ce n'est pas normal que les gens qui profitent de forces
policières, d'une protection de la sécurité publique qui
est nécessaire paient pour? Pourquoi les gens de Sainte-Foy, pourquoi
les gens de Cap-Rouge paieraient-ils alors que Saint-Augustin, à
côté - c'est à deux minutes, on n'en a même pas
connaissance quand on passe de Cap-Rouge à Saint-Augustin, on ne s'en
aperçoit pas, mais... C'est dans le beau comté de La Peltrie,
bien sûr. C'est dans le même comté, c'est voisin. On ne le
sait même plus, à un moment donné, si on est dans Cap-Rouge
ou dans Saint-Augustin. Pourquoi Cap-Rouge paie pour ses forces
policières alors que Saint-Augustin ne paie pas? Trouvez-moi une seule
raison pour ça. Je n'en vois pas de raison pour ça. La
réforme Ryan, comme on l'appelle, fera en sorte que les gens de
Saint-Augustin vont supporter leur part de la protection de la
sécurité publique.
Est-ce qu'il y a quelque chose de plus parfaitement normal que
ça? Comment peut-on, du côté de l'Opposition,
s'élever contre ça, si ce n'est pas tout simplement par
opportunisme électoral, pour faire accroire aux gens que, si le
gouvernement continue de subventionner à la planche les
municipalités comme il le fait depuis toujours, de cette
façon-là, les gens vont s'exempter de taxes? D'aucune
façon ça ne sera le cas, M. le Président. Moi, je
prétends que c'est le contraire, je suis même sûr que c'est
le contraire, que la meilleure façon de diminuer le compte de taxe des
gens, c'est d'obliger ceux qui vont dépenser à taxer et de faire
en sorte qu'ils ne puissent plus transmettre la facture au gouvernement.
Et, en bout de piste, les mêmes services vont coûter moins
cher parce que le contrôle va être par celui qui dépense et
par celui qui taxe qui va être le même organisme, la même
municipalité, la même Communauté urbaine. Pourquoi
ça c'est pas compris? Pourquoi on fait accroire au monde que, si le
gouvernement continuait de subventionner comme auparavant, les gens
épargneraient de l'argent? C'est aucunement le cas. Moi, je ne comprends
pas l'Opposition qui nous reproche des déficits qui, bien sûr,
sont trop élevés - on aimerait les voir plus bas, mais à
comparer aux leurs c'est une rosée, il n'y a rien là - qui nous
reproche en même temps de taxer trop et qui, en même temps,
voudrait qu'on continue de subventionner les municipalités au même
niveau qu'auparavant, ce qui aurait pour effet nécessaire,
inévitable, soit d'augmenter le déficit, qu'ils nous reprochent
déjà d'avoir mené à un niveau trop
élevé soit d'augmenter les taxes qui, selon eux, sont trop
élevées. En quoi, pour le contribuables de payer 100 $ à
la municipalité qui va contrôler la dépense, ça fait
plus mal que de payer 100 $ au gouvernement en impôt sur le revenu?
Est-ce que 100 $ payés au gouvernement, ça ne sort pas de
la même poche que 100 $ payés à la municipalité avec
le résultat que les 100 $ payés à la municipalité
vont être contrôlés par ceux qui dépensent ces 100 $,
alors que les 100 $ que le gouvernement va prélever dans les poches des
contribuables vont être dépensés par la
municipalité, mais pas contrôlés par la municipalité
parce que ce n'est pas elle qui paie en l'occurrence, dans des cas semblables.
c'est ça que j'aimerais qu'on m'explique une fois pour toutes. c'est une
évidence, à mon point de vue. c'est que d'aller chercher 100 $
quelque part et de dire à celui qui va chercher ces 100 $: maintenant,
tu vas nous dire ce que tu fais avec, plutôt que de dire au gouvernement:
va chercher les 100 $, toi, et remets-nous les, de cette
façon-là, on n'aura pas à rendre compte à personne
des taxes qu'on a prélevées. est-ce que c'est ça que
l'opposition voudrait qu'il continue de se faire? est-ce que c'est ça la
solution au problème qu'on connaît actuellement? moi, je suis
convaincu que non. je suis convaincu que les gens sont en train de s'apercevoir
que la réforme ryan, finalement, c'est une réforme de bon sens,
basée sur le grand principe unificateur que j'expliquais tout à
l'heure.
C'est-à-dire l'autonomie municipale, qui est en même temps
conjuguée aux moyens nécessaires pour y faire face. On sort des
500 000 000 $ et des 400 000 000 $. Le député de Jonquière
est le spécialiste là-dedans. On dirait que du moment que les
chiffres sont assez gros pour qu'il ne
puisse plus compter jusque-là, il peut les sortir et s'amuser
avec. Il faudrait, à un moment donné, arrêter de se conter
des peurs. Il n'est pas question d'étrangler personne. Il est question
de permettre à ceux qui vont décider de se donner des services de
voirie, de se donner des services de transport, qui vont décider de se
donner des services de sécurité publique, d'avoir à
supporter un fardeau qui va être à la hauteur des services qu'ils
se donnent avec des moyens de taxation qui vont avec.
La fiscalité désincarnée, finalement, ne veut rien
dire. Une fiscalité désincarnée, ce serait une
fiscalité comme celle, malheureusement, qu'on a eue trop longtemps,
c'est-à-dire une fiscalité qui permettait d'aller chercher de
l'argent sans que cet argent-là, sans que ces fonds-là puissent
être dépensés par ceux qui vont les chercher, qui vont
taxer. Moi, j'aimerais que les élus municipaux, qui se plaignent
actuellement, réalisent la frustration d'un député comme
moi et d'autres députés ici, à l'Assemblée
nationale, qui se font reprocher les taxes élevées qu'ils vont
chercher chez les contribuables.
Bien sûr, elles sont trop élevées, mais est-ce
qu'ils réalisent la frustration qui est la nôtre, quand il y a une
grande partie des fonds qu'on va chercher qui est dépensée par
d'autres selon leurs priorités, selon ce qu'ils pensent être les
besoins, sans avoir à lever le petit doigt pour aller chercher cet
argent-là, sauf le pèlerinage annuel ou biannuel chez M. le
ministre des Affaires municipales. Est-ce qu'ils réalisent cette
frustràtion-là? Est-ce qu'ils réalisent que la guerre
qu'ils nous font actuellement, nous autres, si on s'était chauffé
du même bois qu'eux, on aurait fait cette même guerre-là
à eux parce qu'ils nous obligeraient à taxer pour leur donner le
"fun" de dépenser.
Ça, ça ne peut plus marcher, c'est fini maintenant.
L'Opposition voudrait que ça continue comme ça. Ça ne
continuera pas comme ça. Je suis convaincu et j'ai confiance que les
gens sont capables de comprendre ça. Les gens sont capables de
comprendre ça, que quand il va se dépenser 100 $ dans le domaine
municipal, ça va être parce qu'il va y avoir 100 $ de taxes
municipales qui vont être entrés quelque part. Ce n'est pas parce
qu'il va y avoir 150 $, parce qu'il y a du coulage quelque part, qui vont
être entrés dans les poches du gouvernement pour qu'il puisse s'en
dépenser 100 $ à la municipalité. C'est fini. On me
signalait, tout à l'heure: on a sifflé la fin de la
récréation.
C'est bien dommage, c'est ça. Il va falloir que ce soit compris.
Je suis sûr que si c'est expliqué aussi simplement que je tente de
le faire actuellement, M. le Président, ça va être compris
et ça va être apprécié parce que le plus grand
plaisir qu'un contribuable peut avoir, pour faire contrepartie à la
douleur qu'il a de payer ses taxes, c'est de demander des comptes à ceux
qui dépensent l'argent qu'il a payé en taxes. S'il n'est pas
capable de faire ça, c'est la frustration épouvantable.
Là, on donne les moyens au contribuable et c'est en faveur du
contribuable qu'on fait la réforme. On donne les moyens au contribuable
de demander des comptes aux bonnes personnes, de leur dire: Tu es allé
chercher 100 $ dans ma poche pour faire du transport en commun, quelle sorte de
transport en commun tu as fait avec ça? La réponse ne pourra plus
être: Inquiète-toi pas! De toute façon, on est
subventionné à 75 %, ça ne te coûte que 25 $, une
aubaine. Ils ne l'auront plus cette réponse-là parce que la
situation est en train d'évoluer et de changer. (15 h 50)
Moi, je suis scandalisé de voir la démagogie qui se fait
du côté de l'Opposition avec ça. Je suis scandalisé
parce que je ne pensais pas qu'en politique on pouvait tomber aussi bas que
ça, que quelque chose qui est aussi évident, qui va autant de
soi, puisse faire l'objet d'une levée de boucliers semblable
alimentée par de la petite politique, par des visées
électoralistes à courte vue...
Une voix: Vous avez raison.
M. Doyon: ...qui visent tout simplement à mettre le
gouvernement dans l'embarras. C'est ça, M. le Président, il est
dommage de voir des attitudes semblables. Quand on voit ça, M. le
Président, on doit tout simplement constater qu'il est difficile d'avoir
une collaboration, qu'il est difficile d'avoir une façon de travailler
ensemble qui puisse être au-dessus de la politicaillerie. C'est
regrettable de le dire, l'Opposition se nourrit de ça. Si ce
n'était pas le cas - et, là, c'est patent, M. le Président
- l'Opposition aurait fait des suggestions, aurait critiqué certains
points, mais ne se serait pas opposée aux principes, ne tenterait pas de
retarder les débats. Parfois, il y a des parties de discours qui nous
éclairent sur ce que l'Opposition pense vraiment.
J'écoutais le leader de l'Opposition, tout à l'heure, dans
son discours, qui nous expliquait que les gens devraient pouvoir voter - les
députés - sur trois principes différents. Possiblement
qu'ils seraient pour la fiscalité, mais ne pourraient pas être
pour la voirie, le transport, et il échappait quelque chose. Il y a
même des gens qui pourraient, disait-il être pour
l'équité au point de vue des forces policières. Donc, il
reconnaissait qu'il y avait une question d'équité
là-dedans. C'est ça qui nous guide là-dedans. Le
député, le leader de l'Opposition le reconnaissait en disant
qu'il y a des gens qui peuvent être pour l'équité dans le
domaine des forces policières, de la sécurité publique.
C'est ça qui nous guide, l'équité, le désir
d'assurer aux contribuables ;e meilleur "deal" possible, de
s'organiser et que pour leur argent, ils en aient suffisamment, compte tenu des
efforts qu'ils font
pour gagner cet argent-là.
Le meilleur moyen d'assurer ça, M. le Président, dans un
projet de loi semblable qui vise à permettre aux responsables de
défendre leurs dépenses, de défendre leur taxation,
d'expliquer pourquoi ils taxent, pourquoi ils dépensent de telle
façon, c'est comme ça que, finalement, la chose publique
réussira à être de mieux en mieux administrée. Ce
n'est pas en mélangeant tout ensemble, en mettant les affaires
municipales et provinciales dans le même portefeuille, en disant: On va
donner aux municipalités ce dont elles ont besoin et on va aller
chercher de l'argent pour permettre de renflouer les coffres des
municipalités. Le ministre des Affaires municipales a compris ça.
Il a donné les responsabilités, c'est vrai, et en même
temps, il a donné les capacités de taxation qui vont avec et je
l'en félicite. Cette motion de scission, quant à moi, M. le
Président, devrait être rejetée sans aucun doute.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. Toujours sur le même sujet,
à savoir la motion de scission du député de Lévis
du projet de loi 145, je cède la parole à Mme la
députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci. Merci beaucoup, M. le Président. J'ai
écouté avec attention mon prédécesseur, le
député de Louis-Hébert, je l'ai entendu discourir sur,
supposément, la motion de scission. Il n'a pas parlé du tout
pourquoi on voulait scinder le projet de loi. Il a parlé sur le fond. Il
a dit tellement d'énormités que si je les reprenais seulement une
par une, ce qu'il a dit, ses interventions, ses phrases, je dépasserais
mon temps et encore un peu plus.
Vous comprendrez, M. le Président, quand il a décrit sa
participation à la Communauté urbaine de Québec, pourquoi
il a reçu son bleu, pourquoi on l'a mis dehors. Il dit: On avait une
heure...
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! Un instant,
madame!
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Louis-Hébert, sur la question de
règlement.
M. Doyon: M. le Président, vous avez été
témoin des paroles que vient de prononcer la députée de
Johnson. C'est totalement faux, M. le Président. C'est tellement faux.
Question de privilège, M. le Président. Je vais vous expliquer
pourquoi, là-dessus. C'est que j'ai été destitué de
mes fonctions sous de faux prétextes. La Commission des droits de la
personne a obligé la Communauté urbaine de Québec à
me reprendre à mon poste, disant que j'avais été victime
de discrimination, que j'avais été destitué sans aucune
raison. Un instant, M. le Président, je vais tirer ça au clair,
surtout avec la députée de Johnson qui ne comprend rien.
Une voix: Des excuses!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! Un instant!
Je veux juste vous indiquer, M. le député...
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! M. le
député de Louis-Hébert, c'est votre privilège, si
vous prétendez que Mme la députée de Johnson a tenu
à votre égard des propos irréguliers, d'en faire une
question de fait personnel et vous devez, à ce moment-là,
soulever cette question de fait personnel demain, à la période
des affaires courantes. Alors, de deux choses l'une: vous vous en tenez
à une question de règlement en invoquant certaines parties,
certains paragraphes de l'article 35 ou vous faites purement et simplement, ce
qui est votre droit, ce que je viens de dire, à savoir soulever une
question de fait personnel.
M. Doyon: Question de règlement, M. le Président,
tout simplement. Je ne veux pas faire trop d'honneur à la
députée de Johnson, vous me comprendrez là-dessus. M. le
Président...
Mme Juneau: Aïe! un instant!
M. Doyon: M. le Président, c'est mon choix de choisir la
façon dont je veux intervenir...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, sauf que...
M. Doyon: ...sur la question de règlement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, Mme la
députée de Johnson, vous avez une question de
règlement.
Mme Juneau: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Allez-y.
Mme Juneau: ...dans son intervention, le député a,
comme vous l'avez dit, le droit de reprendre ce que j'ai dit, mais il n'a pas
le droit de m'insulter en Chambre, de dire quoi que ce soit du genre.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À date, ça
va. À date, ça va.
Mme Juneau: Qu'il défende ce qu'il a à
défendre, mais qu'il laisse les autres tranquilles.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non, non. Je
m'excuse.
Mme Juneau: II l'a dit dans...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non, non. Mme la
députée de Johnson, à date, l'intervention du
député de Louis-Hébert, je pense, respecte les
dispositions quant aux propos parlementaires. Allez-y, M. le
député Louis-Hébert, mais je vous rappelle ce que j'ai
indiqué. Vous avez le choix entre 35, paragraphe 6 ou 7, ou ce que j'ai
mentionné. Alors, ça vous oblige à faire vite si vous vous
en tenez à la question de règlement.
M. Doyon: Très, très rapidement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, allez- y-
M. Doyon: M. le Président, ce genre d'attaque m'oblige
à faire appel à vous. Il est connu, dans toute la région
de Québec, que la destitution dont j'ai été victime a
été un abus de pouvoir des dirigeants de la Communauté
urbaine de Québec. Il y à eu une plainte qui a été
portée à la Commission des droits de la personne. La Commission
des droits de la personne a fait enquête - c'est public, M. le
Président - a blâmé la Communauté urbaine de la
destitution qui était sans motif, illégale, abusive, m'a remis
dans mes fonctions; non seulement ça, m'a payé le salaire que
j'avais perdu et m'a remis dans toutes les fonctions que j'avais. Trois mois
après, c'était tellement peu cru par la population que j'ai
été élu député de Louis-Hébert.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): je pense que
l'intervention de m. le député de louis-hébert nous permet
de continuer le débat. mme la députée de johnson,
allez-y.
Mme Juneau: M. le Président, toutes les fois que le
député de Louis-Hébert se lève en Chambre, c'est
pour vomir sur quelqu'un, et il l'a fait...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Question de
règlement! Question de règlement!
Mme Juneau: ...plusieurs fois.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! Un
instant!
Il y a une question de règlement qui est soulevée autant
par le leader du gouvernement que par le député de
Louis-Hébert. Mme la députée de Johnson, de toute
évidence, vos derniers propos sont contraires à la règle
et je vous demande de les retirer.
Mme Juneau: Mon propos n'a pas été un propos...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mme la
députée de Johnson, non, un instant. C'est évident et...
M. le député de Portneuf, leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je sais que, dans cette
Chambre, il arrive parfois que des paroles dépassent notre pensée
et sont dites probablement sans méchanceté, mais elles ne peuvent
être dites. M. le Président, je crois que le député
de Louis-Hébert a très bien rétabli les faits en ce qui
concerne un allégué qui a été porté le
concernant. Je m'attendais, moi, à ce que Mme la députée
de Johnson, dans le "fair-play" parlementaire qu'on lui connaissait - je dis
bien qu'on lui connaissait - indique délicatement et calmement que ses
paroles avaient dépassé sa pensée et qu'elle n'avait pas
l'intention de tenir un propos tendancieux ou méchant à
l'égard de l'honorable député de Louis-Hébert. Or,
par surcroît, non seulement elle ne se convie pas à ce qui est
régulier ici lorsque des paroles dépassent notre pensée,
mais elle s'attaque à nouveau au député de
Louis-Hébert par un langage qui est violent, un langage qui est
inacceptable en cette Chambre. Et je lui demanderais, cette fois-ci, de retirer
purement et simplement ses propos, au moins. (16 heures)
M. Brassard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, si j'admets que le
député de Louis-Hébert avait le droit de recourir aux
dispositions de notre règlement pour rétablir un fait personnel,
ce qu'il a fait, d'ailleurs, je me dois de reconnaître cependant que,
dans ses propos, il a eu des remarques disgracieuses et malveillantes à
l'égard de ma collègue de Johnson.
Une voix: Hah! Hah!
M. Brassard: Oui, oui, oui, effectivement. Il le sait très
bien d'ailleurs. Je ne me suis pas levé pour rétablir les faits,
quand il est intervenu, mais effectivement, dans ses commentaires, il a eu
certaines remarques désobligeantes à l'égard de ma
collègue de Johnson... Oui, oui, quand vous avez dit que vous mettiez en
doute
sa capacité de comprendre les choses, ce sont des remarques
malveillantes et désobligeantes.
M. Doyon: Vous faites ça continuellement.
M. Brassard: Bon. Alors, je vois que le député de
Louis-Hébert ne comprend pas non plus et a une capacité de
comprendre très limitée. Voilà.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Mme la députée de
Johnson, j'ai une demande formelle du leader du gouvernement, avec laquelle,
d'ailleurs, je suis d'accord, de retirer les derniers propos que vous avez
utilisés à l'égard du député de
Louis-Hébert.
Mme Juneau: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je vous
demanderais de le faire, Mme la députée de Johnson et de
continuer après ça votre intervention.
Mme Juneau: Je ne sais pas quel mot je pourrais utiliser...
Une voix: Retire tes paroles.
Mme Juneau: ...pour dire la même chose que j'ai dite tout
à l'heure, qui ne serait pas antiparlementaire. Je n'ai pas le
goût de retirer ce que j'ai dit parce que, à chaque fois que le
député de Louis-Hébert se lève, M. le
Président, c'est toujours pour blâmer les autres.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je m'excuse. Il y a une
différence entre ce que vous venez de dire et ce que vous avez
mentionné tout à l'heure. Je vous demande... Je suis
obligé de m'en tenir aux dispositions du règlement, Mme la
députée de Johnson, et de vous demander pour une deuxième
fois de retirer les propos que je considère non parlementaires, qui
étaient, à toutes fins pratiques, la dernière phrase de
votre intervention de tout à l'heure. Vous savez très bien ce
à quoi je fais référence. Je vous demande de retirer ces
propos-là et, après ça, vous pourrez continuer votre
intervention. Blâmer quelqu'un tel que vous venez de le mentionner,
ça, ça peut aller, mais ce n'est pas ce que vous avez dit tout
à l'heure.
Mme Juneau: Je vous remercie, M. le Président, de me
trouver un mot qui pourrait changer celui que j'ai dit tout à l'heure.
Donc, le député de Louis-Hébert, à toutes les fois
qu'il se lève ici, en Chambre, c'est pour blâmer...
M. Brassard: C'est ça qu'elle fait, là.
Mme Juneau: ...c'est pour blâmer les gens...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant. Non, non, un
instant.
Mme Juneau: ...alors, M. le Président... M.
Pagé: M. le Président...
Mme Juneau: ...je retire le mot "vomir" pour le remplacer par le
mot "blâmer".
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Allez-y. Mme Juneau:
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Continuez votre
intervention.
Mme Juneau: M. le Président, comme j'ai dit tout à
l'heure, le député de Louis-Hébert, dans son intervention,
n'a pas parlé de la motion de scission, il a parlé sur le fond.
Il nous a indiqué son profond mépris des élus municipaux
en disant: Les municipalités vont comprendre que voyager les autobus
vides, il faut que ça taxe. Et, ensuite, il a dit: Quand les
municipalités vont prendre plaisir à dépenser, elles vont
se rendre compte qu'il faut que quelqu'un paie pour ça, et ainsi de
suite. Il a dit: La réforme Ryan, c'est le gros bon sens. C'est pour
ça qu'ils sont 65 % aujourd'hui, selon le sondage IQOP dans Le
Soleil, 65 % des Québécois sont insatisfaits du gouvernement
Bourassa. Ça doit être à cause de ça, M. le
Président.
M. le Président, jamais les municipalités n'ont eu une
charge aussi importante, je dirais une charge épouvantable de
dressée contre elles par ce gouvernement, le gouvernement
libéral. Et comme on a tout mêlé dans un même projet
de loi... Le leader de l'Opposition, le député de Lévis en
a fait la démonstration clairement jeudi et aujourd'hui encore,
ça pourrait facilement être trois projets de loi à
l'intérieur de ce qu'on nous a présenté dans la loi 145,
trois projets de toi tout à fait différents et tout à fait
faciles pour pouvoir intervenir sur chacun d'eux; chacun d'eux,
c'était...
M. le Président, le finances municipales, y a-t-il un
gouvernement, à part celui qu'on a en face de nous, qui, en l'espace
d'une année, a taxé les payeurs de taxes par des impôts
fonciers et des taxes locales de 700 000 000 $ à l'intérieur
d'une année? C'est la première fois qu'on voit ça. Moi,
ça m'indigne une chose comme ça. Est-ce qu'il n'y en aurait pas
suffisamment, dans ce premier indicatif des finances municipales, pour discuter
d'un projet de loi à lui seul? Est-ce qu'on n'aurait pas, dans un
deuxième temps, un autre projet de loi qui parlerait de la contribution
des automobilistes au transport en commun? 194 municipalités vont payer
30 $ de plus par immatriculation, chaque personne qui a
une automobile, 30 $ de plus pour l'immatriculation de sa voiture, et
ceci, M. le Président, représente 70 % de la population.
Moi, j'ai quatre municipalités dans mon comté. On ne l'a
pas, le transport en commun. C'est un comté rural que j'ai. Quatre
municipalités vont être obligées de payer. Les gens
s'arrachent les cheveux. Ça n'a pas de bon sens. Ça n'a pas de
bon sens de faire payer les gens. Le ministre Ryan, quand il est revenu sur
cette décision-là, a dit: On va adoucir les décisions. On
va adoucir l'équilibre dont il parlait. On va permettre aux
municipalités de taxer certains de leurs contribuables qui
possèdent des voitures pour aider le transport en commun. Même
celles qui n'ont pas de transport en commun paient. J'en ai quatre chez nous
qui paient et on n'en a pas. Qu'est-ce qui a fait... Quelle est l'idée?
Quel critère le ministre des Affaires municipales a pris pour dire que
quatre municipalités de mon comté contribueraient à payer
le transport en commun de la région de Sherbrooke? Sur quoi il s'est
basé? Je ne le sais pas. Je sais que les payeurs de taxes, qui sont des
gens qui ont des voitures, chez nous, des quatre municipalités en
question qui sont Stoke, Brompton canton, Bromptonville et
Saint-Denis-de-Brompton... Pourquoi, elles sont obligées de payer? Vous
ne pensez pas que, dans ces 194 municipalités, il y a des gens qui
auraient voulu traiter de ce sujet-là en particulier? Donc, on aurait
voulu que trois projets de loi soient faits dans le projet de loi 145.
Le troisième, le corps de police. Lorsque j'ai fait mon
intervention la semaine dernière sur la loi 145, j'ai
démontré clairement au ministre, au gouvernement libéral,
combien ça coûterait aux municipalités de mon comté.
J'ai quatre petites villes, 30 municipalités rurales. Ça va leur
coûter une fortune. Une fortune! Puis moi, quand je paie, j'aime bien
donner des ordres. Mais elles, elles n'auront pas à donner des ordres au
corps de police. Elles les voient passer la nuit de temps en temps, sur un
"shut down" à l'autre bout. Ça, ça arrive une fois de
temps en temps dans les municipalités. Quand j'envoie quelqu'un à
l'épicerie chercher mon épicerie, je lui dis ce que je veux. Mais
là, ce n'est pas ça qui est arrivé. Le ministre a dit:
Ça va coûter tant à toi, tant, tant et tant. C'est
ça qu'il a dit. Donc, pas de possibilité de rouspéter,
c'est des taxes qui leur arrive sur la tête comme ça. Elles sont
obligées de payer et elles n'ont pas un mot à dire.
Motion d'ajournement du débat
M. le Président, je trouve inacceptable que, dans un seul projet
de loi, tel que l'ont indiqué mes collègues, on puisse
décider trois choses bien distinctes, bien différentes,
auxquelles on aurait pu apporter des arguments pour chacun des trois projets de
loi en question, pour chacun.
Pour cette raison, M. le Président, je trouve que la
décision qui va être prise dans les minutes qui suivent ne fait
pas du tout l'affaire de l'Opposition officielle, et, en ce sens, M. le
Président, je voudrais apporter une motion: "Qu'en vertu des
dispositions de l'article 100 du règlement de l'Assemblée
nationale, le débat en cours sur la motion soit ajourné". Je
propose, M. le Président, une motion d'ajournement de la motion de
scission.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, déposez
votre motion, madame. En vertu de l'article 100, Mme la députée
de Johnson, votre motion donne ouverture au débat suivant: 10 minutes
pour l'auteur de la motion et 10 minutes pour un représentant du parti
ministériel. Vous aurez droit à une réplique, à
votre tour, de 5 minutes.
Une voix: M. le Président, vous oubliez un 10 minutes
ici.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un autre 10 minutes, je
m'excuse. alors, de votre côté, mme la députée de
johnson, vous avez droit à deux fois 10 minutes, 10 minutes du
côté des ministériels et une réplique de l'auteur de
la motion - à savoir vous-même, mme la députée - de
5 minutes. allez-y pour les premiers 10 minutes.
(16 h 10)
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Dans ma
courte intervention, tout à l'heure, j'ai tenté de
démontrer l'importance de séparer le projet de loi parce que les
payeurs de taxes en ont plein le dos. Ils en ont ras le bol de voir ce qui se
passe ici, à l'Assemblée nationale, et de n'avoir pas une seconde
été consultés. Lorsque, au mois de juin dernier, on a
permis à des commissions scolaires de s'introduire dans les taxes
municipales, le premier ministre est intervenu en Chambre. Il a dit: C'est
fini. La prochaine fois qu'on imposera d'autres taxes aux municipalités,
elles seront consultées. 11 l'a dit avec un sourire, bien sûr,
parce qu'il leur jouait un bon tour, parce qu'on ne leur en a pas parlé
et on est revenu encore cette fois-ci avec la cerise sur le gâteau, si on
peut appeler ça ainsi, avec des montants considérables de taxes
à payer pour les contribuables du québec.
M. le Président, j'anticipe et j'extrapole peut-être, mais
je sens bien que d'ici à ce qu'on ait terminé de discuter sur la
motion de scission, à cause du nombre imposant qu'il y a de l'autre
côté, j'ai bien peur que lorsqu'on prendra le vote, ce qui
arrivera, c'est à cause du nombre, pas à cause du gros bon sens.
À cause du nombre, on va rejeter la motion de scission. C'est ce qui m'a
amené, M. le Président, à faire
cette motion d'ajournement.
Je souhaite, nous souhaitons, nous de l'Opposition, que le gouvernement
libéral puisse prendre le temps de discuter sur le meilleur pour les
contribuables, et le meilleur pour les contribuables, ce serait de
séparer premièrement le projet de loi, et de consulter surtout,
tel que le premier ministre en avait fait la promesse ici en Chambre. Mais ce
n'est pas la première fois que des promesses se font de l'autre
côté de la Chambre et qu'elles ne sont pas tenues. On a un
document à peu près volumineux de cette ampleur-là, M. le
Président, qui nous donne toutes les promesses non tenues de ce
gouvernement. Donc, une de plus, une de moins, c'est ce qu'on croit comprendre,
mais si le premier ministre s'est engagé devant cette Chambre
vis-à-vis des municipalités, donc vis-à-vis des payeurs de
taxes, à consulter, pourquoi ne faisons-nous pas aujourd'hui cet
ajournement?
Pourquoi l'autre côté n'accepterait-il pas cette
proposition-là de faire un ajournement, afin que les
municipalités soient consultées, que l'Opposition soit
consultée? Tous deux qui ont dit, dans les jours qui ont suivi, et
là, je lis textuellement, M. le Président: "Ryan frappe trop
vite. Les chambres de commerce demandent un moratoire". On n'est pas les seuls
à demander un ajournement. Les chambres de commerce demandent un
moratoire. Par contre, on dit: Fiscalité municipale: Ryan ne pliera pas.
Le transport en commun et la réforme Ryan, c'est épouvantable.
Les municipalités régionales de comté refusent de faire la
job de bras. Tous les articles, M. le Président, je pourrais vous citer
encore de nombreux articles qui disent: II faut que le gouvernement donne le
temps de respirer aux payeurs de taxes, prenne le temps de discuter avec les
municipalités et ne fasse pas comme le député de
Louis-Hébert, nous exposer ce mépris des élus municipaux,
tel qu'il l'a fait dans son exposé tout à l'heure.
C'est épouvantable, M. le Président d'entendre des choses
comme celle-là, de dire que les gens vont finir par comprendre, que
s'ils se donnent des services, il va falloir qu'ils les payent. Le
député de Louis-Hébert a dit aussi à plusieurs
reprises que l'automonie municipale, ce n'était pas ça, que les
maires viennent brailler à Québec, montent à Québec
pour le pèlerinage. Mais mon Dieu, M. le Président, qu'est-ce
qu'il a fait, lui, après 1979? Est-il barré là? Depuis
1979, on n'en a plus de pèlerinage à Québec.
C'était réglé, cette affaire-là. Je ne sais pas
où il était depuis 1979 à aller jusqu'en juin 1990.
Ça lui a échappé ça, là.
M. le Président, depuis 1979, vous le savez, le ministre des
Affaires municipales, qui est ici depuis fort longtemps, et beaucoup d'autres
personnes de l'autre côté le savent très bien,
c'était réglé, cette histoire-là. Ça n'a pas
de bon sens de dire des affaires de même. Comment voulez-vous qu'on ne
soit pas un peu vexés, sinon beaucoup vexés d'entendre des propos
aussi... En tout cas, je vais faire... méprisants de la part du
député de Louis-Hébert? Un mépris des élus
municipaux. C'est ça qu'il nous a démontré clairement.
Les élus municipaux - je vais lui dire pour sa gouverne - ont
été élus par des hommes et des femmes qui croyaient que
ces gens-là pouvaient diriger leur municipalité. Ils leur ont
fait confiance, comme ils ont fait confiance à ce gouvernement de
l'autre côté, et comme ils sont en train de retirer leur
confiance. On l'a vu aujourd'hui. Aujourd'hui. 65 % des Québécois
sont insatisfaits du gouvernement Bourassa. Bourassa perd du terrain.
Ça, c'est ce qu'on dit aujourd'hui. C'est que les gens qui vous ont fait
confiance aux dernières élections... Ça va faire deux ans
au mois de septembre, puis je ne sais pas si vous êtes pareils dans vos
comtés, si tout le monde est comme ça, mais les gens disent:
Combien ça fait de temps qu'ils sont là, donc? Il me semble que
ça fait donc longtemps. Quand on leur dit que ça ne fait
même pas deux ans, ils trouvent ça effrayant. Ils disent que
ça ne se peut pas, ça ne fait pas rien que deux ans. Ça va
faire deux ans au mois de septembre. Ça ne se peut pas. Il me semble que
ça fait donc longtemps qu'ils sont là. Ils sont fatigués
de vous voir là. Ils sont fatigués parce que ça n'a plus
de bon sens, parce que les payeurs de taxes sont criblés de taxes par
votre faute.
J'ai même entendu dire qu'une de mes collègues avait dit au
ministre, anciennement de l'Éducation: Vous auriez dû rester
à l'Éducation. Aujourd'hui, on dit: Claude Ryan, le mal
aimé du gouvernement Bourassa. Ça n'a pas de bon sens. Le plus
mal aimé du gouvernement Bourassa! Il doit y avoir une raison pour
ça. Il doit y avoir une raison. Ça doit être parce qu'il y
a un petit peu d"'ambitionnage" sur les bords. C'est parce que ça n'a
pas de bon sens, ce que vous avez fait, M. le ministre des Affaires
municipales.
M. le Président, si le gouvernement veut témoigner de
cette confiance que les gens lui ont donnée au mois de septembre 1989,
bien, qu'il fasse un ajournement sur le projet de loi, qu'il arrête,
qu'il discute avec les gens du milieu et, à ce moment-là, si
éventuellement tout le monde est en accord sur ce qui est
présenté, on reviendra. Ça ne presse pas comme une
cassure. On reviendra à l'automne et on refera... Le ministre va avoir
le temps de refaire ses devoirs. Le gouvernement va avoir le temps de penser
à son affaire et là, à ce moment-là, on pourra
voir, à l'automne prochain, si tout est conforme avec les
volontés du peuple. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Johnson. Je cède maintenant la parole à
M. le député de Rimouski, en vous rappelant, M. le
député, que vous allez intervenir sur la motion d'ajournement de
la motion de
scission et que vous disposez d'une période maximale de 10
minutes.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): Oui, M. le Président. Vous me
permettrez d'ajouter ma voix à celle de la partie ministérielle
contre la motion de scission, d'une part, et contre la nouvelle motion
d'ajournement présentée par la députée de
Johnson.
Quelle conviction ont-ils, cette Opposition? Quelle
crédibilité ont-ils de vouloir scinder le projet de loi 145 en
trois projets de loi? Si vraiment ils avaient la conviction de leurs
avancées, s'ils avaient, à mon sens, la conviction qu'ils
pourraient débattre d'une façon convaincante du principe de
scinder ce projet de loi en trois, s'ils avaient la conviction de pouvoir
gagner cette motion de scission ou encore, cette motion d'ajournement, je pense
qu'ils pourraient la plaider d'une façon éloquente et d'une
façon convaincante.
Cependant, ce qu'on fait, on essaie de faire de la diversion. On essaie
de diviser, on essaie de convaincre le monde que le projet de loi 145 est un
mauvais projet de loi et qu'il devrait être présenté en
trois projets de loi différents. (16 h 20)
Voilà ce qui caractérise l'Opposition depuis toujours:
Diviser pour mieux régner d'une part et, en même temps, faire une
job à moitié. Nous, ce que nous faisons avec le projet de loi
145, c'est que nous voulons régler une fois pour toutes la question de
la réforme fiscale des municipalités. Alors, la réforme
municipale, dans son ensemble, tient compte des revendications souventefois
exprimées par les deux unions municipales, l'Union des
municipalités du Québec et l'Union des municipalités
régionales de comté, qui ont demandé et toujours
recommandé que les mesures fiscales vis-à-vis des
municipalités soient repensées. Elles ont même
engagé le chef de l'Opposition officielle, M. Parizeau, qui, dans son
rapport, le rapport Parizeau, recommandait finalement, dans les grandes lignes,
ce que nous retrouvons dans le projet de loi 145. Alors, comment voulez-vous
qu'aujourd'hui, l'Opposition, avec le chef en tête, soit contre le projet
de loi 145 quand on pense qu'il répond exactement à ce que le
chef de l'Opposition a déjà recommandé dans son rapport,
d'une part, et, en même temps, aux demandes formulées à
moult reprises par les deux unions municipales?
Je comprends qu'il y a une addition, c'est-à-dire qu'il y a une
augmentation des taxes prévue. Ça, on ne s'en est pas
caché. On l'a dit. Au départ, on pensait avoir un virement de 518
000 000 $ qui, après négociation, s'est retrouvé une
facture d'à peu près 360 000 000 $. C'est un virement qui tient
compte, par contre, de la capacité de payer des citoyens et des
citoyennes du Québec. Et nous donnons aux municipalités,
également, parallèlement à ça, un pouvoir de
taxation accru dans des champs de juridiction qu'elles avaient ou que nous
allons augmenter. Nécessairement, les accommodements que nous avons
faits depuis le dépôt de la réforme, depuis le 14
décembre dernier, il me semble, sont tout de même acceptables et
convenables pour les municipalités.
Les municipalités, présentement, tant rurales qu'urbaines,
sont relativement d'accord avec le principe de la réforme que nous
proposons. Et le projet de loi 145 ne peut pas être scindé parce
que, vouloir le scinder, c'est vouloir, à mon sens, reporter à
plus tard une décision qui est tellement bien formulée dans le
projet de loi 145, que nous ne pouvons pas reculer. Nous nous devons d'accepter
ce projet de loi 145 puisqu'il répond, d'une part, aux besoins des
municipalités et, en même temps, leur donne des sources de
financement pour assurer pleinement leurs responsabilités
municipales.
J'entendais le député de Joliette nous dire qu'il voudrait
scinder le projet de loi pour inclure la voirie municipale. Il était
complètement dans les... j'allais dire dans les patates, pour employer
une expression populaire. La voirie municipale, on n'en parle même pas
dans le projet de loi 145. On parle de la réforme municipale versus le
transport en commun, les "en lieu" de taxes et la sûreté
municipale ou sûreté provinciale, mais, nulle part, il n'est
question de la voirie municipale. Alors, pourquoi demander, dans le projet de
loi qu'on voudrait scinder, qu'on parle ou qu'on discute de la voirie
municipale? La voirie municipale, ça sera discuté
utlérieurement. Dans le projet de loi, si vous le regardez très
bien, il n'est aucunement question de la voirie municipale.
Un autre domaine aussi dans lequel les municipalités retrouveront
leur compte, c'est que, dans la réforme municipale que nous avons devant
nous présentement, nous avons tenu compte de la capacité de payer
des citoyens. Nous savons que cette réforme-là, elle a un
coût, un coût monétaire que chacun et chacune devra assumer,
dépendamment de l'endroit où il se situera.
Si je reviens au niveau des implications, surtout dans la partie rurale,
nous avons tenu compte, également, de la capacité de payer. Nous
avons une enlevoppe de péréquation, entre autres. La
péréquation, nous avions, dans le passé, 30 000 000 $.
Qu'est-ce qu'elle faisait la péréquation? Elle venait faire une
espèce d'équilibre pour les municipalités qui
étaient les plus démunies et qui n'avaient pas la capacité
d'assumer pleinement les charges fiscales auxquelles elles avaient droit, pour
lesquelles elles devaient charger des taxes. Alors, nous avions 30 000 000 $
d'assumés dans le passé. Maintenant, avec la réforme qui
est présentement devant nous, nous allons ajouter 20 000 000 $
supplémentaires, ce qui aura comme effet de
minimiser l'impact négatif des taxes municipales et, en
même temps, d'avoir un juste prix pour les municipalités
rurales.
Les "en lieu" de taxes. Au départ, nous voulions que les "en
lieu" de taxes soient réduits à zéro et, après
consultation et après considération de l'ensemble de ce dossier,
nous sommes revenus sur notre décision. Au lieu d'abolir totalement les
"en lieu" de taxes pour les écoles élémentaires et
secondaires, nous avons décidé de maintenir des "en lieu" de
taxes équivalant à à peu près 25 % du taux de
taxation prévu.
Alors, voilà une amélioration, à mon sens,
sensible, et qui tient compte des écoles élémentaires et
secondaires qui se trouvent partout dans les municipalités de la
province de Québec. Alors, les "en lieu" de taxes, au lieu d'être
complètement abolis, seront réduits de 50 % à 25 % pour
l'année 1992. Il était dans notre intention et dans notre projet,
déposé le 14 décembre dernier, de ne plus financer les
MRC. Alors, plusieurs nous ont fait des revendications et les unions
municipales de comté nous ont demandé de maintenir les
subventions aux MRC.
Après réflexion, après consultation et en
même temps après s'être consultés au sujet des
possibilités financières du gouvernement, nous avons
décidé, pour les trois prochaines années, de maintenir les
subventions aux MRC. Voilà une autre amélioration qui vient
diminuer, à mon sens, l'impact négatif de la réforme
municipale. Tout compte fait, on peut dire que la réforme municipale,
malgré les inconvénients et ce, nous en sommes bien conscients
qu'il y a un coût à payer pour des services municipaux
adéquats, mais nous donnons aux municipalités,
parallèlement à ça, un pouvoir de taxation augmenté
dans différentes juridictions, pour pouvoir leur donner des ressources
financières nécessaires pour assumer les nouvelles
responsabilités que nous leur transférons. Ce transfert que nous
faisons aux municipalités tient compte de tous les intervenants,
c'est-à-dire de toutes les possibilités que la
municipalité aura pour pouvoir assumer cette responsabilité. que
dire de la sûreté du québec? plusieurs nous diront: vous
avez un revirement d'une facture nette de la sûreté du
québec. la sûreté du québec assure un service de
sécurité dans toutes les municipalités du québec,
et c'est un coût gratuit présentement. ce que nous voulons, c'est
charger un juste prix pour les municipalités qui
bénéficient du service de la sûreté du
québec. ce coût-là, finalement, il est établi
à à peu près 25 % du coût réel parce que si
nous devions charger le coût virtuel que la sûreté du
québec nous coûte dans les différentes paroisses, dans les
différentes municipalités du québec, ce serait une facture
doublée à 100 %, c'est-à-dire au-delà de 250 000
000 $, tandis que le transfert net qui se fait, ce sont 71 000 000 $, ce qui
est tout de même acceptable. nous tenons compte aussi des
différentes catégories de municipalités, à savoir
les municipalités de zéro à 3000, où ce sera 0,10 $
des 100 $ d'immobilisation.
Alors, M. le Président, soyez assuré que je voterai contre
la motion de scission et contre la motion d'ajournement, compte tenu de
l'importance du projet de loi, et qui tient compte aussi du désir des
municipalités d'avoir une réforme fiscale qui se tient debout,
une réforme fiscale qui tient compte de tous les paramètres. Et
je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Rimouski. Sur le même sujet, à savoir la
motion d'ajournement de la motion de scission, je reconnais maintenant M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, à entendre le
député qui vient de me précéder, je n'ai aucunement
voulu être désobligeant, mais vous avez remarqué qu'il a
commencé par dire un tout petit mot sur la motion de ma collègue,
qui a pour but d'ajourner le débat sur la motion de scission, il a
terminé en disant qu'il voterait contre, mais tout le temps, non
seulement il n'a pas parlé de la motion de scission, même s'il y a
fait allusion un peu, il a parlé plutôt de son discours qu'il
avait fait sur la motion principale, qu'il n'a pas eu encore le temps de faire
et je vous garantis, M. le Président, que vous allez avoir une chance
quand il aura parlé sur cette motion-là peut-être de
reprendre son discours et de recommencer les 10 minutes, qu'il vient de faire
et d'en ajouter encore 10 minutes pour simplement défendre encore une
fois un projet de loi qui mérite d'être approfondi davantage et
avoir un moment d'arrêt.
Ce que ma collègue a proposé, M. le Président,
ça dénote justement le besoin que nous avons d'arrêter le
débat qui est en cours et d'en discuter plus convenablement. Ça
permettrait peut-être au député de Rimouski, M. le
Président, d'aller relire le rapport dit rapport Pari-zeau.
Peut-être qu'il n'aurait pas la même vision qu'il en a
actuellement. (16 h 30)
De façon démagogique, ils vont dire: C'est lui qui l'a
proposé, c'est les municipalités qui le demandaient. Mais ils en
mettent justement juste une partie et ils oublient la deuxième partie.
Toutes les fois qu'on a fait une réforme des affaires municipales, au
niveau de la fiscalité municipale, on a toujours parlé du pouvoir
de taxation, mais aussi des capacités de transfert du gouvernement quand
il transfère ses pouvoirs, des transferts d'argent. Ce que le
gouvernement est en train de faire dans le projet qui est devant nous, ce n'est
pas de dire: Je donne des pouvoirs nouveaux aux municipalités et, en
conséquence, si je leur donne ces pouvoirs-là, je vais leur
donner, en contrepartie, les montants
d'argent pour pouvoir combler ces pouvoirs-là. Ce n'est pas
ça qu'il dit. Il dit: Je leur donne des pouvoirs, qu'elles aillent taxer
maintenant. Là, on comprendrait peut-être mieux, ce que ma
collègue, la députée de Johnson, a dit du
député de Louis-Hébert, qu'il ne comprend pas du tout le
sujet dans lequel nous sommes. Quand il vient parler de la voirie municipale,
là, il va falloir que ça concorde ce qu'ils disent.
Le député de Louis-Hébert nous disait, tout
à l'heure, que ce n'était pas grave, qu'on remettait aux
municipalités la voirie municipale et, qu'en conséquence, par le
projet de loi, elles devront s'en occuper. Le député de Rimouski
vient de nous dire que ce n'est même pas dans le projet de loi.
Là, il y a quelque chose qui ne va pas. Il va falloir qu'on le lise le
projet de loi. Prenons le temps, arrêtons, suivons le conseil de ma
collègue et regardons le projet de loi. Deux députés de la
même formation politique, devant nous, nous indiquent, l'un, que
ça va remettre en responsabilité les municipalités devant
la voirie municipale et qu'en conséquence, si elles veulent avoir des
routes, elles vont taxer pour et elles auront les routes qu'elles pourront
taxer. L'autre dit que ça ne touche pas du tout le sujet. Bien,
là, il y a quelque chose qui ne va pas. C'est le temps d'arrêter
le débat, là, d'aller s'asseoir. Qu'ils lisent à fond le
rapport Parizeau et ils auront un autre discours. Qu'ils lisent la loi et ils
verront justement que le gouvernement est en train de transférer,
même si le ministre semblait être d'accord avec lui pour dire que
ce n'était pas dans le projet de loi.
Un instant, M. le Président! Les principes sont là.
Pourquoi le gouvernement, actuellement, par le ministère des Transports,
est-il en train d'aller visiter toutes les MRC qui veulent bien à
travers le Québec et toutes les municipalités à qui on
indique: Tel chemin va vous être remis, tel autre ne vous sera pas remis
et tel autre va l'être. Les municipalités sont en train de nous
écrire pour nous demander que telles routes, si jamais elles
étaient remises entre les mains des municipalités, soient
considérées de zone 1 plutôt que de zone 2 ou de zone 3.
C'est parce que quelqu'un, quelque part, a commencé à parler
qu'on allait leur remettre les chemins.
Le député de Rimouski s'en vient nous dire: Bien ce n'est
pas grave, ce n'est pas vrai, ça. Un instant! Un instant! Qu'il
s'asseoit, là, qu'il prenne le temps, comme ma collègue le dit,
et qu'il vienne le regarder comme il faut le projet de loi. Même, M. le
Président, ce temps d'arrêt... Le ministre, là, c'est une
personne qui est considérée comme étant une personne qui
ne plie pas parce que s'il est le seul à avoir le pas, il serait content
de l'avoir, les autres ne l'ont pas. Ces choses-là, M. le
Président, peut-être que ça vaudrait la peine que le
député de Rimouski vienne avec moi dans ces municipalités,
s'il le faut, que le député de Louis-Hébert vienne dans
nos municipalités, qu'il lâche un peu le secteur de Québec
et des environs et qu'il vienne dans nos municipalités à nous. Il
verrait, M. le Président, comme chez vous, comme tous les autres qui
sont dans le secteur rural, que le monde ne la prend pas cette
loi-là.
