(Neuf heures quarante et une
minutes)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Bonjour à toutes, bonjour à tous. Prenez place, nous allons commencer les
travaux. Bonjour aux membres du public, qui sont nombreuses et nombreux parmi
nous. Prenez place, nous allons débuter nos travaux.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes à la rubrique Déclarations de
députés, et je reconnais Mme la députée de Soulanges.
Rendre hommage à Mme Josiane Farand
Mme Marilyne Picard
Mme Picard : Merci beaucoup, M. le
Président. C'est avec un profond respect que je rends hommage aujourd'hui à Mme Josiane
Farand, photographe et artiste engagée, une véritable ambassadrice culturelle
de Vaudreuil-Soulanges.
Depuis plusieurs années, elle se distingue par
son regard unique et sa sensibilité très rare. À travers son objectif, elle
capte l'âme des gens, la beauté de nos paysages et la vitalité de notre
communauté. Ses photographies racontent nos histoires, celles de nos familles,
de nos artistes et de notre région, tout en bâtissant une mémoire collective
empreinte d'humanité.
Toujours présente lors des grands événements,
Josiane incarne la passion, la bienveillance et le dévouement. Elle soutient la
relève artistique, partage son expérience et inspire par sa générosité.
Au nom de l'Assemblée nationale, je remercie
Mme Josiane Farand pour son apport remarquable à la vie culturelle et
communautaire de notre région. Par son art et son grand coeur, elle fait
rayonner Vaudreuil-Soulanges bien au-delà de ses frontières. Elle nous rappelle
que, lorsque l'on regarde le monde avec amour, chaque image devient une oeuvre
d'espoir. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Soulanges. Et je... La parole revient maintenant à Mme la
députée de Saint-Laurent.
Rendre hommage à M. Marc Parent
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : M. le Président,
permettez-moi de souligner le départ, en août dernier, de M. Marc Parent,
chef de la direction de CAE.
Diplômé en génie mécanique de Polytechnique, il
a oeuvré au sein de Canadair, en 1984, pour ensuite poursuivre sa carrière chez
Bombardier, en 1986. Et c'est en 2004 que M. Parent fait son entrée chez
CAE, une entreprise de Saint-Laurent, lors d'une période charnière.
Sous sa gouverne, CAE entreprend une
transformation et un redressement importants. En quelques années, les revenus
annuels ont pratiquement doublé, pour atteindre 4,3 milliards de
dollars. En 2009, il amène CAE à se diversifier et devient le premier formateur
de pilotes civils et militaires avec plus de 120 000 pilotes dans
plus de 165... 65 centres de formation et d'écoles de pilotage.
M. Parent s'est fait décerner plusieurs
ordres, l'ordre du Québec, l'Ordre du Canada, mais il est une légende vivante
parce qu'il a été intronisé au Living Legends of Aviation.
M. Marc Parent, vous êtes non seulement un
grand bâtisseur, mais aussi un grand Québécois. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Saint-Laurent. Et je cède maintenant la parole à M. le député
de Saint-Jean.
Rendre hommage à M. Roger Coudé
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : M. le Président, j'ai
eu le plaisir, cet été, pendant l'International de montgolfières de
Saint-Jean-sur-Richelieu, de remettre la Médaille du député de l'Assemblée
nationale à M. Roger Coudé, qui est parmi nous, dans les tribunes.
Roger n'est pas pilote de montgolfières, mais
c'est pourtant en présence de tous les pilotes que la cérémonie a eu lieu juste
avant leur envolée, parce que les télécommunications sont rien de moins que
vitales pour eux et qu'ils reconnaissent que Roger est un
grand spécialiste, autant de VE2, la radio amateur, que des télécommunications
qu'il a enseignées et pratiquées, puisqu'il a créé un logiciel, Radio Mobile,
qui fonctionne tellement bien que ça a fait sa renommée parmi les experts en la
matière partout sur la planète. Et il contribue au réseau Trans-Québec, qui
permet de communiquer d'un bout à l'autre de la province en situation
d'urgence. Et son amour de la science en a fait un amant accompli de
l'astronomie.
Au nom de tous tes concitoyens du comté de
Saint-Jean, merci de nous faire honneur, Roger Coudé.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Jean. Félicitations à vous, monsieur!
Et, la prochaine intervention, je reconnais M.
le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Souligner le 50e anniversaire de l'organisme Amitié Soleil
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci, M. le
Président. Je souhaite aujourd'hui souligner le 50e anniversaire de
l'organisme Amitié Soleil, qui rassemble depuis un demi-siècle les familles des
quartiers de la Petite-Bourgogne, de Saint-Henri et de Griffintown, dans ma
circonscription.
Je suis très fier de saluer le travail
exceptionnel de cet organisme qui, en plus d'offrir une large gamme
d'activités, de services et de ressources pour les jeunes parents et leurs
tout-petits, est devenu au fil du temps une véritable référence pour briser
l'isolement et favoriser l'intégration.
Amitié Soleil, c'est un lieu d'humanité,
d'accueil, d'ouverture, où toutes les familles trouvent leur place et se
sentent chez elles.
En organisant des sorties familiales, des
ateliers pour les parents, une halte-garderie, de l'aide aux devoirs pour les
enfants du primaire et des dîners communautaires, l'organisme entretient un
fort sentiment de communauté et de solidarité dans le quartier.
J'invite donc mes collègues à se joindre à moi
pour saluer le travail remarquable d'Amitié Soleil et lui souhaiter encore de
nombreuses années de réussite et de rayonnement auprès des familles de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Et je reconnais maintenant M. le député de Joliette.
Souligner le travail des personnes qui s'impliquent en
politique municipale
M. François St-Louis
M. St-Louis : Merci beaucoup, M. le
Président. Comme vous le savez, depuis quelques semaines, et jusqu'au
2 novembre prochain, toutes les municipalités du Québec sont en campagne
électorale. J'aimerais donc, aujourd'hui, prendre un moment pour souligner le
travail de tous ces gens qui s'impliquent en politique municipale. Bravo aux
mairesses et maires, conseillères et conseillers qui ont été élus par
acclamation! Cette marque de confiance démontre à quel point votre engagement
est des plus appréciés.
Dans la circonscription de Joliette, cinq
municipalités ont vu leurs mairesses et maires être réélus sans opposition. Je
souhaite donc féliciter Mme Suzanne Dauphin, M. Pierre-Luc Bellerose,
M. Alexis Nantel, M. Pierre Guilbault et M. Roland Charest.
J'en profite aussi pour saluer ceux et celles
pour qui la campagne se poursuit. Votre envie de faire une différence est
précieuse et très importante.
La politique municipale, M. le Président, ce
n'est pas de tout repos. Je salue donc la détermination de celles et ceux qui
se sont portés volontaires et qui ont décidé de s'impliquer pour le meilleur de
nos communautés. Leur dévouement est essentiel à la vie démocratique de nos
villes et de nos villages. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Joliette. Et je reconnais maintenant Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Rendre hommage à M. Michel Bissonnet
Mme Filomena Rotiroti
Mme Rotiroti : Merci, M. le
Président. Je suis fière de souligner, aujourd'hui, les années consacrées au
service public de Michel Bissonnet, un monument pour Saint-Léonard.
J'ai eu l'honneur de lui succéder en tant que
députée de Jeanne-Mance—Viger
en 2008.
Michel a été un député provincial pour la
première fois en 1981 et réélu 12 fois consécutives jusqu'à 2008. C'est un
fait sans précédent dans l'histoire de Saint-Léonard.
Pendant ses années de parlementaire, il a occupé
plusieurs postes au sein de sa formation politique, pour finalement devenir
président de l'Assemblée nationale.
Il a été élu maire de l'arrondissement de
Saint-Léonard de 2008 à aujourd'hui. Michel était un maire de terrain, apprécié de tous.
Il a reçu tant d'honneurs au courant de sa vie,
dont la médaille d'honneur de l'Assemblée nationale en 2014. Il
tire maintenant sa révérence de la politique après plus de 40 ans de
service auprès des Léonardois et Léonardoises.
Michel, je te souhaite une retraite bien méritée
avec ta belle Yvette et ta famille. Merci, Michel.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Et je reconnais maintenant M. le député de Beauharnois.
Souligner le 90e anniversaire de la Légion royale
canadienne de Salaberry-de-Valleyfield
M. Claude Reid
M. Reid : Merci, M. le Président.
C'est avec fierté que je rends hommage, aujourd'hui, à la légion canadienne,
filiale 062, de Salaberry-de-Valleyfield, qui célèbre cette année son
90e anniversaire de fondation.
Ce jalon historique témoigne de l'importance de
la légion canadienne dans la vie communautaire de ma circonscription. Comme
partout ailleurs au Québec et au Canada, l'équipe de la filiale 062 est
présente en soutien aux vétéranes et aux vétérans. Elle est également engagée
dans différentes causes, comme la lutte contre le cancer, la prévention du
suicide et la persévérance scolaire. Bref, elle est au service de nos
concitoyennes et nos concitoyens dans la continuité des militaires qui ont
servi et de ceux qui servent encore notre pays.
Neuf décennies de dévouement méritent toute
notre reconnaissance, car la légion filiale 062 contribue à rendre nos
milieux de vie plus solidaires, en plus de nous rappeler les sacrifices
importants des membres des Forces armées canadiennes.
Merci aux vétéranes, aux vétérans ainsi qu'aux
militaires toujours en service. Et joyeux 90e anniversaire à la légion
canadienne, filiale 062, de Salaberry-de-Valleyfield! Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Beauharnois. La parole revient maintenant à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Souligner l'acquisition collective du phare de L'Échouerie
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le Président, le
15 octobre dernier, la communauté des Îles-de-la-Madeleine a signé un
moment historique que plusieurs croyaient impossible : le site du phare de
L'Échouerie est passé aux mains des Madelinots.
Il est ainsi devenu propriété collective,
soustrait pour toujours au libre marché, à la spéculation et à la surenchère,
protégé à perpétuité pour le bénéfice de tous, pour nos enfants et
petits-enfants.
La communauté a choisi d'agir plutôt que de
subir, de reprendre possession de son territoire une parcelle à la fois. Aux Îles,
on est maintenant un peu plus maîtres chez nous.
Cette victoire, c'est le résultat d'une
mobilisation sans précédent. Je salue les bénévoles et les artistes qui se sont
mobilisés pour faire avancer chaque étape du projet, les entreprises locales
qui ont offert leur temps, leur matériel et leur expertise, et les
2 237 donateurs qui ont contribué à cette campagne.
Ce rachat collectif couronné de succès, c'est un
geste de solidarité, d'affirmation, de confiance en soi et en l'avenir. Nous
sommes tous maintenant gardiens de phare.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Et la parole, maintenant, revient à la
députée de Laporte.
Souligner le 15e anniversaire de la Mission Nouvelle
Génération
Mme Isabelle Poulet
Mme Poulet : Merci, M. le Président.
Alors, c'est avec fierté que je souligne le 15e anniversaire de Mission
Nouvelle Génération, qui oeuvre depuis ses débuts à combattre la pauvreté sous
toutes ses formes.
Au fil des ans, Mission Nouvelle Génération a
développé, outre la distribution des denrées et des paniers de Noël, une
friperie, l'atelier vélo, la déshydratation, des jardins communautaires, ainsi
que des programmes de soutien aux enfants et aux parents.
Mission Nouvelle Génération est un véritable
carrefour d'entraide et d'espoir pour notre communauté. Ce succès repose sur
une solide équipe d'employés et plus de 900 bénévoles dévoués, sur la
vision inspirante de son fondateur, Stéphane Plante, et du conseil
d'administration. Leur capacité à anticiper les besoins, à innover et à bâtir
des solutions durables fait de cet organisme un modèle à suivre.
À vous tous, je vous souhaite une très belle
continuité.
Le Vice-Président (M.
Benjamin) : Merci, Mme la députée. Au tour, maintenant, de la députée
de Hull.
Souligner le 50e anniversaire de L'Arche Outaouais
Mme Suzanne Tremblay
Mme Tremblay : M. le Président, je
vais prendre un moment, aujourd'hui, pour souligner le 50e anniversaire de
L'Arche Outaouais.
Cet organisme héberge des personnes vivant avec
une déficience intellectuelle et leur offre aussi un emploi au sein de son
atelier de travail. L'Arche est un milieu de vie, mais, pour celles et ceux qui
y demeurent, c'est surtout une maison remplie d'amour. C'est un endroit où l'on
apprend à se connaître, à grandir ensemble et à tisser des liens sincères dans
un environnement marqué par le respect et la bienveillance.
Les personnes qui y vivent nous inspirent par
leur simplicité, leur authenticité et leur joie de vivre. L'Arche, c'est une
belle communauté où chacun trouve sa place et où les forces de tous contribuent
à enrichir la vie collective.
En terminant, je veux remercier de tout coeur
toute l'équipe, le conseil d'administration et les bénévoles pour leur travail,
leur dévouement et la chaleur de leur présence au fil des années. Grâce à eux, L'Arche
Outaouais continue d'être un lieu vivant, accueillant et profondément humain.
Merci pour tout ce que vous faites, et bon
50e anniversaire à L'Arche Outaouais! Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Hull. La parole revient maintenant à Mme la députée de
Duplessis.
Souligner la Semaine nationale des éducatrices et
éducateurs de la petite enfance
Mme Kateri Champagne Jourdain
Mme Champagne Jourdain : «Kuei», M.
le Président. Nous sommes au coeur de la Semaine nationale des éducatrices et
des éducateurs de la petite enfance, un moment privilégié pour reconnaître le
rôle essentiel de ces femmes et de ces hommes.
Chaque jour, ils accompagnent nos tout-petits
dans leurs premiers mots, leurs premiers pas, leurs premières découvertes. Ils
sont des piliers incontournables du quotidien des familles québécoises.
Lundi soir, à Trois-Rivières, j'ai d'ailleurs eu
l'honneur de souligner leur travail exceptionnel dans le cadre du Grand
rendez-vous de la petite enfance, un événement d'envergure organisé par
l'Association québécoise des centres de la petite enfance. Et, ce matin,
j'invite mes collègues de l'Assemblée nationale ainsi que tous les Québécois à
remercier chaleureusement le personnel éducateur et les responsables de milieux
familiaux. Prenons le temps de leur dire merci, parce que, grâce à leur
passion, leur bienveillance et leur engagement, la petite enfance est entre
bonnes mains. Du fond du coeur, merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Duplessis. Et je reconnais maintenant M. le député de
Borduas.
Souligner le 275e anniversaire de la municipalité de
Saint-Antoine-sur-Richelieu
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le
Président. Aujourd'hui, je souhaite souligner un moment important pour les citoyens
et citoyennes de Saint-Antoine-sur-Richelieu, qui célèbrent cette année le
275e anniversaire de leur municipalité.
Située dans la circonscription de Borduas, le
long de la rivière Richelieu, la municipalité est reconnue pour sa beauté, son
patrimoine et la vitalité de sa communauté. Membre de l'Association des plus
beaux villages du Québec, elle se distingue par son environnement naturel, son
circuit patrimonial et sa Maison de la culture, qui enrichit la vie locale.
M. le Président, cet anniversaire est l'occasion
de rendre hommage aux citoyens et citoyennes qui, de génération en génération,
ont contribué à bâtir une communauté tissée serré, fière de ses racines. Grâce
à leur engagement, la municipalité continue de rayonner.
Je tiens également à saluer le travail des
organisateurs des célébrations du 275e anniversaire, ainsi que toutes les
personnes qui s'impliquent pour souligner cette grande occasion.
J'invite d'ailleurs la population à venir
découvrir ou redécouvrir cette municipalité unique.
Bon 275e anniversaire à toutes les
Antoniennes et à tous les Antoniens. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Borduas. Alors, voilà qui met fin à la rubrique Déclaration de députés.
Nous allons suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 04)
La Présidente : Bonjour, tout le
monde. Mesdames messieurs, bienvenue. Le parlement du Québec, c'est chez vous.
Messieurs dames les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Présence du consul général de
la République tunisienne, M. Kamel Makkes
Alors, j'ai le plaisir de souligner aujourd'hui
la présence, dans les tribunes, du consul de la République tunisienne,
M. Kamel Makkes, à l'occasion de sa visite de prise de poste.
Présence d'athlètes québécois ayant participé aux
Jeux olympiques spéciaux mondiaux d'hiver à Turin
Et j'ai également le plaisir de souligner la
présence, dans les tribunes, des athlètes québécois ayant participé aux jeux
mondiaux d'hiver olympiques spéciaux à Turin en 2025.
Et voilà. Nous poursuivons les affaires
courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
de la Culture et des Communications.
M. Lacombe : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel de gestion 2024‑2025
du Musée d'art contemporain de Montréal. Merci.
La Présidente : Et ce document est
déposé.
Pour ma part, je dépose les décisions du Bureau
de l'Assemblée nationale.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de commissions
ni de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes maintenant rendus à la période de
questions et de réponses orales, et, pour ce faire, je cède la parole, en
question principale, à la cheffe de l'opposition officielle.
Accès aux traitements pour les maladies rares
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Lundi, en prenant mon train pour venir à Québec, une dame me
reconnaît. Elle me parle de politique, d'économie, puis elle se confie. En
2023, son époux, après avoir lutté contre la maladie très rare de Huntington,
qui s'attaque principalement aux gens dans la quarantaine et la cinquantaine,
où il n'y a aucun traitement curable, a dû avoir recours à l'aide médicale à
mourir après trois demandes. Puis je lui offre mes condoléances, mais
l'histoire ne s'arrête pas là. Récemment, son fils, Simon, qui a vu son père
dépérir, au début, d'année en année, de mois en mois, de semaine en semaine, de
jour en jour, à son anniversaire de 16 ans apprend que lui aussi a le même
diagnostic, et le compteur part à ce moment-là.
Simon a 16 ans. Il sait que le pire s'en
vient. Sa mère est quand même très forte et elle me dit : En Hollande,
tout à fait récemment, son médecin lui apprend qu'il y a un nouveau traitement.
2 millions de dollars, c'est ça que ça coûte.
M. le premier ministre, je n'ai pas toutes les
réponses, mais je sais que j'ai l'homme le plus puissant du Québec devant moi.
Qu'allons-nous faire pour Simon et les autres
qui souffrent d'une maladie orpheline?
La Présidente : Et, Mme la cheffe,
je vous rappelle que vous vous adressez à la présidente. La réponse du premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, bien, c'est absolument triste, ce qu'on apprend de la part de la
cheffe de l'opposition officielle. Doublement touchés, donc, parents et enfant.
Écoutez, évidemment, tout
le monde va comprendre, là, que je ne peux pas répondre à un cas précis comme
ça sans avoir tous les détails. On sait que, les traitements puis les
médicaments qui coûtent très cher, il y a une partie de l'approbation qui vient
du fédéral, il y a une partie qui vient du Québec. Donc, je vais prendre connaissance
du dossier pour voir comment on peut faire avancer le dossier.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Merci, Mme la
Présidente. Le dossier, en fait, c'est cet adolescent, Simon. Simon n'est pas seul,
il y a d'autres Québécois qui souffrent de maladies rares et orphelines. Le
gouvernement a déposé, en 2023, un plan québécois sur les maladies orphelines
et rares. En mars dernier, le gouvernement fédéral a transféré
305 millions de dollars pour les maladies rares et orphelines. Il y a une
demande d'accès qui a été faite. Aucune réponse pour savoir où est l'argent.
Est-ce qu'on peut avoir au moins un début de
commencement de savoir où est l'argent?
• (10 h 10) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, c'est un sujet qui est discuté entre les premiers ministres des
provinces. Évidemment, il n'y a aucune province qui accepte automatiquement
tous les médicaments, surtout les médicaments qui sont coûteux. Il faut voir
c'est quoi, les impacts et puis est-ce que ces médicaments-là sont vraiment
efficaces.
Évidemment, on discute ensemble, avec le
gouvernement fédéral, de l'utilisation des sommes qui viennent du fédéral, mais
je rappelle, Mme la Présidente, que, malheureusement, le fédéral contribue
seulement 22 % à tous les soins de santé, donc...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : «Je suis heureux de
souligner la signature de l'entente avec le gouvernement fédéral pour les
maladies rares, qui représente plus de 300 millions de dollars, et ce,
sans condition.» Sans condition. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le ministre
de la Santé. Cet argent-là ne peut pas aller au fonds consolidé, il est dédié à
des gens qui en ont besoin.
La demande d'accès, il y a eu un refus de
réponse de Santé Québec et du ministère de la Santé. Moi, pendant ce temps-là,
je n'ai pas juste Simon, j'ai d'autres enfants qui sont en train de souffrir. Alors,
j'aimerais vraiment savoir. Où est cet argent.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, je peux déjà garantir à la cheffe de l'opposition officielle que
cet argent est en santé. On a actuellement beaucoup de demandes. Il y en a
beaucoup, des maladies orphelines, il y en a beaucoup, des nouveaux
médicaments. J'ai même eu l'occasion de rencontrer des représentants de
différentes entreprises pharmaceutiques, au cours des derniers mois, ils
veulent tous que leurs médicaments soient approuvés le plus rapidement
possible. Il y a un comité indépendant qui existe, au ministère de la Santé. Mais
je peux assurer la cheffe de l'opposition officielle que l'argent du fédéral
est utilisé.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : La maman m'a
demandé quelque chose auquel j'ai refusé immédiatement. Elle m'a dit :
Est-ce qu'on peut mettre la maladie de Huntington rapidement sur la voie rapide
pour l'aide médicale à mourir? J'ai dit non. Pourquoi j'ai dit non? C'est parce
qu'il y a maintenant un traitement à 75 % de réussite. Alors, ça ne peut
pas être une façon de répondre aux Québécois.
On doit s'assurer que Simon et les autres
enfants qui ont des maladies rares et orphelines aient droit à des traitements,
et ce ne soit pas réservé à ceux qui peuvent allonger le 2 millions. Et
l'argent est au rendez-vous.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, je ne pense pas que ni la cheffe de l'opposition officielle ni
personne ici ne peut s'improviser expert pour choisir les médicaments qui sont
couverts. Il y a un comité indépendant, qui s'appelle l'INESSS, qui examine
toutes les demandes, toutes les demandes pour les médicaments puis les
traitements qui sont pour des maladies rares, et ils choisissent celles qui
sont les plus urgentes. Donc, laissons les experts faire leur travail.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Bourassa-Sauvé.
Pénurie de personnel
professionnel et de soutien dans le réseau de l'éducation
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente,
il y a plus de trois semaines, la ministre de l'Éducation mettait le couvercle
sur la marmite en annonçant son intention de lever la condition imposant un
plafond d'embauche dans nos écoles. Le milieu a cru pouvoir s'en réjouir. Or,
depuis cette annonce, silence radio. Aucune directive, aucun signal clair.
Pendant ce temps, le réseau s'essouffle. Des
enseignants suppléants se retrouvent sans affectation, des techniciens en
travail social ont quitté pour d'autres emplois, et des élèves à besoins
particuliers attendent encore leurs services.
Des parents nous écrivent chaque semaine,
inquiets de voir les suivis interrompus et les activités annulées. Dans
plusieurs écoles, on doit revoir les horaires, reporter des interventions et
improviser pour maintenir les services de base.
Comment la ministre va-t-elle rétablir la
stabilité et la confiance dans nos écoles? Et, surtout, elle attend quoi pour
retirer la condition, comme elle l'a promis?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Éducation.
Mme Sonia
LeBel
Mme LeBel : Merci, Mme la
Présidente. Et je veux promettre et jurer à tous les membres de cette Assemblée
que ce n'est pas coordonné entre ma collègue et moi, mais je peux lui dire
qu'aujourd'hui, au moment où on se parle, on est en train d'annoncer aux
directeurs généraux, d'ici la fin de l'avant-midi, là, qu'effectivement il y
aura une nouvelle règle budgétaire leur permettant d'utiliser au maximum les
budgets disponibles.
Vous savez, la règle cardinale demeurera
toujours de respecter les budgets qui sont alloués. Les besoins sont infinis et
les disponibilités sont limitées. Mais, naturellement, la préoccupation qu'on
avait, de ce côté-ci de la Chambre, c'est de s'assurer qu'au moins les budgets
qu'on a pu... que mon collègue a réussi à débloquer cet été soient utilisés au
maximum.
Maintenant, il y aura toujours une cible d'ETC.
Les ETC, qui sont les équivalents à temps complet, c'est-à-dire les heures
rémunérées, correspondent à 80 % du budget des écoles, des centres de
services scolaires. Donc, ce sera toujours important pour eux de suivre leurs
cibles. Mais ils auront maintenant beaucoup plus de latitude pour être capables
d'offrir les services aux citoyens, dans le respect, naturellement, du budget
global qui leur est alloué.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente,
donc, j'entends la réponse de la ministre, qui semble essayer, encore une fois,
de mettre le couvercle sur la marmite, parce qu'elle nous répond qu'il y aura
toujours une cible d'ETC. La promesse qui a été faite au réseau, il y a trois
semaines, c'était de s'assurer de lever ces plafonds d'embauche pour leur
permettre de pouvoir embaucher à la hauteur de leurs besoins.
En ce moment, moi, dans mon école, la présidente
du conseil d'établissement de l'école secondaire Henri-Bourassa, dans mon
comté, elle m'a écrit personnellement pour me faire part de l'annulation
d'activités sportives en raison des conditions d'embauche.
Est-ce que la ministre peut lui répondre que ces
cibles seront véritablement levées?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Sonia
LeBel
Mme LeBel : Merci, Mme la
Présidente. Bien, je vais remercier ma collègue pour la question complémentaire.
Ça va me permettre d'utiliser... de mieux expliquer.
Il y aura toujours une cible, c'est un
indicateur hyperimportant du suivi budgétaire. 80 % du budget des centres
de services scolaires, du budget des écoles passe en rémunération. Donc, ce qui
est important, pour les centres de services scolaires,
c'est de ne pas dépasser leur budget qui leur est alloué et d'utiliser ces
budgets pour des services aux élèves. Alors, la cible demeura.
Ce qui était difficile, dans le cas qu'on se
parle, c'est qu'ils n'avaient pas le droit de dépasser leur plafond. Et il n'y
a pas de plafond d'ETC, mais il y aura une cible, un indicateur qu'ils doivent
suivre sérieusement. Et, s'ils pensent qu'ils en ont besoin de plus, ils
doivent communiquer avec nous pour qu'on les...
La Présidente :
...complémentaire.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : ...chaque semaine
de retard compromet les services pour le reste de l'année. Mme Lanthier,
on a entendu... on a tous entendu son histoire au mois de septembre, elle a vu
son fils autiste de sept ans, Samuel, faire sa rentrée scolaire dans une classe
ordinaire, alors que les intervenants prévoyaient une classe spécialisée pour
le garçon. Pire encore, les services d'orthophonie et d'éducation spécialisée
dont il bénéficiait l'an dernier n'y seront plus offerts. L'histoire
de Samuel, là, c'est l'histoire de plein d'enfants au Québec qui ont vécu la
pire rentrée scolaire des 15 dernières années. Aujourd'hui, la ministre
nous dit qu'il y aura toujours des cibles...
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Sonia
LeBel
Mme LeBel : Merci. Mme la
Présidente, il y a une réalité qui va demeurer, c'est que le budget des centres
de services scolaires ne sera jamais indissocié du budget du Québec et des
disponibilités que les Québécois ont en matière de budget.
Maintenant, ce qu'on leur demande, c'est de
recentrer les dépenses sur les services aux élèves et de faire les bons choix.
Les centres de services scolaires sont responsables des choix qu'ils font. Par
contre, il y avait une difficulté au niveau des ETC. nous l'avons réglée.
Maintenant, ils ont leur budget à leur disposition, ils doivent le suivre et
faire les bons choix.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Pontiac.
Investissements dans le réseau collégial
M. André
Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, le premier ministre continue d'affirmer,
du bout des lèvres, mais quand même, que l'éducation, c'est sa priorité. Et l'ex-ministre
de l'Éducation, au moment de s'autorappeler à l'ordre et de réinvestir
partiellement, mais trop tard, les sommes qu'il avait lui-même coupées, disait
que les Québécois s'attendent à ce qu'on finance les services nécessaires aux
élèves. Mais ces élèves-là, ils arrêtent d'exister à 17 ans, apparemment,
parce que les coupes dans les cégeps, elles, demeurent entières.
Et voici ce que ça donne : des
bibliothèques fermées, parce qu'on n'a pas besoin de ça, des bibliothèques,
dans les cégeps, apparemment; des campus sans conseillers en orientation — je ne
sais pas vous, mais, au cégep, c'est pas mal là qu'on a besoin de conseillers
en orientation; des services d'aide psychosociale coupés, parce qu'à la CAQ on
trouve que c'est plein de bon sens, enlever des services d'aide psychosociale à
des jeunes de 17, 18, 19 ans. Ça, là, c'est des services directs qui sont
en train d'écoper et ça n'aide pas la réussite scolaire.
Alors, est-ce que la ministre va continuer
l'oeuvre de sa prédécesseure ou est-ce qu'elle va réparer le gâchis?
• (10 h 20) •
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Martine
Biron
Mme Biron : Merci, M. le député
de Pontiac, pour cette question importante. Bien sûr, je reprends la balle au
bond de ma collègue à l'Éducation, c'est important que les institutions
respectent les budgets qui leur sont octroyés. Et je vous montre ce tableau,
ici, qui démontre à quel point nous avons investi dans le réseau collégial
depuis que nous sommes au pouvoir. On voit ici, de 2014 à 2019, que la
croissance a été de 10 %, mais on voit que, depuis 2019, nous avons
augmenté les subventions aux collèges de 50 %. Nous sommes passés d'une
subvention de 2 milliards à 3 milliards de dollars. Par
étudiant, c'est assez important, ce que nous avons donné. Ça veut dire que
c'est 11 300 $ par étudiant qui est augmenté à 15 200 $. Et
c'est gratuit, les cours au collège.
Alors, il y a des efforts qui sont faits. Les
différentes institutions ont eu une augmentation de leur budget, peut-être pas
autant qu'ils l'auraient souhaité, mais cette année, leur défi, c'est de
respecter leur budget et de faire les choix appropriés pour, justement, entrer
dans leur cadre budgétaire.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, je ne sais pas c'est quoi qui vous
motivait, vous, quand vous étiez au cégep, mais, pour beaucoup d'étudiants, ce
qui les pousse à se lever, ce matin, ce n'est pas nécessairement les cours de
français ou de philo, souvent, Mme la Présidente, c'est la vie étudiante, hein,
c'est les soirées d'impro, c'est la radio étudiante, c'est des matchs de
volleyball. Bien, Mme la Présidente, savez-vous ce qu'ils sont en train de
couper dans les cégeps en ce moment? Ils coupent la radio, ils coupent l'impro,
ils coupent les équipes de sport.
Alors, peut-être que la ministre peut nous
expliquer comment, couper ces services-là, ça va aider la réussite scolaire.
Des voix : ...
La Présidente : Vous gardez
le silence. La réponse de la ministre.
Mme Martine
Biron
Mme Biron : Je n'ai aucun
contrôle sur les activités des étudiants en dehors de leur cours. Ce qui est
important pour nous, c'est de nous assurer que ces cours soient donnés et que
les étudiants au niveau collégial aient de bons cours.
Quand... Je vous remontre notre tableau et
j'attire votre attention sur les deux dernières années. Le budget est assez
stable, mais vous êtes au courant de la situation budgétaire du Québec. Alors,
nous avons des choix à faire. Ce qui est important, c'est de s'assurer que les
différentes institutions respectent les budgets qui leur sont octroyés. Vous
verrez qu'il y a eu une augmentation, entre l'année dernière et cette année, et
que notre gouvernement est particulièrement préoccupé pour s'assurer que
l'enseignement supérieur se poursuive.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André
Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, là, ce n'est pas compliqué, le mot
d'ordre du gouvernement envers les cégeps, c'est : Pigez dans vos surplus.
Même si cet argent-là, il est destiné pour de l'infrastructure ou pour des
équipements, pigez dans vos surplus.
Alors, je vais jouer dans le jeu de la CAQ deux
secondes. Le cégep de Rimouski, cette année, fait face à
3 millions de dollars de coupures, puis son surplus accumulé, il est
de 170 000 $. La directrice dit : On n'a pas le choix de couper
dans les services directs aux élèves, on est obligés.
C'est quoi, la solution de la ministre?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Martine
Biron
Mme Biron : Chaque cégep est
souverain. Chaque direction de cégep peut faire ses propres choix. Nous sommes
conscients que ce n'est pas facile pour les différentes institutions, et, au
ministère, nos équipes accompagnent chacun des cégeps, et actuellement nous
avons presque complété le travail administratif avec les différents cégeps, et
ils ont des défis qu'ils relèvent passablement bien. J'ai rencontré les gens du
cégep de Lévis, la semaine dernière, et on relève le défi. J'ai aussi rencontré
les gens de la Fédération des cégeps dès mon arrivée en poste. Et j'ai
l'intention de poursuivre ce travail de terrain. C'est de cette façon qu'on
réussit à pouvoir...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de LaFontaine.
Dépassements de coûts dans le
projet SIFARH
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Le contrat SIFA a
été signé par le ministère de la Santé le 1er mars 2024. J'ai des
questions au ministre de la Santé.
Quel est le coût total du contrat? Quel est le
coût du projet? Quel est le coût des récurrences? Et quel est le coût des
pénalités à titre de suspension et de résiliation?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Alors, pour le
moment, Mme la Présidente, j'apprécie beaucoup le ton. Alors, ça va bien. Ça va
bien. Mais malheureusement je vais avoir la même réponse
qu'hier, Mme la Présidente, et la même réponse que j'ai eue au cours des
dernières semaines.
Lorsqu'on a transféré le contrat de SIFA du
ministère à Santé Québec, on a demandé à nos experts en informatique de Santé
Québec de prendre connaissance du contrat qui avait été signé et de regarder
qu'est-ce qu'ils pouvaient faire avec ce contrat-là pour être capables de
livrer la marchandise. Ils nous ont dit qu'il y avait des enjeux importants. Et
il y a eu une décision, de la part de notre gouvernement, de demander à l'AMP
de prendre connaissance du contrat et de voir s'il y avait des choses qui
devaient être régularisées.
J'ai expliqué que je ne ferais aucun commentaire,
Mme la Présidente, aucun commentaire sur le travail qui est en train d'être
fait par l'AMP, parce que je ne sais pas le travail que l'AMP fait. Je sais une
chose, c'est qu'il est important de leur laisser faire leur travail. Et, quand
on aura les conclusions, Mme la Présidente, du travail qui est fait par l'AMP,
ça me fera plaisir de l'expliquer aux Québécois et de l'expliquer aussi au
député de LaFontaine. Merci.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Contrat signé, 1er mars
2024, par son ministère. Il est le ministre de la Santé. Il ne peut pas, après
toutes ces longues semaines, ignorer réponse à nos questions.
Pourquoi refuse-t-il de répondre? Quel est le
coût total du contrat? Quel est le coût du projet, des récurrences et le coût
des pénalités? Pourquoi ne répond-il pas, lui, le ministre?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente, je
voudrais dire, avec beaucoup d'humilité, que j'ai très hâte de pouvoir répondre
au député de LaFontaine, mais, dans ces questions-là, lorsqu'il est question de
voir si la signature de contrats s'est faite correctement, est-ce qu'il y a eu
des choses qui devraient être corrigées, la réponse, Mme la Présidente, c'est
que je ne peux pas donner une partie de réponse quand on ne comprend pas
l'ensemble de la problématique. Il est très clair pour moi... Et je pense que
le député de LaFontaine respecte les organismes que nous avons en place pour
s'assurer que les contrats publics sont signés correctement et avec les bonnes
autorisations. Laissons l'AMP faire son travail, Mme la Présidente.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : L'organisme en cause,
l'organisme en cause, c'est son ministère. Il est responsable de son ministère.
Pour l'aider, en date du 2 août dernier, SIFA, montant réel dépensé :
65 millions. Autorisé, 202 millions. 430 millions, coût estimé.
Je l'aide.
Pourquoi ne répond-il pas?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente,
non, je ne trouve pas ça drôle du tout. Et j'ai expliqué, Mme la Présidente,
j'ai expliqué plusieurs fois en cette Chambre que je crois que le député de
LaFontaine doit être prudent dans ses commentaires. Je le vois, qu'il est plus
prudent depuis ce matin. Tant mieux. Tant mieux, Mme la Présidente. Je pense
qu'on doit ici respecter les organismes comme l'AMP, qui font un bon travail.
J'ai très hâte que cette situation-là soit
clarifiée, Mme la Présidente. Alors, quand je serai capable de répondre aux
questions qui couvriront l'ensemble du dossier, si les bonnes personnes ont eu
les autorisations nécessaires pour procéder à la signature de ce contrat-là,
Mme la Présidente, je serai heureux de pouvoir le déclarer.
La Présidente : En...
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! En question principale, je reconnais maintenant la cheffe du deuxième
groupe d'opposition.
Mesures pour atténuer les effets de l'inflation
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Mme la Présidente, nous, les députés, ici, à l'Assemblée nationale,
on est chanceux parce qu'on a vu nos salaires exploser dans les dernières
années. Malheureusement, les Québécois, eux, ce qu'ils ont vu exploser, c'est
le coût de l'épicerie, le loyer, l'hypothèque. À chaque fin de mois, les Québécois
sont anxieux puis ils se demandent comment est-ce qu'ils vont faire pour
boucler leur budget.
Le Québec est champion, on n'a pas de quoi être
fiers, il est champion de l'inflation. Les loyers des Québécois ont augmenté
deux fois, deux fois plus vite que pour les Canadiens. Je ne sais pas si le
premier ministre est rentré dans une épicerie récemment, mais, s'il est allé,
il a sûrement constaté à quel point les prix n'ont pas de bon sens. Le boeuf
puis le café, c'est rendu du grand luxe. Les préparations pour bébé ont
augmenté de 129 %. C'est 2 000 $ par bébé. Pour une famille de
quatre, ça coûte en moyenne 15 000 $ juste pour se nourrir, pas pour
acheter du homard ou du caviar, juste de la bouffe de base, des légumes frais.
Ça fait des semaines, Mme la Présidente, qu'on
siège ici, à l'Assemblée nationale. Je n'ai pas entendu une seule mesure de la
part de la CAQ et du premier ministre pour aider les Québécois qui en
arrachent, qui souffrent à cause de l'augmentation du coût de la vie.
Qu'est-ce que le premier ministre va faire pour
aider les Québécois qui souffrent du coût de la vie? Qu'est-ce qu'il va faire?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, d'abord, je veux le dire, là, que je comprends très bien les
Québécois qui souffrent de l'augmentation du coût de la vie, de l'inflation,
que ce soit l'épicerie ou que ce soit le logement. C'est comme ça, d'ailleurs,
puis c'est une bien mince consolation, partout dans le monde, partout au
Canada.
