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Etude du projet de loi no 90
(Onze heures cinquante-huit minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'agriculture est réunie pour entendre les
mémoires des organismes et individus, sur la Loi sur la protection du
territoire agricole.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Rancourt (Saint-François), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Vaillancourt (Orford).
Les intervenants: M. Marcoux (Rimouski) remplace M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Charbon-neau (Verchères), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue) remplacé par M. Ver-reault (Shefford), M.
Lavoie (Laval), M. Mercier (Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Picotte
(Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda).
A l'ajournement d'hier soir, nous en étions à la Chambre
des notaires du Québec et M. Audet avait la parole pour exposer le point
de vue de la Chambre des notaires du Québec concernant la Loi sur la
protection du territoire agricole. M. Audet, si vous voulez continuer votre
exposé.
Chambre des notaires du Québec
M. Audet (Jean-Marc): Pour résumer un peu ce que nous
avons dit hier, c'est que nous considérons que la Loi sur la protection
du territoire agricole est une loi d'exception, tant au Code civil qu'à
la Charte des droits et libertés de la personne. Dans le cas d'une loi
d'exception semblable, nous vous faisons remarquer que la commission aura un
rôle déterminant et prépondérant. Ses
décisions seront très importantes. Elle aura à accorder
des autorisations, des confirmations et des approbations qui feront que ce
nouvel exercice du droit de propriété pourra être
exercé de façon, nous le croyons bien, efficace et possible.
Comme il s'agit d'une loi qui concerne tout particulièrement le
droit immobilier et que c'est une loi qui en touche même les fondements
dans son exercice, nous considérons que nous voyons apparaître au
Québec, une forme de prohibition d'aliéner, ou d'interdiction de
construire, ou une sorte de servitude pour usage agricole, ou une forme
d'affectation de patrimoine agricole.
Cet ensemble de restrictions et de limitations va entraîner des
conséquences d'ordre juridique énormes, tant au plan de
l'interprétation qu'au plan de I'application. Et la commission, nous en
formulons le voeu, devrait avoir la capacité et la possibilité
d'émettre des directives qui lieront les parties, tout comme le
ministère du Revenu émet des directives d'ordre fiscal.
Il est impossible de songer à tous les cas imaginables
d'interprétation que cette loi va entraîner.
On ne joue pas avec le droit de propriété de n'importe
quelle manière. Les notaires ont un rôle immense à jouer
dans ce domaine car ils doivent prouver, tant au propriétaire d'un
immeuble qu'à un créancier hypothécaire ou
privilégié, que les titres seront incontestables,
irréfragables, inattaquables, inopposables et inexpugnables,
c'est-à-dire que les titres doivent être clairs, ne doivent
démontrer aucun vice, doivent écarter tout doute
d'interprétation possible. Notre droit immobilier, depuis 1866, a
été très bien appliqué au Québec car les
titres de propriété, en général, sont clairs et
sont acceptés par ceux qui prêtent, ceux qui détiennent des
garanties et assurent la sécurité juridique aux
propriétaires de terrains et d'immeubles.
Or, vous savez que l'évaluation des terres, au Québec,
l'évaluation du patrimoine territorial est immense. C'est sur cette
évaluation d'ailleurs qu'on taxe et cette évaluation
démontre les sommes d'argent considérables qui sont investies
dans le domaine immobilier. Et il serait tragique que cette loi vienne freiner
les investissements immobiliers au motif qu'elle n'est pas assez claire, au
motif qu'elle donne lieu à des interprétations diverses et
qu'elle peut causer des doutes ou des vices de titres.
La commission devrait uniformiser son interprétation et devrait
généraliser ses décisions de façon uniforme et
logique.
Pour nous qui recherchons la certitude des titres de
propriétés, nous croyons que la commission va être
débordée par des demandes de confirmations et d'autorisations. Et
peut-être y aurait-il lieu d'envisager qu'on crée des
sous-commissions régionales avec lesquelles on pourrait communiquer
d'une façon juridique, cordiale, affable, efficace et, surtout, rapide.
Il faut éliminer les délais prolongés si on ne veut pas
bloquer des transactions immobilières.
Je le répète, le marché immobilier, au
Québec, mobilise des investissements considérables, des effectifs
et des personnes ressources en nombre illimité. Il y a un
marché qu'on ne peut pas freiner ou qu'on ne peut pas affaiblir, et le
droit immobilier est un droit sacré, c'était le droit de nos
ancêtres; c'était la base de la conception de notre Code civil et
lorsqu'on légifère en matières immobilières, il
faut être très prudent.
Pour compléter sur ce point, il faudrait ajouter que depuis
quelques années, au Québec, on semble affaiblir la portée
du droit immobilier par des lois comme la Loi sur les biens culturels, la Loi
sur l'expropriation, la future loi ou le troisième volet, si on veut, de
la future Loi sur la protection du consommateur, ainsi de suite. Il y a
certainement lieu de protéger ou de surveiller la normalité
d'application du droit immobilier.
Dans une deuxième étape, nous allons maintenant passer
on n'a pas le choix à la révision de quelques
articles de cette loi car on veut en améliorer la teneur. On ne
considère pas avoir compris toutes les subtilités de la loi; on
vous suggère des cas d'espèce, des cas limités où
on semble découvrir des faiblesses dans sa rédac-
tion ou dans son interprétation. Nous désirons tout
simplement énumérer quelques cas qui, à notre avis, nous
semblent assez faibles. Dans l'article...
M. Giasson: M. le Président, une question de directive. Il
a sans doute d'excellentes raisons, mais je constate que le ministre n'a pu
nous rejoindre encore ce matin. Au moment où notre intervenant doit
commenter certains articles de cette loi, il serait de la logique la plus
élémentaire que le ministre soit avec nous. Est-ce qu'on peut
nous indiquer s'il doit revenir bientôt? Sinon, M. le Président,
je demanderais une suspension temporaire de façon que nos invités
puissent parler en présence du ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, le ministre nous a informés qu'il serait ici d'une
minute à l'autre. Etant donné qu'il y a un exposé qui se
fait présentement...
M. Desbiens: ...indiquer les articles où il y a des cas
litigieux...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre aura des
commentaires à faire, étant donné qu'il y a quelqu'un qui
s'occupe de prendre des notes.
M. Mercier: M. le Président, on m'avise que le ministre
devrait arriver d'une minute à l'autre. Actuellement, compte tenu que ce
sont des amendements ou des suggestions d'amendements à apporter, il y a
quelqu'un qui en prend bonne note et même si le ministre n'est pas
présent ici, il sera au courant de ces amendements lorsqu'il arrivera.
On pourrait peut-être continuer la lecture et nous verrons à ce
que le ministre arrive le plus rapidement possible. D'accord?
M. Giasson: Quand vous dites très prochainement, c'est
dans combien de minutes?
Le Président (M. Boucher): II devrait être ici...
M. Giasson: Dans deux minutes?
Le Président (M. Boucher): II devrait être ici
actuellement.
Une Voix: On va voir.
M. Giasson: M. le Président, je donne mon assentiment si
cela ne doit pas se poursuivre plus de deux minutes. Sinon, je reviendrai sur
une question de directive.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Allez-y, Me
Audet.
M. Audet; Le premier commentaire concerne l'article 1,
troisièmement, qui est la définition du terme
"aliénation". L'aliénation s'identifie comme étant "tout
acte translatif de propriété, y compris la vente à
réméré et le bail emphytéotique".
Il y aurait un choix à faire; est-ce qu'on doit élimiter
"y compris la vente à réméré et le bail
emphytéotique car c'est une inclusion limitative, ou bien est-ce qu'il
faudrait la compléter de manière plus précise en y
ajoutant, en tout cas, "le bail à rente".
Dans la définition d) "aliénation", on se limite à
"tout acte translatif de propriété". C'est sûr que
l'exposé technique que je fais est d'ordre purement juridique; il y a
des subtilités qu'il faut quand même énoncer et il y en a
une en particulier qui est fort intéressante, c'est que le partage d'un
bien, au sens juridique, n'est pas translatif de propriété, il
est déclaratif de propriété. Si on veut, dans cette loi,
éviter le morcellement des héritages, c'est-à-dire des
lots, des terrains, des fermes, on n'y arrivera pas. Parce que, d'une part, le
partage peut toujours être permis, c'est-à-dire qu'il y a
certainement deux ou plusieurs individus qui sont propriétaires ensemble
d'un même objet, d'un même bien immobilier et quand arrive le temps
du partage, chacun en récupère une parcelle ou une partie.
De même, lorsque l'on permet la transmission pour cause de
succession, cela n'empêche pas un père de léguer toute sa
terre à ses cinq fils; les cinq fils seront copropriétaires et,
s'il y a partage, chacun aura droit à une parcelle qui va
représenter un cinquième de la terre. Nous soutenons que le terme
"aliénation", en ce sens, devrait peut-être englober "partage" ou
l'exclure d'une façon expresse ou, en tout cas, qu'on fasse allusion au
moins au terme partage quelque part dans cette loi.
Il y a également la question du procès-verbal de bornage.
Quelle est la nature et quels sont les effets juridiques du
procès-verbal de bornage? Il faudrait peut-être le
délimiter puisque le procès-verbal de bornage a bien souvent pour
effet de transférer d'une certaine manière la
propriété où sont déplacées les bornes.
L'article 1, 3o, sous-alinéa c), est très important. Nous
croyons déceler dans cet article une déficience, puisque la fin
de ce sous-alinéa on y lit ce qui suit: "De tous les lots faisant
l'objet de l'acte." Or, l'acte peut avoir été constitué
à une époque déterminée; donc, un créancier
hypothécaire peut détenir en garantie le lot numéro 17A en
totalité. Il peut y avoir eu expropriation d'une partie parce qu'il y a
eu élargissement du chemin, alors le créancier a
libéré son hypothèque sur cette partie. En vertu de la
définition, le créancier reprendrait tous les lots faisant
l'objet de l'acte, y compris la partie expropriée. Nous soutenons qu'on
devrait ajouter après le terme "faisant" le mot "encore": Tous les lots
faisant encore l'objet de l'acte, de sorte qu'on retire ce qui a
déjà fait l'objet de main levée antérieure.
A l'article 1, 4o, "chemin public" concerne uniquement des lois
énumérées. Il peut fort bien arriver des cas où on
se trouve en face de chemins qui existent, mais qui n'existent pas en vertu
d'une des lois qui sont déjà énumérées; par
exemple, un chemin par dédicace suivant l'article 466 du Code municipal
ou encore des chemins privés utilisés
par le public; cette définition nous paraît trop
limitative.
A l'article 1, 80, sur la définition de "lot" on pose une
question: Est-ce que cela comprend un lot désigné d'une
façon individuelle ou cela peut-il comprendre toute une terre? Or, toute
une terre peut comprendre évidemment plusieurs numéros de lots.
Ici, on pose une question tout simplement.
A l'article 3a, pour faire suite à notre demande qui veut que la
commission ait un rôle extrêmement important à jouer pour
clarifier les titres de propriété, pour être certain que le
titre ne sera jamais attaquable ou contestable, nous soutenons qu'il y aurait
lieu d'étendre la portée de cet article 3a en disant: De
décider des demandes d'autorisation et de confirmation et de faire
mention que "cette commission pourra délivrer des certificats qui seront
sujets à enregistrement le cas échéant", de manière
à pouvoir retracer dans les bureaux d'enregistrement un certificat de
validation des titres.
A l'article 14,1o, il est question d'ordonnance qui concerne un
lotissement ou un travail sur un lot. Nous soutenons qu'il y aurait lieu
d'enregistrer cette ordonnance.
A l'article 18, nous ne pouvons accepter qu'un délai de six mois
vienne s'ajouter, bien souvent, à d'autres délais
préalables. Les transactions immobilières doivent s'effectuer
dans un délai raisonnable et même dans le plus court délai
possible. Nous croyons qu'une commission qui rend une décision devrait
rendre une décision finale ou, si cette décision doit être
révisée, elle devrait l'être au plus dans les 30 jours
suivant sa décision finale. Pourquoi permettre à une commission
de prendre une décision finale et de se réserver la
possibilité de la réviser encore pendant six mois sachant
pertinemment que, lorsqu'elle a pris sa première décision, elle y
a certainement réfléchi et elle a certainement
étudié tous les documents pertinents soumis? (12 h 15)
A la section III de la page 11 du projet de loi, on mentionne le terme
"décret". Juridiquement parlant, le terme "décret" se retrouve
déjà au Code de procédure civile. Il a un sens qui est
très précis et qui, d'ailleurs, a aussi été
précisé par les tribunaux avec le temps. Le terme
"décret", pour nous, a une connotation juridique très importante.
Le terme "décret" ici se retrouve à plusieurs endroits dans la
loi: que l'on parle de "décret de région agricole
désignée" ou des "retenues pour fins agricoles", de "zonages
agricoles", le terme "décret" revient. C'est une forme de
législation par décret dont les effets en droit immobilier sont
très importants puisqu'ils peuvent être une cause de
nullité.
A l'article 24, pour une première fois, on rencontre "pour fins
d'enregistrement". Vous savez que les notaires font des contrats qui ont pour
objet des immeubles. Pour vérifier la validité des titres, les
notaires se réfèrent constamment au Bureau d'enregistrement.
C'est là qu'on puise la moëlle de notre travail; c'est là
qu'on peut s'assurer des entrées qui sont faites contre un immeuble et
c'est là qu'on pourrait s'assurer si une terre fait l'objet soit d'un
décret ou d'un cas d'inclusion ou d'exclusion de lots.
Nous croyons que lorsqu'il est question d'enregistrement, le
législateur devrait non pas dire qu'il doit déposer deux copies
d'un plan au Bureau d'enregistrement, mais qu'il devrait obliger le
régistrateur à inscrire à l'index aux immeubles toutes les
entrées concernant les lots mentionnés sur les plans. Autrement,
le certificat de recherche émis par le Bureau d'enregistrement ne
pourra, à toutes fins utiles, constater ces mentions de
décret.
Nous insistons énormément pour que la notion
d'enregistrement soit fondamentale dans cette loi. L'enregistrement, c'est un
avis à tout le monde, c'est un avis qui est présumé connu
de tous et, bien sûr, en particulier des notaires. C'est là la
source de renseignements qui nous permet de fonctionner, qui nous permet au
moins de nous renseigner d'une façon légale.
L'article 24, on le retrouve à d'autres articles: 35, 36, 37, 52,
mais, bien souvent, on n'oblige pas, dans chacun de ces articles, à
référer à l'index aux immeubles. Les seuls articles qui
réfèrent à l'index aux immeubles sont les articles 67 et
68 dans les cas d'inclusion ou d'exclusion de lots.
A la page 12 de la section II, les effets du décret
représentent pour nous une section fondamentale puisqu'on y trouve la
sanction de certains actes posés. Commençons par les articles
26et 27 qui ne disent pas qu'un acte est signé ou exécuté
par une partie. C'est un changement de destination, soit pour fins agricoles,
soit pour une érablière.
Or, l'article 82 de la loi réfère aux articles 26 et 27et
permet à la Cour supérieure de demander la radiation de droits,
privilèges et hypothèques qui pourraient résulter d'actes
commis en contravention aux articles 26 et 27. Nous croyons que l'article 82 va
beaucoup trop loin dans l'application des articles 26 et 27 et je vous donne un
exemple: Si une société ou une corporation prête sur
hypothèque à un cultivateur pour une terre donnée.
L'hypothèque est valide lors de la constitution mais il peut fort bien
arriver que la destination change peu de temps après, qu'en vertu de
cette loi, la commission puisse ordonner la remise en état des travaux
exécutés en contravention des articles 26 et 27. Nous pourrions
nous retrouver devant le cas suivant: Premièrement, l'article 84
crée un privilège en faveur de l'Etat pour les sommes investies
pour la remise en état supposons $5000 qui prennent rang
immédiatement, après les frais de justice, donc qui seraient
prioritaires à l'hypothèque, ce qui, pour nous, est inadmissible
parce qu'il n'y a pas un prêteur hypothécaire qui va prendre le
risque de prêter sur une terre. La deuxième conséquence,
c'est que l'hypothèque elle-même qui pourra avoir
été consentie par le prêteur pourra être
radiée en vertu de l'article 82.
Les articles 26 et 27 ne devraient pas donner ouverture, soit à
la radiation des privilèges et hypothèques constitués,
soit à l'enregistrement d'un
privilège prenant rang après les frais de justice. Un
privilège peut prendre rang après les hypothèques
déjà enregistrées.
C'est une donnée technique qui, pour nous, est fondamentale. Qui
nous dit que l'emprunteur ou le propriétaire ne changera pas la
destination de sa terre agricole ou de son érablière? Nous
croyons que l'article 82 ne devrait pas concerner les articles 26 et 27.
L'article 29 est certainement un article qui donne lieu à
beaucoup d'interprétations. Tout d'abord, on y parle d'aliénation
d'un droit réel immobilier. Nous soutenons qu'aliénation a
déjà été définie comme étant un acte
translatif de propriété. Ce qui fait qu'une personne ne peut
procéder à un acte translatif de propriété d'un
droit irréel immobilier sur un lot. Vraiment, nous nous confondons dans
toutes les conjonctures d'interprétation de cet article.
Que veut dire droit réel immobilier? Est-ce qu'on ne voudrait pas
dire par ailleurs procéder à la constitution d'un droit
réel immobilier? C'est un premier point.
Le deuxième point: Lorsqu'on parle d'un lot séparé
du premier lot par un chemin public, nous croyons que cette définition
est encore imprécise. Je peux avoir un lot situé à un
endroit donné d'un côté du chemin et avoir un autre lot de
l'autre côté du chemin, mais situé à un mille du
premier lot. Est-ce que la loi devrait être applicable? Nous pensons que
le législateur veut dire que ces lots, qui sont séparés
par un chemin public, seraient par ailleurs contigus, s'il n'y avait pas de
chemin public. Autrement dit, ces lots sont face l'un à l'autre ou
contigus, d'une certaine manière. Nous croyons que c'est une
imprécision dans cette loi.
Au deuxième alinéa, lorsqu'il est question
d'aliénation qui ne peut être faite simultanément à
plus d'une personne, nous croyons que les termes "simultanément", d'une
part, et "plus d'une personne", d'autre part, vont causer
énormément d'ennuis. Comment vérifier la
simultanéité de transactions? Pourquoi limiter à plus
d'une personne l'aliénation d'un bien? Est-ce qu'une personne va
comprendre une société, un organisme quelconque ou encore deux
fils ensemble? Les deux fils d'un cultivateur ne pourraient acquérir
d'un père cultivateur? Nous croyons que c'est très difficile de
vérifier la portée de cet article.
La contiguïté des lots va être en pratique très
difficilement vérifiable, à moins de rechercher tous les titres
de propriété du propriétaire, de faire des
vérifications des examens de titres encore plus approfondis.
L'article 30, à notre avis, est l'article clef de cette section,
puisqu'il concerne la sanction, soit des contraventions à certains
articles... c'est-à-dire qu'il concerne la sanction des actes commis en
contravention des articles 28 ou 29.
De quelle nullité s'agit-il? A la première lecture, il
semble bien que ce soit une nullité absolue, puisque la fin du
deuxième alinéa de cet article 30, on permet à la Cour
supérieure de constater cette nullité. Le texte anglais traduit
nul par "annulable ", donc annulable.
Il n'y a pas tellement lieu de préciser ou de limiter la
portée de cet article 30. Nous pensons qu'il devrait s'agir plutôt
d'une nullité relative, et non pas absolue. Cette nullité,
étant définie comme relative, devrait être sujette à
un délai de prescription et cette nullité relative pourrait
également être sujette à confirmation par la commission
dans certains cas.
Cette loi va donner lieu à énormément de
problèmes d'interprétation. Il peut fort bien arriver qu'un acte
apparemment puisse être nul, mais puisse être bonifié par la
suite avec la confirmation de la commission. Nous soutenons que créer
une nullité absolue qui pourrait être demandée par tout
intéressé serait une limitation juridique difficilement
acceptable. Nous allons même demander que cette nullité relative,
si elle est acceptée, ne puisse être demandée que par la
commission qui, à toutes fins pratiques, a en dernier ressort la
décision finale.
L article 31 est aussi un article fondamental puisqu'on
réfère à une date, le 9 novembre 1978. Qu'arrive-t-il le 9
novembre 1978? Il arrive qu'il y a une ligne de démarcation entre ce qui
était enregistré avant le 9 novembre 1978 et ce qui est
enregistré le et après le 9 novembre 1978. Qu'arrive-t-il des
promesses de vente qui ont été signées avant cette date?
Nous croyons que les promesses de vente déjà consenties et qui
ont donné la possession des terres promises aux promettants
acquéreurs devraient être enregistrées après le 9
novembre 1978 avec tous les droits que cela comporte. De manière
à valider le titre, nous aimerions que la commission confirme le titre
au moyen d'un certificat qui sera enregistré de la même
manière qu'on enregistre un certificat ou un permis de disposer en vertu
du projet ou de la Loi sur les droits successoraux.
Quant aux promesses de vente, unilatérales à tout le
moins, et même bilatérales dans certains cas, qui ont
été signées avant le 9 novembre 1978, sans
transférer la possession aux promettants acquéreurs, nous croyons
que cette loi constitue un cas de force majeure. Il était
imprévisible pour le promettant acquéreur de savoir qu'une telle
loi serait déposée et qu elle limiterait d'autant lexer-cice de
son droit futur de propriété. Nous estimons que ce promettant
acquéreur, dans ce cas particulier, pourrait demander la nullité
de sa promesse de vente au motif que le dépôt ou l'adoption de la
présente loi constitue un cas de force majeure. Ou encore, une autre
conclusion subsidiaire, c'est que le législateur pourrait
peut-être régulariser un bon nombre de cas actuellement en suspens
qui créent des doutes et entraînent une incertitude en reportant
la date du 9 novembre 1978 à la date de la sanction de la loi.
Quant à la fin de l'article 31 où on limite l'utilisation
d'une superficie de terre à une superficie n'excédant pas un
demi-hectare. Vous conviendrez qu'il sera très difficile de
vérifier cette superficie. Un demi-hectare, en premier lieu, c est en
termes métriques, donc, difficilement compréhensible par le
public et en deuxième lieu, un demi-hectare, ce n'est pas facile
à calculer surtout
si ce sont des terrains irréguliers, en forme triangulaire ou en
d'autres formes difficilement calculables. Nous soutenons que ces superficies
de terrain limitées à un demi-hectare devraient être
subdivisées officiellement avant leur aliénation.
Aux articles 32 et 33, on réfère à des
déclarations du requérant qui auraient le même effet qu'une
autorisation de la commission. Pour nous, une déclaration
unilatérale ne peut comporter une certitude juridique aussi valable que
l'autorisation de la commission. Nous croyons qu'une telle déclaration
pourrait être un moyen de détourner la loi et d'entraîner,
par voie de conséquence, des vices éventuels de titres. Nous
avons des restrictions quant à ces déclarations
unilatérales. (12 h 30)
Si vous le permettez, je reviens à la fin de l'article 31.
Lorsqu'on parle de construire une seule résidence, sur l'un de ces lots,
nous avons des doutes quant à l'interprétation de ces termes. Si
on veut dire construire, parmi ces lots, une seule résidence, il y
aurait peut-être là une distinction subtile à apporter. De
la manière dont c'est rédigé, on pourrait peut-être
croire que construire une seule résidence, sur un de ces lots, veut dire
ne pas construire deux résidences sur l'un de ces lots. Ça
pourrait peut-être vouloir dire construire une seule résidence sur
chacun de ces lots. Nous croyons que si on veut comprendre l'ensemble des lots,
construire une seule résidence sur l'ensemble des lots, il faudrait dire
"construire parmi un seul de ces lots une seule résidence".
A l'article 40, on dit que sans l'autorisation de la commission, donc
sans l'autorisation, une personne, dont la principale occupation est
l'agriculture, peut construire sur son lot, une résidence pour
elle-même, pour son enfant et son employé. Nous avons des
restrictions à l'égard de ces termes très limitatifs que
sont les mots "son lot", 'son enfant" et "son employé". Qu'arrive-t-il
si le cultivateur a plusieurs enfants ou a plusieurs employés? Et
construire sur "son lot", avec la définition donnée au
début de la loi, nous croyons que "son lot " est beaucoup trop
limité. Si on dit, au début de la loi, que le terme lot comprend
l'ensemble des numéros de lots qui sont la propriété d'un
cultivateur, alors le terme "lot", ici, serait compréhensible.
Autrement, il faudrait savoir de quel lot, on veut parler.
On voudrait également que le dernier alinéa de l'article
40 soit mutatis mutandis répété à la fin de
l'article 31.
A l'article 41, le terme "règlement " peut porter à
confusion. S'agit-il d'un règlement en vertu de la loi ou d'un
règlement municipal?
M. Garon: II s'agit d'un règlement de la loi, ici. M.
Audet: II faudrait peut-être le préciser.
M. Garon: C'est marqué à l'article 80. Vous faites
la correspondance avec l'article 80. Il réfère à l'article
41.
M. Lavoie: Identifié par règlement prévu
dans la présente loi. Il faudrait que ce soit clarifié.
M. Audet: A l'article 44, à la fin, lorsqu'il est question
que la décision de la commission est finale et sans appel, on y retrouve
une limitation peut-être dans les droits qui sont accordés aux
citoyens. C'est sûr qu'éviter l'appel d'une décision de la
commission serait peut-être préjudiciable à l'égard
de certains citoyens qui ne sont pas satisfaits des décisions de la
commission. Ce droit de ne pas permettre l'appel, qui est également
prévu à l'article 64, devrait être remplacé,
à notre avis, par un droit d'appel qui serait possible dans un
délai de 30 jours.
M. Garon: ...
M. Audet: Un délai de 30 jours.
M. Garon: A quel endroit?
M. Audet: A la Cour supérieure.
Aux articles 52 et 53, il semble bien que l'avis au régistrateur
va précéder les publications dans la Gazette officielle et dans
le journal qui sont prévues à l'article 53. Nous croyons que
lorsqu'un document est enregistré, la date du dépôt
d'enregistrement devrait constituer la dernière étape des
formalités à remplir pour rendre la loi exécutoire. Ainsi,
dans les articles 52 et 53, on devrait peut-être avoir les étapes
suivantes: 1) expédition du décret au
secrétaire-trésorier de la corporation municipale; 2) publication
dans la Gazette officielle; 3) publication dans un journal; 4)
dépôt au Bureau d'enregistrement, avec référence
à la publication dans la Gazette officielle et dans un journal, parce
que le Bureau d'enregistrement, encore une fois, constitue pour nous la source
principale des informations d'ordre juridique.
Si on prenait, comme principe, que la date d'enregistrement constitue
toujours la dernière étape avant la mise en vigueur ou la mise en
effet d'une quelconque partie de cette loi, nous serions satisfaits car
l'enregistrement d'ailleurs, il y a une autre section de la loi qui dit
expressément que I'enregistrement, soit dans les avis d'inclusion ou
d'exclusion, donne effet à partir de sa date aux effets juridiques
prévus nous croyons qu'on doit respecter autant que possible les
principes et les modalités d'enregistrement en matières
immobilières.
A l'article 58, on a l'impression qu'au deuxième alinéa,
lorsqu'il s'agit de faire inclure un lot dans une zone agricole, il faut
d'abord préalablement demander l'autorisation de la commission. On
aurait donc les étapes suivantes: D'abord, on demande l'autorisation
à la commission pour avoir la possibilité d'inclure un lot dans
une zone agricole; ensuite, on demande à la corporation municipale
l'inclusion du lot; on attend la recommandation de la corporation municipale
et, ensuite, on revient à la commission pour avoir l'autorisation
finale. Nous estimons que ce serait peut-
être abusif que de vouloir demander deux autorisations à la
commission pour un même objet.
A l'article 59, nous aimerions qu'un délai soit imposé
à la commission pour rendre une décision, quelle soit positive ou
négative, favorable ou non favorable, mais qu'on ait au moins un
délai, qu'on n'attende pas indéfiniment. Je répète
qu'en droit immobilier, les délais doivent être les plus courts
possible parce qu'il s'agit des sommes d'argent considérables qui sont
investies; il n'y a pas lieu de retarder les aliénations, les
lotissements, les demandes de permis de construction ou d'autres demandes qui
pourraient résulter de la loi.
A l'article 65, on a un cas particulier parce que, dans un premier
temps, on permet I enregistrement d'un avis d'exclusion et, dans un
deuxième temps, on permet la radiation de l'ordonnance d'exclusion. Or,
à l'article 68, on est très précis, M. le ministre, pour
dire que lorsqu'il s'agit d'un lot inclus, il y aura référence
précise à l'index aux immeubles; que lorsqu'il y aura un lot
exclu, il y aura référence précise à l'index aux
immeubles. Or, en vertu de larticle 65, on peut se retrouver devant le cas
suivant: Un lot est identifié comme exclu et enregistré comme tel
à l'index aux immeubles et, quelque temps après, on demande... la
commission fait procéder à la radiation de l'ordonnance
d'exclusion. Si le lot est inclus ou si le lot est exclu, il faudrait qu'il le
soit d une façon définitive.
Quant à l'article 65, si la demande d'exclusion est
conditionnelle, il faudrait qu'on y réfère comme tel à
l'index aux immeubles et qu'on écrive "exclu conditionnellement de la
zone agricole, en vertu de l'article 68". Il faut se fier aux entrées
à l'index aux immeubles, il ne faut pas avoir ce doute qu'à un
moment donné le lot est exclu mais qu'il pourrait redevenir inclus
avec...
Lorsqu'un lot est exclu, le lot tombe et, par le fait même, dans
le commerce, on permet son aliénation, son utilisation, son lotissement
sans autorisation de la commission. Mais lorsqu'un lot est inclus dans le
zonage agricole, il est sujet à tous les effets du décret du
zonage agricole.
A l'article 76, troisièmement, une petite remarque pour dire
qu'on devrait dire non pas "ou ses intérêts " mais "ou la
majorité de ses intérêts ".
A l'article 82, auquel on a fait allusion au départ, nous
considérons qu'on devrait référer tout au plus aux
articles 28 et 29 et non pas aux articles 26 à 29, parce qu'il est
impossible, pour un créancier hypothécaire, de prévoir si
le propriétaire de la terre faisant l'objet de sa garantie changera
éventuellement la destination ou l'utilisation soit de sa terre
agricole, soit de son érabliè-re.
Quant au privilège prévu à l'article 84, nous
préférerions que ce privilège prenne rang suivant la date
de son enregistrement et non pas immédiatement après les frais de
justice.
A l'article 101, où il est question de droits acquis, nous sommes
heureux de constater que le ministre a donné suite à notre
recommandation lors de sa tournée d'information. La notion de droits
acquis est certainement une notion fonda- mentale en droit. C'est une notion
qu'il y a lieu de préciser, cependant, aux termes de cette loi. S'il y a
des droits acquis, c'est parce qu'une terre a été utilisée
à des fins autres qu'agricoles. Or, dans 20 ans, 20 ans après le
9 novembre 1978, comment va-t-on pouvoir vérifier s'il y avait ou non
des droits acquis au 9 novembre 1978?
Nous estimons que pour les questions de droits acquis, je pense à
une cour de ferraille, à une cour de voitures usagées, en fin de
compte à toutes sortes de terrains qui peuvent être
utilisés à des fins autres qu'agricoles, la commission devrait
émettre un constat confirmant les droits acquis pour une superficie de
terrain donnée. Ce constat devrait aussi, comme toute approbation ou
autorisation résultant de cette loi, être enregistré, de
manière qu'on sache, lors d'un examen des titres qui se fera dans
l'avenir, qu'il y avait des droits acquis à une époque
donnée et que ces droits acquis n'ont pas été
affectés par l'adoption de cette loi. Ce constat devrait être
émis sur demande du propriétaire.
Il faudrait que les inspecteurs du ministère, que les inspecteurs
du gouvernement puissent vérifier les droits acquis d'un
propriétaire à une époque donnée, de manière
qu'on sache qu'une terre était affectée à des fins autres
qu'agricoles. C'est un régime d'exception qui est créé en
vertu des droits acquis. Les droits acquis sont interprétés d'une
façon très restrictive et la notion de temps est très
importante.
Nous estimons que cette notion de droits acquis doit être prise en
très sérieuse considération par le ministère de
manière à éviter des contestations et l'incertitude quant
au titre de propriété. (12 h 45)
Nous aurions également une autre petite remarque à faire
à l'égard de l'article 101. Est-ce que l'article 101 vient
légaliser certaines situations? Par exemple: un individu est
propriétaire d'un édifice ou d'un terrain utilisés
à des fins autres qu'agricoles, mais il les utilise d'une façon
illégale en ce sens que son utilisation n'est pas conforme aux
règlements de zonage de la municipalité. Or, cette loi laisse en
suspens tous les règlements de zonage, ce qui fait que notre individu
pourrait avoir légalisé cette situation avec l'adoption de cette
loi. Le fait de ne pas avoir respecté les règlements de zonage
d'une municipalité d'une part, et le fait, que d'autre part, cette loi
vienne laisser en suspens les règlements de zonage existants,
pourraient-ils permettre de légaliser certaines situations? Je ne suis
peut-être pas assez clair mais c'est un cas hypothétique
plausible.
A l'article 102, il y a le terme d'un an alors qu'à l'article 31,
il y a un délai de trois ans; pourquoi distinguer entre trois ans et un
an? Trois ans pour construire en vertu de l'article 31 et ici, un an pour
l'utilisation à des fins autres qu'agricoles.
A l'article 105, à la troisième ligne, on retrouve le
terme "après". Nous croyons qu'il y aurait peut-être lieu de
préciser en mentionnant "avant ou après" la date. Tout comme
à la fin de ce premier alinéa, il est question de
"approuvé conformément
à la loi"; est-ce que le règlement municipal
approuvé conformément à la loi régissant cette
municipalité devra être approuvé avant l'adoption de cette
loi ou pourra être approuvé après l'adoption de cette
présente loi? Nous croyons qu'il y a un terme
d'interprétation.
Il y a également le cas des services d'égouts et d'aqueduc
qui sont déjà installés par un promoteur avec l'entente
que ces réseaux seraient cédés à la
municipalité. L'article 105 semble limiter les services d'égouts
et d'aqueduc qui ont été approuvés par règlement
municipal. Nous croyons que c'est une restriction trop limitative; s'il y a
déjà, à toutes fins pratiques, un réseau
d'installé, qu'il soit permis ou non, qu'il l'ait été ou
non par règlement municipal, c'est une restriction trop limitative.
Enfin, il y a peut-être quelques articles où il y a une
certaine concordance à effectuer, pour la forme, à tout le moins.
Il y a les articles 44 et 61. A l'article 44, on parle d'"audition publique",
mais il n'y a pas d'avis de prévu, alors qu'à l'article 61, on
parle d'"audience publique" avec avis prévu.
A l'article 30, "tout intéressé... dit-on
peut s'adresser à la Cour supérieure pour faire constater cette
nullité" alors que l'article 80 dit que le jugement prononce la
nullité. Nous croyons qu'il y aurait peut-être lieu d'uniformiser,
à moins que le but du législateur ne comprenne des objectifs
différents.
Voilà quelques exemples parmi d'autres de certains
problèmes d'interprétation. Il y aura certainement d'autres
interprétations qui vont résulter de l'application de cette loi;
qu'on pense aux droits indivis, qu'on pense à toutes ces
subtilités d'exercice du droit de propriété, à
toutes les modalités de fonctionnement de ce droit. Nous croyons que le
droit de propriété est un droit fondamental surtout en
matière immobilière. Le fait de légiférer par loi
d'exception va constituer pour nous, au départ, des sources
d'inquiétude et d'incertitude. Nous croyons que la commission aura tout
intérêt à aider les praticiens à faire accepter
cette loi et surtout, à l'appliquer.
Nous regrettons de ne pas vous avoir livré un document
écrit. C'est une loi qui représente, c'est sûr, une
étude juridique exhaustive. Nous avons simplement voulu émettre
notre avis au ministre et à ses collaborateurs à savoir qu'il est
bien difficile de légiférer en matière immobilière,
que cela implique des intérêts énormes.
Je me permettrai peut-être de citer un juriste français du
nom de Georges Ripert, qui définissait le droit "comme étant la
somme des intérêts juridiquement protégés". Ici,
nous allons protéger l'intérêt collectif du patrimoine
agricole. Ce patrimoine va être sujet à de nombreuses
règles, de nombreux règlements.
La loi, au départ, est une loi toute nouvelle dans le domaine
immobilier. Nous sommes prêts à apporter notre collaboration. Nous
sommes prêts à apporter des suggestions. Nous aimerions être
consultés à l'occasion. Les notaires sont sur le champ de
bataille, actuellement. Ils sont confrontés. Ils doivent quotidiennement
répondre à de nombreuses questions même si la loi n'est pas
encore adoptée. Le ministère aura certainement
intérêt à communiquer avec les notaires du Québec,
à leur faire parvenir des directives, des opinions, des règles
d'interprétation, de manière à créer, avec le
temps, une certaine jurisprudence qui aura constance.
Nous croyons même qu'au cours des années, il y aurait
peut-être lieu d'amender cette loi de manière à la rendre
modelable, de manière à la rendre plus pratique dans son
application.
Nous sommes conscients que c'est très difficile mais nous voulons
vous faire comprendre, M. le ministre, que c'est une loi qui a des
conséquences énormes, actuellement.
Nous sommes heureux que, lors de la tournée de consultations,
vous ayez pris bonne note de nos recommandations.
Aujourd'hui, notre étude n'est pas exhaustive. Elle souligne
plusieurs points. Elle fait constater une certaine confusion, à certains
égards. Elle fait constater certaines imprécisions mais les
notaires ont la responsabilité de garantir la validité des titres
de la propriété, tant à l'égard de ceux qui
acquièrent un immeuble qu'à ceux qui prennent en garantie des
immeubles. Et cette responsabilité, les notaires vont l'accepter en
autant que les textes seront clairs, en autant que les formalités
d'enregistrement seront respectées, en autant que la commission
acceptera de confirmer son intention de ne pas contester un droit, ou
l'utilisation, ou le lotissement, ou le permis de construction, ou
l'aliénation.
Nous voulons que les permis, que les certificats émis par la
commission puissent être enregistrés, séparément des
actes, mais qu'ils puissent l'être dans une forme enregistrable de
manière, dans le temps et pour le futur, à pouvoir maintenir nos
titres de propriété dans un état fiable, dans un
état sacramentel, puisque, depuis plus de 100 ans, notre droit
immobilier, au Québec, est un droit qui est sacré; c'est un droit
qui est respecté, chacun est certain d'être propriétaire.
Chacun est certain d'avoir une bonne garantie hypothécaire. Chacun est
certain que ses titres ne seront pas contestables. Et il faut rester dans la
même ligne de pensée, rester avec cette possibilité de ne
pas faire perdre confiance aux propriétaires et à tous ceux qui
oeuvrent dans le domaine immobilier.
Le Président (M. Boucher): Merci, Me Audet.
M. Garon: Je vous remercie, Me Audet, de vos suggestions. Je dois
dire que, quand on a fait notre tournée, en septembre, l'un des
mémoires que nous avions bien aimés, c'était votre
mémoire de la Chambre des notaires. Je pense que vous aviez fait
plusieurs suggestions et je dois dire, je pense, qu'on avait tenu compte de
toutes vos suggestions, sauf d'une concernant la rétroactivité,
parce qu'on ne voyait pas comment on pouvait autrement, sans déclencher
un mouvement spéculatif, ne pas avoir une loi rétroactive. Et,
pour le reste, je peux vous dire qu'il y avait des projets et que plusieurs
choses avaient été modifiées, suite à
votre mémoire de septembre. Et j'étais content de voir les
remarques que vous avez faites sur ces différents articles. Evidemment
quand on écrit un article, on sait ce qu'on veut dire dedans, mais celui
qui le lit ne le lit peut-être pas dans le même sens, et c'est le
but de l'étude, au fond, article par article, voir s'il y a des
imprécisions, pour corriger les articles et pour rendre... La
tâche qu'on a c'est qu'il y ait le maximum de sécurité
juridique dans la loi, pour que des gens fassent exactement ce que cela veut
dire et le fait que, même un article qui nous semble clair peut ne pas
sembler clair à certains, est déjà une indication qu'il
faut le préciser.
Je pense que c est le but de l'exercice qu'on fait actuellement en
rencontrant tous les organismes qui veulent nous donner leur opinion. Cela fait
une orientation au point de vue idéologique; ils disent on n est pas
d'accord pour fonctionner comme cela, ils posent des questions et disent aussi
si, au point de vue technique, il y a des améliorations à
apporter au texte.
Et vous pouvez être certains que tous les commentaires que vous
avez faits concernant chacun des articles vont être étudiés
par les juristes qui travaillent sur le projet de loi et, dans un esprit de
consultation, aussi, avec les notaires parce que vous allez être ceux
qui, peut-être, vont avoir, comme vous l'avez dit, à appliquer
davantage, cette loi.
Par ailleurs, il y a un maximum qu'on peut atteindre, je pense, au
Québec. Vous savez, ce serait bien plus facile si on avait
appliqué I'article 2175 du Code civil puisque le pourcentage des
transactions, plus de 50% des transactions, au Québec, à
Montréal en tout cas, sûrement beaucoup plus que 50% des
transactions je n ai pas de comptabilité de faite
peut-être 75% des transactions se font sans cadastre et par description,
comme dans le temps de Champlain.
Alors, dans le monde rural...
M. Lavoie: Par la réaction d'un représentant de la
Chambre des notaires sur cela, ce ne serait pas...
M. Garon: Quand je dis, c'est parce qu'on fait encore les
limites... Dans le monde rural, je ne parle pas de la ville de Laval. Je parle
du monde rural...
M. Lavoie: Ecoutez, on est sorti, là...
M. Garon: Avez-vous une idée du pourcentage des
transactions qui se font par description?
M. Lavoie: On est sorti du Moyen Age.
M. Garon: Avez-vous une idée du pourcentage des
transactions qui se font par...
M. Audet: C'est très difficile de savoir. C'est sûr
qu'un cultivateur, bien souvent, va vendre le lot complet, mais bien souvent il
va vendre des lots incomplets, parce qu'il y a eu des parties qui ont
été vendues à d'autres. Cela, c'est...
M. Garon: Par tenants et aboutissants.
M. Lavoie: Vous allez un peu loin, quand vous dites sans mention
cadastrale, parce que cela ne pourrait pas être enregistré. Vous
voulez parler des parties de lots.
M. Garon: Des parties de lots, c'est cela, par description tout
simplement, plutôt que par arpentage et, à IHydro-Québec,
on me dit que dans des grandes parties du Québec, les transactions qui
se font de cette façon-là, dépassent même 90%.
Alors, je pense que c'est une lacune, mais on ne peut pas changer la vie d'un
coup sec. Il faut essayer de faire en sorte... Mais c'est malheureux qu'on
n'ait pas appliqué dans le passé l'article 2175, comme on aurait
dû le faire, de sorte que c est peut-être un des secteurs qui a
créé le plus d insécurité juridique, et
peut-être, le plus de problèmes aux notaires, et aussi, à
certains endroits par exemple où on a appliqué d'autres
systèmes, le système Thorenz, par exemple et, encore là,
il y a encore plus d'insécurité juridique. Au Québec, dans
ces secteurs-là, je pense qu'on fonctionne un peu trop encore à
l'ancienne manière, peut-être.
Mais on peut être certain que, dans l'étude du projet de
loi, quand on voit cela article par article, les commentaires que vous avez
faits sur chacun des articles vont être étudiés et je
souhaiterais même que... Une loi au fond, c'est comme un outil: c est
à l'usage qu'on voit si l'outil est à 100% correct ou
perfectible. Dans 6 mois, dans un an, s'il y a des articles qui n'ont pas
donné des résultats, qui créent des problèmes, une
fois que la loi sera complètement adoptée une loi, des
amendements, c'est fait pour être utilisés là il s
agira de faire les amendements pour apporter des corrections également
à l'usage. Je souhaite que même une rencontre éventuelle,
possible, avec la Chambre des notaires pour se demander si. par exemple,
à l'été ou à l'automne prochain, peut-être
avant si c'est nécessaire, il y a des articles en particulier qui
donnent des problèmes, des articles qu'on pourra corriger au cours de
l'année parce que c'est une loi, comme vous dites, qui est excessivement
importante, qui touche le droit immobilier, qui n'est peut-être plus la
seule richesse aujourd'hui, qui n'est plus la seule richesse comme autrefois,
mais qui est un droit très important. Il n'y a, dans notre esprit, rien
qui soit figé dans le ciment. On ne dit pas: C'est parfait, on ne touche
plus à cela. Tout projet est perfectible et nous voudrions que ce projet
soit ciselé comme une oeuvre d'art. (13 heures)
M. Giasson: Peut-on savoir le nom de l'artiste?
M. Garon: Tous ceux qui, au Québec, auront
contribué à ciseler cette oeuvre d'art en y mettant une petite
touche, un petit coup de couteau. Ce ne sera pas un petit coup de couteau,
j'aurais aimé mieux dire un petit coup de pinceau.
Le Président (M. Boucher): Messieurs, nous sommes à
l'heure de la suspension. La commis-
sion doit suspendre ses débats jusqu'à 15 heures.
Merci.
Suspension de la séance à 13 h 2
Reprise de la séance à 15 h 20
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
A la suspension de 13 heures, nous en étions au mémoire de
la Chambre des notaires du Québec. M. le ministre, est-ce que vous aviez
terminé votre intervention?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): Je donne la parole à M.
le député de Laval.
M. Lavoie: Je vous remercie, M. le Président. Je vais
tenter d'être le plus bref possible parce que nous avons encore plusieurs
organismes et personnes à entendre. Je voudrais expliquer pourquoi j'ai
cru bien agir en refusant mon consentement hier soir, à minuit, pour
continuer les travaux sur l'importance que nous attachions au mémoire et
aux explications de la Chambre des notaires du Québec. Je pense bien que
l'exposé de ce matin me libérera de soumettre plus de raisons
pour lesquelles j'ai refusé ce consentement. Cela aurait
été vraiment très difficile de prendre en
considération toutes les remarques qui nous ont été faites
à une heure aussi tardive, après minuit, hier soir.
Une autre chose que nous avons soulignée dans le passé,
c'est, lors du débat en deuxième lecture ou de la
présentation d'autres mémoires ce ne sont pas des
reproches, je ne voudrais pas être détestable envers le ministre
notre non-satisfaction vis-à-vis de la consultation que le
ministre a faite dans le mois de septembre, à travers le Québec,
dans certains milieux. Nous avons toujours dit qu'on ne pouvait pas
considérer, même s'il y a eu certaines contributions de faites
lors de ces consultations... La vraie consultation ne peut pas se faire sans
avant-projet de loi, sans texte de loi ou sans projet de loi.
C'est sûr que beaucoup de gens, sous le couvert unique de voeux
pieux, d'idée ou de politique générale, peuvent donner
leur accord à une politique générale, mais tant qu'on n'a
pas vu le texte de loi, on ne peut pas vraiment aller au fond des choses.
Justement, les propos ou les remarques des représentants de la
Chambre des notaires valident les appréhensions multiples qu'avait
l'Opposition libérale, entre autres. Lorsque nous avons pris
connaissance de ce projet de loi, lorsque nous l'avons étudié en
deuxième lecture, nous avons craint et nous nous sommes
inquiétés de sa portée, de ses implications parce qu'il
touche lorsque l'on voit son impact, son importance actuellement
un territoire qui va de l'Outaouais jusqu'à Québec, qui comprend
85% de la population du Québec et 614 municipalités, soit la zone
désignée. Sans oublier que même si on n'est pas couverts
actuellement, comme la région de Gaspé, du Bas-Saint-Laurent, des
Cantons de l'Est, du Lac-Saint-Jean ou d'autres régions qui ne le sont
pas selon le plan déposé, on peut l'être avec cette loi en
tout temps par simple dépôt, de la part du ministre, d'un autre
plan pour couvrir ces régions.
Cela veut dire qu'en somme les implications de ce projet de loi ne se
limitent même pas à la zone désignée actuellement,
mais s'étendent à tout le territoire du Québec et,
indirectement, à tous les citoyens du Québec, principalement les
agriculteurs, sans aucun doute, mais toute la population urbaine, citadine, les
commerçants ou les industriels qui sont en milieu agricole ou rural. On
sait combien il y a de citadins ou de villageois qui, de Montréal ou de
Québec, ont des droits de propriété de jouissance à
protéger, à exercer, ou le désir d'acquérir
certaines propriétés au Québec, non seulement dans la
région couverte actuellement, mais sur tout le territoire.
Le représentant de la Chambre des notaires nous a soumis ce matin
au moins une centaine je ne veux pas charrier de points
d'interrogations, d'inquiétudes; c'est comme la pointe de l'iceberg,
c'est à peine 1% de ce qui peut se présenter. Lorsqu'on touche le
droit immobilier, le droit de propriété, il n'y a pas un notaire,
un avocat ou un juriste assez brillant pour prévoir les millions de cas
qui peuvent se présenter. Dès qu'on fait un texte de loi, le
meilleur soit-il, tout en l'amendant comme j'espère vous comptez le
faire, à chaque mot ou à chaque paragraphe qu'on ajoute, on ne
bloque pas un trou; on sait qu'en droit, plus on écrit, plus on
crée d'ouvertures. C'est reconnu.
C'est un projet de loi je vous l'ai dit, M. le ministre
qui, à mon point de vue, est le plus important, peut-être, depuis
que le Parlement du Québec existe. Il a beaucoup plus d'implications que
la Loi 101 ou la Loi sur l'assurance automobile, parce qu'il touche à
des traditions de droits de propriété qui sont ancrées
dans notre peau depuis que l'humanité existe et particulièrement
au Québec où on a un droit immobilier qui est bien établi,
une tradition entre autres représentée par la Chambre des
notaires du Québec, qui, eux, ont la responsabilité du respect et
de la garantie du droit de propriété, non seulement pour le
présent mais pour les années à venir, lorsqu'on sait que
la prescription, en général, c'est pour 30 ans.
Cette loi va avoir des implications, non seulement dans le moment
on ne peut pas régler tous les cas mais aussi dans l'avenir.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, si nous sommes pour la
vertu, comme tout le monde, pour la protection du territoire agricole que nous
voulons protéger le mieux possible, autant par voeux ou des intentions
d'autosuffisance dans l'agro-alimentaire et tout, qu'on arrête de
gaspiller les sols dans les expansions désordonnées des villes et
des villages; nous sommes d'accord sur cela. Nous sommes en faveur de la
protection du terri-
toire agricole pour les meilleurs intérêts du
Québec, pour les agriculteurs également. Mais on s'est
prononcé contre le projet en deuxième lecture parce qu'il n'y a
pas seulement le principe en deuxième lecture, c'est ce qu'on semble
oublier.
Si vous lisez l'article 120 du règlement, il y a la valeur
intrinsèque du projet de loi, la portée du projet de loi ou
d'autres moyens pour atteindre les mêmes fins. C'est une erreur lorsqu'on
dit qu'on vote contre le principe. On peut être pour le principe et voter
contre en deuxième lecture à cause de la portée immense,
imprévisible de ce projet de loi. Je me demande c'est un peu une
question que je me pose à moi-même, si le ministre est assez
gentil pour répondre à ma place comment le ministre
peut-il envisager vous connaissez la position du Parti libéral,
on ne veut pas faire de "filibuster", on veut collaborer, mais on ne peut pas
accepter le projet de loi et on ne veut pas retarder indéfiniment les
travaux d'ici le 21 décembre, d'apporter tous les amendements
pour corriger ce projet de loi, pour tenter de calfeutrer quelques trous, parce
qu'il y a des millions de trous dans votre projet de loi? Je m'adresse à
un avocat qui peut considérer, justement, les appréhensions de la
Chambre des notaires et les nôtres. Comment peut-on envisager d'adopter
ce projet de loi d'ici le 21 décembre avec toute la bonne volonté
du monde et avec toute la collaboration de l'Opposition? Si le ministre
désire répondre à cela.
Au représentant de la Chambre des notaires, j'aurais une seule
question à poser, je n'irai pas dans les détails; on en aurait
pour des semaines et des mois, si je voulais revenir à tous les points
soulevés, parce que chaque fois qu'on en traiterait un, il s'en
soulèverait cinq ou six autres, ce seraient de vrais champignons, tous
les problèmes qui pourraient être suscités si on voulait
traiter chaque article comme l'a fait le représentant de la Chambre des
notaires. Lui-même sait qu'il n'a abordé que certains
problèmes; il a le projet de loi depuis peut-être une semaine, dix
jours. En droit immobilier, en droit de propriété, c'est...
M. Garon: Cela fait un mois.
M. Lavoie: Le projet de loi? D'accord, je suis d'accord avec
vous, ne vous fâchez pas. Mais si on voulait aller au fond des choses,
pour chaque point soulevé, à chaque problème
soulevé, il s'en soulèverait dix autres. Et je parle à un
avocat, il sait que c'est vrai.
Une dernière question: Quel est le climat, cher confrère,
dans le milieu notarial, actuellement? Dans quelle situation sont les notaires
devant cette loi, autant les notaires pratiquants? Je dis, en terminant, que je
préfère être à l'Assemblée nationale
même si ce n'est pas toujours facile j'ai l'esprit encore plus
tranquille ici que si j'avais à pratiquer le notariat actuellement.
Le Président (M. Boucher): Me Audet. (15 h 30)
M. Audet: M. le Président, disons qu'il semble bien que
les notaires qui exercent dans la région qui a été
désignée agricole en vertu de ce projet de loi sont très
inquiets parce qu'ils ne peuvent plus se baser sur aucun principe
déterminant pour donner une opinion juridique valable. Les
conséquences sont qu'il y a des prêts agricoles qui peuvent
être retardés; il y a des lotissements qui sont bloqués; il
y a des aliénations qui ne peuvent pas se faire, à cause des
imprécisions de la loi et surtout à cause de la
rétroactivité de la loi. Or, la loi n'est pas encore
adoptée et elle comporte certains effets immédiats.
