Journal des débats (Hansard) of the National Assembly
Version préliminaire
43rd Legislature, 2nd Session
(début : September 30, 2025)
Wednesday, December 3, 2025
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Vol. 48 N° 24
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Intervenants par tranches d'heure
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D'Amours, Sylvie
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Picard, Marilyne
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Prass, Elisabeth
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Rouleau, Chantal
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Massé, Manon
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Lévesque, Sylvain
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Maccarone, Jennifer
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Laframboise, Mario
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Dufour, Pierre
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Rivest, Mathieu
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Soucy, Chantal
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Blouin, Catherine
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Charest, Isabelle
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Benjamin, Frantz
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Leduc, Alexandre
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Jolin-Barrette, Simon
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Tanguay, Marc
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Laframboise, Mario
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Maccarone, Jennifer
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Fortin, André
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Legault, François
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Setlakwe, Michelle
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Dubé, Christian
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Beauchemin, Frédéric
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Girard, Eric
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Benjamin, Frantz
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Beauchemin, Frédéric
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Girard, Eric
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Ghazal, Ruba
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Legault, François
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Roberge, Jean-François
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Jolin-Barrette, Simon
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Zanetti, Sol
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Martel, Donald
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Drainville, Bernard
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Paradis, Pascal
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Fréchette, Christine
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Gentilcore, Catherine
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Arseneau, Joël
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Dubé, Christian
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Benjamin, Frantz
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Dubé, Christian
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D'Amours, Sylvie
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Legault, François
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Prass, Elisabeth
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LeBel, Sonia
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Bélanger, Sonia
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Arseneau, Joël
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Setlakwe, Michelle
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Ghazal, Ruba
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Bérubé, Pascal
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Lemieux, Louis
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Boulet, Jean
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D'Amours, Sylvie
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Cadet, Madwa-Nika
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Paradis, Pascal
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Paradis, Pascal
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D'Amours, Sylvie
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Prass, Elisabeth
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Leduc, Alexandre
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Leduc, Alexandre
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D'Amours, Sylvie
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Chassin, Youri
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Benjamin, Frantz
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Chassin, Youri
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Massé, Manon
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Benjamin, Frantz
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Boulet, Jean
9 h 30 (version révisée)
Cliquez ici pour taper du texte.
(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Bonjour, chers collègues. Veuillez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes maintenant à la rubrique
Déclarations de députés, et je cède la parole à Mme la députée de Soulanges.
Rendre hommage à M. Murray Levine
Mme Marilyne Picard
Mme Picard : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Aujourd'hui, je tiens à souligner l'engagement exceptionnel d'un
citoyen, M. Murray Levine, dont l'action bénévole s'étend sur plus de 35 ans de
service au bien commun.
Depuis 1988, M. Levine œuvre avec
dévouement pour promouvoir la générosité, la solidarité et la participation
citoyenne. Visionnaire, il a été parmi les premiers au Québec à encourager la
collecte de fonds entre pairs, un modèle devenu incontournable pour des
milliers d'organismes au Québec.
Devant ce constat que le Québec demeure au
dernier rang canadien en matière de dons et de bénévolat, M. Levine aimerait
développer un moyen accessible permettant à l'ensemble des citoyens d'être
facilement invités à chaque mois à soutenir un organisme de leur choix ou à s'engager
comme bénévoles. Cette initiative pourrait générer des retombées majeures pour nos
organismes communautaires.
Je souhaite reconnaître aujourd'hui non
seulement l'esprit d'innovation de M. Levine, mais aussi sa persévérance, son
attachement profond au tissu social québécois. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Souligner le 45e anniversaire de l'école À pas de
géant
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Cette année marque le 45e anniversaire de l'école À pas de Géant à
Montréal, une institution unique et extraordinaire qui transforme la vie des
jeunes enfants et jeunes adultes atteints d'un trouble du spectre de l'autisme
depuis près d'un demi-siècle.
Depuis sa création, À pas de géant offre
des programmes éducatifs innovants et un soutien personnalisé qui permettent à
ces jeunes de développer leur autonomie, leur confiance et leur plein potentiel
selon leurs capacités.
Mais À pas de géant ne se limite pas à ces
programmes. Il contribue aussi à bâtir une communauté plus inclusive où chaque
personne est valorisée et peut s'épanouir pleinement.
Giant Steps' commitment to
specialized education, life skills development, and social integration makes a real difference in the daily lives
of young people on the autism spectrum and their families, helping them face
challenges with resilience and hope.
Aujourd'hui, je
tiens à féliciter toute l'équipe d'À pas de géant, passée et présente, pour 45
années de dévouement, de créativité et d'innovation. Ensemble, honorons leurs
réalisations et renouvelons notre engagement envers l'inclusion, l'égalité et l'autonomie.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Souligner le 40e anniversaire du Centre de
Ressources Périnatales Les Relevailles de Montréal
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Quelle fierté d'être avec vous aujourd'hui pour célébrer les
40 ans du CRP Les Relevailles de Montréal! Depuis quatre décennies, cet
organisme accompagne, soutient et inspire des milliers de femmes, de parents et
de familles dans cette période si unique que sont la maternité et la petite
enfance.
Les Relevailles, c'est bien plus qu'un
centre de ressources. C'est une communauté de bienveillance, un lieu où l'on se
sent accueilli, écouté, soutenu. Grâce à la passion de vos intervenants, de vos
bénévoles et de vos partenaires, chaque parent trouve dans cet espace un lieu
pour souffler, créer des liens et avancer avec confiance.
40 ans d'histoire, c'est 40 ans d'amour,
de résilience et de solidarité. Joyeux 40e anniversaire et longue vie au CRP
Les Relevailles de Montréal! Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Souligner les 12 jours d'action contre les
violences faites aux femmes
Mme Manon Massé
Mme Massé : Nous sommes en
pleine campagne des 12 jours d'action contre les violences faites aux femmes,
et la réalité nous frappe en pleine face.
Il y a quelques jours, ma collègue Ruba
Ghazal a rendu publique une série de messages haineux et violents qu'elle a
reçus. Ce qu'elle vit, trop de femmes le vivent : menaces, insultes,
tentatives de nous faire taire. Et cette violence, elle affecte aussi nos
proches.
Accepter ces attaques, qu'elles soient en
ligne, à la maison, dans nos institutions ou dans la rue, ce n'est pas normal.
En fait, c'est criminel.
C'est encore pire pour certaines femmes.
Qu'elles soient autochtones, immigrantes et trans, elles subissent ces
violences de façon exponentielle.
Les femmes se sont toujours levées, puis
on va continuer de le faire.
Être solidaires, c'est refuser la haine, que
cette haine devienne banale. C'est refuser de se taire.
Alors, en ces 12 jours et toutes les
autres journées de l'année, je tiens à dire haut et fort aux agresseurs et à
leurs complices : Tenez-vous-le pour dit, on ne sera pas silencieuses.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la <parole...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la >parole
à M. le député de Chauveau.
Rendre hommage à Mme Rafaëlle Carrier
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je souhaite rendre hommage à Rafaëlle
Carrier, une jeune cycliste de Lac-Beauport qui se distingue par son talent, sa
détermination et évidemment par ses performances exceptionnelles. Je souligne
d'ailleurs sa présence dans nos tribunes, où elle est accompagnée de ses
parents, Philippe Carrier, Julie Sirois, et de sa grand-mère, Rolande Bérubé.
En cyclocross, elle a terminé au
premier... première au classement de la coupe du monde, remportant deux
compétitions, en plus de s'adjuger une médaille aux championnats du monde. En
vélo de montagne, Rafaëlle a conquis le titre de championne panaméricaine de
cross-country au Costa Rica. Et, en vélo sur route, elle a remporté le
championnat canadien en Beauce, en battant au passage la numéro un mondiale.
Rafaëlle, je veux te souhaiter tout le
succès possible dans la poursuite de tes ambitions sportives. Je serai devant
mon écran, dans quelques années, pour entendre, lors des Jeux olympiques :
Médaille d'or, Rafaëlle Carrier, du Canada! Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Rafaëlle, au nom de la présidence, toutes nos
félicitations! Vous nous rendez fiers. Une jeune comme vous au Québec, on en a
besoin. Bravo! Merci, M. le député.
Maintenant, je cède la parole à Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis
Souligner l'importance de contrer l'extorsion au
Québec
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : L'extorsion
au Québec a atteint un niveau jamais vu : incendies criminels, cocktails
Molotov, fusillades, menaces. Ce ne sont plus des faits divers, c'est une crise
qui frappe nos commerces, nos travailleurs et nos familles.
Partout, Montréal, Laval, la Rive-Sud, les
régions, des entrepreneurs vivent dans la peur. Des commerces ferment, des
emplois se perdent, des assureurs se retirent et des quartiers entiers sont
traumatisés. Pendant ce temps, les groupes criminalisés opèrent tranquillement,
profitant des failles et du manque de coordination de l'État.
Depuis l'arrivée de la CAQ, les comités de
concertation entre l'industrie, les policiers et la SQ se sont effondrés,
malgré leurs succès. On a laissé tomber des mécanismes essentiels de
prévention, d'échange d'information et d'action rapide. Résultat, les
établissements se retrouvent seuls en première ligne.
Il est urgent de restaurer ces comités et
d'exiger un véritable plan d'action pour protéger les citoyens. La peur ne peut
pas devenir la normale. Les Québécois méritent mieux. Il est temps d'agir.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M.
le député de Blainville.
Souligner le 50e anniversaire du Club de l'âge d'or
Le Blainvillois
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : Merci, Mme
la Présidente. Il me fait grand plaisir aujourd'hui de célébrer un anniversaire
des plus remarquables, 50 ans d'engagement, de solidarité et de vie
communautaire du Club de l'âge d'or Le Blainvillois, qui a un impact
majeur sur la vie de plusieurs personnes de notre communauté.
Fondé le 24 octobre 1975 par MM. Gabriel
Franc, Oliva Tassé et Gilbert Chevalier, ce club compte 246 membres. Il a pour
mission d'offrir des activités sociales, récréatives et de bienfaisance aux
personnes de 50 ans et plus dans le but de les divertir et de les sortir de
leur isolement. Ces activités permettent l'enrichissement de l'esprit et de
favoriser le développement du respect, de la tolérance et de l'entraide.
Grâce à des bénévoles dévoués et à des
membres passionnés, le club est devenu un véritable pilier social et un lieu de
rassemblement.
Je tiens donc à saluer chaleureusement
tous celles et ceux qui, au fil des ans, ont fait grandir cette organisation
par leur temps, leur énergie, leur générosité, et plus particulièrement le
conseil d'administration et son président, M. Alain Boudreault. Longue vie au Club
de l'âge d'or Le Blainvillois et à tous ses membres!
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le
député d'Abitibi-Est.
Rendre hommage à M. Normand Demers
M. Pierre Dufour
M. Dufour : Mme la Présidente,
dans la vie, il y a des personnes qui exercent un métier et d'autres qui
transcendent le métier qu'ils exercent. La personnalité que je vous présente
aujourd'hui est dans la deuxième catégorie. Il s'agit de M. Normand Demers,
aujourd'hui ex-propriétaire du IGA de Malartic, qui vient de prendre sa
retraite le 30 novembre.
Au-delà de son travail, il est un acteur
incontournable lorsque vient le temps d'organiser et de participer à un
événement dans sa ville. Que ce soit pour le golf, le gala de l'entreprise, le Festival
Western de Malartic, une activité communautaire, Normand est toujours présent
et impliqué.
Fait d'armes notoire, cet été, pour le 25e
anniversaire du festival western, il avait pris le pari de remplir l'aréna pour
le Souper du Cowboy. Eh bien, ce fut un succès total, avec plus de 1 000
repas servis et une soirée musicale agrémentée par la présence de la chanteuse
country Guylaine Tanguay.
Normand, ta retraite professionnelle est
officielle, mais pas celle de tes implications. Au plaisir de te côtoyer en
2026.
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Côte-du-Sud.
Remercier le personnel des bureaux de
circonscription
M. Mathieu Rivest
M. Rivest : Merci, Mme la
Présidente. Quel beau moment pour témoigner du respect et de l'affection dédiés
à nos <équipes...
M. Rivest :
...et de
l'affection dédiés à nos >équipes de circonscription!
Le travail sur le terrain auprès des
concitoyens avec un député à l'Assemblée nationale n'est pas toujours de tout
repos. Alors, aujourd'hui, je prends ce temps de saluer leur engagement auprès
des municipalités, des familles, des entreprises, des groupes communautaires,
des citoyens et des partenaires de tout un territoire afin de les aider dans
leurs défis et leurs enjeux.
Profitez de cette période des fêtes qui
s'amorce afin de leur offrir une fleur, un bel emballage, un chocolat qui fait
du bien et qui démontre combien votre dévouement est apprécié. Je souhaite le
partager avec vous ici, où il nous est permis de souhaiter le mieux pour notre
population.
Merci à Jocelyne, Caroline, Alain,
Hamilton. Je partage cet hommage assurément avec tous mes collègues ici
rassemblés.
Salutations spéciales à Dominique
Gaudreau, conseillère politique, et son conjoint en tribune.
Je nous encourage à garder cette fougue
nécessaire à la fonction et, pourquoi pas, nous souhaiter de relever tous les
défis qui s'approchent... Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Saint-Hyacinthe.
Féliciter l'entreprise Bio Biscuit, lauréate d'un
prix Performance Québec
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, je suis fière de saluer la réussite de l'entreprise
familiale de chez nous, à Saint-Hyacinthe, Bio Biscuit.
Fondée il y a près de 30 ans, l'entreprise
vient de recevoir une mention aux prix Performance Québec 2025 dans la
catégorie PME manufacturière indépendante. Ces prix représentent la plus haute
distinction accordée par le gouvernement du Québec aux entreprises qui
appliquent les meilleures pratiques de gestion.
Ce qui distingue Bio Biscuit? Ses
standards rigoureux de qualité et d'innovation et son procédé de cuisson unique
pour sa nourriture et ses gâteries pour animaux, appréciées ici comme à
l'international.
Je tiens à saluer chaque membre de
l'équipe, dirigeants, employés et partenaires, qui contribuent à cette
réussite. Votre talent et votre engagement méritent d'être célébrés. Votre
entreprise illustre parfaitement l'innovation et la vitalité de notre pôle
agroalimentaire maskoutain. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme
la députée de Bonaventure.
Souligner le 40e anniversaire du Centre d'action
bénévole Saint-Siméon—Port-Daniel
Mme Catherine Blouin
Mme Blouin : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, aujourd'hui, je souhaite souligner les 40 ans
d'existence du Centre d'action bénévole de Saint-Siméon—Port-Daniel, un
organisme qui est solidement implanté à Paspébiac et qui fait une réelle
différence auprès des gens de chez nous.
Sa mission dépasse la promotion de
l'action bénévole. C'est plutôt un espace où se créent des liens et où on
travaille à briser l'isolement.
Grâce à cet organisme, des centaines de
personnes aînées ont accès à des repas à faible coût, à de l'accompagnement à
leurs rendez-vous médicaux ainsi qu'à de l'accompagnement à des visites
amicales. Pour les nouveaux parents, il y a aussi un service de soutien qui est
offert pour qu'ils puissent vivre leur parentalité avec l'appui de la
communauté.
Alors, c'est une véritable vocation pour
toute l'équipe de soutenir les aînés et les jeunes familles, et c'est aussi un
bel exemple de toute l'importance du bénévolat dans notre communauté, puisque
c'est grâce à cette implication que ces services existent.
Et, en terminant, je tiens à souligner le
travail exceptionnel de la directrice, Nathalie Bujold, qui met tout son cœur
au quotidien pour la communauté. Alors, je la félicite, elle et toute son
équipe, pour leur travail remarquable. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Merci beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant
la parole à Mme la députée de Brome-Missisquoi.
Souligner le succès du projet de circuit Brome-Yamaska,
récompensé au Gala des Prix d'excellence en environnement des Cantons-de-l'Est
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Merci, Mme la
Présidente. Je souhaite souligner le travail des MRC Brome-Missisquoi et de La Haute-Yamaska,
dont le projet de mobilité interrégionale a été récompensé lors du Gala des
Prix d'excellence en environnement des Cantons-de-l'Est. Cet honneur vient
mettre en lumière le circuit d'autobus Brome-Yamaska, qui relie pour la
première fois nos deux territoires par une offre de transport collectif.
Cette initiative témoigne du leadership de
nos deux MRC, qui ont mobilisé l'expertise de leurs équipes pour ce projet. En
alliant leurs forces, elles ont su répondre aux besoins en mobilité durable de
nos communautés. À titre d'exemple, il est maintenant plus facile de se rendre
vers les établissements d'enseignement, de se déplacer vers les zones d'emploi
ou de se diriger vers les services de santé.
Je suis également fière que ce projet ait
été rendu possible grâce au soutien de notre gouvernement par le programme
Signature innovation, du Fonds régions et ruralité, ainsi qu'avec la
collaboration financière de la MRC de La Haute-Yamaska.
Bravo à tous les partenaires qui ont
contribué à ce projet, et longue vie au circuit Brome-Yamaska! Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup, Mme la députée. Cela met fin à la rubrique
Déclarations de députés.
Et je suspends les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 9 h 55)
10 h (version révisée)
(Reprise à 10 h 07)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Mmes et MM. les députés, bonjour.
Nous allons maintenant nous recueillir
quelques instants.
Je vous remercie.
Présence de l'ambassadeur de la République du Kazakhstan,
M. Dauletbek Kussainov
J'ai le plaisir de souligner la présence,
dans les tribunes, de l'ambassadeur de la République du Kazakhstan, Son
Excellence M. Dauletbek Kussainov, à l'occasion de sa visite officielle.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de
loi, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Bonjour, M.
le Président. Je vous demanderais, s'il vous plaît, d'appeler l'article a du
feuilleton.
Projet de loi n° 195
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
À l'article a du feuilleton, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve présente le projet
de loi n° 195, Loi limitant le recours aux services d'une agence de
placement de personnel et à de la main-d'oeuvre indépendante dans le secteur
des services de garde éducatifs à l'enfance. M. le député.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Ce projet de loi limite et encadre le recours aux services d'une
agence de placement de personnel et à de la main-d'œuvre indépendante dans le
secteur des services de garde éducatifs à l'enfance.
Le projet de loi interdit à un prestataire
de services de garde éducatifs subventionnés de recourir à de la main-d'œuvre
indépendante et aux services d'une agence de placement de personnel, sauf si
celle-ci est un organisme à but non lucratif ou une coopérative. Il prévoit
toutefois que le gouvernement peut prévoir, par règlement, des exceptions à
cette interdiction pour un territoire ou un corps de métier donné.
Le projet de loi encadre les activités des
agences de placement qui louent les services d'un membre de leur personnel à un
prestataire de services de garde éducatifs à l'enfance et confère certains pouvoirs
réglementaires au gouvernement à cet égard.
Enfin, le projet de loi prévoit que le
gouvernement peut, par règlement, déterminer dans quelle mesure le responsable
d'un service de garde éducatif en milieu familial peut recourir à de la
main-d'œuvre indépendante.
Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le
leader du gouvernement.
• (10 h 10) •
M. Jolin-Barrette : ...M. le
Président, je dépose la réponse à la question inscrite au feuilleton le 4 novembre
par la députée de <Chomedey...
Le Vice-Président (M.
Benjamin) :
...M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Bonjour, M. le Président. Je dépose la réponse à la question inscrite au
feuilleton le 4 novembre par la députée de >Chomedey. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Ce document est déposé.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de
commissions, M. le président de la Commission de la culture et de l'éducation
et député de LaFontaine.
Étude détaillée du projet de loi n° 108
M. Tanguay : Merci, M. le
Président. Je dépose le rapport de la Commission de la culture et de
l'éducation qui, le 2 décembre 2025, a procédé à l'étude détaillée du
projet de loi n° 108, Loi modifiant la Loi sur la Société de développement
des entreprises culturelles afin de moderniser son offre de services financiers
et de reconnaître le domaine de la créativité numérique. La commission a adopté
le texte du projet de loi sans amendement.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Ce rapport est déposé. M. le président de la Commission des finances
publiques et député de Blainville.
Consultations particulières sur le projet de loi n° 7
M. Laframboise : M. le
Président, je dépose le rapport de la Commission des finances publiques qui,
les 25, 26 et 27 novembre et le 2 décembre 2025, a tenu des audiences
publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi
n° 7, Loi visant à réduire la bureaucratie, à accroître l'efficacité de
l'État et à renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Garantir l'accès de
façon équitable aux services de garde et au crédit d'impôt pour les enfants
placés en banque mixte
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 266 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes
du Québec.
«Les faits invoqués sont les
suivants :
«Considérant que les familles d'accueil de
type banque mixte n'obtiennent pas toujours l'adoption de l'enfant qui leur est
confié, d'autres projets de vie pouvant être retenus par le tribunal, tels que
le placement jusqu'à la majorité ou la tutelle;
«Considérant que ces enfants sont placés
afin de bénéficier d'un environnement stable et sécurisant;
«Considérant qu'il est essentiel de
favoriser un lien d'attachement de ces enfants avec leur nouvelle famille, mais
aussi de leur permettre d'intégrer rapidement un service de garde éducatif pour
développer leurs habiletés sociales et leur autonomie;
«Considérant que les places en CPE et en
garderies subventionnées sont limitées, et que le Programme de réservation de
places pour les enfants vulnérables ne permet plus à la DPJ d'y référer
directement des enfants, cette responsabilité ayant été transférée aux CISSS et
CIUSSS via les CLSC;
«Considérant que, malgré l'accès à un
congé parental pour adoption, certaines familles d'accueil ne peuvent
réintégrer le marché du travail faute de place subventionnée, et que le recours
à une garderie non subventionnée engendre des frais importants, sans droit au
crédit d'impôt pour frais de garde;
«Considérant que les enfants placés sous
ordonnance de tutelle ou jusqu'à la majorité ne sont pas admissibles au crédit
d'impôt, limitant leur accès à des services essentiels, tels que les camps de
jour spécialisés;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au
gouvernement du Québec de modifier les dispositions fiscales afin que les
familles soient admissibles au crédit d'impôt pour frais de garde prévus par la
Loi sur les impôts.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cet extrait de pétition est déposé. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Maintenir le Programme
de l'expérience québécoise
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Je veux remercier et saluer la présence de représentants,
représentantes du collectif Le Québec c'est nous aussi, avec nous aujourd'hui.
Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 26 653 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les
suivants :
«Considérant que le Programme de
l'expérience québécoise (PEQ) constituait un programme d'immigration de choix
qui a fait la réputation du Québec partout à l'international depuis plus d'une
décennie;
«Considérant que le volet du programme
destiné aux diplômés permettait l'intégration au Québec de talents d'exception
francophones formés dans nos institutions scolaires prêts à intégrer rapidement
le marché du travail;
«Considérant que le volet du programme
destiné aux travailleurs permettait de pérenniser l'apport considérable de ces
travailleurs francophones possédant déjà une expérience de travail qualifiée au
Québec;
«Considérant que ces résidents temporaires
sont arrivés au Québec alors que les programmes d'accès au PEQ étaient clairs,
qu'ils ont respecté toutes les règles du MIFI et qu'ils ont agi de bonne foi en
mettant tout en œuvre pour s'enraciner dans leur nouvelle communauté;
«Considérant que la suppression du PEQ
sans préavis a des impacts majeurs sur leur vie et est source de profonde
détresse pour des milliers de personnes qui étudient et travaillent au Québec;
«Considérant que le Programme de sélection
des travailleurs qualifiés n'offre aucune prévisibilité et que la très grande
majorité de ceux autrement admissibles au PEQ n'y seront jamais invités;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au
gouvernement du Québec :
«D'annoncer la réouverture immédiate des
deux volets du PEQ et d'en prévoir un nombre d'admission permettant un
traitement régulier des demandes; ou
«Alternativement de mettre en place une
clause de droit acquis pour [toute personne qui se trouverait] au Québec à
titre de résident temporaire au jour de l'annonce de l'abolition du PEQ.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux
pétitions ni d'interventions <portant...
Le Vice-Président (M.
Benjamin) :
...cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux
pétitions ni d'interventions >portant sur une violation du droit, de
privilège.
J'ai été avisé qu'après la période des
questions et réponses orales il pourrait y avoir un vote requérant
l'approbation des deux tiers des membres de l'Assemblée.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et réponses orales, et je cède la parole au chef de l'opposition
officielle.
Impact de la Loi visant
principalement à instaurer la responsabilité collective quant à l'amélioration
de l'accès aux services médicaux et à assurer la continuité de la prestation de
ces services
M. André Fortin
M. Fortin :M. le Président, on est mercredi le 3 décembre, et
aujourd'hui, comme hier et comme demain, il y a des milliers de Québécois qui
vont recevoir une lettre de leurs médecins, une lettre comme celle-là :
«Chers patients, chères patientes, c'est avec beaucoup d'émotion que je vous
annonce aujourd'hui que je quitterai ma pratique de médecine familiale à
compter du 28 février 2026. Je comprends que ceci peut susciter de
nombreuses inquiétudes. Étant dans l'impossibilité de trouver un remplaçant qui
peut prendre en charge ma patientèle, vous devrez vous inscrire sur la liste
d'attente du Guichet d'accès à un médecin de famille et vous pourrez le faire à
partir du 1er mars 2026.»
Ça, M. le Président, c'est la lettre
envoyée à environ 1 000 patients de la clinique médicale Delta Santé
par une médecin qui a à peu près 50 ans. Les patients l'ont reçue hier, et
la dame qui nous l'a fait parvenir nous a dit que le médecin en question, c'est
son médecin, c'est le médecin de son mari, c'est le médecin de son bébé de six
mois, c'est le médecin de son père et c'est le médecin de sa mère. À chaque
fois qu'il y a une lettre comme celle-là, c'est des familles complètes qui
perdent accès au réseau de la santé. Puis cette lettre-là, c'est le résultat
direct de la loi n° 2, adoptée par bâillon, sans débat, par le
gouvernement de la CAQ. Ils avaient un médecin, ces gens-là. Grâce à la CAQ,
ils n'en ont plus. Là, ils veulent des réponses parce que, quand ils ont voté
la dernière fois, jamais le premier ministre ne leur a dit qu'il leur
retirerait leur médecin de famille.
Qu'est-ce qu'il a à répondre à ces
gens-là?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, M. le
premier... M. le Président. C'est moi, le premier ministre. J'allais dire que
j'espère qu'on ne va pas se chicaner comme vous vous êtes chicanés avec l'autre
députée libérale, là, mais bon.
Écoutez, revenons... revenons au sujet de
la question du député de Pontiac, qui représente Pablo Rodriguez... Ah?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Mme la leader.
Mme Setlakwe : M. le
Président, 35.1°. Je rappellerais qu'on doit désigner nos collègues par leurs
titres. Mon collègue de Pontiac, il est le chef parlementaire de l'opposition
officielle, et je demanderais au premier ministre de s'élever à la hauteur de
sa fonction.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il vous plaît! Écoutez, j'ai compris. Collègues, nous allons faire ça
correctement, donc on va s'appeler par leurs titres. Ça commence bien, on va
terminer très bien. Poursuivez, M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, je voudrais qu'on s'entende, là. J'ai dit : Le député de
Pontiac, qui représente Pablo Rodriguez. Est-ce que c'est correct pour vous,
ça? Est-ce que c'est devenu une insulte de prononcer le mot «Pablo Rodriguez»?
