(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Bonjour,
chers collègues. Veuillez prendre place.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous sommes
maintenant à la rubrique Déclarations de députés, et je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Bellechasse.
Souligner l'importance du
mandat confié à Mme Catherine Morin
à titre de coordonnatrice des services incendies
Mme Stéphanie
Lachance
Mme Lachance : Merci,
Mme la Présidente. Permettez-moi d'abord de saluer, dans nos tribunes,
Mme Catherine Morin.
Mme Morin
occupe depuis juin la coordination des services de la Régie d'incendie de
Bellechasse-Sud, soit... et de Saint-Damien, de Buckland et Saint-Philémon,
ainsi que les municipalités de Saint-Léon, Saint-Nazaire et Saint-Malachie.
Le mandat confié à Mme Morin est
vaste : administrer l'ensemble des services des six municipalités,
incluant la gestion matérielle, financière et humaine.
Dans un milieu rural où la distance et la
disponibilité des ressources ajoutent des défis particuliers, la mise en commun des services devient essentielle. L'arrivée
de Mme Catherine Morin à la tête de cette coordination représente un pas
important vers la sécurité accrue, adaptée aux réalités de nos
communautés de Bellechasse.
Bon mandat, et merci pour ce précieux travail,
porteur d'avenir.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Et bravo à Mme Morin, qui est avec nous
présentement. La présidence vous souhaite la bienvenue, et on vous dit bravo.
Je suis maintenant prête à entendre Mme la
députée de Chomedey. La parole est à vous.
Souligner le 30e anniversaire
du Conseil québécois
des ressources humaines en tourisme
Mme Sona
Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan
Olivier : Merci, Mme la
Présidente. Nous célébrons aujourd'hui avec fierté le 30e anniversaire du Conseil québécois des ressources humaines en
tourisme, un pilier essentiel de notre industrie et un acteur incontournable
de son développement.
Depuis trois
décennies, le CQRHT met en valeur ce que le Québec a de plus précieux, les
femmes et les hommes qui font vivre le tourisme. Grâce à son expertise
et à son leadership, il a su attirer, former et fidéliser les talents tout en
accompagnant les entreprises face aux défis de la pénurie de la main-d'oeuvre,
de la transformation numérique et du développement durable. Son engagement
envers la qualité de l'emploi et la valorisation des carrières a contribué à
bâtir un secteur plus fort, plus humain et tourné vers l'avenir.
En tant que
porte-parole de l'opposition officielle en matière de tourisme, je tiens à
féliciter toute l'équipe du CQRHT pour ces 30 années d'excellence,
d'innovation et de passion au service du Québec. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Verchères.
Souligner le 50e anniversaire
de l'École
de karaté Sankudo de Sainte-Julie
Mme Suzanne
Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, je souligne les 50 ans de l'École de
karaté Sankudo de Sainte-Julie, une
institution où l'on apprend la maîtrise du geste, mais aussi l'écoute, la
patience, le courage et le respect de l'autre. C'est un héritage qui se
transmet de sensei à élève et de famille en famille.
Je vous présente en tribune aujourd'hui des gens
reconnus pour leur engagement exemplaire depuis de nombreuses années : plus de 40 ans, Claude Dalpé; 15 ans,
Chantal Caya; 37 ans, Alain Bourdages, accompagné de sa conjointe, Chantal
Duguay. 50 ans, Mme la Présidente, à former des citoyens solides,
enracinés, confiants et tournés vers les autres.
Bravo et longue vie à l'École de karaté Sankudo!
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Et bienvenus à l'Assemblée
nationale. Et, au nom de la présidence, toutes nos félicitations. 50 ans,
c'est un long chemin mais un bon parcours. Merci.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de...
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Pardon.
Rendre hommage à la Dre Élise
Sasseville
Mme Manon
Massé
Mme Massé : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, j'ai le privilège de souligner l'apport exceptionnel d'une femme remarquable, ainsi que de sa famille,
qui incarne à mes yeux ce qu'il y a plus beau chez l'humain, c'est-à-dire
la solidarité et le soin véritable des autres.
La Dre Élise Sasseville, depuis plus de
20 ans, se dévoue sans relâche aux personnes les plus vulnérables. Elle accompagne, soigne, soutient celles et ceux qui
vivent avec le VIH ou d'autres infections transmises sexuellement ou par le
sang. Elle a également contribué à des recherches majeures, faisant avancer la
science mais surtout l'espoir. Ses collègues la décrivent comme une
femme profondément empathique, animée par un humanisme sincère. Elle croit et
agit pour l'accès à la santé pour tous et toutes. Elle mise sur la prévention,
l'inclusion et sur une société où chacun a sa place.
Sophie,
Camille, votre mère est exceptionnelle et elle nous démontre qu'un autre monde
est possible et il est déjà en marche.
Merci, Dre Sasseville.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée
d'Anjou—Louis-Riel.
Souligner le 15e anniversaire
de Conseil Emploi Métropole
Mme Karine
Boivin Roy
Mme Boivin Roy : Merci, Mme la
Présidente. C'est un grand plaisir pour moi de souligner aujourd'hui le 15e anniversaire du Conseil Emploi Métropole,
le plus grand regroupement de représentants du marché du travail de la région
métropolitaine de recensement de Montréal.
Table de concertation bien implantée, le CEM est
constitué de 17 membres représentant les secteurs de l'économie, de
l'enseignement, de la main-d'oeuvre et du milieu communautaire pour les cinq
régions de la métropole, c'est-à-dire Montréal, Laval, la Montérégie, les
Laurentides et Lanaudière. Le CEM conseille la Commission des partenaires du marché du travail et la ministre de
l'Emploi quant à la planification, la coordination et la mise en oeuvre des
stratégies d'action relatives aux problématiques, enjeux et défis du marché du
travail métropolitain. Dans cette foulée, le
CEM favorise une meilleure adéquation entre la formation, les compétences et
les besoins des employeurs tout en soutenant l'attraction et la
rétention des talents.
Je profite de l'occasion pour remercier
l'ensemble des membres du CEM, sous la gouverne du président Jean Lortie,
pour leur engagement, contribution et expertise. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de Jacques-Cartier. La
parole est à vous.
Rappeler les priorités des
citoyens de la
circonscription de Jacques-Cartier
M. Gregory
Kelley
M. Kelley : L'économie,
le coût de la vie, le système de santé, l'éducation, les infrastructures qui
sont modernes, ça, c'est les priorités de mes citoyens de Jacques-Cartier, et
ce sont mes priorités quand je suis ici, à l'Assemblée nationale.
Mais ce
gouvernement caquiste est tellement déconnecté! Parce que c'est quoi, leurs
priorités, depuis le début de la session? C'est de bafouer les droits des
Québécois, c'est de se chicaner avec des médecins, c'est de proroger le
Parlement. C'est inacceptable. En 2026, on va
dire : Dehors, la CAQ!
The
priorities of the people in my riding are an economy that works for all, the
costs of living, housing, education, health care. But
what has been the priority of this Government since they have returned, this parliamentary session? It has been
to close debate on the bills, to not respect the right of Quebeckers. But there is some good news,
here, because, in 2026, «chers électeurs»
from Jacques-Cartier, we're going to have a chance to send
this bad CAQ government home.
En 2026, dehors, la CAQ!
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Bertrand.
Souligner
l'apport économique et culturel
du Cinéma Pine de Sainte-Adèle
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Merci, Mme la
Présidente.
Bienvenue au Cinéma Pine!
À l'affiche cette semaine : une institution
culturelle incontournable des Pays-d'en-Haut, depuis 1948.
En vedette :
la famille Fermanian, qui, depuis trois générations, contribue au développement
économique de notre région, notamment par l'embauche de dizaines de jeunes
employés et l'accueil, annuellement, de milliers de cinéphiles.
Le scénario,
c'est une entreprise de Sainte-Adèle qui rayonne à la grandeur du Québec en
organisant de nombreuses premières médiatiques et en participant activement à
la vitalité de sa communauté. On y présentera d'ailleurs très bientôt la
deuxième édition du Festival des films de plein air des Laurentides, organisé
par Plein Air Sainte-Adèle.
Alors, quand
on est dans le Nord, en solo, en couple, en famille ou entre amis, c'est au
Cinéma Pine que l'on fait les meilleures sorties. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup, Mme la députée.
Je cède maintenant la parole au député d'Arthabaska. La parole est à
vous.
Souligner le succès de la
campagne de financement pour la
rénovation du centre sportif du cégep de Victoriaville
M. Alex
Boissonneault
M. Boissonneault : Merci, Mme
la Présidente. Permettez-moi de souligner, ce matin, la force et la résilience
de la communauté d'Arthabaska et de L'Érable, et plus largement du Centre-du-Québec,
dont on a eu un éloquent témoignage au cours des derniers mois.
Le cégep de Victoriaville mène en ce moment le
plus important projet de modernisation de son histoire : la mise à niveau complète de son pavillon d'activité
physique. Ce pavillon est en service depuis plus de 45 ans, mais le temps
est venu lui donner un second souffle.
Constatant l'urgence d'agir, l'équipe du cégep
n'a pas attendu, elle s'est retroussé les manches et a choisi de porter
elle-même son projet avec la communauté. Résultat, la mobilisation a été
exemplaire, les donateurs ont répondu présent, et le Centre sportif Boralex
ouvrira ses portes dès l'automne 2026.
C'est une véritable leçon de leadership et de
solidarité, et c'est un projet qui profitera à toute la population. En mon nom
et au nom de l'ensemble de nos concitoyens, merci.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup, M. le député. Je
cède maintenant la parole à M. le député de Lévis.
Souligner le 40e anniversaire
de l'organisme La Chaudronnée
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : Merci, Mme la
Présidente. Je m'exprime au nom de mon collègue le député de Côte-du-Sud, qui est retenu pour des obligations familiales,
pour souligner le travail remarquable de l'organisme La Chaudronnée, de Saint-Jean-Port-Joli,
dont ses représentants sont présents aujourd'hui. Bienvenue chez vous.
Fondée sous le nom de La Chaudronnée du Bel Âge,
cette organisation est devenue, au fil du temps, une véritable institution dans la communauté de Saint-Jean-Port-Joli et des
environs. Sa mission est simple : nourrir et soutenir les personnes
en perte d'autonomie en leur offrant des repas chauds et équilibrés livrés
directement à domicile. Derrière
chaque repas, un sourire, une visite amicale, un geste de solidarité.
20 bénévoles. 350 repas par semaine. Là, ils ont élargi leur
territoire.15 000 repas servis entre janvier et septembre 2025, le triple
qu'à l'habitude.
Saluons chaleureusement toute l'équipe de La
Chaudronnée pour leur travail exemplaire, leur engagement indéfectible envers
nos aînés. Vous êtes un modèle d'humanité et de persévérance. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Au nom de la
présidence, bravo pour votre travail! Vous faites la différence pour vos
citoyens. Merci.
Donc, je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Prévost.
Souligner le 35e anniversaire
de la Maison des jeunes Saint-Sauveur—Piedmont
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger : Merci,
Mme la Présidente. Cette année, la Maison des jeunes Saint-Sauveur—Piedmont célèbre son 35e anniversaire.
Depuis 1990, ses fondateurs,
Mme Carole Asselin et M. Luc Charbonneau, sont animés d'un amour
inconditionnel pour notre belle jeunesse. Cette maison est née de leur désir
sincère d'offrir aux jeunes un lieu sécuritaire et bienveillant.
C'est une maison des
jeunes qui est vraiment importante, qui est bien plus qu'un endroit pour se
rassembler. C'est un espace d'écoute, de prévention, d'accompagnement, où des
intervenants dévoués contribuent chaque jour à raviver la confiance et l'estime
de soi de nos adolescents. C'est aussi un milieu de vie qui brise l'isolement,
qui stimule les passions et qui aide la relève à devenir des adultes engagés et
épanouis, nos adultes de demain. C'est un véritable maillon de notre tissu
communautaire.
Merci à toute
l'équipe de la Maison des jeunes.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de Gaspé. La
parole est à vous.
Souligner
le 100e anniversaire de l'église de Sainte-Anne-des-Monts
M. Stéphane Sainte-Croix
M. Sainte-Croix : Merci, Mme la Présidente.
Cette année, la communauté de Sainte-Anne-des-Monts, en Haute-Gaspésie,
célèbre les 100 ans de son église, un lieu qui fait partie intégrante du
coeur et du paysage de la ville.
Par son architecture
imposante, marquée par ses deux clochers uniques en Gaspésie, elle s'impose
comme un repère emblématique. Elle témoigne de l'ambition et du savoir-faire
des bâtisseurs d'autrefois, déterminés à offrir à leur communauté un lieu à la
hauteur de leur attachement.
100 ans plus
tard, Mme la Présidente, cette église rappelle l'effort colossal des Gaspésiens
et des Gaspésiennes qui l'ont construite,
pierre par pierre, avec courage et détermination. En célébrant son centenaire,
nous rendons hommage à ce patrimoine exceptionnel et à ceux et celles
qui, hier comme aujourd'hui, continuent de le faire vivre.
L'église
de Sainte-Anne-des-Monts demeure un véritable symbole de persévérance,
d'identité et de fierté pour toute la région.
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Champlain.
Rendre
hommage aux bénévoles du Courrier des enfants
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Merci, Mme la Présidente. Je souhaite aujourd'hui mettre en lumière un
service communautaire offert dans les écoles primaires du comté de Champlain,
le Courrier des enfants.
Dans chaque classe,
une boîte aux lettres permet aux jeunes d'y déposer un mot pour parler de ce
qu'ils vivent. Ces lettres sont ensuite lues
et reçues par des bénévoles formés, qui y répondent avec attention. Leur accompagnement
agit à la fois comme une écoute précieuse et une démarche de prévention.
Le courrier est aussi
un levier pédagogique, Mme la Présidente. Il donne du sens à l'écriture et à la
lecture et renforce les liens entre l'enfant, sa famille et l'école.
Depuis
plus de 25 ans, ce sont 13 200 lettres qui ont trouvé réponse
grâce aux centres d'action bénévole des Riverains, de la Moraine et de
Mékinac. C'est un bel exemple de ce que nous accomplissons quand l'école, la
communauté et les citoyens unissent leurs forces pour le bien-être de nos
jeunes.
Je salue la
directrice générale du CAP des Riverains, Marie-Claude Samuel, ainsi que toute
son équipe pour leur engagement bienveillant. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Cela met fin à la rubrique
Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 06)
La Présidente :
Bonjour, tout le monde. Vous êtes nombreux, ce matin. Sachez que le parlement
du Québec, c'est chez vous.
Messieurs dames les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
de la Culture. Ah! Vous n'avez pas de document, ce matin, à déposer? D'accord.
Alors, ce sera pour une autre journée.
Pour ma part, j'ai un document à déposer. Je
dépose le rapport annuel de gestion 2024‑2025 du Vérificateur général du
Québec ainsi que le rapport sur le suivi des recommandations 2024‑2025 du
Vérificateur général du Québec et de la Commissaire au développement durable.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de commissions
ni de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes maintenant rendus à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole, en question principale,
à la cheffe de l'opposition officielle.
Accès aux services
d'obstétrique
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Avant toute chose, permettez-moi de souhaiter un
bon retour à notre estimée collègue la ministre des Aînés. Caro... Caro,
bienvenue au bureau, mais de façon progressive. Et nous nous assurerons
que ce soit, pour vrai, de façon progressive.
Mme la Présidente, permettez-moi maintenant de
revenir à ma question vers le premier ministre du Québec. Vous avez sûrement
fait votre revue de presse, et, comme moi, j'imagine que vous avez été outrée
de voir que le Centre d'obstétrique et de gynécologie de la Cité ici, à Québec,
devra fermer ses portes. 1 500 femmes sont suivies pour leur grossesse. Elles ont tenté, cette clinique, de
trouver refuge auprès de l'Hôpital Saint-François d'Assise, mais, par manque
d'argent et à cause des coupures imposées par le gouvernement, ça a été une fin
de non-recevoir.
J'en appelle au sens de l'État du premier
ministre du Québec. Les femmes ne peuvent pas être des laissées-pour-compte de votre mauvaise gestion financière.
Trouvez l'argent. D'ailleurs, vous le savez, il y a 450 millions de
dollars dont vous avez fait main basse dans l'article 129.3°.
Qu'allez-vous faire, maintenant?
La
Présidente : ...adressez, Mme la cheffe, à la présidente, ne
l'oubliez pas. M. le premier ministre, votre réponse.
M. François
Legault
M. Legault : Oui,
Mme la Présidente, d'abord, évidemment, mon collègue le ministre de la Santé
suit le dossier de près. Ce qu'il faut comprendre, c'est que, depuis sept ans,
on a augmenté de façon historique le budget de la santé, et on va continuer de le faire. Et je veux en
profiter pour m'adresser aux Québécois puis aux médecins puis leur dire
clairement, il n'est pas question de couper un sou dans le budget de la
santé.
Donc, ce que le ministre de la Santé demande aux
deux fédérations de médecins depuis longtemps, c'est de venir avec nous
regarder la distribution des primes qui existent déjà. Donc, oui, on a adopté
un projet de loi pour changer le mode de rémunération, pour être capables de
mettre l'argent là où c'est plus urgent d'agir, mais il n'y aura aucune prime qui va être abolie sur les actes qui
sont urgents. C'est justement le but du projet de loi, c'est de mettre plus
d'argent sur les actes qui sont les plus urgents. Puis évidemment, bien,
l'obstétrique, c'est très urgent.
• (10 h 10) •
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Mme
la Présidente, je ne parlais pas des négociations. Je parle d'ici, à Québec,
là, il y a une clinique qui assure jusqu'à 25 % de tous les suivis
de grossesse de la région. Elle devra fermer parce que, le Dr Clément, du CHU, l'a dit, «on a des restrictions budgétaires
imposées par le gouvernement, donc on ne peut pas assurer le personnel».
Qu'est-ce qui est plus urgent? Parce qu'hier
moi, j'ai entendu le ministre de la Santé dire qu'il va prendre le 450 millions de dollars de l'IPAM pour
le mettre dans un gouffre financier qui s'appelle le DSN, au lieu de s'occuper
des femmes enceintes.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, la cheffe de l'opposition officielle dit : Je ne parle pas du
projet de loi, mais je parle du projet de
loi, qui prend 450 millions pour le mettre ailleurs. Donc, est-ce qu'elle
parle du projet de loi elle ne parle pas du projet de loi?
Si
elle veut parler du centre d'obstétrique, Mme la Présidente, le cas est clair.
Ils sont dans un centre d'achats. Malheureusement, leur loyer est échu. Et on
va leur trouver un autre endroit.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Ça fait un an que le gouvernement est avisé de la situation. Ça fait un an
qu'il y a eu des pourparlers avec le CHU
pour justement les rapatrier vers l'Hôpital Saint-François d'Assise. La
réponse, c'est : On n'a pas d'argent. Pire, ils ont dit la chose
suivante : On doit engager du personnel. Bien oui, si on veut faire des
suivis de grossesse, ça prend du personnel médical.
Moi,
je dis : Depuis qu'ils ont adopté sous bâillon leur loi, le gouvernement a
mis main basse sur le 450 millions, ils veulent... préfèrent le
mettre dans le DSN, un gouffre informatique, au lieu de s'occuper des femmes.
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, je veux être clair,
encore là, puis c'est important de rassurer et les médecins et les Québécois, il n'est pas question de voler
450 millions aux médecins, il est question de prendre ce 450 millions
là puis de l'utiliser de la meilleure façon possible. Puis, je veux rassurer la
cheffe de l'opposition officielle, dans le cas de l'obstétrique, il n'y
aura pas de bris de service, on va s'organiser.
La Présidente :
Troisième complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Hier, le ministre de la Santé a été très clair avec mon collègue le député de
LaFontaine, le 450 millions de dollars, il préfère le mettre dans
DSN, qui aujourd'hui on le sait, grâce au Journal de Montréal, Journal
de Québec, La Presse, Radio-Canada, c'est un gouffre financier qui va
atteindre 3 milliards de dollars, à la place de mettre cet
argent-là pour les patients, et plus précisément pour les femmes enceintes.
1 500 femmes, à partir du mois de mars, n'auront plus leur suivi de
grossesse. Moi, je n'ai pas entendu un premier ministre résolument féministe.
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bon, Mme la Présidente, quand on regarde la répartition des budgets par la FMSQ
entre les différentes spécialités, on voit que plus les spécialités sont
féminines, moins il y a d'argent. Ça, c'est le choix de la FMSQ. Donc, c'est un
peu spécial que la cheffe de l'opposition officielle essaie de mélanger le
féminisme avec le fait qu'on veut utiliser le 450 millions pour mieux,
pour mieux servir les Québécois.
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant le député de LaFontaine.
Nombre de lits disponibles dans les services d'urgence
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Vendredi dernier, ce mauvais gouvernement a
enfoncé dans la gorge de tout le réseau de la santé un mauvais projet de
loi. 75 des 214 articles servent à nommer des surveillants aux médecins,
des inspecteurs, des enquêteurs, des
poursuites, des amendes, des pertes d'années de services. Bravo! Il faut avoir
du courage pour faire passer ça sous
bâillon. Les médecins ont quitté, des médecins se promettent et sont déjà
engagés à quitter alors qu'on en manque.
La veille de cet
infâme projet de loi, Mme la Présidente, jeudi passé, la réalité terrain était
la suivante : un manque criant de lits aux
urgences. J'en veux pour preuve ce qui s'est passé, et révélé par Hugo
Duchaine, du Journal de Montréal : 12 ambulances ont été coincées en même temps à
l'urgence de Châteauguay. 12 ambulances. La Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie a
dit que, pendant plusieurs heures, c'est 20 paramédics qui ont pallié au
manque de lits.
Que va faire le
ministre pour mettre des lits dans les urgences?
La Présidente :
La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bon, écoutez, il y a plusieurs questions et
sous-questions dans la... dans le commentaire, ici, du député de Lafontaine, mais
je pense que le plus important, ici, c'est de faire la continuité avec ce que
le premier ministre vient de mentionner
concernant, je dirais, la ségrégation qui se fait entre les différentes
spécialités. Et il y a à plusieurs... plusieurs spécialistes à qui j'ai parlé, au cours des derniers jours, qui sont un
petit peu surpris qu'il y ait encore, à l'intérieur de la loi qu'on a déposée,
de la place pour avoir une certaine discussion au cours des prochaines semaines
pour, justement, clarifier certains éléments de la loi.
Alors donc, moi, ce que j'inviterais les
spécialistes comme les omnis : de demander à leurs fédérations, de voir comment cette discussion-là sur une partie de la
rémunération peut être faite, au cours des prochaines semaines, pour enlever de
la pression sur des incompréhensions qu'il y a dans la loi, dont le député de
LaFontaine fait référence.
Mme la Présidente, on a prévu cette clause-là,
qui peut se faire au cours des 60 jours. J'apprécierais que les deux
fédérations soient aux tables le plus rapidement possible...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...pour rendre service
à leurs membres.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Il est tellement
préoccupé à se chicaner avec les médecins, Mme la Présidente, qu'il en a oublié
ma question. Que fait-il, que fait-il, comme ministre de la Santé, pour
s'assurer qu'il y ait des lits suffisants, un nombre de lits suffisant aux urgences? Une équipe a dû rester, une équipe de
paramédics a dû rester avec un patient pendant plus de six heures, et de trois à
quatre heures pour les autres. Ce n'est plus une situation exceptionnelle,
des véhicules sont retenus de plus en plus pour pallier au manque de
lits.
Il va faire quoi là-dessus, le ministre?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Alors,
Mme la Présidente, je vais revenir. On a mis Santé Québec en charge des
opérations. Santé Québec, Mme la Présidente... Mme la Présidente, Santé
Québec a démontré, au cours des derniers mois, qu'il y avait une
amélioration importante au niveau des opérations. Est-ce qu'il reste encore des
choses à régler? La réponse, c'est oui. Pourquoi pensez-vous, Mme la
Présidente, que, dans les cibles qu'on a mises dans notre projet de loi, on a
dit que l'accès aux urgences était important, pas uniquement pour la FMSQ, mais
pour la FMOQ? On leur demande de travailler ensemble pour qu'il y ait moins de
personnes qui aillent aux urgences. Comment faire ça...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...Mme
la Présidente? C'est d'avoir plus de références dans les GMF pour qu'il y ait
moins de personnes...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Le ministre
dit : On a mis dans la loi des cibles pour qu'ils s'occupent du monde. Ils
vont les coucher où, le monde, s'il n'y a
pas de lits dans les urgences, Mme la Présidente? Puis ça, c'est sa job, qu'il
ne se cache pas derrière Santé Québec, c'est sa job, comme ministre, d'y
voir.
En mai dernier, Mme la Présidente, c'est sept
ambulances qui ont été retenues à Châteauguay. L'hiver dernier, également, une
ambulance, des paramédics avaient passé toute la nuit à l'urgence au chevet de
patients.
Alors, les objectifs, c'est bien beau. Les lits,
ils vont arriver à quelle heure dans les urgences?
La
Présidente : Et... Oui, allez-y, M. le leader du gouvernement.
Je pense qu'ici nous allions dire la même chose. Allez-y, je vais vous
écouter.
M. Jolin-Barrette : On a
utilisé un mot au lexique, de l'autre côté de la Chambre. Donc, on aimerait ça
que le député de LaFontaine retire son mot.
La
Présidente : Eh oui, le verbe que vous avez utilisé, vous
savez... vous savez lequel. Se cacher. Alors, je vous demande de le
retirer. Vous le retirez? Alors, ne l'oubliez pas. Merci. La réponse du
ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Bien, Mme la
Présidente, je veux juste revenir sur le point du député de LaFontaine. Quand
on parle que notre projet de loi, tous les efforts qu'on a faits depuis des
années, c'est pour améliorer l'accès, je pense qu'il n'y
a pas plus clair que ça. Ce sont des demandes que l'on a faites à Santé Québec,
de s'assurer que l'accès va être amélioré, et c'est exactement ce qu'on demande
aux médecins.
Je le répète, Mme la
Présidente, on demande aux deux fédérations, c'est-à-dire aux médecins
généralistes et aux spécialistes, de
travailler ensemble pour baisser l'achalandage aux urgences, pour, justement,
que ces situations-là arrivent le moins souvent possible.
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé :
C'est tout à fait normal.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Pontiac.
Impact
de la Loi visant principalement à instaurer la responsabilité collective
quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux et à assurer
la continuité de la prestation de ces services
M. André Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, la conséquence n°
1 du projet de loi de la CAQ sur les patients : les provinces voisines appellent les médecins pour leur offrir
des postes dans leur province. Il y a plus de 100 médecins qui ont demandé
des permis de pratique en Ontario et au Nouveau-Brunswick, et ça continue.
Conséquence n° 2 du projet de loi sur les patients : les médecins
annoncent leur retraite prématurée.
Conséquence n° 3 du projet de loi de la CAQ sur les patients : le Collège
des médecins, avec sa mission de protection du public, se dit extrêmement préoccupé
des impacts du projet de loi et il étudie les aspects qui pourraient, et
je cite, «compromettre la capacité des médecins à offrir des soins
sécuritaires».
Mme la Présidente, la
question que les patients se posent aujourd'hui, c'est : Le médecin qui
quitte, c'est-tu le mien? Et la question que les médecins se posent,
c'est : Est-ce que je vais pouvoir traiter mon patient de façon optimale
et sécuritaire?
C'est
un gâchis total et complet. Comment le ministre peut-il penser sérieusement
qu'il améliore les soins aux patients?
• (10 h 20) •
Des voix : ...
La
Présidente : Vous connaissez la règle. La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, j'ai bien expliqué, au
cours des derniers jours, Mme la Présidente, que c'étaient des changements très
importants. Mais ce que j'ai dit aussi, dans une lettre que j'ai publiée ce
matin, j'ai dit clairement aux médecins :
La suggestion qu'on vous fait, vous n'avez pas toute l'information, en ce
moment, pour prendre une décision éclairée. Et, Mme la Présidente, je
pense que, dans... si les fédérations, qui ont eu... Entre autres, je sais
qu'ils ont eu une rencontre hier soir pour
expliquer, la FMSQ a fait une rencontre avec ses médecins. Je veux m'assurer
que l'information qui est donnée à leurs médecins, elle est exacte et
elle réplique exactement ce que nous proposons. Et, pour ce faire, nous-mêmes, au cours des prochains jours, nous
allons avoir des webinaires avec les médecins directement pour leur faire
part aussi des objectifs et des particularités dans les changements que nous
faisons.
Je pense que les
médecins méritent d'être informés exactement sur nos objectifs pour les
patients, pour qu'ils soient capables de prendre une décision éclairée, et
après ça ce sera leur décision. Mais, en ce moment, je ne crois pas qu'ils sont
en mesure de le faire, parce qu'ils n'ont pas toute l'information nécessaire.
Merci beaucoup.
Des voix : ...
La
Présidente : Une seule personne a droit de parole. Pour sa première
complémentaire, le député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin : Si on voulait que tout le monde ait l'information, on aurait pu étudier
le projet de loi article par article, au lieu de le passer par bâillon.
Mais le meilleur...
le meilleur exemple de l'inefficacité totale de sa loi, là, c'est qu'il répète
qu'il l'a déposée pour que l'enseignement reprenne, Mme la Présidente, pour que
les sessions soient sauvées. D'accord, mais le résultat de ce qu'il a mis dans sa loi, c'est que les associations étudiantes des
facultés de médecine sont en train de prendre des votes de grève pour
savoir s'ils continuent à être enseignés.
Un vote de grève des
étudiants, comment ça aide les patients, ça?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
La bonne nouvelle de ce que le député de Pontiac dit ce matin, je veux
remercier autant les médecins de retourner au travail pour faire au moins
l'éducation aux étudiants, c'est une très bonne nouvelle. Puis je veux saluer
tout le travail qui a été fait aussi en coulisse par ma collègue à
l'Enseignement supérieur pour s'assurer de garder les doyens informés, les
recteurs informés, et qui permet aussi ce retour-là à l'enseignement le plus
rapidement possible. Alors, je veux remercier les médecins d'avoir fait cet
effort-là, parce qu'il y avait énormément d'impacts.
Maintenant, Mme la
Présidente, je veux aussi en profiter, de cette question-là, parce que j'ai
entendu beaucoup de choses sur la loi spéciale.
La Présidente :
En terminant.
M. Dubé :
Bien, je vais revenir, Mme la Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : OK. Avec tous les médecins qui quittent, là, avec tous les
postes vacants, on va avoir besoin des étudiants
en médecine pour combler ces postes-là rapidement. Mais, pendant ce temps-là,
en réponse à la CAQ, les facultés de
médecine, toutes les facultés de médecine des universités francophones sont en
train de faire un référendum pour savoir s'ils veulent un vote de grève, Mme la
Présidente, à la demande des étudiants. Là, on perd des médecins par dizaines
puis on a des médecins... des étudiants qui veulent aller en grève.
Je répète ça au
ministre : Comment ça aide le patient?
La Présidente :
La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Mme la Présidente, Mme la Présidente, on a fait cette loi-là pour améliorer
l'accès. On a fait cette loi-là pour
améliorer l'accès. Si le Parti libéral... qui a toujours abandonné à la
dernière minute les réformes qui devaient être faites, au cours des
dernières années. C'est leur choix. Nous, on a le courage de faire ces
choix-là.
Maintenant,
pour les étudiants dont on parle, soyons très clairs, plus ils vont être
informés sur ce que la loi demande, ce que la loi propose et ce qu'il
reste encore à négocier à l'intérieur des cadres qui ont été présentés, Mme la
Présidente, je suis convaincu que les personnes
bien informées vont prendre les bonnes décisions dans l'intérêt des patients au
cours des prochaines semaines. Merci beaucoup.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la cheffe
du deuxième groupe d'opposition.
Impact sur les femmes médecins de la Loi visant
principalement à instaurer
la responsabilité collective et l'imputabilité des médecins quant à
l'amélioration de l'accès aux services médicaux
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente.
Hier, j'ai demandé au premier ministre s'il était conscient de l'impact négatif
sur les femmes de sa loi spéciale, puis il m'a dit qu'il ne comprenait pas ce
que je lui disais. C'est vrai, j'ai senti qu'il ne comprenait pas ce que je lui
disais. Donc, j'espère que, depuis hier, il a pris le temps d'y réfléchir, d'en
parler autour de lui. Mais je vais quand même essayer, ce matin, du mieux que
je peux, de le sensibiliser à la situation, à l'impact discriminatoire de sa
loi sur les femmes.
Le ministre de la
Santé, il a exclu du calcul des pénalités les médecins de 63 ans et plus,
c'est en majorité des hommes, ils
s'approchent de la retraite, puis, c'est vrai, il a dit : Bien, je vais
les exclure, mais le problème reste entier pour les femmes. Il n'y a aucune exemption pour les femmes médecins, qui
peuvent avoir des enfants, qui sont... qui vont tomber enceintes et
aller en congé de maternité. Donc, elles, elles vont continuer à être
pénalisées. C'est discriminatoire.
Sa loi spéciale, elle
a beaucoup de défauts, mais, en plus, elle a un impact encore plus négatif sur
les femmes. Le premier ministre, je suis
sûre qu'il est sensible à ça, il passe son temps à nous dire à quel point
l'égalité entre les femmes et les
hommes, c'est important. Donc, j'espère que, maintenant, il a compris ce que je
suis en train de lui dire, ce que les femmes médecins sont en train de
lui dire.
Est-ce qu'il est prêt
à revoir sa loi pour éviter qu'elle discrimine les femmes?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente,
la réponse simple, c'est que la loi ne discrimine pas les femmes. Au contraire,
on pense que la loi n° 2 va permettre
d'avantager les femmes médecins. Donc, on a un désaccord très important. Et, sincèrement, j'essaie de comprendre la cheffe du deuxième groupe d'opposition. Actuellement, les médecins sont payés à l'acte, donc plus
ils font d'actes, plus ils sont payés. Ce qu'on veut mettre en place, puis, à
ce que je sache, c'est même dans le
programme de Québec solidaire, c'est qu'une partie de la rémunération soit
payée, ce qu'on appelle, par capitation, c'est-à-dire selon le nombre de
patients pris en charge par un GMF. Dans un GMF, il y a plusieurs médecins, il
y a plusieurs infirmières, donc on partage la prise en charge.
Donc, est-ce que la
cheffe du deuxième groupe d'opposition peut m'expliquer en quoi la capitation
désavantage les femmes par rapport à un paiement à l'acte?
La Présidente :
Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Tout le monde est en
désaccord avec le gouvernement. La loi discrimine les femmes. Les femmes,
aujourd'hui, sont majoritaires, donc il peut arriver que, dans un groupe de
médecine familiale... qu'il y ait plusieurs femmes,
une majorité, et qui vont quitter, donc elles vont être désavantagées parce que
ça va être inclus dans le calcul. Ça, ça peut arriver.
Il
a la chance de revoir sa loi. Elle est discriminatoire. Je ne sais pas s'il a
parlé avec des gens du ministère de la Condition féminine pour lui
expliquer l'impact discriminatoire. Est-ce qu'il peut la revoir, sa loi...
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bon, Mme la Présidente, il y a deux façons de payer les médecins, incluant les
femmes médecins. On peut les payer à l'acte,
donc plus il y a de volume, plus ils sont payés, c'est la méthode actuelle, ou
on peut payer par capitation, c'est-à-dire en fonction du nombre de
patients pris en charge par un groupe de médecine familiale qui inclut
plusieurs médecins, plusieurs infirmières, des IPS.
