Journal des débats (Hansard) of the National Assembly
Version préliminaire
43rd Legislature, 2nd Session
(début : September 30, 2025)
Thursday, December 4, 2025
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Vol. 48 N° 25
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Intervenants par tranches d'heure
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Benjamin, Frantz
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Asselin, Mario
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Dufour, Virginie
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Mallette, Carole
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Ghazal, Ruba
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Gendron, Marie-Belle
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Lakhoyan Olivier, Sona
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Bourassa, Kariane
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Paradis, Pascal
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Tremblay, Suzanne
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Roy, Suzanne
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Lemay, Mathieu
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Montigny, Yves
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D'Amours, Sylvie
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Jolin-Barrette, Simon
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Poulin, Samuel
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Setlakwe, Michelle
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Derraji, Monsef
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Laframboise, Mario
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Benjamin, Frantz
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Fortin, André
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Legault, François
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Rotiroti, Filomena
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Charette, Benoit
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Tanguay, Marc
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Tanguay, Marc
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D'Amours, Sylvie
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Charette, Benoit
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Jolin-Barrette, Simon
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McGraw, Désirée
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Drainville, Bernard
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Beauchemin, Frédéric
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Girard, Eric
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Caron, Linda
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Bélanger, Sonia
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Ghazal, Ruba
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Legault, François
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Fontecilla, Andrés
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Proulx, Caroline
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Paradis, Pascal
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Charest, Isabelle
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D'Amours, Sylvie
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Dufour, Pierre
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Charette, Benoit
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Boissonneault, Alex
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Biron, Martine
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Benjamin, Frantz
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LeBel, Sonia
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Zanetti, Sol
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Gentilcore, Catherine
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Lévesque, Sylvain
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Cadet, Madwa-Nika
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Lachance, Stéphanie
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Beauchemin, Frédéric
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Beauchemin, Frédéric
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Benjamin, Frantz
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Grandmont, Etienne
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Boissonneault, Alex
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Boissonneault, Alex
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Benjamin, Frantz
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Chassin, Youri
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Benjamin, Frantz
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Maccarone, Jennifer
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Maccarone, Jennifer
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Benjamin, Frantz
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Lachance, Stéphanie
9 h 30 (version révisée)
Cliquez ici pour taper du texte.
(Neuf heures quarante-deux minutes)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, bonjour à toutes, bonjour à tous. Prenez place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Je cède la parole à M. le député de Vanier-Les Rivières.
Rendre hommage à M. André Des Rochers
M. Mario Asselin
M. Asselin : Je suis très
fier, M. le Président, de souligner la présence dans nos tribunes de M. André
Des Rochers, président sortant du CA de Groupe TAQ, accompagné de son
épouse Marie-Blanche et de M. Gabriel Tremblay, PDG du Groupe TAQ.
Après plus de 45 ans, dont 30 à titre
de président du CA, M. Des Rochers prendra sa retraite au cours des
prochaines semaines. Évaluateur agréé de formation, il a mis son expertise au
service du Groupe TAQ en adaptant l'entreprise comme pilier de l'économie
sociale et collective du Québec.
Sous son leadership, Groupe TAQ compte
maintenant 310 employés, dont 80 % sont des personnes en situation de
handicap, en plus d'être un partenaire pour des entreprises comme Biscuits
Leclerc, Familiprix, Chocolats Favoris et Maison Orphée.
Je profite également de cette déclaration pour
féliciter le PDG, M. Gabriel Tremblay, qui a récemment été élu parmi les PDG
de l'année de la revue Les Affaires.
Merci beaucoup, M. Des Rochers et au Groupe
TAQ, pour votre engagement envers nos communautés et les personnes en situation
de handicap.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député. La prochaine intervention revient à Mme la députée de
Mille-Îles.
Souligner le 50e anniversaire de Loisirs
St-François de Laval
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui
pour souligner le 50e anniversaire des Loisirs St-François, un véritable
pilier pour la vie communautaire de mes concitoyens de l'est de Laval.
Depuis sa fondation en 1975, cet organisme
contribue au bien-être et à la vitalité de Saint-François en offrant des
activités sportives, culturelles et éducatives en plein cœur de notre quartier.
De l'improvisation au taekwondo, en passant par le hockey Cosom, la peinture et
les cours de langue, Loisirs St-François propose un calendrier d'activités
variées, accessibles aux petits comme aux grands.
Grâce à sa programmation et ses festivités
thématiques, l'organisme offre de nombreuses occasions de rassemblement,
permettant de briser l'isolement et renforcer notre sentiment d'appartenance à
la communauté.
Alors, félicitations pour ces 50 années
d'engagement! Et merci à l'équipe de Loisirs St-François, aux membres du conseil
d'administration ainsi qu'à tous les bénévoles. Sans vous, rien ne serait
possible. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant Mme la députée de Huntingdon.
Féliciter M. Serge Lussier, lauréat du prix
Greg-Tarry
Mme Carole Mallette
Mme Mallette : Merci, M. le
Président. Je souhaite aujourd'hui féliciter Serge Lussier pour l'obtention du prix
Greg-Tarry, remis par Aquariums et zoos accrédités du Canada, pour souligner l'ensemble
de sa carrière dans le domaine zoologique.
Depuis plus de 40 ans, M. Lussier se
distingue comme un leader reconnu de la conservation du milieu zoologique au
Canada.
Son parcours débute au Parc Safari, à Hemmingford,
où il contribue pendant 15 ans comme directeur zoologique, renforçant la
recherche, l'éducation et la gestion des espèces. Par la suite, il oeuvre à l'African
Lion Safari, en Ontario, comme superviseur aux opérations, au Parc Omega comme
directeur technique et au Zoo du Grand Vancouver à titre de directeur général.
Il est maintenant revenu à ses premiers
amours, à Hemmingford, comme président-directeur général du Parc Safari boréal.
Le Parc Safari a une vision moderne et durable de son développement, qui sera,
nous en sommes convaincus, mené de main de maître par M. Lussier. Sous son
leadership, le Parc Safari deviendra une attraction mondiale qui fera rayonner
encore plus notre région. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Mercier.
Souligner l'apport du projet Menus travaux
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Installer l'air climatisé, réparer une barre d'appui, changer les
piles d'un détecteur de fumée, c'est tous des petits travaux, mais qui sont
très importants pour la sécurité. Moi-même, j'ai de la difficulté à faire ça. Alors,
vous pouvez imaginer comment c'est difficile pour une personne âgée ou isolée
qui vit seule. C'est pour ça que le projet Menus travaux a été mis sur pied.
Depuis un an, plus de 250 aînés du Plateau—Mont-Royal
en ont bénéficié. C'est né d'une mobilisation de la table Alliances 3e âge. Ce
projet répond à un véritable manque de services et soutient concrètement le
maintien à domicile pour les personnes aînées.
Aujourd'hui, Menus travaux a besoin d'être
bonifié, mais surtout que son financement soit pérennisé. J'invite donc la
ministre responsable des Aînés à s'inspirer de ce modèle pour répondre, partout
au Québec, aux besoins réels de nos aînés qui souhaitent rester à domicile. La
population aînée québécoise le mérite. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. La parole revient <maintenant...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. La parole revient >maintenant à Mme la
députée de Châteauguay.
Souligner le 50e anniversaire du Club Le
Rendez-vous de Châteauguay
Mme Marie-Belle Gendron
Mme Gendron : Merci, M. le Président.
En 1975, M. Gérard Provencher avait eu l'idée de créer un club social pour
les gens de 55 ans et plus, qu'il a baptisé Le Club Le Rendez-Vous. Moins
de 10 ans plus tard, près de 250 personnes s'étaient jointes à
l'aventure.
Cette année, Le Club Rendez-Vous a franchi
une étape historique pour un organisme communautaire en célébrant son 50e
anniversaire.
Avec le temps, ils ont élargi leurs
horizons en permettant aux 35 ans et plus de participer aux activités, qui
se sont multipliées. Il y en a pour tous les goûts, M. le Président, entre
autres, le crible, le billard, les fléchettes, la danse, les brunchs, en
passant par des parties de golf.
Ils étaient forts de 399 membres
lorsque je leur ai rendu visite il y a deux semaines, et c'est avec honneur que
j'ai accepté d'être leur 400e membre en règle.
Félicitations au conseil d'administration
ainsi qu'à tous les membres du Club Le Rendez-Vous pour le demi-centenaire
d'activités et d'influence dans... pour les gens de Châteauguay et toute la
région. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Châteauguay. La parole revient maintenant à Mme la
députée de Chomedey.
Rendre hommage à Mme Lise Bacon
Mme Sona Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan Olivier : Merci,
M. le Président. Je rends hommage à l'honorable Lise Bacon, femme d'exception
et pionnière du Québec moderne, qui nous a quittés le 29 octobre dernier.
Première femme à diriger un parti au
Canada, deuxième femme élue à cette Assemblée, première députée de Chomedey,
plusieurs fois ministre et première vice-première ministre, elle a ouvert la
voie à des générations de femmes engagées.
J'ai eu le privilège de la connaître. Sa
sagesse, son intégrité et sa bienveillance ont guidé ma vision de l'engagement
public. À l'Assemblée nationale comme au Sénat, elle a incarné dignité, rigueur
et leadership éclairé. Son héritage perdure dans les domaines de la culture, de
la langue française, l'environnement et le développement régional.
Courage, vision et inspiration, Lise Bacon
restera à jamais dans notre respect et notre gratitude. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Chomedey. La parole revient maintenant à Mme la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Souligner le 80e anniversaire de la Boulangerie
Bouchard
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa : Merci
beaucoup, M. le Président. Je veux vous parler aujourd'hui de la Boulangerie
Bouchard, sur l'Île aux Coudres, qui fête ses 80 ans. Elle a donc été
inaugurée en 1945.
Et, si vous allez sur l'Île aux Coudres et
que vous n'arrêtez pas à la boulangerie, votre voyage est incomplet. Pourquoi?
Parce que c'est l'âme du village. C'est là qu'il y a des traditions qui se transmettent
de génération en génération, comme celle du pâté croche.
Le pâté croche, à l'époque, quand il n'y
avait pas de traversier, les femmes, lorsque leurs maris traversaient en
chaloupe, mettaient un pâté dans le fond du bateau. Bien là, on comprend que,
rendu de l'autre côté du continent, le pâté n'était plus très droit. Donc,
c'est là que vient le fameux pâté croche. Et c'est la fierté des insulaires, la
fierté de Charlevoix, et vous le retrouverez à la Boulangerie Bouchard.
Récemment, Noëlle-Ange Harvey, qui a tenu
le phare pendant 19 ans, a voulu donner l'entreprise à un Marsouin. Elle a
eu plein d'offres de gens de l'extérieur, mais elle a tenu à ce que ce soit un
insulaire qui reprend... qui reprenne le flambeau, et c'est le cas de Francis Boudreault,
qui, maintenant, va perpétuer ces traditions.
Alors, je vous l'ai dit, c'est un
incontournable sur l'île... l'Île aux Coudres.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. La parole revient
maintenant à M. le député de Jean-Talon.
Souligner le 40e anniversaire du Service
d'orientation et d'intégration des immigrants au travail
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Je souhaite
aujourd'hui rendre hommage au service d'orientation et d'intégration au travail
des immigrants, le SOIT, qui célèbre 40 ans d'engagement remarquable dans
la circonscription de Jean-Talon.
En 1985, ils n'étaient que quelques
bénévoles. 40 ans plus tard, ce sont 20 employés et de nombreux
bénévoles qui rendent cet organisme indispensable pour accueillir, accompagner
et outiller les personnes immigrantes afin qu'elles puissent s'intégrer et
contribuer pleinement au marché du travail et à notre société.
Je salue, dans les tribunes, Mmes Nadège
Joassaint et Léa Dimitrijevic, respectivement directrice générale et
coordonnatrice du SOIT, et je remercie toute l'équipe pour son engagement
envers les valeurs de respect, d'empathie et de solidarité.
Le SOIT participe à la vitalité
économique, sociale et culturelle de Québec. Chaque personne qu'il accompagne,
chaque intégration réussie est un succès pour un modèle viable en immigration,
tant pour les personnes immigrantes que pour la société québécoise dans son
ensemble.
Bon anniversaire au SOIT!
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Jean-Talon. La prochaine déclaration revient à Mme
la députée de Hull.
Féliciter l'équipe de football des Griffons du
cégep de l'Outaouais, gagnante du Bol d'or
Mme Suzanne Tremblay
Mme Tremblay : M. le
Président, c'est avec une immense fierté que je prends la parole pour souligner
la victoire mémorable de l'équipe de football des Griffons du cégep de
l'Outaouais, champions du <Bol...
Mme Tremblay :
...des
Griffons du cégep de l'Outaouais, champions du >Bol d'or 2025. Les
Griffons ont remporté la finale de la troisième division 35 à 11 contre les
Gaulois du cégep de La Pocatière.
Au fil de la saison, les joueurs ont fait
preuve de discipline, de constance et de détermination. Leur réussite reflète
l'effort collectif, la rigueur et le respect, qui les guideront bien au-delà du
football.
Je tiens à souligner le travail
extraordinaire de l'équipe d'entraîneurs et du personnel d'encadrement. Leur
passion et leur dévouement ont permis à chaque joueur de se dépasser et de
progresser avec confiance. Une mention spéciale à l'entraîneur-chef Maxime
Saumure. Grâce à son expérience et à sa vision, l'équipe a pu exprimer
pleinement son potentiel et vivre une saison inoubliable.
Cette victoire marquera à jamais l'équipe
et la 20e saison de football des Griffons. Au nom de la population de Hull
et de l'Outaouais, je vous félicite pour cette performance remarquable. Vous
pouvez... Vous avez fait rayonner notre belle région et vous inspirez la
relève. Soyez fiers. Bravo!
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Hull. La parole revient maintenant à Mme la
députée de Verchères.
Souligner le 50e anniversaire du Cercle de
fermières Sainte-Julie
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci,
M. le Président. Aujourd'hui, je souligne un événement important : le
Cercle des fermières de Sainte-Julie célèbre son 50e anniversaire.
Ces femmes transmettent un patrimoine
précieux, l'artisanat, le savoir-faire, la créativité et la solidarité. Mais,
au-delà du fil et de l'aiguille, elles ont également marqué nos cuisines. Qui,
au Québec, n'a pas goûté une recette des fermières?
Alors, je tiens à souligner aujourd'hui
tout particulièrement l'engagement de leur présidente, Hélène Noël-Bédard, qui
s'est vu remettre dernièrement le prix Dollard-Morin du bénévolat en loisir et
en sport, une reconnaissance pleinement méritée.
Alors, un grand merci à toutes celles qui
ont façonné le cercle au cours de ces 50 années. Et bonnes festivités! Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Verchères. La parole revient maintenant à M. le
député de Masson.
Remercier le personnel et les bénévoles des organismes
d'aide alimentaire
M. Mathieu Lemay
M. Lemay : M. le Président,
nous sommes dans une période de l'année où ça fourmille énormément dans les
banques d'aide alimentaire. Et donc, aujourd'hui, je tiens à exprimer toute ma
gratitude envers ceux et celles qui s'investissent de près ou de loin dans ces
organismes. Votre engagement permet d'offrir un soutien essentiel aux personnes
vivant des moments difficiles.
M. le Président, je pense notamment à
Émilie Faustin, du Relais de Mascouche, à Diane Laperrière, de l'Aide aux
Lachenois, et à Nathalie Proulx, de Parenfants. Grâce à votre détermination et
à votre humanité, vous changez concrètement la vie de nombreuses familles.
Et je pense aussi à chaque bénévole qui
donne de son temps et de son cœur, faisant ainsi une réelle différence dans
toute notre communauté.
Et donc, M. le Président, en terminant,
j'invite la population à faire preuve de générosité. Plusieurs points de dépôt
de denrées existent. Et d'ailleurs, aujourd'hui même, c'est la Grande Guignolée
des médias. Rappelons-nous qu'il n'y a jamais de petit don, simplement des
gestes qui comptent. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Masson. Et la parole revient maintenant à M. le
député de René-Lévesque.
Rendre hommage à Mme Karine Otis
M. Yves Montigny
M. Montigny : Merci, M. le
Président. Aujourd'hui, je souhaite reconnaître le travail exceptionnel d'une
leader de chez nous, Mme Karine Otis, directrice générale du port de
Baie-Comeau, ici présente dans les tribunes.
Grâce à sa vision, à sa rigueur, le port
connaît une transformation majeure. On y retrouve une organisation agile,
innovante, qui se positionne comme un pilier incontournable du développement
économique nord-côtier.
Sous son impulsion, le port de Baie-Comeau
renforce ses partenariats, modernise ses installations et diversifie ses
activités pour mieux répondre aux besoins des entreprises d'ici et d'ailleurs.
Le leadership de Mme Otis s'inscrit dans
une vision claire : faire du Québec un point de transit stratégique
reliant le Canada au reste du monde.
Karine, ton engagement fait une réelle
différence. Merci de porter fièrement l'avenir du port de Baie-Comeau, et
ainsi, toute la Côte-Nord.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de René-Lévesque. Voilà qui complète la rubrique
Déclarations de députés. J'en profite pour souhaiter une bonne journée à celles
et ceux qui sont parmi nous dans les tribunes.
Et je suspends les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 9 h 56)
10 h (version révisée)
(Reprise à 10 h 09)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Bonjour, tout le monde. Bonjour à nos invités qui sont dans les tribunes.
Bienvenue chez vous.
Mesdames messieurs, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Présence de l'ambassadrice de l'Union européenne, Mme
Geneviève Anne M. Tuts
J'ai le plaisir de souligner la présence,
dans les tribunes, de l'Assemblée... de l'Union européenne, Son Excellence
Mme Geneviève Anne M. Tuts, à l'occasion de sa visite officielle.
Présence d'employés et de retraités du secteur
administratif de l'Assemblée nationale
J'ai également le plaisir de souligner la
présence, dans les tribunes, d'employés du secteur administratif de l'Assemblée
nationale soulignant aujourd'hui leurs 20, 25, 35 et 40 années de service
au sein de la fonction publique.
Présence de M. Marc Picard, ex-parlementaire de
l'Assemblée nationale
De plus, j'ai le plaisir de souligner la
présence, dans les tribunes, de mon mentor, M. Marc Picard, ancien député
de Chutes-de-la-Chaudière.
• (10 h 10) •
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de
loi, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bonjour, Mme la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article a du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 11
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
À l'article a du feuilleton, M. le ministre délégué à l'Économie et aux
Petites et Moyennes Entreprises présente le projet de loi n° 11, Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et <administratif...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
...principalement aux fins d'allègement du fardeau réglementaire et >administratif.
M. le ministre, la parole est à vous.
M. Samuel Poulin
M. Poulin : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Ce projet de loi prévoit diverses dispositions visant
principalement à alléger le fardeau réglementaire et administratif, en
particulier celui des entreprises.
Tout d'abord, le projet de loi précise la
mission et les fonctions du ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie en matière d'allègement du fardeau réglementaire et administratif des
entreprises. Il prévoit que le gouvernement peut, sur la recommandation du
ministre, modifier tout règlement, y compris un règlement pris par un ministre
ou un organisme, afin d'alléger ce fardeau. Il énonce de plus le devoir du
ministre de proposer au gouvernement une nouvelle politique portant sur
l'allègement de ce fardeau, laquelle doit notamment prévoir pour certains
ministères et organismes l'exigence de proposer le retrait d'au moins deux
formalités administratives pour compenser toute nouvelle formalité proposée.
Le projet de loi contient différentes
dispositions relatives aux boissons alcooliques, notamment des dispositions
visant à élargir les activités de fabrication, d'embouteillage et de transport
qu'un titulaire de permis peut faire exécuter pour son compte.
Le projet de loi prolonge la période de
validité de certaines autorisations, notamment celle du permis pour la culture
et l'exploitation d'une érablière à des fins acéricoles. Il retire dans
différents secteurs l'exigence pour une personne de résider au Québec ou pour
une entreprise d'y avoir son siège ou un établissement, entre autres dans le
secteur des services funéraires et celui des transports. Il supprime ou, selon
le cas, assouplit diverses formalités et exigences prévues, par exemple, par la
Loi sur le bâtiment, la Loi concernant le transport rémunéré de personnes par
automobile et la Loi sur les mines.
Le projet de loi introduit dans le Code de
la sécurité routière un nouveau régime applicable aux véhicules d'escorte
certifiés, à savoir les véhicules routiers qui sont utilisés pour escorter un
véhicule hors normes et qui sont munis de feux jaunes clignotants ou pivotants
et des autres équipements prévus par règlement du gouvernement. Il établit
l'exigence d'être titulaire d'une certification délivrée par le ministre des
Transports et de la Mobilité durable pour conduire un tel véhicule ainsi que
les conditions à remplir pour obtenir cette certification.
Le projet de loi permet au ministre des
Ressources naturelles et des Forêts de mettre en œuvre, avec l'autorisation du
gouvernement, des projets pilotes pour étudier ou définir les normes
applicables en toute matière visée par la Loi sur l'aménagement durable du
territoire forestier. Il prévoit également la préséance, sur les dispositions
de cette loi, de celles du chapitre 3 de l'Entente concernant une nouvelle
relation entre le gouvernement du Québec et les Cris du Québec.
Le projet de loi assouplit différentes
dispositions relatives à la licence de stockage de gaz naturel, notamment en
retirant l'obligation par son titulaire de soumettre à l'examen de la Régie de
l'énergie toute modification à un projet de stockage de gaz naturel. Il permet
de plus au ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie de modifier
les conditions prévues par une telle licence ou par une autorisation de
construction ou d'utilisation d'une conduite de gaz naturel ou de pétrole.
Le projet de loi soustrait certains
contrats de Télé-Québec aux règles d'adjudication et d'attribution des contrats
prévues par la Loi sur les contrats des organismes publics. Il élargit par
ailleurs le pouvoir des municipalités de créer des réserves financières par
résolution et augmente le délai pour le dépôt de l'état de revenus et de
dépenses d'une telle réserve.
Enfin, le projet de loi retire des
exigences applicables au sein de l'État relativement à la production de
rapports d'activités, de plans d'action, d'études et d'autres documents par
différents ministres et organismes. Il supprime également l'obligation de faire
rapport sur la mise en œuvre de plusieurs lois. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Adopté?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Oh! pardon. Mme la leader de l'opposition officielle.
Mme Setlakwe : Nous
souhaitons des consultations particulières sur ce projet de loi.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Parfait. Donc, c'est adopté. Mme la leader de l'opposition
officielle.
Mme Setlakwe : Je vous
demanderais d'appeler l'article b, Mme la Présidente.
Projet de loi n° 395
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : À l'article b du feuilleton, M. le... M. le député,
pardon, de Nelligan présente le projet de loi n° 395, Loi
modifiant la Loi sur la Société de l'assurance automobile du Québec et d'autres
dispositions législatives concernant les droits consentis sur un véhicule.
M. le député.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Ce projet de loi modifie le Code de la sécurité routière afin de
prévoir l'obligation pour le cédant d'un véhicule de promenade de garantir au
nouveau propriétaire, sous peine d'amende, que le véhicule est libre de tous
droits en transmettant un avis de vérification obtenu de la Société de
l'assurance automobile du Québec.
À cette fin, le projet de loi modifie la
Loi sur la Société de l'assurance automobile du Québec afin d'ajouter, parmi
les fonctions de la Société, lorsque cette dernière traite une demande d'avis
de <vérification...
M. Derraji :
...lorsque
cette dernière traite une demande d'avis de >vérification, celle de
vérifier au Registre des droits personnels et réels mobiliers si des droits ont
été consentis sur un véhicule de promenade faisant l'objet d'un transfert de
propriété entre des parties qui ne sont pas des commerçants d'un véhicule de ce
type. Le projet de loi introduit par ailleurs un régime d'indemnisation pour le
nouveau propriétaire qui subit un préjudice résultant de l'exercice de droits
dûment publiés, mais dont la mention de l'existence a été omise de l'avis de
vérification.
Enfin, le projet de loi modifie la Loi sur
la protection du consommateur pour obliger le commerçant d'inscrire, sur
l'étiquette qu'il est obligé d'apposer sur chaque automobile d'occasion, le
résultat de la vérification qu'il effectue auprès du Registre des droits
personnels et réels mobiliers afin de savoir si des droits sont consentis sur
l'automobile en question.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi? Oui?
Une voix : ...
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Un vote électronique est demandé. Donc, la période du vote
est maintenant ouverte.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Vous vous raconterez après la période de questions...
Merci. Donc, le résultat du vote, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 104
Contre : 0
Abstentions : 0
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Donc, c'est adopté. Mme la leader adjointe du gouvernement...
la leader de l'opposition officielle, pardon.
Mme Setlakwe : Mme la
Présidente, nous espérons que le gouvernement acceptera d'analyser cette
proposition de mon collègue de Nelligan et qu'il y aura de l'ouverture pour
étudier son projet de loi.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci.
Dépôt de documents
Nous sommes maintenant à la rubrique Dépôt
de documents. M. le leader du gouvernement.
• (10 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme
la Présidente. Je dépose les réponses aux questions inscrites au feuilleton le
5 novembre par le député de Taschereau. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Ces documents sont déposés.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de
commissions, M. le président de la Commission des finances publiques et député
de Blainville.
Auditions et étude détaillée du projet de loi n° 202
M. Laframboise : Oui, Mme la
Présidente. Je dépose le rapport de la Commission des finances publiques qui,
le 2 décembre... le 3 décembre 2025, a procédé à l'audition des
intéressés et à l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt privé n° 202,
Loi concernant le regroupement de Mutuelle Beneva et de La Compagnie mutuelle
d'assurance Gore. La commission a adopté le texte du projet de loi sans
amendement.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Ce rapport est-il adopté? Adopté.
Y a-t-il consentement pour déroger à
l'article 4.4 des règlements de fonctionnement afin de déposer un rapport
du comité directeur de la Commission de l'Assemblée nationale? J'ai le
consentement?
Modification à la composition de la Commission de la
culture et de l'éducation
Je dépose le rapport du comité directeur
de la Commission de l'Assemblée nationale qui s'est tenue le 3 décembre
2025 afin de statuer sur une demande du groupe parlementaire formant
l'opposition officielle concernant un changement de membres ainsi que la désignation
de la... la présidence, pardon, de la Commission de la culture et de
l'éducation.
Nous en sommes maintenant au dépôt de
rapports de commissions. Je cède maintenant la parole à M. Benjamin,
troisième vice-président et député de Viau, pour nous présenter cette motion.
Motion proposant d'adopter la modification
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Mme la Présidente, je propose que les modifications à la composition des
commissions, tel que prévu au rapport du comité directeur de la Commission de
l'Assemblée nationale, soient adoptées.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Y a-t-il consentement pour déroger aux articles 129 et 134
du règlement? <Consentement...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) :
...Y a-t-il consentement pour déroger aux
articles 129 et 134 du règlement? >Consentement.
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Adopté.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions
ni d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Je vous avise qu'après la période de
questions et réponses orales sera tenu le vote reporté sur l'adoption du
principe du projet de loi n° 3.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et réponses orales, et je cède maintenant la parole au chef de
l'opposition officielle.
Gestion de l'État et
des finances publiques
M. André Fortin
M. Fortin :Merci, Mme la Présidente. Ça fait plus d'une semaine que le
rapport du Vérificateur général a été déposé, et tous les partis d'opposition
continuent de poser des questions. Pourquoi? Parce que le rapport du
vérificateur, il est dévastateur pour la crédibilité du gouvernement de la CAQ.
Essentiellement, le rapport met en lumière ce qu'on savait tous déjà depuis
longtemps, que le gouvernement de la CAQ est simplement incapable de gérer
l'État québécois.
Le vérificateur dit que la dette n'est pas
du tout attachée, qu'on n'a aucune idée comment on va revenir à l'équilibre
budgétaire. Le vérificateur dit que le gouvernement inscrit des projets au Plan
québécois des infrastructures en les sous-finançant systématiquement. Le
Vérificateur général dit que, quand le gouvernement, il prévoit des budgets
pour le maintien de son infrastructure, bien, il oublie de compter l'inflation
pendant neuf ans. Le vérificateur dit que le gouvernement refuse de considérer
l'augmentation de la population et le vieillissement de la population quand il
prévoit des projets comme — tenez-vous bien, Mme la Présidente — le soutien aux
aînés. On refuse de considérer le vieillissement de la population quand on
regarde les budgets pour le soutien aux aînés.
Ça, là, c'est juste la partie du rapport
sur les finances publiques, puis je pourrais continuer longtemps. Mais ce que
le vérificateur démontre essentiellement, là, c'est que c'est systématiquement,
avec la CAQ, la même chose, une gestion de l'État qui est tout croche, les
coins qui sont coupés très rond. Les Québécois, là, ils peuvent bien se
demander il s'en va où, leur argent.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, depuis sept ans, on a fait certains choix, comme gouvernement.
Premier choix, on avait un rattrapage énorme à faire dans les infrastructures,
il y avait eu du laisser-faire pendant 15 années libérales, on a choisi
d'augmenter le Plan québécois des infrastructures de 100 milliards à
164 milliards, donc 64 milliards, 64 % de plus pour des hôpitaux qui
ont besoin d'être rénovés, des écoles qui ont besoin soit d'être rénovées ou
ajoutées, des routes, du transport en commun. Donc, Mme la Présidente, on a
fait ce choix, effectivement, une augmentation de 64 %.
L'autre choix qu'on a fait, Mme la
Présidente, c'est de dire... En santé et en éducation, il y avait un
rattrapage, il y avait eu des coupes drastiques qui avaient été faites dans les
services, par le gouvernement libéral, donc on a augmenté les budgets de
l'éducation et de la santé de plus de 50 %.
Autre choix qu'on a fait, Mme la
Présidente, avec le coût de la vie, l'inflation, la difficulté qu'ont certains
Québécois à payer leur épicerie, payer leur loyer, on a fait le choix de
réduire les impôts, d'augmenter les allocations familiales, d'ajouter un
2 000 $ de crédit d'impôt aux aînés.
Donc, Mme la Présidente, résultat des
courses, on s'est retrouvés avec un déficit qui est de 1,5 % du PIB puis
on a un plan pour...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
En première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. André Fortin
M. Fortin :Le premier ministre est fier d'avoir augmenté le budget du
PQI. Je cite le Vérificateur général : «Les sommes prévues au PQI ne
tiennent pas compte de l'inflation. C'est pourquoi il a été nécessaire de
rehausser les investissements du PQI.» Puis il continue de faire la même chose.
Mais il parle de ses choix. Cette semaine,
là, je lui ai demandé de déposer la liste des projets qui sont au PQI, mais
pour lesquels il n'y a pas d'argent. Il a refusé. Bien, à Mont-Laurier, leur
hôpital, il est coté E. Ça, c'est la pire cote. Il n'y a même pas deux ans, il
faisait une grande annonce : 82 millions pour l'hôpital. Depuis, il
n'y a rien qui bouge.
Combien est prévu, cette année...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En réponse, M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, on entend le chef de l'opposition officielle dire une chose et son
contraire. Dans une phrase, il nous dit : Il faudrait augmenter davantage
le PQI puis, dans l'autre phrase, il dit : La dette est trop élevée, il
faudrait la réduire. Donc, il faudrait, à un moment donné, que Pablo Rodriguez
nous fasse une première proposition. Qu'est-ce que propose Pablo Rodriguez?
Augmenter le PQI ou réduire le PQI? Augmenter la dette, réduire la dette? On
n'a aucune idée de ce que <propose...
M. Legault : ...
Pablo
Rodriguez, augmenter le PQI ou réduire le PQI, augmenter la dette, réduire la dette?
On n'a aucune idée de ce que >propose Pablo Rodriguez.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin :
Nous, ce qu'on veut, c'est que le gouvernement soit transparent. Mais il est
incapable de répondre parce que la vraie réponse, là, c'est zéro, il n'y en a
pas, d'argent, prévu cette année. Il annonce des projets. Il les suspend
ensuite par manque d'argent. Au printemps, il a fait une belle annonce pour
nous dire : Ah non, il y en a, de l'argent, mais à Mont-Laurier puis
ailleurs, là, il n'y a rien qui avance. Pourtant, selon le premier ministre, il
n'arrête pas de nous dire... nous sortir des tableaux pour dire que l'économie
va bien.
Alors, s'il était capable de faire des
annonces financées en 2023 puis qu'il n'est pas capable de rien faire en 2025,
il y a des explications à donner à la population.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En réponse, M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, encore une fois, on vient d'entendre une chose et son contraire. Je
rappelle, concernant les infrastructures, le plan de 10 ans, les libéraux
avaient un plan de 100 milliards, on l'a augmenté à 164 milliards,
c'est une augmentation de 64 %. Ce n'est pas parce qu'il y a des problèmes
qui sont apparus tout à coup, c'est des problèmes qui étaient déjà là, puis le
gouvernement libéral, qui a été là pendant 15 ans, a sous-financé les
infrastructures au Québec.
Maintenant, j'aimerais savoir, là : Est-ce
qu'on a une proposition du Parti libéral puis de Pablo Rodriguez d'augmenter ou
de diminuer le PQI?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Troisième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin :
Mme la Présidente, il y a deux ans, pas dans le gouvernement libéral, il y a
deux ans, il nous disait qu'il y avait de l'argent pour ces projets-là puis,
cette année, il nous dit qu'il n'y en a plus. Mais je ne peux pas lui parler du
rapport du VG sans lui parler des cartes de crédit, parce que le VG, il a passé
une section au complet juste là-dessus. Il nous dit essentiellement que le
gouvernement n'est pas capable de payer ses cartes de crédit à temps puis qu'il
se sert de l'argent des Québécois pour payer de l'intérêt.
Le premier ministre, là, c'est un
comptable de formation, puis c'est comme ça qu'il gère l'argent des
contribuables? Son planificateur financier ne doit pas être fier de lui
aujourd'hui.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En réponse, M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, on vient tous de remarquer, là, que le chef de l'opposition
officielle vient de changer de sujet. Il a commencé sur les infrastructures en
nous disant, dans une phrase : Il y en a trop, puis, dans l'autre phrase :
il n'y en a pas assez. Puis là il change de sujet, Mme la Présidente. Est-ce
qu'on pourrait avoir enfin une proposition de Pablo Rodriguez?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En principale, Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Investissements dans
les infrastructures du réseau de la santé
Mme Filomena Rotiroti
Mme
Rotiroti
:
Mme la Présidente, le rapport dévastateur du VG a mis en lumière l'absence
totale de rigueur du gouvernement dans la gestion des infrastructures. Pour ce
gouvernement, l'indice de vétusté de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont est de A — vous
avez compris, A pour ayoye! — devant un hôpital tellement délabré que
même la broche qui tient la façade est en fin de vie. Mais, pour ce
gouvernement, cet hôpital est considéré en bon état. Il faut le faire.
L'hôpital à Drummondville, elle, est cotée B : bordel. C'est connu, c'est
juste ce gouvernement qui sait... qui ne sait pas que l'hôpital est en fin de
vie. Le VG est clair, le calcul de vétusté des bâtiments par le ministère de la
Santé a pour effet de réduire artificiellement l'indice de vétusté physique des
immeubles.
• (10 h 30) •
Pendant que le VG soulève des questions
fondamentales sur la gouvernance publique et la gestion des infrastructures par
ce gouvernement, est-ce que le ministre responsable de l'Infra va s'engager de
donner un vrai...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En réponse, M. le ministre des Infrastructures.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Merci à la collègue pour la question. La cohérence, c'est toujours
difficile à établir, on reproche le manque d'investissement ou, au contraire,
on en fait trop. C'est difficile à se retrouver dans les questions de
l'opposition officielle. Mais, concernant le PQI et les soi-disant manques
d'investissement, cette année seulement, ce sont 19 milliards de dollars
qui seront investis et pour maintenir nos infrastructures et pour en développer
de nouvelles. Pour ce qui est de projets spécifiques, je vais demander à nos
collègues d'être patients, dans les prochaines semaines, les prochains mois, on
présentera une nouvelle mise à jour du PQI.
Il faut savoir que c'est seulement, au
Canada, le Québec qui produit, à chaque année, ce type d'exercice là, une mise
à jour sur un plan... sur une décennie. Les autres provinces ne le font pas,
sinon l'Ontario qui fait sa mise à jour aux trois ans. Donc, nous sommes des
leaders en matière de transparence. Nous investissons comme jamais dans nos
infrastructures parce que les besoins sont réels, autant en santé, en éducation
qu'au niveau des transports, qui sont les trois principaux clients du PQI.
Donc, leader en matière de transparence et des investissements historiques,
pour s'assurer qu'on a des infrastructures qui sont à jour et qui répondent aux
besoins.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En première complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay
: Alors, Mme
la Présidente, on <apprend...
>
10 h 30 (version révisée)
<15399
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
...en première complémentaire,
M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay :
Alors,
Mme la Présidente, on >apprend, par le rapport du Vérificateur général,
que HMR est coté A. HMR est coté A. Après la décrépitude qui a été décrite et
dénoncée en début d'année, c'est inacceptable que ce soit coté A. On apprend
également que, dans le PQI, des projets qui étaient prévus pour les années 1
à 4 ont été repoussés aux années 5 à 10.
Question toute simple, prochain budget, ça
prend 400 millions pour les prochaines étapes de HMR : Seront-elles
dans le budget?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La réponse du ministre.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Comme je le mentionnais à sa collègue, il faut maintenant un petit
peu de patience. C'est un exercice qui se prépare sur une base annuelle pour
une mise à jour qui concerne la prochaine décennie. Donc, le prochain PQI
permettra de répondre à certaines de ses interrogations, et, pour ce qui est de
HMR en particulier, il y a des engagements précis qui ont été pris. Il y a des
avancées dans le projet comme il ne s'en était pas fait sous l'ère libérale,
notamment. Et, au niveau du maintien d'actifs, il y avait un déficit de
maintien d'actifs historique avec les gouvernements précédents, et c'est la
raison pour laquelle on a eu à augmenter ces investissements de 100 à 164 milliards.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En terminant.
M. Charette : Aujourd'hui, nous
aurions une plus grande marge de manœuvre pour des nouveaux projets si on n'était
pas obligés de faire...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : C'est correct, le
ministre ne connaît pas le dossier. Bien, le gouvernement libéral, en 2018,
avait annoncé et budgété HMR à 2 milliards de dollars. Il serait fait,
mais l'actuel ministre de la Santé, à l'époque président du Conseil du trésor,
a annulé le projet. Aujourd'hui, on parle de plus de 5 milliards de
dollars. Puis il fait non de la tête. C'est la dure réalité.
Aura-t-il le courage de se lever et de
nous dire... Le 400 millions pour les prochaines étapes, HMR, il va-tu
faire sa job de ministre de la Santé et s'assurer que ce soit dans le budget?
Oui ou non aux 400 millions, HMR, prochain...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En réponse, M. le ministre.
M. Benoit Charette
M. Charette : Mme la
Présidente, je n'ai pas assisté à la...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : ...on se
doit respect ici. Le député de LaFontaine, encore une fois, pense...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : ...effectivement, s'il vous plaît, de chaque côté de la Chambre,
j'entends des choses en sourdine, mais je les entends. J'imagine que les
collègues les entendent. Veuillez, s'il vous plaît, vous respecter l'un et l'autre
du côté de la Chambre. Maintenant, M. le ministre, continuez votre réponse.
M. Charette : Mme la
Présidente, je n'ai pas assisté aux prestations théâtrales, en septembre, du
collègue de LaFontaine. J'ose espérer que c'était meilleur que les prestations
qu'il nous offre ici, en cette Chambre.
Ceci dit, ceci dit...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Je m'excuse, je viens de vous dire qu'on doit garder
respect un envers l'autre, s'il vous plaît. Ça va bien pour le moment. Moi, je
vais me rendre le plus loin possible dans les questions. Alors, M. le ministre,
veuillez répondre, s'il vous plaît, avec le respect et la dignité dont je vous
connais.
M. Charette : J'étais très
respectueux, Mme la Présidente. Je veux signifier mon regret d'avoir manqué les
prestations du collègue à la Place des Arts, je pense bien.
Ceci dit, pour ce qui est du PQI lui-même,
mise à jour qui est prévue lors du dépôt du prochain budget, on s'est déjà engagés
à rehausser les montants par rapport à ce qui était engagé cette année. Donc,
pour les projets spécifiques, on pourra faire l'évolution et le...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En principale, je reconnais la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Gestion du Fonds
d'électrification et de changements climatiques
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Mme la
Présidente, le manque d'intérêt et d'engagement du ministre de l'Environnement
envers son dossier est palpable. Il ne parvient même pas à le défendre quand
son gouvernement vient piller 1,8 million... 1,8 milliard de
dollars dans le Fonds vert pour l'utiliser à des fins autres que sa raison d'être,
soit celle de lutter contre les changements climatiques.