Qu'est-ce qu'on fait? Bon, d'abord, il faut
rappeler ce qu'on a déjà fait. Non, mais...
Une voix : ...
M. Legault : Oui, je sais
qu'elle est au courant, mais elle était contre, Mme la Présidente. Donc, il
faut quand même le rappeler. Baisser les impôts, Québec solidaire était contre.
Baisser les taxes scolaires, Québec solidaire était contre. Donner
2 000 $, après impôt, aux personnes de 70 ans et plus qui ont
des faibles revenus, Québec solidaire était contre. Les allocations familiales
qu'on a augmentées, je pense que Québec solidaire ne s'est pas prononcé,
peut-être, là-dessus.
Mais, Mme la Présidente, on va continuer. Je
veux annoncer, puis je l'ai déjà dit, j'ai demandé au ministre des Finances,
dans les prochains mois, d'aider le portefeuille des Québécois qui en ont le
plus de besoin. J'espère que, cette fois-là, Québec solidaire va être d'accord.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente,
je ne parle pas du passé. En ce moment, les Québécois souffrent. Les étudiants
vivent de l'insécurité alimentaire, ils font la file. Les mères, les femmes qui
sont enceintes souffrent de malnutrition parce que ça coûte extrêmement cher.
Ce qui coûte le plus cher dans les budgets des familles, c'est très simple,
c'est l'épicerie puis c'est le logement. Depuis que la CAQ est au pouvoir, les
logements ont augmenté de 50 %, c'est ça, le bilan du premier ministre, 50 %,
40 % de locataires, au Québec, qui souffrent de l'augmentation des
loyers...
• (10 h 30) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, la cheffe du deuxième groupe d'opposition parle des étudiants. Je
lui rappelle qu'on a augmenté l'aide financière aux études de
280 millions. Et, Mme la Présidente, on va continuer. Je lui demande
d'être patiente, il y a une mise à jour qui s'en vient.
Mais une chose qui est certaine, c'est qu'on
n'ira pas avec la suggestion de Québec solidaire de geler les loyers. Je ne
pense pas que c'est en faisant souffrir les propriétaires qu'on va régler le
problème de logement. Ce n'est pas en décourageant les propriétaires qu'on va
régler le problème du logement, c'est en aidant des locataires, c'est en
mettant de l'argent dans le portefeuille des locataires.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme
la Présidente, si, au Canada, le coût des logements n'a pas augmenté autant
qu'au Québec, ce n'est pas parce qu'ils sont plus intelligents, c'est parce
qu'ils ont... les gouvernements, ils ont plafonné les loyers, ils ont contrôlé
les loyers, ce que refuse de faire le gouvernement ici. Ce qu'il décide de
faire, c'est encore une fois de taper sur la tête des locataires qui souffrent
de la crise du logement. Il y a une crise de l'itinérance, je le rappelle au
premier ministre. Et ça, c'est lui qui a le pouvoir d'agir.
Moi, je suis locataire, mais moi, je suis
capable de supporter une hausse des loyers, pas 40 % des locataires.
Qu'est-ce qu'il va faire pour eux?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, Québec solidaire pense qu'en tapant sur la tête des propriétaires
ils vont régler le problème des locataires. C'est faux. Tout ce qu'ils vont
réussir à faire, c'est d'avoir de moins en moins de propriétaires, donc de
moins en moins de logements à louer. C'est exactement le contraire qu'il faut
faire, il faut encourager à construire plus de logements.
Puis là où je ne suis vraiment pas d'accord avec
Québec solidaire, c'est que, quand on se compare avec l'Ontario puis le reste
du Canada, c'est au Québec que le revenu disponible après impôt, après
inflation a été le plus élevé, depuis sept ans. Donc, quand même, reconnaissons
que, même s'il reste du travail à faire, c'est nous qui en avons fait le plus.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Gouin.
Accès
aux services spécialisés en milieu scolaire
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme
la Présidente. La rentrée scolaire, c'était il y a un mois et demi, et ça fait
trois semaines que les profs, les directions d'école, que tout le monde dans le
système d'éducation attend que la ministre réalise sa promesse de retirer les
plafonds d'embauche absurdes et désastreux qu'a imposés son prédécesseur au
ministère de l'Éducation. On apprend ce matin que ça va enfin arriver. Tant
mieux, mais les gens méritent, pour une fois, une réponse claire, après avoir
attendu pendant aussi longtemps.
La question est la suivante : Si les écoles
ont besoin d'allouer un peu plus d'heures à une technicienne en éducation
spécialisée, à une orthopédagogue ou à une orthophoniste pour s'occuper des
élèves en difficulté, est-ce qu'ils vont pouvoir le faire? Si les centres de
services doivent dépasser leur cible d'ETC pour donner des services aux élèves,
est-ce que ça va être permis, oui ou non?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Éducation.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Vous savez, depuis 2018, les budgets en éducation ont été augmentés
de plus de 58 %. Maintenant, les centres de services scolaires doivent
faire un exercice rigoureux de gestion de leur budget. Ce qu'on leur demande de
faire, c'est de maximiser les sommes et de les utiliser pour les services aux
élèves.
Maintenant, il y avait un enjeu par rapport à un
plafond ou une cible d'ETC qui était interprétée de telle façon que, même s'il
restait de l'argent dans le budget global, ça semblait être un frein pour les
heures rémunérées ou pour l'embauche. Dans la... Au moment où on se parle, dans
les heures qui vont suivre, on va rencontrer les directeurs des centres de
services scolaires pour leur expliquer que, maintenant, si les budgets sont
disponibles, ils pourront embaucher pour des services directs à l'élève.
Ils auront toujours une cible d'ETC. C'est
important de suivre les cibles d'ETC. C'est... 80 % de leur budget, c'est
de la rémunération. Ce sont des gestionnaires de l'argent public, ils doivent
avoir des règles de gestion strictes, les ETC en est une. Mais, si le budget
est nécessaire, ils pourront... est disponible, ils pourront embaucher.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : La question
est très simple, là. S'il faut la dépasser, la cible, pour donner des services
directs à des élèves en difficulté, s'il faut la dépasser, est-ce que ce sera
permis, oui ou non?
La Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Oui. Bien, Mme la
Présidente, je vais le répéter de plusieurs façons différentes. Je viens de
dire que, si les budgets étaient disponibles et que c'était pour des services à
l'élève, ils pourront embaucher. J'ai toutefois précisé qu'ils auront toujours
une cible à suivre, parce que c'est un indicateur extrêmement important et
pertinent pour s'assurer qu'ils respectent leur budget global. Et la règle
cardinale est de respecter leur budget. Ce sont des gestionnaires de l'État,
c'est de l'argent public. Mais je peux répéter : si l'argent est
disponible et que c'est pour des services directs à l'élève, ils pourront
embaucher.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Savez-vous
ce que les directeurs puis les directrices d'école que je rencontre me disent?
Ils me disent que, dans le temps des libéraux, c'était moins pire. Ah! les
libéraux, ils coupaient en masse, en éducation, la CAQ fait la même chose, mais
au moins, dans le temps des libéraux, c'était clair, on savait combien ils
coupaient, on savait quand ils coupaient puis on savait comment ils coupaient.
Avec la CAQ, c'est des coupures mais avec un petit extra d'improvisation.
La réponse... La question est simple :
Est-ce qu'ils peuvent dépasser leur cible, oui ou non?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Oui. Bien, si je me
fie à l'état du suivi des dépenses dans les deux grands réseaux et les missions
de l'État quand on est arrivés, en 2018, je me demande... c'était peut-être
moins pire en apparence dans le temps des libéraux parce qu'ils ne savaient pas
ce qui se passait.
Maintenant, ce que je viens de dire, c'est très
clair. Ils doivent respecter leur budget. Et, s'ils respectent leur budget, ils
pourront embaucher. Il s'agit d'une cible et non pas d'un plafond.
La Présidente : En question
principale...
Des voix : ...
La Présidente : Alors... Bon, bon,
bon. On perd du temps. Article 32. On garde le silence.
En question principale, je reconnais le chef du
troisième groupe d'opposition.
Pénurie
de places en service de garde
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, il y a sept ans, la CAQ s'engageait à fournir une place en CPE à
chacun des enfants du Québec. En 2021, c'est le premier ministre qui disait
qu'il fallait développer ces nouvelles places, j'ouvre les guillemets, «au plus
sacrant». L'échéancier, à l'époque, dans une promesse formelle, c'était mars
2025. Mme la Présidente, je vous confirme que c'est complètement raté. La liste
stagne toujours à 30 688 enfants, et les parents, à qui la CAQ a
promis mer et monde, bien, ils attendent toujours, puis ils vont continuer
d'attendre.
Cette incapacité à livrer les places nous
rappelle les nombreux dossiers où la CAQ n'a pas respecté ses promesses :
un médecin de famille pour tous, 90 minutes à l'urgence, les maternelles
quatre ans, la construction de logements sociaux, les pleins pouvoirs en
immigration et en culture, la rénovation des écoles, la réduction de la taille
de l'État, les trop-perçus d'Hydro-Québec. Il me manque de temps, mais vous
savez qu'il y en a pas mal plus, des exemples.
Les Québécois, dans le cas des enfants, sont
attachés à cette idée que chaque enfant puisse avoir une chance égale dans la
vie, et le modèle de CPE mis sur pied par le Parti québécois sous la vision de
Pauline Marois, il est là pour garantir à nos tout-petits une qualité de
service de renommée mondiale, et la CAQ a choisi de renier cet héritage et
surtout de briser ses promesses.
Est-ce que le premier ministre peut reconnaître
qu'en matière de places en garderie il n'a pas respecté sa parole?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, si j'étais à la place du chef du troisième groupe d'opposition, je
serais un peu gêné de poser cette question-là. Il fait référence à Pauline
Marois. Lorsque Pauline Marois a été première ministre, il s'est créé, durant
son année, 2 898 places. Donc, 2 898 places. Depuis qu'on a
annoncé le Grand chantier, on a créé
41 000 nouvelles places, 41 000 nouvelles places, et il y
en a 13 000, actuellement, qui sont en réalisation.
Et je suis surpris que le chef du troisième
groupe d'opposition ne comprenne pas pourquoi il reste encore un manque de
places. Il la connaît, la réponse. Il la connaît, la réponse. Je sais que Québec
solidaire la refuse, mais il la connaît, la réponse. Il y a eu une
augmentation, une explosion de la demande suite aux nouveaux arrivants. Mais,
Mme la Présidente, 41 000 places versus 2 800 avec Mme Marois,
bien, je suis fier de notre bilan.
• (10 h 40) •
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
ce n'est pas tous les jours qu'on entend le premier ministre être fier de ne
pas respecter sa promesse. On en prend acte. Mais la réalité, c'est qu'il y a
plus de 30 000 familles qui attendent et que les chiffres qu'il nous
donne, c'est les places qu'ils créent, sans comptabiliser les places qui
disparaissent. Donc, c'est pour ça qu'il y a un bilan qui n'avance pas pour la
CAQ, malheureusement.
Donc, est-ce qu'on... sinon, est-ce qu'on peut
s'entendre d'au moins appliquer le modèle de CPE aux milieux plus défavorisés,
au moins faire quelque chose, ne pas simplement abandonner cette question-là?
Est-ce que le premier ministre pourrait au moins s'engager à un compromis où on
avance...
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Bien, le chef
du troisième groupe d'opposition nous a habitués à dire des choses qui sont
inexactes. Le 41 000, c'est un net, c'est des places créées moins les
places perdues, plus 41 000, contrairement à ce qu'il vient de dire. Donc,
Mme la Présidente, comment peut-on avoir confiance dans un homme qui ne donne
pas les vraies données à la population?
Mme la Présidente, on a créé des places. Il y en
a encore 13 000 qui sont en réalisation. Pourquoi on arrive encore à avoir
des demandes? Parce qu'il y a eu une explosion de l'arrivée d'immigrants
temporaires, en particulier...
La Présidente : Deuxième
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais...
Des voix : ...
La Présidente : Deuxième
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais la députée de Terrebonne. La
parole est à vous, juste à vous, madame.
Mme Catherine Gentilcore
Mme Gentilcore : Revenons aux
enfants défavorisés. 42 millions de dollars par année, c'est tout ce
que ça coûterait de plus pour convertir les garderies à but lucratif des
milieux défavorisés en CPE plutôt qu'en garderies subventionnées, alors que c'est
justement dans ces milieux-là qu'il faut favoriser l'implantation des CPE.
750 millions dilapidés dans Northvolt, 1,2 milliard dans SAAQclic.
Là, on parle de 42 millions pour maximiser les chances de réussite de nos
enfants les plus vulnérables.
Est-ce que la ministre s'engage à injecter cette
somme-là pour nos enfants vulnérables?
La Présidente : La réponse de la
ministre de la Famille.
Mme Kateri Champagne Jourdain
Mme Champagne Jourdain : Merci,
Mme la Présidente. Je suis très heureuse d'avoir cette question-là, parce que
je pense que le premier ministre a été très clair sur ce qu'on a fait avec le
Grand chantier. Je souligne le travail incroyable de mes prédécesseurs. Et je
veux vous dire qu'on en a fait plus en trois ans que les autres gouvernements
en trois mandats, Mme la Présidente. C'est incroyable!
Et une autre chose qui va nous permettre aussi
d'apporter plus d'équité et de transparence, c'est le nouveau portail qui
remplace La Place 0-5, qui va nous permettre d'avoir une règle uniforme
d'admission en service de garde. Avant ça, Mme la Présidente, il y avait plus
de 2 000 règles différentes, au Québec.
On travaille sur l'équité, l'accessibilité, puis
on livre, Mme la Présidente.
La Présidente : ...question principale...
Des voix : ...
La Présidente : En question
principale, je reconnais la députée de Rimouski.
Prolongement de l'autoroute 20 entre
Notre-Dame-des-Neiges et Rimouski
Mme Maïté Blanchette Vézina
Mme Blanchette Vézina : Merci,
Mme la Présidente. Le 24 avril 2024, l'Assemblée nationale a adopté à
l'unanimité une motion que j'ai déposée conjointement avec le député de Matane-Matapédia
affirmant que le prolongement de l'autoroute 20 entre
Notre-Dame-des-Neiges et Rimouski est essentiel pour la sécurité routière et le
développement économique de l'Est du Québec. Cette motion demandait au
gouvernement de finaliser la conception, accélérer les études et planifier le
financement du chantier.
Pourtant, plus d'un an plus tard, aucun échéancier
n'a été présenté, et, pire, les études ont été suspendues, les contrats,
interrompus, et les citoyens sont toujours dans le flou.
Le ministre répète que la sécurité routière est
sa priorité, alors que la finalisation de l'autoroute et l'élargissement des
tronçons existants sont la clé pour améliorer le bilan en sécurité routière au Bas-Saint-Laurent.
Ma question, Mme la Présidente : Va-t-il
s'engager aujourd'hui à respecter la motion adoptée en déposant rapidement un
échéancier et en débloquant les sommes pour la finalisation de
l'autoroute 20?
La Présidente : La réponse du
ministre des Transports et de la Mobilité durable.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, bien, je suis... j'entends la question de ma collègue. Je
suis... Je suis un peu surpris quand même de la nature de cette question-là, parce
que ma collègue, somme toute, connaît très bien l'état du dossier dont on parle
aujourd'hui. Elle a eu l'occasion de participer à ces discussions-là dans le
passé avec nous et comprend certainement les contraintes financières qu'on a
par rapport aux infrastructures. Alors, aujourd'hui, qu'elle pose une question
dont elle a participé à fournir la réponse précédemment, ça me surprend
beaucoup. Mais je comprends que son schème de pensée a changé dans les derniers
mois.
Ceci étant dit, on met des sommes comme on n'a
jamais mis dans les infrastructures routières. Et le principal... le principal
défi...
Des voix : ...
La Présidente : ...un
instant. Article 32. C'est bon pour tout le monde. On garde le silence, je
vous prie. J'aimerais entendre la réponse. Silence pour tout le monde, des deux
côtés! M. le ministre, poursuivez.
M. Julien : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Des sommes comme jamais les sommes ont augmenté, en
infrastructures, et 85 % vont en maintien d'actif, qui est notre principal
défi. Donc, ma collègue, très bien... connaît très bien nos défis, je suis heureux
de les partager avec elle.
La Présidente : ...complémentaire.
Mme Maïté Blanchette Vézina
Mme Blanchette Vézina : Mme la
Présidente, le ministre a raison, je connais ces contraintes. Par contre, il
avait toujours été clair, et d'ailleurs le projet est toujours au PQI, que ce
projet allait avancer suite à l'autoroute 85. Malheureusement, on a appris
dans les médias, et je l'ai appris de la même façon que les autres citoyens du
Québec, que, malgré le fait que la 85 allait être terminée, les sommes
n'allaient plus être au rendez-vous et les équipes étaient démantelées pour
aller s'occuper de d'autres projets.
Mme la Présidente, l'Assemblée nationale, elle a
parlé d'une seule voix. Les élus, les partenaires économiques sont là. Quand va...
La Présidente : La réponse du
ministre des Transports.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Bien, je réitère que ma collègue était certainement aux discussions
lorsqu'on a élaboré le Plan québécois des infrastructures, les différents
enjeux qui ont été énoncés par les secteurs budgétaires importants, santé,
éducation, transport, le fait que notre gouvernement a augmenté à
164 milliards, des sommes records, qu'on a investi comme jamais pour le
maintien de nos infrastructures. Si elle n'était pas consciente de ces
éléments-là, elle manquait une maudite bonne partie.
Maintenant qu'on dit ça, oui, on priorise. Oui,
on doit faire des choix budgétaires. Et il y a des choix budgétaires qui sont
difficiles, elle en est consciente. Je pourrais en discuter avec elle n'importe
quand.
La Présidente : Deuxième...
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! Chers collègues, une seule personne a droit de parole ici, c'est la
députée de Rimouski, pour sa deuxième complémentaire.
Mme Maïté Blanchette Vézina
Mme Blanchette Vézina : Très
contente qu'il accepte de me rencontrer, ça va me faire plaisir de lui parler,
même de lui faire rencontrer le comité qui travaille fort pour que ce projet
voie le jour. Depuis 2006, le BAPE est fait.
Alors, ma question, elle est claire, Mme la
Présidente : Quand va-t-il financer ce projet et quel est l'échéancier du
gouvernement? C'est une priorité pour les citoyens.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Oui. Bien, ma
collègue dit qu'elle est contente que j'accepte d'avoir une rencontre avec
elle. Si elle en avait fait la demande, elle sait que je l'aurais acceptée, on
se connaît assez bien, depuis plusieurs années qu'on a travaillé ensemble, que
je suis toujours prêt à rencontrer les gens pour avoir de franches discussions.
Ce que je réitère, Mme la Présidente, c'est que le budget qu'on a actuellement
en infrastructures n'a jamais été aussi élevé. En termes routiers, on convient
tous qu'on doit prioriser le maintien des actifs. 85 % des sommes, c'est à
cet effet-là, parce qu'on a un réseau routier fortement développé. Les projets
de bonification, on doit regarder nos capacités financières, elle le sait, je
le sais. On va agir de manière responsable.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de D'Arcy-McGee.
Impact
de la création de Santé Québec sur l'accès aux services en santé mentale
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Mme la Présidente,
alors que le premier ministre a affirmé que les compressions budgétaires ne
toucheraient pas les services à la population, la réalité est tout le contraire
pour la Capitale-Nationale. Dans une lettre rendue publique hier, plus de
56 psychiatres du CISSS de la Capitale-Nationale dénoncent les coupures
massives en santé mentale, la fermeture du centre 388 pour les jeunes
adultes atteints de psychose, la disparition de l'hôpital de jour du faubourg
Saint-Jean et maintenant la fin des services spécialisés pour les troubles
anxieux et la dépression.
Ces médecins parlent de soins déshumanisés,
d'une logique de performance qui mise sur la quantité plutôt que la qualité et
des systèmes qui privilégient ce qui coûte le moins cher plutôt que ce qui
soigne vraiment les gens.
Ma question, Mme la Présidente, au ministre des
Services sociaux : Comment est-ce qu'il peut prétendre... continuer à
prétendre que les décisions de Santé Québec n'ont pas un impact sur les soins à
la population quand les psychiatres du réseau sortent pour dénoncer ces
actes-là?
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Vous savez comme je suis toujours heureux de me
lever pour parler de santé mentale. J'apprécie la question de la députée de D'Arcy-McGee.
Puis, oui, je comprends, on en a parlé déjà en cette Chambre, que, pour des
médecins psychiatres, de voir les programmes qu'eux-mêmes ont déployés fermer,
c'est un changement qui est difficile à accepter, Mme la Présidente. Mais de
dire qu'on transforme ça par d'autres choses, par moins de services, c'est tout
à fait inexact.
Par quoi on a remplacé ces services-là? Par
trois unités d'hospitalisation à domicile, Mme la Présidente, des équipes qui
vont soigner les gens chez eux, là. Qu'est-ce qu'on a fait? On a ouvert
24 lits de santé mentale à l'Auberivière pour la santé mentale des
personnes en situation d'itinérance, on en parle souvent ici, d'itinérance, 24 lits,
chose qui n'existait pas avant, Mme la Présidente. On a ouvert deux Aires
ouvertes pour les jeunes à Québec, un satellite à Portneuf, Mme la Présidente.
Tout ça, c'est des nouveaux services qu'on a ouverts.
C'est sûr qu'il y a des services qui existaient
qui sont... qui étaient peu efficaces, maintenant on l'a remplacé par des
services qui sont beaucoup plus efficaces. Puis, à la complémentaire, je vais
vous parler de l'efficacité des services qui sont actuellement offerts, Mme la
Présidente.
• (10 h 50) •
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Mme la Présidente,
moi, j'ai parlé aux psychiatres du CIUSSS de la Capitale-Nationale vendredi, et eux ne voient pas ce réaménagement de façon utile. Ils
voient que, maintenant, il va y avoir plus de gens qui vont se présenter dans
les urgences, plus de lits dans les départements d'urgence pour la santé
mentale qui vont se remplir. Vous pensez que prendre quatre vingt-cinq sous
pour une piastre, c'est la solution, mais ce n'est pas du tout... Il y a des
services spécialisés pour des gens avec des cas spécialisés qui ne sont plus
là, qui vont se retrouver à l'urgence, qui sont déjà débordées.
La Présidente : Et, Mme la députée,
vous vous adressez à la présidente. La réponse du ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Ça fait qu'on va
parler de changements qu'on a déployés en santé mentale, au Québec. Ça, c'est
dans la dernière année, 30 % de diminution des listes d'attente en santé
mentale pour les adultes, 50 % de diminution des délais d'attente pour la
santé mentale des jeunes, Mme la Présidente. Est-ce qu'on peut être contre ça
d'une certaine façon? Impossible. En plus, encore mieux, parce que la demande a
augmenté, les délais d'attente hors délai, c'est-à-dire ceux qui sont vus après
30 jours, ça aussi, ça diminue, malgré la hausse de la demande, Mme la
Présidente.
Donc, ce qu'on arrive... c'est qu'on offre des
meilleurs services. Ce qu'on demande aux psychiatres de la région de la Capitale-Nationale,
c'est venir offrir des services en CLSC, maintenant, c'est la prochaine étape.
Ma collègue de Marie-Victorin y travaille.
La Présidente : Cela met fin à...
Oui, Mme la leader du premier groupe d'opposition, je peux vous entendre.
Mme Setlakwe : Mme la Présidente,
est-ce qu'on peut avoir... est-ce qu'on peut demander que le tableau soit
déposé, s'il vous plaît?
La Présidente : Consentement pour le
dépôt?
Une voix : ...
Documents déposés
La Présidente : Vous avez
votre réponse.
Alors, cela met fin à cette période de questions
et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons passer à la rubrique Motions sans préavis, et, pour ce faire, je cède la
place au troisième vice-président de l'Assemblée nationale. Merci beaucoup pour
votre attention.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bonjour, collègues. Nous sommes à la rubrique Motions sans préavis. En fonction
de nos règles de présentation et de l'ordre de présentation des motions sans
préavis, je reconnais maintenant un membre du deuxième groupe d'opposition. M.
le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale exprime sa vive
inquiétude devant la hausse record des loyers, qui a bondi de 9,6 % en un
an, soit plus du double de la moyenne canadienne, où les provinces ont imposé
des plafonds plus stricts sur les hausses permises;
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec
d'agir sans délai pour freiner la flambée des loyers et protéger les
locataires.» Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement.
Pour la prochaine motion, qui revient au
troisième groupe d'opposition, je reconnais Mme la députée de Terrebonne.
Mme Gentilcore : Je sollicite
le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement
avec la députée de Westmount—Saint-Louis
et le député d'Hochelaga-Maisonneuve, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale souligne la Semaine
nationale des éducatrices et des éducateurs de la petite enfance;
«Qu'elle prenne acte de la
publication de l'étude Examen de l'arrimage entre besoins des enfants et
offre de services de garde éducatifs au Québec réalisée par la Chaire de
fiscalité et de finances publiques de l'Université de Sherbrooke;
«Qu'elle fasse sienne la conclusion de l'étude à
l'effet que les Centres de la petite enfance sont le milieu de garde à
privilégier, notamment auprès des enfants qui proviennent de milieux
socio-économiques défavorisés;
«Par conséquent, qu'elle demande au gouvernement
de procéder à la conversion complète des garderies non-subventionnées en CPE
dans les milieux défavorisés.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement.
La prochaine motion revient au gouvernement, et
je reconnais M. le député de Chapleau.
Réitérer
l'opposition formelle de l'Assemblée à la Loi constitutionnelle de 1982
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci,
M. le Président. Et donc je sollicite le consentement de cette Assemblée afin
de présenter la motion suivante conjointement avec le député d'Acadie, le
leader du deuxième groupe d'opposition, le député de Jean-Talon et la députée
de Rimouski :
«Que l'Assemblée nationale réitère son
opposition formelle à la Loi constitutionnelle de 1982 à laquelle aucun
gouvernement du Québec n'a accepté d'adhérer depuis, incluant tous les
gouvernements formés par le Parti libéral du Québec;
«Que l'Assemblée nationale demande à toutes les
formations politiques représentées en cette Chambre de s'engager à ne pas
signer la constitution de 1982.»
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Il y a
consentement, sans débat. Et, devant tant d'harmonie, je demanderais un vote
électronique, s'il vous plaît.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Un
vote a été demandé. La période de vote est ouverte.
La période de vote est terminée. M. le
secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 108
Contre : 0
Abstentions : 1
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est adoptée. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Je
vous demanderais d'envoyer une copie au Parti libéral du Québec et également à
son chef, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Ce
sera fait, M. le leader adjoint du gouvernement. Pour la prochaine... Ah! Mme
la leader de l'opposition officielle.
Mme Setlakwe : ...mentionner
qu'au même titre, bien, on va transmettre notre position historique. Et on a
même identifié les passages pertinents.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la leader de l'opposition officielle.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Nous allons poursuivre, s'il vous plaît. S'il
vous plaît!
La prochaine motion... La prochaine motion
revient donc à l'opposition officielle, et je reconnais Mme la leader de l'opposition
officielle.
Mme Setlakwe : M. le Président,
je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante :
«Que l'Assemblée nationale
déclare qu'il est de la responsabilité de ses membres d'élever le débat public;
«Qu'elle souligne que le fait de qualifier une
majorité de Québécoises et de Québécois qui ne souhaite pas un référendum de
personnes "qui préféreraient qu'on se laisse mourir ou que les problèmes
s'aggravent" ne contribue pas à élever le débat.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chauveau) : ...sans
débat, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement. Nous allons poursuivre.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous allons poursuivre... S'il vous
plaît! S'il vous plaît! Nous allons poursuivre, maintenant, aux avis touchant
les travaux des commissions. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci, M. le Président.
Et donc j'avise cette Assemblée que la
Commission des relations avec les citoyens va poursuivre les consultations
générales et les auditions publiques sur le cahier de consultation intitulé La
planification de l'immigration au Québec pour la période 2026‑2029
aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à
12 h 50 et de 15 heures à 18 h 15, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de la culture et de l'éducation va
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 94,
la Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de l'éducation et
modifiant diverses dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la
salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de l'aménagement du territoire va
entreprendre l'étude détaillée du projet loi n° 104, Loi
modifiant diverses dispositions afin notamment de donner suite à certaines
demandes du milieu municipal, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Pauline-Marois.
• (11 heures) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le leader adjoint du gouvernement.
Pour ma part, je vous avise que la Commission de
l'aménagement du territoire se réunira en séance de travail le
jeudi 23 octobre 2025, de 8 heures à 8 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse de la pétition concernant la demande visant à rejeter le
projet de règlement modifiant le calcul des augmentations de loyer.
Je vous avise également que la Commission des
relations avec les citoyens se réunira en séance de travail le
jeudi 23 octobre 2025, de 8 h 30 à 9 heures, à la
salle RC.189, afin d'organiser les travaux de la commission et afin de
statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition portant
sur la conversion des garderies non subventionnées en garderies subventionnées.
Enfin, je vous avise que la Commission des
transports et de l'environnement se réunira en séance de travail le
jeudi 23 octobre 2025, de 8 h 30 à 9 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse de la pétition concernant la sécurisation de
l'intersection de la route 337 avec la montée Hamilton et le chemin
Vincent-Massey.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Et je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 58 du feuilleton, s'il vous plaît.
Motions du gouvernement
Motion proposant que la Commission des institutions
procède à une consultation générale à l'égard du projet de loi n° 1
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 58 du feuilleton, aux motions du gouvernement, M. le leader du
gouvernement présente la motion suivante :
«Que la commission des institutions procède à
une consultation générale à l'égard du projet de loi n° 1,
Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec, et qu'elle tienne des auditions
publiques à compter du 4 décembre 2025;
«Que les mémoires et
demandes d'interventions soient reçus au secrétariat de la commission au plus
tard le 24 novembre 2025;
«Que le ministre de la Justice et ministre
responsable des Relations canadiennes soit membre de ladite commission pour la
durée du mandat.»
Je vous informe que la répartition du temps de
parole pour ce débat restreint s'effectuera comme suit :
27 min 45 s allouées au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 15 min 47 s allouées au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle, 9 min 28 s allouées au deuxième
groupe d'opposition, 4 min 44 s allouées au troisième groupe
d'opposition, 45 secondes allouées à chacun des députés indépendants. Dans
le cadre de ce débat, les temps... le temps non utilisé par les députés
indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les
groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment. Mis à part
ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au
cours du débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser
la présidence.
Je cède maintenant la parole au leader du
gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui, merci,
M. le Président. Alors, ça me fait plaisir d'intervenir sur la motion que nous
avons inscrite et qui se lit ainsi :
«Que la commission des institutions procède à
une consultation générale à l'égard du projet de loi n° 1,
Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec, et qu'elle tienne des auditions
publiques à compter du 4 décembre 2025;
«Que les mémoires et demandes d'interventions
soient reçus au secrétariat de la commission au plus tard le 24 novembre 2025;
«Que le ministre de la Justice et ministre
responsable des Relations canadiennes soit membre de ladite commission pour la
durée du mandat.»
M. le Président, on est aujourd'hui en train de
débattre d'une motion pour tenir des consultations publiques sur le projet de
constitution qu'on a déposé. M. le Président, lorsque j'ai déposé le projet de
constitution le 1er octobre dernier, les oppositions, et notamment le
leader du deuxième groupe d'opposition, de Québec solidaire, nous ont
demandé : Nous souhaitons des consultations publiques. Nous avons donc
accédé à leur demande. M. le Président, l'ensemble des formations politiques
étaient d'accord pour qu'on puisse, comme à l'habitude, de consentement,
déposer une motion pour tenir des consultations générales. Or, le deuxième
groupe d'opposition a refusé, M. le Président, de donner son consentement
pour qu'on puisse procéder comme à l'habitude, nous forçant à inscrire une
motion ici, à l'Assemblée, pour répondre à leur demande, pour répondre à leur
souhait d'avoir des consultations générales. Vous m'en voyez, M. le Président,
un peu déculotté parce qu'on leur donne ce qu'ils voulaient, M. le Président,
mais ils forcent quand même à avoir un débat ici, à l'Assemblée nationale, pour
dire qu'ils ne sont pas d'accord avec la Constitution. Or, on dépose une motion
pour consulter la population, pour consulter les différents groupes, pour que
les gens viennent ici, à l'Assemblée nationale, ou à distance, par Teams, M. le
Président, donner leur avis. Or, ce que ça fait, M. le Président, c'est qu'on
va être décalés de plusieurs jours, M. le Président, à cause du refus de Québec
solidaire de donner leur consentement à une motion de consultations générales. Est-ce
que ça sert la population de ne pas les entendre plus tôt? Je ne le crois pas,
M. le Président. Alors, les consultations, si d'aventure l'Assemblée acceptait
la motion que... sur laquelle nous débattons aujourd'hui... d'être entendues à
partir du 4 décembre plutôt que le 2 décembre, comme nous l'avions
convenu avec l'ouverture des autres groupes d'opposition ainsi que des trois
députés indépendants, M. le Président, pour consulter la population. Et je
l'avais dit, M. le Président, on a consulté largement, avant le dépôt du
projet de constitution, des gens de la société civile, du milieu universitaire,
des gens du domaine médical, des gens du domaine universitaire, des gens de
tous les domaines de la société, de la population également, et là on a déposé
le projet de loi, et on va tenir des consultations générales, M. le Président,
dans notre Assemblée, dans la maison du peuple, ici.
Alors, voyez toute l'ironie, M. le Président, du
débat d'une heure que nous avons aujourd'hui, de débattre d'une motion qui
accède à ce que le deuxième groupe d'opposition voulait. Alors, M. le
Président, quand on vous demande quelque chose puis on dit oui, là vous êtes
surpris. Ça, c'est la position de Québec solidaire pour dire : Bien là, je
me gratte la tête, là, le gouvernement a dit oui à ce que je voulais. Qu'est-ce
que, bien, je pourrais faire pour bloquer les travaux parlementaires ou pour
les ralentir? Bien, je vais dire non, je ne consentirai pas pour pouvoir avoir
un débat ici, en cette Chambre. Puis ce qui m'attriste profondément, M. le
Président, c'est que l'attitude de Québec solidaire par rapport au projet de
loi, c'est de dire... et la cheffe du deuxième groupe d'opposition l'a dit à de
multiples reprises à la radio, à la télévision, dans le cadre
d'entrevues : Nous, on va bloquer, on est contre le projet de
constitution, malgré le fait que ça fait 200 ans qu'on en parle,
60 ans au cours des dernières années, puis nous, on va bloquer, on va
utiliser tout notre temps disponible, notre temps parlementaire, pas d'une
façon constructive, non, non, M. le Président, pour bloquer les travaux.
M. le Président, la Constitution du Québec,
c'est quelque chose qui est important pour la nation québécoise, c'est quelque
chose qui va nous faire avancer en tant que société, en tant que nation pour
défendre nos droits, nos compétences, notre champ d'exercice pour faire
défendre les intérêts de la nation québécoise, pour défendre les lois
fondamentales, M. le Président, comme la Charte des droits et libertés de la
personne, qui a été adoptée sous la gouverne de Robert Bourassa, Mme la
Présidente, un grand premier ministre en 1975... M. le Président, et cette
loi-là, on l'insère dans la constitution québécoise. On ne viendra pas me dire,
M. le Président, que Québec solidaire est contre la Charte des droits et
libertés de la personne. D'ailleurs, on soulignait le 50e anniversaire
hier, M. le Président, à l'agora de l'Assemblée
nationale. Mais là on nous dit : Non, on va bloquer la Constitution.
Pourquoi ne pas vouloir donner un statut, une protection supplémentaire à notre
Charte des droits et libertés de la personne, M. le Président, dans laquelle on
a prévu que l'égalité entre les femmes et les hommes allait avoir une valeur
importante, M. le Président, dans laquelle on a prévu que le statut du
français était important, dans laquelle on a prévu que la laïcité également
était un droit collectif? C'est peut-être à cause de ça, M. le Président,
parce que Québec solidaire est contre la laïcité de l'État. Peut-être c'est
pour ça qu'ils veulent bloquer. Mais les Québécois, eux, qui veulent que l'État
et les religions, ce soit séparé, peut-être que Québec solidaire n'a pas eu le
mémo à cet effet-là.
• (11 h 10) •
Cela étant dit, M. le Président, de bonne foi,
nous avons déposé une motion pour pouvoir entendre les gens à l'Assemblée
nationale. Alors, M. le Président, je souhaite que, tout au long du débat sur
la Constitution du Québec, on puisse consulter, on puisse entendre les gens,
les groupes, on puisse travailler ensemble à l'Assemblée nationale parce que la
constitution québécoise, elle reprend des lois importantes qui ont été adoptées
par les gouvernements successifs au Québec. Le rapport Proulx-Rousseau, qui a
été présidé par Sébastien Proulx, coprésidé par Sébastien Proulx, ancien
ministre libéral de l'Éducation et de la Famille, M. le Président, qui a été
coprésidé par Guillaume Rousseau, du Parti québécois, qui était candidat pour
le Parti québécois, M. le Président. Sur le comité, d'ailleurs, il y avait
également Martine Tremblay, ancienne cheffe de cabinet de René Lévesque et de
Pierre Marc Johnson, Catherine Mathieu, constitutionnaliste de l'UQAM, Amélie
Binette, constitutionnaliste à l'Université du Québec en Outaouais, Luc
Godbout, M. le Président, qui est professeur et chercheur à l'Université de
Sherbrooke en matière de fiscalité. Ils ont produit un rapport de
42 recommandations, M. le Président. Ils ont reçu des mémoires, ils ont
analysé. La première recommandation du rapport, c'était de doter le Québec
d'une constitution, M. le Président.
Alors, sur les modalités, on va pouvoir en
discuter en commission parlementaire, mais encore faut-il partir d'un texte, M.
le Président. Et on ne pourra pas nous taxer d'avoir un comité qui nous a fait
une recommandation partisane. La Constitution n'appartient pas au gouvernement,
elle appartient aux Québécois, elle appartient à la nation québécoise, Mme la
Présidente. Mais, à un moment donné, il faut agir, il faut agir, Mme la
Présidente, parce que...
Prenez l'exemple de Québec solidaire, M. le
Président. Ils sont pour une constitution, mais, quand il y a une constitution,
ils ne veulent même pas en jaser, M. le Président. Là, à un moment donné, on
dit une chose et son contraire. Les gens, ils sont tannés de ça, ils veulent
qu'on agisse, ils veulent qu'on travaille ensemble. Puis moi, je leur tends la
main, à Québec solidaire, même mes deux mains, au Parti libéral, au Parti
québécois, aux députés indépendants, M. le Président. On va avoir l'occasion,
là, de passer beaucoup de temps ensemble, je l'espère, Mme la Présidente, ici,
à l'Assemblée nationale, travaillons ensemble, travaillons dans l'intérêt de la
nation québécoise, parce que les pouvoirs, les prérogatives, la souveraineté de
notre Parlement, c'est trop important, M. le Président, pour faire de la
partisanerie.