Est-ce que la cheffe
de Québec solidaire est en train de nous dire qu'elle va changer son programme
puis que maintenant elle est d'accord pour rester avec un paiement à l'acte?
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Mme la Présidente, si les médecins femmes quittent pour un congé de
maternité, elles ne seront pas là, elles ne
peuvent pas prendre les patients en charge. Je veux dire, c'est... Je vais lui
donner un témoignage : «Quand j'ai commencé...» Ça, c'est une femme
médecin : «Quand j'ai commencé la médecine, une femme médecin près de sa retraite m'a dit : Tu vas voir, quand il va y
avoir plus de femmes en médecine, ils vont dévaluer notre profession. À
l'époque, je pensais qu'elle
exagérait, mais aujourd'hui je me rends compte qu'elle a raison.» C'est ça que
vous êtes en train de faire.
Quand est-ce que vous
allez arrêter de faire des lois qui discriminent les femmes?
La Présidente :
Mme la cheffe, je vous rappelle
que vous vous adressez à la présidente, vous aussi, lorsque vous posez
une question, ne l'oubliez pas. La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, la cheffe de Québec solidaire est en train de nous
dire : Si une femme qui a accouché veut prendre du temps, elle serait
mieux traitée avec un paiement à l'acte, ça veut dire un paiement au volume, qu'avec un paiement à la capitation où,
avec une dizaine d'autres médecins, elle partage la prise en charge d'un certain nombre de patients. Honnêtement, je pense
que la cheffe de Québec solidaire ne comprend absolument pas les enjeux.
• (10 h 30) •
Des voix :
...
La
Présidente : S'il vous plaît! Article 32. Une seule personne aura
le droit de parole. Et je reconnais, pour sa question principale, le député de
Taschereau.
Soutien
aux banques alimentaires
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci, Mme la Présidente.
Le plus récent Bilan-Faim, dévoilé cette semaine, est venu confirmer ce qu'on répète souvent, chez Québec solidaire, au
gouvernement de la CAQ. De plus en plus de Québécoises et Québécois ont
faim, les banques alimentaires n'arrivent plus à suffire à la demande.
C'est
les deux tiers des banques alimentaires qui ont fait face à des pénuries cette
année. Depuis 2022, c'est une hausse de 37 % du nombre de fréquentations
partout au Québec. Une personne aidée sur trois est un enfant. On ne peut pas
accepter que des parents, au Québec, se demandent s'ils vont être capables de
nourrir leurs enfants demain.
Ce
qu'on demande, donc, à la ministre, c'est bien simple, c'est une mise à jour...
Il y a une mise à jour économique qui s'en vient prochainement. Est-ce
qu'elle va se battre pour les enfants du Québec? Est-ce qu'elle va se battre
pour obtenir les moyens nécessaires
pour que... des Québécois et Québécoises crèvent de faim au Québec?
La
Présidente : La réponse de la ministre responsable de la Solidarité
sociale et de l'Action communautaire.
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je remercie mon collègue pour sa
question. Puis il sait, évidemment, que nous sommes extrêmement soucieux de la
situation.
Depuis 2022, quand
Banques alimentaires Québec pour la première fois est venu nous voir pour nous
demander des sommes importantes pour acheter de la nourriture, on l'a fait.
Dans les derniers budgets, c'est 64 millions de dollars qu'on a remis, qui
est prévu pour Banques alimentaires Québec, pour répondre à 100 % des
demandes de Banques alimentaires Québec. On
répond aux demandes des petits... du Club des petits déjeuners, Cantine pour
tous, Tablée des chefs. On a mis, dans le plan de lutte à la pauvreté,
un axe sur la sécurité alimentaire, Mme la Présidente, 141 millions pour
faire en sorte de rapprocher la nourriture des gens le plus possible, investir
dans l'agriculture urbaine, par exemple, et travailler avec les organismes pour
s'assurer que personne ne soit laissé derrière, que tout le monde puisse
manger, Mme la Présidente.
Alors,
on travaille extrêmement fort. On est extrêmement soucieux de la situation, et
le gouvernement est présent...
La Présidente :
En terminant.
Mme Rouleau :
...Mme la Présidente.
La Présidente :
Première complémentaire.
M. Etienne
Grandmont
M. Grandmont :
Mme la Présidente, je m'attendais tellement à cette réponse-là. La ministre
nous parle du passé. Elle nous parle de ce qu'elle
a fait. Moi, je lui demande de parler d'aujourd'hui, je lui demande de parler
de demain. C'est peut-être difficile
à admettre, mais ce qui a été fait, ce qu'on a aujourd'hui sur la table, ce qui
est disponible pour les Québécoises et les Québécois est aujourd'hui
insuffisant, et on peut s'attendre à ce que demain ça le soit encore plus.
Alors,
ma question est assez simple. Il y a une mise à jour économique qui s'en vient
bientôt. Est-ce qu'elle va se battre pour
les enfants du Québec? Est-ce qu'elle va se battre pour éviter que des
Québécoises et des Québécois crèvent de faim?
La Présidente :
La réponse de la ministre.
Mme Chantal
Rouleau
Mme Rouleau :
Mme la Présidente, je suis en lien constant avec Banques alimentaires Québec
pour suivre l'évolution des choses avec les différentes moissons qu'il y a à
travers le Québec et les banques alimentaires régionales, avec les comptoirs,
1 300 comptoirs alimentaires à travers le Québec, Mme la Présidente.
On investit pour l'achat de nourriture. On investit pour des infrastructures
pour permettre aux organismes de bien recevoir et distribuer cette... cette nourriture-là. On investit auprès des
organismes pour qu'ils puissent être présents dans les écoles et un peu partout,
pour faire en sorte que la nourriture soit près des gens, Mme la Présidente, et
qu'ils puissent se nourrir convenablement.
La Présidente :
En terminant.
Mme Rouleau :
On investit en agriculture urbaine, 900 000 $ pour les Moissonneurs
solidaires...
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Etienne
Grandmont
M. Grandmont :
Je l'invite très clairement à lire le plus récent Bilan-Faim. C'est très
important. Là-dedans, le constat est clair, Mme la Présidente, la situation
empire. Qu'elle me dise... qu'elle nous dise ce qu'elle a fait dans le passé,
c'est bien, mais ce n'est pas suffisant. La situation a changé, le contexte
évolue rapidement.
Est-ce qu'elle va se
mettre à la tâche? Est-ce qu'elle va demander à ses collègues au Trésor et aux
Finances que, dans la prochaine mise à jour
économique, il y ait suffisamment d'argent pour s'assurer que personne ne crève
de faim au Québec? C'est assez clair.
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Chantal
Rouleau
Mme Rouleau : C'est notre préoccupation, Mme la Présidente, que
personne ne manque de nourriture, au Québec. Alors, c'est pour cette
raison, Mme la Présidente, que nous agissons quotidiennement.
Alors, je
peux parler de ce que j'ai fait, je peux parler de ce que je fais aujourd'hui
puis de ce qui est prévu pour les prochaines années, Mme la Présidente.
On a un plan de lutte avec un axe sur la sécurité alimentaire,
141 millions, qui se déploie en
différentes mesures pour permettre de... Par exemple, j'ai parlé des Moissonneurs
solidaires, 900 000 $, ce
qui leur permet maintenant, Mme la Présidente, de produire des fruits et
légumes pour les moissons, pour alimenter ces moissons avec des fruits
et légumes frais du Québec...
La Présidente : En terminant.
Mme Rouleau : ...Mme la
Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Lesage.
Aide alimentaire destinée aux étudiants
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Le 8 octobre
dernier, l'Assemblée nationale a reconnu à l'unanimité la montée alarmante de l'insécurité alimentaire chez les étudiantes et
étudiants des cégeps et universités du Québec, dont près de la moitié peinent
à se nourrir convenablement. Elle a souligné
que l'insécurité alimentaire compromet la réussite scolaire, la santé mentale
et la dignité des étudiantes et étudiants. Elle a, enfin, demandé au
gouvernement du Québec d'évaluer la pertinence de mettre sur pied un fonds
d'urgence afin de garantir que personne ne soit contraint de sauter des repas
pour poursuivre ses études. Le gouvernement a voté pour ça, il y a trois
semaines. Le sujet est urgent.
Le
gouvernement a-t-il évalué la pertinence d'un fonds d'urgence pour aider les
étudiantes et étudiants à se nourrir? Et, si oui, quelles sont ses
conclusions?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Martine Biron
Mme Biron : Merci, Mme la
Présidente. La semaine dernière, jeudi pour être plus précise, je suis allée à
l'assemblée générale de la Fédération des cégeps. Les 48 directions
générales des cégeps étaient présentes, et on a eu une assez bonne discussion
ensemble. Ce n'est pas la première fois que je rencontrais la fédération, mais,
depuis que je suis nommée... J'avais tous
les dirigeants qui étaient là. On a discuté des budgets. Je leur ai dit que,
depuis qu'on est au pouvoir, on a
augmenté substantiellement les budgets aux cégeps, de 2 milliards à
3 milliards. C'est une augmentation de 50 %. Je leur ai aussi
dit qu'on avait fait une priorisation de l'aide financière aux étudiants, qu'on
a passablement augmentée au fil du temps, et que la situation, pour nous, était
importante, de pouvoir accompagner les élèves. Il y a une importante
augmentation de la clientèle, et on veut ça, au Québec. La subvention moyenne
par étudiant a augmenté de 3 900 $ depuis que nous sommes au
pouvoir...
La Présidente : En terminant.
Mme Biron : ...et les droits
scolaires sont demeurés les mêmes, ce qui avantage...
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : L'absence de
réponse précise à la question est assez claire, le gouvernement juge qu'avec un
étudiant sur deux qui ne mange pas à sa faim ce n'est pas assez urgent pour
qu'il y ait un fonds d'urgence pour contrer l'insécurité alimentaire au cégep.
Ça n'a pas de bon sens.
Est-ce que... Est-ce que... Est-ce que la
ministre trouve que je comprends mal sa réponse ou est-ce que c'est bien ça, il
n'y en aura pas, de fonds d'urgence?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Martine Biron
Mme Biron : Nous avons une
augmentation de clientèle qui est très importante. Les jeunes souhaitent
obtenir plus de compétences. Et nous, au
gouvernement, nous souhaitons que les étudiants soient bien accompagnés. Et, au
fil du temps, nous avons décidé de ne pas augmenter les frais de
scolarité dans les cégeps, c'est gratuit. Et les frais de scolarité au Canada, dans les universités, sont les plus bas en Amérique
du Nord, et pas juste plus bas au Canada, en Amérique du Nord, mais plus bas
substantiellement, on parle de milliers de dollars de moins par année. Et nous
avons également bonifié l'aide financière aux étudiants pour s'assurer
qu'ils puissent poursuivre leurs études.
La Présidente :
En terminant.
Mme Biron :
Et nous sommes présents pour poursuivre dans cette voie-là.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti :
On vient d'assister à un triple boucle piqué, Mme la Présidente. Ce qui est
clair et net, c'est que la CAQ, elle trouve
qu'elle en a fait assez, puis que la faim des étudiants, ça ne la touche pas.
Elle ne trouve pas ça urgent. Et on peut penser qu'il n'y aura rien dans
la mise à jour économique. C'est quand même un scandale.
Qu'est-ce qu'elle en
dit, la députée de Repentigny, du fait qu'au cégep de Lanaudière le quart des
étudiants font la file pour l'aide alimentaire? Elle est fière de son bilan?
Elle se dit : Il n'y en a pas, d'urgence, c'est correct, ils sont jeunes?
La Présidente :
La réponse du ministre responsable de la Jeunesse.
M. Samuel
Poulin
M. Poulin : Merci, Mme la Présidente. Évidemment, c'est un
travail que nous faisons ensemble, entre collègues, mais on finance des
mesures dans le Plan d'action jeunesse, notamment, en ce qui a trait à
l'insécurité alimentaire sur le plan
universitaire, Équiterre, consultation auprès des étudiants postsecondaires
afin de trouver des solutions pour les 17-29 ans ayant un budget
limité et propices à l'insécurité alimentaire pouvant compromettre notamment
des enjeux de santé. C'est
600 000 $ qu'on a confirmé pour les trois prochaines années au niveau
universitaire. Et on finance également la Fédération des cégeps sur le
même volet. Nous les appuyons notamment en ce qui a trait à la santé mentale
des jeunes, montant de 295 000 $
qui a été confirmé dans les trois prochaines années pour notamment s'adresser à
ces enjeux qui relèvent à la fois de l'insécurité alimentaire...
La Présidente :
En terminant.
M. Poulin : ...et de la santé mentale. Demain, nous sommes
avec l'Union étudiante, et on va continuer de travailler ensemble.
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine.
Loi visant principalement à instaurer la responsabilité
collective quant à
l'amélioration de l'accès aux services médicaux et à assurer
la continuité de la prestation de ces services
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
Mme la Présidente, le gouvernement de la CAQ a voulu entreprendre une guerre
contre les médecins, il récolte ce qu'il a
semé. Le conflit actuel ne sert personne, et les principales victimes de ce
gâchis, bien, ce sont les patients, au Québec.
Durant le bâillon, le
Parti québécois a été le seul à déposer des amendements pour corriger
quelques-unes des aberrations du projet de
loi, il y en a sans doute plusieurs autres. Par exemple, à l'annexe I, objectifs 8-A, B, C, les examens en imagerie médicale doivent être
interprétés dans un délai de moins de cinq jours. Or, le ministre impose cette
cible aux radio-oncologues, alors que
ceux-ci n'interprètent pas les imageries médicales. Ça ne fait pas partie de
leurs tâches. Ce n'est pas dans leur rôle.
Comment le ministre
peut-il justifier une telle erreur, qu'il n'a pas voulu corriger? Et, plus
largement, est-ce que le ministre reconnaît
que son projet de loi a été bâclé, qu'il comporte plusieurs erreurs? Et peut-il
s'engager, dans un geste de bonne foi, à en corriger les aberrations, des
aberrations comme celle-là?
• (10 h 40) •
La Présidente :
La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Merci beaucoup. Et, tout d'abord, Mme la Présidente, j'aimerais quand même
souligner que notre gouvernement apprécie beaucoup que le Parti québécois a
énoncé clairement qu'il était d'accord avec le principe du projet de loi. Et ça, je pense que c'est important
de le reconnaître puis... et d'apprécier qu'ils ont eu le courage politique,
dans le moment que nous vivons, de le dire. Alors, je tiens à les
remercier sur... d'avoir pris cette position-là.
Maintenant, pour la
question des radio-oncologistes, j'aimerais faire une précision. Il y a, en ce
moment, un code de facturation qui leur
permet de facturer. Donc, il n'y a pas d'erreur technique. L'enjeu est beaucoup
plus de savoir quelle est la portion de ceux qui sont faits par les
radiologues et par les radio-oncologistes.
Donc, j'aimerais rassurer le député que, si la
proportion est importante, on va corriger, mais pour s'assurer qu'on a les deux
spécialités qui sont applicables. Alors, je pense que c'est quand même assez
technique, mais on a la possibilité de faire
cette correction-là. Mais je dois vous dire qu'il y a un code de facturation
pour les radio-oncologues...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...alors donc, il n'y
avait pas d'erreur, comme tel. Il s'agit juste de voir si la proportion est...
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Mme la
Présidente, on était d'accord avec la révision du mode de rémunération, mais il
y a beaucoup d'autres choses dans le projet de loi, beaucoup d'aberrations. Une
autre des aberrations, c'est que le ministre, évidemment, veut que le réseau
public de santé soit plus efficace, et un des éléments pour améliorer l'accès
des patients à un médecin, c'est la
télémédecine. Qu'est-ce qu'il fait, le projet de loi? Il va réduire les tarifs
de télémédecine pour les médecins. Conséquence : on décourage les
médecins à en faire.
Comment le ministre peut-il justifier sa
décision?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Écoutez,
je veux juste encore saluer l'effort du Parti québécois de corriger des choses,
mais il y a une chose qui est claire, c'est que l'intention n'est pas du tout
d'enlever la télémédecine, encore moins de réduire son utilisation.
Alors,
j'aimerais être clair, lorsqu'on a fait la question des tarifications, il a
fallu s'assurer que la tarification tenait compte du prélèvement du 15 %.
Alors, en ce moment, tous les tarifs ont été ajustés pour le supplément qui
sera payé dans la réalisation des
objectifs. Alors, il faut faire attention. Et, toutes ces questions-là, nous
avons préparé ce qu'on appelle un questions-réponses...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...qui est fréquent
dans ce genre de choses là. Il a été... Le lien avec le site Web a été...
La Présidente : Deuxième
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Oui. On a aussi
répété qu'il s'agissait d'un bâillon injustifié sur un projet de loi bâclé,
bulldozé. Et un des exemples, c'est les sanctions pénales et les articles qui
vont imposer des pénalités. Il y a des journalistes qui se demandent, s'ils encouragent ou s'ils comprennent les médecins
d'avoir des moyens de pression, ils pourraient subir des amendes, même chose pour trois médecins qui
prennent leur retraite de manière non reliée dans les prochaines semaines, ils
pourraient être poursuivis.
Est-ce que le ministre de la Justice reconnaît
ces erreurs-là? Est-ce qu'il s'engage à les corriger ou...
La Présidente : La réponse du ministre
de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Je
suis vraiment content d'avoir cette question-là, ce matin, parce que ça me
permet, Mme la Présidente, de préciser plusieurs choses.
Premièrement, les clauses dont le député de
Jean-Talon fait référence ici ont été prises à même plus de 60 lois
spéciales qui ont été faites au Québec au cours des dernières années. Il n'y a
jamais personne... Puis je pourrais vous citer
les numéros d'articles exactement, dans les lois spéciales qui ont été faites
par le Parti libéral, dans les lois spéciales qui ont été faites par le PQ, et
qui demandaient exactement la même chose, exactement la même chose. On n'a pas
inventé ça, là...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...il est de pratique
courante, pour prévenir les arrêts de service, dans les lois qui ont été
faites...
La Présidente : En question
principale...
Des
voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! En question principale, je reconnais la
députée de Terrebonne.
Critères d'attribution de
prêts-subventions
Mme Catherine
Gentilcore
Mme Gentilcore :
Depuis 2019, le gouvernement de la CAQ a accordé 1,85 milliard de
dollars de prêts pardonnables à 78 entreprises, des vraies subventions
déguisées. Et on pourrait penser que ce sont les entrepreneurs d'ici qui ont été favorisés, mais, non, plus de la
moitié sont des entreprises étrangères. L'argent durement gagné par les
Québécois offert généreusement à la grande entreprise.
La CAQ choisit ses
gagnants au pif, ça, on le sait. On pourrait perdre plus de 1 milliard,
ça, on le sait aussi. Mais ce qu'on ne sait pas, c'est pourquoi on refuse de
rendre publiques les modalités des prêts pardonnables. Et c'est grave parce
qu'on doit se fier à la parole de la ministre, à savoir si la subvention
déguisée en valait la peine ou non. Parfois, on ne sait même pas de quel
montant il s'agit. Donc, la CAQ se comporte en fonds d'investissement, mais
elle est moins transparente avec ses 9 millions d'actionnaires, les
contribuables québécois, que n'importe quel fonds privé.
Alors,
ma question est simple : Est-ce que la ministre de l'Économie va rendre
publics les critères ou laisser les Québécois dans le noir au sujet de
leur argent?
La Présidente :
Et je vous dis, Mme la députée,
de faire attention aux verbes employés, aux qualificatifs employés, regardez
votre lexique. La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Donc, c'est clair pour tout le monde, le Parti québécois ne veut
pas qu'on aide les entreprises. Et il faut dire qu'à l'heure où elles font face
à des vents contraires particulièrement forts ça m'apparaît être une mesure
incontournable pour faire en sorte que le Québec... le Québec puisse continuer
à se développer.
Et c'est peut-être
mieux comme ça, que le PQ ne veuille pas aider les entreprises, parce que,
quand ils l'ont fait, ça a été un désastre. Alors,
on peut penser notamment à la cimenterie
McInnis, hein, qui a... qui a cumulé 472 millions de pertes, et
c'était, par ailleurs, l'usine la plus polluante, qui n'a pas eu de BAPE. On
peut penser à la mine de diamants Stornoway,
qui a généré des pertes de 275 millions. Et ça, c'était pour un mandat,
hein, d'un an et demi. Alors, vous voyez que, par mois, ça fait quand
même pas mal.
Nous, on pense que,
dans le rôle du gouvernement, il y a celui d'aider, d'aider les entreprises à
créer de la richesse, d'aider le Québec à se positionner dans des créneaux
d'avenir et à créer des emplois bien rémunérés pour les Québécois. Que les entreprises soient établies ici, au Québec, c'est ça
qui importe pour ce qui est de la création d'emplois.
La
Présidente : En terminant.
Mme Fréchette :
Maintenant, il y a des outils nouveaux, pour lesquels je reviendrai.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Catherine
Gentilcore
Mme Gentilcore :
Mme la Présidente, Mme la ministre ne répond pas à la question. Pourtant,
son ministère le sait, il y a déjà
306 millions de dollars qui ne seront jamais remboursés, et ça, ça ne
changera pas. Donc, je vous soumets que
le problème, il est là. On a une ministre et un gouvernement qui signent des
contrats essentiellement secrets avec des multinationales, et les
Québécois sont supposés leur faire confiance avec ça?
Donc, je vais poser
la question à l'envers. Est-ce que les Québécois appuieraient ces prêts
pardonnables là s'ils en connaissaient les termes, oui ou non?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette :
Oui, il faut voir qu'il y a de nombreuses entreprises québécoises qui sont
aidées avec des prêts de type pardonnable. Et pourquoi est-ce qu'il y a un
pardon, bien, c'est parce que, comme gouvernement, on veut faire en sorte qu'il y ait de la création
d'emplois, des emplois bien rémunérés, dans des secteurs qui sont priorisés. On
veut également qu'il y ait des
dépenses qui soient faites par les entreprises, d'un volume considérable. Et,
quand c'est atteint, ces objectifs-là, eh bien, c'est là qu'il y a possibilité
d'avoir un pardon. En soi, c'est une excellente nouvelle pour le Québec. Ça veut dire que les objectifs qui avaient
été fixés, de création d'emplois bien rémunérés, dans des secteurs priorisés,
avec des dépenses costaudes dans l'économie québécoise, ont été atteints.
Alors, je pense qu'il faut s'en réjouir.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Catherine
Gentilcore
Mme Gentilcore : Ultium
CAM Co., 152 millions. Grifols, 36 millions. Hitachi,
30 millions, plus un autre
16 millions qu'on a annoncé la semaine dernière. Tous des prêts
partiellement ou totalement pardonnables, là, mais qui sait, le
gouvernement ne veut pas nous le dire.
Le bar ouvert
et les subventions déguisées, ça va être terminé, sous un gouvernement
péquiste. La ministre, elle, va-t-elle continuer à saupoudrer comme ça
jusqu'en 2026?
La
Présidente : Je vous ai dit de faire attention aux termes que
vous employez. Révisez votre lexique. Mme la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Est-ce que la
députée de Terrebonne est contre le fait qu'on ait soutenu ADF dans son comté?
Parce que, si c'est le cas, il faudrait qu'elle l'indique à l'entreprise. Je
pense, ce serait une bonne chose de communiquer, hein, sur cette... cette
dénonciation, si on veut, de ce soutien financier qui a été accordé à ADF.
Est-ce
qu'elle est contre le fait qu'on ait accordé un soutien à CAE, à Premier Tech,
à Rivière-du-Loup, qui a fêté ses 100 ans il n'y a pas si longtemps,
Cascades, Groupe Novatech, Groupe Machinex? Le PQ est contre l'ensemble de ces soutiens
financiers? Bien, c'est une nouvelle politique du Parti québécois dont il va
falloir tenir compte...
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...particulièrement
dans le contexte actuel, qui est particulièrement difficile pour les
entreprises.
La Présidente : En question... En
question principale...
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! Du côté du gouvernement, vous
êtes trop bruyants. Une seule personne a le droit de parole, en
l'occurrence moi.
Et maintenant je cède la parole... Je cède la
parole, en question principale, à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Compressions budgétaires à la Sûreté du Québec
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Hier, on apprenait que la CAQ impose 120 millions de
dollars de coupures historiques à la SQ, du
jamais-vu. Le ministre prétend de couper dans la bureaucratie, mais
comprenez-vous la menace pour nos régions, surtout dans la Gaspésie? Des
patrouilles de nuit supprimées, une douzaine de postes de proximité fermés, deux hélicoptères en moins, la
fin de la direction des crimes financiers. Le résultat, Mme la Présidente :
des interventions retardées, sentiment
d'insécurité en hausse, urgence à risque, et surtout un vrai bar ouvert pour le
crime organisé.
Le ministre répète : Mais ce n'est pas ça
que j'ai demandé. Le gouvernement n'est pas capable de passer la commande pour la première fois quand ils font la
demande. Quelle surprise! Pendant que la CAQ promet de... loi et l'ordre,
elle sème plutôt le désordre.
Mme la
Présidente, le choix est simple, on investit soit dans la sécurité ou on ouvre
la porte à le chaos. Qu'est-ce qu'il... C'est quoi, son choix, le
ministre?
• (10 h 50) •
La Présidente : La réponse du...
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! Silence! La réponse du ministre de la Sécurité publique.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci,
Mme la Présidente. Et merci à ma collègue, parce qu'elle a raison. Elle a
raison que d'amener ça comme ça, ça amène un sentiment d'insécurité,
surtout que c'était un plan que j'ai refusé.
Mme la Présidente, quand on vient dire que
l'endroit où on va couper, c'est sur le terrain, quand on vient dire que la
seule place qu'on va couper, c'est dans les postes de police, les services
qu'on donnerait aux Premières Nations et aux Inuits, ça doit être un hasard que
c'est sorti pendant la nuit puis dans les médias par la suite. On a déjà vu ça dans le passé, Mme la Présidente. Et il n'y a
pas de coupure. On demande à une organisation, qui s'appelle la Sûreté du Québec, qui, depuis trois ans, dépasse son budget de
20 %, minimalement, de nous donner un plan pour arriver dans son budget.
Mme
la Présidente, je suis en train de fournir à ma collègue de l'opposition une
ligne, une question pour elle, aux crédits, en disant : M. le ministre,
comment vous surveillez les budgets des gens? Mais c'est ce qu'elle va me demander, puis je vais être obligé de dire :
J'ai demandé un exercice, j'ai demandé à la Sûreté du Québec de me
présenter comment ils voulaient respecter leur budget. Puis les citoyens
qui nous écoutent, Mme la Présidente, ils veulent en avoir pour leur argent.
Ils se demandent : Quand il y a un budget qui est fourni à la SQ, puis ils
dépassent de 20 %, puis on dit : Bien non, ne pose pas de questions,
ça ne passerait pas, Mme la Présidente.
Alors, le plan, pour
moi, il ne passe pas. On a demandé de couper où? Dans la bureaucratie, d'être
exemplaire, de couper dans la haute direction, dans les postes de cadres, à
d'autres endroits, de faire sa job.
La Présidente :
En terminant.
M. Lafrenière :
Les gens me demandaient où couper. Je ne le ferai pas à leur place, Mme la
Présidente.
La Présidente :
Première complémentaire.
Une voix :
...
La Présidente :
En principale. Allez-y.
Compressions
budgétaires à la Sûreté du Québec
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone :
Merci. On ne peut pas prétendre, de demander des coupures de 120 millions
de dollars, qu'il n'y aura pas un impact sur
la sécurité publique, qu'il n'y aura pas un impact sur le terrain. C'est une
demande assez substantielle. C'est une première dans l'histoire de la
SQ.
Votre prédécesseur...
Le prédécesseur, M. le Président... Mme la Présidente, ce que lui, il disait,
chaque fois qu'on avait un problème dans les municipalités, Saguenay,
Québec : Envoie la SQ! On a un problème ailleurs dans les municipalités, on envoie la SQ. Il y a des coûts
associés à ça. Soit qu'on aille à la baisse sur... en ce qui concerne la
sécurité publique ou que le ministre révise la façon qu'il fait ses
demandes auprès de la SQ.
Il n'est pas capable
de faire une demande la première fois pour dire : On ne veut pas des
coupures auprès de nos municipalités, on ne veut pas des coupures dans nos
régions? C'est illogique de dire, 120 millions de dollars, il n'y aura pas
un impact sur nos sociétés dans les régions. On a un manque d'effectifs, on a
des demandes de TSO en supplémentaire, on a des coupures historiques, Mme la
Présidente.
Mme
la Présidente, la CAQ parle de loi et l'ordre, mais ce qu'ils sont en train de
parler, c'est de «defund the police».
La Présidente :
La réponse du ministre.
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Je veux rassurer ma collègue, là, on n'est pas
comme certains radicaux qui ont demandé ça dans cette Chambre, on n'est pas là
du tout. Quand on parle d'enlever le financement à la police, je veux la
rassurer, on a la même vision, elle et moi. Cependant... Oui, vous savez très bien
de qui je parle. Cependant, ce que je veux dire de façon claire, c'est normal,
c'est normal de demander à une organisation de nous présenter — est-ce
qu'ils veulent poser une question en même temps? — de présenter un plan pour arriver dans le budget,
c'est normal de le demander puis de trouver des solutions.
Normalement, Mme la
Présidente, on ne devrait pas faire ce débat-là ici. J'aurais dû recevoir un
plan, on aurait dû le questionner, trouver des solutions ensemble. On n'est pas
en période d'abondance, on demande à tout le monde de trouver des solutions.
Mais, leur budget, ils l'ont encore, je n'ai coupé dans rien. Je leur demande
comment arriver avec le budget qu'ils ont. Puis ça, c'est... c'est ce que les
gens s'attendent, Mme la Présidente, c'est normal.
La Présidente :
Voilà. Cela met fin à cette période de questions et de réponses orales.
Motions
sans préavis
Comme
il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la motion rubrique sans
préavis, et, pour ce faire, je cède la place à la première
vice-présidente de l'Assemblée nationale.
Alors, j'attends ma
vice-présidente. Une petite suspension de quelques secondes.
(Suspension de la séance à
10 h 55)
(Reprise à 10 h 56)
La Présidente : Et, pour les
motions sans préavis, je cède maintenant la place à la première
vice-présidente. Bonne fin de journée, tout le monde. Merci pour votre
attention.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, enfonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans
préavis, je reconnais maintenant un groupe formant l'opposition officielle. Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis.
Déclarer que la demande du gouvernement à la Sûreté du
Québec de réduire
ses dépenses annuelles ne doit pas entraîner une réduction des services
offerts ni se faire au détriment de la lutte contre la criminalité
Mme Maccarone : Mme la Présidente, je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement
avec le député de Laurier-Dorion, le député des Îles-de-la-Madeleine, le député
d'Abitibi-Est et la députée de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte de la demande du gouvernement caquiste à la
Sûreté du Québec de réduire de 120 M$ ses dépenses annuelles;
«Qu'elle déclare que
cela ne doit pas se faire au détriment de la lutte contre la criminalité, ni
entraîner une réduction des services offerts aux Québécois, particulièrement en
région.»
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du
gouvernement.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée?
Une voix :
...
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, nous avons une demande de vote
électronique. Le vote est maintenant ouvert.
Le vote est
maintenant terminé. Mme la secrétaire générale, pour le résultat.
La
Secrétaire : Pour : 111
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, cette motion est adoptée.
Maintenant, nous
poursuivons avec un membre du deuxième groupe d'opposition. M. le député de
Taschereau.
M. Grandmont :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
pour présenter la motion suivante
conjointement avec la députée de Westmount—Saint-Louis, le député des Îles-de-la-Madeleine et le député d'Abitibi-Est :
«Que l'Assemblée
nationale du Québec prenne acte du plus récent rapport Bilan-Faim 2025 des
Banques alimentaires du Québec, qui dresse un portrait alarmant de la situation
alimentaire au Québec;
«Qu'elle
constate que le nombre de demandes d'aide a augmenté de 7 % en un an et de
37 % depuis 2022, et que 600 000 personnes sont soutenues
chaque mois;
«Qu'elle constate que
35 % des personnes aidées sont des enfants et qu'un ménage sur cinq ayant
recours à l'aide alimentaire compte au moins un travailleur;
«Qu'elle déplore que
la crise du logement et l'inflation accentuent dramatiquement cette précarité;
«Qu'enfin
elle demande au gouvernement d'agir sans délai pour renforcer le financement de
l'aide alimentaire, lutter plus efficacement contre la pauvreté et
garantir à chacun et chacune le droit fondamental de se nourrir dignement.»
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Comme il n'y a pas de consentement, nous allons
poursuivre avec un membre du troisième groupe d'opposition. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Demander au gouvernement de
s'engager à ne pas fermer de poste de police
en région et à ne pas abolir la Direction des enquêtes sur les
crimes financiers et la cybercriminalité
M. Arseneau : Mme la Présidente, je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement
avec la députée de Westmount—Saint-Louis,
le député de Laurier-Dorion, le député d'Abitibi-Est et la députée de Rimouski,
la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement de s'engager à ne pas fermer de poste de police en région
et à ne pas abolir la direction des crimes financiers.»
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M.
le leader adjoint du gouvernement.
Une voix :
...
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée? M. le député, vous
demandez un vote électronique, c'est bien ça?
Donc, le vote est
maintenant ouvert.
Le vote est
maintenant fermé. Mme la secrétaire générale, pour le résultat du vote.
La
Secrétaire : Pour : 111
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, cette motion est adoptée. Nous... Oui, M. le
député, désolée.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui. Ce sera fait. On l'a pris en note.
Donc, nous
poursuivons avec un membre du groupe formant le gouvernement. M. le député de
Chauveau.
• (11 heures) •
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin
de présenter la motion suivante conjointement avec le député d'Abitibi-Est et
la députée de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que, depuis 2018, la Fédération autonome
de l'enseignement (FAE) a décaissé près de deux millions de dollars pour
contester la Loi sur la laïcité de l'État, et que des sommes supplémentaires
de 450 000 $ pourraient encore s'y ajouter cette année;
«Qu'elle affirme
l'importance que les travailleurs syndiqués puissent recevoir et avoir accès à
une information complète et fiable quant à l'utilisation [de] la gestion
financière de leurs cotisations;
«Qu'elle
affirme l'importance d'assurer une plus grande transparence des syndicats, afin
de permettre aux travailleurs de mieux comprendre l'utilisation de leurs
cotisations.»
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion? Monsieur...
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Juste un instant. M. le leader adjoint du
gouvernement, vous êtes un peu... M. le
leader du gouvernement, je ne vous ai pas donné la parole. Et vous êtes rapide
pour vous lever, parce que M. le leader du deuxième groupe d'opposition
était debout avant vous. Donc, je vous écoute.
Une voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme
il n'y a pas de consentement, nous poursuivons. Donc, nous poursuivons.
Avis
touchant les travaux des commissions
À la rubrique Avis
touchant les travaux des commissions, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup. Excusez mon enthousiasme, je voulais
un vote sur ça.
