(Treize heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Bonjour à toutes, bonjour à tous. Nous allons débuter nos travaux. Je
vous invite à prendre place, collègues. Je souhaite la bienvenue à celles et
ceux qui sont parmi nous dans les tribunes aussi.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes à la rubrique Déclarations de
députés. Sans plus tarder, je reconnais M. le député de Chauveau.
Souligner le 125e anniversaire
du Mouvement Desjardins
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup,
M. le Président. Aujourd'hui, je tiens à souligner le 125e anniversaire du Mouvement Desjardins et le rayonnement des
trois caisses de ma circonscription, Charlesbourg, des Rivières et Wendake.
Je tiens d'abord à saluer, dans les tribunes,
M. Eric Duchesneau, président du conseil d'administration de la caisse de Wendake, Mme Mireille Guay et
Mme Marjorie Filteau Boucher, respectivement présidente du CA et conseillère
à la vie associative de la caisse des Rivières.
Avec des investissements importants en soutien,
les Caisses Desjardins de Chauveau ont joué un rôle central dans la réalisation
de projets locaux, dont le projet S'unir pour nourrir, 17 000 repas
depuis 2004, caisse Desjardins des Rivières, présentateur officiel du pow-wow
de 2025 à Wendake, et le projet S'enraciner dans la communauté pour le
reboisement dans les cours d'école et maisons de jeunes à Charlesbourg.
Merci aux
administrateurs et employés pour votre implication remarquable. Bon
125e anniversaire! Merci M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Chauveau. Et je reconnais maintenant M. le
député de Richelieu.
Souligner la remise de bourses
du député
de Richelieu pour la relève agricole
M. Jean-Bernard Émond
M. Émond : Merci beaucoup, M. le Président. C'est avec
beaucoup de fierté que je prends la parole aujourd'hui en présence du ministre
de l'Agriculture afin de souligner la vitalité de notre relève agricole
régionale, à l'occasion de la remise des bourses agricoles 2025.
Cette année, la bourse du député de Richelieu
pour la relève agricole a été décernée à M. Patrice Bertolacci et sa conjointe Jessica, des Jardins du Peuple, une
microferme biologique diversifiée qui est située à Saint-Aimé et qui incarne à merveille, M. le Président, l'agriculture
durable et innovante. La bourse innovation Alain-Beaudin a, pour sa part, été
remise à Mme Émilie Guérard, de La Brouette Maraîchère de Saint-Louis, une
entreprise engagée dans la production biologique et... l'autonomie, pardon,
alimentaire.
En terminant,
M. le Président, je tiens à remercier M. Marco Lavallée, le directeur
général de la Société d'agriculture de
Richelieu, ainsi que M. Patrick Benoit, VP de l'UPA Richelieu-Yamaska,
pour leur précieuse contribution au jury et leur engagement envers la
relève agricole. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Richelieu. La parole revient maintenant à M. le
député de Maurice-Richard.
Rendre hommage à Mme Chantal
Comtois
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Bientôt, le milieu communautaire d'Ahuntsic dira au revoir à une
femme d'exception, Chantal Comtois, ici présente.
Femme engagée, au grand coeur et militante
déterminée pour les droits des plus vulnérables, elle laisse une empreinte
durable dans notre communauté.
Ses 20 ans d'engagement, dont 14 à la
direction générale du SNAC, principale banque alimentaire du quartier, ont été
marqués par son dévouement et son leadership.
Avec bienveillance et un travail acharné, elle a
su apporter le soutien nécessaire à celles et ceux que la violence de notre
système économique tente de priver de leur dignité.
Elle a aussi notamment
joué un rôle déterminant dans la lutte pour préserver le centre communautaire
Solidarité Ahuntsic, incarnant les valeurs de solidarité et de dignité.
Ce fut un privilège de collaborer avec toi,
Chantal. Au nom de ma circonscription et au nom du Québec, je te dis merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Maurice-Richard. Et je cède maintenant la parole à Mme
la députée de Marie-Victorin.
Souligner le 40e anniversaire
de la Maison La Virevolte
Mme Shirley Dorismond
Mme Dorismond : Merci beaucoup, M. le Président. Je souligne la
présence, dans les tribunes, de Guy Levesque, directeur général de
la Maison Virevolte.
Mais quelle
fierté de souligner les 40 ans de la Maison Virevolte! Avec plus de
900 membres et plus de 285 familles, la Maison Virevolte joue un rôle essentiel pour renforcer les liens
familiaux et favoriser l'épanouissement des enfants et des familles.
Au fil des ans, votre équipe les ont accueillis,
écoutés, accompagnés et soutenus. Votre dévouement et votre engagement sont
bien ancrés dans la communauté.
Pour les
40 ans de la maison, je souhaite que cette étape importante inspire les
nouvelles actions, pour un avenir plus humain, plus juste et plus
équitable.
Au nom des enfants et des familles de Marie-Victorin,
je vous dis merci de tout coeur, et bon 40e!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Marie-Victorin. La parole revient maintenant à Mme la députée
de Bourassa-Sauvé.
Souligner la victoire des
Spartiates de l'école secondaire
Calixa-Lavallée au tournoi de robotique FIRST Québec
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : M. le Président, je
prends aujourd'hui la parole pour féliciter chaleureusement l'équipe des
Spartiates 3544 de l'école secondaire Calixa-Lavallée, un établissement
situé dans Bourassa-Sauvé.
Du 6 au 8 mars 2025, nos jeunes se sont
brillamment démarqués au tournoi de robotique FIRST Québec. L'équipe des Spartiates de Calixa-Lavallée a
remporté la compétition de ce tournoi québécois de robotique et a eu l'immense
honneur de recevoir le prestigieux Prix de l'esprit d'équipe. Mais ce n'est pas
tout. Notre équipe de Montréal-Nord est l'unique équipe qui représente tout le
Canada à la compétition internationale de robotique qui se déroule en ce moment
même au Panama. Un seul mot peut exprimer cette victoire : fierté.
Je suis fière de nos jeunes, car ils ont su
mettre en avant leur passion et la valorisation de leur créativité afin
d'atteindre leur objectif la victoire.
Je tiens à souligner également le travail et
l'accompagnement de toutes ces personnes qui oeuvrent sans relâche dans l'ombre pour soutenir nos élèves : les
coachs, les mentors, les enseignants et toute la communauté de Bourassa-Sauvé.
En
route vers la victoire internationale au Panama, bravo, les Spartiates!
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Et je cède maintenant la parole à M. le député de Nicolet-Bécancour.
Souligner le travail de
l'organisme Entraide Bécancour
M. Donald Martel
M. Martel : M.
le Président, Entraide Bécancour, c'est un organisme communautaire bien ancré
dans notre milieu. Chaque jour, il contribue à améliorer la vie des gens
en répondant à leurs besoins matériels, sociaux et collectifs. Ce qui le rend unique, ce sont surtout ses
bénévoles, des femmes et des hommes dévoués, passionnés et généreux qui
donnent de leur temps pour soutenir leur communauté.
Je veux
aujourd'hui saluer deux personnes qui inspirent et animent cette belle
équipe : Yannick Lacoste, président du conseil d'administration, et
Nathalie Pépin, directrice générale.
Sous leur
direction, Entraide Bécancour a récemment mené une campagne de souscription
appuyée par soeur Angèle et le gardien de but Samuel Montembault,
originaire de Bécancour. Résultat : 300 000 $ amassés pour la
communauté.
Bravo et
merci, Yannick et Nathalie, de faire rayonner avec autant de coeur la fibre
communautaire qui unit et fait grandir Bécancour. Bravo!
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Nicolet-Bécancour. Au tour, maintenant, de Mme la députée de Labelle.
Souligner le 25e anniversaire de la Fiducie
du Domaine Saint-Bernard
Mme Chantale
Jeannotte
Mme Jeannotte :
Merci, M. le Président. Je suis heureuse de souligner la réussite
exceptionnelle de la Fiducie du Domaine Saint-Bernard, qui assure depuis
maintenant 25 ans la sauvegarde d'un véritable joyau écologique qui fait
la fierté du Grand Mont-Tremblant et de toutes les Laurentides.
Créée en 2000 par la
communauté, cette fiducie d'utilité sociale du Domaine Saint-Bernard gère un
territoire de 1 500 acres de
nature protégée, riche d'un patrimoine historique. Elle a pour mission d'offrir
des activités éducatives, culturelles, sociales, sportives et même
scientifiques.
Je
tiens à saluer ses initiateurs, et plus particulièrement M. Yves Bienvenue
pour sa détermination à la préservation de ce site naturel exceptionnel,
les membres passés et présents de la fiducie ainsi que la ville de
Mont-Tremblant pour ce legs à la collectivité. Je remercie aussi les donateurs
et les partenaires qui soutiennent activement le domaine.
Grâce à ce modèle d'économie
sociale en préservation environnementale qu'est la fiducie, eh bien, le Domaine
Saint-Bernard va continuer d'émerveiller des milliers de visiteurs et de
résidents des Laurentides et de tout le Québec. Je vous invite tous et toutes à
venir le découvrir. Merci.
• (13 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Labelle. Je rappelle à tous les collègues que la durée
des déclarations est d'une minute. Je vous remercie de votre collaboration.
Nous poursuivons. Je
reconnais maintenant Mme la députée de Hull.
Rendre
hommage à M. Pierre Philion
Mme Suzanne
Tremblay
Mme Tremblay : M. le Président, j'ai eu
l'honneur de remettre à M. Pierre Philion la Médaille de la députée de
l'Assemblée nationale lors d'une fête célébrant ses 80 ans et son parcours
au service de sa communauté.
Pierre, c'est le
conseiller municipal qui a toujours travaillé avec sérieux, écoute et
proximité, portant ses dossiers avec coeur et détermination. On n'a qu'à penser
au prolongement du boulevard des Allumettières, qui a facilité le quotidien des
familles, ou à son courage pour défendre des initiatives audacieuses pour la
santé publique, comme le dossier des villes sans fumée, qui a contribué à
changer les mentalités et à ouvrir la voie à l'interdiction de fumer dans les
lieux publics.
Mais ce qui rend
Pierre vraiment exceptionnel, c'est son dévouement et la générosité avec
laquelle il soutient les autres, donnant
toujours de son temps sans compter. Il a joué un rôle central dans la
construction de la Maison communautaire
Daniel-Johnson, un lieu vital pour les familles, et il a offert, année après
année, des fêtes de Noël magiques aux enfants défavorisés.
Pierre, ton humanité,
ton engagement et ton esprit rassembleur ont profondément marqué notre
communauté. Merci pour tout ce que tu as fait et pour l'être humain
extraordinaire que tu es. Merci, Pierre.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Hull. La parole revient maintenant à Mme la députée d'Iberville.
Souligner
le 50e anniversaire du Club
FADOQ Mont-Saint-Grégoire
Mme Audrey
Bogemans
Mme Bogemans : Merci beaucoup, M. le
Président. La FADOQ de Mont-Saint-Grégoire célèbre ses 50 ans cette année.
C'est un organisme de
chez nous qui se démarque par son dynamisme et ses nombreuses activités, qui
passent de la pétanque à la danse, à des
parties de cartes, des repas communautaires, et bien plus. Leur but est de
briser l'isolement, bien entendu,
mais surtout de permettre à nos aînés de conserver et de voir améliorer leur
qualité de vie au sein de cette communauté tissée serré.
Les centaines de
membres de la FADOQ sont à eux seuls une prouesse, en sachant que la population
de cette petite municipalité, qui est
reconnue pour son agrotourisme et sa vaste gamme d'expériences gourmandes, est
d'environ 3 000 habitants. Je ne peux qu'encourager l'organisation
d'une relève afin que les générations suivantes puissent un jour joindre
les rangs de la FADOQ de Mont-Saint-Grégoire.
Donc,
aux bénévoles qui se sont succédé au fil des ans, je vous remercie au nom de
tous les membres qui ont pu profiter de votre dévouement. Félicitations
pour vos 50 ans!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée d'Iberville. Et je reconnais maintenant Mme la députée de
Louis-Hébert.
Rendre
hommage à Mme Sabrina Duchesne
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je tiens à rendre
hommage à Sabrina Duchesne, athlète
paralympique d'exception, qui a récemment annoncé sa retraite, après
22 ans de carrière. Elle est ici, d'ailleurs, avec nous, dans les
tribunes. Bonjour, Sabrina.
Originaire de
Saint-Augustin-de-Desmaures, chez nous, dans Louis-Hébert, Sabrina a découvert la paranatation à deux ans grâce à la
physiothérapie, un sport qui allait transformer sa vie.
Dès l'âge de 14 ans, elle se distingue sur
la scène internationale, remportant une médaille de bronze au 400 mètres libre aux Jeux parapanaméricains.
Par la suite, elle représente fièrement le Canada lors de trois Jeux
paralympiques, dont Tokyo 2021,
où elle monte sur le podium avec le relais 4 x 100 mètres libre.
Elle prend aussi part à cinq championnats du monde et aux Championnats
panpacifiques de paranatation.
Tout au long de sa carrière, Sabrina accumule
titres et distinctions, s'imposant comme une figure majeure de la paranatation.
Son parcours est marqué par une détermination sans faille, transformant les
défis en une force. Sa persévérance lui a permis de se hisser au sommet,
devenant une source d'inspiration pour les jeunes athlètes.
Aujourd'hui,
après avoir marqué l'histoire du sport paralympique, Sabrina tourne une
nouvelle page, s'engageant dans une carrière en criminologie. Elle reste un
modèle de courage et de résilience, et je lui souhaite plein de succès
pour cette nouvelle étape.
Félicitations pour tout ce que tu as accompli,
Sabrina!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Félicitations,
Mme Duchesne! Et bonne continuité.
Nous poursuivons. Je reconnais maintenant M. le
député de Mégantic.
Souligner le 50e anniversaire
du Centre de
la petite enfance Le Ballon Rouge
M. François Jacques
M. Jacques : Merci, M. le
Président. Aujourd'hui, je tiens à souligner le 50e anniversaire du Centre
de la petite enfance Le Ballon Rouge de La Patrie.
Né dans les années 70 dans la foulée des
premières garderies du Québec, Le Ballon Rouge est situé dans un cadre
enchanteur, au pied du mont Mégantic. Le CPE offre 42 places aux familles
de La Patrie ainsi qu'aux MRC du Granit et du Haut-Saint-François.
Ce sont cinq décennies qui ont vu des hauts et
des bas. En 2006, le service a failli fermer. Mais l'engagement de toute une
communauté a donné un second souffle au Ballon Rouge. L'ajout de places pour
poupons, une rénovation majeure et l'aménagement d'une superbelle cour
extérieure ont revitalisé ce service essentiel pour la communauté.
Je veux donc remercier chaleureusement tous ceux
et celles qui ont contribué, depuis 50 ans, à faire du CPE Ballon Rouge
l'excellent service qu'il est encore aujourd'hui. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Mégantic. La prochaine déclaration revient à Mme la députée de Robert-Baldwin.
Souligner le 35e anniversaire
de la
Fondation du collège Beaubois
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci, M. le
Président. Aujourd'hui, je souhaite souligner le 35e anniversaire de la
Fondation du collège Beaubois, qui joue depuis ses débuts un rôle essentiel
dans la vitalité du collège et de la communauté de l'Ouest-de-l'Île.
Par ses nombreuses réalisations, notamment
l'octroi de bourses aux familles, le soutien à l'innovation pédagogique,
l'achat d'équipements technologiques et la modernisation d'infrastructures
sportives et culturelles, la fondation contribue concrètement à la réussite et
à l'épanouissement des élèves. Grâce à l'engagement de ses membres, donateurs
et bénévoles, elle renforce chaque jour les liens entre le collège, les
familles et la communauté.
Je félicite chaleureusement les fondateurs ainsi
que tous ceux et celles qui ont contribué à bâtir et à faire rayonner cet héritage exceptionnel. Votre
dévouement demeure une source d'inspiration pour les générations à venir. Vous pouvez
être fiers de ces 35 ans d'impact positif et de solidarité. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Robert-Baldwin. Alors, voilà qui met fin à la rubrique
Déclaration de députés. Je remercie les collègues pour vos déclarations.
Et nous allons suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 13 h 56)
(Reprise à 14 h 06)
La Présidente : Bonjour, tout le
monde. Mesdames messieurs, vous êtes nombreux. Le parlement du Québec, c'est
chez vous.
Messieurs dames les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Présence
de Mme Monique Sauvé, ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale
Aujourd'hui,
j'ai le plaisir de souligner la présence, dans les tribunes, de Mme Monique
Sauvé, ancienne députée de Fabre.
Et nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bonjour, Mme la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article b du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 4
La
Présidente : À l'article b du feuilleton, M. le ministre des Finances
présente le projet de loi n° 4, Loi
concernant la mise en oeuvre de
certaines dispositions du discours sur le budget du 25 mars 2025 et
modifiant d'autres dispositions. M. le ministre.
M. Eric
Girard
M. Girard (Groulx) : Merci, Mme
la Présidente.
Ce projet de loi modifie ou édicte des
dispositions législatives afin notamment de mettre en oeuvre certaines mesures
contenues dans le discours sur le budget du 25 mars 2025.
Le projet de loi modifie la Loi sur le régime de
rentes du Québec afin de préciser que la présomption selon laquelle un travail est réputé exécuté au Québec
ne s'applique que si le travail est exécuté au Canada. Il change le calcul des
prestations du régime de base du régime de
rentes du Québec en prévoyant le retranchement des mois pour lesquels une
personne reçoit une indemnité de
remplacement du revenu réduite de la Commission des normes, de l'équité, de la
santé et de la sécurité du travail.
Le projet de
loi modifie le Code de la sécurité routière et le Règlement sur l'immatriculation
des véhicules routiers afin principalement de hausser de
40 000 $ à 62 500 $ la valeur d'un véhicule pour lequel un
propriétaire doit payer un droit additionnel
et de supprimer l'exemption applicable aux véhicules électriques et aux véhicules
hybrides électriques rechargeables sur la partie de leur valeur se
situant entre 40 000 $ et 75 000 $. Il met en place un
droit additionnel à l'égard des véhicules
électriques et des véhicules hybrides électriques rechargeables payable pour
obtenir l'immatriculation d'un véhicule et le droit de le mettre en
circulation ou pour conserver le droit de circuler avec un véhicule
immatriculé.
Le projet de loi modifie la Loi sur l'Institut
de la statistique du Québec afin notamment de préciser les règles applicables
lorsque l'Institut de la statistique du Québec conclut, avec un organisme
public, une entente impliquant la collecte
de renseignements par l'institut et d'élargir le processus de désignation des
renseignements pouvant être détenus et utilisés par l'institut et
communiqués à des fins de recherche aux chercheurs liés à un organisme public.
Le projet de loi modifie également le Code de
procédure civile afin de modifier la formule de calcul utilisée pour déterminer la portion saisissable du revenu
d'un débiteur alimentaire ainsi que le taux de saisie et pour prévoir que les aliments destinés à subvenir aux besoins d'un
enfant majeur accordés en justice sont aussi exclus des revenus saisissables du
débiteur.