Le milieu économique, les municipalités,
les experts, tous ont exprimé leur consternation. C'est maintenant le Vérificateur
général du Québec qui se joint à eux en se déclarant gravement préoccupé.
Mme la Présidente, c'est le fondement même
du marché carbone que vient altérer le gouvernement. Des entreprises paient des
droits d'émission, et, en échange, les sommes sont dédiées à la transition
climatique.
Malgré les minces opportunités pour
décarboner notre économie, le ministre doit-il vraiment... croit-il vraiment qu'il
n'y en a aucun qui est à la hauteur de ce fonds, de ce 1,8 milliard de
dollars?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre de l'Environnement.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Mme la
Présidente, j'ai le goût de commencer ma réponse avec la même réponse que j'ai
donnée plus tôt cette semaine. Regardez ce magnifique tableau avec l'augmentation
des investissements dans la lutte aux changements climatiques. Ça, c'est de l'argent
qui sort du Fonds vert, rebaptisé le FECC. Alors, Mme la Présidente, <regardez...
M. Drainville :
...alors,
Mme la Présidente, >regardez, depuis le... depuis qu'on s'en est
occupés, nous là, là, regardez la belle croissance. Ça, c'est les années
libérales, mauvaise gouvernance, des dépenses qui servaient à autres choses, on
s'en souvient, qu'au... qu'à la lutte au réchauffement. Puis on l'a pris en
main, puis ça fonctionne très bien. Et puis, je l'ai déjà dit cette semaine, on
a renouvelé deux beaux programmes, Écocamionnage puis un autre programme pour
électrifier les transports sous toutes leurs formes. Ça s'est fait également
cette semaine.
Maintenant, Mme la Présidente, je vais
poser une question aux gens du Parti libéral. 37,5 %, c'est la cible,
actuellement, qu'il faut atteindre. On est en réflexion sur cette cible-là, on
a eu une consultation. Les libéraux proposent moins 45 %. Est-ce qu'ils
vont finir par nous dire comment ils vont atteindre cette cible-là? Quels
seront les dommages qui seront causés à l'économie par cette cible-là? Comment
défendent-ils leur cible de moins 45 %?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) :
Première complémentaire.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : C'est... Ce que
le tableau de bord ne démontre pas, c'est ce... ce gouvernement qui a aboli le
comité de gestion du Fonds vert. C'est à eux, eux autres. Ça leur appartient.
Et là ils proposent de diminuer la reddition de comptes. Le VG s'inquiète
justement de cela, et je le cite : «Je m'interroge sur la façon dont le
ministre va assurer une saine gestion du Fonds vert.» Et là la présidente du
Conseil du trésor a déclaré que c'est fastidieux, la reddition de comptes, et
c'est là l'inquiétude du VG.
Que lui répond le ministre responsable?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La réponse du ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Mme la
Présidente, pas de réponse à la question. La question, c'est la suivante :
Comment allez-vous atteindre votre cible de moins 45 %?
Dans le document que nous avons déposé en
consultation, il est très clair, Mme la Présidente, que la cible actuelle de
moins 37,5 % va comporter un coût économique. Moins 37,5 % d'ici 2030
égale un coût économique. Puis il faut mettre dans la balance la lutte contre
les GES et le coût économique. Les libéraux proposent une cible beaucoup plus
exigeante et refusent de dire aux Québécois les moyens qui vont devoir être
pris, les efforts qui vont devoir être faits et les sacrifices que les
Québécois vont devoir faire pour atteindre leur cible de moins 45 %. Qu'ils
soient transparents!
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Deuxième complémentaire, le député de Marguerite-Bourgeoys.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : S'il vous plaît!
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la
Présidente, le Vérificateur général l'a bien vu, la CAQ, là, le parti de la
décote, a tellement mal géré nos finances publiques qu'ils sont obligés d'aller
piller dans le Fonds vert pour essayer de résorber leur déficit historique. On
est rendus là, Mme la Présidente, on est rendus là.
Est-ce que le ministre des Finances est
capable de nous dire qu'il va être capable d'au moins, au moins avouer que
piller le Fonds vert, c'est sa seule bouée de sauvetage face aux agences de
crédit?
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Attention au mot «piller», M. le député. Maintenant, la réponse du
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme
la Présidente. Je vais rectifier certains faits calmement. Alors, on parle de
sommes qui n'ont pas été dépensées dans des années fiscales qui sont terminées
depuis longtemps, qui ont précédé notre... notre arrivée au pouvoir.
D'ailleurs, c'est ce que montrait le graphique, c'est que les dépenses ne
sortaient pas avec l'ancien gouvernement. Alors, dans ces circonstances, si
on... on augmentait les dépenses aujourd'hui, on augmenterait le déficit et on
augmenterait la dette, ce que nous ne voulons pas faire.
Quant au VG, Vérificateur général, j'ai
énormément de respect pour lui, mais il s'est trompé dans cette affirmation.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En terminant.
M. Girard (Groulx) : Oui. Les
entreprises n'ont pas payé ce 1,8 milliard parce qu'elles bénéficient
d'allocations...
• (10 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En principale, je reconnais Mme la députée de La Pinière.
Politique de soutien à
domicile
Mme Linda Caron
Mme Caron : Mme la
Présidente, à l'heure actuelle, 25 000 aînés québécois ne reçoivent
pas les soins et les services dont ils ont besoin. Ils attendent soit un
premier service en soutien à domicile, soit une place dans une ressource
intermédiaire ou un CHSLD. Et ça, ce seront les personnes qui ont été évaluées.
On ignore combien d'autres ont des besoins non évalués.
Ce scénario est malheureusement appelé à
s'aggraver. Avec le vieillissement démographique et l'arrivée des baby-boomers
dans les groupes d'âge les plus avancés, le nombre de Québécois qui auront
besoin de soutien à l'autonomie va augmenter de 38 % dans les 10 prochaines
années. On parle de 400 000 personnes en 2035.
J'espère que la ministre ne nous dira pas,
comme la semaine passée, qu'elle reste zen parce que le milieu n'est pas zen du
tout et sent qu'on est déjà dans le mur.
Comment la ministre compte-t-elle s'y
prendre pour assurer une offre de services qui répond aux besoins quand sa
politique de soins à domicile se fait attendre?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La réponse de la ministre responsable des Aînés et des
Proches aidants.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Oui, Mme la
Présidente. Bien, ça me donne l'occasion de <répéter...
Mme Bélanger :
...
Mme
la Présidente. Bien, ça me donne l'occasion de >répéter qu'aucun
gouvernement n'a fait autant que nous pour investir dans le soutien à domicile,
et on met tout en œuvre pour s'assurer de rejoindre de plus en plus de
personnes, oui, des personnes aînées, mais aussi des personnes ayant des
déficiences physiques ou ayant d'autres besoins de santé. C'est près de
400 000 Québécois, Mme la Présidente, qui reçoivent des services de
soutien à domicile. On est en progression constante. À cela s'ajoutent les
100 000 personnes qui reçoivent des services des entreprises
d'économie sociale en soutien à domicile. On a investi comme jamais dans ces
organisations, Mme la Présidente, pour aider, justement, les personnes aînées à
demeurer dans leur milieu de vie le plus longtemps possible.
Alors, les libéraux sont pas mal mal
placés pour nous donner des leçons. Ils ont sous-financé pendant des années les
soins à domicile, notamment en 2015‑2016. Je m'en souviens, Mme la Présidente,
j'étais là. Le Québec a pris un retard incroyable, et on est en train,
vraiment, de rectifier la situation en soutien à domicile. Les gens qui
reçoivent des services sont contents des services qu'ils reçoivent, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Première complémentaire.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Mme la
Présidente, il y a déjà un déséquilibre entre l'offre de soutien à domicile et
d'hébergement et la demande en soutien à l'autonomie des... à l'autonomie des
aînés. Toutes les études, toutes les projections montrent que ce déséquilibre
entre l'offre et la demande va augmenter considérablement en peu de temps. Le
constat est clair, ça ne peut plus durer comme ça, mais la CAQ fait du
surplace.
Il est où, le plan de la ministre? Elle
est où, sa politique de soutien à domicile pour les années qui viennent?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La réponse de la ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Mme la
Présidente, je vais y aller en deux temps. Sur le volet des demandes
d'hébergement, notre gouvernement, là encore, est le gouvernement qui en a fait
le plus pour développer des places CHSLD, notamment avec les maisons des aînés,
Mme la Présidente. Notre objectif était d'en livrer 46, on en a livré 42.
J'aurai l'occasion d'aller inaugurer deux autres maisons des aînés. C'est plus
de 3 500 places, sans parler de tous les CHSLD qu'on rénove
actuellement et c'est sans compter tous les CHSLD, Mme la Présidente, les CHSLD
privés au Québec, qu'on est en train de conventionner. Aucun gouvernement avant
nous n'a eu le courage de faire ça. Puis allez voir le réseau, le réseau est
satisfait de ce qu'il se passe en CHSLD, et on va continuer d'augmenter...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Deuxième complémentaire. Mme la députée.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Mme la
Présidente, les bris de services vont arriver plus tôt que tard. Dans
l'immédiat, les organismes chevronnés en répit et en proche aidance et les EESAD,
dont la ministre parlait tout à l'heure, sont tous essentiels au maintien à
domicile, mais imaginez-vous qu'ils n'ont même pas les moyens de s'inscrire à
l'AMP pour pouvoir soumissionner sur les appels d'offres qui remplacent les
contrats de gré à gré pour ces services-là.
Combien de bris de services est-elle prête
à accepter?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La réponse de la ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Mme la
Présidente, je vais poursuivre sur la première... sur la deuxième question, en
lien avec la politique nationale de soutien à domicile. Contente de voir que ma
collègue de La Pinière attend cette politique avec impatience. On a fait
des travaux importants dans... au cours de la dernière année. On a mobilisé des
centaines et des centaines de personnes, on a reçu des centaines de mémoires.
Notre politique, elle est écrite et elle sera bientôt annoncée.
Alors, Mme la Présidente, on va de l'avant
avec le service... avec les services de soutien à domicile. Vous savez, c'est
un budget de 2,6 milliards en soutien à domicile. Ce n'est pas rien, Mme
la Présidente. Puis on continue vraiment d'augmenter notre budget en soutien à
domicile.
Puis, concernant le répit, bien, c'est la
même chose, Mme la Présidente, on continue d'investir dans le répit puis de
soutenir nos proches aidants.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En principale, je reconnais maintenant Mme la cheffe du
deuxième groupe d'opposition.
Mesures pour atténuer
les effets de l'inflation
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. On apprend aujourd'hui que la facture d'épicerie va augmenter de
1 000 $ en moyenne pour une famille de quatre personnes. C'est
extrêmement dramatique pour les familles parce qu'elles font déjà face à des
explosions du coût du loyer et de l'épicerie.
Hier, j'ai essayé du mieux que je pouvais
d'expliquer au premier ministre que la classe moyenne n'y arrive plus depuis
qu'il est au pouvoir. Je sais, c'est difficile pour lui, comme premier
ministre, d'entendre ça, d'entendre qu'il y a des gens qui travaillent à temps
plein, qui essaient d'élever leur famille, mais qui n'arrivent pas à payer la
base parce que leurs revenus n'ont pas augmenté. Mais la solution, ce n'est pas
d'être dans le déni, ce n'est pas de se mettre la tête dans le sable, c'est de
faire face à la réalité puis d'apporter des solutions. Nous, à Québec
Solidaire, on en a apporté plein, de solutions, mais le premier ministre
n'écoute pas. Je vais l'inviter ici... j'essaie de le convaincre, là, puis j'ai
des chiffres ici qui montrent la situation des gens depuis 2018, on voit que
leurs revenus ont augmenté beaucoup moins que les dépenses. Puis, ça, ça
n'inclut pas toutes les dépenses, c'est <uniquement...
Mme Ghazal :
...que
les dépenses. Puis ça, ça n'inclut pas toutes les dépenses, c'est >uniquement
l'augmentation, depuis 2018 à 2024, du loyer et de l'épicerie. Donc, on le voit
qu'ils n'arrivent pas à monter la tête de l'eau.
Le premier ministre, lui, qu'est-ce qu'il
a décidé de faire, c'est de ne donner que 11 $ par mois. Est-ce qu'il
pense vraiment que c'est avec ça que les familles vont être capables de sortir
la tête de l'eau puis de faire face à une autre augmentation du coût de
l'épicerie de 1 000 $?
Une voix : ...
Document déposé
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) :
Le consentement du... pour le dépôt du tableau?
Merci. Consentement. Maintenant, en réponse, M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Oui, Mme la
Présidente, d'abord, le problème d'augmentation du coût de la vie, c'est un
problème qui est mondial, OK? Ce n'est pas seulement au Québec, c'est partout
dans le monde. Pourquoi? Bien, essentiellement, il y a eu, après la pandémie,
une rupture des chaînes d'approvisionnement qui a amené une explosion des coûts
à l'épicerie partout dans le monde. Et je le sais, Mme la Présidente, que les
Québécois, que tous les citoyens sont très affectés par l'augmentation du coût
de la vie. C'est pour ça, Mme la Présidente, que notre gouvernement, c'est le
gouvernement qui en a fait le plus.
Vous avez remarqué que la cheffe de Québec
solidaire a jeté le tableau qu'elle utilisait depuis quelques semaines.
Pourquoi? Parce que je vais lui donner trois chiffres. Depuis 2018, le revenu
disponible, au Québec, a augmenté de 26 %. Maintenant, le revenu
disponible du quintile le plus pauvre a augmenté de 29 %. Et de combien
a-t-on vu le premier quintile plus pauvre augmenter au Canada? Seulement
23 %. Donc, au Québec, on a fait mieux que la moyenne. Pour les plus
pauvres, il y a eu une augmentation de 29 %. Donc, Mme la
Présidente, je le sais qu'il y a encore du travail à faire, on est tous
d'accord avec ça, mais on est le gouvernement qui en a fait le plus puis on va
continuer d'en faire beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Le premier
ministre vient de dire qu'il est d'accord qu'il faut faire plus de choses, mais
quoi? Ça fait depuis la semaine passée, depuis la... le dépôt de la mise à jour
économique, où est-ce qu'il donne uniquement 11 $ par mois aux gens qui
travaillent très fort puis qui n'arrivent pas. Il n'a rien donné comme
solution. J'attends.
Il me parle toujours du passé. Je lui
remonte le tableau, il peut l'étudier comme il veut. Il y a eu une augmentation
pour les gens du premier quintile, mais ça, là, il refuse de contrôler le prix
des loyers, il refuse de contrôler... ou d'apporter les solutions de Québec
solidaire.
Qu'est-ce qu'il va faire?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Bien, on a
tous remarqué que la cheffe de Québec solidaire ne dit plus que le premier
quintile le plus pauvre a augmenté moins que la moyenne au Québec, parce que
c'était faux, c'est le contraire... Ce n'était pas exact, ce n'était pas
exact...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : ...premier ministre, on ne peut pas dire... Veuillez
retirer le mot «faux», s'il vous plaît, et reprendre votre réponse.
M. Legault : ...pas exact.
Maintenant, quand la cheffe de Québec solidaire nous dit qu'on n'a rien fait...
Mme la Présidente, on a baissé les impôts, on a augmenté de 2 000 $
le soutien aux aînés, on a augmenté les allocations familiales, on a baissé les
taxes scolaires, on a annulé la taxe famille libérale, on a augmenté le crédit
d'impôt pour frais de garde d'enfants...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En terminant.
M. Legault : ...on a baissé
les tarifs... Je continuerai, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Tout ce qu'il me
dit, ça ne permet pas aux familles de s'en sortir, d'être capables de payer
leur loyer, de payer leur épicerie. J'invite le premier ministre à venir avec
moi, à faire l'épicerie ensemble puis de parler au vrai monde, qu'est-ce qu'ils
vivent, des gens qui travaillent, ils travaillent.
Il y a un enfant sur quatre... L'année
passée, c'était un enfant sur cinq qui allait à l'école le ventre vide; là,
maintenant, c'est un enfant sur quatre. Moi, je n'ai pas... je ne suis pas
capable de dormir en apprenant ça, alors qu'on est dans une société riche.
Qu'est-ce qu'il va faire? Qu'il vienne à
l'épicerie avec moi puis qu'il le dise à la population, qu'est-ce qu'il va
faire.
Des voix : ...
• (10 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : S'il vous plaît! Il y a beaucoup de bruit. Je veux
entendre la question et je veux entendre la réponse.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Je suis debout. Article 32. Arrêtez de vous
interpeler d'un côté de la Chambre, s'il vous plaît. La réponse du premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, à chaque fois qu'on a annoncé des montants pour remettre dans le
portefeuille des Québécois, Québec solidaire était contre.
Je continue ma liste, Mme la Présidente :
on a baissé les <tarifs...
M. Legault :
...Mme
la Présidente : on a baissé les >tarifs de stationnement dans les
hôpitaux, on a augmenté le crédit d'impôt pour les proches aidants, on a
augmenté le crédit d'impôt pour maintien à domicile des aînés, on a augmenté le
crédit d'impôt puis le rachat... le remboursement pour les lunettes, on a
augmenté le soutien pour les enfants handicapés, on a augmenté l'exemption pour
les pensions alimentaires.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En terminant.
M. Legault : Mme la
Présidente, quand Québec solidaire dit qu'on n'a fait rien...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En principale, je reconnais le député de Laurier-Dorion.
Impact du coût du
logement sur la sécurité alimentaire
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. On espère ardemment que le gouvernement de la CAQ a lu l'étude de
l'Observatoire des inégalités au Québec qui vient de confirmer ce que des
milliers de locataires nous disent : pour payer les augmentations de
loyer, il faut couper ailleurs, là. Et les locataires du... du Québec ont dû
accepter des hausses de loyer trop fortes dans les dernières années.
Conséquence logique : un locataire sur trois, un tiers, Mme la Présidente,
a de la difficulté à se nourrir. Et, pire encore, c'est dans les classes
moyennes que les augmentations de l'insécurité alimentaire a été la plus
marquée. Le manque de volonté du gouvernement caquiste pour contrer l'explosion
des loyers, y compris... place les locataires devant un choix cruel. Le choix
est clair : pour avoir un toit, il faut couper dans l'alimentation, y
compris dans celle des enfants.
La question est simple : Est-ce que
le gouvernement est conscient que ses politiques favorisent les hausses de
loyer, augmentant ainsi l'insécurité alimentaire, y compris sur chez les
ménages...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La réponse de la ministre responsable de l'Habitation.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Soutenir les... les ménages dans le besoin, c'est une responsabilité
gouvernementale qui est prise au sérieux. Ma collègue, qui est présidente du Conseil
du trésor, a établi, lors de son mandat, une stratégie, un... une première
stratégie qui continue de se déployer.
Mme la Présidente, je suis désolée de...
de l'admettre, mais c'est déjà près de 12 000 logements sociaux et
abordables qui ont été construits au Québec avec la collaboration de notre
mandataire, la Société d'habitation du Québec, c'est tout près d'un
autre 20 000 qu'on est prêts à construire et à annoncer. J'ai
récemment rencontré le maire de Québec, M. Marchand, qui m'expliquait que
grâce aux nouveaux programmes qui sont là, avec l'aide du privé, avec des
fonds, l'aide, entre autres, avec Desjardins, la ville de Québec a enregistré
une hausse fulgurante de logements abordables pour la ville de Québec. Pas plus
tard que cette semaine, j'ai également rencontré le maire de Laval qui me
disait que les superpouvoirs, à travers le pl n° 31, ont permis, entre
autres, à la ville de Laval de monter davantage de logements abordables et
sociaux. J'aurai l'occasion de rencontrer la mairesse de Sherbrooke cet
après-midi, Mme la Présidente, sur le même sujet.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En complémentaire.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Pourtant, les
loyers ne baissent pas, Mme la Présidente. Quel est le message de la CAQ aux
locataires, y compris les locataires de classe moyenne? Qu'il faut payer plus
cher les loyers, quitte à acheter moins de nourriture.
La question est encore très, très simple. Il
y a 1,7 million de locataires qui souffrent de l'insécurité alimentaire,
parfois sévère, et ça, ça découle directement des politiques qui favorisent les
hausses de loyer favorisées par la ÇAQ. Que vont-ils faire pour contrôler...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La réponse de la ministre.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Mme la
Présidente, au fil des ans, ma collègue a mis des outils en place qui,
franchement, font des démonstrations éloquentes : les fonds Desjardins et
les fonds de la FTQ, Fondaction, les maisons... Unitaînés, pardon, Mme la
Présidente, qu'on a récemment présentées, qu'on a... dont on a fait l'annonce
récemment.
Il ne faut pas obliger... oublier, Mme la
Présidente, que le fameux PSL, le programme de soutien au loyer, il est encore
là pour les familles, pour les ménages qui ont des difficultés. Dépendamment de
leurs salaires, il y a jusqu'à 75 % du loyer qui est assumé par la SHQ et
25 %, donc, par les locataires. Il y a tout plein de mesures, Mme la
Présidente, qui sont en place...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En terminant.
Mme Proulx : ...pour venir en
aide aux gens qui sont vulnérables.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Deuxième complémentaire.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : 1 700 000
locataires qui souffrent de l'insécurité alimentaire, y compris dans beaucoup
de ménages de classe moyenne locataires. Les banques alimentaires, ça devrait
être l'exception, non pas... non pas une norme pour les locataires. La CAQ,
avec ses politiques, ne fait rien pour empêcher les hausses de loyer.
C'est très bien, les mesures qu'elle nous
a énumérées, mais que va-t-elle faire pour contrôler les hausses abusives des
loyers? C'est ça, la question à laquelle elle doit répondre.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La réponse de la ministre.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Bien, la réponse
est simple, madame : c'est ce que les précédents gouvernements n'ont pas
fait, construire, construire et construire. Et il y a eu des initiatives qui
ont été mises en <place...
Mme Proulx :
...des
initiatives qui ont été mises en >place par notre gouvernement, qui, en
bon québécois, sortaient de la boîte, des fonds fiscalisés, des entrepreneurs
privés qui ont levé la main, entre autres, récemment, à Montréal, on les a vus,
qui disent : Nous, nous sommes prêts à aider, pour les personnes à revenus
un peu plus faibles... de construire partout sur l'ensemble du territoire
québécois. Maintenant, on va regarder ces discussions qui ont eu lieu avec la
ville de Montréal et les entrepreneurs privés, mais l'ensemble des acteurs lève
la main pour venir faire de la construction rapide pour du logement accessible
et abordable, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
En principale, je reconnais le député de Jean-Talon.
Gestion du Mont-Sainte-Anne
M. Pascal Paradis
M. Paradis : La saison de ski
commence en fin de semaine à Stoneham, au Massif, au Mont-Grand-Fonds, au
Mont-Édouard, mais pas au Mont-Sainte-Anne. Pourquoi? Parce qu'il y a un bris
majeur du système électrique qui alimente les installations, dont les canons à
neige.
Qui devait s'occuper de l'entretien de ce
système-là? RCR, évidemment. Comme d'habitude, RCR a ignoré ses obligations et
a laissé dépérir ce système-là. Comme d'habitude, ce sont les usagers du
Mont-Sainte-Anne qui en paient le prix. Dans l'épisode précédent, quand le
gouvernement nous a moqués, qu'est-ce qui s'est passé le lendemain? Le chalet
du sommet a été démoli tellement RCR l'avait laissé dépérir.
Alors, tout le monde à Québec connaît
l'état de dépérissement du Mont-Sainte-Anne qui a été causé par RCR. Je mets au
défi le ministre de la Capitale-Nationale de se lever aujourd'hui et de
dire : Je suis fier de l'état du Mont-Sainte-Anne, je suis fier du bilan
de RCR.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En réponse, Mme la ministre responsable des Loisirs,
Sports et Plein air.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Eh bien, je ne
veux pas trop décevoir le député de Jean-Talon, mais c'est moi qui vais se
lever pour parler du Mont-Sainte-Anne.
Deux questions cette semaine sur le
Mont-Sainte-Anne, la première où je disais à quel point on a eu un legs
fantastique des libéraux qui ont privatisé le Mont-Sainte-Anne, qui a fait en
sorte qu'on n'avait aucune emprise sur ce joyau qui est tellement important. Il
y a eu un petit peu d'avancées dans le dossier en 2008, quand il y a eu une
entente qui a été faite, dont, je le rappelle, sur le secteur est, mais qui ne
touchait en rien la montagne.
Maintenant, il y a eu des avancées qui ont
été faites dernièrement grâce à notre gouvernement, notamment avec des
investissements de 100 millions pour la montagne, pour le ski alpin entre
autres, pour des investissements qui vont faire en sorte de pouvoir utiliser ce
joyau. Alors, il y a des discussions qui sont en cours. Il y a un litige qui a
eu lieu, pour le secteur est, avec la SEPAQ, qu'on est en train de régler. Des
avancements se déroulent. On va faire en sorte que ce joyau soit utilisé, qu'il
soit à la hauteur de ce que ça peut représenter pour le Québec, et on va
continuer notre travail. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Première complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Donc, je note
que le ministre de la Capitale-Nationale, lui, il n'a pas relevé le défi.
Alors, maintenant, je mets la ministre au défi de faire la même chose parce
que, là, elle s'apprête à faire un cadeau de 50 millions de dollars à
une compagnie étrangère qui a un bilan désastreux et qui a laissé dépérir le
Mont-Sainte-Anne. Alors, je la mets au défi, au-delà des belles communications,
de se lever en Chambre et de dire : Je suis fière du bilan de RCR, je suis
fière de l'état du Mont-Sainte-Anne, c'est pour ça qu'on va leur donner un
cadeau de 50 millions.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La réponse de la ministre.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Oui, bien, je
vois qu'il est plein de défis, ce matin, le député de Jean-Talon. Une chose, un
défi qu'on est en train de relever, c'est de faire en sorte que ce joyau soit
accessible et de qualité, à la hauteur de... des moyens qu'on peut avoir pour
le Mont-Sainte-Anne. Je rappelle qu'il y a plusieurs choses qui ont été mises
de l'avant, notamment un investissement majeur du gouvernement pour faire en
sorte qu'on puisse l'utiliser.
Il y a une chose que je voudrais demander,
mettre au défi le député de Jean-Talon : Il ferait quoi, lui, avec RCR,
les exproprier? Parce qu'il a une pensée magique, qu'il pense qu'on peut
exproprier n'importe qui, n'importe comment.
Alors, nous, on s'affaire à faire en sorte
que le Mont-Sainte-Anne soit utilisé...
• (11 heures) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Deuxième complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : C'est justement
parce que c'est un joyau qui appartient aux Québécois qu'il faut se tenir
debout, pas être à genoux devant une compagnie étrangère. C'est le temps d'un
coup de balai au Mont-Sainte-Anne, oui, et là la ministre refuse de le faire. À
genoux devant Amazon, à genoux devant Northvolt, à genoux devant Stablex, à
genoux devant Flying Whales, c'est un gouvernement qui est à genoux devant les
compagnies étrangères. C'est le temps d'un gouvernement qui va se tenir debout
face à ces compagnies étrangères pour préserver le joyau qui appartient aux
Québécois.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En réponse, Mme la ministre.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Alors, si je
comprends bien, c'est que le Parti québécois, eux, on exproprie. On ne tient
pas compte des ententes qui ont été, par le passé, signées par les
gouvernements précédents.
Nous, au contraire, on se dit : On va
travailler <ensemble...
>
11 h (version révisée)
<17845
Mme
Charest :
...on se dit : On va travailler >ensemble,
on va mettre des ressources, des moyens financiers pour faire en sorte qu'on
puisse utiliser ce joyau. Alors, on a annoncé un investissement de 50 millions.
On est encore en train de travailler sur la résolution du litige avec la SEPAQ
puis RCR. Donc, on travaille avec le milieu aussi pour faire en sorte qu'il y
ait des standards de qualité. Alors, je pense qu'on n'est pas à genoux. Au
contraire, on travaille pour les Québécois.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
En principale, je reconnais M. le député d'Abitibi-Est.
Investissements dans les infrastructures en
Abitibi-Témiscamingue
M. Pierre Dufour
M. Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Je vais donner une deuxième chance au ministre responsable des Infrastructures,
qui, la semaine dernière, quand je lui ai soumis un tableau sur le déficit
fiscal, d'ici 10 ans, pour l'Abitibi-Témiscamingue, de l'ordre de 666 millions...
sa réponse : La région reçoit à la hauteur de sa population. On peut-tu
être sérieux, s'il vous plaît, à un moment donné, là, dans cette Chambre?
Au lieu de lire des lignes toutes déjà
conçues, moi, ce que je veux savoir, c'est : Comment on peut prévoir à
réduire cette situation-là qui va être catastrophique chez nous? Et ce n'est
pas avec des réponses comme ça, comme j'ai eu la semaine dernière, que je peux
penser qu'on va être capables de résorber la problématique en
Abitibi-Témiscamingue. C'est là qu'est ma question, et j'ose espérer que ce
sera un préambule pour la rencontre du ministre responsable de la région avec
les préfets cet après-midi. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
La réponse du ministre des Infrastructures.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente, et merci au collègue pour la question. L'information que je
transmettais la semaine dernière est belle et bien exacte. Lorsque l'on prépare
le PQI, on essaie qu'il y ait une répartition assez juste entre la population d'une
région donnée et les investissements qui y sont faits. Dans certains cas, pour
certaines régions, l'équilibre est un petit peu plus fragile, mais, dans le cas
de la région du collègue, on est bel et bien en équilibre. On a même légèrement
davantage d'argent qui est investi au PQI par rapport à sa population. Ça ne
veut pas dire que tous les besoins sont comblés, ça ne veut pas dire que tous
les projets sont en réalisation, mais, à tout le moins, on est à un niveau d'équilibre,
ce qui est un souci pour l'ensemble des régions du Québec, parce qu'effectivement
la Coalition avenir Québec est un parti des régions. On prône cette équité-là,
on est soucieux de s'assurer que les services sont donnés avec, naturellement,
les moyens que nous avons.
Déjà, les investissements sont à un niveau
historique. En même temps, on écoute les critiques des oppositions, et on nous
reproche d'en faire trop, sinon d'investir trop dans certains cas. Mais je
rassure le collègue...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
En terminant.
M. Charette : ...pour ce qui
est de sa région, l'équilibre souhaité est atteint, bien que nous soyons
conscients qu'il y a d'autres projets...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Première complémentaire.
M. Pierre Dufour
M. Dufour : Mme la Présidente,
je vois bien, là, qu'il n'y a pas vraiment de sens en lien directement avec la
question que je pose, mais qu'est-ce que voulez-vous?
Je vais faire un parallèle maintenant avec
notre système de santé. Malgré, d'ailleurs, l'apport économique des régions
ressources à la caisse du gouvernement, les soins de santé dans les régions,
particulièrement les régions ressources, ne cessent de diminuer et de se
réduire. Encore une fois, on a besoin d'investissement dans nos blocs opératoires,
dans nos petits milieux, dans toutes sortes de choses qui peut aider...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
La réponse du ministre.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Je reviens sur ce que je mentionnais, les besoins sont importants
dans l'ensemble des régions. Quelques phénomènes avec lesquels on doit composer :
des sous-investissements majeurs, si on pense aux administrations précédentes,
autant au niveau du maintien d'actifs qu'au niveau du développement de nouveaux
services, compte tenu, dans bien des cas, d'un accroissement de la population.
Mais, quand je regarde la région du collègue, la population, elle est de l'ordre
de 2 %, et les... en fait, de 1,7 %, et les investissements du PQI
sont de l'ordre de 2 %. Donc, on est réellement en situation d'équilibre.
Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'autres besoins pour lesquels on doit
répondre.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Deuxième complémentaire.
M. Pierre Dufour
M. Dufour : Revenir sur cette
ligne-là, là, Mme la Présidente, là, je ne peux pas croire qu'on se limite à ça
au gouvernement. J'ai dit : Tu as un déficit de région potentiel de 666 millions
sur 10 ans, puis tout ce que tu trouves à dire, c'est que tu sois capable de...
en fonction de la hauteur de la population.
Je m'excuse, là, mais il est où, l'humanisme
derrière un gouvernement qui dirige une population?
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
En principale...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Pardon. La réponse du ministre. La réponse du ministre.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Je ne nie pas les besoins. Les besoins sont immenses, et c'est la
raison pour laquelle nous avons augmenté de façon significative le PQI, 100 milliards
en 2018‑2019, 164 milliards à ce jour. Et l'année prochaine, la hausse
sera encore davantage.
Quand je dis «hausse davantage», aux
19 milliards que nous investissons cette année... Donc, beaucoup d'argent
va au maintien d'actifs, parce que nos infrastructures sont vieillissantes. On
a tous, dans nos circonscriptions, des écoles qui ont pu être construites dans
les années 60, 70. Donc, il y a des besoins importants au niveau des infrastructures...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En terminant.
M. Charette : ...et on se
garde une marge de manœuvre pour de nouvelles infrastructures également.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En principale, je reconnais M. le député
d'Arthabaska.
Capacité d'accueil en
matière d'étudiants étrangers
M. Alex Boissonneault
M. Boissonneault : Merci, Mme
la Présidente. Le dernier rapport du Vérificateur général est dévastateur pour
ce qui est de la gestion de la CAQ. Les ministères de l'Immigration et de
l'Enseignement supérieur ont mis en place des mesures pour augmenter le nombre
des étudiants étrangers au Québec sans en mesurer les conséquences, alors que
le nombre d'admissions était déjà en augmentation avant même la mise en place
de ces mesures. En plus, en février dernier, Mme la Présidente, il y a des
quotas qui ont été établis, dans chaque établissement, d'étudiants étrangers,
sans prendre en considération le nombre réel d'étudiants qui s'inscrivaient. Le
VG déplore aussi la mauvaise qualité des informations, alors qu'en 2019...
depuis 2019, le nombre des effectifs du ministère de l'Immigration a augmenté
de 26 %.
Donc, ma question est la suivante :
Est-ce que la CAQ réalise qu'elle a totalement perdu le contrôle du nombre
d'étudiants étrangers qui sont accueillis au Québec, alors même qu'il y a une
explosion du nombre des fonctionnaires?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La réponse de la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Martine Biron
Mme Biron : Merci, M. le
député d'Arthabaska, pour cette question. J'ai l'impression de retrouver mon
collègue et d'avoir une conversation quand même intéressante sur un sujet très
important, l'apport, au Québec, des étudiants étrangers.
Je suis quand même perplexe sur les
objectifs du Parti québécois, qui est de couper de moitié le nombre d'étudiants
étrangers, la moitié de ce que nous, nous avons fait. Nous avons des quotas à
110 000 étudiants étrangers, et c'est extrêmement important pour le savoir,
pour le cercle international, que la contribution, particulièrement au niveau
universitaire, des étudiants de deuxième et troisième cycle au niveau du
Québec.
Les quotas qui ont été imposés par notre
gouvernement ne sont pas atteints. Il y aura un effort qui devra être fait pour
supporter, d'ailleurs, les institutions et les établissements d'enseignement
supérieur pour qu'ils puissent atteindre leurs quotas. Je vous dirais que, sur
une question éditoriale, c'est essentiel au savoir du Québec, mais également,
sur une question financière, ça rapporte aux... aux établissements
d'enseignement supérieur. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Cela met fin à la période de questions et de réponses
orales. Demeurez en place pour la tenue du vote reporté. Et, pour ce faire, je
cède maintenant la place au troisième vice-président.
Votes reportés
Adoption du principe du projet de loi n° 3
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, comme annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au vote
reporté sur la motion de M. le ministre du Travail proposant que le principe du
projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la
transparence, la gouvernance et le processus démocratique de diverses
associations en milieu de travail, soit adopté.
Le vote est maintenant ouvert.
La période de vote est terminée. M. le
secrétaire général.
• (11 h 10) •
Le
Secrétaire : Pour : 90
Contre : 7
Abstentions : 4
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
La motion est donc adoptée. En conséquence, le principe du projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la transparence, la
gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de
travail est adopté. Mme la leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission des transports et de
l'environnement
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Donc, conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais
motion afin que le projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la
transparence, la gouvernance et le processus démocratique de diverses
associations en milieu de travail, soit déféré à la Commission de l'économie et
du travail pour son étude détaillée, et le ministre du Travail en soit membre,
de ladite commission, pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Motions sans préavis
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Nous sommes maintenant rendus à la rubrique des motions sans préavis. En
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis,
je reconnais maintenant un membre du deuxième groupe d'opposition, M. le député
de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Merci, M. le
Président. Alors, je sollicite le consentement de cette Assemblée pour
présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Bourassa-Sauvé :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte des
propos insultants récemment tenus à l'égard du milieu culturel québécois et
affirme qu'il est inacceptable de mettre en doute la loyauté des artistes,
créatrices, créateurs et travailleuses et travailleurs de la culture;
«Qu'elle rappelle que le milieu culturel
joue un rôle essentiel et irremplaçable dans la vitalité de la langue
française, dans la transmission de notre mémoire collective et dans la mise en
valeur d'une culture commune forte, audacieuse et profondément québécoise;
«Qu'elle souligne que les artistes et les
organisations culturelles du Québec contribuent chaque jour à défendre le
français, à le faire rayonner ici et ailleurs, et qu'ils méritent respect,
reconnaissance et soutien;
«Qu'enfin l'Assemblée nationale réitère
son appui indéfectible envers le milieu culturel québécois et condamne toute
tentative de dénigrer son engagement envers le Québec et la francophonie.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
La prochaine motion revient...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il vous plaît! Nous poursuivons nos travaux.
La prochaine motion revient au troisième
groupe d'opposition. Mme la députée de Terrebonne.
Mme Gentilcore : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec le député de Jean-Lesage, le député d'Abitibi-Est,
la députée de Laporte et la députée de Rimouski, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que,
en 2015, la Coalition avenir Québec a pris l'engagement de rapatrier les
budgets fédéraux en culture dans la déclaration intitulée "Un nouveau
projet pour les nationalistes du Québec"; «Que l'Assemblée nationale
exige que le gouvernement fasse la demande formelle auprès du premier ministre
du Canada et du ministre de la Culture et de l'Identité canadienne de rapatrier
les budgets en culture au Québec avant la fin de la présente législature;
«Que l'Assemblée nationale demande
également que le gouvernement du Québec fasse rapport de ses efforts auprès du
gouvernement du Canada afin de rapatrier tous les pouvoirs en culture.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Mme LeBel : ...de
consentement.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement. Et la prochaine motion revient au gouvernement,
et je cède la parole à M. le député de Chauveau.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin
de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Matane-Matapédia
et la députée de Rimouski :
«Que l'Assemblée nationale réaffirme que
la laïcité de l'État est un pilier du modèle québécois, au cœur de notre
identité et de notre vivre-ensemble; «Qu'elle souligne que le Québec a
choisi une voie distincte, fondée sur l'égalité entre les hommes et les femmes
et affranchie du multiculturalisme, afin de renforcer nos valeurs communes;
«Qu'enfin, elle affirme que le
renforcement de la laïcité s'inscrit dans la volonté de bâtir une société
moderne et fidèle aux principes qui définissent le Québec.»
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement. Et la prochaine motion revient à l'opposition
officielle.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il vous plaît, s'il vous plaît! La prochaine motion revient à l'opposition
officielle. Je reconnais Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le député de Jean-Lesage :
Que l'Assemblée nationale dénonce toute
remise en question de la... pardon.
«Que l'Assemblée nationale dénonce toute
remise en cause de la loyauté envers le Québec du milieu culturel;
«Qu'elle atteste que le milieu culturel
québécois est plutôt le farouche défenseur de notre spécificité collective
alors même qu'il traverse une période plus difficile que jamais;
«Qu'elle déclare aussi qu'il est
insultant, irrespectueux et infondé de taxer une partie substantielle du milieu
culturel québécois de faire preuve de "vacuité intellectuelle" et
"d'aplaventrisme";
«Qu'elle énonce que les représentants des
organisations de la société civile, tous milieux confondus, devraient
raisonnablement pouvoir s'exprimer publiquement dans l'exercice de leurs
fonctions, en toute indépendance des orientations idéologiques de la classe
politique;
«Qu'elle affirme que toute tentative de
remettre en cause la loyauté d'un groupe de citoyens au Québec sur la base
d'opinions politiques légitimes représente une dérive autoritaire qui mérite
d'être combattue par toutes les forces vives de notre démocratie;
«Qu'enfin, elle se réjouisse plutôt que le
Québec dispose d'un milieu culturel foisonnant de créativité, riche d'une
grande diversité d'opinions et faisant la fierté de notre nation.»
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cela nous amène à la rubrique des avis touchant les travaux des
commissions. Mme la leader adjoint du gouvernement.