Donc, j'avise cette
Assemblée que la Commission des relations avec les citoyens poursuivra les
consultations générales et les auditions publiques sur le cahier de
consultation intitulé La planification de l'immigration au Québec pour la
période 2026‑2029 aujourd'hui, après les avis touchant les
travaux des commissions jusqu'à 12 h 50 et de 15 heures à
18 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de
l'aménagement du territoire va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 104, la Loi modifiant diverses
dispositions afin notamment de donner suite à certaines demandes du milieu
municipal, aujourd'hui, de
16 heures à 18 h 30, à la salle Pauline-Marois;
La Commission de la culture et de l'éducation va
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le
projet de loi n° 109, la Loi affirmant la souveraineté culturelle du
Québec et édictant la Loi sur la découvrabilité des contenus culturels francophones dans l'environnement
numérique, aujourd'hui, après les
avis touchant les travaux des commissions jusqu'à midi et de
15 heures à 18 h 15, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de la santé et des services
sociaux va entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 103, la Loi visant principalement à réglementer les sites
de consommation supervisée afin de favoriser une cohabitation harmonieuse avec
la communauté, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures
et de 15 heures à 17 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le leader. Pour ma part, il n'y a pas d'avis de la présidence.
Nous allons poursuivre à la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. Et, pour ce
faire, M. le leader adjoint du gouvernement, pouvez-vous nous indiquer la
suite?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je voudrais... je vous demande, en fait, d'appeler
l'article 9 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 94
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Oui. Donc, à l'article 9 du
feuilleton, Mme la ministre de l'Éducation propose l'adoption du projet
de loi n° 94, Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau
de l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives.
Y a-t-il des interventions? Mme la ministre, à
vous la parole. Mme la ministre de l'Éducation.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Merci, Mme la
Présidente. Effectivement, nous sommes rendus aujourd'hui... après la prise en considération du rapport de la commission de
l'étude détaillée d'hier, on en est maintenant à la dernière étape du
cheminement du projet de loi n° 94, qui est la Loi visant notamment
à renforcer la laïcité dans le réseau de l'éducation et modifiant diverses
dispositions législatives, et on est rendus à l'adoption de celui-ci.
Donc, je tiens, une fois de plus... j'ai eu
l'occasion, hier, de nommer chacun des collègues qui avaient pris part à la
commission, que ce soit à la présidence, dans l'opposition ou de ce côté-ci de
la banquette gouvernementale, mais je tiens
à remercier à nouveau, Mme la Présidente, toutes ces personnes qui ont quand
même travaillé sans relâche, là, pour tout rendre possible, que ce
soient, aussi, les équipes du ministère de l'Éducation, les équipes des
services juridiques. Il y a eu quand même beaucoup d'amendements qui ont été
déposés, les gens ont fait beaucoup de travail en amont et pendant les
études... les consultations et l'étude détaillée. Je pense que c'est important
de le souligner.
Naturellement, je veux particulièrement
souligner, je le disais, mes collègues de la banquette gouvernementale, mais
aussi mon collègue député de Lévis, là, qui m'a précédée dans ce dossier et
pour qui j'ai eu le privilège, là, de prendre le flambeau, là, en pleine étude
détaillée d'un projet de loi qui était, de toute façon, appuyé par l'ensemble
du gouvernement et important pour nous, alors ça n'a pas été très difficile de
prendre la suite dans un projet de loi comme celui-ci.
Je veux remercier les équipes du ministère de
l'Éducation, qui ont travaillé très fort dans ce dossier-là, mon... le
conseiller qui était avec mon collègue et qui est resté, heureusement, parce
que ça prenait une certaine mémoire dans ce dossier-là, qui est excellent,
Maxime Beaulieu. Ça m'a beaucoup, beaucoup appuyé pendant ce temps-là.
Donc, je veux remercier, encore une fois... parce
que, c'est important de le dire, quand on fait un projet de loi, il y a plusieurs
étapes. Ces étapes-là, comme celle d'aujourd'hui où on prend le temps de
s'exprimer sur la prise en considération ou celle de l'adoption, sont
importantes pour être capables de faire ce débat-là. Il y a eu une consultation
et des gens se sont... ont pris la peine de
déposer des mémoires, des gens ont pris la peine de lire le projet de loi, de
nous exposer leurs préoccupations. On
peut être en accord ou en désaccord, mais c'est important d'avoir ce
contexte-là pour se nourrir de ces informations-là.
Donc, maintenant, Mme la Présidente, je crois
qu'il est important de rappeler certains faits sur le projet de loi et sur les raisons qui ont mené à... au dépôt de
ce projet de loi là et à son adoption, je l'espère, dans les prochaines heures.
Donc, face aux dérives rapportées dans plusieurs
écoles au cours de la dernière année, notre gouvernement a déposé le projet de
loi n° 94 qui visait à s'assurer que les écoles du Québec restent des
lieux d'apprentissage sains, sécuritaires et
laïques pour les élèves. Il y a eu des situations rapportées à l'école Bedford
qui ont choqué l'ensemble du Québec
et l'ensemble des parlementaires, moi y compris, notre gouvernement y compris,
et je sais que c'est la majorité pour... c'est le... c'est vrai pour la
majorité des Québécois, donc, parce que l'école québécoise doit être laïque et
doit être un lieu à l'abri des influences...
des influences idéologiques ou religieuses, Mme la Présidente. C'est un lieu où
on doit avoir une liberté de pensée, une liberté d'apprentissage exempte
de toute pression externe et autre que les objectifs de la réussite éducative et du programme pédagogique.
Donc, ça doit être aussi un lieu où on inculque les valeurs de la société dans
laquelle elle se trouve, la société québécoise, les valeurs québécoises. Et je
parle de la laïcité, je parle de l'égalité entre les hommes et les... les femmes et les
hommes, et c'est des valeurs qui sont fondamentales pour l'ensemble des
Québécois et qui sont non négociables.
C'est un lieu aussi où la science et l'éducation sexuelle, entre autres, sont
enseignées, comme le veut le régime pédagogique québécois. On est un... une
société qui croit à la science et on doit y faire place dans nos écoles. Donc, le projet de loi n° 94 vise à
offrir aux élèves une éducation qui les prépare à devenir des citoyens
québécois pleinement engagés dans la société pour laquelle on les
prépare à contribuer.
Donc, plus
concrètement, ce projet de loi est déposé... qui prévoit cinq axes
d'intervention. On parlait de l'égalité entre les femmes et les hommes, une
valeur fondamentale de notre société, bien, le projet de loi intègre dans la
mission de l'école, des centres de services scolaires, des commissions
scolaires les valeurs fondamentales que sont l'égalité femmes-hommes et la
laïcité de l'État. Tout le personnel doit s'y conformer, adopter un code de
conduite en accord avec ces derniers. On
doit aussi inscrire ces valeurs-là, ces obligations-là, ces notions-là dans nos
codes de vie, dans les règles de conduite de l'école parce que les
élèves aussi doivent apprendre à respecter ces valeurs et à y contribuer.
Toutes les matières
doivent être respectées dans les écoles afin de garantir une éducation de
qualité, Mme la Présidente, à tous les
élèves du Québec. Le projet de loi prévoit de mettre en place des nouveaux
mécanismes pour mieux encadrer l'enseignement. Plusieurs mécanismes
étaient déjà présents, mais force est de constater qu'on devait renforcer ces mécanismes-là pour s'asseoir... pour s'assurer
que les matières, les matières qui sont dans le... les matières essentielles,
les matières qui sont dans les programmes pédagogiques, les matières qui sont
décidées comme étant importantes par l'ensemble des Québécois, bien, sont bel
et bien enseignées de la bonne façon dans toutes nos écoles. Et la possibilité d'accorder des accommodements religieux
relativement à des matières obligatoires enseignées ou encore des... contenus
de ces matières ont été retirés. On ne peut pas ne pas enseigner les
matières obligatoires à l'école sous de tels prétextes, Mme la Présidente.
• (11 h 10) •
L'obligation
d'avoir le visage découvert et l'élargissement de l'interdiction des ports...
du port de signes religieux est un
des autres axes de ce projet de loi là. Ça découle de Bedford, mais ça découle
aussi, majoritairement et particulièrement, du rapport qui a été
commandé par mon prédécesseur sur 17 écoles dans lesquelles on a vu qu'il
y avait des enjeux frappants de laïcité, à l'instar de l'école Bedford. Donc,
ce projet de loi vient aussi dire que le visage est couvert est... en tout
temps, dans toutes les écoles publiques ou privées, tant pour les élèves que
pour le personnel, et ça, c'est pour favoriser une meilleure communication
entre les élèves et le personnel, Mme la Présidente, assurer un meilleur
enseignement, un meilleur contact, un meilleur apprentissage. C'est important
pour l'enseignant de voir les réactions non
verbales de son enfant... de son élève pour comprendre s'il comprend bien.
C'est important aussi pour l'élève de pouvoir lire à travers les réactions non verbales de l'enseignant pour être
capable d'avoir une meilleure communication entre eux. Naturellement, permettre
l'identification des personnes qui circulent dans nos écoles, pour des questions
de sécurité, pour moi, ça va de soi.
Donc, pour éviter
aussi toute incohérence dans nos milieux scolaires, dans l'entourage des
élèves, on a décidé d'élargir ce que le
projet de loi n° 21 venait dire sur le port des signes religieux,
c'est-à-dire d'élargir cette interdiction-là à l'ensemble du personnel des écoles publiques, à l'ensemble des gens qui
se trouvent, de près ou de loin, dans l'entourage des élèves, dans le milieu éducatif dans nos
écoles. Cette mesure n'a pas été prise nulle part, n'a pas été sortie d'un
chapeau, Mme la Présidente, et n'a pas
été mise juste pour le plaisir d'élargir une mesure, elle était basée sur le
rapport de vérification... je parlais
de... qui a été fait sur 17 écoles au Québec, qui a été publié en février
dernier, et ce rapport formulait spécifiquement la... pour les fins de
référence, pour les gens qui voudraient aller la vérifier, à la recommandation
3, demandait explicitement de revoir la liste des personnes visées par une
obligation de ne pas porter de signes religieux et prévoyait justement de l'étendre à l'ensemble des gens qui se
trouvent dans nos milieux scolaires, justement, par souci de cohérence,
Mme la Présidente.
Des limites... On a
aussi, sur l'axe, des limites strictes en matière d'accommodements religieux.
Le projet de loi prévoit un meilleur encadrement des demandes d'accommodement
pour des motifs religieux en milieu scolaire afin de s'assurer que les mêmes
règles s'appliquent à tous. Et je dirais même qu'en matière de fréquentation
scolaire ce ne sont pas juste les accommodements religieux qui sont visés, ce
sont... tout ce qui n'est pas prévu dans le cursus scolaire.
Naturellement, il y a
des exceptions. On parle de maladies, on parle de décès, on parle
d'impossibilité d'assister à l'école pour toutes sortes de raisons qui ont été
énumérées dans la loi, mais l'article 15, maintenant, de la Loi sur l'instruction publique vient clairement camper le principe de
l'obligation de la fréquentation scolaire au Québec et les quelques
exceptions qui peuvent s'appliquer parce que c'est important que nos jeunes
soient scolarisés, Mme la Présidente.
Donc, le français
partout dans nos écoles, une autre valeur extrêmement importante, qui vient...
encore plus importante pour la société
québécoise, dans notre spécificité, dans le contexte dans lequel on vit, dans
le contexte géographique dans lequel
on vit, dans le contexte du péril dans lequel notre langue peut se trouver
parce qu'on est entourés d'anglophones. Donc, dans le but de protéger et renforcer la place du français comme
langue fondamentale du Québec, bien, le projet de loi a aussi... prévoit aussi d'obliger les membres du
personnel d'une service... d'un CSS francophone à utiliser exclusivement
le français lorsqu'ils sont à l'école et qu'ils communiquent oralement, par
écrit ou... avec un élève ou un autre membre du
personnel. Naturellement, on verra tantôt qu'on a fait des... on a fait des
aménagements, suite aux consultations, sur certains aspects.
Donc,
vous savez, je pense qu'on doit revenir... et j'en profite pour dire qu'on doit
revenir sur les principaux changements
apportés. Je ne les nommerai pas tous, mais, notamment, on a fait, suite à
l'étude détaillée, à la consultation particulière, quelques
amendements... plusieurs, mais j'en nomme quelques-uns.
On a bonifié les formes de comportements qui
doivent être proscrits chez les élèves pour assurer un climat sain et
sécuritaire. On a ajouté les questions de manifestation de violence et de... de
manifestation de haine, pardon, et de discrimination
à la violence, qui était déjà inscrite dans la Loi sur l'instruction publique,
dans les comportements proscrits, naturellement, et non pas suggérés,
pour être plus clair.
Donc, la précision du rôle
des parents aussi dans la mise en oeuvre des règles de conduite, code de vie
des établissements, l'école... Le civisme à l'école, la conduite à l'école,
bien, c'est une affaire de tous, hein? C'est l'affaire de l'école, mais c'est l'affaire de la société, c'est l'affaire des
parents. Donc, on veut s'assurer de la pleine participation des parents au code de vie et à l'acceptation du code
de vie pour aider, justement, nos élèves à s'y conformer et avoir des milieux
plus sécuritaires, plus sains, plus sereins même, je dirais, Mme la Présidente.
L'élargissement des protections contre les
représailles pour faciliter les signalements, on est... on veut connaître les
enjeux dans nos... dans nos différentes écoles, mais on doit le faire de
manière structurée, et on a élargi la protection contre les représailles aux membres... applicable aux membres du
personnel scolaire des conseils d'établissement et même des conseils
d'administration.
On a assoupli
la fréquence d'évaluation des enseignants, mais elle demeure nécessaire, cette
évaluation-là, mais on a aussi précisé que cette évaluation devra se
baser sur les compétences qui sont dans le référentiel des compétences de la profession enseignante. C'était un besoin de
clarification, mais le principe qu'un enseignant doit être évalué, c'est besoin
d'être... On doit évaluer... peu importe le niveau d'ancienneté d'un
enseignant, il doit être évalué, c'est normal. On le fait d'abord et
avant tout pour une meilleure réussite éducative de nos élèves.
Bon, on valorise la formation continue, on le
sait, qui est un vecteur de qualité du service éducatif. On bonifie
l'encadrement qui s'y rattache, mais, plus particulièrement, on est venus
relier le maintien de l'autorisation d'enseigner au respect de l'obligation de
formation continue. C'est un aspect fort important.
On a enlevé le... On est venus faire des
amendements sur le retrait du dépôt systématique des planifications
pédagogiques des enseignants. On sait que les enseignants doivent faire des
planifications pédagogiques, ils le savent. Maintenant, cette planification
sera fournie à la demande de la direction.
Donc, on a
retiré l'obligation de fréquentation scolaire, je l'ai dit tantôt, ce
changement de... et, pour être sûrs que les exceptions sont clairement
établies et que, d'abord et avant tout, on doit... prioriser... privilégier,
pardon, Mme la Présidente, la présence des
enfants à l'école, bien, l'article 15 est venu clarifier, resserrer et
établir clairement quelles sont ces exceptions.
Les travaux ont aussi permis d'améliorer le
projet de loi sans jamais compromettre ou perdre de vue l'objectif. Je l'ai dit
hier, on a fait des aménagements pour faciliter l'application, mais on a
respecté les objectifs.
Donc, en conclusion, Mme la Présidente, face aux
situations de dérive qu'on a vues, malheureusement, dans plusieurs de nos
écoles, qui découlent de plusieurs rapports, on devait agir. C'est important et
prioritaire d'agir. Donc, on a tous le
devoir, Mme la Présidente, de s'assurer que les écoles du Québec respectent les
valeurs du Québec, et avec ce projet de loi, bien, le gouvernement prend ses
responsabilités en main pour aller dans cette direction.
Donc, pour nous, il est clair que nous devons
aller de l'avant pour éviter d'autres cas comme l'école Bedford, comme les 17 écoles qui ont fait l'objet d'un
rapport, pour assurer la liberté de conscience des jeunes, mais surtout pour
que la qualité de nos services éducatifs offerts aux élèves ne soit plus jamais
remise en cause en raison des croyances religieuses. Donc, je vais inviter tout
le monde à voter pour, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la ministre. Maintenant, nous allons poursuivre
avec les interventions. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. À mon tour de prendre la parole, donc, à cette dernière étape de
l'étude du projet de loi n° 94, soit celle de l'adoption, le projet de loi
n° 94, intitulé Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau
de l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives.
Mme la Présidente, je vais commencer, cette
fois-ci, puisqu'il s'agit de la dernière intervention à l'égard du projet de
loi n° 94, par mes remerciements, donc, pour bien éviter de les omettre à
la toute fin. On a parfois, donc, ces... on
compose parfois avec ce défi-là, donc, en fin d'intervention. Donc, je tiens
d'abord à remercier Mme la ministre, qui, à pied levé, donc, a succédé à
son prédécesseur dans le dossier de l'éducation et avec laquelle, donc, nous
avons poursuivi l'étude détaillée de ce projet de loi après l'adoption des
articles 1 à 5 par nos prédécesseurs respectifs. Je tiens à remercier
l'ensemble des parlementaires de l'ensemble des groupes qui ont travaillé sur
ce projet de loi. En particulier, de mon côté, Mme la Présidente, vous me
permettrez de remercier le député de l'Acadie. Je l'ai dit, là, quand je
parlais de prédécesseurs respectifs, donc, c'est lui qui a procédé à l'étude
détaillée, a soumis et fait adopter certains... certains amendements pour mieux
cadrer, selon nous, certains éléments du projet de loi. Donc, je le remercie pour son travail effectué de main de maître,
également, donc, les gens du ministère et l'ensemble de nos équipes respectives
ainsi que ma stagiaire de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant,
Alice Lecomte, qui effectuait, donc, sa première étude détaillée de projet de loi alors que nous en
étions à l'étape... à cette étape-ci, lors de l'étude du projet de loi n° 94. Donc, maintenant,
ces remerciements étant faits... Évidemment, donc, aussi, donc, le personnel de
la commission. Ces remerciements étant faits, Mme la Présidente, donc,
je plonge dans le fond du projet de loi n° 94 qui nous a été présenté.
• (11 h 20) •
Mme la Présidente, j'ai eu l'occasion de
l'affirmer à quelques reprises, notamment hier, lors de la prise en
considération du rapport de commission, on se souviendra, ce qui nous a menés à
étudier le projet de loi n° 94, c'est le
dossier Bedford. On se souviendra que c'est le Parti libéral du Québec, que
c'est notre actuelle cheffe parlementaire, qui était alors porte-parole
en matière d'éducation, il y a un an, il y a deux ans, qui, ayant eu vent de
cette situation absolument choquante, de
cette situation qui aura retourné l'ensemble des Québécois, qui se sont
dit : Il faut absolument qu'on soit capables de tout faire pour
qu'aucun de nos enfants, pour qu'aucun de nos enfants ne soit assujetti à de
telles conditions d'apprentissage, à de telles conditions
d'enseignement, s'assurer que nos enfants puissent ne pas être sujet au
prosélytisme, qu'ils puissent recevoir, donc, les soins lorsque c'est
nécessaire, que les... qu'ils puissent évoluer dans un environnement scolaire qui soit neutre, libre de toute influence,
mais surtout que nos enfants, donc, puissent véritablement se réaliser à
plein potentiel dans notre école publique.
Et ça, pour nous, Mme
la Présidente, là, c'est un principe qui est fondamental, c'est la raison pour
laquelle on a tellement été secoués, au Parti libéral du Québec, par l'affaire
Bedford, puis on a tellement été secoués que c'est nous qui avons demandé au ministre,
qui avons demandé à l'ancien ministre de l'Éducation d'agir. À ce moment-là,
Mme la Présidente, notre collègue, donc, la députée de Saint-Laurent, notre
cheffe parlementaire, notre actuelle cheffe parlementaire est arrivée avec une
solution limpide, est arrivée avec une solution simple pour s'assurer qu'il n'y
en ait plus d'autre, Bedford. Nous avons
soumis, donc, un tel amendement lors de l'étude détaillée du projet de loi pour
veiller à ce que l'on puisse mieux cadrer, là, ce qui constitue un acte
dérogatoire à la profession et s'assurer que tout acte de prosélytisme en tant
que tel, que toute abstention, donc, de porter secours, donc les différents
éléments que je viens de mentionner, là, tout ce qu'on a vu dans le cas
Bedford, donc, puisse être mieux cadré et qu'il n'y en ait plus, d'ambiguïté. Parce que, bien évidemment, donc, le
cadre législatif actuel, la Loi sur l'instruction publique, donc, à notre sens,
à plusieurs égards, permettait déjà de ne pas permettre que telle situation se
produise, mais nous sommes venus, donc, proposer de tels amendements
pour que ce soit précisé de façon extrêmement limpide. Notre proposition n'a
pas été accueillie par la partie
gouvernementale, Mme la Présidente, et c'est une proposition que nous avons,
donc, remise de l'avant lors... à
titre d'amendement, là, lors de l'étude détaillée du projet de loi, mais c'est
plutôt, donc, l'ensemble du projet n° 94 qui a été déposé, par
opposition à notre... à notre proposition initiale.
Donc,
vous comprendrez, Mme la Présidente, qu'en ce sens, selon nous... et vous vous
en souviendrez peut-être, au printemps dernier, nous avions accueilli le
principe du projet de loi, nous avons voté en faveur du principe parce que, bien évidemment, nous sommes en faveur, donc,
du principe de laïcité, donc, dans nos écoles. Mais de la manière... mais
la manière avec laquelle le gouvernement procède dans le projet loi n° 94, à certains égards... Et vous aurez compris que notre
discussion, nos discussions, nos échanges étaient fructueux, que le ton sur
lequel se sont déroulés... ont permis... le
ton a permis à ce que les échanges, donc, demeurent cordiaux, malgré la
sensibilité du sujet, et, en ce sens, je salue l'ensemble des parlementaires,
donc, qui étudiaient ce projet de loi. Mais nonobstant, donc, ces différents
éléments, Mme la Présidente, à notre
sens, le projet de loi cause certains effets délétères, et c'est ce qui nous
empêche de voter en faveur de son adoption. Je vous explique.
Je vais revenir
d'abord, donc, sur les éléments qui font consensus, Mme la Présidente,
mais, bien évidemment... et certains de ces éléments ont été énoncés par Mme la
ministre il y a quelques instants, donc on... Bien sûr, donc, le projet loi
vient préciser que le système scolaire public est fondé sur les valeurs
démocratiques et les valeurs québécoises telles que définies par la charte
québécoise des droits et libertés, donc, amendement que nous avions proposé,
qui a été adopté pour mieux cadrer ce que
signifiait «valeurs québécoises» et qu'il n'y ait pas de défi d'interprétation
quant à ce libellé, donc... donc, valeurs, donc, dont l'égalité entre
les femmes et les hommes ainsi que sur la laïcité de l'État, et confier à différents intervenants l'obligation de
s'assurer du respect de ces valeurs et de la laïcité de l'État au sein du
réseau scolaire. Donc, ici, ça fait consensus, Mme la Présidente.
Ensuite, le projet de
loi prévoit aussi l'obligation pour les élèves d'avoir le visage découvert
lorsqu'ils se trouvent sur les lieux mis à
disposition d'une école, d'un centre de formation professionnelle ou
d'éducation des adultes ou d'un
établissement d'enseignement privé. Cette obligation s'applique aussi aux
enfants qui reçoivent, donc, l'enseignement à la maison et ainsi qu'à leurs parents lors de la prestation de
services. Ici, donc, il s'agit d'éléments qui ont fait consensus, Mme la
Présidente. Le projet loi impose l'obligation, donc, d'avoir le visage
découvert à toute personne appelée à dispenser des services, donc j'étais dans
la réception de services, dans la portion précédente, donc à dispenser des services aux élèves lors de la prestation de ces
services, ainsi qu'à toute personne appelée à être en contact avec des élèves,
qui se trouve sur les lieux mis à la disposition d'une école ou d'un centre de
formation professionnelle ou d'éducation des adultes. Il impose aussi cette
obligation aux membres du personnel des écoles privées non subventionnées.
Encore une fois, Mme la Présidente, il n'y a pas eu d'enjeu à cet égard lors de
l'étude détaillée du projet de loi.
Le projet de loi
introduit l'obligation pour les élèves d'agir de manière à respecter l'égalité
entre les femmes et les hommes et d'avoir
une conduite exempte de toute forme d'intimidation, ou de violence, ou de
manifestation de haine, là, donc,
élément qui a été rajouté par amendement à plusieurs reprises, motivée notamment par le
racisme, l'orientation sexuelle, l'identité sexuelle ou de genre, l'homophobie,
un handicap, une caractéristique physique. Ça tombe sous le sens, Mme la
Présidente. Ici, là, je pense que je parle de consensus, mais certainement on
parle ici d'éléments qui ont fait l'unanimité des partis. Et bien évidemment,
lorsqu'on parle du respect entre... l'égalité entre les femmes et les hommes, bien, on parle d'un concept qui a été introduit
par le Parti libéral du Québec à notre charte québécoise des droits et
libertés de la personne. Donc, vous comprendrez ici, là, que nous sommes
plus qu'en faveur, donc, de cet élément-ci.
Le projet de loi est
aussi venu préciser l'encadrement applicable aux demandes d'accommodement pour
motifs religieux de la part des membres du personnel d'une école. Lorsque ces
demandes impliquent une absence du travail, il
est interdit d'accorder des accommodements, dérogations ou autres adaptations dans
certaines circonstances, notamment lorsqu'il s'agit du respect de
l'obligation de fréquentation scolaire. Donc, il y a eu, donc, certains
aménagements dans le cadre de l'étude détaillée du projet de loi, donc,
notamment au niveau de l'obligation de fréquentation scolaire.
Donc,
nous avons réalisé notre travail d'opposition officielle avec... notre travail
de législateurs avec sérieux, ici, lors de l'étude de l'amendement ayant
été déposé par la ministre quant à l'obligation de fréquentation scolaire, mais
vous comprendrez... et j'en ai moi-même
fait... j'ai moi-même eu l'occasion de faire, donc, quelques-unes de ces
observations, lors de l'étude du
projet de loi, à l'égard, donc, des... de l'augmentation des absences, hein? On
l'a vu, donc, au cours des dernières
années, donc, le réseau scolaire, donc, lui-même, disait : Il y a
peut-être un enjeu au niveau, donc, des absences, motivées ou non, pour
toutes sortes de raisons, ici.
Donc,
le projet de loi, donc, est venu répondre à cette préoccupation qui venait du
réseau et que j'avais moi-même eu l'occasion de formuler. Donc, ici,
donc, le resserrement de l'obligation de fréquentation scolaire et
l'encadrement applicable, ce sont, donc,
des... applicable aux demandes d'accommodement, donc, ce sont des éléments qui,
dans la granularité de ce que nous avons étudié, ne posent pas d'enjeu.
Le projet de
loi, également, donc, est venu exiger que la conduite des
personnes appelées à dispenser des services à des élèves, à des membres des conseils d'établissement et des membres
du conseil d'administration des centres de services scolaires soit neutre. On
parlait initialement d'«exempte de considérations religieuses», un libellé qui
suscitait certains questionnements, nous l'avions entendu lors des
consultations particulières.
Donc, il y a
eu proposition d'amendement d'une autre formation politique, qui a été
accueillie par le gouvernement, et nous souscrivions au fait, donc, de retirer
le vocable «exempte de considérations religieuses» parce qu'effectivement,
donc, il suscitait beaucoup, beaucoup de
questions. Donc, nous sommes arrivés, donc, à un libellé un peu plus neutre,
mais toujours axé sur la conduite.
Et enfin, donc, le projet de loi est venu
interdire, donc, que les locaux et les immeubles mis à la disposition d'une école ou d'un centre ne soient utilisés à
des fins de pratique religieuse. Nous avions eu l'occasion de nous exprimer
à cet égard il y a fort longtemps, Mme la Présidente.
Donc, vous aurez compris, comme je l'indiquais
dès le départ, Mme la Présidente, qu'à plusieurs égards, tant sur l'intention
et sur le principe, qu'ici, donc, il y a des éléments, donc, qui font
consensus.
Ceci dit, j'en arrive aux éléments un peu plus
problématiques. Lors des consultations particulières, nous avions entendu
plusieurs groupes venir, donc, poser, donc, certaines questions sur les deux
volets du projet de loi. Je ne l'ai pas
nécessairement, donc, énoncé ainsi en commençant ma présentation, Mme la
Présidente, mais le projet de loi, donc, à la base, avait, donc, deux volets, là,
c'est comme ça que moi, je l'appelle, donc, soit un volet, donc, laïcité et un
volet... un volet sur la qualité des
services éducatifs, là, on va l'appeler comme ça. Plusieurs des dispositions
qui étaient présentées initialement dans le projet de loi causaient
beaucoup, beaucoup de remous.
• (11 h 30) •
On a souvent
l'occasion... Vous m'entendez moi-même, Mme la Présidente, me lever souvent en
cette Chambre pour poser des questions au gouvernement sur la pénurie de
main-d'oeuvre, sur la rétention du personnel d'enseignement, du
personnel professionnel et du personnel de soutien, et de... sur l'importance
de ne pas fragiliser notre réseau de l'éducation avec des mesures qui
rendraient beaucoup plus complexes la rétention du personnel et la capacité à
pouvoir recruter des hommes et des femmes, et surtout des femmes, qui lèvent la
main et qui ont envie de contribuer à notre réseau scolaire, et c'est là que le
bât blesse, Mme la Présidente.
Donc, au niveau du volet de la qualité des
services éducatifs, on a eu l'occasion, donc, d'avoir des échanges avec la ministre, qui, je crois, donc, a entendu,
même si elle n'était, évidemment, donc, pas nommée à ce moment-là, donc,
les mémoires, les dépositions qui ont été
faites lors de... à l'étape des consultations particulières, qui
disaient : L'imposition, pour
des centres de services scolaires, d'adopter un code d'éthique et de
déontologie applicable aux membres des conseils d'établissement des écoles et des centres, ici, ça posait énormément
problème. On a entendu plusieurs parents nous dire... nous partager des
craintes, des craintes que nous avons relayées, des craintes d'être muselés,
étant donné le libellé qui se... qui avait
été introduit dans le cadre du projet de loi. Après de nombreuses discussions,
donc, ces éléments-ci, donc, ont
été... de consensus, donc, ces éléments-ci, donc, ont été enlevés, et les
parents, donc, membres des conseils d'établissement et membres des
comités de parents, donc, auront, donc, les mêmes obligations auxquelles ils
sont déjà assujettis dans la Loi sur l'instruction publique sans se voir
imposer un devoir de loyauté envers les centres de services scolaires.
Donc, j'ai eu l'occasion de questionner moi-même
la ministre à cet égard, de s'assurer qu'ils puissent conserver leur liberté
d'action et surtout leur liberté de parole à titre de parents bénévoles qui
n'ont pas du tout... qui ne jouent pas du
tout le même rôle au sein... dans le réseau scolaire que les professionnels et
surtout, donc, les dirigeants des centres de services scolaires qui sont
nommés par le gouvernement et qui sont des professionnels du réseau de
l'éducation.
Le projet de loi instaurait aussi, initialement,
l'obligation pour les enseignants de soumettre une planification pédagogique
aux directeurs d'établissement et l'obligation pour ce dernier d'évaluer
annuellement les enseignants. C'est avec
soulagement que cet élément-ci, donc... que la planification pédagogique a été
retirée du projet de loi. Mais nous sommes arrivés, donc, à
l'imposition, donc, d'une évaluation aux deux ans des enseignants plutôt que
d'une évaluation annuelle.
Initialement, le projet de loi instituait aussi
un comité sur la qualité des services éducatifs, qui était un dédoublement, là. Tout le monde est venu dire, en
consultations particulières, Mme la Présidente, qu'on avait déjà un autre
comité à la Loi sur l'instruction publique.
Plusieurs de ces membres étaient les mêmes que ceux présents obligatoirement,
donc, au comité déjà prévu. Ici, en fait, on
ne comprenait pas, donc, l'utilité de ce comité-là, et, bien heureusement, donc,
la ministre, donc, a accepté de complètement, donc, retirer cette clause, cette
disposition du projet de loi. Donc, nous n'aurons
pas, donc, ce comité sur la qualité des services éducatifs dans le réseau de
l'éducation à l'issue de l'adoption de ce projet de loi.
Ceci dit et... je vous disais, Mme la
Présidente, que, pour nous, donc, le bât blessait sur trois enjeux principaux. J'ai eu l'occasion de le mentionner lors de
l'étude détaillée. J'ai eu l'occasion de refaire ces remarques-là à l'étape de
mes remarques finales. Je l'ai fait
hier, lors de l'adoption du rapport... de la prise en considération du rapport
de commission, Mme la Présidente. Et, pour nous... — merci,
Mme la Présidente — et,
pour nous, l'interdiction du port de signes religieux
aux membres du personnel d'un centre de services scolaire ainsi qu'aux
personnes qui fournissent des services conformément à un contrat autre
qu'un contrat de travail dans certaines circonstances, je l'ai mentionné lors
des consultations... donc, tout le monde est
venu nous dire qu'il y aura potentiellement un impact sur la capacité de
recrutement et de rétention du personnel en raison de ces
dispositions-ci.
Lorsque j'ai questionné
moi-même des professionnels, donc, nos experts et les acteurs du réseau, donc,
ceux qui y évoluent tous les jours, bien, ils sont venus nous dire : Cette
disposition-là, bien, d'abord, elle ne vient pas d'empêcher d'autres Bedford, mais surtout elle risque de compromettre
notre capacité de recrutement. Quand j'ai posé la question à la ministre de l'Éducation, en lui
demandant d'abord : Est-ce qu'il y avait eu une étude d'impact
réglementaire qui a été déposée dans le cadre de ce projet de loi?,
d'abord, il n'y en avait pas eu. Mais je lui ai demandé : Est-ce
qu'autrement on a analysé l'impact que ça pourrait avoir sur le réseau
d'éducation? Je comprends que le gouvernement n'a pas fait cette analyse.
La ministre elle-même, lors de l'étude
détaillée, a reconnu qu'il pourrait y avoir, potentiellement, donc, un impact
sur le recrutement et la rétention du personnel, évidemment, sans s'avancer sur
des chiffres parce qu'il n'y a pas eu
d'étude, mais elle-même le reconnaît que c'est une possibilité et que c'est
même... que c'est même probable, en ce sens, alors qu'on comprend que la
pénurie de main-d'oeuvre est l'enjeu numéro un dans le réseau de l'éducation,
que tous les groupes qui oeuvrent dans les
réseaux de l'éducation sont venus nous faire cet exposé, sont venus nous rendre
ce laïus-là. Ils nous ont dit :
Bien, si vous allez là, bien, ça va avoir un impact, donc, dans... au niveau,
donc, de notre capacité à pouvoir recruter du personnel. Bien, je ne
peux pas souscrire à cette disposition-ci.
La clause grand-père, j'ai eu l'occasion de
déposer un amendement, Mme la Présidente, en disant : Alors, OK, comment est-ce qu'on peut, disons, limiter les
dégâts, s'assurer, grosso modo, que la clause grand-père puisse suivre la
personne, soit attachée à la personne et ne soit pas attachée au poste? On va
l'expliquer comme ça, Mme la Présidente. Et, en ce sens, le gouvernement... et
j'ai senti que la ministre, là, elle a essayé, là, comme elle pouvait, là,
comme elle pouvait, de bouger là-dessus, mais, au final, elle nous est revenue
puis a dit : Non, nous, on ne touche pas à ça, là, on va continuer d'avoir une disposition, une clause
grand-père attachée... rattachée à la personne... rattachée au poste, pardon,
plutôt qu'à la personne. Vous comprendrez que, dès lors, on nuit à l'évolution
de ces femmes qui voudraient progresser dans
un milieu de travail. On leur dit : Non, vous devez rester campées dans ce
rôle-là jusqu'à ce que vous quittiez le milieu du travail. Et à notre
sens, bien, je pense qu'il aurait été beaucoup plus judicieux de faire adopter,
donc, une clause grand-père, donc, qui
permette vraiment, donc, à ces membres du personnel, et surtout ces femmes, de
pouvoir progresser dans leur milieu de travail.