L'incertitude en droit notarial est inadmissible. Il faut être
certain des droits de propriété parce que. comme je l'ai dit ce
matin, le notaire a la responsabilité d'assurer la
sécurité du titre immobilier, tant à l'égard du
propriétaire que du créancier hypothécaire, pour ne nommer
que ces deux-là.
En deuxième lieu, il y a beaucoup de cas en suspens qui
nécessiteraient l'adoption de mesures transitoires dans ce projet de
loi. Je vais vous citer trois cas différents. Il y a des actes qui ont
été signés avant le 9 novembre et qui n'ont pas
été enregistrés. Le contrat qui a été
signé le 8 novembre au soir, chez le notaire, qui est
complété, finalisé, exécuté, ne pouvait pas
être enregistré le 8 novembre au soir parce que les bureaux
d'enregistrement étaient fermés. On ne pouvait non plus le
déposer au bureau d'enregistrement le 9 novembre parce que la loi a
été déposée le 9 novembre, avec effet
rétroactif au matin du 9 novembre.
Donc, il faudrait une mesure transitoire pour dire que les actes, au
moins les actes notariés qui ont été signés avant
le 9 novembre, pourront être enregistrés après le 9
novembre. Il y a eu un contrat de signé; les parties se sont
engagées à remplir leurs obligations, à respecter les
termes et conditions de chacun de ces contrats. Le marché est conclu, il
est fait, on ne peut plus l'annuler. Mais on ne peut plus l'enregistrer non
plus. Donc, c'est une situation intenable pour tout le monde: le vendeur,
l'acheteur, le notaire, tout le monde.
Le deuxième cas qu'il faudrait prévoir dans les mesures
transitoires, ce sont les promesses de vente avec possession des lieux, ce
qu'on appelle bien souvent les baux conditionnels. Il y a beaucoup de terrains
qui sont vendus sous promesses de vente, c'est-à-dire que le promettant
vendeur dit: Je promets de te vendre un terrain à raison de $10 par mois
et quand tu m'auras donné $1000, je te signerai un acte de vente en
bonne et due forme. Il y a de nombreuses promesses de vente qui ont
été signées avant le 9 novembre. L'acquéreur,
à toutes fins pratiques, était locataire et est encore locataire
parce que son acte de vente n'est pas encore signé. Mais, en droit,
c'est l'article 1478 du Code civil qui s'applique: 'Promesse de vente avec
tradition et possession équivaut à vente".
La date précède le 9 novembre. Le contrat n est pas
enregistré, parce que c'est souvent une condition du contrat que ce
contrat ne puisse être
enregistré tant que le parfait paiement n'est pas
exécuté. Il faudrait donc prévoir, dans les mesures
transitoires, que. pour autant qu'on a l'assurance que la date
précède le 9 novembre, ce contrat, qui est encore un contrat, qui
lie les parties, puisse être enregistré, au moins dans un certain
délai, à compter du 9 novembre.
Enfin, il y a les promesses de vente unilatérales ou
bilatérales qui n'engagent pas d'une façon aussi absolue
l'acquéreur ou le promettant acquéreur. Ce sont les cas où
les parties se sont entendues pour faire un marché. Le marché
n'est peut-être pas conclu, mais il est presque finalisé. Ou bien
on donne l'autorité voulue pour que cette promesse de vente puisse se
réaliser ou se concrétiser avec le temps, ou bien on dit: Cette
promesse de vente ne sera jamais exécutée; si elle n'est pas
exécutée, il faudra en demander l'annulation, si possible, selon
le motif que cette loi constitue un cas de force majeure. Le promettant
acquéreur ne pouvait pas prévoir d'une façon raisonnable
qu'un dépôt de loi serait fait avec effet rétroactif au 9
novembre 1978.
En conséquence, dans ce dernier cas, il faudrait prévoir
également des mesures transitoires pour avoir une solution juridique
à ce genre de problème. Il y a aussi le cas d'autres mesures
transitoires en matière de lotissement, en matière de permis de
construction, mais là, je ne peux pas entrer dans autant de
détails, mais il y a au moins ces trois cas patents où il y a des
dates.
Remarquez que l'article 31 comprend une date. Le 9 novembre 1978, c'est
une date. Il y a des contrats qui portent une date aussi certaine. Surtout si
c'est devant notaire, la date est certaine. On ne peut pas frauder la loi,
parce que la date est déjà établie. En conséquence,
il faudrait respecter les conventions des parties et permettre l'enregistrement
de ces contrats pour qu'ils puissent avoir effet à l'égard des
tiers.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je voudrais vous poser une question, M. Audet. Quand il
y a des avis de motion dans des municipalités pour des règlements
de zonage qui s'appliquent dès le dépôt de l'avis de
motion, qu'est-ce que vous faites?
M. Audet: Ecoutez, s'il y a un avis de motion...
M. Garon: Dans le domaine municipal, cela s'applique dès
le dépôt, même si ce n'est pas encore voté et que le
référendum n'est pas fait.
M. Audet: Je comprends que l'avis de motion, dans certains cas,
ou en tout cas dans le cas de règlement de construction... C'est
sûr que si l'individu commence à construire après qu'un
avis de motion a interdit la construction dans un domaine donné, c'est
sûr que l'avis de motion prévaut. J'en suis certain, mais
écoutez...
M. Garon: Alors...
M. Audet: C'est un cas différent ici, parce qu'il y a eu
une convention qui a été exécutée entre les
parties, préalablement à la loi, et l'enregistrement n'est qu'une
formalité d'exécution à l'égard des tiers.
M. Garon: C'est la même chose. Dans le règlement qui
est couvert, si je vais acheter, et puis il y a dépôt pour
acheter, pour faire un garage, mettons. Tout-à-coup la
municipalité, entre la promesse et l'achat, alors que le contrat n'est
pas passé, dépose un règlement de zonage pour
résidentiel, c'est fini. Qu'est-ce que vous faites dans ce
temps-là?
M. Audet: M. le ministre, en matière de droit...
M. Garon: Non, mais qu'est-ce que vous faites dans ce
temps-là?
M. Audet: C'est tout simplement un principe de droit. En
matière de droit municipal, un avis de motion peut limiter ou interdire
la construction de certains immeubles, mais n'interdit pas
nécessairement la construction de tout immeuble. Le droit de
propriété demeure. L'individu peut dire: "Je ne peux plus
construire dans le domaine industriel, mais peut-être que le
règlement va me permettre de construire dans le domaine unifamilial". Je
veux dire ceci: II peut exercer son droit de propriété d'une
autre manière, tandis qu'ici il ne peut pas l'exercer, il ne peut pas
enregistrer son contrat.
M. Garon: Oui. Le droit de propriété existe de la
même façon, sauf qu'on a le droit d'exiger que la terre serve
à l'agriculture. C'est de la limitation, mais qui est autre. Il a le
droit de prendre la terre, mais il n'a pas le droit de mettre des maisons
dessus, il n'a pas le droit de mettre des garages dessus, mais il a le droit de
faire de l'agriculture. Son droit de propriété est total, comme
avant. Il a le droit de vendre comme avant, autant qu'avant. La seule chose qui
est limitée, c'est l'utilisation.
M. Lavoie: Je vais vous donner un exemple, M. le ministre.
Quelqu'un, un agriculteur est allé chez le notaire le 5 ou le 7 novembre
et a vendu un arpent de sa terre à un voisin ou à un individu
quelconque $5000, payé comptant devant notaire et le contrat est
signé, mais le contrat n'est pas enregistré le 9 ou le 8
novembre. Le type a payé, mais il n'a pas de droit de
propriété sur l'emplacement qu'il a acheté, parce que le
notaire ne peut plus enregistrer le contrat. La somme a été
déboursée, la convention entre les parties a eu lieu, le type a
payé, mais il n'a pas le droit de propriété.
Dans une ville, au moins, cela n'arrive pas, le type devient
propriétaire, l'usage est différent. Il ne peut plus bâtir
de garage, mais au moins il a le terrain, il a le droit de
propriété. S'il a un recours contre la ville ou des tiers, ou est
victime de fausses représentations de la part du vendeur, cela s'exerce
devant les tribunaux. Mais au moins
il a un droit de propriété. Dans ce cas-ci, il n'a pas de
droit de propriété.
M. Cordeau: M. le Président, sur la même question.
Je crois que dans les villes, si le type a obtenu un permis de la ville la
veille de l'avis de motion, le type a le droit de construire, même si
cela contrevient à l'avis de motion. Alors, je crois que c'est à
peu près la même chose que le cas...
M. Garon: Non, ce n'est pas la même chose. S'il a un
permis, cela va valoir pour lui aussi. Il y a une différence...
M. Cordeau: Oui, mais là, il y a eu entente pour la vente,
avant, devant notaire.
M. Garon: Je comprends. M. le député de
Saint-Hyacinthe, en droit, on est dans deux choses. Or, ce que vous
dites-là et ce qu'a dit M. le député de Laval, ce n'est
pas la même chose.
M. Lavoie: Oui, mais ce que j'ai dit, je le maintiens.
M. Cordeau: Au point de vue de l'équité, c'est la
même chose.
M. Lavoie: Je pense bien que le ministre maintient mon
opinion.
M. Cordeau: Au point de vue de l'équité, c'est la
même chose.
M. Garon: Non, ce n'est pas la même chose. Le droit acquis,
en droit, est une notion très connue. Si vous avez un permis de
construction, c'est évident que vous avez acquis un droit. Ce n'est pas
pareil.
Le Président (M. Boucher): Messieurs, les invités
sont là. Est-ce que vous pourriez terminer vos questions? M. le
député de St-Hyacinthe.
M. Cordeau: Oui, ce ne sera pas long. Ce seront de courtes
questions. Est-ce que ce projet de loi, sans ou peu de modifications, vous
donnerait satisfaction?
M. Audet: C est un projet de loi qui nécessite certaines
modifications. On a insisté sur certaines modifications importantes pour
nous. Il y a toute la question de l'enregistrement des droits qui est
fondamentale; il faut à tout prix, quand on enregistre un document, dans
un bureau d'enregistrement, qu'on puisse référer à l'index
aux immeubles pour les lots qui sont compris dans les plans, c'est là
une règle fondamentale; respecter les règles d'enregistrement,
pour nous, c'est très important. Spécifier la nature de la
nullité, en vertu de l'article 30, pour les actes faits suivant les
articles 28 et 29, c est encore un cas important. Il y a aussi toute la
question des approbations par la commission.
Je reviens sur un point très important. Vous savez qu'en vertu de
la Loi sur les droits successoraux, qui va être adoptée, ou en
vertu de notre ancienne Loi sur les droits de succession, lorsqu'il est
question d'un immeuble, il faut toujours obtenir du ministère du Revenu,
un certificat qui est enregistré contre l'immeuble et ce certificat
comprend la désignation de l'immeuble. Ceci vaut parce que le bureau
d'enregistrement, pour les notaires, est la source d'information fondamentale
pour déterminer les droits des individus, pour les identifier. Donc,
c'est un certificat émis par le ministère du Revenu qui permet de
dire qu'on a respecté cette loi.
On voudrait, parallèlement, que dans cette loi, afin d'avoir la
certitude et la garantie que les titres immobiliers seront incontestables et
inopposables dans le temps... Mettons-nous dans 20 ans, qui garantit le
passé? Il faudrait que la commission puisse également
émettre des certificats séparés, semblables à ceux
qu'émet le ministère du Revenu, pour que ces certificats puissent
indiquer que tel individu avait un droit acquis sur tel immeuble, tel individu
a un droit d'en faire ce qu'il veut parce que c'est un immeuble exclu, tel
individu a un droit de construire, tel individu a un droit de lotir, parce que
la permission a toujours été demandée à la
commission. C'est une forme d'assurance pour garantir les titres immobiliers,
sinon, ce sera toujours arbitraire, d'une certaine manière, ce sera
toujours difficile de savoir si le propriétaire avait des droits acquis
ou non, s'il avait demandé la permission de la commission ou non, s'il
avait respecté les règlements de cette loi ou non, etc.; c est
une assurance et, en droit immobilier, on ne peut pas agir comme dans les
autres formes de droit, c est un droit qui est trop important. On peut
construire des immeubles d'une très grande valeur sur de très
petites superficies de terrain, il faut avoir la certitude que le
propriétaire est vraiment propriétaire et que le créancier
hypothécaire détient une bonne garantie sur I'immeuble.
Pécher contre ces lois fondamentales de droit immobilier, c'est venir
atténuer et affaiblir considérablement l'impact de tout le
secteur du financement hypothécaire et du droit fondamental de
propriété immobilière.
Au Québec, nous sommes chanceux, nous avons un régime de
droit immobilier permanent, continuel, perpétuel qui cause très
peu de problèmes, les règles du jeu sont clairement
établies. Par une loi d'exception, il faut qu'on puisse quand même
avoir une assurance en matière immobilière, pouvoir garantir les
titres, pouvoir les valider, pouvoir certifier avec ces certificats qui
seraient émis par la commission, avec des règles très
précises émises par la loi et par les règlements, nous
sommes certains que cette loi pourrait être applicable, avec moins de
conséquences d'interprétation et d'interrogation.
M. Garon: J'aimerais vous poser une question. Sentez-vous les
mêmes problèmes quand on ne fait pas respecter l'article 2175 du
Code civil pour la sécurité juridique? Pourtant c'est une loi en
vigueur qui apporterait beaucoup plus de sécurité si elle
était respectée.
M. Lavoie: ... Est-ce une obligation?
M. Audet: Oui, mais le problème, à mon avis, est
bien différent. Il y a eu des...
M. Garon: C'est une loi en vigueur qui apporterait de la
sécurité.
M. Audet: M. le ministre, je pense qu'on a essayé de
mettre en vigueur l'article 2175 à cinq ou six reprises depuis 1866; il
y a même eu un projet de loi qui a été
déposé, il y a quatre ou cinq ans, obligeant de subdiviser. C'est
un voeu qu'on formule toujours et qu'on considère souhaitable, mais je
pense que c'est une question de coût qui a fait que la loi 2175 n'a pas
été appliquée.
Il est sûr que, pour le demi-hectare de la loi, on voudrait que ce
soit subdivisé et obligatoirement subdivisé, parce qu'on veut
savoir si c'est vraiment un demi-hectare sur lequel on va construire ou non,
c'est un aspect de la loi, mais...
M. Garon: Cela n'est pas difficile à calculer. (15 h
45)
M. Audet: L'article 2168 de la loi permettait toujours de
décrire, par tenants et aboutissants, un immeuble et en autant qu'on a
les mesures d'un terrain et les bornes d'un terrain, on pouvait toujours s'en
sortir; l'arpenteur était toujours disponible pour faite un
procès-verbal de bornage dans les cas litigieux.
M. Garon: Au début des années soixante-dix,
lorsqu'est arrivée la réforme fiscale, cela a dû causer des
problèmes aussi.
M. Audet: Pas au niveau du droit de propriété
lui-même. Le droit de propriété...
M. Garon: Les effets fiscaux des transactions qui avaient
été faites... Quand on adopte une loi, le ministre des Finances
peut déposer son discours du budget... Il y a des transactions qui ont
été faites la veille, l'avant-veille, trois ou quatre jours avant
et les gens ne pensaient pas que l'impôt serait changé à
telle date. L'impôt est changé et cela affecte toutes leurs
transactions.
NI. Lavoie: Cela n'affecte pas le droit de
propriété d'aucune façon.
M. Garon: Cela l'affecte certainement. M. Lavoie: D'aucune
façon.
M. Audet: II n'y a pas de conséquence civile à une
législation fiscale; le droit de propriété demeure, les
règles d'enregistrement demeurent, la liberté contractuelle
demeure.
M. Garon: Oui, mais pensez-vous qu'on aurait pu reconnaître
tous les écrits, sous seing privé, qui ont été
faits avant le 9 novembre?
M. Audet: Non, je n'ai jamais affirmé cela d'ailleurs.
M. Garon: Bon, premièrement!
M. Audet: Pour la question de la date, c'est sûr.
M. Garon: Pour la publicité, ce qui est reconnu, c'est
l'enregistrement?
M. Audet: Oui, mais il y a les actes notariés...
M. Garon: Pourtant, vous ne reconnaissez pas l'écrit de
seing privé qui est un contrat aussi valable qu'un contrat fait devant
notaire.
M. Lavoie: La date, devant notaire, est officielle à cause
de la minute; c'est preuve incontestable. On ne peut pas contester la date d'un
acte notarié.
M. Garon: Vous évaluez cela à combien de
transactions devant notaire?
M. Audet: Je n'ai aucune idée du nombre de transactions.
Ce que je veux dire, par exemple, c'est que pour l'acte sous seing
privé, il... L'acte notarié est enregistrable, l'acte sous seing
privé n'est pas nécessairement enregistrable. Il peut
s'enregistrer par bordereau en autant qu'il a été signé*
devant deux témoins, mais bien souvent il n'est pas signé devant
deux témoins, donc l'acte sous seing privé n'est pas toujours
enregistrable.
M. Charron: M. le Président, est-ce qu'on peut me
reconnaître comme intervenant à cette commission?
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le leader.
M. Charron: Merci. C'est simplement pour rappeler avertir, avec
tous les égards dus à ceux qui sont ici, que nous avons une liste
de gens qui doivent être invités cet après-midi et nous
nous en sommes, avec le consentement de tous les partis, tenus à une
moyenne d'une heure...
Une Voix: ...
M. Charron: Oui, je répète ce que je dis, parce que
c'est avec vous que je l'ai négocié.
Nous nous en sommes tenus à une moyenne d'une heure,
c'est-à-dire que devant l'importance de certains mémoires, il est
entendu que les députés qui ont des questions peuvent
dépasser l'heure. Dans d'autres cas, quand le point est fait et que tout
le monde est informé à sa guise, cela peut être moins long;
on n'a pas dit: Une règle fixe d'une heure. Je connais la liste de ceux
qui sont invités et il me semble que la plupart sont ici cet
après-midi.
D'autre part, sachant déjà le temps dont a disposé
l'organisme qui est là, on peut dire qu'on a largement
dépassé une heure avec cet organisme. Si les
députés ont deux ou trois brèves questions à notre
invité, tant mieux, mais je pense que l'heure est venue de passer
à d'autres organismes qui attendent depuis un certain temps.
M. Cordeau: J'aurais encore une courte question.
M. Lavoie: Juste sur cette question, je voudrais dire, M. le
Président, qu'il est vrai que nous avions une entente, tel que
mentionné par le leader parlementaire du gouvernement, mais, à ma
connaissance, cette entente allait jusqu'à hier soir, ce que nous avons
respecté; nous avons pris cette entente mardi et elle valait
jusqu'à hier soir.
Mais, nous sommes consentants, M. le ministre, à la reconduire,
pour garder les mêmes principes d'environ une heure, ce n'est pas notre
intention du tout de retarder les travaux, on voudrait même
accélérer.
M. Charron: Très bien.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laval. M. le député de Saint-Hyacinthe,
une dernière question.
M. Cordeau: On en avait du côté économique,
mais on va les garder pour d'autres organismes.
Croyez-vous que les mécanismes de fonctionnement contenus dans ce
projet de loi seront assez souples et efficaces?
M. Audet: Je pense que tout repose fondamentalement sur
l'efficacité de la commission qui va être formée.
Les transactions immobilières doivent s'effectuer assez
rapidement pour toutes sortes de raisons. Alors, si la commission
réussit peut-être à régionaliser certaines
fonctions, je pense que si la commission est efficace, cette loi pourra
certainement être appliquée d'une façon plus facile.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Audet. Alors, au nom
de tous les membres de la commission, je remercie les représentants de
la Chambre des notaires, Me Audet en particulier, et ceux qui vous
accompagnent, pour avoir présenté ce mémoire. J'appelle
maintenant la Fédération de l'UPA de Nicolet. Alors, messieurs,
si vous voulez bien vous identifier et passer à la lecture de votre
mémoire, s'il vous plaît.
Fédération de l'UPA de Nicolet
M. Gaudet (Pierre): M. le Président, vous avez à ma
droite le premier vice-président de la Fédération de l'UPA
de Nicolet, M. Gérard Gras et à ma gauche, M. Gérard
Rainville qui est deuxième vice-président de la
fédération, moi-même, Pierre Gaudet. président de la
fédération, ainsi que M. Léopold Laroche, qui est membre
de l'exécutif, puis M. Raiche, je pense qu'il s'en est ajouté un
autre de l'autre côté. Or, vous voyez qu'on a une
délégation qui est significative de l'importance qu on accorde au
mémoire.
Or. M. le Président, d'abord on est très heureux que vous
ayez accepté de recevoir notre minime contribution au niveau de cette
commission, que vous ayez accepté d'entendre notre position
régionale sur cette question.
La Fédération de I'UPA de Nicolet tient aujourd'hui
à vous exprimer son assentiment sur l'ensemble du projet de loi 90 qui
fait l'objet du débat actuel. Les producteurs de notre région
ont, depuis plusieurs années déjà, souhaité un tel
geste de la part des partis politiques qui ont successivement détenu le
pouvoir au Québec. Nous sommes demeurés fidèles à
notre position qui est, nous en sommes convaincus, l'unique moyen de garantir,
à notre génération et à celles de nos
héritiers, l'alimentation nécessaire à l'existence.
D'une part, ce voeu qui semble à prime abord des plus pieux, ne
peut certainement pas être contesté. Cependant, l'application des
mesures visant à cautionner cet engagement verra naître, sans
aucun doute, de nombreux antagonismes puisque notre société
actuelle se fonde sur des valeurs artificielles. La consistance du projet de
loi 90 marque le réalisme de la situation actuelle et, si une
pénurie alimentaire semble aujourd'hui difficilement concevable, les
statistiques démontrent clairement que la production agricole,
malgré la spécialisation et l'automatisation, ne pourra pas
toujours suffire à la demande sans cesse croissante des
consommateurs.
Nous ne voudrions pas créer une vision apocalyptique du secteur
alimentaire, mais la protection de nos bons sols est directement liée
à la capacité de consommation des Québécois, dans
le futur. Cest pourquoi, la Fédération de l'UPA de Nicolet ne
peut qu'approuver toute action gouvernementale en ce sens.
Cependant, nous considérons que le danger qui menace une partie
du secteur agro-alimentaire est double: d'une part, la disparition de nos sols
arables d'où la nécessité d'une législation
efficace et. d autre part, la situation précaire de l'exploitant
agricole et du développement des fermes québécoises.
L UPA a toujours considéré que la loi sur le zonage
agricole se devait absolument d'être accompagnée de mesures visant
à sécuriser et à rentabiliser le travail du producteur
agricole. Malgré le bien-fondé du projet de loi 90, nous estimons
qu'il n'est que prémisses au développement de l'agriculture au
Québec. D'ailleurs, nous ne croyons pas que le gouvernement actuel doive
intervenir par des formules d'indemnisation à l'intention des
producteurs qui pourraient éventuellement être
pénalisés par la disparition de la spéculation
foncière. Nous croyons cependant que l'élément primordial
est de sécuriser et de rentabiliser I'effort des producteurs
québécois. De plus, le gouvernement actuel devra injecter des
sommes et quand je dis le gouvernement actuel, il faudrait que ce soit
bien compris pour tout le monde que cela veut dire aussi les futurs, parce que
là, c'est à vous qu'on parle et, s'il y en a d'autres plus tard,
alors ils prendront la relève
M.Garon: ...
M. Gaudet: Vous arrangez cela comme vous voulez. C est vous
autres qui allez décider, peut-être un bon matin... en fonction de
l'amélioration
de la situation de ceux qui vivent essentiellement de l'agriculture et
non de la spéculation foncière.
Malgré qu'elle considère pertinent le projet de loi 90, la
Fédération de l'UPA de Nicolet demeure sceptique sur un
élément du document législatif. Ainsi, nous croyons qu'il
est essentiel pour l'avenir de l'agriculture et la protection de tous les
exploitants agricoles québécois que la Loi sur le zonage du
territoire agricole couvre globalement l'ensemble des sols arables du
Québec.
Le projet de loi qui nous est présenté définit les
régions agricoles désignées et délaisse certaines
zones qui sont susceptibles de répondre aux critères
topographiques et pédologiques d'un sol potentiellement fertile.
Dès que la loi sera adoptée, la commission devra siéger et
inclure le territoire non visé actuellement parce que nous
prévoyons que les agriculteurs qui y vivent seront éventuellement
harcelés par les spéculateurs et les citoyens en mal d'air de
campagne et, d'autre part, nous croyons que cette situation engendrera du
mécontentement de la part de certains producteurs qui vivent dans les
zones agricoles et qui prévoyaient une certaine spéculation sur
leur terre.
Le seul moyen d'éviter ce conflit et de considérer
également tous les producteurs agricoles serait d'englober d'une
façon exhaustive tous les sols susceptibles d'être cultivables au
Québec. Les producteurs agricoles du comté de
Nicolet-Artha-baska, Drummond et Yamaska, par la voie de la
fédération régionale de l'UPA réaffirment leur
appui au projet de loi 90 et tiennent à souligner qu'ils croient
ardemment que l'agriculture possède encore sa place dans un
système économique au Québec et que le temps n'est plus
aux paroles, mais aux actions concrètes et nous souhaitons que tous et
chacun en découvre le profit.
Or, M. le Président, on n'a pas voulu prendre la loi article par
article et se prononcer sur chacun des articles. L'objectif était le
suivant; déjà, des représentations ont été
faites par la fédération de l'UPA sur ce point. Nous sommes ici
pour confirmer notre accord avec la position de notre union et c'est
l'état d'esprit qui anime notre fédération.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Gaudet. M. le
ministre.
M. Garon: Je voudrais remercier incidemment l'Union des
producteurs agricoles de Nicolet de son mémoire et de l'appui quelle
donne au projet de loi. Nous allons, lors de l'étude article par
article, bonifier encore le projet de loi en tenant compte de certaines
remarques qui nous ont été faites, notamment par des producteurs,
pour le rendre le meilleur possible. Je vous remercie infiniment d'être
venus nous rencontrer.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président. Je voudrais
également féliciter la fédération de l'UPA de
Nicolet d'avoir pris le temps de rédiger un mémoire et de venir
le présenter à la commission par- lementaire. Comme votre
président l'a indiqué, il va assez bien dans le sens de
l'exposé ou des prises de position de la confédération de
l'UPA du Québec.
J'aurais une question. A la première page de votre
mémoire, vous dites que notre société actuelle se fonde
sur des valeurs artificielles. Pour-riez-vous définir un peu ce que cela
sous-tend?
M. Gaudet: La raison est bien simple. Vous avez une question qui
est extrêmement importante quand on parle du développement de
l'agriculture. Le choix qu'on fait, quand on prend le projet de loi 90 et qu'on
parle des valeurs artificielles. On se dit dans un premier temps, qu'y a-t-il
de plus important pour une société que de s'alimenter et de se
posséder? Quand on parle des valeurs artificielles, on dit: Au point de
vue économique, est-ce que le développement de I'agriculture
n'est pas un des éléments premiers à considérer
dans le développement au niveau du Québec à cause de ses
effets d'entraînement? Parfois, quand on parle de développement
artificiel, ce qu'on veut dire aussi par là, c'est que pour nous, en
faisant le choix prioritaire du développement de l'agriculture, cela
peut vouloir dire qu'on est prêt à laisser tomber des
éléments qui seraient moins importants en termes
économiques au Québec.
M. Giasson: Merci. J'avais une autre question. Vous souhaitez
ardemment qu'au-delà du décret qui s'est appliqué sur une
partie des sols arables du Québec, on étende le secteur ou la
zone de protection à tout le territoire agricole du Québec qui
est pourvu d'assez bons sols. Souhaitez-vous cela parce que vous craignez
immédiatement un mouvement de spéculation dans les secteurs, les
zones qui n'ont pas encore été touchés?
M. Gaudet: On pourrait vous démontrer qu'actuellement des
mouvements de spéculation s'amorcent même à
l'intérieur de notre territoire où il y a des
municipalités qui ne sont pas zonées.
M. Giasson: Cela était inévitable. Parlez-vous du
périmètre des petites villes ou moyennes villes? (16 heures)
M. Gaudet: Non. Dans le territoire de la
fédération, il y a quelques municipalités qui ne sont pas
dans la zone verte et, actuellement, un mouvement de spéculation
s'amorce dans les municipalités en dehors de la zone verte. Alors, c'est
pour cela qu'on a mis cette partie dans le mémoire. Ce n'est pas encore
un phénomène exorbitant, cependant, il va falloir le surveiller,
il va falloir s'assurer qu'on va apporter les correctifs nécessaires en
temps opportun. C'était là l'objectif de cet article du
mémoire.
M. Giasson: Quand vous parlez de spéculation, ce seraient
les fermes qu'on vendrait à des gens qui n'ont pas l'intention de
cultiver?
M. Gaudet: Ce n'est pas cela, ce sont des citadins qui vont dans
les paroisses où ils peuvent... On parlait tantôt du mal de l'air
pur et du
goût des petits oiseaux. Ce sont justement ces gens qui,
actuellement, profitent du fait qu'il y a encore, au niveau de notre
région, quelques paroisses qui ne sont pas zonées et qui sont
à proximité de petites villes, en tout cas, des villes
importantes pour notre région. Alors, les gars s'organisent pour faire
de petits villages dortoirs dans des municipalités qui peuvent
être à 12, 15, et 20 milles de la ville principale.
M. Giasson: Dans votre fédération, est-ce que vous
avez mené une recherche sur le nombre de fermes qui seraient, à
l'intérieur des comtés, regroupées dans la
Fédération de l'UPA de Nicolet, le nombre de fermes qui seraient
possédées par des gens qui ne cultivent pas, quelles que soient
les raisons? Avez-vous des statistiques là-dessus?
M. Gaudet: On n'a pas un inventaire précis du nombre
d'acres de terre qui sont passées... Pour prendre un exemple très
concret, dans la paroisse voisine de chez nous, il y avait un rang qui
n'était pas tellement cultivé, faute de programme
d'é-gouttement. Or, ce qui s'est produit, c'est qu'à cause de
l'abandon de ces fermes par des producteurs qui avaient des difficultés
au niveau de la production et qui étaient rendus à un niveau
d'âge élevé, ces fermes ont été vendues
à des gens des villes, que je respecte et que j'admire pour ce qu'ils
font. Ils ont payé cela le prix d'un chalet ou à peu près.
Ils sont arrivés là; ils ont mis trois coqs, un poulet et une
petite poule Bandy là-dessus.
Cela a comme effet que le prix des terres augmente, que les agriculteurs
qui pouvaient être en compétition ou les vrais producteurs ont de
la difficulté à acheter ces terres. Depuis ce temps, les cours
d'eau se sont refaits sur ces terres. On veut les utiliser et on ne le peut
plus parce qu'il y a des propriétaires qui n'ont pas payé cher
ces terres et elles ne sont plus disponibles pour l'agriculture.
C'est cette forme de spéculation. Le besoin des gens de revenir
à la nature nous inquiète, en termes de production agricole.
C'est une des raisons qui nous force à appuyer le projet de loi qui est
présentement devant cette commission et devant l'Assemblée
nationale.
Alors, pour répondre bien précisément à
votre question, on n'a pas réussi à faire d'inventaire
systématique du nombre d'acres de sol qui ont été perdues,
mais sans me tromper, je peux vous dire que dans un territoire comme le
nôtre où il y a 185 000 acres de terre, c'est au moins 20 000
acres depuis les deux dernières années.
M. Giasson: Depuis les deux dernières années
seulement. Il y avait un mouvement dans ce sens...
M. Gaudet: Oui, on avait déjà estimé, il y a
quelques années, qu'il y avait une quarantaine de mille acres de
perdues, mais depuis les deux dernières années, cela se situe
autour de 20 000 acres.
M. Giasson: Merci, M. Gaudet.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. A mon tour, au nom de
l'Union Nationale, je tiens à remercier la Fédération de
l'UPA de Nicolet de sa participation aux différentes commissions
concernant l'agriculture ou l'environnement. Je pense que vous êtes une
fédération active et on doit vous féliciter.
Maintenant, à deux occasions, dans votre mémoire, vous
parlez, aux pages 2 et 3, de "sécuriser" et de rentabiliser le travail
de l'agriculteur. J'aimerais vous poser une question: Quelles seraient les
mesures que vous souhaiteriez que le gouvernement mette en place pour
"sécuriser" et rentabiliser le travail du producteur agricole?
M. Gaudet: Cela, c'est une question de $3.25. M. Garon:
Cela veut dire $64 000!
M. Gaudet: Vous savez, M. le ministre, quand on commence par
$3.25, nous autres, on est habitué à $0.75! Alors, c'est
déjà une bonne amélioration.
M. Garon: Dans le temps de l'Union Nationale.
M. Gaudet: Cela ne veut pas dire, M. le ministre, qu'on ne vise
pas $64 000. Ecoutez, nous autres, notre compréhension du
dépôt de la loi c'est la suivante: On réussit à se
faire croire, à tort ou à raison on espère qu'on a
raison, on va le voir dans I avenir que le gouvernement s'engage dans un
processus de développement de l'agriculture, que le gouvernement
s'engage dans un processus de rentabilisation des productions agricoles au
Québec et de l'économie agricole. Pour cela, ce dont on a besoin,
c'est que les producteurs qui se dirigent vers une production donnée,
quelle qu'elle soit, que ce soit en termes de céréales, que ce
soit en termes de production laitière, de production de viande, du porc,
de la volaille ou quoi que ce soit... On s'attend que les agriculteurs qui vont
prendre des risques en termes d'investissement pour développer une
production aient les garanties suffisantes d'abord pour assurer la production
du capital investi, assurer une rémunération normale des
travailleurs, de l'exploitant et de sa famille et un profit normal que toute
entreprise pourrait considérer comme un profit normal.
Quand on fait cette comparaison avec différents autres secteurs
de l'industrie, sans pour autant vouloir dire que dans le secteur de
l'agriculture nous sommes démunis, parce que ce n'est pas vrai que nous
sommes démunis, ce qu'on veut dire, c'est qu'on a droit à notre
part dans le système économique de la société
actuelle. Ce sur quoi on mise dans le projet de loi, c'est non seulement sur le
zonage des terres agricoles, mais sur le développement de l'ensemble de
l'agriculture au Québec.
M. Cordeau: A court terme, quelles seraient les mesures que vous
aimeriez voir implantées?
M. Gaudet: A court terme? On a actuellement des problèmes
majeurs du côté de la production laitière dans une
région comme la nôtre à cause de la spécialisation
de la production au niveau de notre région. Nous sommes conscients qu'on
ne pourra pas développer la production laitière d'une
façon très accentuée, même au niveau de notre
territoire, parce que tout cela s'implique, au fond, dans des besoins de
marché.
Comme le marché du côté de la production
laitière est saturé, on s'attend que les producteurs soient
capables, par des programmes de production différents, soit de
développer la production du boeuf, soit de développer aussi, pour
une partie de notre territoire qui serait propice, la production des
céréales de façon plus particulière; cela ne veut
pas dire qu'on se limite concernant d'autres productions qui pourraient avoir
du bon sens, mais on dira notre mot quand viendra le temps et on va suivre le
gouvernement sur cette question.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: II me fait plaisir de poser quelques questions au
représentant de la fédération dont je suis membre. Il nous
est parfois arrivé, au président et à moi, de nous poser
certaines questions sous un angle tout à fait différent de celui
d'aujourd'hui. Connaissant assez bien la délimitation du territoire de
l'UPA de Nicolet, en pourcentage, quelle superficie du territoire ne fait pas
partie du territoire protégé, à peu près?
M. Gaudet: Six ou sept municipalités, en termes de
territoire, qui ne sont pas protégées par rapport à
l'ensemble de notre région. Je n'ai pas fait de calcul pour
répondre en termes de pourcentage, mais cela peut-être 5% ou 6%,
j'imagine.
M. Baril: Quand vous avez parlé, tout à l'heure,
d'une certaine spéculation dont vous aviez eu connaissance, cette
spéculation aurait été faite du côté
d'Arthabaska, Saint-Paul ou dans les environs parce qu'on sait que ces
municipalités sont situées tout près d'une ville, la ville
d'Arthabaska qui regroupe environ 40 000 habitants. Donc, ce serait dans ces
municipalités que s'orienterait la spéculation.
M. Gaudet: C'est exact, M. le député.
M. Baril: D'un autre côté, est-ce que les
agriculteurs de ces municipalités ont fait des pressions ou vont faire
des demandes pour être intégrés à la zone
protégée?
M. Gaudet: Actuellement, le problème qui s'est posé
de façon plus particulière au niveau de ces municipalités
est un problème d'environnement. A ce moment-ci, il n'y a pas encore
d'agriculteurs qui ont, de façon très précise,
formulé des plaintes, à savoir qu'ils sont craintifs par rapport
à la spéculation, depuis que le projet de loi a été
présenté. Beaucoup de producteurs continuent d'être
très inquiets au sujet du développement ou de la construction en
regard de l'application des normes de la protection de l'environnement. C'est
par ce biais qu'on s'est rendu compte que certains gestes commençaient
à être amorcés.
M. Baril: Chez-nous, sachant que nous faisons partie et je
vais m'impliquer d'une région agricole qui a assez
évolué, quand même, qui fait partie d'une des meilleures
régions du Québec, on lit dans votre...
M. Gaudet: Je vous remercie de l'entendre dire. Nous en
étions certains, mais nous n'étions pas sûrs que le
gouvernement le pensait aussi. Est-ce qu'on peut dire que vous
représentez le gouvernement, M. le député?
M. Baril: ... mémoire: Nous croyons que cette situation
engendrera du mécontentement de la part de certains producteurs qui
prévoyaient une certaine spéculation sur leurs terres. Il ne doit
pas y en avoir beaucoup chez nous, parce que quand même, les gens sont
assez bons agriculteurs, ils veulent beaucoup plus préserver
l'agriculture que vendre leur terre.
M. Gaudet: Le problème ne se pose pas en termes des vrais
producteurs; il se pose en termes de personnes qui ont gardé des sols
autour des vrais agriculteurs et qui sont actuellement
considérées comme des producteurs agricoles au sens de la loi. Ce
sont eux qui nous causent des ennuis sur cette question-là. Il n'y a pas
de cachette, là. Parce que nos agriculteurs prospères, ceux qui
veulent vivre de l'agriculture, ne sont pas intéressés à
vendre des parties de terrains sur le coin de leur terre.
Mais pour les municipalités que vous avez mentionnées tout
à l'heure, vous êtes au courant, M. le député, qu'un
bon nombre d'agriculteurs il n'y en a pas 200 000, nous ne sommes que
5000 dans la région quelques agriculteurs vont faire des
levées de boucliers sur cette question et j'imagine que vous devez en
connaître vous aussi.
M. Baril: On parle d'autre part et je vais terminer ici
de la situation précaire de l'exploitant agricole, on parle du
développement des fermes québécoises. Vous avez fait
allusion et c'est vrai, que nous sommes une région qui s'est
spécialisée surtout dans la production laitière. Est-ce
que les agriculteurs de notre région commencent ou comprennent de plus
en plus qu'il va falloir absolument s'en aller vers une diversification de
production ou si les gens veulent encore se limiter à la production
laitière.
M. Gaudet: Ecoutez, M. le Président, je ne pense pas qu'il
y ait personne qui soit strictement attaché au besoin de traire des
vaches pour gagner sa vie, car c'est quand même assez as-
treignant. Le problème c'est qu'il n'y a pas d'autres productions
au niveau de notre région qui ont donné aux producteurs la
garantie que cette production-là avait.
Je vais vous donner un exemple. Je suis un producteur agricole, j'ai une
grande superficie de sol. Je ne fais pas de production laitière mais sur
les propriétés que j'ai achetées depuis quatre ans, si
j'avais seulement la partie de subvention qui est attachée de
façon particulière aux producteurs de lait, je ne serais pas
inquiet pour le développement de ma production qui est celle des
céréales. Or, pour faire autre chose que du lait dans une
région comme la nôtre à ce moment-ci je vais
peut-être me qualifier mais cela ne me choque pas trop il faut
quasiment être effronté parce qu'il faut prendre des risques
Or que font les producteurs? Ils se garantissent la
sécurité et ils vont vers une production qui leur offre ce
minimum de sécurité, parce que ce n'est pas encore le
maximum.
M. Baril: Je vous remercie d'avoir présenté le
mémoire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Orford.
M. Vaillancourt: Merci, M. le Président, j'ai une courte
question à poser au président de la fédération de
l'UPA de Nicolet. Je n'ai rien vu dans votre mémoire à l'effet
que vous vous prononciez en faveur de la loi ni en ce qui concerne la
commission de protection du territoire agricole. Est-ce que vous êtes
favorables au projet de loi dans tous les détails? J'aimerais avoir
votre opinion en ce qui concerne l'organisme, c'est-à-dire la commission
de protection du territoire agricole qui sera centralisée ici à
Québec. Est-ce que vous seriez favorables à une
décentralisation ou si vous êtes favorables à la loi telle
quelle, en ce qui concerne la commission?
M. Gaudet: Tout d'abord, on a précisé au
début de ce mémoire qu'on n'avait pas décidé
d'intervenir sur plusieurs points. Cependant, je vais quand même vous
donner notre position par rapport à la question que vous soulevez. (16 h
15)
En ce qui a trait à la commission prévue à la loi,
nous sommes entièrement favorables à la mise en place d'une
commission provinciale pour gérer et pour voir à l'application de
cette loi. Cependant, nous croyons qu'au niveau des régions, il devrait
y avoir un mécanisme de consultation ou un mécanisme qui pourrait
être consultatif, qui permettrait aux agriculteurs de donner leur
position et leur voix sur la réalisation concrète de
l'application de la loi, mais on tient énormément à une
commission provinciale. La raison fondamentale pour laquelle on y tient, c'est
qu'on a eu l'expérience de l'application de règlements de zonage
par des municipalités et on s'est rendu compte que les agriculteurs
n'étaient pas traités de la même façon. On s'est
aussi rendu compte que l'application des règlements de zonage, qui
était uni- quement contrôlée par les municipalités,
avait pour effet, suivant les intérêts de ceux qui étaient
élus aux conseils municipaux, que le règlement de zonage
était modifié dans un sens ou dans l'autre. Or, nous sommes
favorables à une commission provinciale, mais nous croyons qu'il doit y
avoir des mécanismes de consultation ou des mécanismes au niveau
des régions pour permettre aux agriculteurs de se prononcer avec
d'autres intervenants. Bien sûr, les agriculteurs sont les premiers
intervenants à être consultés dans la question du zonage
agricole, mais je pense qu'il faut être honnête, il faut
reconnaître qu'il y a d'autres organismes, au niveau des régions,
qui sont intéressés et qui ont des choses importantes à
dire sur le développement des terres. C'est là notre
position.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Cordeau: M. le Président, une courte question.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, une courte question.
M. Cordeau: Tantôt, dans une de vos réponses, vous
avez mentionné qu'il y avait peut-être opposition de la part de
certains cultivateurs qui ne gagneraient pas leur vie seulement avec leur
terre. Ils ont peut-être un autre emploi, etc. Croyez-vous que le montant
de $1000, provenant de revenus agricoles, exigé pour reconnaître
une personne comme productrice agricole soit assez élevé en
1978?
M. Gaudet: Voulez-vous avoir une réponse courte ou une
longue?
M. Cordeau: Une réponse franche, comme on vous
connaît...
M. Gaudet: Une réponse franche, c'est non. On est
convaincu que le montant prévu par la Loi 64 pour déterminer ce
qu'est un producteur n'est pas suffisant. La définition d'un producteur
agricole ne se limite pas au montant de la mise en marché. Mettez-le
à $5000, si vous voulez, ou à $10 000, ce n'est pas ce qui va
dire que c'est un agriculteur ou que ce n'en est pas un. Il y a d'autres
critères qui devraient être incorporés dans la
définition du producteur agricole.
Dans les critères que nous pensons être importants, il y a
ceux de la principale occupation ou du principal revenu. Cela nous
apparaît, au niveau d'une région comme la nôtre, un
critère devant être pris en considération dans la
définition du mot "agriculteur" au sens de l'ensemble des lois.
M. Cordeau: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska, votre courte question.
M. Baril: Oui, une très courte question. En
deuxième lecture, certains députés, à la Chambre,
surtout de l'opposition, affirmaient que la Fédération de l'UPA
n'avait pas l'appui de la base et que plusieurs articles de la loi
étaient dénoncés très fortement par la classe
agricole. Vous autres, la fédération de Nicolet, est-ce que vous
avez senti ce non-appui de la part des agriculteurs? Ici, je fais allusion
à l'indemnisation, à la possibilité de diviser les
lots.
M. Gaudet: Ecoutez, cela fait quatre ans que notre
fédération se promène dans notre territoire pour discuter
de la question du zonage agricole des terres. On a discuté de long en
large l'application d'une loi comme celle-là; les producteurs agricoles,
dans notre territoire, encore cet automne, au moment de nos congrès
régionaux, se sont montrés favorables à la position que
nous prenons sur la question du zonage agricole des terres.
D'autre part, ces inquiétudes... Pour vous donner un exemple bien
concret, j'arrive du congrès général de l'union. Nous
étions environ 600 personnes presque tout le temps, des
représentants des syndicats de base, des présidents de syndicats,
des délégués, des producteurs agricoles de l'ensemble du
territoire du Québec. On a discuté dans un premier temps de la
loi, du mémoire que l'union a présenté, et je peux vous
dire que le congrès général de l'UPA vient de se prononcer
d'une façon très positive et unanime sur la position de l'union
dans le débat sur le zonage agricole. Cette question est la même
au niveau de notre territoire.
M. Baril: M. Gaudet, si je faisais allusion à cela, c'est
parce que cela ma assez surpris de voir l'attitude que l'Opposition a prise
face au mémoire que la confédération a
présentée et également face à l'attitude que
d'autres fédérations de l'UPA ont présentée
à cette commission. J'aurais aimé cela que vous-même et les
participants ou ceux qui sont venus vous appuyer, vous soyez en mesure de voir
ou de comprendre exactement la position que les opposants ont prise sur ce
projet de loi. Merci.
M. Gaudet: M. le Président, ce que je puis ajouter
là-dessus, c'est que je ne veux pas entrer dans un débat
politique, la politique, on va vous laisser cela, c'est votre "job". Cependant,
nous, de l'union, notre consultation a été faite, au niveau de
nos producteurs, elle est faite depuis un bon bout de temps. Seulement, on
n'acceptera pas de se laisser charrier de n'importe quelle façon et par
n'importe qui sur cette question. Ce n'est pas un défi mais on invite
n'importe qui, dans le cadre de la discussion avec l'union et avec les
producteurs agricoles, moi, n'importe quand, je suis prêt, à
l'intérieur du territoire qu'on a chez nous, à rencontrer
n'importe qui et avec n'importe quel producteur, sur la question du zonage, et
je ne doute pas du tout du résultat d'une telle rencontre ou de telles
interventions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska, c'est...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Merci, M. le Président. Je dois d'abord vous remercier de votre
mémoire. Je voudrais revenir un peu sur la question des critères
pour définir l'agriculteur et cela m'a un peu chatouillé,
étant député-agriculteur, quand vous dites, quand vous
demandez que l'agriculture, ce soit la principale occupation, savez-vous, vous
nous embarrassez un petit brin. J'espère qu'on pourra modifier cela un
petit peu. Je ne sais pas si vous êtes fiers de voir des
députés-agriculteurs à l'Assemblée nationale, mais
je pense que, depuis un an, il ne s'est jamais parlé comme depuis 10
ans, dans le passé, d'agriculture au Québec. Il faudra penser que
les agriculteurs en Chambre aussi peuvent faire quelque chose et peuvent
travailler dans le domaine agricole, aussi bien pour le bien des agriculteurs
que de toute une population.
M. Cordeau: Vous pensez que c'est "une" job temporaire?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Oui, c'est temporaire. On est des fonctionnaires occasionnels.
M. Gaudet: Franchement, M. le député, quand on
parle de principale occupation, cela peut être une occupation que
d'être agriculteur à l'Assemblée nationale, comme c'est
sûrement une occupation que d'être agriculteur à l'UPA. A ce
moment-là, M. le député, je pense bien qu'on ne se fait
pas bien mal.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Cela me soulève.
M. Gaudet: Cependant, il y a une question qui est très
importante, et je ne voudrais pas qu'on fasse une parenthèse, en termes
de précision, sur la principale occupation. C'est important, ce facteur,
et je pense qu'il va falloir le considérer quelque part un bon
matin.
M. Baril: C'est une interprétation de la loi qui me
satisfait grandement.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Merci beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Comme il n'y a pas d'autres
interventions, je remercie les représentants de la
Fédération de l'UPA de Nicolet, M. Gaudet, principalement, et
ceux qui vous accompagnent. J'inviterais un autre groupe à venir se
faire entendre. Merci.
M. Gaudet: On vous remercie beaucoup d'avoir accepté de
nous recevoir.
Le Président (M. Boucher): J'invite maintenant la
Fédération de l'UPA de Saint-Hyacinthe.
Fédération de l'UPA de
Saint-Hyacinthe
M. Couillard: M. le Président, M. le ministre, messieurs
les membres de la commission, il nous fait plaisir aujourd'hui de participer
à la commission parlementaire sur le projet de loi no 90, Loi sur la
protection du territoire agricole. Nous sommes conscients du défi
considérable qui se pose à la collectivité
québécoise. Comment aménager harmonieusement notre
territoire et ses ressources naturelles dans une société en plein
développement industriel? Depuis plusieurs années, la
Fédération de l'UPA de Saint-Hyacinthe se préoccupe de la
sauvegarde des terres fertiles pour fins agricoles.
La Fédération de l'UPA de Saint-Hyacinthe couvre le
territoire des comtés municipaux de Missisquoi, Saint-Hyacinthe,
Iberville, Richelieu, Rou-ville, Bagot et une partie du territoire des
comtés de Shefford, Brome et Verchères. Seize syndicats de
secteur et dix syndicats spécialisés y sont affiliés. La
fédération représente 6475 producteurs agricoles. Le
territoire de la fédération compte un grand pourcentage de sols
fertiles, classés parmi les plus propices à l'agriculture.
Ce que veulent les producteurs agricoles. En septembre dernier, quelque
11 000 producteurs ont été consultés lors de
réunions dans chaque syndicat de secteur. Leurs considérations et
leurs recommandations ont été étudiées le 2
novembre 1978 au congrès de notre fédération, qui s'est
tenu à l'ITAA de Saint-Hyacinthe. Nous vous présentons un extrait
des résolutions qui furent adoptées à ce congrès
concernant la protection du territoire agricole:
Que le gouvernement du Québec présente au plus tôt,
dès cet automne, une loi de zonage pour conserver les terres arables et
leur valeur; qu'au dépôt de la loi, le gouvernement
présente une carte des zones agricoles et qu'il prohibe toute
transaction foncière changeant la vocation d'un sol agricole; que la loi
soit administrée par trois types d'intervenants: 1)la
municipalité chargée de l'application de la loi; 2)le
comité régional qui planifiera, surveillera, étudiera les
besoins d'expansion des municipalités et les modifications à
apporter au territoire pour ensuite faire des recommandations à la
régie; 3)la régie publique qui coordonnera, supervisera les
comités régionaux et tranchera les litiges;
Que soit zonée agricole toute terre arable au Québec; que
soit valorisée l'exploitation des terres arables en assurant une
rentabilité; que soit créée une banque de terres
administrée par une société mixte MAQ-UPA; que soit
interdite la propriété du sol zoné agricole aux
non-résidents québécois; que les règlements
d'environnement soient moins sévères en zone agricole et qu'ils
tiennent compte du droit du premier occupant; que les odeurs et les bruits
normaux aient priorité sur les autres lois en zone agricole; que les
propriétaires de terres faisant partie du territoire d'une ville
puissent garder leur statut de producteurs agricoles et les
bénéfices courants attachés à ce statut.
Quelques points particuliers. Depuis longtemps, la
Fédération de l'UPA de Saint-Hyacinthe est favorable à la
protection du territoire agricole. Nous sommes aujourd'hui contents qu'un
projet de loi soit soumis à l'approbation de l'Assemblée
nationale. Cependant, nous regrettons qu'un certain nombre de points soumis au
ministre lors de sa tournée de consultation ne soient pas inclus dans le
projet de loi no 90.
Premièrement, le comité régional. Le projet de loi
ne retient pas l'existence d'un organisme régional que nous nommons
"comité régional"; nous le regrettons. Nous avions, le 12
septembre dernier, présenté clairement notre pensée au
ministre. Nous continuons à recommander la mise en place d'un
comité régional pour chacune des régions agronomiques. Cet
organisme pourrait accomplir les tâches suivantes:
Surveiller l'application de la loi au niveau de chaque
municipalité de la région; étudier les besoins d'expansion
et de développement des municipalités de la région ainsi
que tout problème affronté par elles dans l'application de la
loi; élaborer un plan de développement régional;
étudier toute demande de modification du territoire zoné
agricole; faire des recommandations à la Commission de protection du
territoire agricole du Québec concernant toutes les demandes de
modification du territoire zoné agricole; faire le lien entre les
municipalités et la commission.
Cet organisme pourrait, de fait, réaliser toute autre tâche
utile à la protection du territoire agricole. La mise en place d'un tel
organisme dans chacune des régions agronomiques du Québec nous
apparaît très importante pour les raisons suivantes:
II faut décentraliser en confiant des responsabilités
à des instances qui sont plus proches de la base; il faut
intéresser et impliquer le plus de gens possible dans la protection du
territoire agricole; il faut que des personnes ou organismes locaux et
régionaux aient la possibilité, en travaillant ensemble,
d'arriver à un consensus en vue de protéger leur territoire
agricole. (16 h 30)
II faut que le développement des municipalités se fasse
dans le cadre d'une planification d'ensemble de la région afin
d'éviter que les intérêts de l'une ne s'avèrent
néfastes à l'intérêt général. Il faut
se rendre à l'évidence que de nombreuses personnes qui
désirent poser, selon l'article 43, I un des actes pour lesquels une
autorisation de la commission est requise, seront dans l'incapacité de
remplir par elles-mêmes de façon satisfaisante la demande selon
les normes exigées. L'organisme régional pourrait, en
l'occurrence, aider ces personnes à bâtir le dossier, à
préciser leurs demandes et assurer que le conseil municipal
étudie au mérite leur dossier.