Alors, de tout mon coeur, je vous demande de
revenir à la raison, de travailler avec nous, de cesser les menaces de blocage,
comme ça a été fait, M. le Président, dans le précédent mandat. Québec
solidaire avait fait un point de presse pour dire : Nous, on va tout
bloquer le Parlement si jamais, à telle date, il n'y a pas tel élément.
Finalement, ils sont revenus sur leur position, M. le Président, alors...
et ils sont revenus au Parlement. Mais, M. le Président, on ne peut pas faire
des menaces comme ça, tout le temps, sur la démocratie, M. le Président. Ce
n'est pas normal, là, de dire : Moi, je bloque. On est dans une assemblée
délibérante, délibérons, débattons, partageons nos idées. C'est à ça que je
vous convie, M. le Président.
Alors, M. le Président, ma formation va voter
pour la motion, parce que la motion permet d'avoir des consultations générales,
des consultations qui vont nous permettre d'entendre les groupes, des
consultations qui vont nous permettre d'entendre la population, tel que
demandé, souhaité et adjugé aux groupes d'opposition, M. le Président. Alors,
ça va me faire plaisir, M. le Président, de travailler avec tout le monde. Et
notre gouvernement souhaite avoir la collaboration et l'harmonie dans ce
Parlement. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le leader du gouvernement. Prochain intervenant, je reconnaisM. le
député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M. Morin : Alors, merci. Merci,
M. le Président. Dans les minutes qui vont... qui vont suivre, je vais avoir le
privilège de débattre de la motion déposée par le leader du gouvernement, et
qui se lit ainsi :
«Que la Commission des institutions procède à
une consultation générale à l'égard du projet de loi n° 1,
Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec, et qu'elle tienne des auditions
publiques à compter du 4 décembre 2025;
«Que les mémoires et demandes d'interventions
soient reçus au secrétariat de la commission au plus tard le 24 novembre
2025; et
«Que le ministre de la Justice et ministre des
Relations canadiennes soit membre de ladite commission pour la durée du
mandat.»
Donc, on est présents pour débattre de cette
question en cette Chambre aujourd'hui parce que, je vous dirais, dans un
premier temps, le gouvernement, avec son projet de loi n° 1,
a voulu agir très rapidement, mais ça n'a pas fonctionné comme il le
souhaitait.
D'ailleurs, j'écoutais le ministre parler de la
Constitution. Pour ma formation politique, le Parti libéral du Québec, on n'est
pas contre une constitution, ça fait des décennies qu'on en parle. On a même, à
l'époque... dans le comité Pratte-Cadet, il y a eu des recommandations qu'il y
en ait une, il y a une résolution de nos membres à cet effet-là.
Sauf qu'on a toujours dit que, justement, une constitution, ça n'appartient pas
à un ministre, ça n'appartient pas à l'Exécutif, ça appartient à l'ensemble
d'une nation, ça appartient au peuple. C'est la raison pour laquelle, dès le
départ, on demandait à ce qu'il y ait un comité transpartisan qui allait
d'abord travailler à écouter l'ensemble des associations membres de la société
civile dans les régions du Québec pour, par la suite, arriver avec un texte qui
allait faire consensus. C'est comme ça, M. le Président, qu'on rédige une
constitution.
Maintenant, est-ce que c'est ce que le gouvernement
a fait? Non. Il nous est arrivé avec son projet de loi, et, attendez que je me
rappelle, au départ, le gouvernement voulait même avoir des consultations
particulières pour restreindre le débat, ce qu'on ne pouvait pas accepter.
Alors, ma formation politique, le Parti libéral du Québec a donc demandé des
consultations générales. C'est un minimum. Et là le ministre a reculé et il
s'est rangé à la demande que l'on avait. Et je le répète, je le répète, M. le
Président, c'est un minimum.
Alors, on est confrontés à une situation où le
gouvernement voulait agir rapidement, ça n'a pas fonctionné. Vous comprendrez
que, quand on regarde le texte, il est essentiel de consulter le plus grand
nombre d'organismes, de personnes, d'experts possible pour essayer de voir
quels sont les enjeux, parce que, contrairement... contrairement à l'idée qu'on
avait du départ, donc de mettre sur pied un comité transpartisan qui aurait pu
recueillir des témoignages, par la suite confier le document à des experts qui
auraient pu arriver avec un document faisant un large consensus, bien, ce n'est
pas... ce n'est pas la procédure qu'a voulu suivre le gouvernement.
Donc, on est confrontés à la situation dans
laquelle on se retrouve, qui, quant à moi, et je vous le soumets avec respect,
est loin, est loin d'être parfaite. Mais ça, c'est la décision du ministre de
la Justice et du leader du gouvernement. Il a préféré agir comme il l'a fait et
nous présenter un projet de loi.
Donc, aujourd'hui, on débat de cette question,
mais je vous dirai que, pour ma formation politique, nous allons être en faveur
de la motion qui est inscrite par le gouvernement, parce que, c'est loin d'être
parfait, et je vous le dis, sauf que, dans le carcan où le gouvernement nous a
insérés, c'est le mieux qu'on puisse faire pour essayer de voir avec la
population civile ce qu'il en est de ce document produit par le gouvernement,
produit par le ministre. Alors, ce n'est pas... on n'est pas ici, là, en train
de débattre d'un document qui fait l'objet d'un consensus.
• (11 h 20) •
D'ailleurs, vous l'avez vu, probablement, M. le
Président, quand le gouvernement a déposé son projet de loi, on a voté contre
au début parce qu'on était contre la façon dont le ministre a procédé. C'est
quand même assez inusité dans cette Assemblée. Mais il n'y a pas juste ça. Par
la suite, une fois le dépôt du document, vous avez sans doute lu les différents
articles qui ont été publiés dans les journaux, que ce soit par des
chroniqueurs, des journalistes, des experts, des groupes de la société civile,
et, au fond, quand le ministre nous parlait de son projet de loi qui veut être
un bouclier, bien, il a réussi à créer une levée de boucliers contre lui puis
il a fait ça assez instantanément et rapidement. Alors, c'est rare qu'on peut
arriver à un consensus aussi rapide contre ce qu'on veut faire, mais lui, il a
réussi. Ce n'est quand même pas banal.
Donc là, aujourd'hui, on se ramasse avec,
évidemment, une motion. Et, comme je vous dis, on ne sera pas contre, parce
qu'il faut absolument que des gens puissent s'exprimer là-dessus, ça fait
partie de notre démocratie, ça fait partie de ce qu'on est au Québec. Sauf que,
est-ce que c'est drôlement parti? Bien, je vous dirais oui, je vous dirais oui.
Nous, ce qu'on voulait, là, c'est que le
gouvernement, justement, tende la main à tous les partis, ici, pour qu'on
puisse travailler ensemble. J'écoutais le ministre, tout à l'heure, on parle de
démocratie, bien, on va parler de démocratie, parlons-en, de démocratie. Ça
aurait facile pour le gouvernement de faire ça. Ça aurait été facile pour le
gouvernement de nous dire : Écoutez, c'est tellement important, c'est
tellement fondamental — parce
que c'est ce que le ministre nous dit — bien là, écoutez, on va
s'asseoir, puis on va travailler ensemble, et on va arriver avec quelque chose,
on va prendre notre temps. On en parlait tout à l'heure, le ministre le
parlait : Ça fait des siècles qu'on en parle, ça fait des décennies qu'on
en parle, on n'est pas rendus à trois, quatre mois proche, quant à ça, là, mais
ce n'est pas ça qui a été fait.
Alors, compte tenu de toutes ces imperfections,
bien, là, on va être d'accord avec la motion du gouvernement pour faire
entendre le plus de gens possible, mais... comprenez-moi, c'est loin, c'est
loin d'être parfait, mais on veut contribuer au débat, nous, l'opposition
officielle, on veut continuer à travailler et on va voir ce que ça va donner.
Donc, pour toutes ces raisons, nous allons voter en faveur de la motion du
gouvernement pour que nous puissions avoir des consultations générales à
l'égard du projet de loi n° 1. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de l'Acadie. Et, prochain intervenant autour de la motion du
gouvernement, je reconnais Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Donc, je tenais à prendre la parole sur cette motion du gouvernement
parce que je suis vraiment très, très étonnée, je suis très étonnée qu'on soit
les seuls à vouloir voter contre cette motion. Moi, je me rappelle très bien,
lors du dépôt de cette motion, tous les partis d'opposition, on a dit :
Bien, voyons donc, ça prend plus de consultations que ce qui a été demandé par
le gouvernement, des consultations, même, itinérantes, et ce n'est pas du tout,
du tout, du tout ce qu'on obtient avec le ministre de la Justice.
Évidemment, j'ai déjà parlé, mes collègues ont
parlé, puis on va avoir beaucoup l'occasion de parler du contenu de la
Constitution et pourquoi nous avons décidé, comme formation politique, de
bloquer son adoption, de nous assurer que jamais cette constitution-là ne soit
adoptée. Et, pour faire ça, ça veut dire qu'on va faire notre travail de parlementaires, on va être présents en commission, on va
être présents partout pour nous assurer qu'elle ne soit jamais adoptée.
Moi, je vais reprendre les mots du ministre de
la Justice. Il nous a dit : Ça, là, la Constitution du Québec, c'est le
projet de loi n° 1, c'est la loi des lois, ce n'est pas juste une loi
banale comme n'importe quelle autre, c'est la loi des lois, elle surpasse
toutes les autres lois, c'est important parce que ce document-là va protéger
l'avenir de la nation. Bien, ce n'est pas ça qu'il nous propose en ce moment.
Si c'était vrai, si j'étais à la place du ministre, puis que j'étais fière de
cette constitution-là, puis que je disais que c'est le document le plus
important dans l'histoire du Québec, et que c'est la loi des lois, bien, je ne
ferais pas juste une simple consultation normale comme on fait pour n'importe
quel projet de loi. Même qu'au début il a fallu que nous, on travaille fort
pour que le ministre de la Justice change d'idée et qu'il dise : OK, c'est
beau, ce ne sera pas juste des consultations particulières, où est-ce qu'on
appelle les groupes qui sont autorisés à venir donner leur avis sur cette...
sur cette loi-là, mais on a réussi à obtenir une consultation générale. Donc,
n'importe qui qui a envie d'intervenir sur cette constitution... sur cette
constitution peut venir à l'Assemblée nationale.
Bien, moi, si j'étais à la place du ministre,
là, puis que j'étais vraiment fière, fière de cette constitution-là, je
n'inviterais pas les gens à venir juste à l'intérieur des murs de l'Assemblée
nationale. Je prendrais cette constitution puis j'irais partout à travers le
Québec, une commission itinérante pour aller à la rencontre de tous les
Québécois, toutes les Québécoises sur notre vaste territoire, dans toutes les
régions, en Gaspésie, en Mauricie, en Abitibi-Témiscamingue, partout sur notre
vaste territoire pour aller à la rencontre des Québécois pour leur dire
pourquoi c'est la loi des lois puis pourquoi elle est importante pour notre
avenir comme nation, pour notre identité québécoise.
Bien, ce n'est pas du tout le choix qu'a fait ce
gouvernement-là. Ce n'est pas le choix qui a été fait par le ministre de la
Justice ni par le premier ministre. Ils ont décidé de traiter cette constitution,
qui est supposée être quelque chose d'extraordinaire, comme n'importe quel
projet de loi tout à fait normal où est-ce que les gens viennent à l'Assemblée
nationale, ils discutent, puis peut-être que le ministre... peut-être qu'il va
accepter certains changements, peut-être que non. Il nous a dit qu'il a
consulté. On ne lui parle pas d'une petite consultation de quelques minutes où
est-ce qu'il écoute les gens puis, après ça, il ne prend pas en considération
ce qu'ils ont dit pour changer sa constitution, mais une vraie consultation du
peuple, de la population québécoise.
D'ailleurs, c'est une occasion manquée, de ne
pas avoir fait une consultation itinérante en allant partout sur le territoire
québécois, à la rencontre des gens. C'est une occasion manquée parce que je
pense qu'il y a beaucoup de députés et de ministres, notamment le ministre de
la Justice, à qui ça ferait le plus grand bien d'aller rencontrer les Québécois
à l'extérieur du mur de l'Assemblée nationale puis d'aller sur le terrain pour
leur parler. Ce serait une belle occasion pour les rassembler et rapprocher la
politique des Québécois, parce que, pour eux, tout ça, c'est loin, pour eux. Ce
qu'on fait ici, à l'Assemblée nationale, par exemple dans le salon rouge, à
l'intérieur des murs de l'Assemblée nationale, qui est supposée être la maison
du peuple, c'est loin de leurs préoccupations, c'est loin d'eux. C'est une
occasion d'aller à leur rencontre puis de rapprocher le politique des
Québécois, d'aller voir les gens. Tous les députés, ça leur ferait du bien de
faire ce travail-là, puis d'aller les rencontrer, puis de leur parler,
notamment, d'une constitution du Québec, pourquoi c'est important, pourquoi
c'est important pour nous.
C'est pour ça qu'à Québec solidaire notre
proposition historique, depuis notre fondation, a toujours été... pas juste
d'avoir une constitution où c'est juste les parlementaires qui ont leur mot à
dire, mais une constitution écrite par le peuple pour le peuple. Puis ça, ça ne
se fait pas comme ça, comme n'importe quelle loi banale. Ça, ça veut dire
d'avoir une Assemblée qui est la plus représentative de la population
québécoise, qui aurait pour mandat d'écrire une constitution d'un Québec
indépendant. Et ça, ce n'est pas un mince projet. Il faut aller voir les
Québécois partout pour qu'ils s'approprient cette constitution. La
Constitution, c'est comme un acte de naissance du peuple, c'est un document qui
dit qui ils sont, un miroir où est-ce qu'ils peuvent se voir, eux, la
population québécoise. Mais, si on fait uniquement une simple consultation ici,
à l'intérieur du mur de l'Assemblée nationale, ça ne... ça ne ferait pas
honneur à ce processus-là.
Donc, pour cette raison, nous allons voter
contre cette motion-là, alors que... parce qu'on ne fait pas honneur à ce que
devrait être une vraie consultation de la population québécoise, où est-ce
qu'on devrait aller partout sur notre territoire pour les rencontrer. C'est une
occasion manquée. Et je ne m'explique pas pourquoi et le Parti libéral et le Parti
québécois ont laissé passer ça, des consultations générales, et non pas une
commission itinérante, comme on l'a fait sur plein d'enjeux importants pour la
société québécoise. Ça aurait été une chose importante. Et une constitution du
Québec aurait mérité une consultation itinérante pour aller à la rencontre des
Québécois et Québécoises. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition. Et la parole revient maintenant
à M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : C'est un simple
projet de loi qui va être étudié, duquel le gouvernement de la CAQ ne tirera
qu'une simple loi de l'Assemblée nationale, malgré tout ce que prétend le
ministre.
Le projet de loi, il faut le dire, institue
trois lois, dont une serait la Constitution du Québec, qui commence par dire
qu'elle aurait «préséance sur toute règle de droit incompatible», ce qui n'est
pas vrai, puisque le ministre lui-même a été forcé d'admettre qu'elle sera
soumise à la Constitution canadienne, qu'elle demeurera subordonnée au carcan
fédéral. Plein d'autres dispositions : on énonce des droits collectifs qui
ont constamment été niés ou ignorés par le fédéral, et ça
va rester comme ça, que l'État du Québec est laïque, mais ça ne changera rien
au pouvoir de la Cour suprême du Canada de charcuter les lois du Québec
lorsqu'elles sont contestées, y compris par le gouvernement fédéral. La
Constitution dit qu'elle constitutionnalise le modèle d'intégration nationale
qui va rester soumis au modèle multiculturaliste du Canada, elle change le nom
du lieutenant-gouverneur pour officier du Québec, mais ça ne changera rien au
fait qu'on va rester pris avec la monarchie. Elle parle des compétences
internationales du Québec, elle ne changera rien au fait que c'est le fédéral
qui va parler à notre place dans toutes les instances internationales.
• (11 h 30) •
Elle instaure ensuite une loi sur l'autonomie
constitutionnelle du Québec, qui est un aveu même que la Constitution du Québec
n'a pas préséance, et là qu'il faut des moyens permanents pour contrer les
agressions du gouvernement fédéral. On a besoin d'un bouclier, tellement il y a
des attaques du gouvernement fédéral contre les compétences du Québec et contre
la nation québécoise. Donc, cette loi-là est un aveu même du fait que la
Constitution n'est pas une véritable constitution.
Elle parle, par exemple, là, de faire des
résolutions, à l'article 6 ou à l'article 7, des résolutions de
modifications constitutionnelles, des demandes du Québec à chaque élection
fédérale pour se faire dire non à chaque fois, comme c'est le cas du programme
de la CAQ depuis sept ans. Ils se sont fait dire non à toutes leurs demandes,
ça ne changera rien.
Droit du Québec de sélectionner les sénateurs et
les juges de la Cour suprême, ça n'arrivera pas. Ailleurs, dans la Constitution
canadienne à laquelle on va rester soumis, c'est dit non, c'est le fédéral qui
a ce pouvoir-là, et il ne changera pas. Ensuite, on veut même changer les
règles d'interprétation de la charte des droits et libertés du Québec. Ça non
plus, ça ne changera pas au fait que la Cour suprême du Canada va continuer à
faire ce qu'elle a toujours fait : interpréter en fonction des standards
fixés par le fédéral.
C'est pour ça qu'on a voté contre le principe du
dépôt même parce que ce qui nous est présenté n'est pas vrai. Ce que le
gouvernement de la CAQ, ce que le ministre dit que va faire ce document-là, ce
n'est pas vrai. C'est un simple projet de loi qui ne changera rien au fait que
le Québec est soumis au carcan fédéral et à la Constitution canadienne qui nous
a été imposée à l'encontre de notre volonté. C'est une manoeuvre de
communication électoraliste qui instaure une constitution fédéraliste et
caquiste.
Alors, on consent, nous, à ce que ce soit étudié
comme un simple projet de loi de l'Assemblée nationale parce qu'on est des
parlementaires rigoureux. Donc, on va être là, aux consultations générales.
Quand le ministre nous dit encore aujourd'hui
qu'il a consulté largement, ça aussi, là, c'est profondément inexact. Quelques
réunions dans son bureau, ce ne sont pas des consultations. Il a nommé cinq
personnes qui sont honorables, qui ont produit le rapport, fort bien. Si c'est
tout ce qu'il a à nous dire pour parler de ces grandes consultations, ça veut
dire qu'il n'y en a pas eu, de consultations. C'est ça, la réalité. Personne
n'était là au dépôt de son projet de loi, personne. Il n'y avait personne ici,
personne de la société civile.
Et entendez-vous ceci, M. le Président? Le silence
assourdissant des Premières Nations et des Inuits qui auraient dû être
convoqués, qui auraient dû participer activement à ces consultations-là. Il n'y
en a pas eu, de consultation des Premières Nations.
Alors, la main tendue du gouvernement, ce n'est
pas une véritable main tendue, parce que le ministre, le leader parlementaire
va continuer à contrôler tout le processus, comme il le fait à chacun des
projets de loi du gouvernement. Alors qu'une vraie constitution, ça vient avec
un vrai processus, un livre blanc, ou vert, ou peu importe la couleur, un
avant-projet de loi, des consultations, on va à la rencontre des Québécoises et
des Québécois. Ce n'est pas ce qui s'est passé. C'est un simple projet de loi.
Minimalement, il fallait une consultation générale,
à laquelle nous allons participer, mais ça reste que le document lui-même est
un miroir aux alouettes, c'est un ersatz, ce n'est pas une vraie constitution.
Ça prend l'indépendance...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
Merci, M. le député de Jean-Talon. Et je reconnais maintenant Mme la députée de
Vimont.
Mme Valérie Schmaltz
Mme Schmaltz : Merci, M. le
Président. Très heureuse d'être là aujourd'hui pour souligner un des grands
objectifs du projet de Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec, celui de
protéger nos valeurs, notre identité, nos droits et nos spécificités.
M. le Président, la nation québécoise, on le
sait, elle forme une société distincte en Amérique du Nord, une société qui a
ses propres coutumes qu'elle exige qu'on respecte. Le projet de constitution
déposé par le ministre de la Justice agit sur plusieurs plans afin de protéger
ce qui nous définit en tant que nation.
En premier lieu, il veut inscrire les droits et
libertés de la personne, tels que définis dans la charte québécoise, dans la
constitution québécoise pour s'assurer qu'ils soient respectés. Cette charte
est plus généreuse que sa contrepartie canadienne et beaucoup plus soucieuse
d'un juste équilibre entre les droits des... pardon, entre les droits de la
personne et les droits collectifs de la nation québécoise.
La Constitution vient aussi protéger le libre
choix des femmes d'avoir recours à l'avortement. C'est une mesure importante du
projet de loi, à mes yeux. Vous savez, en tant que femme, mais aussi en tant
que mère de trois enfants, dont deux jeunes femmes, je ne peux pas m'empêcher
d'être inquiète devant le recul des droits de femmes qu'on observe partout dans
le monde. Je pense notamment à plusieurs États américains, dont on ne nommera
pas ici, où il est désormais difficile d'obtenir ce droit
de santé, ce soin de santé. Il ne faut pas rester immobile face à ces reculs.
Il faut consacrer, dans la Constitution du Québec, une nouvelle responsabilité
de l'État de protéger la liberté des femmes d'avoir recours à l'avortement.
Le projet vise également à protéger le droit des
Québécoises et des Québécois de mourir dans la dignité, notamment d'avoir
recours à l'aide médicale à mourir. Je tiens à rappeler que le Québec, et j'en
suis fière, est l'un des pionniers dans le domaine des soins de fin de vie.
Nous nous sommes adonnés à de longs débats, j'y étais, j'y ai participé, qui
ont permis d'atteindre un consensus que nous devons de continuer à défendre.
M. le Président, notre gouvernement veut
également protéger certaines lois fondamentales du Québec en empêchant que l'argent
des contribuables serve à les contester devant la justice. Ces dispositions
viseraient des lois d'importance, telles que la Charte de la langue française,
la Loi sur la laïcité de l'État et la Loi sur l'intégration à la nation
québécoise. L'argent public ne doit pas servir à miner la volonté et les
aspirations du peuple québécois.
Le projet de constitution souhaite également
protéger le droit de l'Assemblée nationale d'avoir recours à la clause de
souveraineté parlementaire en codifiant l'usage qu'ont fait tous les
gouvernements du Québec, tous partis confondus, depuis 1982, un usage par
ailleurs conforme à la jurisprudence de la Cour suprême. Cette clause est d'une
importance capitale car elle nous permet de protéger notre identité et nos
choix en tant qu'État et elle nous permet de faire valoir ce qui nous distingue
du reste du Canada. Affaiblir le droit d'y avoir recours reviendrait,
malheureusement, à affaiblir la nation québécoise dans son ensemble. Je
rajouterai que la volonté du gouvernement de Mark Carney de baliser
l'utilisation de cette clause nous rappelle la nécessité de la défendre.
M. le Président, notre gouvernement est à
l'écoute. Nous souhaitons lancer une consultation générale pour obtenir les
commentaires et les contributions de gens et de groupes de tous les horizons de
notre société. Malheureusement, nous n'avons pas encore eu l'occasion de
débattre sur le fond du projet. Il est temps d'aller de l'avant pour offrir aux
Québécoises et aux Québécois une meilleure protection de leurs valeurs, de
leurs droits et de leur identité. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Vimont. Et je reconnais maintenant M. le leader du deuxième
groupe d'opposition.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Peut-être
juste, M. le Président, avant que je commence, m'informer de la réallocation du
temps.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il vous reste 10 min 17 s.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, évidemment, nous nous prononçons aujourd'hui
sur la motion déposée par le leader du gouvernement en vertu de
l'article 146 du règlement, il en a parlé lui-même, cette motion qui vise
la tenue de consultations générales sur le projet de loi n° 1,
la Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec.
Il faut le dire très clairement, M. le
Président, non seulement le gouvernement choisit de tenir des consultations
après la rédaction et après le dépôt de son projet de loi, mais il choisit, en
plus, d'en faire le strict minimum, de donner le strict minimum à la
population, permis par le règlement, pour avoir le temps de commenter sadite
constitution. En fait, les mémoires et les demandes d'intervention seront
soumises à la commission au plus tard le 24 novembre 2025, tout juste le seuil
réglementaire, M. le Président, alors que le ministre, lui, il a travaillé sur
son projet de constitution pendant sept ans. Lui, il a travaillé pendant sept
ans et il donne à la société civile, il donne à la société québécoise, aux
Québécois et aux Québécoises, 30 jours pour le commenter, pas un jour de
plus, pas un jour de moins. Il faut le faire, quand même!
Le ministre nous disait, tout à l'heure, bon,
nous forçons ce débat-là. Je suis bien désolé, M. le ministre, mais c'est votre
travail. Donc, si ça ne fait pas votre bonheur de venir débattre ici, en
Chambre, grand bien vous fasse de ne pas vous présenter. Huit minutes de son
temps. On est désolés, M. le ministre, d'avoir pris huit minutes de votre temps
pour débattre d'une motion sur la Constitution du Québec. Par ailleurs, tous
les partis représentés en cette Chambre ont fait des interventions. Alors, très
loin puisse passer l'argument à l'effet que cette proposition-là et ce débat-là
est inutile, au contraire. Toutes les interventions pertinentes qui ont été
faites dans cette Chambre démontrent le contraire. Je l'invite à écouter ce que
les parlementaires ont à lui dire.
• (11 h 40) •
Fait intéressant, la première ébauche de la
motion du ministre excluait des consultations générales. Il a fallu faire pression
sur le leader du gouvernement pour qu'il accède, partiellement, à notre demande
et que, finalement, il accepte des consultations générales. Comment ça se fait
que, pour un document aussi fondateur et clair du gouvernement, la première
proposition du gouvernement n'était pas à l'effet que ce soit une consultation
générale? Comment ça se fait que ça a pris un branle-bas de combat puis une
levée de boucliers des oppositions pour qu'on donne le strict minimum? Le
ministre n'a-t-il même pas le début du commencement d'un respect pour son
propre projet, de manière suffisante à accorder des consultations générales? Il
a fallu négocier, et non seulement il aurait fallu négocier, la première
version de sa motion ne respectait même pas le délai réglementaire prévu par
nos propres règles d'institution, pour vous dire à quel point on nage en pleine
improvisation, de la partie du gouvernement.
Le ministre de la Justice disait avoir très hâte
de parler de sa constitution, mais il semble oublier une chose fondamentale, là : les Québécois et les Québécoises,
eux, là, ils viennent tout juste de prendre connaissance de ce texte. Jamais le
premier ministre n'est allé en élection sur un projet de constitution. Il y a
eu deux campagnes électorales où ils ont remporté, jamais de discussion sur un
projet de constitution. Où vient ce mandat? Et pourquoi, en fin de parcours, en
septième année, on décide que la priorité des priorités, c'est le projet de
constitution dont personne n'a entendu parler, dont aucun mandat n'a été obtenu
par le ministre de la Justice et... du gouvernement?
Si c'était si pressant et prioritaire, là, au
point tel où le ministre nous dit : Ça fait 200 ans qu'on en parle,
comment ça se fait que ce n'était pas fait dans l'an 1 de leur
gouvernement, ça? Si c'était au coeur des priorités, comment ça se fait qu'ils
ne sont pas allés en élection avec ça, si c'était la priorité des priorités?
Une constitution, M. le ministre, ce n'est pas
un simple projet de loi. C'est un texte fondateur, c'est un acte solennel, un
moment qui devrait rassembler le peuple, mais là tous les partis d'opposition
se sont levés pour s'opposer au dépôt du projet de loi. Ce n'est pas rien, ça,
quand même. Ça demande du temps, une constitution, ça demande de la réflexion.
Ça demande une participation citoyenne réelle. Il faut prendre le temps
d'entendre le monde, notre monde, les Québécois et les Québécoises, M. le
Président.
C'est pourquoi nous avons proposé, avec le Parti
libéral, des consultations et une commission itinérante, c'est-à-dire qu'on se
déplace sur le terrain, dans les régions pour entendre directement les
citoyens, les citoyennes, pour aller vers eux, pour aller à l'écoute. Parce
qu'on sait très bien que ce sera seulement de cette façon-là qu'on va entendre
les gens de Sept-Îles, les gens de Rouyn, les gens de Gaspé, les gens de
Gatineau, les gens des comtés du gouvernement, M. le Président.
Moi, je suis très surpris d'entendre les députés
du gouvernement qui vont voter contre notre proposition à l'effet qu'on se
dirige dans leurs comtés écouter leurs citoyens. J'aimerais ça, quand ils vont
retourner en circonscription, qu'ils leur disent qu'ils ont refusé notre
proposition à l'effet que la commission puis la consultation soient itinérantes
puis qu'on aille entendre les gens partout au Québec. Ce fameux gouvernement
des régions qui refuse d'aller à la rencontre des régions. Il faut le faire,
quand même!
En fait, je m'explique mal pourquoi le ministre,
tout simplement, refuse d'aller à la rencontre des Québécois. Je pense que
c'est ça qui me choque le plus, dans cette affaire-là, M. le Président.
Pourquoi le ministre refuse de sortir de l'Assemblée nationale? Je pense que
c'est clair, c'est parce qu'il ne sera pas très heureux de la réponse. Il
n'aura pas l'appui escompté. Je pense que ça lui sert, au fond, ou du moins il
pense que ça lui sert de ne pas entendre les gens et ce que les gens ont à vous
dire individuellement dans vos circonscriptions. Je pense que ça fait son
affaire.
Pourtant, M. le Président, une commission
itinérante, c'est loin d'être sans précédent. Tout récemment, la commission
spéciale sur les temps d'écran et des réseaux sociaux, importante, s'est
déplacée un peu partout au Québec, dans 13 villes, six régions, pour
rencontrer directement les jeunes dans leur milieu. Pourquoi c'était bon, ça,
pour la commission sur le temps d'écran, qui est un sujet important... mais là
on parle de la loi des lois, du document fondateur d'une nation, d'un peuple.
Bien, ça, non, ça ne rejoint pas le niveau de standard, pour le ministre,
suffisant et égal, en termes de légitimité démocratique, pour permettre le même
traitement que la commission spéciale sur les temps d'écran? Particulier, quand
même.
2019, toujours sous ce gouvernement, Commission
spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs, deux jours de travaux à
Montréal, une journée à Rouyn, mais pas pour la Constitution, M. le Président,
non, pas pour la constitution. Ce n'est pas... ce n'est pas de manière
importante... ce n'est pas de la même importance. Ce n'est pas important, ça.
La même année, le gouvernement caquiste avait
autorisé une commission itinérante sur l'avenir des médias d'information, M. le
Président. Les parlementaires s'étaient déplacés à Matane une journée, à Rouyn
une journée, pour entendre les acteurs du terrain. Par contre, pour la Constitution,
pas nécessaire.
Commission Laurent, c'était un modèle un peu
différent puis à l'extérieur du Parlement, mais avec des élus, avec des élus de
tous les partis. Ils ont tenu des audiences publiques dans plusieurs régions du
Québec. En fait, entre novembre 2019 et avril 2020, la commission s'est
déplacée à Sept-Îles, à Québec, à Sherbrooke, à Gatineau, à Saguenay, à
Rimouski, et ce, même s'il y avait d'autres journées en plus qui avaient été
prévues par la commissaire, mais il y a eu la pandémie. Comment ça se fait,
encore une fois, que c'était correct d'aller à l'écoute des Québécois et des
Québécoises, c'était nécessaire, pour la commission Laurent, puis là, tout d'un
coup, sur un projet de constitution, pas nécessaire, de la part du ministre de
la Justice? Particulier, quand même.
Ces déplacements ont permis d'entendre des
jeunes, des familles, des intervenants, des organismes régionaux, des citoyens,
donnant à la démarche une portée beaucoup plus humaine et représentative de la diversité
des réalités québécoises que ce que nous propose le ministre, et c'est pour ça
qu'on vote contre sa motion. Ce sont des exemples qui ont donné lieu, sous la
gouverne de la CAQ, à des processus beaucoup plus légitimes et beaucoup plus
démocratiques.
Mais, avant ça, il y en avait d'autres, M. le
Président. La CAQ n'a pas inventé ça, les consultations itinérantes. Le plus
éloquent, 2010‑2011, la Commission spéciale sur la question de mourir dans la
dignité, beau moment transpartisan, qui avait choisi de se déplacer dans tout
le Québec, tout le Québec, M. le Président, pour aller à la rencontre des
citoyens et des citoyennes. Il y a eu des consultations, des audiences à
Trois-Rivières, en 2010, à Saguenay, à Rimouski, à Sherbrooke, à Gatineau, à
Saint-Jérôme, et plusieurs journées d'auditions à Montréal et à Québec. Comment
ça se fait que ça, c'est possible pour un dossier important comme mourir dans
la dignité, mais ce n'est pas possible pour la Constitution, la loi des lois?
Voyons donc, M. le Président!
Cette tournée a permis de rencontrer des gens
que l'Assemblée nationale n'entend presque jamais, d'aller chercher la parole
des gens là où elle se trouve, dans les régions. Plus personne ne doute
aujourd'hui du fait que ce travail a contribué à susciter l'adhésion des
Québécois et des Québécoises dans ce changement de société important. Parce qu'il y a une différence, M. le Président, entre
inviter quelqu'un à témoigner devant un écran, à distance, et d'aller le chercher
chez lui, de le rencontrer chez lui, de lui serrer la main, de l'écouter dans
son milieu. En fait, ça nous permet de rencontrer et de parler à des gens à qui
on ne parle pas autrement. C'est ça, une consultation itinérante, c'est ça que
le gouvernement refuse. C'est d'aller à l'écoute des Québécois et des
Québécoises. C'est d'aller dans vos comtés parler de ce projet de loi, des lois
puis de la Constitution.
Je peine à comprendre, M. le Président. Et
j'espère que les députés, quand ils vont retourner dans leurs comtés, ils vont
avoir le courage de dire aux Québécois dans leurs comtés qu'ils ont refusé de
les entendre. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
et leader du deuxième groupe d'opposition. Nous poursuivons le débat sur la
motion du gouvernement, et je reconnais Mme la députée de Verchères.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci, M.
le Président. Alors, c'est un moment qui est important, puis j'ai de la misère
à comprendre que nos confrères de Québec solidaire n'acceptent pas une
consultation générale dans la maison du peuple. Quand même, on en parle, on
l'espère, cette constitution, depuis des décennies, puis elle ne s'est pas
concrétisée.
• (11 h 50) •
Peut-être que je vais prendre quelques minutes
pour parler des objectifs, des objectifs du projet de loi constitutionnelle
2025 sur le Québec. C'est important parce que c'est de renforcer notre
autonomie, nos institutions et notre souveraineté parlementaire. Concrètement,
comment on va renforcer, justement, avec ce projet de constitution? Bien,
d'abord, j'ai envie de vous dire que moi, comme mère de deux jeunes femmes et comme
grand-mère d'une petite-fille de quatre ans, l'égalité entre les hommes et les
femmes est quelque chose d'extrêmement important. Ça fait partie de nos valeurs
fondamentales au Québec, valeurs pour lesquelles, d'ailleurs, de nombreuses
femmes se sont battues dans notre histoire, M. le Président. Et si bien
qu'aujourd'hui, hein, on a rapporté, dernièrement, dans un article de La Presse,
que le mouvement féministe québécois est, toutes proportions gardées,
probablement le plus puissant en Amérique du Nord. Il est certainement celui
qui a eu le succès pour influencer les politiques publiques, lutter contre les
inégalités. Pensons aux centres de la petite enfance, au régime d'assurance
parentale, à l'équité salariale, à la perception obligatoire des pensions alimentaires,
maintien de notre nom après le mariage, accès à l'avortement. Ce sont des
mesures qui font du Québec un État dans le monde où les inégalités
hommes-femmes et sociales sont moins grandes parce qu'on a mis en place des
choses qui nous ressemblent.
M. le Président, ça n'a pas toujours été ainsi.
Alors, il y a une époque pas si lointaine que ça où la religion détenait un
pouvoir considérable sur les femmes au Québec, sur leurs droits. Les femmes ont
longtemps été invisibles. Notre société a fait beaucoup de progrès. La Loi sur
la laïcité de l'État est un excellent exemple.
Malheureusement, on constate dans plusieurs pays
qu'il y a des reculs sur le droit des femmes. Un article du Devoir nous
disait même, en mars dernier, que le droit des femmes a reculé, en 2024, dans
un pays sur quatre, selon le rapport de l'ONU Femmes. C'est incroyable. On
pensait que c'était de l'acquis, on espérait, en tout cas, que ce soit de
l'acquis. C'est énorme, puis on ne veut pas, M. le Président, faire partie de
ces statistiques-là. L'agence des Nations unies nous souligne, justement, que
c'est l'affaiblissement des institutions démocratiques qui a amené ce recul de
l'égalité entre les hommes et les femmes. Voilà pourquoi il faut renforcer nos
institutions démocratiques. C'est extrêmement important, et il faut agir, se
doter d'outils nécessaires pour éviter quelconque recul au Québec. C'est
pourquoi le projet de constitution, c'est un projet qui va conférer à l'État la
responsabilité de protéger l'égalité entre les hommes et les femmes, pour mes
filles, mes petites-filles, mes arrière-petites-filles, pour tous ceux qui
suivront. Voilà pourquoi c'est important, ce projet de constitution.
On veut modifier la Charte des droits et
libertés de la personne afin de prévoir, justement, que l'égalité entre les
hommes et les femmes doit désormais primer... oui, M. le Président, primer sur
la liberté de religion quand il y a un conflit entre les deux. On ne veut plus
de cas comme à la SAAQ, où on a exigé, sur des bases religieuses, de ne pas
être servi par une femme, comme le mentionnait, justement, le rapport
Pelchat-Rousseau. On ne veut plus ça au Québec.
Ensuite, le projet de constitution fait preuve
d'audace en modifiant, justement, unilatéralement, la Loi constitutionnelle de
1867 pour y ajouter que le Québec est un État laïque, que le modèle
d'intégration de l'État du Québec est celui de l'intégration à la nation
québécoise et que le Québec est un État de tradition civiliste. L'inclusion de
ces trois principes va justement permettre, M. le Président, de renforcer le
caractère distinct de la nation québécoise. C'est important d'ajouter que notre
gouvernement a déjà réussi ce tour de force en inscrivant, justement, que le
Québec forme une nation et que sa langue commune est le français.