Enfin, sans surprise, Mme la Présidente, comme
le gouvernement aime le faire dans le cadre de bien des projets de loi, ce
projet de loi utilise la clause dérogatoire de façon préventive. Il précise que
certaines modifications qui sont apportées à Loi sur l'instruction publique et
à la Loi sur l'enseignement privé ont effet, indépendamment de certaines dispositions de la Charte des droits et libertés de la personne et de la Loi constitutionnelle de 1982. Et ça,
Mme la Présidente, pour nous, en cohérence avec tout ce que nous avons
dit par le passé en matière de droits et libertés... vous le savez, Mme la
Présidente, on le nomme souvent, donc, parmi nos valeurs, au sein du Parti
libéral du Québec, la question des libertés individuelles, elle est
essentielle. Et, malgré, donc, les échanges cordiaux, riches et constructifs
que nous avons eus et le ton sur lequel
s'est déroulé les discussions et les échanges dans le cadre de l'étude
détaillée du projet de loi n° 94, cet
usage préventif de la clause dérogatoire ne nous apparaît pas nécessaire pour
préserver le principe de laïcité de l'État, le principe de neutralité religieuse de notre institution et de
séparation de l'État et des religions. Nous avons frappé un mur à ce
moment-là, lors de l'étude détaillée du projet de loi, Mme la Présidente.
Et, en vertu... en raison, donc, de ces trois
derniers éléments, donc, qui... pour lesquels il y a une incompatibilité, et surtout parce que nous pensons que l'impact sur
le réseau, donc, sera substantiel, nous voterons en défaveur du projet
de loi n° 94. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons nos interventions. M. le
député de Jean-Lesage, à vous la parole.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. C'est un triste jour, aujourd'hui, cette adoption finale du projet
de loi n° 94 qui interdit notamment les signes religieux à tout le
personnel du réseau de l'éducation. C'est vraiment grave, ce qui se passe. Et une des choses qui accroît, je
pense, la tristesse de cette journée, c'est à quel point cet événement-là
passe comme... est éclipsé médiatiquement,
ne fait pas vraiment l'objet d'une grande discussion sociale, comme ça a été
le cas, par exemple, quand il y a eu l'adoption du projet de loi n° 21 qui
interdisait les signes religieux, notamment aux enseignants.
• (11 h 40) •
C'est comme
si le projet de loi n° 21 avait créé un premier recul important de la
liberté de conscience, au Québec, et que ça avait été banalisé, et que
là, finalement, le gouvernement attendait une espèce de prétexte, qui ne venait
pas, pour aller comme plus loin, se disant
qu'il allait aller gagner des votes avec ça. Et finalement, il y a eu un
prétexte qui est arrivé, qui n'avait aucun rapport avec les signes
religieux, par ailleurs, le scandale de l'école Bedford, aucun rapport, puis ils ont dit : Ah! voilà notre prise,
voilà notre occasion d'utiliser des critères de cohérence et de symétrie pour
étendre encore plus le recul et les interdictions de signes religieux.
Ce n'était même plus une affaire de laïcité, là.
Ça ne l'a jamais été, mais ça ne pouvait même plus être défendu comme tel.
Comment justifier, du point de vue de la laïcité de l'État, qu'une personne qui
travaille dans une cuisine, dans une école,
ne puisse pas porter un signe religieux? Comment justifier que ça puisse, d'une
façon ou d'une autre, avoir une influence religieuse sur une institution
publique? C'est complètement ridicule et absurde.
Les droits sont bafoués, avec le projet de
loi... avec la loi n° 94, et la laïcité n'est pas servie. La laïcité, elle
est extrêmement importante. Il y a d'ailleurs une dérive au Québec, dans les
débats sur la laïcité. On confond laïcité et interdiction
des signes religieux. On prétend que les gens qui s'opposent à l'interdiction
des signes religieux s'opposent à la laïcité. C'est d'une malhonnêteté
intellectuelle absolument totale.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Juste un instant, M. le député. M. le leader
adjoint du gouvernement, vous avez une intervention, j'imagine, au niveau du
règlement, à faire. Je vous écoute.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci, Mme la
Présidente. Il s'agit d'un mot au lexique. Je demanderais au collègue de
le retirer.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Pouvez-vous préciser le mot?
M. Lévesque
(Chapleau) : Malhonnêteté intellectuelle.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, M. le député, je vous demande d'être prudent et de ne pas porter
des intentions, mais vous pouvez poursuivre votre intervention.
M. Lévesque
(Chapleau) : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Écoutez, M. le député, pouvez-vous retirer votre
mot, «malhonnêteté»?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui, mais on ne fait pas... on ne fait pas... M. le
député, vous connaissez très bien les règlements, on ne peut pas faire, hein...
faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement. Vous le savez.
Alors, je vous... s'il vous plaît, je vous appelle à la prudence.
M. Zanetti :
Merci, Mme la Présidente. Alors, il y a d'autres choses à dire sur cette
méprise, cette méprise importante dans le débat public au Québec, qui confond
l'interdiction des signes religieux avec la laïcité. La laïcité est conçue pour
protéger la liberté de conscience, elle est conçue pour s'assurer que l'État
n'agisse pas en fonction de considérations
religieuses, et l'interdiction des signes religieux ne fait absolument rien en
ce sens-là. Elle ne fait que faire reculer les droits et encore plus le
droit des femmes. Je reviendrai sur ce point-là en particulier.
Ce qui est important,
avec la laïcité, ce sont les actes et non les vêtements. Ce qui s'est passé à
l'école Bedford, c'était un gros problème et
une attaque à la laïcité de nos institutions. Et vous savez quoi? Il n'y avait
aucun signe religieux impliqué dans l'affaire de l'école Bedford.
Pourquoi un projet de loi sur l'interdiction des signes religieux?
À l'école Bedford, il
y a eu des manquements graves aux services éducatifs qui ont été rendus, qui
n'ont pas été rendus comme il faut, qui ont été rendus avec des considérations
religieuses. Toutes ces affaires-là, ça n'avait pas sa place. Et vous savez quoi? Notre... nos lois actuelles au Québec, et
je ne parle même pas de la loi n° 21, nos lois actuelles auraient permis une
intervention par rapport à ça. Il n'y avait aucune justification de légiférer.
Il y a eu des graves problèmes de gestion, du gros laxisme incroyable qui n'est
pas sans... qui n'est pas sans lien non plus avec un manque de financement du
réseau de l'éducation et avec des problèmes systémiques plus graves encore, sur
lesquels je ne m'étendrai pas aujourd'hui.
Il
y avait donc un problème de laïcité. On avait tout dans les lois pour agir. Il
y a du monde qui n'ont pas fait leur travail,
et c'est extrêmement grave. Il fallait effectivement une action du
gouvernement, mais il ne fallait absolument pas l'action qui a été
posée, c'est-à-dire le projet de loi n° 94.
Le
prosélytisme est absolument à proscrire dans toutes nos institutions publiques,
mais porter un signe religieux, ce n'est
pas du prosélytisme. Porter un signe religieux, ce n'est pas ça. Et ça ne
convainc pas personne, porter un signe religieux. Quand il y a des
éducatrices dans les centres d'éducation à la petite enfance qui portent des
signes religieux, elles ne rendent pas les
enfants du Québec musulmans, par exemple, si elles portent un hijab. Ce n'est
pas comme ça que ça marche. Ce n'est pas ça l'effet que ça a. Et ceux
qui prétendent l'inverse s'appuient sur absolument rien, sauf des préjugés. Et
vous savez ce qu'elle va faire, la loi n° 94? Elle va faire grandir ces
préjugés-là parce qu'il y a l'État qui vient
ici dire : Ces préjugés-là, ils sont tellement valides qu'on intervient de
façon législative, puis on fait des lois pour aller contrer ces
effets-là imaginaires.
À Bedford, qu'est-ce
qui s'est passé essentiellement n'a rien à voir avec les signes religieux.
Aucun... aucune affaire de signes religieux.
Il y a eu des monsieurs qui ont fait du trouble, et le gouvernement va faire
payer davantage les femmes. C'est ça qui se passe. Tout existait dans
les lois pour agir. Si la CAQ visait vraiment la laïcité de l'État, là, ça ne ferait pas sept ans qu'elle continuerait à
financer des écoles privées confessionnelles au Québec. Il y a là-dedans des
contradictions extrêmement graves, extrêmement grandes. Et le projet de loi,
justement, le fait qu'il y a comme une admission,
en fait, intrinsèque, dans le projet de loi, qui porte atteinte aux droits et
libertés, c'est que le gouvernement utilise la clause dérogatoire de
façon préventive.
Qu'est-ce
que ça veut dire? Ça veut dire que le gouvernement, à l'avance, sait que si
quelqu'un dit : Cette loi-là ne respecte
pas mes droits et libertés en fonction des chartes, il va aller dans les
tribunaux, et probablement que les tribunaux vont dire :
Effectivement, cette loi est anticonstitutionnelle. Mais pour être sûr que ça
n'arrive pas, pour protéger sa loi injuste,
alors il met la clause dérogatoire pour qu'on ne puisse même pas aller devant
les tribunaux pour pouvoir dire : Ça, c'est anticonstitutionnel,
ça, ça porte atteinte à la liberté de conscience au Québec.
On est face à un gouvernement qui est de plus en
plus autoritaire, qui impose des lois anticonstitutionnelles comme les...
probablement la loi n° 2, par bâillon, mesdames et messieurs. Et là, avec
la loi n° 94, on fait quelque chose de très similaire. On fait reculer les
droits. Dans un monde idéal, on aurait des gouvernements qui défendent les
droits des gens, mais là on a un gouvernement qui défend ses lois contre les
droits des gens, et ça, c'est une dérive, c'est banalisé, et je pense
sincèrement que ça ne durera pas. Je reviendrai là-dessus dans ma conclusion.
Je vais vous citer quelques témoignages de
personnes qui s'opposent à ça. Il y a 96 organisations qui ont signé une déclaration de la Ligue des droits et libertés
contre la loi n° 94. Parmi... là-dedans, parmi ces organisations-là, il y
a beaucoup, beaucoup de groupes de femmes. Alors, vous voyez la
contradiction. Un gouvernement qui prétend défendre l'égalité entre les femmes
et les hommes fait des lois qui prétendent aller dans ce sens-là, et là vous
avez les groupes de femmes au Québec qui, en majorité, s'opposent à cette
affaire-là. Clairement, il n'y a pas de consensus.
Je vais vous citer un propos contre la loi
n° 94 de plusieurs personnes qui se sont exprimées publiquement, dont la coordonnatrice générale de L'Observatoire
pour la justice migrante, Amel Zaazaa : «Le projet de loi n° 94 s'inscrit
dans une logique de fémonationalisme où l'émancipation des femmes est instrumentalisée
à des fins nationalistes et sécuritaires. Sous couvert de laïcité, cette
législation renforce le contrôle des corps des femmes musulmanes et perpétue l'idée que certaines femmes doivent être, entre
guillemets, libérées de leurs propres choix. En ciblant des jeunes filles et des
femmes déjà marginalisées, l'État produit une violence symbolique et matérielle
qui compromet leur accès à une éducation égalitaire.»
Je vais vous citer aussi Sivane Hirsch,
professeure membre de l'équipe IDEÉ, c'est-à-dire le groupe Inclusion et diversité ethnoculturelle en éducation :
«Le projet de loi n° 94 privilégie une approche coercitive plutôt
qu'éducative, ce qui met en péril la mission de socialisation de l'école
québécoise et risque d'affecter tous les élèves.»
C'est des
constats qui sont extrêmement graves, qui montrent que cette loi-là, elle ne
fait pas consensus au Québec. Beaucoup
de gens s'y opposent, et, quand je regarde, par exemple, les jeunes générations
et leur réaction à ces mesures-là, d'interdiction
de signes religieux, dans les sondages, de façon générale, une majorité de
jeunes s'opposent à ces mesures-là. Il y a quelque chose qui donne
espoir là-dedans, parce que je me dis qu'éventuellement cette loi-là, elle va
probablement disparaître. J'espère, je souhaite profondément, je nourris cet
espoir que ce ne soit qu'une parenthèse dans notre histoire politique et qu'un
jour on puisse revenir à un véritable... une véritable laïcité, une
véritable... un véritable respect de la liberté de conscience et des
libertés... des droits et libertés au Québec.
• (11 h 50) •
Dans les effets de cette loi-là, d'abord, il n'y
a pas de gain pour la laïcité. Il y a une atteinte à la laïcité, à la liberté de conscience. Ça va aussi, sur un point
de vue plus pratique que je ne sais pas comment le gouvernement va gérer,
accentuer la pénurie de main-d'oeuvre. Ça va rendre plus difficile le
recrutement dans un réseau qui, déjà, a beaucoup de misère à combler ses postes. Il y a des milliers
de postes vacants dans le réseau de l'éducation, puis qu'est-ce qu'on va faire,
là? On va rendre le recrutement encore plus difficile.
Ça va faire reculer les droits. Ça va accentuer
l'exclusion et les préjugés dans la société, notamment envers les femmes
musulmanes. Ça va entraîner aussi un déclin du sentiment d'appartenance à la
société québécoise. Ça va fissurer l'unité nationale. Pourquoi? Parce que les
gens qui sont touchés, de près ou de loin, par ces mesures-là qui font reculer
leur liberté, bien, le message qu'ils reçoivent, c'est que cette société-là
n'est pas pour eux. Le message qu'ils reçoivent, c'est qu'à quelque part ils ne
seront jamais reconnus et qu'ils ne sentiront jamais qu'ils vont pouvoir
pleinement en faire partie, et ça, c'est grave. Ça, c'est extrêmement grave. C'est
un des pires effets à long terme de ce genre de loi là qui vient faire reculer
les droits, pas respecter les droits et libertés.
Je pense, comme je le disais, que cette loi-là
ne durera pas. Je pense que c'est une période, une parenthèse dans notre histoire.
C'est ce que je souhaite profondément. Ça nourrit mon espoir. Et, clairement,
nous, à Québec solidaire, on s'oppose à
cette loi-là, on va voter contre. Et on sera toujours du bord des droits et
libertés et du bord d'une véritable laïcité inclusive au Québec. Merci,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur ce projet de loi?
Non.
Comme il n'y a
pas d'autre intervention, le projet
de loi n° 94, Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans
le réseau de l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives,
est-il adopté?
Une voix : ...
Vote reporté
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Parfait. Donc, le vote électronique sera reporté à demain.
Maintenant, nous poursuivons. Pouvez-vous nous
indiquer en même temps la suite de nos travaux?
M. Lévesque
(Chapleau) : Mme la Présidente, je vous demanderais d'appeler
l'article 10 du feuilleton, s'il vous plaît. 10.
Projet
de loi n° 112
Adoption
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
à l'article 10 du feuilleton, M. le ministre délégué à l'Économie et aux Petites et Moyennes Entreprises propose
l'adoption du projet de loi n° 112, Loi favorisant le commerce des produits et la mobilité de la
main-d'oeuvre en provenance des autres provinces et des territoires du Canada.
M. le ministre délégué à l'Économie, je vous
cède la parole.
M. Samuel Poulin
M. Poulin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Nous y arrivons enfin, à l'adoption finale de ce
projet de loi fort important, qui
vient porter la vision économique de notre équipe pour faire tomber les
barrières commerciales entre les provinces canadiennes.
Vous me
permettrez tout d'abord, en fait, de vous saluer, évidemment. Vous êtes députée
d'une région extrêmement dynamique, qui compte de nombreuses petites et
moyennes entreprises, notamment dans le secteur agricole, alors je sais que
vous êtes très sensible à ces enjeux. Je veux saluer évidemment les collègues
qui ont travaillé avec nous pour faire
avancer ce projet de loi : mon adjointe parlementaire, la députée de
Saint-François, qui va s'adresser à vous, en plus, dans les prochaines
minutes, et tous les collègues qui ont participé à l'étude de ce projet de loi
fort important. Je vois notamment la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
qui y a participé et qui nous a fait des recommandations et des suggestions à
ce niveau. Et je veux saluer M. le président, évidemment, de cette
commission parlementaire, de la Commission des finances publiques, le député de
Blainville, et que je remercie à nouveau pour son travail, pour nous
accompagner à l'intérieur de ce projet de loi.
C'est important, Mme la Présidente, parce que
nous sommes à un carrefour important de l'avenir économique du Québec,
notamment dans le contexte des tarifs. D'ailleurs, dans les dernières heures,
je n'ai pas vu ni le Parti libéral ni le Parti québécois s'intéresser aux
enjeux économiques. Québec solidaire, évidemment, on le savait, on ne
s'attendait pas à avoir des questions sur
les tarifs. Mais on a eu un président américain qui a dit, dans les dernières
heures, qu'il allait augmenter les tarifs de 10 % au Canada... pour
le Canada. Ça s'ajoute à l'acier, à l'aluminium, à ce qu'il y a en dehors des ententes de libre-échange, au domaine du
meuble. Et aucune question ici, à l'Assemblée nationale, là-dessus, aucune, Mme
la Présidente. Personne n'a été capable... et moi, je l'ai fait, d'aller chez
Paccar, où il y a 300 emplois qui se perdent,
présentement, dans les Laurentides. Moi, j'y ai été de façon préventive, j'ai
rencontré Steve Anctil, notamment, avec le député de Groulx, ministre
des Finances, avec ma collègue la ministre de l'Économie. Je sais que la ministre
de l'Emploi également, qui est avec nous, qui a été très active à ce
niveau-là... Puis je serai, la semaine prochaine, dans une entreprise de chez nous, qui est un fournisseur de Paccar, Mme la
Présidente. Avez-vous entendu parler de ça, ici, au salon rouge? Non.
Non, parce que l'économie, les enjeux économiques, il n'y a personne que ça
intéresse à part nous, Mme la Présidente.
Non, mais
c'est un fait. C'est un fait. C'est un fait... puis je sais que ce n'est pas la
députée de Notre-Dame-de-Grâce, parce qu'elle travaille très bien avec nous,
notamment pour faire tomber les barrières commerciales. Mais moi, je
m'attendais cette semaine à ce qu'on parle
d'économie, à ce qu'on parle de la réalité de nos petites et moyennes
entreprises. Puis sachez une chose,
Mme la Présidente, ce projet de loi là qui va nous permettre de mieux
commercialiser les biens entre les provinces canadiennes, qui va devenir la loi des lois, dans les prochaines
semaines, qui va faire en sorte que ce qui est commercialisé en Ontario puisse être commercialisé chez nous, ça
se fait dans le cadre d'une grande entente, également, de libre-échange canadien, que nous souhaitons signer, dans les
prochaines semaines, qui va nous permettre de mieux travailler dans l'ensemble
du pays. C'est ça, avoir une économie. C'est
ça, avoir une économie qui performe dans toutes les régions du Québec, quand on
est capables de travailler avec les Maritimes et l'Ouest canadien.
Et cette
entente, que je travaille, d'ailleurs, avec mon adjointe parlementaire, est
fondamentale, Mme la Présidente. On
pourrait faire du bilatéral, on pourrait dire : Le Québec s'entend avec
l'Ontario, le Québec s'entend avec le Nouveau-Brunswick. Mais on ne veut
pas faire 50 économies, Mme la Présidente, il faut en faire une puis il
faut s'assurer qu'elle fonctionne. Puis le
Québec joue son rôle de leader, assume un leadership, avec l'adoption du projet
de loi n° 112, souhaitons-le, dans les prochaines heures, et, en
même temps, qui va nous permettre d'être efficaces.
Je suis également conscient qu'ici, au Québec,
il y a des conditions. Le français est important. On ne veut pas que des produits en anglais qui entrent sur notre
territoire. Alors, nous avons tout notre processus et notre cursus réglementaire.
Alors, je publierai un règlement, dans les prochaines semaines, qui viendra
détailler certaines exceptions, notamment au
niveau de la santé ou la sécurité, mais, et j'insiste, que je veux le plus
petite possible, compte tenu que nous souhaitons être dans une optique de libre-échange entre les
provinces canadiennes. Alors, tout ça va entrer en vigueur dans les
prochaines semaines, Mme la Présidente.
Et nous souhaitons donc envoyer ce signal fort
au reste du Canada et également ce signal fort à nos entreprises, parce que nos
entreprises, ce qu'elles veulent également, c'est se tourner vers des nouveaux
marchés. Hier, c'était la Journée maritime québécoise où on rencontrait les
collègues, nos ports, notamment, et nos associations qui circulent sur le
fleuve Saint-Laurent. Il y a tout un potentiel de l'Europe, via le fleuve
Saint-Laurent, Mme la Présidente, et ça, il
faut l'utiliser. Puis même vous, et nous, qui êtes un peu plus loin du fleuve,
dans nos circonscriptions, il y a un potentiel qui est fort important sur lequel on peut utiliser davantage pour amener
nos entreprises à créer de l'inventaire du côté de l'Europe, à offrir du
service après-vente. Et je peux vous le dire, et je sais que mon collègue qui
est responsable, ministre de la Stratégie maritime... on va travailler
en ce sens-là, à ce niveau-là.
Maintenant, il n'en
demeure pas moins qu'à l'intérieur du Canada, bien, on a des programmes d'aide.
On a des bureaux du Québec, notamment à
Toronto, à Calgary, en Colombie-Britannique et dans les Maritimes. Et je peux
vous dire... et, la semaine dernière, j'étais à cette Rencontre des
chefs de poste, Mme la Présidente, et on va rehausser nos bureaux à travers le
Canada, on va travailler avec eux davantage pour que nos entreprises puissent
être efficaces.
Oui, il y a l'enjeu des missions économiques, il
y a l'enjeu des maillages puis il y a l'enjeu du développement de marchés, mais il y a une chose qui est sûre,
c'est qu'une entreprise de portes et fenêtres dans nos régions peut en vendre
dans le reste du Canada. Et, à l'intérieur
de cette loi-là, nous venons le confirmer, nous venons le lisser, nous venons
le mettre de l'avant.
Vous me permettrez, Mme la Présidente, de parler
évidemment de la notion de permis sur permis, de faire en sorte... Et c'est sûr que je fais un clin d'oeil à
ce que nous vivons présentement avec cette loi attendue par les Québécois au
niveau du réseau de la santé, où on conserve 85 % du salaire des gens qui
sont dans le domaine de la médecine et où on
met un 5 % à 15 % de cibles, mais il n'en demeure pas
moins qu'on croit, via nos ordres professionnels... et c'est ce que le projet loi n° 112
vient dire, de reconnaître la notion de permis sur permis. Alors, ce qui est
reconnu chez vous peut être reconnu chez nous.
On vient, à l'intérieur de cette loi-là, obliger
les ordres professionnels à s'entendre pour favoriser la mobilité des travailleurs. Puis des ordres professionnels,
Mme la Présidente, c'est nombreux. Ça peut concerner des infirmières, des acupuncteurs,
des vétérinaires, la liste est importante, on parle des architectes aussi.
Alors, vous comprenez que ce leadership-là
que le Québec va jouer est important, à la fois pour que des gens viennent
travailler ici et à la fois, oui, par moments,
que des gens puissent aller travailler ailleurs. On travaille à ce niveau-là,
Mme la Présidente, et c'est fort important.
Sans compter, et je fais un détour pour parler
des médecins, où j'invite à aller lire les conditions de travail des médecins en Ontario, Mme la Présidente, où, à
plusieurs reprises, la notion de rémunération par capitation est mentionnée.
Alors, c'est important, avant de dire qu'on
va aller travailler en Ontario, d'aller lire également la rémunération qui se
fait dans cette province-là. Ça va donner l'ensemble de l'oeuvre dans
lequel on travaille.
Je reviens au projet de loi n° 112,
Mme la Présidente. Alors, le travail se fait déjà, c'est important de le dire.
On a rencontré... Et, dès mon entrée en fonction, on a rencontré les gens de
l'Office des professions pour s'assurer qu'ils jouent ce rôle de leader auprès
des ordres professionnels. Et, au bout du compte, ce qu'on souhaite, c'est
favoriser cette mobilité-là à court terme.
Et on vient également, à l'intérieur de la loi,
parler de reconnaître les travailleurs selon leur expertise, selon leur travail. Alors, ça peut être dans le domaine
de la construction comme dans d'autres domaines. Alors, je pense qu'on avance de façon importante à l'intérieur de ce
projet de loi là, Mme la Présidente. D'ailleurs, je souhaite l'appui de l'ensemble des formations politiques,
parce qu'avoir une vision économique, là, c'est important.
Vous savez, on a été très actifs avec Investissement
Québec, dans les dernières années, où on a effectivement de grands, grands succès à travers le Québec. On
peut toujours prendre les deux, trois mêmes qui ont moins bien été, mais,
vous savez, Mme la Présidente, pourquoi on aide
des entreprises au Québec? Parce qu'une entreprise, ça paie de l'impôt. L'impôt
qui nous permet de payer quoi? Santé, éducation, places en service de garde et
hôpitaux. La journée que le gouvernement du Québec se désengage de
l'aide aux entreprises, ce sont des revenus qui seront de moins dans les coffres de l'État. On a aidé pour aux alentours de
25 milliards nos entreprises, ce qui a généré 95 milliards
d'investissement, Mme la Présidente. Alors, quand... Oui, il faut le
dire, il faut le dire. Et ce sont, Mme la Présidente, de l'ordre de plus de
90 % des PME, des petites et moyennes entreprises de moins de 200,
250 employés dans nos régions du Québec. Et
on en connaît tous, on en a dans toutes les circonscriptions qu'on est venus
aider et accompagner. Puis savez-vous ce qu'ils nous disent? C'est...
Quand Investissement Québec est partenaire avec nous, là, ça me permet de
dormir, parce qu'effectivement ce n'est pas
une institution financière, on est capables de collaborer, on a des gens qui
nous accompagnent.
• (12 heures) •
Aujourd'hui, on a appris que le Parti québécois
voulait se désengager complètement de l'aide aux entreprises avec le Fonds de
développement économique. Ça veut dire que, quand vous allez appeler, si jamais
le Parti québécois prenait le pouvoir, vous n'aurez pas de réponse, ils ne
veulent plus vous aider. Non. C'est quoi, eux, leur souhait? Un référendum. Un référendum,
ça, là, ça va aider à relancer l'économie du Québec, Mme la Présidente. On l'a
vu la dernière fois, en 1995, l'ancien
premier ministre du Québec, Jean Charest, rappelait comment les marchés
financiers ont performé, la journée du référendum, puis l'impact que ça
a eu au niveau des finances publiques.
Alors, le
choix que le Parti québécois fait, et maintenant il est clair, il faut que les
Québécois et nos entrepreneurs le sachent, de l'aide aux entreprises, il
n'y en aura plus. On va remplacer ça par une démarche référendaire et la tenue d'un référendum, qu'ils souhaitent dans le
prochain mandat, mais on ne sait pas, Mme la Présidente, encore le choix des
Québécois. Ce n'est pas le choix que moi, je
ferai, lors de la prochaine élection, d'appuyer une formation politique qui veut
un référendum, qui veut mettre fin à l'aide aux entreprises.
Et, encore
une fois, en termes de vision économique, je la cherche, des autres formations
politiques. C'est facile de se lever en Chambre ici et de dire : Il y a un
projet qui n'a pas fonctionné, mais de volontairement mettre de côté des
centaines, et des centaines, et des
centaines de PME qui ont des projets d'automatisation, de robotisation, de
développement de marchés, et qui
savent le rôle qu'Investissement Québec a joué auprès d'eux... Puis, Mme la
Présidente, j'ai tellement de témoignages d'entrepreneurs
qu'Investissement Québec a aidés, mais je les garde pour la période des
questions. Alors, je serai prêt pour parler
de l'aide qu'Investissement Québec a faite au niveau de nos entreprises, qui
est très importante, et dont nos propriétaires en sont très heureux.
Maintenant, ça ne veut pas dire qu'on n'a pas de
défis, là. On connaît les enjeux de main-d'oeuvre. On connaît les enjeux au niveau des tarifs. On connaît
l'allègement réglementaire. D'ailleurs, je vous annonce, Mme la Présidente, que
je travaille présentement très fort pour déposer une nouvelle loi sur
l'allègement réglementaire de nos entreprises afin d'avoir
une colonne vertébrale au gouvernement du Québec, enfin, pour arrêter d'ajouter
des règlements qui, parfois, ont été mis
dans le passé, il y a 10, 20, 30 ans, Mme la Présidente. Alors, ça
prend un leadership fort pour s'assurer d'être des alliés de nos petites
et moyennes entreprises, au Québec.
Il y a une
chose qu'on a comprise, Mme la Présidente, c'est qu'on a besoin de nos
entrepreneurs, on en a besoin. Ce sont, dans nos parcs industriels, ce
sont, dans nos rangs... Parce que le secteur agricole, Mme la Présidente, ce
sont des petites et moyennes entreprises, au Québec. On a besoin d'eux. On a
besoin de les accompagner. On a besoin de relève.
On a besoin de repreneuriat. Puis on a besoin de s'assurer que le salaire de
nos travailleurs puisse continuer à augmenter. Pourquoi? Parce que les
taxes et impôts, ça nous offre à nous tous, ici, une meilleure qualité de vie.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le ministre. Maintenant, nous poursuivons nos interventions
avec l'intervention de Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci,
Mme la Présidente. Alors, j'ai l'honneur de parler au nom de ma formation, le
Parti libéral du Québec, qui est reconnue comme étant le parti de
l'économie. Et même, ce matin, j'ai rencontré Paccar, avec une douzaine
d'entreprises ici, à l'Assemblée nationale. Vendredi passé, j'ai été sur le
terrain en Estrie, avec mon collègue le député de Nelligan, en transport, on a
rencontré une douzaine d'organismes sur le terrain. Et mes collègues sont en
tournée à travers le Québec, et on priorise les PME avec notre Escouade PME. Je
comprends que le ministre, il est... c'est
un excellent orateur, et je ne doute pas de son engagement vis-à-vis les PME,
mais son gouvernement... et ça, c'est personnel, pour le ministre, mais, le
gouvernement de la CAQ, on les dénonce, en région, d'avoir abandonné les PME.
Ce n'est pas le parti de l'économie, c'est le Parti libéral qui est le parti de
l'économie, et les PME, et les entreprises, sur le terrain, ils nous parlent,
ils viennent nous voir, parce qu'ils sont très, très déçus de la CAQ au niveau
de l'économie.
Alors, je ne
sais pas si le ministre... lui, seul, avec son engagement, il a beaucoup de
rattrapage à faire, et je pense que ça va être impossible, d'ici les élections,
de le faire. Nous, on est sur le terrain, et nous, on est à l'écoute des PME.
Et ce n'est pas le parti de l'économie.
D'ailleurs, le gouvernement fait abstraction, une diversion, parle de questions
identitaires, entre autres, pour
faire abstraction de son record vraiment très, très négatif en matière
d'économie et de finances publiques.
Donc, ça, je le dis. Je me le permets parce que
le ministre est allé sur ce terrain-là. Je n'avais pas l'intention, mais là on va défendre notre formation, qui est le
parti de l'économie, qui a toujours porté des gestes structurants vis-à-vis
l'économie. Et, entre autres, puisque le milieu économique appuie ce projet de
loi en commerce interprovincial, on appuie ce projet de loi, mais on a
quand même des préoccupations assez sérieuses dans la façon de faire et
l'approche de la CAQ de toujours faire par règlement, par règlement... Donc, ce
n'est pas dans la loi, on va le faire par règlement, et il y a quand même des
risques à cette approche-là. Premièrement, on ne peut pas faire notre travail
de législateurs au maximum, de façon, on va dire, de façon exemplaire. On ne
peut pas le faire parce que les règlements relèvent du gouvernement. Donc, nous, on n'a aucun contrôle là-dessus. Ça fait que
c'est dans la loi, le travail des législateurs, des représentants, des élus des
Québécois, et on ne peut pas le faire parce que le gouvernement fait tout par
règlement, dont dans ce loi-là... cette loi-là, je devrais dire.
Et même une grosse préoccupation qu'on a, c'est
le fait qu'on ouvre le Québec via... vis-à-vis des marchés... Ailleurs au
Canada, c'est une bonne chose, mais il faut que ce soit réciproque. Sinon, on
condamne nos entreprises, notre économie à faire concurrence sans avoir la
réciprocité d'aller ailleurs. Donc, cet aspect-là, au lieu de le mettre dans la loi, au lieu de parler de la réciprocité
dans la loi, ça va se faire... ça va se faire par règlement, justement. Et le
ministre nous a confirmés, le
ministre délégué à l'Économie et aux Petites Entreprises, il a indiqué qu'il
était ouvert à l'introduction d'une clause de réciprocité, mais par
règlement, si le projet de loi est adopté, et ça va l'être, on n'en doute pas.
Donc, en vertu de cette clause, le principe de
reconnaissance mutuelle s'appliquerait uniquement aux provinces et aux
territoires qui auraient aussi adopté ce principe. Nous, on aurait voulu voir
ce principe important de réciprocité parce
que c'est... la base du libre-échange du commerce, c'est la réciprocité. On
aurait bien voulu le voir dans la loi, mais, si on comprend bien, ça va
se faire par règlement. Et on en comprend que l'approche de l'Ontario, ça a été
des accords bilatéraux avec d'autres provinces. On a peut-être des leçons
apprises, puisque le Québec... on se l'est dit, même le ministre l'avait dit,
on est en retard, on a du rattrapage à faire. Il y a d'autres provinces qui ont
réagi plus vite suite au Donald
Trump 2.0. Et justement, le Québec, on peut en profiter, des leçons
apprises. Je sais que le gouvernement va miser beaucoup sur l'ALEC, c'est-à-dire l'Accord de libre-échange canadien...
Canada, qui va se négocier et qui va être conclu d'ici les prochaines
semaines, les prochains mois, on l'espère. Et cette loi va peut-être entrer en
vigueur après l'ALEC. En tout cas, si je
comprends bien, le gouvernement, il entreprend une approche plutôt
multilatérale. Et nous, évidemment, on
est un parti fédéraliste, donc on n'a aucun enjeu là-dessus, mais, la
réciprocité, ça devient... ça demeure une préoccupation, et, si je
comprends bien, ça va se faire par règlement et non par accords bilatéraux avec
les autres provinces.
Donc... Mais je voulais commencer, et je me suis
emportée un peu sur la question économique, puisque le ministre l'a soulevée, évidemment saluer le ministre parce que c'est son
premier... c'est sa première loi en tant que ministre délégué à
l'Économie et aux PME et c'est sur un enjeu très important.
Évidemment, on comprend le contexte, tout à
fait. On est en pleine guerre commerciale avec les États-Unis, pas avec le peuple américain, pas avec les États
américains, mais le gouvernement fédéral, qui impose des tarifs draconiens
sur le Canada, sur le Québec. Et c'est
vraiment du jamais vu, Mme la Présidente. Mais on ne peut pas contrôler.
