(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Bonjour,
chers collègues. Veuillez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes
maintenant à la rubrique Déclarations de députés, et je cède la parole à Mme la
députée de Soulanges.
Rendre hommage à M. Murray Levine
Mme Marilyne Picard
Mme Picard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je tiens à souligner l'engagement
exceptionnel d'un citoyen, M. Murray Levine, dont l'action bénévole
s'étend sur plus de 35 ans de service au bien commun.
Depuis 1988, M. Levine oeuvre avec
dévouement pour promouvoir la générosité, la solidarité et la participation
citoyenne. Visionnaire, il a été parmi les premiers au Québec à encourager la
collecte de fonds entre pairs, un modèle devenu incontournable pour des
milliers d'organismes au Québec.
Devant ce constat que le Québec demeure au dernier
rang canadien en matière de dons et de bénévolat, M. Levine aimerait
développer un moyen accessible permettant à l'ensemble des citoyens d'être
facilement invités à chaque mois à soutenir un organisme de leur choix ou à
s'engager comme bénévoles. Cette initiative pourrait générer des retombées
majeures pour nos organismes communautaires.
Je souhaite
reconnaître aujourd'hui non seulement l'esprit d'innovation de M. Levine,
mais aussi sa persévérance et son attachement profond au tissu social
québécois. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Souligner le 45e anniversaire de l'école À pas de
géant
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Cette année marque le 45e anniversaire de l'école À pas de géant,
à Montréal, une institution unique et extraordinaire qui transforme la vie des
jeunes enfants et jeunes adultes atteints d'un trouble du spectre de l'autisme
depuis près d'un demi-siècle.
Depuis sa création, À pas de géant offre des
programmes éducatifs innovants et un soutien personnalisé qui permettent à ces
jeunes de développer leur autonomie, leur confiance et leur plein potentiel
selon leurs capacités. Mais À pas de géant ne se limite pas à ces programmes. Elle
contribue aussi à bâtir une communauté plus inclusive où chaque personne est
valorisée et peut s'épanouir pleinement.
Giant Steps' commitment to
specialized education, life skills development, and social integration makes a real difference in the daily lives
of young people on the autism spectrum and their families, helping them face
challenges with resilience and hope.
Aujourd'hui, je tiens à féliciter toute l'équipe
d'À pas de géant, passée et présente, pour 45 années de dévouement,
de créativité et d'innovation. Ensemble,
honorons leurs réalisations et renouvelons notre engagement envers l'inclusion,
l'égalité et l'autonomie. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Souligner le 40e anniversaire du Centre de Ressources
Périnatales Les Relevailles de Montréal
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Quelle fierté d'être avec vous aujourd'hui pour célébrer les
40 ans du CRP Les Relevailles de Montréal!
Depuis quatre décennies, cet organisme
accompagne, soutient et inspire des milliers de femmes, de parents et de
familles dans cette période si unique que sont la maternité et la petite
enfance.
Les Relevailles, c'est bien plus qu'un centre de
ressources. C'est une communauté de bienveillance, un lieu où l'on se sent
accueilli, écouté, soutenu. Grâce à la passion de vos intervenants, de vos
bénévoles et de vos partenaires, chaque parent trouve dans cet espace un lieu
pour souffler, créer des liens et avancer avec confiance.
40 ans d'histoire,
c'est 40 ans d'amour, de résilience et de solidarité. Joyeux 40e anniversaire
et longue vie au CRP Les Relevailles de Montréal! Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Souligner les 12 jours d'action contre les violences
faites aux femmes
Mme Manon Massé
Mme Massé : Nous sommes en
pleine campagne des 12 jours d'action contre les violences faites aux
femmes, et la réalité nous frappe en pleine face.
Il y a quelques jours, ma collègue Ruba Ghazal a
rendu publique une série de messages haineux et violents qu'elle a reçus. Ce qu'elle vit, trop de femmes le
vivent : menaces, insultes, tentatives de nous faire taire. Et cette
violence, elle affecte aussi nos proches.
Accepter ces attaques, qu'elles soient en ligne,
à la maison, dans nos institutions ou dans la rue, ce n'est pas normal. En
fait, c'est criminel.
C'est encore pire pour certaines femmes, qu'elles
soient autochtones, immigrantes et trans, elles subissent ces violences de
façon exponentielle.
Les femmes se sont toujours levées, puis on va
continuer de le faire.
Être solidaires, c'est refuser la haine, que
cette haine devienne banale. C'est refuser de se taire.
Alors, en ces
12 jours et toutes les autres journées de l'année, je tiens à dire haut et
fort aux agresseurs et à leurs complices : Tenez-vous-le pour dit,
on ne sera pas silencieuses.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de Chauveau.
Rendre hommage à Mme Rafaëlle Carrier
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je souhaite rendre hommage à Rafaëlle
Carrier, une jeune cycliste de Lac-Beauport qui se distingue par son talent, sa
détermination et, évidemment, par ses performances exceptionnelles. Je souligne
d'ailleurs sa présence dans nos tribunes, où elle est accompagnée de ses
parents, Philippe Carrier, Julie Sirois, et de sa grand-mère, Rolande Bérubé.
En cyclocross, elle a terminé première au
classement de la coupe du monde, remportant deux compétitions, en plus de s'adjuger une médaille aux championnats du
monde. En vélo de montagne, Rafaëlle a conquis le titre de championne
panaméricaine de cross-country au Costa Rica. Et, en vélo sur route, elle a
remporté le championnat canadien, en Beauce, en battant au passage la numéro un
mondiale.
Rafaëlle, je veux te souhaiter tout le succès
possible dans la poursuite de tes ambitions sportives. Je serai devant mon écran, dans quelques années, pour entendre,
lors des Jeux olympiques : Médaille d'or, Rafaëlle Carrier, du Canada. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Rafaëlle, au nom de la présidence, toutes nos félicitations! Vous nous rendez
fiers. Une jeune comme vous, au Québec, on en a besoin. Bravo! Merci, M. le
député.
Maintenant, je cède la parole à Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis
Souligner l'importance de contrer l'extorsion au Québec
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : L'extorsion,
au Québec, a atteint un niveau jamais vu : incendies criminels, cocktails
Molotov, fusillades, menaces. Ce ne
sont plus des faits divers, c'est une crise qui frappe nos commerces, nos
travailleurs et nos familles.
Partout, Montréal, Laval, la Rive-Sud, les
régions, des entrepreneurs vivent dans la peur. Des commerces ferment, des
emplois se perdent, des assureurs se retirent, et des quartiers entiers sont
traumatisés. Pendant ce temps, les groupes criminalisés opèrent tranquillement,
profitant des failles et du manque de coordination de l'État.
Depuis
l'arrivée de la CAQ, les comités de concertation entre l'industrie, les
policiers et la SQ se sont effondrés, malgré leur succès. On a laissé
tomber des mécanismes essentiels de prévention, d'échange d'information et
d'action rapide. Résultat, les établissements se retrouvent seuls en première
ligne.
Il est urgent de restaurer ces comités et
d'exiger un véritable plan d'action pour protéger les citoyens. La peur ne peut
pas devenir la normale. Les Québécois méritent mieux. Il est temps d'agir.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Blainville.
Souligner le 50e anniversaire
du Club
de l'âge d'or Le Blainvillois
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : Merci, Mme la
Présidente. Il me fait grand plaisir, aujourd'hui, de célébrer un anniversaire des plus remarquables, 50 ans d'engagement,
de solidarité et de vie communautaire du Club de l'âge d'or
Le Blainvillois, qui a un impact majeur sur la vie de plusieurs
personnes de notre communauté.
Fondé le 24 octobre
1975 par MM. Gabriel Franc, Oliva Tassé et Gilbert Chevalier, ce club
compte 246 membres. Il a pour mission d'offrir des activités
sociales, récréatives et de bienfaisance aux personnes de 50 ans et plus,
dans le but de les divertir et de les sortir de leur isolement. Ces activités
permettent l'enrichissement de l'esprit et de favoriser le développement du
respect, de la tolérance et de l'entraide.
Grâce à des bénévoles dévoués et à des membres
passionnés, le club est devenu un véritable pilier social et un lieu de
rassemblement.
Je tiens donc à saluer chaleureusement tous
celles et ceux qui, au fil des ans, ont fait grandir cette organisation par
leur temps, leur énergie et leur générosité, et plus particulièrement le
conseil d'administration et son président, M. Alain Boudreault.
Longue vie au Club de l'âge d'or
Le Blainvillois et à tous ses membres!
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député d'Abitibi-Est.
Rendre hommage à M. Normand Demers
M. Pierre Dufour
M. Dufour : Mme la Présidente,
dans la vie, il y a des personnes qui exercent un métier et d'autres qui
transcendent le métier qu'ils exercent. La personnalité que je vous présente
aujourd'hui est dans la deuxième catégorie. Il s'agit de M. Normand
Demers, aujourd'hui ex-propriétaire du IGA de Malartic, qui vient de prendre sa
retraite, le 30 novembre.
Au-delà de son travail, il est un acteur
incontournable lorsque vient le temps d'organiser et de participer à un
événement dans sa ville. Que ce soit pour le golf, le gala de l'entreprise, le
Festival Western de Malartic, une activité communautaire, Normand est toujours
présent et impliqué.
Fait d'armes notoire, cet été, pour le 25e anniversaire
du festival western, il avait pris le pari de remplir l'aréna pour le Souper du
Cowboy. Eh bien, ce fut un succès total, avec plus de 1 000 repas
servis et une soirée musicale agrémentée par la présence de la chanteuse
country Guylaine Tanguay.
Normand, ta retraite professionnelle est
officielle, mais pas celle de tes implications. Au plaisir de te côtoyer en
2026.
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de Côte-du-Sud.
Remercier le personnel politique et des
bureaux de circonscription
M. Mathieu Rivest
M. Rivest : Merci, Mme la
Présidente. Quel beau moment pour témoigner du respect et de l'affection dédiés
à nos équipes de circonscription!
Le travail sur le terrain auprès des concitoyens
avec un député à l'Assemblée nationale n'est pas toujours de tout repos. Alors,
aujourd'hui, je prends ce temps de saluer leur engagement auprès des
municipalités, des familles, des entreprises, des groupes communautaires, des
citoyens et des partenaires de tout un territoire afin de les aider dans leurs
défis et leurs enjeux.
Profiter de cette période des fêtes qui s'amorce
afin de leur offrir une fleur, un bel emballage, un chocolat qui fait du bien et qui démontre combien votre
dévouement est apprécié. Je souhaite le partager avec vous ici, où il nous est permis
de souhaiter le mieux pour notre population.
Merci à Jocelyne, Caroline, Alain, Hamilton. Je
partage cet hommage assurément avec tous mes collègues ici rassemblés.
Salutations spéciales à Dominique Gaudreau,
conseillère politique, et son conjoint, en tribune.
Je nous
encourage à garder cette fougue nécessaire à la fonction et, pourquoi pas, nous
souhaiter de relever tous les défis qui s'approchent. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Féliciter l'entreprise Bio
Biscuit, lauréate
d'un prix Performance Québec
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, je suis fière de saluer la réussite d'une entreprise
familiale de chez nous, à Saint-Hyacinthe, Bio Biscuit.
Fondée il y a près de 30 ans, l'entreprise
vient de recevoir une mention aux prix Performance Québec 2025 dans la
catégorie PME manufacturière indépendante. Ces prix représentent la plus haute
distinction accordée par le gouvernement du Québec aux entreprises qui
appliquent les meilleures pratiques de gestion.
Ce qui distingue Bio Biscuit? Ses standards
rigoureux de qualité et d'innovation et son procédé de cuisson unique pour sa
nourriture et ses gâteries pour animaux, appréciées ici comme à
l'international.
Je tiens à saluer chaque membre de l'équipe,
dirigeants, employés et partenaires, qui contribuent à cette réussite. Votre
talent et votre engagement méritent d'être célébrés. Votre entreprise illustre
parfaitement l'innovation et la vitalité de notre pôle agroalimentaire
maskoutain. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Bonaventure.
Souligner le 40e anniversaire du Centre d'action
bénévole Saint-Siméon—Port-Daniel
Mme Catherine Blouin
Mme Blouin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, aujourd'hui, je souhaite souligner les 40 ans
d'existence du Centre d'action bénévole de Saint-Siméon—Port-Daniel,
un organisme qui est solidement implanté à Paspébiac et qui fait une réelle
différence auprès des gens de chez nous.
Sa mission dépasse la promotion de l'action
bénévole. C'est plutôt un espace où se créent des liens et où on travaille à
briser l'isolement.
Grâce à cet
organisme, des centaines de personnes aînées ont accès à des repas à faible
coût, à de l'accompagnement à leurs
rendez-vous médicaux ainsi qu'à de l'accompagnement à des visites amicales.
Pour les nouveaux parents, il y a aussi un service de soutien qui est
offert pour qu'ils puissent vivre leur parentalité avec l'appui de la
communauté.
Alors, c'est une véritable vocation pour toute
l'équipe, de soutenir les aînés et les jeunes familles, et c'est aussi un bel
exemple de toute l'importance du bénévolat dans notre communauté, puisque c'est
grâce à cette implication que ces services existent.
Et, en
terminant, je tiens à souligner le travail exceptionnel de la directrice,
Nathalie Bujold, qui met tout son coeur au quotidien pour la communauté.
Alors, je la félicite, elle et toute son équipe, pour leur travail remarquable.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Merci beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant la parole
à Mme la députée de Brome-Missisquoi.
Souligner le succès du projet de circuit Brome-Yamaska,
récompensé au Gala des Prix d'excellence en
environnement des Cantons-de-l'Est
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Merci, Mme la
Présidente. Je souhaite souligner le travail des MRC Brome-Missisquoi et de
La Haute-Yamaska, dont le projet de mobilité interrégionale a été
récompensé lors du Gala des Prix d'excellence en environnement des
Cantons-de-l'Est.
Cet honneur vient mettre en lumière le circuit
d'autobus Brome-Yamaska, qui relie pour la première fois nos deux territoires
par une offre de transport collectif. Cette initiative témoigne du leadership
de nos deux MRC, qui ont mobilisé
l'expertise de leurs équipes pour ce projet. En alliant leurs forces, elles ont
su répondre aux besoins en mobilité durable de nos communautés. À titre
d'exemple, il est maintenant plus facile de se rendre vers les établissements
d'enseignement, de se déplacer vers les zones d'emploi ou de se diriger vers
les services de santé.
Je suis également fière que ce projet ait été
rendu possible grâce au soutien de notre gouvernement par le programme
Signature innovation, du Fonds régions et ruralité, ainsi qu'avec la
collaboration financière de la MRC de La Haute-Yamaska.
Bravo à tous les partenaires qui ont contribué à
ce projet, et longue vie au circuit Brome-Yamaska! Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci beaucoup, Mme la députée. Cela met fin à la rubrique
Déclarations de députés.
Et je suspends les travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 55)
(Reprise à 10 h 07)
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Mmes et MM. les députés, bonjour. Nous allons maintenant nous recueillir
quelques instants.
Je vous remercie.
Présence
de l'ambassadeur de la République du
Kazakhstan, M. Dauletbek Kussainov
J'ai le plaisir de souligner la présence, dans
les tribunes, de l'ambassadeur de la République du Kazakhstan, Son Excellence
M. Dauletbek Kussainov, à l'occasion de sa visite officielle.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Bonjour,
M. le Président. Je vous demanderais, s'il vous plaît, d'appeler l'article a du
feuilleton.
Projet
de loi n° 195
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
À l'article a du feuilleton, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve présente le
projet de loi n° 195, Loi limitant le recours aux services d'une agence de
placement de personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur
des services de garde éducatifs à l'enfance. M. le député.
M. Alexandre
Leduc
M. Leduc : Merci, M. le
Président.
Ce projet de loi limite et encadre le recours
aux services d'une agence de placement de personnel et à de la main-d'oeuvre
indépendante dans le secteur des services de garde éducatifs à l'enfance.
Le projet de loi interdit à un prestataire de
services de garde éducatifs subventionnés de recourir à de la main-d'oeuvre
indépendante et aux services d'une agence de placement de personnel, sauf si
celle-ci est un organisme à but non lucratif ou une coopérative. Il prévoit
toutefois que le gouvernement peut prévoir, par règlement, des exceptions à
cette interdiction pour un territoire ou un corps de métier donné.
Le projet de loi encadre les activités des
agences de placement qui louent les services d'un membre de leur personnel à un
prestataire de services de garde éducatifs à l'enfance et confère certains pouvoirs
réglementaires au gouvernement à cet égard.
Enfin, le projet de loi prévoit que le
gouvernement peut, par règlement, déterminer dans quelle mesure le responsable
d'un service de garde éducatif en milieu familial peut recourir à de la
main-d'oeuvre indépendante.
Merci, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le leader
du gouvernement.
• (10 h 10) •
M. Jolin-Barrette : ...M. le
Président, je dépose la réponse à la question inscrite au feuilleton le
4 novembre par la députée de Chomedey. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Ce document est déposé.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission de la
culture et de l'éducation et député de LaFontaine.
Étude détaillée du projet de loi n° 108
M. Tanguay : Merci, M. le
Président. Je dépose le rapport de la Commission de la culture et de
l'éducation qui, le 2 décembre 2025, a procédé à l'étude détaillée du
projet de loi n° 108, Loi modifiant la Loi sur la Société de développement
des entreprises culturelles afin de moderniser son offre de services financiers
et de reconnaître le domaine de la créativité numérique. La commission a adopté
le texte du projet de loi sans amendement.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Ce
rapport est déposé. M. le président de la Commission des finances publiques et
député de Blainville.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 7
M. Laframboise : M. le
Président, je dépose le rapport de la Commission des finances publiques qui,
les 25, 26 et 27 novembre et le 2 décembre 2025, a tenu des audiences
publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi
n° 7, Loi visant à réduire la bureaucratie, à accroître l'efficacité de
l'État et à renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Ce
rapport est déposé.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Garantir un accès équitable aux services de garde
et aux crédits
d'impôt pour les enfants placés en banque mixte
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 266 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes
du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que les familles d'accueil de type
banque mixte n'obtiennent pas toujours l'adoption de l'enfant qui leur est
confié, d'autres projets de vie pouvant être retenus par le tribunal, tels que
le placement jusqu'à la majorité ou la tutelle;
«Considérant que ces enfants sont placés afin de
bénéficier d'un environnement stable et sécurisant;
«Considérant qu'il est essentiel de favoriser un
lien d'attachement de ces enfants avec leur nouvelle famille, mais aussi de
leur permettre d'intégrer rapidement un service de garde éducatif pour
développer leurs habiletés sociales et leur autonomie;
«Considérant que les places en CPE et en
garderies subventionnées sont limitées, et que le Programme de réservation de
places pour les enfants vulnérables ne permet plus à la DPJ d'y référer directement
des enfants, cette responsabilité ayant été transférée aux CISSS et CIUSSS via
les CLSC;
«Considérant que, malgré l'accès à un congé
parental pour adoption, certaines familles d'accueil ne peuvent réintégrer le marché du travail faute de place subventionnée,
et que le recours à une garderie non subventionnée engendre des frais
importants, sans droit au crédit d'impôt pour frais de garde;
«Considérant que les enfants placés sous
ordonnance de tutelle ou jusqu'à la majorité ne sont pas admissibles au crédit
d'impôt, limitant leur accès à des services essentiels, tels que les camps de
jour spécialisés;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec de modifier les dispositions fiscales afin que les familles soient
admissibles au crédit d'impôt pour frais de garde prévus par la Loi sur les
impôts.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Cet extrait de pétition
est déposé. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Maintenir le Programme de
l'expérience québécoise
M. Cliche-Rivard : Merci,
M. le Président. Je veux remercier et saluer la présence de représentants,
représentantes du collectif Le Québec c'est nous aussi, avec nous
aujourd'hui.
Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
26 653 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que le Programme de l'expérience
québécoise (PEQ) constituait un programme d'immigration de choix qui a fait la
réputation du Québec partout à l'international depuis plus d'une décennie;
«Considérant que le volet du programme destiné
aux diplômés permettait l'intégration au Québec de talents d'exception
francophones formés dans nos institutions scolaires prêts à intégrer rapidement
le marché du travail;
«Considérant que le volet du programme destiné
aux travailleurs permettait de pérenniser l'apport considérable de ces
travailleurs francophones possédant déjà une expérience de travail qualifiée au
Québec;
«Considérant que ces
résidents temporaires sont arrivés au Québec alors que les programmes d'accès
au PEQ étaient clairs, qu'ils ont respecté toutes les règles du MIFI et qu'ils
ont agi de bonne foi en mettant tout en oeuvre pour s'enraciner dans leur
nouvelle communauté;
«Considérant
que la suppression du PEQ sans préavis a des impacts majeurs sur leur vie et
est source de profonde détresse pour des milliers de personnes qui
étudient et travaillent au Québec;
«Considérant que le Programme de sélection des
travailleurs qualifiés n'offre aucune prévisibilité et que la très grande
majorité de ceux autrement admissibles au PEQ n'y seront jamais invités;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec :
«D'annoncer
la réouverture immédiate des deux volets du PEQ et d'en prévoir un nombre
d'admission permettant un traitement régulier des demandes; ou
alternativement
«De mettre en
place une clause de droit acquis pour toutes les personnes qui se trouveraient
au Québec à titre de résident temporaire au jour de l'annonce de
l'abolition du PEQ.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
J'ai été
avisé qu'après la période des questions et réponses orales il pourrait y avoir
un vote requérant l'approbation des deux tiers des membres de
l'Assemblée.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et réponses orales, et je cède la parole au chef de l'opposition
officielle.
Impact de la Loi visant
principalement à instaurer la responsabilité
collective quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux
et à assurer la continuité de la prestation de ces services
M. André
Fortin
M. Fortin : M. le Président, on est mercredi le 3 décembre, et
aujourd'hui, comme hier, puis comme demain, il y a des milliers de Québécois
qui vont recevoir une lettre de leurs médecins, une lettre comme
celle-là : «Chers patients, chères patientes, c'est avec beaucoup
d'émotion que je vous annonce aujourd'hui que je quitterai ma pratique de
médecine familiale à compter du 28 février 2026. Je comprends que ceci
peut susciter de nombreuses inquiétudes. Étant dans l'impossibilité de trouver
un remplaçant qui peut prendre en charge ma patientèle, vous devrez vous
inscrire sur la liste d'attente du Guichet d'accès à un médecin de famille, et
vous pourrez le faire à partir du 1er mars 2026.»
Ça, M. le Président, c'est la lettre envoyée à
environ 1 000 patients de la clinique médicale Delta Santé par une
médecin qui a à peu près 50 ans. Les patients l'ont reçue hier, et la dame
qui nous l'a fait parvenir nous a dit que le médecin en question, c'est son
médecin, c'est le médecin de son mari, c'est le médecin de son bébé de six
mois, c'est le médecin de son père et c'est le médecin de sa mère. À chaque
fois qu'il y a une lettre comme celle-là, c'est des familles complètes qui
perdent accès au réseau de la santé. Puis cette lettre-là, c'est le résultat
direct de la loi n° 2, adoptée par bâillon, sans débat, par le
gouvernement de la CAQ. Ils avaient un médecin, ces gens-là. Grâce à la CAQ,
ils n'en ont plus.
Là, ils veulent des réponses, parce que, quand
ils ont voté la dernière fois, jamais le premier ministre ne leur a dit qu'il
leur retirerait leur médecin de famille.
Qu'est-ce qu'il a à répondre à ces gens-là?
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui,
M. le premier... M. le Président. C'est moi, le premier ministre. J'allais
dire que j'espère qu'on ne va pas se chicaner comme vous vous êtes
chicanés avec l'autre députée libérale, là, mais...
Bon, écoutez,
revenons... revenons au sujet de la question du député de Pontiac, qui
représente Pablo Rodriguez... Ah!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Mme
la leader.
Mme Setlakwe : M. le
Président, 35.1°. Je rappellerais qu'on doit désigner nos collègues par leurs
titres. Mon collègue de Pontiac, il est le chef parlementaire de l'opposition
officielle. Et je demanderais au premier ministre de s'élever à la hauteur de
sa fonction.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : S'il
vous plaît! Écoutez, j'ai compris. Collègues, nous allons faire ça
correctement, donc on va s'appeler
par leurs titres. Ça commence bien, on va terminer très bien. Poursuivez, M. le
premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le Président, je
voudrais qu'on s'entende, là. J'ai dit : Le député de Pontiac, qui
représente Pablo Rodriguez.
Est-ce que c'est correct pour vous, ça? Est-ce que c'est devenu une insulte de
prononcer le mot «Pablo Rodriguez»?
Bon, revenons aux
médecins de famille, M. le Président. Il y a des centaines de milliers de
Québécois qui n'ont pas accès à un médecin de famille. Puis, quand je dis «pas
accès», il y en a qui n'en ont pas, de médecin de famille, puis il y en a qui
en ont un mais qui n'est pas disponible quand ils sont malades, quand il y a un
cas plus léger où ils devraient voir leurs
médecins de famille plutôt que d'aller attendre à l'urgence. Je pense qu'on est
tous d'accord avec ça, que ça n'a pas de bon sens qu'on ait autant de
Québécois qui n'aient pas accès à un médecin de famille. Je pense qu'on est tous d'accord aussi pour dire : La façon
de changer cette situation-là, c'est qu'on doit changer le mode de
rémunération.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : ...complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Le premier ministre, il fait comme si les gens devraient le
remercier de la loi n° 2, mais, les gens qui ont reçu cette lettre-là et
tous les autres, là, c'est des mots d'église qui sortent de leur bouche, ce
n'est pas des remerciements ni pour la CAQ, ni pour le premier ministre, ni
pour le ministre de la Santé. Puis les patients des cliniques qui ferment,
comme le GMF de Hudson ou encore la clinique de Grand-Remous, bien, ils ne
remercient pas le premier ministre non plus. À Grand-Remous, là, il n'y en a
pas d'autres, options.
Qu'est-ce qu'ils sont
supposés faire quand leur clinique ferme?
• (10 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Donc, je continue,
M. le Président. Des centaines de milliers de Québécois n'ont pas accès à un
médecin de famille. Tous les experts sont d'accord, puis je pense que c'est
même dans la plateforme du Parti libéral, que, pour changer cette situation-là,
il faut changer le mode de rémunération des médecins de famille.