Dans la même séquence, le projet vise à
renforcer la démocratie québécoise en y ajoutant, justement... en rejetant,
justement, certains symboles liés à la monarchie. Alors, M. le Président, on
est conscients, là, qu'il y a à peu près 7 % des Québécois qui se disent
attachés à la monarchie britannique. Ça veut donc dire qu'il y a 87 % qui
affirment ne pas l'être, la très grande majorité. Les changements qui sont
proposés par la constitution québécoise, ils permettent, justement, de mieux refléter
la position des Québécois. C'est, justement, en changeant le titre de
lieutenant-gouverneur par celui d'officier du Québec. Mais ce n'est pas que de
changer un nom. Le projet de constitution prévoit aussi que l'officier du
Québec sera nommé sur désignation du premier ministre du Québec.
On va aussi, par cette constitution, par ce
projet de loi de constitution, créer un conseil constitutionnel, une autre mesure phare, justement, du projet. Le conseil va
renforcer nos institutions en donnant des avis, notamment sur les conséquences
liées à l'ingérence du gouvernement fédéral. On prévoit également, dans le
projet, l'adoption d'une loi sur l'autonomie constitutionnelle. Cette loi, elle
va renforcer la capacité du Québec d'exercer tous ses pouvoirs, d'accomplir toutes
les responsabilités qui lui sont afférentes, et de faire librement tous les
choix qui en découlent, sans subordination du fédéral, et sans empiètement dans
les champs de compétences constitutionnels du Québec.
Ultimement, la constitution québécoise, elle va
permettre de renforcer aussi nos capacités d'action à l'international. Notre
réseau de délégations du Québec à l'étranger nous positionne avantageusement
dans le développement de nos exportations et dans la promotion de notre
culture. Nous croyons qu'il est important, justement, de continuer à prendre
notre place sur l'international. Avec ce projet de constitution, on va
consacrer une version actualisée de la doctrine Guérin-Lajoie, le socle de la
politique internationale du Québec.
M. le Président, en conclusion, la Constitution
du Québec va renforcer nos droits et libertés, notre démocratie, nos
institutions, notre autonomie constitutionnelle, notre capacité de rayonner à
l'international.
Alors, j'invite les confrères de Québec
solidaire à voter pour la motion pour une consultation générale pour qu'enfin
on cesse de rêver à cette constitution, mais qu'on en fasse quelque chose de
réel. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Verchères. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Mise aux voix
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervenant, nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion du leader du
gouvernement proposant :
«Que la Commission des institutions procède à
une consultation générale à l'égard du projet de loi n° 1,
Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec, et qu'elle tienne des auditions
publiques à compter du 4 décembre 2025;
«Que les mémoires et demandes d'interventions
soient reçus au secrétariat de la commission au plus tard le
24 novembre 2025;
«Que le ministre de la Justice et ministre
responsable des Relations canadiennes soit membre de ladite commission pour la
durée du mandat.»
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté
sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...beaucoup,
M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 5
du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 112
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 5 du feuilleton, M. le ministre délégué à l'Économie et aux
Petites et Moyennes entreprises propose l'adoption du principe du projet de loi
n° 112, Loi favorisant le commerce des produits et la
mobilité de la main-d'oeuvre en provenance des autres provinces et des
territoires du Canada.
Y a-t-il des interventions? Oui, je reconnais M.
le ministre de... délégué à l'Économie et aux Petites et Moyennes entreprises. M.
le ministre.
M. Samuel Poulin
M. Poulin : Merci beaucoup, M.
le Président. C'est un plaisir pour moi d'intervenir aujourd'hui concernant,
évidemment, les barrières commerciales entre les provinces canadiennes.
Tout d'abord, c'est un projet de loi qui fut
déposé par mon prédécesseur, le nouveau ministre des Relations internationales,
un projet de loi, cependant, que... Évidemment, j'y mets ma touche, parce que
je crois au libre-échange, je crois au partenariat entre les provinces, je
crois à la libre entreprise, je crois qu'on doit s'enlever du chemin des
entrepreneurs. Alors, évidemment, ce projet de loi là est important pour faire
reconnaître les biens entre les provinces canadiennes afin de s'assurer, par
exemple, de ce qui est commercialisé en Ontario puisse être commercialisé au
Québec.
C'est déjà le cas dans plusieurs secteurs, il
faut le dire, il faut le mentionner. Notamment, on connaît les pêches de
l'Ontario. Il y a plusieurs, plusieurs produits qui sont déjà chez nous, ou des
produits de chez nous qui sont ailleurs au Canada, mais on doit assurer un
leadership fort. On se doit, à l'intérieur de ce projet de loi n° 112,
certainement être déterminés au fait que nous souhaitons brasser des affaires
avec le reste du Canada. On a tout un travail à faire, et on le fait
présentement, afin d'inciter nos entreprises à développer le marché canadien
davantage. Il y a les entreprises chez nous, M. le
Président, que j'ai mises en contact avec des entreprises de Toronto, de
Sudbury, auxquelles ils n'avaient jamais été, avec les Maritimes.
• (12 heures) •
Alors, c'est majeur, c'est important, tout ce
marché-là qui doit être à notre disposition, surtout, M. le Président, dans le
contexte des tarifs présentement. On le sait, hein, on souhaite évidemment un
accord, on souhaite évidemment une nouvelle entente de libre-échange qui sera
avantageuse par le Québec, mais à 50 % dans l'acier, dans l'aluminium, à
45 % dans l'industrie du bois, on a les camions. On a évidemment plusieurs
volets qui sont en dehors de l'ACEUM, on a l'enjeu des colis présentement.
C'est majeur, M. le Président, ce que l'on vit en matière économique, en
matière d'incertitude, également, au niveau des tarifs. Alors, le projet de loi
n° 112 est une réponse. Ce n'est pas que la réponse, elle est une réponse,
évidemment, au libre-échange entre les provinces.
Et j'ajouterais un autre volet très important du
projet de loi, c'est la notion de reconnaissance permis... sur permis. Alors,
on vient reconnaître les travailleurs qualifiés dans les autres provinces ici,
au Québec, et c'est important, ça, notamment pour l'industrie de la
construction auquel on sait qu'il y a des gros, gros défis, mais également au
niveau des ordres professionnels également, parce qu'on vient, à l'intérieur de
cette loi, avec l'Office des professions, mandater les ordres professionnels à
alléger l'harmonisation entre les provinces au niveau des travailleurs. Alors,
ça peut évidemment être au niveau du domaine de la santé, on peut penser aux
infirmières, aux acupuncteurs, on peut penser aux vétérinaires, même, je suis
dans une circonscription très agricole, alors je comprends l'enjeu de
disponibilité des vétérinaires, sans, M. le Président, faire de compromis, et
c'est bien cité à l'article 1, sur le fait français, qui est une
spécificité québécoise très importante, sur le fait que les produits qui
entrent ici notamment, les gens devront se conformer au fait d'écrire en
français. On ne souhaite pas des produits anglophones sur toutes nos tablettes,
on s'entend. En même temps, c'est un marché de 9 millions de Québécois,
alors il y a un intérêt à faire des efforts, et ils le font déjà, là, dans
plusieurs cas, c'est important de le dire. Et aussi sur nos enjeux de
main-d'oeuvre, de dire au reste du Canada : C'est possible de venir
travailler ici.
Vous savez, on a haussé les salaires des
infirmières, on a haussé les salaires des enseignants, notamment. Alors, il y a
tout ce leadership-là à avoir. Les autres provinces, ce sont des alliées dans
ce que nous vivons présentement. Quand nous voyons, M. le Président, Stellantis
qui ferme en Ontario, c'est 5 000 emplois qui vont être
éventuellement perdus en Ontario, c'est majeur. Alors, l'enjeu de
commercialiser, l'enjeu de brasser des affaires avec le reste du Canada, comme
ministre du Commerce intérieur, c'est une priorité.
Je salue les consultations particulières que
nous avons menées, où, dans une très, très, très vaste majorité, les groupes
ont été en accord avec nous pour, évidemment, faire tomber le maximum de
barrières commerciales. Les syndicats nous ont dit ne pas aller trop vite. Moi,
je leur ai répondu qu'on était en retard, on était en retard, et qu'il fallait
au contraire avancer, progresser, lorsque l'on parle des barrières entre les
provinces, et qu'il fallait jouer notre rôle de leader, le Québec, à ce
niveau-là. Et je sais que j'ai l'appui de nos collègues.
Je veux saluer, évidemment, la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
avec qui j'ai mené les travaux, jusqu'à présent, et que je les mènerai dans les
prochains jours. Je salue sa collaboration, son ouverture à travailler. Je
pense que ce qui nous unit, la députée de Notre-Dame-de-Grâce et moi, c'est la
volonté que le milieu des affaires puisse se propulser encore plus loin dans le
contexte actuel. Alors, je salue leur collaboration à ce niveau, c'est fort
important. Et je suis convaincu que, lors de l'étude article par article, qui
se poursuivra au cours des prochains jours, nous pourrons continuer de
travailler ensemble. Notre volonté, elle est claire : appuyons nos entreprises,
développons des nouveaux marchés. Et nous allons assurer ce leadership en ce
sens. Merci, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Allaire) :
Merci. Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
La parole est à vous.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci. Et bravo,
M. le Président! Merci. Écoutez, à mon tour, j'ai l'honneur de prendre la
parole concernant le projet de loi n° 112, la Loi
favorisant le commerce des produits et la mobilité de la main-d'oeuvre en
provenance des autres provinces et des territoires du Canada. C'est toujours un
plaisir de parler de l'économie, d'autant plus que le commerce... surtout
depuis mon nouveau rôle, ici, comme porte-parole de notre formation en matière
de commerce, et ce, le commerce tant à l'international qu'interprovincial.
Alors, c'est un nouveau rôle que notre formation politique a créé pour,
justement, souligner l'importance du commerce au sein de notre économie, que
c'est vraiment, pour nous, une priorité.
Je veux aussi saluer le ministre délégué à
l'Économie et aux Petites et Moyennes entreprises et les députés de tous les
partis qui ont participé, à date, aux consultations particulières, et je tiens
à dire d'emblée que notre formation politique est en faveur du principe de ce
projet de loi qui représente, selon nous, un bon pas en avant en termes de
commerce interprovincial. Et ce n'est pas surprenant, M. le Président, parce
que nous sommes le Parti libéral du Québec, nous sommes pour le libre-échange,
nous sommes pour la libéralisation du commerce, bien évidemment. Donc, le
principe, ça nous rejoint, en tant que Parti libéral du Québec. Cependant, il y
a quand même quelques assurances à obtenir de la part du gouvernement,
notamment le recours à des règlements pour multiplier les exceptions, que... ne
viennent pas atténuer les avancées potentielles de l'ouverture au commerce
interprovincial.
Donc, souvent, ce gouvernement a l'habitude de
faire beaucoup par règlement, et ça nous nuit dans notre travail de
législateurs, et on ne sait pas... Il y a beaucoup de groupes, d'ailleurs...
tous les groupes du milieu d'affaires sont venus nous... ils appuient le projet
de loi, mais ils se préoccupent beaucoup, et nous, on partage cette
préoccupation que, justement, on vient... on viendrait peut-être
atténuer l'intention, la très bonne intention, le principe de ce projet de loi,
c'est-à-dire qu'avec des exceptions... M. le Président, si on vient avec
beaucoup d'exceptions, eh bien, là, on ne respecte plus le principe ni
l'intention de ce projet de loi, qui est justement de libéraliser le commerce.
Alors, on va surveiller ça de très près. On ne
connaît pas encore les intentions réglementaires du gouvernement. Ça va être
une de nos premières demandes, c'est de savoir quelles sont les intentions
réglementaires pour, justement, s'assurer que l'intention, la bonne intention
de ce projet de loi, est respectée dans son intégrité, l'esprit de la loi est
respecté.
Alors, il faut aussi souligner le fait que certaines
exclusions vont demeurer essentielles, comme celles demandées par l'Ordre des
pharmaciens et d'autres ordres professionnels, qui veulent s'assurer de
protéger certains actes en lien, M. le Président, avec la santé et la sécurité
publique. Alors, ça, c'est quand même important de le reconnaître. Et aussi,
évidemment, le fait français, notre caractère francophone ici, au Québec,
demeure, pour nous, un incontournable. Alors, ça, c'est évidemment à
surveiller, à protéger, et ça, je pense que tous les partis sont d'accord
là-dessus, il y a un consensus.
Pour le Parti libéral du Québec, on va veiller à
ce que le Québec soit pleinement positionné comme un leader, parce que le
ministre l'avait bien dit, effectivement, oui, on appuie ce projet-là, mais on
est en retard, quand même, au Québec. Il y a beaucoup de provinces qui ont déjà
mis en place des lois, des règlements pour faire... promouvoir, pour faire
avancer le commerce avec les autres provinces canadiennes. Donc, on est en
retard, et c'est important... Pour nous, notre formation, on trouve que des...
toujours, le Parti libéral du Québec, et le gouvernement du Québec doit être à
l'avant-garde, doit être un leader au sein de notre fédération.
Alors, il faut surveiller aussi... s'assurer
que, comme leaders, on est dans une meilleure position de bien surveiller
l'impact des tarifs douaniers sur nos entreprises. Nous sommes le parti de
l'économie, pas juste par paroles, mais aussi par nos gestes et nos décisions
structurantes, M. le Président, par le passé, et nous mettons de l'avant une
vision claire pour un Québec confiant, moderne et ouvert sur le monde,
c'est-à-dire soutenir nos PME, diversifier nos marchés et renforcer nos liens
commerciaux avec le reste du Canada et, bien sûr, à l'étranger aussi, et c'est
pour ça qu'on a créé ce poste, ce poste, au sein de notre formation, de
porte-parole en matière de commerce international et interprovincial, parce
que, pour nous, c'est une priorité. Nous croyons aussi à la... au potentiel de
la fédération canadienne et à l'importance d'améliorer le commerce
interprovincial. Notre approche vise à créer des emplois de qualité, à stimuler
l'innovation et assurer la prospérité des régions comme des grands centres.
Alors, je vais souligner évidemment le contexte
dans lequel on travaille sur ce projet de loi. Évidemment, on est dans un
conflit commercial avec les États-Unis, qui, à date, a été notre plus grand
partenaire commercial, et c'est vraiment... ça change le contexte tout à fait.
On a besoin de diversifier nos marchés, tant à l'international qu'au sein du
Canada, et on ne peut plus dépendre de la faiblesse du dollar canadien face au
dollar américain. Il va falloir qu'on devienne plus... qu'on mise beaucoup plus
sur la productivité pour être plus concurrents, et on reconnaît que ce projet
de loi, bien qu'on l'appuie, ce n'est pas la réponse à tout. Il y a beaucoup de
travail à faire.
• (12 h 10) •
Il y a des experts qui sont venus nous voir,
d'ailleurs, les HEC qui sont venus en consultations particulières, pour
souligner le fait que, pour eux, le projet de loi, oui, ils l'appuient, mais il
faut vraiment regarder une vue d'ensemble, prendre beaucoup plus de... mettre
en place plus de mesures pour vraiment favoriser la vraie concurrence, la
productivité, et, avec la concurrence, aussi, on s'attaque au coût de la vie
parce que, lorsqu'on a plus de compétition, normalement, les prix baissent.
Donc, en pleine crise de coût de la vie pour les Québécois, je pense que c'est
vraiment... c'est vraiment gagnant-gagnant et pour l'économie et pour
l'économie vivante, c'est-à-dire comment se... les gens, les Québécois sont
impactés.
Alors, on reconnaît qu'il y a beaucoup de
potentiel avec le commerce interprovincial. Déjà, ça totalise
532 milliards de dollars, c'était en 2023, c'est... soit 18 % du PIB
canadien.
Il y a un... l'Accord de libre-échange canadien,
c'est-à-dire le ALEC, de 2017, qui devrait... qui devait réduire les barrières,
mais il y a tellement d'exceptions, 263 exceptions qui demeurent, dont 35
pour le Québec, que ça pose des obstacles. Et ces obstacles sont liés, entre
autres, à l'agriculture, la gestion de l'offre, l'inspection de la viande,
etc., les normes techniques et administratives, par exemple, le transport
routier, l'alcool et la protection du français et les particularités
québécoises.
Mais je souligne, encore une fois, que nous
allons, avec les autres formations... pour nous, c'est un incontournable, la
protection du français, et c'est aussi reconnu, et le ministre l'a même dit en
consultations, que l'offre de la... la gestion de l'offre, pardon, va être
protégée aussi.
Donc, il y a un consensus en principe, M. le
Président, il y a un consensus théorique, mais, à date, peu d'avancées
concrètes depuis 2017. Mais depuis 2025, dans le nouveau contexte avec... suite
à l'élection du président Trump et la reconnaissance de la part des provinces
canadiennes et de la fédération canadienne qu'il faut vraiment miser sur le
commerce intérieur, il y a quand même eu des développements importants, donc,
évidemment, le projet de loi ici, au Québec, d'autres projets de loi et
d'autres lois qui ont été adoptées par d'autres provinces.
Il y a aussi, en juin de cette année, le
gouvernement fédéral qui a adopté... ou ça a été adopté, le One Canadian
Economy Act, donc la présomption de la conformité de biens et services, la
reconnaissance mutuelle des licences. Il y a aussi le Comité du commerce
intérieur qui veut le retrait de toutes les exceptions fédérales de l'ALEC,
dont 10 pour le Québec. Et il y a aussi des gains potentiels avec le retrait de
toutes les barrières liées au commerce interprovincial, donc le gain, par
exemple, de 200 milliards de dollars, un gain de productivité de 7 %
et une baisse des prix de 15 %, M. le Président. Donc, ce n'est quand même
pas négligeable, ces gains potentiels avec plus de commerce interprovincial. Et
on veut s'assurer que le Québec n'est pas perçu comme plus protectionniste que
les autres provinces. Donc, on a des démarches à faire,
on a du travail à faire.
Le projet de loi n° 112 s'inscrit donc dans
l'empressement des provinces et du gouvernement fédéral de stimuler le commerce
intérieur au pays à la suite des droits de douane imposés par les États-Unis
depuis l'élection de Donald Trump. Et hier on a reconnu ici, au salon rouge, la
délégation du Massachusetts, et j'ai l'honneur d'être la vice-présidente de la
délégation... Québec-Massachusetts. On a eu deux jours de rencontres très
fructueux avec d'autres députés ici, à l'Assemblée nationale, et, justement, on
a reconnu... et la délégation a reconnu que les États américains, ce n'est pas
le gouvernement fédéral, et même le peuple américain ne sont pas le
gouvernement fédéral, donc il faut faire la distinction. Et on peut miser
aussi, oui, avec les autres provinces, mais, parenthèse aussi, on peut regarder
qu'est-ce qu'on peut faire avec les États américains qui ne partagent pas...
qui appuient effectivement... qui n'appuient pas, effectivement, les tarifs du
gouvernement Trump.
Donc, il y a quand même beaucoup de
possibilités, M. le Président, pour diversifier nos marchés. Et, comme je le
dis, ça va favoriser la concurrence et aussi la baisse des prix. Donc, c'est
vraiment gagnant-gagnant pour le Québec.
Ça fait mal à notre économie. La situation est
surtout difficile pour nos PME et nos entreprises en raison de la pression de
l'administration américaine. La plus récente menace du président Trump sur le
bois d'oeuvre affectera notamment notre industrie forestière et du meuble, un
coût pour nos usines, nos scieries et nos détaillants.
Au niveau de la balance commerciale, le Québec a
un déficit notable avec l'Ontario et l'Alberta. En ce moment, on est trop
dépendant des États-Unis, comme je dis, bien que... des démarches à suivre avec
les États individuellement, donc on doit continuer à diversifier nos marchés à
l'international et aussi au sein du Canada. Mais, à date, on échoue à protéger
nos entreprises contre l'impact des tarifs... tarifiés. Il ne faut pas ainsi
priver nos PME d'occasions de croissance, notamment en région. Il y a des emplois
de qualité et de nouvelles occasions d'affaires. Les PME locales, déjà
fragilisées par l'inflation et les coûts de transport, peinent à exporter leurs
produits et à percer de nouveaux marchés. Il est donc primordial d'améliorer
nos relations commerciales avec les autres provinces et territoires canadiens
pour accroître directement le développement économique régional et augmenter
les revenus des familles et des communautés québécoises.
Je sais que, cette semaine, le gouvernement
reçoit les représentés... les représentants du Québec, les bureaux du Québec à
l'international, dont huit aux États-Unis, je crois. Et on a de quoi être
fiers, dans nos relations internationales, qu'on est si bien représentés à
l'international et de miser vraiment sur le commerce. Mais peut-être quoi à
faire au sein du Canada : avoir ou renforcer les bureaux du Québec dans
d'autres provinces canadiennes, qui existent déjà, mais avec plus de présence d'Investissement
Québec, avec un focus beaucoup plus commercial et économique pas juste à
l'international, mais dans nos bureaux ici, au Canada. Donc, ça, c'est à
surveiller.
Donc, au... parmi les consultations
particulières, on a eu la chance de rencontrer et d'écouter beaucoup de
groupes, d'experts aussi, de parties prenantes, et dont le milieu des affaires.
Comme j'ai dit, ils étaient tous en faveur... Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante, CPQ, FCCQ, CCCD, MEQ, donc tous en faveur, mais ils
exprimaient des inquiétudes que l'intention de la loi pourrait se défaire, dans
les règlements, avec beaucoup d'exceptions. Donc, c'est vraiment quelque chose
à surveiller.
J'ai aussi parlé des experts, dont le Pr Robert
Gagné, aux HEC Montréal, qui nous a exprimé ses inquiétudes que... justement de
ne pas défaire les bonnes intentions de la loi, mais aussi que, vraiment, il
faut miser sur la productivité. Et ce loi... le projet de loi, c'est... c'est
vraiment un outil. Mais il y en a beaucoup d'autres, et il faut vraiment miser
sur d'autres outils, à part le commerce. Et il était un peu pessimiste,
effectivement, le Pr Gagné.
Il y avait aussi la Pre Geneviève Parent, de l'Université
Laval, Faculté de droit. Elle nous a recommandé d'assurer que, dans notre...
dès le premier... je pense que c'est le premier article, qu'on... qu'on...
l'importance de souligner l'environnement, santé et sécurité publique et aussi
protection du consommateur, où nous sommes très avant-gardistes au sein du
Canada. Donc, elle ne souhaitait pas voir de recul à ce niveau-là.
Donc, il y avait aussi des représentants
syndicaux qui... aussi, il y avait certaines inquiétudes, dont
FTQ-Construction, qui voulait voir tout le secteur... bien, une exception pour
tout le secteur, ou exempter le secteur, effectivement, d'exclure la
construction de ce projet de loi. Il y avait le Commissaire à la langue
française, le commissaire responsable des ordres professionnels. Donc,
vraiment, on a été vraiment très choyés, M. le Président, par les mémoires, les
présentations, d'excellentes discussions robustes. Donc, on a pris en note
leurs préoccupations, leurs recommandations.
Et c'est sûr que, comme toujours, nous, le Parti
libéral du Québec, on prend très au sérieux notre rôle d'opposition officielle.
Et c'est sûr que, pendant l'étude détaillée, M. le Président, on va travailler
avec rigueur. On va aller au fond des choses et nous allons faire tout notre
possible pour bien bonifier le projet de loi, l'améliorer sur les points qui
sont préoccupants.
• (12 h 20) •
Et nous allons... comme je dis, en conclusion,
M. le Président, nous sommes pour le principe de ce projet de loi. C'est un pas
important de l'avant pour favoriser le commerce interprovincial. Et, pas
surprenant, en tant que Parti libéral du Québec, nous sommes pour le
libre-échange et pour la libéralisation du commerce ici, au Canada, mais aussi
à l'international. Donc, c'est dans notre ADN. Et on va travailler de façon
constructive pour bonifier le projet de loi. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Mise aux voix
Sinon, le principe du projet de loi n° 112,
Loi favorisant le commerce des produits et la mobilité de la main-d'oeuvre en
provenance des autres provinces et des territoires du Canada, est-il adopté?
Des voix : Adopé.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des finances publiques
M. Lévesque (Chapleau) : Merci,
M. le Président. Et donc, conformément à l'article 243 de notre règlement,
je fais motion afin que le projet de loi n° 112, la Loi favorisant le
commerce des produits et la mobilité de la main-d'oeuvre en provenance des
autres provinces et des territoires du Canada, soit déféré à la Commission des
finances publiques pour son étude détaillée et que le ministre délégué à
l'Économie et aux Petites et Moyennes entreprises soit membre de ladite
commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. À nouveau, je vous demanderais de bien vouloir
appeler l'article 10 du feuilleton.
Projet de loi n° 101
Prise en considération du rapport de la commission qui en
a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
À l'article 10 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le
rapport de la Commission de l'économie et du travail sur le projet de loi
n° 101, Loi visant l'amélioration de certaines lois du travail.
Y a-t-il des interventions? Je reconnais M. le
ministre du Travail.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, M. le
Président. Je suis heureux de confirmer la terminaison de l'étude détaillée du
projet de loi n° 101, qui vise l'amélioration de certaines lois du
travail. C'est une étape qui est vraiment fondamentale, vous le savez, c'est un
des piliers de notre démocratie parlementaire. Ça nous permet d'anticiper des
risques, de corriger des imprécisions, de garantir que nos lois soient claires,
cohérentes et faciles d'application. Ce que nous cherchons à faire avec le
projet de loi n° 101, M. le Président, c'est d'améliorer, adapter ou
encore de clarifier certaines lois du travail, et c'est dans cet esprit que le
projet de loi propose des ajustements ou des correctifs dans certaines sphères,
toujours avec la perspective d'améliorer, de façon continue, le fonctionnement
du mode du travail au Québec.
Le but principal, c'est d'offrir un cadre qui
est plus équitable, plus sécuritaire et plus efficace aux travailleuses et aux
travailleurs du Québec. On l'a d'ailleurs précisé davantage avec les
amendements qui ont été étudiés en commission. Il y a eu, en tout,
36 amendements. Parmi ces amendements, on a clarifié l'article qui
concerne les travailleurs faussement incorporés, ce qui fait référence aux
«Chauffeur inc.», afin d'éviter toute erreur d'interprétation ou d'application.
On a ajouté aussi aux fonctions des comités de
santé et de sécurité, dans les établissements de la santé, de l'éducation et
des services sociaux, la fonction de tenir des registres des accidents de
travail, des maladies professionnelles et des événements qui auraient pu en
causer. Il y a eu un amendement qui a été proposé par un groupe parlementaire
de l'opposition qui prévoit que le rapport d'application qui sera fait en 2029
de ces régimes de prévention et de participation des travailleuses et des
travailleurs devra notamment prendre en compte les réalités propres aux femmes
et aux hommes. On a évidemment ajusté le processus d'arbitrage de griefs qui
est vraiment crucial pour déterminer comment seront décidés les différends
portant sur l'interprétation et l'application des conventions collectives de
travail, en permettant la prolongation de certains délais, la procédure de
nomination d'un arbitre, l'audience, les règles de divulgation de preuve, la
conférence préparatoire et bien d'autres sujets qui avaient fait l'objet d'un
consensus au Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre où siègent
les associations patronales et les centrales syndicales.
En terminant, M. le Président, je remercie
l'ensemble des collègues. Je vois que mon adjointe parlementaire est ici
présente, qui a collaboré à nos travaux, tant lors des consultations
particulières que de l'étude détaillée, et je remercie
l'ensemble des collègues, là, qui, autour de la table, ont permis de faire en
sorte que le projet de loi soit le reflet d'un maximum de rigueur, de
transparence et aussi un témoignage de la conviction que nous partagions tous
d'améliorer nos lois du travail. Je remercie également ceux qui ont participé
aux consultations particulières pour leur engagement éclairant à nos débats. Et
je suis convaincu que ce projet de loi aura des retombées positives pour
l'ensemble des travailleuses et travailleurs québécois. C'est pourquoi je
recommande que cette Assemblée adopte le rapport de la Commission de l'économie
et du travail afin que nous puissions rapidement mener à bien l'adoption de ce
projet de loi. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le ministre du Travail. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur ce... sur
ce dossier? Je reconnais Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Alors, je suis heureuse aujourd'hui de prendre la parole
aujourd'hui, au nom de ma formation politique, à l'occasion de la prise en
considération du projet de loi n° 101, loi visant l'amélioration des... de
certaines lois du travail, pardon, de... oui, de certaines lois du travail.
J'ai eu le privilège moi-même de participer aux consultations particulières au
printemps dernier, et c'est avec un réel sentiment d'accomplissement, mais
aussi une certaine déception, que je prends la parole aujourd'hui à cette étape
importante.
Avant d'aborder le fond du projet de loi, je
veux exprimer ma profonde gratitude à tous celles et ceux qui ont contribué à
ces travaux. Tout d'abord, évidemment, je veux saluer le ministre du Travail,
sa sous-ministre, son chef de cabinet et toute l'équipe du ministère. Nos
débats ont été exigeants, parfois animés, mais toujours empreints de respect,
et c'est ainsi, je crois, que la démocratie parlementaire donne le meilleur
d'elle-même. Je tiens aussi à souligner le président de la Commission de
l'économie et du travail, le député de Maskinongé, pour la rigueur, la patience
et le respect avec lesquels il a dirigé nos échanges. Merci également à
l'équipe du secrétariat de la commission, aux pages, toujours présents et
efficaces, et à tous les employés de l'Assemblée nationale qui soutiennent notre
travail quotidien, souvent dans l'ombre.
Évidemment, je tiens à souligner la contribution
précieuse de mes collègues, la députée de Bourassa-Sauvé, la députée de Westmount—Saint-Louis,
la députée de La Pinière et l'ensemble des membres de notre équipe
parlementaire. Un mot spécial à Mélissa Huot-Gallien, directrice des
commissions parlementaires, et Thomas Guérette, notre recherchiste, dont
l'engagement, la rigueur et le dévouement ont fait toute la différence tout au
long de l'étude détaillée. Je n'oublie pas Vincent Roy, stagiaire,
Jean-Charles-Bonenfant, présent lors des consultations particulières, ainsi que
nos collègues de l'opposition et des autres formations qui ont pris part aux
échanges.
Maintenant, sur le fond. Pour nous, c'est un
projet de loi qui est perfectible. Le projet de loi n° 101 est un projet
de loi omnibus qui comportait à la fois des avancées notables, mais aussi des
enjeux sérieux. Plusieurs amendements ont été adoptés, et nous espérons qu'ils
permettront de mieux traduire l'intention du législateur. Mais certaines
décisions demeurent profondément décevantes, M. le Président, et la plus
regrettable d'entendre était... entre elles concerne l'article 54. L'article 54,
pour nous, c'est vraiment un rendez-vous manqué pour les travailleuses. Cet
article, qui crée un régime dérogatoire en santé et sécurité du travail pour
les secteurs de la santé, des services sociaux et de l'éducation, est un recul.
Je cite ainsi les mots, justes, de Caroline Senneville, la présidente de la
CSN, je cite : «En agissant ainsi, le gouvernement prévoit contourner sa
propre loi et instaurer un régime sexiste et dangereux en santé et sécurité du
travail pour ces centaines de milliers de travailleuses. Aux cartes, on appelle
ça tricher.» Ça, c'est... je cite Caroline Senneville, de la CSN.
• (12 h 30) •
M. le Président, c'est vraiment triste et même
révoltant que ce soit ce message-là qui sorte de l'étude détaillée du projet de
loi n° 101. Le gouvernement avait la chance d'agir avec hauteur, cohérence
et respect envers les travailleuses de première ligne, ces mêmes femmes qu'il
applaudissait pendant la pandémie. Ce sont les mêmes personnes, ces
travailleuses de première ligne, ce sont nos soldats, ce sont nos héros. Au
lieu de cela, il a choisi d'établir une distinction injustifiable entre les
secteurs, réintroduisant, par la porte en arrière, une égalité... une inégalité
qu'on croyait dépassée. On est quand même en 2025, M. le Président.
Je regrette également le refus du gouvernement
d'adopter plusieurs de nos propositions, pourtant constructives et appuyées par
des arguments solides. Dans un premier temps, la réalisation d'une analyse
différenciée selon les sexes, l'octroi de 10 jours d'absence rémunérés
pour les victimes de violence conjugale et, enfin, la promotion de la présence
des jeunes au conseil d'administration de la CNESST afin de favoriser le
renouvellement et la diversité des perspectives. Ces propositions n'étaient ni
idéologiques ni partisanes. Elles visaient simplement à rendre nos lois plus
humaines, plus équitables, plus ancrées dans la réalité.
Quant à notre amendement sur le secteur de la
mécanique industrielle, je demeure convaincue que le ministre a manqué une
belle occasion d'agir rapidement et efficacement. Cela fait des années que les
acteurs du milieu répètent les mêmes constats et formulent les mêmes
recommandations, et à chaque fois la réponse est la même : le ministère
analyse, consulte, étudie, réfléchit. Mais, M. le Président, il est temps
d'agir. La solution proposée par le secteur est simple, peu coûteuse et
largement consensuelle. Elle ne demande aucune modification législative,
seulement un ajustement réglementaire, et permettrait de corriger une anomalie
vieille de plus que 20 ans. Le statu quo, lui, coûte cher en inefficacité,
en lourdeur administrative et en perte de compétitivité pour nos entreprises.
Le gouvernement pourrait, d'un seul geste, envoyer un message fort de
pragmatisme et de confiance envers les secteurs économiques sans que cela ne
coûte un sou au Trésor public.
M. le Président, malgré
nos divergences sur certains points, je crois que toutes les formations
politiques ici présentes partagent un même objectif : améliorer les
conditions de travail, protéger la santé et la sécurité et moderniser nos
institutions du travail. Ce projet de loi n'est pas parfait, mais il nous
rappelle que le dialogue, la concertation et le respect des partenaires sociaux
sont essentiels pour progresser ensemble.
Je remercie encore une fois tous les collègues,
tous les experts et tous les citoyens qui ont contribué à ce débat.
Puissions-nous, à l'avenir, continuer à faire du parlement du Québec un lieu où
l'écoute, la rigueur et la justice sociale guident nos décisions. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur ce dossier, le projet de loi n° 101?
Mise aux voix du rapport
S'il n'y a pas d'autre intervenant, le rapport
de la Commission de l'économie et du travail portant sur le projet de loi n° 101,
Loi visant l'amélioration de certaines lois du travail, est-il adopté? Adopté.
M. le leader adjoint...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Pour?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Donc,
adopté.
Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Oui, merci, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 12
du feuilleton.
Projet de loi n° 99
Adoption
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 12 du feuilleton, M. le ministre des Finances propose
l'adoption du projet de loi n° 99, Loi donnant suite à des mesures
fiscales annoncées lors du point sur la situation économique et financière du
Québec du 21 novembre 2024 et du discours sur le budget du 25 mars
2025 ainsi qu'à certaines autres mesures.
Y a-t-il des interventions? Alors, je reconnais
M. le député de Chapleau et néanmoins leader adjoint au gouvernement.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Effectivement, toujours un plaisir de pouvoir
intervenir au nom du ministre des Finances. Je le remercie d'ailleurs de sa
confiance. Et donc je vous salue, je salue également les collègues du
gouvernement et également le collègue de l'opposition officielle, de Marguerite-Bourgeoys,
avec qui nous avons eu également hier l'occasion d'échanger sur ce... sur ce
sujet très important. D'ailleurs, tout à l'heure, il me faisait part de son
optimisme, et donc, peut-être, lors de sa réplique, il pourra... il pourra
aborder ce sujet.
Et donc nous en sommes maintenant à l'étape de
l'adoption, M. le Président, du projet de loi n° 99, qui est intitulé la Loi
donnant suite à des mesures fiscales annoncées lors du point sur la situation
économique et financière du Québec du 21 novembre 2024 et du discours sur
le budget du 25 mars 2025 ainsi qu'à certaines autres mesures. Et donc,
pour rappel, peut-être, le cheminement du projet de loi n° 99, c'est quand
même assez... c'est allé assez rondement. Et donc il a été présenté le
8 mai 2025. Ensuite, le principe a été adopté le 21 mai 2025. La
Commission des finances publiques en a fait l'étude détaillée le 5 juin 2025
et en a adopté les 195 articles. Des amendements ont été... ont également
été adoptés. Puis le rapport de la commission a été déposé le 6 juin 2025.
Donc, vous voyez la célérité. Et ça a été pris en considération, donc, hier,
comme j'en... comme j'en parlais, et, aujourd'hui, bien, nous procédons,
évidemment, si la Chambre le veut, bien, à l'adoption de ce projet de loi là.
Et donc le projet de loi modifie diverses lois
afin principalement de donner suite à des mesures annoncées à l'occasion de la présentation
du point sur la situation économique et financière du Québec du
21 novembre 2024 et du discours sur le budget du 25 mars 2025. Ça
vient donner également suite à des mesures fiscales qui ont été annoncées dans
divers bulletins d'information publiés par le ministère des Finances autant en
2022, en 2023 qu'en 2024.Étant donné, M. le Président, que ce
projet de loi contient des modifications diverses regroupées en sujets
principaux et que l'ensemble de ces sujets a fait l'objet d'une étude détaillée,
on se souviendra, 195 articles étudiés presque en une seule séance, du
moins, en une seule journée, ça fait beaucoup de travail, donc je vais en
discuter sommairement, M. le Président.
Donc, le projet de loi modifie la Loi sur les
impôts, la Loi concernant les paramètres sectoriels de certaines mesures
fiscales et la Loi sur la taxe de vente du Québec afin notamment, premièrement,
d'optimiser le crédit d'impôt non remboursable pour la prolongation de
carrière, deuxièmement, de diminuer l'âge maximal d'un enfant aux fins de
l'admissibilité au crédit d'impôt remboursable pour frais de garde d'enfants,
troisièmement, de mettre en place une nouvelle obligation de déclaration de
biens étrangers détenus à l'extérieur du Canada, quatrièmement, de prolonger le
crédit d'impôt remboursable pour la transformation numérique de la presse
écrite, cinquièmement, d'abolir le crédit d'impôt non remboursable favorisant
la synergie entre les entreprises québécoises, sixièmement, d'abolir certains
congés fiscaux favorisant le recrutement d'employés spécialisés, septièmement,
d'uniformiser le taux de la taxe sur les primes d'assurance avec celui de la
taxe de vente du Québec. De plus, M. le Président, le projet de loi vient
modifier la Loi sur la Régie de l'assurance maladie du Québec afin de hausser
le montant des exemptions servant au calcul de la prime exigible d'une personne
assujettie au régime public d'assurance médicaments. Par ailleurs, le projet de
loi vient modifier notamment la Loi sur l'administration fiscale, la Loi sur
les impôts et la loi sur la vente... la taxe de vente du Québec afin d'y
apporter des modifications semblables à celles qui ont été apportées à la
législation fédérale. Et donc, enfin, ce projet de loi apporte des
modifications à caractère technique, de concordance et de terminologie.