La commission de protection du territoire agricole du Québec
doit, à notre avis, coordonner et superviser le travail des
comités régionaux et des municipalités. Il importe que la
commission ait des pouvoirs décisionnels. Elle doit être la seule
instance habilitée à autoriser ou à refuser toute
modification en territoire zoné agricole. Tout litige
devrait être tranché par la commission après
audience publique.
Le territoire à protéger. Le présent projet de loi
affecte une partie du territoire agricole du Québec comme l'indique
l'annexe A. A notre avis, il devrait protéger toute terre arable au
Québec. Il nous apparaît que la désignation du territoire
agricole à protéger s'est faite d'une façon arbitraire.
Nous demandons la protection immédiate de toutes les terres arables au
Québec pour les raisons suivantes:
II est urgent d'enlever la pression des spéculateurs dans les
zones agricoles non désignées;
Le zonage partiel permet à des gens d'établir dans les
zones agricoles non désignées des situations non conformes au
présent projet de loi et qu'une future désignation ne pourrait
corriger;
II est important que tous les producteurs agricoles du Québec
soient sur un pied d'égalité, partiellement concernant les
coûts de production des produits agricoles et les avantages
rattachés au statut de producteur agricole comme, par exemple, la remise
des taxes;
L'entreprise agricole incluse dans une zone urbaine. Il y a encore des
terres en culture qui font partie du territoire d'une ville et qui sont
totalement ou en partie encerclées de bâtiments domiciliaires ou
industriels. Ces terres sont certainement destinées dans un avenir plus
ou moins lointain à changer de vocation. Nous demandons que le
présent projet de loi ne prive pas les exploitants de ces terres, de
leur statut de producteurs et des bénéfices courants
attachés à ce statut.
Le territoire agricole et la protection de l'environnement. Dans les
zones agricoles, les odeurs normales et les bruits normaux des activités
agricoles ne doivent être soumis à aucune mesure de quelque loi
que ce soit, y compris celle de l'environnement, à moins de preuve de
toxicité, de mauvaise gestion ou de négligence.
Nous considérons que les producteurs qui, de bonne foi, ont les
années passées modifié leurs installations ne devraient
pas, en zone agricole désignée, pouvoir être soumis
à des plaintes empêchant l'exploitation ou le développement
de la ferme en raison de sa proximité ou des odeurs ou bruits qu'elle
dégage. Les règlements concernant les dates d'épandage des
fumiers et les normes de distance entre les bâtiments d'élevage et
les résidences devront être moins sévères dans les
territoires zonés agricoles et ils devront tenir compte du droit du
premier occupant. Nous demandons que le projet de loi 90 tienne compte des
recommandations de l'UPA en regard de la loi 69 et des règlements
relatifs aux exploitations animales.
Les non-résidents québécois. Pour ne pas nous
déposséder de notre territoire, nous pensons qu'il faudrait
interdire à des non-résidents québécois
l'accès à la propriété du sol dans les zones
agricoles. Dans la région agricole de Richelieu, nous pouvons
dénombrer plusieurs fermes qui sont actuellement possédées
par des intérêts français, suisses, anglais, allemands et
autres. Pour le moment, la plupart de ces fermes sont cultivées par des
agriculteurs de la région qui les louent. La Loi de protection du
territoire agricole devrait prévoir exproprier les terres qui
appartiennent à des non-résidents québécois au prix
de la valeur courante et les remettre à une banque de terres.
Une agriculture rentable. Nous sommes conscients que la protection du
territoire agricole ne garantit pas sa mise en valeur. Elle ne constitue qu'un
aspect d'une politique de développement agricole. Il faut et
c'est essentiel valoriser l'exploitation des terres arables et
rentables, afin d'inciter les agriculteurs à en constituer
l'exploitation. Les projets de loi 99 et 100 nous apparaissent comme des
mesures valables.
Le développement de l'agriculture. Nous sommes convaincus que le
gouvernement doit aller encore plus loin. Il doit s'engager dans la
reconnaissance intégrale des coûts de production dans chacune des
productions agricoles du Québec. Il doit favoriser pleinement
l'organisation de toutes les productions agricoles en plans conjoints assortis
de tous les pouvoirs ici, disons que cela aurait dû être
souligné dont les producteurs ont besoin pour mettre leurs
produits en marché.
Telles sont les principales considérations que la
Fédération de l'UPA de Saint-Hyacinthe tenait à soumettre
à l'attention des membres de la commission.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup, M.
Couillard.
M. le ministre.
M. Garon: A la page 9, lorsque vous dites que dans une zone
urbaine, dans un territoire municipal, une entreprise agricole, une ferme n'a
pas été incluse dans la zone agricole, je dois vous dire qu'il
sera possible en tout temps pour l'agriculteur de demander d'être inclus;
également lors de la détermination de la zone permanente il
pourra être inclus à sa demande ou à la demande de la
municipalité. Mais il fallait, pour avoir un minimum de bon sens...
C'est que dans un territoire entièrement... Apparemment, il y a un
agriculteur à Outremont. Je ne sais pas où il est, mais il y en a
un d'après nos chiffres. Il y en a deux dans telle autre ville, trois
dans telle autre place mais en d'autres endroits, vous pouvez en avoir une
vingtaine, dans tout le territoire municipal.
Au fond, on se dit: II y a le territoire municipal. Il y a un
périmètre urbain de développement. En dehors, c'est
zoné agricole. Dans le territoire qui n'est pas zoné agricole
actuellement, un agriculteur pourra, dès la formation de la commission,
demander d'être inclus dans la zone agricole. C'est son choix. Et on dit
à ce moment: Soit qu'il demande d'être inclus et il est inclus
dans la zone agricole ou qu'il ne le demande pas; alors, il vend sa terre qui
sera urbanisée et il va s'en acheter une autre vraiment en zone
agricole. On a voulu laisser ce choix parce qu'il y a toutes sortes de
situations qu'on ne pouvait pas prévoir. Dans ces cas, l'agriculteur
choisira, parce qu'on est dans une situation particulière.
Je ne sais pas si cela vous satisfait comme réponse.
M. Couillard: Ce qui arrive, c'est que souvent, si l'agriculteur
fait partie d'une zone, vous allez séparer... C'est la façon dont
vous allez séparer, zone complètement agricole ou zone urbaine.
Il est certain aussi qu'à un moment, ces agriculteurs seront
obligés, de toute façon, de se faire exproprier ou autre...
On voudrait qu'il conserve tous ses titres, dans le sens que si le gars
veut réellement être agriculteur, on veut qu'il n'ait aucun
problème, qu'il puisse continuer et avoir le droit aux cours d'eau,
à l'accès aux cours d'eau, au drainage et à tous les
autres privilèges qui sont rattachés à ce statut,
même si on croit que dans une période X, il sera exproprié.
Lorsqu'on fera des plans de planification et de développement, c'est
là qu'arriveront des problèmes.
M. Garon: S'il demande d'être inclus dans la zone, il sera
considéré dans la zone agricole où qu'elle soit.
M. Couillard: Même si la ville ne veut pas, il n'y aura pas
de problème? Il va être inclus dans la zone?
M. Garon: II va pouvoir le demander...
M. Couillard: C'est justement là qu'est le
problème...
M. Garon: ... et la commission pourra trancher. La ville pourra
dire non et la commission tranchera le litige.
M. Couillard: Si la commission dit oui, cela fait quoi? En
attendant qu'il soit exproprié, cela fait quoi? Qu'est-ce qu'il peut
faire?
M. Garon: II sera zoné agricole.
M. Couillard: Et si la commission dit non?
M. Garon: La commission, normalement, aura tendance à
protéger les gens qui vont vouloir que leurs terres soient zonées
agricoles. Il peut arriver des cas aberrants. Je ne peux pas imaginer, mais on
peut imaginer des cas qui n'ont aucun bon sens. D'une façon
générale, j'imagine que la commission, s'il y a des cultivateurs
dans une zone blanche... On l'a fait volontairement.
Je vais vous donner un exemple concret. Sur l'île de
Montréal, il y a des cultivateurs à certains endroits. On a dit:
Qu'est-ce qu'on fait? Cela a vraiment été un dilemme et on s'est
dit que peut-être la meilleure solution serait de laisser le choix aux
gens qui sont là, parce qu'il y a toutes sortes de titres de
propriétés, il y a toutes sortes de situations différentes
et on s'est dit: Qu'est-ce qu'on fait dans une telle situation?
On a préféré dans de tels cas laisser le choix
à l'agriculteur parce qu'il est déjà normalement
pénalisé dans cette région, cette zone urbaine; il est
pénalisé d'être agriculteur là. Alors, si on dit: On
l'oblige à être agriculteur dans cette zone, on le
pénalise. Alors, on dit: Laissons-le faire son choix. S'il choisit de
rester agriculteur dans cette partie de frange urbaine, plus urbaine, à
ce moment, c'est son choix. S'il ne veut pas l'être, on ne l'aura pas
inclus au point de départ.
M. Couillard: M. le ministre, je vais essayer de vous donner un
exemple, moi aussi, si vous permettez, M. le Président. Prenez un
agriculteur qui désire être dans la zone verte et à qui la
commission dit non parce que vous avez un plan de développement autour
d'une ville qui inclut un plan de développement industriel et ces
choses-là, mais nécessairement, en attendant la suspension de ce
plan-là, il peut continuer à cultiver pendant peut-être
quatre ans, cinq ans... C'est à ce moment-là que nous voulons
protéger ce cultivateur et on voudrait qu'il ait droit à tous les
avantages qu'on vient d'énumérer. Je pense que c'est une bonne
intention, c'est de bonne guerre qu'on veuille protéger nos agriculteurs
qui désirent être en zone verte et qui seraient refusés par
la commission pour des raisons de planification du plan de zonage.
M. Garon: II y a une chose dont il faut tenir compte aussi. C'est
que si vous dites que pendant quatre ans, le gars a fait de sa terre une terre
agricole et vend après quatre ans... Sur une terre agricole, le
gouvernement va peut-être avoir mis $25 000, $30 000, et cela pour
retourner à l'urbanisation. Je pense que c'est pour cela que le
cultivateur a le choix. Selon ce qu'il choisit il y a un article sur la
fiscalité qui s'applique, et je pense qu'il y a un système
équitable dans ce qui est prévu dans la loi actuellement pour ces
cas-là.
M. Couillard: Vous parlez du statut de producteur. Cela ne veut
pas dire... Je suis peut-être allé à l'extrême quand
j'ai parlé, parce qu'il y a la question du drainage, mais c'est certain
que celui qui veut continuer à cultiver, à ce moment-là,
c'est sûr que les fossés devront tout de même être en
bonnes conditions pour la culture et tous les règlements au niveau de la
taxation, au niveau de l'évaluation, des $150 l'acre devront exister,
à ce moment-là, pour la protection de ce producteur.
M. Garon: L'autre point que je voulais souligner, quand vous
parlez d'un comité régional... il y a différentes
façons, je pense, de faire un forum au niveau local ou régional.
C'est un problème complexe. C'est-à-dire qu'il y a plusieurs
choses.
Pendant deux ans on a épuisé toutes ces
questions-là. On a regardé comment cela se passait ailleurs. Il y
a un problème qui m'apparaît, dans ce qui nous a été
dit qui se passait ailleurs, qui est très important: c'est une constance
de la jurisprudence. Autrement, on peut arriver à détruire la
protection des terres agricoles parce que toutes les décisions se
prennent d'une région à l'autre. Il n'y a plus aucune constance
là-dedans,
c'est le "free for all". On s'est dit, par ailleurs, vous avez raison.
Cela prend un forum local ou régional ou entre les deux. Il me semble
qu'à la suite d'ailleurs des tournées de consultation du mois de
septembre, c'est là qu'on a prévu, au niveau municipal. On s'est
dit: On va prendre le niveau municipal parce qu'à mon avis, à
l'heure actuelle on n'a pas le choix. Est-ce que cela va être au niveau
des conseils de comté, au niveau de la municipalité, au niveau
plus large d'une région agricole par exemple, comme la région 1
à 12, on en a douze. Là, on s'est dit: A quel niveau la
protection des terres doit-elle se faire? Le choix qu'on a fait c'est le choix
municipal parce qu'il nous semble que c'est la structure la plus admise par la
population, la plus connue, parce que ce n'est pas à la faveur de la
protection du territoire agricole, à notre avis, qu'il faut faire des
réformes dans tous les secteurs. On en a déjà une bonne
quantité avec la protection des terres. Alors, ce n'est pas le temps de
faire la réforme de toute la province en même temps. On s'est dit:
A ce moment-là, prenons le forum qui est reconnu par tout le monde
actuellement, comme celui qui est le plus institutionnalisé, si on veut.
Il nous est apparu, à ce moment-là que c'était au niveau
municipal.
A la suite de la tournée de consultation, on voyait que les gens
disaient: Oui, mais il faudrait que les instances locales ou régionales
aient un mot à dire là-dedans. C'est là qu'on a
modifié, qu'on a fait l'article 35 et qu'on a dit: Toute personne qui
est intéressée, tout organisme intéressé pourra
faire valoir ses représentations par écrit. On a entendu des
mémoires sur la loi telle qu'elle est et, à ce moment-là,
on pourrait modifier l'article 35 pour institutionnaliser davantage le forum
municipal, par exemple. (16 h 45)
Peut-être qu'il devrait y avoir des audiences publiques au niveau
municipal, il devrait peut-être y avoir des avis à des organismes
comme les conseils de comté, l'union régionale des producteurs
agricoles ou trouver la formule qui pourrait être régionale. Cela
pourrait être le Conseil régional de développement, les
organismes qui existent dans le milieu, qui représentent quelque chose
sur le plan agricole, économique et municipal, du territoire. Quant
à la discussion sur la protection des terres, il me paraît plus
important qu'il y ait un forum où les gens vont discuter de l'affaire,
vont se poser des questions et après ça, au niveau municipal, que
la municipalité dise: Voici ce que je demande à la commission.
Même si la commission n'a pas tenu compte des avis, elle va être au
courant des représentations faites par ces organismes. Il faut rendre le
forum plus important au niveau municipal, peut-être plus
institutionnalisé, mais sans alourdir la procédure.
Parce que si la procédure est trop lourde, on va en arriver
à déterminer des zones et ça va prendre des années.
Puis, quand les gens vont vouloir faire des demandes, ça va suivre un
canal et ça va aboutir des mois plus tard. Alors que dans ce domaine,
c'est quand même économique, il faut qu'il y ait des
décisions assez rapides. C'est peut-être dans ce sens qu'il
faudrait améliorer le forum, sur le plan régional, plutôt
que d'avoir des comités institutionnalisés qui feront une
étape de plus dans le processus, vers une décision.
Je ne sais pas ce que vous en pensez. Je pense qu'à ce
moment-là ça respecterait la voie régionale, ça
permettrait aux organismes de dire ce qu'ils pensent, de participer au
débat et, en même temps, en ayant une procédure pas trop
lourde qui pourrait être rapide tout en maintenant une certaine constance
dans les décisions, et en tenant compte également du
caractère local ou régional. Qu'est-ce que vous en pensez, M.
Couil-lard?
M. Couillard: M. le ministre, vous êtes très habile,
très, très intelligent. Il demeure que vous avez parlé de
beaucoup d'organismes et vous avez parlé d'une chose flexible, mais dans
notre mémoire, on a simplement présenté un organisme qui
pourrait planifier. C'est pour ça que le nôtre va être aussi
rapide et il est non décisionnel; il s'agit de siéger sur un
comité de planification. Cela s'adresse également aux
députés de l'Opposition, on pourra revenir à cette
question tout à l'heure, c'est qu'il est non décisionnel. C'est
seulement un comité de planification, ce serait un lien avec les
municipalités et, en même temps, ça permettrait à
cet organisme, quand il y a des choses qui se passent qu'on puisse les voir,
qu'on puisse dire au gouvernement: sur telle ou telle chose, on est
d'accord.
A ce moment-là, ça éviterait certainement beaucoup
de temps au niveau de la commission pour rendre des décisions dans des
cas. C'est sûr que dans d'autres cas où il y aura des litiges, ce
sera plus long, parce qu'à ce moment-là, on donnerait notre
version à la commission qu'on n'est pas d'accord sur telle chose, et le
litige serait tranché par la commission.
Je tiens à mentionner que le comité dont on a
parlé, c'est un comité qui est non décisionnel, mais c'est
un comité de planification qui peut aussi voir à ce que, entre
les municipalités, les plans puissent s'agencer. C'est de cette
façon qu'on a présenté un comité au niveau
régional.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le président de l'UPA de Saint-Hyacinthe,
je veux vous remercier d'être venu devant la commission parlementaire qui
étudie un projet de loi, comme vous le savez, fort important.
Je voudrais vous poser une question sur un aspect de votre
mémoire qui est un peu différent, même si l'ensemble du
mémoire soutient à peu près les mêmes objectifs que
ceux de la fédération de l'UPA ou des fédérations
de l'UPA d'autres territoires. Tout de même, suite à la
consultation dont vous faites mention dans votre mémoire, soit 1100
producteurs agricoles, vous semblez attacher beaucoup d'importance à
l'existence d'un comité régional. Ce que j'aimerais savoir de
vous, c'est
l'opinion que vous avez de la constitution de ce comité qui irait
siéger là-dessus. Est-ce qu'il y aurait des représentants
de l'UPA, des corporations municipales, du Conseil de développement
régional, quelles sont les personnes que vous verriez travailler
à ce comité régional?
M. Couillard: C'est certain qu'au niveau du comité
régional, M. le député, si vous me permettez de nommer les
autres personnes qui devraient être là, je les nommerai, mais on
veut simplement que notre organisme soit très bien
représenté.
M. Giasson: Avez-vous accepté d'autres organisations,
d'autres organismes?
M. Couillard: On travaille en étroite collaboration, dans
notre milieu, avec le ministère de l'Agriculture sur bien des points et
quand on parle de développement agricole, à ce moment-là,
je. vous garantis qu'on se rejoint étroitrement.
M. Giasson: Mais ledit comité, pensez-vous qu'il
alourdirait le processus dans les permissions qui devront être
demandées, les autorisations, les acceptations, par rapport à ce
que propose la loi c'est-à-dire une seule commission centralisée
ici à Québec? Si je comprends bien, votre comité, vous ne
tenez pas à lui donner des pouvoirs décisionnels.
M. Couillard: Certainement.
M. Giasson: Vous voyez entre les mains du comité des
pouvoirs décisionnels.
M. Couillard: Non, non.
M. Giasson: Aucun pouvoir décisionnel.
M. Couillard: Un pouvoir de planification, tout simplement,
c'est-à-dire qu'en étant présent à la base, ce
serait beaucoup plus facile de planifier et d'avoir une bonne entente de
discussion, pour avoir les éléments au complet, entre les mains.
C'est beaucoup plus facile lorsqu'on est près. Ce n'est pas un
comité de décisions. C'est un comité où on peut
présenter à la commission notre accord, lorsque nous le sommes,
et ce sera plus facile, en étant présent, à la base,
d'avoir les éléments nécessaires.
M. Giasson: Je comprends difficilement le rôle que vous
voulez confier au troisième palier qu'est la commission. Lorsque vous
dites que la régie publique coordonnera, supervisera les comités
régionaux et tranchera les litiges, mais tout va être litige.
Même si vous avez fait des recommandations d'abord au palier premier
qu'est la municipalité, au palier secondaire qu'est le comité
régional, si vous n'avez aucune voie décisionnelle, c'est
qu'effectivement, dans la vérité, c'est toujours la commission
qui va décider.
M. Couillard: Quand il y a entente, je pense que cela va
être assez facile, au niveau de la commission, de dire oui. A ces
instances de la base, quand on possède tous les éléments
nécessaires, cela va très bien. Et quand on présentera une
entente, cela va être assez facile.
M. Giasson: Comme c'est là, si vous voulez lui confier un
travail assez important, de façon que les dossiers qui arrivent à
la commission soient bien étoffés, bien étayés,
bien étudiés et tout cela, avez-vous l'impression que vous allez
être obligé de maintenir une équipe, et que quelqu'un devra
payer pour maintenir cette équipe en place?
M. Couillard: J'ai l'impression que, si vous voulez, vous pouvez
les enlever les comités régionaux. Il peut bien ne plus y en
avoir du tout. Mais les mêmes études, il va falloir qu'elles
soient faites en commission, à un moment donné.
M. Giasson: Ce serait pour soulager la commission de toute la
partie recherche et étude en fonction de la situation vécue sur
place.
M. Couillard: Ecoutez une minute. Tout à l'heure M. le
ministre vous a apporté tous les organismes qui peuvent fournir les
élémets nécessaires. A ce moment-là, vous auriez un
comité qui serait là, pour prendre connaissance, qui aurait en
main tous les éléments nécessaires et qui serait au
courant de ce qui se passe, il y aurait une planification, pas seulement au
niveau d'une municipalité, mais entre les municipalités
également.
M. Giasson: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Je tiens à vous
féliciter, MM. Couillard et Gagnon, pour votre participation à ce
mémoire au nom de la fédération de l'UPA de
Saint-Hyacinthe qui englobe le beau comté de Saint-Hyacinthe.
Une Voix: ...
M. Cordeau: II y a des échanges amicaux qui se font entre
les membres du gouvernement et les membres de l'Opposition.
Est-ce que vous croyez que les pouvoirs accordés aux
municipalités sont trop restreints?
M. Couillard: Est-ce que c'est à moi que vous posez la
question?
M. Cordeau: Oui, parce qu'on n'a pas le droit de questionner le
ministre.
M. Couillard: Si vous le permettez, je dois vous dire...
M. Cordeau: On n'a pas le droit de questionner le ministre, il
faut questionner les intervenants.
M. Garon: Vous avez le droit. Vous pouvez me questionner tous les
jours à l'Assemblée nationale.
M. Cordeau: Oui, mais pas ici en commission, M. le ministre.
M. Garon: Et toute la province va pouvoir comprendre les
questions et les réponses et va pouvoir juger des deux.
M. Cordeau: Cela a toujours bien été.
M. Couillard: A ce moment-là, au niveau des
municipalités, je dois dire tout de même qu'il y a quelques
ébauches faites au niveau du zonage agricole mais, en somme il n'y en a
jamais eu. Les municipalités avaient le droit et tout le loisir de le
faire et elles ne l'ont pas fait. Les plans qui ont été faits, ce
sont des plans d'urbanisation, simplement des plans de
développement.
Alors, à partir de ce moment, vous pouvez confier aux
municipalités tous les pouvoirs que vous voulez, il reste tout de
même une chose, c'est que dans le passé, les pouvoirs, elles les
avaient et elles ne s'en sont cas servies pour planifier. Alors, à
partir de ce moment, nous disons tout simplement que nous ne pourrons pas faire
pire. Nous essaierons d'être mieux avec le comité.
M. Cordeau: A la page 2 de votre mémoire, vous avez
écrit que la loi devrait être administrée par trois types
d'intervenants, en premier lieu, la municipalité. C'est dans cet esprit
que je vous ai posé la question.
M. Couillard: C'est certain qu'on dit que la municipalité
est chargée de l'application de la loi. Tout le monde est d'accord avec
cela; c'est la municipalité qui va appliquer la loi et qui va la faire
respecter aussi. Mais quand on parle du comité, actuellement,
êtes-vous bien d'accord que c'est déjà respecté
depuis ces moments, monsieur? Je ne le sais pas. Avez-vous des organismes pour
vous assurer que tout est respecté actuellement?
M. Cordeau: Non, le ministre pourra y répondre. Ce n'est
pas à moi de répondre. Il y a un autre point du projet de loi sur
lequel j'aimerais connaître votre opinion; c'est qu'actuellement, un type
qui va demander d'être zoné agricole près d'une
municipalité devra payer à la municipalité, lorsqu'il
changera la vocation de sa ferme, dix ans d'arrérages de taxes qu'il
aurait dû payer s'il avait été dans la zone urbaine au tout
début. Ne trouvez-vous pas que c'est un peu exagéré,
lorsqu'un terrain de golf, actuellement, qui... Si, à un moment
donné, les gens vendent un terrain de golf pour de l'urbanisation, leur
pénalité n'est que de cinq ans, tandis que pour un cultivateur,
la pénalité va être de dix ans?
M. Garon: ... Avantage.
M. Cordeau: Bien non, cela va être désavantageux
pour les cultivateurs.
M. Garon: Bien non.
M. Cordeau: II va payer dix ans de taxes en retard, tandis que le
terrain de golf, une corporation, un propriétaire de terrain de golf ne
paiera que cinq ans. Un cultivateur va payer pendant dix ans les
arrérages des taxes, la différence entre l'évaluation.
M. Garon: II était dans la zone depuis dix ans, pas depuis
l'année passée.
M. Cordeau: II a été dans la zone pendant dix
ans.
M. Garon: Depuis dix ans, ça va...
M. Cordeau: II a été dans la zone pendant dix ans,
mais actuellement, un terrain de golf, même si cela fait dix ans, quinze
ans qu'il est dans une municipalité...
M. Garon: Oui.
M. Cordeau: ... il ne paie pas comme les autres; il n'a pas une
évaluation semblable aux autres immeubles et...
M. Garon: II paie des...
M. Cordeau: ... bien, de toute façon, il a seulement cinq
ans de taxes à payer. S'il change de vocation, sa pénalité
n'est que pour cinq ans seulement, tandis qu'un cultivateur qui va changer de
vocation va être obligé de payer pendant dix ans.
M. Couillard: Je pense que ce sera plus facile, vous allez voir
que c'est assez clair. Parfois on a des situations assez claires, nous les
cultivateurs. C'est que nous, en réalité, dans des cas
semblables, le gars qui ne veut plus être zoné et qui veut s'en
aller dans la zone blanche, pour nous, il devient un spéculateur et on
ne le défend pas.
M. Cordeau: Peut-être que les municipalités vont
avoir le pouvoir d'acquérir des terrains pour fins d'habitation. C'est
une chose qui peut arriver avant longtemps.
M. Couillard: Si la municipalité veut créer la
zone, cela, c'est différent. C'est elle qui va payer la dette. Nous
autres, ce que nous défendons, ce sont les producteurs agricoles. Les
spéculateurs, on ne les défend pas.
M. Gagnon: Les défendez-vous, vous, M. Cordeau?
M. Baril: Je suis d'accord avec le principe.
8 décembre 1978
M. Gagnon: M. le député de Saint-Hyacinthe
défend...
M. Cordeau: Je n'ai pas de problèmes avec les agriculteurs
de mon comté.
M. Gagnon: Non, je n'ai pas dit agriculteurs, j'ai dit
spéculateurs.
M. Cordeau: Croyez-vous que l'article 100 du projet de loi
concernant l'environnement vous protège suffisamment?
M. Couillard: Je pense qu'on a mentionné dans notre
mémoire qu'on voudrait que la protection soit encore plus
élevée.
M. Cordeau: Dans quel sens? Pouvez-vous expliciter votre
pensée un peu?
M. Couillard: On peut vous donner un exemple. Nous
considérons que les producteurs qui ont, de bonne foi, par les
années passées, modifié leurs installations, ne devraient
pas, en zone agricole désignée, pouvoir être soumis
à des plaintes empêchant l'exploitation ou le développement
de la ferme en raison de sa proximité ou des odeurs qu'elle
dégage. A ce moment-là, vous savez, tout le monde sait que les
constructions qui sont faites après 1972, on peut dire en 1974, si vous
nous le permettez... Les gars ont demandé des permis et n'en avaient
même pas besoin et d'autres n'en ont pas demandé et ils ont
construit quand même. Alors, ce qu'on veut, à ce moment, c'est que
ces gars ne soient pas achalés... Cela ne veut pas dire qu'on
empêche la commission, je veux dire le ministère de
l'environnement de donner un permis. On ne veut pas que ces personnes soient
lésées de quelque façon que ce soit dans quelque
exploitation animale que ce soit. (17 heures)
M. Cordeau: M. le Président, en terminant je tiens
à vous faire part que je suis tout à fait d'accord avec vous
concernant le comité régional comme comité consultatif, et
même qu'on pourrait aller un peu plus loin dans ce sens.
Une Voix: Etes-vous d'accord avec la loi puisque vous êtes
d'accord avec le principe?
M. Couillard: Pourrais-je vous poser une question, M. le
député?
M. Cordeau: Oui.
M. Couillard: Puis-je, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez. M. le
député de Saint-Hyacinthe, est-ce que vous acceptez...
M. Cordeau: Si je ne veux pas répondre, je vais faire
comme les ministres, je vais prendre l'avis de la commission.
M. Couillard: M. le député, j'ai bien
mentionné que c'était un comité consultatif
décisionnel, sans pouvoir.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. Couillard, au nom des
membres de la commission, je vous remercie ainsi que ceux qui vous accompagnent
pour avoir présenté ce mémoire.
M. Couillard: Merci beaucoup.
M. Garon: ... nous savons que, depuis deux ans, le
député écrit des dépliants, mais, quant à
vous, trouvez-vous que cela fonctionne bien?
M. Cordeau: C'est depuis que j'écris des dépliants
que cela va bien.
M. Couillard: M. le député, M. le ministre, j'ai
l'impression qu'à Saint-Hyacinthe, quand on a des problèmes, on
s'adresse où il faut s'adresser et je pense que comme cela, on avance,
en tout cas à bien des endroits en même temps.
M. Cordeau: Chez nous, on est des gens positifs.
M. Garon: Oui, cela va assez bien, les investissements.
M. Cordeau: Oui. Ne lâchez pas!
M. Couillard: Cela va bien, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. Gagnon.
M. Gagnon: Merci. M. le Président, est-ce que je pourrais
poser une question au député de Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: Oui, mais pas sur les autres.
Le Président (M. Boucher): Nous ne sommes pas à
l'étude article par article et...
M. Cordeau: L'autre mémoire, celui-là est
terminé.
Le Président (M. Boucher): J'appelle maintenant la Chambre
de commerce de Québec représentée par M. Pierre Morin,
directeur général des affaires publiques.
M. Garon: II y en a qui disent, M. Couillard, que c'est presque
gênant d'avoir un député de l'Opposition dans un
comté quand on veut être si mal servi que cela.
M. Cordeau: Cela incite peut-être le gouvernement à
donner étant donné qu'il veut le prendre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, à l'ordre, s'il vous plaît! M. Morin, si vous
voulez vous présenter et présenter celui qui vous accompagne.
Chambre de commerce de la province de
Québec
M. Hamel (Roger): Merci, M. le Président. Je regrette, je
ne suis pas M. Morin.
Le Président (M. Boucher): Excusez-moi.
M. Hamel: Mon nom est Roger Hamel.
Le Président (M. Boucher): M. Hamel.
M. Hamel: Je suis le président de la Chambre de commerce
de la province de Québec et à mes heures de loisir, je suis le
directeur, au Québec, de la compagnie pétrolière
Impériale Limitée. J'aimerais vous présenter mes
collègues, je dis bien que j'aimerais vous les présenter,
malheureusement, il n'y en a qu'un seul qui est présent, c'est M. Andrew
Winstanley qui est diplômé des universités Harvard et
Dalhousie et qui est recherchiste à la chambre provinciale.
Je dois excuser Me René Alarie qui était le
président de notre comité de l'agriculture, ancien
président de la chambre et qui aurait été plus apte que
moi à répondre à vos questions, ainsi que M. George
Niedan, de Drummondville, qui a été membre de notre comité
d'agriculture et qui a dû nous quitter cet après-midi à
cause, je présume, des horaires des compagnies de transport, en vue de
son retour chez lui.
Le Président (M. Boucher): M. Hamel, excusez-moi de vous
interrompre. Je constate que votre mémoire contient deux annexes.
Avez-vous l'intention de les lire ou d'éviter de le faire pour qu'ils
soient inscrits au journal des Débats?
M. Hamel: Absolument, M. le Président, je vous remercie de
la suggestion. Même, si vous permettez, je vais lire ce qui est inscrit
au début, mais je vais glisser sur quelques passages afin de gagner du
temps.
Le Président (M. Boucher): Alors...
M. Hamel: Si vous le permettez et si vous voulez suivre, parfois
je vais passer outre, mais je pense que ce ne sera pas tellement difficile de
suivre ce que je vais vous dire.
Le Président (M. Boucher): Le mémoire sera
reproduit en entier au journal des Débats. (Voir annexe A).
M. Hamel: Absolument, et si vous le permettez, j'aimerais lire le
court...
Le Président (M. Boucher): D'accord, allez-y.
M. Hamel: Alors, M. le Président, quelques mots
d'introduction. 1 ) La Chambre de commerce de la province de Québec est
la fédération des quelque 200 chambres et "boards of trade"
locaux actifs au
Québec. Le nombre et la qualité de ses membres en font le
principal porte-parole de la communauté québécoise des
affaires. 2)L'intérêt de la chambre pour la protection du sol
agricole n'est pas de récente date. Depuis au moins 5 ans, la chambre y
attache une grande importance. 3)II est opportun d'indiquer à cette
commission que la chambre a participé aux consultations
réalisées préalablement au dépôt du projet de
loi par le ministre de l'Agriculture. Afin d'éviter toute
équivoque et d'informer tous les membres de la commission de nos
positions, nous avons annexé ce mémoire à la
présente intervention et nous vous demandons vous nous avez
déjà accordé la permission de bien vouloir
consigner l'ensemble de notre mémoire au journal des Débats.
6)(à la page 2) La chambre a déjà indiqué son
accord sur la nécessité d'une loi de la protection du sol
agricole, envisagée comme outil de développement de notre
potentiel agricole au Québec.
Et je passe au paragraphe 7. 7)Au cours de nos nombreuses discussions
avec les autorités, tant du gouvernement actuel que du
précédent, sur la protection du territoire agricole, la chambre a
soumis de nombreuses suggestions pour la réaliser. Malheureusement,
malgré votre acceptation de notre problématique lors de notre
rencontre du 27 septembre dernier, seulement deux d'entre elles ont
été retenues.
Notre problématique. Notre problématique s'inspire du fait
que ce qui amène le zonage agricole, ce sont des conflits dans
l'utilisation des sols. Ces conflits proviennent des différents besoins
de la société: se loger, se nourrir, se transporter, produire des
biens industriels, commercer, se récréer et les autres, toujours
au meilleur coût marginal possible. C'est le marché qui peut
résoudre ces conflits d'usages multiples au meilleur coût
marginal. Si nous devons recourir à une solution législative et
bureaucratique aux soi-disant problèmes de ce marché, il faut
reconnaître que le processus politique a aussi sa propre logique.
Même dans la solution bureaucratique, les conflits d'utilisation
des sols ne devraient pas être tranchés ultimement par une
autorité ayant pour mandat unique ou principal la protection du
territoire agricole. Ce devrait plutôt être fait par une
autorité ayant pour mandat le meilleur aménagement possible du
territoire.
Et même là, la logique interne de la solution
bureaucratique, qu'on le veuille ou non, amènera ses propres
problèmes: 1) inefficacité et lenteur des décisions; 2)
possibilité de corruption; 3; création d'inégalités
entre catégories de citoyens.
Les points de nos désaccords. Dans cette perspective, examinons
dans l'ordre les trois derniers problèmes mentionnés ci-dessus.
Les textes qui suivent, qui sont en annexes, sont importants, parce qu'ils sont
inspirés d'une argumentation plus élaborée, contenue dans
l'annexe II "Examen critique de la problématique gouvernementale en
matière de zonage agricole".
Inefficacité et lenteur. Notre argument est fondé sur le
fait que tout système de zonage des terres
est essentiellement une redéfinition des droits de
propriété. Ainsi, lorsque le zonage des terres s'accompagne d'un
gel des transactions foncières, il faut prévoir les
mécanismes pour déterminer habilement et rapidement ces
"nouveaux" droits de propriété. Autrement, la frustration
individuelle et les perturbations économiques qui en résultent
raccourciront I'"espérance de vie" de cette politique de protection des
sols agricoles.
En Colombie-Britannique, lors de la déclaration du gel des terres
agricoles en 1973, 28 structures régionales étaient
déjà en place.
Au Québec, ce genre de structure régionale n'est pas
encore en place et ne le sera probablement pas avant au moins un an, même
si le nouveau projet de loi sur l'aménagement et l'urbanisme de
l'honorable Léonard est adopté pendant la session parlementaire
du printemps. Dorénavant, les nombreuses activités
économiques touchées par la loi n'auront lieu dans la zone verte
qu'avec l'approbation de la commission des terres agricoles.
Décrivons cette réalité plus succinctement. Le
marché foncier d'une région entière, marché capable
d'allouer des terres pour des myriades d'usages différents et
d'être le lieu d'arbitrage des demandes de milliers d'usagers
différents sera dorénavant canalisé dans l'appareil
décisionnel d'une seule bureaucratie centrale. Les dossiers de demandes
s'empileront rapidement. Les propriétaires terriens qui auraient pu
attendre plus de six mois avant d'apprendre que leurs terres étaient
incluses dans la zone verte et trois mois de plus avant d'apprendre la
recommandation de leur municipalité se trouveront maintenant en train de
contempler un embâcle d'origine législative. Ils exprimeront alors
de plus en plus publiquement leur colère et leur frustration contre la
politique de protection des sols agricoles.
Dans une économie où les droits d'utilisation peuvent
être déterminés par un verdict de la commission, si jamais
ils peuvent l'être, les risques encourus par les investisseurs
individuels et corporatifs augmenteront. Les nouveaux investissements seront
réduits et l'économie de la région agricole
désignée ralentira. A la fin, la politique deviendra encore une
autre entrave à une économie provinciale qui traîne
déjà la patte. Tout cela dans quel but? Pour que le ministre
d'Etat à l'aménagement puisse avoir le temps nécessaire
d'élaborer, selon les principes les plus rationnels qui soient, les
structures administratives décentralisées, pour que les
gouvernements qui suivent puissent à leur tour les élaborer
à nouveau.
Nous recommandons, M. le Président, en conséquence, que
premièrement, les municipalités et plus particulièrement
les conseils de comité deviennent de véritables corps
intermédiaires dans l'application de la politique de zonage agricole.
Deuxièmement, que l'application de la loi soit
accélérée par des délais statutaires plus courts,
une campagne d'information auprès des intéressés, une
organisation permettant un départ rapide et efficace du fonctionnement
de la commission.
La possibilité de corruption; dans le projet de loi 90, les
organismes gouvernementaux existant aux niveaux municipal et provincial sont en
un sens écartés de l'application de la politique de protection
des terres agricoles pour laisser la place à une seule commission
omniprésente et omni-in-terventionniste. Le projet de loi 90 montre
essentiellement que les structures municipales et régionales
déjà existantes se sont montrées vulnérables face
à ceux qui ont découvert qu'il est plus facile de manipuler
l'appareil étatique que de fausser en leur faveur le fonctionnement d'un
marché libre des terres agricoles. Elles reflètent aussi la
pleine conscience que la création d'une seule commission centrale
n'éliminera pas la possibilité de corruption, mais ne fera que
changer les conditions dans lesquelles la corruption aura lieu et augmentera la
récompense accordée au succès. C'est pourquoi l'article 96
est là, permettant au gouvernement, par avis écrit à la
commission, de soustraire une affaire à sa juridiction.
L'expérience de la Colombie-Britannique nous enseigne que ce
n'est pas nécessairement la bonne solution. Dans cette province, un
gouvernement néo-démocratique soucieux de protéger le
patrimoine agricole a doté sa "land commission ' du pouvoir de fouler
aux pieds les administrations municipales et régionales qui,
jusqu'alors, se distinguaient par leur incapacité et leur
répugnance totale à résister aux forces de la
spéculation et du développement. Le gouvernement n'a prévu
aucun droit d'appel en cour et ne s'est pas réservé le droit de
révision. Le résultat? Quatre ans après, un nouveau
gouvernement qui se montrait hostile à la politique du zonage agricole
prenait le pouvoir. L'un de ses premiers gestes fut d'amender la "land
commission act" afin de donner au ministère de l'environnement à
peu près les mêmes pouvoirs que ceux qui sont donnés par
l'article 96 au Conseil des ministres. Du jour au lendemain, les
municipalités désireuses de protéger leurs terres
agricoles se trouvèrent face à une "land commission"
contrôlée par un gouvernement disposé à saboter les
principes de la loi. Les rôles étaient renversés.
Un système bureaucratique délimitant les droits de
propriété n'admet pas d'arbitre final parfait. Il peut cependant
utiliser les services d'une structure publique parallèle qui
possède une certaine indépendance grâce à la
titularisation de ses membres: le pouvoir juridique.
En conséquence, nous recommandons que le droit de révision
conféré au gouvernement par l'article 96 soit
transféré au pouvoir judiciaire.
Les inégalités entre les catégories de citoyens.
Dans le projet de loi 90, le gouvernement a choisi d'ignorer notre suggestion
selon laquelle une politique de protection des sols agricoles pourrait
être réalisée efficacement et sans heurt inutile par la
volonté seule des agriculteurs pour qui la loi a été
faite. En proposant ce qui est en réalité un modèle
urbain, notre premier objectif était de mettre en place une politique de
protection des sols agricoles qui perturbe le moins possible léconomie.
Nous étions également conscients de
l'importance du respect des droits de propriété qui
permettent à une personne d'utiliser, de jouir et de disposer de ses
biens.
Il appert que le gouvernement avait une problématique
différente dont le résultat sera qu'au Québec il y aura
deux catégories de citoyens propriétaires. Dans l'une de ces
catégories, on retrouvera le citoyen dont les propriétés
sont assujetties aux législations municipales. Si un règlement de
zonage peut affecter ses propriétés, ce citoyen
propriétaire aura le droit d'être avisé du changement
proposé. Il y aura alors audiences publiques et il pourra voter sur ce
règlement par référendum. Si ses biens doivent être
expropriés à des fins publiques, il sera avisé, entendu et
indemnisé. Il existe même une procédure d'appel
auprès des instances judiciaires pour lui garantir ses droits.
Dans l'autre catégorie, on retrouvera le citoyen
propriétaire dont les biens seront régis par la loi 90. Ce plan
de zonage lui sera imposé et périodiquement révisé
par une commission centrale agissant avec ou sans la collaboration de ses
représentants locaux. Il ne sera pas consulté par voie de
référendum. Il n'aura droit d'appel que devant cette même
commission qui a préparé le plan de base. Son droit de
propriété aura été démembré, mais
l'article 407 du Code civil ne s'appliquera pas. Ses biens seront devenus, par
extension, d'utilité publique à des fins agricoles. Enfin, s'il
désire vendre sa propriété, son droit de disposition sera
réduit au marché des agriculteurs ou à la banque de terres
au prix fixé par le gouvernement.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Hamel. M. le
ministre.
M. Garon: D'abord, vous allez me permettre de rétablir
quelques faits qui sont inexacts, sinon complètement faux. En
Colombie-Britannique je ne sais pas qui vous a dit cela le
gouvernement créditiste n'était pas opposé au zonage. Je
le tiens du ministre de l'Agriculture lui-même à moins
qu'il ne m'ait menti qui m'a dit qu'au début de la campagne
électorale, le Parti créditiste a fait une déclaration
selon laquelle, s'il prenait le pouvoir, il ne changerait pas ce qui avait
déjà été établi dans le zonage des terres
parce qu'il craignait de perdre plus de voix en laissant entendre qu'il
changerait les choses qu'en disant clairement qu'il ne changerait rien.
Ce sont les informations que j'ai obtenues du ministre lui-même.
Quand je suis allé en Colombie-Britannique en juillet 1977 pour la
conférence fédérale-provinciale, ce sont les informations
que j'ai recueillies. D'ailleurs, j'ai l'impression que d'autres personnes sont
allées en Colombie-Britannique, plusieurs Québécois sont
allés en Colombie-Britannique seulement pour voir ce qui se passe
là-bas.
Quand vous dites que les infrastructures régionales
étaient déjà en place, c'est vrai, mais vous avez un
délai pour faire des périmètres et, pendant le
délai, personne n'a fait de périmètre de sorte que la
"land commission ' de la Colombie-Britannique a dû faire elle-même
les périmètres.
Vous savez, on peut dire qu'on peut donner des pouvoirs complets
à tout le monde; cela fait sympathique, cela fait
décentralisé au possible; mais vous savez, les
spécialistes de sol ne courent pas les rues et ce n'est pas si facile de
jouer dans des cartes de sol. De sorte que si on prend l'exemple de la
Colombie-Britannique, les structures régionales n'ont pas joué le
rôle que le gouvernement aurait voulu qu'elles jouent; même si
elles avaient le pouvoir de le jouer, elles ne l'ont pas joué.
En Colombie-Britannique, le gel qui a été imposé
était beaucoup plus sévère qu'au Québec, puisqu'ils
ont tout gelé, toutes les terres existantes et tous les sols de
catégories 1, 2, 3 et 4. Ils n'ont pas fait comme nous qui avons
gelé une partie seulement du territoire. Ils n'avaient pas laissé
de frange, ils n'avaient pas de droit acquis comme cela. Ils avaient des
exclusions, mais pas de droit acquis, de sorte que le gel était beaucoup
plus total en Colombie-Britannique qu'il ne l'est ici, alors qu'ici on a
laissé des franges autour de toutes les municipalités et en
certains endroits, comme la CRO, en tenant compte par exemple des mauvais
potentiels.
Vous avez dit un mot aussi, à la page 7, au sujet du
référendum qu'il n'y aurait qu'une catégorie de citoyens.
A ce que je sache, les villes comme Québec, Montréal, Laval, font
du zonage et ne font pas de référendum et personne ne crie qu'il
y a de la dictature dans ces villes-là. Ces villes représentent
je ne sais pas quel pourcentage de la population du Québec
sûrement autour de 50% de la population du Québec et on n'entend
parler de rien.
Il y a des choses qui sont inexactes, je vais laisser intervenir mes
collègues et je reviendrai en terminant sur certains points.
Le Président (M. Boucher): M. Hamel, avez-vous des
commentaires:
M. Hamel: Pas pour le moment. Je vais attendre les autres
questions...
Le Président (M. Boucher): D'accord, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président. M. Hamel, dans
l'évaluation que vous faites de la Commission de contrôle telle
que voulue par la loi, définie avec pouvoirs qu'on lui donne, vous
craignez trois choses principalement: Inefficacité et lenteur des
décisions. Quand vous dites cela, vous croyez vraiment qu'un palier de
décisions, au niveau régional je pense que dans votre cas
vous songiez aux conseils de comté aurait diminué
l'inefficacité et aurait permis un processus plus rapide sur les
décisions à prendre suite aux nombreuses demandes que les
citoyens vont formuler, soit pour être inclus, soit pour être
exclus, ou toute modification qui, nécessairement, doit
nécessiter
qu'on fasse une demande avant de l'effectuer. Est-ce que vous auriez vu
plus d'efficacité dans une représentation régionale, que
ce soit un conseil de comté, tel que vous le suggérez, ou encore
un autre organisme? Quelle est votre position là-dessus?
M. Hamel: La Chambre évidemment s'inquiète beaucoup
de cette commission parce que c'est une question d une autre couche de
bureaucratie qui est établie et on a, dans cette commission, l'arbitre
et le joueur en même temps, parce que c'est la commission qui
établit le plan de zonage. Il n'y a pas de droit d'appel. On a, dans
l'annexe 2, M. le député, un examen critique plus
détaillé, si vous voulez vous y référer, aux pages
1 et 2 de l'annexe 2, où on commente plus en détails, sur cette
question, des recommandations de la Chambre.
M. Giasson: Lorsque vous voyez une possibilité de
corruption dans le mode qui est proposé par la loi 90, vous avez
à l'esprit que cette possibilité de corruption serait moins
grande si des décisions étaient prises au palier régional.
Vous croyez que la possibilité de corruption serait plus grande si les
pouvoirs étaient uniquement mis entre les mains dune commission
provinciale?
M. Hamel: Pas exactement, M. le député. On semble
dire que la formation du comité permettrait d'éviter les
possibilités de corruption qui soi-disant existent aujourd'hui. Je ne
suis pas expérimenté dans ce domaine, mais c'est ce qu'on
dit.
Ce qu on dit dans notre mémoire, c'est que cela est possible
à un niveau plus élevé où il peut y avoir
surenchère. Ce sont toujours des êtres humains qui sont en place
et cela ne changera pas nécessairement cette possibilité.
J'aimerais revenir aussi sur votre dernière question. Si vous
regardez à l'annexe 1, qui était notre mémoire du mois de
septembre 1978, à la page 8, vous verrez en somme ce que la chambre
recommande. Cela a été tiré de nos politiques d'action
approuvées à l'assemblée générale de la
chambre en 1975. Là aussi on fait des recommandations allant dans le
sens de la question que vous avez posée.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Croyez-vous que ce projet de loi aura des
répercussions on va les appeler néfastes à
court terme concernant l'économie en ce qui regarde la construction?
M. Hamel: Nous croyons que oui. Comme nous l'avons dit dans notre
mémoire et comme je l'ai mentionné dans les quelques remarques
que j'ai faites, oui, nous voyons cela comme un élément
négatif par rapport à l'économie au Québec. Je l'ai
dit dans mes remarques tout à l'heure.
M. Cordeau: Croyez-vous que les mécanismes de
fonctionnement contenues dans ce projet de loi seront assez souples et
efficaces?
M. Hamel: M. le député, je dois répondre
négativement encore une fois à cette question. On prévoit,
vu que toutes les transactions devront passer par cette commission, une grande
inefficacité. Nous avons aussi dans nos annexes... J'ai fait mention
dans mes remarques qu'à la page 4 on a dit que, dorénavant, les
nombreuses activités économiques touchées par la loi
n'auront lieu dans la zone verte qu'avec l'approbation de la commission des
terres agricoles.
J'écoutais ce matin un représentant de la Chambre des
notaires qui parlait du grand nombre de transactions, etc., qui devront
être traitées par la commission des terres agricoles. Je pense
qu'on peut voir là des problèmes possibles à l'horizon,
bien possibles.
M. Cordeau: Est-ce la première fois que vous voyez un type
qui va statuer dans un cas et siéger ensuite au tribunal de
révision? Je vois dans le projet de loi: La commission doit rendre ses
décisions et, ensuite, c'est elle qui jugera si elle a rendu ou non une
bonne décision en révision.
M. Hamel: Je peux répondre oui à cela. Ma
réponse vaut ce qu'elle vaut. Je ne suis pas législateur. Je ne
suis pas expert dans le domaine. Mais comme je l'ai dit, la commission est
arbitre, joueur, juge et partie au même moment.
M. Cordeau: Nous vous remercions aussi pour un autre point
où vous mentionnez que, d'après vous, le ministre de
l'Agriculture est à peu près le seul et unique juge de la Cour
suprême; il peut, sans appel, puisqu'il a le pouvoir de retirer à
la commission tout dossier, prendre une décision et seulement, ensuite,
en informer la commission.
M. Garon: Vous dites que la Colombie-Britannique n'avait pas de
droit d'appel, qu'il n'y avait pas de droit de révision. Ici, on a
gardé un droit de révision. En passant, hier ou avant-hier, on
avait les gens de la TransCanada Pipelines et de Gaz Métropolitain. Ils
nous ont dit que, lorsqu'ils vont devant l'Office national de l'énergie,
qui est fédéral et qui joue un rôle administratif un peu
comme cette commission-ci... Il a exactement les mêmes pouvoirs,
c'est-à-dire qu'il entend, prend la décision et a le pouvoir de
révision et pas plus. (17 h 30)
M. Lavoie: C'est beaucoup plus court... En plus, c'est un droit
d'appel. Devant les tribunaux, c'est trente jours en général.
M. Garon: C'est vrai, on pourrait possiblement le raccourcir. On
a mis vous voyez qu'on était large six mois. On peut
raccourcir la période. Mais dans les tribunaux administratifs, si on se
retrouvait devant un droit d'appel, qu'est-ce qui arriverait en
réalité? Il arriverait qu'il y aurait un appel; là, les
appels sur le droit sont tous permis. C'est de leur judiriction; cela, c'est
permis; cela,
c'est le droit commun, le pouvoir de la Cour supérieure de
surveiller les tribunaux inférieurs; c'est l'article 33 du code de
procédure civile; cela fonctionne comme avant. C'est un article
général, on n'est pas obligé de le mettre dans la loi
puisqu'il existe dans le code de procédure civile.
Maintenant, si on avait un appel devant un tribunal, qu'est-ce qui
arriverait? Le juge dirait: Les sols, je ne connais pas cela. Il dirait: La loi
me dit de prendre des décisions en fonction des sols. Alors il ferait
venir un expert et il demanderait: Est-ce que ces sols sont vraiment des bons
sols? L'expert dirait oui, et le juge dirait: Bien... Alors, autrement, il
n'intervient pas dans les faits, il exerce de droit. S'il intervient dans les
faits, le juge, normalement, ne connaît pas cela, l'agriculture. Alors il
fait venir des témoins; c'est un peu comme dans les procès; pour
savoir si quelqu'un est sain d'esprit ou ne l'est pas, on fait venir un
psychiatre; il y a des gens qui viennent dire si le gars est correct ou pas
parce que le juge n'est pas habilisé à faire cela; il ne
connaît pas cela.
Alors, quand on se retrouve devant des décisions administratives,
habituellement, qu'est-ce qu'on a? Ce sont des pouvoirs qu'on a mis; il y a un
pouvoir de révision, mais on l'a prévu pour que la commission
puisse réviser ses décisions et pour qu'on puisse expliquer
pourquoi on demande une révision de décision.
Je remarque aussi un paragraphe qui m'a frappé dans votre
mémoire; quand vous dites que le gouvernement de la Colombie-Britannique
avait adopté sa commission qui pouvait fouler aux pieds les
administrations municipales et régionales qui se distinguaient par leur
incapacité et leur répugnance totale à résister aux
forces de spéculation et du développement. Quand des
administrations municipales et régionales ne peuvent pas résister
aux forces de spéculation, trouvez-vous qu'il faut créer des
organismes justement qui vont résister à ces forces de
spéculation? Pensez-vous que c'est utile, à ce moment, qu'on le
fasse avec des organismes qui vont avoir pour tâche, en particulier, de
résister à la spéculation pour protéger les terres
agricoles?