Gaétan Barrette a essayé.
Gaétan Barrette a déposé un projet de loi, et, face aux menaces des
médecins, le premier ministre Philippe Couillard a reculé, OK, et a
dit : Bon, bien, écoutez, on va continuer avec le statu quo puis on va
continuer avec des centaines de milliers de Québécois...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Le premier ministre qui nous rappelle que c'est des
menaces. Les gens qui ont reçu ces lettres-là, ils ne pensent pas que c'est des
menaces, des menaces. Ce qu'ils comprennent, c'est qu'il y a un fait, qu'ils
viennent de perdre leurs médecins, qu'ils vont retomber sur une liste, qu'ils
vont devoir attendre, qu'ils ne savent plus à qui parler pour avoir accès au
réseau de la santé. C'est des dizaines de milliers de Québécois de partout au
Québec qui perdent l'accès aux médecins.
Je comprends que le
premier ministre, c'est quelqu'un qui a de l'orgueil, dans la vie, mais son
gouvernement, il doit admettre, là, qu'il fait plus de tort que de bien en ce
moment.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bien, M. le Président, revenons à ce qui s'est passé, parce que beaucoup de
provinces ont changé le mode de rémunération,
nous, on en parle depuis 25 ans, puis tous les gouvernements, que ce
soient des gouvernements du PQ ou du Parti libéral, ont reculé.
Maintenant, le chef
de l'opposition officielle nous dit : Menaces. Pourquoi Philippe Couillard
a-t-il reculé devant la proposition de Gaétan Barrette de changer le mode de
rémunération des médecins de famille? Est-ce qu'il peut nous le dire? Il était
là, dans le gouvernement, le député de Pontiac. Pourquoi Philippe Couillard
a-t-il reculé? Est-ce que c'est parce qu'il y avait des menaces?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le député de Pontiac. Troisième
complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin : Là, on va être clairs, là. La CAQ a mis en place la loi n° 2,
le Parti québécois veut garder la loi n° 2, et c'est une hécatombe,
en ce moment, cette loi-là. Hier, l'association des médecins de Montréal a dit
qu'il y avait potentiellement 400 000 Québécois qui perdraient leurs
médecins, 400 000 personnes juste à Montréal. Si le premier ministre trouve qu'ils exagèrent, là, on peut le couper de
moitié, on peut le couper du trois quarts. Dans quel monde il accepte que
100 000 Montréalais perdent leurs médecins?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, il y a plus de 500 000 Québécois qui n'ont pas
de médecin de famille ou accès à un GMF. Que propose Pablo Rodriguez? Que
propose Pablo Rodriguez? Est-ce qu'il propose de faire comme Philippe
Couillard, de reculer et de garder le statu quo, c'est-à-dire des centaines de
milliers de Québécois sans médecin de famille? Est-ce qu'on pourrait enfin
avoir une proposition de Pablo Rodriguez?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : En principale, M. le député de LaFontaine.
Impact
de la Loi visant principalement à instaurer la responsabilité collective
quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux et à
assurer la continuité de la prestation de ces services
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
M. le Président, on a déjà répondu à cette question-là du premier ministre. Le
rapport d'expert du 31 mars vous dit, M. le Président : Faites de la
coconstruction. Il ne l'a pas lu. Puis qu'il aille voir au bas de la page 41 dudit rapport, où il est dit de
revoir le mode de rémunération des médecins en concordance avec ce rapport-là.
Je cite au texte, M. le Président. Il ne l'a
pas lu. C'est ça, la position du Parti libéral du Québec, faire en sorte que
tout le monde puisse offrir les services. La solution vient du terrain.
La solution imposée de la tour d'ivoire caquiste ne marche pas sur le terrain.
Le ministre, M. le
Président, a dit, dès l'adoption sous bâillon, le 25 octobre : On se
donne huit mois pour que ça marche, huit
mois... huit semaines, huit semaines pour que ça marche. Il y en a cinq de
passées, il en reste à peine trois. Même la PDG de Santé Québec l'a dit,
on va manquer de temps.
Là, le gouvernement
caquiste doit se rendre à l'évidence. Va-t-il reculer? Parce que présentement les
faits sont les suivants : des milliers de Québécoises et Québécois perdent
leurs patients à cause de vous.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, en fait, je note, M. le Président, que le mot que le député de LaFontaine
vient d'utiliser, c'est le mot «reculer».
Et, non, on ne reculera pas, M. le Président, on ne reculera pas, parce que,
justement, c'est 100 % des Québécois qui doivent être pris en
charge.
Puis, l'autre lapsus,
si je peux me permettre, du député de LaFontaine, quand il parle de huit mois,
il a raison, ce n'est pas huit semaines. Lorsqu'on a déposé le projet de loi
n° 106, c'était au mois de mai, et c'est au mois de mai qu'auraient dû
commencer les discussions avec les deux fédérations. Il n'y a pas eu ces
discussions-là sur la capitation. Il n'y a pas eu de discussion sur la méthode
de capitation, la fédération ne voulait pas en parler, M. le Président.
Effectivement, ça fait huit mois que cette discussion aurait eu lieu. Tant
mieux, cette discussion-là vient de commencer, il y a quelques jours, il y a quelques
jours, parce que la loi n° 2 permettait
60 jours.
Alors, M. le
Président, soyons contents qu'il y ait un début de négociation qui se fasse par
le Conseil du trésor avec la FMOQ, et espérons que ce qui aurait dû se faire il
y a huit mois est en train de se faire présentement. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Ce qui se passe présentement, là, ce qui est en train de se faire
présentement, M. le Président, on va vous
donner un autre exemple, à Laval, le GMF Le Carrefour, la clinique passera de
13 à sept médecins après les fêtes.
Après les fêtes, là, c'est demain matin, M. le Président. Ils vont passer de 13
à sept médecins. Pourquoi? Les médecins partent en retraite prématurée, difficulté de recruter des nouveaux
médecins, des nouveaux facturants, M. le Président. Et ça, c'est le résultat de
leur mauvaise approche. Le 1er janvier va arriver, leur loi rentrera en
vigueur, mais elle est impraticable.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre de la Santé.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, M. le Président, je pense qu'il est très clair que les
discussions qui ont lieu en ce moment, si
elles aboutissent à une entente, ce que l'on souhaite fortement, vont permettre
à des médecins, qui sont en train de prendre les décisions dont on parle, de dire que
l'entente, elle est bonne. Elle est bonne, M. le Président, parce que ce qu'on vise, c'est justement de faire des
changements majeurs, par exemple de ne pas imposer que la prise en charge soit par
un médecin, mais qu'elle soit collective, pour que l'ensemble de la GMF soit
capable de faire la prise en charge. C'est un changement majeur. C'est ça que
l'ensemble des experts disent, M. le Président. On veut le mettre en place.
Laissons les discussions continuer. Voilà.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
M. le Président, honnêtement, là, j'ai rarement vu ça, j'ai rarement vu ça,
un gouvernement aussi déconnecté. Les
médecins, les cliniques, les GMF, qui tiennent le réseau à bout de bras, qui
donnent des services de soins de santé à des centaines de milliers de
patients, lancent un cri du coeur, ferment. Il y en a déjà qui ont quitté.
À combien le ministre
évalue-t-il, au moment où on se parle, de milliers de Québécoises et Québécois
qui ont perdu déjà, à ce moment-là? Le sait-il? Combien de milliers de
Québécoises et Québécois n'ont plus de médecin de famille à cause de lui?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, moi, M. le Président, au contraire du Parti libéral, je veux être
rassurant. C'est pour, justement, que tous les Québécois aient accès à un
professionnel de la santé. C'est justement de ne pas les perdre, mais que... la
prise en charge collective. Ça veut dire qu'une personne soit affiliée, on lui
a désigné un GMF où elle peut appeler lorsque, par exemple, elle a un problème.
C'est ça qui est le gros changement.
M. le Président, je
pense que le Parti libéral le comprend, on est prêts à faire un changement. Le
Parti libéral n'a pas voulu faire ces changements-là quand c'était le temps de
le faire. Nous, on va avoir le courage de le faire. Puis j'espère que le Trésor
pourra trouver des solutions, au cours des prochains jours, avec la FMOQ.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : En principale, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Plan
de retour à l'équilibre budgétaire
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin :
M. le Président, le VG l'a démontré dans son rapport dévastateur, le
demi-plan de retour à l'équilibre budgétaire du ministre n'est pas crédible.
Seulement la moitié des efforts d'équilibre sont identifiés, et les efforts
importants sont après 2026, après la CAQ. Le VG remet même en question la
possibilité que le gouvernement arrive à
atteindre l'objectif pour son demi-plan. Le ministre des Finances, celui qui
est responsable de la décote, n'est-il plus crédible? Un demi-plan, là,
après les élections.
Mais, plus grave, Mme
la... M. le Président, le VG a trouvé que le ministre sous-estime le déficit de
15 %.
Le ministre n'est-il
pas tanné d'être systématiquement rabroué par toutes les personnes sérieuses
qui analysent son travail?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, Mme la Présidente. Bien...
Une voix :
...
M. Girard
(Groulx) : Oui. M. le Président. Merci, M. le premier ministre. J'ai
eu le privilège de lire le rapport du Vérificateur général en détail, et puis,
comme je l'ai dit, on va travailler en fonction des recommandations et on
l'accueille favorablement. Mais je veux être clair : nulle part dans ce
rapport c'est dit qu'on sous-estime le déficit de 15 %. Alors, il ne faut
pas fabuler non plus, là. Il y a un rapport, il faut le lire.
Alors, le plan de
retour à l'équilibre budgétaire, oui, il y a des écarts à résorber, de
2,5 milliards, en 2029‑2030, M. le Président, mais il faudrait accepter le
contexte dans lequel on a déposé ce plan de retour, l'élection du président
américain, les menaces tarifaires. Alors, on a réussi à identifier les gestes
pour l'équilibre budgétaire comptable, et, pour
atteindre la cible la plus ambitieuse de tous les plans de retour à l'équilibre
budgétaire, après Fonds des générations,
il y a un écart à résorber.
• (10 h 30) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Première complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin :
Le Conference Board nous dit que notre économie va plus mal que veut nous faire
croire le ministre. Il disait que la croissance économique allait se chiffrer à
0,9 %, mais le Conference Board l'établit à 0,5 %, la pire au Canada. S&P, le Vérificateur
général, maintenant le Conference Board sont unanimes, le ministre n'est plus
crédible.
Va-t-il faire la
seule chose qu'il lui reste à faire et refaire ses calculs?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, M. le Président, voici comment on fait une prévision
économique. On consulte l'ensemble des économistes du secteur privé et on fait
notre prévision économique, et là on a un intervalle, on a... je vais prendre un chiffre, supposons qu'on a
10 prévisionnistes du secteur privé, on a des gens qui sont plus
pessimistes, plus optimistes, puis on fait une moyenne. Et nos prévisions sont
directement en ligne avec la moyenne des économistes du secteur privé. Et,
oui, le Conference Board est à la limite inférieure de l'intervalle, qui donne
une moyenne, puis un écart type, puis une kurtose, puis un biais. Et puis ce
sont les plus négatifs, alors l'opposition se sert d'eux.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Deuxième complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Le VG est clair, le demi-plan identifie la moitié
des efforts, le déficit est sous-évalué de 15 %. Le VG dit que,
pour résorber le trou, là, les services vont être affectés. La croissance
économique, surestimée par le ministre. Le VG, Standard & Poor's, Conference
Board contredisent tous le ministre.
Peut-il au moins
reconnaître que son demi-plan marketing ne convainc personne?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, bien, M. le Président, permettez-moi de citer
l'Institut C. D. Howe, qui dit que nos documents
sont transparents et de grande qualité. Il nous donne un B+, deuxième meilleur
pour la qualité des documents.
Et puis, si vous
allez à la page A.18, parce que, là, je vais vous parler des dépenses, M.
le Président, page A.18, vous pouvez voir que les dépenses, qui étaient,
avant la pandémie, 24,4 % du PIB, de l'économie, sont maintenant de 26 %. Et vous savez c'est quoi, le plan, M. le
Président, pour ramener les dépenses à l'équilibre budgétaire dans cinq ans?
Bien, c'est retourner là où elles étaient avant la pandémie, à 24,4 %.
Alors, un plan crédible, documenté, transparent.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : En principale, Mme la cheffe de la deuxième
opposition.
Mesures pour atténuer les
effets de l'inflation
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Merci, M. le Président. Le prix de l'épicerie a
augmenté de plus de 30 % depuis les cinq dernières années, puis, juste en 2025, la hausse va dépasser
les 5 %, alors que les familles, elles, n'ont pas vu leurs revenus
augmenter d'autant.
Quand
je fais mon épicerie, à chaque semaine, j'en profite pour parler aux gens, puis
ils me disent qu'ils doivent se
priver pour être capables de nourrir leurs enfants. Il y a une dame retraitée
qui m'a dit qu'elle doit continuer à travailler pour être capable de bien
vivre, parce que tout coûte extrêmement cher. Une jeune professionnelle qui me
dit que, malgré son bon salaire, elle
arrive juste assez dans son budget puis se demande comment les grosses familles
font pour y arriver.
Le premier ministre
aime ça se vanter que lui, il connaît ça, l'économie, mais il perd toute
crédibilité quand même la classe moyenne est incapable de payer son épicerie,
est incapable de se loger convenablement. Être le premier ministre de l'économie,
ce n'est pas de se prendre pour le père Noël puis distribuer des grosses
subventions aux grosses entreprises comme on distribue des cadeaux dans le
temps des fêtes puis d'oublier les gens de la classe moyenne qui travaillent fort puis qui en arrachent. Qu'est-ce
qu'il a donné aux familles? Il leur a donné 11 $ par mois. 11 $ par
mois, si on va à l'épicerie, là, puis on achète un poulet rôti, on n'est
même pas capable de payer ça.
Qu'est-ce que le
premier ministre — là,
ma question est très claire — qu'est-ce
que le premier ministre va faire pour que
les gens qui travaillent fort et qui en arrachent, qui ne sont pas capables de
payer leur loyer, leur épicerie... qu'est-ce qu'il va faire pour les
aider? 11 $ par mois, ce n'est pas assez.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui, M. le Président, partout, partout dans le monde, les citoyens souffrent de
l'augmentation, de l'explosion, je dirais,
du coût de la vie. C'est vrai en Amérique, c'est vrai en Europe, c'est vrai
partout, M. le Président. Donc, je compatis avec les personnes. Il y en
a qui ont eu des bonnes augmentations de salaire, il y en a qui ont eu des
moins bonnes augmentations de salaire. Donc, on essaie, effectivement, d'aider
ces personnes-là. On a augmenté de 50 % l'aide sociale pour les personnes
qui ont des contraintes à l'emploi.
Mais la première
chose qu'on doit dire, M. le Président, c'est qu'en moyenne on a eu une
augmentation du revenu disponible. C'est quoi, le revenu disponible? C'est le
revenu après impôt et après inflation. Donc, le Québec, quand on se compare, on
a mieux fait qu'ailleurs. Donc, premier élément.
Deuxième élément, M.
le Président, pourquoi on a mieux fait? Bien, parce qu'on a posé une série de
gestes. D'abord, on a réduit les impôts. J'étais content, hier, la cheffe de
Québec solidaire nous a parlé de la classe moyenne. Pourtant, quand on a baissé
les impôts de la classe moyenne, elle était contre cette mesure-là, elle a
dit : Ça n'a pas de bon sens qu'on baisse les impôts de la classe moyenne.
M. le Président, on a aussi donné un 2 000 $ de crédit d'impôt aux
70 ans et plus, qui n'ont pas la chance d'avoir une augmentation.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Première complémentaire.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
M. le Président, les gens les plus riches ont vu leurs revenus augmenter.
Je suis très contente pour eux autres. Mais moi, je ne lui parle même pas des
plus pauvres, je lui parle de la classe moyenne. La classe moyenne, depuis que la CAQ est au pouvoir, s'est
appauvrie. Ici, on voit à quel point ils souffrent d'insécurité alimentaire,
c'est-à-dire qu'ils ne sont pas capables de payer leur épicerie, il y a une
augmentation de 131 %. Ça, c'est des gens qui travaillent, de la classe
moyenne, qui n'y arrivent pas.
Je lui repose ma
question : Qu'est-ce qu'il va leur donner de plus pour les aider à payer
l'épicerie et le loyer?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Bien, M. le Président, j'étais curieux de voir, vous savez... Puis je vais
remontrer le tableau de la cheffe de Québec solidaire. Je me suis dit :
Bien, voyons donc, il me semble que ce n'est pas mes chiffres. J'ai fait
vérifier les chiffres, puis effectivement on part de 2020 au lieu de partir de
2018. Si elle avait été rigoureuse, si elle avait
pris les chiffres depuis 2018, elle aurait vu que le premier quintile,
c'est-à-dire les gens les plus pauvres, ont eu une plus grande
augmentation du revenu disponible que la moyenne des citoyens au Québec.
Donc...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Deuxième complémentaire.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
Les chiffres que je lui ai présentés, c'est ceux de l'observatoire des
inégalités économiques. Probablement qu'il ne l'a pas lu, là, parce qu'il ne
s'intéresse pas aux inégalités économiques, malheureusement.
Je lui remontre mon
tableau. Je pars de 2019. C'est les gens de la classe moyenne, c'est des gens
qui travaillent, des fois deux salaires, qui ont des familles et qui souffrent
d'insécurité alimentaire. C'est de ces gens-là que je leur parle. Le premier
ministre leur donne 11 $ par mois. Je lui repose la question. Il n'est pas
capable de me répondre, je comprends, mais c'est lui, le premier ministre. Qu'est-ce
que les familles peuvent faire avec 11 $ par mois? Comment ils vont
arriver pour payer l'épicerie?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le Président, je
m'excuse, là, mais je persiste et je signe, les chiffres de la cheffe de Québec solidaire
ne sont pas bons. On parle de 2020, l'année
où Justin Trudeau a envoyé des chèques aux ménages. Si on prend les vrais
chiffres, 2018‑2024, le quintile le plus pauvre, augmentation du revenu
disponible de 28,9 % alors que la moyenne, au Québec, c'était une augmentation de 26,4 %. Ça veut dire que les
pauvres ont eu une plus grosse augmentation que la moyenne.
Donc, encore une
fois, Québec solidaire nous présente des mauvais chiffres. Les vrais chiffres
démontrent exactement...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : En
principale... En principale, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! Seulement... S'il vous plaît! Seulement
le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
a la parole, s'il vous plaît. Merci.
Abolition du Programme de
l'expérience québécoise
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : M. le Président, dans La
Presse, ce matin, on peut lire l'histoire de Maleck, qui a un postdoctorat
en immuno-oncologie, recruté par un centre de recherche de Montréal.
Aujourd'hui, il se retrouve devant un avenir incertain
au Québec en raison de l'abolition du Programme
de l'expérience québécoise. Il y a
aussi Fatma, une enseignante installée
à Saint-Jean avec sa fille et son époux. Son permis de travail expire bientôt,
et leur avenir à eux aussi est incertain en raison de l'abolition du
Programme de l'expérience québécoise.
Des histoires comme
celles-là, il en existe beaucoup, des gens qui parlent français, qui
travaillent dans des secteurs en pénurie de
main-d'oeuvre, des gens qui bâtissent des vies ici et qui s'intègrent
pleinement dans nos communautés. Ils et elles ont leur place ici.
En
seulement quelques jours, M. le Président, c'est 26 000 Québécois et
Québécoises qui ont signé notre pétition pour demander au gouvernement d'accorder une clause grand-père au PEQ.
Des dizaines de reportages, des chroniques, des appuis revendiquent la
même chose.
Je
m'adresse bien humblement au ministre de l'Immigration, ce matin. Peut-il
tendre la main, et faire la seule chose qui s'impose, et accorder une
clause grand-père?
• (10 h 40) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre de l'Immigration et de la
Francisation.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge :
M. le Président, j'ai très hâte, dans les prochains jours, de pouvoir
annoncer la première grande invitation dans le Programme de sélection des
travailleurs qualifiés, je pense que ça va rassurer beaucoup de personnes. Beaucoup
de personnes qui parlent français, qui sont diplômées du Québec ou qui
travaillent en région, qui gardent ouverts des commerces, des manufactures en
région, vont commencer à recevoir des bonnes nouvelles. Je pense que les gens
vont voir que le Programme de sélection des travailleurs qualifiés est une voie
d'avenir. Parce qu'on ne peut pas accueillir
tout le monde, notre capacité d'accueil n'est pas infinie. Donc qu'est-ce qu'on
doit faire? Sélectionner les bonnes personnes, des gens qui sont ici,
qui travaillent, qui parlent français, qui contribuent de la meilleure façon,
qui sont diplômés de nos institutions. Mon collègue fait comme si c'était
incorrect, inéquitable de sélectionner des gens selon leur profil, mais
ailleurs à peu près tout le monde fait ça. On y va avec des critères, on
n'accepte pas tout le monde nécessairement, des systèmes de points. Dans le
reste du Canada, c'est ça aussi, on a des points selon le diplôme dans un secteur qui est prioritaire, ce n'est pas
tous les diplômes qui sont considérés. Il y a l'équivalent du PSTQ
volet 2, d'ailleurs, dans le reste du Canada aussi. Et je vais
continuer, dans les prochaines réponses, à expliquer ce qui se passe ailleurs
pour voir que le programme PSTQ, c'est tout à fait la manière de travailler
quand on doit sélectionner et qu'on n'a pas une capacité d'accueil qui est
infinie.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Première complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : M. le Président, le reste
du monde n'a pas parcouru le Québec pour aller chercher des talents sur
la base d'un programme qui existait puis qui fonctionnait pour, après ça,
abolir ce programme-là quand les gens se qualifient. Le reste du monde n'a pas
fait ça, c'est la CAQ qui a fait ça, M. le Président.
La seule affaire qui
va rassurer le monde aujourd'hui, c'est une clause grand-père. Ils sont des
milliers à le demander. Je retends la main
humblement au ministre. Ça fait des semaines qu'on joue là-dedans. Son
programme n'est pas prêt, il y a des statuts qui expirent. Peut-il
accorder la clause grand-père?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre de l'Immigration et de la
Francisation.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge :
M. le Président, je pense, c'est important d'expliquer aux gens qu'ils
doivent soumettre dans le nouveau programme pour ensuite être sélectionnés puis
diffuser la bonne information. Je lisais, dans un reportage de Radio-Canada, un
extrait qui disait : Ce n'est pas normal de dire à des gens qui sont
établis ici depuis des années qu'ils doivent tenter leur chance dans un programme
où ils seront tirés au sort. Il n'y a pas de tirage au sort, c'est inexact. Et je vois des choses inexactes comme ça, et ça
alimente, bien sûr, l'insécurité, les craintes des gens. Il faut inciter les
gens qui attendaient la réouverture d'un programme qui ne sera pas réouvert à
postuler dans ce nouveau programme pour recevoir des bonnes nouvelles, pour être sélectionnés, pour être
invités. Je pense que dans plusieurs régions du Québec les gens vont se
mettre à recevoir des bonnes nouvelles, à condition...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : En
complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Hier, j'ai été
très ébranlée par les témoignages qu'on a entendus. Ça, M. le Président, c'est
le premier ministre du Québec qui avait dit ça, en 2019, après avoir entendu
les témoignages d'étudiants et de travailleurs étrangers, alors que son
ministre de l'Immigration de l'époque avait lui aussi charcuté le PEQ. Le
premier ministre avait alors pris la seule bonne décision, et il a accordé la
clause grand-père.
Est-ce que le premier ministre, aujourd'hui,
peut écouter ses sages paroles de 2019 et prendre la seule bonne décision,
c'est-à-dire leur accorder la clause grand-père?
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Madame...
M. le Président, la cheffe de QS nous parle de 2019. Moi, je veux lui parler
actuellement. En 2022, à Montréal, il y avait 48 % de francophones.
En 2024, il en restait 43 %, 43 % de francophones. Je le sais, ça
n'intéresse pas Québec solidaire. Il s'en fout, du français à Montréal.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le leader du deuxième groupe d'opposition. Allez-y, je vous entends, je vous écoute.
M. Cliche-Rivard :
...c'est inadmissible de
prétendre qu'un parti en cette Chambre se fout de la langue française,
c'est intolérable. Qu'il le retire.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
Merci, merci. On ne va pas argumenter.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : M. le leader de l'opposition... M. le leader du gouvernement, M. le
leader du gouvernement, allez-y rapidement, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
...on ne tape pas sur son bureau,
hein? Deuxièmement, M. le Président, ce n'est pas une question de règlement.
Troisièmement, M. le Président, le député lui-même fait de la publicité en
anglais dans son comté...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci. Merci. Écoutez... Merci. Je suis édifié. Écoutez, on va se
demander les uns et les autres de se respecter. Faites attention à vos propos.
Et poursuivez, s'il vous plaît, M. le premier ministre.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Monsieur... M. le leader du deuxième groupe d'opposition... Je suis
debout, je suis debout. Je suis debout. Je vais vous demander de vous
asseoir, M. le leader.
Je vous ai entendus. J'ai demandé... On a chacun
droit à ses opinions. Je vous ai écouté avec attention, tout à l'heure. Et les opinions peuvent être critiques.
Je vais vous demander de vous respecter. Et, s'il vous plaît, faites attention à
vos propos.
M. le premier ministre, poursuivez.
M. Legault : On
est rendus à 43 % de francophones à Montréal. Est-ce qu'on pourrait
entendre une fois Québec solidaire dire : On doit réduire le nombre
d'immigrants temporaires à Montréal pour augmenter ce 43 %? Est-ce qu'ils
pourraient le dire...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! Nous allons poursuivre, maintenant. En principale, M.
le député de Jean-Lesage.
Soutien aux agriculteurs face aux impacts des changements
climatiques
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Merci, M. le Président. Les producteurs agricoles du Québec sonnent
l'alarme. Les sécheresses répétées, les pluies torrentielles et les gels
tardifs bouleversent les récoltes, fragilisent les sols et mettent en péril la viabilité économique de centaines de fermes familiales
québécoises. Cette année encore, ce sont des milliers d'hectares perdus, des serres inondées, des entreprises qui
absorbent des hausses spectaculaires de coûts, à cause d'un climat détraqué.