Donc, en terminant, évidemment, M. le Président,
je tiens à remercier les collègues du gouvernement de même que les députés des
oppositions membres de la Commission des finances publiques pour, j'en suis
certain, leur grande collaboration, parce que ça s'est déroulé rondement, comme
on a pu le voir lors de l'étude de ce projet de loi. Et donc, en conclusion, je
demande, bien évidemment, je soumets respectueusement à cette Assemblée de bien
vouloir adopter le projet de loi n° 99. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Chapleau. Y a-t-il d'autres intervenants? Je reconnais M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Merci beaucoup,
M. le Président. Bien, écoutez, je vais me répéter un petit peu, là, mais,
juste pour qu'on soit clairs, on a vertement critiqué le budget et les mises à
jour économiques de la CAQ dans les dernières années, mais plus spécifiquement
dans la dernière année. Donc, vous ne serez pas surpris, là, qu'on va aller
voter contre ce projet de loi, évidemment.
• (12 h 40) •
Je vais revenir sur les crédits d'impôt et,
malheureusement, le manque de cohérence qui en suit. On veut aider les gens
d'expérience à rester sur le marché du travail. On veut aider ces gens-là parce
qu'on en a de besoin, de ces gens-là d'expérience, qui sont plus productifs. On
est en train de vouloir couper dans de la main-d'oeuvre qui vient de
l'immigration parce que le gouvernement a fait ce choix. Donc, nous, on a de la
misère à concevoir pourquoi, quand nos industries, quand nos PME nous demandent
de les aider parce qu'ils ont de besoin de gens sur le terrain à remplir des
missions qui sont importantes pour l'économie du Québec... Comment se fait-il
que ce gouvernement-là a décidé de tourner le dos face à cette situation, et
donc de couper dans le crédit d'impôt? Parce qu'honnêtement il n'y a aucune
justification qui nous a été donnée de la part du ministre des Finances,
malheureusement, sur le sujet. Et, comme je mentionnais hier et je répète
aujourd'hui, ce qui semble être la signature, maintenant, du gouvernement
actuel, c'est de mettre en place des mesures, mettre en place des
modifications, des règlements, modifier des lois, tout ça sans faire des études
d'impact en bonne et due forme. Et on le voit, M. le Président, dans plusieurs
aspects, et ce, cet exemple que je viens de donner, d'aider les gens de 60 ans
et plus, par exemple à rester sur le marché du travail, c'est un exemple patent
du manque de vision économique et du manque de rigueur, en n'ayant pas déposé
une étude en bonne et due forme pour nous démontrer les résultats et nous
démontrer les conséquences que ça va avoir sur l'économie du Québec. Donc, ça,
ce n'est qu'un exemple.
Un autre exemple, évidemment, qui, pour moi,
m'apparaît absolument inconcevable, c'est le fait qu'actuellement, comme vous
le savez peut-être, M. le Président, on a un voisin, au sud de la
frontière, qui s'en prend à ses propres institutions, qui n'est pas un exemple
à suivre, évidemment, là. On s'entend que faire mal aux universités, ce n'est
pas un modus operandi. Si on veut avoir une continuité dans une certaine
croissance économique, quand on veut développer de la propriété intellectuelle,
quand on veut initier de nouvelles innovations au Québec, bien, c'est important
de regarder ce qui se passe aux États-Unis puis se dire : Voyons! ça,
c'est une opportunité, là, énorme pour le Québec d'amener ce monde-là ici, au
Québec. Bien, j'étais... la semaine dernière, je suis allé faire un tour à
Toronto pour jaser avec des gens un peu partout, là, dans le secteur, et on m'a
évidemment démontré comme quoi qu'eux ont pris cette opportunité-là au sérieux,
ils ont pris la balle au bond et puis ils ont mis en place ce qu'il faut pour
attirer des chercheurs et des professeurs qui viennent des États-Unis. Et donc
l'Ontario a mis en place les conditions gagnantes pour que la suite des choses
au niveau de l'innovation, que la suite des choses au niveau de la
productivité, que la suite des choses au niveau de la propriété intellectuelle
soit positive pour l'Ontario. Qu'est-ce qu'on a fait ici, avec le gouvernement
de la CAQ? On a fait totalement l'inverse, M. le Président, on a barré les
initiatives et on a coupé dans les crédits pour aller chercher des chercheurs
étrangers, ce qui va nous faire perdre des opportunités inconcevables, M. le
Président.
Puis, vous savez, je comprends qu'on a des
restrictions budgétaires, mais il y a des choix à faire puis les choix
représentent une... une image. Les choix que le gouvernement fait donnent
l'image de ce gouvernement-là. Et si on n'investit pas dans l'avenir, on
hypothèque donc l'avenir de nos prochaines générations. C'est quand même assez surprenant, mais, d'un autre côté, sommes-nous vraiment
surpris? Parce que c'est le même gouvernement qui est allé piger dans les
contributions au Fonds des générations. Donc, encore une fois, ici, on a un
manque d'équité intergénérationnelle. Et c'est flagrant avec l'exemple, là, des
crédits d'impôt pour les chercheurs et experts étrangers qui auraient pu donner
un élan à l'innovation, à la productivité et à la crédibilité du Québec sur la
scène mondiale dans ce domaine-là.
Le dernier point que je veux mentionner, M. le
Président, qui, vraiment, nous... pour nous, nous a été extrêmement difficile à
concevoir de la part du gouvernement de la CAQ, qui, rappelons-nous, là, a
donné évidemment, là, des chèques électoralistes, là, en 2018, mais aussi dit
que l'objectif ultime était de baisser l'impôt des particuliers de 1 % à
une facture de 1,7 milliard de dollars par année de façon récurrente,
correct, on était pour la même mesure, nous aussi, au Parti libéral du Québec,
mais force est de constater que depuis ce temps, M. le Président, la CAQ ajoute
des frais et des taxes indirectes à tous les moments que c'est possible pour le
gouvernement de la CAQ de le faire, au point tel qu'aujourd'hui, là, le
1,7 milliard d'économies a totalement disparu. Puis je vais vous donner
l'exemple suivant : L'augmentation de la taxe sur des primes d'assurance,
on veut l'harmoniser pour qu'elle soit égale à la TVQ. Bien, écoutez, M. le
Président, je comprends, là, que le gouvernement est en train de gratter les
fonds de tiroir pour ramasser de l'argent, là, mais on est tous obligés d'avoir
des assurances, et donc, indirectement, ça se trouve à être une taxe
additionnelle. On vient piger 300 millions de dollars dans les poches des
Québécois, M. le Président. Ça s'ajoute à toutes les autres mesures qui
maintenant dépassent le 1,7 milliard que ce gouvernement-là a dit :
On redonne au portefeuille des Québécois. Bien, ils enlèvent... ils prennent de
la... ils redonnent dans la poche droite pour enlever dans la poche gauche. Ce
gouvernement-là dit une chose et son contraire. Malheureusement, ça, c'est un
autre exemple. Donc, c'est 300 millions de dollars qui vont aller dans les
poches de l'État, qui ne sont pas dans les poches des citoyens, parce que, malheureusement,
les primes d'assurance, on est tous obligés d'en payer au Québec.
Donc, le gouvernement a mal, évidemment, géré
l'économie, a mal géré nos finances publiques, a abusé des surplus qu'on avait
laissés en place lorsqu'on a quitté en 2008, puis, maintenant, bien, force est
de constater que le gouvernement est pris à gratter des fonds de tiroir, et,
malheureusement, ça donne ce que ça donne. Alors, M. le Président, vous ne
serez pas surpris que nous allons voter contre le projet de loi n° 99.
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Il n'y a pas d'autre intervenant.
Mise aux voix
Alors le projet de loi n° 99, Loi donnant
suite à des mesures fiscales annoncées lors du point sur la situation
économique et financière du Québec du 21 novembre 2024 et du discours sur
le budget du 25 mars 2025 ainsi qu'à certaines autres mesures, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir, à ce stade-ci,
suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
nous allons donc... Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors donc, nous allons suspendre les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 48)
(Reprise à 15 h 01)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous
pouvez vous asseoir.
Affaires inscrites par les
députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée rappelle la
nécessité de réformer le régime forestier et condamne l'inaction du
gouvernement dans ce domaine
Donc, aux affaires du jour, affaires inscrites
par les députés de l'opposition, à l'article 59 du feuilleton, aux
affaires... aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, M. le
député de Pontiac présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale
prenne acte qu'après sept ans au gouvernement, la Coalition avenir Québec est
toujours incapable de concrétiser sa promesse de réformer le régime forestier;
«Qu'elle rappelle que dans le contexte des
tarifs américains, une réforme du régime forestier est plus que jamais nécessaire
pour offrir une meilleure prévisibilité à l'industrie et afin que le Québec
demeure compétitif pour attirer les investissements ainsi que pour protéger
l'impact économique de ce secteur;
«Qu'elle rappelle que l'industrie forestière
représente des dizaines de milliers d'emplois dans les différentes régions du
Québec et que plusieurs de ces travailleurs ne sont présentement pas en emploi
suite à la fermeture d'usines dans leurs régions;
«Qu'enfin, elle condamne le manque de courage du
gouvernement actuel et qu'elle dénonce son abandon pur et simple de nos
régions, de nos communautés forestières et au premier chef, de nos travailleurs
de la forêt.»
La répartition du temps de parole pour le débat
restreint pour la motion inscrite par M. le député de Pontiac s'effectuera de
la façon suivante : 10 minutes sont réservées à l'auteur de sa motion
pour sa réplique, 52 min 45 s sont allouées au groupe
parlementaire formant le gouvernement, 27 min 46 s sont allouées
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
16 min 39 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
8 min 20 s sont allouées au troisième groupe d'opposition et
1 min 30 s sont allouées à chacun des députés indépendants. Dans
le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par
l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes
parlementaires selon la proportion établie précédemment. Mis à part ces
consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Je
rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours de
ce débat, ils doivent aviser la présidence et ont 10 minutes à partir de
maintenant pour le faire.
Je cède maintenant la parole à M. le député de
Pontiac. Oh! Excusez-moi. Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger, à vous la parole.
Mme Filomena Rotiroti
Mme Rotiroti : Merci, Mme la
Présidente. Très contente d'ouvrir le débat sur la motion aujourd'hui en tant
que porte-parole en développement économique régional. Je voudrais remercier
mon collègue député de Pontiac de me laisser quelques minutes pour parler de
notre industrie forestière, qui est un pilier de l'économie pour nos régions.
Si on dépose aujourd'hui cette motion, c'est parce qu'après sept ans de
promesses et attentes le gouvernement caquiste a échoué à livrer la réforme du
régime forestier qu'il a annoncée en 2018. Je n'ai pas à vous... Je vais vous
rappeler les faits très rapidement.
C'est une réforme qui était attendue depuis
plusieurs années. Tous les... que ce soient les travailleurs de la forêt, les
municipalités, les coopératives, les Premières Nations, réclamaient cette
réforme capable d'assurer la prévisibilité et les approvisionnements, la
protection des emplois et une meilleure concertation des usagers sur le
territoire. Finalement, en 2003, le Forestier en chef lui-même sonne l'alarme
suite à une saison de feux sans précédent, invitant le gouvernement à revoir
son modèle d'aménagement pour tenir compte des changements climatiques.
En 2024, la ministre a organisé des grandes
tables de réflexion sur l'avenir de la forêt, où des centaines d'intervenants
de toutes les régions ont proposé des solutions concrètes, mais ces
consultations ont laissé un goût amer. Plusieurs participants ont dénoncé un
processus biaisé, où les véritables recommandations du milieu ont été écartées.
Au printemps dernier, quatre... après quatre jours de consultations, quatre
jours de consultations parlementaires sur le projet de loi n° 97,
le verdict a été sans appel : les travailleurs, la communauté et des
experts scientifiques ont rejeté la réforme, qui fragilisait la gouvernance
publique, précarisait les emplois sylvicoles et ignorait les autres usagers de
la forêt. Résultat, la ministre a reculé, la réforme a été suspendue, et les
régions forestières se sentent trahies.
Mon collègue le député de Pontiac reviendra plus
en détail sur les conséquences concrètes de cet abandon, mais permettez-moi
d'abord de rappeler pourquoi ce dossier est si vital pour l'économie régionale
et pour l'ensemble du Québec. L'industrie emploie directement
57 000 personnes à travers le Québec, et le chiffre atteint 130 000
si on compte les emplois indirects. En 2023, les exportations du produit du
bois, de pâtes et papiers s'élèvent à environ 11,3 milliards de
dollars. Bref, l'industrie forestière est non seulement un pilier économique
pour le Québec, mais ses produits sont essentiels pour les secteurs de la
construction et les produits de papeterie et d'emballage.
Donc, moderniser le régime forestier, c'est
donner un nouveau souffle à un pan de notre économie. Mais le gouvernement,
lui, il a échoué. Un autre échec de la part de la CAQ. Ça fait sept ans que la
CAQ promet de réformer le régime forestier, puis, quand vient le temps de le
faire, on proroge la Chambre et on abandonne la réforme.
Mais la réforme du régime forestier, ce n'est
pas tout ce que le gouvernement a abandonné. Il a aussi abandonné nos régions
et nos PME en région. Notre industrie forestière présente, elle, est mise à
mal, oui, par le contexte géopolitique, par la guerre tarifaire, mais il ne
faut pas rester les bras croisés. On n'a qu'à penser aux fermetures d'usine qui
ont fait les manchettes dans les dernières années : la scierie de produits
forestiers Petit Paris à Saint-Ludger-de-Milot, à... au Lac-Saint-Jean, l'usine
des Produits forestiers Résolu à Amos et en Outaouais, l'usine Arbec, bois
d'oeuvre de L'Ascension, dans les Laurentides, et j'en passe.
Dans mon rôle de porte-parole, je parle souvent
des PME. Je sais à quel point ça peut faire mal à des villes et des villages
quand une industrie n'est pas bien supportée. Le gouvernement, en plus... en
plus de devoir... de devoir abandonner la réforme, il était prêt, pas plus tard
qu'au printemps, à faire des concessions en foresterie face à Trump. Le premier
ministre était prêt à vendre notre bois d'oeuvre à rabais aux États-Unis. On
connaît comment les gros deals se font à la CAQ. Nous sommes toujours les gros
perdants.
Parlons d'allègement réglementaire pour nos PME,
Mme la Présidente. On attend le prochain projet de loi. Depuis 2018, c'est
2 milliards de plus en fardeau réglementaire avec cinq projets loi. On
a... On n'a réussi à diminuer que de 120 millions, à
peine 10 %. Puis vous m'avez bien entendue, Mme la Présidente, là, le
gouvernement est rendu à déposer un cinquième projet de loi concernant
l'allègement réglementaire. Cinq projets de loi, puis on réussit à peine à
alléger de 10 % pour nos PME. Ça prend un petit peu plus d'audace, Mme la
Présidente.
Qu'est-ce que le prochain projet de loi va
régler? Là, on parle de déposer un autre projet de loi. Qu'est-ce que le
nouveau projet de loi pourrait régler, quand ça faisait sept ans qu'on
travaillait sur le projet de loi qu'on vient de retirer? Est-ce qu'on va
harmoniser la durée des permis d'exploitation forestiers à deux ans, comme le
demande la FCCQ dans le projet de loi n° 85, plutôt que l'actuelle
exigence de renouveler tous les 31 mars? Est-ce qu'on va réduire le
fardeau administratif qui a été ajouté à nos entreprises avec la loi n° 25?
Ce gouvernement-là, en matière d'allègement
réglementaire, a fait des petites mesurettes, des avancées mineures, mais le
gros fardeau reste encore pour nos... sur nos PME.
On a un nouveau ministre des Forêts maintenant.
L'ancienne ministre, la députée de Rimouski, elle dit qu'elle a suivi à la
lettre les directives du premier ministre, qu'elle a fait ce qu'on lui avait
demandé. On sait maintenant que le PM, le premier ministre, lui avait mis
des... menottes pour régler ce qui devait être modifié dans sa réforme. Le
nouveau ministre, lui, est-ce qu'il va avoir... est-ce qu'il va avoir la
liberté de réformer le régime forestier? Est-ce que c'est une priorité pour ce
gouvernement? Est-ce qu'il va changer l'ancienne réforme? Est-ce que le nouveau
ministre va faire en quelques mois qu'est-ce que l'ancienne ministre n'a pas
été capable de faire en sept ans? Comment voulez-vous qu'on prenne ça au
sérieux?
• (15 h 10) •
Ce qui est sûr, c'est qu'on ne doit pas attendre
grand-chose de ce gouvernement. L'industrie forestière va rester sur sa faim et
nos régions aussi. Le gouvernement de la CAQ démontre encore une fois qu'ils
n'ont jamais été le parti de l'économie. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le ministre des Ressources
naturelles et des Forêts.
M. Jean-François Simard
M. Simard : Merci à vous, Mme
la Présidente. Alors, je tiens à vous dire à quel point je suis heureux parce
qu'il s'agit de ma première interpellation à titre de ministre des Ressources
naturelles et des Forêts. Alors, je... j'espère que ce ne sera pas la dernière,
parce qu'il y a tant à dire sur l'enjeu que nous abordons aujourd'hui.
Et, d'entrée de jeu, je tiens à saluer ma
collègue de Jeanne-Mance, mon collègue de Pontiac, mon collègue de Marguerite-Bourgeoys,
je vois également mon collègue, toujours présent, de Maurice-Richard,
qui vont également intervenir dans ce débat. Et je serai également épaulé, de
mon côté, par le collègue de Rouyn-Noranda, par le collègue de Blainville et
mon adjointe parlementaire, que je tiens tout particulièrement à saluer, la
députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Alors, cette interpellation, Mme la Présidente,
c'est l'occasion de nous rappeler à quel point, et ma collègue à l'instant le
soulignait, à quel point l'enjeu de la forêt, il est crucial pour le territoire
québécois, pour l'économie québécoise. J'oserais presque dire qu'il s'agit d'un
enjeu identitaire, tellement la forêt nous rejoint en ce que nous sommes comme
collectivité.
On peine à comprendre à quel point le territoire
québécois est immense. La France, à elle seule, pourrait entrer plus de trois
fois dans les frontières québécoises. Et on sait que l'immense majorité du
territoire québécois est recouvert par nos forêts, c'est dire l'immensité
continentale forestière que nous avons reçue en héritage et que nous avons à
gérer correctement pour les générations qui suivent.
Nous avons créé au fil du temps, à travers les
différents gouvernements, un modèle typiquement québécois de gestion
forestière. Nous avons développé ce que nous appelons une forme de
multifonctionnalité. La forêt, c'est l'occasion pour les villégiateurs de
pouvoir se ressourcer, c'est un poumon vert qui permet de stocker des milliards
de tonnes de CO2 chaque année, c'est également un poumon économique
extraordinaire.
Je vous rappelle qu'au Québec
900 municipalités et villages sont directement concernés par la vaste
étendue, la vaste variété de l'industrie forestière. Et, dans ces
900 municipalités, plus de 150 sont ce qu'on appelle des villages
mono-industriels qui dépendent directement, notamment, de la présence de
scieries. C'est énorme.
Et, par village mono-industriel, on entend
généralement, au sens classique du terme, ces villages dont le produit
intérieur brut dépasse plus de 20 % dans un même secteur. Quand c'est le
cas, bien, on peut dire dès lors que c'est mono-industriel. Et on a plus de 150
de ces villages à travers le Québec qui dépendent directement de l'activité forestière.
On l'a dit, l'industrie forestière, c'est près de 57 000 emplois
directs, sans compter tous les emplois indirects, bien sûr, qu'on peut... qu'on
peut... qu'on doit y associer.
Et, au cours du dernier siècle, Mme la
Présidente, l'industrie forestière québécoise en a vu de toutes les couleurs,
de toutes les couleurs, mais elle a toujours su rebondir. Rappelons...
rappelons qu'à la fin des années 90, avec l'effondrement du marché des
pâtes et papiers, évidemment, l'industrie des pâtes et papiers a beaucoup
souffert pour une raison très simple : les journaux de l'époque qui
étaient sur support papier ne le sont plus, c'est maintenant de manière
virtuelle.
Il y a eu, donc, des transformations dans cette
vaste industrie, mais force nous est de reconnaître que, grâce à son dynamisme,
à son leadership, à sa résilience, l'industrie du bois a réussi à survivre et à
se démarquer au point tel que le tiers du bois récolté au Canada, c'est du bois
québécois, au point tel qu'un des principaux moteurs d'exportation de produits
québécois aux États-Unis, c'est le bois d'oeuvre, Mme la Présidente. Et donc il
s'agit d'une activité qui a su se démarquer mais qui
connaît, on doit l'avouer, une crise, aujourd'hui, sans précédent.
Cette crise, elle a plusieurs... puis on
pourrait dire que c'est une tempête parfaite, parce qu'il y a plusieurs
éléments qui convergent pour l'expliquer. Et je ne voudrais pas être simpliste
en ne nommant qu'un élément, mais on peut dire que la crise que nous vivons
actuellement n'est pas d'abord le résultat d'une guerre, d'une concurrence de
produits qui viennent de l'étranger, c'est un peu de ça, mais ce n'est pas
d'abord ça. Ce n'est pas non plus une crise qui vient d'une pénurie de
main-d'oeuvre, comme dans d'autres types d'industries, notamment, bien, c'est
un petit peu ça, mais ce n'est pas d'abord ça. Et d'ailleurs, l'enjeu de
main-d'oeuvre, on le voit venir, parce qu'avec le vieillissement de la
population, notamment dans le domaine de la plantation, on voit qu'on aura un
renouvellement des effectifs à faire dans les prochaines années. Le problème
qu'on a, il n'est pas non plus directement relié à la productivité, parce que
là-dessus, moi, je lève mon chapeau au Parti libéral qui, à l'époque, avait
créé un programme très intéressant, qui s'appelle Innovation Bois. Quand des
idées sont bonnes, quand des actions sont bonnes, peu importe le parti qui l'a
fait, je pense que ça mérite d'être souligné. Puis ça, Innovation bois, c'est
une... c'est une, comment dire... un programme libéral que le Parti libéral a
eu la sagesse de mettre de l'avant, mais que la CAQ, que la CAQ a eu la sagesse
de garder. On trouvait que c'était financé puis on a remis encore plus d'argent
dans le programme Innovation Bois. Et, ce faisant, qu'est-ce qui est arrivé? On
a pu augmenter la productivité de l'industrie forestière, notamment de nos
scieries, ce qui fait qu'elles sont très compétitives.
Alors, plusieurs enjeux concernent, Mme la
Présidente, bien sûr l'économie de la foresterie, mais celui dont j'aimerais
principalement, si vous me le permettez, aborder avec vous, c'est très
certainement l'effet Donald Trump. Voilà que le gouvernement américain impose
une série de tarifs, et j'oserais dire de surtarifs, qui viennent créer, je
n'ose pas dire l'expression, mais un... un mur de Chine entre nous et les États-Unis,
difficilement franchissable pour nos entreprises, bien qu'elles soient très
performantes, très productives. Voilà qu'on a d'abord imposé des frais
compensateurs de 35 % sur le bois d'oeuvre, auxquels on a ajouté, le
14 octobre dernier, un autre 10 %, pour une majoration globale de
45 % des frais, en vertu de l'article sur la sécurité nationale, imposés
par Donald Trump.
Et donc, du jour au lendemain, voilà une
industrie qui est pourtant compétitive, qui, pourtant, pouvait bénéficier d'une
devise qui était moins forte que celle des États-Unis, voilà que notre
entreprise voit ses capacités d'exportation largement amoindries. Ses capacités
d'exportation dont... sont d'autant plus momentanément restreintes que, voyant
venir le coup, Mme la Présidente, l'industrie, les marchés américains ont
gonflé leurs stocks, si vous me permettez l'expression, ont acheté le plus de
bois d'oeuvre qu'ils pouvaient acheter avant l'imposition des tarifs, ce qui
fait que, momentanément, à court terme, bien, que voulez-vous, les stocks
américains sont relativement bien garnis et peuvent voir passer la tempête.
Donc, dans les minutes qui viennent, mon
collègue de Blainville pourra élaborer davantage sur la série de mesures que le
gouvernement du Québec a mises en place pour soutenir l'industrie forestière au
cours des deux... des deux dernières années. Cette aide, Mme la... Mme la
Présidente, se compte en milliards de dollars et elle s'arrête aux différentes
étapes du processus de production, de transport de l'industrie forestière. On
aide l'industrie à bien des niveaux.
Et moi, depuis mon arrivée en mandat, il y a à
peine quelques semaines, j'ai eu la chance de signer plusieurs lettres d'octroi
à des entreprises, notamment au niveau Innovation Bois. Puis j'ai eu
véritablement à soutenir l'industrie à travers les programmes déjà existants,
dont vous reparlera notamment mon collègue de Blainville, mais aussi à
plancher, avec la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, sur
des mesures supplémentaires que nous pouvons mettre de l'avant pour mieux aider
l'industrie forestière à traverser cette tempête parfaite qu'elle rencontre
maintenant.
• (15 h 20) •
Parlant du ministère de l'Économie, brillamment,
donc, dirigé par ma collègue, je vous souligne que nous avons déjà en place des
programmes utilisés par l'industrie forestière. Je pense, ici, au programme
FRONTIERE, qui est bien utilisé au niveau de la liquidité, au niveau du
financement, donc un financement pour répondre à l'offensive de nouveaux tarifs
et pour les initiatives pour des entreprises résilientes exportatrices, donc de
là l'acronyme FRONTIERE, le programme ESSOR, qui vise à améliorer également la
productivité de nos entreprises, le programme Panorama, qui, lui, offre une
variété d'aides en matière de prêts, de financement et d'accompagnement. Donc,
il y a déjà en place une architecture pour soutenir notre entreprise, essayer
de la faire passer à travers, bien sûr, la crise qu'elle rencontre, mais nous
sommes en veille, en veille stratégique.
À cet égard, je tiens à vous dire que, vendredi
dernier, nous avons rencontré une quinzaine de grands représentants de
l'industrie, et les Domtar de ce monde, et compagnie, donc les principaux représentants
de l'industrie forestière, afin de faire le point avec eux et elles également
pour... parce qu'évidemment il y a différents types d'industries dans
différentes régions, et, selon l'endroit où on est, les besoins peuvent varier.
Donc, on a tenté de prendre l'ensemble des demandes, tenté de voir les points
de convergence, et nous sommes à l'oeuvre, bien sûr, avec ma collègue de
l'Économie, pour soutenir le mieux que l'on pourra cette industrie, cette
industrie qui en a besoin, cette industrie qui est au coeur d'une occupation
dynamique, territoriale, cette industrie... On connaît tous, dans nos familles,
quelqu'un qui est membre... qui travaille dans l'industrie forestière. C'est
dire à quel point elle est très présente dans nos vies.
Mme la Présidente, en parallèle, donc, de cet...
de cet, comment dire, intérêt que nous avons pour la survie de notre industrie
forestière, nous travaillons en parallèle, bien sûr, à la révision du régime
forestier québécois. Et, lors de mon arrivée en poste, la première chose que
j'ai faite, ça a été de multiplier les consultations auprès des partenaires de
l'industrie, mais des partenaires de la société civile qui sont associés au
projet de loi... qui étaient associés, donc, au projet de loi n° 97,
projet de loi, d'ailleurs, que nous avons retiré. Et je trouve d'ailleurs un
peu paradoxal, Mme la Présidente, que, d'un côté de la
bouche, on nous demande pendant des mois de retirer le projet de loi n° 97 et que certains collègues, ici, dès lors qu'on l'a
retiré, savez-vous quoi, ils se plaignent qu'on l'a retiré. Alors, je comprends
qu'il faut être critiques quand on est à l'opposition, mais il faut faire
preuve d'une très grande imagination pour à la fois demander quelque chose et
son contraire dans la même semaine. Mais ça, ça leur appartient.
Alors, Mme la Présidente, le temps file, et puis
je veux laisser à mes collègues, bien sûr, la chance d'intervenir, mais qu'il
me soit permis de vous dire que, suite à cette importante consultation que nous
avons menée avec des groupes environnementaux, j'ai rencontré des représentants
de la corporation des ingénieurs forestiers, j'ai rencontré des gens, bien sûr,
de l'industrie, j'ai rencontré beaucoup d'élus de la FQM, de l'UMQ, hein, parce
qu'on sait à quel point le milieu municipal est interpelé par cette grande
problématique, bref, j'ai rencontré un grand nombre d'intervenants, et il s'est
dégagé un consensus très fort à l'effet que nous devions, étant donné les
irritants qui sont dans ce projet de loi, qui étaient dans ce projet de loi
parce qu'il est maintenant retiré, et je dois parler à l'imparfait, à cause de
ces irritants... Bon, le projet de loi avait de bonnes intentions mais,
manifestement, n'allait pas dans la bonne direction, et conséquemment arrive un
stade où un gouvernement doit écouter ce que les principaux partenaires ont à
dire, et on a été à l'écoute de ces partenaires. Et on relance un processus
avec ces partenaires. On est à l'écoute.
Parmi ces partenaires, j'aimerais nommer au
premier plan l'Assemblée des Premières Nations du Québec, nos partenaires de
toutes les nations autochtones à travers le territoire québécois, qui sont
directement interpelées par la forêt québécoise, parce que cette forêt, c'est
aussi un milieu de vie pour ces nations. Donc, nous sommes en lien étroit avec
nos partenaires à cet égard pour tenter de travailler à l'élaboration d'un
projet de loi qui sera le plus consensuel possible. Parce qu'on conviendra, Mme
la Présidente, on conviendra qu'un régime forestier, ce n'est pas quelque chose
qui dure le temps d'une rose. Ce n'est pas quelque chose qu'on veut qui dure
deux semaines. On ne veut pas que ça... même que ça dure deux... bon, deux mois
ou deux ans. Un régime forestier, c'est quelque chose qui peut et qui doit se
penser en termes de décennies, lorsque c'est bien... lorsque c'est bien,
comment dire, pensé et planifié. Et c'est ce que nous allons faire. Nous y
travaillons chaque jour.
Ceci étant dit, avec... considérant la motion
que nous avons votée à l'Assemblée nationale la semaine dernière, que je ne
vous relirai pas, j'entends que, puisque cette motion a été votée à
l'unanimité, hein... votée à l'unanimité, ça veut dire : votée non
seulement par le gouvernement, mais votée à l'unanimité par les membres de
l'opposition, j'entends, dans les petits carrés verts que j'ai vus à
l'écran lorsqu'ils ont voté pour cette motion, qu'ils seront avec nous dans
l'élaboration d'un nouveau régime forestier, qu'ils ne seront pas dans une
logique sys-té-ma-ti-que d'opposition, comme on a peut-être pu voir dans un
passé récent. Donc, moi, je vois la main tendue qu'ils m'offrent et je
l'accepte. Je vois des gens d'expérience de l'autre côté de la Chambre, notamment
mon estimé collègue député de Pontiac, qui a une vaste expérience dans le domaine,
et puis mes autres collègues. Et je tiens à vous dire que je serai à l'écoute
de vos... de vos préoccupations, à l'écoute de vos recommandations, pour que
nous puissions ensemble construire le meilleur régime qui puisse être
construit.
Mme la Présidente, j'appartiens à... en terminant,
je veux vous dire que j'appartiens à une génération qui a fortement été marquée
par un documentaire, dont vous vous souvenez très certainement, bien que vous
soyez beaucoup plus jeune que moi, vous vous en souvenez très certainement, et
c'est L'Erreur boréale, du grand Desjardins, qui nous a fait prendre
conscience, c'est une conscience collective, de l'importance, en même temps de
la fragilité de la forêt québécoise. Et nous... J'ai grandi avec ce
documentaire en tête. Et nous allons prendre soin de notre forêt dans une
logique où... nous serons dans une logique de développement durable, et je
crois que nous pouvons grandir gagnants du travail que nous ferons à travailler
à un prochain régime forestier. Je vous remercie pour votre collaboration.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le ministre. Nous poursuivons les interventions avec M. le député de
Maurice-Richard. Je vous rappelle que vous disposez de
16 min 12 s.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Très heureux de pouvoir réagir à la motion préparée par mes
collègues du Parti libéral.
J'ai un amendement qui m'attend à la porte, qui
va peut-être se rendre. Il s'en vient, il s'en vient. Je sens que vous palpitez
d'impatience pour savoir quel sera notre amendement, Mme la Présidente.
Rassurez-vous, ça arrive. Merci beaucoup, madame.
Donc, je disais, très heureux de réagir, surtout
que, comme mon collègue, d'ailleurs, du Parti libéral, nous avons eu la chance
de rencontrer vraiment beaucoup d'acteurs, y compris... on était ensemble au
Saguenay pour parler forêt, où il y avait des représentants de la société
civile dans son ensemble, des syndicats représentant des travailleuses et
travailleurs de la forêt, des spécialistes, des représentants des Premières
Nations, des écologistes. Et, à l'époque, il y avait toutes sortes de
recommandations, dont, d'ailleurs, on retrouve une partie dans la motion qui a
été présentée... qui est présentée aujourd'hui par le Parti libéral, toutes
sortes de recommandations, et un accord, et vraiment un consensus, c'est que le
projet de loi n° 97, le défunt projet de loi n° 97 ne répondait pas
aux besoins d'aucun de ces acteurs-là. Et laissez-moi saluer, une fois n'est
pas coutume, saluer le fait que le gouvernement de la CAQ ait retiré le projet
de loi n° 97, car c'était une demande quand même qui
faisait consensus.
• (15 h 30) •
Une autre chose qui faisait consensus, c'est que
nous avons et nous avions... nous avons besoin d'un nouveau régime forestier.
Une phrase qui était ressortie, c'était qu'il était urgent de changer les
choses, mais il n'était pas urgent de se tromper, car, comme l'a dit d'ailleurs
le ministre, un régime forestier, en général, ça dure largement plus qu'une décennie.
Maintenant, l'état des lieux est grave, Mme la
Présidente, et ce n'est pas un problème simple à résoudre. Le ministre est
devant une véritable difficulté. Il y a le fait que l'industrie va mal depuis
déjà maintenant longtemps. Depuis pratiquement deux décennies, nous avons
perdu, au Québec, presque 30 000 postes de travail sur 130 000,
donc un peu moins que le tiers. La situation est difficile aussi parce
qu'économiquement, bien, il y a eu l'exploitation. Vous savez, Mme la
Présidente, ça prend 70 ans, à peu près, pour régénérer une forêt, et donc
les erreurs qu'on a faites il y a 50, 40, ou 30 ans, ou même 70 ans
nous mordent aujourd'hui même. Et donc plus ça va, plus les troncs d'arbres
sont petits et plus on doit aller couper loin, ça fait qu'évidemment c'est de
moins en moins rentable.
C'est une industrie qui est aussi frappée, on le
sait, par différents tarifs, au sud de nos frontières, donc c'est une
difficulté de plus. Mais c'est une industrie aussi... et d'ailleurs, effectivement,
le travail de M. Desjardins, il y a maintenant un quart de siècle, oui, un
quart de siècle, oui, un quart de siècle, j'étais là, je me souviens quand le
documentaire était sorti... et en fait foi. C'est une industrie qui peut avoir,
malheureusement, un aspect très destructeur envers ce bien commun qui est la
forêt, et donc qui doit être gérée avec beaucoup de tact, d'intelligence, basé
sur la science, basé sur le partage du commun.
La forêt, c'est aussi autre chose que juste
couper des arbres, hein? Il y a aussi toutes sortes d'autres, d'abord,
industries, évidemment, si on pense au sirop d'érable, si on pense aux
champignons, etc., mais aussi des espaces de villégiature, les endroits où les
gens chassent, pêchent, passent du temps important en famille. Nous avons,
toutes et tous, des moments qui nous sont très, très chers, au Québec, un
rapport très particulier à la nature, un rapport de respect, un rapport
d'osmose. Et c'est avant tout, je dirais, avant tout, aussi, un espace qui a
appartenu, depuis des millénaires, aux Premières Nations, et je pense que c'est
une des choses qui, souvent, manquent dans l'approche de cette Assemblée, de
cette noble Assemblée, aux droits des Premières Nations.
Et les choses ont beaucoup évolué, depuis les
différents siècles de colonisation, et nous nous sommes dotés d'un certain
nombre d'outils. Nous avons eu des commissions, nous avons reconnu un certain
nombre de crimes et donc nous nous sommes dit qu'il ne fallait plus faire les
choses de la même manière. Et, parmi les choses, c'est qu'il y a des droits qui
sont reconnus, que le Canada a signés au niveau de l'ONU, donc, des droits des
Premières Nations, et que nous avons nous-mêmes, ici, si je ne me trompe pas,
voté à quatre reprises, dans l'histoire de cette Assemblée, le fait que nous
reconnaissons les droits des Premières Nations. Et, parmi ces droits, un droit
est important, c'est qu'ils doivent prendre des décisions sur les territoires
sur lesquels ils vivent, qu'ils doivent être partie prenante, que leurs
décisions doivent être documentées, éclairées et que leur consentement est
important.
Et donc un des points que notre formation
politique met de l'avant beaucoup, c'est évidemment la consultation et la
collaboration mais dans ce qui touche directement à des territoires sur
lesquels ils ont vécu pendant des millénaires et sur lesquels ils vivent
encore, sur lesquels ils sont des gardiens de ce territoire-là, sur lesquels
ils ont une connexion particulière, spirituelle, économique et, tout
simplement, physique. Il faut commencer à changer notre état d'esprit et
commencer à coécrire, coécrire les différents projets de loi qui les touchent,
surtout qu'ils ont aussi un attachement à l'industrie de la forêt. Beaucoup des
personnes des Premières Nations travaillent et ont travaillé avec l'industrie
forestière, avec l'industrie forestière, et donc ce n'est pas comme si les
choses s'opposaient. Mais, si les choses sont faites avec respect, avec
bienveillance et avec une véritable volonté de réconciliation, qui, encore une
fois, passe par une coécriture des projets de loi qui les touchent directement,
eh bien, nous pouvons imaginer un bien commun.
On a parlé des difficultés. Évidemment, il y a
la question de la crise climatique. Il y a la question de la crise climatique
qui est souvent la grande oubliée. La forêt est une grosse partie de la
solution par rapport à la crise climatique que nous vivons. Évidemment, bien,
c'est un des principaux puits de CO2, quand les arbres poussent.