Mme LeBel : Oui. Alors, je
fais avis à cette commission, M. le Président...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Un instant, Mme la leader adjointe du gouvernement. S'il vous plaît! Je
vous demande, collègues, à faire preuve de plus de discrétion en quittant
l'enceinte du salon rouge. La parole est à Mme la leader adjointe du
gouvernement.
Mme LeBel : Merci. Merci, M.
le Président, pour cette demande de silence pour qu'on m'écoute.
Alors, je fais avis à cette commission,
c'est important, la Commission des finances publiques entreprendra l'étude
détaillée du projet de loi n° 6, Loi donnant suite à des mesures fiscales
annoncées à l'occasion du discours sur le budget du 25 mars 2025 et à
certaines autres mesures, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des
commissions jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures, de
19 h 30 à 22 h 30, et à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Également, la Commission des institutions
entreprendra les consultations générales et auditions publiques sur le projet
de loi n° 1, Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec, aujourd'hui,
après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à 13 heures, de
15 heures à 18 heures et de 19 h 30 à 21 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la leader adjointe du gouvernement.
Pour ma part, je vous avise que la
Commission des transports et de l'environnement se réunira en séance de
travail, aujourd'hui, de 15 heures à 16 heures, à la salle
Pauline-Marois, afin de déterminer les observations, conclusions aux
recommandations de la commission à la suite des consultations particulières et
auditions publiques sur le document intitulé Consultations sur la cible de
réduction des émissions de gaz à effet de serre du Québec.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. Mme la leader
adjointe du gouvernement.
• (11 h 20) •
Mme LeBel : Merci, M. le
Président. Je vous demande d'appeler l'article 3 du feuilleton.
Projet de loi n° 7
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
À l'article 3 du feuilleton, Mme la ministre responsable de
l'Administration gouvernementale et de l'Efficacité de l'État et présidente du
Conseil du trésor propose l'adoption du principe du projet de loi n° 7, Loi
visant à réduire la bureaucratie, à accroître l'efficacité de l'État et à
renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires.
Y a-t-il des interventions? Mme la députée
de Bellechasse.
Mme Stéphanie Lachance
Mme Lachance : Merci, M. le
Président. Je suis ravie d'être parmi vous aujourd'hui et de voir le projet de
loi n° 7, loi visant à réduire la bureaucratie, accroître... pardon, Loi
visant à réduire la bureaucratie, à accroître l'efficacité de l'État et renforcer
l'imputabilité des hauts fonctionnaires, avancer dans le processus,
aujourd'hui, avec l'adoption de principe.
Ce projet de loi marque le coup d'envoi
d'un chantier majeur : réduire la bureaucratie, accroître l'efficacité de
l'État et renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires. Concrètement, il
vise à simplifier les structures gouvernementales, et à optimiser les
ressources, et améliorer les services aux citoyens. Nous voulons un État qui
consacre son énergie au service des Québécoises et des Québécois et non à
alimenter des processus administratifs lourds.
Que prévoit ce projet de loi? Fusions et
regroupements d'organismes, par exemple, l'Institut national de santé publique
avec l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux ou encore
l'intégration des services administratifs d'Urgences-Santé à Santé Québec,
transferts de responsabilités. Certaines activités de la Commission de la
fonction publique seront confiées au Tribunal administratif du travail.
On prévoit l'optimisation de programmes et
de fonds, notamment le Fonds d'électrification et des changements climatiques,
pour maximiser l'impact des sommes. On prévoit l'intégration de fonds comme le
Fonds d'aide à l'action communautaire autonome dans le Fonds québécois d'initiatives
sociales. Ces mesures permettront de réduire les tâches redondantes, d'alléger
les redditions de comptes à faible valeur ajoutée et de simplifier
l'organisation du travail, tout en maintenant la transparence et
l'imputabilité.
Nous renforçons la responsabilité des
titulaires d'emplois supérieurs avec des outils, comme, par exemple, la mise en
place d'un stage probatoire pour les nouveaux dirigeants, la clarification des
attentes en matière d'imputabilité, des ajustements au processus de nomination
à la SAAQ. Ces changements visent à garantir que nos dirigeants publics livrent
des résultats concrets pour les citoyens. En somme, ce projet de loi est une
première étape d'une série de mesures pour bâtir un État plus agile, plus
efficace et plus responsable.
Je souhaite maintenant revenir sur
certains éléments importants qui ont été discutés lors des consultations
particulières. Il faut l'admettre, ces mesures portant sur Transplant Québec et
Héma-Québec ainsi que sur l'Institut national de santé publique du Québec et
l'Institut d'excellence en santé et en services sociaux ont suscité des
échanges très intéressants avec les intervenants entendus en commission.
Au-delà des positions favorables ou non favorables, les discussions ont permis
de soulever les principaux enjeux et de recevoir des propositions d'intérêts
afin de bonifier certains éléments du projet de loi, tout en maintenant les
objectifs d'efficacité.
L'optimisation du Plan pour une économie
verte et du Fonds d'électrification et des changements climatiques a suscité
aussi des échanges francs, notamment sur l'utilisation des surplus
comptabilisés du fonds, tout comme l'intégration du Conseil de gestion de
l'assurance parentale à Retraite Québec. Encore une fois, nous avons pu
bénéficier des points de vue et des positions qui seront considérés dans la
réflexion devant mener à l'adoption du projet de loi.
Je ne peux pas passer sous silence, M. le
Président, les multiples intervenants qui ont contribué à l'exercice de
consultation par leur présence en commissions ou encore par l'envoi de mémoires
à la commission. Bien que tous les groupes n'aient pas eu la chance de se faire
entendre en commission, sachez que vos contributions seront considérées au même
titre pour la suite des travaux. Je me permets, au passage, de remercier tous
ceux qui ont préparé et remis des mémoires ou des commentaires à la commission.
Ce projet de loi, je le rappelle, est un
premier geste d'une série de gestes prévus dans le cadre du chantier de
réduction de la bureaucratie et de l'amélioration de l'efficacité de l'État. M.
le Président, les mesures visent à nous assurer l'adéquation des structures
administratives et des missions des entités concernées avec les priorités
gouvernementales et le contexte budgétaire actuel, tout en améliorant
l'expérience et la satisfaction des citoyens à l'égard des services dispensés
par l'État.
Ce qu'on souhaite, c'est optimiser les
structures et les façons de faire pour que les travailleurs de l'État
consacrent plus de temps aux services directs aux Québécoises et aux Québécois.
Comme les projets de fusion et d'intégration d'organismes et les mesures
d'allègement concernent plusieurs entités, un peu plus de 50 lois en
vigueur devront être modifiées ainsi que certains règlements se rattachant à
ces lois.
Avant de conclure, M. le Président, je me
permets de remercier tous les intervenants qui ont participé à l'exercice de
consultations. Leur contribution à l'avancement de cette pièce législative est
importante. J'encourage aussi mes estimés collègues de la banquette avant à se
prononcer en faveur de l'adoption du principe du projet de loi n° 7.
Je suis réellement enthousiaste à l'idée de débattre, en toute collégialité, de
la proposition de notre gouvernement au cours de l'étude détaillée. J'ai bien
hâte de tous vous y revoir. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Bellechasse. Mme la leader adjointe du
gouvernement.
Mme LeBel : ...M. le
Président, donc, comme ce projet de loi a une incidence financière, je me dois
de faire part de la chose suivante : l'honorable lieutenante-gouverneure a
pris connaissance de ce projet de loi, M. le Président, et elle en recommande
l'étude à l'Assemblée. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la leader adjointe du gouvernement. Et nous allons maintenant
passer à la... au prochain intervenant, et je reconnais M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Le projet de loi n° 7, un
beau titre, mais la réalité est un peu différente, cependant, dans le contenu.
Il faut croire aussi que... Aujourd'hui, là, on nous demande de se prononcer
sur le principe, mais dans les derniers jours, là, il y a eu à peu près une
centaine de mémoires qui ont été déposés, pour un total de près de
150 mémoires qui ont été déposés pour le projet de loi n° 7,
M. le Président. Et là, à minuit moins une, on s'attend, là, à ce que tous
puissent être lus et entendus, que tous les participants de notre démocratie
puissent avoir eu la chance de communiquer leurs doléances envers ce projet de
loi là. À minuit moins une, là, on s'attend à ce que soudainement, là, en
claquant des doigts, tous les gens, là, qui participent dans le processus
législatif soient capables d'avoir lu ces 150 mémoires, M. le Président.
Moi, je trouve ça inacceptable. En fait,
je vous dirais, M. le Président, je trouve que c'est quasiment une insulte à la
démocratie, parce qu'on a devant nous, là, un projet de loi qui va avoir des
conséquences, on ne l'espère pas, mais des conséquences probables sur la vie
des Québécois, et ce n'est pas rien, là. Nonobstant les belles paroles, là, de
la ministre, présidente du Conseil du trésor, sur l'efficacité de l'État, qui...
dois-je le dire ici, il n'y a eu aucune étude d'impact sur toutes les mesures
proposées, là, mais là on fait face à une situation où est-ce qu'on est devant
un fait accompli, on se fait présenter ça. Ça ne sent pas bon, M. le Président.
• (11 h 30) •
Il y a le projet de loi n° 15
qui a été étudié en... un tiers de cette façon-là, avec un paquet d'amendements
qui sont arrivés par la suite. Il y a le projet de loi n° 2,
qu'on sait bien tous, on s'en rappelle, tout récemment, a été, là, adopté, là,
par bâillon. Puis là on nous présente un projet de loi qui... Déjà, là, la
ministre nous dit, là : On va avoir des amendements, oui, on s'en rend
compte, là, il y a des choses qu'il va falloir qu'on agisse. On n'a même pas
commencé de... par finir de lire les mémoires que, déjà, il y a des amendements
qui sont en train d'être tablés. Puis on nous demande aujourd'hui, M. le
Président, là, de venir se prononcer, là, sur le principe de ce projet de loi
là. Je trouve ça vraiment choquant, M. le Président.
On a évidemment rencontré, dans les
rencontres particulières, on a rencontré quelques membres de la société civile
qui sont venus s'exprimer sur le projet de loi n° 7.
Dois-je dire que la majorité d'entre eux, la grande majorité d'entre eux sont
contre le projet de loi n° 7? Et tous étaient d'accord
sur une chose, tous ne <comprennent pas qu'un projet avec des
ramifications...
>
11 h 30 (version révisée)
<19307
M.
Beauchemin :
...le projet de loi n° 7. Et tous étaient d'accord
sur une chose. Tous ne >comprennent pas qu'un projet avec des
ramifications aussi significatives dans le quotidien de tous les Québécois n'avait
pas d'étude d'impact. M. le Président, là, on parle de quasiment 300 articles
de loi. On parle d'un projet, là, extrêmement, là, profond. Puis là,
soudainement, là, on nous dit, comme ça, là : Bien, on va de l'avant, on ne
fait aucune étude d'impact.
Je m'excuse, M. le Président, mais c'est
quelque chose qui ne fonctionne pas. On ne peut pas gérer comme ça. Il n'y a
aucune entreprise privée qui irait de l'avant avec un projet de nature
commerciale qui pourrait être significatif pour cette entreprise-là sans faire
une étude d'impact. Comment ça se fait qu'encore une fois, dans leur huitième
année, le gouvernement de la CAQ nous démontre leur manque de compréhension
pour la gestion 101 puis ne font toujours pas d'étude d'impact quand ils
sont sur le bord de nous présenter des projets de loi avec des ramifications, M.
le Président, dois-je le dire, là, tout partout, là, dans l'appareil
gouvernemental et des conséquences surtout sur les services aux citoyens? L'objectif,
c'est d'économiser, d'accord, mais aucune démonstration de comment on va
arriver à cette économie-là, aucune démonstration de la suite des choses. Dans
un an, dans deux ans, dans trois ans, qu'est-ce qui va arriver, là, de la
nouvelle mouture centralisatrice de la CAQ en termes d'efficacité de l'État?
Aucune analyse d'impact, M. le Président.
Puis c'est drôle, parce qu'il y a eu
plusieurs pays, là, à travers la planète, qui ont essayé de faire ce que le
gouvernement de la CAQ, maintenant, là, essaie de faire dans cette dernière
année de mandat. Et, vous savez, M. le Président, quand la Finlande et la
Norvège ont essayé, avant la pandémie, de mettre en place cette initiative-là,
ils se sont rendu compte d'une chose, M. le Président : ça n'a pas
fonctionné, ça n'a pas donné les résultats attendus.
Puis là, évidemment, on les a... on
a des gens qui nous parlent de cette situation-là en commission parlementaire.
On pose des questions. Pourquoi? Comment ça? C'est quoi, le dénominateur commun
entre ce qui s'est passé pour vous puis qu'est-ce que le gouvernement de la CAQ
nous présente? Le dénominateur commun, M. le Président : pas d'étude d'impact.
On est en train de mettre en place, là,
aujourd'hui, là, un processus qui va vraiment, là, vraiment chambarder le
fonctionnement de plusieurs services aux citoyens, puis là on va rentrer dans
le détail plus tard, parce que j'ai quand même quasiment une centaine de pages
ici, là, de témoignages, mais, M. le Président, on n'a pas eu le réflexe d'aller
voir ce qui s'est passé ailleurs. On n'a même pas encore compris, gestion 101,
qu'on doit essayer d'établir des comparables. Sur quoi on se base pour dire qu'on
veut avancer? Comment va-t-on réussir? Comment mesurons-nous le succès? La
base, M. le Président. C'est quoi, le comparable? Bien, voyons donc! Si on
avait fait l'analyse d'impact, on se serait bien rendu compte qu'en Finlande
puis en Norvège ils ont essayé exactement la même chose, dans certains secteurs,
que le gouvernement essaie de faire, puis ça n'a eu pas aucun résultat. Ça a
été au détriment de la société.
Donc, quel est l'objectif ici, là? Est-ce
qu'on veut vraiment sauver de l'argent ou on essaie de faire penser qu'on a été...
pas capables de bien gérer l'État pendant les sept dernières années, hein? On
en parle depuis... en fait, moi, depuis que je suis ici, là, que ce
gouvernement-là a dépensé sans réfléchir, a mal géré, a fait croître la machine
sans avoir des objectifs clairs de performance, sans avoir des indices de
référence. On en arrive, après sept ans, d'avoir cette espèce d'attitude là un
peu cavalière dans la gestion de l'État puis on en arrive à une situation où
est-ce qu'on a des déficits records après déficits records, une agence de
crédit qui décote l'emprunt québécois, la dette québécoise, le Vérificateur
général qui critique le ministre des Finances.
Puis là on fait tout ça parce que, là, on
essaie de, comme, changer le narratif ici, là. Là, nous, là... Là, on est en
contrôle. Là, aujourd'hui, là, aujourd'hui, M. le Président, là, on va faire ce
que doit. Je m'excuse. On aurait dû faire ce que doit jour 1. C'est quoi, le
style? C'est quoi, la... C'est quoi, la raison d'être de totalement oublier
qu'on est fiduciaires de l'argent des <Québécois...
M. Beauchemin :
...va
faire ce que doit. Je m'excuse, on aurait dû faire ce que doit jour 1. C'est
quoi, le style, c'est quoi, la... c'est quoi, la raison d'être de totalement
oublier qu'on est fiduciaires de l'argent des >Québécois? Pourquoi avoir
totalement oublié ça puis avoir géré de façon toute croche tout l'appareil
gouvernemental, avec tous les débordements qu'on comprend, les pertes de
services?
Puis là on se retrouve, M. le Président,
avec une situation où est-ce que, ah! bien là, on est à comme presque le troisième
ou quatrième parti dans les sondages, on veut essayer de revirer ça de bord
puis on veut faire ce qu'il faut, ça fait que, là, on va faire des opérations
marketing pour s'assurer d'une chose, M. le Président, c'est qu'on envoie
l'image qu'on est en... on est... on prend en charge la situation. OK. J'aurais
donné une chance au coureur si, en dessous de ça, il y avait eu des analyses
d'impact, s'il y avait vraiment eu de la substance, s'il y avait eu vraiment
des gens de la société civile qui... En passant, là, tous ceux qui ont déposé
des mémoires, là, aucune personne n'a été consultée, aucune. Puis moi, je
regarde ça puis je me dis : Ça ne se peut pas. Ça fait que c'est une
opération marketing, parce que, vraiment, là, on parle de
35 millions de dollars, après tous ces exercices-là, d'économies, là.
Bien, M. le Président, je m'excuse, mais
on manque la cible totalement, là. Là, c'est le même gouvernement qui, depuis
2018, a tellement augmenté le fardeau réglementaire des PME du Québec, à un
point tel qu'elles ont été capables de faire des calculs et démontrer que,
depuis 2018, ça coûte 2,4 milliards de plus par année à l'ensemble des PME
au Québec, 2,4 milliards par année à cause du fardeau réglementaire, de la
paperasse caquiste, M. le Président. Puis ça, là, on est là, on regarde ça puis
on dit : OK, on ne fait rien. Woup! Année 7, Standard & Poor's décote.
Ah! là, il faut qu'on ait de l'air d'une gang de responsables. On va... on va
faire un projet de loi pour parler qu'on... qu'on veut réduire, là, la
bureaucratie. OK. Opération marketing, M. le Président.
Puis les gens qui grattent, là, les gens
qui vérifient, là, les gens, là, qui ont l'expertise d'analyse, de voir ce que
le gouvernement est en train de faire, arrivent tous à la même conclusion :
ce gouvernement-là manque la cible. Il n'est pas bon. Puis ils sont incapables
de justifier leurs propositions, peut-on dire, incapables de justifier avec de
la substance puis dire : Voici l'analyse d'impact, voici les résultats,
voici tel groupe qui nous supporte, voici tel autre groupe qui nous supporte,
voici ce qui a été fait ailleurs, voici les indices de référence. Aucune
analyse. Gestion 101, M. le Président.
On n'a même pas pensé faire un projet
pilote. Tu sais, je veux dire, SAAQclic, là, c'était 1,1 milliard, puis là
on... Il y en a d'autres, cauchemars caquistes, là, qui sont dans l'appareil
gouvernemental. Il me semble que la leçon, elle aurait dû être évidente. Il me
semble que la leçon, elle aurait dû être : OK, là, à date, on a foiré pas
à peu près, peut-être que ce qu'on devrait faire, c'est un projet pilote pour
essayer de démontrer ou, au minimum, apprendre puis voir si ce qu'on essaie
d'avancer fonctionne, commençons avec un... Non, non, ils sont trop pressés, M.
le Président, parce qu'il y a une campagne électorale qui s'annonce bientôt. Ça
fait qu'ils veulent absolument être capables de dire : On a fait le projet
de loi, puis là ce qu'on veut faire, c'est vraiment rendre ça... puis on livre
la marchandise, puis on a été capables de faire ça, puis ça fait ta, ta, ta.
• (11 h 40) •
Pensez-vous vraiment que les Québécois
vont comprendre, vont entendre puis être d'accord avec cette... cette
proposition-là du gouvernement après sept années de suite où est-ce que le
gouvernement aura livré des budgets déficitaires, après avoir ajouté
100 milliards à la dette du Québec en huit ans?
Avant que la CAQ arrive, il y avait
160 milliards de dette. Là, maintenant, là, quand ça va finir, cette
histoire-là, 260 milliards en huit ans, 100 milliards de plus. Ça a
pris 60 ans pour mettre 160 milliards de dette sur le dos du Québec, là,
contre quoi on a eu la Révolution tranquille, des hôpitaux, des écoles, des
cégeps, des services de garde, l'assurance... On a eu le Fonds des générations,
toutes des belles réalisations, Hydro-Québec. On a eu 160 milliards, 2018.
Maintenant, sept ans, huit ans plus tard, la CAQ va en avoir ajouté 100 pour
quoi, quand on regarde les services qui sont en lambeaux partout à travers le
Québec?
Donc, on essaie, là, dernière minute, de
bien paraître devant l'électorat puis dire : Heille! on est en charge,
nous autres, là, puis on va être capables de bien faire ça, on va être capables
de resserrer la vis, puis de trouver des efficacités, puis de <réduire
la...
M. Beauchemin :
...on
va être capables de resserrer la vis, puis de trouver des efficacités, puis de >réduire
la bureaucratie, blablabla.
M. le Président, je m'excuse, là, mais
même le Vérificateur général dit que le ministre des Finances sous-estime le
déficit de 15 %. Ce n'est pas rien, ça, M. le Président. C'est le
Vérificateur général. Les agences de crédit ont dit à maintes reprises... Et
Standard & Poor's a décoté la CAQ. Pourquoi? Parce que son plan de retour à
l'équilibre n'est pas crédible, pas crédible : prévisions économiques
enflées, le double de ce que l'ensemble des économistes sont en train de
penser, un; deux, des plans d'infrastructures qui sont insoutenables,
insoutenables, non réalisables. Puis les agences de crédit les considèrent
comme de la dépense, ces dépenses-là, ces investissements-là en infrastructure.
Ça fait que, du point de vue des agences de crédit, pour eux, quand ils sont
arrivés au-dessus de 17 milliards par année, là, le drapeau rouge a été
vraiment, là : Hé! un instant, là, vous allez être décotés. Même le
ministre était au courant. Le ministre me l'a même dit. Il savait que c'était
insoutenable de passer au-dessus de 17 ou 16 milliards. Ils ont décidé de
faire trois années à 19, puis, au diable... au diable vauvert, on pogne la
décote. Ça fait que c'est ça, le gouvernement de la CAQ, M. le Président.
Honnêtement, je ne trouve pas ça le fun de
toujours être en train de voir ce qui se passe au gouvernement, parce que...
Moi, j'ai travaillé 35 ans à l'extérieur, dans le monde privé, là, puis on
gérait les choses de façon responsable. On arrive ici, puis c'est tout à fait
l'inverse, l'exemple que j'ai eu en regardant ce gouvernement-là. Là, on nous
fait accroire, là, qu'on va être capables d'économiser des millions de dollars,
là, parce que, là, on va fusionner des entités de... de monde, là, de gens, là,
OK, puis, dans le... Dans le jargon économique, on parle de frais variables,
parce que des salaires, c'est des frais variables. Ça fait qu'on va... on va
fusionner des salaires ensemble, on va fusionner des départements ensemble puis
on va faire des économies parce qu'on va économiser sur... On n'aura plus
besoin de deux vice-présidents, on va juste en prendre un. On n'aura plus
besoin d'avoir un «board»... deux «boards», on va juste en avoir un. Ah! hein,
regarde donc ça, toi. OK. Ça fait que, là, on décide de faire ça comme ça sans
se dire que...
Un instant, là. Les deux vice-présidents,
je vais donner un exemple simple, là, avaient chacun 50 personnes sous
leur responsabilité. Là, on met à la porte un vice-président, puis là le
vice-président gagnant, si on peut l'appeler ainsi, a soudainement
100 personnes sous sa responsabilité. Qu'est-ce que vous pensez qu'il va
arriver, M. le Président? Il va dire : Je veux quelqu'un pour m'aider,
j'ai besoin d'aide, là, je ne peux pas faire ça tout seul, je ne peux pas
passer de 50 à 100 du jour au lendemain, ça ne marchera pas. Ça fait qu'on
n'économisera même pas un salaire, parce qu'il va falloir qu'on engage
quelqu'un pour aider. On va économiser, quoi, 1/20 de salaire, peut-être.
Encore une fois, on n'a pas fait aucune
démonstration de la justice de ces calculs-là. On n'a fait aucune étude
d'impact. Ça aurait été important de le faire. Ça aurait été important de le
faire, parce que je pense qu'à travers le processus d'analyse, là, on se serait
rendu compte, là, qu'on a des entités, souvent, qui ne peuvent pas être
fusionnées ensemble. Puis ça arrive. Il y a des trucs qu'on peut peut-être
organiser pour s'arranger pour faire des économies. Mais il y en a trois, là,
puis je vais y aller en détail tantôt, là, mais il y en a trois que c'est
des... c'est des missions totalement différentes, c'est des compensations
d'employés totalement différentes, c'est des conditions de travail
totalement... c'est un environnement de travail totalement différent. C'est
comme en géométrie, M. le Président, là, deux cercles indépendants, OK, qui ne
se touchent pas. Ils n'ont pas une zone en commun, ils n'ont pas une
intersection, OK, puis là on dit : On va les... on va les fusionner
ensemble. Bien, c'est parce qu'il n'y a aucune économie à faire. Il n'y en a pas
une. Les cercles ne se touchent pas.
Tu sais, honnêtement, je pense qu'au
gouvernement les fils ne se connectent pas, des fois, là, parce qu'honnêtement
il aurait fallu faire cette analyse d'impact là pour se rendre compte :
Bien, voici, je suis capable de déterminer réellement ce que je vais être
capable d'économiser.
Tu sais, je donne l'exemple des cercles,
mais je vais donner une autre image, peut-être, pour que les gens puissent
comprendre. Là, on dit : On veut fusionner l'INESSS puis l'INSPQ. Pourquoi?
Bien, c'est dans le domaine de la santé, là, puis on va tout mettre ça
ensemble, ce beau monde là, là, on va faire des économies. Là, c'est comme vous
dire : Montréal, là, ils ont deux équipes de sport, le Canadien puis les
Alouettes, on va «merger» ça ensemble, là, M. le Président, là, parce que c'est
du sport. Ah! j'ai hâte de voir ça, là. Il n'y en a pas un, là-dedans, qui va
gagner la coupe Stanley ou la coupe Grey, là. Bien, c'est ça, la proposition de
la CAQ, M. le Président.
Ce n'est pas parce que c'est dans le
sport, ce n'est pas parce que c'est dans la <santé...
M. Beauchemin : ...ce n'est
pas parce que c'est dans le sport, ce n'est pas parce que c'est dans la >santé,
ce n'est pas parce que c'est x, y, z qu'il y a fusion et économies d'échelle à
faire. Savez-vous pourquoi, M. le Président? Parce que la base même de
l'économie, là, d'échelle, le concept économique de l'économie d'échelle réside
dans la chose suivante : ça prend des frais fixes sur lesquels tu peux
augmenter l'utilisation. Tu économises... Supposons que tu as un building,
un... un immeuble avec 200 personnes dedans puis, le lendemain, tu es
rendu avec 400 personnes dedans, le rendement, tu économises, là. Ça coûte
moins cher par logement. C'est... c'est ça, le concept de l'économie d'échelle.
C'est être capable de plus utiliser, en plus grand nombre ou en plus grande
variable, l'utilité de ton frais fixe.
Ce que le gouvernement nous propose, c'est
des économies de frais variables. Mais, des frais variables, il n'y en aura
pas, d'économie d'échelle, là-dessus. Je vous ai donné l'exemple, tantôt,
des... des vice-présidents. Bien, des vice-présidents, là, ou des
vice-présidentes, M. le Président, là, ils ont des responsabilités. Là, on va
en faire disparaître une gang pour faire en sorte que les autres vont avoir le
double du travail, qui va donc résulter en : Bien, j'ai de besoin d'aide
parce que je ne suis plus capable de faire la job.
Je vais vous donner un autre exemple, M.
le Président. Il y a eu, comme vous le savez, lors du gouvernement de...
péquiste de... de l'époque, des fusions municipales. Savez-vous c'était quoi,
le dénominateur commun pour en arriver à dire : OK, on va fusionner ça,
ces villes-là, ensemble, là, puis là on va mettre tout ce beau monde-là, ils
vont tous travailler? Ça fait que les... les pompiers vont tous travailler
ensemble, là, puis les gens qui s'occupent de la voirie vont travailler
ensemble, puis les gens, dans les bureaux de personnel, vont travailler
ensemble. Bien, un instant, là. La ville A a des conditions de salaire x puis
la ville B a des conditions de salaire à trois quarts de x. Savez-vous c'était
quoi, le dénominateur commun pour les mettre ensemble? Ils ont tous été
augmentés au taux le plus élevé. Ils ont tous été réceptifs à se faire
augmenter le salaire pour que la fusion fonctionne.
Ça fait que, vous savez, M. le Président,
quand on veut faire des fusions puis que, là, finalement, on a des conditions
de travail qui sont différentes, puis, pour que la fusion fonctionne, bien, il
faut augmenter ceux qui ont le moins gros salaire au même niveau que ceux qui
ont le plus haut salaire, parce que sinon ça ne passe pas, parce que la machine
de l'État est comme ça, parce que les syndicats vont s'impliquer là-dedans,
etc., pensez-vous vraiment qu'en bout de piste, hein, on va avoir des économies
d'échelle? Bien, la réponse à ça, c'est non. On n'en aura pas.
Je ne suis pas le seul qui le dit, là. Il
y a plusieurs personnes qui sont venues nous voir pour nous dire
qu'honnêtement, là, ça risque de même coûter plus cher à l'État, tout ça. Ça
fait qu'on fait tout cet exercice-là pour bien paraître devant l'électorat,
parce que ça fait sept ans qu'on gère vraiment mal l'État québécois.
Le transfert des compétences de Transplant
Québec vers Héma-Québec, c'est un enjeu qui est important, parce que la... Il
faut réaliser, là, que la réalité de ces organismes-là, elle est totalement
différente l'une de l'autre. Quand je vous parlais, là, des deux cercles qui ne
se touchent pas, là, cet exemple-là, il est flagrant. Je comprends, là, qu'on
est dans le concept santé, là, mais c'est comme les deux équipes de sport de
Montréal, là. Ce n'est pas la même affaire. Ce n'est pas pantoute la même
affaire. Enlever un... Le moment entre le prélèvement d'un organe et la
transplantation est extrêmement court et nécessite une organisation et une
réaction très proactives pour assurer la réussite de la transplantation et
ainsi sauver des vies. Dans le cas d'Héma-Québec, le moment entre le
prélèvement et l'utilisation de sang ou de tissus peut prendre beaucoup plus de
temps, et une gestion de stock doit être bien faite. C'est des approches
totalement différentes, M. le Président. On parle ici, là, de sauver des vies.
Ça ne marche pas comme ça.
• (11 h 50) •
L'abolition de la Commission d'évaluation
de l'enseignement collégial. À sa face même, il apparaît peu judicieux d'abolir
un organisme dont le rôle est l'évaluation de la qualité de l'enseignement que
nos jeunes reçoivent. Voyons donc, M. le Président! Là, on enlève ça pourquoi?
Parce qu'on ne veut plus savoir comment nos enfants vont être éduqués? Parce
qu'on ne veut plus vraiment avoir des indices de référence? Parce qu'on ne veut
pas avoir ces données-là? Comment on va être capables de juger la performance si
on fait ça, M. le Président? Un autre exemple de pourquoi ça ne marche pas,
cette affaire-là.
L'abolition du Conseil de gestion de
l'assurance parentale et le transfert des compétences vers Retraite <Québec...
M. Beauchemin :
...de
gestion de l'assurance parentale et le transfert des compétences vers
Retraite
>Québec. Là, il faut comprendre, M. le Président, là, que le régime
d'assurance parentale fait en sorte que le Québec se distingue. Le régime
d'assurance parentale concilie le travail-famille, le conflit entre le travail
et la famille. Ça permet à des parents de pouvoir prendre du temps puis d'être
capables d'être avec leurs nouveaux enfants. M. le Président, on est un exemple
au monde avec ce régime-là.
Donc, soyons clairs. Ici, là, le marché
ciblé ici, si je peux le dire ainsi, c'est des jeunes parents avec des jeunes
enfants, OK? Donc, le profil de risque, c'est des jeunes personnes. Le Régime
des rentes du Québec, M. le Président, ce n'est pas que je veux faire de
l'âgisme, là, mais c'est des gens qui sont à la retraite. Le profil de risque
est totalement différent. Là, on dit : On va faire un beau petit amalgame
avec tout ça, là, parce qu'on va tout transférer les sommes du fonds de ça...
de ces gens-là ensemble, puis on va faire une... une gestion plus efficace de
l'appareil. Bien, voyons donc, M. le Président! C'est des profils de risque
différents. C'est des concepts différents. Comment peut-on penser vraiment,
réellement être capables de s'assurer que le régime d'assistance parentale va
être aussi bien géré? Ça va minimalement prendre des personnes du régime actuel
qui vont être maintenant insérées dans le Régime des rentes du Québec. Ça va
prendre minimalement ces gens-là pour qu'ils soient présents dans la gestion du
quotidien de ce nouveau régime fusionné là.
Ça fait qu'on économise où là-dedans, M.
le Président? On n'économisera pas, là. Puis, même si on met du monde à la
porte, ce que ça veut dire, la conséquence de mettre le monde à la porte, c'est
qu'on va perdre de l'expertise. On ne sera plus capables, M. le Président,
d'être... d'être progressistes dans notre façon de gérer cet argent-là. Puis là
je vous épargne, là, ce que j'ai comme compris puis sous-entendu. Puis j'espère
que ce n'est pas ça qui va se réaliser, parce que ça, ce serait une erreur, là,
OK? Mais, le profil de risque étant tellement différent, on ne peut pas gérer
ces retraites-là, ce cash-là de la même façon. Ça va continuer à prendre deux
politiques de placement totalement indépendantes. Ça fait que, je m'excuse, là,
il n'y a aucune économie d'échelle là-dedans.
Encore une fois, je reviens sur le concept
de base. On essaie de nous faire prendre... croire qu'on va être capables de
faire des économies en coupant dans des frais variables, mais c'est parce qu'à
la base, là, il faudrait quand même comprendre le principe de la productivité,
ce que ce gouvernement-là, de toute évidence, ne comprend pas.
On veut abolir le Fonds des technologies
de l'information du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale et du
Fonds pour l'excellence et la performance universitaires pour transférer ces
fonds au fonds consolidé. L'enjeu ici, là, c'est exactement le même que je vous
disais tout à l'heure, dans l'autre exemple que j'ai donné. Les fonds qui sont
visés par une abolition ont un rôle bien défini, et transférer ces sommes vers
le fonds consolidé s'apparente littéralement, M. le Président, à un
détournement de fonds. Parce qu'avant d'accepter une telle modification le
gouvernement devra démontrer hors de tout doute l'inutilité de ces deux
fonds-là, puis, malheureusement, dans le projet de loi, il n'y a absolument
rien qui justifie ça. Puis, je vous dis, M. le Président, là, s'il y avait eu
un paragraphe ou deux, je vous l'aurais lu, là. Il n'y a rien, aucune
justification. Ça fait que je m'excuse, là, mais pourquoi qu'on fait ça? Le
fonds consolidé, là, hein, c'est... Le fonds consolidé, c'est des revenus de
l'État. On a besoin de plus de revenus parce qu'ils ont tout... tout dépensé
tout croche, là, dans les sept dernières années. Ça fait que, là, maintenant,
ils vont gratter les fonds de tiroir. Bien, ils grattent en allant chercher des
fonds qui sont pour la technologie de l'information, et de l'emploi, et de la
solidarité sociale. Wow!
Abolition de la Commission de la fonction
publique et transfert des compétences vers le Tribunal administratif du travail.
Puis ça, celle-là, ma collègue de Westmount—Saint-Louis va sûrement vous en
parler, là, mais moi, là, quand j'ai entendu la présidente du Conseil du trésor
me dire que le chien de garde, hein, le chien de garde des Québécois, parce que
c'est le chien de garde des Québécois, là, qui vérifie ce que les ministères
font puis s'assure de la bien... de la bonne exécution des mandats donnés à ces
ministères-là, quand j'ai entendu la présidente du conseil nous dire que c'est
un lobby, j'ai fait : Bien, voyons donc, toi! C'est le lobby des Québécois.
C'est les Québécois qui <veulent...
M. Beauchemin : ...quand
j'ai entendu la
présidente du Conseil nous dire que c'est un lobby, j'ai
fait : Bien, voyons donc, toi! C'est le lobby des
Québécois. C'est
les Québécois qui >veulent qu'il y ait une vérification qui soit faite
pour s'assurer que, justement, l'appareil gouvernemental fait ce que doit. Puis
là le gouvernement veut l'enlever. On veut enlever les chiens de garde. On veut
enlever les contre-pouvoirs. On veut simplifier ça à un niveau tel que,
finalement, on va éviter, quoi, la déroute, M. le Président? Ça ne tient pas la
route.
Je regarde le temps filer, là. Réduction
de certains rapports. Bon, correct, réduction de certains rapports. On veut
couper dans l'exécution de rapports parce qu'on veut juste moins rapporter ce
qu'on fait ou ce qu'on ne fait pas bien, finalement, aux Québécois. Ah bon! Pourquoi?
Moi, si j'étais un citoyen, là, qui veut vérifier si mon gouvernement livre la
marchandise, là, j'ai besoin d'avoir des rapports. Là, on est en train de nous
dire qu'on va les éliminer, on va en enlever, on va rendre l'information moins
accessible. Ça ne se peut juste pas, M. le Président, là. Ça ne se peut juste
pas.
Revenons à Transplant Québec. Là, je vais
vous donner des paroles qui ont été prononcées par Martine Bouchard,
M. Chaudhury puis M. Weiss, des gens qui sont spécialistes dans le
domaine. La première ligne qui sort de leur mémoire, c'est que c'est une perte
d'expertise irréversible et d'un modèle clinique reconnu mondialement pour son
efficacité qui va être détruit. Ce n'est pas rien, là, ça.
Transplant Québec, M. le Président, là, c'est,
comme je disais tantôt, une entité qui gère... on pourrait appeler ça un moment
de crise médicale. La transplantation de quelque chose, là, ça doit se faire
là, bientôt, maintenant. On doit identifier les gens, qui peut être un donneur,
qui est receveur, c'est quoi, l'accès le plus rapide pour transplanter le...
transplanter... ou transporter, excusez, l'organe, etc. Est-ce qu'on a des... Les
chambres de... pour se remettre de l'opération, sont-elles disponibles? Est-ce
que les salles d'opération sont disponibles, etc.? C'est l'exécution rapide,
là, OK? Ce n'est pas collecter du sang, comme on donne du sang, nous tous,
j'espère, puis que ça, ça s'en va dans le «storage», puis que ça, c'est dans
une banque en réserve, puis il n'y a pas le même niveau de stress, là. C'est
deux entités différentes. Comme je disais tantôt, là, c'est deux cercles qui ne
se touchent pas. C'est dans la santé, M. le Président, comme il y a deux
équipes de sport à Montréal, qui font des sports totalement différents. On ne
peut pas les fusionner.
Je ne sais pas comment le dire autrement,
M. le Président. Bien, ça, ici, là, c'est des économies de bouts de chandelles
qui vont avoir des conséquences directes sur la vie de citoyens, des citoyennes
du Québec. C'est grave, M. le Président. Pourquoi qu'on fait ça? Parce qu'on
n'a pas géré l'État québécois comme il faut pendant sept ans. Il nous reste
quelques mois avant le déclenchement de la prochaine campagne électorale. On
veut bien paraître. On met ce projet de loi là en marche. On va être capables
d'avoir des lignes de com pour bien paraître dans les médias puis être beaux
devant le kodak. C'est exactement ça que le gouvernement de la CAQ fait.
• (12 heures) •
Transplant Québec n'est pas contre,
évidemment, l'amélioration de l'efficacité de l'État. Transplant Québec
aimerait ça que ce soit encore plus efficace. Mais, les doléances de Transplant
Québec, à savoir toute la paperasse puis la réglementation que le gouvernement
de la CAQ exige, tout ça, M. le Président, rien là-dessus de la part du
gouvernement, rien pour rendre leur job plus efficace... Oups! Pardon, excusez.
Il y a 500 transplantations faites au
Québec par année. Il y a 16 000 vies sauvées depuis la création de
Transplant Québec. Il n'y a aucun pays performant qui a fusionné l'agence du
sang et l'agence du don d'organes, aucun pays performant. Est-ce que je peux
parler des pays non performants? Est-ce qu'on veut se comparer à des pays non
performants? M. le Président, c'est atroce, comme idée.
Il y a le Dr D'Aragon, qui est un
spécialiste, Faculté de la médecine et sciences santé de l'Université de Sherbrooke,
qui est venu nous parler pour nous dire que, selon lui, en fait, là, c'est un
recul de faire cette fusion-là puis qu'alternativement, là, la gestion du don
de tissus, qui est gérée, là, maintenant, par Héma-Québec, elle <devrait...
>
12 h (version révisée)
<19307
M.
Beauchemin :
...cette fusion-là puis qu'alternativement la
gestion du don des tissus, qui est gérée, là, maintenant, par
Héma-Québec,
elle >devrait être gérée de façon plus efficace à l'intérieur de
Transplant Québec. Ça fait qu'on va... on dit : Non seulement on ne veut
pas que vous alliez dans cette direction-là, mais c'est déjà mal fait, revenons
en arrière pour ça parce que ça, ce serait pas mal plus efficace pour sauver
des vies, M. le Président.
