Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude des projets de loi nos 13 et 14
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre!
La commission de l'agriculture est réunie ce matin pour
étudier les projets de loi no 13, Loi modifiant la Loi des abus
préjudiciables à l'agriculture, et no 14, Loi modifiant la Loi
des produits laitiers et de leurs succédanés. Les membres de la
commission sont ce matin: MM. Baril (Arthabaska), Beauséjour
(Iberville), Brassard (Lac-Saint-Jean); Marquis (Matapédia) remplace M.
Charbonneau (Verchères); Clair (Drummond), Cordeau (Saint-Hyacinthe),
Dubois (Huntingdon), Gagnon (Champlain), Garneau (Jean-Talon), Garon
(Lévis), Giasson (Montmagny-L'Islet), Levesque
(Kamouraska-Témiscouata), Mercier (Berthier), Ouellette (Beauce-Nord),
Picotte (Maskinongé), Rancourt (Saint-François), Roy
(Beauce-Sud), Vaillancourt (Orford).
Quelqu'un voudrait-il être rapporteur de la commission? M. Marquis
(Matapédia). Adopté?
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Garon: L'Union Nationale n'est pas très présente
ce matin.
M. Giasson: Ils ont d'autres choses qui les préoccupent.
Il faut les comprendre, M. le ministre. D'autres préoccupations
retiennent l'attention de ce parti.
M. Ouellette: II y a le représentant des mauvaises herbes,
en face de nous!
M. Giasson: Des cultivateurs!
M. Ouellette: Non, non, des mauvaises herbes!
Le Président (M. Boucher): Sommes-nous d'accord pour
commencer dans l'ordre numérique des projets de loi ou si vous avez un
ordre particulier à proposer?
M. Garon: On peut commencer dans l'ordre numérique, comme
on avait déjà commencé.
Projet de loi no 13
Le Président (M. Boucher): J'appelle donc le projet de loi
no 13, M. le ministre.
M. Garon: Je pense qu'on avait fait un amendement en commission
plénière, avant qu'on vienne ici en commission parlementaire,
à l'effet de remplacer, dans le projet de loi, les mots "vingt-cinq
contribuables cultivateurs" par les mots "cinq contribuables". Il avait
été proposé, par un député de l'Opposition,
d'ajouter aux mots "cinq contribuables" les mots "agriculteurs" ou
"cultivateurs"; je ne me souviens pas du terme exact.
Au fond, c'est une question d'interprétation juridique. J'ai
remarqué, d'une façon générale, que les membres de
la commission plénière semblaient préférer qu'on
ajoute le mot "agriculteur". A la suite de cela, je préférerais
qu'on retire la proposition d'ajouter les mots "cinq contribuables
agriculteurs" et qu'il y ait une seconde proposition qui dise "trois
contribuables agriculteurs", étant donné que le nombre
d'agriculteurs, pour les mêmes raisons que je mentionnais en Chambre,
pourrait être plus restreint.
Souvent, aujourd'hui dans des villages, on peut avoir trois agriculteurs
qui peuvent représenter 1500 acres ou 2000 acres. Tantôt M. le
député d'Arthabaska M. Baril, m'a indiqué qu'il aimerait
faire une proposition, mais comme cela ne peut être un sous-amendement
étant donné que c'est seulement un nombre, je ne pense pas que
cela puisse être un sous-amendement.
M. Giasson: Si la commission, M. le Président, se mettrait
d'accord, s'ily avait unanimité pour le retrait de l'amendement qui
avait été proposé lors de la séance du
comité plénier, on pourrait, par après, formuler un nouvel
amendement, un nouveau texte d'amendement.
M. le ministre, vous avez évolué.
M. Garon: Non, pas vraiment.
M. Giasson: Si ce n'est pas évoluer, je ne sais pas
comment on appelle cela. Est-ce que, M. le ministre, vous seriez prêt,
quant à formuler un nouvel amendement, à aller jusqu'à
deux cultivateurs demandants?
M. Garon: Deux ne fait pas un gros nombre. Dans les
municipalités, je l'ai remarqué la dernière fois, ce que
les gens craignaient vous étiez à un cheveu de souligner
cette objection c'est qu'on fasse trop nommer d'inspecteurs dans les
municipalités. J'ai pensé que trois serait un juste milieu.
M. Giasson: Je n'ai pas de crainte, M. le ministre, parce que
lorsque les cultivateurs, qui sont les gros contribuables dans les paroisses
agricoles, savent que cela peut poser des charges financières
additionnelles à une municipalité, ils vont y penser deux fois.
Je connais assez l'âme agricole pour savoir comment ces gens
réagissent devant des problèmes de cette nature. Je ne craindrais
pas d'aller jusqu'à deux cultivateurs parce qu'ils voient les
conséquences que cela pourrait apporter. Ce sont eux qui payent les
taxes. Ce sont eux qui possèdent les grands domaines, qui sont
évalués assez lourdement. Ils ne s'amuseront pas avec cela.
C'était d'ailleurs la raison pour laquelle je redoutais
l'amendement tel que proposé de laisser n'importe quel contribuable du
Québec venir dans
une municipalité réclamer la destruction des mauvaises
herbes. Le terme "contribuable" dans la loi n'est pas défini. Cela peut
être n'importe quel contribuable du Québec, sur le plan
juridique.
M. Garon: Contribuable dans une municipalité.
M. Giasson: Ce n'est pas dit dans la loi.
M. Garon: Non, mais en droit il y a un principe de base. Je
comprends que M. le député de Jean-Talon disait cela, mais en loi
il y a un principe de base suivant lequel vous ne pouvez pas invoquer un droit
si vous n'y avez pas intérêt. Si vous ne restez pas dans une
municipalité, vous ne pouvez pas avoir intérêt, vous
n'êtes même pas considéré comme ayant droit, vous
n'êtes pas visé par cela.
M. Giasson: Comment le définissez-vous, sur le plan
juridique?
M. Garon: C'est évident que ce sont les contribuables qui
ont intérêt dans les municipalités.
M. Giasson: Le terme contribuable, sur le plan juridique, se
définit comment?
M. Garon: En termes de fiscalité municipale, on est en
droit municipal. On agit avec des municipalités. Tout ce qu'il y a dans
le contexte, ça doit s'interpréter. C'est évident que ce
sont les contribuables sur le plan municipal qui ont intérêt.
M. Giasson: C'est votre interprétation.
M. Garon: Non, c'est le principe courant du droit. Vous pouvez le
demander à n'importe quel juriste. Par exemple, je vais vous donner un
principe de droit en assurance. Vous êtes mort et si votre veuve ne fait
pas de réclamation, je n'aurai pas le droit de réclamer, parce
que je n'ai pas d'intérêt dans cela. C'est seulement la personne
qui a intérêt qui a le droit de réclamer. C'est un principe
de base du droit.
M. Giasson: C'est très bien défini dans la police
d'assurance qui peut bénéficier, qui est
bénéficiaire. C'est en vertu de la définition du
bénéficiaire déterminé dans la police.
M. Garon: C'est un principe de base du droit. Ce sont les
personnes qui ont intérêt.
M. Giasson: Ce n'est pas le principe de base. Quand vous prenez
cet exemple, c'est la définition du bénéficiaire. C'est le
bénéficiaire nommément désigné qui a le
droit de réclamer. Ce n'est pas un principe de base. Si c'est M. Untel
qui est le bénéficiaire, c'est lui qui a le droit. Si c'est un
autre, c'est lui qui aura le droit.
M. Garon: J'ai étudié le droit et je l'ai
enseigné. Que voulez-vous que je vous dise de plus? C'est un principe de
base du droit. Les gens qui peuvent réclamer, ce sont ceux qui ont
intérêt. Ceux qui n'ont pas intérêt ne peuvent pas.
Il faut avoir intérêt pour plaider. Autrement on ne peut pas.
C'est un principe de base.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Je ne tiendrais pas qu'on retombe dans le même
pétrin où nous l'avions laissé la dernière fois. On
a longuement discuté. On a commencé à cinq. Il y en a qui
étaient rendus à deux ou trois et, en dernier, c'était
seulement un. Si l'autre amendement est défait, je suis prêt
à en formuler un autre. On s'en tient à trois contribuables
agriculteurs.