Quand on les coupe, c'est moins clair, parce qu'ils ne sont plus là, M. le
ministre, ça fait qu'il va falloir en laisser quand même beaucoup pour absorber
du CO2. Il y a aussi le fait que, quand on les coupe, évidemment, il
y a le CO2 qui est emmagasiné dans les troncs et qui, donc, quand il
est utilisé pour construire des maisons, par exemple, il reste stocké
indéfiniment à l'intérieur de nos murs, ce qui est quelque chose de positif.
Mais une grosse partie du CO2 qui est emmagasiné, en fait,
emmagasiné dans les racines... et donc, quand on coupe les arbres, bien, le CO2
est dégagé.
Et comme on s'est engouffrés à toute vitesse
dans une ère où... je ne sais plus comment le dire, honnêtement, dans cette
Chambre, mais où on n'est pas sûrs de survivre en tant qu'espèce, en tant
qu'espèce humaine, je pense que nous avons une responsabilité à garder à tout
moment... à ne pas tomber dans le déni, dans la facilité, à garder en tout
moment cette obsession qui est de se dire : Comment est-ce qu'on fait,
d'un côté, pour diminuer les gaz à effet de serre et les raisons pourquoi nous
sommes en train de détruire notre milieu de vie, et, de l'autre côté,
évidemment, quelles sont les solutions pour qu'on soit résilients, pour qu'on
rende cette forêt plus résiliente face aux changements qui la touchent
directement?
Et donc je... Donc, on a parlé de la question
des Premières Nations, de la question de la crise climatique, de la question
des tarifs, la question que, de toute façon, malheureusement, les erreurs du
passé font en sorte que l'industrie va mal. Je rajouterai quand même quelque
chose qui est aussi important, c'est que notre forêt, qui est un bien commun,
on a la chance au Québec, contrairement aux États-Unis, d'avoir une forêt qui
nous appartient à toutes et tous, qui est un bien commun, contrairement à nos
voisins du Sud qui ont privatisé toute la forêt. D'ailleurs, c'est une des
excuses que nos voisins du Sud trouvent pour nous mettre des tarifs, c'est
qu'ils considèrent qu'on ne fait pas payer assez les industries par rapport à
l'exploitation d'un bien qu'on leur donnerait gratuitement. Bien, elle est
convoitée.
Et il y a des exemples, malheureusement, au
Québec, où il y a des riches milliardaires étrangers, il y en a au moins un
auquel je pense, qui vient... qui nous vient d'Indonésie, qui achète comme ça,
à travers la planète, des droits de coupe. Et ici, au Québec, c'est à peu près
30 % des droits de coupe de la forêt que ce personnage que je ne vais pas
me... que je vais nommer avec grand plaisir, M. Widjaja, donc de Paper
Excellence, qui a acheté des droits de coupe. Et ces
gens-là, dans d'autres pays, sont soupçonnés de très graves exactions de droits
de la personne.
• (15 h 40) •
Je pense qu'on doit être très... qu'on doit
faire très attention avant de laisser des personnages aussi controversés, des
personnages qui ont mis en place des politiques, dans d'autres pays, qui
auraient été destructrices pour la forêt et qui eux n'ont aucun intérêt à
penser à la forêt qu'on va léguer aux prochaines générations, contrairement aux
travailleuses et travailleurs qui, eux, sont sur le terrain, qui ont une
connexion particulière avec la forêt, contrairement aux coopératives qui,
elles, sont très attachées. Ces gens-là, en fait, sont des genres de traders de
bois qui achètent des droits de coupe et ils sont terriblement influents.
D'ailleurs, l'ancien ministre de l'Économie, démissionnaire,
M. Fitzgibbon, fait partie des conseillers de ce riche milliardaire, et je
vous avouerai que nous avons une réelle inquiétude de voir des milliardaires
étrangers s'accaparer comme ça des droits de coupe au Québec.
Motion d'amendement
Pour conclure... Ah! je vais lire, sinon
l'équipe, quand même, va m'en vouloir, je vais lire l'amendement en question.
Bon, je vais le lire ici, parce que j'en ai deux et je ne sais pas lequel est
bon. Bon, donc, la proposition d'amendement que, je pense, on vous a fait
parvenir, Mme la Présidente, donc c'est d'insérer, au deuxième alinéa,
donc :
1° après les mots «une réforme du régime
forestier», les mots «, construite en collaboration dans le respect des
valeurs et des intérêts des Premières Nations,»;
2° après les mots «prévisibilité à l'industrie»,
les mots «, une meilleure préservation et une plus grande résilience de la forêt
face aux changements climatiques».
J'ai échangé avec mes collègues du Parti libéral,
j'ai bon espoir que cette version de l'amendement sera approuvée. J'espère... Et
j'espère quand même que les questions des Premières Nations et les questions de
la crise climatique ne seront pas seulement défendues par notre formation politique,
là. Je vous le dis amicalement, mais on aurait préféré ne pas avoir à faire ces
amendements, quand on parle de forêt, mais on sera toujours là pour jouer ce
rôle-là, ici, à l'Assemblée nationale, Mme la Présidente.
Pour conclure, on va collaborer vraiment avec
beaucoup de bonne foi et d'intérêt, parce que, vous l'avez dit, M. le ministre,
la forêt, ce n'est pas juste une industrie ou juste la nature. C'est aussi un
rapport affectif, un rapport culturel très, très fort au Québec, et c'est un
problème qui est complexe, qui est vraiment complexe, où il va falloir
équilibrer entre les intérêts de tous les acteurs dont j'ai parlé, et nous
serons là pour qu'aucun de ces acteurs-là ne soit oublié dans ces intérêts, à
part peut-être l'archimillionnaire qui a acheté les droits de coupe, dont les
intérêts, pour nous, seront, au mieux, néfastes. Et on espère qu'on en arrivera
à se limiter aux intérêts des travailleuses et travailleurs, de la nature, du
caribou, et évidemment, avant tout, des Premières Nations. Merci beaucoup, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Votre amendement est présenté sous réserve de la permission de
son auteur.
Donc, je suis prête à entendre un autre
intervenant. M. le député d'Abitibi-Est, à vous la parole.
M. Pierre Dufour
M. Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Peu de temps pour présenter, seulement que
1 min 30 s, mais par contre je pense que c'est important de le
préciser, la forêt, on le sait, c'est une forêt publique, et au-delà de
82 % des municipalités du Québec vivent grâce à l'industrie forestière. On
est en situation de crise présentement. Je pense que tout le monde le sait,
tout le monde le voit. On entend souvent parler des mêmes choses dernièrement,
le fameux «Trump situation» puis des choses comme ça.
Par contre, il y a un élément que le
gouvernement peut intervenir rapidement, c'est sur le coût de la fibre, et le
coût de la fibre, déjà, là, si on pourrait intervenir rapidement là-dessus, on
pourrait changer déjà, quand même, les situations catastrophiques qui se
produisent présentement dans certains milieux forestiers du Québec. On n'a pas
besoin d'attendre la conception d'un nouveau régime, puis, on le sait, un
nouveau régime, le fait que c'est une forêt publique, là, ça peut prendre
jusqu'à huit, neuf ans avant d'arriver à une quelconque solution, comme on l'a
déjà vu dans le passé.
Il y a d'autres enjeux. On le sait très bien,
l'aménagement forestier, etc., c'est tous des éléments qui sont majeurs dans
toute cette dynamique-là. Par contre, le coût de la fibre peut facilement
devenir un enjeu rapide qu'on pourrait résoudre. Le gouvernement doit avoir le
courage de s'ajuster pour baisser le coût de la fibre comme l'Ontario l'a fait.
J'ose espérer que le gouvernement et le nouveau ministre auront l'idée
d'intervenir sur le coût pour pouvoir arriver à nos fins là-dessus. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant... Alors, maintenant, nous poursuivons avec M. le
député de Blainville.
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : ...Mme la
Présidente. Il me fait plaisir de prendre la parole, aujourd'hui, sur le
dossier qui est présenté, là, par l'opposition officielle. Pourquoi je vous dis
que ça me fait plaisir, bien, j'ai été, pendant plus de 10 ans,
préfet d'une MRC qui était en Outaouais, donc, une région agricole et
forestière. Donc, c'est un dossier que je côtoie depuis des décennies. Je salue
notre nouveau ministre, député de Montmorency, qui fait... Il a beaucoup de...
En tout cas, il est très actif et proactif. Donc, ça nous fait plaisir d'avoir
un ministre... un nouveau ministre.
Évidemment, l'industrie forestière, c'est un des
piliers les plus importants de la prospérité économique du Québec,
18 milliards de retombées annuellement. Nous sommes, à la CAQ, conscients
de ce que ça représente. Vous savez, la Coalition avenir Québec, bien, c'est le
Québec des régions. Évidemment, nous sommes présents en Abitibi-Témiscamingue,
au Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie. Nous sommes présents au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Nous sommes présents en Mauricie. Nous sommes présents en Outaouais. Nous
sommes présents en Estrie. Donc, le Québec de la forêt, c'est dans les
Laurentides, Chantal, bien oui, évidemment, donc c'est le Québec de la forêt,
donc c'est la Coalition avenir Québec. Pourquoi je vous dis ça, c'est que nous
sommes très au fait de la situation dans laquelle se retrouvent nos entreprises
forestières
Puis je vais me permettre... parce qu'évidemment
c'est le Parti libéral qui nous dépose cette motion-là aujourd'hui, bien, je
vais me permettre un petit peu d'histoire, parce que le régime forestier est
entré en vigueur le 1er avril 2013, et il y avait un excellent article, le
1er avril 2013, de Radio-Canada, puis... qui était de Mme Isabelle Maltais,
qui était puisé aussi d'un article de La Presse canadienne.
Et je vous donne une partie de l'article : «Québec devient ainsi
responsable de la planification et de la gestion des forêts publiques, une
fonction qui relevait auparavant de l'industrie. En plus de mettre en péril
leurs approvisionnements en bois, les industriels ont peur que la mise aux
enchères publique fasse augmenter les prix, d'abord en raison de la lutte que certains
se livreront pour acquérir la ressource, ensuite parce que le prix aux enchères
sera utilisé par le gouvernement pour fixer la valeur des approvisionnements
garantis.»
Donc, déjà, en avril 2013, l'industrie nous
annonçait ce qu'on vit aujourd'hui, c'est-à-dire que c'était écrit dans le
ciel, à l'époque, que le régime forestier qui avait été présenté par les
libéraux était pour faire augmenter le coût. Et pourquoi il avait été présenté
par les libéraux? Tout simplement parce qu'il y avait la guerre commerciale, il
y avait toujours la contestation des Américains, puis qu'ils mettaient des
tarifs. Et puis force est de constater que, malgré le régime, les tarifs n'ont
jamais arrêté d'augmenter. Ça n'a pas fait... enlevé les tarifs. Il y a
toujours eu des contestations, le Canada a toujours gagné devant les tribunaux
internationaux, mais il reste quand même que l'objectif était là. Mais le
résultat, c'est parce qu'ils ont mis en place le fameux BMMB, le Bureau de mise
en marché des bois, qui a fait que ça affectait le prix, c'est-à-dire que
c'est... il y a des bois qui sont mis aux enchères, puis c'est ce qui fixe le
prix qui est payé par les industriels, et ça, évidemment, bien, ça a fait...
Puis là, quand vous regardez ce qui s'est passé,
là, de 2013 à 2018, là, je vous dirais... parce que moi, je l'ai vécu
personnellement, Outaouais, Laurentides, on l'a vécu. La fermeture de l'usine
Fortress, à Thurso, qui prenait les résidus des bois, c'est-à-dire les bois
de... les bois... ce qu'on appelle les bois d'usine, là, les bois de pâtes et
papiers étaient pris par l'usine Fortress. Ça a arrêté en 2019, donc,
inévitablement, ça a créé un chaos, mais déjà là le prix puis l'industrie...
Puis j'ai regardé, ce matin, là, parce qu'il y avait eu un avis des industriels
de l'Outaouais pour dire que le coût était de 30 $ déjà plus élevé que ce
que ça leur coûtait, c'est-à-dire que c'était 30 $ le mètre cube plus
élevé que leur coût, déjà, en 2019, 2020. Donc, tout l'effort qu'avait fait le
Parti libéral pour essayer... c'était ce que l'industrie leur disait, à quelque
part.
Donc, qu'est-ce qu'on a fait, nous? Depuis ce
temps-là, bien, on a décidé de s'attaquer au problème, parce qu'on est... le
Québec des forêts, c'est nous, la CAQ. Donc, on a décidé d'investir, de prendre
les sous du gouvernement pour être capable de redresser ce qu'on jugeait...
parce que s'est ajouté à ça, évidemment, mon collègue ministre l'a mentionné
tantôt... Oui, il y a l'effet Trump depuis la dernière année, mais il y a quand
même, depuis ce temps-là, des réalités. La qualité des bois n'est pas
nécessairement là. On le vit dans l'Outaouais, Laurentides, là. La tristesse de
ce qui s'est passé avec le BMMB, c'est que le ministère, à l'époque, dirigé par
les libéraux, il mettait aux enchères les plus belles coupes pour être capable
d'avoir un prix plus élevé, pour que les industriels paient plus cher. C'était
ça, la solution libérale. Et ça, le député de Pontiac, là, peut parler à tous
les industriels de l'Outaouais, Laurentides, je le mets au défi d'aller leur
demander ce qu'ils pensent de leur régime forestier. Je vous le dis, là, bien
gentiment, bien honnêtement, parce que j'ai eu la chance.
Donc, depuis ce temps-là, évidemment, nous, on a
décidé de, suite aux... de mettre à jour. Donc, évidemment, ça a commencé en
Outaouais, là, les aides à Outaouais, Laurentides. Il y a eu l'aide qui a
été... Bon, l'écoulement des bois feuillus de faible qualité des régions
Outaouais, Laurentides, il y avait eu déjà un 10 millions qui avait été
mis en place, qui a été... un 5 millions qui a été reporté,
10 millions. Déjà, en 2020 et 2021, on a mis en place, déjà, des mesures
pour être capable de compenser. Depuis ce temps-là, bien, il y a eu en...
200 millions, sur huit ans, qui ont été octroyés pour remettre en production
des superficies brûlées, parce qu'évidemment il y a eu des feux de forêt.
• (15 h 50) •
En 2024‑2025, il y a eu 347,5 millions pour
tout le secteur, pour aider le secteur de... forestier, 150 millions pour
augmenter les travaux sylvicoles en forêts publiques et la production de plans
forestiers, venant ainsi bonifier l'enveloppe annoncée, 147 millions pour
poursuivre les investissements sylvicoles en forêts privées afin de soutenir
l'approvisionnement des usines, 10 millions pour lutter contre l'épidémie
de la tordeuse des bourgeons de l'épinette, 9 millions pour renouveler la
participation du Québec au programme national de FPInnovations et évaluer le
potentiel d'automatisation des travaux sylvicoles, 4 millions pour appuyer
davantage la participation des communautés locales et autochtones à
l'aménagement durable des forêts, 10 millions pour prolonger le Programme
exceptionnel d'écoulement des bois feuillus, parce qu'il y avait déjà des
sommes.
Ça fait qu'on l'a reconduit puis on a rajouté
des sommes, 9 millions pour stimuler la récolte de biomasse forestière,
notamment dans les secteurs touchés par les feux de forêt de 2023,
8,5 millions pour soutenir la récolte des bois en
forêts publiques atteints par le chablis dans la région du Bas-Saint-Laurent,
12,5... 12,2 millions pour... sont octroyés dans le cadre du Plan québécois des
infrastructures pour soutenir la mise en norme et la modernisation des
infrastructures en pépinières publiques.
Et la mise à jour économique subséquente a
bonifié davantage le financement de tout le secteur, avec 100 millions
pour soutenir les entreprises de transformation du bois qui font face à des
problèmes de liquidités, notamment en raison du litige sur le bois d'oeuvre
résineux avec les États-Unis, 440 millions pour accroître les efforts de
reboisement et ainsi procéder à la plantation de plus de 100 millions
d'arbres en forêt publique et privée, au cours de la période 2024‑2025,
jusqu'à 2030‑2031, dont 220 millions seront financés par le gouvernement
fédéral par l'entremise du programme 2 milliards d'arbres.
Mais nous ne sommes pas... nous ne nous sommes
pas arrêtés là. Au budget 2025‑2026, on a annoncé, en mars dernier,
97,7 millions sur trois ans pour diversifier l'industrie des produits
forestiers et favoriser l'innovation, notamment en appuyant Cecobois ainsi que
des projets innovants, entre autres, dans le cadre du programme Innovation
Bois, 52,1 millions; renouvellement... renouveler le programme de
protection des investissements sylvicoles, 35,4... 35,6 millions;
poursuivre le Programme exceptionnel d'écoulement des bois feuillus de faible
qualité des régions de l'Outaouais et des Laurentides. Et, dans le cadre du
PQI, 57,7 millions ont été investis sur trois ans pour pérenniser la
production des semences et des plants forestiers.
Plusieurs initiatives du ministère ont également
été bonifiées et mises en place pour appuyer l'industrie forestière. Le
programme Innovation Bois soutient des projets innovants de transformation des
produits forestiers tout en encourageant la transformation des bois de qualité
inférieure; en mars 2025, bonification de l'enveloppe du PIB de
25,5 millions pour le programme Innovation Bois, pour un budget total de
251,5 millions; la Politique d'intégration du bois dans la construction et
son plan de mise en oeuvre 2021‑2026, de 55 millions; le programme
d'innovation en construction en bois, de 24,5... 24 580 000 $
additionnels, alloués en juillet 2024. La cellule de diversification des
marchés pour les produits forestiers québécois, qui a été annoncée le
3 mars 2025, elle a pour mandat de dresser un état de la situation et
d'intensifier des options de diversification des marchés pour les divers
produits forestiers. La cellule déposera, à l'automne 2025, son plan
d'action industrie-gouvernement comprenant des actions porteuses.
Ce sont des investissements majeurs. Nous avons
continué de soutenir le secteur pour la mise en oeuvre des mesures
structurantes qui renforcent la place de l'industrie. On prévoit que toutes ces
initiatives assureront des emplois pour plus de 130 000 travailleurs
qui en dépendent et des retombées pour les communautés forestières.
Donc, évidemment, le chemin à atteindre est...
n'est pas facile. On continue jour après jour. Et c'est pour ça que j'écoutais,
tantôt, j'étais très à l'aise avec notre... les propos de notre ministre,
député de Montmorency, qui nous disait qu'il avait besoin de la collaboration
de tous les partis politiques pour faire avancer, là... Donc, vous aviez
raison, M. le ministre, de dire, dans la même... pratiquement dans la même
semaine, on appuyait... on voulait un régime forestier puis on votait contre le
régime forestier. Ce n'est pas facile. C'est des situations qui sont très, très
difficiles, et ça, évidemment, ça va requérir la participation de tous les
collègues.
Évidemment, nous, nous sommes le Québec des
régions. la CAQ, on est présents dans toutes les régions forestières du Québec.
On est là, on est là pour aider le Québec, on est prêts. Demain matin, le
ministre a eu le mandat du premier ministre de recommencer pour essayer de
satisfaire toutes les communautés qui sont intervenantes. Mais, quand même, je
vous l'ai dit tantôt, à partir de 2013, c'était évident, l'industrie avait
avisé que le régime forestier qui avait été mis en place par les libéraux, le
1er avril 2013, donnerait les résultats qu'on a aujourd'hui. C'est comme
ça, un coût de matières premières qui a augmenté, qui est plus élevé que leurs
coûts. C'est ça, la réalité, et ça, il faut y voir. Le régime forestier fait partie
de cette discussion-là.
Et c'est pourquoi, Mme la Présidente, je vais
déposer un amendement, que je vais... que j'espère que le Parti libéral,
pour se corriger de son erreur qu'il a faite en 2013, appuiera.
Donc, dans le premier alinéa :
1° remplacer les mots «qu'après sept ans au
gouvernement» par le mot «que»;
2° remplacer les mots «est toujours
incapable de concrétiser sa promesse de réformer le régime» par les mots «est
la seule formation politique à s'être engagée à reformer le régime forestier
mis en place, faut-il se le rappeler, par les libéraux, il y a une quinzaine
d'années».
Supprimer, dans le deuxième alinéa, les mots
«des tarifs américains», «plus que jamais» ainsi que «et afin que le Québec
demeure compétitif pour attirer les investissements ainsi que pour protéger
l'impact économique de ce secteur;».
Supprimer, dans le troisième alinéa, les mots
«et que plusieurs de ces travailleurs ne sont présentement pas en emploi suite
à la fermeture d'usines dans leurs régions;».
Et supprimer le quatrième alinéa.
La motion, telle qu'amendée par, évidemment,
notre proposition, se lirait comme suit :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que la
Coalition avenir Québec est la seule formation politique à s'être engagée à
réformer le régime forestier mis en place, faut-il se le rappeler, par les
libéraux, il y a une quinzaine d'années;
«Qu'elle rappelle que dans le contexte, une
réforme du régime forestier est nécessaire pour offrir une meilleure
prévisibilité de l'industrie;
«Qu'elle rappelle que l'industrie forestière
représente des dizaines de milliers d'emplois dans les différentes régions du
Québec.»
Et je vais demander au Parti libéral,
évidemment, d'appuyer cet amendement de façon à ce qu'il puisse corriger
l'erreur de son régime forestier de 2013. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, M. le député. Et votre amendement est présenté sous
réserve de la permission de l'auteur.
Donc, nous allons poursuivre le débat avec M. le
député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin : Merci, Mme la Présidente. J'écoute... J'ai entendu le
ministre et le député de Blainville et je trouve que notre débat s'éloigne
beaucoup du sort des travailleurs. Le député vient de nous dire qu'il voulait
biffer un paragraphe qui fait état du fait qu'il y a des travailleurs qui ne
sont pas en emploi en ce moment. Vous direz ça aux travailleurs qui sont chez
eux aujourd'hui.
Bien, je pense que ça nous ferait du bien,
collectivement, Mme la Présidente, de revenir sur le plancher des vaches. Alors,
moi, je vais inviter les parlementaires ici, là, je vais les inviter à
Fort-Coulonge. À une certaine époque, Fort-Coulonge, ça ressemblait beaucoup à
une chanson des Cowboys Fringants, ça ressemblait beaucoup à Par chez nous.
Je prends certaines de leurs paroles, là : «Une ville éloignée en haut de
la map, tu as deux choix, soit c'est l'exil ou tu rentres puncher, puis on les
embauche de père en fils». C'était pas mal ça, Mme la Présidente.
Pendant des années, là, Fort-Coulonge, c'était
la drave, hein? Là, je retourne loin en arrière, mais c'était la drave. Après
ça, c'est devenu des usines forestières avec les entrepreneurs sylvicoles, avec
les entrepreneurs forestiers, avec les PME équipementières. C'est devenu une
des villes mono-industrielles auxquelles faisait référence le ministre tantôt.
Puis, après ça, il y a une vingtaine d'années...
il y a une vingtaine d'années, Tembec a fermé, c'était 225 emplois d'un
coup. Produits forestiers Coulonge a fermé, c'était une soixantaine d'emplois.
La papetière... À l'époque où les papetières fermaient, la Smurfit-Stone a
fermé dans le village d'à côté, c'était un autre 230 emplois. Maibec a
fermé dans l'autre village d'à côté, une autre soixantaine, 70 emplois,
Mme la Présidente, tout d'un coup, pour une région, appelons ça,
mono-industrielle, où il y avait des commerces, où il y avait de l'agriculture,
mais c'était une région forestière.
Mme la Présidente, la population de la MRC, dans
les années subséquentes, va tomber de 10 %. Le village de Fort-Coulonge
est passé de 1 700 habitants à 1 300. Et, quand je fais le total
de ces emplois-là, là, qui ont fermé, c'est comme si je disais à la ville de
Gatineau aujourd'hui : Tu vas perdre 19 000 emplois d'un coup,
même chose. L'école secondaire, aujourd'hui, Mme la Présidente, il y a
318 élèves, il y a probablement de la place pour deux ou trois fois ça.
• (16 heures) •
Quand je pense à ce que les travailleurs ont
fait à cette époque-là, Mme la Présidente, ils ont attendu, ils ont espéré. Ils
ont espéré qu'il y aurait des gens pour rouvrir leurs usines. Il y a eu des
projets de relance. Il y a des gens qui sont arrivés avec des grands projets
qui ont fait rêver, puis, pendant ce temps-là, les travailleurs attendaient.
Bien, ils se trouvaient des petites jobs à gauche, à droite, travaillaient
pendant quelques semaines, quelques mois. Après ça, ils retombaient au chômage.
Ils se retrouvaient d'autres emplois temporaires en attendant l'espoir qu'une
ou l'autre de ces usines-là rouvre et qu'ils puissent retrouver un rythme de
vie, un mode de vie comme ils avaient connu auparavant.
Bien, ça, pensez-y, Mme la Présidente, là,
travaille, arrête, travaille, arrête, ça ne fait pas une situation financière
forte pour une famille, ça rend extrêmement difficile de payer le loyer ou l'hypothèque.
Quand on voit que les voisins autour, là, ils mettent leur maison à vendre,
puis que nous, on reste, on espère, on croit qu'il va peut-être y avoir un
sauveur, qu'il va peut-être y avoir quelque chose qui va se passer pour qu'on
retrouve ce qu'on a connu de père en fils ou de père en fille depuis des
générations, là, c'est difficile, Mme la Présidente. Puis là on est à peu près
20 ans plus tard, et la population de la MRC, elle commence à remonter. Ça
reprend tranquillement. L'économie se diversifie, s'est diversifiée, avec...
avec le temps, mais, encore aujourd'hui, encore aujourd'hui, si je vais à
Fort-Coulonge, les gens que vous allez croiser, Mme la Présidente, c'est des
gens qui vont vous dire : Moi, à l'époque, je travaillais dans cette région
forestière là, je travaillais dans cette usine forestière là. Et là,
aujourd'hui, malgré la diversification de l'économie locale, il y a des gens
qui font la route, hein, une heure et demie de route, deux heures de route pour
aller travailler en ville. Il y a... Je peux vous nommer, Mme la Présidente...
quand je pense à Fort-Coulonge, moi, je peux vous nommer une personne après une
autre, après une autre, qui, encore aujourd'hui, pour garder ce mode de vie là,
pour être capable de subvenir aux besoins de sa famille, va travailler dans les
mines, va travailler dans le nord de l'Ontario, va travailler en Abitibi dans
les mines, va travailler dans les sables bitumineux en Alberta, va travailler
au Nunavut dans les... dans les mines. Mais ils partent deux semaines, ils
reviennent deux semaines, ils partent deux semaines, ils reviennent deux
semaines. Nous autres, on trouve ça... Moi, je trouve ça difficile, être loin
de mes enfants, trois jours à la fois, pour venir ici. Eux autres, ils partent
deux semaines à la fois, Mme la Présidente. Puis, pendant ces deux semaines-là,
il n'y a pas d'appels FaceTime pour aider avec les devoirs, là. C'est un mode
de vie extrêmement difficile.
Il y a des gens qui sont restés dans la région,
qui ont essayé de lancer des commerces. Mais, quand l'économie de tout le
village va mal, lancer un commerce, ce n'est pas simple. Il y en a qui ont
réussi. Il y en a qui ont tout donné. Il y en a qui donnent encore tout
aujourd'hui pour que ça marche. Mais, cette communauté-là, Mme la Présidente,
elle s'est relevée avec le temps. Ça a pris du temps. Ça a été long. Il y en a
eu, des fins de mois difficiles, il y en a eu, des débuts de mois difficiles.
Il y en a encore. Mais, avec le temps, avec l'énergie, avec des leaders
communautaires, avec des gens du milieu économique, qui ont tout fait pour que
ça marche, tranquillement, pas vite, l'économie se diversifie, la rue
Principale reprend vie tranquillement, pas vite. Il y a un café... il y a un
café qui a bien d'allure, au centre-ville de Fort-Coulonge, il y a différentes
activités, il y a des... il y a de l'industrie touristique maintenant, mais ça
a été extrêmement long.
Mais, ce qui s'est produit chez nous, Mme la
Présidente, ce que certains qualifiaient... ce que le député de l'Abitibi-Est
qualifiait de catastrophique il y a quelques instants, là, c'est en train de se
produire ailleurs. C'est ça qui est en train de se produire à Maniwaki,
aujourd'hui, à Saint-Ludger-de-Milot. Allez voir la stabilité de l'économie en
Haute-Mauricie ces jours-ci. Allez voir comment ça se passe au Témiscamingue.
Je vois le député de Témiscamingue. Il le sait, il y a eu des hauts puis des
bas, pas à peu près, dernièrement, dans l'économie forestière de sa région. Je
pourrais parler de... Je pourrais parler de d'autres endroits, Mme la
Présidente, où ça a ouvert, ça a fermé, ça a ouvert, ça a fermé, dans les
derniers mois, les dernières années, là. Mais ce qui s'est produit chez nous il
y a longtemps est en train de se produire ailleurs.
Alors, j'entends le... j'entends le ministre,
là, qui nous dit : Vous ne pouvez pas être pour, un jour, un régime
forestier ou contre, un jour, puis pour, le lendemain. Bien, moi, je vais lui
dire ce qu'on a entendu, ce que moi, j'ai entendu, ce que je sais que le député
de Crémazie a entendu cet été... de Maurice-Richard,
pardon, a entendu cet été, au forum au Saguenay, là, où il n'y avait aucun
député de la CAQ, en passant, aucun. On a entendu de la part des
intervenants : On est tous pressés d'avoir un régime forestier, tout le
monde, tout le monde est pressé d'avoir un régime forestier, mais on n'est pas
pressés d'avoir n'importe quoi. Puis, ça, ça demeure vrai aujourd'hui, Mme la
Présidente. Puis, je pense, la CAQ s'en est rendu compte. Ils ont abandonné
leur propre régime forestier, là, peut-être qu'ils ont compris que, ce qu'ils
avaient proposé, c'était le fameux n'importe quoi. Mais ça demeure, Mme la
Présidente, que tout le monde est pressé d'avoir un régime forestier, parce que
tout le monde le sait, que... ce que l'absence de ce nouveau régime forestier
là, de ce renouvellement de régime forestier là fait aujourd'hui.
Je vous le dis, Mme la Présidente, il y a des
régions qui souffrent aujourd'hui. Il y a des régions qui ont des hauts puis
des bas. Il y a des enfants qui regardent leur père, leur mère, qui travaillent
dans cette industrie-là, travailler, tomber au chômage, travailler, tomber au
chômage. Est-ce que ça vous donne le goût, ça, Mme la Présidente... pour vos
enfants, de se lancer dans ce milieu-là, dans ce monde-là? Je ne pense pas.
Est-ce que ça donne le goût à un enfant de... ou à un adolescent ou à quelqu'un
qui est en choix de carrière, de dire : Aïe! Moi, je veux aller travailler
en foresterie, ça a l'air vraiment le fun d'avoir une job, ne plus en avoir,
avoir une job, ne plus en avoir. Il n'y a pas grand monde qui dit ça,
Mme la Présidente.
Là, j'entends le... moi, j'entends le premier
ministre du Québec, là, qui dit, à chaque fois qu'il y a une rencontre fédérale
avec le gouvernement américain, à chaque fois que M. Carney va voir
M. Trump, il dit : Il faut protéger la foresterie. Au début, ce
n'était pas tout à fait ça. Au début, il était prêt à sacrifier, mais
aujourd'hui il dit : Il faut protéger la foresterie. C'est important, bien
sûr, mais il a une job, lui aussi. Le premier ministre du Québec a une job en
lien avec la foresterie. Puis ça, c'est de protéger ses propres travailleurs,
Mme la Présidente, donner un cadre compétitif, assurer... assurons-nous qu'on
donne une chance à nos travailleurs de protéger leur job, de garder leur job,
qu'on donne une chance à nos entreprises d'être compétitives, qu'on donne une
chance. Quand une grande entreprise va avoir le choix à faire, parce qu'il y a
une diminution du volume demandé aux États-Unis, parce qu'il y a des droits de
douane de 45 % qui sont imposés sur le bois d'oeuvre, donnons une chance à
l'industrie de dire : Bien, je vais garder l'usine québécoise au lieu de
l'usine ontarienne en service, mais ce n'est pas ça qui se passe aujourd'hui,
là.
Le ministre nous dit qu'il est allé rencontrer
les industriels. Les industriels vont lui dire... ils lui ont probablement
dit : Aujourd'hui, si j'ai le choix, je risque fort de garder l'usine de
Thunder Bay avant l'usine de Maniwaki. C'est ça qui est en train de se
produire, parce qu'on n'a pas de cadre compétitif. Et, Mme la Présidente, moi,
je n'invente rien. Ils le savent de l'autre côté. Ils ont fait cette
promesse-là en 2018. En 2018, ils ont regardé la situation puis ils se sont
dit : Ça nous prend un régime forestier, un nouveau régime forestier.
Qu'est-ce qu'ils ont fait en 2019? Rien. En 2020? Rien. En 2021? Rien. En 2022?
Rien, Mme la Présidente. En fait, ils ont repris leur promesse, ils ont encore
dit : On va le faire. En 2023? Rien. En 2024? En 2024, ils nous ont
dit : Ah! bien, vous savez quoi, d'ici la fin du mandat, on va déposer un
régime forestier. Et là tout le monde a, Mme la Présidente, pour utiliser
l'expression, pété un «gasket».
Les gens des régions forestières, et là je cite
le maire de La Tuque, là : «Il n'y a pas une région au Québec qui
trouve acceptable l'inertie du gouvernement pour l'industrie forestière.» Et
donc, là, le gouvernement s'est dit : Oh! Aïe! OK, on va faire ça avant la
fin du mandat, on va déposer quelque chose, mais ils ont déposé quelque chose
de tout croche. Ils ont déposé quelque chose qui n'était pas attaché avec personne.
Ils ont déposé quelque chose qui, dès le début, ne faisait pas l'affaire des Premières
Nations, dès le début, ne faisait pas l'affaire des pourvoiries, dès le début,
ne faisait pas l'affaire des gens qui ont des baux de villégiature dans la
forêt publique, dès le début, ne faisait pas l'affaire du milieu
environnemental. Puis après un petit bout de temps, bien, savez-vous quoi? Ça
ne faisait pas l'affaire du milieu municipal, ça ne faisait pas l'affaire des
industriels non plus. Il n'y avait plus personne avec le gouvernement.
Alors, c'est-tu, Mme la Présidente, trop dire,
trop demander, quand il n'y a plus personne qui est d'accord avec une réforme,
de demander au gouvernement de la mettre de côté? Je ne pense pas. Je pense, ce
serait pas mal ridicule de continuer avec une réforme qui n'a aucun supporteur.
Mais ça, ça ne veut pas dire qu'il faut repartir à zéro complètement, Mme la
Présidente. Il y a une consultation qui a été faite. Il y a des gens dont on
connaît la position, on connaît la position des industriels, on connaît la
position des groupes environnementaux, on connaît la position des experts,
hein, l'expert de l'Université du Québec en Outaouais, qui a proposé la triade,
que le gouvernement de la CAQ a travestie, on connaît sa position. On n'est pas
obligé de repartir à zéro avec ces gens-là. Avec les Premières Nations, il faut
faire un vrai travail, ce qui n'a jamais été fait. Là, Mme la Présidente, il
faut le faire.
• (16 h 10) •
Mais là je suis obligé de dire au ministre que
ce qu'il nous dit maintenant... puis il faisait référence à la fameuse motion, là, qu'il va déposer une réforme d'ici la fin de son
mandat, hein, c'est ce qui lui a été demandé dans cette motion-là, c'est son engagement
aujourd'hui, et, Mme la Présidente, je trouve ça bien peu ambitieux de sa part,
de la part de son gouvernement. Et je comprends que c'est un champ de mines,
là, pour le gouvernement, qu'ils se sont brûlés une fois. Puis après que tu te
brûles une fois, là, après que tu mets ta main, Mme la Présidente, sur le four,
tu ne lui touches pas une deuxième fois d'habitude. Mais on n'a pas le choix.
Quand le premier ministre nous dit : C'est trop difficile, bien, c'est un
pari qui vaut la peine d'être pris, Mme la Présidente, parce qu'il y a des gens
aujourd'hui qui perdent leur emploi. Il y a des gens aujourd'hui qui sont au
chômage. Il y a des gens aujourd'hui, là, qui n'ont pas de raison de se lever
le matin à cause qu'ils ont perdu leur job, leur bonne job, la job qu'ils
aimaient dans leur village, où il n'y a pas 50 000 autres opportunités,
où la requalification, là, c'est loin d'être une option parce qu'il n'y en a
pas, d'autres possibilités, dans leur village forestier.
Alors, est-ce que, Mme la Présidente, c'est un
abandon de la part du gouvernement? Je vous dirais qu'à chaque jour qui passe
c'est un abandon de ces travailleurs-là, à chaque jour qui passe, ces gens-là
et les leaders de leur communauté, des maires et mairesses qui les représentent,
ils comprennent qu'ils n'ont pas ce dont ils ont besoin de la part du
gouvernement. Puis il y en a des trucs, il y en a des trucs, là, je pourrais
vous en faire une longue liste de ce que le gouvernement peut adopter. À chaque
fois qu'il y a une usine qui a fermé ou à chaque fois qu'il y a une usine dont
on a appris la fermeture éventuelle, il y a un groupe, il y a une cellule de
crise, il y a un groupe d'intervention qui s'est formé puis qui a dit :
Bien, nous, on en a, des solutions, pour au moins pallier jusqu'à tant qu'il
adopte un nouveau régime forestier, pour au moins aider les entrepreneurs à
garder leur entreprise en vie, pour au moins s'assurer que les entrepreneurs,
ils ne déménagent pas leur entreprise dans une autre région, les entrepreneurs
forestiers, Mme la Présidente. Mais, systématiquement, le gouvernement a refusé
ces propositions-là. Alors, c'est dur de dire que ce n'est pas un abandon,
aujourd'hui, de tous ces gens-là.
Puis quand, ce matin, Mme la Présidente... les
gens qui vont dire que je me suis emporté en disant que je ne pardonnerais
jamais au gouvernement la façon qu'il a géré la réforme du régime forestier,
bien, je ne le regrette pas une seconde, Mme la Présidente, parce qu'il y a des
gens, aujourd'hui, là, qui sont au chômage, à cause de l'approche du
gouvernement. Il y a des gens, aujourd'hui, qui ne travaillent pas. Il y a des
gens, aujourd'hui, qui ne sont pas capables de payer leurs hypothèques. Il y a
des gens, aujourd'hui, qui sont obligés de dire à leurs enfants qu'il n'y en
aura pas, de cours de danse, parce qu'il n'y a pas d'argent. Il y a des gens,
aujourd'hui, qui envoient leurs enfants à l'école avec des moitiés de lunch
parce qu'ils les ont coupés en deux, parce qu'ils ont deux enfants puis
ils n'ont pas assez de... ils n'ont pas assez de nourriture dans le frigidaire
pour faire deux lunchs. C'est ça qui se passe. C'est ça, la réalité, Mme
la Présidente. Il y a du vrai monde derrière ça.