M. Hamel: Je ne sais pas si je comprends bien votre question,
mais nous avons inclus dans notre mémoire à l'annexe qui vient
immédiatement avant l'annexe 2, après l'annexe 1, un
éditorial qui a paru à Vancouver en septembre 1977 et qui, je
pense, répond à la question que vous posez.
M. Garon: Oui.
M. Hamel: Dans le paragraphe, M. le ministre, où on parle
de l'assentiment royal. Le texte est en anglais ici. Le quatrième
avant-dernier paragraphe.
M. Garon: Qu'est-ce que vous tirez de cet article de journal?
M. Hamel: Peut-être que je pourrais demander à mon
collègue, M. Winstanley, de faire un commentaire à ce sujet en
réponse à votre question.
M. Winstanley (Andrew): M. Winstanley, M. le
Président.
M. le ministre, l'expérience en Colombie-Britannique... Vous avez
mentionné quelques précisions sur le texte. Alors, je crois que
l'éditorial, tel qu'inclus dans l'annexe A suggère qu'il y avait
des amendements apportés par le gouvernement Bennett.
M. Garon: Oui.
M. Winstanley: Suite à la prise du pouvoir de 1976. Mes
conversations avec le directeur de Land Use Secretariat, de la
Colombie-Britannique, M. O. Gorman, qui sont aussi dans l'annexe II, m'a
apporté l'information qu'en Colombie-Britannique, la commission n'a
porté que 30% du poids de l'application de cette politique de zonage
agricole, en Colombie-Britannique, 30% du poids total, du fardeau, de cette
politique du zonage agricole.
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez dire: 30% du poids?
M. Winstanley: Cela veut dire que les autres ministères,
surtout le ministère de l'Agriculture a précisé le chiffre
de M. Gorman, chiffre qui se trouve à l'annexe II, qu'entre 40% et 50%
du fardeau a été porté par les districts régionaux
et par les municipalités. Et même là, M. le ministre, il y
avait un excusez-moi, si j'utilise le terme anglais il y avait un
retard "backlog" de 500 cas, avant même que la commission puisse se
mettre en marche, 500 appels...
M. Garon: Quoi?
M. Winstanley: 500. Ce n'est pas beaucoup, sauf pour le fait que
500 appels après les instances régionales, après...
M. Garon: Vous voulez dire 500 dossiers avant qu'elle commence
à fonctionner?
M. Winstanley: C'est cela, et cela, après que les
instances régionales et municipales eussent déjà
tranché la question relative aux règlements. Cela veut dire
qu'ils avaient déjà établi les règlements
municipaux ou régionaux et qu'ensuite il y eut des appels à la
commission: 500, avant que la commission elle-même réussisse
à se mettre en marche.
Troisième chose: c'est que les droits, M. le ministre, toujours
en réponse à votre question, à vos questions... Vous avez
dit que les droits acquis, en Colombie-Britannique, étaient
définis d'une manière plus étroite. Alors, j'aimerais
apporter quelques précisions à ce sujet.
D'abord, vous avez raison en disant que les droits acquis étaient
reconnus seulement pour 6 mois avant l'application de la loi. Cela veut dire
qu'ici, 6 mois avant le 9 novembre, cela c'était la date limite, dans la
loi de la Colombie-Britannique qui est beaucoup plus sévère
qu'elle ne l'est ici, au Québec.
Mais, dans la loi de la Colombie-Britannique, il y avait une exception
très très importante: c'est que la politique de zonage agricole,
le "Land Commission Act" de la Colombie-Britannique ne s'appliquait pas aux
terres, aux terrains, si vous voulez, de moins de 2 acres. C'était une
exception très importante, surtout pour les citadins qui étaient
propriétaires des petits lots, etc.
Il y a une autre exception qui a été apportée par
le gouvernement de M. Bennett: un deuxième amendement, M. le
ministre...
M. Garon: Je comprends, vous donnez un paquet de faits, mais vous
ne tenez pas compte de l'histoire de ces faits-là, par exemple. En
Colombie-Britannique, par exemple, le cadastre est appliqué partout et
l'équivalent de l'article 2175, du Code civil, qu'on a ici, est
appliqué partout; toute vente se fait par lot et par subdivision de lot,
avec arpentage, etc, alors qu'ici ce n'est pas appliqué. Ce n'est pas la
même situation du tout.
Deuxièmement, quand vous parlez des 500 appels, c'est vrai. Mais
ce que vous ne dites pas, par exemple, c'est qu'au début, il n'y avait
pas de commission, c'était un comité ministériel qui
entendait les demandes. Et à un moment donné, quand il a
été pris avec des centaines de demandes, là, il a
formé une commission pour que cela marche. C'est un peu
différent. Ecoutez...
M. Winstanley: M. le ministre, pour terminer, le gouvernement de
M. Bennett a apporté encore un autre amendement, en laissant les vieux
parents des propriétaires, non seulement construire une deuxième
résidence, mais subdiviser, lotir les terrains, pour construire cette
deuxième résidence, c'est-à-dire qu'en
Colombie-Britannique, maintenant, par suite d'un deuxième amendement
apporté par le gouvernement de M. Bennett, les vieux parents peuvent
demeurer sur les fermes avec leurs enfants.
M. Garon: ... à l'article 101. L'agriculteur qui prend sa
retraite, eux ne l'avaient pas prévu, mais pour nous, avec l'article
101, l'agriculteur qui prend sa retraite peut garder sa maison avec une
superficie d'un demi-hectare, il peut lotir et construire sa maison sur un
demi-hectare de la superficie de sa ferme quand il prend sa retraite, non
seulement lorsqu'il prend sa retraite, mais en tout temps.
M. Winstanley: Vous parlez de l'agriculture, M. le ministre, je
parle des propriétaires en général.
M. Garon: L'article 31 le permet et il a trois ans pour le faire.
Il faut lire les articles les uns avec les autres. La Colombie-Britannique a
fait des expériences, on a vu ce qui en était. J'ai
moi-même discuté avec le président de la commission assez
longtemps, j'ai discuté avec le sous-ministre de la
Colombie-Britannique, j'ai discuté avec le ministre, je suis
resté deux jours de plus, lors de la conférence
fédérale-provinciale de juillet 1977 seulement les
rencontres sociales, on en revient justement pour pouvoir discuter de
ces questions avec eux, et même des fonctionnaires sont allés, des
gens de Colombie sont venus chez nous, on a regardé ce qu'ils ont fait
pour ne pas répéter les erreurs qu'ils ont pu faire parce qu'ils
ont procédé très rapidement, en Colombie-Britannique. Il
n'y a pas eu de débat comme il y en a eu ici et ils ont
procédé par arrêté en conseil, non pas par
législation parce que la loi les habilitait à procéder.
Alors, ils ont procédé par arrêté ministériel
pour créer un gel afin de faire fonctionner leur système et ils
l'ont fait fonctionner avec un comité ministériel qui recevait
les demandes.
Quand ce comité ministériel a été
complètement bloqué parce qu'il avait trop de demandes, ils ont
formé une commission pour déploquer parce que le ministre n'avait
pas le temps d'entendre ces demandes. On ne peut pas comparer les deux
choses.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Lavoie: ...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Lorsqu'on a traité, tout à l'heure, du
non-droit d'appel qui existe je ne voudrais pas élaborer comme je
l'ai fait lors de la présentation d'un autre mémoire je ne
suis pas d'accord avec le ministre lorsqu'il dit que certaines commissions
administratives comme la commission municipale, etc., n'ont pas le droit
d'appel. Il est vrai que si on regarde les pouvoirs de la commission
municipale, ils n'ont pas des pouvoirs aussi virulents, je dirais, que les
pouvoirs qu'a actuellement la présente commission. La commission
municipale est un arbitre entre les municipalités... ou joue le
rôle d'une tutelle lorsqu'une municipalité ne remplit pas ses
obligations; la commission municipale ne peut pas brimer les droits de
propriété des individus.
M. Garon: ... une ville en tutelle.
M. Lavoie: Oui, une ville en tutelle, cela n'enlève aucun
droit de propriété à personne. Où vous allez
très loin ici, c'est en vertu de l'article qui dit que la commission
peut siéger sur un banc de deux commissaires, deux seuls et qu'un des
deux a deux votes. Cela veut dire qu'en somme, vous ramenez à un seul
fonctionnaire les pouvoirs qu'il y a dans la loi lorsque siège un banc
de deux commissaires. J'imagine qu'il va y avoir beaucoup de bancs de deux
commissaires avec tous les cas que vous allez avoir. C'est grave quand vous
donnez...
M. Garon: Me permettez-vous de dire un mot là-dessus?
M. Lavoie: ... des droits de propriété soit de
rentrer dans une zone verte, de sortir d'une zone verte. Vous donnez la
décision à un seul fonc-
tionnaire même s'ils ont droit de révision dans les trente
jours, dans les soixante jours; c'est grave, et c'est sans droit d'appel.
M. Garon: Je comprends qu'à ce moment-là le pouvoir
de révision va être exercé par la commission au
complet.
M. Lavoie: Cela veut dire que la commission doit renverser un de
ses commissaires.
M. Garon: Pourquoi pas? (17 h 45)
M. Lavoie: Vous savez, ils seront dans une drôle de
situation aussi... C'est un vote de non-confiance à un commissaire.
S'ils se font cela plusieurs fois à tour de rôle, il y aura un bon
climat à la commission! C'est l'article 7.
M. Garon: Mais le pouvoir de révision qu'on a là,
c'est un pouvoir de révision sur cause, pas un pouvoir de
révision pour la révision. C'est-à-dire qu'il faut
démontrer...
M. Lavoie: On dit ici: "La commission peut aussi siéger en
divisions composées d'au moins deux membres, dont le président ou
l'un des vice-présidents. Une division peut entendre toute affaire de la
compétence de la commission et en décider.
En cas d'égalité des voix, celui qui préside une
division a un vote prépondérant".
Vous êtes aussi bien de n'en mettre qu'un.
M. Cordeau: II serait mieux de n'en mettre qu'un. L'autre...
M. Lavoie: Ce serait bien plus simple.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est rendu à
l'étude article par article?
M. Lavoie: Non, mais c'est bien beau de dire qu'il y a l'appel et
que tout le monde est protégé...
M. Garon: On peut enlever les divisions, vous savez.
Le Président (M. Boucher): Je vous demanderais de poser
des questions aux témoins qui sont ici, s'il vous plaît!
M. Garon: Ce sera plus rapide avec les divisions.
Une Voix: Ce sera plus rapide.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il d'autres questions aux
représentants de la Chambre de commerce? Alors... M. Hamel.
M. Hamel: ... je me suis excusé au tout début du
fait qu'on n'avait pas les personnes ressources voulues à cause des
problèmes de température et aussi des problèmes de
santé. On va réviser quand même les débats et si on
voit qu'on a répondu de façon incomplète, on vous enverra
plus tard des réponses plus complètes aux questions que vous avez
posées.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Garon: Je voudrais vous remercier également...
M. Lavoie: Un instant, juste une seconde! Nous avons eu votre
mémoire aujourd'hui, je crois. Personnellement, je n'ai pas eu le temps
de le lire au complet, surtout pour ce qui est des annexes, mais je vous
remercie de votre contribution et surtout de l'étude que vous avez faite
sur l'expérience de la Colombie-Britannique. Soyez assuré qu'en
ce qui nous concerne, nous allons le lire avec beaucoup d'attention. Cela nous
sera utile à l'autre étape, après les auditions, lorsque
nous étudierons le projet de loi article par article et en
troisième lecture. Je vous remercie.
M. Hamel: On a été invité à
comparaître il n'y a qu'une semaine.
M. Lavoie: Oui, je comprends.
M. Garon: Je vous remercie également d'être venu
nous présenter votre mémoire et comme l'a dit le
député de Laval, nous avons eu votre mémoire il y a
très peu de temps, mais nous avons entendu la partie que vous nous avez
lue. Pour le reste, nous le lirons et nous en tiendrons compte pour avoir toute
l'information sur ce que vous nous dites. Comme on l'a eu au moment où
on était à entendre d'autres groupes, on n'a pas pu le lire
entièrement. On va le lire pour être au courant de ce que vous
avez dit, pour l'étude article par article du projet de loi.
M. Hamel: ... très pertinente quand même, M. le
ministre. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie les représentants de la Chambre de commerce
du Québec d'avoir présenté ce mémoire.
M. Hamel: Merci, M. le Président.
M. Cordeau: M. le Président, j'ai une question à
poser au ministre, entre les deux. Est-il exact, M. le ministre, que nous
devrons étudier ce projet de loi-là article par article, mercredi
matin, le lendemain de l'audition du dernier mémoire? On va commencer
article par article? Vos amendements vont tous être prêts?
M. Garon: S'ils ne sont pas prêts, on reviendra. On va
commencer... Si à un moment donné il y avait quelque chose
à changer, on pourra passer un article, quitte à revenir dessus.
On pourra procéder assez rapidement.
M. Cordeau: Comme la période de temps n'est pas
très longue entre le temps du dernier mémoire et l'étude
article par article du projet de loi, il me semble qu'il faut être bien
intelligent pour réaliser tout cela en huit heures ou douze heures. Vos
fonctionnaires vont certainement travailler 24 heures par jour.
M. Garon: Je peux vous dire que cela fait un an qu'ils
travaillent 24 heures par jour.
M. Cordeau: Ils ont l'habitude.
M. Garon: Ils ne travaillent pas 24 heures par jour, mais ils
travaillent très fort sur ce projet-là. Les implications des
différentes discussions, des points qui ont été
soulevés, des possibilités de changement et aussi des failles qui
ont été soulignées il faut le dire, si
c'était inutile d'entendre les gens et d'étudier le projet
article par article, on ne le ferait pas nous seront grandement utiles.
Ce n'est pas mon enfant, je suis obligé de le prendre tel quel, c'est un
projet qui a nécessité des années d'études. On a
pris les études qui avaient été faites dans le temps des
libéraux et qui n'avaient pas été appliquées.
Après cela, on les a changées. On a fait d'autres
consultations.
M. Lavoie: Non, à cause des implications très
claires. On n'a jamais voulu toucher au droit de propriété des
citoyens.
M. Garon: On a fait des consultations. On rencontre encore les
gens et on va continuer jusqu'à la fin d'améliorer le projet de
loi pour qu'il soit le meilleur possible. Je pense que c'est déjà
un très bon projet de loi, mais il peut encore être
bonifié. On va le faire. Une fois qu'il sera adopté, que la
commission va opérer, s'il y a encore des points-virgules à
changer ou des termes à améliorer, il y a encore une session qui
va commencer au mois de février et on pourra changer des choses au mois
d'avril, si c'est nécessaire.
Je pense que c'est de cette façon qu'il faut faire des lois. Je
ne suis pas du genre à déposer un projet de loi et à dire:
Maintenant, c'est parfait pour un siècle. Il y a un gars qui avait
établi un régime pour 1000 ans et il a duré combien de
temps? Douze ans.
Le Président (M. Boucher): Merci, messieurs.
M. Lavoie: Sur une question de règlement, je demanderais
au ministre s'il n'aurait pas déjà je vous demande cela
à la suite de la question du député de Saint-Hyacinthe
un projet de règlements à nous remettre avant la fin de la
semaine pour qu'on puisse travailler un peu à la maison. Cela pourrait
accélérer les auditions qui restent. Il nous reste encore 25 ou
30 organismes et municipalités à entendre lundi et mardi,
l'étude article par article commençant mercredi matin. Si vous
aviez déjà certaines ébauches de règlements, cela
nous aiderait en fin de semaine les règlements et les
amendements.
M. Garon: II n'y aura pas de proposition d'amendement avant de
faire l'étude article par article. Pour les règlements, je l'ai
toujours dit et je continue de le dire, les règlements dans ce projet de
loi sont mineurs et il n'y a pas vraiment de règlements majeurs. Ils
concernent à peu près tous la procédure et je ne vois pas
l'utilité de déposer ces règlements.
Je l'ai déjà fait dans le domaine des abattoirs quand la
loi comprenait à peu près six ou sept articles qu'on avait
amendés, mais le règlement avait à peu près un
pouce d'épaisseur, au moins trois quarts de pouce, en tout cas. Je
pensais que l'essence avait beaucoup de poids dans les règlements et que
c'était nécessaire. Je l'ai fait même si les gouvernements
ne font pas cela souvent, déposer leurs règlements en même
temps que la loi. Ils ne le font quasiment jamais. Je suis un des rares
ministres dans l'histoire du Québec qui ait fait cela. Je pensais que
c'était essentiel.
Mais dans ce cas-là, les règlements je ne dirais
pas qu'ils sont insignifiants je dirais que ce ne sont pas des
règlements qui ont une grande portée, tout simplement. Ce sont
des règlements de procédure. Cela compliquerait le débat
pour rien sur des questions de forme, de détail.
M. Lavoie: Lisez donc l'article 80, au paragraphe 12.
M. Garon: Le paragraphe 12 est...
M. Lavoie: "Par règlement, déterminer toute autre
mesure nécessaire à l'application ou au bon fonctionnement de la
présente..."
M. Garon: "... à l'application et au
fonctionnement..."
M. Lavoie: C'est omnibus, cela.
M. Garon: Oui, au cas où il y aurait des choses qu'on
aurait oubliées, mais il n'y aura pas de règlement
là-dessus en partant. Regardez ce qu'on dit au fond: Définir les
règles de pratique et de procédure de la commission lorsqu'elle
tient une audience publique, définir les règles de régie
interne de la commission..."
M. Cordeau: Le paragraphe 8 est...
M. Garon: "Déterminer le tarif des droits, honoraires,
frais et dépens payables dans toute demande soumise à la
commission..."
Une Voix: Quel paragraphe?
M. Cordeau: Les catégories de personnes qui peuvent
être exemptées, c'est très important pour les citoyens.
M. Garon: Ah! oui, les catégories de personnes. Je
comprends. Mais ce n'est pas quelque chose sur lequel on va faire un
débat épouvantable.
M. Cordeau: Non, mais cela peut nous éviter de vous poser
des questions si on connaît les règlements. Si c'est
explicité dans les règlements, on ne vous posera pas de
questions.
M. Garon: Oui? Voyons donc!
M. Cordeau: Avez-vous peur de ne pas avoir de questions?
M. Garon: Le paragraphe 9 dit: "... déterminer les
honoraires des experts et enquêteurs."
M. Lavoie: Vous aurez beaucoup d'enquêteurs.
M. Garon: Oh! non. On va en avoir juste assez. M. Cordeau:
C'est combien, juste assez?
M. Garon: Regardez bien ce que dit le paragraphe 10: "Prescrire
les formulaires à utiliser pour l'application de toute disposition de la
présente loi." Voulez-vous qu'on vous dépose des formules?
"Déterminer les effectifs de la commission de même que les normes
et barèmes applicables à son personnel." Ce sont toutes des
questions...
M. Lavoie: Lisez donc encore une fois le paragraphe 12.
M. Garon: 12? "Déterminer toute autre mesure
nécessaire à l'application ou au bon fonctionnement de la
présente loi." Il n'y a pas de règlements majeurs
là-dedans. Le sens est vraiment dans la loi et j'ai tenu personnellement
à ce que cela y soit parce que je considère que c'est un projet
de loi excessivement important. Il y en a qui disent que c'est même le
plus important de toute l'histoire du Québec; il y en a d'autres qui
disent: "C'est le troisième ou le quatrième". En tout cas, on ne
s'obstinera pas sur le rang. C'est un projet de loi extrêmement important
et c'est pour cela que j'ai voulu que tous les principes soient dans la loi
pour ne pas qu'il y ait des cachettes et qu'on dise après cela: "Oui, le
gouvernement nous met cela sur la table, mais toutes les cachettes vont
être dans les règlements". Et, j'ai voulu que cela soit vraiment
dans la loi.
M. Cordeau: Dernière question, est-ce que les
règlements vont être prêts en même temps que la
commission va être formée?
M. Garon: S'il n'y a pas trop d'amendements, ils vont être
prêts pas mal en même temps.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci M. le Président. M. le ministre, j'ai
pris connaissance des organismes qui vont venir ici mardi et je
m'aperçois que les trois derniers le 58, le 59 et le 60 ont disparu. Ils
ne sont plus dans le portrait.
M. Garon: Je ne suis pas au courant; je ne l'ai pas vu. Alors,
vous voyez, l'Opposition est même renseignée avant le gouvernement
parce que je n'ai pas encore lu la liste...
M. Dubois: Ecoutez, je l'ai, la liste complète ici,
là... 58, 59, 60. Alors, cela veut dire que vous en avez laissé
tomber trois.
M. Garon: ... ce n'est pas démocratique, cela!
M. Dubois: Non, je viens de m'informer et j'en ai pris
connaissance il y a une demi-heure alors... il y a un projet du comté de
Huntingdon, premièrement, il y a l'Office des producteurs de porcs du
Québec et il y a l'Association des producteurs d'oeufs; ces
trois-là ont été rayés; cela a été
décidé...
M. Cordeau: L'ordinateur ne les a pas choisis.
M. Garon: C'est parce qu'apparemment, il y a eu une entente pour
qu'il y en ait dix, lundi. Mais je n'étais pas à la session ce
matin. Le député de Laval disait que c'était trois ou
treize. Alors, ils ont enlevé trois organismes sur la liste pour qu'il y
en ait dix.
Une Voix: Oui, mais M. le ministre...
M. Dubois: On m'a appris qu'il y en avait quatorze; je sais que
lundi, il y en a eu dix; je suis bien d'accord. Il reste quand même,
qu'il y a trois organismes qui ont été prévus et
finalement, ils ont laissé tomber ces trois-là. Bien, mardi, il y
en a avait quatorze déjà. Il y en a quatorze dans la
journée.
M. Lavoie: Non, mais c'est important là.
M. Garon: Alors, on me dit, dans ce cas, qu'il y a des organismes
qui ont fait leur avis en retard pour se présenter à la
commission.
M. Dubois: C'était lundi, la journée limite?
M. Garon: Non, vendredi à minuit.
Une Voix: C'était quelle date vendredi?
M. Garon: Vendredi à minuit.
Une Voix: Vendredi c'était le 1er décembre.
Une Voix: Vous avez bien vérifié cela?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Boucher): Compte tenu qu'il est
très près de l'heure d'ajournement ou de suspension, je ne crois
qu'il soit de bonne guerre de commencer le mémoire de la ville Laval.
Alors j'informe les gens de la ville Laval, qu'à la reprise à
huit heures, nous pourrons entendre la lecture de leur mémoire.
La commission suspend ses travaux jusqu'à vingt heures.
Fin de la séance à 17 h 58
Reprise de la séance à 20 h 22
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs!
A la suspension de 18 heures, nous avions fini d'entendre la Chambre de
commerce du Québec. J'appelle maintenant la ville de Laval,
représentée par M. le maire Lucien Paiement.
M. le maire, si vous voulez identifier ceux qui vous accompagnent et
procéder à la lecture de votre mémoire, s'il vous
plaît!
Ville de Laval
M. Paiement (Lucien): M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez vous asseoir, M. le
maire, étant donné le micro.
M. Paiement: Je ne voulais que vous saluer, M. le
Président, et je vais m'asseoir. Les intervenants possibles sont Marc
Perron, gérant de Laval; Me Jean Allaire, conseiller juridique de la
ville de Laval et M. Claude Langlois, assistant gérant au module
"planification et développement", ainsi que moi-même, bien
sûr.
M. le Président, M. le ministre de l'Agriculture, messieurs les
membres de la commission parlementaire, nous n'avons pas la prétention,
en nous présentant devant cette commission, d'apporter une solution au
problème agro-alimentaire du Québec. Nous n'avons pas davantage
l'impression de pouvoir suggérer des solutions de rechange au projet de
loi du gouvernement sur la protection du territoire agricole, ni même de
proposer quelque amendement susceptible d'en améliorer la
portée.
Les quelques remarques que nous voulons soumettre à votre
attention partent d'un sentiment beaucoup plus modeste, peut-être un peu
égoïste, et ont pour but de sensibiliser le gouvernement aux
problèmes pratiques soulevés à Laval par le
dépôt du projet de loi no 90 et plus particulièrement du
plan provisoire identifiant l'aire retenue aux fins de contrôle.
Deuxième ville du Québec, avec une population de quelque
260 000 âmes, Laval voit soudainement son territoire
décrété agricole dans une proportion de 55%. Ce cas,
probablement unique au Québec, suscite de vives inquiétudes pour
l'avenir de Laval tant du point de vue de l'aménagement du territoire
que de l'impact sur les finances de la ville et de la facture fiscale
auprès des contribuables.
Le principe du zonage agricole. Nos représentations ne se veulent
pas négatives pour autant. Au contraire. Nous tenons à souligner
immédiatement notre accord de principe sur la nécessité de
protéger les sols arables du Québec. Nous reconnaissons d
ailleurs l'urgence d'une telle intervention et j'ajouterai, pour l'avoir
déjà déclaré publiquement et pour avoir
proposé certaines mesures à cet égard, que nous sommes
même favorables à une utilisation agricole permanente de certaines
parties du territoire de Laval.
Une telle utilisation peut fort bien s'harmoniser avec la trame urbaine
d'une ville intermédiaire. D'ailleurs tous nos efforts portent depuis
quelques années vers le développement d'une ville de ce type et
ce en accord avec les grands objectifs et les scénarios mis de l'avant
par diverses études du gouvernement du Québec ou de
comités ad hoc mis sur pied par le gouvernement. Nous croyons cependant
que les modalités d'application de la loi projetée peuvent
devenir un sérieux handicap dans notre poursuite d'un aménagement
rationnel du territoire que nous avons à administrer et compromettre
l'objectif de ceux qui, il y a treize ans, ont présidé à
la création de la ville de Laval et voulu soustraire à une
urbanisation sauvage un territoire qui avait été morcelé
au cours des années.
Nous croyons surtout qu'en déposant un plan provisoire pour
Laval, le gouvernement a fait preuve, à notre endroit, d'une sollicitude
ou d'une méfiance qu'il n'a pas manifestées à
l'égard de plusieurs autres municipalités de la région de
Montréal qui ne jouissent pourtant pas de l'organisation et des
ressources dont dispose la ville de Laval pour la planification de son
développement. Et cet excès d'attention nous gène quelque
peu.
L'attitude responsable de Laval. Peu de villes, en effet, peuvent
s'enorgueillir d'avoir agi avec autant de célérité et de
façon aussi systématique pour maîtriser une situation de
départ complexe et ardue et sans nuire à une activité
fébrile de la construction comme celle que connaissait alors Laval.
La situation de départ. Le 6 août 1965, lorsque par un acte
législatif d'une très grande portée, le gouvernement
fusionnait en une seule les quatorze municipalités de l'île
Jésus, il créait une entité juridique et administrative
qui, au plan physique, demeurerait encore longtemps un agglomérat de
quatorze noyaux urbanisés distincts avec autant de réseaux
d'égouts et d'aqueduc à la mesure de leur taille, autant de
réseaux routiers à caractère local, sans aucun lien
organique.
Ce geste d'autorité ne créait pas pour autant une
collectivité saine et équilibrée sur les plans social,
économique et financier. L'industrie et le commerce étaient
à peine développés et l'île Jésus offrait la
caractéristique d'une ville dortoir. La vie communautaire était
réduite à sa plus simple expression. La situation
financière de la ville était dans un état lamentable et
les Lavallois du temps ont dû payer très cher ce geste
législatif, étant alors considérés comme les
contribuables les plus taxés de la région
métropolitaine.
La planification à Laval. Ne pouvant compter que sur
eux-mêmes, et aux prises avec le défi d un territoire en pleine
urbanisation, les Lavallois ont
vite senti le besoin dune intervention dynamique, à la fois sur
le milieu physique, social et économique. A cet égard, je crois
qu'il est important de souligner ici brièvement, par des exemples
concrets, la démarche de planification qu'a poursuivie la ville de Laval
à son développement. En effet, une ville ne croît pas, de
180 000 à 260 000 habitants en treize ans, soit une augmentation de
près de 50%, sans avoir jeté les jalons, sans avoir mis sur pied
une stratégie de développement basée sur une planification
sérieuse et approfondie, sans avoir adopté une politique
conséquente et responsable.
L'aménagement du territoire. Le schéma directeur
d'aménagement. En 1970, cinq ans à peine après sa
création et malgré toutes les études que cela
présuppose, la ville adoptait un schéma directeur
d'aménagement conformément aux dispositions prévues
à sa charte. L'un des objectifs de ce schéma stipulait clairement
l'intention de conserver le milieu physique et de mettre en valeur ces
éléments positifs, tout en favorisant l'intégration des
noyaux d'urbanisation dans un ensemble ordonné, harmonieux et
cohérent.
M. le Président, nous déposerons les
éléments, les instruments de planification de ville de Laval et
j'aimerais qu'ils soient portés au journal des Débats.
Etude sur l'occupation des sols, OCSOL. Les données du
schéma directeur d'aménagement ont été
transposées par informatique et un plan d'ensemble de la ville a
été préparé montrant les occupations du sol avec la
densité d'occupation correspondante selon divers horizons. Ce document
de base a par la suite permis de compléter les études pour les
réseaux directeurs de distribution d'eau et d'assainissement des
eaux-vannes, ainsi que pour le transport en commun.
Le schéma directeur d'alimentation en eau. De 1975 à 1977,
une étude exhaustive sur l'alimentation en eau potable a
été préparée afin d'établir les solutions
optimales et une stratégie d'investissement pouvant le mieux
répondre aux besoins de la population et ce, tant du point de vue
rattrapage que développement de nouveaux secteurs, tout en tenant compte
des capacités financières de la ville. Cette étude a
débouché sur un plan quinquennal de mise en oeuvre pour les
années 77 à 81, avec projection sur une base décennale
pour la période de 1982 à 1991, et pour la période
subséquente 1992 à l'an 2006. Les prévisions pour ces
dernières périodes ayant été faites globalement,
avec prévisions de raffinement durant les prochaines années. (20
h 30)
Le schéma directeur d'assainissement des eaux usées. Suite
à un premier rapport qui avait été préparé
en 1969, une nouvelle étude plus exhaustive a été
élaborée en 1977 dans le but particulier de présenter au
ministre délégué à l'Environnement un programme
détaillé d'investissement pour I'assainissement des eaux
usées. Cette étude prévoit, pour les périodes
quiquennales 1977-1981, 1982-1986, 1987-1991 et 1992-1996, les étapes de
réalisation de l'infrastructure à mettre en place pour
l'assainissement des eaux à Laval. Le programme triennal
d'immobilisation de la ville reflète les résultats de cette
étude. D'ailleurs, plusieurs éléments des travaux
préparatoires à la mise en oeuvre des premières
étapes sont déjà en cours.
Le réseau routier. Laval, à la suite de longues
négociations avec le ministère des Transports et ses consultants,
a accepté un réseau autoroutier de base (l'autoroute 13,
l'autoroute 15, l'autoroute 19, l'autoroute 25 et l'autoroute 440) et divers
protocoles d'entente ont été signés ou sont à
signer. D'ailleurs, l'autoroute Laval (A-440) est construite ou en construction
entre l'autoroute 13 et l'autoroute 25; l'autoroute Chomedey (A-13)
aété complétée, alors que l'autoroute Papineau
(A-19) est en partie construite et que l'expropriation est terminée sur
toute sa longueur. De plus, l'expropriation pour l'autoroute 25 est
terminée.
Par ailleurs, l'infrastructure du réseau routier primaire qui
vient compléter le réseau d'autoroutes doit être
graduellement mise en place en fonction de l'intégration des divers
réseaux qui existaient dans les 14 municipalités et en fonction
des nouveaux besoins. Des sommes importantes ont été et devront
être dépensées pour la construction de nouveaux boulevards,
l'élargissement d'autres artères et la construction de viaducs
traversant l'autoroute des Laurentides.
Le centre-ville. Tant la réalité vécue
quotidiennement à Laval que les objectifs fixés par le
schéma directeur d'aménagement exigent la structuration du
centre-ville de Laval, centre-ville qui agira comme force motrice de
l'économie lavalloi-se et, si possible, comme point de convergence des
activités culturelles et communautaires. Les éléments
disparates qui existent actuellement dans le périmètre du
centre-ville, même s'ils sont imposants, ne peuvent correspondre à
cet objectif impératif et la ville a déjà entrepris une
étude globale de révision des données du schéma
directeur d'aménagement afin de donner au centre-ville une orientation
répondant mieux aux exigences de 1978.
Les besoins de la population.
Cette planification du territoire ne s'est pas faite sans la
connaissance des besoins de la population et sans consultation de cette
dernière. A cause d'un taux de croissance démographique fort
élevé, Laval s'est préoccupée de connaître
dès le début, et périodiquement par la suite, les
caractéristiques structurelles de sa population avant de mesurer ses
besoins en équipements communautaires, éducatifs, sociaux,
culturels ou récréatifs.
Ainsi, dès 1966, la ville tentait de prévoir sa population
future, ses caractéristiques d'âge et de sexe, sa
répartition géographique.
La Cité de la Santé. Une étude exhaustive des
services de santé à Laval effectuée au cours des
années 1966 et 1967 devait amener la construction d'un hôpital
moderne à vocation communautaire, la Cité de la santé qui
a ouvert ses portes à la population au printemps dernier et qui se
spécialise en médecine familiale. Cet hôpital se situe
au
centre physique de l'île et au centre démographique
éventuel de l'île.
Le livre blanc sur les loisirs. En 1974, après une session
intense de consultation de la population et des organismes locaux, la ville
préparait un volumineux dossier sur les loisirs, dossier qui
prévoyait la mise en oeuvre d'un programme de réalisation
d'infrastructures sportives et culturelles en trois phases, en fonction des
besoins de la population de 1974. De plus, le même livre blanc
établissait les normes pour les développements futurs.
Déjà, une bonne partie des deux premières phases a
été complétée et nous prévoyons le
parachèvement de la mise en oeuvre des trois phases prévues plus
la construction d'autres infrastructures afin de répondre aux besoins de
la nouvelle population.
L'enquête participation sur l'avenir de Laval. En 1975, la ville
procédait à une vaste enquête auprès de sa
population pour connaître sa conception du Laval de demain, pour
apprendre ses préférences sur la forme de développement de
la ville, sur la place à accorder aux fonctions industrielles et
commerciales dans l'aménagement futur et pour établir ses besoins
prioritaires selon sa propre perception.
L'aménagement des berges. Consécutivement à l'un
des besoins prioritaires exprimés par la population, la ville formait un
comité d'étude sur l'aménagement des berges, comité
qui déposait, en 1977, un rapport prévoyant les besoins à
court, moyen et long termes en matière d'espaces verts riverains pour la
récréation et l'embellissement.
Le développement économique. Dans le processus de
transformation de Laval, nous avons agi avec vigueur et leadership sur le
développement économique. C'est ainsi que nous avons
adopté une stratégie de mise en valeur dynamique en
réalisant d'importants efforts de promotion auprès des principaux
"décideurs" québécois, canadiens et étrangers.
Les résultats que nous avons obtenus ont été
étonnants et ont donné à Laval sa véritable
envergure de deuxième ville du Québec. L'image de Laval est
complètement transformée. Tous les milieux d'ailleurs admettent
sa vitalité, son dynamisme, sa réalité
insoupçonnée de carrefour économique, et on ne parle plus
de ville dortoir.
De plus, toutes conditions restant égales et dans les
perspectives d'une poursuite de la démarche lavalloise, il est
évident que cette ville jouit d'un potentiel exceptionnel de
développement québécois.
Nos efforts dans ce domaine se sont traduits d'une façon
concrète: le nombre d'entreprises croît d'année en
année. Laval assurait, en 1976, de l'emploi à 53% de sa
main-d'oeuvre par rapport à 40% en 1971, soit une augmentation de 35%.
Aujourd'hui, le nombre d'emplois disponibles dépasse les 58 000. Nous
comptons 5350 établissements. Les revenus de la taxe de vente sont
passés de $6 millions en 1972 à près de $18 millions en
1977, soit le triple. D'autre part, le rythme du développement
résidentiel compte parmi les plus élevés au Québec.
En 1973, il s'est construit 2000 logements à Laval. En 1977, il s'en est
construit 3500, après un sommet de près de 5500 en 1976. La
valeur des permis de construction résidentielle émis est
passée de $33 millions en 1972 à $94 millions en 1977, avec un
sommet de $130 millions en 1976.
Pour réaliser cet effort de planification et être à
l'affût des événements susceptibles de commander des
changements d'orientation dans ces politiques de développement, Laval
n'a pas craint de poser les gestes administratifs susceptibles de lui procurer
l'expertise et le soutien technique appropriés.
Module de planification et développement: C'est ainsi que
l'administration procédait, en 1974, à une réforme en
profondeur de ses structures impliquant la réforme de la gérance
et la création de plusieurs services. Elle créait, notamment, un
module "planification et développement", regroupant trois services
axés vers la planification et la promotion économique, soit: Le
service d'urbanisme, le commissariat au développement
résidentiel, commercial et industriel, le service des recherches et de
la statistique.
Le système PPB: Dès la même année, Laval a
instauré un processus budgétaire basé sur le
système PPB. Il s'agissait d'un effort de rationalisation de
l'utilisation des ressources financières que Laval réalisait
quatre ans avant que le gouvernement provincial ne légifère pour
imposer le même effort aux autres villes en instituant les "programmes
triennaux d'immobilisations. '
Cet effort et cette initiative novatrice de Laval pour interrelier la
planification physique et la planification financière constituent des
indications évidentes de sa capacité de gestion.
Scénarios de développement. En vue de son programme
d'immobilisation, la ville a dû préparer des scénarios de
développement découlant des diverses données qui
ressortent des schémas d aménagement et de l'évolution du
marché. A cette fin, la ville a préparé deux
scénarios, l'un pour le développement résidentiel et I
autre pour le développement industriel.
Le scénario de développement résidentiel
prévoit la distribution quantitative et spatiale du développement
résidentiel sur le territoire pour les années 1977 à 1980
dans une quinzaine de secteurs adjacents à l'aire urbanisée,
pouvant être desservis dans le cadre des programmes d investissements
pour la distribution en eau potable et pour l'épuration des
eaux-vannes.
On y prévoit la construction d'environ 15 000 unités de
logement qui seront implantées tant dans le périmètre des
secteurs retenus que sur une base interstitielle. De façon plus
précise, le scenario prévoit la construction de 4000
unités en 1977, de 4000 en 1978, de 3500 en 1979 et de 3500 en 1980. 60%
de ces unités seront construites dans des structures
multifamiliales.
Quant au scénario de développement industriel, il
prévoit, en fonction des facteurs connus de développement
économique et en fonction des paramètres provinciaux,
régionaux et locaux, le développement annuel de 50 ou 70 acres
à des
fins industrielles en 1978, 1979 et 1980, cette superficie étant
repartie dans les parcs industriels ouest, centre, centre-est et est, avec une
emphase particulièrement mise sur le parc centre.
Le zonage agricole à Laval. Malgré tous ces efforts de
développement, de rationalisation de I'aménagement du territoire
et un souci constant de rentabilisation des ressources lavalloises, nous
n'avons pas négligé pour autant l'exploitation agricole du
territoire. Le règlement L-2000 sur le zonage, adopté en 1970,
prévoyait a son article 23 I usage agricole dans toutes les zones de la
ville.
D'autre part, malgré les carences de la Loi des cités et
villes à cet égard, Laval préparait, en 1977, un projet de
scénario agricole accompagné d'un plan d'affectation du sol
à cette fin. Ce projet de Laval contient même les ébauches
d une réglementation municipale en matière de zonage agricole. Il
a cependant dû être garde en suspens, en attendant les mesures
législatives du gouvernement provincial en cette matière, et nous
avons préféré le garder confidentiel afin d'éviter
des difficultés d application et des implications financières
défavorables, notamment par voie de jugement du Bureau de
révision de l'évaluation foncière.
Depuis le dépôt du plan provisoire du gouvernement, il n'y
a évidemment plus de problème à le rendre public et nous
nous permettons de déposer devant cette commission une copie de cette
étude préliminaire, préparée en septembre 1977,
ainsi que des quatre plans qui l'accompagnent.
Je me permets de souligner que Laval a élaboré son projet
de plan et de zonage agricole en se basant sur les caractéristiques
physiques du sol, sur les contraintes imposées par l'urbanisation
existante et sur les caractéristiques socio-économiques du
milieu, en tenant compte des retombées économiques des
activités agricoles possibles et des divers scénarios de
développement de sorte que ce projet de zonage s'intégrait
harmonieusement à l'ensemble de nos prévisions structurelles et
de croissance, en conformité avec le processus de planification
décrit plus haut.
Ce plan de zonage agricole de Laval a d'ailleurs été
élaboré en consultation avec des personnes-ressources du
ministère de l'Agriculture du Québec ainsi que du
ministère des Affaires municipales, de l'Union des producteurs agricoles
et de la Société d'agriculture de Laval.
L'option de développement de Laval et ses réalisations. Le
projet de zonage agricole que nous venons de déposer est en accord non
seulement avec le schéma d'aménagement de la ville, adopté
en 1970, mais aussi avec une option de développement que Laval a
adoptée, il y a quelques années, en vue de "densifier"
l'occupation du sol et de concentrer l'urbanisation dans un corridor central,
d'axe nord-sud, englobant le centre-ville projeté et une zone
périphérique permettant d'intégrer les noyaux
urbanisés de l'ex-ville Fabre-ville et de Sainte-Rose.
Pour atteindre cet objectif et desservir la population future, la ville
a consenti depuis treize ans d'énormes investissements en
infrastructures, soit pour l'agrandissement d'usines de traitement d'eau, pour
l'installation de conduites maîtresses d'aqueduc ou pour la confection
d'un réseau d'é-gouts collecteurs devant éventuellement
amener les eaux usées à une usine d'épuration
projetée. Elle a également procédé à la
réalisation graduelle de son réseau routier. Elle a
créé et agrandi à plusieurs reprises un imposant parc
industriel. (20 h 45)
Tous ces investissements d'infrastructure réalisés depuis
treize ans représentent pour les Lavallois un investissement d'une
centaine de millions de dollars dont l'amortissement devra être
réparti sur deux générations. Et Laval est actuellement en
négociation avec les services de protection de l'environnement pour la
poursuite de la mise en place de son réseau d'égouts collecteurs,
un projet à lui seul de plusieurs dizaines de millions de dollars.
Les effets du projet de loi 90 sur le développement de Laval.
Nous ne pouvons vous cacher que le dépôt du projet de loi no 90 et
surtout du plan provisoire concernant le territoire de Laval a eu, quant
à nous, un effet pour le moins contrariant non seulement à cause
du fait qu'il soustrait, à la juridiction de Laval en matière
d'aménagement, une importante partie de son territoire et qu'il paralyse
partiellement, pour un temps du moins, son développement, mais surtout
parce qu'il compromet l'avenir de Laval et l'oblige à remettre en
question ses options de développement et ce, nonobstant les
énormes investissements consentis à ce jour dans un effort de
remembrement du territoire et d'intégration des zones
urbanisées.
Le plan provisoire, tel que déposé, nie les efforts de
Laval depuis sa création en vue de la réalisation d'une ville
intermédiaire, harmonieusement développée autour d'un
centre-ville réunissant les principales activités motrices de
l'économie locale, d'une ville équilibrée où les
Lavallois puissent travailler, se reposer et se
récrééer.
Laval a été créée par un acte
d'autorité du Parlement. Toutes les énergies et toutes les
dépenses engagées à la suite de cet acte du
législateur pour bâtir un milieu socio-économique
homogène et viable risquent d'être annihilées par un autre
acte de l'Assemblée nationale et nous pouvons difficilement admettre
cela.
Nos recommandations. Nous croyons avoir démontré que Laval
sait s'administrer et qu'elle s'est dotée d'instruments de planification
lui permettant d'exploiter rationnellement son territoire dans le meilleur des
intérêts des Lavallois et du Québec. Nous croyons que Laval
méritait la même confiance que les autres municipalités de
la région de Montréal. Aussi, notre seule et unique
recommandation est-elle que le gouvernement retire le plan provisoire
déposé quant au territoire de Laval. Nous nous engageons en
retour à soumettre dans les délais prévus à la
Commission de protection du territoire agricole de Québec un plan
détaillé d'aménagement montrant les aires
suggérées par Laval pour être retenues comme zones
agricoles.
M. le Président, j'aimerais déposer la liste des annexes
des documents appuyant cette communication.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le maire. Vous avez
mentionné un dépôt de documents. Techniquement parlant,
est-ce qu'il s'agit des documents que je vois à ce bout-ci de la
table?
M. Paiement: Ce sont tous des instruments de planification que
nous avons à Laval. Alors, je pense que c'est extrêmement
important pour ceux qui font de la planification du territoire de prendre
connaissance de ces documents.
Le Président (M. Boucher): Techniquement parlant, il n'y a
pas de dépôt de documents en commission parlementaire. Il s'agit
quand même de documents qui sont là pour consultation de la part
des membres s'il y a lieu. D'autre part, vous avez mentionné que vous
aimeriez que ces documents soient retranscrits au journal des Débats, si
j'ai bien compris.
M. Paiement: Peut-être pas tous les documents à la
lettre, mais qu'au moins la liste des documents qui ont été
déposés soit retranscrite.
Le Président (M. Boucher): Etant donné qu'il n'y a
pas de dépôt, ils ne pourront pas être retranscrits au
journal des Débats.
M. Paiement: La liste des annexes.
Le Président (M. Boucher): La liste des annexes, d'accord.
(Voir annexe B)
M. Paiement: II contient une liste de ce qui a été
déposé, les titres. Je pense que c'est important, M. le
Président, qu'on...
Le Président (M. Boucher): La liste des annexes, d'accord,
mais pas l'ensemble des documents.
M. Paiement: Merci.
Le Président (M. Boucher): Très bien, M. le maire.
M. le ministre.
M. Garon: Je veux vous remercier du mémoire que vous nous
avez présenté. Votre règlement de zonage agricole est-il
encore confidentiel?
M. Paiement: Non, je l'avais remis d'abord au ministre Joron, qui
est notre député dans Mille-Iles, et j'ai communiqué avec
votre secrétaire, votre chef de cabinet, pour l'informer que M. Joron
était en possession du plan et qu'avant de déposer le plan que
vous avez déposé, vous pouviez facilement en prendre
connaissance.
M. Lavoie: Vous n'en avez pas pris connaissance.
M. Paiement: Et j'en ai déposé une copie ici, M. le
ministre. Il n'est pas...
M. Garon: II est plus ou moins secret maintenant.
M. Paiement: Non, maintenant il n'y a plus rien de secret.
M. Garon: Est-ce que vous permettez l'élevage des animaux
de ferme dans votre zonage agricole?
M. Paiement: Dans la plan qu'on propose, bien sûr.
D'ailleurs nous en avons des animaux de ferme. Il y a encore des vaches
à Laval, vous savez. Alors, je pense que c'est un animal de ferme
typique et cela existe encore.
M. Garon: Vous zonez combien d'acres, dans votre projet?
M. Paiement: Dans notre projet, c'est environ c'est
approximatif 12 000 à 15 000 arpents, ce qui représente
plus ou moins, environ 20% du territoire.
M. Garon: Vous n'avez rien de plus précis que cela, 12 000
à 15 000?
M. Paiement: Evidemment, si on parle des présentes
données de la loi, je vous dis: II est loisible, à ce stade-ci,
d'envisager 12 000 à 15 000 arpents et environ 20% du territoire qui
s'harmoniseraient et qui ne contrarieraient pas non plus les infrastructures
déjà en place.
J'aimerais ajouter, M. le ministre, que c'était vraiment dans nos
préoccupations et je n'irai pas plus loin que de dire que c'a fait
l'objet d'un programme électoral en 1977, notre préoccupation
agricole.
C'est un engagement du conseil municipal actuel également. Nous
sommes dans la même veine au fond.
M. Garon: Vous m'en aviez déjà dit un mot à
l'inauguration de Provigain, je pense, que vous songiez à
protéger les terres agricoles. Vous comprenez qu'ici, c'est plutôt
la loi qu'on étudie. Je pense que le mieux, lorsque la commission sera
formée elle va être formée d'ici Noël
normalement une des premières villes, sinon la première
ville qui va rencontrer la commission, d'autant plus que vous avez tous les
instruments concernant des études faites dans le passé à
Laval, qui semblent des études assez récentes... A ce
moment-là, j'ai l'impression que la ville de Laval sera prête
à discuter, quasiment inaugurer je dirais la commission
sur la protection du territoire agricole.
J'ai bien l'impression qu'à ce moment-là, ce qui serait
à être déterminé comme zone permanente... ville de
Laval pourrait être la première zone qui pourrait être faite
au fond, la première
municipalité. Je pense bien que la commission ne commencera pas
avec un endroit où il n'y a pas eu de construction depuis cinq ans, mais
plutôt avec la ville la plus importante sur le plan urbain et
peut-être la ville qui a, en même temps, un zonage agricole,
c'est-à-dire la ville la plus importante sur le plan urbain et sur le
plan agricole en même temps, au Québec, actuellement.
J'ai l'impression, je ne le dis pas comme un voeu pieu, je souhaite que
la commission, une fois nommée, commence à discuter avec la ville
de Laval en premier lieu.
M. Paiement: M. le ministre, on se sent quelque peu
contrarié. Je vais vous dire ce qui retient l'attention de l'ensemble du
conseil d'administration que je représente. Peut-être qu'on pourra
argumenter que rétroagir devient difficile, à cause
peut-être de la spéculation. Dans le contexte actuel, les plans
étant connus et la planification de Laval étant
déjà connue, je pense que l'argument d'éviter la
spéculation me semble plutôt faible. Egalement, nous pensons qu'il
serait préférable de procéder de façon positive. Je
pense que nous avons ici à Laval une expertise qui a d'ailleurs
été reconnue par le gouvernement qui vous a
précédé et par l'actuel gouvernement.
Nous souhaitons procéder de façon positive plutôt
que de procéder, un peu comme on le faisait en géométrie,
par l'absurde. On dit non et maintenant on va démontrer que c'est oui.
On aimerait mieux procéder de façon positive.
De plus, le principe de l'autonomie qui, historiquement, est la
prérogative des villes, est drôlement mis en cause. Dans le cas de
Laval, nous ne voyons pas la nécessité de le mettre vraiment en
cause. Le principe de la décentralisation, dont on a tellement entendu
parler depuis des années et auquel nous souscrivons pleinement, me
semble tout à fait bafoué dans cette question. Je comprends mal
comment, dans ce problème, on décentralise. J'ai plutôt
l'impression, à moins que je comprenne mal, qu'on centralise.
Procéder avec la commission nous oblige à mettre un frein
à l'élan dynamique qui est engagé à Laval. Il nous
oblige forcément, pendant une certaine période, qui risque
d'être de six mois, huit mois ou un an, à arrêter, à
se remettre en cause, à se réinterroger, tant sur la
démographie et que sur tous les éléments de planification
que nous avons et ceci nous gêne un peu.
Je me demande pourquoi le gouvernement ne profiterait pas d'un acquis et
d'une expertise valable à Laval, tant sur le plan des ressources
humaines que des ressources techniques qui sont là. Je comprends que ce
serait fastidieux pour les représentants de votre ministère que
de se mettre à relire tout cela, mais cela nous paraît faire
partie des coordonnées nécessaires pour une saine et
équitable planification.
Le fait de procéder par la commission risque, pour l'année
qui vient, de nous obliger à nous retrouver devant le tribunal
d'évaluation, parce qu'il va sans dire qu'un ensemble de
propriétaires terriens de cette zone, des bonhommes qui ont payé
des terres $10 000, $12 000, $15 000 l'arpent, qu'on taxe sur cette base, vont
contester leur compte de taxes et contester leur évaluation. On risque
de se retrouver avec un ensemble de problèmes qu'on pourrait
éviter puisque, en procédant par ses propres moyens et en
utilisant ses propres instruments de gestion, la ville arriverait au même
résultat qu'en procédant par la commission, mais beaucoup plus
rapidement et avec beaucoup moins d'effets néfastes.
M. Garon: Je ne pense pas que cela puisse prendre tant de temps
que cela. Si vous recevez un avis dès le mois de janvier la
commission étant formée, elle commencera par envoyer des avis aux
municipalités avec lesquelles elle veut négocier cela veut
dire que vous aurez 180 jours pour vous entendre. Le délai est au
maximum de six mois. Vous avez déjà des franges assez grandes.
180 jours, cela donne six mois.
M. Lavoie: Pour envoyer l'avis, non pas pour s'entendre.
M. Garon: Non pas pour envoyer l'avis, pour s'entendre, pour
discuter ensemble et s'entendre. Vous avez vos plans de l'île et nous
autres on a nos cartes. A ce moment-là, il s'agit de discuter
ensemble.
Ce n'est pas ma prétention, M. le maire, de penser que ce qu'on a
retenu est parfait. Ce n'est pas ma prétention. C'est un plan vraiment
provisoire. Si la discussion s'amorce rapidement, j'ai l'impression que cela
pourrait aller rapidement. Pour les municipalités qui ne sont pas
prêtes ou qui n'ont pas les données techniques, cela peut
être plus long. Les municipalités de l'importance de la
vôtre ont ces données techniques, à ce moment-là,
j'ai fortement l'impression, au contraire, que cela peut aller très
rapidement. (21 heures)
II est évident que la commission va commencer par une ville comme
Laval. Elle ne commencera pas par un village. Mais, pour une ville comme Laval,
qui est la ville la plus importante, celle qui a la plus grande superficie, je
n'ai pas l'impression que cela prendrait autant de temps que cela. Evidemment,
il y a des places où vous allez vous entendre, des places où vous
ne vous entendrez pas. Il y a des endroits, par exemple, qui seront dans le
blanc immédiatement. Sous forme de plan provisoire, il n'était
pas possible d inscrire votre parc industriel dans le plan provisoire.
Evidemment, cela entre dans les droits acquis. Il y a plus de blanc
actuellement qu'il n'y en a là-dessus, au fond, parce que tous les
droits acquis sont dans le brun; mais en réalité, c'est du blanc.