Il y en a eu, là, des commentaires des
gens d'Héma-Québec, mais, en bout de piste, là, on remet tous en doute la
capacité d'Héma-Québec à recevoir et intégrer Transplant Québec. Puis c'est
tellement des spécificités différentes, là, c'est tellement, là, des... une expertise
qui... qui peut être séparée l'une de l'autre facilement, que de penser qu'on
va être capables d'économiser en mettant tout ça ensemble, c'est du rêve, M. le
Président, ça ne marchera pas. On n'a pas les mêmes genres d'approches médicales.
Ce n'est pas du tout le même milieu médical ici, là, on est ailleurs. Ça ne
marche pas. C'est comme... c'est comme la pensée magique qu'en bout de piste on
va avoir des économies. Malheureusement, le gouvernement de la CAQ veut
continuer dans cette direction-là.
Les gens de Médicaments novateurs Canada, pour
eux, ils disaient la statistique suivante, qui est très intéressante : le
Québec, dans le monde, OK, a une très mauvaise performance d'accès aux
médicaments novateurs, on est 19e sur 20 dans l'OCDE, les derniers du G7 pour
la rapidité d'accès à des nouveaux médicaments. Ce n'est pas rien, ça, M. le
Président. Là, on est en train de se faire dire par des gens spécialistes dans
le domaine qu'au Québec on est les derniers ou presque de l'OCDE, puis ce
gouvernement-là dit : Ah! pas grave, on va vous mettre ensemble, ça va
mieux aller.
C'est ça, la solution, là, aucune étude d'impact,
aucun projet pilote pour voir si, peut-être, potentiellement, on s'en va dans
la bonne direction. Non, non, on y va Gros-Jean comme devant, dernière année du
mandat. Pourquoi? Parce qu'on a géré les finances publiques de façon
irresponsable depuis sept ans, puis là, maintenant, là, on fait face à la
réalité. L'électorat n'aime pas la façon que la CAQ a géré l'État québécois, n'aime
pas la façon que l'État québécois s'est endetté, n'aime pas la décote, puis là
on essaie de bien paraître puis changer le narratif. Avec ça, là, le Québec,
selon le monsieur que je vous ai mentionné son nom il y a deux secondes... ah non!
je ne l'avais pas mentionné, Olivier Jérôme, le Québec est en train de perdre
son leadership en sciences de la vie, puis on va tomber encore plus en arrière
comme lieu d'innovation et d'investissement en médecine et en recherche
médicale si on va de l'avant avec ce projet de loi là.
Le temps file. J'essaie d'être plus
efficace. Je vais peut-être me garder le luxe de déborder un peu, M. le
Président, parce que je sais que j'ai jusqu'à 1 heure. Je veux être
raisonnable.
L'Institut national de santé publique du
Québec. On veut fusionner l'INSPQ avec l'INESSS. Là, il faut comprendre ici,
là, que l'INESSS, c'est une fierté québécoise. L'INESSS, en fait, a été le
modèle sur lequel le Canada s'est basé pour faire sa santé publique canadienne.
L'INESSS, là, c'est un champion global. L'INESSS, c'est une fierté, M. le
Président. L'INSPQ... Là, on parle ici, là, qu'on veut fusionner ça ensemble, on
veut mettre ça, là, dans le même bureau, hein, parce qu'on pense qu'on va être
capables de faire des économies d'échelle.
Je m'excuse, mais ça ne marchera pas, là,
parce qu'on n'économisera pas sur des actifs, des frais fixes, là. Il n'y a
aucun frais fixe qui est éliminé ici, M. le Président, deux entités totalement
différentes, des missions différentes que, là, on veut mettre dans... dans la
même entité mais qui vont garder les mêmes bâtiments, les mêmes laboratoires, qui
ne peuvent pas parce que c'est des environnements d'expertise, des champs d'expertise
totalement différents, là. On n'a aucun frais fixe qui va être éliminé, aucun.
On parle encore une fois d'éliminer des frais variables. M. le Président, ce
n'est pas connaître l'économie d'échelle. Le concept de l'économie d'échelle,
là, ce n'est pas <avec...
M. Beauchemin :
...d'éliminer
les frais variables. M. le Président, c'est ne pas connaître l'économie
d'échelle. Le concept de l'économie d'échelle, là, ce n'est pas >avec
des frais variables qu'on fait ça. Mais c'est ça, la CAQ.
Mais, moi, ce que je trouve encore le plus
triste dans cette histoire-là, c'est que l'INSPQ, là, c'est une fierté, c'est
nous autres, là, qui «leade» au Canada, puis là on veut juste les tasser de
bord, on veut juste les fusionner avec l'INESSS puis dire : Bah! pas
grave! M. le Président, il est où, le nationalisme en santé de ce
gouvernement-là? Moi, j'ai vu ce gouvernement-là, là, donner des centaines de
millions puis des milliards de dollars à des compagnies étrangères. Je les ai
critiqués à tour de bras pour leur dire : Coudon, il est où, le nationalisme
économique? Pourquoi qu'on ne fait rien pour 97,5 % de toutes les
entreprises privées qui sont au Québec, qui sont des PME? Pourquoi que le
gouvernement ici dort littéralement au gaz avec nos PME? Puis là, maintenant,
on est en train de dire : Bah! nous autres, on aime ça... Aucun
nationalisme économique dans leur développement de vision économique. Mais là
le même problème, ici, là, aucun... aucune vision de nationalisme en santé, M.
le Président. On est prêts, là, à fusionner l'INSPQ avec l'INESSS puis on est
en train de se dire : Ce n'est pas grave. C'est un fleuron, M. le
Président. Si c'était justifiable, s'il y avait des économies, réelles
économies, là... mais il n'y en a pas une, M. le Président.
Puis l'INSPQ, comme presque tous les autres
groupes, M. le Président, n'ont pas été consultés. Ils ont appris ça dans les
médias : Heille! On va changer la façon que tu fonctionnes, là, pour le
reste de ta vie. J'espère que tu es proche de la retraite, là, parce que ça
risque d'être un petit choc. Là, on fait ça, là, à minuit moins une, comme ça.
Bien oui, c'est parce que, tu sais, il faut qu'on trouve une façon de changer
le narratif, on n'a pas été bons à gérer l'État québécois. Voilà, on va vous
fusionner ensemble, on va mettre un petit peu de maquillage là-dessus puis on
va dire aux Québécois : On est bons dans la gestion de l'État. Voyons
donc, M. le Président, ça ne tient pas la route.
Risque majeur, identifié par les gens
d'INSPQ, qu'on va faire une dérive parce que... vers le curatif et le
désinvestissement en prévention. C'est normal, l'INESSS, c'est beaucoup plus
gros, la machine est beaucoup plus forte. Eux, ils sont dans le curatif. C'est
correct, on en a de besoin, OK, comme on a de besoin du Canadien de Montréal.
Puis l'INSPQ, eux autres, ils sont dans le préventif, OK, ils sont là pour la
défense, comme la défense des Alouettes, si je peux encore utiliser mon
analogie de tantôt, mais c'est deux équipes différentes. On ne peut pas les
mettre ensemble, M. le Président, ça ne marchera pas. Puis ça, ça va faire en
sorte qu'il va y avoir de moins en moins d'argent qui va aller dans la
prévention. Heille, si on avait fait ça, là, avant le COVID, comment
pensez-vous qu'on aurait été capables de répondre à la crise sanitaire?
Beaucoup moins bien qu'on a été capables de le faire. Je ne comprends pas
pourquoi il n'y a pas personne au gouvernement qui ne se lève pas pour
dire : Heille! Wo! Un instant, là! Celle-là, elle ne passe pas. Mais, non,
on n'en parle pas.
• (12 h 10) •
Je vais laisser ma collègue parler du
Réseau pour Québec Famille, parce que ça, c'est quelque chose qui nous tient
tous à coeur. Mais, encore là, il y a énormément de marketing dans l'approche
gouvernementale là-dessus, parce qu'il n'y a aucun réel gain qui va être fait, malheureusement.
Puis je vais conclure bientôt, M. le
Président, pour vous dire que, de temps en temps, c'est intéressant d'entendre
des groupes qui, eux, font l'exercice d'analyser, hein, d'analyser ce qui se
passe ici. Comme j'ai parlé cette semaine du ministre des Finances, quand on
lui a dit que, bien, Standard & Poor's vous a décotés, le Vérificateur
général est en train de dire que vous avez sous-évalué le déficit puis que, là,
en ce moment, là... ça adonne bizarrement, mais que le Conference Board est en
train de vous dire que vos prévisions économiques sont dans le champ, mais il y
en a d'autres, groupes, qui regardent les actions gouvernementales. Puis il y
en a un qui a regardé la fusion proposée par la ministre en charge du Conseil
du trésor, puis l'Institut économique de Montréal considère qu'il y a vraiment,
là, un enjeu significatif parce que ce gouvernement-là dit qu'on veut aller
peut-être un petit peu plus, là, en sous-traitance au besoin, c'est un besoin
ponctuel, tatati tatata, mais l'institut économique le démontre dans ses
recherches, qu'à long terme il n'y en a pas, de bénéfice à aller dans cette <direction-là...
M. Beauchemin :
...qu'à
long terme il n'y en a pas, de bénéfice à aller dans cette >direction-là.
Au contraire, ça va nous nuire.
Puis là je vais vous parler de la chaire
de la fiscalité, puis je vais arrêter là-dessus après, là, mais la chaire de la
fiscalité... de productivité du HEC et puis l'Association canadienne des
compagnies d'assurances, les deux ont dit approximativement la même
chose : Si on veut vraiment, là, si on veut vraiment, là, bouger
l'aiguille dans l'efficacité de l'État, si on veut vraiment avoir des économies
d'échelle pour tout le Québec, incluant les citoyens, et les PME, et l'appareil
public, si on veut vraiment être capables de se regarder dans la face puis dire
qu'on est capables de faire de quoi de grand au Québec, là, bien, c'est dans la
déréglementation plus intelligente qu'il faut aller. Puis ça, ça prend des
données, ce que le gouvernement ici n'a pas. Pourquoi? Parce qu'ils ne font pas
d'étude d'impact, M. le Président.
Ça fait qu'on est dans une situation, M.
le Président, où est-ce que nous, on regarde ça aller puis on se pose de
sérieuses questions quant au réel objectif. Je pense que vous avez compris
depuis le début, quand j'en parle, M. le Président, je ne vois pas
vraiment, ici, autre chose qu'une opération marketing pour essayer de faire
croire aux Québécois qu'on a pris le contrôle de la gestion de l'État puis que,
là, soudainement, on est bons, même si on n'a été capables de générer aucun
gain de productivité depuis sept ans, puis qu'on a fait des déficits records en
série, puis qu'on a été décotés, puis que le Vérificateur général nous critique
parce qu'on sous-estime le dommage, puis que les «conference boards» et les
autres instituts économiques du Canada puis du Québec disent qu'on est en train
de surévaluer la croissance économique, sous-évaluer les dépenses.
Ça fait que, malheureusement, M. le
Président, je vais terminer là-dessus, ce n'est peut-être pas le message le
plus positif que vous allez entendre, mais vous comprendrez la direction dans
laquelle on s'en va. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Alors, toujours dans le cadre
de ce débat sur l'adoption de principe du projet de loi n° 7,
je reconnais M. le député de Taschereau.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci, M. le
Président. Il me fait vraiment plaisir de prendre la parole aujourd'hui sur le
projet de loi... sur l'adoption du principe du projet de loi n° 7,
qui traite essentiellement, là, de... en fait, qui vise à simplifier l'État,
réduire la bureaucratie, améliorer l'efficacité de l'État. Mon collègue de Laurier-Dorion,
tantôt, prendra la parole, évidemment, aussi pour couvrir d'autres angles. Moi,
je vais y aller sur certains angles plus précis, M. le Président.
Évidemment, là, améliorer... Avoir un État
plus agile, avoir un État qui est moins énergivore, évidemment, c'est quelque
chose qu'on appelle aussi et qu'on souhaite, chez Québec solidaire. On souhaite
aussi que les objectifs soient plus clairs. On souhaite aussi que les
besoins... en fait, que l'État soit plus près des besoins de la population du
Québec, évidemment, aussi.
Par contre, quand on regarde dans le
détail ce qui se passe ou ce qui est proposé dans le projet de loi n° 7, bien, il y a une lecture, une réalité qui s'impose,
parce que, derrière la promesse d'efficacité, le projet de loi n° 7
soulève, à notre avis, de très, très grandes préoccupations. D'abord, il touche
des institutions qui sont essentielles, mais ensuite il risque d'affaiblir
l'indépendance scientifique dans notre système de santé publique puis il
modifie aussi des mécanismes de surveillance puis de reddition de comptes qui
protègent les travailleuses, les travailleurs, la population du Québec. Alors,
malgré les multiples éléments problématiques qui se retrouvent au sein du
projet de loi, je souhaite, moi, m'attarder sur deux éléments plus... plus
proches, en fait, des dossiers que je suis et qui me tiennent particulièrement
à cœur, soit, d'une part, l'érosion potentielle de l'action communautaire
autonome et aussi les risques qui touchent l'environnement, M. le Président.
Alors, je vais commencer, d'abord, par
l'action communautaire. Vous savez, l'action communautaire autonome, c'est
un... c'est un système, c'est un modèle qu'on a développé au Québec
particulièrement à partir des années... le milieu des années 90, en 1995,
pour être plus précis, et c'est un modèle unique, unique dans le monde. J'ai eu
la chance de m'impliquer dans des organisations ailleurs, dans d'autres
juridictions, et l'action communautaire autonome, la défense collective des
droits, ce sont des... ce sont des organisations ou un système d'organisation
du communautaire qui, généralement, repose sur l'action bénévole, alors qu'ici,
au Québec, on a décidé de se donner, dans les années 90, des contrepouvoirs
qui seraient financés à même l'État québécois. On a décidé aussi, à partir
de... c'est 1995, de faire confiance aux communautaires en reconnaissant
pleinement leur rôle important dans la société québécoise, en reconnaissant
leur savoir, leurs connaissances, en reconnaissant leur action, qui est... qui
est ancrée sur les <besoins...
M. Grandmont :
...en
reconnaissant leur savoir, leurs connaissances, en reconnaissant leur action,
qui est... qui est ancrée sur les >besoins réels des gens qu'ils
desservent.
Et puis, souvent, bien, ces gens-là qui
sont aidés, qui sont accompagnés, qui sont défendus par ces organismes en
action communautaire autonome ou en défense collective des droits sont les
personnes les plus vulnérables de notre société. Vous les connaissez,
vous-même, M. le Président, vous connaissez les organismes, tout le monde ici a
déjà eu soit à travailler soit maille à partir avec ces organisations. C'est
des gens qui défendent les populations qui ont des enjeux au niveau du
logement, ce sont des groupes de femmes, ce sont des personnes qui défendent
les... qui demandent des avancées, au Québec, pour réduire la pauvreté au
Québec, ce sont des personnes qui défendent, par exemple, les retraités, les
personnes âgées, des personnes, des groupes qui défendent les personnes
immigrantes, toutes ces personnes qui sont souvent considérées comme étant sans
voix, dans notre société, et à qui on donne la chance, à travers l'action
communautaire autonome ou la défense collective des droits... on leur donne la
possibilité d'être... d'être entendus dans la société québécoise, parce que ces
organismes-là participent au débat public et aussi déploient une offre de
services que le gouvernement leur a transférée avec le temps. Ça, c'est une
richesse qu'on a, au Québec, et malheureusement le projet de loi n° 7,
il vise une érosion relative au financement de la mission de base de ces
organismes.
Au Québec, il y a deux fonds actuellement,
il y a le fonds en action... le Fonds d'aide à l'action communautaire autonome,
d'une part, puis il y a le Fonds québécois en initiatives sociales, et ce sont
deux fonds qui sont... qui sont séparés l'un de l'autre. Le fonds d'action...
Le Fonds d'aide en action communautaire autonome a été créé, donc, je le disais
tantôt, il y a plusieurs années et il relevait du Conseil exécutif, pour être
sûr qu'il ne soit pas rattaché à un ministère en particulier et donc à
l'influence politique. Ça garantissait une certaine autonomie des groupes dans
leur financement, ça donnait l'assurance que leur travail allait pouvoir
continuer à l'abri des pressions ou de l'intervention politiques. Et je pense
que c'est très sain d'avoir ça. De l'autre... de l'autre côté, le Fonds
québécois en initiatives sociales, lui, finance des organismes par projets.
Donc, on leur donne un financement suivant des appels à projets que le
gouvernement décide. Donc, c'est le gouvernement qui donne des orientations et
qui demande aux groupes, dans le fond, de postuler, déposer des projets pour
espérer avoir cet argent-là et développer une offre de services, développer des
initiatives à caractère social.
Bien, s'il est adopté tel quel, M. le
Président, le projet de loi n° 7 va abolir le
front... le Fonds d'aide à l'action communautaire autonome pour le fondre dans
le Fonds québécois d'initiatives sociales, qui, lui, comme je le disais tantôt,
est davantage destiné à soutenir des initiatives de lutte contre la pauvreté et
l'exclusion sociale. Donc, ça veut dire quoi? Ça veut dire que, sur un paquet
d'enjeux, on risque de perdre cette autonomie-là. Je les ai nommés tantôt, là,
la question du logement, la question des femmes, des personnes immigrantes, des
personnes retraitées, des organismes, par exemple, qui travaillent en défense
de droits, sur, par exemple, les... l'orientation de genre, la diversité
sexuelle, donc, la communauté LGBTQ+.
• (12 h 20) •
Et ça, c'est un enjeu très, très grand, en
termes d'autonomie, comme je le disais tantôt, sur la défense collective des
droits autant que sur l'action communautaire autonome. Moi, je pense que...
puis peut-être parce que j'ai un petit défaut, parce que je viens de ce
milieu-là aussi, là, j'ai travaillé pendant de nombreuses années dans les
organismes qui sont, justement... qui étaient financés, justement, par le Fonds
d'aide à l'action communautaire autonome, je pense que c'est une richesse qu'on
se doit de protéger. Puis on en a parlé beaucoup, tu sais, cette... même, juste
d'un point de vue, là... même pas, là, sur... sur le... sur le fondement, là,
de ces... de l'importance de préserver cette autonomie-là chez les groupes
communautaires financés par ce groupe-là, il y a toute la question d'est-ce que
ça sert vraiment à améliorer l'efficacité de l'État. Je veux dire, on va
continuer à avoir autant d'organismes à gérer, on va avoir... on va continuer à
avoir autant de projets à subventionner. L'efficacité de l'État, là, elle n'est
pas là, elle n'est pas là.
Encore une fois, ce que j'aimerais, c'est
qu'on continue à faire confiance aux gens qui sont sur le terrain. Les gens qui
travaillent dans ces organismes-là, là, ils connaissent leur terrain comme pas
un, ils connaissent les clientèles qu'ils desservent, ils connaissent les
particularités, ils savent comment intervenir puis ils sont aussi une voix,
comme je le disais tantôt, pour les sans-voix du Québec. Alors, moi, ce que
j'ai peur, en fait, c'est qu'à travers cette... ce désir de simplification que
je ne... je n'arrive pas à concevoir, je n'arrive pas à voir... Parce que, pour
vrai, il va y avoir... il va y avoir juste deux fonds fusionnés en un, il va y
avoir autant d'organismes. La seule différence, c'est qu'il va y avoir un
directeur général du fonds plutôt que deux. C'est peut-être la seule... la
seule efficacité qu'on va aller chercher. Mais, dans les faits, ce sont des
choses qui sont fondamentalement différentes.
Donc, tout ce que je... tout ce que je
vois dans cette opération-là, M. le Président, c'est un affaiblissement
potentiel d'un contrepouvoir important et d'une compréhension, aussi, autonome
de la réalité du terrain, qui aident les personnes les plus vulnérables au <Québec...
M. Grandmont :
...d'un contre-pouvoir important et d'une compréhension aussi autonome de la
réalité du terrain qui aident les personnes les plus vulnérables au >Québec.
Donc, je vois là vraiment quelque chose de très, très dangereux pour le Québec,
M. le Président, je pèse mes mots, là, c'est quelque chose qui est dangereux.
Quand on affaiblit l'autonomie des organismes sur le terrain et quand on
affaiblit les contrepouvoirs, on est sur une pente glissante, M. le Président.
L'autre enjeu sur lequel j'avais dit
que... j'interviendrais, c'est la question de l'environnement. Alors, pour un
projet de loi qui est censé toucher l'efficacité et l'agilité bureaucratiques,
j'ai été très surpris de voir un très grand nombre de groupes environnementaux
soumettre des mémoires lors des consultations particulières. Alors, d'abord, il
y a plusieurs choses, il y a plusieurs trucs qui sont mélangés en même temps,
là, M. le Président, là. D'abord, il y a la question du Fonds vert, le Fonds
vert qu'on appelle le Fonds d'électrification et de... et de changements
climatiques, là. Je veux vraiment apporter... on l'a répété, mais je tiens à le
redire aujourd'hui, le transfert des surplus accumulés dans le Fonds vert,
1,8 milliard, vers d'autres fonds, le Fonds des générations ou encore le
fonds des transports terrestres, là, pour construire éventuellement...
construire ou entretenir des routes, c'est un... c'est un grand risque pour le
Québec. On est en retard sur l'action climatique au Québec. Prendre ce... ce
1,8 milliard là et l'affecter à autre chose que la transition climatique
ou que l'adaptation climatique, c'est un geste qui n'a pas sa place.
Il y a des organismes... on en a entendu,
là, sur les consultations sur les cibles, la réduction des... en fait, la
consultation sur les cibles de réduction de GES, à laquelle je participe, on a
entendu beaucoup d'intervenants qui venaient du privé, notamment l'industrie de
l'aluminium, l'industrie du ciment, notamment, le Conseil patronal de
l'environnement, notamment, qui est venu aussi nous dire que leurs clients...
même Énergir, d'ailleurs, aussi qui disait qu'un tiers... Énergir, c'est
intéressant, M. le Président, il disait : «Le tiers de nos clients
contribue au Fonds vert et voit ces sommes-là envoyées au service de la dette
de l'État québécois.» Il y a quelque chose qui, fondamentalement, ne fonctionne
pas. Évidemment, ils ne s'attendent pas à ce que, comme ils ont contribué pour
un tiers, le tiers revienne pour leurs actions climatiques, mais ils
s'attendaient à au moins en avoir une petite partie, tu sais. Que tout s'en va
sur le service de la dette, il y a quelque chose qui, fondamentalement, est
profondément injuste. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
Donc, ça a été une des premières choses
qui... qu'on a vu ressortir de ça. Et évidemment, bien, c'est un... c'est un...
c'est un enjeu, en fait, qui est soulevé par tout le monde. Mais ce que je...
ce qu'on voit à travers le... Ah oui! Puis je voulais ajouter aussi, c'est que,
par rapport à ça aussi, la Vérificatrice générale du Québec, dans son mémoire,
a affirmé que, et je vais la citer, quand même, parce que c'est
important : «Cela me préoccupe grandement puisque l'objectif du Fonds des
générations est de réduire le fardeau de la dette du Québec et non de
contribuer à la lutte aux changements climatiques. Il me paraîtrait essentiel
de prévoir que ce fonds servira à la lutte contre les changements climatiques,
par exemple au financement du transport en commun.» Ça semble être la moindre
des choses que de prendre de l'argent qui est envoyé dans un fonds dédié qui
s'appelle le Fonds pour l'électrification et les changements climatiques,
anciennement appelé le Fonds vert... serve à ce pour quoi ce fonds est dédié,
M. le Président.
Mais pour revenir au projet de loi n° 7, il y a une autre chose qui est assez importante.
C'est que... Puis, en même temps, le gouvernement, peut-être, viendra, pendant
l'étude détaillée, confirmer ou infirmer l'interprétation qu'on fait des
articles, mais on note, nous, qu'il y a un affaiblissement des mécanismes
d'analyse, de planification et de surveillance environnementale. Parce que,
dans le projet de loi... là je n'ai pas le libellé exact sous les yeux, mais ce
que le projet de loi fait, c'est qu'il vient réduire, en fait, la reddition de
comptes qui est faite, notamment, là, sur le bilan des mesures qui sont mises
en œuvre en matière environnementale, en matière climatique, notamment dans le
plan de mise en œuvre du... du Plan pour une économie verte. Donc, le pl n° 7 vient en quelque sorte éliminer la reddition de
comptes qui devrait être faite annuellement sur chacun des plans de mise en
œuvre du Plan pour une économie verte. Donc, comment voulez-vous qu'on fasse
une action climatique qui a du bon sens si on navigue... si on navigue à vue,
parce qu'on n'a aucune idée de... de si ce qui vient d'être fait dans la
dernière année a tenu la route, a donné des résultats? C'est quelque chose de
quand même assez inquiétant, disons, considérant qu'on doit toujours faire plus
en matière climatique.
Alors, tout ça, là, le transfert des fonds
du Fonds vert vers le service de la dette du Québec, l'affaiblissement de la
reddition de comptes environnementale, ajouté aux reculs annoncés des.... des
cibles de GES... Parce qu'évidemment, là, sur les cibles, j'en ai parlé, j'ai
fait une <question...
M. Grandmont :
...les cibles de GES parce qu'évidemment, sur les cibles, j'en ai parlé, j'ai
fait une >question là-dessus la semaine passée d'ailleurs, on comprend
bien, là, que le ministre de l'Environnement veut toujours atteindre
37,5 % de réduction des cibles de GES par rapport à 1990, mais pas en
2030, en 2035. Tout ça, ça prend la forme du plus grand recul environnemental
de l'histoire du Québec, M. le Président. On a toujours été des leaders en
matière d'environnement. À partir du moment où on a fait le choix de
l'hydroélectricité au Québec, la nationalisation, la création d'Hydro-Québec,
on est devenus des leaders en environnement. Là, on reculerait là-dessus. Ça
n'a aucun bon sens. On est en train de dilapider notre héritage
environnemental, M. le Président.
Alors, en conclusion, oui, c'est une loi
qui, officiellement du moins, vise à réduire la bureaucratie, à accroître
l'efficacité de l'État, mais, en même temps, nous, ce qu'on voit... à tout le
moins sur les enjeux qui touchent les organismes communautaires qui défendent
et qui accompagnent les personnes les plus vulnérables, et, de l'autre côté,
les enjeux environnementaux. En fait, on voit un effritement au niveau des
contrepouvoirs, qui sont essentiels dans une démocratie, M. le Président. On ne
peut pas se passer de ces contrepouvoirs-là, qui sont essentiels pour le
discours public, pour s'assurer que, comme État, comme gouvernement, on ne
laisse personne derrière, on fait notre job en matière d'environnement et on
garde les plus vulnérables dans le viseur pour s'assurer que personne n'est
échappé au Québec.
Alors, moi, j'invite vraiment, là, la
partie gouvernementale à faire très attention à ces deux aspects-là :
l'enjeu de la fusion des deux fonds, le Fonds d'aide à l'action communautaire
autonome avec celui des initiatives sociales, de la même manière aussi,
s'assurer que la reddition de comptes en environnement ne disparaîtra pas.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Taschereau. Nous sommes toujours dans le débat sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 7, et, sans plus tarder, je
reconnais M. le député d'Arthabaska.
M. Alex Boissonneault
M. Boissonneault : Merci, M.
le Président. Au centre d'un exercice comme celui qui est fait dans le projet
de loi n° 7, il y a le citoyen. De quelle façon on peut mieux répondre aux
besoins des citoyens? De quelle façon on peut faire œuvre utile de l'argent des
contribuables de façon à ce que l'État livre la marchandise le plus
efficacement possible? Sur l'orientation qu'on a avec le projet de loi n° 7,
le Parti québécois est d'accord, est favorable à cette idée d'en faire plus
avec l'argent qu'on a, avec cette idée que la bureaucratie est trop importante,
dans la mesure où le contrat social, à l'heure actuelle au Québec, n'est pas
respecté à sa juste mesure, à sa juste valeur. Les Québécois donnent de
l'argent par le biais des taxes, par le biais de leurs impôts, ils s'attendent
à recevoir des services. Il est de notre devoir de s'assurer que les deniers
publics soient utilisés efficacement pour que l'État puisse livrer la
marchandise au meilleur coût possible.
• (12 h 30) •
Donc, nous sommes d'accord avec cet
objectif d'avoir un appareil étatique plus efficace. D'ailleurs, c'est en lien
avec le thème qu'on a choisi au lancement de, cet automne, la session, le Parti
québécois qui veut réduire la taille de l'État, réduire le fardeau
réglementaire et réduire la bureaucratie, nous en sommes, hein? On veut aussi
réduire les contrôles administratifs, on veut s'assurer que ce soit plus facile
de faire affaire avec l'État, tant pour les citoyens que pour les
fonctionnaires aussi, les gens qui sont appelés à intervenir, à travailler avec
l'État pour offrir des services à la population. Donc, on est pour le principe,
mais on a aussi des réserves importantes. Pour être bien concret, le Parti
québécois est prêt à voter en faveur du principe du projet de loi n° 7 en
demandant, cela dit, des amendements pour des aspects de ce projet de loi, qui
est quand même un projet de loi imposant, qui sont plus problématiques. Je vais
évidemment parler de quelques-uns de ces éléments qu'on retrouve et qui causent
problème, à notre avis.
Il y a des éléments pour lesquels nous
sommes a priori favorables, pour lesquels on a un préjugé favorable. Encore une
fois, on se garde le droit de présenter des amendements, on espère qu'on aura
une bonne écoute du gouvernement pour ce qu'on aura à proposer, mais, si on
regarde... par exemple, pour l'abolition de la Commission d'évaluation de
l'enseignement collégial, on est, au Parti québécois, en faveur de cette
possibilité-là, en faveur aussi du transfert à Retraite Québec de
l'administration du Fonds d'assurance parentale. On peut voir là-dedans une
optimisation d'utilisation des ressources, potentiellement aussi un allègement
du fardeau réglementaire. Il y a quelque chose qui est porteur.
Il y a... Bon, pour ce qui est de la
fusion du Fonds d'aide à l'action communautaire autonome et du Fonds québécois
d'initiatives sociales en un seul fonds, désigné Fonds québécois d'initiatives
sociales et d'action communautaire, contrairement à ce que disait notre
collègue, nous, on pense qu'il pourrait y avoir effectivement des économies de
réalisées là. Ça pourrait rendre le travail de l'État plus efficace, aider
aussi les organismes à faire leur travail sur le terrain, et donc en donner
davantage aux citoyens et citoyennes pour leur argent, en quelque part. Mais on
a aussi plusieurs problèmes avec des éléments qu'on retrouve dans le <projet
de loi...
>
12 h 30 (version révisée)
<20141
M.
Boissonneault :
...aussi plusieurs problèmes avec des éléments
qu'on retrouve dans le >projet de loi. Je vais parler de quelques-uns.
Globalement, ce qu'on constate, c'est que,
durant les consultations, on a vu des organisations qui ont des craintes par
rapport à la fusion de certaines organisations, de certains organismes, qui
estiment qu'il y a des organisations qui pourraient perdre leur expertise,
perdre des employés, dont la mission pourrait souffrir. On a eu aussi beaucoup
de témoignages quant à l'économie de bouts de chandelle qu'on pourrait
réaliser. Ça, c'est un aspect qui nous interpelle beaucoup ici, au Parti
québécois. Qu'est-ce qu'on vient chercher avec le projet de loi n° 7? En
quoi on va pouvoir réaliser des économies? En quoi il va y avoir, effectivement,
un allègement réglementaire puis une réduction de la taille de l'État et de la
bureaucratie? Parce que la ministre, hélas, n'a présenté aucune donnée chiffrée
pour mesurer l'efficacité de son projet de loi. Il n'y a pas eu de projection
non plus sur l'avenir, sur ce qu'il serait possible d'aller chercher avec une
initiative comme celle-là. Et tout ce qu'on peut faire, c'est imaginer que c'est
un projet de loi qui est basé sur des suppositions, sur une analyse qui n'est
pas chiffrée, un instinct. Je ne sais pas, mais ça cause problème pour nous.
Le Parti québécois, on s'est toujours
voulu un parti qui s'adresse à l'intelligence des gens, un parti rigoureux, qui
travaille avec rigueur, qui se fonde sur des consultations avec des experts,
sur des réflexions qu'on n'a pas vues, malheureusement, dans le projet de loi n° 7.
Donc, on espère en savoir davantage sur les gains qu'on peut réaliser avec ce
projet de loi. Encore une fois, on est en faveur du principe, de l'orientation
générale, mais qu'est-ce qu'il est possible d'aller chercher là, pour le
bouleversement que ça pourrait entraîner dans certains secteurs, pour certaines
organisations?
Si je regarde des éléments du projet de
loi qui causent problème, à notre avis, où on a certaines appréhensions, on
peut commencer par la fusion entre l'INSPQ et l'INESSS. Tous les intervenants
qui sont venus nous voir en commission parlementaire se sont prononcés contre
cette fusion-là, ont émis de sérieuses réserves. L'INSPQ a pris la discussion
avec un pas de recul, en disant qu'ils n'arrivaient pas eux-mêmes à mesurer le
gain qu'on pourrait réaliser avec une telle fusion. Mais essentiellement, il y
a un certain nombre d'enjeux qui nous préoccupent, comme les intervenants qu'on
a entendus, par rapport, par exemple, à la perte d'expertise de l'INSPQ, à la
perte d'autonomie aussi, scientifique, qu'on retrouve dans le projet de loi n° 7.
On va devoir s'adresser aux ministères, craint-on, pour certains... dans
certains dossiers, perte d'autonomie, d'indépendance scientifique qui, à notre
avis, serait délétère. Il y a 128 instituts semblables à l'INSPQ, dans le
monde, et on ne procède que très rarement à des fusions comme celle qui est proposée
dans le projet de loi n° 7. En fait, l'INSPQ, au Québec, Québec qui est la
seule province à avoir cet institut-là, est salué de par le monde. On reconnaît
le travail de nos experts de la prévention, un peu partout. Donc, évidemment, c'est
une expertise qu'on ne veut pas perdre. On déplore aussi l'allongement des
circuits de communication avec les scientifiques des deux groupes, soit l'INESSS
et l'INSPQ.
Un élément, aussi, fondamental que l'on
craint, comme ça a été exprimé par plusieurs personnes qui ont participé aux
consultations, c'est le fait que le curatif prend généralement toujours le
dessus sur la prévention. Au Parti québécois, on croit beaucoup dans la
prévention, dans le fait de travailler en amont pour s'assurer, par exemple,
que les gens se retrouvent le moins possible dans le réseau de la santé, donc s'assurer
de prévenir le mal plutôt que de devoir le guérir, parce que ça entraîne... D'abord,
ce n'est pas ce que la population souhaite, à notre avis, mais ça entraîne
aussi des coûts supplémentaires pour l'État. Donc, l'idée de travailler en
prévention, c'est une bonne chose. Alors, généralement, ce qu'on constate, c'est
lorsque... que, lorsqu'on est devant des problèmes quotidiens de santé, lorsqu'on
parle du curatif, ces problèmes-là prennent généralement le dessus, dans une
organisation, aux dépens du préventif, où là, évidemment, on se projette dans l'avenir.
Donc, on a tendance à s'occuper de ce qui se passe le jour même, plutôt que de
voir ce qui va se passer dans un mois. Et on craint que l'INSPQ soit défavorisé,
dans une fusion avec l'INESSS, à ce niveau-là.
Et finalement, un aspect qui est très
important pour nous puis qui a été abordé par une experte : la perte d'autonomie,
de souveraineté du Québec en matière de santé publique. Je l'ai dit, le travail
que font les intervenants de l'INSPQ est salué de par le monde. Le Québec est
le seul au Canada à avoir un institut comme celui-là. En général, pour les
autres provinces, pour les Inuits aussi, les Premières Nations, pour les forces
armées, c'est l'agence canadienne de santé publique qui prend le relais. Or, on
bénéficie, au Québec, du fait qu'on puisse compter sur notre propre
organisation.
Ce qu'on craint, c'est que, si on se... il
y a un recul au niveau de la santé préventive, au niveau de la santé publique,
que l'agence canadienne vienne prendre la place. Ça, ce serait au détriment des
intérêts du Québec, ce serait au détriment aussi des intérêts de nos régions.
Alors, voyez-vous, là, il y a quelque chose qui achoppe.
Dans les présentations qu'on a vues, là,
avec la création, par cette fusion-là, de l'Institut québécois de santé et de
services sociaux, on a noté, entre autres... ont noté, entre autres, en
Commission des finances, Lara Gautier, Charlotte Serrano, Louise Potvin, que
l'INSPQ a besoin d'une structure institutionnelle qui protège l'ensemble de ses
activités afin d'assurer la continuité de ses missions.
Donc, c'est important pour ces experts,
d'autant qu'on a vu, à l'échelle internationale, des situations où ça n'a pas
fonctionné, ce genre de fusion là, au Danemark. Le Danemark est une juridiction
qui pourrait se comparer au Québec, où il y a eu fusion de la Danish Medicines
Agency et de la National Board of Health pour créer la Danish Health and
Medicines Authority. Après seulement trois ans, on est revenus en arrière.
Donc, il y a eu un recul, le Danemark a fait marche arrière parce que ça ne
fonctionnait pas. Il y avait une perte d'expertise en santé publique. La
mission fondamentale des deux organismes ou les missions fondamentales des deux
organismes n'étaient pas servies comme on le souhaitait puis les économies qui
ont été réalisées étaient assez minimes, honnêtement, pour ce que ça impliquait
dans le fonctionnement. Donc, on doit tirer des leçons de ce qui se passe à
l'international, ce que les experts sont venus nous présenter.
Dans le mémoire du Collège des médecins,
aussi, on déplore la fusion de l'INSPQ et de l'INESSS. C'est important de le
souligner, c'est quand même un organisme qui est important au Québec, qui est
capable de prendre un pas de recul, aussi, dans les services qui sont offerts à
la population. On note, dans le mémoire du Collège des médecins, qui est signé
par Mauril Gaudreault, que la fusion entre l'INSPQ et l'INESSS... insiste sur
le fait que la... les problèmes qu'il pourrait y avoir sur l'indépendance
scientifique et sur la gouvernance autonome sont des conditions essentielles à
la crédibilité des décisions en santé publique, ce qui fait que le collège
insiste pour que ces principes, et là je cite le mémoire, «guident toute
réforme afin d'éviter les dérives observées ailleurs dans le monde». Encore une
fois, on regarde les témoignages à l'étranger. Donc, pour nous, c'est un aspect
qui est problématique.
(Interruption)
M. Boissonneault : Je vais
continuer, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
...d'Arthabaska.
M. Boissonneault : Merci.
Donc, ça, c'est un aspect qui, à notre avis, est vraiment problématique, la
fusion entre l'INSPQ et l'INESSS.
Il y a aussi des enjeux problématiques en
matière d'environnement, et ça a déjà été dit, mais on croit, nous aussi, que
c'est très important. Tous les groupes sont venus dénoncer, par exemple, le
fait que l'on remplace l'obligation annuelle faite au ministère de
l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques de fournir le bilan
quantitatif et qualitatif des mesures mises en œuvre relativement à la
réduction des émissions de gaz à effet de serre par une obligation
quinquennale. Donc, en termes de reddition de comptes, il y a un problème.
Qu'on présente, comme ça, cette reddition de comptes aux cinq ans plutôt qu'à
l'année, c'est un problème. D'ailleurs, le Vérificateur général est venu aussi
aux consultations pour dire que lui, il avait bien l'intention de faire une analyse
annuelle. Donc, déjà là, il y a quelque chose qui ne cadre pas.
• (12 h 40) •
On est curieux de voir aussi que... de
quelle façon le projet de loi vise à renforcer l'imputabilité des hauts
fonctionnaires, tout en décidant de réduire l'imputabilité du ministre qui est
responsable de la Lutte aux changements climatiques. Puis on croit aussi, au
Parti québécois, que les enjeux environnementaux sont trop importants pour
qu'on remette en doute la légitimité des bilans annuels. Donc, pour nous, c'est
quelque chose qu'on ne peut pas faire, ça. Si on parle de reddition de comptes,
on doit quand même se garder des garde-fous, et là on en élimine un
potentiellement. Donc, il y a un enjeu ici pour le Parti québécois, et on
compte bien l'exprimer durant l'étude détaillée du projet de loi n° 7.
L'autre aspect aussi qui retient beaucoup
l'attention, c'est l'utilisation du Fonds d'électrification et de changements
climatiques, l'utilisation du surplus de ce fonds, qu'on appelait le Fonds vert,
le fait que le gouvernement pourrait s'octroyer le droit de choisir ce qu'il
veut faire avec ces surplus, soit avec un transfert au Fonds des générations ou
au FORT, pour le transport terrestre. Il y a des groupes, et non les
moindres... le Conseil du patronat qui est venu s'exprimer en disant que c'est
une... c'était, à la limite, un détournement de fonds, une taxe déguisée qu'on
avait avec le changement fondamental de la mission qui est proposée, la mission
du Fonds vert. Il faut que ce fonds-là reste complètement dédié à des mesures
pour lutter contre les changements climatiques. On ne peut pas détourner une
mission aussi fondamentale, sinon ça devient une taxe, tout simplement, et on
est en train de dévoyer la mission même du Fonds d'électrification et de
changements climatiques, ce qui va à l'encontre des objectifs du fonds.