Comme le ministre l'a dit tout à l'heure, vu le nombre de moins
en moins considérable d'agriculteurs qu'on a dans nos paroisses,
l'étendue augmente, mais le nombre diminue. Je crois qu'avec trois
contribuables agriculteurs on pourra très bien faire respecter les
droits. Dans les trois contribuables, s'il y a des gens qui sont soit des
"gentlemen farmers", comme on dit, ou des personnes de la ville qui ont
seulement une maison, il s'agira de leur part, selon mon interprétation,
de prouver que les mauvaises herbes sont réellement nuisibles à
l'agriculture. S'ils ne cultivent pas, comment voulez-vous qu'ils prouvent que
les mauvaises herbes sont nuisibles à l'agriculture? C'est pour cette
raison que je dis que si l'amendement du député de Huntingdon est
défait, je suis prêt à en formuler un autre
requérant trois contribuables agriculteurs qui auront le droit de faire
respecter la loi ou demander à la municipalité qu'elle fasse
respecter la loi.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on peut voter?
M. Giasson: Mais là on vote la première
proposition.
Le Président (M. Boucher): L'amendement qu'on propose ici
n'a pas à tenir compte de l'amendement en commission
plénière.
M. Garon: Oui, oui, il paraît... mais je ne sais pas...
c'est vous autres...
M. Giasson: On serait mieux de faire un consensus pour accepter
le retrait de l'amendement du député de Huntingdon ou le voter et
formuler alors un nouvel amendement.
M. Garon: Votons contre, cela va être plus simple, on va
être certain.
M. Giasson: Mettez aux voix l'amendement du député
de Huntingdon.
Le Président (M. Boucher): L'amendement du
député de Huntingdon, est-ce que nous l'avons ici?
M. Garon: Changer "cinq contribuables" pour "cinq contribuables
agriculteurs".
Le Président (M. Boucher): "Cinq contribuables
agriculteurs".
M. Garon: C'est-à-dire ajouter "agriculteurs" après
"cinq contribuables" dans le projet d'amendement.
Le Président (M. Boucher): C'était l'amendement qui
avait été apporté en commission plénière.
Quels sont ceux qui sont pour?
M. Baril: M. le Président, il faut que vous nommiez chacun
des députés.
Le Président (M. Boucher): M. Baril, contre; M. Brassard,
contre; M. Marquis, contre; M. Garon, contre; M. Giasson, contre; M. Mercier,
contre; M. Ouellet, contre; M. Picotte, contre; M. Rancourt, contre. Quels sont
ceux qui sont pour cet amendement? Il n'y en a pas. L'amendement est donc
rejeté, neuf contre: aucun pour.
Pour l'amendement proposé de remplacer les mots "cinq
contribuables" par "trois contribuables cultivateurs".
M. Baril: "Agriculteurs".
Le Président (M. Boucher): "Trois contribuables
agriculteurs". Quels sont ceux qui sont pour: M. Baril, pour; M. Brassard,
pour; M. Marquis, pour; M. Garon, pour; M. Giasson, pour; M. Mercier, pour; M.
Ouellet, pour; M. Picotte, pour; M. Rancourt, pour. L'amendement est donc
adopté.
M. Baril: Si on s'était entendu aussi rapidement que cela
la dernière fois, cela ferait longtemps que cette loi serait
adoptée, parce que c'est une loi qui est quand même assez courte
à adopter. Il y a beaucoup de conséquences qui entrent en
considération là-dedans, mais comme la dernière fois qu'on
s'est réuni, on était rendu dans l'herbe à puces sur le
bord des autoroutes et que les consommateurs étaient couchés
là-dedans... Si les consommateurs sont couchés là-dedans,
si cela ne fait pas leur affaire, ils n'ont qu'à se plaindre à la
protection du consommateur, cela n'a rien à voir avec l'agriculture. On
a mêlé toutes sortes d'affaires là-dedans, en fin de
compte, on a passé un avant-midi là-dessus. Chaque
député, quand vient te temps de parler d'agriculture, se fait un
plaisir d'en parler pour dire qu'au moins une fois il a défendu
l'agriculture. Je n'ai rien contre cela, j'en suis très heureux. C'est
beau intervenir, mais il ne faut pas, non plus, intervenir pour retarder des
lois qui peuvent entrer en vigueur assez rapidement.
Si on s'en donnait la peine, tous et chacun d'entre nous, l'agriculture
avancerait peut-être plus rapidement qu'elle n'a avancé dans le
passé.
M. Giasson: M. le Président, j'ai constaté, comme
le député d'Arthabaska, la teneur du débat et les
différentes interventions lors de l'étude de ce projet de loi en
deuxième lecture et lors du travail en commission
plénière. Je suis de l'avis du député d'Arthabaska;
je ne suis pas ici pour m'intéresser aux problèmes que cela
pourrait poser aux consommateurs. Le problème de fond, surtout lorsqu'on
parle de chemins et d'autoroutes, c'est le problème causé
à des fermes en bordure de ces autoroutes. C'est sur cet aspect que j'ai
mis beaucoup d'emphase, parce que, de plus en plus, dans la province de
Québec, on constate que les abords de routes ne sont pas entretenus
comme ils l'étaient autrefois. Ils sont cause de pollution, parce que
les graines venues à maturité sur les herbes qui poussent en
bordure des routes sont répandues par le vent dans les champs
avoisi-nants.
C'est dans cet esprit que j'ai mené le débat. Je n'ai pas
parlé de l'herbe à puces. Peut-être que mes
collègues sont intervenus pour parler des conséquences que cela
aurait pour le tourisme, les voyageurs ou les consommateurs, mais, pour moi,
c'est le problème que cela pose aux cultivateurs lorsqu'ils ont des
fermes près des routes où les mauvaises herbes ne sont pas
détruites. C'est le même phénomène pour ceux qui ont
des fermes en bordure des voies ferrées, des chemins de fer, parce qu'on
sait que les propriétaires de ces voies ferrées se foutent
éperdument de nettoyer les abords de la voie ferrée et c'est une
cause de pollution.
C'est ce que j'avais à l'esprit. Au-delà de la loi que
nous venons d'adopter, il va falloir que les ministères, qui sont des
pollueurs en matière de mauvaises herbes, fassent un effort beaucoup
plus grand que celui qu'ils ont fait. Je vois mal une municipalité qui
va intenter une poursuite au ministère des Transports ou contre les
compagnies de chemin de fer. Comment va-t-elle pouvoir réclamer le
montant que cela lui a coûté pour faire nettoyer les abords de ces
lieux?
La municipalité n'osera pas poursuivre le ministère des
Transports parce que, chaque année, elle a des demandes à
formuler au ministère des Transports pour l'amélioration de son
réseau routier. Ce seront les contribuables, tous ensemble, qui
assumeront les coûts lorsqu'une municipalité aura entrepris le
processus pour nettoyer soit les abords de routes ou les abords de voies
ferrées.
M. Baril: Je suis bien d'accord avec vous, M. le
député de Montmagny, mais vous comprendrez que, dans mon
intervention de tout à l'heure, je ne pouvais pas nommer chaque
député qui, à mon sens, parlait à peu près
juste pour le plaisir de parler.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Vous me permettrez quand même de
rétablir les faits quant à ce que le député
d'Arthabaska a mentionné au sujet de l'herbe à puces. Je suis
encore bien placé pour en parler parce que je n'ai pas encore
parlé de ce problème. Cela a duré à peine cinq
à huit minutes dans tout le débat qu'on a eu dans la
matinée. Le gros du débat s'est fait au sujet du mot
"agriculteur"; même des députés du parti au pouvoir
étaient d'accord pour dire qu'il fallait, à tout prix, conserver
le mot "agriculteur" dans l'amendement. Ce débat d'une
matinée n'a pas servi à rien puisqu'on se rend compte ce
matin l'amendement a été fait par le député
d'Arthabaska que cela a permis un temps de réflexion et on a
accepté, même si on a diminué le chiffre à trois,
d'inscrire le mot "agriculteur" dans la loi qu'on étudiait.
Le parti ministériel s'est mis d'accord avec l'Opposition
puisqu'on disait que cela concerne les agriculteurs. Alors, pourquoi ne pas
faire l'amendement en conséquence et que ce soient les agriculteurs qui
puissent faire de telles demandes? Le débat n'a pas eu lieu pour rien,
au contraire, ce matin on en voit le résultat.
M. Garon: Je ne crois pas que cela ajoute quoi que ce soit. Je
crains même que, dans certaines municipalités, on se
débatte pour savoir qui est un agriculteur. Comme je l'ai dit en
Chambre, je le maintiens, la jurisprudence dit que quelqu'un qui fait pour $20
d'agriculture, c'est un agriculteur pour les fins d'une loi
générale comme celle-là. Mais qu'est-ce que vous voulez?
J'ai toujours pensé que les députés étaient le
reflet de la population. Si c'est mal vu qu'il n'y ait pas le mot
"agriculteur", marquons-le!
Le Président (M. Boucher): L'article 1, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 2, adopté?