Alors, le moment d'arrêt demandé par ma collègue est
donc important. S'il y avait, comme autrefois, M. le Président, des
débats contradictoires, ce serait très intéressant. Il y
aurait, je pense, de part et d'autre, la version des gens qui défendent
le gouvernement malgré tout, malgré que ça va leur
coûter peut-être des difficultés dans leur propre
comté. Ces gens-là sont en train de vendre leur peau pour sauver
celle du ministre, sauf que le ministre, quand on considère les
sondages, les rencontres que nous avons, c'est celui qui est le plus mal
aimé, le moins aimé, celui dont le monde dit qu'il est tellement
tranchant qu'au bout de la course on ne sait pas ce qu'il va nous arriver. Il
donne, des fois, d'autres impressions, mais dans le débat qui est
là, il est intransigeant. Dans ce sens-là, peut-être que le
ministre, s'il avait des échos plus corrects de la part de ses
collègues, des échos que les gens pourraient aller chercher dans
leur milieu, avec des députés de l'Opposition s'il le faut,
peut-être qu'à ce moment-là, le ministre, au lieu
d'être intransigeant, serait ce qu'on a été capable, des
fois, de connaître chez lui, soit une personne qui, si on lui
amène la preuve que ça n'a pas de bon sens, accepte de changer
d'idée.
Là, je ne reviendrai pas sur le projet de loi auquel le ministre
pense que je vais revenir. Il sait très bien qu'il a eu la chance de
changer d'idée. Ça a été bon pour lui, ça a
été bon pour son gouvernement. Pourquoi ne prenons-nous pas le
temps, M. le Président, comme ma collègue le propose,
d'arrêter le débat, d'aller dans la population, d'aller voir
auprès de la population, d'aller voir auprès de la population ce
que le projet de loi nous amène comme difficultés?
Ce n'est pas difficile d'arrêter, d'être, durant
l'été, à l'écoute de la population, d'aller dans
les centres d'achat, comme je le disais l'autre jour, sur une motion à
peu près identique, sur un autre sujet. Avec le député de
Saint-Maurice, ça ne me gênerait pas. À Labretèche,
comme je le lui disais, ou encore au centre d'achats qui est dans notre
sous-région, à Shawinigan, je suis sûr que, lui et moi,
assis à la même table, devant le monde qui serait là, il y
a du monde qui dirait à mon ami collègue, le député
de Saint-Maurice, que ça n'a pas de bon sens ce qu'ils sont en train de
faire. Ils sont en train de transférer à des municipalités
de nouvelles obligations parce que, eux, comme gouvernement, ils n'ont pas le
courage de taxer, parce que, eux, le gouvernement, ils n'ont pas le courage de
dire aux gens: Écoute, si tu veux avoir tel service, ça va te
coûter tant, je vais le mettre sur l'impôt général et
je vais le taxer à mon niveau à moi. Mais non pas faire comme
on
est en train de faire. Faire comme le député de Rimouski,
qui essaie de nous faire gober maintenant que le système, tel que
présenté, ne touche pas la voirie municipale. Il faut le faire,
M. le Président.
Il y a des gens qui comprendraient que ce serait peut-être bon de
demander aux municipalités régionales de comté et aux
municipalités de l'Union des municipalités de venir ici, à
l'Assemblée nationale, nous dire en commission parlementaire les
difficultés qu'elles auraient. Le député de Rimouski nous
dit: Écoutez, on avait l'intention de couper les subventions aux MRC,
mais l'adoucissement a fait qu'on n'enlèvera pas ça. En
même temps, le même gouvernement qui a signé avec le
fédéral pour les zones dites en difficulté, ce qu'on
appelle le programme PZD - programme des zones en difficulté - où
la MRC de Mékinac se trouve, où la MRC du centre de la Mauricie
se trouve, qu'est-ce qui fait? Ce programme-là, où il y avait 1
000 000 $ pour venir en aide à ces municipalités, d'une part, du
Québec, et 1 000 000 $ venant du fédéral, on nous dit:
C'est fini, ça, ça n'a pas de bon sens, il n'y en aura plus. Le
fédéral mettra son argent, nous, on n'en mettra pas.
Je dois dire que j'espère que c'est faux, ce que j'ai entendu
dire, parce que les gens, chez nous, ont réagi drôlement. Ils
avaient un programme où il y avait 1 000 000 $ venant du Québec
et 1 000 000 $ venant du fédéral, 2 000 000 $ pour venir en aide
à ces municipalités en zone défavorisée, zones en
difficulté, le programme PZD. Alors, on leur dit, d'un
côté: On ne vous coupera pas ce qu'on vous avait dit, mais on va
vous couper d'autre chose. Au bout de la course, c'est à peu près
comme dire aux gens: Écoutez, on voulait vous passer le corps au complet
au tordeur, mais on va en passer juste la moitié. Peut-être que ce
sera la moitié du côté du coeur, ce sera peut-être la
partie vitale.
Chose certaine, le gouvernement aurait intérêt à
suivre ma collègue et à accepter qu'on prenne un temps
d'arrêt, qu'on reprenne le débat après avoir
rencontré les municipalités et qu'à l'automne, on puisse
revenir avec le dossier, s'il est encore possible d'y revenir, à moins
que le gouvernement ne consente à ne plus jamais y revenir. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): merci, m. le
député de laviolette. mme la députée de johnson,
sur votre propre motion, votre droit de réplique de cinq minutes.
Mme Carmen Juneau (réplique)
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. J'ai aussi
entendu le député de Rimouski et je n'en suis pas revenue. Il y a
deux députés, de l'autre côté, qui sont intervenus.
C'est complètement déboussolant. C'est déboussolant, c'est
le vrai mot. Un nous a indiqué son mépris des élus
municipaux, l'autre était complètement en dehors de la "track",
ce n'est pas plus mêlant que ça. On lui a demandé de faire
une intervention sur la motion d'ajournement. Il en avait une toute
préparée - il ne s'attendait pas à ça - sur la
motion de scission, alors il a dit: Bien, on va lâcher celle-là,
c'est celle-là qu'on a préparée.
En parlant des routes, il dit: Si les gens veulent des routes, ils s'en
paieront. Il pense que ce n'est pas dans le projet de loi. Ça n'a pas de
bon sens, dire des insanités semblables. Dans mon comté - je vais
prendre un dossier que je connais bien - les municipalités rurales se
promènent dans la "bouette", c'est le mot. Au printemps, la boue, les
camions de lait... Je l'ai dit plusieurs fois, mais c'est décevant. Il y
a des municipalités qui vont payer le gros prix pour ça. Je pense
à Stoke qui a beaucoup de chemins dans son comté, qui est une
municipalité rurale. Comment pensez-vous que ces gens-là...
Est-ce que c'est parce qu'ils veulent se faire plaisir, qu'ils veulent avoir
des routes carrossables en 1991? Voyons donc! Ça n'a pas de bon sens,
des routes carrossables... Si les gens qui ont la chance d'avoir des routes
asphaltées et carrossables sont contents de l'avoir, je suis contente
aussi. (16 h 40)
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, question de
règlement, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Allez-y.
M. Tremblay (Rimouski): II faudrait demander la pertinence du
débat. Elle est rendue dans la voirie municipale. Ce n'est même
pas dans notre projet de loi, d'une part et, deuxièmement...
Une voix: Hah! Hah! Hah!
M. Tremblay (Rimouski): ...on parle d'une motion
d'ajournement...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): alors, mme la
députée de johnson, vous êtes en réplique sur votre
propre motion. continuez votre...
Mme Juneau: je vous laisse juger, m. le président, de
l'intervention impromptue du ministre... du député de rimouski;
j'ai fait un lapsus pour le ministre, ouf! m. le président, le projet de
loi qu'on a en face de nous, qu'on est en train de discuter et pour lequel on
demande un ajournement, c'est parce que c'est un projet de loi où il n'y
a eu aucun principe de suivi. il n'y a eu aucune vision par ce gouvernement; la
seule vision qu'il a eue, c'est un cauchemar. c'est ça qu'il a eu, un
cauchemar. il a dit: on a un déficit de 3 400 000 000 $. à qui
va-t-on le garrocher? 3 400 000 000 $, le seul leitmotiv que ce gouvernement a
eu, c'est: refilons nos
problèmes aux municipalités; dégageons-nous. Jouons
à Ponce Pilate, lavons-nous les mains. On a un déficit de 3 400
000 000 $, il faut que quelqu'un paie et ça va sur le dos des
contribuables, sur le dos des payeurs de taxes.
Nous, de l'Opposition, si, éventuellement, on croit ce que le
député de Louis-Hébert a dit, que l'Opposition veut faire
de la démagogie sur le projet de loi 145, M. le Président, si
défendre les contribuables, si défendre les élus
municipaux, si défendre les hommes et les femmes qui travaillent, qui
sont en récession et qui perdent leurs emplois, ça s'appelle de
la démagogie, j'aime bien être taxée de ça. J'aime
bien ça, être taxée de ça. J'aime bien conter ce que
l'Opposition fait de la démagogie, si c'est ça; si c'est
ça, défendre ses contribuables, si c'est ça.
M. le Président, l'Opposition et tous les autres
députés en cette Chambre se lèvent pour dire que ça
n'a plus de bon sens, que le payeur de taxes n'est plus capable de suffire
à la tâche. Pour la plupart d'entre eux, dans toutes les
régions du Québec, M. le Président, il y a des fermetures
d'usines, il y a des centaines et des centaines de personnes qui sont sur le
chômage, sur l'aide sociale. M. le Président, ce qu'on demande,
c'est un ajournement pour qu'on revienne plus tard avec un projet de loi qui
soit plus en mesure de correspondre à ce que les payeurs de taxes sont
capables de payer. C'est ça qu'on demande, l'Opposition officielle du
Québec. C'est ça, M. le Président. Pas plus que ça.
Qu'on fasse en sorte que le projet de loi soit convenable, qu'on fasse que le
projet de loi n'écrase pas les personnes qui n'ont plus d'emploi, c'est
simplement ça, M. le Président.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Johnson. Je vais maintenant mettre aux voix la motion
de Mme la députée de Johnson qui se lit... Vote
enregistré. Qu'on appelle les députés pour le vote sur la
motion de Mme la députée de Johnson. (16 h 45 - 16 h 51)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mmes et MM. les
députés, si vous voulez vous asseoir, s'il vous plaît! S'il
vous plaît!
Mise aux voix
Est-ce que la motion de Mme la députée de Johnson qui se
lit comme suit: "Qu'en vertu des dispositions de l'article 100 du
règlement de l'Assemblée nationale, le débat en cours sur
la motion de scission soit ajourné", est-ce que cette motion...
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever!
Le Secrétaire: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), M. Blais (Masson), Mme Marois (Taillon), Mme
Harel (Hochelaga-Maison-neuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril
(Artha-baska), Mme Juneau (Johnson), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure
(La Prairie), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), M.
Claveau (Ungava), M. Morin (Dubuc), Mme Caron (Terrebonne), M. Boisclair
(Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Trudel
(Rouyn-Noran-da-Témiscamingue), Mme Dupuis (Verchères), M. Libman
(D'Arcy-McGee).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Que ceux et celles qui
sont contre veuillent bien se lever!
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf), Mme
Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Ryan (Argen-teuil), M.
Côté (Charlesbourg), M. Bourbeau (La-porte), M. Dutil
(Beauce-Sud), M. Côté (Rivière-du-Loup), M. Elkas
(Robert-Baldwin), M. Middlemiss (Pontiac), M. Cusano (Viau), Mme Bleau
(Groulx), M. Houde (Berthier), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La
Peltrie), M. Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), M.
Chagnon (Saint-Louis), M. Hamel (Sherbrooke), M. Paradis (Matapédia), M.
Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M.
Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe
(Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Richard (Nicolet-Yamaska), Mme Bégin
(Beilechasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet), M. Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine), Mme
Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron
(Deux-Montagnes), M. Borde-leau (Acadie), M. Audet (Beauce-Nord), M. Parent
(Sauvé), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden
(Lotbinière), M. Bradet (Charlevoix), M. Després (Limoilou), M.
Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Forget (Prévost), Mme Loiselle
(Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M.
MacMillan (Papineau).
M. Chevrette: Est-ce qu'il y avait des abstentions? M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Avec le consentement du leader du gouvernement,
j'apprécierais qu'on permette au député de Lévis de
voter.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement, est-ce qu'il y a consentement?
M. Pagé: M. le Président, comme quoi les
consentements sont parfois utiles. Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors... M.
Pagé: Jean, viens-t'en.
Une voix: II arrive toujours en retard. Des voix: Bravo!
Une voix: Bravo, Jean!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Si vous voulez
enregistrer le vote de M. le député de Lévis. Pour ou
contre, M. le député de Lévis?
Le Secrétaire: pour, m. garon (lévis). pour: 21
contre: 50
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, la motion
d'ajournement de Mme la députée de Johnson est
rejetée.
Reprise du débat sur la motion de
scission
Nous retournons maintenant au débat sur la motion de scission. Un
instant, M. le leader du gouvernement. Alors, les députés... Pour
ceux qui veulent laisser l'enceinte de l'Assemblée, si vous voulez le
faire en silence, s'il vous plaît.
Alors, s'il vous plaît! Je rappelle ce que je viens de mentionner,
que nous revenons au débat sur la motion de scission et je cède
la parole immédiatement à M. le député de
Taschereau. M. le député.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Il arrive, en ces
sessions intensives, que, comme parlementaire, on est appelé à
réagir à de drôles de situations. Évidemment, voir
la députée de Johnson demander une motion d'ajournement sur une
motion de scission présentée par son propre parti, c'est
déjà quelque chose en soi.
Une voix: Oui.
M. Leclerc: Imaginez, M. le Président, on a dû voter
pour avoir le droit de continuer de discuter d'une motion que l'Opposition a
elle-même présentée. Il faut le faire! Il faut le faire, de
présenter une motion de scission et, quelques minutes plus tard, de
présenter une motion d'ajournement de la discussion de la motion de
scission.
M. le Président, est-ce qu'on peut imaginer ensemble de plus
belles mesures dilatoires? Est-ce qu'on peut imaginer ensemble des
façons moins élégantes de faire perdre le temps à
cette Assemblée, que de demander à l'Assemblée d'ajourner
la discussion d'une motion qu'on présente soi-même? M. le
Président, si le ridicule tuait, on ne serait pas beaucoup de l'autre
côté.
Une voix: Oui, vous avez bien raison.
M. Leclerc: M. le Président, on assiste à des
mesures dilatoires d'une Opposition qui demande au gouvernement, par une motion
de scission, de présenter des mesures à la petite
cuillère, de présenter des mesures à la population, qui
n'ont pas une perspective globale comme celle de la réforme municipale
que nous étudions. M. le Président, pas besoin d'être un
grand légiste pour comprendre que lorsque l'on travaille dans le partage
fiscal avec les municipalités, on n'est pas pour discuter des projets de
loi à la graine, mais qu'il faut regarder ça dans sa
perspective...
Une voix: C'est vrai.
M. Leclerc: ...dans sa globalité. C'est ça que le
gouvernement fait par le projet de loi sur la réforme municipale.
Une voix: Bien non!
M. Leclerc: M. le Président, c'est admis dans nos coutumes
en cette Assemblée qu'un projet de loi peut modifier un certain nombre
de lois. C'est ça que fait le projet de loi sur la réforme
municipale. Donc, c'est tout à fait usuel, c'est tout à fait
normal, ce que nous faisons là. Il est évident que l'Opposition
se sert de la motion de scission comme mesure dilatoire. Tant et si bien que si
on essaie de voir quel est l'esprit du règlement sur les motions de
scission, c'est d'empêcher le gouvernement de présenter un projet
de loi à l'intérieur duquel il y aurait un certain nombre de
principes qui feraient en sorte que l'Opposition soit mal prise dans le choix
de son vote. (17 heures)
Exemple, un projet de loi contient deux mesures: une que l'Opposition
partage, une que l'Opposition ne partage pas. Ceci dit, l'Opposition serait
à ce moment-là légitimée de dire au gouvernement:
Voulez-vous, je vous prie, en vertu de notre règlement, diviser ce
projet de loi là, de sorte que nous puissions faire notre travail de
parlementaires et appuyer la portion qui nous intéresse et voter contre
celle pour laquelle nous nous opposons? Voilà l'esprit de la motion de
scission d'une Opposition qui s'en servirait avec intelligence, disant au
gouvernement: Votre projet de loi, si nous voulons en faire un examen
approprié, un examen relatif avec toutes les considérations que
l'on a pour les mesures que vous apportez, nous vous prions de le diviser en
deux, de sorte que nous puissions exprimer à la population
entière notre accord dans un certain nombre de mesures et notre
désaccord pour un certain nombre de mesures. Mais étudions la
motion actuelle, la motion de scission.
Étudions, à plus forte raison, l'argumentaire du
député de Joliette qui dit: Écoutez bien là, notre
réponse, ce n'est pas très compliqué: on est contre les
trois. Faites votre motion de
scission, divisez-la, cette loi-là, comme on vous le demande,
mais on vous dit d'avance qu'on vote contre. Et c'est ça qui fait que la
motion de scission qui est proposée par l'Opposition ne respecte pas
l'esprit du règlement, bien qu'elle puisse en respecter la lettre - et
c'est pourquoi vous l'avez acceptée, vous l'avez reconnue conforme -
mais elle ne respecte pas son esprit parce qu'elle ne permet pas de bonifier
nos débats parce que l'Opposition, à l'avance, dit au
gouvernement: Même si vous scindez en trois ce projet de loi-là,
on vous le dit tout de suite: on est contre, tous. On est contre, tous.
Ça ne change rien dans notre façon de voter.
Par conséquent, M. le Président, nous avons la
démonstration, en clair et en net, que cette motion-là ne sert
qu'à faire retarder les travaux que nous devons tenir le plus
sérieusement possible sur les projets de loi qui sont
déposés, et pour bonifier les projets de loi dans le meilleur
intérêt de toute la population. Et qu'est-ce qu'on fait, M. le
Président, pour bonifier un projet de loi? On discute du projet de loi
et non de toutes sortes de motions dilatoires. Au lieu de parler du projet de
loi, on se dépêche d'aller en commission parlementaire faire le
travail article par article, là où l'on peut vraiment parler du
fond du projet de loi, là où l'Opposition peut amener des
solutions construc-tives, peut amener des bonifications construc-tives.
M. le Président, ça fait quand même cinq ans, comme
bien d'autres, que je suis ici, comme vous. On sait très bien quand
l'Opposition travaille sérieusement et quand l'Opposition ne travaille
pas sérieusement. On sait très bien quand l'Opposition fait son
vrai travail d'Opposition, en proposant des choses intelligentes pour
améliorer les projets de loi, mais on sait également très
bien parce qu'on les a souvent vus faire, qu'est-ce qu'ils font, l'Opposition,
quand ils veulent faire perdre le temps de la Chambre. Et c'est exactement en
présentant des motions de scission comme ils l'ont fait, en voulant
ajourner leur propre motion de scission comme ils l'ont fait, qu'ils font
perdre non seulement le temps des parlementaires du gouvernement, mais aussi de
tous les parlementaires, parce que je suis certain que dans leur propre
formation politique, il y a des députés qui auraient des choses
intelligentes à dire sur le projet de loi que nous étudions et
qui seraient intéressés à aller en commission
parlementaire pour faire des propositions au ministre.
Ceci dit, M. le Président, c'est ce que j'avais à dire sur
la motion de scission qui est présentée par l'Opposition. Il est
bien évident qu'il va falloir, comme Assemblée, voter sur cette
motion-là, la défaire le plus tôt possible, pour qu'on
puisse revenir finalement discuter du fond du projet de loi. Je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Taschereau. M. le député de Mas-son, sur
la motion de scission de votre collègue, M. le député de
Lévis. Je vous rappelle que vous disposez d'un temps maximum de 30
minutes.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je viens
d'entendre la phrase suivante, que les gens du gouvernement ont hâte que
l'Opposition fasse un vrai travail d'Opposition. Mais, M. le Président,
je m'en excuse. Nous faisons exactement notre travail. D'ailleurs, les sondages
le démontrent. Nous allons le faire jusqu'à la fin de la
session.
M. le Président, nous voulons scinder ce projet en trois. Nous
annonçons d'avance que si vous le scindez en trois, nous allons voter
contre les trois. Bon. Et c'est vrai. On vient dire de l'autre
côté que c'est une perte de temps. Absolument pas. Nous, nous
sommes contre les trois, mais nous croyons qu'il y a des députés
de l'autre côté qui seraient pour une partie et contre certaines
autres, et c'est par condescendance envers les simples députés de
l'autre côté, qui sont obligés de suivre une ligne de
conduite sur un tout, pour qu'ils puissent s'exprimer et que leur vote prenne
toute sa valeur.
Ce projet de loi, en soi, M. le Président, nous voulons le
scinder en trois. Pourquoi? Parce qu'il y a une partie qui regarde l'imposition
de la police ou de charges de police sur le territoire québécois,
une autre partie qui remet aux municipalités une grande partie de la
voirie locale et un troisième volet qui est une obligation faite aux
municipalités de taxer à la place du gouvernement qui veut
montrer un déficit plus bas cette année. Donc, il y a trois
paliers - comme dans un escalier, parce qu'il y a d'autres projets de loi en
escalier; la taxe est très très haute - c'est seulement les trois
premiers paliers que nous voyons ici, aux Affaires municipales.
Nous le faisons, M. le Président - et je vous le dis très
modestement, et l'Opposition le dit très modestement - nous voulons
retarder l'adoption de ce projet de loi parce que nous croyons qu'il est fait
en faisant fi des autorités municipales et, comme Opposition, c'est
notre devoir d'agir ainsi. Notre droit et notre devoir. Nous devons le faire,
M. le Président, justement parce qu'on appelle ça une
réforme de la taxation municipale. Ici, M. le Président, j'adore
les gens qui savent jouer avec les mots. J'ai toujours aimé ça.
Savoir jouer avec les mots, c'est un signe d'intelligence vive. Mais là,
en disant, par ce projet de loi, que c'est une réforme profonde de la
taxation municipale, on ne joue pas avec les mots. On dit quelque chose qui
serait contraire à la vérité. On ébauche dans ce
projet de loi une vision, peut-être une vision future, d'imposition de
responsabilités aux municipalités. Mais on le fait sans leur
consensus.
ii me semble, m. le président, que les élus de ce
parlement ont été élus pour gouverner et que nous sommes
arrivés ici avec 50 % des pouvoirs - les autres 50 % étant
à un parlement étranger, celui d'ottawa - nous avons 50 % de
responsabilités. de ces 50 % de responsabilités, nous en avons
transféré. en créant des municipalités, nous avons
transféré en même temps des pouvoirs. si nous voulons aller
jouer dans ce transfert de responsabilités et d'autorité que nous
avons données à d'autres élus, il faudrait au moins que
nous, ici, dans ce parlement, nous le fassions avec un consensus devant ces
élus. c'est une question primaire. il faut qu'un élu, d'abord,
ait le respect des autres élus. et là, dans ce projet de loi,
nous ne voyons pas ça, d'aucune façon, m. le président. il
y a mépris de l'autorité municipale dans ce projet de loi. et
c'est à cause de ça, m. le président, que nous nous
objectons de a à z à ce projet de loi.
Cependant, par devoir, pour permettre au gouvernement et au ministre le
moins populaire de ce gouvernement de regarder une autre fois ce projet de loi
afin que sa cote finisse de descendre, nous lui permettons un petit
répit. Nous lui permettons de mettre un petit soupir dans sa taxation.
Toujours, toujours et toujours envoyer des taxes sur les citoyens de
façon directe ou de façon indirecte par ce projet de loi, vient
un temps - comme le disait La Fontaine - le contribuable "n'en puit mais...".
Autrement dit, il n'en peut plus. Assez, c'est assez. Là, M. le
Président, nous voulons permettre un certain soupir aux contribuables en
essayant de scinder ce projet de loi. Notre but visé, par devoir, est le
suivant: c'est d'essayer de retarder le plus possible ce projet de loi de sorte
qu'il ne passe pas à cette session. Il n'y a pas de cachette
là-dedans.
Pourquoi? Pour beaucoup de raisons. Premièrement, on dit que ce
projet de loi est là pour une meilleure équité. Quand on
parle de la police... Parlons de la police d'abord. Une meilleure
équité. Une meilleure équité, M. le
Président, ça veut dire que les citoyens qui habitent le
territoire québécois, que chacun et chacune des personnes qui
habitent le Québec paie les mêmes redevances pour avoir une
sécurité policière sur son territoire, sa ville, sa grande
municipalité ou sur l'ensemble du territoire québécois.
(17 h 10)
On dit: Beaucoup de villes ont des polices, d'autres n'en ont pas. Nous
avons la police provinciale. Nous voulons faire une répartition dans
ça. M. le Président, il faudrait tout d'abord commencer par
regarder l'ensemble du Québec. Il y a deux provinces au Canada qui
paient leur police. Il y a huit provinces au Canada qui ne paient aucun sou
pour leur force constabulaire, aucun sou. La première
équité, ce serait d'aller à Ottawa et de demander une
rétribution. C'a commencé au début des années
soixante-dix, le
Parti libéral le revendiquait, M. Choquette avait demandé
750 000 000 $ à Ottawa pour ce faire.
C'était au-delà de 1 000 000 000 $ au tout début de
l'année 1976. Nous sommes rendus à près de 4 000 000 000 $
aujourd'hui que nous pouvons aller revendiquer. L'équité, si nous
sommes encore dans ce pays géographique appelé Canada, c'est
qu'il y a d'abord une équité entre les premiers paliers de
gouvernement, celui qu'on subit, celui d'Ottawa, et celui dont nous sommes
membres ici, l'Assemblée nationale du Québec.
Il faudrait d'abord demander notre part. On ne compte même pas la
force constabulaire dans les péréquations envoyées aux
provinces. Alors, il y a une iniquité pour le Québec là,
et si on veut parler d'équité quand on parle de force
constabulaire, M. le Président, il faudrait d'abord commencer par
regarder l'équité entre les deux plus grands Parlements avant
d'imposer à des municipalités, par loi que nous faisons ici en
Chambre, de payer une force constabulaire, avant d'aller faire des
réclamations où on devrait le faire d'abord, c'est-à-dire
à Ottawa. Je pense que cette loi-là, si elle passe, ne sera
applicable que le 1er avril 1993. C'est tout de même très
loin.
Pourquoi y a-t-il urgence dans le foyer, là? Pourquoi? Pourquoi
n'appelle-t-on pas ça, ce projet de loi, 911? C'est urgence là?
Service d'urgence? On prévoit que les municipalités seront
malades à cause de cette loi-là le 1er avril 1993. Où est
l'urgence? Qu'on vienne nous dire ici qu'on veut retarder. Oui, on veut
retarder, c'est notre devoir et c'est notre droit. On veut le faire. Les
municipalités auraient le temps d'aller revendiquer. Tout d'abord, une
meilleure compréhension de la part du ministre des Affaires
municipales.
Deuxièmement, l'équité réelle dans le
service de la police: que le ministre des Affaires municipales aille faire ses
devoirs à Ottawa, et revendique les sommes que le Québec a - par
la prétention de recevoir - l'obligation d'aller chercher, au moins
d'essayer. Au moins d'essayer. Au moins d'essayer! Là, M. le
Président, on viendra après ça...
Troisièmement, sur notre propre territoire, existe une loi depuis
quelques années et certaines municipalités s'y sont
conformées. Dans mon propre comté, M. le Président,
j'entendais le député de Rousseau dire qu'il n'y avait aucune
municipalité qui s'était conformée à cette
loi-là, c'est-à-dire quand ils ont plus de 5000 de population,
d'installer une force constabulaire.
Dans la ville où demeure le député de Rousseau,
Sainte-Anne-des-Plaines, ils l'ont fait il y a un an. Il devrait savoir au
moins que chez lui, il y a une ville qui l'a fait. Dans mon comté, il y
en a deux, M. le Président, dont une depuis 1984, c'est la ville de
Lachenaie; elle a dépensé près de 4 000 000 $
jusqu'à aujourd'hui pour sa force constabulaire. Si elle n'avait pas
observé la loi... Il y en a quatre ou cinq au Québec qui
l'ont fait. Alors, pour l'équité, M. le Président,
les villes qui ont observé la loi qui était là, l'article
64.1, je crois, de la Loi de police, eh bien, pour celles qui ont
observé la loi, les citoyens ont donc été
pénalisés d'avoir observé la loi.
Si on veut qu'il y ait équité, il faudrait absolument que
le ministre, par cette loi, donne une compensation aux villes qui ont
observé la loi avant de commencer à l'imposer à tout le
monde. Les sommes qui ont été versées... Les
municipalités qui n'ont pas observé la loi jusqu'à
aujourd'hui, jusqu'au 1er avril 1993, ne sont pas pénalisées, ne
paient aucune redevance ni aucune amende au gouvernement, mais à celles
qui ont été légales, on ne donne aucun moyen de
compensation.
J'aimerais absolument, M. le Président, que le ministre regarde
ça avant de prendre une position définitive sur ce projet de loi.
L'Opposition, ce n'est pas pour s'amuser qu'elle fait ça. Ce n'est pas
pour gagner des votes, M. le Président. Nous sommes déjà
à 53,1 % dans les sondages. Nous en avons amplement pour battre le
gouvernement en place. Nous en avons amplement. Amplement! Ce n'est pas pour
gagner des votes c'est par esprit de défense des droits des élus
municipaux et pour une équité de l'ensemble des citoyens à
travers le Québec.
M. le Président, l'équité, qui est censée
être la base de formation que le ministre nous a donnée pour
écrire ce projet de loi, j'ai l'impression qu'elle est atrophiée,
au départ, et nous allons absolument, nous ici, voter contre ce projet
de loi, même si vous acceptez de le scinder, parce que ce sera encore
plus juste de voter trois fois contre un projet tel que celui-là. Et si
nous le pouvons... C'est ce qu'on a appris comme Corneille, ici, avec Horace et
Curiace: "Que voulez-vous qu'il fit contre trois?" On va toujours contre nous,
trois à un. Qu'il mourût, dit-il, ou qu'un vain désespoir
enfin le secourût, et ce vain désespoir, c'est l'émotion
que nous faisons actuellement, et nous espérons toujours que
quelques-uns d'entre vous verront la lumière. Je vous souhaite de
rencontrer votre chemin, comme saint Paul l'a rencontré dans
l'Évangile, M. le ministre des Affaires municipales. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Masson. Toujours à l'étape de la motion
de scission présentée par M. le député de
Lévis, je reconnais maintenant M. le ministre des Affaires municipales.
Je vais vous rappeler, M. le ministre, que vous disposez encore d'une
période de 30 minutes.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Pour une rare fois, M. le Président, votre
générosité m'intimide. La matière est tellement
simple qu'à moins de vouloir épouser le jeu de l'Opposition et
verser dans l'obstruction, je crains d'avoir de la difficulté à
consacrer 30 minutes au sujet extrêmement limité qui a fait
l'objet de la motion de l'Opposition. Vous verrez, avec la démonstration
que je vous soumettrai, que le bon sens lui-même indique clairement la
voie à suivre dans ce débat.
Tout d'abord, je souligne un point qui m'a bien frappé dans
plusieurs interventions que j'ai entendues du côté de l'Opposition
cet après-midi. Il y en a beaucoup qui ont parlé de scinder, dans
le projet de loi, des éléments qui n'y sont même pas.
Ça, il faut le faire. Il faut n'avoir pas eu beaucoup de temps pour lire
le projet de loi pour en venir à des propositions aussi peu
sensées. On a dit... Je me souviens encore d'avoir entendu le leader de
l'Opposition le dire en toutes lettres cet après-midi: Donnez-nous le
temps. Nous voulons l'étudier sérieusement. La partie qui regarde
la voirie locale est une partie extrêmement importante du projet de loi.
Donnez-nous un peu de temps, on va l'examiner à fond et on verra comment
on votera. Chacun votera suivant sa conscience, mais pour voter suivant sa
conscience, il faut commencer par apprendre à lire.
La première chose qu'on fait quand on est en face d'un projet de
loi, on l'étudié. Si on trouve, après étude, que
des motifs sérieux justifient telle ou telle proposition, c'est le
devoir du gouvernement de les entendre, mais quand le gouvernement est saisi
d'une proposition qui démontre à sa face même qu'on n'a
même pas fait au projet de loi l'honneur de le lire, je pense qu'on est
obligé de passer aux réponses plus rapides. Je pense qu'on est
obligé de dire, dans ce cas-là: Retournez faire votre travail de
base et, après ça, on pourra discuter de choses sérieuses.
Je vous dis, M. le Président, que dans le projet de loi 145, il n'est
pas question de la voirie locale. C'est clair. Donc, voici une partie qu'on ne
peut pas scinder. Elle n'y est pas. Premier point.
Maintenant, il faut se demander... Le député de
Jonquière veut-il me poser une question?
Une voix: Consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! Je m'excuse.
En vertu du règlement, vous pourrez, après l'intervention de M.
le ministre, poser une question en vertu de l'article 213. Allez-y, M. le
ministre!
M. Ryan: Très bien, mais je parle des interventions que
nous avons entendues cet après-midi. Vous n'avez pas eu le temps de les
préparer, les interventions. Je vous comprends.
Maintenant, j'examine... Je lui avais parlé avant son
intervention et il a dit des choses, justement, il a rappelé quel est le
principe du projet de loi. Nous en parlerons dans deux minutes. Première
chose qu'il faut se dire, c'est
que le projet de loi 145, là, respecte l'avis du président
de l'Assemblée. Je ne suis pas toujours obligé de le partager, je
ne le mets jamais en cause au point de vue procédure. (17 h 20)
Au point de vue d'opinion, je pense que chacun peut garder son opinion.
Il y a, je le soumets humblement, un principe directeur fondamental et
unificateur qui donne son sens à toutes les parties du projet de loi. Ce
principe est bien simple, c'est la recherche, la définition d'un
équilibre plus juste dans le partage des responsabilités entre
Québec et les municipalités, la définition d'un
équilibre plus juste dans le partage des responsabilités entre
Québec et les municipalités. Pour réaliser un
équilibre plus juste dans le partage des responsabilités, il faut
bien parler de plusieurs sujets. Si on parle seulement d'un sujet, on
n'arrivera jamais à parler du principe du projet de loi. Or, c'est de la
nature même du principe du projet de loi de commander qu'on examine
différents aspects de la fiscalité et même des finances
publiques municipales pour en arriver à proposer un équilibre qui
sera plus intéressant au bout de la ligne, à tout le moins un
équilibre qui engage le gouvernement et sur lequel on puisse faire un
débat honnête et vigoureux, au besoin. Alors, je vous dis, le
principe, ne cherchons pas midi à quatorze heures, il est inscrit dans
ces quelques lignes que je viens d'essayer de résumer: Le projet de loi
vise à créer un équilibre plus satisfaisant dans les
rapports financiers entre le gouvernement et les municipalités.
Il y a un principe complémentaire qui dérive du premier,
qui est son corollaire tout à fait logique. On dit: Pour arriver
à un équilibre plus satisfaisant, il faudra que chacun commence
à payer les choses dont il est responsable au lieu de les faire endosser
par l'autre, et c'est le deuxième élément du projet de loi
qui est directement relié au premier, encore une fois. On ne peut pas
les séparer tous les deux. On vous dit: Si nous voulons arriver à
un équilibre plus judicieux, il faudra qu'à l'avenir chacun porte
ses responsabilités de manière plus directe et plus
plénière.
Les trois exemples que nous donnons de manière
préférentielle sont ceux qui ont retenu, à bien des
reprises, l'attention des observateurs. Je mentionne, de manière toute
particulière, les trois points suivants: tout d'abord, le transport en
commun, deuxièmement, les "en lieu" de taxes sur les immeubles
scolaires... Il est clair, celui-là aussi, les "en lieu" de taxes sur
les immeubles scolaires. Le gouvernement dit aux municipalités: Nous ne
pouvons plus verser les subventions au niveau où elles étaient
versées, mais nous acceptons, cependant, qu'elles soient versées
à un niveau qui reste supérieur à celui des
dépenses encourues par les municipalités pour des services
fournis aux immeubles scolaires. Alors, le principe est clair des deux
côtés. Le gouver- nement dit aux municipalités: Vous
fournissez des services à ces immeubles qui sont la
propriété d'un réseau public provincial, nous allons vous
payer cette chose-là. Mais sur le reste, nous allons vous payer suivant
notre capacité, c'est-à-dire un léger surplus qui ne peut
pas être aussi généreux qu'en d'autres périodes. Et
là-dessus, nous demeurons encore à un niveau supérieur
à la moyenne canadienne.
Le troisième terrain d'application, c'est la police. Il y a de
nombreuses années que l'on discute ce sujet au Québec, que l'on
se dit: II serait temps que chaque citoyen porte sa part de
responsabilités dans le financement des services de protection
policière auxquels il a droit et auxquels il a accès, dans 92 %
des municipalités, par le truchement de la Sûreté du
Québec. Le gouvernement a dit: Depuis quelques années, on
"parlotait" là-dessus. Ça va bien, ça. Le chef de
l'Opposition s'est payé le luxe d'être président d'une
commission d'enquête financée par l'Union des municipalités
du Québec, il y a quelques années à peine, il y a à
peine quatre ou cinq ans. Vous lisez les conclusions de ce rapport de la
commission Parizeau et il le dit en toutes lettres: II faudrait que les
municipalités qui n'ont pas de corps de police soient facturées
par la Sûreté du Québec pour les services qu'elles en
reçoivent.
L'Union des municipalités du Québec a endossé,
approuvé le rapport Parizeau à une réunion
subséquente. Dans le temps, je pense que le député de
Jonquière en était déjà partie. Je comprends qu'il
n'a pas porté trop d'attention à cet aspect du rapport Parizeau,
mais c'est écrit en toutes lettres dans le rapport Parizeau, ce que je
dis et je le défie de me prouver le contraire.
Voilà les points, M. le Président. Si vous enlevez un
élément... Il faut bien comprendre que c'est un tout qui se
tient, ça. Nous avons dit: Pour le transport en commun, nous
n'abandonnons pas les municipalités à leur sort de manière
pure et simple. Nous leur disons: Nous mettons fin aux subventions de
fonctionnement, mais, en retour, nous vous donnons accès à
certaines sources de revenus additionnelles. Les trois sources auxquelles nous
donnons accès sont les suivantes: d'abord, nous permettons d'instituer
une surtaxe foncière sur les immeubles non résidentiels. Mais on
nous dit: ce n'est pas suffisant. Une surtaxe foncière, il ne faut pas
qu'on en abuse. On peut en faire un usage judicieux. Si on va au-delà
d'un certain niveau, ça ne sera pas bon pour le commerce et l'industrie.
Nous en sommes complètement. Alors, nous disons: en plus, nous allons
fournir l'accès à d'autres sources de revenus. C'est là
que nous avons la contribution qui est demandée aux automobilistes, aux
propriétaires de véhicules de promenade; contribution
spéciale pour le transport en commun.
Vous allez être étonnés d'entendre ça.
Vous
allez être étonnés d'entendre ces explications. Je
sais que des députés m'ont demandé... Ils ont dit: Moi, je
suis dans un territoire qui n'est pas desservi par un office public de
transport en commun. Vous demandez une contribution à mes
automobilistes, propriétaires de véhicules de promenade. Oui,
nous la demandons. Pourquoi? Parce que ces personnes demeurent dans des
municipalités qui se trouvent dans une grande région
métropolitaine de recensement. Une région métropolitaine
de recensement, en font partie des municipalités dont la majorité
des gagne-pain vont chercher leur revenu de travail professionnel dans le
centre de l'agglomération. Je prends nos concitoyens de Mirabel, qui
sont dans mon comté et que j'aurais bien préféré ne
pas inviter à assumer cette charge de 30 S par véhicule de
promenade. Je prends ceux du comté de Deux-Montagnes, dont le
député est juste à mes côtés en ce moment.
Nous aurions préféré ne pas leur demander ça, mais
le député de Deux-Montagnes sait très bien que, chez les
gens de Saint-Eus-tache, une grande majorité vient travailler dans le
coeur de la région métropolitaine. Qu'on leur demande une
contribution de 30 $ par véhicule, eux dont la grande majorité se
rend à Montréal en véhicule personnel non seulement pour
leur travail, mais pour toutes sortes de fins récréatives, qu'on
leur demande 30 $ de contribution sur le financement du transport en commun,
c'est une contribution extrêmement limitée, sauf pour quelques
porte-parole qui ont parlé sans réfléchir.
L'automobiliste ordinaire se rend très bien compte qu'il a une
part de responsabilité pour le bon fonctionnement de Montréal
s'il demeure à Sainte-Thérèse, à Mascouche,
à L'Assomption, à Saint-Bruno ou encore à Mirabel,
à Saint-Eus-tache ou à Deux-Montagnes. Il ne faut pas être
grand clerc pour savoir ça. Je pense que ce sont des choses qui sautent
aux yeux. Il n'y a rien d'étouffant ni d'écrasant
là-dedans. Qui viendra prétendre... Si nous sortons ça du
projet de loi, tout le projet de loi n'a plus la même signification.
Là, l'Opposition nous dira: Oui, vous refilez des dépenses de
transport en commun aux municipalités, vous ne leur donnez pas de
revenus en retour. On ne peut pas avoir les deux. Un de mes frères
disait ça, moi, quand on était plus jeunes: On ne peut pas avoir
un "char", être beau et rester en ville. Il faut choisir.
Si vous voulez qu'en retour des responsabilités que nous
demandons aux municipalités d'assumer, nous leur donnions accès
à des sources de revenus compensatoires, ne venez pas nous dire dans un
mouvement de contradiction évident que vous ne voulez pas qu'on en parle
dans le projet de loi. C'est l'un ou l'autre. Choisissez. Nous autres, nous
choisissons la logique, la cohérence, le bon sens et l'équilibre
dans les propositions. Alors ça, je pense que c'est assez clair, que
ça se passe même de contestation, si on veut être
sérieux. On a entendu, là... On nous l'a dit en toutes lettres
cet après-midi, M. le Président, on nous l'a dit: On veut
"staller" votre affaire; on veut la retarder, on veut la reporter aux calendes
grecques.
Nous vous l'avons dit, ce que ça signifie. Si vous reportez ce
projet de loi-ci à cette session-ci, ça veut dire que vous
réussissez à l'envoyer aux calendes grecques parce que
l'année prochaine, l'Opposition va nous parler en Chambre, pendant toute
l'année, uniquement d'un référendum sur
l'indépendance du Québec. Vous vous êtes
préparés; il n'y a pas d'autre sujet dont vous parlez avec
ferveur. Dans le cas de ce sujet-ci, on voit que c'est un travail imposé
qui vous est donné; à part le député de
Jonquière. Je pense que je peux le mettre à part parce qu'il est
vraiment intéressé dans son sujet. Les autres viennent faire un
travail plus ou moins de mercenaire. Ça paraît par le manque de
préparation dans les interventions que vous faites. C'est ça qui
est choquant pour l'esprit. Pour le sujet, moi, ça ne me dérange
pas du tout parce que ça m'amuse, mais pour l'esprit, quelqu'un qui
regarde ça, dit: Ils pourraient au moins lire les projets de loi avant
d'en parler.
Je continue. Je fais l'examen du projet de loi. Il y a à peu
près 315 articles dans le projet de loi, 325 je pense... il y en a 322.
Vous allez jusqu'à l'article 236. Il n'y a aucun problème; ce
sont des dispositions qui parlent. On va vous donner les sujets: Le rôle
de l'évaluateur, les pouvoirs de l'évaluateur; le rôle de
l'évaluation foncière dans une municipalité; les ententes
intermunicipales en matière d'évaluation et d'envoi de comptes de
taxe. (17 h 30)
II y a l'article 65.1 que nous voulons amender. Ça, c'est
l'article qui traite de la taxation foncière sur les équipements
des entreprises de pétrole. Il y a une éternité qu'on
discute de ce sujet. Il y a une iniquité qui est inscrite dans le texte
de la loi actuelle, que tout le monde nous a presque suppliés de
modifier. Nous l'inscrivons ici. Ensuite, les questions de la surtaxe sur les
immeubles non résidentiels, les questions d'une taxe sur le
stationnement dont on peut discuter l'opportunité - on en discutera au
mérite - mais dont personne ne peut contester la pertinence dans un
projet de loi comme celui-ci. La, on est encore aux discussions sur la
pertinence. On est autour du sujet; on tourne autour. Mais il n'y a personne
qui peut contester sérieusement la pertinence d'un chapitre qui traite
de ce sujet-là.
Ensuite, on parle de la richesse foncière uniformisée.
S'il y a un sujet qui est central dans toute discussion sur la fiscalité
municipale, c'est bien celui-là. Ensuite, on a les dispositions qui
modifient la Loi sur les mutations immobilières pour ajuster les taux de
taxation sur les mutations immobilières, les ventes d'immeubles,
les ventes de maisons, les ventes d'édifices commerciaux ou
industriels sur le territoire d'une municipalité. Encore là,
ça, ça fait partie directement de notre sujet. Il me semble que
c'est absolument pertinent. Là, il y a un lien, M. le Président,
que nous devons saisir. Si nous augmentons les droits sur les mutations
immobilières, c'est pour fournir aux municipalités plus de
revenus pour leur permettre de payer leur quote-part sur le déficit de
fonctionnement du transport en commun.
Nous le disons en toutes lettres dans le projet de loi. Si nous allions
enlever ces parties-là qui font le lien entre les revenus devant sortir
de cette source de taxation et le financement du déficit du transport en
commun, l'Opposition serait la première, et à juste titre,
à nous dire: Vous enlevez des subventions aux municipalités, vous
accroissez leur fardeau financier et vous ne leur donnez pas de source de
revenus en retour. Nous vous disons encore une fois que nous prenons la partie
a de la proposition, mais nous devons accepter également la partie b,
autrement le scénario ne résiste pas à l'examen, ne tient
pas debout.
La police, ce n'est pas un projet qui réorganise la police. On en
reparlera de la police en temps utile. Nous avons des projets là-dessus.
Nous vous en entretiendrons quand nous les aurons complétés.
Mais, pour le moment, ce que nous vous disons, je pense bien qu'il n'y a
personne qui conteste que la protection policière soit une
responsabilité de l'autorité politique locale. C'est une des
premières responsabilités de base de l'autorité municipale
de voir à protéger la sécurité des personnes et des
biens sur son territoire. Elle a cette responsabilité incontestable,
inaliénable. Est-ce qu'elle doit l'exercer directement ou s'il n'est pas
préférable que, dans bien des cas, elle l'exerce indirectement
par le recours à un service compétent qui puisse s'acquitter de
la tâche dans des conditions économiquement plus propices pour
elle.
Vous me direz: Qu'on laisse donc les municipalités
décider. On leur laisse la liberté de décision dans le
projet de loi. On la leur laisse. Mais elles l'ont exercée depuis
longtemps, cette liberté-là. Elles l'ont depuis toujours, M. le
Président. Ce n'est pas une nouveauté d'aujourd'hui; elles l'ont
depuis toujours. Il y a 92 % des municipalités au Québec qui ont
décidé de l'exercer, cette liberté de décision dans
le sens d'un recours aux services de la Sûreté du Québec.
Ce n'est pas pour rien. Il y a deux raisons. D'abord, elles n'avaient pas les
moyens de se payer un service de police local. Elles n'en avaient pas les
moyens, ça coûte trop cher. Deuxièmement, elles
étaient conscientes jusqu'à ces tout derniers temps, que la
Sûreté du Québec leur accordait une protection fort
convenable. Imaginez-vous un maire et un conseil municipal qui viendraient vous
dire aujourd'hui: On n'est pas satisfait des services qu'offre la
Sûreté du
Québec. Ça fait 10 ou 15 ans qu'ils seraient maire et
échevins, dans certains cas, et ça aurait pris le projet de loi
145 pour qu'ils s'en aperçoivent. Vous voyez bien que ça ne tient
pas debout. Ce sont des gens sérieux. Ils se font élire par la
population, ils sont assermentés après avoir été
élus. Il y en a des anciens maires, ici, dans l'Assemblée
nationale, qui peuvent confirmer ceci. Ils le savent très bien en
général.
Moi, j'en ai des maires dans mon comté; j'en ai 23 en tout. Il y
en a cinq qui ont un service de police local, les autres recourent à la
Sûreté du Québec depuis un temps immémorial. J'en
rencontrais encore un hier, celui du canton de Chatham, avec qui j'ai eu le
plaisir de participer à un événement public. Il
reconnaît très bien qu'ils se servent de la Sûreté du
Québec depuis longtemps. Il ne m'a aucunement parlé qu'il
voudrait abandonner ce service pour s'en donner un lui-même parce qu'il
se rend compte que c'est plus avantageux pour lui, mais encore une fois, nous
respectons la liberté de décision des municipalités.
Celles qui pensent qu'elles sont capables - de l'autre côté, il y
en a beaucoup, c'est leur slogan: "on est capable" - qu'elles prennent leurs
responsabilités et, après ça, elles transigeront avec la
Fédération des policiers du Québec et avec d'autres
organismes qui leur feront voir ce que ça comporte, des décisions
prises sérieusement. Là, ça va bien. On décide et,
après ça, c'est l'autre qui paie. Pas de problème.
