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Etude du projet de loi no 90
(Douze heures deux minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'agriculture est réunie pour étudier
article par article le projet de loi no 90.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Rancourt (Saint-François), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. Marcoux (Rimouski) remplace M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Char-bonneau (Verchères), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Lavoie (Laval) remplace
M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M. Mercier (Berthier), M.
Ouellette (Beauce-Nord), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Picotte
(Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda).
A l'ajournement d'hier, nous étions rendus à l'article 3,
de la section II et M. le ministre avait mentionné qu'il remettrait les
amendements de la section II.
M. le ministre.
Commission de protection du territoire agricole du
Québec (suite)
M. Garon: Comme nos conseillers juridiques ont parlé avec
les gens du comité de législation et qu'on doit les rencontrer ce
midi pour se mettre d'accord en principe, afin que nos amendements
proposés soient assujettis à des modifications de
rédaction, si vous voulez, nous pourrions sauter les articles sur
lesquels il y a des propositions d'amendement et, après dîner,
revenir à ces articles. A ce moment, j'aurais eu le temps de voir le
comité de législation à l'heure du midi, pour que la
rédaction soit vraiment définitive.
Autrement, nous allons perdre du temps sur des rédactions...
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, y a-t-il des
amendements à l'article 3?
M. Garon: II n'y a pas d'amendement à l'article 3. C'est
le texte tel que présenté.
Le Président (M. Boucher): J'appelle donc l'article 3. M.
le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Puisque le ministre de l'Agriculture vient de nous
indiquer qu'il ne peut pas déposer les amendements dont il nous avait
parlé hier soir, au moment d'entreprendre le débat de la section
II, j'ai écouté le ministre, j'avais une motion à faire,
M. le Président, puisqu'il faudra attendre après le
dîner...
M. Garon: Si vous voulez, plutôt que de faire un "show", je
vais vous les donner, comme indication. La rédaction pourra changer, ce
ne seront peut-être pas ceux que je proposerai. C'est simplement une
question de rédaction. On ne jouera pas. Ce n'est pas de l'hypocrisie,
je vais vous les remettre, mais en vous disant que je voudrais sauter ces
articles. C'est indicatif, la rédaction peut changer, mais le fond ne
changera pas.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, désirez-vous encore faire votre motion?
M. Giasson: Non, puisque nous avons la possibilité de
prendre connaissance des amendements que le ministre dépose.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: C'est un document de consultation. Nous allons voir le
comité de législation. Il pourra y avoir un mot ou deux de
changés. J'aimerais sauter ces articles.
M. Marcoux: Comme c'est seulement une question de formulation,
nous pouvons en discuter quand même, sans les adopter.
M. Garon: Non, nous allons perdre du temps. C'est aussi bien de
sauter les articles et d'y revenir.
M. Marcoux: Parfois, il y a un suite logique dans la discussion.
Si c'est une question de formulation...
Le Président (M. Boucher): J'appelle maintenant l'article
3.
M. Garon: On peut peut-être le lire tranquillement. "Un
organisme, ci-après appelé "la commission ' est constitué
sous le nom de "Commission de protection du territoire agricole du
Québec". "La commission a pour fonction d'assurer la protection du
territoire agricole. A cette fin elle est chargée: "a) de décider
des demandes d'autorisation qui lui sont soumises en vertu de la loi
relativement à l'utilisation, au lotissement ou à
l'aliénation d'un lot, de même que des demandes visant à
l'inclusion d'un lot dans une zone agricole ou à l'exclusion d'un lot
d'une zone agricole; "b) de délivrer les permis d'exploitation requis
pour l'enlèvement du sol arable conformément à la section
V; "c) de délimiter, en collaboration avec la corporation municipale, la
zone agricole dans une municipalité; "dj d'émettre un avis sur
toute autre affaire qui doit lui être référée en
vertu de la loi;
"e) de surveiller l'application de la présente loi. "La
commission donne son avis au ministre sur toute question que celui-ci lui
soumet et elle peut faire à ce dernier des recommandations sur toute
question relative à la protection du territoire agricole".
C'est le rôle de la commission, de ce qu'elle doit faire, en
gros.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je constate qu'au moment
d'entreprendre le débat sur la section II de la loi 90, le ministre n'a
pas pris en considération les recommandations qui ont été
faites par de nombreux organismes ou intervenants qui sont venus devant
nous.
Lors de leur comparution à la commission parlementaire, non
seulement ces gens nous ont indiqué leur désir de voir des
modifications en ce qui a trait au pouvoir confié à la seule
commission, unique, de niveau provincial, mais le ministre avait
déjà été sensibilisé au besoin de faire un
travail sur une base de décentralisation lorsqu'il avait fait sa
tournée de la province de Québec au cours de septembre, qu'il
avait reçu de nombreux mémoires et qu'il avait accueilli les gens
qui avaient déposé ces mémoires au cours de la
tournée. Déjà, à leur lecture, nous avions senti,
dans les mémoires de la plupart des intervenants, une crainte manifeste
de constater que tous les pouvoirs, à l'intérieur de
l'application de la loi, seraient entre les mains d'un organisme
centralisé.
Les gens avaient nettement indiqué au ministre et à ceux
qui l'accompagnaient une préférence de voir l'application de la
loi confiée à des organismes soit municipaux, soit de
comté. Pour les uns, c'étaient les conseils de comté;
d'autres souhaitaient ardemment que l'application de la loi soit confiée
à des commissions qui épouseraient des dimensions
régionales.
J'aurais pensé qu'à la suite de cet état de fait
que nous avons constaté, et pour lequel nous avons réellement vu
une constante chez la plupart des intervenants, je croyais, dis-je, qu'à
la suite des dernières auditions le ministre amenderait la section II de
façon à laisser plus de pouvoir aux mains des régions,
c'est-à-dire à des instances régionales, quitte à
ce que la commission provinciale devienne le point de dernier recours lorsque
les dossiers les plus litigieux n'auraient pas trouvé une
décision valable dans les discussions qu'il y aurait eu entre le forum
régional, dont a parlé le ministre et la commission
régionale qui, selon moi, devrait être l'instance qui pourrait
régler une foule de dossiers au moment où les demandes multiples
vont être adressées à la commission.
Mais le ministre n'a pas été trop impressionné,
sans doute, par cette volonté populaire qui a été
exprimée chez nous par des gens venant d'à peu près toutes
les régions du Québec, puisqu'il nous indique ce matin qu'il n'a
pas l'intention de déposer des amendements en ce qui a trait aux
pouvoirs qui sont confiés dans sa loi, telle que déposée,
pouvoirs qui sont confiés, dis-je, à la commission provinciale,
une seule commission.
Je ne nie pas la nécessité d'avoir un organisme-parapluie
au-dessus de commissions régionales, loin de là. Il faut
habituellement, lorsque des difficultés apparaissent, pour lesquelles il
n'y a pas de solution permise ou possible au niveau de la région, je ne
nie pas, dis-je, la possibilité d'avoir un organisme de niveau
provincial qui pourrait faire une étude de ces cas litigieux, de ces
dossiers en suspens, pour agir, un peu, comme arbitre et apporter la
décision qui doit être rendue lorsque le forum populaire d'une
région et l'instance régionale qui ont examiné ces
dossiers n'ont pu trouver une solution valable, n'ont pu s'entendre sur des
demandes ou des décisions à être rendues.
Devant cette situation, le problème demeure entier, à mon
sens, sauf peut-être pour une organisation et ses groupes
affiliés, soit la confédération de l'UPA qui, elle, a
indiqué une préférence pour un seul organisme, soit un
organisme provincial, et également 2 ou 3 organisations affiliées
à l'UPA qui se sont présentées à la commission
parlementaire et ont soutenu l'opinion exprimée par l'UPA. Mais si on
exclut ce grand organisme et ses fédérations affiliées,
à peu près tous les intervenants, sauf de rares exceptions, ont
indiqué qu'ils jugeaient beaucoup plus important de voir des instances
régionales ou des instances au niveau des comtés jouer un
rôle, non seulement un rôle consultatif ou un rôle à
toutes fins utiles qui ne donne aucun pouvoir de décision quel qu'il
soit... Ces organismes ont fort bien indiqué une
préférence dans l'application de cette loi afin qu'on permette
aux gens des milieux, aux gens des régions d'être capables, comme
ils l'ont fait dans le passé sur d'autres activités, ici dans la
province, d'être capables de jouer un rôle direct, un rôle
que je pourrais qualifier d'efficace et non pas être tout simplement des
gens qui émettent des voeux pieux qui vont se rendre à la
commission provinciale mais qui pourront ne pas être entendus ou ne pas
être écoutés pour mille et une raisons.
Devant cette position que le ministre a soutenue à l'endroit
d'une commission provinciale, il m'apparaît, M. le Président, que
nous devons, nous, ici, de l'Opposition officielle, proposer des amendements
à la section III ou aux articles qu'on retrouve à
l'intérieur de la section III. Et à cet effet, je veux dès
l'article 3, déposer des amendements, mais, comme nous avons
également des amendements à suggérer au ministre en ce qui
a trait à d'autres articles qu'on retrouve à d'autres chapitres
ou sections de la loi, je serais prêt à déposer la
totalité des amendements que nous avons l'intention, dans un premier
temps, de soumettre à l'attention de la commission et non pas de limiter
uniquement à la section III...
On m'indique, M. le Président, qu'on a préparé une
quantité d'amendements, c'est-à-dire un nombre de feuilles
suffisantes sur les amende-
merits de la section III. Dans les autres sections on n'a pas encore
fait les copies. On pourra le faire. Donc, je serais prêt, M. le
Président, à déposer les amendements que le Parti
libéral et l'Opposition officielle entendent proposer à la
commission en ce qui a trait à la section II de la loi, quitte à
revenir avec d'autres amendements lorsque les autres sections de la loi seront
appelées. Je serais prêt, M. le Président, à
déposer les amendements et je pourrais donner une idée du contenu
des amendements que nous entendons déposer. (12 h 15)
On propose que l'article 3 soit amendé en remplaçant tous
les mots après le mot "appelé", à la première
ligne, par les mots suivants:...
M. Garon: Vous n'aviez qu'à faire votre loi dans le
temps.
M. Giasson: ... par les mots suivants: "la commission
régionale est constituée sous le nom de la commission de
protection des terres de la région" et il s'agit d'inscrire le nom de
chacune des régions administratives agricoles au Québec. "La
commission régionale a pour fonction d'assurer la protection du
territoire agricole. A cette fin, elle est chargée: a)de décider
des demandes d'autorisation qui lui sont soumises en vertu de la loi
relativement à l'utilisation, au lotissement ou à
l'aliénation d'un lot de même que des demandes visant à
l'inclusion d'un lot d'une zone agricole; b) de délivrer les permis
d'exploitation requis pour l'enlèvement du sol arable
conformément à la section V; c) de délimiter, en
collaboration avec la corporation municipale, la zone agricole dans une
municipalité.
Un organisme, ci-après appelé la commission provinciale,
est constitué sous le nom de la Commission provinciale de protection du
territoire agricole du Québec. La commission provinciale est
chargée: a) d'émettre un avis sur toute affaire qui peut lui
être référée en vertu de la loi; b) de conseiller le
ministre sur toute affaire concernant la protection du territoire agricole du
Québec; c)de surveiller l'application de la présente loi; d)
d'entendre les appels des décisions prises au niveau
régional."
D'autres amendements se lisent comme suit: Que l'article 4...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, je m'excuse, nous avions commencé l'étude de
l'article 3. Est-ce qu'à ce moment-ci vous désirez nous faire
part de tous les amendements à tous les autres articles?
M. Giasson: C'est ce que j'ai indiqué au début de
mes propos, M. le Président, de déposer tous les amendements
qu'on entend déposer en ce qui a trait à la section II.
Le Président (M. Boucher): Etant donné qu'on est
à l'article 3, je croirais qu'il y a lieu de se limiter à
l'article 3 actuellement.
M. Giasson: Rien n'empêche de déposer les
amendements sur une section.
M. Garon: On les a, tout comme on a déposé les
nôtres pour cette section.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a consentement
à ce que d'autres amendements soient lus actuellement?
M. Garon: Je pense que ce n'est pas nécessaire de les
lire, excepté que...
M. Lavoie: Pour les fins du journal des Débats, pour les
historiens qui font l'historique de la loi.
M. Garon: Quand on sera à l'article 4 et à
l'article 5.
Le Président (M. Boucher): Ils seront sûrement lus
au fur et à mesure que nous étudierons les articles.
M. Roy: Si vous permettez, M. le Président, pour la bonne
compréhension de tout le monde, des parlementaires, la section II fait
partie d'un tout. Elle se subdivise évidemment article par article, mais
cela fait partie d'un tout. Il est évident que si un membre, un
collègue, que ce soit du côté ministériel ou du
côté de l'Opposition, peu importe quel parti d'Opposition il
représente, il n'en demeure pas moins que s'il propose des amendements
à l'article 3, il y a des incidences sur les articles 4, 5, 6 et 7, sur
toute la section. Je pense que, pour la bonne compréhension de tout le
monde, il y aurait peut-être lieu de procéder par
étapes.
La première étape, c'est que le gouvernement vient
déposer ses amendements, c'est-à-dire le fond de ses amendements,
l'esprit des amendements qu'il entend soumettre à la commission
parlementaire; l'Opposition officielle fait la même chose et, une fois
que ces grands paramètres ont été portés à
la connaissance des membres de la commission, on revient à
procéder article par article. Cela m'apparaîtrait normal et cela
m'aiderait dans mon travail.
Le Président (M. Boucher): S'il y a consentement...
M. Garon: Non, il n'y a pas de consentement.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de
consentement.
M. Lavoie: Recevabilité. Au lieu de discuter sur des
questions de règlement ou quoi que ce soit, on s'oppose à la
lecture...
Le Président (M. Boucher): On n'est pas sur la question de
recevabilité, on est sur une question de savoir si tous les amendements
à la section II doivent être lus immédiatement étant
donné que nous avions appelé l'article 3 et qu'il y a un
amendement à l'article 3, comme nous avons le mandat de discuter article
par article, je demandais aux membres de la commission s'il y avait
consentement à ce qu'on anticipe les autres articles avec des
amendements à la lecture d'autres amendements.
Il n'y a pas consentement. M. le député de
Montmagny-L'Islet, si vous voulez débattre sur la question de
l'amendement que vous avez proposé à l'article 3.
M. Giasson: Très bien, M. le Président. Puisque
c'est là la volonté de la commission, nous reviendrons à
chacun des articles.
M. Ouellette: La proposition est-elle recevable ou non?
M. Giasson: II s'agit de décider si les amendements sont
recevables. Même s'ils ne l'étaient pas, la commission va en
disposer à sa guise par un vote après le débat.
Le Président (M. Boucher): Compte tenu du libellé
de l'amendement proposé, je demanderais, M. le député de
Montmagny-L'Islet, de m'éclairer sur la recevabilité d'un tel
amendement.
M. Lavoie: II est recevable. Une Voix: Elle est bonne.
M. Giasson: L'amendement que je viens de déposer
m'apparaît recevable à sa face même, parce que je l'ai
indiqué dans mes propos du début. Il va exactement dans le sens
de la volonté qui est exprimée par au moins 80% des groupes qui
sont venus devant cette commission parlementaire. C'est tellement
évident, lorsque nous avons examiné les mémoires que le
ministre a reçus au cours de sa tournée de consultation au
Québec, et c'est tellement évident, lorsqu'on lit les
mémoires qui ont été déposés devant
l'actuelle commission parlementaire au cours de laquelle nous avons eu
l'avantage de questionner et de dialoguer très largement avec tous les
intervenants durant toutes les séances de la semaine dernière et
même durant les séances qui ont été tenues les deux
premières journées de nos travaux cette semaine, soit lundi et
mardi, que la recevabilité d'un tel amendement est d'une évidence
absolue selon moi.
M. Lavoie: Sur la question de la recevabilité, très
brièvement; je pense bien qu'il est assez clair que, d'abord, un grand
principe, c'est qu'un amendement ne doit pas aller contre le vote de
deuxième lecture qui est sur le principe de la loi sur la protection des
terres agricoles. Il s'agit ici uniquement d'un détail, d'une
modalité, comment cela va fonctionner. C'est juste un détail. Au
lieu d'avoir une commission au niveau provincial, le député
propose une modalité d'application différente, il propose une
commission au niveau régional; c est juste une question de
détail. Il n'y a pas de difficulté.
M. Garon: Vous n'avez qu'à faire votre loi au
gouvernement.
M. Lavoie: Comment, votre loi au gouvernement? Soyez donc... Ayez
donc des paroles sensées un peu.
M. Garon: Non, c'est sensé.
M. Lavoie: En tout cas, c'est juste cela. Autrement, si on ne
peut pas faire d'amendement sur une question de détail, de
modalité... Cela ne change pas le principe. Cela l'améliore. Il
va y avoir une meilleure protection...
M. Garon: Enfin. Vous allez dire après ça qu'on
veut nommer des amis...
M. Ouellette: C'est parce que c'était un détail que
vous avez voté pour en deuxième lecture.
M. Lavoie: Ah non! Vous êtes au courant que nous avons
voté contre, en deuxième lecture.
M. Ouellette: Oui, je le sais, mais, à ce moment, pour
vous, ce n'était pas un détail.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Giasson: La raison la plus importante va dans le sens des
amendements qu'on dépose aujourd'hui.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Si les amendements étaient acceptés,
fort possiblement qu'on voterait pour en troisième lecture.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Ouellette: C'est cela, la logique parlementaire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, sur la recevabilité de l'amendement. M. le ministre, est-ce
que vous voulez parler sur la recevabilité de l'amendement?
M. Garon: Je pense que la recevabilité change le projet de
loi considérablement. Je propose, aux articles 47 et 48, de
déposer des amendements et il faut tenir compte d'un forum au niveau
municipal, en donnant des avis formels aux connseils de comté et
à...
M. Lavoie: Question de règlement, M. le Président.
Vous nous avez rappelés à l'ordre tout à
l'heure, en disant que nous étions à l'article 3 et non
pas aux articles 47 et 48.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: C'est un projet du gouvernement. C'est sa politique et
sa politique, c'est d'avoir, à ce moment, une commission provinciale.
Or, je pense que cela change, cela dénature le projet de loi. Cela va
rendre le projet difficile à administrer dans une phase initiale...
M. Lavoie: Question de règlement, M. le Président.
Le ministre plaide sur le fond dans le moment.
M. Garon: Non, non, sur la recevabilité.
M. Lavoie: Bien non, M. le Président, question de
règlement. Il discute sur le fond.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval, les arguments que le ministre invoque actuellement peuvent avoir trait
à la recevabilité de la motion, étant donné qu'il
est question de savoir si cela change le principe de la loi.
M. Lavoie: Le principe, parlons du principe. M. Giasson:
D'accord, le principe.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le ministre.
M. Garon: Cela a pour but de créer une... Notre
gouvernement est en charge d'une administration. Il doit voir à ce que
les décisions soient prises d'une façon efficace, rapide, que
l'administration ne soit pas bloquée.
M. Lavoie: C'est cela.
M. Garon: Ce que propose actuellement le député de
Montmagny-L'Islet, c'est une structure qui va rendre le projet de loi, au point
de départ, inopérable...
M. Lavoie: Sur l'opinion en question... M. Garon: J'ai
droit à mon opinion? M. Lavoie: Oui.
M. Garon: Tous ceux qui ont fait de la protection du territoire
agricole par zonage disent que la façon la plus importante, c'est de
maintenir la constance de la jurisprudence et qu'il est important, au point de
départ, d'avoir une structure qui va être administrativement
opérable. Je pense que le gouvernement est responsable de
l'administration, ce n'est pas l'Opposition. Si l'Opposition avait voulu se
créer une solution administrative, elle n'avait qu'à faire ces
lois dans son temps!
Une Voix: Bon!
M. Garon: Alors on ne laissera pas des structures qui ne
fonctionneront pas. On va proposer des amendements qui vont tenir compte des
aspects régionaux et locaux et ne créeront pas de nouvelles
structures. Je suis étonné de voir que les gens qui ont
parlé contre la "structurite " en deuxième lecture, au niveau des
principes, veulent créer des structures additionnelles. Je pense qu'un
projet de loi comme celui-là, à ce moment-là, ne fait que
toucher l'administration de la loi et ne doit pas être reçu.
M. Dubois: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: ... j'ai fait état à plusieurs reprises
du besoin absolu de décentralisation dans l'agriculture au
Québec. D'ailleurs, je pense que le ministre est d'accord pour que les
régions agricoles puissent mieux desservir l'agriculture, mais je pense
que la motion du député de Montmagny-L'Islet garde le respect
absolu de la commission provinciale qui sera formée. Il n'en reste pas
moins que l'administration serait beaucoup plus souple s'il y avait aussi la
formation de douze commissions régionales qui seraient
définitivement chapautées par la commission provinciale et qui
respecteraient le projet de loi intégralement. La commission provinciale
pourrait quand même avoir le droit de vérifier les
décisions prises par les commissions régionales, de surveiller
leur administration, de les conseiller. Je pense que cela amènerait une
administration beaucoup plus souple parce qu'il y aurait au moins douze
commissions régionales qui pourraient être composées de
gens très compétents, aussi compétents que ceux que vous
voulez avoir ici à Québec et qui pourraient mieux desservir les
régions selon leurs besoins respectifs. Je pense que cela
s'intègre très bien dans le projet de loi et ne défait pas
du tout l'aspect administratif que vous voulez y apporter.
M. Garon: Seulement au niveau des commissions, on a 100
membres.
M. Dubois: M. le ministre, je pense qu'au niveau régional,
ce serait beaucoup plus facile. Vous vous êtes aperçu
jusqu'à maintenant du nombre de personnes qui ont fait état de
problèmes à la suite du dépôt du projet de loi
et...
M. Garon: On en tient compte dans les amendements aux articles 47
et 48.
M. Dubois: ... vous ne pouvez pas dire que cela
n'amènerait pas une administration beaucoup plus souple, beaucoup plus
normale, beaucoup plus harmonieuse. Je pense qu'il y a quand même lieu
d'évaluer la portée de cet amendement du député de
Montmagny-L'Islet. Cela répond à la
préoccupation d'au moins les trois quarts des mémoires qui
furent présentés ici. Je pense qu'il serait quand même
assez intéressant d'évaluer ce besoin. C'est un besoin absolu. On
aurait une administration beaucoup plus conforme aux besoins de chacune des
régions agricoles. Je suis entièrement d'accord qu'au moins douze
commissions régionales existent, toujours chapeautées par la
commission provinciale. Je suis bien d'accord là-dessus. Je pense qu'on
pourrait quand même en arriver à des décisions très
conformes au niveau de nos besoins, au niveau du respect intégral de
l'agriculture que vous voulez amener au Québec. Cela n'empêche
absolument pas qu'il y ait une très bonne administration, mais ce serait
beaucoup plus souple et beaucoup plus revalorisant pour les régions
agricoles.
M. Ouellette: M. le Président, à mon avis, cet
amendement doit être jugé irrecevable parce qu'il vient
radicalement à l'encontre du principe qui a été reconnu en
deuxième lecture à savoir de ne reconnaître qu'un niveau
décisionnel, c'est-à-dire le niveau national. L'amendement, tel
que présenté par le député de Montmagny-L'Islet,
viendrait créer un deuxième niveau de décision, ce qui va
à l'encontre du principe de deuxième lecture, principe contre
lequel l'Opposition officielle et l'Union Nationale ont voté en
deuxième lecture.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, sur la recevabilité
et je vais me garder de toucher le fonds de la question parce que j'ai
l'intention de revenir là-dessus. J'aimerais rappeler à tous mes
collègues, particulièrement à ceux du côté
ministériel, les dispositions du règlement qui dit que lorsqu'il
y a deux principes ou trois principes dans un projet de loi, le projet de loi
peut même être divisible. Il y a des prévisions dans le
règlement de l'Assemblée nationale à ce sujet. Je ne ferai
pas une analyse pour savoir si c'est péquiste, libéral ou
unioniste. Je n'ai pas l'intention de faire l'inventaire, de faire le
procès de l'ancien gouvernement ou du nouveau, d'accuser un tel,
d'accuser l'autre et ainsi de suite, de lancer la balle ou de jouer au
ping-pong de chaque côté de la table. Nous avons une loi à
examiner à l'heure actuelle. C'est la Loi sur la protection des terres
agricoles. Cela concerne la population du Québec, la Loi sur la
protection des terres. Cela concerne la population du Québec et je ne
sache pas que la loi va s'appliquer différemment si le gars est
péquiste, libéral ou si la personne est membre de l'Union
Nationale ou du Parti national populaire. Ce sera la même application
partout et il faut que ce soit cela. Je tiens bien à dire tout de suite
que je ne commencerai pas à faire perdre le temps de la commission
parlementaire par des analyses partisanes sur le projet de loi. (12 h 30)
En deuxième lecture du projet de loi, j'ai affiché mes
couleurs d'une façon bien claire lors de mon intervention. J'ai dit que
j'appuyais le principe de la loi, qui est la protection des terres arables du
Québec, mais que je n'étais pas d'accord avec les
mécanismes qu'il y avait dans la loi et que je me réservais le
droit, en commission parlementaire, de proposer des amendements.
Si on arrive ici ce matin et qu'on nous dit: L article 1. c'est le
principe, l'article 2, c'est le principe, la section II, c'est le principe, la
section III. c'est le principe, la section IV, c'est le principe, ajournons nos
travaux, faisons rapport à l'Assemblée nationale et cela vient de
finir. Il faut quand même être logique. On est ici pour examiner la
loi et pour examiner de quelle façon le principe de la protection des
terres arables pourra être effectué. Le fait d'avoir une
commission ou douze commissions ne remet pas en cause le principe de la
protection des terres arables; pas besoin d'avoir suivi des cours de droit
parlementaire et d'avoir consulté tous les auteurs depuis l'origine du
parlementarisme britannique pour le savoir.
M. Garon: II faut présenter des motions rece- vables.
M. Roy: Cela aiderait et cela éclairerait peut-être
certains membres du Parlement qui ne feraient peut-être même pas de
débat pour dire que ce n'est pas recevable.
Le Président (M. Boucher): M. le député
de...
M. Roy: Je n'ai pas fini, M. le Président. Je suis sur la
recevabilité.
Le Président (M. Boucher): Je suis sur le point de me
déclarer suffisamment informé.
M. Roy: Vous êtes sur le point? J'espère! Parce
qu'on propose 12 commissions régionales, on dit: Cela va à
rencontre du principe de la loi. Cela ne va pas à rencontre du principe
de la loi parce que le principe de la loi, c'est la protection des terres
arables. J'ai été bien clair là-dessus. Le
député de Rimouski a parlé dans ce sens; il y en a d
autres qui ont également parlé dans ce sens. Il faut quand
même nous permettre d'en parler à la commission parlementaire qui
n'est quand même pas une farce, j'espère, et qui a même
permis, grâce à l'ouverture du ministre je tiens à
dire les choses telles qu'elles sont qu'on fasse de la consultation
après la deuxième lecture. On a permis une consultation
après la deuxième lecture et toute cette question a
été abordée par les gens qui sont venus se faire entendre
devant la commission parlementaire.
Si cela remettait le principe en cause, il aurait fallu que vous, M. le
Président, disiez à ces gens: Ecoutez, vous ne pouvez pas
discuter d'une ou de douze commissions; cela va à l'encontre du principe
de la loi et la loi est adoptée en deuxième lecture. Il faut
quand même avoir une continuité dans nos travaux. On a permis de
discuter abondamment de cette question au moment où nous avons eu des
invités ou des organismes qui sont
venus se faire entendre devant la commission parlementaire. C'est dans
ce même esprit de continuité qu'on doit être en mesure
d'examiner le mécanisme central de l'application de la loi de la
protection des terres du Québec pour que les objectifs qui ont
été fixés par la loi elle-même puissent être
appliqués et être administrés de la meilleure façon
et dans le meilleur intérêt de tout le monde.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud...
M. Lavoie: Juste une petite question, M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval...
M. Lavoie: Je voudrais qu'on lise...
Le Président (M. Boucher):... je suis suffisamment
informé sur la recevabilité.
M. Lavoie: Un instant, M. le Président, on n'est pas au
feu. Je voudrais vous lire l'article 154 du règlement; c'est la base des
décisions des présidents et cela va être très
rapide. L'article 154 du règlement dit: "En commission
plénière ou élue, après la deuxième lecture,
on ne peut discuter que les détails d'un projet de loi et il ne peut y
avoir audition publique que devant une commission élue pourvu que
celle-ci y consente".
Deuxièmement, "la commission peut amender un projet de loi
c'est ce qu'on fait pourvu que l'amendement ne soit pas étranger
à l'objet du projet il n'est pas étranger, à ce
moment-ci et qu'il ne s'oppose pas au principe affirmé en
deuxième lecture". Le principe de deuxième lecture, c'est la
protection des sols gricoles; c'est écrit dans les notes explicatives.
Ce n'était pas plus long que cela, c'est tout.
Le Président (M. Boucher): Me référant aux
notes explicatives du projet de loi, "le présent projet de loi a
principalement pour objet d'assurer la protection du territoire agricole".
C'est là le principe de la loi. "A cette fin, il prévoit la mise
sur pied d'une commission chargée de surveiller l'application de la
loi". Il s'agit là d'une modalité d'application de la loi quand
on parle de la commission chargée de surveiller l'application de la
loi.
Par conséquent, je ne vois pas en quoi l'amendement du
député de Montmagny-L'Islet irait contre le principe, compte tenu
qu'il s'agit d'une modalité. C'est pourquoi je reçois
l'amendement du député de Montmagny-L'Islet.
M. le député de Montmagny-L'Islet, sur le fond.
M. Giasson: M. le Président, ceux qui ont eu l'occasion de
prendre connaissance de la loi 90, de l'ensemble de son contenu,
c'est-à-dire tous les articles et les mécanismes qu'il faut
mettre en place, qui sont nécessaires pour procéder, dans les
faits, à la protection du territoire agricole, ont été
naturellement frappés par une décision on ne conteste pas
ça, un gouvernement et un ministre ont le droit de faire leurs choix
celle de vouloir confier, à peu près tous les pouvoirs,
entre les mains d'un seul organisme qui, d'un endroit donné du
Québec, va régner sur l'ensemble de la protection du territoire,
qui devra recevoir une multitude de demandes, qui va devoir constituer une
foule de dossiers, et ça, sans l'intervention, à toutes fins
utiles, de groupes de citoyens qui oeuvrent depuis longtemps dans les
différentes régions du Québec.
C'est une centralisation fort évidente qu'on fait dans
l'application de cette loi. Elle va toucher, qu'on le veuille ou non, un grand
nombre de citoyens au Québec, non seulement des citoyens qui sont
situés dans ce qu'on appelle le Québec rural, mais elle va
également toucher des citoyens qu'on retrouve à
l'intérieur des cités, à l'intérieur de nos villes,
puisque, depuis le dépôt de la carte et des plans, nous avons
réalisé que, dans le Québec, un très grand nombre
de petites, de moyennes ou de plus grandes villes, sont touchées par ce
qu'on peut appeler le zonage provisoire.
Nous allons toucher, par cette loi, à la vie de milliers et de
milliers de Québécois et c'est devenu évident dès
le dépôt des plans de ce qui est présentement la zone verte
au Québec, la zone provisoire. Je ne puis concevoir que, pour une
opération rapide, une application rapide de cette loi, on puisse ignorer
la capacité d'un mécanisme régional, de prendre une foule
de décisions qui pourraient être définitives et
acceptées par la commission provinciale. C'est tellement évident
qu'il faut impliquer nos instances régionales dans l'application d'une
telle loi, que je ne comprenais même pas tout à l'heure l'attitude
de certains de mes collègues de croire qu'il fallait rejeter ça
automatiquement et de s'en remettre entièrement à la
volonté du ministre de procéder à partir d'une commission
provinciale.
Je crois qu'il faut comprendre la nécessité de confier
à des instances régionales, pas des instances choisies à
la sauvette, pas des instances choisies par la volonté d'un groupe
à l'intérieur d'une région, mais une instance
régionale, une commission régionale qui va être
désignée en tenant compte de la responsabilité très
grande qu'on va confier à cet organisme, donc, dans un choix de membres,
à l'intérieur d'une commission régionale, qui va respecter
la réalité concrète du milieu.
Lorsque j'aurai l'occasion de déposer les amendements qui
touchent les articles 4 et 5 et ceux qui viennent à l'intérieur
de la section II, nous allons pouvoir comprendre beaucoup mieux que la
représentation au sein d'une commission va aller dans le sens des voeux
exprimés par l'immense majorité de ceux qui ont comparu devant la
commission ou qui ont comparu devant le ministre au cours du mois de
septembre.
Ce ne sera pas une commission régionale formée pour
respecter la demande d'un groupe en particulier qui voudrait trouver sa place
à l'intérieur de cette commission régionale, mais ce
serait une commission régionale constituée de ceux qui assument
les plus grandes responsabilités ou sont les plus grandes
autorités à l'intérieur de nos régions. Et cela va
contribuer non pas à alourdir le mécanisme d'application de la
loi, mais à alléger le fardeau qui pèsera sur les
épaules d'une commission provinciale, ça va alléger
grandement tout le travail qui pourrait être constitué à
partir d'une seule commission qui va devoir s'équiper d'une armée
de fonctionnaires et d'une équipe de soutien très grande pour
être en mesure d'être efficace et de rendre des décisions
rapides.
Si on permet à une commission régionale d'examiner,
d'abord, d'étudier et de décider de demandes d'autorisation qui
vont venir des citoyens de ce milieu, de cette région, il est
évident que les décisions vont pouvoir se rendre beaucoup plus
rapidement. Il ne s'agit pas de donner un pouvoir total, définitif,
absolu à cette commission régionale. Loin de là
l'idée qui nous animait lorsqu'on disait qu'il fallait procéder
dans l'application de la loi de protection avec des commissions
régionales. Il s'agit, somme toute, de leur donner des pouvoirs de
décider dans des cas où une décision peut être
rendue rapidement et facilement. Il va nécessairement arriver des cas
où ce sera difficile d'arriver avec une décision
définitive, même par la commission régionale,
au-delà de la consultation ou des forums populaires qui vont se tenir
dans les régions. Ces dossiers, nous en convenons, devront faire l'objet
d'un examen par la commission provinciale qui va devenir un genre de
comité arbitral, un arbitre pour pouvoir faire un examen de ces dossiers
particuliers, de ces dossiers plus litigieux et rendre une décision
au-dessus du forum populaire qui va se constituer dans les régions,
au-delà des demandes venant de certaines municipalités qui ne
verront pas uniquement dans l'examen des demandes et ça se
comprend la protection du territoire agricole, parce que les
municipalités ont d'autres sujets de préoccupation.
C'est pourquoi la commission régionale ne devrait pas être,
dans sa représentation, dans sa constitution, l'apanage des
municipalités. Qu'il y ait une présence municipale au sein d'une
commission régionale, j'en suis, mais il ne faut pas qu'elle soit
d'abord constituée de représentants qui sont des
délégués des instances municipales ou du conseil de
comté. Qu'on laisse une place à la représentation
municipale, j'en suis, mais il faut également que la commission ait la
possibilité de réunir des personnes qui représentent
d'autres besoins d'une région que les besoins municipaux.
C'est à partir d'une représentation des
éléments les plus importants dans un milieu donné, sans
donner prédominance nécessairement à un champ de
responsabilités données, qu'on pourra constituer une commission
régionale qui sera beaucoup plus impartiale et qui sera vraiment
toujours à la fine pointe de la sensibilisation à la protection
du territoire agricole. Il va sans dire qu'une commission régionale,
d'après moi, doit également avoir à l'intérieur de
ses cadres une présence du gouvernement. Je verrais mal qu'une
commission régionale, qui doit rendre des décisions sur des
demandes qui lui sont formulées, n'ait pas une présence, une
représentation de l'instance gouvernementale, c'est-à-dire de
personnes qui sont nommées là par le ministre qui a la
responsabilité de l'application de cette loi.
Je suis assuré, personnellement, que, si on fait confiance aux
gens des régions, aux gens du milieu, comme on l'a fait si souvent dans
le passé... Que des lois ont été adoptées à
la suite de revendications, à la suite d'études, de recherches
menées par les régions, qui se sont traduites dans les faits par
l'expression d'une volonté des groupes populaires, des groupes du milieu
et ont pu trouver une application beaucoup plus facile justement parce que ces
lois avaient tenu compte des désirs, de la volonté populaire qui
avait été exprimée avant la rédaction de ces lois.
Ces lois ont été beaucoup plus faciles d'application parce
qu'elles représentaient ce qui était la volonté de la
base, la volonté de la population largement représentée
dans les demandes formulées à l'intention des gouvernements.
Protéger le sol arable, c'est le but de la présente loi.
Si cette protection est faite à partir d'une instance formée de
personnes qui viennent d'abord du milieu, qui connaissent fort bien les
problèmes vécus par les populations dans les régions, qui
sont au courant des objectifs que ces populations se sont donnés au
cours des dernières années par les différents corps
intermédiaires qui ont fait de la recherche à l'intérieur
de ce milieu, de la recherche poussée et approfondie, qui ont
été à l'écoute de la voix populaire, il est
évident que la protection du territoire agricole va pouvoir se
réaliser dans un consensus plus facilement réalisable, parce que
ce sont les autorités et les différents groupes qu'on retrouve
à l'intérieur d'une région qui auront été en
mesure d'étudier les besoins, d'abord, de protection du territoire
agricole, de ce milieu et de cette région, de la vie sociale,
économique et culturelle de ce milieu. (12 h 45)
Cela ne va pas contre l'idée fondamentale et les politiques
fondamentales de l'actuel gouvernement. Il s'agit d'observer, de revoir quelles
ont été les thèses soutenues depuis quelques années
par le parti qui forme l'actuel gouvernement; cette importance qu'il a
donnée à la décentralisation, au besoin pour l'Etat du
Québec de tenir compte des volontés et des réalités
concrètes qu'on retrouve dans chacune des régions du
Québec et qui diffèrent parfois d'une région à
l'autre, pour une multitude de causes et de raisons qu'on connaît.