Bon, revenons aux médecins de famille, M.
le Président. Il y a des centaines de milliers de Québécois qui n'ont pas accès
à un médecin de famille. Puis, quand je dis «pas accès», il y en a qui n'en ont
pas, de médecin de famille, puis il y en a qui en ont un mais qui n'est pas
disponible quand ils sont malades, quand il y a un cas plus léger où ils
devraient voir leurs médecins de famille plutôt que d'aller attendre à
l'urgence. Je pense qu'on est tous d'accord avec ça, que ça n'a pas de bon sens
qu'on ait autant de Québécois qui n'aient pas accès à un médecin de famille.
Je pense qu'on est tous d'accord aussi
pour dire : La façon de changer cette situation-là, c'est qu'on doit
changer le mode de rémunération.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
...complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin :Le premier ministre, il fait comme si les gens devraient le
remercier de la loi n° 2, mais, les gens qui ont reçu cette lettre-là et
tous les autres, là, c'est des mots d'église qui sortent de leur bouche, ce
n'est pas des remerciements ni pour la CAQ, ni pour le premier ministre, ni
pour le ministre de la Santé. Puis les patients des cliniques qui ferment,
comme le GMF de Hudson ou encore la clinique de Grand-Remous, bien, ils ne
remercient pas le premier ministre non plus. À Grand-Remous, là, il n'y en a
pas, d'autre option. Qu'est-ce qu'ils sont supposés faire quand leur
clinique ferme?
• (10 h 20) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Donc, je
continue, M. le Président. Des centaines de milliers de Québécois n'ont pas
accès à un médecin de famille. Tous les experts sont d'accord, puis je pense
que c'est même dans la plateforme du Parti libéral, que, pour changer cette situation-là,
il faut changer le mode de <rémunération...
M. Legault : ...du Parti
libéral, que pour changer cette situation-là, il faut changer le mode de >rémunération
des médecins de famille. Gaétan Barrette a essayé. Gaétan Barrette a
déposé un projet de loi, et, face aux menaces des médecins, le premier ministre
Philippe Couillard a reculé, OK, et a dit : Bon, bien, écoutez, on va
continuer avec le statu quo puis on va continuer avec des centaines de milliers
de Québécois...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin :Le premier ministre qui nous rappelle que c'est des
menaces. Les gens qui ont reçu ces lettres-là, ils ne pensent pas que c'est des
menaces... des menaces. Ce qu'ils comprennent, c'est qu'il y a un fait, qu'ils
viennent de perdre leurs médecins, qu'ils vont retomber sur une liste, qu'ils
vont devoir attendre, qu'ils ne savent plus à qui parler pour avoir accès au
réseau de la santé. C'est des dizaines de milliers de Québécois de partout au
Québec qui perdent l'accès aux médecins.
Je comprends que le premier ministre,
c'est quelqu'un qui a de l'orgueil dans la vie, mais, son gouvernement, il doit
admettre, là, qu'il fait plus de tort que de bien en ce moment.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, M. le
Président, revenons à ce qui s'est passé, parce que beaucoup de provinces ont
changé le mode de rémunération. Nous, on en parle depuis 25 ans, puis tous
les gouvernements, que ce soient des gouvernements du PQ ou du Parti libéral,
ont reculé.
Maintenant, le chef de l'opposition
officielle nous dit : Menaces. Pourquoi Philippe Couillard a-t-il reculé
devant la proposition de Gaétan Barrette de changer le mode de rémunération des
médecins de famille? Est-ce qu'il peut nous le dire? Il était là, dans le
gouvernement, le député de Pontiac. Pourquoi Philippe Couillard a-t-il reculé?
Est-ce que c'est parce qu'il avait des menaces?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le député de Pontiac, troisième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin :Là, on va être clairs, là. La CAQ a mis en place la loi
n° 2, le Parti québécois veut garder la loi n° 2, et c'est une
hécatombe en ce moment, cette loi-là. Hier, l'association des médecins de
Montréal a dit qu'il y avait potentiellement 400 000 Québécois qui
perdraient leurs médecins, 400 000 personnes juste à Montréal.
Si le premier ministre trouve qu'ils
exagèrent, là, on peut le couper de moitié, on peut le couper du trois quarts.
Dans quel monde il accepte que 100 000 Montréalais perdent leurs
médecins?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
il y a plus de 500 000 Québécois qui n'ont pas de médecin de famille
ou accès à un GMF. Que propose Pablo Rodriguez? Que propose Pablo Rodriguez?
Est-ce qu'il propose de faire comme Philippe Couillard, de reculer et de garder
le statu quo, c'est-à-dire des centaines de milliers de Québécois sans médecin
de famille? Est-ce qu'on pourrait enfin avoir une proposition de Pablo
Rodriguez?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
En principale, M. le député de LaFontaine.
Impact de la Loi visant
principalement à instaurer la responsabilité collective quant à l'amélioration
de l'accès aux services médicaux et à assurer la continuité de la prestation de
ces services
M. Marc Tanguay
M. Tanguay
: M. le
Président, on a déjà répondu à cette question-là du premier ministre. Le
rapport d'experts du 31 mars vous dit, M. le Président : Faites de la
coconstruction. Il ne l'a pas lu. Puis qu'il aille voir au bas de la
page 41 dudit rapport, où il est dit de revoir le mode de rémunération des
médecins en concordance avec ce rapport-là. Je cite au texte, M. le Président,
il ne l'a pas lu. C'est ça, la position du Parti libéral du Québec, faire en
sorte que tout le monde puisse offrir les services.
La solution vient du terrain. La solution
imposée de la tour d'ivoire caquiste ne marche pas sur le terrain. Le ministre,
M. le Président, a dit : Dès l'adoption, sous bâillon, le 25 octobre,
on se donne huit mois pour que ça marche, huit mois... huit semaines, huit
semaines pour que ça marche. Il y en a cinq de passées, il en reste à peine
trois. Même la PDG de Santé Québec l'a dit : On va manquer de temps.
Là, le gouvernement caquiste doit se
rendre à l'évidence. Va-t-il reculer? Parce que, présentement, les faits sont
les suivants : des milliers de Québécoises et Québécois perdent leurs
patients à cause de vous.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, en fait, je
note, M. le Président, que le mot que le député de LaFontaine vient d'utiliser,
c'est le mot «reculer». Et, non, on ne reculera pas, M. le Président, on ne
reculera pas parce que, justement, c'est 100 % des Québécois qui doivent
être pris en charge.
Puis, l'autre lapsus, si je peux me
permettre, du député de LaFontaine, quand il parle de huit mois, il a raison,
ce n'est pas huit semaines. Lorsqu'on a déposé le projet de loi n° 106,
c'était au mois de mai, et c'est au mois de mai qu'auraient dû commencer les
discussions avec les deux fédérations. Il n'y a pas eu ces discussions-là sur
la capitation. Il n'y a pas eu de discussion sur la méthode de capitation, la
fédération ne voulait pas en parler, M. le Président. Effectivement, ça fait
huit mois que cette discussion aurait eu lieu. Tant mieux, cette discussion-là
vient de commencer il y a quelques jours, il y a quelques jours, parce que la
loi n° 2 permettait 60 jours.
Alors, M. le Président, soyons <contents...
M. Dubé :
...il y a
quelques jours, il y a quelques jours, parce que la loi n°
2
permettait 60 jours.
Alors, M. le Président, soyons >contents
qu'il y ait un début de négociation qui se fasse par le Conseil du trésor avec
la FMOQ, et espérons que ce qui aurait dû se faire il y a huit mois est en
train de se faire présentement. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Ce qui se passe
présentement, là, ce qui est en train de se faire présentement, M. le
Président, on va vous donner un autre exemple, à Laval, le GMF Le Carrefour, la
clinique passera de 13 à sept médecins après les fêtes. Après les fêtes,
là, c'est demain matin, M. le Président. Ils vont passer de 13 à
sept médecins. Pourquoi? Les médecins partent en retraite prématurée, difficulté
de recruter des nouveaux médecins, des nouveaux facturants, M. le Président, et
ça, c'est le résultat de leur mauvaise approche. Le 1er janvier va
arriver, leur loi rentrera en vigueur, mais elle est impraticable.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, M. le
Président, je pense qu'il est très clair que les discussions qui ont lieu en ce
moment, si elles aboutissent à une entente, ce que l'on souhaite fortement,
vont permettre à des médecins qui sont en train de prendre des décisions dont on
parle de dire que l'entente, elle est bonne. Elle est bonne, M. le Président,
parce qu'on vise... c'est, justement, de faire des changements majeurs, par
exemple de ne pas imposer que la prise en charge soit par un médecin mais
qu'elle soit collective, pour que l'ensemble de la GMF soit capable de faire la
prise en charge. C'est un changement majeur. C'est ça que l'ensemble des
experts disent, M. le Président. On veut le mettre en place. Laissons les
discussions continuer. Voilà.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : M. le Président,
honnêtement, là, j'ai rarement vu ça, j'ai rarement vu ça, un gouvernement
aussi déconnecté. Les médecins, les cliniques, les GMF, qui tiennent le réseau
à bout de bras, qui donnent des services de soins de santé à des centaines de
milliers de patients, lancent un cri du cœur, ferment. Il y en a déjà qui ont
quitté.
À combien le ministre évalue-t-il, au
moment où on se parle, de milliers de Québécoises et Québécois qui ont perdu
déjà, à ce moment-là... Le sait-il? Combien de milliers de Québécoises et
Québécois n'ont plus de médecin de famille à cause de lui?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, moi, M. le
Président, au contraire du Parti libéral, je veux être rassurant. C'est pour,
justement, que tous les Québécois aient accès à un professionnel de la santé.
C'est, justement, de ne pas les perdre, mais que... La prise en charge collective,
ça veut dire qu'une personne soit affiliée, on lui a désigné un GMF où elle
peut appeler lorsque, par exemple, elle a un problème. C'est ça qui est le gros
changement.
M. le Président, je pense que le Parti
libéral le comprend. On est prêts à faire un changement. Le Parti libéral n'a
pas voulu faire ces changements-là quand c'était le temps de le faire. Nous, on
va avoir le courage de le faire, puis j'espère que le Trésor pourra trouver des
solutions, au cours des prochains jours, avec la FMOQ.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
En principale, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Plan de retour à
l'équilibre budgétaire
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : M. le
Président, le VG l'a démontré dans son rapport dévastateur, le demi-plan de
retour à l'équilibre budgétaire du ministre n'est pas crédible. Seulement la
moitié des efforts d'équilibre sont identifiés, et les efforts importants sont
après 2026, après la CAQ. Le VG remet même en question la possibilité que le
gouvernement arrive à atteindre l'objectif pour son demi-plan. Le ministre des
Finances, celui qui est responsable de la décote, n'est-il plus crédible? Un
demi-plan, là, après les élections. Mais plus grave, madame la... M. le
Président, le VG a trouvé que le ministre sous-estime le déficit de 15 %.
Le ministre n'est-il pas tanné d'être
systématiquement rabroué par toutes les personnes sérieuses qui analysent son
travail?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme
la Présidente. Bien...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Oui, M.
le Président — merci, M. le premier ministre. J'ai eu le privilège de
lire le rapport du Vérificateur général en détail, et puis, comme je l'ai dit,
on va travailler en fonction des recommandations, et on l'accueille
favorablement. Mais je veux être clair : nulle part dans ce rapport, c'est
dit qu'on sous-estime le déficit de 15 %. Alors, il ne faut pas fabuler
non plus, là. Il y a un rapport, il faut le lire.
• (10 h 30) •
Alors, le plan de retour à l'équilibre
budgétaire, oui, il y a des écarts à résorber, de 2,5 milliards en 2029‑2030,
M. le Président, mais il faudrait accepter le contexte dans lequel on a déposé
ce plan de retour, l'élection du président américain, les menaces tarifaires.
Alors, on a réussi à identifier les gestes pour l'équilibre budgétaire
comptable, et, pour atteindre la cible la plus ambitieuse de tous les plans de
retour à l'équilibre budgétaire, après Fonds des générations, il y a un écart à
<résorber...
>
10 h 30 (version révisée)
<17929
M. Girard
(Groulx) : ...de tous les plans de retour à l'équilibre budgétaire. Après,
Fonds des générations, il y a un écart à >résorber.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Première complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Le
Conference Board nous dit que notre économie va plus mal que veut nous faire
croire le ministre. Il disait que la croissance économique allait se chiffrer à
0,9 %, mais le Conference Board l'établit à 0,5 %, la pire au Canada.
S&P, le Vérificateur général, maintenant le Conference Board sont unanimes,
le ministre n'est plus crédible.
Va-t-il faire la seule chose qui lui reste
à faire et refaire ses calculs?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui,
M. le Président, voici comment on fait une prévision économique. On consulte l'ensemble
des économistes du secteur privé et on fait notre prévision économique.
Et là on a un intervalle, on a... Je vais
prendre un chiffre, supposons qu'on a 10 prévisionnistes du secteur privé.
On a des gens qui sont plus pessimistes, plus optimistes puis on fait une
moyenne. Et nos prévisions sont directement en ligne avec les... la moyenne des
économistes du secteur privé.
Et, oui, le Conference Board est à la
limite inférieure de l'intervalle qui donne une moyenne, puis un écart type, puis
une kurtose, puis un biais. Et puis ce sont les plus négatifs. Alors, l'opposition
se sert d'eux.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Deuxième complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Le VG est
clair, le demi-plan identifie la moitié des efforts, le déficit est sous-évalué
de 15 %. Le VG dit que, pour résorber le trou, là, les services vont être
affectés. La croissance économique, surestimée par le ministre. Le VG, Standard
& Poor's, Conference Board contredisent tous les ministres.
Peut-il au moins reconnaître que son demi-plan
marketing ne convainc personne?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, M. le Président, permettez-moi de citer l'Institut C. D. Howe qui dit que
nos documents sont transparents et de grande qualité. Il nous donne un B+,
deuxième meilleur pour la qualité des documents.
Et puis, si vous allez à la page A-18,
parce que, là, je vais vous parler des dépenses, M. le Président, page A-18,
vous pouvez voir que les dépenses qui étaient, avant la pandémie, 24,4 %
du PIB, de l'économie, sont maintenant de 26 %. Et vous savez c'est quoi,
le plan, M. le Président, pour ramener les dépenses à l'équilibre budgétaire
dans cinq ans? Bien, c'est retourner là où elles étaient avant la pandémie, à
24,4 %. Alors, un plan crédible, documenté et transparent.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
En principale, Mme la cheffe de la deuxième opposition.
Mesures pour atténuer les effets de l'inflation
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Le prix de l'épicerie a augmenté de plus de 30 % depuis les
cinq dernières années. Puis, juste en 2025, la hausse va dépasser les 5 %,
alors que les familles, elles, n'ont pas vu leurs revenus augmenter d'autant.
Quand je fais mon épicerie, à chaque
semaine, j'en profite pour parler aux gens, puis ils me disent qu'ils doivent
se priver pour être capables de nourrir leurs enfants. Il y a une dame
retraitée qui m'a dit qu'elle doit continuer à travailler pour être capable de
bien vivre, parce que tout coûte extrêmement cher. Une jeune professionnelle
qui me dit que, malgré son bon salaire, elle arrive juste assez dans son budget
puis se demande comment les grosses familles font pour y arriver.
Le premier ministre aime ça se vanter que lui,
il connaît ça, l'économie, mais il perd toute crédibilité quand même la classe
moyenne est incapable de payer son épicerie, est incapable de se loger
convenablement. Être le premier ministre de l'Économie, ce n'est pas de se
prendre pour le père Noël puis distribuer des grosses subventions aux grosses
entreprises, comme on distribue des cadeaux dans le temps des fêtes, puis d'oublier
les gens de la classe moyenne qui travaillent fort puis qui en arrachent. Qu'est-ce
qu'il a donné aux familles? Il leur a donné 11 $ par mois. 11 $ par
mois, si on va à l'épicerie, là, puis on achète un poulet rôti, on n'est même
pas capable de payer ça.
Qu'est-ce que le premier ministre... là, ma
question est très claire : Qu'est-ce que le premier ministre va faire pour
que les gens qui travaillent fort, mais... et qui en arrachent, qui ne sont pas
capables de payer leur loyer et leur épicerie? Qu'est-ce qu'il va faire pour
les aider? 11 $ par mois, ce n'est pas assez.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. M. le
Président, partout, partout dans le monde, les citoyens souffrent de l'augmentation,
de l'explosion, je dirais, du coût de la vie. C'est vrai en Amérique, c'est
vrai en Europe, c'est vrai partout, M. le Président. Donc, je compatis avec les
personnes. Il y en a qui ont eu des bonnes augmentations de salaire, il y en a
qui ont eu des moins bonnes augmentations de salaire. Donc, on essaie
effectivement d'aider ces personnes-là.
On a augmenté de 50 % l'aide sociale
pour les personnes qui ont des contraintes à l'emploi, mais la première chose
qu'on doit dire, M. le Président, c'est qu'en <moyenne...
M. Legault :
...M.
le Président, c'est qu'en >moyenne on a eu une augmentation du revenu
disponible. C'est quoi, le revenu disponible? C'est le revenu après impôt et
après l'inflation. Donc, le Québec, quand on se compare, on a mieux fait
qu'ailleurs. Donc, premier élément.
Deuxième élément, M. le Président,
pourquoi on a mieux fait? Bien, parce qu'on a posé une série de gestes.
D'abord, on a réduit les impôts. J'étais content, hier, la cheffe de Québec
solidaire nous a parlé de la classe moyenne. Pourtant, quand on a baissé les
impôts de la classe moyenne, elle était contre cette mesure-là. Elle a
dit : Ça n'a pas de bon sens qu'on baisse les impôts de la classe moyenne.
M. le Président, on a aussi donné un 2 000 $ de crédit d'impôt aux 70 ans
et plus, qui n'ont pas la chance d'avoir une augmentation.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : M. le Président,
les gens les plus riches ont vu leurs revenus augmenter. Je suis très contente
pour eux autres, mais moi, je ne lui parle même pas des plus pauvres, je lui
parle de la classe moyenne. La classe moyenne, depuis que la CAQ est au
pouvoir, s'est appauvrie. Ici, on voit à quel point ils souffrent de
sécurité... insécurité alimentaire, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas capables de
payer leur épicerie, il y a une augmentation de 131 %. Ça, c'est des gens
qui travaillent, de la classe moyenne, qui n'y arrivent pas.
Je lui repose ma question : Qu'est-ce
qu'il va leur donner de plus pour les aider à payer l'épicerie et le loyer?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, M. le
Président, j'étais curieux de voir, vous savez... Puis je vais remontrer le
tableau de la cheffe de Québec solidaire. Je me suis dit : Bien, voyons
donc! il me semble que ce n'est pas mes chiffres. J'ai fait vérifier les
chiffres, puis effectivement on part de 2020 au lieu de partir de 2018. Si elle
avait été rigoureuse, si elle avait pris les chiffres depuis 2018, elle aurait
vu que le premier quintile, c'est-à-dire les gens les plus pauvres, ont eu une
plus grande augmentation du revenu disponible que la moyenne des citoyens au
Québec. Donc...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Les chiffres que
je lui ai présentés, c'est ceux de l'observatoire des inégalités économiques.
Probablement qu'il ne l'a pas lu, là, parce qu'il ne s'intéresse pas aux
inégalités économiques, malheureusement.
Je lui remonte mon tableau. Je parle de
2019. C'est les gens de la classe moyenne. C'est des gens qui travaillent, des
fois deux salaires, qui ont des familles et qui souffrent d'insécurité
alimentaire. C'est de ces gens-là que je leur parle. Le premier ministre leur
donne 11 $ par mois.
Je lui repose la question — il
n'est pas capable de me répondre, je comprends, mais c'est lui, le premier
ministre : Qu'est-ce que les familles peuvent faire avec 11 $ par
mois? Comment ils vont arriver pour payer l'épicerie?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
je m'excuse, là, mais je persiste et je signe, les chiffres de la cheffe de
Québec solidaire ne sont pas bons. On parle de 2020, l'année où Justin Trudeau
a envoyé des chèques aux ménages. Si on prend les vrais chiffres, 2018‑2024, le
quintile le plus pauvre, augmentation du revenu disponible de 28,9 % alors
que la moyenne, au Québec, c'était une augmentation de 26,4 %. Ça veut
dire que les pauvres ont eu une plus grosse augmentation que la moyenne. Donc,
encore une fois, Québec solidaire nous présente des mauvais chiffres. Les vrais
chiffres démontrent...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
En principale, en principale, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il vous plaît! Seulement... S'il vous plaît, seulement le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
a la parole, s'il vous plaît. Merci.
Abolition du Programme de l'expérience québécoise
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : ...dans La
Presse, ce matin, on peut lire l'histoire de Maleck, qui a un postdoctorat
en immuno-oncologie, recruté par un centre de recherche de Montréal.
Aujourd'hui, il se retrouve devant un avenir incertain au Québec en raison de
l'abolition du Programme de l'expérience québécoise. Il y a aussi Fatma, une
enseignante installée à Saint-Jean avec sa fille et son époux. Son permis de
travail expire bientôt, et leur avenir, à eux aussi, est incertain en raison de
l'abolition du Programme de l'expérience québécoise.
Des histoires comme celle-là, il en existe
beaucoup, des gens qui parlent français, qui travaillent dans des secteurs en
pénurie de main-d'oeuvre, des gens qui bâtissent des vies ici et qui
s'intègrent pleinement dans nos communautés. Ils et elles ont leur place ici.
En seulement quelques jours, M. le Président, c'est 26 000 Québécois
et Québécoises qui ont signé notre pétition pour demander au gouvernement
d'accorder une clause grand-père au PEQ. Des dizaines de reportages, des
chroniques, des appuis revendiquent la même chose.
Je m'adresse bien humblement au ministre
de l'Immigration ce matin : Peut-il tendre la main et faire la seule chose
qui s'impose et accorder une clause grand-père?
• (10 h 40) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre de l'Immigration et de la <Francisation...
M. Cliche-Rivard :
...clause
grand-père?
Le Vice-Président (M.
Benjamin) :
M. le ministre de l'Immigration et de la >Francisation.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : M. le Président,
j'ai très hâte, dans les prochains jours, de pouvoir annoncer la première
grande invitation dans le Programme de sélection des travailleurs qualifiés. Je
pense que ça va rassurer beaucoup de personnes. Beaucoup de personnes, qui
parlent français, qui sont diplômées du Québec ou qui travaillent en région,
qui gardent ouverts des commerces, des manufactures en région, vont commencer à
recevoir des bonnes nouvelles. Je pense que les gens vont voir que le Programme
de sélection des travailleurs qualifiés est une voie d'avenir.
Parce qu'on ne peut pas accueillir tout le
monde, notre capacité d'accueil, il n'est pas infini, donc qu'est-ce qu'on doit
faire? Sélectionner les bonnes personnes, des gens qui sont ici, qui
travaillent, qui parlent français, qui contribuent de la meilleure façon, qui
sont diplômés de nos institutions. Mon collègue fait comme si c'était
incorrect, inéquitable de sélectionner des gens selon leur profil, mais
ailleurs à peu près tout le monde fait ça. On y va avec des critères, on
n'accepte pas tout le monde nécessairement, des systèmes de points. Dans le
reste du Canada, c'est ça aussi, on a des points selon le diplôme dans un
secteur qui est prioritaire. Ce n'est pas tous les diplômes qui sont
considérés. Il y a l'équivalent du PSTQ, volet 2, d'ailleurs, dans le
reste du Canada aussi.
Et je vais continuer, dans les prochaines
réponses, à expliquer ce qui se passe ailleurs pour voir que le programme PSTQ,
c'est tout à fait la manière de travailler quand on doit sélectionner et qu'on
n'a pas une capacité d'accueil qui est infinie.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Première complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : M. le
Président, le reste du monde n'a pas parcouru le Québec pour aller chercher des
talents sur la base d'un programme qui existait puis qui fonctionnait pour,
après ça, abolir ce programme-là quand les gens se qualifient. Le reste du
monde n'a pas fait ça, c'est la CAQ qui a fait ça, M. le Président.
La seule affaire qui va rassurer le monde
aujourd'hui, c'est une clause grand-père. Ils sont des milliers à le demander.
Je retends la main humblement au ministre, ça fait des semaines qu'on joue
là-dedans, son programme n'est pas prêt, il y a des statuts qui expirent, peut-il
accorder la clause grand-père?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre de l'Immigration et de la Francisation.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : M. le Président,
je pense que c'est important d'expliquer aux gens qu'ils doivent soumettre dans
le nouveau programme pour ensuite être sélectionnés, puis diffuser la bonne
information.
Je lisais, dans un reportage de Radio-Canada,
un extrait qui disait : Ce n'est pas normal de dire à des gens qui sont
établis ici depuis des années qu'ils doivent tenter leur chance dans un
programme où ils seront tirés au sort. Il n'y a pas tirage au sort, c'est
inexact. Et je vois des choses inexactes comme ça, et ça alimente bien sûr
l'insécurité, les craintes des gens. Il faut inciter les gens qui attendaient la
réouverture d'un programme qui ne sera pas réouvert à postuler dans ce nouveau
programme pour recevoir des bonnes nouvelles, pour être sélectionnés, pour être
invités. Je pense que, dans plusieurs régions du Québec, les gens vont se
mettre à recevoir des bonnes nouvelles à condition...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
En complémentaire, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Hier, j'ai été
très ébranlée par les témoignages qu'on a entendus. Ça, M. le Président, c'est
le premier ministre du Québec qui avait dit ça, en 2019, après avoir entendu
les témoignages d'étudiants et de travailleurs étrangers, alors que son
ministre de l'Immigration de l'époque avait lui aussi charcuté le PEQ. Le
premier ministre avait alors pris la seule bonne décision, et il a accordé la
clause... la clause grand-père.
Est-ce que le premier ministre aujourd'hui
peut écouter ces sages paroles de 2019 et prendre la seule bonne décision,
c'est-à-dire leur accorder la clause grand-père?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Madame... M. le
Président, la cheffe de QS nous parle de 2019. Moi, je veux lui parler
actuellement. En 2022, à Montréal, il y avait 48 % de francophones. En
2024, il en restait 43 %, 43 % de francophones. Je le sais, ça
n'intéresse pas Québec solidaire, il s'en fout du français à Montréal.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition. Allez-y, je vous entends, je
vous écoute.
M. Cliche-Rivard : ...de
prétendre qu'un parti en cette Chambre se fout de la langue française, c'est
intolérable, qu'il le retire.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci. Merci, merci. On ne va pas argumenter.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le leader de l'opposition... M. le leader du gouvernement, M. le leader du
gouvernement, allez-y rapidement, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : ...on ne
tape pas sur son bureau, hein? Deuxièmement, M. le Président, ce n'est pas une
question de règlement. Troisièmement, M. le Président, le député lui-même fait
de la publicité en anglais dans son comté...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, merci. Écoutez... Merci. Je suis édifié. Écoutez, on va se demander les
uns et les autres de se respecter. Faites attention à vos propos et poursuivez,
s'il vous plaît, M. le premier ministre. Monsieur... monsieur...
