Journal des débats (Hansard) of the National Assembly
Version préliminaire
43rd Legislature, 2nd Session
(début : September 30, 2025)
Thursday, December 11, 2025
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Vol. 48 N° 29
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Intervenants par tranches d'heure
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Benjamin, Frantz
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Schneeberger, Sébastien
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McGraw, Désirée
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Bonnardel, François
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Bouazzi, Haroun
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Champagne Jourdain, Kateri
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Asselin, Mario
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Chassin, Youri
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Proulx, Caroline
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Tremblay, Suzanne
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Guillemette, Nancy
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Jeannotte, Chantale
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Roy, Nathalie
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Jolin-Barrette, Simon
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Champagne Jourdain, Kateri
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Setlakwe, Michelle
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Fortin, André
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Legault, François
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Derraji, Monsef
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Fréchette, Christine
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Roy, Nathalie
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Fréchette, Christine
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Beauchemin, Frédéric
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Jolin-Barrette, Simon
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Poulin, Samuel
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Setlakwe, Michelle
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Ghazal, Ruba
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Legault, François
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Proulx, Caroline
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Paradis, Pascal
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Bélanger, Sonia
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Chassin, Youri
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Dubé, Christian
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Charette, Benoit
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Benjamin, Frantz
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Benjamin, Frantz
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Legault, François
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Labrie, Christine
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Arseneau, Joël
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LeBel, Sonia
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Lafrenière, Ian
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McGraw, Désirée
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Chassin, Youri
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Rivest, Mathieu
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Cadet, Madwa-Nika
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Cadet, Madwa-Nika
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Benjamin, Frantz
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Zanetti, Sol
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Gentilcore, Catherine
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Benjamin, Frantz
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Asselin, Mario
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LeBel, Sonia
9 h 30 (version révisée)
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(Neuf heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Bonjour à toutes, bonjour à tous. Nous allons débuter nos travaux.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes à la rubrique Déclaration de
députés. Je vous invite à prendre place, collègues. Nous allons débuter nos
travaux. Et je dis bonjour aussi à celles et ceux qui sont parmi nous dans les
tribunes.
Alors, dans un premier temps, je reconnais,
pour la première déclaration, M. le député de Drummond—Bois-Francs.
Souligner le succès de la Guignolée des médias de
Drummondville
M. Sébastien Schneeberger
M. Schneeberger : Merci, M.
le Président. Alors, aujourd'hui, je suis très fier de souligner le succès
remarquable de la 25e édition de la Guignolée des médias à Drummondville. Les
automobilistes et citoyens de notre région ont, une fois de plus, démontré une
générosité exceptionnelle. Un montant de 43 418 $ a été amassé, au-delà
des objectifs de 40 000 $.
Grâce à ce geste de solidarité, les fonds
seront répartis à parts égales entre le Comptoir alimentaire Drummond et La
Fondation de la Tablée populaire, contribuant directement à l'aide alimentaire,
aux paniers de Noël et aux boîtes à lunch pour les enfants dans le besoin.
Je tiens à saluer l'engagement des
centaines de bénévoles, des médias régionaux, des entreprises et de la
population. Chacun d'entre eux a joué un rôle essentiel pour faire de cette
journée un <succès...
M. Schneeberger :
...joué
un rôle essentiel pour faire de cette journée un >succès. Cet élan de
générosité témoigne de la solidarité qui anime Drummondville et rappelle à quel
point la communauté peut faire une différence. Merci à tous et à toutes.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Drummond—Bois-Francs. Et la parole revient
maintenant à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Rendre hommage au Dr Matthew Donlan
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Je suis fière aujourd'hui de souligner aujourd'hui la contribution
exceptionnelle d'un résident de Notre-Dame-de-Grâce, soit le pédiatre Dr Matthew
Donlan, qui est le directeur des soins ambulatoires de L'Hôpital de Montréal
pour enfants à Notre-Dame-de-Grâce, qui est ici avec nous, dans nos tribunes.
En 2022, il a décidé de s'attaquer au
manque d'accès aux soins de première ligne en trouvant un pédiatre à tous les
jeunes patients du CUSM ayant besoin d'un suivi particulier et qui n'ont pas de
médecin de famille. C'est ainsi qu'il a développé un réseau québécois de
pédiatres communautaires afin de s'assurer que chaque bébé et chaque enfant qui
avait besoin d'un suivi spécialisé l'obtienne. Son projet de pédiatres
communautaires est un franc succès. Plus de 3 500 enfants à travers le
Québec ont été redirigés vers un pédiatre de leur région.
Avec cette excellente initiative, vous
contribuez définitivement à l'amélioration de notre système de santé. Vous êtes
vraiment une fierté, Dr Donlan. Merci et bravo!
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, et merci à vous, cher
docteur. Prochaine intervention, je reconnais maintenant M. le député de
Granby.
Souligner le 40e anniversaire du Centre d'aide aux
entreprises Haute-Yamaska et région
M. François Bonnardel
M. Bonnardel : Merci, M. le
Président. Cette année marque le 40e anniversaire du Centre d'aide aux
entreprises de la Haute-Yamaska et région.
Depuis 1984, le CAE accompagne les entrepreneurs
de chez nous en offrant du soutien technique, de l'expertise-conseil et des
solutions de financement adaptées aux réalités des petites et moyennes
entreprises. Par son approche de proximité, l'organisme contribue directement à
la vitalité de notre économie locale. Avec les années, cela a représenté plus
de 1 000 entreprises locales financées, plus de 65 millions de
dollars investis et plus de 10 000 emplois créés ou maintenus dans la
région. C'est majeur.
Je tiens à souligner le dévouement de leur
DG, Isabelle Brochu, de toute l'équipe du CAE Haute-Yamaska et région ainsi que
de son conseil d'administration, qui travaillent avec passion et font une
réelle différence dans la vie de nos entreprises et notre communauté.
Félicitations pour vos 40 ans et merci
pour votre contribution essentielle au développement économique de notre région.
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Granby. Et je cède maintenant la parole à M. le
député de Maurice-Richard.
Souligner la Journée internationale des droits
humains
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : M. le Président,
le 10 décembre, hier, était la Journée internationale des droits humains, et je
veux rendre aujourd'hui hommage à notre charte québécoise des droits et libertés,
que nous avons adoptée il y a 50 ans, quatre ans avant le fédéral.
Nous en sommes fiers, car elle est le
résultat d'années de consultations et elle a été adoptée à l'unanimité. Nous en
sommes fiers aussi parce que nous avons été les premiers à y intégrer la
discrimination sur la base de l'orientation sexuelle, en 1977, dans toute
l'Amérique du Nord.
Malheureusement, depuis l'arrivée de la
CAQ, elle est en danger. Des concepts nobles, comme la laïcité, la défense du
français, l'intégration, sont instrumentalisés pour attaquer de front les
droits des Québécoises et Québécois. Aujourd'hui, alors qu'il y a une montée
des régimes autoritaires, ça va encore plus loin avec le projet de constitution,
qui va la rendre inopérante face à l'arbitraire d'une majorité parlementaire.
Ce n'est pas notre histoire. Ce n'est pas
qui nous sommes. Ce n'est surtout pas ce que nous devons devenir. Nous
résisterons.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Maurice-Richard. Et je reconnais maintenant Mme la
députée de Duplessis.
Souligner le 50e anniversaire du Club Optimiste de
Sept-Îles
Mme Kateri Champagne Jourdain
Mme Champagne Jourdain : «Kuei»,
M. le Président. C'est avec fierté que je souligne aujourd'hui le 50e
anniversaire du Club Optimiste de Sept-Îles, un pilier de générosité et
d'engagement sur notre Côte-Nord. Depuis un demi-siècle, le club pose des
gestes concrets qui transforment la vie de nos jeunes, du programme Sécurité Tapis
Rouge, pour les finissants, au projet réalisé avec le CLSC, qui permet chaque
année d'offrir des milliers de dollars en matériel scolaire, vêtements ou
équipements sportifs aux enfants dans le besoin.
L'initiative du Noël de l'Espoir, qui
mobilise toute la communauté autour d'un sapin rempli de souhaits d'enfants,
témoigne de ce que Sept-Îles a de plus beau : son grand cœur, solidaire et
profondément humain. À cela s'ajoutent le soutien aux écoles, aux scouts, aux
groupes musicaux, aux activités sportives ainsi que des investissements majeurs,
comme les 40 000 $ consacrés récemment à la nouvelle pédiatrie.
En 50 ans, ce sont près de 4
millions de dollars qui ont été réinvestis dans la jeunesse de Sept-Îles.
Merci pour votre engagement inspirant.
Bravo et longue vie au Club Optimiste de Sept-Îles!
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Duplessis. La prochaine déclaration revient à M.
le député de Vanier-Les Rivières.
Saluer le travail des organismes d'aide alimentaire
de la circonscription de Vanier-Les Rivières
M. Mario Asselin
M. Asselin : Merci, M. le
Président. Avec les fêtes qui approchent, je tiens aujourd'hui à <saluer...
M. Asselin :
...merci,
M. le Président. Avec les fêtes qui approchent, je tiens aujourd'hui à >saluer
l'engagement et remercier les organismes de Vanier-Les Rivières qui
offrent de l'aide alimentaire avec les paniers Noël et les frigos-partage.
Dans mon comté, nous avons la chance
d'avoir quatre de ces frigos communautaires, tous parrainés par des organismes
bien implantés qui font une réelle différence dans la vie de nos concitoyens.
J'ai pu, au cours des derniers jours, y
contribuer personnellement, alors que mon équipe et moi avons cuisiné des
muffins distribués ensuite dans ces quatre frigos. Je vous invite, si vous le
pouvez, à donner généreusement dans ces frigos-partage afin d'offrir un répit à
ceux qui en ont le plus besoin.
Merci à tous les organismes dédiés à
l'aide alimentaire dans Vanier-Les Rivières : Solidarité Familles et
ses partenaires, l'Armée du Salut, La Butineuse Vanier, La Ruche
Vanier, Amélie et Frédérick, La Bouchée généreuse.
Vous apportez du support à notre
collectivité. Je vous souhaite de joyeuses fêtes.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Vanier-Les Rivières. Et je reconnais maintenant
M. le député de Saint-Jérôme.
Remercier les organismes communautaires et les
bénévoles de la circonscription de Saint-Jérôme
M. Youri Chassin
M. Chassin :Quand décembre revient, quand les étoiles brillent sur nos
balcons, que la parenté se réchauffe de musique et de festins, ce n'est pas le
cas pour tous nos voisins, mais les paniers Optimistes, remplis de joie, de
denrées par l'équipe de Soucy, avec leur entrain, les bénévoles du centre
d'action, les petits, les grands frères, les grandes soeurs, la Maison
Pause-Parent, la guignolée, au coin de ma rue, en pédiatrie sociale, La Hutte,
qui remet tant de fois le pied à l'étrier... Elle est trop longue, la liste
d'organismes jérômiens qui rassemblent des générosités, égaient les cœurs,
distribuent les cadeaux, raccompagnent, livrent les repas, visitent en toute
amitié.
À toutes et à tous, je vous remercie du
fond du cœur. Vous êtes la magie des fêtes, celle qui réside dans les valeurs
de partage et d'entraide qui font de nous des êtres humains profondément
humains. Décembre revient, le mois le plus chaleureux grâce à vous. Joyeuses
fêtes!
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Saint-Jérôme. Et je cède maintenant la parole à Mme
la députée de Berthier.
Rendre hommage à Mme Audrey Boisjoly
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Merci, M. le
Président. Immense plaisir aujourd'hui de souligner le leadership remarquable
de la mairesse de Saint-Félix-de-Valois, Audrey Boisjoly.
Depuis ton entrée en fonction, Audrey, tu
te distingues par une énergie qui est contagieuse, une vision qui est
totalement assumée et un engagement profond envers ta communauté. Sous ta
gouverne, Saint-Félix a su consolider son dynamisme économique tout en
préservant ce qui fait sa force : la qualité de vie, l'esprit de
solidarité, la proximité humaine, que tu as. Tu as piloté avec détermination
des dossiers qui sont essentiels, qu'on parle de développement durable, d'accès
aux services, de ton soutien indéfectible aux familles, toujours en plaçant tes
citoyens au cœur de tes décisions.
Grand Prix cette année, élue par la SHQ
pour ton engagement, reconnue par la Société d'habitation du Québec.
Audrey, tu as été la plus jeune mairesse
élue de toute l'histoire du Québec. C'est un grand honneur de pouvoir
travailler et partager avec toi.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Berthier. Et la parole revient maintenant à Mme la
députée de Hull.
Souligner le 66e anniversaire du Corps de cadets
2644 Régiment de Hull
Mme Suzanne Tremblay
Mme Tremblay : Merci, M. le
Président. C'est avec une grande fierté que je prends la parole aujourd'hui
pour souligner plus de 65 ans d'existence du Corps de cadets 2644 du Régiment
de Hull, une institution qui fait partie de notre histoire.
Depuis toutes ces années, le corps de
cadets offre aux jeunes un environnement stimulant où ils peuvent se dépasser,
développer leur leadership et leur esprit d'équipe, et apprendre à travailler
ensemble tout en découvrant leurs forces. Chaque activité, chaque défi, chaque
expérience contribue à former des citoyennes et des citoyens confiants,
responsables et fiers de s'investir dans leur communauté.
Le succès du Corps de cadets 2644
repose sur l'engagement passionné de ses commandants, cadets commandants,
officiers et bénévoles. Grâce à leur dévouement au fil des années, le corps de
cadets s'est imposé comme le principal groupe de jeunesse en Outaouais, offrant
aux jeunes des expériences riches, formatrices et mémorables.
Merci à toutes ces personnes qui, par leur
temps et leur énergie, rendent le Corps de cadets 2644 exceptionnel. Votre
implication inspire les jeunes et assure la continuité de cette belle
tradition. Félicitations et longue vie au Corps de cadets 2644!
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Hull. Et la prochaine déclaration revient à Mme la
députée de Roberval.
Rendre hommage à M. Louis Arcand
Mme Nancy Guillemette
Mme Guillemette : Merci, M.
le Président. Aujourd'hui, je souligne le parcours professionnel de M. Louis
Arcand, une figure incontournable de notre paysage radiophonique, qui prendra
sa retraite après 44 ans de carrière.
Il débute son parcours à La Tuque. Il
arrive à CHRL Roberval en 1981, où il deviendra rapidement la voix matinale de
la région. Il est nommé «morning man», un rôle qu'il occupera avec
professionnalisme et chaleur, qui ont marqué des générations d'auditeurs. Son <leadership...
Mme Guillemette : ... qui
ont marqué des générations d'auditeurs. Son >leadership l'amène aussi à
diriger l'ensemble des radios de la région. Sa carrière le mène aussi à
Saguenay, où il anime l'émission matinale de KYK FM, partageant son énergie, sa
passion pour l'actualité avec l'ensemble de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
M. Arcand a été un mentor et a propulsé de
nombreux animateurs, rappelant sans cesse que la radio, c'est avant tout un
média de proximité et un lien essentiel avec la communauté.
Le 19 décembre prochain sera sa
dernière émission matinale, mais il restera avec nous pour porter sa voix et
ses opinions en restant chroniqueur. Alors, aujourd'hui, il tourne une page
importante, et je tiens à le remercier, à le féliciter. Merci, M. Arcand.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Roberval. Et je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Labelle.
Souligner le succès de la Coupe du monde Tremblant
ainsi que les performances des athlètes québécoises et canadiennes
Mme Chantale Jeannotte
Mme Jeannotte : Plus de 12 000 amateurs
de ski se sont déplacés pour encourager les meilleures skieuses de la planète,
le week-end dernier, à Mont-Tremblant. La Coupe du monde des femmes en slalom
géant a été diffusée dans plus de 30 pays et vue par plus de
40 millions de téléspectateurs à travers le monde, une vitrine
exceptionnelle pour les Laurentides et pour tout le Québec.
J'ai remercié la Fédération internationale
de ski et Alpine Canada pour leur appui et j'ai félicité le comité
organisateur, tout le personnel de la station et, bien sûr, nos nombreux
bénévoles pour leur travail exceptionnel.
Et que dire de la performance éblouissante
de notre championne locale, Valérie Grenier, du Club de ski Mont-Tremblant, qui
a monté sur le podium en prenant la troisième place samedi. Il faut du talent,
mais beaucoup de travail, de détermination et de résilience pour atteindre un
tel niveau d'excellence.
Je salue le courage et la détermination de
ces athlètes formidables. Nos skieuses canadiennes et québécoises sont des
modèles pour tous nos jeunes. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Labelle. Avant de terminer, j'en profite pour faire un
petit rappel à tous les collègues que les déclarations sont d'un maximum d'une
minute. Merci de respecter le délai imparti à sa déclaration. Alors, voilà qui
complète la rubrique Déclarations de députés.
Je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 54)
10 h (version révisée)
(Reprise à 10 h 07)
La Présidente : Bonjour, tout
le monde! Mesdames, messieurs, bienvenue chez vous. Le parlement du Québec, c'est
chez vous.
MM., Mmes les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir. Alors, veuillez vous asseoir, chers collègues.
Présence de M. Janvier
Grondin, ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
Aujourd'hui, j'ai le plaisir de souligner
la présence, dans les tribunes, de M. Janvier Grondin, ancien député de Beauce-Nord.