Il s'agit de revoir cette guerre ou cette bataille que le parti
politique qui forme l'actuel gouvernement a menée depuis quelques
années pour soutenir les efforts entrepris et menés constamment
par les régions, par les représentants de ces régions,
pour comprendre très facilement que l'application de la Loi sur la
protection du territoire agricole va se faire avec beaucoup plus de
facilité, va se faire à partir d'une volonté
exprimée par les régions avec plus de facilité que si elle
est menée, quelle que soit la qualité de ses membres, par la
commission provinciale, quel que soit le potentiel des gens qui vont soutenir
cette commission, c'est-à-dire cette équipe de fonctionnaires qui
devra travailler avec les commissaires de la commission provinciale. Même
si ces gens sont hautement qualifiés, même si ces gens sont
animés de la meilleure volonté, des meilleures intentions de
mener à bien l'opération de protection, ça va être
beaucoup plus lourd comme mécanisme décisionnel si toutes les
décisions doivent être prises à partir de cet organisme
provincial.
Laissons donc, M. le Président, la possibilité à
nos régions, à nos instances régionales, de participer une
fois de plus à la mise en oeuvre d'une politique pour laquelle à
peu près tous les citoyens du Québec reconnaissent qu'il y a un
effort à mener, surtout devant l'effritement du territoire agricole
auquel nous avons assisté, le nombre immense d'acres de bon territoire
agricole que nous avons et qui ne sont pas exploitées au Québec,
qui ne sont pas utilisées.
Laissons donc aux gens des régions ce pouvoir, ce droit
même qu'ils ont, de participer à la mise en place, à la
mise en oeuvre d'un programme de protection du territoire agricole. Ce sera
assurément plus facile et nous verrons beaucoup moins de citoyens
s'opposer ou rouspéter contre le mécanisme d'une seule commission
et croire encore qu'ils deviennent les dindons de la farce, parce que, pour
exprimer une volonté qui part d'une réalité vécue
dans un milieu, ils devront encore soumettre ces dossiers aux
municipalités, qui n'ont aucune voix décisionnelle. Le ministre,
par sa loi, se réserve la possibilité de consulter les
municipalités; les citoyens pourront soumettre à des
municipalités des demandes, mais ces demandes, une fois rendues à
la municipalité, ne peuvent recevoir la décision, puisqu'on ne
donne pas aux municipalités de pouvoir autre que celui de recevoir la
demande des citoyens, de faire des suggestions sur la zone agricole permanente
qui doit être retenue. Tout le reste, tout ce qui est décisionnel,
doit nécessairement venir de la commission provinciale.
Je ne voudrais pas trop accaparer le temps de la commission sur le
débat qu'on doit soutenir à l'intérieur des amendements
qui font l'objet de notre étude. Je me réserve le droit, M. le
Président, d'y revenir, lorsque d'autres de mes collègues auront
fait connaître leur opinion ou leur point de vue là-dessus,
puisque nos règlements permettent une intervention d'au moins vingt
minutes...
Le Président (M. Boucher): II vous reste cinq minutes.
M. Giasson: ... pour chacun des points qui font l'objet des
débats.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le ministre.
M. Garon: Je suis contre cet amendement, parce que je suis contre
la bureaucratie. Je vois le député de Beauce-Sud. Au cours de ces
années, les deux années où j'ai été ministre
de l'Agriculture, il n'y a pas un député qui m'a parlé
autant contre les bureaux régionaux et les bureaux locaux du
ministère de l'Agriculture, qui me disait que c'était lent,
qu'ils ne se préoccupaient pas des demandes des gens, qui ne remettaient
même pas les formules que les gens demandaient.
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président, mais il y a une
question de privilège.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de question de
privilège en commission.
M. Roy: Question de règlement en ce cas.
Le Président (M. Boucher): Question de règlement,
d'accord.
M. Roy: J'ai parlé contre les bureaux régionaux,
etc., M. le ministre vient de le dire. Je tiens à être bien clair
là-dessus, parce que je n'accepterai pas de me faire charrier ce matin
par qui que ce soit. Je veux être clair là-dessus. J'ai
déposé des plaintes auprès du ministre de l'Agriculture,
contre la lenteur de certains bureaux régionaux, je lui ai
également déposé beaucoup plus de plaintes sur ce qui se
passait assez souvent sur des problèmes que nous avions et qui ne se
réglaient pas au niveau provincial. Mais ce n'était pas pour
remettre en cause le principe des bureaux régionaux.
Il y a quand même des limites à charrier. Je n'ai jamais
remis en cause le principe des bureaux régionaux dans les plaintes que
j'ai formulées au ministre. Ce n'est pas seulement au ministre de
I'Agriculture que j'ai formulé des plaintes au nom des électeurs,
au nom des gens qui venaient dans mon bureau de comté, des gens qui ne
venaient pas seulement de mon comté, il y a aussi de nombreuses lettres
que j'ai reçues ici à mon bureau de Québec.
En aucun moment si le ministre est honnête
intellectuellement, il pourra confirmer les propos que je vais tenir je
n'ai remis en cause les bureaux régionaux, jamais. Il y a des limites,
là.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. M. le ministre.
M. Garon: Le député de Beauce-Sud a remis en cause
les bureaux régionaux. Il s'est plaint de la bureaucratie, il s'est
plaint...
M. Roy: De la bureaucratie, ça, c'est vrai.
M. Garon: ... de la lenteur administrative des bureaux locaux,
des bureaux régionaux...
M. Roy: Et provinciaux.
M. Garon: ... des heures de l'Office du crédit agricole en
particulier. Il s'est plaint des bureaux locaux à plusieurs reprises, il
me disait que les gens ne voulaient même pas remettre les formules. Il
s'est plaint à plusieurs reprises de l'administration...
M. Roy: C'est vrai, c'est vrai.
M. Garon: C'est pour ça... parce que je suis conscient
aussi que la bureaucratie ne sert pas toujours les gens autant qu'elle devrait
les servir. C'est pourquoi j'ai toujours pensé que, dans le secteur de
la protection du territoire agricole, il devrait y avoir le moins de
bureaucratie possible, il devrait y avoir une commission provinciale qui serait
un genre d'arbitre, mais que le débat devrait se faire au niveau
municipal, avec les gens de la municipalité, et se faire avec les gens
des conseils de comté, des gens élus qui vont venir faire le
débat au niveau municipal, pour ne pas créer une structure
additionnelle; une structure bureaucratique, quel que soit le niveau, ce sera
toujours une structure bureaucratique.
En cela, vous allez, avant longtemps, voir le projet
d'aménagement, c'est le même principe qui va fonctionner avec des
gens élus, avec des gens de la base qui vont décider, à la
base, comment le territoire agricole va être protégé. Je
pense qu'au niveau municipal il n'est pas important de créer des
structures additionnelles avec des fonctionnaires comme le député
de Montmagny-L'Islet propose, 12 commissions avec 7 commissaires, 7
fonctionnaires multipliés par 12, ça fait 84 personnes, tout le
personnel de soutien. C'est ça qu'il propose. Quand il disait: On va
avoir une bureaucratie épouvantable, c'est lui qui veut la créer.
Je suis contre ça. Je vous dis que le gouvernement est contre les
structures bureaucratiques.
M. Giasson: Question de règlement, M. le Président.
Je n'ai jamais parlé de bureaucratie. Qu'on relève tous les
propos que j'ai tenus...
M. Garon: Non.
M. Giasson: ... je n'ai jamais fait état de la
bureaucratie.
M. Garon: Le gouvernement est contre le fait... On a dit combien
de fois que la commission provinciale va être composée de sept
fonctionnaires. La commission régionale nous en propose douze avec sept
fonctionnaires en plus, cela fait 84 fonctionnaires, plus leurs
secrétaires, leur personnel, tout ça. Ce que nous, on va
proposer, ce n'est pas ça. C'est que le débat se fasse avec des
gens élus au niveau municipal, pour qu'à ce niveau les gens de la
municipalité, les gens des conseils de comté, les gens de l'Union
des producteurs agricoles, même les gens des CRD et tous les gens
intéressés, organismes locaux ou régionaux, viennent
parler au niveau municipal, avec les gens concernés chez eux, pas
à un niveau éloigné, parce que, dans les régions du
Québec, parfois, il faut faire 150 milles pour aller au chef-lieu de la
région. Non, au niveau local à la base, c'est ça la
proposition gouvernementale.
Les gens vont s'entendre au niveau local, pour que l'Union des
producteurs agricoles, les gens du ministère viennent travailler, donner
des avis, comme disait M. Rioux. Je suis parfaitement d'accord avec lui pour
que les gens du ministère viennent au niveau local, avec les gens de
l'UPA, des CRD, des conseils de comté et de la municipalité.
Qu'est-ce que cela devrait être au niveau municipal, la protection du
territoire agricole? Quand ces gens s'entendront au niveau municipal, je pense
bien que la commission nationale ne pourra pas dire grand-chose sur une entente
entre tous ces intervenants. A moins qu'il y ait une collusion évidente
de ne pas protéger les terres, ce qui pourrait peut-être arriver
de façon très exceptionnelle. Mais, s'il n'y a pas entente entre
les gens élus qui feront leurs forums au niveau local, chez eux,
là, la commission nationale pourra arbitrer. Arbitrer entre des gens
élus, non pas arbitrer sur des décisions de fonctionnaires. C'est
cela, la proposition du gouvernement. Elle n'a peut-être pas
été saisie dans toute son ampleur jusqu'à maintenant.
Vous remarquerez que quand les gens sont venus ici, on a parlé de
comité consultatif, on a parlé de décentralisation, on a
parlé de différentes formules et nous les avons très bien
écoutés. Il y en a même qui ont dit qu'ils ne voulaient pas
un nouveau niveau de bureaucratie au niveau régional. Il y en a qui ont
dit qu'ils étaient contre cela. Des gens clairvoyants. Nous, ce que nous
avons dit, ce que nous voulons, c'est que le débat se fasse au niveau
local entre des gens élus et avec les gens concernés. Et les gens
de la commission nationale surveilleront tout cela et arbitreront quand il y
aura des désaccords. Franchement, je pense que si, au niveau municipal,
l'Union des producteurs agricoles, qui aura son gros mot à dire, et le
Conseil régional de développement, les conseils de comté,
la municipalité et tous les autres organismes ainsi que les individus de
la place ont fait leur débat pour s'entendre sur une zone, si tout le
monde s'entend, comment voulez-vous qu'une commission nationale vienne changer
cela alors que, localement, les gens se sont entendus entre eux, ouvertement,
à la face de tout le monde et des gens concernés eux-mêmes
et des gens élus en l'absence de bureaucratie?
M. Gagnon: On est prêt à prendre le vote.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je proposerais l'ajournement, M. le Président,
puisqu'il ne reste que deux minutes.
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez commencer votre
exposé.
M. Gagnon: Si le député me permet, j'en aurais pour
deux minutes.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous cédez
votre droit de parole?
M. Dubois: Je pense que la motion du député de
Montmagny-L'Islet n'a pas pour effet d'enlever ou de faire disparaître le
rôle municipal. Absolument pas. Loin de là, je pense. Il y a 614
municipalités au Québec et il va peut-être y en avoir 1200
tout à l'heure qui seront soumises à une seule commission. Je
pense qu'on veut agrandir le territoire gelé, il est question d'ajouter
d'autres régions agricoles au Québec, ou d'autres secteurs.
Alors, au lieu d'avoir une seule commission à Québec qui aura
à répondre à 1200 municipalités à l'avenir,
je pense qu'on n'enlève pas du tout le rôle municipal, au
contraire, on le garderait encore mieux que jamais. Il serait plus que jamais
conservé, je pense. La commission régionale, telle que
proposée par la motion du député de Montmagny-L'Islet,
pourrait recevoir les doléances de chacune des municipalités
incluses dans chaque territoire agricole. Je pense qu'à ce
moment-là les décisions pourraient se prendre bien plus au niveau
régional. Il y aurait certainement plus de souplesse. Cela ferait
automatiquement douze commissions.
Par cela, il n'est pas question non plus de minimiser le rôle de
la commission provinciale parce qu'elle est quand même là pour
chapeauter toutes les autres commissions. Elle pourra vérifier les
décisions prises au niveau régional si on s'aperçoit qu'il
n'y a pas de constance, parce que le ministre semble bien
préoccupé par la constance des décisions. Je me demande
où il peut aller avec cela parce qu'une constance de décision
cela ne peut pas se conserver à travers toutes les régions du
Québec. Des décisions qui seraient prises dans la région
no 7 ou dans la région no 10 ou la région no 1 ne seront pas
nécessairement les mêmes et ne devront pas nécessairement
être les mêmes.
A ce moment-là, je pense qu'il y aurait plus de souplesse et il y
aurait plus de constance au niveau régional de conserver, s'il y avait
douze régions administratives qui recevraient les conseils municipaux,
qui répondraient aux conseils. Je ne vois pas du tout de quelle
façon le rôle municipal serait enlevé.
Je ne comprends pas du tout l'attitude du ministre, parce que la
commission provinciale a toujours son droit de regard. La motion du
député de Montmagny-L'Islet lui accorde ce droit de regard. Il
n'est pas question de le faire disparaître ou de la dépouiller de
ses pouvoirs, loin de là. Je pense qu'elle en aura assez de jouer le
rôle de vérificateur, de faire du "spot check", si on veut, afin
de maintenir quand même des décisions assez uniformes à
travers la province, selon les besoins des régions.
M. le Président, il est treize heures, je vais continuer
à...
Le Président (M. Boucher): Vous pourrez continuer à
la reprise à 15 heures. La commission ajourne donc ses travaux à
quinze heures.
Suspension de la séance à 13 heures
Reprise de la séance à 15 h 15
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
A la suspension de 13 heures, M. le député de Huntingdon
avait la parole sur la motion d'amendement du député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je ne voudrais pas être
désagréable à l'endroit de mon collègue de
Huntingdon, mais sur un projet de loi aussi important, je crois qu'on
mériterait au moins d'avoir avec nous le ministre de l'Agriculture.
M. Chevrette: II s'est absenté pour une minute.
Le Président (M. Boucher): Je le comprends, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le ministre était ici il y
a quelques minutes. Il a dû s'absenter momentanément.
M. le député de Huntingdon, si vous voulez continuer votre
intervention, allez-y.
M. Dubois: Pas de ministre, ce n'est pas tellement
agréable, M. le Président.
M. Roy: II serait préférable que le ministre y
soit.
Le Président (M. Boucher): C'est enregistré au
journal des Débats, M. le député de Huntingdon.
M. Chevrette: C'est très flatteur pour nous!
M. Dubois: Je n'ai pas l'intention de vous flatter du tout, de
toute façon. C'est enregistré au journal des Débats, cela
aussi.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, j'avais commencé, vers
12 h 55 je crois, mon intervention sur la motion du député de
Montmagny-L'Islet.
Le Président (M. Boucher): A 12 h 57 exactement.
M. Dubois: J'aimerais saluer la présence du
député de Rimouski. Je pense que la motion du
député de Montmagny-L'Islet s'inscrit bien dans le sens des
propos que tenait en deuxième lecture le député de
Rimouski sur le fait d'avoir des commissions régionales. J'espère
que le député de Rimouski saura faire valoir les mêmes
arguments ici, cet après-midi, que ceux qu'il a fait valoir en
deuxième lecture.
Avant l'ajournement, j'en étais à discuter sur le
rôle que joueront les corporations municipales. Le ministre
prétend qu'en ayant des commissions régionales, le rôle que
devraient jouer les conseils municipaux sera complètement disparu. Je
crois exactement le contraire, puisqu'une seule commission à
Québec sera tout probablement un élé-
ment d'écoeurement pour les conseils municipaux. Le mot n'est pas
trop fort.
Si on avait douze commissions régionales on sait bien
qu'il y aura peut-être 1200 municipalités au Québec qui
seront soumises au projet de loi no 90 si on répartit 1000
municipalités en douze régions agricoles, on aura encore un bon
nombre de municipalités qui auront à venir devant une commission
locale, une commission régionale, qui pourraient relever en partie des
bureaux agricoles régionaux. Il pourrait y avoir un représentant
de chaque conseil municipal aussi sur cette commission. Il pourrait y avoir des
urbanistes. Il pourrait y avoir un conseiller juridique. Enfin, il pourrait y
avoir tous les éléments nécessaires et d'autant de
qualité que la commission qui siégera à Québec.
Je prétends que le rôle municipal ne sera pas amoindri du
tout, je pense même qu'on améliorerait, en ayant douze commissions
régionales, le rôle que pourraient jouer les municipalités,
puisqu'elles s'adresseraient à une commission régionale où
les gens se connaissent, où les gens se comprennent et où les
gens peuvent se parler face à face.
En plus, j'aimerais souligner ici un cas qui a été
soulevé par un agriculteur du comté de Huntingdon faisant partie
de l'Association des jardiniers maraîchers lors de la présentation
de son mémoire. Je suis conscient du problème que vivent ces gens
présentement, ce sont trois jardiniers qui veulent une salle
d'empaquetage de légumes. Pour nantir ou obtenir un prêt
hypothécaire sur leur bâtisse qui coûtera peut-être
S300 000, ils doivent retirer un terrain ou un lot d'une ferme. Après
cela, les trois membres de cette compagnie seront les propriétaires d'un
lot retiré d'une ferme en particulier où on veut y bâtir
une salle d'emballage. Présentement, ces gens auront à venir
devant la commission. Ils seront le millième, le deux millième,
le trois millième cas devant la commission. Pourront-ils commencer leurs
travaux au mois de janvier pour que cette salle d'emballage, qui est assez
complexe, soit prête pour la fin de juin ou le début de juillet?
C'est une question qu'on peut se poser.
Je pense bien que la commission devra commencer par les 614
municipalités. Après cela, toutes les promesses faites
jusqu'à présent, ce sont tous des cas urgents. Le ministre a dit:
Oui, vous allez être dans les premiers à passer devant la
commission. Il y aura des milliers de premiers! Je pense qu'il n'y aura pas de
souplesse administrative du tout. Ce sera très lourd. Je ne crois pas
à l'intelligence supérieure que pourra avoir une commission
centrale.
Je suis d'accord pour lui laisser jouer son rôle de commission
chapeautant les douze autres commissions, une commission qui a un droit de
regard, qui a le dernier mot, qui prend les décisions finales, mais je
pense qu'on doit se fier quand même aux gens qui seraient bien
représentatifs dans une région donnée. M. le
Président, je pense que le ministre charrie royalement quand il
prétend qu'il n'y aura pas de constance dans les décisions. C'est
plutôt le contraire parce qu'une constance dans les décisions,
cela veut dire que toutes les décisions seraient prises dans le
même sens au Québec, parce qu'on connaît les régies d
Etat et je pense qu'elles ne sauront trancher d une façon logique les
demandes de chacune des régions.
Je crois pertinemment aux connaissances et au tact de gens
régionaux qui connaissent profondément les besoins de chacune des
régions, qui connaissent en plus les agriculteurs des régions et
qui connaissent I économie de chaque région. M. le
Président, je ne veux pas étirer le débat, mais je pense
que la motion présentée par le député de
Montmagny-L'Islet est pertinente et, étant donné que vous l'avez
reçue, je pense que ce débat mérite d'être
continué profondément. J'y crois profondément et,
d'ailleurs, je me suis prononcé dans cette ligne de pensée au
moment de la deuxième lecture. Pour ma part, je vais continuer à
insister, je n'ai pas fini mon droit de parole. J'ai droit à 20 minutes;
alors, je vais revenir plus tard et je vais continuer à insister pour
qu'on ait douze commissions régionales chapeautées par la
commission provinciale. Je pense que c'est au bénéfice de tous
les agriculteurs et de tous les résidents de chacune des régions
du Québec. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Huntingdon. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Sur la motion d amendement
proposée par le député de Montmagny-L'Islet et à la
suite des arguments qu'il a invoqués pour soutenir cette motion, il m'a
été donné d'entendre les commentaires du ministre de
l'Agriculture relativement à cette motion d amendement. Si j'ai bien
compris les propos du ministre, il a fait référence ou il a
argumenté en disant que ces commissions régionales auraient pour
effet de multiplier la bureaucratie, que nous étions contre la
bureaucratie et que, personnellement, j'étais intervenu pour
dénoncer trop souvent la bureaucratie gouvernementale. Ce qui est un
fait. J'aimerais quand même qu'on examine de quelle façon
l'administration de cette loi serait faite en regard de l'amendement
proposé et aussi en rapport avec l'article de la loi, l'article 3 tel
que rédigé.
D'abord, M. le Président, premièrement, puisqu'on parle de
Commission de protection du territoire agricole du Québec, commission
provinciale, comme mon collègue vient de le dire, il y a 614
municipalités qui sont concenées directement à cause de la
zone retenue. Il y en a peut-être deux qui ont fusionné depuis
cette date; en tout cas. retenons le chiffre de 614...
M. Garon: II n'y a pas lieu de l'avoir, on ne suggère pas
de force.
M. Roy: II y a au moins 500 à 600 autres
municipalités qui seront directement concernées à
plus ou moins brève échéance. Cela veut dire qu'on
peut retenir à l'avance qu'il y aura 1200 municipalités du
Québec qui seront diectement concernées par une politique et par
une loi relativement au zonage agricole. Quand on parle de commission
provinciale qui aurait pour mission de prendre toutes les décisions
définitives, de trancher les questions de l'émission des permis,
du contrôle des permis, du renouvellement des permis, de la surveillance
et de l'approbation de tous les actes notariés de vente, qui devront
effectivement être soumis à une instance, je ne sais pas comment
on pourrait soutenir le fait qu'en vertu d'une décentralisation on
puisse alourdir le processus administratif. Au contraire, plus il y aura de
groupements impliqués dans l'administration de la loi, pour être
en mesure de l'appliquer régionalement en tenant compte des
impératifs, des priorités, des possibilités, des besoins
particuliers de chacune des régions du Québec, moins ce qui
pourra se décider devra aller au plan provincial.
Et si on doit maintenir la structure provinciale, à ce
moment-là, c'est important, il faudra effectivement que cette structure
provinciale se donne des structures d'application régionale, avec
l'autorité qui partira d'en haut. Il faudra effectivement que, dans les
différentes régions, et je ne vois pas tout le monde, je ne vois
pas toute la population, je ne vois pas tous les organismes, je ne vois pas
tous les dossiers s'acheminer à Québec et faire en sorte que ce
soit édicté uniquement par Québec, il faudra
effectivement, dis-je, les personnes qui seront déléguées,
qui seront mandatées, pour aller dans chacune des régions. Ces
personnes, puisqu'on parle beaucoup de décentralisation administrative,
devront fonctionner et devront agir en vertu de directives. C'est là,
que c'est important, des directives préparées au seul niveau
provincial. Au niveau provincial, toutes les directives qui ont
été faites à venir jusqu'à présent, dans les
différents ministères, sont des directives qui établissent
des normes provinciales. C'est bien difficile d'avoir des normes d'application
régionale. Il s'agit de regarder tous les autres ministères, M.
le Président, et je pense qu'on pourrait en parler longtemps.
Ceci veut dire que ces gens-là vont agir en vertu de directives
reçues et ces directives seront celles qui seront établies pour
l'application de normes provinciales. C'est ce qui va se produire. Sa
majesté la norme va gouverner, comme elle gouverne ailleurs. Je
comprends mal que tout le monde puisse se tromper en même temps,
puisqu'il y a une constante qui s'est dégagée à la
commission parlementaire. Neuf sur dix des organismes qui sont venus à
la commission parlementaire ont parlé d'instances régionales.
Neuf sur dix. Et j'ai même, M. le Président, ici le mémoire
de l'UPA sur la protection du territoire agricole de septembre 1978, à
la page 12, et cela, c'est avant que la loi soit déposée devant
l'Assemblée nationale. Et que dit l'UPA? Une régie publique
provinciale devrait être créée par la loi du zonage, une
régie publique provinciale, relevant du ministère de
l'Agriculture qui détiendrait, en matière de zonage agricole, le
grand pouvoir décisionnel. Cette régie devrait se composer
majoritairement de membres choisis à même une liste soumise par
l'association accréditée pour représenter les producteurs
agricoles.
Un organisme devrait être créé dans chaque
région agricole, c'est l'UPA qui parle ainsi, un organisme devrait
être créé dans chaque région agricole regroupant les
organismes les plus immédiats intéressés par la question
de zonage. C'est exactement ce que dit et ce que veut la motion de l'honorable
député de Montmagny-L'Islet. C'est exactement la même
chose. Cet organisme aurait un rôle à jouer durant la
période de zonage temporaire et également après que le
zonage serait devenu permanent. C'est cela que l'UPA dit. Je constate qu'un
homme d'une aussi grande expérience, comme sous-ministre de
l'Agriculture, que M. Rioux qui fut dirigeant de l'UCC, du temps que l'UPA
s'appelait l'UCC, qui fut président de l'UCC, vient parler au ministre
de l'Agriculture, lui-même. Il se donne la peine, lui, un homme à
la retraite, qui pourrait bien se reposer, mais qui a encore quand même
la fierté nationale, cette fierté d'être un bon
Québécois, cette fierté de voir à ce que la
génération qui nous succédera puisse être en mesure
de vivre dans un Québec où il fera bon vivre, de donner ce
conseil: "Aucune loi d'aménagement, d'environnement ou de protection des
sols n'atteindra ses objectifs, si vous n'intéressez pas la population
et surtout l'élite de chaque région ".
Je pourrais aller beaucoup plus loin, dans son mémoire, pour dire
qu'il a parlé effectivement d'organismes établis au niveau des 12
régions agricoles du Québec, ce qui n'empêcherait pas la
discussion avec la municipalité, que le ministre veut établir de
bon droit. Je suis entièrement d'accord qu'il y ait des discussions au
niveau des municipalités et des instances locales. Mais si les
municipalités sont obligées de faire des pèlerinages
à Québec pour être en mesure de se faire entendre par la
commission provinciale, si elles sont obligées d'être inscrites
sur des rôles extrêmement chargés, comme on trouve une
surcharge de nos causes devant certains tribunaux, non seulement des tribunaux
administratifs, mais aussi certains tribunaux judiciaires, où il faut
attendre pendant des semaines, attendre pendant des mois, avant de pouvoir
être entendus... (75 h 30)
Tout ce qu'on règlera sur le plan local, sur le plan
régional, ce sont autant de choses réglées qui n'auront
pas à venir sur le plan provincial. Le rôle de l'organisme
provincial, nous ne l'avons jamais nié et la motion du
député de Montmagny-L'Islet ne le nie pas non plus. Une fois que
cela aura été étudié sur le plan local,
tranché sur le plan régional, de façon qu'il y ait des
applications régionales et des applications particulières compte
tenu des besoins et des particularités de chacune des régions du
Québec, à ce moment, l'instance provinciale peut s'instituer en
tribunal d'appel. Je ne comprends pas effectivement comment le ministre peut
soutenir l'argument que ces orga-
nismes régionaux pourraient surcharger et bureaucratiser
davantage l'administration de la loi.
Je vais faire un parallèle, M. le Président, avec les
bureaux d'enregistrement que nous avons dans chacun des comtés
municipaux. On pourrait bien faire un bureau d'enregistrement régional.
C'est vrai qu'il y a un organisme dans chacun des comtés. On pourrait
faire un bureau provincial, mais est-ce qu'on réglerait le
problème pour autant? Je dis qu'on compliquerait le problème. Il
faut faire en sorte que l'administration soit le plus près possible de
l'administré parce que, lorsqu'elle est près de
l'administré, celui-ci peut quand même plus facilement se faire
entendre, peut plus facilement être écouté, être
entendu et être respecté.
Justement, le député de Rimouski, dans une intervention
très bien pensée, une très bonne intervention d'ailleurs,
a soulevé les inquiétudes des gens de sa région devant une
superinstance provinciale. Je cite ses paroles, à la page 4199 du
journal des Débats: "La troisième hypothèse eût
été de confier ce pouvoir aux conseils de comté, mais
cette hypothèse ne me paraît pas réaliste actuellement pour
plusieurs motifs. Je souhaite donc, M. le Président, que pour mieux
tenir compte des normes régionales... C'est le député de
Rimouski, c'est un député ministériel. Il ne faisait pas
de "filibuster ' quand il a dit cela.
M. Garon: On fait des changements aussi.
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président, mais le ministre
nous dit qu'il veut faire du changement, qu'il veut faire ceci, qu'il veut
faire cela. J'ai un texte de loi devant moi; ily a une motion d'amendement qui
est déposée. Je ne peux pas analyser les intentions du ministre;
je ne peux pas analyser ce que le ministre a dans la tête. Le projet de
loi n'a pas pour objet de faire confiance au ministre ou de ne pas lui faire
confiance. Je veux bien lui faire confiance, mais il y a un principe: quand on
étudie des projets de loi, il faut s'en tenir au texte.
Je ne fais confiance à aucun parti et je regrette vivement qu'on
cherche à politiser cette question de zonage des terres. Je veux
rassurer le ministre tout de suite pour lui dire que, sur ce projet de loi, les
préoccupations strictement partisanes sont très loin de ma
pensée et je dirai même plus: Lorsque le Parti
québécois propose quelque chose qui a de l'allure, quelque chose
qui a du sens, quelque chose de logique, je n'ai jamais hésité
à l'appuyer à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas parce
qu'un membre du Parti libéral propose quelque chose que c'est
essentiellement mauvais au point de départ.
M. Chevrette: Cela arrive une fois par année que ça
ait de l'allure!
M. Garon: Pour les augmentations de salaires.
M. Roy: Cela arrive une fois par année et c'est
arrivé là!
Ce sont des voix autorisées qui sont venues se faire entendre
devant la commission parlementaire. M. le Président, la motion
présentée par le député de Montmagny-L'Islet dit
ceci: "La commission régionale est constituée sous le nom de
Commission de protection de la région de..." Il s'agira de l'identifier.
"La commission régionale a pour fonction d'assurer la protection du
territoire agricole et à cette fin elle est chargée,
premièrement, de décider des demandes d'autorisation qui lui sont
soumises en vertu de la loi relativement à l'utilisation, au lotissement
ou à l'aliénation d'un lot, de même que des demandes visant
à l'inclusion d'un lot d'une zone agricole".
M. le Président, c'est bien moins dispendieux de discuter des
problèmes régionaux dans une région que d'aller les
discuter à une instance provinciale. C'est tout à fait normal et
tout à fait logique. Je vois très mal les gens de Gaspé
être obligés de se rendre à Québec ou à
Montréal pour pouvoir discuter et faire avancer leurs dossiers
lorsqu'ils ont des problèmes de zonage qui doivent être
tranchés dans l'intérêt de leur population. Je vois
très mal les gens devoir partir de Roberval pour descendre à
Montréal. Pour quelle raison n'y aurait-il pas une instance
régionale dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean?
M. Garon: Pour éviter le patronage.
M. Roy: ... Le ministre va nous parler de patronage; je regrette.
C'est évident que si c'est près de la population, il y a
peut-être des incidences qui jouent, mais j'aime mieux celles-là
que celles qui jouent dans les coulisses de certains bureaux gouvernementaux.
Je n'accuse pas le ministre et je n'accuse aucun de mes collègues
à ce moment-ci, mais je sais très bien qu'on m'a compris.
M. Garon: J'aime mieux la piastre de l'heure du "bull".
Une Voix: Qui ça?
M. Giasson: Nommez-les. Si le ministre...
M. Roy: M. le ministre a, je ne dirai pas des rhumatismes, mais
des traumatismes, des traumatismes aigus.
M. Garon: Des clairvoyances.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, je pense
qu'on s'éloigne du sujet.
M. Roy: Oui, mais M. le Président... M. Giasson:
S'il a provoqué la sortie...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, allez-y sur la motion.
M. Roy: Sur la motion. Le ministre passe son temps à nous
interrompre.
M. Garon: Comme le disait Duplessis: Face au Parti
libéral, il faut avoir le nez long.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, s'il vous
plaît. M. le député de Beauce-Sud, vous avez la parole sur
l'amendement.
M. Roy: On pourra peut-être jouer à la petite
politique de ce côté-là, mais je tiens à vous dire
que si le ministre veut jouer, c'est son affaire, cela le regarde, mais je ne
jouerai pas là-dedans. Je veux être clair là-dessus, cela
s'adresse aux deux côtés de la Chambre. Si on veut s'amuser, qu'on
s'amuse, mais je pense qu'on a un projet de loi qui est trop sérieux
pour cela, M. le Président, et vous avez raison de nous rappeler
à l'ordre. "De délivrer les permis d'exploitation requis pour
l'enlèvement du sol arable conformément à la section V";
pour quelle raison n'aurait-on pas une instance régionale pour
délivrer des permis? Qu'est-ce qui empêche ces choses? A moins que
le gouvernement n'ait décidé d'une orientation qu'il ne nous a
pas avouée. Si on veut prendre la loi du zonage agricole et les pouvoirs
que pourrait détenir la commission provinciale pour organiser une
planification étatique extrêmement rigide, contrôlée,
sectorielle de l'agriculture du Québec et je ne serais pas loin
d'être tenté de le soupçonner pour tâcher
qu'on fasse en sorte que par une ioi, par des principes très louables,
par une loi nécessaire, par des politiques nécessaires, la
bureaucratie, la haute technocratie gouvernementale prenne les moyens qui sont
à sa disposition actuellement ou les moyens qui leur sont offerts pour
s'assurer de contrôler toute l'agriculture au Québec, il faudrait
peut-être qu'on nous le dise. Je dis, M. le Président, que
l'agriculture au Québec, que les agriculteurs du Québec doivent
quand même compter sur des moyens, sur des soupapes de
sûreté pour éviter l'unitarisme, pour éviter le
totalitarisme, les mesures qui viennent d'en haut et qui sont appliquées
à la lettre jusqu'en bas.
Quand je parle de ce genre de chose, on dira peut-être que je veux
faire peur au monde et chercher des sorcières. On n'a pas besoin de les
chercher, les sorcières et les sorciers, il y en a; on n'a même
pas besoin de faire des efforts pour les trouver, il y en a. On n'a qu'à
regarder ce qui se passe au ministère des Affaires sociales et au
ministère de l'Education actuellement pour s'apercevoir que la
population, en bas, n'a pas grand-chose à dire. On n'a pas besoin
d'aller loin, je n'ai pas besoin de parler d'Ottawa, de Toronto ni de
Fredericton, on n'a qu'à regarder ce qui se passe dans la province de
Québec et on n'a qu'à aller voir ce qui se passe dans d'autres
commissions parlementaires à ce moment-ci. Le pouvoir de la haute
technocratie, c'est là le principe qui est en cause et c'est la raison
pour laquelle on ne veut avoir qu'une seule instance provinciale pour n'avoir
personne dans les jambes, pour ne pas avoir de compte à rendre et pour
ne pas être dérangés par la population locale. C'est
là le fond de l'affaire.
On ne me fera jamais croire que dans le monde rural, il n'y a pas
suffisamment d'organismes représentatifs du milieu, les instances
municipales, les organismes de planification régionale, les conseils
économiques, les conseils régionaux de développement,
l'UPA et que les milieux ruraux et régionaux sont dépourvus
d'intelligence à un point tel qu'ils ne peuvent être en mesure de
se prendre en main une fois qu'on leur a donné des outils, des moyens
pour le faire et pour administrer leur région.
On fait actuellement grand état du phénomène
économique de la Beauce parce que vous avez une région qui s'est
prise en main, mais pour ce faire, j'ai déjà été
obligé de dire au gouvernement et là, je vais rappeler des
souvenirs à mon collègue, le député de
Montmagny-L'Islet on ne veut pas que le gouvernement nous aide parce que
chaque fois qu'il nous aide, il nous nuit. On demande au gouvernement de cesser
de nous nuire pour être capable de se développer.
M. Garon: C'est une bonne ça!
M. Roy: Parce qu'il y a de l'aide qui peut aider et il y a de
l'aide qui nuit. Il y en a deux sortes.
M. Chevrette: L'homme fera la nuance au départ.
M. Roy: Ajoutez les deux parce que je me chargerai de vous
rappeler les deux.
M. Chevrette: Nous autres aussi.
M. Roy: On a été obligé de le faire à
un moment donné parce que l'aide gouvernementale devenait telle qu'elle
constituait une contrainte qui nous empêchait de bouger. M. le
Président, la motion présentée par l'honorable
député de Montmagny-L'Islet... Je me demande effectivement ce que
cela donne quand on regarde le peu de sérieux que nous avons de l'autre
côté de la Chambre. On s'amuse, on rit, on fait des farces, en
somme on ne semble pas tellement soucieux de tenir compte... Dès qu'on
n'est pas d'accord avec certains de leurs propos, certaines de leurs
intentions, je ne parle pas de ce qui est écrit dans le projet de loi,
mais de certaines de leurs intentions, on dérange, on rit, on fait un
"filibuster", et ainsi de suite. Il serait peut-être aussi bien d'en
venir à présenter à l'Assemblée nationale une loi
disant tout simplement que vous abolissez l'Opposition, si c'est comme cela que
vous voyez les choses.
M. le Président, j'ai voulu très sérieusement
apporter une collaboration et une contribution sérieuse à nos
travaux parlementaires, étant donné que ce projet de loi
constitue, comme je l'ai dit à l'Assemblée nationale, la
quatrième grande loi que le monde agricole ait connue au Québec.
C'est un fait.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député.
M. Roy: Mais seulement, M. le Président, la fin ne
justifie pas les moyens.
Le Président (M. Boucher): Votre temps est
écoulé. Merci, M. le député de Beauce-Sud. M. le
député de Rimouski.
Une Voix: C'est à moi?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski avait demandé la parole.
M. Chevrette: D'accord. Je suis bien prêt à
sacrifier mon tour, mais j'ai hâte de l'avoir. Je voudrais collaborer
dans le même sens que M. le député de Beauce-Sud, rectifier
certaines choses.
M. Marcoux: M. le Président, l'Opposition libérale
a proposé de créer des commissions régionales
décisionnelles pour la protection du territoire agricole. En faisant cet
amendement, l'Opposition libérale reprenait une idée que j'avais
énoncée dans mon discours de deuxième lecture. Sans
vouloir allonger le débat davantage, j'aimerais exprimer à
nouveau les motifs ou les avantages d'une telle formule. Mais avant d'en
exprimer les avantages, j'aimerais indiquer que pour moi dans ceci il n'y a pas
d'absolu. Ni d'un côté, ni de l'autre, il n'y a de formule
magique. La commission nationale, telle qu'elle est proposée
actuellement, comporte certainement certains avantages, mais pour moi elle
n'est pas une formule magique, pas plus que la formule qui est proposée
actuelement et que nous sommes en train d'étudier. Mais je pense que
celle qui est proposée actuellement comporte les avantages suivants:
D'abord, elle permettrait probablement d'appliquer la loi immédiatement
dans toutes les régions sans qu'il y ait engorgement à la
commission. Je pense que c'est évident que si on avait voulu
décréter l'ensemble du bon sol agricole, zone agricole,
actuellement, et qu'il n'y ait qu'une seule commission pour analyser tous les
dossiers, tous les cas, on ne pourrait passer à travers rapidement et
qu'il y aurait engorgement. En ce sens, je comprends que l'on ait
décidé de ne pas zoner l'ensemble du bon sol agricole
actuellement, mais simplement une partie, pour permettre à la commission
nationale telle que proposée de prendre son souffle et de fonctionner
plus normalement.