M. Cliche-Rivard : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Je suis... je suis debout. Je suis debout. Je vais vous demander de vous
asseoir, M. le leader.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Je vous ai entendu. J'ai demandé... On a chacun <droit...
Le Vice-Président (M.
Benjamin) :
...On a chacun >droit à ses opinions. Je
vous ai écouté avec attention, tout à l'heure, et les opinions peuvent être
critiques. Je vais vous demander de vous respecter et, s'il vous plaît, faites
attention à vos propos. M. le premier ministre, poursuivez.
M. Legault : On est rendus à
43 % de francophones à Montréal. Est-ce qu'on pourrait entendre une fois
Québec solidaire dire : On doit réduire le nombre d'immigrants temporaires
à Montréal pour augmenter ce 43 %? Est-ce qu'ils pourraient le dire...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il vous plaît! Nous allons poursuivre maintenant. En principale, M. le député
de Jean-Lesage.
Soutien aux agriculteurs face aux impacts des
changements climatiques
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, M. le
Président. Les producteurs agricoles du Québec sonnent l'alarme. Les
sécheresses répétées, les pluies torrentielles et les gels tardifs bouleversent
les récoltes, fragilisent les sols et mettent en péril la viabilité économique
de centaines de fermes familiales québécoises. Cette année encore, ce sont des
milliers d'hectares perdus, des serres inondées, des entreprises qui absorbent
des hausses spectaculaires de coûts, à cause d'un climat détraqué. L'Union des
producteurs agricoles le répète, la crise climatique, ce n'est plus une menace
lointaine, ça se passe maintenant, ça affecte leurs profits, leur santé mentale
et leur capacité à nourrir le Québec.
Ils demandent du soutien pour s'adapter et
réduire leurs émissions, et le gouvernement, qu'est-ce qu'il fait? Il détourne
le Fonds vert. C'est une méchante claque au visage aux agriculteurs et
agricultrices du Québec. Ça fait des années qu'ils et elles crient à l'aide.
Pourquoi la CAQ ne veut pas les aider à
relever les défis du climat?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Donald Martel
M. Martel : Merci. Merci, M.
le Président. Merci pour cette première question. Je veux profiter de
l'occasion. Je ne sais pas si c'est un hasard que la première question, au
niveau de l'agriculture, vient le jour du congrès de l'UPA, mais ça me fait
plaisir d'y répondre.
Écoutez, on a connu un été vraiment
exceptionnel, cet été. Il y a eu beaucoup de pluie en début de saison et il y a
une sécheresse par la suite. Donc, c'est important, il existe des programmes,
on va faire un bilan de tout ça, mais c'est important, puis je peux garantir
qu'on va soutenir nos agriculteurs dans ces difficultés-là. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Première complémentaire, M. le député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : M. le Président,
d'ici 2030, là, ce que la CAQ veut donner aux agriculteurs, là, pour le milieu
agricole, c'est 187 millions, d'ici 2030. Ce n'est absolument rien, sur
10 milliards, c'est une insulte, ça ne prend pas acte des difficultés
qu'on traverse. C'est la sécurité économique, la sécurité alimentaire du Québec
qui est en péril.
Est-ce que le ministre en prend la mesure
puis est-ce qu'il peut reconnaître qu'en ce moment ce qui est sur papier ce
n'est pas assez?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Donald Martel
M. Martel : Merci, M. le
Président. Merci pour la question. Écoutez, depuis qu'on est au pouvoir, le
budget de l'Agriculture est passé de 900 millions à 1,5 milliard,
1,5 milliard. Si on rajoute des montants supplémentaires qu'on a... qu'on
a rajoutés au fil d'années, c'est au-dessus de 300 millions. Donc, de dire
qu'on ne supporte pas notre agriculture, au Québec, il ne faudrait pas exagérer
non plus, là.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Deuxième complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : M. le Président,
en ce moment, là... Les agriculteurs, agricultrices du Québec, ça fait des
années qu'ils contribuent au Fonds vert. Ils le font de bonne foi, ça leur
coûte cher, c'est difficile, la situation est intenable, puis là qu'est-ce
qu'ils se font dire? Bien, cet argent-là, finalement, ils pensaient qu'il
allait les aider, cet argent-là ne va pas les aider, finalement. Ce que le
gouvernement est en train de faire, c'est de décourager le milieu agricole de
faire son bout pour la transition climatique. Ils veulent le faire, ils ont
besoin de cette aide-là. Cet argent-là, ils l'ont mis dedans de leurs poches.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre de l'Environnement.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : Oui. Alors,
M. le Président, les sommes qui sont investies par la classe agricole, par
l'entremise de la tarification carbone, ces sommes-là sont largement retournées
à la classe agricole sous différents programmes, que j'ai ici, je ne vais pas
faire la liste, mais j'ai ici certains des programmes qui ont bénéficié, donc,
du Fonds vert, du FECC.
Par ailleurs, mon collègue de
l'Agriculture a bien fait de mentionner que c'est le congrès de l'UPA
aujourd'hui. Et puis j'invite le député et les autres députés en cette Chambre
de porter attention à ce que nous allons aller présenter, mon collègue et moi,
parce que ça va être effectivement des mesures qui vont contribuer à renforcer
l'agriculture et l'autonomie alimentaire mais aussi l'environnement, ensemble,
en équilibre.
• (10 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
En principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
Retombées économiques des investissements du
gouvernement
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : M.
le Président, les Québécois ont compris que l'un des faits marquants du mandat
de la CAQ aura été le gaspillage de fonds publics dans des investissements
économiques <douteux...
M. St-Pierre Plamondon :
...économiques
>douteux et, le plus souvent, énigmatiques.
Le gouvernement perd en moyenne
1 milliard par année dans un bar ouvert aux subventions, des subventions
aux entreprises, et ça, c'est seulement pour le Fonds de développement
économique. Ce gaspillage, il est directement relié au manque de transparence
de ce gouvernement.
Hier encore, on apprenait qu'Investissement
Québec refuse de dévoiler les informations fondamentales, les informations de
base entourant le projet Flying Whales. On a mis, donc, collectivement, en
fonds publics, 107 millions de dollars dans un projet, et si on pose
des questions aussi simples que : Quelle est l'évaluation des retombées
économiques?, ah! ça, Investissement Québec n'a pas le droit de nous donner la
réponse. C'est un exemple parmi tant d'autres d'un gouvernement qui est opaque
et secret sur ses subventions et ses décisions financières douteuses. Donc, non
seulement la CAQ investit au pif de ses ministres, elle refuse de faire preuve
de la transparence élémentaire. Dans la mesure où le gouvernement a bel et bien
gaspillé des milliards, l'opacité doit cesser.
Donc, ma question au premier
ministre : Pourquoi son gouvernement maintient-il l'opacité et le secret,
si ce n'est que pour gaspiller en toute quiétude?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. M. le
Président, une de mes plus grandes fiertés depuis sept ans, c'est que, quand on
regarde la croissance économique du Québec par habitant, pour la première fois,
on a battu l'Ontario, battu le reste du Canada. Ça n'a jamais été fait, avant,
par les Libéraux ou par le PQ. Pourquoi? Parce qu'on a doublé les
investissements des entreprises, grâce aux interventions d'Investissement
Québec. On a eu 93 milliards d'investissements des entreprises grâce aux
interventions d'Investissement Québec.
Je n'en reviens pas, M. le Président, que
le Parti québécois, où il y a eu Jacques Parizeau, avec le REA, où il y a eu
Bernard Landry, qui a, avec moi, démarré Investissement Québec, qu'on a
maintenant un chef du PQ qui dit : On n'aidera plus les entreprises.
M. le Président, on a démontré depuis sept
ans qu'on a battu l'Ontario puis le reste du Canada. Comment peut-il nous
arriver avec quelques exemples? C'est sûr que, quand tu aides
25 000 entreprises... Puis tu ne peux pas avoir 100 % de succès,
mais, quand tu es à 95 % de succès, puis que tu bats l'Ontario puis le
reste du Canada, moi, je resterais assis sur mes mains si j'étais le chef du
Parti québécois.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Première complémentaire, M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : ...100 millions,
toujours pas de ballons, et surtout, pas de réponses aux questions.
L'opacité, c'est dans tous les domaines de
l'action étatique. La semaine passée, on a refusé de dire qui sont les
fournisseurs chinois des éoliennes sur la Côte-de-Beaupré. Il y a des questions
sur le travail forcé en Chine, sur le code de conduite d'Hydro-Québec, sur
l'équité et la sécurité pour les entreprises québécoises, mais c'est le secret,
un secret inacceptable.
La ministre va-t-elle être transparente et
répondre à la question : Qui sont les fournisseurs chinois des éoliennes
sur la Côte-de-Beaupré?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
...ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Écoutez,
M. le Président, donc, je veux revenir sur le score du Parti québécois en
matière d'interventions économiques, parce qu'ils ont eu beaucoup moins
d'interventions économiques que nous et beaucoup moins d'interventions
économiques qui ont réussi. Si on regarde dans le court mandat qu'il y a eu du
Parti québécois, il y a plusieurs années, cimenterie McInnis, le PQ avait
engendré des pertes de 472 millions de dollars,
472 millions de dollars. Ça, c'est en 2014, de l'argent de 2014, dans
la cimenterie McInnis, pour laquelle il n'y avait eu aucun BAPE. Alors, en
matière de score, on peut aussi rappeler que Gaspésia avait engendré des pertes
de 253 millions de dollars sous le gouvernement péquiste. Alors, je
pense que...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci. Mme la députée... en deuxième complémentaire, Mme la députée de Terrebonne.
Mme Catherine
Gentilcore
Mme Gentilcore : Toujours pas
de réponses, alors que les bris de transparence s'accumulent, depuis sept ans,
du côté de la CAQ.
On nous a refusé tour à tour l'étude de
McKinsey sur la filière batterie, les contrats de gré à gré pendant la
pandémie, la proportion des prêts pardonnables, Flying Whales, les pales
chinoises. C'est assez, et c'est trop. On dépose dès maintenant une demande
d'accès à l'information pour l'ensemble de ces dossiers-là. On s'attend à
obtenir des réponses. Et, je vous le dis, les Québécois, eux, veulent savoir
qu'est-ce que fait la CAQ avec leur argent.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je veux pouvoir <écouter...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) :
...S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je
veux pouvoir >écouter Mme la ministre de l'Économie et de l'Énergie.
S'il vous plaît! Mme la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, M.
le Président. Donc, je n'ai pas eu suffisamment d'une complémentaire pour faire
la liste des projets qui ont mal été sous les libéraux. On peut aussi rappeler
la mine de diamants Stornoway, qui est un autre projet sous les péquistes et
les libéraux aussi, d'ailleurs, avec des pertes de 275 millions de
dollars.
Alors, c'est important aussi de regarder
son propre historique avant de lancer des attaques face à un gouvernement qui a
fait beaucoup plus que le leur. Et, si on regarde notre taux de réussite,
c'est-à-dire des projets où il n'y a pas eu de pertes, eh bien, sous les
libéraux et les péquistes, le taux de réussite était de 41 % pour les
projets plus de 20 millions, on l'a rehaussé à 83 %, ce taux de
réussite là. Et ça, c'est parce qu'on aide les entreprises.
Donc, je ne sais pas si la députée de
Terrebonne a indiqué à ADF qu'elle ne les...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : En principale, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Accès aux services médicaux spécialisés
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le
Président, le rapport du Vérificateur général est dévastateur. Je cite :
«Depuis des années, le ministère de la Santé et des Services sociaux se fixe
des objectifs stratégiques pour améliorer l'accès aux services médicaux spécialisés
mais ne les atteint pas». Pourquoi? Parce que c'est le fouillis le plus total
dans les listes d'attente.
Pour le suivi des premières consultations
en médecine spécialisée, le ministère de la Santé s'appuie uniquement sur les
données provenant des centres de répartition de demandes de services. Et ces
données-là, bien, ça représente 20 % de toutes les premières consultations
en médecine spécialisée, 20 %. Ça veut dire que 80 % des demandes
échappent complètement au système. En somme, le ministre ne connaît pas le
nombre réel de patients en attente. Pire encore, le vérificateur confirme que,
dans plusieurs établissements, les listes d'attente sont mal gérées : priorités
absentes, suivi incomplet, données incohérentes. Bref, le gouvernement est dans
le noir, il navigue à vue.
Comment peut-on faire confiance au
ministre pour gérer les listes d'attente?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez,
M. le Président, je suis tellement content d'avoir cette question-là, pour deux
raisons. La première, c'est que c'est exactement ce que le vérificateur a dit.
C'est ça qu'on a demandé dans notre négociation avec les médecins spécialistes,
de régler la question du CRDS, le centre de rendez-vous pour un spécialiste.
Tous ces éléments-là qui sont cités par le Vérificateur général, c'est
exactement notre demande aux médecins spécialistes, de nous aider à régler
l'inefficacité à travers le centre de rendez-vous. Premièrement.
Deuxièmement, la solution... une des
solutions les plus importantes pour régler le CRDS, c'est le fameux dossier
de... numérique, le DSN, ce DSN là que les spécialistes ont décidé de bouder
depuis plusieurs mois. Alors, ceux à qui on demande de nous aider à rétablir la
liste ne veulent pas avoir les outils technologiques pour le régler.
M. le Président, on est d'accord avec le
vérificateur, il faut trouver des solutions pour améliorer le rendez-vous avec
un spécialiste, et nous allons continuer d'y travailler. Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Première complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le
Président, le spécialiste des données puis des tableaux de bord, c'est le
ministre de la Santé, mais il n'a aucune espèce d'idée de comment on gère les
900 000 personnes en attente au CRDS. Il y en a 200 000 qui sont
hors délai. On y dit que, dans ce nombre-là, il y a des doublons, probablement
des personnes décédées. Aucune priorisation n'est faite. Et là, ce qu'il nous
dit, c'est : C'est aux médecins spécialistes de régler ce problème-là.
M. le Président, le modèle de gestion...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : M. le
Président, je vais reprendre la question très clairement. Le Dossier de santé
numérique, qui est le virage numérique pour justement aider à avoir un meilleur
contrôle sur les rendez-vous avec les spécialistes, a été boudé par la
fédération depuis le mois de septembre. On a été obligés de retarder le départ du
projet de loi... du dossier, qui devait commencer à la fin novembre, parce
qu'on n'avait pas les médecins qui participaient au design du système, M. le
Président.
Alors, nous avons amené des solutions. On
sait ce qu'il faut faire pour régler le problème. J'ai très hâte que les
médecins puissent revenir pour finaliser les deux projets pilotes qu'on a mis
en place pour être capables de trouver des solutions que nous avons mises sur
la table.
• (11 heures) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Deuxième complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : M. le
Président, moi, je pensais que la mise en place de Santé Québec il y a un an,
là, ça allait servir un peu à ça, avoir un portrait plus clair, avancer, régler
les problèmes des listes d'attente. Là, on nous dit que c'est la responsabilité
des médecins.
Pendant qu'on se garroche la balle entre
le ministère, entre Santé Québec puis avec les médecins, bien, il y a des
patients qui attendent et qui désespèrent. Il n'y a aucune donnée fiable.
Comment est-ce qu'on peut planifier les <effectifs...
>
11 h (version révisée)
<17947
M.
Arseneau :
...il n'y a aucune donnée fiable. Comment est-ce qu'on
peut planifier les >effectifs, s'assurer d'un accès équitable, d'un
établissement à l'autre, d'une région à une autre? Comment peut-il s'assurer,
le ministre, que les patients soient vus lorsque c'est urgent?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, sur une
chose, M. le Président, le député des Îles-de-la-Madeleine a raison, c'est à
Santé Québec de s'occuper de nos dossiers en santé numérique. Mais il doit y
avoir la participation des médecins, pour être certain que ce qu'on va sortir
comme projet fait l'affaire pour le CRDS. Alors, M. le Président, on va
continuer de faire les améliorations. On le fait, le virage numérique, mais il
faut que les médecins viennent participer à la finalisation des deux projets
pilotes. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y a pas de vote reporté, nous
allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Pour ce faire, je cède la
place à la deuxième vice-présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Comme on vient de le dire, nous sommes à la rubrique
Motions sans préavis. M. le premier ministre.
Nommer Mme Naomi
Ayotte membre et vice-présidente de la Commission d'accès à l'information
M. Legault : Merci, Mme la
Présidente. Je propose, donc, après consultation auprès des partis d'opposition
et des députés indépendants :
«Que, conformément aux articles 104
et 105 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels, madame Naomi Ayotte, membre et
vice-présidente par intérim, Commission d'accès à l'information, soit nommée
membre et vice-présidente de la Commission d'accès à l'information, affectée à
la section surveillance, pour un mandat de cinq ans à compter du 4 décembre
2025 et que sa rémunération et ses autres conditions de travail soient celles
contenues dans le document ci-annexé que je dépose.»
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le premier ministre. Je rappelle aux membres de
l'Assemblée que, pour être adoptée, cette motion doit être approuvée par au
moins les deux tiers des membres de l'Assemblée. Elle doit donc être suivie d'un
vote électronique.
Je mets aux voix la motion de M. le
premier ministre, telle que lue précédemment. Le vote est maintenant ouvert.
La période du vote est maintenant
terminée. Mme la secrétaire générale, pour le résultat du vote, s'il vous
plaît.
La
Secrétaire : Pour : 100
Contre : 0
Abstentions : 0
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La motion est adoptée. Toujours à la rubrique Motions sans
préavis, et en fonction de nos règles et l'ordre de présentation des motions
sans préavis, je reconnais maintenant un membre du groupe formant l'opposition
officielle. Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Souligner la Journée internationale des personnes
handicapées
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec la ministre responsable des Services
sociaux, le leader du deuxième groupe d'opposition, le député des Îles-de-la-Madeleine,
le député de Saint-Jérôme, le député d'Abitibi-Est, le député de Rimouski... la
députée de Rimouski, le député de Taillon, la députée de Laporte et la députée
de Saint-Laurent :
«Que l'Assemblée nationale souligne la
Journée internationale des personnes handicapées, qui se tient le 3 décembre
sous le thème : Comprendre, Agir et Bâtir;
«Qu'elle réaffirme l'importance de
promouvoir la pleine participation sociale, professionnelle et citoyenne des
personnes en situation de handicap, ainsi que le respect de leurs droits et de
leur dignité;
«Qu'elle reconnaisse la contribution
essentielle des personnes handicapées à la vitalité de notre société et
l'importance d'éliminer les obstacles qui limitent leur inclusion;
«Qu'elle souligne le travail des
organismes, des proches aidants et des [intervenants et intervenantes] qui accompagnent
quotidiennement les personnes en situation de handicap;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale s'engage
à poursuivre ses efforts afin de bâtir un Québec véritablement inclusif pour
toutes et [pour] tous.»
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion?
Mme LeBel : Mme la Présidente,
il y a consentement pour un débat de deux minutes de rigueur par intervenant
dans l'ordre suivant : la députée de D'Arcy-McGee, la ministre responsable
des Services sociaux, le leader du deuxième groupe d'opposition et le député
des Îles-de-la-Madeleine.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement pour qu'il y ait quatre
intervenants et pour que la durée des interventions soit limitée à un maximum
de deux minutes chacune? Est-ce que j'ai le consentement? Consentement? Oui,
parfait. Donc, Mme la députée de D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, en reconnaissant officiellement la Journée
internationale des personnes handicapées, du 3 décembre, nous réaffirmons
un principe simple, mais essentiel : une société inclusive est une société
plus forte. En tant qu'élus, ce principe doit guider nos choix politiques, nos
investissements et notre façon d'offrir les services publics.
Cela signifie garantir l'accès à un
logement adapté, à des services sociaux adéquats, à du transport adapté fiable,
à l'éducation avec le soutien nécessaire et à l'emploi. Le thème de cette année
est Comprendre, agir, bâtir. Ce sont des mots qui traduisent les efforts
que chacun d'entre nous devons collectivement faire envers les plus de 1,5
million de Québécoises et Québécois qui vivent avec une limitation physique ou
cognitive, qu'ils se sentent compris et respectés. Derrière chaque statistique,
il y a une personne, un enfant sous-estimé, un adulte qu'on laisse attendre,
une famille qui doit se battre pour chaque service, chaque adaptation, chaque
simple reconnaissance de besoins fondamentaux.
Aujourd'hui, nous reconnaissons non
seulement les droits et la dignité des personnes handicapées, mais aussi la
contribution irremplaçable de leurs familles. Nous envoyons un message clair.
Leur travail ne doit plus être invisible. Leur charge ne doit plus être assumée
seule. Leur bien-être doit faire partie intégrante de nos décisions politiques.
Reconnaître cette journée, c'est aussi mettre en lumière les réussites des
personnes handicapées qui, chaque jour, contribuent à leur communauté et à
notre société.
Par cette motion, nous envoyons un message
clair. Nous devons regarder nos systèmes non pas par ceux qui sont, mais par
ceux qui doivent devenir. Nous devons entendre toutes les voix, celles des
personnes handicapées, de leurs familles, des organismes, et transformer ces
voix en actions concrètes. Appuyer cette motion, c'est reconnaître que
l'inclusion n'est pas un geste ponctuel, c'est un engagement à faire mieux, à
faire plus et à faire maintenant.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Merci beaucoup, Mme la députée. Merci, Mme la
députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la ministre responsable des
Services sociaux.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Mme la
Présidente, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui à l'occasion de
la Journée internationale des personnes handicapées. Cette journée nous
rappelle que comprendre, agir et bâtir un Québec plus inclusif, c'est un
parcours continu, porté par la dignité et l'espoir.
Je veux d'abord saluer toutes les
personnes en situation de handicap ainsi que leurs proches qui vivent au
quotidien avec des défis importants. Leur résilience et leur détermination
forcent l'admiration. Je remercie également les organismes, les proches aidants
et tous les intervenants qui accompagnent chaque jour, avec humanité et
professionnalisme, ces personnes.
Mme la Présidente, c'est guidé par cette
réalité que notre gouvernement a agi, notamment, en augmentant les
investissements pour soutenir les différents milieux, en augmentant les
ressources en matière d'hébergement, en développant des places de répit et
aussi augmenter l'offre de services aux proches aidants. Je pense aussi à tous
les organismes qui gravitent en lien avec les situations de handicap.
Avec ces mesures, Mme la Présidente, nous
avançons toujours dans la même direction, dans la bonne direction, pour mieux
soutenir les personnes, reconnaître leur contribution essentielle et appuyer
les organismes, continuer de développer du répit, et alléger surtout les
démarches, les démarches innombrables que ces personnes doivent réaliser au
quotidien. Ensemble, ces gestes forment un véritable continuum de soins et de
services.
Mme la Présidente, je suis fière des
partenariats établis et je serai au rendez-vous pour poursuivre le
développement des services. Merci, Mme la Présidente.
•
(11 heures) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à M.
le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, nous soulignons aujourd'hui la Journée internationale des personnes
handicapées. Cette journée nous permet, bien entendu, de parler de l'apport à
nos communautés que font ces personnes vivant avec un handicap, dans nos
écoles, dans nos milieux de travail et même dans de récents épisodes de
téléséries. Ces personnes enrichissent notre société. Cette journée, sous le
thème Comprendre, agir, bâtir, doit aussi et surtout être un rappel pour
nous qu'il reste énormément à faire pour faciliter l'inclusion des personnes
vivant avec un handicap.
Je vous ai souvent parlé, dans la dernière
année, de mon ami Jérôme, un jeune homme avec une déficience intellectuelle,
qui, depuis 10 ans, est sur les plateaux de travail, un programme qui
devait être temporaire, où il travaille à temps plein pour 5 $ par jour.
Des personnes comme Jérôme, il y en a des centaines à travers le Québec, qui
n'ont pas l'opportunité de s'intégrer pleinement en emploi. Ces mêmes personnes
vivent plus d'embûches que la population moyenne pour l'ensemble de leurs
activités. Vivre avec un handicap physique ou intellectuel, c'est un frein pour
se trouver un logement qui soit adapté aux besoins, pour participer aux
activités sociales, pour accéder aux transports en commun, et tant d'autres
choses.
Rappelons-nous que les plaintes à la
commission des droits de la personne et la jeunesse pour des lésions de droits
pour des personnes handicapées sont en hausse de 22 % cette année. Nous
devons aspirer à faire beaucoup, beaucoup mieux. Certes, les proches aidants et
les organismes communautaires font un travail colossal, mais les ressources
manquent, les familles s'essoufflent et les organismes tiennent le filet social
à bout de bras sans avoir les moyens suffisants pour accomplir leur mission. Si
on veut vraiment atteindre la pleine inclusion des personnes handicapées, il
faudra se donner les moyens d'atteindre cet objectif.
Au-delà de la sensibilisation et des
campagnes d'information, ce que je souhaite voir, ce sont des engagements
clairs. Visons la pleine intégration et mettons fin à l'exploitation des
plateaux de travail. Permettons aux personnes vivant avec un handicap de vivre
dignement en construisant des logements adaptés où les ressources d'aide sont
disponibles. Finançons le transport adapté à la hauteur des besoins. En cette
Journée internationale des personnes handicapées, j'exprime l'espoir, Mme la
Présidente, que, comme dit le thème de cette année, nous allons comprendre,
oui, mais surtout agir. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Mme la
Présidente, nous appuyons pleinement cette motion qui nous invite aujourd'hui à
souligner la Journée internationale des personnes handicapées et à réaffirmer
des principes essentiels : la dignité, les droits fondamentaux et la
pleine participation sociale, professionnelle, et la pleine... professionnelle
et citoyenne des personnes en situation de handicap. Ce sont des valeurs que
nous partageons entièrement et qui devraient guider chacune de nos politiques
publiques pour bâtir un Québec réellement inclusif pour tous.
Il faut toutefois reconnaître la réalité
actuelle. Plus tôt cette année, nous étions aux côtés du Comité d'action des
personnes vivant des situations de handicap, la COPHAN, pour dénoncer les
compressions imposées par le gouvernement. Depuis des mois, ce sont les
personnes les plus vulnérables qui absorbent les conséquences de ces choix :
coupes dans les chèques emploi-service, réduction du nombre d'heures accordées,
interruption du Programme d'adaptation à domicile. Pourtant, la Commission des
droits de la personne avait sonné l'alarme dès décembre 2024, s'inquiétant des
atteintes possibles aux droits fondamentaux suite aux coupures liées au soutien
à domicile. L'avertissement était clair, mais il est demeuré sans effet. Chaque
coupure fragilise un peu plus l'autonomie de milliers de personnes.
Aujourd'hui, nous soulignons la
contribution essentielle de ces personnes handicapées et leur apport à la
vitalité de notre société, mais aussi le rôle crucial des organismes, des
proches aidants et de toutes les intervenantes et intervenants qui œuvrent
chaque jour pour soutenir, accompagner et permettre à chacun de vivre dans la
dignité. Nous soutenons donc cette motion, parce qu'elle appelle à une
cohérence, cohérence qui s'impose. Comprendre, agir, bâtir, et bâtir
ensemble un Québec qui ne laisse personne derrière, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Adoptée. Oui, madame... Pardon?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Un vote électronique est demandé. Donc, la période du vote
est maintenant ouverte.