M. Giasson: Adopté également.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Le projet de loi
no 13, Loi modifiant la Loi des abus préjudiciables à
l'agriculture est donc adopté et je prie le rapporteur d'en faire
rapport à l'Assemblée nationale au nom de la commission.
M. Garon: Vous avez été chanceux, M. le
député de Montmagny-L'Islet. Après la question que vous
m'avez posée en Chambre sur les mauvaises herbes dans le comté de
Montmagny, j'ai vérifié; il n'y avait pas de raison de se
plaindre puisque le 4 août était terminée la
première coupe.
M. Giasson: C'est parce que, moi, je me suis occupé de ma
division de voirie. Puisque vous mentionnez Montmagny-L'Islet...
M. Garon: On avait commencé la deuxième coupe le
lendemain alors que la première coupe n'était pas encore
commencée dans mon comté.
M. Giasson: Oui, mais ma question a porté sur les
dispositions touchant les comtés de Lévis et de Bellechasse. Le
jour où j'ai posé ma question, vous allez
reconnaître...
M. Garon: On voit les sympathies des fonctionnaires!
M. Giasson: Les sympathies? Si les fonction- naires sont capables
de reconnaître le bon sens des choses à faire, tant mieux!
Projet de loi no 14
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs! J'appelle
donc le projet de loi no 14, Loi modifiant la Loi des produits laitiers et de
leurs succédanés.
M. le ministre.
M. Garon: Premier article. Comment allons-nous
procéder?
Le Président (M. Boucher): Si vous avez des commentaires
généraux à faire sur le projet de loi, vous pouvez
commencer par les faire. Maintenant, si vous voulez qu'on passe tout de
suite...
M. Garon: J'ai fait un assez long exposé en
deuxième lecture.
Le Président (M. Boucher): ... à l'article 1, c'est
d'accord.
M. Garon: Article 1. Ce sont des définitions. Le
Président (M. Boucher): Article 1.
M. Garon: Vous avez d'abord, le lait, article 1 b): "lait":
liquide sécrété par les glandes mammaires de la vache
on a ajouté de la chèvre ou de la brebis.
On ajoute simplement le nom de deux autres animaux qui peuvent donner du
lait, qui tombent sous la réglementation de cette loi.
M. Giasson: Puisqu'on fait des modifications, M. le
Président, qui touchent la définition du mot "lait", est-ce que
le ministre pourrait indiquer combien on a de fermes au Québec qui se
spécialisent dans l'élevage de chèvres?
M. Garon: J'ai ce renseignement. Il y a 400 éleveurs.
M. Giasson: 400 éleveurs de chèvres.
M. Garon: Oui, qui ont des troupeaux variant entre 5 et 250
têtes. La population totale au Québec serait de 7000
chèvres.
M. Giasson: 7000?
M. Garon: Oui. Les producteurs commerciaux par ailleurs qui ne
vivent que de cet élevage, c'est assez surprenant, sont au nombre de 40
dans la province. C'est un lait assez cher c'est vrai que les
chèvres en donnent moins que les vaches soit $22.25 les cent
livres. Il contribue à faire surtout du fromage féta, du fromage
frais et du lait nature.
M. Giasson: Est-ce qu'on a une idée, quant aux
importations de fromage que l'on fait, surtout
venant de l'Europe, quel est le volume en millions qu'on importe pour le
fromage fabriqué à partir du lait de chèvre?
M. Garon: A ma connaissance...
M. Giasson: Qui provient des animaux...
M. Garon: Oui, au Canada, pour l'ensemble des importations de
fromage, c'est plus de 40 millions de livres qui sont importées, pas
seulement de chèvre, l'ensemble des fromages.
M. Giasson: Toutes les importations, surtout les fromages fins.
S'il y avait un développement de troupeaux de chèvres, il est
possible qu'on pourrait moins dépendre des fromages fins de cette
importation assez massive qu'on a au pays, au Canada et même au
Québec; parce qu'on a des consommateurs de fromage ici au
Québec.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: II y a peut-être là une
spécialité à développer, à l'avenir, au
Québec, soit des fermes où on fait de l'élevage de
chèvres en vue de la transformation du lait en fromage. Ce serait autant
d'acquis par les cultivateurs du Québec et une moins grande
dépendance de nos importations.
M. Garon: Dans les données statistiques, cela entre dans
différents types de fromage importé: camembert, brie, mais le
fromage fait à partir de lait de chèvre entre dans les
catégories "divers".
Dans le dernier article "autres catégories, autres types de
fromages", il est inclus là-dedans. On n'a pas de distinctions dans les
statistiques à ce point de vue. Evidemment, on pourrait le trouver en
allant aux sources des statistiques.
M. Picotte: Vous avez mentionné tantôt 40 millions
de livres...
M. Garon: Produits au Québec. 40 millions de livres de
fromage importé?
M. Picotte: ... de fromage importé.
M. Garon: Plus de 40 millions de livres. Le quota au Canada,
c'est 50 millions de livres d'importation au maximum.
M. Giasson: On inclut également dans la définition
du mot "lait", "le liquide secrété par les glandes mammaires de
la vache, de la chèvre ou de la brebis". Est-ce qu'il se fait une
commercialisation de lait venant de la brebis?
M. Garon: II n'y a pas de production de lait de brebis. C'est
tout simplement si...
M. Giasson: II s'agit de couvrir de façon plus
complète le champ de la définition du mot "lait" dans la loi.
Pour l'article 1, je serais prêt...
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est-il
adopté?
M. Garon: Ce n'est pas tout l'article 1 parce qu'il y a d'autres
définitions. Je voulais prendre paragraphe par paragraphe plutôt.
Après cela, il y en a d'autres.
M. Giasson: Oui, il y a d'autres...
M. Garon: II y a f) "fabrique" ou "usine". On a introduit le mot
"usine" parce que les gens appellent cela souvent des usines. Avant ils
appelaient cela des fabriques, mais le mot "usine" est entré dans le
langage. Ensuite vous trouvez qu'on ajoute "ou"...
L'ancien article de loi disait: "un établissement dans lequel on
traite, modifie, transforme, reconstitue" et on ajoute "ou emballe un produit
laitier, ou dans lequel"... Alors on ajoute "ou emballe" et "ou usine", parce
qu'il y a des entreprises qui achètent des fromages en grande
quantité et qui après en font des portions. C'est pour couvrir
cet article, ceux qui emballent le fromage, enfin, un produit laitier.
M. Giasson: Justement à f) lorsqu'on ajoute "fabrique" ou
"usine", est-ce parce qu'on trouvait que le terme "fabrique" ne couvrait pas
suffisamment la définition des lieux où on fait de la
transformation?
M. Garon: Non. C'est parce qu'en termes de droit, cela peut poser
des problèmes. Il y a eu un temps ou une période dans l'histoire
où les gens employaient le mot "fabrique". A un moment donné, ils
commencent à employer un autre terme. C'est pour être certain
qu'il n'y ait pas d'imbroglio de terminologie que cela a été
noté à cette occasion. Aujourd'hui on n'entend plus parler de
fabriques. Je me rappelle, lorsque j'étais petit gars, qu'on parlait des
fabriques de fromage. Aujourd'hui on parle d'usines laitières.
M. Giasson: C'est parce qu'il peut arriver aussi de nos jours
qu'on ait des établissements qui ne font pas de la fabrication comme
telle de produits dérivés du lait, mais qui font de l'emballage
ou de la mise en boîte. Le terme "usine" couvre ce champ
d'activité qui n'est pas nécessairement une fabrique dans le sens
où on l'entend habituellement. Ce doit être au niveau de vouloir
très bien couvrir tous les centres où il y a des activités
de manutention, d'emballage et de préparation de produits laitiers.
M. Garon: En vue de la protection de la santé publique,
cela a pour but d'assujettir à la loi, aux règlements, les
emballeurs de fromage qui ne sont pas présentement assujettis. C'est
cela qu'ajoute cette définition.
M. Giasson: Pour l'article 1, je serais prêt à
adopter f).
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe f) est-il
adopté?
M. Garon: Non, il reste un paragraphe.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on les adopte un
à un, ou l'article au complet?
M. Garon: C'est plus simple, je crois.
Le Président (M. Boucher): On pourra adopter l'article au
complet, une fois que les paragraphes seront...
M. Garon: Oui. Après cela, c) ajoute "plan conjoint".
C'est tout simplement pour une question juridique qu'on a ajouté la
définition de "plan conjoint". Au lieu d'employer dans le corps de la
loi la définition "plan conjoint", on l'a mis à l'article des
définitions. Dans la loi on a enlevé la périphrase qui
servait à définir le plan conjoint pour utiliser uniquement "plan
conjoint". C'est tout simplement pour une question de concordance avec
l'article 19 qu'on a mis cette définition.