Le Vérificateur général estime, lui aussi,
que la vocation du fonds est de financer la lutte contre les changements
climatiques dont les enjeux demeurent présents. Le problème est loin d'être
réglé, ce qui fait qu'on doit maintenir cette mission. Équiterre est venu
s'exprimer dans le même sens.
Nous croyons, au Parti québécois, qu'il y
a des changements climatiques. On doit s'en occuper. On a un fonds pour le
faire. C'est ce qui donne un sens à tous ces montants qui sont versés par des
entreprises, par des individus qui croient qu'on doit intervenir pour amoindrir
les effets des changements climatiques puis s'adapter aussi, parce que c'est
bel et bien commencé, donc il est important de maintenir la mission de ce
fonds-là.
En habitation, le gouvernement veut
permettre la fusion d'offices d'habitation... d'offices d'habitation et de
constitution d'offices par le gouvernement pour tout le territoire qu'il
désigne. On estime que c'est de rationaliser l'utilisation des ressources de
l'État, sauf que, bon, pour le Parti québécois, ce qu'on maintient, c'est qu'on
ne veut pas éloigner les décisions du terrain. Donc là, c'est un équilibre qui
est assez... qui est assez précaire. Ce n'est pas toujours facile de trouver
cet équilibre-là. On veut optimiser l'utilisation des ressources et, en même
temps, on ne veut pas éloigner la prise de décision du terrain, parce qu'il y a
des experts sur le terrain en habitation, qui, en ce moment, sont impliqués
dans l'utilisation des budgets.
La centralisation des ressources, souvent,
crée plus de problèmes qu'elle n'en règle, parce qu'on désincarne l'utilisation
de ces ressources-là, parce qu'on éloigne la prise de décision du terrain.
Donc, pour nous, il y a quelque chose d'inquiétant là-dedans. Les fonds générés
à même les ménages des contribuables à faibles revenus doivent se gérer avec un
contrepoids. C'est important que les organismes aient leur mot à dire à ce
niveau-là parce que l'impact sur le terrain est indéniable.
Fonction publique. Le gouvernement veut
abolir la Commission de la fonction publique et transférer ses fonctions au Tribunal
administratif du travail. On a un problème avec ça. On a un problème avec ça
parce que c'est un garde-fou dont on ne veut pas se passer. Ça place le
secrétariat du Trésor en conflit d'intérêts potentiel. L'article nuit à
l'indépendance de la commission. C'est exactement pour éviter que le
gouvernement se place dans une position de juge et partie que la Commission de
la fonction publique existe.
Donc, à notre avis, ce n'est pas quelque
chose d'efficace, puis on se prive d'un autre garde-fou dont on a besoin. On a
vu les dépassements de coûts puis de quelle façon les ressources au
gouvernement ont pu être mal utilisées à certains moments. Et donc je pense
qu'on n'est pas dans une situation pour se priver de ce genre de garde-fou.
Donc, je vous ai nommé quelques éléments
du projet de loi n° 7 qui, à notre avis, posent
problème. Je répète que nous sommes d'accord avec l'orientation générale. On
croit qu'on doit optimiser l'utilisation des ressources de l'État, on doit
alléger le fardeau réglementaire, on doit réduire la taille de la bureaucratie,
mais, en même temps, on veut que ce soit fait de façon ordonnée et rigoureuse.
Il manque des analyses, à l'heure
actuelle, il manque des projections aussi. Et on a l'impression qu'il y a
plusieurs mesures qui sont contenues dans le projet de loi n° 7,
qui seront inefficaces, voire même délétères, ce qui fait que, dans la
discussion qu'on aura en étude détaillée, nous proposerons des amendements. On
espère que... pouvoir compter sur l'écoute du gouvernement pour essayer de
bonifier ce projet de loi. Nous, on est là pour être constructifs, pour essayer
d'améliorer les choses. C'est ce qu'on compte faire.
Donc, j'ai bien hâte d'entendre la
ministre en commission parlementaire et voir quelle écoute on aura du côté du
gouvernement. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député d'Arthabaska. Nous poursuivons toujours ce débat, et je
reconnais maintenant M. le député de Saint-Jérôme.
M. Youri Chassin
M. Chassin :
Merci, M. le Président. Évidemment, c'est une joie pour moi d'intervenir sur
l'adoption de principe du projet de loi n° 7, et je
vous explique, tant le projet de loi n° 3 que le
projet de loi n° 7, le projet de loi n° 3
sur la transparence, la démocratie des syndicats, le projet de loi n° 7 sur la bureaucratie, l'efficacité, l'imputabilité, ça
me semble des incontournables. Et puis vaut mieux tard que jamais, M. le
Président, on ne boudera pas notre plaisir, on va certainement voter pour le
principe du projet de loi n° 7. Alors, évidemment, je
parle pour moi, mais j'incite aussi mes collègues à le faire.
Et du même souffle, parce qu'on est à l'adoption
de principe, M. le Président, je comprends que mes collègues des oppositions
soulèvent des enjeux, parce qu'on dit que le diable est dans les détails ou
alors que, même si on a des bonnes intentions, c'est l'enfer qui est pavé... de
l'enfer qui est pavé de bonnes intentions. Alors, évidemment, il faut faire
œuvre utile, il faut avoir une étude détaillée rigoureuse, il faut poser des
questions. J'en suis, mais néanmoins, j'aimerais quand même rappeler un
principe qui, pour moi, m'apparaît fondamental. Il y a toujours des raisons qui
sont évoquées pour éviter des fusions, pour éviter qu'un organisme disparaisse,
qu'une loi disparaisse. C'est sûr qu'il y a des résistances. Il faut se poser
de bonnes questions. Idéalement, il faut avoir une espèce de consensus aussi,
je pense que c'est important, sur les activités que le gouvernement mène ou que
l'État mène, en fait, plus largement, quelles sont ses missions essentielles,
quelles sont les missions que l'État a un vrai avantage à produire, fournir ou
garantir, puis lesquelles sont peut-être intéressantes, mais on n'a peut-être
pas tout à fait les moyens. Alors, là-dessus, il me semble important, à tout le
moins, puis je pense que ça va être ça aussi, l'intérêt, là, dans les
discussions sur l'étude détaillée, qu'on se trouve des façons de voir quels
sont les critères pour évaluer... et là non pas l'efficacité, M. le Président,
même pas l'efficience, mais la pertinence, que ce soit le gouvernement qui
consacre temps, énergie, ressources financières et ressources humaines à
certaines fonctions.
Alors, évidemment, d'emblée, je tiens à
souligner un aspect qui me paraît très intéressant dans le principe de ce
projet de loi, qui, j'espère, reviendra d'année en année, hein, tel un omnibus,
comme on en voit maintenant pour l'allègement réglementaire et administratif.
On a vu, ce matin, le ministre en déposer un. Donc, je salue le projet de loi
n° 11 aussi, mais évidemment, dans celui-ci... puis, si c'est un premier,
tant mieux, mais je tiens à souligner que les lois modifiées par le projet de
loi n° 7 sont au nombre de 78, que les lois abrogées
sont au nombre de trois et que les nouvelles lois créées par ce projet sont de
zéro. Même chose pour les règlements, décrets modifiés, 34; abrogés, trois; les
nouveaux qui sont créés, zéro. Alors, déjà, je pense qu'on va dans la bonne
direction, M. le Président. Ce n'est pas comme si on n'en avait pas encore
assez, des règlements, des décrets et des lois, au contraire. Ça fait que
l'effet de réfléchir ensemble là-dessus m'apparaît très positif.
Il y a, dans l'objectif général de ce
projet de loi, différentes parties. Puis j'attire l'attention quand même de
l'Assemblée là-dessus. Ce projet de loi comporte différentes mesures, n'est-ce
pas, permettant une réorganisation de structures et d'activités de l'État. Et,
pour moi, il y a une différence entre les réorganisations de structures... et
le collègue de Marguerite-Bourgeoys en a parlé de tout à l'heure, parce qu'on
peut être sceptiques parfois, on en a vu, des réorganisations de structure, M.
le Président, mais des réorganisations d'activités, alors là, oui, j'en suis
parce qu'il peut y avoir une réflexion justement sur la pertinence.
• (12 h 50) •
Après ça, bon, on parle d'autres aspects.
Par exemple, assouplir les processus, «assouplir», ça me semble un peu vaseux
comme terme. J'aimerais que ça soit simplifié, les processus, voire laisser
tomber les processus qui ne sont plus pertinents, voire caducs, bon — mais
on va assouplir, bon, c'est positif, mais je demande à voir — et favoriser
la mutualisation des ressources, alors, là-dessus, je vais revenir, M. le
Président, ainsi qu'un resserrement de l'imputabilité des hauts fonctionnaires.
Je n'en ai pas vu tant que ça, des mesures par rapport à l'imputabilité des
hauts fonctionnaires, et je pense qu'on pourrait aller beaucoup plus loin.
Alors, évidemment, vous comprendrez... et
c'était mon introduction aussi par rapport au projet de loi n° 3,
mais, en entendant le discours d'ouverture de cette deuxième session, M. le
Président, on a vu une certaine volonté du gouvernement de montrer l'intérêt
qu'il avait tant pour l'efficacité de l'État, tant pour cette espèce de remise
en question des missions qui sont poursuivies et certaines peut-être moins
essentielles. Alors, moi, j'ai accueilli ça de façon très favorable, mais avec
un doute. Puis là je suis transparent avec vous, M. le Président, c'est
arrivé un peu un an trop tard pour moi. C'est un peu ce que j'avais défendu à
l'interne, puis évidemment je n'ai pas senti cette volonté-là.
Alors, évidemment, comme je le dis, vaut
mieux tard que jamais. Je suis tout à fait content de cette volonté affirmée,
et je proposais d'ailleurs, et pas seul, avec le chef d'un parti politique qui
n'est pas représenté à l'Assemblée nationale, cinq mesures qui, à mon avis,
sont essentielles pour montrer qu'on se préoccupe effectivement de l'efficacité
de l'État, et l'imputabilité des hauts fonctionnaires et des dirigeants
d'organismes publics en faisait partie.
J'irais beaucoup plus loin. C'est
personnel. Le principe est bon. J'irais beaucoup plus loin. Par rapport aux
syndicats, c'était aussi mentionné. Donc, le projet de loi n° 3, on en
parlait, mais davantage sur l'accréditation. C'est, il me semble, une mesure
incontournable. Le projet de loi n° 3 va ailleurs. On va voir si le
ministre a des ouvertures.
Je voudrais quand même mentionner qu'on a
réfléchi, notamment avec le centre de productivité et prospérité des... au HEC
et Robert Gagné, donc qui est venu en consultations, sur les conditions de mutualisation.
Est-ce que, nécessairement, dans les ministères, dans les organismes, c'est
toujours gagnant? Bien, j'ai entendu... alors là, de mémoire, hein, j'y vais de
mémoire, puis peut-être que la députée de Bellechasse me corrigera, si elle a
l'information, mais la ministre mentionnait dans une conférence de presse que
les frais administratifs, la gestion des programmes au sein de l'État étaient
relativement élevés. On parlait de 16 % ou 18 %, là, c'est là où ma
mémoire flanche, mais c'est effectivement élevé. Donc, est-ce qu'il y a
possibilité de réduire, par exemple, en nombre d'ETC, l'ensemble de la fonction
publique, voire du service public? Fort probablement. Et on peut y penser de
d'autres façons, M. le Président, mais, par exemple, est-ce qu'au sein du
système de santé, il y a des gens qui ne donnent pas des soins de santé, mais
qui gèrent la liste d'attente? Poser la question, c'est un peu y répondre.
C'est nécessaire quand il y a une file d'attente. Quand il n'y en a plus,
évidemment, on s'évite ça.
Donc, je pense qu'en termes de
mutualisation, il faut réfléchir... puis là c'est vraiment le principe, hein,
mais il faut réfléchir à avoir, d'une part, les bonnes conditions pour qu'il y
ait des économies et les bons mécanismes pour s'assurer que... s'il n'y en a
pas, si ça ne donne pas les résultats escomptés, que se passera-t-il? Je fais
une suggestion, M. le Président, puis c'est gratuit. Si la Commissaire à la
santé et au bien-être a une obligation d'aller chercher certains services
administratifs de soutien auprès d'une autre organisation, bien, ça va
peut-être permettre des économies et peut-être pas. Ou alors que ça va faire
des économies, mais on va perdre, par exemple, la proximité, il va y avoir des
problèmes de communication, on ne lui fournira pas exactement ce qu'elle
souhaite. Bon, évidemment, on se retrouve dans une situation où, et c'est ce
que M. Gagné nous disait, parfois, ce qu'on perd, même en ayant des économies
financières, c'est la qualité de l'information qu'on perd dans une mutualisation,
puisqu'il y a des différents services qui font des tâches similaires, mais pas
nécessairement avec la même organisation, pas nécessairement avec les mêmes
coûts. Donc, je pense que c'est la mesure de prudence qu'il faut garder.
Par contre, sur la Commission d'évaluation
de l'enseignement collégial, par exemple, je pense qu'effectivement
l'évaluation de la qualité de l'enseignement collégial, bien, elle est de facto
faite d'une part par les étudiants, mais d'autre part aussi indirectement par les
employeurs, voire par les universités pour le préuniversitaire. Donc, est-ce
qu'il peut y avoir des façons de remplir cette mission-là sans avoir une
commission d'évaluation d'enseignement collégial? Peut-être. Est-ce qu'il y a
certaines fonctions qui demandent à être préservées? Peut-être aussi. Il faut
être ouverts là-dessus.
Je veux quand même mentionner que, quand
on parle... puis là c'est vraiment une question, là, de compréhension de la
mission poursuivie, mais quand on parle du Fonds des générations et du Fonds
d'électrification et de changements climatiques, dans les deux cas, M. le
Président, ce sont des questions intergénérationnelles où on agit pour l'avenir
et en fonction des générations qui nous suivent. Alors, il me semble qu'il y a,
à tout le moins, une certaine parenté dans les fins qui sont rencontrées, si ce
n'est dans l'intention poursuivie.
Je le mentionne quand même, puis là, ça,
c'est vraiment très particulier, mais... parce que j'étais sur un mandat
d'initiative sur la présomption de consentement pour le don d'organes, que pour
ce qui est d'Héma-Québec et Transplant Québec, non, ça, ça ne passe pas. C'est
l'exception à la règle.
Enfin, quoi dire de plus, M. le Président,
sinon qu'il y a, dans l'ensemble des projets de loi qui sont présentés
régulièrement par le gouvernement, voire dans les règlements, hein, parce
qu'on... on ne les voit peut-être pas ici, mais il y a des consultations sur
des règlements qui sont déposés, puis on a... bien, dans le fond, dans la Gazette
officielle, des publications ou prépublications. Ensuite, les gens peuvent
réagir, que ce soit aussi d'ailleurs au Conseil du trésor. Il y a certaines
consultations sur les contrats publics, ça a été lancé récemment, bien, il y a
plein de forums où je pense que certains principes devraient revenir de fois en
fois. Pourquoi? Parce que est-ce qu'on oublie peut-être trop rapidement que le
gouvernement libéral a fait fusion... woups... pardon, a fait des fusions et
des regroupements et des abolitions de certains organismes? En 2011, c'était un
projet de loi copieux, ça a été venteux pour eux aussi, ce n'était pas facile,
mais ils l'ont fait. On a aussi remis sur pied une commission d'évaluation...
en fait, de révision des programmes, eh bien, la commission Robillard a rendu son
rapport. On a un peu perdu, on dirait, cette expertise, par la suite, au
Conseil du trésor. Moi, je suis heureux qu'on se redonne des outils
d'évaluation des programmes, dans les faits, et qu'on réfléchisse à la
pertinence de ces programmes dans le domaine, disons, des compétences de
l'État.
Alors, je pense qu'il y a du bon. C'est le
principe qui est bon, et, dans le détail, on va s'y attaquer tous ensemble.
J'espère que ce sera un travail productif avec une belle ouverture de la partie
gouvernementale à d'éventuelles amendes. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Saint-Jérôme.
Alors, compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 01)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, bon après-midi, collègues. Prenez place. Nous allons poursuivre nos
travaux.
Nous étions arrivés au débat... donc nous
allons poursuivre le débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 7, Loi visant à réduire la bureaucratie, à accroître
l'efficacité de l'État et à renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires.
Et, sans plus tarder, je reconnais Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci
beaucoup, M. le Président. Vous avez dit le titre de la loi, mais je pense que
ça mérite d'être répété, projet de loi n° 7, Loi
visant à réduire la bureaucratie, à accroître l'efficacité de l'État et à renforcer
l'imputabilité des hauts fonctionnaires.
M. le Président, je dirais que ça, c'est
un titre qui est de poudre aux yeux parce que c'est seulement un titre. Tout ce
qu'il y a à l'intérieur, malheureusement, de ce projet de loi, que je comprends
le but, ce que le gouvernement souhaite accomplir, ne va aucunement nous amener
à réaliser cet objectif. C'est désolant. C'est comme la déception. Je trouve ça
vraiment désolant de dire ça.
Puis comme mon collègue a dit, le député
de Marguerite-Bourgeoys, que j'ai trouvé vraiment intéressant, c'est une opération
de marketing. En effet, c'est ça, parce que ce qu'on voit, c'est un gouvernement
en déclin qui dépose des projets de loi, puis c'est comme un mode <panique...
>
15 h (version révisée)
Mme Maccarone : ...qu'on voit,
c'est un gouvernement en déclin qui dépose des projets de loi, puis c'est comme
un mode panique. On n'a pas consulté personne pour ce projet de loi, puis c'est
un projet de loi d'une grande importance, je dirais, parce qu'on parle de
démantèlement idéologique, qui comprend la sécurité, l'expertise, l'indépendance
de l'État québécois sous prétexte de l'efficacité. Parce que, dans le fond, c'est
ça, le projet de loi n° 7. J'ai dit qu'il y
avait zéro consultation. Ça, c'est quelque chose que nous n'avons... nous avons
vu parmi toutes les questions que nous avons posées des groupes qui se sont
passés en auditions, puis je les remercie, 24 groupes qui ont passé en
auditions, tout le monde nous ont dit : Il n'y avait aucune consultation,
chose qui m'étonne énormément pour un tel projet de loi, parce que, là, on
parle de changer la mission, le fonctionnement de plusieurs organisations, dont
je vais élaborer un peu quelques-uns. Je n'aurai pas assez de temps d'y aller
en profondeur pour ce projet de loi, mais ça reste que très peu sont les
personnes qui sont favorables à ce projet de loi, puis avec raison, il n'y a
personne qui a été consulté. Il n'y a personne pour aider le gouvernement à s'orienter
avant de rédiger ce projet de loi et le déposer. C'est désolant pour la
population, M. le Président.
J'ajoute à ça qu'on a eu 24 personnes
qui sont venues en auditions. À date... je ne sais pas, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, si vous avez vérifié le Greffier dernièrement, mais nous
sommes rendus à 152 mémoires, et on en ajoute régulièrement. C'est une
démonstration que la population n'a pas été entendue en ce qui concerne cette réforme
et les changements proposés par le gouvernement. Et là, j'avoue, là, je ne sais
pas quand est-ce qu'on va commencer les prochaines étapes, mais moi, je n'ai
pas pu lire toute cette magnitude des documents qui ont été déposés
dernièrement. Puis je souhaite le faire parce que, comme je dis souvent, M. le
Président, au début du projet de loi... de chaque projet de loi qu'on en débat ici,
en Chambre, un projet de loi, au moment que c'est déposé, ça n'appartient pas
au gouvernement, ça appartient à l'État. Ça n'appartient pas aux oppositions, c'est
les citoyens que nous devons écouter. C'est ça, le rôle d'un porte-parole.
Alors, j'espère qu'on va avoir l'occasion de lire tous ces mémoires pour nous
aider à comprendre qu'est-ce que nous devons faire pour améliorer ce projet de
loi, parce que j'ose croire que le gouvernement a l'intention de poursuivre,
malgré toutes les oppositions en ce qui concerne le projet de loi n° 7.
C'est intéressant parce que j'ai l'impression
que ce projet de loi, c'est quand même une réponse d'un engagement que le
gouvernement avait pris en 2018, M. le Président, pour réduire le nombre d'employés
de l'État, 5 000 personnes qu'ils avaient dit. Ils ont pris cet
engagement, mais ils n'ont rien fait pendant sept ans. Puis là on arrive comme
un cheveu sur la soupe avec ce projet de loi qu'ils déposent, qu'ils disent :
Bien là, là, là, là, c'est le moment, nous allons le faire puis on va faire ça
à la va-vite, on va faire ça sans consultation, on va jumeler plein d'affaires,
tout ça pour 35 millions de dollars, et on ne sait même pas si ça va
fonctionner, puis on sait, pour un fait, qu'on va causer de la confusion, on va
causer un gros, gros, gros bouleversement de toutes nos institutions puis tous
les gens qui sont affectés sous le biais et la terminologie «le marketing de l'efficacité».
Mais ce serait tout sauf ça. Puis ça, c'est malheureux parce que, c'est dommage,
c'est la façon que ce gouvernement poursuit chaque fois qu'il dépose des
projets de loi sans consultation. On fonce tête baissée, sans être à l'écoute de
la population, sans être à l'écoute de tous les gens qui ont passé en auditions,
sans être à l'écoute des 152 personnes qui ont déposé des mémoires pour
aider à nous orienter comme élus.
C'est intéressant aussi parce que, là, on
parle d'un projet de loi qui parle de l'efficacité, qui parle de faire des
fusions, de réduire la taille de l'État, mais là, M. le Président, j'ai de la
misère à comprendre les orientations du gouvernement, c'est un peu l'incohérence.
Ils disent que c'est ça, l'objectif du projet de loi, mais, en contrepartie, on
crée des monstres d'institutions comme Santé Québec, comme le Protecteur
national de l'élève, comme CDPQ Infra, comme l'Institut d'excellence en
éducation. Ça fait que, quand ça fait leur affaire, on va créer des... des
monstres d'institutions, mais, pour les autres, les plus petits, les souris,
bien, eux, là, on va les fusionner, on va créer du mal dans le réseau. Bien, c'est
de l'incohérence, M. le Président. Il n'y a pas un autre mot pour ça. Puis je
répète encore une fois, ça, tout ça pour 35 millions de dollars, quand ce
gouvernement a gaspillé tout notre argent ailleurs. Imagine si on avait les
économies qu'on aurait pu utiliser pour éviter tout le stress puis le chaos que
nous sommes en train de semer au sein de toutes les instances qui sont
affectées par ce projet de loi. Mais ce n'est pas le cas, on ne se retrouve pas
là...
Mme Maccarone : ...ce projet
de loi, mais ce n'est pas le cas, on ne se retrouve pas là. Mon collègue le
député de Marguerite-Bourgeoys, qui a fait quand même... il a été très
éloquent, quand il a expliqué tout l'impact de ce que nous allons... le
gouvernement vont faire, quand on parle de jumeler, de fusionner l'INESSS puis
l'INSPQ.
Ça, il faut le dire, là, l'INESSS, là,
leur mission, c'est l'excellence clinique et efficacité. C'est ça, leur
mission. L'INSPQ, c'est santé publique et prévention. Deux missions carrément
différentes. Tous les mémoires que nous avons reçus, M. le Président, nous
orientent pour dire : Ce n'est pas une bonne idée, nous allons perdre de
l'efficacité. Mon collègue l'a dit, l'INESSS, là, nous devrons être fiers de
ceci. Le Québec est un leader en ce qui concerne ce type d'institution,
tellement qu'on inspire au national, à l'international. Mais le gouvernement
juge que ce n'est pas assez : Nous, nous allons démanteler toutes ces
affaires-là pour remonter une autre institution, sans savoir, même, si on va
économiser des postes. Chose certaine, c'est que ce que nous sommes en train de
faire, c'est de diluer les missions des deux instances. Ça, c'est clair. Et
évidemment, bien, ça veut dire que ça peut... Moi, la façon que je le vois,
puis je sais que mon collègue l'a dit, c'est au détriment pour les Québécois,
pour le Québec et pour les Québécois. Malheureusement, c'est un... ça va avoir
un impact néfaste.
C'est vraiment une grave perte
d'expertise, de penser que nous pouvons fusionner ces deux instances et garder
leurs missions intactes. Ils nous l'ont dit directement que ce ne serait pas
possible et ils nous l'ont dit aussi, comme les autres groupes : Bien,
pourquoi vous n'avez pas venu nous voir, pourquoi vous n'avez pas eu la...
pourquoi vous n'avez pas parlé avec nous pour nous demander c'est quoi, qu'est-ce
que nous pouvons faire pour mettre l'épaule à la roue? Parce que nous aussi, on
souhaite contribuer. Parce qu'on comprend ce que le gouvernement souhaite
faire, c'est louable, mais je répète, on ne pourra pas faire ça à l'intérieur
de ce projet de loi. Tous les spécialistes, entre autres, ils l'ont dit qu'il
n'y a pas de sens de poursuivre de cette manière, tout le monde. Un peu comme
le projet de loi n° 2, M. le Président, tout le monde. C'est un peu ça.
Ce n'est pas la seule chose. Je dirais,
les choses qui sont particulièrement difficiles à comprendre, c'est
l'orientation du gouvernement de fusionner Héma-Québec avec Transplant Québec.
Honnêtement, je ne comprends pas du tout ceci. Encore une fois, deux instances
excellentes, les deux. Ce que Héma-Québec font, c'est sauver des vies, c'est
formidable, c'est excellent. Puis ce que Transplant Québec, eux, ils font,
c'est complètement différent, aussi. La mission, c'est de sauver des vies, mais
leurs façons de faire, leurs missions sont carrément opposées.
Et on a entendu à maintes reprises, de
plusieurs spécialistes, des médecins, qu'en faisant cette fusion, un, ça ne va
pas engendrer des économies, c'est clair, mais ce que ça va faire, c'est... on
va voir, malheureusement, des décès, il y a des gens qui vont mourir à cause de
cette fusion. On ne pourra pas poursuivre avec ceci sans créer un impact
négatif pour la population.
Héma-Québec, là, eux sont là, c'est de la
logique, c'est de la planification rationnelle. Mais, quand on parle de
Transplant Québec, là, là, c'est l'équipe d'urgence. Les choses, souvent, c'est
24/7, c'est des situations critiques, ils doivent agir dans moins de quelques
heures. C'est leur mission, c'est leur façon de faire, aucunement la façon
qu'Héma-Québec fonctionne. Tout à fait, c'est normal, ils ne sont pas du tout
le même type d'instance. On n'aura pas d'économie, M. le Président, en
fusionnant ces deux instances, ce serait impossible.
• (15 h 10) •
Puis ce qu'on sait pour un fait, c'est
qu'il y aura un risque de perte d'expertise irréversible. Moi, quand on était
en commission parlementaire, M. le Président, on avait une salle remplie des
professionnels puis des experts en matière de santé qui nous ont accompagnés
lors de ces auditions, puis c'était clair, on a posé la question, puis ce
qu'ils ont dit : Ce n'est pas parce que les gens ont peur de perdre leurs
postes, M. le Président. Les gens, ils ne comprennent pas puis ils ne vont pas
poursuivre la mission d'Héma-Québec, parce qu'eux, ils sont formés pour
travailler à l'intérieur de Transplant Québec, puis c'est ça, leur mission. Ce
sera dilué, même qu'il n'y aura pas un poste, une place au sein du conseil
d'administration pour Transplant Québec dans le plan de match actuel du
gouvernement.
Transplant Québec, là, pour dire, là,
c'est un modèle qui est reconnu à l'international. Les gens nous suivent, et ça
fonctionne. Ça, c'est une autre chose, ça fonctionne super bien. Les gens
parlent de nous en bien, mais c'est comme... ce n'est pas brisé, mais nous, là,
on a l'intention de le réparer. C'est un peu ça partout...
Mme Maccarone : ...gens
parlent de nous en bien, mais c'est comme... ce n'est pas brisé, mais nous, là,
on a l'intention de le réparer. C'est un peu ça partout, par toutes les
instances.
L'autre chose que je dirais, quand même,
intéressant, quand on parle de toutes les fusions qui sont proposées par le
gouvernement, c'est, tout le monde, quand on leur pose la question : Si,
mettons, vous aviez été consulté, vous auriez dit quoi? Bien, on est là pour aider,
demande-nous. Est-ce qu'on peut être plus efficaces? Est-ce qu'on peut être
plus efficients? Est-ce qu'on peut sauver de l'argent? Bien, donnez-nous une
chance de vous démontrer que nous sommes capables de le faire. Un peu comme les
syndicats, quand ils ont passé, c'est ça qu'ils nous ont dit.
Dans le fond, ce que le gouvernement est
en train de faire, c'est... ils mettent leur emphase dans la mauvaise place. On
est en train, par exemple, de toujours, toujours, toujours aller en soumission
pour amener des experts, à l'externe, pour nous aider à accomplir tous les
travaux en ce qui concerne les responsabilités gouvernementales. Ça fait que
c'est de la sous-traitance, au lieu de penser que nous devons s'attaquer à
engager de l'expertise... l'interne et de développer. Ça, ça représente une
épargne, tout le monde le dit, pas juste les syndiqués concernés, l'Institut
économique de Montréal l'ont dit, il y a plusieurs autres experts qui l'ont
dit. C'est comme ça que nous pouvons trouver des synergies puis travailler en
concertation avec le gouvernement de main en main, parce qu'on reconnaît qu'il
y a quelque chose que nous devons faire, mais on souhaite faire ça avec eux
puis pas contre eux. Mais ça, c'est un projet de loi qui va être contre tout le
monde.
C'est un affaiblissement du filet social
et des droits, ça aussi, ce projet de loi, quand on parle de fusionner le RQAP
puis le FAACA, ça, c'est le Conseil de gestion de l'assurance parentale, c'est
le Régime québécois de l'assurance parentale. Là, on parle de fusionner ces
deux groupes-là.
Ce qu'on a entendu, par contre... par
exemple, Réseau Québec Famille, eux, ils ont dit que c'est une perte de
transparence. C'est de l'impartialité qui sera perdue. Il n'y a pas de
crédibilité. Puis il faut le dire, là, le RQAP fonctionne, à merveille même,
tellement bien qu'on a des surplus, que le gouvernement a décidé de donner une
baisse de 11 $ par mois aux Québécois. Tellement que ça fonctionne que le
gouvernement décide : Bien, ça, là, ça, nous allons le fusionner, puis nous
allons mettre fin à ça, puis on va... on va mettre à risque toute cette
impartialité pour zéro économie. Pourquoi? Parce que c'est géré à l'extérieur
du gouvernement, c'est financé à l'extérieur de toutes les instances
gouvernementales. Ça fait qu'on ne va même pas sauver de l'argent. Je ne
pourrais pas l'inventer, M. le Président. C'est impossible de penser que nous
allons poursuivre de cette manière.
Puis j'avais mentionné le FAACA. Ça, c'est
la fusion de Fonds d'aide à l'action communautaire autonome avec le FQIS. Puis
là, quand on parle de... les deux instances, il faut dire que le FAACA, ça,
c'est basé à la mission, c'est le financement à la mission. Puis le FQIS, ça,
c'est le financement auprès des projets. Là, en les fusionnant, encore une fois,
on a l'impression que le gouvernement est en train de bâillonner les groupes
concernés. Là, on parle de le Réseau québécois action communautaire autonome,
par exemple. Ils ont un rôle essentiel à jouer, c'est le bras droit et le bras
gauche du gouvernement, c'est le rôle qu'ils occupent. C'est tellement
essentiel, ce qu'ils font, on... devons les remercier. Mais ils ont besoin
d'avoir ces fonds intacts. Pourquoi? Parce que ça reste que c'est quand même
des groupes qui représentent la défense des... collective des droits, c'est un
chien de garde. Mais là on est en train de mettre ça à risque. C'est comme,
chaque fois qu'on a un contrepoids, qu'est-ce qui arrive? Bien là, le
gouvernement de la CAQ décide de... bien là, on va abolir ceci.
C'est ça, le projet de loi n° 7,
M. le Président. C'est grave. C'est grave de dire que nous n'allons pas pouvoir
continuer... les groupes qui ont peur de perdre l'indépendance puis le pouvoir
de se défendre. On avait Mme Tremblay, de l'Alliance québécoise des
regroupements régionaux pour l'intégration des personnes handicapées, qui a
passé en commission, puis elle nous a raconté une fable que... honnêtement,
c'est la première fois que quelqu'un raconte une fable en commission
parlementaire, mais je l'ai trouvée tellement pertinente. Parce que les
personnes en situation de handicap sont vulnérables. Tous les groupes qui sont
représentés par le réseau communautaire autonome, c'est des personnes
vulnérables, il faut le dire, là. Mais ils sont vraiment, vraiment inquiets
parce que, là, on met à risque les droits des personnes en situation de
handicap, on met à risque les subventions qui sont là pour les aider, quelque
chose qui est en place depuis 1998. Puis ce n'est pas parce que c'est en place
depuis 1998 que ça ne fonctionne plus puis que ce n'est pas bon, ce n'est pas
parce que ça date d'un certain temps que ce n'est plus fonctionnel.
Est-ce qu'on a besoin de faire la
réalisation puis les changements de ceci? Peut-être. Mais, M. le Président,
l'autre chose qui est manquant de ce projet de loi, puis c'est... honnêtement,
c'est... je ne peux pas l'expliquer, c'est impensable...
Mme Maccarone : ...qui est
manquante de ce projet de loi, puis c'est... honnêtement, c'est... je ne peux
pas l'expliquer, c'est impensable de déposer un tel projet de loi sans avoir
une étude ou analyse d'impact. Zéro de ça, M. le Président. Je comprends les
inquiétudes des groupes qui ont passé en commission parlementaire, avec raison.
Le gouvernement fait des propositions par le biais de la législation, sans même
savoir, un, si ça va accomplir le but ou, deux, si ça va avoir un impact
néfaste sur les groupes. C'est irresponsable, M. le Président. Puis ça, c'est
brouillon. Ça, c'est un gouvernement qui agit rapidement sans comprendre c'est
quoi, leurs rôles puis leurs responsabilités. Je suis outrée, je ne le
comprends pas puis je partage l'inquiétude de ces groupes. Je partage ceci
parce qu'on n'a aucune idée comment ce gouvernement va se comporter, parce que,
si on se base par ce qu'ils ont fait dans le passé, écoute, on se retrouve avec
un déficit historique jamais vu, on se retrouve avec des décotes d'Hydro-Québec,
mais la province. Franchement, est-ce qu'on peut vraiment leur faire confiance?
Ils ont déposé le projet de loi n° 2, M. le Président,
la journée même que c'était adopté, personne n'a lu les 214 articles. On
ne peut pas leur faire confiance. Ça fait que je comprends les préoccupations
des groupes quand ils ont passé en commission pour dire : Heille, je ne
sais pas comment ça va fonctionner.
Nous sommes en train d'abolir le chien de
garde. Nous sommes en train d'abolir l'indépendance, la neutralité de l'État.
Tu sais, c'est le détournement des fonds et érosion des contre-pouvoirs. Je
pense que je n'aurai pas une autre façon de le dire, M. le Président, c'est
vraiment ça. C'est un projet de loi qui s'attaque à des mécanismes essentiels
d'imputabilité et de surveillance, comme l'abolition de la Commission de
fonction publique, parce qu'on va transférer toutes leurs responsabilités envers
le Tribunal administratif du travail.
Ça me fait penser, M. le Président, la
Commission de fonction publique a quand même déposé un rapport assez accablant
en ce qui concerne le gouvernement, le mois de mai de cette année, puis, woups,
magiquement, maintenant on se retrouve avec un projet de loi qui parle de leur
abolition. Ça, là, ça, c'est un contre-pouvoir important. La ministre, elle
avait dit, au micro : C'est un lobby. Bien, ce n'est aucunement un lobby,
M. le Président. Elle-même, elle avait voté pour les membres qui siègent en ce
qui concerne cette commission nommée à deux tiers des élus ici, dans cette
Chambre.
Encore une fois, M. le Président,
irresponsable, brouillon. Puis je partage les inquiétudes des groupes. Puis
tout le monde qui nous écoutent, tout le monde qui peut-être pensent qu'ils
devront regarder, jeter un petit coup d'oeil sur le projet de loi n° 7, je pense qu'ils auront la même lecture. J'ai hâte à
lire tous ces mémoires parce que je suis sincèrement outrée. Je ne comprends
pas comment ça se fait que je sois ici, en chambre, en train de débattre de
ceci. Pas d'étude d'impact, pas d'analyse, pas de consultation. Les conseils
des experts, c'est que ce n'est pas une bonne chose. Tout ça pour
35 millions de dollars, peut-être.
• (15 h 20) •
Tout ça pour dire M. le Président, avec
tout ce que je viens de vous dire, là, j'ai une motion de report que je
souhaite déposer, et je vais la lire.
En vertu de l'article 240 de notre
règlement, je fais motion afin que le débat sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 7, loi visant à réduire la
bureaucratie, à accroître l'efficacité de l'État et de renforcer l'imputabilité
des hauts fonctionnaires, soit reporté. La motion se lit comme suit :
Que la motion en discussion soit modifiée
en retranchant le mot «maintenant» et en ajoutant, à la fin, les mots «dans
8 semaines».
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Votre motion, elle est
déposée. Nous allons suspendre quelques instants question d'en prendre
connaissance et décider de la recevabilité de cette motion.
Nous allons suspendre à l'instant.
(Suspension de la séance à 15 h 21)
(Reprise à 15 h 26)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, nous allons reprendre nos travaux. Je vous avise que la motion de
report présentée par Mme la députée de Westmount—Saint-Louis est recevable. En
vertu de l'article 240 du règlement, cette motion fait l'objet d'un débat
restreint de deux heures. Je vous informe que la répartition du temps de parole
pour ce débat restreint s'effectuera comme suit :
52 min 30 s allouées au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 30 min 10 s allouées au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle, 16 min 50 s allouées au
deuxième groupe d'opposition, 10 minutes allouées au troisième groupe
d'opposition, 1 min 30 s allouée à chacun des députés
indépendants.
Dans le cadre de ce débat, le temps non
utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : ...30 secondes
allouées à chacun des députés indépendants.
Dans le cadre de ce débat, le temps non
utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires
sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions
établies précédemment.
Mis à part ces consignes, les
interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Enfin, je rappelle aux députés indépendants
que, s'ils souhaitent intervenir au cours du débat, ils ont 10 minutes à
partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède donc maintenant la parole à Mme la
députée de Bellechasse.
Mme Lachance : Je vous
remercie, M. le Président. Je suis heureuse d'être avec vous pour une seconde
fois aujourd'hui, et c'est extrêmement important de réitérer l'importance qu'on
a à ce que le projet avance, donc avec l'adoption du principe du projet de loi n° 7, Loi visant à réduire la bureaucratie, accroître
l'efficacité de l'État et renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires.
Comme nous l'avons dit, ce projet de loi
est une des pièces majeures de notre gouvernement pour réduire la bureaucratie
et augmenter l'efficacité de l'État, dont les services pour nos citoyens. La
motion de l'opposition officielle me surprend un peu. Mais, Mme la... M. le
Président, on le sait, c'est extrêmement important, et, cet après-midi, je veux
réitérer, quand on veut travailler ensemble à faire avancer l'État, on se pose
les bonnes questions, on regarde et on développe notre projet de loi.
Aujourd'hui, c'est un frein qu'on tente d'imposer, et on l'a vu, le Parti
libéral du Québec, on l'a vu aller au fil des années au gré du vent, et ce,
pendant de nombreuses années.
À notre arrivée, en 2018, M. le Président,
nous avons pris les choses en main. Nous avons investi de façon importante pour
rebâtir notre État. Il est maintenant temps de consolider le tout et
d'optimiser nos façons de faire et de se concentrer sur les éléments à valeur
ajoutée pour l'octroi des services aux Québécoises et aux Québécois. Nous
l'avons dit, on va continuer à le répéter, on souhaite simplifier les
structures gouvernementales, optimiser les ressources et améliorer les services
pour nos citoyens. Nous voulons un État qui se consacre à servir les
Québécoises et les Québécois et non à alimenter des processus bureaucratiques
lourds. Pourquoi il est important d'aller de l'avant avec ce projet de loi?