L'Union des
producteurs agricoles le répète, la crise climatique, ce n'est plus une menace
lointaine, ça se passe maintenant. Ça affecte leurs profits, leur santé mentale
et leur capacité à nourrir le Québec.
Ils demandent du
soutien pour s'adapter et réduire leurs émissions, et, le gouvernement, qu'est-ce
qu'il fait? Il détourne le Fonds vert. C'est
une méchante claque au visage, aux agriculteurs et agricultrices du Québec. Ça
fait des années qu'ils et elles crient à l'aide.
Pourquoi la CAQ ne
veut pas les aider à relever les défis du climat?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation.
M. Donald
Martel
M. Martel :
Merci. Merci, M. le Président. Merci pour cette première question. Je veux
profiter de l'occasion. Je ne sais pas si c'est un hasard que la première
question au niveau de l'agriculture vient le jour du congrès de l'UPA, mais ça
me fait plaisir d'y répondre.
Écoutez,
on a connu un été vraiment exceptionnel, cet été. Il y a eu beaucoup de pluie
en début de saison, il y a eu une sécheresse par la suite. Donc, c'est
important, il existe des programmes, on va faire un bilan de tout ça, mais
c'est important, puis je peux garantir qu'on va soutenir nos agriculteurs dans
ces difficultés-là. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Première complémentaire, M. le député de
Jean-Lesage.
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti : M. le Président, d'ici
2030, là, ce que la CAQ veut donner aux agriculteurs, là, pour le milieu
agricole, c'est 187 millions, d'ici 2030, c'est absolument rien,
sur 10 milliards, c'est une insulte, ça ne prend pas acte des difficultés
qu'on traverse. C'est la sécurité économique, la sécurité alimentaire du Québec
qui est en péril.
Est-ce
que le ministre en prend la mesure? Puis est-ce qu'il peut reconnaître qu'en ce
moment ce qui est sur papier, ce n'est pas assez?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation.
M. Donald
Martel
M. Martel :
Merci, M. le Président. Merci pour la question. Écoutez, depuis qu'on est
au pouvoir, le budget de l'Agriculture est passé de 900 millions à
1,5 milliard, 1,5 milliard. Si on rajoute des montants
supplémentaires qu'on a... qu'on a rajoutés au fil d'années, c'est au-dessus de
300 millions. Donc, de dire qu'on ne supporte pas notre agriculture, au
Québec, il ne faudrait pas exagérer non plus, là.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Deuxième complémentaire.
M. Sol
Zanetti
M. Zanetti :
M. le Président, en ce moment, là... Les agriculteurs, agricultrices du
Québec, ça fait des années qu'ils contribuent au Fonds vert. Ils le font de
bonne foi, ça leur coûte cher. C'est difficile. La situation est intenable. Puis là qu'est-ce qu'ils se font dire? Bien, cet
argent-là, finalement, ils pensaient qu'il allait les aider, cet argent-là ne
va pas les aider, finalement. Ce que le gouvernement est en train de
faire, c'est de décourager le milieu agricole de faire son bout pour la transition climatique. Ils veulent le faire, ils ont
besoin de cette aide-là. Cet argent-là, ils l'ont mis dedans de leurs
poches.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre de l'Environnement.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville :
Oui. Alors, M. le Président, les sommes qui sont investies par la classe
agricole, par l'entremise de la tarification
carbone, ces sommes-là sont largement retournées à la classe agricole, sous
différents programmes, que j'ai ici, je ne vais pas faire la liste, mais j'ai
ici certains des programmes qui ont bénéficié, donc, du Fonds vert, du FECC.
Par ailleurs, mon
collègue de l'Agriculture a bien fait de mentionner que c'est le congrès de
l'UPA aujourd'hui. Et puis j'invite le député et les autres députés en cette
Chambre de porter attention à ce que nous allons aller présenter, mon collègue
et moi, parce que ça va être effectivement des mesures qui vont contribuer à
renforcer l'agriculture et l'autonomie alimentaire mais aussi l'environnement,
ensemble, en équilibre.
• (10 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : En principale, M. le chef du troisième groupe
d'opposition.
Retombées économiques des
investissements du gouvernement
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : M. le
Président, les Québécois ont compris que l'un des faits marquants du mandat de
la CAQ aura été le gaspillage de fonds publics dans des investissements
économiques douteux et le plus souvent énigmatiques.
Le gouvernement perd en moyenne 1 milliard
par année dans un bar ouvert aux subventions, des subventions aux entreprises, et ça, c'est seulement pour le
Fonds de développement économique. Ce gaspillage, il est directement relié au
manque de transparence de ce gouvernement.
Hier encore, on apprenait qu'Investissement
Québec refuse de dévoiler les informations fondamentales, les informations de base entourant le projet Flying
Whales. On a mis, donc, collectivement, en fonds publics, 107 millions de
dollars dans un projet, et, si on pose des
questions aussi simples que : Quelle est l'évaluation des retombées économiques?,
ah! ça, Investissement Québec n'a pas le droit de nous donner la réponse. C'est
un exemple parmi tant d'autres d'un gouvernement qui est opaque et secret sur
ses subventions et ses décisions financières douteuses. Donc, non seulement la
CAQ investit au pif de ses ministres, elle refuse de faire preuve de la
transparence élémentaire.
Dans la mesure où le gouvernement a bel et bien
gaspillé des milliards, l'opacité doit cesser. Donc, ma question au premier
ministre : Pourquoi son gouvernement maintient-il l'opacité et le secret,
si ce n'est que pour gaspiller en toute quiétude?
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. M. le
Président, une de mes plus grandes fiertés, depuis sept ans, c'est que, quand
on regarde la croissance économique du Québec par habitant, pour la première
fois on a battu l'Ontario, battu le reste du Canada. Ça n'a jamais été fait,
avant, par les libéraux ou par le PQ. Pourquoi? Parce qu'on a doublé les
investissements des entreprises, grâce aux
interventions d'Investissement Québec. On a eu 93 milliards d'investissement des entreprises grâce aux interventions d'Investissement Québec.
Je n'en
reviens pas, M. le Président, que le Parti
québécois, où il y a eu Jacques
Parizeau, avec le REA, où il y a eu Bernard
Landry, qui a, avec moi, démarré Investissement
Québec... qu'on ait maintenant un
chef du PQ qui dit : On n'aidera plus les entreprises.
M. le Président, on a démontré, depuis sept ans,
qu'on a battu l'Ontario puis le reste du Canada. Comment peut-il nous arriver
avec quelques exemples? C'est sûr que, quand tu aides
25 000 entreprises... Tu ne peux pas avoir 100 % de succès. Mais, quand tu es à 95 % de succès, puis que
tu bats l'Ontario puis le reste du Canada, moi, je resterais assis sur
mes mains, si j'étais le chef du Parti québécois.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Première
complémentaire, M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : ...100 millions,
toujours pas de ballons, et surtout pas de réponse aux questions.
L'opacité, c'est dans tous les domaines de
l'action étatique. La semaine passée, on a refusé de dire qui sont les
fournisseurs chinois des éoliennes sur la Côte-de-Beaupré. Il y a des questions
sur le travail forcé en Chine, sur le code de conduite d'Hydro-Québec, sur
l'équité et la sécurité pour les entreprises québécoises, mais c'est le secret,
un secret inacceptable.
La ministre va-t-elle
être transparente et répondre à la question? Qui sont les fournisseurs chinois
des éoliennes sur la Côte-de-Beaupré?
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Mme
la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Écoutez,
M. le Président, donc, je veux revenir sur le score du Parti québécois en
matière d'interventions économiques, parce qu'ils ont eu beaucoup moins
d'interventions économiques que nous et beaucoup moins d'interventions
économiques qui ont réussi. Si on regarde dans le court mandat qu'il y a eu, du
Parti québécois, il y a plusieurs années, cimenterie McInnis, le PQ avait
engendré des pertes de 472 millions de dollars, 472 millions de dollars. Ça, c'est en
2014, de l'argent de 2014, dans la cimenterie McInnis, pour laquelle il n'y
avait eu aucun BAPE.
Alors, en
matière de score, on peut aussi rappeler que Gaspésia avait engendré des pertes
de 253 millions de dollars sous le gouvernement péquiste.
Alors, je pense que...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci. Mme la députée... En deuxième complémentaire, Mme la députée de Terrebonne.
Mme Catherine
Gentilcore
Mme Gentilcore : Toujours pas
de réponse, alors que les bris de transparence s'accumulent, depuis sept ans,
du côté de la CAQ. On nous a refusé tour à tour l'étude de McKinsey sur la
filière batterie, les contrats de gré à gré pendant la pandémie, la proportion
des prêts pardonnables, Flying Whales, les pales chinoises. C'est assez, et
c'est trop. On dépose dès maintenant une demande d'accès à l'information pour
l'ensemble de ces dossiers-là. On s'attend à obtenir des réponses. Et, je vous
le dis, les Québécois, eux, veulent savoir qu'est-ce que fait la CAQ avec leur
argent.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Mme
la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je veux pouvoir écouter Mme la ministre de
l'Économie et de l'Énergie, s'il vous plaît. Mme la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président. Donc, je n'ai pas eu suffisamment d'une complémentaire pour faire la
liste des projets qui ont mal été sous les
libéraux. On peut aussi rappeler la mine de diamants Stornoway, qui est un autre
projet sous les péquistes, et les libéraux aussi, d'ailleurs, avec des pertes
de 275 millions de dollars.
Alors, c'est important aussi de regarder son
propre historique, avant de lancer des attaques face à un gouvernement qui a
fait beaucoup plus que le leur. Et, si on regarde notre taux de réussite,
c'est-à-dire des projets où il n'y a pas eu de perte, eh bien, sous les
libéraux et les péquistes, le taux de réussite était de 41 % pour les
projets de plus de 20 millions. On l'a rehaussé à 83 %, ce taux de
réussite là. Et ça, c'est parce qu'on aide des entreprises.
Donc, je ne sais pas si la députée de Terrebonne
a indiqué à ADF qu'elle ne les...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
En principale, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Accès aux services médicaux spécialisés
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le Président,
le rapport du Vérificateur général est dévastateur. Je cite : «Depuis des
années, le ministère de la Santé et des Services sociaux se fixe des objectifs
stratégiques pour améliorer l'accès aux services médicaux spécialisés mais ne
les atteint pas». Pourquoi? Parce que c'est le fouillis le plus total dans les
listes d'attente.
Pour le suivi des premières consultations en
médecine spécialisée, le ministère de la Santé s'appuie uniquement sur les données provenant des centres de
répartition de demandes de services, et ces données-là, bien, ça représente
20 % de toutes les premières consultations en médecine spécialisée,
20 %. Ça veut dire que 80 % des demandes échappent complètement au
système. En somme, le ministre ne connaît pas le nombre réel de patients en
attente.
Pire encore,
le vérificateur confirme que, dans plusieurs établissements, les listes
d'attente sont mal gérées : priorités absentes, suivi incomplet,
données incohérentes. Bref, le gouvernement est dans le noir, il navigue à vue.
Comment peut-on faire confiance au ministre pour
gérer les listes d'attente?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, M. le
Président, je suis tellement content d'avoir cette question-là, pour deux
raisons. La première, c'est qu'exactement ce que le vérificateur dit, c'est ça
qu'on a demandé dans notre négociation avec les médecins spécialistes, de régler la question du CRDS, le centre de
rendez-vous pour un spécialiste. Tous ces éléments-là qui sont cités par le Vérificateur général, c'est
exactement notre demande aux médecins spécialistes, de nous aider à régler l'inefficacité
à travers le centre de rendez-vous. Premièrement.
Deuxièmement, la solution... une des solutions
les plus importantes pour régler le CRDS, c'est le fameux Dossier de santé numérique, le DSN, ce DSN là que
les spécialistes ont décidé de bouder depuis plusieurs mois. Alors, ceux
à qui on demande de nous aider à rétablir la liste ne veulent pas avoir les
outils technologiques pour le régler.
Madame... M. le Président, on est d'accord avec
le vérificateur, il faut trouver des solutions pour améliorer le rendez-vous
avec un spécialiste, et nous allons continuer d'y travailler. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Première complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le Président, le spécialiste des données puis
des tableaux de bord, c'est le ministre de la Santé, mais il n'a aucune
espèce d'idée de comment on gère les 900 000 personnes en attente au
CRDS. Il y en a 200 000 qui sont hors délai. On y
dit que, dans ce nombre-là, il y a des doublons, probablement des personnes
décédées. Aucune priorisation n'est faite.
Et là ce qu'il nous dit, c'est : C'est aux médecins spécialistes de régler
ce problème-là. M. le Président, le modèle de gestion...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre de la Santé.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
M. le Président, je vais reprendre la question très clairement. Le Dossier de
santé numérique, qui est le virage numérique
pour, justement, aider à avoir un meilleur contrôle sur les rendez-vous avec
les spécialistes, a été boudé par la fédération depuis le mois de
septembre. On a été obligés de retarder le départ du projet de loi... du
dossier, qui devait commencer à la fin novembre, parce qu'on n'avait pas les
médecins qui participaient au design du système, M. le Président.
Alors, nous avons
amené des solutions. On sait ce qu'il faut faire pour régler le problème. J'ai
très hâte que les médecins puissent revenir pour finaliser les deux projets
pilotes qu'on a mis en place, pour être capables de trouver des solutions que
nous avons mises sur la table.
• (11 heures) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Deuxième complémentaire.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
M. le Président, moi, je pensais que la mise en place de Santé Québec, il y a
un an, là, ça allait servir un peu à ça,
avoir un portrait plus clair, avancer, régler les problèmes des listes
d'attente. Là, on nous dit : C'est la responsabilité des médecins.
Pendant qu'on se
garroche la balle entre le ministère, entre Santé Québec puis avec les
médecins, bien, il y a des patients qui attendent et qui désespèrent. Il n'y a
aucune donnée fiable. Comment est-ce qu'on peut planifier les effectifs, s'assurer d'un accès équitable, d'un
établissement à l'autre, d'une région à une autre? Comment peut-il s'assurer,
le ministre, que les patients soient vus lorsque c'est urgent?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre de la Santé.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Alors, sur une chose, M. le Président, le député des Îles-de-la-Madeleine a
raison, c'est à Santé Québec de s'occuper de nos dossiers en santé
numérique. Mais il doit y avoir la participation des médecins pour être certains
que ce qu'on va sortir comme projet fait l'affaire pour le CRDS.
Alors, M. le
Président, on va continuer de faire les améliorations, on le fait, le virage
numérique, mais il faut que les médecins viennent participer à la finalisation
des deux projets pilotes. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Motions
sans préavis
Comme il n'y a pas de
votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, pour
ce faire, je cède la place à la deuxième vice-présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Comme on vient de le dire, nous sommes à la rubrique
Motions sans préavis. M. le premier ministre.
Nommer
Mme Naomi Ayotte membre et vice-présidente
de la Commission d'accès à l'information
Document déposé
M. Legault : Merci, Mme la Présidente.
Je propose donc, après consultation auprès des partis d'opposition et des
députés indépendants :
«Que, conformément
aux articles 104 et 105 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des
renseignements personnels, madame Naomi Ayotte, membre et vice-présidente par
intérim, Commission d'accès à
l'information, soit nommée membre et vice-présidente de la Commission d'accès à
l'information, affectée à la section surveillance, pour un mandat de
cinq ans à compter du 4 décembre 2025 et que sa rémunération et ses autres
conditions de travail soient celles contenues dans le document ci-annexé que je
dépose.»
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le premier ministre. Je rappelle aux membres de l'Assemblée que, pour
être adoptée, cette motion doit être approuvée par au moins les deux tiers des
membres de l'Assemblée. Elle doit donc être suivie d'un vote électronique.
Mise
aux voix
Je
mets aux voix la motion de M. le premier ministre telle que lue précédemment.
Le vote est maintenant ouvert.
La période du vote
est maintenant terminée. Mme la secrétaire générale, pour le résultat du vote,
s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour : 100
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : La motion est adoptée.
Toujours à la
rubrique Motions sans préavis, et en fonction de nos règles et l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du
groupe formant l'opposition officielle. Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Souligner la Journée
internationale des personnes handicapées
Mme Prass :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante
conjointement avec la ministre responsable des Services sociaux, le leader du
deuxième groupe d'opposition, le député des Îles-de-la-Madeleine, le
député de Saint-Jérôme, le député d'Abitibi-Est, le député de Rimouski... la députée de
Rimouski, le député de Taillon, la députée de Laporte et la députée de
Saint-Laurent :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée internationale des personnes handicapées, qui se
tient le 3 décembre sous le thème : Comprendre, Agir, Bâtir;
«Qu'elle réaffirme
l'importance de promouvoir la pleine participation sociale, professionnelle et
citoyenne des personnes en situation de handicap, ainsi que le respect de leurs
droits et de leur dignité;
«Qu'elle reconnaisse
la contribution essentielle des personnes handicapées à la vitalité de notre
société et l'importance d'éliminer les obstacles qui limitent leur inclusion;
«Qu'elle souligne le
travail des organismes, des proches aidants et des [intervenants] et [intervenantes]
qui accompagnent quotidiennement les personnes en situation de handicap;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale s'engage à poursuivre ses efforts afin de bâtir un Québec
véritablement inclusif pour toutes et [pour] tous.»
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion?
Mme LeBel :
Mme la Présidente, il y a consentement pour un débat de deux minutes de rigueur
par intervenant dans l'ordre suivant : la députée de D'Arcy-McGee, la
ministre responsable des Services sociaux, le leader du deuxième groupe
d'opposition et le député des Îles-de-la-Madeleine.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement pour qu'il y ait quatre intervenants et
pour que la durée des interventions soit limitée à un maximum de deux
minutes chacune? Est-ce que j'ai le consentement? Consentement? Oui. Parfait.
Donc, Mme la députée
de D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, en
reconnaissant officiellement la Journée internationale des personnes
handicapées, du 3 décembre, nous réaffirmons un principe simple mais
essentiel : une société inclusive est une société plus forte. En
tant qu'élus, ce principe doit guider nos choix politiques, nos investissements
et notre façon d'offrir les services publics. Cela signifie garantir l'accès à
un logement adapté, à des services sociaux adéquats, à du transport adapté
fiable, à l'éducation avec le soutien nécessaire et à l'emploi.
Le thème de cette
année est Comprendre, agir, bâtir. Ce sont des mots qui traduisent les
efforts que chacun d'entre nous devons
collectivement faire envers les plus de 1,5 million de Québécoises et
Québécois qui vivent avec une limitation physique ou cognitive, qu'ils
se sentent compris et respectés. Derrière chaque statistique, il y a une
personne, un enfant sous-estimé, un adulte
qu'on laisse attendre, une famille qui doit se battre pour chaque service,
chaque adaptation, chaque simple reconnaissance de besoins fondamentaux.
Aujourd'hui, nous
reconnaissons non seulement les droits et la dignité des personnes handicapées,
mais aussi la contribution irremplaçable de leurs familles. Nous envoyons un
message clair. Leur travail ne doit plus être invisible. Leur charge ne doit
plus être assumée seule. Leur bien-être doit faire partie intégrante de nos
décisions politiques. Reconnaître
cette journée, c'est aussi mettre en lumière les réussites des personnes
handicapées qui, chaque jour, contribuent à leur communauté et à notre
société.
Par cette motion,
nous envoyons un message clair. Nous devons regarder nos systèmes non pas par
ceux qui sont, mais par ceux qui doivent
devenir. Nous devons entendre toutes les voix, celles des personnes
handicapées, de leurs familles, des
organismes, et transformer ces voix en actions concrètes. Appuyer cette motion,
c'est reconnaître que l'inclusion n'est pas un geste ponctuel, c'est un
engagement à faire mieux, à faire plus et à faire maintenant. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Merci beaucoup, Mme la
députée. Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la ministre
responsable des Services sociaux.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger :
Mme la Présidente, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui à
l'occasion de la Journée internationale des personnes handicapées. Cette
journée nous rappelle que comprendre, agir et bâtir un Québec plus inclusif,
c'est un parcours continu, porté par la dignité et l'espoir.
Je veux d'abord
saluer toutes les personnes en situation de handicap ainsi que leurs proches,
qui vivent au quotidien avec des défis importants. Leur résilience et leur
détermination forcent l'admiration. Je remercie également les organismes, les proches aidants et tous les
intervenants qui accompagnent chaque jour avec humanité et professionnalisme
ces personnes.
Mme la Présidente,
c'est guidé par cette réalité que notre gouvernement a agi, notamment en
augmentant les investissements pour soutenir les différents milieux, en
augmentant les ressources en matière d'hébergement, en développant des places
de répit, et aussi augmenter l'offre de services aux proches aidants. Je pense
aussi à tous les organismes qui gravitent en lien avec les situations de
handicap. Avec ces mesures, Mme la Présidente, nous avançons toujours dans la même direction, dans la bonne
direction, pour mieux soutenir les personnes, reconnaître leur contribution
essentielle et appuyer les organismes, continuer de développer du répit et
alléger, surtout, les démarches, les démarches innombrables que ces personnes
doivent réaliser au quotidien. Ensemble, ces gestes forment un véritable
continuum de soins et de services.
Mme
la Présidente, je suis fière des partenariats établis et je serai au
rendez-vous pour poursuivre le développement des services. Merci, Mme la
Présidente.
• (11 h 10)
•
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole
à M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Mme la Présidente, nous soulignons aujourd'hui la Journée internationale
des personnes handicapées. Cette journée nous permet, bien entendu, de parler
de l'apport à nos communautés que font ces personnes vivant avec un handicap
dans nos écoles, dans nos milieux de travail et même dans de récents épisodes
de téléséries. Ces personnes enrichissent
notre société. Cette journée, sous le thème Comprendre, agir, bâtir,
doit aussi et surtout être un rappel pour nous qu'il reste énormément à
faire pour faciliter l'inclusion des personnes vivant avec un handicap.
Je vous ai souvent
parlé, dans la dernière année, de mon ami Jérôme, un jeune homme avec une
déficience intellectuelle qui, depuis 10 ans, est sur les plateaux de
travail, un programme qui devait être temporaire, où il travaille à temps plein
pour 5 $ par jour. Des personnes comme Jérôme, il y en a des centaines à
travers le Québec, qui n'ont pas l'opportunité de s'intégrer pleinement en
emploi. Ces mêmes personnes vivent plus d'embûches que la population moyenne
pour l'ensemble de leurs activités. Vivre avec un handicap physique ou
intellectuel, c'est un frein pour se trouver un logement qui soit adapté aux
besoins, pour participer aux activités sociales, pour accéder au transport en
commun, et tant d'autres choses.
Rappelons-nous que
les plaintes à la commission des droits de la personne et la jeunesse pour des
lésions de droits pour des personnes
handicapées sont en hausse de 22 % cette année. Nous devons aspirer à
faire beaucoup, beaucoup mieux.
Certes, les proches aidants et les organismes communautaires font un travail
colossal, mais les ressources manquent, les familles s'essoufflent et
les organismes tiennent le filet social à bout de bras, sans avoir les moyens
suffisants pour accomplir leur mission. Si on veut vraiment atteindre la pleine
inclusion des personnes handicapées, il faudra se donner les moyens d'atteindre
cet objectif.
Au-delà de la
sensibilisation et des campagnes d'information, ce que je souhaite voir, ce
sont des engagements clairs. Visons la
pleine intégration et mettons fin à l'exploitation des plateaux de travail.
Permettons aux personnes vivant avec un handicap de vivre dignement en
construisant des logements adaptés où les ressources d'aide sont disponibles.
Finançons le transport adapté à la hauteur des besoins.
En cette Journée
internationale des personnes handicapées, j'exprime l'espoir, Mme la
Présidente, que, comme dit le thème de cette année, nous allons comprendre,
oui, mais surtout agir. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
Mme la Présidente, nous appuyons pleinement cette motion qui nous invite
aujourd'hui à souligner la Journée internationale des personnes handicapées et
à réaffirmer des principes essentiels : la dignité, les droits
fondamentaux et la pleine participation sociale, professionnelle, et la
pleine... professionnelle et citoyenne des personnes
en situation de handicap. Ce sont des valeurs que nous partageons entièrement
et qui devraient guider chacune de nos politiques publiques pour bâtir
un Québec réellement inclusif pour tous.
Il faut toutefois reconnaître la réalité
actuelle. Plus tôt cette année, nous étions aux côtés du Comité d'action des
personnes vivant des situations de handicap, la COPHAN, pour dénoncer les
compressions imposées par le gouvernement. Depuis des mois, ce sont les personnes les plus
vulnérables qui absorbent les conséquences de ces choix : coupes dans les chèques emploi-service, réduction
du nombre d'heures accordées, interruption du Programme d'adaptation à
domicile. Pourtant, la Commission des droits de la personne avait sonné
l'alarme dès décembre 2024, s'inquiétant des atteintes possibles aux droits
fondamentaux suite aux coupures liées au soutien à domicile. L'avertissement
était clair, mais il est demeuré sans effet. Chaque coupure fragilise un peu
plus l'autonomie de milliers de personnes.
Aujourd'hui, nous soulignons la contribution
essentielle de ces personnes handicapées et leur apport à la vitalité de notre
société, mais aussi le rôle crucial des organismes, des proches aidants et de
toutes les intervenantes et intervenants qui oeuvrent chaque jour pour
soutenir, accompagner et permettre à chacun de vivre dans la dignité. Nous soutenons donc cette motion, parce qu'elle appelle
à une cohérence, cohérence qui s'impose. Comprendre, agir, bâtir, et bâtir
ensemble un Québec qui ne laisse personne derrière, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Est-ce que cette motion est adoptée? Adopté? Oui, madame...
Pardon?
Une voix : ...
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Un vote électronique est demandé. Donc, la période du vote est maintenant
ouverte.
La période du vote étant terminée, Mme la
secrétaire générale, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour : 94
Contre :
0
Abstentions :
0
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Cette motion est adoptée. Oui, Mme la leader de l'opposition
officielle.
Mme Setlakwe : Oui. Nous
aimerions qu'une copie de cette motion soit envoyée à la Société québécoise de
la déficience intellectuelle, la Confédération des organismes de personnes
handicapées du Québec et le Regroupement des activistes pour l'inclusion au
Québec.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Ce
sera fait.