Le plan conjoint, c'est un plan conjoint de producteurs établi en
vertu de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles.
Après cela, dans le corps de la loi, on va dire un plan conjoint. Ce
sont uniquement des questions de rédaction.
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est adopté.
Article 2?
M. Garon: L'article 2 modifie les articles 13 et 14 de la loi. A
l'article 13, on a au début: "Nul marchand de lait, distributeur... On
ajoute ici: "ou détaillant en alimentation", qui n'est pas inclus dans
la loi actuelle. En vertu de la loi actuelle, on disait: Le détaillant
en alimentation n'est pas soumis aux ordonnances de la Régie des
marchés agricoles relatives au prix de vente du lait et de la
crème pour fins de consommation. Cette situation crée une
discrimination à l'égard du marchand de lait ou du distributeur
de lait qui, lui, y est assujetti.
Simplement pour éviter cette discrimination pour que ceux qui
distribuent du lait, comme marchands, distributeurs ou détaillants en
alimentation, soient entièrement couverts.
M. Giasson: Somme toute, pouvons-nous en conclure ou en
déduire que les grandes chaînes d'alimentation qui, assez souvent,
mettent certains produits en vente à des prix réduits ne
pourraient plus, dorénavant, lorsqu'elles veulent donner des escomptes
particuliers ou des prix réduits, le faire lorsqu'il s'agit de produits
laitiers?
M. Garon: Elles devraient respecter les prix fixés par la
régie.
M. Giasson: Donc, aucune chaîne d'alimentation ne pourrait
vendre des produits laitiers à un prix inférieur à celui
décrété par la régie.
M. Garon: Je ne pense pas; elle serait considérée
comme un détaillant.
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3?
M. Garon: II y a l'article 14 encore à l'article 2; c'est
une concordance un peu.
M. Giasson: C'est de concordance tout simplement avec l'article
13.
M. Garon: Oui. On ajoute encore "détaillant en
alimentation" ici, à l'article 14. Le marchand de lait et le
distributeur de lait ne peuvent accorder à l'acheteur de leur produit
une prime, un bien ou un avantage de nature à diminuer le prix d'achat
du lait ou de la crème. Cette prohibition ne s'applique pas aux
détaillants en alimentation. Encore là, c'est pour corriger cette
anomalie, pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité, que
cet amendement est proposé.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 2, adopté.
Article 3?
M. Garon: L'article 3 est un article de concordance. Vous voyez
la définition de "plan conjoint", mais, à l'article 19, c'est de
la coquetterie juridique, au fond. A l'article 19, comme on a
déjà défini le plan conjoint, vous remarquerez, ceux qui
ont l'ancien texte de loi et le texte actuel, on a écrit "plan conjoint"
au lieu d'écrire la définition au complet.
M. Giasson: Tous les plans conjoints sont acceptés en
vertu des pouvoirs de la Loi des marchés agricoles par la
régie.
M. Garon: Tandis que l'ancien article...
M. Giasson: C'était tout simplement pour retirer cet
aspect coquet comme l'a dit le ministre.
M. Garon: Pour que cela se lise plus facilement.
Le Président (M. Boucher): L'article 3 est-il
adopté? Adopté. Article 4?
M. Garon: L'article 4 a pour but de supprimer le troisième
alinéa qui disait et qui dit encore: "Nul marchand de lait ne peut
détenir un permis de fabrication de succédanés, ni
fabriquer les succédanés". Selon la loi actuelle, il est
prohibé à tout marchand de lait, au sens de la définition
de l'article 1 de la loi, d'obtenir un permis de fabrication et de fabriquer
les succédanés.
D'autre part, toute autre fabrique de produits laitiers peut obtenir un
tel permis de fabrication et fabriquer les succédanés. Il s'agit
ici de mettre les
fabriques laitières sur un pied d'égalité avec les
autres. De plus, lorsqu'une réglementation appropriée le
permettra, ces marchands de lait pourront exploiter leurs établissements
d'une manière plus efficace en utilisant les mêmes
équipements pour la production de nouveaux produits
succédanés. C'est là le but de cet article.
M. Giasson: II s'agit tout simplement de permettre aux marchands
qui vendent le lait d'avoir des droits que les fabriques avaient en
matière de fabrication de succédanés.
M. Garon: Ce qui arrivera normalement, c'est que ces fabriques,
ces usines fabriqueront des succédanés à base de lait. On
a l'exemple des pays principalement, la Suède avait fait cela il
y a quelques années où on a produit de nouveaux
succédanés à base de lait.
Ici, au Québec, je le disais en Chambre, en deuxième
lecture, la crainte qui avait été exprimée principalement
par le député de Beauce-Sud et le député de
Huntingdon, voulant que les usines laitières du Québec pourraient
se mettre à fabriquer de la margarine à base d'huile
végétale, me paraît inexistante. A toutes fins pratiques,
85% à 90% des usines laitières du Québec sont la
propriété des agriculteurs eux-mêmes, sous forme de
coopérative. Je vois mal le cultivateur qui se mettrait à faire
de la margarine à base d'huile végétale pour remplacer le
beurre, ou encore des succédanés à base de lait. Il y a
des types de margarine où le pourcentage de lait va jusqu'à 80%,
et sous forme de lait. Le pourcentage peut varier. Dans les pays où on a
adopté ces possibilités, il s'en est suivi une augmentation de la
consommation de lait, si on additionne le beurre et la margarine, par rapport
au temps où il n'y avait pas de margarine faite à base de
lait.
M. Giasson: La crainte que soulevait le député de
Beauce-Sud, à laquelle le ministre vient de faire allusion, était
de voir la multiplication d'usines qui fabriqueraient des
succédanés en utilisant surtout du gras végétal et
non pas du gras animal, du gras de lait. C'était la crainte qu'il avait
voulu manifester, lors du débat de deuxième lecture.
M. Garon: Si on remarque bien, c'est pour donner aux usines
laitières la possibilité de le faire, c'est-à-dire aux
marchands de lait. A ce moment, ces usines sont possédées par les
agriculteurs, Si on regarde la montée du prix du beurre et ce qui est
envisagé, avant longtemps, comme augmentation du prix du beurre, je
pense que nous aurons besoin de cet amendement qui presse de plus en plus,
parce que je pense que ce n'est pas un secret pour personne il
était prêt quand je suis arrivé là. Cela presse
encore plus, je pense, à cause de la nouvelle politique laitière
fédérale, qui a augmenté considérablement le prix
du beurre. On peut s'attendre à ce qu'il y ait une baisse de la
consommation du beurre. A ce moment, les succédanés à base
de lait vont peut-être venir jouer un rôle, pour la consommation de
lait au Québec, beaucoup plus important qu'on peut l'imaginer. Je pense
que cela devient encore plus important à cause de la nouvelle politique
laitière du mois d'avril 1977.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: M. le Président, j'aimerais savoir si,
actuellement, on a des usines qui ont déjà fait ces demandes de
fabriquer de la margarine à base de produits laitiers. S'il y en a, y en
a-t-il plusieurs?
M. Garon: Elles n'ont pas fait de demande, officiellement parce
qu'elles ne peuvent pas en faire, la loi l'interdit, à l'heure
actuelle.
M. Rancourt: Oui, mais des représentations ont
été faites quand même, les années
passées.
M. Garon: Oui, il y a des coopératives laitières
qui ont demandé de fabriquer ces produits à base de lait, pour
concurrencer la margarine.
M. Giasson: Ces usines laitières sont-elles des
propriétés privées ou des coopératives?
M. Garon: Dans leur esprit, c'était justement, pour les
coopératives, notamment la coopérative de Granby, pour faire
principalement des types de margarine comme on en fait en Suède,
à base de lait.
M. Giasson: Avec une très forte teneur de gras de lait
dans ces succédanés qu'on fabriquerait.
M. Garon: J'imagine qu'il y aura différentes
variétés. Les prix seront moins élevés que ceux du
beurre, c'est possible. Ils pourront dire, comme je l'indiquais dans le
discours en deuxième lecture, qu'il y aura des types de margarine qui
auront un pourcentage plus faible en gras. Il y a des gens qui pourront dire:
Je suis à la diète. Certains médecins disent: Ne prenez
pas de beurre, si vous êtes à la diète. A ce moment, ils
pourront prendre d'autres types de margarine à base de lait où le
gras sera moins considérable.