• (14 h 10) •
Le projet de loi modifie la Loi facilitant le
paiement des pensions alimentaires afin principalement :
1° de prévoir qu'un débiteur alimentaire qui est
prestataire d'une aide financière en vertu d'une mesure ou d'un programme prévu
par la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles est exempté de fournir et
de maintenir une sûreté dans le cadre de la perception de la pension
alimentaire;
2° de
permettre au ministre des Finances de déterminer, lorsqu'un état d'urgence est
déclaré par le gouvernement, le cas
et les conditions selon lesquels des frais de perception et de recouvrement des
pensions alimentaires peuvent être imposés ainsi que les cas et les
conditions selon lesquels des avances peuvent être versées aux créanciers
alimentaires.
De plus, le projet de loi modifie la Loi sur
l'administration fiscale afin notamment :
1° de
modifier la définition de l'expression «grande société» pour prévoir que le
capital versé des sociétés qui sont liées
à une société est pris en considération pour déterminer si cette dernière est
une grande société pour l'application de cette loi;
2° de prévoir qu'un renseignement
contenu dans le dossier fiscal peut être communiqué au ministre des Finances,
sans le consentement de la personne concernée, lorsque le renseignement est
nécessaire à l'élaboration et à l'évaluation de politiques et de mesures en
matière économique, budgétaire et financière du gouvernement ainsi que pour
informer une personne relativement à
l'application d'une politique ou d'une mesure économique, budgétaire ou
financière à son égard.
Le
projet de loi propose également de modifier la Loi sur les assureurs afin de
permettre aux bénéficiaires d'une police d'assurance vie d'une personne décédée
d'être informés que des sommes pourraient leur être dues en permettant aux
assureurs offrant des contrats d'assurance individuelle sur la vie d'obtenir
des renseignements personnels relatifs à une personne décédée de l'Agence du
revenu du Québec puis du Directeur de l'état civil.
Le
projet de loi modifie la Loi sur la fiscalité municipale afin d'abroger les
dispositions permettant aux municipalités locales de prélever une taxe
d'affaires, sauf en ce qui concerne les cotisations imposées aux membres d'une
société de développement commercial sur une
base autre que la valeur locative, et les dispositions leur permettant d'avoir
un rôle de la valeur locative.
Le
projet de loi prévoit aussi diverses mesures dont l'augmentation du financement
du Fonds Avenir Mécénat Culture, la révision du tarif de consultation du
registre foncier, la hausse des cibles de réduction de la dette nette
présentées aux états financiers du
gouvernement pour les années financières 2032‑2033 et 2037‑2038
et le pouvoir du gouvernement de modifier les taux de cotisation au
régime d'assurance parentale.
Enfin, le projet de
loi prévoit des dispositions de concordance, transitoires et finales, Mme la
Présidente.
Mise aux voix
La
Présidente : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi? Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le ministre des Finances.
M. Girard
(Groulx) : Voilà. Permettez-moi de déposer le troisième rapport
actuariel modifiant l'évaluation actuarielle du Régime des rentes du Québec au
21 décembre 2021 de Retraite Québec.
La
Présidente : Ce document est déposé. M. le ministre de la Justice.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bonjour, Mme la
Présidente. Permettez-moi de déposer l'évaluation de la mise en oeuvre
des dispositions de la Loi sur la protection de la jeunesse relatives à la
stabilité des liens et des conditions de vie des enfants confiés à un milieu de vie substitut jusqu'à la majorité :
regard sur la jurisprudence, de la Commission des droits de la personne
et des droits de la jeunesse. Merci.
La
Présidente : Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Mme la Présidente, au nom de mon collègue le ministre des Relations
internationales et de la Francophonie et en vertu de l'article 22.2 de la
Loi sur le ministère des Relations internationales, je dépose, à titre de
document, l'engagement international important suivant ainsi qu'une note
explicative sur le contenu et les effets de cet engagement : la Convention
interaméricaine sur la prévention, la sanction et l'élimination de la violence
contre la femme, de l'Organisation des États américains.
Deuxièmement,
au nom de mon collègue le ministre des Relations internationales et de la Francophonie
et en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des
Relations internationales, je présente une motion pour que l'Assemblée nationale approuve l'engagement international
important que je viens de déposer, à savoir la Convention interaméricaine pour la prévention, la sanction et
l'élimination de la violence contre la femme, de l'Organisation
des États américains, et les notes explicatives.
Troisièmement, au nom
de mon collègue le ministre des Relations internationales et de la Francophonie
et en vertu de l'article 22.2 de la Loi
sur le ministère des Relations internationales, je dépose, à titre de
documents, l'engagement international important suivant ainsi qu'une
note explicative sur le contenu et les effets de l'engagement : l'Entente complémentaire entre le gouvernement du Québec et
l'Organisation de l'aviation civile internationale concernant les locaux
de l'organisation situés au 1001, boulevard
Robert-Bourassa, à Montréal, signée le 23 septembre 2025, et les notes
explicatives.
Quatrièmement, au nom
de mon collègue le ministre des Relations internationales de la Francophonie et
en vertu de l'article 22.3 de la Loi
sur le ministère des Relations internationales, je fais motion pour que
l'Assemblée nationale étudie, dans le
délai prescrit par la loi et en vue de son approbation, l'engagement
international important que je viens de déposer, à savoir l'Entente
complémentaire entre le gouvernement du Québec et l'Organisation de l'aviation
civile internationale concernant les locaux de l'organisation situés au 1001,
boulevard Robert-Bourassa à Montréal, signée le 23 septembre 2025. Merci.
La Présidente :
Et je vous avise qu'en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère
des Relations internationales les motions sont présentées, mais ne pourront
être débattues avant 10 jours.
M. le ministre
responsable des Services sociaux.
M. Carmant : Mme la Présidente, permettez-moi de déposer
l'évaluation des impacts de la Loi sur la protection de la jeunesse,
analyse des cohortes 2003‑2020. Merci.
La
Présidente : Ce
document est déposé. À nouveau, M. le leader du gouvernement. Et là vous en avez
plusieurs, des dépôts.
M. Jolin-Barrette : Oui. Mme la Présidente, je dépose la réponse à la
pétition déposée en Chambre le 20 mai par le député de Jean-Lesage,
les réponses aux pétitions déposées en Chambre le 28 mai par le député de
Jean-Lesage et la députée de Westmount—Saint-Louis, les réponses aux pétitions
déposées en Chambre le 4 juin par les députés de Saint-Henri—Sainte-Anne
et la députée des Mille-Îles, les réponses aux pétitions déposées en Chambre le
5 juin par le député de Gatineau et la députée de Mont-Royal—Outremont, les réponses aux pétitions
déposées en Chambre le 21 mai par la députée de Westmount—Saint-Louis
et le député d'Hochelaga-Maisonneuve, la réponse à la pétition déposée en
Chambre le 6 juin par le député de Jean-Talon, les réponses aux pétitions
déposées en Chambre le 1er octobre par
le député de Rosemont et la députée de Bourassa-Sauvé, les réponses aux
questions écrites au feuilleton le 30 septembre
2025 par le député de LaFontaine et la députée de Vaudreuil, la réponse à la
question inscrite au feuilleton le 2 octobre
2025 par le député de Marquette, la réponse à la question inscrite
au feuilleton le 1er octobre 2025 par le député des
Îles-de-la-Madeleine. Merci.
La Présidente : Ces documents
sont déposés.
Pour ma part,
j'ai reçu le préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de
demain aux affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Conformément à l'article 97.1 du règlement, je dépose copie du texte de ce
préavis.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de commissions
ni de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas
de réponses orales aux pétitions ni de... d'interventions, dis-je, portant sur
une violation de droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes maintenant rendus à la période de
questions et de réponses orales. Et, pour ce faire, je cède la parole, en
question principale, à la cheffe de l'opposition officielle.
Impact de la Loi visant
principalement à instaurer la responsabilité
collective quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux
et à assurer la continuité de la prestation de ces services
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. J'ai écouté attentivement Tout le monde en parle,
dimanche dernier, et le ministre a dit que les négociations avaient mal
commencé. Il a avoué qu'il avait traité les médecins de paresseux, et, après
avoir fait du «docteur bashing», maintenant, selon lui, le climat est sain et
propice pour une bonne discussion. Eh bien, je ne sais pas s'il a pris congé,
mais, habituellement, la réalité nous rattrape assez vite.
Son gouvernement a imposé une loi spéciale sous
bâillon dans la nuit de vendredi à samedi, cette superloi spéciale,
liberticide, une loi matraque, une loi qui instaure la police des médecins, une
loi qui instaure le «stool» national en
milieu de travail, qui devra se rapporter à un enquêteur, qui, lui, devra se
reporter à un «top gun», qui s'appelle un inspecteur national,
maintenant. Wow! Je rappelle qu'il n'y a pas... il n'y a pas si longtemps, il a
déposé un plan pour dire qu'il voulait que son réseau devienne l'employeur de
choix. Ça commence bien.
Maintenant, il a aussi dit la chose suivante sur
les pénalités, il a dit : Ce n'est pas adopté, c'est sous décret.
Est-ce que le
gouvernement, le premier ministre peut dire la vérité aux Québécois? Ça a été
adopté, et sanctionné, et c'est
rentré en vigueur samedi, les pénalités liberticides de plusieurs milliers de
dollars. L'article, s'il le cherche, je ne sais pas s'il l'a lu, c'est
l'article 212. Je veux juste l'aider là-dessus pour sa réponse.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, je voudrais corriger certains faits qui ont été énoncés par la
cheffe de l'opposition officielle.
D'abord, je
l'invite à aller voir dans l'histoire du Québec. Il y a eu souvent,
malheureusement, des lois spéciales, et à chaque fois il y avait des
pénalités du genre qui ont été incluses dans le projet de loi n° 2.
Maintenant, la cheffe de l'opposition officielle
s'offusque qu'on soit rendus à notre huitième bâillon. Je lui rappelle que Jean
Charest a fait 25 bâillons, Lucien Bouchard a fait 53 bâillons, et
Robert Bourassa, Robert Bourassa a fait 53 bâillons. Donc, quand on arrive
puis on laisse entendre que le gouvernement est en train de faire des choses qui ne se sont jamais faites, ce n'est pas exact,
Mme la Présidente. Il y a déjà eu des lois spéciales, il y a déjà eu des
bâillons.
Maintenant, revenons au pourquoi de la loi pour
changer le mode de rémunération. C'est important, d'abord, de se comparer avec
ce qui se fait ailleurs dans le Canada. On sait qu'au Québec on a, per capita,
plus de médecins que dans le reste du Canada, mais par
contre on a, en pourcentage, moins de Québécois qui ont accès à un médecin de famille. Est-ce normal? Dans les autres provinces,
il y en a qui ont changé le mode de rémunération. Ça fait 25 ans depuis
le rapport Clair qu'on dit : Il faut
changer le mode de rémunération. Les médecins, on négocie avec eux depuis deux
ans et demi, l'entente est échue depuis mars 2023.
• (14 h 20) •
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente,
non, il n'y a pas eu d'autres gouvernements qui ont instauré des «stools»
nationals. Donc, l'employé du mois, selon le gouvernement, c'est celui qui va
se promener dans le cabinet puis qui va devoir regarder les discussions, puis
les entendre, puis les rapporter pour dire : Attention, je pense qu'il y a
un complot, on devrait les mettre à l'amende. Non, ça n'existe pas. Et, j'ai
regardé, non, nulle part il n'y a... Le délit d'opinion, n'importe quel
Québécois, aujourd'hui, qui s'exprime s'expose à une amende de
28 000 $ à 140 000 $ par jour. Oui ou non? C'est vrai?
La Présidente : La réponse du premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, je vais vous donner la réponse en plein dans le mille : on
s'est inspirés d'une loi spéciale de Lucien Bouchard en 1999 contre la FIQ,
contre le syndicat des infirmières, pour mettre en place ces pénalités. Donc, quand la cheffe de
l'opposition officielle dit : Ça ne s'est jamais fait, bien, c'est... ça
s'est au moins fait par Lucien Bouchard, premier ministre, contre la
fédération, la FIQ, des infirmières.
Maintenant, Mme la Présidente, est-ce que c'est
normal? Bien oui. On ne peut pas tolérer qu'il y ait de la concertation pour
amener des moyens de pression pour pénaliser les patients du Québec.
J'espère...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente,
je comprends, PQ, CAQ, c'est la même affaire, mais que lui est allé un peu plus loin que Lucien Bouchard, son maître penseur.
Je comprends. Mais la nation québécoise mérite mieux qu'un gouvernement qui
nous proroge, qui nous bâillonne à coups de lois spéciales, et qui nous
décrète... et qui aujourd'hui nous
dit : On va aller plus loin, on va vous mettre à l'amende, tous les
Québécois, pas juste les médecins, votre loi. C'est ça, la différence. Vous
allez trop loin.
Allez-vous reculer ou admettre qu'effectivement
le ministre s'est trompé à Tout le monde en parle?
La
Présidente : Mme la cheffe,
je vous rappelle que vous vous adressez à la présidente. La réponse du premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
soyons clairs, là, ce qu'on dit, c'est, s'il y a concertation pour désobéir à
une loi, il y aura des pénalités. Bon, là,
ce que nous dit la cheffe de Québec... La cheffe de Québec solidaire! Quel lapsus, oui, quel lapsus! On savait que Québec solidaire serait contre ce genre de mesures. Eux autres, ils sont d'accord pour
ne pas respecter les lois du Québec, que ce soit pour faire des dégâts
dans la ville de Montréal, ils sont d'accord avec ça.
Bon, on vient
de dire : Lucien Bouchard, au PQ, l'a déjà fait. Donc, ce que je
comprends, c'est que le Parti libéral, il est avec Québec solidaire, est d'accord pour ne pas respecter les lois du Québec. C'est quand
même grave, là.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Moi, maintenant, je
comprends pourquoi le premier ministre était absent lors des célébrations, à
l'Assemblée nationale, de la Charte des droits et libertés de la personne du
Québec, parce qu'au fond il le savait, où est-ce
qui s'en allait, dès mardi dernier. Il savait qu'au fond, la liberté
d'expression des Québécois, nos droits individuels, nos droits de
rassemblement, il n'en avait que faire.
Mais écoutons
le Dr Antoine Groulx. Cette loi spéciale n'a rien d'autre qu'à «flatter
l'ego de quelques politiciens populistes et revanchards».
Allez-vous, oui ou non, reculer sur les amendes
aux citoyens? Les Québécois méritent mieux que ça.
La
Présidente : Alors, Mme la cheffe, vous vous adressez à la
présidente quand vous posez vos questions. Ça fait deux fois que je vous
le dis.
Alors, la réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, c'est quand même intéressant, là, puis c'est très clair, ce que
vient de dire la cheffe de... je ne sais pas
trop... en tout cas, de l'opposition officielle. Je voulais dire du Parti
libéral, mais c'est Pablo. Mais, bon, OK.
On a la liberté d'expression des syndicats de
médecins, qui pourraient refuser de respecter une loi, puis, de l'autre côté, l'intérêt commun des patients, des Québécois. Qu'est-ce que choisit le Parti libéral?
La liberté d'expression des syndicats de médecins qui veulent défier une
loi du Québec adoptée en bonne et due forme. Honte à vous.
Des voix : ...
La
Présidente : Article 32, décorum. On retrouve le silence.
Une seule personne a le droit de parole. Et je reconnais, en question
principale, le député de LaFontaine.
Investissements dans le réseau
de la santé
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Juste pour dire au
premier ministre, dans la loi c'est marqué «quiconque», puis «quiconque», c'est 9 millions de Québécois. C'est ça,
«quiconque». Alors, si vous ne savez pas ce que vous avez voté durant la
nuit...
Découvrir d'autres angles morts, Mme la
Présidente, découvrir des angles morts, c'est ce que l'on fait dans les
derniers jours, dans les dernières heures. L'article 129 vient abroger une
entente, il faut le faire, qui était en vigueur avec les médecins spécialistes. En passant, allez relire le bas de
l'article 129, il manque un mot dans le texte. Pour vous dire que
ça a été garroché, comme rédaction.
La naissance
de l'Institut de la pertinence des actes médicaux, l'IPAM, a fait en sorte
d'investir 1,6 milliard de dollars dans 57 projets. Ça, ça
pigeait cet argent-là dans l'enveloppe de rémunération pour subventionner des
projets plus performants qui faisaient en sorte d'améliorer l'efficacité
du système. Par l'article 129, le ministre est allé abolir ça.
Question toute
simple : Considérant qu'il y a 656 millions qui ont été dépensés,
l'autre milliard va-t-il être conservé pour les 57 projets, oui ou
non?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Alors, Mme la
Présidente, la réponse, c'est oui. Mme la Présidente, la loi qu'on a déposée
vendredi dernier, elle est très claire.
L'IPAM avait montré ses limites, avait montré ses limites parce qu'il était
excessivement lourd, plein de bureaucratie, pour être capable d'avoir
peu de résultats pour des engagements qu'il était difficile de prendre à trois
parties composantes. Maintenant, on s'est engagés, on va s'engager pour que
l'argent qui a été libéré puisse continuer d'être investi dans les projets qui
ont été commencés et puisse être investi aussi dans les projets que, là, on
veut faire. Et je donne un exemple, Mme la Présidente, soyons très clairs,
parce que j'en ai parlé souvent en Chambre au
cours de la dernière année, on voulait libérer 400 millions pour les
opérations, pour augmenter les salles d'opération, puis on n'était pas capables de s'entendre avec la
Fédération des médecins spécialistes. Je m'excuse d'être aussi clair, on
n'était pas capables de s'entendre. Et, à chaque fois, on jouait l'horloge,
parce qu'on se disait : Peut-être on aimerait récupérer cet argent-là.
Mais non, Mme la Présidente. Nous, on a mis dans la loi, c'est très clair, on
veut abolir l'IPAM. Et, l'IPAM, l'argent va servir pour les opérations dans le
réseau de la santé.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Donc,
j'entends clairement du ministre que, les 57 projets financés à hauteur de
1,6 milliard de dollars, puis qu'il me corrige si j'ai tort,
le 1,6 milliard ne sera aucunement détourné de ces 57 projets. Je
veux qu'il soit clair là-dessus, de un.
Maintenant, il reste un 450 millions dans
l'enveloppe de 2 milliards. Je veux savoir : Va-t-il l'investir dans
de tels projets? Qui va décider? Va-t-il faire cavalier seul comme il l'a
toujours fait? Va-t-il être sur le terrain pour faire des partenaires pour le
450 millions?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente,
j'ai été très clair, tout à l'heure, que cet argent-là va rester dans le réseau
de la santé. On en a besoin. Le meilleur
exemple que je vous ai donné, c'est que ça fait des mois et même plus qu'un an
qu'on essayait de discuter avec la
FMSQ pour libérer l'argent pour augmenter les opérations. C'était d'une
complexité incroyable de s'entendre. Est-ce que ça peut servir pour les heures d'ouverture qui
sont allégées? Est-ce que ça peut servir pour les heures d'ouverture
défavorables? C'était d'une complexité. Et à chaque fois, Mme la Présidente, on
a dit : Bien, écoutez, vu qu'on ne peut
pas s'entendre... Mais je n'étais pas capable de libérer les argents pour les
mettre dans... avec le... avec Santé Québec.
Alors, Mme la Présidente, je veux être très
clair, cet argent-là va être investi dans le réseau de la santé.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Comment
l'argent va être investi dans le réseau? Qui va décider, Mme la Présidente?