Alors, Mme la Présidente, si vous croyez à
l'occupation du territoire, si vous croyez au mode de vie rural, si vous croyez
qu'il doit y avoir une égalité des chances pour des jeunes en région éloignée,
des jeunes en région forestière, bien, vous n'avez pas le choix, vous n'avez
pas le choix de voter en faveur de la motion qui est devant vous. Je comprends
que c'est difficile. Je comprends que c'est difficile, là, ravaler son orgueil
puis dire : C'est vrai qu'on l'a échappée, celle-là, mais le gouvernement
l'a échappée aux dépens des travailleurs, et ça, Mme la Présidente, c'est impardonnable.
Je vous remercie.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, M. le député. Maintenant, nous allons poursuivre nos
interventions avec Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Marie-Louise Tardif
Mme Tardif : Merci, Mme la
Présidente. Je prends la parole aujourd'hui dans cette enceinte en lien avec la
motion présentée par le député de Pontiac concernant le retrait du projet de
loi n° 97, la Loi visant — on le sait — principalement à
moderniser le régime forestier. Certains énoncés de votre motion sont
partiellement bons, mais, surtout, d'autres sont totalement inexacts. Oui, dans
le contexte actuel, une réforme du régime forestier est nécessaire pour offrir
une meilleure prévisibilité à l'industrie et afin que le Québec demeure
compétitif pour attirer les investissements ainsi que pour protéger l'impact
économique de ce secteur. Par contre, on va remettre les pendules à l'heure, on
va donner les vraies informations aux citoyens.
Le régime forestier qui est en vigueur
actuellement a été adopté par les libéraux en 2010, et a été inclus dans
la loi sur l'aménagement du territoire... de l'aménagement durable du
territoire forestier, est entré en vigueur le 1er avril 2013. Très
rapidement, le régime forestier s'est avéré à ne pas être la solution idéale,
car, entre autres, les pratiques forestières ne considèrent pas les réalités
des intervenants ni des gens qui vivent en forêt ni même les travaux sylvicoles
réalisés. Ce régime forestier a un cadre législatif rigide, coûteux,
bureaucratique et déconnecté des réalités terrain. Ce régime, censé
révolutionner la gestion de nos forêts, s'est avéré être une véritable camisole
de force pour nos entrepreneurs forestiers. Les libéraux ont imposé un système
de gestion qui a ralenti la prise de décision à cause d'un manque de
prévisibilité, freiné les investissements et l'innovation et retiré toute
agilité à nos entreprises forestières, en engendrant aussi des irritants
majeurs aux gestionnaires d'exploitations contrôlées, aux gestionnaires de
zecs, et aux pourvoyeurs, avec, entre autres, la multiplication de
constructions de chemins et de voies d'entrée sur les territoires qu'ils
gèrent.
Pendant ce temps, le marché mondial évoluait, la
concurrence internationale s'intensifiait, et les attentes en matière de
durabilité augmentaient. Résultat : un régime figé dans le passé,
incapable de s'adapter et qui a fragilisé un secteur pourtant vital pour nos
régions. Ce n'est pas un hasard si, depuis une décennie, les acteurs du milieu
demandent un changement en profondeur de ce régime forestier 2013. Et,
pendant toutes ces années, les libéraux n'ont pas eu le courage
ni l'écoute de revoir ce régime forestier boiteux.
Eh bien, nous, notre gouvernement, on a eu le
courage de tenir des consultations publiques sur l'avenir de la forêt, du
13 février au 12 avril 2024, auxquelles plus de 500 personnes de
divers horizons ont participé, incluant les autochtones. Les conclusions de ces
consultations sont claires, tous les participants étaient d'accord : il
faut revoir le modèle existant, il faut moderniser ce régime forestier pour
répondre aux défis auxquels les différents usagers et usagères de la forêt sont
confrontés et pour que la forêt continue d'être un moteur économique de premier
plan pour nos régions, pour accentuer sa contribution à la décarbonation de
notre économie et, enfin, pour la rendre plus résiliente face aux changements
climatiques. Et c'est ce que nous avons fait avec le projet de loi n° 97.
Oui, nous avions inclus ces considérants dans le projet de loi n° 97. Par
contre, devant les nombreuses incompréhensions soulevées par les intervenants
du domaine forestier, nous avons fait le choix responsable et respectueux de
mettre fin à l'étude du projet de loi n° 97. Par contre, on demeure convaincus
que le statu quo n'est pas une option. Et, avec l'arrivée du nouveau ministre,
on souhaite poursuivre le travail de révision du régime forestier mais sur de
nouvelles prémisses.
Aussi, en gouvernement responsable, nous devons
tenir compte de l'évolution, vous en conviendrez, du contexte géopolitique
nord-américain, qui a... qui a changé et auquel est confrontée l'industrie
forestière. C'est certain qu'avec l'arrivée de Donald Trump à la présidence des
États-Unis, ceci a radicalement modifié l'environnement d'affaires de
l'industrie forestière.
• (16 h 20) •
J'ouvre une parenthèse, car il faut rappeler que
plus de 900 municipalités au Québec, soit près de 1 million de
citoyens et citoyennes, dépendent de l'industrie forestière pour se nourrir et
pour nourrir les membres de leurs familles. La forêt, ce n'est pas seulement
une ressource économique, c'est aussi le milieu de vie des communautés
autochtones et un lieu de ressourcement pour des centaines de milliers de
villégiateurs, de chasseurs et de pêcheurs. Donc, du point de vue économique,
des arrêts d'opération forestière ou une fermeture d'usine, qu'elle soit
temporaire ou permanente, ont des conséquences sur les travailleurs, leurs
familles et leurs communautés. Oui, la Loi sur l'aménagement durable du
territoire forestier, adoptée en 2010 et mise en oeuvre en 2013, a connu
certaines modifications administratives au fil du temps, mais le bilan de la
période, l'analyse qui a été faite entre 2018 et 2013 et le dépôt, à
l'automne 2024, d'un rapport a clairement démontré qu'il fallait faire des
modifications et des... des modifications, des changements majeurs.
Contrairement à ce que prétend l'opposition,
nous ne reculons pas, nous avançons autrement. Nous faisons le choix d'écouter,
de bâtir et de rassembler. Le premier ministre l'a annoncé clairement, le
projet de loi n° 97 ne sera pas reconduit. Pourquoi? Parce que nous
voulons proposer des alternatives législatives et administratives adaptées au
contexte tarifaire qui frappe de plein fouet notre industrie forestière, et qui
peuvent être mises en place à court terme. Dans le contexte difficile que nous
connaissons, avec la pression des marchés et les tarifs américains, le ministre
annoncera des mesures ciblées pour accompagner l'industrie forestière et
limiter les fermetures d'usines. Ces mesures viseront à protéger les emplois, à
soutenir les entreprises et à stabiliser l'activité économique dans les
communautés forestières. Nous y travaillons activement depuis des semaines, et
je tiens à le souligner, notre démarche est bien accueillie. Le gouvernement
agit pour reconstruire la confiance avec le milieu forestier, une confiance
essentielle pour l'avenir du secteur.
Alors, je le dis sans détour, le vrai courage
politique, c'est d'avoir l'humilité de dire qu'on peut faire mieux, c'est de
choisir la rigueur plutôt que la précipitation, c'est de faire le choix du
dialogue plutôt que d'imposer. Et c'est exactement ce que nous faisons. Nous
souhaitons tous un régime forestier moderne et souple qui respecte les
principes de développement durable, tout en donnant aux régions les moyens de
se développer et d'innover. Nous souhaitons que la forêt québécoise joue un
rôle moteur économique en étant un levier de prospérité régionale et de fierté
nationale. Nous savons que, chaque usine, chaque chantier, chaque pourvoirie,
chaque communauté autochtone, il y a des travailleurs, des familles et des
collectivités qui dépendent des forêts. C'est pourquoi nous allons maintenir
l'accompagnement économique, soutenir la formation de la main-d'oeuvre,
encourager l'utilisation du bois dans la construction, soutenir l'innovation
dans la transformation du bois et favoriser la mise en valeur durable des
forêts publiques et privées.
Notre approche est... globale, pardon, elle vise
à conjuguer développement économique régional, protection de l'environnement et
occupation du territoire. Mme la Présidente, contrairement à ce que dit le
député de Pontiac, le gouvernement n'abandonne personne. Nous n'abandonnons ni
les régions, ni les travailleurs, ni la forêt. Au contraire, nous plaçons la
forêt au coeur du développement régional et national du Québec. Notre objectif
est simple : assurer la prospérité de nos communautés forestières tout en
préservant la pérennité de nos ressources. Nous faisons le choix de l'écoute,
du dialogue et du compromis, et cela, Mme la Présidente, c'est le vrai courage
politique. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, Mme la députée. Maintenant, nous allons poursuivre le débat
avec M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Combien de fois on
a entendu le premier ministre nous parler de prévisibilité? Toute l'année,
surtout depuis l'élection de Donald Trump aux États-Unis, il nous a répété ça,
ça a été son mantra : Les entreprises ont besoin de prévisibilité,
notamment face aux droits de douane imposés par les États-Unis, qui
s'accumulent dans plusieurs secteurs, notamment dans le secteur forestier, dans
le secteur du bois. Pendant des années, le gouvernement de la CAQ a mis de
l'avant sa réforme du régime forestier : Ça va venir, soyez patients, ça
va venir, ne vous découragez pas, ça s'en vient. Le gouvernement de la CAQ a
tenu des consultations. Ça a même été le principal projet de l'ex-ministre des Ressources naturelles et de la Forêt depuis le
début de l'actuel mandat du gouvernement de la CAQ en 2022.
L'industrie, les travailleurs, les Premières
Nations, les groupes environnementaux, tout le monde attendait cette réforme.
Tout le monde voulait de la prévisibilité et c'est bien normal. Le gouvernement
de la CAQ a, malheureusement, complètement échoué, aussi bien à proposer une
réforme du cadre pour le régime forestier, une réforme qui tiendrait la route,
mais il a échoué aussi à donner cette fameuse prévisibilité, autant à nos
entrepreneurs qu'aux travailleurs de la forêt, qu'aux régions du Québec.
Les régions, les travailleurs sont confrontés,
eux, à la mise à l'arrêt des différentes entreprises et à l'incertitude, et ils
ne savent même pas si, oui ou non, il va y en avoir une, réforme du régime
forestier, si, oui ou non, enfin, on va être capables de réunir les conditions
pour s'assurer que l'exploitation de nos forêts soit concurrentielle, dans un
cadre de développement durable, respectueuse, inclusive des acteurs locaux. On
attend toujours ça.
Le gouvernement a terminé, au bout du compte,
avec aucun appui pour sa réforme, réforme, d'ailleurs, qui a été influencée par
le bureau du premier ministre. On l'a su, là, on l'a su, notamment, de la part
de l'ex-ministre qui nous l'a révélé. Le bureau du premier ministre était très
impliqué et à la fin, malgré cette implication ou, qui sait, à cause de cette
implication, ni l'industrie, ni les travailleurs, ni les régions, ni les
Premières Nations ne voulaient de la réforme qui a été proposée par le
gouvernement. Même l'inspirateur du régime proposé s'est indiqué... s'est
indigné de ce qu'on avait fait de sa réforme ou de sa proposition de réforme.
Donc, c'est malheureusement, pour le Québec,
pour les Québécoises, pour les Québécois, un échec politique et un échec
économique, tout autant que c'est un échec de communication et de clarté. Parce
qu'après avoir limogé l'ex-ministre des Ressources naturelles et des Forêts le
premier ministre a dit qu'il allait recommencer la réforme. Il a dit : On
va la reprendre à zéro, on va recommencer. Mais, ah! on a appris par la suite
que ce n'était nulle part dans les lettres de mandat des nouveaux... du nouveau
ministre et des autres ministres.
Mieux ou, plutôt, pire, l'ex-ministre a révélé
que le premier ministre lui avait confié que ça ne se fera pas, la réforme, pas
avant les prochaines élections. C'est trop compliqué puis on n'a plus le temps.
Encore un cas où le gouvernement fait de belles communications, dit : Ah!
le ministre va recommencer à zéro, mais fait le contraire. Il n'y en aura pas,
de réforme. On ne sera pas capables de la faire, c'est trop compliqué. Donc, on
ne sait pas, aujourd'hui, ici, à l'Assemblée nationale, ce qui va arriver de
cette réforme. Imaginez à quel point nos entrepreneurs, nos travailleurs sont
encore plus dans le noir aujourd'hui.
• (16 h 30) •
Le gouvernement a frappé un noeud, mais, au lieu
de reprendre l'ouvrage, le gouvernement a l'air de dire : On va laisser ça
en plan. Pourtant, les consultations ont été réalisées, les mémoires ont été
soumis, les groupes se sont exprimés. Il y a beaucoup de matière pour procéder
à la réforme. Les conditions... on pourrait même dire que les conditions sont
réunies. Un gouvernement responsable, un nouveau ministre qui est vraiment
soucieux de l'aspect concurrentiel de notre industrie dans le secteur des
forêts peut se remettre et devrait se remettre immédiatement au travail. Pour
ça, ça prend du courage.
Bon, en rappel, les régions demandent d'avoir
plus de place dans le processus de décision, les Premières Nations demandent
aussi d'être incluses, qu'on les inclue dans le processus, les plus petits
joueurs de l'industrie veulent avoir la chance de réussir, au même titre que
les plus gros joueurs, et tout le monde veut de la prévisibilité. Ces
éléments-là sont... Ces éléments-là sont bien connus. Et c'est à partir de ça
qu'il faut travailler.
Or, le gouvernement de la CAQ, lui, il a décidé
de laisser tomber la réforme au moment même où des dizaines de milliers de
travailleurs dépendent de ce secteur du bois. Selon les statistiques de
l'industrie, c'est plus de 130 000 travailleurs à temps plein qui
évoluent dans ce secteur-là, c'est plus de 18 milliards en contributions à
notre PIB. Et ça, un gouvernement qui se dit un gouvernement de l'économie
devrait être en mesure de le considérer. C'est aussi un secteur d'activité
économique qui est essentiel pour beaucoup de nos régions, pour nos MRC.
Donc, la question au ministre des Ressources
naturelles et des Forêts, c'est : Est-ce que le gouvernement va encore
changer d'idée? Est-ce qu'il peut dire clairement si, oui ou non, il est
présentement en train de travailler à élaborer une nouvelle réforme du régime
forestier? Quel est l'état des... de la situation? Est-ce que c'est les
communications du premier ministre, officiellement, qui nous dit : J'ai
demandé le mandat de repartir à zéro ou c'est ce qu'il a confié à l'ex-ministre
en disant : On ne la fera pas, la réforme, c'est trop compliqué, puis on
n'a pas de temps? Publiquement, officiellement, il s'est engagé à le faire et
il doit le faire. Il doit se mettre à l'ouvrage.
Le 9 octobre dernier, j'ai justement déposé
une motion qui exige du gouvernement qu'il propose une nouvelle réforme du
régime forestier avant les prochaines élections. Le gouvernement de la CAQ,
tous les députés ici présents ont voté pour cette motion-là. On l'a demandée,
nous, au Parti québécois, parce que l'abandon de la réforme du régime forestier
plonge les entreprises et les travailleurs dans l'incertitude tant décriée par
le premier ministre du Québec lui-même.
Et, justement, les va-et-vient auxquels nous ont
habitués ce gouvernement... nous a habitués ce gouvernement dans tellement de
dossiers, ça nuit à la prévisibilité. Cette idée de vouloir faire des
communications dans un... dans des objectifs électoraux plutôt que de
considérer l'intérêt du Québec, c'est ça qui nuit à la prévisibilité. C'est ça
qui nuit à l'aspect concurrentiel de notre industrie et au développement d'un
nouveau régime dans une optique de développement durable. Les Québécois
demandent au gouvernement d'être franc sur son bilan et sur ses intentions. Ça
vaut pour le régime forestier comme pour le reste.
Un gouvernement du Parti québécois, lui, va
avoir le courage dont je parlais tout à l'heure. On a énoncé des éléments
fondamentaux de la réforme qui devrait être réalisée : impliquer les
régions, travailler avec les Premières Nations, assurer que ce soit
concurrentiel tant pour les grands joueurs que pour les PME. Donc, on doit
reprendre l'ouvrage pour nos travailleurs, pour nos
entreprises qui sont confrontées à l'incertitude dans le secteur du bois
d'oeuvre, dans les pâtes et papiers, sur les produits du bois, comme les
armoires de cuisine, destinés à l'exportation.
Il y a moins de deux semaines, les États-Unis
ont imposé encore des droits de douane sur le bois d'oeuvre. C'est 10 %
qui s'ajoutent aux droits de douane supplémentaires, qui portent un total à
45 %.
L'industrie en Mauricie, à Shawinigan, La Tuque,
Saguenay, tout le monde attend la réforme. Si le gouvernement de la CAQ n'y procède
pas, nous allons la faire, nous, au Parti québécois.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Donc, je suis prête à entendre un autre intervenant. M. le
député...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bien, ce serait au tour du député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, puisqu'une fois
qu'on a fait le tour au complet on va en alternance.
Alors, M. le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
je vous informe qu'il vous reste à votre formation politique 10 min 48 s.
M. Daniel Bernard
M. Bernard : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, chers collègues. Je suis vraiment content de prendre la
parole ici cet après-midi sur ce dossier qui est vraiment majeur, celui du
régime forestier.
J'ai fait la tournée du Québec dans le cadre des
tables de la réflexion du régime forestier. Et les collègues en ont parlé en
grande partie, mais je tiens à le souligner, il n'y a pas une industrie, Mme la
Présidente, qui est aussi omniprésente sur le territoire forestier que l'industrie
forestière. Parce qu'on a l'industrie minière, oui, qui couvre certains
secteurs, l'agriculture, certains secteurs, mais l'industrie forestière est
omniprésente à la grandeur du territoire, jusqu'à la limite nordique de la
forêt boréale.
Notre industrie est différente d'une région à
l'autre. Au sud de la province, c'est majoritairement des territoires
forestiers privés et qui alimentent toutes nos usines dans le sud de la
province, tandis que, quand on arrive du côté nord du Saint-Laurent, en grande
majorité, on tombe dans la forêt publique. Alors, chaque secteur du Québec a
des mesures complètement différentes.
Je tiens à souligner les interventions de mes
collègues de Blainville et de Laviolette—Saint-Maurice parce qu'ils ont
amené des points très importants que je vais reprendre en partie ici, Mme la
Présidente, mais, avant toute chose, j'ai vraiment trouvé que la motion qui a
été présentée par le collègue, du député de Pontiac, c'est un peu ironique
puis... parce que, je vais vous l'expliquer, mes collègues ont abordé certains
sujets, puis moi aussi, je vais me permettre de refaire un historique, parce
que ça va mettre en lumière les propos du député de Pontiac, qui sont venus me
chercher, parce qu'il a mentionné... Il a rapporté des faits qui ont été la
même chose dans ma région, effectivement, mais je vais le rattacher, Mme la
Présidente, à l'histoire.
Oui, L'erreur boréale, en 1999, est
arrivée puis... avec le film de Richard Desjardins et de M. Monderie. Le
Parti libéral est arrivé à ce moment-là. Il a mis en place la commission
Coulombe en 2003. Le rapport de la commission Coulombe est arrivé en 2004,
comme mes collègues l'ont souligné. La première mesure qui a été mise en place,
Mme la Présidente, c'est une baisse drastique, paramétrique de la possibilité
forestière à la grandeur du Québec, 20 % qui est parti, et on tombe, dans
les années qui... En même temps, l'industrie forestière avait des changements
majeurs. Nos papetières ont écopé avec une baisse de consommation du papier
journal. L'Internet arrivait, et ça a baissé à ce moment-là. Le 20 % a
fait drastiquement mal.
Et là je rejoins... Les mesures qui ont été
mises en place puis qu'est-ce que le député de Pontiac a annoncé relèvent de
cette coupure majeure là. On l'a eu chez nous. Il y a des usines qui ont fermé,
des usines de sciage. Je montais dans le secteur de Chibougamau, chez mon
collègue d'Ungava, quand je passais au nord, par Despinassy, Champneuf, puis La
Morandière, puis Rochebaucourt; les usines ont fermé. Même chose au Témiscamingue,
j'ai des usines qui ont fermé, Commonwealth Plywood,
et autres, parce qu'effectivement ça a fait mal énormément. Il fallait le
faire, c'est un fait, mais il faut rappeler que la surexploitation de la forêt,
Mme la Présidente, remonte aux années que les gouvernements du Parti québécois
et du Parti libéral ont été là pendant longtemps, et il y avait le... pour
s'occuper puis encadrer l'industrie. Oui, les libéraux l'ont fait. Ils sont
arrivés avec les dommages qu'on sait, mais, malheureusement, globalement...
Puis j'étais là, je le sais, de quoi je parle,
j'étais avec les collègues... j'étais là lorsqu'il y a eu la mise en place du
régime forestier qui est maintenant décrié. Le régime a été adopté, la loi, en
2010, OK, par la... mais c'était la ministre Normandeau à l'époque. Et là je
rejoins... Puis c'est important qu'est-ce que je vous dis, Mme la Présidente,
parce qu'entre le moment qu'un régime forestier est adopté et sa mise en oeuvre
il se passe des années, comme le collègue d'Abitibi-Est l'a fait... OK, donc,
adopté au mois d'avril 2010, rentré en vigueur au 1er avril 2013, mais ce
n'était pas tout, parce que, le 1er avril 2018, le Règlement sur
l'aménagement durable des forêts du domaine de l'État, le fameux RADF, comme on
parle dans l'industrie, a été mis... adopté le 1er avril 2018, et ce
règlement-là, Mme la Présidente, il est majeur parce que le RADF encadre toutes
les activités d'aménagement forestier de l'industrie forestière, mais, en plus,
tout ce qui est villégiature, les pourvoiries et les établissements
d'enseignement et de recherche. En même temps, il s'occupe de tout ce qui est
rattaché aux pêches, pour la protection des cours d'eau.
• (16 h 40) •
Alors, le député de
Pontiac était là. Puis là, quand je les entends critiquer que le gouvernement a
pris du temps à agir, ces gens-là, après ça, quand ils ont perdu le pouvoir en
2019, demandent déjà de revoir le régime forestier, qui... Ça faisait
simplement cinq ans qu'il était vigueur, le régime qu'ils avaient mis en place,
Mme la Présidente, et c'est là, quand je vous parle d'ironie, que ça vient me
chercher. Ça vient me chercher parce que, là, ils critiquent le gouvernement
qui est arrivé et qui s'est engagé... Ça a peut-être été plus long, mais ils
demandent que le gouvernement révise qu'est-ce qu'eux avaient mis en place et
qui avait eu simplement cinq ans d'utilisation. Alors, quand j'entends les collègues
parler de prévisibilité, on parle de quoi? On parle de quoi quand tu mets en
place un régime que, cinq ans après, tu demandes à un autre gouvernement de le
remplacer? C'est ça, de la prévisibilité? Le cinq ans... est-ce qu'ils avaient
fait un régime pour cinq ans ou est-ce qu'ils avaient fait un régime pour 15,
20 et 30 ans? Alors, c'est là que nous en sommes aujourd'hui, Mme la Présidente.
Puis le régime qui a été mis en place... Mes
collègues ont parlé du BMMB. Après ça, je pourrais vous parler des mesures de
mur-à-mur pour la récolte des forêts... qui a été mis en place, qui ne tenait
pas compte des spécificités de chacune des forêts des régions. Puis je pourrais
vous parler, après ça, des mesures d'harmonisation. Quand on parle de
prévisibilité, les mesures d'harmonisation, Mme la Présidente, c'est très
important parce que c'est ça qui vient harmoniser les besoins, les usages de toutes
les personnes qui sont présentes en forêt, à partir des Premières Nations et,
après ça, toutes les parties prenantes que mes collègues ont relevées
proprement dit, qu'on parle des zecs, des Premières Nations, l'industrie
forestière, la villégiature, qu'on parle du tourisme, du plein air. C'est tous
ces usages-là qu'il faut concilier.
Et il n'y a pas... Mme la Présidente, il n'y a
pas un secteur d'activité économique, au Québec, qui regroupe autant de parties
prenantes avec autant d'enjeux complètement différents, opposés, et parfois qui
pourraient être même irréconciliables. Et c'est l'enjeu du projet de loi que le
gouvernement avait déposé, par la ministre précédente, d'essayer de concilier
tous les usages qui ont été mis en paroles et que j'ai pu entendre de la part
de toutes les parties prenantes, quand j'ai fait la tournée des 12 régions
du Québec, Mme la Présidente. Il y avait des consensus, Mme la Présidente, j'ai
fait la tournée du Québec, tous les irritants du projet de loi actuel, qui a
été mis en place par les libéraux, ont été soulevés, ils ont été soulignés. Et
on en a pris vraiment acte, et c'était l'objectif du projet de loi qui a été
déposé, de répondre, autant que possible, à réconcilier les besoins, les usages
de toutes les parties prenantes qui sont en forêt, et en premier, et en
premier, puis ça, j'en suis conscient, qu'on a entendu souvent, c'est les
Premières Nations. S'il y a un groupe qui est important... Puis il y en a chez
moi, j'ai quatre communautés sur mon... dans la circonscription, les Premières
Nations jouent un rôle majeur. Est-ce que le projet de loi était parfait? Non,
c'est certain, mais il y avait moyen de travailler puis à l'améliorer. Et c'est
là que nous en sommes maintenant, Mme la Présidente.
Quand on revient au projet de loi qui avait été
déposé, je vous l'ai dit, les enjeux. Quand on prend, par exemple, un des
premiers enjeux qui avaient été soulignés puis qu'on entend régulièrement dans
les régions, ce sont les chemins multiusages. Les chemins multiusages se sont
développés, se sont multipliés, puis pratiquement un peu hors contrôle, à cause
du régime forestier qui avait été mis en place par les libéraux. Parce que le
mur-à-mur, les méthodes de récolte qui ont été préconisées, et autres, fait que
les chemins multiusages se sont multipliés, et l'effet pervers de ça, que tout
le monde souligne maintenant, c'est qu'on veut les refermer parce qu'entre
autres ça aurait un effet vraiment négatif sur notre fameux caribou forestier.
C'est un des enjeux majeurs.
Alors, on voit que les mesures qui ont été mises
en place dans l'ancien régime, il fallait les corriger. Un rôle plus accru de
la gouvernance régionale, avec des acteurs, la prise en mesure... en ligne de
compte des besoins de chacune des régions, et c'est là, entre autres, qu'est
arrivée la notion du forestier régional, qui avait été mis en place pour faire
ce travail-là, en partie, d'harmonisation avec les parties prenantes. Donc, il
y avait beaucoup à faire.
Et moi, je suis conscient qu'on va aller de
l'avant. Maintenant, il faut mettre des mesures en place rapidement pour
supporter notre industrie, comme nos collègues du côté gouvernemental et les
autres oppositions ont mentionné. Parce que, même si on met en place un nouveau
régime, le temps qu'il rentre en vigueur, c'est trop loin, alors il faut
travailler pour des mesures concrètes.
Mme la Présidente, je vais terminer sur
ceci : le courage. Notre gouvernement a eu le courage de faire des gestes,
d'amener un régime, de le mettre sur pause. Ce que j'ai hâte de voir : est-ce
que le parti libéral va avoir le courage, Mme la Présidente, OK, de revenir sur
son programme...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Merci, M. le député. Maintenant, nous allons
poursuivre les interventions avec le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. On en a entendu plusieurs, là, je dois dire que c'est probablement
dans les meilleures phrases intéressantes que j'ai entendues de la part du
gouvernement. Juste pour être clair sur une chose, Mme la Présidente,
l'économie est quelque chose de dynamique. L'industrie forestière fait partie
de l'économie. C'est une industrie qui est dynamique. Je trouve ça inacceptable
d'entendre, de la part du gouvernement, que le fait qu'on a, depuis 2018,
entendu, de tous bords tous côtés, des demandes pour réviser le régime
forestier et puis que, là, bien, la raison principale pour laquelle le régime
forestier actuel ne fonctionne pas, c'est parce qu'il y a eu quelque chose qui
s'est passé comme en 2010, puis que, là, c'est encore la faute des libéraux, si
ça ne fonctionne pas, pendant que ça fait déjà sept ans, dans une économie qui
est supposée être dynamique, un gouvernement qui se voulait être, qui ne l'est
clairement pas, un gouvernement de l'économie, qui se voulait un gouvernement
aussi dynamique, on doit être capable de démontrer — j'ai entendu le mot
«courage» mentionné à plusieurs reprises — le courage de nos convictions.
Comment se fait-il qu'on n'ait pas été capable
d'écouter les parties prenantes dans l'industrie? Comment se fait-il qu'on ait
pris plus de sept ans avant de réaliser le mur dans lequel ce gouvernement-là
fonçait? Parce que le gouvernement est incapable de lire la pièce économique.
Le gouvernement est incapable de comprendre toutes les variables qui rentrent
dans l'industrie forestière puis de faire en sorte qu'on puisse avoir un régime
forestier qui va être dynamique.
Puis juste pour qu'on soit clair, les collègues,
là, vous devez comprendre que ça va être de plus en plus fréquent de réviser ce
genre de système, parce que l'économie mondiale va de plus en plus vite. Vous
savez, de ne pas être capable d'avoir livré une autre promesse brisée de la
CAQ, là, un régime forestier, il n'y a rien de surprenant là-dedans, on est
rendus habitués avec la CAQ. Mais, juste pour qu'on comprenne une chose, là, un
nouveau régime forestier veut dire, pour l'industrie, une certitude.
Avec la certitude vient le désir d'investir dans
l'innovation. Avec l'innovation vient la productivité. Avec la productivité
vient des meilleurs salaires pour toutes les régions que mon collègue a bel et
bien illustrées tout à l'heure. Avec des meilleurs salaires, des meilleurs
revenus aussi pour les compagnies, en bout de piste, qu'est-ce qui arrive? Des
meilleures recettes pour le gouvernement. Des meilleures recettes pour faire
quoi? Pour payer les services qu'on a tant besoin.
Donc, tout ça s'attache, Mme la Présidente,
c'est une boucle, c'est simple. Le régime actuel et l'inaction gouvernementale
égalent l'incertitude pour l'industrie dans son ensemble. L'incertitude pour
l'industrie veut dire pas de progrès. On devient de plus en plus fragilisés,
susceptibles, Mme la Présidente, de se faire arracher des parts de marché à l'international
par, évidemment, des drôles de joueurs qui sont au sud de la frontière. Mais
c'est de la responsabilité du Québec en tant que tel d'être plus apte à réagir
rapidement. Puis je ne sais pas combien de temps qu'il me reste encore, Mme la
Présidente, mais... Quelques minutes?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
...
M. Beauchemin : D'accord. La
réaction du gouvernement face à son inaptitude par rapport à être flexible...
• (16 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député, pour votre intervention.
Maintenant, je vais céder la parole à M. le
député de Pontiac pour sa réplique. Et, M. le député, je vous rappelle,
peut-être, de nous dire si vous donnez votre accord aux amendements ou non en
début de votre intervention. Merci.
M. André Fortin (réplique)
M. Fortin :
Oui, merci, Mme la Présidente. En fait, je vais commencer par ça, si vous le
permettez. Pour ce qui est de l'amendement présenté par le collègue de Maurice-Richard, effectivement, nous allons... nous allons
accepter son amendement, puisqu'il parle de construire «en collaboration dans
le respect des valeurs et des intérêts des Premières Nations». C'est exactement
ce qui est indiqué dans le fameux document Pour vivre de la forêt.
Alors, Mme la Présidente, nous allons accepter cette proposition d'amendement,
tout en disant à Québec solidaire, cependant, qu'ils ne sont certainement pas
les seuls à avoir des réflexions par rapport à l'impact et la nécessité de
penser aux Premières Nations. C'est, pour nous, quelque chose qui va de soi. De
toute évidence, le gouvernement a choisi de ne pas le faire lors de la première
élaboration de son projet, mais c'est un incontournable absolu.
Et, pour ce qui est de la proposition d'amendement
de la Coalition avenir Québec, Mme la Présidente, nous allons refuser la
proposition d'amendement de la CAQ parce que c'est une insulte aux gens qui
travaillent de la forêt, aux gens qui, aujourd'hui, là, n'ont pas d'emploi
parce que l'usine de leur région, elle est fermée.
Mme la Présidente, écoutez bien ce qu'ils
veulent faire, ils veulent biffer le fait qu'il y a un contexte miné par les
tarifs américains. Ça, là, c'est l'enjeu numéro un autour de tout ce qui se
passe en foresterie. Oui, le régime forestier, ça, c'est ce qu'on peut faire,
nous, ici, là, à l'Assemblée nationale, mais vouloir dire que, dans le contexte
des tarifs américains, la réforme du régime forestier est plus que jamais
nécessaire, bien, voyons! Mme la Présidente, c'est... c'est le contexte dans
lequel nos industriels travaillent. Il y a 45 % de droits de douane sur le
bois d'oeuvre canadien en ce moment, 45 %. Ils veulent biffer ça.
Pire, Mme la Présidente, la Coalition avenir
Québec, par son amendement, vient refuser d'indiquer, ils ne veulent même pas
le reconnaître, là, que plusieurs des travailleurs de l'industrie forestière ne
sont présentement pas en emploi suite à la fermeture d'usines dans leurs
régions.
Mme la Présidente, il y a des travailleurs, à
Maniwaki, là, aujourd'hui, qui sont assis dans leur salon en ce moment. Il y a
des travailleurs d'une usine à Maniwaki qui font des appels sans arrêt, à
gauche, à droite, pour se trouver une petite job pour boucler la fin du mois.
Il y a des travailleurs d'usines forestières à Maniwaki... Ça, c'est ma région,
Mme la Présidente, je la connais bien, mais c'est le cas dans d'autres régions
du Québec, c'est le cas à la grandeur du Québec. Il y a des travailleurs
d'industrie forestière, d'usines forestières qui, aujourd'hui, là, se posent
des questions, à savoir : Je mets-tu la maison à vendre? On déménage-tu?
Comment je vais faire pour payer la fin du mois? C'est quoi, ma prochaine job?
Comment je vais nourrir ma famille?, parce que l'usine, elle est fermée, et le
gouvernement de la CAQ refuse à ce que l'Assemblée nationale se prononce, à
savoir que ces travailleurs-là ne sont présentement pas en emploi.
Aïe! comment est-ce qu'on fait pour agir quand
on n'est même pas capable de reconnaître la situation actuelle? Il y a des gens
qui ne travaillent pas, puis vous ne voulez pas le reconnaître. Là, on ne vous
demande pas de dire que c'est de votre faute, on fait
juste vous dire : «Qu'elle rappelle que l'industrie forestière représente
des dizaines de milliers d'emplois [...] et que plusieurs de ces travailleurs
ne sont présentement pas en emploi...» Ce n'est qu'un rappel des faits, puis
vous n'êtes même pas capables de faire ça, vous préférez vous mettre la tête
dans le sable. Ça, c'est insultant pour les travailleurs de la forêt.
Mme la Présidente, j'ai écouté l'ensemble des
interventions de la partie gouvernementale et des oppositions. J'ai entendu les
premiers échanges, les premiers propos du ministre responsable de la Forêt la
semaine dernière ou il y a deux semaines, lors de nos échanges ici, en Chambre.
Son premier réflexe, et c'est le premier réflexe souvent à la Coalition avenir
Québec, c'est de dire : Regardez combien on a dépensé. On est donc bien
bons! Hein, le député de Blainville, là, il avait plusieurs pages pour
dire : Aïe! On a dépensé 1,2 milliard en forêt pour protéger les
emplois. Le problème avec ça, Mme la Présidente, c'est qu'il y a une grosse
partie de ces investissements-là, disons, là, qui sont réactionnaires.
En 2023, on a annoncé plusieurs millions de
dollars pour compenser les superficies brûlées en travaux sylvicoles, hein,
vous vous souvenez tous, des feux de forêt qu'il y a eu, tout le monde ici se
souvient, là, de la fumée qui était partout dans le ciel du Québec, qui était
rendue en Europe, Mme la Présidente. Bien, on a compensé des superficies
brûlées, puis eux, ils considèrent ça, Mme la Présidente, comme aider
l'industrie dans sa productivité et dans sa compétitivité, ils considèrent ça
comme un calcul.
En 2024, il y avait des dollars pour la récupération
des bois de chablis post-tempête. Hein, les tempêtes de vent qui jettent le
bois par terre, ça arrive, Mme la Présidente. Ils comptent, dans leur calcul du
1,2 milliard, l'investissement à la SOPFEU. La SOPFEU, qui est là depuis
des années, des années et des années, là, qui est là pour protéger notre forêt,
bien, ils comptent ça dans l'investissement pour assurer la compétitivité de
nos entreprises forestières. Puis, après ça, ils nous disent : Aïe! On est
donc bien bons! On a investi. C'est l'argent de la SOPFEU, c'est là année,
après année, après année, puis on en a besoin plus que jamais à cause de la
situation climatique.
Puis, après ça, Mme la Présidente, ils nous
disent : Ah! bien, c'est la faute du Parti libéral parce qu'il y a un
régime forestier adopté en 2010. Et là, je vous le dis, j'ai pris citation
après citation de la part des députés de la partie gouvernementale, je pourrais
toutes les reprendre. J'en ai plusieurs de la députée de Laviolette, mais la
palme revient quand même à mon collègue de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, parce que le
seul, Mme la Présidente, le seul ici, là, dans l'Assemblée, en ce moment, qui a
voté en faveur de ce régime-là, c'est lui. C'est le seul. Et là, aujourd'hui,
il nous dit : Les libéraux... C'est lui, c'est lui qui était là. Alors,
j'espère qu'il a entendu tout le débat où ses collègues le blâment, lui. Ce
n'est pas le collègue de Marguerite-Bourgeoys, ce n'est pas moi qui étais là,
c'est lui. Alors, Mme la Présidente, parlant d'ironie, j'en ai entendu pas mal
aujourd'hui. C'est bien qu'il assume.
Mais le propos le plus farfelu, par exemple,
c'est quand le collègue a dit que le projet de loi n° 97,
il n'était pas parfait, mais qu'il y avait moyen de l'améliorer. Le premier
ministre n'est pas d'accord avec lui. Je comprends que c'était un libéral
avant, que c'est rendu un caquiste, mais je pense qu'il a eu un petit moment
d'amnésie, là, parce que le premier ministre, il est caquiste, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon,
M. le leader adjoint du gouvernement, vous avez un appel au règlement à faire.
M. Lévesque (Chapleau) : ...quelques-unes,
là, mais on se doit respect, en cette Chambre. Et, évidemment, le mot qui a été
utilisé n'est pas parlementaire.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon,
bon, bon. Poursuivez, M. le député.