Mais si on avait choisi l'option de la commission régionale
décisionnelle, je pense qu'on aurait pu à ce moment
étendre les bienfaits de cette politique, de cette loi à
l'ensemble du Québec.
Deuxièmement, je demeure convaincu que si on avait eu des
commissions régionales décisionnelles avec des gens qui viennent
de la région, pour une partie probablement, ces gens auraient
été certainement sensibles à des normes régionales
ou aux problèmes régionaux. On a entendu les maraîchers
nous parler, entre autres, des problèmes spécifiques qu'il va y
avoir dans leur secteur, qui ne sont pas les mêmes qu'on peut avoir dans
notre région ou dans d'autres régions du Québec. Je pense
que l'attention à certaines normes régionales aurait pu
être facilitée.
Quant à la rapidité des décisions, ici il y a deux
thèses. Dans la matinée, M. le ministre disait qu'avec une
commission nationale, on va éviter des étapes. Il va y avoir la
municipalité et ensuite, directement la commission nationale. Cela va
accélérer la prise des décisions. Cela va être
très rapide. (15 h 45)
C'est une hypothèse qui en vaut une autre, mais quand on constate
la façon dont certains organismes gouvernementaux fonctionnent
actuellement, qui font directement affaires avec le citoyen ou des
municipalités il me vient à l'esprit, entre autres, le
secteur de l'environnement on constate que même s'il y a seulement
un niveau de décisions, il y a engorgement et il y a non-rapidité
dans les décisions. Je pense qu'il y a plusieurs dossiers qui auraient
pu être réglés au niveau des régions et dans
lesquels il n'y aurait pas eu appel.
Le dernier avantage que je voyais à cette formule et je le
vois encore j'avais parlé d'instance d'appel dans mon discours de
deuxième lecture, je pense qu'il faut plutôt parler d'instance de
révision. Cette instance de révision est déjà
prévue dans la loi, mais ce sont les mêmes personnes qui feront la
révision. Il aurait été avantageux que ce ne soit pas
même si c'est le même type de commission, une commission
régionale et la commission nationale un appel au sens juridique
du terme, tel que certains l'auraient peut-être souhaité et
qui n'est pas souhaitable parce que c'est bon que ce soit jugé par des
spécialistes, ce genre de dossiers une instance de
révision qui aurait été un deuxième niveau
composé aussi de spécialistes. Je pense que la formule aurait pu
avoir cet avantage.
Ce que je voudrais dire, c'est que cette formule ne change pas le
rôle qui est prévu dans la loi pour les municipalités, qui
est un rôle central et qui doit demeurer comme tel. Je pense que la
formule qui est proposée ne remet pas en question le rôle des
municipalités comme étant l'endroit où l'analyse va se
faire, le plan va se faire. En fait, on a deux tendances. Certains disent: La
commission nationale sera un monstre. D'autres disent: Une formule
régionale pour en arriver à une commission nationale, ce sera
aussi un monstre. Je pense qu'il y aurait eu moyen d'inventer une commission
régionale qui n'aurait pas été un monstre. En ce
sens-là, je ne serais pas d'accord avec les propositions qui sont faites
à l'article 4. Au niveau de la commission régionale, c'est trop
lourd. C'est vrai que sept personnes, c'est trop lourd. Je pense qu'on aurait
pu arriver à des commissions régionales légères, de
trois ou cinq personnes, avec un certain nombre de permanents, d'autres qui n
auraient pas été à temps plein. Sur le principe de la
commission régionale, je pense qu'il y aurait eu plusieurs avantages. Il
est certain que comme toute autre formule, il y aurait eu des
inconvénients. Un choix a été fait. J'aurais
préféré qu'un autre choix soit fait.
Ce que je voudrais ajouter en terminant, vu qu'on est dans le domaine du
relatif et comme il semble bien que cette formule ne sera pas retenue par le
gouvernement, c'est que comme le mi-
nistre l'a dit une loi n'est pas sacrée. Elle n'est pas
intouchable. Qu'on examine dans les mois qui viennent, dans l'année qui
viendra, la possibilité de rejoindre ces objectifs, comment les
atteindre. Plusieurs organismes ont indiqué leur souci d'une certaine
forme de décentralisation pour tenir compte des préoccupations
régionales ou d'une participation de groupements représentatifs.
Je pense que ce qu'il faut indiquer, c'est que la formule qui est
proposée, ce n'est quand même pas le bordel. On propose quand
même et d'après moi, c'est clair des gens
nommés par le gouvernement. Ce ne sont pas des gens élus. Ce ne
sont pas simplement des conseillers municipaux ou des maires. C'est en ce sens
que je dis que je ne suis pas d'accord avec les propositions faites à
l'article 4 par l'Opposition, qui ne sont pas encore devant la commission, mais
qui viendraient, si ce premier amendement était accepté.
Je pense que la formule des commissions régionales devrait
être exactement du même modèle que la commission nationale
qui est proposée actuellement, c'est-à-dire des gens
nommés par le gouvernement dont on est absolument certain que leur
première priorité serait la protection du territoire agricole. Je
pense qu'il n'y a aucun risque à prendre, que ce soit au niveau des
nominations à la commission nationale ou d'éventuelles
nominations à des commissions régionales; il faut que ce soit des
gens qui ont clairement comme priorité la protection du territoire
agricole. En ce sens, je ne serais pas d'accord avec les formules qui sont
proposées, le type de composition de la commission régionale. On
y reviendra si le premier amendement est accepté.
M. Giasson: Pourquoi?
M. Marcoux: Je ne voudrais pas allonger mes propos sur le sujet.
Nous aurons l'occasion de discuter tout au cours des débats de la
commission, d'autres sujets qui y sont reliés.
M. Giasson: ... l'UPA et les municipalités...
M. Marcoux: Je voudrais simplement indiquer une chose. Si je me
retire temporairement, c'est parce qu'il y a une autre loi qui
m'intéresse à l'Assemblée nationale; je reviendrai
participer au débat. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Rimouski.
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je regrette que notre
collègue de Beauce-Sud ait dû s'absenter, sans doute pour des
raisons majeures, parce que mes premiers propos porteront... Il arrive, je
m'excuse.
Je suis heureux que le député de Beauce-Sud revienne,
puisque j'ai quelques éléments de réponses à
apporter à l'argumentation qu'il a bien voulu nous fournir, qui
reflète, à mon point de vue, une option qui, à mon sens,
fait fi des mémoires qui ont été présentés
devant nous.
Le député de Beauce-Sud disait tantôt que neuf sur
dix des mémoires qui nous ont été présentés
l'avaient été en parlant du palier régional. Mais neuf sur
dix, sinon plus, se situaient au niveau de la concertation et de la
consultation, en fonction de pouvoir parler quand arriverait la
définition du plan définitif. C'est tellement vrai que chaque
fois qu'on parlait de commissions régionales, le ministre ou un
intervenant leur demandait: Oui, mais, en cas de désaccord, qui prend la
décision? S'il y a désaccord entre l'UPA, entre le CRD, entre les
municipalités, qui va trancher? Ah! C'est la commission provinciale.
Et on a eu un paquet d'intervenants qui ont dit cela; tout en ayant
remarqué que c'est localement que les décisions devaient se
prendre, quand on fouillait avec eux l'objectif fondamental qu'ils
recherchaient, c'était d'être consultés sur le plan
définitif.
C'est également dans ce sens-là que le ministre de
l'Agriculture a annoncé qu'il y aurait un amendement, je crois, à
l'article 47, si ma mémoire est fidèle, pour créer un
certain front commun local qui permettrait aux individus d'émettre leur
opinion et d'élargir le débat. C'est l'article 47 ou 48; en tout
cas, il y aura un amendement là-dessus.
M. Roy: M. le Président, je pose la question de
règlement; je ne peux pas discuter des articles qu'on ne connaît
pas, où nous ne sommes pas encore rendus. On nous pose des intentions
futures et on discute en fonction d'intentions futures. Je pose une question de
règlement. On arrive à parler d'articles qui ne sont même
pas encore dans la loi et, même s'ils y étaient, on n'est pas
rendus là. Je veux bien, pour la bonne compréhension de tout le
monde, qu'on cesse de discuter et de mêler tout le monde en commission
parlementaire avec des intentions.
Si on a des amendements à proposer aux articles 47 et 48, et on
semble les connaître de l'autre côté, qu'on les mette au
moins sur la table. Mais on n'est pas rendus là et ces amendemens ne
sont pas connus et n'ont jamais été divulgués en
commission parlementaire.
M. Chevrette: M. le Président, ce n'était pas un
appel au règlement, pas une minute. Je me base sur la parole du ministre
et j'y fais confiance. A l'article 48...
M. Roy: Ah bon! Vous discutez la parole; on ne discute pas la
parole, on discute un projet de loi.
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais finir, M. le
député de Beauce-Sud?
M. Roy: Ecoutez, on ne parle pas de la même chose, on n'est
pas sur la même longueur d'onde.
M. Chevrette: Je ne vous ai pas dérangé une seule
fois.
M. Roy: Pardon?
M. Chevrette: Je ne vous ai pas dérangé... M.
Roy: Non?
M. Chevrette: Je n'ai pas dit un mot. M. Roy: La
mémoire est courte.
M. Chevrette: Non, j'ai fait deux signes de tête.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, s'il
vous plaît! M. le député de Joliette-Montcalm.
Une Voix: II n'était pas ici.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm, si vous voulez poursuivre. Vous étiez sur une
question de règlement.
M. Chevrette: Je remercie le député de Beauce-Sud
et la présidence. Oui, M. le Président, je vais lâcher la
question de règlement parce que le député de Beauce-Sud me
laisse parler.
J'ai dit que je faisais confiance au ministre et on est ici pour lui
rappeler, lorsqu'on arrivera aux articles 47 et 48, qu'il a promis un certain
front commun local pour une meilleure consultation. Je pense que c'est l'esprit
des mémoires qui nous ont été présentés
très majoritairement, puisque ce sont ces mêmes paliers qui sont
venus nous dire: Si vous laissez, à un niveau seulement, la
décision...
M. Giasson: C'est bien dit.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, s'il vous plaît! C'est M. le député de
Joliette-Montcalm qui a la parole. Article 100...
M. Chevrette: Vous ne réussirez pas à me faire
fâcher, messieurs.
M. Giasson: II a compris, il a bien compris.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Joliette-Montcalm, allez-y.
M. Chevrette: Merci! Je disais donc que les groupes qui sont
venus devant nous seront sans doute satisfaits lorsqu'on leur permettra
d'émettre vraiment leur opinion, mais d'avoir, cependant un instrument
de décision à l'épreuve et à l'abri de toute
pression politique possible, au niveau local, comme cela aurait
été le cas si on avait laissé le niveau local
décider.
Je comprends que cela puisse faire rire nos amis d'en face, parce que,
pour eux, la pression politique était de la tête aux pieds. Ils
sont habitués de patauger dans cela. Mais cela a changé un petit
peu. Cela a changé pas mal!
M. Giasson: C'est pire qu'avant!
M. Chevrette: II y a moyen d'avoir un organisme neutre...
M. Giasson: C'est changé pire qu'avant!
M. Chevrette: ... il y a moyen d'avoir des gens...
M. Vaillancourt (Orford): On en parlera lors de l'étude
des crédits des ministères.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député d'Orford.
M. Chevrette: Ne me dites pas que vous commencez à avoir
des idées vous autres!
M. Vaillancourt (Orford): On commence à en avoir!
M. Chevrette: C'est pas pire, par exemple...
M. Vaillancourt: On commence à avoir des exemples.
M. Chevrette: Je vais dire comme les vieux: cela "s'enmieute". En
1976, cela "s'empironnait"!
M. le Président, je voudrais parler un petit peu plus du palier
régional. S'il fallait qu'on laisse les décisions au niveau
régional, qu'est-ce qui arriverait?
M. Giasson: Ce qui arriverait, c'est que l'UPA
fonctionnerait.
M. Chevrette: Ce qui arriverait concrètement, en
plaçant dans une même boîte des représentants sur le
plan décisionnel des divers groupes, des représentants des
conseils de comté, des représentants des municipalités
impliquées, des représentants de l'UPA, des représentants
du CRD, chacun a une vision bien différente du développement
agricole de son milieu. On ne traite pas, à partir d'un projet de loi
comme celui-ci...
M. Roy: Serait-ce que les hauts fonctionnaires sont guidés
par la main de Dieu?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M.
Baril: II est chef de parti, M. le Président!
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que je peux
continuer une fois pour toutes?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm, vous avez la parole.
M. Chevrette: Je n'ai pas eu grand-chance de le faire, je n'ai
pas eu de chance de partir encore. J'avais réussi mon point de vue assez
rapidement. Le député de Beauce-Sud a grimpé dans les
rideaux. Je n'ai pas eu le temps de partir quasiment!
M. Giasson: Bon, on attache nos ceintures. Allez-y, on s'en
va!
Des Voix: Ha! ha!
M. Chevrette: Merci. Donc, M. le Président, je disais que
tous ces groupes ne voient pas le développement agricole sous le
même angle. Il y a des gropes qui voient un développement
économique régional et qui ne voient pas nécessairement le
développement agricole dans un optique de développement
économique et, de facto, c'est biaisé au départ, comme
vision. Cette loi que nous avons devant nous, n'est pas une loi en fonction
d'un dévelopement économique global. Elle est là en
fonction de la sauvegarde des sols arables pour un développement
agricole. On même l'aménagement du zonage, on même la
consultation, on mêle les paliers de décisions, on mêle
à peu près tout. Le député de Beauce-Sud disait: On
est capable de se prendre en main. Si les gens avaient été
capables de se prendre en main autant qu'on le dit, il y aurait eu au moins un
certain pourcentage de municipalités, qui, depuis des années
auraient eu un plan d'aménagement qui aurait inclus un plan de zonage et
de protection des sols arables. On n'a pas pu. On a admis, dans bien des cas,
non pas au niveau de mémoires ici, mais nous rencontrons les gens
individuellement, c'est encore le meilleur contact le
député de Beauce-Sud en sait quelque chose que c'est
encore de bouche à oreille que cela se fait dans nos propres
comtés. Des échevins nous disent: II est grandement temps de
créer une commission provinciale. Nous, sur le plan local, nous sommes
toujours aux prises avec un gars qui vient nous dire: Débloque donc tel
coin pour que je puisse construire des "bungalows". On a un maire pour qui le
développement de sa municipalité, c'est de voir pousser de
petites maisons un peu comme des champignons. Il vous dit que c'est cela, le
développement, dans sa propre localité. C'est pour cela, la loi.
La loi est en fonction de sauver les sols arables et d'enlever toute pression
politique locale au niveau des décisions. On leur dit, par contre:
Ecoutons l'argumentation de chacun des groupes. Qu'est-ce que l'UPA a dit sur
un plan de zonage, sur son plan définitif? Qu'est-ce que le CRD a
à dire? Est-ce qu'on peut garder une zone blanche pour un parc
industriel, pour un développement industriel? Qu'est-ce que les
municipalités ont à dire? A ce moment-là, tu as un
portrait objectif et tu prends une décision en fonction de la
diversité des opinions émises. Tu ne permets pas des chicanes
à n'en plus finir. (16 heures)
Je pourrais faire un parallèle; on pense à des
comités intermunicipaux je vis cela dans mon milieu et,
quand ce n'est pas conçu par une loi, les ententes sont plus que
difficiles. Il y a des conseils municipaux qui demeurent les uns près
des autres; ils ne sont même pas capables, depuis dix ou douze ans, de se
brancher pour se donner un service en commun parce qu'un conseil voit cela de
telle façon et l'autre conseil voit cela d'une autre façon et ils
ne veulent pas s'entendre sur les prix. Indubitablement, on est obligé
d'adopter des projets de loi privés pour venir à bout de
régler ces problèmes. Quand il y a une loi claire qui permet
l'expression d'opinions et qui permet un palier de décision qui se situe
au-dessus des intérêts propres à chaque groupe... Votre
souffleur n'y est pas, cela paraît, vous échappez n'importe
quoi.
M. Verreault: M. le Président, je pense que l'adjoint
parlementaire aux Transports aurait avantage à faire un stage aux
Affaires municipales et aux Affaires...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Shefford, vous n'avez pas la parole! M. le
député de Joliette-Montcalm, si vous voulez poursuivre votre
intervention.
M. Chevrette: J'aurais poursivi, mais j'ai été
interrompu.
M. le Président, face aux exemples qu'on vit quotidiennement,
face aux contacts qu'on a assez régulièrement avec les
conseillers, les maires des municipalités, les membres des CRD, les
dirigeants de l'UPA, dans chacun de nos milieux... Cela va sûrement
être plus intelligent!
M. Verreault: Cela est pour le futur député de
Saint-Jean.
M. Chevrette: M. le Président, je peux vous dire que moi,
je ne peux pas adhérer à une formule qui créerait des
petites structures et qui risquerait sur l'application d'un principe aussi
fondamental et d'une philosophie de conservation du sol arable aussi
fondamentale, de voir prendre des décisions contradictoires, de voir se
créer dans des milieux des précédents qui permettraient
à d'autres milieux de s'appuyer sur des précédents pour
briser, à toutes fins utiles, l'esprit même de cette loi qui est
la conservation maximale des sols arables. Il faut se l'entrer dans la
tête. Si on était dans une commission qui étudie une loi
d'aménagement du territoire, on ne tiendrait sûrement pas les
mêmes propos, parce que l'aménagement d'un territoire et je
n'ai pas honte de dire cela tient compte à la fois d'une vocation
rurale, d'une vocation économique, d'une vocation de
développement domiciliaire. Mais on est à établir un plan
de sauvegarde des sols arables et l'aménagement qui s'ensuivra devra
tenir compte du plan de sauvegarde des sols arables. Il me semble que ce n'est
pas sorcier. Nous n'avons pas à argumenter ici en fonction de
l'établissement des choses qui auraient dû se faire depuis 35 ou
40 ans. On fait face à des situations où il y a eu des
développements sauvages sur le plan domiciliaire; ce n'est pas croyable
ce qu'on a laissé faire. On a laissé ouvrir des rues à
travers une terre, laissé construire la dernière maison,
laissé les contribuables de la paroisse payer tous les frais
d'entretien. Les prix des terrains ont doublé; c'est ce qu'on appelle la
spéculation.
Aujourd'hui, on va définir où il pourra y avoir de la
spéculation et on va définir des zones où il y aura de
l'agriculture. On a le droit de ne pas croire à l'agriculture, on a le
droit de voter contre le principe. On a aussi le droit de se rabattre en
commission parlementaire et, quand des témoins viennent, on a le droit
de dire qu'on a toujours été pour le principe, même si on a
voté contre le principe. On a le droit d'avoir deux faces, parce que
nous ne sommes pas à la télévision ici. On a le droit
d'avoir deux visages; j'ai vu cela. Il y en a un seul qui peut se vanter
d'avoir été pour un principe, dans cette commission, chez nos
amis d'en face, et de dire qu'il peut être contre certaines
modalités. Je concède cela à mon ami de Beauce-Sud. Mais
les autres, les leçons de puristes...
M. Verreault: M. le Président, question de
règlement. Les propos que tient le député de je ne sais
où, adjoint parlementaire de je ne sais pas quoi, s'il veut absolument
faire des insinuations, l'Opposition est également capable d'en faire;
on ne rappellera pas les grosses discussions des salaires en 1974 alors que
l'Opposition elle-même a procédé de la même
manière, avec toute l'hypocrisie qu'on lui connaît.
M. Gagnon: M. le Président, est-ce qu'on discute des
salaires ou si...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, vous aurez à intervenir dans le débat, vous pourrez
justifier les propos que vous tenez actuellement. Maintenant, c'est le
député de Joliette-Montcalm qui a la parole.
M. Verreault: Le député à deux faces.
M. Chevrette: Demandez-leur d'appliquer la dernière
syllabe du deuxième nom de mon comté, Montcalm.
Le Président (M. Boucher): Je ferai remarquer au
député de Shefford que le député qui parle
actuellement est du comté de Joliette-Montcalm.
M. Verreault: Ah bon! Merci, pour le journal des Débats.
Adjoint parlementaire de quoi?
M. Chevrette: Je voudrais souligner au député de
Shefford qu'il vient de faire une admission très forte. Pour les fins du
journal des Débats, il vient de dire que l'Opposition fait exactement ce
que nos six députés ont fait en 1974; en disant que nos six
députés ont été hypocrites en 1974, il vient
d'admettre explicitement qu'il joue à l'hypocrite. Je suis fier que ce
soit inscrit au journal des Débats.
M. Verreault: M. le Président, je compléterai
l'information du député de je ne sais où en disant que le
manège que les péquistes ont utilisé en 1974 était
beaucoup plus...
Le Président (M. Boucher): M. le député
de
Shefford, je refuse votre intervention à ce moment-ci.
M. le député de Joliette-Montcalm, vous pouvez
poursuivre.
M. Chevrette: Si le député de je ne sais trop
où veut me laisser parler, je vais terminer sur-le-champ, M. le
Président.
M. Verreault: M. le Président, question de
règlement. Est-ce que les sourires sont enregistrés au journal
des Débats?
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, M. le
député de Shefford, vous connaissez le règlement aussi
bien que moi.
M. Chevrette: C'est aussi bien pour vous parce que cela
dénoterait une insignifiance.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Gagnon: On n'a même pas besoin d'enregistrer ses
sourires pour savoir qu'il est insignifiant.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Joliette-Montcalm, vous pouvez
poursuivre. Je demanderais la collaboration de tous les membres de la
commission.
M. Chevrette: Merci, M. le Président.
M. Verreault: Un peu de sérieux, à l'ordre!
M. Chevrette: M. le Président, je terminerai en disant que
le désir fondamental de voir des commissions régionales sur pied
pour certains, c'est beaucoup plus, à mon sens, une question de pratique
qu'ils aimeraient voir établir dans leur milieu en croyant que ce sera
plus efficace. Personnellement, le fait de centraliser le niveau des
décisions et d'assurer une grande consultation peut rendre un
mécanisme tout aussi efficace et rapide. Je connais un nombre
incalculable de structures qui assurent cette liaison entre la structure locale
et provinciale et qui démontrent une très grande
efficacité.
D'autre part, cela assure, surtout dans les premières
années de l'application d'une loi aussi importante, une cohésion
qui peut subir n'importe quelle épreuve, qui peut faire face à
n'importe quelle incohérence qui se glisserait dans le système
parce que la jurisprudence s'établit à sens unique. Sinon, avec
une loi, qui est quand même, admettons-le, assez révolutionnaire
en termes de fonctionnement puisqu'on devra arrêter le
développement sauvage, cela va faire cesser la spéculation, etc.,
cela va permettre à des individus de remettre à l'agriculture des
terres pour lesquelles certains avaient eu des tuyaux à savoir qu'une
certaine route passerait éventuellement sur un certain terrain, on sait
tout cela, on va peut-être permettre à l'agriculture de
récupérer une part
très importante de sols qui étaient destinés,
à toutes fins utiles, à devenir des sols de spéculation,
des sols qui jouaient même contre la protection du consommateur
lui-même.
Bien souvent, dans le passé, le consommateur a oublié
qu'en appuyant toutes sortes de projets parce que c'était un ami, parce
que c'était un spéculateur important dans la place qui demandait
un appui pour débloquer tel site ou tel autre site, il y a même
certains consommateurs qui ont oublié qu'ils jouaient contre
eux-mêmes en posant un tel geste.
En leur expliquant la situation en tout cas, tous ceux avec qui
j'en ai parlé la majorité s'entend pour dire que ce n'est
pas en décembre 1978 que ce projet aurait dû être
adopté. Cela aurait dû être dans les années cinquante
et peut-être même avant pour éviter que le Québec
soit aussi morcelé qu'il l'est présentement en termes de
développement domiciliaire, tout à fait épars, tout
à fait éparpillé à travers nos campagnes, sauf que
je pense que les gens admettent, une fois pour toutes, que cela prenait un
frein. Quand l'Etat se doit d'intervenir, c'est parce qu'il y a eu des abus. Il
faut l'admettre carrément. Je savais aussi que le ministre de
l'Agriculture de l'ex-gouvernement, M. Drummond, avait préparé un
projet de loi. Je savais également que ce projet de loi, à toutes
fins utiles, n'a pas franchi le Conseil des ministres. Je n'aurais pas
personnellement de gêne à affirmer que ce gars-là, au
moins, de cet ex-gouvernement, avait quand même une volonté
politique de protéger...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, M. le
député de Joliette-Montcalm. Il ne vous reste qu'une minute.
M. Chevrette: J'accepterais, à ce moment-là, M. le
Président, de conclure en disant à ceux de nos amis d'en face qui
ont connu M. Drummond d'accepter momentanément, pour les quelques jours
de la session qui restent, d'assumer le même sens des
responsabilités qu'il voulait assumer. Peut-être joueraient-ils,
à ce moment-là, un rôle d'opposition constructive au lieu
d'un rôle d'opposition destructive, rôle d'opposition qui,
systématiquement, cherche à étirer l'adoption d'un projet
de loi qui, à mon avis, est désiré par la très
grande partie des agriculteurs du Québec. La loi comme telle, avec une
commission provinciale, vient donner cette assurance, cette soupape qui
permettra d'avoir une politique de sauvegarde des sols arables uniforme
à travers le Québec. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Verreault: Est-ce que le député de je ne sais
où vient d'utiliser ses 20 minutes?
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Verreault: Je voudrais préciser que le temps qu'il
à fait perdre avec ses 20 minutes se compare à ce dont on accuse
ceux de l'Opposition. Les visages à deux faces ou à deux
têtes, il faudrait qu'il les considère pour lui-même.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, ce que vous dites là...
Une Voix: ... est méchant.
M. Chevrette: On va lui acheter du parfum Chanel no 5 pour
Noël.
M. Verreault: C'est Quesnel no 5 pour toi.
Le Président (M. Boucher): II ne peut pas l'accepter,
étant donné que je considère que la commission ne perd pas
son temps actuellement.
M. Verreault: Je le considère également, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, la motion du
député de Montmagny-L'Islet dans laquelle il demande des
amendements à l'article 3 se lit comme suit: "Que l'article 3 soit
amendé en remplaçant tous les mots après le mot
"appelé" à la première ligne par les mots suivants: "La
commission régionale est constituée sous le nom de commission de
protection de la région concernée, région administrative
agricole du Québec. La commission régionale a pour fonction
d'assurer la protection du territoire agricole.
A cette fin, elle est chargée: a)de décider des demandes
d'autorisation qui lui sont soumises en vertu de la loi relativement à
l'utilisation ou au lotissement ou à l'aliénation d'un lot de
même que des demandes visant à l'inclusion d'un lot d'une zone
agricole; b) de délivrer les permis d'exploitation requis pour
l'enlèvement du sol arable conformément à la section 5;
c)de délimiter en collaboration avec la corporation municipale, la zone
dans une municipalité; d) un organisme ci-après appelé la
commission provinciale est constitué sous le nom de Commission
provinciale de protection du territoire agricole du Québec.
La commission provinciale est chargée: a) d'émettre un
avis sur toute affaire qui peut lui être référée en
vertu de la loi; b) de conseiller le ministre sur toute affaire concernant la
protection du territoire agricole du Québec; c) de surveiller
l'application de la présente loi; d) d'entendre les appels des
décisions prises au niveau régional."
(16 h 15)
M. le Président, au sujet de cette motion d'amendement que nous
présentons à l'article 3, nous pensions que le ministre allait
apporter cet amendement, étant donné que la plupart des orga-
nismes et des personnes le réclamaient lors de la
présentation de leur mémoire, à savoir qu'une commission
régionale était nécessaire pour rendre efficace et
beaucoup plus expéditif dans son application le projet de loi.
C'est pour cela qu'hier soir nous avons demandé au ministre de
déposer les amendements de la section II du projet de loi. A notre
grande surprise, le ministre nous a informés qu'il déposerait des
amendements seulement aux articles 7, 18 et 19.
C'est pour cette raison que nous avons cru bon d'apporter des
amendements qui ne changent en rien le principe du projet de loi 90, Loi sur la
protection du territoire agricole.
On parle de décentralisation de l'administration de tous les
services gouvernementaux et de pouvoirs de décision de la province de
Québec. Il me semble qu'avec cette loi, le ministre manque une belle
occasion de commencer la décentralisation que nous prêchons depuis
de nombreuses années. Mais non, on en parle, on en parle seulement, sans
donner suite. On en parle surtout durant les campagnes électorales pour
se faire élire, mais on n'agit pas.
M. le Président, une commission provinciale aura tous les
pouvoirs de décider, des pouvoirs discrétionnaires et
dictatoriaux, sans appel de prévu. Elle aura seulement un appel de sa
décision si elle a fait des erreurs concernant la décision
qu'elle a prise.
Je crois que douze commissions régionales, cela permettrait aux
gens du milieu de se faire entendre chez eux, par les leurs, par leurs
commissions, par des membres nommés par des personnes de chacune des
régions. Dans les amendements que nous proposons à l'article 4,
nous avons bien dit que les commissions régionales seraient
formées de deux représentants des municipalités de la
région, de deux représentants de l'Union des producteurs
agricoles, de deux représentants nommés par le ministre et d'un
président choisi par les six autres membres.
Avec ces douze commissions régionales, tous les dossiers qui leur
seraient présentés pourraient être études avec
beaucoup plus d'attention que si tout est centralisé à une
commission provinciale ou nationale, comme certains l'appellent. Tous ces
dossiers seront alors soumis à un seul organisme qui va certainement
prendre de nombreux mois et de nombreuses années...
M. Verreault: C'est l'ordinateur qui va...
M. Vaillancourt (Orford):... avant qu'une décision soit
prise.
Avec une commission régionale, ce serait beaucoup plus
expéditif pour prendre des décisions et les gens qui seraient
nommés, venant du milieu, prendraient les décisions beaucoup plus
en connaissance de cause sur tous les terrains, les terres propices, soit
à l'agriculture ou au développement domiciliaire, etc.
Par la suite, pour les organismes qui ne seraient pas satisfaits de la
décision de la com- mission régionale, il y aurait l'organisme
supérieur qui s'appellerait la commission provinciale. Le ministre nous
disait ce matin qu'il ne voulait pas multiplier les instances de bureaucratie.
Les coûts seraient exhorbitants, cela coûterait très cher,
étant donné le nombre de personnes que cela demanderait pour
former ces commissions: sept personnes par commission, soit 84 personnes. Je
pense que le ministre n'ira certainement pas lui-même faire les
inspections et les études de chaque demande. Cela va prendre du
personnel, ainsi que plusieurs analystes dans chacune des régions, pour
étudier toutes les demandes qui vont être soumises à la
commission provinciale.
Ce ne seront certainement pas l'UPA ou toutes les autres instances du
milieu, telles que les conseils de comté, les conseils municipaux, qui
vont faire l'étude des demandes des personnes qui vont vouloir
éviter que leur terrain soit zoné agricole.
M. le Président, je pense que le ministre est inconscient du
nombre de demandes qui vont être dirigées au même endroit,
les centaines et les centaines de demandes et même les milliers de
demandes qui vont être dirigées à la commission
provinciale. Le seul député du parti ministériel qui est
conscient de l'envergure, de la portée de cette loi, des nombreuses
demandes qui vont être présentées devant la commission,
c'est le député de Rimouski et je tiens à le
féliciter de sa bonne compréhension.
M. le Président, je pourrais donner plusieurs exemples
d'organismes décisionnels qui sont centralisés ici à
Québec ou à Montréal, ou à un seul endroit dans la
province, qui prennent des décisions sur des demandes qui viennent d'un
peu partout, de tous les milieux, de toutes les régions de la province,
comme l'Office du crédit agricole. L'Office du crédit agricole
est un organisme qui est centralisé ici à Québec, mais qui
reçoit très peu de demandes à comparer avec le nombre de
demandes que va recevoir la Commission de la protection du territoire
agricole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
M. le député d'Arthabaska, question de
règlement.
M. Baril: Je crois que le député d'Orford est en
train d'induire la commission en erreur. L'Office du crédit agricole est
à peu près l'office le plus décentralisé qui
existe. Dans chaque bureau local, il y a des représentants de l'Office
du crédit agricole et il y en a d'autres au niveau régional.
Voyons donc!
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, je suis
parfaitement au courant de la structure de l'Office du crédit agricole,
mais je pense que l'Office du crédit agricole est un organisme qui
fonctionne très bien, qui est très bien structuré, qui a
des représentants dans chacune des régions. La décision se
prend ici à Québec. Mais je tiens à vous dire, M. le
Président, pour l'information du député d'Arthabaska, que
la Commission de la protection du territoire agricole va recevoir des
milliers et des milliers de demandes de plus que l'Office du
crédit agricole ou tous les autres organismes, tels le Tribunal
d'expropriation, la Régie des marchés agricoles et tous les
autres.
C'est pour cette raison que tous les organismes qui sont passés
ici, devant nous, qui ont demandé la formation d'une commission
régionale, c'est parce que ces gens-là étaient conscients
que la commission était pour avoir de nombreuses demandes, qu'elle ne
suffirait pas à la tâche de rendre toutes ces décisions,
pour permettre à l'économie de notre province, dans tous les
domaines... Vous savez, la Loi du zonage agricole touche à peu
près tous les milieux de notre société, toutes les
municipalités de notre province. Actuellement, il y a quelque 600
municipalités qui sont zonées, qui sont peinturées, comme
vous dites, d'après la loi actuelle, mais par décret, d'ici
peut-être un an ou deux, le reste de la province va être
zoné agricole.
Vous vous imaginez que si toute la province est zonée, cela va
augmenter. Il y a environ 1700, 1600 et quelques municipalités dans la
province de Québec et, lorsque les 1600 municipalités vont faire
partie du territoire agricole qui va être zoné pour la protection
du territoire, comment voulez-vous qu'un organisme centralisé ici
à Québec puisse prendre toutes les décisions avec
rapidité pour permettre la continuité de la construction
domiciliaire? Car vous le savez, il y a beaucoup d'endroits qui vont être
zonés agricoles, mais qui ne le seront pas. Et si tous ces
dossiers-là, pour dégeler les endroits qui ne seront pas
agricoles, comme nous en avons eu plusieurs exemples au cours de l'étude
des mémoires que nous avons entendus pendant quelques jours, provenant
des organismes et des personnes qui sont venus faire des
représentations...
Je pense que c'est dans la municipalité d'Ormstown qu'il y a un
rocher de quatre milles sur six milles qui est zoné agricole. Des
exemples comme celui dont cette municipalité est venue nous faire part,
ici, à cette commission parlementaire, vous pouvez être
assurés qu'il y en aura de nombreux. Avant que la commission puisse
recevoir tous ces dossiers, cela va prendre des mois et des mois. Avant que les
dossiers en question soient étudiés par la commission pour
être jugés, je pense que cela va ralentir énormément
tout le domaine de la construction domiciliaire et vous pouvez être
assurés qu'il y aura des demandes, que ce soit pour la construction
d'édifices publics, de maisons unifamiliales ou d'immeubles
d'habitation.
M. le Président, je pense que les députés, surtout
le député de Joliette-Montcalm, lorsqu'il a parlé de
certaines représentations qui sont faites par les députés
de l'Opposition, ne sont pas tellement conscients de l'envergure de ce projet
de loi. Même le ministre, je pense, n'a pas donné tout à
fait assez d'information aux membres de son parti en caucus, car je suis
convaincu que tous les députés du Parti québécois
qui parlent actuellement contre la motion d'amendement que nous apportons ici
aujourd'hui parlent contre eux-mê- mes. Je suis persuadé que nous
avons eu de l'expérience dans l'adoption des projets de loi sans trop
connaître ou sans trop nous occuper de leurs répercussions et des
dommages que cela peut nous faire lorsque survient une élection, mais je
puis vous dire, messieurs du gouvernement, que cette loi, la loi du zonage
agricole est une loi qui va certainement vous faire battre à la
prochaine élection. Je ne le souhaite pas pour vous, mais je le souhaite
pour notre parti, parce que nous croyons que nous aurions adopté cette
loi du zonage agricole; nous devions l'adopter aussitôt acceptée
par le Conseil des ministres. Le dossier n'était pas tout à fait
prêt lorsque le premier ministre a déclenché les
élections, mais je peux vous assurer...
M. Gagnon: Depuis combien d'années la promettiez-vous?
M. Vaillancourt (Orford): ... que la loi du zonage agricole que
nous aurions adoptée n'aurait pas eu le même mécanisme;
nous aurions eu une commission régionale, ce qui aurait permis beaucoup
plus une bonne administration du zonage agricole.
M. le Président, je pourrais donner encore plusieurs exemples
pour essayer de convaincre le ministre, mais je pense que d'autres de mes
collègues vont essayer de le convaincre et, j'espère,
réussir pour le bien-être de la population du Québec qui va
avoir affaire à cette commission pour la bonne marche de tous les
développements dans notre province.
Pour toutes ces raisons, il me fera plaisir de voter pour la motion
d'amendement du député de Montmagny-L'Islet.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député d'Orford. M. le député de Shefford.
M. Verreault: Merci, M. le Président. J'aimerais
simplement reprendre un propos, un peu trop prématuré de mon
collègue d'Orford, alors qu'il félicitait le député
de Rimouski, tout à l'heure, sur son boniment concernant la motion
présentée par mon collègue de Montmagny-L'Islet.
Si je m'en tiens à l'audition du discours du député
de Rimouski, il semblait parfaitement d'accord sur le principe de la motion
mais, vers la fin de son allocution, il avait tendance à dire que
peut-être que cela ne serait pas bon, etc. Ce qui me fait douter, M. le
Président, que le caucus du Parti québécois, ce midi,
à sûrement tourné au vinaigre.
Quant au député de Rimouski, on lui a dit simplement: Sois
beau, mais surtout tais-toi. Je peux comprendre la solidarité qui existe
au sein d'un parti politique. Nous avons vécu de pareilles
expériences, mais, de toute façon, nous verrons si la
démocratie existe dans ce parti.