Parce que, s'il nous fait le coup du projet de loi n° 2 en bâillon,
que c'est le ministre qui décide tout dans son bureau, ça ne marchera pas. Là, il est en guerre avec les
médecins, Mme la Présidente, puis il se rend compte de l'impact dévastateur dans
le réseau. Le 450 millions ne peut pas
être dépensé au bon plaisir du ministre, parce qu'il n'est pas capable d'être
efficace quand il dépense l'argent.
Alors, le
450 millions, s'il a mis de côté les médecins, qui sont les maîtres
d'oeuvre, c'est-tu lui tout seul dans son bureau, si d'aventure il le
dépense?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Bien,
écoutez, je pense que j'ai déjà répondu, Mme la Présidente. Je peux répéter au
député de LaFontaine que c'est une décision gouvernementale. On sait
combien qu'on a besoin d'argent, justement, pour des projets très importants,
puis je pense au Dossier de santé
numérique, que les médecins ont
décidé d'arrêter par leurs moyens de pression, qu'on n'a jamais compris
pourquoi, alors que c'est eux qui en ont besoin dans les hôpitaux, Mme la
Présidente.
Là, on va
essayer de trouver une façon de repartir le Dossier de santé numérique, madame... C'est le genre d'argent qu'on a besoin pour faire ces projets-là qui sont structurants. J'espère
que nos médecins seront à table le plus rapidement possible pour
reprendre les étapes du Dossier de santé numérique, qu'on attend avec
impatience.
• (14 h 30) •
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Pontiac.
Impact
de la Loi visant principalement à instaurer la responsabilité
collective quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux
et à assurer la continuité de la prestation de ces services
M. André Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, la semaine dernière, je vous ai lu le témoignage d'un
médecin de la Haute-Gatineau qui a
fait le choix de quitter le Québec en réponse aux actions du gouvernement.
Maintenant, Mme la Présidente, j'aimerais vous dire ce qui se passe
dans les cliniques de la région.
Au cours des
deux dernières semaines, une clinique de Hull a reçu trois avis de ses médecins,
deux médecins de famille, tous deux âgés de 60 ans, qui ont
choisi de prendre leur retraite prématurément à cause des actions du
gouvernement. Une médecin de famille, beaucoup plus jeune, a annoncé
qu'elle quittait pour Ottawa. Elle a à sa charge 1 000 patients, des
patients majoritairement vulnérables, des patients autistes, Mme la Présidente,
des patients qui sont maintenant orphelins à
cause des débordements du gouvernement. Et les lettres, elles continuent. En
date d'aujourd'hui, la clinique reçoit des avis de ses spécialistes qui
disent qu'ils sont intéressés à quitter. Et ça, c'est une clinique.
Voulez-vous
bien me dire dans quel monde parallèle le ministre de la Santé vit alors qu'il
pense que ces départs-là vont aider les patients?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme
la Présidente, je vais prendre ce commentaire-là avec beaucoup de délicatesse,
parce que d'entendre ça du Parti libéral... J'ai lu aussi quelques
articles sur la méthode qu'on a appelée la méthode Barrette, lors de la
dernière réforme, puis je pense que je suis assez mal à l'aise de me comparer à
ce qui a été fait durant ce temps-là.
Je dis une
chose très claire : quand on fait toujours la même chose, on ne peut pas
espérer des résultats différents. Mme
la Présidente, l'entente, elle est expirée depuis plus de deux ans. On a fait
quatre offres, durant l'été, aux deux fédérations. Il y a des
différences qui étaient trop grandes, Mme la Présidente, pour qu'on puisse
s'entendre.
Une loi
spéciale, effectivement, il n'y a personne qui aime faire ça. C'est le genre de
chose qu'on fait lorsqu'on est poussés à la dernière minute. Mais, dans notre
cas, Mme la Présidente, il y avait urgence d'agir. Il y avait urgence d'agir
parce que non seulement il faut aller
soigner les patients dont le député de Pontiac parle, mais il fallait s'occuper
des étudiants dont les sessions étaient mises en cause.
Alors, Mme la Présidente, je n'ai aucun reproche à recevoir du Parti
libéral, qui a détruit notre système de santé. Merci beaucoup.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, on ne peut pas se perdre... se permettre
de perdre un seul médecin dans la région, et
il y en a 30, 30 qui ont dit qu'ils voulaient quitter la région à cause des
actions du gouvernement. L'Ontario, là, elle n'est pas folle. Elle voit
ce qui se passe au Québec. Elle voit le climat que le ministre est en train
d'installer. Et qu'est-ce qu'elle fait? Elle lance une campagne pour attirer les
médecins francophones à Ottawa.
Alors, j'ai
une question pour le ministre... pour le premier ministre. Est-ce qu'au
prochain Conseil de la fédération il va livrer personnellement l'amende
de 500 000 $ à Doug Ford pour avoir incité les médecins à quitter le
Québec?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente,
j'ai expliqué, tout à l'heure... j'ai expliqué, tout à l'heure, qu'on ne peut
pas espérer avoir des résultats différents quand on fait la même chose, je l'ai
expliqué. Mme la Présidente, on a essayé la négociation,
on l'a essayé pendant des mois. Je le répète, c'est expiré depuis deux ans. On
a essayé la médiation. Il n'y a rien qui a pu ressortir de ça de façon
valable, qui pouvait rejoindre nos points.
Est-ce que c'est un chemin facile que l'on
prend? Mme la Présidente, il a été clairement vu qu'au cours des 50 dernières années il y a au moins cinq
gouvernements qui ont essayé d'avoir des négociations pour revoir la
rémunération des médecins. Tous les gouvernements ont échoué. On va
avoir le courage de le faire.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Là, il y a 1 000 patients qui attendent une chirurgie, en
Outaouais, depuis plus d'un an, OK, et, par manque
d'infirmières, le bloc de l'Hôpital de Gatineau, il roule à deux salles sur
sept. Le gouvernement, il ne promet aucune infirmière de plus au bloc.
Il n'y en a pas, d'infirmières de plus en Outaouais.
Alors,
comment est-ce que les médecins de la région sont supposés réussir là où le
gouvernement de la CAQ a échoué
pendant sept ans? Le ministre, il est tellement intéressé à casser les médecins
qu'il est prêt à sacrifier les patients.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente, je
vais passer par-dessus ce commentaire-là. Je voudrais demander au député de Pontiac c'est quel des deux partis qui a fait
l'engagement pour l'Hôpital de Gatineau. Ce n'est pas le Parti libéral, c'est
nous. On va être en train d'investir des milliards pour un hôpital à Gatineau,
Mme la Présidente.
Je pense...
Mme la Présidente, je pense qu'on a démontré, au cours des dernières années,
qu'on a investissait dans notre
réseau de santé, qu'on n'était pas en train de faire les mêmes coupures que les
libéraux ont faites pendant des années pour mettre le réseau à feu et à
sang.
Mme la
Présidente, je pense qu'on est en train de démontrer qu'on a le courage de
faire les changements qu'aucun gouvernement n'a faits au niveau de la
rémunération des médecins. On va le faire, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Robert-Baldwin.
Impact
sur les femmes médecins de la Loi visant principalement à instaurer
la responsabilité collective quant à l'amélioration de l'accès aux services
médicaux et à assurer la continuité de la prestation de ces services
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. Le ministre de la Santé prétend moderniser le réseau, mais sa réforme est vécue comme une véritable attaque par
les femmes médecins du Québec. Elles sont préoccupées, angoissées parce qu'elles comprennent ce que cela
signifie : perte d'autonomie, perte de libertés professionnelles et un
ministre qui s'arroge désormais un contrôle total sur leur pratique.
Ces femmes
travaillent de longues heures pour maintenir des services à la population, et
que fait ce gouvernement? Il leur impose d'en faire toujours plus, dans
un système déjà à bout de souffle, en les traitant comme si elles n'en
faisaient jamais assez.
Le ministre veut faire
croire qu'il comprend leurs enjeux parce qu'il connaît personnellement des
médecins qui sont des femmes, mais, s'il
avait tenu des consultations avec les réseaux de femmes médecins pour les
écouter, il saurait que sa réforme va les épuiser et mener à un exode du
réseau.
Mme la Présidente, comment le ministre peut-il
défendre une réforme qui nie la réalité des femmes?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, j'ai expliqué,
Mme la Présidente, puis, encore une fois, je suis vraiment content d'avoir
cette question-là pour clarifier cet aspect-là, Mme la Présidente.
Premièrement, quand j'entends que la loi
désavantage les femmes, c'est tellement faux, c'est tellement inexact. C'est
inexact, Mme la Présidente.
Les jeunes parents, là, les jeunes parents,
qu'ils soient des femmes... qu'ils soient des femmes, qu'ils soient des hommes, ce que la loi propose, Mme la
Présidente, c'est ce que bien des médecins nous demandent depuis des années,
c'est d'être capable de passer à la prise en
charge collective, plutôt que la prise en charge individuelle. Et ça, qu'est-ce
que ça permet, notamment aux femmes? C'est de dire : Nous avons
fait des choix de vie, nous avons une réconciliation du travail-famille qui
nous dit qu'on peut travailler un certain nombre de jours, mais de s'inscrire
dans un groupe, un groupe de médecine
familiale, par exemple, de donner cette disponibilité-là, mais c'est l'ensemble
de la clinique qui prend la responsabilité envers les patients.
C'est exactement ce que les femmes nous
demandent, c'est d'être capables de faire une prise en charge par équipe plutôt
qu'une prise en charge individuelle. Mme la Présidente, c'est exactement ce que
la loi met en place, et je suis très fier que nous sommes arrivés à cette
solution-là.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Une réponse, Mme
la Présidente, qui démontre clairement que le ministre est complètement
déconnecté de la réalité des femmes qui sont des médecins. Qu'en est-il des
femmes enceintes? Qu'en est-il, Mme la Présidente, des femmes qui viennent
d'accoucher et toutes ces superfemmes qui tentent de concilier travail et
famille?
Cette réforme va avoir des conséquences
financières importantes pour ces femmes. Qu'est-ce que le ministre leur répond?
La Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : ...Mme la Présidente, là, je vais faire attention
pour être certain que j'ai bien exprimé. Je regarde la réforme de M. Barrette, là, où les quotas, dans sa
réforme, étaient imposés par médecin. Prenez cette réponse-là dans le contexte
de la question que je viens d'avoir,
de mettre des pressions sur les femmes. C'est exactement le contraire, Mme la
Présidente, qu'on fait. On dit : Ce n'est plus une responsabilité
individuelle de la femme ou du jeune parent qui dit : Moi, je vais prendre
un congé de six mois, c'est l'ensemble du
groupe. On dit : On va même payer la GMF pour en tenir compte, parce qu'on
veut, justement, que les gens travaillent ensemble.
Alors, venez m'expliquer, Mme la Présidente, ce
que je ne comprends pas. On fait ça pour protéger les femmes.
La Présidente : Deuxième
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais la cheffe de l'opposition
officielle.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : 56 % des
femmes médecins... qui représente tout le corps médical, au Québec, sont des
femmes. Aucune personne ne comprend ce que le ministre comprend. Tout le monde
a compris une chose : les femmes médecins auront la pression de ne pas
s'absenter, sinon toute l'équipe de travail auront une pénalité de 15 %.
C'est ça, la réalité.
Moi, je demande au premier ministre de mettre
une exemption pour les femmes, parce qu'au Québec on peut être une femme, on peut être intelligent, on peut
être médecin et, oui, on peut être maman. Et cette exception, elle existe
pour nous, les élues. Je m'attends à une exception pour les femmes.
• (14 h 40) •
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé. M. le ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente, le
système de prise en charge, le système de prise en charge collective, là, que
je viens d'expliquer — pardon — que
je viens d'expliquer, qui est nouveau avec cette loi-là, c'est non seulement ce
que ça permet, de libérer des gens qui, pour
des raisons personnelles, pour des raisons de maladie, pour des raisons d'être capable d'être un proche aidant pendant une certaine
situation... C'est ça, tenir compte des nouvelles demandes, de la nouvelle
situation. Alors, qu'on ne vienne pas nous dire qu'on n'a pas trouvé une façon
innovante de pouvoir continuer à servir un bassin de patients dans une région
avec un groupe plutôt que de mettre la pression avec des quotas sur un individu
ou sur un médecin. Mme la Présidente, on amène...
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant la cheffe du deuxième groupe
d'opposition.
Impact sur les femmes médecins de la Loi visant
principalement à instaurer
la responsabilité collective quant à l'amélioration de l'accès aux services
médicaux et à assurer la continuité de la prestation de ces services
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Après la courte fin de semaine qu'on a passée à cause
du bâillon qui nous a été imposé par la CAQ, bien, le ministre de la Santé a
fait une tournée médiatique, puis, en gros, ce qu'il a dit à tout le monde,
puis c'est ce qu'il continue à dire : Vous n'avez rien compris,
laissez-moi vous expliquer. Mme la Présidente, on a tout le monde très bien
compris ce que le gouvernement est en train de faire. Il continue dans sa
dérive autoritaire, puis ça, ça ne donne aucun soin supplémentaire à la
population.
J'écoute le premier
ministre nous parler puis j'ai vraiment l'impression qu'il parle de l'époque
quand j'étais en usine, comme si on était dans une chaîne de montage. Ce n'est
pas ça, le ministère de la Santé. Le système de santé, ce n'est pas une chaîne
de montage. Il y a des gens, des êtres humains qui y vont, qui y travaillent.
Les patients et les médecins, c'est des
humains. Peut-être que dans la tour d'ivoire du ministre de la Santé puis du
premier ministre, dans son bureau, ses tableaux Excel, puis tous ses
indicateurs puis ses calculs, ça fait du sens, mais, dans la vraie vie, là,
dans la réalité, sur le terrain, c'est catastrophique, particulièrement pour
les femmes.
Le
ministre de la Santé, il dit qu'il a écouté les femmes. Je veux savoir si le
premier ministre, lui, il les a écoutées, parce que, clairement, le
ministre de la Santé ne les a pas écoutées. J'ai reçu plein de témoignages de
médecins femmes, dont une qui me disait en pleurs qu'elle va retarder son
projet d'avoir un premier enfant parce qu'elle ne va pas pénaliser — c'est
un vrai témoignage — parce
qu'elle ne va pas pénaliser ses collègues.
Est-ce
que le premier ministre, là, je ne
veux pas que le ministre de la Santé
me réponde, le premier ministre, est-ce qu'il est
conscient que sa loi désavantage indûment les femmes?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, c'est assez difficile de suivre la cheffe de Québec
solidaire, parce qu'elle nous a dit clairement, la semaine dernière, qu'elle
est d'accord avec le changement de mode de rémunération, elle est d'accord avec
ça, ce qu'on est en train de faire, mais elle nous dit : Je suis d'accord
seulement si les syndicats de médecins sont
d'accord. Ça fait deux ans et demi qu'on discute avec les syndicats de
médecins, ils ne sont pas d'accord. Donc, qu'est-ce qu'elle nous
propose?
Maintenant,
je pense que le ministre de la Santé vient de bien expliquer qu'au lieu d'avoir
des objectifs individuels on propose
maintenant des objectifs locaux, régionaux et nationaux, des objectifs
collectifs. Ça, ça veut dire qu'on demande aux médecins d'avoir une
solidarité. Ça lui dit-tu quelque chose, le mot «solidarité» entre les
médecins?
La Présidente :
Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente, qu'est-ce qu'on fait si, par
exemple, dans un GMF, la majorité, c'est des femmes, des jeunes femmes qui sont en âge d'avoir un
enfant ou qui sont en congé de maternité? «Je suis terrorisée. Le droit des
femmes, particulièrement le droit à une
grossesse sans risque, en est fondamentalement atteint.» Ça, c'est un des
exemples de témoignage de femmes
médecins, c'est ce qu'elles m'ont envoyé. Clairement, elles n'ont pas écrit au
ministre de la Santé.
Qu'est-ce que le
premier ministre répond à ces femmes?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, actuellement, les médecins de
famille, incluant les femmes médecins de famille, sont payés à l'acte.
Donc, plus ils travaillent d'heures, plus ils font d'actes.
Là,
nous, ce qu'on propose, c'est d'avoir des objectifs collectifs. Donc, je
voudrais qu'elle essaie de m'expliquer en quoi c'est meilleur d'être
payé à l'acte comme actuellement plutôt que d'être payé à la capitation,
c'est-à-dire par patient pris en charge en
groupe dans des GMF. Pourquoi veut-elle aller vers l'individualisme au lieu de
travailler en groupe?
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente, non seulement le premier
ministre n'écoute pas les femmes, il les ignore. Je pose une question
extrêmement claire, extrêmement claire. J'ai regardé ici...
Des voix : ...
La
Présidente : Attendez.
Attendez, Mme la cheffe. Article 32, gardez le silence. J'aimerais
entendre la question. Il vous reste 20 secondes. Poursuivez, Mme la
cheffe.
Mme Ghazal : J'ai ici l'organigramme du ministère de la Santé,
puis, sous le ministre de la Santé, il y a Catherine Ferembach. Ça,
c'est une sous-ministre associée à la Condition féminine. Est-ce qu'elle a été
consultée ou elle a été bâillonnée, elle aussi?
Moi, j'offre
ici l'occasion au premier
ministre de corriger sa loi pour
arrêter de désavantager indûment les femmes.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
Québec solidaire est pour changer le mode de rémunération vers la capitation en groupe, c'est-à-dire que les médecins soient
payés en fonction du nombre de patients pris en charge en groupe, elle dit qu'elle
est d'accord avec ça, mais là elle vient me dire : Il faudrait rester à un
mode de rémunération par acte individuel. Je ne comprends rien.
La Présidente : En question
principale...
Des voix : ...
La Présidente : Et je vous
entends. En question principale, je reconnais maintenant le député de Rosemont.
Bilan
du ministre de la Santé
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Alors, comment résumer sept ans d'échec de la CAQ en santé? Je vous
propose ceci, et j'ouvre les guillemets : «Les besoins ne sont pas
abstraits. Ils se traduisent par des urgences bondées, des listes d'attente
interminables, une fatigue bien réelle chez nos équipes de soins, une offre
insuffisante de services médicaux puis, aujourd'hui, une menace directe à la
santé et à la qualité de vie des citoyens, disons-le, à la cohésion sociale
puis même à l'économie du Québec et de certaines régions où ces soins-là sont
si importants.» C'est bien dit. Je voudrais remercier le président du caucus de
la CAQ et député de René-Lévesque pour cette énumération si lucide qu'il nous a
fait ici samedi matin, aux petites heures, pendant le bâillon.
Avec son coup de force législatif, le ministre
voudrait nous faire croire que tout ça, c'est la faute des médecins. Il y a
juste lui qui croit ça. Moi, j'ai une question, là. Ça fait plus de cinq ans
qu'il est là. Quelle est la part de responsabilité qu'il s'accorde dans les
échecs de...
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, Mme la Présidente,
j'ai toujours dit que j'étais responsable du ministère de la Santé, depuis plus de cinq ans. Depuis plus de cinq ans, Mme la
Présidente, j'ai passé à travers la pandémie. J'ai fait l'évaluation, avec
plusieurs de mes collègues, avec le gouvernement, de ce qu'il fallait qui soit
changé dans le réseau de la santé. On a fait
le décloisonnement des professions, Mme la Présidente. Qu'est-ce que ça veut
dire? C'est trouver d'autres professionnels qui peuvent soulever...
aider dans la charge des médecins. On a fait, entre autres, des mesures... On a
changé, au niveau du projet de loi n° 15, la gouvernance médicale.