Je suis prête, maintenant, à entendre un membre
du deuxième groupe d'opposition. Donc, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition,
la parole est à vous.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante conjointement avec le député de l'Acadie, la députée de Terrebonne,
la députée de Rimouski, le député d'Abitibi-Est, la députée de Laporte et la
députée de Saint-Laurent :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte des
avertissements répétés du Barreau du Québec et du Collège des médecins, qui jugent que "les risques
encourus surpassent les bénéfices" d'inscrire l'interruption volontaire de
grossesse dans une loi fondamentale;
«Qu'elle rappelle, comme le soulignent ces
ordres professionnels, qu'une telle codification créerait un "cadre
juridique susceptible d'être contesté" et offrirait "un levier aux
mouvements anti-choix", fragilisant ainsi un droit actuellement bien
protégé;
«Qu'elle observe que les groupes féministes,
plus de 400 médecins et les juristes spécialisés s'accordent pour dire que
l'avortement est un soin de santé pleinement protégé par le droit actuel, et
que le véritable enjeu demeure l'accès aux services;
«Qu'elle affirme que, dans un contexte où les
droits reproductifs reculent ailleurs dans le monde, le Québec doit éviter
toute démarche législative qui ouvrirait la porte à des restrictions;
«Qu'enfin elle demande au gouvernement du Québec
de s'engager à retirer l'article 29 du projet de loi 1.» Merci
beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Il n'y a pas de consentement.
Je suis
maintenant prête à entendre un membre du troisième groupe d'opposition. M. le
député de Matane-Matapédia, la
parole est à vous.
M. Bérubé : Mme
la Présidente, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin
de présenter, conjointement avec le ministre de la Langue française, le
député d'Abitibi-Est et la députée de Rimouski, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que, le 20 novembre 2024, le Commissaire à
la langue française observait :
«Qu'entre 2016 et 2021, la diminution de la part
de la population québécoise parlant principalement le français à la maison
s'est poursuivie, prolongeant une baisse amorcée en 2006;
«Que durant la même période, la part de la
population utilisant le plus souvent le français au travail a également
diminué, et ce, principalement au profit de l'anglais;
«Et que cette baisse s'observe dans toutes les
régions métropolitaines de recensement du Québec, mais qu'elle est plus
prononcée dans la région de Gatineau et dans la couronne de Montréal;
«Que
l'Assemblée nationale, en conséquence, réitère que la lutte contre le déclin de
la langue française au Québec est un enjeu politique fondamental pour la
nation québécoise.»
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion? Il n'y a pas de consentement.
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Je suis prête maintenant à entendre un membre du groupe formant
le gouvernement, et je cède la parole à M. le député de Saint-Jean.
Rappeler la responsabilité des élus du Québec
de défendre la langue française
M. Lemieux : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec la députée de Bourassa-Sauvé, le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
le député de Matane-Matapédia, la députée de Laporte, le député de Taillon, le
député d'Abitibi-Est, le député de... la députée de Rimouski, le député de Saint-Jérôme
et la députée de Saint-Laurent :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse le déclin
de la langue française au Québec et plus particulièrement à Montréal;
«Qu'elle rappelle que la langue française est le
coeur de l'identité québécoise;
«Qu'elle affirme qu'il est de la responsabilité
des élus du Québec, de toutes allégeances politiques et de tous les paliers de
gouvernement, de défendre la langue française.»
• (11 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
Mme LeBel : Il y a consentement, sans débat. Et on va vous
demander un vote électronique, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Un vote électronique a été demandé. Donc, la période du vote est maintenant
ouverte.
La période du
vote est terminée. Maintenant, Mme la secrétaire générale, pour le résultat du
vote, s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour : 93
Contre :
0
Abstentions :
0
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Cette motion est adoptée. Mme la leader du... adjointe du gouvernement,
oui.
Mme LeBel : Oui. Merci, Mme la Présidente. On va vous
demander d'envoyer une copie, là, gracieuseté de cette Assemblée, au ministre de l'Identité et de la
Culture canadienne ainsi que le ministre responsable des Langues officielles
du Canada, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Ce sera fait.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous en
sommes maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. Mme
la leader adjointe du gouvernement, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Merci, Mme la
Présidente.
Alors, je fais avis à cette Assemblée que la
Commission des transports et de l'environnement poursuivra les consultations
particulières et les auditions publiques sur le document intitulé Consultation
sur la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre du Québec
aujourd'hui, de 15 heures à 17 h 25, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des finances
publiques entendra les intéressés et procédera à l'étude détaillée du projet de
loi d'intérêt privé n° 202, Loi concernant le
regroupement de Mutuelle Beneva et de La Compagnie mutuelle d'assurance Gore,
aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 heures, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de la culture et de l'éducation
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 109,
Loi affirmant la souveraineté culturelle du Québec et édictant la Loi sur la
découvrabilité des contenus culturels francophones dans l'environnement
numérique, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions
jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de
19 h 30 à 22 h 30, à la salle Pauline-Marois.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup.
Nous en sommes maintenant à la rubrique Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée, et je cède la parole à M. le ministre du
Travail.
M. Boulet : Donc, je...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre, avant de vous donner la parole, j'ai oublié une phrase.
Peut-être que c'est pour ça que ça vous a induit en erreur.
Affaires du jour
Donc, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. Et c'est à ce moment que je vous cède la parole,
M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Je vous demande d'appeler l'article 2 du feuilleton.
Projet de loi n° 3
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : À l'article 2 du feuilleton, M. le ministre du Travail propose
l'adoption du principe du projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la transparence, la
gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de
travail.
Y a-t-il des interventions?
M. le ministre, la parole est à vous.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Mme la Présidente, je suis heureux de soumettre à
cette Assemblée le projet de loi visant à améliorer la transparence, la gouvernance et le processus
démocratique de diverses associations en milieu de travail pour l'adoption
de son principe.
D'entrée de jeu, j'aimerais remercier les
participants aux consultations pour leur contribution, de même que les
collègues pour la pertinence de leurs questions. Certains groupes ont abordé le
projet de loi avec des réactions catégoriques, et ça me semble en dissonance
avec son caractère, que nous avons souhaité mesuré et raisonnable. Nous devons
faire avancer ce projet de loi en tenant compte des préoccupations exprimées,
sans renoncer aux principes qui fondent son action, soit de donner aux salariés
les outils nécessaires à une meilleure information et à une plus grande
participation à la vie démocratique. Et c'est ce que nous allons faire avec
rigueur, avec courage et avec la conviction que notre responsabilité est
d'agir. Je tiens à le répéter, Mme la Présidente, la diversité des opinions est
pour moi le signe d'une démocratie vivante.
Notre responsabilité collective est de transformer cette diversité en force et
non en fracture.
Ce projet de loi, Mme la Présidente, est en fait
relativement simple. Ce que nous souhaitons faire, c'est de renforcer le droit
des membres et des salariés syndiqués d'être adéquatement informés et le droit
de pouvoir compter sur des processus
démocratiques inspirés des meilleures pratiques. Je crois sincèrement que nous
proposons des mesures respectueuses des syndicats, qui ont toujours été
des acteurs incontournables de l'évolution des milieux de travail, au bénéfice
des travailleuses et des travailleurs du Québec.
Rappelons par ailleurs qu'en 2025 les syndicats
vont aller chercher près de 1,5 milliard de dollars en cotisations
dans les poches des travailleurs. C'est beaucoup d'argent, et il est tout à
fait légitime que les salariés soient au courant de la manière dont ces sommes sont utilisées et pour quelles raisons.
Nous avons tous été témoins de pratiques douteuses ou dépassées qui
nuisent aux travailleurs, qui nuisent aux citoyens et qui nuisent au Québec
tout entier. Une plus grande imputabilité et
transparence à l'égard de ces derniers sont donc nécessaires. Les membres et
les salariés syndiqués doivent être
adéquatement informés et pouvoir compter sur des processus démocratiques
inspirés des meilleures pratiques. On parle de près de 1,6 million
de personnes.
Le Code du travail et la loi R-20 pour
l'industrie de la construction sont les deux lois qui encadrent les rapports
collectifs du travail entre un groupe de salariés et un employeur. Ces lois se
concentrent principalement sur le processus d'accréditation et la négociation
collective, mais ne touchent pas la question de la transparence des dirigeants
syndicaux ni des droits des salariés. Dans un contexte où tous les salariés
représentés par une association syndicale doivent payer une cotisation syndicale, le manque
d'exigences suffisantes en matière de transparence financière de la part
des syndicats ou envers les syndiqués soulève des questions légitimes sur la
gestion des fonds et sur la responsabilité des dirigeants. Le monopole de
représentation syndicale conféré par la loi ne s'accompagne pas d'une
contrepartie qui prévoirait un encadrement
légal rigoureux en matière de gouvernance interne. En effet, hormis quelques
rares exceptions, le Code du travail ou la loi R-20 ne prévoient pas de dispositions
spécifiques aptes à garantir la transparence, l'équité ou
l'accessibilité des processus démocratiques internes.
C'est pourquoi le
projet de loi n° 3 propose trois blocs de mesures
ayant chacun leur thème. Tout d'abord, les mesures liées à la transparence :
assurer que l'ensemble des salariés inclus dans une unité de négociation et qui
participent à son financement aient accès facilement à des informations fiables
concernant les états financiers; exiger une vérification des états financiers
modulable en fonction du nombre de personnes salariées représentées, afin de ne
pas imposer un fardeau financier trop lourd aux plus petites accréditations
syndicales; exiger plus de transparence des syndicats sur leurs dépenses en
rendant obligatoire la production d'un rapport annuel faisant état de
l'utilisation des ressources financières. Ensuite, en matière de gouvernance,
prévoir l'adoption des statuts et règlements internes du syndicat par les
membres et en préciser le contenu minimal.
• (11 h 30) •
Enfin, concernant le
processus démocratique : améliorer l'exercice démocratique des membres,
notamment en prévoyant l'obligation de tenir des votes à scrutin secret pour
l'établissement des cotisations syndicales et de désormais tenir tout scrutin secret sur une période minimale
de 24 heures; mettre en place une cotisation facultative visant à financer
certaines activités qui ne sont pas directement liées aux conditions de
travail, comme des interventions publiques ou des
démarches judiciaires; également, offrir la possibilité aux salariés
inclus dans une unité de négociation de se prononcer collectivement et
annuellement sur cette cotisation facultative; interdire les représailles
envers les salariés en cas de dissidence.
Nous savions que
cette réforme susciterait des débats. Certains débats peuvent être difficiles,
mais ils sont essentiels pour avancer. Ce qui importe, c'est de les mener dans
un climat de respect, où chaque point de vue est entendu et considéré.
Les syndicats ont
toujours été des acteurs importants du tissu social québécois. Ils ont porté
les revendications des travailleuses et des travailleurs, défendu leurs droits
et contribué à bâtir le monde du travail tel que nous le connaissons
aujourd'hui. Mais, comme toute institution démocratique, ils doivent évoluer,
s'adapter et répondre aux exigences de leur temps.
Notre réforme part
d'un principe simple : les salariés ont le droit de savoir. Et je veux
qu'une chose soit bien claire, nous ne remettons pas en cause le rôle des
syndicats. Au contraire, nous le consolidons, car une organisation transparente
est une organisation forte. Une organisation qui rend des comptes est une
organisation crédible. Une organisation qui tient compte des opinions de ses
membres est une organisation légitime.
Je tiens à saluer les
syndicats qui ont déjà fait de la transparence une priorité. J'ai d'ailleurs eu
l'occasion de le souligner lors des consultations particulières. Ils incarnent
une démocratie syndicale vivante, moderne et inclusive. Chaque salarié a le droit
de bénéficier de ces pratiques exemplaires. Nous devons faire en sorte que
chaque syndiqué, dans chaque secteur, dans chaque région, puisse exercer ses
droits pleinement en toute connaissance de cause.
Dans les projets de
loi que j'ai eu le privilège de soumettre à l'Assemblée nationale, j'ai
toujours cherché à trouver des solutions équilibrées, et c'est l'objectif, une
fois de plus, avec le projet de loi n° 3. Je suis convaincu que tout est
en place pour mettre en oeuvre les meilleures solutions possible dans ce
dossier.
Bien entendu, il
reste du travail à faire pour mener à bien notre travail législatif. Nous avons
reçu plusieurs suggestions et commentaires constructifs lors des consultations
particulières. De nombreux mémoires ont été déposés, et ils sont à l'étude.
Si cette Assemblée
adopte le principe du projet de loi n° 3, nous poursuivrons les travaux
avec l'étude détaillée. Nous écouterons, nous discuterons, mais nous
avancerons, Mme la Présidente, avec tous les collègues. La collègue de Bourassa-Sauvé
est ici, d'ailleurs, que je salue avec beaucoup de sincérité. Alors, j'invite
donc les membres de cette Assemblée, Mme la Présidente, à adopter le principe
du projet de loi n° 3. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet :
Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, le 24 avril dernier, le
ministre du Travail a déposé le projet de
loi n° 101, Loi visant
l'amélioration de certaines lois du travail. Celui-ci incluait initialement des dispositions modifiant le Code
du travail ainsi que la Loi sur les relations de travail, la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction, communément appelée, donc, la loi R-20, notamment afin d'exiger
des associations syndicales, selon le cas, qu'elles présentent chaque année à
leurs membres, lors d'une assemblée générale, leurs états financiers vérifiés
selon les principes comptables généralement reconnus ou qu'elles remettent
gratuitement copie de tels états financiers au membre qui en fait la demande.
Vous me direz, Mme la
Présidente, qu'on étudie en ce moment le projet de loi n° 3,
hein, vous me direz que je digresse en
parlant du projet de loi n° 101, mais en fait ma trame... ma trame
narrative commence ainsi parce que c'est là, en fait, que le ministre du
Travail, selon moi, donc, aurait dû s'arrêter.
Au printemps,
les groupes se sont succédé en commission parlementaire afin d'avaliser le
principe de transparence apporté par ces quelques dispositions, y
apporter des commentaires, des nuances, notamment quant à l'importance de décliner les obligations de vérification d'états financiers
selon la taille des syndicats afin qu'ils puissent défrayer des coûts qui
seraient encourus. Mais, dans l'ensemble, donc, tout le monde était d'accord
avec ce qui était apporté par les dispositions du projet de loi n° 101. Il
y avait là, donc, illustration du dialogue social à son meilleur.
Or, l'entente, Mme la
Présidente, bien, manifestement, c'était trop beau pour la CAQ. Il fallait
trouver un épouvantail. Il fallait trouver
un ennemi. Ces dispositions en
matière de transparence,
raisonnables, bienvenues, accueillies, bien, vous comprenez, Mme la
Présidente, qu'elles ont été retirées du projet de loi n° 101. C'est donc
dans ce contexte que le projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la
transparence, la gouvernance et le processus démocratique de diverses
associations en milieu de travail, a été déposé cet automne. Donc, on a, donc,
ce premier contexte, donc, des dispositions relatives à la transparence.
Donc, d'abord, le
projet de loi reprend les obligations du projet de loi n° 101 et les
étaie. Donc, il décline, en effet, les
obligations relatives à la production d'états financiers vérifiés selon la
taille des syndicats. Bon, c'est fait de façon très imparfaite, Mme la
Présidente. On a entendu les associations nous indiquer que certaines unités
d'accréditation seraient mises en faillite technique étant donné le poids
financier de telles obligations. Mais on comprend des consultations, bon, que le ministre semble ouvert à revoir ces
dispositions. On n'est pas, donc, dans le grand combat ici, Mme la Présidente,
mais on comprend, donc, que ça, bon, c'est repris et c'est étayé.
Ensuite, Mme la
Présidente, le projet de loi y va de dispositions qui sont tout à fait
correctes, hein? Les statuts et règlements de certaines associations devront
être approuvés en assemblée à la majorité des membres exerçant leur droit de
vote au plus tard tous les cinq ans. Donc, il n'y a pas là péril en la demeure,
c'est certain.
Un rapport sur
l'utilisation des ressources financières de certaines associations, incluant
les dépenses de fonction de chacune des personnes qui occupent une charge
élective, leur rémunération, les autres avantages dont elles ont bénéficié,
donc, un tel rapport, donc, sera... devra être présenté en assemblée chaque
année. Une copie devra être remise gratuitement aux salariés qui en font la
demande. Donc, encore une fois, ici, on comprend que toute personne raisonnable
peut accueillir, donc, le principe, donc, d'une telle disposition, peut-être en
débattre sur les moyens, mais ici, encore
une fois, donc, nous sommes dans l'ordre des dispositions tout à fait correctes
qui sont déposées dans le cadre du projet de loi n° 3.
Le projet de loi, par
la suite, présente également des dispositions, bon, qui font l'objet de
questionnements sur le plan de la faisabilité, qui font du mur-à-mur. Je pense
ici, par exemple, au, bon, scrutin secret obligatoire sur les cotisations,
donc, une question qui a été soulevée en commission parlementaire. Et, lorsque
le vote se fait au scrutin secret, donc,
pour les éléments qui ne sont pas obligatoires, une période de scrutin de
24 heures est exigée pour l'élection des personnes qui occupent une
fonction de direction, pour le vote autorisant une grève et le vote autorisant
ou rejetant la signature d'une convention
collective, alors qu'on aurait pu tout simplement parler de période
raisonnable. Des groupes... en fait, je pense à la CSQ particulièrement,
est venue, donc, nous présenter, donc, cette proposition d'amendement à cette
disposition, Mme la Présidente. Donc, on comprend qu'ici, donc, il y a matière
à débat et à discussion, mais qu'on est encore... On peut sourciller,
certains... d'aucuns pourraient sourciller, mais on est encore ici dans l'ordre
de l'acceptabilité, quitte à débattre sur les moyens et sur les effets indésirables
collatéraux.
C'est par la suite
que ça se gâte, Mme la Présidente. La CAQ sort de son chapeau le concept de
cotisation facultative, hein? Essentiellement, donc, dans le projet de loi,
donc, on vient scinder les cotisations, donc, qui demeurent, donc, obligatoires
pour l'ensemble des membres, mais on se dit : Ah! OK, mais, pour certains
enjeux, bien, à ce moment-là, on va créer une espèce de mécanisme distinct, qui
semble, donc, un peu ardu, pour encadrer, donc, certains... l'objet, donc, de
certaines décisions.
Qu'est-ce qui devrait
exclusivement faire l'objet d'une cotisation facultative, Mme la Présidente? On
parle ici d'une intervention devant les tribunaux visant à contester la
validité d'une disposition législative ou réglementaire, toute autre
intervention devant les tribunaux qui ne concerne pas directement la
négociation ou l'application d'une convention collective et/ou les conditions
de travail, toute campagne de publicité, y compris celle de nature politique,
qui concerne toute intervention devant les tribunaux ou un sujet autre que la
promotion ou la défense des droits conférés par une loi ou une convention
collective, et toute participation à un mouvement social, y compris celle de
nature politique, qui concerne toute intervention devant les tribunaux ou un sujet autre que la promotion ou la défense
des droits conférés par une loi ou une convention collective.
• (11 h 40) •
Bon, vous comprenez
ici, Mme la Présidente, qu'ici, donc, on arrive avec un concept assez large que
plusieurs ont qualifié, donc, de mal balisé à la base, mais surtout
excessivement problématique sur le plan du principe. Donc, ici, donc, quand je vous parle, donc, des
principes, donc, je fais notamment, donc, référence, en fait, en premier lieu,
donc, à la définition qui est établie
dans le Code du travail et dans la loi R-20 de ce qui est une
association représentative. Et, de
façon générale, Mme la Présidente, donc, on comprend que... qu'il
y a, dans le Code du travail, donc, une obligation de représenter
non pas juste les relations de travail stricto sensu des membres, des salariés,
mais également de faire, d'émettre une représentation à l'égard, donc, des
droits moraux et sociaux aussi des différents travailleurs.
Donc, on comprend
que, sur le plan, donc, du droit, de ce qui est établi dans le Code du
travail... Et l'article... pardon, le projet
de loi n° 3 ne
vient pas modifier, hein, les articles de définition du Code du travail, donc,
préserve ce cadre général pour définir ce que signifie, ce que constitue
le mandat, donc, d'une association, mais de façon qui ne me semble pas
cohérente. Donc, on vient, donc, encadrer et disséquer l'objet, donc, des cotisations
en disant : Bien, voici votre rôle principal, mais votre rôle, votre rôle
que vous confère le Code du travail, bien, selon nous, bien, sur ces éléments-ci, donc, ça devient un rôle
complémentaire. Donc, vous comprendrez, donc, qu'à la base, donc, ici, donc, il
y a, selon moi, donc, incohérence.
On peut aussi penser à une... en fait, on peut
aussi se dire qu'il s'agit d'une question qui a déjà été débattue, hein, à travers les différents... les différents
piliers de notre état de droit. Donc, en fait, cette décision, elle a été... ce
concept, plutôt, donc, a déjà été débattu, donc, jusqu'en
Cour suprême. Et plusieurs, lors des commissions parlementaires, sont venus
nous parler de l'arrêt Lavigne, donc, nous ont présenté cette décision rendue
unanimement par sept juges de la Cour suprême
du Canada en 1991, essentiellement, donc, voulant reprendre, donc, le principe
que ce... que le rôle, disons, social, donc,
des associations fait partie du rôle principal, donc, de... donc, des
syndicats, donc, des associations représentatives. Donc, on comprend que la Cour suprême, donc, a
déjà un peu tranché cette question-là, hormis, donc, ce que je vous ai
mentionné à l'égard, donc, de la définition que l'on retrouve au Code du
travail.
Mais, au-delà, donc, de ces principes-là, Mme la
Présidente, on voit aussi, et ça nous a été présenté, que les dispositions
relatives aux cotisations facultatives viendraient créer une lourdeur, une
lourdeur administrative absolument épouvantable, donc, pour plusieurs
associations. On le sait, on a un gouvernement, en fait, qui... Déjà, au feuilleton,
on comprend que, demain, il sera encore présenté un autre projet de loi sur
l'allègement réglementaire. Donc, on n'arrête pas de nous parler d'allègement
réglementaire, et moi, comme libérale, j'en suis. Le fardeau qui est imposé aux
petites organisations, quelles qu'elles soient, bien, selon nous, ce n'est pas
du tout, donc, une façon efficace pour celles-ci, donc, de pouvoir, donc,
accomplir leur mandat et de pouvoir s'autogérer. Donc, on comprend qu'ici, avec
ce qui est imposé, il nous semble, donc, qu'on vient augmenter, donc, le
fardeau administratif de ces différentes organisations avec un processus, donc,
de scrutin un peu alambiqué, ici, qui dit : Bon, bien, voilà, oui, vous
pouvez peut-être revenir, donc, une fois par année, mais en l'espèce... Et
c'est une question que j'ai posée à plusieurs des groupes, Mme la Présidente.
Plusieurs sont venus nous dire : Bien, en fait, si on vient nous dire
qu'on vient présenter l'objet, donc, de ce qui ferait l'objet d'une cotisation
facultative, donc, une contestation d'une loi en amont, donc, une fois par
année, bien, en bout de ligne, ça ne change absolument rien avec ce qui se fait
déjà, parce que ce sont des votes qui se font déjà, parce qu'on ne serait pas
en mesure, donc, de présenter, donc, le contenu précis. Donc, les gens, donc,
devraient voter sur des... de façon facultative sur des propositions dont ils
ne connaissent pas la teneur.
Donc, il y a là... il y a là, selon moi, une
proposition qui va à l'inverse de ce que propose le ministre en termes d'offrir
plus de transparence et plus de de leviers aux travailleurs, aux syndiqués,
donc, de savoir ce sur quoi ils votent. Donc,
son processus, à la base, quand il le simplifie, ça ne répond pas à son
objectif. Et, lorsqu'il ne le simplifie pas, donc, lorsque l'on comprend
que, bien évidemment, pour répondre, donc, adéquatement, donc, à ce
mandat-là... qu'il faudrait que les associations reviennent vers leurs membres
pour leur présenter l'objet, donc, d'une décision à contester ou d'un
mouvement, donc, à créer, bien, qu'à ce moment-là il y aurait, donc, des votes
dans chacune... donc, s'il y a un mouvement, donc, plutôt social, donc,
chacune, donc, des plus de 8 000 unités d'accréditation que l'on
retrouve au Québec, donc, vous comprendrez,
quand je vous parle de lourdeur, de mécanismes, donc, plus lents et,
essentiellement, donc, de défis au niveau de l'agilité, qu'il y ait
quelque chose ici qui ne... qui ne fonctionne pas, qui ne fonctionne pas, Mme
la Présidente.
Je ne suis pas la seule, bien évidemment, à
m'interroger sur le processus et sur le principe, ici, de scission des
cotisations entre des principales et des facultatives que nous présente le ministre,
parce que le Barreau du Québec l'a indiqué, donc, dans un communiqué il y a
quelques semaines, nous disant «qu'il craignait une érosion de l'État de droit
au Québec, qu'il déplore que plusieurs projets de loi récemment présentés à
l'Assemblée nationale incluent des dispositions qui entravent significativement
la capacité des citoyens et des citoyennes à faire valoir leurs droits et leurs
opinions, et s'inquiète tout particulièrement de mesures qui auraient pour
effet d'entraver la capacité organisationnelle et financière d'une institution,
d'une organisation ou d'une association, notamment un syndicat, à faire valoir
des opinions en justice ou sur la place publique et d'agir ainsi tel un
contre-pouvoir propre à établir un équilibre démocratique dans la société». Le
Barreau demande donc expressément au gouvernement qu'il procède au retrait des
articles 7 et 9 du projet de loi n° 3. J'invite le ministre à
entendre les mises en garde de son ordre professionnel, qui est aussi le mien.
Donc, vous entendez, Mme la Présidente, avec
tout ce que je vous ai présenté... Et je vous ai présenté, donc, cette trame
narrative dès le départ en vous disant, et c'est le titre du projet de loi,
qu'il y a des dispositions qui visent à améliorer la transparence, qu'il y a
des dispositions qui visent à améliorer la gouvernance et, bon, disons, le
processus démocratique des différentes associations, des dispositions qui font
consensus, qui faisaient tellement consensus qu'il y en avait qui étaient déjà
présentées dans le projet loi n° 101. Et tout le
monde est venu avaliser, donc, l'intention du ministre à ce moment-là.