Parce que plus on attend avant d'optimiser nos façons de faire, plus on demeure
dans le statu quo et plus on perd du temps pour optimiser les services. C'est
donc les citoyens qui écopent. Mais on le sait, M. le Président, les citoyens
n'ont jamais fait partie des priorités de l'opposition officielle en vue d'un
état dans lequel ils nous ont laissé le Québec. On est habitués, M. le
Président, on va faire le ménage et on va ramasser les pots cassés de
l'opposition officielle.
• (15 h 30) •
Pendant que le Parti libéral du Québec
fait du temps sur des analogies douteuses avec le sport, nous, on agit pour
améliorer les services aux citoyens. On travaille pour les Québécois et on
souhaite que les Québécois en aient plus pour leur argent et qu'ils aient des
bons services au moment où ils en ont besoin. Qu'est-ce que ça veut dire
«optimisation»? Pour mettre la bonne personne à la bonne place, au bon moment
pour servir les Québécois. On parle ici de fusions et regroupements
d'organismes, dont on vous a donné des exemples, et je le reprends ici : l'Institut
national de santé publique avec l'Institut national d'excellence en santé et en
services sociaux ou encore l'intégration des services administratifs d'Urgences
Santé à Santé Québec. Le transfert de responsabilités. Certaines activités de
la Commission de la fonction publique seront confiées dorénavant au Tribunal
administratif du travail. On parle d'optimisation de programmes et de fonds,
notamment le Fonds d'électrification et des changements climatiques, pour
maximiser les impacts des sommes. Intégration de fonds, comme le Fonds d'aide à
l'action communautaire autonome dans le Fonds... dans le Fonds québécois,
pardon, d'initiatives sociales. Ces mesures, M. le Président, nous permettront
de réduire les tâches redondantes et d'alléger les redditions de comptes à faible
valeur ajoutée et de simplifier l'organisation du travail, tout en maintenant
la transparence.
Maintenant, en ce qui concerne les mesures
pour renforcer...
15 h 32 (version non révisée)
Mme Lachance :
...maintenant,
en ce qui concerne les mesures pour renforcer l'imputabilité des hauts
dirigeants, il est temps qu'on agisse. Je suis convaincue que les Québécoises
et les Québécois s'attendent au plus haut niveau d'imputabilité de la part de
nos hauts fonctionnaires. On le sait, M. le Président, l'imputabilité, ce n'est
pas la force de l'opposition officielle.
Donc, encore une fois, je comprends la
motion de report. Maintenant, pour être claire, qu'est-ce qu'on propose pour
renforcer les responsabilités des titulaires d'emplois supérieurs : d'abord,
un stage probatoire pour les nouveaux dirigeants, aussi la clarification des
attentes en matière d'imputabilité, finalement, des ajustements au processus de
nomination à la SAAQ.
Ces... Ces changements, M. le Président,
visent à garantir que les dirigeants publics livrent des résultats concrets
pour les citoyens. Est-ce que l'opposition officielle est contre ça, M. le
Président?
Maintenant, comme on l'a dit et comme on l'a
dit toujours, nous allons faire preuve d'écoute. Ce projet de loi est
perfectible. Et, comme les consultations particulières nous ont amené de
nombreuses pistes de réflexion, au-delà des positionnements favorables ou non,
les discussions ont permis de soulever des enjeux et de revoir des... de
recevoir des propositions d'intérêt afin de bonifier certains éléments du
projet de loi tout en maintenant l'objectif d'efficacité.
Je veux saluer encore une fois les
multiples intervenants qui sont... qui ont contribué à l'exercice de
consultation, d'abord par leur présence en commission et par l'envoi de
nombreux mémoires à la commission. Bien que tous les groupes n'aient pas eu la
chance de se faire entendre en commission, sachez que vos contributions seront
considérées au même titre pour la suite des travaux.
Je tiens à le rappeler, M. le Président,
les mesures visent à nous assurer l'adéquation des structures administratives
et des missions des entités concernées avec les priorités gouvernementales et
le contexte budgétaire actuel, tout en améliorant la satisfaction des citoyens
à l'égard des services de l'État. Ce qu'on souhaite, c'est optimiser les
structures, les façons de faire pour que les travailleurs de l'État consacrent
plus de temps aux services directs aux Québécoises et aux Québécois.
M. le Président, j'encourage maintenant l'opposition
officielle à faire preuve de collaboration pour qu'on avance dans l'étude de ce
projet de loi qui est extrêmement important et pour qu'on ressente les efforts
de l'État québécois, qu'on optimise nos façons de faire, qu'on se concentre sur
le réel service aux citoyens. Moi, je suis extrêmement enthousiaste, là, M. le
Président, à l'idée de débattre en toute collégialité pour que la proposition
de notre gouvernement, au cours de l'étude détaillée... et je souhaite que ça
se fasse dans la collégialité pour le bien de tous les Québécois. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Bellechasse. La parole revient maintenant à M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, toujours sur cette motion de report.
M. Beauchemin :
Merci
beaucoup, M. le Président. Je suis... En fait, on a été bien servis, là, de...
de commentaires secondaires, mais je dois dire, la réalité, c'est qu'il faut
tout de même comprendre une chose ici, M. le Président. Aujourd'hui, là, on
nous demande de voter sur le principe d'un projet de loi, puis on va faire le
briefing technique mardi de la semaine prochaine. On nous demande de voter
avant le briefing technique, M. le Président. En partant, là, celle-là, elle
est bonne.
En plus de ça, M. le Président, on est
rendus à plus de 152 mémoires, et ils rentrent, là, goutte à goutte, là,
en ce moment dans le Greffier. Puis on veut qu'on vote sur le principe avant
que tout le monde ici ait pris le temps, là, de lire ces 152 mémoires. Je
trouve ça un petit peu particulier, M. le Président, au niveau de la
démocratie, ici, là. On veut donc accélérer, faire ça vite, on veut que tout
devienne efficace du jour au lendemain, mais on ne veut pas prendre le temps,
là, de lire l'ensemble des mémoires qui ont été déposés. Vous savez...
15 h 37 (version non révisée)
M. Beauchemin : ...c'est quand
même un petit peu ironique d'être rendu où est-ce qu'on est rendus après que ce
gouvernement-là ait pris les sept dernières années pour cochonner des finances
publiques? Puis là on est rendus, M. le Président, que là il essaye de trouver
tous les slogans, puis tous les moyens, puis tous les spins médiatiques puis
marketing pour redorer l'image dans l'espace public, comme quoi que le
gouvernement est en charge puis prend un contrôle des dépenses puis des
finances puis on est capables de bien gérer la... la machine. Nous, l'État, on
va bien faire ça, puis c'est important. Mais, écoutez, arrêtez une seconde, M.
le Président, là, il ne faut surtout pas qu'il y ait un chien de garde de l'appareil
gouvernemental qui dépose un rapport critique au gouvernement, parce que là,
là, M. le Président, ce qui va arriver, là, on va vouloir éliminer cette
commission-là de la fonction publique qui a été décrite par la présidente
actuelle du Conseil du trésor comme un lobby, M. le Président. Donc, ils ont
décidé au mois de mai d'émettre un rapport qui était critique du gouvernement.
Ça fait partie de leur mission. Et là, soudainement, on suggère dans le projet
de loi n° 7 d'éliminer cette commission de la fonction publique. Je veux
dire, un contre-pouvoir, M. le Président, là, et une autre démonstration que c'est
à géométrie variable, là, les aspirations démocratiques de la Coalition avenir
Québec.
On a 152 mémoires de déposés. Là, c'est
des gens qui ont pris le temps de vouloir s'exprimer, qui auraient peut-être pu
avoir une meilleure écoute de la part du gouvernement, mais on est rendu là, on
a décidé qu'aujourd'hui, là, il faut absolument, là, qu'on passe au vote pour
le principe, M. le Président. On va faire le briefing technique la semaine
prochaine, là, parce que c'est secondaire finalement, là, tout ça, là.
Je peux comprendre les gens qui nous
écoutent, M. le Président, puis qui peuvent devenir un peu déçus de la façon d'agir
du gouvernement, puis c'est normal parce qu'on est tous un peu propriétaires de
l'appareil gouvernemental. On aimerait ça que ce soit bien rodé. On aimerait
vraiment ça qu'il y ait une efficacité de l'État. On en veut des économies d'échelle.
Mais il faut, à la base, comprendre, M. le Président, qu'ici, là, il n'y a
vraiment rien de démontré, il n'y a eu aucune étude d'impact de la part de ce
gouvernement-là pour dire qu'il y allait avoir effectivement des... des
économies d'échelle, que ça allait être mieux par la suite. À part le fait, là,
qu'on a enlevé la Commission de la fonction publique, là, puis que le gouvernement,
théoriquement, là, ne devrait pas recevoir des critiques, là, pour sa gestion
de l'État, je ne le vois pas, là, moi, en tout cas, en toute honnêteté. Puis on...
on a passé du temps, là, à... à essayer de défricher tout ça.
Vous savez, comme je le disais tantôt, là,
à la base, on a eu plusieurs exemples de gouvernement... du gouvernement comme
quoi que tout semble avoir été fait de façon un petit peu brouillonne, puis on
avance, puis houp, on se rend compte qu'on fait des erreurs. Ah, «oh well», c'est
la fin du monde, là, on... on continue, puis ce n'est pas bien grave, on... on
espère qu'on va pouvoir passer à un autre sujet de conversation dans les
médias.
Bien, tu sais, la collègue parle que...
qu'ils ont pris note puis il y avait quelques éléments sur les 24 personnes
qui sont venues parler dans... dans les... dans les remarques préliminaires,
dans... dans la session parlementaire qu'on a eue pour écouter les gens qui
sont venus déposer des mémoires, les 24 personnes, mais il y a 152 mémoires
qui ont été déposés dans le Greffier, M. le Président, ça fait qu'on en a
entendu qu'une partie. Puis là on fait quoi avec le reste, là? Là, on parle de
faire des amendements basés sur les quelques recommandations qu'on a entendues.
On va-tu avoir un multiple du nombre d'articles en amendements, M. le Président?
Est-ce que... est-ce qu'on a besoin d'une autre illustration comme quoi que ce
gouvernement-là a mis sur la... la place publique un projet de loi qui est
encore une fois mal ficelé? C'est ça, l'enjeu, M. le Président. Pourquoi qu'on
en est rendus là? Parce que c'est dans la nature même de la CAQ. Ils ont mal
géré l'État, ils ont mal...
15 h 42 (version non révisée)
M. Beauchemin : ...de gérer
les finances publiques. Aujourd'hui, on en paye le prix. Aujourd'hui, on veut,
de la part du gouvernement, changer le narratif, ça fait qu'on fait une image
marketing, on vire à droite théoriquement, puis on est en train de dire :
Voici ce qu'on va faire puis voici ce qu'on a fait, puis on remplit nos
promesses, puis... Ils ne sont pas capables parce qu'il y a des élections et
que l'année électorale, elle est déjà commencée, là, ça fait qu'on le sait c'est
quoi, là, qu'ils font, ce n'est que pour satisfaire un narratif.
Mais quand la Chaire de productivité du HEC
dit clair, net et précis, qu'ils ne voient pas où le gouvernement va pouvoir
réellement avoir des efficacités. Quand la Chaire de fiscalité du HEC dit qu'il
n'y en aura pas d'économie d'échelle parce que le gouvernement confond des
frais fixes avec des frais variables, puis on dit qu'on va... on va fusionner
des frais variables ensemble puis on va faire des économies d'échelle comme ça,
ça ne marchera pas.
Je l'ai donné l'exemple ce matin, M. le
Président. Un directeur ou une directrice qui a 50 employés qui était
occupé, là, à temps plein avec son groupe, qui là soudainement, ont fait
fusionner un 50 employés de plus qui vient d'un autre groupe, la personne
ne sera pas capable de gérer le 100 employés soudainement. Qu'est ce qui
va arriver pensez-vous, M. le Président? Ils vont demander d'avoir de l'aide. Ça
fait que ça va-tu être un ou une assistante de plus. Ça va-tu être deux de
personnes de plus?
On l'a vu de par l'histoire, de par le
passé, le gouvernement de la CAQ est incapable de bien gérer. Qu'est-ce qui
nous fait croire qu'aujourd'hui, là, avec tous les vœux pieux que ce
gouvernement-là est en train de faire comme quoi, soudainement, ça va bien
aller? On est tous pour la déréglementation. On est tous pour que ça avance
plus vite. On veut tous que l'État soit plus productif. C'est à la base même de
n'importe quel parti politique, peut-être, sauf mes voisins ici à ma gauche,
mais ils veulent tous faire de l'efficacité de l'État une priorité. D'accord. Mais
on peut-tu retourner à la planche à dessin, s'il vous plaît, M. le Président? Parce
que le gouvernement actuel fait fausse route.
Prenons juste l'exemple de l'INESSS, de
l'INSPQ, c'est démontré dans d'autres législations que la santé publique, OK, mais
qui doit être un élément indépendant, que ça ne se fond pas dans n'importe
quelle entité. On a eu l'exemple au Danemark, on a eu l'exemple en Finlande.
Dans le contexte où est-ce que, justement, au Canada, le Québec est un leader
dans le monde et au Canada en ce qui a trait à la santé publique. Il est où le
nationalisme santé, de ce gouvernement-là? Il n'y en a pas, là. On préfère
avoir les clips médiatiques qui disent qu'on essaie de faire quelque chose puis
qu'en bout de piste, là, on sait très bien que dans trois ans ça va être le capharnaüm,
il va falloir qu'on revienne à la planche à dessin. Puis comme d'habitude, avec
ce gouvernement-là, on s'en fout un peu parce que c'est après la prochaine
élection, c'est après 2026, c'est après la CAQ. Donc, les collègues de la CAQ
devraient comprendre que c'est leur héritage qu'ils sont en train de bousiller.
C'est ça, la réalité. Ce qui va rester dans la tête des gens, là, c'est l'héritage
que la CAQ aura laissé dans sa dernière année au pouvoir avec le PL n° 7.
Le mauvais fonctionnement de toutes ces initiatives-là qui peut-être à la base
le concept était bon, mais on aurait dû faire des études d'analyse d'impact. On
aurait dû s'asseoir puis faire des projets pilotes. On aurait dû faire ça comme
nous, on l'avait déjà fait, comme nous on avait déjà mis en place, une révision
annuelle des dépenses de l'État qui n'a aucunement été exécutée par la part, la
part du gouvernement puis que, là, cette année, soudainement, il reste quelques
mois avant que l'élection commence à devenir une priorité dans la tête du
gouvernement. Heille! on a de besoin des lignes de com, on a de besoin des
éléments de marketing. Il faut absolument qu'on puisse avoir des clips sur le
sujet. Ça nous prend quoi? Heille! ça nous prend le projet de loi n° 7. Oui,
let's go! On s'en va faire ça. M. le Président, ça va être tellement bon pour l'image,
mais pour...
15 h 47 (version non révisée)
M. Beauchemin :
...la
substance, on va revenir, M. le Président.
La Chaire de productivité du HEC a dit que
«pour obtenir des bénéfices réels en matière de gains d'efficacité, il faut qu'il
y ait une économie d'échelle». Hein? Là-dessus, on s'entend tous.
«Malheureusement, la très grande majorité des propositions du projet de loi
sept représentent des bénéfices potentiels en gestion de capital humain. Ce
type de gain ne s'apparente pas du tout à des économies d'échelle, et donc,
selon M. Gagné, de la... du centre de productivité et de prospérité du HEC,
il... il anticipe très peu de gain pour un... pour un important potentiel de
difficultés». Ça fait que ce qu'il est en train de dire, là, c'est que, non
seulement on n'en aura pas, d'efficacité, mais on risque de se mettre dans le
trouble encore plus.
Ça fait que, M. le Président, le Centre de
productivité et de prospérité du HEC, là, c'est un leader mondial. La Fondation
Somers est en arrière de ça, du monde qui sont continuellement à la recherche d'efficacité.
Ce n'est que ça qu'ils font. Puis, quand ils s'expriment puis qu'ils disent des
choses comme ça, on devrait en prendre note. «La surcentralisation peut créer
des déséconomies d'échelle.».
Prenons l'exemple des fusions municipales
que je vous avais mentionné ce matin, M. le Président. Savez-vous comment ça s'est
réglé, là, pour des conditions salariales lors des fusions municipales? La
ville ayant les meilleures conditions municipales est devenue le barème pour
toutes les autres municipalités qui étaient fusionnées avec. Ça fait que là, on
a augmenté le coût de tout le monde, parce que c'est de même que ça marche dans
la machine, c'est de même que ça marche dans l'appareil gouvernemental. Ça fait
que pensez-vous pour une seconde, M. le Président, que ça va fonctionner
différemment avec les multiples projets qui sont envisagés avec le projet de
loi sept? Ça va être exactement la même affaire, M. le Président. Ça va nous
coûter plus cher. Ça va être des déséconomies d'échelle.
C'est désolant, M. le Président. Mais je
reviens juste à la base. On a 152 mémoires qui sont dans le Greffier
actuellement, là, qui... ça... ça arrive, là, dans les dernières heures. On est
rendus là, là. Je n'ai pas eu le temps de tous les voir. Mon équipe est là-dessus.
On essaie. On ne sera jamais capables de tout lire ça avant le vote qui va être
dans quelques minutes, là. On ne pourra jamais en arriver à ça, là. Pire :
le briefing technique, là, mardi prochain, M. le Président. Mais on vote
aujourd'hui, là, sur le projet de loi, sur le principe.
Ça fait que quel genre de message qu'on
envoie? On met la charrue devant les bœufs. On n'est juste pas capables de
réaliser qu'en ce moment, là, OK, ce gouvernement-là, tellement préoccupé par
la réalité politique de son quotidien, qu'on est prêt à faire ce genre de
«move», ce... ce genre de... de stratégie, de... ce genre d'exécution de l'appareil
gouvernemental qui vont laisser des conséquences à très long terme pour tout le
Québec.
Transplant Québec, Héma-Québec, c'est dans
la santé, c'est dans... c'est... c'est relié dans le concept de la santé, M. le
Président, mais c'est deux missions totalement différentes, avec des
infrastructures totalement différentes, une approche pour livrer leurs services
totalement différente. Il n'y aura pas d'économie d'échelle parce qu'on n'est
pas en train de fusionner des actifs, des frais fixes. On fusionne du personnel
ensemble, qui, un, ne connaît pas ce que l'autre fait. Ça fait que qu'est-ce
qui va arriver? Ils vont tous rester là. Même la ministre l'a admis, il n'y en
aura pas, c'est juste, administrativement... ça risque d'être mieux, ça risque
d'être mieux. Bravo! Donc, on va éliminer un poste de président, présidente, on
va éliminer des volontaires qui sont quasiment... quasiment des volontaires sur
les conseils d'administration, on va réduire une certaine aspect de la
gouvernance pour pouvoir dire : Nous, on a fusionné des appareils
gouvernementaux, là, on a tout mis ça ensemble, on est bons, nous autres, à la
CAQ...
15 h 52 (version non révisée)
M. Beauchemin : ...mais en
bout de piste, M. le Président, il y a des vies, là, qui sont en jeu. Il y a
plus de 500 transplantations cette année. Ce n'est pas rien, ça, M. le
Président. Là, soudainement, qu'est-ce qui va arriver? On va... Oups, on a
oublié un rein quelque part. Ou on va avoir oublié un cœur quelque part.
Ou : Ah, on s'est mélangé on l'a mis dans le mauvais frigidaire. Je veux
dire, je ne sais pas, là, je fais de la pure projection, mais on va avoir une
perte d'expertise. Et vous savez, M. le Président. Tout ça ne serait même pas
encore aujourd'hui... être débattu aujourd'hui si le gouvernement avait fait ce
que doit, jour un, c'est-à-dire être un bon gestionnaire. C'est-à-dire faire
une révision annuelle de tous les programmes de l'État. Il y en a qui
fonctionnent. «Good», on continue. Il y en a qui sont moins efficaces. On peut peut-être
resserrer la vis. Il y en a qui ne marchent pas du tout. Bon, bien, ceux-là, on
se pose des questions, là. Pourquoi on les garde? On ne les garde-tu pas? Une
fois qu'on a pris ces décisions-là, on avance. C'est normal. Tout évolue dans
la société. Mais on doit être constamment à l'affût pour s'assurer qu'en tant
que fiduciaire de l'argent des Québécois, qu'on en donne pour l'argent des
Québécois à chaque Québécois et Québécoise.
C'est important, M. le Président. Cette
responsabilité-là aurait dû être numéro un dans la tête du gouvernement le
lendemain de l'élection de 2018, d'octobre 2018. Ils n'ont rien fait, jusqu'à tant
que Standard & Poor'sles décote pour leur mauvaise gestion des
finances publiques. Là, soudainement, on s'est réveillé : Ah, bien, là, OK.
Correct, on va faire le ménage, là. Je pense qu'on a compris le message. Vous
me comprenez, M. le Président, quand je dis ça? Que c'est malheureux? Mais ils
ont eu leur chance, là. Ils ont vraiment eu leur chance.
Puis là, moi, en faisant cette motion-là,
ce qu'on veut, c'est encore une fois donner une chance au gouvernement de faire
les choses correctement, de donner le temps à la démocratie d'agir correctement.
De permettre aux 152 mémoires d'être bien analysés correctement avant de faire
le vote sur le principe. Parce qu'on ne peut pas, là, aveuglément y aller de l'avant
comme ça, puis dire : Bon, bien, correct. On pense que ça s'en va dans cette
tendance-là. Parce que si on suit la façon de gérer, par exemple, les estimés
de la croissance économique de la CAQ, là, on se trompe royalement année après
année. Puis ce n'est pas moi qui le dis, ça, M. le Président. Le Vérificateur
général l'a dit.
Donc, là, c'était vraiment une suggestion,
une bonne idée pour qu'on puisse reprendre un peu le contrôle de ce projet de
loi-là, pour que les gens puissent voir que les législateurs les écoutent. Mais
le gouvernement, là, je sais ce qui va se passer. Sont majoritaires. Ils vont
voter «Non». Ça fait qu'on va avoir déposé cette motion-là, on va avoir au
moins allumé, les Québécois et les Québécoises, sur le fait suivant. Ce
gouvernement-là, honnêtement, n'écoute pas la population, ce gouvernement-là, comme
disait la collègue tout à l'heure, navigue au gré du vent. Puis là,
actuellement le vent, il est dans leur face, puis ils essaient tout pour faire
changer ça. Ça fait qu'ils sont en train de faire une opération marketing avec
le projet de loi 7, puis c'est désolant, parce que c'est une opportunité
manquée, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Nous poursuivons le débat sur
cette motion de report, et je reconnais M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, nous voilà pour discuter et débattre d'une motion de report
présentée par nos collègues du Parti libéral concernant le projet de loi no7,
Loi visant à réduire la bureaucratie, à accroître l'efficacité de l'État et à
renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires. Tous est des très beaux
principes et sur lesquels on peut s'entendre. Et tout dépend de la façon du
comment on fait, et on fait cela. On fait face à un projet de loi mammouth qui
touche à des nombreux sujets qui n'ont aucun, mais aucun lien ensemble. On ne
parle pas de réformer 2 lois, de 15 lois, même de 30 lois...
15 h 57 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...qui sont
modifiés par le gouvernement, on parle de 78 lois touchées dans une réforme
titanesque qui, comme on l'a compris en auditions publiques... ce projet... ce
projet de loi, malheureusement, ne s'appuie sur aucun document d'analyse ou des
données probantes. C'est énorme. Et même qu'on peut s'aventurer à dire qu'il y
a ici de l'improvisation pour aboutir rapidement à des résultats sans égard aux
conséquences que cela peut avoir sur toute une série d'institutions qui ont
fait leurs preuves au cours de l'histoire. Cela, M. le Président, sans compter
les changements qu'il y aura à 34 règlements et décrets qui seront modifiés ou
abrogés, qui n'ont reçu aucune analyse d'impact réglementaire, comme c'est la
norme qui... dans le... au gouvernement du Québec. Ce n'est pas sérieux, M. le
Président, là. Et cela a été lourdement souligné par les quelques groupes qui
ont réussi à venir exposer leurs opinions sur ce projet de loi en commission
parlementaire, qui ont décrié cette improvisation et cette absence d'étude sur
les impacts.
Avant de continuer sur ce projet de loi, la
ministre devrait impérativement soumettre au Québec... soumettre aux
parlementaires les analyses d'impact et les études qui appuient ces fameux...
gains. Tout d'abord, des études sur la pertinence. Qu'est-ce qui motive, en
termes d'efficacité de la machine gouvernementale, de faire ces réformes
majeures, là? Sans ces études-là, M. le Président, on navigue à l'aveugle. Si
cela n'a pas été fait, la ministre doit refaire ses devoirs et nous revenir
avec des données probantes, ce qui n'a pas été fait jusqu'à présent. La
ministre de... responsable du Conseil du trésor, qui, je le rappelle, n'a
consulté aucun des organismes ou des organisations qui seront affectés au préalable
et qui ne s'est appuyée sur aucune étude d'impact, elle joue à l'apprenti
magicien en faisant miroiter quelque 35 millions de dollars de supposés
gains, mais cela est hautement hypothétique, 35 millions pour imposer... pour
mettre le désordre dans des institutions historiques qui ont des missions et
des fonctions névralgiques aussi variées et avec des impacts qui ont une
répercussion directe sur des milliers, voire des centaines de milliers de
citoyens et citoyennes du Québec.
La ministre, avec ce projet de loi, met en
danger la stabilité de la chaîne de soins, par exemple pour la transplantation
d'organes, l'autonomie et l'indépendance scientifique nécessaires à nos experts
de la Santé publique pour affronter les prochaines pandémies, la saine transparence
sur l'utilisation des surplus du Fonds vert pour faire face aux changements
climatiques, l'amélioration du Régime québécois d'assurance parentale pour l'avenir
de nos familles, la qualité des diplômes produits par nos cégeps et collèges ou
bien la défense collective des droits faite par les organismes communautaires
autonomes, et cela n'est qu'un bref aperçu de l'ensemble des domaines touchés
par le projet de loi n° 7.
M. le Président, on fait face ici à un
évident déficit démocratique au projet de loi de la ministre, car... et ce n'est
pas pour rien que la société civile ainsi que les représentants et représentantes
de la... des organisations touchées s'y opposent de façon assez claire. M. le...
M. le Président, il y a eu 150 mémoires déposés à la commission, et, et là-dedans,
il y a des groupes au cœur même des fusions et des abolitions de la ministre
qui n'ont même pas été reçus en auditions, comme par exemple la Commission de l'évaluation
de l'enseignement collégial. Il y a là, encore une fois, un déni démocratique,
puisque les...
16 h 02 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...concernés
ne seront pas entendus par les parlementaires. J'aimerais, à titre d'exemple,
vous citer le mémoire de la Fédération étudiante collégiale du Québec, la FECQ,
sur l'impression que leur laisse le projet de loi sept. Et je trouve que c'est
très à propos. Donc, je cite : «Le projet de loi sept comporte plusieurs
objectifs tirant leurs racines de plusieurs domaines différents, que ce soit
concernant le domaine de la santé, de l'immigration ou même des études
supérieures. Plusieurs organismes abolis dans le projet... dans le projet de
loi n'ont que très peu de liens, voire aucun. Cette lourdeur législative rend
donc le tout très complexe, mais également très discret en raison du peu de
justification dans les abolitions mentionnées. Conséquemment, nous dit la FECQ,
la suppression de la commission de l'enseignement... organismes constituant un
des piliers fondateurs du réseau collégial n'est qu'abordée en une phrase,
laissant alors de côté la profondeur de l'argumentaire derrière cette décision
que la Fédération étudiante du... collégial du Québec déplore. La FECQ se
positionne alors contre ce type de projet de loi qui fusionne plusieurs
décisions n'ayant aucun lien d'ensemble dans un même document, créant ainsi une
invisibilisation de certains justificatifs dont les impacts seront considérables.»
Fin de citation.
Effectivement, M. le Président, l'abolition
de la commission d'évaluation de l'enseignement collégial retire un organisme d'évaluation
indépendant, ce qui pourrait conduire à une baisse de la qualité et de l'encadrement
pédagogique, les décisions d'évaluation étant rapatriées au sein des structures
ministérielles. C'est grave, M. le Président, et cela mérite notre pleine et
entière attention.
Seulement deux groupes sont intervenus et
sur ce domaine, par exemple l'Association des collèges privés et, encore une
fois, la Fédération étudiante collégiale du Québec. Le gouvernement a refusé d'entendre
les groupes aussi concernés par ce changement majeur, les fédérations d'enseignement
collégiaux publics, la Commission de l'évaluation de l'enseignement collégial,
justement, celle qui va être abolie, la Fédération des professionnels,
représentée par la CSN, et le Commissaire à la langue française. Tous des
acteurs qui auraient éminemment des choses importantes à dire devant... devant
cette abolition projetée par le projet de loi sept.
Un autre exemple du déni démocratique et
du manque de crédibilité de la démarche législative de la ministre est l'abolition
de l'organisme Transplant Québec et le transfert de ses activités dans l'organisme
Héma-Québec, deux organismes qui ont des missions complètement différentes. On
pourrait dire : Ah! bien, ils sont tous les deux dans le domaine de la
santé. C'est justement ça, l'improvisation, M. le Président. Ce n'est pas parce
que deux organismes se situent dans un même... grand domaine d'action qu'il
faut les fusionner avec cette insouciance concernant les conséquences.
Parmi les groupes entendus durant le
mandat d'initiative sur les dons d'organes et de tissus à la Commission sur la
santé et services sociaux, l'an dernier, la majorité des groupes n'ont même pas
été entendus en audition sur ce projet de loi. Les recommandations du rapport
faisaient à... faisaient l'unanimité chez les députés de la partie
gouvernementale. Et on a donc un rapport, avec des recommandations
consensuelles rédigées en prenant en compte les voix et les avis des groupes de
la société civile, qui est jeté aux poubelles par la ministre.
Le mémoire, par exemple, de l'organisme Chaîne
de vie de la Fédération de la santé et services sociaux, affiliée à la CSN, de
la FIQ, du Collège des médecins, du Protecteur du Citoyen s'opposent à cette fusion.
Évidemment, parce que les missions de... la mission des deux organismes est
complètement différente. Transplant... Héma-Québec fait la gestion de l'inventaire
des tissus et du sang au Québec, alors que Transplant Québec est un organisme
qui s'occupe avant tout d'une opération clinique extrêmement précise qui... il
s'agit de transplanter des... des organes, c'est complètement différent comme
mission. Donc, c'est autant de groupes à qui la ministre aurait eu avantage à
écouter pour mieux saisir les impacts de la perte...
16 h 07 (version non révisée)
M. Fontecilla :
...Transplant
Québec pour le Québec. Donc, le report de la... de l'étude de la loi... du projet
de loi n° 7 après... après les vacances de Noël va laisser le temps à la
ministre de nous revenir avec des études et des données qui pourront mieux
justifier ses intentions. Par exemple, elle aura le temps de faire des études
de pertinence. Pas... On ne cherche pas ici justement à éliminer les
dédoublements éventuels, des dédoublements administratifs, là. Il ne s'agit pas
ici d'abolir les postes des deux gestionnaires administratifs, là, faisant fi
de... de la mission de chaque... de chaque organisme. Il faut vérifier si les
missions sont compatibles, il faut vérifier si les activités de chaque
organisme peuvent coexister ensemble sans que l'une ne nuise à l'autre. Et cela
est particulièrement vrai, M. le Président, lorsqu'on parle de la fusion
projetée de l'Institut national de santé publique et de l'Institut national en
santé et services sociaux, qui ont, encore une fois, deux missions complètement
différentes.
Et tout ça, ce n'est pas fait. Il revient
maintenant aux parlementaires de le faire à la course lors de l'étude détaillée
de... du projet de loi... du projet de loi sept. C'est une réforme... majeure
qui, je l'ai dit en début de mon intervention, touche pas moins de 78 lois
et plusieurs dizaines de règlements. Et on doit prendre le temps de bien faire
les choses, c'est le propre d'un gouvernement responsable qui doit prendre le
temps de bien étudier ses actions parce qu'elles vont avoir des conséquences
directes et pendant de nombreuses années sur les institutions et sur les
citoyens et citoyennes du... du Québec.
Le gouvernement, dans ce... avec ce projet
de loi là, agit comme une... locomotive qui n'écoute... très peu, très peu. Et
j'espère qu'il va écouter, en tout cas un tout petit peu, les... les
recommandations, les suggestions, les critiques qui ont été faites par tout un
ensemble de groupes de la société civile et même des institutions de... de l'État.
C'est une réforme improvisée. Et il est
impératif qu'on se donne le temps de bien faire les choses, parce que c'est de
la réputation de nos institutions publiques dont... dont il est question.
Dans ce sens-là, M. le Président, j'appuie
la... la proposition de report de l'étude pour que le gouvernement ait le
temps, justement, de bien faire son travail. Le Québec mérite cette étude et ce
report. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Laurier-Dorion. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? Je comprends qu'au niveau de la partie gouvernementale... Est-ce
qu'il y a des interventions de la partie gouvernementale? Est-ce que votre
temps... Donc, vous ne comptez pas utiliser votre temps. Parfait. Alors, M. le
député de LaFontaine, je vous cède maintenant la parole.
M. Tanguay
:
Merci beaucoup, M. le Président. Et, je vous en prie, interrompez-moi
lorsque vous aurez fait les calculs pour savoir de combien de temps au total je
dispose. Là, j'entends que mon 11 min 23 s statutaire vient de
débuter, mais durant mon intervention, je vous prie... Allez-y.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
...de 27 minutes et 32 secondes pour... pour le moment, pour le
moment.
M. Tanguay
:
Pour le moment, 27 minutes et 32 secondes. Et vous me direz s'il
y a d'autre temps de disponible pour la suite des choses.
Alors, M. le Président, on a devant nous
un projet de loi qui a été déposé par la présidente du Conseil du trésor, a été
déposé par celle qui est normalement, au sein d'un gouvernement responsable,
garante de la bonne gestion, de la bonne utilisation de l'argent que le
gouvernement est allé piger dans les poches des payeurs de taxes, taxes à la
consommation, et des travailleuses, travailleurs, impôt sur le revenu et impôt
sur les profits, bénéfices de nos entreprises, de nos... de nos PME partout au
Québec.
Alors, il y a une vérité éternelle, c'est
que le gouvernement vient chercher dans nos poches, d'une manière ou d'une
autre, taxes directes, taxes indirectes, impôts, tarifs, etc., vient piger dans
nos poches et reçoit, à Québec, des milliards de dollars, des milliards de
dollars. Et on pourra se parler lors de mon intervention de la qualité des
services.
Alors, la présidente du Conseil du trésor,
elle, elle reçoit, perçus par son collègue ministre des Finances, des milliards
de dollars...
16 h 12 (version non révisée)
M. Tanguay : ...et, en
collaboration, ils ont chacun leur sphère de décision et elle doit s'assurer
que chaque dollar qui est dépensé et dépensé de façon optimale, rigoureuse, et
souvent, c'est la personne qu'on appelle le docteur no, la personne qui va dire
non, on ne te donnera pas ça, on va serrer la vis, on va faire en sorte de
couper ici, couper là et on sait que le gouvernement, pour avoir tellement
telle la cigale, telle la cigale, pour avoir tellement dépensé tout l'été que
la bise fut venue, aujourd'hui, le gouvernement se retrouve devant la fourmi
qui est les maisons de crédit, puis la fourmi a parlé, a décoté le Québec.
Alors vous chantiez, n'en déplaise, bien danser maintenant.
Alors on voit aujourd'hui un gouvernement
qui a fait la cigale tout l'été, qui a gaspillé, gaspillé et qui n'a pas fait
en sorte de bien gérer les fonds publics. Déficit après déficit après déficit.
Et maintenant l'automne arrive, ils sont Gros-Jean comme devant, ils n'ont plus
d'argent et puis là, c'est comme s'il avait donné les clés, les clés de la
forêt à la fourmi qui, elle, astheure, elle coupe partout, partout, partout. La
fourmi, en tout respect, c'est la présidence du Conseil du trésor.
Que fait la fourmi qui est en mode coupure,
aka elle a déposé le 5 novembre dernier un projet de loi qui, excusez du
peu, touche à 81 lois. La présidente du Conseil du trésor s'est invitée
dans des lois qui touchent tantôt les dons d'organes, la gestion des dons d'organes
qui touchent la science, qui touchent les rapports que le Québec a quant à la
santé publique, qui touchent à l'évaluation des médicaments qui touchent à la
Commission de la fonction publique, qui touchent à toutes fins pratiques, même
au Code du travail a plus ou moins toutes les sphères de notre vie. La
présidente du Conseil du trésor, fourmi en mission, qui est là pour couper, a
décidé de déposer une pièce législative énorme qui s'intitule Loi visant à
réduire la bureaucratie, à accroître l'efficacité de l'État et à renforcer
l'imputabilité des hauts fonctionnaires.
Moi, comme porte-parole de l'opposition
officielle en matière de santé, je vais vous parler de l'INSPQ et de l'INESSS,
deux organismes qui sont une fierté, qui sont une réussite, qui sont des
garants dans des missions très spécifiques, des missions qui ne peuvent pas
être fusionnées, mélangées, qui ne peuvent pas être impactées de cette façon-là.
Elle veut fusionner les deux organismes, elle veut fusionner les deux
organismes, espérant avoir une économie d'échelle. Alors, envoye toi chose que
je te fusionne l'INESSS puis l'INSPQ, mais on aura l'occasion dans mon
intervention de reconnaître que ce n'est pas du tout, du tout la bonne chose à
faire et que ce soit la présidente du Conseil du trésor qui, sous mon dossier
de santé, s'invite dans ce débat-là, elle a décidé, elle, que les deux entités allaient
être fusionnées, puis qu'il y aura des économies d'échelle, ce qui n'arrivera
pas et on aura... on fera référence, un peu plus tard, aux témoignages qui ont
été divulgués durant... durant les mémoires parce que c'est une autre chose, là.
On se lève devant vous, on a une motion de
report. Je vais vous dire pourquoi on a une motion de report, mais mon premier
point, mon intro, c'est un gouvernement qui a joué à la Cigale pendant sept ans,
ils ont joué de la musique, ils ont chanté, ils ont dansé, ils ont gaspillé, envoye
toi le travailleur, envoye toi la travailleuse, payes des impôts, payes des
impôts, taxes à la consommation, le jeune qui travaille l'été, puis qui est aux
études, envoye toi va t'acheter une gomme balloune. Bien, moi je te prends
15 % sur ta piastre, elle te coûte une piastre et quinze ta gomme balloune
sur tout, tout. Celles et ceux qui nous écoutent à la maison, à toutes les fois
que vous allez au magasin, à toutes les fois que vous mettez de l'essence dans
votre auto, partout, tout le temps, vous allez au restaurant, vous allez vous
acheter des bas de laine pour le petit parce qu'il fait froid, là, bien à toutes
les fois, le gouvernement prend sa côte. Il prend son 15 %, son
14.97 %, M. le Président. Et là-dessus, il y a la TPS au fédéral, mais il
y a la taxe de vente du Québec et ça, c'est 15 % qu'on est taxé.
La mission première du gouvernement, c'est
de bien gérer les fonds publics. Le résultat des courses, on le sait : dans
leur huitième et dernière année de cette fin de régime caquiste là, on a été
décoté dans les derniers mois, on a eu un déficit record, 14 milliards de
dollars. Là, on ne voit pas le bout où on reprendrait sur ce gouvernement-là,
ce mauvais gouvernement-là, un équilibre des finances publiques et, aujourd'hui,
ils en sont réduits à déposer des projets de loi qui viennent fusionner des
organismes, des...
16 h 17 (version non révisée)
M. Tanguay
: ...fusions
qui n'ont ni queue ni tête pour espérer avoir des économies de bouts de
chandelle. Qu'en est-il du premier ministre qui, en 2018, disait : Moi, ça
va être la rigueur, moi, ça va être l'efficacité de l'État. Moi, ce sera 5 000
fonctionnaires de moins durant le premier mandat. Et on a pu constater, M. le
Président, que, quand il est arrivé, le premier ministre de la CAQ, premier
ministre du Québec, chef de la CAQ, quand il est arrivé au pouvoir en 2018, il
y avait 68 000 fonctionnaires qui travaillaient à Québec. On ne parle pas des
enseignantes, enseignants dans les classes d'école, on ne parle pas des
infirmières dans les hôpitaux, on ne parle pas de celles et ceux qui offrent
les services directs à la population. On parle de celles et ceux qui brassent
du papier à Québec, puis il s'en brasse, du papier à Québec. Bien, ils étaient
68 000 pour brasser le papier. Puis le gouvernement a rajouté des piles de
papiers à brasser pour nos PME, projet de loi n° 96, sur la langue
française, là, ce n'est pas gratuit ça, pour les PME, M. le Président, il faut
qu'ils fassent des rapports. Il y a quelqu'un à Québec qui prend puis qui lit le
rapport, M. le Président, puis on parle de l'efficacité de l'État.