Alors, à celles qui préfèrent continuer
judicieusement, à mon point de vue, de recourir aux services de la
Sûreté du Québec, nous disons: II est à peu
près temps qu'on partage la facture. Nous ne leur demandons pas
d'assumer le coût complet; nous leur demandons d'en assumer une partie.
Où est-ce qu'on va mettre ça? On va aller faire un projet de loi
séparé pour dire seulement ça? Ça fait partie de
l'ensemble que nous sommes en train de discuter, M. le Président. C'est
un nouvel équilibre de responsabilités que nous voulons
établir. Il pourrait arriver, si nous avions un projet de loi
séparé, que nous déciderions de le modifier sur tel ou tel
point et ça pourrait modifier l'ensemble de l'équation.
C'est un programme complet, ça, qui comporte des transferts de
responsabilités de l'ordre de 400 000 000 $ au moins. C'est
peut-être un petit peu plus que 400 000 000 $ en tout, nous ne l'avons
pas caché, mais pour que ça ait du sens, il faut absolument qu'on
ajoute toutes sortes d'éléments. Je l'ai dit souvent en cette
Chambre: le gouvernement, sur la facture initiale de 477 000 000 $, a
assumé 78 000 000 $ directement. En plus, il fournit aux
municipalités l'accès à des sources nouvelles de revenus
pour plus de 160 000 000 $. Le reste, il leur dit: Vous irez le chercher
à même les impôts que nous vous ouvrons, soit la surtaxe sur
les immeubles non résidentiels, soit la taxe sur le stationne-
ment, soit encore le retour au droit sur les divertissements.
Si vous enlevez une partie, à supposer qu'on vienne... C'est
comme une voiture à quatre roues, que vous enlevez une roue et que vous
la mettez sur l'autoroute 20, elle ne marchera pas longtemps. Ça ne
marchera pas longtemps. La Sûreté du Québec va venir voir
le type: Tu n'as pas d'affaire ici. Nous autres, si on enlève l'une de
ces parties-là, ce sont des parties qui se tiennent, c'est
l'unité du projet qui perd son sens. C'est le principe même du
projet de loi qui est compromis, cette définition d'un nouvel
équilibre, le partage des responsabilités financières
entre le gouvernement et les municipalités du Québec. Nous vous
disons: Si nous allions renoncer à ce principe, si nous allions
l'abandonner à l'improvisation que nous propose l'Opposition, je pense
que nous manquerions à notre devoir de législateur
responsable.
J'ajoute un dernier point: Si nous allions céder à la
proposition de l'Opposition, ça veut dire que nous renvoyons ce projet
de loi aux calendes grecques définitivement. J'ai commencé
à le dire tantôt. Si nous ne l'adoptons pas à cette
session-ci, ne comptez pas que nous nous reprendrons à l'automne.
À compter de l'automne, il y a un autre momentum qui va s'établir
dans nos travaux. Il y aura d'autres impératifs qui commanderont notre
attention.
L'an prochain, nous serons pris avec des sujets beaucoup plus amples
encore. Ensuite, ça sera la fièvre de l'élection qui
s'emparera du Québec. Le temps - je pense que la députée
de Taillon le sait très bien - qui est donné à un
gouvernement pour agir efficacement sur des sujets importants est très
limité. Il comporte au plus une couple d'années. Si vous laissez
passer ces deux années de grâce, ça veut dire que vous ne
faites rien pour porter des projets à plus tard et vous les reportez au
gouvernement suivant. Moi, ce n'est pas parce que je tiens
particulièrement à attacher mon nom à un projet comme
celui-ci. J'aimerais bien mieux avoir d'autres sujets de préoccupation.
On est capable de faire des compliments à la population; nous autres
aussi, c'est facile, ça. C'est facile, vous savez.
Il y a des tâches difficiles à faire. Là, si nous
reportions le projet, qu'est-ce qui arrive pour les finances publiques du
Québec? On va jouer à la partie de remise continuelle, comme on a
fait depuis une quinzaine d'années au Québec. On va dire encore
une fois: On va aller encore voir nos banquiers, on va aller faire une
excursion à New York. On va envoyer le ministre des Finances faire un
pèlerinage. Je vais leur promettre que, dans deux ans, ça va
être mieux, etc. On va encore se gargariser, augmenter la dette publique
du Québec et refuser de faire face aujourd'hui à des devoirs qui
commandent notre attention maintenant et pas demain. (17 h 40)
C'est ça qui est le sens du projet de loi.
Pas de manâna, comme on dit en Espagne, pas de lendemain. Toujours
dire: À demain, à demain les choses dures, faisons les choses
faciles aujourd'hui, on ne va nulle part avec ça. C'est ça qui
est le message du projet de loi, pour le résumer brièvement. Si
c'est ça qui est le message, si c'est pour être le même
message en plus dans un an, en plus dur dans deux ans, en plus
sévère dans trois ans et dans quatre ans, à ce
moment-là, vous aurez peut-être un autre ministre à
attaquer. Vous ne serez pas plus avancés. Si c'est pour être plus
sévère dans un an, dans deux ans ou dans trois ans, M. le
Président, je vous le demande en toute déférence, pourquoi
ne pas le faire maintenant? Pourquoi ne pas mettre tout de suite notre
population, notre Québec, nos municipalités sur la voie de la
responsabilité directement, concrètement assumée, qui est
la seule voie du progrès véritable pour une société
dans le monde hautement concurrentiel où nous vivons
désormais?
Autrefois, on pouvait se payer d'illusions pendant un temps. On pouvait
se dire: On a de la marge. Il faut rendre hommage à nos gouvernants qui
nous ont précédés, qui nous ont laissé une
situation de crédit fort intéressante. Mais là, ensemble,
vous autres de votre côté et nous autres de notre
côté, pendant un certain temps, nous en avons usé, de cette
marge-là, très généreusement. Aujourd'hui, il y a
un mouvement du pendule qui nous ordonne de resserrer la discipline pour qu'on
puisse être plus forts.
Voilà, M. le Président, le sens du débat que nous
faisons et peut-être que l'Opposition ne s'en rendait pas compte quand
elle a présenté cette suite ininterrompue de motions dilatoires.
Mais je pense qu'on a fait la démonstration que ça ne conduit
nulle part. Le plus tôt possible nous aurons disposé de cette
motion pour revenir au fond du débat et entreprendre, en commission
parlementaire, le travail qui nous attend, je pense que nous y gagnerons tous
comme législateurs consciencieux.
J'ajoute ceci. Chaque heure que nous perdons actuellement en
débats sur des motions dilatoires, c'est autant de temps qui nous est
enlevé pour le travail très important qui doit être fait en
commission parlementaire. Très important. Il y a une date obligatoire
d'ajournement pour les travaux de l'Assemblée. Ça doit finir
avant la fête de la Saint-Jean. Il faut que nous fassions ce
travail-là consciencieusement et chaque article que nous n'aurons pas pu
étudier à fond parce qu'il y aura trop de temps qui aura
été perdu dans des débats interminables sur des
abstractions, je pense que ce sera une responsabilité que nous aurons
contractée à l'endroit de nos concitoyens.
Je termine, M. le Président, en disant que ce projet de loi n'a
absolument rien de négatif, d'hostile ou de méfiant à
l'endroit des municipalités. Au contraire, nous avons une profonde
confiance dans l'aptitude des administrateurs
municipaux à s'acquitter de leurs responsabilités lorsque
celles-ci sont clairement et nettement définies.
J'ai parlé avec les maires de mon comté à diverses
reprises. Je les ai rencontrés dès le début de l'exercice,
en janvier dernier, pour les mettre clairement en face des faits. Je vais les
rencontrer prochainement pour examiner avec eux les dernières
implications, pour chacune de mes municipalités, de tous les ajustements
que nous avons apportés au projet de loi et je vous assure que, quand
nous leur tenons le langage de la responsabilité, quand nous leur disons
que c'est un exercice d'association avec le gouvernement du Québec, avec
l'Assemblée nationale du Québec qui leur est proposé, non
pas un exercice d'imposition, contrairement à tout ce qu'on a voulu
laisser entendre... Dieu sait que nous les avons entendus, les arguments.
Ça fait six mois que nous discutons, que nous étudions les
représentations en provenance de partout.
Moi, je vous dis: Les maires et les conseillers municipaux sont
parfaitement capables et tout à fait disposés à
écouter ce message. Il est plus dur qu'un message facile qui leur dit:
Faites donc ce que vous voudrez puis venez nous voir, on vous donnera les
subventions. Votez pour nous autres et laissons le carrousel continuer, le
carrousel des déficits. Ils sont capables de comprendre l'autre langage.
Dans la mesure où nous allons le comprendre et l'assumer ensemble, que
l'Opposition nous aide à améliorer le projet de loi, nous
l'accueillerons avec toute la capacité d'écoute que nous avons
démontrée à maintes reprises et que le
député de Jonquière a reconnue lui-même à
plusieurs reprises en toute équité, je dois le reconnaître.
Qu'elle nous aide à améliorer le projet de loi et nous allons
l'écouter au maximum. Si elle veut nous faire abandonner le projet de
loi et nous faire dériver la voiture dans le fossé, je pense
qu'on peut lui dire que nous ne la suivrons pas parce que c'est une voie trop
dangereuse pour le Québec et pour nous tous. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre des
Affaires municipales. Sur cette même motion de scission du
député de Lévis, je cède la parole à M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous rappelle, M. le
député, que vous avez un temps de parole de 18 minutes.
M. Dufour: Merci. M. le Président, lorsqu'on écoute
le ministre des Affaires municipales qui est, je dois l'admettre, un bon
plaideur, qui veut nous parler de la responsabilité, il a une certaine
autorité morale qu'on peut lui accorder jusqu'à un certain point,
mais il ne peut pas tromper personne ou il ne peut pas induire personne en
erreur dans le sens que ça demeure que ce sont des nouvelles taxes qu'on
va imposer aux contribuables. C'est ça, le fondement de cette
loi-là. Lorsqu'on parle de responsabiliser les contribuables, ce qu'on
leur dit aux municipalités... On va responsabiliser les
municipalités, mais de quelle façon? C'est en allant chercher des
revenus chez les municipalités par le biais des contribuables.
Le gouvernement se déleste d'une responsabilité de 400 000
000 $. Le ministre des Affaires municipales serait beaucoup plus
crédible s'il nous disait: D'un côté, je vais
responsabiliser les municipalités pour 400 000 000 $, mais, d'un autre
côté, je vais enlever 400 000 000 $ sur l'impôt sur le
revenu, ça fait qu'à ce moment-là on aurait une
cohérence parfaite entre les principes qu'on met en cause. Mais que je
sache, est-ce que vous êtes capable de me démontrer clairement que
les municipalités, en payant pour la police, vont être plus
responsabilisées? Responsabiliser, ça ne veut pas simplement dire
payer. Ça veut dire avoir le pouvoir de réglementer, de diriger.
Et, dans la question de la police, c'est "niet". Les municipalités qui
vont payer pour la police, la Sûreté du Québec, est-ce que
vous pensez qu'elles vont avoir le droit d'aller dire à la police: Fais
ton travail? J'ai un ensemble de témoignages de municipalités qui
nous disent que l'affaire de payer la police ça ne donne rien de plus.
Je veux juste parier de la municipalité de Natashquan. Voyez-vous, ils
vont payer, eux autres, pour la Sûreté du Québec. Quand les
gens vont se plaindre du vandalisme, les policiers viennent deux mois
après. Pensez-vous que la police va aller plus vite parce qu'ils vont
avoir payé leur quote-part?
Vous savez on a eu déjà... le gouvernement du
Québec avait la loi de l'instruction... pas de l'instruction publique
mais de la... En tout cas, c'était pour les gens qui étaient sur
le bien-être social. Dans le temps, ce n'était pas la même
chose, mais on taxait les municipalités pour la santé. Les gens
qui n'avaient pas le moyen allaient... L'assistance publique. C'était la
loi de l'assistance publique. Le gouvernement du Québec, à ce
moment-là, percevait des droits chez les municipalités pour payer
pour les gens qui touchaient de l'assistance publique et on a enlevé
ça. Là, le gouvernement revient avec un même principe de
faire payer les municipalités pour d'autres éléments.
Ça a un danger, bien sûr, c'est que les municipalités
n'auront pas nécessairement intérêt à être
évaluées très, très élevé, à
être évaluées à 100 % même si la loi le dit,
parce que ça va être basé sur l'évaluation
municipale. Donc, à ce moment-là, moins t'es
évalué, moins tu vas payer. Ça fait qu'il y a des
principes en cause qui sont importants là-dedans.
Je veux revenir à la motion de scission. Il
n'est aucunement question, bien sûr, dans la motion de scission de
séparer la voirie municipale de ça. C'est évident que,
dans le texte de la loi, on ne parle pas de la voirie municipale. On sait bien,
par exemple, que les intentions sont claires et nettes. Les discussions sont
vraiment engagées là-dessus. On ne peut pas se le cacher.
Même si le projet de loi n'en parle pas, il faudrait être naïf
pour penser qu'on va arrêter là en si bonne compagnie. Parce qu'on
a eu une motion, voilà pas tellement longtemps, qu'on a votée cet
après-midi, pour blâmer le gouvernement qui a taxé partout.
Il peut bien nous accuser qu'on n'était pas des bons administrateurs,
mais le déficit du gouvernement, même avec ce projet de loi, M. le
Président, il est à 3 500 000 000 $. Ça n'a pas
arrêté. Ça veut dire que le déficit serait à
4 000 000 000 $, demain matin si on n'avait pas le projet de loi. C'est
ça que ça veut dire. Est-ce que ça veut dire que ce sont
des bons administrateurs et qu'ils ont le sens de la responsabilité
très développé? Bien non. C'est le sens de la taxation que
ce gouvernement-là a. Et quand on demande de scinder c'est
évident qu'il y a beaucoup de principes qui sont en cause. (17 h 50)
Revenons sur le fond de la motion de scission. Quand on regarde le point
de vue de l'évaluation, quand on regarde les changements qu'on se
propose dans la taxe d'affaires, où on pourra taxer de deux
façons différentes pour arriver aux mêmes résultats,
ou garder la façon qu'on a actuellement, c'est de nature à
mélanger pas mal le monde.
Il y a juste le ministre des Affaires municipales qui rencontre des gens
qui sont d'accord avec ce projet de loi, ou qui sentent qu'ils sont bien
responsabilisés. Là, il vient de leur mettre l'épée
sur la tête en leur disant: Vous allez accepter ça. Ce n'est plus
des chevaliers, là. On n'est pas à cette époque-là.
S'il y a des gens qui disent ça, le ministre des Affaires municipales,
je lui dis: II ne visite pas le bon monde. Qu'il vienne chez nous, je vais lui
en montrer. J'ai des lettres ici, et j'ai des gens qui s'opposent d'une
façon très féroce au projet de loi. Je ne suis pas
prêt à dire que c'est des gens irresponsables parce qu'ils ne
partagent pas la vision gouvernementale.
Il y a des gens qui refusent fondamentalement de taxer pour les autres.
Je vais juste vous donner Sainte-Marguerite-Marie; c'est une
municipalité, ça, où iis disent que les propositions du
ministre des Affaires municipales, ça va augmenter le compte de taxes de
25 %. Une petite municipalité. Les municipalités qui auront
recours au cours des prochaines années... Le gouvernement du
Québec les oblige à assumer un effort fiscal plus important dans
le domaine de la voirie locale; ils en parlent, eux autres. Ils ne disent pas
qu'elle l'a tout de suite... Donnant lieu, s'il y a une diminution de
compensation gouvernementale, que les propositions gouvernementales risquent
d'aggraver encore davantage, à des disparités entre les
municipalités des régions périphériques et celles
des régions centrales. Que l'intention d'assimiler les lois
basées... O.K., ça, ça va faire la dilapidation
accélérée du patrimoine forestier. Et les propositions
gouvernementales représentent, pour la municipalité de
Sainte-Marguerite-Marie, un pas de plus dans la pauvreté et dans le
déclin socio-économique. Aïe, ce n'est pas drôle,
ça, de se faire dire ça. Le ministre ne peut pas être
insensible. Le gouvernement ne peut pas être insensible aux cris de ces
gens-là qui disent que cette réforme ou ces propositions vont
avoir pour effet un dépeuplement, vont leur enlever des marges de
manoeuvre et vont, en même temps, pressurer des gens qui n'ont plus les
moyens de payer. C'est ça qu'il faut dire.
C'est bien beau, là. On est correct ici, quand on discute et
qu'on a l'air d'être au-dessus de tout ça. Mais ce ne sont pas
tous des riches au Québec. Le taux de chômage n'a pas
diminué, à ce que je sache. Et la relance économique dont
on se gargarise de mots et qu'on dit: On va en faire... On va relancer
l'économie. De quelle façon? En mettant de nouvelles taxes sur
les propriétés? En enlevant aux jeunes l'espoir de pouvoir se
construire ou d'être propriétaires d'une nouvelle maison? Et en
taxant les entreprises d'une façon extraordinaire? Je vais vous en
parler. J'ai justement un petit témoignage d'une entreprise où
ils disent: "Nous protestons énergiquement contre ce projet d'extorsion
Ryan et vous appuyons sans condition. Le gouvernement de la province est devenu
à l'image du gouvernement fédéral, un gouffre sans fond."
C'est ça que les entreprises nous disent. On est en train de les
égorger. On est en train de les détruire.
Et dans la fiscalité qu'on nous propose, il s'agit de regarder
les nouvelles formes de taxes qu'on va imposer, les taxes sur le stationnement.
C'est un nouveau phénomène, ça. Ça n'a pas
été fait... Ça vient de sortir comme d'un chapeau. On a
beau en avoir parlé, mais dans les municipalités chez nous, en
dehors de Montréal, on n'en a jamais entendu parler. Le ministre va
dire: Ils ont le droit de le faire ou de ne pas le faire. Bien oui. On va
donner un champ de taxation et on ne l'exploitera pas.
Les taxes d'amusement, ça va être une troisième taxe
là-dessus. La TPS, la TVQ, plus la taxe municipale, 25 %. Il y a des
changements importants. Les taxes scolaires, les "en lieu" de taxes, le
ministre en a parlé. On en enlève, donc, on est en train de
changer tout le système de taxation. Nous autres, on pense que ça
peut faire l'objet ou la décision d'un projet particulier, d'autant plus
qu'il faut se rappeler qu'en 1985, quand le gouvernement a pris le pouvoir, il
nous a dit: Plus de bill omnibus. Pas question de bill omnibus. On fait des
projets de loi. C'en
était presque de la folie furieuse.
Les projets de loi d'un article, deux arti-cfes, trois articles; on a
vécu ça, et je vous invite à aller voir ce qui s'est
passé au début de ce gouvernement-là. C'étaient des
projets de loi - ça n'avait ni queue ni tête - on disait: Pourquoi
ne mettez-vous pas ça ensemble? Pas question. On veut être
transparents. On veut que ie monde soit capable de juger nos actes, de poser
des jugements sur nos actions, sur nos décisions. Donc, pas de bill
omnibus. Là, ils ont tout oublié ça. Ça, c'est
fini. Là, on peut en cacher le plus possible, passer la nuit les fins de
session, allons-y, Alonzo, on va y aller. C'est comme ça qu'on est en
train d'administrer le Québec.
C'est comme ça qu'on dit, quand on demande un report, bien non,
vous voulez jouer avec le monde et vous voulez étirer le temps. Voyons
donc! Venant de gens comme vous autres, je me méfie. 275 heures en
commission parlementaire pour la fusion de Baie-Comeau et de Hauterive, vous
vous en rappelez? On n'invente pas ça. Et Schefferville que vous vouliez
rouvrir; vous vouliez presque en faire la capitale du Nord, vous avez voulu la
fermer. On vous a dit: Vous n'êtes pas capables. En tout cas, on en a
perdu du temps. Ne nous parlez pas de pertes de temps, parce qu'on peut dire au
ministre que s'il est prêt à siéger un peu plus longtemps
que le 24 juin, on est prêts, nous autres. On l'a dit. Ça ne nous
fatigue pas, nous autres, on est capables. On n'est pas si fatigués que
ça, on va siéger après le 24 juin. On vous invite à
le faire. Ne disons pas, là, que l'Opposition est en train de voler du
temps et qu'elle va empêcher... On est prêts à discuter le
projet de loi et on va en discuter pas mal longtemps. On va essayer de regarder
ce qu'il y a dedans et vous allez voir qu'il y a des affaires qui sont
difficilement acceptables. On va vous en parler des erreurs que vous faites
dans les projets de loi de temps en temps. Laissons faire! On est prêts
et le leader travaille avec son caucus, vous apprendrez ça.
Quand on parle du deuxième projet de loi où on veut
scinder dans le transport en commun, quand on parle de transport en commun, le
ministre dit: On va faire payer 30 $ à l'environnement parce qu'on va se
baser sur le recensement fédéral. Mais ce n'est pas la bible, que
je sache. Savez-vous qu'il y a des comtés où il y a des gens qui
sont situés à égale distance de municipalités qui
paient, qui vont payer par le projet de loi, et eux autres, sont exclus.
Comment peut-on expliquer ça? Il n'y a pas grand recherche
là-dedans, là. On prend copie conforme. Nous autres, on essaie,
dans ce gouvernement-là, de copier sur l'Ontario et de copier sur le
fédéral. C'est tout ce qu'on fait. On "pourrait-u" avoir de
l'imagination un peu et savoir s'il y a autre chose à faire que
ça? Quand on a dit: On ne paiera pas pour le transport en commun, bien,
je vous invite à regarder ce qui se passe dans tous les pays au monde,
ou à peu près. Les gouvernements centraux - provinciaux dans
notre cas - paient pour le transport en commun. Allez en Ontario, allez voir
s'il ne paie pas, le gouvernement de l'Ontario pour le transport en commun. Et
on vient nous faire accroire qu'on ne paiera pas, là. Fini, on s'est
désengagé. À cette heure qu'on vous a entré de
force - le transport en commun - dans certains cas, vous avez la
responsabilité de l'appliquer et de garder, par exemple, tout ce qu'on
vous a imposé.
Mais, ça, ça ne me semble pas correct et on doit en faire,
une discussion de fond là-dessus. Pourquoi le gouvernement du
Québec dit-il: Je ne veux pas payer pour le transport en commun? Si,
demain matin, à Montréal, vous ne payez pas et si la
municipalité de Montréal dit: Je ne veux plus faire de transport
en commun, que va faire le gouvernement? Qu'est-ce que vous allez faire de
l'économie de Montréal? Pensez-vous que Montréal aurait le
choix, demain matin, de ne pas avoir de transport en commun. Aïe!
Là, je n'y crois pas, hein, et personne n'y croit. Mais supposons...
Allons-y avec le raisonnement du ministre des Affaires municipales quant
à la responsabilité. Donc, la responsabilité non seulement
de faire payer, mais de décider. Demain, Montréal dit: Plus de
transport en commun. Ça veut dire quoi? Bien, moi, je pense qu'on se
préparerait de drôles de lendemains et le gouvernement du
Québec, qui ne voudrait pas payer pour le transport en commun, serait
peut-être obligé et sûrement obligé de payer pour des
nouveaux ponts et des nouvelles routes. C'est ça que ça a pour
effet. Le gouvernement se reprendrait peut-être autrement, parce qu'il
dirait: On taxe l'essence, on va les faire payer un petit peu plus
là-dessus et on pourrait avoir toutes les bonnes raisons du monde pour
aller presser le citron encore plus fort.
Le transport en commun, le débat n'est pas fait. C'est un choix
de société, et quand le ministre des Affaires municipales nous
parle de la commission d'avenir qui a été présidée
par le chef de l'Opposition officielle, M. Parizeau, je pense qu'il prend juste
son affaire. Je voudrais bien qu'il ait la même connaissance qu'il a du
milieu municipal... que le ministre des Affaires municipales ait autant de
connaissances du milieu municipal qu'a M. Parizeau qui a parcouru la province.
Il n'a pas juste rencontré les contribuables d'Argenteuil; il s'est
promené dans tout le Québec. Il les a écoutés. J'ai
été surpris, parce que le rapport ne parle pas du transport en
commun, mais il ne faut pas savoir l'histoire pour savoir pourquoi il n'en
parle pas. Moi, je le sais pourquoi il n'en parle pas de transport en commun.
Les municipalités étaient satisfaites des échanges qu'il y
avait entre les deux et quand on a fait le transport en commun, la politique et
la loi sur le transport en commun, ça résultait d'une
étude supplémentaire d'un an. Ce n'est pas
la même loi que la fiscalité municipale, c'est une loi
séparée. Ça nous donne une bonne raison d'insister pour
que le transport en commun soit inclus dans une loi spéciale, dans une
loi différente de celle qu'on a à étudier actuellement,
puisque le transport en commun a fait l'objet d'études,
d'échanges et d'un cahier spécial entre le gouvernement et les
municipalités. C'est de même que ça a été
fait, le transport en commun. Il ne faudrait pas se surprendre qu'on revienne
dans la même chose, décider de ne pas brasser la même
recette et dire que c'est la même chose qu'on va faire.
Le troisième élément de tous ces projets-là,
en fait, le transport en commun, la police. La police, on peut en parler parce
que la police ne donnera pas ce que les gens ont bien voulu prétendre.
On ne lui donnera pas une responsabilité supplémentaire. Au
contraire, les municipalités qui vont payer et les contribuables qui
vont payer pour les services de la Sûreté du Québec vont
sûrement insister pour avoir de meilleurs services et, en même
temps, une meilleure sécurité. Mais, en payant, les
municipalités ne recevront pas ce service-là, puisqu'on a fait la
démonstration, lors de l'étude des crédits, mon
collègue de Joliette a fait la démonstration qu'il y a la
moitié des postes de la Sûreté du Québec, à
travers le Québec, qui ont une patrouille dans le jour et, le soir, une
patrouille d'un homme seulement, la moitié des postes de la
Sûreté. De cette moitié-là, il y en a plus de 50 %
qui n'ont pas de patrouille ni le soir, ni la nuit.
Donc, c'est quoi, cette sécurité publique qu'on est en
frais d'exercer? Elle n'existe pas. En fait, elle est factice et ce n'est pas
en payant qu'on va en avoir plus. Comme c'est seulement une partie de la
facture, et le gouvernement nous le rappelle régulièrement que
c'est seulement une partie de la facture qu'on veut faire payer aux
municipalités, les municipalités voient bien qu'on n'a pas
vidé le sujet complètement. Il aura l'intention tôt ou tard
d'aller jusqu'au bout de sa démarche, c'est-à-dire qu'il pourra
multiplier par trois.
Quand on parle de la capacité de payer des municipalités,
je voudrais juste vous parler de Maniwaki. Maniwaki est une municipalité
qui, tout de même, a toujours eu une répartition à cause de
sa pauvreté ou à cause de son manque de ressources. Alors, la
réforme, elle va avoir pour effet cette année, pour 1993,
d'augmenter de 12 %, et ça ne tient pas compte des taxes sur le
coût de la vie. Donc, une indexation, 300 000 $ d'argent, c'est ça
que ça veut dire pour les petites municipalités.
Bien sûr, le gouvernement, c'est fatigant pour lui de savoir que
l'Opposition tient son bout dans ce dossier-là. Le ministre nous
reproche, des fois, il reproche à certains de mes collègues de
moins connaître le dossier. Je voudrais juste rappeler à un des
anciens qui a parlé la semaine passée, le député de
Rousseau, qui, ouvertement - je l'écoutais, j'étais dans mon
bureau, mais je ne suis pas descendu, je ne voulais pas le confondre, face
à face - disait, à ce moment-là: Le député
de Jonquière, qui était président de l'Union des
municipalités en 1980-1981... Je veux juste lui rappeler que j'ai
été président de l'Union des municipalités en
1983-1984, pas en 1980-1981 que, quant à la question de la police, je
n'ai jamais signé de document comme président de l'Union des
municipalités. Il me semble que ce serait la moindre décence de
savoir qu'il y a des gens, des fois... S'il y a des manques de connaissances de
ce côté-ci, il y en a sûrement de l'autre côté,
probablement plus, parce qu'on ne les entend pas parler souvent, ces
gens-là.
Donc, M. le Président, la motion de scission était
complètement bien fondée. Ça aurait été
logique, à mon point de vue, que le gouvernement accepte cette motion de
scission parce que, effectivement, j'ai essayé de le démontrer
assez clairement, le transport en commun a fait l'objet d'une loi
spéciale, donc différente de celle qu'on étudie là,
et on les remet ensemble. La Loi sur la fiscalité municipale est un tout
en soi. La Sûreté du Québec, la répartition des
coûts de la police, ça fait un résultat ou ça a
rapport à la Loi de police. Ça démontre hors de tout doute
que notre motion était fondée, qu'elle était logique et
correcte dans son libellé et aussi dans l'objectif visé. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Jonquière. Cette dernière intervention
met fin au débat restreint sur la motion de scission du
député de Lévis que je vais maintenant mettre aux
voix.
Une voix: Vote enregistré.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vote enregistré.
Alors, que l'on appelle les députés, s'il vous plaît.
(18h5-18h9)
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous allons maintenant
mettre aux voix la motion de scission de M. le député de
Lévis, qui se lit comme suit: "Qu'en vertu de l'article 241 de
l'Assemblée nationale, le projet de loi 145 soit scindé en trois
projets: un premier intitulé Loi modifiant diverses dispositions
législatives concernant les finances municipales, comprenant les
articles 1 à 233, 235 à 254, 262 à 266, 269 à 302,
304 à 308 et 311 à 322; un deuxième intitulé Loi
modifiant la Loi sur le ministère des Transports et d'autres
dispositions législatives concernant la constitution du fonds des
contributions des automobilistes au transport en commun, comprenant les
articles 172 à 175, 234, 261, 267, 268 et 303 et un troisième
intitulé Loi modifiant
la loi de police concernant les corps de police municipaux, comprenant
les articles 255 à 260, 309 et 310."
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion de scission du
député de Lévis veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), M. Blais (Mas-son), Mme Marois (Taillon), Mme Harel
(Hoche-laga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), Mme
Juneau (Johnson), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), M. Paré
(Shefford), M. Morin (Dubuc), Mme Ca-ron (Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M.
Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Trudel (Rouyn-No-randa-Témiscamingue),
Mme Dupuis (Verchères), M. Beaulne (Bertrand).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Que ceux et celles qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Port neuf), Mme
Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Ryan (Argenteuil), M.
Côté (Charlesbourg), M. Bour-beau (Laporte), M. Dutil
(Beauce-Sud), M. Côté (Rivière-du-Loup), M.
Vallières (Richmond), M. Elkas (Robert-Baldwin), M. Rivard (Rosemont),
M. Bélisle (Mille-Îles), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau),
Mme Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval), Mme Bleau (Groulx), M. Houde
(Berthier), M. Maltais (Saguenay), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La
Peltrie), M. Philibert O"rois-Rivieres), M. Beaudin
(Gaspé), M. Chagnon (Saint-Louis), M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. Paradis (Matapédia), M. Marcil
(Salaberry-Soulanges), M. Leclerc (Tas-chereau), M. Poulin (Chauveau), M.
Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Dauphin (Marquette), M. Fradet
(Vimont), M. Richard (Nicolet-Yamaska), Mme Bégin (Bellechasse), M.
Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Khelfa
(Richelieu), M. Gobé (LaFon-taine), Mme Hovington (Matane), M. Joly
(Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie),
M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), M.
Camden (Lotbi-nière), M. Bradet (Charlevoix), M. Després
(Limoilou), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Forget (Prévost),
Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance
(Iberville), M. MacMillan (Papineau).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a des
abstentions?
Le Secrétaire: pour: 20 contre: 55 abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Lefebvre): La motion de scission de
M. le député de Lévis est rejetée.
Reprise du débat sur l'adoption du principe du
projet de loi
Nous revenons au débat de principe du même projet de loi
145, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant les
finances municipales. Je suis prêt à reconnaître le premier
intervenant.
S'il vous plaît, MM. les députés! Je cède la
parole à M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: M. le Président, on a entendu tout à
l'heure beaucoup d'applaudissements à l'égard du ministre des
Affaires municipales. C'était très chaleureux. La chaleur des
applaudissements est en raison inverse de la cote de popularité du
ministre.
M. le Président, je pense qu'il est peut-être important
d'en parler un peu, des sondages. Ceux qui analysent ces sondages savent qu'il
y a un élément essentiel dans n'importe quel sondage, c'est ce
qu'on appelle le degré ou le taux de satisfaction. Le taux de
satisfaction à l'égard du gouvernement libéral est
à son plus bas, selon le dernier sondage paru dans Le Soleil. Il
n'y a même pas un Québécois sur quatre qui est satisfait de
la façon dont le gouvernement se comporte présentement: un taux
d'insatisfaction de l'ordre de 65 % à l'égard du gouvernement,
c'est du jamais vu depuis que les libéraux sont au pouvoir.
Ça se comprend facilement. Il suffit de mettre en ligne toutes
les décisions prises par ce gouvernement à l'égard de je
ne sais combien de catégories de la population, quand ce n'est pas toute
la population dans son ensemble, décisions on ne peut plus
négatives qui, entre autres, ont pour effet d'accroître
démesurément le fardeau fiscal des contribuables
québécois. On n'a qu'à regarder cet ensemble de
décisions-là pour comprendre le ras le bol fiscal des
contribuables. Les contribuables québécois en ont assez de ce
gouvernement, de ses décisions et aussi de la façon dont il prend
et dont il applique ses décisions, avec une arrogance méprisante
à l'égard des intervenants, à l'égard des groupes,
des organismes. Ça explique, je pense, le taux de satisfaction qu'on
voit dans les sondages présentement.
C'est ce qu'on peut constater dans le domaine municipal. Les
municipalités du Québec, tout le monde en conviendra, si on s'en
tient strictement au plan légal, ce sont ce qu'on appelle des
créatures du gouvernement ou des créatures de l'Assemblée
nationale. C'est vrai. Et donc, le ministre peut ergoter longtemps sur les
liens légaux de subordination entre les municipalités et le
gouvernement ou l'Assemblée natio-
nale. Il a raison. Sauf que c'est une chose que la
légalité et c'en est une autre que la réalité
politique. Avec les municipalités qui sont des gouvernements locaux, la
sagesse, la tradition aussi au Québec veulent que l'on établisse
des relations de partenariat et qu'on n'insiste pas davantage ou qu'on ne mette
pas trop l'accent, démesurément l'accent sur les liens de
subordination. Est-ce qu'actuellement il existe, entre le gouvernement du
Québec et les municipalités, des relations de partenariat? La
réponse, c'est évidemment non. Elle est négative. S'il y
avait des relations de partenariat entre les municipalités et le
gouvernement pendant un certain nombre d'années, c'est fini tout
ça. On est en face, actuellement, d'un gâchis, d'un
véritable gâchis en termes de relations entre le gouvernement
québécois et les municipalités.
On a détruit délibérément plus de 10 ans de
collaboration et de coopération véritable entre l'État et
l'ensemble du monde municipal. C'est maintenant chose du passé. Nous, il
y a 11 ans - je pense qu'il est important de le rappeler, plusieurs de mes
collègues l'ont fait - c'est à la suite de longues
négociations sérieuses, au sein d'une instance qu'on avait
créée de toute pièce à cette fin, la table
Québec-municipalités, qu'on en est arrivé à une
entente qui enclenchait une réforme en profondeur de toute la
fiscalité municipale, de telle sorte qu'on a même utilisé
l'expression de "pacte fiscal" entre les municipalités du Québec
et le gouvernement du Québec pour vraiment mettre en relief le
caractère solennel de ces négociations et de cette entente entre
le monde municipal et le gouvernement. (18 h 20)
J'étais là, moi, à ce moment-là,
j'étais député. Je suis député depuis 1976.
J'ai donc connu les deux situations comme député. Quand on parle
de pèlerinages à Québec avant la réforme fiscale,
ce n'est pas de la fiction, ce n'est pas du roman, je le sais, j'étais
député. J'ai été élu pour la première
fois en 1976 et la réforme fiscale est entrée en vigueur quatre
ans plus tard, en 1980. Donc, j'ai connu le moment où les
municipalités étaient obligées de faire des
pèlerinages à Québec parce qu'elles n'avaient pas
suffisamment de revenus autonomes pour faire face à leurs
responsabilités, ce qui avait obligé le gouvernement à
mettre en place toute une série de programmes de subventions pour les
aider à boucler leur budget. Mais pour avoir les subventions, il fallait
faire des démarches. On commençait par le député.
On allait voir le député pour avoir une subvention pour
équilibrer le budget, pour avoir une subvention pour faire des travaux
d'aqueduc, pour avoir une subvention pour construire des trottoirs, pour toutes
sortes de motifs, toutes sortes de raisons.
Il y avait des programmes de subventions, il fallait faire de demandes.
On allait voir le député et, là, on demandait au
député: Est-ce qu'on ne pourrait pas voir le ministre ou, au
moins, son directeur de cabinet ou le sous-ministre? Là, le
député organisait des rencontres. C'était ça, la
réalité; la réalité des pèlerinages à
Québec, c'était ça. Le député était
l'entremetteur. J'ai connu ça, j'étais député
à cette époque-là. Je sais de quoi je parle. C'est parce
que les municipalités n'avaient pas suffisamment d'autonomie fiscale.
C'est pour cette raison, c'est pour mettre fin à cette
situation-là que le gouvernement du Parti québécois
d'alors a entamé des négociations avec le monde municipal pour
mettre en place un nouveau régime de fiscalité qui
éliminait ces fameux pèlerinages à Québec, qui
étaient, à bien des égards, humiliants pour les
élus municipaux. C'était humiliant pour les élus
municipaux et c'était drôlement accaparant pour les
députés. On passait une bonne partie de notre temps et on
dépensait une bonne partie de notre énergie à organiser
des rencontres entre les municipalités et le gouvernement du
Québec. Quand on avait 18, 20 ou 25 municipalités, comme c'est le
cas dans beaucoup de comtés, je vous assure qu'on consacrait beaucoup de
temps et d'énergie à ça.
Ça s'est terminé, ça, en 1980. Fini. Parce que
là, on a vu leur autonomie fiscale s'accroître
considérablement et là, elles ont pu assumer leurs
responsabilités avec des ressources financières autonomes.
D'ailleurs, les élus municipaux n'avaient que des éloges à
faire sur ce pacte conclu en 1979-1980. Il n'y avait pas d'opposition du tout.
C'était le fruit d'une entente, d'abord, donc, il n'y avait aucune
opposition. Tout le monde municipal était heureux de l'aboutissement de
ces négociations-là. On a vécu pendant des années
avec cette réforme-là et on en a bénéficié.
On a connu les retombées bénéfiques de cette
réforme.
Aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe depuis quelques mois? Bien, c'est
que le gouvernement libéral en place a entrepris une oeuvre de
destruction de toute cette réforme-là. Il a entrepris d'abord de
détruire la confiance qui existait entre le monde municipal et le
gouvernement. Le chef de l'Opposition en a parlé avec beaucoup
d'éloquence. Et ça, c'est un élément intangible,
c'est-à-dire que ça ne se retrouve pas dans des dispositions de
projet de loi, la confiance. Mais ça existait, la confiance entre les
partenaires municipaux et le gouvernement. C'était bien réel, la
confiance. Eh bien! en l'espace de quelques semaines, le gouvernement
libéral a littéralement bousillé, détruit cet
élément essentiel entre les partenaires, la confiance. Il n'y en
a plus de confiance maintenant. Le monde municipal a totalement perdu confiance
dans le gouvernement. C'est fini. Et on sait que ça prend du temps
à revenir, ça, la confiance. Ça prend du temps à se
rebâtir, la
confiance.
Le gouvernement a également entrepris une destruction du pacte
lui-même. Le pacte de la réforme fiscale conclu en 1979-1980, le
gouvernement en a entrepris la destruction d'éléments essentiels.
Je donne juste un exemple, un exemple bien réel et bien important, les
fameux "en lieu" de taxes. En 1979-1980, le gouvernement avait
décidé, sous forme "d'en lieu" de taxes, de se comporter en
contribuable responsable. Donc, sur ses immeubles, il payait aux
municipalités des "en lieu" de taxes. L'idée, c'était d'en
arriver le plus possible, progressivement, à ce que le gouvernement paie
100 % de l'équivalent des taxes foncières aux
municipalités, là où il y avait des immeubles, des
immobilisations. On n'a pas pu l'atteindre à l'époque, nous,
parce qu'il y a eu la crise économique de 1981-1982. Ça a
retardé la progression. Mais c'était l'objectif.
Là, on régresse. On recule. Dans les écoles
primaires et secondaires ce n'est plus 50 % d'"en lieu" de taxes que les
municipalités vont recevoir; c'est 25 %. On recule. On revient en
arrière. Et Dieu sait que c'est important. J'ai 18 municipalités
dans mon comté. C'est important, ces "en lieu" de taxes, pour les
écoles primaires et secondaires parce que, dans beaucoup de petits
villages, vous le savez comme moi, le seul immeuble gouvernemental, c'est
l'école. Il n'y en a pas d'autre. Dans les villes plus importantes, tu
as toutes sortes de services publics, gouvernementaux, mais dans les petits
villages, c'est l'école. Et donc les 50 % d'"en lieu" de taxes que les
municipalités recevaient, bien là, c'est important sur le plan du
revenu. Là, ça ne sera plus 50 %, ça va être 25 %.
Il y a donc une entreprise de destruction du pacte fiscal lui-même conclu
en 1979-1980.
Et puis, troisièmement, le gouvernement libéral a
entrepris la destruction des services publics. Ça aussi, c'a
été maintes fois souligné par mes collègues, mais
c'est important. Le résultat de ce projet de loi-là, de ce qui a
été entrepris par le gouvernement libéral, ça va
être une dégradation des services publics et des services publics
essentiels, pas anodins, pas secondaires, essentiels, comme c'est le cas du
transport en commun dans beaucoup de villes du Québec. Cette
dégradation des services publics s'accompagne en plus d'une augmentation
du fardeau fiscal du contribuable de l'ordre d'à peu près 700 000
000 $. Alors, M. le Président, vous me faites signe. Si vous permettez,
on pourrait ajourner. Je reprendrais la parole à 20 heures, au moment de
la reprise du débat.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): D'accord, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Alors, il est 18 h 30 et je suspends
donc les travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 26)
(Reprise à 18 h 29)
Débat de fin de séance
La situation des constables spéciaux de
l'Assemblée nationale
Le Vice-Président (M. Lefebvre): La Chambre reprend ses
travaux pour pouvoir tenir le débat de fin de séance. Si on veut
m'apporter l'avis, s'il vous plaît. Si on peut m'apporter l'avis. Le
débat de fin de séance entre M. le ministre
délégué à l'administration et président du
Conseil du trésor et M. le député de Labelle. Alors, M. le
député de Labelle et M. le ministre, je vous rappelle les
règles du débat de fin de séance.
Dans un premier temps, M. le député de Labelle a droit
à une intervention de cinq minutes. M. le ministre, cinq minutes. M. le
député de Labelle, vous avez droit à une réplique
de deux minutes. M. le député de Labelle, s'il vous plaît,
votre intervention de cinq minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Ma question
portait sur la situation des constables spéciaux, en particulier, ceux
qui sont ici à l'Assemblée nationale. Ces personnes ont toujours
fait preuve de bonne foi. À titre d'exemple, ils n'ont jamais usé
de moyens de pression qui auraient pu affecter le travail qu'ils accomplissent.
C'est reconnu de tous. Ces personnes ont respecté les lois et c'est dans
ce cadre qu'ils ont accepté l'arbitrage de la même façon
que le Conseil du trésor l'a accepté.
L'arbitre a rendu sa décision, à savoir, en particulier,
un ajustement salarial de 2,5 % en 1990, et un autre ajustement salarial de
même type, de 2,5 % en 1991. M. le Président, en réponse
à ma question de la semaine dernière, le président du
Conseil du trésor, à mon sens, a joué sur les mots pour
affirmer qu'il respectait la décision de l'arbitre. Nous disons jouer
sur les mots parce qu'il se conforme à la décision en ce qui a
trait à l'année 1990, mais en 1991, ce qu'il accorde ce n'est pas
un ajustement salarial, mais un forfaitaire qu'il désire lier à
une étude de relativité salariale qui décidera si ces 2,5
% en 1991 seront maintenus pour les années suivantes.
Bref, dès 1992, on peut revenir en arrière et ces
personnes, ces gens pourraient perdre ce qu'ils ont gagné en 1991. On
comprend alors pourquoi ils refusent de signer maintenant. La question qui se
pose est la suivante: Pourquoi a-t-on accepté d'aller en arbitrage si,
une fois la décision rendue, le président du Conseil du
trésor refuse d'appliquer la décision de l'arbitre comme elle a
été libellée? Par ailleurs, le président du Conseil
du trésor nous a parlé d'une
étude de relativité salariale qu'il avait
effectuée. L'arbitre, aux pages 42 et 43 de son jugement, a
relevé que cette étude n'était pas paritaire, qu'elle
avait été commandée unilatéralement par le
président du Conseil du trésor, alors qu'elle aurait dû
être faite par les deux parties.
Notons aussi que l'arbitre, au terme de 19 journées d'audiences
et de 5 mois de réflexion, a rejeté la défense du Conseil
du trésor même appuyée par cette prétendue
étude de relativité salariale. En bout de ligne, M. le
Président, des personnes ont accepté de jouer le jeu, tel que le
prévoit la loi, et elles sont allées en arbitrage. Or, c'est le
président du Conseil du trésor qui, aujourd'hui, refuse d'aller
au bout des règles du jeu et tente d'interpréter la
décision en sa faveur. Je crois que le président du Conseil du
trésor a l'obligation morale de respecter la décision de
l'arbitre. Il peut respecter la décision de l'arbitre, c'est ça,
et je pose donc la question au président du Conseil du trésor:
A-t-il l'intention de se conformer à l'esprit et à la lettre de
la décision de l'arbitre?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Labelle. Alors, M. le ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique, pour votre intervention de cinq minutes.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. En cette
Assemblée, devant un auditoire très intéressé
à nos propos, étant donné que certains des membres du
syndicat en cause nous écoutent ici, sont présents, je vais
répondre tout de suite à deux questions que le
député de Labelle a posées, qui traduisent une certaine
connaissance incomplète du dossier. Par exemple, dit-il, pourquoi aller
en arbitrage? Pourquoi aller en arbitrage? C'est parce que la Loi sur la
fonction publique à l'article 64, prévoit qu'il s'agit d'un corps
d'emploi qui n'est pas représenté par le Syndicat des
fonctionnaires, qui, incidemment, n'a pas le droit de grève et l'article
75 prévoit qu'on va s'entendre avec eux sur un mode de règlement
des différends et on a convenu qu'on allait en arbitrage. Alors, on en a
convenu, là. C'est pour ça qu'on a fait ça.
La deuxième chose, l'étude de relativité salariale
n'aurait pas été paritaire. Bien, c'est un fait. Les agents de la
paix refusent, incidemment, de se livrer à un exercice de
relativité salariale, comme les ingénieurs et, longtemps, comme
les techniciens de la santé qui eux, finalement, ont accepté,
avec nous, de tenir une étude de relativité salariale pour
vraiment se ranger à la bonne place et pour longtemps, dans la mesure
où les emplois ne changeront pas substantiellement à l'avenir,
pour bien se ranger les uns par rapport aux autres. C'est ça
l'idée.
Les agents de la paix, donc, je veux saluer ici la qualité de
leur travail et le professionnalisme qu'ils ont démontré: pas de
moyens de pression, un respect intégral de l'esprit et de la lettre de
la loi, autant que je puisse en juger. Je n'ai pas eu de rapport contraire
à ce sujet-là. Alors, ça, vraiment, c'est un gros plus.
C'est un gros plus à l'intérieur d'un cadre assez contraignant:
pas de droit de grève, ils ne sont pas représentés par le
SFPQ, un comité paritaire. Dans le fond, on a, je dirais, une
négociation permanente avec eux. Si on ne s'entend pas, on va devant
l'arbitre qui fait une recommandation. Je regrette! Le député
fait ça. C'est à caractère indicatif, la décision
de l'arbitre, dans cette matière-là. Ce n'est pas comme les
arbitrages dans les corps de police municipaux où tu es pris avec, point
à la ligne. L'arbitre dit: C'est ça. C'est ça. Ça
s'apparente à ce que c'est avec la Sûreté du Québec,
c'est indicatif.