M. Fortin : Le député est rendu caquiste et il nous dit : Il y a
moyen de l'améliorer. Le premier ministre a dit : On met ça aux vidanges
puis on repart à zéro. On repart à zéro. Ça, ça veut dire qu'il n'y a rien de
bon là-dedans là. Ça, ça veut dire qu'on ne l'aime pas, cette affaire-là, qu'on
ne veut plus rien savoir puis qu'on repart à zéro.
Mme la Présidente, on s'en est éloigné beaucoup,
là, mais il y a des travailleurs de la forêt qui ont besoin du gouvernement.
Peu importe le gouvernement qui est en place, là, que ce soient les
12 prochains mois ou 11 prochains mois du gouvernement de la Coalition
avenir Québec, que ce soit un autre parti qui les remplace, le plus vite
possible, les Québécois qui travaillent de la forêt, ils ont besoin d'un
gouvernement qui met en place des mesures pour les aider. Puis, pendant des
années, le gouvernement de la CAQ a refusé de mettre ces mesures-là en place,
pendant des années, le gouvernement de la CAQ a promis de changer le régime
forestier puis il ne l'a pas fait. Puis, aujourd'hui, on se retrouve dans une
situation, au Québec, de vulnérabilité face à l'administration Trump, de
vulnérabilité face aux industries du reste du Canada, qui sont plus
compétitives que les nôtres en ce moment, Mme la Présidente.
On n'a pas le choix de faire ces changements-là.
Le gouvernement de la CAQ refuse de reconnaître ce qui se passe en ce moment,
il refuse de dire qu'il y a des travailleurs qui sont au chômage, il refuse de
mettre en place les mesures dont ils ont besoin, il refuse de reconnaître que
le régime forestier, il ne peut pas attendre. Mme la Présidente, on n'a pas le
luxe de continuer avec ce gouvernement-là. Je vous remercie, Mme la Présidente.
• (17 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député de Pontiac. Le débat est maintenant terminé.
Donc, conformément au règlement, je dois d'abord
mettre aux voix la motion d'amendement présentée par M. le
député de Maurice-Richard avant de procéder au vote sur la motion principale.
Je fais la lecture des deux motions.
Donc, la motion principale de M. le député de
Pontiac se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte qu'après
sept ans au gouvernement, la Coalition avenir Québec est toujours incapable de
concrétiser sa promesse de réformer le régime forestier;
«Qu'elle rappelle que dans le contexte des
tarifs américains, une réforme du régime forestier est plus que jamais
nécessaire pour offrir une meilleure prévisibilité à l'industrie et afin que le
Québec demeure compétitif pour attirer les investissements ainsi que pour
protéger l'impact économique de ce secteur;
«Qu'elle rappelle que l'industrie forestière
représente des dizaines de milliers d'emplois dans les différentes régions du
Québec et que plusieurs de ces travailleurs ne sont présentement pas en emploi
suite à la fermeture d'usines dans leurs régions;
«Qu'enfin, elle condamne le manque de courage du
gouvernement actuel et qu'elle dénonce son abandon pur et simple de nos
régions, de nos communautés forestières et au premier chef, de nos travailleurs
de la forêt.»
La motion d'amendement de M. le député de Maurice-Richard se lit comme suit :
Insérer, au deuxième alinéa :
1° après les mots «une réforme du régime
forestier», les mots «, construite en collaboration dans le respect des
valeurs et des intérêts des Premières Nations,»; et
2° après les mots «prévisibilité à l'industrie»,
les mots «, une meilleure préservation et une plus grande résilience de la
forêt face aux changements climatiques».
Mise aux voix de l'amendement
Je mets d'abord aux voix la motion d'amendement
de M. le député de Maurice-Richard que je viens tout juste de vous lire. Cette
motion... Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Rejeté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Rejeté.
Donc, la motion d'amendement est rejetée.
Donc, je vais maintenant vous lire... On va
maintenant voter sur la motion. Oui, monsieur...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui.
La lecture, je vais... Je vais faire la lecture, étant donné qu'il aurait pu y
avoir... la motion amendée ne l'est pas. Donc, je suis obligée de refaire la
lecture, en fait.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui?
Bon. Est-ce qu'il y a consentement pour que je ne fasse pas la lecture?
Consentement. Bon, bien...
Des voix : ...
Vote reporté sur la motion
principale
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui.
Bon. Donc, comme il y a une demande pour un vote électronique et que le
gouvernement demande que le vote sur la motion de M. le député de Pontiac soit
reporté à demain, alors, aux affaires courantes, ce sera reporté.
Là, bien, M. le leader du gouvernement, je vous
demande c'est quoi, la suite.
M. Lévesque (Chapleau) : ...Mme
la Présidente, je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 11 du
feuilleton, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
à l'article 11 du feuilleton... Je vais laisser mon collègue le député...
puisque c'est lui qui a la suite des... Donc, je vais le laisser prendre place.
Alors, merci.
Projet de loi n° 82
Adoption
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 11 du feuilleton, M. le ministre de la Cybersécurité et du
Numérique propose l'adoption du projet de loi n° 82, Loi concernant
l'identité numérique nationale et modifiant d'autres dispositions.
Y a-t-il des interventions? M. le député de La Peltrie.
M. Éric
Caire
M. Caire : Oui. Merci, M. le
Président. Vous comprendrez que c'est un privilège de faire l'adoption finale
du projet de loi n° 82 compte tenu que j'en ai été le porteur initial, M.
le Président, un projet de loi extrêmement important. Vous allez me dire :
Ils le sont tous. C'est vrai, mais celui-là, pour moi, revêt quelque chose de
particulier en ce que... Bon, on le sait, au gouvernement du Québec, comme dans
toute la société, on est en transformation numérique, on crée un univers
numérique. Mais un univers numérique, M. le Président, n'a pas de sens s'il n'y
a pas de citoyen, s'il n'y a pas de personne numérique pour utiliser cet
univers-là, et il n'y a pas de citoyen numérique sans une identité numérique,
M. le Président. Et c'est ce que le gouvernement du Québec voulait faire et
c'est ce que l'Assemblée nationale va faire maintenant en adoptant la loi
n° 82.
Pourquoi une identité numérique, M. le
Président? Si on pense, par exemple, au système d'authentification
gouvernementale qui permet aux citoyens de s'identifier, s'authentifier aux
prestations électroniques de services, pas besoin d'une identité numérique pour
faire ça. La preuve, on le fait déjà. Par contre, M. le Président, quand on
pense à un univers numérique où le citoyen va consommer différents services,
par exemple, si vous avez besoin d'une preuve d'identité, d'une preuve d'âge,
d'une preuve de résidence dans un univers numérique, l'univers numérique
s'entend d'un univers qui nous permet, dans l'ensemble des services numériques,
de donner le service. Le point de départ, c'est l'identité numérique, M. le
Président, bien évidemment.
Alors, pensez aux possibilités. Vous allez à
l'hôpital avec votre identité... avec votre identité numérique, vous vous
inscrivez, et là part une chaîne de services numériques, M. le Président, qui
va améliorer et évidemment rendre plus efficaces nos services. Mais la base de
ça, c'est une identité numérique. Et là je pourrais vous faire la nomenclature
de tous les services qui pourraient répondre à ces caractéristiques-là, mais,
M. le Président, je pense que vous avez compris le principe.
Avec l'identité numérique vient aussi le
registre d'identité numérique nationale. Pourquoi on fait ça, M. le Président?
Puis là je vais prendre un exemple que beaucoup ont vécu. Vous recevez une...
Vous auriez dû recevoir une correspondance d'un service public que vous n'avez
pas reçue. Pourquoi? Parce que l'organisme en question a une adresse à laquelle
vous n'habitez plus depuis des années. Pourquoi? Parce que chaque organisme, et
là on pense aux ministères, mais on pense aux 305 organismes publics, va
collecter des renseignements personnels sur vous, M. le Président.
Donc, ils ont vos renseignements, nom, prénom,
adresse, numéro de téléphone, etc., mais, si vous n'utilisez pas ces services-là
de cet organisme-là périodiquement, bien évidemment, les informations sont
désynchronisées. Évidemment, les informations de certains organismes sont
périmées. Alors, le registre vient, entre autres, répondre à cette réalité, à
ce besoin des organismes d'avoir une information qui est d'actualité, qui est
contemporaine. Et donc, ce faisant, chaque organisme devra consulter le
registre d'identité nationale pour avoir accès à vos renseignements d'identité,
pour vous donner des services, et, ce faisant, on s'assure d'avoir toujours le
bon renseignement sur la bonne personne.
On va plus loin avec l'identité numérique, M. le
Président, éventuellement, et c'est prévu dans le Service québécois d'identité
numérique, le changement d'adresse. On sait à quel point ça peut être un chemin
de croix, un simple changement d'adresse, M. le Président, un simple changement
d'adresse. Bien là, vous avez, bon, le service, avec Services Québec, qui vous
permet d'avoir accès à sept ministères, mais qu'en est-il des autres? Qu'en est-il
des 305 organismes publics? On oublie ça. Résultat des courses, ce que je
vous disais précédemment, on est désynchronisés. Vous avez des organismes qui
ne sont pas à jour. Avec le registre d'identité numérique et la source
officielle de données qui est prévue par la loi, le citoyen s'identifie,
s'authentifie, fait son changement d'adresse, et, comme c'est la source
d'information unique pour l'ensemble des ministères et organismes, ce
changement d'adresse là, en un seul geste, se fait pour tout le monde. Or, M.
le Président, ce ne sont que quelques exemples de l'avantage de l'identité
numérique nationale prévue dans la loi n° 82.
Un autre élément très important, le ministère de
la Cybersécurité et du Numérique, et ça, peu le savent, a un mandat en cybersécurité
qui couvre le territoire québécois. Alors, ses responsabilités ne couvrent pas
le seul gouvernement mais bien le territoire du Québec au complet. Avec le
projet de loi, on amène une notion qui est extrêmement importante, parce qu'on
ne peut pas agir ou réagir si on n'a pas connaissance des faits. Et, avec le
projet de loi, il y aura maintenant une déclaration obligatoire des incidents
en cybersécurité, évidemment, selon certaines caractéristiques, certains
critères, bien sûr, pas tous les incidents, mais très certainement ceux qui ont
un impact et une incidence sur les services, sur les systèmes, sur les
citoyens, sur la vie privée des citoyens, sur leurs renseignements personnels.
• (17 h 10) •
Et ça, c'est vrai, M. le Président, pour tous
les organismes publics et ce sera vrai aussi pour certaines des entreprises
privées qui sont des entreprises stratégiques. Et ça, ça va permettre au
gouvernement du Québec, au ministère de la Cybersécurité, de mieux coordonner
et d'assurer une meilleure cohésion sur la façon de se protéger, de protéger
nos entreprises, de protéger nos systèmes, de protéger nos renseignements
personnels et d'être plus proactifs dans l'espace public québécois, donc, M. le
Président, et ça, c'est quelque chose qui était demandé et qui est attendu, M.
le Président, je peux vous le dire.
Autre élément très important, M. le Président,
au niveau des télécommunications, le ministère de la Cybersécurité assumera
maintenant... et du Numérique assumera maintenant ce rôle de coordonnateur.
Puis je vous donne un exemple, deux organismes publics, dans le Nord, qui ont
des besoins en connectivité et qui, sans se parler, vont contracter deux
contrats différents avec la même entreprise, avec la même entreprise, deux
contrats différents, donc, le contribuable québécois,
évidemment, qui en fait les frais, on le devine. Pourquoi? Parce qu'il n'y a
pas cette cohésion, il n'y a pas cette obligation, pour les organismes, d'avoir
cette approbation pour leurs projets. Ils ont la liberté d'aller de l'avant.
Maintenant, ils devront aller chercher cette approbation. Et ces projets-là
seront des projets... ce qu'on appelle des projets qualifiés, au sens de la
LGGRI, et donc devront aller chercher les autorisations.
Je vous donne un exemple, mais il y en a beaucoup
d'autres, évidemment, qui va faire en sorte qu'on va avoir une meilleure
cohésion, on va être mieux coordonnés dans nos projets de déploiement de nos
systèmes de télécommunications. Et on pourra aussi rendre ces services-là
obligatoires pour les organismes publics. On le sait, le gouvernement du Québec
est dans une transition où on va vers le réseau gouvernemental des
télécommunications. On a modernisé les infrastructures. Maintenant, il faut
s'assurer que ces services-là sont utilisés par le plus grand nombre. Bien
évidemment, on s'assure que l'infrastructure, elle est stable, elle est
fonctionnelle, elle est pérenne, et ensuite il y aura une possibilité, pour le
ministre de la Cybersécurité et du Numérique, de le rendre obligatoire.
M. le Président, parce que je ne veux pas étirer
ça indûment, je pourrais vous en parler encore un certain temps, mais, bon, je
vais conclure en vous parlant du courtier, courtier en infonuagique qui a été
amené avec la loi n° 95 au ministère de la Cybersécurité. L'idée était,
effectivement, de permettre à des entreprises de répondre à un appel d'intérêt
public, de se qualifier en fonction de certains critères et, une fois d'être...
une fois qualifiés, d'être inscrits au catalogue des entreprises pouvant donner
des services en infonuagique. Ça simplifiait de beaucoup la tâche des
ministères et organismes, qui, suite à ça, pouvaient choisir avec quel
fournisseur ils voulaient contracter leurs services en infonuagique. Ce
système-là, je pense, a fait ses preuves, M. le Président. Je pense que le
service du courtier en infonuagique a été apprécié. En fait, on s'est même
aussi fait dire qu'au niveau des entreprises on voulait qu'il y ait encore plus
de services et plus d'entreprises qui puissent suivre ce même modèle.
On élargit, donc, avec la loi n° 82, la
responsabilité du courtier en infonuagique, qui devient le courtier en
infonuagique et en services technologiques spécialisés, donc, certains
services, notamment cybersécurité, nos systèmes patrimoniaux, les PGI, qui
seront maintenant potentiellement... pour lesquels le courtier pourra,
effectivement, offrir des services à l'ensemble des ministères et organismes du
gouvernement du Québec pour assurer, je dirais, une plus grande agilité,
s'assurer aussi que ces entreprises-là vont se qualifier. Et se qualifier veut
dire répondre à certaines normes, à certains standards, donc, qu'on peut
standardiser les produits qui sont utilisés, ce qui, au gouvernement du Québec,
je pense, est une bonne chose, et aussi une plus grande agilité pour le
remplacement de nos systèmes patrimoniaux. M. le Président, c'est un défi de
tous les organismes publics, de tous les gouvernements. Les systèmes, avec le
temps, deviennent désuets. Il faut les remplacer. C'est des exercices qui ne
sont pas simples. Et donc d'avoir accès à ce catalogue-là de produits via le
courtier va très certainement aider nos ministères et organismes à être plus
agiles et à avoir une plus grande facilité à moderniser nos systèmes
patrimoniaux.
Alors, je pourrais continuer encore, M. le
Président, mais j'avais dit que je ferais à peu près une dizaine de minutes,
donc je vais respecter... bon, 10 minutes US, mettons. Je vais respecter
mon engagement. Mais vous comprendrez, M. le Président, que j'espère que tous
les collègues appuieront le projet de loi n° 82, parce qu'il amène
plusieurs modernisations, plusieurs opportunités, pour le ministère de la
Cybersécurité et du Numérique, de mieux jouer son rôle au sein de la
transformation numérique québécoise. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de La Peltrie. Je reconnais Mme la leader de
l'opposition officielle et députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. À mon tour de prendre la parole au stade de l'adoption finale du projet
de loi n° 82, Loi concernant l'identité numérique nationale et modifiant
d'autres dispositions, à titre de porte-parole en cybersécurité et numérique.
Écoutez, ça fait longtemps qu'on parle de ce projet
de loi, M. le Président. Rappelons-nous que le projet de loi n° 82 a
été déposé l'an dernier, le 21 novembre 2024, par le député de La Peltrie,
qui vient de prendre la parole et qui était, à l'époque, le ministre de la
Cybersécurité et du Numérique. Il a d'ailleurs, le député de La Peltrie,
fait état d'un... Il a fait un résumé, là, de ce que prévoit le projet de loi.
Effectivement, il y a des avancées. C'est important de moderniser. On est
d'accord avec tout ça. Je vais y revenir. Mais moi, je vais parler davantage
des inquiétudes, des enjeux qui ont fait l'objet de discussions étoffées lors
de l'étude détaillée.
Mais rappelons, donc, pour les fins de mon
propos aujourd'hui, que ça fait presque un an qu'on parle de ce projet de loi
là. Les consultations ont eu lieu à la fin janvier de cette année 2025.
L'étude détaillée s'est déroulée en février, en avril, en mai, en juin de cette
année, avant qu'on quitte pour la période estivale. Et, à travers cette étude
détaillée, bien, il y a eu un changement de... au niveau du ministre, le
porteur du dossier. Donc, il y a eu une interruption. Et, quand on a repris
l'étude détaillée avec le nouveau ministre de la Cybersécurité et du Numérique,
on a été capables de faire entendre nos points au niveau de différentes inquiétudes,
et ça a mené à des amendements, des amendements qu'on juge opportuns.
Alors, on va... Je l'avais déjà dit au stade du
principe et de la prise en considération, on va voter pour le projet de loi
parce que c'est un cadre juridique, et je pense qu'on ne peut pas s'opposer au
progrès, à la modernisation. Au Québec, on a pris un certain retard, retard
qu'on doit... on doit combler. Toutefois, à savoir est-ce que c'est le
gouvernement actuel de la Coalition avenir Québec qui va mener à bien ce projet
fort intéressant, là, d'identité numérique nationale, permettez-moi d'en
douter, M. le Président.
Rappelons-nous les... le fiasco SAAQclic. Puis,
justement, le rapport de la Vérificatrice générale par rapport au projet CASA/SAAQclic a été déposé, justement, durant
l'étude détaillée, là, du projet de loi n° 82, en février dernier, et elle
a elle-même dit que, oui, son audit portait sur CASA/SAAQclic, mais qu'il
fallait tirer des leçons et apprendre des erreurs du passé. Et elle
s'inquiétait, notamment, pour tous les autres projets de transformation
numérique, incluant celui de l'identité numérique.
Alors, on a eu des échanges en commission pour
savoir qu'est-ce que le ministre, qu'est-ce que le gouvernement va introduire
comme modifications dans les façons de faire, dans les redditions de comptes,
pour, justement, s'assurer qu'on ne répète pas les erreurs du passé, pour
éviter ces gaspillages de fonds publics et ces retards dans le déploiement de
la transformation numérique, et puis je peux vous dire que les discussions ont
été difficiles avec le député de La Peltrie. Il y a même eu des moments où
on touchait... on avait l'impression de toucher des cordes tellement sensibles
qu'il y avait des refus de répondre, notamment sur la question de la
souveraineté numérique, les contrats qui étaient signés avec des entreprises
étrangères, notamment des sociétés américaines, pour l'hébergement des données
sensibles des Québécois, Québécoises. Donc, ça a été vraiment un processus long
et ardu, pas facile. On a eu des échanges houleux. Les enjeux, encore une fois,
je le répète, n'étaient pas... On ne sentait pas que les enjeux qu'on soulevait
étaient pris au sérieux. Mais, à force de travailler et puis, donc, de
travailler avec un nouveau ministre, on a fini par avoir des discussions
approfondies.
• (17 h 20) •
Je le répète, c'est un sujet extrêmement
important. L'identité numérique, c'est une avancée intéressante. Les personnes,
et les groupes, et les experts qui sont venus lors des consultations étaient,
je dirais, quasi unanimes, il faut le faire. Il faut. C'est un projet de
société. Il faut s'assurer qu'il y ait une adhésion de la population pour que
ce soit un succès, il faut s'inspirer des juridictions qui sont plus avancées
que nous, mais il faut s'assurer de mettre en place les conditions gagnantes
pour que la population ait confiance, adhère au projet, parce que l'identité
numérique n'est pas obligatoire, mais on souhaite que ce soit très utilisé, que
les Québécois aient confiance. Mais, pour qu'on atteigne ce niveau d'adhésion,
bien, il faut qu'on obtienne la confiance. Et, pour avoir la confiance de la
population, bien, il faut montrer qu'on est un gouvernement responsable, puis
qu'on est transparents, et puis qu'on est capables de mener à bien ce genre de
projet.
Alors, je ne sais pas si je semble tenir des
propos contradictoires. Moi, je ne crois pas. On dit que c'est important, que
c'est nécessaire, mais que le gouvernement en place est incapable de mener à
bien la transformation numérique au Québec. Alors, permettez-moi de douter que,
dans la prochaine année, ils vont arriver à déployer l'identité numérique
nationale, qui, d'ailleurs, est un projet qui est en... qui est en place ou qui
a été initié il y a plusieurs années, là. Il comprend différentes phases, puis
là, ici, on est en train de prévoir le cadre juridique. Alors, oui au cadre
juridique, oui à l'idée, mais, avec ce gouvernement, je ne pense pas, M. le
Président.
On reconnaît, encore une fois, le besoin
d'évoluer, de moderniser l'État, d'offrir aux citoyens, de façon simple,
conviviale et efficace, de s'authentifier, lorsqu'on souhaite transiger avec le
gouvernement, puis, comme le député de La Peltrie a dit, l'a mentionné, de
faire en sorte que seules les données qui sont nécessaires pour les fins de la
transaction soient celles qui soient utilisées. Donc, on doit démontrer une
preuve d'adresse, preuve de... bon, d'identité, d'âge, etc., selon les
circonstances. Bien, assurons-nous que seule l'information qui est requise soit
obtenue.
Donc, nous sommes pour le projet de loi, mais la
CAQ doit faire ses preuves. Et ça va prendre un déploiement efficace et rapide,
avec mise en place des conditions gagnantes. Il y a beaucoup de travail à faire
encore, M. le Président, dans ce dossier-là.
Au niveau des inquiétudes qui ont été soulevées
lors de l'étude détaillée, il y en a plusieurs. Puis ce n'est pas nous, l'opposition
officielle, là, qui avons tiré ça d'un chapeau, là. Ce sont des inquiétudes,
des enjeux réels qui ont été mis de l'avant dans les nombreux mémoires qu'on a
reçus à travers les consultations.
On nous a parlé, notamment, de souveraineté
numérique. Et d'ailleurs je me suis levée en Chambre hier pour poser une
question sur la souveraineté numérique. En 2025, la souveraineté numérique, c'est
un enjeu réel et important. Et je veux bien comprendre qu'il y a des contrats
qui ont été signés avec des entreprises américaines, mais je n'ai pas senti
qu'il y avait un sentiment d'urgence, de l'autre côté de la Chambre, de changer
les choses, de s'assurer qu'on mise sur l'expertise québécoise, de s'assurer
qu'on mise sur un nuage gouvernemental souverain. Il y a encore beaucoup de
questionnements et beaucoup d'inquiétudes à ce niveau-là.
L'hébergement des données, comme je le
mentionne, ça devient de plus en plus un enjeu dans le contexte de la guerre
commerciale avec les États-Unis, dans un contexte où le président Donald Trump
est extrêmement intempestif. Et il y a des lois en vigueur, aux États-Unis, qui
ont une portée extraterritoriale, qui donnent le pouvoir au président Trump,
aux autorités américaines d'accéder à nos données, nos données sensibles dans
la... même si elles sont hébergées chez nous. Mais, si c'est hébergé par une
société américaine... En tout cas, le CLOUD Act, il doit être pris au sérieux.
C'est une réelle menace. Il devient, donc, hyperimportant et souhaitable de
garder les données les plus sensibles sur notre territoire, avec des
entreprises qui ne sont pas sujettes à des régimes juridiques extérieurs comme
le CLOUD Act américain.
À savoir il y a combien de contrats qui ont été
octroyés à des sociétés étrangères, notamment des sociétés américaines, au
sujet de l'hébergement de nos données, ça a été tellement difficile d'obtenir
des réponses. Franchement, j'ai trouvé ça décourageant en étude détaillée. Je
veux bien croire que c'est un sujet sensible, mais il faut qu'on puisse être
transparents puis qu'on puisse mettre de l'avant un plan de match pour rassurer
les Québécois. Donc, le gouvernement va devoir mettre beaucoup d'efforts pour
développer cette expertise québécoise et privilégier des solutions locales.
Je le réitère encore une fois, si on veut que ça
fonctionne, l'identité numérique, il faut que la population ait confiance. Il
faut que la population soit dans le coup. Il faut que le gouvernement déploie
un plan de communication, une feuille de route pour que
les Québécois aient confiance, qu'ils sentent que ce projet-là est bénéfique,
qu'ils en... bénéfique pour eux, qu'ils en ressentent, qu'ils en comprennent
tous les atouts, tous les bénéfices et qu'ils sentent également que
l'inquiétude de protection des données est bien prise en charge, puis je pense
qu'on est vraiment loin de ça. Mais, quand on va être prêts au déploiement, il
va falloir que les communications soient au rendez-vous avec la population.
On a parlé aussi du profilage, qui est interdit.
La traçabilité, elle doit être offerte, et il doit y avoir une journalisation
des accès pour savoir qui a eu accès aux données.
Il y a toute la question aussi de la fracture
numérique. C'est bien beau, l'identité numérique, puis, oui, il faut avancer
vers ça, il faut se moderniser, mais il ne faut pas oublier qu'il y a tout un
pan de la population qui n'est pas prêt, qui n'a pas la littératie numérique
adéquate pour pouvoir bénéficier de l'identité numérique nationale, pour
pouvoir l'utiliser, tout simplement. Donc, on a beaucoup échangé sur cet
élément-là aussi. Il va falloir qu'on maintienne une offre des services en
personne adéquate pour ceux qui ne souhaiteraient pas y adhérer. Ce ne sera pas
obligatoire. Évidemment, on souhaite que le plus grand nombre de Québécois y
adhèrent, mais ce ne sera pas obligatoire.
On vote pour parce que c'est important et parce
qu'on a pris du retard, mais ce n'est pas un chèque en blanc qu'on est en train
de donner au gouvernement. Je pense que j'ai été assez claire. La confiance de
la population s'effrite quant à la capacité du gouvernement de mener à bien la
transformation numérique, les initiatives numériques. Si on demandait à la population
aujourd'hui : Est-ce que vous sentez que le gouvernement actuel a réussi
ou est en train de réussir la transformation dans l'intérieur de budgets
contrôlés, dans des délais optimaux?, je pense que la réponse serait non.
Et puis on a tendu la main récemment, parce
qu'il y a un autre contrat qui s'avère extrêmement problématique, celui dans le
domaine de la santé, là, ce qu'on appelle communément le projet SIFA, au niveau
des systèmes informatiques, des finances, de l'approvisionnement. On a des échanges
avec le gouvernement, et puis le gouvernement lui-même semble être incapable
d'en arriver à un consensus, là. On a le ministère de la Cybersécurité et du
Numérique qui dit de l'arrêter. On a Santé Québecqui souhaitait le continuer,
le ministre de la Santé aussi. Mais là, soudainement, volte-face, le... Santé
Québec annonce, le jour même de nos questions à la Chambre, que les... ce
projet-là est arrêté. Il y a une enquête de l'Autorité des marchés publics.
Donc, honnêtement, ça augure mal. Je ne veux pas tirer des conclusions, mais ce
contrat-là semble extrêmement problématique. Et donc on a tendu la main. On a
demandé une commission parlementaire. On a demandé d'entendre Santé Québec,
qui, maintenant, est en charge du dossier. On a entendu encore le ministre de
la Santé le dire. Les personnes qui étaient au ministère ne semblaient pas être
les experts. Tout ça a été transféré à Santé Québec. Bien, alors, qu'on entende
Santé Québec, qu'on entende le dirigeant principal de l'information, qui joue
un rôle crucial dans la transformation numérique. Quelle a été la réponse du
gouvernement il y a deux semaines? Non, non, ce n'est pas nécessaire, on s'en
occupe, on va attendre les conclusions de la commission Gallant, on va
entendre... attendre les conclusions de l'enquête de l'AMP.
Je ne pouvais pas croire la réponse qu'on nous
donnait, M. le Président, alors qu'on veut rebâtir la confiance, gagner la
confiance qui est en train de s'effriter. C'est de l'argent durement gagné des
Québécois, là. On est en train de parler de centaines de millions, des
dépassements de coûts énormes comme ça, comme si c'était normal. On le
banalise, d'une certaine façon. Moi, je trouve ça choquant. Puis, quand on
demande une commission parlementaire pour que les parlementaires soient tenus
informés et qu'ils entendent Santé Québec... Pourquoi Santé Québec veut
suspendre le contrat? Qu'est-ce qui est problématique? Quel est le plan de
match? Et pourquoi le dirigeant principal de l'information a demandé d'arrêter
le projet? Ce sont toutes des questions légitimes pour les parlementaires mais
pour les Québécois et Québécoises. Alors, moi, de me faire dire : On
attend la commission Gallant... Bien, voyons donc! On ne veut pas une autre
enquête publique dans un an, là. On voulait une commission parlementaire pour,
justement, stopper l'hémorragie, pour faire en sorte qu'il n'y en ait pas un
autre, fiasco.
• (17 h 30) •
Alors, vous direz peut-être que je déborde, là,
de l'identité numérique, mais je ne pense pas, parce que ça s'inscrit, c'est...
Oui, c'est important, mais il y a un potentiel de dérapage. Puis la réussite de
l'identité numérique est intimement liée à l'obtention de la confiance de la
population puis de l'adhésion de la population. Mais il faut... il faut être
dans un état d'esprit où on a l'impression que le gouvernement maîtrise bien
ses dossiers, les gère bien, ses dossiers qui impliquent des sociétés
étrangères, qui... excusez-moi, des sociétés externes. On fait appel à des
consultants externes. On parle du fait qu'il semble y avoir un manque
d'expertise à l'interne, au sein de l'État. Mais tout ça, ce n'est pas
rassurant, là, pour la suite des choses, parce que, si on n'a pas l'impression
que le gouvernement a vraiment une mainmise, un contrôle sur les initiatives
numériques, ce sera voué à l'échec, malheureusement, M. le Président. On ne
voit pas du tout des signes de succès, on ne voit pas du tout que le
gouvernement a le contrôle puis est en mesure de mener à bien la transformation
numérique.
J'ai mentionné plus tôt qu'il y avait eu des
amendements qui, finalement, avaient été déposés dans... je dirais, dans la
deuxième phase de l'étude détaillée avec le nouveau ministre de la
Cybersécurité et du Numérique. On a amendé... on a amené un amendement, 15.2,
c'est le gouvernement qui l'a déposé, à force d'en parler, qui prévoit, donc,
le pouvoir de «développer des moyens visant à renforcer la souveraineté
numérique en matière de gouvernance et de gestion des ressources
informationnelles, notamment en ce qui a trait aux données numériques
gouvernementales qui comprennent des renseignements personnels sensibles». Ah!
bien, bravo. Et on a hâte d'entendre parler de ces moyens qui seront
développés, mis de l'avant, justement, pour renforcer la souveraineté
numérique.
On va y revenir, parce que, là, hier,
j'entendais le ministre actuel de la Cybersécurité et du Numérique, en réponse
à ma question, une réponse brève et laconique, qui disait : Nous sommes
des leaders au niveau de la protection des renseignements
personnels. Et nous avons un nuage gouvernemental souverain qui permet de
protéger les données sensibles des Québécois. Alors, on aura l'occasion
d'approfondir cette question, essayer de gratter un peu et voir si vraiment le
nuage peut prendre... quelle est la capacité du nuage, quels sont ces moyens
qu'on est en train de déployer pour renforcer cette souveraineté numérique,
est-ce qu'on a fait des changements au niveau des pratiques contractuelles ou
est-ce qu'on continue d'octroyer des contrats de gré à gré à des sociétés
américaines, et j'en passe, et j'en passe, M. le Président. Mais de retrouver
la notion de souveraineté numérique dans le corpus législatif, c'est un plus.
Il y a également un amendement à la loi... à la
LGGRI, là, la Loi sur la gouvernance, la gestion des ressources
informationnelles, à 15.1, pour permettre une implication plus tôt dans le
processus, là, du dirigeant principal de l'information. «Afin d'assurer un
suivi adéquat d'un projet en ressources informationnelles, le dirigeant
principal de l'information — qui
relève du MCN, le ministère de la Cybersécurité et du Numérique — peut
donner tout avis qu'il estime opportun à un organisme public concernant la
stratégie d'acquisition relative à un tel projet. Il peut également requérir
d'un tel organisme toute information relative à cette stratégie d'acquisition.»
Eh bien, voilà qui est intéressant, parce qu'il
semblerait qu'en ce moment le MCN n'a pas tous les pouvoirs, et on l'a vu, là,
parce que le MCN demande, dans certains cas, d'arrêter des projets, les projets
continuent, mais après ça, soudainement, les projets sont arrêtés par
l'organisme concerné, là, en l'occurrence c'est Santé Québec. Alors, à force de
discuter avec le nouveau ministre, il a jugé opportun d'ajouter des pouvoirs au
sein de son ministère. D'ailleurs, il en demande souvent, des pouvoirs, puis il
ne semble pas... il ne semble pas être en mesure de les obtenir. Mais là, noir
sur blanc, on dit que le dirigeant principal de l'information, qui relève du
ministère de la Cybersécurité et du Numérique, va pouvoir s'impliquer très tôt
dans le processus, dans l'élaboration des besoins du dossier de... du dossier
d'affaires, là, très tôt dans le processus pour établir le besoin, les
économies, les bénéfices et donc s'assurer que le projet démarre de la bonne
façon.
À suivre, M. le Président, mais on a trouvé que
c'était finalement un dénouement intéressant dans le cadre de l'étude
détaillée, car le DPI, le dirigeant principal de l'information, va pouvoir
intervenir dès le cahier de charges, dès l'élaboration de la stratégie
d'acquisition d'un projet. Est-ce que ça, ça va permettre d'éviter des fiascos
comme celui de SAAQclic ou comme celui de SIFA, qui semble être le...
potentiellement le désastre numérique en devenir du gouvernement caquiste? On
verra. C'est quand même important de pouvoir apprendre de ses erreurs, encore
une fois, et de ne pas reproduire les erreurs du passé.
On a également discuté de biométrie. Les données
biométriques des Québécois, c'est assez précieux, disons qu'on n'en a pas... on
n'en a pas en remplacement, là. S'il y a un... il y a un bris de confidentialité,
si des personnes malveillantes obtiennent accès à nos données biométriques,
bien, on ne peut pas changer le mot de passe, là, quand ça concerne nos
caractéristiques faciales, notre oeil, etc. Et donc on a eu de longues
discussions avec le ministre de Cybersécurité et du Numérique, et imaginez-vous
donc qu'on a dû demander de mettre noir sur blanc dans le projet de loi qu'il y
aurait une consultation auprès des Québécois. On a obtenu la garantie qu'il y
aurait une consultation en bonne et due forme avant d'adopter un règlement qui
permettrait l'utilisation de données biométriques. Il me semble que c'est
quelque chose qui va de soi.
Encore une fois, au niveau des inquiétudes,
comment peut-on s'assurer, M. le Président, que le dirigeant principal de
l'information joue son rôle? C'est le chien de garde. Comment peut-on s'assurer
qu'il joue son rôle au niveau de la reddition de comptes, que celle-ci soit
adéquate, que la personne en question obtienne l'information nécessaire par le
biais de suivis réguliers? C'est ce qui est arrivé dans le dossier SAAQclic. Il
y avait des enjeux au niveau de la reddition de comptes. Personne ne savait au
bon moment, alors qu'il aurait fallu poser des gestes... On ne veut pas que ça
se reproduise dans les autres grands chantiers numériques.
C'est un jeune ministère, le ministère de la
Cybersécurité et du Numérique, mais, quand même, ça fait quatre ans... ou, en
tout cas, 2022, ça fait plus de trois ans qu'il a été... il s'en va sur quatre
ans, qu'il a été créé. On dirait que ça a été créé sur un coin de table, là. Je
ne suis pas en train de remettre en cause l'importance de créer ce
ministère-là, mais ça fait plusieurs fois qu'on doit revenir dans la
législation pour changer ou pour ajouter des pouvoirs au ministre. Bien, je
pense qu'il y a encore du travail à faire parce que le ministre de la
Cybersécurité et du Numérique doit alerter, tirer la sonnette d'alarme, envoyer
des lettres, faire des sorties publiques pour dire qu'il est mal... qu'il est
mal à l'aise avec certains projets, qu'il a des inquiétudes importantes, qu'il
est en train de mener des audits de performance.
Alors, on continue d'avancer puis d'attendre les
prochains pouvoirs qui seront... qui seront demandés parce que, clairement,
aujourd'hui, le ministère... le ministre n'a pas le pouvoir d'arrêter un
projet, mais on s'attendrait d'un conseil des ministres qu'il y ait une
meilleure collaboration. Comment se fait-il qu'un dise : On l'arrête,
l'autre dise : Non, on continue? On s'attendrait à ce qu'au sein du
Conseil des ministres il y ait une meilleure cohésion et qu'on n'entende pas
ces opinions divergentes dans l'espace public, M. le Président. Donc, voilà, il
faut s'assurer que les leçons soient tirées puis que les comportements soient
changés pour le futur, pour que les chantiers soient menés avec tout le soin
nécessaire, incluant celui sur l'identité numérique.
• (17 h 40) •
Donc, en conclusion, M. le Président, c'est
clair qu'au Québec on doit se moderniser. On a vraiment pris du retard. Alors,
encore une fois, au niveau de l'identité numérique nationale, sur le principe,
sur l'importance de le faire, on ne s'y oppose pas, mais permettez-nous de
douter sérieusement de la capacité de ce gouvernement de mener à bien les
prochaines étapes de l'identité numérique nationale. Ce n'est pas le projet de
loi n° 82, là, qui est la raison de l'échec du gouvernement en matière de
transformation numérique. Le noeud du problème, c'est le déploiement. Je
réitère à quel point il est important d'avoir une adhésion élevée de la
population, une acceptabilité sociale, de regagner la confiance et aussi de
développer l'expertise interne pour réduire notre dépendance aux consultants,
aux firmes externes, fournir toutes les ressources humaines et financières
nécessaires pour que le virage numérique soit une réussite,
pour que l'identité numérique nationale soit une réussite. Donc, beaucoup de
travail encore à faire, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Mise aux voix
Alors, le projet de loi n° 82, Loi
concernant l'identité numérique nationale et modifiant d'autres dispositions,
est-il adopté? Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
je vous demanderais d'ajourner nos travaux à demain, 9 h 40, s'il
vous plaît, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
En conséquence, nous ajournons nos travaux à demain, jeudi 23 octobre
2025, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 17 h 42)