Pour en revenir à la motion de mon collègue de
Montmagny-L'Islet, M. le Président, d'ailleurs, je suis toujours dans la
pertinence, vous le savez, nous sommes actuellement à l'article 3.
M. Marcoux: M. le Président, j'invoque l'article 96 du
règlement. Simplement 30 secondes pour corriger. Je pense que j'ai
été très clair. J'ai réaffirmé que
j'étais d'accord avec l'amendement proposé à l'article 3
par le député de Montmagny-L'Islet. Ce que j'ai dit, c'est que si
cet amendement était adopté, sur les amendements qui suivent
à l'article 4 entre autres sur la composition de la commission
régionale, commission décisionnelle, j'avais d'autres options
possibles et moins lourdes. C'est exactement ce que j'ai dit. Je n'en ai pas
dit plus, ni moins, point final.
M. Giasson: M. le Président, sur la question de
règlement, l'article 96 dit qu'un député peut rectifier
des propos après que l'intervenant a terminé.
Le Président (M. Boucher): D'accord, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Verreault: J'étais sur le point de le mentionner
à M. le député. M. le Président, je comprends un
peu le malaise du député de Rimouski. Ce qu'il a voulu expliquer
aux membres de cette commission, c'est que si le ministre vote pour la motion
du député de Montmagny-L'Islet, il va voter favorablement. Si le
ministre vote contre, malheureusement, et solidairement, il va voter contre la
motion. Donc, vous savez, le Parti québécois est comme plusieurs
moutons dont les moutons, de Panurge, qu'on a connus par une certaine histoire,
ils vont suivre comme tous les autres, même si on a reproché aux
membres de l'ancien gouvernement d'être des suiveux. Je crois que cela
n'a pas changé. Donc, M. le Président, pour vous faire plaisir,
je reviens à la motion de mon collègue, alors que l'on parle de
l'article 3. Cet article, tel que prévu dans le projet de loi 90,
constitue la Commission de protection du territoire agricole du Québec
uniquement.
La motion que présente mon collègue vise à diviser
et à décentraliser cette fameuse commission à la rendre
régionale, d'une part, et à obtenir par le fait même un
arbitrage, un appel. Quand on s'en tient au texte de l'article 3 tel que
présenté, cette loi est tout à fait à
l'opposé de la motion qui est présentée par le
député de Montmagny-L'Islet. L'article 3 du ministre de
l'Agriculture est centralisateur, il est dominateur, et il veut contrôler
d une manière absolue toutes les demandes qui seront formulées
dans les semaines qui suivront la formation de cette commission de protection.
Evidemment, les pouvoirs qu'on lui concède sont également
intransigeants, totalitaires, centralisateurs, comme je le mentionnais.
Malheureusement, en plus, c'est que le grand patron dans tout cela, le parrain,
c'est le ministre de l'Agriculture qui doit être responsable de cette
loi, ce qu'on appelle le "godfather", et l'application sera faite par cette
commission. Nous avons entendu, lors de l'audition de nos témoins, des
mémoires qui ont été présentés à
cette commission, plus d'une soixantaine de mémoires, et comme le
mentionnait le député de Beauce-Sud, plus de 90% de ces gens
étaient favorables à la formule...
Le Président (M. Boucher): 40 mémoires.
M. Verreault: 40 mémoires, dans ce cas, il y en a
plusieurs qui ont été mis de côté comme d'habitude.
Merci de faire la rectification, M. le Président. Il n'en reste pas
moins que 90% de ces 40 mémoires, sur les 64, étaient
parfaitement d'accord pour une décentralisation. Vous comprendrez en
plus le point d'argument, présenté la motion
présentée hier par le député de Huntingdon,
lorsqu'il demandait à la présidence, et le vote a
été favorable, la présence du ministre
délégué à l'aménagement. Vous savez, il y a
tellement d opposition qui se fait entre l'article présenté par
le député de Lévis inclus dans le projet de loi 90 et la
motion présentée par mon collègue de Montmagny-L'Islet.
Sûr et certain, de l'avis général des membres et des gens
qui se sont présentés à cette commission, la
décentralisation s'impose et a été exigée de la
part de tous.
A l'article 3, la Commission de la protection du territoire agricole du
Québec aura à décider de nombreux dossiers et le tout se
fera de manière centralisée, soit à Québec,
où sera le bureau central, ou à Montréal, où elle
pourra être itinérante, tandis que l'amendement proposé par
le député de Montmagny-L'Islet dit bien que la commission
régionale est constituée sous le nom de "commission de protection
de la région de" on inscrirait ici chacune des régions
administratives agricoles du Québec.
La commission régionale a pour fonction d'assurer la protection
du territoire agricole, ce qui est exactement la même formule que celle
du ministre de l'Agriculture. A cette fin, dit-on, elle est chargée de
décider des demandes d'autorisation qui lui sont soumises en vertu de la
loi relativement à l'utilisation, au lotissement ou à
l'aliénation d'un lot, de même que des demandes visant à
l'inclusion d'un lot d'une zone agricole, de délivrer les permis
d'exploitation requis pour l'enlèvement du sol arable,
conformément à la section V, de délimiter, en
collaboration avec la corporation municipale, la zone agricole dans une
municipalité.
M. le Président, je veux bien croire que les propos que je tiens
ennuient les membres de cette commission, il n'y a même pas quorum
à cette commission, le ministre est en caucus dans un petit coin, les
membres et les intervenants sont ramassés dans tous les recoins...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, nous avons quorum.
M. Verreault: Est-ce que nous avons maintenant quorum, M. le
Président?
M. Baril: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Nous avons maintenant quorum et
nous l'avons toujours eu.
Une Voix: C'est si peu intéressant.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska, sur une question de règlement.
M. Baril: Si le député de Shefford peut me
permettre, quand il dit qu'il n'y a personne qui l'écoute autour de la
table, je lui ferai mention qu'il y a trois députés de sa
formation politique derrière lui, qui ont du plaisir.
M. Verreault: J'ai l'impression, M. le Président, que le
ministre est en train de consulter le porte-parole et les membres de
l'Opposition libérale afin de faire un compromis, considérant que
la motion du député de Montmagny-L'Islet est parfaitement
valable. Le ministre revient à sa place et je suis convaincu qu'il va
dire qu'on met fin à cette motion et qu'on l'adopte.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, la pertinence sur l'amendement, s'il vous plaît!
M. Garon: Cela fait quand même plusieurs journées
qu'on est assis sur ces chaises.
M. Verreault: C'est vrai et peut-être...
M. Garon: Je me dis que, s'il y en a qui attrapent des plaies de
lit, on pourrait attraper des plaies de chaise après avoir
été assis aussi longtemps.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Shefford.
M. Verreault: Merci, M. le Président. Si je n'avais pas
été interrompu par le député d'Arthabaska, j'aurais
sûrement pu finir mon intervention plus tôt et ainsi ne pas nuire
à la procédure de cette commission.
Toutefois, je parlais de la commission régionale qui serait
composée, ce qui fera probablement l'objet d'un amendement à
l'article 4, de deux représentants des municipalités de la
région, de deux représentants de l'Union des producteurs
agricoles de la région, de deux représentants nommés par
le ministre et d'un président choisi par les six autres membres.
Evidemment, le député de Kamouraska-Témiscouata, le
député d'Arthabaska et plusieurs autres, y compris le
député de Rimouski, peuvent se vanter de ce que la formule
présentée dans le projet de loi 90 par le ministre soit vraiment
la meilleure. Il faut vraiment comprendre leur argument, ces gens ne sont
même pas inclus dans la zone désignée actuellement, qui est
sous contrôle, qui est gelée.
Lorsque nous aurons probablement voté, parce que le ministre ne
voudra pas, par entêtement, accepter l'amendement de mon collègue,
pour que ces commissions soient régionales, qu'arrive-ra-t-il lorsque
toutes les régions qui ne sont pas comprises dans la zone
désignée voudront et insisteront pour être incluses?
Si je me reporte au discours de fond de deuxième lecture du
député de Kamouraska-Témiscouata, qui est derrière
moi, qui n'est pas à son siège, il disait que ce projet de loi
était d'emblée accepté par sa population je salue,
à mes côtés, le député de
Kamouraska-Témiscouata et que, si le ministre empêchait que
son territoire...
Le Président (M. Boucher): Excusez-moi, M. le
député de Shefford. M. le député de
Kamouraska-Témiscouata, je vous rappelle à l'ordre, vous
n'êtes pas du bon côté de la table.
M. Verreault: C'est cela. Il faudrait le passer au ballottage
pour l'accepter de ce côté-ci et ce n'est pas fait encore. Merci,
M. le Président, d'avoir rappelé à sa place le
député de Kamouraska-Témiscouata.
Je disais donc que lorsque ces comtés qui ne sont pas dans la
zone désignée décideront de faire partie intégrante
de ce territoire qui est actuellement gelé et qui sera sous la
juridiction de cette commission, à ce moment-là seulement, ces
députés seront fiers d'avoir des commissions régionales
sur place pour éviter les tracasseries de papeterie, d'avocasseries et
de tout ce que vous voudrez qu'on connaît avec le gouvernement que nous
avons actuellement.
Lorsque la commission sera formée, il y aura des milliers de
demandes qui seront acheminées à cette commission et c'est
impossible de croire, M. le Président, que la commission sera capable,
dans des délais respectables, de donner suite à toutes ces
demandes. La motion présentée par le député de
Montmagny-L'Islet vise simplement à humaniser cette commission, à
la rendre plus souple, plus proche des gens, à la sensibiliser à
la région immédiate. Ces régions ne sont pas
nécessairement formées par groupes de comtés. Elles
sont...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, vous devrez conclure. Il vous reste une minute.
M. Verreault: M. le Président, j'ai été
interrompu à maintes reprises par les sans-culottes de l'autre
côté.
Le Président (M. Boucher): II vous reste une minute.
M. Verreault: M. le Président, je ne suis pas d'accord. De
toute façon, je vais continuer, mais à la fin je demanderai
à cette commission l'autorisation de prolonger mon temps parce que j'ai
des choses fort importantes à dire.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a consentement
pour que le temps de M. le député de Shefford soit
prolongé?
Des Voix: Non.
M. Gagnon: Cela nous fait réellement de la peine de
refuser notre consentement, mais nous le refusons.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): On ne le peut
pas.
Le Président (M. Boucher): II vous reste 30 secondes pour
conclure.
M. Verreault: M. le Président, tout à l'heure,
j'avais une minute. Ce n'est pas possible qu'en l'espace de deux secondes j'en
aie perdu 30. Vous faites un mauvais calcul. Vous faites exactement comme le
ministre de l'Agriculture.
Le Président (M. Boucher): Vous avez commencé
à 16 h 29.
M. Verreault: 29? Quand j'ai vérifié tout à
l'heure, on avait dépassé six à l'horloge. Il était
presque 16 h 30 passées lorsque mon collègue a terminé. Ce
n'est pas possible! J'ai droit à 20 minutes sur cette motion. Je vais
demander à mon leader si le président...
Le Président (M. Boucher): Vous devrez terminer à
16 h 41.
M. Verreault: Cela n'a pas de bon sens!
M. Lavoie: A quelle heure avez-vous commencé?
M. Verreault: J'ai commencé à environ 16 h 35. Cela
fait à peine cinq minutes.
M. Lavoie: Cela ne fait pas...
M. Gagnon: Vous perdez du temps. Allons, vite! Vos propos son
tellement intéressants...
M. Verreault: Est-ce que j'ai droit à 20 minutes, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): C'est à 16 h 49 que vous
devez finir. D'accord.
M. Lavoie: C'est cela. A 16 h 49.
M. Verreault: M. le Président, je m'excuse de ces
"interromptions"... de ces interruptions merci à mon
collègue de me l'avoir soufflé . Nous avons d'excellents
souffleurs dans notre équipe, il faut quand même le
mentionner.
Comme je le mentionnais tout à l'heure, on parlait de commission
régionale. Lorsque les régions qui ne sont pas incluses dans le
territoire de la province de Québec désigné seront
visées par cette loi, c'est sûr que la rapidité à
répondre aux demandes sera beaucoup plus excellente. Cela se ferait
d'une meilleure façon que si c'était fait par la commission telle
qu'on la préconise dans le projet de loi 90.
D'autre part, la motion faite par le député de
Montmagny-L'Islet avait deux buts importants, le premier étant de
régionaliser la structure de ce projet de loi et l'administration de
cette loi. Deuxièmement, en ayant ces structures régionales, on
ferait appel à un organisme suprême ou supérieur qu'on
appellerait la commission provinciale. Cette commission provinciale serait
également consti- tuée de la même manière on
le mentionne à l'amendement qu'on fera à l'article 4 soit
d'un représentant de l'Union des conseils de comté du
Québec, et ce fut à leur demande d'un représentant
de l'Union des municipalités du Québec, là encore à
sa demande, de deux représentants de l'Union des producteurs agricoles
du Québec, là encore à sa demande, d'un juge nommé
par le lieutenant-gouverneur en conseil, qui agirait à titre de
président. En plus, on prévoit à l'amendement que nous
proposons deux vice-présidents et tout le tralala.
Actuellement, suivant le projet de loi 90, il n'y a aucun droit d'appel,
ce qui est extrêmement injuste et va à rencontre de toutes les
politiques du Parti québécois dans son programme
électoral. On essaie de démocratiser les débats. On essaie
de décentraliser. On essaie de régionaliser. On essaie
d'impliquer les gens dans les discussions et, depuis deux ans, c'est le
contraire qu'on fait. La preuve en est la suivante: dans le projet de loi 90,
on essaie de centraliser toute la patente, de prendre tous les pouvoirs qui s'y
rattachent et de le faire en dictateurs. Je crois que c'est
démodé. (16 h 45)
Tout à l'heure, le député de je ne sais où
vous me disiez, M. le Président, que c'était le
député de Joliette-Montcalm nous disait qu'il parlait au
nom de la majorité. Je vous ferai remarquer que la majorité n'est
pas la majorité dans son cas, si on parle du Parti
québécois, parce qu'il n'a obtenu qu'environ 40% des voix et
l'Opposition, par conséquent, détient le restant du pouvoir et
nous sommes la majorité. Si le député de je ne sais pas
où avait fait sa consultation, il est sûr et certain qu'il aurait
un avis complètement différent de celui qu'il avait
jusqu'à maintenant.
M. le Président, la motion qui est faite par le
député de Montmagny-L'Islet va dans le sens et à la
demande de tous les participants, de toutes les personnes qui sont venues
témoigner à cette commission et qui sont venues ici dire au
ministre, aux commissaires, aux gens, aux membres de cette commission: Nous
voulons une décentralisation de ce projet de loi. Nous voulons que nos
pères, les gens de nos régions, qui auront été
choisis, prennent des décisions. Si, lors de ces demandes, M. le
Président, il arrivait que 80% ou 90% de ces demandes formulées
par les agriculteurs ou les personnes visées par le projet de loi 90,
que toutes ces demandes soient réglées sur place, sur les lieux,
à 85% ou 90% il en resterait quand même, M. le Président,
que 10% à 15% de ces problèmes aboutiraient à la
commission provinciale telle que proposée par le député de
Montmagny-L'Islet.
Si, au lieu d'avoir des délais qui perdureraient parce qu'on ne
connaît pas la durée de ces demandes, les réponses à
ces requêtes on ne sait pas si cela prendra six mois, huit mois,
un an ou plus la rapidité serait efficace à ce moment et
répondrait à des besoins qui sont du milieu même, des
besoins des régions comme la Gaspésie, les Cantons de l'Est, les
Laurentides, Montréal, Québec. Les personnes
intéressées dans ces
discussions, dans ces projets, auraient quelque chose à faire,
auraient quelque chose à dire.
Nous avons actuellement les structures en place et le ministre devrait
utiliser ces structures en place. On lui a demandé, lors de cette
commission, combien de personnes il envisageait utiliser, avec
rémunération, pour rendre cette politique applicable. Le ministre
n'est pas tout à fait certain du nombre de personnes que cette loi
exigera pour son application. Je crois qu'en utilisant les structures, tel que
le député d'Orford l'a mentionné à savoir douze
régions à sept personnes, cela ne fait quand même pas un
chiffre astronomique. Si on inclus, en plus, le personnel ou les personnes qui
seraient comprises dans la commission provinciale, évidemment, cela ne
totaliserait pas une centaine de personnes. A ce moment, le rendement serait
d'autant plus efficace et la participation de tous les milieux serait fort
appréciée.
De toute façon, M. le Président, la motion de mon
collègue de Montmagny-L'Islet est pleine de sens, elle est très
sérieuse et je crois que tous les membres de cette commission ne peuvent
pas nier le contraire, bien que le député de Joliette-Montcalm
ait voulu ridiculiser l'Opposition en faisant mention tout à l'heure que
l'Opposition disait, qu'en principe, elle était d'accord sur le projet
de loi mais que, dans le fond, elle était contre. Quand même nous
perdrions du temps à expliquer au député de je ne sais pas
où, pourquoi nous avons agi de la sorte...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, puis-je vous rappeler qu'il n'y a pas de comté de "je ne sais
pas où" dans la province de Québec. Est-ce qu'il serait possible
de préciser, d'identifier? Est-ce que je sais, au moment où vous
citez le comté de "je ne sais pas où", si vous voulez parler du
comté de Joliette-Montcalm?
M. Verreault: Mais c'est parce que je cherche le
député de Joliette-Montcalm.
Le Président (M. Boucher): Mais je voudrais vous rappeler
l'article 99 de notre règlement...
M. Verreault: Oui.
Le Président (M. Boucher): ... qui défend d'imputer
des motifs...
M. Verreault: D'amputer ou d'imputer?
Le Président (M. Boucher): ... paragraphe 8, de se servir
d'un langage violent, blessant, à l'adresse d'un député.
Merci.
M. Verreault: M. le Président, quand j'interpelle le
député de Joliette le député de "je ne sais pas
où", je le cherche à la table de la commission. Je ne le trouve
pas, donc "de ousque" qu'il est, le député de Joliette.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, vous savez fort bien comme moi qu'il n'y a pas de comté de "je
ne sais pas où."
M. Verreault: C'est dans la région de Joliette, M. le
Président. Alors, je tenais à faire la précision.
De toute façon, je vais conclure en disant que l'amendement
proposé par mon collègue est d'un sérieux et plus que d'un
sérieux. J'aimerais bien que tous les membres de cette commission votent
favorablement pour cette motion, afin que le désir unanime des gens qui
sont impliqués dans le projet de loi 90 soit respecté.
A l'article 4 nous avons d'autres amendements et le droit d'appel...
J'ai été très surpris hier de constater, M. le
Président, qu'à cette section de ce projet de loi 90, le ministre
de l'Agriculture ne nous ait apporté que trois amendements, soit l'un
à l'article 7 et les deux autres aux articles 18 et 19. J'aimerais quand
même que le ministre, même s'il s'absente souvent de son
siège pour des raisons personnelles... J'espère que le leader de
mon Parti a réussi à le convaincre de voter pour cette
motion.
De toute façon, j'aimerais bien qu'il relise attentivement la
motion présentée par mon collègue de Montmagny-L'Islet et
qu'il agrée à cette demande.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Shefford.
M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: J'aimerais prendre quelques instants pour essayer
d'éclairer le débat le mieux possible, puisque le débat
tourne autour de cette fameuse commission qui sera créée.
On va essayer d'imaginer le fonctionnement de cette commission. Depuis
11 h 30 ce matin on discute disant que la commission sera inondée de
centaines de milliers de demandes par année. A l'intérieur de ces
craintes-là, on semble s'imaginer que ce sera seulement les sept
personnes qui formeront la commission qui seront enterrées par cette
avalanche de demandes.
M. Verreault: ... dire que les députés
péquis-tes vont être inclus dans cette commission?
M. Baril: Je n'ai fait aucune allusion à cela...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Shefford.
M. le député d'Arthabaska, si vous voulez poursuivre.
M. Baril: ... et n'essayez donc pas de mêler les choux avec
les carottes.
Si on essayait de s'imaginer que cette commission le ministre en
a fait allusion brièvement hier, je crois comprendra des
personnes qui entoureront les membres de la commission, qui commenceront
à faire un certain déblayage dans la région. Je ne pense
pas que ce soit les commissaires je ne sais pas s'ils s'appelleront
comme cela ou les directeurs eux-mêmes qui iront négocier
premièrement, avec chaque municipalité, chaque village, chaque
ville.
Je ne crois pas que cela fonctionnera comme cela. Il y aura des gens
du moins je le pen-
se qui commenceront par aller négocier avec les villes ou
suggérer qu'elles s'entendent entre elles sur le territoire provisoire
qui a été soumis par le gouvernement et qu'ensemble elles
discuteront pour connaître si cette première délimitation
provisoire est acceptée ou non.
Certaines municipalités seront d'accord avec ce qui est
suggéré, c'est sûr, alors que d'autres ne le seront pas, ce
qui est normal. Celles qui seront d'accord avec ce qui a été
suggéré, ou si déjà elles s'entendent avec les
représentants des commissaires qui iront faire le premier
déblayage, la commission n'aura, après vérification,
qu'à entériner ou signer cette entente faite au préalable
par du personnel de la commission. Donc, de cette façon, de nombreux
jours de négociations seront automatiquement supprimés.
Le député d'Orford parlait tout à l'heure de
l'Office du crédit agricole. On peut supposer que le fonctionnement
pourrait être tout à fait semblable. L'Office du crédit
agricole a des représentants dans les localités, dans les
comtés. Quand on fait une demande à l'Office du crédit
agricole, il faut d'abord passer par là. Ce sont eux qui évaluent
la demande. Cette demande n'est pas envoyée au président de
l'Office du crédit agricole pour savoir si le prêt est
accepté ou non.
Une Voix: C'est cela.
M. Baril: Au niveau de la commission de protection du territoire
agricole, il me semble qu'on a assez de maturité pour s'imaginer que
cela va fonctionner d'une façon semblable; je ne dis pas exactement
pareille, mais semblable.
M. Vaillancourt (Orford): Vous saurez nous le dire.
M. Baril: On nous parle d'une commission régionale,
formée des municipalités et des organismes, qui verrait à
définir un territoire: Si on se réfère à ce qui
s'est passé en Colombie-Britannique... C'est quand même une
expérience valable qui s'est passée en Colombie; la Colombie
était divisée en 28 districts qui, eux-mêmes, avaient
à définir leur territoire. Qu'est-il arrivé? Pas un seul
n'a défini son territoire ils ne se sont pas entendus. C'est la
commission je ne sais pas le nom anglais qui a dû
elle-même définir le territoire en Colombie...
M. Roy: ...
M. Baril: Je ne suis pas assez fort en anglais pour...
M. Roy: Chapitre 46 des lois de 1973; c'est français.
M. Baril: Donc, nous ici au Québec, on peut quand
même prendre l'expérience qui a été faite ailleurs
et se baser un peu plus là-dessus pour en venir à faire
fonctionner une commission et à délimiter le territoire
protégé, premièrement, dans le plan provisoire et,
éventuellement, dans le reste du Québec qui fera partie des
territoires protégés dans l'avenir.
Ce ne sont pas des farces, cela fait quatre ou cinq heures qu'on discute
sur douze commissions régionales qu'on voudrait former...
Une Voix: ...
M. Baril: Non, ce n'est pas vrai, elles n'existent pas au niveau
régional, il faudra quelles soient formées et ce sera aussi
long.
Etant moi-même agriculteur, je ne suis pas convaincu que chaque
municipalité va s'entendre avec les agriculteurs. Certaines
municipalités vont s entendre, c'est certain, parce que
déjà elles le veulent, elles sont prêtes.
Je ne suis pas d'accord, M. le Président, avec le
député de Shefford quand il vient dire que certaines
municipalités sont une gang d'imbéciles... Ce n'est pas vrai.
M. Verreault: C'est toi qui le dis.
M. Baril: Ce n'est pas vrai, je n'ai jamais dit que les
municipalités étaient une gang d'imbéciles. J'ai dit qu'il
y a des municipalités qui ne s'entendront pas, mais, même si elles
ne s'entendent pas, cela ne veut pas dire que c'est une gang d
imbéciles.
M. Verreault: Parlez franchement, si vous voulez parler; cessez
de faire les hypocrites.
M. Baril: C'est qu'on n'a pas les mêmes
intérêts à défendre.
M. Vaillancourt (Orford): Ce ne sont pas les municipalités
qui vont prendre la décision, c'est la commission.
M. Baril: Oui, mais si on demande aux municipalités de
s'entendre et de définir leur territoire... ce que je veux dire c'est
qu'il y a certaines municipalités qui ne s'entendront pas. C'est le
rôle de la commission de les définir. Elles peuvent s'entendre sur
un coin du territoire d'une municipalité, elles peuvent s'entendre sur
90% du plan provisoire proposé, mais si la commission n'a à
décider que des 10% qui restent, déjà on a 90% du travail
d'enlevés à la commission. Il ne reste qu'un pouvoir de regard et
d'approbation de ce qui a déjà été fait par la
commission.
Le ministre a aussi fait allusion aux amendements qu'il proposera plus
tard; il a pris la peine de les définir. Je suis d'accord qu'ils ne sont
pas déposés, mais il a pris la peine de faire ce matin un
exposé rapide sur la façon dont cela pourra se décider en
région. A peu près tous les organismes, IUPA, les
municipalités, les conseils régionaux et les chambres de commerce
si elles veulent s'en mêler tout le monde commencera par s
entendre au niveau local. Si on en vient à une entente au niveau local,
je ne sais pas quelle décision la commission prendra par la suite au
sujet de cette
entente, mais si les agriculteurs sont d'accord avec le plan qu'on veut
leur donner ou avec la demande qui a été faite, si les
municipalités sont d'accord, si le CRD est d'accord, pensez-vous que la
commission va prendre des mois et des années à vérifier
pour savoir s'il y a eu un bon ou un mauvais jugement de fait? On ne peut quand
même pas présumer ou accorder toutes sortes de faux
intérêts à cette commission qui sera créée.
(17 heures)
C'est pour cela, M. le Président, qu'il me semble que, si on se
donnait la peine de pousser plus à fond ou de s'imaginer la façon
dont cela peut fonctionner, de considérer tout le temps qu'on perd ici
pour passer à l'article 3 du projet de loi, il me semble que
déjà nous tous, les députés élus
démocratiquement qui faisons partie de ce gouvernement, donnerions
peut-être tout de suite en partant un exemple de bon fonctionnement au
lieu d'essayer de toujours placer les bois dans les roues pour ne pas que cela
avance, pour que cela ne marche pas, pour que rien ne fonctionne il me semble
que si ensemble on essayait de comprendre, de s'entendre, premièrement,
ce serait déjà un bel effort.
Une Voix: C'est justement ce qu'on fait.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député d'Arthabaska. M. le député de Huntingdon, il
vous reste onze minutes.
M. Dubois: Toujours dans la poursuite du débat de la
motion du député de Montmagny-L'Islet, la question qu'on peut se
poser est: Est-ce que les agriculteurs sont d'accord, premièrement
à ce qu'il y ait une seule commission. Si je fais état de la
remarque de mon collègue de Beauce-Sud, tout à l'heure, il nous a
parlé du document présenté en septembre par l'UPA, la
confédération de l'UPA, à savoir que ses membres
demandaient c'est bien indiqué dedans, je viens de le lire
qu'ils demandaient aussi douze commissions régionales dans douze
régions agricoles. Le lendemain du dépôt ou peut-être
le surlendemain, je ne veux pas faire d'erreur, en tout cas dans les deux jours
après le dépôt du projet de loi, le président disait
oui intégralement et systématiquement au projet de loi.
Je trouve étrange quand même qu'au mois de septembre on
disait oui à des commissions régionales, on l'indiquait dans le
mémoire et, tout de suite après le dépôt du projet
de loi, qu'on a dit: Tout est correct, c'est beau; on le prend tel quel.
Je trouve étrange que des dirigeants de l'UPA aient
décidé aussi rapidement de dire oui d'une façon
intégrale. On dit, et je l'ai entendu de la part du
vice-président, on m'a dit que la base de l'UPA a son mot à dire,
c'est-à-dire les agriculteurs, et il y en a tout de même plus de
40 000 qui ont leur carte de membre de l'UPA. C'est quand même une force.
Mais dans l'espace d'une journée ou deux jours, est-ce qu'on peut me
faire croire que les quelque 40 000 membres de l'UPA ont pu être rejoints
et qu'on a pu connaître leur opinion parce que c'est eux quand même
qui sont à la base de la fédération de l'Union des
producteurs agricoles? Ce ne sont tout de même pas deux ou trois
têtes dirigeantes qui peuvent dire oui au nom de quelque 40 000
agriculteurs sans consultation et il semble bien évident qu'il n'y a pas
eu de consultation.
Je pense que le droit de l'agriculteur à ce moment, le droit de
parole, le droit de s'exprimer, le droit à son opinion a
été lésé et que le ministre prend pour acquis que,
si quelques dirigeants de l'UPA disent oui à un projet de loi, c'est
bien représentatif. Sur cela, je ne suis pas d'accord parce qu'au niveau
de l'UPA on aurait dû quand même, si on avait voulu arriver
à quelque chose de concret, on aurait dû faire un
référendum sur la question au niveau premièrement de
l'indemnisation et deuxièmement de la commission. Ce sont les deux
points importants qui sont souvent soulevés auprès des
agriculteurs.
Je pense que c'est manquer d'objectivité que de croire
intégralement à un oui systématique qui vient une
journée ou deux jours après le dépôt d'un projet de
loi et qui est bien représentatif de la part des agriculteurs. Je pense
que ce n'est absolument pas représentatif. C'est très
malheureux.
D'autre part, tout à l'heure, le ministre a parlé de douze
commissions régionales multipliées par sept membres qui feraient
84 personnes dans la région du Québec. Je dis au ministre que
j'aimerais mieux voir 84 personnes payées par la province, payées
par l'Etat dans douze régions, que de voir quelques centaines de
fonctionnaires sur la route qui partiraient de Québec pour aller
évaluer des cas en province. Je pense que cela serait pas mal mieux et,
quand le ministre a parlé de dépenses et de coûts
d'opération de cette commission de contrôle, je pense que cela
coûterait encore meilleur marché si elle était
divisée en douze sous une forme régionale. C'est une autre
remarque que je veux faire au ministre. Qu'il ne vienne pas nous faire croire
que sa commission, qui siégerait à Québec avec tout le
groupe de fonctionnaires rattachés à cette commission, serait
moins dispendieuse que si elle était divisée en douze. De
là, je ne veux pas minimiser les pouvoirs de la commission provinciale,
absolument pas. Je veux insister sur le fait que cette commission aura le
dernier mot, nécessairement, et il le faut aussi.
Dans ce sens, pour rassurer mes collègues d'en face qui ont peur
que la commission provinciale perde ses droits et son privilège de
dernière instance décisionnelle j'aimerais présenter une
motion de sous-amendement qui se lirait comme suit: Après le premier
alinéa des amendements proposés par le député de
Montmagny-L'Islet, je propose qu'on ajoute les mots suivants: "Les
décisions de la commission régionale sont sujettes à appel
à la commission provinciale". Ce serait la teneur de mon
sous-amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, pourriez-vous me présenter votre sous-amendement?
M. Garon: Ce n'est pas recevable.
M. Dubois: Dans le contexte des amendements proposés par
le député de Montmagy-L'Islet, cela ne change pas la teneur de
ses amendements, mais cela raffermit la certitude que la commission provinciale
aura pleine juridiction sur les commissions régionales. C'est dans ce
sens que je fais motion. Après le premier alinéa.
M. Garon: C'est marqué plus bas.
M. Dubois: C'est marqué plus bas, mais ce n'est pas
marqué ici et je pense qu'il y aurait lieu de rassurer, c'est important
que ce soit écrit tout de suite après... La dernière ligne
se lit "régions administratives agricoles du Québec". "La
commission régionale a pour fonction d'assurer la protection du
territoire agricole. A cette fin, elle est chargée..." Entre ces deux
alinéas, j'insérerais cette motion de sous-amendement.
Le Président (M. Boucher): Sur la recevabilité de
ce sous-amendement, j'aimerais être éclairé.
M. Garon: ...
M. Dubois: Si on lit le premier alinéa: "La commission
régionale est constituée sous le nom de Commission de protection
de la région de" peu importe laquelle, il s'agit d'inscrire le
nom de chacune des commissions administratives et après, j'arrive
avec la certitude que la commission provinciale aura juridiction... J'ai perdu
la teneur de ma motion.
Le Président (M. Boucher): D'ajouter à la suite de
"La commission régionale a pour fonction d'assurer la protection du
territoire agricole. A cette fin, elle est chargée..."
M. Dubois: Non, cela vient après. La motion serait
insérée entre ces deux alinéas.
Le Président (M. Boucher): "La commission régionale
est constituée sous le nom de..." et vous dites par la suite: "Les
décisions de la commission régionale sont sujettes à appel
à la commission provinciale".
M. Dubois: Autrement dit, cela deviendrait un tout. "La
commission régionale est constituée sous le nom de commission de
protection de la région supposons no 10" et après,
j'arrive avec la motion.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski, sur la recevabilité.
M. Marcoux: M. le Président, pour qu'un amendement soit
jugé recevable, il faut qu'il ajoute quelque chose, qu'il précise
quelque chose. L'amendement proposé par le député de
Huntingdon n'ajoute rien à la motion du député de
Montmagny-L'Islet puisque la motion doit être jugée comme un tout
et qu'au paragraphe d), la dernière phrase de la page, c'est très
clair, c'est déjà inscrit. Cela serait simplement une redondance,
cela devient inutile à ce moment-là, cela n'ajoute rien à
la motion.
C'est évident que l'amendement doit être jugé
irrecevable, c'est déjà dans la proposition. C'est évident
qu'il faut que ce soit jugé irrecevable.
Des Voix: ... irrecevable.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la recevabilité? M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Si je comprends bien, l'intention du
député de Huntingdon a pour but l'uniformisation des
décisions qui pourraient être rendues au niveau régional.
Je pense que l'intention du député de Huntingdon, c'est que la
commission provinciale, d'autorité, aurait le droit de réviser en
somme les décisions des commissions régionales qui manqueraient
d'uniformité. Est-ce que c'est cela?
M. Dubois: C'est pour compléter le rôle d'une
commission régionale, d'autre part, on définit le rôle
d'une commission provinciale. Dans la définition du rôle d'une
commission régionale, j'ajoute ce sous-amendement pour certifier, au
moment de la définition du rôle de la commission régionale,
que la commission provinciale a toujours juridiction. C'est dans ce sens que je
faisais ma motion.
M. Lavoie: II y aurait peut-être lieu de clarifier ce
sous-amendement, si vous n'avez pas d'objection.
M. Dubois: Je n'ai pas d'objection. M. Lavoie: C'est juste
pour améliorer...
Le Président (M. Boucher): J'aimerais qu'il soit
clarifié. Certainement.
M. Dubois: Je n'ai pas d'objection à ce que ce soit
clarifié.
M. Lavoie: Je voudrais poser une question au député
de Huntingdon. Si je comprends bien, vous désirez par votre
sous-amendement, en vue d'atteindre une certaine coordination ou
uniformité dans les décisions des commissions régionales,
que la commission provinciale, d'autorité, ait le droit de changer une
décision du niveau régional au cas où cela ne serait pas
uniforme avec une politique générale.
M. Dubois: La personne qui ne lirait qu'une partie de
l'amendement ou une partie du prochain texte de loi qui dit: "La commission
régionale est constituée sous le nom de commission de protection
de la région de..." verrait immédiatement par cet article que la
commission provinciale a toujours pleins pouvoirs sur la commission
régionale. Autrement, il faut le lire plus loin, pour s'assurer de cette
chose-là.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Il y aurait
peut-être lieu de trouver une formulation. Si je comprends bien et
je regarde la motion dans son ensemble au paragraphe d), la motion du
député de Montmagny-L'Islet est d'entendre les appels des
décisions prises au niveau régional. C'est d'entendre les appels.
L'esprit de l'amendement présenté par le député de
Huntingdon si j'ai bien saisi est de faire en sorte que les
décisions de la commission soient quand même sujettes à
examen de la part de la commission provinciale, tandis que l'article d'en bas
fait référence aux appels, à quelqu'un qui voudrait en
appeler de la décision. Dans mon esprit, ce sont deux choses distinctes.
Il y a peut-être une question de...
M. Giasson: Formulation. M. Roy: ... formulation... M.
Giasson: Assurément.
M. Roy: ... mais, dans mon esprit, c'est quelque chose de bien
distinct.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Si on voulait retenir cette idée, il faudrait
que cela vienne plus loin dans le projet de loi je ne sais pas à
quel article exactement là où on dit qui peut en appeler
d'une décision, mais ce n'est pas...
M. Roy: Ce n'est pas l'appel.
Une Voix: On ne parle pas d'un appel, on parle de tous les
cas.
M. Roy: Les décisions de la commission peuvent toujours
être...
M. Giasson: Examinées.
M. Roy: ... sujettes à examen de la part de la commission
provinciale.
M. Marcoux: Oui, c'est cela. En fait, c'est l'appel étendu
à toutes les décisions.
M. Roy: Non. Ce n'est pas l'appel. M. Giasson: M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... j'aimerais savoir du député de
Huntingdon qui vient de présenter un sous-amendement à
l'amendement qui est déjà sur la table si...
M. Marcoux: Votre conseiller vous suggère des amendements
contradictoires à votre proposition principale, comme c'est
là.
M. Baril: C'est le conseiller du Parti libéral. On fait
cela à l'Union Nationale et elle tombe dans le panneau.
Une Voix: II s'est fait prendre, il sert de bouc
émissaire.
M. Marcoux: Je m'excuse, M. le conseiller, mais votre amendement
est contradictoire à votre proposition principale.
M. Giasson: M. le député de Huntingdon, dans votre
esprit, quand vous avez formulé ce sous-amendement, est-ce que vous
vouliez...
M. Marcoux: Une fois de plus. Une Voix: A l'ordre! M.
Baril: Est-ce toi le président? Une Voix: II sert de bouc
émissaire.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le député, aviez-vous à
l'esprit une projection selon laquelle toutes les décisions que
pourraient rendre les commissions régionales seraient revues par la
commission provinciale?
M. Dubois: Non. Ce que je veux dire, c'est que la commission
provinciale ait un droit de regard décisionnel sur les décisions
prises au niveau régional. Si je prends le texte, cela n'est pas
inscrit. Si on regarde le paragraphe d) "... d'entendre des appels des
décisions prises au niveau régional...", cela n'oblige pas la
commission à avoir un droit exclusif de vérification des
décisions prises au niveau régional.