Comme je l'ai dit hier, on ne peut
pas contrôler les actions de Donald Trump, personne ne peut contrôler les
actions de Donald Trump, mais on peut contrôler ce que nous, comme...
comment nous, on réagit et comment on agit.
Donc,
de miser sur le commerce interprovincial, c'est une très bonne idée. Ça
représente déjà presque 18 %, d'ailleurs
un 17,7 % de notre PIB ici, au Québec, et, avec plus de libre-échange, ça
risque d'augmenter comme pourcentage de
notre PIB. Et, de façon générale, on est dans une position, ici, au Québec, Mme
la Présidente, positive. On a un bilan, un solde positif. On a plus d'exportations vers le reste du Canada qu'on
importe du reste du Canada, donc c'est une bonne chose. Ce n'est pas le
cas à l'international. Donc, il faut vraiment miser sur des marchés sécures, où
on a des valeurs communes et... donc, il y a de très belles opportunités
dans... surtout en... dans ce contexte de guerre tarifaire avec les États-Unis.
Il y a des gains à aller chercher.
• (12 h 10) •
On comprend aussi
qu'avec le commerce, de façon générale, ça donne aux consommateurs québécois
plus de choix, plus de choix. Et, avec plus
de choix et plus de concurrence, normalement, les prix baissent. Alors, ça,
c'est un atout en... une autre crise, la crise du coût de la vie. Donc, ça,
c'est une bonne chose avec le commerce. Et il faut s'assurer que
nos entreprises puissent vraiment... qu'on met en place des conditions
gagnantes pour que nos entreprises puissent vraiment prendre avantage de ce
libre-échange.
Donc, évidemment, le
Parti libéral du Québec, on est pour le libre-échange. On est pour le commerce interprovincial. Et, comme j'ai déjà dit, du
début, on appuie ce projet de loi. On est le parti et... on est le parti de
l'économie. Ce n'est pas juste par nos mots qu'on dit. Vous avez juste à
regarder, Mme la Présidente, notre bilan. On a posé des gestes structurants. On a mis en place des programmes. On
a mis en place des décisions structurantes par le passé et nous mettons de
l'avant une vision claire pour un Québec qui est confiant, qui est moderne puis
qui est ouvert sur le monde, c'est-à-dire que c'est soutenir nos PME, c'est
diversifier nos marchés et renforcer nos liens commerciaux avec le reste du
Canada et l'étranger.
Et on croit
beaucoup... On est un parti qui s'assume. On est un parti qui est fédéraliste,
et on croit beaucoup au potentiel de la
fédération canadienne, et à l'importance d'améliorer le commerce
interprovincial. Et c'est d'ailleurs un premier ministre libéral, Jean
Charest, qui a mis en place la fédération... Conseil de la fédération, et le
Canada... Tout va mieux lorsque le Québec joue un rôle de leadership. C'est bon
pour le Québec. C'est bon pour le Canada. Donc, c'est vraiment gagnant-gagnant.
Et, au fond, ouvrir les marchés, c'est vraiment ouvrir des possibilités pour
nos entreprises, nos travailleurs, et aussi surtout nos communautés, Mme la
Présidente.
Alors, on a quand
même souligné qu'on avait des préoccupations, puis je pense que c'est important
de revenir sur les préoccupations. On sait que le Québec a pris une approche
différente. On sait qu'on avait du rattrapage à faire. Il y a d'autres
provinces qui sont allées de l'avant avec leur propre législation, avec des
accords bilatéraux, et l'Ouest canadien, on sait qu'ils ont déjà mis en
place... ça fait quand même un petit bout de temps, ils ont un marché commun via le New West Partnership. Ça, ça intègre
commerce, ça intègre... avec investissement et mobilité de la main-d'oeuvre. L'Ontario
est allée chercher 10 protocoles bilatéraux, qui ont été signés, et une
loi-cadre pour la reconnaissance mutuelle. Les Maritimes avancent aussi avec
des lois automatiques de reconnaissance des certifications.
Évidemment, il y a un
décalage avec le Québec, mais on est contents de voir que, finalement, on met
en place notre propre loi-cadre. On n'a pas de protocole à date, mais donc
cette approche-là, plutôt multilatérale, qui mise sur l'ALEC, donc, en principe, on n'a pas de problème avec ça, pourvu qu'on
s'assure que c'est vraiment réciproque et que nos entreprises... On met
en place des conditions gagnantes.
Donc, nous, avec ce
projet de loi, on accorde la reconnaissance automatique pour les biens et les
professions, alors que d'autres provinces ont pris l'approche de reconnaissance
mutuelle, mais aussi ils ont signé des protocoles. Évidemment, le gouvernement, comme j'ai dit, il compte sur l'ALEC pour
obtenir la réciprocité, et sinon ça va être par règlement pour exclure
les provinces qui n'acceptent pas d'être réciproques avec nous, parce que, sans
cette garantie, nos entreprises vont subir de la concurrence déloyale, et c'est
ce que certains experts sont venus nous voir... dire en consultations particulières, Mme la Présidente, dont les manufacturiers
et les exportateurs du Québec, la Pre Geneviève Parent, de l'Université
Laval.
Alors, on a déjà
exprimé et on dit ici, à l'adoption du projet de loi : On a une inquiétude
face à ce risque. On l'a souligné. Le
gouvernement est... Je pense qu'il prend ça en note. J'ai eu quand même de très
bons échanges avec le ministre là-dessus, qui nous rassurent, mais,
publiquement, on doit... on a le droit de... on a le devoir, même, de souligner
ces préoccupations, cette approche, cette
façon de faire par règlement, qui est loin d'être parfaite. Donc, on va suivre
la situation de très près. On espère que le gouvernement sera conscient des
risques et travaille à garantir une vraie réciprocité de la part des
autres provinces.
Donc, on avait
aussi... On avait proposé... Le gouvernement avait proposé, et évidemment ça a
été accepté, quatre amendements, quatre amendements, et nous, on en avait
suggéré trois. Je vais revenir là-dessus, mais je voulais peut-être juste
souligner aussi le fait qu'il faut vraiment faire en sorte que le Québec devienne
un véritable aimant pour les talents et les
investissements, un endroit où les entreprises des autres provinces ont envie
de s'établir, où les travailleurs d'ailleurs
au Canada veulent venir bâtir leur avenir, et un Québec, effectivement, qui
attire, pas qui décourage, qui décourage le commerce et l'échange libre
entre les biens, et les services, et les personnes, la mobilité. C'est très
important.
Il y a quand même des
exceptions au libre-échange qui sont légitimes, tout à fait, article n° 1 du projet de loi, c'est
la protection de la langue française, on est tout à fait d'accord avec ça, et
aussi la protection du Code civil, mais aussi la santé publique. Donc... mais
il y a quand même en place des exceptions qui relèvent davantage d'un réflexe
de fermeture que de prudence, qui sont moins légitimes.
Et je vais prendre
l'exemple des restrictions sur la circulation de l'alcool. Elles appartiennent
à une autre époque, Mme la Présidente. On ne
peut pas prétendre être ouvert au commerce, tout en gardant des frontières
internes sur des bouteilles de vin. Alors, ces restrictions sur la circulation
de l'alcool devraient être vraiment revues parce que, ça aussi, ça... ça
alimente cette perception du Québec comme étant une province qui est
protectionniste. On est perçus, sinon la réalité,
mais c'est surtout la perception, qu'on est protectionnistes. Alors, je pense
qu'il faut vraiment revoir cette politique concernant la circulation de
l'alcool.
Alors, je le souligne, tu sais, il y a
quand même des exceptions légitimes en matière de santé publique, évidemment,
le français, sécurité publique. Et on avait d'ailleurs proposé trois
amendements dans ce sens-là, trois propositions qu'on voulait être
constructives, concrètes et basées sur le gros bon sens. Donc, dans un premier
temps, l'exclusion des entreprises du Code des professions, à l'article 2. On avait demandé une
production d'un rapport de mise en oeuvre. Et finalement on avait demandé, à
l'article 2, l'ajout explicite de la santé et la sécurité... bien, pardon,
l'article... dans l'objet même de la loi.
Donc, trois
amendements, mais trois propositions qui ont été refusées, qu'on trouve
vraiment malheureux. On trouvait ça décevant quand même, parce qu'on sentait
qu'il y avait une ouverture de la part du ministre pour bonifier le projet de
loi. Donc, on tient quand même à souligner, suite à l'écoute des consultations
particulières, on était même allés plus loin
en parlant avec des ordres, des professionnels, des pharmaciens, des experts
pour vraiment mettre de l'avant des
amendements, pas trop d'amendements, très ciblés, mais c'était vraiment basé
sur des données et des préoccupations authentiques sur le terrain. Donc,
on aurait bien aimé que le gouvernement choisisse davantage plus de
collaboration. Donc, on tient à le souligner.
Mme la Présidente,
bien, peut-être, en conclusion, le projet de loi n° 112, malgré les
préoccupations, surtout la réciprocité, la façon de faire par règlement, c'est
quand même un pas en avant, avec plus de concurrence, ce qui augmente la productivité
de nos entreprises, la productivité de notre économie. Parce qu'à date, le
Québec, c'est la province la moins
productive au Canada. Donc, on a un beau gros travail à faire, et le... je
crois que c'est le professeur de HEC,
Robert... Pr Gagné, qui a parlé que vraiment l'enjeu, c'est la
productivité, et que, oui, le projet de loi, c'est un pas de l'avant,
mais vraiment il faut s'attaquer aux causes sous-jacentes, et c'est vraiment la
productivité.
Donc,
la concurrence, dans ce sens-là, la concurrence avec le commerce
interprovincial, ça, normalement, ça augmente, ça favorise la productivité.
Donc, ça, c'est une bonne chose. Aussi, avec plus de concurrence et plus de
choix pour les Québécois, pour les
consommateurs, normalement, on diminue les coûts, on diminue les prix. C'est
une bonne chose, en pleine crise de coût de la vie.
• (12 h 20) •
Donc, c'est un projet
de loi qui est nécessaire, mais non suffisant, d'autant plus qu'aucun de nos
amendements n'ont été retenus, donc, non suffisant. Vous allez voir, Mme la
Présidente, dans les prochains jours et les prochaines semaines, on va avoir des propositions très concrètes pour faire avancer
le commerce interprovincial. Il faut poser des gestes concrets, Mme la Présidente. Oui, il y a une
loi-cadre, maintenant, mais c'est vraiment dans les gestes concrets pour s'assurer
que cette loi se traduise par une vraie concurrence, une vraie réciprocité et
une vraie, bien, performance
économique pour le Québec et pour les citoyens de notre... de notre belle
province. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée. Maintenant, nous
poursuivons nos interventions avec Mme la députée de Saint-François.
Mme Geneviève
Hébert
Mme Hébert :
Merci, Mme la Présidente. Donc, vous allez comprendre que je suis très
heureuse de prendre la parole aujourd'hui en tant qu'adjointe parlementaire du
ministre délégué à l'Économie et aux PME pour l'adoption, donc, cette étape
finale du projet de loi n° 112.
Je
vais peut-être en surprendre quelques-uns, Mme la Présidente, mais, pour moi,
là, c'était la première fois que je pouvais suivre un projet de loi du début à
la fin, à toutes les étapes. Parce que, vous le savez, j'ai été whip adjointe,
j'ai été officier, ici, à l'Assemblée nationale, pendant plus de sept ans, donc
là, c'est dans le rôle d'adjointe parlementaire que j'ai pu suivre en
commission parlementaire tous les travaux. Donc, ce fut vraiment une première
expérience qui a commencé avec les consultations, où j'ai pu constater que les
intervenants étaient sensiblement tous d'accord avec le projet de loi. Bon, il y avait quelques inquiétudes qui ont été
soulevées, et je crois qu'on a pu quand même les rassurer avec ce projet
de loi qui vient vraiment donner... montrer le leadership du Québec par rapport
à la commercialisation et à la mobilité des travailleurs.
Je tiens aussi à
souligner le travail des collègues de l'opposition, ce que je n'avais pas
vraiment fait dans les sept dernières
années. Donc, j'ai pu collaborer, donc, avec la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la députée de Verdun. Donc, on a eu des échanges qui étaient très
constructifs. J'étais vraiment très heureuse d'apprendre à les découvrir de
cette façon, ce que je n'avais pas la chance de faire ici, au salon rouge. Et
j'ai pu aussi collaborer avec mes collègues, donc le député de Masson, la
députée de Fabre, Charlevoix—Côte-de-Beaupré, Huntingdon. Donc, ça a été vraiment une belle expérience puis ça a été
mené d'une main de maître par notre président de commission, le député de
Blainville. Donc, vraiment, je vais garder un très bon souvenir de cette
première expérience de projet de loi. Et qu'il va y en avoir d'autres, parce
que j'ai un ministre qui est très actif et très déterminé à soutenir nos
entreprises. Donc, il y a d'autres projets qui s'en viennent.
Mais,
si on revient à cette loi qui va permettre de faciliter le commerce des
produits et la mobilité de la main-d'oeuvre en provenance des autres
provinces et territoires du Canada, bien, c'est une loi qui est importante pour
nos entreprises, nos régions, nos travailleurs qui occupent une place centrale
dans l'économie du Québec. Puis, je tiens à le rappeler, parce que, peut-être,
il y en a qui commencent à nous suivre, que ce projet de loi là comprend deux
volets qui vont permettre aux entreprises québécoises d'être mieux outillées et
plus performantes.
Donc, si on prend le
premier volet, qui touche le commerce des produits, donc, en appliquant un
principe de reconnaissance automatique et unilatéral, cette mesure, bien, elle
va avoir plusieurs impacts : l'augmentation du choix pour les
consommateurs, la réduction des formalités qui ralentissent le commerce et le
développement économique, l'accroissement des investissements canadiens et étrangers
ici, au Québec, et l'ouverture du marché canadien qui rend possible la
collaboration entre nos entreprises et celles qui proviennent du reste du
Canada. Le second volet touche la mobilité de la main-d'oeuvre. Le projet de loi vise à rendre plus... le
processus d'obtention d'une accréditation plus rapide et plus fluide.
Donc, plusieurs effets sont positifs puis ils vont pouvoir être observés, parce
qu'on va simplifier des démarches pour les
travailleurs et les entreprises qui veulent les accueillir, on va augmenter la
possibilité d'avoir un bassin de personnes professionnelles et on va
améliorer aussi les services à la population.
Je tiens à
souligner que le projet de loi, il ne se limite pas, d'aucune façon, à
l'application des dispositions visant à
assurer la protection de la langue française et qu'on n'a fait aucune
concession quant à la protection du public, de la nature ou des
travailleurs du Québec.
Comme
plusieurs le savent, avant de m'engager en politique, bien, j'ai oeuvré comme
entrepreneure pendant plus de 16 ans. J'ai même expérimenté la
distribution de mes produits dans les provinces de l'Ouest et des Maritimes. Je
pourrais vous dire que j'ai connu des
joies, mais aussi énormément de défis, de prendre de l'expansion, de faire la
distribution et la représentation. Le territoire, il est grand, les
règles sont nombreuses. Donc, dans le contexte actuel, où on doit être un
leader dans cette volonté de stimuler le commerce à l'intérieur du pays, puis
ça, c'est surtout suite des droits de douane qui
sont imposés par l'élection du dernier président, je tiens à le préciser, Mme
la Présidente, je ne veux pas nommer son nom, je ne veux pas lui donner
d'importance, bien, l'objectif, là, c'est d'enlever ce qui est inutile,
permettre d'augmenter l'offre et les opportunités aux entreprises et aux
travailleurs du Québec. Sans nos petites entreprises et nos moyennes
entreprises, bien, il n'y a pas de vitalité économique locale, il n'y a pas de
dynamisme régional puis il n'y a pas de Québec prospère. Donc, c'est notre rôle
d'aider les commerces à demeurer compétitifs avec l'imprévisibilité que nous
vivons avec notre voisin du Sud. Le Québec doit saisir tous les leviers pour
aider l'économie à faire face à l'incertitude. Nous avons un potentiel immense. On regorge de talents, de ressources,
de savoir-faire, puis il faut donner aux PME les outils nécessaires pour
croître, se démarquer, se renouveler et affronter la nouvelle réalité.
Mme la Présidente, je tiens à rappeler que la
prospérité de demain se construit dès aujourd'hui. Et, pour qu'elle soit
durable, bien, elle doit être partagée, et ce, au sein de tout le Canada. Ce
n'est pas un... ce n'était pas un réflexe par
le passé, mais on doit avoir une autre façon de faire maintenant.
Unissons-nous pour être plus forts. Et surtout ce n'est pas le temps de
se séparer ou de faire cavalier seul.
Mme la Présidente, les défis sont grands,
l'incertitude règne toujours, les règles changent constamment, mais les opportunités le sont encore davantage. Donc,
avec un gouvernement à l'écoute et résolument tourné vers l'action, j'ai la
conviction que nous saurons transformer ces opportunités en succès concrets
pour nos entrepreneurs, nos travailleurs, pour nos régions et pour
l'ensemble du Québec, tout en protégeant notre langue française. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Comme il n'y
a pas d'autre intervention, le projet de loi n° 112, Loi favorisant le commerce des produits et la
mobilité de la main-d'oeuvre en provenance des autres provinces et des
territoires du Canada, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté. Merci. M. le leader du
gouvernement, pouvez-vous nous
indiquer la suite de nos travaux?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Sur cette belle note, Mme la Présidente, je vous demanderais de bien vouloir
suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures pour que nous puissions aller
manger.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Donc, compte tenu de l'heure, et afin de permettre le débat sur une affaire inscrite par les députés de
l'opposition, cet après-midi, le présent débat sur... est ajourné... en fait,
est suspendu jusqu'à 15 heures. Exactement. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 15 heures)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci, chers collègues. Veuillez prendre place, s'il vous plaît.
Affaires inscrites par les
députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée prenne acte qu'à l'intérieur du régime canadien
le développement social et politique du Québec est soumis à la primauté de la
Constitution du Canada et qu'elle réaffirme
que le peuple québécois est libre
d'assumer son propre destin et de déterminer son statut politique
Nous serions
rendus aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. À
l'article 58 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés
de l'opposition, M. le chef du troisième groupe d'opposition présente la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne que 30 ans après le Référendum
sur l'accession du Québec à la souveraineté de 1995, le statut
politique du Québec n'est toujours pas pleinement résolu;
«Qu'elle
rappelle que des informations importantes sur les manoeuvres
du camp du Non sont toujours inaccessibles aux parlementaires;
«Qu'elle
constate qu'à l'intérieur du régime canadien, le poids politique et démographique
du Québec a diminué depuis 30 ans;
«Qu'elle constate qu'à l'intérieur du régime
canadien, l'usage du français au Québec a reculé depuis 30 ans;
«Qu'elle
constate qu'à l'intérieur du régime canadien, les empiètements sur les
compétences législatives du Québec se sont multipliés depuis
30 ans;
«Qu'elle
prenne acte qu'à l'intérieur du régime canadien, le développement social et
politique du Québec est soumis à la primauté de la Constitution du
Canada;
«Qu'en conséquence, l'Assemblée nationale
réaffirme que le peuple québécois est libre d'assumer son propre destin et de
déterminer son statut politique.»
Je vous
informe que la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la
motion inscrite par M. le chef du troisième groupe d'opposition
s'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées à l'auteur de la
motion pour sa réplique,
47 min 45 s sont allouées au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 24 min 38 s sont allouées au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, 14 min 47 s sont
allouées au deuxième groupe d'opposition, 18 min 20 s sont
allouées au troisième groupe d'opposition et 1 min 30 s sont
allouées à chacun des députés indépendants. Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou
par l'un des groupes parlementaires sera... redistribué, pardon, entre les groupes parlementaires selon les proportions
établies précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne
seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés
indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours du débat, ils ont
10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la parole à M. le chef du
troisième groupe d'opposition.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Merci,
Mme la Présidente. C'est demain que nous fêterons le 30e anniversaire du référendum
de 1995, et nous voulons profiter de cette motion du mercredi, qui est le plus
souvent une occasion de jeter un regard
global, de prendre un pas de recul sur nos activités, parce que, la plupart du
temps, on parle de sujets d'actualité, c'est un moment aujourd'hui pour
prendre un peu de recul et se poser des questions fondamentales.
Cette motion contient plusieurs affirmations qui
soulèveront des échanges intéressants. Notamment, on parle de la primauté de la Constitution du Canada sur
tout ce qu'on fait ici, en ce parlement. J'ai hâte d'entendre mes collègues
sur le rôle d'une constitution du Québec, si
ce n'est pas pour qu'on devienne un pays, pour que cette constitution ait tous
les effets d'une constitution qui nous appartient.
Notre motion, aussi, réitère que l'Assemblée
nationale est libre d'assumer son propre destin, que le peuple québécois est
libre de déterminer son statut politique. Ce sont des idées fondamentales qui
ont déjà été affirmées par Robert Bourassa, par Daniel Johnson. J'ai hâte
d'entendre mes collègues sur ces questions-là.
Mais, simplement, aujourd'hui, la veille du
30e anniversaire de 1995, j'aimerais juste dire que l'histoire du Québec se doit d'avoir un sens. Et le déclin et le
mépris dans un pays qui n'est pas le nôtre n'a pas de sens. Les peuples ont un
Parlement, ils ont un territoire, et tout ça forme un pays. C'est ça, la
normalité. Nous n'avons pas encore accédé à cette normalité-là.
Et ce n'est pas exagéré, et j'ai hâte d'entendre
mes collègues, de dire que le caquisme, donc les huit ans de gouvernance sous
la CAQ, qui se voulait nationaliste, avec un mandat fort pour faire entendre la
voix du Québec dans le Canada... ce n'est
pas exagéré de dire qu'elles auront eu l'utilité de nous démontrer que ce
pays-là se bâtit sans nous et que nos demandes légitimes, qui ont quand même
été portées de manière vocale et claire par le gouvernement de la CAQ, elles
n'ont pas été entendues et ne seront pas entendues dans l'avenir.
Donc, il y a
un élément de justice, de quête de justice depuis les patriotes. Cette quête,
c'est d'obtenir un pays comme n'importe
quel autre peuple. Mais il y a aussi un élément d'urgence, un élément de
réalité qui découle de l'autonomisme ou
la troisième voie qu'on aura tentée à nouveau, dans l'histoire du Québec,
simplement pour constater notre déclin et le mépris d'un pays dans le
cadre duquel on ne compte pas assez pour faire pencher la balance vis-à-vis nos
demandes démocratiques.
Donc, je vous
soumets, Mme la Présidente, que la motion d'aujourd'hui porte sur la
démocratie, sur le sens de ce Parlement, le sens de notre travail. À
quoi bon faire du travail qui représente la démocratie du Québec si, sur
plusieurs sujets, nous n'avons pas le
pouvoir ou notre volonté démocratique ne sera simplement pas entendue par un
gouvernement de trop qui va se
permettre, souvent avec mépris, de nous dire que notre opinion, elle ne compte
pas? C'est une lutte pour la démocratie, et cette lutte est une
trilogie.
Le troisième référendum s'en vient, et c'est une
belle... c'est un bel espace pour dire ce qu'on en pense et pour tester les arguments de chacun à quelques mois,
quelques années d'un rendez-vous ultime avec l'histoire. J'aimerais rappeler
que la quasi-totalité des 50 ans et moins... lorsque ce troisième
rendez-vous avec notre histoire aura lieu, la quasi-totalité des 50 ans et
moins n'auront jamais voté, ne se seront jamais exprimés sur cette question-là,
et les deux prochains orateurs sont des députés de l'Assemblée nationale qui
n'ont jamais pu voter à cette époque-là.
Je termine
cette introduction parce qu'on va pouvoir aller sur chacun des sujets de la
motion et des raisons qui rendent l'accession à notre indépendance non
seulement nécessaire, mais urgente. Je termine sur l'idée que le volontarisme
en politique change le cours de l'histoire,
souvent. On ne nous oppose plus... Contrairement à 1995, où est-ce qu'on
disait : Le Canada a plein de bonnes choses à
offrir pour le Québec, il y aura une place pour le Québec... Finalement, on
s'est rendu compte que ce n'était pas vrai. On s'est rendu compte aussi qu'il y
a eu plusieurs mensonges, plusieurs tricheries dans ce vote de 1995. Le prochain vote, le prochain rendez-vous avec
l'histoire ne comportera pas d'arguments convaincants sur la place du
Québec dans le Canada. Tout ce qui va rester aux fédéralistes, et entendez-les,
ça va être de nous dire que c'est impossible puis que ça ne marchera pas. Bien,
le Parti québécois est là, aujourd'hui, debout pour vous dire : Il n'y a
rien d'impossible quand on est volontaire puis quand on sert la justice. Et je
vous soumets, Mme la Présidente, que... Mme
la Présidente, que la justice, pour le Québec, c'est d'enfin accéder à une
démocratie normale dans le cadre duquel nos travaux vont être les
décisions qui guident les Québécois, sans qu'un autre gouvernement qui n'est
pas le nôtre décide à notre place. Et ce sera le sens de cette motion du
mercredi. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le chef du troisième
groupe d'opposition. Je cède maintenant la parole au député de Chapleau.
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'en profite
pour vous saluer, saluer les collègues du gouvernement, saluer également
les collègues des oppositions.
Eh bien,
aujourd'hui, j'ai envie de vous parler de la troisième voie, mais, avant ça,
j'ai envie de vous dire que ce à quoi
les vieux partis nous convient, c'est aux vieux débats, aux vieilles chicanes,
aux vieilles rengaines, au fameux retour vers le futur, Mme la Présidente,
comme on peut le voir avec cette caricature. Et donc, pendant trop longtemps,
le Québec a été coincé entre deux visions irréconciliables, le fédéralisme du
Parti libéral et le souverainisme du Parti québécois. Ces deux visions
ont mené à une impasse, à l'immobilisme, Mme la Présidente, face à Ottawa, d'un
côté, et face à l'impasse référendaire de l'autre.
• (15 h 10) •
Et donc, depuis 2018, Mme la Présidente, notre
parti, notre gouvernement, la Coalition avenir Québec, a fait émerger la
troisième voie nationaliste, autonomiste, pragmatique, fondée sur
l'affirmation, fondée sur l'action, fondée sur
les résultats, Mme la Présidente. Objectif, évidemment, de tout ça :
sortir le Québec de l'impasse et affirmer sa nation par lui-même et pour
lui-même sans demander la permission à personne. Le Québec n'attend plus le
grand soir. Il agit et prend tout
l'espace qui lui revient dans le cadre fédératif canadien. La troisième voie
repose sur une logique d'autonomie nationale
dans le fédéralisme canadien et non sur la dépendance et ni sur la rupture,
comme les vieux partis nous le proposent. Cette troisième voie, on y
croit, et évidemment les nombreux gains réalisés ces dernières années le
prouvent. On est fiers du bilan qui est accompli.
D'ailleurs,
peut-être parler justement de la doctrine gouvernementale, qui se définit comme
le Québec qui utilise tous les moyens
qui sont à sa disposition pour préserver ses caractéristiques fondamentales, développer ses compétences
et agir unilatéralement en fonction de ses besoins constitutionnels.
Et justement, à ce sujet, Mme la Présidente, les
réalisations concrètes de la troisième voie, vous le savez, sous le
gouvernement, la troisième voie a permis plusieurs avancées majeures en termes
d'identité nationale et de protection de notre culture et de notre langue. Je
parle ici de la Loi sur la laïcité de l'État, la loi n° 96
sur le français, la Loi sur l'intégration nationale, l'abolition du serment au
roi, évidemment, et j'en passe. Mais aussi, tout récemment, on a adopté une
résolution constitutionnelle liée à l'obligation de négocier pour la nomination
des juges en lien avec l'obligation de négocier... inscrite dans le renvoi sur
la sécession du Québec, qui a d'ailleurs été reconnue par le fédéral, et donc
les négociations sont en cours suite à cette résolution adoptée ici par
l'Assemblée nationale. C'était un moment historique.
C'est la première fois que l'Assemblée nationale utilisait ce type de
résolution, en fait, pour forcer le déclenchement d'une négociation
constitutionnelle qui est présentement en cours entre les ministres de la
Justice.
Et donc la troisième voie, ce n'est pas une
posture de résignation, c'est une posture qui est d'affirmation pragmatique. Ça vient exploiter, comme on le
disait, tous les outils constitutionnels disponibles : on
parle de l'article 43, l'article 45, l'article 33
également, tous des outils qui n'avaient, auparavant, jamais été utilisés. On
pense notamment aux modifications
constitutionnelles de l'acte constitutionnel de 1867. On vient... On est venus
inscrire le caractère de la nation québécoise, la langue française comme
langue de notre nation. On veut inscrire, avec la nouvelle constitution, le
caractère laïque, la laïcité du peuple québécois, notre tradition civiliste,
qui est très, très importante, qui nous vient, évidemment, de notre passé avec la France, le modèle d'intégration qu'on
veut, qu'on s'est donné, le modèle d'intégration nationale. Et donc on
vient moderniser le nationalisme québécois, Mme la Présidente, identitaire et
inclusif, ferme et constructif.
J'aimerais peut-être vous rappeler, au niveau
du... en fait, vous ramener au rapport Proulx-Rousseau de 2024, qui a confirmé
la pertinence de cette... de cette posture, qui est une vision qui n'est ni
caquiste, ni libérale, ni péquiste, mais
québécoise. En fait, c'est un appel à un pacte fédératif, égalitaire et à une
utilisation maximale du droit constitutionnel canadien pour l'affirmation du
Québec. Le rapport a produit, en fait, 42 recommandations, comme vous le
savez, Mme la Présidente, dont plusieurs sont déjà en application. Donc, on
parle d'intégration nationale, la résolution pour la modification de l'article 98, c'est la nomination des
juges, je vous en parlais précédemment, la mise en place d'une constitution
québécoise, qui a été déposée en cette Chambre.
Et
donc parlons-en, justement, de ce projet, projet de constitution du Québec qui
découle directement du rapport Proulx-Rousseau. Ce rapport recommandait
au gouvernement de se doter d'un texte constitutionnel qui lui était propre,
affirmant la souveraineté parlementaire du Québec et évidemment ses
caractéristiques fondamentales. Et donc ce projet s'inscrit dans la continuité logique de la troisième voie caquiste, affirmer
le Québec sans rupture à l'intérieur de la fédération
en exploitant pleinement les leviers constitutionnels existants. Il vient donc
réaffirmer la non-subordination du Québec au sein de la fédération canadienne,
protéger les caractéristiques fondamentales de la nation québécoise, la langue française, notre culture commune, les
valeurs sociales distinctes, consolider aussi la souveraineté parlementaire et
le pouvoir de légiférer librement
dans nos champs de compétences. Vous savez, c'est très, très important, cette
souveraineté parlementaire,
évidemment, pour notre démocratie, pour nos droits collectifs de la nation
québécoise. Et donc, évidemment, le
texte constitutionnel va être un instrument de cohésion nationale, un texte
rassembleur voulu par tous et surtout depuis de nombreuses, nombreuses
générations. Il renforce le statut du français comme seule langue officielle et
commune, comme nous l'avons inscrit, justement, dans l'acte constitutionnel de
1867, la reconnaissance du Québec comme nation et la souveraineté de son
Assemblée nationale, ses valeurs collectives dans son ordre juridique qui lui
est propre de traditions civilistes. Il
constituerait, évidemment, une affirmation solennelle des composantes et des
assises de l'État québécois.
Donc, l'idée d'une
constitution québécoise vient... en fait, remonte aux patriotes, et ça a été
porté à différents moments par tous les
partis politiques. Et même le Parti
québécois l'a appuyée par le passé.
Et, justement, il serait vraiment cohérent que... en fait, il serait
vraiment incohérent, Mme la Présidente, qu'il s'y oppose aujourd'hui simplement
pour des raisons qui lui appartiennent. Et donc la Constitution du Québec, Mme
la Présidente, représente le prochain jalon de la troisième voie, une manière
de venir consolider, dans le droit et dans les faits, l'autonomie nationale du
Québec à l'intérieur du Canada. Ce n'est pas
un geste symbolique, c'est l'expression d'une maturité politique et d'une
confiance retrouvée du Québec envers
lui-même, Mme la Présidente. Et donc, peut-être pour reprendre certaines
critiques qui nous ont été... qui nous avaient été formulées, peut-être
quelques affirmations à ce niveau-là.
Pour le Parti
québécois, l'option a échoué à deux reprises par référendum. La troisième voie,
comparativement au Parti québécois, vient
livrer des résultats tangibles. Rejeter la troisième voie, Mme la Présidente,
ça revient à nier des gains concrets faits pour la nation. On se
rappelle qu'en 1997 le Parti québécois lui-même a utilisé la même voie constitutionnelle
bilatérale afin de déconfessionnaliser le système scolaire, et donc il a
participé lui aussi dans le fédéralisme.
Aujourd'hui, le Parti québécois délaisse tout type de gain au sein de la
fédération pour miser sur le grand soir, et tous les sondages, on les a
vus encore récemment, démontrent que peu de Québécois souhaitent un troisième
référendum.
Au Parti libéral, par
contre, le statu quo fédéraliste a affaibli la voix du Québec et a dilué sa
spécificité. Leur approche conciliante, voire servile, envers Ottawa a mené à
des reculs linguistiques et identitaires pour les Québécois. Le Parti libéral
n'a pas su, Mme la Présidente, offrir une vision claire sur la nation
québécoise, concentrant son offre politique sur son opposition au Parti
québécois. C'est d'ailleurs à ça qu'on a été conviés ces dernières... ces
dernières semaines, ces derniers jours, à
cette opposition un peu stérile entre les vieux partis, qui s'invectivent de
part et d'autre. Et donc la troisième voie redonne au Québec le
leadership et l'affirmation qu'il avait perdus. Et, on le voit, au Parti libéral,
actuellement, même, c'est devenu la succursale du Parti libéral du Canada,
voire son vassal, et honnêtement...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : M. le député, s'il vous plaît, vos commentaires, vous
les gardez pour vous, je ne veux pas les entendre. Je pense que c'est un sujet
qui est important, aujourd'hui. Toutes les motions qui sont présentées ici le
mercredi sont d'une grande importance, et moi, je veux entendre tout le monde
ici égal. Ça fait que, donc, s'il vous
plaît, vos commentaires, vous les gardez pour vous. Puis, M. le député, vous
pouvez poursuivre. Et faites attention. Tout à l'heure, vous m'avez
présenté une caricature. Ce n'est pas un tableau... qui est reconnu ici. Ça
fait que, donc, vous avez assez d'expérience pour savoir que vous ne pouviez
pas nous présenter ça. Merci. Continuez.
M. Lévesque (Chapleau) : Ça
m'apparaissait très instructif, Mme la Présidente, et ça allait... c'était bon
pour... pour mon propos.
Effectivement,
au niveau de la perte... Oui, effectivement, oui, c'est ça, c'est là où je voulais aller, au
Parti libéral. J'ai eu l'occasion,
par le passé, d'y être membre, au Parti libéral du Québec, et le nationalisme qui
se retrouvait au sein de ce parti-là a disparu. Il a disparu avec le
temps, et je l'ai remarqué à travers... à travers les différentes années.
J'avais le bonheur de côtoyer un grand homme au Parti libéral, monsieur... le
regretté M. Benoît Pelletier, qui avait, à l'époque, grandement influencé
la doctrine nationaliste au Parti libéral du Québec dans les années 2000.