La période du vote étant terminée, Mme la
secrétaire générale, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour : 94
Contre : 0
Abstentions : 0
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Cette motion est adoptée. Oui, Mme la leader de
l'opposition officielle.
Mme Setlakwe : Oui, nous
aimerions qu'une copie de cette motion soit envoyée à la Société québécoise de
la déficience intellectuelle, la Confédération des organismes de personnes
handicapées du Québec et le Regroupement des activistes pour l'inclusion au
Québec.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Ce sera fait. Je suis prête maintenant à entendre un
membre du deuxième groupe d'opposition. Donc, Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition,
la parole est à vous.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante conjointement avec le député de l'Acadie, la députée de Terrebonne,
la députée de Rimouski, le député d'Abitibi-Est, la députée de Laporte et la
députée de Saint-Laurent :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte des
avertissements répétés du Barreau du Québec et du Collège des médecins, qui
jugent que "les risques encourus surpassent les bénéfices" d'inscrire
l'interruption volontaire de grossesse dans une loi fondamentale;
«Qu'elle rappelle, comme le soulignent ces
ordres professionnels, qu'une telle codification créerait un "cadre
juridique susceptible d'être contesté" et offrirait "un levier aux
mouvements anti-choix", fragilisant ainsi un droit actuellement bien
protégé;
«Qu'elle observe que les groupes
féministes, plus de 400 médecins et les juristes spécialisés s'accordent
pour dire que l'avortement est un soin de santé pleinement protégé par le droit
actuel, et que le véritable enjeu demeure l'accès aux services;
«Qu'elle affirme que, dans un contexte où
les droits reproductifs reculent ailleurs dans le monde, le Québec doit éviter
toute démarche législative qui ouvrirait la porte à des restrictions;
«Qu'enfin elle demande au gouvernement du
Québec de s'engager à retirer l'article 29 du projet de loi 1.» Merci
beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Il n'y a pas de consentement. Je suis maintenant prête à
entendre un membre du troisième groupe d'opposition. M. le député de Matane-Matapédia,
la parole est à vous.
M. Bérubé : Mme la
Présidente, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec le ministre de la Langue française, le député d'Abitibi-Est
et la députée de Rimouski, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que,
le 20 novembre 2024, le Commissaire à la langue française observait :
«Qu'entre 2016 et 2021, la diminution de
la part de la population québécoise parlant principalement le français à la
maison s'est poursuivie, prolongeant une baisse amorcée en 2006;
«Que durant la même période, la part de la
population utilisant le plus souvent le français au travail a également
diminué, et ce, principalement au profit de l'anglais;
«Et que cette baisse s'observe dans toutes
les régions métropolitaines de recensement du Québec, mais qu'elle est plus
prononcée dans la région de Gatineau et dans la couronne de Montréal;
«Que l'Assemblée nationale, en
conséquence, réitère que la lutte contre le déclin de la langue française au
Québec est un enjeu politique fondamental pour la nation québécoise.»
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je suis prête maintenant à entendre un membre du
groupe formant le gouvernement. Et je cède la parole à M. le député de Saint-Jean.
Rappeler la responsabilité des élus du Québec de
défendre la langue française
M. Lemieux : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec la députée de Bourassa-Sauvé, le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
le député de Matane-Matapédia, la députée de Laporte, le député de Taillon, le
député d'Abitibi-Est, le député de... la députée de Rimouski, le député de Saint-Jérôme
et la députée de Saint-Laurent :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse le
déclin de la langue française au Québec et plus particulièrement à Montréal;
«Qu'elle rappelle que la langue française
est le cœur de l'identité québécoise;
«Qu'elle affirme qu'il est de la
responsabilité des élus du Québec, de toutes allégeances politiques et de tous
les paliers de gouvernement, de défendre la langue française.»
• (11 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion?
Mme LeBel : Consentement,
sans débat. Et on va vous demander un vote électronique, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Un vote électronique a été demandé. Donc, la période du vote
est maintenant ouverte.
La période du vote est terminée.
Maintenant, Mme la secrétaire générale, pour le résultat du vote, s'il vous
plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 93
Contre : 0
Abstentions : 0
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Cette motion est adoptée. Mme la leader du... adjointe du
gouvernement, oui.
Mme LeBel : Oui, merci,
Mme la Présidente. On va vous demander d'envoyer une copie, là, gracieuseté de
cette Assemblée, au ministre de l'Identité et de la Culture canadienne ainsi que
le ministre responsable des Langues officielles du Canada, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Ce sera fait.
Avis touchant les
travaux des commissions
Nous en sommes maintenant à la rubrique
Avis touchant les travaux des commissions. Mme la leader adjointe du
gouvernement, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je fais avis à cette Assemblée que la Commission des
transports et de l'environnement poursuivra les consultations particulières et
les auditions publiques sur le document intitulé Consultation sur la cible
de réduction des émissions de gaz à effet de serre du Québec, aujourd'hui,
de 15 heures à 17 h 25, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des finances publiques
entendra les intéressés et procédera à l'étude détaillée du projet de loi
d'intérêt privé n° 202, Loi concernant le
regroupement de Mutuelle Beneva et de La Compagnie mutuelle d'assurance Gore,
aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 heures, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de la culture et de
l'éducation poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 109,
Loi affirmant la souveraineté culturelle du Québec et édictant la Loi sur la
découvrabilité des contenus culturels francophones dans l'environnement
numérique, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des commissions
jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de
19 h 30 à 22 h 30, à la salle Pauline-Marois. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Nous en sommes maintenant à la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, et je cède la parole à M. le
ministre du Travail.
M. Boulet : Donc, je n'ai
même pas...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre, avant de vous donner la parole, j'ai
oublié une phrase. Peut-être que c'est pour ça que ça vous a induit en erreur.
Affaires du jour
Donc, la période des affaires courantes
étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. Et c'est à
ce moment que je vous cède la parole, M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Je vous demande d'appeler l'article 2 du feuilleton.
Projet de loi n° 3
Adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : À l'article 2 du feuilleton, M. le ministre du
Travail propose l'adoption du principe du projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la transparence, la
gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de
travail.Y a-t-il des interventions? M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Mme la
Présidente, je suis heureux de soumettre à cette Assemblée le projet de loi
visant à améliorer la transparence, la gouvernance et le processus démocratique
de diverses associations en milieu de travail pour l'adoption de son principe.
D'entrée de jeu, j'aimerais remercier les
participants aux consultations pour leur contribution, de même que les
collègues pour la pertinence de leurs questions. Certains groupes ont abordé le
projet de loi avec des réactions catégoriques, et ça me semble en dissonance avec
son caractère que nous avons souhaité mesuré et raisonnable. Nous devons faire
avancer ce projet de loi en tenant compte des préoccupations exprimées, sans
renoncer aux principes qui fondent son action, soit de donner aux salariés les
outils nécessaires à une meilleure information et à une plus grande
participation à la vie démocratique. Et c'est ce que nous allons faire avec
rigueur, avec courage et avec la conviction que notre responsabilité est
d'agir. Je tiens à le répéter, Mme la Présidente, la diversité des opinions est
pour moi le signe d'une démocratie vivante. Notre responsabilité collective est
de transformer cette diversité en force et non en fracture.
Ce projet de loi, Mme la Présidente, est
en fait relativement simple. Ce que nous souhaitons faire, c'est de renforcer
le droit des membres et des salariés syndiqués d'être adéquatement informés et
le droit de pouvoir compter sur des processus démocratiques inspirés des
meilleures pratiques. Je crois sincèrement que nous proposons des mesures respectueuses
des syndicats, qui ont toujours été des acteurs incontournables de l'évolution
des milieux de travail, au bénéfice des travailleuses et des travailleurs du
Québec.
Rappelons par ailleurs qu'en 2025 les
syndicats vont aller chercher près de 1,5 milliard de dollars en
cotisations dans les poches des travailleurs. C'est beaucoup d'argent, et il
est tout à fait légitime que les salariés soient au courant de la manière dont
ces sommes sont utilisées et pour quelles raisons. Nous avons tous été témoins
de pratiques douteuses ou dépassées qui nuisent aux travailleurs, qui nuisent
aux citoyens et qui nuisent au Québec tout entier. Une plus grande imputabilité
et transparence à l'égard de ces derniers sont donc nécessaires. Les membres et
les salariés syndiqués doivent être adéquatement informés et pouvoir compter
sur des processus démocratiques inspirés des meilleures pratiques. On parle de
près de 1,6 million de personnes.
Le Code du travail et la loi R-20 pour
l'industrie de la construction sont les deux lois qui encadrent les rapports
collectifs du travail entre un groupe de salariés et un employeur. Ces lois se
concentrent principalement sur le processus d'accréditation et la négociation
collective, mais ne touchent pas la question de la transparence des dirigeants
syndicaux ni des droits des salariés. Dans un contexte où tous les salariés
représentés par une association syndicale doivent payer une cotisation
syndicale, le manque d'exigences suffisantes en matière de transparence
financière de la part des syndicats ou envers les syndiqués soulève des
questions légitimes sur la gestion des fonds et sur la responsabilité des
dirigeants. Le monopole de représentation syndicale conféré par la loi ne
s'accompagne pas d'une contrepartie qui prévoirait un encadrement légal
rigoureux en matière de gouvernance interne. En effet, hormis quelques rares
exceptions, le Code du travail ou la loi R-20 ne prévoient pas de dispositions
spécifiques aptes à garantir la transparence, l'équité ou l'accessibilité des
processus démocratiques internes.
C'est pourquoi le projet de loi n° 3 propose trois blocs de mesures ayant chacun leur
thème. Tout d'abord, les mesures liées à la transparence : assurer que
l'ensemble des salariés inclus dans une unité de négociation et qui participent
à son financement aient accès facilement à des informations fiables concernant
les états financiers; exiger une vérification des états financiers modulable en
fonction du nombre de personnes salariées représentées, afin de ne pas imposer
un fardeau financier trop lourd aux plus petites accréditations syndicales;
exiger plus de transparence des syndicats sur leurs dépenses en rendant
obligatoire la production d'un rapport annuel faisant état de l'utilisation des
ressources financières. Ensuite, en matière de gouvernance, prévoir l'adoption
des statuts et règlements internes du syndicat par les membres et en préciser
le contenu minimal.
• (11 h 30) •
Enfin, concernant le processus
démocratique : améliorer l'exercice démocratique des membres, notamment en
prévoyant l'obligation de tenir des votes à scrutin secret pour l'établissement
des cotisations syndicales et de désormais tenir tout scrutin secret sur une
période minimale de 24 heures; mettre en place une cotisation facultative
visant à financer certaines activités qui ne sont pas directement liées aux
conditions de travail, comme des interventions publiques ou des démarches
judiciaires; également, offrir la possibilité aux salariés inclus dans une
unité de négociation de se <prononcer collectivement et annuellement sur
cette cotisation...
>
11 h 30 (version révisée)
<17899
M.
Boulet :
...également offrir la possibilité aux salariés inclus
dans une unité de négociation de se >prononcer collectivement et
annuellement sur cette cotisation facultative; interdire les représailles
envers les salariés en cas de dissidence.
Nous savions que cette réforme susciterait
des débats. Certains débats peuvent être difficiles, mais ils sont essentiels
pour avancer. Ce qui importe, c'est de les mener dans un climat de respect, où
chaque point de vue est entendu et considéré.
Les syndicats ont toujours été des acteurs
importants du tissu social québécois. Ils ont porté les revendications des
travailleuses et des travailleurs, défendu leurs droits et contribué à bâtir le
monde du travail tel que nous le connaissons aujourd'hui. Mais, comme toute
institution démocratique, ils doivent évoluer, s'adapter et répondre aux
exigences de leur temps.
Notre réforme part d'un principe simple :
les salariés ont le droit de savoir. Et je veux qu'une chose soit bien claire,
nous ne remettons pas en cause le rôle des syndicats. Au contraire, nous le
consolidons, car une organisation transparente est une organisation forte. Une
organisation qui rend des comptes est une organisation crédible. Une
organisation qui tient compte des opinions de ses membres est une organisation
légitime.
Je tiens à saluer les syndicats qui ont
déjà fait de la transparence une priorité. J'ai d'ailleurs eu l'occasion de le
souligner lors des consultations particulières. Ils incarnent une démocratie
syndicale vivante, moderne et inclusive. Chaque salarié a le droit de
bénéficier de ces pratiques exemplaires. Nous devons faire en sorte que chaque
syndiqué, dans chaque secteur, dans chaque région, puisse exercer ses droits
pleinement en toute connaissance de cause.
Dans les projets de loi que j'ai eu le
privilège de soumettre à l'Assemblée nationale, j'ai toujours cherché à trouver
des solutions équilibrées, et c'est l'objectif, une fois de plus, avec le
projet de loi n° 3. Je suis convaincu que tout est en place pour mettre en
œuvre les meilleures solutions possible dans ce dossier.
Bien entendu, il reste du travail à faire
pour mener à bien notre travail législatif. Nous avons reçu plusieurs
suggestions et commentaires constructifs lors des consultations particulières. De
nombreux mémoires ont été déposés, et ils sont à l'étude.
Si cette Assemblée adopte le principe du projet
de loi n° 3, nous poursuivrons les travaux avec l'étude détaillée. Nous
écouterons, nous discuterons, mais nous avancerons, Mme la Présidente, avec
tous les collègues. La collègue de Bourassa-Sauvé est ici, d'ailleurs, que je
salue avec beaucoup de sincérité. Alors, j'invite donc les membres de cette Assemblée,
Mme la Présidente, à adopter le principe du projet de loi n° 3. Merci, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Mme la Présidente, le 24 avril dernier, le ministre du Travail a
déposé le projet de loi n° 101, Loi visant l'amélioration de
certaines lois du travail. Celui-ci incluait initialement des dispositions
modifiant le Code du travail ainsi que la Loi sur les relations de travail, la
formation professionnelle et la gestion de la main-d'œuvre dans l'industrie de
la construction, communément appelée, donc, la loi R-20, notamment afin d'exiger
des associations syndicales, selon le cas, qu'elles présentent chaque année à
leurs membres, lors d'une assemblée générale, leurs états financiers vérifiés
selon les principes comptables généralement reconnus ou qu'elles remettent
gratuitement copie de tels états financiers au membre qui en fait la demande.
Vous me direz, Mme la Présidente, qu'on
étudie en ce moment le projet de loi n° 3, hein,
vous me direz que je digresse en parlant du projet de loi n° 101, mais en
fait ma trame... ma trame narrative commence ainsi parce que c'est là, en fait,
que le ministre du Travail, selon moi, donc, aurait dû s'arrêter.
Au printemps, les groupes se sont succédé
en commission parlementaire afin d'avaliser le principe de transparence apporté
par ces quelques dispositions, y apporter des commentaires, des nuances,
notamment quant à l'importance de décliner les obligations de vérification d'états
financiers selon la taille des syndicats afin qu'ils puissent défrayer des
coûts qui seraient encourus. Mais, dans l'ensemble, donc, tout le monde était d'accord
avec ce qui était apporté par les dispositions du projet de loi n° 101. Il
y avait là, donc, illustration du dialogue social à son meilleur.
Or, l'entente, Mme la Présidente, bien,
manifestement, c'était trop beau pour la CAQ. Il fallait trouver un épouvantail.
Il fallait trouver un ennemi. Ces dispositions en matière de transparence,
raisonnables, bienvenues, <accueillies, bien...
Mme Cadet :
...trouver
un ennemi. Ces dispositions en matière de transparence, raisonnables,
bienvenues, >accueillies, bien, vous comprenez, Mme la Présidente,
qu'elles ont été retirées du projet de loi n° 101. C'est donc dans ce
contexte que le projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la
transparence, la gouvernance et le processus démocratique de diverses associations
en milieu de travail, a été déposé cet automne. Donc, on a, donc, ce premier
contexte, donc, des dispositions relatives à la transparence.
Donc, d'abord, le projet de loi reprend
les obligations du projet de loi n° 101 et les étaie. Donc, il décline, en
effet, les obligations relatives à la production d'états financiers vérifiés
selon la taille des syndicats. Bon, c'est fait de façon très imparfaite, Mme la
Présidente. On a entendu les associations nous indiquer que certaines unités
d'accréditation seraient mises en faillite technique étant donné le poids
financier de telles obligations. Mais on comprend des consultations, bon, que
le ministre semble ouvert à revoir ces dispositions. On n'est pas, donc, dans
le grand combat ici, Mme la Présidente, mais on comprend, donc, que ça, bon,
c'est repris et c'est étayé.
Ensuite, Mme la Présidente, le projet de
loi y va de dispositions qui sont tout à fait correctes, hein? Les statuts et
règlements de certaines associations devront être approuvés en assemblée à la
majorité des membres exerçant leur droit de vote au plus tard tous les cinq
ans. Donc, il n'y a pas là péril en la demeure, c'est certain.
Un rapport sur l'utilisation des
ressources financières de certaines associations, incluant les dépenses de
fonction de chacune des personnes qui occupent une charge élective, leur
rémunération, les autres avantages dont elles ont bénéficié, donc, un tel
rapport, donc, sera... devra être présenté en assemblée chaque année. Une copie
devra être remise gratuitement aux salariés qui en font la demande. Donc,
encore une fois, ici, on comprend que toute personne raisonnable peut
accueillir, donc, le principe, donc, d'une telle disposition, peut-être en
débattre sur les moyens, mais ici, encore une fois, donc, nous sommes dans
l'ordre des dispositions tout à fait correctes qui sont déposées dans le cadre
du projet de loi n° 3.
Le projet de loi, par la suite, présente
également des dispositions, bon, qui font l'objet de questionnements sur le
plan de la faisabilité, qui font du mur-à-mur. Je pense ici, par exemple, au,
bon, scrutin secret obligatoire sur les cotisations, donc, une question qui a
été soulevée en commission parlementaire. Et, lorsque le vote se fait au
scrutin secret, donc, pour les éléments qui ne sont pas obligatoires, une
période de scrutin de 24 heures est exigée pour l'élection des personnes
qui occupent une fonction de direction, pour le vote autorisant une grève et le
vote autorisant ou rejetant la signature d'une convention collective, alors
qu'on aurait pu tout simplement parler de période raisonnable. Des groupes...
en fait, je pense à la CSQ particulièrement, est venue, donc, nous présenter,
donc, cette proposition d'amendement à cette disposition, Mme la Présidente.
Donc, on comprend qu'ici, donc, il y a matière à débat et à discussion, mais
qu'on est encore... On peut sourciller, certains... d'aucuns pourraient
sourciller, mais on est encore ici dans l'ordre de l'acceptabilité, quitte à
débattre sur les moyens et sur les effets indésirables collatéraux.
C'est par la suite que ça se gâte, Mme la
Présidente. La CAQ sort de son chapeau le concept de cotisation facultative,
hein? Essentiellement, donc, dans le projet de loi, donc, on vient scinder les
cotisations, donc, qui demeurent, donc, obligatoires pour l'ensemble des
membres, mais on se dit : Ah! OK, mais, pour certains enjeux, bien, à ce
moment-là, on va créer une espèce de mécanisme distinct, qui semble, donc, un
peu ardu, pour encadrer, donc, certains... l'objet, donc, de certaines décisions.
Qu'est-ce qui devrait exclusivement faire
l'objet d'une cotisation facultative, Mme la Présidente? On parle ici d'une
intervention devant les tribunaux visant à contester la validité d'une
disposition législative ou réglementaire, toute autre intervention devant les
tribunaux qui ne concerne pas directement la négociation ou l'application d'une
convention collective et/ou les conditions de travail, toute campagne de
publicité, y compris celle de nature politique, qui concerne toute intervention
devant les tribunaux ou un sujet autre que la promotion ou la défense des
droits conférés par une loi ou une convention collective, et toute
participation à un mouvement social, y compris celle de nature politique, qui
concerne toute intervention devant les tribunaux ou un sujet autre que la
promotion ou la défense des droits conférés par une loi ou une convention
collective.
• (11 h 40) •
Bon, vous comprenez ici, Mme la
Présidente, qu'ici, donc, on arrive avec un concept assez large que plusieurs
ont qualifié, donc, de mal balisé à la base, mais surtout excessivement
problématique sur le plan du principe. Donc, ici, donc, quand je vous parle,
donc, des principes, donc, je fais notamment, donc, référence, en fait, en
premier lieu, donc, à la définition qui est établie dans le Code du travail et
dans la loi R-20 de ce qui est une association représentative. Et, de
façon générale, Mme la Présidente, donc, on comprend que... qu'il y a, dans le Code
du travail, donc, une obligation de représenter non pas juste les <relations...
Mme Cadet : ...de façon
générale, Mme la Présidente, donc, on comprend que... qu'il y a, dans le Code
du travail, donc, une obligation de représenter non pas juste les >relations
de travail stricto sensu des membres, des salariés, mais également de faire,
d'émettre une représentation à l'égard, donc, des droits moraux et sociaux
aussi des différents travailleurs.
Donc, on comprend que, sur le plan, donc,
du droit, de ce qui est établi dans le Code du travail... Et l'article...
pardon, le projet de loi n° 3 ne
vient pas modifier, hein, les articles de définition du Code du travail, donc,
préserve ce cadre général pour définir ce que signifie, ce que constitue le
mandat, donc, d'une association, mais de façon qui ne me semble pas cohérente.
Donc, on vient, donc, encadrer et disséquer l'objet, donc, des cotisations en
disant : Bien, voici votre rôle principal, mais votre rôle, votre rôle que
vous confère le Code du travail, bien, selon nous, bien, sur ces éléments-ci,
donc, ça devient un rôle complémentaire. Donc, vous comprendrez, donc, qu'à la
base, donc, ici, donc, il y a, selon moi, donc, incohérence.
On peut aussi penser à une... en fait, on
peut aussi se dire qu'il s'agit d'une question qui a déjà été débattue, hein, à
travers les différents... les différents piliers de notre état de droit. Donc,
en fait, cette décision, elle a été... ce concept, plutôt, donc, a déjà été
débattu, donc, jusqu'en Cour suprême. Et plusieurs, lors des commissions
parlementaires, sont venus nous parler de l'arrêt Lavigne, donc, nous ont
présenté cette décision rendue unanimement par sept juges de la Cour suprême du
Canada en 1991, essentiellement, donc, voulant reprendre, donc, le principe que
ce... que le rôle, disons, social, donc, des associations fait partie du rôle
principal, donc, de... donc, des syndicats, donc, des associations
représentatives. Donc, on comprend que la Cour suprême, donc, a déjà un peu
tranché cette question-là, hormis, donc, ce que je vous ai mentionné à l'égard,
donc, de la définition que l'on retrouve au Code du travail.
Mais, au-delà, donc, de ces principes-là,
Mme la Présidente, on voit aussi, et ça nous a été présenté, que les
dispositions relatives aux cotisations facultatives viendraient créer une
lourdeur, une lourdeur administrative absolument épouvantable, donc, pour
plusieurs associations. On le sait, on a un gouvernement, en fait, qui... Déjà,
au feuilleton, on comprend que, demain, il sera encore présenté un autre projet
de loi sur l'allègement réglementaire. Donc, on n'arrête pas de nous parler
d'allègement réglementaire, et moi, comme libérale, j'en suis. Le fardeau qui
est imposé aux petites organisations, quelles qu'elles soient, bien, selon
nous, ce n'est pas du tout, donc, une façon efficace pour celles-ci, donc, de
pouvoir, donc, accomplir leur mandat et de pouvoir s'autogérer. Donc, on
comprend qu'ici, avec ce qui est imposé, il nous semble, donc, qu'on vient
augmenter, donc, le fardeau administratif de ces différentes organisations avec
un processus, donc, de scrutin un peu alambiqué, ici, qui dit : Bon, bien,
voilà, oui, vous pouvez peut-être revenir, donc, une fois par année, mais en
l'espèce...
Et c'est une question que j'ai posée à
plusieurs des groupes, Mme la Présidente. Plusieurs sont venus nous dire :
Bien, en fait, si on vient nous dire qu'on vient présenter l'objet, donc, de ce
qui ferait l'objet d'une cotisation facultative, donc, une contestation d'une
loi en amont, donc, une fois par année, bien, en bout de ligne, ça ne change
absolument rien avec ce qui se fait déjà, parce que ce sont des votes qui se
font déjà, parce qu'on ne serait pas en mesure, donc, de présenter, donc, le
contenu précis. Donc, les gens, donc, devraient voter sur des... sur... de
façon facultative sur des propositions dont ils ne connaissent pas la teneur.
Donc, il y a là... il y a là, selon moi,
une proposition qui va à l'inverse de ce que propose le ministre en termes
d'offrir plus de transparence et plus de de leviers aux travailleurs, aux
syndiqués, donc, de savoir ce sur quoi ils votent. Donc, son processus, à la base,
quand il le simplifie, ça ne répond pas à son objectif. Et, lorsqu'il ne le
simplifie pas, donc, lorsque l'on comprend que, bien évidemment, pour répondre,
donc, adéquatement, donc, à ce mandat-là... qu'il faudrait que les associations
reviennent vers leurs membres pour leur présenter l'objet, donc, d'une décision
à contester ou d'un mouvement, donc, à créer, bien, qu'à ce moment-là il y
aurait, donc, des votes dans chacune... donc, s'il y a un mouvement, donc,
plutôt social, donc, chacune, donc, des plus de 8 000 unités
d'accréditation que l'on retrouve au Québec, donc, vous comprendrez, quand je
vous parle de lourdeur, de mécanismes, donc, plus lents et, essentiellement,
donc, de défis au niveau de l'agilité, qu'il y ait quelque chose ici qui ne...
qui ne fonctionne pas, qui ne fonctionne pas, Mme la Présidente.
Je ne suis pas la seule, bien évidemment,
à m'interroger sur le processus et sur le principe, ici, de scission des
cotisations entre des principales et des facultatives que nous présente le ministre,
parce que le Barreau du Québec l'a <indiqué...
Mme Cadet :
...entre
les principales et les facultatives que nous présente le ministre, parce que le
Barreau du Québec l'a >indiqué, donc, dans un communiqué il y a
quelques semaines, nous disant «qu'il craignait une érosion de l'État de droit
au Québec, qu'il déplore que plusieurs projets de loi récemment présentés à
l'Assemblée nationale incluent des dispositions qui entravent significativement
la capacité des citoyens et des citoyennes à faire valoir leurs droits et leurs
opinions, et s'inquiète tout particulièrement de mesures qui auraient pour
effet d'entraver la capacité organisationnelle et financière d'une institution,
d'une organisation ou d'une association, notamment un syndicat, à faire valoir
des opinions en justice ou sur la place publique et d'agir ainsi tel un
contre-pouvoir propre à établir un équilibre démocratique dans la société». Le
Barreau demande donc expressément au gouvernement qu'il procède au retrait des
articles 7 et 9 du projet de loi n° 3. J'invite le ministre à
entendre les mises en garde de son ordre professionnel, qui est aussi le mien.
Donc, vous entendez, Mme la Présidente,
avec tout ce que je vous ai présenté... Et je vous ai présenté, donc, cette
trame narrative dès le départ en vous disant, et c'est le titre du projet de
loi, qu'il y a des dispositions qui visent à améliorer la transparence, qu'il y
a des dispositions qui visent à améliorer la gouvernance et, bon, disons, le
processus démocratique des différentes associations, des dispositions qui font
consensus, qui faisaient tellement consensus qu'il y en avait qui étaient déjà
présentées dans le projet loi n°101. Et tout le
monde est venu avaliser, donc, l'intention du ministre à ce moment-là.