Il y a actuellement encore dans le brun des sections qui ne sont pas brunes,
mais il s'agissait de déterminer les grands périmètres et
le reste fonctionnera sous forme de droits acquis. A ce moment-là, quand
le périmètre définitif sera terminé ou près
de la zone permanente, c'est évident que la carte ne sera pas exactement
comme cela.
M. Paiement: Oui, évidemment, c'est blanc brun ou brun
blanc. Je pense qu'on s entend bien, M. Garon, sur le fait que notre parc
industriel dans un contexte de relance économique, on en a besoin, il
est dans le moment agricole. Je pense qu'on se comprend là-dessus.
M. Garon: Oui. Est-ce qu'il tombe sur le... Est-ce un parc
industriel qui a été...
M. Paiement: En partie, M. le ministre.
M. Garon: Est-ce qu'il a été établi en vertu
de la Loi sur les fonds industriels?
M. Paiement: Oui, en partie. M. Garon: II a un droit
acquis.
M. Paiement: Je dois vous dire que dans ce secteur, une partie
n'a pas été acquise en vertu de cette loi.
M. Garon: Oui.
M. Paiement: J aimerais vous souligner également
qu'à court terme le développement peut ne pas trop bloquer,
même si, au départ, la première interprétation de
l'article 105 nous permettait de croire qu'au moins la moitié du
développement de Laval était stoppée. Suite à
l'interprétation beaucoup plus large que vous en avez faite, ceci nous a
permis de débloquer tout au moins à court terme le
développement à Laval.
Par contre, si on maintenait la zone verte actuelle, ceci risquerait de
bloquer à moyen terme, mais très rapidement. Ce qui arrive, c'est
que les constructeurs qui ont dans le moment un projet, peuvent commencer, mais
ils doivent planifier pour six mois, huit mois, un an à venir. Au fond,
on a deux récoltes, la récolte du printemps et la récolte
de l'automne et la récolte de l'automne se prépare au
printemps.
Dans ce contexte, si on n'enlevait pas immédiatement ce
périmètre, nous risquerions de passer une mauvaise année,
I'an prochain, parce que les constructeurs n'auront pas eu le temps de faire
leur planification et de faire leur organisation tant financière que
physique. Ceci risque de nous créer des malaises qu'on pourrait
facilement éviter en procédant en sens inverse,
c'est-à-dire en vous présentant nos plans de zonage agricole, en
les présentant à la commission, on éviterait aussi ce
genre de problème.
Au fond, je vois très mal, sauf pour sauvegarder le principe que
vous avez mis de l'avant, pourquoi on ne procéderait pas en sens
inverse.
M. Garon: Si on dégelait, vous gèleriez avez votre
règlement.
M. Paiement: Pardon?
M. Garon: Vous déposeriez votre règlement à
ce moment-là, c est cela que vous avez dit tantôt?
M. Paiement: C est cela. On se comporterait...
M. Garon: On gèle et on dégèle. Vous savez
que la viande dégelée et gelée et à nouveau
gelée, ce n est pas la meilleure.
M. Paiement: C est cela. Elle est déjà
dégelée. Ne gelons pas la viande inutilement. On devra, de toute
façon, la dégeler, M. le ministre.
M. Garon: Oui.
M. Paiement: Cela saigne toujours quand cela
dégèle, vous savez. Au fond, je m'excuse...
M. Garon: Oui.
M. Paiement: ... ce qu'on vous demande, c est de nous donner le
même traitement et la même attention qu à l'île de
Montréal qui, à toutes fins utiles, a le droit,
particulièrement dans I'Ouest ou à Rivière-des-Prairies,
de demander qu'une partie de son secteur devienne agricole. Nous vous disons:
Traitez-nous de la même façon. Nous faisons partie de la
même région métropolitaine et nous allons rapidement
ceci pourrait nous prendre au maximum trois mois vous demander de nous
zoner environ 20% de notre territoire agricole. La proposition que je vous fais
est une proposition déjà entérinée par le
comité exécutif de Laval. C est un engagement solennel. Est-ce qu
on fait un deal , M. le ministre?
M. Garon: J'avais l'impression, j'en parlais cet
après-midi, qu'en commençant à discuter avec la commission
au mois de janvier, tout cela serait réglé avant
Pâques.
M. Paiement: On voudrait sauver les principes aussi, en autant
qu'on est concerné dans cette question. On aimerait voir
reconnaître, par le ministère de l'Agriculture, comme cela l'a
été par le ministère des Affaires municipales et par
différents ministères, nos efforts de planification à
Laval. Cela constituerait, pour nous, une motivation extrêmement
importante aussi.
M. Garon: Sauf qu'en discutant avec la commission, tous ces
efforts ne seront pas inutiles parce que j'ai l'impression que cela va
être la base de la discussion. Votre proposition est déjà
prête. Quand on dit, à la commission, 180 jours, il y a un avis
envoyé à la municipalité. Cela veut dire que vous, le
lendemain, vous êtes prêts à arriver avec vos plans et
commencer la discussion. On avait prévu 180 jours. Si on avait
prévu que les plans seraient déjà faits, on n'aurait
peut-être prévu que 90 jours. Là, vos plans sont
déjà prêts. Cela veut dire que la discussion peut quasiment
s'engager le lendemain matin, pas "quasiment", mais devrait
théoriquement s'engager le lendemain matin. Je ne sais pas si ce serait
faire du patronage que de faire cela. En nommant des commissaires, je pourrais
demander de commencer avec Laval.
M. Paiement: Ecoutez, je ne veux sûrement pas vous inciter
à faire du patronage. Je connais tous les mérites de la vertu.
Est-ce qu'il y a une objection, M. le ministre je ne veux pas insister
...
M. Garon: Une objection à quoi?
M. Paiement: ... à ce qu'on ait le même traitement
que l'île de Montréal?
M. Garon: Vous savez comme moi qu'en ayant déposé
la loi en première lecture, deuxième lecture maintenant, les
mécanismes sont connus. A ce moment, sachant qu'on va recommencer la
discussion avec la ville de Laval, imaginez-vous la vague qu'on
déclencherait dans Laval, à ce moment, au point de vue
spéculatif. C'est inimaginable, ce qu'on déclencherait. A ce
moment...
M. Paiement: M. le ministre, les plans sont connus. Le plan de
Laval est connu. Je ne pense pas que l'argument de la spéculation tienne
chez nous à Laval. C'est déjà connu; c'est un fait. La
seule objection que je comprends, c'est une objection de principe. Je pense
qu'au fond, vous êtes d'accord avec nous mais que vous voulez sauvegarder
le principe. Laval a été, au moins depuis quinze ans,
considérée comme une ville d'exception, a toujours eu un
traitement en bien ou en mal, mais un traitement d'exception. Je vous demande
de continuer à la considérer comme une ville d'exception.
D'ailleurs, dans toutes les chartes et dans toutes les lois, la Loi des
cités et villes, lorsqu'elle est amendée, on stipule toujours:
exception faite de Montréal, Laval et Québec.
M. Garon: Non, la différence à Montréal,
c'est qu'il y a 123 000 acres sur l'île de Montréal, dont 6000
à 10 000 pourraient être retenues pour l'agriculture, tandis que
sur l'île de Jésus, il y a 60 000 acres, dont 35 000 acres
pourraient être retenues pour l'agriculture. Je ne veux pas dire que 35
000 vont être retenues, comme je ne veux pas dire que les 6000 à
10 000 acres pourraient être retenues à Montréal, mais
théoriquement, pourraient être retenues. Cela veut dire qu'au fond
Montréal a une possibilité d'un certain nombre d'acres qui ne
sont pas retenues, parce qu'il n'y a pas grand-chose. Tandis que chez vous,
c'est différent. Les gens l'appellent toujours l'île Jésus,
le Jardin du Québec. Quand je vais visiter le marché central,
comme j'y suis allé cet été j'y suis allé
une fois, il ne faut pas que j'exagère . J'y suis allé au
matin, dans le milieu de la nuit, à 4 heures du matin, pour voir les
gens là, et les trois quarts ou la moitié des maraîchers
sûrement étaient là, ils venaient tous de l'île
Jésus, la moitié au moins venait de l'île Jésus.
M. Paiement: Cela prouve, M. le ministre, que l'agriculture n'est
pas trop maltraitée à Laval.
M. Garon: Mais ils m'ont demandé de les protéger
parce qu'ils veulent... En faisant ma tournée, je l'ai demandé
à chacun et je pourrais même vous dire que cette année, au
ministère de l'Agriculture, nous avons subventionné des
systèmes de refroidissement à l'eau froide pour les
légumes et nous avons également subventionné des
entrepôts de pommes de terre et de légumes; il y a eu des
investissements de plus de $6 millions au Québec, seulement pour les
entrepôts, et il y a eu plus de $2 millions de subventions du
ministère, $1 575 000 pour les systèmes de refroidissement
à l'eau, $4 millions d'investissements. Une bonne partie de ces
subventions a été accordée aux producteurs de
légumes de l'île-Jésus.
D'après les renseignements que j'ai eus du ministère de
l'Agriculture... Je ne suis pas un expert en sol... D'après les experts
en sol, les meilleures terres du Québec, si on tient compte de tous les
facteurs, sont situées à l'île-Jésus et à
l'île-Bizard. A ce moment-là, si on regarde, au point de vue
alimentaire... Je me le proposais justement au cours du mois de janvier, j'ai
justement dit à mon attaché de presse d'inscrire à
l'horaire d'aller inaugurer toutes les entreprises auxquelles le
ministère de l'Agriculture a accordé des subventions au cours de
l'année 1977/78, de faire le tour de ces entreprises. Alors il m'a dit
qu'on allait être obligé de passer un mois à Laval parce
qu'il y a un nombre incroyable d'entreprises: charcuteries, salaisons,
abattoirs, légumes, refroidissement, toutes sortes de domaines. Je n'ai
pas demandé les chiffres, j'aurais dû le faire, mais je suis
convaincu que le secteur qui emploie le plus de monde sur
l'île-Jésus, c'est le secteur alimentaire.
M. Lavoie: Agro-alimentaire, mais au point de vue industriel.
M. Garon: Oui.
M. Lavoie: Ce n'est pas produit à Laval.
M. Garon: Non, il y a beaucoup d'entreprises alimentaires
industrielles. Vous avez peut-être les données parce que vous avez
fait des études sur les industries de Laval. Je suis convaincu que le
secteur qui emploie le plus de monde à Laval, c'est le secteur
alimentaire.
M. Paiement: Le secteur agro-alimentaire est un secteur
extrêmement important à Laval; qu'on pense à Provigo, entre
autres, qui emploie 600 ou 700 personnes. Si vous comptez ces employés
et si vous comptez les entreprises qui se sont établies à Laval,
parce que Laval est devenu un centre de distribution intéressant
à cause de ses autoroutes, bien sûr... Si on parle en termes de
main-d'oeuvre qui travaille dans le champ, peut-être qu'on pourrait
modifier nos chiffres sensiblement.
Vous me dites qu'à Laval, le sol est excellent; on le pense
également, comme Montréal l'était d'ailleurs. Ce qu'on
essaie de vous dire, c'est qu'on est prêt, à Laval, à
protéger ce qui est encore "protégeable", mais on ne peut pas
demander à la population actuelle de payer des investissements faits en
fonction d'une planification
qui essaierait de prévoir 15 ans d'avance. On ne pourra pas,
aujourd'hui, nous blâmer d'avoir planifié pour 15 ans d'avance et
d'avoir mis en terre un tuyau de 15 pieds au lieu d'un tuyau de 5 pieds parce
qu'on pensait que dans cinq ans, il y aurait du monde qui s'en servirait.
Ce qui arriverait aujourd'hui, s'il fallait redevenir un secteur
agricole, c'est que nous obligerions les citoyens d'aujourd'hui à payer
deux fois plus de services qu'ils n'en ont réellement besoin. Lorsqu'on
paie un tuyau de 15 pieds, c'est parce qu'on pense que dans dix ans il va y
avoir un développement dans tel secteur et que ces gens vont tous le
payer. C'est cela le problème. Ce qui est encore "protégeable",
on est pleinement d'accord avec vous qu'il faut le protéger.
M. Garon: Oui. En parlant du tuyau, je pense qu'à
certaines places il est tellement gros qu'il sort même de l'eau. C'est du
tuyau d'épuration des eaux que vous parlez?
M. Paiement: II sort de l'eau?
M. Garon: C'est le tuyau des eaux usées.
M. Lavoie: L'égout pluvial, ce n'est pas de l'eau
contaminée.
M. Garon: Non. Le tuyau est très grand, je me rappelle
avoir vu des papiers là-dessus.
M. Paiement: Je pense, M. le ministre, que vous comprenez
très bien qu'on ne peut pas avoir des autoroutes et des voies de
services pour des tracteurs, et on ne peut pas donner des services urbains en
milieu agricole. (21 h 15)
M. Garon: Si vous regardez le territoire, vous remarquerez qu'il
y a de grands espaces que nous n avons pas retenus, là où il n'y
a pas de maisons. On a gardé un caractère continu à ce qui
était réservé. Si vous regardez, il y a des endroits
où il y a des habitations. Vous avez de grands espaces où il n'y
a pas de maisons, qu'on n'a pas retenus parce qu'on ne voulait pas garder de
petites poches ici et là. Si vous y regardez de plus près, vous
verrez qu'il y a un caractère complet de continuité.
Vous savez que l'acre à Laval, exactement à même les
mêmes intrants, les mêmes dépenses pour I agriculteur,
l'acre à Laval rapporte trois fois plus de produits qu une acre dans la
région de Québec. C est seulement pour vous donner un exemple de
ce que représente le sol de Laval en qualité de production.
D'après les calculs faits par nos spécialistes au
ministère, il y a un rendement trois fois supérieur
comparativement à celui de la région de Québec, à
cause des unités thermiques et de la qualité du sol.
Je ne voudrais pas trop m'avancer, mais je pense que c'est le fond de la
mer Champlain... C est la qu il y a eu principalement des dépôts
et la qualité du sol est extraordinaire.
Alors, ce qui a été réservé encore
une fois. je le dis n'est pas dans ce périmètre, mais si
vous regardez l'accroissement de la population de Laval au cours des
dernières années et l'aire possible d'expansion, en plus, comme
vous le disiez tantôt, de la possibilité de densification, vous
avez du terrain, seulement dans le blanc qu'il y a là, sans compter que
le brun peut être moins grand que cela, vous avez déjà pas
mal d'espace pour les cinq prochaines années, sans problème.
Quand vous parlez d'augmentation de la population...
M. Paiement: De 180 000 à 260 000, de 1965 à
1978.
M. Garon: Oui, en treize ans. Cela veut dire une augmentation
de...
M. Paiement: Globalement, de 50%. Si on regade les analyses
démographiques un peu partout au Quebec, c est certainement une des
régions où la population augmente le plus...
M. Garon: Oui.
M. Paiement: ... et le plus rapidement.
M. Garon: Et où la ville est la moins dense aussi.
M. Paiement: En effet.
M. Garon: Je pense que c'est la ville la moins dense au
Québec
M. Paiement: Oui.
M. Garon: C est plein d'espaces.
M. Paiement: Elle augmente en densité progressivement,
mais il faut bien comprendre que nous sommes partis de 14 noyaux, de 14
villages qui eux aussi avaient besoin de services, d'égouts, d aqueduc
et qu'il nous fallait quand même relier tout cela.
Alors, relier tout cela pour le rentabiliser, il fallait que, chemin
faisant, il se fasse du développement parce que faire trois milles
à travers des terres agricoles, quand on exige S1 les $100
d'évaluation et que c est évalué à S125 l'arpent,
vous comprenez que ce sont encore les vieux résidents qui paient. Alors,
c est un peu le phénomène qui est arrivé à Laval.
Malgré cela, la ville a drôlement augmenté en
densité depuis quatre ou cinq ans à cause de programmes de
restrictions très sévères que nous avons
imposés.
Nous avons développé un scénario de
développement que les constructeurs connaissent, qui vise
particulièrement le centre et à faire augmenter la densité
de ce territoire. Lorsque nous parlons de cela, nous avons la même
philosophie. On est d'accord, M. le ministre. La seule chose sur laquelle nous
ne sommes pas d'accord, c'est sur la façon de procéder.
M. Garon: Même si on voulait négocier cela tous les
deux...
M. Paiement: Peut-être qu'on s arrangerait bien tous les
deux.
M. Garon: Je ne suis pas un spécialiste dans les cartes,
mais je sais que dans votre espace, à un certain moment, quand j'ai
regardé les cartes, pas longtemps avant le dépôt, j'ai vu
cela et on m'avait même dit qu'il y avait un territoire qu'on pouvait
vous laisser sans problème. C'était un champ d exercice de tir
plein de bombes.
M. Paiement: II y a beaucoup de bombes à Laval. Elles
éclatent de temps à autre.
M. Garon: Vous n avez pas un ancien camp militaire ou quelque
chose comme cela?
M. Lavoie: II n'y a pas de camp militaire.
M. Paiement: Une carrière où même la police
vient pratiquer le tir.
M. Garon: C'est moi qui me suis trompé. C'était sur
une autre carte.
M. Lavoie: II n'y en a pas encore, du moins j'espère que
le gouvernement n'en érigera pas un.
M. Garon: Un camp militaire un peu plus au nord.
M. Rancourt: Non, on fait de l'agriculture, on ne fait pas
des...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: J'aurais quelques questions à poser à
nos témoins. Quel serait l'impact au point de vue fiscal si, dans
l'espace je ne sais pas si c'est vert ou brun est-ce que vous
avez une idée de l'évaluation, de la valeur réelle
à votre rôle d'évaluation de ce territoire en comparaison
avec une évaluation suivant une base d'usage agricole.
M. Paiement: Evidemment, cela ne peut être
qu'hypothétique et on ne peut travailler qu'avec des hypothèses
à ce stade-ci, parce que nous prenons évidemment pour acquis que
cela ne peut pas rester comme cela. L'évidence ne se démontre
pas, à un moment donné. Mais s'il fallait que le territoire
actuel, tel que zoné, demeure agricole et que l'évaluation soit
faite en fonction de l'article 21, je crois, de la loi sur l'évaluation
foncière, nous subirions, de façon directe en manque à
gagner sur la facture fiscale, environ $2 millions en pertes directes et, bien
sûr il faudrait figurer à moyen et à plus long termes la
perte indirecte engendrée par la construction qui ne se ferait pas et le
développement qui ne se ferait pas. Mais en perte directe sur la facture
fiscale disons que cela arriverait demain matin cela serait une
perte d'environ $2 millions pour la ville de Laval.
M. Lavoie: Par année.
M. Paiement: Par année bien sûr.
M. Garon: Est-ce que vous me permettez?
M. Lavoie: Je ne vous ai pas interrompu, mais je vais vous le
permettre.
M. Garon: Je ne veux pas vous interrompre, c'est pour cela que je
vous disais: Permettez-vous? C'est parce que vous comptez que tout le brun
serait taxé à $150 l'acre.
M. Paiement: Oui, avec des hypothèses.
M. Garon: Mais ce n'est pas cela qui arriverait.
M. Paiement: Je comprends, M. le ministre, mais je réponds
à la question qui m'a été posée.
M. Lavoie: Qu'est-ce que vous prévoyez... vous avez
certainement pensé à votre service d'estimation, aux
fonctionnaires que vous avez est-ce que vous prévoyez que ces
gens-là qui sont propriétaires dans la zone verte et qui sont des
non-cultivateurs... Quelle va être leur réaction à partir
du 1er janvier 1979, qui s'en vient, alors qu'ils seront toujours sous
contrôle. Pour certains de ces propriétaires qui ont des
évaluations actuellement de $3000, $4000, $5000, $7000, $10 000
l'arpent, à votre rôle, quelle va être leur réaction
au 1er janvier? Ne croyez-vous pas qu'ils vont aller porter plainte pour se
faire baisser, je ne sais pas à combien, à $500 ou $300 l'arpent,
ou $700 l'arpent?
M. Paiement: On a déjà reçu un certain
nombre d'avis à cet effet, c'est bien évident. L'individu qui a
payé $10 000 l'arpent qui se retrouve en zone agricole et qui pensait
construire l'an prochain ou dans deux ans, si on le taxe sur une
évaluation de $10 000 l'arpent, il va la contester. Un mouvement est
déjà commencé. Et je m'attends très bien qu'au
moins la moitié sinon la totalité des propriétaires en
zone verte, qui ne sont pas proprement des agriculteurs, vont tous contester.
Et, si j'étais dans une zone comme celle-là, je serais le premier
à contester. Je pense que le ministre Garon aussi. Pourquoi payer pour
des choses que vous n'avez pas alors qu'on sait que, si cela restait agricole,
une valeur hypothétique pourrait être de $1000 l'arpent. Alors,
pourquoi payer pour des choses qu'on n'a pas.
M. Lavoie: Je connais personnellement, du moins de nom ou par les
journaux, qu'il y a actuellement quatre ou cinq constructeurs importants
à Laval actuellement qui ont des projets en pleine activité. A ce
qu'on m'a dit, comme Campeau Construction, Albert Gagnon...
M. Paiement: Campeau, Denault, Gagnon.
M. Lavoie: Denault, BA Construction. D'après mes
informations ces quatre ou cinq projets, et
chaque constructeur bâtit peut-être en moyenne 200 ou 300
maisons par année chacun, sont tous en zone verte actuellement,
pratiquement.
M. Paiement: Ils sont, soit dans la zone verte ou en
périphérie de la zone verte. Si on prend l'exemple de Gagnon
je ne veux pas faire de cas particulier il peut construire, pour
les six prochains mois, parce qu'il est dans la zone blanche. Il a
acheté une terre au mois de juin 1978 qu'il a payée $10 000
l'arpent; c'est contigu, mais il est à la limite. L'an prochain, si
ça devait rester zone verte, il devrait cesser de construire. C'est
là que je veux essayer de démontrer l'urgence d'éliminer
rapidement certaines zones vertes.
M. Lavoie: On m'a informé que vous aviez des
difficultés, en ce sens que vous ne pouvez procéder à
aucun lotissement dans tout le territoire de la ville, même dans les
zones blanches, d'après l'interprétation de la loi.
M. Paiement: Je pense qu'on peut procéder aux
lotissements, à moins qu'on interprète mal la loi...
M. Lavoie: Cela peut être douteux suivant l'article 33,
à moins qu'on me dise qu'on peut envoyer un avis à une commission
qui n'existe pas, à une commission qui n'est pas encore
créée...
M. Paiement: Je ne suis pas tellement juriste; je peux
peut-être demander au conseiller juridique de nous donner une
interprétation là-dessus.
M. Allaire: Enfin, je ne veux pas entrer dans les détails,
mais, d'après les informations reçues, actuellement, tout est
bloqué au point de vue de l'approbation par le ministre des Terres et
Forêts. Peut-être que le ministre pourrait nous dire ce qui en est.
Ce sont les seules informations que nous avons reçues. On nous a dit
qu'on attendait des instructions plus précises.
M. Garon: On les a eues et ce n'est pas bloqué
actuellement. Cela fait au moins deux semaines, cela a été
immédiatement réglé lors d'une rencontre.
M. Lavoie: De quelle manière cela a-t-il été
réglé?
M. Giasson: ... avis adressé au ministère de
l'Agriculture au nom de la commission de contrôle.
M. Lavoie: M. le Président, je connais bien Laval, ma
famille est dans cette région depuis le régime français.
Je pense que j'ai des racines assez profondes dans le sol lavallois. C'est vrai
qu'on a dit dans le passé que l'île Jésus était le
jardin du Québec. J'en doute malheureusement aujourd'hui, parce que...
peut-être, mais il faudrait nécessairement... A propos du
développement urbain, Paris s est développé, New York s
est développé, Chicago s est développé, Toronto
s'est développé. Ecoutez, il faudrait bien que le
développement de Montréal parte de la place d'Armes, de l'Eglise
Notre-Dame et du port de Montréal.
Je me souviens il n'y a pas tellement longtemps, que ville
Saint-Laurent, Saint-Léonard-de-Port-Maurice, Côte-des-Neiges,
c'était le vrai jardin de Montréal, de même que Côte
Vertu, Bois Francs. Dans l'urbanisation, il faut qu'il y ait une espèce
de discernement.
Aujourd'hui, je vois au moins une vocation mixte à Laval. C'est
sûr qu'elle a une vocation urbaine, industrielle, économique de
par sa position géographique entre Montréal et Mirabel, avec ses
réseaux routiers. C'est une plaque tournante.
Je félicite les autorités municipales de vouloir
protéger environ 20 000 arpents. Je pense que votre plan directeur les
protégeait en tant que zone RX pour des années à venir.
Selon votre planification, il n'y avait pas de service d'égouts,
d'aqueduc disponibles. Votre programme de développement de la
construction était connu depuis déjà plusieurs
années.
Je veux faire une remarque. Le ministre dit: II y a 6000 à 10 000
acres, à Montréal, qu'on pourrait épargner. Je sais
où; j'imagine que c est dans Senneville, Sainte-Anne-de-Bellevue,
Beacons-field, ces coins-là, Saint-Laurent, Baie D'Urfé. Je vous
ferai remarquer que le coeur de Laval est plus près du coeur de
Montréal que Senneville, Sainte-Anne-de-Bellevue et Beaconsfield, au
point de vue de la communauté métropolitaine de Montréal.
Le coeur de Laval est plus près du coeur de Montreal que ces
municipalités qui sont à l'extrême partie ouest de
l'île de Montréal. (21 h 30)
Je suis bien d'accord avec le maire sur le statut particulier de Laval,
celui de deuxième ville au Québec. On le reconnaît dans
pratiquement tous les cas, notamment dans les subventions aux
municipalités au-delà de 100 000 âmes. Il y a une
catégorie. Je pense qu'il y a Longueuil qui entre dans ce club
maintenant. Mais il n'y en avait que trois lorsque cette loi a
été adoptée.
Un autre statut particulier qu'on reconnaît, cette fois uniquement
à Montréal et à Québec, c'est dans le partage que
le ministre du Revenu fait d'une certaine partie de la taxe des repas et des
chambres d'hôtel. Uniquement ces trois villes ont le droit à une
quote-part de cette taxe. C'est un statut particulier qui est reconnu pour les
trois plus grandes villes du Québec, soit Montréal, la
métropole, Québec, la capitale provinciale et Laval,
deuxième ville en importance.
Ce qui me surprend et ce qui me renverse, M. le ministre, c'est que
Laval avait déjà préparé un plan de zonage agricole
l'année dernière, confidentiel, mais à ce qu'on me dit
je l'apprends ce soir qui aurait été remis au
ministre délégué à I'Energie, M. Joron, pour qu'on
vous le remette. Je regrette l'absence de M. Joron ici, ce soir, ainsi que
celle de M. Landry, ministre d'Etat au développement économique,
parce qu'il y a des fortes implications économiques dans cela,
énormes:
question de création d'emplois, question de l'industrie de la
construction et tout.
Cela m'étonne que par un décret, par un diktat, ce plan de
la ville de Laval, qui a été fait par les gens du milieu, n'ait
pas été respecté et que vous ayez
préféré prendre le plan qui a été fait
à Québec, ici. Je connais assez bien Laval. Vous avez
laissé en zone blanche, les franges urbaines que vous appelez
le long de la rivière des Mille-Iles, en haut. C'est du terrain
que vous ne pouvez pas destiner à une vocation résidentielle
parce que ce sont des terrains, la plupart dans les bas-fonds, sujets aux
inondations et que la ville n'entend développer d'aucune façon.
Et il n'y a pas de possibilité. La ville n'est pas
intéressée à amener l'égout là. Ce sont des
cas-problèmes. C'est pour cela que la ville a une politique de
protection des berges. Ce que vous avez laissé en blanc n'est pas
développable. C'est tellement à l'envers, ce plan, qu'à
certains moments, on se demande si ce qui est en vert n'aurait pas dû
rester en blanc et vice versa. C'est justement ce défaut de consultation
qui est une accusation qu'on doit vous porter.
Vous avez dit que Laval sera considéré en premier lieu,
dès le mois de janvier. Il faut quand même être
réalistes, M. le Président. Ces commissaires, même si vous
les nommez entre Noël et le Jour de l'An, il va falloir qu'ils se trouvent
des bureaux quelque part, qu'ils nomment un secrétaire, qu'ils se
trouvent du personnel, qu'ils se fassent imprimer des formulaires. Et il va y
en avoir beaucoup de formulaires. Ne me faites pas rire lorsque vous me dites
qu'ils peuvent se mettre en marche au mois de janvier. Je connais la vitesse de
l'Etat, en général. Quand cela se met en marche, cela prend
quelques mois.
L'autre soir, vous avez reconnu que la région de Saint-Eustache,
où il y avait 32 municipalités, où il y avait un plan
d'aménagement avec des zones agricoles, un plan qui a été
fait par le milieu consulté et tout, qu'elle serait prioritaire, elle
aussi.
Hier, la CRO, la région de l'Outaouais, huit
municipalités, cela a coûté $2 millions pour faire un
schéma avec l'argent d'Ottawa, l'argent de Québec. Vous n'avez
pas pris en considération, d'aucune façon, le plan
d'aménagement fait par la Communauté régionale de
l'Outaouais. Vous leur avez dit: Cela va aller vite. Vous autres aussi, vous
allez passer parmi les premiers.
On a eu un individu hier, un monsieur Char-trand, je crois, qui a des
lotissements à La Plaine et à Saint-Lin, des cas patents. Cela ne
devrait pas être dans la région verte. Vous avez dit: Oui, la
commission va se pencher sur votre cas en toute priorité, dès sa
création.
Il va y en avoir des priorités, M. le ministre, et vos 50 ou 60
députés péquistes... Il va y avoir des problèmes
partout, à Saint-Hubert, à Saint-Jean, à Saint-Hyacinthe,
partout à travers le Québec. Je sais bien qu'il va y avoir des
pressions de la part des députés du Parti québécois
pour dire: Cela presse dans notre région. Je vous dis qu'il va y
avoir... C'est l'application de la loi. Il faut quand même être
réalistes.
Je ne voudrais pas aller dans les détails; il y a tellement
d'implications dans cela. Le député d'Arthabaska... Il en a
déjà des cas prioritaires à vous soumettre.
M. Baril: A vous entendre, vous me découragez quasiment.
Je vais peut-être laisser tomber cela.
M. Lavoie: II commence à être jaloux. Il dit: Si le
député de Laval passe avant nous, vous allez avoir un
problème à votre caucus.
M. Garon: ... On a commencé dans la partie est...
M. Lavoie: Une autre chose, ce sont les implications. On a
eu...
M. Garon: C'est évident que je dis cela pour le
journal des Débats en blague.
M. Lavoie: Mais vous ne le ferez pas effacer quand même du
journal des Débats?
M. Garon: Non, je veux vous agacer un peu.
M. Lavoie: La population est assez agacée dans le moment,
ne faites pas d'effort...
M. Garon: ... le député en plus.
M. Lavoie: M. le Président, il y a les implications
juridiques justement que la Chambre des notaires nous a soulevées hier
qui vont affecter plusieurs constructeurs et plusieurs transactions. On sait
que ce plan-là est inscrit au Bureau d'enregistrement comme une
servitude réelle, que les notaires ne savent plus comment agir. On se
pose des questions à savoir si certains constructeurs n'auront pas
des...
J'en connais un, entre autres, M. Denault, qui a une centaine de maisons
de vendues depuis trois ou quatre mois, des maisons modèles. C'est un
constructeur qui bâtit à Laval depuis 25 ans et qui s'est
engagé par des contrats à livrer une centaine de maisons pour le
printemps, parce qu'il y a deux récoltes, comme le maire le dit, une
récolte au printemps pour les ventes de maisons et une récolte
l'automne. Ce monsieur a bâti, près du boulevard Labelle, 200 ou
300 maisons qui sont terminées, qui sont vendues, de magnifiques maisons
sans lui faire de publicité. Ces maisons sont dans la zone verte.
Ce n'est pas trop grave, il a un droit acquis. D'accord.
Mais il arrive que son développement naturel, selon le plan
directeur de la ville, est juste en arrière. Il tombe dans la zone
verte, je vais vous le montrer, dans la cour en arrière.
M. Giasson: Dans quel comté?
M. Lavoie: C'est dans mon comté. Il y a trois
comtés dans Laval. Ce monsieur-là est en négociation avec
le service d'urbanisme de la ville de Laval qui a beaucoup de rigueur. Je le
dis ici au
mérite de l'administration de la ville, parce qu'avant de faire
accepter un plan de subdivision et de lotissement à Laval, cela prend
des mois; les gens sont très sévères.
M. Garon: Des mois? A Laval?
M. Lavoie: Oui, pour la planification, mais on n'enlève le
droit de propriété à personne, par exemple. Ce M. Denault
qui s'est engagé à livrer cent maisons qu'il doit bâtir cet
hiver a été en négociation avec la ville de Laval depuis
quatre ou cinq mois pour le lotissement, en arrière, le
développement naturel. La ville est à bâtir un collecteur
actuellement à cet endroit. La ville de Laval est en frais,
d'après ce qu'un échevin m'a dit, d'adopter les règlements
d'aqueduc et d'é-gouts maintenant que la planification est
acceptée, mais cela vient de finir. Tout est bloqué. Il n'y a
plus de lotissement. Il n'y a plus d'aqueduc et d'égouts. Vous allez me
dire: La commission va dans quelque temps régler cela, mais le type ne
peut plus livrer ses maisons. C'est autant de travailleurs de la construction
qui ne pourront plus travailler, cet hiver. Si vous attendez votre... Je sais
que cela va éventuellement sortir, disons dans un an, dans six mois ou
sept mois, mais vous allez avoir une année de perdue au point de vue
chômage, économie de la construction et tout.
Je vous dis que... Les terrains appartiennent à Denault
construction. Il bâtit cent maisons et elles sont vendues, mais il ne
pourra pas les livrer. Les quatre constructeurs dont je vous parle, Campeau,
à Sainte-Rose, 500 maisons de bâties, elles sont toutes dans
l'espace vert. B.A. Construction, à Fabreville, qui bâtit depuis
25 ans et qui a un projet entièrement dans l'espace vert. Gagnon,
près de la Cité de la santé, le nouvel hôpital, est
sur la bordure. Il y a du vert et du blanc. Denault est dans le vert. Tous les
gros projets, les gros agents économiques, sont tous paralysés
actuellement. C'est grave, M. le ministre.
M. Garon: Vous êtes en train de nous prouver qu'il
était temps qu'on protège les terres.
M. Lavoie: Vous ne pouvez même pas les protéger
celles-là, les égouts sont là, l'aqueduc est là. Il
y a des collecteurs. Il y a un collecteur de $22 millions qui a
été bâti. Il y a 19 pieds de diamètre en fer
à cheval coulé sur place. Qui va payer ces 19 pieds si la
région reste agricole, à $125 l'arpent et à $1 les $100
d'évaluation?
M. Garon: Pour ce qui est des égouts et des aqueducs, il y
a un droit acquis.
M. Lavoie: Mais cela va prendre un an ou deux avant qu'ils ne
sortent.
M. Garon: Ils peuvent sortir immédiatement. Non, ils
peuvent sortir...
Une Voix: Prioritaire.
M. Lavoie: M. le ministre, vous voyez à quoi je veux en
venir. La ville est prête à protéger d'une manière
stricte et sévère, dans trois mois, d'implanter elle-même,
avec votre collaboration, M. le ministre, et suivant les exigences de votre
ministère, sont prêts à protéger
immédiatement, mais avec la même protection que vous voulez avoir
dans votre loi, mais sur 20 000 acres de leur choix, qui connaissent leur
milieu.
Pourquoi n'acceptez-vous pas cette proposition? Pourquoi avez-vous mis
dans la loi l'article 37, qui vous permet d'amender le plan avant la
troisième lecture? Autrement, on va l'enlever l'article 37. Une fois que
la troisième lecture va être passée, la semaine prochaine,
on n'aura plus besoin de l'article 3. C'est un article qui a été
mis pour un dégel provisoire avant la troisième lecture.
M. Garon: Les entrepreneurs sont venus nous voir cette semaine.
Ils nous ont bien dit que le problème était réglé,
qu'ils s'étaient engagés un an d'avance et que s'il n'y avait pas
de discussion d'ici à un an, cela leur créerait des
problèmes. Actuellement, il n'y en a pas. On les a rencontrés et
on a établi les règles concernant les droits acquis. Ils nous ont
dit cela en commission cette semaine.
M. Lavoie: Ils vous ont proposé un amendement.
M. Garon: Ah oui!
M. Lavoie: Allez-vous accepter cet amendement?
M. Garon: Oui, mais plus tard. Ils nous ont bien dit que 40% de
leurs gens travaillaient seulement sur des terrains viabilisés. Ils nous
ont bien dit qu'en ce qui concernait la construction cet hiver, le
problème était réglé, qu'il n'y avait pas de
problème, et que c'était pour l'année suivante qu'ils nous
en parlaient. Il y avait possibilité de discuter, entre-temps, de ces
problèmes pour les régler.
M. Lavoie: Ecoutez, je n'éterniserai pas le débat,
M. le ministre, mais je vous conseille fortement de vous servir de l'article 37
qui est prévu au projet de loi. Je ne vous demande pas d'exclure le
territoire de Laval, mais vous devriez prendre les 20 000 arpents que la ville
vous propose, après des études approfondies du sol et tout,
suivant les infrastructures de la ville, suivant la planification de la ville.
Enlevez votre vert et mettez le leur. On règle le problème.
Une Voix: Vous ne mettez pas...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Si j'y allais d'intérêts personnels, je
pense que j'appuierais le ministre dans son gel
intégral. Cela n'arrive pas souvent que je dis cela au ministre,
mais je trouve...
M. Garon: II doit y avoir un "mais"!
M. Dubois: Je trouve vraiment aberrant que le ministre n'ait pas
consulté Laval, deuxième ville du Québec, avant
d'appliquer le gel. Franchement, je ne l'accepte pas. Je pense que c'est un
manque de conscience flagrant de la part du ministre. De toute façon, ce
n'est pas la première fois que cela arrive. Des fois, il est gentil, et
d'autres fois il ne l'est pas. Alors, des fois, je suis gentil et d'autres fois
je ne le suis pas. C'est ainsi que cela fonctionne.
J'ai entendu plusieurs remarques de la part du ministre. Il dit souvent
aux groupes qui présentent un mémoire très important que
leur cas sera prioritaire. Je sais bien que la commission n'est pas
formée. Le projet de loi ne sera probablement pas sanctionné
avant le 22 au matin, parce que je pense bien qu'on va finir vers 5 heures du
matin.
M. Lavoie: Non, on n'a pas le droit de dépasser minuit, le
21 au soir, en vertu du règlement.
M. Dubois: D'accord. De toute façon, dans la
période entre Noël et le Jour de l'An, on ne peut pas dire qu'une
commission pourra siéger, ou à peu près pas. Avant que la
commission ne soit habilitée et que le rouage ne soit en marche, j'ai
bien peur que cela aille vers le 15 janvier avant qu'on puisse
considérer un premier cas sérieux je parle de cas
d'importance du genre de celui de Laval. Je ne pense pas qu'un cas aussi
sérieux puisse être analysé en une heure, quinze minutes,
une journée ou deux.
Il faut quand même que cette commission aille sur place et puisse
juger de la valeur de votre plan face à celui qui est proposé
ici. Etant donné que le ministre a indiqué à plusieurs
groupes... cela fait quand même plusieurs fois que je l'entends dire:
C'est très sérieux, votre cas sera pris en considération
un des premiers, je me demande où vous allez vous situer. Si on prend le
cas de Laval en premier... si j'étais aux prises avec un problème
personnel qui pouvait me mettre en difficulté financière ou en
faillite, je dirais que mon cas est aussi important que celui de Laval.
Je pense que tous les cas au Québec, dans les 614
municipalités qui sont gelées, ont leur importance. Que ce soit
un cas personnel ou un cas collectif, je pense que tous les cas ont une
importance au niveau individuel.
Quand on pense qu'il y a une seule commission au Québec qui
décidera d'un changement possible de l'aire retenue, c'est là que
je me dis qu'on manque de réalisme quelque part. C'est pour cette raison
que j'ai suggéré au ministre, maintes et maintes fois, qu'il y
ait au moins douze commissions, une dans chacune des régions agricoles
au Québec, parce qu'il va y avoir trop de demandes et trop de cas
importants à juger. Je ne pense pas qu'on puisse y aller en "broche
à foin", tel que le projet de loi 90 qui a peut-être
été conçu trop rapidement; j'ai l'impression qu'au moment
de sa présentation, on n'en a pas évalué toutes les
répercussions. (21 h 45)
De toute façon, je vous souhaite bonne chance; je souhaite que
votre cas soit évalué le 1er janvier parce que je pense qu'il
faudra faire travailler les fonctionnaires au Jour de l'An.
Je ne sais pas si vous avez une indication quelconque des effets
économiques. Disons que cela prendrait, par exemple, deux mois avant que
le territoire soit dégelé, pour que vous puissiez en arriver
à une entente avec le ministère, quel effet économique
cela pourrait-il avoir sur votre territoire?
M. Paiement: Au départ, cela aurait un effet direct au
niveau de la taxation je l'ai mentionné tout à l'heure
environ $2 millions de manque à gagner. Egalement, si cela devait
dépasser quelques mois, tous les projets planifiés des
constructeurs pour une période avancée de l'année se
verraient drôlement compromis. A ce niveau, si on parle de construction
de 5000 logements par année à Laval prenez comme
hypothèse de travail au moins la moitié: 2500 constructions
qu'est-ce que cela signifie en termes d'employés: le plombier,
l'électricien, le restaurant, la taverne, enfin, tout. Je pense qu'il
faut partir de cette base. Qu'est-ce que la construction de 2500 logements,
dans un secteur très particulier, très régionalisé
qui s'appelle l'île Jésus ou, peut avoir comme impact sur
l'économie locale et, partant de là, sur l'économie de
toute la région métropolitaine?
Je pense qu'il y a des effets directs et des effets indirects
importants. Nous pensons sans prétention que Laval, par son
activité économique, par son contexte, est un partenaire
économique extrêmement important au Québec. Si Laval est un
partenaire agricole, je le veux bien, mais nous avons un apport qui
dépasse largement cette dimension tout en ne minimisant pas l'importance
de protéger les sols agricoles.
Il y a donc un impact direct et, partant de là, un impact
négatif parce que le fardeau ou les entrées d'argent qui
n'arrivent pas retombent forcément sur les autres contribuables qui
devront absorber cette perte. Cela fait donc des contribuables qui, non
seulement ne sont pas plus riches, mais eux aussi sont plus pauvres. En plus de
la perte directe et du manque de construction, vous vous retrouvez avec des
contribuables qui ont un pouvoir d'achat plus petit. Je pense qu'il faut
mesurer cela.
M. Dubois: Ne croyez-vous pas que le rôle des élus
du peuple de Laval est quand même assez restreint au niveau de
l'application de ce projet de loi? Etant donné que, suite à
l'entente qui existera entre la commission et votre ville,...
Une Voix: II n'y en a pas eu.
M. Dubois: J'imagine que c'est assez difficile de tout
prévoir, quand vous en arrivez à une entente, ce qui va arriver
dans un mois, deux mois, six mois ou un an. A ce moment-là, vous aurez
à transiger chaque fois avec une commission à Québec.
Même si vous avez un schéma d'aménagement qui existe
chez vous, vous n'aurez plus le choix; c'est Québec qui décidera
pour vous et le rôle de I'élu du peuple, du conseil municipal de
Laval, ne sera pas tellement grand. Je l'appelle porteur de document parce que,
finalement, vous allez avoir un contracteur, vous allez avoir un
résident qui va formuler des plaintes à l'hôtel de ville et
tout ce que vous allez faire sera de formuler les mêmes plaintes à
la commission. A ce moment-là, je me dis que le rôle des
élus du peuple est assez restreint ou pratiquement nul. Je ne sais pas
si vous avez un commentaire à faire au niveau du rôle que vous
jouez, comme conseil municipal, dans l'application de cette loi.
M. Paiement: M. le Président, je ne veux pas
procéder par parallèle mais toute relation entre
différents gouvernements de différents niveaux entraîne un
certain nombre de problèmes de cette nature. Nous prétendons que
personne n'est mieux habilité que nous à Laval, sur le plan des
ressources humaines, sur le plan technique, sur le plan connaissance du milieu,
pour décider de I orientation de ce milieu tout en ayant une
préoccupation plus large, une préoccupation d'ordre national.
Nous sommes bien conscients d'être partie du Québec et nous
n'avons pas l'intention d'en être exclus non plus. On ne
déménagera pas en Ontario. C'est clair et nous voulons participer
au Québec, mais nous pensons que personne n'est plus habilité que
Laval pour voir à l'aménagement de son territoie et personne ne
peut mieux prendre le pouls de cette population qui est drôlement
impliquée dans ce territoire parce qu'elle a déjà
payé très cher pour essayer de s'en sortir et on a à Laval
un problème particulier. On a payé cher pendant dix ans pour
mettre tout cela en place.
On parle d'aménagement du territoire. On ne parle pas que de
zonage. On parle de milieu social, de milieu communautaire, de milieu culturel,
de démographie et de toute la dimension de l'homme en soi. Je pense que
cela compte dans une planification. On ne me fera jamais croire que c'est un
fonctionnaire de Québec qui va vraiment transposer dans les faits une
réalité aussi locale et aussi vécue que nous avons chez
nous à Laval.
Pour moi. c'est une aberration. Ce qui arrive dans le moment, c'est un
corollaire qui procède d'une orientation et d'une philosophie
centralisatrice que nous ne pouvons pas accepter parce qu'au fond, ce n'est pas
cela qu'on nous a dit. Ce n'est pas là-dessus que nous nous sommes
prononcés. Ce n'est pas l'engagement du gouvernement et la
décentralisation est totalement opposée à l'orientation
très autonomiste de Laval.
Or. comment voulez-vous que je vienne vous dire que je suis d'accord? Je
vous dis que je suis d accord qu'il faut protéger les gens du
Québec. Il faut que les gens du Québec mangent et il faut penser
que dans vingt ans, ils vont continuer à manger. Je ne peux être
contre cela. Je veux aller au ciel moi aussi. Mais c'est beaucoup plus que cela
le problème de Laval. C'est un problème de milieu.
On va nier les efforts, les énergies dépensées dans
ce milieu par une population qui est une des plus jeunes du Québec, qui
a le goût et qui veut bâtir une ville. On lui dit maintenant: Ne
t'occupe plus de rien. On s'en occupe pour toi. C'est une espèce de
paternalisme qu'on a bien de la misère à avaler.
M. Dubois: Seulement une dernière remarque. Je connais
personnellement la très grande majorité des producteurs
maraîchers de votre région et d ailleurs, ceux qui ont vendu leur
ferme, en majorité sont venus s'installer dans le comté de
Huntingdon. Disons qu'on leur souhaite quand même la bienvenue
là-bas, mais je peux vous assurer que j'ai eu une foule d'appels
téléphoniques de producteurs maraîchers de la région
de Laval qui étaient très inquiets, ceux surtout qui sont
situés près des développements domiciliaires.
Je pense que mardi, comme premier intervenant ici. ce sera l'Association
des jardiniers maraîchers du Québec dont le président est
un résident de Sainte-Dorothée, anciennement de
l'île-Jésus. Nous aurons à entendre son mémoire et
je pense qu à ce moment, nous aurons quand même des remarques
assez intéressantes des jardiniers maraîchers qui demeurent
près des aires développées de Laval.
Je vous remercie, M. le maire.
M. Roy: M. le Président...
M. Dubois: J'ai terminé.
M. Roy: Le président est occupé!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je veux d'abord remercier
les gens de Laval qui se sont donné la peine de nous préparer un
excellent mémoire, de venir en commission parlementaire et d y montrer
beaucoup de patience.
Vous nous avez dit tout à l'heure que vous aviez
préparé un plan d'aménagement d'ailleurs, vous avez
les documents que vous nous avez montrés et ce plan
d'aménagement est le résultat, le fruit, de dix années
d'étude. Vous est-il possible de nous donner une idée de ce que
cela a coûté? Combien a coûté ce plan directeur, ce
plan d'aménagement?
M. Paiement: Ces plans.
M. Roy: Oui, j'aurais pu dire ces plans.
M. Paiement: Je pense qu'il faudrait que j'avance un chiffre et
je serai très conservateur sans rapprochement...
M. Garon: II y en a plusieurs qui deviennent conservateurs ces
jours-ci, apparemment.
M. Paiement: Je pense qu'on peut facilement parler d'environ $20
millions pour tous les plans et études qui ont été mis de
l'avant. Qu'on pense actuellement au L 2000 de la ville de Laval. Cela a pris
cinq ans, cela a pris un personnel extrêmement important au niveau du
service d'urbanisme de Laval pour travailler constamment à
l'élaboration de ce plan dans ses moindres détails. Alors, on
peut parler de plusieurs millions de dollars, certainement de plus de $10
millions.
M. Roy: Plus de $10 millions, mais vous avez également
avancé, si j'ai bien compris, le chiffre de $20 millions. Cela pourrait
aller jusqu'à $20 millions, ce qui est une somme, il faut l'admettre,
considérable. Vous aviez été informé,
évidemment, comme tout le monde, de l'intention du gouvernement, et
d'ailleurs on en parlait depuis un bon bout de temps, de préparer un
projet de loi en vue de protéger les terres agricoles du Québec.
J'aimerais savoir si quelqu'un du gouvernement, des autorités
gouvernementales ou du ministère de l'Agriculture est entré en
contact avec vous, ou avec d'autres membres du conseil municipal, ou avec le
greffier de votre ville avant de déposer le plan de procéder au
gel des terres. Est-ce que le ministère a communiqué avec votre
ville à ce sujet-là?
M. Paiement: Oui, en effet, exclusion faite des membres du
ministère de l'Agriculture ou des autres organismes qui
s'intéressent à cette question-là... Lorsque les journaux
ont rapporté que le ministre Garon faisait une tournée dans les
différentes zones agricoles et que Laval n'était pas sur
l'itinéraire, j'ai tenté d'appeler le ministère pour
demander qu'on vienne nous rencontrer à Laval, étant donné
qu'on passait. Je me suis dit qu'en passant on pourrait se saluer. A ce
moment-là, on m'a répondu: On va à Montréal. J'ai
alors répondu au secrétaire ou au chef de cabinet du ministre que
nous étions une région en soi et que nous étions à
Laval. Je me sentais très mal à l'aise d'aller défendre
les Lavallois à Montréal. D'autre part, on m'a dit: Après
Montréal, on va à Joliette. Je me sentais également
très mal à l'aise d'aller à Joliette défendre les
Lavallois. C'est le contact que j'ai eu avec le ministère.
M. Roy: Quant au contact, ce n'est pas le ministère qui a
communiqué avec vous, c'est vous qui avez communiqué avec le
ministère.
M. Paiement: Ecoutez, je ne veux pas qu'on procède
à une enquête.
M. Roy: Je ne veux pas faire une enquête moi non plus.
M. Paiement: Je veux vous donner l'heure juste, M. le
député. J'ai communiqué avec le ministère quand
j'ai vu qu'on n'arrêtait pas chez nous. Je trouvais cela important qu'on
arrête à Laval parce que nous étions conscients qu'il y
avait de bonnes terres à Laval, nous étions conscients que les
Lavallois pensent qu'ils constituent une entité physique, sociale,
économique et communautaire importante et nous pensions que
c'était important d'arrêter dans la deuxième ville du
Québec. Je comprends ajourd'hui que c'était très important
d'arrêter dans la deuxième ville du Québec.
M. Roy: Si je vous ai posé ces questions, ce n'est pas
pour faire une enquête ou mettre qui que ce soit à la gêne.
Mais il est bien important pour nous de savoir ici à cette commission
parlementaire de quelle façon le plan a été
préparé et quels sont les contacts, les communications qu'il y a
eu avec les intéressés avant de procéder au gel des
terres. C'est entendu que le gouvernement ne pouvait pas procéder au gel
des terres et l'annoncer en donnant un avis de quelques jours, voire de
quelques semaines. C'était impensable. Mais quand même, dans la
confection des plans, dans la préparation des plans et dans la
délimitation du territoire, ce qu'on appelle la zone verte ici, je pense
qu'il est important pour la commission en tout cas cela
m'intéresse énormément de savoir quels ont
été les communications, les échanges qui ont eu lieu avec
les autorités des villes, surtout avec la deuxième ville du
Québec.
Vous avez parlé dans votre mémoire, à la page 5, de
la croissance démographique de votre ville depuis treize ans, à
savoir qu'il y a eu une augmentation de la population de près de 50%,
c'est-à-dire qu'elle est passée de 180 000 à 260 000.
Quelle est l'estimation? Est-ce que vous avez une idée des
prévisions de développement sur le plan démographique pour
les cinq ou dix prochaines années?
M. Paiement: Oui, compte tenu de la région
métropolitaine. On sait que Montréal, sur le plan de la
population, est en baisse et qu'il y a moins de monde aujourd'hui dans la ville
de Montréal, même, qu'il y en avait il y a dix ou quinze ans.
Compte tenu de la démographie générale au Québec,
Laval on pense connaîtra, dans les cinq prochaines
années, un taux de croissance qui variera entre 1,5% et 2%. (22
heures)
M. Roy: Par année?
M. Paiement: Par année, oui. Au départ, si on
remonte quelques années en arrière, on pouvait parler d'un taux
de croissance qui était près de 10%. Mais bien sûr, avec
260 000 et 300 000, en pourcentage, cela augmente moins rapidement. Mais en
chiffres absolus, ça augmente plus rapidement.
M. Roy: En somme, il est possible de prévoir 350 000
personnes dans votre ville, en 1990, dans onze ans?
M. Paiement: Je pense avant ça. Evidemment, compte tenu de
l'économie, compte tenu de tout ce qui peut se passer au niveau
économique je pense que c'est un facteur extrêmement
important ce n'est certainement pas illusoire de penser à 350 000
personnes.