Et nous poursuivons les affaires
courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de
loi, M. le leader du gouvernement. C'est vous, ça, M. le leader du
gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bien oui,
bien oui. Écoutez, Mme la Présidente, je vous souhaite le bonjour, Mme la
Présidente, et je vous demanderais d'appeler l'article a du feuilleton, s'il
vous plaît.
Projet de loi n° 12
La Présidente : À l'article a
du feuilleton, Mme la ministre de la Famille présente le projet de loi n° 12,
Loi instituant la prestation de services de garde éducatifs à l'enfance par les
personnes reconnues à titre de responsables d'un service de garde éducatif en
communauté. Mme la ministre.
Mme Kateri Champagne
Jourdain
Mme Champagne Jourdain : Mme
la Présidente, ce projet de loi vise principalement à instituer la prestation
de services de garde éducatifs à l'enfance par les personnes reconnues à titre
de responsables d'un service de garde éducatif en communauté.
À cet effet, le projet de loi ajuste les
règles applicables aux personnes responsables d'un service de garde éducatif
selon qu'elles exercent en milieu familial ou en communauté ou selon que ces
règles sont communes aux deux types de personnes responsables. Il ajuste de
même le nom, le rôle et les responsabilités des bureaux coordonnateurs de la
garde éducative en milieu familial, qui deviennent des bureaux coordonnateurs
de la garde éducative en milieu familial et en communauté.
• (10 h 10) •
Le projet de loi établit les conditions à
respecter pour qu'une personne physique, travailleuse autonome, puisse être
reconnue à titre de responsable d'un service de garde éducatif en communauté
par un bureau coordonnateur dans un emplacement autre qu'une résidence privée.
Il prévoit que la reconnaissance d'une telle personne lui permet de fournir des
services de garde seule, avec une personne qui l'assiste ou en collaboration
avec une autre personne ainsi reconnue et fixe le nombre maximal d'enfants à qui
il lui est permis de fournir des services de garde, selon la situation
applicable.
Le projet de loi prévoit en outre que deux
personnes responsables d'un service de garde éducatif en communauté peuvent
être reconnues dans un même emplacement dans la mesure où elles concluent une
entente de collaboration. Il précise que, dans cette situation, l'entente de
services de garde qui les lie à un parent doit notamment indiquer laquelle de
ces personnes est, à l'égard d'un enfant en particulier, la responsable principale.
Le projet de loi permet au gouvernement de prendre diverses mesures par
règlement en vue d'assurer la mise en œuvre du nouveau mode de prestation des
services de garde éducatifs, notamment pour déterminer les conditions selon
lesquelles un bureau coordonnateur peut reconnaître plus de deux responsables
d'un service de garde éducatif en communauté pour fournir des services de garde
alternativement dans un même emplacement.
De plus, le projet de loi interdit à une
personne responsable d'un service de garde éducatif en communauté exerçant en
collaboration avec une autre <personne...
Mme Champagne Jourdain :
...de
garde éducatif en communauté exerçant en collaboration avec une autre >personne
de tolérer de cette dernière des mesures dégradantes ou abusives ou d'autres
types de comportements inappropriés envers les enfants. Il confère par ailleurs
à un bureau coordonnateur le pouvoir d'ordonner l'évacuation d'un emplacement
où sont fournis des services de garde par une personne responsable d'un service
de garde éducatif en communauté lorsqu'il a des motifs raisonnables de croire à
une atteinte grave à la santé, à la sécurité ou au bien-être des enfants reçus
et prévoit les sanctions applicables en cas de contravention aux dispositions
de l'ordonnance.
Par ailleurs, le projet de loi prévoit que
le régime de représentation collective et de négociation d'ententes collectives
applicable aux personnes responsables d'un service de garde éducatif en milieu
familial, à titre de travailleuses autonomes, s'applique également aux
personnes responsables d'un service de garde éducatif en communauté.
Enfin, le projet de loi attribue au
ministre de la Famille le pouvoir de prolonger, s'il l'estime nécessaire, la
durée du Projet pilote de responsables d'un service de garde éducatif en
communauté et en entreprise et prévoit des dispositions encadrant la transition
entre ce projet pilote et le nouveau mode de prestation de services de garde
prévu par le projet de loi. Merci.
La
Présidente : Et est-ce que... Oui, Mme la leader de l'opposition
officielle, je vous écoute.
Mme
Setlakwe : Oui, Mme la Présidente. Nous souhaitons des consultations
particulières sur ce projet de loi.
Mise aux voix
La
Présidente
: Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce
projet de loi? Adopté.
Il
n'y a pas de dépôt de documents.
Il
n'y a pas de dépôt de rapports de commissions ni de dépôt de pétitions.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Je
vous avise qu'après la période des questions et réponses orales sera tenu le
vote reporté sur l'adoption du projet de loi n° 14.
Et
j'ai été avisée qu'après la période des questions et réponses orales il
pourrait y avoir un vote requérant l'approbation des deux tiers des membres de
l'Assemblée.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes donc maintenant rendus à la période de questions et de réponses
orales, et, pour ce faire, je cède la parole, en question principale, au chef
de l'opposition officielle.
Blocs d'énergie destinés aux industries
M. André Fortin
M. Fortin :Mme la Présidente, hier, le premier ministre et sa ministre
de l'Économie ont, par sept reprises, refusé de dire combien de mégawatts
étaient disponibles pour les projets économiques. En s'obstinant à refuser de
dévoiler ces chiffres-là, le premier ministre a essentiellement admis que des
mégawatts, il n'y en a presque plus. Et ça, pas besoin de faire un long calcul,
là, ça, c'est le résultat de sa stratégie, de la stratégie du gouvernement de
la CAQ qui a arrêté des projets de développement énergétique, qui a vendu de
l'électricité aux États-Unis et qui aujourd'hui se retrouve dans une position
où il doit l'importer à gros prix.
Le problème avec ça, c'est que la vision
industrielle du premier ministre, qu'il nous a présentée il y a deux semaines,
ça aussi à gros prix, bien, elle repose sur l'industrie de la défense, sur
l'industrie de l'aéronautique et sur les centres de données, des industries,
là, qui sont extrêmement énergivores. Ça, ça ne marche juste pas. Il va falloir
qu'il nous dise, à un moment donné, où il va trouver l'énergie pour ces
projets-là. Parce que c'est bien beau de dire qu'il va y avoir de l'énergie
dans trois ans, dans quatre ans, mais retarder des projets d'un, deux, trois
ans, là, il y a beaucoup d'entreprises qui ne peuvent pas se permettre ça.
Alors, nous, ce qu'on veut savoir
aujourd'hui, c'est simple : Combien d'entreprises ont renoncé à
s'installer au Québec après que le gouvernement leur a annoncé qu'il était
incapable de leur fournir l'énergie à court terme? Combien de projets on a
perdu? Combien d'entreprises de pointe on a perdues? Combien de bons emplois on
a perdu?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. Je pensais que le chef de l'opposition officielle serait bon
joueur, gentleman, puis nous féliciterait pour l'entente de principe avec les
médecins de famille. Mais, bon, on repassera. Maintenant, je trouve que ça
prend un certain culot, Mme la Présidente, pour dire : Il y a trop de
projets d'entreprises actuellement au Québec. Je le répète, quand on est arrivés,
vous savez comment ça m'intéresse, une des premières choses que j'ai faites, je
suis allé regarder la liste des projets au ministère de l'Économie puis chez
Investissement Québec, il y avait deux petits projets, deux. Et on est allés en
chercher plus d'une centaine, Mme la Présidente. On a réussi à, donc, attirer
des entreprises avec des emplois payants. Donc, depuis qu'on est au pouvoir,
depuis sept ans, les salaires ont augmenté plus au Québec qu'en Ontario,
que dans le reste du Canada.
Maintenant, le chef de l'opposition <officielle...
M. Legault :
...sept
ans, les salaires ont augmenté plus au Québec qu'en Ontario que dans le reste
du Canada.
Maintenant, le chef de l'opposition >officielle
nous dit : Oui, bien, ce n'est pas drôle, vous avez été tellement bons que
vous avez trop de projets économiques actuellement; dites-nous lesquels vous
allez choisir. Mme la Présidente, j'aime mieux être dans une situation où on a
trop de projets économiques que d'être dans une situation, comme les libéraux,
pendant 15 ans, où on faisait moins bien que l'Ontario, moins bien que le
Canada puis qu'on n'avait pas de projet sur la table, on attendait.
La Présidente : Et, M. le
premier ministre, vous avez prononcé un mot non parlementaire, je vous
inviterais à le...
Une voix : ...
La Présidente
:
«Culot». Je vous inviterais à le retirer. Vous le retirez? Vous le retirez.
Première complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin :Heille! Ça prend du front, quand même, pour me demander de
le féliciter. Il y a 37 000 patients, dans ma région, qui ont perdu
leurs médecins depuis son projet de loi. Mais là, Mme la Présidente, là, le
problème, ce n'est pas qu'il y a trop de projets, le problème, c'est qu'il n'y
a pas assez d'énergie en ce moment, et ça, c'est de sa faute, c'est de la faute
de son gouvernement. Là, il y a plusieurs entreprises, là, ce qu'ils entendent,
ce qu'ils entendent, c'est : Revenez dans deux ans, revenez dans trois
ans, revenez dans quatre ans.
Je lui pose la question : Combien
d'entreprises ont dû aller en Ontario parce qu'il n'y avait pas d'énergie au
Québec?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, je ne sais pas si vous comprenez, là, mais imaginez-vous, on arrive
en 2018, il y a deux projets. On va chercher 100 projets. On était, en
2018, dans une situation où on jetait de l'électricité. Le président
d'Hydro-Québec me dit : On va laisser couler l'eau sans faire
d'électricité parce qu'on n'a pas de projets. Et là il vient nous dire :
C'est bien effrayant, vous avez été trop bons, il y a trop de projets.
Mme la Présidente, ça nous permet de relancer
les travaux chez Hydro-Québec. 200 milliards de projets, c'est le plus
grand chantier de l'histoire du Québec, grâce à notre travail.
La Présidente : Et M. le chef
de l'opposition officielle, vous avez vous aussi emprunté un mot non parlementaire,
je vous inviterais de le retirer également. Merci, poursuivez.
M. André Fortin
M. Fortin :OK. Là, là, au gouvernement, il y a des gens à
Investissement Québec, il y a des gens dans... au ministère de l'Économie qui
se fendent en quatre pour essayer de trouver des projets économiques. C'est ça
qui s'est passé avec Volkswagen. Investissement Québec leur a dit : Venez
au Québec, on a besoin de vous autres. Et là ils arrivent vers l'énergie, il
n'y en a plus, on leur dit : Attendez deux ans, attendez trois ans.
Qu'est-ce qu'ils font? Ils s'en vont en Ontario.
La question, elle n'est pas
difficile : Combien de projets il a perdu au profit de son chum Doug Ford?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, je viens
d'entendre la meilleure joke que je n'ai pas entendue depuis longtemps. Il nous
parle de Volkswagen. Savez-vous c'est quoi, le projet de Volkswagen? Faire des
batteries pour des véhicules électriques. Qu'il aille parler à Doug Ford, il va
voir que ça ne va pas tellement bien, comme partout dans le monde, avec les
batteries de véhicules électriques. Mais le Parti libéral, qui des fois est
contre la construction de batteries électriques, là, aujourd'hui, il est rendu
qu'il pousse, il voudrait qu'on aille chercher Volkswagen pour faire plus de
batteries électriques. Je ne comprends plus rien, Mme la Présidente.
• (10 h 20) •
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin :
À ce que je sache, Volkswagen n'a pas fait faillite, c'est Northvolt qui a fait
faillite, puis ça, c'est son projet à lui. Mais là il y a les projets qui sont
discutés présentement puis il y a tous les projets qui sont en analyse
préliminaire. Là, il y a des gens qui travaillent là-dessus, là, depuis des
années, hein, des gens qui vont vouloir des réponses du gouvernement. Tout ce
qu'ils vont entendre, c'est : Revenez dans quelques années, revenez nous
voir plus tard. Ces gens-là, là, ils vont aller voir ailleurs, ils vont aller
voir en Ontario. Doug Ford, il est mort de rire. Déjà qu'il a nos médecins, là
il va avoir nos projets économiques.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, je suggère
au chef de l'opposition officielle, en fin de semaine, d'aller faire un petit
tour à Toronto, rencontrer Doug Ford. Il va se rendre compte que lui aussi, il
n'a plus d'électricité. Savez-vous ce qu'il veut faire? Du nucléaire à
0,16 $ le kilowatt-heure. Nous, on est en train de faire de l'éolien à
0,06 $ puis de l'hydro à 0,10 $. Donc, bonne discussion, s'il vous
plaît, avec Doug Ford en fin de semaine.
La Présidente : En question
principale, je reconnais le député de Nelligan.
Blocs d'énergie destinés aux entreprises
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Mme la
Présidente, à entendre le premier ministre, j'ai un mot qui me vient à
l'esprit, c'est «gênant». Vous le connaissez. Ça, c'est gênant. Mme la
Présidente, sur son bureau, sur son bureau... Et je ne blâme pas la ministre de
l'Énergie. Sur son bureau... C'est le grand patron de l'énergie au Québec,
c'est lui qui décide : X, je lui donne, Y, je ne lui donne pas.Mme
la Présidente, ce qu'on demande aujourd'hui, là... il a le droit de choisir les
gagnants et les perdants, mais qu'il soit transparent avec les Québécois. Je
vais vous dire pourquoi. Parce qu'Hydro-Québec n'appartient pas aux <caquistes...
M. Derraji :
...de
choisir les gagnants et les perdants, mais qu'il soit transparent avec les
Québécois. Je vais vous dire pourquoi, parce qu'Hydro-Québec n'appartient pas
aux >caquistes. C'est un patrimoine québécois. Les 9 millions de
Québécois ont le droit de le savoir, comment il distribue l'énergie. Et, s'il
veut être beaucoup plus transparent, ça ne me dérange pas de dévoiler les
autres listes en analyse.
Mme la Présidente, ce qu'on demande
aujourd'hui au premier ministre, c'est dire la vérité, et toute la vérité, aux
Québécois par rapport aux mégawatts.
M. Jolin-Barrette : ...
La Présidente
: Oui, M.
le leader du gouvernement, je vais vous écouter.
M. Jolin-Barrette : On prend
la parole des députés ici. Ce que le député insinue, hein... S'il veut attaquer
la conduite d'un député, il y a une façon de le...
La Présidente
: Merci,
M. le leader du gouvernement. Demeurons prudents, et la...
Des voix : ...
La Présidente
:
Monsieur, s'il vous plaît! S'il vous plaît, des deux côtés, on ne...
M. Derraji : ...
La Présidente
:
Monsieur... monsieur... M. le député de Nelligan, je vous...
Des voix : ...
La Présidente
: Tout le
monde, je suis debout. J'aimerais maintenant... On demeure respectueux. La
vérité et la bonne foi, ici, se présument. La réponse de la ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Ça me permet de poursuivre sur les échanges que l'on a eus hier,
et, parlant d'hier, on a eu un point de presse avec le chef de l'opposition...
le chef parlementaire de l'opposition officielle, le député de Nelligan, et ce
qui a été dévoilé aux journalistes à cette occasion-là était irresponsable,
irresponsable parce que ça vient donner de l'information sur des procédés
industriels qui font la compétitivité de nos entreprises, et c'était déplacé
d'aller montrer ça à des journalistes. Ça vient révéler des données
confidentielles, des données qui doivent être protégées, et j'invite, comme on
s'en est parlé, d'ailleurs, hier, le député de Nelligan, à garder les
informations qu'il a, de cette nature-là, pour lui. C'est important pour la
compétitivité des entreprises. Ce sont des projets sensibles, qui requièrent de
la confidentialité, et je compte sur le parti de l'opposition officielle pour préserver
cette confidentialité.
Maintenant, j'ajouterai que, s'il y a de
l'énergie, au Québec, beaucoup d'énergie en développement, ce n'est
certainement pas à cause du Parti libéral, non plus que les projets de
développement économique.
La Présidente
:
Première complémentaire.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Mme la
Présidente, à part m'intimider et dire de ne pas parler aux journalistes, et à
part...
Des voix : ...
La Présidente
: S'il
vous plaît! Gardez le silence, je suis debout.
Une voix : ...
La Présidente
:
Monsieur, je vous en prie. M. le leader du gouvernement, je vais gérer. Je vous
invite à poursuivre. J'écoutais attentivement ce que disait la ministre. Ce
n'est pas gentil, mais ce n'est pas de l'intimidation, le mot «irresponsable».
Et, cela dit, je vous invite à poursuivre avec votre complémentaire.
M. Derraji : Alors, Mme la
Présidente, ce qui est irresponsable... OK, j'ai le droit? Ce qui est
irresponsable, c'est ne pas divulguer les mégawatts octroyés. C'est qui qui a
ramené le superministre? C'est le premier ministre. Il est où, M. Pierre
Fitzgibbon? Il n'est plus là. Lui, il était transparent, mais, Mme la
Présidente, à cause de ce mauvais gouvernement, on se ramasse avec le Dollarama
de l'énergie, avouez-le.