Qu'est-ce que ça veut dire? C'est d'être capable d'aller plus au fond des problèmes dans chacune de nos régions pour bien
évaluer les besoins de la population. On a fait des changements importants
au niveau de la main-d'oeuvre indépendante.
Si on n'avait pas ces choses-là, on n'avait pas
fait ces grands projets là, on n'aurait pas été capables de se relever aussi rapidement de la pandémie, Mme la
Présidente. Mais, maintenant qu'on a fait un plan de santé, qu'on est en train
d'appliquer, on le voit, que les choses s'améliorent. Peut-être que
l'opposition ne veut pas en prendre connaissance, parce que c'est trop facile de blâmer, mais nous,
on le voit, et on le sait, que les Québécois s'en rendent compte, de par les commentaires
que je reçois tous les jours...
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Vincent
Marissal
M. Marissal :
On peut bien viser les médecins comme le fait le gouvernement, à commencer
par le premier ministre puis le ministre de
la Santé, depuis des années maintenant. Visiblement, c'est contre-productif. Le
fait est que, notamment dans les salles d'opération, le plus clair du
temps, les décisions de stopper les opérations ou de les ralentir, ça vient d'une directive de Santé Québec, ça vient
de Santé Québec, qui dit aux CIUSSS et aux CISSS de ralentir et de ne
pas en faire plus.
Elle est où, la
responsabilité du ministre là-dedans? Ça va être encore la faute des autres?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, oui, effectivement, Mme la Présidente, je ne suis pas sûr que je vois
le lien entre la loi qu'on vient de mettre
en place et le report des opérations. Mme la Présidente, j'ai expliqué, tout à
l'heure, qu'on essayait de trouver des arrangements, entre autres, avec
la Fédération des médecins spécialistes, sur l'IPAM, pour être capables de
libérer des sommes, pour être capables de
faire plus rapidement des opérations, notamment dans les heures défavorables,
sans avoir, encore une fois, à payer des primes de soir, des primes de
fin de semaine. On a fait tous les efforts pour s'entendre, mais jamais, jamais
on n'a senti la volonté de ces fédérations-là d'être... Tout ce qu'ils
voulaient, c'est jouer l'horloge pour prendre le plus de temps possible. Bien,
malheureusement, on s'est retrouvés dans la situation...
• (14 h 50) •
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Bien là, si le ministre ne voit pas le lien entre les cibles qu'il veut
atteindre et les salles d'opération qui tournent au ralenti, on a un maudit
problème, Mme la Présidente. C'est lui qui veut des cibles puis qui a mis des
dates absolument impossibles à atteindre.
Les médecins nous
disent : Les ordres viennent de Santé Québec, on ne peut pas opérer
davantage, on est obligés d'en faire trois ou quatre au lieu d'en faire sept ou
huit par jour. Est-ce que le ministre va imposer une amende à Santé Québec? Parce
qu'effectivement Santé Québec ralentit la prestation de soins au Québec.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Écoutez, Mme la Présidente, là, je veux juste qu'on soit très clairs par
rapport à sa question. On veut être capables d'accélérer les opérations, entre
autres, notamment, pour être capables de régler le dossier des chirurgies qui
sont en retard. On a réussi à le baisser de plus des deux tiers. Plus de
60 % des opérations... des chirurgies qui sont en retard de plus qu'un an,
on a réussi à les éliminer. Ce que je dis, Mme la Présidente, c'est que, si on
avait pu s'entendre avec la FMSQ pour
libérer l'argent de l'IPAM le plus rapidement possible, on aurait été encore
plus avancés aujourd'hui. C'est ça, la réalité, Mme la Présidente.
Alors,
on peut entendre ce qu'on veut des partis d'opposition, mais la réalité, je
m'excuse d'être aussi transparent, c'est ça.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du troisième groupe d'opposition.
Compressions budgétaires à la Sûreté du Québec
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme
la Présidente, il y a 29 jours, le premier ministre livrait un discours
d'ouverture dans lequel il identifiait quatre priorités. L'une d'entre
elles était la sécurité des Québécois.
Le premier geste
significatif que la CAQ est en train de poser : diminuer les budgets de la
Sûreté du Québec par 10 %, soit une coupure de 120 millions.
Concrètement, qu'est-ce que ça signifie? La SQ va fermer des douzaines de postes de police, notamment en Abitibi-Témiscamingue, sur la Côte-Nord, au Saguenay, fermeture de la direction des
crimes financiers, alors que ce type de crime est en augmentation fulgurante,
un gel d'embauche des nouveaux policiers, suppression des patrouilles de
nuit, diminution des effectifs dans la cavalerie, la sécurité des festivals,
l'embauche de cadets, abolition de postes
affectés aux mesures d'urgence et à des crimes violents. Et ça, ça s'ajoute à
ce qu'on sait déjà, c'est-à-dire une coupe de 50 procureurs du
DPCP, ce qui force l'abandon de certains dossiers, de certaines poursuites.
Mme la Présidente,
est-ce qu'on est vraiment en train d'abolir, d'affaiblir la prévention des
crimes, la lutte aux crimes financiers et la sécurité dans nos régions, tout ça
parce que la CAQ a dilapidé des milliards en fonds publics dans SAAQclic, Northvolt
et son Fonds de développement économique? Est-ce qu'on est vraiment rendus là?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien,
Mme la Présidente, je vais commencer par quelque chose de positif. Je veux
saluer le chef du PQ, qui est d'accord avec la loi n° 2.
Il nous dit qu'il veut, par contre, ramollir les exigences. Mais bravo! Bravo!
Des voix : ...
La Présidente : ...ministre. Je
rappelle à tout le monde, article 32, que vous n'avez pas à applaudir, à
faire quelque bruit que ce soit, c'est le décorum. Maintenant, je veux vous
entendre, entendre la réponse.
M. Legault : Oui. Maintenant,
le pot s'en vient, Mme la Présidente. Je suis vraiment en désaccord complet avec l'approche économique du chef du PQ, qui nous
dit qu'il ne veut plus qu'on utilise le FDE, qu'il ne veut plus qu'on aide les entreprises. Au moment où on affronte un
président, aux États-Unis, qui, avec les tarifs puis de l'incertitude, vient nous
faire perdre des emplois, on a un chef du PQ qui est contre l'interventionnisme
de l'État pour aider les entreprises québécoises. J'aurai tout vu, Mme la
Présidente.
Maintenant,
concernant la SQ, je veux être très clair, il n'y a aucun plan qui a été
approuvé. Il y a des discussions qui ont lieu dans tous les ministères pour
réduire la bureaucratie, pas les services. Donc, oui, nous, on est pour
réduire la bureaucratie.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Premièrement,
sur la loi n° 2, on trouve que c'est gênant, il y a
plusieurs erreurs, et un gouvernement du Parti québécois s'engage à corriger
toutes les erreurs qui ont été faites durant la nuit de vendredi à samedi.
Et, quand on dit qu'on parle de bureaucratie, on
parle de fermer des postes de police et de couper l'escouade des crimes
économiques, Mme la Présidente.
Est-ce que le premier ministre s'engage à ne pas
fermer de postes de police et à ne pas couper dans l'enquête sur les crimes
économiques?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, je m'excuse, mais le chef du PQ a été très clair, il est d'accord
avec la loi n° 2,
mais il veut baisser les exigences des médecins. Bon, c'est comme une demi bonne
nouvelle, là, puis je la salue.
Maintenant, concernant la Sûreté du Québec, je
veux lui dire, il n'y a aucun plan qui a été approuvé. On regarde dans tous les
ministères pour réduire la bureaucratie sans toucher aux services. Nous, de
notre côté, on n'est pas amis avec Magali Picard autant que le chef du PQ.
Donc, on va continuer de travailler à avoir un État efficace, quoi qu'en pense
Magali Picard.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : C'est
gênant d'avoir un premier ministre qui répond de manière aussi décousue à une question fondamentale. La sécurité publique.
Il y a toujours bien une demande de ce gouvernement-là de couper dans la
sécurité publique si la Sûreté du Québec vous revient avec un plan de coupes,
d'abolition de postes de police et d'abolition d'enquête sur les crimes
économiques.
Pouvez-vous vous engager à rehausser la sécurité
des Québécois, au lieu de l'affaiblir? Il me semble que la question est simple.
La
Présidente : Et,
chef, je vous rappelle que vous posez vos questions à la présidente. Réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente — ayoye!
excusez — je
veux être très clair, on veut améliorer la sécurité des Québécois, on veut
lutter contre les gangs de rue, on veut s'assurer qu'il y ait moins de violence
à l'égard des femmes, qu'on utilise moins les jeunes dans nos rues, dans nos
villes du Québec.
Donc, le seul endroit où on regarde pour faire
le ménage, c'est dans la bureaucratie. Donc, je sais que le Parti québécois, ce
n'est pas sa tasse de thé, mais nous, on pense que c'est important.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Gouin.
Mesures pour contrer la pénurie
de personnel enseignant
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. 1 300 démissions
de profs l'an dernier dans nos écoles publiques, 1 300 qui ont quitté parce qu'elles n'en peuvent plus de devoir
choisir quel élève aider dans une classe, où pourtant tous les élèves
auraient besoin d'aide, parce qu'elles n'ont plus de TES pour les aider quand
il y en a un petit ou une petite qui tombe
en crise ou parce qu'elles sont tannées de payer de leur poche les collations
pour les enfants qui ont faim dans leur classe.
Avec
ses coupures, avec son improvisation, le gouvernement est en train d'étouffer
la flamme de celles et ceux qui consacrent
leur vie à former les Québécois et les Québécoises de demain. 1 300
démissions, et ça augmente chaque année depuis que la CAQ gouverne.
Le gouvernement est
prêt à sortir l'artillerie lourde... l'artillerie lourde pour empêcher l'exode
des médecins, mais personne ne parle des milliers de profs qui quittent nos
écoles chaque année.
Qu'est-ce que la
ministre va faire de plus pour que ça s'arrête?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Éducation.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Merci, Mme la Présidente.
Ça va me permettre de réitérer que, naturellement, quand le réseau de
l'éducation perd un enseignant, c'est toujours un enseignant de trop, et on en
est bien conscients.
Maintenant, je pense
qu'il est important de nuancer les propos de mon collègue et les statistiques,
surtout, qui appuient les propos de mon collègue.
Dans la... À l'instar
de la fonction publique, quand on parle d'un enseignant qui quitte pour un
poste de cadre ou un enseignant qui quitte pour un autre centre de services
scolaire, mais qui est encore dans le système d'éducation, donc qui donne encore des services à nos enfants,
qui participe encore à l'éducation de nos enfants et à l'évolution de notre
société, il est comptabilisé dans les départs. Donc, il faut faire attention et
nuancer.
Maintenant, je
réitère qu'un départ est un départ de trop. On l'a vu dans la dernière
négociation, il y a des enjeux pour la rétention de nos enseignants de 0-5 ans,
donc c'est dans les premières années. Qu'est-ce qu'on a fait? On a ajusté les
échelles salariales, on a mis des mesures d'attraction, on a donné des aides à
la classe, on a fait du mentorat. Donc, plusieurs mesures ont été mises en
place pour soutenir nos enseignants, pour les inciter à le rester dans le réseau. On a augmenté les enseignants,
dans la... dans la première ronde de négociation, plus qu'on a... plus que
l'ensemble de la fonction publique, en 2020-2023, et en 2023-2028 également.
La Présidente :
...complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
La ministre nous dit que ces 1 300 démissions là, ce n'est peut-être
pas des démissions, c'est peut-être du monde
qui ont déménagé d'une région à l'autre. Le nombre de démissions a explosé de
67 % en cinq ans. D'après moi,
ce n'est pas parce qu'il y a une épidémie de déménagements au Québec, c'est
parce que les profs craquent sous la pression.
J'ai
remarqué que la ministre n'a pas répondu à ma question. Qu'est-ce qu'elle va
faire de plus pour que cesse cette hémorragie de profs dans les écoles
du Québec?
La Présidente :
La réponse de la ministre.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Oui, bien, je ne veux pas reprendre mon collègue,
mais il y a eu de grands mouvements démographiques, dans les cinq
dernières années, hein, parce qu'on le sait, la pandémie a amené les gens à
venir s'installer probablement plus en
région. Est-ce que ça a un lien avec les enseignants? On pourra le voir.
D'ailleurs, on est en train, justement, de demander aux centres de
services scolaires de faire une analyse approfondie de la raison des départs,
malgré le bémol que j'ai mis de l'avant,
c'est-à-dire qu'il faut faire attention, parce que, dans les démissions... Je
le répète, Mme la Présidente, est
comptabilisé comme une démission par un centre de services scolaire un
enseignant qui quitte et devient à l'emploi d'un autre centre de services scolaire. Alors, ce n'est pas une perte pour le
réseau d'éducation. Mais effectivement, il a raison, on doit procéder à
une analyse plus approfondie de la raison de ces départs-là. Ceux qui sont...
• (15 heures) •
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : La raison
pour laquelle les centres de services scolaires ne sont pas capables de donner
à la ministre la réponse qu'elle souhaite, à savoir c'est quelles, les vraies
démissions, puis lesquelles, les pas vraies démissions, c'est que son prédécesseur a gelé les
embauches, alors les centres de services ne sont pas capables de fournir
les données à la ministre.
Tout prétexte mis de côté, j'aimerais
maintenant, et au-delà des débats de chiffres, que la ministre réponde à la
question que je lui ai posée, parce qu'elle est d'une simplicité désarmante.
Qu'est-ce qu'elle va faire de plus, d'ici la fin de son mandat, de plus, pour
que cesse l'hémorragie des profs dans nos écoles?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Oui,
bien, malheureusement, je vais devoir corriger mon collègue. Je connais un peu
la précédente présidente du Conseil du trésor, légèrement, et elle m'a dit que
les gels d'embauche n'ont jamais... gels de recrutement, gels d'embauche
n'ont jamais touché les enseignants, c'était une des exceptions.
Ceci étant dit, nous allons continuer de suivre
la situation. Je pense qu'il y a une...
Des voix : ...
Mme LeBel : Est-ce que je dois
attendre, Mme la Présidente?
La Présidente : J'entends trop de
bruit à gauche. Je ne sais pas qui parle, mais j'entends trop de bruit. Et
j'aimerais entendre la réponse de la ministre.
Des voix : ...
La Présidente : Et là on ne
fait pas plus de bruit à droite, je vous prie. Mme la ministre, poursuivez.
Mme LeBel : Oui, bien, la bonne
nouvelle, malgré le fait que je réitère qu'un enseignant qui quitte le réseau
d'éducation est un enseignant de trop et qu'on doit trouver des solutions pour
les retenir, on en a mis en place, on va continuer
de faire des suivis, mais la bonne nouvelle, c'est qu'on embauche plus que ceux
qui quittent, et on a quand même un taux de croissance intéressant. Mais
on va poursuivre dans cette direction.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Westmount—Saint-Louis.
Compressions budgétaires à la
Sûreté du Québec
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Nous venons d'apprendre, tout juste cet après-midi, que le
gouvernement a ordonné des compressions historiques à la SQ, 120 millions
de dollars de compressions par année. La SQ,
ça veut dire, ils vont devoir fermer plusieurs postes de police en région, notamment
en Abitibi-Témiscamingue, dans Lanaudière, en Saguenay. Et, pour bien
comprendre l'impact, Mme la Présidente, c'est la suppression des patrouilles de
nuit, c'est le crime organisé qui va se déplacer dans les régions qui ne sont
pas couvertes parce que ça va être un bar ouvert, c'est la baisse du sentiment
de sécurité pour la population, c'est un retard dans les appels. On oublie ça,
les dossiers prescrits et les interventions d'urgence. À Senneterre, ça va
prendre à un patrouilleur plus de 65 kilomètres pour se rendre. Comme si
ce n'était pas assez, on abolit aussi la direction des crimes financiers.
Avant de dire
qu'on en discute puis on optimise, c'est quand même leur proposition. Comment
un gouvernement qui prétend de dire qu'on y va pour la loi et l'ordre
est en train de faire des interventions de «defund the police»?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Sécurité publique.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je veux corriger ma collègue quand elle dit «c'est
leur proposition». C'est la proposition de la Sûreté du Québec, que j'ai reçue
dans la nuit de jeudi à vendredi, parce que, c'est vrai, Mme la Présidente, de
notre côté, on a demandé à tous les organismes, tous les organismes, et la SQ est incluse là-dedans, d'avoir un plan de
redressement, parce qu'ils ont un budget qui est octroyé à chaque année, ça fait
des années qu'ils dépassent, en moyenne, de 200 millions. On leur
demande : Mais qu'allez-vous faire pour atteindre les objectifs? Et c'est
le plan qu'ils nous ont présenté, plan que je n'ai pas accepté, Mme la
Présidente, c'est clair, parce qu'il y a une chose qui est claire, dans le plan
qu'on m'a présenté, je n'ai pas vu de cadres qui ont été coupés. On doit
commencer, normalement, à ce niveau-là, comme le SPVM l'a fait, et la SQ ne l'a
pas fait.
Et, quand on se demande qu'est-ce qu'on va faire
contre la lutte au crime organisé, Mme la Présidente, on avait annoncé le
projet CENTAURE, on a dit qu'il y avait 90 millions d'impliqués là-dedans.
On dépense 300 millions, on ne coupe pas dans tout. On demande aux gens
d'être responsables, de respecter le budget qu'ils ont reçu. C'est ce que je
m'attends de la Sûreté du Québec.
J'étais
surpris de le voir, tout à l'heure, dans les médias, parce que c'est un plan
que je n'ai pas accepté, Mme la Présidente. Puis merci à ma collègue
pour sa question.
La Présidente : Cela met fin à cette
période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons maintenant passer à la rubrique Motions sans préavis, et, pour ce faire,
je cède la place au troisième vice-président de l'Assemblée nationale. Merci,
tout le monde. Bonne fin de journée.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bon après-midi, collègues. Nous sommes à la rubrique Motions sans préavis. Et, sans plus... en fonction de nos
règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais un
membre du groupe formant le gouvernement, et je reconnais M. le ministre
de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, des Faunes
et des Parcs.
Souligner le
125e anniversaire du Mouvement Desjardins
M. Drainville : Merci
beaucoup, M. le Président. Bien, c'est d'abord le député de Lévis qui va
s'adresser à vous aujourd'hui.
D'abord,
j'aimerais saluer la présence, dans nos tribunes, de M. Denis Dubois, le
président et chef de la direction du Mouvement Desjardins,
Mme Monique F. Leroux, ancienne présidente et cheffe de la direction du
Mouvement Desjardins, et M. Louis
Babineau, président du conseil
d'administration de Desjardins, ainsi
que plusieurs autres représentants de Desjardins qui sont juste là-bas,
et qui sont ici, parmi nous, pour célébrer le 125e anniversaire du Mouvement
Desjardins. Alors, on les applaudit.