Donc, aujourd'hui, alors que nous votons sur
l'adoption du principe du projet de loi, je tends la main au ministre du
Travail qui m'écoute et je lui dis, donc, que le Parti libéral du Québec, aujourd'hui,
donc, est prêt à voter en faveur du principe du projet de loi n° 3,
notamment, donc, en raison, donc, des dispositions importantes visant la
transparence, et la gouvernance, et le processus, bon, disons, démocratique des
associations en milieu de travail.
Ceci dit, le ministre doit vraiment, donc, voir
ce vote comme une main tendue. Je l'intime... j'intime au ministre d'accueillir
l'offre que nous lui faisons, de s'en tenir aux dispositions de ce projet loi
qui font consensus, celles qui touchent la transparence et certains aspects de
la gouvernance. Ce vote constitue, donc, une invitation de bonne foi à
abandonner, comme lui demande le Barreau du Québec, les dispositions qui
établissent des cotisations facultatives.
Le PLQ est
favorable au principe de mise en place de normes minimales en matière de
transparence et de bonnes pratiques de gouvernance. Les travailleurs doivent
savoir comment leurs cotisations sont utilisées. C'est d'ailleurs le cas
dans la très vaste majorité des cas. Donc, là-dessus, comme j'ai dit, il n'y en
a pas, d'enjeu. Donc, elles, normalement, donc, s'autogèrent, et tout se passe
bien dans la grande majorité des cas.
Ceci dit, et c'est là notre mise en garde, la
CAQ s'attaque, encore une fois, aux libertés des Québécois en limitant, il nous
dira «en encadrant», ici, donc j'objecterai en disant «en limitant», donc, le
droit d'autrui de contester ces lois. Et
c'est surtout là-dessus, évidemment,
donc, les quatre aspects des
cotisations facultatives... Je vous l'ai déjà dit, en termes de
principe, ça ne fonctionne pas, selon moi, en droit, mais même sur le plan...
sur le plan politique.
Je vous dis, Mme la
Présidente, qu'à notre égard, au Parti libéral du Québec... que les
contre-pouvoirs sont essentiels en démocratie. Et, comme nous l'avons objecté
lorsque nous avons étudié... bien, en fait, comme nous l'avons soulevé dans le
cadre du dépôt du projet de loi n° 1 de la
Constitution du Québec, comme nous l'avons objecté dans le cadre de l'étude
sous bâillon du projet de loi n° 2, bien, c'est, par
souci de cohérence qu'ici, à l'égard du projet de loi n° 3... que nous lui
disons : Arrêtez de chercher à limiter les moyens d'action de ceux qui ne
pensent pas comme vous. Ça, ce ne sera jamais acceptable en démocratie. Il est possible
d'avoir des différends idéologiques et parfois même profonds avec des tiers,
avec des acteurs de la société civile, et Dieu sait, Mme la Présidente, qu'au
Parti libéral du Québec... que nous en avons eus et que nous continuerons d'en
avoir, notamment avec les différentes associations représentatives, mais, dans
une société libre et démocratique, jamais ces différends ne peuvent ni ne
doivent mener à l'affaiblissement de voix citoyennes.
Donc, j'espère que le ministre entendra cette
invitation, qu'il verra, donc, cette volonté de collaboration comme une
invitation de bonne foi à réfléchir de façon profonde et de réfléchir de façon
sérieuse aux dispositions relatives aux cotisations facultatives, surtout
celles relatives à la contestation de lois adoptées, disons, dûment adoptées
par l'Assemblée nationale. Et c'est dans cet
esprit que je lui dis oui, mais seulement pour l'instant. Merci, Mme la
Présidente.
• (11 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup, Mme la députée.
Je cède maintenant la parole à M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Merci, Mme la
Présidente. Donc, nous sommes sur le principe, le débat sur le principe du projet
de loi n° 3 intitulé Loi visant à améliorer la transparence, la
gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de travail.
Et c'est vrai que c'est une partie de
l'intention de ce projet de loi, qui contient des dispositions, comme ma collègue de Bourassa-Sauvé vient de le
mentionner, qu'on retrouvait dans un précédent projet de loi déposé par le
ministre en matière de droit du travail, mais, à l'époque, donc, ces
dispositions ont été retirées. Elles sont ramenées dans ce projet de loi, mais
ce projet de loi, aussi, a une toute nouvelle section, celle sur les
cotisations facultatives et celle qui, en
réalité, crée, j'allais dire vise à créer, mais, en tout cas, crée
certainement, dans la société québécoise, plus de clivages, plus de
confrontations. Et c'est malheureux, parce que ce n'est pas ce dont on a besoin
actuellement dans la société québécoise. On a besoin de dialogue et on a besoin
de s'entendre sur des objectifs communs.
Or, sur cette deuxième partie, qui crée de
l'ingérence dans les affaires des organisations de la société civile, notamment les organisations qui représentent les
travailleurs, qui crée de la paperasse, de la bureaucratie, j'y reviendrai,
mais qui vise aussi à les empêcher ou à rendre beaucoup plus difficile leur
capacité d'agir comme contrepoids, leur capacité, par exemple, d'aller
devant les tribunaux pour contester des décisions du gouvernement, comme c'est
le cas dans toute démocratie qui se
respecte, ces dispositions-là arrivent de manière très malencontreuse. Et on
note qu'il n'y a eu aucune consultation préalable sur ces dispositions.
J'ai posé la question à toutes les personnes qui ont été entendues en commission parlementaire, toutes les
organisations, toutes les personnes : Est-ce que vous avez été consultés?
Est-ce qu'on vous a parlé des dispositions qui s'en venaient? Est-ce
qu'on vous a demandé si on peut faire différemment? Quelles sont vos meilleures
pratiques qu'on pourrait intégrer dans le projet de loi? Et la réponse a
toujours été non.
Or, quand on vient de nouveau jouer dans le
fragile équilibre des relations de travail au Québec, ce qu'on a toujours fait,
ce que les gouvernements précédents ont fait, c'est qu'on se parle avant pour
essayer d'arriver avec les meilleures
politiques publiques. Et ça n'a pas été le cas en ce qui concerne ce projet de
loi n° 3. Et c'est très malheureux, parce que ça explique beaucoup
de la conflictivité qu'on a vue et qu'on a entendue la semaine dernière.
Bon, nous, en l'occurrence, on a fait un appel
au calme. On a indiqué aux représentants des syndicats, justement, qu'il
fallait le bon ton, qu'il fallait la bonne façon d'amener les Québécois à
comprendre les différents points de vue. Et
on a fait le même appel au gouvernement, que d'arriver des projets... avec des
projets de loi comme ça qui exacerbent le clivage, la polarisation dans
notre société, ce n'est pas la bonne façon de gouverner.
Donc, il y a deux volets. Et, sur le premier
volet, celui qui vise à renforcer la démocratie, à renforcer la transparence, à
renforcer les meilleures pratiques de saine gouvernance au sein des
organisations, bien, en fait, même les principaux concernés sont venus nous
dire : Bien oui, on est pas mal d'accord avec ça, souvent, ce sont des
pratiques qu'on... qu'on a déjà mises de
l'avant nous-mêmes. Et donc il y a une convergence sur les principes. Et nous,
on l'a indiqué, on est d'accord avec ça. Plus de transparence, plus de
vérifications des... des dépenses et des comptes, oui, tout le monde est d'accord avec ça, même, je le répète,
même les principaux concernés. Ce sont des principes intéressants. Mais,
encore une fois, ce qu'on voit, c'est du travail bâclé, donc, sur lequel il va
y avoir beaucoup de travail à faire, parce que
plusieurs sont venus nous dire : En pratique, ça ne fonctionne pas,
pourquoi on n'est pas venus nous consulter avant pour qu'on explique
comment ça se passe, les assemblées, comment ça se passe, le processus qui mène
à des votes, comment on pourrait renforcer les meilleures pratiques? Il y en
avait... Dans tous les mémoires qui sont... qui ont été déposés et dans tous
les témoignages qu'on a entendus en consultations particulières, il y en a eu
plusieurs, des bonnes suggestions pour avancer dans le bon sens qui ont été
mises de l'avant, et ce n'est pas ces solutions-là qui ont été choisies.
Pourquoi? Parce qu'on les a ignorées à l'avance. Il n'y a pas eu de dialogue.
Bien, on vient nous dire, par exemple, dans le
cas de... des missions d'examen, donc, d'avoir des personnes indépendantes, des
cabinets comptables qui viennent certifier de la probité des états financiers
des organisations syndicales... La plupart
des organisations syndicales nous ont... sont venues nous dire : D'accord,
mais, par exemple, on impose des obligations. Il y a un exemple qui nous
a été donné, par exemple, pour... Une organisation syndicale peut gérer quelques milliers de dollars dans son compte en
banque, 3 000 $, 4 000 $ ou 5 000 $, et là on lui
impose une obligation de faire une mission
d'examen qui, selon le ministre lui-même, peut coûter de 5 000 $ à
10 000 $. Ça n'a pas de sens.
Donc, dans l'application pratique de ces
nouvelles obligations ou de ce renforcement des obligations de transparence, de démocratie et en matière
financière, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail à faire. Le ministre
a annoncé qu'il allait déposer des amendements, qu'il avait entendu les
principaux concernés venir nous dire : Il va falloir retravailler
ça. Eh oui, il y a beaucoup de travail qui va être nécessaire.
Donc, on
espère que le ministre, de fait, a été à l'écoute et qu'il va arriver avec des
solutions qui sont praticables, qui sont bonnes pour les travailleurs,
pour les organisations et pour l'ensemble du Québec. De manière intéressante,
l'Ordre des comptables agréés a déposé un mémoire dans lequel il vient nous
dire : Oui, c'est une bonne pratique que de
favoriser une plus grande vérification des états financiers, mais l'ordre vient
aussi nous dire qu'il y a des problèmes dans l'application de certaines
des dispositions qui sont proposées par le ministre.
Donc, ça, c'est sur le... c'est sur le premier
volet. Beaucoup de bonnes intentions. Nous sommes d'accord avec tous ces principes-là, mais il va falloir
travailler sur l'articulation en pratique de ce que ça veut dire pour que ça
devienne quelque chose d'utile et de
gérable, parce qu'on ne veut pas non plus générer une nouvelle bureaucratie,
plus de paperasse, plus de délais, et ce, sur les deux volets. Donc, je
le dis pour ce volet de transparence, de démocratie, de renforcement de la démocratie et de renforcement, donc, de la
vérification des états financiers. Ça vaut pour ce volet-là et ça vaut pour
l'autre.
Un des problèmes de ce projet de loi, c'est
qu'il crée beaucoup de paperasse, beaucoup de délais, beaucoup de procédures, beaucoup de contrôle. Dans son étude
d'impact réglementaire, le gouvernement lui-même indique que ça peut aller
jusqu'à 74,3 millions de coûts additionnels, la première année, pour
mettre en place toutes les procédures, et la paperasse, et la bureaucratie
qu'il prévoit dans son projet de loi. Et ensuite, de manière récurrente, à
chaque année, 53,7 millions de dollars que ça va coûter pour gérer cette
bureaucratie-là qu'il impose. Et ça, c'est une estimation de son étude d'impact
réglementaire. Plusieurs sont venus nous dire que ça va être bien pire que ça
parce qu'il y a beaucoup d'éléments qui n'ont pas été bien considérés dans le
projet de loi. Ça va coûter plus cher, ça va causer plus de délais et ça va
compliquer la vie non seulement des organisations syndicales, mais aussi des
employeurs.
Plusieurs sont venus nous dire qu'actuellement,
quand il y a, par exemple, un changement, un simple changement au montant de la
cotisation pour des employés de l'État... On nous dit que, plusieurs mois
après, le ministère concerné n'a toujours pas été capable de la mettre en
vigueur, cette modification au montant de la cotisation. Et là ce que le projet
de loi prévoit, c'est qu'il peut y avoir des dizaines, voire des centaines de
changements comme ça à chaque année, que ça peut... ça peut varier à
l'intérieur d'une même organisation, selon ses sections locales, qu'on ne sait
pas comment ça va fonctionner quand une section locale va voter d'une façon,
une autre section locale va voter d'une autre façon. Donc, on va créer des
impacts, de la paperasse et des délais non seulement pour les organisations
elles-mêmes, mais aussi pour les employeurs, et on ne voit pas comment ça va
bien fonctionner.
Donc, sur le deuxième volet, j'y arrive, il y a
ce problème, donc, de création de plus de paperasse, de plus de bureaucratie
quand on vient dire : On va créer, donc, une partie facultative à la
cotisation obligatoire qui est payée par les
travailleurs du Québec et qui est... donc, qui constitue le budget de
l'organisation syndicale. Donc là, on va dire : On va séparer
les... les activités essentielles des organisations facultatives. D'abord,
c'est quelque chose d'entièrement nouveau. Et tous les principaux concernés
sont venus nous dire : Ça n'existe pas, des activités facultatives.
• (12 heures) •
On vient dire, par exemple, aux organisations de
travailleurs, qui ont été souvent les locomotives ou qui ont vraiment participé
de manière importante à la génération d'avancées sociales importantes qui font
la fierté de tous les Québécois, on vient dire que ça, c'est facultatif, même
si ça bénéficie aux travailleurs. On va pouvoir dire : Non, ça, ça ne
compte pas, l'équité salariale, les régimes de retraite, les congés payés, tous
ces éléments-là dont les organisations syndicales ont souvent été le moteur, on
vient leur dire : Non, ça, c'est facultatif, vous ne pourrez plus faire ça
afin... afin... En tout cas, on va créer des barrières très importantes pour
que ça... pour que ça arrive et surtout on va créer des barrières, voire on va rendre impossibles des actions en cours qui
visent à dire quelque chose de différent du gouvernement. Et ça, pour
nous, on le dit, ce n'est pas acceptable.
Dans une démocratie, on peut être d'accord, on
peut être en désaccord. En l'occurrence, actuellement, il y a des recours
devant des tribunaux avec lesquels ma formation politique est en complet
désaccord, on le dit souvent. Mais, nous, notre réponse n'est pas de
dire : On va vous museler ou on va rendre ça tellement difficile pour vous
d'aller exprimer une opinion différente sur la place publique ou de contester
des lois ou des règlements devant les tribunaux, parce qu'on n'est pas d'accord avec vous, que ça n'arrivera plus. Nous,
on ne voit pas la démocratie fonctionner comme ça au Québec. On pense
que c'est grave, ce qui se passe dans ce projet de loi, comme, en fait, dans le
projet de loi n° 1, déposé par le gouvernement, sur
le projet de Constitution, il y a une disposition similaire. Dans le projet de
loi n° 2, qui nous a été imposée par bâillon, sur la
rémunération des médecins, il y a une disposition similaire. Et, dans ce projet
de loi n° 3
sur la gouvernance des organisations ou des associations en milieu de travail,
il y a aussi cette disposition-là, cette disposition qui vise à
restreindre la capacité devant... d'aller devant les tribunaux, qui est
pourtant essentielle dans notre État de droit.
Ce qui veut dire que le Barreau s'est élevé, a
critiqué très sévèrement le projet de loi n° 3, tout comme, d'ailleurs, la Commission des droits de la
personne et des droits de la jeunesse du Québec, qui le critique sévèrement pour les mêmes raisons, tout comme les professeurs
de droit qu'on a entendus en commission parlementaire, tout comme
l'ordre des conseillers en ressources humaines du Québec, une organisation qui
est neutre, qui est venue nous faire des critiques
très sévères de cette... de ce deuxième volet du projet de loi, en
disant : Ça, attention, danger! Donc, ça va créer de la bureaucratie, ça va
générer beaucoup de contestations devant les tribunaux, c'est impraticable,
c'est du jamais-vu, mais surtout ça
vient atteindre des valeurs fondamentales de notre société, dont la capacité de
contester l'action du gouvernement devant les tribunaux. Et ça, je pense
que ce sont des... des signaux, des alertes que le gouvernement doit entendre,
que le ministre doit entendre. Alors, je fais aussi appel à son sens de l'État.
On lui a dit à quelques reprises, moi, je lui en
ai parlé, je lui ai dit : On s'entend sur plusieurs des objectifs de
l'autre volet du projet de loi. Donc, plus de transparence, plus de démocratie,
plus de vérification financière, d'accord, en s'entendant sur des solutions
pratiques avec les principaux concernés. Mais, l'autre partie du projet de loi,
où il y a encore ces dispositions qui viennent jouer dans des principes
fondamentaux de notre démocratie, qui créent de la paperasse, de la
bureaucratie, qui s'ingèrent indûment dans les affaires des organisations de la
société civile, qui est souvent
vue... Plusieurs nous ont dit ça : C'est vu comme une forme de paternalisme,
alors qu'étrangement il n'y a pas de travailleur, il n'y a pas
d'association qui représente des travailleurs, ou des travailleurs eux-mêmes,
ou des gens qui font partie, donc, du
1 500 000 ou à 1 800 000 personnes qui sont
représentées par des syndicats au Québec, il n'y a personne qui est venu
nous dire : Ah! bien, nous, on est d'accord avec ça, puis, c'est vrai,
quand le ministre dit qu'on n'est pas représentés puis notre voix n'est pas
entendue, on est d'accord avec ça.
Pourtant, le ministre, il dit que lui, il parle
pour les travailleurs. Bien, en tout cas, si c'est ça, on n'a pas entendu... outre sa voix puis l'Institut
économique de Montréal, qui est venu dire qu'eux ils comprenaient les
travailleurs du Québec. Bon, on passera. Mais la réalité, c'est que
les... les organisations indépendantes qui sont venues témoigner en
consultations particulières ou qui ont déposé un mémoire sont venues dire, sur
le deuxième volet, sur la cotisation facultative :
On n'est pas d'accord, attention, très risqué. Et donc on espère que le
ministre va entendre cet... cet appel-là. Donc, il pourrait retirer ces
dispositions-là de son projet de loi ou les modifier très profondément, parce
que ça ne va pas, de ce côté-là.
Alors, nous, on est pour la transparence, pour
la démocratie des organisations québécoises. On est encore... On est d'accord
avec le principe de renforcement de ces principes-là, mais on a des problèmes
avec les dispositions qui visent à entraver la capacité organisationnelle et
financière des organisations à faire valoir leur opinion en justice ou sur la place publique. L'ingérence, la paperasse,
les coûts additionnels, dire aux travailleurs quoi faire de façon paternaliste,
diviser artificiellement les activités régulières des activités facultatives
des organisations sans que ce soit applicable, ce n'est pas acceptable.
Donc, il y a une partie du projet de loi avec
laquelle on est d'accord, en principe, et ça, on l'appuie. Il y a une autre
partie du projet de loi avec laquelle, en principe, on n'est pas d'accord et
qui doit être retirée ou qui doit être changée profondément. Donc, on attend de
voir les discussions en commission parlementaire sur ce projet de loi, mais on
espère que le ministre va entendre l'appel. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup, M. le député. Est-ce qu'il y a... Oui, Mme la députée de D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, je prends la parole pour l'étape de l'adoption de
principe du projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la transparence, la
gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de travail, une loi... un projet de loi qui vise, selon le gouvernement, à
moderniser le fonctionnement des organisations syndicales, à accroître leur
transparence et à renforcer la confiance du public envers les institutions
démocratiques.
Par contre,
bien, avant de commencer, je voudrais remercier tous ceux et celles qui ont
contribué aux consultations, soit par
leurs témoignages, soit par le dépôt d'un mémoire. Ça nous permet, à nous,
autour de la table... ça nous alimente pour
mieux comprendre les réalités sur le terrain et également voir les failles
qu'il peut y avoir dans le projet de loi et les amendements qu'on
pourrait amener, justement, pour les redresser.
Alors, nous sommes tous favorables à des mesures
de transparence et nous croyons tous à la reddition de comptes. Nous croyons à
la confiance du public, nous croyons que les organisations qui jouent un rôle
essentiel dans notre démocratie doivent
effectivement être exemplaires. Sur ces principes, il n'y a aucune ambiguïté,
nous sommes tous d'accord, mais, Mme la Présidente, être d'accord sur
les objectifs ne... ne signifie pas être d'accord sur les moyens.
Il ne faut pas oublier le rôle historique des
syndicats dans la protection des travailleurs et travailleuses du Québec au
cours des décennies. Leurs luttes ont façonné des droits que nous ne...
considérons aujourd'hui comme évidents : les
congés parentaux, les normes du travail, la santé et sécurité, l'équité
salariale, les conditions de travail dignes. Et ce sont des organismes
démocratiques essentiels, créés par les travailleurs et les travailleuses
eux-mêmes.
Tel que j'ai
mentionné, nous appuyons l'objectif d'une plus grande transparence financière
dans les organisations syndicales. Personne ici ne remet en question cet
objectif. Et les associations représentant des milliers de travailleurs et
travailleuses se sont rendues, justement, lors des consultations, et plusieurs
ont partagé le fait que c'est un exercice qu'ils font déjà, que, justement, ils
veulent s'assurer qu'auprès de leurs membres il y ait toute la transparence
quant aux états financiers. Et donc eux, ils
font déjà beaucoup d'efforts, et organisent plusieurs événements justement à
ces fins, et communiquent clairement leurs décisions, ce qui est sain,
ce qui est souhaitable.
Mais ce que nous refusons, c'est la logique mur
à mur que propose le ministre avec le projet de loi dans l'état actuel, les obligations uniformes imposées sans
nuance, et encore moins lorsqu'elles risquent d'affaiblir la capacité des
syndicats à jouer pleinement leur rôle démocratique. Alors, dans ce contexte,
les mesures de transparence doivent exister, oui, mais elles doivent être
adaptées à ces organisations, à leurs moyens financiers et surtout à leur
taille.
Or, le projet de loi n° 3
impose à tous les syndicats, peu importe leur taille, l'obligation de faire
réaliser un audit comptable complet. Un
audit externe complet n'est pas une simple vérification. C'est un exercice qui
peut coûter des dizaines de milliers de dollars à une organisation
locale. Et, pour un grand nombre de... excusez-moi, pour un grand syndicat
national, ce n'est peut-être pas un problème, mais, pour un petit syndicat
indépendant, un syndicat local d'une centaine de membres, dans un milieu rural,
une accréditation en milieu communautaire ou dans un petit établissement, cette
obligation représente un poids financier démesuré. Et ce poids, il ne faut pas
se le cacher, sera assumé par qui? Par les membres eux-mêmes.
• (12 h 10) •
Nous sommes tous pour la transparence, mais nous
sommes contre l'idée que l'on impose les mêmes exigences lourdes et coûteuses à
tous les syndicats, sans aucune distinction, sans aucun mécanisme d'ajustement,
sans seuil et sans nuance. Pour plusieurs
petites sections locales, l'audit obligatoire que propose le projet de loi n° 3 coûterait plus cher que leur budget
annuel. Comment peut-on considérer cela raisonnable? Comment peut-on imaginer
que les syndicats absorbent ces coûts sans compromettre leur mission première?
Ce projet de loi impose une charge administrative disproportionnée, qui n'a
rien à voir avec la transparence, mais tout à voir avec la dissuasion.
Selon le Barreau du Québec, le projet de loi n° 3, tel que présenté... tel que présenté par le
ministre lors du dépôt, dépasse l'objectif de transparence. Il impose
des charges lourdes, irréalistes, parfois impraticables. Il s'inscrit dans une
tendance préoccupante de ce gouvernement, une tendance à resserrer
discrètement, mais systématiquement la capacité de contester ses propres décisions. Mais ce n'est pas la première fois
que le gouvernement de la CAQ agit ainsi. Nous l'avons vu avec le
projet... nous le voyons, plutôt, avec le projet de loi sur la Constitution et
nous l'avons vu avec la loi n° 2 visant les médecins,
une loi qui a profondément... profondément fragilisé notre réseau de la santé.
Dans chacun de ces projets de loi, on trouve
le même fil conducteur : limiter la capacité des acteurs de la société
civile de contester les décisions gouvernementales.
Le Barreau du
Québec l'a dit sans détour, il observe une multiplication de gestes politiques
susceptibles de porter atteinte à l'état de droit en renforçant les
pouvoirs du gouvernement au détriment de ses citoyens. Lorsque le bâtonnier du Québec parle de dispositions autoritaires et
d'un affaiblissement inquiétant des mécanismes de contrepoids, il ne s'agit
pas d'une critique anodine, c'est un signal d'alarme lancé par l'institution
même qui veille au respect de la primauté du droit, et le projet de loi n° 3, malheureusement, s'inscrit exactement dans cette
tendance.
Et voici la crainte du Barreau :
l'article 7 du projet de loi. Le gouvernement propose d'obliger les
syndicats à tenir un vote de leurs membres avant d'intenter une poursuite
contre le gouvernement, mais avant on comprend que le gouvernement de la CAQ propose un nouveau concept, celui des cotisations
facultatives... seront... ils seront déterminés comment, par qui? La représentation
sociale est donc menacée.
D'abord, dans la très grande majorité des cas,
les poursuites intentées par les syndicats sont fondées sur des analyses
juridiques, des atteintes à la liberté d'association, des contextes de
négociation, des violations de convention collective,
des décisions administratives contestables. Demander aux membres de voter avant
même que l'affaire soit instruite, avant même que les enjeux juridiques soient
pleinement compris, c'est déplacer la charge d'expertise vers les membres,
c'est les obliger à se prononcer sur quelque
chose qu'ils ne sont pas forcément outillés pour juger. Exiger une autorisation
préalable des membres, c'est ralentir
les recours, politiser des décisions juridiques et, ultimement, affaiblir la
capacité des syndicats de défendre les droits de leurs travailleurs et
travailleuses contre l'État.
L'article 7
du projet de loi est particulièrement préoccupant, car sa formulation ambiguë
risque de créer de l'incertitude et d'exposer des syndicats à des
contestations judiciaires coûteuses simplement pour savoir s'ils... s'ils ont
le droit de le faire. Il pourrait rendre presque impossibles certaines actions
urgentes, certaines interventions publiques ou certains recours juridiques. Le
Barreau du Québec recommande que ces articles soient retirés, et ce n'est pas
banal. Le Barreau est clair, plusieurs dispositions du projet de loi n° 3 mettent en jeu la liberté d'association. Elles ne
l'interdisent pas directement mais risquent sérieusement de l'entraver, voire
de la neutraliser dans certains cas.
