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Étude du projet de loi no 90
Loi sur la protection du territoire agricole
(13)
Douze heures quarante-sept minutes
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Messieurs, nous allons commencer les travaux de la commission
élue permanente de l'agriculture aux fins de faire l'étude
article par article, après la deuxième lecture, du projet de loi
no 90, Loi sur la protection du territoire agricole.
Sont membres de cette commission M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Rancourt (Saint-François), M. Roy
(Beauce-Sud) et M. Vaillancourt (Orford).
Pourraient aussi intervenir M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M.
Mercier (Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Picotte (Maskinongé),
M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Verreault: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Shefford.
M. Verreault: J'aimerais, comme intervenant, remplacer M. Picotte
(Maskinongé) ou M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), peu
importe.
Le Président (M. Dussault): M. Verreault (Shefford)
remplace M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue).
M. Verreault: C'est exact. M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: Est-ce que je pourrais proposer quand même la
suspension du débat jusqu'à 15 heures étant donné
certaines difficultés insurmontables?
Le Président (M. Dussault): Sans faire de motion formelle,
est-ce que j'ai l'accord de la commission, l'assentiment de la commission pour
suspendre les travaux jusqu'à 15 heures?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): J'ai le consentement. La
commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 47)
(Reprise de la séance à 15 h 22)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
À la suspension de 13 heures, nous en étions toujours
à l'article 102. Est-ce que l'article 102 sera adopté?
Droits acquis (suite)
M. Verreault: M. le Président, j'aurais besoin d'une
explication de la part du ministre. À l'article 1, aux
définitions, on a donné une définition du mot "friche" et
à l'article 102, on le voit à la troisième ligne et c'est
inscrit de la sorte: "II est toutefois éteint par le fait de laisser en
friche la superficie sur laquelle il porte pendant plus d'un an à
compter du moment..." J'aimerais avoir plus de détails concernant ce
petit bout de phrase. Dans la zone désignée, on permet de laisser
en friche, mais dans les droits acquis, on ne permet pas de laisser en friche
plus d'un an, si j'ai bien compris.
Si je n'ai pas compris, M. le ministre va me l'expliquer, j'imagine.
M. Garon: Un droit acquis à une utilisation autre
qu'agricole est reconnu par l'article 102, mais, si quelqu'un n'utilise pas son
droit acquis pendant plus d'un an, il perd le droit acquis.
Je vais vous donner un exemple concret. Il y aurait une cour à
"scrap" à un endroit et quelqu'un viderait sa cour à "scrap" et
ne ferait rien avec le terrain pendant un an. Le terrain reviendrait dans la
zone agricole. Habituellement, dans le zonage urbain, un droit acquis est perdu
lorsqu'on cesse d'en faire l'utilisation. Ici, on a voulu mettre un
délai avant que le droit acquis tombe et on a mis un délai d'un
an; c'est beaucoup plus large que dans le cas du zonage urbain.
M. Verreault: M. le Président, pour une meilleure
concordance entre l'article 1 et l'article 102, j'aurais un amendement à
proposer. À la troisième ligne, après les mots "ll est
toutefois éteint par le fait de laisser", on pourrait changer les mots
"en friche" par les mots qui sont à l'article 1 qui se liraient ainsi:
..."le sol sous couverture végétale."
M. Garon: Donc, laisser "sous couverture
végétale".
M. Verreault: C'est cela, on change le mot "friche". C'est
là la concordance avec l'article.
M. Garon: Parfait.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement sera
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Que l'article 102 soit
amendé en remplaçant à la troisième ligne les
mots "en friche" par les mots "le sol sous couverture
végétale".
M. Giasson: M. le Président sur l'article 108.
M. Garon: II ne faudrait pas le dire ainsi. Il faudrait laisser
"le sol sous couverture végétale".
Le Président (M. Boucher): On enlève les mots "le
sol".
M. Garon: Enlever les mots "le sol".
Le Président (M. Boucher): On enlèverait les mots
"le sol".