Donc, aujourd'hui, alors que nous votons
sur l'adoption du principe du projet de loi, je tends la main au ministre du
Travail qui m'écoute et je lui dis, donc, que le Parti libéral du Québec,
aujourd'hui, donc, est prêt à voter en faveur du principe du projet de loi n° 3, notamment, donc, en raison, donc, des dispositions
importantes visant la transparence, et la gouvernance, et le processus, bon,
disons, démocratique des associations en milieu de travail.
Ceci dit, le ministre doit vraiment, donc,
voir ce vote comme une main tendue. Je l'intime... j'intime au ministre
d'accueillir l'offre que nous lui faisons, de s'en tenir aux dispositions de ce
projet loi qui font consensus, celles qui touchent la transparence et certains
aspects de la gouvernance. Ce vote constitue, donc, une invitation de bonne foi
à abandonner, comme lui demande le Barreau du Québec, les dispositions qui
établissent des cotisations facultatives.
Le PLQ est favorable au principe de mise
en place de normes minimales en matière de transparence et de bonnes pratiques
de gouvernance. Les travailleurs doivent savoir comment leurs cotisations sont
utilisées. C'est d'ailleurs le cas dans la très vaste majorité des cas. Donc,
là-dessus, comme j'ai dit, il n'y en a pas, d'enjeu. Donc, elles, normalement,
donc, s'autogèrent, et tout se passe bien dans la grande majorité des cas.
Ceci dit, et c'est là notre mise en garde,
la CAQ s'attaque, encore une fois, aux libertés des Québécois en limitant — il
nous dira «en encadrant», ici, donc, j'objecterai en disant «en limitant» — donc,
le droit d'autrui de contester ces lois. Et c'est surtout là-dessus, évidemment,
donc, les quatre aspects des cotisations facultatives... Je vous l'ai déjà dit,
en termes de principe, ça ne fonctionne pas, selon moi, en droit, mais même sur
le plan... sur le plan politique.
Je vous dis, Mme la Présidente, qu'à notre
égard, au Parti libéral du Québec... que les contre-pouvoirs sont essentiels en
démocratie. Et, comme nous l'avons objecté lorsque nous avons étudié... bien,
en fait, comme nous l'avons soulevé dans le cadre du dépôt du projet de loi n° 1 de la Constitution du Québec, comme nous l'avons objecté
dans le cadre de l'étude sous bâillon du projet de loi n° 2,
bien, c'est, par souci de cohérence qu'ici, à l'égard du projet de loi
n° 3... que nous lui disons : Arrêtez de chercher à limiter les
moyens d'action de ceux qui ne pensent pas comme vous. Ça, ce ne sera jamais
acceptable en démocratie. Il est possible d'avoir des différends idéologiques
et parfois même profonds avec des tiers, avec des acteurs de la société civile,
et Dieu sait, Mme la Présidente, qu'au Parti libéral du Québec... que nous en
avons eus et que nous continuerons d'en avoir, notamment avec les différentes
associations représentatives, mais, dans une société libre et démocratique,
jamais ces différends ne peuvent ni ne doivent mener à l'affaiblissement de
voix citoyennes.
Donc, j'espère que le ministre entendra
cette invitation, qu'il verra, donc, cette volonté de collaboration comme une
invitation de bonne foi à réfléchir de façon profonde et de réfléchir de façon
sérieuse aux dispositions relatives aux cotisations facultatives, surtout
celles relatives à la contestation de lois adoptées, disons, dûment adoptées
par l'Assemblée nationale. Et c'est dans cet esprit que je lui dis oui, mais
seulement pour l'instant. Merci, Mme la Présidente.
• (11 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole à M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Merci, Mme la
Présidente. Donc, nous sommes sur le principe, le débat sur le principe du projet
de loi n° 3 intitulé Loi visant à améliorer la transparence, la
gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de <travail...
M. Paradis :
...nous
sommes sur le principe, le débat sur le principe du projet de loi n° 3,
intitulé
Loi visant à améliorer la transparence, la gouvernance et le
processus démocratique de diverses associations en milieu de >travail.
Et c'est vrai que c'est une partie de
l'intention de ce projet de loi, qui contient des dispositions, comme ma
collègue de Bourassa-Sauvé vient de le mentionner, qu'on retrouvait dans un
précédent projet de loi déposé par le ministre en matière de droit du travail,
mais, à l'époque, donc, ces dispositions ont été retirées. Elles sont ramenées
dans ce projet de loi, mais ce projet de loi, aussi, a une toute nouvelle
section, celle sur les cotisations facultatives et celle qui, en réalité, crée,
j'allais dire vise à créer, mais, en tout cas, crée certainement, dans la
société québécoise, plus de clivages, plus de confrontations. Et c'est
malheureux, parce que ce n'est pas ce dont on a besoin actuellement dans la
société québécoise. On a besoin de dialogue et on a besoin de s'entendre sur
des objectifs communs.
Or, sur cette deuxième partie, qui crée de
l'ingérence dans les affaires des organisations de la société civile, notamment
les organisations qui représentent les travailleurs, qui crée de la paperasse,
de la bureaucratie, j'y reviendrai, mais qui vise aussi à les empêcher ou à
rendre beaucoup plus difficile leur capacité d'agir comme contrepoids, leur
capacité, par exemple, d'aller devant les tribunaux pour contester des
décisions du gouvernement, comme c'est le cas dans toute démocratie qui se
respecte, ces dispositions-là arrivent de manière très malencontreuse. Et on
note qu'il n'y a eu aucune consultation préalable sur ces dispositions. J'ai
posé la question à toutes les personnes qui ont été entendues en commission
parlementaire, toutes les organisations, toutes les personnes : Est-ce que
vous avez été consultés? Est-ce qu'on vous a parlé des dispositions qui s'en
venaient? Est-ce qu'on vous a demandé si on peut faire différemment? Quelles
sont vos meilleures pratiques qu'on pourrait intégrer dans le projet de loi? Et
la réponse a toujours été non.
Or, quand on vient de nouveau jouer dans
le fragile équilibre des relations de travail au Québec, ce qu'on a toujours
fait, ce que les gouvernements précédents ont fait, c'est qu'on se parle avant
pour essayer d'arriver avec les meilleures politiques publiques. Et ça n'a pas
été le cas en ce qui concerne ce projet de loi n° 3. Et c'est très
malheureux, parce que ça explique beaucoup de la conflictivité qu'on a vue et
qu'on a entendue la semaine dernière.
Bon, nous, en l'occurrence, on a fait un
appel au calme. On a indiqué aux représentants des syndicats, justement, qu'il
fallait le bon ton, qu'il fallait la bonne façon d'amener les Québécois à
comprendre les différents points de vue. Et on a fait le même appel au
gouvernement, que d'arriver des projets... avec des projets de loi comme ça qui
exacerbent le clivage, la polarisation dans notre société, ce n'est pas la
bonne façon de gouverner.
Donc, il y a deux volets. Et, sur le
premier volet, celui qui vise à renforcer la démocratie, à renforcer la
transparence, à renforcer les meilleures pratiques de saine gouvernance au sein
des organisations, bien, en fait, même les principaux concernés sont venus nous
dire : Bien oui, on est pas mal d'accord avec ça, souvent, ce sont des
pratiques qu'on... qu'on a déjà mises de l'avant nous-mêmes. Et donc il y a une
convergence sur les principes. Et nous, on l'a indiqué, on est d'accord avec
ça. Plus de transparence, plus de vérifications des... des dépenses et des
comptes, oui, tout le monde est d'accord avec ça, même, je le répète, même les principaux
concernés. Ce sont des principes intéressants.
Mais, encore une fois, ce qu'on voit,
c'est du travail bâclé, donc, sur lequel il va y avoir beaucoup de travail à
faire, parce que plusieurs sont venus nous dire : En pratique, ça ne
fonctionne pas, pourquoi on n'est pas venus nous consulter avant pour qu'on
explique comment ça se passe, les assemblées, comment ça se passe, le processus
qui mène à des votes, comment on pourrait renforcer les meilleures pratiques?
Il y en avait... Dans tous les mémoires qui sont... qui ont été déposés et dans
tous les témoignages qu'on a entendus en consultations particulières, il y en a
eu plusieurs, des bonnes suggestions pour avancer dans le bon sens qui ont été
mises de l'avant, et ce n'est pas ces solutions-là qui ont été choisies.
Pourquoi? Parce qu'on les a ignorées à l'avance. Il n'y a pas eu de dialogue.
Bien, on vient nous dire, par exemple,
dans le cas de... des missions d'examen, donc, d'avoir des personnes
indépendantes, des cabinets comptables qui viennent certifier de la probité des
états financiers des organisations <syndicales...
M. Paradis :
...viennent
certifier de la probité des états financiers des organisations >syndicales...
La plupart des organisations syndicales nous ont... sont venues nous
dire : D'accord, mais, par exemple, on impose des obligations. Il y a un
exemple qui nous a été donné, par exemple, pour... Une organisation syndicale
peut gérer quelques milliers de dollars dans son compte en banque,
3 000 $, 4 000 $ ou 5 000 $, et là on lui impose
une obligation de faire une mission d'examen qui, selon le ministre lui-même,
peut coûter de 5 000 $ à 10 000 $. Ça n'a pas de sens.
Donc, dans l'application pratique de ces
nouvelles obligations ou de ce renforcement des obligations de transparence, de
démocratie et en matière financière, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de
travail à faire. Le ministre a annoncé qu'il allait déposer des amendements,
qu'il avait entendu les principaux concernés venir nous dire : Il va
falloir retravailler ça. Eh oui, il y a beaucoup de travail qui va être
nécessaire.
Donc, on espère que le ministre, de fait,
a été à l'écoute et qu'il va arriver avec des solutions qui sont praticables,
qui sont bonnes pour les travailleurs, pour les organisations et pour
l'ensemble du Québec. De manière intéressante, l'Ordre des comptables agréés a
déposé un mémoire dans lequel il vient nous dire : Oui, c'est une bonne
pratique que de favoriser une plus grande vérification des états financiers,
mais l'ordre vient aussi nous dire qu'il y a des problèmes dans l'application
de certaines des dispositions qui sont proposées par le ministre.
Donc, ça, c'est sur le... c'est sur le
premier volet. Beaucoup de bonnes intentions. Nous sommes d'accord avec tous
ces principes-là, mais il va falloir travailler sur l'articulation en pratique
de ce que ça veut dire pour que ça devienne quelque chose d'utile et de gérable,
parce qu'on ne veut pas non plus générer une nouvelle bureaucratie, plus de
paperasse, plus de délais, et ce, sur les deux volets. Donc, je le dis pour ce
volet de transparence, de démocratie, de renforcement de la démocratie et de
renforcement, donc, de la vérification des états financiers. Ça vaut pour ce
volet-là et ça vaut pour l'autre.
Un des problèmes de ce projet de loi,
c'est qu'il crée beaucoup de paperasse, beaucoup de délais, beaucoup de
procédures, beaucoup de contrôle. Dans son étude d'impact réglementaire, le
gouvernement lui-même indique que ça peut aller jusqu'à 74,3 millions de coûts
additionnels, la première année, pour mettre en place toutes les procédures, et
la paperasse, et la bureaucratie qu'il prévoit dans son projet de loi. Et
ensuite, de manière récurrente, à chaque année, 53,7 millions de dollars
que ça va coûter pour gérer cette bureaucratie-là qu'il impose. Et ça, c'est
une estimation de son étude d'impact réglementaire. Plusieurs sont venus nous
dire que ça va être bien pire que ça parce qu'il y a beaucoup d'éléments qui
n'ont pas été bien considérés dans le projet de loi. Ça va coûter plus cher, ça
va causer plus de délais et ça va compliquer la vie non seulement des
organisations syndicales, mais aussi des employeurs.
Plusieurs sont venus nous dire
qu'actuellement, quand il y a, par exemple, un changement, un simple changement
au montant de la cotisation pour des employés de l'État... On nous dit que,
plusieurs mois après, le ministère concerné n'a toujours pas été capable de la
mettre en vigueur, cette modification au montant de la cotisation. Et là ce que
le projet de loi prévoit, c'est qu'il peut y avoir des dizaines, voire des
centaines de changements comme ça à chaque année, que ça peut... ça peut varier
à l'intérieur d'une même organisation, selon ses sections locales, qu'on ne
sait pas comment ça va fonctionner quand une section locale va voter d'une
façon, une autre section locale va voter d'une autre façon. Donc, on va créer
des impacts, de la paperasse et des délais non seulement pour les organisations
elles-mêmes, mais aussi pour les employeurs, et on ne voit pas comment ça va
bien fonctionner.
Donc, sur le deuxième volet, j'y arrive,
il y a ce problème, donc, de création de plus de paperasse, de plus de
bureaucratie quand on vient dire : On va créer, donc, une partie
facultative à la cotisation obligatoire qui est payée par les travailleurs du
Québec et qui est... donc, qui constitue le budget de l'organisation syndicale.
Donc là, on va dire : On va séparer les... les activités essentielles des
organisations facultatives. D'abord, c'est quelque chose d'entièrement nouveau.
Et tous les principaux concernés sont venus nous dire : Ça n'existe pas,
des activités facultatives.
• (12 heures) •
On vient dire, par exemple, aux
organisations de travailleurs, qui ont été souvent les locomotives ou qui ont
vraiment participé de manière importante à la génération d'avancées sociales
importantes qui font la fierté de tous les Québécois, on vient dire que ça,
c'est facultatif, même si ça bénéficie aux travailleurs. On va pouvoir
dire : Non, ça, ça ne compte pas, l'équité salariale, les régimes de <retraite...
>
12 h (version révisée)
<19999
M. Paradis :
...on va pouvoir dire : Non, ça, ça ne compte pas. L'équité salariale, les
régimes de >retraite, les congés payés, tous ces éléments-là dont les
organisations syndicales ont souvent été le moteur, on vient leur dire : Non,
ça, c'est facultatif, vous ne pourrez plus faire ça afin... afin... En tout
cas, on va créer des barrières très importantes pour que ça... pour que ça
arrive et surtout on va créer des barrières, voire on va rendre impossibles des
actions en cours qui visent à dire quelque chose de différent du gouvernement. Et
ça, pour nous, on le dit, ce n'est pas acceptable.
Dans une démocratie, on peut être d'accord,
on peut être en désaccord. En l'occurrence, actuellement, il y a des recours
devant des tribunaux avec lesquels ma formation politique est en complet
désaccord, on le dit souvent. Mais, nous, notre réponse n'est pas de dire :
On va vous museler ou on va rendre ça tellement difficile pour vous d'aller
exprimer une opinion différente sur la place publique ou de contester des lois
ou des règlements devant les tribunaux, parce qu'on n'est pas d'accord avec
vous, que ça n'arrivera plus. Nous, on ne voit pas la démocratie fonctionner
comme ça au Québec. On pense que c'est grave, ce qui se passe dans ce projet de
loi, comme, en fait, dans le projet de loi n° 1,
déposé par le gouvernement, sur le projet de Constitution, il y a une
disposition similaire. Dans le projet de loi n° 2,
qui nous a été imposée par bâillon, sur la rémunération des médecins, il y a
une disposition similaire. Et, dans ce projet de loi n° 3
sur la gouvernance des organisations ou des associations en milieu de travail,
il y a aussi cette disposition-là, cette disposition qui vise à restreindre la
capacité devant... d'aller devant les tribunaux, qui est pourtant essentielle
dans notre État de droit.
Ce qui veut dire que le Barreau s'est
élevé, a critiqué très sévèrement le projet de loi n° 3, tout comme, d'ailleurs, la Commission des droits de la
personne et des droits de la jeunesse du Québec, qui le critique sévèrement
pour les mêmes raisons, tout comme les professeurs de droit qu'on a entendus en
commission parlementaire, tout comme l'ordre des conseillers en ressources
humaines du Québec, une organisation qui est neutre, qui est venue nous faire
des critiques très sévères de cette... de ce deuxième volet du projet de loi,
en disant : Ça, attention, danger! Donc, ça va créer de la bureaucratie,
ça va générer beaucoup de contestations devant les tribunaux, c'est
impraticable, c'est du jamais-vu, mais surtout ça vient atteindre des valeurs
fondamentales de notre société, dont la capacité de contester l'action du
gouvernement devant les tribunaux. Et ça, je pense que ce sont des... des
signaux, des alertes que le gouvernement doit entendre, que le ministre doit
entendre. Alors, je fais aussi appel à son sens de l'État.
On lui a dit à quelques reprises, moi, je
lui en ai parlé, je lui ai dit : On s'entend sur plusieurs des objectifs
de l'autre volet du projet de loi. Donc, plus de transparence, plus de
démocratie, plus de vérification financière, d'accord, en s'entendant sur des
solutions pratiques avec les principaux concernés. Mais, l'autre partie du
projet de loi, où il y a encore ces dispositions qui viennent jouer dans des
principes fondamentaux de notre démocratie, qui créent de la paperasse, de la
bureaucratie, qui s'ingèrent indûment dans les affaires des organisations de la
société civile, qui est souvent vue... Plusieurs nous ont dit ça : C'est
vu comme une forme de paternalisme, alors qu'étrangement il n'y a pas de
travailleur, il n'y a pas d'association qui représente des travailleurs, ou des
travailleurs eux-mêmes, ou des gens qui font partie, donc, du 1 500 000
ou à 1 800 000 personnes qui sont représentées par des syndicats
au Québec, il n'y a personne qui est venu nous dire : Ah! bien, nous, on
est d'accord avec ça, puis, c'est vrai, quand le ministre dit qu'on n'est pas
représentés puis notre voix n'est pas entendue, on est d'accord avec ça.
Pourtant, le ministre, il dit que lui, il
parle pour les travailleurs. Bien, en tout cas, si c'est ça, on n'a pas entendu...
outre sa voix puis l'Institut économique de Montréal, qui est venu dire qu'eux
ils comprenaient les travailleurs du Québec. Bon, on passera. Mais la réalité,
c'est que les... les organisations indépendantes qui sont venues témoigner en
consultations particulières ou qui ont déposé un mémoire sont venues dire, sur
le deuxième volet, sur la cotisation facultative : On n'est pas d'accord, attention,
très risqué. Et donc on espère que le ministre va entendre cet... cet appel-là.
Donc, il pourrait retirer ces dispositions-là de son projet de loi ou les modifier
très profondément, parce que ça ne va pas, de ce côté-là.
Alors, nous, on est pour la transparence,
pour la démocratie des organisations québécoises. On est encore... On est d'accord
avec le principe de renforcement de ces principes-là, mais on a des problèmes
avec les dispositions qui visent à entraver la capacité organisationnelle et
financière des organisations à faire valoir leur opinion en justice ou sur la
place publique. L'ingérence, la paperasse, les coûts additionnels, dire aux
travailleurs quoi faire de façon paternaliste, diviser artificiellement les
activités <régulières...
M. Paradis :
...leur
opinion en justice ou sur la place publique. L'ingérence, la paperasse, les
coûts additionnels, dire aux travailleurs quoi faire de façon paternaliste,
diviser artificiellement les activités >régulières des activités
facultatives des organisations sans que ce soit applicable, ce n'est pas
acceptable.
Donc, il y a une partie du projet de loi
avec laquelle on est d'accord, en principe, et ça, on l'appuie. Il y a une
autre partie du projet de loi avec laquelle, en principe, on n'est pas d'accord
et qui doit être retirée ou qui doit être changée profondément. Donc, on attend
de voir les discussions en commission parlementaire sur ce projet de loi, mais
on espère que le ministre va entendre l'appel. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup, M. le député. Est-ce qu'il y a... Oui, Mme
la députée de D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, je prends la parole pour l'étape de l'adoption de
principe du projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la transparence, la
gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de
travail, une loi... un projet de loi qui vise, selon le gouvernement, à
moderniser le fonctionnement des organisations syndicales, à accroître leur
transparence et à renforcer la confiance du public envers les institutions
démocratiques.
Par contre, bien, avant de commencer, je
voudrais remercier tous ceux et celles qui ont contribué aux consultations,
soit par leurs témoignages, soit par le dépôt d'un mémoire. Ça nous permet, à
nous, autour de la table... ça nous alimente pour mieux comprendre les réalités
sur le terrain et également voir les failles qu'il peut y avoir dans le projet
de loi et les amendements qu'on pourrait amener, justement, pour les redresser.
Alors, nous sommes tous favorables à des
mesures de transparence et nous croyons tous à la reddition de comptes. Nous
croyons à la confiance du public, nous croyons que les organisations qui jouent
un rôle essentiel dans notre démocratie doivent effectivement être exemplaires.
Sur ces principes, il n'y a aucune ambiguïté, nous sommes tous d'accord, mais,
Mme la Présidente, être d'accord sur les objectifs ne... ne signifie pas être
d'accord sur les moyens.
Il ne faut pas oublier le rôle historique
des syndicats dans la protection des travailleurs et travailleuses du Québec au
cours des décennies. Leurs luttes ont façonné des droits que nous ne...
considérons aujourd'hui comme évidents : les congés parentaux, les normes
du travail, la santé et sécurité, l'équité salariale, les conditions de travail
dignes. Et ce sont des organismes démocratiques essentiels, créés par les
travailleurs et les travailleuses eux-mêmes.
Tel que j'ai mentionné, nous appuyons
l'objectif d'une plus grande transparence financière dans les organisations
syndicales. Personne ici ne remet en question cet objectif. Et les associations
représentant des milliers de travailleurs et travailleuses se sont rendues,
justement, lors des consultations, et plusieurs ont partagé le fait que c'est
un exercice qu'ils font déjà, que, justement, ils veulent s'assurer qu'auprès
de leurs membres il y ait toute la transparence quant aux états financiers. Et
donc eux, ils font déjà beaucoup d'efforts, et organisent plusieurs événements
justement à ces fins, et communiquent clairement leurs décisions, ce qui est
sain, ce qui est souhaitable.
Mais ce que nous refusons, c'est la
logique mur à mur que propose le ministre avec le projet de loi dans l'état
actuel, les obligations uniformes imposées sans nuance, et encore moins
lorsqu'elles risquent d'affaiblir la capacité des syndicats à jouer pleinement
leur rôle démocratique. Alors, dans ce contexte, les mesures de transparence
doivent exister, oui, mais elles doivent être adaptées à ces organisations, à
leurs moyens financiers et surtout à leur taille.
Or, le projet de loi n° 3 impose à
tous les syndicats, peu importe leur taille, l'obligation de faire réaliser un
audit comptable complet. Un audit externe complet n'est pas une simple
vérification. C'est un exercice qui peut coûter des dizaines de milliers de
dollars à une organisation locale. Et, pour un grand nombre de... excusez-moi,
pour un grand syndicat national, ce n'est peut-être pas un problème, mais, pour
un petit syndicat indépendant, un syndicat local d'une centaine de membres,
dans un milieu rural, une accréditation en milieu communautaire ou dans un
petit établissement, cette obligation représente un poids financier démesuré.
Et ce poids, il ne faut pas se le cacher, sera assumé par qui? Par les membres
eux-mêmes.
• (12 h 10) •
Nous sommes tous pour la transparence,
mais nous sommes contre l'idée que l'on impose les mêmes exigences lourdes et
coûteuses à tous les syndicats, sans aucune distinction, sans aucun mécanisme
d'ajustement, sans seuil et sans nuance. Pour plusieurs petites sections
locales, l'audit obligatoire que propose le <projet de loi
n° 3...
Mme Prass :
...et
sans nuance. Pour plusieurs petites sections locales, l'audit obligatoire que
propose le >projet de loi n° 3 coûterait plus
cher que leur budget annuel. Comment peut-on considérer cela raisonnable?
Comment peut-on imaginer que les syndicats absorbent ces coûts sans
compromettre leur mission première? Ce projet de loi impose une charge
administrative disproportionnée, qui n'a rien à voir avec la transparence, mais
tout à voir avec la dissuasion.
Selon le Barreau du Québec, le projet de
loi n° 3, tel que présenté... tel que présenté par le
ministre lors du dépôt, dépasse l'objectif de transparence. Il impose des
charges lourdes, irréalistes, parfois impraticables. Il s'inscrit dans une
tendance préoccupante de ce gouvernement, une tendance à resserrer
discrètement, mais systématiquement la capacité de contester ses propres
décisions. Mais ce n'est pas la première fois que le gouvernement de la CAQ
agit ainsi. Nous l'avons vu avec le projet... nous le voyons, plutôt, avec le
projet de loi sur la Constitution et nous l'avons vu avec la loi n° 2
visant les médecins, une loi qui a profondément... profondément fragilisé notre
réseau de la santé. Dans chacun de ces projets de loi, on trouve le même fil
conducteur : limiter la capacité des acteurs de la société civile de
contester les décisions gouvernementales.
Le Barreau du Québec l'a dit sans détour,
il observe une multiplication de gestes politiques susceptibles de porter
atteinte à l'état de droit en renforçant les pouvoirs du gouvernement au
détriment de ses citoyens. Lorsque le bâtonnier du Québec parle de dispositions
autoritaires et d'un affaiblissement inquiétant des mécanismes de contrepoids,
il ne s'agit pas d'une critique anodine, c'est un signal d'alarme lancé par
l'institution même qui veille au respect de la primauté du droit, et le projet
de loi n° 3, malheureusement, s'inscrit exactement
dans cette tendance.
Et voici la crainte du Barreau :
l'article 7 du projet de loi. Le gouvernement propose d'obliger les syndicats
à tenir un vote de leurs membres avant d'intenter une poursuite contre le
gouvernement, mais avant on comprend que le gouvernement de la CAQ propose un
nouveau concept, celui des cotisations facultatives... seront... ils seront
déterminés comment, par qui? La représentation sociale est donc menacée.
D'abord, dans la très grande majorité des
cas, les poursuites intentées par les syndicats sont fondées sur des analyses
juridiques, des atteintes à la liberté d'association, des contextes de
négociation, des violations de convention collective, des décisions
administratives contestables. Demander aux membres de voter avant même que
l'affaire soit instruite, avant même que les enjeux juridiques soient
pleinement compris, c'est déplacer la charge d'expertise vers les membres,
c'est les obliger à se prononcer sur quelque chose qu'ils ne sont pas forcément
outillés pour juger. Exiger une autorisation préalable des membres, c'est
ralentir les recours, politiser des décisions juridiques et, ultimement, affaiblir
la capacité des syndicats de défendre les droits de leurs travailleurs et
travailleuses contre l'État.
L'article 7 du projet de loi est
particulièrement préoccupant, car sa formulation ambiguë risque de créer de
l'incertitude et d'exposer des syndicats à des contestations judiciaires
coûteuses simplement pour savoir s'ils... s'ils ont le droit de le faire. Il
pourrait rendre presque impossibles certaines actions urgentes, certaines
interventions publiques ou certains recours juridiques. Le Barreau du Québec
recommande que ces articles soient retirés, et ce n'est pas banal. Le Barreau
est clair, plusieurs dispositions du projet de loi n° 3
mettent en jeu la liberté d'association. Elles ne l'interdisent pas directement
mais risquent sérieusement de l'entraver, voire de la neutraliser dans certains
cas.