C'était aussi la
caution du nationalisme du Parti libéral, un grand défenseur des intérêts du
Québec. Il avait toujours le Québec à coeur.
Pour lui, c'était toujours le Québec d'abord. Il est vraiment reconnu,
évidemment, pour son travail académique, comme vous le savez, Mme la
Présidente, sur le fédéralisme, la réforme constitutionnelle. C'était un vrai... c'était un vrai fédéraliste dans le
sens où on l'entend aujourd'hui, dans le sens qu'on utilise l'ensemble des
leviers constitutionnels qui sont à notre disposition, on investit nos
champs de compétence au Québec, et c'est justement cette doctrine-là, du moins, en partie, que la CAQ et la
troisième voie utilisent actuellement. Évidemment, c'est une lourde perte
pour nous tous, M. Pelletier.
• (15 h 20) •
Et
donc, avec la tentative de faire revenir ce vieux débat, le débat référendaire,
dans l'espace public, les vieux partis, les partis du statu quo,
n'écoutent pas les Québécois. Nous l'avons d'ailleurs vu au plus... évidemment,
plus tard cette semaine, comme je vous le
disais tout à l'heure, alors que, bon, on s'invectivait sur la place publique.
Bon, on se demandait s'il y avait... il y allait avoir des poursuites.
Bon, il n'y en aura pas, finalement. Donc, c'est vraiment des bagarres, là, de cour d'école, comme vous le savez, Mme la
Présidente. Les Québécois veulent évidemment un gouvernement qui ne se contente
pas de discours stériles. Notre gouvernement a démontré que des gains sont
possibles dans le cadre fédératif.
Une question
s'impose : Pourquoi les gouvernements péquistes et libéraux n'ont-ils pas
agi avant nous? Ils avaient pourtant tous les outils et surtout tous les
leviers constitutionnels à leur portée. Nous, nous avons choisi d'agir, et les
gains qu'on a faits, bien, le prouvent, le prouvent, Mme la Présidente.
Et donc les partis devant nous doivent se rendre
à l'évidence, si on retourne en arrière, ce sont les Québécois qui perdent.
Donc, j'invite justement les Québécois à ne pas retourner... ne pas faire un Back
to the future, ne pas retourner dans ce
vieux débat qui ne mène... qui ne mène à rien. D'ailleurs, le fondement même de
la Coalition avenir Québec, pourquoi on a embarqué dans cette
aventure-là de fonder un nouveau parti puis de se joindre, c'était ça, on
voulait laisser derrière nous ce débat qui se... qui se dessine, qui pointe à
l'horizon, on voulait rassembler les forces vives du Québec, les gens, les... toutes les... toutes les personnes de bonne
volonté, au Québec, qui avaient envie de travailler, qui avaient envie de faire avancer le Québec.
Sincèrement, bien, c'est ça, la Coalition avenir Québec, et c'est ça qu'on
réalise tous ensemble, justement, au
gouvernement. Merci. C'est aussi ça que j'ai écrit dans La couleur CAQ,
c'est ça, le fondement de la Coalition avenir Québec, Mme la
Présidente. Je sais, je sais, ce n'est pas un tableau didactique, mais c'est
très, très instructif. Pour ceux qui l'ont
lu, vous le savez. Et donc c'est ce qu'on propose, Mme la Présidente, une
vision d'avenir, au parti, à la Coalition avenir Québec.
Depuis 2018, évidemment,
le Québec est entré dans une nouvelle ère d'affirmation nationale et
constitutionnelle. Le nationalisme québécois
est désormais assumé, moderne, décomplexé. Nous devons utiliser tous les
leviers, nous devons continuer à utiliser tous les leviers existants
pour défendre nos valeurs, notre langue, notre culture, notre identité, nos institutions. La troisième voie, Mme la
Présidente, c'est celle de la maturité politique au Québec. Elle conjugue
autonomie, stabilité et ambition nationale. Puis, honnêtement, Mme la
Présidente, la réalité, là, c'est la suivante : aucun autre gouvernement ne possède un bilan aussi impressionnant
en faveur... en faveur, évidemment, du nationalisme québécois, de la troisième
voie et de l'autonomie. Et c'est ce que j'avais envie de vous dire aujourd'hui.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de Mont-Royal.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Mme la
Présidente, encore une fois, aujourd'hui, le Parti québécois choisit de ramener
à l'Assemblée nationale le débat sur la souveraineté. 30 ans après le
dernier référendum, alors que les Québécois nous interpellent chaque jour sur l'accès aux soins de santé, l'éducation,
l'accès à la propriété, le désir d'avoir une économie forte et le coût
de la vie, le PQ préfère revenir sur un débat du passé.
Nous respectons ce choix, mais il nous faut
constater que ce n'est pas ce que les Québécois demandent. Les gens veulent des solutions à leurs problèmes
concrets, pas un nouveau chapitre d'un débat qui, pour la majorité d'entre eux,
n'est tout simplement pas une priorité. Le
Parti québécois est, de toute évidence, déconnecté des priorités des Québécois.
Et, suite aux propos tenus par le député de Chapleau, je dirais que la CAQ
également en a fait la belle démonstration dans les sept dernières
années. Quel échec, cette troisième voie, Mme la Présidente!
Revenons sur le terrain, Mme la Présidente. Le
plus récent Bilan-Faim 2025 dresse un constat alarmant. L'insécurité alimentaire, au Québec, ne faiblit
pas, mais continue plutôt de gagner du terrain. Chaque mois dans le réseau des
banques alimentaires du Québec, ce sont plus de 3 millions de demandes
d'aide qui sont formulées. C'est un nouveau plafond. Ce sont
600 000 personnes uniques qui sont soutenues par le réseau chaque
mois. Et, derrière ces chiffres, il y a une
réalité extrêmement troublante : 20 % des bénéficiaires occupent un
emploi, mais n'arrivent tout simplement pas à joindre les deux bouts. Plus grave encore, 35 % des bénéficiaires
sont des enfants. Ça représente 48 000 enfants de plus qu'en
2022. Voilà la réalité d'un contrat social brisé.
Et pourtant, au lieu de mettre toute notre
énergie à lutter contre l'insécurité alimentaire et la pauvreté, notamment, le Parti québécois nous demande de
parler de séparation. Leur engagement a le mérite d'être clair et ferme :
tenir un référendum sur la souveraineté d'ici 2030. Il est extrêmement
important de rappeler, Mme la Présidente, que la souveraineté, ce n'est pas une baguette magique qui viendrait régler ces
problèmes. La souveraineté ne fera pas apparaître plus de médecins dans nos
hôpitaux, plus de professeurs dans nos écoles ou plus de logements sur le marché.
Rappelons
les propos tenus par le chef du Parti québécois le 20 octobre dernier. Il
a dit, au sujet des personnes qui ne pensent pas comme lui, et je le
cite : «Il y en a qui préféreraient qu'on se laisse mourir plutôt que de
prendre ses responsabilités.» Fin de la citation. Mme la Présidente, c'est
indigne d'un aspirant premier ministre. Et laissez-moi vous dire, et que ce soit très clair en cette Chambre, il n'a pas
le monopole de la fierté québécoise. Moi, je suis extrêmement fière de
la contribution du Parti libéral du Québec à l'histoire du Québec. Le chef du
Parti québécois s'est permis de dire que le Parti libéral n'avait pas de
contenu. Eh bien, c'est avec une immense fierté et la tête extrêmement haute
que je rappelle en cette Chambre l'héritage de ma formation politique.
Le Parti libéral a créé Hydro-Québec, le
ministère de la Culture, la Caisse de dépôt, l'éducation pour tous. Sous
Adélard Godbout, on a concrétisé le droit de vote des femmes. Sous Jean Lesage
et son équipe du tonnerre, le Québec a vécu
la Révolution tranquille. Ce sont les libéraux qui ont donné au Québec les
leviers modernes de son développement
sans passer par la séparation. Robert Bourassa, il a bâti la Baie James. Il a
instauré la Charte des droits et libertés. Il a fait adopter la loi qui consacrait
le français comme langue officielle au Québec. Jean Charest, il a porté la
voix du Québec sur la scène internationale, il a créé le Fonds des générations.
Sous Philippe Couillard, on a remis de l'ordre dans les finances publiques pour
que le Québec retrouve sa capacité d'agir, sa capacité d'investir.
Le défi sera
immense, Mme la Présidente, l'an prochain, mais nous le relèverons, ce défi-là,
de remettre le Québec dans le droit chemin. Deux référendums, et, les
deux fois, les Québécois ont dit non. Le Parti québécois essaie de faire croire que la souveraineté se ferait à coût nul, qu'en un
seul budget tout serait réglé sans turbulence. On nous dit que la fin de la péréquation, c'est-à-dire
9,16 milliards de dollars par année, ne poserait aucun problème. On nous
dit que le Québec pourrait se doter
de 200 ambassades dans la ville de Québec, comme si ça ne voulait pas dire
d'en ouvrir et d'en financer 200 autres à travers le monde.
Soyons sérieux, Mme la Présidente, ces
affirmations ne résistent pas à l'examen, et on a bien hâte pour la suite, pour le dépôt du livre bleu, parce qu'on a très
hâte d'en découdre avec le Parti québécois. L'indépendance aurait, soyons
clairs, des conséquences majeures sur les finances publiques, sur nos
programmes sociaux et sur notre économie, mais ce n'est pas moi qui le dis, Mme
la Présidente, même Pauline Marois, première ministre et cheffe du Parti
québécois, reconnaissait qu'un Québec souverain vivrait cinq années de
turbulences. Aujourd'hui, son propre successeur contredit cet aveu de lucidité. Oui, Mme la Présidente, un
Québec indépendant serait viable, nous l'avons dit, Jean Charest l'a dit,
mais est-ce que ce serait le meilleur choix? Non, absolument pas.
La fédération canadienne, c'est un formidable
moteur économique pour le Québec. Face... pour faire face à Donald Trump au moment où l'économie mondiale est
secouée par une terrible guerre tarifaire, la question économique, elle
est centrale. Aujourd'hui, le Québec bénéficie d'une économie canadienne forte,
d'un marché intérieur intégré, de près de 40 millions de consommateurs, et
d'un accès privilégié, et fondamentaux à des accords de libre-échange signés par le Canada avec l'Europe, l'Asie-Pacifique et
les États-Unis. Ces traités, Mme la Présidente, ce sont des portes ouvertes
pour nos entreprises, pour nos travailleurs, pour nos exportations.
Croyez-vous, Mme la Présidente, que les États-Unis s'empresseraient de négocier un traité de libre-échange avec un Québec
nouvellement séparé, fragilisé et isolé? Poser la question, c'est y
répondre, évidemment que non.
• (15 h 30) •
Dans le contexte actuel, se retirer de ce réseau
d'alliances commerciales ne serait rien de moins qu'une erreur historique. Le premier ministre du Canada consacre
présentement toute son énergie à renforcer ses partenariats, à défendre nos
entreprises et nos emplois face à la montée du protectionnisme, et le Parti
québécois, lui, voudrait que le Québec quitte
la table. Quel non-sens économique, Mme la Présidente! Le chef du Parti
québécois veut faire le tour du monde pour refaire des ententes
économiques avec les autres pays; c'est 30 ans de travail, ça, au moins.
Soyons très clairs, la prochaine campagne
électorale, l'enjeu sera le suivant, un vote pour le PQ, c'est un vote pour le référendum, c'est un vote pour la
séparation du Québec, avec des impacts économiques négatifs absolument certains,
Mme la Présidente.
Nous, au Parti libéral du Québec, nous souhaitons consacrer nos énergies, toutes
nos énergies à régler les problèmes concrets des Québécois, se pencher
au quotidien sur les véritables enjeux qui les préoccupent. Et qu'est-ce
qu'elles sont, les priorités des Québécois? Laissez-moi vous dire, c'est la
santé, l'éducation, l'accès à la propriété, les logements abordables, une
économie forte, parce qu'avec une économie forte on peut s'occuper de notre
monde, faire en sorte que la justice
sociale, qui est une valeur fondamentale, de ce côté-ci de la Chambre, ce ne
soit pas juste un slogan, mais que ce
soit une réalité, qu'on puisse s'occuper des plus vulnérables, incluant ceux
qui souffrent d'insécurité alimentaire, Mme la Présidente, soutenir nos
PME, le poumon économique du Québec, qu'ils profitent du marché canadien et,
bien sûr, améliorer la qualité de vie des
Québécois. Sur le terrain, ce sont ces dossiers dont les citoyens nous parlent,
et c'est là-dessus que nous devons
travailler, pas sur un troisième référendum qui n'aurait que pour effet de
diviser la population, encore et de nouveau, diviser la société, sans
répondre à leurs besoins immédiats. C'est pour ça que je crois que les Québécois, si on leur posait à nouveau la
question, répondraient de la même façon que les deux premières fois, par un
non.
En terminant, Mme la Présidente, je veux
réaffirmer notre respect pour ceux et celles qui croient en ce projet, mais
pour nous, au Parti libéral du Québec, la priorité doit être ailleurs. Le
peuple québécois ne nous demande pas de relancer une bataille
constitutionnelle, il nous demande à mieux... de l'aide, de les aider à mieux
les soigner, à mieux se soigner, à mieux se
loger, à mieux éduquer ses enfants et à assurer la stabilité de notre économie.
C'est sur cela que nous allons travailler, Mme la Présidente, parce que
cela, aujourd'hui, c'est dans l'intérêt national du Québec.
Et permettez-moi d'ajouter, en terminant, que je
suis profondément fière d'être Québécoise. Comme beaucoup de mes concitoyens,
je suis aussi canadienne, j'ai plus d'une identité et j'assume pleinement ces
deux identités. J'aime le Canada, mais je ne
me verrais jamais vivre ailleurs qu'au Québec. Mais, si ça fait de moi... parce
que je ne veux pas un référendum, si ça fait de moi... si je suis moins
fière Québécoise... jamais, jamais je ne vais accepter qu'on me fasse sentir de cette façon-là. Le Parti québécois n'a pas le monopole du nationalisme, le Parti québécois n'a pas le
monopole de la fierté québécoise. On peut être les deux, fière Québécoise,
fière Canadienne. Et que ce soit clair, je ne suis pas moins, donc,
Québécoise, encore une fois, parce que je ne souhaite pas un référendum, je ne
suis pas moins passionnée par le développement économique et culturel du Québec
parce que je n'adhère pas à la souveraineté.
Nous aussi, les libéraux, on aime profondément
le Québec, et c'est justement pour ça que nous souhaitons le voir grandir et
s'épanouir dans un Canada fort et uni. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la deuxième... à la cheffe du
deuxième groupe d'opposition. La parole est à vous.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je veux profiter de cette motion qui nous est présentée
aujourd'hui par le Parti québécois pour parler de la vision de l'indépendance
de Québec solidaire, qu'on porte depuis la naissance de notre parti, une vision
qui est très partagée par les jeunes. J'ai pu le constater, notamment, en fin
de semaine dernière, j'étais dans les rues
de Montréal, où je participais à la marche organisée par la société civile
indépendantiste, la Société Saint-Jean-Baptiste et
aussi les OUI Québec, et pour se rappeler les 30 ans du référendum puis
aussi pour appeler à ce qu'il y ait un
Québec indépendant. La majorité, en tout cas, de ce que j'ai vu, c'était
beaucoup de jeunes, des jeunes indépendantistes qui n'ont pas vécu 1995,
beaucoup d'entre eux n'étaient même pas nés. C'était vraiment très, très, très
jouissif, pour moi, de voir ça.
Je vais vous le dire,
qu'est-ce qu'il y avait sur les pancartes pour les personnes qui n'étaient pas
là, sur... Ce n'était pas Québec solidaire qui avait des pancartes, c'était
supposé être non partisan, c'était la fête de la société civile. Il y avait
des pancartes sur lesquelles c'était écrit «Un pays inclusif», «Vive le Québec
libre!», et il y avait une pancarte assez subversive, peut-être, qui
pourrait choquer certaines oreilles, de l'autre côté de la Chambre, «Un Québec
indépendant pour tous». C'était ça qui était écrit sur une pancarte de jeunes
indépendantistes qui étaient dans cette marche-là.
Mme
la Présidente, les jeunes sont aujourd'hui la relève du mouvement
indépendantiste, et ça me réjouit profondément.
Ça fait longtemps, très longtemps que j'attendais ce moment-là. C'est
d'ailleurs la raison principale pour laquelle
Québec solidaire, on a lancé, depuis janvier 2024, une campagne sur... pour
faire la promotion de l'indépendance du Québec, qui s'appelle Nouveau
Québec, elle existe toujours, vous pouvez aller voir sur notre site
Internet Nouveau Québec, et l'objectif,
c'était d'aller chercher de nouvelles majorités, pas juste de parler aux gens
qui étaient déjà convaincus par le
projet d'indépendance, ils sont déjà convaincus, donc, c'est d'aller
additionner, avoir d'autres personnes qui soient convaincues du projet
indépendantiste et de la construction d'un Québec pays, notamment les jeunes.
J'ai fait une
tournée, avec plusieurs de mes collègues députés de Québec solidaire, des
cégeps, des universités, pour parler des raisons fortes pourquoi faire
l'indépendance, puis je sentais un intérêt des jeunes quand on leur parle des
raisons positives pour faire l'indépendance. Puis ce que j'ai entendu,
notamment auprès des jeunes qui étaient à Tout le monde en parle et ceux
que je côtoie et que je rencontre un peu partout, notamment à la marche de samedi
dernier, ils ne veulent pas faire
l'indépendance contre, ils veulent faire l'indépendance pour. Il y en a même
qui nous ont dit «pour l'amour». Je trouvais ça tellement inspirant,
tellement magnifique, ça me rejoint tellement, ça rejoint tellement la vision de l'indépendance de Québec Solidaire.
Même eux, ils ne veulent même pas faire l'indépendance contre le Canada puis
le discours négatif sur le Canada, parce qu'ils se disent : Le Canada a le
droit d'exister, ce n'est pas nous, ce n'est pas
notre identité; nous, on veut additionner une autre nation, un autre pays dans
le monde pour porter nos couleurs, nos valeurs partout à travers le monde, et
je trouve ça très inspirant.
Leur engagement pour
le climat, le féminisme, la justice sociale, la diversité, ça redonne vie à
l'idée de pays. Ils imaginent un Québec pays
qui est culturellement ouvert, diversifié, sans frontière ethnique ni même
linguistique, fondé sur la solidarité
plutôt que sur des questions identitaires, construit avec les Premières
Nations. Ça, ça a été très important. Camille Goyette-Gingras, qui est la
présidente des OUI Québec, l'a dit dans son discours, elle a parlé à quel point
c'est important d'inclure puis d'avoir un nouveau rapport avec les
autochtones, et c'est une occasion en or, extraordinaire, de pouvoir avoir
cette nouvelle relation avec les autochtones en créant le Québec. C'est aussi
une opportunité pour ça.
C'est vraiment une
génération qui veut un pays pour bâtir le futur, pas pour répéter le passé, pas
dans une vision revancharde. Ce n'est pas ça qu'ils veulent. Ils sont fiers de
leur histoire, de notre histoire, ils sont fiers de notre culture, de ce qu'on porte, de notre passé, des
générations du passé, mais ils ont envie aussi d'amener quelque chose de nouveau, de moderne et de penser à l'avenir. Et
ils se voient dans l'avenir, et ça, c'est vraiment magnifique comme discours
inspirant, pas juste un discours, mais vraiment des actions, ils sont
mobilisés, et moi, je les suivrais n'importe où, ces jeunes-là.
• (15 h 40) •
Ça fait... comme je
vous dis, ça faisait longtemps que j'attendais ce renouveau indépendantiste.
J'étais très présente avec les OUI Québec, au début, quand ils organisaient une
Saint-Jean, ils étaient très peu nombreux, dans le parc Laurier, dans mon comté, je les appuyais comme je pouvais comme
députée. Et là, maintenant, bien, c'est vraiment génial, tout ce qu'ils
ont réussi à faire. L'expérience qu'ils créent dans les événements qu'ils font,
quand il y a des jeunes qui viennent pour
parler de l'indépendance, ce n'est pas juste un discours théorique, c'est aussi
une expérience qu'ils vivent en même
temps, une expérience culturelle, dans tous les spectacles qu'ils ont faits un
peu partout à travers le Québec, et ça a porté fruit, cette vision-là.
Et c'est très important que l'indépendance ne soit pas portée uniquement par
des partis politiques, mais aussi par la société civile, une société civile
forte et indépendantiste.
Maintenant, je veux
parler du mode d'accession à l'indépendance, une stratégie gagnante qui est
portée par Québec solidaire depuis notre fondation. Nous, à chaque fois, nous
avons promis d'avoir une assemblée constituante, une assemblée du peuple. C'est
la voie la plus démocratique vers l'indépendance et aussi une stratégie où on
met les chances de notre côté pour qu'à la fin de ce processus-là il y ait un référendum
qui soit gagnant. Et c'est très important parce
que, le pays, on le fait pour le peuple, mais c'est important de le faire aussi
avec lui, avec le peuple. Michel Chartrand disait... j'aime beaucoup le
citer, ce qu'il disait, je le cite : «J'ai toujours été contre ces
nationaleux qui voulaient sauver la langue et laisser crever ceux qui la
parlent.» On l'entend encore, ce discours-là. On entend encore des gens parler
de nation, de culture, d'identité, tout ça est très important, mais des fois on
a l'impression que c'est juste des concepts vaporeux qui sont comme ça, qui
existent un petit peu de façon théorique, alors que c'est porté par des gens en
chair et en os. Et ça, des fois, c'est
oublié. Ce n'est pas juste des concepts, la nation, c'est aussi des gens, des
vraies personnes, qui ont des réalités différentes, qui doivent se
sentir inclus dans ce projet d'indépendance.
Et la meilleure
stratégie, c'est cette assemblée constituante, que je pourrais appeler comme
une assemblée du peuple. C'est un processus
démocratique, paritaire, populaire et représentatif. D'autres pays l'ont fait à
travers le monde, pourquoi pas nous? On est capables de faire ça. Puis
le mandat de cette constitution serait de rédiger la constitution... pardon, de cette assemblée constituante serait de
rédiger la constitution d'un Québec indépendant. Elle serait soumise aussi,
à la fin, par un référendum. Comme je l'ai
dit, nous, on n'a jamais tergiversé. À chacune des campagnes électorales, dans
notre cadre financier, dans notre plateforme
électorale, c'était marqué noir sur blanc, qu'on allait le faire dans un premier
mandat.
Une constitution, quand on
est fiers de notre peuple, on ne l'écrit pas derrière des portes closes, en
faisant une consultation ici, à l'Assemblée
nationale. Je comprends que le ministre de la Justice, il est jeune, mais là,
si on veut vraiment impliquer les jeunes... ils ne vont pas venir ici,
avec leurs mémoires, à l'Assemblée nationale. Des fois, les gens sont
intimidés. Il faut aller là où ils sont, il faut. C'est pour ça qu'on a demandé
qu'on ait une consultation itinérante. L'assemblée constituante que... qu'on
promet, à Québec solidaire, c'est ce qu'elle permet.
Pourquoi, aussi, c'est important d'avoir cette
assemblée constituante qui aura le mandat de rédiger une constitution d'un
Québec indépendant? Parce qu'une campagne référendaire de 30 jours, bien,
ça ne suffit pas, ça va devenir très, très polarisé très rapidement. On ne peut
pas parler pourquoi on fait le pays, parce qu'il faut un mouvement citoyen,
comme je le disais, et une société civile forte et mobilisée. Et en 1995 il y a
eu des états généraux puis des commissions à travers le Québec et il y a eu une
participation très importante. Ça n'a pas duré assez longtemps, il faut faire
ça plus longtemps.
La constitution permettra un débat collectif sur
nos institutions, sur notre modèle économique, sur nos droits sociaux, sur
notre démocratie. On parle de l'indépendance du Québec, de la souveraineté du
Québec, mais c'est aussi un exercice de
souveraineté populaire. Ça, c'est fondamental pour un pays, la souveraineté
populaire. C'est aussi une rupture avec
le cadre fédéral canadien, d'avoir notre propre constitution en même temps.
C'est la voie la plus démocratique, moderne et rassembleuse vers le
pays.
Et c'est pour ça, d'ailleurs, que j'amène un
amendement, évidemment, à cette motion-là du Parti québécois. J'espère qu'elle va être acceptée, cette main
tendue. J'entendais le chef du Parti québécois dire que c'est très important
pour la démocratie, à quel point c'est important, bien... et je les ai
entendus parler plus récemment aussi beaucoup de la constitution. Je trouve ça de bon augure. Donc, ils ont toutes les
bonnes raisons d'accepter notre amendement, que je lis comme suit,
donc :
Ajouter, après le sixième alinéa, l'alinéa
suivant :
«Qu'elle
souligne qu'un projet de constitution d'un Québec indépendant doit naître d'une
consultation populaire permettant au peuple du Québec de se prononcer directement
sur son contenu puis être ratifié par [un] référendum;».
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup, Mme la députée.
Votre amendement est déposé sous réserve de sa... de la permission de
l'auteur de la motion d'aujourd'hui.
Donc, je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Catherine Gentilcore
Mme Gentilcore : Merci, Mme la
Présidente. Le 30 octobre 1995, je venais tout juste d'avoir 10 ans.
Depuis, 30 ans se sont écoulés, 30 ans
pendant lesquels rien n'était moins certain que le retour de l'indépendance
dans le débat public.
C'est
maintenant chose faite. Les Québécois savent qu'un référendum s'en vient. Ils
savent que, pour la première fois,
les moins de 50 ans, dont je fais partie, dont Alex Boissonneault fait
partie, dont ma collègue Méganne Perry Mélançon fait partie, vont
pouvoir s'exprimer.
Qu'est-ce qui
me fait dire qu'on va gagner cette fois-ci, Mme la Présidente? Plusieurs
choses, quand j'observe le Québec de 2025.
Tout d'abord, on l'a dit, toutes les
Québécoises, tous les Québécois de 50 ans et moins n'auront jamais voté à un référendum lors du prochain. Ce n'est pas rien.
Et ce qu'on disait impossible il y a quelques années à peine est aujourd'hui indéniable :
ce sont les jeunes qui portent le projet d'indépendance à bout de bras, c'est
eux qui... c'est eux qui le tiennent, c'est
eux qui le gardent bien vivant et c'est ce qui devait absolument arriver pour
nous permettre de réussir.
Aussi, je
dirais qu'au prochain rendez-vous l'idée de faire du Québec un pays, l'idée
d'une consultation populaire sur le sujet ne générera pas le niveau de
peur qu'on a vu dans les derniers référendums. Les arguments de peur ne
fonctionneront plus. Les 50 ans et moins, dont je fais partie, qui n'ont jamais
voté, n'embarquent pas dans ce type de discours là. La preuve, c'est que le
chef du camp du Non lui-même, Pablo Rodriguez, qui reconnaît que la peur de la
souveraineté ne sera pas suffisante pour gagner la prochaine fois... Il y a un
discours fédéraliste qui ne s'est jamais renouvelé.
On ne propose rien de nouveau aux Québécois, essentiellement, un statu quo qui
est synonyme d'un déclin assuré. Ça, ce n'est pas un projet de société,
Mme la Présidente.
Depuis 30 ans, il y a des choses qui ont
changé, d'autres non, quant à pourquoi le Québec doit être un pays. Une chose
est certaine, je ne vois pas d'avenir linguistique et culturel pour le Québec
et pour la langue française si on ne prend
pas le chemin de l'indépendance, et c'est pour ça que j'ai l'intime conviction
qu'on va gagner. Je pense que les Québécois réalisent de plus en plus
qu'on ne peut rien attendre du Canada à ce niveau-là, bien au contraire. Le
Canada est en quelque sorte un contrat qu'on n'a jamais signé et qui, de toute
façon, n'a jamais été respecté.
Se poser la question de notre avenir collectif,
il n'y a rien de plus normal que ça. La vie d'un peuple, c'est long. La marche
vers la liberté, vers l'indépendance n'a jamais été un long fleuve tranquille
pour aucun des peuples du monde, mais j'ai l'intime conviction que l'histoire
des peuples — le
nôtre ne fait pas exception — est d'abord et avant tout cumulative. Les expériences collectives sont cumulatives, et
on a grandement appris des expériences du passé.
Pourquoi maintenant? Parce que l'attente a
épuisé les options, Mme la Présidente. Le temps n'est plus au débat sur
l'appartenance, mais sur la gouvernance. Notre histoire nous oblige à conclure
ce chapitre. Pendant les 30 dernières années, un constat demeure : le
Canada s'est renforcé, inutile de se mentir. On pourrait bien, comme l'actuel
ministre de la Justice, choisir de faire de grands gestes et de dire «État
fédéré», mais la vérité, c'est que le Québec demeure une province et que le
Canada est de moins en moins une fédération et de plus en plus un État
unitaire.
Mais ces 30 dernières
années ont vu un autre phénomène se produire, un phénomène qui est très
important pour nous : jamais, dans l'histoire du Québec, les Québécois
n'ont été aussi peu Canadiens. En 1980, en 1995, il restait beaucoup de gens pour qui le Canada français, les
deux peuples fondateurs, avait une signification profonde, mais ce n'est plus
le cas en 2025, les jeunes nous le démontrent amplement.
L'identité distincte du Québec se passe de plus
en plus de références au Canada. On a de moins en moins besoin du Canada pour se penser comme Québécois. Même en opposition au
Canada, de plus en plus, on est pleinement, entièrement Québécois tout
court. C'est d'ailleurs ce que disent les jeunes, dont Lou-Adriane Cassidy,
Ariane Roy, Mounir Kaddouri, pour ne nommer que ceux-là.
Ce qu'il nous faut, aujourd'hui, c'est passer de
cette émancipation-là, qui s'est faite dans les esprits, vers les gestes concrets, vers l'indépendance du Québec. Et
je pense que c'est parce que ce constat-là est de plus en plus présent, consciemment ou non, dans les esprits, dans notre
culture qu'on doit se concentrer sur la gouvernance, sur le fait qu'une nationalité normale, comme la nationalité
québécoise, a tout à gagner à assumer pleinement son rôle comme pays souverain.
Merci, Mme la Présidente.
• (15 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Saint-Jean.
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je tenais à participer à ce débat sur les affaires inscrites
par les députés de l'opposition aujourd'hui
parce que j'apprécie la motion du troisième groupe d'opposition, d'abord parce
qu'elle nous permet, à la veille du
30e anniversaire d'un moment crucial, historique, de regarder en arrière
et regarder en avant aussi ou y penser, pour faire le bilan et planifier
l'avenir.
Puisque la
motion est importante, est bien construite, est bien écrite, je vais vous dire
ce que j'en pense au fur et à mesure de sa lecture, alinéa par alinéa.
Donc, le
premier alinéa : «Que l'Assemblée nationale souligne que 30 ans après le référendum
sur l'accession du Québec à la souveraineté [en] 1995, le statut
politique du Québec n'est toujours pas pleinement résolu.»
Bon, avant
d'en parler, élargissons le contexte un tout petit peu avec des dates puis des
chiffres pour se rappeler, quand même. Le référendum a eu lieu... le premier
référendum a eu lieu le 20 mai 1980. J'avais... ça fait 45 ans, en
tout cas, j'y étais, je ne dirai pas quel âge j'avais, mais j'y étais. La
question, c'était le gouvernement du Parti québécois de René Lévesque qui
proposait de négocier une nouvelle entente avec le Canada, fondée sur la
souveraineté du Québec et une association économique. Résultat :
59,56 % contre; oui, 40,44 %; taux de participation, 85,6 %.
Le référendum dont on parle, le
30e anniversaire demain, 1995, le gouvernement du Parti québécois de
Jacques Parizeau proposait que le Québec
devienne souverain après une offre de partenariat avec le Canada.
Résultat : 50,58 %, non; oui, 49,42 %; taux de
participation, 93,52 %, le plus élevé de l'histoire du Québec. Ça aussi,
c'est passé à l'histoire.
Oui, c'était
serré, mais c'était ça. Deux revers, deux défaites, deux déceptions, pour
toutes sortes de bonnes et de mauvaises raisons, j'en conviens, mais le
résultat et les conséquences, après 1980 et après 1995, ce sont deux tentatives
qui n'ont pas aidé et qui, à bien des égards, je vous le soumets, en tout cas,
ont nui au statut politique du Québec, qui, s'il
n'est toujours pas pleinement résolu, comme le dit le libellé de la motion,
n'en continue pas moins de faire l'objet de débats, c'est vrai. Mais, de
ce côté-ci de la Chambre — je
suis un peu mal à l'aise de dire ça parce que je suis dans le milieu de la Chambre, en arrière — on n'en continue pas moins de penser qu'on a
fait le bon choix en prenant le chemin de la troisième voie, celle de
l'autonomisme, qui, dans les circonstances, me semblait... lorsque j'ai choisi
de le défendre en me présentant candidat
pour la Coalition avenir Québec, me semblait la plus pragmatique puisque
potentiellement plus productive dans le sens des intérêts supérieurs du
Québec, notre langue, notre culture, nos valeurs et notre économie.
Oui, notre
économie, parce qu'il faut avoir les moyens de ses ambitions, et, jusqu'à
preuve du contraire, permettez-moi de conclure que, sur ce point, depuis
sept ans, le Québec a avancé plutôt que de se buter, comme depuis trop
longtemps, on peut dire, une cinquantaine d'années... en tout cas, on peut
dire, depuis le début de la Révolution tranquille, donc, le Québec se butait entre et contre deux
options, aussi légitimes soient-elles. La démonstration a été faite, selon
moi, qu'autant le fédéralisme des uns que le souverainisme des autres
devenaient un frein pour le Québec, selon les tenants d'une des deux options au
pouvoir, le plus souvent en alternance. En ce qui me concerne, la troisième
voie, nationaliste, autonomiste, était et reste la meilleure des deux options
et des deux voies.
Voyons maintenant ce que m'inspire le reste de
la motion : «Qu'elle rappelle que — deuxième alinéa — des informations importantes sur les manoeuvres du
camp du Non sont toujours inaccessibles aux parlementaires.» Bien oui,
c'est comme ça, ce n'est pas ce matin, ce n'est pas cet après-midi qu'on va
changer ça. On en parle régulièrement. On a tendance à tous être d'accord,
mais, pour des raisons qui me dépassent, on en est toujours là.
Troisième alinéa : «Qu'elle constate qu'à
l'intérieur du régime canadien, le poids politique et démographique du Québec a
diminué depuis 30 ans.» Bien, ça, c'est une évidence démographique. Le
poids du Québec dans le poids démographique du Canada, forcément, considérant
notre démographie, c'était à prévoir, c'était prévu, ce n'est pas une bonne chose, mais c'est comme ça. «Qu'elle
constate qu'à...» Ah! puis il y avait le mot «politique» aussi, on y reviendra.
«Qu'elle constate qu'à l'intérieur du régime
canadien, l'usage du français au Québec a reculé depuis 30 ans.» Oui, le
français a reculé. Le déclin est difficile à réorienter, à renverser parce que,
je l'ai dit je ne sais pas combien de fois en cette Chambre depuis sept ans,
quand on parle de déclin, il ne faut pas oublier que ça décline, et puis la
volonté du gouvernement, avec toutes ses actions depuis sept ans, c'était de
renverser la tendance pour arrêter le déclin. J'ai la ferme conviction qu'on est en train d'y arriver parce qu'il y a trop de
choses qui ont été faites, il y a trop de... il y a trop d'efforts qui ont été mis
pour ne pas être capables d'y arriver, mais on a une situation qui me rend
inquiet à chaque fois que je regarde les statistiques.