M. Giasson: II paraît même évident que plus
une usine qui fabrique des succédanés va utiliser de gras
à base de végétaux, plus cette entreprise sera en mesure
de vendre le produit à un prix inférieur à ce qu'elle
vendrait le produit dans lequel on fait une grande utilisation de gras venant
du lait.
M. Garon: J'ai mentionné, en deuxième lecture,
qu'il y avait quatre types principaux: 1) le beurre-margarine, qui doit
contenir au moins 80% de matières grasses au total et dont la
moitié de celles-ci doivent être du gras de lait; 2) la
margarine-beurre, dont au moins 50% du gras doit être de source
végétale; 3) l'hydrobeurre, un beurre moins concentré en
gras et qui contient nécessairement plus d'eau; 4) le beurre à
40%, un beurre de régime qui ne contient que 40% de gras,
le reste étant des matières solides non grasses et de
l'eau.
Ce sont les différents types de beurre que des usines du
Québec envisagent de produire. D'ailleurs, on n'innove pas en faisant
cela je parlais de la Suède l'Ontario permet depuis
quelque temps la fabrication de l'hydrobeurre, qui contient 65% de gras de lait
et 35% d'eau, alors que la proportion normale de gras dans le beurre est d'au
moins 80%. Une législation de Nouvelle-Ecosse permet, par ailleurs, la
fabrication de l'oléobeurre; les éléments qui le composent
proviennent à 80% du secteur végétal et à 20% de la
matière grasse du lait.
Il s'agira tout simplement de ne pas se faire envahir nos
marchés, au Québec, par des concurrents qui sont dans les
mêmes produits que nos entreprises laitières qui ne pourraient pas
fabriquer ces produits. Si les gens, au lieu d'acheter de la margarine... Ce
n'est pas un substitut au beurre, c'est beaucoup plus un substitut à la
margarine qu'un succédané du beurre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François, vous n'aviez pas terminé votre question.
M. Rancourt: Une question supplémentaire. Par qui le
pourcentage de produit laitier, qui doit être inclus dans la margarine,
sera-t-il vérifié? Est-ce que ce sera par des inspecteurs du
gouvernement ou par la Régie des marchés? De quelle façon
la vérification sera-t-elle faite?
M. Garon: Par les services d'inspection du ministère.
M. Rancourt: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: On se demandait tout à l'heure s'il y avait des
fabriques, des compagnies qui produisaient de la margarine à base de
produits laitiers. Il y a une compagnie dans mon comté, la Lactan-tia,
une entreprise privée. L'hiver dernier, on l'a obligée à
cesser la publicité de sa margarine, parce qu'elle contenait, je crois,
2% de matières grasses provenant du lait. Elle faisait sa
publicité dans le sens que c'était un produit laitier.
Peut-être que je ne connais pas toutes les procédures ou
les implications, mais je me demande si cela aurait été permis
d'exiger d'une compagnie qu'elle produise de la margarine avec un taux fixe,
par exemple, savoir un minimum de 20% de matières grasses provenant du
lait. Je ne sais pas si cela aurait fait, mais il me semble que cela aurait
été un très bon débouché, une bonne
partance, en tout cas, pour nos produits laitiers. Aujourd'hui, la margarine
est faite principalement à base d'huile végétale qui
provient, à 80% et plus, des Etats-Unis. Ce n'est même pas un
produit qu'on fabrique chez nous et il est pourtant très populaire
ici.
Je ne sais pas s'il n'y aurait pas eu possibilité d'exiger, dans
la loi, de la part des compagnies qui veulent faire de la margarine, qu'elles
incluent dans la fabrication, au moins 20% de gras provenant de produits
laitiers.
M. Giasson: Même dans les margarines qui sont
présentement fabriquées au Québec?
M. Baril: Oui. Mais comme je l'ai dit, je ne connais pas les
règlements et les lois, mais si on veut promouvoir ce domaine et
diminuer nos surplus laitiers, il faut commencer par se satisfaire
nous-mêmes avant de penser aux produits qui viennent de pays
étrangers.
M. Garon: Je ne sais pas si ce serait possible, uniquement pour
le Québec, de le faire. C'est une politique sur le plan du Canada.
Seulement au Québec, c'est... Il faut tenir compte de la situation
où il y a 50% de beurre qui est consommé et à peu
près 50% de margarine. Je me demande si, d'un coup sec, on pourrait
faire cela, alors que les gens, pour différentes raisons ont choisi la
margarine.
M. Baril: Souvent on choisit la margarine parce qu'elle est
meilleur marché.
M. Garon: Elle est meilleur marché. C'est pour cela que
ces produits, ces succédanés à base de lait vont venir
concurrencer la margarine. Ils seront des concurrents importants pour la
margarine. Il y a beaucoup de familles au Québec, j'en ai connu dans les
villages, qui achètent du beurre et de la margarine et mélangent
les deux. Ils font du beurre-margarine maison pour réduire le
coût. J'ai vu cela souvent.
M. Baril: Si on pouvait réussir à le faire faire
par les compagnies, les gens n'auraient pas besoin de le faire chez eux. Je ne
sais pas, comme on dit, si cela relève du fédéral ou...
C'est une suggestion.
M. Giasson: Même si cela relève du
fédéral, nous avons nos lois pour contrôler la
qualité des produits laitiers. C'est le Québec qui accorde les
permis aux usines qui sont au Québec. S'il y avait des conditions de
faites à l'intérieur de ces lois, à savoir que pour
obtenir un permis il y a telle disposition à respecter, je pense qu'au
plan constitutionnel on pourrait le faire. Est-ce qu'on pourrait mettre en
marché ou commercialiser ce produit dans d'autres provinces que le
Québec? C'est peut-être là que la dimension
constitutionnelle peut apparaître. Si on voulait vraiment le faire au
Québec, à l'intérieur de nos lois, on en est capable, et
il n'y aurait absolument rien d'ultra vires à l'intérieur de cela
si c'était vendu au Québec.
Si on dépasse les lignes de démarcation de la province,
peut-être pourrait-on rencontrer des objections.
M. Baril: Comme le ministre l'a dit tout à l'heure, si au
moins 80% des usines laitières appartiennent aux producteurs, je suis
d'accord là-
dessus, mais par contre pour ces mêmes usines, c'est plus payant
d'en fabriquer à base d'huile végétale. Ce ne sera pas
parce que cela appartient aux cultivateurs, aux agriculteurs, les usines,
qu'ils vont mettre du lait dedans. Je ne suis peut-être pas encore assez
coopérateur pour cela, mais je ne crois pas à cela parce
qu'aujourd'hui, le système coopératif qu'on a actuellement est
beaucoup plus un système capitaliste que coopératif. Je ne veux
pas détruire le système coopératif, mais je ne l'admets
pas dans le contexte où l'on vit actuellement. C'est pour cela que quand
le ministre dit que possiblement ces compagnies trouveront là un
débouché pour leur surplus, pour ma part cela me laisse perplexe.
Tandis que si on avait pu imposer à toutes les compagnies l'obligation
d'introduire un certain pourcentage, tout à l'heure j'ai dit 20%, cela
pourrait être 10% en partant, toujours, réparti sur une
période de x temps, même si ce n'est pas du jour au lendemain...
C'est une suggestion que j'aurais aimé,si cela avait été
possible, voir introduite dans cette loi.
M. Giasson: Si c'était fait dans le sens des propos du
député d'Arthabaska, on peut conclure immédiatement que
cela augmenterait quelque peu le prix de ce produit. Si vous avez une margarine
ou un succédané qui est fabriqué uniquement à base
d'huile végétale, vous pouvez le mettre sur le marché
à un prix moins élevé que si vous incluez du gras animal
ou du gras de lait, sachant les prix minimaux qui sont établis tant par
la politique fédérale au niveau du lait industriel que les
politiques du gouvernement provincial vis-à-vis du lait nature.
M. Baril: C'est pour cela que je dis...
M. Giasson: II faudrait accepter une légère
augmentation du prix de ce produit qui n'est pas entièrement fait
d'huile végétale, une augmentation par rapport à un
produit qui est fabriqué uniquement à partir d'huile
végétale.
M. Baril: C'est exactement pour cela que je dis que les
compagnies ne seront pas incitées à introduire dans leur
margarine un certain pourcentage de gras. Si cela leur coûte plus cher,
je l'ai dit tout à l'heure, vous pouvez être certain
qu'aujourd'hui ce sont "les piastres et les cennes" qu'on regarde et non pas
l'avenir, malheureusement.