M. Verreault: M. le Président, je voudrais simplement
savoir du député de Huntingdon...
Une Voix: II a parlé de quelque chose qu'il ne connaissait
pas. C'est plus fort que lui.
M. Marcoux: On pourrait suspendre la séance, s'il n'y a
pas d'objection...
Une Voix: II semble qu'on ait induit le député de
Huntingdon en erreur.
Le Président (M. Boucher): Tel que rédigé,
je ne peux pas accepter l'amendement. Il n'ajoute rien au texte de l'amendement
du député de Montmagny-L'Islet.
M. Marcoux: L'amendement abolit la proposition principale. (17 h
15)
Une Voix: C'est cela. On revient sur la motion principale.
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez présenter
un autre sous-amendement, M. le député de Shefford.
M. Dubois: Suite à l'article d) en bas sous forme de e),
le libellé serait comme cela je ne sais pas s'il est recevable,
mais en tout cas "...de sa propre autorité de reviser, s'il y a
lieu, une décision d'une commission régionale. '
M. Lavoie: M. le Président, au paragraphe d)...
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous m'apporter un
nouveau libellé?
M. Lavoie: M. le Président, je crois que ce
sous-amendement apporte un élément nouveau important. Au
paragraphe d), il y aurait appel, si cet amendement était adopté,
par tout contribuable, toute personne concernée qui ne serait pas
satisfaite d'une décision d'une commission régionale, "a le droit
d'en appeler à la commission provinciale." Mais en vue de parer à
ce qu'un député du côté ministériel
craignait, à savoir qu'il y ait un manque d'uniformité dans les
décisions régionales, c'est normal que cela puisse arriver
lorsqu'il y en a douze, on ajoute l'élément nouveau
proposé par le député de Huntingdon, le paragraphe e) qui
se lirait comme suit: "de sa propre autorité, de réviser, s'il y
a lieu, une décision d'une commission régionale. "
M. Verreault: Juste une remarque, je voudrais faire remarquer au
député de Huntingdon que, si le ministre avait
déposé les règlements, probablement que son
sous-amendement ne serait pas nécessaire parce que les commissions ou la
commission, tel que prévu, et les municipalités vont être
assujetties à des règlements. A ce moment-là,
j'espère ou j'ose imaginer que les règlements vont être
standardisés, vont être généraux pour tous. Alors,
je crois que la crainte du député de Huntingdon, c'est que les
règlements soient appliqués différemment, mais un
règlement s'applique ou ne s'applique pas.
Si le ministre avait déposé, tel que demandé hier,
les règlements que nous avons exigés, c'est sûr que
ça réglerait le problème de l'amendement ou du
sous-amendement du député de Huntingdon.
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris le
sous-amendement du député de Huntingdon, il s'agirait d'ajouter
une charge de plus à la commission provinciale,
c'est-à-dire...
M. Lavoie: Un pouvoir additionnel.
Le Président (M. Boucher): ... un pouvoir additionnel de
révision. Bon. Je pense qu'à ce moment-là l'amendement
peut être reçu. Le sous-amendement est reçu et si vous
voulez continuer à discuter sur le fond de la motion, M. le
député de Huntingdon?
M. Dubois: Non, je vais laisser à d'autres
collègues le soin de poursuivre le débat.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a des
intervenants sur le fond de la motion?
M. Lavoie: Ecoutez, c'est...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: ... M. le Président, c'est une
amélioration, d'ailleurs, qui fait suite à une suggestion
constructive d'un député du Parti québécois qui
craignait, lors de son intervention il y a quelques minutes, que j'ai bien
entendue, que dans l'éventualité de douze commissions
régionales, il y ait un manque d'uniformité dans l'application de
la loi. Il peut y avoir des critères qui peuvent être retenus dans
une région, soit pour l'exclusion d'un lot, d'une zone agricole
définitive ou pour l'inclusion d'un lot qui n'est pas déjà
dans une zone agricole définitive. Donc, dans une région en
particulier et surtout, d'ailleurs, on l'a plaidé lors des auditions et
en deuxième lecture, et c'est le député de Rimouski qui
l'a plaidé, je pense qu'il va être très heureux avec une
proposition de la sorte, lui qui a plaidé des normes
régionales.
On l'a répété combien de fois que, dans certaines
régions au Québec, l'exploitation agricole se fait sur une
très grande échelle; il peut y avoir des
spécialités, soit les céréales, le maïs, la
production du lait industriel ou autre, soit l'élevage des bovins ou des
porcs. Il y a des exploitations qui varient d'une région à
l'autre, qui sont totalement différentes, et cela peut-être dans
certaines régions assez éloignées des centres
urbains...
Il y aurait peut-être danger qu'il y ait manque
d'uniformité dans les critères retenus par chacune des douze
commissions régionales. Les mêmes normes, à mon point de
vue, ne sont pas applicables dans d'autres types de culture, soit
l'horticulture ou le jardinage maraîcher. Je crois qu'il faut donner, par
ce sous-amendement, à la commission provinciale qui chapeaute le tout,
pour qu'il n'y ait pas trop de disparités régionales, une
espèce de pouvoir paritaire, un suprapouvoir pour uniformiser le plus
possible l'application et le respect de cette loi.
D'ailleurs, je crois qu'il y a même un député,
toujours le député de Rimouski, qui a mentionné que, du
fait qu'il y a douze régions, plus il y en a, plus y a d'ouvertures
à des disparités et à un manque d'uniformisation. Je
proposerais au député de Rimouski s'il ne le fait pas, il
est fort possible que d'autres députés le fassent que,
s'il trouve qu'il y en a trop, douze régions, une fois qu'on aura
décidé de ce sous-amendement qui sera accepté,
d'après moi, rien n'empêche un député
ministériel de faire une proposition, de consolider ces régions,
peut-être en réduire le
nombre à six. C'est toujours possible. C'est le but et c'est le
rôle des députés, à cette commission parlementaire,
de tenter de bonifier, d'améliorer la loi.
Il y a d'autres pouvoirs que ces commissions régionales auront
sur les critères d'utilisation ou d'aliénation de lots agricoles.
La commission, à certains moments, peut décider comment un
agriculteur peut disposer d'une partie de sa ferme. Il ne faudrait pas qu'il y
ait des jugements rendus dans une certaine région, la région 6
disons, qui seraient complètement en désaccord avec des
décisions applicables à la zone 3. Justement grâce à
ce principe de deux niveaux administratifs d'ailleurs, c'est la raison
pour laquelle ceux qui seront au champ de bataille, qui verront à
l'application et qui recevront les demandes des nombreux citoyens et des
milliers de citoyens qui auront des demandes à faire à la
commission... c'est la commission régionale, composée des gens du
milieu, qui prendra les décisions.
La commission provinciale, qui aura moins de membres, sera là
comme surveillant et comme comité ou chambre d'arbitrage. Elle n'aura
pas à faire la cuisine ou la tuyauterie qui sera faite par les
commissions régionales composées de gens du milieu, du milieu
municipal, ou des représentants de l'Union des municipalités ou
de l'Union des conseils de comté, avec des représentants de
l'Union des producteurs agricoles de la région qui connaissent vraiment
les problèmes de la région, possiblement avec des fonctionnaires
du ministère de l'Agriculture. Ce tribunal ou cet organisme supra
à l'échelle provinciale, c'est tout à fait son rôle
d'uniformiser le plus possible l'application de cette loi.
Je pense bien que je verrais, même si vous êtes contre la
motion principale, notre amendement principal... je pense que les
députés ministériels et tous les membres de la commission
seraient mal venus de refuser le sous-amendement. Le sous-amendement apporte
une amélioration fort valable à l'amendement proposé par
le député de Montmagny-L'Islet.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laval. M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Je veux seulement ajouter quelques mots aux paroles du
député de Laval. Au niveau du rôle que la commission
provinciale doit jouer, il est à considérer que le rôle que
doit avoir cette commission provinciale n'était pas clair. Alors, la
motion raffermit ce rôle et indique bien que la commission provinciale
aura juridiction sur toute décision régionale.
Toujours dans le sens de la commission régionale, je pense que
toutes les craintes que pouvaient avoir les députés du
côté ministériel, vis-à-vis du fait qu'on demande
douze commissions régionales et qu'on insiste sur ce fait, je pense que
toute crainte peut être dissipée à ce moment-ci, puisque
son rôle sera... c'est-à-dire que cette commission aura
autorité pour remplir son rôle jusqu'au bout et de renverser une
décision d'une commission régionale.
C'est la raison pour laquelle j'ai amené ce sous-amendement et je
pense qu'à ce moment-ci je ne vois pas comment le gouvernement
s'opposerait à ce qu'il y ait douze commissions régionales, mais
toujours sous juridiction provinciale, sous juridiction d'une commission
provinciale. Je pense que ça peut vous rassurer au point d'accepter des
amendements à l'article 3, tel que proposé. C'était le but
de mon sous-amendement. Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Huntingdon. Est-ce qu'on est prêt à voter
sur le sous-amendement?
Alors, j'appellerais...
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Evidemment, lorsque j'ai déposé une
motion d'amendement, c'est-à-dire des motions d'amendement aux articles
qu'on retrouve à la section II de la loi, je voulais permettre un appel,
comme le libellé de l'amendement le dit, sur des décisions
rendues par la commission régionale. Ces appels, dans mon esprit,
étaient permis à tous les intervenants qui étaient partie
au dossier. Je voyais aussi bien les agriculteurs ou les propriétaires
de lots, je voyais également des municipalités qui auraient pu se
sentir lésées dans leurs droits vis-à-vis des
décisions que la commission régionale aurait rendues. Ce
n'était pas nécessairement des droits d'appel qui étaient
réservés à des agriculteurs.
Ce serait un droit d'appel ouvert, somme toute, à toutes les
personnes qui vont subir les conséquences de l'adoption du projet de loi
90. Je reconnais que je n'avais pas pensé à la possibilité
d'apporter un élément additionnel, soit celui qui voudrait que la
commission provinciale, toujours dans un but d'uniformisation, une certaine
uniformisation des décisions rendues par les diverses régions...
M. le Président, j'aimerais...
Je disais que je n'avais pas poussé la recherche jusqu'à
me demander s'il y aurait avantage à ce que des décisions rendues
par l'une des commissions régionales puissent être revues par la
commission provinciale bien avant qu'un appel puisse être placé
par une personne touchée par une décision. En fonction de
ça, je considère que le sous-amendement apporté par le
député de Huntingdon a sa place à l'intérieur de
l'article 3, tel que proposé dans son amendement. Je serais d'avis que
la commission devrait accepter cette possibilité additionnelle qu'on
retrouve à l'intérieur du nouvel article 3 soumis à
l'attention de la commission.
Il s'agit, selon moi, d'un amendement qui est recevable et je
crois...
Le Président (M. Boucher): II est reçu.
M. Giasson: II est reçu, M. le Président. Je crois
que la commission aurait tout avantage à se
prononcer sur le sous-amendement du député de Huntingdon.
Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président.
Je n'ai pas l'intention de faire une longue intervention. J'aimerais
quand même dire mon point de vue sur le sous-amendement qui nous est
proposé à l'heure actuelle. (17 h 30)
Puisqu'il a été reçu, il n'y a donc pas de
débat sur la recevabilité du sous-amendement. Ce sous-amendement
permet de soulever un point, devant la commission parlementaire aujourd'hui,
qui concerne les instances d'appel. Il est sûr que nous pourrons y
revenir plus tard dans l'étude du projet de loi. Puisque l'occasion nous
est offerte, j'aimerais quand même, M. le Président, exprimer
l'inquiétude des gens concernés par la loi. Je pourrais me
référer aux propos qu'ont tenus les représentants de la
Chambre des notaires devant la commission parlementaire.
En faisant en sorte qu'il y ait deux paliers au niveau des pouvoirs
décisionnels, c'est-à-dire un palier régional et un palier
provincial, la commission nationale, on institue, par le fait même, un
mécanisme additionnel qui pourrait faire en sorte qu'il y ait un droit
d'appel. C'est une question de principe qu'il y ait une instance où les
gens pourront en appeler de la décision qui sera rendue par les
commissaires, ceux qui auront le mandat de décider en premier lieu.
Il ne faut pas oublier que, tel que prévu par le projet de loi
dans sa forme originale, la commission réglemente, elle arbitre, elle
décide, elle révise et elle juge. Cela vient de finir. Dans tous
nos tribunaux de droit commun, dans l'administration de la justice, il y a
plusieurs instances où une personne peut en appeler d'une
décision. Il y a la Cour d'appel; après la Cour
supérieure, il y a la Cour suprême. Mais ce ne sont pas les
mêmes qui siègent aux mêmes places. Même au chapitre
de l'application de la Loi de l'aide sociale, quand une personne se sent
lésée par une décision rendue par le bureau local qui fixe
la pension, l'allocation, accordée en vertu de la Loi de l'aide sociale,
elle peut en appeler de la décision du bureau local, ou du refus qu'elle
subit.
Il y a le bureau de révision, la commission d'appel, le tribunal
des affaires sociales. On semble oublier et c'est une question que je me
pose... Je peux difficilement comprendre qu'on ne lui porte pas une attention
plus grande. Toute cette question de décision à l'effet qu'on
décide qu'un territoire va être inclus dans la zone agricole ou
qu'on décide qu'un territoire ne le sera pas, ça joue dans les
deux sens.
Il y a des agriculteurs qui vont vouloir que leur terre soit
protégée par la loi de la protection des terres cela a
été soulevé par les jardiniers et on pourra refuser
que leur terre ait la protection nécessaire. Cela joue dans les deux
sens. Or, quand la personne n'est pas satisfaite de la décision et se
croit lésée par le fait qu'on ne veut pas que sa terre ait la
protection de la loi, ceux qui ont rendu la décision seront ceux qui
vont pouvoir examiner, réviser et rendre une décision si la
personne décide d'en appeler.
Je n'ai jamais vu tant d'efforts par un gouvernement et j'ai
appuyé le gouvernement là-dessus je l'appuie encore
pour faire en sorte d'éviter qu'il y ait le moins possible de conflits
d'intérêts.
Quand des gens ont rendu une décision dans un endroit
donné et qu'on leur demande de réviser leurs décisions,
quelles sont les personnes... C'est aussi vrai dans le secteur privé que
dans le secteur parapublic que dans le secteur public, personne n'aime à
admettre qu'il s'est trompé. C'est la raison pour laquelle on a
prévu, même dans les tribunaux administratifs, des lois
d'appel.
Quand on ajoute un sous-amendement disant de réviser de sa propre
autorité une décision de la commission régionale,
évidemment, cela touche à cette question du droit d'appel.
Cependant, si on incluait une modification comme celle-là dans
l'amendement qui nous est proposé, en supposant que l'amendement finira
par être accepté, j'aurais de sérieuses réserves. Je
m'explique. Si on fait en sorte que la commission provinciale, la commission
nationale, si vous voulez ait le droit de réviser toutes les
décisions des instances inférieures, des instances
régionales, c'est la mise en tutelle des instances régionales.
Cela va à l'encontre du principe que j'ai toujours défendu, que
j'ai toujours soutenu devant la commission parlementaire et l'Assemblée
nationale.
M. Baril: Enfin, le député de Beauce-Sud a
compris.
M. Roy: Non, je ne voudrais pas qu'on mette en tutelle... C'est
bon qu'on y pense, par exemple. C'est bon que cette question soit
examinée à la commission parlementaire. Il faut que cette
commission soit... Même si on prend une heure pour le faire, il faut
qu'on prenne le temps d'examiner cette question pour bien mesurer la
portée d'un sous-amendement semblable, si on devait justement mettre en
tutelle la commission régionale. A partir du moment où mes
collègues ministériels admettent la mise en tutelle d'une
commission régionale, il faudrait quand même qu'ils soient
logiques, mes collègues ministériels, parce qu'ils reconnaissent
le principe de pouvoir en appeler d'une décision qui est rendue. Si on
fait en sorte que ce soit encore uniquement au niveau de la commission
provinciale, il n'y a pas d'instance d'appel, parce que c'est important
à partir du moment où une personne reçoit un avis
d'expropriation, il y a des mécanismes qui se mettent en marche en vertu
de la Loi de l'expropriation je l'ai ici. C'est le projet de loi 88, qui
a été sanctionné le 6 juillet 1973. C'est la Loi de
l'expropriation. II y a le tribunal de l'expropriation. Une personne
peut se faire entendre de façon à faire évaluer le
dommage, la perte qu'il a à subir du fait qu'on lui enlève une
partie de sa propriété.
II ne faudrait pas oublier que, pour bien des personnes, le fait
d'être inclus ou pas dans la zone agricole va comporter des pertes pour
lesquelles il n'y a aucune indemnité de prévue on pourra y
revenir plus loin
Je vais me référer aux déclarations qu'a faites la
Chambre des notaires, qui disait à la commission parlementaire:
c'est à la page 713 du journal des Débats "On ne joue pas
avec le droit de propriété de n'importe quelle manière.
Les notaires ont un rôle immense à jouer dans ce domaine, car ils
doivent prouver tant aux propriétaires d'un immeuble qu'à un
créancer hypothécaire ou privilégié que les titres
sont incontestables, irréfragables, inattaquables, inopposables,
inexpiables, c'est-à-dire que les titres doivent être clairs, ne
doivent démontrer aucun vice, doivent écarter tout doute
d'interprétation possible. Notre droit immobilier depuis 1866 a
été très bien appliqué au Québec, car les
titres de propriété en général sont clairs et sont
acceptés par ceux qui prêtent, ceux qui détiennent des
garanties et assurent la sécurité juridique aux
propriétaires de terrains d'immeubles."
Plus loin: "Pour nous qui recherchons la certitude des titres de
propriété, nous croyons que la commission va être
débordée par des demandes de confirmation et d'autorisation et
peut-être qu'il y aurait lieu d'envisager qu'on crée des
sous-commissions régionales avec lesquelles on pourrait communiquer de
façon juridique, cordiale, affable, efficace, surtout rapide. Il faut
éliminer les délais prolongés si l'on ne veut pas bloquer
les transactions immobilières."
Je veux tout simplement dire qu'à partir du moment où une
terre fera partie... Je songe surtout aux terrains limitrophes des villes et
des villages, pour lesquels des gens comptaient obtenir un prix
supérieur lors de la vente de leur propriété, comme l'ont
dit nos collègues des deux côtés de la Chambre et ceux qui
sont venus devant la commission parlementaire. Pour l'agriculteur, cela
constitue son fonds de pension, son fonds de retraite. C'est une
aliénation partielle, mais c'est quand même une aliénation
du droit de propriété. C'est tout comme lorsqu'il y a une
servitude passive sur une propriété, lorsqu'il y a un droit de
passage, par exemple, pour les terrains voisins, lorsqu'il y a une servitude
d'eau, une servitude de services publics. C'est tout comme. On sait très
bien que ceci comporte des obligations extrêmement sérieuses.
Je terminerai là-dessus. J'aimerais dire à mes
collègues qu'on réfléchisse bien sérieusement sur
le droit d'appel, le droit d'en appeler d'une décision de la commission
et que cette instance d'appel pourrait exister dans une commission provinciale
si on acceptait le principe des commissions régionales. Cela deviendrait
quasi automatique. Ce serait une soupape extrêmement importante dans
l'application de la loi.
M. le Président, pour ne pas mettre en tutelle les instances
régionales auxquelles je crois mordicus, je vais employer ce terme pour
renforcir mon argumentation... Je ne voudrais pas que ces instances
régionales soient mises en tutelle par la commission provinciale bien
qu'il faille absolument permettre aux gens qui ne seraient pas satisfaits d'une
décision régionale, d'une décision qui serait rendue au
palier régional, de pouvoir en appeler à une instance
supérieure.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. M. le député de Shefford.
M. Verreault: M. le Président, c'est difficile de ne pas
se prononcer sur la motion qui est présentée par mon
collègue de Huntingdon. De toute façon, ce que je trouve assez
étrange, ce sont les absences fréquentes du ministre. C'est
à se demander même si le ministre est au courant de la motion que
nous discutons. Actuellement, le sous-amendement...
Oui, je suis dans la pertinence et c'est ce que je disais tout à
l'heure. Le ministre n'est pas au courant? Le député de l'Union
Nationale a bien mentionné qu'il ajoutait, en sous-amendement au
paragraphe e), que la commission provinciale, de son autorité, a le
pouvoir de réviser les décisions de la commission
régionale.
Tout à l'heure, lors du discours du député de
Beauce-Sud, on pouvait sentir du côté ministériel, du
côté péquiste, des signes approbateurs. Ce qui est dommage,
ces signes approbateurs se font toujours en l'absence du ministre. On trouvait
que les propos tenus par mon collègue de Beauce-Sud étaient
pleins de sens. Je dirais également que la motion
présentée par mon collègue de Montmagny-L'Islet est tout
à fait sérieuse. Le proposeur de la motion en voulant
renchérir la motion présentée par le député
de libéral, voulant que maintenant la commission provinciale puisse
réviser certaines décisions qui auront été prises
par le conseil régional que nous proposons nous-mêmes, dans les
circonstances, ne fait que bonifier davantage cette motion du
député de Montmagny-L'Islet pour qu'une meilleure
démocratie s'applique et que de meilleures décisions se
prennent.
Comme je l'ai mentionné, alors que le député
proposeur était en train de reformuler sa demande, il est sûr
qu'il n'aurait peut-être pas été important d'amener ce
sous-amendement si le ministre de l'Agriculture nous avait fourni, tel que
demandé lors de cette commission, les règlements que nous avons
demandés. Tous les membres de cette commission ignorent
complètement la réglementation. Si nous la connaissions, c'est
sûr que cela nous éviterait de poser des séries de
questions et de faire des motions pour que tel document soit distribué
à tous les membres de cette commission. Malheureusement, le
député de Champlain a une grande gueule. J'aimerais bien
l'entendre...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Verreault: M. le Président, empêchez-le de
grogner.
Des Voix: Pertinence du débat.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Ouellette: Veuillez consulter le dictionnaire pour voir
à qui s'adresse le mot "gueule".
M. Verreault: Je suis dans la pertinence. Je suis à la
commission de l'Agriculture.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: Quand je parle du grognement, je sais à qui
je m'adresse.
Une Voix: C'est de la grossièreté.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, sur la motion de sous-amendement.
M. Verreault: M. le Président, vous savez, les gens en
face, ceux qui grognent le plus souvent pour ne rien dire, dans les
circonstances, ils nous reprochent... et j'en fais une question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que c'est dans le
sous-amendement? (17 h 45)
M. Verreault: J'en fais une question de règlement. On nous
dit qu'on nuit à la commission. On essaie de bonifier cette commission,
ce projet de loi.
M. Gagnon: C'est vrai. Tu n'as même pas suivi la commission
parlementaire.
M. Verreault: Quand on dépose un projet de loi le 9
novembre...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Verreault: ... et qu'on est maintenant rendu à la
mi-décembre...
M. Gagnon: ... haut-parleur de ton souffleur.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, M. le
député de Shefford! Il n'y a pas de question de règlement
actuellement.
M. Verreault: J'espère que je ne serai pas interrompu.
M. Gagnon: Une question de règlement, s'il vous
plaît, seulement pour essayer de replacer des choses.
Le Président (M. Boucher): Suivant quel article?
M. Gagnon: Vous me direz à quel article cela
s'applique.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Gagnon: Le député qui répète le
même discours au moins pour la troisième fois cet
après-midi n'a même pas suivi la commission parlementaire
lorsqu'on a entendu des intervenants ici. On voit qu'il n'a aucun
intérêt à l'agriculture. Il est tout simplement là
pour nuire et retarder le débat. J'espère que vous pouvez
admettre cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, j'ai bien compris votre intervention. Il reste que le
député de Shefford a le droit de parole et l'utilise à sa
façon.
M. Verreault: M. le Président, j'insiste sur une question
de règlement. Les propos tenus par le député de Champlain
sont complètement faux, premièrement. D'ailleurs, vous-même
m'avez corrigé tout à l'heure. J'avais cru, à un moment
donné, avoir manqué quelques séances de cette commission,
parce que je croyais qu'il y en avait plus de 60, vous m'avez
précisé tout à l'heure qu'il y avait eu 40 mémoires
seulement. Donc, ces 40 mémoires, j'ai eu l'occasion de pas mal tous les
entendre. Je tenais à rectifier les faits. Mon souffleur, comme dirait
le député de Champlain, me faisait remarquer que, si je n'ai pas
pu entendre les autres mémoires, j'ai eu au moins le temps de les
lire.
M. Gagnon: Vous n'êtes pas capable de les comprendre, de
toute façon.
M. Verreault: M. le Président, tout à l'heure je
vous mentionnais que le projet de loi avait été
déposé le 9 novembre et, dans les circonstances, on nous demande
de bousculer les choses. Les motions et les sous-amendements qui sont
présentés sont capitaux, sont archi-importants, et
méritent d'être discutés.
Le Président (M. Boucher): Je comprends votre point de
vue. M. le député de Shefford, parlez sur le sous-amendement.
M. Verreault: M. le Président, c'est exactement là
où j'en venais. On parle de sous-amendement. L'amendement qui a
été proposé par le député de Huntingdon est
un sous-amendement très important à la motion
présentée par le député de Montmagny-L'Islet.
Chaque fois que je suis interrompu, vous savez que cela nuit. Les gens d'en
face nuisent à la bonne marche, à la bonne conduite de cette
commission. On est obligé de revenir sur des questions de
privilège, des questions de règlement. Je disais tout à
l'heure qu'au...
M. le Président, est-ce que je pourrais faire un suggestion,
parce que je m'aperçois que les ministériels sont vraiment
épuisés? Si on ajournait la séance pour recommencer
plutôt à 19 h 45, cela permettrait...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Shefford, je vous demande d essayer
de ne pas trop me compliquer la tâche...
M. Gagnon: Vous êtes trop intéressant...
Arrêtez de rire de la classe agricole et commencez à penser aux
problèmes agricoles réels.
Une Voix: II y a des limites.
Le Président (M. Boucher): ... et de vous en tenir au
sous-amendement.
M. Verreault: Je suis toujours sur le sous-amendement.
M. Ouellette: II est lui-même un problème
agricole.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre!
M. Verreault: Vous voyez, M. le Président, combien c'est
impossible de parler à cette commission. On se demande jusqu'à
quel point la démocratie existe.
Le Président (M. Boucher): Allez-y! Sur le
sous-amendement, M. le député de Shefford. Laissez-moi le
reste!
M. Verreault: Je suis dans la pertinence du débat depuis
le début. J'ai vingt minutes à disposer sur cet important
amendement. Je suis interrompu. Vous voyez ce que fait le député
de Kamouraska. Il peut se permettre de niaiser tout le monde pour la seule et
unique raison...
M. Gagnon: On te rend service, on se rend compte que tu ne sais
pas quoi dire.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Regardez, le coupable est là.
Une Voix: Le député de Shefford va à
l'encon-tre du règlement.
M. Verreault: Si les députés voulaient comprendre,
on ne serait pas obligé de répéter vingt fois. Vous savez,
ils sont bouchés. Excusez-moi, M. le Président...
M. Ouellette: On est conscient qu'il existe au moins un
problème agricole, c'est le député de Shefford.
M. Verreault: Je reviens à la pertinence. Le fait que mon
collègue de Huntingdon sous-amende en autorisant la commission
provinciale à réviser les décisions de la commission
régionale...
Le Président (M. Boucher): Je vais être
obligé de faire enregistrer vos rires.
M. Verreault: II arrive quand même que cette
révision rendrait beaucoup plus équitable et proportionnelle...
Les deux commissions qui sont proposées par l'Opposition
libérale, celle qui est régionale et celle qui est provinciale,
pourraient concorder ensemble et, dans les circonstances, la coordination
éviterait certaines erreurs. Comme je le mentionnais tout à
l'heure, de nombreuses demandes seront effectuées. Actuellement, les
notaires évitent de poser des actes parce que les
pénalités sont énormes et, dans les circonstances,
évidemment, si chacune des demandes est soumise uniquement à une
commission, celle qui est prévue à l'article 3 du projet de loi
90, c'est sûr que la procédure va être interminable.
L'amendement qui a été proposé, le Parti
libéral l'endosse d'emblée parce qu'il confirme et engage
davantage ces commissions à montrer une impartialité à
toute épreuve. Nous y souscrivons.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Shefford. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M.
le député de Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, seulement
quelques mots sur le sous-amendement du député de Huntingdon, aux
amendements apportés par le député de Montmagny, qui
ajoute après le paragraphe d), ce qui suit: "D'entendre les appels des
décisions prises au niveau régional." Le député de
Huntingdon s'est aperçu qu'il manquait un détail, si vous voulez,
pour donner plus de sécurité à la Loi du zonage agricole,
et ajoute que la commission provinciale, de sa propre autorité,
révise les décisions des commissions régionales. Je serais
porté à ajouter, pour encore plus de sécurité,
"dans les trente jours qui suivent les décisions de la commission
régionale", mais ce n'est pas à moi d'amender le sous-amendement
du député de Huntingdon.
M. le Président, je pense que vu l'importance de l'application de
la Loi du zonage agricole avec laquelle nous devrons vivre lorsqu'elle sera
adoptée et mise en application sur tout le territoire de la province de
Québec, il va certainement y avoir des dossiers qu'il sera
nécessaire de réviser. Je pense que c'est très important
que les nombreux dossiers qui vont être présentés devant
les commissions régionales, si notre amendement est accepté par
la commission... L'amendement qui est demandé par le
député de Huntingdon va permettre une sécurité pour
que la révision se fasse le plus vite possible par la commission
nationale ou provinciale. Je pense qu'étant donné que nous aurons
à vivre avec une loi aussi importante, il est indispensable, il est
nécessaire que les membres de la commission prennent tous les moyens
nécessaires mis à leur disposition pour apporter tous les
amendements possibles afin de la rendre la plus juste possible envers tout le
monde.
Tout à l'heure, certains députés, certains membres
de la commission paraissaient trouver le temps long, à écouter
les représentations de l'Opposition. Je pense que les interventions que
vous êtes obligé d'écouter, nous les faisons à
l'intérieur des règlements qui sont mis à notre
disposition. Je pense que les interventions que l'Opposition fait devant cette
commission actuel-
lement sont pertinentes au débat et sont nécessaires.
Je pense que les membres de la commission doivent essayer de garder
toute la patience qui est nécessaire pour nous écouter. M. le
Président, je crois que le ministre devrait porter une plus grande
attention au débat de l'Opposition. Nous le faisons exclusivement pour
lui permettre d'améliorer sa loi, pour qu'elle soit plus efficace. Je
pense qu'il va être content s'il accepte les amendements proposés
par le député de Montmagny-L'Islet et le sous-amendement
présenté par le député de Huntingdon. M. le
Président, c'est à peu près la seule réflexion que
j'ai à faire au sujet du sous-amendement présenté par le
député de Huntingdon. J'espère que les membres de la
commission vont l'accepter de même que les amendements proposés
par le député de Montmagny.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je veux être très bref et surtout
répondre aux arguments du député de Beauce-Sud concernant
les représentations qu'a faites la Chambre des notaires. Tantôt,
quand nous parlerons du droit de révision, je vais encore vous proposer
des amendements pour raccourcir la période de délai. Comme vous
le savez, dans une matière comme le droit immobilier, il est très
important que les délais soient très courts. Pourquoi? Parce que,
concernant une transaction, les prêts ne pourront pas se faire, les
hypothèques ne pourront pas se faire, les contrats ne pourront pas se
signer tant que le dernier droit d'appel ne sera pas réglé. En
mettant plusieurs instances, tout ce qu'on fait, c'est bloquer la vie
économique. J'ai toujours eu cette préoccupation lors de la
confection d'une loi comme celle-là. Je comprends que tout le monde ait
une bonne intention et je ne pense pas que quiconque soit de mauvaise foi dans
ce débat. Mais il y a un problème qui est vraiment important,
c'est la rapidité des transactions.
Concernant les hypothèques, il n'y a pas une caisse populaire, il
n'y a pas une banque, il n'y a pas un notaire qui va accepter de finaliser un
contrat tant que le dernier recours, le délai n'aura pas
été épuisé. C'est pour cela que j'ai toujours eu le
souci de réduire les délais le plus possible. Malgré cela,
pour le projet qu'on a, la Chambre des notaires nous a fait des
représentations, à savoir les réduire davantage. C'est
pour cela que, pour le délai de révision qui était de six
mois, je vais proposer des amendements quand on arrivera à l'article 18
pour le réduire à 30 jours. A ce moment, on jouira de la
sécurité en affaires. Il sera toujours possible à un
individu de faire une demande entièrement nouvelle, mais il ne faut pas
bloquer les transactions économiques. C'est un peu pour cela que les
dispositions du projet de loi se retrouvent de cette façon. Il fallait
privilégier certaines choses et je pense que...
Vous savez, dans le droit il y a toujours une préoccupation: la
plus grande sécurité et la plus grande liberté. Plus on a
de sécurité, moins on a de liberté et plus on a de
liberté, moins on a de sécurité. Le droit essaie de se
situer entre les deux, donner le plus de sécurité possible tout
en maintenant la plus grande liberté. C'est cela la philosophie de notre
droit, les deux grands principes de notre droit.
Dans cette loi, nous avons essayé d'avoir le plus de
sécurité et le plus de liberté en même temps. Ce
n'est pas facile. On a fait un choix. Ce choix nous semble le meilleur et je
pense que les amendements qui sont proposés auraient pour effet
d'allonger considérablement les délais. Ils apporteraient une
plus grande sécurité sur certains aspects, mais sur le plan
économique ils pourraient avoir des conséquences
désastreuses.
M. Roy: Est-ce que le ministre me permettrait une petite
question?
M. Garon: Oui.
M. Roy: Le ministre a dit à un moment donné qu'au
niveau des prêts, les compagnies, les sociétés
prêteuses, les investisseurs hésiteraient à faire des
prêts, s'il y avait un droit d'appel. Il faut bien penser que, sur le
plan pratique, ce n'est pas au moment où il y a acceptation de la part
de la commission qu'on veut bénéficier, qu'on veut profiter du
droit d'appel, c'est quand il y a refus. Quand il y a refus, il n'y a jamais de
prêt, il n'y a jamais de contrat consenti. Cela ne dérange pas.
(18 heures)
Je parle sur le plan pratique. C'est ce qui se passe sur le plan
pratique. Quand il y a refus, c'est fini, on n'en discute pas. Si la personne
veut, à un moment donné, être acceptée, elle est
obligée de bénéficier... elle est obligée de
procéder par le mécanisme d'appel. Une fois qu'elle est
acceptée elle n'a pas d'affaire à aller en appel. Les contrats
peuvent alors s'exécuter.
M. Garon: Non, parce qu si vous votez une décision comme
celle-là, je pense au député de Huntingdon...
M. Roy: J'ai dit ce que je pensais et pour cela, je suis d'accord
avec le ministre.
M. Garon: Le député de Huntingdon à raison
de donner un pouvoir de surveillance. C'est absolument essentiel un pouvoir de
surveillance. Quand on s'embarque dans des mécanismes comme ceux dont
l'Opposition parle actuellement, la conséquence logique, et la logique
du député de Huntingdon, je ne la mets pas en doute...
M. Giasson: M. le ministre, je pense qu'il manque une petite note
additionnelle au sous-amendement du député de Huntingdon. S'il
avait ajouté "dans les 30 jours où cette décision a
été rendue" tout de suite après "de la commission
régionale", cela atteindrait les objectifs que vous recherchez lorsque
vous proposez d'amender l'article 18 de la loi. Pour les délais, ce
serait exactement la même chose.
Le Président (M. Boucher): Messieurs, écoutez, nous
sommes à l'heure de la suspension. Je dois vous faire part qu'à
20 heures, à la reprise des travaux à l'Assemblée
nationale, il y aura une déclaration ministérielle du ministre
des Finances et que nous pourrons reprendre nos travaux immédiatement
après cette déclaration ministérielle.
M. Giasson: Bon appétit.
Le Président (M. Boucher): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures, après la déclaration
ministérielle du ministre des Finances.
Suspension de la séance à 18 h 2
Reprise de la séance à 21 h 25
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Alors, à l'ajournement de 18 heures, nous en étions
à la motion de sous-amendement du député de Huntingdon. M.
le député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Je demanderais aux
membres de cette commission s'ils accepteraient que j'ajoute à mon
sous-amendement sur la motion... J'avais fait un sous-amendement à
savoir: De sa propre autorité, de reviser, s'il y a lieu... Mais
j'aimerais aller un peu plus loin et indiquer: Dans les trente jours qui
suivent la décision rendue par la commission.
Le Président (M. Boucher): Je regrette, M. le
député de Huntingdon, un sous-amendement ne peut pas être
sous-amendé.
M. Dubois: Vous ne voulez pas l'accepter?
Le Président (M. Boucher): Un sous-amendement ne peut pas
être amendé.
M. Dubois: Cela rendrait cet article-là tellement clair et
net. Ce n'est pas sûr que vous allez voter contre.
Le Président (M. Boucher): Je regrette, mais un
sous-amendement ne peut pas être amendé.
M. Dubois: Mais avec la permission de la commission...
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de permission,
c'est un règlement!
M. Dubois: Parce que ce serait meilleur que le projet de loi.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que nous sommes
prêts à voter sur le sous-amendement du député de
Huntingdon?
J'appelle le vote. M. Baril (Arthabaska).
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain).
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet).
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraka-Témiscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François).
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud); il est
absent. M. Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt (Orford): Pour.
M. Garon: ... le vote était commencé.
Le Président (M. Boucher): La motion d'amendement du
député de Huntingdon est rejetée par six contre trois.
Nous revenons maintenant à la motion principale du
député de Montmagny-L'Islet.
M. Beauséjour: Six contre trois, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Six contre trois. C'est bien ce
que j'ai compté?
M. Garon: II y en a seulement deux!
Le Président (M. Boucher): II y en a trois. Nous revenons
à la motion principale du député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): II vous reste cinq minutes, M.
le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: II me reste cinq minutes sur le dernier paragraphe de
l'article 3 que j'ai proposé en amendement parce que je m'en suis
délibérément tenu, lors de mes commentaires, à
discuter de la recevabilité et du bien-fondé du contenu du
premier paragraphe qu'on retrouve comme amendement à l'article 3.