Ce qui est particulièrement inquiétant,
c'est que le projet de loi n° 3 diminue la capacité
des syndicats d'intervenir dans les débats publics. Or, leur rôle social est
fondamental, et, sans les syndicats, plusieurs avancées sociales n'auraient
jamais eu... n'auraient jamais vu le jour, comme le droit de vote des femmes,
l'équité salariale, la lutte contre la violence faite aux femmes, les progrès
en santé et sécurité du travail. Et, quand un syndicat veut faire une
contribution pour soutenir un organisme communautaire ou charitable, il va
devoir organiser un vote et débourser les frais pour une salle et tous les
coûts qui sont... qui y sont associés, avec ce genre d'activité.
Le projet de loi exige également que les
syndicats obtiennent à l'avance un vote de leurs membres pour toute
contestation judiciaire, pour l'action publique, toute contribution à un
organisme, mais la réalité, c'est que la vie syndicale est imprévisible. On ne
peut pas prévoir à l'avance une catastrophe naturelle, une décision
gouvernementale prise en pleine nuit, un enjeu juridique urgent ou même une
négociation qui se règle un dimanche soir, pour reprendre le travail le lundi.
Imposer un vote à 24 heures d'avis, dans ces <situations...
Mme Prass :
...dimanche
soir pour reprendre le travail le lundi. Imposer un vote à 24 heures
d'avis, dans ces >situations, n'est pas très réaliste.
Pour les syndicats saisonniers, c'est
encore pire. Plusieurs membres ne sont même pas disponibles en dehors de cette
période de l'année. Donc, le projet de loi risque non seulement de ralentir,
mais parfois de neutraliser complètement les actions syndicales urgentes, ce
qui pourrait prolonger des conflits de travail au lieu de les résoudre.
Le gouvernement prétend vouloir renforcer
la transparence, la gouvernance et la démocratie interne. Ce sont des objectifs
légitimes, mais, comme le souligne le Barreau du Québec, cet objectif semble
servir de prétexte à un encadrement qui réduit la capacité d'intervention des
syndicats et donc le rôle de contre-pouvoir essentiel dans un État de droit.
Un autre enjeu fondamental du projet de
loi dans sa forme actuelle est l'absence de... Excusez-moi. Un autre problème
fondamental avec la rédaction du projet de loi n° 3 est l'absence de
consultations préalables auprès des syndicats. Si le gouvernement avait pris le
temps d'impliquer les organisations syndicales dans sa réflexion, la réception
aurait été beaucoup moins hostile, et le projet, beaucoup plus équilibré. Nous
avons entendu, lors des consultations, que les syndicats ne s'opposent pas à la
transparence. Plusieurs grands syndicats produisent déjà des états financiers
très détaillés. Le problème n'est pas là. Le problème, c'est la méthode :
un projet élaboré sans ceux et celles qu'il prétend encadrer, sans comprendre
leur réalité et sans mesurer les impacts concrets sur leurs opérations.
Comme l'a dit ma collègue de Bourassa-Sauvé,
ma formation politique votera en faveur de l'adoption du principe, mais cela
n'est pas l'adoption finale. Donc, nous...nous acceptons... nous acceptons
d'étudier sérieusement ce projet de loi, d'en débattre en commission, de
l'amender et de l'améliorer. On attend les amendements du ministre suite aux
consultations et on en aura également. Mais nous n'allons pas accepter un
encadrement qui, sous prétexte de modernisation, en vient à fragiliser la
liberté d'association, à alourdir inutilement le fonctionnement des syndicats
et à limiter leur capacité de défendre leurs membres, et parfois de défendre la
démocratie elle-même. Nous voulons un projet de loi équilibré, un projet de loi
qui protège le public, mais aussi les travailleurs et travailleuses, un projet
de loi qui modernise mais sans affaiblir un pilier essentiel de notre société.
C'est dans cet esprit, Mme la Présidente, que nous aborderons l'étude détaillée
du projet de loi n° 3. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole à M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Un plaisir pour moi d'intervenir aujourd'hui sur le principe du
projet de loi n° 3. Je veux d'abord remercier toutes les personnes qui se
sont déplacées pendant les consultations particulières. Pas beaucoup de
félicitations, par contre, à donner au gouvernement dans sa gestion des
invitations, Mme la Présidente. Imaginez-vous donc, moi, je n'avais jamais vu
ça en huit ans de parlementarisme, il y a eu six annulations, six annulations
de personnes qui n'ont pas voulu venir bénéficier de l'invitation qu'ils
avaient reçue. Aucune de ces invitations-là, qui étaient prévues d'avance, n'a
été remplacée par le gouvernement, alors que la liste des gens qui voulaient
venir était très, très longue, très très longue. Moi, je n'avais jamais été
autant sollicité, comme député d'opposition, pour dire : Est-ce que je
peux venir à l'Assemblée... aux audiences? Est-ce que je peux venir aux
audiences? Des plages horaires. On a siégé, un matin, avec une seule audience,
alors que d'habitude on en a trois. Le gouvernement a refusé systématiquement
d'entendre du monde. Alors qu'on joue dans les cotisations syndicales, je me
serais attendu, comme attente minimale, qu'on entende toutes les grandes
fédérations syndicales, toutes les centrales. On en a entendu un peu plus que
le projet de loi n° 101, mais, cette fois-ci, on a refusé, du côté du
gouvernement, d'entendre le Syndicat de la fonction publique du Québec. Eux
autres, ils n'ont pas eu la chance de venir, le seul des grandes centrales et
des grands syndicats affiliés qui n'a pas pu venir, alors qu'il y avait, je le
rappelle, six plages horaires de libres. On était tous ici, là, tous les
fonctionnaires étaient prêts, les parlementaires étaient prêts, on aurait pu
les entendre, six plages horaires de libres, puis, eux autres, on a décidé de
ne pas les écouter.
• (12 h 20) •
Par contre, par contre, on a décidé
d'investir une heure de notre temps pour entendre l'Institut économique de
Montréal. C'est quoi, l'Institut économique de Montréal? C'est-tu un groupe de
patrons? Non. C'est-tu un groupe de travailleurs? Non. C'est un «think tank»
financé, en bonne partie, à travers des crédits d'impôt, de nos dons. Qu'est-ce
qu'ils ont d'affaire à venir s'exprimer sur l'avenir des cotisations syndicales
des travailleurs, travailleuses? Bien, coudon, on les a entendus. On a jasé
avec eux. Ils n'étaient pas super bien préparés, Mme la Présidente, parce
que... quand ils sont venus pour dire qu'il y avait des assemblées-fleuves au
Québec, il fallait intervenir là-dessus en citant la fameuse assemblée de
ratification de l'entente de principe de l'alliance des profs de Montréal, il y
a deux ans, je leur ai demandé : Vous avez dit «des assemblées-fleuves», c'est
quoi, les autres? Ah! là, ils n'avaient rien à nous donner. Ils n'avaient absolument
rien à nous donner. Ils avaient un exemple. Alors, on modifie des lois, nous,
astheure, au <gouvernement...
M. Leduc :
…il y
avait un exemple. Alors, on modifie des lois, nous, astheure, au >gouvernement
du Québec, avec des anecdotes, avec une, deux, trois anecdotes. Parlons-en, des
anecdotes, c'est toujours les mêmes que le ministre du Travail réutilise.
Essentiellement, là, ça tourne alentour des scotchs de la FTQ-Construction, de
la FAE, notamment la fameuse assemblée-fleuve que je vous ai dit, je n'en ai
jamais entendu aucune autre, hein, le ministre non plus, il n'a pas d'autre
assemblée-fleuve à nous soumettre, on verra en étude détaillée, et la COP... la
COP à Dubaï de la présidente de la FTQ.
Allons-y méthodiquement. Les scotchs, là,
à 50 $ de la FTQ-Construction, là, tout le monde a trouvé ça scandaleux,
avec raison. Nulle part dans le projet de loi du ministre, un seul de ces
articles ne va traiter de cet enjeu-là. La FTQ-Construction, en raison de la
loi R-20, est déjà soumise à un audit comptable. Le comptable, sa job, ce
n'est pas de faire un jugement moral sur la dépense, lui, il veut savoir :
L'avez-vous, la facture du scotch à 50 $? C'est ça qu'il veut savoir. Ce
n'est pas son problème à lui à savoir si c'est correct ou pas de dépenser
50 $ dans un scotch. Le projet de loi du ministre ne va régler absolument
rien à cette situation-là, absolument rien.
La FAE, bien là, je vous ai parlé des
assemblées-fleuves, la poursuite contre la loi n° 21, on a bien compris que
ça agaçait le gouvernement. À un moment donné, il va falloir qu'il comprenne
deux choses. D'abord, c'est une décision démocratique des membres de la FAE,
personne ne l'a contestée à l'interne, n'a fait cheminer de résolution dans
leur congrès, dans leur assemblée générale. Ça fait qu'à un moment donné il ne
faudrait pas non plus décider à leur place que ce n'est pas correct, du côté du
gouvernement. Deuxième chose, là, admettons que la FAE se retire de la
poursuite, la poursuite continue. Il y a d'autres poursuivants dans la
poursuite. Même si la... même si le gouvernement, là, à... par un coup de
baguette magique avec sa loi, vient mettre des bâtons dans les roues de la FAE
pour qu'ils arrêtent de poursuivre le gouvernement sur la loi n° 21,
la poursuite va continuer. Ils sont un consortium, là, ils sont plusieurs
poursuivants dans cette affaire-là, ce n'est pas juste la FAE. Alors, ce n'est
pas la fin des haricots pour le gouvernement à ce niveau-là.
Puis, finalement, la présence de la FTQ-Construction,
de la FTQ-Construction... la présence de la présidente de la FTQ, pardon, à la
COP à Dubaï. Il y a un congrès de la FTQ, il y a des gens qui ont proposé que
la FTQ, qui est le plus gros syndicat du secteur privé, s'intéresse à l'avenir de
la transition économique et énergétique au Québec, ce que ça va vouloir dire
pour les emplois, pour les secteurs de pointe. Quelle grosse surprise! Comme le
gouvernement, en principe, puis les patrons, bien, ils se pointent à la grande
conférence internationale qui en discute. Il n'y a pas de scandale là, ça émane
d'une résolution de congrès. Ça fait qu'on repasse toujours les trois ou quatre
mêmes anecdotes, du côté du ministre puis du gouvernement, pour nous servir une
pièce législative qui remet en cause fondamentalement le droit du travail.
Premier bloc : ingérence de l'État et
atteinte à la liberté d'association. Il y a beaucoup d'intervenants qui ont
dénoncé le projet de loi n° 3 comme une ingérence inacceptable de l'État
dans le fonctionnement autonome des organisations de salariés, menaçant leurs
droits fondamentaux garantis par les chartes et les conventions
internationales, notamment celle de l'OIT, la convention de 1987. On parle de
violation de l'autonomie des principes de liberté syndicale, parce que le
gouvernement veut dicter des modalités de fonctionnement interne, on parle ici
des statuts, des votes, du financement, puis enfreindre le principe de
non-ingérence qui protège la capacité des syndicats à déterminer librement leur
fonctionnement.
Je vous mets deux citations du mémoire de
la CSQ. La première : «L'article 12 du Code du travail est on ne peut
plus clair à ce sujet, la nécessité de tenir des associations... des
organisations syndicales à l'abri de toute forme d'ingérence ou de domination,
chercher à entraver les actifs d'une organisation syndicale, c'est bien ce que
fait le projet de loi n° 3.» Deuxième citation : «Il n'appartient pas
au gouvernement de dicter comment les citoyens et citoyennes doivent
s'organiser, il ne lui appartient pas non plus de dicter comment les
travailleurs et travailleuses doivent s'organiser et comment leur association
doit s'exprimer dans le cadre des débats publics.» Deux citations de la CSQ.
Il y a une menace à l'État de droit et à
l'inconstitutionnalité potentielle. Le projet de loi, il est perçu comme une
tentative de réduire les contrepouvoirs. On a bien sûr tous vu et lu le
communiqué du Barreau du Québec qui parlait... qui parlait spécifiquement de
dérives, de menaces de dérives autoritaires au gouvernement du Québec et au
Québec en raison de trois projets de loi, notamment le projet de loi de M. le
ministre du Travail. Donc, un projet qui va visiblement, je pense,
fondamentalement, être déclaré inconstitutionnel à la fin d'un long processus
judiciaire, le ministre ne sera certainement plus ministre rendu là, quand ça
va être une décision qui sera rendue en Cour suprême, mais ça va être son nom
qui va être écrit sur son projet de loi, malheureusement.
Une citation de la FQPPU, qui... elle
aussi, on n'a pas réussi à entendre en commission : «Restreindre les
syndicats à ne pas pouvoir plaider certains arguments sans imposer une telle
restriction aux employeurs est choquant en soi. Cela porte atteinte aux droits
de toute personne en pleine égalité et à la détermination de ses droits et
obligations par un tribunal indépendant.» La FQPPU, c'est la Fédération...
québécoise des professeures et professeurs d'université, fédération syndicale.
Autre section : Discrimination et
asymétrie injustifiée des obligations. C'est intéressant, parce qu'on met
beaucoup d'obligations sur la partie syndicale, mais on ne fait pas l'effet
miroir du côté de la partie patronale. Par exemple, dans une section, on va
forcer les syndicats à dévoiler, dans leurs états financiers, le salaire des
dirigeants syndicaux et du plus haut <cadre...
M. Leduc :
...on va
forcer les syndicats à dévoiler, dans leurs états financiers, le salaire des
dirigeants syndicaux et du plus haut >cadre. Moi, je n'ai pas de
problème avec ça. Ça fait que, quand j'ai posé la question au
président-directeur de la FCEI, qui est venu en commission, j'ai dit :
Vous, vous êtes d'accord avec la transparence?, il dit oui. Bon, vous êtes
d'accord à ce que les syndicats doivent dévoiler le salaire de leurs dirigeants?
Il dit oui. Mais, vous, c'est quoi, votre salaire? Ah! là, il y a un petit
silence un peu gênant, puis là, ah! bien non, mais c'est parce que ce n'est pas
la même chose puis... Ah bon! OK, ce qui est bon pour pitou, ce n'est pas bon
pour minou, comme on dit en bon québécois. Alors, on repassera pour la
cohérence du côté de cette association patronale là.
D'ailleurs, c'est la seule qui est venue,
hein? Je parlais des désistements tantôt. Toutes les autres associations
patronales se sont gardé une petite gêne. Moi, je pense que c'était d'ailleurs
une bonne idée parce que ça ne les concerne pas. Les cotisations syndicales et
la démocratie interne, ça ne les concerne pas. Il y a juste la FCEI qui est
venue nous faire son plaidoyer et qui a été un peu décontenancée par ma
question sur le salaire de son dirigeant.
Le SQC, Syndicat québécois de la
construction, sur ce dossier-là, a dit ceci : «L'asymétrie dans les
obligations imposées aux associations de salariés, en comparaison des
associations de dirigeants patronaux... en sont exemptées. Cette asymétrie crée
une inégalité de traitement qui va à l'encontre du principe d'équité.» Sur le
même sujet, le SPGQ, syndicat de professionnels du gouvernement du
Québec : «Des organisations comme les associations patronales ne sont pas
assujetties à de telles mesures. Il y a deux poids, deux mesures. Le
gouvernement exige des syndicats qu'ils obtiennent un mandat explicite
préalable pour pouvoir faire certaines activités, alors que d'autres groupes
n'ont pas à passer par la même démarche.»
On parle aussi d'un autre enjeu important
dans ce projet de loi, qui est la précarisation de la stabilité financière puis
le détournement des ressources en question, donc les cotisations dites
facultatives. C'est quand même une brèche importante dans ce qu'on appelle la
formule Rand. Rand, c'est le juge Ivan Rand, qui, si ma mémoire est bonne, dans
les années 50, a fait une décision importante qui a fait jurisprudence,
qui disait, bien, que, si on a... un syndicat négocie une augmentation de
salaire, un régime d'assurance, un régime de fonds de pension, et qui, par
définition, s'applique à tous les salariés, bien, logiquement, tous les
salariés vont devoir cotiser au syndicat. Ça ne vous oblige pas d'en être
membre individuellement et de vous présenter aux assemblées générales, ça
demeure une décision individuelle, mais votre cotisation, elle, elle est
automatique. C'est un peu la même logique, si on veut, des hôpitaux, des
routes, des écoles, bien, on va tous payer nos impôts, puis ça ne vous oblige
pas à aller voter aux élections. On le souhaite quand même, bien sûr, mais ça
ne vous oblige pas.
Donc, on vient faire une petite brèche
ici, là, avec le côté du gouvernement, dans la formule Rand, en disant :
Bien là, on va, artificiellement, de toutes pièces, créer une nouvelle
catégorie, qui est les dépenses dites facultatives. Et là il y a comme une
espèce de grand bloc... quatre grands blocs que le ministre a dessinés. Il a
été extrêmement... C'est extrêmement flou dans la loi. Il a été extrêmement
flou aussi pendant les audiences. J'ai bien hâte de voir à quoi ça va
ressembler, l'étude détaillée, parce que j'ai une batterie de questions que je
veux lui poser, des questions très pointues, d'applicabilité de ces cotisations
dites facultatives.
C'est... en quelque sorte, c'est comme un
nouveau syndicalisme à la carte. C'est comme si vous pouviez choisir, vous, Mme
la Présidente, quand vous payez vos impôts au gouvernement du Québec,
dire : Oui, non, moi, ça ne m'intéresse pas de payer pour la santé, SAAQclic
non plus, puis je pense que, non, le réseau de la santé, je vais juste payer la
moitié, comme si vous aviez ce loisir-là de faire un gouvernement à la carte. Bien,
M. le ministre, lui, il décide que c'est ça que les salariés vont pouvoir
faire. On va faire un syndicalisme à la carte : Oui, oui, oui, ça, c'est
bon pour les dépenses de base, mais ça, non, ça, non, ça, non, ça, non.
En plus, avec une procédure de vote
complètement alambiquée, pas claire, ce n'est rien d'autre que d'ankyloser de
manière fondamentale le processus démocratique syndical, qui, je le rappelle,
est une... est un foyer de démocratie, le milieu syndical. Je mets au défi le
ministre de nous sortir un milieu au Québec plus démocratique que le milieu du
travail. Où est-ce qu'on peut élire notre exécutif à chaque année, voter
l'entièreté de notre budget à chaque année, où on peut faire individuellement
des propositions d'amendement, où on peut mobiliser des collègues pour venir
gagner sa modification d'amendement, où on vote tout, on vote la ratification
de la grève, de la convention collective?
• (12 h 30) •
C'est démocratique. Est-ce que ça peut
être amélioré? Bien oui, comme tout, Mme la Présidente, mais le gouvernement,
qui se met à faire des leçons de démocratie, lui, fait des bâillons, puis on
est rendus à neuf bâillons, où est-ce qu'on vote ici à 2, 3 heures du
matin, puis il dit que les syndicats, eux autres, il faudrait qu'on tourne...
qu'on leur tape un peu sur les doigts parce que ce n'est pas tout à fait
démocratique, les syndicats. Je suis désolé... Moi, j'en ai organisé, des
assemblées syndicales. Je ne sais pas si le ministre, lui, il en a fait, des
assemblées syndicales, dans sa vie. Je ne sais pas s'il a déjà occupé un emploi
syndiqué. Je ne sais pas s'il a déjà mobilisé une assemblée syndicale. A-t-il
déjà siégé sur un exécutif syndical? A-t-il déjà participé, donc, tenu un vote,
fait un amendement dans une assemblée syndicale? Considérant mon passé, Mme la
Présidente, vous ne serez pas étonnée, j'en ai fait des dizaines dans
différents milieux. D'ailleurs, comme conseiller syndical, j'en ai organisé
aussi, comme membre, j'en ai vécu. C'est des beaux foyers de démocratie. Encore
une fois, ce n'est pas parfait, mais de faire semblant et de laisser entendre
que tout ça, là, c'est un peu tout <croche...
>
12 h 30 (version révisée)
<17935
M.
Leduc : ...mais de faire semblant et de laisser entendre que tout ça, là,
c'est un peu tout >croche, il faut faire le ménage, il y a de... il y a
de l'abus, moi, ça ne passe pas, ça ne passe pas, Mme la Présidente. Ça ne passe
visiblement pas non plus chez les principaux intéressés, qui étaient 50 000
dans les rues de Montréal, samedi dernier, pour dire au ministre que ça ne
passait pas, son affaire. Le ministre n'arrête pas de dire : Je ne fais
pas ça contre les syndicats, je fais ça pour les syndiqués. Bien, il y en avait
50 000 dans la rue, des syndiqués, puis ça ne les intéresse pas, son
intervention, au ministre.
Deux citations sur l'enjeu de la formule
Rand, Mme la Présidente. La CSD, Centrale des syndicats démocratiques : «On
viendrait ouvrir une brèche, une dangereuse brèche contre la formule Rand en
instaurant une vision d'un syndicalisme à la carte qui reflète une vision
clientéliste du syndicalisme.» Autre citation, de la Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec, la FIQ : «En scindant
ainsi l'action syndicale en fonction de sa vision étroite et paternaliste de l'intérêt
des travailleuses et des travailleurs, le gouvernement piétine la démocratie
représentative syndicale.»
Il y a aussi, donc, dans son projet de loi,
une entrave importante à l'action judiciaire puis au rôle sociopolitique des
organisations de travailleurs. Quand on vient dire que le financement des
activités clés, là, comme des contestations de la loi, des campagnes politiques,
ou des campagnes de publicité, des mouvements sociaux, c'est rendu dépendant d'un
vote annuel complexe, très difficilement modifiable, aux fonctions de l'actualité,
bien, ces activités-là pourraient être jugées essentielles à l'amélioration des
conditions de vie et du travail, bien, elles se trouvent menacées, ces
activités-là, parce que ça va être compliqué, ça va rendre, encore une fois, le
mouvement syndical ankylosé par une procédure sans queue ni tête, juste pour
faire plaisir, je pense, à une certaine droite du Québec, qui n'a jamais
accepté que les travailleurs prennent position dans l'espace public.
Et pourtant, on les invite ici, c'est le
gouvernement qui invite les centrales syndicales à venir se prononcer sur les
seuils d'immigration, par exemple, mais imaginez-vous donc qu'astheure, selon
ma compréhension du projet de loi du ministre, bien le président, par exemple,
de la CSN ou de la CSQ, mettons, qui viendrait en audition se positionner sur
le nombre d'immigrants au Québec, il faudrait qu'il calcule quoi là? Son
salaire, le salaire de son conseiller politique, les frais de déplacement? Puis
ça, ça deviendrait une dépense facultative parce que les seuils d'immigration,
ce n'est pas une condition de travail? Sans queue ni tête, Mme la Présidente.
Une autre citation, toujours la FIQ :
«Si le projet de loi n° 3 n'empêche pas la contestation en tant que telle,
il en réduit l'accès en imposant des barrières au financement de la démarche,
ce qui revient à limiter l'exercice de ce droit.» Autre citation, toujours de la
FIQ : «Est-ce que les luttes syndicales pour le droit à l'avortement ou
pour la création de garderies subventionnées étaient facultatives pour notre
société? Pourtant, selon la logique du projet de loi n° 3, ces grands
acquis du modèle québécois seraient considérés comme des domaines facultatifs.»
Et je ne trouve pas, Mme la Présidente, et j'espère que la majorité des Québécois
et des Québécoises sont d'accord avec moi, que la lutte pour les garderies
subventionnées, pour l'accès à l'avortement, je ne pense pas que ça... que c'était...
je ne pense pas que c'est toujours des luttes facultatives.
Gros impact sur les finances et les
risques de désengagement. Il risque à y avoir quand même des pertes importantes
de revenus de cotisations syndicales. Il y en a qui estiment que ça pourrait jusqu'à
aller de 10 à 22 millions de dollars par année. C'est une instabilité
qui pourrait nuire à la planification stratégique à long terme, pour les
actions qui durent souvent plusieurs années. Citation du SFPQ, le Syndicat de
la fonction publique, qu'on n'a malheureusement pas pu l'entendre en commission :
«D'une part, cela créerait une incertitude financière chronique, nuirait à la
planification stratégique et à notre capacité de mobilisation.» Mémoire de la
FTQ, maintenant : «Ce projet de loi semble exiger un vote unique sur l'ensemble
de la cotisation facultative, le nouvel article 47.0.3. Ainsi, une
personne salariée favorable à certaines dépenses dites facultatives mais
opposée à d'autres serait forcée de se prononcer pour ou contre le bloc entier
de la cotisation facultative.» Quand je vous dis que c'est le cauchemar administratif,
Mme la Présidente.
Je vous donne un cas de figure. Par
exemple, un syndicat... je vois... je pense, ici, là... les gens qui
travaillent à la cafétéria, en ce moment, ils sont en revendication, ils ont un
petit bandeau de la CSN quand on va chercher notre repas. Bon, un syndicat de
la CSN, il a son syndicat local, il est membre d'une fédération, dans ce cas-ci,
c'est probablement la Fédération du commerce, et il est membre de la CSN. Déjà,
ça fait trois paliers. Puis dans la CSN, il y a des conseils centraux, ça veut
dire que c'est une action politique régionale, sur toutes sortes de dossiers.
Ça fait que, dans le fond, il y a quatre instances, il y a quatre budgets :
section locale, section régionale, section fédérative puis confédérative. Ça
fait quatre budgets dont il faut calculer, potentiellement, la cotisation
facultative. Et faire quoi? Un genre de moyenne pondérée, qu'on va présenter à
l'assemblée annuelle au moins une fois par année, comme l'a dit le ministre? Puis
là, si jamais, mettons, une de ces quatre instances-là veut réagir à une
nouvelle action gouvernementale, qu'est-ce qu'il faut qu'elle fasse? Il faut qu'elle
espère qu'elle ait bien budgété ça? Il faut qu'elle ait deviné qu'il va y avoir
peut-être trois projets de loi problématiques cette année, peut-être deux? Woups!
on en a budgétées juste deux, puis là il y en a un troisième. Ah! désolé, on ne
peut pas faire de la <manifestation...
M. Leduc :
...faire
de la >manifestation parce qu'on ne l'avait pas prévu, parce que, pour
faire... il faudrait refaire une grande assemblée. Bon, bien, si c'est le
syndicat local, à la limite, ça se fait, mais si c'est la fédération, elle ne
va pas faire une autre tournée des assemblées générales de ses... je ne sais
pas, moi, soixantaines syndicats affiliés. Ça n'a juste pas rapport. C'est
complètement inopérant, ça, M. le Président.
On pensait que ce gouvernement
disait : Il faut que ce soit plus simple, les processus, au Québec, il
faut réduire la paperasserie. Là, il est en train de nous générer un truc
complètement cauchemardesque. Qui qui va lever la main, après ça, dans les
assemblées générales syndicales, pour dire : C'est beau, moi, je suis
volontaire pour devenir le trésorier de la section locale? Quelle... quelle
personne aurait cette... cette folie de lever la main dans ce contexte-là? Je
vais aller gérer un budget qui peut évoluer ou pas, il va falloir que je
reconsulte ou pas, avec des critères complètement flous, puis, à la prime, une
potentielle poursuite, jusqu'à 50 000 $ d'amende, que n'importe qui
dans le membership peut décider d'aller poursuivre. Il va aller monter ça, il
va aller voir le Tribunal administratif du travail, le Tribunal administratif
du travail va pitcher ça au DPCP : Envoie! Une belle poursuite!