M. Roy: Une autre question relativement aux différences
qui semblent exister entre le plan de la ville et le plan préparé
par le ministère concernant la zone agricole. Dans le plan que vous avez
préparé dans votre schéma, est-ce que vous êtes en
mesure de me dire, sur le nombre d'acres de terres agricoles auxquelles vous
avez fait la référence tout à l'heure vous avez
parlé d'une vingtaine de mille acres environ combien d'acres sont
actuellement en culture? Est-ce que vous possédez des statistiques de ce
côté? Et combien d'acres seraient en friche ou non
cultivées, sur les 20 000 auxquelles vous avez fait
référence tout à l'heure?
M. Paiement: On peut parler, en termes d'arpents ça
peut être transposé en acres de 10 000 à 11 000
arpents qui sont cultivés ou tout au moins cultivables et
considérés comme tels, en vertu de l'article 21 de la Loi sur
l'évaluation foncière.
M. Roy: II y a sûrement des terres qui ont
été achetées pour fins de lotissement et qui ne sont pas
cultivées, qui sont en attente, qu'on appelle des terres en friche ou
des terres abandonnées, au plan agricole, est-ce que vous pouvez me
donner une idée du nombre d'acres ou du nombre d'arpents qui pourraient
être classés de cette façon?
M. Paiement: Dans le moment, on peut certainement parler de 25
000 arpents de terre qui ne sont pas cultivés et un des problèmes
à Laval, ce n'est pas que nous défendons de les cultiver, ce
n'est pas qu'il y a des contraintes à la culture, c'est qu'il n'y a pas
de main-d'oeuvre qui veut les cultiver. C'est un problème qu'on a chez
nous. Qu'est-ce que vous voulez; la relève ne se fait pas. Les fils de
cultivateurs qui ont vieilli ne veulent pas cultiver la terre. Evidemment, le
maire de Laval ne peut pas refaire l'éducation de la popualtion et c'est
un problème important; on a une très large part des sols qui sont
cultivables, qui pourraient être cultivés et qui ne le sont pas,
parce qu'il n'y a pas de main-d'oeuvre. Maintenant, on peut toujours se dire:
pourquoi n'y a-t-il pas de main-d'oeuvre? Peut-être parce que ce n'est
pas assez rentable de cultiver la terre; il y a peut-être d'autres
facteurs je ne veux pas entrer dans cette discussion mais c'est
une constatation qu'on se doit de faire chez nous, à Laval.
M. Roy: J'espère que M. le ministre a pris bonne note des
statistiques qui viennent de nous êtres fournies, des chiffres qui nous
sont fournis, puisque le ministre parlait tout à l'heure,
là-dessus nous sommes d'accord avec lui que quand on
connaît la région métropolitaine et le territoire de la
région et de la ville de Laval, on sait très bien que la terre
agricole qui se trouve sur cette île constitue une des terres les plus
riches du Québec.
Mais lorsque, à une commission parlementaire, nous apprenons
qu'il y a 25 000 acres qui ne sont pas cultivées, 25 000 acres de belle
terre qui ne sont pas cultivées, parce qu'il n'y a personne qui semble
intéressé à les cultiver, je pense qu'on peut se poser de
sérieuses questions. C'est ce qui me fait dire que ce n'est pas tout de
geler des terres agricoles, de geler des terres arables. Il faudra avoir des
programmes pour la mise en valeur de ces terres. Il faudra avoir des
marchés pour les produits qu'on est en mesure de fournir.
Cela me ramène un peu à mon intervention de
deuxième lecture, lorsque j'ai dit qu'il n'y avait quand même pas
pénurie de terres arables au Québec actuellement.
M. le maire, vous avez, dans vos remarques, insisté
énormément sur l'autonomie des villes. Je ne poserai pas de
questions là-dessus, mais je tiens à faire un court commentaire.
Il est évident que les fonctionnaires gouvernementaux auront des
pouvoirs extraordinaires, je dirais même abusifs, et ces pouvoirs ne
pourront pas être contestés puisqu'il n'y aura aucun droit
d'appel. Je pense que les villes du Québec ont raison de dire qu
actuellement l'autonomie des villes est mise en cause. On parle de
décentralisation. J'ai hâte de connaître la réponse
du ministre. J espère qu'il nous fera connaître ses intentions
avant la fin des travaux de la commission parlementaire, à savoir s'il
accepte les demandes qui ont été faites et
répétées par de nombreux organismes et qui sont
répétées quotidiennement par tous les membres de
l'Opposition qui font partie de la commission parlementaire sur la
nécessité de décentraliser I application de la loi et de
ne pas laisser autant de pouvoirs à un organisme composé de sept
membres, dont un président, deux vice-présidents nommés
par le gouvernement pour une période d'au plus cinq ans.
Je rappelle au ministre les propos qu'il a tenus tout à l'heure
lorsqu'il a dit que cela pourrait être discuté en priorité
en janvier: Dans l'article 4, au dernier paragraphe, on dit ceci: "Le
président et les deux vice-présidents de la commission exercent
leur fonction à temps plein."
Ce ne sont pas le président et les deux vice-présidents
qui vont trancher les questions. Il ne faudrait quand même pas s
illusionner. Il ne faudrait quand même pas faire croire à la
population que dès le mois de janvier, on sera en mesure de commencer
à régler des cas. Ces gens sont là pour mettre des
structures en place et voir à l'engagement du personnel requis. Ce sont
des points sur lesquels j'ai hâte que nous ayons plus de
précision, en ce qui me concerne.
Je ne veux pas faire plus de commentaires. J'en aurais bien d'autres
à faire, mais je veux quand même vous remercier, M. le maire, de
vous être prêté de bonne grâce aux questions que je
vous ai posées et de vous être prêté à
l'attention des membres de la commission.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. M. le député de Berthier,
rapidement.
M. Mercier: En tant qu'ancien résident de Montréal,
de l'île Jésus, cela me rappelle beaucoup de choses. Je me
rappelle la vocation touristique des chalets de Sainte-Rose, de
Laval-des-Rapides, des débuts de la construction domiciliaire de
Pont-Viau, de Duvernay, des plages dans le secteur de Bois-des-Filions. Bref,
c'est un secteur qui a changé rapidement. Je pense que cette
intégration des 14 municipalités qui a été faite au
moment où se manifestait l'urbanisation et le développement un
peu anarchiques de ce secteur, de l'ensemble de l'île, a eu des
conséquences désastreuses sur votre urbanisation. Je pense que,
n'eût été le coût énorme des services que vous
avez eu à assumer, sans doute n'y aurait-il plus d'agriculture sur
l'île Jésus et elle serait complètement
urbanisée.
Quand on regarde la population, 180 000 en 1965 et 260 000 maintenant, c
est un taux de croissance qui est relativement faible, compte tenu de ce qui
s'est passé dans l'ensemble de l'agglomération. Je pense à
Repentigny, par exemple qui, en l'espace d'une vingtaine d'années, a eu
une croissance beaucoup plus rapide, de même que Longueuil et Saint-Jean
d'Iberville.
En définitive, le coût des services que vous avez eu
à assumer, cette croissance énorme qu'il y a eu dans des
secteurs, particulièrement à Duvernay, a freiné presque
complètement, enfin, a ralenti énormément, malgré
l'avantage que vous aviez d'être les plus près de Montréal,
votre urbanisation.
Ce phénomène qu'on constate maintenant sur une
agglomération beaucoup plus grande et cette concurrence qui se livre au
niveau du coût des terrains non viabilisés, cette
préoccupation de nombre de municipalités, sur un vaste
territoire, de vouloir elles aussi s'urbaniser, a eu des conséquences
tragiques au point de vue de la protection des terres agricoles, mais
également au point de vue de l'accroissement fantastique du coût
des services qu'alternativement elles ont à assumer.
Je pense que cette loi sur la protection agricole, même si ce
n'est pas son objectif, dans la mesure où elle va vous permettre, parce
qu'elle sera accompagnée d'une loi d'aménagement du territoire,
de rentabiliser beaucoup plus rapidement le coût de vos services, ce qui
aurait dû se faire dans la période de 1965 jusqu'à
maintenant, je pense qu'elle est très avantageuse pour vous. En ce sens,
je pense que vous devriez nous aimer beaucoup, puisque finalement, on
rationalise la concurrence que vous livrait tout un secteur à 50 milles
autour de Montréal. Si on avait laissé faire cela, non pas au
niveau de l'industrie agricole, mais au niveau du coût des services, ce
serait un fardeau énorme que l'Etat du Québec ne pourrait assumer
et les municipalités non plus.
M. Paiement: Puis-je vous répondre?
Le Président (M. Boucher): M. le maire.
M. Paiement: Savez-vous où se trouve Laval? Je vous invite
à venir à Laval et je vous invite à voir la situation
financière de Laval. Remontons sept ans en arrière; nous avions
un service de dette par rapport à l'évaluation qui était
de 15,2%, il est maintenant de 7,5%. Nous avions un service de dette, par
rapport au budget, de 40%, il est maintenant de 29%. Nous étions, en
1971, parmi les villes les plus taxées de la région
métropolitaine, sur 23. Nous sommes maintenant dans les cinq villes les
moins taxées de la région métropolitaine.
Le progrès de l'économie Lavalloise est indiscutable et la
facture fiscale à Laval n'a jamais été aussi basse. C'est
pour cela qu'on a eu une cote de la firme...
M. Mercier: ... plus haut que les autres municipalités
environnantes.
M. Paiement: ... Moody's, "because of some management". Je
traduis cela parce qu'il y a une bonne gestion bien orientée à
Laval. Ce que vous venez de me dire démontre tout simplement que vous ne
connaissez pas Laval.
M. Mercier: Je suis tout à fait d'avis contraire. Ce n'est
pas du tout à comparer simplement les taux de taxation d'il y a une
quinzaine d'années entre la municipalité de Laval et les autres
municipalités environnantes à Montréal... Il n'y a aucune
comparaison.
M. Lavoie: Etes-vous propriétaire à Laval pour dire
cela?
M. Mercier: Non.
M. Lavoie: J'aurais quelques mots à dire.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Laval.
M. Lavoie: On appelait Laval, c'est vrai, il y a quelques
années, le jardin du Québec. Je pense bien qu'aujourd'hui le
jardin du Québec est plutôt situé dans les terres noires de
la rive sud de Montréal, Sainte-Clothilde, Sherrington et ce
coin-là où les jardiniers maraîchers travaillent d'une
manière vraiment industrielle et très moderne, lorsqu'on sait que
des superficies de 300, 400 ou 500 arpents sont cultivés avec des
spécialités.
Laval, c'est spécial. Il y a des gens à Laval qui vont
protéger le sol agricole, mais les fermes sont plutôt petites. Les
jardiniers peuvent assez bien gagner leur vie avec à peine quinze ou
vingt arpents. Maintenant, il y a une spécialisation dans Laval. Il y
avait les couches... Il y a encore les couches chaudes et tout, mais il y a
aussi les serres. Je pense qu'on produit peut-être plus encore dans
l'agro-alimentaire avec les moyens modernes de maintenant qu'on produisait il y
a peut-être dix ou quinze ans. C'est la raison pour
laquelle on a peut-être besoin de moins de superficie, surtout
pour toutes ces raisons.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Garon: On dit dans le document qu'il y a à Laval 35
acres de serres. Dans l'ensembie du Québec, on a une cinquantaine
d'acres en serres. C est à peu près douze fois moins qu'en
Ontario.
M. Laval: C'est pas mal.
M. Garon: Je lis votre document sur le zonage. J écoutais
et je lisais en même temps. Votre document: L'agriculture à Laval,
préliminaires; service d'urbanisme, planification, développement
et programmes. Gisèle Chapleau, conseiller professionnel. Normand
Gariépy, surintendant, Claude Asselin, directeur. Septembre 1977.
Mesures législatives.
La, vous énumérez les mesures. Les expériences qui
ont été faites ailleurs qu'au Québec. La première
dont vous parlez, c'est la loi sur la commission des terres de
Colombie-Britannique. J aimerais lire ce qui est dit dans votre document. C est
vous autres qui le dites. J'aimerais aussi que le député de
Beauce-Sud écoute comme il faut en même temps.
M. Roy: Je suis tout oreilles.
M. Garon: Oui. La loi sur la commission des terres, Land
Commission Act; J'ai bien dit que notre loi n'était pas une copie, qu
elle était bien meilleure que celle adoptée en 1973 par le
gouvernement de la Colombie-Britannique. Il a institué une commission
provinciale des terres dont lobjet premier est de conserver à
l'agriculture des terres agricoles à partir des potentiels
déterminés par I'inventaire des terres du Canada c est
pour cela qu'on va pouvoir fonctionner en hiver, on a des cartes comme
faisant partie d une réserve agricole et ne pouvant être
utilisées autrement que pour l'agriculture. La commission peut, avec la
collaboration de la municipalité, acheter ou acquérir des terres
ou désigner comme zones de verdure, des terres qu'il faut
préserver en raison de leur valeur esthétique ou de leur
situation dans les zones urbaines. (22 h 15)
C'est le commentaire que vous faites; vous analysez les
différentes lois sur le zonage agricole. Malgré le
mécontentement de certains agriculteurs de cette province face au gel
des réserves agricoles, la mise en application de cette loi se
révélait un instrument valable de sauvegarde des terres arables.
Vous analysez ce qui a été fait en Californie ou vous
référez à d'autres gens qui se disaient des experts sur la
Loi sur la préservation des terres de la Californie de 1965, et
là. vous dites que c'est un instrument. C'était conforme au
jugement que je portais lors de ma tournée en septembre, à
Lévis. Je disais cela, à des gens qui se prétendaient des
experts, que ce n'était pas un bon instrument, et vous arrivez à
la même conclusion. Il est dit qu'elle constitue un instrument
intéressant pour contrôler l'aménagement du territoire,
l'application de cette loi coûte cher et touche surtout les zones
éloignées qui ne sont pas véritablement menacées
par l'urbanisation. C'était aussi mon évaluation.
Je constate donc dans vos propres documents qu'on considère que
les moyens employés, qui ne sont pas semblables à la
Colombie-Britannique mais qu'il y a de la parenté; je ne dirai
pas à quel degré mais une certaine parenté sont
évalués par vos services comme tout bon instrument, avec une
commission provinciale.
Je dirai aussi, pour terminer, qu au point de vue de I agriculture, le
gouvernement du Québec n'a jamais eu une politique de
développement agro-alimentaire. Depuis 1977, nous avons mis en place une
politique de développement agro-alimentaire. Nous aurons l'occasion, au
cours des Drochaines semaines, de démontrer les résultats sur le
plan économique, tant de l'industrie alimentaire que du monde agricole,
que cette politique a donnés. J'ai l'impression que certains sceptiques,
au moins pour un an, n'auront pas de conseils à nous donner.
Quant au ministère de l'Agriculture, je veux dire ceci: Le
ministère de l'Agriculture avait l'habitude de payer ses comptes aux six
ou sept mois. Notre moyenne, cette année, est de 20.8 jours.
M. Roy: Quel rapport cela a-t-il avec le zonage des terres?
M. Garon: Je parle justement du fonctionnement. Attendez un
peu!
M. Roy: Parce que vous les achetez, les terres?
M. Garon: Non. Je veux dire tout simplement ceci. Vous avez
parlé principalement du fonctionnement, de l'efficacité et de la
lenteur. Je veux dire que c était une préoccupation que de
fonctionner rapidement. Je pense que le ministère fait ses paiements en
dedans de 21 jours. Cela se compare a I'entreprise privée
avantageusement. Cela se compare plus qu'avantageusement à n'importe
quel organisme gouvernemental. Comme l'a dit le maire tout à l'heure,
les organismes publics sont souvent lents. On a essayé, au
ministère de I'Agriculture, de mettre un peu de rapidité. Le
fonctionnement de la commission... je comprends qu on dit
même si la commission va être formée officiellement au mois
de décembre, cela ne nous empêche pas de prévoir et d
essayer de penser comment elle va fonctionner pour que tous les blocs puissent
être mis en place très rapidement. Je pense que la commission,
dans mon esprit, va pouvoir fonctionner très rapidement dès le
mois de janvier.
Quant à la relève agricole, les données ne sont pas
complétées, mais les premiers indices nous indiquent parce
que les chiffres ne sont pas encore complétés que le
nombre de cultivateurs a cessé de diminuer au Québec, en
1978.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre. M. le
maire, au nom de tous les membres de la commission, je vous remercie ainsi que
ceux qui vous accompagnent, pour avoir présenté ce
mémoire.
M. Paiement: M. le Président, j'aimerais remercier tous
ceux qui ont eu la patience d'écouter les représentants de Laval.
C'est, bien sûr, une très maigre contribution. Je voudrais
répéter à M. Garon que nous entérinons et
supportons le principe de préservation des terres agricoles et que.
malheureusement, sur l'application et sur la modalité d'application,
nous ne sommes pas d'accord. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le maire.
M. Garon: Je vous remercie aussi. M. le maire, ainsi que les gens
du conseil de ville qui sont venus avec vous, et les experts conseillers qui
sont venus avec vous, parce que je sais que des fois, le vendredi soir,
à 22 heures vous n'êtes Das encore rendus chez vous
il y a autre chose à faire que de venir discuter à une commission
parlementaire. Je vous remercie pour le temps que vous avez consacré,
pour nous avoir apporté de la documentation. Je souhaite que tout puisse
se discuter le plus normalement possible dans les meilleurs termes possible,
avec la commission et que tout le monde à Laval en particulier
les agriculteurs soit le plus heureux possible et que tout se fasse avec
le plus d'harmonie possible.
M. Paiement: M. le Président, je ne veux pas
m'éterniser, étant donné que vous ne pouvez pas recevoir
ces documents. Peut-être le ministre pourrait-il les recevoir; cela
pourrait sans doute aider ses fonctionnaires à étudier la
planification de la ville de Laval.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Lavoie: M. le maire, armez-vous de courage devant les
problèmes que vous aurez à affronter et ayez également
beaucoup de patience.
Le Président (M. Boucher): J'appelle maintenant la ville
de Repentigny, représentée par M. Picard et M. Lepage.
M. Garon: ... en faisant les calculs des valeurs
actualisées, comme on le fait habituellement pour les choses, on se rend
compte qu'une terre agricole vaut plus de un million en valeur
actualisée.
M. Roy: Une terre de grandeur normale. M. Garon: Une terre
de 100 acres.
M. Giasson: ... on n'a pas de quota pour ces
choses-là.
M. Garon: Non, seulement le fond de terre, pas les bâtisses
ni rien, seulement le fond de terre actualisé sur...
Une Voix: La valeur de la production brute actualisée sur
40 ans.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Ce sont des terres de classe "A", j'imagine, cela doit
être des terres de classe "A-1".
M. Garon: Non, si vous allez à Laval, c'est deux millions
pour... C'est un capital qu'on détruit...
Le Président (M. Boucher): M. le maire, si vous voulez
procéder à la lecture de votre mémoire en identifiant les
gens qui sont avec vous.
Ville de Repentigny
M. Picard (Louis-Philippe): M. le Président, je voudrais
d'abord, ayant eu l'occasion de participer à la commission depuis ce
matin, puisque nous avions été convoqués à la
première heure, vous remercier de votre sollicitude et de la main
très heureuse que vous avez eue de conserver la
sérénité au débat. Je le fais au nom de mes
collègues et officiers municipaux, M. Lepage, gérant municipal,
notre conseiller juridique, M. Comeau, notre assistant-gérant, M.
Deschamps.
La ville de Repentigny est située en banlieue est de
Montréal, à la sortie du Pont Le Gardeur. Sa population actuelle
est de plus de 30 000 citoyens. Depuis plusieurs années, il se construit
à Repentigny de 700 à 850 logements par année.
Récemment, en plus de la construction d'habitations unifamiliales, on
constatait la construction d'habitations multifamiliales et
d'établissements commerciaux et industriels. La valeur des constructions
pour lesquelles des permis sont émis s'élève annuellement
à environ $25 millions et, en 1978, ces chiffres seront encore atteints
ou dépassés..
Nous croyons que la ville de Repentigny doit continuer de se
développer. Le projet de loi no 90, s'il est adopté tel quel,
empêchera pour l'avenir toute possibilité de développement
pour Repentigny et arrêtera immédiatement et de façon
irrémédiable la simple progression normale de notre
municipalité.
Il apparaît essentiel à la ville de Repentigny que l'aire
retenue pour fins de contrôle dans son territoire, telle que
montrée aux feuillets 31H11 et 31H14 déposés à
l'Assemblée nationale le 9 novembre 1978, soit modifiée avant
l'adoption de la loi afin de tenir compte: premièrement, de la demande
actuelle pour des terrains et des besoins immédiats, ou à
très court terme, de Repentigny; deuxièmement, de l'état
actuel du développement dans l'aire retenue pour fins de contrôle;
et troisièmement, du fait que la ville de Repentigny a
déjà effectué des investissements importants dans l'aire
retenue pour fins de contrôle.
En effet, l'aire retenue pour fins de contrôle, telle
qu'établie présentement, non seulement cer-
ne immédiatement le territoire actuellement
développé de la ville mais encore empiète sur certaines
parties du territoire de la ville déjà construit.
A l'extérieur de l'aire retenue pour fins de contrôle,
seulement 450 terrains sont disponibles pour construction immédiate et
200 autres pourraient être développés si les services
municipaux y sont construits. Cet inventaire de terrains sera
épuisé au cours des douze prochains mois.
Quant à l'aire retenue pour fins de contrôle, le plan joint
au présent mémoire, en annexe, permet de constater qu une partie
de ce territoire n est aucunement destinée à une utilisation
agricole; plus particulièrement, ce plan montre, en jaune, les terrains
déjà construits; en bleu, les terrains subdivisés
où la ville procède présentement à I'installation
des services d'égouts sanitaires et pluviaux suite à I'adoption
de règlements avant le 9 novembre 1978 et qui seront construits en 1978
et en 1979; en rose, les terrains qui doivent être
développés dans un avenir très prochain (1979) et pour
lesquels la ville a déjà entrepris les études
nécessaires pour le prolongement des services déjà en
opération dans ces secteurs.
Nous ne sommes aucunement convaincus que la section IX du projet de loi
traitant des droits acquis et plus particulièrement l'article 105, tel
que rédigé, permettra la construction sur ces lots ou même
sur ceux qui sont déjà adjacents à un chemin public et aux
services municipaux.
De plus dans ces mêmes secteurs, les travaux de construction de
collecteurs d'égouts sanitaires et pluviaux qui sont déjà
effectués ou sur le point d'être complétés (et dont
les bassins sont montrés en brun sur le plan) représentent un
investissement de $2 millions, sans compter une conduite principale d'aqueduc
construite I'an dernier et destinée à desservir toute cette
partie est de la ville située dans l'aire retenue pour fins de
contrôle, et sans compter les $6 millions dépensés pour des
travaux d'agrandissement et d'améliorations à l'usine de
filtration pour desservir une population susceptible de venir s'installer
à Repentigny.
Est-il nécessaire d'ajouter que les propriétaires de
terrains dans ces secteurs sont déjà cotisés pour ces
travaux et qu'il est légitime qu'ils puissent dans un avenir prochain
construire et utiliser ces terrains. Il ne fait aucun doute que ces terrains
doivent être exclus de l'aire retenue pour fins de contrôle et il
est essentiel que cette modification se fasse avant I'adoption de la loi et ce,
afin d'éviter d'inutiles délais.
Quant on sait qu'il faut présentement pour I'élaboration d
un projet et sa mise en marche de quinze à dix-huit mois, nous ne voyons
pas la nécessité d ajouter à ces délais les retards
inévitables qui seront causés par la création d'une
nouvelle commission par la détermination de la zone agricole
définitive et par les débats qui s ensuivront
nécessairement sur les demandes d exclusion.
Enfin, outre les remarques précédentes sur Faire retenue
pour fins de contrôle, la ville de Repentigny désire porter
à l'attention de la commission certaines réserves quant à
l'adoption prématurée de ce projet de loi.
L aménagement du territoire a toujours été une
responsabilité locale et le projet de loi no 90 constitue une intrusion
injustifiée dans l'autonomie des conseils municipaux pour un
gouvernement qui prône la décentralisation administrative.
Ajoutons que, même si on prétend dans l'application de cette loi
faire des municipalités des interlocuteurs privilégiés,
les dispositions du projet de loi ne permettent pas de conclure en ce sens. (22
h 30)
Est-il nécessaire d'ajouter, par exemple, qu'à l'avenir,
selon l'article 80, c'est le gouvernement qui identifiera les fins municipales
auxquelles s'appliquera l'article 41? Permettez-nous également d'avoir
de nettes réserves devant la création d'un autre organisme
administratif dont les décisions seront tout à fait
discrétionnaires et, qui plus est, sans appel.
Enfin, les conséquences du projet de loi numéro 90 quant
à l'évaluation des immeubles situés dans une zone agricole
sont pour l'instant difficilement prévisibles. Toutefois, avec le
régime actuel prévu à l'article 21 de la Loi sur
l'évaluation foncière, il est à craindre
sérieusement que les revenus municipaux provenant de la taxe
foncière générale et spéciale soient lourdement
affectés et ce manque à gagner ne pourra qu'alourdir le fardeau
fiscal des autres contribuables de la municipalité.
En conséquence, la ville de Repentigny propose respectueusement
à la commission:
Que l'aire retenue pour fins de contrôle située dans son
territoire soit corrigée immédiatement, tel que le permet
d'ailleurs l'article 37 du projet de loi, afin de tenir compte du
développement actuel et des investissements municipaux importants
déjà effectués dans ce secteur et que la ville de
Repentigny soit complètement exclue de l'aire de retenue.
Que l'adoption du projet de loi no 90 soit reportée à une
date ultérieure afin d'en permettre un examen attentif par les
intéressés et de remédier à certaines
anomalies.
M. le Président, M. le ministre, nous déposons
respectueusement ce mémoire à votre bonne attention.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le maire. M. le
ministre.
M. Garon: M. le maire, vous ne nous dites pas dans votre
mémoire si vous êtes favorable à la protection des terres
agricoles.
M. Picard: M. le ministre, avec beaucoup de souplesse pour les
municipalités qui, selon les lois actuelles connues, ont
déjà amorcé un développement rationnel et
économique de leur territoire.
M. Garon: Je vais vous poser une question. Voyez-vous, les terres
de première valeur au Québec sont peu nombreuses. Il arrive que
votre municipalité est entourée de sols de première
qualité. Qu'est-ce qu'on devrait faire?
M. Picard: C'est évident, M. le ministre, que si notre
municipalité est entourée de terres ayant un rendement agricole
possible, vous devriez les zoner agricoles. Quant au territoire de Repentigny,
il faudrait peut-être, comme je vous le mentionne, avec beaucoup de
souplesse et compréhension de la part du législateur, faire une
exclusion au moins pour les parties déjà en développement
et qui ont été acceptées par le même gouvernement,
par le ministère des Affaires municipales et où nous avons des
investissements énormes, lesquels, n'étant pas
rentabilisés, créeront un malaise économique à nos
petits propriétaires dans Repentigny.
Nous avons, à Repentigny, M. le ministre, terminé un
rôle d'évaluation qui a été déposé le
15 novembre. 85% ou environ de notre territoire est occupé par des
maisons unifamiliales. 75% de ces maisons unifamiliales sont occupées
par de petits contribuables. Notre population n'a pas pensé, lorsqu'elle
est venue s'établir à Repentigny, usurper le territoire agricole.
Au contraire, elle a pensé pouvoir y vivre selon les lois connues, dans
une ambiance pour y élever une famille librement et de façon
économique.
Le conseil municipal s'est appliqué, pendant les dix
dernières années, à ne pas augmenter la taxe
foncière, afin de permettre d'équilibrer les budgets de ces
petits contribuables.
Si le projet de loi, dans sa géographie actuelle, n'est pas
révisé, il y aura des répercussions économiques qui
seront excessivement difficiles à supporter pour nos petits
propriétaires, et qui les mettront sûrement dans des
difficultés économiques et financières.
M. le ministre, pour avoir vécu la vie politique municipale
pendant les dix dernières années, nous sommes conscients que,
lorsque nous créons un problème financier à nos petits
contribuables, cela a une répercussion énorme sur l'aspect social
de la famille, sur les problèmes qui vont jusqu'au divorce, à la
séparation. Vous êtes sans cloute au courant que dans notre monde
moderne, quand on n'arrive pas financièrement dans la famille, cela
tiraille.
Nous nous sommes appliqués depuis dix ans à
protéger notre population, notre communauté. Nous espérons
que le gouvernement, dans la même intention de protection du petit
contribuable, procédera à la révision, avant que des
dégâts économiques ne soient occasionnés dans notre
secteur.
M. Garon: Vous parlez dans votre plan de la rue Beauchesne et de
la rue Philippe; je ne les trouve pas.
M. Picard: Beauchesne est la première... Si vous partez de
la zone rose, c'est la première ligne brune vers l'est, le bassin
Beauchesne; le bassin Philippe est la deuxième ligne brune.
Ce sont des bassins, M. le ministre, d'égouts pluviaux qui
existent présentement, qui ont été acceptés par le
ministère des Affaires municipales et sur lesquels nous devons greffer
des services d'égouts sanitaires pour satisfaire le développement
du secteur.
M. Garon: Actuellement, il y a seulement des égouts
pluviaux.
M. Picard: Pour une partie du secteur du bassin Philippe, pour le
secteur finissant à Beauchesne, la première ligne brune, à
l'est de la zone rouge, il y a d'autres services qui sont
complétés. Nous avons même, dans cette zone une
école bâtie en 1965.
M. Garon: Dans le temps, ils bâtissaient les écoles
dans les champs.
M. Picard: Oui.
M. Roy: D'ailleurs, c'est le gouvernement qui a...
M. Garon: Je suis bien d'accord, mais ce n'est pas de notre faute
si on n'a pas pris le pouvoir avant ça, on a essayé.
M. Picard: M. le ministre, on a fait un calcul rapide; si vous
libérez le territoire de Repentigny au complet, ça ne
représente que 0.2% de toute la superficie zonée agricole dans
Laurentides-La-naudière, ça ne représente que 0.2%. Cela
permet à une population de continuer de vivre dans un climat serein.
Mais du moment qu'il y a un blocage de quelques mois sur une partie de ce
territoire, nous avons envisagé des frais fiscaux auxquels nous sommes
presque dans l'impossibilité de faire face.
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez dire par frais fiscaux?
M. Picard: Nous avons déterminé dans le
mémoire que nous avons déjà des services pour environ $2
millions, $2 500 000, complétés dans ces secteurs. Nous avons
déjà des plans qui sont complétés dans toute la
zone bleue, vous avez des services complétés dans les zones
rouges ou roses...
M. Garon: Quels sont les services qui sont
complétés?
M. Picard: Des services d'égouts pluviaux et sanitaires
dans le secteur bleu.
M. Garon: II n'y a pas d'aqueduc. M. Picard: Oui, il y a
l'aqueduc aussi.
M. Garon: Alors, vous avez des droits qui s'appliquent, l'article
105 s'applique.
M. Picard: Dans la zone bleue, vous avez des droits acquis qui
s'appliquent, mais pour le pendant du développement, on ne peut pas
sauter par-dessus une zone, le développement est plus
particulièrement axé dans des zones rouges,
présentement. C'est un tout. On ne peut pas le disséquer. En
1974, le même gouvernement, le gouvernement québécois, a
fait une étude de l'épuration des eaux et nous nous dirigeons
vers Saint-Sulpice avec tous nos égouts qui sont faits à partir,
presque du milieu de Repentigny; tous les égouts ont une pente vers
Saint-Sulpice. Le boulevard Iberville, le boulevard du centre, est
exproprié jusqu'à l'extrême est. Il est au centre, vous
avez l'autoroute... M. le ministre, est-ce que vous acceptez...
M. Garon: Mais dans la zone rose, ce sont des
développements qui sont prévus à venir; les services ne
sont pas mis en place encore.
M. Picard: Non, mais tout le bassin est présentement
cotisé pour les services apportés dans ce bassin. Alors, il faut
continuer le développement, parce qu'on pourrait difficilement continuer
à exiger une cotisation de services à des gens qui ne peuvent pas
se servir des terrains.
M. Garon: J'ai l'impression que...
M. Lavoie: Cela ne s'améliore pas, M. le ministe, votre
affaire. Cela ne s'améliore pas.
M. Garon: Bien écoutez, voyez-vous, la loi va
protéger les terres ou elle ne les protégera pas. A un moment
donné, on dit, il y a une ville. Disons que vous avez votre ville, la
ville voisine, les villes pas loin et, si on pouvait continuer, vous pourriez
vous faire un plan à cinq milles et dire: On va rejoindre tout
ça. Ce sont les meilleures terres du Québec, qu'est-ce qu'on
fait? On ne peut pas dire qu'il n'y a pas quelque chose à ajuster
là parce que des services sont mis en place, des choses comme ça.
Ce n'est pas ce que je veux dire. Mais à un moment donné, il va
falloir penser qu'une ville, qui a les meilleures terres agricoles, va avoir
une limite de croissance à un moment donné, que la croissance va
arrêter là, parce que, débordant de ça, il n'y a
plus de terres.
Je regarde, par exemple, tout à l'heure, la ville de Laval; je
n'ai pas les chiffres de la municipalité, c'est une ville de 60 000
acres. En 1956 ça ne fait que 22 ans il y avait 40 000
acres pour l'agriculture, 67%. Aujourd'hui, les gens de la ville de Laval
parlaient tantôt de garder 12 000 acres.
M. Lavoie: ...
M. Garon: 12 000 acres à 15 000 acres. M. Lavoie:
Oui, ce sont des arpents. M. Garon: 12 000 à 15 000, a-t-il
dit.
M. Roy: Je l'ai fait répéter, il a parlé de
20 000 acres.
M. Garon: Non, non, il a parlé de 20%.
M. Roy: 20%, mais il y a 90 000 acres environ.
M. Garon: II a dit que 20%, c'étaient 12 000 acres. Il a
dit 20% de l'île, parfois, 12 000 à 15 000 acres, mais il disait
20%, un des deux.
Alors, ce qui veut dire à ce moment-là, que si on disait:
Oui, mais la ville, sa zone d'expansion, c'est jusqu à la
rivière. A un moment donné, on prend toutes les terres pour le
développement. Est-ce qu'il faut, à un certain moment, se
demander si on veut protéger les terres... ou si on ne les
protège pas. Si on les protège, on peut imaginer qu'on va dire:
telle municipalité, sa croissance a une limite, il faut que ça
arrête à telle place et ensuite, c'est fini; cette
municipalité ne grossira plus. C'est imaginable, ça.
M. Lavoie: Est-ce que je peux vous poser une question, M. le
ministre?
M. Garon: Je comprends que ça suppose un changement de
mentalité.
M. Lavoie: Est-ce que je peux vous poser une question, M. le
ministre?
M. Roy: Cela suppose, non seulement un changement de
mentalité, mais ça suppose une dictature. Quand on dit à
une ville: Vous ne profiterez plus...
M. Garon: Voyons donc...
M. Roy: Supposons qu'on arrive...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: Quand même, il y en a qui sont pas mal fortes
à digérer.
Le Président (M. Boucher): Oui, mais vous aurez
l'occasion...
M. Roy: Je m'excuse un peu.
Le Président (M. Boucher): ... tout à l'heure de
vous faire entendre.
M. Garon: Je comprends, mais vous savez... M. Roy: J'aurai
l'occasion, mais c est fort.
M. Garon: ... dans un certain nombre d années, quand les
gens manqueront de nourriture, parce qu'il y aura des gens qui n'auront pas le
courage de faire ça; évidemment, ça suppose qu'il faut
dire, à un moment donné: II faut arrêter. Il y en a qui
remercieront cette commission d avoir arrêté et le Parlement
d'avoir arrêté ça. Parce qu'ils vont dire: Si on a
aujourd'hui de l'alimentation c est parce que ces gens, en 1978, ont dit: C est
assez. Autrement, si on dit que les municipalités... c est
évident que les municipalités,
actuellement, sont dans des endroits,... si on laisse faire,
évidemment, ça va continuer indéfiniment, les
municipalités vont tripler, quadrupler, quintupler. Et après,
quelle est la...
M. Lavoie: On ne manque pas de terres, on n'en manque pas; elles
ne sont pas exploitées, les terres. On ne manque pas de terres. (22 h
45)
M. Garon: On va les développer les terres, mais
actuellement on importe 40% de la nourriture qu'on consomme au Québec.
Cette année, le secteur agro-alimentaire va avoir une croissance de
près de $1 milliard. On veut parler d'économie, on va en parler,
hein? Trouvez-moi un secteur, cette année, qui a augmenté plus
que le secteur agro-alimentaire. Vous verrez les chiffres de fin
d'année.
M. Lavoie: On serait mieux de parler du rapport...
M. Garon: Cela veut dire qu'au point de vue économique,
quand on parle de terres, quand on parle d'une terre comme la vôtre,
l'une des meilleures du Québec, si on calcule la valeur actuarielle
productive de cette terre, elle doit valoir entre $1 500 000 et $2 millions,
pour 100 arpents. Pensez-vous que c'est un bon choix économique que de
mettre six ou sept bungalows sur cette terre? C'est un gaspillage
économique.
M. Lavoie: Est-ce que vous me permettez une question?
M. Garon: Laissez-moi finir, vous parlerez après.
M. Lavoie: Seulement une question.
M. Garon: On a des chiffres là-dessus. En valeurs
actualisées, c'est un gaspillage économique, parce que ces terres
sont les meilleures du Québec. Je ne dis pas qu'il n'y a pas
d'ajustement à faire. A mon avis, votre municipalité devrait,
dès la formation de la commission, faire une demande d'exclusion pour
négocier. Sans cela, vous allez être une des rares
municipalités, je dois le dire, à ne pas avoir
procédé comme les autres.
Si vous regardez le plan de cette municipalité, il n'y avait pas
de zonage agricole. Je comprends que la préoccupation des
municipalités n'est pas de protéger les terres arables. Mais,
pour une fois, si on regarde le plan de la municipalité, c'est une des
rares municipalités au Québec qui n'ait pas dit: On laisse tout
le monde bâtir n'importe où, et qui a crû tranquillement,
qui a procédé d'une façon rationnelle sur le plan de
l'expansion domiciliaire.
Il n'y a pas beaucoup de municipalités qui ont
opéré d'une façon plus rationnelle que votre ville. Dans
ce sens-là, vous devriez préparer une demande d'exclusion pour
tout le secteur où vous avez installé des égouts ou des
infrastructures qui ne correspondent pas aux objectifs de l'article 105 qui dit
qu'un territoire prêt à recevoir un aqueduc et des égouts
et qui ne correspond pas aux droits acquis, quitte à négocier sur
une période un peu plus longue la zone permanente... Je pense
qu'à ce moment-là une décision très rapide pourra
être prise au cours du mois de janvier.
M. Picard: M. le ministre...
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le maire.
M. Picard: ... vos bonnes paroles nous consolent tout de
même, parce que nous pensions avoir fait un effort dans le bon sens et
vous venez de le certifier. Il reste tout de même que le projet de zonage
que nous avions planifié avec les autorités provinciales et
fédérales pour le développement du secteur en question
prévoyait une densité de population de dix unités à
l'acre, ce qui est peu diversifié quant au développement que nous
avions déjà connu dans Repentigny. C était pour satisfaire
aux exigences des gouvernements supérieurs dont nous avons une ristourne
pour un projet conjoint fédéral-provincial de $1000
l'unité construite.
Nous pouvons difficilement, M. le ministre, reporter cela dans le temps,
et nous comptons sur la bonne foi du ministre et du gouvernement dans les
circonstances selon laquelle la formation d'une commission est sur le point de
se compléter... Tout de même, nous ne pouvons pas retarder cela,
même d'une couple de mois. On ne peut pas arrêter un projet
semblable sans affecter l'économie de notre municipalité.
Nous avons inscrit dans le mémoire que nous avions pour $25
millions de construction par année. D'après les
économistes, environ 40% de ce montant sera affecté à la
main-d'oeuvre. Si vous enlevez une dizaine de millions de dollars,
destinés à la main-d'oeuvre, dans un secteur comme le nôtre
vous créerez un malaise économique dont on ne se remettra
pas.
M. Garon: Quand je parle d'exclusion, je ne parle pas de la zone
permanente qui peut prendre un peu plus de temps. Vous devriez faire,
dès la formation de la commission, la demande d'exclure de vos
territoires ce que vous appelez le rose, le bleu et je suis persuadé que
la décision sera prise au cours du mois de janvier.
M. Picard: Nous avons assisté à toutes vos
délibérations aujourd'hui et nous vous trouvons bien patient,
nous vous le répétons, mais je pense que la commission va
être surchargée, dès le début. Nous avons élu
le gouvernement, le gouvernement adopte une loi et, dans sa loi, il se
réserve l'article 37 pour faire des exclusions. Il n'y a pas, je le
pense bien, un seul gouvernement qui peut se vanter de ne jamais adopter de
lois sujettes à critiques.
Mais là, ce n'est pas une critique destructive, c'est une
critique constructive et qui nous permettrait, comme agent économique
dans notre région, de continuer le développement sans
délai; même
en espérant et en souhaitant qu'une commission soit formée
le plus rapidement possible, nous n'avons pas la certitude que nous pouvons
procéder. Nous avons des projets sur la table, nous avons des
règlements en discussion avec le ministère des Affaires
municipales, qui est le même gouvernement et il nous dit: On ne peut pas
marcher, parce que vous êtes dans la zone agricole.
Peut-être, comme vous dites, que nous avons été
privilégiés, parce qu'on nous a zonés en vert, c est une
couleur d'espérance, au moins, de nous faire dédouaner, comme
vous disiez. Nous avons aussi un problème qui paraît particulier
à notre région. M. le ministre, M. le député de
Berthier, vous êtes au courant, l'Hydro-Québec ne nous donne pas
les services dans une zone verte. Elle a eu une consigne dans notre
secteur.
Alors, nous sommes là, les mains liées, nous ne pouvons
plus bouger. Imaginez-vous le problème que ça crée, nous
ne défendons pas un point de vue politique, M. le ministre, nous
défendons un point de vue du citoyen, du simple citoyen qui, chez nous,
est la majorité, il y a près de 75% de petits contribuables. On
ne peut pas les grever davantage. Cela ne peut pas être
arrêté dans le temps, c'est une machine qui marche. Même si
vous nous dites que la formation de la commission doit être faite
incessamment, qu'elle doit réagir sur le problème, nous vous
disons: Nous avons élu un gouvernement, vous avez un article d
exclusion, servez-vous en. Surtout que vous acceptiez que ce soit un cas
d'exception chez nous. On n'a pas de zone blanche du tout, on est bloqué
à la limite de notre développement. M. le député de
Berthier, vous connaissez bien le secteur, on ne peut pas agir.
Une Voix: M. le député de Berthier, est-ce que vous
allez répondre...
M. Giasson: Est-ce que vous êtes d'accord avec les craintes
de la ville?
M. Mercier: Je pense que le problème qui se pose, c'est le
même que pour la ville de Laval, où on arrête. Je pense que
c'est l'objet de cette loi, parce que la ville de Saint-Sulpice va venir la
semaine prochaine, avec sensiblement les mêmes arguments, Saint-Sulpice
n'a pas de terrains viabilisés, alors ça va faire quoi? Si on
laisse aller Repentigny, est-ce que Saint-Sulpice va laisser continuer.
Lavaltrie et où? En fin de compte... c'est tout le
phénomène de la déstructuration des sols, bien sûr.
Je pense bien que Repentigny, à cause de ses services, à cause
déjà de la présence de l'urbanisation, aura, par rapport
à l'ensemble de la région, des avantages structurels qui lui
permettront une urbanisation plus planifiée.
Mais je ne pense pas qu'à ce stade-ci... D abord, ce n'est pas le
rôle de cette commission de définir des exclusions. Mais je pense
que la commission, par le projet de loi, pose vraiment le problème de
toute notre région et de toutes les régions agricoles du
Québec, cette concurrence que vous livrent les endroits non
urbanisés pré- sentement, Saint-Sulpice, paroisse de
l'Assomption, concurrence qui se livre sur le coût des terrains non
viabilisés. Je pense que c est au désavantage de tout le monde,
particulièrement et premièrement au désavantage de
l'agriculture dans la région. Le problème est là.
M. Picard: Le député de Berthier connaît si
bien notre région, je ne pourrais pas lui dire, comme le maire de Laval,
qu'il connaît pas la région, il la connaît très bien.
Il sait très bien que le développement de Repentigny n'a rien de
semblable à ce qui se passe à Lanoraie, Berthier ou
Saint-Sulpice. Je veux bien qu'il en discute et qu on le mette sur la table,
mais notre problème est totalement différent. Nous avons une
ville en pleine progression. Nous avons une évolution constante dans
notre municipalité, ce qui faisait dire à trois de nos citoyens
l'autre jour, des vieux citoyens: Vous vous en allez toujours dans la bonne
direction. Remarquez bien que je vous les cite, simplement avec leur sens de
l'humour, ils ont dit: Vous avez élu en 1970 un gouvernement de l'Union
Nationale, après, un gouvernement libéral et là. vous avez
un gouvernement PQ. Alors, vous avez une saine évolution. C'est ce
qu'ils me disaient. Mais il faudrait le prouver dans les faits, parce qu'il ne
faut pas laisser crever des gens qui raisonnent aussi bien que ça,
n'est-ce pas, M. le ministre?
M. Garon: Ils avaient raison, d'ailleurs, révolution,
actuellement, ne peut pas aller plus loin, parce qu'il a fait la gamme. Il faut
que vous continuiez avec un bon gouvernement.
M. Grenier: Mais là où ça se gâte,
c'est quand ils n'ont pas l'appui de leur députe, qui est ministre, et
l'ancien ministre était leur député aussi.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Boucher): M. le
député...
M. Garon: Je pense ceci, on revient au débat
complètement...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton...
M. Garon: Je pense que...
Le Président (M. Boucher): ... est-ce que vous êtes
inscrit à la commission?
M. Grenier: J imagine que je peux avoir le droit de parole,
oui?
M. Garon: ... il faut régler une question... M.
Grenier: On a le droit à deux porte-parole.
Le Président (M. Boucher): Je regrette, mais il vous faut
le consentement de la commission, en plus du consentement du
président.
M. Garon:... je sais quand je vous dis ça, vous me
regardez, vous êtes peut-être sceptique un peu...
M. Grenier: On va le demander.
M. Garon: Mais je peux vous dire de préparer une demande
d'exclusion pour ce qui est immédiat. Dès l'adoption de la loi,
immédiatement, la commission va être formée, vous pourrez
présenter votre demande d'exclusion. Moi, je vous dis que ça va
prendre quelques jours et votre demande va avoir une réponse. Mais je ne
parle pas de la zone permanente. Vous savez, ce n'est pas un projet
improvisé. Cela fait quand même deux ans qu'on travaille
là-dessus et il y avait des gens qui y avaient travaillé avant.
Aujourd'hui, il y a des gens qui sont prêts à entrer en fonction
aussitôt que le projet de loi est adopté. Ce sont des gens qui ont
fait ces cartes, ils ont travaillé là-dessus, ils savent comment
ça va fonctionner, ce ne sont pas des gens qui vont passer à
l'entraînement en commençant, ils vont dire: dans six mois, ils
commenceront à opérer, il faut les entraîner.
Il y a quand même une équipe qui a travaillé
là-dessus, qui est capable de fonctionner, dès l'adoption de la
loi. Je peux vous dire qu'au point de vue... c'est pour ça que je vous
suggère de procéder comme ça, avec une demande d'exclusion
pour ce qui est immédiat, où il y a déjà des
réseaux, des choses comme ça, après ça, vous
pourrez, dans un deuxième temps, moins urgent, discuter de la zone
permanente agricole. Je sais que vous dites que vous ne voulez aucune zone,
vous voulez l'exclusion totale de Repentigny. Vous pourrez discuter avec la
commission de ce point de vue.
Je suis persuadé qu'en même temps, elle va tenir compte du
fait que vous êtes dans les meilleures terres agricoles. C'est
évident aussi qu'il va y avoir une phase de transition où il y a
des équipements, des choses dans le sol, ça va être un
facteur qui va jouer. A un moment donné, il faut dire que si on
protège les sols, ce n'est pas un développement
différé qui va s'en aller tranquillement, de sorte que, dans 50
ans, il n'y aura plus du tout de sols au Québec, nulle part.
Il va falloir dire, à un moment donné: On arrête
quelque part. Je comprends que ce n'est pas facile. Ce serait plus facile de
dire: Bien, comme disait, je pense, Louis XV: Après moi, le
déluge, nos enfants s'occuperont de ça, que le diable les
emporte. Nous autres, on a pensé que c'était important de
s'occuper...
M. Roy: II est mort aussi.
M. Garon: ... de protéger les terres. Je comprends que,
là-dedans, en Amérique du Nord, la Colombie-Britannique a fait
oeuvre de pionniers. Je pense qu'aux Etats-Unis, il y a eu des méthodes
employées mais qui ne donnent pas de très bons résultats.
La Colombie-Britannique a agi d'une certaine façon et Québec
opère aujourd'hui... vous avez vu, dans un journal de cette semaine
même, que l'Ontario est obligée de déclarer que, dès
1979, il va lui falloir adopter une loi de protection des terres. Pourquoi? Ce
qu'on fait, je vous le dis, d'ici cinq ans, la majeure partie de
l'Amérique du Nord va être obligée de faire quelque
chose.
Evidemment, habituellement, au Québec, on fait tout 25 ans
après tout le monde. Mais dans le domaine des terres, nous faisons moins
que tout le monde en Amérique du Nord, on est peut-être
obligé d'y aller plus rapidement. Je vais vous dire bien franchement que
ce n'est pas par jouissance qu'on dit que le plan doit arrêter à
tel endroit. Je pense que c'est en pensant au mieux-être collectif
nécessaire, ou à une sécurité collective
nécessaire au point de vue alimentaire et à l'importance de
l'agriculture et de l'alimentation dans notre économie qu'on est
obligé de faire quelque chose.
Il arrive que votre municipalité est située dans les
meilleures terres du Québec, comme il y en a d'autres. Vous allez voir
d'autres endroits où la municipalité est entourée
complètement des meilleures terres agricoles du Québec, c'est
évident qu'à ce moment-là, le zonage va être plus
serré. A d'autres endroits, il va être beaucoup plus large, parce
que les sols ne sont pas bons. Mais en tenant compte qu'il y a des
infrastructures, il y a des choses placées dans le sol auxquelles il
faut penser, il faut aussi se préparer à se dire qu'à un
moment donné, le développement dans certaines
municipalités doit connaître un cran d'arrêt et que la
municipalité va dire: C'est mon périmètre
déterminé. S'il y a un accroissement de population, il ne se fera
pas avec l'étalement urbain, par des bungalows qui s'étendent
indéfiniment.
D'ailleurs, vous savez, de plus en plus d'études
démontrent qu'en Amérique du Nord, le développement de
style bungalow commence à décroître. Ce ne sera plus la
formule, parce qu'elle est trop dispendieuse, elle coûte trop cher et les
formules d'habitation ou de logement vont être de plus en plus
différentes. Même la formule des centres commerciaux les
Etats-Unis ont l'habitude de devancer les autres c'est
arrêté aux Etats-Unis. Il se construit de moins en moins de
centres commerciaux. Pourquoi? Parce qu'on commence à densifier les
municipalités, parce que ça coûte trop cher de faire de
l'étalement urbain. Il y a des problèmes qu'on ne connaissait pas
auparavant, des problèmes d'énergie, de transport en commun, une
foule de problèmes qui rendent la vie urbaine dispendieuse. A ce
moment-là, la protection des terres, la rationalisation urbaine, les
coûts à cause d'un paquets de facteurs qui arrivent depuis
quelques années, vont s'accentuer terriblement à l'avenir et vont
dans le même sens. (23 heures)
Je ne veux pas vous faire un discours là-dessus, mais je
souhaiterais ou je suggère de procéder; préparez votre
demande d'exclusion, vous avez déjà rencontré, je pense,
les gens du ministère, restez en contact avec eux pour la
préparation de votre demande d'exclusion, quitte à
négocier avec eux sur une période plus longue de temps
quand je dis une période plus longue, je ne veux pas parler
d'années, mais peut-être de
semaines ou de quelques mois votre périmètre plus
permanent, votre zone plus permanente.
M. Picard: M. le ministre, je vous remercie. Vous semblez un
homme d'une grande compréhension de tout le problème municipal.
Il reste tout de même que vous ajoutez à votre exposé que
des officiers de votre ministère ou d'autres ont travaillé depuis
deux ans au projet que nous vous transmettons ce soir. Vous voyez l'erreur
monumentale qui a été faite chez nous. Vous nous dites: on va
vous remettre entre les mains de ces fonctionnaires ou d'autres, pour accomplir
certains changements.
Nous avons élu un gouvernement qui est en train d'adopter une
loi, même le ministre vient de nous dire que ça semble être
un cas particulier chez nous. Il y a un article 37 dans la loi, où le
ministre, dans un cas semblable, pourrait réagir, et ne pas nous laisser
dans les mains de fonctionnaires que nous n'avons pas élus, parce que
c'est un gouvernement qu'on a élu, un gouvernement qui travaille
à une loi. Avant la troisième lecture, le ministre peut, par un
article de la loi, changer la géographie de l'application de la loi.
Vous acceptez le fait que c'est une erreur. Alors, il faudrait peut-être
que ce soit le législateur qui nous protège.
Je ne sais pas, peut-être que vous nous avez inspiré
confiance et que c'est pour ça qu'on vous transmet ce voeu. Il faudrait
que ce soit le législateur qui change.
M. Garon: C'est dans ce sens que je dis, par exemple: Vous parlez
d'entrer en contact avec des gens du ministère que vous connaissez, pour
parler de l'exclusion, parce que vous avez déjà des
infrastructures dans le sol. Au fond, votre demande d'exclusion va être
prête à peu près en même temps, je suppose que la
commission va être formée. A ce moment-là, la commission
pourra prendre une décision sur votre demande d'exclusion. Quand je vous
parle de ça, je vous parle des premiers jours de janvier, je ne vous
parle pas d'une affaire pour le printemps.