M. Garon: Remplacer "en friche" par "sous couverture
végétale".
Le Président (M. Boucher): "Sous couverture
végétale". Amendement adopté?
M. Verreault: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 102
adopté tel qu'amendé?
M. Giasson: Non, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: J'aimerais savoir de la part du ministre s'il y
aurait possibilité de traiter tout le monde de la même
manière. Voici que dans le cas où quelqu'un avait un sol qui, au
9 novembre dernier, était utilisé à des fins autres que
l'agriculture, par l'article 102, si les fins autres que l'agriculture sont
abandonnées, il faut que le propriétaire retourne ce sol à
des fins agricoles dans un délai d'un an. Passé le délai
d'un an, c'est-à-dire s'il cesse l'utilisation pour des fins autres que
l'agriculture telles qu'elles existaient le 9 novembre, si ces fins
s'arrêtent, on l'oblige à retourner ce sol, c'est-à-dire on
intègre ce sol dans la zone de protection agricole, cependant, on ne
fait pas obligation au propriétaire de cultiver, on peut laisser le sol
en friche. D'accord.
M. le Président, c'est parce que j'avais tenté de faire
une comparaison, de faire une concordance possible avec la situation qui est
faite à un propriétaire de sol qu'il n'a jamais cultivé.
Je pense à celui qui a acheté une ferme, il y a
déjà quelques années, qui ne l'a jamais mise en culture.
Si je comprends bien la loi 90, elle lui permet de continuer de laisser ce sol
non utilisé pour des fins agricoles. Si on ne l'oblige pas, on ne lui
fait pas obligation par l'article 102 de cultiver ce sol, il est traité
sur la même base que le propriétaire d'une ferme qu'il n'a pas
cultivée depuis des années et qu'on ne l'oblige pas à
cultiver non plus par la loi 90. On protège le sol par la loi 90, mais
on n'oblige pas l'utilisation du sol.
D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le député de
Shefford.
M. Dubois: De Huntingdon.
Le Président (M. Boucher): De Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je voudrais poser une question
au ministre. Il a cité un exemple, tout à l'heure, savoir une
cour de "scrap" d'autos. Si cela se trouve sur un lopin de terre, le fonds de
terre lui-même reste quand même un droit acquis par le
propriétaire pour construire une résidence, par exemple, parce
qu'on accepte le fait que le lot de terre obtenu ou acquis par contrat avant le
9 novembre... Alors si ce lot devient inutilisé pour les fins auxquelles
il était attribué, il reste quand même qu'il y a un droit
acquis sur le fonds de terre, sur le lot qui existait. Cela veut dire qu'il
pourrait se construire une résidence; sans permission de la
commission.
M. Verreault: En complémentaire, M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: On parlait tout à l'heure d'un
cimetière d'autos ou d'une cour de "scrap", que le gars laisse son
terrain, son droit acquis en suspens pendant dix ou onze mois et finalement
change de vocation, en ce sens qu'au lieu d'avoir une cour de "scrap", je ne
dirais pas une maison, il veut se lancer dans un autre commerce qui est connexe
à cela, le même droit acquis se continue?
M. Garon: Oui.
M. Verreault: Mais si toutefois...
M. Garon: II ne faut pas qu'il laisse son droit acquis
inutilisé pendant plus de douze mois.
M. Verreault: Si le droit acquis n'a pas été
utilisé pendant un an, et un an et demi après, disons six mois
plus tard, il a l'intention de revenir à la charge, il faut une
autorisation, à ce moment. (15 h 30)
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Cela dépend en quoi. Si c'était un
entrepôt, il s'en servait pour des fins industrielles ou commerciales et,
pour une raison ou pour une autre, il n'utilise pas l'entrepôt, il n'est
pas obligé de démolir l'entrepôt au bout d'un an.