(Applaudissements)
M. Drainville : Alors, M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Marguerite-Bourgeoys, la députée de Verdun, la
députée de Terrebonne et le député de Saint-Jérôme :
«Que
l'Assemblée nationale commémore le 125e anniversaire du Mouvement
Desjardins, dont les origines remontent à la fondation de la Caisse
populaire de Lévis le 6 décembre 1900;
«Qu'elle rende
hommage à Alphonse et Dorimène Desjardins, fondateurs de la plus grande
coopérative de services financiers en Amérique du Nord;
«Qu'elle reconnaisse le rôle historique et
structurant de Desjardins dans l'essor économique, social et communautaire du
Québec, notamment par la démocratisation de l'accès aux services financiers, le
soutien indéfectible aux collectivités et par sa contribution déterminante à
l'expansion du mouvement coopératif;
«Qu'elle
salue non seulement le dévouement exemplaire de ses fondateurs, mais également
celui des femmes et des hommes qui,
de génération en génération, ont oeuvré au développement de nos communautés,
tout en accompagnant leurs membres et clients sur le chemin de
l'autonomie financière;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale souligne
l'engagement constant du Mouvement Desjardins à relever les défis d'aujourd'hui et de demain, qu'il s'agisse
d'innovation financière, de développement durable ou d'engagement coopératif
et citoyen, dans le dessein de consolider
son apport économique, de renforcer la vitalité de nos communautés et de
contribuer pleinement à la prospérité du Québec.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...M. le Président, il y a consentement pour
un débat de deux minutes de rigueur par intervenant dans l'ordre
suivant : le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les
changements climatiques, de la Faune et des
Parcs et député de Lévis, le député de Marguerite-Bourgeoys, la députée de Verdun et la députée de
Terrebonne.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, je comprends qu'il
y a consentement afin qu'il y ait quatre intervenants et que la durée de
cette intervention soit limitée à un maximum de deux minutes chacune.
Je reconnais M. le ministre de l'Environnement.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : M.
le Président, c'est avec fierté que nous rendons aujourd'hui hommage au Mouvement Desjardins, né il y a 125 ans, 125 ans, à Lévis. Ce n'est pas seulement
une institution financière, que nous célébrons, mais une idée profondément québécoise, celle qu'en unissant nos
forces nous pouvons bâtir un avenir plus juste, plus prospère et plus
solidaire.
Desjardins,
c'est d'abord l'oeuvre visionnaire d'Alphonse et Dorimène Desjardins, qui ont
compris dès 1900 que l'accès à l'épargne et au crédit devait être à la
portée de tous, pas seulement d'une élite.
En
125 ans, cette idée a transformé le Québec. Aujourd'hui, Desjardins, c'est
plus de 7,8 millions de membres et clients, près de
55 000 employés, 500 milliards d'actif et une présence dans
toutes les régions du Québec.
Mais,
au-delà des chiffres, c'est une présence humaine et communautaire
exceptionnelle. Chaque année, des centaines de millions de dollars de
trop-perçus sont réinvestis dans nos milieux pour des projets qui émanent de
nos organismes et de nos citoyens, pour le
bénéfice de la société québécoise. Il n'y a personne qui redonne autant que
Desjardins pour renforcer notre tissu humain.
Desjardins a aussi
accompagné nos entrepreneurs, soutenu nos agriculteurs, aidé nos familles à
acheter leur première maison et nos jeunes à réaliser leurs ambitions. Il a su,
au fil des décennies, moderniser ses pratiques tout en demeurant fidèle à son
essence : une coopérative appartenant à ses membres.
En célébrant le
125e anniversaire de Desjardins, nous saluons une institution qui a
financé notre identité économique mais aussi
notre culture de solidarité et nous affirmons que l'esprit coopératif
d'Alphonse et Dorimène continue d'inspirer le Québec d'aujourd'hui.
Merci.
• (15 h 10) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre. Je reconnais maintenant M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Merci, M. le Président. Je suis fier de me lever
au nom de ma formation politique pour souligner le
125e anniversaire du Mouvement Desjardins.
Desjardins, c'est
plus qu'un fleuron québécois, c'est une institution qui illustre ce qui fait du
Québec un endroit si unique. Aujourd'hui,
elle est la plus grande coopérative financière en Amérique du Nord et un modèle
d'entrepreneuriat collectif dont nous pouvons être fiers.
Mais,
au-delà des chiffres et du succès, il faut se rappeler pourquoi Desjardins a
été créé. Au début du XXe siècle, alors qu'il était très difficile
pour les travailleurs, les agriculteurs et les familles d'avoir accès à du
crédit, Alphonse et Dorimène Desjardins ont
une idée simple mais révolutionnaire : mettre la solidarité au service de
l'économie. Cette idée a changé la
vie de milliers de Québécoises et de Québécois et elle continue de le faire
aujourd'hui. Pendant des décennies, Desjardins a aidé nos PME, nos
commerces et nos producteurs agricoles à se développer, souvent dans des
moments où il était très difficile de
trouver du financement auprès des grandes banques. Dans plusieurs régions du
Québec, Desjardins a été et demeure
encore le premier partenaire de développement local. Que ce soit dans nos
villes ou dans nos petites municipalités, Desjardins a des racines.
Aujourd'hui,
c'est 500 milliards d'actif, 7,8 millions de membres,
55 000 employés et près de 215 caisses partout au Québec,
une présence qui s'étend jusque dans nos universités grâce à 360d.
Desjardins
aide non seulement nos entreprises, mais aussi le Québécois moyen, nos
étudiants, nos aînés en offrant des
services allant de l'épargne à l'hypothèque, en passant par les placements et
les assurances. C'est grâce à des institutions comme Desjardins que le
Québec a pu se bâtir une économie à son image.
Alors,
en ce 125e anniversaire, rendons hommage à l'héritage d'Alphonse et
Dorimène Desjardins et à tous ceux et celles qui depuis ont fait vivre
cet idéal coopératif.
Je souhaite à
Desjardins au moins 125 autres années de succès au service de tous les
Québécois.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. La
parole revient maintenant à Mme la députée de Verdun.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga
Mendez : Merci, M. le Président. En soulignant le
125e anniversaire du Mouvement Desjardins, nous rendons hommage à bien plus qu'une institution financière, nous
célébrons un pilier du modèle coopératif québécois, un symbole vivant de
solidarité économique et d'autonomie collective.
Fondé
à Lévis par Alphonse et Dorimène Desjardins, ce mouvement est né d'une idée
perçue comme révolutionnaire pour son
époque : permettre à chacun, peu importe sa condition, d'avoir accès à des
services financiers équitables, enracinés dans sa communauté. Ce modèle
fondé sur la participation démocratique et le partage du pouvoir met au défi la
logique purement capitaliste qui concentre les décisions et les profits entre
quelques mains.
Je veux souligner le
rôle majeur de Dorimène Desjardins, véritable cofondatrice et pionnière, qui a
géré les premières opérations de la caisse à
une époque où les femmes n'étaient même pas reconnues comme des personnes au
sens juridique, elles ne pouvaient
pas ouvrir de compte bancaire sans l'autorisation de leurs maris. Son
engagement visionnaire témoigne du courage et de la clairvoyance de
celles qui ont ouvert la voie à l'émancipation économique des femmes au Québec.
Chez Desjardins,
chaque membre est aussi copropriétaire. Cette idée, au coeur du mouvement
coopératif, résonne profondément avec les valeurs que nous portons ici, à
Québec solidaire, celle d'une économie au service des gens, d'une prospérité
partagée et d'une gouvernance plus juste.
À travers ses
caisses, Desjardins a soutenu des générations de familles, d'entreprises
locales, d'organismes communautaires. Il a
démontré qu'il est possible de conjuguer performance économique et responsabilité sociale, innovation et ancrage territorial.
Aujourd'hui,
à l'heure où les inégalités économiques s'accentuent et où la financiarisation
menace nos communautés, l'exemple de Desjardins rappelle qu'une autre
voie est possible, celle de la coopération, de la résilience et de la participation citoyenne. Célébrer Desjardins, c'est affirmer
notre confiance dans la force du collectif. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Verdun. Et je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Catherine
Gentilcore
Mme Gentilcore :
M. le Président, il y a très peu d'institutions aussi familières à toutes
les Québécoises et à tous les Québécois que
le Mouvement Desjardins. Il faut dire que c'est le Mouvement Desjardins qui, à
l'origine, a permis aux familles plus modestes, aux petits épargnants,
notamment aux agriculteurs, d'avoir accès au crédit et à des services
financiers, permettant ainsi un développement économique régional qui, sans
quoi, aurait été impossible.
Desjardins est,
depuis son origine, une institution qui a été faite par et pour les Québécois.
Depuis 125 ans, le Mouvement Desjardins
accompagne des millions de familles du Québec dans certaines des démarches les
plus importantes de leur vie, comme l'acquisition d'une maison et la
réalisation de leurs projets de voyage, de loisirs ou d'études.
Desjardins est
également une institution financière qui, depuis la région de
Chaudière-Appalaches, tutoie les plus grands
groupes nord-américains de Toronto et de New York. Le succès de Desjardins, son
importance dans l'économie québécoise aussi bien que dans les économies
des Québécois fait la preuve hors de tout doute que, non, les Québécois ne sont
pas nés pour un petit pain.
Même
si le Desjardins d'aujourd'hui n'est pas celui d'il y a 125 ans, il est
important que ses dirigeants se souviennent que la mission fondamentale en reste la même, cette mission qui est
caractérisée par le patriotisme économique et la loyauté envers le
Québec, à laquelle Alphonse et Dorimène ont dédié leur vie.
En tant que formation
politique qui accorde au patriotisme économique une place de premier plan,
sachez que nous serons toujours présents pour coopérer avec le Mouvement
Desjardins afin d'atteindre notre objectif commun : l'indépendance
financière des Québécois.
En terminant, j'aimerais
saluer le travail des 55 290 employés qui font le succès des
opérations de Desjardins pour ses 7,8 millions de membres coopérants.
Merci, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, cette motion est-elle adoptée? Adopté.
La
prochaine motion revient au groupe formant l'opposition officielle, et je
reconnais M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Merci, M. le Président.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte que l'adoption, par la majorité gouvernementale, du
projet de loi 2, qui aura comme
conséquence de créer une démobilisation et d'encourager l'exode de plusieurs
médecins, constitue une action
concertée des membres du gouvernement nuisant à la prestation de soins de santé
de qualité au Québec», M. le
Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Pas de consentement.
Nous allons à la
prochaine motion, qui revient au deuxième groupe d'opposition, et je reconnais
Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Ghazal :
Merci, M. le Président. Je veux tout d'abord saluer nos invités de la
délégation palestinienne qui sont ici, parmi nous, M. Mohammad Younis et Mme Shireen
Far.
Je sollicite le
consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale du Québec reconnaisse officiellement l'État de Palestine,
conformément au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et aux principes du
droit international;
«Qu'elle exprime sa
solidarité envers le peuple palestinien dans sa quête de liberté, de dignité et
de sécurité;
«Qu'enfin
elle réaffirme l'importance d'une paix juste et durable, fondée sur la
coexistence de deux États, Israël et [...] Palestine, vivant côte à côte
dans la paix et la sécurité.»
Vive la Palestine
libre et indépendante! (S'exprime en arabe). Merci.
• (15 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion? Il n'y a pas de consentement.
Nous allons à la
prochaine motion, qui revient à un membre du groupe... du troisième groupe d'opposition.
Je reconnais M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé :
M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement
avec la députée de Bourassa-Sauvé, le député de Gouin, le député d'Abitibi-Est et le député de Saint-Jérôme, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte que le gouvernement du Québec a permis lors du dernier
exercice budgétaire la rétention d'une partie des sommes réinvesties à
destination des écoles du Québec par les centres de services scolaires;
«Que l'Assemblée nationale
demande aux Centres de services scolaires le versement de l'entièreté des
sommes prévues aux écoles du Québec.»
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement.
La prochaine motion revient à M. le député de
Saint-Jérôme. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin : Merci, M. le Président. Alors, je sollicite le consentement
de l'Assemblée pour présenter la motion
suivante conjointement avec le député de LaFontaine, le député de
Rosemont, le député des Îles-de-la-Madeleine
et le député d'Abitibi-Est :
«Que l'Assemblée nationale invite la Commission
des droits de la personne et des droits de la jeunesse ainsi que la Commissaire
à la Santé et au Bien-être à lui faire parvenir leurs avis portant sur la Loi
visant principalement à instaurer la responsabilité collective quant à
l'amélioration de l'accès aux services médicaux et à assurer la continuité de
la prestation de ces services.»
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des
commissions
À la rubrique des avis touchant les travaux des
commissions, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, j'avise
cette Assemblée que la Commission
des relations avec les citoyens va poursuivre les consultations générales et
les auditions publiques sur le cahier de consultation
intitulé La planification de l'immigration au Québec pour la période 2026‑2029 aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions
jusqu'à 18 h 30 et de 19 h 15 à 22 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de la culture et de l'éducation va
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le
projet de loi n° 109, la Loi affirmant la souveraineté culturelle du
Québec et édictant la Loi sur la découvrabilité
des contenus culturels francophones dans l'environnement numérique, aujourd'hui, après les avis touchant les
travaux des commissions jusqu'à 19 h 20, à la salle
Marie-Claire-Kirkland.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le leader adjoint du gouvernement.
Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à
l'article 143 du règlement concernant l'horaire des travaux des
commissions? Consentement? Consentement.
Pour ma part,
je vous avise que la Commission de la
santé et des services sociaux se
réunira en séance de travail le mercredi 29 octobre 2025, de 8 h 30
à 9 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la
pétition concernant la mise en place de mesures plus justes pour
l'accompagnement des personnes sourdes-aveugles.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Avis de sanction de projets de
loi
Je vous informe... À la rubrique des travaux...
des renseignements des travaux touchant... de l'Assemblée, je vous informe
qu'il y aura sanction des projets de loi suivants aujourd'hui, à
15 h 30, au bureau de Son Honneur la lieutenante-gouverneure :
projet de loi n° 82, Loi concernant l'identité numérique nationale et
modifiant d'autres dispositions; projet de loi n° 99, Loi donnant suite à
des mesures fiscales annoncées lors du point sur la situation économique et financière du Québec du 21 novembre
2024 et du discours sur le budget du 25 mars 2025 ainsi qu'à certaines
autres mesures; projet de loi n° 101, Loi visant l'amélioration de
certaines lois du travail.
Je vous informe que demain, lors des affaires
inscrites par les députés de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par
M. le chef du troisième groupe d'opposition. Cette motion se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée
nationale souligne que 30 ans après le référendum sur l'accession du Québec à la souveraineté
de 1995, le statut politique du Québec n'est toujours pas pleinement résolu;
«Qu'elle
rappelle que des informations importantes sur les manoeuvres du camp du Non
sont toujours inaccessibles aux parlementaires;
«Qu'elle
constate qu'à l'intérieur du régime canadien, le poids politique et
démographique du Québec a diminué depuis 30 ans;
«Qu'elle constate qu'à l'intérieur du régime
canadien, l'usage du français au Québec a reculé depuis 30 ans;
«Qu'elle
constate qu'à l'intérieur du régime canadien, les empiètements sur les
compétences législatives du Québec se sont multipliés depuis 30 ans;
«Qu'elle prenne acte qu'à l'intérieur du régime
canadien, le développement social et politique du Québec est soumis à la
primauté de la Constitution du Canada;
«Qu'en
conséquence, l'Assemblée nationale réaffirme que le peuple québécois est libre
d'assumer son propre destin et de déterminer son statut politique.»
Affaires
du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Une voix : ...
Projet de loi n° 94
Prise en considération du
rapport de la commission qui en a fait l'étude
détaillée et de l'amendement du député de Jean-Lesage
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : L'article 8. À l'article 8 du feuilleton, l'Assemblée prend
en considération le rapport de la Commission de la culture et de
l'éducation sur le projet de loi n° 94, Loi visant
notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de l'éducation et modifiant
diverses dispositions législatives, ainsi que l'amendement transmis en vertu de
l'article 252 du règlement par M. le député de Jean-Lesage. Cet amendement
est déclaré recevable.
Y a-t-il des interventions sur ce rapport ainsi
que sur cet amendement? Je reconnais Mme la ministre de l'Éducation.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Donc, on en arrive maintenant à l'étape de la prise en considération
du projet de loi n° 94. Permettez-moi d'en profiter
pour faire certains remerciements. Je vais commencer tout d'abord par mon prédécesseur, ministre de l'Éducation, député
de Lévis, le remercier pour ce dépôt de projet de loi. Il a quand même...
Il a participé, d'ailleurs, aux consultations au premier débat, à l'étude
détaillée, et c'est avec un grand... un grand bonheur et un grand honneur que
j'ai pris la suite des travaux à ce moment-ci, M. le Président.
Il y a aussi tous les députés collègues qui se
sont succédé à la présidence, Rivière-du-Loup—Témiscouata, Iberville, Marquette, LaFontaine, merci pour avoir
mené ces travaux-là avec toute la rigueur nécessaire; mes collègues de la
banquette parlementaire, Vanier-Les Rivières, Richelieu, Saint-Jean, Chauveau, Côte-du-Sud,
Hull, Marie-Victorin — j'espère
que je n'en oublie pas, parce que j'ai eu à faire... à faire la première... la
deuxième partie, quand j'ai pris la
suite de mon collègue à l'Éducation; les députés du Parti libéral, l'Acadie, Bourassa-Sauvé; de QS, Jean-Lesage, Gouin; et du Parti québécois,
Matane-Matapédia.
On a eu,
pendant l'étude détaillée, M. le Président, de bons débats. On a franchi une
étape importante aujourd'hui avec la
prise en considération du rapport de l'étude détaillée, naturellement, qui a
été déposé par la présidence. Je pense qu'il faut aussi prendre le temps. C'est
un projet de loi qui était important. C'est un projet de loi qui découle
d'événements qui ont été... comme
tout le monde, nous ont mis dans le... au Québec, nous ont touchés au Québec,
je parle de l'école Bedford, des événements qui sont inacceptables dans
notre système d'éducation québécois, notre système laïque d'éducation
québécois, qui se veut un système où les enfants doivent être capables
d'apprendre et d'avoir un apprentissage simple, dénudé de toute pression, de
toute considération autre que la réussite éducative, M. le Président, où nos
enseignants doivent être capables aussi de
mettre de l'avant ces programmes-là sans pression, sans autre considération que
celle de la pédagogie et de celle de la réussite éducative de nos enfants.
Donc, je veux remercier tous ceux qui ont pris
part aux consultations particulières, à l'étude détaillée. On a eu une
trentaine de mémoires, M. le Président, qui ont été déposés à la Commission de
la culture et de l'éducation, 24 intervenants
qui sont venus s'exprimer sur la proposition de base qui avait été faite par
mon collègue dans le projet de loi et nous faire part de leurs
commentaires, recommandations, préoccupations. Et je dois dire qu'on a fait des
ajustements, on a fait des ajustements. On a
mis plusieurs amendements de l'avant, des ajustements qui ont été faits en
collaboration avec les oppositions,
et des ajustements qui n'ont jamais, jamais, jamais dérogé de l'objectif de
base, de l'objectif premier qui avait été mis de l'avant dans les secteurs de
la laïcité, de la protection du français, de la protection de la réussite
éducative par mon collègue. Donc, on
a fait des ajustements pour s'assurer, par contre, que l'application sur le
terrain, elle était plus adéquate,
c'était l'objectif, mais les objectifs sont demeurés les mêmes. Donc, de
nombreuses heures en consultations, de nombreuses heures en étude
détaillée qui ont permis d'enrichir le projet de loi.
Donc, je vous
le dis, M. le Président, comme ministre de l'Éducation, ma priorité demeure
d'abord et avant tout la réussite
éducative. Cette réussite éducative là doit se faire en respect des valeurs du
Québec, des valeurs démocratiques qu'on a choisies de se... de mettre de
l'avant, de la charte québécoise, de la laïcité dans notre système d'éducation,
de la protection du français, du
respect de l'égalité entre les femmes et les hommes, et ces valeurs-là doivent
être celles dans lequel l'éducation, notre système éducatif, autant
public que privé, s'inscrit.