M. Picard: M. le ministre, dans la loi, vous dites
expressément que la commission est sans appel?
M. Garon: Oui.
M. Picard: Avant donc de nous livrer à une commission de
fonctionnaires que nous ne connaissons pas et qui n'est pas encore
formée, nous demandons au législateur de réagir sur le
projet de loi. Si nous allons devant la commission et qu'elle nous refuse et
que nous n'avons pas droit d'appel, je vous ne garantis pas que notre situation
financière ne nous acculera pas à une faillite prochaine.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je me pose une question.
Pourquoi le ministre a-t-il jugé nécessaire ou essentiel
d'inclure dans le projet de loi les dispositions de l'article 37? J'aimerais
que le ministre nous indique quels étaient les cas possibles ou dans
quelles situations il jugeait nécessaire d'avoir une disposition telle
que l'article 37 pour apporter des solutions, je présume, à des
cas fatals, à des cas qui posaient des problèmes fort aigus pour
des citoyens ou des communautés.
Est-ce que le ministre peut nous indiquer, tout au moins, les raisons ou
les causes qui pouvaient justifier l'inclusion de l'article 37 dans ce projet
de loi? Si vous l'avez mis là, il y avait certainement des raisons. Ces
raisons, c'est dans quel type de cas, quelles seraient les situations qui
justifient l'inclusion de l'article 37 dans la loi?
M. Garon: La municipalité dit elle-même, dans son
rapport à la page 3, "à l'extérieur de la retenue pour
fins de contrôle, seulement 450 terrains sont disponibles pour
construction immédiate et 200 autres pourraient être
développés si les services municipaux y sont construits. Cet
inventaire de terrains sera épuisé au cours des douze prochains
mois."
M. Giasson: J'avais lu cet article, M. le ministre, mais ma
question n'a rien à voir avec le texte que vous venez de lire. J'ai lu
ça et on a entendu le maire en donner lecture tout à l'heure.
Mais je vous ai posé une question fort précise, qui
m'apparaît fort pertinente en raison de problèmes qui nous sont
exposés depuis quatre ou cinq jours. Quelles étaient les choses
que vous aviez à l'esprit pour justifier l'inclusion, dans la loi, du
contenu de l'article 37? Vous ne l'avez pas mis inutilement, vous aviez
certainement des choses à l'esprit, vous ou vos conseillers? Quelle
genre de situation a fait en sorte que vous incluiez un tel article dans votre
loi?
M. Garon: C'est moi qui l'ai fait inclure.
M. Giasson: C'est vous? Alors, vous êtes encore plus en
mesure de me répondre, vous n'avez même pas besoin d'un souffleur
derrière vous, vous pouvez y aller fort librement, M. le ministre.
M. Garon: Je pensais qu'un tel article pourrait être utile
dans certains cas. Mais je pense qu'actuellement...
M. Vaillancourt (Orford): ... Repentigny, c'est un bon cas pour
s'en servir.
M. Garon: Je vais vous dire, 150 terrains... On a
déposé la loi le 9 novembre. On va être rendu au lundi, 11
décembre. La session va se terminer le 21 décembre. Normalement,
la loi va être approuvée le 21 décembre et ça veut
dire que dans dix jours, la loi sera adoptée et la commission pourra
commencer à fonctionner. On n'est pas dans une situation... Il y a une
autre chose aussi, dont il faut tenir compte, c'est que l'hiver s'est
engagé beau-
coup plus rapidement qu'on aurait pu le croire quand on a
déposé la loi. Il y a eu un ensemble de facteurs... Mais je
voulais un article de précaution, je suis un homme prudent, j'ai voulu
un article de précaution au cas où cela aurait pu être
nécessaire.
Dans dix jours, la loi sera adoptée et la commission
formée. C'est pour ça que je dis à la municipalité
de préparer sa demande d'exclusion; le temps de la préparer et de
l'envoyer et la commission va être en fonction.
M. Giasson: C'est bien beau de dire que dans dix jours, la
commission va exister et le personnel initial va être en fonction. Mais
il reste tout de même, au-delà de ça, que la
municipalité qui est devant nous a des problèmes, ses
représentants ne sont pas venus ici pour nous raconter des boniments.
Ils exposent une situation; il va découler des problèmes, de la
situation créée par le zonage agricole que vous avez
appliqué à une partie du territoire de la municipalité.
Dans les projections, toute municipalité, de nos jours, qui
connaît une expansion rapide, doit projeter sur un certain nombre
d'années.
Dans les projections que la municipalité a faites, si on ne
connaît pas l'ouverture qu'auraient les commissaires à l'endroit
des demandes de la municipalité, s'il n'y a pas d'ouverture, pour des
raisons auxquelles vous tenez terriblement et qu'on comprend, soit celle de
protéger les meilleurs sols agricoles, s'il n'y a pas d'ouverture,
qu'est-ce qui advient d'une municipalité ou d'une collectivité de
30 000 de population? Qu'est-ce qui advient, comme situation, dans les
années à venir?
M. Garon: Bien, je l'ai dit.
M. Giasson: Est-ce que votre gouvernement, sans que ne vous
l'ayez signalé, s'engage à compenser toutes les
municipalités qui vont vivre des problèmes fort aigus au plan de
l'administration? Si c'est ça que vous avez en réserve, dites-le
nous. Au moins, ces gens vont dire: D'un côté, on est très
dur, au ministère de lAgriculture du Québec pour protéger
tout ce qui est bon sol, mais on est prêt à en payer le prix d'une
autre manière.
Au bout de la logique et du raisonnement, quelle est la situation?
M. Garon: La situation, c'est que ce soir, on est en commission
parlementaire pour étudier a loi.
M. Roy: Pas pour étudier la loi, pour entendre des
mémoires de personnes qui viennent se présenter devant nous.
M. Giasson: ... M. Garon: Oui. M. Giasson: Pour examiner
les conséquences d'exposés qui nous sont faits par des groupes et
des gens en rapport avec le contenu de la loi. Pour discuter sur la
capacité, peut-être, par des mécanismes qui existent, comme
des mécanismes qu'on devrait retrouver dans la loi, de changer des
situations qui existent présentement au Québec depuis le 9
novembre dernier. On est ici pour ça, je pense.
M. Garon: Oui, mais ça va être justement le
rôle de la commission, d'étudier toutes ces questions.
M. Mercier: Nous sommes ici pour entendre les
représentants de la ville de Repentigny, pour poser des questions ou
nous faire poser des questions par eux et non pas pour ouvrir un débat,
je pense, entre les représentants de l'Opposition et les
représentants du gouvernement sur des détails du projet de
loi.
M. Giasson: Très bien, M. le Président. Je crois
que, d'une certaine manière, le député de Berthier a
raison mais, depuis le début de nos travaux, on a entendu
différents intervenants commenter de mille et une manières, selon
leur choix... Je n'ai jamais contesté cela. A preuve, il est
arrivé souvent au ministre de partir dans des commentaires qui
n'étaient pas nécessairement des questions aux intervenants, aux
visiteurs qu'on avait ici, mais c'est dans les règles du jeu d'une
commission parlementaire ouverte au public dans un but de consultation et
d'examen de situations. Il ne faut pas trop jouer au légalisme à
l'intérieur des règles de notre commission parlementaire.
M. Mercier: Non, mais seulement, nous avons des droits aussi de
poser des questions.
M. Giasson: M. le Président, j'aurai des questions au
maire. Présentement, dans le secteur qui n'est pas encore
aménagé et développé, est-ce qu'il se pratique
encore de l'agriculture dans le territoire de Repentigny?
M. Picard: Dans le territoire de Repentigny, vous avez
présentement cela a été fait par l'étude
d'un agronome nous avons actuellement quatre cultivateurs, au sens du
mot, mais qui...
M. Giasson: Quatre producteurs agricoles.
M. Picard: Quatre producteurs agricoles mais qui ne font pas
nécessairement la culture maraîchère. Je ne pense pas que
M. le ministre les ait rencontrés au marché central, l'an
passé, parce qu'ils ne produisent pas de culture
maraîchère; ce sont des terres en foin permettant de se servir des
articles de la présente loi afin d'obtenir le rabais fiscal.
M. Giasson: Ah bon! Mais ce sont des terres encore
cultivées?
M. Picard: Oui.
M. Giasson: Pour récolter le foin, cela se limite à
cela. Mais je remarque également, dans le plan déposé
à l'intérieur du mémoire, que vous avez deux secteurs de
lotissement: l'un qui longe le fleuve Saint-Laurent et l'autre qui longe la
rivière l'Assomption. Est-ce qu'il s'agit de lotissements qui ont
été faits à partir d'autorisations ou de permis
émis par la ville?
M. Picard: Vous parlez des zones jaunes? M. Giasson:
Jaunes, oui.
M. Picard: Oui, cela a été fait. C'est le
développement qui est compris dans la zone verte mais qui est
déjà construit ou presque entièrement construit.
M. Giasson: La bande jaune le long de la rivière
l'Assomption est déjà construite?
M. Picard: Pardon?
M. Giasson: La bande jaune en bordure de la rivière
l'Assomption serait déjà construite?
M. Picard: Construite en partie ou lotie. Elle est tout de
même sujette à la loi agricole. Le long de la rivière
L'Assomption, dans cette bande, nous pensons, M. le Président, à
un problème parce que ces gens-là n'ont pas les services au
complet; ils ont des fosses septiques pour un élément. Selon la
loi, si un des citoyens passait au feu, apparemment, d'après notre
conseiller juridique, nous ne pourrions pas lui donner un permis de
construction, parce qu'il n'a pas les services au sens de la loi.
M. Giasson: Comme conséquence prévisible
vous n'avez pas peut-être pas mené de recherche là-dessus
si la zone agricole proposée par le ministère de
l'Agriculture n'était pas modifiée, sauf pour les secteurs en
bleu et en rouge, quelles seraient, pour vos contribuables, les
conséquences financières d'une telle situation?
M. Picard: Nous aurions, M. le Président, un manque
à gagner ou un manque de revenus d'environ $750 000 à $1 million,
par année. Notre taxe foncière rapporte, à l'heure
actuelle, $1 700 000. Ce serait presque doubler la taxe foncière d'ici
quelques années. C'est un fardeau fiscal qui est inimaginable pour notre
population.
M. le Président, pourrais-je, avec votre permission, faire une
rectification? A la page 3, lorsque l'on vous dit, très candidement, que
nous avons encore la possibilité de développer 450 terrains et
200 autes qui nous donneraient un inventaire de terrains non agricoles pour une
période de développement d'un an ou pas tout à fait, cela
ne veut pas dire que les services sont mis en place; nous n'avons pas les
services dans ce secteur. Nous avons été assez honnêtes
pour les inscrire comme non zonés agricoles. C'est le seul
développement que nous pourrions faire mais, à long terme, parce
que si vous vous reportez à la page 5, il est très bien
indiqué que, pour toute la mise en place des services d'infrastructure
et la mise en marche de la procédure municipale et provinciale
d'acceptation, cela prend au moins 15 mois à 18 mois. C'est une
rectification très importante. Dans le bassin zoné agricole, nous
pouvons présentement construire une grande section. Dans l'autre, nous
avons un potentiel qui n'a pas été zoné agricole, mais qui
n'est pas utilisable immédiatement et qui nous donnerait, lorsque
développé avec les infrastructures, une production d'environ un
an.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Comme première
question... M. le maire, M. Picard, il me fait plaisir de vous saluer ainsi que
les membres du conseil. Avez-vous l'intention de vous prévaloir de
l'article 37 et de faire immédiatement une demande d'exclusion pour une
partie de votre territoire? (22 h 75)
M. Picard: M. le Président, je ne le sais pas. J'ai
probablement mal exprimé l'opinion du conseil et de la ville de
Repentigny. Nous demandons présentement à la commission qui
siège de bien vouloir...
M. Dubois: Avez-vous l'intention de vous prévaloir de cet
article immédiatement?
M. Picard: C'est ce que nous demandons au ministre.
M. Dubois: Je parle d'une demande enregistrée, en bonne et
due forme, écrite.
M. Picard: Pour l'article 37, demander au ministre qu'il se serve
de sa possibilité d'exclusion de la zone géographique
actuellement zonée agricole pour nous soustraire à cela avant que
la loi ne soit adoptée...
M. le Président, je m'excuse, je ne comprends pas bien. Je pense
que nous avons exprimé au ministre notre désir de se voir
inscrits par la commission pour que le ministre se serve de cette clause.
M. Dubois: D'accord, M. le maire, mais je veux dire dans ce sens
une résolution de votre conseil demandant... Est-ce que vous avez fait
parvenir une résolution de votre conseil demandant au ministre de
vous...
M. Picard: Tout le mémoire a été
adopté par résolution.
M. Dubois: D'accord.
M. Picard: II est soumis, ce soir, à la commission.
M. Dubois: J'espère alors que le ministre pourra vous
donner une réponse immédiatement.
A présent, pour ce qui est en jaune où il n'y a pas de
services, y a-t-il un engagement de fonds assez important dans ce secteur au
niveau des lotissements, même s'il n'y a pas de services municipaux?
M. Picard: ...
M. Dubois: Dans le secteur en jaune, près de la
rivière L'Assomption. Je vois que, près du fleuve Saint-Laurent,
il y a des services. Mais, près de la rivière L'Assomption, il
n'y a pas de services existants, je pense.
M. Picard: II y a l'aqueduc existant jusqu'à
l'extrême est, parce que nous desservons la paroisse voisine de
L'Assomption en eau potable.
M. Dubois: Ah bon! d'accord. Il y a alors un engagement de fonds
très important.
M. Picard: L'installation est complétée, sauf qu'au
sens de la loi nous n'avons pas les services complets en cas d'incendie pour
donner un permis à ces gens-là.
M. Dubois: Antérieurement au 9 novembre, est-ce que vous
auriez reçu la visite du ministère de l'Agriculture dans votre
ville pour vérifier où vous aviez des services et quels secteurs
devaient être réservés aux fins d'urbanisation?
M. Picard: Pas à ma connaissance, pas à la
connaissance des officiers municipaux. On ne vous dit pas qu'ils ne sont pas
venus sur le territoire, mais on ne les a pas vus.
M. Dubois: D'accord. Il n'y a eu aucune consultation de faite
entre votre ville et le ministère de l'Agriculture avant le 9
novembre?
M. Picard: Non.
M. Dubois: M. le ministre, j'ai une petite question à vous
poser. Antérieurement au 9 novembre, je pense que la Commission
municipale devait être au courant des services existants dans la ville de
Repentigny. A présent, je vous demande pourquoi le ministère de
l'Agriculture n'a pas pris d'informations auprès de la Commission
municipale pour connaître les secteurs de toutes les villes du
Québec où il y a des services.
Je pense que ce ministère est réellement au courant, parce
que tout passe par règlement d'emprunt. Il est au courant des endroits
où il y a des infrastructures. Je pense que vous auriez quand même
pu respecter les secteurs de toutes les villes du Québec où il y
a des infrastructures quelconques. Cela aurait été passablement
moins désagréable pour ces villes qui ont à se
présenter aujourd'hui et qui font face à un problème.
M. Garon: On a fait plus que cela. Si vous lisez l'article 105,
on a reconnu les droits acquis dans les endroits où les services
d'aqueduc et d'égouts sanitaires sont déjà
autorisés par un règlement municipal adopté avant cette
date et approuvé conformément à la loi. Pas même
construits, autorisés seulement.
M. Dubois: Vous parlez d'égouts sanitaires et
d'aqueduc?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Vous auriez dû inscrire "égouts
sanitaires et ou", parce que, si on regarde ici, il y a un service d'aqueduc.
Il reste que vous causez un foule de problèmes à cause de
cela.
Le Président (M. Boucher): On fera cela, article par
article, dès la semaine prochaine. M. le député de
Huntingdon, avez-vous terminé?
M. Dubois: Accepteriez-vous que mon collègue de
Mégantic-Compton pose quelques questions?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier avait demandé la parole. M. le député de
Mégantic-Compton, je vous ferai remarquer que nous avons encore deux
municipalités qui attendent depuis ce matin et il ne nous reste que
trois quarts d'heure, même pas trois quarts d'heure, il ne nous reste que
quarante minutes pour entendre ces deux municipalités. Je demanderais de
limiter les débats, compte tenu que nous avons commencé à
22 h 20 avec cette municipalité et que nous nous étions entendus
pour une heure.
M. Grenier: Une couple de petites questions. Je n'ai pas
l'intention d'éterniser le débat. Me permettez-vous de prendre la
parole?
Le Président (M. Boucher): Ce sont les membres de la
commission qui décident.
M. Grenier: Si ce n'est pas tout de suite...
M. Giasson: Laissez aller le député de
Berthier.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier, rapidement.
M. Mercier: Ce sera très bref. Tout à l'heure, vous
avez parlé d'un égout collecteur qui a une pente en direction de
Saint-Sulpice. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi il est en direction de
Saint-Sulpice et non pas en direction inverse?
M. Picard: En 1974, le gouvernement provincial, avec les
municipalités de notre région, a fait une étude sur
l'épuration des eaux. La moitié ou à peu
près de la ville de Repentigny va du côté de
Rivière-des-Prairies et l'autre partie égoutte du
côté de Saint-Sulpice, dans une usine d'épuration qui
devait être construite dans Saint-Sulpice. Tout l'aménagement de
l'infrastructure est fait en rapport avec cette étude, ce qui fait
que
nous devons développer le secteur en entier pour aller rejoindre
la future usine d'épuration proposée dans l'étude soumise
et acceptée par le gouvernement du côté de
Saint-Sulpice.
M. Mercier: Cette usine d'épuration a une capacité
de desservir combien d'unités de logements?
M. Picard: Cela a été fait par les techniciens en
rapport avec l'urbanisation et le zonage dans Repentigny et possiblement dans
les autres municipalités. Cela a été calculé par
des ingénieurs-conseils. Tout ce que nous avons eu à faire
lorsque l'étude a été déposée, c'est d'en
faire prendre connaissance à notre service technique et depuis ce temps,
nous réagissons pour nos services d'amélioration locale en
rapport avec l'étude qui a été acceptée par le
gouvernement.
Une Voix: II y en a 60, on en a 24...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton, très rapidement.
M. Grenier: Oui, très rapidement. Dans la partie rose et
bleu, ce sont des investissements d'infrastructure de quel ordre qui ont
été mis là-dedans? J'ai cru comprendre tout à
l'heure que ce n'est pas encore tout bâti.
M. Picard: Non, ce n'est pas bâti, c'est actuellement en
voie de développement. La partie bleue est la partie que l'on pourrait
construire immédiatement.
M. Grenier: L'infrastructure est en place.
M. Picard: Dans la partie rouge, il faudrait compléter
certaines parties d'infrastructure, mais toute la zone brune vous indique le
bassin de développement. La cotisation se fait sur l'ensemble du bassin.
L'ensemble du bassin est actuellement dans la zone verte.
M. Grenier: L'ensemble de ce qui est zoné agricole
à l'intérieur de votre municipalité, est-ce que cela a
été décrété par une résolution du
conseil municipal? Y a-t-il eu un référendum là-dessus,
pour le développement de la partie domiciliaire?
M. Garon: ...
M. Grenier: C'est peut-être important de savoir
c'est ma dernière question si les citoyens se sont
prononcés là-dessus, si c'est une décision du conseil. Ce
serait peut-être plus facile à régler. Je veux vous aider.
C'est facile à régler quand ce n'est pas tout le monde qui s'est
prononcé à ce sujet.
M. Picard: Vous savez, M. le Président, nous sommes
régis par la Loi des cités et villes. Pour un changement de
zonage, nous avons une procédu- re qui n'est pas nécessairement
celle adoptée par le gouvernement présentement, parce que nous
devons faire le dépôt des plans. Nous avons une période
d'environ trois semaines ou un mois pendant laquelle le public peut venir
consulter les plans. Nous avons deux jours pendant lesquels le public peut
venir s'opposer en signant un document pour demander un
référendum et nous sommes obligés d'aller en
référendum.
Toute la procédure, chez nous, a été
complétée en 1976, pour l'ensemble du territoire et cela a
été accepté par les citoyens. Ceci nous ferait dire, M. le
Président, si vous me permettez, que si le gouvernement qui impose aux
municipalités d'aller jusqu'au référendum pour un
changement de zonage pouvait, dans un secteur comme le nôtre, avant de
changer une grosse partie du territoire, soit 45%, chez nous, au moins
procéder par la même voie, la voie du référendum, si
nécessaire...
M. Grenier: C'est bon.
M. Picard: M. le Président, accepteriez-vous que nous
soumettions, comme le veut la Loi des cités et villes pour un changement
de zonage, la procédure habituelle de la Loi des cités et
villes?
Le Président (M. Boucher): M. le maire vous a posé
une question.
M. Garon: Je m'excuse, M. le maire... M. Grenier: Je
m'excuse, répétez.
M. Picard: Je comprends très bien cela, M. le ministre,
parce que je vous ai vu ici toute la journée...
M. Garon: Non, ce n'est pas cela.
M. Picard: ... mais vous avez une préoccupation de donner
satisfaction aux gens qui sont ici et parfois, vous pouvez être distrait
par ceux qui, à un moment donné, voudraient que vous fassiez
d'autre chose.
M. Garon: Oui.
M. Picard: La question était. Nous avons...
M. Giasson: Je dois préciser que ce n'est pas le cas.
M. Picard: Même si cela avait été une
mauvaise pensée, M. le ministre, rendu à cette heure-ci, c'est
permis.
M. Garon: ... lui qui me parlait.
M. Picard: On disait que la Loi des cités et villes, par
laquelle nous sommes régis, nous oblige, pour un changement de zonage,
à aller jusqu'au référendum. Le même gouvernement
pourrait-il satisfaire aux exigences de la Loi des cités et villes, pour
un changement aussi impor-
tant, dans une municipalité comme Repentigny? Nous vous avons
transmis dans le rapport que nous vous soumettons, dans le mémoire, ce
que le gouvernement nous avait demandé, à savoir consulter nos
citoyens. Nous les avons consultés. Nous vous en rendons compte. Les
gens ne sont pas heureux du zonage géographique que vous avez fait
inscrire. On ne discute pas de la loi, du principe; on discute de la
géographie physique. Le gouvernement irait-il jusqu'au
référendum puisque le même gouvernement nous force à
le faire sur notre territoire?
M. Grenier: Sûrement.
M. Garon: C'est-à-dire que c'était dans le
programme électoral, lors des élections, la protection des
terres. Cela avait été promis par tous les partis politiques.
Certains en avaient parlé pendant trois campagnes électorales.
Actuellement, dans tous les partis, tant le Parti libéral, que celui de
l'Union Nationale, chez les démocrates, les créditistes, les
"PPP"... Comment appelez-vous cela?
M. Grenier: Les "pénépistes".
M. Garon: ... et le PNP avaient un programme de protection des
terres. La population était donc au courant.
Deuxièmement, je dois dire qu'il y a différentes
façons de faire du zonage, que pour plus de 50% de la population du
Québec, le zonage se fait sans référendum, puisque dans la
ville de Montréal, dans la ville de Laval, dans la ville de
Québec, etc., tous les règlements de zonage sont adoptés
sans référendum. Il doit y avoir d'autres municipalités
aussi, mais je ne suis pas au courant des règles de fonctionnement de
toutes les municipalités. Je dois dire qu'au fond il se fait du zonage
pour plus de 50% de la population du Québec, sans
référendum.
M. Grenier: M. le Président, si vous permettez, ma
dernière question. M. le maire vient de souligner... On se rappelle que
quand on a adopté la loi se donnant la possibilité de faire des
référendums au Québec ce qui a souvent
attiré notre attention autour de cette même table
c'était que ce référendum, le premier qu'il aurait pu y
avoir, c'était justement sur une loi de zonage agricole. C'était
toujours l'exemple dont on se servait, ici, autour de cette table. A partir de
là, je ne sais pas si ce serait une bonne idée de permettre
à des municipalités comme celles-là, principalement celles
où il y a des problèmes importants, comme il y en a à
Repentigny, de se servir des lois qu'ils ont dans les municipalités pour
faire leur propre référendum. Les référendums ne
sont pas bons seulement à sens unique; c'est bon pour tout le monde si
c'est bon pour quelques-uns.
M. Garon: Faire un référendum sur la loi? M.
Grenier: Non, qu'elles fassent leurs réfé- rendums municipaux
pour savoir ce que les gens pensent chez eux cela donnerait une bonne
éducation au gouvernement du zonage qu'on leur demande dans cette
grande loi du zonage agricole. Je pense que c'est tout à fait
sérieux.
M. Rancourt: Question de règlement. Cela fait une heure
maintenant et nous avons deux groupes à passer.
Le Président (M. Boucher): M. le maire, je vous remercie
au nom des membres de la commission.
M. Giasson: Si vous me permettez, avant de clore, je voudrais
féliciter la municipalité de Repentigny, non seulement d'avoir
préparé un mémoire fort bien présenté, mais
également pour la façon dont elle a procédé depuis
quelques années dans le développement de sa municipalité.
Lorsqu'on voit la carte, il est fort évident que cela s'est fait de
façon ordonnée, planifiée, et cela mérite, je
pense, des félicitations.
M. Grenier: M. le Président, au nom de notre formation
également...
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission...
M. Grenier:... je voudrais remercier la ville de Repentigny du
travail qu'elle a fait. On voit que c'est un travail de longue haleine qu'on
nous présente ici. J'aurais également aimé que ces gens
aient eu aussi de l'autre côté de la barre leur
député pour les supporter dans leurs demandes.
M. Rancourt: ... protéger les sols agricoles.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, cette fois-ci, je vous remercie M. le maire d'avoir
présenté ce mémoire ainsi que les gens qui vous
accompagnent. Merci.
M. Picard: M. le Président, au nom de mes collègues
du conseil et aussi des membres de la presse qui nous accompagnent et de nos
citoyens, nous vous remercions de votre sollicitude tout en espérant
que, M. le ministre, vous n'oublierez pas l'article 37 pour la ville de
Repentigny.
Le Président (M. Boucher): Merci! J'appelle maintenant la
ville de Saint-Hubert. M. le maire Bernard Racicot, si vous voulez
présenter les gens qui sont avec vous. (23 h 30)
Ville de Saint-Hubert
M. Ciciarello (Yvon): M. le Président, M. le maire et MM.
les conseillers ne sont pas avec nous. Nous sommes des fonctionnaires de la
ville de Saint-Hubert. Mon nom est Yvon Ciciarello, conseiller juridique. Vous
avez, à ma gauche, M. Yvan Grenier, directeur général des
services et M.
René Jutras, directeur des services techniques. A ma droite, vous
avez M. Raymond Boissonneault, directeur des finances et trésorier et,
à mon extrême droite, M. Jean-Marie Gagné,
évaluateur.
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez y aller de votre
mémoire.
M. Ciciarello: M. le Président, M. le ministre et MM. les
membres de la commission parlementaire, suite à votre récente
convocation par télégramme, en date du 5 décembre 1978, la
ville de Saint-Hubert...
M. Garon: Qui signait le télégramme?
M. Ciciarello: M. Bernard Racicot, maire de la
municipalité.
M. Garon: Non, mais vous dites que je vous ai convoqués
par télégramme.
M. Ciciarello: M. Pouliot.
M. Garon: Ah! c'est parce que vous aviez demandé
d'être entendus. D'accord.
M. Ciciarello: ... dans son présent mémoire
préliminaire, puisqu'un rapport final devra être
présenté dans les 180 jours de la sanction du bill 90, vous
soumet respectueusement une demande pour être en partie exclue de la
région agricole désignée, le tout pour des raisons d'ordre
économique.
Avant d'aborder la question proprement dite, des impacts d'ordre
économique, nous désirons, M. le ministre, vous informer que la
ville de Saint-Hubert a déjà procédé à
l'engagement de personnes compétentes et expérimentées
dans le domaine pour faire une étude exhaustive de la question. Les
résultats vous seront évidemment produits avec le rapport final
que nous vous présenterons ultérieurement.
Aux fins du présent rapport, nous aimerions attirer votre
attention sur le fait que l'aire retenue aux fins de contrôle de l'espace
agricole représente près de 45% du territoire de la
municipalité de Saint-Hubert et se trouve actuellement subdivisée
à 85% en terrains d'une superficie moyenne de 6000 pieds carrés.
Ces terrains, au nombre de 19 500, sont détenus par près de 6500
propriétaires différents disséminés à
travers le monde. Les revenus de 1978 procurés par le secteur
concerné sont de l'ordre de $2 300 000 et devraient atteindre, pour
1979, $2 600 000.
La plupart de ces terres, faisant partie du plan provisoire, ont
été vendues à des prix exorbitants. Elles ont
été subdivisées et préparées pour être
développées et il serait illusoire de croire que des agriculteurs
puissent en faire l'acquisition. Depuis plus de dix ans, les terres dont il est
question ne sont plus en culture et il faudrait beaucoup de temps et d'argent
pour les remettre en état et les rentabiliser.
D'autre part, si la municipalité se trouvait dans l'obligation,
à cause du zonage agricole, d'appliquer l'article 21 de la Loi sur
l'évaluation foncière, nous serions dans l'obligation de
récupérer du propriétaire résident ce manque
à gagner qui se traduirait par une augmentation de la taxe de $0.65
à $0.70 les $100 d'évaluation.
Nous avons actuellement treize terres exemptées en vertu de cet
article, qui se trouvent dans la zone verte. Il serait donc absolument
essentiel qu'un mécanisme de compensation soit prévu par le
gouvernement provincial pour éviter un bouleversement de l'assiette
fiscale de la municipalité de Saint-Hubert, ce qui n'est malheureusement
pas le cas avec l'actuel projet de loi 90.
La ville de Saint-Hubert étant devenue une ville hautement
urbanisée, il n'est plus possible maintenant de revenir à
l'aspect des terres agricoles. En effet, la Commission d'urbanisme de la ville
de Saint-Hubert étudie déjà depuis quelque temps le
développement de la zone aéroportuaire, c'est-à-dire tout
le territoire à la périphérie de l'aéroport et vise
pour ledit territoire l'implantation de l'industrie aéronautique afin de
continuer le processus déjà amorcé par la compagnie Pratt
et Whitney.
La ville a déjà entrepris et effectué certains
travaux coûteux dans le but de réaliser lesdits projets. Que dire
encore du développement occasionné par la construction
récente de l'autoroute 30 qui traverse la ville de Saint-Hubert et dont
une partie est comprise dans les plans provisoires, de certains des facteurs
déterminants de l'implantation des promenades de Saint-Bruno, un des
plus importants centre commercial au Québec qui se trouve à la
limite de la ville de Saint-Hubert et, par le fait même, aux abords de la
zone prévue dans les plans provisoires? Toutes les projections
concernant les développements domiciliaires, commerciaux voire
même industriels de la région sont, dès lors, totalement
perturbées.
Pour toutes ces raisons, M. le ministre, nous vous suggérons
humblement, dans un premier temps, de zoner agricoles les treize terres en
culture dont il a été question précédemment et pour
lesquelles la ville de Saint-Hubert reconnaît un statut agricole
évidemment par le biais du bureau de l'évaluation et, dans un
deuxième temps, d'exclure de la zone désignée tout le
reste du territoire de la ville de Saint-Hubert. Je dois vous dire, en passant,
que le projet a été préparé par des fonctionnaires,
sous l'oeil bienveillant du conseil municipal et que le conseil est
complètement d'accord avec les politiques du ministère de
l'agriculture mais que, par contre, il aimerait bien que les zones agricoles
soient planifiées par lui, c'est-à-dire par le conseil.
J'aimerais aussi vous informer du fait que la municipalité de
Saint-Hubert a déjà formé un comité pour s'occuper
du projet de loi 90 et que ce comité peut s'adjoindre toutes les
compétences voulues: arpenteurs, agronomes ou qui que ce soit aux fins
de l'étude du projet de loi en question.
Espérant, M. le ministre et MM. les membres de la commission, que
vous prendrez en considé-
ration notre demande, nous attendons de vous une réponse
favorable.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Ciciarello. M. le
ministre.
M. Garon: J'aimerais vous dire tout d'abord qu'à la page
2, quand vous dites je voudrais d abord vous remercier d'être
venus et de nous avoir présenté votre mémoire et de vous
être déplacés que, de par l'article 21, la partie
zonée agricole sera un manque à gagner, je dois dire que
normalement les gens qui ne cultivent pas ne cultiveront pas par
après... mais les taxes ne sont pas réduites pour autant. Ils
vont payer les mêmes taxes qu'ils paient actuellement. La taxation est
réduite uniquement pour les terres cultivées.
Je dois aussi vous dire que la superficie de votre municipalité
est de 5889.02 hectares, de 5889 hectares. La zone agricole qui a
été retenue est de 2804 hectares. L'aire non retenue est de 3085
hectares. Là-dessus, il y a 2225 hectares bâtis, cela ne veut pas
dire qu'ils sont bâtis à 100%; il y a passablement de trous
là-dedans. La zone d'expansion qui n'est pas bâtie, qui n'est pas
dans le territoire agricole, comprend 860 hectares. Si vous multipliez par 2,5,
cela fait autour de 2000 acres pas bâties. Vous avez de la place, s'il
vous plaît, pour faire de l'expansion. Dans l'aire qui est non retenue,
parce que c'est un territoire où les sols sont très bons, 80% des
sols sont classés AA ou 2 et 3, 20% des sols sont classés AB ou
des sols 4. Ce sont des sols de bonne qualité.
M. Ciciarello: M. le ministre, nous ne contestons pas vos
chiffres, ni vos dires, au contraire, mais ce que nous voulons vous faire
comprendre là-dedans ou vous souligner, c'est qu'il y a quand même
19 500 terrains qui sont détenus par différentes personnes, que
ces terrains sont subdivisés et nous avons un cas patent qui nous est
arrivé, pas plus tard que jeudi ou hier: une compagnie qui
détenait un certain nombre de terres sur lesquelles elle devait des
arrérages de taxes au montant de $70 000 a tout simplement
arrêté son chèque disant qu'elles étaient maintenant
zonées agricoles. Il y a là un manque à gagner pour la
ville de Saint-Hubert. Aujourd'hui et pour demain, si le zonage agricole dans
les plans provisoires était retiré, la ville de Saint-Hubert
aurait la possibilité de récupérer une somme de
près de $300 000.
M. Garon: Pardon?
M. Ciciarello: Si la ville de Saint-Hubert était
retirée de la zone désignée actuellement, elle aurait la
possibilité de récupérer je dis bien la
possibilité de récupérer une somme de $300 000,
parce que, comme je vous le dis, le cas Winzen chez nous, c'est un cas patent.
Il y a $70 000 qu'on ne peut pas encaisser à cause de cette zone
désignée.
M. Garon: Vous avez les moyens de faire payer vos taxes, si le
gars ne veut pas payer.
M. Ciciarello: Ce n'est pas cela qui va arriver, c'est que les
lots sont subdivisés et on va récupérer les terrains. La
ville de Saint-Hubert est déjà propriétaire d'un certain
nombre de terrains. Ce qui va arriver, c'est qu'on sera encore
propriétaires d'une banque de terrains plus grande et plus
considérable. L'impact sera le même, ce seront les
propriétaires résidents qui auront à supporter
l'onéreux de ces terrains.
M. Garon: ... à la banque de terres. M. Giasson:
Quelle superficie...
M. Ciciarello: La banque de terres, c'est nous autres qui allons
la supporter, M. le ministre.
M. Garon: Non, on va en former une. On a un projet de loi
déposé pour constituer une banque de terres. Vous pourriez offrir
vos terres en vente à la banque de terres. On va vous les acheter.
M. Ciciarello: Allez-vous payer $2 600 000 de taxes, M. le
ministre?
M. Garon: Non, mais, actuellement, vous ne recevez pas de taxes
pour les terres dont vous êtes propriétaires.
M. Ciciarello: Non, il y en a une partie. Il y a 19 500 terrains
pour lesquels les gens qui sont propriétaires paient des taxes. Ce n'est
quand même pas la ville de Saint-Hubert qui en supporte le coût
actuellement.
M. Garon: Vous dites que vous en avez...
M. Ciciarello: Tout simplement, avec l'implantation du projet de
loi 90, les propriétaires intéressés vont délaisser
les terrains subdivisés. La ville de Saint-Hubert les acquerra
évidemment pour le montant des taxes et nous aurons l'onéreux de
les supporter. C'est dans ce sens-là. S'il y avait dans le projet de loi
une compensation pécuniaire, nous autes on se retirerait
immédiatement et on ne déposerait même pas de
mémoire. En fait, c'est le fardeau fiscal qu'on aura à
supporter...
M. Garon: Dans la loi, l'article 31... Vous dites qu'il y a des
terrains au nombre de 19 500 détenus par près de 6500
propriétaires différents disséminés à
travers le monde. En vertu de l'article 31, le propriétaire d'un terrain
a le droit de se construire. Il a trois ans pour le faire.
M. Ciciarello: M. le ministre, il n'y a pas de services sur ces
terrains-là actuellement.
M. Garon: Ah! oui, mais...
M. Ciciarello: D'où notre banque de terres qui
revient.
M. Garon: Comment se fait-il que vous ayez des
propriétaires disséminés à travers le monde?
M. Ciciarello: II y a des compagnies qui ont vendu des terrains,
M. le ministre. J'ai personnellement envoyé des mises en demeure
dernièrement à des personnes résidant en Belgique, en
Suisse, à Hong Kong. Ce sont des propriétaires de terres. Je vous
jure que j'en ai.
C'est exactement pour cela, M. le ministre, qu'on retire $2 600 000 de
taxes actuellement de ces terres-là.
M. Vaillancourt (Orford): Vous avez des propriétaires des
Etats-Unis aussi?
M. Ciciarello: On a beaucoup de propriétaires des
Etats-Unis et du Mexique, oui. Pour votre information, M. le ministre, je
viens, dans la semaine qui se termine, d'envoyer au-delà de 500 mises en
demeure.
M. Garon: Pardon?
M. Ciciarello: Je viens, dans la semaine qui vient de se
terminer, d'envoyer personnellement au-delà de 500 mises en demeure pour
récupérer l'argent de ces terrains.
M. Garon: Vous devriez avertir l'Office du crédit agricole
quand vous allez mettre vos terrains en vente pour les taxes, on va y
aller.
M. Ciciarello: Allez-vous payer nos taxes après, M. le
ministre?
M. Garon: On va payer des taxes sur vos terrains après et
on va les mettre en valeur. (23 h 45)
M. Giasson: Ce sera sur une évaluation de terres
agricoles.
M. Ciciarello: C'est cela, c'est exactement ce qu'on se
demandait. En fait, c'est vraiment un problème particulier qui
s'explique numériquement. C'est un problème d'argent. En fait, M.
le ministre, nous sommes entièrement d'accord avec le zonage agricole
tel que prévu, mais en y ajoutant des correctifs. Laissez-nous la
possibilité de récupérer ces montants.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, avez-vous
terminé ou est-ce que vous avez quelque chose à ajouter?
M. Garon: Je vous remercie d'être venus et de nous avoir
exposé votre problème.
M. Ciciarello: Pensez-vous, M. le ministre, que c'est un
problème de taille?
M. Garon: C'est la première municipalité qui nous
explique un problème comme celui-là.
M. Giasson: Ce serait un cas pour l'article 37.
M. Ciciarello: A ce sujet, M. le ministre, pourrait-on être
une des premières municipalités à rencontrer la
commission?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président. Je pense avoir saisi
un peu la nature du problème que vous vivez. C'est véritablement
une situation qui est sans doute unique au Québec, mais on ne sait
jamais! De toute manière, il m'apparaît que vous faites face
à des difficultés fort importantes, étant donné que
cette zone a été retenue comme zone agricole provisoire. Pour le
ministre, il y a de quoi faire un examen sérieux de la situation. Je
crois que ce serait un beau cas pour l'application de l'article 37, ou encore
que cela devrait retenir l'attention des commissaires aussitôt qu'ils
seront entrés en fonctions. De toute façon, on vous remercie
d'avoir déposé ce mémoire et on vous souhaite bonne chance
dans la recherche d'une solution que vous devez, coûte que coûte
obtenir de la part du ministre lui-même ou de ses fonctionnaires.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Je ne devrais pas rire,
mais je pense que vous avez un cas d'espèce quand même très
intéressant pour la future commission qui aura à siéger et
à évaluer ce cas, parce que je pense qu'elle aura l'occasion de
prendre là une expérience quand même formidable.
Connaissez-vous d'autres villes de la région de Montréal qui ont
des cas d'espèce à peu près comme le vôtre, en fait
peut-être à un plus bas degré?
M. Ciciarello: A notre connaissance personnelle, non, M. le
député.
M. Dubois: De toute façon, je suis heureux de vous
entendre dire que vous êtes d'accord avec le respect des terres fertiles.
C'est quand même un point de départ. Je ne peux faire autrement
que de vous souhaiter bonne chance lors de votre rencontre avec la commission.
Je vous remercie infiniment d'être venus ici ce soir.
M. Ciciarello: Merci.
Le Président (M. Boucher): Vous avez terminé. M. le
député de Huntingdon? Merci. Il nous reste à remercier M.
Ciciarello et ceux qui l'accompagnent pour la présentation de ce
mémoire.
M. Ciciarello: M. le Président, j'aimerais, au nom de mes
collègues, en mon nom personnel ainsi qu'au nom des membres du conseil,
vous remercier de la bienveillante attention. J'aimerais souligner, en
terminant, que les chiffres que nous vous avons mentionnés tantôt
représentent 10% de notre budget et que, deuxièmement, nous avons
tenu à être concis, vu qu'il y a déjà une autre
municipalité qui attend.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup, M.
Ciciarello.
M. Garon: Nous vous remercions aussi pour votre concision. Vous
avez quand même bien exprimé votre problème, on l'a bien
compris.
Le Président (M. Boucher): J'appelle maintenant la ville
de Saint-Jean.
M. Giasson: M. le Président, le trésorier de la
ville de Saint-Jean, M. Roger Coulombe, avait déposé un
mémoire. Or, on m'a remis, au cours de la soirée, une lettre
datée du 8 décembre signée par M. Roger Coulombe, le
trésorier. La lettre qui dit ceci est adressée au
secrétariat des commissions, aux soins de M. Jacques Pouliot: "Monsieur,
j'ai soumis aujourd'hui, un court mémoire au nom de la ville de
Saint-Jean à la suite de consultations avec divers groupes de citoyens.
Ce texte ne critique pas le principe du projet de loi, mais soumet plutôt
des suggestions pour clarifier le texte de loi. Le représentant de la
Chambre des notaires, Me Jean-Marc Audet, a couvert presque tous les points que
je signale dans notre mémoire. Je vous demande donc de transcrire dans
le journal des Débats, in extenso, le mémoire de la ville de
Saint-Jean. Je signale cependant deux points saillants de notre mémoire:
premièrement, à savoir l'importance de définir clairement
le mot "agriculture" afin de permettre aux installations de conditionnement des
produits agricoles de s'installer dans une zone agricole; deuxièmement,
d'assurer une concordance entre le projet de loi 90 et l'article 21 de la Loi
de l'évaluation foncière afin d'éviter des
problèmes d'interprétation aux municipalités."
C'est signé: "Roger Coulombe, trésorier, ville de
Saint-Jean-sur-Richelieu."
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. Comme entendu au début de la
commission, le mémoire de la ville de Saint-Jean sera retranscrit au
journal des Débats. (Voir annexe C)
Je demanderais à M. le ministre s'il a quelque chose à
ajouter sur la demande de la ville de Saint-Jean qui, actuellement, a fait
parvenir une lettre pour expliquer son absence ce soir.
M. Garon: Non.
M. Giasson: M. le ministre, il y a une des demandes qui fait
état de la possibilité d'obtenir des autorisations de la
commission, en temps opportun, de pouvoir utiliser de petites parcelles dans un
territoire agricole pour l'implantation d'industries qui ont une relation
directe avec le secteur agricole ou agro-alimentaire. J'ai bien l'impression
qu'il n'y aura pas de problème là.
M. Garon: C'est dit dans la loi.
M. Giasson: M. le Président, les membres de la commission
sont efficaces. On ne croyait pas pouvoir entendre tous les intervenants.
Une Voix: Passer à travers.
Le Président (M. Boucher): Vous nous aviez caché
cela, M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: C'était la carte de réserve dans la
manche.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne donc ses
travaux à 10 heures, lundi prochain.
M. Garon: Sine die. Fin de la séance à 23 h 53
ANNEXE A
La Chambre de Commerce de la province de Québec
Mémoire à ta commission parlementaire de
l'Agriculture
8 décembre 1978
Monsieur le président,
Monsieur le ministre,
Messieurs les membres de la Commission,
Introduction 1) La Chambre de Commerce de la province de
Québec est la fédération des quelque 200 chambres et
boards of trade locaux actifs au Québec. Elle regroupe ainsi plus de
35,000 membres auxquels s ajoutent près de 2,500 entreprises qui y ont
adhéré volontairement et directement. Le nombre et la
qualité de ses membres en font le principal porte-parole de la
communauté québécoise des affaires. 2)
L'intérêt de la Chambre pour la protection du sol agricole n'est
pas de récente date. Depuis au moins cinq ans, la Chambre y attache une
grande importance. A ce point, qu'à notre connaissance elle est, outre
les partis politiques, le seul organisme d'envergure québécoise
dont la vocation première déborde l'agro-alimentaire où la
question a fait I'objet d'au moins deux prises de position de l'ensemble de son
membership. 3) II est opportun d'indiquer à cette commission que la
Chambre a participé aux consultations réalisées
préalablement au dépôt du projet de loi par le ministre de
I'agriculture. Afin d'éviter toute équivoque et d'informer tous
les membres de la commission de nos positions, nous avons annexé ce
mémoire à la présente intervention et nous vous demandons
de bien vouloir consigner l'ensemble de notre mémoire au Journal des
Débats. 4) Nous sommes conscients, monsieur le président, de
comparaître devant cette commission après l'adoption du projet de
loi 90 en deuxième lecture. Nos propos ne toucheront donc pas "à
la portée, à I'à-propos, aux principes fondamentaux et
à la valeur intrinsèque du projet de loi", comme le dit si bien
l'article 120 du règlement de l'Assemblée nationale. Nous aurions
cependant et de beaucoup préféré voir ce projet
référé à la commission après la
première lecture. Non pas que notre intervention ait été
fondamentalement différente, mais elle aurait eu le grand avantage de ne
pas "s'enfarger" dans les discussions de principes et de grandes
modalités. 5) A nouveau, nous considérons un projet de loi qui
sera articulé par "le règlement", ce grand inconnu, ce grand
absent de l'Assemblée nationale sans lequel la législation
à l'étude perd une bonne partie de sons sens. Les membres de la
commission nous excuseront donc de ne pouvoir être entièrement
cohérents puisque nous sommes privés de la connaissance du
"règlement ". 6) La Chambre a déjà indiqué son
accord sur la nécessité d'une loi de la protection du sol
agricole envisagée comme outil de développement de notre
potentiel agricole au Québec. Nous croyons cependant que ce projet de
loi est perfectible et, tout en félicitant son parrain d'avoir
présenté une mesure qui demandait beaucoup de courage, nous
allons tenter de mettre en évidence certaines lacunes et les moyens d'y
remédier. Même si l'actuel projet de loi 90 introduit un train de
mesures susceptibles de protéger l'intégrité du sol
agricole, ses modalités (auxquelles doivent s'ajouter les projets de loi
99 et 100) n'en font pas pour autant un véritable mécanisme de
développement de notre potentiel agricole.
Les points d'accord 7) Au cours de nos nombreuses discussions
avec les autorités, tant du gouvernement actuel que du
précédent, sur la protection du territoire agricole, la Chambre a
soumis de nombreuses suggestions pour la réaliser. Malheureusement,
malgré votre acceptation de notre problématique lors de notre
rencontre du 27 septembre dernier, seulement deux d entre elles ont
été retenues. Nous sommes cependant heureux de les identifier et
d'y apporter notre appui: 1- Les modalités fiscales dont le
mécanisme d impôt différé (Voir Annexe I, page 11).
2- La décision de ne pas interdire l'accès à la
propriété agricole par des fermiers étrangers (Voir Annexe
I, page 11).
Notre problématique
Notre problématique s'inspire du fait que ce qui amène le
zonage agricole, ce sont des conflits dans l'utilisation des sols. Ces conflits
originent des différents besoins de la société: besoins de
se loger, de se nourrir, de se transporter, de produire des biens industriels,
de commercer, de se récréer et autres, toujours au meilleur
coût marginal possible. C'est le marché qui peut résoudre
ces conflits d'usages multiples au meilleur coût marginal. Si nous devons
recourir à une solution législative et bureaucratique, il faut
reconnaître que le processus politique a aussi sa propre logique.
Même dans la solution bureaucratique, les conflits d'utilisation
des sols ne devraient pas ultimement être tranchés par une
autorité ayant pour mandat unique ou principal la protection du
territoire agricole. Ce devrait plutôt être par une autorité
ayant pour mandat le meilleur aménagement possible du territoire.
Et même là, la logique interne de la solution
bureaucratique, qu'on le veuille ou non, amène ses propres
problèmes: 1-innefficacité et lenteur des décisions;
2-possibilité de corruption; 3-création
d'inégalités entre catégories de citoyens.
Les points de nos désaccords
Dans cette perspective, examinons dans l'ordre les trois derniers
problèmes mentionnés ci-dessus:' Inefficacité et
lenteur:
Notre argument est fondé sur le fait que tout système de
zonage des terres est essentiellement une redéfinition des droits de
propriété. Ainsi, lorsque le zonage des terres s'accompagne d'un
gel des transactions foncières, il faut prévoir des
mécanismes pour déterminer habilement et rapidement ces "nouveaux
" droits de propriété. Autrement, la frustration individuelle et
les perturbations économiques qui en résultent raccourciront
l'espérance de vie" de cette politique de protection des sols
agricoles.
Les textes qui suivent sont inspirés d'une argumentation plus
élaborée contenue à l'annexe II "Examen critique de la
problématique gouvernementale en matière de zonage agricole
".
En Colombie-Britannique, lors de la déclaration du gel des terres
agricoles en 1973, 28 structures régionales étaient
déjà en place. Elles étaient tout à fait
adéquates (1) pour délimiter les périmètres urbains
selon les renseignements tirés du "Canada Land Inventory"; (2) pour
permettre l'organisation de réunions d'information et d'audiences
publiques au cours desquelles les citoyens pouvaient participer activement
à l'élaboration du plan de la zone agricole de leurs
régions; (3) pour faire, au moyen de règlements, une
première délimitation, ayant force de loi, des droits des parties
intéressées; (4) et pour négocier effectivement les
intérêts locaux définis dans ce plan auprès d'une
commission centrale ayant pour mandat de sauvegarder les principes fondamentaux
de la loi.
Au Québec, ce genre de structures régionales n'est pas
encore en place et ne le sera probablement pas avant au moins un an, même
si le nouveau projet de loi sur l'aménagement et l'urbanisme de
l'honorable Léonard est adopté pendant la session parlementaire
du printemps.
Dorénavant, les nombreuses activités économiques
touchées par la loi n'auront lieu dans la "zone verte" QU'AVEC
L'APPROBATION DE LA COMMISSION DES TERRES AGRICOLES.
Décrivons cette réalité plus succinctement: le
marché foncier d'une région entière, marché capable
d'allouer des terres pour des myriades d'usages différents et
d'être le lieu d'arbitrage des demandes de milliers d'usagers
différents, sera dorénavant canalisé dans l'appareil
décisionnel d'une seule bureaucratie centrale. "La Commission doit
donner au demandeur et à tout intéressé l'occasion de lui
soumettre des représentations écrites", lit-on dans l'article 60
et nous avons presque envie d'ajouter "quelque superflue et
répétée que puisse être la demande de
dérogation ou d'autorisation". Toutefois, presque toutes ces
décisions seront loin d'être faciles: la plupart
éprouveront même sans doute durement les ressources collectives de
l'armée d'experts, d'enquêteurs et de fonctionnaires
engendrée par le projet de loi 90.
Les dossiers de demandes s'empileront rapidement. Les
propriétaires terriens qui auraient pu attendre plus de six mois avant
d'apprendre que leurs terres étaient incluses dans la "zone verte" et
trois mois de plus avant d'apprendre "la recommandation" de leur
municipalité, se trouveront maintenant en train de contempler une
embâcle d'origine législative. Ils exprimeront alors de plus en
plus publiquement leur colère et leur frustration contre la politique de
protection des sols agricoles.
Dans une économie où les droits de propriété
peuvent être déterminés par un verdict de commission, si
jamais ils peuvent l'être, les risques encourus par les investisseurs
individuels et corporatifs augmenteront; les nouveaux investissements seront
réduits et l'économie de la région agricole
désignée ralentira. A la fin, la politique deviendra encore une
autre entrave à une économie provinciale qui traîne
déjà la jambe.
Et tout cela, dans quel but? Pour que le Ministre d'Etat à
l'aménagement puisse avoir le temps nécessaire d'élaborer,
selon les principes les plus rationnels qui soient, les structures
administratives décentralisées? Pour que les gouvernements qui
suivent puissent à leur tour les ré-élaborer?
Nous recommandons, en conséquence, que:
1- Les municipalités et plus particulièrement les conseils
de comté deviennent de véritables corps intermédiaires
dans l'application de la politique de zonage agricole. 2- L'application de la
loi accélérée par: a) des délais statutaires plus
courts; b) une campagne d'information auprès des
intéressés; c) une organisation permettant un départ
rapide et efficace du fonctionnement de la Commission.
La possibilité de corruption:
Dans le projet de loi 90, les organismes gouvernementaux existant aux
niveaux municipaux et provinciaux sont, en un sens, écartés de
l'application de la politique de protection des terres agricoles pour laisser
la place à une seule commission omniprésente et
omni-interventionniste.
Le projet de loi 90 suggère essentiellement que les structures
municipales et régionales déjà existantes se sont
montrées vulnérables face à ceux qui ont découvert
qu'il est plus facile de manipuler l'appareil étatique que de fausser en
leur faveur le fonctionnement d'un marché libre des terres agricoles.