Ce qui est
particulièrement inquiétant, c'est que le projet de loi n° 3
diminue la capacité des syndicats d'intervenir dans les débats publics. Or, leur rôle social est fondamental, et, sans
les syndicats, plusieurs avancées sociales n'auraient jamais eu...
n'auraient jamais vu le jour, comme le droit de vote des femmes, l'équité
salariale, la lutte contre la violence faite aux femmes, les progrès en santé
et sécurité du travail. Et, quand un syndicat veut faire une contribution pour
soutenir un organisme communautaire ou charitable, il va devoir organiser un
vote et débourser les frais pour une salle et tous les coûts qui sont... qui y
sont associés, avec ce genre d'activité.
Le projet de loi exige également que les
syndicats obtiennent à l'avance un vote de leurs membres pour toute
contestation judiciaire, pour l'action publique, toute contribution à un
organisme, mais la réalité, c'est que la vie syndicale est imprévisible. On ne
peut pas prévoir à l'avance une catastrophe naturelle, une décision
gouvernementale prise en pleine nuit, un
enjeu juridique urgent ou même une négociation qui se règle un dimanche soir,
pour reprendre le travail le lundi. Imposer un vote à 24 heures
d'avis, dans ces situations, n'est pas très réaliste.
Pour les syndicats saisonniers, c'est encore
pire. Plusieurs membres ne sont même pas disponibles en dehors de cette période de l'année. Donc, le projet de
loi risque non seulement de ralentir, mais parfois de neutraliser complètement
les actions syndicales urgentes, ce qui pourrait prolonger des conflits de
travail au lieu de les résoudre.
Le
gouvernement prétend vouloir renforcer la transparence, la gouvernance et la
démocratie interne. Ce sont des objectifs légitimes, mais, comme le souligne le
Barreau du Québec, cet objectif semble servir de prétexte à un
encadrement qui réduit la capacité d'intervention des syndicats et donc le rôle
de contre-pouvoir essentiel dans un État de droit.
Un autre enjeu fondamental du projet de loi dans
sa forme actuelle est l'absence de... Excusez-moi. Un autre problème
fondamental avec la rédaction du projet de loi n° 3 est l'absence de
consultations préalables auprès des syndicats.
Si le gouvernement avait pris le temps d'impliquer les organisations syndicales
dans sa réflexion, la réception aurait été
beaucoup moins hostile, et le projet, beaucoup plus équilibré. Nous avons
entendu, lors des consultations, que les syndicats ne s'opposent pas à la
transparence. Plusieurs grands syndicats produisent déjà des états financiers
très détaillés. Le problème n'est pas là. Le problème, c'est la méthode :
un projet élaboré sans ceux et celles qu'il prétend encadrer, sans comprendre
leur réalité et sans mesurer les impacts concrets sur leurs opérations.
Comme l'a dit ma
collègue de Bourassa-Sauvé, ma formation politique votera en faveur de l'adoption
du principe, mais cela n'est pas l'adoption finale. Donc, nous acceptons...
nous acceptons d'étudier sérieusement ce projet de loi, d'en débattre en
commission, de l'amender et de l'améliorer. On attend les amendements du
ministre, suite aux consultations, et on en
aura également. Mais nous n'allons pas accepter un encadrement qui, sous
prétexte de modernisation, en vient à fragiliser la liberté
d'association, à alourdir inutilement le fonctionnement des syndicats et à
limiter leur capacité de défendre leurs membres et parfois de défendre la
démocratie elle-même. Nous voulons un projet de loi équilibré, un projet de loi
qui protège le public mais aussi les travailleurs et travailleuses, un projet
de loi qui modernise mais sans affaiblir un pilier essentiel de notre société.
C'est dans cet esprit, Mme la Présidente, que nous aborderons l'étude détaillée
du projet de loi n° 3. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Un plaisir pour moi d'intervenir aujourd'hui sur
le principe du projet de loi n° 3. Je veux d'abord remercier toutes les
personnes qui se sont déplacées pendant les consultations particulières. Pas
beaucoup de félicitations, par contre, à donner au gouvernement dans sa gestion
des invitations, Mme la Présidente. Imaginez-vous
donc, moi, je n'avais jamais vu ça en huit ans de parlementarisme, il y a eu
six annulations, six annulations de personnes qui n'ont pas voulu venir
bénéficier de l'invitation qu'ils avaient reçue. Aucune de ces invitations-là,
qui étaient prévues d'avance, n'a été remplacée par le gouvernement, alors que
la liste des gens qui voulaient venir était très, très longue, très très
longue. Moi, je n'avais jamais été autant sollicité, comme député d'opposition,
pour dire : Est-ce que je peux venir à
l'Assemblée... aux audiences? Est-ce que je peux venir aux audiences? Des
plages horaires. On a siégé, un matin, avec une seule audience, alors que
d'habitude on en a trois. Le gouvernement a refusé systématiquement d'entendre du
monde. Alors qu'on joue dans les cotisations syndicales, je me serais attendu,
comme attente minimale, qu'on entende toutes les grandes fédérations
syndicales, toutes les centrales. On en a entendu un peu plus que le projet de
loi n° 101, mais, cette fois-ci, on a refusé, du côté du gouvernement,
d'entendre le Syndicat de la fonction publique du Québec. Eux autres, ils n'ont
pas eu la chance de venir, le seul des grandes centrales et des grands
syndicats affiliés qui n'a pas pu venir, alors qu'il y avait, je le rappelle,
six plages horaires de libres. On était tous ici, là, tous les fonctionnaires étaient prêts, les parlementaires
étaient prêts, on aurait pu les entendre, six plages horaires de libres, puis,
eux autres, on a décidé de ne pas les écouter.
• (12 h 20) •
Par contre, par
contre, on a décidé d'investir une heure de notre temps pour entendre
l'Institut économique de Montréal. C'est
quoi, l'Institut économique de Montréal? C'est-tu un groupe de patrons? Non.
C'est-tu un groupe de travailleurs? Non.
C'est un «think tank» financé, en bonne partie, à travers des crédits d'impôt,
de nos dons. Qu'est-ce qu'ils ont d'affaire à venir s'exprimer sur l'avenir des cotisations syndicales des
travailleurs, travailleuses? Bien, coudon, on les a entendus. On a jasé
avec eux. Ils n'étaient pas super bien préparés, Mme la Présidente, parce
que... quand ils sont venus pour dire qu'il y avait des assemblées-fleuves au
Québec, il fallait intervenir là-dessus en citant la fameuse assemblée de
ratification de l'entente de principe de l'alliance des profs de Montréal, il y
a deux ans, je leur ai demandé : Vous avez dit «des assemblées-fleuves», c'est
quoi, les autres? Ah! là, ils n'avaient rien à nous donner. Ils n'avaient absolument
rien à nous donner. Ils avaient un exemple. Alors, on modifie des lois, nous,
astheure, au gouvernement du Québec, avec des anecdotes, avec une, deux, trois
anecdotes. Parlons-en, des anecdotes, c'est toujours les mêmes que le ministre
du Travail réutilise. Essentiellement, là, ça tourne alentour des scotchs de la
FTQ-Construction, de la FAE, notamment la
fameuse assemblée-fleuve que je vous ai dit, je n'en ai jamais entendu aucune
autre, hein, le ministre non plus, il n'a pas d'autre assemblée-fleuve à
nous soumettre, on verra en étude détaillée, et la COP... la COP à Dubaï de la
présidente de la FTQ.
Allons-y
méthodiquement. Les scotchs, là, à 50 $ de la FTQ-Construction, là, tout
le monde a trouvé ça scandaleux, avec raison. Nulle part dans le projet
de loi du ministre, un seul de ces articles ne va traiter de cet enjeu-là. La
FTQ-Construction, en raison de la loi R-20, est déjà soumise à un audit
comptable. Le comptable, sa job, ce n'est pas de faire un jugement moral sur la dépense, lui, il veut savoir :
L'avez-vous, la facture du scotch à 50 $? C'est ça qu'il veut savoir.
Ce n'est pas son problème à lui à savoir si c'est correct ou pas de dépenser
50 $ dans un scotch. Le projet de loi du ministre ne va régler absolument
rien à cette situation-là, absolument rien.
La
FAE, bien là, je vous ai parlé des assemblées-fleuves, la poursuite contre la
loi n° 21, on a bien compris que ça agaçait le gouvernement. À un
moment donné, il va falloir qu'il comprenne deux choses. D'abord, c'est une
décision démocratique des membres de la FAE, personne ne l'a contestée à
l'interne, n'a fait cheminer de résolution dans leur congrès, dans leur
assemblée générale. Ça fait qu'à un moment donné il ne faudrait pas non plus
décider à leur place que ce n'est pas correct, du côté du gouvernement.
Deuxième chose, là, admettons que la FAE se retire de la poursuite, la poursuite continue. Il y a d'autres
poursuivants dans la poursuite. Même si la... même si le gouvernement, là, à...
par un coup de baguette magique avec sa loi, vient mettre des bâtons dans les
roues de la FAE pour qu'ils arrêtent de poursuivre le gouvernement sur
la loi n° 21, la poursuite va continuer. Ils sont un consortium, là,
ils sont plusieurs poursuivants dans cette
affaire-là, ce n'est pas juste la FAE. Alors, ce n'est pas la fin des haricots
pour le gouvernement à ce niveau-là.
Puis,
finalement, la présence de la FTQ-Construction, de la FTQ-Construction... la
présence de la présidente de la FTQ, pardon, à la COP à Dubaï. Il y a un
congrès de la FTQ, il y a des gens qui ont proposé que la FTQ, qui est le plus gros syndicat du secteur privé,
s'intéresse à l'avenir de la transition économique et énergétique au Québec, ce
que ça va vouloir dire pour les emplois, pour les secteurs de pointe.
Quelle grosse surprise! Comme le gouvernement, en principe, puis les patrons,
bien, ils se pointent à la grande conférence internationale qui en discute. Il
n'y a pas de scandale là, ça émane d'une résolution de congrès. Ça fait qu'on
repasse toujours les trois ou quatre mêmes anecdotes, du côté du ministre puis
du gouvernement, pour nous servir une pièce législative qui remet en cause
fondamentalement le droit du travail.
Premier bloc :
ingérence de l'État et atteinte à la liberté d'association. Il y a beaucoup
d'intervenants qui ont dénoncé le projet de loi n° 3 comme une ingérence
inacceptable de l'État dans le fonctionnement autonome des organisations de salariés, menaçant leurs droits
fondamentaux garantis par les chartes et les conventions internationales,
notamment celle de l'OIT, la convention de
1987. On parle de violation de l'autonomie des principes de liberté syndicale,
parce que le gouvernement veut dicter des modalités de fonctionnement interne,
on parle ici des statuts, des votes, du financement, puis enfreindre le
principe de non-ingérence qui protège la capacité des syndicats à déterminer
librement leur fonctionnement.
Je vous mets deux
citations du mémoire de la CSQ. La première : «L'article 12 du Code
du travail est on ne peut plus clair à ce sujet, la nécessité de tenir les
organisations syndicales à l'abri de toute forme d'ingérence ou de domination.
Chercher à entraver les activités d'une organisation syndicale, c'est bien ce
que fait le projet de loi n° 3.» Deuxième
citation : «Il n'appartient pas au gouvernement de dicter comment les
citoyens et citoyennes doivent s'organiser, il ne lui appartient pas non
plus de dicter comment les travailleurs et travailleuses doivent s'organiser et
comment leur association doit s'exprimer dans le cadre des débats publics.»
Deux citations de la CSQ.
Il y a une menace à
l'État de droit et à l'inconstitutionnalité potentielle. Le projet de loi, il
est perçu comme une tentative de réduire les
contrepouvoirs. On a bien sûr tous vu et lu le communiqué du Barreau du Québec qui parlait... qui parlait spécifiquement de dérives, de menaces
de dérives autoritaires au gouvernement du Québec et au Québec en raison de
trois projets de loi, notamment le projet de loi de M. le ministre du Travail.
Donc, un projet qui va visiblement, je pense, fondamentalement, être déclaré
inconstitutionnel à la fin d'un long processus judiciaire, le ministre ne sera
certainement plus ministre rendu là, quand ça va être une décision qui sera
rendue en Cour suprême, mais ça va être son nom qui va être écrit sur son
projet de loi, malheureusement.
Une citation de la
FQPPU, qui, elle aussi, on n'a pas réussi à entendre en commission :
«Restreindre les syndicats à ne pas pouvoir plaider certains arguments sans
imposer une telle restriction aux employeurs est choquant en soi. Cela porte
atteinte aux droits de toute personne en pleine égalité et à la détermination
de ses droits et obligations par un tribunal indépendant.» La FQPPU, c'est la
Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université, fédération
syndicale.
Autre section :
Discrimination et asymétrie injustifiée des obligations. C'est intéressant,
parce qu'on met beaucoup d'obligations sur la partie syndicale, mais on ne fait
pas l'effet miroir du côté de la partie patronale. Par exemple, dans une section,
on va forcer les syndicats à dévoiler, dans leurs états financiers, le salaire
des dirigeants syndicaux et du plus haut cadre. Moi, je n'ai pas de problème
avec ça. Ça fait que, quand j'ai posé la question au président-directeur de la
FCEI, qui est venu en commission, j'ai dit : Vous, vous êtes d'accord avec
la transparence?, il dit oui. Bon, vous êtes d'accord à ce que les syndicats
doivent dévoiler le salaire de leurs dirigeants? Il dit oui. Mais, vous, c'est quoi, votre salaire? Ah! là, il y a un
petit silence un peu gênant, puis là, ah! bien non, mais c'est parce que ce n'est
pas la même chose puis... Ah bon! OK, ce qui est bon pour pitou, ce n'est pas
bon pour minou, comme on dit en bon québécois. Alors, on repassera pour la
cohérence du côté de cette association patronale là.
D'ailleurs, c'est la
seule qui est venue, hein? Je parlais des désistements tantôt. Toutes les
autres associations patronales se sont gardé une petite gêne. Moi, je pense que
c'était d'ailleurs une bonne idée parce que ça ne les concerne pas. Les
cotisations syndicales et la démocratie interne, ça ne les concerne pas. Il y a
juste la FCEI qui est venue nous faire son plaidoyer, et qui a été un peu
décontenancée par ma question sur le salaire de son dirigeant.
Le SQC, Syndicat
québécois de la construction, sur ce dossier-là, a dit ceci : «L'asymétrie
dans les obligations imposées aux associations de salariés, en comparaison des
associations de dirigeants patronaux, en sont exemptées. Cette asymétrie crée
une inégalité de traitement qui va à l'encontre du principe d'équité.» Sur le
même sujet, le SPGQ, syndicat de professionnels du gouvernement du
Québec : «Des organisations comme les associations patronales ne sont pas
assujetties à de telles mesures. Il y a deux poids, deux mesures. Le
gouvernement exige des syndicats qu'ils obtiennent un mandat explicite
préalable pour pouvoir faire certaines activités, alors que d'autres groupes
n'ont pas à passer par la même démarche.»
On parle aussi d'un
autre enjeu important dans ce projet de loi, qui est la précarisation de la
stabilité financière puis le détournement des ressources en question, donc les
cotisations dites facultatives. C'est quand même une brèche importante dans ce
qu'on appelle la formule Rand. Rand, c'est le juge Ivan Rand, qui, si ma
mémoire est bonne, dans les années 50, a fait une décision importante qui
a fait jurisprudence, qui disait, bien, que, si on a... un syndicat négocie une
augmentation de salaire, un régime d'assurance, un régime de fonds de pension,
et qui, par définition, s'applique à tous les salariés, bien, logiquement, tous
les salariés vont devoir cotiser au syndicat. Ça ne vous oblige pas d'en être
membre individuellement et de vous présenter aux assemblées générales, ça
demeure une décision individuelle, mais votre
cotisation, elle, elle est automatique. C'est un peu la même logique, si on
veut, des hôpitaux, des routes, des écoles, bien, on va tous payer nos
impôts, puis ça ne vous oblige pas à aller voter aux élections. On le souhaite
quand même, bien sûr, mais ça ne vous oblige pas.
Donc, on vient faire une
petite brèche ici, là, avec le côté du gouvernement, dans la formule Rand, en
disant : Bien là, on va, artificiellement, de toutes pièces, créer une
nouvelle catégorie, qui est les dépenses dites facultatives. Et là il y a comme
une espèce de grand bloc... quatre grands blocs que le ministre a dessinés. Il
a été extrêmement... C'est extrêmement flou
dans la loi. Il a été extrêmement flou aussi pendant les audiences. J'ai bien
hâte de voir à quoi ça va ressembler, l'étude détaillée, parce que j'ai
une batterie de questions que je veux lui poser, des questions très pointues,
d'applicabilité de ces cotisations dites facultatives.
C'est... en quelque sorte, c'est comme un
nouveau syndicalisme à la carte. C'est comme si vous pouviez choisir, vous, Mme
la Présidente, quand vous payez vos impôts au gouvernement du Québec,
dire : Oui, non, moi, ça ne m'intéresse pas de payer pour la santé, SAAQclic
non plus, puis je pense que, non, le réseau de la santé, je vais juste payer la
moitié, comme si vous aviez ce loisir-là de faire un gouvernement à la carte.
Bien, M. le ministre, lui, il décide que
c'est ça que les salariés vont pouvoir faire. On va faire un syndicalisme à la
carte : Oui, oui, oui, ça, c'est bon pour les dépenses de base,
mais ça, non, ça, non, ça, non, ça, non.
En plus, avec une procédure de vote complètement
alambiquée, pas claire, ce n'est rien d'autre que d'ankyloser de manière fondamentale
le processus démocratique syndical, qui, je le rappelle, est une... est un
foyer de démocratie, le milieu syndical. Je mets au défi le ministre de nous
sortir un milieu au Québec plus démocratique que le milieu du travail. Où
est-ce qu'on peut élire notre exécutif à chaque année, voter l'entièreté de
notre budget à chaque année, où on peut faire individuellement des propositions
d'amendement, où on peut mobiliser des collègues pour venir gagner sa
modification d'amendement, où on vote tout, on vote la ratification de la
grève, de la convention collective?
• (12 h 30) •
C'est démocratique. Est-ce que ça peut être
amélioré? Bien oui, comme tout, Mme la Présidente, mais le gouvernement, qui se
met à faire des leçons de démocratie, lui, fait des bâillons, puis on est
rendus à neuf bâillons, où est-ce qu'on vote ici à 2, 3 heures du matin,
puis il dit que les syndicats, eux autres, il faudrait qu'on tourne... qu'on leur tape un peu sur les doigts parce que ce n'est
pas tout à fait démocratique, les syndicats. Je suis désolé... Moi, j'en ai organisé,
des assemblées syndicales. Je ne sais pas si le ministre, lui, il en a fait,
des assemblées syndicales, dans sa vie. Je ne sais pas s'il a déjà occupé un
emploi syndiqué. Je ne sais pas s'il a déjà mobilisé une assemblée syndicale.
A-t-il déjà siégé sur un exécutif syndical? A-t-il déjà participé, donc, tenu
un vote, fait un amendement dans une assemblée
syndicale? Considérant mon passé, Mme la Présidente, vous ne serez pas étonnée,
j'en ai fait des dizaines dans différents milieux. D'ailleurs, comme
conseiller syndical, j'en ai organisé aussi, comme membre, j'en ai vécu. C'est
des beaux foyers de démocratie. Encore une fois, ce n'est pas parfait, mais de
faire semblant et de laisser entendre que tout ça, là, c'est un peu tout
croche, il faut faire le ménage, il y a de... il y a de l'abus, moi, ça ne
passe pas, ça ne passe pas, Mme la Présidente. Ça ne passe visiblement pas non
plus chez les principaux intéressés, qui étaient 50 000 dans les rues de
Montréal, samedi dernier, pour dire au ministre que ça ne passait pas, son
affaire. Le ministre n'arrête pas de
dire : Je ne fais pas ça contre les syndicats, je fais ça pour les
syndiqués. Bien, il y en avait 50 000 dans la rue, des syndiqués,
puis ça ne les intéresse pas, son intervention, au ministre.
Deux
citations sur l'enjeu de la formule Rand, Mme la Présidente. La CSD, Centrale des syndicats démocratiques :
«On viendrait ouvrir une brèche, une dangereuse brèche contre la formule Rand
en instaurant une vision d'un syndicalisme à
la carte qui reflète une vision clientéliste du syndicalisme.» Autre citation,
de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, la FIQ : «En scindant ainsi l'action
syndicale en fonction de sa vision étroite et paternaliste de l'intérêt
des travailleuses et des travailleurs, le gouvernement piétine la démocratie
représentative syndicale.»
Il y a aussi, donc, dans son projet de loi, une
entrave importante à l'action judiciaire puis au rôle sociopolitique des
organisations de travailleurs. Quand on vient dire que le financement des
activités clés, là, comme des contestations de
la loi, des campagnes politiques, ou des campagnes de publicité, des mouvements
sociaux, c'est rendu dépendant d'un vote annuel complexe, très difficilement
modifiable, aux fonctions de l'actualité, bien, ces activités-là pourraient
être jugées essentielles à l'amélioration
des conditions de vie et du travail, bien, elles se trouvent menacées, ces
activités-là, parce que ça va être
compliqué, ça va rendre, encore une fois, le mouvement syndical ankylosé par
une procédure sans queue ni tête, juste pour faire plaisir, je pense, à
une certaine droite du Québec, qui n'a jamais accepté que les travailleurs
prennent position dans l'espace public.
Et pourtant, on les invite ici, c'est le
gouvernement qui invite les centrales syndicales à venir se prononcer sur les seuils d'immigration, par exemple, mais
imaginez-vous donc qu'astheure, selon ma compréhension du projet de loi du
ministre, bien le président, par exemple, de la CSN ou de la CSQ, mettons, qui
viendrait en audition se positionner sur le
nombre d'immigrants au Québec, il faudrait qu'il calcule quoi là? Son salaire,
le salaire de son conseiller politique, les frais de déplacement? Puis ça, ça deviendrait une dépense
facultative parce que les seuils d'immigration, ce n'est pas une
condition de travail? Sans queue ni tête, Mme la Présidente.
Une autre citation, toujours la FIQ : «Si
le projet de loi n° 3 n'empêche pas la contestation en tant que telle, il en réduit l'accès en imposant des barrières au
financement de la démarche, ce qui revient à limiter l'exercice de ce droit.» Autre
citation, toujours de la FIQ : «Est-ce que les luttes syndicales pour le
droit à l'avortement ou pour la création de garderies subventionnées étaient
facultatives pour notre société? Pourtant, selon la logique du projet de loi n° 3,
ces grands acquis du modèle québécois seraient considérés comme des domaines
facultatifs.» Et je ne trouve pas, Mme la Présidente,
et j'espère que la majorité des Québécois et des Québécoises sont d'accord avec
moi, que la lutte pour les garderies subventionnées,
pour l'accès à l'avortement, je ne pense pas que ça... que c'était... je ne
pense pas que c'est toujours des luttes facultatives.
Gros impact sur les finances et les risques de
désengagement. Il risque à y avoir quand même des pertes importantes de revenus de cotisations syndicales.
Il y en a qui estiment que ça pourrait jusqu'à aller de 10 à 22 millions de
dollars par année. C'est une instabilité qui pourrait nuire à la planification
stratégique à long terme, pour les actions qui durent souvent plusieurs années. Citation du
SFPQ, le Syndicat de la fonction
publique, qu'on n'a malheureusement
pas pu l'entendre en commission :
«D'une part, cela créerait une incertitude financière chronique, nuirait à la
planification stratégique et à notre
capacité de mobilisation.» Mémoire de la FTQ, maintenant : «Ce projet de
loi semble exiger un vote unique sur
l'ensemble de la cotisation facultative, le nouvel article 47.0.3. Ainsi,
une personne salariée favorable à certaines dépenses dites facultatives
mais opposée à d'autres serait forcée de se prononcer pour ou contre le bloc
entier de la cotisation facultative.» Quand je vous dis que c'est le cauchemar administratif,
Mme la Présidente.
Je vous donne un cas de figure. Par exemple, un
syndicat... je vois... je pense, ici, là... les gens qui travaillent à la
cafétéria, en ce moment, ils sont en revendication, ils ont un petit bandeau de
la CSN quand on va chercher notre repas. Bon, un syndicat de la CSN, il a son
syndicat local, il est membre d'une fédération, dans ce cas-ci, c'est probablement la Fédération du commerce, et il est
membre de la CSN. Déjà, ça fait trois paliers. Puis dans la CSN, il y a des
conseils centraux, ça veut dire que c'est une action politique régionale, sur
toutes sortes de dossiers. Ça fait que, dans
le fond, il y a quatre instances, il y a quatre budgets : section locale,
section régionale, section fédérative puis confédérative. Ça fait quatre
budgets dont il faut calculer, potentiellement, la cotisation facultative. Et
faire quoi? Un genre de moyenne
pondérée, qu'on va présenter à l'assemblée annuelle au moins une fois par
année, comme l'a dit le ministre? Puis là, si jamais, mettons, une de ces
quatre instances-là veut réagir à une nouvelle action gouvernementale, qu'est-ce
qu'il faut qu'elle fasse? Il faut qu'elle espère qu'elle ait bien budgété ça?
Il faut qu'elle ait deviné qu'il va y avoir peut-être trois projets de loi
problématiques, cette année, peut-être deux? Woups! On en a budgété juste deux,
puis là il y en a un troisième. Ah! désolé, on ne peut pas faire de la
manifestation parce qu'on ne l'avait pas prévu, parce que, pour faire... il faudrait refaire une grande assemblée.
Bon, bien, si c'est le syndicat local, à la limite, ça se fait, mais si c'est la
fédération, elle ne va pas faire une autre tournée des assemblées générales de
ses... je ne sais pas, moi, soixantaines syndicats affiliés. Ça n'a juste pas
rapport. C'est complètement inopérant, ça, M. le Président.
On pensait que ce gouvernement disait : Il
faut que ce soit plus simple, les processus, au Québec, il faut réduire la paperasserie. Là, il est en train de nous
générer un truc complètement cauchemardesque. Qui qui va lever la main, après ça,
dans les assemblées générales syndicales, pour dire : C'est beau, moi, je
suis volontaire pour devenir le trésorier de
la section locale? Quelle... quelle personne aurait cette... cette folie de
lever la main dans ce contexte-là? Je vais aller gérer un budget qui
peut évoluer ou pas, il va falloir que je reconsulte ou pas, avec des critères
complètement flous, puis, à la prime, une
potentielle poursuite, jusqu'à 50 000 $ d'amende, que n'importe qui
dans le membership peut décider d'aller poursuivre. Il va aller monter
ça, il va aller voir le Tribunal administratif du travail, le Tribunal
administratif du travail va pitcher ça au DPCP : Envoie! Une belle
poursuite!