La Présidente
: Réponse
de la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Alors, Mme la
Présidente, on a une autre preuve encore que le Parti libéral n'est pas le
parti de l'économie, parce que de vouloir révéler ces données confidentielles,
pour les entreprises, pour des joueurs qui oeuvrent à l'échelle internationale,
qui sont dans une compétition internationale, c'est franchement ne pas
comprendre la dynamique économique. Et d'ailleurs on en a eu une autre, preuve
de ne pas comprendre la dynamique économique. Repensons au parc industriel de
Bécancour. Ils ont eu quatre ans pour le remplir, ce parc. Ils ont trouvé un
projet d'entreprise, une entreprise en quatre ans, pour pouvoir s'y installer,
dois-je le rappeler, une entreprise de pot. Alors, ça, c'est l'efficacité
libérale à son meilleur. Les paroles, c'est une chose. Les actions, c'est pas
mal plus parlant. Alors, je poursuivrai avec la seconde complémentaire.
Des voix : ...
La Présidente
: Et vous
faites tellement de bruit qu'on n'arrive pas à entendre votre propre ministre.
Deuxième complémentaire.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Je ne savais pas
que Pierre Fitzgibbon aussi, il était irresponsable. Il a dévoilé, en 2023, les
listes, en 2024, les listes. Et je n'ai jamais cru, Mme la ministre, qu'une
discussion privée entre vous et moi...
La Présidente
:
...monsieur, à parler à la présidente.
M. Derraji : ...qu'une
discussion privée entre la ministre et moi va se ramasser au salon rouge, mais,
pas de problème, oui, nous avons eu une discussion hier, oui, j'ai reçu un
appel. La vidéo du «hot room», votre cabinet a demandé de l'enlever. Je l'ai
accepté.
Je répète ma question : Allez-vous
avoir le courage de dévoiler les mégawatts?
La Présidente
: Et je
vous rappelle que vous vous adressez à la présidente quand vous posez votre
question, M. le député de Nelligan, vous le savez, vous avez assez
d'expérience. Mme la ministre, votre <réponse...
La Présidente :
...M.
le député de Nelligan, vous le savez, vous avez assez d'expérience. Mme la
ministre, votre >réponse.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Alors, je
rappelle que vous avez montré un document très confidentiel aux journalistes
qui étaient présents.
La Présidente : Vous vous
adressez à la présidence également.
Mme Fréchette : Oui, d'accord.
Alors, rappelons que, pour ce qui est des projets économiques actuels, eh bien,
ce n'est pas le Parti libéral qui les a attirés ici, qui les a générés, qui a
fait en sorte que ça aille de l'avant sur le plan économique au niveau de
l'activité. C'est notre gouvernement qui, depuis qu'on est arrivés au pouvoir,
avons permis de générer, grâce à nos efforts, des projets économiques par
dizaines de même que pour de l'attraction de projets. Et c'est ce sur quoi on
travaille. Il ne faut pas compter sur le Parti libéral pour faire ça, ils ont
eu des années pour le faire, on sait les résultats que ça a donnés.
Nous, Mme la Présidente, on travaille sur
nos forces : le développement énergétique, le développement économique,
dans des secteurs compétitifs à l'échelle internationale.
La Présidente : En question
principale, je reconnais M. le député de Nelligan.
Blocs d'énergie
destinés aux entreprises
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Mme la
Présidente, nous avons devant nous un problème majeur avec ce mauvais
gouvernement. Souvenez-vous du Dollarama de l'énergie. Souvenez-vous de Pierre Fitzgibbon qui, lui, contrairement aux caquistes, a
dévoilé l'ensemble des mégawatts octroyés à nos entreprises. Lui, il était
irresponsable? C'est ce qu'on essaie de nous dire aujourd'hui, parce que moi,
j'avais accès à des documents, et je voulais que tous les Québécois s'informent
de la réalité des mégawatts et qu'ils dévoilent la liste des entreprises qui
ont reçu les mégawatts. Et c'est pour cela que je fais mon travail, et je vais
continuer à le faire. Il n'y a personne qui va m'arrêter, Mme la Présidente.
Et je vais répéter ma question. Si... Si
ce gouvernement n'a rien à se reprocher, qu'il suive la méthode Fitzgibbon.
Parce qu'apparemment la... la méthode Fitzgibbon était irresponsable. Pourquoi
ils refusent de divulguer les mégawatts octroyés aux industriels?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je vais rappeler quelques notions de base au député de
Nelligan. Ces informations sur les mégawatts octroyés aux entreprises, ça peut
révéler des procédés industriels, des données qui sont confidentielles et qui
seront d'un grand intérêt pour les compétiteurs de ces entreprises-là. Il me
semble que c'est simple à comprendre. Donc, le fait de donner de la visibilité
à ces informations stratégiques, eh bien, ce n'est pas de contribuer au
développement économique, loin de là, c'est tout le contraire. Ça peut mettre à
mal la compétitivité de plusieurs de nos entreprises, ça peut même créer des
délits d'initié.
Alors, j'espère que le député est
conscient et que le Parti libéral est conscient de ces risques-là, parce qu'ils
sont réels. On est dans une joute très serrée au niveau international, il faut
mettre toutes les... les atouts que l'on a de notre côté. Et ce n'est pas en
révélant aux compétiteurs des entreprises qui font notre force économique qu'on
va aider ces entreprises à se propulser puis à nous tirer de l'avant. Nous, on
travaille dans le respect des données qui sont confidentielles, pour les
entreprises, et j'espère que le Parti libéral va faire de même.
La Présidente : Première
complémentaire.
Blocs d'énergie destinés aux entreprises
M. Monsef Derraji
M. Derraji : ...10 novembre
2023 : «Attribution responsable et durable de notre électricité, Québec
dévoile la liste des 11 projets sélectionnés pour un raccordement d'une
puissance de cinq mégawatts et plus.» La liste, elle est publique. La
ministre vient aujourd'hui me dire «un délit d'initié», est-ce que Fitzgibbon
aussi a... a contribué à un délit d'initié en dévoilant les mégawatts octroyés?
• (10 h 30) •
C'est ce que j'ai dévoilé hier, la liste
des mégawatts octroyés. C'est ça que j'ai fait. J'ai fait la même chose que
Fitzgibbon. Donc, lui aussi, il est irresponsable. C'est ça, la question, Mme
la Présidente.
La Présidente : Et la réponse
de la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Alors,
Mme la Présidente, le député n'a pas que dévoilé une liste avec des entreprises
et un nombre de mégawatts, il a aussi montré un document sensible avec des
informations stratégiques aux journalistes. Elle est là, le dépassement de la
limite. Ça, c'est de dévoiler... Mme la Présidente, c'est de dévoiler des
informations stratégiques. Il y a de ces entreprises qui sont cotées en bourse,
ça peut générer des impacts.
Alors, vraiment, j'implore à nouveau le
député, tout comme le Parti libéral, à ne pas dévoiler ces informations
stratégiques parce qu'elles sont capitales pour les entreprises, pour leur
réussite dans un monde très compétitif. Alors, nous, c'est ce qu'on fait, on
travaille avec ces entreprises-là dans le respect de leurs éléments
confidentiels.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Mme la
Présidente, c'est drôle que Mme la ministre m'a félicité hier de ne pas
dévoiler les mégawatts. Bien, du moment que vous évoquez une discussion privée,
on va aller jusqu'au bout. Je n'ai pas dévoilé les mégawatts. Je les ai. Je
vous ai donné l'opportunité d'être transparents avec les...
Des voix : ...
La Présidente : ...s'il vous
plaît! Je vous entends, M. le ministre, je vais vous nommer. M. le député, vous
vous adressez à moi.
M. Derraji : J'ai donné
l'opportunité au gouvernement de dévoiler les mégawatts octroyés, parce que ce
n'est pas une propriété de la CAQ, c'est le patrimoine des Québécois. Alors, je
lui demande d'être transparente comme Fitzgibbon et dévoiler les mégawatts
octroyés.
La Présidente
: La <réponse...
>
10 h 30 (version révisée)
<17923
M.
Derraji :
...comme
Fitzgibbon et dévoiler les mégawatts
octroyés.
La Présidente :
La >réponse
de la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Alors, je
rappelle que nous dévoilons les mégawatts octroyés quand nous avons l'autorisation
de l'entreprise pour ce faire. C'est toujours comme ça qu'on a fonctionné. Et
il n'y a pas que des mégawatts qui ont été dévoilés hier. Je rappelle qu'il y a
un document contenant des projets stratégiques qui a été dévoilé, et ça, c'est
très préjudiciable. Alors, j'invite le député à cesser de montrer ce type d'informations
aux journalistes ou au public. Il est important que l'on préserve notre
compétitivité. Ça passe par le respect des données confidentielles des
entreprises. Et j'espère qu'on a l'appui du Parti libéral pour ce faire.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Marguerite-Bourgeoys.
Blocs d'énergie destinés aux entreprises
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente,
on le sait maintenant, là, la CAQ a choisi les gagnants au lieu de mettre en
place les conditions gagnantes pour que toutes nos PME puissent avoir une
chance de gagner. Alors, la CAQ investit des milliards en les donnant à des
étrangers, donne nos blocs d'énergie au détriment des entreprises déjà établies
au Québec, majoritairement nos PME. Même Michael Sabia l'a dit, a fait le
constat suivant : la CAQ avait favorisé les étrangers au détriment des
entreprises présentes ici, ça prend un rebalancement. Résultat : des
milliards gaspillés, Mme la Présidente, notre marge de manœuvre énergétique
engloutie dans la filière batterie puis pas une cent pour nos PME.
Mme la Présidente, pourquoi la CAQ ne fait
absolument rien, n'intervient même pas avec nos PME au profit des compagnies
étrangères?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. J'ai accroché sur la phrase du député, là, à l'effet qu'on n'intervient
pas auprès des PME. Pardon? Investissement Québec, 94 %, combien de fois l'a-t-on
dit ici, en Chambre, 94 % des interventions d'Investissement Québec sont
faites auprès de PME. Donc, c'est le tissu... c'est au cœur du tissu industriel
et économique du Québec, et c'est là qu'on intervient très largement, en très
grande majorité. Je ne sais pas d'où le député tire cette information qu'on n'intervient
pas auprès des PME. L'ensemble des programmes qu'on a développés au printemps
dernier, c'était essentiellement pour aider des PME également à traverser cette
crise tarifaire.
Et par ailleurs on a un taux de succès pas
mal plus élevé, comme on le sait, que le Parti libéral, hein, de notre côté,
pour les projets de plus de 20 millions, 83 % de taux de succès. Il n'y
a pas eu de perte d'argent dans 83 % de nos projets économiques. C'est à
41 % sous les libéraux et le Parti Québécois. Alors, vraiment, on a
transformé l'approche économique avec un taux de succès inégalé. Et, si on
ajoute les projets de moins de 20 millions, on tombe à 88 % de taux
de succès.
Donc, on va continuer sur cette même voie
en travaillant auprès des PME, tout comme des grands joueurs, et en travaillant
au maillage entre ces deux types d'acteurs.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la
Présidente, la ministre nous dit tout le temps, là : On a fait 24 000 interventions
en sept ans. Bien, ça, c'est 3 400 interventions par année. On a 280 000 PME
au Québec. C'est 1,2 % de PME que la CAQ a décidé d'aider. Comme d'habitude,
là, la CAQ, c'est des gros slogans avec peu d'actions. Des blocs d'énergie puis
des milliards gaspillés avec la CAQ.
Au lieu de se cacher derrière son slogan,
là, la ministre peut-tu vraiment faire de quoi?
Des voix : ...
La Présidente : Oui, M. le
leader du gouvernement, je vais vous écouter. Quel est votre appel au
règlement?
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, le Parti libéral parle beaucoup de transparence, j'espère qu'ils
vont être transparents dans le cadre des enquêtes avec...
La Présidente : Et quel est
votre appel...
Des voix : ...
La Présidente
: J'étais
debout.
Des voix : ...
La Présidente
: Je suis
debout, assoyez-vous, M. le leader du gouvernement. Assoyez-vous, c'est mon mot
au lexique. Demeurez assis et silencieux. On ne va pas là. Maintenant, vous
avez... Madame... Je viens de dire qu'on ne va pas là et...
Des voix : ...
La Présidente
: Non,
non, bien, qu'il reste assis, je suis debout. Quand je suis debout, vous restez
assis, silencieux, les micros... on ne vous entend pas. Maintenant, M. le
député, il vous reste cinq secondes, attention, vous avez employé le mot «se
cacher», veuillez le retirer, je vous prie, et poursuivre. Vous le retirez? Poursuivez.
M. Beauchemin : ...vraiment
rien faire, parce que 1,5 %, ce n'est rien. Est-ce que la ministre peut
vraiment faire de quoi?
La Présidente : La réponse du
ministre délégué à l'Économie et aux Petites entreprises.
M. Samuel Poulin
M. Poulin : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. On avait hâte d'avoir une question de... de PME parce que la
semaine dernière on a déposé le projet de loi n° 11, qui a été salué par l'ensemble
du milieu économique concernant nos petites et moyennes entreprises. Je vous
lis quelques extraits. Manufacturiers et Exportateurs du Québec : «Un
signal attendu : le Québec passe enfin de la paperasse à la vraie réforme réglementaire».
«L'Alliance touristique du Québec tient à saluer le travail du ministre — ça,
c'est moi — pour alléger le réglementaire, la qualité de vie des gens
qui animent nos régions. Moins de paperasse». Chambre de commerce de Québec :
«Une avancée majeure». Le leadership, encore, du ministre. Ensuite, on a la FCEI,
Mme la Présidente, qui dit qu'«enfin le deux pour un, une première au Canada
pour <alléger...
M. Poulin :
...une
première au Canada pour >alléger la paperasse de nos entreprises.»
La Présidente
: En
terminant.
M. Poulin : Le vrai parti des
PME, c'est nous, Mme la Présidente.
Des voix : ...
La Présidente : Article 32.
On garde le silence. Pas de bravo, ni avant ni après. Une seule personne a le
droit de parole, il s'agit de M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Deuxième
complémentaire. Nous vous écoutons.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : La CAQ courtise
des compagnies étrangères, perd des milliards, abandonne nos PME, gaspille nos
surplus budgétaires, gaspille nos surplus énergétiques, donne des blocs
énergétiques de façon totalement tout croche. La CAQ n'apprend pas de ses
erreurs. Ils sont aussi brouillons maintenant qu'avant. Ils se cachent derrière
des annonces pour masquer leur terrible gestion...
Une voix : ...
La Présidente : M. le leader,
c'est beau. Je vais trancher. Je vous vois et je vous demande de vous asseoir.
Une voix : ...
La Présidente
: Et
voilà. C'est le même mot. Faites attention. Vous le retirez? Parfait.
Poursuivez. Huit secondes.
M. Beauchemin : La CAQ aime
mieux faire des grosses annonces marketing au lieu de vraiment aider nos PME.
Pourquoi, Mme la Présidente? Peut-être parce que c'est plus payant,
politiquement.
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Donc, j'entends, dans le fond, que le député et le Parti
libéral sont contre l'idée qu'on ait octroyé, par exemple, des mégawatts à
Chantier Davie — eh bien, je pense que c'est intéressant d'apprendre
ça pour la région de Lévis — à AEM, Cap-Chat. AquaBoreal, sur la Côte-Nord,
vous étiez contre ça. Vraiment, le développement économique...
La Présidente : Vous vous
adressez à la présidence.
Mme Fréchette : ...le
développement économique régional est appelé à se... à être florissant, hein,
avec un gouvernance libérale? Agnico-Eagle, Abitibi-Témiscamingue, Hitachi
Énergie, toutes des entreprises, des projets de développement d'entreprises à
qui on a octroyé des mégawatts, soit de façon conditionnelle ou pas. Donc, s'il
y a du développement énergétique et économique, on comprend que ce n'est pas
grâce...
La Présidente : Oui, Mme la
leader de l'opposition officielle, quelle est votre...
Mme Setlakwe : ...déposées,
s'il vous plaît?
La Présidente : Écoutez...
Des voix : ...
La Présidente
: Bon,
un, je suis debout, deux, c'est son téléphone cellulaire et, trois, vous l'avez
entendu.
En question principale, je reconnais maintenant
la cheffe du deuxième groupe d'opposition. On l'écoute.
Mesures pour atténuer les effets de l'inflation
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Ça fait plusieurs semaines que je pose des questions au premier
ministre pour lui demander qu'est-ce qu'il va faire de plus pour aider les
Québécois à faire face aux coûts de l'épicerie et des loyers. Puis, hier,
enfin, il a reconnu pour la première fois qu'il n'en fait pas assez. Pourtant,
cette semaine, il a refusé une motion... d'appuyer une motion de Québec
solidaire qui a été appuyée par tous les autres partis d'opposition pour
trouver des solutions pour améliorer le pouvoir d'achat des Québécois et
Québécoises et réduire le coût de l'épicerie. D'ailleurs, je me réjouis
vraiment que mes collègues des partis d'opposition reconnaissent ce que Québec
solidaire répète depuis des mois : si on ne s'attaque pas aux coûts des
loyers et de l'épicerie, bien, les familles, elles n'arriveront pas à se sortir
la tête de l'eau.