Je voudrais, au cours des minutes qui suivent, indiquer aux membres de
la commission que le fait d'amender des amendements, tels que je les ai
proposés à la commission parlementaire, n'est pas de nature
à éliminer le rôle que les municipalités peuvent
jouer dans l'application de la loi. On sait très bien qu'à
certains articles, le projet de loi 90 dans sa rédaction première
invite les municipalités à collaborer d'une certaine
manière à l'établissement de la zone agricole permanente
à partir des plans qui ont été déposés lors
de l'acceptation de principe d'une aire retenue pour fins de contrôle.
Or, même si l'amendement que je dépose a comme fin première
de créer des commissions régionales, cela n'élimine
d'aucune manière le rôle ou la collaboration que les
municipalités peuvent apporter dans la mise en application de la loi.
Loin de là. Je crois qu'une commission de contrôle
régionale se devrait dans un premier temps d'établir le
même type de collaboration que la commission provinciale pourrait
apporter après sa création, parce que je conçois
très mal qu'une commission régionale puisse, d'autorité,
sans faire appel à une collaboration véritable auprès des
municipalités, décider du territoire de la zone agricole
permanente qui devrait être établie. (21 h 30)
Dans l'optique d'une commission régionale de protection du
territoire agricole, il m'apparaît essentiel, je dis bien essentiel, que
la consultation qui doit être faite à partir du premier palier qui
existe au niveau des régions, qui demeure encore le palier municipal, il
m'apparaît essentiel que la commission régionale de contrôle
et de protection obtienne des municipalités cet appui non
seulement l'obtienne, mais le recherche nécessaire à la
détermination de la zone agricole permanente à l'intérieur
du territoire de la municipalité, comme il m'apparaît tout aussi
essentiel que la municipalité soit fort ouverte à l'endroit des
contribuables et de tous les citoyens qui voudraient faire des
considérations sur la mise en vigueur de la loi 90.
Ce forum populaire, auquel le ministre a fait allusion à
certaines occasions au cours des tout récents jours, nous en avons
vraiment besoin pour la mise en vigueur de la loi 90. Le forum populaire, si
j'ai bien compris le ministre, devra se tenir d'abord au niveau de la
municipalité qui va être touchée par la protection du sol
arable.
Or, la commission régionale va certainement, si elle était
constituée, faire appel à autant de collaboration des
municipalités que le prévoit la loi elle-même. Le forum
populaire va être tenu par la municipalité qui va être en
mesure d'évaluer l'opinion, la vie et la volonté des
contribuables et des citoyens du milieu de collaborer et de rendre efficace une
politique de protection du territoire agricole.
Donc, la municipalité pourrait, à partir de ce grand forum
populaire, au moment de définir la zone agricole permanente, la
municipalité devrait tenir son forum populaire afin de connaître
vraiment les desiderata de la base, ce que ces gens recherchent, quitte,
après cette première opération, à soumettre
à la commission régionale le plan d'une zone agricole permanente,
plus sur lequel la commission régionale devra se pencher pour juger du
bien-fondé de la zone permanente suggérée par la
municipalité, parce qu'il n'est pas question de donner des pouvoirs
décisionnels aux municipalités puisque ces pouvoirs, nous les
voulons dans un premier palier, au niveau de la commission
régionale.
La municipalité fera ses recommandations et ce sera la commission
régionale qui pourra juger du choix que la municipalité a faite
à partir de ses consultations auprès des gens qui vivent à
l'intérieur du territoire pour connaître leur avis.
Dans un deuxième temps, même la présence d'une
commission régionale n'empêchera aucunement la municipalité
de recevoir les demandes et toutes les considérations que les citoyens
de son territoire voudront lui soumettre. Il m'apparaît absolument
nécessaire de laisser aux municipalités la capacité de
recevoir les commentaires, les considérations, les demandes ou les
objections que les citoyens du milieu pourraient leur faire avant que celles-ci
ne les rendent au niveau de la commission régionale en accompagnant ces
demandes de leurs considérations. J'imagine que lorsqu'un ou plusieurs
citoyens demandent à une municipalité d'apporter telle
modification à la zone agricole permanente, la municipalité est
en état de faire des considérations ou d'exprimer un avis
à la commission régionale de contrôle pour lui indiquer
que, pour telle ou telle raison, pour tel motif, la commission régionale
devrait accueillir favorablement la demande qui est formulée par ce ou
ces citoyens. Ou encore la municipalité devrait pouvoir étayer
les raisons pour lesquelles elle émet un doute sur le
bien-fondé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, votre temps est expiré.
M. Giasson: Oui, M. le Président, je vais arrêter
dans les prochaines secondes. La municipalité sera en mesure
d'émettre un avis, une opinion sur le doute ou la réserve qu'elle
peut avoir à l'endroit de telle demande, que ce soit pour du
lotissement, une nouvelle utilisation du sol ou l'intégration de
certaines fermes à l'intérieur de la zone verte parce que
celles-ci ne seraient pas dans la zone permanente retenue.
Enfin, cela m'apparaît le grand bon sens, la grande logique, de
maintenir aux municipalités le rôle que le ministre entendait leur
faire jouer à l'endroit de la seule commission provinciale. Donc, il n'y
a pas de changement en ce qui a trait à la présence et au
rôle des municipalités sur le plan consultatif ou aux
recommandations, même avec la présence des commissions
régionales cela m'apparaît la loi du bon sens et de la
logique comme il n'y a pas d'élimination de la
capacité
de forums populaires ou de consultations qui pourraient être
faites à l'endroit de la population qui vit à l'intérieur
d'une localité et même d'une région, puisqu'à un
moment donné il est loisible de croire qu'il peut y avoir des
représentations venant de la région au-delà des
municipalités à l'endroit de la commission régionale.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député.
M. Giasson: C'est dommage, M. le Président, j'aurais eu
encore quelques commentaires à formuler vis-à-vis de la
perspective possible, à l'intérieur d'une commission
régionale de contrôle.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. Est-ce qu'on est prêt à
voter sur la motion principale?
Des Voix: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Baril: Trois minutes.
M. Garon: Disons qu'on vous cède une minute.
Le Président (M. Boucher): Deux minutes, M. le
député d'Orford.
M. Ouellette: Le président ayant perdu ses notes, votre
temps est écoulé.
Le Président (M. Boucher): Où ai-je mis cela? Je
les avais tout à l'heure. Ah bon!
M. Giasson: II vous reste huit minutes.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford, il vous reste seize minutes.
Une Voix: Vous pouvez perdre encore six minutes.
M. Verreault: Seize minutes.
M. Ouellette: Vous ne serez jamais capable de tenir tout
cela.
Le Président (M. Boucher): Sur la motion principale, M. le
député d'Orford, une minute.
M. Baril: Bon! Sauvé par la cloche. Il était tout
surpris parce qu'il se demandait comment faire pour dépenser seize
minutes.
Le Président (M. Boucher): Je vous avais trompé.
Sur la motion d'amendement il vous restait du temps, mais sur la motion
principale il vous reste une minute.
M. Vaillancourt (Orford): C'est regrettable, M. le
Président, parce que je pense qu'on n'a pas réussi à
convaincre encore le ministre et les députés du côté
ministériel qui sont membres de cette commission, mais seulement je
pense que si les amendements qui ont été déposés
par le député de Montmagny-L'Islet étaient
acceptés, cela permettrait à toutes les personnes, tous les corps
tels que les municipalités, les conseils de comté ou les
personnes qui voudraient se faire entendre devant la commission, cela leur
exempterait énormément de déplacements, car vous savez
qu'une commission régionale siégerait sur place et ferait
épargner beaucoup de temps et d'argent à tous ceux qui voudraient
se faire entendre. Mais, si les amendements déposés par le
député de Montmagny-L'Islet ne sont pas acceptés c'est
malheureux, car lorsqu'il y aura des représentations qui devront
être faites pour certains dossiers, les personnes seront obligées
de se déplacer à la commission régionale et celle-ci ne
peut certainement pas faire le tour de la province étant donné
les nombreuses demandes sur lesquelles elle aura à prendre des
décisions.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup, M. le
député d'Orford. J'appelle le vote. M. Baril (Arthabaska).
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon), il n'y
est pas. M. Gagnon (Champlain).
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet).
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François).
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud). M.
Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt (Orford): Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois. Une Voix: M.
Dubois arrive.
Le Président (M. Boucher): La motion du
député de Montmagny-L'Islet est rejetée cinq contre
trois.
M. Giasson: M. le Président, avant de reprendre la parole
j'aimerais savoir si le ministre a des amendements à proposer à
l'article 3?
M. Garon: Non.
M. Giasson: Puisque le ministre déclare n'avoir aucun
amendement à proposer à l'article 3, je voudrais vous indiquer,
d'abord, dans un premier temps, M. le Président...
M. Beauséjour: M. le Président, vous avez bien dit
cinq?
Le Président (M. Boucher): Cinq contre trois.
M. Beauséjour: Nous sommes six qui avons voté, je
crois.
M. Giasson: Votre professeur de mathématiques
préside aux travaux.
Une Voix: M. Rancourt n'y était pas. M. Rancourt:
Oui, j'ai répondu.
Le Président (M. Boucher): Alors c'est six à trois.
Nous revenons à l'article 3. M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Oui, M. le Président. Lorsque vous avez
appelé l'article 3 au cours de la journée, je vous ai
demandé la parole pour déposer immédiatement un projet
d'amendement à cet article, comme aux autres articles que nous
retrouvons à l'intérieur de la section 2.
Avant que vous ne disposiez, comme président de notre commission
parlementaire, de l'article 3, je voudrais à nouveau faire appel aux
nombreux commentaires et dépositions que notre commission parlementaire
a pu vivre depuis au-delà d'une semaine comme aux propos qu'avaient
tenus les intervenants au cours du mois de septembre lorsque le ministre de
l'Agriculture est allé en province pour tenter de recueillir l'avis et
les considérations des organismes et de la population du milieu.
J'ai eu l'occasion déjà de vous indiquer l'examen et
l'étude que j'avais faits des différents mémoires qu'avait
reçus le ministre et qu'avaient commentés, dans certains cas
assez largement, les intervenants qui avaient préparé ces
mémoires.
Est-il nécessaire de vous rappeler que j'ai participé, de
façon fort régulière, aux travaux de notre commission
parlementaire au cours de chacune des journées de la dernière
semaine que nous avons vécue, ce qui m'a permis d'être en mesure
de rendre un jugement sur ce que recherchaient la plupart des intervenants qui
sont venus devant nous. Nous avons eu l'occasion de dialo- guer et
d'échanger avec au moins 40 personnes qui sont venues à la table,
qui sont venues comme visiteurs à cette commission. Ce qui nous a permis
également de découvrir quelle était la perception que ces
personnes avaient de la loi 90, à partir, dans la plupart des cas, de
consultations et de réunions qui avaient été tenues dans
chacune des paroisses ou des régions d'où venaient les personnes
qui se sont présentées à la commission parlementaire.
J'ai remarqué que l'UPA, qui a témoigné devant
nous, l'UPA de Nicolet-Yamaska, et l'UPA de Joliette, qui nous a fait
connaître sa situation, ces gens-là, les trois organismes que je
viens de citer, n'avaient pas jugé tellement important que l'application
de la loi se fasse à partir d'organismes qui auraient une voix
régionale. Il y a peut-être eu deux autres groupes qui sont venus
et qui représentaient des organismes moins important par le
nombre...
M. Beauséjour: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: On vient de voter pour une commission
régionale et si le député de Montmagny-L'Islet revient sur
une commission régionale, je crois que c'est hors de propos
actuellement.
M. Giasson: M. le député d'Iberville, je vous
inviterais à relire l'article 160 de notre règlement, et vous
comprendrez les raisons pour lesquelles je fais cette intervention. Elle se
fait à l'intérieur du règlement qui nous régit en
particulier les dispositions de l'article 160 de notre règlement qui
régit les travaux de l'Assemblée nationale et de ses
commissions.
M. Beauséjour: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Nous sommes à l'article
3 et l'article 3 parle d'une commission provinciale...
M. Giasson: Provinciale? C'est-à-dire que l'article 3 du
projet de loi parle d'une commission à caractère provincial. Mais
lisons l'article 160, si cela peut éclairer le député
d'Iberville.
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez parler sur
l'article 3. Le principe d'une commission régionale a quand même
fait l'objet d'un amendement. (21 h 45)
M. Giasson: M. le Président, si j'avais utilisé mes
vingt minutes pour faire valoir mes considérations sur l'article 3 tel
que présenté dans le projet de loi avant de déposer un
amendement, le député d'Iberville aurait raison. Mais je me suis
gardé de faire des commentaires sur l'article 3, tel que
rédigé dans la loi 90, pour déposer
immédiatement les amendements, utiliser mon droit de parole de 20
minutes sur les amendements proposés dont la commission vient de
disposer par un vote. J'ai droit à 20 minutes sur l'article 3, tel que
formulé et rédigé dans le projet de loi.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): Alors, allez-y, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je vous remercie.
M. Beauséjour: M. le Président, est-ce que vous
pouvez rendre une directive là-dessus?
Le Président (M. Boucher): Ma directive est simple, c'est
cela.
M. Giasson: Ma directive, c'est l'article 160 du
règlement. Cela ne peut pas être plus clair.
Le Président (M. Boucher): C'est le règlement.
M. Verreault: Lisez le règlement et cela va donner une
chance au député de Montmagny-L'Islet de faire son
intervention.
M. Garon: Les amendements et les sous-amendements sont
passés.
M. Giasson: Si j'avais utilisé mon droit de parole sur le
contenu de l'article 3 tel que présenté et libellé dans le
projet de loi, je ne pourrais plus revenir, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): D'accord, M. le
député.
M. Giasson: Mais, comme je l'ai indiqué à la
commission, j'ai voulu, dans un premier temps, faire le débat sur
l'amendement que j'ai déposé et le règlement me permet de
commenter largement, à l'intérieur d'une période, d'une
marge d'opération de 20 minutes, le contenu de l'article 3 du projet de
loi 90.
J'étais à dire, M. le Président que, seuls la
confédération de l'UPA, deux fédérations de l'UPA
de régions et deux autres organismes n'ont pas mis d'accent sur la
nécessité, d'avoir une commission régionale. Il y avait,
entre autres, un groupe qui venait du comté de Laval qui disait parler
au nom de l'UPA de Laval; sauf erreur, il s'agissait de M. Lacroix, M. Demers,
M. Néron, et M. Desnoyers qui travaillent avec l'UPA. C'est l'un des
organismes qui n'ont pas fait état de la nécessité d'une
commission régionale. Il y a également eu un autre groupe qui est
venu devant nous, qui n'a pas commenté cette possibilité ou le
bien-fondé d'une commission régionale.
Donc, j'étais à dire que l'UPA et deux autres
fédérations ont indiqué, lors de leur venue devant notre
commission parlementaire, qu'il ne leur apparaissait pas nécessaire de
procéder dans l'application de cette loi à partir d'une instance
régionale, Quoique, lorsqu'on a pris connaissance du mémoire que
l'UPA a déposé en septembre, à ce moment, le
mémoire de l'UPA indiquait une plus grande facilité d'application
de la loi de protection des terres agricoles à partir de commissions
régionales et d'instances régionales. Mais, quand on parlait
d'instances régionales au Québec, on indiquait, cependant, que le
principe des commissions régionales était accepté pour
autant que les membres qui allaient former cette commission auraient une large
représentation des agriculteurs, c'est-à-dire de personnes qui
seraient désignées par la confédération de l'UPA au
Québec. C'est la réalité lorsqu'on examine les
mémoires déposés devant nous, tant à la commission
que lors de la tournée du ministre en province.
A partir de cette situation qui veut que la plupart de nos intervenants,
qui veut que le contenu des mémoires qui ont été soumis
à la commission ont manifesté et de façon très
plausible la nécessité de procéder à une
opération de décentralisation dans la mise en plan de la Loi sur
la protection du territoire agricole, je suis obligé de me demander les
raisons pour lesquelles le ministre de l'Agriculture n'a pas voulu
considérer cette volonté, fort bien exprimée par les
personnes qui sont venues devant nous, quant à la
nécessité de procéder avec des commissions
régionales.
Il y a eu, bien sûr, M. le Président, des groupes qui nous
ont dit qu'il serait beaucoup plus facile d'appliquer la Loi sur la protection
du territoire agricole à partir de pouvoirs que les municipalités
auraient. Je me rappelle ces municipalités qui ont
délégué ici et le maire et les conseillers, ces groupes
qui amenaient devant la commission trois maires assis à la table, des
témoins aussi, et qui venaient soutenir la thèse de la
nécessité d'une présence des municipalités dans
l'application des dispositions de la loi 90. Ces gens ont fait un bel effort,
je le reconnais. Il ont tenté de nous prouver, qu'ils avaient un souci
réel de protection du bon sol arable et qu'on devait faire confiance aux
instances municipales.
Nous avons eu également l'Union des conseils de comté du
Québec qui a, de son côté, réclamé des
pouvoirs décisionnels en matière de protection des sols arables
aussitôt que la loi 90 aura été sanctionnée par le
lieutenant-gouverneur. Nous avons eu également l'Union des
municipalités qui a réclamé une présence et qui a
même proposé une commission au niveau d'une région ou d'un
territoire que couvraient ces municipalités de façon à
créer des commissions dont la moitié des membres auraient
été délégués par l'Union des
municipalités, les autres 50% des membres de cette commission devant
être désignés par l'Union des conseils de comté.
Je ne nie pas que ces gens aient des droits d'intervenir en
matière de protection du sol agricole. Mais, pour ma part, lorsqu'on
tient compte du nombre de comtés qui vont être touchés par
l'application de la loi il y a déjà 614
municipalités dans une bande fort importante le long des
deux rives du Saint-Laurent on peut imaginer facilement qu'au
cours des prochains mois, c'est-à-dire certainement avant deux ans,
lorsque le ministre aura décidé par un nouveau décret
d'étendre la zone devant être protégée à
d'autres régions du Québec, il est facile d'imaginer, dis-je,
qu'à la suite des revendications de gens venant de régions qui ne
sont pas touchées par le dépôt du plan provisoire, le
ministre, M. le Président, devra considérer les demandes
formulées par des gens venant du Bas-Saint-Laurent et de la
Gaspésie. Il est facile d'imaginer aussi que des demandes vont venir
très bientôt également des régions telles que le
Nord-Ouest québécois qui vont faire des appels au ministre de
manière à protéger certains secteurs à
l'intérieur de ces grandes régions.
A partir de cette réalité, de ces demandes qui sont venues
ou qui vont venir au cours des prochains mois, il est facile de croire que le
ministre devra, par de nouveaux décrets, étendre la zone de
protection à d'autres territoires de la province de Québec, ce
qui aura comme conséquence d'ajouter de façon fort
considérable au travail que les membres de la commission provinciale
auront à réaliser. Pour ma part, je trouvais, M. le
Président, que mener l'opération, dans un territoire qui couvre
614 municipalités au Québec, avec une seule commission
provinciale pour recevoir d'abord, dans un premier temps, toute une
série de demandes venant de plusieurs municipalités du
Québec qui se sentent coincées par le dépôt des
plans provisoires... Il est facile aussi de réaliser qu'un grand nombre
de citoyens, au-delà des municipalités qui se sentent
coincées, déjà inquiets par le dépôt de la
loi 90 le 9 novembre, sont intéressés à déposer,
auprès de la commission de contrôle dès qu'elle sera
constituée, des cas qui les touchent personnellement.
Nous savons également qu'un grand nombre d'entreprises au
Québec je pense en ce moment à des promoteurs en
lotissement, je pense à des constructeurs d'habitations, je pense
à des gens qui sont impliqués dans la construction de maisons
mobiles ou de véhicules récréatifs vont, au cours
des prochaines semaines, je ne dis pas au cours des prochains mois mais au
cours des prochaines semaines, se sentir obligées de communiquer avec la
commission que le ministre veut créer par les dispositions de la section
II de sa loi. Or, il est évident que cette commission provinciale qui
serait unique, selon ce que la loi nous indique à la section II, il est
clair et net, M. le Président, que cette commission va être
débordée dans un premier temps par la multitude des demandes qui
vont venir à elle. Et c'est logique il ne faut pas se compter
d'histoires que cela se produise parce que la loi 90 est une loi fort
importante, une loi qui vient changer les choses par rapport à ce qui a
toujours existé au Québec. C'est une loi qui vient établir
une forme de servitude. On pourrait le nier mais c'est cela la
réalité; c'est une loi qui vient établir une forme de
servitude à l'intérieur du territoire qui a été
retenu dans la première opération par le décret qui est
entré en vigueur le 9 novembre dernier.
Si, à cela, au cours des prochains mois et d'ici un an, s'ajoute
toute une autre grande parcelle du territoire de la province de Québec,
de manière à étendre le décret à d'autres
régions, cela ne diminuera pas, M. le Président, le volume de
travail et le volume de dossiers que la commission aura dans ses mains. Cela va
décupler et multiplier la quantité d'opérations que la
commission unique, la commission provinciale devra mener. Je considère
qu'à l'intérieur de l'article 3 tel que libellé dans notre
loi, lorsqu'on examine le contenu du paragraphe a), des paragraphes b), c), d)
et e), cette commission unique que la loi veut créer va avoir une masse
de travail, un volume d'activités qui va nécessiter de toute
façon qu'on le reconnaisse ou qu'on le nie une
équipe de fonctionnaires fort bien garnie.
Lorsqu'on nous dit que c'est aberrant de croire que la création
de douze commissions régionales va nécessiter l'engagement de 84
personnes dans l'hypothèse où les commissions régionales
seraient nanties de sept commissaires, lorsqu'on dit que c'est aberrant de
penser que le Québec devra retenir les services de 84 personnes en
procédant avec des commissions régionales, comment ne
pouvons-nous pas nous poser la question sur le nombre de fonctionnaires et
d'équipes à l'intérieur de l'équipe de soutien que
la commission devra se donner, c'est inévitable. Comment voulez-vous que
sept personnes animées des meilleures intentions, à la commission
provinciale, douées de qualités exceptionnelles, en
présumant que ces personnes soient vraiment d'un fort potentiel,
logiquement puissent passer à travers un programme de travail qui va
être aussi chargé qu'il est facile de l'imaginer puisque le volume
des demandes qui vont venir à cette commission va être
énorme.
Dans un premier temps, s'il y a des municipalités qui veulent
procéder rapidement, dès qu'elles vont recevoir de la commission
permanente l'avis de devoir étudier leur territoire pour guider et
orienter la commission sur la partie du territoire permanent qui doit
être gardé à l'agriculture, conservé à
l'agriculture à l'intérieur de la municipalité,
déjà il faudra que les commissaires mais beaucoup plus que
les commissaires mènent une recherche, fassent une étude
des suggestions de chacune des municipalités qui auront
décidé de procéder avec rapidité après avoir
reçu l'avis de la commission unique, et puissent compter sur une
équipe de soutien, sur un personnel assez nombreux pour être
capables de découvrir si les suggestions et les recommandations de
l'ensemble de ces municipalités font en sorte de protéger
véritablement tout ce qu'il y a de bon sol agricole à
l'intérieur du territoire de la municipalité.
Il faudra mener des recherches afin de découvrir si la
municipalité, dans sa proposition d'un plan permanent, n'a pas tendance
à retenir autour du village ou autour de la petite ville ou de la
moyenne ville une aire trop grande en vue de son développement et de son
urbanisation prochaine. Il va y avoir quelques municipalités qui vont
avoir les yeux très grands, qui vont croire que le rythme
de développement de cette municipalité autour du village
ou de la ville, ou que l'expansion, l'accroissement des besoins en
matière de lotissement et de construction, il y a des gens qui vont
croire, dis-je, que cela va aller à un rythme beaucoup plus rapide que
ce qui pourrait se traduire dans la réalité. Il y a bien
sûr le cas depuis quelques années de citoyens qui ont
préféré s'acheter des terrains en bordure des rangs qu'on
a dans la paroisse. C'est un fait que je vis. Beaucoup de députés
comprennent cela parce qu'ils ont été témoins, ils ont
assisté à cette réalisation.
C'est facile d'imaginer que les citoyens, ne pouvant plus se porter
acquéreurs de lots, ne pouvant plus acheter des terres, des petites
parcelles de terres ou du lotissement de cultivateurs en bordure des rangs,
devront faire leurs demandes à la municipalité en vue d'obtenir
des terrains. Non seulement à la municipalité, mais au
propriétaire des terrains que nous allons retrouver dans les zones
blanches autour du village, comme dans les zones blanches autour des villes.
(22 heures)
Ces citoyens qui rêvaient de s'installer à la campagne
n'auront plus le choix puisque les cultivateurs qui seraient consentants,
librement, à vendre un demi-arpent ou un arpent à leurs
concitoyens qui veulent s'établir ne pourront plus le faire si la
décision de la commission de contrôle devant leur demande de
disposer d'une petite parcelle de terrain, est négative. Donc, les gens
qui voulaient se porter acquéreurs pour devenir propriétaires
d'une résidence en pleine campagne n'auront pas d'autre alternative que
de se tourner vers les propriétaires de terrains qui seront
situés à l'intérieur de la zone blanche, autour des
villages et des villes. Cela va changer, naturellement, le rythme de
développement autour des villages. C'est facile à concevoir. Nous
avons eu des municipalités qui sont venues devant nous, à qui
nous avons posé des questions. Entre autres, je me souviens du maire de
la paroisse de Saint-Mala-chie, je pense, dont la municipalité est tout
autour du village d'Ormstown. Le maire de Saint-Mala-chie nous a indiqué
qu'au cours des récentes années, il s'était fait, dans la
paroisse rurale de Saint-Malachie, entre 30 et 40 constructions, sur une base
annuelle. Lorsque nous avons demandé un renseignement au
secrétaire-trésorier de la municipalité du village
d'Ormstown, il nous a appris qu'au cours des récentes années, le
nombre des permis de construction accordés se situait entre douze et
quinze. Avec le dépôt du projet de loi, à compter du 9
novembre, il est facile de découvrir que les citoyens qui, depuis
quelques années, avaient tendance à se construire à
l'intérieur du village de Saint-Malachie ne pourront plus s'installer
là, sauf si la commission était très ouverte, très
libérale à l'endroit des demandes que les citoyens pourraient
faire pour se construire en bordure des rangs d'une telle municipalité.
Il est facile de découvrir que les citoyens désireux de
s'implanter dans une municipalité n'auront pas d'autre alternative que
de se diriger vers le village et de tenter d'obtenir des terrains dans ces
secteurs. Partant de cette réalité...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, il vous reste une minute.
M. Giasson: Partant de ces réalités, M. le
Président que le temps passe vite! il devient
évident que les autorités municipales dans plusieurs
municipalités auront tendance dans la préparation du plan de la
zone agricole permanente, à vouloir retenir des bandes plus larges
autour du village parce qu'elles sentent déjà la pression qui va
s'exercer sur elles, de manière à pouvoir recevoir les citoyens
qui désirent se construire et devenir propriétaires. Donc, cela
vous indique que la commission unique qu'on veut créer par la loi sera
très largement inondée de demandes, dans un premier temps, venant
des municipalités qui vont, à la suite de l'avis reçu,
déposer la recommandation ou la suggestion d'une zone agricole
permanente, qui, dans certains cas, vont vouloir en prendre plus que moins et
qui, dans d'autres cas, respectueuses du principe de la protection la plus
intégrale du territoire agricole, n'auront pas tendance à retenir
trop de terrains autour des limites de la municipalité, en gardant
l'espoir, s'il y avait une demande très forte dans les prochaines
années en vue de l'expansion demande très forte des
citoyens qui veulent se construire de revenir devant la commission
provinciale pour demander de considérer de dézoner telle ou telle
parcelle afin que la municipalité puisse répondre aux demandes
pressantes de citoyens. Ce n'est là qu'une partie des
éléments, des problèmes ou des demandes qui seront soumis
à la commission de contrôle. C'est pourquoi plus j'examine la
charge de travail qui va frapper une commission unique, plus j'examine cela,
plus je réalise que les recommandations qui ont été faites
à notre commission parlementaire étaient fondées parce
qu'elles représentaient un objet d'inquiétude et un objet de bon
sens de la part de ceux qui sont venus devant nous. Puisque, M. le
Président, je suis limité dans le temps, je devrai
m'arrêter...
Le Président (M. Boucher): Vous devez vous arrêter,
M. le député. Votre temps est déjà
dépassé.
M. Giasson: ... et je laisserai à d'autres
collègues la possibilité d'intervenir sur l'article 3 de la loi
tel que libellé.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Merci, M. le Président. Je peux dire que depuis qu'on a
commencé cette commission, on en a entendu de toutes sortes.
J'ai trouvé qu'il n'y avait à peu près que le
député de Montmagny-L'Islet qui défendait
réellement des points qui avaient de l'allure. On entendait dire cet
après-midi que le gouvernement actuel était un gouvernement qui
voulait décentraliser. Je pense qu'avec le projet de loi 90 et l'article
3 qui dit qu'une commission provinciale sera formée au moment
où on se parle, il y a 614
municipalités qui subissent un gel sur les terrains. Je pense que
cela peut faire, pour les municipalités qui sont gelées, 614 plus
1, 615 commissions de contrôle parce que chaque municipalité aura
automatiquement un certain petit contrôle, aura un mot à dire
là-dedans.
M. Giasson: Suggestif et non décisionnel.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Oui, je suis d'accord avec cela. Quand M. le ministre nous disait, cet
après-midi, que chaque municipalité aura à décider
de son plan et à le faire approuver...
M. Giasson: Elle ne décidera pas de son plan, elle va
proposer un plan.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Elle va proposer un plan et va le faire accepter par la commission de
contrôle. Je pense que ce serait alourdir la commission de contrôle
que d'avoir douze régions qui ne pourraient pas plus décider que
la municipalité, mais il faudrait que cela rebondisse encore à la
commission de contrôle. Je pense que cela va encore alourdir le
processus.
Ne vous imaginez pas que le 1er janvier 1979, il va y avoir 614
municipalités qui vont faire des demandes. Cela va venir avec le temps,
un peu comme le régime d'assurance-automobile, ce n'était pas une
petite affaire, cela allait prendre des années avant que les cas soient
réglés.
M. Giasson: M. le Président, question de
règlement.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Là, on
sort...
M. Giasson: Je suis intervenu sur la loi 67 qui a
créé le mécanisme de fonctionnement de la Régie
d'assurance-automobile...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): C'est un
exemple.
M. Giasson: ... et jamais je n'ai tenu des propos dans le sens
des commentaires du député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): C'est pour
montrer que même...
M. Verreault: De toute façon, M. le Président, je
voudrais faire remarquer au député de
Kamouraska-Témiscouata qu'il y a des dossiers qui traînent depuis
trois, quatre ou cinq mois.
M. Garon: Nommez-les.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît, nous ne discutons pas l'assurance-automo-bile.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Je n'ai pas
compris, mais en tout cas. C'est pour démontrer que même avec une
seule commission de contrôle, les municipalités formeront une
commission de contrôle, qu'on le veuille ou pas. C'est pour cela que
j'affirmais tout à l'heure qu'au lieu d'avoir 12 commissions
régionales, on aura 615 commissions de contrôle chapeautées
par une commission centrale qui sera ici, à Québec, et qui pourra
décider si une municipalité ou une ville a droit à la
carte provisoire qu'elle va présenter.
Cet après-midi, j'appuyais et j'appuie encore le
député d'Arthabaska qui disait on a parlé de
l'Office du crédit agricole et c'était pour démontrer
qu'on n'avait pas besoin de commission de contrôle que l'Office du
crédit agricole avait son siège social ici à Québec
et avait des agents un peu partout dans nos régions, même dans nos
comtés, mais que ce n'était pas tellement plus vite parce que la
décision se prend encore à Québec. Cela veut dire que
même on avait 12 commissions régionales, ce n'est pas ce qui va
faire avancer les projets d'une municipalité, son zonage ou sa
protection du sol arable.
Là-dessus, M. le Président, je ne m'étendrai pas
plus longtemps, mais je pense que le projet de loi tel qu'il est là avec
l'article 3, on devrait accepter cet article le plus tôt possible afin
d'en arriver à une solution assez rapidement concernant la commission
qui sera formée après l'adoption de ce projet de loi. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Verreault: M. le Président, je croyais que le
député de Huntingdon voulait intervenir; étant
donné que cela vient à tour de rôle... Je crois qu'il est
occupé.
M. le Président, j'ai l'intention d'intervenir sur l'article 3
tel que rédigé...
M. Marcoux: On demande la parole. Question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre! Est-ce que vous
aviez demandé la parole? Parce que le député de Rimouski
avait demandé la parole.
M. Verreault: Dans ce cas, laissez passer le député
de Rimouski.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: M. le Président, lorsque les différents
groupes sont venus se faire entendre devant cette commission, je pense qu'on ne
peut pas dire qu'ils avaient fait l'unanimité sur l'organisme qui devait
administrer le projet de protection du territoire agricole. Certains voulaient
un organisme central, d'autres voulaient des commissions régionales avec
un organisme central. Certains disaient un troisième
hypothèse que cela devait se situer au niveau des régions
beaucoup plus petites et d'autres, enfin, au niveau des municipalités
avec pouvoir d'appel à une commission nationale. Je pense qu'on peut
honnêtement
dire qu'il y avait plusieurs hypothèses différentes au
niveau de l'administration de cette loi.
Mais, à l'audition des mémoires, une chose m'a
frappé. C'est de voir qu'une très grande partie des
mémoires proposait, quel que soit l'organisme que le gouvernement
choisirait pour mettre sa loi en place, qu'il y ait des consultations
régionales. J'ai été particulièrement frappé
par le mémoire de l'UPA, l'Union des producteurs agricoles de
Saint-Hyacinthe, qui proposait au gouvernement de mettre sur pied des
comités régionaux pour la protection du territoire agricole, des
comités régionaux consultatifs qu'on s'entende très
clairement, consultatifs qui verraient à surveiller l'application
de la loi a niveau de chaque municipalité, à étudier les
besoins d'expansion et de développement des municipalités de la
région, ainsi que tout problème rencontré par elles dans
l'application de la loi, qui verraient à élaborer un plan de
développement régional, à étudier des demandes
faites à la commission régionale, de faire des recommandations
à la commission de protection du territoire agricole du Québec
concernant les modifications, d'être un lien entre les
municipalités et la commission.
Cette idée est également apparue dans le mémoire
présenté par la Corporation professionnelle des urbanistes. Je
m'excuse de ne pas l'avoir devant moi, mais il y a un paragraphe qui indique
clairement qu'on souhaite que le gouvernement mette sur pied ou voit à
l'élaboration d'un mécanisme régional de concertation pour
rapprocher en somme pas nécessairement l'administration, mais je dirais
la vulgarisation de la loi, la concertation dans la concrétisation de la
loi des populations régionales. Je retrouve le texte où on disait
ceci: "La commission devrait faire appel aux connaissances particulières
qu'ont développées les principaux intervenants qui oeuvrent dans
la région. Dans ce sens, elle devrait rechercher pour chaque
région les expertises nécessaires à la définition
d'un cadre régional dans lequel elle aura à prendre ses
décisions."
Egalement, l'UPA de Joliette proposait des conseils consultatifs
régionaux. A la page 5 de leur mémoire, en une phrase, on dit
ceci: "II faudrait prévoir dans la loi une décentralisation de
façon à permettre la création de commissions consultatives
régionales formées entre autres, et à parts égales,
de représentants d'organismes accrédités des agriculteurs
du Québec et des municipalités.
Le CRD de Lanaudière se prononçait, lui, pour des conseils
décisionnels régionaux. On peut dire que, s'il se
prononçait pour des conseils décisionnels, a fortiori
souhaitait-il des conseils consultatifs. C'est à la page 6 du
mémoire du CRD de Lanaudière.
Le Conseil de l'alimentation du Québec, à la page 6 de son
mémoire, indiquait ceci: "En conséquence, nous croyons que cette
législation devrait prévoir et encourager un certain degré
de décentralisation dans les opérations de la commission, de
protection du territoire agricole ainsi que des critères d'action qui
prévoient les exigences de la régionalisation. Nous anticipons
que les règlements qui découleront de cette loi traduiront cette
souplesse nécessaire à la décentralisation dans le
développement et prévoiront des mécanismes consultatifs
régionaux." Il se prononçait pour des organismes consultatifs
également. "A ce sujet, nous croyons à l'utilité des
structures de participation tant au niveau régional qu'au niveau
provincial."
Je pourrais citer également le mémoire de M. Albert Rioux,
sur certains aspects, du CRD de l'Est du Québec, du CRD des Laurentides,
du Conseil de comté de Joliette qui suggère d'aller plus loin
puisqu'il propose que ce soit au niveau décisionnel et au niveau
municipal, et d'autres groupes, l'Association de la relève du Richelieu
et le Conseil de recherche de la Haute-Yamaska. Je ne veux pas citer tous ces
textes parce que je ne veux pas trop m'étendre. Je sais que nous avons
peu d'heures devant nous pour passer tous les articles de ce projet de loi,
mais je pense que cette idée est même apparue séduisante,
je pourrais dire, au ministre lui-même sous certains aspects, parce que
dans le journal de lundi on lisait que le ministre s'était montré
en faveur de forums régionaux pour faire en sorte qu'il y ait des suites
au niveau des régions, à cette Loi sur la protection du
territoire agricole. (22 h 15)
Je souhaiterais qu'on donne à la commission nationale la
possibilité de mettre sur pied des conseils consultatifs
régionaux au fur et à mesure des besoins ou des
possibilités de l'implantation de cette importante mesure du
gouvernement et qu'on examine ensemble la possibilité de donner, en
somme, à la commission nationale ce pouvoir de créer des conseils
consultatifs régionaux.
C'est pourquoi, M. le Président, je proposerais qu'à
l'article 3 on ajoute, entre l'alinéa d) et l'alinéa e), un
nouvel alinéa qui se lirait comme suit: "La commission nationale est
chargée: "e) de créer par règlement des conseils
consultatifs régionaux de protection du territoire agricole pour les
régions qu'elle fixe, déterminer leur composition, leurs
fonctions, devoirs et pouvoirs, les modalités d'administration de leurs
affaires et prévoir les émoluments de leurs membres."