M. Garon: ...
M. Giasson: C'est cela la réflexion du ministre, les
suggestions du député d'Arthabaska.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: Sur même sujet, mais en le prenant à
l'envers, on sait que de la margarine, aujourd'hui, il y en a de
différentes qualités. Il y en a de la très bonne et de la
pas bonne du tout, de la mauvaise. Quel est le contrôle que le
ministère de l'Agriculture a sur la qualité de la margarine? Si
on agissait là-dessus, on forcerait peut-être les usines à
faire de la bonne margarine avec des produits végétaux, et
là on pourrait arriver à avoir une bonne concurrence; il y aurait
des usines qui feraient de la margarine avec des produits laitiers.
Là, on pourrait équilibrer la concurrence aux deux
niveaux. On sait qu'il y a des usines qui en font de très mauvaise
qualité. C'est seulement le coût de production moindre qui compte.
Est-ce qu'il y a une vérification faite par le ministère sur la
qualité de la margarine?
M. Garon: C'est fait actuellement. Il y a des inspecteurs du
ministère.
M. Rancourt: C'est fait.
M. Garon: Oui. Ils ramassent des échantillons et ils
vérifient si les normes de qualité sont celles annoncées
par les entreprises.
M. Rancourt: Dans ce cas, il s'agirait peut-être
d'augmenter les normes de qualité pour certaines entreprises.
M. Giasson: Est-ce que l'inspection des produits laitiers est
faite par l'équipe qui inspecte les produits carnés?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: C'est la même équipe qui vérifie
la qualité de la margarine?
M. Garon: Oui.
M. Picotte: Selon votre réponse, ils vérifient tout
simplement si le consommateur n'a pas été trompé face
à la publicité que l'usine a faite. Cela ne veut pas dire,
évidemment, que les normes sont identiques pour toutes les usines de
fabrication.
M. Garon: Non. Par exemple, on dit: C'est de la margarine qui a
tel pourcentage d'huile végétale, de tel type, etc. On
vérifie si cela rencontre les...
M. Picotte: La publicité des usines.
M. Garon: ... contenus indiqués par les entreprises sur
leurs emballages.
M. Picotte: Cela veut dire qu'à toutes fins pratiques vous
n'avez presque pas de contrôle sur la mauvaise margarine.
M. Garon: La margarine doit avoir des pourcentages, 80% de gras,
par exemple.
M. Giasson: Combien? M. Garon: 80% de gras.
M. Giasson: C'est un minimum pour tout fabricant.
M. Garon: Un pourcentage d'huile végétale, d'huile
animale et d'huile marine ou uniquement une de ces huiles.
M. Picotte: Pour autant qu'il y ait 80% de gras...
M. Garon: II faut que ce soit clairement
étiqueté.
M. Giasson: II est requis que, sur l'emballage, on indique le
contenu des huiles diverses qui ont servi à la fabrication.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: Peut-on être assuré qu'il y a le
même contrôle de qualité que les inspecteurs font chez les
agriculteurs pour avoir un produit laitier de qualité? Est-ce qu'on a le
même contrôle que sur les huiles végétales qui nous
viennent des industries ou de l'extérieur? Peut-on être
assuré qu'il y a le même contrôle que chez les
agriculteurs?
M. Garon: Les huiles végérales sont
vérifiées par le gouvernement fédéral.
M. Giasson: En vertu de la loi des aliments?
M. Garon: C'est parce que ce sont des huiles
importées.
M. Picotte: Mais est-ce en vertu de la loi des aliments?
M. Giasson: Aliments et drogues?
M. Garon: Oui.
M. Rancourt: Merci.
Le Président (M. Boucher): L'article 4 est-il
adopté? Adopté. L'article 5? M. le ministre.
M. Garon: A l'article 5, c'est une modification qui est
proposée au deuxième alinéa de l'article 32 de la loi
actuelle, qui a pour objet d'éviter que la Régie des
marchés ne tienne une audience publique chaque fois qu'un
établissement laitier est acquis par un nouvel exploitant ou qu'il y a
un changement de nom, ou de l'état de l'exploitant dont le nom figure au
permis, par exemple, un changement de nom de compagnie ou quelqu'un qui
s'incorpore, alors que c'est le même exploitant.
Le nouveau texte précise dans quels cas de délivrance d'un
permis la régie doit tenir une audience. Il s'agit des cas où
pourraient être affectées soit la productivité de
l'industrie laitière, soit la capacité d'absorption du
marché des produits laitiers dans le Québec ou dans une
région du Québec.
Le nouveau texte indique les cas où, pour la délivrance
d'un permis, la régie doit tenir une audience.
M. Giasson: Si je comprends bien la teneur du nouvel article,
cela va jusqu'à obliger, par exemple, la tenue d'une audience publique
par la régie vis-à-vis d'un établissement qui
détient déjà un permis, mais qui voudrait ajouter un
produit nouveau ou additionnel à ceux pour lesquels le permis a
déjà été émis.
Cela oblige, quand même, la tenue d'une audience publique par la
Régie des marchés, même s'il s'agit de l'addition d'un
produit différent ou nouveau à l'intérieur de la liste ou
de la gamme des produits déjà autorisés par le permis.
M. Garon: Un nouveau produit qui n'est pas indiqué sur le
permis ou encore un permis d'exploitation d'une nouvelle fabrique ou d'un
nouvel établissement de fabrication de succédanés.
M. Giasson: Et dans le cas d'un établissement qui
détient un permis au nom d'un individu, une personne physique, et qui ne
fait tout simplement que s'incorporer, l'audience publique est-elle
requise?
M. Garon: Non, c'est ce que cela aurait pour but
d'éliminer dans ces cas.
M. Giasson: Si cela demeure les mêmes produits qui seront
transformés ou préparés à l'usine, l'audience
publique n'est plus requise. Autrefois, il était requis, je pense,
d'avoir une nouvelle audience lorsqu'il s'agissait tout simplement d'un
changement de nom à la même entreprise.
M. Garon: Ou encore acquise par un nouvel exploitant. A ce
moment-là, il n'y a rien de changé au point de vue de l'usine,
c'est uniquement sur le plan légal qu'il y a un changement.
Le Président (M. Boucher): Article 5 adopté.
Article 6.
M. Garon: L'article 6 ajoute le paragraphe f) à l'article
41 afin de permettre à la régie de déterminer les
conditions que doit remplir un organisme chargé d'appliquer un plan
conjoint pour bénéficier de la garantie du paiement du lait au
producteur de lait prévue à la section 5 de la loi. C'est dans le
premier paragraphe f) qui rajoutait: "les conditions que doit remplir le
producteur ou l'organisme chargé d'appliquer un plan conjoint pour
bénéficier de la garantie".
Et le deuxième paragraphe actuel prévoit qu'un projet de
règlement pour régir la garantie du paiement du lait au
producteur de lait peut être soumis au surintendant des assurances
même si ce projet doit être approuvé par le Conseil des
ministres avant d'entrer en vigueur. La modification
ferait disparaître cette obligation de soumettre le projet au
surintendant des assurances. Le régime de garantie prévu à
la section 5 de la loi constitue un régime tout à fait
différent des régimes d'assurance ou de garantie qui
relèvent généralement du surintendant des assurances.
M. Baril: Quand on dit: "Les conditions que doit remplir le
producteur ou l'organisme chargé d'appliquer un plan conjoint pour
bénéficier de la garantie", quelles sont ces conditions? De
quelles conditions parle-t-on?
M.Garon: Ce sont des comptes en fidéicommis, des choses
comme cela, pour être certain que le plan conjoint va payer les
producteurs de lait. Il y a des comptes en fidéicommis. C'est pour cela
qu'on applique un plan conjoint, pour assurer la garantie de paiement de lait
aux producteurs de lait. Il y a des choses comme cela comme garantie de
paiement. Quelles sont les conditions que doit remplir le producteur ou
l'organisme chargé d'appliquer un plan conjoint pour
bénéficier de la garantie? C'est le but de l'article.
Les mêmes conditions sont demandées aux entreprises
laitières. Le plan conjoint perçoit les sommes d'argent et paie
les producteurs; ce sont les mêmes conditions que pour les usines
laitières. Il n'y a pas de problèmes là, je pense.
M. Giasson: D'accord, cela irait pour le paragraphe f), M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Garon: Pour le deuxième paragraphe.
Le Président (M. Boucher): Pour le deuxième
paragraphe de l'article 6.
M. Garon: Ce n'est pas de l'assurance. M. Giasson: Au
paragraphe b)? M. Garon: Oui.