Bien, au moins, vous
savez, Mme la Présidente, maintenant, on en a, des statistiques. On n'est plus
dépendants de ces chiffres qui nous étaient transmis une fois par cinq ans par
Ottawa, où on découvrait, de cinq ans en cinq ans, que ça allait de moins en
moins bien pour le français. On a maintenant tout ce qu'il faut parce qu'on a
remis à niveau, remis à jour la Charte de la langue française, c'était le
projet de loi n° 96. Ça nous a donné un commissaire à la langue française
pour étudier et savoir exactement ce qui se passe à partir des statistiques
disponibles, et les statistiques, on en a de plus en plus parce qu'on a demandé
à l'OQLF de commander des statistiques. En plus de ce qu'on faisait déjà, au Québec, à l'institut, on a maintenant des
statistiques plus pointues pour être capables de suivre la situation du français.
L'autre alinéa :
«Qu'elle constate qu'à l'intérieur du régime canadien, les empiètements sur les
compétences législatives du Québec se sont multipliés depuis 30 ans.» Bien
là, je vais vous dire, on est peut-être un peu en réaction aux deux référendums
pour commencer, aux deux défaites référendaires. On est en réaction aussi de la
part... Je parle du Canada, pas nous, là,
«on» exclut la personne qui parle. Mais, si les compétences ont été empiétées
depuis 30 ans, c'est aussi beaucoup après 1982, parce qu'avec le
lac Meech on s'est retrouvés dans une situation, après 1982... mais, après le
rapatriement de la Constitution en 1982, on s'est retrouvés avec un accord
constitutionnel, négocié en 1987, pour faire
adhérer le Québec à la Constitution. Ça a échoué le 23 juin 1990, lorsque
les provinces du Manitoba et de Terre-Neuve n'ont pas donné leur
consentement à temps. Résultat des courses, bien, on s'est retrouvés avec une
position affaiblie, dans ce cadre-là, qui n'était plus vraiment jouable pour la
plupart des gouvernements en poste. La preuve, c'est que ça a reculé plutôt
qu'avancé, même si, à l'époque, on avait des premiers ministres canadiens qui
étaient québécois et qui avaient promis mer et monde pour essayer de changer
ça.
L'avant-dernier
alinéa : «Qu'elle prenne acte qu'à l'intérieur du régime canadien, le
développement social et politique du Québec
est soumis à la primauté de la Constitution du Canada.» Bien là, je ne suis pas
d'accord, en tout cas, je ne suis pas d'accord avec le libellé. Bien, ça,
ce serait sur le fond... sur la forme, mais sur le fond non plus.
Alors, j'ai un
amendement, auquel j'arriverai, puisque mon temps achève, mais je veux quand
même passer à la suite des choses parce que ça se termine en disant :
«Qu'en conséquence, l'Assemblée nationale réaffirme que le peuple québécois est
libre d'assumer son propre destin et de déterminer son statut politique.» Bien,
je parlais de Meech, tout à l'heure, et de l'échec du lac Meech le
23 juin, ce qui a permis à... permis, oui, ce qui a permis aux Québécois d'entendre un Robert Bourassa, aussi... plus
nationaliste qu'il ne l'avait jamais été, dire en cette Chambre... Les historiens
puis les gens qui sont très soucieux des détails vont dire : Non, non,
c'était dans l'autre Chambre, ça, c'était le sablon... salon bleu, mais ça reste la Chambre de l'Assemblée nationale pour le...
pour le moment. Donc, Robert Bourassa avait dit : «Le Québec est, aujourd'hui et pour toujours, une
société distincte, libre et capable d'assumer son destin et son développement.»
Je pense que pas mal tout le monde était
d'accord avec ça et pas mal de monde peut encore être d'accord avec ça, d'autant
plus que, quand je vous parle de la
troisième voie dont il est question, quand je parle d'autonomisme, c'est
effectivement parce que, depuis sept ans, je le disais mais je le répète, il y
a eu des initiatives... des initiatives législatives qui, à mon sens, en
tout cas, ont fait une différence, ne serait-ce que la Loi sur la laïcité de
l'État, la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, dont
je parlais tout à l'heure, la Loi sur l'intégration nationale, qui, à mon sens,
a encore plus de potentiel qu'on ne l'imaginait au moment où on l'a adoptée,
considérant ce qu'on est en train de vivre avec
le monde de l'immigration et les... les suites à tous ces réfugiés, ces
demandeurs d'asile qui continuent d'arriver, le projet de loi
n° 109, qui est à l'étude en ce moment. D'ailleurs, j'y retourne dans
quelques minutes parce que ça aussi, c'est important parce que c'est sur la
découvrabilité. Il y a eu des dispositions de souveraineté parlementaire, il y
a eu l'abolition du serment du roi, il y a
eu l'entente sur la nomination des juges représentant le Québec à la Cour suprême du Canada, il y a eu la
procédure de modification unilatérale provinciale, il y a eu le Comité
consultatif sur les enjeux constitutionnels
du Québec au sein de la fédération canadienne, qui vont nous mener, pour ma
plus grande joie, mon plus grand plaisir et ma plus grande fierté en cette Chambre
depuis sept ans, à la Constitution du Québec, le projet de loi n° 1, qui va nous aider à protéger, renforcer et rassembler les
Québécois et le Québec.
Je
vais vous lire l'amendement et je vais terminer pour conclure, mais
l'amendement, donc, à la motion du chef du troisième groupe
d'opposition, inscrite à l'article 59 du feuilleton, conformément à
l'article 98.1 du règlement :
Que la motion du chef
du troisième groupe d'opposition soit amendée à la manière suivante :
Remplacer,
dans le quatrième alinéa, les mots «soumis à la primauté de la Constitution du
Canada» par «influencé par la législation canadienne et les actions
centralisatrices du gouvernement fédéral, bien que le Québec demeure souverain
dans ses champs de compétence».
J'en fais dépôt, de
l'amendement, Mme la Présidente, et je conclus en vous disant que notre
gouvernement agit pour prévenir les ingérences du fédéral, pour essayer de
travailler pour aller chercher le maximum qu'on puisse aller chercher. Ce n'est
pas toujours facile, mais moi, depuis sept ans, je nous vois à la bonne place,
je nous vois aller à la bonne place. J'ai choisi la troisième voie, pas par
dépit, Mme la Présidente, ni par défaut, je l'ai choisie pour continuer
d'avancer pendant que moi, j'étais encore capable d'avancer. Et je dis ça en
pensant à tous ces gens qui étaient là en 1980,
qui ont subi le Non, à tous ces gens qui étaient là en 1995, qui ont subi
l'échec du Non. Mais il n'y a pas que ça dans la vie, on peut continuer d'avancer, et c'est ce qu'on essaie de faire
depuis sept ans. Et j'ai la ferme intention qu'on est en train de réussir,
parce que, oui, je suis autonomiste, oui, je suis régionaliste, oui, je suis
nationaliste. Vive le Québec!
• (16 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci beaucoup, M. le député. Votre amendement est
déposé sous réserve de la permission de l'auteur de la motion.
Je suis prête, maintenant, à entendre le député
de LaFontaine. Vous avez 12 min 40 s pour votre parti politique.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Puis j'entends le collègue de Matane-Matapédia dire «l'ancien du Bloc». Oui, j'ai voté oui en 1995. Puis
savez-vous pourquoi je suis devenu fédéraliste après le référendum? Parce qu'un
certain Jacques Parizeau avait dit : «Dans le fond, on a été battus par
quoi? Par l'argent et le vote ethnique.» Jacques Parizeau, ce soir-là, est allé
encore plus loin. Il a dit, et je le cite au texte pour le bénéfice du collègue
de Matane-Matapédia, pourquoi ils m'ont perdu ce soir-là : «N'oubliez
jamais, les 3/5 de ce que nous sommes ont voté oui.» Il n'a pas juste dit
«l'argent puis les votes ethniques». Jacques Parizeau, ce soir-là, a porté un
dur coup au projet de la séparation du Québec. Il a dit, et je le cite
encore : «N'oubliez jamais, les 3/5 de ce que nous sommes ont voté oui.»
Fin de la citation. Bien, ce soir-là, Mme la Présidente, ils m'ont perdu. Ce
soir-là, il était clair que le «nous» était exclusif et non pas inclusif, le
«nous» basé sur la chicane, de ce qu'une certaine partie de la population a le
droit de s'autodéterminer, puis les autres, ils ont juste à suivre la parade.
Ils ont juste à suivre la parade, une vision de la politique québécoise qui
fait en sorte qu'on fait très, très, très peu de cas des droits et libertés
fondamentales.
À ce
chapitre, le chef du Parti québécois a ceci en commun avec le chef de la
Coalition avenir Québec, Mme la Présidente, c'est d'avancer en faisant fi des
droits et libertés fondamentals, en utilisant la clause «nonobstant», Mme la
Présidente, en disant qu'ils vont réitérer
ces clauses-là, Mme la Présidente. Et puis ce n'est pas uniquement la Charte canadienne des droits et libertés que
l'on vient bafouer...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) M.
le député, un instant, s'il vous plaît! Oui, M. le député, rappel au règlement?
M. Arseneau : ...impute
des motifs indignes au chef du Parti québécois, de la troisième opposition. Je
vous demande de les retirer.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
J'invite tout le monde et M. le
député à la prudence, et on poursuit, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Et je rappellerai que vous n'avez pas sanctionné
ce rappel au règlement.
Une fois que
j'ai dit ça, Mme la Présidente, c'est un fait de la vie, c'est un fait de la
vie, le chef du Parti québécois a
dit, et je le cite... bien, je le cite, je le paraphrase : L'histoire du
Québec se doit d'avoir un sens. Il nie donc le sens que le Québec a au
sein de la fédération canadienne, un pays que l'on a aidé à construire. On est
au coeur de la fédération canadienne... et qui faisait dire à l'un des proches
collaborateurs de René Lévesque, un des proches collaborateurs de René Lévesque, Mario Polèse, qui a écrit, en 2009,
dans son livre Serions-nous plus libres au lendemain d'un oui?, et je le
cite au texte — Mario
Polèse avait entre autres travaillé avec René Lévesque, lors du référendum de
1980 — pour
étayer les raisons pour quoi voter oui... Il a réalisé par la suite, Mme la
Présidente, et je m'inspire peut-être de son parcours... pour dire que, non,
finalement, ça ne fonctionne pas. Je le cite au texte, en 2009, proche
collaborateur de René Lévesque, je le
cite : «De l'histoire des 50 dernières années, le Québec s'est
transformé, en l'espace d'une génération, en un des peuples les plus
prospères, les plus créateurs et, j'ose le dire, les plus libres de la terre.
Peu de peuples, dont des peuples qui disposent d'un État souverain, ont réussi
un virage aussi spectaculaire.» Page 181, Mario Polèse, Serions-nous
plus libres au lendemain d'un oui?. Ça, Mme la Présidente, c'est un fait
qui a été reconnu par un ancien séparatiste, un ancien péquiste qui était au
coeur même des débats avec René Lévesque et qui a dû faire cet aveu-là, ce
constat-là.
Également, Mme la Présidente, le chef du Parti
québécois... Puis, en passant, je vais compléter ma citation de Mario Polèse,
dans son même ouvrage en 2009, il a dit, et je le cite, page 130 et
131 : «Je trouve l'idée de la nation inachevée hautement blessante. Je
trouve cette vision du monde, la non-souveraineté comme un statut de deuxième classe, franchement moralisatrice. L'option
fédérale est tout aussi noble que celle d'un État-nation souverain. Ce choix,
fait en connaissance de cause, n'est le signe d'aucune affliction
collective.» Fin de la citation.
Alors, Mme la Présidente, quand j'entends le
chef du Parti québécois, et tel qu'il est libellé... telle qu'est libellée la
motion, dire que le coeur de la motion, c'est la démocratie, le coeur de la
motion, c'est la démocratie, quand on dit, au premier alinéa : «Le statut
politique du Québec n'est toujours pas pleinement résolu...» Allo, les
démocrates. Il y a eu deux référendums, les Québécoises et Québécois se sont
prononcés, il faut respecter. Qu'ils veulent en faire un autre, ils en feront
un, s'il prend le pouvoir, puis il y a la Loi sur les consultations populaires,
ils en feront un, il sait où on loge. Mais qu'ils ne viennent pas dire que les
Québécoises et Québécois, Mme la Présidente, participent d'un système où il y a eu deux référendums, ils se sont
prononcés... et ils participent d'un système où le statut politique du Québec
n'est toujours pas pleinement résolu. Ils l'ont résolu puis ils ont voté non
deux fois, Mme la Présidente.
Alors, quand on est démocrate, on reconnaît cet
état de fait là. Que le résultat ne fasse pas leur affaire, je le conçois.
Mais, quand on est démocrate, on ne vient pas dire que la cause n'a pas été
entendue, parce qu'en démocratie la cause a été entendue. Les Québécoises et
Québécois se sont prononcés.
Également, dans le libellé, l'avant-dernier, on
dit : «Qu'elle prenne acte qu'à l'intérieur du régime canadien, le
développement social et politique est soumis à la primauté de la Constitution
du Canada.» Et je sais à quoi ils font référence. Ils font référence, entre
autres, à la Charte canadienne des droits et libertés, mais ne font-ils pas
trop peu de cas de la charte québécoise des droits et libertés, qui est
exactement au même... de la même nature, qui vient sanctionner et qui vient
faire en sorte que l'on a des droits et libertés fondamentales, liberté
d'expression, liberté de se déplacer, Mme la Présidente,
liberté de participer à des débats démocratiques, à pétitionner notre
Parlement, les droits et libertés fondamentales.
Puis la constitution
québécoise est arrivée avant la Constitution canadienne, et elle participe de
la même logique, des mêmes droits et libertés fondamentales, et, souvent,
souvent, souvent, dans ce qu'on a vu, le corpus judiciaire, dans les jugements
qui sont rendus, ils sont rendus, de part et d'autre, à la lumière des deux
chartes, la charte canadienne et la charte québécoise. Donc, quand on dit, Mme
la Présidente, que c'est le régime fédéral qui fait en sorte que nous sommes
limités, bien, c'est à la lumière de la charte canadienne et de la charte
québécoise. Soit, ils devraient le... en prendre compte.
Autre allégué :
«Qu'elle constate qu'à l'intérieur du régime canadien, l'usage du français au
Québec a reculé depuis 30 ans.» Le Québec a les leviers, Mme la
Présidente. C'est sûr que ce n'est pas l'approche comme le projet de loi
n° 96, projet de loi qui est là pour retirer des droits, projet de loi qui
oblige, entre autres, aux nouveaux arrivants... bien, vous devez apprendre le
français dans six mois, sinon vous n'aurez pas les services dans votre langue.
Ça va être exclusivement en français, alors qu'il y a l'incapacité caquiste de
leur offrir des services, Mme la Présidente, de francisation, des cours de
francisation. Le projet de loi n° 96, c'est de la paperasse. Le projet de
loi n° 96 ne vient pas du tout faire avancer la cause
du français.
Un
qui avait compris ça, c'est Robert
Bourassa, qui, en 1974, avec la loi 22
et le gouvernement libéral, avait fait en sorte que le français est la
langue officielle du Québec. Et, plus tard, ça fera dire, dans un article du Devoir,
à Camille Laurin : «Nous n'aurions pas
pu déposer le projet de loi 101 n'eût été de l'électrochoc que Robert
Bourassa avait fait.» Même Camille
Laurin l'avait reconnu que, grâce à l'électrochoc, grâce à cette structure de
cette loi-là, la loi 22, en 1974, le Québec avait pour langue
officielle le français. Bien, ça, c'est libéral, Mme la Présidente. Par la
suite, dans ce même gouvernement là, c'est un gouvernement de Robert Bourassa
qui a fait adopter, à l'unanimité, excusez du peu, la charte québécoise des
droits et libertés, le même... durant le même mandat.
Et, lorsqu'on dit qu'«à
l'intérieur du régime, le développement social et politique du Québec est
soumis à la primauté de la Constitution canadienne», on fait très, très peu de
cas à la vision que je vous ai mentionnée, à laquelle j'ai fait référence, de
Mario Polèse, qui dit : «Écoutez, force est de constater que, dans les 50 dernières
années, le Québec a su faire.» Maintenant,
est-ce que ça veut dire que tout est parfait? Bien non. Est-ce que ça veut dire
que, quand on n'est pas contents, on
doit changer de pays? Non. Quand on n'est pas contents, comme l'a dit notre
chef, Mme la Présidente, quand on est insatisfaits, là, on change le
gouvernement, on ne change pas de pays, puis un pays, on en a un.
La
CAQ et le Parti québécois, c'est blanc bonnet, bonnet blanc, en ce qu'ils
sont... et ça se dit, en cette Assemblée législative, ce sont des mots,
des mots qui respectent le règlement, mais nous considérons que ce sont deux
approches divisives, deux approches qui
divisent les Québécoises et les Québécois, des approches qui créent beaucoup de
chicanes au sein de la société, et ça, c'est un trait commun de
caractère entre le premier ministre et le chef du Parti québécois. La clause
«nonobstant», l'usage de la clause «nonobstant» pour la charte canadienne,
bien, c'est miroir avec la charte québécoise... qu'il n'y a pas plus document québécois que la
charte québécoise des droits et
libertés, Mme la Présidente.
• (16 h 10) •
Et également une
incapacité... En ce sens-là, il y aura des élections l'an prochain. On aura
l'occasion de faire montre que, dans leur ADN, dans l'historique, la CAQ et le
Parti québécois sont incapables de bien gérer les finances publiques. Puis je
l'ai vu, Mme la Présidente, de l'intérieur, quand c'était le gouvernement de
Mme Pauline Marois, qui nous a laissé un déficit de
5 milliards de dollars, qu'on a ramassé. On a amélioré les
services. Je vous dirais, au passage, que,
pendant quatre ans, sous le gouvernement de Philippe Couillard, les délais dans
les urgences n'ont pas cessé de diminuer, pendant quatre ans, et ça,
personne d'autre n'a été capable de le faire.
Alors, les Québécois
étaient doublement gagnants. Nous avions des finances publiques équilibrées et
nous avions de meilleurs services. Aujourd'hui, la gestion péquiste du premier
ministre caquiste fait en sorte que nous sommes doublement perdants. On n'a pas
les services et on est endettés. Il y a eu la décote du Québec, ce qui faisait
dire à Nicolas Marceau, ministre des Finances de Pauline Marois : On s'est
beaucoup trompé, on l'a échappé. Bien, je pense que le ministre des Finances de
la CAQ aurait pu prendre cette déclaration-là à son compte.
Alors, Mme la
Présidente, lorsque l'on voit ce qui est proposé... Puis ils ont le droit de le
proposer. Ils ont le droit de faire en sorte
de dire : Bien, nous, c'est la séparation du Québec. À la lumière de ce
que le Québec a su faire de façon historique, à la lumière de ce que représente
une séparation, une séparation qui, aux dires même de Pauline Marois,
occasionnerait... En novembre 2005, elle l'a avoué : Un Québec
souverain vivrait cinq années de turbulence. On a-tu besoin de ça, de cinq
années de turbulence?
Et elle était
conservatrice dans son analyse. Ce serait bien plus que ça. Les frontières
seraient de facto levées. Il y aurait des frontières, donc, Mme la Présidente,
entre nous et le Canada. Nous devrions aussi tout renégocier dans un contexte
où on fait face, aux États-Unis, notamment à Donald Trump. Donald Trump va
quitter un jour, mais cette approche politique va demeurer. Cette approche
politique va demeurer et pourrait être incarnée par quelqu'un d'autre.
Nous avons des alliés
formidables aux États-Unis. Il faut créer des ponts avec ces personnes, ces
hommes, ces femmes, ces élus, pas seulement
démocrates, celles et ceux aussi, au-delà de l'étiquette politique, qui veulent
travailler main dans la main. Et un Québec souverain ne serait que plus
isolé.
Prenons
conscience collective de l'immense avantage du marché économique canadien et la
force... ce pays-là, cette force
économique là, cette force financière également, une capacité d'action, d'avoir
les pouvoirs de se réaliser, bien, c'est au sein du Canada, notre pays
que nous avons bâti.
Mme
la Présidente, un Québec isolé, un Québec séparé, du voeu même de Pauline
Marois, serait... ferait face à des turbulences additionnelles. Ce n'est
pas ce qui est souhaitable.
Ce qu'on veut, c'est d'avoir une capacité, une
capacité de créer la richesse, la principale garantie, et ça, c'est du grand
Robert Bourassa, de l'épanouissement du français, de la protection de notre
culture, la force du Québec, tout ce qui sont nos
programmes sociaux de notre modèle québécois, de notre société distincte. La
force économique est la principale garante
de cela. Un Québec séparé serait donc diminué. Et c'est pour ça que, le pays
que nous avons bâti, on veut, nous,
sous le leadership d'un Québec, prendre notre place puis l'emmener plus loin.
C'est ça, le Parti libéral du Québec, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
La parole est à vous, monsieur.
M. Alexandre
Leduc
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente.
J'aimerais prendre les cinq minutes qui me sont attribuées pour parler de la
méthode, de la forme. J'ai écouté, évidemment, les présentations de mes
collègues précédents. J'ai écouté la présentation de ma collègue la cheffe parlementaire de Québec
solidaire sur tout l'aspect de l'assemblée constituante, l'importance de
consulter. Puis je pense qu'on a en ce moment un débat intéressant au Québec et
un exemple patent de ne quoi... de quoi ne pas faire. Et ici, je prends
l'exemple de la Constitution, du projet de loi n° 1
du gouvernement. C'est probablement le contre-exemple le plus parfait de
quoi ne pas faire en matière de consultation et de forme sur l'avenir du
Québec.
En nous soumettant un
texte constitutionnel qui a été rédigé derrière des portes closes par une
petite élite, sans consultation, c'est exactement
le «playbook», si vous me permettez la bonne expression québécoise, d'exemple
parfait de quoi ne pas faire.
Et j'ai eu la chance d'être un délégué de mon
parti à l'époque, au référendum écossais, en 2014. J'ai été aussi délégué de
mon parti aux élections préréférendaires de la Catalogne, en 2015, l'année
suivante. Et j'ai pu observer l'efficacité d'une méthode alternative,
donc une méthode où est-ce qu'on prend le temps de travailler avec les gens de
la population, où est-ce qu'on prend le temps d'imaginer le futur ensemble.
Pourquoi je vous dis
ça, Mme la Présidente? Parce que mon interprétation... il y a toutes sortes de
raisons pour lesquelles les deux précédents référendums ont échoué, mais je
pense que notre adversaire principal, c'est la peur, la peur de l'inconnu, la
peur de la suite, la peur de la page blanche.
On
le sait bien, M. Parizeau avait ses fameux cartables qui étaient prêts
pour l'après-indépendance, mais on l'a su
après le référendum que ces cartables-là existaient, et évidemment, on a vu le
contenu après le référendum. Ce que je soumets puis ce que nous
soumettons, à Québec solidaire, comme démarche avec l'assemblée constituante,
c'est que toutes ces discussions-là auraient
beaucoup plus intérêt à être faites avant et viendraient combattre cette peur
de l'inconnu, cette peur de la page blanche.
Je
vous réfère, encore une fois, donc, à mon expérience en Écosse en 2014, où ils
avaient travaillé, au gouvernement, ce qu'ils appelaient le petit... en
écossais, ils disent le... le «Wee Blue Book», le petit livre bleu, bleu étant,
évidemment, la couleur du drapeau écossais, étant la couleur nationale là-bas.
Le petit livre bleu, c'était comme un peu la bible de référence sur à quoi
allait ressembler l'Écosse indépendante après le référendum. Il y avait des
réponses sur à peu près tous les enjeux,
c'était vraiment un document impressionnant : sur la question de la
monnaie, de la télévision nationale, de l'économie, la question de la
place des femmes dans la société, de la justice. Tous les aspects de la gestion
d'un État, d'un État normal, d'un État indépendant, étaient abordés. Et
évidemment on voyait ce qu'était la situation de l'Écosse... je ne peux même pas dire «comme province», ce
n'est même pas tout à fait une province, une espèce de semi-État, à peine
fédéré, à l'intérieur du Royaume-Uni, et on voyait donc ce que ça pouvait
devenir.
Ce
document-là avait été travaillé, bien sûr, avec plusieurs secteurs du... de la
société civile. Ce n'était pas quelque chose qui avait été sorti d'un chapeau
du parti politique qui était aux commandes là-bas. Et ça a été utilisé de... vraiment
de manière très organique par le mouvement,
c'est-à-dire que, quand il y avait des gens qui, d'une tendance ou d'une autre,
d'une région ou d'une autre, voulaient
s'activer, contribuer à la campagne référendaire et qui voulaient, mettons,
s'impliquer sur un aspect
particulier, bien, il y avait quelque chose à aller chercher dans ce livre-là,
dans le petit livre bleu de l'Écosse, pour donner un peu de chair à ce
qu'allait devenir le projet d'indépendance de l'Écosse. Et je pense que c'est
quelque chose qu'on n'a pas fait au Québec, ni en 1980, ni en 1995, et qu'on
gagnerait à faire.
Là,
évidemment, nous, à Québec solidaire, on propose de faire la constituante en
amont, de le faire d'abord. Je sais que
ce n'est pas tout à fait la position de mes collègues du Parti québécois. Je
leur soumets quand même que l'expérience écossaise, à défaut de faire une constituante, est révélatrice
de l'intérêt, de l'intérêt de travailler en amont avec des partenaires, de dégager le plus possible de perspectives d'à
quoi va ressembler le pays d'après. Des fois, on se fait dire : Ah! bien,
à QS, vous voulez barrer le pays à gauche. Non, ce n'est pas ça qu'on veut
faire, puis ce n'est pas ça, l'objectif d'une assemblée constituante. Au contraire, c'est que la société
puisse discuter, puisse échanger et dessiner les contours des grands consensus
de société que sera appelé... sur lesquels on sera appelés à voter.
Et, là-dessus, il y a
vraiment un intérêt stratégique, je dirais, un intérêt militant à aller faire
ça parce qu'on combat la peur là où, je pense, elle est la plus intrinsèque,
c'est-à-dire : Est-ce que ma situation va s'améliorer? Est-ce que le
Québec va s'améliorer? Dans quelle société je vais me ramasser? Est-ce que je
suis en train de signer un chèque en blanc
en votant oui? C'est peut-être ça qui est notre principal adversaire, à nous,
les indépendantistes, peu importe notre couleur, notre saveur, c'est cette crainte du chèque en blanc et de la
peur, qui est facilement mobilisable par nos adversaires.
Alors, c'est une
proposition qu'on fait, l'assemblée constituante, mais, au-delà de ça, il y a
peut-être le petit livre bleu écossais qui peut nous inspirer pour aller dessiner
les contours, le plus possible, de ce futur Québec, qui est à bâtir tout le
monde ensemble. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le
député d'Arthabaska.
M. Alex Boissonneault
M. Boissonneault :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, je suis vraiment heureux d'être ici
aujourd'hui pour avoir cette discussion-là.
Franchement, je trouve que c'est une discussion qui est fondamentale dans le destin
d'un peuple que de savoir de quelle
façon on peut atteindre notre liberté. Moi, évidemment, je suis
indépendantiste, mais j'ai bien écouté aussi les arguments de mes
adversaires. Je trouve ça fondamental d'avoir la discussion puis je trouve ça
franchement aussi motivant, parce que ce que
je constate, lorsque j'écoute mes collègues fédéralistes, c'est qu'au bout du
compte les arguments n'ont pas tellement changé depuis 1995.
• (16 h 20) •
On se souvient de
1995 comme de ce moment d'une... de défaite où la peur avait été énormément
utilisée comme argument. J'ai l'impression
qu'on est encore beaucoup là-dedans. J'entends des gens qui me servent des
arguments depuis... depuis les dernières années, je dirais même depuis
1995, où on dit : Bien, les Québécois ne veulent plus de référendum, ce sont des vieilles chicanes, on ne
veut plus de ça, les Québécois se sont déjà prononcés, les Québécois ont
d'autres priorités. J'entends rarement des gens me dire de quelle façon la
fédération canadienne nous sert au Québec, de quelle façon ça a été un
avantage, pour le Québec, que d'être à l'intérieur de cet ensemble canadien.
Moi, je peux vous
dire que j'avais 16 ans au moment du référendum en 1995. Je ne me suis pas
exprimé. Donc, lorsqu'il y aura cette prochaine consultation populaire, que
l'on souhaite au Parti québécois, je ferai partie de cette moitié de la population qui n'a pas pu parler, qui
n'a pas pu exprimer sa voix dans ce choix fondamental pour une collectivité.
Puis
je suis aussi d'avis, comme ma collègue la députée de Terrebonne, que
l'indépendance d'un peuple, c'est un processus qui est long. Pour
l'Irlande, ça a pris des siècles. Pour les États-Unis, ça faisait des années
qu'il y avait une tension avec la
Grande-Bretagne avant leur lutte pour l'indépendance, avant qu'ils décident,
eux, à ce moment-là, de prendre les armes pour leur liberté. Au Québec
aussi, le processus est long, mais les arguments sont toujours là.
Parce que qu'est-ce
qui a changé, au fond, depuis 1995, Mme la Présidente? Il y a eu une loi sur la
clarté. On n'a toujours pas signé la Constitution qui nous a été imposée en
1982. L'idée des deux peuples fondateurs est morte et enterrée. Je pense que
c'est assez clair. On a dévalorisé systématiquement le Québec dans ses prises
de décision avec un État fédéral qui est de plus en plus centralisateur, de
plus en plus prédateur. On nous a imposé une immigration incontrôlée, avec les
conséquences que ça peut avoir dans une... dans une position pour le Québec, où
on n'a pas notre mot à dire et où on doit
assumer ces conséquences. Si on regarde un peu le portrait démographique, la
population du Québec, la part de la population du Québec, à l'intérieur du
Canada, est passée de 25 % à 22 % depuis 1995, donc, au Canada.
La part de francophones au Canada est passée
de 30 % à 21 % depuis 30 ans, au Québec, si on parle de la
langue maternelle, 82 % à 78 % environ.
Et là ce qu'on nous
sert comme argument pour nous dire qu'on devrait avoir tourné la page, du côté
du Parti libéral, entre autres, c'est, encore
une fois, que le Québec serait isolé, ce seraient des turbulences économiques,
vous avez entendu notre collègue en parler, autre collègue du Parti libéral qui
a dit que les États-Unis ne s'abaisseraient pas à négocier un traité de
libre-échange avec le Québec, souvent, des arguments qui nous rapetissent, qui
font du Québec un peuple moins important que les autres, on dirait, alors que
moi, s'il y a une prise de conscience que j'ai eue au cours des dernières années, c'est cette idée que les
Québécois ne sont pas meilleurs, mais ils ne sont pas moins bons que les autres.
On a un peuple, au Québec, qui est à peu près de la taille de la Belgique, de
l'Autriche, de la Norvège, l'Irlande, même plus
grand en termes de population, puis, en termes de territoire, beaucoup plus
grand, avec les ressources qui vont avec.
Donc,
jamais un fédéraliste, au cours des dernières années, malgré tout ce qui s'est
passé, n'a pu me convaincre que les Québécois ne seraient pas en mesure de
faire ce que tous les autres peuples ont voulu faire. Je me souviens de Félix Leclerc qui disait : «Il n'y a rien de
plus beau que l'indépendance d'un peuple, c'est tout ce que souhaite un peuple.»
Il disait : Toutes les guerres sont faites pour celui qu'on n'a pas...
pour voler celui qu'on n'a pas ou pour garder celui qu'on a. Les peuples de la planète aspirent à l'indépendance, et, oui,
il y a un destin collectif qu'on essaie de trouver ici.
Donc là, on va avoir
un choix, lors de la prochaine consultation... en fait, il va y en avoir
trois : le défaitisme de la CAQ, parce
que, souvent, c'est l'argument, la CAQ qui a fait 21 demandes au
gouvernement fédéral, il n'a jamais eu... jamais été capable de faire un
gain; la canadianisation du Québec avec le Parti libéral, son... sa soumission
à Ottawa, moi, je me souviens encore de
Philippe Couillard qui disait qu'être Québécois c'est notre façon d'être
Canadien; ou ce qui m'apparaît être la suite logique pour un peuple, le
choix de la liberté, le choix de l'indépendance. Tout ce que j'espère, lorsque le moment sera venu de se donner
le droit d'écrire, par et pour nous-mêmes, les prochains chapitres de notre
histoire, c'est qu'on pourra se rassembler
autour de cette idée, que de choisir la liberté, c'est une fin en soi puis
c'est un progrès en soi.
Et
là je tends ma main à ces autres indépendantistes qui, parfois, peuvent avoir
des doutes, se dire que l'indépendance devrait
être un peu plus à droite ou un peu plus à gauche, et qui, pour cette raison,
parfois, ont l'intention... ou mettent une condition à l'idée de
l'indépendance. J'ai l'impression qu'il faut toujours se rappeler que le projet
indépendantiste est un projet rassembleur, que la souveraineté est un projet
rassembleur. Il s'agit seulement de se choisir nous-mêmes. J'espère que c'est
le choix qu'on va faire. Merci. Vive le Québec!
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le
député... attendez, de Chauveau, s'il vous plaît. La parole est à vous.
M. Sylvain
Lévesque
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. C'est toujours un sujet stimulant à parler, sujet...
Quand on parle de l'identité du Québec, nécessairement, c'est un sujet qui a
fait la manchette de l'actualité politique des 50 dernières années, c'est un sujet
incessant. Alors, il ne faut pas se surprendre quand le député d'Arthabaska
nous dit : On a l'impression d'entendre les mêmes arguments. C'est
certain, c'est un sujet qui a été débattu à chaque campagne depuis 1970, au minimum, jusqu'à, au moins, 2018.
Et aujourd'hui le Parti québécois le ramène, et, de parler d'il y a
30 ans, c'est un moment qu'on ne peut oublier.
Moi, j'ai pu voter, en 1995. J'habitais à
Gatineau — à
l'époque, c'était Hull — et
je traversais à tous les jours la rivière des Outaouais pour aller faire mon
petit tour à l'Université d'Ottawa. Et j'ai vécu cette journée du référendum de 1995 avec les Ontariens qui étaient sur le
pont, King Edward, donc, traversaient puis nous disaient : «We love you.»
C'est un moment qui était quand même
marquant, pour un jeune que j'étais. C'était mon troisième vote et, à cette
époque-là, c'était assez clair pour
moi, là. On parle des jeunes et de l'indépendance. Probablement que... ça, ce
n'est pas un sondage scientifique, mais, à vue de nez, c'était
probablement autour des appuis de 75 %, 80 % chez les moins de
25 ans, à cette époque-là, là. Ça fait que c'était évident qu'il y avait
un appui fort.
Mais, malgré tout, le résultat a été extrêmement
décevant pour plusieurs. Mais il faut prendre acte du résultat, Mme la
Présidente. Et a été perdu par, quoi, 25 000... 50 000 votes, 25 000,
aurait pu faire une différence, on le sait, tout
ça. Puis j'ai écouté le documentaire, d'ailleurs j'invite tous les Québécois
qui ne l'ont pas vu... le documentaire Point de rupture,
qui est très intéressant, qui nous rappelle cette époque-là.