En fait, ces conseils seraient purement consultatifs. Ils seraient
créés au rythme que le jugerait utile la commission nationale de
protection du territoire agricole et selon les critères de
délimitation territoriale qu'elle fixerait. En fait, ce pouvoir qui
serait donné à cette commission nationale serait exercé,
évidemment, par règlement, c'est-à-dire que le
gouvernement aurait son mot à dire. Cela n'empêcherait en rien la
mise en vigueur de la loi dès son adoption, dès la semaine
prochaine, mais au fur et à mesure, dans six mois ou dans quatre mois,
dans un an, que le gouvernement ou que la commission nationale sera
prête, elle pourra mettre en place ces organismes de consultations pour
je pense surtout à moyen ou à long terme impliquer
les populations
régionales ou leurs représentants dans cette protection du
territoire agricole à moyen terme. Alors, je ne veux pas...
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous m'apporter le
libellé de votre motion? L'amendement.
M. Marcoux: Je ne veux pas être plus long, M. le
Président, parce que je ne souhaite pas que la présentation de
cette motion soit un prétexte pour étirer ou allonger nos
débats. Je veux simplement qu'elle soit l'occasion pour nous de
clarifier dans quelle mesure cette hypothèse, présentée
par plusieurs organismes, est une hypothèse valable, qui pourrait
être retenue.
Le Président (M. Boucher): Alors, sur la
recevabilité de cette motion qui se lit comme suit: "II est
proposé d'amender l'article 3, en ajoutant entre l'alinéa d) et
l'alinéa e), un nouvel alinéa qui se lirait comme suit: de
créer, par règlement, des conseils consultatifs régionaux
de protection du territoire agricole pour les régions qu'elle fixe,
déterminer leur composition, leurs fonctions, devoirs et pouvoirs, les
modalités d'administration de leurs affaires et prévoir les
émoluments de leurs membres."
M. Beauséjour: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Je ne voudrais pas être
déplaisant envers mon collègue, mais, M. le Président,
étant donné que nous avons déjà voté sur une
commission régionale, je crois qu'un tel amendement aurait pu être
présenté comme sous-amendement à l'amendement qui a
déjà été apporté. Il aurait modifié,
dans son libellé, les deux premières lignes et tous les autres
aspects n'étant pas considérés comme faisant partie d'un
sous-amendement. C'est pour cela, M. le Président, que je suis
convaincu, étant donné que nous nous sommes prononcés sur
une commission régionale et que cet amendement arrive peut-être en
retard, que cette motion n'est pas recevable.
M. Giasson: Pour quel motif, M. le député,
n'est-elle pas recevable?
M. Beauséjour: Elle aurait dû être
apportée comme sous-amendement à l'amendement qu'on a
déjà voté étant donné qu'il y avait
commission régionale et que cela peut être une commission
consultative régionale, et cela peut enlever les différents
éléments qui ne vont pas avec ce que propose le
député de Rimouski.
M. Marcoux: Sur la recevabilité, seulement 30 secondes
pour dire qu'avoir amendé si j'avais suivi la proposition de mon
collègue la proposition du député de
Montmagny-L'Islet, cela aurait changé le fond parce que ce que proposait
le député de Montmagny-L'Islet, c'étaient des com-
missions décisionnelles régionales; le sous-amendement aurait
annulé l'amendement; il aurait donc été un amendement
irrecevable.
Ce que je propose est complètement différent, c'est de
conférer un droit ou un pouvoir à une commission qui est libre de
l'exercer comme elle veut, comme elle l'entend. On ne fixe pas le nombre de
régions dans cette possibilité, ou le nombre de conseils
consultatifs, il n'y a pas de délai, il n'y a pas
d'échéance; c'est simplement un pouvoir qui est accordé ou
un droit qui est accordé à la commission nationale.
M. Giasson: M. le Président, sur la recevabilité.
Il me faut d'abord revoir le libellé de la motion proposée par le
député de Rimouski. Si je lis bien, le texte est le suivant: "De
créer par règlement des conseils consultatifs régionaux de
protection du territoire agricole pour les régions qu'elle fixe,
déterminer leur composition, leurs fonctions, devoirs et pouvoirs, les
modalités d'administration de leurs affaires et c'est là
que cela devient important, M. le Président, sur la recevabilité
prévoir les émoluments de leurs membres."
Prévoir les émoluments de leurs membres signifie un
engagement financier du gouvernement et, si on réfère à
l'article 64 de notre règlement, seul le ministre peut proposer des
motions ou des amendements qui engagent les pouvoirs financiers du
gouvernement.
M. Marcoux: Sur la recevabilité sur cet aspect, M. le
Président, je vous référerais au projet de loi...
M. Giasson: On ne peut pas parler d'affaires ni...
M. Marcoux: Je vous référerais au projet de loi 72
à l'article 276j...
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Rimouski.
M. Marcoux: Je voudrais avoir l'attention de l'intervenant. Je
dis que je prends exemple et illustration sur le projet de loi 72, Loi sur la
protection du consommateur qui donne à l'Office de protection du
consommateur ce droit de créer par règlement, exactement le texte
qui est ici sauf qu'à la place de "protection du consommateur" c'est
protection du territoire agricole du Québec, et ce paragraphe n'est pas
entre guillemets.
Or, on sait que les paragraphes qui sont entre guillemets,
c'est-à-dire qui impliquent directement des dépenses doivent
être proposés par le ministre. Nous avons dans le projet de loi
actuel un article omnibus sur les dépenses, c'est l'article 115 ou 116,
je crois, qui dit que les frais occasionnés pour l'application de cette
loi sont pris dans un fonds consolidé, etc. Me basant sur une autre loi
qui a été adoptée en deuxième lecture après
étude article par article et qui pose le même type de
problème, les dépenses ne sont... Ce sont les articles suivants,
dans le présent projet de loi, qui proposent... dans notre projet de
loi, il y a un seul
article qui englobe tous les autres; en somme, on peut amender les
autres, c'est l'article 114 qui est entre guillemets et qui doit être
proposé par le ministre.
Je suis convaincu, en me basant sur cet autre précédent
qui est actuellement à la Chambre, qu'il est parfaitement recevable.
M. Giasson: M. le Président, toujours sur la
recevabilité. L'argumentation du député de Rimouski est
fort habile, je le reconnais, mais est-il conscient que lorsqu'il y a eu des
amendements à la loi 72 qui engageaient possiblement des sommes
monétaires venant de l'Etat, le ministre parrainant cette loi a pris
charge du dépôt de ces amendements.
M. Marcoux: C'est dans la loi, ce n'est pas entre guillemets.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Nous sommes sur la recevabilité? Le
Président (M. Boucher): Oui.
M. Lavoie: C'est évident que c'est l'article 64 qui
s'applique, cela ne peut pas être plus clair. Toute charge additionnelle
pour l'Etat doit venir du ministre.
M. Giasson: II faut que se soit un ministre.
M. Lavoie: Un député n'a jamais le droit de
proposer une motion qui entraîne une dépense d'argent pour l'Etat.
C'est ce qu'on appelle communément un "money bill".
M. Marcoux: Suivant la décision du président, je
changerai la motion.
M. Giasson: Nous sommes justement, M. le député,
dans le débat de recevabilité de votre motion.
Le Président (M. Boucher): Je crois que nous avons
là, justement, un cas patent de l'article 64,3, "l'imposition d'une
charge additionnelle sur les revenus publics ou sur les contribuables",
lorsqu'on parle d'émoluments des membres des conseils consultatifs. Vous
avez soulevé un argument selon lequel il n'y a pas de crochets à
l'article 3. Par un amendement du genre, il faudrait lui en mettre.
M. Marcoux: M. le Président, c'est bien simple, je propose
qu'on arrête après "affaires", les modalités
d'administration de leurs affaires, point.
M. Giasson: Vous proposez vous-même un sous-amendement
à votre amendement.
M. Marcoux: Je pense qu'on pourrait s'entendre pour dire que
c'est une nouvelle proposition.
Le Président (M. Boucher): II s'agirait de modifier
l'amendement pour voir s'il est recevable. M. le député
d'Iberville, sur la recevabilité... Evidemment, vous retranchez, M. le
député de Rimouski, "et prévoir les émoluments de
leurs membres".
M. Marcoux: Oui.
M. Beauséjour: M. le Président, j'aimerais vous
faire remarquer, malgré les arguments du député de
Rimouski quelque chose en rapport avec la loi 72. Il ne faut pas oublier, M. le
Président qu'il y a déjà eu un amendement qui touche une
commission régionale et c'est toujours à cet effet que j'aimerais
savoir si, au niveau de la loi 72, il y a déjà eu un amendement
touchant une commission régionale. Pour ma part je me soumettrai
à votre décision.
M. Giasson: C'était l'Office de protection du consommateur
qui était l'organisme reconnu dans la loi.
M. Beauséjour: Mais c'est qu'il y a déjà
eu...
M. Giasson: La loi 90 reconnaît un organisme qui s'appelle
la Commission de protection du territoire. Dans la loi de protection du
consommateur, l'organisme s'appelle l'Office de la protection du
consommateur.
M. Beauséjour: II y a déjà eu un amendement
qui a été battu. Ce nouvel amendement, d'après moi, M. le
Président, arrive trop tard. Il aurait dû être
proposé comme sous-amendement à celui qui avait été
apporté.
M. Lavoie: Ils se chicanent entre eux autres.
M. Giasson: Non, ce n'est pas une chicane, c'est...
M. Beauséjour: Non, c'est tout simplement pour expliquer
qu'il y a déjà eu un amendement et qu'il faut quand même
suivre les règlements.
M. Giasson: ... diffère d'opinion...
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur la recevabilité?
M. Giasson: Discussion générale.
M. Lavoie: Discussion générale et il y a
l'amendement proposé par le député de Rimouski dont il a
biffé les derniers mots.
M. Giasson: Oui.
M. Beauséjour: II y a déjà eu un amendement,
M. le député.
Le Président (M. Boucher): L'amendement du
député de Montmagny-L'Islet dont il parle a été
rejeté. M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: Est-ce qu'on a le droit de biffer deux, trois ou
plusieurs mots d'un amendement avant de connaître la décision au
sujet de sa recevabilité?
Le Président (M. Boucher): Si on veut discuter d'un
sous-amendement, le député de Rimouski pourrait le
représenter comme sous-amendement.
M. Lavoie: Tant qu'il n'est pas reçu...
Le Président (M. Boucher): Tant qu'il n'est pas
reçu, on peut le modifier.
M. Giasson: Tant qu'il n'est pas reçu, on peut discuter
sur la recevabilité. (22 h 30)
M. Lavoie: ... permission au député de Rimouski.
Qui paierait ces gens-là? Qui les paierait? Ce serait
bénévole?
M. Marcoux: A partir du moment où il n'y a pas
d'émoluments, cela veut dire que c'est bénévole. Plusieurs
groupes l'ont proposé.
M. Lavoie: Je vous pose la question.
M. Verreault: Ce serait probablement des députés
ministériels, mais on le les paierait pas, qui feraient partie de ces
petits comités. Je fais une excellente suggestion. Ils seraient des prix
cocos, les adjoints parlementaires. Il y en a douze et il y a douze
régions administratives...
M. Giasson: M. le Président, si vous me le permettez,
j'aimerais poser une question au député de Rimouski. A quel
endroit intercaleriez-vous l'amendement que vous venez de déposer
à l'intérieur du libellé de l'article 3?
M. Marcoux: Entre d) et e). Je pense que c'est très
clair.
M. Giasson: Serait-ce la continuité de d) ou en
feriez-vous...
M. Marcoux: Un nouvel alinéa. C'est marqué. M.
Giasson: Ou l'ajouter comme f) après e).
M. Marcoux: Non. Je pense que e) est plus général,
de surveiller l'application de la présente loi.
M. Giasson: e) deviendrait f) si votre amendement était
accepté?
M. Marcoux: Oui, c'est cela. N'avez-vous pas eu ma feuille? C'est
sur la feuille.
M. Giasson: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval, avez-vous des commentaires sur la recevabilité?
M. Verreault: M. le Président, j'aurais également
une question au député de Rimouski. Il dit de créer par
règlement. Des règlements de qui?
Une Voix: De la commission.
M. Marcoux: Je pense que cela ne donne rien de discuter sur les
détails si la motion n'est même pas reçue. Si elle n'est
pas reçue, le débat est fini. Point final.
M. Beauséjour: Regarder à l'article 1, paragraphe
15. C'est indiqué.
M. Verreault: Je le savais, M. le député
d'Iberville.
M. Lavoie: Ce serait pour le ministre, pour que sa loi soit bien
faite. Vous dites que la commission peut créer par règlement.
C'est son règlement à elle. Est-ce cela, tel que c'est
rédigé ici?
Une Voix: Oui. Il faudrait...
M. Marcoux: Si on veut discuter les détails, il s'agit
d'abord de savoir si la motion est recevable ou pas.
M. Lavoie: On veut savoir si ce sera vraiment opérant.
M. Verreault: II faut aussi savoir si le ministre est d'accord
avec la motion en question. C'est le premier argument. Sinon, on perd du temps.
Avez-vous consulté le ministre lors du caucus?
M. Gagnon: II est vrai que le député de Shefford
n'aime pas perdre son temps.
M. Verreault: Je déteste cela. D'ailleurs, le
député de Champlain le sait. J'espère qu'il en est
conscient. Est-ce qu'on peut connaître l'opinion du ministre?
M. Garon: Pardon?
M. Verreault: Est-ce qu'on peut connaître l'opinion du
ministre? Cela réglerait le problème.
M. Beauséjour: II faudrait savoir si c'est recevable.
M. Gagnon: Sans vouloir perdre du temps, il faut prendre le
temps.
M. Garon: Faites intervenir le président.
M. Lavoie: M. le Président, une dernière remarque
que je voudrais faire pour que ce soit bien clair qu'on respecte l'article 64,
que cela ne crée aucune charge pour l'Etat. C'est seulement une
suggestion que je ferais au député de Rimouski. Si sa motion se
lisait comme suit: "De
créer par règlement des conseils consultatifs
régionaux de protection du territoire agricole dont les membres seraient
bénévoles". Pour être bien sûr que l'article 64 soit
respecté.
M. Marcoux: Je m'excuse, mais je n'ai jamais vu dans aucune
loi... Quand ce n'est pas prévu qu'il n'y a pas d'émoluments,
quand c'est prévu... Quand on ne le marque pas, cela veut dire qu'il
n'en est pas question. Il y a un paquet de conseils consultatifs où il
n'y a pas d'émoluments.
M. Lalonde: II touche un bon point.
M. Marcoux: De toute façon, je pense qu'il serait temps
qu'on juge de la recevabilité avant de parler du contenu.
M. Lavoie: Je n'ai que cela, M. le Président. Nous n'avons
plus rien à ajouter sur la recevabilité.
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez, je vais
réfléchir pendant quelques minutes... Suspendons pour cinq
minutes.
Des Voix: C'est suspendu. Suspension de la séance à
22 h 35
Reprise de la séance à 22 h 45
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Sur la motion telle que rédigée, compte tenu des
informations prises et compte tenu que la majorité sinon tous les
conseils consultatifs prévoient au moins, sans qu'on le mentionne
nécessairement, des remboursements quelconques pour des frais de
transport, etc., et engagent, par conséquent, des deniers publics, la
motion, telle que rédigée, est non recevable. Elle aurait
dû être présentée par le ministre.
M. Marcoux: M. le Président, je respecte votre
décision. Rétroactivement, est-ce que cela remet en cause la
décision que vous avez prise ce matin d'accepter l'amendement
proposé par le député de Montmagny-L'Islet, qui
créait douze commissions régionales décisionnelles
éventuellement composées de sept membres chacune? Est-ce que ce
même amendement est jugé irrecevable rétroactivement?
M. Giasson: II a été battu.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski, l'amendement a été reçu ce matin. Il a
été débattu et battu. Je pense qu'il n'y a pas lieu de
revenir là-dessus. Je n'oserais pas remettre en cause la
recevabilité de l'amendement de ce matin. Compte tenu de l'amendement
que vous proposez, après mûre réflexion et informations, on
me dit que, même si on ne le mentionne pas, il y a des deniers publics
qui peuvent être engagés à la suite d'un semblable
amendement. Or, ces amendements doivent être présentés,
suivant l'article 64, par le ministre.
M. Giasson: M. le Président, je crois que si le
député de Rimouski...
M. Marcoux: C'est fini. C'est fini!
M. Giasson: C'est fini! On peut ramener d'autres motions tout de
même! Ce n'est pas la fin des motions à cette commission
parlementaire!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, nous retournons à l'article 3 et votre droit de
parole sur l'article 3 est épuisé.
M. Baril: Excusez-nous. On était certain que
c'était la dernière motion.
M. Giasson: Question de directive, M. le Président.
J'aimerais savoir si le député de Rimouski, selon votre avis
là, je fais appel à la science de la présidence
reformulait une motion à l'intérieur des dispositions de
l'article 3, motion par laquelle il ferait à nouveau état de la
possibilité de reconnaître la création de comités
consultatifs composés de membres qui travaillent de façon
bénévole et qui ne sont admissibles à aucun droit de
remboursement, si dans cet état de fait d'une motion dans le sens que je
viens d'indiquer, elle pourrait être recevable parce qu'elle ne pourrait
engager, en aucune manière, aucune dépense d'argent de la part de
l'Etat. A ce moment-là, dans sa formulation, il est clair, net,
évident... Quel est votre avis, M. le Président? J'aimerais avoir
une directive.
Le Président (M. Boucher): Comme le député
de Rimouski semble ne pas répondre à la question que vous lui
posez...
M. Giasson: Non, c'est à vous que je la pose. C'est une
directive que je veux.
Le Président (M. Boucher): S'il pouvait la
représenter de façon qu'aucun engagement de deniers publics ne
puisse être indiqué, elle serait recevable.
M. Beauséjour: Question de règlement. Je voulais
dire que nous sommes en train de discuter d'hypothèses.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Giasson: Les directives à la présidence
représentent très souvent des hypothèses, M. le
député.
Le Président (M. Boucher): Pour qu'elle soit recevable, il
faudrait être bien certain qu'il n'y ait pas de deniers publics
d'engagés, directement ou indirectement.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Article 3,
adopté.
M. Lalonde: Un instant, j'ai le droit d'intervenir.
M. Giasson: Comment, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous n'êtes pas intervenu sur l'article 3? Vous
êtes certain de cela?
M. Lalonde: Je ne pense pas avoir fait d'intervention encore
là-dessus.
Une Voix: Vous n'êtes pas obligé d'intervenir.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
parole?
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, vous avez le droit de parole. Vous avez
été enregistré ce matin.
M. Lalonde: Pour rejoindre le voeu que je crois déceler
dans les regards de tous les membres de cette commission, j'aimerais proposer
la motion d'amendement suivante et je dois dire, entre parenthèses, que
je m'inspire beaucoup de la motion d'amendement déclarée
irrecevable quant à la forme.
Donc, je recommence: "II est proposé d'amender l'article 3 en
ajoutant entre l'alinéa d) et l'alinéa e) un nouvel alinéa
qui se lirait comme suit: e) de créer, par règlement, des
conseils consultatifs régionaux bénévoles de protection du
territoire agricole pour les régions qu'elle fixe, déterminer
leur composition, leurs fonctions, devoirs et pouvoirs, les modalités
d'administration de leurs affaires." J'arrête là parce qu'il n'y a
pas d'émoluments, c'est bénévole. Je vous remets une
copie, M. le Président.
M. Marcoux: Je pense que cette motion n'est pas recevable parce
que le fait de passer des règlements coûte de l'argent au
gouvernement; cela suppose du papier, des secrétaires, etc. Cela
implique des coûts. Alors, je pense que, selon l'argumentation soutenue
par le député de Laval tantôt, l'amendement est
irrecevable.
Le Président (M. Boucher): Comme je l'ai dit
antérieurement, pour autant que nous avons la certitude que cette motion
n'engage pas de deniers publics, elle est recevable et je la reçois.
M. Gagnon: Vous la trouvez recevable?
M. Beauséjour: Est-ce que vous pouvez la
répéter, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): Le mot bénévole
indique qu'il n'y a pas de deniers publics engagés à ce
moment-là.
M. Garon: Je pense que ce n'est pas suffisant.
M. Lalonde: La décision est rendue.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, je l'ai
reçue.
M. Garon: Ce n'est pas suffisant. Il a dit: "sans
dépenses".
M. Marcoux: Parce que c'est présenté par
l'Opposition, c'est recevable et, quand c'est présenté par
quelqu'un du parti ministériel, ce n'est pas recevable.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski, j'ai pris des informations auprès de différents
consultants, sur la recevabilité, et c'est ce qu'on m'a exactement
mentionné.
M. Marcoux: Les gens qui travaillent dans des organismes peuvent
être des bénévoles mais la création des organismes,
cela implique des dépenses publiques. Or, c'est cela qui était
touché quand j'ai dit tantôt qu'il y avait des dépenses
impliquées par la création de ces organismes.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement,
s'il vous plaît.
Je me demande comment vous tolérez qu'on conteste votre
décision...
Le Président (M. Boucher): Qu'on remette en question ma
décision? D'accord, M. le député de Marguerite-Bourgeoys;
tout à fait juste. Et j'ai reçu votre motion sur le fond. Des
intervenants?
M. Giasson: M. le Président, sur la motion que vient de
formuler mon collègue de Marguerite-Bourgeoys. Elle va exactement dans
le sens de l'objectif recherché par le député de Rimouski,
à la différence près qu'elle indique de façon
très nette qu'il n'y aurait pas de dépenses de deniers de l'Etat
pour payer des salaires ou des transporteurs, des voyages, des repas, etc.
Cette motion, vous l'avez jugée recevable et je crois que votre
décision est tout à fait à point. Je l'ai dit
sérieusement parce qu'il est évident à sa face même
que la formulation de cet amendement n'engagera pas de dépenses de
l'Etat en matière de rémunération, de salaires,
d'honoraires, de frais de voyage ou de tous frais qui peuvent découler
des activités des personnes qui seraient nommées à ce
comité consultatif.
Je comprends fort bien l'objectif poursuivi par le député
de Rimouski lorsqu'il formule un tel amendement. Cette proposition de mon
collègue de Marguerite-Bourgeoys va fort bien dans le sens des objectifs
poursuivis par le député de Rimouski, sauf la petite
différence de formulation. Elle répond à une situation que
le député de Rimouski a vécue, a sentie dans son milieu.
Il l'a sentie parce que je crois qu'au cours des récentes années
il s'est tenu assez près de la population. Il m'a donné
l'impression d'être un citoyen qui, avant de venir en politique,
était à l'écoute... Non, ce n'est pas du violon, cela
traduit une réalité. Si la réalité correspond au
violon, tant
mieux qu'on ait encore des députés qui aient fait preuve
d'un grand intérêt à l'endroit des problèmes
vécus dans des régions. Vous savez qu'avant que le
député de Rimouski ne devienne député à
l'Assemblée nationale nous entendions parler du travail qu'il faisait
dans sa région; il y avait des journaux régionaux qui
rapportaient les activités fort nombreuses du député de
Rimouski, non seulement au niveau du conseil national ou de
l'exécutif...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet...
M. Giasson: ... du Parti québécois...
Le Président (M. Boucher):... êtes-vous sur la
motion... ou sur le député de Rimouski?
M. Giasson: Oui, je suis sur la motion, parce qu'elle va dans le
sens des objectifs du député de Rimouski. Je fais
référence à l'intérêt qu'il a porté
aux problèmes de sa région et de la population de son milieu bien
avant d'être député du comté de Rimouski. Je suis
sûr qu'il ne niera pas cet état de fait, parce que cela correspond
à la vie qui fut sienne dans les années immédiates qui ont
précédé sa venue à l'Assemblée nationale. Je
le comprends, comme je comprends mon collègue de Marguerite-Bourgeoys
qui, pour les mêmes objectifs, voudrait voir une présence
régionale à l'intérieur de l'application de cette loi.
D'accord, le député de Rimouski, même s'il a pris
position, dans son discours de deuxième lecture, pour voir des instances
régionales participer non seulement par la consultation, mais au niveau
décisionnel, à l'application de la loi, afin de respecter des
dimensions régionales qui sont un fait réel... Il le sent, lui,
par les gens de son milieu. Nous en avons eu d'autres preuves lorsque des
personnes de certains territoires sont venues ici, à la commission, et
nous ont indiqué qu'elles vivaient des situations agricoles à
cause de spécialités agricoles dans des régions
données, qu'elles vivaient des problèmes ou des situations fort
différentes de celles qu'on retrouve dans d'autres régions.
C'est le même phénomène pour le député
de Marguerite-Bourgeoys qui a vu apparaître des espaces verts dans son
comté. C'est curieux!
M. Lalonde: Beaucoup.
M. Giasson: Des espaces verts, même dans ce comté,
et c'est là qu'il a un souci.
M. Garon: ... des pots à fleurs que place la ville de
Montréal l'été!
M. Giasson: C'est là qu'est...
M. Lalonde: C'est vert.
M. Giasson: C'est vert.
M. Lalonde: Envers et contre tous, d'ailleurs!
M. Giasson: Je comprends son souci de vouloir permettre, si vous
voulez, à des instances régionales, de s'impliquer directement
dans l'application de la Loi sur la protection du territoire agricole, de
s'impliquer non pas au niveau d'un rôle qui apparaît essentiel
à beaucoup de personnes qui vivent dans les régions,
c'est-à-dire un rôle direct, décisionnel, mais, faute de la
capacité de jouer un rôle décisionnel, puisque l'amendement
que j'ai présenté ce matin, après un débat, a
été rejeté par les membres de la commission, le
député de Rimouski comme le député de
Marguerite-Bourgeoys partagent le même souci qui est celui de faire en
sorte que des personnes, soit individuellement, soit à
l'intérieur de corps intermédiaires ou d'organismes
mandatés par la population du milieu, de faire en sorte que ces gens
soient impliqués et puissent faire valoir des dimensions ou des
préoccupations de niveau régional. Même si le
député de Kamouraska-Témiscouata, M. le Président,
par des signes de tête, indique qu'il n'a pas de tels soucis, je sais
qu'il est préoccupé par des problèmes, dans Kamouraska et
surtout dans Témiscouata, de dimensions régionales qui devraient
être apportés au niveau de décisions rendues par
différents ministères. Il sait cela.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Pas au niveau de la décision.
M. Giasson: Oui, vous vivez des problèmes aigus dans la
partie de Témiscouata de votre comté parce qu'au niveau
décisionnel, il y a des gens qui appliquent les décisions en
fonction de l'ensemble de la province qui ne sont pas capables d'épouser
véritablement des causes qui ont des dimensions régionales qui
correspondent à des situations vécues dans des régions qui
sont différentes de celles qu'on retrouve dans d'autres parties du
territoire au Québec. Vous le vivez, je l'ai vécu depuis que je
suis en politique, depuis 1970. Comme vous, j'ai eu à déplorer,
et souven-tefois, qu'on appliquait, pour l'ensemble du territoire de la
province, des règles et des normes qui ne correspondaient pas à
certaines réalités qu'on retrouvait dans des régions
données. C'est un phénomène qui n'est pas nouveau; il
existe depuis fort longtemps au Québec.
Je considère que la motion qui vient d'être
déposée, la motion d'amendement qui vient d'être
déposée par le député de Marguerite-Bourgeoys va
permettre à la commission de contrôle ou au ministre, entre autres
à la commission de contrôle, puisque cette motion s'insère
dans l'article 3 qui définit, qui établit la commission de
contrôle, qui définit les pouvoirs dont celle-ci va pouvoir
bénéficier et jouir, cette motion permet à la commission
de contrôle de créer des conseils consultatifs régionaux
bénévoles de protection du territoire agricole pour les
différentes régions de la province de Québec. Elle permet
également à la commission de contrôle de déterminer
la composition de ces comités consultatifs. (23 heures)
Pourquoi en déterminer la composition? C'est pour permettre de
laisser une place dans la mise en place et la mise en application de toutes les
dispositions de la loi 90, c'est de pouvoir permettre à des citoyens
désignés, nommés ou élus par des organismes
régionaux, tels que les conseils de comté, tels que les
municipalités, tels que les conseils régionaux de
développement, tels que les fédérations de l'UPA qu'on
retrouve dans chacune des régions, tels que, par exemple, l'Ordre des
agronomes qui est représenté dans chacune des régions, de
pouvoir placer des personnes, choisir et désigner des personnes qui
pourront être nommées aux conseils consultatifs régionaux
bénévoles afin que la population de ces régions puisse se
faire entendre, puisse apporter souven-tefois des conseils fort précieux
à la commission de contrôle, afin que la commission de
contrôle, également, puisse comprendre davantage certaines
réalités de la base, puisse, à un moment ou l'autre,
réviser les normes et les critères d'action de tous les pouvoirs
qui lui sont conférés afin de tenir compte davantage de
réalités complètes que peut connaître ou vivre une
région et que ne connaisse pas nécessairement d'autres
régions au Québec.
La commission provinciale aurait également la possibilité
de déterminer, de préciser les fonctions même si
c'est à un niveau consultatif qui seraient celles des personnes
qui auraient été choisies, soit sur une base élective, si
c'était là la volonté des organismes du milieu, soit sur
une base nominative, si c'était là le modus ou le mode retenu par
la commission de contrôle pour meubler ou combler, si vous voulez, les
postes à couvrir à l'intérieur de ces comités
consultatifs, et la commission de contrôle aurait en plus, sur cette
motion présentée par mon collègue de Marguerite-Bourgeoys,
la possibilité de déterminer les modalités
d'administration de leurs affaires.
Et, quand je cite ces mots, je vais exactement, je vais
précisément dans le sens du libellé de la motion qui a
été déposée par le député de
Rimouski. Si le député de Rimouski a fait des choses, je crois
bien, que ce n'est pas dans un but de "filibuster", je crois que le
député de Rimouski, quand il a procédé ainsi, l'a
fait sincèrement. Il l'a fait à partir de demandes qui viennent
de sa base, dans sa région à lui, qui viennent du comté de
Rimouski, qui viennent de la région du Bas Saint-Laurent, qui viennent
de la Gaspésie. Parce que nous savons tous que le député
de Rimouski joue un rôle au niveau de l'ensemble de la région du
Bas Saint-Laurent et de la Gaspésie. Il est une espèce
d'animateur pour tous ses collègues qui représentent les
comtés de cette région.
Des Voix: Bravo!
Une Voix: Continuez comme cela, vous allez vous faire
élire.
M. Baril: C'est un comté qui nous est assuré.
M. Giasson: Le comté... les comtés du Bas
Saint-Laurent?
M. Baril: Non, je parle du comté de
Rivière-du-Loup.
M. Lalonde: Peut-être pas dans le même parti, il faut
voir. On va attendre le député de Rimouski pour voir ce qu'il va
faire.
M. Baril: C'est son affaire.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Giasson: M. le Président, étant donné que
les membres de cette commission parlementaire n'ont pas jugé bon de
donner suite à la proposition que j'avais faite de laisser une place
très large aux instances régionales, non seulement au plan de la
consultation et des recommandations, mais une proposition d'amendement qui
voulait laisser des pouvoirs réels à nos instances
régionales pour l'application de cette loi, je crois, que tout au moins,
si on ne voulait pas de dimensions décisionnelles à des
commissions régionales, je crois qu'on devrait reconnaître le
bien-fondé d'insérer dans la loi des pouvoirs à la
commission de contrôle permettant de créer ces organismes
consultatifs bénévoles afin de tenter, d'une certaine
manière, de laisser une place aux gens des régions, de laisser,
au moins, ces personnes guider, d'une certaine manière, la commission de
contrôle au niveau provincial et de lui faire réaliser qu'on ne
peut pas appliquer de façon autoritaire, de façon parfois
dictatoriale des normes, des critères d'administration et d'application
de la loi de façon absolument uniforme pour l'ensemble de toutes les
régions, de tous les territoires qu'on retrouve au Québec.
Nous avons senti, M. le Président et vous étiez
président de nos travaux à notre commission parlementaire
que les gens de la région de l'Outaouais vivaient dans la région
de l'Outaouais des situations, des réalités et des
problèmes qui étaient différents de ceux qu'on retrouve
dans d'autres régions.
Je suis heureux, à ce moment-ci, de voir apparaître
à notre commission parlementaire un député qui
représente un comté de cette grande région de l'Outaouais.
Ce député est parfaitement conscient des difficultés que
vit présentement la communauté régionale de l'Outaouais
qui avait fourni des efforts très grands, qui avait consacré des
moyens financiers, des ressources humaines pour bâtir et donner à
cette région de la communauté régionale de l'Outaouais un
plan d'aménagement qui cadrait, correspondait réellement à
la volonté des gens du milieu.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, est-ce que l'éloge des députés fait
partie de l'amendement?
M. Giasson: Ce n'est pas un éloge des
députés, c'est une réalité que nous avons sentie
quand la communauté régionale de l'Outaouais est venue
témoigner à notre commission parlementaire pour une
période de temps d'au-delà de
deux heures. Nous les avons accueillis, reçus et
écoutés et nous avons questionné ces gens. Nous avons
senti qu'ils avaient besoin, suite à leur témoignage, d'une
présence régionale dans l'application d'une loi comme celle qui
fait l'objet de nos débats, Loi de protection du territoire
agricole.
C'est autant de raisons, c'est autant de preuves qu'il est
nécessaire d'apporter une dimension régionale dans la mise en
application, dans l'application de toutes les dispositions que nous retrouvons
à l'intérieur du projet de loi 90.
M. le Président, je suis assuré que ce souci qui est aussi
celui de mon collègue de Marguerite-Bourgeoys et qui correspond
également au souci du député de Rimouski qui a
formulé une proposition d'amendement qui va dans le même sens, au
souci que nous avons senti du CRD de la région du Bas Saint-Laurent et
de la Gaspésie qui a comparu devant nous récemment, au souci
qu'on a découvert à la communauté régionale de
l'Outaouais, au souci que nous avons senti de plusieurs représentants
municipaux qui sont venus devant cette commission. Ce souci, je crois
comprendre qu'il va être partagé par tous les
députés de cette commission et, lorsque vous serez appelé
à mettre aux voix la motion d'amendement de mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys, c'est avec plaisir et de façon très
agréable que les membres de notre commission parlementaire vont se
prononcer pour l'adoption de la motion d'amendement qu'a
présentée mon collègue de Marguerite-Bourgeoys.
M. Latonde: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Garon: J'ai demandé la parole tantôt.
M. Lalonde: Vous avez demandé la parole? Alors, je laisse
la parole au ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre avait
demandé la parole.
M. Lalonde: Sûrement.
M. Garon: Je vais voter contre la proposition et je vais vous
expliquer pourquoi. J'ai eu l'occasion au cours de l'après-midi
d'expliquer que dans le Québec les régions sont très
grandes et que ce qu'il faut faire, au fond, c'est de rapprocher, utiliser les
institutions existantes qui sont proches de la population. Je pense aux
conseils de comté, aux municipalités, aux syndicats de l'Union
des producteurs agricoles, aux conseils régionaux de
développement qui sont les plus proches de la population.
Ce qui m'a convaincu de cela, c'est quand je suis allé faire ma
tournée de consultation au cours du mois de septembre. Je voulais aller
à Rimouski et là j'ai eu un appel: le ministre d'Etat aux
Affaires sociales revenait de la Gaspésie et la région I qui part
du comté de Kamouraska pour vous montrer les régions au
Québec et qui couvre les comtés de Kamouraska,
Témiscouata, Rivière-du-Loup, Rimouski, Matane, Matapédia,
Gaspé-Nord, Gaspé-Sud, Iles-de-la-Madeleine...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Kamouraska n'est pas compris là-dedans.
M. Garon: II faut faire attention pour ne pas faire
d'erreurs.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Région 03, les Affaires sociales.
M. Garon: Non, pas pour les Affaires sociales, pour
l'Agriculture.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
D'accord.
M. Garon: Ce qui veut dire, au fond qu'un conseil consultatif ou
qu'une commission régionale, dans une région comme la
région agricole, n'a aucune signification pour les gens de cette
région. Dans la région 1, en réalité, il y a autant
de régions que de comtés. C'est pour cela que j'ai dit qu'on en
arriverait à créer des structures qui correspondraient au niveau
qu'on appelle régional, mais qui ne correspondraient pas à la
réalité.
Les gens de la Gaspésie n'aiment pas plus voir leur
décision prise par des gens de Rimouski ou par des gens de
Rivière-du-Loup que par des gens de Québec. Ils aiment avoir
l'occasion de parler entre Gaspésiens et c'est pour cela que... je pense
à l'Abitibi-Témiscamingue qui est une autre région.
Savez-vous combien il y a de milles entre l'Abitibi et le
Témiscamingue?
Une Voix: II y a beaucoup de milles.
M. Garon: Alors, nous... mais dans une éventuelle
protection des terres de l'Abitibi et du Témiscamingue, on se trouverait
dans des régions qui sont des pays tellement ils sont vastes. On aurait
des commissions tellement nombreuses pour représenter les petites
patries d'appartenance qu'il faudrait trouver une nouvelle formule de
discussions de protection des terres au niveau local ou régional. Je
pense de la même façon, à des gens tout près de
Québec, aux gens du comté de Lotbinière ou du comté
de Bellechasse, aux gens de Montmagny même, qui ne sont pas tellement
loin du comté de Lévis et qui n'aimeraient pas qu'une commission
régionale ou qu'un conseil consultatif soit formé de gens de
Lévis, parce que leur appartenance est dans la région de
Montmagny.
Ce qu'il y a au Québec, en réalité, à cause
de la longueur du territoire, c'est presque autant de petites régions
qu'il y a de comtés, ou presque. C'est pour cela que lorsque nous
arriverons à nos articles 47 et 48, je proposerai des amendements qui
vont permettre que le forum de discussions se fasse près de la
population, c'est-à-dire des municipalités, des conseils
régionaux vont pouvoir
venir discuter de même que les conseils de développement
régional, les conseils de comté, l'Union des producteurs
agricoles, qui sont près de la population.
Je pense que constituer des conseils... on n'est pas dans un domaine
comme un autre quand on parle de l'agriculture. L'agriculture varie. Je pense
par exemple, au Bas Saint-Laurent. Parler de l'agriculture dans le comté
de Témiscouata, c'est complètement différent que d'en
parler dans la baie des Chaleurs. Est-ce qu'on sait, par exemple, que dans la
baie des Chaleurs, dans le comté de Bonaventure, on peut faire pousser
du maïs-grain comme dans la région de Montréal?
Alors, mettre dans une même région Kamouraska jusqu'aux
Iles-de-la-Madeleine ce seront les mêmes personnes, que ce soit
une commission régionale ou un conseil consultatif cela
m'apparaît, personnellement, de la folie furieuse.