Déjà que le milieu syndical, là, est
ankylosé par le fameux 47.2 qui oblige à défendre tout le monde, même les
harceleurs. J'avais essayé de convaincre le ministre, dans son précédent projet
de loi : Exempte les syndicats de défendre les harceleurs sexuels. Le ministre
a dit non. Déjà que c'est lourd, le 47.2 de toute nature, hein, sexuelle ou
pas, là c'est lourd, les 47.2. Bien, on en rajoute une couche. Là, on aura une
menace de poursuite ou une poursuite de n'importe quel membre qui ne va être
pas content de trois, quatre virgules, dans le budget, le budget local, le
budget central de la région, le budget de la fédération, le budget de la
confédération, puis on part en poursuites. Hallucinant, complètement
hallucinant. Après ça, le ministre dit : Non, non, non, je ne fais pas ça
contre les syndicats, je fais ça pour les syndiqués.
Tout ce processus-là délibératif en
assemblée générale, comme si ce n'était pas assez, se complexifie, M. le
Président. Dans son projet de loi, il impose un scrutin secret d'au moins
24 heures pour plusieurs votes, comme les votes d'élections, les votes de
grève, les votes de ratification. Ça dénature la démocratie syndicale puis ça
favorise l'ingérence patronale, parce que plus le processus est long, plus il
peut y avoir de l'influence externe, alors qu'en principe c'est prévu dans le
code qu'il n'est pas supposé y en avoir.
C'est quand même fascinant, ça. C'est
écrit dans le projet de loi : toute charge, toute charge syndicale. Ça, ça
veut dire que, par exemple, dans un centre de services scolaires X ou Y, dans
une petite école primaire, si la déléguée syndicale de l'école en question
part, par exemple, en congé de maternité, bien, il faut remplacer la déléguée
syndicale, il faut organiser un vote de 24 heures continues. Ça fait que
soit vous avez un volontaire qui va passer une nuit blanche dans un local de
l'école ou, on imagine, ça va être un vote électronique en ligne. Un vote
électronique en ligne, ça coûte de l'argent, Mme la Présidente, c'est quand
même des sous, là, c'est des bidous, là, ce n'est pas gratuit, un vote
électronique. Mais pourquoi il faut 24 heures d'un vote pour remplacer une
déléguée syndicale qui s'en va en congé de maternité? C'est lourd, c'est bien
trop lourd. Le ministre me fait non de la tête. C'est écrit «charge syndicale».
Être délégué syndical, c'est une charge syndicale, M. le ministre. Il va
falloir peut-être corriger ça, dans votre projet de loi. Parce qu'en principe
un comité pour préparer la retraite de Suzanne puis Michel, c'est un... c'est
une charge syndicale, ça aussi. Ça fait que, pour ça aussi, pour... un
comité... Pour remplacer quelqu'un sur un comité de retraite, bien, il va
falloir faire un vote de 24 heures. Encore une fois, on loue une salle
puis on a quelqu'un qui passe une nuit blanche, 24 heures en continu, ou
on fait un vote en ligne puis on dépense des milliers de dollars dans une
procédure de vote en ligne. Tout ça pour quoi? Il n'y en a pas, de problème
d'élection de charge syndicale dans le milieu syndical. Ce n'est pas un enjeu.
Ce n'est même pas un enjeu des trois maudites mêmes anecdotes qu'il ressort
tout le temps, le ministre. Ça fait que pourquoi on impose cette procédure
complètement abracadabrante pour quelque chose d'où il n'y a pas de problème?
Citation encore, je cite la FIQ :
«L'obligation de tenir des votes à scrutin secret sur une période de
24 heures. Cette situation forcerait la tenue de votes à l'extérieur des
assemblées générales. Pourtant, les assemblées générales sont les lieux de
prédilection où se transmettent les informations et se tiennent les débats.»
Autre citation, de Jean-Claude Bernatchez,
un expert en droit du travail : Une décision collective ne plaît pas
seulement... ne naît pas... Pardon. «Une décision collective ne naît pas
seulement du moment où l'on dépose le bulletin, il émerge d'un débat, d'un
échange, d'un contexte. Lorsque le vote est détaché de l'assemblée, il perd une
part de cette densité collective.»
C'est donc une surcharge logistique, une
énorme rigidité et des énormes coûts qui vont être imposés par le gouvernement
de la CAQ dans un milieu du travail qui, je le rappelle, ne vit pas une crise.
Trois petites anecdotes qu'on ressort ad nauseam, on n'appelle pas ça une
crise.
• (12 h 40) •
Encore une citation de la FIQ :
«Cette situation forcerait la <tenue...
M. Leduc : ...forcerait
la >tenue de votes à l'extérieur des assemblées générales. De plus, dans
plusieurs circonstances, le format prévu au projet de loi n° 3
s'avérera inadapté à plusieurs organisations et à la réalité locale, engendrant
ainsi des coûts supplémentaires importants pour tous les membres».
M. Bernatchez, de nouveau : «Les
syndicats devront consacrer davantage de temps et d'argent à la conformité
légale. Les petites unités risquent d'être débordées. Certaines devront
embaucher ou externaliser des services comptables, ce qui réduit leurs
ressources disponibles pour la mobilisation, la représentation ou la
négociation».
Je pense que c'est la CSN qui avait
utilisé l'image en commission, Mme la Présidente. Elle dit : Je sens... On
a l'impression qu'on se fait attacher dans... une main dans le dos par le
gouvernement, qu'on ne sera plus capables de se battre à armes égales avec nos vis-à-vis
patronaux. C'est ça, la job du ministre du Travail, en principe : c'est
d'être un peu l'arbitre entre le capital et le travail. Mais je le disais hier,
en période de questions, on a l'impression, depuis une couple d'années, là, une
couple de mois, que la CAQ est comme la tour de Pise, elle penche toujours un
peu plus d'un bord. Ça fait qu'il est en train de renoncer à ce rôle-là,
historique, du ministre du Travail, de trouver l'équilibre en attachant une
main dans le dos du milieu syndical.
Je parlais tantôt de la fameuse
transparence et des coûts disproportionnés. Il y a une nouvelle exigence de
transparence dans le projet de loi à travers des rapports détaillés, des audits
obligatoires. Puis ça a été dénoncé comme étant des choses redondantes,
excessivement coûteuses, visant principalement à épuiser les ressources des
petites organisations syndicales. Dans son projet de loi original, dans le
projet de loi n° 101, c'étaient des audits pour tout le monde. Mais des
audits, Mme la Présidente, ça coûte très cher. Puis d'ailleurs, des comptables,
il n'y en a pas tant que ça. C'est une pénurie. Vous allez sur le site de
l'Ordre des comptables du Québec, qui d'ailleurs n'a pas été invité en
commission malgré notre insistance... Quand on parle d'imposer des audits des
comptables à tout le Québec, là, à tous les syndicats, mais on n'invite pas les
comptables, l'Ordre des comptables, dommage. Au moins, ils ont écrit un
mémoire. On va aller lire ça avec attention. C'est des coûts disproportionnés.
Si vous êtes une petite accréditation syndicale, puis il y en a quand même de
nombreuses, Mme la Présidente... Le ministre, au début, c'était un audit pour
tout le monde. Ça n'avait aucun sens. Je suis allé le voir en privé. Ça, je lui
avais dit, ça n'a pas d'allure, il faut que tu changes ça. Il y a des... il y a
des petites accréditations qui vont faire banqueroute, qui vont fermer. Un
audit, là, comptable, ça coûte entre 8 000 $ et 10 000 $,
en moyenne, Mme la Présidente. Puis les syndicats locaux, là, de 15, 20, 30,
40 membres, ils n'ont pas ça dans leur compte de banque, 8 000 $
à 10 000 $. Ils font partie d'une grande centrale, ils ont accès à
des services. C'est ce qui fait que ça peut fonctionner, une petite
accréditation syndicale. C'est très précaire, très difficile. J'ai été
recruteur syndical longtemps. Démarrer et entretenir une petite section locale,
c'est tout un défi. C'est plus simple quand il y a un plus gros groupe, une
plus grosse usine, un plus gros milieu de travail, un plus gros bureau. Bien,
c'est possible d'en avoir, des petites accréditations, mais c'est dur. Si vous
leur imposez un fardeau comme ça, c'est garanti que ça va foirer. Mais là, dans
sa deuxième mouture, le ministre a dit : OK, d'abord, on va mettre comme
des paliers. De 0 à 50, pas besoin d'avoir d'audit. De 50 à 200, c'est une
mission d'examen, là, c'est comme la version un peu moins détaillée, puis 200
et plus, c'est l'audit complet. C'est déjà moins pire que la version originale,
mais c'est encore un énorme problème. Pourquoi? Parce qu'il y a des tonnes
d'accréditation. Moi, à 50, 60 membres, c'est encore une petite
accréditation, là. Mais là, tu as... tout à coup, ils sont dans la mission
d'examen. Ça aussi, ça coûte des sous, là, 5 000 $, 6 000 $
au moins. Ça pourrait, ça aussi, mettre en déroute plusieurs petites
accréditations.
Puis le problème d'y aller avec le nombre
de membres, il est le suivant, Mme la Présidente : les membres, ils font
du salaire différent, là. Un monteur de lignes d'Hydro ne fait pas le salaire
d'une serveuse dans un restaurant, là. Alors, le pourcentage, c'est souvent
alentour de 2 %, 3 %, une cotisation syndicale, entre 1 % et
3 %, grosso modo. 1 % à 3 % d'un monteur de ligne d'Hydro puis
d'une serveuse dans un restaurant, ce n'est pas la même... le même 1 % à
3 %, hein, n'est-ce pas? Ça ne donne pas le même chiffre. Alors, il y a
beaucoup de gens qui ont proposé de dire : À la place de faire ça,
allons-y avec le revenu du syndicat. Alors, ça, ça a un... ça fait en sorte
que, peu importe son milieu, si on y va sur le revenu, c'est plus réaliste.
J'ai senti le ministre à l'écoute. J'espère qu'il sera en mesure de nous sortir
de ce cauchemar sur cet aspect-là.
Citation encore, Syndicat des
métallos : «Cela signifie que les syndicats pourraient consacrer jusqu'à
24 % des cotisations perçues pour le paiement des coûts de vérification
comptable». Ces métallos, ça représente souvent un peu plus des moyennes et des
grosses accréditations. Mais, quand même, 24 % de votre budget pour payer
un comptable, c'est quand même capoté.
FTQ, cette fois : «Les petites
associations accréditées devront consacrer une partie démesurée de leur budget
pour se conformer à la loi. Prenons l'exemple d'une petite association
accréditée de 50 personnes : les membres devront consacrer environ
30 % de leur budget à une mission d'examen.»
Rapports financiers irréalistes et fardeau
de conformité, autre aspect : «L'exigence de présenter un rapport annuel
détaillé sur l'utilisation des ressources financières, incluant toutes les
dépenses de plus de 5 000 $ et les détails de la comptabilité est
jugée excessive et impraticable. Pour les grandes centrales, l'obligation de
présenter leurs états financiers à tous les membres affiliés est logistiquement
impossible.»
Citation de la CSQ : «Il est totalement
<irréaliste...
M. Leduc :
...impossible.»
Citation de la CSQ : «Il est
totalement >irréaliste qu'une fédération, une confédération ou une
centrale puisse présenter ses résultats financiers aux membres et aux syndicats
affiliés. Pour la CSQ, cela revient à présenter à 200 000, 225 000 membres.»
C'est beaucoup de gens. Ça fait beaucoup de papier, ça, Mme la Présidente, alors
qu'une alternative très simple existe déjà, de les mettre sur leur site
Internet. La CSN le fait déjà, n'importe qui, vous, moi, tout le monde peut
aller accéder... Sur le site Internet de la CSN, vous avez tous les états
financiers. Alors, ce serait une solution assez simple à mettre en place plutôt
que de se lancer dans un autre cauchemar administratif.
Citation de l'Ordre des conseillers de
ressources humaines agréés, CRHA : «L'obligation de divulguer tous les
détails de toute dépense supérieure à 5 000 $ est susceptible de
nuire aux entreprises et entrepreneurs qui fournissent des services à ces
organisations. Le nombre élevé de dépenses pouvant facilement atteindre ce
seuil rendra l'exercice interminable.» Là, là, l'Ordre des CRHA, là, c'est les
cadres, là, ce n'est pas les syndicats, ça, là, ils ont fait un mémoire
extrêmement bien rédigé. Ils ont toujours une position très modérée et très
intéressante, très nuancée. J'insiste pour que le ministre relise attentivement
ce mémoire-là en particulier, l'Ordre des CRHA. Il constatera qu'il fait faux
rousse... fausse route à bien des égards avec son projet de loi.
Beaucoup d'imprécisions dans le projet de
loi quant à des éléments qui sont vagues, imprécis ou inapplicables, qui
pourraient générer ce qu'on appelle un effet paralysant, en anglais on dit un
«chilling effect», parce qu'on ne sait pas trop dans quel univers on va jouer.
Je vous donne une citation de la FQPPU : «Comment les syndicats
peuvent-ils savoir quels sont ces sujets — les sujets de dépenses
facultatives, donc. Le projet de loi n° 3 ne fournit
aucune réponse. L'interdiction est en effet si imprécise qu'il n'est pas
raisonnablement possible de savoir d'avance quel comportement sera sanctionné
par les dispositions pénales qui y sont associées.» Les effets pénals, donc, je
le disais tantôt, c'est quand même classique d'avoir une amende pénale sur un
projet de loi, sauf que, là, quand même, 5 000 $ à 50 000 $
pour un manquement, dans un contexte aussi flou, c'est extrêmement stressant.
Je vous disais tantôt qu'il y a déjà une
chape de plomb sur le milieu syndical avec le 47.2 qui oblige à défendre tout
le monde, incluant les harceleurs sexuels, en raison que le ministre a refusé
mon amendement il y a un an, mais là on rajoute une couche de complexité. Là,
vous devez espérer que les critères flous de la facultative ne seront pas mal
interprétés par un membre, espérer que le TAT va essayer d'être raisonnable
là-dedans, espérer que le DPCP aussi va être... Je veux dire, c'est comme une
épée de Damoclès permanente sur la tête de toutes les organisations, d'une
petite organisation syndicale de 10 membres jusqu'à une grande centrale à
plusieurs centaines de milliers. Citation du SPGQ : «À l'évidence, des
sanctions financières lourdes entravent l'autonomie syndicale, en plus de
déséquilibrer davantage le rapport de force en défaveur des syndicats.»
Beaucoup d'autres éléments, Mme la
Présidente, que j'aurais abordés, mais le temps file, puis je veux me
concentrer sur l'essentiel de ce qui reste. Le Barreau du Québec a fait une
sortie très remarquée, je le disais en introduction, qu'il y a une menace de
dérive autoritaire avec le gouvernement sur plusieurs aspects de ses
interventions législatives récentes. Ils citent le projet de loi n° 3
là-dedans, plus particulièrement les cotisations dites facultatives, qui
fragilisent les contre-pouvoirs, qui tendent à limiter leur liberté d'action.
Moi, j'ai été, donc, un employé d'une
centrale. Je travaillais dans un service de recherche. C'est un gros bateau,
hein, une centrale syndicale, ça ne se revire pas sur un 10 cents, ce
n'est pas simple, c'est compliqué, c'est compliqué. Le ministre le sait, faire
bouger un ministère, faire bouger une société d'État, c'est compliqué aussi.
Bien là, si vous rajoutez une couche, puis une couche, puis une couche de
complexité, de flou administratif, vous fragilisez, vous ankylosez ce
contre-pouvoir-là. Ça adonne que le contre-pouvoir, il s'adresse à qui? Bien,
il s'adresse au pouvoir, il s'adresse à ce gouvernement. Ça fait que c'est
quand même assez spécial.
Moi, honnêtement, je suis surpris de cette
intervention-là. Je comprends que c'était dans les... dans les discours, puis
la loi n° 21, puis la FAE, puis ils n'étaient pas
contents, mais de là... de transformer ces discours-là en loi, je suis surpris
et je suis déçu. Je ne suis pas tout seul. Le Barreau du Québec est déçu. Même
la cour des droits de la personne et de la jeunesse... la commission, pardon,
des droits de la personne et de la jeunesse a écrit également un communiqué
très dur contre le gouvernement au sujet du projet de loi n° 3
aussi.
• (12 h 50) •
Ça m'a amené à une piste de solution. J'ai
tendu la main au ministre en début de semaine. Je lui ai dit : M. le
ministre, il y a une solution à tout ça. Tout le volet des cotisations dites
facultatives, c'est ça, le gros problème, le plus lourd, le plus scandaleux, à
mon avis, et qui est perçu comme la bougie d'allumage de ce mouvement qui naît
dans le milieu du travail. 50 000 personnes, Mme la Présidente, c'est
<beaucoup...
M. Leduc :
...Mme la
Présidente, c'est >beaucoup de gens dans une manifestation à Montréal.
Ça venait de partout au Québec, hein, j'ai vu des photos d'autobus de l'Abitibi,
le Bas-du-Fleuve, les Laurentides, la région de Québec, le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Ça venait de partout.
Que le ministre scinde son projet de loi
en deux. Oublions, là, l'histoire des cotisations facultatives pour l'instant,
ça mérite d'être fondamentalement retravaillé. Concentrons-nous sur le reste.
Les assemblées syndicales, il y a peut-être de quoi à faire comme compromis, il
y a des pistes de solution. La question des états financiers, il y a de quoi à
faire, il y a des pistes de solution, il y a des compromis. Le ministre a déjà
bougé par rapport à ça, il peut bouger encore, il va le faire, je suis
confiant. Travaillons là-dessus puis essayons de trouver une piste
d'atterrissage pour ce volet-là.
La CSQ disait : Oui à la
transparence, non à l'ingérence. Je trouvais que ça résumait bien la situation
du projet de loi n° 3. Tout le monde est pour la transparence. Pas pour
rien, d'ailleurs, qu'il y avait un sondage Léger, je pense, qui a été sorti à
quelques jours du dépôt du projet de loi, qui demandait : Les gens, est-ce
que vous êtes d'accord avec le projet de loi pour la transparence, pour plus de
transparence? Bien oui, tout le monde est d'accord avec la loi, de plus de
transparence, mais ce n'est pas ça que ça fait. Ça ne réglera pas les scotchs à
50 $ de la FTQ-Construction. Ça ne réglera pas lesdites
assemblées-fleuves. Il n'y a rien là-dedans qui règle les assemblées-fleuves.
Ce n'est pas le ministre qui va commencer à aller se pointer dans une assemblée
pour dire : C'est beau, minuit, on ferme, terminé, vous avez assez
débattu, hein? On s'entend que ce n'est pas ça qui va arriver. Ce sera encore
moins un inspecteur de la CNESST qui, au nom du ministre, va aller fermer la
lumière d'une salle d'assemblée générale à minuit et deux, minuit et trois,
parce que, là, c'est fini. Ça ne marchera pas de même.
Alors, toujours les mêmes anecdotes. Ça ne
règle... le projet loi ne traite pas de ces anecdotes-là. Un avertissement du
Barreau, un avertissement de la Commission des droits de la personne, une
proposition, donc : on scinde. C'est le temps de le faire. Ça peut être
fait aujourd'hui, ça peut être fait demain, c'est encore possible, selon la
procédure. On laisse faire les cotisations facultatives, on en reparlera, si
c'est son désir, mais il faut que ce soit retravaillé, et on travaille ensemble
dans le reste de la matière. Il y a des compromis à faire là-dessus. Il y a des
amendements à faire là-dessus.
Au regard de l'économie générale, Mme la
Présidente, de ce projet de loi là, je ne vois aucune autre solution que de
voter contre son principe. Il y a bien d'autres choses à faire en droit du
travail, prioritairement, que faire cette drôle de réforme qui ne règle aucun
problème, qui risque d'en accentuer beaucoup, d'en générer artificiellement beaucoup.
Je suis inquiet de ce virage de ce gouvernement-là.
Je disais hier, à la blague, que je ne
reconnais plus mon ministre du Travail. On a fait 14 projets de loi
ensemble, ce sera notre quinzième, je pense, celui-là. Le précédent, sur le
droit de grève, je ne le reconnaissais pas. Cette intervention-là, sur les
cotisations et la démocratie syndicale, je ne le reconnais pas. L'autre qu'il
est en train de préparer pour abolir la Loi sur les décrets de convention
collective, dont j'ai coulé également le document la semaine dernier... la
semaine dernière, pardon, je ne le reconnais pas plus.
Alors, je l'invite à retrouver et à
remettre ses habits d'arbitre qui recherche l'équilibre et retrouver la paix
industrielle au Québec, à éviter, de grâce, une grève sociale qui est en train
de tranquillement se construire. Personne ne souhaite ça. Scindons le projet de
loi, concentrons-nous sur l'essentiel, et on retravaillera le reste plus tard.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Saint-Jérôme.
M. Youri Chassin
M. Chassin :Merci, Mme la Présidente. L'adoption de principe du projet
de loi n° 3, qui est, donc, Loi visant à améliorer la transparence, la gouvernance
et le processus démocratique de diverses associations en milieu de travail ou de syndicats, bien, c'est un titre très similaire à un autre
projet de loi, Mme la Présidente, un projet de loi qui ne porte pas le n° 3,
mais le n° 993, et que j'ai déposé en avril dernier, question, dans le
fond, évidemment, de répondre à des besoins, à des principes fondamentaux des
travailleurs syndiqués, Mme la Présidente.
Et je crois qu'il y a... En fait, il n'y
aura pas de suspens sur la question du principe, Mme la Présidente, je compte
voter en faveur du projet de loi n° 3 et j'invite mes collègues à le
faire.
Évidemment, c'est un premier pas. C'est
loin d'être suffisant, Mme la Présidente, mais loin d'être suffisant. Non
seulement j'ai suggéré quelques pistes que le ministre connaît très bien, mais
j'aimerais quand même rappeler que ça fait longtemps qu'on <débat...
M. Chassin :
...que ça fait longtemps qu'on >débat de ces
questions parce que les syndicats, les grandes centrales syndicales en particulier,
mais les syndicats en général...
Et j'ai trouvé très intéressant d'écouter
le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vraiment, le collègue a de la verve. Puis il
parle beaucoup des syndicats versus les employeurs, de l'exécutif syndical.
Mais si on parle des travailleurs syndiqués, Mme la Présidente, bien souvent,
malheureusement, il y a une soif de démocratie, il y a une soif de
transparence, puis ce n'est pas toujours le cas. Alors, non seulement j'ai fait
des propositions dans le projet de loi n° 993, on en a reçu aussi, des
propositions, en consultations particulières, puis, au lieu de faire, comment
dirais-je, ma structure d'intervention selon le projet de loi n° 3,
j'aimerais plutôt qu'on se pose la question fondamentale : Pour qui et
pourquoi on propose des mécanismes, on propose des changements, notamment au Code
du travail?
Évidemment, quand on... quand on propose
de la transparence... Puis là-dessus, je vais être d'accord avec le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve,
il y a clairement un a priori positif pour la transparence. Tout le monde est
pour la transparence. Et je vais être très honnête, Mme la Présidente, il y a
certainement des raisons, parfois, pour que certaines informations plus
sensibles ne soient pas divulguées. Est-ce qu'un syndicat, par exemple,
souhaiterait conserver de manière confidentielle le montant de son fonds de
grève? Peut-être. Moi, je pense qu'il faut être ouverts à ça. D'accord. Est-ce
qu'il y a certains éléments qui peuvent être, un peu comme pour les entreprises,
hein, de nature, par exemple, à être sensibles pour la compétition ou pour,
justement, l'employeur?
Moi, je pense que la transparence, ce
n'est pas nécessairement un absolu, mais, à coup sûr, ici, on pourrait aller
beaucoup plus loin. Pourquoi? Parce que le projet de loi n° 3 fait très
peu. En fait, on parle de vérifications, et je pense que c'est important, en
fait, d'avoir quelqu'un de l'externe qui regarde la rigueur de la gestion des
finances du syndicat, et je vais citer quelques cas qui me paraissent probants,
mais, à tout le moins, il faut réfléchir au fait que, dans le Code du travail actuel,
il y a une obligation des syndicats de donner des copies d'états financiers aux
syndiqués qui le demandent, et le projet de loi n° 3 fait la même chose.
C'est simplement que les états financiers sont vérifiés.
Bien, quand une déléguée syndicale dans le
milieu de l'éducation demande à un syndicat de l'éducation, en Montérégie,
copie des états financiers, mais qu'elle doit s'adresser aux tribunaux pour les
obtenir, alors que c'est codifié dans la loi, alors qu'il y a obligation de
l'association syndicale de donner ses états financiers, bien, à l'évidence, ce
n'est pas suffisant. Moi, je pense que c'est, malheureusement, un objet de
pression pour certains exécutifs syndicaux de dire : Bien, pourquoi un
syndiqué me demanderait des états financiers? Je les ai présentés, j'en ai
parlé.
Mais quand on découvre, par exemple,
que... et ce n'est pas nécessairement illégal, hein, mais ça peut être
questionnable parfois, quand on découvre, par exemple, que la FIPOE a fait un
prêt à Tony Accurso, puis qu'on n'y voyait pas trop de problèmes, on a même
récidivé quelque temps après, bien, je ne sais pas, il me semble que moi, ça...
ça me pose des questions, parce que c'est dans le cadre de tout ce qu'il y a eu
comme travaux autour de la commission Charbonneau que cette histoire-là est
sortie. Je pense à Hélène Buzzetti, du Devoir, une journaliste
chevronnée qui a effectivement mis à jour un versement d'un syndicat canadien
pour l'organisation d'un congrès du WNPD, un parti politique canadien. Elle l'a
su par les États-Unis.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député de Saint-Jérôme, à ce stade-ci, nous devons
terminer les travaux. Est-ce que vous allez reprendre à nos... au retour, à
15 heures?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Parfait. Donc, j'en conviens avec vous que vous allez
revenir.
Donc, compte tenu de l'heure, les travaux
sont suspendus jusqu'à 15 heures. <Merci...
>
13 h (version révisée)
<15399
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : ...jusqu'à 15 heures. >Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 heures)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, bon après-midi, collègues, prenez place, nous allons poursuivre nos
travaux.
Nous étions rendus à l'article 2 du
feuilleton, où l'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la transparence, la gouvernance
et le processus démocratique de diverses associations en milieu de travail.
Nous étions arrivés à l'intervention du collègue de Saint-Jérôme. Sans plus
tarder, je cède la parole à M. le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :Merci, M. le Président. Alors, sur ma lancée, comprenez que
je ne reviendrai pas sur les premiers points, mais j'en étais à parler de la
transparence, M. le Président, pour dire que c'est un principe fondamental,
pour dire aussi qu'on est tous en accord avec le principe de la transparence,
mais, encore, la transparence envers qui? Alors, je le disais, à chaque fois,
il faut se poser la question : Pour qui, pour quoi on fait ces changements?