Le député de Labelle était membre d'un gouvernement
qui a mis de côté une recommandation d'un arbitre, qui touchait la
Sûreté du Québec; il s'en souvient. Ce sont des choses qui
arrivent. L'arbitre a parlé de rattrapage, un rattrapage de 5 %
versé à 2,5 %, 2,5 % pour l'an dernier, et cette année,
sur échelle, qui s'ajoute aux 4 %, 5 % et 6 %. On se comprend,
là. Si on donnait suite, ça veut dire: 4 % en 1989, 7,5 %
d'augmentation de salaire en 1990 et 8,5 % en 1991. On conviendra que ce sont
des grosses marches, ça, quand on regarde ce qui en est ailleurs.
Nous, nous disons, et c'est la position que j'ai exprimée: Allons
voir comment on peut respecter la sentence arbitrale pour assurer à ces
gens les revenus que l'arbitre a indiqués. Ce qu'il a indiqué,
c'est 5 % de plus. 2,5 % dans l'échelle l'an dernier, pas de
problème avec ça; les autres 2,5 %, on essaie de voir si on doit
les valider, si on doit aller, justement, paritairement, regarder le contenu de
l'emploi, l'enrichissement des tâches, la rotation qui a eu lieu. C'est
ça qui est en cause. Je ne veux priver les agents de la paix d'aucune
cent noire, compte tenu de la sentence arbitrale. 2,5 % plus 2,5 %, que ce soit
sur échelle ou à forfait, ça fait 5 %. Et sur le T4 et les
chèques, le déboursé, les "slips" de paie à tous
les 15 jours, ça va respecter intégralement la sentence
arbitrale. Mais je veux aller valider - c'est ce que je propose au gouvernement
- les 2,5 % additionnels. On va aller le faire ensemble. S'ils y ont droit, ils
vont l'avoir. S'ils n'y ont pas droit, on ne sera pas obligé de leur
arracher l'échelle. C'est ça.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre. M.
le député de Labelle, pour votre réplique de deux
minutes.
M. Jacques Léonard (réplique)
M. Léonard: M. le Président, on me parle de
l'arbitrage. C'est le système, lorsqu'il n'y a pas
de droit de grève, qui est admis. Alors, on n'apprend rien de
neuf ici. Ce que je voudrais dire au président du Conseil du
trésor, c'est que l'arbitre a rendu une décision. Dans le cas qui
nous occupe, ça prend de bonnes raisons pour ne pas la respecter et je
n'en vois pas dans ce qu'il soulève à l'heure actuelle. Les
constables spéciaux veulent une étude de relativité
salariale, mais après qu'on aura appliqué la décision de
l'arbitre parce que l'arbitre a statué quant aux circonstances actuelles
et aux conditions d'emploi actuelles et il a donné 2,5 % en 1990 et 2,5
% en 1991 de rattrapage. Le président du Conseil du trésor ne
peut pas venir parler de 7,5 % et de 8 %, 8,5 % maintenant, parce que cela
comprend les autres augmentations et il faut toujours en rester aux 2,5 % de
rattrapage. Les constables spéciaux acceptent l'étude de
relativité salariale, mais après qu'on aura appliqué la
décision de l'arbitre parce que c'est ça, le jugement.
M. le Président, je pense qu'encore une fois, on
démontre... le président du Conseil du trésor
démontre qu'il joue sur les mots parce que le deuxième 2,5 %, il
en fait un forfaitaire au lieu de l'intégrer à l'échelle
salariale, au lieu de le payer comme salaire, comme rattrapage salarial. C'est
là que vous faites erreur et vous essayez de jouer, d'interpréter
la décision de l'arbitre en votre faveur. C'est ça que vous
faites. Ça leur est dû. Le deuxième 2,5 % leur est dû
et, après, on pourra voir avec cette étude de relativité
salariale. C'est ça, la question. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lefebvre): merci, m. le
député de labelle. nous suspendons cette fois-ci de façon
claire nos travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 40)
(Reprise à 20 h 5)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'ordre, s'il
vous plaît! Mmes et MM. les députés, si vous voulez vous
asseoir.
Projet de loi 145 Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Nous reprenons les travaux de l'Assemblée à l'étape
des affaires du jour. À la suspension des travaux à 18 h 30 nous
étions à discuter de l'adoption du principe du projet de loi 145,
Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant les finances
municipales. M. le député de Lac-Saint-Jean, c'est vous qui aviez
ajourné le débat de sorte qu'on reprend avec vous. Je vous
indique que vous disposez encore de huit minutes pour votre intervention.
M. Jacques Brassard (suite)
M. Brassard: Merci, M. le Président. Quand nous avons
ajourné le débat à 18 h 30, nous en étions à
parler de la dégradation des services publics qui résulterait de
la mise en vigueur de ce qu'on appelle, à tort, la réforme Ryan.
Il est évident qu'en pelletant dans la cour des municipalités des
factures comme c'est le cas, comme on s'apprête à le faire, les
municipalités vont devoir réduire la qualité et l'ampleur
des services publics. C'est le cas dans les transports en commun. Je
m'étais arrêté là-dessus, M. le Président.
C'est évident qu'en se désengageant pour près de 266 000
000 $, la qualité des transports en commun va être durement
affectée au Québec, dans les centres urbains. C'est d'ailleurs
déjà commencé. Prévenant le coup, en quelque sorte,
les hausses de tarifs sont maintenant connues. Ça va probablement
s'aggraver encore. Des coupures de services également. Ce qui fait que
le transport en commun va connaître une détérioration grave
et dangereuse parce que ça risque d'avoir des impacts à plus long
terme pour fort longtemps. Ça va entraîner une utilisation encore
accentuée de la voiture automobile avec tous les inconvénients
que ça comporte.
En plus, on accompagne tout ça de cette injustice tout à
fait flagrante. On augmente de 30 $ les droits d'immatriculation pour les
automobilistes qui vivent, qui habitent, qui sont domiciliés dans des
territoires couverts par les sociétés de transport en commun.
Sauf qu'il arrive à plusieurs reprises que des citoyens qui n'ont pas
accès à des services de transport en commun vont se voir imposer
les 30 $ supplémentaires. J'ai appris avec stupéfaction, par
exemple, que des petites municipalités dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui n'ont aucunement accès aux services de
transport en commun, qui se retrouvent dans les villes de Jonquière,
Chicoutimi et La Baie, vont avoir à défrayer les 30 $ de droit
d'immatriculation. C'est à n'y rien comprendre. Je ne vois pas où
est la cohérence là-dedans.
J'ai une petite municipalité dans mon comté, qui s'appelle
Larouche, qui est à une vingtaine de kilomètres, 25
kilomètres à peu près de Jonquière; tous les
automobilistes de Larouche vont payer 30 $ de plus. Pourquoi? Je ne le sais
pas. Ils n'ont pas accès au transport en commun, ça ne se rend
pas là. C'est un transport en commun qui couvre Jonquière, qui
est à 25 kilomètres, et ils vont payer les 30 $. Des
automobilistes de Larouche sont venus à mon bureau me demander des
explications et je n'ai pas pu leur en donner. Je n'ai pas réussi
à comprendre la cohérence de la mesure gouvernementale. Donc, une
dégradation des services.
Ça va être le cas en voirie locale aussi, M. le
Président. Depuis six ans maintenant, le réseau dit tertiaire,
c'est-à-dire la voirie rurale, les routes rurales, depuis six ans, ce
réseau-là est
dans un état lamentable et il se détériore
d'année en année parce qu'on n'y investit plus du tout depuis
cinq ans au moins. Depuis cinq ans au moins, on n'investit plus dans le
réseau tertiaire, dans le réseau des routes rurales; il ne se
fait rien, alors le réseau se dégrade. Là, on veut en
refiler la responsabilité aux municipalités sans en
transférer, cependant, les ressources adéquates pour assumer
cette responsabilité-là de restauration d'abord et d'entretien du
réseau routier. Alors, on va se retrouver dans quelle situation? Les
municipalités seront incapables d'assumer cette
responsabilité-là. Elles n'auront pas les ressources suffisantes
pour le faire et le réseau va continuer de se dégrader et de se
détériorer davantage.
Alors, M. le Président, je pense que mon collègue de
Jonquière avait parfaitement raison de signaler qu'on est en face d'un
projet improvisé, bâclé, incohérent, imposé
surtout unilatéralement, donc au détriment de toute forme de
partenariat avec le monde municipal et uniquement fondé sur la logique
comptable. Il faut trouver des moyens de réduire le déficit, il
faut trouver des moyens de régler les problèmes financiers du
gouvernement. C'est la logique comptable qui guide le gouvernement et, dans
toutes ces mesures qu'on impose aux municipalités, dans tout ce fardeau
fiscal qu'on impose aux contribuables, dont on afflige le contribuable, dans
tout cela, il y a une logique, une seule logique, c'est la logique comptable
d'essayer d'obtenir des équilibres financiers acceptables et un
déficit qui augmente moins rapidement. C'est uniquement ce qui guide et
ce qui motive le gouvernement. Ce n'est pas du tout la situation du
contribuable, ce n'est, mais alors pas du tout, la décentralisation.
On prend prétexte qu'on veut décentraliser. Nous sommes
d'accord, nous aussi, de ce côté, pour enclencher un processus de
décentralisation vers les municipalités ou vers les MRC qui sont
des instances tout à fait habilitées pour assumer de nouvelles
responsabilités. Et je pense que le monde municipal a prouvé
d'ailleurs qu'il souhaitait être, si vous voulez, le lieu d'accueil de
nouvelles responsabilités de décentralisation. Je pense que le
monde municipal n'est pas réfrac-taire du tout à ça.
Mais ce n'est pas de cela dont on parle dans cette soi-disant
réforme. Ça, c'est un délestage sur le plan financier,
c'est un pelletage de factures. C'est ça essentiellement le projet qu'on
a devant nous. Si on avait vraiment voulu décentraliser, je pense que le
monde municipal aurait accueilli avec empressement une véritable
volonté de décentraliser. Moi-même, personnellement - et je
pense que tous mes collègues sont d'accord pour examiner
sérieusement tout le processus de décentralisation. Donc,
redonner de nouvelles responsabilités aux municipalités ou aux
MRC, tout le monde est d'accord là-dessus, à condition que
ça s'accompagne de ressources adéquates, que ce ne soit pas un
prétexte pour se débarrasser de responsabilités et surtout
pour se débarrasser de responsabilités financières, les
ressources n'accompagnant pas ce mouvement de décentralisation.
Donc, M. le Président, et je conclus là-dessus, on a,
à plusieurs reprises, de ce côté-ci, par des motions
d'ajournement, par des motions de scission, par des motions de report,
tenté de convaincre le gouvernement qu'il fallait qu'il refasse ses
devoirs. Ses devoirs étaient mal faits sur ce dossier-là, dans ce
domaine-là. Il fallait qu'il refasse ses devoirs. Malheureusement, il
n'a pas voulu entendre raison et il maintient sa ligne de force. D'ailleurs,
c'est ce qui caractérise le ministre des Affaires municipales, qui a
sans doute bien des qualités, mais on connaît son entêtement
légendaire. Alors, il continue de s'entêter. Pour les
ministériels, ça peut paraître comme une qualité,
mais je pense que pour l'ensemble de la population, les contribuables et les
municipalités, je ne pense pas qu'ils perçoivent ça comme
une qualité. C'est ce qui fait d'ailleurs que, dans les sondages de la
fin de semaine, le ministre des Affaires municipales a la cote de
popularité la plus faible du gouvernement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Si vous voulez conclure,
s'il vous plaît.
M. Brassard: Alors, je conclus, M. le Président. Je pense
que nous avons suffisamment expliqué et mes collègues vont
poursuivre encore, au cours de la soirée, pour montrer, expliquer
pourquoi nous sommes opposés avec toute la vigueur possible à ce
projet de loi. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Alors, est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Oui, Mme la députée de Terrebonne, sur le
même sujet.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Vous savez, M. le
Président, j'ai l'impression, en ce début du mois de juin, de
retourner un an en arrière parce qu'on se retrouve devant le même
style de projet de loi que le même ministre nous a déposé
au mois de juin l'an dernier, c'est-à-dire la loi 69, qui avait le titre
"Pour une plus grande responsabilisation." Cette fois-ci, M. le
Président, la loi 145 porte le titre de "Partage des
responsabilités Québec-municipalités, vers un nouvel
équilibre." Une répitition, M. le Président.
Et ce qui est le plus étonnant, c'est qu'on nous parle d'un
nouvel équilibre sans avoir consulté les municipalités,
sans avoir négocié d'entente avec les municipalités. L'an
dernier, M. le Président, les commissions scolaires ont cru, du moins
une certaine partie des commissions scolaires, qu'elles auraient vraiment une
plus grande responsabilisation. Mais elles se sont
retrouvées, finalement, avec une augmentation des devoirs
à faire. Elles se sont retrouvées avec une augmentation de
responsabilités qui s'est traduite par une augmentation de
dépenses.
Et la facture de 320 000 000 $ s'est traduite, elle, pour les
contribuables, par des comptes de taxes qui ont doublé ou triplé.
Aujourd'hui, on nous arrive avec un transfert de 400 000 000 $. Or, c'est
évident que ce transfert va se traduire pour les contribuables par des
comptes de taxes qui, eux aussi, à nouveau, vont avoir des chiffres
assez impressionnants. Et ce nouvel équilibre, on nous le
présente sans respect, ni pour les élus municipaux, ni pour les
contribuables. Ce qu'on nous donne aujourd'hui, c'est exactement la même
chose que l'an dernier, c'est-à-dire une réponse à la
commande du président du Conseil du trésor. C'est absolument
ça, M. le Président, il n'y a pas d'autre raison.
Lorsque les députés ministériels accusaient
l'Opposition de s'opposer tout simplement pour dénoncer, sans vraiment y
croire, je pense qu'ils n'ont pas entendu les citoyens et les citoyennes dans
leur comté, parce que, si on dénonce ce projet de loi
aujourd'hui, c'est qu'on se fait les porte-parole des citoyennes et des
citoyens du Québec qui n'ont pas d'autres moyens. Dans le système
démocratique dans lequel on vit, la parole, pour les citoyens et les
citoyennes, elle n'arrive qu'aux élections. Malheureusement, ce
gouvernement n'a pas l'air pressé de parier d'élections, surtout
avec les résultats des derniers sondages.
Donc, on se fait aujourd'hui les porte-parole des citoyens et des
citoyennes du Québec. Personnellement, dans mon comté, ces
citoyennes et ces citoyens ont signé des pétitions que j'ai
déposées en cette Assemblée. Je vais expliquer le contenu
de ces pétitions. Considérant la période de
récession que nous traversons, comment ce gouvernement ne peut-il se
rendre compte que nous sommes en période de récession,
récession qui a été accélérée par les
politiques du gouvernement fédéral et par les politiques du
gouvernement provincial? La TPS fédérale n'a rien aidé et
la TVQ, du côté du Québec, a ajouté à cette
période de récession.
Nous nous sommes donc retrouvés avec 800 000 chômeurs, des
pertes d'emplois de mois en mois, un taux de chômage de 12 %, alors que
les jeunes de 15 à 24 ans se sont retrouvés avec un taux de
chômage de 19 %; les faillites d'affaires, 1300 faillites d'affaires de
janvier à mars 1991, donc 23 % d'augmentation des faillites d'affaires;
une chute de 48 % par rapport à l'année dernière, pour le
premier trimestre de 1991, des mises en chantier domiciliaires. Les ventes au
détail aussi ont baissé dramatiquement, avec les deux taxes, les
deux TPS, fédérale et provinciale; l'inflation, en avril, s'est
retrouvée à un taux de 8,4 % au Québec et, en ce qui
concerne le commerce extérieur, on se retrouve avec une chute de 3,1 %
pour les exportations et une hausse de 7,1 % pour les importations. Donc, ce
gouvernement ne peut contester que nous sommes en période de
récession à cause de ses politiques et parce qu'il n'a pas su
développer les moyens pour avoir une politique de plein emploi, une
politique de lutte au gaspillage et trouver des moyens pour sortir les citoyens
de cette crise. Non! On a ajouté des taxes par-dessus, donc on a
accéléré le processus. (20 h 20)
Dans cette pétition, M. le Président, les citoyens avaient
ajouté: "Considérant le nombre d'augmentations de taxes directes
et indirectes subies au cours de la dernière année". Lors de
l'étude du budget, j'avais clairement démontré qu'une
famille de deux adultes et deux enfants avait subi cette année une
augmentation minimum de 2000 $, uniquement sur les biens essentiels, sans
ajouter autre chose que les taxes sur les biens essentiels, c'est-à-dire
sur la nourriture, sur le permis d'immatriculation pour aller travailler,
uniquement sur ce qu'il y a de plus essentiel, et les comptes de taxes,
évidemment.
Le troisième point de cette pétition: "Considérant
que tout transfert des responsabilités du gouvernement vers les
municipalités se traduira par une hausse considérable des taxes
municipales pour les citoyennes et les citoyens du Québec". Quand on
regarde le projet de loi du ministre des Affaires municipales - qui a aussi
taxé l'Opposition de ne pas le regarder, le projet de loi; c'est parce
qu'on l'a lu, justement, qu'on s'y oppose - on nous parle d'une nouvelle
augmentation de 30 $ pour le transport en commun. si je regarde les quatre
municipalités de mon comté, seulement une municipalité a
un transport en commun adéquat. dans les trois autres
municipalités, le transport en commun est pratiquement inexistant, et
tous les automobilistes de mon comté vont quand même devoir payer
ces 30 $ pour un service qui n'existe pas. on nous ajoute également,
dans ce projet de loi, toujours, que les compensations pour les taxes que le
gouvernement doit payer pour les écoles primaires et secondaires: au
lieu de 50 %, le gouvernement va payer 25 %. dans des comtés en pleine
croissance démographique comme le mien, qui se retrouve avec 16
écoles, 14 au primaire, seulement 2 au secondaire, par exemple - c'est
pas mal plus difficile d'avoir des écoles secondaires avec le
gouvernement - donc, ça se traduit par des pertes d'argent. qui va payer
cette facture? c'est évident que ce sont les contribuables. les
municipalités vont devoir se retourner vers les contribuables.
Le quatrième point: "Considérant que ces augmentations
n'apporteront aucune amélioration de la qualité des services".
Lorsqu'on se promène un peu dans la population, ce que les gens nous
disent: On est prêts à avoir des augmentations de taxes lorsqu'on
est certains d'avoir une amélioration des services. Une taxe pour
améliorer l'environnement. Si on a effectivement
quelque chose de concret à présenter pour l'environnement,
on est d'accord, mais des taxes qui n'apportent aucune amélioration de
services, au contraire, des diminutions de services, c'est tout à fait
inacceptable. Personne ne peut accepter, M. le Président.
La pétition se terminait: "Nous, soussignés, demandons
à l'Assemblée nationale du Québec d'intervenir
auprès du ministre des Affaires municipales et auprès du
président du Conseil du trésor pour mettre son projet de
transfert de responsabilités en veilleuse, tant et aussi longtemps que
les municipalités ne pourront obtenir du gouvernement les transferts
financiers adéquats."
Donc, les motions de report, d'ajournement, de scission que nous avons
présentées étaient parfaitement en ligne avec les demandes
des citoyens et des citoyennes de mon comté, M. le Président.
Nous parlons également, bien sûr, au nom des
municipalités. Les municipalités sont venues clairement dire au
gouvernement libéral qu'elles n'acceptaient pas ce projet de loi. Est-ce
qu'on va accuser les municipalités, les élus municipaux de ne pas
avoir lu le projet de loi ou de ne pas le comprendre? Leur jugement a
été extrêmement sévère, M. le
Président. Je prendrai deux exemples de ma région. La MRC de
Sainte-Thérèse-de-Blainville qui ne pouvait être plus
claire, M. le Président, et je vais la citer: "Nous, maire et
conseillers de la municipalité régionale de comté de
Sainte-Thérèse-de-Blainville, vous faisons part de notre
indignation face au projet gouvernemental de rejeter sur les
municipalités des dépenses que Québec assumait
jusqu'à présent. La réalisation de ce projet constituerait
une rupture unilatérale du pacte fiscal de 1980."
Je fais une petite parenthèse, M. le Président.
Effectivement, le Parti québécois avait respecté les
élus municipaux en 1979 et avait pris le temps de négocier une
entente. Le Parti québécois n'est pas contre tout renouveau,
n'est pas contre un changement, mais un changement qui doit être le
résultat d'une entente entre les parties. Je continue, M. le
Président: "Les clauses de ce pacte, nous disaient les
représentants de la MRC de Sainte-Thérèse-de-Blainville,
qui sont favorables à Québec étant maintenues, et celles
qui favorisent les municipalités étant rejetées, ce serait
là un intolérable abus de pouvoir. Un tel comportement serait
qualifié de malhonnête dans le secteur privé. L'intention
manifeste du gouvernement est de décharger sur le dos des villes
l'odieux de réclamer des millions supplémentaires aux
contribuables."
On nous a parlé beaucoup, de l'autre côté, de
l'importance de responsabiliser. Est-ce que le gouvernement pourrait donner
l'exemple? Assumer, lui, sa part de responsabilité? Tout ce qu'il a
voté comme loi jusqu'à maintenant, depuis un an et demi, ce sont
des lois pour transférer l'odieux vers les commissions scolaires ou vers
les municipalités, et tout ça pour ne pas avoir une augmentation
d'impôt sur le revenu, alors qu'on sait très bien que toutes les
augmentations du gouvernement correspondent à une augmentation
d'impôt sur le revenu de 12 %. Donc, on s'est déchargé de
cette responsabilité-là et on vient aujourd'hui, tout comme l'an
dernier, pour les augmentations de taxes scolaires, nous parler de
responsabilisation.
Je continue. Les responsables de la MRC de
Sainte-Thérèse-de-Blainville nous disaient: "Nous qualifions
d'irresponsable le projet de transférer une nouvelle charge fiscale dans
le champ foncier, au moment où le marché immobilier est en
décroissance de 30 % par rapport à l'an passé." Et
ça continuait, M. le Président: "On ne peut vraiment accepter un
tel projet."
Même chose du côté de la MRC des Moulins. Ce qu'on
ressortait, c'est que, l'an dernier, suite à la crise scolaire du
printemps 1990, le premier ministre s'engageait par décret, le 30 mai
1990, à tenir des assises Québec-municipalités. Attendu
que ces assises devaient être l'occasion de discuter d'un nouveau partage
des responsabilités avec les municipalités et de conclure avec
elles les arrangements appropriés, notamment aux aspects financiers et
fiscaux; attendu que le 14 décembre 1990, le gouvernement a
manqué à son engagement en soumettant unilatéralement aux
municipalités des factures. M. le Président, je pense que
c'était très clair, autant du côté des citoyennes et
des citoyens que du côté des municipalités.
Aujourd'hui, les députés ministériels semblent
avoir oublié tout ça. C'est comme si uniquement l'Opposition
dénonçait ce projet de loi. C'est sûr qu'on n'a pas d'autre
moyen que d'arriver avec des motions et d'utiliser du temps pour vous expliquer
et essayer de faire passer le message des citoyennes, des citoyens et des
municipalités. Vous savez, au bout du compte, M. le Président,
que les grands perdants, ce sont les contribuables et les élus
municipaux aussi parce que les élus municipaux vont porter l'odieux.
Je me souviens très bien des élections scolaires de
l'automne dernier et il ne faut pas se cacher que ce sont les élus du
monde scolaire qui ont payé la note, l'automne dernier, sauf que, cette
fois-ci, M. le Président - et les derniers sondages le démontrent
- les citoyennes et les citoyens du Québec savent très bien que
cette facture-là qu'on refile, c'est le gouvernement libéral qui
leur refile cette facture et que toutes les augmentations de taxes qu'ils ont
dû subir, c'est le gouvernement libéral qui les leur a
imposées.
Là-dessus, M. le Président, je suis convaincue qu'ils
sauront donner un avertissement très clair au gouvernement à la
prochaine élection, élection que tout le monde - la
députée de Johnson le rappelait si bien - espère
très bientôt parce que les gens en ont plus qu'assez de ce
gouvernement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): merci, mme la
députée de terrebonne. pas d'autres interventions? m. le
député de labelle, sur le même sujet.
M. Léonard: Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): On vous écoute.
(20 h 30)
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Le projet de
loi 145 est un projet de loi considérable, non seulement par le nombre
d'articles, mais aussi par la- portée de ce qu'il y a dans ces
articles.
D'abord, pour camper le sujet, M. le Président, il est important
de savoir que le projet de loi 145 est amené par le gouvernement dans un
contexte économique et fiscal particulier, mais qui s'est largement
détériorié au cours des dernières années. Le
gouvernement fédéral a accumulé les déficits, comme
chacun sait. C'est un gouvernement pratiquement en faillite. Et, à cause
de l'ampleur de ce déficit, des retombées économiques
majeures se font sentir en termes de ralentissement, en termes de services
offerts par le gouvernement, en termes de transferts qui sont coupés,
mais surtout en termes de ralentissement économique à cause des
hauts taux d'intérêt que nous avons connus.
Ceci a amené le gouvernement du Québec à faire des
choix entre une fiscalité concurrentielle et un cadre financier qui est
devenu de plus en plus insupportable. En d'autres termes, à cause d'une
mauvaise gestion surtout au plan fédéral, le gouvernement du
Québec a eu de plus en plus de difficultés à
équilibrer ses budgets, en même temps qu'il s'était
donné la tâche d'adopter une fiscalité concurrentielle. Il
l'a interprétée au plan des revenus, du rendement de
l'impôt sur le revenu en voulant baisser les taux de taxation sur
l'impôt sur le revenu. C'est ce qui s'est passé au cours de
l'année 1988, notamment, avec une certaine réforme de la
fiscalité qu'il y a eu.
Ceci a amené le gouvernement à proposer que l'impôt
foncier devait augmenter, alors qu'on ne voulait pas augmenter l'impôt
sur le revenu de façon à garder le déficit à un
niveau - le déficit québécois - que l'on voulait
compatible avec les grands équilibres financiers qu'on s'était
donnés. Mais, M. le Président, la réalité
économique a rattrapé le gouvernement de façon cruelle et
je dirais qu'il a été amené, à partir de l'automne
1989, à pelleter son déficit partout parce que lui-même ne
voulait pas être pris au piège de devoir augmenter l'impôt
sur le revenu. Alors, on a élaboré sur les différentes
victimes de ces politiques. Mais celles qui sont touchées par le projet
de loi 145 ce sont les municipalités, nous y sommes donc, parce qu'on a
comparé la fiscalité foncière de l'Ontario et celle du
Québec et que l'on trouvait qu'il fallait augmenter l'impôt
foncier plutôt que l'impôt sur le revenu. Le ministre qui
présente ce projet de loi était auparavant à
l'Éducation et il a donc ouvert, réouvert le champ de
l'impôt foncier aux commissions scolaires. Je dirai réouvert,
entre guillemets, parce qu'il leur restait quelque 6 % de leur budget dans
l'impôt foncier, mais la mesure qui a été adoptée
à l'automne 1989 et à l'hiver 1990 a consisté à
rouvrir de façon beaucoup plus large le champ de l'impôt foncier
aux commissions scolaires, donc un concurrent aux municipalités.
Alors, M. le Président, dans le cas des municipalités,
cette attitude fait particulièrement mal aux Québécois. Je
voudrais rappeler le rôle des municipalités parce qu'à mon
sens on n'a pas saisi ce qu'il était ou on a mal perçu ce qu'il
était. Les municipalités ont été laissées
pour compte en bonne partie durant la Révolution tranquille, parce que,
de 1960 à 1970, il y a eu peu de mesures qui ont touché les
municipalités. Et même après, même si on voulait ou
si on a eu quelques velléités de faire des transformations
profondes dans le monde municipal, on n'y est pas parvenu entre 1970 et 1976.
Ce n'est qu'avec l'arrivée du gouvernement du Parti
québécois que les choses ont changé. Les
municipalités sont parties d'un état de fait politique où
c'était la course aux subventions.
Et je me rappelle très bien qu'à notre arrivée au
pouvoir, en 1976, nous avons dû traiter de subventions d'équilibre
budgétaire parce que, lorsque des municipalités n'arrivaient pas
à équilibrer leur budget, elles venaient voir le ministre des
Affaires municipales et lui demandaient une subvention d'équilibre
budgétaire aux simples fins d'équilibrer un budget
d'opération où le gouvernement n'avait rien à voir. Qu'on
se rappelle aussi les débats qu'il y a eu sur toutes ces subventions aux
systèmes d'égout et d'aqueduc, sur ces bornes-fontaines qui
poussaient dans des champs, sur ce qui se passait vis-à-vis du
territoire agricole où des terres agricoles importantes,
intéressantes dans la région de Montréal s'en allaient en
pure perte pour des constructions domicilaires qui auraient pu se faire
ailleurs que là.
Je voudrais rappeler, M. le Président, que les
municipalités ne sont pas des corps intermédiaires, ce sont des
institutions politiques et, dans tous les pays du monde où la
civilisation a progressé, cela s'est fait avec le progrès des
municipalités sur différents plans. L'histoire des grands pays
s'est faite très souvent autour des municipalités. Très
souvent, pour ne pas dire presque toujours, les grandes civilisations se sont
construites sur la prospérité des grandes villes, et c'est encore
vrai aujourd'hui.
Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons mis en place
toute une série de mesures de façon à consolider, à
faire comprendre aux citoyens, mais à consolider le rôle
des municipalités dans la vie des citoyens, dans la vie de tous
les jours, et nous avons déposé des projets de loi de
différentes venues pour améliorer le sort des
municipalités. Qu'on se rappelle de toute une batterie de
législations qui ont été adoptées à
l'époque, les lois sur la démocratisation de la vie municipale,
la période des questions au conseil municipal; c'a été
inauguré sous le règne du Parti québécois. Les
conseils municipaux, auparavant, siégeaient en toute bonne foi, mais
siégeaient quand même presque en l'absence des citoyens. Ce
n'était que dans des moments très importants ou des moments de
lutte politique locale qu'il survenait des citoyens à la barre pour
demander des explications. Les maires, les conseils municipaux de
l'époque n'avaient pas à se justifier devant les citoyens, tout
ce qu'ils faisaient, c'était siéger en public, point, sans avoir
à répondre à leurs questions.
Nous avons apporté toute une série de mesures de
démocratisation municipale et je dirais même que ce n'était
pas fini, que ça ne devrait pas être fini. Nous avons
légiféré sur la loi sur les élections municipales,
et mon collègue à l'époque qui était
député de Crémazie, Guy Tardif, a amené aussi toute
une batterie de mesures pour faciliter la démocratisation
municipale.
Nous avons aussi fait un large débat sur les pouvoirs de
planification des municipalités. Ceci nous a amené, en
particulier, à déposer la Loi sur l'aménagement qui a
réformé les conseils de comté de l'époque qui
existaient depuis 1840 et 1850, mais qui étaient devenus pratiquement
inopérants parce qu'on ne les utilisait plus. C'est au début des
années soixante-dix que, par la réforme de l'évaluation
foncière, ces conseils de comté ont connu un regain de vie et
qu'ils ont constitué l'assise politique sur laquelle nous avons
construit la Loi sur l'aménagement.
Nous avions évidemment d'autres projets dont on a largement
débattu, mais ce qui a été amené par cette loi,
c'est que le pouvoir de planification était réservé aux
municipalités, le pouvoir de l'aménagement du territoire
était aux municipalités. De la même façon, le zonage
agricole a constitué une mesure pour protéger les territoires
agricoles, mais cela devait venir un jour à se faire en concertation
avec les municipalités, donc une étape aussi dans la même
direction, qui était la protection du territoire agricole. (20 h 40)
M. le Président, avec tout cela, une mesure fondamentale aussi
qui était celle de la réforme de la fiscalité municipale,
mesure majeure, importante qui donnait aux municipalités les moyens
d'assumer leurs responsabilités. Ce qui était amené
substantiellement par ce projet de loi, c'était un échange de
champs d'impôt, de champs de revenus. En particulier, la taxe de vente
retournait au gouvernement qui donnait en contrepartie des subventions aux
commissions scolaires, qui évacuaient le champ de l'impôt foncier
scolaire en très très grande partie et, en contrepartie
générale, les municipalités acquéraient
l'exclusivité ou la quasi-exclusivité du champ d'impôt
foncier.
Alors, c'est dans ce contexte, M. le Président, que nous nous
retrouvons aujourd'hui avec des municipalités dont l'objectif
était de rapprocher l'administration politique des citoyens. C'est
ça qui était visé par ces différentes mesures. Je
crois qu'on doit admettre aujourd'hui que les municipalités se sont
beaucoup mieux comportées financièrement, politiquement et
démocratiquement avec cette batterie de mesures que nous avons mises en
place.
Tout ceci s'est fait dans un certain climat. En particulier, le pacte
fiscal a été négocié avec les municipalités
lors de plusieurs rencontres majeures, lors de congrès
généraux, ordinaires et lors de congrès spéciaux.
Ceci, au fond, nous a permis d'aborder le sujet de la décentralisation
qui consistait à ce que les municipalités prennent de plus en
plus de responsabilités. C'était ça, le but
visé.
Je pense qu'on ne peut pas ne pas se poser la question aujourd'hui entre
ces deux discours de décentralisation que nous avions à
l'époque et celui que nous entendons aujourd'hui. Ils sont très
différents, mais vraiment très différents. À
l'époque, il y avait une orientation de base qui était qu'on
voulait consolider des institutions politiques locales qui étaient les
municipalités, aussi cette table de concertation, la municipalité
régionale de comté et les communautés urbaines. Nous avons
refait la Loi sur la Communauté urbaine de Montréal, nous avons
refait la Loi sur la Communauté urbaine de Québec, comme celle de
la Communauté régionale de l'Outaouais. Ces trois
communautés ont vu leur loi constitutive modifiée
substantiellement à la lumière des lois dont nous avons
parlé. J'y ai participé personnellement.
Aujourd'hui, le climat est très différent parce que
l'orientation n'a pas l'air sérieuse. La politique du gouvernement,
introduite par le projet de loi 145, origine strictement de besoins financiers
du gouvernement. Strictement de là. Le gouvernement a des
problèmes financiers. Il ne peut pas les régler lui-même.
Alors, il les transmet aux municipalités.
Je comprends que le ministre essaie d'établir un dialogue. Je le
comprends, mais le gouvernement est parti d'un mauvais pas. Il est parti d'un
mauvais pas. Il a commencé par retirer la quasi-exclusivité du
champ d'impôt foncier aux municipalités vers les commissions
scolaires. C'était le geste de l'an dernier. Et, aujourd'hui, il renvoie
un certain nombre de factures aux municipalités. Je pense que, dans le
concept général, on pourrait admettre que les
municipalités assument plus de pouvoirs, plus de responsabilités,
qu'elles s'occupent davantage du
transport en commun, de voirie locale. Oui. Qu'elles discutent aussi de
police, des sujets dont traite la loi 145. Mais le climat a été
vicié au départ. Et là réside un grand
problème du ministre, et du gouvernement surtout.
Je comprends que le ministre remplit une commande. Très bien. Il
a 400 000 000 $ à aller chercher et c'est ce qu'il fait. Il a la main
longue dans le sac des municipalités. C'est ce qu'il fait. Mais ceci,
cependant, a des conséquences politiques majeures, à terme, parce
que, comment peut-on tenir un discours sur la décentralisation, alors
qu'à l'origine, au départ, on a statué que les
municipalités devraient payer 400 000 000 $?
Le seul débat qui reste, c'est de savoir comment et
jusqu'à quel point on va le payer? Comment on va le payer? Parce que le
résultat final, il est clair. L'impôt foncier municipal va
augmenter. C'est évident, le gouvernement ne veut plus assumer pour 400
000 000 $ de factures. Comment pourrait-on maintenant aborder le sujet? Je
prends, par exemple, les différents sujets ou les différents
domaines touchés par la loi 145. La police, les services de police. Dans
un État, on pourrait dire, il y a trois niveaux de services de police ou
trois niveaux de systèmes qui assurent la paix sociale.
Il y a la police locale, qui est chargée de faire respecter des
règlements locaux, municipaux, des règlements à
différents égards, qui sont le prolongement de lois
adoptées à l'Assemblée nationale, mais qui doivent
être édictés par les municipalités, en
conformité avec des lois nationales. Bien. Il y a aussi une police qui
s'occupe davantage de la criminalité à un niveau
supérieur, qui s'occupe de la paix publique, mais peut-être pas
des grands problèmes majeurs de l'État, et puis, enfin, il y a
l'armée, qui est un troisième niveau.
Or, il y a des discussions qui devraient intervenir sur ce plan, M. le
Président. Si l'on prend les municipalités ou les
municipalités régionales de comté et la question des
municipalités locales dans le Québec, on voit très bien,
à l'heure actuelle, qu'il y a effectivement un problème
important. Des petites villes sont obligées d'assumer des coûts de
police importants, ce qui fait que, sur le plan de la fiscalité
foncière, elles sont en position concurrentielle
défavorisée par rapport à des municipalités
locales.
Mais est-ce que la question ou est-ce que la solution, c'est d'envoyer
une facture aux municipalités locales qui n'ont pas de corps de police?
Ou bien, si ce serait de discuter de l'extension, par exemple, d'un service de
police d'une petite ville locale vers des municipalités locales, celles
qui n'en ont pas, mais qui doivent quand même assurer la paix chez elles.
Ça, c'est le problème. C'est la question qui est
posée.
Mais la solution a été de renvoyer une facture uniquement
pour des questions financières ou, diraient certains, comptables, mais
financières surtout, sans que les municipalités aient un mot
à dire sur les services de police qu'il y aura dans leur
municipalité, sans que les directives...
M. le Président, il me semble qu'il me reste encore au moins cinq
minutes, mais sans qu'il y ait des directives de données...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je m'excuse, M. le
député de Labelle, vous avez commencé votre intervention
à 20 h 30. Vous avez droit à 20 minutes. Il reste une minute et
quelques secondes.
M. Léonard: Alors, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À moins qu'il n'y
ait consentement.
Des voix:...
M. Léonard: Ça va, là. J'ai le temps qui me
reste, M. le Président. Très bien. Alors, voilà un sujet
dont on aurait pu débattre, les municipalités entre elles,
à l'avantage du gouvernement, qui aurait fait que les services de police
auraient été supérieurs, qui aurait fait que les
élus municipaux aient un contrôle sur leurs services de police et
puis que leurs services de police rendent davantage compte ou tiennent
davantage compte de la situation particulière de chaque région.
Voilà un point important non abordé.
Nous n'aurons pas l'occasion d'en discuter. Il n'y a qu'une facture qui
ira vers les municipalités. Alors, nous sommes dans un débat de
sourds où le ministre aura des difficultés majeures à
faire adopter et apprécier, même les aspects positifs de son
projet de loi dans le contexte politique où il se trouve, parce que les
débats de fond n'auront pas été faits, pas plus que le
débat de fond n'aura été fait dans ce gouvernement entre
le poids respectif des différentes assiettes fiscales qui doivent
composer ces revenus. Le débat n'a pas été fait. Il ne
sera pas fait. (20 h 50)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Labelle. Sur le même sujet, à savoir
l'adoption du principe du projet de loi 145, Loi modifiant diverses
dispositions législatives concernant les finances municipales, je
reconnais maintenant M. le leader de l'Opposition officielle et
député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Tout le monde aura
remarqué, bien sûr, qu'on utilisera, comme Opposition officielle,
tous les moyens que nous permet le règlement pour essayer de contrer
cette réforme fiscale municipale. Nous avions une certaine relation
relativement cordiale avec le monde municipal depuis 1979. Nous
pouvions discuter à la table Québec-municipalités,
nous pouvions échanger, nous pouvions prendre des orientations. On
s'était habitué à un dialogue très
intéressant et on pouvait toucher des sujets aussi diversifiés
que le loisir, le transport. On pouvait discuter concrètement avec eux
et chercher des solutions à moyen et à long terme.
Du jour au lendemain, poussé non pas par un souci de
réforme, poussé non pas par l'idée de changer des choses
en termes de distribution de pouvoir, poussé par un besoin d'argent, on
envoie le ministre des Affaires municipales leur faire une proposition qui,
dans un premier temps, allait chercher quelque chose comme 500 000 000 $, pour
ensuite baisser un peu, pensant que le monde municipal allait dire: Ouf! au
lieu de 500 000 000 $, c'est au moins 300 000 000 $; ça nous a
donné de quoi de nous battre. C'est un peu ça, la
stratégie.
On est habitué, maintenant, avec le ministre des Affaires
municipales, à ce genre de bataille. Il avait tenté
l'expérience l'an passé avec le monde scolaire. Il leur avait
fait croire qu'il leur donnerait de l'argent. Il faut dire que le monde
scolaire a été d'une naïveté totale. Il pensait aller
chercher 75 000 000 $, et je ne mens pas en disant ça. Il criait
très fort qu'il voulait 75 000 000 $, minimum. Le ministre leur a
coupé des subventions pour 307 000 000 $ et leur a permis d'en taxer 320
000 000 $. Il leur reste, provincialement, 13 000 000 $. Aujourd'hui, je vais
vous le dire bien franchement, sur le plan politique, ils passent pour des
grands naïfs, nos commissaires d'écoles, d'avoir accepté de
se faire passer un sapin de 307 000 000 $ qui est allé, par le fait
même, gruger dans le champ foncier qui était réservé
au monde municipal.
Le premier ministre l'a trouvé tellement bon de leur avoir
passé un tel sapin qu'il a dit: Maintenant, tu vas t'organiser, mon cher
ministre des Affaires municipales. Je te nomme aux municipalités,
maintenant. Tu as bien fait ça à l'Éducation, tu es
allé nous chercher 307 000 000 $, tu vas aller nous chercher quelque 300
000 000 $ dans le monde municipal. Ils l'ont changé de ministère.
Il a laissé l'Éducation après avoir fait rigoler un peu
les commissaires, après avoir été gruger dans l'assiette
fiscale foncière. Ils l'ont nommé pour accomplir une autre basse
oeuvre, c'est-à-dire aller taxer le monde municipal, encore une
fois.
Le monde municipal, présentement, au Québec, se voit
paralysé dans beaucoup de projets. Ils devront débourser, dans
certaines municipalités, des dizaines et des dizaines de milliers de
dollars, des centaines de milliers de dollars à certains endroits, alors
qu'ils s'apprêtaient, avec des projets, à donner des services
additionnels à leurs citoyens. Mais dans des municipalités, ils
devront verser 500 000 $, d'autres 1 000 000 $, d'autres 300 000 $, 400 000 $.
D'autres, dont le budget est de 100 000 $, devront en verser 200 000 $, devront
aller en chercher 200 000 $ dans la poche des concitoyens et ce, sans faire
aucun projet de quelque nature que ce soit. La petite municipalité qui
voulait se bâtir un terrain de loisirs ou qui voulait aménager un
système d'aqueduc "réfec-tionné" devra aller chercher dans
les poches des contribuables presque le double et n'aura rien fait de projets
neufs. Leurs concitoyens seront taxés aux oreilles. Dans tout ça,
ce sont des répercussions qu'il faut regarder.
M. le Président, dans ce genre de débat ou dans ce genre
d'action... Je suis surpris, tout d'abord, de la part du ministre des Affaires
municipales, d'une action de cette nature, sans qu'il y ait eu une discussion
de fond. Je vais essayer d'expliquer ce que je veux dire. Les effets peuvent
être catastrophiques pour plusieurs petites municipalités. Pour
plusieurs petites municipalités, ça peut être
catastrophique, purement et simplement. Déjà, plusieurs maires,
plusieurs échevins disent: S'ils veulent nous voir disparaître,
pourquoi ils ne nous le disent pas? Ils nous organisent pour qu'on porte tout
l'odieux de la taxation et on ne pourra pas faire de projets. C'est ça
que les maires nous disent. C'est ça que les conseillers nous disent
dans plusieurs de nos municipalités. Ils auront à payer plus sans
recevoir aucun service additionnel. Il n'y a même pas de garantie que
là où le service policier est déficient, ils auront un
meilleur service tout en payant une facture identique aux endroits où il
y a un service de qualité, où il y a tout au moins un service
acceptable.
Fondamentalement, cette réforme-là est venue purement et
simplement régler un problème financier du gouvernement et ils
l'ont fait accomplir par celui qui avait accompli son oeuvre au niveau de
l'éducation, le même! Mais les citoyens dans ça nous
disent: Oui, mais où va notre argent? Comment un gouvernement peut-il
couper autant dans les subventions, autant dans le communautaire, autant dans
le social, autant dans les programmes de toute nature et taxer en même
temps? Ordinairement, quand on coupe, on a moins de dépenses, donc, on
n'a pas besoin de taxer. Mais ce gouvernement-là coupe dans les
programmes, coupe dans toutes les subventions et il taxe en plus. Les gens nous
disent: Où va notre argent? Fondamentalement, on n'a pas accès
aux comptes publics quotidiennement. Bien sûr qu'on a des pistes qui nous
permettent de s'imaginer un peu où va notre argent.
Moi, quand je regarde le jeu des soumissions publiques
présentement, des soumissions publiques faites par l'État, c'est
quasiment devenu ridicule. On fait une soumission pour un centre hospitalier.
Ça sort à 6 000 000 $; ça finit à 19 000 000 $:
Notre-Dame-de-la-Merci de Montréal. On prend le petit Centre hospitalier
de Lachine. Ça devait coûter 5 000 000 $, 6 000 000 $ ou 7 000 000
$; ça en a coûté 13 000 000 $. On prend l'autoroute
Métropolitaine. Ça devait en coûter 7 000 000 $; ça
finit à
12 000 000 $. on prend l'autoroute ville-marie. c'a commencé
à 5 000 000 $ ou 6 000 000 $, les soumissions publiques; c'a fini
à 12 000 000 $ ou 13 000 000 $. on s'en va où? ça, c'en
est une façon de regarder où va notre argent.
M. Ryan: Est-ce que je peux poser une question au
député?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, M. le... Oui,
M. le ministre.
M. Ryan: Est-ce que le député accepterait que je
lui pose une question?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non.
M. Chevrette: Ah oui, moi, ça ne me dérange
pas!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non. C'est-à-dire
que vous pouvez, après l'intervention de M. le député, en
vertu de l'article 213, M. le ministre, vous aurez le loisir à ce
moment-là de poser une question, mais après l'intervention.
M. Ryan: M. le Président, c'est parce que j'ai mal compris
le centre hospitalier. Avez-vous dit de Lachute ou de Lachine? Lachine?
M. Chevrette: Lachine. C'est Lachine. Une voix:
...Lachute.
M. Chevrette: Lachute? Non, non, je suis au courant de
Lachute.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Ça va, M. le
ministre. Allez-y, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Donc, M. le Président, voilà une
certaine piste qui peut nous permettre de voir où va notre argent. Je
pourrais parler des contrats ou des soumissions ouvertes à la Baie
James, par exemple, où le plus bas soumissionnaire par rapport au
deuxième est de 15 000 000 $ de différence et c'est donné
au deuxième. Bien sûr, ce sont là des choses qui peuvent
nous permettre de voir où peut aller l'argent, mais, fondamentalement,
on ne peut pas couper autant dans les programmes, dans les subventions et taxer
autant, sans qu'un citoyen se demande où va son argent. Dans tout cela,
si ce n'était encore accompagné, si le budget n'avait
parlé que de cette réforme...
Prenons un petit propriétaire qui, présentement, gagne
environ 25 000 $, 27 000 $ ou 28 000 $. Il y en a beaucoup de cela, des gens
qui, depuis six ou sept ans, ont économisé, se sont bâti
une petite maison, de 50 000 $, de 45 000 $ ou ça jouait dans ça.
Aujourd'hui, ce propriétaire-là, mettez-le avec deux enfants et
essayez de vous imaginer, pendant quelques minutes, comment cette
personne-là est aux prises avec de graves problèmes financiers.
Mettez un remboursement sur hypothèque; mettez deux enfants. Il a vu sa
taxe scolaire doubler - doubler, c'est du simple au double - l'an passé.
Il verra sa taxe municipale, d'ici trois ans, augmenter presque du simple au
double, également. Il a vu son compte d'électricité,
à cause de la TPS et de la TVQ, augmenter, dans l'espace de 14 ou 18
mois, de 26 %; il a vu, s'il est un étudiant à
l'université ou au cégep, ses frais de scolarité
augmenter; son permis de conduire a augmenté; son immatriculation a
augmenté. On est allé... (21 heures)
Ce n'est pas rare de voir un type qui travaille, qui gagne 26 000 $, 27
000 $, 28 000 $ ou 30 000 $, qui a une maison relativement modeste. Quand on
voit le nombre de taxes sur lequel est tombé... Ce n'est plus une
avalanche, c'est un cyclone de taxes, M. le Président. Quand on regarde
toutes les taxes qui sont arrivées sur ses épaules, ce pauvre
individu, M. le Président, il a une famille, il n'en peut plus et il
crie au meurtre. Il nous dit: Arrêtez, vous nous étouffez, et il
nous demande de passer le message ici à l'Assemblée nationale, M.
le Président.