• (15 h 30) •
Et, je le disais au tout départ, le projet de loi,
malheureusement, a été rendu nécessaire par un événement, tout le monde connaît maintenant l'événement de l'école
Bedford, mais a été aussi alimenté par ce qu'on appelle le rapport de
vérification qui a été mené dans 17 écoles. Et il y a eu un plan d'action,
M. le Président, qui a été rédigé par les accompagneurs... les accompagnateurs,
pardon, qui ont été nommés à l'école Bedford et qui ont aussi relevé plusieurs constats préoccupants. Donc, on a eu des
recommandations qui découlent du rapport de vérification qui a été mené dans
17 écoles de façon subséquente aux événements de l'école Bedford et on a
également eu des constats qui ont été faits par les accompagnateurs qui ont été
nommés pour accompagner les gens à l'école Bedford, pour qu'on puisse avoir
enfin un milieu exempt de toutes sortes de considérations autres que la
réussite éducative et la protection du français.
Donc,
il fallait agir rapidement pour la qualité de l'éducation offerte à nos
enfants, pour protéger nos valeurs québécoises, je les ai mentionnées, à titre
d'exemple, l'égalité hommes-femmes, les valeurs de la charte québécoise, la laïcité, la protection de la langue française.
Donc, je suis convaincue que les changements qui ont été proposés et discutés
avec l'opposition tout au long de l'étude
détaillée permettront de répondre à plusieurs recommandations qui ont été faites
dans les différents rapports qui ont été produits en consultation, tout en
maintenant et en ne dérogeant pas des objectifs premiers de ce projet de loi.
Donc, je reviendrai
peut-être plus en détail, M. le Président, si vous le permettez, à l'étape
subséquente, de l'adoption finale, mais,
pour l'instant, je pense qu'il convient de souligner l'étape importante qui
vient d'être franchie dans... vers
l'adoption du projet de loi n° 94, adoption qui est importante pour notre
système d'éducation au Québec. Et, madame... M. le Président, pardon, je
recommande naturellement, et vous n'en serez pas surpris, la prise en... qu'on
vote pour la prise en considération,
pour qu'on puisse enfin cheminer vers l'étape subséquente, M. le Président, et
s'assurer que nos enfants puissent apprendre dans un milieu qui est
sain. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la ministre. Prochain intervenant, je reconnais Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Merci, M. le Président.
Donc, à mon tour d'intervenir sur la prise en considération du rapport de la
commission à l'égard du projet de loi n° 94, Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans
le réseau de l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives.
M. le Président, je
nous ramène à il y a deux ans déjà. Ma collègue la députée de Saint-Laurent,
notre actuelle cheffe parlementaire de l'opposition officielle, du Parti
libéral du Québec, communiquait, elle était à ce moment-là, donc, porte-parole en matière d'éducation,
communiquait avec des gens du réseau, et il avait été porté à son attention le
cas, l'affaire, comme nous pouvons aujourd'hui l'appeler, l'affaire
Bedford.
M.
le Président, donc, vous comprendrez qu'au Parti libéral du Québec, lorsque notre
collègue nous a fait part de cette situation, nous avons été, comme
l'ensemble des Québécois, extrêmement choqués, extrêmement soucieux d'agir rapidement. D'ailleurs, c'est ma collègue qui a
interpelé l'ancien ministre de l'Éducation pour lui dire : S'il vous
plaît, donc, faites quelque chose, donc, voici, moi, je vous pousse, je
vous encourage à agir.
Donc, vous
comprendrez à quel point, pour nous, d'avoir un environnement... de s'assurer
que nos écoles, que l'école publique québécoise puisse offrir un environnement
sain, exempt de toute influence et exempt de tout prosélytisme, est un élément qui nous tient particulièrement à coeur,
est une valeur qui nous tient particulièrement à coeur au Parti libéral du Québec, M. le Président, parce
que, pour nous, les questions d'égalité hommes-femmes... Nous sommes d'ailleurs le parti qui avons inscrit le principe
d'égalité hommes-femmes dans la charte québécoise à l'époque, en 2008, sous
le gouvernement de Jean Charest, parce que ces valeurs, ces principes sont absolument
essentiels pour nous. C'est la raison pour laquelle nous sommes... c'est l'une
des raisons, donc, pour lesquelles, donc, nous sommes fiers de notre école québécoise et de ce qu'elle peut offrir à
l'ensemble des Québécois, à l'ensemble des jeunes qui y prennent part, peu importe le milieu d'où ils proviennent, peu
importe leur confession, s'ils en ont une, et afin de leur offrir un
environnement qui soit neutre et qui soit libre de tout prosélytisme.
Ceci
dit, M. le Président, ma collègue, à ce moment-là, avait présenté une solution
très simple, une solution très simple à l'ancien ministre de
l'Éducation, en disant : Bien, regardez, nous sommes bien conscients qu'il
y a un enjeu ici de gouvernance, qu'il y a certaines personnes qui, malgré les
outils indiqués, incorporés à la Loi sur l'instruction publique, ont décidé d'en
faire fi et n'ont pas fait le pas qui était nécessaire pour bien protéger nos
jeunes. On s'est dit, donc, malgré le fait que l'instrument de la Loi
sur l'instruction publique nous apparaissait assez conséquent, ma collègue
s'est dit : Soyons plus clairs, soyons plus précis dans ce que la loi,
donc, a à nous offrir comme instrument juridique, et inscrivons ce que
constitue un acte dérogatoire, et disons, donc, par exemple, donc, que tout
acte de prosélytisme, toute absence, donc, d'intervention, donc, notamment
auprès des élèves, donc, dits EHDAA, donc en situation, donc, de handicap ou avec des déficits, donc,
d'attention ou d'adaptation, donc, nos élèves avec des besoins particuliers,
donc toutes les situations, donc, qu'on a vues dans le cas Bedford, dans
l'affaire Bedford, bien, qu'on puisse clairement énoncer qu'il s'agit ici d'actes qui sont dérogatoires et qu'un
enseignant qui serait pris en flagrant délit, comme ça a été le cas dans
l'affaire Bedford, bien, qu'on puisse lui opposer, donc, ces articles-ci à la Loi sur l'instruction publique et qu'on puisse aller de l'avant très
clairement.
Donc, rapidement,
donc, vous aurez compris, M. le Président, au Parti libéral du Québec, dès le
départ, nous avons été choqués, mais nous
avons fait plus qu'être choqués, nous nous sommes dit : Il nous faut des
solutions. Donc, nous avons, donc, poussé le gouvernement, donc, à agir
et nous nous sommes assurés de lui offrir une solution simple, une solution
très claire qui pourrait prévenir d'autres types de cas.
S'ensuivit, M. le
Président, le dépôt du projet de loi de l'ancien ministre de l'Éducation en
mars dernier. Quelle n'a pas été notre surprise, à ce moment-là, M. le
Président, de voir qu'au-delà de ce que nous proposions pour s'assurer qu'il
n'y ait plus d'autres Bedford, que le gouvernement a décidé d'aller dans une
direction, je dirais, tout autre. Et surtout,
dans cette première mouture du projet de loi, ce que l'on voyait, c'est des
articles parapluies, là, que l'on va appeler, là... que je vais appeler,
M. le Président, donc, des articles qui concernent, disons, la qualité des
services éducatifs, qui est un peu comme un lapin qu'on sort de son chapeau,
c'est-à-dire, donc, des articles où on se demandait : Bien, voyons donc, qu'est-ce que ça vient faire là, donc, à
quel... quel est le... quels sont les motifs du ministre de l'Éducation
d'inscrire, donc, ce type d'articles là, alors qu'ils n'ont rien à voir
avec le cas Bedford et qu'ils prennent les acteurs du réseau de l'éducation par
surprise?
Dans le cadre des
consultations particulières, donc, la surprise que j'ai évoquée, donc, elle a
été partagée par ces acteurs du réseau, et elle a été énoncée, elle a été
nommée. Notamment, on nous disait, donc, en lien avec une évaluation
annuelle : Bien, voyons donc... donc, on le sait à quel point, donc, il y
a une certaine lourdeur qui est associée à
ça. Avec un certain clin d'oeil, on nous disait : Ça va prendre combien
d'ETC, malgré les cibles d'ETC qui sont énoncées, qui sont imposées au réseau
de l'éducation, pour remplir ce type d'obligations là qui relèvent de la paperasse
administrative? Donc, qu'est-ce que
ça... comment est-ce qu'on va être en mesure, donc, de pouvoir répondre à tout
ça?
On créait, dans la première mouture du projet de
loi, un comité qu'on se disait : Bien, voyons donc, il y a un autre comité qui fait essentiellement le même type
de travail. Pourquoi est-ce qu'on dédouble des structures, qu'on alourdit
le tout, qu'on empiète ou qu'on semble empiéter sur l'autonomie professionnelle
des enseignants, donc un article sacré, l'article 23 de la Loi sur
l'instruction publique, alors que ce n'est pas là... il y a un certain... il y
a un certain double discours qui émane du
gouvernement à ces égards? Donc, je vous donne des exemples ici, donc, très,
très précis de ce que l'on retrouvait dans le projet de loi
initialement.
Donc, malgré tout ça, donc, à l'étape du
principe, donc, au Parti libéral du Québec, nous nous sommes dit... puisque nous sommes en faveur, donc, du principe
général, donc, nous avons été en faveur de celui-ci et nous en sommes arrivés,
donc, à l'étude détaillée. Je tiens ici, donc, à remercier, donc, les
prédécesseurs, les collègues, donc, qui ont procédé à l'adoption, donc, des cinq premiers articles du projet de loi,
avant que nous en arrivions à une espèce de remaniement, donc, des deux
côtés de la Chambre ici, pour que nous nous penchions sur cette pièce
législative.
Et je dois dire, M. le Président... Donc, je
vous l'ai dit, donc, le projet de loi, donc, avait... couvrait deux volets distincts, donc le volet de la qualité des
services éducatifs et le volet de la laïcité. Au niveau des éléments de
lourdeur qui étaient apportés, j'ai
souvent fait la mention, lors de l'étude détaillée, donc, à la ministre,
qu'elle corrigeait, donc, certains des... certaines, donc, des
dispositions qui étaient présentées dans cette première mouture du projet de
loi.
• (15 h 40) •
Je viens
d'entendre la ministre nous dire... donc, on est toujours dans la même lignée,
dans les mêmes objectifs, mais je pense qu'il y a bien des gens dans le
réseau de l'éducation, bien des gens qui ont... qui ont pris connaissance de ce
qui était présenté nous disaient :
On... il y a certains pas de recul, disons, pour être polis, certains pas de
côté qui ont été faits à ces différents égards là, et je pense...
J'entendais
la ministre nous parler, donc, des dispositions sur le français. Vous savez,
M. le Président, la première mouture du projet loi avait été rédigée de
façon tellement brouillonne qu'elle empêchait un enseignant d'anglais, en fait,
de pouvoir jouer son rôle, donc, de pouvoir enseigner, donc, à ses élèves, de
pouvoir parler avec d'autres profs d'anglais,
ou un prof d'espagnol, ou un prof d'allemand, là, s'il en faut, donc, dans
toute autre langue que le français. Bien, heureusement, cette disposition un peu loufoque, mais surtout rédigée de
façon brouillonne, donc, a été redéposée, a été réaménagée, donc, dans
la nouvelle mouture du projet de loi.
Mais, M. le
Président, donc, je vous le disais, donc, oui, donc, certains, donc, de ces
aménagements-là ont été faits. Je peux penser... Par exemple, dans la
question, donc, du code d'éthique, on a eu certaines conversations... certaines
conversations, donc, assez, j'imagine, convaincantes, donc, avec la ministre
pour s'assurer que les parents, donc, ceux siégeant
sur les comités de parents, ceux étant membres des conseils d'établissement, ne
soient pas muselés. Vous aurez vu,
dans le cadre de la revue de presse, M. le Président, donc, bien des parents
très inquiets du rôle peut-être plus circonscrit que le projet de loi
leur donnait sans leur permettre d'avoir une certaine contrepartie, et, en ce
sens, donc, je...
Malgré tout,
donc, je tiens à remercier la ministre pour ces... pour les échanges que nous
avons eus, pour le... bon, pour le fait qu'on ait réussi, donc, à la
convaincre, dans des échanges et dans le cadre de négociations soutenues, de
pouvoir, donc, faire en sorte que l'obligation, donc, d'un code
d'éthique qui imposerait un devoir de loyauté envers les centres de services scolaires, donc, à l'égard des parents
siégeant sur les conseils d'établissement et siégeant sur les comités de
parents des centres de services scolaires... donc, d'être retirée, qu'ils
auraient... seraient tout simplement, donc, assujettis, donc, aux mêmes
obligations éthiques auxquelles ils le sont déjà en vertu de la Loi sur l'instruction publique, tout en leur conférant, donc, un autre
mécanisme de suivi.
Donc, M. le Président, donc, je vous nomme,
donc, ces éléments relativement précis ici, mais j'en arrive à... en fait, donc, je reviens, donc, sur ce qui nous a
amenés au projet de loi, comme je l'ai fait, donc, d'entrée de jeu, au début
de mon intervention, et ce qui va
sous-tendre notre position à l'égard de la prise en considération du rapport de
commission.
Donc, je vous le rappelais, M. le Président,
donc, au-delà, donc, des éléments techniques, des conversations que nous avons
eues, des changements, et parfois même des gains... parce que je dois le dire,
hein, des gains que nous avons réussi à
obtenir dans le cadre de l'étude détaillée de ce projet de loi, notamment en
indiquant que, bon, les valeurs québécoises, donc, étaient celles
relevant, donc, de la charte québécoise des droits et libertés de la personne,
donc, de s'assurer, donc, de pouvoir offrir une assise juridique, une assise
tangible et non partisane à certains principes qui nous apparaissaient, disons, particuliers dans le libellé initial du projet
de loi, il appert qu'à ce stade-ci il y a quand même, donc, des éléments
sur lesquels nous ne nous sommes pas entendus. Je vous nomme, donc, les trois
éléments particuliers, M. le Président.
D'abord, je commence avec la clause grand-père.
Si vous avez suivi l'étude détaillée du projet de loi, j'ai eu l'occasion de déposer un amendement, de faire
certaines représentations à l'égard de la clause grand-père se trouvant dans
le libellé du projet de loi, une clause grand-père que, malheureusement, nous
n'avons pas réussi à modifier. Je me lève souvent
ici, M. le Président, pour parler du réseau de l'éducation, et surtout pour
vous parler de pénurie de main-d'oeuvre, et de rétention de main-d'oeuvre, et
notamment, puisque c'est de ça dont il est question ici dans le cadre du projet
loi n° 94,
donc, de personnel professionnel ou de personnel de soutien. Je le fais aussi à
l'égard des enseignants, eu l'occasion de le
faire hier, alors que nous apprenions, donc, que 1 300 enseignants
avaient quitté le réseau dans nos écoles publiques, que l'année...
lorsque l'on considère que les chiffres de l'année dernière, M. le Président.
Donc, on comprend qu'on a
un énorme enjeu. Cet enjeu-là a été soulevé par les groupes qui se sont
présentés en commission parlementaire lors
des consultations particulières. Ils nous ont dit : Bien, écoutez, nous,
nous sommes en faveur, bien
évidemment, donc, d'un... du principe de la séparation entre l'État et les
religions, donc, de la neutralité religieuse de l'État. Ça, c'est très, très, très clair, mais, selon nous, donc, les
dispositions qui concernent, donc, l'interdiction du port de signes religieux à
d'autres corps d'emploi va nécessairement ou manifestement avoir un impact sur la capacité
à retenir du personnel, il va pouvoir en embaucher.
Dans le contexte où le réseau est aux prises
avec ces enjeux de rétention du personnel et d'embauche de personnel qualifié, bien, je pense qu'il aurait
été avisé de prendre en considération ces éléments-ci avant de déposer un
projet de loi incluant, donc, des dispositions étendant l'interdiction du port
de signes religieux, alors que dans l'affaire Bedford,
on se rappelle, ce n'est pas de ça dont il était question. On a aussi parlé du
rapport sur les 17 écoles. Moi, je l'ai lu, le rapport, M. le Président, ce n'est pas ce dont il était question.
Donc, vous comprendrez que, considérant la fragilité du réseau, bien, ce
sera difficile pour nous d'être en faveur de cette disposition précise.
Deuxième...
Donc, je parlais, donc, de l'interdiction, donc, du port de signes religieux.
La deuxième disposition, donc, c'est
la clause grand-père. Donc, je l'ai mentionné, j'ai déposé un amendement, M. le
Président, et, à cet égard, on comprend que la clause grand-père qui est
présentée dans le projet de loi, qui est introduite dans le projet de loi, est rattachée à la... disons, est est attachée au
poste, là. Elle fait en sorte qu'une personne, donc, ne pourrait pas avoir une
certaine mobilité d'emploi ou ne pourrait pas gravir, donc, certains
échelons et devrait, donc, demeurer dans son poste pour pouvoir conserver sa
clause grand-père. Plusieurs acteurs du réseau, lors des consultations
particulières, sont venus nous dire qu'ils auraient préféré que la clause
grand-père soit attachée, disons, à la personne plutôt qu'au poste.
En fait, M. le Président, vous ne serez pas
surpris par le dernier élément qui nous chicote. Bien, c'est bien évidemment,
donc, l'emploi de manière préventive de la clause dérogatoire. Vous nous avez
entendus souvent, au Parti libéral du
Québec, manifester notre mécontentement, donc, face à cet usage préventif, tout
acabit, tous azimuts. Et c'est ainsi,
c'est de cette manière dont le gouvernement en fait l'emploi dans le cadre du
projet de loi n° 94. Et c'est certain qu'à cet égard, lorsqu'on
fait usage de façon préventive de la clause dérogatoire, ça devient extrêmement
difficile pour nous de nous prononcer, donc, en faveur d'un projet de
loi.
Donc, vous
aurez compris, M. le Président, que, pour ces différents... pour ces différents
motifs, malgré des échanges cordiaux avec la nouvelle ministre de
l'Éducation, que j'accueille, malgré, donc, le projet de loi, nous avons été en
mesure, donc, de travailler de façon rigoureuse
et professionnelle, je vous annonce, M. le Président, que nous voterons en
défaveur de la prise en considération du
rapport de la commission. Et je ferai d'autres remarques lors de l'adoption
finale du projet de loi. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Je reconnais maintenant M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, M. le
Président. Je vous avoue que le processus de ce projet de loi n° 94,
qui vise à interdire notamment les signes religieux à beaucoup de femmes qui
oeuvrent dans le milieu de l'éducation, ça a été un processus pénible, un processus pénible parce que ce projet
de loi fait reculer les droits et libertés au Québec. Il n'améliore pas la qualité
de l'éducation. Il va potentiellement retirer le droit à l'éducation à des
enfants. Et ça ne fait presque... Ça n'a presque pas fait de vagues dans les débats publics. Quand on regarde ce qui
s'est passé dans les dernières années, ce projet de loi là est pire que la loi n° 21. C'est comme si la loi n° 21, elle était venue
banaliser le recul de la liberté de conscience au Québec. Et là, tout à coup, avec ce projet de loi n° 94, la CAQ s'en est donné à coeur joie et a tout simplement... l'a fait
reculer encore plus, dans une atmosphère de quasi-indifférence.