M. Giasson: Pourquoi ne met-on pas le terme "doivent" au lieu de
"peuvent"? On est encore face à une régie d'Etat et on sait ce
que cela pose, comme conséquences, assez souvent, de laisser conduire
nos affaires par des sociétés ou des régies d'Etat. On
donne encore la possibilité additionnelle à ces organismes
d'avoir le droit de vie et de mort sur bien des choses. Moi, je
préférerais, M. le Président, qu'au lieu de dire: "Les
règlements édictés par la régie en vertu du
présent article peuvent être soumis à un comité
consultatif", je ferais l'amendement pour qu'on change le mot "peuvent" pour
"doivent être soumis".
M. Garon: Je n'ai pas d'objection, je pense même que c'est
un "peuvent" qui est employé comme un terme...
Le conseiller judirique n'est pas ici, mais il y a des "peut", en droit,
qui signifient "doit".
M. Giasson: J'aimerais mieux le terme "doivent", et non pas
"peuvent" être soumis.
M. Garon: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Boucher): L'amendement pourrait se lire
comme ceci: En remplaçant, dans le deuxième alinéa du
paragraphe b), le mot "peuvent" par "doivent". Cet amendement est-il
adopté?
M. Baril: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 6
est-il adopté, tel qu'amendé?
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 7? M. le
ministre.
M. Garon: Je m'excuse, mais "ils doivent", c'est
déjà dans le texte de loi.
M. Giasson: C'est ce que nous aurions dû garder.
M. Garon: Je m'excuse, c'est déjà dans les
amendements. C'est parce que, dans mes papiers, il est imprimé.
M. Giasson: C'est adopté, M. le Président.
M. Garon: Non, il l'est déjà. C'est parce que vous
n'avez pas le paragraphe qui suit. Voici comment cela se lit, dans l'article de
loi actuel je pense que nous faisons une erreur f) se lirait
comme suit, une fois l'amendement adopté: Les conditions que doit
remplir le producteur ou l'organisme chargé d'appliquer un plan conjoint
pour bénéficier de la garantie. f) Les règlements
édictés par la Régie en vertu du présent article
peuvent être soumis à un comité consultatif institué
par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Ils doivent être soumis à l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil. Voilà ce que dirait le dernier
paragraphe.
C'est le comité consultatif. On dit: Ils peuvent être
soumis au comité consultatif.
M. Giasson: J'aimerais mieux: Ils doivent être soumis au
comité consultatif.
M. Garon: Dans certains cas, ce...
M. Giasson: Parce que le comité consultatif est un
organisme qui est sous le contrôle direct du ministre.
M. Garon: Cela ne donne rien. En fait, vous avez le f) qui est
indiqué là, c'est parce qu'on ne dit pas, après le f), en
dessous de cela, le b) qui est indiqué là, on dit: Les
règlements édictés par la Régie en vertu du
présent article peuvent être
soumis à un comité consultatif institué par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Mais l'article ne se termine pas là. Il modifie seulement cet
alinéa. Mais l'alinéa suivant dit: Ils doivent être soumis
à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil. Ils peuvent
être soumis à un comité consultatif, mais ils doivent
être soumis à l'approbation du lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. Ouellet: M. le Président, advenant qu'un tel
comité consultatif soit créé, qui en est l'auteur? Est-ce
le ministre ou le comité consultatif?
M. Garon: II est institué par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. Giasson: C'est le ministre, à toutes fins utiles.
M. Ouellet: Automatiquement.
M. Garon: Non. Justement, l'amendement se lirait: Les
règlements édictés par la régie, en vertu du
présent article, peuvent être soumis à un comité
consultatif institué par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Après cela, l'alinéa suivant demeure; il dit:
Ils doivent être soumis à l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Ouellet: Cela veut dire que le lieutenant-gouverneur en
conseil peut constituer ou ne pas constituer un tel comité
consultatif.
M. Garon: C'est cela.
M. Ouellet: Si on remplace "peuvent" par "doivent", on force le
lieutenant gouverneur à constituer son conseil consultatif.
M. Garon: C'est cela, oui.
M. Ouellet: Cela risque d'alourdir davantage la machine.
M. Garon: C'est cela.
M. Ouellet: Je comprends vos bonnes intentions, mais...
M. Garon: C'est moi qui ai oublié de vous le dire. Quand
vous aviez le texte des amendements, j'aurais dû vous dire qu'il y avait
un alinéa qui suivait et qui disait: "ils doivent". C'est cela que vous
voulez dire, dans votre intervention, quand vous avez présenté
l'amendement.
M. Giasson: Pourquoi n'acceptez-vous pas: "les règlements
édictés par la Régie, en vertu du présent article,
doivent être soumis", au lieu de "peuvent"?
M. Garon: C'est parce que l'article est long. Si vous remarquez,
dans cet article, il y a de a) à f). Il pourrait arriver des questions
de détails, des choses à modifier, il faudrait former un
comité consultatif à chaque fois.
M. Giasson: Oui, mais le comité consultatif peut avoir une
qualité de permanence à l'intérieur du ministère.
Quand c'est le lieutenant-gouverneur en conseil, à toutes fins utiles,
c'est le ministre.
M. Garon: II y a toutes sortes de détails, prenez un
exemple. Si on lit l'article au complet, vous avez à d) la durée
des polices; c) la forme et la teneur des demandes d'assurance et des
polices.
Il y a toutes sortes de conditions techniques dans cela, et à ce
moment, cela créerait beaucoup plus de problèmes qu'autre
chose.
Il peut y avoir seulement un petit changement dans les règlements
et il faudrait qu'à chaque fois le lieutenant-gouverneur en conseil
institue un comité consultatif. Cela n'aurait aucun bon sens.
M. Giasson: II n'a pas besoin d'instituer cela à chaque
fois; le comité consultatif peut avoir un caractère de
permanence. Ce sont telles personnes qui sont membres du comité, et il
se réunit, au besoin, sur demande.
M. Garon: Je comprends, mais vous allez changer un chiffre,
à un moment donné, qui n'aura aucune signification, qui n'aura
pas beaucoup d'importance et cela occasionnera des frais d'administration et
des délais. Vous savez que la machine gouvernementale est
déjà pas mal lourde, cela ne donne rien.
M. Giasson: Un comité consultatif, au ministère de
l'Agriculture, c'est composé de personnes qui travaillent autour du
ministre. Il n'est pas nécessaire de déplacer des gens dans la
province pour faire travailler un comité consultatif. . M. Garon:
Non, la régie arrive avec sa modification. Pour aller chez le
lieutenant-gouverneur en conseil, il faut instituer le comité
consultatif et soumettre la question, revenir avec cela au Conseil des
ministres. On alourdit la machine pour rien.
M. Giasson: Dans certains secteurs d'activité de la
régie, on découvre qu'elle a parfois joliment de pouvoirs;
d'accord, ce sont des pouvoirs qui lui ont été donnés par
les législateurs mais il y a certains de ces pouvoirs qu'on aimerait
mieux voir entre les mains d'un ministre qu'entre les mains d'une régie
qui, avec le temps, du fait de toute l'opération des plans conjoints,
des pouvoirs de la loi qu'elle administre, la Loi sur la mise en marché
des produits agricoles, de ces pouvoirs qui sont à sa disposition,
devient une espèce d'Etat dans l'Etat.
M. Garon: Un comité consultatif, c'est un comité
consultatif. Si le lieutenant-gouverneur ne sent pas le besoin de consulter et
que la loi lui dit de consulter, il va consulter. Ce sera une perte de
temps et cela ne donne rien. Vous avez parlé, tout à
l'heure, de l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil. Là, c'est
un comité consultatif qu'on ne veut pas consulter; parce que c'est une
question de détail on veut consulter. Cela alourdit la procédure,
tout simplement.
M. Ouellet: J'aimerais souligner à l'intention du
député de Montmagny-L'Islet que la seule véritable
critique qu'on puisse faire à l'endroit des régies d'Etat, c'est
leur lourdeur administrative. Les bonnes ou les mauvaises décisions,
généralement, on les attribue au ministre ou au
lieutenant-gouverneur en conseil. Si on force ce dernier, soit le ministre,
à toujours consulter, même quand il n'en sent pas le besoin, on ne
fait qu'alourdir davantage la démarche, qu'on voudrait rapide parfois,
même tout le temps. Je ne vois pas pourquoi la consultation deviendrait
obligatoire. C'est toujours le ministre qui a le dernier mot à dire,
tout de même.
M. Giasson: On avait donné certains pouvoirs de
contrôle au surintendant des assurances, sur les questions de garantie et
ces choses-là. Là, on retire, de par les amendements qu'on
adopte, ces pouvoirs qui étaient entre les mains du surintendant des
assurances. On place la régie reine et maîtresse.