Moi, je regarde comment ces gens-là peuvent faire pour arriver,
peuvent faire pour nourrir une famille quand, dans l'espace de deux ans, M. le
Président, on a doublé tout ce qu'il y a d'à peu
près essentiel pour lui. Il a besoin d'un réfrigérateur,
ce qui n'était pas taxé antérieurement, M. le
Président. Prenez un réfrigérateur de 1000 $, cet individu
devra payer quelque chose comme 1156 $ dorénavant, alors qu'il en payait
1000 $ avant: 156 $ de plus. Il prend son auto pour aller travailler, c'est
0,02 $ du gallon de plus depuis le 1er janvier et 0,02 $ du gallon encore en
juillet ou en septembre prochain, M. le Président.
Puis on parle de soutien à la famille, on dit qu'on ne l'impose
pas. On n'impose pas son revenu. Une chance que vous n'avez pas imposé
son revenu, s'il avait fallu! Si vous aviez augmenté les impôts
sur le revenu, en plus, avec des taxes sur l'immatriculation, sur le permis de
conduire, sur l'hydroélectricité, sur les frais de
scolarité, avec la TVQ, avec la TPS, avec... Tout ce que vous avez fait
en taxation scolaire et municipale, on s'en va où pour ce salarié
moyen? On est en train de l'étouffer littéralement. Il est temps
qu'on les lâche. C'est à eux qu'il faut penser quand on fait une
législation. Il n'y a pas qu'une seule couche dans la
société. Il n'y a pas que des gens qui gagnent 70 000 $ ou 80 000
$ en montant. Il faut penser à ce salarié moyen qui a
économisé puis qui est devenu un petit propriétaire, puis
qui n'a d'autre alternative que de penser de vendre sa maison. Tout ça,
vous avez fait ça sur lui, sur son dos, dans l'espace d'un rien de
temps. 3 320 000 000 $ de taxes depuis l'élection de 1989, ça ne
fait même pas
deux ans complets.
On étouffe littéralement, M. le Président, les
salariés moyens, les gagne-petit, et on les touche dans ce qu'il y a de
plus essentiel. Ils se chauffent à l'électricité, ils
s'éclairent avec leur électricité: 26 % dans l'espace d'un
rien de temps, M. le Président. Le permis de conduire qui était
à 50 $ est à 90 $. L'immatriculation qui était à
110 $ ou à 111 $ est à 170 $ ou 180 $. Ça continue, les
frais de scolarité et tout.
M. le Président, ce que l'Opposition fait comme travail sur cette
loi-là c'est qu'elle veut vous amener, vous, du pouvoir, les gens qui
occupent les banquettes du gouvernement, M. le Président, à
réfléchir pour qu'ils cessent d'imposer ces gens. C'est fait
d'une façon, M. le Président, inacceptable. On ne tient pas
compte du revenu. On taxe, général. Quelqu'un qui a une
automobile, il faut bien qu'il la prenne son automobile pour aller travailler.
Dans bien des cas, il n'y a pas de transport en commun, il n'y a pas
d'alternative. Il faut qu'il prenne son auto pour y aller. C'est 0,04 $ du
gallon. C'est au-delà de 200 $ par année, M. le Président,
de plus pour un salarié qui prend son auto pour aller travailler. Avec
l'accumulation des taxes en hydroélectricité, avec l'accumulation
des taxes scolaires qui ont doublé, vous vous ramassez rapidement, M. le
Président, avec des dépenses additionnelles de plus de 1000 $. Et
là, vous n'avez pas compté, M. le Président, la TPS sur la
consommation quotidienne. Ça représente quoi? Ça
représente 10 % à 15 % du salaire de l'individu, dans bien des
cas.
M. le Président, on s'en va où? On s'en va où? Les
salaires sont gelés à peu près partout ou ils sont
plafonnés. La moyenne d'augmentation des salaires, dans notre
société québécoise, est de 4 % à peu
près, alors que le coût de la vie, à cause de ces taxes
scolaires, de ces taxes municipales, de ces taxes sur la consommation, M. le
Président, l'inflation est à 8 %. Ça veut dire que,
collectivement, les Québécois s'appauvrissent de 4 %. Ils ont une
perte du pouvoir d'achat d'au moins 4 % puisque le salaire moyen augmente de 4
% et que l'inflation est de 8 %. Ça veut dire que les citoyens ont 4 %
moins d'argent pour acheter par rapport à ce qu'ils avaient avant. C'est
ça fondamentalement qu'il faut comprendre. Et ça se comprend,
ça, M. le Président.
Et dans tout ça, M. le Président, la famille. Je veux en
parler de la famille, M. le Président. Ce gouvernement a dit qu'il avait
une sensibilité extrême pour la famille. Ils ont indexé
certains petits programmes destinés à la famille, M. le
Président, et seulement l'augmentation pour les frais en garderie
élimine toutes les indexations que vous pouvez donner, que vous avez
données. Ça s'en va où, M. le Président?
Drôle de perception pour une politique familiale. Est-ce qu'une politique
familiale, M. le Président, ce n'est pas de permettre, par exemple,
à un père et à une mère de famille dont les revenus
sont aux alentours de 28 000 $, 29 000 $, 30 000 $... Est-ce que ce n'est pas
les égorger que de déplafonner, comme vous l'avez fait, les frais
de scolarité? Est-ce que ce n'est pas décourager un père
de famille de doubler sa taxe scolaire, de doubler ses taxes municipales, d'y
aller avec une taxe sur la consommation, y compris sur les bottines d'enfants,
les souliers d'enfants, les vêtements d'enfants, les accessoires
ménagers, M. le Président? Il faut avoir un peu de coeur dans le
corps pour penser à ça. Quand on élabore des politiques,
on doit aussi penser, M. le Président, à ce pauvre monde que l'on
taxe. Vous pouviez y aller d'une façon plus originale, il me semble, y
aller sur des objets de luxe avec un peu plus d'imagination, essayer de penser
à des formules qui n'étoufferaient pas ce salarié
moyen.
M. le Président, je n'en reviens tout simplement pas de cette
attitude d'insensibilité assez manifeste de ce gouvernement. M. le
Président, quand on allait à la petite école et qu'on
suivait des cours de catéchisme, des cours de morale, on nous disait
souvent: Pensez donc aux pauvres; pensez donc aux pauvres dans notre
société. Arrangez-vous donc pour permettre aux plus pauvres de
vivre un peu. Je suis surpris de la part du ministre des Affaires municipales
que ces discours qu'il nous faisait... Je me souviens qu'il m'en a fait
à Val-d'Or, je me souviens d'avoir assisté à ses
conférences à Joliette au moment où il faisait partie du
mouvement de l'Action catholique qui nous faisait penser que, dans une
société, il y avait du monde dont il fallait se
préoccuper, qu'il ne fallait pas étouffer. Depuis un an en
particulier, M. le Président, il frappe d'une façon
inconsidérée en particulier sur ce monde-là qui,
précisément, aurait besoin de notre attention, qui,
précisément, aurait besoin qu'on ait une sensibilité face
à lui, qui aurait besoin de sentir qu'à l'Assemblée
nationale les gens ont du coeur vis-à-vis de la misère humaine.
Je ne pense pas que ce soit le propre de ce gouvernement, M. le
Président.
Pour toutes ces raisons, nous voterons contre, M. le Président,
et nous allons prendre tous les moyens possibles et imaginables pour essayer de
contrer cette réforme qui, à notre point de vue, ne mérite
pas d'être votée à l'Assemblée nationale du
Québec. Merci, M. le Président. (21 h 10)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition officielle. Sur ce
même projet de loi, l'adoption du projet de loi 145, je reconnais
maintenant M. le député de Gouin. M. le député.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Merci, M. le Président. J'aimerais d'abord
dire, M. le Président, qu'en prenant connaissance des dispositions
contenues au projet
de loi 145 - et elles sont quand même nombreuses, M. le
Président, vous l'avez lu vous aussi, 322 articles, un projet de loi qui
vient modifier en profondeur les règles qui, auparavant, ont régi
la conduite des municipalités à l'égard du gouvernement et
vice versa - il y a un mot qui m'est venu à la tête, M. le
Président. Le mot est bien simple, c'est l'usure. Ce projet de loi, M.
le Président, m'apparaît comme étant le reflet d'un
gouvernement qui manque d'imagination, d'un gouvernement qui trouve toujours
les mêmes solutions à des maux qui sont pourtant
différents, d'un gouvernement qui ira administrer une médecine de
cheval, qui ira, possiblement, par ses gestes, remettre en question non
seulement des consensus qui ont été durement acquis, mais qui
auront des conséquences importantes sur la façon dont nos
infrastructures sont gérées.
M. le Président, j'aimerais vous parler de ma ville,
Montréal. Je sais, que nous partageons ça en commun. Nous
représentons tous les deux une circonscription de la ville de
Montréal, tout comme la députée de Bourassa, d'ailleurs,
ministre déléguée aux Finances, sûrement
concernée au premier titre, lorsque vient le temps de discuter des
dossiers montréalais. M. le Président, ma ville c'est la
métropole du Québec. Montréal, c'est la seule ville qui
est capable de réunir les capitaux physiques, les capitaux financiers,
les capitaux humains pour vraiment faire du développement, pour
s'assurer que le Québec, à sa façon, puisse compter sur un
pôle de développement, un pôle de croissance important.
On aura beau admettre, M. le Président, que oui, il y a
effectivement d'autres municipalités importantes, qui, au Québec,
contribuent au développement et au rayonnement du savoir-faire
québécois, il n'en demeure pas moins que nous avons une
métropole, que nous avons une ville qui est capable de réunir
à la fois le savoir-faire et l'imagination nécessaires pour
rayonner à l'échelle internationale. Notre ville rayonne parce
qu'elle a su, au cours des ans, développer et tisser les consensus pour
faire particulièrement que dans le domaine tertiaire
supérieur...
Pensons à nos industries de génie, pensons à tout
le secteur du conseil, que ce soit par nos firmes d'avocats, nos firmes de
professionnels, par ces firmes, par l'engagement de ce millier, de ce plus de 1
000 000 d'hommes et de femmes, nous avons pu bâtir une métropole
et, un peu pour reprendre le slogan de la ville, M. le Président: Oui,
nous avons pu bâtir une métropole dont les habitants peuvent
être fiers. Cependant, dans un contexte où nos économies se
mondialisent, où de plus en plus l'interdépendance entre les
grands pôles s'accroît, on peut être plutôt soucieux et
on peut s'inquiéter de l'avenir de notre métropole.
M. le Président, vous savez comme moi que Montréal est une
ville qui compte aussi sur des infrastructures importantes. Le Stade olympique,
il est à Montréal. Le Jardin botanique, il est à
Montréal. L'Insectarium c'est à Montréal. La Place des
arts, M. le Président, c'est à Montréal. Une ville qui a
donc à supporter des infrastructures importantes, compte tenu aussi des
besoins qui sont exprimés par la population. Avec une ville de plus de 1
200 000 d'habitants, M. le Président, vous savez qu'est-ce que ça
peut causer comme pression sur l'administration publique.
Nous avons, par le passé, M. le Président, en étant
capables d'établir un dialogue avec le gouvernement du Québec,
nous, comme intervenants montréalais, nous avons été
capables d'établir un dialogue qui nous a permis de bâtir un
certain nombre de choses. Aujourd'hui, M. le Président, avec le projet
de loi 145 qui vient concrétiser, dans le fond, l'arrogance du
gouvernement, qui vient concrétiser ce manque de vision, qui vient
concrétiser aussi, M. le Président, l'absence de vision, non
seulement de façon générale, mais surtout à
l'égard de notre ville, de notre métropole, nous nous retrouvons
à mettre en question ces grands acquis, acquis qu'on a été
chercher au prix de longues batailles.
C'est non seulement à l'égard du transport en commun que
ce projet de loi aura des conséquences importantes. Québec, en se
retirant du financement des infrastructures... Ce que ça veut dire,
ça, M. le Président? Ce sont les autobus. C'est le métro.
C'est le financement pour peut-être un agrandissement ou une
amélioration du service offert à l'heure actuelle par la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, en se retirant de ce service pourtant fondamental. Et ce n'est
pas là, pour des gâteries, ce n'est pas pour se faire plaisir que
le gouvernement du Québec, tout comme les usagers, tout comme les
municipalités décident - et ils l'ont toujours fait dans le
passé - de financer le transport en commun. C'est bien, M. le
Président, parce que les gens qui utilisent le transport en commun
à Montréal, 75 % d'entre eux le font pour se rendre au travail.
45 % de ces gens n'ont pas de véhicule. C'est donc dire l'importance
d'un service qui est, dans le fond, fondamental, qui contribue, par sa
présence, au soutien du développement économique de notre
ville.
M. le Président, les choix qu'on envoie aussi aux gens sont
parfois contradictoires et ce projet de loi, dans le fond, incarne cette
contradiction, ces doubles messages que le gouvernement essaie de nous envoyer.
Par exemple, à l'égard du développement économique,
ce projet de loi viendra aussi - et j'essaierai de l'illustrer tout à
l'heure - modifier considérablement les charges fiscales qui sont
imposées à nos entreprises. Mais comment, M. le Président,
peut-on, d'un côté - et le gouvernement du Québec le fait -
financer le développement des corporations de développement
économique, social et corn-
munautaire, les CDESC, comment peut-on encourager d'une main le
développement économique local et communautaire et, d'une autre
main, inciter ces entreprises à quitter la métropole vers les
banlieues puisque la fiscalité municipale, M. le Président, ne
sera plus concurrentielle? Je reviendrai, tout à l'heure, M. le
Président, sur des chiffres et j'illustrerai mon propos par des exemples
bien concrets.
Comment peut-on aussi, M. le Président, d'un côté -
je reviens encore sur, dans le fond, l'incarnation contenue derrière le
projet de loi 145 - inciter les municipalités à se regrouper,
comme le gouvernement l'a fait au sein du Conseil métropolitain de
transport, société qui regroupe l'ensemble des villes de la
Communauté urbaine de Montréal avec certaines villes de banlieue
pour essayer de favoriser une concertation sur le dossier du transport en
commun? Comment peut-on, d'un côté, essayer de susciter la
concertation avec ces différents intervenants soucieux du dossier du
transport en commun et, d'un autre côté, par des dispositions
contenues dans le projet de loi 145, exacerber différentes
rivalités qui peuvent exister entre ces
municipalités-là?
M. le Président, je vous disais que c'est une absence de vision.
Je vous disais tout à l'heure qu'il y avait une absence de
cohérence. Ce projet de loi illustre bien ces
déséquilibres qui existent, ce manque de vision dans le fond et
que bien des gens, d'ailleurs, ont compris, M. le Président. Vous avez
vu, comme moi, les derniers sondages. Trois Québécois sur quatre
sont insatisfaits du gouvernement, un taux de satisfaction de l'ordre de 29 %
ou de 27 %...
Une voix: 27 %.
M. Boisclair: M. le Président, c'est du jamais vu, jamais
vu. Il y a six ans et demi que ce gouvernement - plus de six ans, six ou sept
ans - est au pouvoir. Ça fait seulement deux ans et demi - même
pas deux ans et demi, un an... pas tout à fait deux ans, M. le
Président, depuis la dernière élection - et
déjà, les gens commencent à trouver le temps long.
Déjà, M. le Président, les gens ont commencé
à payer, pas tout à fait deux ans après le second
mandat.
M. le Président, j'ai eu l'occasion de discuter aussi de ces
questions-là. Ne vous imaginez pas que c'est moi qui, soudainement,
décide parce qu'on m'a demandé de le faire, d'intervenir sur 145,
que soudainement, je suis allé chercher ces chiffres un peu partout,
ailleurs. M. le Président, ce qu'en disent les conseillers municipaux...
J'ai eu l'occasion de consulter les différents intervenants de mon
quartier. André Cardinal, conseiller municipal de Père-Marquette,
permettez-moi de le citer: "L'an dernier, les résidents de notre
quartier ont vu leur compte de taxes plus que doubler parce que le gouvernement
Bourassa a transféré plus de 300 000 000 $ en dépenses aux
commissions scolaires. Cette année, le même gouvernement veut
transférer aux villes cette fois-ci près de 500 000 000 $. Les
taxes municipales vont augmenter de manière importante. C'est
inacceptable", dit M. Cardinal.
Diane Martin, conseillère municipale de Montréal, du
district de Louis-Hébert: "Le gouvernement Bourassa demande à la
ville de Montréal de taxer davantage les entreprises et les commerces
pour payer la facture de 140 000 000 $ qu'il lui transfère. C'est plus
de 20 % d'augmentation des taxes pour les commerces et les industries de notre
quartier. Certains immeubles commerciaux vont voir leur compte de taxe plus que
doubler. Le gouvernement Bourassa est irresponsable. Les difficultés
économiques de Montréal, le chômage à Rosemont, la
récession qui frappe et le commerce ne préoccupent pas ce
gouvernement. Il faut lui faire comprendre qu'il fait fausse route, qu'il est
dans l'erreur." Je pourrais continuer, M. le Président, tant qu'à
y être.
Michel Lemay, conseiller municipal de Rosemont: "Le gouvernement
Bourassa veut arrêter d'assumer la part qu'il a toujours assumée
dans le transport en commun. Il veut obliger Montréal à payer 125
000 000 $ de plus à sa place. Deux ménages sur cinq dans notre
quartier - M. le Président, vous le connaissez mon quartier, Rosemont et
la Petite-Patrie - particulièrement dans Rosemont, deux ménages
sur cinq dans notre quartier n'ont pas d'automobile. Le transport en commun est
d'une première importance dans la vie économique de la ville de
Montréal. Pour les gens de Rosemont, nous voulons maintenir les tarifs
à un niveau acceptable. Le gouvernement Bourassa doit continuer à
assumer ses responsabilités en matière de transport en commun.
C'est un choix de société."
M. le Président, les conseillers municipaux de la région
de Montréal se sont exprimés à l'unisson. Ensemble, ils se
sont ligués derrière l'Opposition officielle qui tente, M. le
Président - j'ai hâte de voir au vote tout à l'heure avec
quel succès nous aurons réussi à le faire - de faire
valoir le point de vue de milliers de citoyens et citoyennes qui nous disent
constamment, quotidiennement, lorsqu'on les voit dans nos bureaux de
comté: II faut avoir perdu la tête pour taxer comme ça.
Voici ce qu'ils nous disent. (21 h 20)
M. le Président, nous aurons beau nous réfugier
derrière des discours dogmatiques, derrière des discours
philosophiques ou derrière de grands principes, il n'en demeure pas
moins que la capacité des gens de payer a toujours une limite. Je ne
pourrais pas dire, si c'était uniquement du dossier, du projet de loi
145, et du transfert de responsabilités de près de 400 000 000 $
qu'on ira pelleter dans le champ des municipalités, ce n'est pas rien
que ce dossier, M. le Président, il faut regarder aussi
l'ensemble de la charge fiscale supplémentaire qu'on impose aux
Québécois et aux Québécoises. J'en faisais le
relevé tout à l'heure, M. le Président, avant de venir
prendre la parole. Je dressais une liste partielle des contributions
financières qu'a imposées le gouvernement libéral. Les
taxes scolaires, les gens le savent bien, 960 000 000 $ de plus sur trois ans;
les permis de conduire et immatriculation, 660 000 000 $ de plus sur trois ans;
les frais de scolarité, 270 000 000 $ sur trois ans; la TPS, 362 000 000
$ sur trois ans, dont 324 000 000 $ cette année, M. le Président.
Et l'ensemble des diverses taxes annoncées dans le budget, 864 000 000 $
de plus sur trois ans.
Je peux comprendre que la situation est difficile, je peux comprendre
que nous avons à faire face à des impératifs, tant locaux
et régionaux qu'internationaux, mais il faut comprendre une chose, c'est
que l'élastique, on ne pourra pas l'étirer trop longtemps. Un
jour, on tirera un millimètre de trop sur l'élastique et il va
péter, M. le Président. Et il y aura des gens qui en seront
responsables. Il y aura des gens qui, à un moment donné, auront
à payer le prix parce que, qu'est-ce que vous voulez, nous ne pourrons
plus continuer à cultiver cette culture de la pauvreté.
M. le Président, dans certains quartiers de mon comté, il
y a 20 % de chômage. De génération en
génération, l'espérance de vie à la naissance peut
varier à Montréal de sept ans d'un quartier à l'autre.
Est-ce que c'est dans ce genre de métropole que les gens vont vouloir
vivre? On connaît particulièrement les pressions qui existent,
hein? ce fameux phénomène d'étalement urbain. Le
député de Mille-Îles sait ce dont je parle. Il en est
même rendu, M. le Président, à demander un pont
supplémentaire pour Laval. Il en est même rendu à demander
ça. Certains ont parlé du métro. On va voir comment les
rivalités entre la vice-première ministre et le ministre de
l'Environnement, et peut-être le ministre des Transports, vont se
régler. On a vu. Ça a fait les manchettes dans les journaux.
M. le Président, déjà, nous en sommes à
créer des pressions pour, justement, financer des infrastructures et, on
le voit, même le gouvernement n'est pas capable de s'entendre. Même
les libéraux entre eux, derrière cette espèce de -
permettez-moi le pléonasme - consensus consensuel, sont en train de se
perdre. Le ministre des Transports nous l'a bien dit: Pas question de
métro à Laval, pas avant 2010; il a bien d'autres
priorités. Le ministre des Transports a raison. Je comprends très
bien que la vice-première ministre et le député de
Mille-Îles ne soient pas d'accord avec ça. Je comprends ça.
Mais, M. le Président, si les députés libéraux de
la région montréalaise s'exprimaient avec autant de clarté
que le député de Mille-Îles le fait, sans doute que le
projet de métro et le projet de pont seraient relégués aux
oubliettes et peut- être que le député de LaFontaine serait
content de dire à ses électeurs qu'on va finir par prolonger
l'autoroute Henri-Bourassa.
Voici, M. le Président, compte tenu de la situation que nous
impose à l'heure actuelle le gouvernement libéral, le genre
d'arbitrage que nous sommes rendus à faire. C'est des arbitrages qui,
j'en conviens très bien, ne sont pas faciles à faire. Mais
cependant, nous ne sommes pas arrivés avec ce genre de
problématique, avec ce genre de questionnement de façon
abstraite. C'est parce qu'il y a une situation, parce qu'il y a un contexte et
ce contexte, on l'a créé de toutes pièces.
M. le Président, plaider pour Montréal n'est pas toujours
facile. Comprendre les implications... Je peux comprendre qu'il y ait des gens
d'autres régions, du Saguenay, de Québec, de la Mauricie, des
Bois-Francs, de l'Estrie, de l'Abitibi, de la Côte-Nord, des gens qui
disent parfois que Montréal a tout, qu'il faudrait en enlever un peu
à Montréal pour en donner dans les régions. Mais
comprenons bien, M. le Président, qu'il n'y a qu'un seul pôle de
croissance économique au Québec et c'est notre métropole.
Montréal est au coeur de l'économie québécoise.
C'est là, c'est à Montréal que se joue cet
équilibre social, cet équilibre linguistique. C'est là que
dans le fond, on retrouve ce lieu privilégié d'expression de
notre culture. M. le Président, ce pivot essentiel à notre
croissance qu'est Montréal constitue, dans le fond, la seule interface
du Québec avec le monde. Pensons tout simplement à ses
infrastructures par ses aéroports, par ses installations portuaires.
M. le Président, notre métropole, il y a lieu de la
traiter de concert, et je vois le député de Mille-Îles qui
va essayer de me mettre en contradiction avec mon collègue, le
député de Bertrand. Le député de Bertrand et
moi-même n'avons aucun problème à nous entendre, M. le
Président. Nous avons rapidement compris que nous avions tout
intérêt à développer une stratégie
d'assistance mutuelle parce que les gens ont vite compris que,
particulièrement... Et le député de Mille-Îles qui
rit et qui salue les gens un peu partout sait fort bien que, par exemple, 40 %
des emplois qui ont été créés sur l'île de
Montréal, selon des données de la Communauté urbaine de
Montréal, ne sont pas occupés par des gens de la ville. Ils sont
occupés par des gens des banlieues. Et déjà, M. le
Président - et j'espère que le député de
Mille-Îles m'écoute - les gens des banlieues commencent à
s'inquiéter et commencent à voir apparaître des
phénomènes de pauvreté parce qu'ils savent très
bien - et mon collègue, le député de Bertrand, pourra en
témoigner - que, déjà, on voit apparaître des
couches de pauvreté en banlieue, qui est un phénomène tout
à fait nouveau.
Ce phénomène de classes qu'on appelle les "working poors",
de plus en plus se développe en banlieue. C'est un
phénomène tout à fait nouveau
et les gens qui connaissent un peu la façon dont se fait le
développement économique ont rapidement compris que nous avons
besoin d'une métropole forte, d'une métropole qui sera capable
d'assurer en partie et en fonction de ses responsabilités la croissance
d'une partie, M. le Président, du territoire d'Amérique.
M. le Président, les défis à relever sont nombreux.
Nous avons espéré, que ces défis puissent être
relevés dans un contexte de concertation, dans un contexte où on
traiterait le maire de Montréal avec tous les égards qui lui sont
dus, et non pas comme un vulgaire élu municipal qui a un point de vue
à dire comme n'importe quel autre. M. le Président, le maire de
Montréal représente la municipalité la plus importante au
Québec. Le moins qu'on puisse s'attendre de notre gouvernement, ce que
les gens, à tout le moins dans ma circonscription, que je rencontre de
façon régulière me disent, c'est qu'à tout le moins
ils espèrent que le gouvernement du Québec va écouter
leurs élus locaux, eux qui sont conscients des arbitrages qu'ils ont
à faire, eux qui sont conscients des pressions.
Le ministre des Affaires municipales nous dit: II y a du gras dans les
budgets de 111e de Montréal. Il y aurait moyen qu'ils puissent aller
couper ailleurs. Si on regardait, M. le Président, révolution des
dépenses à la ville de Montréal comparativement à
d'autres, au gouvernement du Québec, au gouvernement
fédéral. Vous savez que, sur une base de cinq ans, c'est une
augmentation des dépenses de 6,8 % qui est, M. le Président,
nettement inférieure à ce que le gouvernement du Québec a
connu comme augmentation de dépenses, qui est, par exemple, nettement
inférieure à ce qu'a connu le gouvernement
fédéral.
Notre ville, M. le Président, Montréal sera
pénalisée parce que, justement, elle a su, en faisant des choses
difficiles, en faisant des arbitrages difficiles, rationaliser ses
dépenses de façon remarquable. Et justement parce qu'elle a fait
ce genre d'arbitrage, elle est doublement pénalisée.
M. le Président, vous me faites signe qu'il ne me reste plus que
deux minutes. Ce que je souhaiterais, c'est qu'il y ait des consensus qui
parfois puissent se faire dans cette Chambre sur l'avenir de notre
métropole. Je souhaiterais, M. le Président, entendre plus
souvent les députés libéraux parler de
Montréal.
Oui, j'entends le député de LaFontaine et il fait bien de
me le rappeler. Il parle de la région de Montréal, mais il est le
seul à nous parler du développement économique de l'est de
Montréal, de la responsabilité, de l'importance plutôt de
développer les réseaux de transport dans l'est. Il est le seul
à le faire. Quand est-ce qu'on entend le député de Bourget
nous parler de Montréal? Quand est-ce qu'on entend la
députée de Henri-Bourassa et ministre
déléguée aux Finances nous parler de l'avenir de
Montréal? Une voix: Bourassa.
M. Boisclair: Quand est-ce qu'on entend - de Bourassa
plutôt - M. le Président, la ministre des Affaires culturelles
pourtant membre du comité interministériel de Montréal, ce
fameux comité...
Une voix: Le député de Rosemont.
M. Boisclair: ...qu'est-ce qu'il a fait? Le député
de Rosemont? Mon collègue voisin avec qui je partage le même
journal de quartier; pas une fois, M. le Président, depuis que je suis
élu je ne l'ai entendu parler de Montréal.
M. le Président, c'est une responsabilité que nous avons
tous, comme parlementaires ici en cette Chambre, de s'inquiéter de
l'avenir de notre métropole. Les enjeux sont cruciaux, les choix que
nous aurons à faire se répercuteront dans l'avenir pour les 10,
15, 20 prochaines années. À un moment donné, il y aura cet
équilibre à faire. Il faudra, à un moment donné,
analyser, faire des bilans, des colonnes de chiffres, M. le Président,
et dire qu'est-ce qui est le plus coûteux: penser à investir
à long terme ou plutôt, M. le Président, par des solutions
sans vision, par des solutions qui vont nous obliger à faire des
arbitrages difficiles, remettre en question tout ce que Montréal a fait,
M. le Président, depuis les 10 dernières années. C'est
ça la réalité.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Gouin. Sur cette même question, je reconnais le
prochain intervenant sur l'adoption du principe du projet de loi 145, M. le
député de Bertrand. M. le député.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. L'an dernier, le
gouvernement du Québec réorientait une partie des taxes
municipales vers les commissions scolaires avec comme résultat une
augmentation moyenne des taxes scolaires de 140 $ par famille à travers
le Québec. Par la suite, le ministre des Affaires municipales
présentait la position de son gouvernement, le 14 décembre 1990,
dans un document qu'il intitulait et je cite: "Vers un nouvel
équilibre". Ce document, qui se veut l'inspiration du projet de loi
actuel, est loin de constituer un transfert de responsabilités - et je
cite le document - "accompagné des sources de financement
adéquates." En réalité, il s'agit d'un véritable
délestage financier. (21 h 30)
Devant l'opposition soutenue - je dois dire, jusqu'à un certain
point efficace - de l'Union des municipalités du Québec et de
l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec,
le ministre consentait, le 15 mai dernier, à un ajustement mineur de 78
000 000 $, ce qui a fait en sorte que la facture refilée aux
municipalités est de 400 000 000 $ au lieu de 477 500 000 $, comme elle
l'était initialement. Qui plus est, le ministre annonçait qu'en
même temps qu'il réduit le transfert unilatéral aux
municipalités de 78 000 000 $, il augmenterait différentes taxes
pour 100 000 000 $.
Au risque de paraître répétitif aux yeux de mes
collègues du gouvernement, j'aimerais, pour le bénéfice de
mes électeurs, exposer les principales mesures et les principaux
services qui vont écoper de ce réaménagement majeur. En
fait, les principaux services et les principales mesures qui vont être
visés par ce réaménagement sont d'abord le transport en
commun, la voirie locale, la police et les "en lieu" de taxes.
D'abord, le transport en commun. Mon collègue de Gouin a
souligné avec justesse l'importance du transport en commun pour la ville
de Montréal. Mais j'ajouterai, comme représentant d'un
comté de la grande région métropolitaine de
Montréal, qu'un réseau efficace de transport en commun nous
concerne tous, puisque le développement de la métropole est
lié intimement à celui de sa couronne, et vice versa. D'abord,
parlons du transport en commun. Le gouvernement libéral mettra fin,
à compter de 1992, aux subventions à l'exploitation et au
financement des dépenses à l'égard du maintien des actifs.
La facture totale est de 266 200 000 $.
Les sociétés de transport en commun s'estiment justement
abandonnées. On entrevoit des hausses de tarif faramineuses et des
coupures de services importantes. Déjà, dans ma propre ville de
Boucherville, on a annoncé la coupure de certaines lignes d'autobus
importantes. En fait, tout le monde va y goûter. D'abord, l'usager, qui
verra les tarifs augmenter considérablement sans qu'il y ait
amélioration du service, puis l'automobiliste demeurant dans une
municipalité urbaine qui verra les droits d'immatriculation de son
véhicule augmenter de 30 $. Pour les automobilistes, en moins d'un an,
soulignons que les coûts d'immatriculation seront donc passés de
55 $ à 120 $, une hausse de 118 %. Enfin, les entreprises et les
commerces, dans le contexte économique difficile que nous connaissons,
seront taxés pour 248 000 000 $ supplémentaires. En effet, le
gouvernement libéral instaure une taxe spéciale sur le
non-résidentiel qui permettra de recueillir 168 000 000 $ et il oblige
aussi les municipalités à taxer les stationnements non
résidentiels, taxe qui devrait rapporter 80 000 000 $. Ces deux
montants, c'est-à-dire les 168 000 000 $ et les 80 000 000 $ doivent
servir, en principe, à compenser l'arrêt des subventions à
l'exploitation et au maintien des actifs du transport en commun.
Quant à la voirie locale qui nous concerne
particulièrement, nous qui habitons dans la région
périphérique de Montréal, le gouvernement
transférera, à partir de 1993, une partie de la
responsabilité de l'entretien, la réparation et la construction
du réseau routier local. Initialement, le coût de ce transfert
était de 43 300 000 $. Cependant, devant les pressions, le ministre a
réduit à 22 300 000 $ le coût de ce transfert, ce qui, aux
yeux du monde municipal, demeure malgré tout inacceptable. Dans
l'état actuel de notre réseau routier local, la somme de 22 300
000 $ est loin de refléter les coûts réels que les
municipalités devront assumer. En fait, au bas mot, l'UMRCQ estime
à 2 000 000 000 $ le montant nécessaire à la remise en
état du réseau routier qui, comme il est facile de le constater
pour la plupart d'entre nous, est dans un état pitoyable un peu partout.
Le gouvernement a donc encore deux ans pour revenir à une position plus
intelligente et censée au chapitre de la voirie locale. J'espère
qu'il écoutera, cette fois-ci, les élus municipaux.
La police, maintenant. Pour toutes les municipalités qui ont
recours aux services de la Sûreté du Québec et qui n'ont
pas de corps policier municipal, le gouvernement mettra en place une grille de
tarification afin de défrayer les coûts de la Sûreté
du Québec. La dernière facture du gouvernement à cet
égard est de 70 800 000 $ au lieu de 79 300 000 $, une bien mince
consolation, en fait, pour les municipalités touchées, d'autant
plus que cette réduction n'affectera que les municipalités de
3000 habitants et plus sans corps de police.
L'étude des crédits du ministère de la
Sécurité publique a mis en lumière la diminution
importante et surtout inquiétante des services offerts par la
Sûreté du Québec en région: fermeture de postes,
baisse des effectifs et des patrouilles, autant de conséquences des
coupures. Pourtant, au même moment, on compte faire payer les
municipalités pour un service amoindri et sur lequel elles n'auront
aucun contrôle.
Quelques mots, maintenant, sur les "en lieu" de taxes. Principe
fondamental de la réforme fiscale de 1979, le gouvernement s'engageait
à payer, comme tout le monde, ses taxes foncières de façon
graduelle. En 1983, sous le gouvernement du Parti québécois, nous
avions d'ailleurs augmenté le paiement de nos "en lieu" de taxes
scolaires de 40 % à 50 %, l'objectif étant, bien sûr,
d'atteindre éventuellement les 100 %. Le manque à gagner des
municipalités au chapitre de ces "en lieu" de taxes est d'environ 125
000 000 $ annuellement. Mais voilà que le gouvernement a
décidé non seulement de ne pas payer tous ces "en lieu" de taxes,
mais de réduire de 50 % à 25 % le paiement des "en lieu" de taxes
sur les écoles primaires et secondaires: 47 000 000 $ en moins pour les
municipalités, dont certaines et, en particulier, les plus petites,
comptent beaucoup sur cette source de revenus.
Qui plus est, la révision du régime de la
taxe d'affaires ainsi que la taxe spéciale sur le
non-résidentiel, qui auront pour effet d'augmenter les coûts
à la charge d'un propriétaire non résidentiel,
méritent d'être soulignées et obligeront ce dernier
à augmenter le loyer de ses clients. Or, de façon
spécieuse, le gouvernement autorisera ces propriétaires à
faire fi des clauses contenues dans les baux afin d'augmenter les loyers en
cours de baux. Je souligne ici cette disposition qui est
particulièrement dangereuse pour le développement de nos
municipalités en périphérie, puisqu'il suffit de se
promener dans nos municipalités pour constater que bon nombre de
commerces, petits et moyens, ferment leurs portes, faute de ne pouvoir
respecter les baux qu'ils ont signés, suite, évidemment, à
la récession et à la baisse de la demande pour leurs
produits.
Quant aux droits sur les divertissements maintenant, le gouvernement
voulait, le 14 décembre dernier, abolir complètement cette taxe
d'amusement qui procure aux municipalités des revenus de 25 500 000 $ et
qui les encourage souvent à s'impliquer dans les activités
culturelles, récréatives et sportives. C'est, entre autres, sur
la base des revenus provenant de cette taxe que la ville de Montréal
acceptait de s'impliquer, il n'y a pas si longtemps, dans le maintien des Expos
à Montréal. Le 15 mai dernier, le ministre modifiait sa
proposition initiale et maintenait la taxe sur les divertissements, à un
taux moindre cependant, puisque les municipalités en tireront 15 400 000
$, ce qui fera en sorte, compte tenu de la TPS et de la taxe de vente du
Québec, que les activités culturelles, sportives et
récréatives seront dorénavant triplement
taxées.
Les droits sur les mutations immobilières nous concernent
également dans nos villes périphériques de
Montréal. Actuellement facultative, la soi-disant taxe de bienvenue
deviendra obligatoire à partir de 1992. De plus, les taux seront
déterminés par le gouvernement. Ainsi, pour une transaction
inférieure à 50 000 $, le taux sera de 0,5 %, de 1 % pour une
transaction se situant entre 50 000 $ et 250 000 $ et plus de 1,5 % pour les
transactions supérieures à 250 000 $. Au départ, le
ministre prévoyait des revenus de 43 100 000 $ provenant de cette taxe.
Avec les ajustements du 15 mai dernier, le rendement sera porté à
77 600 000 $, une mesure qui, elle aussi, ajoutée à la TPS et
à la taxe de vente du Québec sur les maisons neuves, n'est pas
pour favoriser l'accès à la propriété et le soutien
à l'habitation. (21 h 40)
Quant à la fiscalité industrielle, autre atout majeur de
notre développement, sans jamais en avoir discuté publiquement
auparavant, le ministre des Affaires municipales introduit discrètement
un article concernant l'assiette fiscale des raffineries de pétrole qui,
comme plusieurs autres types d'industries, constituaient, depuis 1980, une
source de litige quant à savoir ce qui était imposable et ce qui
ne l'était pas.
Sans connaître la portée d'un tel article, on peut se
demander pourquoi le ministre n'a consulté personne avant de
procéder à de pareilles modifications et surtout pourquoi il n'a
pas profité de l'occasion pour préciser également quels
immeubles rattachés à des alumineries, des papeteries, etc.,
peuvent être portés au rôle d'évaluation, et quelle
est leur véritable valeur imposable. C'est donc dire, en fait, que
plusieurs municipalités qui comptent sur leur territoire ce type
d'industries - et j'en compte dans mon comté - ne verront pas leurs
problèmes réglés, d'aucune façon. En fait, des
millions de dollars sont en jeu ici.
Permettez-moi, M. le Président, de tirer certaines conclusions
préliminaires, certains estimés préliminaires des
retombées de ce réaménagement fiscal sur les
municipalités de mon comté. En ce qui concerne la ville de
Boucherville, le transfert brut résultant de la réforme fiscale
se traduira par une augmentation de 2 500 000 $, en raison
particulièrement du retrait du gouvernement du financement du transport
en commun. Pour la ville de Saint-Amable, ce sera un montant additionnel de 450
000 $; pour la ville de Sainte-Julie, de 222 000 $ et, pour la ville de
Varennes, de 327 000 $. Bien sûr, étant donné que le
ministre a accepté le principe de pouvoir réduire de
moitié les transferts qu'il avait auparavant envisagés,
particulièrement dans le domaine de la voirie et de la police, et
également dans le domaine des "en lieu" de taxes, ces estimés se
traduiront, en fait, par des sommes moins élevées que les
municipalités devront encourir. Il n'en reste pas moins qu'au chapitre
du transport en commun rien n'est réglé et que le problème
demeure entièrement sans solution pour le moment.
Ce qui est important, M. le Président, au fond, dans ce
débat, ce ne sont pas les chiffres, les estimés ou les
prévisons que l'on peut échanger de chaque côté de
la Chambre. Au fond, ce qui est important dans ce réaménagement
fiscal, c'est l'impact social qu'il aura. L'impact social, non seulement dans
les grands centres urbains... Mon collègue de Gouin, tout à
l'heure, a fait allusion à quelques-uns de ces impacts sur
l'économie et sur la qualité de vie dans la grande ville de
Montréal. J'aimerais attirer votre attention sur certains de ces impacts
dans ma propre région. Le premier impact qu'ont vécu les
contribuables a été l'augmentation des taxes scolaires. Je suis
persuadé que mes collègues qui représentent d'autres
districts, d'autres circonscriptions électorales, soit au nord ou au sud
de Montréal, ont reçu, dans leur bureau de comté,
plusieurs personnes et en particulier des jeunes couples et des personnes
retraitées qui étaient fort inquiets de l'augmentation des taxes
scolaires qui leur était imposée à ce moment-là.
Loin de répondre
aux craintes de ces contribuables, le ministre, par son
réaménagement de la fiscalité municipale et par son
pelletage de responsabilités dans la cour des municipalités,
vient ajouter à l'insécurité de ces personnes.
Quand nous nous promenons dans nos municipalités, nous constatons
un nombre énorme de maisons qui sont mises en vente. Ce nombre
énorme de maisons qui sont mises en vente résulte de deux
facteurs principaux, d'abord attribuables à la récession du fait
que la plupart des ménages ou la plupart de citoyens qui ont
acheté ces maisons possèdent des hypothèques très
élevées qui, la plupart du temps, exigent deux salaires pour
rencontrer les paiements mensuels. Et lorsque, dans le contexte de la
récession, un des deux conjoints perd son emploi, il devient de plus en
plus difficile pour le ménage de soutenir les frais afférents
à la maison. C'est une des réalités qui fait que l'on
constate, dans nos municipalités de la couronne de Montréal, des
maisons qui sont mises en vente en si grand nombre.
Il y a également, et il faut le souligner, les tensions
familiales qui découlent des difficultés financières que
traversent les ménages à l'heure actuelle. Au fond, on assiste
à une sorte de cercle vicieux où les jeunes ménages, qui
se sont endettés jusqu'au cou pour acheter les maisons qui sont de plus
en plus chères, dépendent de deux salaires pour pouvoir soutenir
ces maisons. Lorsque les tensions financières se font sentir dans le
ménage, ça se traduit par des tensions au sein du couple,
tensions qui, éventuellement, mènent à la
séparation et au divorce. Dans nos municipalités - je suis
sûr que c'est également le cas dans la région de Laval
aussi bien que sur la rive sud de Montréal - bon nombre de ces
propriétés qui sont mises en vente résultent, finalement,
de la discorde familiale et des séparations, des divorces qui, eux, sont
rattachés à la récession économique et aux
difficultés financières que vivent les ménages qui les
occupent.
Passons maintenant aux personnes qui sont à revenus fixes et
particulièrement aux pensionnés et aux retraités. Ce
groupe de personnes est fort inquiet de tout ce réaménagement
fiscal aussi bien au niveau des taxes scolaires qu'au niveau des taxes
municipales, puisque, si on additionne l'augmentation de l'ensemble des taxes
directes ou indirectes qu'ont dû supporter les contribuables au cours de
la dernière année, on s'aperçoit que le pourcentage
d'augmentation des taxes, donc du fardeau financier du ménage typique
québécois, augmente beaucoup plus vite que le pourcentage
d'augmentation de son revenu familial. Et c'est là où se trouve
le drame. Si l'on songe, en particulier, aux personnes retraitées, je
suis sûr que la plupart de mes collègues ici ont vu défiler
chez eux, dans leur bureau de comté, des personnes à la retraite
qui ont indiqué un mécontentement et une crainte face à
cette spirale ascendante de taxation à laquelle elles sont soumises du
fait que les personnes, qui sont présentement à la retraite et
qui occupent leur maison dans nos municipalités, se trouvent face au
dilemme suivant, c'est-à-dire que les taxes augmentent de plus en plus
alors que leurs revenus sont basés sur des pensions établies au
cours des dernières années où ils travaillaient.
Évidemment, les régimes de pension, dans plusieurs cas,
n'étaient peut-être pas aussi généreux qu'ils le
sont à l'heure actuelle, de sorte que notre population, à la fois
de jeunes ménages qui veulent avoir accès à la
propriété et qui doivent dépendre de deux salaires pour
faire les paiements sur leur maison, d'une part, et, d'autre part, de personnes
retraitées qui, elles, voient le fardeau fiscal et les charges fiscales
augmenter démesurément par rapport à leurs revenus de
pension, se trouvent dans une situation où, de plus en plus,
l'écart devient difficile à combler.
Finalement, M. le Président, en conclusion, j'aimerais soulever
cette hypothèse qui est la suivante. Chaque année, le
Québec envoie au gouvernement fédéral de 22 000 000 000 $
à 24 000 000 000 $ sous forme de taxation de toutes sortes. Ne serait-il
pas temps de rapatrier chez nous ces sommes d'argent de façon à
ce que les différents paliers de gouvernement puissent avoir les sommes
nécessaires aux responsabilités qui leur sont attribuées?
C'est dans ce sens, indépendamment des échanges de chiffres
auxquels on peut s'adonner des deux côtés de la Chambre, qu'il est
important de remettre ça dans un contexte beaucoup plus vaste qui est
celui du rapatriement de toutes nos ressources financières au
Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Bertrand. Sur l'adoption du principe du projet de loi
145, M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. M. le
député.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Au moment où
nous sommes à étudier, par ailleurs, dans d'autres salles
à l'Assemblée nationale, un autre projet de loi qui va
bouleverser aussi à bien des égards la vie des
Québécois et des Québécoises, le projet de loi 120
sur la réorganisation des services de santé et des services
sociaux, nous n'avons pas le droit également d'avoir une absence de
préoccupation pour ce qu'on est en train de faire aux
municipalités. (21 h 50)
Quand on représente un comté de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, M. le Président, ce serait comme plaider
coupable de ne pas intervenir au moment de l'adoption de principe du projet de
loi 145 parce que toutes les petites collectivités - je dirais, à
bien des égards,
surtout les petites collectivités - sont directement
concernées parce qu'elles vont faire les frais, proportionnellement
parlant, de ce qu'on a appelé cette réforme des finances
municipales. Il faut avoir pris, au cours des trois dernières semaines,
le temps de rencontrer, mais vraiment de rencontrer, les 38
municipalités du comté de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, de
Témiscaming sur la frontière de l'Ontario à aller jusqu'au
village de Cléricy en périphérie de Rouyn-Noranda, pour
s'apercevoir de ce que ça peut vouloir dire dans la
réalité ce qu'on s'apprête ici à transférer
directement aux municipalités et en particulier aux municipalités
rurales. Il y a des chiffres que ces gens-là peuvent regarder et
comparer avec la réalité qu'ils vivent actuellement. C'est
facilement compréhensible lorsqu'on décrit l'état de la
situation comme étant un état de désarroi dans les
nombreuses communautés rurales de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue.
Bien sûr, on peut en rire un peu, faire des gorges chaudes de cela
et dire: Écoutez, on a trop de municipalités au Québec et
la petite municipalité de 500, 600 ou 700 habitants à qui
ça va coûter, 28 000 $, 30 000 $ ou 50 000 $ de plus pour ses
citoyens et citoyennes qui sont dans ce milieu rural, bah, finalement,
écoutez, il y a des problèmes beaucoup plus graves que ça
dans la société québécoise. Finalement, on dit
encore une fois, dans une loi qui est mur-à-mur et qui s'applique
à tout le monde sur l'ensemble du territoire québécois:
Bien coudon, il faut que ça fasse quelques victimes. Les petites
municipalités, en particulier dans le milieu rural, bien, vous
êtes dans la machine, vous êtes dans le moulin à viande et
vous sortirez en saucisson à l'autre bout. On se soucie peu finalement
de ce que ça veut dire comme conditions de vie au niveau des
collectivités locales.
Des 38 municipalités que j'ai eu l'occasion de rencontrer, M. le
Président, la réponse à ce qui est déposé
devant nous aujourd'hui, c'est un refus unanime. C'est un refus unanime. Or, on
nous dira: Trouvez-moi un gouvernement qui a imposé une nouvelle taxe,
qui a imposé de nouvelles charges fiscales à une catégorie
de citoyens, par quelque moyen que ce soit, où les gens se sont
montrés d'accord. On a déjà vu, cependant, une
planification de l'occupation du territoire et des charges qui sont
demandées aux citoyens et aux citoyennes beaucoup mieux
préparée et beaucoup mieux acceptée par la population.