Je vais faire une petite tranche de vie,
moi, M. le Président, l'efficacité de l'État, je l'ai vue, moi, dans ma vie
personnelle, vous le savez. Puis je pense que vous m'avez... déjà eu l'occasion
de m'en... de souligner ce fait-là. Je me suis marié, moi, cet été, le 26 juillet
dernier, et on a désigné un célébrant. On devait désigner un célébrant, M. le
Président, et on a désigné un célébrant. Bien, pour ce faire, je ne pouvais pas
envoyer un courriel, je devais prendre le formulaire, imprimé le formulaire, c'est
une page, nom de l'heureuse élue, nom de celle qui était aussi très heureuse, j'imagine,
jusqu'à date ça va bien, et nom du célébrant, c'était une page, M. le Président,
une page, mon nom, le nom de ma conjointe en devenir, de ma promise, et le nom
du célébrant, une page. Il fallait l'imprimer, il fallait la faire signer. Je
devais prendre une enveloppe, un timbre, écrire l'adresse à Québec, plier ma
feuille en trois, poster ça puis espérer qu'elle ne se perde pas. Puis les
délais étaient serrés.
Plutôt, parlons-en de l'efficacité. En
sept ans, ils n'ont pas été capables de dire : Bien, on va avoir une boîte
courriel, il va nous envoyer le formulaire électroniquement puis il y a une
personne à Québec qui, pouf! va avoir le courriel, puis il va dire : Oui,
parfait. C'était juste prima facie, là, c'était juste une vérification. Parfait,
nous rentrerons en contact avec votre célébrant et on va lui envoyer tous les
documents qu'il a de besoin. On va entrer en relation avec cette personne-là. Non.
Pensez-y à la maison, si les entreprises
privées faisaient ça de même. Ça veut dire quoi? Moi, de un, ça m'a coûté un timbre,
moi, ça m'a coûté d'imprimer puis de s'assurer que ce soit bien décrit, là, de
façon manuelle, que je ne fasse pas d'erreur quand j'adresse l'enveloppe pour
que ça se rende à Québec. À Québec, il y a une poche de courrier, pouf! qui
arrive à quelque part dans une des bâtisses des 80 000 fonctionnaires qui
brassent du papier. Bien là, c'est le fun! Hourra! Ils ont une poche de papier
à brasser, rouvre la poche de Poste Canada, sort l'enveloppe. Il y en a
toujours bien un qui avait un coupe-papier puis qui rouvre l'enveloppe, qui déplie
ça puis qui se faisait une pile, qui se faisait une... Imaginez-vous donc, on
faisait ça en 1972, M. le Président. Puis là, il dépliait la feuille de papier,
puis là, il dit : Bon, qu'est-ce que c'est ça? Puis là, il faut qu'il lise,
il faut qu'il regarde ça, prend la feuille de papier, puis là il a... à l'interne,
courrier interne, il a dû l'envoyer. Est-ce qu'il l'a scannée? Ce serait
dommage qu'il l'ait scannée et qu'il l'ait envoyée électroniquement. Parce que moi,
j'aurais pu le faire. Ça m'aurait sauvé un timbre, puis ça m'aurait sauvé une
semaine. Bien, donc, prend ça, puis il envoie ça par courrier interne à quelqu'un
qui prend la feuille de papier puis qui dit : Bon, que c'est ça, cette
histoire-là? Puis là il entre... il ouvre un dossier, alors que ça aurait pu
déjà être fait.
Mon point, M. le Président, c'est un
exemple, là, anodin. Moi, je n'en ai pas souffert de ça, M. le Président, mais
j'ai pu constater l'inefficacité de l'État. Ça aurait été quoi de dire : Remplissez-le
de façon électronique, et on va se créer une adresse courriel. Désignation de
célébrant @ gouv.qc.ca. Désignation de célébrant @ gouv.qc.ca. Envoyez vos
formulaires, puis ça va tomber dans le bureau de Ginette ou de Jean Jules,
Ginette ou Jean Jules reçoit les courriels : Ah! bien, regardons ça, député
de LaFontaine, il va se marier le 26 juillet. Bon, parfait. Ah! Il y a un
célébrant, et là, il met ça de façon électronique. N'importe quel dépanneur
aurait eu le réflexe de gérer ça comme ça, n'importe quel dépanneur. Alors, la
personne qui reçoit la poche de courrier à Québec, la personne qui rouvre le
courrier, la personne qui met ça dans le courrier interne, la personne qui
reçoit ça sur son bureau puis qui rentre ça à l'ordinateur à la mitaine puis qui,
elle, rentre en contact par téléphone avec mon célébrant, on a perdu
collectivement deux semaines. On a perdu, M. le Président...
16 h 22 (version non révisée)
M. Tanguay : ...Président. Au
moins, on a fait vivre quatre, cinq personnes qui sont payées par l'État, qui
sont probablement dans les 12 000 engagées par le gouvernement de la
CAQ depuis 2018 ans. On a brassé du papier. Puis moi, ça m'a coûté un timbre,
mais je n'ai pas été impressionné par mon gouvernement. Votre gouvernement, M.
le Président, là, il a fait Postes Canada, il nous a fait perdre deux semaines.
Puis on n'en aura, nous, au Parti libéral du Québec, jamais contre les hommes
et les femmes qui se lèvent le matin et qui s'en vont travailler parce qu'ils
ont eu une job dans le gouvernement. Comprenez-nous bien, M. le Président, on
n'en est pas quand les hommes et les femmes qui sont de bonne foi puis qui ont
été engagés pour brasser du papier à Québec. Ils ont le droit de gagner leur
vie eux autres aussi, ils ont le droit de vivre. Mais ce n'est pas au
gouvernement à dire «on va en engager 12 000 de plus», alors que la
promesse de 2018 du premier ministre, c'était dire «on va diminuer de 5 000
le nombre de fonctionnaires», il a fait totalement l'inverse. Alors, des 68 000 qu'ils
étaient en 2018, ils sont maintenant 80 000, plus quatre 80 000 à
brasser du papier. Ils sont on ne peut même pas dire dans leur dernière année, M.
le Président, il reste moins d'un an. En date, jour pour jour, dans un an, ça
va faire, M. le Président, plus d'un mois que l'élection sera terminée. En
fait, ça va faire près d'un mois et demi que l'élection sera terminée.
Ils ont... Il ne leur reste que quelques
mois en fin de régime que la présidente du Conseil du trésor nous dépose un
projet de loi pour dire : Parfait, moi, là, je connais parfaitement l'existence
de l'INESSS, de l'INSPQ, je vais fusionner ces deux organismes-là. Puis elle
fait plein, plein, plein de fusions. Je vous le dis, là, je vous le répète,
elle vient à toucher à 81 lois, elle vient de dire «réduire», le titre du
projet de loi, M. le Président, la Loi visant à réduire la bureaucratie. J'aurais
fait œuvre utile, M. le Président. J'ai levé la main après-midi, puis je vous l'ai
dit, puis c'est déjà lancé dans l'univers. On peut-tu, quand on désigne des
célébrants pour des mariages, on peut-tu se créer une boîte courriel, puis l'envoyer
directement au bureau de Jean-Jules et Ginette qui va vider la boîte courriel à
tous les jours. Je ne pense pas qu'il en rentre 500 par jour, il doit en rentrer,
je ne sais pas, 80, 100 par jour. Je ne sais pas. Au pire-aller, on en mettra
deux, mais on va gagner en efficacité. On n'a pas besoin d'un projet de loi
pour dire : Heille, M. le Président, l'INESSS puis l'INSPQ, on va... on va
fusionner ça. Je viens de vous donner quatre corps de métier qui travaillent à
Québec, qui pourraient être utiles ailleurs ou qui ne pourraient postfermer
parce qu'on fait de façon efficace. C'est tout simple. Qu'a fait le
gouvernement? Qu'a fait le gouvernement cigale dans La Cigale et la fourmi
pendant toutes ces années? Je chantais, ne vous déplaise. Bien, vous chantiez.
Les Québécoises, les Québécois vont leur dire : Eh bien, dansez
maintenant. Aux prochaines élections, ça va être «dansez maintenant», mais
dansez, s'il vous plaît, vers la sortie parce que vous nous avez fait perdre
temps, argent. Pendant ce temps là, les Québécoises, les Québécois souffrent. Mon
dossier, c'est la santé. Puis c'est le dossier que l'opposition officielle
martèle depuis le tout début, l'arrivée de la CAQ. On parlait ce matin d'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont. Vous voulez qu'on parle d'efficacité de l'État? On va
parler de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont qui était... sous un gouvernement de
Philippe Couillard en mars 2018, qui était annoncée et budgétée, annoncée et
budgétée. C'était 2 milliards de dollars. On bâtissait un nouvel
hôpital, HMR, Maisonneuve-Rosemont. Qu'a fait le gouvernement en arrivant? Il a
gelé. À l'époque, l'actuel ministre de la Santé était président du Conseil du
trésor. Il a décidé, première décision, de geler le projet. Il a gelé tous les
projets, en fait. Il a dit : On va redonner un tour de roue, on va
redonner un tour de roue. Mais il a redonné un tour de roue pour que jamais ça ne
se fasse en sept ans. Et que l'on voie dans les communications budgétaires de
mars dernier, le ministre de la Santé pensait bien s'en sauver dans les craques
du plancher quand il a dit : Vous savez, HMR... Il commençait à préparer
le monde, il commençait à préparer le monde. HMR, on a peut-être fait une
annonce précipitée. C'est le terme qui est utilisé, précipité. Le toit leur
tombe sur la tête, les chauves-souris leur volent à la hauteur des oreilles.
Puis là il faut changer la broche qui tient la brique parce que la broche elle-même
est rendue en fin de vie utile. Alors, il a dit, avant le budget, il a commencé
à préparer les... les gens, il a dit : On a fait une annonce précipitée
sur HMR. Il nous l'avait promis trois fois. Ça a passé de 2 milliards, parce
qu'il avait annulé les... les appels d'offres, ça a a monté à 3, à 4. Et là,
aujourd'hui, c'est plus de 5 milliards. Mais avant le budget, il pensait s'en
sauver : On ne le fera pas, HMR, on n'a pas d'argent, on a trop dépensé,
on a gaspillé. On sortait du déficit record, on s'en allait vers une décote. À
un moment donné, le mur, on allait le frapper. Ça fait des années qu'on leur
dit, puis on l'a frappé. Et il a dit : C'était une annonce précipitée. Les
reportages des dégâts d'eau, des gens... Il y a eu une tempête, puis les
fenêtres ont été fracassées. Pourquoi les fenêtres ont été fracassées, M. le
Président? Parce qu'il n'y a pas d'air climatisé...
16 h 27 (version non révisée)
M. Tanguay : ...C'est quelque
chose de rafistolé. Ce sont des tuyaux de plastique percés qui courent au
plafond avec un climatiseur au bout du corridor qui fait un bruit d'enfer puis
qui essaie de climatiser le tout. Mais, à un moment donné, l'été, il fait
chaud, ils ont ouvert les fenêtres, il y a eu un coup de vent... M. le
Président, je sens que vous avez quelque chose à me dire, mais, si vous me
donnez une minute, je vais finir mon idée. Mais allez-y, vous avez de l'air à y
tenir.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
J'aimerais tout simplement vous préciser qu'il vous reste... vous avez en
total 1 h 18 min. Il ne vous reste pas 1 h 18 min, vous avez au total un bloc
de 1 h 18 min.
M. Tanguay : OK. Alors, M. le
Président, HMR nous a frappés de plein fouet. Les reportages, où les fenêtres
devaient être ouvertes pour diminuer la chaleur, puis ce qui a... les
témoignages étaient à l'effet que les chaleurs à l'interne, là, c'était 30 degrés
Celsius, 32, 36, 38 degrés Celsius, ils ont ouvert les fenêtres, le vent
s'est levé et les fenêtres ont été fracassées, et il y a des employés dont la
santé et sécurité au travail a été mise à risque, il y a des ascenseurs qui
sont tombés en panne, M. le Président, des ascenseurs qui servent entre autres
à transporter des malades qui sont en situation de trauma. On a passé proche
d'échapper du monde. Tout ça dans un hôpital qui est vétuste, qui est en
décrépitude et qui fait la honte du Québec. Mme la Présidente, qui fait la
honte du Québec. C'est ça, le visage, l'image qui traduit bien l'échec caquiste
en matière de santé.
Alors, je reviens prébudgétaire. Le
ministre de la Santé, de façon prébudgétaire, nous a dit : Ah! c'était
précipité. Il savait qu'il n'avait pas l'argent, ça n'allait pas être dans le
budget. Arrive le budget. Zéro pour HMR, zéro comme dans Ouellette pour HMR. Et
là arrivent les reportages. Décrépitude, les chauves-souris, les fourmis, Mme
la Présidente, la climatisation, les dégâts d'eau, les ascenseurs, la brique
qui tient par de la broche qu'il faut remplacer. C'est une honte totale. Tollé.
Là, le gouvernement était mal pris, le gouvernement était mal pris. Au Conseil
des ministres le 6 mai, ils ont été capables de trouver... puis je vais
vous dire d'où venait l'argent, de trouver un 90 millions de dollars pour
faire comme s'ils allaient aller de l'avant avec HMR, qui... Pour le faire, le
projet, il faut refaire le stationnement. Une fois que vous refaites le
stationnement, vous pouvez déplacer et libérer l'actuel stationnement pour
commencer à bâtir sur le lieu de l'actuel stationnement. La première étape,
c'est de faire le stationnement. Ça prenait 90 millions de dollars.
Prébudgétaire, prépare les gens, on n'a pas une cent là-dessus. Annonce
précipitée, on ne le fera pas. Budget, effectivement, pas d'argent pour HMR.
Arrivent de plein fouet les images de la
décrépitude. Un gouvernement en panique qui va trouver une patch puis qui
trouve... lors du conseil des ministres, il autorise 90 millions de
dollars le 6 mai dernier. D'où venait, Mme la Présidente, cet argent-là?
Parce que je vous ai dit qu'ils ne l'avaient pas, l'argent. Bien, ils sont
allés le chercher où, cet argent-là? On a su, on a su, Mme la Présidente, qu'il
y a des remerciements, des remerciements avaient été adressés à Santé Québec. Pourquoi?
Parce que Santé Québec, l'agence de recouvrement... puis à date c'est sa
mission qu'elle fait et elle le fait bien parce qu'elle coupe, coupe, coupe,
Santé Québec a été félicité parce qu'elle a... Santé Québec a été capable,
l'agence de recouvrement, de prendre des budgets qui étaient déjà alloués à
d'autres missions dans la grande enveloppe de 61 milliards de dollars
de la santé, ils ont été capables de prendre un 3 millions là, un 5 millions
là, un 12 millions là, je vous le répète, dans des budgets dédiés à autre
chose. D'un gouvernement qui coupe puis qui n'a pas d'argent, vous dire que ça
devait être, s'il y avait de l'argent pour ça, des missions essentielles. Mais
ils ont été capables de ramasser 90 millions puis de dire au gouvernement :
Tiens, on t'a trouvé 90 millions pour ton stationnement. Le gouvernement,
tout fier de dire : Voyez-vous, on a compris, on va aller de l'avant avec
HMR, mais ils sont allés de l'avant avec le stationnement sur de l'argent qui
n'appartenait pas du tout au projet, qui n'était pas budgété par rapport à ce
projet de loi là... à ce projet-là et qui n'était pas donc en lien avec cela.
Là, HMR, les travaux pour le stationnement
devraient terminer en début de l'année 2026. Les prochaines étapes
requièrent, et là on corrigera si j'ai tort, mais les derniers calculs sont les
suivants, les prochaines étapes requièrent 461 millions à être dépensés
lors... dans l'intérieur du prochain budget. Dans l'intérieur du prochain
budget, mars, avril prochain, il faut qu'on ait une ligne...
16 h 32 (version non révisée)
M. Tanguay
:
...61 millions d'argent qui sort des coffres de l'État, de contrats
qui se donnent pour les étapes qui suivent normalement le stationnement. Si le
461 millions n'est pas là, ce sera signe que le gouvernement n'a
visiblement pas priorisé ce projet de loi là, n'a plus l'argent, ne le fera
pas, va partir en élection, savez-vous quoi, en nous promettant qu'ils vont
faire HMR. Que vaut la parole d'un gouvernement qui nous a roulés dans la
farine, Mme la Présidente, année après année après année?
Ce matin, j'ai interpelé le ministre de la
Santé. Il ne s'est pas levé. C'est correct, c'est son droit. C'est le ministre
responsable du PQI, PQI, qui est le Plan québécois de stationnement des
infrastructures, Mme la Présidente. On... le PQSI, Plan québécois de
stationnement des infrastructures. Puis il n'a pas répondu par rapport à HMR. J'ai
dit : Ah! c'est vous qui vous occupez de cette bourse-là, c'est vous qui
vous occupez de ce compte de banque là, qui s'appelle PQI, pouvez-vous confirmer
qu'il va y avoir 461 millions? Il ne me l'a jamais confirmé parce que l'argent
n'est pas là, Mme la Présidente, l'argent n'est pas là. HMR, avec le
gouvernement de la CAQ, ça n'avancera pas, ça ne se fera pas. Il y a... Il n'y
avait toujours pas l'argent pour le stationnement, pensez-vous qu'il va y avoir
l'argent pour le début des constructions de bâtiments?
Alors, on n'a pas de date, on n'a pas d'argent,
pas de budget, pas de date évidemment, ce faisant, de la construction du
bâtiment. Et je vous informe d'une chose, je vous informe d'une chose :
depuis maintenant ces dernières années, actuellement, à tous les mois, pour le
projet HMR, la facture augmente de 10 millions, tous les mois de retard,
HMR, la facture finale augmente de 10 millions. Un peu plus que 10 millions,
en fait : c'est 145 millions par année que la facture augmente, 145 millions
par année. On a perdu toutes ces années-là. Ce n'est pas, Mme la Présidente, il
y a eu la pandémie, il y a eu l'inflation, l'augmentation du coût des... des immeubles.
D'ailleurs, c'est ce que dit la... le Vérificateur général quand il dit :
Dans le PQI, ils n'ont pas tenu compte de l'inflation puis ils ont sous-budgété
75 milliards des... des projets qu'ils ont mis dans le PQI. Je referme la
parenthèse.
Même chose pour HMR, 2 milliards en
2018 : pandémie, augmentation des coûts, bien, aujourd'hui, ils n'ont plus
l'argent, alors qu'ils auraient pu partir le projet, à l'époque. Mais ils ont
décidé de faire autre chose. Ils ont décidé, entre autres, de faire deux
chèques électoralistes en année électorale en 2022 : un premier chèque en
mars 2022, qui a coûté aux coffres de l'État 3,5 milliards de
dollars, mars 2022, un deuxième chèque électoraliste... si vous votez du bon
bord, 90 députés, ça a marché, leur affaire, vous allez avoir un deuxième
chèque électoraliste entre 400 $ et 600 $. Ce n'était pas 3,5 milliards,
c'était 2... 3,2 milliards de dollars en décembre 2022. Ça fait que
dans la même année, 3.5, 3.2 : 6.7 milliards de dollars dans des
chèques qui ont été envoyés. Mme la Présidente, 6.7 milliards de
dollars, là, s'ils avaient pris... s'ils avaient dit : On va prendre 1,5 milliard de
dollars puis on va aider... 2 milliards de dollars, on va aider nos plus
vulnérables de la société, on aurait applaudi. Mais là ils ont envoyé des
chèques à tout le monde, même ceux qui gagnaient jusqu'à 100 000 $, Mme
la Présidente. On connaît tous du monde qui ont reçu, qui ont dit :
Regarde, votre gouvernement m'a envoyé un chèque, puis qui ont dépensé ça. Ils
ont dépensé ça sur du pur plaisir, alors qu'ils n'étaient pas parmi les plus
vulnérables de la société. Mais c'était un chèque, puis les mots se disent,
électoraliste.
Ce 6,7 milliards de dollars
aujourd'hui, en argent 2022, couvrirait non seulement HMR, mais
couvriraient peut-être une très bonne partie de l'hôpital Sainte-Croix à
Drummondville, qui est un deuxième HMR. Je suis allé visiter l'hôpital
Sainte-Croix à Drummondville, Mme la Présidente, et ce que l'on vit là à tous
les jours, c'est de la rétention d'ambulances. Parce que l'urgence, là-bas...
Puis ça a été promis, promis par le premier ministre, promis par les élus de la
place. L'hôpital Sainte-Croix, qui est en décrépitude. J'ai revu là les locaux
exigus, une pharmacie d'établissement qui n'est pas du tout adaptée sur les
équipements de nouvelles technologies qu'ils pourraient acquérir pour être plus
efficaces, mais qui ne vont pas les acquérir parce que le plafond est trop bas,
ils sont dans le sous-sol. La bâtisse n'est pas aux normes. C'est aussi
tangible que ça. L'urgence est tellement exiguë qu'à un moment donné, ils n'ont
plus de lits. Puis il est arrivé des... des fois où il y avait six ambulances.
Savez-vous ce qu'ils ont fait? Ils ont bâti un garage pour maintenir les
ambulances au chaud pendant qu'ils attendent. Puis il y a des massages
cardiaques qui se font en ambulance parce qu'il y en a déjà deux en file, Mme
la Présidente. Puis j'ai parlé à l'urgentologue qui était là, sur place, puis
qui dit : Moi, ça m'est arrivé, oui, on gérait ceux qui étaient là, de
sortir dehors, puis d'aller faire de la relève à l'ambulancier...
16 h 37 (version non révisée)
M. Tanguay : ...parce qu'il
faisait un massage cardiaque, Mme la Présidente. On en est rendus là. Ça, c'est
l'Hôpital Sainte-Croix. 6,7 milliards, 2022, en argent de 2022, vous
couvrez, en argent de 2025, 2026, le 5 milliards de HMR, puis vous couvrez...
il vous reste 1,7 milliard de 2022... vous couvrez au moins la moitié de Sainte-Croix.
Mais l'argent a été envoyé en chèques électoralistes, en chèques électoralistes,
en pure perte.
Puis à l'époque, je questionnais le
premier ministre. Le premier ministre, il a dit : Ah! il ne comprend rien,
il ne comprend rien, parce que ce n'est pas une dépense récurrente. Non, ce n'est
pas une dépense récurrente, mais 6,7 milliards, je pense qu'aujourd'hui on
aimerait ça l'avoir dans les coffres de l'État, puis je pense que ça viendrait
éponger une partie du sous-financement du PQI, que le VG, que le Vérificateur
général... a déposé le rapport la semaine dernière, qui dit qu'il y a 75 milliards
de moins qui n'a pas été... qui n'a pas été budgété. 75 milliards de
dollars devraient être ajoutés au PQI pour être réalistes dans les projets que
vous avez inscrits. Ça, c'est clair, tout le monde, à la maison, comprend. Vous
voulez faire un projet, il vous coûte 1 000 $, bien, on va dire :
On va le faire, nous, à 600 $. Vous avez un choix à faire, il vous manque
d'argent. Bien là, dans le PQI, il manque 74... 75 milliards de
dollars.
Et, ce matin, interpelé, le ministre
responsable des Infrastructures, donc responsable du PQI, a dit : Bien,
vous verrez, vous verrez, ça va venir, ça va venir. On n'en aura pas, d'argent,
pour HMR, on n'en aura pas, d'argent, pour l'Hôpital Sainte-Croix, on n'en aura
pas, d'argent, pour l'hôpital à La Malbaie. Allez voir au centre-ville, à La
Malbaie. Vous allez voir quoi? Un immense terrain vague. La ville a investi 20 millions de
dollars ces dernières années pour préparer la venue du nouvel hôpital à La
Malbaie. Ça a été une promesse personnelle, personnelle de l'actuel premier
ministre : Oui, vous allez avoir votre hôpital. Aujourd'hui, ils attendent
encore. C'est un terrain sur... sur terre qui est là, il y a de la terre là, c'est
un terrain vague en plein centre-ville.
Les gens n'ont pas les services. On voit
partout des gens qui sont trimballés, transportés parce qu'ils n'ont pas accès
à proximité à des soins qui, même avant la CAQ, étaient disponibles, Mme la
Présidente.
Je pense, entre autres, à l'urgence au
sein du CLSC de Pohénégamook. L'urgence du CLSC de
Pohénégamook doit rester ouvert, parce que là, c'est des distances incroyables
dans des conditions météorologiques qui sont toutes particulières à cette
grande région du Québec. Quand vous avez une urgence, vous êtes capables de
vous occuper des cas urgents, justement, immédiatement.
Là, il est dans les cartons du gouvernement
de couper. Puis on les a fait venir ici, à Québec. Puis on a interpelé le
ministre de la Santé, puis il a dit : Ça, c'est une décision de Santé
Québec, on n'est pas rassurés, l'agence de recouvrement, c'est une décision de
Santé Québec, l'agence de recouvrement, puis on va faire en sorte de suivre la
décision. Le ministre, il dit : Je vais regarder ce que Santé Québec va
décider. Bien, Santé Québec a parlé ces dernières semaines via la voix du PDG
du CISSS du Bas-Saint-Laurent, qui a dit : Écoutez, on a déjà fait des
coupures de x millions de dollars, moi, mon mandat, c'est de couper encore 10 millions de
dollars pour tout mon territoire.
Et ils n'ont jamais voulu confirmer l'urgence
de Pohénégamook. Et même là, Mme la Présidente, même s'ils le confirmaient... Parce
que j'ai su qu'il y avait une rencontre importante aujourd'hui, ce jeudi, on va
voir ce qui va être annoncé. Mais, ce qui leur a été dit... Il ne faut pas
juste une... une confirmation de l'urgence reste ouvert de façon cosmétique. On
leur a dit : On va faire une annonce jeudi, mais le statu quo ne peut
demeurer. Or, le statu quo, Mme la Présidente, ça aurait été de dire : Non
seulement vous gardez l'urgence, non seulement on va arrêter de couper, mais on
va bonifier les services. Parce qu'ils sont sous desservis, on est en train de
vider l'urgence. Alors, s'il n'y a que le nom et qu'il n'y a pas les services, ce
ne sera pas évidemment au grand bénéfice de la population.
Des exemples, il y en a partout, partout,
d'un gouvernement qui a déposé aussi un projet de loi deux. On parle d'efficacité
de l'État, on parle de la prise en... débat de principe, motion de report sur
le projet de loi sept, réduire la... bureaucratie puis accroître l'efficacité
de l'État. Bien, l'efficacité de l'État, vision caquiste, s'est invitée dans
les soins, dans la relation entre un médecin et son patient. Non seulement la
présidente du Conseil du trésor dit :L'INESSS puis l'INSPQ, on va les
fusionner, tassez-vous de là, moi, je vais faire un coup d'argent, je vais
réduire les coûts, je ne sais pas ce que ça mange en hiver, l'INESSS puis
l'INSPQ, mais moi, je les fusionne, tout comme je viens affecter 81 lois
puis bien, bien d'autres organismes, qu'elle n'a pas besoin de connaître, parce
qu'elle, elle fusionne, elle fusionne, elle fusionne. Puis c'est : la
présidente du Conseil du trésor, elle, elle connaît ça, puis nous autres, on...
on ne connaît pas ça, personne, pas plus, les gens qui travaillent à l'INESSS
puis à l'INSPQ. Cette recherche de coupures là s'est invitée dans la...
16 h 42 (version non révisée)
M. Tanguay : ...relation... là,
relation docteur-patient. Docteur-patient. Le projet de loi 2, là, c'est une
machine à couper. C'est une approche, c'est une façon de faire pour couper de l'argent.
Comment ça? Le 1ᵉʳ janvier prochain, là, si on part... si on part... on travaille
moins à partir du 24 décembre, là, il reste trois semaines. Il reste trois
semaines. Le 1ᵉʳ janvier prochain, coupure de 15 %. Coupure de 15 %
dans la rémunération de tous les médecins du Québec. 1ᵉʳ janvier, coupure de
15 % dans une masse salariale de 5 milliards pour les médecins
spécialistes et 3 milliards pour les omni. Ils coupent 15 %, partout.
Après le 1ᵉʳ janvier, une fois qu'ils ont
fait ça, ils ont dit : Bien, si vous voulez aller récupérer votre coupure
de 15 %, va falloir que vous nous fassiez du volume. Va falloir que vous
nous fassiez du volume. Va falloir que vous en rencontriez, là, des patients,
là. Puis c'est ce qu'on appelle, faire de la médecine «fast-food». Envoyez, le
volume. Rencontrez-les. Prenez 10, 15 minutes, pas plus. Allez, allez, allez! Puis
on va récompenser les médecins qui vont en passer le plus rapidement possible.
Ça met de côté, Mme la Présidente, une approche où la relation médecin-patient...
Faut miser sur le professionnalisme du médecin. Oui, les médecins veulent
opérer. Oui, les médecins veulent voir plus de patients. Mais pour ça, ils ont
besoin d'outils. Ils n'ont pas besoin de se faire dire : On ne vous donne
pas les outils qu'on a promis, parce qu'on a plus d'argent. Les infirmières
praticiennes spécialisées, les blocs opératoires, les outils technologiques, on
ne vous donne pas rien de tout ça. On ne vous a pas donné ce qu'on vous avait
promis à la base. Mais là, non seulement on ne vous en donne pas plus, mais là,
vous allez faire du volume, puis on va vous couper votre paie sur des objectifs
tout à fait irréalistes.
Ce qui fait que dans les GMF, les
cliniques médicales, qui est un modèle qui fonctionne très bien, les cliniques
médicales, Mme la Présidente, fait en sorte que ce sont des médecins qui se
regroupent, qui reçoivent une allocation pour ce faire, qui couvrent à peu près
l'allocation, peut-être 15 % des frais de base, plus les médecins vont
investir eux autres même. Les GMF, les cliniques médicales, les GMF, font peu
ou pas de profits. Leur viabilité économique est déjà précaire sous un
gouvernement qui n'a même pas donné l'entièreté des ressources qui leur avait
promis ces dernières années. Et là, vient de leur dire : Les médecins, on
va vous couper votre paie de 15 % et vous ne la récupérerez pas, parce que
vous n'atteindrez pas les objectifs de volume, puis vous allez changer votre
pratique. Alors, j'ai rencontré, moi, lundi, l'Association des pédiatres qui s'occupe
de nos enfants et eux, ils ont dit : Nous nous sommes extrêmement préoccupés.
Les pédiatres ont comme principal partenaire, qui sont des médecins
spécialistes. Les omnipraticiens, les médecins de famille qui disent : Madame
a accouché, voici son enfant. Je pense qu'il y a de quoi de pas correct. On va
lui envoyer voir le pédiatre, puis des tests additionnels seront faits. Mais, Mme
la Présidente, pour ce faire, pour détecter, pour qu'il y ait une référence au
pédiatre, ça prend un médecin spécialiste. Pas un médecin spécialiste, un médecin
de famille. Et les médecins de famille vont être découragés de prendre, écoutez
bien ce que je vous dis, parce que c'est ça, vont être découragés parce que
leur paie va être coupée s'ils prennent des patients qui ont un code vert, qui
n'ont pas de problème. Puis là, on va tous être catégorisés, puis ça va changer
une fois par année. Moi, je vais peut-être être rouge, je vais peut-être être
jaune, je vais peut-être être orange, je vais peut-être être vert. Mais dans un
an, tout dépendamment des diagnostics, je vais changer de code. Mais dans l'intervalle,
le médecin est rémunéré en fonction des codes. Vert ou rouge. Des quatre codes,
c'est les deux plus... les deux extrêmes. Les médecins vont être incités à
prendre des rouges, parce que ça va être plus payant, puis plus ils prennent de
rouge, plus le gouvernement va dire : Bien, là, on va te couper moins puis
on va essayer de te permettre d'atteindre tes objectifs. Mais tous les patients
en vert, Mme la Présidente, seront, selon cette logique mercantile-là, laissés
de côté. Or, tous les enfants nés au Québec de 0 à 1 an sont de facto code
vert. Tous les enfants sont de facto code vert, alors qu'on devrait être
dépistés tôt. On devrait s'assurer qu'un enfant est pris en charge. Puis je
vais vous le dire comment est-ce que c'est là, pour celles et ceux qui ont...
qui ont... qui ont eu des enfants. Quand ils sont jeunes, puis c'est ça qu'on
me racontait lundi, c'est tellement tangible. Vous allez voir le médecin avec
votre enfant qui a trois mois. L'enfant, il ne feel pas. L'enfant, oups, il
fait un besoin. Faut changer la couche. L'enfant, il ne se laisse pas ausculter.
Le médecin essaie, il développe des trucs. On essaie comme patient. Moi je me
rappelle d'avoir eu une de mes filles sur mes genoux pour qu'elle puisse y
regarder les oreilles. Y regarder la gorge. Prendre ses signes...
16 h 47 (version non révisée)
M. Tanguay
: ...par
définition, un médecin qui rencontre un parent avec un enfant de trois mois assis
sur ses genoux, ça ne prendra jamais 15 minutes, Mme la Présidente, c'est
minimum 45 minutes. Puis savez-vous quoi? L'enfant, il est né il y a trois
mois, six mois, ça va prendre 45 minutes. Puis là on va faire le tour, on
va faire le bilan, puis on va s'assurer d'avoir, ah! puis ça, tel doute, tel
doute, puis vous reviendrez me voir, papapi, papapa. Les médecins qui veulent,
eux, recevoir des enfants, qui veulent, les médecins de famille, les traiter et
dépister tôt, vont être découragés, dans leur paie, à prendre un patient qui est
un code vert. Certains pourraient dire : Bien, voyons donc, qu'ils ne laissent
pas les enfants, qu'ils les prennent, puis qu'ils les prennent. Le gouvernement
n'a même pas daigné reconnaître que c'était faire fausse route que de dire :
Tous les enfants de 0 à 1 an, bien, ils sont code vert. Et ça, les
pédiatres le disent, Mme la Présidente.
Qu'en est-il également d'une perte de
revenus pour celles et ceux qui pratiquent des interruptions volontaires de
grossesse? Il n'y a aucune garantie qui va venir en sorte que les interruptions
volontaires de grossesse sera encouragée. Au contraire, elle va être
découragée, Mme la Présidente, parce que ça va être du volume de voir :
Prenez des rendez-vous, voyez-les, puis vite, passez au prochain, passez au
prochain, passez au prochain.
On m'a raconté, Mme la Présidente, un
médecin de famille de Sherbrooke m'a raconté ce qui se passe présentement avec
les listes d'attente pour des rendez-vous à des médecins spécialistes. Il me
dit : Savez-vous que moi, je rencontre mes patients dans mon office, dans mon
bureau, puis je leur dis : Ah! écoute, je n'aime pas ce que je vois,
j'ai... il faut aller investiguer davantage. Je te fais une prescription pour
que tu aies un rendez-vous avec un médecin spécialiste. Et là ils sont près de
1 million... plus de 900 000 Québécoises et Québécois qui sont, au
moment où on se parle, plus de 900 000 Québécoises et Québécois, au moment
où on se parle, qui sont en attente d'un rendez-vous de médecin spécialiste. Le
gouvernement se targue de dire que, heille! ça va bien. Santé Québec, hourra! Je
n'avais pas le goût de feuilleter Santé Québec, qui a fêté un an le 1er décembre
dernier. Je vais y revenir. Ils disent : Heille! les listes d'attente
commencent à baisser. Savez-vous ce qui se passe? Puis rappelez-vous, dans le
début de mon intervention, quand je vous ai dit qu'ils ont engagé 12 000 fonctionnaires
de plus à Québec pour brasser du papier. Savez-vous que, présentement, il y a
des fonctionnaires qui appellent monsieur, madame qui sont sur les listes d'attente,
pour leur dire quoi? Ils ne sont pas médecins, eux autres, pour leur demander
la chose suivante : Bonjour, M. Untel, imaginez-vous donc, vous êtes
inscrit sur la liste pour voir un médecin spécialiste. Ça fait un an et demi
que vous êtes sur la liste, avez-vous toujours besoin de voir un médecin
spécialiste? C'était quoi, le problème? Oui, ça fait-tu encore mal? Bon, vous...
êtes-vous certain, là? Oui, ça va mieux, ça va mieux. OK. Parfait. C'est-tu
correct si on vous enlève de la liste? Bien, OK. Parfait. Puis ils l'enlèvent de
la liste.
Bien, savez-vous que le médecin de famille
m'a dit que c'est arrivé à plusieurs reprises? Qu'il a su ça, que son patient
qu'il avait vu il y a un an, un an et demi, avait été enlevé de la liste. Il prend
le téléphone puis il l'appelle, il dit : Comment ça? Il y a-tu de quoi qui
s'est passé? Vous avez vu le médecin? Vous êtes... Je n'ai pas rien eu de
retour. Elle dit : Non, non, on m'a appelée, puis j'ai dit que c'était correct,
enlevez-moi de la liste. Ça a-tu du bon sens? Ils diminuent, je vous le dis, là,
ils diminuent la liste d'attente pour les rendez-vous avec les médecins
spécialistes en appelant les gens pour leur dire : Bien écoutez...
Qu'en est-il, Mme la Présidente, du
respect du professionnalisme d'un médecin qui dit : Non... Puis savez-vous
ce que fait le médecin, il a dit : Bien, torrieu, là, je vous remets sur la
liste. Parce que les symptômes que vous avez, ça doit être investigué. Vous
devez voir un médecin spécialiste. Ce n'est pas vrai. Puis il est en beau joual
vert. Ça n'a pas de bon sens, qu'un tiers vient s'immiscer dans la relation patient
médecin pour dire : On l'a enlevé de la liste. C'est épouvantable, ça.
Quelle est la formation de la personne? De toute façon, ce n'est même pas le
médecin de famille, c'est au médecin à voir à ça. Alors, ayez toujours un
doute, Mme la Présidente. Quand vous voyez des listes d'attente qui baissent,
ayez toujours un doute, entre autres, pour des rendez-vous à des médecins... spécialistes,
qu'il n'y a pas eu de l'énergie qui a été mise. Puis c'est le témoignage que j'ai
eu de plusieurs médecins de famille.
Il y a présentement dans le système des
gens qui sont payés pour, d'une manière ou d'une autre, réduire les listes d'attente.
Je ne suis pas en train de dire qu'il n'y a pas eu aucun rattrapage sur aucune...
aucune liste. Je ne suis pas en train de vous dire ça, qu'on ne vienne pas m'accuser :
Il nie le fait qu'il y a eu des améliorations un petit peu à gauche, un petit
peu à droite. Ce n'est pas ça que je vous dis. Je vous dis que des
fonctionnaires, des gens qui s'immiscent dans la relation patient font ce
travail-là, qui, selon moi, est inacceptable dans le Québec de 2025.
Inacceptable. Monsieur, madame qui a 70 ans, là, puis qui reçoit un
téléphone d'une personne, là, qui a de l'air... qui a de l'air à son affaire,
puis qui a de l'air à savoir ce qu'il dit, puis : Êtes-vous bien sûr que
vous avez besoin de ça? Je vous appelle au nom de, je ne sais pas quel
organisme, êtes-vous bien sûr que vous avez besoin? Elle est impressionnée par
ça...
16 h 52 (version non révisée)
M. Tanguay : ...par ça puis
elle peut laisser aller. Mais si vous êtes l'enfant de cette personne-là de 70 ans
puis vous dites : Bien, pourquoi, papa, pourquoi, maman, tu n'es plus sur
la liste? Bien, j'ai dit que j'étais correct. Wow! Alors, tout ça pour vous
dire, Mme la Présidente, quand on a face à un projet de loi visant à réduire la
bureaucratie et à accroître l'efficacité de l'État, permettez-moi d'en douter.
Permettez-moi de plus en plus d'en douter, d'autant que c'est totalement l'inverse
qu'on a vu, totalement l'inverse qu'on a vu. Alors, un mauvais projet de loi n° 2
qui participe de la mission première de Santé Québec.
Mission première de Santé Québec, qui a
été mis en vigueur, qui a été mis en action, Santé Québec, le 1er décembre
2024, là, on est le 4 décembre 2025, ça a fait un an lundi cette semaine,
la première mission aura été d'aller couper 1,5 milliard de dollars,
et c'est toujours, toujours la mission de Santé Québec. Ce qu'on m'a dit, moi,
c'est que Santé Québec, c'est la multiplication des silos. Santé Québec est l'employeur
unique des 330 000 personnes qui sont dans tout le réseau de santé, l'employeur
unique qui fait, malgré ce que dit Mme Biron, Geneviève Biron : Bien, on
va être agile, on va faire en sorte... Il n'y a pas d'agilité. C'est un
corridor, une façon de faire. On va vous faire votre «template», si vous me
permettez l'expression, puis restez dans le cadre. Alors, il y a des
initiatives sur le terrain qui sont mises en péril ou des initiatives qui ont
eu le temps d'avancer qui n'auraient jamais vu le jour si d'aventure Santé
Québec avait été en vigueur plus tôt et mis en place. C'est donc multiplication
des silos, et ça, c'est l'expression très franche et très claire dont je me souviens
qu'on m'a dite lorsque je rencontrais entre autres les pédiatres lundi, la
multiplication dans les silos.