Pour qui et pour quoi, la transparence? Certes, pour les syndiqués, mais pour
que les syndiqués aient accès à une transparence sans avoir à requérir des
copies d'états financiers d'un syndicat dont ils font partie et auquel ils paient
des cotisations de manière automatique et obligatoire. Et c'est ça, la formule
Rand, rappelons-nous.
Donc, à mon avis, quand on a... puis là je
vous cite une école de philosophie que vous connaissez certainement bien, M. le
Président, quand on a de grands pouvoirs, on a aussi de grandes responsabilités.
Alors, c'est évidemment l'oncle de Peter Parker qui dit ça, c'est dans Spider-Man.
Je suis certain qu'il y a d'autres philosophes avant lui qui l'ont dit. Mais, à
mon avis, c'est exactement le cas devant lequel on se retrouve. Quand on a des
associations de travailleurs, donc des syndicats, qui ont ce pouvoir immense d'obliger
un employeur à prélever automatiquement sur les paies des employés syndiqués
des cotisations syndicales qui sont remises, c'est un pouvoir de taxation
délégué, M. le Président, c'est l'équivalent de toutes les cotisations sociales
qui sont effectivement déduites de notre chèque de paie, quand on est salarié,
et qui, effectivement, partent avant même qu'on voie, là, dans notre compte, qu'on
a reçu un montant d'argent. Quand on est une organisation syndicale, on doit
cette transparence à nos travailleurs et, à mon avis, pas seulement en
assemblée générale, mais on doit aussi une transparence à la société qui nous a
donné ce pouvoir-là. Et, pour moi, c'est particulièrement important.
Le premier ministre, dans son discours d'ouverture,
parlait, en plus, d'autres liens, dont des crédits d'impôt puis des
possibilités, là, de déduire, par exemple, les revenus d'un fonds de grève
de... de son revenu, pour ne pas payer d'impôts. Alors, évidemment, il y a des
exemptions comme ça qui font qu'il y a des liens organiques que la présidente
de la FTQ n'a pas nécessairement reconnus, mais... quand j'ai posé la question.
Mais je crois que la population, au Québec, le reconnaît.
Alors, évidemment, on a eu un sondage
Léger-Le Journal-TVA, au début du mois de novembre, qui nous parlait de
plus de la moitié, en fait, plus d'un Québécois sur deux qui pense,
effectivement, que les états financiers des syndicats devraient être non
seulement vérifiés, comme le propose le projet de loi n° 3, mais rendus
publics. Et c'est quelque chose qui se fait. Alors, évidemment, je félicite
ceux qui le font, ici, volontairement, ça existe, notamment la CSN. Mais, quand
Hélène Buzzetti, du Devoir, découvre une histoire d'une... d'un syndicat
canadien qui a donné... puis là peut-être une erreur de mauvaise foi, mais qui
a quand même donné des sommes pour l'organisation d'un congrès du NPD, en
contravention de la Loi électorale du Canada, donc on parle vraiment d'un
syndicat canadien, mais affilié à l'international, qui a donné à un parti
politique canadien... Et où est-ce qu'elle a trouvé la validation de cette
donnée? Au Department of Labor of United States of America. Parce que, là-bas,
ils rendent des comptes.
Alors, qu'est-ce que c'est que d'ajouter
la possibilité pour les syndiqués d'aller chercher en ligne des états <financiers…
M. Chassin :
...parce que, là-bas, ils rendent des comptes. Alors, qu'est-ce
que c'est que d'ajouter la possibilité pour les syndiqués d'aller chercher en
ligne des états >financiers? Ça m'apparaît relativement simple, surtout
si c'est public, si, par exemple, il y a une obligation de tous les syndicats
de transmettre copie de leurs états financiers au ministre du Travail, qui les
rend publics. Ça me semble simple et ça répond aux besoins de ceux pour qui on
fait ce projet de loi là.
On parle de transparence, on parle de démocratie,
et j'entendais le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve dire : Nommez-moi une
organisation plus démocratique qu'un syndicat, où on est... Bien, désolé, mais
il y a un fondement de la démocratie qui n'est pas respecté. Et j'écoutais les
consultations particulières avec fascination et intérêt, et j'ai entendu le
ministre aussi poser une question sur le vote secret dans certaines
circonstances, avec des modalités de gouvernance, par exemple un
24 heures, est-ce que ce n'est pas normal, disait-il... puis là j'y vais
de mémoire, M. le Président, mais est-ce que ce n'est pas normal qu'à des
moments importants de la vie d'un syndicat il y ait vote secret, puis de
citer... par exemple, pour entériner un mouvement de grève, pour approuver une
convention collective, pour élire des exécutifs syndicaux, par exemple? Bien
oui, tout à fait. Mais je ne pouvais pas me retenir, M. le Président, je
trépignais de l'autre côté, en commission parlementaire, sur mon siège, en
disant : Puis l'accréditation syndicale, on forme un syndicat et on ne
demande pas aux travailleurs d'avoir ce moment, en leur âme et conscience,
derrière un isoloir pour pouvoir voter ce qu'ils sentent. Et je ne dis pas
qu'il y a une bonne réponse et qu'il y a une mauvaise réponse. Je suis tout à
fait conscient aussi, parce qu'il ne faut pas être naïf, M. le Président, qu'il
peut y avoir des pressions de certains employeurs, d'où l'isoloir, et il peut
aussi y avoir des pressions de certains syndicats, d'où l'isoloir. Le vote
secret, c'est ce qu'on utilise pour élire des députés puis des collègues ici.
Il me semble que c'est la moindre des choses pour instituer un syndicat, et
c'est une question de principe. On adopte le principe du projet de loi
n° 3. Il me semble que c'est la moindre des choses, lorsqu'on constitue un
syndicat, d'avoir ce vote secret.
Outre les nécessités de la transparence et
de la démocratie syndicale, j'attire quand même l'attention de cette Assemblée
sur une question qui, moi, me touche beaucoup. Dans le projet de loi
n° 993, donc pas le projet de loi n° 3 mais celui que moi, j'ai fait
sur les pratiques syndicales plus transparentes et démocratiques, j'ai mis ce
que j'appelle une clause Michel Jutras. Et puis, évidemment, mon but n'est pas
de politiser un horrible événement mais de rappeler que, malgré les ordres de
la cour, malgré une injustice flagrante, ce débardeur-là s'est rendu jusqu'à
l'extrême et s'est enlevé la vie devant une force d'intimidation d'un syndicat
qui lui faisait un procès syndical, en fait, menaçant essentiellement de lui
retirer le membership, et il n'aurait donc plus été membre du syndicat, et
c'est ce membership qui lui permet de travailler comme débardeur.
• (15 h 10) •
L'obligation d'être membre d'une
association de travailleurs pour travailler, ça m'apparaît aberrant, M. le
Président, parce que l'association, c'est une liberté fondamentale, et, si on
est libre de s'associer, ça doit nécessairement dire qu'on est libre de ne pas
s'associer si l'on ne le souhaite pas. Pour moi, quand on parle de libertés fondamentales,
on ne demande pas grand-chose, on demande simplement qu'un... un respect, des
gens qui nous entourent, d'une décision qui est la nôtre et qu'il n'y ait pas
de coercition. Il me semble qu'une clause Michel Jutras, quand on se pose la question,
pour qui, pour quoi on touche au <Code du travail...
M. Chassin :
...il me semble qu'une clause Michel Jutras, quand
on se pose la question pour qui, pourquoi on touche au >Code du travail,
pour le ministre, pour ce gouvernement, pour toute cette Assemblée, ça devrait
aller de soi.
Sans rentrer dans les détails, M. le
Président, j'étais déçu aussi qu'on n'aille pas plus loin en termes de
modifications, parce qu'évidemment le Code du travail, c'est une chose, mais en
termes de modifications de la loi R-20 dans l'industrie de la construction.
À tout le moins, j'espère qu'on va pouvoir réfléchir et se débarrasser d'un
très vieux vestige, M. le Président, les décrets de convention collective.
Le gouvernement précédent, en 2018, a
proposé un projet de loi pour mettre fin aux décrets de convention collective
et que cette responsabilité soit dévolue à un organisme en particulier pour un
certain nombre d'aspects. Parce qu'effectivement il peut y avoir des régimes de
retraite, il peut y avoir des éléments qui doivent subsister, mais, à la fin,
des comités paritaires dans certaines régions, pas dans d'autres, avec une
obligation, avec des inspections... Je ne pense pas, M. le Président, que le
Québec soit à ce point différent qu'on ait absolument besoin d'un système qui
n'est même pas adapté à notre propre régime de relations de travail. C'est
notamment, c'est donc... ce n'est pas qu'un anachronisme, là, c'est notamment
ce qui a fait dire à la FCEI qu'il était temps, puis c'est quelque chose qui,
je pense, après sept ans, aurait dû être fait depuis longtemps. Mais là on a
une occasion.
Alors, est-ce que le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve,
qui a des bonnes entrées au ministère du Travail, a raison, puis il y a quelque
chose qui s'en vient? Peut-être. Moi, je ne sais pas. Dans le projet de loi
n° 101, il y avait la transparence des syndicats, on l'a repoussée au
projet de loi n° 3. J'espère qu'on va l'adopter cette fois-ci, mais
j'aimerais ça qu'on l'adopte plutôt tôt que tard.
Et évidemment, pour moi, l'urgence, elle
vient aussi du fait que ça fait tellement longtemps, M. le Président, qu'on a
une perception des syndicats comme étant une puissance, parfois positive, parce
qu'ils ont leur rôle à jouer en société... En fait, je dis à la blague que je
ne suis pas antisyndicaliste, M. le Président, je suis altersyndicaliste, parce
qu'évidemment j'en connais, des syndicalistes qui ont le respect du processus,
de la transparence, de la démocratie et qui voient qu'il y a une nouvelle façon
de faire. Cette nouvelle génération-là, elle va transformer les syndicats de
l'intérieur, moi, j'ai confiance, mais, en attendant, il faut leur donner les
outils et puis accélérer le mouvement.
Et, quand je vois que, dans le Manifeste
pour un Québec lucide, il y a maintenant plus de 20 ans, on parle
justement d'un discours social québécois qui est dominé par des groupes de
pression de toutes sortes, dont les grands syndicats, qui ont monopolisé le
label «progressiste» pour mieux s'opposer aux changements qu'impose la nouvelle
donne, je me dis : On n'a pas avancé beaucoup. Il est temps, M. le
Président.
Puis c'est le message que je lance au
gouvernement et au ministre. Je pense que, quand on est très, très, très choqué
du peu de choses qu'il y a dans le projet de loi n° 3, bien, savez-vous,
on ne peut pas se choquer beaucoup plus si on fait vraiment les changements qui
sont nécessaires. Pour qui? Pour quoi? Bien, pour des principes qui répondent à
la demande des syndiqués, des contribuables et de l'ensemble des citoyens du
Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Saint-Jérôme. Nous poursuivons toujours l'adoption du
principe du projet de loi n° 3. Et je reconnais Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Je suis contente d'être là, me lever, prendre la parole pour émettre
quelques opinions, quelques constats sur le projet de loi n° 3 qui vise à
encadrer l'utilisation des cotisations syndicales qui dépasse la mission d'un
premier... en fait, la mission première d'un syndicat. Je voulais intervenir
absolument, non pas parce que j'en étais obligée, parce que mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
maîtrise très, très bien l'ensemble des tenants et des aboutissants qui sont
devant nous aujourd'hui, mais comme, disons, aînée, je voulais qu'on se <rappelle...
Mme Massé :
...très,
très bien l'ensemble des tenants et des aboutissants qui sont devant nous
aujourd'hui, mais, comme, disons, aînés, je voulais qu'on se >rappelle
collectivement que ce qu'on tente de démoniser comme étant les syndicats, comme
vient de le faire mon collègue de Saint-Jérôme, c'est, dans les faits, du monde
bien ordinaire, du monde bien ordinaire, parce qu'il faut se rappeler que, pour
être un élu au niveau syndical, dans les différentes structures, et elles sont
multiples, et elles sont diversifiées, et elles sont démocratiques, c'est que...
c'est des gens qui, à la base, occupaient un emploi dans le secteur d'emploi en
question, alors ce qui fait que, et c'est extraordinaire... beaucoup plus
diversifié qu'ici, au parlement du Québec.
Il y a, dans le monde syndical, des gens
qui viennent de toutes sortes de corps de métiers, parce que, c'est ça, ils
représentent le syndicat de boutique de tel commerce, parce qu'ils
représentent, au contraire, la fonction publique du Québec, parce qu'ils ou
elles représentent un gars de la shop Unetelle. C'est ces gens-là qui, choisis
par leurs membres, deviennent des élus, et donc les porte-parole de ce qui,
ici, est appelé comme étant les syndicats.
Alors, j'avais envie d'intervenir parce
que, dans l'histoire du Québec, moi, comme femme, je suis capable de voir et de
comprendre que, sans le soutien majeur des organisations syndicales, de leurs
membres... je pense que le Québec ne serait pas là où il a été, parce qu'on
tend beaucoup à le déconstruire, là où il a été pendant plusieurs années et où
je pense encore, comme solidaire, qu'on est capables de rester, dans cette
vision d'un Québec qui prend soin de tout son monde.
Tu sais, vous savez, M. le Président, les
gens syndiqués au Québec, là, sont globalement, grosso modo, 40 % de la
population. Quand ces gens-là luttent pour le 60 % sur la question du
salaire minimum, ils sont en train de prendre soin du monde. Ils ne sont
peut-être pas en train de négocier, comme ça, les yeux fermés, leur convention
collective, mais ils sont en train de s'assurer que d'autres Québécois et
Québécoises, qui n'ont pas la chance d'être syndiqués, vont pouvoir avoir un
salaire minimum qui permet minimalement de pouvoir vivre, d'avoir un salaire
viable.
Quand le mouvement des femmes, que ce soit
avec Madeleine Parent, a dit... a dénoncé les conditions, bien sûr, de travail
à l'intérieur des shops de textile, mais les conditions des femmes de façon
générale, je me rappelle que c'était une bonne idée qu'il y ait du monde, dans
les années 50, des femmes, des hommes syndiqués, qui prenne soin du reste de la
population du Québec, puisqu'on était écrasés, littéralement, par... Disons que
le rapport de force n'était pas très grand parce qu'ils... on était en
déséquilibre de rapport de force avec les possédants, avec les employeurs,
notamment, quand on n'était pas syndiqués.
• (15 h 20) •
Alors, moi, j'ai beaucoup de difficultés à
voir le monde syndical, les organisations syndicales comme étant des gens qui
nuisent à quelque chose. Qu'il y ait, à l'intérieur de ça, du monde qui fout la
marde, j'en suis. Il y en a partout, ça existe partout. Qu'il y ait, là-dedans,
du monde qui ne respecte pas les règles émises par leurs propres membres, je
m'excuse, c'est plate, là, mais ça existe partout. Bien, la démocratie, ce
qu'elle permet, c'est, <justement...
Mme Massé : ...propres
membres, je m'excuse, c'est plate, là, mais ça existe partout. Mais la
démocratie, ce qu'elle permet, c'est >justement, au bout d'un certain
temps, tout dépendamment du nombre d'années que les mandats ont été donnés, de
pouvoir dire : Bien, toi, bye! Ça s'appelle une élection. C'est ça, la
démocratie.
Alors, qu'est-ce que le gouvernement du
Québec, en laissant très bien entendre, et il n'est pas le seul, on les a
entendus, les gens des autres partis... laisse très bien entendre au reste du
Québec que, dans le fond, si on fait cette loi-là, là, c'est parce que,
vraiment, il y a des problèmes chez les syndicats, puis on veut protéger les
travailleurs. Je suis désolé, là, mais ceux qui protègent les travailleurs,
c'est les syndicats, c'est le monde syndical. C'est eux autres qui ont fait en
sorte que les conditions de travail s'améliorent pour tout le monde. Ce sont
eux autres qui ont fait en sorte, main dans la main avec le mouvement des
femmes, avec les groupes communautaires, qu'enfin il y ait une loi sur l'équité
salariale, parce que... Pas parce qu'à l'intérieur de leur mandat, mission
première, c'était écrit qu'il fallait qu'ils s'occupent des femmes. Non. Il
fallait qu'ils négocient des conventions collectives, oui, oui, mais,
justement, avant-gardistes, visionnaires, mais surtout pour un monde meilleur,
pour les gens qui n'ont pas le gros bout du bâton, M. le Président.
Puis c'est à ça que ça sert d'avoir un
syndicat ou d'avoir... ce qu'a dénoncé mon collègue de Saint-Jérôme, d'avoir
des décrets qui permettent au monde qui ne l'ont pas, ce rapport de force là,
parce qu'ils sont de simples travailleurs, travailleuses... bien, c'est de
créer un rapport plus égalitaire et donc de pouvoir faire en sorte que ce n'est
pas toujours ceux qui ont le gros bout du bat qui s'en sortent, mais que, de
façon globale, on est capables du, genre... de respecter un peu le contrat
social que, quand tu as travaillé 40 heures, tu es capable de subvenir aux
besoins de ta famille.
Alors, je voulais venir rappeler... Puis,
pour ce qui est de la transparence, puis tout ça, bien sûr qu'on en est. Mais,
quand le gouvernement du Québec, alors qu'il y a 10 000 personnes et
plus qui dorment dans la rue, alors qu'il y a du monde au salaire minimum qui
ne mangent pas à leur faim, qui ne sont pas capables de se payer un logement,
parce que le tiers des locataires n'arrivent plus à joindre les deux bouts, ça
inclut largement la classe... les gens de la classe moyenne, parce qu'il y a un
enfant sur quatre, dans nos écoles, qui ont faim... Bien, moi, je pense que le
modèle québécois de syndicalisme, il est, bien sûr, à parfaire, mais je pense
qu'il y a une partie du monde qui le font aussi régulièrement, mais il est
aussi à reconnaître la contribution sociale. Puis moi, bien, comme féministe,
je reconnais, et comme lesbienne aussi, leur contribution sociale.
Alors, je comprends mon collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve qui dit : Écoutez, dans le fond, là, si on se
concentrait sur les deux premiers axes, au niveau de la transparence, au niveau
de la gestion, si on se concentrait là-dessus, on pourrait avancer. Parce que
l'autre côté, qui est toute la question des cotisations syndicales, quand on
amène la dimension facultative, c'est comme si on disait : Les syndicats,
vous autres, vous êtes juste là pour s'occuper des conditions de travail de
votre monde, puis, s'il y a deux... deux accréditations syndicales à la même
place, surtout, n'écoutez pas les autres, parlez-leur pas, vous autres, vous
êtes juste pour ce monde-là. Alors que, sincèrement, le rôle de... qui insuffle
à la société québécoise du positif, c'est aussi un rôle, à mon sens, du monde
syndical, du monde du travail. Comme je vous dis, quand on se bat pour le
salaire minimum, quand les syndicats mettent l'épaule à la roue, au sens de la
loi du ministre, ça fait partie des contributions facultatives, mais, pour moi,
ce n'est pas facultatif. Déjà, quand tu n'es rien qu'à 15 $ de l'heure, tu
as de la misère à payer ton loyer, à payer ta bouffe, il faut que tu coures
dans les banques <alimentaires...
Mme Massé :
...déjà,
quand tu n'es rien qu'à 15 $ de l'heure, tu as de la misère à payer ton
loyer, à payer ta bouffe, i
l faut que tu coures dans les banques >alimentaires,
ça, c'est sans compter l'ensemble des autres gestes que tu dois poser pour
survivre, une chance qu'il y en a d'autres qui s'occupent à faire de la
pression pour que tu puisses avoir un salaire digne de ce nom.
Alors, moi, je regarde... juste au niveau
des femmes, je pense à la coalition du 8 mars, tu sais, pas plus tard que
dernièrement, là, on vient, ici, d'adopter une motion qui reconnaît
l'importance des 12 jours de lutte contre la... contre les violences
faites aux femmes. Bon, dans la motion, c'était écrit le Conseil du statut de
la femme, mais attendez, là, c'est bien plus que ça, c'est la coalition. Même
chose pour les thèmes du 8 mars, leur assemblée.
Donc, les femmes du Québec ont fait des
gains depuis 1975 parce qu'il y a des coalitions de femmes qui se rassemblent.
On parle, bien sûr, de la marche Du pain et des roses, c'est une chose,
la Marche mondiale des femmes, c'est une autre chose, mais, à chaque année, il
y a une vaste coalition dans laquelle les syndicats jouent un rôle majeur, parce
que les groupes communautaires, là, avec leurs mains... leurs maigres revenus,
n'arrivent pas à faire le travail nécessaire, n'ont pas les moyens financiers
de faire le travail nécessaire pour faire de la sensibilisation, de
l'éducation, faire... louer des autobus pour aller, par exemple, voilà quelques
semaines-«ish», mois, ici, au rassemblement de la Marche mondiale. Si on
n'avait pas eu la participation des syndicats, on n'aurait pas été 20 000
dans la rue. Puis là ça aurait été facile pour le gouvernement de dire :
Bon, bien, il y a... ça n'intéresse pas... ça n'intéresse pas personne de
parler des droits des femmes puisqu'ils étaient 18 ans la rue. Bien oui,
mais c'est parce qu'on a du soutien, notamment du monde syndical, qu'on est
capables d'y arriver.
Puis... puis pas rien que là. Je repense à
nos droits au niveau des personnes LGBTQIA2S+. Les syndicats, là, que ce
n'était pas dans leur mission première, mais, quand ils ont décidé de
s'investir pour protéger les gens plus exclus de notre société, dont notamment
les gens de la diversité de genre, diversité sexuelle, certains pourraient
penser : Bien, voyons donc! Pourquoi ils paient pour ça de leur poche, les
travailleurs paient pour ça de leurs poches? Bien, peut-être parce que leur
enfant sera une personne trans et qu'ils seront contents qu'il y a eu des profs
à la FAE pour les défendre. Peut-être parce que même leur propre conjoint
deviendra peut-être une personne qui va s'assumer dans son identité de genre,
deviendra peut-être une personne non-binaire, puis cette personne-là sera
contente que le monde syndical aura défendu le respect des personnes au sens de
la charte des droits de la personne du Québec.
Alors, l'idée de la cotisation principale,
facultative, moi, je trouve que c'est brouiller les cartes, parce que, dans les
faits, on ne sait jamais, M. le Président, quand on a besoin de plus grand que
nous parce qu'on est abandonnés dans nos enjeux, nos défis. Et nous les femmes,
on en sait quelque chose. Et nous les personnes LGBT, on en sait quelque chose.
• (15 h 30) •
Alors, je pense que mon collègue
d'Hochelaga a ouvert une piste, qui est celle de scinder le projet de loi pour
s'assurer que la dimension des cotisations principales et facultatives soit
retirée du projet de loi. Je sais que c'est une proposition qui vient de
l'extérieur. J'ai cru comprendre ma collègue de Bourassa-Sauvé... j'ai cru
comprendre qu'elle disait que c'était une bonne idée. Jamais elle n'a nommé que
Québec solidaire avait eu une bonne idée, là, mais que, dans le fond, si on
excluait ça, ça serait une bonne idée. Même chose du côté de mon collègue de Jean-Talon.
Je pense que probablement que mon collègue de Saint-Jérôme, lui, il ne serait
pas d'accord avec ça, mais... mais je pense qu'il y a là une piste, il y a là
une piste pour pouvoir aborder et faire avancer ce qui semble être la préoccupation
vraiment importante pour le <ministre...
>
15 h 30 (version révisée)
<15421
Mme
Massé :
...aborder et faire avancer ce qui semble être la
préoccupation vraiment importante pour le >ministre, qui est la question
de la transparence, et, après ça, remettre... remettre en perspective qu'une
cotisation syndicale, ce n'est pas juste pour ton salaire que tu as ici, mais c'est
pour qu'il y ait moins de monde dans la rue aussi, c'est pour que les femmes
voient leurs droits respectés, c'est pour que les personnes LGBT sentent qu'ils
peuvent exister dans cette société qui dit les accueillir.
Et j'ai trouvé cette semaine un papier de Mme
Louise Harel, qui a quand même été en cette enceinte pendant 28 ans, qui m'a
touchée beaucoup puis qui parle, justement, de cet article 7 sur les
cotisations. J'aimerais ça, si vous me permettez, pouvoir la lire, en lire un
extrait. Alors, Mme Harel dit : «À l'article 7, le projet de loi introduit
une distinction entre cotisation principale et cotisation facultative, comme si
la première était légitime dans le cadre de la négociation et de l'application
d'une convention collective, et la seconde, superfétatoire, associée à la
participation à un mouvement social ou politique.» Donc, il y en a une bonne,
puis il y en a une moins bonne. En tout cas, «perfétatoire», c'est un très beau
mot, j'imagine que plusieurs personnes qui m'écoutent vont devoir faire comme
moi puis aller lire qu'est-ce ça veut dire. Alors, ce que la ministre... ce que
Mme Harel nous dit, c'est que, dans cette loi... Puis elle donne l'exemple, d'ailleurs,
Du pain et des roses, puis, comme vous le savez, là, j'étais au cœur de
ça, et une chance qu'on a eu le monde syndical pour faire cette lutte féministe
importante. Alors, Mme Harel dit : «Il s'ensuit, dans le projet de loi, un
chapelet de tracasseries pour tarir l'implication syndicale en dehors du strict
milieu de travail.»
Alors, comme plusieurs autres, on les a...
on a entendu... ça a été nommé largement, je pense qu'il y a une piste sur la
question de scinder le projet de loi, mais, tout comme vous l'annonçait mon
collègue un peu plus tôt, pour Québec solidaire, ce projet de loi là, alors que
le Québec est en train de s'écrouler sous le coût de la vie, n'était vraiment
pas nécessaire, puis dans ce sens-là. Parce qu'ils... C'est un projet de loi,
en fait... et ce n'est pas nous qui l'a dit, là, c'est le Barreau, d'autres
organisations communautaires qui l'ont dit... c'est un autre des projets de loi
que la CAQ inscrit dans le menu législatif actuel qui nous amène tranquillement...
ou qui nous illustre tranquillement la dérive autoritaire qui est prise par ce
gouvernement-là, et moi, comme minorité sexuelle, comme femme, je peux vous
dire que les dérives autoritaires, ça me fait peur.
Alors donc, pour toutes ces raisons, on
demande, minimalement, que le vote soit... que le projet de loi soit scindé, mais
nous, on va voter contre l'adoption de ce principe. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants?
Il n'y a pas d'autre intervention, donc,
le principe du projet de loi n° 3, Loi visant à
améliorer la transparence, la gouvernance et le processus démocratique de
diverses associations en milieu de travail, est-il adopté?
Une voix : ...courantes.
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Oui?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Allez-y, monsieur... allez-y, M. le ministre.
M. Boulet : M. le Président,
je demande un vote électronique et de reporter le présent vote à la prochaine
période des affaires courantes. Merci.
Vote reporté
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, le... un... une demande de vote a été faite, mais cette demande-là
sera reportée aux affaires courantes, prochainement. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Ajournement
M. Boulet : M. le Président,
je vous demande d'ajourner nos travaux à demain, 9 h 40. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est-elle adoptée? Elle est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
En conséquence, nous ajournons nos travaux à demain, jeudi 4 décembre
2025, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 15 h 35)