Quand on est dans cette deuxième partie du "Québec cassé
en deux", dans le milieu rural, franchement, essayez de retrouver, avec ce qui
va tomber sur la tête des municipalités rurales, où est
l'espoir, où est la possibilité de développement. Ces
gens-là vont être confrontés à un ensemble de
charges parce que ce gouvernement-là a décidé que, compte
tenu de la situation financière, de la résultante de sa gestion,
d'avoir laissé aller les affaires pendant sept ans, pendant que
ça roulait sur le principe de l'économie de marché et que
l'économie de marché fonctionnait en faveur du
développement et que les conditions le permettaient... Eh bien, c'est le
résultat de sept années de croissance économique, de sept
années aussi d'imprévoyance, de sept années où on
n'a pas su se préparer à la récession qui allait
inévitablement se pointer, parce que la première vertu des
récessions, c'est qu'on peut les voir venir et qu'elles se terminent un
jour. Bien, c'est ça le sens de la prévoyance pour un
gouvernement.
Alors, quand vous vous promenez dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue et que vous: À compter du 1er avril 1993,
on va vous remettre, à chacune de ces 38 municipalités, au total,
738 kilomètres de routes à entretenir, il y a de quoi frissonner
pour l'ensemble de la collectivité de l'Abitibi-Témiscamingue.
Comment penser qu'une population d'à peu près 70 000 personnes,
répartie dans 38 petites municipalités, va entretenir 738
kilomètres de routes rurales sur son territoire? Essayons de penser un
peu sérieusement à ce que ça veut dire pour ces
collectivités, à ce que ça peut vouloir signifier, sinon
de planifier d'abord la première réunion du conseil municipal
où la première question qui va se poser, c'est: Qu'est-ce qu'on
commence à fermer dans cette paroisse rurale de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue?
En somme, vous le savez, en 1970, une étude commandée par
le gouvernement du Québec a été réalisée par
deux ingénieurs qui s'appelaient - et c'est célèbre dans
la région de l'Abitibi-Témiscamingue - les ingénieurs
Côté et Duvieusart. La conclusion du rapport
Côté-Duvieusart de 1970, c'est: La région de
l'Abitibi-Témiscamingue n'est pas une région qui est
développable, à développement pour les prochaines
années au Québec et nous devons entreprendre un mouvement de
fermeture de cette région qui fournit des ressources naturelles à
l'ensemble des autres régions du Québec. Et surtout, le jugement
qu'on y portait, c'était de dire: Cette région ne peut finalement
pas, comme région nordique du Québec, être une
région d'agriculture, une région de production agricole.
On a eu des mouvements de populations au tournant des années
soixante-dix et, finalement, au bout d'une année, les
célèbres Côté et Duvieusart ont été
obligés de rentrer chez eux avec leur petit baluchon parce que ces
gens-là sont déterminés à continuer à
articuler le développement sur leur territoire et que leurs
ancêtres ne sont pas montés dans une région comme
l'Abitibi-Témiscamingue pour se faire dire, 25, 30 ou 40 ans plus tard:
Eh bien, on s'était trompé; ce que vous avez aimé, ce que
vous avez défriché, ce que vous avez bâti, ce que vous avez
développé dans chacune de vos communautés, eh bien,
aujourd'hui, on fait table rase de cela. C'est ça dont les gens ont
l'impression actuellement, avec le projet de réforme qui est devant eux,
c'est qu'on veut faire indirectement
ce qu'on n'a pas été capables de faire directement. Quand
vous rencontrez ces gens-là et qu'ils vous disent: M. le
député, comment pensez-vous qu'on va prendre soin, nous autres,
de façon intéressante et que ça va devenir un
élément d'attraction, qu'on va avoir des facteurs d'attraction
dans notre municipalité, quand on aura à entretenir un
réseau qui, M. le Président, par rapport à l'ensemble du
réseau routier rural au Québec, est le plus
détérioré de toutes les régions du Québec?
En moyenne, 52 % du réseau rural du Québec a fait l'objet
d'interventions au cours des 25 dernières années et, dans la
région de l'Abitibi-Témiscamingue... Et ça, ce n'est pas
votre humble serviteur qui fait la description des statistiques, c'est le
rapport Middlemiss, au moment où le ministre actuel de la Santé
et des Services sociaux avait commandé une série de rapports sur
l'état du réseau routier québécois et de ce qu'il
faudrait mettre en plan pour en assurer la rénovation et avoir une
qualité de vie, au niveau des axes de circulation, qui soit
intéressante à travers tout le Québec. Eh bien, les
statistiques, c'est que, dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, seulement 11 % de tout le réseau routier
rural a fait l'objet d'interventions au cours des 58 dernières
années.
Quand on regarde l'état des communautés rurales, ça
veut dire que ce sont encore des routes de colonisation et qu'il n'y a pas eu
d'intervention majeure sur ce réseau-là. Ce qu'on leur dit en
1991, c'est: Nous, on a eu de l'imprévoyance, parce que, finalement,
ça ne nous fatigue pas bien, bien, l'Abitibi-Témiscamingue; ce
n'est quand même, au total, que 2,8 % de la population et, de toute
façon, le monde rural et les régions du Québec, ça
ne nous intéresse pas. La manifestation de notre
désintérêt pour ces régions, c'est que tout ce qui
peut nous causer des problèmes, tout ce qui nous amènerait
à travailler, à intervenir au niveau de la répartition,
ça, ça ne nous intéresse pas. (22 heures)
On est un gouvernement centralisateur. Les régions, on n'a pas de
préoccupation pour cela et, si vous voulez assurer votre
pérennité, si vous voulez continuer à assurer votre vie ou
plutôt votre survie, eh bien occupez-vous-en donc vous-mêmes;
voilà le petit, la bassine, puis l'eau, et organisez-vous avec ce que
vous aurez comme moyens du bord. Il faut les énumérer et je vais
vous énumérer, je vais vous lire, M. le ministre, ce que chacun
des maires a dit, ce que chacun des maires des deux municipalités
régionales de comté, du comté de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue à la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, a déclaré au sujet de ce projet
de transfert de taxes du gouvernement libéral vers les
municipalités, vers les citoyens et les citoyennes.
Quant à la MRC de Rouyn-Noranda, la MRC place comme indication,
au départ, que les petites municipalités en ont ras le bol. Bien,
ça veut dire que pour une petite municipalité de 400 habitants
comme Arntfield, on vient d'imposer 28 000 $ de plus de taxes à ses
citoyens; à Beaudry, ça veut dire 44 000 $ de plus; dans le
village de Bellecombe, 35 000 $; Cadillac, 44 000 $; Cléricy, 26 000 $
de taxes supplémentaires; à D'Alembert, 22 000 $
supplémentaires; Destor, 34 000 $ supplémentaires; la
municipalité d'Evain, 196 000 $ supplémentaires; Granada, 122 000
$ supplémentaires; Lac-Dufault, 15 000 $ supplémentaires; une
municipalité comme McWatters, qui suffit à peine à suffire
au réseau public qu'elle s'est donné, au cours des
dernières années, pour satisfaire aux normes, 39 000 $ de plus;
Mont-Brun, 22 000 $; Rollet, 13 000 $; la ville de Rouyn-Noranda, 434 000 $. On
vient de dire 1 300 000 $ de charges de plus pour ces municipalités.
Et là, je pourrais me faire l'interprète des maires de la
municipalité, mais je vais vous lire ce qu'ils ont
déclaré. Il y a des "brackets" partout. Partout, partout. Ce
n'est pas le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue qui
parle. Il y a des parenthèses. Le préfet de la
municipalité régionale de comté de Rouyn-Noranda dit que,
finalement, on veut faire payer aux petites municipalités la mauvaise
gestion du gouvernement. Ah! Bien, écoutez, il est quand même
juste préfet, il ne représente que 21 municipalités qui
n'ont passé qu'un nombre incalculable d'heures à évaluer,
à regarder, à analyser et à constater la situation du
monde rural. Voilà ce que le maire d'Evain et préfet de la MRC de
Rouyn-Noranda déclare.
Le maire de la petite municipalité de Rollet, lui, pense qu'on
veut fermer nos petits villages. C'est ça, le sentiment qu'il vit. On ne
pourra pas lui enlever ça de ses tripes. C'est ça qu'il vit. Il
regarde ce que ça va lui coûter de plus. Lui, il a perdu son
école au cours des trois dernières années. Lui, il a perdu
également la possibilité de garder la petite entreprise de bois
de sciage qu'il y avait dans sa municipalité. Maintenant, il va dire
à ses gens du côté de Rollet: 15 000 $ de plus, s'il vous
plaît, en taxes l'an prochain, pas de services de plus. C'est parce qu'on
m'a transféré des factures. Il pense qu'on va fermer les petits
villages.
Le maire de Granada, lui, dit qu'on est en train de monter une
véritable révolte des contribuables municipaux. C'est ce que le
maire déclare à ses concitoyens et à ses concitoyennes. Le
maire de la municipalité de McWatters, lui, dit que, dans le fond, on
veut fermer toutes les routes rurales, les rangs de nos municipalités
rurales, parce qu'il sait qu'il ne sera pas capable d'entretenir les 38
kilomètres de routes rurales qu'il a et que les producteurs agricoles
qu'il y a encore dans sa paroisse, il va falloir qu'il les taxe pour leur
donner une voie de circulation qui soit potable parce qu'il pense qu'en
étant producteurs ou productrices agricoles dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue on a droit à
des conditions de vie qui soient aussi raisonnables qu'ailleurs au
Québec.
Et le maire de Montbeillard, lui, dit qu'il pense qu'on veut
étouffer les propriétaires en milieu rural et le maire de
Mont-Brun, Réjean Rodrigue, que le gouvernement libéral et M.
Ryan ne pensent qu'à taxer les plus pauvres. Mais, évidemment, ce
monde-là, c'est tout du monde qui pense tout croche, là. C'est du
monde qui n'aurait pas compris. C'est tout du monde qui n'aurait pas compris le
sens de la réforme ou du projet de transfert de factures. Ces
gens-là doivent refléter un peu ce que leur population pense.
Je répète, je cite ce que ces maires ont
déclaré. Mme la mairesse de Beaudry, elle, dit: II faut avoir
perdu la tête pour taxer comme ce gouvernement. Parce qu'elle, elle a lu
aussi, elle a regardé, depuis deux ans, même si ça lui
paraît une éternité, que ce gouvernement est en place, et
elle n'en finit plus d'énumérer la litanie de taxes nouvelles qui
est tombée sur sa tête et sur celle des contribuables de sa
municipalité. Puis le maire de Arntfield, qui n'est pas
particulièrement un sympathisant péquiste, pas
particulièrement un sympathisant péquiste pour les gens du
milieu, dit, lui, que les contribuables municipaux en ont déjà
assez. Ils en ont déjà assez au niveau des responsabilités
et des charges fiscales qu'on leur impose. Et le maire de Lac-Dufault dit que
c'est un coup de force inacceptable pour les payeurs de taxes.
Et finalement, le maire de Cléricy, une petite communauté
rurale de 500 habitants, dit que, lui, il ne sait plus où les gens de
Cléricy prendront leur argent pour payer ces nouvelles taxes. Quand on
s'en va à l'autre bout du comté, qu'on s'en va dans la
région du Témiscamingue et que là, il y a encore 17
municipalités qui vont se faire attraper pour 800 000 $ au total dans la
réforme, ah! comme dirait le député de Mille-Îles,
800 000 $, 17 paroisses du Témiscamingue, je pense que, finalement, on
devrait peut-être fermer tout ça. On devrait peut-être
fermer tout ça et tout ramener ça à la ville de Laval ou
tout ramener ça à Montréal. Ce serait encore plus
simple.
Parce que ce gouvernement n'a aucune préoccupation au niveau de
l'occupation du territoire. Il n'a aucune préoccupation au niveau des
régions du Québec. Quand il s'agit de faire payer les factures,
il transfère ça, comme dans le projet 145, aux
municipalités, et c'est pour ça que le préfet
représentant les 17 municipalités du Témiscamingue se fait
leur porte-parole et il dit: Pour nous, un nouveau partage des
responsabilités signifie la possibilité d'agir ensemble. Pour le
développement socio-économique de nos communautés et la
création d'emplois, nous n'avons reçu que des factures.
C'est quelqu'un qui est prêt, en concertation avec les autres
niveaux de gouvernement, à faire sa part, à travailler, à
articuler le dévelop- pement en région, à faire en sorte
que les gens qui vivent sur le territoire non seulement subsistent, mais vivent
sur ce territoire. Il dit: Tout ce qu'on a reçu, tout ce qu'on a
conscience d'avoir reçu du gouvernement actuel, c'est que nous n'avons
reçu que des factures. Ça, c'est le préfet Ronald
Lafrenière, le maire de Laver-lochère et le préfet de la
MRC du Témiscamingue.
Or, probablement que les 38 se sont trompés. Il y a seulement les
gens d'en face qui pensent avoir raison et les 38 maires des 2 MRC du
territoire du comté Rouyn-Noranda-Témis-camingue sont aussi bien
d'aller se rhabiller. Dans le fond, ils ne perçoivent pas le discours
juste, clair, du gouvernement actuel et c'est lui qui a raison, ce
gouvernement. C'est tout le monde qui a tort. C'est tout le monde qui a tort.
Écoutez, quand on a la moindre préoccupation de l'occupation de
notre territoire national, quand on a la préoccupation des petites
communautés rurales, oui, ça prend du temps. Oui, il faut
être attentif, oui, il faut aborder des mécanismes particuliers,
oui, il ne faut pas adopter de solution mur à mur qui s'applique autant
à la municipalité de Témiscamingue-Sud qu'à la
municipalité de Rouyn-Noranda ou la petite communauté de
Destor.
Non, là, on va avoir des mesures qui vont s'appliquer partout
dans ce territoire de MRC. Quand c'est les maires qui nous disent, comme
représentants de leur population locale: "Nous, on pense, finalement,
que ce gouvernement a fait son deuil des régions rurales", moi, je leur
réponds toujours: Mais vous aurez une occasion prochaine de faire votre
deuil de ce gouvernement et s'il continue à vouloir adopter cette
attitude, eh bien, nous assisterons au service funèbre. Et c'est les
maires des municipalités qui parlent et qui le disent. Ce sera bien
chacun son tour à quelque part, puisqu'on n'accepte pas de ne plus
être une communauté vivante, une communauté qui veut
continuer à se développer, une communauté qui veut
continuer à exister et contribuer aussi au développement
économique et social du Québec. C'est pourquoi nous allons, bien
sûr, être contre, au nom de ces municipalités, le principe
de ce projet de loi, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Et sur cette
même proposition, l'adoption du principe du projet de loi 145, je
reconnais maintenant M. le député de Duplessis. M. le
député, la parole est à vous. (22 h 10)
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. S'il y a une chose qui
est remarquable en cette Chambre, c'est de voir que le premier ministre du
Québec,
lorsqu'il veut faire un travail, faire faire un travail de bras sur le
terrain du Québec, sur le terrain régional, c'est qu'il demande
toujours au député d'Argenteuil. On a vu cette chose se
révéler en 1989, lorsque le premier ministre a
décidé de modifier toute la fiscalité scolaire, en se
servant du député d'Argenteuil qui était alors ministre de
l'Éducation. Comme le premier ministre du Québec avait bel et
bien l'intention avec, en tête, le ministre des Finances, avec, en
tête, même le ministre actuel des Affaires municipales, de modifier
substantiellement ce qui se passait au niveau de la fiscalité
municipale, encore là, le premier ministre du Québec a
décidé de mettre en place le député d'Argenteuil
pour que ce dernier continue à faire la job de bras qu'il avait
commencée en 1989 et qu'il avait terminée, au niveau scolaire, en
1990.
M. le Président, je trouve déplorable qu'on se serve d'une
personne en particulier pour non seulement discréditer les
municipalités, mais aussi discréditer l'ensemble des
résidents et des résidentes du Québec qui paient des
taxes, qui paient des taxes foncières. Qu'on se rappelle qu'en 1979, et
ce, en particulier depuis 1979 jusqu'à l'an dernier, au printemps
dernier en particulier, la paix régnait entre le gouvernement du
Québec et les municipalités du Québec. La paix
régnait entre le gouvernement du Québec, l'Union des
municipalités régionales de comté et l'Union des
municipalités du Québec. Il y avait des consultations qui
étaient faites, et ce, régulièrement et de façon
concrète entre le gouvernement du Québec et les unions
concernées, dans le but de rendre des décisions gouvernementales
qui étaient conformes aux besoins du milieu et qui étaient
conformes aussi aux ententes qui étaient conclues entre Québec et
les municipalités.
Tout à coup, on voit un nouveau ministre des Affaires municipales
qui nous arrive et Québec décide de faire les choses sans
consulter. Le 6 novembre 1989, qu'on se rappelle qu'il y avait un mandat qui
avait déjà été donné à l'ancien
ministre des Affaires municipales, le député de
Maskinongé, de revoir l'ensemble de la fiscalité municipale;
ça, ce n'était pas connu, ça a été connu
seulement quatre mois plus tard. Qu'on se rappelle aussi que tout ça a
été connu le 6 mars 1990, lorsqu'il y a eu une annonce qui a
été faite par le gouvernement du Parti libéral concernant
le réajustement de l'impôt foncier au niveau scolaire. Le
résultat, à ce moment-là, était de l'ordre de 75
000 000 $ qui étaient grugés, dans le domaine de la
fiscalité, aux municipalités, par le biais de l'impôt
foncier.
Mais, tout à coup, en 1990, au printemps, on se rend compte, dans
les crédits, que ce n'est plus un montant de 75 000 000 $ qui est
grugé par le ministre de l'Éducation du temps - l'actuel ministre
des Affaires municipales - mais bel et bien 320 000 000 $. Les 320 000 000 $
qui étaient remis, sous la responsabilité des commis- sions
scolaires, ont fait quoi? Ils ont empêché les
municipalités, au niveau local et au niveau régional, comme les
MRC, par exemple, d'aller imposer, au niveau local et au niveau
régional, pour faire avancer les choses au niveau des services et au
niveau des dossiers.
Le résultat de tout ça, c'est que ça a eu une
hausse moyenne, dans le temps, de 140 000 $ pour l'ensemble des
Québécois et des Québécoises qui paient des taxes
scolaires. Dans le temps, c'était déjà grave. Il y a des
résidents et des résidentes des régions du Québec
et, très souvent, des régions extrêmement pauvres ou encore
des sous-régions extrêmement pauvres, qui ont dû payer la
note, tout comme les régions et certains endroits, certaines villes qui
paient la note aujourd'hui, même si ces endroits-là sont riches.
Mais tous les résidents et toutes les résidentes qui paient des
taxes au niveau local se trouvent à payer pour les désengagements
du gouvernement libéral.
Aujourd'hui, on se rend compte que nous avons en face de nous la loi 145
qui modifie substantiellement la fiscalité municipale. En ce qui me
concerne, c'est encore le même ministre qui revient à la charge,
mais sous un autre chapeau, et qui impose aux municipalités les vues de
son propre gouvernement libéral. En somme, c'est une autre bebite
libérale qui s'abat sur ces concitoyens et concitoyennes de nos
régions et de nos localités du Québec.
En ce qui me concerne, M. le Président, c'est de
l'irresponsabilité politique que d'agir en ce sens, faisant fi des
élus municipaux et prenant des mesures qui font en sorte que les
services locaux, régionaux et sous-régionaux écopent.
Qu'on parle du transport en commun, qu'on parle de la voirie locale, qu'on
parle de la police, qu'on parle des "en-lieu" de taxes qui vont être
réduits, contrairement à ce qui avait été
décidé en 1979 et continué d'être appliqué en
1983... En parlant des "en lieu" de taxes, qu'on se rappelle que ce
gouvernement n'a jamais pris la décision de hausser à plus de 50
% les "en lieu" de taxes, c'est-à-dire les taxes foncières qui
étaient payées pour les institutions appartenant au gouvernement
du Québec, comme les écoles, etc. Ce gouvernement n'a jamais
bougé à la hausse, mais, tout à coup, il nous arrive, tout
dernièrement, et dit: Ah! Au lieu de 50 %, ça va être 25 %,
et, dans des cas, c'est zéro. Alors, vous comprenez très bien que
les services devant être donnés au niveau des localités et
au niveau des régions, encore là, ce sont les résidents et
les résidentes payeurs et payeuses de taxes, au niveau local, qui
doivent supporter les décisions du gouvernement libéral.
là, on en rajoute dans le cadre de cette réforme fiscale des
municipalités: la révision de la taxe d'affaires, les droits sur
les divertissements - grosse modification - les droits sur les mutations
immobilières, la question concernant la fiscalité industrielle.
tout ce qu'on peut
dire de ce gouvernement, c'est: des taxes, des taxes et encore des
taxes. On sait très bien que. lorsque ce gouvernement déclare
qu'il n'impose pas au niveau de l'impôt sur le revenu, il se sert de tous
les mécanismes concernés qui sont à sa disposition pour
faire justement de la taxation au niveau local parce qu'il se dit: Si on
impose, si on taxe au niveau local et au niveau régional, ça va
peut-être paraître moins. Lorsqu'on arrive et qu'on impose, on
touche l'ensemble des concitoyens et concitoyennes du Québec au niveau
de leurs propres revenus. Mais là, on le fait de façon indirecte.
Ce qu'il y a de pire encore, c'est que le gouvernement, au lieu de le faire
lui-même, il le fait faire non seulement par les commissions scolaires,
mais il le fait faire aussi par les municipalités qui ont l'odieux et
qui auront l'odieux, soit de diminuer les services, soit d'abolir les services,
soit d'augmenter la taxe foncière municipale si les populations veulent
maintenir les services qu'elles ont.
Ça commence à être grave, M. le Président, de
voir ce gouvernement faire du tripotage systématique au niveau des
revenus des municipalités du Québec, comme il l'a fait,
d'ailleurs, il y a un an et demi passé, au niveau des commissions
scolaires elles-mêmes. Ça commence à être grave. Je
crois, tout comme d'autres personnes, en particulier dans le comté de
Duplessis... J'invite le ministre des Affaires municipales à aller
rencontrer les maires des municipalités du comté de Duplessis. Il
va se rendre compte qu'il n'y a pas un maire qui est d'accord avec la
réforme de la fiscalité qu'il est en train de faire. Il n'y a pas
un conseiller municipal, actuellement, dans l'ensemble des municipalités
du comté de Duplessis, qui est d'accord avec la façon et avec
l'odieux qui est imposé par l'actuel ministre des Affaires municipales
au nom de son gouvernement. Il n'y en a pas, je n'en ai pas rencontré.
Dieu sait combien j'en rencontre dans le comté de Duplessis! Il n'y en a
pas qui sont d'accord, de ces gens-là qui sont d'accord avec la
réforme qu'il est en train d'imposer.
Tout ça pour vous dire, M. le Président, qu'encore une
fois le gouvernement, au lieu de prendre des responsabilités de
façon correcte, en expliquant bien la situation et en faisant
lui-même le travail qui s'impose, se vire de bord, il s'en va taxer - en
le faisant faire par personnes interposées, en plus - les
résidents et les résidentes qui paient des taxes foncières
au niveau local. Il s'en va les taxer en se servant des maires et des
conseillers municipaux. C'est ça qui est grave dans cette
situation-là. De plus, il le fait sans consultation ni avec l'Union des
municipalités du Québec, ni avec l'Union des municipalités
régionales de comté.
Donc, ce gouvernement, il impose ses vues. Ce gouvernement bafoue
complètement les règles démocratiques qui, normalement,
existent entre le Québec et l'ensemble des municipalités du
Québec Ce gouvernement se sert de certaines décisions qu'il
prend, d'une bonne partie de la mauvaise administration qu'il fait pour aller
pelleter dans la cour des contribuables locaux, c'est-à-dire des
concitoyens et des concitoyennes de chacune des municipalités du
Québec, de chacune des localités du Québec pour aller
pelleter ses problèmes financiers. On se doit de regarder attentivement
l'évolution des dépenses gouvernementales qui ont
été faites au cours des trois ou quatre dernières
années. Au cours des prochains mois, il y a des citoyens et des
citoyennes du Québec qui vont se rendre compte que, malgré le
fait que ce gouvernement annonce, à grand renfort de publicité,
qu'il est un bon gouvernement, moi, je doute fortement de tout ça. La
preuve va en être faite et ce, très prochainement, au cours des
prochains mois. (20 h 20)
M. le Président, lorsqu'on regarde la façon d'agir de ce
gouvernement au niveau des commissions scolaires et au niveau des
municipalités, il faut rappeler aussi que ce gouvernement se sert
même du fédéral pour aller surtaxer les résidents et
les résidentes du Québec. Qu'on se rappelle l'entente qui a
été signée entre le ministre des Finances du Québec
et celui du fédéral concernant la TPS. Qu'on se rappelle qu'en
même temps, à la même période, ce gouvernement est
allé aussi loin que taxer la TPS fédérale pour en arriver
à avoir une taxe sur la taxe. Quand on va acheter des produits,
aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe? C'est que les produits sont taxés
par le fédéral à 7 % et le gouvernement du Québec y
va à 8 %, mais il y va à 8 % sur le prix de la marchandise plus
les 7 %, ce qui fait un revenu de taxation de l'ordre de 15,56 %. Ça,
ça commence à être grave aussi, M. le Président. Il
y a des concitoyens et des concitoyennes de l'ensemble du territoire
québécois qui commencent à réaliser que ce
gouvernement est un gouvernement qui ne gère qu'à la petite
semaine, un gouvernement qui prend des décisions qui favorisent surtout
le système que lui-même veut établir et un gouvernement qui
fait en sorte d'oublier complètement les régions du
Québec, en particulier, les petites municipalités.
M. le Président, pour l'information des membres de cette Chambre,
regardez un endroit, un village où le gouvernement libéral qui
est en face de nous a contribué à fermer une usine de
transformation des produits de la mer: Rivière-au-Tonnerre, plus de 150
emplois perdus. Aujourd'hui, au moment où on se parle, il y a 90 % de la
population de Rivière-au-Tonnerre, plus de 300 familles, sur l'aide
sociale ou l'assurance-chôma-ge. Lorsqu'on regarde le village d'à
côté, Magpie, 96 % des gens ne travaillent pas, sont sur l'aide
sociale en particulier. Le village de Rivière-Saint-Jean à
côté de celui de Magpie, 85 % des gens ne travaillent pas, sont
sur l'aide sociale. Lorsqu'on voit ces municipalités-là venir se
faire imposer par une décision gouvernementale, comme
dans le cas de Rivière-au-Tonnerre, des ajouts, des taxes
additionnelles de l'ordre de 28 000 $, dans le cas de
Rivière-au-Tonnerre, pour payer la police, pour payer des "en lieu" de
taxes que le gouvernement se refuse de payer, on doit se poser de
sérieuses questions face à l'attitude de ce gouvernement.
Nous, dans nos coins de pays, on a raison de dire que ce gouvernement
s'occupe beaucoup plus des riches qu'il ne s'occupe des pauvres. C'est ce qui
fait que, dans nos régions du Québec, en particulier aux endroits
éloignés et aux endroits isolés, comme dans le
comté de Duplessis, comme dans l'Ungava, comme c'est le cas en
Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent, comme c'est aussi le cas en
Abitibi-Témiscamin-gue, on se rend compte que le gouvernement est en
train de littéralement bousiller l'ensemble de l'économie locale
et l'ensemble de l'économie régionale. Depuis le début de
la présence de ce gouvernement comme titulaire du Québec, depuis
le 2 décembre 1985, les régions en prennent pour une claque.
Ça, vous le savez. Les régions en prennent pour une claque.
M. le Président, je vois la députée de
Mégantic-Compton qui, depuis que mon collègue de Rouyn-Noranda a
parlé et depuis que je parle, passe son temps à chialer. Qu'elle
aille donc à son siège, puis qu'elle aille donc dire ce qui se
passe dans les municipalités de Mégantic-Compton. Qu'elle aille
donc dire ce qui se passe dans ses municipalités, dans son propre
comté de Mégantic-Compton. Qu'elle soit réaliste, qu'elle
soit honnête et qu'elle aille directement dire ce qui se passe. Puis,
quelles sont les opinions des maires de ses municipalités? Les
libéraux dans cette Chambre sont trop gênés pour se lever
puis donner les informations quant aux répercussions que ça donne
au niveau de chacune de leurs municipalités, de chacune de leurs
localités. C'est pour ça qu'on est à peu près les
seuls à intervenir, l'Opposition, c'est parce qu'ils sont trop
gênés pour se lever debout. Ils sont trop gênés pour
donner l'heure juste des résidents et des résidentes qui paient
des taxes dans les municipalités, qui paient des taxes au niveau des
commissions scolaires. Ils sont bien trop gênés. Ils laissent
passer ça puis ils essaient de faire en sorte que ça passe comme
du beurre dans la poêle, pour donner raison au ministre des Affaires
municipales, pour empêcher qu'il ne soit trop dénigré, au
moins, par son propre parti et par les propres membres de son parti.
M. le Président, moi, je regrette, mais si ces gens-là
veulent faire le jeu de l'autruche, si ces gens-là veulent faire le jeu
de ne pas défendre les intérêts de leurs concitoyens et de
leurs concitoyennes de l'ensemble du Québec, si ces gens-là
veulent continuer à faire ce qu'ils font depuis certainement deux ans,
un minimum de deux ans, pour cacher un paquet de choses aux résidents et
aux résidentes des localités puis des municipalités, puis,
à un moment donné, arriver avec le couteau, avec la massue puis
leur sacrer ça sur la tête, puis leur dire: Dorénavant,
c'est comme ça que ça marche, nous, on ne paie plus; c'est vous
autres qui allez payer...
Tout ça pour vous dire, M. le Président, que si on
continue d'agir de cette façon-là l'ensemble de l'économie
régionale et l'ensemble de l'économie locale de beaucoup de
municipalités du Québec vont en prendre pour un coup. Et il y a
des citoyens et des citoyennes qui, aujourd'hui, paient des taxes
foncières municipales et des taxes foncières scolaires qu'ils
n'auront plus le moyen de payer. Vous allez voir, au cours des prochains mois
et des prochains deux ou trois ans, les faillites et, vous autres, vous aurez
été les responsables de tout ça, parce que les gens ne
pourront pas payer des services que vous leur imposez. Les gens ne pourront pas
payer pour faire la différence entre les subventions qui étaient
d'ordre gouvernemental mais qui ne seront plus là et où ce sont
les locaux, encore une fois, qui prendront les responsabilités, qui
devront prendre la relève. il y a tout de même des limites, m. le
président, à voir nos régions se faire déboussoler,
se faire désorienter au niveau économique et ce, de toutes les
façons possibles par un gouvernement qui se fout éperdument de ce
qui se passe dans les petits centres et dans les régions du
québec et, en particulier, dans des régions isolées et
éloignées. vous irez voir les quelques municipalités de la
basse-côte-nord du golfe saint-laurent entre kégaska et
blanc-sablon qui sont complètement isolées du territoire
québécois; aucune route, seul le transport maritime durant
l'été, le printemps et l'automne; l'hiver, l'été et
le reste de l'année, c'est vrai, le transport aérien, mais
à quel coût, m. le président? vous irez voir ces
pêcheurs, parce qu'il y a à peu près 80 % de la population
qui vit de la pêche qui, depuis la présence de ce
gouvernement-là, en passant, encore une fois, où on voit plus de
2000 emplois perdus dans les usines du québec depuis maintenant plus de
cinq ans... près de 2000 emplois perdus au niveau des pêcheurs
eux-mêmes et des aide-pêcheurs depuis les cinq ans de
présence de ce gouvernement-là. mais quand vous arrivez dans une
municipalité, que ce soit kégaska ou la tabatière qui vit
seulement de pêcheries, où les gens devront payer des taxes que
vous leur imposez vous autres mêmes et qui sont sur
l'assurance-chômage au moment où on se parle parce qu'il n'ont pas
commencé à pêcher et qui vont être sur l'aide sociale
au cours de l'automne et peut-être avant l'automne, vous irez leur
demander de payer des taxes foncières et des taxes sur les égouts
et les aqueducs, vous irez leur demandez ça. vous leur demandrez aussi
qui a pris la décision d'en arriver là. vous leur demanderez
aussi de quelle façon vous allez régler leurs problèmes au
niveau local, parce que ces gens-là ne seront pas capables de rencontrer
les responsabilités qui
leur sont imposées par un gouvernement libéral, incapables
de passer à travers. Ces gens-là vont perdre leur maison et je ne
suis pas sûr que le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue n'avait pas raison tout à l'heure
lorsqu'il parlait du fait que votre gouvernement avait l'intention de fermer
certains villages, surtout des petits villages de certains territoires
québécois. Je ne suis pas sûr qu'en arrière de votre
tête vous ne voulez pas faire ce que vous avez fait sur la côte
sud, avec Dignité 1, Dignité 2 et Dignité 3,
rappelez-vous-en.
J'ai l'impression, tout comme le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, qu'il est possible qu'en arrière de
votre tête, sans le dire à personne, vous ayez peut-être des
intentions d'aller fermer certains villages, surtout des villages qui sont
isolés et qui coûtent en quelque sorte des sous au gouvernement du
Québec parce qu'il y a des services de transport qui sont
désuets, parce qu'il y a des services routiers qui n'existent pas et
où le gouvernement devra, éventuellement, faire en sorte de
débourser les fonds nécessaires pour régler les
problèmes de ces localités et des personnes qui y
résident.
M. le Président, je voudrais conclure en disant que c'est avec
plaisir que je voterai contre ce projet de loi. Et si je le fais, je ne le fais
pas en mon nom personnel, mais je le fais au nom de l'ensemble des citoyens et
des citoyennes du comté de Duplessis, n'en déplaise à
n'importe quel député libéral de cette l'Assemblée
nationale. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Duplessis. Nous sommes toujours sur la motion de
l'adoption du principe du projet de loi 145, et je reconnais Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière. Mme la
députée.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président.
Effectivement, nous en sommes à l'adoption du principe du projet de loi
145, le projet de loi qui modifie diverses dispositions législatives
concernant les finances municipales. C'est effectivement le projet de loi qui
vient concrétiser le projet déposé par le ministre, le 14
décembre dernier, intitulé "Partage des responsabilités
Québec-municipalités: vers un nouvel équilibre", ce qu'on
appelle communément aujourd'hui un peu partout, la réforme Ryan,
M. le Président. C'était un beau titre, "Vers un nouvel
équilibre". Cependant, quand on regarde le projet de loi et quand on
regarde la façon dont c'est fait, on peut se poser beaucoup de questions
sur cet équilibre justement dont il est question. (22 h 30)
J'ai entendu de mes collègues et, tout à l'heure, je
l'entendais encore, plusieurs disent que le ministre des Affaires municipales
est vraiment choyé par son premier ministre quand il s'agit de faire des
jobs de bras, entre guillemets, quand il s'agit de faire le sale boulot comme
on dit, de refiler la facture tant au niveau des commissions scolaires - on a
vu l'an dernier, M. le Président - que ce qu'on voit cette année
au niveau des municipalités. Or, j'ai entendu plusieurs personnes dire
qu'au fond c'est dommage, le pauvre député d'Argenteuil, le
pauvre ministre des Affaires municipales, en quelque sorte fait pitié,
M. le Président.
Eh bien, je suis contente de voir qu'il y a des gens qui peuvent avoir
autant de pitié si l'on veut pour le ministre, mais personnellement je
regrette de ne pas partager ce sentiment parce que je suis convaincue que le
ministre, le député d'Argenteuil, est un député
senior, un ministre senior, qui a beaucoup d'influence au sein du Conseil des
ministres. Je suis persuadée que, dans les décisions
gouvernementales, le député d'Argenteuil a son mot à dire.
Je suis persuadée qu'il les partage et qu'il influence justement aussi
le Conseil des ministres. Quand je dis ça, M. le Président, ou si
je me permets un jugement pareil sur l'influence possible du
député d'Argenteuil au sein de son parti, au sein de son
gouvernement, c'est que je regarde les événements du dernier
congrès libéral que j'ai suivi. On a vu très clairement,
à ce moment-là, M. le Président, l'influence importante du
député d'Argenteuil, du ministre des Affaires municipales, pas
seulement au Conseil des ministres, mais sur l'ensemble de son parti politique.
Alors, moi, M. le Président, je conviens que le député
d'Argenteuil, le ministre des Affaires municipales fait effectivement le sale
boulot, mais je ne suis pas convaincue qu'il ne partage pas quand même
l'opinion du gouvernement en ce qui a trait à ce genre de projet de
loi.
Le projet de loi 145, c'est un fourre-tout. C'est une série de
mesures qui viennent ouvrir des champs de fiscalité ou des surtaxes, des
possibilités nouvelles aux municipalités d'aller chercher de
l'argent pour pouvoir payer la facture qui leur est refilée par le
gouvernement du Québec. En simple ou en clair, c'est à peu
près ça. Des mesures qui sont disparates, toutes sortes de
mesures un petit peu, quelquefois même, je dirais étonnantes.
C'est ce projet de loi qui permet aux municipalités d'imposer une
surtaxe sur les immeubles non résidentiels, sans pour autant abolir la
taxe d'affaires qui va permettre d'aller chercher plus d'argent chez les gens
d'affaires dans les municipalités.
Ce projet de loi instaure aussi une contribution des automobilistes au
transport en commun, un montant de 30 $, une contribution qui sera
perçue, évidemment, par la Société de l'assurance
automobile à compter du 1er janvier auprès de ceux qui ont des
voitures et qui ont à payer des droits d'immatriculation dont l'adresse
est comprise dans la liste des villes qui est elle aussi en annexe du projet de
loi. 194 municipalités au Québec, rien de moins, se voient
ainsi,
pour les propriétaires de voitures, charger 30 $
supplémentaires pour combler les déficits ou les problèmes
des sociétés de transport en commun. 194 municipalités qui
totalisent 70 % de la population québécoise. Donc, la grosse
majorité de la population québécoise, propriétaire
de voitures aura à débourser 30 $ supplémentaires.
Moi, personnellement, je trouve ça assez surprenant de voir ce
genre de mesure là qui nous arrive dans ce projet de loi, quand je
pense, entre autres, à l'an dernier, au siphon-nage, bon, à la
Régie de l'assurance automobile qui est devenue la Société
de l'assurance automobile par le même fait, et on a vu que le
gouvernement s'est empressé, durant l'été, d'augmenter les
permis, les enregistrements, pour avoir plus de fonds, effectivement au niveau
de la Régie. Au mois d'avril dernier, lors du dépôt du
budget, le ministre des Finances était très heureux, M. le
Président, de nous annoncer et d'annoncer aux contribuables - et je me
souviens que dans cette Chambre les députés libéraux, les
députés ministériels ont beaucoup applaudi la mesure, ont
trouvé ça très intéressant, une très bonne
mesure et le ministre était très content de l'annoncer - il nous
disait que les contribuables québécois paieraient 14 $ de moins
cette année.
Là on était au mois d'avril, M. le Président, au
mois d'avril. Alors les gens ont dit: Bon, bien, ça va nous coûter
14 $ de moins. Et quelques semaines plus tard on dépose un projet de
loi, projet de loi qu'on a en face de nous présentement, qui vient
chercher... une augmentation de 30 $ chez 70 % de la population
québécoise. On va augmenter ces frais-là, on va chercher
30 $ de contribution, récupérée, encore une fois, par la
Régie pour mettre dans le transport en commun. C'est assez
compliqué comme tricotage là et ça démontre une...
En tout cas, moi, dans mon esprit, ça démontre une certaine
improvisation. On augmente, on coupe et on réaugmente les frais. En tout
cas, disons qu'à tout le moins c'est assez étonnant, et il n'y a
pas eu comme une grosse réflexion à ce sujet-là parce
qu'il me semble que c'aurait été plus simple d'oublier ces 14 $
au mois d'avril plutôt que de faire des affaires comme ça aux
contribuables du Québec.
Dans ce projet de loi, comme je vous le disais tout à l'heure, on
donne des moyens aux municipalités d'aller chercher l'argent que le
gouvernement n'a pas eu le courage d'aller chercher lui-même pour payer
les factures que le gouvernement, lui, par exemple, refile. On parle des
routes. Il y a eu des choses, il y a eu des aménagements qui ont
été faits, bien sûr, pour les transferts des routes parce
qu'on sait que les routes au Québec, gros problème, ont
été négligées et, maintenant, on voudrait
transférer aux municipalités une grande partie,
évidemment, de ces routes-là qui ont été
négligées. Là, il y a eu des accommodements de faits; on a
décidé de couper un peu la facture, mais il en reste encore pour
un bon montant et ces routes-là sont toujours en aussi piteux
état.
C'est un projet de loi qui permet aussi au gouvernement d'aller chercher
de l'argent. Comme je vous le disais, on transfère des factures, alors
on va chercher de l'argent par là aussi. On va chercher de l'argent au
niveau des services policiers. On va faire payer les municipalités qui
ont au-delà de 3000 de population. On va aussi couper des "en lieu" de
taxes. Les écoles du Québec, il y en a partout, dans à peu
près toutes les municipalités. On sait qu'avant, on donnait un
montant et on coupe de moitié ce montant-là et c'est très
clair, le projet de loi fait en sorte que les compensations tenant lieu de
taxes payées par le gouvernement à l'égard des
écoles primaires et secondaires soient, à compter du 1er janvier
1992, calculées en fonction de 25 % du taux global de taxation de la
municipalité plutôt que 50 % de ce taux. Donc, coupure. On coupe
en deux les revenus des municipalités dans ces revenus-là qui
sont déboursés par le gouvernement. Gain net, encore une fois, du
gouvernement.
On parle aussi des raffineries et là, au niveau des raffineries,
on dit très clairement: Le projet de loi précise quels immeubles
des raffineries de pétrole doivent être portés au
rôle d'évaluation et quelle est la valeur imposable de telles
raffineries. Des raffineries, M. le Président, au Québec, il n'y
en a pas dans toutes les municipalités. Il y en a, je dirais même,
dans très peu de municipalités. Cependant, dans le comté
que je représente à l'Assemblée nationale, dans une ville
qui est maintenant, en tout cas, qui a pris pas mal de place au niveau de
l'opinion dans les derniers temps, je parle de Saint-Romuald, il y a une
raffinerie. Je recevais justement une lettre de la municipalité de
Saint-Romuald dénonçant justement ce fait-là. C'est un
tout petit article. On vient jouer dans un article, l'article 65.1 et, dans cet
article-là, la municipalité que je représente, la
municipalité de Saint-Romuald, s'adressait au ministre, a demandé
même d'être rencontrée, a fait des représentations
auprès de l'Union des municipalités pour dénoncer le fait,
justement, que cette mesure au niveau des raffineries aurait pour effet de
faire perdre à la ville de Saint-Romuald près de 30 000 000 $, M.
le Président, en évaluation et amènerait à
très court terme une réforme en profondeur de l'article 65,
obligeant le gouvernement à parsemer ici et là des mesures
d'exemption fiscale dans le domaine industriel.
En fait... Et ça continue et, quand même, je pense que la
ville de Saint-Romuald a expliqué très clairement le
problème auquel elle fait face. C'est quand même important, une
perte de 30 000 000 $ au niveau de l'évaluation. Je ne sais pas si... On
pourra sûrement en discuter en commission parce qu'il y a d'autres
municipalités, même si elles ne sont pas nombreuses, qui sont aux
prises avec les mêmes problèmes. (22 h 40)
On dit: "En plus de proposer un nouveau partage fiscal que les
municipalités du Québec ont, jusqu'ici, globalement
rejeté, le ministre des Affaires municipales propose une modification en
profondeur du régime fiscal des raffineries de pétrole, en
traitant non seulement des immeubles qui doivent être portés au
rôle, mais en fixant arbitrairement la valeur imposable des
réservoirs." On peut s'interroger parce que, effectivement, pourquoi les
raffineries de pétrole? Ça semble évident et il semble
aussi évident aux citoyens de Saint-Romuald que si le gouvernement du
Québec permet la réouverture d'un régime de taxation
industrielle en commençant, comme il le fait par ce projet de loi, par
les raffineries, il devra peut-être en faire autant avant longtemps pour
les grands complexes, les autres grands complexes industriels du type
papetières, sidérurgie, aciéries, alumineries et j'en
passe, M. le Président.
Donc, ce petit article-là, tout simple, qui touche les
raffineries, je conviens qu'il ne touche probablement pas l'ensemble de la
population du Québec, mais touche de façon importante les
citoyens de Saint-Romuald.
Quand je parlais tout à l'heure des 194 municipalités,
j'ai regardé, moi aussi, les municipalités qui ont
été touchées. Évidemment, la première chose
qu'on fait, et j'imagine que la majorité des députés dans
cette Chambre ont eu le même réflexe que moi, tout de suite, on va
voir si nos contribuables sont touchés par cette mesure-là. C'est
tout à fait légitime d'aller voir ça. Je me rends compte
que les neuf municipalités du comté des
Chutes-de-la-Chaudière, même s'il n'y a que trois
municipalités qui ont le transport en commun, et je suis
persuadée... J'ai regardé la liste des autres parce que je ne
suis quand même pas si égoïste que ça, j'ai quand
même feuilleté et j'ai regardé la liste assez exhaustive
des municipalités. Je suis persuadée que ces gens-là n'ont
pas de transport en commun, M. le Président. Pour une bonne partie de
ces gens-là, on n'a pas de transport en commun.
Chez nous, dans le comté des Chutes-de-la-Chaudière,
seulement trois municipalités ont le transport en commun: Charny,
Saint-Romuald, Saint-Jean-Chrysostome, par rapport à la
société de transport qui va aller chercher ces fonds-là
par après qui vont lui être transférés, en fait, par
la Régie de l'assurance automobile. Mais les autres municipalités
du comté que je représente, celles qui ont un transport en
commun, ont organisé chez elles un transport en commun privé.
C'est eux autres qui font tourner leur transport en commun et qui
déboursent pour ça. Ce n'est pas une société
subventionnée de transport en commun.
Pourtant, M. le Président, la municipalité de
Bernières qui n'a pas ce transport en commun, la municipalité de
Saint-Nicolas, la municipalité de Saint-Rédempteur qui a un
transport en commun privé comme Saint-Nicolas, la municipalité de
Sainte-Hélène-de-Breakeyville, Saint-Lambert-de-Lauzon qui est la
municipalité qui est en quelque sorte la plus rurale de mon
comté, qui a 3000 habitants et qui devra, elle aussi, débourser
30 $ pour son immatriculation pour servir à combler les écarts au
point de vue des budgets de la compagnie de transport en commun qui est
subventionnée. Chez nous, chez le Réseau Trans-Sud ou la CITRSQ
du côté de la rive nord. Et il y en a seulement huit de toute
façon, c'est très clairement indiqué, qui auront ces
redevances qui sont récoltées par la SAAQ, qui leur seront
remises.
M. le Président, mon collègue de Duplessis, tout à
l'heure, faisait état que les contribuables du Québec n'en
peuvent plus de payer que les contribuables du Québec se sentent
égorgés, se sentent étouffés par toute cette
avalanche de taxes et d'impôts qui leur tombent sur les épaules,
qui leur tombent sur le dos. Ils ne sont plus capables de boucler quasiment les
budgets et, à chaque semaine, arrivent des nouveautés dans ce
domaine-là, des nouvelles taxes. J'ai fait, moi aussi, quelques visites.
Moi aussi, M. le Président, je trouvais ça important d'aller voir
comment ça se vivait ailleurs parce qu'on a chacun notre comté,
nous autres, ici à l'Assemblée nationale. On sait à peu
près ce qui se passe dans nos comtés. Mais je pense que c'est
important de faire le tour parce que ces mesures-là ne se vivent pas
nécessairement de la même façon partout.
C'est un fait qu'en Gaspésie, - je suis allée à
Matane - les gens vivent difficilement cette avalanche de taxes, n'ont pas
d'emploi; le taux de chômage est très élevé. Le
développement régional ne se fait pas. Est-ce que vous croyez que
ce genre de mesure-là, ce genre de taxes qui vont leur arriver, cette
fois-ci, par leur municipalité je veux bien croire, mais qui sont
pelletées par le gouvernement provincial, on ne peut pas en sortir,
ça va améliorer la situation dans ces régions-là
où les gens ont de la misère à arriver? Moi, je suis
convaincue que non.
Je pense que c'est un projet de réforme qui est inacceptable. Il
remet en cause les principes mêmes de l'organisation sociale municipale,
en plus de venir imposer un fardeau fiscal intolérable aux
contribuables.