À l'approche du temps des fêtes, les
Québécois, ils s'attendent à ce qu'on travaille ensemble, en collaboration,
pour leurs intérêts. On en a fait, des propositions. Malheureusement, ce qu'il
manque, c'est la volonté d'agir du premier ministre. Ne pas agir, ça ne coûte
pas cher uniquement aux familles qui travaillent fort puis qui n'y arrivent
pas, mais ça coûte cher aussi collectivement, notamment au système de santé.
Le premier ministre nous dit que c'est
important, l'économie, pour lui, que c'est un premier ministre de l'économie,
qu'il y travaille, mais comment il peut faire ça? Comment est-ce qu'il peut
continuer à être crédible si les gens n'arrivent pas à payer l'épicerie,
n'arrivent pas à payer le loyer, même s'ils travaillent à temps plein?
Qu'est-ce que le premier ministre va
faire, maintenant qu'il a reconnu que ce n'est pas assez? Qu'est-ce qu'il va
donner de plus? Qu'est-ce qu'il va faire? Quelles solutions il propose
aujourd'hui, dans le futur, pas parler du passé, autres que le 11 $ par
mois qu'il a donné aux gens qui travaillent?
• (10 h 40) •
La Présidente
: La
réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, ce n'est pas 11 $ par mois qu'on a donné, c'est 950 $ par
année qu'on a donné, en moyenne, aux Québécois, puis on en a donné plus aux
plus pauvres.
Je vais lui donner quelques exemples. Les
gens qui sont sur l'aide sociale avec contrainte, on a augmenté les montants
qu'on donne à chaque mois de 62 %. Pas de 6 %, de 62 %. Mme la
Présidente, l'aide au logement, ce qu'on appelle l'Allocation-logement, quand
on est arrivés, on aidait 62 000 familles, on aide actuellement
150 000 familles. On a donné 2 000 $ à plus de 1,1 million
d'aînés de 70 ans et plus. On a augmenté les allocations familiales puis on les a <augmentées...
M. Legault :
...familiales
puis on les a >augmentées plus pour les plus pauvres, ça va jusqu'à
2 900 $ par enfant.
Donc, Mme la Présidente, je voudrais en
faire plus, mais, à un moment donné, il faut être capable aussi de regarder
qu'on a un déficit qu'on a... on gère l'argent des Québécois et... Bon, je
comprends que Québec solidaire fait toutes sortes de propositions, entre autres
est-ce qu'ils sont toujours d'accord pour enlever la TVQ sur les repas au
restaurant? Ça, c'est une proposition de Québec solidaire. Je vois que la
cheffe de Québec solidaire, elle regarde son collègue puis elle dit : On
a-tu vraiment dit ça, là, qu'on veut enlever la TVQ sur les repas au
restaurant? Mme la Présidente, soyons sérieux.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Le tableau ici,
qui a été étudié, là, par le premier ministre hier, puisque je l'ai déposé, on
le voit, ceux qui voient leurs revenus augmenter, c'est les plus riches.
63 000 $ dans les poches des plus riches depuis que la CAQ est au
pouvoir. Les autres, là, si on regarde le coût de la vie... Le coût de la vie,
je ne mets même pas tout. Je mets juste le loyer, l'épicerie. Je n'ai pas mis
Hydro, je n'ai pas mis les vêtements, je n'ai pas mis toutes les autres
dépenses. Les gens les plus pauvres et de la classe moyenne, ils n'y arrivent
pas.
Je répète ma question, et je le cite, il
n'en fait pas assez, il l'a dit hier : Qu'est-ce qu'il va faire de plus
dans le futur pour aider les familles? Qu'est-ce qu'il va...
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, est-ce que la cheffe de Québec solidaire pourrait au moins
reconnaître qu'au Québec on a en fait beaucoup plus? Ça, c'est le revenu
disponible après impôts, après inflation, après impôts, après inflation, donc
après les loyers, après l'épicerie.
Une voix : ...
M. Legault : Oui, oui,
exactement. Et, Mme la Présidente, ça, c'est le Québec, ça, c'est l'Ontario,
ça, c'est le reste du Canada. Est-ce qu'elle pourrait au moins reconnaître
qu'on en fait plus qu'ailleurs au Canada?
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la
Présidente, pour les plus riches, je le reconnais, oui, ils ont vu leur revenu
disponible augmenté. Puis je veux juste réviser une notion pour le premier
ministre qui se dit comptable. Le revenu disponible, c'est après impôts...
Une voix : ...
Mme Ghazal : ...qui est
comptable, c'est après impôts et déductions, pas après le coût des loyers, pas
après le coût de l'épicerie, qui ont explosé. Les autres, là, ils n'arrivent
pas à se sortir la tête de l'eau. C'est reconnu, c'est écrit ici. Pour les plus
riches, oui, ça a augmenté.
Qu'est-ce qu'il va faire pour la classe
moyenne? Qu'est-ce qu'il va faire pour la classe moyenne pour les aider à se
sortir la tête de l'eau?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bon, Mme la
Présidente, ici, on a le revenu disponible réel. Savez-vous ce que ça veut
dire, réel? Après inflation. OK? Donc, après les loyers, après l'épicerie,
réel. C'est après inflation. Je vois qu'elle pose des questions à son collègue,
là, mais...
Des voix : ...
M. Legault : Non, mais,
écoutez, à un moment donné, la vérité a ses droits...
Des voix : ...
La Présidente : Attendez, M.
le premier ministre. M. le leader du gouvernement, c'est beau, je vais m'en
occuper. Une seule... Vous pouvez vous asseoir, M. le leader. Une seule
personne a le droit de parole, c'était M. le premier ministre. Notre règlement
nous dit de ne pas nous interpeler des deux côtés. Alors, on écoutait la
question, je veux entendre la réponse, et vous ne vous parlez pas les uns les
autres et vous me parlez à moi. S'il vous plaît, poursuivez.
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, elle dit que je suis un comptable puis elle semble laisser entendre
que les chiffres que je lui présente, ce n'est pas après inflation. Je
m'excuse, c'est après inflation.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Aide aux itinérants
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Plus tôt cette session, je vous ai présenté l'histoire de Manu,
un ex-enfant de la DPJ, condamné à vivre dans une tente depuis cinq ans, en
situation d'itinérance, en raison d'obstacles administratifs absolument
déraisonnables : T4, deux derniers avis de cotisation, carte RAMQ à jour,
acte de naissance et j'en passe, des documents qu'on demande aux gens qui
vivent dans la rue pour s'en sortir. Ça n'a juste pas de bon sens, Mme la
Présidente.
Eh bien, à force de pressions et grâce au
travail extraordinaire du milieu communautaire, juste avant les fêtes, ça y
est! Après cinq ans dans la rue, on a trouvé un logement pour Manu, Mme la
Présidente. Les moins 20 du week-end dernier, là, auront été les derniers
qu'il aura passés dehors.
Aujourd'hui, la ministre responsable de
l'Habitation et moi, on se rencontre pour améliorer le système. Je la remercie
d'avoir accepté ma main tendue. Mme la Présidente, la ministre accepte-t-elle
qu'on s'engage ici, devant vous tous, à faire mieux pour tous les autres Manu
du Québec?
La Présidente : La réponse de
la ministre responsable de l'Habitation.
Mme Caroline
Proulx
Mme Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Heureuse du dénouement. Je veux juste être claire, le
14 novembre dernier, j'ai commandé à la SHQ d'envoyer un mémo clair. Si
vous me permettez, Mme la Présidente, je vais le lire : Rappel :
flexibilité aux pièces <justificatives...
Mme Proulx :
...flexibilité
aux pièces >justificatives du volet 2. Alors on souhaite rappeler
que, dans le cadre du Programme du supplément au loyer, volet 2, des
besoins exceptionnels en matière de logement, les offices d'habitation, leurs
organismes partenaires doivent faire preuve de flexibilité en ce qui a trait
aux pièces justificatives exigées. Ça fait que, victimes de violence conjugale
ou intrafamiliale, lâchez-moi avec les papiers; personnes en situation
d'itinérance ou à risque de l'être, lâchez-moi avec les papiers; jeunesse sortant
d'un centre de jeunesse accompagné par un organisme du réseau, lâchez-moi, également,
avec les papiers.
Alors on l'a envoyé à tout le monde, on
l'a envoyé à tout le monde, Mme la Présidente. Je suis heureuse, là, que
tout le monde comprenne que, des T4, les rapports d'impôt, les avis de
cotisations, là, on va attendre que la situation des itinérants se soit
stabilisée, Mme la Présidente, puis à la suite des offices...
La Présidente
:
Première complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, je remercie la ministre puis je lui offre mon entière collaboration
pour la suite. J'ai des propositions concrètes de modification réglementaire,
en plus de sa directive, qui permettront de changer la donne, comme on l'a
fait, il y a quelques mois, avec l'actuelle présidente du Conseil du trésor, avec
le dossier des HLM. On a besoin de solutions concrètes pour mettre fin à la
crise de l'itinérance.
Pour 2026, la ministre accepte-t-elle
qu'on travaille ensemble pour en faire une priorité?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Caroline
Proulx
Mme Proulx : ...travailler
ensemble. D'ailleurs, je tiens à le répéter, on le rencontre cet après-midi. Au
grand dam, sûrement, du Parti québécois, Mme la Présidente, le fédéral
nous a aidés, nous, le gouvernement du Québec, à aller chercher du financement.
Excellente collaboration avec le fédéral pour aller chercher des sommes
supplémentaires pour aider, donc, les itinérants ou les gens qui sont sur le
point de tomber en itinérance, d'aller chercher des sommes, donc, pour les accompagner
convenablement.
Oui, j'accepte, évidemment, la main tendue
du député. On aura l'occasion d'en discuter longuement, au cours de la journée,
essayer de trouver des pistes de solutions, particulièrement avec les périodes
froides et à l'approche de Noël, pour s'assurer, donc, qu'il n'y ait pas
d'itinérants dans les rues au Québec, Mme la Présidente.
La Présidente : Deuxième
complémentaire, et, pour ce faire, je reconnais la cheffe du deuxième groupe
d'opposition.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je veux aussi écouter l'engagement du premier ministre. En
début de session, il nous parlait de bureaucratie, de camisole de force. Voilà
un bel exemple pour changer la vie des gens puis les sortir de la rue, là, le
vrai monde.
Est-ce que le premier ministre peut donner
le mandat, là, là, là maintenant, devant nous, à sa ministre, de travailler en
collaboration avec mon collègue pour qu'il n'y ait plus de gens qui soient dans
la rue en 2026? J'aimerais l'entendre sur ça.
La Présidente
: La
réponse de la ministre.
Mme Caroline
Proulx
Mme Proulx : Oui, bien,
justement, en ce qui a trait, Mme la Présidente, au rapport, là, qui a été
déposé cette semaine, le rapport auquel fait référence la députée, la santé,
c'est complexe, là, Mme la Présidente, je pense que le ministre de la Santé le
sait, on ne peut pas juste regarder l'effet du logement comme étant un
indicateur de santé. Il y a des historiques, chez les personnes, qu'on doit
tenir en compte et uniquement ne pas les lier, donc, à l'effet du logement.
C'est extraordinairement important de préciser ça, Mme la Présidente.
Augmentation du revenu disponible, au Québec : plus de 20 %. Le
premier ministre l'a dit, il y a une augmentation significative de l'argent
dans les poches des Québécois.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Talon.
Mise en oeuvre des recommandations du rapport de la
Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la
santé et le développement des jeunes
M. Pascal Paradis
M. Paradis : L'année
dernière, c'est le Parti québécois qui, par des interventions publiques et ici,
en Chambre, a mis la question des écrans chez les jeunes dans nos priorités. De
nouveau, on aimerait tendre la main parce que ça demeure un problème de santé
publique, ça affecte notre jeunesse, et nous avons le devoir d'agir.
Dernièrement, ce sont les parents du
Québec qui ont pris les choses en main : deux demandes de recours collectif
devant les tribunaux sur les pratiques prédatrices qui visent nos jeunes sur
les réseaux sociaux, dans les jeux vidéo. En France, en Australie, on agit sur
la majorité numérique, en Europe aussi il y a un règlement qui vient d'être
adopté sur la protection des données personnelles en ligne.
Ici, au Québec, depuis six mois, on a le
rapport de la commission spéciale sur les écrans, qui contient plusieurs
recommandations. Il y a un consensus très fort au sein de cette Assemblée vers
ce rapport.
J'aimerais savoir du ministre de la
Justice s'il s'engage aujourd'hui à donner suite aux recommandations de la
commission spéciale sur les écrans.
• (10 h 50) •
La Présidente : La réponse de
la ministre responsable des Services sociaux.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Mme la
Présidente, écoutez, en fait, j'apprécie la question du député de Jean-Talon.
On est d'accord, on est d'accord que les jeunes passent trop de temps sur leurs
écrans, tout le monde est d'accord avec ça. Et puis on a agi, on a agi et, au
printemps 2024, on a tenu, c'est vrai, une commission parlementaire
spéciale, transpartisane, il faut le souligner, sur les impacts des écrans et
sur l'impact aussi des... sur l'impact des personnes, mais aussi sur le <développement...
Mme Bélanger : ...des écrans
et sur l'impact aussi des... sur l'impact des personnes, mais aussi sur le >développement
de nos jeunes.
On a mis en place des règles dans les
écoles depuis la dernière rentrée scolaire, puis il faut se réjouir de ça. Les jeunes
n'ont plus accès à leur cellulaire durant les périodes de cours jusqu'à la fin
de la journée, où les cours se terminent. Alors, on est d'accord avec ça. On a
été les premiers au Canada, d'ailleurs, à mettre en place cette façon de faire.
Ça fait que, oui, c'est intéressant, ce
qui se passe dans les autres pays. On va regarder... C'est évolutif, mais
faisons attention, aujourd'hui, là, de laisser sous-entendre qu'on n'a rien
fait. On a fait des choses, puis, dans les écoles, ça fait une différence. Les
jeunes sont contents de ça. On a des témoignages à tous les jours.
La Présidente
:
Première complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : C'est bien, la
mesure qu'on a adoptée ensemble sur l'interdiction du cellulaire dans les
écoles, mais je demande sur la suite des choses, parce qu'il y a plusieurs
autres recommandations, notamment en protection du consommateur, et là,
actuellement, les parents sont démunis. C'est eux qui vont devant les tribunaux
pour contester les pratiques prédatrices. Je vois la ministre du Tourisme qui a
présidé la commission.
J'aimerais savoir de sa part si elle
compte mettre en œuvre les recommandations de la commission, notamment sur la
majorité numérique, qui, comme la commission l'a indiqué, est une des clés des
futures actions.
La Présidente
: La
réponse de la ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Mme la
Présidente, comme on le fait toujours, on va tenir compte des recommandations
de cette commission qui a été fort appréciée. Il y a eu beaucoup de travail de
fait. Je veux saluer ma collègue, qui est actuellement ministre du Tourisme,
mais aussi tout le travail transpartisan. On est d'accord. On est d'accord. On
va regarder pour continuer de faire évoluer ces projets-là. Alors, il n'y a pas
de problème, Mme la Présidente, là. Il n'y a pas de problème, on s'est mis en
action. On le fait dans les milieux scolaires, au primaire, au secondaire, puis
on va continuer. Puis, sur la question de l'âge, bien, on pourra reprendre les
discussions éventuellement, Mme la Présidente.
La Présidente
:
Deuxième complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Je continue à
tendre la main, mais là la réponse, ce n'est pas qu'il n'y a pas de problème.
Il y a beaucoup de problèmes actuellement, et les parents du Québec nous le
disent. Ils ont été obligés d'aller eux-mêmes devant les tribunaux. Ils
demandent au gouvernement d'agir notamment sur la majorité numérique, et il y a
plusieurs autres mesures, par exemple, qui touchent les loteries en ligne. Ça,
c'est interdit dans le vrai monde, mais, parce que ça se passe dans des jeux
vidéo, on laisse nos enfants miser de l'argent dans des loteries. C'est ça
qu'on veut... C'est ce sur quoi on veut agir.
Je demande de nouveau au ministre :
Va-t-il...
La Présidente
: La
réponse de la ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Oui, Mme la
Présidente. Je pense que mon collègue député de Jean-Talon n'est pas content
que ce soit moi, là, qui réponde, mais je suis la... la ministre responsable
des Services sociaux.
J'ai à cœur le développement de nos
jeunes. Quand je disais tantôt qu'il n'y avait pas de problème, ce n'est pas
qu'il n'y a pas de problème avec les écrans. Je n'ai peut-être pas bien
complété ma phrase, mais il n'y a pas de problème avec ce que vous soulevez
aujourd'hui, qu'on puisse continuer de faire avancer les recommandations de la
commission. C'était dans ce sens-là, Mme la Présidente, que je voulais
m'exprimer. Puis c'est important, nos jeunes. On fait beaucoup de choses. On
travaille avec nos centres jeunesse, notamment. On travaille avec le milieu de
l'éducation. On travaille avec les experts dans le domaine de la jeunesse.
La Présidente
: En
terminant.
Mme Bélanger : On va continuer
de faire évoluer ce dossier-là pour l'avenir de nos jeunes puis éviter d'avoir
des conséquences sur leur développement.
La Présidente
:
Alors... (panne de son) ...député indépendant qui, malgré le délai, aura droit
à ses trois questions. Je préserve vos droits et privilèges, et je reconnais le
député de Saint-Jérôme en principale.