Déjà que le milieu syndical, là, est ankylosé
par le fameux 47.2 qui oblige à défendre tout le monde, même les harceleurs. J'avais essayé de convaincre le
ministre, dans son précédent projet de loi : Exempte les syndicats de
défendre les harceleurs sexuels. Le ministre a dit non. Déjà que c'est
lourd, le 47.2 de toute nature, hein, sexuelle ou pas, là c'est lourd, les
47.2. Bien, on en rajoute une couche. Là, on aura une menace de poursuite ou
une poursuite de n'importe quel membre qui ne va être pas content de trois,
quatre virgules, dans le budget, le budget local, le budget central de la région, le budget de la fédération, le budget
de la confédération, puis on part en poursuites. Hallucinant, complètement hallucinant.
Après ça, le ministre dit : Non, non, non, je ne fais pas ça contre les
syndicats, je fais ça pour les syndiqués.
Tout ce
processus-là délibératif en assemblée générale, comme si ce n'était pas assez,
se complexifie, M. le Président. Dans
son projet de loi, il impose un scrutin secret d'au moins 24 heures pour
plusieurs votes, comme les votes d'élections, les votes de grève, les
votes de ratification. Ça dénature la démocratie syndicale puis ça favorise
l'ingérence patronale, parce que plus le processus est long, plus il peut y
avoir de l'influence externe, alors qu'en principe c'est prévu dans le code
qu'il n'est pas supposé y en avoir.
C'est quand même
fascinant, ça. C'est écrit dans le projet de loi : toute charge, toute
charge syndicale. Ça, ça veut dire
que, par exemple, dans un centre de services scolaires X ou Y, dans une petite
école primaire, si la déléguée syndicale de l'école en question part,
par exemple, en congé de maternité, bien, il faut remplacer la déléguée
syndicale, il faut organiser un vote de 24 heures continues. Ça fait que
soit vous avez un volontaire qui va passer une nuit blanche dans un local de
l'école ou, on imagine, ça va être un vote électronique en ligne. Un vote
électronique en ligne, ça coûte de l'argent,
Mme la Présidente, c'est quand même des sous, là, c'est des bidous, là, ce
n'est pas gratuit, un vote électronique. Mais pourquoi il faut
24 heures d'un vote pour remplacer une déléguée syndicale qui s'en va en
congé de maternité? C'est lourd, c'est bien
trop lourd. Le ministre me fait non de la tête. C'est écrit «charge
syndicale». Être délégué syndical, c'est
une charge syndicale, M. le ministre. Il va falloir peut-être
corriger ça, dans votre projet de loi, parce qu'en principe un comité
pour préparer la retraite de Suzanne puis Michel, c'est un... c'est une charge
syndicale, ça aussi. Ça fait que, pour ça aussi, pour... un comité... Pour
remplacer quelqu'un sur un comité de retraite, bien, il va falloir faire un
vote de 24 heures. Encore une fois, on
loue une salle puis on a quelqu'un qui passe une nuit blanche, 24 heures
en continu, ou on fait un vote en ligne puis on dépense des milliers de
dollars dans une procédure de vote en ligne. Tout ça pour quoi? Il n'y en a pas, de problème d'élection de charge
syndicale dans le milieu syndical. Ce n'est pas un enjeu. Ce n'est même pas un enjeu des trois maudites mêmes anecdotes
qu'il ressort tout le temps, le ministre. Ça fait que pourquoi on impose
cette procédure complètement abracadabrante pour quelque chose d'où il n'y a
pas de problème?
Citation encore, je cite la FIQ :
«L'obligation de tenir des votes à scrutin secret sur une période de
24 heures. Cette situation forcerait la tenue de votes à l'extérieur des
assemblées générales. Pourtant, les assemblées générales sont les lieux de
prédilection où se transmettent les informations et se tiennent les débats.»
Autre citation, de Jean-Claude Bernatchez, un
expert en droit du travail : Une décision collective ne plaît pas
seulement... ne naît pas... Pardon. «Une décision collective ne naît pas
seulement du moment où l'on dépose le bulletin, il émerge d'un débat, d'un
échange, d'un contexte. Lorsque le vote est détaché de l'assemblée, il perd une
part de cette densité collective.»
C'est donc une surcharge
logistique, une énorme rigidité et des énormes coûts qui vont être imposés par
le gouvernement de la CAQ dans un milieu du
travail qui, je le rappelle, ne vit pas une crise. Trois petites anecdotes qu'on
ressort ad nauseam, on n'appelle pas ça une crise.
• (12 h 40) •
Encore une
citation de la FIQ : «Cette situation forcerait la tenue de votes à
l'extérieur des assemblées générales. De plus, dans plusieurs
circonstances, le format prévu au projet de loi n° 3
s'avérera inadapté à plusieurs organisations et à la réalité locale, engendrant
ainsi des coûts supplémentaires importants pour tous les membres.»
M. Bernatchez,
de nouveau : «Les syndicats devront consacrer davantage de temps et
d'argent à la conformité légale. Les petites unités risquent d'être
débordées. Certaines devront embaucher ou externaliser des services comptables,
ce qui réduit leurs ressources disponibles pour la mobilisation, la
représentation ou la négociation.»
Je pense que c'est la CSN qui avait utilisé
l'image en commission, Mme la Présidente. Elle dit : Je sens... On a
l'impression qu'on se fait attacher dans... une main dans le dos par le
gouvernement, qu'on ne sera plus capables de se battre à armes égales avec nos vis-à-vis
patronaux. C'est ça, la job du ministre du Travail, en principe, c'est d'être
un peu l'arbitre entre le capital et le travail. Mais je le disais hier, en
période de questions, on a l'impression, depuis une couple d'années, là, une
couple de mois, que la CAQ est comme la tour de Pise, elle penche toujours un
peu plus d'un bord. Ça fait qu'il est en train de renoncer à ce rôle-là,
historique, du ministre du Travail, de trouver l'équilibre en attachant une
main dans le dos du milieu syndical.
Je parlais tantôt de la fameuse transparence et
des coûts disproportionnés. Il y a une nouvelle exigence de transparence dans
le projet de loi à travers des rapports détaillés, des audits obligatoires.
Puis ça a été dénoncé comme étant des choses redondantes, excessivement
coûteuses, visant principalement à épuiser les ressources des petites
organisations syndicales. Dans son projet de loi original, dans le projet de
loi n° 101, c'étaient des audits pour tout le monde. Mais des audits, Mme
la Présidente, ça coûte très cher. Puis d'ailleurs, des comptables, il n'y en a
pas tant que ça. C'est une pénurie. Vous allez sur le site de l'Ordre des comptables
du Québec, qui d'ailleurs n'a pas été invité en commission malgré notre
insistance... Quand on parle d'imposer des audits des comptables à tout le
Québec, là, à tous les syndicats, mais on n'invite pas les comptables, l'Ordre
des comptables, dommage. Au moins, ils ont écrit un mémoire. On va aller lire
ça avec attention. C'est des coûts disproportionnés. Si vous êtes une petite
accréditation syndicale, puis il y en a quand même de nombreuses, Mme la
Présidente... Le ministre, au début, c'était un audit pour tout le monde. Ça
n'avait aucun sens. Je suis allé le voir en privé. Ça, je lui avais dit, ça n'a
pas d'allure, il faut que tu changes ça. Il y a des... il y a des petites
accréditations qui vont faire banqueroute, qui vont fermer. Un audit, là, comptable,
ça coûte entre 8 000 $ et 10 000 $, en moyenne, Mme la
Présidente. Puis les syndicats locaux, là, de 15, 20, 30, 40 membres, ils n'ont pas ça dans leur compte de banque,
8 000 $ à 10 000 $. Ils font partie d'une grande
centrale, ils ont accès à des services. C'est ce qui fait que ça peut
fonctionner, une petite accréditation syndicale. C'est très précaire, très
difficile. J'ai été recruteur syndical longtemps. Démarrer et entretenir une
petite section locale, c'est tout un défi. C'est plus simple quand il y a un
plus gros groupe, une plus grosse usine, un plus gros milieu de travail, un
plus gros bureau. Bien, c'est possible d'en avoir, des petites accréditations,
mais c'est dur. Si vous leur imposez un fardeau comme ça, c'est garanti que ça
va foirer. Mais là, dans sa deuxième mouture, le ministre a dit : OK,
d'abord, on va mettre comme des paliers. De 0 à 50, pas besoin d'avoir d'audit.
De 50 à 200, c'est une mission d'examen, là, c'est
comme la version un peu moins détaillée, puis 200 et plus, c'est l'audit
complet. C'est déjà moins pire que la version originale, mais c'est encore un énorme problème. Pourquoi? Parce qu'il y
a des tonnes d'accréditation. Moi, à 50, 60 membres, c'est encore
une petite accréditation, là. Mais là, tu as... tout à coup, ils sont dans la
mission d'examen. Ça aussi, ça coûte des sous, là, 5 000 $,
6 000 $ au moins. Ça pourrait, ça aussi, mettre en déroute plusieurs
petites accréditations.
Puis le problème d'y aller avec le nombre de
membres, il est le suivant, Mme la Présidente : les membres, ils font du
salaire différent, là. Un monteur de lignes d'Hydro ne fait pas le salaire
d'une serveuse dans un restaurant, là. Alors,
le pourcentage, c'est souvent alentour de 2 %, 3 %, une
cotisation syndicale, entre 1 % et 3 %, grosso modo. 1 %
à 3 % d'un monteur de ligne
d'Hydro puis d'une serveuse dans un restaurant, ce n'est pas la même... le même
1 % à 3 %, hein, n'est-ce pas? Ça ne donne pas le même
chiffre. Alors, il y a beaucoup de gens qui ont proposé de dire : À la
place de faire ça, allons-y avec le revenu
du syndicat. Alors, ça, ça a un... ça fait en sorte que, peu importe son
milieu, si on y va sur le revenu, c'est plus réaliste. J'ai senti le
ministre à l'écoute. J'espère qu'il sera en mesure de nous sortir de ce
cauchemar sur cet aspect-là.
Citation encore, Syndicat des métallos :
«Cela signifie que les syndicats pourraient consacrer jusqu'à 24 % des
cotisations perçues pour le paiement des coûts de vérification comptable.» Ces
métallos, ça représente souvent un peu plus
des moyennes et des grosses accréditations. Mais, quand même, 24 % de
votre budget pour payer un comptable, c'est quand même capoté.
FTQ, cette fois : «Les petites associations
accréditées devront consacrer une partie démesurée de leur budget pour se conformer à la loi. Prenons l'exemple
d'une petite association accréditée de 50 personnes. Les membres devront
consacrer environ 30 % de leur budget à une mission d'examen.»
Rapports financiers irréalistes et fardeau de
conformité, autre aspect : «L'exigence de présenter un rapport annuel détaillé sur l'utilisation des ressources
financières, incluant toutes les dépenses de plus de 5 000 $ et les
détails de la comptabilité est jugée excessive et impraticable. Pour les
grandes centrales, l'obligation de présenter leurs états financiers à tous les
membres affiliés est logistiquement impossible.»
Citation de la CSQ : «Il est totalement
irréaliste qu'une fédération, une confédération ou une centrale puisse
présenter ses résultats financiers aux membres et aux syndicats affiliés. Pour
la CSQ, cela revient à présenter à 200 000, 225 000 membres.» C'est beaucoup de gens. Ça fait beaucoup de
papier, ça, Mme la Présidente, alors qu'une alternative très simple existe
déjà, de les mettre sur leur site Internet. La CSN le fait déjà, n'importe qui,
vous, moi, tout le monde peut aller accéder... Sur le site Internet de la CSN, vous avez tous les
états financiers. Alors, ce serait une solution assez simple à mettre en
place plutôt que de se lancer dans un autre cauchemar administratif.
Citation de l'Ordre
des conseillers de ressources humaines agréés, CRHA : «L'obligation de
divulguer tous les détails de toute dépense supérieure à 5 000 $ est
susceptible de nuire aux entreprises et entrepreneurs qui fournissent des
services à ces organisations. Le nombre élevé de dépenses pouvant facilement
atteindre ce seuil rendra l'exercice interminable.» Là, là, l'Ordre des CRHA,
là, c'est les cadres, là, ce n'est pas les syndicats, ça, là, ils ont fait un
mémoire extrêmement bien rédigé. Ils ont toujours une position très modérée et
très intéressante, très nuancée. J'insiste pour que le ministre relise
attentivement ce mémoire-là en particulier, l'Ordre des CRHA. Il constatera
qu'il fait fausse route à bien des égards avec son projet de loi.
Beaucoup
d'imprécisions dans le projet de loi quant à des éléments qui sont vagues,
imprécis ou inapplicables, qui pourraient générer ce qu'on appelle un effet
paralysant, en anglais on dit un «chilling effect», parce qu'on ne sait pas trop dans quel univers on va jouer. Je vous
donne une citation de la FQPPU : «Comment les syndicats peuvent-ils savoir
quels sont ces sujets?» Les sujets de dépenses facultatives, donc. «Le projet
de loi n° 3 ne fournit aucune réponse. L'interdiction est en effet si imprécise qu'il
n'est pas raisonnablement possible de savoir d'avance quel comportement sera
sanctionné par les dispositions pénales qui y sont associées.» Les effets
pénals, donc, je le disais tantôt, c'est quand même classique d'avoir une
amende pénale sur un projet de loi, sauf que, là, quand même, 5 000 $
à 50 000 $ pour un manquement, dans un contexte aussi flou,
c'est extrêmement stressant.
Je vous disais tantôt
qu'il y a déjà une chape de plomb sur le milieu syndical avec le 47.2 qui
oblige à défendre tout le monde, incluant les harceleurs sexuels, en raison que
le ministre a refusé mon amendement il y a un an, mais là on rajoute une couche
de complexité. Là, vous devez espérer que les critères flous de la facultative
ne seront pas mal interprétés par un membre, espérer que le TAT va essayer
d'être raisonnable là-dedans, espérer que le DPCP aussi va être... Je veux
dire, c'est comme une épée de Damoclès permanente sur la tête de toutes les
organisations, d'une petite organisation
syndicale de 10 membres jusqu'à une grande centrale à plusieurs centaines
de milliers. Citation du SPGQ : «À l'évidence, des sanctions
financières lourdes entravent l'autonomie syndicale, en plus de déséquilibrer
davantage le rapport de force en défaveur des syndicats.»
Beaucoup
d'autres éléments, Mme la Présidente, que j'aurais abordés, mais le temps file,
puis je veux me concentrer sur
l'essentiel de ce qui reste. Le Barreau
du Québec a fait une sortie très
remarquée, je le disais en introduction, qu'il y a une menace de dérive
autoritaire avec le gouvernement sur plusieurs aspects de ses interventions
législatives récentes. Ils citent le projet de loi n° 3
là-dedans, plus particulièrement les cotisations dites facultatives, qui
fragilisent les contre-pouvoirs, qui tendent à limiter leur liberté d'action.
Moi, j'ai été, donc,
un employé d'une centrale. Je travaillais dans un service de recherche. C'est
un gros bateau, hein, une centrale syndicale, ça ne se revire pas sur un
10 cents, ce n'est pas simple, c'est compliqué, c'est compliqué. Le ministre le sait, faire bouger un ministère,
faire bouger une société d'État, c'est compliqué aussi. Bien là, si vous
rajoutez une couche, puis une couche, puis une couche de complexité, de flou
administratif, vous fragilisez, vous ankylosez ce contre-pouvoir-là. Ça
adonne que le contre-pouvoir, il s'adresse à qui? Bien, il s'adresse au
pouvoir, il s'adresse à ce gouvernement. Ça fait que c'est quand même assez spécial.
Moi, honnêtement, je
suis surpris de cette intervention-là. Je comprends que c'était dans les...
dans les discours, puis la loi n° 21, puis la FAE, puis ils n'étaient pas contents, mais de là... de
transformer ces discours-là en loi, je suis surpris et je suis déçu. Je
ne suis pas tout seul. Le Barreau du Québec est déçu. Même la cour des droits
de la personne et de la jeunesse... la
commission, pardon, des droits de la personne et de la jeunesse a écrit
également un communiqué très dur contre le gouvernement au sujet du
projet de loi n° 3 aussi.
• (12 h 50) •
Ça m'a amené à une
piste de solution. J'ai tendu la main au ministre en début de semaine. Je lui
ai dit : M. le ministre, il y a une
solution à tout ça. Tout le volet des cotisations dites facultatives, c'est ça,
le gros problème, le plus lourd, le plus scandaleux, à mon avis, et qui
est perçu comme la bougie d'allumage de ce mouvement qui naît dans le milieu du travail. 50 000 personnes, Mme la Présidente, c'est beaucoup de gens dans une manifestation à Montréal. Ça venait de
partout au Québec, hein, j'ai vu des photos
d'autobus de l'Abitibi, le Bas-du-Fleuve, les Laurentides, la région de Québec, le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Ça venait de partout.
Que le ministre
scinde son projet de loi en deux. Oublions, là, l'histoire des cotisations
facultatives pour l'instant, ça mérite
d'être fondamentalement retravaillé. Concentrons-nous sur le reste. Les
assemblées syndicales, il y a peut-être de quoi à faire comme compromis, il y a
des pistes de solution. La question des états financiers, il y a de quoi à
faire, il y a des pistes de solution, il y a
des compromis. Le ministre a déjà bougé par rapport à ça, il peut bouger
encore, il va le faire, je suis confiant. Travaillons là-dessus puis
essayons de trouver une piste d'atterrissage pour ce volet-là.
La CSQ disait :
Oui à la transparence, non à l'ingérence. Je trouvais que ça résumait bien la
situation du projet de loi n° 3. Tout le monde est pour la transparence.
Pas pour rien, d'ailleurs, qu'il y avait un sondage Léger, je pense, qui a été
sorti à quelques jours du dépôt du projet de loi, qui demandait : Les
gens, est-ce que vous êtes d'accord avec le
projet de loi pour la transparence, pour plus de transparence? Bien oui, tout
le monde est d'accord avec la loi, de plus de transparence, mais ce
n'est pas ça que ça fait. Ça ne réglera pas les scotchs à 50 $ de la
FTQ-Construction. Ça ne réglera pas lesdites assemblées-fleuves. Il n'y a rien
là-dedans qui règle les assemblées-fleuves. Ce n'est pas le ministre qui va commencer à aller se pointer dans une
assemblée pour dire : C'est beau, minuit, on ferme, terminé, vous avez
assez débattu, hein? On s'entend que ce n'est pas ça qui va arriver. Ce
sera encore moins un inspecteur de la CNESST qui, au nom du ministre, va aller
fermer la lumière d'une salle d'assemblée générale à minuit et deux, minuit et
trois, parce que, là, c'est fini. Ça ne marchera pas de même.
Alors, toujours les mêmes anecdotes.
Ça ne règle... le projet loi ne traite pas de ces anecdotes-là. Un
avertissement du Barreau, un
avertissement de la Commission des droits de la personne, une proposition,
donc : on scinde. C'est le temps de
le faire. Ça peut être fait aujourd'hui, ça peut être fait demain, c'est encore
possible, selon la procédure. On laisse faire les cotisations facultatives, on en reparlera, si c'est son désir, mais
il faut que ce soit retravaillé, et on travaille ensemble dans le reste
de la matière. Il y a des compromis à faire là-dessus. Il y a des amendements à
faire là-dessus.
Au regard de
l'économie générale, Mme la Présidente, de ce projet de loi là, je ne vois
aucune autre solution que de voter contre son principe. Il y a bien d'autres
choses à faire en droit du travail, prioritairement, que faire cette drôle de réforme qui ne règle aucun problème, qui
risque d'en accentuer beaucoup, d'en générer artificiellement beaucoup.
Je suis inquiet de ce virage de ce gouvernement-là.
Je disais hier, à la
blague, que je ne reconnais plus mon ministre du Travail. On a fait
14 projets de loi ensemble, ce sera
notre quinzième, je pense, celui-là. Le précédent, sur le droit de grève, je ne
le reconnaissais pas. Cette intervention-là, sur les cotisations et la
démocratie syndicale, je ne le reconnais pas. L'autre qu'il est en train de
préparer pour abolir la Loi sur les décrets de convention collective, dont j'ai
coulé également le document la semaine... la semaine dernière, pardon, je ne le
reconnais pas plus.
Alors, je l'invite à
retrouver et à remettre ses habits d'arbitre qui recherche l'équilibre et
retrouver la paix industrielle au Québec, à
éviter, de grâce, une grève sociale qui est en train de tranquillement se
construire. Personne ne souhaite ça. Scindons le projet de loi,
concentrons-nous sur l'essentiel, et on retravaillera le reste plus tard.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je
cède maintenant la parole à M. le député de Saint-Jérôme.
M. Youri Chassin
M. Chassin : Merci, Mme la Présidente. L'adoption de principe du projet
de loi n° 3, qui est, donc, Loi visant à améliorer la transparence, la
gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de
travail ou de syndicats, bien, c'est un titre très similaire à un autre projet de
loi, Mme la Présidente, un projet de loi qui ne porte pas le n° 3,
mais le n° 993, et que j'ai déposé en avril dernier, question, dans le
fond, évidemment, de répondre à des besoins, à des principes fondamentaux des
travailleurs syndiqués, Mme la Présidente.
Et
je crois qu'il y a... En fait, il n'y aura pas de suspens sur la question du
principe, Mme la Présidente, je compte voter en faveur du projet de loi n° 3,
et j'invite mes collègues à le faire.
Évidemment, c'est un
premier pas. C'est loin d'être suffisant, Mme la Présidente, mais loin d'être
suffisant. Non seulement j'ai suggéré
quelques pistes que le ministre connaît très bien, mais j'aimerais quand même rappeler
que ça fait longtemps qu'on débat de ces questions, parce que les
syndicats, les grandes centrales syndicales en particulier, mais les syndicats
en général... Et j'ai trouvé très intéressant d'écouter le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
vraiment, le collègue a de la verve. Puis il parle beaucoup des syndicats
versus les employeurs, de l'exécutif syndical. Mais si on parle des
travailleurs syndiqués, Mme la Présidente, bien souvent, malheureusement, il y
a une soif de démocratie, il y a une soif de transparence, puis ce n'est pas
toujours le cas. Alors, non seulement j'ai fait des propositions dans le projet
de loi n° 993, on en a reçu aussi, des propositions, en consultations
particulières, puis, au lieu de faire, comment dirais-je, ma structure d'intervention selon le projet de loi n° 3,
j'aimerais plutôt qu'on se pose la question fondamentale : Pour qui
et pourquoi on propose des mécanismes, on propose des changements, notamment au
Code du travail?
Évidemment, quand
on... quand on propose de la transparence... Puis là-dessus, je vais être
d'accord avec le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, il y a clairement un a priori positif pour la
transparence. Tout le monde est pour la transparence. Et je vais être
très honnête, Mme la Présidente, il y a certainement des raisons, parfois, pour
que certaines informations plus sensibles ne soient pas divulguées. Est-ce
qu'un syndicat, par exemple, souhaiterait conserver de manière confidentielle
le montant de son fonds de grève? Peut-être. Moi, je pense qu'il faut être
ouverts à ça. D'accord. Est-ce qu'il y a
certains éléments qui peuvent être, un peu comme pour les entreprises, hein, de
nature, par exemple, à être sensibles pour la compétition ou pour,
justement, l'employeur?
Moi, je pense que la
transparence, ce n'est pas nécessairement un absolu, mais, à coup sûr, ici, on
pourrait aller beaucoup plus loin. Pourquoi? Parce que le projet de loi
n° 3 fait très peu. En fait, on parle de vérifications, et je pense que
c'est important, en fait, d'avoir quelqu'un de l'externe qui regarde la rigueur
de la gestion des finances du syndicat, et
je vais citer quelques cas qui me paraissent probants, mais, à tout le moins,
il faut réfléchir au fait que, dans le Code
du travail actuel, il y a une obligation des syndicats de
donner des copies d'états financiers aux syndiqués qui le demandent, et
le projet de loi n° 3 fait la même chose. C'est simplement que les états
financiers sont vérifiés.
Bien, quand une
déléguée syndicale dans le milieu de l'éducation demande à un syndicat de
l'éducation, en Montérégie, copie des états financiers, mais qu'elle doit
s'adresser aux tribunaux pour les obtenir, alors que c'est codifié dans la loi,
alors qu'il y a obligation de l'association syndicale de donner ses états
financiers, bien, à l'évidence, ce n'est pas suffisant. Moi, je pense que
c'est, malheureusement, un objet de pression pour certains exécutifs syndicaux
de dire : Bien, pourquoi un syndiqué me demanderait des états financiers?
Je les ai présentés, j'en ai parlé.
Mais, quand on
découvre, par exemple, que... et ce n'est pas nécessairement illégal, hein,
mais ça peut être questionnable parfois,
quand on découvre, par exemple, que la FIPOE a fait un prêt à Tony Accurso,
puis qu'on n'y voyait pas trop de
problèmes, on a même récidivé quelque temps après, bien, je ne sais pas, il me
semble que moi, ça... ça me pose des questions, parce que c'est dans le cadre
de tout ce qu'il y a eu comme travaux autour de la commission Charbonneau que cette
histoire-là est sortie. Je pense à Hélène Buzzetti, du Devoir, une
journaliste chevronnée, qui a effectivement mis à jour un versement d'un
syndicat canadien pour l'organisation d'un congrès du NPD, un parti politique
canadien. Elle l'a su par les États-Unis.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député de Saint-Jérôme, à ce stade-ci nous devons
terminer les travaux. Est-ce que vous allez reprendre au retour, à
15 heures?
M. Chassin : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Donc, j'en conviens avec vous, que vous allez revenir.
Donc, compte tenu de l'heure, les travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 heures)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, bon après-midi, collègues. Prenez place, nous allons poursuivre nos
travaux.
Nous étions rendus à l'article 2 du
feuilleton, où l'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la transparence, la
gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en
milieu de travail.