M. le Président, le ministre jouit d'une certaine
crédibilité. C'est un ministre qui semble... En tout cas,
beaucoup le trouvent intègre, pensent que c'est un ministre qui a un
sens aigu de la démocratie. Moi-même, pour avoir travaillé
dans le dossier de la fusion Saint-Romuald-Saint-Jean, j'ai pu constater que le
ministre avait effectivement un sens aigu de la démocratie. Il a
ordonné un référendum à Saint-Romuald, chez nous,
parce que, justement, le ministre nous disait qu'il était enclin
à favoriser ce dossier-là, mais qu'il avait remarqué qu'il
y avait des foyers d'opposition et qu'il ne pouvait pas prendre une
décision comme celle-là. Il ne pouvait pas prendre la
décision d'aller à l'encontre de certaines personnes. Il voulait
être sûr de son coup, que le dossier fasse l'unanimité dans
la population.
M. le Président, j'en suis, mais si le ministre veut garder cette
crédibilité, cette réputation de personne très
fortement démocratique et très intègre, je pense que le
ministre devrait peut-être essayer de faire la même chose avec son
projet de réforme. J'entendais qu'il y a eu des motions qui ont
été déposées en Chambre. On a demandé une
motion de report. J'entendais justement mon collègue de Laviolette qui
disait l'autre fois: Le ministre devrait, effectivement, faire un
référendum, demander à la population si elle est d'accord
avec ce projet de loi, parce que ce n'est pas seulement les
municipalités, M. le Président.
Les municipalités sont un outil dans ce projet de loi-là.
Ce sont les contribuables qui auront à assumer la facture en bout de
ligne. C'est toujours le contribuable qui paie. Alors, moi je pense que le
ministre, s'il veut maintenir cette réputation de sens
démocratique et d'intégrité, devrait en appeler à
la population, parce que dans le cas qui nous intéresse, dans le cas du
projet de loi 145, M. le Président, je suis persuadée que le
ministre des Affaires municipales a sûrement constaté des foyers
très très importants, M. le Président, d'opposition
à son projet de réforme.
Et je pense qu'il pourrait aller plus loin et consulter l'ensemble des
contribuables qui vont avoir à payer pour ce projet de loi qui est,
effectivement, fortement décrié par la population. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière. Je reconnais
maintenant le prochain intervenant, M. le député d'Abitibi-Ouest
et leader adjoint de l'Opposition officielle.
Une voix:...
M. Pagé: Pouvez-vous lui rappeler que la loi sur la
fiscalité est passée au...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, la parole est à vous.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. On va la prendre.
Ça fait une arrivée quand même assez rapide. Mais
très sérieusement, M. le Président, je pense
qu'effectivement, c'est un projet de loi qu'on ne peut pas passer sous silence,
compte tenu des principes qui sont mis en cause et je n'ai pas l'impression,
à ce moment-ci, M. le Président, que je vais vous faire de
très grandes révélations ou je vais faire de grandes
révéla- tions parlementaires, mais je vais avoir au moins la
prétention que, d'après moi, il y a quelques principes qui n'ont
pas du tout été élaborés, qui n'ont pas du tout
été abordés dans ce projet de loi là.
On pourrait bien revenir sur la bataille de chiffres, mais
au-delà... Vous n'aurez pas l'orateur pour ça, pour des raisons
de choix. On pourrait revenir sur la méthode qui a été
privilégiée par ce gouvernement-là pour faire ce qu'il a
fait avec les municipalités. Et encore là, je pense qu'on en a
parlé tellement de fois. J'avais eu l'occasion, M. le Président,
dès le dépôt des intentions du gouvernement et du ministre
des Affaires municipales, d'écrire au ministre des Affaires municipales
pour lui dire combien je trouvais qu'il s'agissait là d'une
réforme qui avait semé consternation, déception, malaise,
inquiétude dans les villes et les localités rurales à peu
près de tout le Québec.
Il s'agit, M. le Président, au niveau de la méthode d'une
façon impromptue, cavalière, irrespectueuse d'une vieille
tradition d'échange normal avec les élus du monde municipal qui
auraient voulu, effectivement, s'impliquer davantage dans cette réforme.
Et ça adonne bien, je n'ai pas le temps, mais je pourrais juste regarder
mon courrier... Sur l'avion, je le regardais et c'est la première en 15
ans... J'ai ça toutes les semaines, une série de pétitions
de gens de petites communautés qui trouvent que c'est du sans
précédent cette attaque, appelons les choses par leur nom,
hypocrite, très irrespectueuse des élus, de ce
gouvernement-là sans du tout pour une fois aborder les principes qui
sont en cause.
Moi je ne peux pas vous parler longuement du transport en commun, pas
parce que je ne veux pas, pas parce que je ne peux pas, mais j'aime mieux
toucher deux autres aspects plus fondamentaux de la réforme, les
coûts de police et les coûts de voirie tertiaire, et parler des
iniquités que ça va créer, des injustices que ça va
créer et de cette espèce de non-analyse de responsabilité
qui a été faite par le gouvernement. (22 h 50)
Sur le transport en commun, je ne dirai que deux choses. Un gouvernement
qui se désengage progressivement de ses responsabilités au niveau
du transport en commun, c'est un gouvernement qui n'a pas compris son
rôle, comme gouvernement. Se préoccuper de transport en commun,
c'est une responsabilité de société, parce qu'il y a une
ligne de direction dans l'encouragement ou le désencouragement du
transport en commun. Quand on encourage des usagers à utiliser le
transport en commun, c'est qu'on a acquis la conviction qu'il s'agit là
d'un mode de transport plus écologique qui doit être
encouragé pour contrer les effets nocifs de ce qu'on a toujours
appelé l'étalement urbain.
Je vois le ministre de l'Éducation. On en vit, des
problèmes d'étalement urbain ici même à
Québec, avec des fermetures d'écoles. On donne une
subvention de 15 000 000 $ pour construire des écoles et on en ferme
quatre. Avec la bataille de la population, on va peut-être bien en sauver
deux et il y en a deux qui vont demeurer ouvertes. Si c'est faire du
développement intelligent... Je pense que le monde rural a compris que
ce n'était pas une façon de faire du développement
intelligent. Donc, le transport en commun, moi, je pense qu'une
société qui se sort de ça, c'est qu'elle donne le signal
que, pour elle, la société versus son gouvernement, ce n'est pas
une priorité, et je ne peux pas être d'accord avec un tel
principe.
Je veux revenir sur les deux principes qui sont le plus mis en cause. Je
suis étonné que le ministre des Affaires municipales, qui, en
tout cas, jadis, était quelqu'un de principe, n'ait pas du tout
abordé ces deux questions fondamentales d'injustice chronique pour les
petites communautés. Première question: Est-ce qu'il aurait
été logique de permettre de débattre la question du
coût des services de sécurité publique qu'on appelle
communément les services de police, aux petites communautés, en
considérant que l'indice de criminalité n'est pas du tout le
même dans des communautés de 100 âmes - comme j'en ai
plusieurs - dans des municipalités de 500 de population, quand on sait
qu'au Québec il y a à peu près 750 à 800
communautés qui ont moins de 800 de population? Moi, je voudrais surtout
parler pour ces gens-là.
Encore là, s'il avait eu l'occasion de s'acquitter de toutes ses
responsabilités et de suivre la commission Bélanger-Campeau, il
aurait été obligé d'entendre le cri d'urgence du monde
rural qui disait: Vous êtes en train, comme gouvernement, de nous
empêcher de nous développer. Vous en train de fermer
systématiquement des paroisses rurales au Québec, par vos
politiques. Et ce qu'il y a de pire, c'est que c'est exact. C'est vrai, ce
gouvernement-là est en train, systématiquement, de fermer des
communautés rurales parce qu'il veut copier l'Ontario, mais n'a pas le
courage de le faire ouvertement au vu et au su de tout le monde et de dire:
Nous, on pense qu'il y a trop de municipalités rurales au Québec
et, en conséquence, on doit en fermer.
Et là, je reviens à ce que je veux illustrer. Moi, une
municipalité comme. La Reine, une municipalité comme
Saint-Lambert, une municipalité comme Dupuis qui me dit: M. Gendron,
croyez-vous qu'il est logique qu'on nous impute des coûts de police,
alors qu'on n'a jamais eu l'occasion d'en discuter avec qui que ce soit? On est
un élu, on est des autorités élues au même titre que
vous, M. Gendron, au même titre que le ministre des Affaires municipales
et jamais on n'a eu l'opportunité de discuter: Est-ce qu'il est logique,
dans des petites communautés, d'assumer un coût de police au
prorata ou per capita, de la tête de pipe, pour, disons, toutes les
municipa- lités de 3000 et moins? On divise, on fait une
opération comptable sous prétexte que ces gens-là aiment
la comptabilité et savent balancer les colonnes, alors qu'on se rend
compte que c'est archifaux. Plus ça va, pire c'est. On a un
déficit de 3 500 000 000 $ sur des mauvais estimés; ça va
être 4 500 000 000 $ parce qu'ils ont mal calculé toutes sortes
d'affaires. En ne gérant pas et en laissant traîner des affaires,
ça coûte cher; on l'a vu avec la crise autochtone, on le voit
encore, avec des coûts de 50 000 $ par jour, mais ce n'est pas grave. Ce
n'est pas grave, ce sont des balanceurs de colonnes et ils connaissent
ça, eux autres, la gestion des affaires publiques. On n'a jamais vu un
gouvernement aussi lamentable, sur le plan des décisions et sur le plan
de la situation, de la crise, parce que ça éclabousse de
partout.
Je reviens à mon exemple. Pensez-vous que c'est
démocratique de dire aux petites communautés: Dorénavant,
que tu en aies besoin au pas, que tu aies eu l'occasion de ne pas en discuter
ou pas, voici la facture que tu vas recevoir par la tête pour payer les
coûts de police, sans se poser la question: Est-ce qu'il appartient
à l'État québécois de dire: Une des
premières façons de développer le Québec, c'est
d'abord d'occuper son territoire? Pensez-vous que les mesures, dans la
réforme du ministre des Affaires municipales sont des mesures qui vont
faciliter l'occupation du territoire rural? Si vous répondez à
cette question-là et que votre réponse est oui, j'aimerais
ça entendre vos arguments. Je suis convaincu que vous ne pouvez pas
avoir d'arguments logiques pour conclure que c'est une réforme qui va
dans l'esprit d'un développement de la ruralité au Québec,
d'un accroissement de l'occupation du territoire québécois. Une
des premières notions, comme je le disais tantôt, de
développer et d'occuper son territoire, c'est d'être capable de
voir les petites communautés grandir, se développer et y voir
là une capacité de vivre, ce qui n'est pas le cas, parce qu'il
n'y aurait pas eu urgence rurale en Gaspésie, il n'y aurait pas un cri
d'alarme de l'Abitibi, il n'y aurait pas eu l'autre cri nouveau dans la
région de Chandler en Gaspésie où 8000 personnes ont dit:
Ça va faire, les folies, on n'est plus capable de vivre, on est
écrasé de partout.
Dans la lettre que j'ai envoyée au ministre, pour laquelle je
n'ai pas eu de réponse à date, mais c'est normal, il est pris par
la réforme, je disais: "Votre proposition de délestage
budgétaire, M. le ministre, auprès des municipalités
produit le même effet, elle ébranle les solidarités
naissantes entre les villes et les banlieues, entre les villes centres et les
municipalités périphériques. Il s'agit, M. le ministre,
d'un plan insidieux et déstabilisant, au bas duquel je n'aurais jamais
osé penser que vous auriez apposé votre signature." Il faut dire
que l'exemple vient de haut, il vient du fonctionnement
même du fédéralisme canadien puisque, endetté
par-dessus la tête, le gouvernement fédéral se
déleste sur le dos du Québec et, aux prises avec ses
problèmes budgétaires, celui-ci rejette aussitôt le
problème sur les municipalités et les commissions scolaires. Ne
nous trompons pas, certaines parlent de la réforme du ministre des
Affaires municipales, mais il n'y a rien là, il n'y a pas de
réforme là-dedans, il y a un pelletage de factures, point, sous
prétexte que ces gens-là ont la vérité
révélée et qu'en conséquence, il est normal que
tout le monde fasse sa part, comme si ces gens-là ne la faisaient pas au
préalable.
Votre réforme indique davantage l'intention de votre gouvernement
à gérer plutôt qu'à diriger. C'a été
dit par d'autres, mais c'est important de revenir là-dessus. Ce n'est
pas un gouvernement qui dirige, c'est un gouvernement qui gère le nez
dans la vitre, à la petite semaine. Vous faites fi du processus
démocratique en refusant un débat axé sur une
véritable concertation, notion pourtant essentielle à toute
politique ministérielle. La décentralisation administrative que
vous invoquez dans votre réforme sert de prétexte à
l'État québécois pour se désengager de ses
responsabilités puisque les solutions préconisées ne
tiennent pas compte - là, M. le ministre, j'aurais aimé ça
vous entendre au moins une fois - d'aucune façon, des disparités
réelles du territoire québécois et des multiples facettes
du sous-développement auquel sont confrontées plusieurs
municipalités rurales. J'ai déjà dit comme exemple...
Je prends l'exemple d'une municipalité dans mon comté,
Palmarolle; elle ne trouve pas ça drôle, vos folies; elle ne
trouve pas ça drôle, l'espèce de réforme qui n'en
est pas une. Je suis convaincu que ça va passer; on connaît votre
grande force du nombre, à part ça, vous êtes faibles, mais
la force du nombre est forte, donc la réforme va passer. Est-ce que la
municipalité de Palmarolle va passer à travers vos folies?
Réponse: Oui. Est-ce que les municipalités de La Reine, de
Dupuis, de Saint-Lambert, de Champneuf, de Despinassy vont réussir
à passer à travers vos folies? Réponse: Non. La chance qui
va leur arriver, elles, ça va être carrément de
disparaître. C'est ça qui va leur arriver. Elles ne peuvent pas...
Le ministre va dire: II y a des ajustements et ça va leur coûter
moins cher. Les cantons, pour ceux qui ne le savent pas, ont tous 10 milles par
10 milles, 10 milles carrés. Un canton rural, ça a 10 milles par
10 milles.
Pour une municipalité, hériter de sa voirie tertiaire dans
l'état lamentable dont les chemins sont dans certaines
municipalités, ça va être absolument impossible pour 2 $,
10 $, 100 $ d'augmentation de taxes parce que les contribuables vont dire:
Écoutez, à ce compte-là, on est obligé de changer
de municipalité, ce n'est plus viable. Dans ce sens-là, il y a
une iniquité sans précédent parce qu'on a
considéré toutes les petites municipalités comme si elles
étaient du même acabit pour ce qui est de la responsabilité
de la voirie tertiaire. Première injustice.
Deuxième injustice grave, je l'ai dit tantôt, les
coûts de criminalité n'ont jamais été
analysés ni pris en compte pour voir si les coûts de police sont
aussi justifiés dans une municipalité de 1500 âmes que dans
une municipalité de 200 âmes. Est-ce que, dans une
municipalité de 200 âmes, on a besoin de leur charger une facture
per capita pour payer une partie des coûts de police? Moi, ma
réponse, c'est: Non, M. le Président, parce qu'elles le font
déjà à même le fonds consolidé via le niveau
de taxation. (23 heures)
Si les contribuables de La Reine n'étaient pas taxés, je
dirais au ministre qu'il a raison, mais ils sont taxés. Ils paient des
impôts, ils paient la TPS et ils paient de l'impôt partout, sur les
plaques qui ont triplé, quadruplé, quintuplé et les permis
de toute nature et, en conséquence, il y a une partie de leur
impôt qui est versée au fonds consolidé, qui assume les
coûts de police de la Sûreté du Québec pour les 3
fois en 15 ans que la Sûreté est allée à La Reine.
Mais là, avec la réforme, ce n'est plus ça. Ce n'est plus
les trois fois qu'elle est allée à La Reine. Avec la
réforme, dorénavant, les citoyens seront chargés au
même titre que d'autres municipalités beaucoup plus à
caractère urbain, avec un mini-centre-ville, alors qu'il y a certaines
municipalités rurales qui n'ont pas du tout de périmètre
urbain.
Qu'est-ce qui crée, règle générale, l'indice
de criminalité? C'est des services de nature de milieu urbain
concentré, donc, de nature de ville. Est-ce qu'on a fait ces
distinctions-là? Pas du tout. Je disais au ministre: Expliquez-moi la
logique de votre plan qui consiste, entre autres, à mettre fin à
l'aide au financement des MRC, dans la lettre? Je disais: Je ne pense pas, M.
le ministre, que les municipalités rurales accepteront une
réforme faite à leur insu et qui va ironiquement à
rencontre même du consensus national amorcé lors des États
généraux du monde rural où l'on traçait la voie
vers un nouveau projet de société. Comme gouvernement
éteignoir d'orientations, c'est dur à battre parce que, au moment
même où il y a un cri d'alarme du monde rural, au moment
même où il y a une réflexion un peu plus poussée sur
l'état d'urgence de faire quelque chose pour développer davantage
les communautés rurales, ces gens-là s'inscrivent
complètement à contre-courant avec une réforme qui aura
comme conséquence d'écraser davantage le monde municipal et de
lui rendre la vie impossible.
À titre de député d'un comté rural où
j'ai 50 municipalités, je vous demande, M. le ministre, de
reconsidérer votre réforme et d'orienter les démarches
gouvernementales non pas vers un déplacement de responsabilités,
mais plutôt vers la mise en place d'une concertation résolument
orientée vers la consolidation des entités munici-
pales, afin de leur accorder une juste part des aides budgétaires
pouvant permettre aux municipalités d'assumer des compétences
décentralisées qui tiendraient compte de paramètres
socio-économiques. Il faut de toute urgence favoriser l'occupation et le
développement des territoires ruraux en faisant la promotion de nouveaux
modèles de croissance économique dans le but que les
régions rurales assurent leur propre richesse, avant de procéder
à une réforme qui ne fera qu'accentuer le phénomène
de déstructuration. Parce que c'est ça à quoi on va
assister: à un phénomène de déstructuration du
milieu rural, de dévitalisation, alors que tout le monde nous dit: On
devrait revitaliser le monde rural, on devrait l'occuper davantage. Parce que
jadis, M. le ministre des Affaires municipales, il y a des gouvernements qui
ont pris des décisions et qui ont décidé de favoriser
l'implantation de gens dans des communautés rurales, on a appelé
ça des plans de colonisation, et ces gens-là sont en train de
complètement défaire des orientations de société et
de gouvernement.
Ça, il y a un coût à payer pour ça, M. le
Président, et je suis convaincu que ces gens-là vont le payer. Il
y a un coût politique à payer et ils doivent le payer et, moi,
j'invite tous les maires de tout l'Abitibi-Témiscamingue, comme
ça va être le cas, à faire payer cher le coût
politique à ce gouvernement irresponsable, dénaturé, qui
ne voit pas là une responsabilité de gouvernement de
développer la ruralité. Parce que quand un gouvernement veut
uniquement faciliter les concentrations urbaines, bon, on vit les
problèmes que j'ai eu l'occasion de toucher de près à
Montréal vendredi dernier, dans des poches de pauvreté
grandissantes et c'est rendu qu'un ministre de l'Éducation est
obligé d'annoncer des programmes d'alimentation pour s'assurer que les
jeunes, avant d'aller acquérir des connaissances au niveau de
l'intellect, bien, ils ont des problèmes de ventre et ils ne peuvent
pas...
La connaissance ne rentre pas, parce qu'ils n'ont même pas
déjeuné le matin, ils n'ont même pas dîné. Et
là, le ministre de l'Éducation se déguise en ministre
responsable d'une espèce de convoi d'alimentation avec de gros "kits",
parce qu'on n'a pas vu comment ça va atterrir. C'est complètement
aberrant comme société d'en être rendu là et ce
gouvernement-là a le culot de dire aux petites municipalités:
Disparaissez parce que, nous autres, ce qui nous intéresse, c'est le
modèle de l'Ontario, le moins possible de municipalités, ne pas
avoir le courage de le dire ouvertement, mais poser des gestes qui auront la
même conséquence.
La conséquence dans quatre, cinq ans, c'est qu'il y a plusieurs
petites municipalités qui n'auront plus de chemins, M. le
Président, qui ne seront pas capables de payer les coûts de police
qu'on leur impute et on va être obligé de hausser à nouveau
les taxes comme si elles ne l'avaient pas été. Depuis un an et
demi. Y a-t-il quelque chose qui a été haussé plus que les
taxes de toute nature avec ce gouvernement-là? C'est peut-être le
gouvernement le plus "taxeux" qu'on n'a jamais connu. C'est des millards de
dollars de hausse d'impôt, contrairement à ce que le ministre des
Finances disait: Nous autres, on n'a pas levé d'impôt additionnel
chez le contribuable. Il faut être bien équipé pour dire
des affaires de même. Tu sais, il faut vraiment être bien
équipé. Il faut être équipé pour veiller tard
pour dire des folies comme ça.
Une voix: II faut avoir un sens de l'humour profond.
M. Gendron: Oui, un sens de l'humour profond et il faut avoir une
longévité presque indestructible en cette Chambre pour dire des
choses comme ça et ne pas être reviré parce que tous les
citoyens, tous les jours, ils se rendent compte que c'est complètement
faux, erroné. Il s'agit d'acheter n'importe quoi et on est obligé
de payer le double, le triple de ce que ça coûtait il n'y a pas
longtemps.
Mais sur la réforme municipale, M. le Président... Je
termine là parce que je sais qu'il y a beaucoup de choses qui ont
été dites, mais il y a deux choses qui ne l'avaient pas
été. Premièrement, le principe qu'il s'agit d'une
responsabilité de gouvernement de redensifier les communautés
rurales. Et là, ils sont en train de les "dédensifier", de
dépeupler les communautés rurales et, en conséquence,
l'État québécois a une responsabilité
là-dedans qu'il devra payer un jour. J'espère que les élus
municipaux et les élus ruraux lui feront payer comme c'est normal quand
on est aussi irrespectueux d'une démarche qui avait été
souhaitée par les élus municipaux d'une véritable
politique de décentralisation, mais non pas l'irresponsabilité en
disant: Bien, nous aussi, nos transferts diminuent, et ils continuent à
défendre le régime fédéral. Mais même si les
transferts fédéraux diminuent dans notre cour et au lieu d'avoir
des politiques, ils se tournent de bord et disent aux municipalités:
Voilà la facture que dorénavant vous devrez assumer, que
ça fasse votre affaire ou non, qu'il y ait eu des débats ou non,
voici le coût à payer. J'espère que les contribuables leur
feront payer le coût de la facture. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition
officielle. N'ayant pas d'autre intervenant, je reconnais maintenant M. le
ministre des Affaires municipales en fonction de votre droit de
réplique, s'il y a lieu.
M. Claude Ryan (réplique) M. Ryan: M. le Président,
je serai très bref
parce que nous avons tous eu l'occasion d'entendre à peu
près tous les arguments susceptibles d'être
présentés au sujet de ce projet de loi. Mais, tout à
l'heure, pendant que j'écoutais des discours qu'on prononçait, il
m'arrivait, comme j'aime le faire chaque jour, de lire le New York Times
d'aujourd'hui et je vous dirai que le premier article que je trouve dans la
première page de l'édition d'aujourd'hui, à gauche, la
première colonne de gauche, s'intitule ainsi: Une crise de
liquidité oblige les municipalités aux États-Unis à
couper les services. Là, l'article continue et je cite ceci pour qu'on
apprenne à situer le débat que nous faisons dans le contexte plus
large où il surgit. ce n'est pas vrai qu'on peut le comprendre seulement
en regardant d'un oeil ou d'une lentille étroite les seuls
problèmes immédiats auxquels nous faisons face. il faut voir le
problème dans une perspective plus large. je lis ici: affaiblis par la
récession et par les réductions radicales de l'aide
gouvernementale fédérale et étatique, les cités et
les comtés à travers tout le pays sont obligés de couper,
de diminuer plusieurs des services qui les ont aidés à
définir leur mission au cours des dernières décennies. on
remarque que les réductions revêtent un caractère
épidémique. les coupures de dépenses, un caractère
d'épidémie! à honolulu, on est obligé de couper
dans les réparations de chemins. à sacramento, on avait un beau
projet de bibliothèque qu'on est obligé de mettre de
côté. à houston, on est obligé de couper 111 lits
d'hôpitaux réservés à des patients indigents.
à south lake city, on est obligé de renoncer à bâtir
une station de pompiers parce qu'il n'y a pas d'argent. à bridgeport,
connecticut, on va être obligé de cesser de nettoyer des rues
à compter du 1er janvier et on va peut-être être
obligé de cesser d'avoir des gardiens sur les plages l'été
prochain. pourquoi? parce qu'il y a un manque d'argent. et ce manque d'argent,
il faut que vous vous mettiez dans la tête que ce n'est pas l'invention
de quelque esprit pernicieux que ce soit ou de quelque méchant
démon qui serait assis quelque part dans les officines
gouvernementales.
Il y a un problème de contraction des chances économiques
dans le monde aujourd'hui, qui sévit plus particulièrement dans
les pays soit-disant développés parce qu'ils se sont donné
un train de vie que leur productivité ne leur permet pas de maintenir
dans les conditions actuelles. Et si ça s'applique pour les
États-Unis qui sont la nation la plus puissante du monde, je pense bien
qu'il faut qu'on se rende compte que ça va s'appliquer au Canada
où nous ne sommes pas, et de loin, la nation la plus puissante du monde
et où nous nous sommes donné dans bien des domaines, des services
qui entraînent des coûts supérieurs à ceux des
États-Unis. (23 h 10)
Nos coûts de main-d'oeuvre en particulier, les coûts de nos
politiques sociales sont plus élevés que ceux des
États-Unis, mais il faut bien se rendre compte qu'un jour ça se
paie, ces choses-là. Vous avez fait, pendant des années,
l'expérience de l'endettement. Nous avons hérité de votre
succession. J'entendais quelqu'un, ce soir, dire - je pense que c'est le leader
de l'Opposition, qui a fait un très bon discours par ailleurs - oui,
mais où va cet argent-là?
Nous ne vous rappellerons jamais assez, à vous de l'Opposition,
que 15 % du budget de l'année doivent aller pour payer la dette que vous
avez accumulée pendant que vous étiez au gouvernement, 15 %. Si
nous avions ces 15 %, nous ne serions pas obligés de procéder
aussi rapidement que nous le faisons pour amener... Ce sont les faits et les
chiffres, là. Vous pourrez vous lamenter, faire des plaisanteries
à ce sujet-là, faire des portraits de Bonhomme Sept Heures tant
que vous voudrez, mais vous ne pourrez pas effacer ces chiffres. Ils seront
encore dans les annexes au discours sur le budget de l'an prochain et
même si jamais vous êtes au pouvoir, ils seront encore
là.
Une voix: Ils seront dans l'histoire.
M. Ryan: Alors, je vous invite à élargir vos
horizons, à lire un petit peu plus la presse internationale et vous vous
rendrez compte que les problèmes dont nous discutons ici, nous les avons
en même temps que les autres. Nous n'avons pas le génie d'y avoir
pensé, mais, au moins, on n'a pas été obligés
d'attendre que les autres nous le disent, on le fait de notre propre motion, de
notre propre initiative parce qu'on veut que notre société se
renforce pendant qu'elle a les moyens de le faire. Alors, lisez cet article. Je
pourrais continuer. Il cite le cas d'une ville aux États-Unis, Bangor,
dans le Maine. Nous connaissons cette municipalité qui n'est pas
tellement loin de la frontière québécoise. Il dit que,
cette année, ils ont trois choix à Bangor, dans le Maine: le
premier choix, augmenter les taxes foncières de 23 % et en même
temps réduire les services de 800 000 $; le deuxième choix,
augmenter la taxe foncière de 19,9 % et réduire les services de 1
600 000 $; le troisième choix, augmenter les taxes foncières de
13,9 % et couper les services de 3 000 000 $. Ça, c'est une ville qui a
un budget de 43 000 000 $ en 1991, lequel passerait normalement à 46 000
000 $. Et j'entends le cri de la députée de Johnson cet
après-midi: Là aussi, les gens en ont assez. Qu'est-ce que vous
faites à ce moment-là? Vous n'avez pas dit ce que vous feriez.
C'est ça qui a manqué dans les interventions du côté
de l'Opposition. Pas un mot constructif.
Une voix: Ce n'est pas vrai. Moi, je l'ai dit.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre!
M. Ryan: Qu'est-ce que vous avez dit?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre!
À l'ordre!
M. Ryan: Pardon?
Une voix: ...une proposition au ministre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Ryan: Moi, je n'en ai reçu aucune.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): s'il vous plaît!
s'il vous plaît! m. le ministre, si vous voulez vous adresser à la
présidence, s'il vous plaît! s'il vous plaît! s'il vous
plaît!
M. Ryan: Je vous remercie de me rappeler à l'ordre, M. le
Président. Alors, je vous donne l'exemple d'une ville américaine
qui est très proche de nous, dont le niveau de vie se compare
généralement au nôtre, mais où les coûts sont
moins élevés. Ce n'est pas pour rien que les Canadiens vont faire
leur marché aux États-Unis et qu'il y a des milliers de foyers
canadiens qui vont faire leurs emplettes aux États-Unis le samedi et le
dimanche. Pourquoi? Parce que ça coûte moins cher là-bas.
Et même si ça coûte moins cher là-bas...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée, s'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. Ryan: ...réagir avec vivacité, M. le
Président.
Une voix: Ça leur fait mal.
M. Ryan: c'est ça, la réalité. ils vont
acheter aux états-unis et aux états-unis, même s'ils sont
relativement en meilleure posture que nous autres, ils sont obligés
d'envisager des choix comme ceux que je viens de mentionner. vous avez compris
les chiffres que j'ai mentionnés, soit 13 % d'augmentation de la taxe
foncière, 19 % ou 23 % et, en même temps, des coupures de
services. nous autres, qu'est-ce que nous demandons avec le programme qui est
mis de l'avant, actuellement, par le gouvernement? qu'est-ce que nous
demandons? nous demandons aux municipalités de prendre la
responsabilité de services qui relèvent de leur compétence
à n'en point douter - et personne de l'autre côté ne l'a
mis en doute - pour une valeur qui représentera, tout compte fait, 3,5 %
des dépenses totales des municipalités pour l'année 1991.
c'est ça qui est la vraie dimension de la proposition gouvernementale.
comparé à ce que je lisais dans le new york times
aujourd'hui, bien, vous vous dites: c'est vrai qu'il y a une bande de
chiâleux au québec, c'est vrai. il n'y a pas beaucoup de gens qui
sont prêts à faire face à leurs responsabilités,
surtout nous autres, les hommes et les femmes qui sommes en politique. Nous
avons la responsabilité "tell it like it is", de dire les choses comme
elles sont aux gens et les gens vont les comprendre. Moi je l'ai dit cet
après-midi, j'ai fait l'expérience avec mes concitoyens, j'ai
fait l'expérience avec les maires, de nombreux édiles municipaux
dans le comté d'Argen-teuil qui sont aussi bons que ceux de n'importe
où ailleurs, entre parenthèses. Quand on explique les choses
clairement, au lieu de dresser des épouvantails comme j'ai entendu
l'Opposition le faire, les gens disent: C'est vrai, c'est vrai. Est-ce qu'il y
a quelqu'un de l'autre côté qui a dit une seule fois pendant le
débat: Si les municipalités voulaient redresser leurs manches, se
mettre à table avec le gouvernement pour prendre le problème des
finances publiques au Québec, à bras-le-corps, dire: Ensemble, on
va essayer de le résoudre... On n'a pas entendu ces choses-là, on
n'a pas entendu ce langage-là. C'est un langage électoraliste qui
s'applique à aller chercher des appuis faciles. Ils ne les trouveront
pas quand arrivera le moment de vérité, quand arrivera le moment
de faire face à la réalité directement. Les appuis ne
seront plus là parce que les gens auront compris entre-temps que ce qui
leur est demandé, c'est un effort civique, très
élevé.
Des voix:...
Une voix: À l'ordre! À l'ordre!
M. Ryan: On dit qu'il n'y a pas eu de discussion. Ça fait
six mois. On est rendu que ça fait sept mois. Les propositions
gouvernementales pour le transport en commun, quand est-ce qu'elles ont
été annoncées pour la première fois? Est-ce qu'on
s'en souvient, de l'autre côté? Le 26 avril 1990. Je vois que vous
avez manqué du temps. On respecte, je le sais et je ne vous accuse pas,
mais je vous rappelle juste ça, l'histoire a continué pendant ce
temps-là et la première fois que la proposition gouvernementale
fut clairement et explicitement énoncée en cette Chambre, ce fut
le 26 avril 1990 par le ministre des Finances. Que faisiez-vous aux temps
chauds? Vous dansiez? Vous n'avez rien fait pour apporter des
éléments de réponse au problème. Le temps a couru.
S'il avait fallu vous écouter, on attendrait encore jusqu'à
l'été prochain. L'été prochain, on se repose encore
et après ça on passe à d'autre chose et on remet encore
à l'autre année. Pendant ce temps-là, le Québec
s'enlise tranquillement dans la dépendance, pendant que vous parlez
d'indépendance. C'est ça qui est ridicule, profondément
ridicule. Vous ne ferez jamais l'indépendance sérieuse tant que
vous cultiverez une mentalité de dépendance chez les citoyens.
C'est le premier mouvement vers la véritable indépendance
ça, que les gens soient
maîtres de leur portefeuille, à commencer par les
organismes publics.
Or, ce que nous demandons aux municipalités - j'ai donné
les véritables dimensions et je défie qui que ce soit de l'autre
côté, même des porte-parole du monde municipal, de prouver
le contraire - ça équivaut à 3,5 % d'accroissement. Le
fardeau de dépenses auquel font face, cette année, les
municipalités, c'est 7 500 000 000 $ en tout. Je vais vous dire une
chose: ça représente à peu près 20 % du budget
total du gouvernement: 20 % du budget total du gouvernement. Et combien
demandons-nous aux municipalités d'assumer directement? À peu
près 250 000 000 $. Notre déficit, cette année, de combien
est-il? Il est de 3 500 000 000 $. Alors, 250 000 000 $ sur 3 500 000 000 $,
combien ça fait? Ça ne fait même pas 10 %. Ça fait
à peu près 7 %. C'est ça qui est demandé. Et vous
allez prétendre qu'il y a un scandale là-dedans? Vous allez
prétendre qu'il y a toute une affaire qui dépasse toute
proportion raisonnable? Voyons donc! Apprenez à compter. Apprenez que,
quand il y a deux zéros, ce n'est pas quatre et, quand il y en a quatre,
ce n'est pas deux non plus.
Des voix:...
M. Ryan: On a discuté, on a trouvé des
éléments de solution...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre, veuillez
vous adresser à la présidence. Ce n'est pas un débat entre
les deux côtés. Je vous écoute. S'il vous plaît,
madame.
M. Ryan: ...d'avoir manqué le bateau. Ils veulent
embarquer dans le concert vers la fin...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
Président... M. le ministre - je vous appelais "M. le Président"
- je m'excuse. Si vous voulez poursuivre votre intervention en droit de
réplique.
M. Pagé: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Je trouve tout à fait pertinent que vous
demandiez à mon honorable collègue le ministre des Affaires
municipales de s'adresser au président. Je suis pleinement d'accord avec
vous. Cependant, pourriez-vous indiquer aux membres de l'Opposition qu'ils ne
doivent s'adresser à personne?
Des voix: II pose des questions, on lui répond.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député. M. le leader du gouvernement, le ministre doit s'adresser
à moi, mais il ne faut pas susciter de débat, M. le ministre. Je
suis prêt à entendre M. le ministre des Affaires municipales. Si
vous voulez poursuivre votre intervention, en fonction de votre droit de
réplique.
M. Ryan: M. le Président, on a affirmé - puis le
député d'Abitibi-Ouest est un de ceux qui l'ont fait - que la
réforme définie dans le projet de loi 145 aura des effets
désastreux sur les petites municipalités. Attendons la fin de
l'histoire. Nous avons annoncé des ajustements importants au cours des
dernières semaines. Nous sommes en train de faire les dernières
simulations qui permettront d'en mesurer les effets exacts sur chacune des 1500
municipalités de Québec. Et je vous assure que les effets, dans
un très grand nombre de cas, ne seront pas du tout de l'ordre de
grandeur que prédit l'Opposition. Il faudra, en plus, ajouter l'impact
des mesures de péréquation. Dans les chiffres que nous avons mis
en circulation jusqu'à maintenant par souci de transparence, que vous
reconnaîtrez volontiers de l'autre côté, nous n'avons pas
inclus les bienfaits de l'augmentation du programme de
péréquation; nous l'avons fait à dessein parce que nous ne
voulions pas faire de démagogie, mais nous vous avons
réservé une surprise dont vous prendrez connaissance avant
l'ajournement des travaux de la session. Et vous verrez, quand nous aurons
complété l'exercice, que les effets sont beaucoup plus
équilibrés, beaucoup mieux répartis que ne veut le
soutenir une propagande qui s'inspire exclusivement des chiffres rendus publics
en février dernier. On a dépassé ça, ça fait
cinq mois déjà. Puis on a écouté, pendant ce
temps-là, on a discuté, on a cherché, on a
travaillé dans nos dossiers puis on arrivera avec des données
sensiblement améliorées, comme c'est normal que ça se
produise à l'issue d'un débat animé, comme celui auquel on
a participé. Par conséquent, avant de crier à la
tragédie, comme on l'a fait sans cesse au cours des derniers jours,
qu'on attende de voir ces résultats puis, après ça, on se
parlera de chiffres et non pas d'impressionnisme. (23 h 20)
On dit qu'on veut refiler un problème financier du gouvernement
aux municipalités. Le fond va plus loin que ça, c'est que nous
voulons que la responsabilité financière aille de pair avec la
responsabilité des décisions. Ça, c'est un principe de
fond. C'est ça qu'est le principe du projet de loi. Je ne comprends pas
du tout l'opposition de nos amis d'en face de ce point de vue là parce
que, sur le fond, je pense qu'ils sont d'accord avec nous. C'est une question
de tactique, probablement.
Quand nous disons: Les chemins locaux, ça doit relever de
l'autorité locale, est-ce qu'il y a quelqu'un, de l'autre
côté, qui est sérieusement opposé à ce
principe-là, sérieusement opposé au principe? Que vous me
disiez que. pour certaines
régions excentriques, il faille une aide spéciale pour les
aider à s'acquitter de leurs responsabilités, j'en conviens et,
en matière de voirie, de nombreuses municipalités situées
dans des contextes difficiles recevront l'aide du gouvernement, mais ça
ne détruit pas le principe fondamental. Le principe fondamental, ce
n'est pas l'aide du gouvernement, c'est la responsabilité que chaque
municipalité doit avoir d'assurer les services de circulation sur son
territoire, en dehors des artères nationales, provinciales ou
régionales. Ce principe-là, quand on le regarde
sérieusement, on est obligé de convenir qu'il est sain.
La protection policière, on en a parlé à maintes
reprises. Quand on demande aux municipalités d'assumer une certaine
partie des services locaux, des services de base qu'elles reçoivent de
la Sûreté du Québec, ce n'est pas la même chose que
des services spécialisés dont bénéficient toutes
les municipalités, y compris les grandes, et pour lesquels tous les
citoyens sont appelés à payer une contribution relativement
égale, suivant les moyens de chacun. Mais nous disons que, pour les
services locaux qui devraient normalement être sous la
responsabilité des autorités locales, on vous demande de payer
une partie; pas tout, une partie. On a fait des ajustements. Il y avait une
escalade de coûts, de tarifs qui était peut-être un petit
peu abrupte, on a fait des ajustements. Il y a peut-être encore certains
ajustements qui peuvent être envisagés pour les petites
municipalités, justement. J'ai de la sympathie pour les
municipalités. Il y a des cas, en Abitibi, que j'ai dans l'esprit. Je
pourrais en nommer au député d'Abitibi, qui les connaît
comme moi. Des municipalités de village qui n'ont pas de route, qui ont
seulement leurs chemins de village puis qui doivent écoper d'une
contribution sensible au chapitre de la police ne bénéficieront
pas des adoucissements accordés au chapitre de l'entretien des routes
parce qu'elles n'en ont pas. Dans ces cas-là, l'effet des mesures
proposées est plus aigu. On y pense. On va trouver une solution à
ce problème-là aussi. On va réussir à
tempérer les effets, de manière que le principe
d'équité s'applique à peu près partout.
Je voudrais vous dire que pendant ces mois nous avons
écouté avec une très grande attention tout ce qui s'est
dit. J'ai lu tout ce qui m'a été adressé, y compris la
lettre très sérieuse du député d'Abitibi-Ouest que
j'ai vivement appréciée et nous allons faire le maximum pour
tirer partie de ces réflexions de manière que la réforme
soit la plus judicieuse possible pour que nous entreprenions le plus tôt
possible cette nouvelle étape de notre cheminement collectif qui nous
apparaît, à nous du gouvernement, comme une
nécessité dans le contexte actuel des finances publiques de la
révision des responsabilités gouvernementales à tous les
paliers, et ce, non seulement au Québec, mais au Canada, aux
États-
Unis et dans la très grande majorité des pays
développés du monde. Par conséquent, nous ne sommes pas
seuls, nous sommes dans un train où à peu près tout le
monde est obligé d'embarquer et ceux qui refusent d'embarquer paieront
un prix terrible sous l'angle de leur capacité compétitive.
Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, vous avez une
question, M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Oui, M. le Président. Conformément aux
dispositions du règlement qui permet une question brève, je veux
savoir si l'orateur qui vient de faire sa réplique me permet une
question brève.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que M. le
ministre des Affaires municipales permet une question en vertu de l'article
213, conditionnellement à ce qu'elle soit brève et que la
réponse soit brève également? M. le ministre, ça
va?
M. Pagé: Oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Affaires municipales, est-ce que vous permettez une question? Alors, M. le
député d'Abitibi-Ouest, très brièvement.
M. Gendron: Une question très brève. Est-ce que le
ministre des Affaires municipales accepte que, pour des petites
municipalités, au niveau du principe pour ce qui est de la voirie
tertiaire, il y ait également une responsabilité du gouvernement
dans la perspective de faciliter l'occupation du territoire? Est-ce que vous
êtes d'accord là-dessus ou si vous dites: Ça ne nous
regarde pas?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, à cette
question, M. le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: Ma réponse est nettement affirmative. Quand le
député prendra connaissance de tout l'ensemble des ajustements
qui sont apportés par le gouvernement, il verra que la réponse
est affirmative, non seulement en principe, mais en fait.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
ministre. Est-ce que la motion proposée par le ministre des Affaires
municipales proposant l'adoption du principe du projet de loi 145 est
adoptée? Vote enregistré. Alors, qu'on appelle les
députés.
(Suspension de la séance à 23 h 28)
(Reprise à 23 h 36)
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît. Je mets aux voix la motion du ministre des Affaires
municipales proposant l'adoption du principe du projet de loi 145, Loi
modifiant diverses dispositions législatives concernant les finances
municipales.
Que ceux et celles qui sont pour cette motion veuillent bien se
lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Portneuf), Mme
Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Ryan (Argenteuil), M.
Côté (Charlesbourg), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Elkas (Robert-Baldwin), M. Rémillard
(Jean-Talon), Mme Robic (Bourassa), M. Cusano (Viau), Mme Robillard (Chambly),
Mme Bleau (Groulx), M. Houde (Berthier), M. Philibert (Trois-Rivières),
M. Chagnon (Saint-Louis), M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. St-Roch (Drummond), M. Paradis (Matapédia), M.
Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M.
Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe
(Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Richard (Nicolet-Yamaska), Mme Bégin
(Belle-chasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Gautrin (Verdun), M.
Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine), Mme Hovington (Matane), M.
Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau
(Acadie), M. Audet (Beauce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bradet (Charlevoix), M. Després
(Limoilou), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Forget (Prévost),
Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance
(Iberville), M. MacMillan (Papineau).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Perron
(Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Blais (Masson), Mme Marois
(Taillon), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril
(Arthabaska), Mme Juneau (Johnson), M. Dufour (Jonquière), M. Gendron
(Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), M.
Paré (Shefford), M. Claveau (Ungava), M. Morin (Dubuc), Mme Caron
(Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Dupuis (Verchères), M. Beaulne
(Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
M. Libman (D'Arcy-McGee).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a des
abstentions? Aucune abstention.
Le Secrétaire: pour: 49 contre: 24 abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Bissonnet): La motion est donc
adoptée. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je vous inviterais
à appeler l'article 17 du feuilleton, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (m.
bissonnet): à
l'article 17, m. le ministre de la justice propose l'adoption du principe du
projet de loi 148...
M. Pagé: M. le Président, si vous me le
permettez...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Pagé: M. le Président, je me rappelais qu'un
ordre de la Chambre a été donné la semaine dernière
pour que la commission parlementaire puisse siéger à compter de
demain. Cependant, il serait indiqué, je crois, de
réitérer la motion de renvoi du projet de loi 145, maintenant que
l'étude en deuxième lecture est terminée, à la
commission de l'aménagement et des équipements et,
évidemment, que le ministre des Affaires municipales, qui tient à
répondre à toutes les questions et à formuler certaines
annonces aussi, tel qu'il l'a indiqué précédemment, puisse
en être membre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: Alors, je vous invite à appeler l'article
17, soit l'adoption du principe du projet de loi 148.
Projet de loi 148 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, à
l'article 17, M. le ministre de la Justice propose l'adoption du principe du
projet de loi 148, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires. M. le
ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Le projet de
loi que je soumets aujourd'hui, M. le Président, pour l'adoption du
principe modifie la Loi sur les tribunaux judiciaires afin d'augmenter le
nombre de juges à la Cour du Québec. Il prévoit porter le
nombre actuel de 285 juges à 290, de manière à
répondre aux besoins les plus pressants identifiés à cette
cour.
Comme vous le savez, M. le Président, les juges affectés
à la chambre criminelle et pénale de la Cour du Québec
exercent leur juridiction à l'égard des infractions commises
à l'encontre des lois à caractère pénal, tant
fédérales que provinciales. En ces matières, il est
primordial que les procès soient tenus dans des délais
raisonnables. Les victimes ont un intérêt spécial et de
bonnes raisons d'espérer que les procès criminels auront lieu
dans ces délais. Par ailleurs, les accusés, tant en vertu de la
Charte québécoise des droits et libertés de la personne
que de la Charte canadienne des droits et libertés, ont le droit
d'être jugés dans un délai raisonnable. En octobre 1990, la
Cour suprême du Canada, dans un appel provenant de l'Ontario, est venue
préciser la notion de délai raisonnable. Dans cette affaire de
nature criminelle, un délai de deux ans s'était
écoulé entre l'enquête préliminaire et le
procès. La cour a décidé que l'accusé n'avait pas
été jugé dans un délai raisonnable et a
ordonné, donc, l'arrêt des procédures criminelles.
Cet arrêt de principe de la Cour suprême a eu un impact
considérable dans l'ensemble du Canada. Ainsi, en Ontario, des
poursuites criminelles ont été abandonnées où les
juges ont mis fin à près de 32 000 dossiers, d'octobre 1990
à avril 1991, et on prévoyait que ce nombre allait atteindre
environ 50 000 dossiers criminels. Les autorités ontariennes ont
entrepris des efforts de redressement considérables afin de faire face
à la situation en procédant, entre autres, à la nomination
de juges additionnels. Il faut cependant préciser, M. le
Président, qu'au Québec la situation paraissait, jusqu'à
récemment, moins préoccupante qu'en Ontario, puisque les
délais d'audition, en matière criminelle et pénale, sont
en général moins longs que dans la province voisine.
On ne peut toutefois pas nier que le jugement de la Cour suprême,
de même que des décisions ultérieures des tribunaux du
Québec, a eu des impacts importants sur l'administration de la justice
au Québec. On constate en effet que, depuis octobre 1990, les tribunaux
québécois ont ordonné l'arrêt des procédures
dans plusieurs dossiers criminels dans certains districts judiciaires. C'est
pourquoi, M. le Président, il m'apparaît important que ces mesures
soient prises dès maintenant.
Vous me permettrez donc, M. le Président, de faire état de
la situation qui prévaut à la chambre criminelle et pénale
du district judiciaire de Terrebonne. Le nombre de dossiers qui y sont ouverts
a connu une augmentation de 23 % en matière criminelle et 24 % en
matière pénale depuis les quatre dernières années.
Les rôles d'audience, où sont portées les causes
criminelles à chaque étape de la judiciarisa-tion - je parle de
comparutions, d'enquêtes sur cautionnement, d'enquêtes
préliminaires et de procès - traduisent cette forte augmentation
des dossiers ouverts. Ainsi, les causes criminelles portées au
rôle sont passées de 16 400, en 1987, à 28 300 en 1990, une
hausse de 72 %. Quant aux causes pénales portées au rôle,
de 11 500 qu'elles étaient en 1987, elles sont passées à
12 300 en 1990, une hausse de 7 %.