Modernisation de l'Hôpital régional de Saint-Jérôme
M. Youri Chassin
M. Chassin :
Merci, Mme la Présidente. Depuis que je suis élu, mon dossier numéro un, à
Saint-Jérôme, c'est l'hôpital.
Le plan clinique a été déposé par le CISSS
des Laurentides au ministère de la Santé en décembre 2017 parce qu'il fallait
répondre aux différents drapeaux rouges levés par Agrément Canada, la
Vérificatrice générale, même le service d'incendie de la ville. Une fois élu,
un premier échéancier m'a été présenté qui s'étalait sur neuf ans, cinq ans de
planification, d'analyse, de réflexion, de concertation puis d'approbation et
ensuite quatre ans de construction.
Neuf ans, ça m'apparaissait énorme, alors
que les signaux d'alarme se multipliaient et qu'il y avait urgence. Je me suis
débattu pour qu'on aille plus vite. Aujourd'hui, Mme la Présidente, l'ouverture
en 2027, je le prendrais, cet échéancier initial.
Quand les Laurentides auront-elles un
hôpital régional digne de ce nom?
La Présidente
: La
réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Oui, Mme la
Présidente. En fait, il est important de rappeler que le projet, premièrement,
de phase I est toujours inscrit au PQI, le projet de phase I pour
l'hôpital de Saint-Jérôme.
Maintenant, on a aussi inscrit au PQI la
phase II, et ça, c'est <important...
M. Dubé :
...on a
aussi inscrit la phase II, et ça, c'est >important, parce que,
souvent, il apparaît plus logique... il semble plus logique de faire deux
phases en même temps parce que ça permet de réduire les coûts. Alors, c'est
pour ça qu'il y a eu une décision qui a été prise, puis je pense que c'est la
bonne décision d'affaires, de mettre les deux projets ensemble pour voir si on
était capables de mieux réaliser le projet. Donc, au cours des prochaines
semaines, on va finaliser le PQI version 2026, c'est ce qui est en train
d'être préparé par mes collègues et préparé par Santé Québec, pour voir comment
ça s'inscrit, tout ça.
Je suis d'accord avec le député de Saint-Jérôme
que c'est un projet qui est prioritaire parce que c'est un hôpital qui est clé
dans la région, mais il faut comprendre qu'on essaie de le regarder de la façon
la plus optimale pour combiner la phase I et la phase II ensemble, si
c'est possible de le faire au meilleur coût possible. Merci.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Youri Chassin
M. Chassin :Dans la... la séquence, hein, il y avait effectivement une
première phase déposée par le gouvernement précédent, au départ, et nous, on ne
voulait pas nécessairement de phasage, on voulait un seul projet. C'est ce
qu'en mai 2019 la prédécesseure du ministre de la Santé est venue annoncer à
Saint-Jérôme, Mme McCann. Et ensuite on m'a dit : Est-ce qu'on peut
revenir à une première phase, ça va accélérer les choses?
Maintenant, c'est encore au PQI, mais
quand allons-nous avoir...
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, c'est un
petit peu ce que je disais tout à l'heure, Mme la Présidente. Il faut trouver
la façon la plus optimale avec les limitations que nous avons dans le PQI.
Je rappelle, je rappelle, Mme la
Présidente, pour que tout le monde comprenne bien, on met 19 milliards par
année en PQI pour l'ensemble du gouvernement. L'an dernier, on a mis juste un
petit peu plus que 3 milliards pour toute... pour tous les investissements
en santé. 3 milliards, ce n'est pas beaucoup lorsqu'on regarde qu'il y a
1 milliard qui va en maintien d'actif à cause de l'état de vétusté que
nous avons de nos différentes installations.
Alors, Mme la Présidente, Santé Québec
fait, en ce moment, un travail rigoureux d'analyse pour s'assurer qu'on va
mettre les dollars aux bons endroits, et Saint-Jérôme fait partie de ces
discussions.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Youri Chassin
M. Chassin :Là, Mme la Présidente, ce que je comprends, c'est qu'après
huit ans du plan clinique déposé on ne sait toujours pas quand... Je ne sais
pas si vous avez entendu une date, Mme la Présidente, pas moi. Je suis ouvert,
là. S'il faut que ça soit un projet d'envergure nationale prioritaire avec le
projet de loi n° 5 du ministre des Finances, on est prêts à ça, s'il faut
que ce soit la Caisse de dépôt qui le réalise, on est prêts à ça, mais on a
besoin de savoir quand.
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Infrastructures.
M. Benoit Charette
M. Charette : Mme la
Présidente, je peux rassurer le collègue, c'est un dossier qui avance.
Il référait à mai 2019, c'est le moment
retenu par le gouvernement pour annoncer une bonification du projet. Juillet
2021, le projet est mis en planification. Mars 2023, il y a un appel d'offres
pour les services professionnels d'architecture et d'ingénierie. On parle
dorénavant d'accueillir également le centre mère-enfant, le centre intégré de
cancérologie, mais également l'urgence ainsi que les unités de soins. Et, en
mars dernier, c'est ajouté au PQI. Et, comme le précisait mon collègue à la
Santé, on pourra, dans le cadre du prochain PQI, faire état de la mise à jour
du projet. Merci, Mme la Présidente.
• (11 heures) •
La Présidente : Alors, cela
met fin à cette période de questions et de réponses orales.
Demeurez en place pour la tenue du vote
reporté. Et, pour ce faire, je cède la place au troisième vice-président de
l'Assemblée nationale. Merci, tout le monde.
Votes reportés
Adoption du projet de
loi n° 14
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, comme annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au vote
reporté sur la motion de M. le ministre responsable des Institutions démocratiques
proposant que le projet de loi n° 14, Loi visant à renforcer l'intégrité
du vote dans le cadre des campagnes à la direction d'un parti politique et des
courses à l'investiture, soit adopté.
Le vote est maintenant ouvert.
...terminé. Mme la secrétaire <générale...
>
11 h (version révisée)
<17909
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
...est terminée. Mme la
secrétaire >générale.
La
Secrétaire : Pour : 96
Contre : 0
Abstentions : 0
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est adoptée. En conséquence, le projet de loi n° 14, Loi
visant à renforcer l'intégrité du vote dans le cadre des campagnes à la
direction d'un parti politique et des courses à l'investiture, est adopté.
Motions sans préavis
À la rubrique des motions sans préavis, M.
le premier ministre.
Nommer Mme Christine Roy Vérificatrice générale
M. Legault : Oui. Merci, M.
le Président. Je propose, après consultation auprès des partis de l'opposition
et des députés indépendants :
«Que, conformément aux articles 7 et 9
de la Loi sur le vérificateur général, madame Christine Roy, Vérificatrice
générale adjointe, soit nommée Vérificatrice générale pour un mandat de dix ans
à compter du 15 décembre 2025 et que ses conditions de travail soient
celles contenues dans le document ci-annexé que je dépose.»
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Je rappelle aux membres de l'Assemblée que, pour être adoptée, une motion
doit être approuvée par au moins les deux tiers des membres de l'Assemblée.
Elle doit donc être suivie d'un vote électronique. Je mets aux voix la motion
de M. le premier ministre, telle que lue précédemment. Le vote est maintenant
ouvert.
La période de vote est terminée. Mme la
secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 95
Contre : 0
Abstentions : 0
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
La motion est adoptée. Toujours à la rubrique des motions sans préavis, en
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis,
je reconnais un membre du deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de
Sherbrooke.
Demander au gouvernement d'étudier les
recommendations visant à renforcer l'accès à l'avortement
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante, conjointement avec la députée de Robert-Baldwin, la députée de
Terrebonne, la députée de Rimouski, la députée de Laporte et le député de
Rosemont :
«Que l'Assemblée nationale souligne la
publication, le 9 décembre dernier, du rapport Quand le consensus
vacille : état des lieux du mouvement contre l'avortement au Québec, une
enquête menée par une équipe de chercheurs dirigée par Véronique Pronovost, qui
a été financée par le Secrétariat à la condition féminine dans le cadre du Plan
d'action gouvernemental sur l'accès à l'avortement 2024‑2027;
«Qu'elle s'inquiète des constats de cette
enquête, notamment à l'effet que le mouvement antiavortement "met en
évidence une dynamique combinant entrisme, opportunisme politique et stratégies
de morcellement" dans l'objectif de restreindre l'accès à l'avortement;
«Qu'elle prenne acte de l'ensemble des
recommandations visant à renforcer l'accès à l'avortement et s'engage à les étudier.»
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : ...
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Un vote a été demandé. La période de vote est ouverte.
La période de vote est terminée. Mme la
secrétaire générale.
Le
Secrétaire : Pour : 94
Contre : 0
Abstentions : 0
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est adoptée. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Est-ce qu'une copie de cette motion peut être envoyée à la
Fédération du Québec pour le planning des naissances ainsi qu'aux cabinets du
ministre de la Justice et du premier ministre?
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Ce sera fait, M. le leader. La prochaine motion revient au membre du
troisième groupe d'opposition. Et, s'il vous plaît, j'aimerais avoir un peu
d'attention des collègues. La parole revient à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec la députée des Mille-Îles, le député de
Taschereau, la députée de Laporte et le député de Rosemont, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que la
destruction de biens propres à la consommation choque les Québécois;
«Qu'elle rappelle au gouvernement qu'en
vertu de l'article 53.29.1 de la Loi sur la qualité de l'environnement, il peut
limiter la génération de matières résiduelles et assurer leurs éventuelles
récupération et valorisation;
«Qu'en conséquence, l'Assemblée nationale
demande au gouvernement d'utiliser les pouvoirs réglementaires à sa disposition
pour mettre fin au gaspillage de biens propres à la consommation.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Donc, je disais : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Mme LeBel : ...M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement. Et la prochaine motion revient au
gouvernement, et je cède la parole à M. le ministre de la Sécurité publique.
Reconnaître la pertinence de mieux informer la
population sur certains délinquants sexuels à risque élevé de récidive
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin
de présenter la motion suivante conjointement avec le député d'Abitibi-Est, le
député de Saint-Jérôme et la députée de Laporte :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse la
pertinence de mieux informer la population sur certains délinquants sexuels à
risque élevé de récidive lors de leur remise en liberté.»
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Mme LeBel : Il y a
consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Consentement, sans débat. Cette motion est-elle adoptée?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Un vote électronique a été demandé. La période de vote est ouverte.
...est terminée. Mme la secrétaire
générale.
La
Secrétaire : Pour : 94
Contre : 0
Abstentions : 0
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est adoptée. Et la prochaine motion revient à l'opposition
officielle, et je reconnais Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le député de Taschereau, le député des
Îles-de-la-Madeleine et le député de Rosemont :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte du
consensus qui s'est dégagé des consultations particulières sur la cible de
réduction des émissions de gaz à effet de serre quant au fait qu'il n'est pas
souhaitable de diminuer la cible actuelle ou d'en reporter l'atteinte dans le
temps.»
• (11 h 10) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Mme LeBel : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement. Et il y a une autre motion. Cette fois-ci, je
reconnais M. le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de
cette Assemblée pour déposer la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse que
l'agrandissement et la modernisation de l'Hôpital régional de Saint-Jérôme est
un projet prioritaire pour la région des Laurentides;
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse les
nombreuses étapes franchies dans l'avancement de ce projet et prenne acte de la
volonté du gouvernement de réaliser le projet.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, je comprends qu'il n'y a pas de consentement? Il n'y a pas de
consentement.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
OK, parfait. Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 12)
(Reprise à 11 h 13)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, je cède la parole à Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme LeBel : Ça va aller pour
le texte. De notre côté, il y a consentement, sans débat.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les
travaux des commissions
Alors, ce qui nous amène à la prochaine
rubrique des avis touchant les travaux des commissions. Mme la leader adjoint
du gouvernement.
Mme LeBel : ...M. le
Président, la Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 7, Loi visant à réduire la bureaucratie, à accroître
l'efficacité de l'État et à renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires,
aujourd'hui, après les affaires courantes...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il vous plaît, collègues, les travaux sont en cours, je vous demande de
quitter discrètement, s'il vous plaît, en étant moins bruyants. Mme la leader
adjointe du gouvernement.
Mme LeBel : ... — donc,
je poursuis, M. le Président — aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission des institutions poursuivra
les consultations générales et auditions publiques sur le projet de loi n° 1, Loi
constitutionnelle de 2025 sur le Québec, aujourd'hui,
après les avis touchant les travaux des commissions jusqu'à 12 h 45,
à la salle Marie-Claire-Kirkland, et de 15 heures à 17 h 30, et
de 19 h 30 à 21 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de l'économie et du travail
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 3, Loi visant à améliorer la transparence,
la gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu
de travail, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de
19 h 30 à 22 h 30, à la salle Pauline-Marois; ensuite,
La Commission des finances publiques
entreprendra l'étude détaillée du projet de loi n° 111, Loi modernisant la
Loi sur les coopératives et modifiant d'autres dispositions, aujourd'hui, de
19 h 30 à 22 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la leader adjointe du gouvernement.
Pour ma part, je vous avise que la
Commission des relations avec les citoyens se réunira en séance de travail
aujourd'hui, de 13 heures à 13 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse de la pétition portant sur le maintien du Programme de
l'expérience québécoise.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. Mme la leader
adjointe du gouvernement.
Mme LeBel : Oui. M. le
Président, je vais vous demander d'appeler l'article 14 du feuilleton,
s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 109
Adoption
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
À l'article 14 du feuilleton, M. le ministre de la Culture et des
Communications propose l'adoption du projet de loi n° 109, Loi affirmant
la souveraineté culturelle du Québec et édictant la Loi sur la découvrabilité
des contenus culturels francophones dans l'environnement numérique. Je
reconnais, comme première intervention, M. le député de Côte-du-Sud.
M. Mathieu Rivest
M. Rivest : M. le Président, vous
savez, aujourd'hui, c'est avec un grand enthousiasme que je prends la parole
devant vous aujourd'hui pour... parce que nous sommes rendus à un moment... une
toute dernière étape de cheminement du projet de loi n° 109 affirmant la
souveraineté culturelle du Québec et édictant la Loi sur la découvrabilité des
contenus culturels francophones dans l'environnement numérique.
J'ai plusieurs remerciements à faire à
l'endroit de toutes les personnes qui ont contribué à l'élaboration de ce
projet de loi. D'abord, je remercie les équipes du ministère de la Culture et
des Communications ainsi qu'à celle de la Justice, de même qu'aux différents
organismes sous leur responsabilité. Un grand merci également aux membres du
Comité-conseil sur la découvrabilité des contenus culturels, Mme Louise
Beaudoin, M. Clément Duhaime, Mme Véronique Guèvremont et M. Patrick
Taillon. Les conclusions de leur rapport, La souveraineté culturelle à l'ère
numérique, ont grandement nourri les réflexions de la préparation du
présent projet de loi.
Merci aussi à toutes les personnes et aux
organisations qui ont participé à la consultation, à l'été 2024, en vue de
l'élaboration du cadre législatif et à celles qui ont déposé des mémoires et
pris part aux consultations particulières qui se sont déroulées fin octobre.
Enfin, un grand merci aux membres de la Commission de la culture et de
l'éducation, aux collègues parlementaires, tant du gouvernement que de celui
des partis de l'opposition.
Avec ce projet de loi qu'on a aujourd'hui
entre les mains, fin prêt à être adopté, le Québec est sur le point d'avoir
enfin à sa disposition un levier majeur pour l'avenir de notre culture. C'est
un geste fort qu'on pose, un geste législatif qui fait à la fois figure de
symbole et de poignée juridique. Je souligne également le travail de mon
collègue et la fierté qui m'anime à l'égard de Mathieu Lacombe, ministre de la
Culture et des Communications, pour cette pièce législative qui a tout le
potentiel de jouer un rôle déterminant pour la vitalité de la culture
québécoise et le français au Québec. Grâce à la contribution des intervenants
aux consultations et à la collaboration des membres de la commission lors de
l'étude détaillée, nous sommes aujourd'hui face au meilleur projet de loi qu'il
était possible d'avoir et qui, je l'espère, obtiendra l'appui de cette
Assemblée.
Ce projet de loi comporte deux volets, M.
le Président. D'une part, il vise à introduire, dans la Charte des droits et
libertés de la personne, le droit à la découvrabilité des contenus culturels
d'expression originale de langue française et à l'accès à ces contenus. D'autre
part, il prévoit édicter la Loi sur la découvrabilité numérique, offrant un
service de visionnement en ligne de contenu audiovisuel et d'écoute en ligne,
même chose, par les fabricants de téléviseurs et d'appareils destinés à être
connectés à un téléviseur comportant une interface permettant de visionner du
contenu audiovisuel en ligne.
Une de ces principales modifications
apportées pendant l'étude détaillée est le retrait de l'exclusion des médias
sociaux, en réponse à plusieurs craintes, très légitimes d'ailleurs,
manifestées notamment par les gens du milieu. On s'est arrangés derrière... on
s'est rangés, dis-je, devant leurs arguments, l'objectif étant de s'assurer que
le cadre législatif soit équitable et d'éviter les possibilités de contournement
de la loi par les plateformes, qui pourraient, par exemple, être tentées
d'intégrer des fonctionnalités avec les médias sociaux. Il faut toutefois
rappeler que le gouvernement ne vise pas les contenus partagés par les citoyens
à titre personnel, les interactions entre les utilisateurs et les médias
sociaux n'offrant pas de service de visionnement ou d'écoute de contenu
culturel.