Mais chose certaine, depuis 1995, il y a
30 ans, il y a eu plusieurs gouvernements qui se sont succédé et, sur le 30 ans, il y a eu neuf ans de gouvernement du
Parti québécois, il y a eu maintenant sept ans de la Coalition avenir Québec,
et le reste a été occupé par le Parti
libéral, puis, à toutes les campagnes électorales, il y avait toujours une
formule différente des chefs du Parti québécois pour dire : On
n'ira pas de l'avant. Il faut quand même que je donne quand même ça au chef du
Parti québécois, il est clair, il est transparent, on sait vers où qu'il veut
aller. Ça, il faut le donner. Mais je me rappelle Lucien Bouchard qui nous
parlait des conditions gagnantes pour qu'il y ait un prochain référendum, les 1 000 jours de Bernard Landry, il y
avait la boîte à outils d'André Boisclair, la gouvernance souverainiste de
Pauline Marois, puis au mieux, après,
là, ce n'était pas grand-chose. Il y a eu le petit poing levé, à un moment
donné, mais il n'y a pas eu grand-chose. Tu sais... On va refaire un
pays. On s'en rappelle tous.
Mais je pense
que cette motion-là d'aujourd'hui, elle est intéressante pour le Parti
québécois parce qu'elle va leur permettre de remettre à jour
l'argumentaire du Parti libéral. J'écoutais mes collègues, tout à l'heure, de Mont-Royal—Outremont et de
LaFontaine. C'est une bénédiction pour eux, là. Mme la Présidente, c'est la
bonne vieille... le bon vieux débat d'il y a 50 ans qui continue, qui va
peut-être reprendre, là, le fameux débat où on parle du Oui et du Non. C'est facile, on met un côté, là... c'est très
bicéphale, là : Je suis un Oui, je suis un Non, je suis un Oui, je suis un
Non... Les arguments, c'est les mêmes. Ils sont bien dits, par exemple.
Aïe! On a eu deux députés très dynamiques, là, puis qu'on le sent, là, c'est la
vieille marmite qui revient. Aïe! On va rebrasser la même soupe.
Il y a des
ténors souverainistes qui leur disent, au Parti québécois, que ce n'est pas le
moment à cause... bien, je comprends, les sondages ne sont pas là. Puis
on ne gouverne pas rien que pour des sondages, je peux comprendre ça aussi, mais on ne sent pas cette flamme-là. Quand
Lucien Bouchard dit : C'est-tu une bonne idée?, quand un gars comme
Régis Labeaume dit : C'est-tu une bonne idée?, bien, la question se pose.
Mais c'est leur stratégie, et je la respecte, là. Sincèrement, s'il y avait un argument que je suis très sensible, à la
motion... quand ils disent que «l'Assemblée nationale réaffirme que le peuple québécois est libre
d'assumer son propre destin et de déterminer son statut politique», tout le
monde est d'accord avec ça, à part quelques personnes qui pourraient
avoir une vision extrême.
• (16 h 30) •
Donc, le
Parti libéral est bien content, Mme la Présidente, il réembarque dans ses
bonnes vieilles bottines, bottines de guerre. Aïe! Ça, là, on maîtrise ça, ce
sujet-là, on le connaît par coeur. Là, ils vont nous parler des Rocheuses, ils
vont nous parler des chutes Niagara. On va tout perdre ça. Sincèrement,
là, ça va être spécial. Peut-être qu'on va vivre ça, peut-être, mais là les
péquistes, de leur côté, ils vont avoir besoin d'amis, là, ils vont avoir
besoin de la gang, peut-être, de Québec
solidaire, qui se disent indépendantistes, mais qu'on pourrait leur poser la
question : Est-ce qu'ils veulent un Québec de centre droit, est-ce
que tu serais à l'aise avec ça, ou ils préfèrent un Canada de gauche?
Demandez-le pas à chaque membre de Québec solidaire, vous pourriez avoir des
surprises. Il y en a qui préfèrent le Canada de gauche, là. Tu sais,
l'indépendance, là... Puis là, en plus, ils vont s'obstiner sur la méthode.
Parce que la méthode, dans certains cas,
c'est une constituante, là, il faut s'obstiner sur comment on fait ça, comment
il va être fait, notre Québec, avant. Parce qu'avant de signer l'indépendance du Québec il faut que je sache comment
je vais faire ça. Aïe! Tabarouette! On n'est pas sortis de l'auberge. Ça
fait qu'on va regarder comment ça va se passer.
Puis on nous parle, on nous parle d'une approche
divisive... divisive de la CAQ, l'approche divisive, parce qu'on fait des revendications auprès du
gouvernement du Canada, parce que c'est là que je veux m'en aller aussi après,
là, l'approche divisive, parce que la CAQ a osé, Mme la Présidente,
demander certains éléments au gouvernement fédéral. Puis je suis capable de
vous démontrer qu'il y a eu des avancées. Ce n'est pas vrai que c'est zéro.
Est-ce que c'est tout? Bien non. C'est long, faire avancer un peuple. Puis même
un Québec indépendant n'aurait pas tout non plus demain matin, là, soyons bien
honnêtes. Mais, quand on parle d'une approche divisive, je préfère, et de loin,
Mme la Présidente, une approche revendicatrice, qui est... qui a des obstacles
devant elle, à une approche aplaventriste des libéraux.
Tu sais, c'est sûr que, si tu ne demandes rien, tu n'auras rien, tu ne te feras
pas dire non. Tu vas avoir des gros, gros... des gros défis, tu
n'avanceras pas, tu n'auras pas d'avancées. Bon, mais d'affirmer ça, ce n'est
pas le cas.
En même temps, l'approche de faire un référendum
futur, moi, je reconnais au Parti québécois le droit de le proposer, ça fait
partie de leur programme électoral depuis toujours, mais il ne faut pas non
plus tomber dans l'excès en pensant que tout va régler tout. Tu sais, des fois,
tu as l'impression, là... Parce que la motion, c'est ce qu'elle dit, je m'adresse à mes collègues du Parti québécois :
«...le poids politique et démographique du Québec a diminué...» Oui, le Parti
québécois, tout comme la CAQ, propose de réduire les seuils d'immigration. Mme
la Présidente, vous savez, l'approche des fédéralistes,
du Canada, qui est d'accueillir des centaines et des centaines de milliers de
personnes au Canada. Est-ce que le Québec,
qui a une approche différente... Est-ce que cet élément-là, le fait que le
Canada l'a augmenté de façon massive, il est clair que nous autres, on
ne veut pas maintenir ce poids-là avec cette condition-là? Bien, demain matin, là, retirer le Québec de la donne avec le
Canada, notre poids par rapport aux alliés autour de nous, il ne sera pas plus
gros, là. Donc, à un moment donné, il y a des aspects théoriques dans tout ça qui
ne me plaisent pas.
Puis là je veux vous
parler, parce que je vois, le temps file, j'aurais long à parler, j'ai beaucoup
de plaisir à discuter de ce sujet-là, vous parler de quelques éléments. Parce
qu'un des éléments que le chef du Parti québécois nous a dit tantôt, c'est que
le Canada se bat sans nous. Donc, autrement dit, ça n'avance pas ici, c'est un
peu ce que j'en comprends, là, mais il y a eu beaucoup d'avancées depuis
quelques années, Mme la Présidente.
Une des initiatives
très, très fortes, c'est évident, je suis fier, d'ailleurs, d'être adjoint
parlementaire du ministre, c'est la Loi sur la laïcité de l'État. Le Québec a
apporté une vision qui est unique en Amérique du Nord, inspirée d'une vision de
l'Europe. Puis toute cette législation-là s'est faite dans le contexte qu'on a
actuellement. Donc, c'est possible de le faire.
Il
y a eu la Loi sur l'intégration à la nation québécoise. Il y a eu évidemment les
avancées sur la langue française, le
projet de loi n° 96, qui est une continuité de la loi 101 puis, oui,
la loi 22 du Parti libéral, pas d'enjeu là, là. Il y a toutes... il y a
plein de dispositions qui ont été faites pour protéger la souveraineté parlementaire
dans le cadre canadien. On a été capable d'utiliser, de reconduire et d'imposer
des règles de disposition dérogatoire
à la Loi de la laïcité, notamment, qui a été reconduite en 2024.
L'abolition du serment du roi.
Il y a une
proposition, actuellement, de constitution québécoise qui est sur la table.
Bon, il y a des obstinages là-dessus, mais, clairement, le Québec est capable
d'affirmer beaucoup de choses via une constitution, via des chartes également.
Donc, est-ce que le
Québec est prisonnier? Non. On est capable de faire beaucoup. Il y a eu des
ententes sur la nomination des juges faites entre... que le premier ministre
recommande des nominations à la Cour suprême du Canada. D'ailleurs, le Pr Patrick Taillon, que tout le monde connaît
ici, nous parle d'une entente bilatérale administrative Québec-Canada, la plus importante depuis celle sur
l'immigration du premier gouvernement de René Lévesque. Puis évidemment,
sans oublier que notre gouvernement a modifié des éléments de la Constitution canadienne de façon unilatérale.
Donc,
voyez-vous, il y a des aspects qu'on peut faire... beaucoup qu'on peut faire.
Le débat est là, mais, Mme la Présidente, chose certaine, j'espère que
le Parti québécois va envisager appuyer la motion de mon collègue député de
Saint-Jean tout à l'heure... l'amendement, pardonnez-moi, et que nous pourrons
voter ensemble sur cette résolution, cette motion, aujourd'hui, mais, Mme la
Présidente, chose certaine, on est en train de retourner vers ce bon vieux
débat que nous avons depuis 50 ans, et ce que... le problème que nous
risquons de vivre, c'est qu'un troisième non à un référendum pourrait être
désastreux pour la nation québécoise. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Jean-Talon. Et je
vous rappelle qu'il vous reste, pour votre groupe parlementaire,
2 min 26 s.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis :
La motion d'aujourd'hui illustre pourquoi le peuple québécois doit se tenir
debout, assumer son destin, devenir un
peuple d'un pays indépendant, notamment parce que les autres... les
alternatives comportent des risques, des risques pour le poids politique
et démographique du Québec à l'intérieur de la fédération, pour l'usage du français,
pour les empiétements du gouvernement fédéral dans nos champs de compétence,
parce que nous allons continuer à être
soumis à la Constitution canadienne, qui est un carcan pour l'épanouissement du
peuple québécois. C'est ça, les risques, et les alternatives dont on entend
parler aujourd'hui, ce sont des alternatives qui vont nous mener vers l'échec,
vers le Québec qui perd, alors que l'indépendance, c'est le Québec qui
gagne.
D'un côté, le député
de Chapleau nous rappelle ou essaie de nous dire que la troisième voie, elle
est jonchée de gains, et pourtant il évite soigneusement de mentionner les
21 demandes de 2015 de la CAQ, dont aucune n'a été réalisée, aucune, zéro. On a fait une interpellation ici le
25 avril dernier, on a fait le bilan, zéro, il n'y en a aucune. Il nous
parle de deux projets en cours. La
nomination des juges, ce n'est pas fait et ça n'arrivera jamais, la
constitution fédéraliste et caquiste, présentée par le ministre de la Justice,
qui est un projet en cours, c'est ça, les gains de la troisième voie. La
troisième voie caquiste, c'est comme le troisième lien caquiste dans la région
de Québec. Ça n'arrivera jamais, c'est de la fumisterie électoraliste.
L'autre voie, c'est celle de continuer dans le régime fédéral dont on a parlé
tout à l'heure.
Et j'aimerais, dans
les quelques secondes qu'il me reste, parler de la vision internationale du
Québec. Moi, pendant 25 ans, j'ai vu le Québec exceller, briller à
l'échelle internationale, et ce que je veux, ce n'est pas qu'on soit une province distincte, c'est qu'on soit un pays
comme les autres, et un pays comme les autres, ça a tous les outils de sa
diplomatie internationale et ça va réussir à signer des accords de
libre-échange avec tous les pays du monde, y compris notre voisin au sud. Il faut arrêter de penser que, si plein d'autres
pays du monde sont capables de faire ça, nous, on n'est pas capables de le faire. Ça nous prend les outils
de la diplomatie internationale. Aujourd'hui plus que jamais, l'alternative, c'est
le Québec qui diminue à l'intérieur de la fédération canadienne. Choisissons
l'indépendance.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant... Vous
n'avez plus de temps pour votre formation politique. Il reste maintenant
9 min 53 s pour la partie gouvernementale, et je cède la parole
au ministre de la Justice.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme
la Présidente. Écoutez, ça me fait plaisir d'intervenir sur la motion du député
de Camille-Laurin.
• (16 h 40) •
Mme la
Présidente, d'entrée de jeu, je dois dire que j'ai une profonde déception, une
profonde déception, Mme la Présidente, de l'attitude du Parti québécois,
Mme la Présidente. Je suis déçu, Mme la Présidente, parce que je me serais
attendu à davantage de leur part, d'un parti qui veut la souveraineté du
Québec, d'un parti qui est supposé défendre les compétences du Québec, qui est
supposé défendre l'Assemblée nationale, qui est supposé défendre les
prérogatives du peuple québécois, Mme la Présidente.
Or, tout ce que j'entends, Mme la Présidente,
depuis plusieurs semaines, Mme la Présidente, de la part du chef du Parti
québécois puis de la part de son groupe parlementaire, c'est qu'on est soumis
au gouvernement fédéral, qu'on est soumis au Canada, que cette Assemblée
nationale là, elle est limitée, elle est contrainte, Mme la Présidente. Voyons donc! On vient renier 55 ans d'histoire du
Parti québécois, Mme la Présidente.
On vient renier les prérogatives
qu'on s'est données ici, à l'Assemblée nationale. On vient renier le
travail de vos prédécesseurs en se disant : Mme la Présidente, on ne
défendra pas la nation québécoise tant qu'on ne sera pas souverains.
Bien, nous,
ce n'est pas ce qu'on choisit, Mme la Présidente. On choisit d'agir, d'avoir
les outils et de pousser les compétences du Québec au maximum, Mme la
Présidente. Parce que, si le Parti québécois veut faire la souveraineté, c'est leur option. C'est une option qui est
légitime. Cependant, Mme la Présidente, ce sont les Québécois qui vont choisir.
Si les
Québécois choisissent de ne pas faire la souveraineté, comme ils l'ont fait à
deux reprises, Mme la Présidente, est-ce que ça signifie qu'on arrête de
travailler dans la fédération dans laquelle on est? Est-ce que ça signifie
qu'on se croise les bras? Est-ce que ça signifie qu'on ne se bat pas pour nos
compétences, qu'on ne se bat pas pour notre nation, qu'on ne se bat pas pour notre peuple, qu'on ne se bat pas pour avoir
davantage de pouvoir, pour être reconnus sur la scène internationale, Mme la Présidente? Non, Mme la
Présidente. On n'arrête pas. On ne s'assoit pas puis on n'arrête pas de
dire : Ah! bien, quand on va être souverains.
Mme la Présidente, si le Parti québécois veut
bâtir un pays, il devrait commencer à travailler dès maintenant, à prendre
chaque pouce qui revient au Québec, Mme la Présidente, et à faire croître les
compétences du Québec plutôt que d'être dans des gestes de rupture et de dire
aux Québécois : Bien, quand vous allez comprendre, Mme la Présidente. Mme la Présidente, on peut défendre les intérêts
du Québec sans être souverains, et c'est ce qu'on fait, Mme la Présidente.
Et la troisième voie qu'on a choisie, l'approche
que nous prenons, c'est d'occuper tout l'espace qui nous revient et de grandir, Mme la Présidente. Et voyez ma
déception. Lorsque vous avez une formation politique comme la nôtre, comme la
CAQ, qui propose ça, Mme la Présidente, bien, le Parti québécois dit :
Non. Non, moi, je n'embarque pas là-dedans. Non,
moi, c'est la souveraineté ou ce n'est rien pantoute. Moi, c'est la politique
de la chaise vide. C'est ça qu'ils proposent, Mme la Présidente. C'est
un gâchis. C'est un gâchis, Mme la Présidente, parce que, plutôt que d'aller
dans les coins, plutôt que de dire : Écoutez, à la nation québécoise, on
va défendre notre langue, on va défendre notre identité, on va défendre la
laïcité, on va se doter de tous les outils à notre portée, qu'ils soient
constitutionnels ou juridiques, pour faire avancer la nation québécoise, c'est
la politique du renoncement, la politique du dépit, la politique de
l'imaginaire, Mme la Présidente.
Et on a eu une illustration récemment, hein? La
Loi sur la laïcité, c'est une bébelle, pour le PQ. La loi n° 96,
Mme la Présidente, qui renforce le français, c'est une bébelle, pour le PQ. La
Constitution du Québec, Mme la Présidente,
c'est une bébelle, Mme la Présidente. C'est ça, leur approche. On propose des
gains réels pour les Québécois, pour défendre l'intégrité territoriale, pour
défendre la langue française, pour défendre les valeurs québécoises, pour
défendre l'égalité entre les hommes et les femmes, pour défendre le droit à
l'avortement des femmes ici, alors qu'il est attaqué, et le Parti
québécois dit : Ah! c'est une bébelle, Mme la Présidente.
Les Québécois, ce qu'ils veulent, c'est qu'on
prenne fait et cause pour eux et qu'on soit concrets, qu'on soit pragmatiques.
Mme la Présidente, j'invite mes collègues à arrêter d'être dogmatiques et à
écouter les Québécois.
Et, vous
savez, le débat d'aujourd'hui, ça nous permet d'être comme dans le film avec
Michael J. Fox, là, Retour vers le futur, Mme la Présidente, entre les
deux vieux partis, hein? Le vieux couple qui se retrouve après une séparation,
Mme la Présidente, puis ils retrouvent leurs pantoufles, Mme la Présidente, là.
Oui, oui, oui! Non, non, non! Oui, oui, oui!
Non, non, non! Ils sont contents, Mme la Présidente, ils sont faits pour aller
ensemble. Mais ils ne sont pas faits pour aller avec les Québécois, Mme la
Présidente. Les Québécois, ils sont tannés des vieux partis. Ils sont tannés du
statu quo libéral. Ils sont tannés, Mme la Présidente, du Parti
québécois, qui n'écoute pas les Québécois, Mme la Présidente. Les deux
formations politiques, Mme la Présidente, que ce soit le Parti libéral du
Québec, succursale du Parti libéral du Canada, avec son chef, hein, qui est le responsable du
bureau régional, selon... le Parti libéral du Canada, hein, le bureau
régional du Québec, pour le PLQ. Puis on a le chef du Parti québécois puis le Parti
québécois qui nous amènent dans une paralysie politique complète, Mme la
Présidente, complète. Ils veulent retourner, Mme la Présidente, là, avec leurs
vieilles pantoufles en Phentex, Mme la Présidente, puis reproposer la même
affaire aux Québécois. Les Québécois, ils vous ont dit : C'est assez,
faisons avancer le Québec. Mme la Présidente, on devrait travailler tous
ensemble pour faire avancer le Québec.
Puis là j'ai
été surpris tantôt, j'étais dans l'antichambre, j'ai entendu le député de LaFontaine,
Mme la Présidente, se prononcer. Le
député de LaFontaine nous dit : Le statut politique du Québec, il
est résolu. Ah! bien là, j'ai été surpris, Mme la Présidente, parce que,
la semaine passée, j'avais écouté le chef de la succursale du Parti libéral du
Canada, M. Pablo Rodriguez, Mme la
Présidente, qui nous a dit : Moi, je signerais la Constitution comme ça.
Puis là, finalement, la cheffe de l'opposition officielle, elle l'a
regardé, puis là il a compris qu'il avait fait une erreur puis que ce n'était pas ça, la position du Parti libéral du Québec, c'était
peut-être celle du Parti libéral du Canada, puis là il a dit : Ah oui!
Non, non, finalement, il y a des conditions pour signer, là, la Constitution,
là, de 1982. Puis là le député de LaFontaine, ancien chef de l'opposition
officielle, vient nous dire : Le statut politique du Québec, il est
résolu.
Un instant, Mme la Présidente! Tous les
gouvernements libéraux, jusqu'à maintenant, Mme la Présidente, avaient reconnu,
depuis le rapatriement de la Constitution de 1982, que les conditions n'étaient
pas rencontrées et que le statut politique du Québec n'était pas réglé.
J'espère que le Parti libéral du Québec va s'amender. Au moins, le Parti
québécois le reconnaît, que le statut politique du Québec n'est pas réglé.
Est-ce que le Parti libéral du Québec reconnaît qu'il y a un enjeu, Mme la
Présidente, qu'on n'a pas signé la Constitution? La députée de Mont-Royal—Outremont, elle-même a voté une motion, la semaine dernière, qui
reconnaissait qu'on n'allait pas signer la Loi constitutionnelle de 1982.
Alors, le statut, il n'est pas réglé.
Mme la Présidente, la députée de Mont-Royal—Outremont souhaite avoir un troisième référendum, souhaite
rentrer dans la logique du Parti québécois, Mme la Présidente, souhaite faire
ensemble, là... d'avoir deux autobus, le camp
du Oui, le camp du Non, puis là on part en tournée, Mme la Présidente. Ce n'est
pas ça que les Québécois veulent. Les Québécois veulent qu'on avance
puis qu'on trouve des solutions, comme on le propose avec la troisième voie,
Mme la Présidente.
On a fait des
avancées significatives. Que les Québécois et Québécoises forment une nation,
Mme la Présidente, c'est inscrit dans notre constitution et,
accessoirement, dans la Constitution canadienne, Mme la Présidente. Et ça, ça
nous donne des outils juridiques et constitutionnels pour le faire, Mme la
Présidente, lorsqu'on a des dossiers litigieux devant les tribunaux. Si on ne
se définit pas nous-mêmes, Mme la Présidente, comment voulez-vous que les
autres nous perçoivent et nous définissent, Mme la Présidente? On ne doit plus
attendre après personne pour avancer, on doit prendre toute la place qui nous
revient. Mais, si j'écoute mes aimables collègues du Parti libéral et du Parti
québécois, bien, on ne devrait rien faire, pas avancer, rien tenter, rien
avancer.
Alors, Mme la Présidente, je suis persuadé
qu'après cet échange avec mes collègues ils sauront mettre notre patrie avant
leurs partis. Je le sais que ce n'est pas évident, pour le Parti libéral du
Québec, de penser au Québec en premier puis pas de penser au Canada en premier.
Je le sais, que ce n'est pas évident, également, pour le Parti québécois, de se
dire : Aïe! il y a du bon dans ce que le gouvernement fait pour les
intérêts de la nation québécoise, puis on ne sera pas dogmatiques, puis on va
reconnaître les avancées de la Loi sur l'intégration nationale, de la Loi sur
la laïcité, de la loi n° 96, puis on va saisir
l'opportunité de la constitution québécoise pour faire avancer les intérêts du
Québec. Il y a un test de réalité pour le troisième groupe d'opposition, il y a
également un test de crédibilité pour démontrer aux Québécois que ce qui compte
vraiment pour eux, c'est l'intérêt supérieur de la nation québécoise. Alors, je
les laisse comme ça, Mme la Présidente, en toute amitié.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Le temps étant écoulé, je...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Le temps étant écoulé, je suis prête, maintenant, à entendre le chef... Mais,
avant de faire votre réplique, M. le chef du troisième groupe d'opposition, il
y a des amendements qui ont été déposés par les collègues. Est-ce que les
amendements sont acceptés?
• (16 h 50) •
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Donc, je prends bonne note. Et maintenant votre réplique, s'il vous plaît.
M. Paul St-Pierre
Plamondon (réplique)
M. St-Pierre Plamondon : Merci,
Mme la Présidente. Moment éclairant, en cette enceinte, sur l'avenir qui nous
attend et les défis qui sont devant nous. Mon estimé collègue député de Jean-Talon
a disposé de manière assez efficace des problématiques dans le discours du gouvernement
caquiste. Je réfère la population à ce 2 min 20 s et je ferais le résumé suivant. La CAQ a essayé, certes,
une recette qu'on avait déjà essayée, là, la troisième voie, c'est-à-dire réussir
dans le Canada. Ce n'est pas la première fois qu'on s'impose ce film-là, qu'on
se conte cette histoire-là, mais, lorsqu'on est zéro en 21 et que ce sont des
demandes jugées fondamentales, même des demandes pour la survie de la nation québécoise, c'est très difficile, après
huit ans, d'essayer de se faire croire et faire croire aux autres que ça fonctionne,
notre théorie.
Et l'enjeu pour ce gouvernement, c'est que ça
s'est transformé en de véritables problèmes parce que, si on ne contrôle ni les
questions linguistiques, ni les questions migratoires, ni les transferts en
santé qu'on demande, ni plusieurs des questions où le gouvernement fédéral fait
littéralement l'inverse de ce qu'on fait et de ce qu'on demande, bien, ça s'est transformé par de véritables
reculs, un véritable déclin, de véritables problèmes, et la population,
graduellement, s'est mise à donner une note à ces reculs-là, à répondre,
et ça s'est matérialisé dans l'élection de députés dans Jean-Talon, dans Arthabaska et dans Terrebonne et des
résultats qui me semblent être des messages très clairs sur les résultats
ou, en fait, l'absence de résultat de la troisième voie.
Et ce qu'il y a d'intéressant lorsqu'on écoute
le Parti libéral du Québec, c'est qu'ils nous disent : Pourquoi on parle
de souveraineté quand on peut s'occuper des vraies affaires? C'est évidemment
le discours de Philippe Couillard à l'époque, et, au
terme de ce mandat de Philippe Couillard, il n'y avait pas beaucoup de
Québécois qui pensaient qu'on s'était occupés des vraies affaires puis qu'on
avait avancé. Ce n'était pas ça, la conclusion dans la population. Pourquoi?
Bien, c'est parce que, si on envoie près de la moitié de nos impôts à un
gouvernement qui n'est pas le nôtre, qui ne décide pas en fonction de notre
volonté démocratique mais qui, surtout, ne s'intéresse pas aux problèmes qui ont lieu au Québec, s'amuse davantage à se donner
des missions périphériques et à dédoubler ce qu'on fait déjà, souvent
causant des chicanes d'orientation entre le ministère à Québec puis le
ministère à Ottawa, bien, c'est très difficile pour un gouvernement d'arriver à
faire face à des défis quand même importants, qu'on voit partout en Occident,
mais avec seulement la moitié des impôts.
Donc, autant je suis sévère envers le
gouvernement Couillard et le gouvernement Legault en termes de résultats, on ne peut pas conclure que c'est parce
que tout le monde est incompétent dans chaque législature. On doit conclure que
c'est mission impossible de tenter de faire face à presque la totalité des
défis et des missions de l'État avec la moitié de ses impôts. Donc,
quand le Parti libéral nous dit : C'est le temps de s'occuper de santé,
moi, je réponds oui. La CAQ voulait
6 milliards de transferts en santé, elle n'en a obtenu qu'un seul,
milliard. Rapatrier 90 milliards de dollars, comme le disait une
publicité dans les années 90 justement, rapatrier
90 milliards de dollars, ça ne change pas le monde, sauf que
ça aide drôlement dans les missions fondamentales qui incombent à cette
Assemblée législative.
Un autre
argument du Parti libéral, qui est fascinant, c'est vraiment avec un ton
hargneux, là, on dit : La démocratie a parlé, les Québécois ont dit
non par deux fois, donc c'est fini, c'est derrière nous. Évidemment, deux
commentaires à ça. Le premier, c'est que le
référendum de 1995, qu'on va fêter demain, est marqué par plusieurs cas de
fraude, et on ne sait pas l'entièreté de ces tricheries-là qui sont
directement liées au Parti libéral et au camp du Non, mais c'est un engagement
du Parti québécois de rendre publiques toutes les archives sur Option Canada et
la commission Grenier, mais c'est également
que c'est une drôle de conception de la démocratie que de dire à tous ceux qui
ont moins de 50 ans : Vous,
on ne veut pas vous entendre puis de dire à un gouvernement qui s'est buté au
fédéral pendant huit ans, avec des échecs successifs : On va se
détacher de la réalité puis on va faire semblant que ça n'existe pas.
Il y a, dans le Parti libéral, une adhésion au
régime colonial qui nous a été imposé, une adhésion à tout ce que le fédéral fait, même lorsque... indépendamment de
nos divergences de points de vue sur les affaires à trancher ici, à Québec,
lorsque le gouvernement fédéral est directement en train de travailler contre
nos intérêts, les intérêts de tous les Québécois. Comment expliquer que le
Parti libéral demeure loyal à un régime désuet de 1867 qui travaille
directement contre notre intérêt ou, à tout
le moins, contre notre volonté démocratique? Quand le vote est clair en
provenance de Québec, pourquoi choisir le fédéral? Pourquoi ne pas tous
être loyaux envers la démocratie québécoise et non pas un régime d'origine
coloniale britannique? C'est toujours ça. C'est le roi d'Angleterre qui a
ouvert le Parlement à Ottawa.
J'ai entendu des arguments comme quoi ça ne
tenait pas la route d'ouvrir des ambassades. On n'est pas capables, nous autres,
de faire l'indépendance du Québec puis d'avoir des ambassades. Imaginez! Je
regrette, mais ça témoigne d'un sentiment
pas très élogieux envers les Québécois et le Québec que de dire aux
Québécois : Tout le monde, tous les peuples dans le monde ont réussi
à gérer leur État puis à exister, mais nous, on n'est pas capables. On nous dit
que ça ne tient pas la route, que ça ne tient pas l'examen.
On nous sert également des arguments qui n'ont
rien à voir avec le régime actuel et l'absence de résultats, les problèmes
récurrents qu'on vit depuis 30 ans. On nous dit que les députés libéraux
ne seraient pas moins québécois parce qu'ils ne souhaitent pas de référendum.
Mais quelle... je surveille mes mots parce qu'on est en contexte parlementaire, mais quelle balle courbe!
Quelle balle courbe! On s'auto-exclut, comme Québécois, pour faire croire que
ceux qui rêvent à un pays où on est tous Québécois sont ceux qui divisent, on
s'auto-exclut en disant : Si on a une divergence de points de vue
en cette enceinte, bien, on va se mettre à accuser certains partis qu'on n'est
pas tous Québécois. Qui invente cette
division-là dans cette façon de procéder? Le Parti libéral. Il s'invente une
division dans le but de créer un clivage et, potentiellement, de faire un petit
profit politique. Mais au détriment de quoi? Au détriment de notre appartenance
à tous ici, au Québec, notre démocratie, notre patrie, peu importent nos
divergences d'opinions sur un paquet de sujets.
On nous dit également que le Canada donne un
sens au Québec, qu'on trouve, comme Québécois, du sens dans le Canada, j'ai entendu ça très sérieusement du
député de Lafontaine, alors qu'on est non seulement dans un régime de domination
coloniale qui nous méprise, ça s'appelle le «Québec bashing», là, mais... qui
nous méprise depuis des décennies, des
siècles, mais qui, ouvertement, et c'est l'opinion de d'autres provinces
canadiennes, qui, ouvertement, abuse de la Constitution du Canada, abuse
de ses pouvoirs, abuse du pouvoir de dépenser.
En termes clairs, pour les gens qui
s'intéressent moins à la politique, le fédéral pige dans nos poches et ensuite dépense dans les champs de compétence qui nous
appartiennent, ici, pour nous forcer, dans toutes sortes de sujets, à faire
des choses qu'on ne veut pas. C'est ça qui est antidémocratique. Il est là, le
problème de démocratie.
Et si le problème était réglé? Si le fait
d'avoir voté non, parce qu'on l'a essayé deux fois, voter non, là... si ça avait réglé ces problèmes-là, on le saurait, et la
CAQ serait en bien meilleure posture avec sa doctrine. Malheureusement, le Canada est un pays qui se bâtit sans nous, dans
le cadre duquel on a seulement le cinquième des sièges et dans le cadre
duquel nos intérêts et notre volonté démocratique, trop souvent, sont bafoués,
ne sont pas entendus.
J'ai entendu aussi un argument comme quoi, si le
Québec devient un pays, on quitte la table, on ne sera pas capables de négocier
avec les Américains. À nouveau, quelle inexactitude! Et c'est le mot le plus
poli et parlementaire que je peux trouver. On n'est pas à la table! Je ne sais
pas comment se sentent aujourd'hui mes amis caquistes lorsqu'ils voient Doug
Ford inviter nos médecins à quitter pour l'Ontario deux jours après qu'ils ont
placé des publicités aux États-Unis, qui vont probablement nous coûter
10 % de plus de tarifs, sans que personne ici ne soit au courant de rien
ni consulté. Ça, c'est ne pas être à la table, mes amis libéraux, ça, c'est de
ne pas être à la table. Exister, avoir un siège à l'ONU, avoir notre équipe nationale de hockey puis dans plein d'autres
sports, être représentés là où ça compte, ça, c'est être à la table. Ça
s'appelle avoir un pays, et c'est ça, le but.
Donc, on a eu... on a mis
au jeu, aujourd'hui, une motion avec des affirmations qui sont toutes
véridiques, et ça nous a donné un moment de vérité sur notre volonté ou non de
voir la réalité en face et de trouver des solutions structurantes pour l'amour
et le bien de notre nation québécoise ou un autre mécanisme, la volonté de se
bâtir une réalité parallèle et fantaisiste où ces problèmes-là n'existent pas.
• (17 heures) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
M. St-Pierre Plamondon : On
invite les gens à choisir l'avenir.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Merci.
Je vais maintenant
mettre aux voix la motion de M. le
chef du troisième groupe d'opposition,
qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale souligne que 30 ans après le référendum sur l'accession — j'ai
bien de la misère avec ce mot-là — du
[gouvernement] à la souveraineté de 1995, le statut politique du
Québec n'est toujours pas pleinement résolu;
«Qu'elle rappelle que des informations
importantes sur les manoeuvres du camp du Non sont toujours inaccessibles aux
parlementaires;
«Qu'elle constate
qu'à l'intérieur du régime canadien, le poids politique et démocratique du
Québec a diminué depuis 30 ans;
«Qu'elle constate qu'à l'intérieur du régime
canadien, l'usage du français au Québec a reculé depuis 30 ans;
«Qu'elle constate qu'à l'intérieur du régime
canadien, les empiètements sur les compétences législatives du Québec se sont
multipliés depuis 30 ans;
«Qu'elle prenne acte qu'à l'intérieur du régime
canadien, le développement social et politique du Québec est soumis à la
primauté de la Constitution du Canada;
«Qu'en conséquence, l'Assemblée nationale
réaffirme que le peuple québécois est libre d'assumer son propre destin et de
déterminer son statut politique.»
Est-ce que cette motion est adoptée? M. le
député de... des Îles-de-la-Madeleine, s'il vous plaît.
M. Arseneau : ...demander un
vote électronique, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : M.
le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Et je
vous demande de bien vouloir le reporter à demain, s'il vous plaît.
Vote reporté
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Alors, conformément à la demande
du leader du gouvernement, le vote sur la motion de M. le chef du troisième
groupe d'opposition sera tenu à la période des affaires courantes de demain.
M. le leader adjoint du gouvernement, pour la
suite de nos travaux, s'il vous plaît.
Ajournement
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci, Mme la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir ajourner nos
travaux à demain, 9 h 40, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : En
conséquence, nous ajournons nos travaux à demain, jeudi le 30 octobre
2025, à 9 h 40. Merci, tout le monde... Ah! Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 17 h 04)