• (15 h 50) •
Je trouve ça extrêmement grave. C'est un recul
de la liberté de conscience au Québec et ce n'est pas un projet de loi qui fait
avancer la laïcité. Rappelons-nous de l'élément déclencheur de ce projet de
loi, un immense problème à l'école Bedford qui apparaît, des grands problèmes
pédagogiques, des problèmes à plusieurs égards, une école dans laquelle les
directions se succèdent, restent très peu de temps, pas assez de temps pour
régler le problème, se passent la patate chaude, n'agissent pas. Il y a une
espèce de climat de laisser-aller là-dedans qui n'est pas sans lien non plus
avec les moyens que le gouvernement donne au réseau scolaire pour être capable
de gérer ce qu'il s'y passe.
Et, quand on
regarde les événements de l'école Bedford, qui sont extrêmement condamnables, à
plusieurs intervenants du milieu qui sont venus témoigner en commission
parlementaire, on a demandé : Est-ce que, dans le fond, cette pièce
législative est nécessaire pour régler le problème? Ils ont dit non. Est-ce que
vous avez les moyens législatifs? Est-ce qu'il
y aurait pu y avoir des interventions de gestion pour mettre au pas les
professeurs récalcitrants, faire en sorte qu'ils se conforment aux programmes
pédagogiques québécois et qu'ils arrêtent leur mauvaise pratique? La réponse
était oui.
Alors, pourquoi tout ce projet de loi,
essentiellement? Et quel est le rapport avec l'interdiction des signes religieux qui font reculer la liberté de conscience
et qui n'améliorent d'aucune façon la laïcité au Québec? Il y a là-dedans...
essentiellement, les professeurs qui étaient impliqués dans le scandale à
l'école Bedford, ce n'étaient que des hommes et aucun d'entre eux ne portait
des signes religieux. La réponse du gouvernement : Bang! Un projet de loi
qui vient interdire les signes religieux à tout le monde qui travaille dans les
écoles, pas juste les professeurs comme c'était déjà le cas avec la loi n° 21, mais même les gens qui n'ont aucun contact direct
avec les élèves, même les gens qui travaillent dans une... dans les cuisines d'une cafétéria, par
exemple, ou qui font, je ne sais pas, le ménage la fin de semaine. Quelle est
la logique là-dedans?
Alors,
c'est un projet de loi qui est extrêmement grave, qui marque tristement
l'histoire du Québec, un projet de loi pire
que la loi n° 21, un projet de loi qui ne vient pas répondre aux
problèmes dans le système d'éducation. Qu'on nous parle de laïcité, eh bien, comment ça se fait qu'on prétend agir
sur la laïcité du côté du gouvernement pendant qu'en même temps on
finance des écoles privées confessionnelles au Québec puis qu'on laisse
dégénérer certaines situations, comme on l'a
vu récemment dans l'actualité avec notamment la mission Saint-Esprit et puis
toutes les choses absolument terribles qui se sont passées là?
Alors que c'est un
projet de loi que le gouvernement disait être pour faire avancer l'égalité
entre les femmes et les hommes, bien,
imaginez-vous donc, M. le Président, que d'innombrables groupes de femmes ont
condamné ce projet de loi là, même signifiant qu'il faisait reculer,
justement, l'égalité entre les femmes et les hommes. La Fédération des femmes
du Québec notamment, mais il y a aussi toute une déclaration qui a été mise en
ligne et signée, qui a été mise en ligne par
la Ligue des droits et libertés et qui a été signée par 96 groupes, dont
beaucoup sont des groupes de femmes qui viennent dire : Ce projet de loi là doit être retiré, puis je ne
compte même pas les signataires individuels qui sont très, très, très
nombreux.
Alors,
il y a eu une levée de boucliers féministe contre ce projet de loi là, dont le
prétexte est qu'il vient améliorer l'égalité
entre les femmes et les hommes. On peut s'entendre sur le fait que ça ne le
fait pas du tout et certainement pas d'une façon qui serait
rassembleuse, ce qui est très problématique.
Il
y a eu beaucoup d'amendements qui ont été proposés. Avec le changement de
ministre, évidemment, il y a eu des... plus de choses qui ont été corrigées que
si on était resté, probablement, avec le ministre original, parce que, bon,
je ne sais pas, il y avait peut-être un plus
grand détachement et une plus grande lucidité par rapport à certaines
absurdités qui étaient présentes dans ce projet de loi là.
Une des choses, par
contre, qui me préoccupe et pour laquelle je dépose un amendement est le danger
que soit retiré le droit à l'éducation à des jeunes qui fréquentent les écoles
du Québec, une jeune, par exemple, qui, pour toutes sortes de contextes, social
et familial, par exemple, ne se conformerait pas à l'obligation d'avoir le
visage découvert lors des cours. Eh bien,
dans les échanges qu'on a eus avec le ministre de l'Éducation précédent, on a
bien vu qu'il y avait un risque, dans la façon dont était formulé le
projet de loi, que ça leur retire le droit à l'éducation. Quand on leur
disait : Qu'est-ce que vous allez faire, si ces jeunes-là décident de ne
pas se conformer aux règles, à la loi? Eh bien, la réponse était : Ils iront à la maison. Puis, si, à la
maison, ils refusent de se conformer à la loi aussi, parce que ça va être
nécessaire d'avoir le visage découvert dans certaines circonstances,
bien, la réponse était... a été, au bout du compte, quand on a talonné le
ministre, ça a été de dire : On enverra la DPJ chez eux. On enverra la DPJ
chez eux. C'est complètement, complètement, complètement fou. Et là, ce projet
de loi là, il va être en application cette semaine.
Alors, cette semaine,
il y a des gens au Québec, je ne sais pas qui... est-ce que ça va être les
directions d'école? Est-ce que ça va être les professeurs en francisation?
Est-ce que ça va être... je ne sais pas qui, ils vont aller dire à ces jeunes
femmes là, qui, parfois, ne parlent même pas français, elles arrivent d'un
autre pays dans lequel la coutume est d'avoir un voile intégral... On ne leur
donne pas le temps d'arriver au Québec, de comprendre qu'est-ce qui se passe,
d'entrer en contact avec la culture, tout de suite, déjà... elles qui, souvent,
ont subi des persécutions religieuses dans leur
pays, la première chose qu'on leur... que les gens vont leur dire, c'est :
Bien là, tu m'enlèves ça, sinon tu ne peux pas revenir demain matin, puis, au bout du compte, après ça, tu ne pourras
pas non plus avoir l'école à la maison, puis, au bout du compte, si tu
ne te conformes pas, on enverra la DPJ. Et là il faudra leur expliquer c'est
quoi, la DPJ.
Mais
vous rendez-vous compte de ce qu'on est en train de faire? Et ça, c'est le
péril du recul du droit des enfants à
l'éducation au Québec, orchestré par un gouvernement qui se prétend agir pour
l'égalité entre les femmes et les hommes. C'est complètement hallucinant. Alors, M. le Président, en désespoir de
cause, en dernier acte de tenter de sauver encore des droits au Québec,
je dépose un amendement à cet égard. J'espère qu'il sera pris en considération.
Deuxièmement,
ou plutôt pour faire suite à ça, je vais vous parler de l'utilisation,
justement, de la clause dérogatoire. Comment se fait-il, au Québec, qu'on
légifère en mettant à l'abri de la charte québécoise des droits et libertés
de la personne certaines lois? Normalement,
un gouvernement, il défend les droits, mais là il défend ses lois contre les
droits de la personne. Quelle
absurdité et quel recul est-ce que c'est ça? On ne pourra même pas savoir...
parce qu'évidemment on le sait, je veux dire, c'est évident, mais on ne
pourra même pas avoir la démonstration que ce projet de loi là piétine les
droits et libertés au Québec. Il sera interdit, par la clause dérogatoire, de
le vérifier et de demander aux tribunaux d'inspecter cette législation. C'est
extrêmement grave. Cet usage préventif de la clause dérogatoire est
complètement inacceptable dans une question comme ça, qui affecte et fait
reculer la liberté de conscience au Québec.
Je vais m'en tenir à
ces commentaires pour l'instant. Il y aura évidemment des commentaires sur...
au niveau de l'adoption finale. J'espère que
l'amendement sera retiré, parce que le jour où est-ce qu'on va, au Québec, voir
que des enfants ont perdu le droit à l'éducation pour ça, eh bien, je pense
qu'il y en a qui ne seront pas fiers, du côté du gouvernement. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Jean-Lesage.
Je vous informe qu'un débat de fin de séance se
tiendra aujourd'hui, à 18 h 30. Ce débat portera sur une question
adressée par Mme la députée de Robert-Baldwin à M. le ministre de la Santé
concernant les impacts négatifs que la loi n° 2 aura
sur les femmes médecins.
Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Alors, y a-t-il des interventions sur ce
rapport ainsi que sur cet amendement?
Mise
aux voix de l'amendement
Alors, on va
passer à la mise aux voix. L'amendement proposé par M. le député de Jean-Lesage
est-il adopté?
Des
voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Rejeté. Rejeté.
Mise
aux voix du rapport
Le
rapport de la Commission de la culture et de l'éducation portant sur le projet
de loi n° 94, Loi visant
notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de l'éducation et
modifiant diverses dispositions législatives, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Adopté sur division. Mme la leader adjointe du
gouvernement.
Mme LeBel :
Merci, M. le Président. Je vous demande d'appeler l'article 9 du
feuilleton.
Projet
de loi n° 112
Prise en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : À l'article 9 du feuilleton, l'Assemblée
prend en considération le rapport de la Commission des finances publiques sur
le projet de loi n° 112, Loi favorisant le commerce des produits et la
mobilité de la main-d'oeuvre en provenance des autres provinces et des territoires
du Canada.
Y a-t-il des
interventions? Je reconnais M. le ministre du Développement économique
régional.
M. Samuel
Poulin
M. Poulin :
En fait, j'ai une autre responsabilité, M. le Président, qui est ministre
délégué à l'Économie et aux Petites et
Moyennes Entreprises puis ministre responsable de la Jeunesse. Le délégué au
développement régional est le député de Lac-Saint-Jean. Mais je sens que
c'est moi que vous reconnaissez quand même.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Absolument.
M. Poulin : Bon, parfait. Alors, merci beaucoup. Pour ne pas
commettre d'impair auprès de mon collègue. Je veux vous saluer,
évidemment.
Je veux saluer
également le président de la Commission des finances publiques, qui a présidé
d'une main de maître l'étude détaillée de ce projet de loi fort important,
alors le député de Blainville, que je salue et que je remercie. Je sais que ça
faisait un certain moment qu'il n'avait pas présidé une commission
parlementaire, mais ça ne paraissait pas. Je
peux vous dire, il était très sévère avec moi et s'assurait que le tout puisse
se faire rondement. Alors, je le remercie pour son travail.
• (16 heures) •
Je veux remercier
également mon adjointe parlementaire, la députée de Saint-François, une femme
formidable, M. le Président, avec qui c'est
un plaisir de travailler, une entrepreneure qui a à coeur d'aider, évidemment,
nos petites et moyennes entreprises
dans toutes les régions du Québec et qui a travaillé avec moi avec sérieux,
notamment à l'étape des amendements,
pour commercialiser les produits, les biens entre les différentes provinces.
Alors, je veux la remercier pour son travail. Je salue nos différents
collègues qui ont participé à la commission parlementaire. Je sais que la
députée de Fabre, notamment, était avec nous
à un certain moment donné, alors je veux la remercier, évidemment, chacune et
chacun qui y était.
Je veux remercier la
députée de Notre-Dame-de-Grâce avec qui ce fut un réel plaisir de travailler.
C'était mon projet... premier projet de loi comme ministre, alors je vais me
souvenir de ça toute ma vie. Et j'ai pu le faire avec une porte-parole de l'opposition officielle
extrêmement constructive, qui arrivait avec des solutions, qui l'a fait avec
sérieux, qui l'a fait également en
étant à l'écoute des groupes, en nous questionnant comme gouvernement à savoir
si on allait ou pas dans la bonne direction à certains moments donnés.
Alors, je veux la remercier pour à la fois les consultations particulières, mais aussi l'étude article par
article et la bonne collaboration que nous avons eue ensemble. J'ai déjà hâte
au prochain projet de loi. Alors, je suis en train de l'écrire, évidemment, M.
le Président.
On
est dans une situation économique extrêmement difficile, vous le savez, des
tarifs dans l'acier, dans l'aluminium. Nous
avons également ce qui est en dehors de l'ACEUM à la hauteur de 35 %. Nous
avons vu Donald Trump qui, au cours de la fin de semaine, nous a dit qu'il ne
souhaitait plus négocier avec le Canada. Il a même laissé sous-entendre un 10 %
de tarifs supplémentaires qui pourraient
être appliqués sur le Canada. Ce ne sont pas des bonnes nouvelles, M. le
Président.
Alors, ça vient
encore plus renforcer cette loi qui avait été déposée par mon prédécesseur,
l'actuel ministre des Relations internationales, et qu'on est venus bonifier en
cours de route, notamment avec l'importance du mot «commercialiser», et de
mettre de l'avant le fait qu'un bien qui peut être vendu en Ontario peut être
vendu chez nous. Et ça, c'est important.
Il faut savoir qu'il y a
quand même du commerce qui se font entre les provinces canadiennes
actuellement. Il n'est pas rare de retrouver les pêches de l'Ontario, il n'est
pas rare de retrouver divers produits, évidemment, du Canada chez nous, tout
comme eux peuvent retrouver des produits du Québec, mais il n'en demeure pas
moins qu'actuellement il faut faciliter le tout. Et c'est ce que le projet de
loi vise.
Je souhaite évidemment son adoption dans les
prochaines heures. Par la suite, nous allons ériger un règlement qui viendra
mettre certaines exceptions. Vous n'êtes pas sans savoir, le fait français est
important. Nous sommes déjà en travail avec
les ministères et organismes du gouvernement du Québec pour ériger le règlement
et s'assurer qu'il puisse peut-être y avoir des exceptions, mais très,
très, très minimes, sur certains volets qui font la spécificité québécoise.
L'autre volet de ce projet de loi, c'est
évidemment la reconnaissance de permis sur permis. Et ça, ça a été tout un travail et, je vais le dire, M. le Président,
le travail le plus costaud que l'État québécois n'a jamais fait pour faciliter
les... la transition, mais surtout la collaboration entre les provinces
au niveau des permis. On vient reconnaître le travailleur qualifié, on vient
reconnaître les autorités réglementaires. On mandate l'Office des professions
pour travailler avec les ordres
professionnels pour alléger la mobilité entre les provinces canadiennes.
J'ajoute, M. le Président, que ça nous permet également d'avoir un
pouvoir réglementaire. Si jamais un ordre professionnel ne facilitait pas la
reconnaissance, par exemple, d'une infirmière ou la reconnaissance d'un
acupuncteur ou d'un vétérinaire, nous allons pouvoir agir, comme gouvernement,
avec un règlement, puisque nous l'avons mis dans notre loi.
Alors, je
conclurai, M. le Président, en vous disant, bien, que le Canada fonctionne, M.
le Président. Évidemment, il y aura
toujours la spécificité québécoise où on devra toujours défendre notre langue,
nos valeurs, nos principes, ça fait partie de notre identité, et je
pense que notre formation politique joue son rôle de bon aloi à ce niveau-là,
pour défendre les intérêts du Québec. Mais, vous savez, on a un premier
ministre qui s'est démarqué, au cours des dernières années, avec une bonne
entente avec ses collègues des autres provinces canadiennes, et ça, c'est
important, parce que, face aux États-Unis, on se doit de travailler avec le
premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, dans les bons et dans les moins bons moments, mais je sais qu'il a le coeur à la
bonne place et qu'il défend son peuple. Et ça, c'est important, qu'on puisse
continuer de travailler ensemble. C'est la même chose, évidemment, pour les
provinces maritimes, la même chose pour les provinces de l'Ouest,
également pour la Colombie-Britannique et nos collègues qui sont plus au nord.
Continuons de brasser les affaires dans notre pays. Ce sont... C'est bon pour
notre économie, c'est bon pour nos entrepreneurs et c'est bon pour nos
travailleurs. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le ministre du Développement et responsable de l'Économie, des Petites et
Moyennes Entreprises. Je reconnais maintenant Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Alors, il me fait plaisir à mon tour de prendre la parole dans le
cadre du discours sur la prise en considération du rapport de commission sur le
projet du... de loi n° 112, Loi favorisant le commerce des produits et la mobilité de la main-d'oeuvre en provenance
des autres provinces et des territoires du Canada.
Je réitère que notre formation politique est en
faveur de ce projet de loi. C'est un projet qui est porteur, qui envoie enfin
le bon signal que le Québec est ouvert sur le reste du pays. C'est un symbole
important. C'est un pas de l'avant. Bien
qu'il était temps, je pense que moi et le ministre, on est d'accord pour dire
qu'on est... on est un peu en retard au Québec et on est perçu... c'est la
perception, sinon la réalité, comme la province la plus protectionniste au
Canada. Donc, c'est un pas, c'est un
symbole, c'est un geste important, cette intention d'être... de favoriser le
commerce interprovincial. Et, comme l'a dit le ministre, nous... tout
ça, c'est le contexte de la guerre tarifaire avec les États-Unis.
On sait très
bien que personne ne peut contrôler Donald Trump. Moi, j'ai l'honneur de
représenter, avec des collègues, l'Assemblée nationale au sein de
plusieurs organismes, aux États-Unis, qui misent sur les États, The National
Council of State Legislatures, The Council of State Governments. Ma famille est
d'origine américaine aussi, et on suit de très près la politique américaine. On
comprend très bien que personne ne peut contrôler Donald Trump, mais nous, on
peut contrôler ce que nous, on fait ici, au Québec et au Canada. Et c'est dans
cet esprit-là que ce projet de loi est important, parce que nous, on met les chances de notre côté et on mise sur nos
relations, les marchés avec le reste du Canada aussi. C'est sûr qu'il faut faire beaucoup plus pour
diversifier nos marchés à l'extérieur du Canada. Et, en tant que porte-parole
de commerce interprovincial mais aussi international, c'est sûr qu'il faut
miser sur la diversification de tous les marchés. Donc, c'est un pas de
l'avant.
Ceci étant, je vais miser peut-être sur
certaines préoccupations, toujours dans l'esprit de bonifier, et on prend notre rôle, en tant qu'opposition officielle, très
au sérieux. Donc, il reste quelques assurances quand même à... ou quelques
préoccupations à souligner.
Bon, il y a eu certaines exclusions qui... dans
un... qui demeurent quand même essentielles. On a eu une belle discussion sur
le... la langue française, évidemment, mais aussi une demande de l'Ordre des
pharmaciens et d'autres ordres
professionnels qui voulaient s'assurer de protéger certains actes comme la
vente de médicaments. Et ça, c'est dans l'esprit de protéger la santé
publique.
Nous, on veille à ce que le Québec... nous,
notre formation, au Parti libéral du Québec, on veille à ce que le Québec soit
pleinement positionné comme un leader tout en surveillant et en atténuant
l'impact des tarifs douaniers sur nos
entreprises. Nous sommes le parti de l'économie, on l'a toujours été, pas juste
par nos mots, mais par notre bilan, par
des gestes et des décisions structurantes par le passé. Alors, nous mettons de
l'avant une vision claire pour un Québec qui est confiant, moderne et ouvert sur le monde, et, c'est-à-dire, il
faut soutenir nos PME, il faut diversifier nos marchés, il faut
renforcer nos liens commerciaux avec le reste du Canada, mais aussi à
l'étranger.