• (11 h 20) •
Ensuite, le projet de loi n° 109
propose que les plateformes numériques concernées, c'est-à-dire celles qui répond...
qui répondraient aux critères déterminés par le gouvernement... qu'il y ait
l'obligation de s'enregistrer auprès du ministère de la Culture et des
Communications. Les plateformes et les fabricants visés seraient, par ailleurs,
tenus d'offrir sur le territoire québécois une interface qui puisse être
aisément configurée en français, selon les conditions déterminées par règlement
par le gouvernement. Dans le même esprit, les fabricants concernés seraient
aussi soumis à des conditions et à des modalités qui les obligeraient à offrir
l'accès et à mettre à l'avant-plan les plateformes de visionnement de Télé-Québec,
de la Société Radio-Canada et de TV5 Québec Canada, notamment.
L'adoption du projet de loi n° 109
amènerait, de plus, la création du Bureau de la découvrabilité des contenus
culturels, qui serait sous la responsabilité du ministre de la Culture et des
Communications. Cette instance aurait la responsabilité de veiller au respect
de la loi et disposerait de pouvoirs d'inspection, d'enquête et de sanctions
pécuniaires. Quant au ministre, il serait tenu à faire un rapport au
gouvernement, au moins tous les trois ans, de... pardon, de l'évolution et de
la présence de la découvrabilité et de la consommation des contenus culturels
d'expression originale de langue française dans l'environnement numérique. Il
serait également autorisé à conclure une entente avec une plateforme numérique
qui pourrait se prévaloir de mesures de substitution ou obligation... aux
obligations de la loi à ces règlements.
Je réitère que notre approche se veut
proportionnée, souple, évolutive. C'est important de le préciser. Aussi, le
gouvernement aurait la capacité de déterminer la quantité ou la proportion de
contenus culturels d'expressions originales de langue française et les
obligations en matière de découvrabilité de ces contenus, notamment de
recommandations de mise en valeur ou d'affichage. Et ce serait aussi à lui
d'établir les critères permettant de déterminer ce qui constitue le contenu
culturel d'expression originale de langue française. Voilà, M. le Président,
pour les grandes lignes du projet de loi n° 109.
Vous le savez, ce projet de loi tient
énormément à cœur à beaucoup de gens. Je souhaite vraiment que son adoption
puisse avoir un effet sur les habitudes de consommation de contenu culturel des
Québécoises et des Québécois, notamment auprès des jeunes. Il repose sur un
travail consciencieux et de longue haleine de près de deux ans et demi,
notamment des équipes du ministère de la Culture et des Communications, avec la
collaboration d'experts, de juristes et d'acteurs du milieu.
D'ailleurs, je suis ravi de voir que ce
qu'on propose dans ce projet de loi a trouvé d'importants appuis dans le milieu
culturel, qui serait le premier à en bénéficier. Plus largement, la future loi
pourrait permettre au Québec de demeurer un meneur en matière de découvrabilité
dans la Francophonie et de contribuer au mouvement international pour garantir
le respect des spécificités culturelles et de la diversité linguistique des
nations.
Nous ne le dirons jamais assez, l'avenir
de notre culture et de notre langue dépend pour beaucoup de la volonté des
générations actuelles et à venir à les transmettre. Pour ça, au départ, il faut
absolument qu'on y ait facilement accès, entre autres, à partir de nos écrans,
qu'on puisse connaître les excellentes productions et les artistes créateurs et
créatrices d'ici. Ce n'est rien de moins qu'un droit à notre culture et à sa
mise en avant dans l'espace numérique que nous faisons concrètement valoir avec
le projet de loi n° 109.
M. le Président, ce projet de loi très
ambitieux, qui a du mordant, pourrait avoir un effet direct sur la mise en
valeur et le rayonnement de notre culture et la préservation de notre langue.
J'invite donc l'Assemblée nationale à adopter le projet de loi n° 109, Loi
affirmant la souveraineté culturelle du Québec et édictant la Loi sur la
découvrabilité des contenus culturels francophones dans l'environnement
numérique. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Côte-du-Sud.
J'en profite pour faire un rappel à tous
les collègues qu'on appelle les autres collègues par leur titre. Donc, merci.
Et je poursuis... nous poursuivant ce
débat. Je reconnais, cette fois-ci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. À mon tour de prendre la parole lors de l'adoption du projet de loi
n° 109, Loi affirmant la souveraineté culturelle du Québec et édictant la
Loi sur la découvrabilité des contenus culturels francophones dans
l'environnement numérique.
Permettez-moi, afin de ne pas les omettre,
M. le Président, de commencer cette allocution avec les remerciements finaux.
Donc, je tiens à remercier l'ensemble des parlementaires qui ont travaillé sur
ce projet de loi, nos équipes respectives. Encore une fois, de mon côté,
puisqu'il s'agissait donc de son deuxième projet de loi, mais, disons, donc, de
son premier projet de loi assez volumineux, mon recherchiste, M. Benjamin Roy.
Je tiens aussi à remercier ma stagiaire de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant,
Alice Lecomte. Donc, tous les deux m'ont accompagnée dans ce travail qui s'est
réalisé de façon minutieuse et rigoureuse. Je les en remercie.
Je remercie l'ensemble des membres de la
commission, le secrétariat, les professionnels du ministère de la Culture et
des Communications qui... et des professionnels du ministère de la Justice
également qui ont pu répondre à mes nombreuses questions afin de rendre le...
de faire en sorte que le contenu de ce projet de loi soit le plus bonifié
possible, qu'il soit à la hauteur de nos aspirations communes et collectives,
M. le Président.
Donc, vous aurez compris qu'en fonction de
la teneur de mes remerciements, qu'il s'agit, encore une fois, d'une commission
parlementaire, d'un travail qui s'est réalisé dans le... dans un esprit de
collaboration, et, encore une fois, donc, j'en remercie le ministre et
l'ensemble des collègues.
Puisqu'il s'agit de la dernière prise de
parole à l'égard du projet loi n° 109, je tiens aussi à remercier les
groupes qui étaient présents en commission, en consultations
particulières : Mme Véronique Guèvremont... Pre Véronique Guèvremont,
membres du Comité-conseil sur la découvrabilité des contenus culturels, donc,
qui ont également, donc, été remerciés, professeurs titulaires à la Faculté de
droit de l'Université Laval; Pr Patrick Taillon, professeur de droit à
l'Université Laval; le Laboratoire de recherche sur la découvrabilité et les
transformations des industries culturelles à l'ère du commerce électronique;
l'Observatoire de la culture et des communications du Québec; le Commissaire à
la langue française; l'Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec;
l'Union des artistes; la Fédération nationale des communications et de la
culture; l'Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de
la vidéo, l'ADISQ; l'Association des créatrices et créateurs de contenus du
Québec; l'Association québécoise de la production médiatique; l'Association des
professionnels de l'édition musicale; Québecor Média; et la Société
professionnelle des auteurs-compositeurs du Québec et des artistes
entrepreneurs.
Je tiens aussi à souligner, donc, les
autres groupes qui nous ont déposé des mémoires : l'Association cinématographique
du Canada, Bell Média, le Protecteur du citoyen, la Société de télédiffusion du
Québec, donc Télé-Québec, et TV5 Québec Canada.
Je prends aussi le moment, donc, de
remercier, pour avoir pris acte, donc, de l'importance du travail qui était
réalisé, les... bon, disons, les associations représentatives aux propriétaires
de différentes plateformes numériques. Je pense que dans le cadre des échanges
que nous avons formulés, donc, des différentes prises de parole, nous avons été
fermes quant aux objectifs qui sont partagés ici d'élaboration, donc, d'une
politique de souveraineté culturelle, donc, qui s'étend à l'environnement
numérique. Mais, tout de même, donc, ces groupes, donc, ont tenu... ont pris
acte de cette volonté du législateur québécois et ont fait valoir leur voix en
déposant des mémoires : la Digital Media Association, représentant Amazon,
Spotify et Apple, Google Canada, YouTube et Netflix.
• (11 h 30) •
Je remerciais plus tôt... Je soulignais,
en fait, plus tôt, l'esprit de convivialité dans lequel les échanges se sont
déroulés tout au cours du processus d'adoption du projet de loi n° 109.
Et, dans ce cadre, M. le Président, j'ai eu l'occasion de présenter moi-même,
de déposer quatre amendements qui ont tous été adoptés, tant des amendements,
donc, portant, donc, tant sur le fond que sur la forme. Donc, j'aurai peut-être
l'occasion d'y revenir, donc, à la fin de cette prise de parole.
Maintenant, M. le Président, sur le
principe, parce que nous en arrivons, donc, à l'adoption finale du projet de
loi n° 109, je commence, donc, cet aspect de la prise de parole en disant,
M. le Président, que la culture, au Québec, c'est ce qui nous distingue, c'est
ce qui nous rassemble, c'est ce qui nous fait vibrer comme peuple. C'est donc
sans surprise que le concept de souveraineté culturelle est... a jalonné notre
histoire politique, dont celle du Parti libéral du Québec. Que l'on pense à
l'importance qu'accordait Georges-Émile Lapalme aux Affaires culturelles,
Georges-Émile Lapalme, donc, étant, donc, le créateur du ministère des Affaires
culturelles, qui croyait, dans le gouvernement Lesage, qu'il nous importait de
nous intéresser, donc, à cette compétence, disons, plutôt intangible, mais qui
fait toute la force et le... et toute la distinction, donc, de notre société
québécoise, que l'on pense à lui ou que l'on pense, bien évidemment, donc, à
Robert Bourassa, qui, le premier, enchâssait comme principe la capacité du
Québec à être le maître d'œuvre de sa culture sur son territoire, depuis ces...
depuis, donc, ces moments, donc, d'innovation politique, et de prise de parole,
et de création, donc, de concepts, donc, qui nous définiraient, donc, pour les
50 à 60 années subséquentes, bien, le Québec a toujours partagé, à travers,
donc, ses différents gouvernements successifs, cet objectif de mettre de
l'avant notre souveraineté culturelle.
D'ailleurs, donc, cinq anciens ministres
de la Culture l'ont rappelé lors d'une lettre ouverte, donc, qui a été publiée
dans Le Devoir en début de semaine. Donc, cinq anciens ministres,
donc, de la Culture, donc, ont rappelé que ce pouvoir a toujours été un
objectif partagé par tous les gouvernements du Québec, et trois, donc, de ces
ministres qui l'indiquaient, donc, étaient des ministres libérals, M. le
Président. Je parle ici de Mme Liza Frulla, de Mme Christine St-Pierre et de
Mme Hélène David.
Donc, vous aurez compris, M. le Président,
que sans surprise, donc, au Parti libéral du Québec, le fait d'affirmer, donc,
à travers une loi... de réaffirmer, plutôt, donc, à travers le projet de loi
n° 109, le principe de souveraineté culturelle, bien, ça fait partie de
notre ADN, comme formation politique, et ça fait partie de notre vision du
fédéralisme.
À ce stade-ci, M. le Président, vous me
permettrez de <paraphraser la doctrine...
>
11 h 30 (version révisée)
<19261
Mme
Cadet :
...du fédéralisme.
À ce stade-ci, M. le Président, vous me
permettrez de >paraphraser la doctrine Gérin-Lajoie. Lorsque nous
entamions l'étude détaillée du projet de loi, j'ai eu l'occasion, donc, de le
souligner au ministre, et il était d'accord, donc, avec le parallèle que j'émettais.
Donc, je me permettrai, donc, à l'occasion de ces remarques finales, de le
citer à nouveau et de mettre de l'avant, donc, le discours qui a été prononcé
par M. Paul Gérin-Lajoie, donc, ancien ministre libéral, ancien ministre
de l'Éducation, devant le corps consulaire de Montréal, le 12 avril 1965,
qui s'exprime ainsi en parlant de ce qui allait devenir la doctrine
Gérin-Lajoie :
«Le Québec n'est pas souverain dans tous
les domaines : il est membre d'une fédération. Mais il forme, au point de
vue politique, un État. Il en possède tous les éléments : territoire,
population, gouvernement autonome. Il est, en outre, l'expression politique
d'un peuple qui se distingue, à nombre d'égards, des communautés anglophones
habitant l'Amérique du Nord.
«Le Québec a, sur ce continent, sa
vocation. La plus nombreuse des communautés francophones hors de France, le
Canada français, appartient à un univers culturel dont l'axe est en Europe et
non en Amérique. De ce fait, le Québec est plus qu'un simple État fédéré parmi
d'autres. Il est l'instrument politique d'un groupe culturel distinct et unique
dans la grande Amérique du Nord.
«Dans cette optique, il était désirable de
favoriser le prolongement des aspirations des spécificités du Québec à l'extérieur
de ses frontières.»
Donc, vous connaissez la doctrine
Gérin-Lajoie, M. le Président. Donc, c'est la doctrine qui... affectueusement,
qu'on nomme... en fait, affectueusement, donc, quand on se rappelle la doctrine
Gérin-Lajoie, donc, on se dit : Bien, ce qui est de compétence chez nous,
bien, est de compétence également à l'extérieur de chez nous.
Donc, en... en mettant, en posant ce fait,
M. le Président, donc, je disais, donc, lorsque nous entamions, donc, l'étude
détaillée du projet de loi, qu'effectivement, donc, ce qui est de compétence
chez nous, donc, dans le monde concret, dans le monde réel l'est aussi dans le
monde numérique. Donc, à mon sens, un projet de loi, donc, réaffirmant, donc,
la souveraineté culturelle, donc, affirmant la souveraineté culturelle du
Québec et édictant la Loi sur la découvrabilité des contenus culturels
francophones dans l'environnement numérique, est le prolongement de tout ce que
nous avons fait au cours des cinq, six, sept dernières décennies comme nation,
comme société distincte, afin de veiller à nos propres intérêts sur le plan
culturel et à nous assurer de se mettre à jour dans nos façons de pouvoir
exercer ces pouvoirs et ces compétences qui sont les nôtres. C'est dans cet
esprit que le Parti libéral du Québec, donc, est donc en faveur du projet de
loi n° 109.
Et, d'un point de vue plus personnel, M.
le Président, je vous... je vous indique à quel point, donc, pour nous, donc,
de se... de se mettre à jour... Hier, je disais, lors de l'adoption de la prise
en considération... lors d'un discours sur la prise en considération du rapport
de la commission, que nous étions rendus là, que c'est effectivement, donc... c'est
effectivement, donc, le cadre dans lequel nous devons, donc, analyser les
dispositions qui se trouvent dans le projet de loi n° 109.
Avant de me lancer en politique, M. le
Président, comme consommatrice, grande consommatrice de nos biens culturels,
notamment, donc, ceux du secteur de l'audiovisuel et ceux, donc, de l'industrie
musicale également, donc, du domaine de la musique, je constatais, j'étais à
même de constater, comme membre de la génération Y également, que nous
étions à un tournant, M. le Président, que nous en étions, donc, à un moment de
notre... oui, donc, notre histoire politique, là, mais surtout, donc, de notre
conception de notre univers culturel québécois, où il était, à mon sens, d'importance
d'agir afin que les prochaines générations puissent à leur tour s'approprier nos
biens culturels, se reconnaître dans tout ce que nous créons, au petit comme au
grand écran, comme à travers, donc, notre univers musical, mais qu'elles puissent
se dire : Cette musique-là, ces émissions, ces films, tout ce qui... tout
ce qui nous fait vibrer et nous fait rayonner, bien, que ces éléments-là, donc,
nous appartiennent aussi et que c'est notre responsabilité, donc, de pouvoir
les consommer, mais pas juste... je dis «des responsabilités», mais pas juste
parce que c'est la chose à faire, mais c'est parce que c'est la chose, donc, qu'on
a envie de faire, parce que ça nous fait véritablement vibrer.
Bien évidemment, les statistiques, au
cours des dernières années, nous ont montré qu'en raison, donc, des différents
supports techniques et technologiques sur lesquels nous avons commencé à
consommer, donc, des... différents biens culturels au cours des cinq, 10, 15 dernières
années, de facto nous nous sommes retrouvés, donc, à un moment où les membres
des plus jeunes générations n'étaient peut-être plus à même d'avoir les mêmes
repères que ceux des générations précédentes quant à leur capacité, donc, à
pouvoir, donc, <visionner...
Mme Cadet :
...d'avoir
les mêmes repères que ceux des générations précédentes quant à leur capacité,
donc, à pouvoir, donc, >visionner différents contenus culturels,
visionner et écouter différents contenus culturels. C'est donc, à mon sens, un
pas important que nous faisons, dans la continuité, donc, de ce que nos
prédécesseurs en cette Assemblée, en cette enceinte, donc, ont voulu édicter
comme principe, de nous assurer et de veiller à ce que les générations futures
puissent, elles aussi, à leur tour, être en mesure de consommer ces biens
culturels et de pouvoir s'y identifier.