Mme la Présidente, j'aimerais... être plus
précis, j'aimerais, Mme la Présidente, vous dire que toute cette approche
caquiste, et je pèse mes mots, aura créé un tort immense à la population du
Québec, je le sais, ils ne sont pas d'accord, mais aura créé un tort immense à
la population du Québec. On a perdu, perdu, pour longtemps, pour longtemps, une
capacité financière. Là, partez-moi pas sur la piastre québécoise, partez-moi
pas sur le fait : Heille, on va avoir quelque chose comme 200 ambassades
dans la belle Capitale-Nationale. Je suis un gars de Beauport, je suis un gars
de Beauport. Je suis né à Beauport en 1973, à l'hôpital Enfant-Jésus. Le monde
de Beauport, puis de Québec, puis de la Capitale-Nationale, ils ne rêvent pas d'avoir
200 ambassades, des ambassadeurs qui se promènent sur Grande-Allée, Mme la
Présidente. Ils veulent avoir des services, ils ne veulent pas dans leur poche
la piastre québécoise. Ça, c'est la priorité numéro un du chef du PQ. Le chef
du PQ a rendu public un nouveau chapitre de son plan. Ce n'est pas un plan
santé, c'est un plan séparation. C'est ça, sa priorité. On ne va pas mettre à
la porte le gouvernement caquiste pour les remplacer par un gouvernement
péquiste, blanc bonnet, bonnet blanc, PQ, CAQ.
Mme la Présidente, le gouvernement aura,
puis c'est un mot de la langue française, puis ça se dit, puis ce n'est pas
dérogatoire dans le règlement, dilapidé, dilapidé les milliards que les
Québécoises et Québécois avaient engrangés sous un gouvernement de Philippe
Couillard. 7 milliards de dollars. On est parti d'un surplus de 7 milliards de
dollars à un déficit de 14 milliards de dollars. Ça a été un
différentiel de 21 milliards de dollars. Suite à cela, on a été
décoté, Mme la Présidente. Qu'en est-il des gouvernements libéraux depuis le
début des années 2000? Il y avait eu cinq modifications de la cote de
crédit du Québec sous des gouvernements libéraux. Cinq modifications de la cote
de crédit du Québec. Ce n'était pas pour une décote. Dans les cinq cas, c'était
pour une amélioration de la cote de crédit du Québec. Quand le gouvernement
libéral, puis c'est correct, c'est la démocratie, il a été remplacé en 2018 par
la CAQ, sous des promesses d'efficacité, puis d'encore plus de services, puis
un médecin de famille par personne, c'était, Mme la Présidente, dans un moment
où on avait 7 milliards de surplus budgétaires et dans un moment où les
services étaient mieux donnés, notamment en santé. J'en veux pour preuve un
seul exemple. En santé, sous le gouvernement de Philippe Couillard, de 2014 à
2018, durant quatre années, nous avions vu une diminution des délais d'attente
dans les urgences. De 2014 à 2018, sous le gouvernement de Philippe Couillard,
gouvernement libéral, nous avions vu une réduction des délais d'attente en
urgence...
16 h 57 (version non révisée)
M. Tanguay : ...année après
année après année, quatre fois de suite. On n'avait jamais vu ça. Et depuis, c'est
des augmentations des délais. Rappelez-vous du 90 minutes, c'est trois heures
aujourd'hui.
Alors, face à cela, Mme la Présidente,
puis je vais terminer là-dessus, face à ça, Mme la Présidente, vous avez devant
vous un gouvernement qui, aujourd'hui, à minuit moins une, en fin de régime, dit :
On veut réduire la bureaucratie, on veut accroître l'efficacité de l'État, le
premier ministre a donné le mandat à la présidente du Conseil du trésor, veut
fusionner l'INESSS et l'INSPQ, Mme la Présidente, ça n'a aucun lien. Deux
missions tout à fait différentes. On voit un gouvernement désespéré qui gratte
les fonds de tiroir, qui essaie de trouver des façons de couper, couper,
couper. On va faire Santé Québec, l'agence de recouvrement. On va faire le
projet de loi n° 2. Puis, comme le projet de loi n° 15 de Santé
Québec, on le passe sous bâillon, on le passe sous bâillon. Puis après ça ils s'arrangeront.
Ça va être notre façon de faire. C'est un échec retentissant, cette façon d'essayer
de couper dans la santé via le projet de loi n° 2, Mme la Présidente. Et,
au moment où je vous parle, des milliers, au moment où je vous parle,
actuellement, des milliers, c'est un fait, de Québécoises et Québécois ont
perdu leur médecin de famille. C'est fait. Il y a des médecins de famille qui
ont quitté puis des médecins de famille qui annonce déjà que les GMF vont
fermer. En Outaouais, c'est près de 37 000, nous apprenait Radio-Canada.
La question est toute simple : À combien, au moment où on se parle, là, le
4 décembre, le gouvernement évalue-t-il que depuis l'adoption de la loi n° 2
sous bâillon, le 25 octobre dernier à combien évalue-t-il le nombre de
milliers de Québécoises et Québécois qui ont déjà perdu leur médecin de
famille? Ça ne fonctionnera pas, cette loi-là, tout comme cette fusion forcée
du projet de loi n° 7. Nous demandons au gouvernement de prendre le temps
de la réflexion avant d'aller là-dedans, parce que l'efficacité de l'État, c'est
libéral, mais l'efficacité de l'État, sous la CAQ, c'est brouillon. Alors, dans
ce sens-là, la motion de report, elle est pleinement méritée, elle est
pleinement justifiée. Il y a 152 mémoires qui restent encore à lire et des
gens qui restent à être questionnés et à être écoutés.
Mais, Mme la Présidente, bientôt, là, rassurez-vous
à la maison, rassurez-vous, des temps nouveaux s'en viennent, Mme la Présidente.
On va se débarrasser de ce mauvais gouvernement-là. Ce n'est pas vrai qu'on va
remplacer la CAQ par le PQ, puis la piasse québécoise, puis les 200 ambassadeurs
qui vont se promener le «flag» planté dans le «hood», comme disait Jean
Chrétien, sur Grande-Allée. On n'a pas besoin de tout ça. On veut une efficacité
de l'État libéral, on veut de l'argent dans le compte de banque des Québécoises
et des Québécois puis on veut les services parce qu'ils paient assez cher de
taxes, ils travaillent assez fort, ils peuvent-tu avoir un gouvernement qui a
de l'allure? Dehors la CAQ!
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Est-ce que j'ai d'autres interventions? Alors, cela
met fin au débat restreint sur la motion de report présentée par Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Je mets maintenant aux voix la motion qui
se lit comme suit :
Que la motion en discussion soit modifiée
en retranchant le mot «maintenant» et en ajoutant, à la fin, le mot «dans huit
semaines».
Cette motion est-elle adoptée? M. le
leader adjoint de l'opposition officielle.
M. Beauchemin : On
demanderait un vote électronique, s'il vous plaît, Madame.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Donc, un vote a été demandé. Qu'on appelle les députés, s'il
vous plaît.
(Suspension de la séance à 17 h 01)
17 h 12 (version non révisée)
(Reprise à 17 h 13)
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Et je mets en... je
mets maintenant aux voix la motion qui se lit comme suit :
«Que la motion en discussion soit modifiée
en retranchant le mot "maintenant" et en ajoutant à la fin le mot
"dans huit semaines".»
La période du vote est maintenant ouverte.
La période du vote est maintenant
terminée. Mme la secrétaire générale, pour le résultat du vote, s'il vous
plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 23
Contre : 42
Abstentions : 0
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) :
Donc, c'est rejeté.
Maintenant, l'Assemblée poursuit le
débat... l'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du principe du projet de
loi n° 7, Loi visant à réduire la bureaucratie, à accroître l'efficacité
de l'État et à renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires. Y a-t-il des
interventions? Je vais donner la parole au député de Laurier-Dorion. Et j'invite
tous les collègues à ne pas passer devant lui, s'il vous plaît, par respect.
Merci. M. le député de Laurier-Dorion, la parole est à vous.
M. Fontecilla :
Merci,
Mme la... la Présidente. Donc, on est rendus à l'adoption du principe du projet
de loi n° 7, Loi visant à réduire la bureaucratie, à accroître l'efficacité
de l'État et à renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires, qui est porté
par la présidente du Conseil du trésor.
Donc, évidemment, juste avec le titre, on
serait portés à regarder et avoir une très bonne impression sur ce projet de
loi. Nous sommes tous et toutes pour l'efficacité de l'État, nous sommes tous
et toutes pour l'imputabilité des... des hauts fonctionnaires, et non seulement
des hauts fonctionnaires, mais de l'ensemble des représentants du... du peuple.
Sauf qu'à regarder plus dans le détail, cela... ce projet de loi comporte un
certain nombre de problématiques très importantes, ne serait-ce que le nombre
de lois et règlements touchés. Nous avons fait la... la compilation : c'est
un projet de loi mammouth qui touche, qui modifie 78 lois et 34 règlements
et... et décrets. Le tout, pourquoi? On peut se poser la question. Évidemment,
la présidente du Conseil du trésor nous répète ad nauseam que le but recherché
sont les gains de... sont des économies d'argent, de la mutualisation, de l'efficacité
et des synergies des différentes opérations qui seront faites, des abolitions d'organismes,
des fusions, etc., etc., là, donc des gains qui vont supposément améliorer l'efficacité
de l'argent de l'argent... de l'État, pardon, et aussi évidemment...
17 h 17 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...peut-être
aller chercher un peu d'économie. Et je dis bien «peut-être», et c'est des
économies qui sont relativement modestes, même si la ministre... la présidente
du Conseil du trésor nous dit qu'il n'y a pas de mauvaise économie, mais on
parle, selon les dires mêmes de la présidente du Conseil du trésor, on parle d'autour
de 35 millions de dollars, ce qui est une proportion très, très, très
négligeable par rapport au budget global de l'État.
Ça veut dire quoi, tous ces gains en...
ces économies d'argent, de mutualisation ou d'efficacité, ou de synergies, là? Ça
veut dire quoi concrètement? Bien, on ne le sait pas encore, Mme la Présidente,
et c'est très... c'est plutôt... c'est plutôt vague. Et tous les groupes et les
experts qu'on a entendus, et on n'a entendu qu'une... qu'un échantillon très
petit des gens qui ont déposé des mémoires à la... en commission parlementaire.
Tous les gens qui sont venus nous ont dit que... ont soulevé l'absence de
données probantes pour prouver ce gain. Et donc on est devant une ministre qui
fait face à un déficit de crédibilité sur son projet... son projet de loi.
Aucun groupe consulté au préalable de ces changements majeurs. Il n'y a même
pas eu un bilan organisationnel des organismes concernés et que la ministre
fusionne ou abolit. Et rien n'a été fait à ma connaissance. Donc, premier... premier
étage de ce déficit de crédibilité.
La ministre nous offre également des
calculs froids et supposés des gains pécuniers de 35 millions. Au risque....
Et tout ça pour... au risque de mettre à terre... à terre des organismes
stables, performants, non déficitaires, dont les missions sont extrêmement
importantes dans la vie de tous les jours des Québécois et Québécoises. Donc,
pour aller chercher supposément 35 millions de dollars, on met en
péril des institutions qui ont déjà fait leurs preuves et qui fonctionnent très
bien, là.
Par exemple, l'abolition de l'organisme
Transplant Québec, ça va créer de l'instabilité des équipes. Et, à court terme,
ça risque de mettre en danger la chaîne de vie qui assure le bienfait des
opérations de transplants. Et cela nous a été signalé de façon récurrente par
tous les gens qui circulent, qui travaillent autour de l'organisme Transplant
Québec. Et pourquoi déstabiliser une organisation clinique comme Transplant
Québec qui fonctionne au quart de tour, qui met en... qui implique une
expertise clinique ultraspécialisée avec des bénévoles comme des... avec un
système, une chaîne logistique extrêmement complexe et précise, qui fait appel
à toutes sortes d'intervenants, comme des policiers qui transportent par
exemple des organes, systèmes de transport, des infirmières très spécialisées,
etc., là, pour faire des économies de bouts de chandelles? Et la ministre n'est
pas... n'est même pas en mesure de nous dire combien va résulter des... quel
gain d'économie ou autre gain pourrait résulté de la fusion de Transplant
Québec avec Héma-Québec.
Et je cite la ministre lors du dépôt de
son projet de loi, elle nous dit, je cite : «Le premier ministre l'a dit,
on doit réduire la taille de l'État, mais on veut faire ça de manière
chirurgicale, démontrer qu'on est sérieux dans la démarche et entreprendre un
changement en profondeur.» La ministre voulait... fin de citation. Donc, la
ministre voulait nous démontrer le sérieux de sa démarche. Où se trouve, par
exemple, l'étude d'impact réglementaire de la fusion de Héma-Québec avec
Transplant Québec? Que la ministre nous donne des véritables chiffres, de
véritables données chiffrées, avec des analyses, des coûts et, à long terme,
des conséquences sur les services aux citoyens, des exemples de comparatifs
internationaux qui appuient ces changements et des échéanciers des fusions et
des abolitions. Qu'elle nomme par exemple les experts qui approuvent... dans un
autre domaine, la fusion de l'Institut national de la santé publique du Québec
et l'Institut national...
17 h 22 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...l'Institut
national d'excellence en santé et en services sociaux. Qu'elle nomme des
exemples internationaux qui ont eu du succès lors de la fusion d'organismes
gérant des banques de sang, comme Héma-Québec, avec des organismes de
transplantation, de dons d'organes et de tissus, comme Transplant Québec. Sans
données probantes, le portrait dressé est extrêmement inquiétant : une
centralisation excessive au détriment de l'agilité et des services aux
citoyens. Ça risque d'affaiblir la démocratie administrative en coupant les
mécanismes de reddition de comptes, de faire fuir des experts ultraspécialisés
d'organismes et d'instituts phares et de miner l'indépendance de l'expertise
critique qu'on a accumulée au fil des années.
On va s'arrêter, si vous le permettez, Mme
la Présidente, plus précisément sur l'abolition de la Loi sur l'Institut
national de santé publique et la fusion avec l'Institut national d'excellence
en santé et services sociaux pour devenir l'Institut québécois de santé et de
services sociaux, et déjà on voit que, juste dans le titre, ça nous a été
signalé à plusieurs reprises, il y a déjà des problèmes. La conséquence de
cette fusion. On assiste au démantèlement de notre institut de... national de
santé publique. L'INSPQ est démantelé dans trois organismes différents, les
laboratoires sous Santé Québec d'un côté, les suivis de la formation sous le
ministre, donc Santé Québec, et le reste dans le nouvel institut, l'Institut
québécois de santé et de services sociaux. Les groupes qui circulent, qui
travaillent avec l'Institut national de santé publique et les chercheurs venus
en commission sonnent l'alarme. Ils et elles craignent que cette fragmentation
de l'accès aux données et de la capacité analytique vienne limiter la capacité
du Québec à anticiper, modéliser et répondre aux menaces sanitaires. À la
sortie d'une pandémie, par exemple, il semble que la moindre des choses serait
de renforcer cette capacité et la force de notre santé publique et de la mettre
en priorité par rapport à de quelconques maigres gains non démontrés, par
exemple des gains en argent, à la place, la mission en santé publique ne
sont... ne sont plus... ne sera plus protégée et l'indépendance de la santé
publique n'est plus assurée non plus. La présidente du Conseil du trésor
invisibilise même la santé publique dans le nom du nouvel institut auquel elle
sera assujettie. Quand on sait que seulement 2,4 % du budget total de la
santé au Québec est actuellement dédié à la santé publique, à la prévention, la
prévention va justement prendre le bord de ce nouvel institut. Donc, à quoi on
assiste? C'est le curatif qui avale le préventif, comme ça a toujours été la
tendance qu'on a connue depuis des décennies. C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs,
on a créé un institut spécifique pour la santé publique, pour éviter justement
ces dérives presque naturelles du curatif à absorber les ressources de la santé
publique. La preuve de l'improvisation de la ministre du Conseil du trésor,
elle a oublié dans son projet de loi de mettre un mécanisme formel de gestion
de changement. Il n'y a pas de comité de transition, pas de feuille de route,
pas d'analyse d'impact.
Plusieurs groupes nous ont amené des
inquiétudes sur la souveraineté du Québec. Notre Institut national de santé
publique perdrait son statut et sa reconnaissance à l'international. Je crois
que ça devrait intéresser le premier ministre, lui qui se dit autonomiste. Et
une des conséquences concrètes, là, et ça a été signalé par des chercheurs, le
Québec pourrait perdre la reconnaissance de l'Association internationale des
instituts nationaux de santé publique. Cela n'est pas anodin, Mme la Présidente,
parce que cette reconnaissance nous donne accès à toute une série de comités et
internationaux qui travaillent autour des instituts de santé publique, autour
de la vaccination, de la prévention des pandémies et autres domaines de la
santé... de la santé publique...
17 h 27 (version non révisée)
M. Fontecilla :
...une
perte nette pour le Québec dans ce domaine-là et qui nous rendrait... plus...
plus dépendants du gouvernement fédéral. Ça a été signalé par quelques
chercheurs. Vous savez, le gouvernement fédéral ne peut... ne peut offrir des
services de soins de santé. Il peut seulement financer. C'est le fameux
transfert en santé. Mais il ne peut pas, le gouvernement fédéral ne peut
intervenir dans l'octroi des soins de santé. Quel est le réflexe du
gouvernement fédéral dans ce domaine? Il investit massivement là où il peut
intervenir. En santé publique, c'est les institutions fédérales en santé... en
santé publique dans lesquelles le gouvernement... l'Institut national de la
santé publique du Québec collabore activement.
Donc, on est en... on est en... on connaît
la tendance naturelle de dépenser du gouvernement... fédéral. Il va
naturellement occuper les champs laissés par l'Institut national de la santé
publique. Au Québec, là, ça va être occupé par les institutions en santé
publique du gouvernement fédéral. Cela est... Cela est une catastrophe parce qu'on
perd notre capacité à réagir face aux pandémies, face aux menaces sanitaires
qui peuvent survenir dans... dans... dans le futur. Et on devra toujours passer
par le gouvernement... le gouvernement fédéral, là.
Ceci étant dit, la santé... l'Institut
national de la santé publique du Québec et l'Institut national en excellence en
santé et services sociaux ont des... ont des missions et des fonctions
complètement différentes. Et les deux organismes se sont eux-mêmes prononcé en
désaccord avec cette fusion.
Justement, mardi dernier, durant l'audition
de l'Institut national de l'excellence en... santé et services sociaux, quand
la ministre a fait allusion aux gains de mutualisations administratives sur
lesquelles elle se base pour justifier la fusion de ces deux... de ces deux
organismes, il a soudainement fait frette dans la salle de la commission parce
que l'INESSS a été très clair sur leurs frugalités administratives. Dans leur
petit organisme ultraspécialisé, les coûts administratifs ne dépassent pas les
8 %, alors qu'en général la norme des coûts administratifs dans une
organisation est... est autour de 10 %. Donc, ils sont en dessous de la...
de la moyenne. Quel gain administratif peut-elle... la... la présidente du conseil...
du Conseil du trésor peut faire... peut-elle faire dans ce contexte...
contexte-là? Presque rien. Bref, la présidente du Conseil du trésor n'a aucune
idée de... des résultats qu'elle compte aller chercher. Elle ne donne aucune
justification, aucune donnée probante ou exemples internationaux que ça a
déjà... que ça a déjà marché.
Même qu'il y a des exemples... de fusions
de ce même ordre qui laissent très dubitatifs quant aux succès et aux gains
potentiels qu'une telle fusion peut... peut donner. Mais une donnée, elle est
constante : le curatif avale toujours le préventif. Les besoins immédiats
dans les soins, là, seront toujours plus importants parce que plus urgents que
les économies à long terme en prévention. C'est la stricte réalité, c'est la
tendance de n'importe quelle administration, il faut s'occuper tout d'abord du
plus urgent. Et, dans cette opération-là, on oublie le... l'avenir, on oublie
le long terme et on finit par payer très cher ce... cet oubli-là.
Donc, en termes de... en termes de... d'efficacité
et du système administratif québécois en santé... en santé publique, là, les
gains sont très aléatoires. Il y aura probablement une perte... d'expertise, il
y aura un démantèlement de l'Institut national de la santé publique, les
laboratoires qui font partie intégrante de... de l'Institut national en santé
publique, c'est eux qui déterminent la nature même des nouveaux... des nouveaux
virus, de... et comment prévenir et dépister les pandémies, tous ces
laboratoires-là seront envoyés à... à Santé Québec. On démembre l'expertise en
santé... en santé publique. Il y a la... la perte très présente de... la perte
de reconnaissance à l'international de notre expertise, un transfert de
souveraineté vers... vers Ottawa en santé publique. Et la question qu'on peut
se poser, Mme la...
17 h 32 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...Présidente,
avec cette fusion-là, est-ce qu'on sera mieux préparés pour faire face à une
pandémie, ou à une crise sanitaire, ou à un désastre dans les années qui s'en
viennent? On n'a aucune idée, là. On est en train de jouer à la roulette russe,
Mme la Présidente, avec cette fusion-là, pour aller chercher quelques
économies, peut-être éliminer quelques doublons administratifs. Je pense qu'on
est en train de jouer un jeu très, très... très dangereux, là.
Concernant encore une fois l'abolition
de... de Transplant Québec et le transfert de la coordination du don d'organes
à Héma-Québec. Il faut mettre quelque chose au clair en partant, cette décision
de la présidente du Conseil du trésor va à l'encontre des conclusions du mandat
d'initiative porté par la Commission sur la santé et services sociaux, qui
annonçait, noir sur blanc, pas plus tard qu'à l'automne 2024, et je cite :
«La commission constate que Transplant Québec est un organisme compétent qui
détient l'expertise et la capacité d'opérationnaliser rapidement les processus
de don d'organes au Québec.» C'est un rapport qui a été approuvé par des
députés de toutes les formations politiques, y compris de la banquette
gouvernementale. Mais, un an plus tard, on balaie d'un revers de la main cette
conclusion-là et on procède à une opération qui va à l'encontre de l'esprit et
de la forme de cette conclusion d'une commission issue de l'Assemblée
nationale, c'est-à-dire on va fusionner avec Héma-Québec.
Sauf Héma-Québec, en audition, aucun
groupe ou spécialiste qui a présenté... ayant présenté un mémoire n'a manifesté
son accord avec cette fusion d'Héma-Québec avec Transplant Québec.
Je vous lis un extrait de la lettre
publiée dans La Presse des experts du don d'organes il n'y a pas si longtemps.
120 médecins, chirurgiens, transplanteurs, préleveurs, infirmiers, infirmières
de coordination des greffes, chefs médicaux et chirurgicaux de tous les
services de transplantation, les patients transplantés, les familles des
donneurs. Une lettre ouverte qui est apparue dans... dans La Presse et ils nous
disent, ils nous disent, Mme la Présidente, que, je cite, «Une fois de plus le
gouvernement prend des décisions sans consulter les experts ni les personnes
concernées. Dans le cas précis de Transplant Québec, littéralement, des vies
sont en jeu.» Ce n'est pas moi qui le dis, Mme la Présidente, c'est les
cliniciens qui travaillent autour de Transplant Québec. «Le projet de loi
n° 7, qui prévoit la dissolution de Transplant Québec et le transfert de
ses responsabilités à Héma-Québec, n'est... n'est pas une réorganisation
administrative, mais la désorganisation de la chaîne clinique et logistique la
plus complexe au Québec, qui fonctionne et sauve des vies depuis plus de 55 ans.»
Ce serait bien de fois d'entendre les
artisans, les gens qui sont sur le terrain et qui travaillent concrètement
dans... dans un... dans un domaine donné avant de procéder à des
transformations de cet ordre-là.
Donc, conclusion, Mme la Présidente. La
fusion de Transplant Québec avec Héma-Québec va dénaturer la... la mission
première de Transplant Québec. Deux univers qui sont tout à fait légitimes,
chacun dans son champ d'expertise, mais non interchangeables. Héma-Québec n'est
pas un organisme de soins, c'est un organisme qui gère des inventaires de... de
sang et de... de tissus. Et Transplant Québec n'est pas une chaîne de
production, on risque de perdre du personnel infirmier ultra spécialisé. C'est
un très petit organisme qui fonctionne avec des multiples partenariats. Et
Transplant Québec existe depuis 40 ans, qui fait des miracles dans une
logique centrée sur les soins et l'éthique, alors qu'Héma-Québec a une logique
centrée sur la production et l'entreposage. Aucune expérience internationale ne
démontre que la fusion des missions de don... de don de sang, et du don d'organes,
et des tissus améliore le référencement au don d'organes. C'est démontré, et j'invite
la ministre à écouter la science et la société civile dans... dans ce domaine.
Un autre aspect touché par le projet de
loi n° 7, la modification des... des règles du Fonds pour l'électrification
et les changements climatiques et la reddition des comptes au... au
Vérificateur général du Québec. Le transfert des surplus accumulés au Fonds d'électrification
et des changements climatiques estimés à 1,8 milliard de dollars vers
le...
17 h 37 (version non révisée)
M. Fontecilla :
...Fonds
des générations, c'est une décision... irresponsable de ce gouvernement. 1,8 milliard...
Mme la Présidente, dédié à.... à éviter les changements climatiques, ce n'est
quand même pas un petit... un petit montant, et ça a été prélevé par... c'est
la contribution d'entreprises, concrète, là, qui envoient une partie de... de
leurs profits à cet... à ce fonds-là. Ça a été une des premières choses qu'on a
vu ressortir des notes explicatives du projet de loi et dans les médias. Ce geste
présenté comme un instrument de justice intergénérationnelle ou de réduction de
la dette publique a... est en réalité un détournement pur et simple d'argent
destiné à la lutte aux changements climatiques.
Dans son mémoire présenté à la commission,
le Vérificateur général du Québec dit, et je cite : «Cela me préoccupe
grandement puisque l'objectif du Fonds des générations est de réduire le
fardeau de la dette du Québec et non de contribuer à la lutte aux changements
climatiques.» Il... Il continue : «Il... Il me paraîtrait essentiel de
prévoir que ce fonds servira à la lutte contre les changements climatiques, par
exemple, au financement du transport en commun.» Et il a raison. Fin de
citation, Mme la Présidente. Il a raison, le Vérificateur général du Québec, ça
va affaiblir les mécanismes d'analyse et de planification et de surveillance
environnementale.
Sans compter que la vérification du
Commissaire au développement durable... chez le Vérificateur général, sur l'atteinte
des objectifs du Fonds d'électrification et des changements climatiques passe d'une
fréquence annuelle à une fois... à au moins une fois à tous les cinq ans. Donc,
on réduit considérablement la surveillance de... des dépenses de ces fonds-là
et, par là, par le fait même, on réduit notre capacité à évaluer nos résultats.
Vous savez, Mme la Présidente, un
gouvernement qui se dit... qui... qui veut... qui est soucieux de l'efficacité,
bien, il doit évaluer constamment ses résultats. Et aujourd'hui, on se coupe
des outils qui nous permettent justement d'évaluer le... l'efficacité et les
résultats d'un fonds aussi important que le Fonds pour l'électrification et des
changements climatiques, qui brasse quand même des montants d'argent très,
très, très importants. Bref, c'est une réforme administrative qui se fait au
détriment de l'environnement.
Parlons du... de l'abolition du Conseil de
gestion de l'assurance... parentale, un outil de... et de son outil de
gouvernance du RQAP, qu'on appelle. Depuis près de 20 ans, le Conseil de gestion
de l'assurance parentale a assumé un rôle central dans le développement, l'évaluation
et... l'évolution du régime, et en s'appuyant sur une... sur une expertise, c'est
très pointu, spécialisé, et une gouvernance paritaire... représentative des...
des cotisants.
Soit dit en passant, un des principes
fondateurs de n'importe quel régime d'assurance est la participation des
assurés. Et la... le projet de loi sept vient justement annuler cette... ce
principe fondamental de... de participation des assurés. Et on parle d'une
toute petite équipe en ce qui concerne le Conseil de gestion de l'assurance
parentale, et c'est une équipe de 14 personnes qui sera noyée dans une
Retraite Québec. Ça va devenir un comité, enfin, on ne sait pas trop ce que ça
va devenir, en fait. Et, sur ces 14 personnes là, il y en a 12 qui forment
une sorte de conseil d'administration et deux personnes qui administrent, sans
doute une personne qui est en charge de la coordination et une personne plus du...
du fardeau administratif. Donc, on ne parle pas de l'économie du siècle pour le
gouvernement du Québec.
Le régime québécois d'assurance parentale,
Mme la Présidente, est un... n'est pas seulement une assurance, est... est
aussi, surtout... il a le potentiel d'être un... un levier social, un outil d'égalité
entre les hommes et les femmes, un espace de reconnaissance du travail du soin
auprès des enfants, de la présence et du temps accordé à l'attachement
parental. Pour modifier sa... Modifier sa gouvernance, c'est agir sur l'essence
qui est donnée à... à l'assurance parentale. Le régime québécois d'assurance
parentale repose sur un modèle contributif financé par les employeurs, d'un...
d'un... d'un côté, les salariés et les travailleurs autonomes. Sa légitimité se...
17 h 42 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...je n'ai pas
nommé le gouvernement là-dedans, hein? Le gouvernement ne met pas un sou dans
ce... dans ce régime-là. Sa légitimité s'est construite sur un principe simple,
ceux et celles qui financent le régime doivent participer à ces orientations, tel
que je l'ai dit tantôt. Il est important de mentionner que le comité de gestion
de l'assurance parentale est financé par les fonds d'assurance parentale et non
pas le budget général de... de l'État. Son abolition ne génère donc aucune
économie réelle. Elle déplace des responsabilités sans réduire les coûts. L'enjeu
n'est pas budgétaire mais institutionnel. Il concerne la continuité d'une
expertise collective qui soutient directement les familles du Québec. D'ailleurs,
la priorité qui nous a été signalée, ça devrait être de développer les fonds d'assurance
parentale et non pas d'utiliser ce surplus, parce que des surplus il y en a, pour
baisser les... les cotisations. Pourquoi améliorer? Parce que, justement, à
cause du rôle social des ce fonds-là, c'est un outil puissant outil de
changement des... des paradigmes dans le... dans le monde de l'attachement
auprès des enfants. Concrètement, ça aide les pères à s'impliquer de façon
beaucoup plus active dans la vie... dans la vie de leurs enfants. Et ça, c'est
un changement social qu'on devrait, qu'on doit, qu'on a dit qu'on voulait
favoriser et qu'on devrait améliorer. D'ailleurs, ça nous a été... ça nous a
été dit au début de l'assurance palatale, lorsque ça a été créé, le Québec
était un pionnier, était parmi les pays... les pays les plus avancés au monde
en termes d'assurance parentale, mais faute de développement, faute de vision
politique pour, justement, utiliser les surplus pour améliorer le système, aujourd'hui,
les... il y a d'autres pays qui ont avancé beaucoup plus rapidement que... que
nous en termes d'assurance parentale. Et nous, on commence à se retrouver en
queue du peloton. Ça, c'est un manque de vision de la part des différents
gouvernements qui se sont succédé ici à l'Assemblée nationale.
Un autre aspect qui est touché et qui
concerne beaucoup de monde, c'est la fusion du Fonds d'aide à l'action
communautaire autonome avec le Fonds québécois d'initiatives sociales pour
créer un nouveau fonds qui va s'appeler le Fonds québécois d'initiatives
sociales et de l'action communautaire. Tout de suite, je vous signale, madame,
je vais... je vais le développer plus largement, là, il y a... dans le nouveau titre
de la nouvelle instance, il y a la disparition du mot «autonome». Le mot «autonome»
est essentiel dans ce domaine-là. Donc, s'il est adopté tel quel, le PL n° 7
va abolir le Fonds de la... d'aide à l'action communautaire autonome pour le
fondre avec un autre fonds existant, qui est le Fonds québécois d'initiative
sociale, qui sera destiné, grosso modo, à soutenir différentes initiatives de
lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Dans ce domaine, les
organismes communautaires... et ils se sont manifestés lors des auditions, les
organismes communautaires sont en colère. Cette fusion compromet les fondements
mêmes de la reconnaissance de l'action communautaire autonome qui a été adoptée
en 2001. C'est un des fondements de... du secteur communautaire au Québec, là,
et vient littéralement faucher la défense collective des droits. Un autre
secteur qui a été reconnu par le gouvernement du Québec, qui est une... une
exception, un joyau de la société québécoise, parce qu'il n'y a pas beaucoup de
sociétés au monde qui reconnaisse formellement la défense collective des droits
de la part des groupes communautaires.
Au Québec, depuis 1995, on s'est doté de
mécanismes qui permettent aux groupes communautaires autonomes qui œuvrent en
défense collective des droits de prendre la parole dans l'espace public. Donc,
c'est une décision du législateur de reconnaître et d'appuyer des groupes qui
souvent sont critiques aussi de l'action... de l'action gouvernementale. Et il
en faut, il en... il faut des organismes qui critiquent afin d'améliorer,
justement, le fonctionnement de notre... de notre société, mieux reconnaître...
et mieux reconnaître les droits des différents secteurs sociaux.
Le projet de loi n° 7 vise dans cette
fusion l'érosion du financement à la mission de base comme celui provenant du...
du Fonds d'action de l'action communautaire autonome au profit d'un financement
par projets issus des différents ministères plus directement... un financement
par projet qui dépend plus... plus particulièrement la... les discrétionnaires
et politiques, donc plus soumis à... à la volonté politique du gouvernement en
place. Et les organismes nous préviennent, les groupes...
17 h 47 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...les
groupes y penseront à deux fois avant d'user de leur droit de parole, par peur
de leur financement projet. Ça, ça veut dire que le gouvernement se permet de
prendre le milieu communautaire par la gorge, qui donne une voix aux gens sur
une foule d'enjeux sociaux, et de rabattre son financement dans une structure
directement sous le contrôle du politique. On l'a tellement dit ici même, à
l'Assemblée nationale, il faut viser... le financement de groupes
communautaires davantage par le financement à la mission, au détriment, au
financement par projets. C'est la seule façon de consolider l'action
communautaire. Mais ici on vient à contre-courant de ce qui paraissait comme un
fait établi dans la société québécoise. Et, encore une fois, on n'a pas la même
définition de ce qui est l'autonomie. L'alliance... Par exemple, l'Alliance
québécoise des regroupements régionaux pour l'intégration des personnes
handicapées, le Réseau québécois de l'action communautaire autonome et le
Regroupement des organismes en défense collective des droits qui sont venus en
commission nous l'ont dit, le Québec est le premier État dans le monde qui a
codifié la défense collective des droits et fait l'envie de nombreuses
juridictions, et c'est un recul pour l'ensemble de la société québécoise.
Un autre aspect, la fin de la cogestion du
Fonds québécois d'habitation communautaire par les contributeurs. Encore une
fois, on efface la cogestion et on efface la participation des entités qui
financent un fonds. Les conséquences de cette fusion-là, c'est qu'on va
utiliser les surplus pour faire quoi, favoriser le développement plutôt que le
maintien d'actif. La cogestion constitue un rempart indispensable pour la
protection des 357 millions de dollars accumulés au cours des années
au fonds du... au sein du Fonds québécois d'habitation communautaire. La
présence d'un comité de gestion, de cogestion réunissant la Société
d'habitation du Québec et les représentants des contributeurs, c'est-à-dire des
coopératives d'habitation, les offices municipaux d'habitation et les OSPL de
gestion en habitation assurent non seulement la surveillance des décisions,
mais aussi la capacité d'orienter les ressources là où elles sont les plus
nécessaires en fonction des besoins réels du terrain. La suppression de la
cogestion ne s'est justifiée ni sur le plan de l'efficacité ni sur celui de la
rigueur financière. Elle réduit la... réduit de la transparence, affaiblit la
reddition des comptes et expose les fonds... ces fonds-là à des risques majeurs
de mauvaises allocations ou de décisions déconnectées des besoins réels du
temps. Ce fonds-là, Mme la Présidente, a été mis en place, là, pour constituer
un magot qui, à long terme, pourrait faire ce qu'on appelle le maintien
d'actif, surtout issu des projets dans l'ancien programme qui, aujourd'hui,
n'existe plus, AccèsLogis. C'est évident, un bâtiment communautaire du logement
social, comme on l'appelle dans le jargon populaire, là, après 20, 30 ans,
il faut le rénover, et ça, ça coûte beaucoup d'argent. Donc, on a créé ces
fonds-là justement pour aider les organismes porteurs à rénover leurs
bâtiments.
Mais, aujourd'hui, le gouvernement, et il
n'a pas tort, le gouvernement, il est préoccupé par le développement. Il veut
créer des nouveaux logements, des nouvelles portes qu'on appelle, donc il
veut... Il y a une tension entre l'utilisation de ces fonds-là pour le maintien
cet actif-là, qui comporte quelques 30 000, ou utiliser cet argent-là,
surtout, pour créer des nouvelles portes. Mais il faut faire les deux, Mme la
Présidente, il faut créer des nouvelles unités et réparer les anciennes, parce
que, sinon, on est en train de détruire une... de construire avec une main et
détruire de l'autre. Et le gouvernement, donc, se trompe lourdement en enlevant
la cogestion... en enlevant la gestion, la cogestion par les groupes
communautaires de ces fonds, de ces fonds avec la Société d'habitation du
Québec.
L'abolition de la Commission d'évaluation
de l'enseignement collégial, un autre aspect est qui est touché par ce projet
de loi. Vous savez, Mme la Présidente, il y a 150 mémoires qui ont été
déposés à la commission et, là-dedans, il y a des groupes au coeur des fusions
et abolitions de la ministre qui n'ont même pas été reçus en audition, ici, par
exemple la Commission de l'évaluation de l'enseignement collégial qui va être
aboli. Pourtant, la ministre retire un organisme d'évaluation indépendant, ce
qui pourrait...
17 h 52 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...conduire à
une baisse de la qualité et de l'encadrement pédagogique, les décisions... les
décisions d'évaluation étant rapatriées au sein de structures ministérielles. Seulement
deux groupes sont intervenus : l'Association des collèges privés, qui est
d'accord avec cette... avec cette mesure-là, et la Fédération étudiante
collégiale du Québec, qui est plutôt critique. Le gouvernement a refusé d'entendre
les autres groupes aussi concernés par ces changements majeurs. La Fédération
de l'enseignement... public, la Fédération des professionnels, représentée par
la CSN, et la... et le Commissaire à la langue française, qui aurait
certainement des éléments très intéressants... très intéressants à nous dire.
Encore une fois, une fusion qui ne... consulte
même pas les principaux... les principaux concernés. Donc, Mme la Présidente,
je termine en insistant sur les devoirs et responsabilités de la ministre. Il
faut des analyses d'impact et les études... et des études qui appuient le
fameux gain de synergie, d'efficacité, de mutualisation et d'éventuelles
économies. La ministre, la présidente du Conseil du trésor n'a convaincu jusqu'à
présent personne du bien-fondé de ce... du projet de loi sept. Au contraire, si...
les nombreux témoignages, les lettres ouvertes et les 150 mémoires le
démontrent, il y a un déficit de crédibilité démocratique de ce projet de loi
omnibus. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, le principe du projet de loi n° 7, Loi visant à réduire la
bureaucratie, à accroître l'efficacité de l'État et à renforcer l'imputabilité
des hauts fonctionnaires, est-il adopté? Adopté, sur division. Mme la leader
adjointe du gouvernement, s'il vous plaît.
Mme LeBel : Oui, Mme la
Présidente. Conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais
motion avec le projet de loi n° 7, Loi visant à réduire la bureaucratie, à
accroître l'efficacité de l'État et à renforcer l'imputabilité des hauts
fonctionnaires, soit déférée à la Commission des finances publiques, pour son étude
détaillée, que le... et que la ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et de l'efficacité de l'État et présidente du Conseil du trésor
soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Cette motion est-elle adoptée? Adoptée. Pour la suite de
nos travaux, Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme LeBel : Mme la Présidente,
je vais vous demander d'ajourner nos travaux à demain, 9 h 40.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En conséquence, est-ce que c'est adopté? Adopté.
En conséquence, nous ajournons nos travaux
à demain, vendredi 5 décembre 2025, à 9 h 40. Merci, tout
le monde!
(Fin de la séance à 17 h 55)