Ce qu'il faut, et c'est pour cela que le ministère de
l'Agriculture est structuré de cette façon, ce sont des bureaux
locaux qui sont quasiment des bureaux de comté, qui recoupent une
superficie moins grande que le comté à cause des distances. En
agriculture, il y a des variations extrêmement importantes dans les
conditions biophysiques agricoles d'une petite région à l'autre.
Que l'on soit à Bonaventure, dans le Témiscouata, dans
Kamouraska, dans Montmagny, dans Lotbinière, dans Charlevoix, tout cela
représente des différences considérables sur le plan des
conditions biophysiques de l'histoire de l'agriculture et du
développement éventuel de l'agriculture. (23 h 15)
C'est pour cela qu'il nous a semblé extrêmement important,
pour ne pas brimer les gens, que le débat se fasse au niveau municipal,
mais avec un forum municipal qui permette une interaction aux niveaux local et
régional, mais régional dans le sens de la petite région,
de la région comme le conseil de comté, le conseil
régional de développement, l'Union des producteurs agricoles qui
sont regroupés dans des fédérations plus petites que les
régions économiques du Québec, pour tenir compte davantage
de la réalité. C'est pour cela que je voterai contre ces
organismes régionaux qui imposeraient, au niveau local, des contraintes
que je ne veux pas voir imposées.
C'est pour cela que le ministère de l'Agriculture, actuellement,
veut développer les bureaux locaux plutôt que les bureaux
régionaux parce que les variations d'un endroit à l'autre au
Québec sont considérables et pour plusieurs raisons: des raisons
climatiques, des raisons historiques, des raisons de type de sol, toutes ces
raisons mises ensemble font qu'on retrouve une variété, une
différence d'agriculture considérable à des distances
très courtes. C'est pour cela, M. le Président, que je pense que
la solution n'est pas dans ces organismes que l'on pense recréer, mais
dans d'autres organismes qui vont être plus proches de la population.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, malgré les sarcasmes
du ministre hier, relativement à l'intervention du député
de Marguerite-Bourgeoys dans le domaine de l'agriculture, ce soir nous avons vu
une alliance sacrée qui a été scellée entre le
comté de Marguerite-Bourgeoys et le comté de Rimouski, survolant
malgré les écueils les comtés de Saint-François,
évitant le comté de Berthier nécessairement, Arthabaska
n'a pas été suffisant pour mettre en échec notre alliance,
le comté de Témiscouata-Kamouraska, ou vice-versa, n'a pas non
plus réussi à trahir l'alliance que nous venons de sceller entre
Rimouski et Marguerite-Bourgeoys. Quant à Iberville, il n'y a rien
là...
M. Verreault: C'est vrai!
M. Lalonde: En ce qui concerne le député! Parce que
ses interventions, jusqu'à ce moment, n'ont pas été
tellement convaincantes. Le comté de Champlain...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les comtés
font partie de l'amendement?
M. Lalonde: Oui, M. le Président. Parce que c'est
justement l'ineptie des députés autres que le
député de Rimouski qui a inspiré mon amendement. Je pense
que, comme député de Marguerite-Bourgeoys, représentant 77
000 consommateurs qui vont peut-être profiter de ce projet de loi et
peut-être en payer les frais je pense que c'était mon devoir de
réchapper le député de Rimouski en faisant un amendement
recevable pour lui donner la chance de parler et de défendre cet
amendement. Il avait sûrement une raison j'en ai moi-même
mais on lui ouvre la voie.
On traverse la zone verte du ministre pour permettre au
député de Rimouski de venir nous expliquer pourquoi il devrait y
avoir des conseils consultatifs. Au nom de la décentralisation
seulement, je ne suis pas sûr qu'on pourrait réussir à
convaincre le ministre parce qu'il a déjà réussi,
lui-même, à écraser son collègue, le ministre d'Etat
à l'aménagement.
Il n'est pas là, le ministre d'Etat. On ne l'a pas vu ici.
Pourtant, c'est lui qui devrait être le premier à venir nous
parler des vertus de ce projet de loi.
Une Voix: II a même eu une invitation.
M. Lalonde: II a même eu une invitation, justement, un
député ministériel qui me dit qu'il avait reçu une
invitation et il n'a pas répondu à l'invitation.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Tout le Conseil des ministres a été invité à
venir à la commission.
M. Lalonde: M. le Président, je pense qu'il y a quelqu'un
qui veut intervenir de l'autre côté. Pourriez-vous lui permettre
de s'identifier, s'il vous plaît!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Alors, apparemment, tout le Conseil des ministres a
été invité... On accepterait quand même, on se
contenterait du ministre délégué à
l'aménagement, mais il n'est pas là. Après, non pas le
soufflet, comme disait hier le député de Châteauguay, mais
la taloche, la claque que le ministre de l'Agriculture lui a servie, je
comprends qu'il ait un petit peu mal quelque part.
La décentralisation a donc été mise de
côté par le ministre de l'Agriculture là-dessus.
Malgré le peu de cas que le ministre de l'Agriculture fait quant
à la décentralisation, je pense que c'est de mon devoir ici de
traverser la table, de tendre la main au député de Rimouski et de
lui dire: Cher collègue, voilà, je vous donne la parole. Le
président, sans doute de bonne foi, lui a refusé tantôt la
parole. La seule différence entre sa motion et la mienne, c'est...
Une Voix: Encore un peu et vous allez nous faire brailler.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): II ne lui a
pas refusé la parole...
M. Lalonde: II a refusé la recevabilité, donc, il
n'a pas pu parler. Je ne veux pas du tout, M. le Président, laisser
penser que vous avez...
Le Président (M. Boucher): Vous attaquez ma
décision?
M. Lalonde: Non, je n'attaque pas votre décision, non, je
la respecte. Mais le résultat, c'est qu'il n'a pas pu parler sur sa
motion parce qu'elle n'a pas été reçue. La mienne, ayant
été reçue et étant la même que la mienne sauf
quant au caractère de bénévolat, je donne donc la chance
au député de Rimouski de venir se joindre aux électeurs de
Marguerite-Bourgeoys pour tenter de convaincre le ministre.
Voilà un député, M. le Président, dont les
vertus ont été chantées par mon collègue de
Montmagny-L'Islet tantôt, aux applaudissements, d'ailleurs, de
l'Opposition. Voilà un député qui prend des notes depuis
tantôt, qui a sûrement des choses à nous dire sur les
bienfaits des conseils consultatifs. Est-ce que lui va réussir à
convaincre le ministre des vertus de la décentralisation? Permettez-moi
de ne pas en douter. Vous allez dire que je suis optimiste? Oui. Il faut
être optimiste avec un gouvernement comme celui-là, M. le
Président, sans cela on irait tous se jeter du haut du pont.
Il faut être optimiste. On l'est encore après deux ans,
après la faillite collective à laquelle...
Le Président (M. Boucher): Sur la motion, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, c'est sur la motion. Cette
motion...
Le Président (M. Boucher): On parle de conseils
consultatifs régionaux.
M. Lalonde: Régionaux. Voilà le mot, M. le
Président, vous l'avez dit, vous l'avez lancé. Le mot est devenu,
M. le Président, partie de nos débats. Régionaux. Vous
insultez le ministre, M. le Président, en le disant, mais ce n'est pas
votre intention, je le sais. Régionaux. Le ministre a dit: Les
décisions de Matane ne seront pas acceptées par Rimouski, mais il
fait des guerres de clochers le ministre, M. le Président.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Vous n'avez pas pensé à cela en six ans.
M. Lalonde: M. le Président, j'entends des bruits de
l'autre côté. Pouvez-vous les reconnaître, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, c'est cela, en fait...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Si vous
voulez charrier, on va charrier à deux.
M. Lalonde: M. le Président, en fait le but de la motion
est de reconnaître la décentralisation que le ministre n'a jamais
vue dans sa munificence. Il trône au-dessus de l'agriculture, M. le
Président. Il règne. C'est l'agriculteur-roi, M. le
Président. Il ne voit pas les petits sujets qui se trémoussent
sous son règne, M. le Président. Pourtant, c'est cela qu'on veut,
que le roi puisse descendre de son trône et aille consulter les
régions. C'est pour cela qu'on a fait cette motion. Naturellement, si le
ministre avait consulté, parce qu'il nous chante sa consultation, sa
fameuse tournée, mais à force de tourner, M. le Président,
tout le monde va tourner fou. Tout le monde ne comprend plus rien dans sa loi.
Tout le monde est gelé, de toute façon. J'espère que le
ministre va cesser de nous parler de sa tournée. Il s'agit de parler de
demain, d'après-demain, du mois de janvier de l'an prochain et de
l'avenir. On a besoin de la consultation régionale. C'est
évident, tout le monde le dit. Même ceux qui tentent, en se
contorsionnant pas mal, d'être d'accord avec les objectifs tout le
monde est d'accord et même avec les principes du projet de loi.
Ils disent: M. le ministre, on n'est pas contre ce que vous faites, mais s'il
vous plaît, consultez-nous. Mettez-nous dans le coup. Consultez-nous.
Faites en sorte qu'on ait quelque chose à dire. Le ministre fait la
sourde oreille. Cette motion du député de Rimouski lui donne une
chance. Réellement, il serait présomptueux de ma part d'en
prendre la paternité. C'est la motion du député de
Rimouski qui a été réchappée.
Je l'entendais presque nous dire tantôt que le ministre qui est de
son parti, pas tellement loin, d'ailleurs... Entre Lévis et Rimouski, il
y a quoi? Un jet de pierre quand on regarde les immenses
espaces de ce territoire québécois. Vous êtes quand
même des voisins. J'espère que le ministre va entendre la voix du
député de Rimouski, député du Parti
québécois, s'il ne veut pas nous entendre, nous, du Parti
libéral. Tout ce que j'ai fait, M. le Président, est de donner
une voix au député de Rimouski.
On parle de bénévoles. Oui, plusieurs diront que les
bénévoles n'existent pas. Mais voyons! Le Parti
québécois sait très bien que les bénévoles
existent. Nous, lors de notre campagne de financement, avons eu des milliers et
des milliers de bénévoles qui ont fait un succès
retentissant de la campagne de financement du Parti libéral...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Pertinence du débat.
M. Lalonde:... 81 000 souscripteurs, 20 000 de plus que le Parti
québécois.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Pertinence du débat.
M. Lalonde: Cela existe, des bénévoles. Est-ce
impertinent, M. le Président, de parler des succès du Parti
libéral?
Le Président (M. Boucher): Je me pose la question.
M. Lalonde: M. le Président, quant au
bénévolat, je pense que les députés du Parti
québécois ne me chercheront pas querelle. Cela existe. Je suis
sûr que le ministre avec sa vertu de persuasion qu'on lui connaît,
son éloquence remarquable, saura convaincre quelques dizaines de
personnes qui sont réellement préoccupées par le
problème de la protection du sol agricole de servir
bénévolement à ces conseils qui ne sont pas
nécessairement très considérables; ce peut être
quelques personnes. On n'a même pas fixé le nombre pour laisser
justement au ministre une certaine liberté d'action. Quant au
caractère bénévole, il n'y a pas de problème.
Vous me direz que le caractère consultatif est insuffisant. Non,
M. le Président. Le caractère consultatif est essentiel. Il est
essentiel parce que la commission provinciale étêtée
manchote, handicapée par le projet de loi du ministre, a justement
besoin de consultation. C'est une commission qui est aveugle et qui n'a pas
d'oreilles parce qu'à un moment donné, le gouvernement
décide qu'elle est aveugle et qu'elle n'a pas d'oreilles.
A un moment donné, la commission voudra connaître la
commission provinciale, celle qui est centralisée, celle du ministre,
pas celle de ma motion tout d'une situation. Tout à coup, comme
par l'effet de la magie, elle n'a plus de dossiers. Le gouvernement omnipotent,
le ministre omniprésent vient de décider qu'il n'y a plus de
commission, plus de dossiers. Deux plus deux font cinq, je t'embrouille et je
ne retiens rien. C'est cela, la commission. Avec une commission qui n'a plus de
tête, qui n'a plus de bras, qui n'a plus rien, une commission...
M. Mercier: Qui est un libéral.
M. Lalonde: Je pense, M. le Président, que le
député de Berthier a fait une intervention remarquable.
Une Voix: Elle est bonne.
M. Mercier: Me permettez-vous une question?
M. Lalonde: En fait, c'est la première que j'entends de
lui depuis deux ans en cette Chambre.
M. Mercier: C'est votre poésie qui m'inspire. M.
Lalonde: M. le Président, vous savez...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Merci, M. le Président, d'avoir
protégé mon droit de parole.
Avec une commission handicapée comme celle que le ministre a
voulu créer, un petit monstre qui n'a pas de tête, qui n'a pas de
bras, à qui on va dire: Je te pousse, enlève-toi, on a besoin de
conseils consultatifs; tout le monde l'a souhaité. (23 h 30)
Naturellement, le député de Rimouski, tantôt, avec
beaucoup plus d'éloquence va parce que c'est lui, au fond, qui a
la paternité de cette motion que par cette espèce d'alliance
Rimouski Marguerite-Bourgeoys nous venons de réchapper le
député de Rimouski va vous dire tantôt, M. le
Président, jusqu'à quel point cet amendement est essentiel pour
la bonne marche de ce projet de loi qui, déjà, est pas mal
boiteux.
Cela va lui donner peut-être un petit appui pas trop fort, mais
quand même; cela va lui permettre de ne pas tomber de côté,
de ne pas tomber en arrière complètement. Alors, je laisse au
député de Rimouski, que j'invite à intervenir maintenant,
le soin de vous convaincre, M. le Président, et, surtout, de convaincre
le ministre et les députés qui sont de son parti du
bien-fondé de sa motion.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Pas de question.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Seulement une minute, M. le Président, pour
dire que j'ai déjà indiqué des motifs, tantôt, avant
de présenter ma motion pour lesquelles je la favorisais, mais il y a que
le député de Marguerite-Bourgeoys, qui fait des apparitions
épisodiques à cette commission, n'était pas là pour
écouter les arguments que j'ai pu invoquer.
Je l'ai fait aussi dans une perspective... parce que je croyais que les
mesures dilatoires avaient pris fin et que nous pouvions avoir une
discussion
positive, sans étirer inutilement le débat. Or, c'est dans
ce sens que j'ai fait cette motion, sans étirer les discours, et je
pense que notre commission pourrait continuer à fonctionner de cette
façon, mais les apparitions épisodiques qui visent souvent
à étirer les débats, en tout cas, ce n'est pas le genre de
travail que je souhaitais faire à cette commission.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Rimouski. M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous n'êtes pas membre actuellement; il me faut le
consentement des membres.
M. Lalonde: Consentement. M. Baril: Non.
Le Président (M. Boucher): Alors, le consentement vous est
refusé, M. le député de Nicolet-Yamaska.
Une Voix: Non, cela fait assez de temps qu'on perd ici.
M. Baril: II n'y a pas de consentement, c'est clair et net.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska, je regrette.
M. Fontaine: M. le Président, demain matin, je vais faire
une motion non annoncée, je serai à la commission et je prendrai
tout le temps...
M. Baril: Bon, demain matin.
M. Fontaine: ... qui me sera alloué, M. le
Président...
M. Baril: 20 minutes.
M. Fontaine: ... et si vous voulez avoir...
Le Président (M. Boucher): Demain matin, M. le
député de Nicolet-Yamaska, vous pourrez vous inscrire en
remplacement de quelqu'un...
M. Lalonde: On va s'arranger, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): ... d'un représentant de
votre parti. M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Sur un point de règlement, M. le Président,
sur un point de règlement, puisque effectivement on aura un
invité, j'ai été un de ceux qui ont fait appel à la
sollicitude d'un collègue...
M. Giasson: Dès le départ.
M. Roy: ... dès le départ, pour éviter
qu'une motion, visant à permettre aux députés qui peuvent
être concernés par la loi du zonage agricole dans leur
comté... puisse être débattue à la commission. M. le
Président, je ne serai pas long. Je demanderais à mes
collègues d'en face... J'ai eu des discussions aujourd'hui du
côté gouvernemental, il y en aura tout à l'heure avec les
gens de l'Opposition, de l'Union Nationale, comme de l'Opposition officielle
pour l'obtention d'un consentement de part et d'autre de façon à
permettre la bonne marche des travaux et de faire avancer l'étude de
certains projets de loi qui doivent être adoptés avant
l'ajournement de nos travaux pour la période des Fêtes.
Je pense que ce n'est pas le temps, le moment est bien mal choisi pour
empêcher un collègue qui n'a pas abusé... Quand on
connaît le député de Nicolet-Yamaska, ce n'est pas lui qui
vient faire perdre le temps des commissions parlementaires, il vient de
façon bien positive apporter son point de vue et je verrais très
mal, très mal, de mon côté, la façon dont le leader
du gouvernement serait placé pour aller solliciter le consentement aux
gens de l'Union Nationale. Cela joue dans les deux sens, vous savez. Alors, il
faudrait être prudent de ce côté. Ce n'est pas le temps
d'être mesquin.
M. Baril: M. le Président, on a essayé tout
à l'heure d'avoir un consentement à l'Assemblée nationale,
il nous a été refusé par le Parti libéral. Et,
là, nous autres on ferait les fins...
M. Roy: Mais, ce n'est pas à l'Union Nationale de payer
pour...
M. Baril: Non, c'est à la commission et c'est elle qui
paie.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Je sollicite aussi de mes collègues d'en face
la permission de laisser le député de Nicolet-Yamaska s'exprimer.
Etant donné que j'avais l'intention de venir au débat de la
motion d'amendement, je céderais mon temps au député de
Nicolet-Yamaska. Si vous acceptez que le député de
Nicolet-Yamaska intervienne, je n'interviendrai pas moi-même. Autrement,
j'ai l'intention d'intervenir. Je lui céderais mon temps, si vous me le
permettez.
M. Beauséjour: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Est-ce que le député de
Huntingdon voudrait se faire remplacer à la commission?
M. Dubois: Non, je lui cède mon temps de parole de ce
soir...
M. Giasson: Sur la motion.
M. Dubois: ... sur cette motion.
M. Lalonde: On peut le faire sur consentement.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
D'accord.
Le Président (M. Boucher): Consentement. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je remercie mes
collègues bien que ce soit après quelques discussions. Je pense
que c'est important que je puisse intervenir sur une telle motion. Je n'ai pas
eu souvent l'occasion, parce que je suis souvent retenu par d'autres dossiers
que celui de l'agriculture, de m'exprimer sur la question du zonage agricole,
mais c'est une question qui m'intéresse au plus haut point et qui
intéresse surtout les gens de mon comté. Comme vous le savez sans
doute, le comté de Nicolet-Yamaska est un des comtés les plus
"agricolisés" si on peut s'exprimer ainsi de la province.
Je pense qu'il est important que je puisse m'exprimer sur une telle motion
puisqu'on sait qu'entre autres l'UPA de Nicolet est venue ici et a pris la
peine de présenter un mémoire qui touchait la question de la
décentralisation de la commission. La motion qui est
présentée ici vise justement à essayer de démontrer
au ministre le besoin de cette décentralisation.
Je n'ai pas tellement compris l'argumentation du ministre tout à
l'heure lorsqu'il nous a dit que chaque comté formait une entité
distincte, que chaque comté était en quelque sorte une petite
patrie à lui seul. J'ai retenu une parole. Il a dit: II y a autant de
petites régions que de comtés. Je comprends mal le fait qu'il
parle à rencontre de la présente motion qui vise justement
à donner des pouvoirs locaux ou des pouvoirs régionaux à
un organisme qui se veut dans la loi actuelle très centralisé
à Québec. Je me demande comment il se fait qu'un ministre puisse
dire, d'une part, qu'il y a autant de petites régions que de
comtés, ce qui veut dire que les gens d'un comté aiment à
prendre les décisions eux-mêmes pour les régions qui les
concernent et, d'autre part, on veut dans la loi actuelle créer un
organisme, centralisé à Québec, qui prendra toutes les
décisions. Je pense qu'il y a là une certaine contradiction et
j'aimerais bien que le ministre puisse, quand il prendra la parole plus tard,
nous expliquer cette contradiction.
Le gouvernement du Parti québécois parle souvent de
décentralisation depuis le 15 novembre 1976, depuis qu'il est au pouvoir
au Québec, et il nous rebat les oreilles avec la question de la
décentralisation. On a même nommé un ministre
délégué à l'aménagement du territoire,
ministre qui sera chargé de nous apporter certaines modifications. Je
pense même qu'il y a une loi qui est prête à être
déposée là-dessus, qui essaiera de créer des
gouvernements décentralisés ou des gouvernements
régionaux. Contrairement à cette loi qu'on va nous
présenter dans l'avenir, celle-ci nous propose une commission
centralisée.
Le gouvernement du Parti québécois a également
voulu décentraliser certains organismes comme la Commission des
accidents du travail. On a souvent critiqué la Commission des accidents
du travail dans le passé parce que cette commission avait ses bureaux
à Québec et qu'il était pratiquement impossible d'obtenir
des renseignements dans les dossiers de cette commission. Alors, le ministre du
Travail a voulu décentraliser cette commission et a créé
des bureaux régionaux pour que les dossiers soient près des gens
concernés. Je ne veux pas dire que tous les problèmes ont
été réglés par cette décentralisation, loin
de là, parce qu'on sait qu'à la Commission des accidents du
travail et mon collègue de Richmond, qui va parler tout à
l'heure sur la Loi modifiant la Commission des accidents du travail, aura
certainement des critiques virulentes à formuler au sujet de cette
commission...
Mais, je peux certainement affirmer ce soir que l'essai de
décentralisation que le ministre du Travail a tenté de faire
à cette commission est pour le moins plus avantageux que ce qu'il y
avait auparavant. Je pense que c'est un avantage de ce
côté-là et que le ministre de l'Agriculture devrait
peut-être tenir compte des avantages que peut apporter la
décentralisation; dans le domaine de la Commission des accidents du
travail comme dans d'autres commissions, je pense que cela a des avantages
certains.
On a créé, l'hiver dernier, la Régie de
l'assu-rance-automobile qui devait elle aussi être
décentralisée et qui a maintenant pignon sur rue à
Québec seulement. Je pense que même s'il n'y a qu'un an qui s'est
écoulé depuis l'adoption de cette loi, presque un an maintenant,
on commence déjà à ressentir certains retards dans les
règlements de la Régie de l'assurance-automobile du Québec
malgré que les cas soient fort peu nombreux. Je pense que le ministre
aurait avantage à prendre connaissance des expériences qui ont
été vécues par d'autres commissions et voir
véritablement, s'il veut travailler à l'avantage des agriculteurs
de nos régions, à prendre connaissance de ces expériences
et créer une commission décentralisée.
Cela aurait été le voeu que nous aurions formulé et
que l'UPA, également, aurait formulé. Je voudrais vous faire
prendre connaissance d'un mémoire qui a été
déposé en septembre 1978, durant la tournée de
consultation, qui disait ceci: "Un délai devrait être fixé
permettant l'étude sur une base régionale de cette carte, au bout
duquel le zonage pourrait être modifié s'il y a lieu".
Un peu plus loin, on disait: "Une régie publique provinciale
devrait être créée par la loi du zonage et un organisme
devrait être créé dans chaque région agricole
regroupant les organismes les plus immédiatement
intéressés par la question du zonage". Les organismes les plus
immédiatement intéressés à cette commission de
zonage au niveau de la région seraient certainement les
municipalités, les conseils de comté, l'UPA locale et les
agriculteurs eux-mêmes.
Ce que nous aurions souhaité, c'est que le ministre, dans sa loi,
lui-même, sans qu'on n'ait besoin de faire de motion pour le lui faire
penser, crée une commission décentralisée où les
repré-
sentants des municipalités et des conseils de comté, de
l'UPA et des agriculteurs auraient pu être représentés.
Bien sûr, des gens vont nous dire: S'il y a plusieurs commissions
régionales, on va avoir des décisions disparates...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska, quand vous parlez de commissions régionales, est-ce que
vous parlez de commissions au sens de l'amendement qui a été
battu cet après-midi?
M. Fontaine: Oui, M. le Président. Je suis en train de
vous expliquer, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): II s'agit de conseils
consultatifs.
M. Fontaine: Non, M. le Président. Ce que je suis en train
de dire, c'est que nous aurions aimé que le ministre, dans sa loi,
crée de véritables commissions décentralisées.
Puisqu'il n'a pas eu l'intention de le faire ou qu'il ne veut pas le faire, je
pense qu'il est quand même important que nous puissions nous rabattre sur
un conseil consultatif, à tout le moins. A défaut de mieux, nous
prenons l'amendement proposé par le député de
Margueri-te-Bourgoeys, lequel lui avait d'ailleurs été
suggéré en tout premier lieu par le député de
Rimouski, à savoir de créer des conseils consultatifs.
Je pense qu'il aurait été important que le ministre, de
lui-même, crée cette commission décentralisée qui
aurait sans doute pu rendre des décisions conformes à la loi. Il
y aurait eu, dans cette commission comme dans d'autres commissions qui existent
actuellement, une jurisprudence qui aurait été faite face
à cette loi et qui aurait rendu... (23 h 45)
Le Président (M. Boucher): Je regrette, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'y reviens, si vous voulez
me laisser deux secondes.
Le Président (M. Boucher): Vous revenez sur un amendement
qui a été rejeté.
M. Fontaine: Ces commissions décentralisées
auraient certainement pu rendre des décisions convenables et conformes
à la loi. Or, puisque le ministre n'a pas voulu créer par sa loi
ces différentes commissions que nous lui avons suggérées
et que l'UPA lui a suggérées également, nous devons nous
rabattre sur un organisme qui aurait un rôle à jouer tant durant
la période du zonage temporaire qu'après que le zonage sera
devenu permanent, et cela pourrait certainement être un organisme comme
un conseil ou des conseils consultatifs régionaux. Nous avons
indiqué "bénévoles" parce qu'autrement, nous a-t-on dit,
l'amendement n'aurait pas été recevable parce qu'il aurait
dû être présenté par le ministre. Je pense que c'est
possible et viable d'avoir dans ces différentes régions des
conseils consultatifs régionaux qui pourraient être
bénévoles.
Bien sûr, à ces conseils consultatifs régionaux, des
conseillers municipaux, des maires, des représentants du conseil de
comté, de l'UPA et des agriculteurs pourraient siéger. On sait
que ces gens ont souvent la capacité et le désir de travailler de
façon bénévole parce que, si on calcule le salaire que les
maires reçoivent actuellement, on peut presque dire que c'est du
bénévolat qu'ils font. Je suis assuré que ces gens
seraient intéressés, même en payant de leurs propres
deniers, de faire partie de ces conseils consultatifs régionaux
bénévoles qui auraient comme objectif la protection du territoire
agricole pour la région. Ces gens pourraient certainement donner des
avis très valables à la commission centralisée à
Québec pour lui permettre de rendre des décisions conformes aux
voeux des citoyens de la région.
M. le Président, le gouvernement du Québec, le
gouvernement du Parti québécois devrait respecter tant son
programme électoral qui l'a fait élire que son programme de parti
et les idées qu'il a véhiculées depuis deux ans qu'il est
au pouvoir. Et j'insiste auprès des différents
députés du Parti québécois qui sont présents
à cette commission, autres que le député de Rimouski, bien
sûr, qui lui appuie cet amendement; les ministériels devraient
prendre conscience de l'importance de l'amendement qui est proposé par
le député de Marguerite-Bourgeoys et voter favorablement à
cette motion pour qu'enfin, véritablement, les agriculteurs de nos
régions aient une voix au niveau de la commission et qu'ils puissent se
faire entendre et apporter des éclairages régionaux aux
décisions de la commission. Là-dessus, je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Nicolet-Yamaska. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants
sur la motion d'amendement ou si on peut procéder au vote? M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je n'empêcherai pas le vote en ce qui me concerne.
M. le Président, je pense que la motion d'amendement qui est
proposée vise à illustrer la volonté de plusieurs membres
de la commission parlementaire de l'agriculture de décentraliser le
mécanisme qui aura pour objet d'administrer la loi du zonage agricole,
la Loi sur la protection du territoire agricole. Evidemment, il y a des points
de cette motion avec lesquels je serais, je ne dirais pas en désaccord,
mais sur lesquels je me pose plusieurs questions. J'ai dû être
absent ce soir, pendant une partie des travaux de l'Assemblée nationale;
alors, on m'a fait part d'une décision de la présidence et c'est
la raison qui explique pourquoi je ne peux pas reprendre la question, il
y aura d'autres occasions pour le faire on parle de conseils
consultatifs régionaux bénévoles de protection du
territoire agricole.
Je pense et je vais résumer ma pensée encore une
fois, et je dis bien encore une fois que, si on ne fait pas en sorte de
mettre les gens du milieu dans le coup, pour que ces gens aient leur mot
à dire, aient un droit de regard, aient une possibilité de faire
valoir leur point de vue dans
leur milieu respectif, on aura manqué notre coup. C'est aussi
simple que cela. On veut faire de la centralisation à outrance, en
laissant croire qu'on va régler les problèmes au niveau
municipal. Excusez-moi, M. le Président, mais je ne me fierai pas sur le
fait de voter une loi pour ce qu'elle ne contient pas, même si on a
manifesté des intentions. Je vais voter une loi en me basant sur ce
qu'elle contient et pas autre chose. C'est la raison pour laquelle je me
demande comment il se fait qu'on s'obstine à vouloir tenir mordicus,
malgré l'opinion qui est émise par certains députés
du côté ministériel qui ont les mêmes
préoccupations que nous, qui ont la même volonté que nous
de vouloir que cette loi ne soit pas une loi de carcan et une loi
d'embêtement, une loi qui paralyse, qui étouffe et qui
écrase, mais bien une loi qui visera à faire en sorte qu'on
atteigne les objectifs fixés... Mais, pour atteindre les objectifs
fixés, je ne crois pas et je le répéterai; je ne
veux pas insulter qui que ce soit; je ne donnerai pas de nom je ne crois
pas à la toute-puissance et à la toute-suffisance des hauts
superspécialistes, des hauts technocrates de l'Etat, dans l'application
d'une loi comme celle-là.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. Y a-t-il d'autres intervenants? Alors, nous
allons passer au vote. M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Lalonde: Vous avez une question à poser? Allez.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Tout à l'heure, il disait au ministre qu'avec le projet de loi
90, cela allait peut-être rester tel quel, qu'on tournait le monde
à l'envers. A la place du député de Marguerite-Bourgeoys,
après avoir perdu la face le 15 novembre 1976 comme ces gens l'ont
perdue, je dirais en moi-même: Laissons-les faire; dans trois ans, si ce
projet de loi détruit autant que vous le dites, vous reprendrez le
pouvoir!
M. Roy: M. le Président, je voudrais soulever une question
de règlement. Je voudrais dire à mon bon ami, le
député de Kamouraska-Témiscouata...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Je n'ai pas
dit cela à la suite des propos que le député de Beauce-Sud
a tenus!
M. Roy: Non, je comprends. Mais, M. le Président, ce n'est
pas une question de perdre la face ou non le 15 novembre, ou de l'avoir
sauvée. Je ne prétends pas avoir perdu la face le 15 novembre.
Mais, sur les motions qui ont été présentées
aujourd'hui, ce n'est pas une question d'alliance, c'est une question de bon
sens, une question de logique. Si on analyse cela en fonction de perdre ou de
sauver la face, je pourrais bien faire valoir le pourcentage d'appuis que j'ai
eu pour renforcer mon argumentation, pour faire accepter le projet de loi; on
n'en est pas là et je ne pense pas qu'en l'évaluant et en
l'examinant de cette façon, on fasse réellement avancer le
débat.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Excusez-moi, M. le député de Beauce-Sud. Je n'ai pas
posé la question à l'Opposition, j'ai posé la question au
député de Marguerite-Bourgeoys, à la suite de son
allocution de tout à l'heure.
M. Lalonde: Alors, on me pose une question, M. le
Président; est-ce que vous me permettez d'y répondre?
Naturellement, je n'invoquerai pas l'expérience électorale quand
même assez remarquable du député de Beauce-Sud.
M. Giasson: II faut le concéder.
M. Lalonde: ... il faut le concéder et, sans invoquer non
plus son appui à mon amendement pour tenter de mettre en échec la
question du député qui vient de me poser la question, je veux
quand même souligner l'intervention que le député de
Beauce-Sud vient de faire. Le député de
Kamouraska-Témiscouata vient de faire une prophétie! Il vient de
confesser qu'il est prêt à perdre les prochaines élections
sur un projet de loi.
M. le Président, nous, comme législateurs, ce n'est pas le
sort du gouvernement qui nous intéresse. C'est un gouvernement qui, de
toute façon, va se faire battre aux prochaines élections. C'est
le sort des électeurs, c'est le sort des Québécois qui
nous intéresse. Si on faisait autrement, on ne ferait pas notre devoir.
Quand on veut améliorer un projet de loi comme on le fait par les
amendements du député de Rimouski qu'on vient de
réchapper, mais qui, malheureusement, m'a grandement déçu
tantôt en trahissant littéralement ses électeurs à
qui les électeurs de Marguerite-Bourgeoys venaient tendre la main pour
lui permettre de défendre une motion d'amendement qu'il avait...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Ce n'est pas le député de Rimouski qui vous a posé
une question. C'est le député de
Kamouraska-Témiscouata.
Le Président (M. Boucher): Parlez-vous sur la motion?
M. Lalonde: Je parle sur la motion et sur la question en
même temps, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Je dois alors compter
votre temps sur la motion.
M. Lalonde: J'ai répondu au député de
Kamouraska-Témiscouata, etc., en lui disant que le sort du gouvernement,
au fond, ne tient pas à notre amendement. Le gouvernement va se battre
tout seul de toute façon avec l'ineptie dont il fait preuve au plan
économique surtout, dans le chômage qu'on voit actuellement.
M. Garon: Pas dans l'agriculture.
M. Lalonde: M. le Président, je pense... M. Garon:
II y a 38% d'augmentation.
M. Lalonde: M. le Président, ai-je le droit de parole?
J'entends des murmures de l'autre côté.
M. Garon: Dans l'agriculture!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, avec le chômage que
l'ineptie du gouvernement nous impose, je pense que le gouvernement va se
battre tout seul. On n'aura même pas besoin...
M. Garon: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, question de règlement.
M. Garon: Je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys n'est pas à la bonne commission. Nous sommes
à une commission agricole. On parle d'agriculture. Il y a une
augmentation de travail épouvantable dans le domaine de l'agriculture.
On a vu les chiffres récemment; 38% d'augmentation des revenus nets des
agriculteurs.
M. Lalonde: M. le Président, ce n'est pas une question de
règlement.
M. Garon: 19% d'augmentation dans le domaine de l'alimentation.
Nous sommes en agriculture. Il faudrait qu'il aille à la commission du
travail et de la main-d'oeuvre.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
Ce n'est pas une question de règlement que le ministre soulève.
Ce n'est pas du tout une question de règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, s'il vous
plaît! M. le député de Marguerite-Bourgeoys, vous aviez la
parole.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Il faut que je
réponde à la question du député qui m'a
prédit la chute du gouvernement. Au fond, ce n'est pas cela qui
m'intéresse. Oui, éventuellement...
Le Président (M. Boucher): Vous m'avez dit tout à
l'heure que vous aviez répondu.
M. Lalonde: Je n'ai pas répondu suffisamment, M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): Je considère que vous
parlez sur la motion actuellement.
M. Lalonde: ... car il n'a pas l'air satisfait. Etes-vous
satisfait que je dise que vous allez vous faire battre de toute
façon?
Le Président (M. Boucher): A l'ordre!
M. Lalonde: Pas nécessairement par mon amendement. Je ne
suis pas présomptueux à ce point. Ce que j'ai voulu faire, c'est
donner la chance au député de Rimouski de parler sur son
amendement. Il a murmuré, il a marmonné quelques
hésitations en trahissant ses électeurs. Malheureusement, ce
n'est pas ma faute. Je suis fort déçu. Mes électeurs aussi
dans Marguerite-Bourgeoys verront l'alliance qu'on voulait sceller avec le
comté de Rimouski complètement mise à terre par la
faiblesse du député de Rimouski. Malheureusement, c'est possible
que...
M. Garon: Sur la glace.
M. Lalonde: Non, l'alliance était sur une zone verte.
M. Garon: Elle était écrite sur la glace.
M. Lalonde: Elle était écrite sur la glace parce
qu'elle était écrite sur la zone verte gelée du ministre.
C'est pour cela que c'est sur la glace.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
M. le Président...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre! M. le
député de Kamouraska-Témiscouata, vous n'avez pas la
parole. C'est le député de Marguerite-Bourgeoys qui l'a.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Son intervention est terminée.
Une Voix: Non, il lui reste encore du temps.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Lui reste-t-il encore du temps?
Le Président (M. Boucher): II lui reste exactement deux
minutes.
M. Lalonde: C'est décevant. Au fond, le
député de Rimouski a des sursauts d'honnêteté de
temps en temps qui nous rafraîchissent un peu. On se dit: Après
tout, ils ne sont pas tous comme cela. Il y en a un qui est correct.
Une Voix: C'est vrai.
M. Lalonde: Mais il s'écrase tout à coup devant une
espèce de menace latente du caucus. Il a peut-être peur de se
faire parler. Mais à la façon dont il a défendu sa motion
actuellement, à sa place, j'aurais peur de me retrouver devant mes
électeurs demain matin. Il voulait par sa motion qui n'a pas
été reçue, réchappée par la motion que j'ai
faite, défendre au fond ce que tout le monde a demandé ici, la
régionalisation. Dans la zone verte, il n'y a pas seulement du vert. Il
y a des gens là-dedans qui veulent dire quelque chose, qui veulent avoir
quelque chose à dire sur les décisions. On a refusé le
pouvoir décisionnel aux commissions régionales. Qu'on laisse au
moins la consultation! (Minuit)
Ce ne sont pas seulement des tournées ministérielles qui
vont régler les problèmes. Le ministre reçoit des gens
chez eux, parfait! Il y a des budgets pour cela. Mais, ce n'est pas ce que nous
voulons. On veut que la consultation soit réelle et donne des
résultats de sorte que la petite commission étêtée,
manchote, handicapée, un peu "monstruosée" par le ministre soit
réchappée un peu par les conseils consultatifs.
M. le Président, je pense qu'il est minuit.
Le Président (M. Boucher): II est minuit. Est-ce que les
membres veulent prendre le vote sur la motion avant de disposer.
M. Lalonde: Non, M. le Président, il est minuit.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 0 h 1