C'est donc dans cet esprit que le projet
de loi n° 109, d'une part, donc, crée un nouveau droit, celui à la
découvrabilité, donc, dans la charte québécoise des droits et libertés, donc,
une charte également, donc, déposée sous le gouvernement libéral de Robert
Bourassa, qu'il assujettit les plateformes numériques, tout comme les
fabricants de téléviseurs et d'appareils connectés, donc, à ces nouveaux
principes. Donc, essentiellement, donc, les plateformes comme les
téléviseurs... comme, pardon, les fabricants, donc, de téléviseurs et
d'appareils connectés, donc, devront, donc, se conformer au projet de loi n°
109. Du côté des plateformes, elles devront s'enregistrer et répondre, donc, à
différentes obligations de mise de l'avant de nos contenus, du contenu qui est
façonné, créé, donc, par nos créateurs et nos artisans d'ici, et s'assurer
qu'il y en ait un certain contenu minimal, lorsque c'est approprié, selon le
modèle d'affaires de l'entreprise.
Au niveau des fabricants de téléviseurs,
bien, vous savez, M. le Président, donc, vous êtes probablement, donc, aussi un
grand télévore, comme je le suis, eh bien, de nos jours, donc, les téléviseurs,
donc, viennent avec différentes interfaces où on voit, donc, les grandes
plateformes américaines, donc, qui... dont les pastilles, donc, se retrouvent
mises à l'avant-plan. Donc, le projet de loi, donc, permettrait aussi de faire
en sorte que nos propres pastilles, que les pastilles, donc, de nos plateformes
d'ici se retrouvent sur... mises en valeur dès lors, là, que l'on allume notre
téléviseur et qu'on essaie, donc, de naviguer. Par le passé, on parlait de
zapper. Je pense qu'aujourd'hui les jeunes et les moins jeunes ont pris
l'habitude d'apper entre ces différentes pastilles. Donc, le projet de loi,
donc, permettra que, de facto, nos plateformes d'ici soient... soient mises en
valeur ou que ce soit facilité, donc, pour les gens, donc, qui souhaitent que
ces plateformes-là soient mises en valeur, de l'installer, là, parce qu'en ce
moment, donc, ça peut être très, très complexe. Donc, c'est ce que nous... nous
sommes venus affirmer lors de l'étude détaillée de ce projet de loi.
• (11 h 40) •
Je tiens aussi à souligner, M. le
Président, l'amendement qui a été déposé, donc, je voulais passer un
amendement, donc, que nous souhaitions, donc, déposer, mais que le ministre,
donc, l'a fait, donc, de son plein gré, donc, à la suite des consultations
particulières. Je vous nommais tous les groupes qui sont venus en commission
parlementaire. C'était unanime, M. le Président, tout le monde nous
disait : Il faut enlever, donc, l'exception qui concerne les médias
sociaux, parce que, bien, bien évidemment, donc, on parle d'un environnement
qui évolue très vite, d'un environnement où les... Aujourd'hui, donc, un média
social... peut-être que, dans notre définition d'un média social, on pense à
une plateforme où les utilisateurs, donc, sont ceux qui génèrent, donc, du
contenu, disons, non professionnel, mais on sait très bien que plusieurs de ces
plateformes diffusent aussi du contenu dit professionnel. Et donc l'objectif,
donc, de cet amendement-là n'était pas, donc, de viser, donc, le contenu que
vous et moi, donc, nous pouvons publier comme ça, donc, à des fins personnelles,
mais bien, donc, le contenu, donc, qui est présenté, donc, par différents,
donc, producteurs sur ces dites plateformes, donc, de médias sociaux. Donc, je
souligne, donc, le fait que le fruit de notre travail, au cours des dernières
semaines, donc, a permis d'amender le projet de loi afin de répondre, donc, à
des éventualités prochaines, permettant, donc, aux plateformes de médias
sociaux, donc, d'évoluer, et, à ce moment-là, donc, le projet de loi, donc,
aurait déjà été désuet.
Bien évidemment, sur le fond de ce que
présente le projet de loi, je l'ai dit lors de mes remarques préliminaires, M.
le Président, il était important pour nous que ce projet de loi soit plus
qu'une... que l'affirmation d'une intention politique, mais que le projet de
loi, donc, puisse véritablement permettre d'atteindre, donc, ces résultats,
donc, qui sont demandés par l'ensemble de l'industrie, par l'ensemble des
acteurs de l'industrie culturelle, qui nous ont appuyés dans notre travail de
législateurs. Mais donc il y a quand même, donc, plusieurs éléments de ce
projet de loi là, donc, qui vont découler de règlements. Je rappelle que
beaucoup de travail reste à faire, quand même, donc, pour tout ce qui entoure
la découvrabilité, à travers ces règlements, mais, quand même, donc, la pièce
qui est déposée aujourd'hui, donc, la pièce législative sur laquelle nous avons
travaillé, est un des morceaux du casse-tête, donc, qui nous mènera, je <l'espère...
Mme Cadet : ...qui est
déposé aujourd'hui. Donc, la pièce législative sur laquelle nous avons
travaillé est un des morceaux du casse-tête, donc, qui nous mènera, je >l'espère,
et je l'espère énormément, à que... à affirmer, donc, cette... à réaffirmer
cette souveraineté culturelle et à faire en sorte que notre écosystème culturel,
qui est, aujourd'hui, fragilisé, soit fortifié à travers chacune des étapes qui
vont suivre.
Au cours des consultations, on nous a
beaucoup parlé et reparlé, donc, du rapport du GTAAQ, du Groupe de travail sur
l'avenir de l'audiovisuel au Québec, donc, un rapport qui a été mené par
Monique Simard et Philippe Lamarre, qui ont consulté l'ensemble des acteurs de
l'écosystème audiovisuel au Québec. À mon sens, ici, il y a un élément, un
élément important, mais un élément, donc, qui nous permet d'avancer dans la
concrétisation, donc, de ce rapport, mais, comme je le disais, donc,
certainement, donc, beaucoup de travail demeure à faire, et, de notre côté, au
Parti libéral du Québec, donc, vous pouvez entendre, M. le Président, que nous
ferons tout ce qui est en notre possible pour pousser, donc, les
recommandations qui se trouvent dans ce rapport, et affirmer, et faire en
sorte, donc, de mieux protéger et promouvoir les acteurs de notre écosystème
culturel.
C'est donc sur... Après, donc, ces
éléments plus techniques, M. le Président, c'est donc sur ces mots, donc, que
je... que je termine cette prise de parole à l'égard de l'adoption finale du
projet de loi n° 109. J'ai le temps de revenir sur un des amendements que
j'avais proposés, M. le Président. Je vous le disais d'emblée, on a eu la
chance de pouvoir tenir des consultations et, par la suite, donc, une étude
détaillée d'un projet de loi dans une atmosphère conviviale, constructive, où
les recommandations, donc, qui ont été émises ont bien souvent été entendues,
puis je pense que c'est important de l'affirmer et de le reconnaître lorsque
c'est le cas, parce que ce n'est pas toujours le cas, mais, lorsque c'est le
cas, c'est important de l'affirmer.
Et, alors que nous adoptions, donc, le
préambule du projet de loi, l'un des considérants initiaux se lisait
ainsi : «Considérant que les contenus culturels visionnés, écoutés ou lus
par les jeunes d'aujourd'hui influeront sur leur développement et sur leur
attachement à la nation québécoise et à sa culture.» Et, à mon sens, il est
important pour moi qu'on modifie ce considérant-là, puisqu'on affirmait, donc,
de façon beaucoup plus générale ce qui devrait se retrouver, donc, dans ce...
dans ce projet de loi, qui... qui comprend, donc, une disposition
prépondérante. Donc, vous comprendrez qu'on lui octroie, donc, un statut
déterminant et excessivement important, puis, je me disais, bien, je pense que
c'est important que ce considérant-là aille comme suit... plutôt comme
suit : «Considérant que les contenus culturels visionnés, écoutés ou lus
par les jeunes influent sur leur développement et leur attachement à la nation
québécoise et à sa culture.»
J'ai beaucoup parlé des artisans, de ceux
qui nous écoutent, de ceux qui créent du contenu qui nous éblouit depuis plus
de 50 ans, M. le Président, mais ces artisans-là le font pour un public.
Ils le font, oui, bien sûr, parce que c'est un peu leur vocation, parce que
vivre de leur art leur permet d'exprimer qui ils et elles sont, mais ils le
font aussi et surtout... Et j'ai eu l'occasion, donc, de les.... de les
rencontrer, d'échanger avec eux dans le cadre de mes fonctions de porte-parole
en matière de culture et de communication, M. le Président, et ce qui me
touche, c'est que j'entends surtout de la part de nos artisans qu'ils créent ce
contenu-là parce qu'ils souhaitent que le public... que nous soyons éblouis,
émerveillés, touchés par ce qu'ils créent, et ce public, bien, ça comprend
aussi les jeunes, et, à mon sens, ça comprend surtout les jeunes.
Je le disais d'emblée, je pense qu'un
projet de loi comme celui-ci permettra, donc, à des générations futures de
jeunes d'être exposées, donc, à ces créations et de s'y identifier, mais je
pense aussi que c'est important, donc, qu'elles le soient tout autant que les
générations précédentes. Donc, c'est pour ça que, pour moi, c'était important
d'élargir, donc, la portée de cet amendement que l'on retrouve dans le
préambule du projet de loi.
Et, vous savez, M. le Président, je suis
aussi porte-parole en matière d'éducation. Donc, je ne le dis pas à la légère,
quand j'affirme que la culture, même plus que l'école, est notre liant social
et ce qui permet à chaque enfant québécois de se reconnaître dans cet
écosystème et de faire société les uns avec les autres. Et, oui, si, à l'école,
on... Et je suis aussi porte-parole en matière de langue française. Donc, si,
oui, à l'école, on nous... on apprend, donc, à l'ensemble des enfants québécois
à maîtriser notre <langue...
Mme Cadet :
...école, on nous... on apprend, donc, à l'ensemble des enfants québécois à
maîtriser notre >langue et à en défricher les codes, c'est à travers la
culture que nos enfants, donc, se décident de tomber en amour avec notre langue
et d'à leur tour la faire vibrer dans leurs environnements respectifs.
Donc, si nos enfants, si nos jeunes, donc,
ont accès, sur les plateformes sur lesquelles ils sont déjà aujourd'hui, à
notre culture, bien, c'est certain que, tout comme les jeunes des générations
précédentes, ces contenus culturels influeront sur leur développement et sur
leur attachement à la nation québécoise et à sa culture, comme ça a été le cas
pour moi, M. le Président. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Et je reconnais maintenant M. le
député de Jean-Lesage.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, M. le
Président. Alors, le projet loi n° 109, qui va être
adopté, est un bon projet de loi. C'est un projet de loi pour lequel on va
voter, un projet de loi qui va probablement explorer le maximum de ce qu'une
province canadienne peut faire pour protéger la culture, sa culture, la culture
québécoise dans le cas qui nous concerne.
Toutefois, évidemment, c'est un projet de
loi qui est insuffisant pour protéger véritablement la culture québécoise,
puisque c'est un projet de loi qui se fait dans un cadre trop petit, un cadre trop
petit pour assurer la souveraineté de la culture québécoise, notre souveraineté
culturelle et notre souveraineté en général.
Les enjeux qui sont à la base de ce projet
de loi là, je tiens à nous les rappeler, là.
Les habitudes culturelles des Québécoises
et des Québécois. On voit que, dans les habitudes culturelles des jeunes, et
des Québécois plus largement, 80 %, plus de 80 % des ménages
québécois sont abonnés à des plateformes étrangères diffusant majoritairement
du contenu étranger. Les écoutes d'interprètes québécois comptent pour
seulement 8 % des écoutes des Québécois, et 31 % des jeunes de 15 à
29 ans n'écoutent pas de musique québécoise en français et ne regardent
pas de films ou de séries québécoises en français. Évidemment, on ne les chicane
pas. Tout ça, ce n'est pas une affaire de décision individuelle à la base. La
raison pour laquelle on en est là, ce n'est pas parce qu'ils ont découvert la
culture québécoise et l'ont rejetée, c'est justement parce qu'ils ne l'ont pas
découvert et parce que le système, l'écosystème culturel est dans une phase de
transformation depuis plusieurs décennies, qui met en péril notre capacité même
de découvrir notre culture.
Il y a des défis aussi qui sont à venir
pour le milieu culturel québécois. L'intelligence artificielle, par exemple,
qui bafoue les droits d'auteur et menace les opportunités pour des vrais
artistes en chair et en os. Il y a les GAFAM qui favorisent une monoculture
mondiale toujours plus dominante et le coût de la vie astronomique qui continue
à précariser les artistes dans leur mode de vie.
• (11 h 50) •
Donc, on va... On est favorables à ce
projet de loi, le projet loi n° 109, et il y a
plusieurs bons points dans ce projet loi. Il y a des avancées qui sont très
importantes. On salue le travail du ministre, qui a fait, là-dedans, le plus
qu'il pouvait faire comme ministre provincial de la Culture, probablement, mais
j'aimerais noter aussi qu'est-ce qu'on aurait pu faire de plus, et pourquoi il
aurait fallu qu'on aille vraiment plus loin, et pourquoi la véritable
souveraineté culturelle du Québec ne pourra s'atteindre qu'avec la véritable
souveraineté, notamment politique et économique.
La première raison, c'est qu'il nous
manque plusieurs compétences, comme province canadienne, pour réellement faire
face aux défis de la transformation numérique et ça limite considérablement
notre capacité d'action. Je vous cite un extrait du rapport du comité-conseil
qui est à l'origine du projet de loi n° 109. J'ouvre les guillemets :
«Le fédéralisme canadien a une incidence directe sur la capacité du
gouvernement du Québec à garantir à ses citoyens le droit à leur culture et à
sa découvrabilité. Pour les 10 entités fédérées, comme pour l'entité
fédérale, le partage des compétences de même que la coordination des efforts
des deux ordres de gouvernement s'avèrent des enjeux de taille.»
Nommons-en quelques-uns : l'impossibilité
pour le Québec de moderniser le régime fédéral du droit d'auteur et de la
propriété intellectuelle. L'Union des artistes a dénoncé l'inaction fédérale
dans la modernisation du régime de la copie privée, qui a été dénaturée par
l'obsolescence des supports physiques, comme le CD, privant le secteur culturel
de dizaines de millions de dollars. L'intelligence artificielle, qui cogne à la
porte et qui se nourrit du travail de nos créateurs pour créer quoi que ce
soit. Ce défi va devenir de plus en plus important et affecter de plus en plus
nos artistes. Et l'incapacité du Québec de renégocier des accords commerciaux
internationaux et les conventions internationales ayant un <impact sur...
M. Zanetti :
...négocier
les accords commerciaux internationaux et les conventions internationales ayant
un >impact sur son... sur son secteur culturel, ça, c'est un obstacle
majeur. Le Canada a renégocié l'ACEUM et a maintenant l'exemption... en
maintenant, par exemple, l'exemption culturelle, mais en reconduisant le droit
de représailles, ce qui permet aux États-Unis de réclamer une compensation si
la politique culturelle canadienne est incompatible avec l'accord. Ce compromis
que le Canada a fait, ça vient limiter la capacité du Québec à protéger spécifiquement
le contenu culturel québécois dans le projet de loi n° 109. C'était au Québec
seulement que revenait le droit de trancher cette question. C'est inacceptable
que cette question ait été déterminée par les décisions du fédéral. On voit
notamment que c'est une des raisons pour lesquelles le projet de loi va parler
de découvrabilité du contenu d'expression francophone plutôt que du contenu
culturel québécois. C'est quelque chose de majeur.
Le Canada n'est pas non plus intervenu
pour appuyer le développement d'un protocole additionnel à la convention de
l'UNESCO en 2005 visant la... à la protection et à la promotion de la diversité
des expressions culturelles dans l'environnement numérique face à
l'intelligence artificielle. C'est donc... On a là un État du Canada qui ne
défend pas nos intérêts, les défend mal et même, quand il défend les siens, va
à l'encontre des intérêts du Québec et de notre souveraineté culturelle. On ne
peut pas laisser ça aller.
Le pouvoir de dépenser, un autre obstacle
important. Le gouvernement fédéral, donc, s'arroge un pouvoir de dépenser qui
lui permet de dépenser comme il l'entend des sommes dans des domaines relevant
d'une compétence provinciale ou partagée. Gil Rémillard, ancien ministre du Parti
libéral du Québec, avait dit à ce sujet : «Elle est pour l'ensemble des
provinces une épée de Damoclès sur toute politique planifiée de leur
développement, tant social que culturel ou économique.»
La raison n° 2 :
le fédéral est un mauvais joueur, recherchant la centralisation, et qui veut
occuper le champ culturel et le champ numérique. J'en ai parlé à l'adoption de
principe, mais le rapport du comité-conseil souligne que le projet de loi C-11
sur la diffusion continue en ligne pour augmenter l'offre de contenus culturels
canadiens a un fort potentiel de centralisation des compétences en culture des
provinces. L'Assemblée nationale a déjà dénoncé que le projet de loi C-11 ne
prévoit pas de droit de regard pour le Québec sur les orientations données au
CRTC et ne reconnaît pas non plus l'application des lois québécoises, comme la
loi sur le statut de l'artiste. Mais, plus encore, le projet de loi canadien
C-11 laisse transparaître la véritable ambition du fédéral, qui est de réguler
l'ensemble des contenus culturels en ligne.