M. Garon: Non, non. Les règlements édictés
par la régie, en vertu du présent article, peuvent être
soumis à un comité consultatif institué par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Ils doivent être soumis à
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, c'est-à-dire que les
règlements adoptés en vertu de l'article 41 doivent être
soumis à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil. C'est la
faculté de soumettre au comité consultatif ou non, qui
dépend du lieutenant-gouverneur en conseil. S'il ne sent pas le besoin
de consulter, parce qu'il se dit que ce n'est pas un problème... Il y a
souvent dans ces règlements vous le savez, vous êtes dans
l'assurance vous-même des questions...
M. Giasson: Quelle est l'idée de modifier l'article tel
qu'il était rédigé avant l'amendement qu'on propose? Il se
lisait comme ceci: Les règlements édictés par la
régie en vertu du présent article doivent être soumis au
surintendant des assurances.
M. Garon: C'est cela. C'est tout ce qui est enlevé, le
reste demeure.
M. Giasson: Pourquoi l'enlève-t-on? Quels problèmes
cela a-t-il causés?
M. Garon: Cela cause des problèmes au surintendant des
assurances. Ce ne sont pas des assurances, ce sont des garanties de paiement.
L'assurance, ce n'est pas cela. Ce sont des garanties de paiement, des fonds en
fidéicommis ou des choses comme cela. Ce n'est pas de l'assurance.
M. Giasson: Oui, mais les garanties de paiement peuvent
être accordées par une police garantie, une police cautionnement;
c'en est, de l'assurance.
Il y a bien des fabriques qui, pour garantir la paye du lait aux
producteurs, souscrivent auprès d'un courtier d'assurance une police
garantie d'exécution de paiement. C'est une police d'assurance. Je ne
vois pas beaucoup de fabriques qui vont aller endormir quelque $100 000
déposés à la Régie des marchés agricoles
comme garantie que les producteurs seront payés. Au lieu de faire dormir
un montant d'argent, ils se procurent une police.
M. Garon: Cela existait auparavant, mais cela n'existe plus
maintenant parce que les polices d'assurance ne veulent plus garantir cela,
apparemment.
M. Giasson: II n'existe plus de police d'assurance?
M. Garon: Ce sont les garanties. Il n'y a plus de compagnies qui
veulent faire cela.
M. Giasson: Quelle est la garantie qu'on exige de la fabrique, un
dépôt?
M. Garon: Soit en argent, en bons du Canada, des bons
d'épargne, des obligations, des choses comme cela. Tout ce qui est
enlevé c'est que les règlements doivent être soumis au
surintendant des assurances. Le reste n'est pas changé.
M. Giasson: Comme cela, il n'existe plus aucune police de
garantie d'exécution de paiement?
M. Garon: Pas comme telle. C'est de la garantie.
M. Giasson: Une autre forme de garantie.
M. Garon: Elle est faite par la Régie via le gouvernement.
En fait, c'est le gouvernement qui garantit le paiement aux producteurs.
M. Giasson: Puisqu'il y a d'autres formes de garantie qu'une
police d'assurance, est-ce qu'on pourrait nous indiquer quelle est la teneur de
cette garantie? Quel est le montant que l'on va exiger d'une fabrique? Le
fait-on à partir du volume de lait qu'elle achète? Dans quel
ordre de pourcentage?
M. Garon: C'est tant des cent livres de lait avec un maximum de
$3247 environ, dans cet ordre, par fabrique laitière.
M. Giasson: Par usine laitière, quel que soit le volume
d'achat de lait qu'elle fait?
M. Garon: C'est cela, c'est le maximum, ce qui fait un montant
global qui prend soin du cas qui peut survenir.
M. Giasson: Du cas qui va survenir.
M. Garon: Qui peut survenir et qui n'est pas survenu depuis cinq
ans.
M. Giasson: Au total on en arrive à quoi? Les garanties
venant de toutes les usines laitières?
M. Garon: Je pense qu'ils sont rendus à $500 000 ou $600
000 de cumulés. C'est pour cela, je pense, qu'éventuellement, ils
veulent réviser cela pour voir s'il n'y a pas lieu de minimiser la
cotisation ou encore peut-être la faire enlever complètement, je
ne le sais pas. Ce sont des règlements qui seront soumis au
lieutenant-gouverneur. Cela n'a plus d'objet. Le surintendant des
assurances...
M. Giasson: S'il n'y a plus de police, il n'a plus sa place
là-dedans.
M. Garon: II n'y a plus de police. A ce moment-là il n'y a
rien de modifié dans ce deuxième alinéa, sauf qu'on a
enlevé les règlements régissant le surintendant des
assurances. Le reste demeure comme avant. Voici l'article tel qu'il
était avant les amendements: Les règlements édictés
par la Régie en vertu du présent article, doivent être
soumis au surintendant des assurances. Ils peuvent aussi être soumis
à un comité consultatif institué par le
lieutenant-gouverneur en conseil et doivent être soumis à
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil.
Ce qui resterait c'est: Les règlements édictés par
la régie en vertu du présent article peuvent être soumis
à un comité consultatif institué par le
lieutenant-gouverneur en conseil et ils doivent être soumis à
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Giasson: Etant donné les informations qu'on vient de me
donner, je croyais encore que les garanties qu'on exigeait des usines
laitières étaient celles d'une police garantie de paiement.
Est-ce que cela fait longtemps que cela a été aboli?
M. Garon: Quasi dix ans, peut-être plus. Cela n'existe
plus. La dernière compagnie d'assurance c'est la Mercantile et ils ne
veulent plus rien savoir. Il y a même encore une cause en justice
concernant cela, dans le moment.
Le Président (M. Boucher): Nous avons un amendement qui
avait été adopté, est-ce que M. le député de
Montmagny-L'Islet...
M. Giasson: Mettez-le aux voix.
Le Président (M. Boucher): On peut le mettre aux voix.
L'amendement était de remplacer, dans le deuxième alinéa
du paragraphe b), le mot "peuvent" par le mot "doivent". Ceux qui sont
pour...
M. Baril.
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): Pour ou contre, on va faire
cela tous ensemble. M. Brassard.
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Marquis.
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon.
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson.
M. Giasson: Pour l'amendement que j'ai proposé. Même
si curieusement il était dûment adopté. On reste sur un
amendement qui avait été adopté par l'ensemble...
Le Président (M. Boucher): M. Mercier.
M. Mercier: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Ouellet.
M. Ouellet: Après discussion, contre.
Le Président (M. Boucher): M. Picotte?
M. Picotte: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): La motion d'amendement est donc
rejetée.
M. Garon: Je n'avais pas donné les explications
immédiatement. Dans mon texte, il y avait une erreur de disposition. Je
n'ai pas vu le dernier alinéa immédiatement. C'est
peut-être pour cela que cela a créé un imbroglio au
début.
Le Président (M. Boucher): L'article 6 est
adopté.
M. Garon: Tel quel.
Le Président (M. Boucher): Oui, tel quel. L'article 7?
M. Garon: "L'article 42 de la loi est modifié par
l'insertion, après le paragraphe n), du suivant: prohiber l'usage des
récipients, emballages, enveloppes, inscriptions, étiquettes ou
marques qui n'ont pas été préalablement approuvés
par le ministre."
Depuis plusieurs années déjà, les nouveaux
emballages, les produits d'étiquetage sont soumis à la
Régie des marchés agricoles pour approbation. Pour l'avenir, cet
amendement aura pour but de rendre cette mesure obligatoire afin d'assurer aux
marchands et au public, en général, une meil-
leure protection. Cela se fait déjà pour d'autres produits
agricoles. Cela aura pour but d'uniformiser.
M. Giasson: Cela pourrait être aussi un article de
concordance avec certaines dispositions de la loi 101. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): L'article 7 est adopté.
L'article 8?
M. Garon: II entre en vigueur le jour de sa sanction.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 14, Loi
modifiant la Loi des produits laitiers et de leurs succédanés,
est donc adopté. Je prie le rapporteur d'en faire rapport à
l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission.
M. Garon: Je remercie encore une fois les membres de la
commission de leur bonne coopération pour l'étude de ces deux
projets de loi en commission parlementaire. Je ne sais pas si l'ab- sence de
l'Union Nationale nous a permis d'aller un peu plus rapidement, mais je suis
bien content qu'on ait terminé l'étude de ces deux projets de loi
pour qu'on puisse travailler à d'autres choses.
M. Giasson: Exactement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je suis d'accord sur les
remarques du ministre sur la coopération apportée par les membres
de la commission. Je remarque, une fois de plus, que nous adoptons encore des
projets de loi qui avaient été préparés par
l'ancien gouvernement. Cela indique une certaine continuité, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Je remercie tous les membres de
la commission de leur collaboration à mon endroit. La commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 29)