Alors,
on a... on croit beaucoup, M. le Président, au potentiel de la fédération
canadienne et à l'importance... pardon,
d'améliorer le commerce interprovincial. Notre approche vise à créer des
emplois de qualité, à stimuler l'innovation et à assurer la prospérité
des régions comme des grands centres. Parce qu'au fond ouvrir des marchés,
c'est ouvrir des possibilités, M. le Président, pour nos entreprises, nos
travailleurs et aussi nos communautés.
Mais,
en parlant d'approche, le gouvernement du Québec emprunte une approche qui est
quand même différente des autres provinces comme l'Ontario, qui compte... cette
approche que prend le gouvernement, il y a quand même des risques. Nous, on
accorde la reconnaissance automatique pour les biens et les professions, alors
que d'autres provinces ont pris
l'approche de la reconnaissance mutuelle, mais ont signé des protocoles
d'entente entre elles pour assurer la réciprocité.
Le gouvernement nous
dit qu'il compte sur les négociations de l'ALEC, c'est-à-dire, au fédéral,
l'Accord de libre-échange au Canada, pour obtenir la réciprocité des autres
provinces, mais, pour l'instant, nous n'avons aucune garantie. La réussite de ce projet de loi dépend de la réciprocité de la
part des autres provinces. Sans cela, nos entreprises subiront de la
concurrence déloyale.
• (16 h 10) •
C'est
ce que certains experts comme les Manufacturiers et Exportateurs du Québec
ainsi que la Pre Geneviève Parent, de l'Université Laval, sont
venus nous dire en consultations. Alors, nous exprimons quand même une
inquiétude face à ce risque.
Notre
formation va suivre de très près les choses et la suite des choses et espère
que le gouvernement sera conscient des risques et travaille à garantir
une vraie réciprocité de la part des provinces. Même le ministre l'a dit en
décrivant le projet de loi, il a dit :
Quelque chose qui est produit en Ontario peut être vendu au Québec. Mais aussi
il faut s'assurer que ce qui est produit au Québec peut être vendu en Ontario.
Je sais que c'est l'intention, mais il faut vraiment que cette intention se concrétise. Et, puisque la
réciprocité n'est pas reconnue dans la loi, et on n'a pas encore d'entente
bilatérale, on mise sur l'ALEC. On va
surveiller ça de très près parce que je sais que l'intention, c'est justement
pour s'assurer que les marchés soient ouverts vraiment des deux côtés.
Donc, on surveille ça de très près.
Donc, c'est quand
même l'option qui a été laissée au gouvernement, d'imposer unilatéralement des
conditions ou des exclusions par règlement, sans débat parlementaire. C'est
quand même une pente glissante qui menace de maintenir
le Québec comme plus protectionniste. Et ça, ça a été souligné par beaucoup de
groupes. Le milieu économique, qui
appuie ce projet de loi, M. le Président... Je pense que c'est important de
souligner que tous les groupes, tous les organismes qui représentent le
milieu économique appuient ce projet de loi. Ça a été un facteur important, pour notre formation, lorsqu'on a pris notre
décision de l'appuyer. Mais, quand même, ces mêmes groupes ont soulevé...
ont exprimé leurs inquiétudes face à la possibilité, le fait que beaucoup, avec
ce gouvernement, M. le Président, se fait par règlement. Donc, ça, ça a créé
une certaine incertitude, et c'est difficile de faire notre travail, notre
meilleur travail en tant que législateurs, quand c'est... tout est en
règlement. Donc, ils ont souligné le fait de ne pas défaire l'intention
libre-échangiste de ce projet de loi avec beaucoup d'exemptions et d'exceptions
par règlement.
Si certaines
exceptions sont légitimes, comme la protection de la langue française, du Code
civil, de la santé publique, d'autres relèvent davantage d'un réflexe de
fermeture que de prudence. Prenons l'exemple des restrictions sur la
circulation de l'alcool. Elles appartiennent à une autre époque. On ne peut pas
prétendre être ouvert au commerce, tout en gardant des frontières internes sur
des bouteilles de vin. Ces restrictions sur la circulation de l'alcool
devraient être revues.
Le
Québec peut en faire plus pour travailler ses relations avec le fédéral et les
autres provinces. Et enfin le Québec doit devenir un véritable aimant
pour les talents et les investissements, un endroit où les entreprises des
autres provinces ont envie de s'établir, où
les travailleurs d'ailleurs au Canada veulent venir bâtir leur avenir. Bref, un
Québec qui attire, pas qui décourage.
Enfin, le Québec doit
devenir... Donc, la CAQ a présenté quatre amendements, tous qui ont été adoptés
sans surprise, c'est un gouvernement
majoritaire, mais, soyons honnêtes, M. le Président, aucun de ces changements
n'a réellement renforcé, selon nous, le projet de loi.
De notre côté, nous
avons présenté quand même trois amendements, trois propositions constructives,
concrètes et de bons sens : l'exclusion
des entreprises du Code des professions à l'article 2, la production d'un
rapport de mise en oeuvre et l'ajout explicite de la santé et de la
sécurité dans l'objet même de la loi. Trois propositions, trois refus. Alors,
aucun gain, malheureusement, et c'est quand même... on était quand même déçus
parce qu'on a agi de bonne foi, avec une
ouverture, et on est déçus quand même que nos amendements, qu'on trouvait
vraiment... c'était pour rendre le projet loi plus solide, plus transparent, plus efficace, on aurait bien aimé
que le gouvernement choisisse davantage de collaborer sur ces... d'avoir
une ouverture face à ces amendements.
En terminant, le
projet de loi n° 112 est un pas, quand même, en
avant, avec plus de concurrence qui augmente la productivité de nos entreprises
et, en même temps, diminue les coûts pour les Québécois. Donc, en pleine guerre
commerciale avec les États-Unis, plus de commerce à l'interne, ça va. La concurrence
qui favorise la productivité, on devient
plus compétitifs, mais, en même temps, pour les Québécois, en pleine crise de
coûts de la vie, normalement, la compétition fait en sorte que les coûts
diminuent. Ça aussi, c'est une bonne chose, M. le Président.
Alors, le projet de
loi est nécessaire, mais selon nous non suffisant, d'autant plus qu'aucun de
nos amendements n'a été retenu. C'est ce qui
est vraiment dommage. Nous aurions... Donc, le Québec ne doit plus regarder
passer le train du commerce. Il doit
monter à bord et le conduire comme chef de file, comme vrai leader au sein de
la fédération canadienne. Et on va surveiller de très près puis on va
agir avec grand intérêt. M. le Président, comme vous le savez, notre formation
a toujours joué un rôle constructif pour un Québec qui est ouvert sur le monde,
pour un Québec prospère, pour un Québec qui est compétitif et un Québec qui
peut mener au sein de la fédération canadienne. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Mise
aux voix du rapport
S'il n'y a pas
d'autre intervenant, le rapport de la Commission des finances publiques portant
sur le projet de loi n° 112, Loi favorisant le commerce des produits et la
mobilité de la main-d'oeuvre en provenance des autres provinces et des
territoires du Canada, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Adopté. Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme LeBel : Oui. Merci, M. le
Président. Compte tenu que vous avez annoncé tantôt la tenue d'un débat de fin
de séance, je vais vous demander de suspendre nos travaux jusqu'à la tenue de
ce débat.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
les travaux sont suspendus jusqu'à 18 h 30 afin de permettre la tenue
d'un débat de fin de séance, comme annoncé précédemment.
(Suspension de la séance à
16 h 17)
(Reprise à 18 h 29)
Débats
de fin de séance
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder au débat de fin de séance, qui portera sur une question adressée par
Mme la députée de Robert-Baldwin à M. le ministre de la Santé concernant les
impacts négatifs que la loi n° 2 aura sur les femmes
médecins.
Je vous rappelle que,
conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a soulevé le
débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole de cinq
minutes, et le député a droit à une réplique de deux minutes.
Mme la députée, je
vous cède immédiatement la parole.
Impact
sur les femmes médecins de la Loi visant principalement à instaurer
la responsabilité collective quant à l'amélioration de l'accès aux services
médicaux et à assurer la continuité de la prestation de ces services
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci, M. le ministre, d'être ici.
Aujourd'hui, lors de la période de questions, l'opposition officielle avait
posé quelques questions au ministre de la Santé concernant l'impact de la loi
n° 2 non seulement en termes de... les femmes, mais aussi les médecins et
les patients.
• (18 h 30) •
J'ai misé mes
questions au ministre aujourd'hui particulièrement sur les femmes puisque je
suis la porte-parole de l'opposition officielle en matière de condition
féminine et que les femmes médecins représentent 56 % des femmes ici, au
Québec. Et nous l'avons dit, la cheffe de l'opposition officielle l'a
mentionné, qu'elle a reçu des courriels et des appels de femmes médecins extrêmement préoccupées par l'impact de cette loi, un impact
néfaste sur les femmes. Et j'ai... on
a été hautement... et moi, j'ai été hautement préoccupée, M. le ministre,
concernant vos réponses à mes questions, parce que vous demeurez
intransigeant, intransigeant, je devrais dire, dans la façon que vous regardez
l'impact de la loi sur les femmes, qu'il n'y
a pas, d'après vous, de distinction à faire entre les hommes et les femmes
médecins. Ça, je dois vous dire, j'ai
été abasourdie. Je ne suis pas la seule. Il y a des milliers de femmes, et pas
juste des femmes médecins, mais des femmes en général, qui sont
abasourdies par cette réponse. Et vous avez vraiment comme régurgité le même
message que vous avez donné lors de l'entrevue à Tout le monde en parle
avec Kim Lévesque-Lizotte, que ce projet de loi va aider les femmes et les femmes médecins. Et je tente de trouver... je ne
suis pas la seule, avec les femmes médecins du Québec, avec les
deux fédérations des médecins. Comment se fait-il que ce projet de loi va
aider les femmes médecins, et
particulièrement, M. le ministre, en ce qui a trait aux femmes qui sont
enceintes, aux femmes, peut-être, qui vont devoir prendre un congé,
commencer un congé de maternité plus tôt parce qu'elles ont des complications,
des femmes qui ne pourront pas retourner au travail suite à un accouchement,
des femmes qui, et nous le savons très bien, des femmes médecins qui
travaillent déjà, déjà à temps plein? C'est très difficile, mais, à un moment
donné, c'est elles qui sont les mères de famille,
c'est elles. Je ne vous n'annonce pas quelque chose que vous ne connaissez pas,
M. le ministre, j'espère, qu'une majorité des mères assument une charge
additionnelle de la responsabilité parentale vis-à-vis leurs enfants, et elles vont être pénalisées parce qu'elles sont des
femmes, parce qu'elles ont ces tâches, parce que c'est elles qui ont les enfants.
Et donc il n'y a aucune exemption dans le projet de loi liée aux femmes dans
ces situations.
Et vous avez... Et
vous misez ou vous justifiez le tout en disant... Vous vous basez sur
deux concepts : la prise en charge
collective et la rémunération qui est liée aux cibles de performance. Et c'est
là où le bât blesse pour les femmes qui sont dans
cette situation-là, parce qu'au bout du compte on ne peut pas concilier les
deux concepts pour les femmes qui vont
être dans des situations particulières parce qu'elles sont des femmes. Et vous
ne pouvez pas dire non plus... ajouter une
autre couche additionnelle, qui évidemment est une source, une grande source
d'angoisse et de détresse des femmes, que c'est elle, celle qui doit
prendre un congé de maladie ou qui doit prendre un congé de maternité, que
c'est elle qui va devoir négocier avec les
autres collègues dans son GMF, en termes de comment les choses vont... comment
les choses vont être équilibrées. Et ça, en soi, c'est une grande source
de stress et de détresse, M. le ministre.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci beaucoup, Mme la députée. Merci. M. le ministre, vous disposez de
cinq minutes.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Cinq minutes?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui.
M. Dubé : Parfait. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien,
vous savez, j'apprécie énormément d'avoir l'occasion de préciser
quelques points ce soir.
Tout d'abord, je
voudrais rassurer les femmes, parce que j'ai dans ma famille des femmes qui
sont au travail, j'ai des médecins que je
connais très bien qui sont des femmes, alors je suis très sensible à... Et,
s'il y a une chose que je veux faire
ce soir, c'est, entre autres, de les rassurer pour qu'il n'y ait pas une
mauvaise perception de ce qu'on a l'intention de faire.
Premièrement, ce que
j'ai expliqué, puis je n'ai peut-être pas eu le temps de répondre à toutes les
questions dimanche soir à Tout le monde en parle, il y avait beaucoup de
questions, mais j'avais peu de temps pour répondre, c'était très clair pour moi
que je voyais comme un avantage la prise en charge collective pour les femmes.
Parce que je veux juste rappeler à la députée libérale, qui n'était peut-être
pas là à ce moment-là, mais ce que M. Barrette imposait à l'époque,
c'était un quota aux femmes, aux femmes médecins, un quota de prendre un
certain nombre de patients. Et nous, ce n'est pas ça qu'on dit. On dit :
S'il y a une chose qui est différente dans l'approche qu'on a, c'est de
permettre à une femme de pratiquer, une femme médecin, à pratiquer dans une
GMF, mais que l'ensemble de la GMF prenne en charge
les patients. Alors, si pour x raisons, elle doit s'absenter, bien, un, c'est
bon pour elle, parce qu'il y a des personnes qui peuvent l'aider dans son...
dans son remplacement, mais c'est aussi bon pour les patients, parce que les
patients ne perdent pas le médecin ou
la personne de référence. Donc, je veux juste que... Ce qu'on a mis sur la
table, Mme la Présidente, c'est un
avantage. Ça, c'est la première chose. Puis ça, c'est pour ça que je veux
rassurer les femmes, parce que ça reste quand même que les médecins, les
hommes et les femmes médecins sont des travailleurs indépendants, des
travailleurs autonomes, et on leur donne une
protection additionnelle de pouvoir s'appuyer sur des collègues lorsque... pour
un départ.
Deuxièmement, ce que
j'aimerais dire, Mme la Présidente, puis pour moi, c'est très important, ce
n'est pas une question de femme ou homme
dans ce sens-là. Puis je veux bien expliquer mon point. Ce que je viens de dire
là, la prise en charge collective, ça
s'applique autant aux proches aidants. Quelqu'un qui doit s'absenter parce que
son parent, sa mère, son enfant est malade, la prise en charge
collective dans une GMF, c'est une belle solution, Mme la Présidente. Alors, quand j'ai dit ça, dans ce sens-là, ce n'est pas
pour dire que c'est uniquement pour les femmes, c'est pour l'ensemble des
professionnels qui peuvent s'appuyer sur des collègues lorsqu'il y a un
événement dans leur vie. Je pense que le terme qu'il faut utiliser, c'est que
c'est un atout additionnel pour la conciliation travail-famille. Des fois,
c'est en raison d'un enfant, des fois c'est
en raison d'être... qu'on est un proche aidant. Des fois, c'est pour des
raisons de maladie, pour des congés de maternité. Alors, ne voyons pas ça comme
négatif, au contraire, moi, je trouve ça... Puis c'est une belle solution.
Maintenant, la
deuxième chose que je veux rassurer, puis je n'irai pas faire de politique avec
ça, mais ce que les libéraux proposaient dans le temps, c'était beaucoup plus
agressif que de dire aux femmes : Peu importe votre situation, vous avez
un quota à faire. Alors, je fais juste le dire, c'est très différent de ce
qu'on propose aujourd'hui. Mais la... la
chose la plus importante que j'aimerais, parce que je n'ai pas beaucoup de
temps pour l'expliquer, bien, c'est important pour moi de rassurer les
femmes ce soir, c'est que, lorsque l'analyse se fait par ce qu'on appelle les
directeurs médicaux, puis je pense que la députée connaît très bien comment ça fonctionne
dans une région, on a un directeur médical
qui est un médecin, soit un homme ou soit une femme, qui a la responsabilité de
regarder si la population est bien prise en charge. Qu'est-ce que ça
veut dire, ça? Ça veut dire : On a combien de médecins dans cette
région-là puis on a combien de patients,
ceux qui sont déjà pris en charge et d'autres qui ne le sont pas? Et là, le
rôle... Et là le rôle du médecin, ce qu'on appelle des directeurs
médicaux, c'est de dire : Est-ce que les médecins qui sont disponibles
sont vraiment disponibles? Il n'y a pas
personne qui va aller obliger, dans une GMF, de prendre... Que ce soient des
femmes qui soient là ou que ce soient des hommes, il n'y a pas personne
qui va obliger à aller prendre des patients si on voit très bien qu'ils n'ont
pas la capacité de les prendre. Et ça, c'est le rôle du directeur médical.
Alors, moi,
j'aimerais rassurer les femmes aujourd'hui que ce qu'on a offert est beaucoup
plus avantageux que ce qui était offert, la
situation actuelle, de ce qui avait été proposé par les libéraux. Puis en plus,
on va avoir des gens qui vont faire l'évaluation des besoins, Mme la
Présidente. Donc, je pense qu'on a pensé à tout et j'apprécie avoir eu la
question, de clarifier aujourd'hui. Merci.
• (18 h 40) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Mme la députée, votre droit
de réplique.
Mme Brigitte B. Garceau (réplique)
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. Bien, tout ce que je vais dire à... parce que je vois que la
réponse ne change pas malgré mon intervention. Bien, c'est sûr et certain que
je vais mentionner, Mme la Présidente, que vous... Malheureusement, je ne pense
pas qu'avec cette intervention M. le ministre, il a rassuré les femmes du
Québec et certainement pas les femmes
médecins, et certainement pas, je dois vous dire, l'épouse et la fille de votre
collègue le ministre des Services
sociaux, puisque ses deux... son épouse et sa fille, tous les deux sont
médecins, mais aussi sa fille vient de commencer sa pratique, et les deux sont
fâchées, les deux sont fâchées. Puis il le dit lui-même, que ce n'est pas
facile à la maison.
Peut-être
vous auriez dû avoir... le ministre aurait dû avoir une conversation avec son
collègue le ministre des Services sociaux,
parce que lui-même le mentionne, étant médecin spécialiste, qu'il souhaite
contribuer à un rapprochement dans les
prochaines semaines. Parce qu'on le sait, cette loi va être contestée. C'est
une loi, comme on le sait, qui a été adoptée sous bâillon, sous beaucoup de contestations non seulement des partis de
l'opposition, mais également des deux fédérations des médecins. Ça va
avoir un impact fondamental sur les conditions de travail des médecins,
certainement des femmes médecins, mais également ça ne va pas donner plus
d'accès, ça ne va pas aider, en termes des patients... ça ne va pas donner plus d'accès aux soins de santé parce qu'il
va y avoir un exode de médecins. On le sait qu'il va y avoir un exode de médecins, il y a déjà des appels de l'Ontario,
du Nouveau-Brunswick, qui va faire en sorte que celles qui restent, les femmes
médecins qui vont rester vont avoir une charge additionnelle, et c'est
vraiment...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Merci, Mme la députée.
Donc, c'est ce qui met fin aux débats de fin de séance.
Ajournement
Compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés au mercredi 29 octobre 2025, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 42)