Le rapport du comité-conseil nous met ici
encore en garde, et j'ouvre les guillemets : «L'ambition fédérale de
considérer comme relevant de sa compétence tout ce qui se rattache à Internet
pourrait conduire à une nouvelle vague de centralisation [puis à atteindre...]
et à une atteinte considérable de l'autonomie du Québec. En culture, cette
vague de centralisation serait catastrophique, car elle touche directement ce
qui fait de nous un peuple distinct et qui a son identité propre.»
Raison n° 3, M.
le Président : le fédéral baisse constamment les bras pour protéger les
secteurs culturels des grands défis à venir. Il n'est donc pas un allié, c'est
un État démissionnaire. Ça fait déjà deux ans qu'on attend le cadre
réglementaire du CRTC sur la loi C-11, la loi canadienne C-11. Bien que je ne
me réjouisse pas de cette loi centralisatrice, cette situation démontre
l'incapacité du gouvernement fédéral à appliquer concrètement des mesures
contre les géants du numérique qui menacent notre culture. Deux ans, c'est une
éternité.
L'UDA, l'Union des artistes, a dénoncé
également qu'alors que l'intelligence artificielle générative constitue une
menace majeure pour la culture, le ministre fédéral de l'Intelligence
artificielle et de l'Innovation numérique décide de prioriser son développement
plutôt que son encadrement. Dans cette même lignée, on retrouve l'abandon de la
loi n° 27 sur la réglementation de l'intelligence
artificielle, morte au feuilleton la session passée, alors que l'intelligence
artificielle représente le défi du siècle pour nos artistes. Il n'existe aucune
loi établissant un cadre de réglementation générale des systèmes d'intelligence
artificielle au Canada, qui prend, encore une fois, du retard sur l'Europe.
J'avais oublié mon argument n° 1,
alors je les ai donnés dans un ordre qui n'était pas chronologique. Mais je
vais vous le... je vais vous le dire quand même. Je ne voudrais quand même pas
vous laisser comme ça, sans plan, avec un... avec un casse-tête dont il manque
un morceau. Ah non! En fait, je fais une erreur, je l'ai déjà dit. J'arrive à
ma conclusion.
Des voix : ...
M. Zanetti : Bon. Merci de...
C'était pour vérifier si vous suiviez. Je vais faire une conclusion qui, je <pense...
parce que...
M. Zanetti :
...en
conclusion.
Des voix : ...
M. Zanetti :
Bon,
merci de... C'était pour vérifier si vous suiviez.
Je vais faire une conclusion qui, je >pense...
parce que ça fait quand même longtemps qu'on est ici ensemble, la plupart
d'entre nous, une conclusion qui ne vous surprendra pas. Il faut faire du
Québec un pays. L'affaire, là, c'est que les solutions provinciales, les
solutions limitées, les solutions qui sont toujours dans l'ordre de qu'est-ce
qu'on peut faire au maximum dans ce cadre qu'on ne veut jamais remettre en
question, ce sont des solutions qui ne nous protégeront jamais pleinement. Ce
sont des solutions qui ne nous permettront pas d'avoir la souveraineté
culturelle, la souveraineté politique, la souveraineté économique, et de
vraiment défendre nos intérêts, et de prendre des décisions qui, parce qu'elles
seront les nôtres, vont nous définir et vont nous permettre d'être pleinement
qui nous sommes comme peuple. Et c'est des... ce sont des sacrifices que nous
n'avons plus à faire. Nous n'avons pas à faire ces sacrifices-là. Il n'y a
aucune raison qui fait qu'on devrait continuer à les faire.
On est capables économiquement d'être
indépendants. On a une culture formidable qui ne demande qu'à être protégée
avec les pleins pouvoirs. On a... on a tout ce qu'il faut pour faire la
transition écologique et devenir des leaders en Amérique du Nord sur la
question de la transition écologique. Et puis... et puis tout ce qu'il nous
manque, là, je pense, collectivement, ça ne me manque pas à moi, ça ne manque
pas à Québec solidaire, ça ne manque pas au Parti québécois non plus, mais
c'est cette confiance en nous, collective, qu'on est capables de surmonter ces
défis-là et de les faire. Ce serait le plus beau legs qu'on pourrait faire aux
générations futures, et c'est un legs dont on a de plus en plus besoin, parce
que les enjeux culturels en ce moment, avec la vitesse avec laquelle se
développent les menaces numériques à son endroit, c'est un sujet d'urgence
national. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Jean-Lesage. Nous poursuivons ce débat. Cette
fois-ci, je reconnais Mme la députée de Terrebonne.
Mme Catherine Gentilcore
Mme Gentilcore : Merci, M. le
Président. Je vais donc continuer dans la même veine que mon collègue de mon
côté.
Le Québec forme une nation distincte, avec
une culture qui lui est propre, et on a le devoir de nous mobiliser pour que
notre culture soit mise de l'avant auprès des Québécoises et des Québécois. Ce
qu'on a réussi à faire autrefois avec la radio, avec la télévision, on a
maintenant l'obligation de le réussir avec les plateformes numériques et avec
les téléphones intelligents.
Les enjeux propres au XXIe siècle
renforcent encore davantage l'importance pour le Québec de disposer de ses
pleins pouvoirs. Les tours radio, les câbles de télévision, c'est des
infrastructures physiques qui étaient implantées sur nos territoires au Québec.
Donc, avec du recul, on se rend compte qu'il a été plus facile, probablement,
de faire appliquer nos règles à ce moment-là. Les plateformes numériques,
elles, sont déployées à l'échelle mondiale, et c'est pour ça qu'on a tout
intérêt à agir aux côtés des pays qui partagent notre vision, et ces pays-là
n'incluent pas le Canada, M. le Président, comme on a pu le découvert cet été,
à l'UNESCO, lorsqu'il a voté contre les intérêts du Québec.
• (12 heures) •
Il s'agit pourtant d'une question
d'importance vitale. Quand on lutte pour la découvrabilité de la culture
québécoise, on lutte pour les droits de toutes les cultures d'exister, et c'est
là la grande différence entre le nationalisme québécois et le multiculturalisme
canadien. On reconnaît au Québec l'existence d'une culture qui est commune, qui
est faite de références qui sont partagées, qui est le socle de notre identité,
et c'est ça qu'on a le devoir de défendre comme élus ici, au Québec.
Le Canada, avec la Constitution de 1982,
avec le multiculturalisme, a choisi de vider tout sens d'identité canadienne
fondé sur une histoire et une culture qui nous sont communes. Le Canada ne
comprend pas... et là le mot «comprendre» dans les deux sens du terme ici, le
Canada ne comprend pas le Québec, et c'est exactement pourquoi on ne peut pas
nous en remettre à lui pour défendre la culture québécoise.
On a besoin, pour faire reconnaître et
faire prospérer la culture québécoise, que le Québec lui-même soit reconnu dans
sa différence à l'échelle mondiale. Tant que le Québec ne sera pas pleinement
reconnu comme un marché national distinct, tant qu'on n'aura pas les pleins
pouvoirs sur nos télécommunications, le mieux qu'on puisse faire, c'est de
combler ici et là les lacunes du gouvernement fédéral.
Le projet de loi sur la découvrabilité
culturelle s'inscrit dans cette logique-là, celle des demi-pouvoirs, de la
demi-influence du Québec sur les décisions qui comptent vraiment. Les défis qui
sont devant nous exigent qu'on ait les pleins moyens d'agir pour protéger notre
culture. Ce que ça signifie, en clair, c'est que le Québec ait sa propre
autorité en matière de radio-télédiffusion et de régulation des plateformes.
C'est que le Québec ait tous les budgets en culture, une compétence exclusive
du Québec que le Canada ne reconnaît pas et dans laquelle il s'ingère sans
jamais même mentionner le fait que le Québec constitue une nation distincte.
C'est que le Québec soit parmi les décideurs et les parties prenantes dans les
grandes instances <internationales...
>
12 h (version révisée)
<20131
Mme
Gentilcore :
...c'est que le Québec soit parmi les décideurs,
les parties prenantes dans les grandes instances >internationales comme
l'UNESCO. Il ne suffit pas de faire des discours, il ne suffit pas d'être
consulté, il ne suffit pas non plus de faire du lobbying. Le Québec doit
pouvoir voter selon ses intérêts, selon la nécessité de défendre notre culture
et notre langue. Il n'y aura jamais de pleine souveraineté culturelle tant qu'on
n'aura pas l'indépendance du Québec, et c'est ce pour quoi le Parti québécois
se bat sans relâche, jour après jour.
Je tiens évidemment à saluer le projet de
loi du ministre de la Culture et des Communications. Dans la situation qui est
la sienne, dans le parti qui est le sien et dans le pays que son parti a choisi
de défendre, il a néanmoins choisi d'agir. On va évaluer l'impact de son projet
de loi à la manière dont il sera appliqué dans les prochains mois, c'est-à-dire
d'ici la fin de la présente législature.
Il y a urgence pour appuyer nos
entreprises du secteur culturel, notamment avec les négociations en cours avec
les États-Unis pour le renouvellement de l'ACEUM. Le ministre doit pouvoir nous
assurer que l'exception culturelle sera maintenue, s'il veut que le projet de
loi que nous allons adopter puisse être appliqué réalistement. Il peut être
assuré que le Parti québécois continuera de faire entendre... pour faire valoir
le droit des Québécois à avoir accès à leur culture sur ces plateformes.
Le projet de loi prévoit aussi la création
d'un bureau de la découvrabilité. Ça, je le salue, très bonne décision en ce
sens-là. Lors de la dernière campagne électorale, on avait proposé, au Parti
québécois, la création d'un bureau de promotion de la culture québécoise qui
allait sensiblement dans le même sens, donc on salue cette initiative-là.
L'étude du projet de loi et les
recommandations des groupes consultés ont permis d'apporter des modifications
importantes au projet de loi, dont l'extension de la découvrabilité aux réseaux
sociaux. Cet ajout-là n'est pas anodin. C'est primordial de rejoindre la jeune
génération là où elle se trouve et de lui donner accès au travail acharné que
font nos artistes ici, au Québec.
On vit une période paradoxale parce que
jamais les artistes québécois n'ont été aussi bien représentés de par le monde.
Les histoires de succès ici, partout dans le monde, dans les festivals
internationaux, se multiplient. Qu'on pense à nos cinéastes : Xavier
Dolan, Monia Chokri, Ariane Louis-Seize, Denis Villeneuve et tellement d'autres;
nos auteurs-compositeurs-interprètes : Charlotte Cardin, Patrick Watson,
Alexandra Streliski; toute la jeune génération aussi : Ariane Roy,
Lou-Adriane Cassidy, Thierry Larose; nos auteurs : Éric Chacour, Kev Lambert,
Dominique Fortier; nos séries télé : Empathie, produite en
collaboration avec la France, C'est comme ça que je t'aime, Plan B,
etc.
Bref, j'en ai juste nommé quelques-uns,
évidemment, parce qu'il serait beaucoup trop long de tous les nommer, mais l'art
et la culture québécois sont bien vivants et bien présents partout dans le
monde. C'est impératif qu'ils soient découvrables ici même au Québec. On est
généreux de notre culture partout dans le monde, soyons généreux aussi pour le
public du Québec.
Et c'est pour cette raison-là qu'au Parti
québécois on a le devoir de soutenir les initiatives qui vont dans le sens d'une
meilleure découvrabilité des œuvres de nos créateurs et c'est pourquoi nous
avons... nous allons voter pour ce projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Terrebonne. Nous poursuivons ce débat, toujours
sur le projet de loi n° 109. Je reconnais cette fois-ci M. le député de Vanier-Les Rivières.
M. Mario Asselin
M. Asselin : Merci, M. le
Président. Donc, je n'ai pas l'habitude d'intervenir dans beaucoup de projets
de loi, mais celui-là, j'avoue que le 109 est venu me chercher. J'ai travaillé
fort dans la commission de la culture et des communications, de l'éducation et
puis j'ai bien aimé l'atmosphère de travail tout au long du processus. Évidemment,
j'ai suivi ce dossier-là, puis mes collègues l'ont mentionné, en particulier
vis-à-vis du travail qu'ont accompli les membres du Comité-conseil sur la découvrabilité,
les quatre membres. Je vous invite à lire le rapport final, d'ailleurs, qu'ils
ont déposé, qui est précurseur un peu à la loi mais qui est venu poser les
bonnes bases.
Comme tel, je voudrais mentionner que la
lettre ouverte parue lundi dernier par les ex-ministres de la Culture était
vraiment particulière. J'ai l'impression qu'ils sont venus, disons, traiter des
bons éléments. Puis, si vous me permettez, M. le Président, j'aimerais vous en
lire une petite partie, un extrait, pour bien mentionner, disons, le caractère
spécifique dans lequel on a travaillé. Donc : «Lorsqu'il est question de
souveraineté culturelle, il n'existe plus de ligne de parti. Nous pouvons aspirer
à l'indépendance, être héritiers de Robert Bourassa ou provenir d'autres
horizons politiques, nous reconnaissons tous que la culture québécoise doit
avoir la place qui lui revient dans l'univers numérique. Un peuple qui n'a pas
accès à ses images, à ses histoires, à ses images, à sa musique, à ses artistes
est un peuple dont la mémoire s'effrite et l'avenir s'efface.»
Donc, pour cette raison-là, je tenais à ce
qu'on mentionne, disons, le bon travail qui s'est fait sur la découvrabilité et
la souveraineté culturelle, mais il y a un autre aspect qu'il est important
d'ajouter. Je ne l'ai pas entendu beaucoup, mais je tenais à le souligner. Moi,
je suis un vieux blogueur, un dinoblogueur, c'est-à-dire qu'au début des années
2000, lorsque j'étais directeur d'école, j'ai fondé un programme où tous mes
élèves avaient un blogue, et puis, à ce moment-là, je me suis intéressé beaucoup
au côté numérique, et puis, à cette époque-là, j'ai travaillé aussi dans un
groupe... avec un groupe pour le plan numérique au Québec, un groupe qui s'est
appelé les étonnés. D'ailleurs, si jamais vous avez l'occasion, je vous invite
à venir faire un tour sur mon blogue, qui est toujours en fonction, que je
nourris abondamment aussi. Et puis le groupe les étonnés... Il y a une rubrique
qui s'appelle Plan numérique, où je détaille toutes sortes de choses, et
il y a beaucoup d'archives par rapport à ça.
Et l'adoption du... on se prépare à
l'adopter, et j'aimerais bien que tout le monde puisse aller de l'avant et
voter pour. J'ai l'impression que ça va peut-être relancer un petit peu notre
stratégie numérique, et puis c'est dans cet esprit-là que je me dis :
C'est important, oui, pour la souveraineté culturelle, oui, pour la
découvrabilité, qu'on aille de l'avant, mais aussi pour l'importance du
numérique au Québec. On n'a pas assez dit que ça va relancer la stratégie
numérique, et c'est important qu'on aille de l'avant, justement, à cause du
fait qu'on va enfin mettre une pression énorme et structurer davantage nos
actions du point de vue numérique.
Alors, pour toutes ces bonnes raisons, M.
le Président, je nous incite à voter pour le projet de loi n° 109. Et je
remercie beaucoup mes collègues pour l'esprit dans lequel tout le monde a
travaillé. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Vanier-Les Rivières. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mise aux voix
S'il n'y a pas d'autre intervention, le
projet de loi n° 109, Loi affirmant la souveraineté culturelle du Québec et
édictant la Loi sur la découvrabilité des contenus culturels francophones dans
l'environnement numérique, est-il adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté. Merci.
Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme LeBel : Oui, merci. M. le
Président. Je vous demande d'appeler l'article 1 du feuilleton
Reprise du débat sur la
prise en considération du rapport de la commission
qui a procédé à l'audition du Centre d'acquisitions gouvernementales sur le
chapitre 2 du rapport de novembre 2024 du Vérificateur général intitulé Acquisitions
regroupées gouvernementales
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
À l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 10
décembre 2025 sur le rapport de la Commission de l'administration publique qui,
le 2 décembre 2025, a procédé à l'audition du Centre d'acquisitions
gouvernementales sur le chapitre 2 du rapport de novembre 2024 du Vérificateur
général, intitulé Acquisitions regroupées gouvernementales. Je vous
rappelle que ce rapport, qui a été déposé le 9 décembre 2025, contient des
observations, des conclusions et deux recommandations.
Avant de céder la parole au prochain
intervenant, je vous informe qu'après la distribution du temps non utilisé par
le troisième groupe d'opposition la répartition du temps de parole restant est
la suivante : 16 min 56 s au groupe parlementaire formant
le gouvernement, 10 min 19 s au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 22 min 45 s au deuxième groupe
d'opposition.
• (12 h 10) •
Je cède maintenant la parole... Est-ce
qu'il y a des intervenants? Non, il n'y a pas d'intervenant. Cela met donc fin
au rapport sur... au débat sur le rapport de la Commission de l'administration
publique.
Mme la leader adjointe du gouvernement.
Ajournement
Mme LeBel : Donc, en
conséquence, je vais vous demander d'ajourner nos travaux à demain, 9 h 40, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
En conséquence, nous ajournons nos travaux
à demain, vendredi 12 décembre 2025, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 12 h 11)