Elles reflètent aussi la pleine conscience que la création d'une
seule commission centrale n'éliminera pas la possibilité de
corruption mais ne fera que changer les conditions dans lesquelles la
corruption aura lieu et qu'augmenter les récompenses accordées
aux succès. C'est pourquoi l'article 96 est là permettant au
gouvernement, "par avis écrit à la Commission, de soustraire une
affaire à sa juridiction".
L'expérience de la Colombie-Britannique nous enseigne que ce
n'est pas nécessairement la bonne solution. Dans cette province, un
gouvernement néo-démocratique, soucieux de protéger le
patrimoine agricole, a doté sa "Land Commission" du pouvoir de fouler
aux pieds les administrations municipales et régionales, qui jusqu'alors
se distinguaient par leur incapacité et leur répugnance totales
à résister aux forces de la spéculation et du
développement. Le gouvernement n'a prévu aucun droit d'appel en
cour et ne s'est pas réservé le droit de révision.
Un système bureaucratique délimitant les droits de
propriété n'admet pas d'arbitre final parfait. Il peut cependant
utiliser les services d'une structure publique parallèle qui
possède une certaine indépendance grâce à la
titularisation de ses membres: le pouvoir judiciaire.
En conséquence, nous recommandons que: 3- Le droit de
révision conféré au gouvernement par l'article 96 soit
transféré au pouvoir judiciaire. Les inégalités
entre catégories de citoyens:
Dans le projet de loi 90, le gouvernement a choisi d'ignorer notre
suggestion qu'une politique de protection des sols agricoles pourrait
être réalisée efficacement et sans heurts inutiles par la
volonté seule des agriculteurs pour qui la loi a été
faite. En proposant ce qui est, en réalité, "un modèle
urbain", notre premier objectif était de mettre en place une politique
de protection des sols agricoles qui perturbe le moins possible
l'économie. Nous étions également conscients de
l'importance du respect des droits de propriété qui permettent
à une personne d'utiliser, de jouir et de disposer de ses biens.
Il appert que le gouvernement avait une problématique
différente dont le résultat sera qu'au Québec, il y aura
deux catégories de citoyens-propriétaires.
Dans l'une de ces catégories, on retrouvera le citoyen dont les
propriétés sont assujetties aux législations municipales.
Si un règlement de zonage peut affecter ses propriétés, ce
citoyen-propriétaire aura le droit d'être avisé du
changement proposé; il y aura alors audiences publiques et il pourra
voter sur ce règlement par référendum. Si ses biens
doivent être expropriés pour fins publiques, il sera avisé,
entendu et indemnisé. Il existe même une procédure d'appel
auprès des instances judiciaires pour lui garantir ses droits.
Dans l'autre catégorie, on retrouvera le
citoyen-propriétaire dont les biens seront régis par la loi
90.
Ce plan de zonage lui sera imposé, et périodiquement
revisé, par une commission centrale agissant avec ou sans la
collaboration de ses représentants locaux. Il ne sera pas
consulté par voie de référendum
II n'aura droit d'appel que devant cette même commission qui a
préparé le plan de base. Son droit de propriété
aura été démembré, mais l'article 407 du Code civil
ne s'appliquera pas.* Ses biens seront devenus, par extension, "utilité
publique" pour fins d'agriculture. Enfin, s'il désire vendre sa
propriété, son droit de disposition sera réduit au
marché des agriculteurs ou à la banque des terres au prix
fixé par le gouvernement.
Ce 8 décembre 1978.
LA CHAMBRE DE COMMERCE DE LA PROVINCE DE QUÉBEC "'Nul ne peut
être contraint de céder sa propriété si ce n'est
pour cause d'utilité publique et moyennant une juste et préalable
indemnité."
(ANNEXE I)
Le zonage agricole
par La Chambre de Commerce de la province de
Québec
en réaction au "Document de consultation sur la
protection du territoire agricole québécois"
Septembre 1978 Avant-propos
C'est avec plaisir que la Chambre a accepté de participer aux
consultations que le ministre de l'Agriculture a entreprises sur
l'opportunité et les moyens de protéger le sol agricole du
Québec.
La contribution de la Chambre à ce dossier s'élabore en
fait depuis près de cinq ans et ce, fondamentalement pour
répondre aux besoins de son membership. Nos membres, aussi bien les
quelque 35,000 qui adhèrent volontairement par le biais d'une des 200
chambres de commerce ou boards of trade locaux, que les plus de 2,500
entreprises qui adhèrent directement à la Chambre provinciale,
sont actifs dans toutes les sphères de l'activité
économique au Québec.
Ceci, bien sûr, comprend la production agricole au niveau des
producteurs et, en plus, tous les maillons de la chaîne agro-alimentaire
auxquels s'ajoutent les industriels désireux d'implanter ou d'agrandir
leurs établissements et même les promoteurs immobiliers des
secteurs industriels et résidentiels.
En somme, sauf pour le grand public, nous réunissons de nombreux
éléments représentatifs des intérêts
visés par toute politique de protection des sols agricoles.
Enfin, nos membres ont eu à se prononcer à deux reprises,
au cours des assemblées générales de 1974 et 1975, sur
cette question et notre communication s'inspire largement du fruit de ces
débats.
Introduction'
C'est le 11 août dernier qu'était rendu public le document
de consultation sur la protection du territoire agricole
québécois. Puisque ce document élabore les
prémisses de l'action proposée, il nous apparaît opportun,
avant même d'en aborder l'objet principal, de discuter de certains
énoncés et d'en revoir la perspective. Cet exercice peut,
à prime abord, paraître dilatoire. Telle n'est pas notre
intention. Les intérêts en jeu sont d'une importance telle (au
moins deux ministres ont dû abandonner le projet depuis son inscription
aux priorités gouvernementales en 1974) que l'appui sollicité de
la population doit procéder de l'information la plus objective et la
plus limpide possible. C'est donc d'abord à cet aspect que nous nous
attarderons.
Chapitre I: L'auto-suffisance: peut-être, mais
jusqu'où?
Après avoir fait le constat de la dégradation, surtout
depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, de
l'intégrité du sol agricole (diagnostic appuyé par la
Chambre) et conclu "qu'en terme de sol à haut potentiel agricole, le
Québec se retrouve parmi les plus démunis"*, le document cite,
dans la section consacrée aux tendances, la diminution de 12,4% des
superficies cultivées au Québec de 1961 à 1976 en regard
d'augmentations de 8,5% en Ontario et de 12,2% au Canada. Aucune suggestion
quant aux raisons pouvant motiver de tels écarts de comportement n'est
offerte et cela est malheureux, car il est alors permis de supposer que ce sont
les politiques agricoles du Québec qui sont les principales responsables
de cette détérioration, les autres parties du Canada, à
l'exception de la Colombie-Britannique depuis 1973, n'ayant pas de zonage
agricole durant la même période.
Nous préférons voir dans la donnée qui
précède une différence dans les conjonctures agricoles, le
Québec ayant amorcé un redressement depuis les quelques
dernières années dans la superficie des terres cultivées.
Sinon, la question serait d'une telle importance qu'elle permettrait de
remettre en question l'argument sur lequel s'appuie l'essentiel de la cause
présentée en faveur de la protection des sols:
l'auto-suffisance.
La volonté politique du Québec d'atteindre le degré
le plus élevé possible d'autarcie dans sa production alimentaire
date de tellement de décennies qu'elle fait presque partie de notre
patrimoine culturel. Elle est "dans nos trippes".
Le document de consultation, en page 12, affirme que: "Laisser dilapider
nos bonnes terres nous obligerait à dépendre encore davantage des
marchés extérieurs pour notre ravitaillement et compromettrait
irrémédiablement nos chances d'atteindre, un jour, l'objectif
souhaitable de l'auto-suffisance".
Lors du récent mini-sommet sur l'agro-alimentaire, table de
consultation par excellence, la notion d'auto-suffisance fut remplacée
par l'objectif d'équilibre de nos échanges. C'est un objectif
plus réaliste
quoique ambitieux. Pourtant, le document revient continuellement avec la
notion d'auto-suffisance. Serait-ce une indication de la valeur de la
consultation?
Pourtant, sur le strict plan économique, non seulement cette
politique d'auto-suffisance a-t-elle des limites (pensons aux agrumes), mais
elle impose aussi de sérieuses contraintes. La plus importante de ces
contraintes est celle nous empêchant de développer une ou des
spécialités à l'envergure du marché mondial,
laquelle nous permettrait d'échanger cette ou ces quelques
denrées pour satisfaire nos autres besoins alimentaires. Cette politique
d'auto-suffisance nous voue donc, à longue échéance
à cause de la multiplicité des denrées à produire,
à n'avoir aucun débouché significatif sur les
marchés d'exportations.
Deux autres alternatives, toujours sur un plan strictement
économique, doivent être écartées par notre
recherche de la sécurité qu'est la politique
d'auto-suffisance.
La première s'appuie sur un degré assez poussé
d'initiative où le Québec (comme le fait le Japon) prendrait
l'attitude d'échanger des produits finis contre la fourniture par des
partenaires extérieurs de ses besoins alimentaires. Cela n'a rien de
bien nouveau, nous reprochons à d'autres pays d'avoir ce même
comportement face à l'acquisition de nos richesses naturelles.
La deuxième pousse le rafinement un peu plus loin. Nous avons
développé au Québec un important dispositif de
transformation des produits agricoles. Nous pourrions en accentuer le
développement et même innover pour un marché mondial en
transformant des produits de toutes origines. (Par exemple, nos charcuteries
reçoivent un excellent accueil à l'étranger,
potentiellement elles peuvent être considérablement
développées.)
Que nous choisissions collectivement I'auto-suffisance n'a de valeur que
dans la mesure où nous savons combien il nous en coûte
potentielllement. Cet examen n'a pas encore été fait.
L'autre dimension à I'auto-suffisance s'adresse à ses
limites. Le document de consultation nous laisse songeurs à cet effet. A
la page 8, on y affirme qu'en 1977, le Québec satisfaisait 60% de ses
besoins. Plus loin, à la page 21, il est indiqué, et nous citons:
"II faut toutefois se rappeler qu'il n'existe plus au Québec de
réserves significatives de sols fertiles non-exploités pour fins
agricoles". Enfin, aux pages 12 et 9, les chiffres laissent croire que, pour
rétablir notre degré d'auto-suffisance en céréales
fourragères au 55% qu'il était en 1961, il faut
récupérer plus de 300,000 acres de sol à potentiel
élevé. C'est 20% du total des terres à haut potentiel
agricole au Québec.
Est-ce réaliste d'envisager une telle politique?
L'objet de notre propos ici est de tenter d'obtenir au départ des
réponses réalistes aux questions que soulève la politique
d'auto-suffisance et de déterminer les politiques alternatives pour la
portion que nous nous attendons d'atteindre.
Enfin, d'autres questions sont intimement liées à la
politique d'auto-suffisance, notamment celles abordées dans le
deuxième chapitre du document, soit: "les facteurs responsables de cette
évolution et les conséquences qui en découlent".
Le texte de ce chapitre s'attarde beaucoup plus longuement aux facteurs
externes qu'aux facteurs internes, quoique ces derniers soient abordés.
Parmi ces facteurs internes propres au Québec, il eut été
aussi important d'attirer l'attention du lecteur sur le fait que l'âge
moyen du producteur agricole québécois se situe actuellement
à 47,5 ans, soit environ 17 ans de plus que la moyenne de la population
active.
Cet écart témoigne d'une sérieuse carence dans la
relève, explique en partie le phénomène de la
déstructuration et limite, à moins d'être radicalement
modifié, notre potentiel d'avenir.
Si l'on nous permet une parenthèse, nous voulons
brièvement aborder une notion économique fondamentale trop
souvent oubliée par ceux qui nous gouvernent en général
(pour ne pas viser que le gouvernement actuel, sans l'oublier). Cette notion
s'appuie sur le postulat que l'homme étant rationnel, il prendra des
décisions rationnelles en fonction des informations qu'il
possède. Pour illustrer cette notion, le document cite, en page 5, une
conclusion d'une étude de l'I.N.R.S. à l'effet que la
région Sud de Montréal avait connu une déstructuration de
366,354 acres, alors que le besoin réel pour l'urbanisation
n'était que de 33,808 acres. Ne faut-il pas penser que les producteurs
agricoles ayant atteint un âge les rapprochant de la fin de leurs
activités professionnelles sans voir de relève ont agi
rationnellement en changeant la destination de leurs principaux avoirs, leurs
terres?
La protection proposée du sol agricole modifiera-t-elle ce choix
économique? Seulement dans la mesure où une relève bien
préparée sera prête à intervenir à
très courte échéance.
Une autre question laissée sans réponse par le document de
consultation s'apparente à celle de la relève. Parmi les
nombreuses acres retirées à l'agriculture au fil des ans, un
grand nombre est encore sous l'effet de la "spéculation ", donc
inutilisé. Par quel mécanisme prévoit-on retourner ces
terres à brève échéance à l'agriculture une
fois les mesures de protection en vigueur? Et que seront les agriculteurs pour
le faire?
Chapitre II: Pourquoi alors la protection du sol agricole?
Les questions soulevées au chapitre précédent
pourraient laisser croire en notre opposition à la protection de
l'intégrité du sol agricole par le zonage. Pourtant, non
seulement en est-il autrement, mais la Chambre en réclame l'adoption
depuis son congrès de septembre 1975. Permettez-nous de citer cette
politique d'action:
"Concernant la protection et l'utilisation du sol agricole: 1) adopter
une loi permettant de procéder, avec le concours des
municipalités et après consultation avec les
intéressés, à une délimitation efficace du
territoire agricole; favorisant une utilisation optimale du même
territoire pour fins agricoles tout en sauvegardant les droits acquis des
intéressés y inclus l'expansion des villes selon des plans
d'aménagement; contrôlant également les transactions
de fermes en faveur des non-résidents; assurant la concertation
de tous les ministères intéressés par la création
d'une commission interministérielle d'aménagement du territoire;
2) adopter cette loi dans les meilleurs délais sans préjudice
à toute autre loi favorisant le zonage et l'aménagement
intégrés du territoire qui pourrait éventuellement en
assurer la complémentarité. Pour qu'une telle loi soit efficace,
elle devra prévoir des avantages pertinents au développement
agricoles'.
Cette politique, adoptée en assemblée
générale, avait été précédée
d'une intervention du président de la Chambre auprès du premier
ministre, le 17 juin 1975. Cette communication proposait un mécanisme
d'intervention immédiate. Il est utile de le rappeler: "A ce sujet, le
Conseil d'administration de la Chambre, lors de sa réunion du 27 mai
dernier, m'a chargé de vous demander qu'une directive du Conseil
exécutif soit adressée au ministre des affaires municipales
l'enjoignant, lorsqu'une demande d'approbation d'extension des services
municipaux pour fins d'expansion urbaine lui est soumise, de consulter et
d'obtenir l'avis du ministre de l'agriculture avant d'autoriser la demande.
Nous croyons que cette mesure aurait pour effet de soulager
considérablement les pressions auxquelles sont soumis les sols agricoles
avant le dépôt et l'adoption d'un éventuel projet de loi".
Le fondement de nos politiques se retrouve dans une autre de nos
résolutions adoptées lors de la même assemblée
générale. Cette dernière vise à voir s'accentuer la
vocation économique du ministère de l'Agriculture en lui
demandant: "a) d'arrêter des priorités agricoles; "b) de
déterminer un certain nombre de cultures, d'élevages et
d'opérations de transformation à être
développées graduellement; et "c) d'épauler ces
déterminations d'une politique de commercialisation."
A ce stade, nous étions et demeurons conscients que la
réalisation de cette dernière politique (surtout à
l'alinéa b) allait requérir des investissements
considérables aussi bien de la part des producteurs agricoles que de
l'Etat et que la réalisation de ces investissements commandait
l'assurance d'une assez longue période de stabilité. De plus, il
est notoire que les activités agricoles, de par leur nature, voisinent
mal les activités urbaines, surtout par leurs effets sur l'environnement
(ce que rappelle avec beaucoup d'à-propos le document de
consultation).
Il n'en demeure pas moins que, pour la Chambre, le zonage agricole sera
essentiellement une mesure artificielle aussi longtemps qu'il ne sera
accompagné d'un programme concret et articulé de mise en valeur
du sol à être protégé.
Malheureusement, le document de consultation ne s'en tient qu'à
de pieuses intentions quant aux moyens concrets de réaliser la mise en
valeur.
Chapitre III: L'indemnisation tout n'a pas été
dit!
Le document de consultation élabore toute une thèse pour
démontrer l'iniquité de l'indemnisation suite à
l'application de mesures de protection du sol agricole, surtout en s'appuyant
sur les règlements de zonage urbain. La Chambre, à une condition
expresse, est prête à accepter cette argumentation. Cette
condition est à l'effet d'appliquer intégralement le
mécanisme suivant: "Incorporer à tout projet de loi d'urbanisme
ou d'aménagement du territoire ou à tout projet de loi modifiant
la Loi des cités et villes ou le Code municipal portant sur
l'aménagement du territoire des dispositions: a) Prévoyant une
consultation formelle et obligatoire de la population directement
touchée, par voie de référendum, avant l'adoption d'un
schéma d'aménagement régional, d'un schéma
d'aménagement de secteur, d'un schéma d'urbanisme ou d'un
règlement de zonage; b) Prévoyant la possibilité d'une
semblable consultation, conforme à l'esprit de la Loi des cités
et villes, lors de la révision périodique des divers
schémas et règlements de zonage; c) Prévoyant le cens
d'éligibilité à voter de toute personne de dix-huit ans et
plus habitant une municipalité ou un secteur touché par un
schéma ou un règlement de zonage; d) Prévoyant la
nullité de toute disposition contenue dans un schéma ou un
règlement de zonage qui a pour effet d'imposer l'équivalent d'une
réserve pour fins publiques sans donner droit aux mêmes recours
que ceux imposés en vertu de la Loi sur l'expropriation;
e) Prévoyant l'obligation de dresser une synthèse et sa
mise à jour du régime des réserves pour fins publiques,
des réserves pour parcs et terrains de jeux et des plans de
rénovation urbaine dont l'enregistrement a le même effet
(conformément à la Loi de la Société d'Habitation
du Québec) de façon à assurer une uniformité des
lois et une meilleure planification en milieu urbain; f) Prévoyant que
lorsqu'une municipalité décidera de disposer de terrains acquis
pour parcs et terrains de jeux, l'ancien propriétaire possède un
premier droit d'option de rachat à la valeur telle qu'inscrite au
rôle municipal desdits terrains et que l'enchère publique n'ait
lieu qu'au cas de refus de ce dernier de s'en porter ainsi l'acquéreur.
"
La raison qui sous-tend cette condition est fort simple: le
système actuel prévoit la libre disposition par le producteur
agricole de ses biens sans poser de conditions restrictives sur les changements
de destination. Ce droit ne peut être aliéné que par celui
qui le possède, tout comme c'est le cas en matière de zonage
urbain.
Par ailleurs, le document de consultation ne fait nulle part
référence à un problème de taille soulevé
par le ministre d'Etat à l'Aménagement du territoire, dans une
entrevue publiée par Le Devoir, le 3 février 1978. Nous en citons
un extrait: "Au ministère des Finances, on prépare aussi une
mesure complémentaire à ces dispositions antispéculatives.
Souvent la spéculation était pour les agriculteurs un moyen de se
constituer un fonds de pension à la fin de leur vie active. La vente de
leurs terres à des fins commerciales, industrielles ou domiciliaires,
leur rapportait beaucoup plus qu'une vente à des fins strictement
agricoles. Pour pallier à une telle situation, on étudie la
création d'un régime de retraite pour les agriculteurs."
Cette question a-t-elle été laissée pour
compte?
Chapitre IV: Et qui sera l'arbitre?
La section sur les intervenants abordée dans le troisième
chapitre a tôt fait de disposer de la municipalité comme
principale responsable du contrôle de la protection des sols agricoles.
Les arguments utilisés à bon escient s'appliquent par ailleurs
"mutatis mutandis" comme l'invoquent si souvent nos législations, au
ministre de l'Agriculture. (Voir annexe).
A notre avis, l'organisme intervenant le plus souhaitable se situe au
niveau régional (conseils de comtés), se compose de
représentants des intéressés auxquels s'ajoutent un nombre
suffisant de personnes neutres. Un mécanisme d'appel des
décisions régionales doit aussi être prévu et, tout
en étant composé des représentants des mêmes
intérêts, relèverait du ministère d'Etat à
l'Aménagement du territoire.
Chapitre V: Comment protéger nos sols arables?
Un scénario souhaitable
Après toutes ces considérations, comment la Chambre
voit-elle s'effectuer, efficacement mais sans heurts inutiles, la protection
des sols agricoles? Fondamentalement, par étapes.
Une première étape consiste en l'adoption d'une loi
à quatre volets: celui de la mise en valeur, celui de la protection,
celui de la délimitation des sols et celui de l'application.
Le volet de la mise en valeur porterait sur les engagements de l'Etat
concernant, entre autres, l'irrigation, le drainage, la commercialisation, la
formation et l'assistance technique (nous présumons que les mesures
actuelles d'assistance financière seraient maintenues) en vue de
soutenir la valeur économique du sol, auquel s'ajouteraient des
mécanismes permettant, si la situation le justifie, d'inviter des
producteurs spécialisés étrangers à
s'établir au Québec.
Le volet de la protection porterait, pour sa part, sur des mesures
fiscales, notamment des avantages en matière de fiscalité
foncière et impôt différé à être
remboursé s'il y a changement de destination et sur une mesure de
planification, la création de banques de terres.
Nous comprenons la notion d'impôt différé comme
étant plus large que le seul remboursement des avantages fiscaux
fonciers dont aurait bénéficié le producteur agricole. Ce
remboursement comprendrait aussi la valeur en gains de capital que lui auraient
procurée des investissements de l'Etat. Par exemple, le drainage
souterrain auquel l'Etat aurait contribué a augmenté la valeur
des avoirs. Une proportion de cette contribution serait aussi remboursable.
Nous avons éliminé certaines propositions du document de
consultation: 1. l'impôt sur les mutations foncières auquel nous
préférons l'impôt différé; 2. l'impôt
sur les gains de spéculation car, d'une part, l'imposition des gains en
capital existe déjà et il faudrait prévoir la contrepartie
en équité fiscale, soit la déduction des pertes de la
spéculation. Dans le secteur de la planification, nous avons
éliminé la création de réserves agricoles pour
éviter les problèmes connexes aux réserves pour fins
publiques qui comportent une indemnisation, la régie-
mentation du lotissement et de l'utilisation des terres comme
mécanisme beaucoup trop lourd et fastidieux, et le contrôle de la
propriété à des non-résidents dans la mesure
où ces derniers respectent activement la destination agricole de la
terre.
Les territoires ayant refusé la protection de la loi seraient
exclus des bénéfices.
Le troisième volet prévoirait la délimitation des
sols à protéger en collaboration avec les municipalités
pour tenir compte de leurs besoins prévisibles et de leur
localisation.
Le quatrième volet prévoirait qu'une fois une zone
régionale délimitée, les électeurs (au cens
d'éligibilité municipale) seraient invités à se
prononcer, par voie de référendum, sur l'opportunité de se
prévaloir des avantages et de la protection offerte par la loi.
Voilà, en somme, le mécanisme concret que vous propose la
Chambre, pour atteindre les divers objectifs que nous partageons quant au
développement de l'agriculture québécoise.
Chapitre VI: De la consultation, en guise de conclusion
Dans son propos sur la consultation, le ministre l'invite surtout sur
les principes d'intervention, sur les responsabilités des intervenants
et sur les mécanismes de contrôle.
Nous y sommes arrivés, certes. Mais non sans contester les
arguments invoqués en faveur de la "nécessité
évidente". Ce n'est pas par frivolité. Depuis trop longtemps au
Québec, et c'est notre drame collectif, nous recherchons la
sécurité dans toutes nos activités. La
sécurité sclérose. Elle tue l'initiative et l'imagination,
nous empêche souvent de nous améliorer et laisse partout dans son
sillage la stagnation et la démotivation.
La Chambre a préféré donner une autre perspective
à la question de la protection des sols agricoles: en faire une mesure
essentiellement axée sur sa mise en valeur et sur le
développement accéléré de son potentiel.
C'est à ce titre qu'elle offre sa collaboration à cette
démarche de consultation.
LA CHAMBRE DE COMMERCE Montréal, ce 15 septembre 1978. DE LA
PROVINCE DE QUEBEC
Examen critique de la problématique
gouvernementale en matière de zonage agricole A. Une question
d'inefficacité
Dans son premier mémoire, la Chambre a proposé que la
protection des sols agricoles du Québec s'effectue "efficacement mais
sans heurts inutiles" en quatre étapes. Les trois premières
consisteraient dans la mise en valeur des sols, dans leur protection
apportée par un régime fiscal spécialisé et dans
leur délimitation; la dernière, l'application du zonage agricole,
découlerait des précédentes, selon les modalités
d'un modèle urbain prévoyant "une consultation formelle et
obligatoire de la population directement touchée, par voie de
référendum." En effet, la Chambre envisagerait une situation dans
laquelle les propriétaires des terres agricoles "seraient invités
à se prononcer... sur l'opportunité de se prévaloir des
avantages et de la protection offerte par la loi". (Politiques d'action,
1975).
Nous prétendons alors qu'en choisissant d'ignorer cette approche
non-coercitive, le gouvernement met en péril sa propre politique de
protection des sols agricoles. Notre argument est fondé sur le fait que
tout système de zonage des terres est essentiellement une
redéfinition des droits de propriété. Ainsi, lorsque le
zonage des terres s'accompagne d'un gel des transactions foncières, il
faut prévoir des mécanismes pour déterminer habilement et
rapidement ces "nouveaux" droits de propriété. Autrement, la
frustration individuelle et les perturbations économiques qui en
résultent raccourciront l'espérance de vie" de cette politique de
protection des sols agricoles.
Or, l'application de la loi 90 promet de n'être ni habile ni
rapide: fait qui sera plus évident si on la compare avec sa "parente" de
la Colombie-Britannique.
En Colombie-Britannique, lors de la déclaration du gel des terres
agricoles en 1973, des structures régionales étaient
déjà en place. Elles étaient tout à fait
adéquates (1) pour délimiter les périmètres urbains
selon les renseignements tirés de "l'Inventaire canadien des terres";
(2) pour permettre l'organisation de réunions d'information et
d'audiences publiques au cours desquelles les citoyens pouvaient participer
activement à l'élaboration du plan de la zone agricole de leurs
régions; (3) pour faire, au moyen de règlements*, une
première délimitation, ayant force de loi, des droits des parties
intéressées; (4) et pour négocier effectivement.
Au Québec, ce genre de structures régionales n'est pas
encore en place et ne le sera probablement pas avant au moins un an, même
si le nouveau projet de loi sur l'aménagement et l'urbanisme de
"Edictés par les districts régionaux ou les
municipalités.
l'Honorable Léonard est adopté pendant la session
parlementaire du printemps. Ce que nous avons actuellement en fait de
structures régionales, les conseils de comtés, par exemple, ne
prévoient pas habituellement les ressources humaines et fiscales
nécessaires à la pratique de la gestion intégrée
des sols (integrated land use management). Il en résulte que la
tâche d'élaborer les plans locaux et de les négocier
ensuite auprès de la commission centrale, incombe à la myriade
des 614 municipalités locales dont peu possèdent les ressources,
les talents ou les compétences techniques requises pour défendre
les intérêts particuliers de leur localité ou de leur
région. Comme si l'inégalité dans leurs pouvoirs de
négocier ne constituait pas déjà un handicap assez grand,
ces municipalités souffriront en plus de l'absence de mandat
général leur permettant d'informer et d'écouter les
propriétaires des terres agricoles locales lorsque ceux-ci
rédigent leurs plans locaux; donc, elles n'auront aucun mandat
spécifique pour les représenter devant la commission.
En Colombie-Britannique, le "Land Commission Act" prévoit que
toutes les parties affectées par la politique du zonage des terres
agricoles recevront une première délimitation légale de
leurs droits de propriété, dûment ratifié par un
règlement d'un des 28 districts régionaux ou des 139
municipalités concernés, dans les 90 jours suivant la
promulgation de la loi. Ceux qui n'étaient pas satisfaits de cette
délimitation, c'est-à-dire environ 10% des propriétaires
des terres agricoles, ont fait ensuite appel auprès de la Commission de
la protection des terres agricoles à Vancouver. M. Denis K. O.Gorman,
directeur de ('"Environment and Land Use Committee" de la Colombie-Britannique,
estime que, à peine 30% du poids de la politique du zonage agricole a
été supporté par la Commission et malgré cela il y
avait un retard de 500 appels avant même que la Commission puisse se
mettre en marche.
Au Québec, les corporations municipales ont deux fois plus de
temps (180 jours) pour négocier auprès de la Commission, le plan
imposé par le gouvernement de la zone agricole de leurs territoires. De
plus, jusqu'à ce que ce plan soit soumis à I'approbation du
gouvernement et que le décret subséquent soit publié, les
propriétaires ayant l'intention de soumettre des demandes de
dérogation ou d autorisation devant la Commission ne peuvent pas,
à toutes fins utiles, engager des procédures visant à une
délimitation finale de leurs "nouveaux " droits de
propriété*. Pour aggraver encore plus la situation la
première barrière est une réunion peu concluante avec une
corporation municipale dotée seulement d'un pouvoir de faire des
recommandations devant la Commission. Cette réunion peut durer trois
mois. Donc, plus d'un an peut s'écouler avant que les parties
intéressées à déterminer, selon la politique de la
protection des sols agricoles, le "nouveau" droit de propriété,
ne se trouvent même devant l'organisme habilité à faire
cette délimitation!
La lenteur et le manque d uniformité sont encore
compréhensibles lorsque tout le monde attend la législation qui
mettra en place les structures régionales nécessaires, mais elles
sont tout à fait intolérables dans un marché foncier
agricole presque gelé.
Nous avons dit "presque gelé'. Soyons plus précis.
L'imposition d'un gel partiel des terres agricoles aura pour effet de
déplacer certaines activités économiques vers la
périphérie de la "zone verte". (Nous pensons aux comtés de
Grand-Mère, de Richmond et de la Beauce). Toutefois, la création
d'une région agricole potagère haussera les coûts des
terres, à la fois dans les villes et dans les régions
périphériques. Cette inflation des coûts des terres
ralentira la construction partout où le marché foncier est
affecté par l'existence de la "zone verte".
Il est vrai qu'un certain nombre de lots déjà desservis
par les aqueducs et les égouts sanitaires ou déjà
autorisés à l'être, sera disponible dans les mois à
venir, dans les régions agricoles désignées. Il est vrai
aussi que certains entrepreneurs possédant des terres pour lesquelles un
permis d'utilisation à une fin autre que l'agriculture existe
déjà, voudront construire dans l'année à venir,
plutôt que de voir leur permis éteint selon l'article 102.
Peut-être aussi que, dans les mois à venir, divers commerces et
industries utiliseront leur hectare permis pour s'agrandir et que les rares
fermiers à posséder une ferme sans maison de ferme se
décideront à corriger cette anomalie.
Mais cela s'arrêtera là! Il n'y aura pas de lotissement ou
d'aliénation des parties inutilisables des fermes... pas de construction
de chalets par les citadins... pas de développement résidentiel,
commercial ou industriel des terres en friche par des personnes autres que des
agriculteurs...' pas de construction de résidences secondaires par les
fermiers, pour leurs vieux parents ou leurs employés..."" pas
d'agrandissement de "gravellière ', de sablière ou d'entreprises
de décapage de terres gazonnières... pas d'importants centres
commerciaux ou industries nouvelles... Dorénavant, toutes ces
activités économiques n auront lieu dans la "zone verte" QU'AVEC
L'APPROBATION DE LA COMMISSION DES TERRES AGRICOLES.
Décrivons cette réalité plus succinctement: le
marché foncier d'une région entière, marché capable
d'allouer des terres pour des myriades d'usages différents et
d'être le lieu d'arbitrage des demandes de milliers d'usagers
différents, sera dorénavant canalisé dans l'appareil
décisionnel d'une seule bureaucratie centrale. "La Commission doit
donner au demandeur et à tout intéressé l'occasion de lui
soumettre des représentations écrites ", lit-on dans l'article 60
et nous avons presque envie d'ajouter "quelque superflue et
répétée que puisse être la demande de
dérogation ou d'autorisation ". Toutefois, presque toutes ses
décisions seront loin d'être faciles: la plupart
éprouveront même sans doute
Nous considérons que l'article 35 ne prévoit pas de telles
procédures.
durement les ressources collectives de l'armée d'experts,
d'enquêteurs et de fonctionnaires engendrés par le projet de loi
90.
Les dossiers de demandes s'empileront rapidement. Les
propriétaires terriens qui auraient pu attendre plus de six mois avant
d'apprendre que leurs terres étaient incluses dans la "zone verte'' et
trois mois de plus avant d'apprendre "la recommandation" de leur
municipalité, se trouveront maintenant en train de contempler une
embâcle d'origine législative. Ils exprimeront de plus en plus
publiquement leur colère et leur frustration contre la politique de
protection des sols agricoles.
Dans une économie où les droits de propriété
peuvent être déterminés par un verdict de commission, si
jamais ils peuvent l'être, les risques encourus par les investisseurs
individuels et corporatifs augmenteront; les nouveaux investissements se seront
réduit et l'économie de la région agricole
désignée ralentira. A la fin, la politique deviendra encore une
autre entrave à une économie provinciale qui traîne
déjà la jambe.
Et tout cela, dans quel but? Pour que le Ministre d'Etat à
l'aménagement puisse avoir le temps nécessaire d'élaborer,
selon les principes les plus rationnels qui soient, les structures
administratives décentralisées? Pour que les gouvernements qui
suivent puissent à leur tour les ré-élaborer?
Devant le fait accompli du gel des terres agricoles, la Chambre
recommande respectueusement que les modalités de la loi 90
s'éloignent de l'uniformité pour aller vers une plus grande
efficacité et une plus grande rapidité des structures
décisionnelles. Plus particulièrement, la Chambre recommande: que
les municipalités et surtout les conseils de comtés, en
collaboration avec leurs municipalités membres) soient dotés des
ressources fiscales et des compétences techniques nécessaires
pour (1) élaborer des plans de la zone agricole de leurs territoires,
avec, au besoin, les conseils et l'aide de la Commission; (2) pour informer et
pour écouter les parties intéressées et pour faire une
première délimitation de leurs droits de propriété
ayant force de loi; (3) pour négocier efficacement les
intérêts locaux définis dans ledit plan auprès d'une
commission centrale ayant comme mandat de sauvegarder les principes
fondamentaux de la loi; que le gouvernement raccourcisse les délais
statutaires à l'intérieur desquels les municipalités
doivent soumettre leur plan pour approbation par la commission, de la zone
agricole et les délais de publication de l'entrée en vigueur du
décret établissant cette zone agricole;. que le gouvernement
établisse les délais statutaires à l'intérieur
desquels la commission doit se prononcer sur les soumissions lorsque les
représentations écrites sont jugées suffisantes; et que
les critères avec lesquels seront évaluées les demandes de
dérogation et d'autorisation soient établis au plus tôt et
que l'entraînement du personnel se fasse sans délai afin de
permettre un démarrage rapide du fonctionnement de la Commission; que,
pendant les 18 mois suivants, le gouvernement fasse tout en son pouvoir pour
informer la population sur le contenu de cette politique, de façon
à éviter des demandes de dérogation et d'autorisation
superflues.
La possibilité de corruption
Dans le projet de loi 90, les organismes gouvernementaux existant aux
niveaux municipaux et provinciaux sont, en un sens, écartés de
l'application de la politique de protection des terres agricoles pour laisser
la place à une seule Commission omni-interventionniste. C'est cette
Commission qui, avec ou sans la collaboration des 614 municipalités,
élaborera les plans locaux de zonage agricole, qui statuera sur
l'ensemble des demandes de dérogation et d'autorisation et qui
émettra les ordonnances enjoignant les personnes à respecter la
loi. Dans l'exercice de ces pouvoirs étendus, la commission pourra
décréter et enquêter partout où elle le voudra.
Enfin, en vertu du mandat lui permettant de "surveiller l'application de la
politique", la commission est elle-même une partie
intéressée, mais partie intéressée munie des
pouvoirs de passer des jugements finals et sans appel.
Quelles sont les raisons justifiant la création de cette nouvelle
et importante omnipotence bureaucratique? L'une est que les fermiers ont besoin
de ce rempart pour les protéger des actions arbitraires des pouvoirs
locaux. L'exemple de Laval, qui a littéralement mis ses agriculteurs et
éleveurs hors-la-loi en interdisant sur son territoire tout
élevage autre que celui de chiens, des chats et des chevaux, prouve que
ce besoin de protection n'est pas sans fondement. Ce que cet exemple n'explique
pas, cependant, est la raison pour laquelle une Commission de protection des
terres agricoles serait plus en mesure de servir de rempart que, disons, le
Ministère de l'Agriculture.
Une autre raison avancée pour justifier la création d'une
Commission si forte et si dominante est le prétendu besoin d'une
intervention gouvernementale directe qui, au moins dans les premières
années "En Colombie Britannique, tout terrain de moins de deux acres
n'était pas touché par la loi. "Que l'interprétation soit
conforme ou non aux intentions du Ministère de l'agriculture, elle est
en tous cas tout à fait conforme à larticle 40, au
dépliant du Ministère de l'agriculture intitulé
"Information aux citoyens " et aux déclarations du Ministre à
l'Assemblée nationale, le 16 novembre 1978, Débats de
l'Assemblée nationale, page 3777. Cette pratique est permise en Colombie
Britannique.
de l'application de la politique du zonage agricole, sera uniforme,
rapide et efficace. En fait, comme nous l'avons déjà
constaté dans la partie précédente, la création
d'une seule Commission centrale constitue plus une entrave qu'une aide pour
mener à bien ce processus essentiel qui doit permettre de définir
les "nouveaux" droits de propriété créés par cette
politique.
La troisième et dernière raison pour ériger la
Commission au-dessus des structures municipales et régionales
déjà existantes transparaît dans les provisions mêmes
du projet de loi 90. Nous nous référons ici à l'attitude
de méfiance allant presque jusqu'au mépris dont font preuve les
provisions du projet de loi en ce qui concerne la capacité des
structures gouvernementales inférieures à faire face aux chants
des sirènes des spéculateurs et des promoteurs.
Les provisions du projet de loi 90 suggèrent essentiellement que
les structures municipales et régionales déjà existantes
se sont montrées vulnérables face à ceux qui ont
découvert qu'il est plus facile de manipuler l'appareil étatique
que de fausser en leur faveur le fonctionnement d'un marché libre des
terres agricoles. Elles reflètent aussi la pleine conscience que la
création d'une seule Commission centrale n'éliminera pas la
possibilité de corruption mais ne fera que changer les conditions dans
lesquelles la corruption aura lieu et qu'augmenter les récompenses
accordées aux succès.* C'est pourquoi l'article 96 est là,
permettant au gouvernement, "par avis écrit à la Commission, de
soustraire une affaire à sa juridiction". L'intention est claire:
dorénavant l'arbitre final sera le Gouvernement lui-même.
Mettra-t-on ainsi fin à la tentation d'"acheter" le personnel politique
et bureaucratique, tentation qui semble refaire surface chaque fois qu'un Etat
veut améliorer un marché libre dans lequel les clients sont
"achetés" en leur offrant ce qu'ils demandent?
Si l'expérience de la Colombie-Britannique peut nous servir de
guide, la réponse est non. Dans cette province, un gouvernement
néo-démocratique, soucieux de protéger le patrimoine
agricole, a doté sa "Land Commission" du pouvoir de fouler aux pieds les
administrations municipales et régionales, qui jusqu'alors se
distinguaient par leur incapacité et leur répugnance totales
à résister aux forces de la spéculation et du
développement. Le Gouvernement n'a prévu aucun droit d'appel en
cour et ne s'est pas réservé le droit de révision.
Le résultat? Quatre ans après, un nouveau gouvernement qui
se montrait hostile à la politique du zonage agricole, prenait le
pouvoir. L'un de ses premiers gestes fut d'amender la "Land Commission Act"
afin de donner au Ministre de l'Environnement à peu près les
mêmes pouvoirs que ceux qui sont donnés par l'article 96 au
Conseil des ministres.*
Du jour au lendemain, les municipalités désireuses de
protéger leurs terres agricoles, se trouvèrent face à une
"Land Commission" contrôlée par un Gouvernement disposé
à saboter les principes de la Loi. Les rôles étaient
renversés.
Un système bureaucratique délimitant les droits de
propriété n'admet pas d'arbitre final parfait. Il peut cependant
utiliser les services d'une structure publique parallèle qui
possède une certaine indépendance grâce à la
titularisation de ses membres: le pouvoir judiciaire.
Si notre Gouvernement est vraiment soucieux d'énoncer une
politique de protection des terres agricoles qui lui survive, il devra d'abord,
à notre avis, commencer par créer un équilibre entre les
pouvoirs de la nouvelle Commission et ceux des autorités locales et
régionales, et ensuite, se retirer complètement du dossier. Le
droit de révision qui lui est actuellement conféré par
l'article 96 devrait être transféré au pouvoir judiciaire
qui aurait dorénavant le devoir d'entendre les appels des individus ou
des administrations locales alléguant qu'une décision de la
Commission n'est pas conforme aux principes directeurs de la loi.
C'est ce que nous recommandons. *Nous suggérons à ceux qui
ne sont pas convaincus d'étudier de près l'histoire du non moins
puissant organisme régulateur qu'est la "Interestate Commerce
Commission'' aux Etats-Unis. Gabriel Kolko, The Triumph of Conservatism
(Glencoe, Illinois: The Free Press, 1963) and Railroads and Regulations
1877-1916 (Princeton University Press, 1965). A ce propos, il faut souligner
que Mr. Kolko est un historien socialiste. *Un virulent éditorial du
Vancouver Sun, daté du 10 septembre 1977, a qualifié cet
amendement "d'invitation ouverte au patronage politique du plus haut niveau "
et d'invitation à s'entendre, en privé, avec des ministres, dans
le but de fractionner les réserves de terres agricoles. (Voir l'annexe
de l'annexe I).
ANNEXE B
Commission parlementaire sur le zonage agricole Liste
des ouvrages annexés
1.
Schéma Directeur d'Aménagement 1/4
Schéma Directeur texte explicatif 2/4 Schéma Directeur
plan 3/4 Règlement concernant l'aménagement du territoire
et le zonage 4/4 Plans de zonage 2. Etude OCSOL 3. Schéma Directeur
d'alimentation en eau 4. Schéma Directeur d'assainissement des eaux 1/3
Réseau d'assainissement des eaux 2/3 Assainissement des eaux
usées 3/3 Rapport complémentaire 5. Réseau routier
plan 1000' au pouce 6. Centre-ville Carré Laval 7. Besoins de la
population 1/12 Etude démographique Vol. I (1967) 2/12 Population
probable par groupes d'âges et selon le sexe Vol. Il (1967) 3/12
Appendice Statistique Vol. Ill (1967) 4/12 Perspectives de population pour
Ville de Laval et ses 38 secteurs de recensement 1976 à 1996 Vol.
I 5/12 Population probable par groupes d'âges et selon le sexe, 1976
à 1996 analyse des résultats Vol. Il 6/12 Appendice Statistique
Vol. Ill 7/12 Profil structurel et distribution géographique
stratifiée de la population selon le sexe et. certains groupes
d'âges pour divers systèmes de divisions territoriales 8/12 Etude
prospective de population par périodes quinquennales (1976 à
1991) 9/12 Le Transport en commun à Laval janvier 1971 10/12
Rapport sur le transport en commun à Laval octobre 1978 11/12
Institutions d'enseignement et clientèle scolaire 1974-75 et 1975-76
12/12 Institutions d'enseignement et clientèle scolaire 1976-77 et
1977-78 8. La Santé à Ville de Laval 1/3 .Volume I: La
santé, bien communautaire la Ville de Laval et le problème
de la santé 2/3 Volume 2: Les ressources sanitaires de la Ville de
Laval; les besoins sanitaires de la Ville de Laval 3/3 Volume 3: L'organisation
des services de santé à Laval 9. Livre Blanc sur les Loisirs
Socio-culturels et Sportifs 1/7 Synthèse: Les recommandations 2/7 Tome I
préambule; démarche; notions générales 3/7 Tome 2
profil structurel; programmation; les bibliothèques 4/7 Tome 3
principes; secteurs; espaces et équipements 5/7 Tome 4 recommandations;
programmation; estimation des coûts 6/7 Atlas cartographique 7/7 Parcs et
espaces libres répertoire 200' au pouce 10. L'Avenir de Laval
Enquête participation 1975 1/5 à 5/5 rapport et
annexes en 5 volumes 11. Aménagement des berges 1/3 Synthèse des
recommandations 2/3 Volume 1 : texte sur l'aménagement des berges 3/3
Volume 2: répertoire des plans
12. Développement économique 1/11 Dossier statistique 2/11
Brochure sur le développement: L'avenir est à Laval 3/11
Répertoire des commerces de détail: secteur de l'alimentation
4/11 Répertoire des commerces de détail: secteur de l'habillement
et habitation 5/11 Répertoire des commerces de détail: secteur du
transport 6/11 Répertoire des commerces de détail: secteur soins
personnels, loisirs et autres 7/11 Revenu Familial Laval (1966 à
1976) 8/11 Relevé des emplois à Laval 1976 9/11
Relevé des emplois à Laval 1977 10/11 Evolution du stock
de maisons unifamiliales 1931 à 1976 11/11 Répertoire des
industries manufacturières 1978 13. Instruments de Gestion 1/5
Structure: Direction et coordination des objectifs 2/5 Structure: Planification
et Développement économique 3/5 Structure: Gestion et finances
4/5 Structure: Services à la collectivité 5/5 Structure: Services
à l'individu 14. Le système P.P.B. 1/3 Budget Programme:
arrière-plan théorique (stratégie d'implantation) 2/3
Budget Programme: annexe illustrée 3/3 Budget Programme: structure de
programmes 15. Scénario de développement résidentiel 1/2
Texte du scénario résidentiel 2/2 Plan d'accompagnement 16.
Scénario de développement industriel 1/8 Texte du scénario
industriel 2/8 Parc industriel centre: plan structure actuelle 3/8 Parc
industriel centre: plan phases de développement 4/8 Parc
industriel ouest: plan structure actuelle 5/8 Parc industriel ouest:
plan phases de développement 6/8 Parc industriel centre-est: plan
structure actuelle 7/8 Parc industriel centre-est: plan phases de
développement 8 8 Parc industriel est: plan structure actuelle
17. L'agriculture à Laval 1/5 Rapport préliminaire
septembre 1977 2/5 Plan terres agricoles à Laval 3/5 Plan
potentiel agricole 4 /5 Plan zonage actuel des terres agricoles 5/5 Plan
urbanisation prévue 1991
ANNEXE C
VILLE DE SAINT-JEAN, QUE. Bureau du Trésorier
Case postale 1025 Tél. 347-5351
Saint-Jean-sur-Richelieu,
Le 7 décembre 1978.
M. Jean Garon,
Ministre de l'Agriculture du Québec,
Hôtel du Gouvernement,
Québec.
Sujet: Projet de loi no. 90 sur la protection du terrain agricole.
Monsieur Le Ministre,
La Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu après avoir
étudié le projet de loi no. 90 et suite aux
représentations de divers groupes de citoyens, vous soumet
respectueusement les amendements qui selon nous pourraient clarifier le texte
du projet de loi 90, et formule les commentaires suivants:
A) Le paragraphe 1° de l'article 1, devrait se lire comme suit:
1° "agriculture": l'élevage des animaux, l'industrie agricole
comprenant tout le processus de la culture du sol, de la production agricole,
de l'entreposage, du conditionnement, de la conservation et enfin de la vente
des produits n'ayant subi aucune transformation ou modification dans leur
nature intrinsèque;
Une modification du texte de loi dans ce sens permettrait de clarifier
les droits de s'installer dans une zone agricole aux entreprises du genre
suivant:
Exemple: Un Centre Régional de Grains, dont le but serait la
location de services par une compagnie aux agriculteurs, quant à
l'entreposage, au séchage de grains et également un centre de
revente des produits.
B)L article 31 : Afin de permettre de compléter dans les plus
brefs délais les transactions débutées avant le 9 novembre
1978, nous soumettons qu'il faut compléter l'article 31 en
prévoyant un mécanisme automatique, qui évitera d'attendre
une décision de la commission qui, nous nous en doutons, sera
inondée de demandes de toutes sortes et par ce fait, sera ralenti au
départ.
Exemple: En vertu d'une promesse de vente signée depuis plusieurs
mois conditionnellement à l'obtention d'un prêt agricole
nécessaire, un agriculteur prenait possession de deux lots pour fins
d'utilisation agricole. L'acheteur a investi $55,000.00, dans cette terre pour
le drainage sous-terrain, dont $30,000.00 de son argent personnel et la
différence venant d'octrois du Ministère de l'agriculture.
Ce drainage a été effectué au cours du mois de
juillet 1978, et il a depuis labouré et préparé cette
terre pour la semence.
Le notaire a reçu le 16 novembre 1978, le chèque de
déboursé du prêt agricole au montant de $165,000.00,
comportant un refinancement des autres terres de culture de l'acheteur, un
montant de $12,000.00 relativement au drainage desdits lots
précités, et un montant de $88,500.00 pour le paiement du prix
d'achat desdits lots. Hors, en vertu de l'article 29, du projet de loi no. 90,
le notaire ne peut plus maintenant procéder à la signature de cet
acte de vente et au déboursé du prêt, puisque le vendeur se
réserve sa maison, et un terrain de 160 pieds par 202 pieds autour de
cette maison, soit une superficie de 32,320 pieds carrés. C'est du moins
l'interprétation qu'il fait de l'article 29. Il résulte de cette
situation, un grave préjudice pour l'acheteur qui risque de perdre le
$30,000.00 investi dans le drainage, l'argent donné en acompte sur le
prix de vente et peut être des dommages-intérêts
réclamés par le vendeur. L'acheteur a besoin du
déboursé de ce prêt, pour rembourser la banque qui lui
avait avancé temporairement l'argent nécessaire au drainage.
L'acheteur est un vrai cultivateur qui possède plusieurs terres et qu'il
cultive.
Autre exemple: Un constructeur local s'était
réservé depuis plusieurs mois, une trentaine de terrains sur des
lots subdivisés et cela par promesse de vente, sous seing privé,
avec l'entente que le vendeur lui concéderait un titre ou acte de vente
enregistré à demande et que le prix en serait payé
à même les déboursés progressifs du prêt
hypothécaire à être contracté lors de la
construction de chacun de ces lots. Cette pratique est fort courante
d'ailleurs. Le
notaire a donc le problème de ce constructeur qui a maintenant
quelques maisons de construites sur ces terrains ainsi réservés
et construites en vertu de l'entente ci-haut mentionnée. Ces maisons
sont également vendues par ce constructeur sous promesse de vente
à des tiers, ses propres acheteurs; ces derniers réclament leur
maison et un contrat de vente, et font valoir à grands cris les acomptes
qu'ils ont déjà versés au constructeur. Que faut-il faire
puisqu'aucun titre n'ayant été enregistré avant le 9
novembre 1978, la vente de ces lots contreviendrait aux dispositions de
l'article 31 du projet de loi numéro 90. Nous croyons qu'il s agit
là de deux exemples de problèmes graves à résoudre,
et qu'il est urgent de les solutionner puisque les esprits s'échauffent
et que les intérêts continuent à courir sur les prêts
en suspens et les promesses de vente en vigueur, sans compter les compagnies
prêteuses qui réclament des titres clairs avant le
déboursé.
Nous suggérons donc, d'ajouter à l'article 31 après
"d'un titre enregistré le 9 novembre 1978", la phrase suivante: Ou d'une
promesse de vente ou d'achat antérieure au 9 novembre 1978 et
prônée par le serment d'au moins un témoin et/ou des
parties.
Nous croyons également qu'à l'article 101 le mot
"utilisé" devrait être précisé afin de
répondre à nos questions suivantes: 1° Devrait-on
considérer comme des lots qui sont utilisés pour des fins autre
que l'agriculture, une partie de terre faisant l'objet d'un plan de subdivision
déposée avant le 9 novembre 1978, ou les rues ont
été physiquement tracées et construites avant le 9
novembre 1978, ou lorsque des travaux concrets ont été
exécutés tel rehaussement de lots prévus, confection de
fossés, égoutement, préparation du terrain par
l'éclaircissement et nettoyage des boisés, installation des
poteaux d'électricité et de téléphone, ou travaux
préparatoires à ces fins, etc. 2° Est-ce que le fait qu'une
terre subdivisée pour des fins d'habitation depuis plusieurs
années pour laquelle on a refusé devant le bureau de revision
provincial l'exemption prévue à l'article 21 de la loi de
l'évaluation foncière constitue en vertu de l'article 101
toujours, un droit acquis? Il ne faut pas oublier que la Municipalité a
taxé ce propriétaire en tenant compte qu'il possédait ces
lots dans un but spéculatif. Il aurait aussi lieu, d'assurer la
concordance entre l'article 21 de la loi de l'évaluation foncière
et le présent projet de loi afin de définir clairement les droits
à l'exemption dudit article 21 d'un propriétaire de terre
agricole.
Nous croyons que la clarification du mot "utilisé", permettrait
à notre Municipalité d'accepter ou de refuser sans
équivoque toute demande de permis de construction sur de tels lots.
Article 40: Nous croyons qu'il est important de préciser le
nombre d'enfants et d'employés, pouvant construire leur résidence
en vertu de cet article, voir même d'en limiter le nombre. Nous voudrions
aussi voir clarifier les droits des résidents de ces maisons dans
léventualité de la vente de la terre à un autre
agriculteur.
Article 64: Compte tenu que l'erreur est humaine, compte tenu que la
décision de la commission pourra dans certaine circonstance par un vote
prépondérant, être rendu par une seule personne, nous
recommandons qu'un droit d'appel, des décisions de la commission devant
la cour supérieure, soit accordé aux contribuables.