Malgré un effort considérable consacré à
l'audition de ces causes par les intervenants depuis 1987, l'encombrement des
rôles a entraîné une forte hausse des délais
d'audition dans le district judiciaire de Terrebonne. Ainsi, en matière
criminelle, le délai moyen prévu entre l'enquête
préliminaire et le procès est passé de 3 mois au
début de 1990 à 9 mois à la fin de la même
année. Toutefois, des mesures exceptionnelles, telles que l'ajout de 3
salles d'audition au cours du premier trimestre de 1991 et l'affectation
temporaire par le juge en chef de la Cour du Québec de juges
résidant dans les districts limitrophes, ont permis de réduire ce
délai moyen à 45 jours en mars 1991. Quant aux poursuites
pénales, ce délai s'est maintenu à 9 mois durant
l'année 1990.
La situation est également préoccupante à Joliette,
chef-lieu du district judiciaire du même nom. De 1987 à 1990, les
causes criminelles portées au rôle sont passées de 14 000
à 21 300. Quant aux causes pénales portées au rôle,
elles sont passées, pendant la même période, de 8000
à 14 600. Il s'agit là, M. le Président, d'une
augmentation de 52 % pour les causes criminelles et de 87 % pour les causes
pénales. Cette augmentation du nombre de causes s'est évidemment
traduite par une hausse des délais d'audition en 1990. Ainsi, en
matière criminelle, ils sont passés de 9 mois à 10 mois,
alors qu'en matière pénale on constate qu'ils sont passés
de 9 à 12 mois. Encore ici, il me faut rappeler que les efforts
exceptionnels de la magistrature par l'affectation temporaire de juges ont
permis de réduire les délais en matière criminelle
à moins de 8 mois, 233 jours, en mars 1991. On voit donc, M. le
Président, qu'il devient impérieux de résorber les
délais actuels devant la chambre criminelle et pénale de la Cour
du Québec.
Je voudrais maintenant, M. le Président, faire état de la
situation à la Chambre de la jeunesse de certains districts judiciaires.
On sait que la Chambre de la jeunesse de la Cour du Québec a
compétence en matière civile, dans les instances en protection de
la jeunesse et en adoption. Elle a également compétence en
matière criminelle et pénale lorsque la poursuite est
dirigée contre un adolescent qui a contrevenu aux lois
fédérales ou provinciales à caractère pénal.
Les juges qui y sont affectés exercent des fonctions fort
délicates, compte tenu qu'ils peuvent être confrontés
à des situations pénibles d'enfants abandonnés,
maltraités, abusés sexuellement, ou d'adolescents manifestant des
troubles de comportement.
Dans la région de l'Estrie, on a pu constater, M. le
Président, qu'au cours des 4 dernières années les causes
portées au rôle du chef-lieu du district de Saint-François,
pour l'ensemble des matières relevant de la compétence de la
Chambre de la jeunesse, se sont accrues de 52 %, passant de 2375 en 1987
à 3600 en 1990. Par ailleurs, les délais d'audition en
matière de jeunesse contrevenante étaient de 35 jours à
Sherbrooke et de 60 jours à Cowansville et à Lac-Mégantic
à la fin de 1990. De même, en matière de protection, les
délais étaient de 60 jours à Cowansville et à
Lac-Mégantic. la région de la montérégie compte les
points de service de longueuil, saint-jean, valleyfield, sorel et
saint-hyacinthe. les dossiers qui ont été ouverts tant en
matière civile que criminelle et pénale ont connu une hausse de
62 % au cours des 4 dernières années, passant de 1590 dossiers en
1987 à 2570 en 1990. de ce dernier nombre, 1960 dossiers concernaient
les poursuites contre les jeunes contrevenants. quant aux causes portées
au rôle, elles ont connu une croissance de 32 %, passant de 3970 en 1987
à 5230 en 1990. conséquence de cette augmentation, les
délais d'audition se sont accrus et, en décembre 1990,
s'établissaient, en ce qui a trait aux poursuites contre les jeunes
contrevenants, à 37 jours à longueuil, 59 jours à
saint-jean et 41 jours à valleyfield. (23 h 50)
On conviendra facilement, M. le Président, que les délais
d'audition, difficilement acceptables lorsque les personnes impliquées
sont des adultes, deviennent intolérables lorsqu'il s'agit d'enfants et
d'adolescents. Il est donc essentiel de les réduire le plus possible si
on veut atteindre la finalité première de ces instances. En vue
de corriger les situations dont je viens de faire état, il
s'avère indispensable d'augmenter le nombre de juges à la Cour du
Québec. C'est pourquoi le projet de loi propose de porter de 285
à 290 le nombre de postes de juges à cette Cour. Ces 5 juges
devraient être affectés par le juge en chef de la Cour du
Québec à la Chambre criminelle et pénale ainsi qu'à
la Chambre de la jeunesse. En effet, suivant la procédure que
prévoit l'article 107 de la Loi sur les tribunaux judiciaires,
l'affectation d'un juge à une chambre de la Cour du Québec est
déterminée par le juge en chef de cette cour après
consultation du juge en chef associé responsable de la division
régionale concernée. On s'assurera ainsi que les six juges
nommés seront affectés là où les besoins sont les
plus importants et ce, en collaboration avec le juge en chef de la Cour du
Québec.
M. le Président, cette augmentation du nombre de juges de la Cour
du Québec devrait s'accompagner des mesures administratives
nécessaires pour en assurer toute l'efficacité. Une demande est
actuellement sous étude au Conseil du trésor afin d'augmenter le
nombre des postes de substituts et le personnel de soutien qui permettront la
mise en oeuvre harmonieuse du projet de loi 148. L'ensemble de ces mesures, M.
le Président, devrait contribuer à la réduction des
délais d'audition dont j'ai fait état tout à l'heure et,
en conséquence, contribuer à une meilleure administration de la
justice au Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
la Justice. Sur ce projet de loi 148, je reconnais Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve. Mme la députée.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. L'appel de ce projet de
loi, presque à minuit, ce 4 juin, manifeste, illustre, en quelque sorte,
et trahit le désarroi du ministre de la Justice à l'égard
des événements récents qui se sont produits, surtout dans
la ville de Montréal. Je fais évidemment allusion à ces
libérations d'accusés de délits graves qui sont survenues
la semaine passée et qui ont provoqué un tollé de
protestations dans l'opinion publique et dans l'ensemble des médias
d'information. Quand je dis "trahit son désarroi", M. le
Président, c'est que le projet de loi 148 a été
déposé, comme l'ensemble des autres projets de loi émanant
du ministère de la Justice, le 15 mai dernier, et le ministre aurait
très bien pu appeler ces projets de loi à une heure plus
raisonnable pour nos concitoyens, pour les justiciables du Québec, qui
auraient pu, d'ailleurs, plus facilement que ce n'est le cas maintenant,
prendre connaissance de cet ajout de nouveaux juges à la Cour du
Québec et des motifs qui président à cette décision
d'ajouter des nouveaux juges.
Ça n'a pas été le cas, M. le Président. La
semaine dernière, le ministre de la Justice et son gouvernement ont
plutôt décidé d'appeler des projets de loi qui faisaient
rentrer des fonds au ministère de la Justice. Sur l'ensemble des projets
de loi déposés le 15 mai, deux étaient appelés,
d'une certaine façon, en priorité, la semaine passée, et
recevaient un traitement accéléré ici même, devant
cette Chambre, lors de l'étude en deuxième lecture et lors de
l'étude article par article en commission parlementaire des
institutions, par la suite. Et ces projets de loi, M. le Président,
consistaient à constituer un fonds des registres au ministère de
la Justice pour financer une partie de l'informatisation des registres
d'état civil, et l'autre projet de loi qui
a été appelé presque en priorité consistait
à remplacer les timbres judiciaires par un autre procédé
d'enregistrement. Et, conséquemment, le ministre laissait entendre une
augmentation assez substantielle des tarifs, il l'annonçait d'ailleurs
rétroactrive au 1er janvier 1986, pour l'ensemble des tarifs de la
justice et, évidemment, il énonçait l'hypothèse de
doubler les tarifs en matière familiale.
M. le Président, évidemment, ce que le ministre
annonçait d'une main, en matière d'augmentation des tarifs, il
était bien loin, malheureusement, de nous l'annoncer en matière
également d'indexation du seuil d'admissibilité des personnes en
difficulté, et qui recourent à l'aide juridique. Ça, c'est
on ne sait trop quand, et si c'était très urgent de passer ces
deux lois, M. le Président, je ne comprends pas que le ministre de la
Justice et son gouvernement n'aient pas cru bon d'appeler, dès la
semaine passée, puisque nous avons siégé à deux
occasions en commission parlementaire, ce projet de loi 148 qui, de toute
façon, ne comporte qu'un seul article, se lit assez aisément et
s'adopte aussi facilement, M. le Président, puisqu'il s'agit, à
l'article 1, de prévoir l'augmentation du nombre de juges et,
évidemment, de modifier à ce moment-là la Loi sur les
tribunaux judiciaires pour compter 290 juges plutôt que 285 comme c'est
le cas présentement.
M. le Président, on comprendra que si c'est à minuit ce
soir... On m'a dit - je ne sais si c'est confirmé - que nous allons
procéder immédiatement, suite à l'adoption en
deuxième lecture, à l'adoption de cet article signifiant
l'augmentation du nombre de juges. Nous allons procéder
immédiatement en commission plénière pour que les juges
puissent être nommés dès demain, ou après-demain
peut-être. Et, M. le Président, je comprends que c'est un
article... Je considère que cette loi s'imposait d'elle-même,
dès sa présentation, le 15 mai dernier, et je ne comprends que
l'on ait retardé ce type de législation à cette heure
indue des travaux de la Chambre.
M. le Président. Oui, effectivement, le leader du gouvernement et
député de Portneuf nous signale qu'il n'est jamais trop tard pour
bien faire. Oui, je considère, d'une façon certaine, que la
présentation va être "remédiatrice" d'une omission qui doit
être corrigée, mais, évidemment, elle aurait dû avoir
lieu bien avant cette nuit.
Il faut comprendre que le ministre de la Justice est aux prises avec un
problème d'engorgement des tribunaux, ce qui provoque un certain nombre
de décisions qui sèment la consternation et, je dois dire, la
désapprobation dans l'opinion publique, M. le Président. Ces
problèmes étaient à prévoir depuis longtemps. Ces
problèmes étaient à prévoir dès la
décision de la Cour suprême, intervenue en octobre dernier, de
considérer que les délais entre la comparution et le
procès ne devaient pas s'éterniser. Sans que la Cour
suprême ait défini un chiffre magique, M. le Président, on
peut comprendre que c'est autour d'un an que tout cela doit avoir lieu, pour
garantir à tout accusé, en vertu des chartes, un droit à
un délai raisonnable pour son procès. C'est déjà
donc en octobre dernier qu'intervenait cette décision de la Cour
suprême dans un arrêt dont on entend parler maintenant et qui
s'appelle l'arrêt Askov.
Ce que je crains, c'est que la loi 148 que nous allons adopter
rapidement, cette nuit, ne vienne pas vraiment régler le problème
de fond qui s'est présenté suite à l'adoption de
l'arrêt Askov. D'abord, je veux préciser que des
libérations avaient eu lieu bien avant que l'arrêt ne soit
adopté. Des libérations avaient commencé à avoir
lieu suite aux engorgements des tribunaux bien avant octobre dernier.
M. le Président, ce que je crains, c'est que le projet de loi 148
ne vienne pas réellement corriger cette situation - et le ministre le
sait - puisque dans le cas de la décision du juge Grenier, pour laquelle
il a jugé nécessaire d'aller en appel, il ne s'agit pas d'un
délai créé par une vacance au niveau des juges. Le
ministre sait très bien qu'il va en appel d'une décision de
libération d'une personne accusée du viol d'une jeune fille de 16
ans, parce que la libération a été décidée
par le juge pour un premier motif que le procureur de la couronne,
lui-même, ne s'était pas présenté lors de l'audition
qui était prévue. Le ministre a commandé une enquête
interne sur le "cafouillage" au bureau des procureurs de la couronne à
Montréal. Ce que l'on peut souhaiter, c'est qu'il rende public ce
rapport interne qu'il a demandé. L'administration de la justice ne peut
pas se faire en privé, M. le Président. Et les procureurs et les
substituts du procureur de la couronne ont besoin que leur réputation et
leur travail reçoivent la sanction de l'opinion. Et dans la mesure
où l'enquête interne demandée par le ministre resterait
d'ordre privé, il faut s'inquiéter du sentiment qui se propage
dans la population que la justice est malade, du sentiment de discrédit
qui se propage dans la population sur ces décisions qui sont
considérées comme des dénis de justice, (minuit)
M. le Président, ce que je crains, c'est que, bien loin de
corriger la situation, le juge en chef a fait des demandes au ministre de la
Justice qui vont bien au-delà des nominations que le projet de loi va
permettre de faire, en l'occurrence, la nomination de cinq nouveaux juges.
Parce que, voyez-vous, M. le Président, non seulement le nombre, le
volume d'affaires criminelles augmente, mais pensez qu'avec la nomination de 24
nouveaux procureurs de la couronne, assignés spécifiquement
à des dossiers de drogues et des dossiers de stupéfiants, il faut
comprendre que ces assignations spécialisées de procureurs
à ces dossiers vont définitivement faire augmenter le
nombre de dossiers devant les cours, devant les tribunaux.
M. le Président, le ministre sait très bien que ce n'est
pas avec le projet de loi 148 qui est devant l'Assemblée ce soir, cette
nuit, qu'il peut réellement et adéquatement et en profondeur
corriger ce problème qui devient endémique de l'engorgement des
dossiers devant les tribunaux. Le ministre a jugé nécessaire
d'aller en appel d'un jugement, celui du juge Grenier. M. le Président,
je considère qu'il est utile que nous puissions avoir une meilleure
évaluation de ce qui est considéré comme un délai
déraisonnable. Je considère, M. le Président, que le
ministre a raison de souhaiter faire préciser cette fameuse notion de
délai déraisonnable. Il m'indique qu'il va en appel dans le
deuxième procès. Alors, je dois donc comprendre qu'il aurait
décidé d'aller en appel quant au jugement rendu par la juge
Dubreuil. Si c'est le cas, je crois que cela s'impose également, puisque
ce jugement de libération est intervenu à la fin d'un
procès, juste avant que les avocats procèdent aux
plaidoiries.
Il faut certainement, M. le Président, à ce moment-ci
où l'opinion publique est légitimement sensibilisée
à la violence physique ou à la violence sexuelle qui est
perpétrée à l'égard des enfants ou de toute
personne, y compris évidemment des femmes puisque c'est là une
réalité dont elles sont victimes plus souvent, faire
préciser cette fameuse notion de délai déraisonnable et le
faire systématiquement, M. le Président, parce qu'il ne faudrait
certainement pas que cela devienne un moyen de défense des procureurs
que d'invoquer les délais pour pouvoir faire libérer des
accusés de crimes graves. Alors, c'est évident que nous allons
concourir à l'adoption du projet de loi 148. Mais, je le
répète, je crains encore que le ministre, à tort,
s'illusionne sur la capacité, par la nomination de cinq juges, de
régler ce problème qui, je le crains, se répète
comme une épidémie.
Je le crains d'autant plus qu'il a cité notamment le district
judiciaire de Terrebonne. Pour m'être rendue, M. le Président, il
y à peine un mois, au palais de Justice de Saint-Jérôme,
j'ai pu constater que le juge qu'il avait nommé l'an passé n'a
jamais pu occuper ses fonctions, étant en congé d'une maladie
très sérieuse, et qu'une salle d'audience, une quatrième
salle d'audience pourtant nouvellement rénovée, n'a jamais pu
fonctionner de façon normale. Je dois comprendre qu'à
Saint-Jérôme comme à Joliette, puisque je m'y suis rendue
également, la seule façon de réduire ces délais
est, présentement, de renvoyer les causes de longue durée
à Montréal. Alors, c'est une situation qui ne peut pas durer, M.
le Président, parce que c'est dans le district judiciaire de
Montréal que le problème d'engorgement va, à ce
moment-là, s'aggraver, comme ce fut le cas la semaine passée.
Alors, le ministre va devoir trouver des solutions permanentes. Et ces
solutions permanentes passent, non seulement par la nomination de nouveaux
juges, non seulement par la nomination de substituts du Procureur, et je
prenais connaissance d'une déclaration du sous-ministre Bouchard
à l'effet que le ministère de la Justice devait nommer de
nouveaux substituts du Procureur général... Non seulement ces
nominations s'imposent-elles, M. le Président, mais sans doute faut-il
examiner, plus en profondeur toute la question de l'administration de la
justice au Québec.
Quand on pense que les juges de la Cour fédérale jugent
à peine, me dit-on, 1 % des causes criminelles et pénales, et que
la Cour du Québec se trouve entièrement engorgée par
l'augmentation des dossiers, alors, M. le Président, il faut que le
ministre ait un certain courage pour regarder la réalité de
l'administration de la justice en face, et y apporter les correctifs qui
s'imposent.
Alors, M. le Président, je terminerai cette brève
intervention en rappelant au ministre que dans l'intérêt de la
justice, il serait souhaitable qu'il rende public le rapport de l'enquête
interne qu'il a demandée sur le fonctionnement de la couronne à
Montréal. Et il serait souhaitable également qu'il envisage, de
façon plus urgente qu'il avait pensé le faire en reportant lors
du sommet de la justice, dans six mois, l'examen de cette question, avant que
ne se multiplient les libérations d'accusés de crimes graves
comme cela s'est produit la semaine passée, qu'il envisage dès le
retour de la session de l'automne, des mesures qui, en profondeur, pourraient
venir apporter des solutions.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Vous avez le droit de réplique, M. le ministre.
M. Gil Rémillard (réplique) M. Rémillard:
Oui, brièvement...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre de la
Justice.
M. Rémillard: ...simplement pour dire qu'à la suite
de l'affaire de l'arrêt Askov, donc au mois d'octobre dernier, nous avons
immédiatement réagi et pris les moyens administratifs qui
s'imposaient pour tenter de nous conformer à cette décision
judiciaire de très grande importance, donc qui fixait les délais
raisonnables selon les chartes. Et la Cour suprême, dans l'affaire Askov,
mentionne bien que le Québec peut servir d'exemple en matière de
délais. m. le président, nous allons en appel dans certaines
causes, dans au moins deux causes. je ne les commenterai pas parce que c'est la
règle
du sub judice, mais il est évident que cette décision de
la Cour suprême extrêmement importante doit être
précisée quant à sa portée. maintenant, m. le
président, brièvement, en terminant, peut-être que si des
téléspectateurs m'écoutent ce soir et qu'ils m'entendent
dire que dans certains districts judiciaires, il y a eu 75 % d'augmentation des
causes devant nos tribunaux, en matière criminelle et pénale,
dans d'autres 35 %, 40 %, les gens se demandent souvent: mais dans quelle
société vivons-nous? qu'est-ce qui se passe? est-ce que nous
sommes rendus aussi mauvais que ça? ça n'a pas de bon sens!
Il faut bien comprendre, M. le Président, qu'on n'est pas plus
mauvais qu'on l'était il y a quelques années. Mais je dirais
qu'on est plus efficaces, parce que le genre de société que nous
avons choisi d'avoir, société de justice, d'équité,
a fait en sorte que ce qui n'était pas un crime il y a à peine
quelques années est maintenant un crime. Et je me réfère
par exemple à la violence conjugale, je me réfère à
la violence faite aux femmes de façon générale, et les
abus aux enfants. Je me réfère aussi à la conduite en
état d'ébriété. Là aussi, c'est un aspect
très important. Notre lutte face aux drogues. Alors, dans tous ces
domaines, qui n'étaient pas des domaines où nous étions
particulièrement actifs, il y a quelques années, et où
nous sommes actifs maintenant avec beaucoup d'efficacité, le
résultat est qu'il y a plus de gens qui sont devant les cours de
justice.
Alors, c'est dans ce contexte-là, M. le Président, que ce
projet de loi a pour objet d'ajouter cinq juges à la Cour du
Québec, ce qui nous permettra, je crois, de répondre aux besoins
du système judiciaire québécois.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
ministre.
Est-ce que la motion du ministre de la Justice proposant l'adoption du
principe du projet de loi 148, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux
judiciaires, est adoptée?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: Alors, M. le Président, je ferais motion,
en attendant ma collègue, Mme la député de
Hochelaga-Maisonneuve, qui, j'en suis persuadé, va acquiescer à
ma proposition, que nous procédions immédiatement aux
écritures du projet de loi et qu'on passe à la troisième
lecture pour adoption du projet de loi. (Oh 10)
Commission plénière
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour procéder aux écritures? Est-ce que la motion de
M. le leader du gouvernement proposant que l'Assemblée se constitue
à partir de maintenant en commission plénière est
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En commission
pleinière, est-ce que chacun des articles de ce projet de loi est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Est-ce
que le titre du projet de loi est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, nous sommes de
retour à l'Assemblée. Est-ce que le rapport de la commission
pleinière est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: Je propose l'adoption du projet de loi.
Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour déroger à l'article 230 quant à
l'adoption du règlement du projet de loi 148? Consentement. Est-ce que
le projet de loi 148 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, vous comprendrez qu'avec la
célérité avec laquelle l'Opposition a concouru à
l'adoption du projet de loi, nous voulons manifester tout notre
intérêt à ce que des mesures les plus immédiates
possibles soient prises pour mettre fin à ces situations absolument
inacceptables qui se sont produites la semaine passée.
Cependant, M. le Président, encore une fois, nous
déplorons que le projet de loi n'ait pas été
déposé comme il aurait dû l'être à l'examen de
la commission parlementaire des institutions la semaine passée et nous
réitérons notre volonté de voir le ministre de la Justice
et son gouvernement en arriver à des mesures plus permanentes qui
s'imposent, M. le Président, pour mettre fin à des situations qui
ont, avec raison, soulevé l'indignation dans la population. Je vous
remer-
cie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée. Est-ce que la motion proposant l'adoption du projet de
loi 148, loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires est
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 13 du feuilleton.
Projet de loi 144 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 13,
M. le leader du gouvernement, M. le ministre de la Sécurité
publique propose l'adoption du principe du projet de loi 144, Loi modifiant la
Loi sur les permis d'alcool. Et je m'empresse de reconnaître M. le
ministre de la Sécurité publique, M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de voir que
le député de Joliette et leader de l'Opposition fait son
apparition. Nous avons eu l'occasion de discuter ensemble, en commission
parlementaire, des circonstances qui nous amènent à
considérer ce projet de loi 144 à l'Assemblée nationale.
Il avait bien vaillamment indiqué, lors des travaux en commission
parlementaire, qu'il comprenait les circonstances dont nous parlerons
tantôt et qu'il se prêterait à l'examen par
l'Assemblée nationale à cette session-ci d'un projet de loi. Je
lui en exprime mon appréciation et je veux assurer tous les membres de
cette Chambre que nous présentons ce projet de loi dans un esprit de
collaboration et d'ouverture.
Voici de quoi il s'agit, M. le Président. La loi sur les permis
d'alcool confère à la Régie des permis d'alcool du
Québec des pouvoirs importants en ce qui touche l'émission de
permis de vente ou de fabrication de boissons alcooliques au Québec. Et
l'organisme qui se voit attribuer les pouvoirs en matière
d'émission des permis, se voit également accorder les pouvoirs de
révocation ou encore de suspension des mêmes permis. Ce sont des
pouvoirs très importants affectant des milliers d'entreprises dont le
chiffre d'affaires représente, évidemment, un montant
considérable à chaque année. On estime à plus de 12
000 le nombre des établissements munis d'un permis de vente ou de
distribution de boissons alcooliques au Québec, ce qui vous donne une
idée de l'importance très grande de cette activité
économique. Ça comprend les épiceries, ça comprend
des bars, ça comprend des brasseries, toutes sortes d'autres endroits
que certains d'entre nous fréquentent plus ou moins souvent. Mais
ça fait partie de la réalité québécoise
d'aujourd'hui et il est normal que s'exerce une activité
régulatrice de l'État en ces choses. Cette activité est
exercée par la Régie des permis d'alcool du Québec
à laquelle j'ai déjà eu l'occasion d'exprimer mon
appréciation pour l'excellent travail qu'elle accomplit.
Dans l'émission des permis ou dans toutes les décisions
relatives à la révocation ou à la suspension des permis,
la Régie doit s'inspirer d'un certain nombre de critères, en
tête desquels figure le critère de la tranquillité
publique. Pour émettre un permis, par exemple, pour un débit
d'alcool, la Régie doit s'assurer qu'il n'y aura pas d'obstacles
à la tranquillité publique découlant de la présence
d'un endroit licencié ou muni d'un permis dans tel secteur donné
du territoire d'une municipalité. Elle doit s'assurer que
l'activité qui aura lieu à l'intérieur de cet
établissement se déroulera suivant certaines normes de morale,
certaines normes de tran-quilité publique, certaines normes de
sécurité physique, par exemple, qui répondront aux
exigences normales de la société.
Dans la loi actuelle, la Régie se voit conférer le pouvoir
d'établir des règlements, se voit attribuer le pouvoir de
définir par règlement les éléments dont elle devra
tenir compte pour prendre des décisions au titre de la
tranquillité publique. Et jamais, depuis de nombreuses années
qu'elle détient ce pouvoir, la Régie ne l'a exercé. Dans
le texte de la loi, c'est écrit: La Régie peut établir un
règlement, etc. Elle n'a jamais exercé ce pouvoir. C'est donc
dire qu'elle prend ses décisions relatives à la
tranquillité publique en tenant compte de ses perceptions, en tenant
compte de ses jugements. Elle affine sa jurisprudence de décision en
décision, elle ne l'a jamais écrite dans un règlement.
Pourquoi? Parce qu'un règlement - ceux qui ont dû participer
à la rédaction de règlements savent de quoi il s'agit -
exige d'être formulé dans des termes qui conduisent ou peuvent
conduire à des vérifications presque arithmétiques.
Si, par exemple, on définit un règlement pour l'admission
d'un élève à l'école anglaise, ça prend des
critères très précis. Vous dites: II faut le certificat de
naissance, il faut que l'enfant ait fréquenté l'école
anglaise ou que ses parents aient fréquenté l'école
anglaise pendant la majorité du temps qu'ils ont passé à
l'école primaire, etc. Ça prend des critères
précis, presque arithmétiquement vérifiables, sans quoi on
risque d'être en présence d'un règlement qui sera
débouté faute de pertinence ou de précision suffisante, il
faut toujours éviter, dans un règlement, de donner plus de
pouvoir au gouvernement ou au ministre que ne lui en attribue la loi. Alors, il
s'est avéré, à l'essai, que la défini-
tion d'un règlement traitant de la tranquillité publique
était une entreprise extrêmement difficile. La Régie avait
préféré jusqu'à maintenant ne pas choisir cette
voie, estimant que le mot "peut" qui est employé dans la
législation actuelle lui donnait la faculté, soit
d'établir un règlement, soit de n'en point établir.
Les tribunaux, jusqu'à récemment, avaient confirmé
cette manière de voir de la Régie et, chaque fois que ses
décisions avaient été mises en cause par des entreprises
ou des particuliers qui étaient visés par ses décisions,
les tribunaux avaient donné raison à la Régie. Par
conséquent, tout allait normalement, les tribunaux comprenaient, en
somme, que le concept de tranquillité publique doit être l'objet
d'une interprétation souple, pragmatique, susceptible d'évoluer
au gré des situations.
Je donne seulement un exemple qui justifiait cette attitude de la
Régie. Prenez les développements formidables que nous avons
connus depuis une quinzaine d'années en matière de commerce de la
drogue, par exemple. C'est bien connu qu'un grand nombre
d'établissements munis d'un permis de vente de boissons alcooliques sont
en même temps des lieux où certains font le trafic de la drogue,
ou l'utilisation de la drogue, d'une manière ou d'une autre. Personne
n'eut pu prévoir l'ampleur que prendrait ce phénomène au
cours des dernières années. C'est encore très difficile
d'en mesurer l'étendue, l'ampleur et les effets avec précision et
les manifestations ne sont pas toujours faciles à établir. (0 h
20)
C'est facile d'écrire des articles là-dessus. Mais
mettez-vous à la place de la police ou de la Régie qui doivent
prendre des décisions concrètes. C'est beaucoup plus difficile.
Mais il est arrivé récemment que la Cour d'appel du Québec
saisie d'une requête d'ordre plutôt théorique par une
personne dont le permis avait été l'objet d'une décision
négative de la part de la Régie, cette personne s'est
présentée devant le tribunal et a mis en cause le principe de la
non-réglementation. Elle a demandé au tribunal de se prononcer
sur ce point. Le juge de la Cour supérieure a statué que la
Régie avait le droit de procéder comme elle l'a fait,
c'est-à-dire qu'elle n'était pas obligée de dicter un
règlement. La Cour d'appel, nonobstant la jurisprudence en sens
contraire qu'elle avait établie jusqu'à cette date, jusqu'au mois
de - le jugement a été rendu, si mes souvenirs sont bons, il y a
quelques mois, au cours du printemps, je le retrouverai tantôt...
Pardon?
Une voix: Le 11 mars.
M. Ryan: Le 11 mars 1991. La Cour d'appel, dans un jugement
rédigé par le juge Louis Lebel, a décidé de
renverser sa position antérieure et elle a conclu que la Régie,
de par la formulation du texte actuel de la loi, avait l'obligation et non pas
simplement la faculté de dicter un règlement. Il a apporté
de très bons arguments à l'appui de sa thèse, je ne veux
pas la mettre en question aujourd'hui. Vous savez que le gouvernement a
décidé de ne pas aller en Cour suprême. Par
conséquent, si nous ne sommes pas allés en Cour suprême -
les délais sont maintenant expirés d'ailleurs pour l'appel - nous
acceptons, par conséquent, le jugement du tribunal et je n'entends pas
le remettre en question aujourd'hui. Il s'agissait pour nous de décider
des suites que nous allions apporter à ce jugement.
Alors, là, il y avait deux avenues qui s'ouvraient au
gouvernement, étant exclu le recours à la Cour suprême qui
eut pris beaucoup de temps et eut maintenu une incertitude considérable
dans tout le secteur, de l'émission, de la suspension et de la
révocation des permis de vente de boissons alcooliques. Il nous restait
deux recours, soit de procéder à la mise au point d'un
règlement, comme le veut la loi actuelle selon l'interprétation
que vient d'en donner la Cour d'appel, ou soit de modifier la loi de
manière que les critères dont doit tenir compte au premier chef
la Régie pour l'émission de permis d'alcool soient inscrits dans
le texte de la loi. Alors, le gouvernement a choisi la voie législative
pour deux raisons. Tout d'abord, parce qu'il nous est apparu
préférable d'inscrire dans le texte même de la loi,
à l'état général, mais quand même avec des
précisions qui répondent, je pense bien, aux attentes qu'avait
formulées le jugement de la Cour d'appel, il nous est apparu
préférable d'inscrire dans le texte même de la loi les
principaux facteurs dont devra tenir compte la Régie dans
l'établissement de ses décisions relatives à
l'émission, à la suspension ou à la révocation des
permis.
Si vous regardez le texte que propose le projet de loi 144, vous dites
que la Régie, pour l'exercice de ses fonctions et pouvoirs mettant en
cause la tranquillité publique, pourrait tenir compte notamment des
éléments suivants: d'abord, tout bruit, attroupement ou
rassemblement résultant ou pouvant résulter de l'exploitation de
rétablissement, de nature à troubler la paix du voisinage;
deuxièmement, les mesures prises par le requérant ou le
détenteur du permis et l'efficacité de celles-ci afin
d'empêcher dans l'établissement - là, il y a toute une
série d'actes illégaux qui sont mentionnés - la
possession, la consommation, la vente, l'échange ou le don, de quelque
manière que ce soit, d'une drogue, d'un stupéfiant ou de toute
autre substance pouvant être assimilée à une drogue; la
possession d'une arme à feu ou de toute autre arme offensive; les gestes
ou actes à caractère sexuel de nature à troubler la paix
et la sollicitation y relative; les actes de violence, y compris le vol ou le
méfait, de nature à troubler la paix des clients ou des citoyens
du voisinage; les jeux de hasard, gageures, paris de nature à
troubler la paix; toute contravention à la présente loi ou
à ses règlements; et toute contravention à une loi ou
à un règlement relatif à la sécurité,
l'hygiène ou la salubrité dans un lieu ou un édifice
public.
Vous remarquerez une chose là, c'est bien marqué, le mot
"notamment" est très important ici. Ce n'est pas une enumeration qui se
prétend complète ou définitive. C'est une enumeration de
base où chacun des éléments énumérés
est induit de décisions déjà rendues par la Régie
des permis d'alcool au cours des dernières années. Il y a eu des
cas où c'était des armes à feu, d'autres cas où
c'était des actes sexuels répré-hensibles en public;
d'autres cas où c'était de la circulation de drogue; d'autres cas
où c'était un excès de bruit ou d'attroupement dans le
voisinage, etc. Tous les critères qui sont inscrits ici sont des
critères induits de l'expérience et non pas inventés par
le législateur pour s'impressionner à l'aide d'une enumeration
qui pourrait avoir l'air d'être complète ou définitive.
Avec ceci, nous croyons que le gouvernement et l'Assemblée
nationale répondent en tout point aux attentes formulées par le
jugement de la Cour d'appel. Nous faisons disparaître cette espèce
d'épée de Damoclès qui pesait sur la Régie, qui
l'obligeait à faire un règlement, dont nous n'étions pas
sûrs d'être capables de le rédiger dans les termes
précis que requiert ce type d'exercice. Ça, c'est le premier
motif.
Le deuxième motif, c'est que nous avions toute une série
d'affaires en marche. Il y avait déjà plusieurs décisions
de la Régie qui étaient contestées devant les tribunaux.
Il y en a au moins une bonne douzaine qui sont déjà, soit devant
la Cour d'appel ou devant la Cour supérieure et les tribunaux ont
commencé à rendre des jugements sur ces décisions. Dans le
sillage de la décision rendue par la Cour d'appel en mars dernier, c'est
évident que nous allions vers une annulation, c'est-à-dire des
chances de gagner du gouvernement, dans bien des causes qui étaient
inscrites devant les tribunaux déjà. En plus, la Régie est
saisie, je pense que c'est 80 demandes de permis ou de renouvellement de
permis, sur lesquelles elle ne peut pas statuer parce que le critère
principal, c'est le critère de la tranquillité publique. Aussi
longtemps que cette affaire n'est pas réglée, la Régie ne
peut pas fonctionner normalement. Si nous avions procédé
uniquement par voie réglementaire, nous ne pouvions pas
réglementer de manière rétroactive. Nous ne pouvions pas
embrasser les causes qui sont déjà en marche.
Entre vous et moi, mettons-nous les pieds à terre, M. le
Président, soyons réalistes. Disons que vous avez un débit
de boisson où les enquêtes policières ont dûment
établi, au cours des derniers mois, qu'il y avait là un commerce
libre, ou une circulation libre de la drogue, allez-vous laisser ça se
perdre en pure fumée, sous prétexte de respecter la lettre d'une
loi ou si, comme législateurs responsables, nous n'avons pas
l'obligation de ressaisir le ballon immédiatement et de dire: Vous ne
jouerez pas avec la justice, ni avec le gouvernement aussi facilement que vous
le pensez.
Avec le projet de loi, nous allons permettre, en vertu d'une disposition
qui est contenue à un article du projet de loi, que soient
validées les décisions rendues par la Régie des permis
d'alcool du Québec avant la date de la sanction de la loi, dans la
mesure où leur invalidité pourrait résulter de
l'appréciation par la Régie de la tranquillité publique en
l'absence de règlement qui a été dénoncée
par le tribunal. Avec ça, on prévient aussi les appels...
Imaginez que nous ne faisions rien. Ça veut dire qu'une personne qui a
vu son permis révoqué il y a deux ans, elle peut dire: Moi, je ne
suis pas plus bête que celui qui vient d'être avantagé par
le jugement de la Cour d'appel en mars 1991. Je vais inscrire un appel, moi
aussi, pour avoir justice. On va se trouver en pleine confusion, en pleine
anarchie. il y a toutes sortes de conséquences. je pense que les
conséquences sociales et morales, nous les voyons tous. et le moyen que
nous avons arrêté après mûre réflexion,
après étude de toutes les autres possibilités, c'est celui
qui est proposé par le projet de loi 144, c'est-à-dire,
l'insertion, dans le texte même de la loi, de dispositions
précises qui définiront de manière satisfaisante le
concept de tranquillité publique, de manière que les
décisions déjà rendues par la régie soient
assurées d'une parfaite validité juridique, que les affaires
déjà inscrites devant la régie ou devant les tribunaux
puissent connaître leur dénouement normal, sans qu'on s'expose
à des décisions dont les effets risqueraient d'être
très nocifs pour la société, et de manière aussi
que pour ses décisions futures, la régie des permis d'alcool soit
assurée de pouvoir agir avec toute la certitude normale, avec toute
l'assurance légitime que doit posséder un organisme ayant cette
vocation très difficile de voir à ce que tout le commerce des
boissons alcooliques se fasse, au québec, dans le respect de l'ordre,
dans le respect de normes de moralité publique
élémentaires, dans le respect de la dignité des personnes,
dans le respect des lois aussi.
Voilà l'objet du projet de loi 144 et j'ose espérer que
les membres de l'Assemblée nationale voudront en reconnaître le
bien-fondé et la pertinence. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
ministre de la Sécurité publique. Toujours à
l'étude de l'adoption du principe du projet de loi 144, Loi modifiant la
Loi sur les permis d'alcool, je reconnais maintenant le leader de l'Opposition
officielle et député de Joliette. M. le député. (0
h 30)
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. M. le
Président, le projet de loi est effectivement la réponse
gouvernementale au jugement de la Cour d'appel qui a été rendu le
11 mars dernier et dans lequel cette dernière invalidait une
décision de la Régie des permis d'alcool suspendant un permis de
bar pour le motif que la Régie n'avait jamais défini par
règlement le critère de tranquillité publique sur lequel
elle s'était appuyée pour émettre cette suspension.
En ce faisant, M. le Président, eh bien, la Cour d'appel
dérogeait soudainement, comme le disait le ministre tantôt,
à sa propre jurisprudence ainsi qu'à celle de la Cour
supérieure qui avait, à de nombreuses reprises, reconnu la
validité de centaines de décisions de la Régie, qui avait
rendu celles-ci en s'appuyant sur le non-respect du critère de la
tranquillité publique contenu à l'article 41, paragraphe 1 de la
Loi sur les permis d'alcool.
Inutile de dire que la soudaineté de cette décision avait
plongé le milieu du commerce et de la vente de l'alcool dans un certain
désarroi, surtout qu'après 12 ans de patiente jurisprudence la
Régie avait réussi, je crois, à imposer sa
crédibilité juridique et le respect et le consensus par rapport
à ses décisions basées sur ce critère. Il fallait
donc que le gouvernement agisse pour ne pas que l'incertitude juridique se
prolonge indûment.
La notion de tranquillité publique sur laquelle la Régie
base l'essentiel de sa compétence en matière d'émission,
de suspension ou d'abolition de permis d'alcool constitue vraiment une des
pierres d'assise de la nouvelle vocation conférée, en 1979,
à la nouvelle Régie des permis d'alcool par la nouvelle loi
moderne et axée sur le service aux citoyens qui était, à
l'époque, la Loi sur les permis d'alcool. Le critère
d'intérêt public était maintenu, mais celui de la
tranquillité publique qui était ajouté symbolisait
beaucoup mieux l'esprit de la réforme. Finis les délais indus,
les refus d'accorder un permis parce que contraire à
l'intérêt public, ce qui voulait dire à peu près
n'importe quoi, fini le favoritisme, etc. Dorénavant, un
requérant saurait à quoi s'en tenir. Fondamentalement, s'il
respectait la tranquillité publique, il avait droit au permis et
pouvait, s'il maintenait cette tranquillité, compter sur l'appui de la
Régie.
C'est ainsi, par exemple, qu'au cours des années des
regroupements de citoyens, des associations de quartier, des citoyens
individuels ont appris à venir, sans crainte, devant la Régie
pour exposer leurs motifs d'opposition à une demande de permis ou leur
requête pour qu'un permis soit suspendu ou révoqué pour
mauvaise conduite du détenteur. Il devenait donc impérieux - et,
là-dessus, nous partagions le point de vue du ministre parce que, en
commission parlementaire, nous en avons discuté - de protéger ce
critère qui avait si bien servi au cours des années, surtout
qu'en aucune façon la Cour d'appel n'avait remis en question la
manière dont la Régie s'acquittait de sa tâche de le
définir. La Cour d'appel en avait plus sur le principe que la
Régie se devait maintenant d'abandonner le cas par cas et adopter une
approche plus normative de la définition de la tranquillité
publique en se servant, par exemple, de son pouvoir réglementaire sur le
sujet prévu au paragraphe 8 de l'article 114 de la loi.
M. le Président, lors de l'étude des crédits
budgétaires du ministère de la Sécurité publique le
24 avril dernier, le ministre nous avait alors exposé les trois avenues
légales qui s'offraient à lui: aller en appel à la Cour
suprême, faire en sorte que la Régie réglemente la notion
de tranquillité publique ou modifier la loi pour étoffer, dans le
corps même de celle-ci, la notion de tranquillité publique.
Le ministre a donc opté pour la troisième voie; c'est
celle qu'il a retenue. On peut voir, par exemple, que la Régie sera
habilitée à considérer comme étant une atteinte
à la tranquillité publique le fait de permettre le trafic de
drogues, la prostitution, de tolérer du bruit à un niveau trop
élevé pour le voisinage, etc. Je ne vois pas comment on pourrait
tolérer, en vertu d'un vide juridique, de telles activités chez
un détenteur de permis d'alcool. Aussi, suis-je d'accord en principe
pour remédier au problème de la manière proposée
par le ministre. Par contre, j'aimerais avoir toutes les assurances - et au
niveau de la réplique, j'espère que le ministre pourra me
répondre - lors de l'étude détaillée, que cette
méthode est meilleure que l'approche réglementaire proprement
dite qui avait été suggérée par la Cour d'appel.
J'aimerais aussi que la méthode que nous choisirons ne nous
entraîne pas dans un autre chassé-croisé judiciaire qui
nous mènerait encore une fois devant la Cour d'appel et nous obligerait
à légiférer de nouveau. Il est primordial que nous
choisissions la bonne méthode. J'ai remarqué d'ailleurs que tous
ne partageaient pas le point de vue ministériel, puisque j'ai pu prendre
connaissance d'un échange de correspondance sur ce sujet émanant
d'un détenteur qui a eu sa part de problèmes avec la
Régie.
Un autre point de vue sur lequel j'aimerais avoir des assurances du
ministre lors de sa réplique, c'est le fait que la loi ne touche pas
rétroactivement celui ou celle qui a obtenu gain de cause en cour. Je
comprends la nécessité d'adopter, cependant, les articles 4 et 5
pour des motifs de sécurité juridique, mais je ne veux pas que
l'adage "qui trop embrasse mal étreint" s'applique. Qu'arrive-t-il, par
exemple, des personnes qui sont en évocation devant la Cour
supérieure pour le même motif? J'apprécierais avoir des
réponses lorsqu'on étudiera article par article, ou bien dans le
droit de réplique du ministre, ou encore au niveau du discours en
commission parlementaire. Est-on bien sûr que les personnes qui
ont gagné ne sont pas touchées par le libellé
extrêmement large de l'article 4? Il m'apparaît que l'article est
suffisamment large pour peut-être toucher même des personnes qui
auraient gagné leur cause. J'aurai besoin de ces assurances, M. le
Président, pour me prononcer de façon finale sur cette loi. Mais,
dans l'ensemble, je comprends qu'il fallait agir, que ce soit par voie
réglementaire, que ce soit par voie législative ou encore aller
en appel à la Cour suprême pour cesser les effets de la
décision de la Cour d'appel du Québec.
Donc, ceci dit, je voudrais offrir notre collaboration au niveau de
l'étude article par article et je souhaite, si le ministre peut
répondre ce soir ou au début de la commission parlementaire,
qu'il puisse le faire afin qu'on puisse conserver, je pense, la
crédibilité de la Régie. Essentiellement, c'est un point
de convergence que nous avons. Je pense que la Régie, depuis 1979, a
rendu de fiers services à tous les détenteurs de permis de vente
parce qu'on doit reconnaître que ce n'est plus la question d'influence
indue qui faisait qu'une personne perdait son permis ou pas. Le favoritisme a
disparu. Il s'était dégagé une jurisprudence passablement
intéressante au cours des années et je pense que c'a
été une décision surprenante, je ne dis pas
erronée, mais je dis surprenante, puisque la jurisprudence qui
s'était créée, tant au niveau des cours supérieures
qu'au niveau de la Cour d'appel elle-même, a été
contredite, ce qui a eu pour effet de créer ce vide juridique dans
lequel nous nous trouvons et qu'il fallait combler. Donc, je dis au ministre,
suite aux explications qu'il pourra me donner ou la précision qu'on
pourra apporter dans la définition des articles: L'Opposition entend
concourir à l'adoption, à ce stade-ci au moins, au niveau du
principe. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition officielle. Je
reconnais maintenant sur cette même motion, l'adoption du principe du
projet de loi 144, le député de Chapleau.
M. John J. Kehoe
M. Kehoe: Merci, M. le Président. Suite au jugement rendu
par la Cour d'appel dans cette cause, on sait très bien que la
Régie des permis d'alcool était complètement
paralysée. Il restait que le jugement rendu faisait en sorte que la
notion de tranquillité publique, on ne savait pas ce que ça
voulait dire justement. Il fallait qu'un règlement soit adopté
par le gouvernement pour définir les termes, exactement ce que veulent
dire les mots "tranquillité publique", et c'est justement le but du
projet de loi 144, M. le Président. (0 h 40)
II convient à ce stade, M. le Président, de rappeler que
la Régie a été instituée en vertu de la Loi sur les
permis d'alcool et que son mandat consiste fondamentalement à s'assurer
qu'une exploitation des débits d'alcool est exercée
conformément aux lois et règlements dans le respect et la
protection du public. Pour ce faire, le législateur a doté la
Régie des outils nécessaires afin de lui permettre de bien
remplir son rôle. Dans cette optique, il a inclus une notion clé
dans la loi, soit celle de tranquillité publique. Nous pouvons sans
doute affirmer qu'il s'agit de la clé de voûtes de l'ensemble de
cette loi. Cette notion doit être étudiée et prise en
considération par la Régie au moment de chaque demande de permis,
au cours de l'exploitation et au moment d'une révocation en audition
publique. C'est la seule notion que le législateur a demandé
à la Régie de considérer au début et à la
fin de son processus d'octroi et de retrait de permis. En vertu de la loi, la
Régie a, notamment, pour fonction de contrôler l'exploitation de
permis d'alcool qu'elle délivre. Par le passé, les permis d'un
bon nombre d'établissements détenteurs de permis ont fait l'objet
d'une suspension ou d'une révocation par la Régie en raison
d'activités illicites qui s'y produisaient, notamment, pour en citer
quelques-uns, la consommation et le trafic de stupéfiants, les actes
indécents, le bruit, le tapage, la nuisance des voisins et j'en
passe.
L'application des pouvoirs de suspension et de révocation de
permis a nécessité, au cours de l'année 1989-1990, 107
révocations de permis, 91 révocations d'autorisation de danse, de
présentation de spectacles ou de projection de films, 143 suspensions de
permis et 155 suspensions d'autorisations, sur un total de 244 causes touchant
de près ou de loin à la notion de tranquillité publique.
Ces sanctions ont été, pour la plupart, prononcées pour le
motif de nuisance à la tranquillité publique en vertu des
articles 75 et 86.8° de la Loi sur les permis d'alcool. Le recours à
ces derniers articles consistait un moyen efficace et rapide de sauvegarder
l'intérêt public. N'ignorant pas les délais que connaissent
les accusés pour être jugés dans notre système
judiciaire, l'ampleur des problèmes qui surviennent dans
rétablissement détenteur de permis ainsi que le taux de
criminalité sans cesse croissant dans ces lieux, la Régie, forte
des jugements antérieurs et confirmant la légalité de son
intervention, basée sur la théorie de tranquillité
publique, a souvent eu recours à ce critère, tout en respectant
les principes de justice naturelle.
Depuis 1980, aucune décision de la Régie n'a
été déclarée déraisonnable par les tribunaux
sur la base de l'interprétation qu'elle a pu faire à la
tranquillité publique. À l'heure actuelle, les opérations
de la Régie concernant le contrôle des activités des
détenteurs de permis sont sérieusement affectées.
Concrètement, cela signifie que plusieurs dossiers, qui devraient faire
l'objet
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Donc, les
travaux de cette Assemblée sont ajournés à ce matin, 4
juin, à 10 heures.
(Fin de la séance à 0 h 56)