Nous étions
arrivés à l'intervention du collègue de Saint-Jérôme. Sans plus tarder, je cède
la parole à M. le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin : Merci, M. le Président. Alors, sur ma lancée, comprenez que
je ne reviendrai pas sur les premiers points, mais j'en étais à parler de la
transparence, M. le Président, pour dire que c'est un principe fondamental,
pour dire aussi qu'on est tous en accord avec le principe de la transparence,
mais, encore, la transparence envers qui? Alors, je le disais, à chaque fois, il faut se poser la question : Pour
qui, pour quoi on fait ces changements? Pour qui et pour quoi, la
transparence? Certes, pour les syndiqués, mais pour que les syndiqués aient
accès à une transparence sans avoir à requérir des copies d'états financiers
d'un syndicat dont ils font partie et auquel ils paient des cotisations de
manière automatique et obligatoire. Et c'est ça, la formule Rand,
rappelons-nous.
Donc, à mon avis, quand on a... puis là je vous
cite une école de philosophie que vous connaissez certainement bien, M. le
Président, quand on a de grands pouvoirs, on a aussi de grandes
responsabilités. Alors, c'est évidemment l'oncle
de Peter Parker qui dit ça, c'est dans Spider-Man. Je suis certain qu'il
y a d'autres philosophes avant lui qui l'ont dit. Mais, à mon avis,
c'est exactement le cas devant lequel on se retrouve. Quand on a des
associations de travailleurs, donc des syndicats, qui ont ce pouvoir immense
d'obliger un employeur à prélever automatiquement sur les paies des employés
syndiqués des cotisations syndicales qui sont remises, c'est un pouvoir de
taxation délégué, M. le Président, c'est
l'équivalent de toutes les cotisations sociales qui sont effectivement déduites
de notre chèque de paie, quand on est salarié,
et qui, effectivement, partent avant même qu'on voie, là, dans notre compte,
qu'on a reçu un montant d'argent. Quand on est une organisation syndicale, on doit cette transparence à nos
travailleurs et, à mon avis, pas seulement en assemblée générale, mais on doit aussi une transparence à la
société qui nous a donné ce pouvoir-là. Et, pour moi, c'est particulièrement
important.
Le premier ministre, dans son discours
d'ouverture, parlait, en plus, d'autres liens, dont des crédits d'impôt puis des possibilités, là, de déduire, par
exemple, les revenus d'un fonds de grève de... de son revenu, pour ne pas payer
d'impôts. Alors, évidemment, il y a des exemptions comme ça qui font
qu'il y a des liens organiques que la présidente de la FTQ n'a pas nécessairement reconnus, mais... quand j'ai posé la
question. Mais je crois que la population, au Québec, le reconnaît.
Alors, évidemment, on a eu un sondage Léger-Le
Journal-TVA, au début du mois de novembre, qui nous parlait de plus de la
moitié, en fait, plus d'un Québécois sur deux qui pense, effectivement, que les
états financiers des syndicats devraient être non seulement vérifiés, comme le
propose le projet de loi n° 3, mais rendus publics. Et c'est quelque chose qui se fait. Alors, évidemment, je
félicite ceux qui le font, ici, volontairement, ça existe, notamment la CSN. Mais,
quand Hélène Buzzetti, du Devoir, découvre une histoire d'une... d'un
syndicat canadien qui a donné... puis là peut-être une erreur de mauvaise foi,
mais qui a quand même donné des sommes pour l'organisation d'un congrès du NPD,
en contravention de la Loi électorale du Canada, donc on parle vraiment d'un
syndicat canadien, mais affilié à l'international, qui a donné à un parti
politique canadien... Et où est-ce qu'elle a trouvé la validation de cette
donnée? Au Department of Labor of United States of America, parce que là-bas
ils rendent des comptes.
Alors, qu'est-ce que c'est que d'ajouter la possibilité
pour les syndiqués d'aller chercher en ligne des états financiers? Ça
m'apparaît relativement simple, surtout si c'est public, si, par exemple, il y
a une obligation de tous les syndicats de transmettre copie de leurs états
financiers au ministre du Travail, qui les rend publics. Ça me semble simple et
ça répond aux besoins de ceux pour qui on fait ce projet de loi là.
On parle de transparence, on parle de
démocratie, et j'entendais le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve dire :
Nommez-moi une organisation plus démocratique qu'un syndicat, où on est...
Bien, désolé, mais il y a un fondement de la démocratie qui n'est pas respecté.
Et j'écoutais les consultations particulières avec fascination et intérêt, et
j'ai entendu le ministre aussi poser une question sur le vote secret dans
certaines circonstances, avec des modalités de gouvernance, par exemple un
24 heures, est-ce que ce n'est pas normal, disait-il... puis là j'y vais
de mémoire, M. le Président, mais est-ce que ce n'est pas normal qu'à des
moments importants de la vie d'un syndicat il y ait vote secret, puis de
citer... par exemple, pour entériner un mouvement de grève, pour approuver une
convention collective, pour élire des exécutifs
syndicaux, par exemple? Bien oui, tout à fait. Mais je ne pouvais pas me
retenir, M. le Président, je trépignais de l'autre côté, en commission
parlementaire, sur mon siège, en disant : Puis l'accréditation syndicale,
on forme un syndicat et on ne demande pas aux travailleurs d'avoir ce moment,
en leur âme et conscience, derrière un isoloir pour pouvoir voter ce qu'ils
sentent. Et je ne dis pas qu'il y a une bonne réponse et qu'il y a une mauvaise
réponse. Je suis tout à fait conscient aussi, parce qu'il ne faut pas être
naïf, M. le Président, qu'il peut y avoir des pressions de certains employeurs,
d'où l'isoloir, et il peut aussi y avoir des pressions de certains syndicats,
d'où l'isoloir. Le vote secret, c'est ce qu'on utilise pour élire des députés
puis des collègues ici. Il me semble que c'est la moindre des choses pour instituer un syndicat, et c'est une question de
principe. On adopte le principe du projet de loi n° 3. Il me semble
que c'est la moindre des choses, lorsqu'on constitue un syndicat, d'avoir ce
vote secret.
Outre les nécessités de la transparence et de la
démocratie syndicale, j'attire quand même l'attention de cette Assemblée sur
une question qui, moi, me touche beaucoup. Dans le projet de loi n° 993,
donc pas le projet de loi n° 3 mais
celui que moi, j'ai fait sur les pratiques syndicales plus transparentes et
démocratiques, j'ai mis ce que j'appelle une clause Michel Jutras. Et
puis, évidemment, mon but n'est pas de politiser un horrible événement mais de
rappeler que, malgré les ordres de la cour,
malgré une injustice flagrante, ce débardeur-là s'est rendu jusqu'à l'extrême
et s'est enlevé la vie devant une force d'intimidation d'un syndicat qui lui
faisait un procès syndical, en fait, menaçant essentiellement de lui retirer le membership, et il n'aurait donc plus
été membre du syndicat, et c'est ce membership qui lui permet de travailler
comme débardeur.
• (15 h 10) •
L'obligation
d'être membre d'une association de travailleurs pour travailler, ça m'apparaît
aberrant, M. le Président, parce que l'association, c'est une liberté
fondamentale, et, si on est libre de s'associer, ça doit nécessairement dire
qu'on est libre de ne pas s'associer si l'on ne le souhaite pas. Pour moi,
quand on parle de libertés fondamentales, on ne demande pas grand-chose, on
demande simplement qu'un... un respect, des gens qui nous entourent, d'une
décision qui est la nôtre et qu'il n'y ait pas de coercition. Il me semble
qu'une clause Michel Jutras, quand on se pose la question, pour qui, pour quoi
on touche au Code du travail, pour le ministre, pour ce gouvernement, pour
toute cette Assemblée, ça devrait aller de soi.
Sans rentrer dans les détails, M. le Président,
j'étais déçu aussi qu'on n'aille pas plus loin en termes de modifications, parce qu'évidemment le Code du
travail, c'est une chose, mais en termes de modifications de la loi R-20 dans
l'industrie de la construction. À tout le moins, j'espère qu'on va pouvoir
réfléchir et se débarrasser d'un très vieux vestige, M. le Président, les
décrets de convention collective.
Le gouvernement précédent, en 2018, a proposé un
projet de loi pour mettre fin aux décrets de convention collective et que cette
responsabilité soit dévolue à un organisme en particulier pour un certain
nombre d'aspects. Parce qu'effectivement il
peut y avoir des régimes de retraite, il peut y avoir des éléments qui doivent
subsister, mais, à la fin, des
comités paritaires dans certaines régions, pas dans d'autres, avec une
obligation, avec des inspections... Je ne pense pas, M. le Président,
que le Québec soit à ce point différent qu'on ait absolument besoin d'un
système qui n'est même pas adapté à notre
propre régime de relations de travail. C'est notamment, c'est donc... ce n'est
pas qu'un anachronisme, là, c'est
notamment ce qui a fait dire à la FCEI qu'il était temps, puis c'est quelque
chose qui, je pense, après sept ans, aurait dû être fait depuis
longtemps. Mais là on a une occasion.
Alors, est-ce
que le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, qui a des bonnes entrées au ministère du Travail,
a raison, puis il y a quelque chose
qui s'en vient? Peut-être. Moi, je ne sais pas. Dans le projet de loi
n° 101, il y avait la transparence des syndicats, on l'a repoussée
au projet de loi n° 3. J'espère qu'on va l'adopter cette fois-ci, mais
j'aimerais ça qu'on l'adopte plutôt tôt que tard.
Et évidemment, pour moi, l'urgence, elle vient
aussi du fait que ça fait tellement longtemps, M. le Président, qu'on a une
perception des syndicats comme étant une puissance, parfois positive, parce
qu'ils ont leur rôle à jouer en société... En fait, je dis à la blague que je
ne suis pas antisyndicaliste, M. le Président, je suis altersyndicaliste, parce
qu'évidemment j'en connais, des
syndicalistes qui ont le respect du processus, de la transparence, de la
démocratie et qui voient qu'il y a
une nouvelle façon de faire. Cette nouvelle génération-là, elle va transformer
les syndicats de l'intérieur, moi, j'ai confiance, mais, en attendant,
il faut leur donner les outils et puis accélérer le mouvement.
Et, quand je
vois que, dans le Manifeste pour un Québec lucide, il y a maintenant
plus de 20 ans, on parle justement d'un discours social québécois
qui est dominé par des groupes de pression de toutes sortes, dont les grands
syndicats, qui ont monopolisé le label
«progressiste» pour mieux s'opposer aux changements qu'impose la nouvelle
donne, je me dis : On n'a pas avancé beaucoup. Il est temps, M. le
Président.
Puis c'est le message que je lance au
gouvernement et au ministre. Je pense que, quand on est très, très, très choqué
du peu de choses qu'il y a dans le projet de loi n° 3, bien, savez-vous,
on ne peut pas se choquer beaucoup plus si on fait vraiment les changements qui
sont nécessaires. Pour qui? Pour quoi? Bien, pour des principes qui répondent à
la demande des syndiqués, des contribuables et de l'ensemble des citoyens du
Québec. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Saint-Jérôme. Nous poursuivons, toujours
l'adoption du principe du projet de loi n° 3, et je reconnais Mme
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Je suis contente d'être là, me lever, prendre la parole pour émettre
quelques opinions, quelques constats sur le projet de loi n° 3 qui vise à
encadrer l'utilisation des cotisations syndicales qui dépasse la mission d'un
premier... en fait, la mission première d'un syndicat. Je voulais intervenir
absolument, non pas
parce que j'en étais obligée, parce que mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve maîtrise très, très
bien l'ensemble des tenants et des aboutissants qui sont
devant nous aujourd'hui, mais comme, disons, aînée, je voulais qu'on se rappelle
collectivement que ce qu'on tente de démoniser comme étant les syndicats, comme
vient de le faire mon collègue de Saint-Jérôme, c'est, dans les faits, du monde
bien ordinaire, du monde bien ordinaire, parce qu'il faut se rappeler que, pour être un élu au niveau syndical, dans les
différentes structures, et elles sont multiples, et elles sont diversifiées, et
elles sont démocratiques, c'est que... c'est des gens qui, à la base,
occupaient un emploi dans le secteur d'emploi en question, alors ce qui
fait que, et c'est extraordinaire... beaucoup plus diversifié qu'ici, au
parlement du Québec.
Il y a, dans le monde syndical, des gens qui
viennent de toutes sortes de corps de métiers, parce que, c'est ça, ils
représentent le syndicat de boutique de tel commerce, parce qu'ils
représentent, au contraire, la fonction publique du Québec, parce qu'ils ou elles représentent un gars de la shop
Unetelle. C'est ces gens-là qui, choisis par leurs membres, deviennent
des élus, et donc les porte-parole de ce qui, ici, est appelé comme étant les
syndicats.
Alors, j'avais envie d'intervenir parce que,
dans l'histoire du Québec, moi, comme femme, je suis capable de voir et de comprendre que, sans le soutien majeur
des organisations syndicales, de leurs membres... je pense que le Québec
ne serait pas là où il a été, parce qu'on tend beaucoup à le déconstruire, là
où il a été pendant plusieurs années et où je pense
encore, comme solidaire, qu'on est capables de rester, dans cette vision d'un
Québec qui prend soin de tout son monde.
Tu sais, vous savez, M. le Président, les gens
syndiqués au Québec, là, sont globalement, grosso modo, 40 % de la
population. Quand ces gens-là luttent pour le 60 % sur la question du
salaire minimum, ils sont en train de prendre soin
du monde. Ils ne sont peut-être pas en train de négocier, comme ça, les yeux
fermés, leur convention collective, mais ils sont en train de s'assurer
que d'autres Québécois et Québécoises, qui n'ont pas la chance d'être
syndiqués, vont pouvoir avoir un salaire minimum qui permet minimalement de
pouvoir vivre, d'avoir un salaire viable.
Quand le mouvement des femmes, que ce soit avec
Madeleine Parent, a dit... a dénoncé les conditions, bien sûr, de travail à l'intérieur des shops de
textile, mais les conditions des femmes de façon générale, je me rappelle que
c'était une bonne idée qu'il y ait du monde, dans les années 50,
des femmes, des hommes syndiqués, qui prenne soin du reste de la population du
Québec, puisqu'on était écrasés, littéralement, par... Disons que le rapport de
force n'était pas très grand parce qu'ils... on était en déséquilibre de
rapport de force avec les possédants, avec les employeurs, notamment, quand on
n'était pas syndiqués.
• (15 h 20) •
Alors, moi, j'ai beaucoup de difficultés à voir
le monde syndical, les organisations syndicales comme étant des gens qui
nuisent à quelque chose. Qu'il y ait, à l'intérieur de ça, du monde qui fout la
marde, j'en suis. Il y en a partout, ça existe partout. Qu'il y ait, là-dedans,
du monde qui ne respecte pas les règles émises par leurs propres membres, je
m'excuse, c'est plate, là, mais ça existe partout. Bien, la démocratie, ce
qu'elle permet, c'est, justement, au bout d'un certain temps, tout dépendamment du nombre d'années que les mandats ont
été donnés, de pouvoir dire : Bien, toi, bye! Ça s'appelle une
élection. C'est ça, la démocratie.
Alors, qu'est-ce que le gouvernement du Québec,
en laissant très bien entendre, et il n'est pas le seul, on les a entendus, les gens des autres partis... laisse
très bien entendre au reste du Québec que, dans le fond, si on fait cette
loi-là, là, c'est parce que, vraiment, il y a des problèmes chez les syndicats,
puis on veut protéger les travailleurs. Je suis désolé, là, mais ceux
qui protègent les travailleurs, c'est les syndicats, c'est le monde syndical.
C'est eux autres qui ont fait en sorte que les conditions de travail
s'améliorent pour tout le monde. Ce sont eux autres qui ont fait en sorte, main
dans la main avec le mouvement des femmes, avec les groupes communautaires,
qu'enfin il y ait une loi sur l'équité salariale, parce que... Pas parce qu'à
l'intérieur de leur mandat, mission première, c'était écrit qu'il fallait
qu'ils s'occupent des femmes. Non. Il
fallait qu'ils négocient des conventions collectives, oui, oui, mais,
justement, avant-gardistes, visionnaires, mais surtout pour un monde
meilleur, pour les gens qui n'ont pas le gros bout du bâton, M. le Président.
Puis c'est à ça que ça sert d'avoir un syndicat
ou d'avoir... ce qu'a dénoncé mon collègue de Saint-Jérôme, d'avoir des décrets
qui permettent au monde qui ne l'ont pas, ce rapport de force là, parce qu'ils
sont de simples travailleurs, travailleuses... bien, c'est de créer un rapport
plus égalitaire et donc de pouvoir faire en sorte que ce n'est pas toujours ceux qui ont le gros bout du bat qui
s'en sortent, mais que, de façon globale, on est capables du, genre... de
respecter un peu le contrat social que, quand tu as travaillé 40 heures,
tu es capable de subvenir aux besoins de ta famille.
Alors, je voulais venir rappeler... Puis, pour
ce qui est de la transparence, puis tout ça, bien sûr qu'on en est. Mais, quand
le gouvernement du Québec, alors qu'il y a 10 000 personnes et plus
qui dorment dans la rue, alors qu'il y a du
monde au salaire minimum qui ne mangent pas à leur faim, qui ne sont pas
capables de se payer un logement, parce que le tiers des locataires
n'arrivent plus à joindre les deux bouts, ça inclut largement la classe... les
gens de la classe moyenne, parce qu'il y a
un enfant sur quatre, dans nos écoles, qui ont faim... Bien, moi, je pense que
le modèle québécois de syndicalisme, il est, bien sûr, à parfaire, mais
je pense qu'il y a une partie du monde qui le font aussi régulièrement, mais il est aussi à reconnaître la contribution
sociale. Puis moi, bien, comme féministe, je reconnais, et comme lesbienne
aussi, leur contribution sociale.
Alors, je
comprends mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve qui dit : Écoutez, dans le
fond, là, si on se concentrait sur les deux premiers axes, au niveau de
la transparence, au niveau de la gestion, si on se concentrait là-dessus, on
pourrait avancer. Parce que l'autre côté, qui est toute la question des
cotisations syndicales, quand on amène la dimension
facultative, c'est comme si on disait : Les syndicats, vous autres, vous
êtes juste là pour s'occuper des conditions de travail de votre monde, puis,
s'il y a deux... deux accréditations syndicales à la même place, surtout,
n'écoutez pas les autres, parlez-leur pas,
vous autres, vous êtes juste pour ce monde-là. Alors que, sincèrement, le rôle
de... qui insuffle à la société québécoise du positif, c'est aussi un
rôle, à mon sens, du monde syndical, du monde du travail. Comme je vous dis,
quand on se bat pour le salaire minimum, quand les syndicats mettent l'épaule à
la roue, au sens de la loi du ministre, ça fait partie des contributions
facultatives, mais, pour moi, ce n'est pas facultatif. Déjà, quand tu n'es rien
qu'à 15 $ de
l'heure, tu as de la misère à payer ton loyer, à payer ta bouffe, il faut que
tu coures dans les banques alimentaires, ça, c'est sans compter l'ensemble des autres gestes que tu dois poser
pour survivre, une chance qu'il y en a d'autres qui s'occupent à faire
de la pression pour que tu puisses avoir un salaire digne de ce nom.
Alors, moi, je regarde... juste au niveau des
femmes, je pense à la coalition du 8 mars, tu sais, pas plus tard que
dernièrement, là, on vient, ici, d'adopter une motion qui reconnaît
l'importance des 12 jours de lutte contre la... contre les violences
faites aux femmes. Bon, dans la motion, c'était écrit le Conseil du statut de
la femme, mais attendez, là, c'est bien plus que ça, c'est la coalition. Même
chose pour les thèmes du 8 mars, leur assemblée.
Donc, les femmes du Québec ont fait des gains
depuis 1975 parce qu'il y a des coalitions de femmes qui se rassemblent. On
parle, bien sûr, de la marche Du pain et des roses, c'est une chose, la
Marche mondiale des femmes, c'est une autre chose, mais à chaque année il y a
une vaste coalition, dans laquelle les syndicats jouent un rôle majeur, parce que
les groupes communautaires, là, avec leurs... leurs maigres revenus, n'arrivent
pas à faire le travail nécessaire, n'ont pas les moyens financiers de
faire le travail nécessaire pour faire de la sensibilisation, de l'éducation,
faire... louer des autobus pour aller, par exemple, voilà quelques
semaines-«ish», mois, ici, au rassemblement de la marche mondiale. Si on n'avait pas eu la participation
des syndicats, on n'aurait pas été 20 000 dans la rue. Puis là ça aurait
été facile pour le gouvernement de dire : Bon, bien, ça n'intéresse
pas... ça n'intéresse pas personne de parler des droits des femmes, puisqu'ils étaient 18 dans la rue. Bien, oui, mais
c'est parce qu'on a du soutien, notamment du monde syndical, qu'on est
capables d'y arriver.
Puis... puis
pas rien que là. Je repense à nos droits au niveau des personnes LGBTQIA2S+.
Les syndicats, là, que ce n'était pas dans leur mission première, mais, quand
ils ont décidé de s'investir pour protéger les gens plus exclus de notre
société, dont notamment les gens de la diversité de genre, diversité sexuelle,
certains pourraient penser : Bien, voyons donc! Pourquoi ils paient pour
ça de leur poche, les travailleurs paient pour ça de leurs poches? Bien,
peut-être parce que leur enfant sera une
personne trans et qu'ils seront contents qu'il y a eu des profs à la FAE pour
les défendre. Peut-être parce que même leur propre conjoint deviendra
peut-être une personne qui va s'assumer dans son identité de genre, deviendra
peut-être une personne non-binaire, puis cette personne-là sera contente que le
monde syndical aura défendu le respect des personnes au sens de la charte des
droits de la personne du Québec.
Alors, l'idée de la cotisation principale,
facultative, moi, je trouve que c'est brouiller les cartes, parce que, dans les faits, on ne sait jamais, M. le Président, quand
on a besoin de plus grand que nous parce qu'on est abandonnés dans nos enjeux,
nos défis. Et nous les femmes, on en sait quelque chose. Et nous les personnes
LGBT, on en sait quelque chose.
• (15 h 30) •
Alors, je pense que mon collègue d'Hochelaga a
ouvert une piste, qui est celle de scinder le projet de loi pour s'assurer que
la dimension des cotisations principales et facultatives soit retirée du projet
de loi. Je sais que c'est une proposition qui vient de l'extérieur. J'ai cru
comprendre ma collègue de Bourassa-Sauvé... j'ai cru comprendre qu'elle disait
que c'était une bonne idée. Jamais elle n'a nommé que Québec solidaire avait eu
une bonne idée, là, mais que, dans le fond, si on excluait ça, ce serait une
bonne idée. Même chose du côté de mon collègue de Jean-Talon. Je pense que
probablement que mon collègue de Saint-Jérôme, lui, il ne serait pas d'accord
avec ça, mais... mais je pense qu'il y a là une piste, il y a là une piste pour
pouvoir aborder et faire avancer ce qui semble être la préoccupation vraiment importante
pour le ministre, qui est la question de la transparence, et, après ça,
remettre... remettre en perspective qu'une cotisation syndicale, ce n'est pas
juste pour ton salaire que tu as ici, mais c'est pour qu'il y ait moins de monde
dans la rue aussi, c'est pour que les femmes voient leurs droits respectés,
c'est pour que les personnes LGBT sentent qu'ils peuvent exister dans cette
société qui dit les accueillir.
Et j'ai trouvé cette semaine un papier de Mme Louise
Harel, qui a quand même été en cette enceinte pendant 28 ans, qui m'a touchée beaucoup puis qui parle, justement, de cet
article 7 sur les cotisations. J'aimerais ça, si vous me permettez,
pouvoir la lire, en lire un extrait. Alors, Mme Harel dit : «À
l'article 7, le projet de loi introduit une distinction entre cotisation
principale et cotisation facultative, comme si la première était légitime dans
le cadre de la négociation et de l'application d'une convention collective, et
la seconde, superfétatoire, associée à la participation à un mouvement social ou politique.» Donc, il y en a
une bonne, puis il y en a une moins bonne. En tout cas, «perfétatoire»,
c'est un très beau mot, j'imagine que plusieurs personnes qui m'écoutent vont
devoir faire comme moi puis aller lire qu'est-ce ça veut dire. Alors, ce que la
ministre... ce que Mme Harel nous dit, c'est que, dans cette loi... Puis
elle donne l'exemple, d'ailleurs, Du pain
et des roses. Puis, comme vous le savez, là, j'étais au coeur de ça, et une
chance qu'on a eu le monde syndical pour faire cette lutte féministe
importante. Alors, Mme Harel dit : «Il s'ensuit, dans le projet de
loi, un chapelet de tracasseries pour tarir l'implication syndicale en
dehors du strict milieu de travail.»
Alors, comme plusieurs autres, on les a... on a
entendu, ça a été nommé largement, je pense qu'il y a une piste sur la question de scinder le projet de loi, mais,
tout comme vous l'annonçait mon collègue un peu plus tôt, pour Québec solidaire,
ce projet de loi là, alors que le Québec est en train de s'écrouler sous le
coût de la vie, n'était vraiment pas nécessaire,
puis, dans ce sens-là, parce qu'il... C'est un projet de loi, en fait, et ce
n'est pas nous qui l'a dit, là, c'est le Barreau, d'autres organisations
communautaires qui l'ont dit, c'est un autre des projets de loi que la CAQ
inscrit dans le menu législatif actuel qui nous amène tranquillement... ou qui
nous illustre tranquillement la dérive autoritaire qui est prise par ce gouvernement-là. Et moi, comme minorité
sexuelle, comme femme, je peux vous dire que les dérives autoritaires,
ça me fait peur.
Alors donc, pour toutes ces raisons, on demande,
minimalement, que le vote soit... que le projet de loi soit scindé, mais nous,
on va voter contre l'adoption de ce principe. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Il n'y a pas d'autre
intervention.
Donc, le principe du
projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la transparence,
la gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu
de travail, est-il adopté? Oui?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Allez-y,
monsieur... Allez-y, M. le ministre.
M. Boulet : M. le Président, je
demande un vote électronique et de reporter le présent vote à la prochaine
période des affaires courantes. Merci.
Vote reporté
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
une demande de vote a été faite, mais cette demande-là sera reportée aux
affaires courantes prochainement. M. le leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M. Boulet : M. le Président, je
vous demande d'ajourner nos travaux à demain, 9 h 40. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée? Elle est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : En conséquence, nous
ajournons nos travaux à demain, jeudi 4 décembre 2025, à
9 h 40.
(Fin de la séance à 15 h 35)