M. Verreault: Regardez, je prends toujours le même exemple,
M. le Président, que vous avez donné tout à l'heure.
M. Garon: Oui.
M. Verreault: II arrive un cas de succession, j'ai une cour de
"scrap", par exemple; à un moment don-
né, avant que la succession se règle, la cour de "scrap" a
été vidée, il n'y a plus rien là, le terrain est en
friche. Finalement, j'ai un de mes garçons qui a l'intention de
continuer, mais le délai d'un an est passé. Il veut continuer et,
même si cela n'a pas été utilisé pendant un an,
peut-être un an et demi, est-ce que le droit acquis se continue?
M. Garon: Non.
M. Verreault: Mais, en faisant une demande à la
commission, est-ce qu'il peut obtenir le droit?
M. Garon: II faudrait qu'il fasse une nouvelle demande.
M. Verreault: II faudrait qu'il formule une nouvelle demande.
M. Garon: II va falloir qu'il fasse une demande.
M. Verreault: Le droit acquis, M. le Président, dans les
successions dont on a parlé au tout début, quand on parlait des
successions, est-ce que cela a un rapport ou si j'ai mal compris?
M. Garon: La succession n'a rien à faire là-dedans.
Les gens qui succèdent, en droit, sont censés continuer la
personne décédée.
M. Verreault: C'est exactement ce que je mentionnais, M. le
Président, et c'est également l'exemple que j'ai donné
tout à l'heure. S'il y a eu un délai à cause des droits
successoraux, que le terrain a été inoccupé, faute de
négociation ou encore de transfert, et que cela a duré plus de
douze mois, treize mois ou dix-huit mois, est-ce qu'on peut recommencer le
même commerce?
M. Garon: Non, cela a été inutilisé, cela a
été en friche pendant douze mois, le droit acquis est perdu.
M. Verreault: Même si on recommence le même
commerce?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que...
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Toujours en utilisant des exemples, au 9 novembre
dernier, vous aviez un terrain qui était utilisé comme cour de
"scrap"; au bout de six mois, le propriétaire de cette cour
décide de l'utiliser à d'autres fins qui n'ont plus rien à
voir avec le commerce du vieux fer. Il peut faire la transformation sans
autorisation de la commission, s'il veut construire sur ce terrain une
épicerie ou un autre type de commerce.
M. Garon: N'importe quoi.
M. Giasson: II n'a pas besoin de... M. Garon: II a un
droit acquis pour...
M. Giasson:... un an. C'est-à-dire à toutes fins
autres que l'agriculture.
M. Garon: Pas pour un an. À toutes fins autres que
l'agriculture, à condition qu'il ne cesse pas de l'utiliser en laissant
le terrain, la superficie sous couverture végétale ou en friche
pendant un an.
M. Verreault: Durant ces douze mois, cela veut dire que le
propriétaire de ce lot vacant peut en faire ce qu'il veut s'il a un
droit acquis. D'accord.
Le Président (M. Boucher): Article 102, adopté tel
qu'amendé.
M. Giasson: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 103.
M. Garon: À l'article 103, il n'y a pas d'amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson : M. le Président, on permet, par l'article
103, d'étendre la superficie d'un lot qui était utilisé
à des fins autres que l'agriculture au 9 novembre dernier. S'il s'agit
d'une extension qui découle des besoins résidentiels, soit
l'agrandissement ou la construction d'une résidence, on limite cela
à un demi-hectare. Cependant, je remarque que, pour les fins autres que
résidentielles, soit des besoins industriels, commerciaux ou autres, on
limite la capacité d'extension ou d'agrandissement, à des fins
autres que l'agriculture, à un hectare seulement. Il peut se produire
que, dans certains types d'utilisation à des fins autres que
l'agriculture, autres que des fins agricoles, un hectare soit plutôt une
superficie conservatrice.
Est-ce qu'il est logique ou possible de croire que, dans
l'hypothèse où un propriétaire aurait besoin d'agrandir ce
terrain à des fins autres que l'agriculture pour plus d'un hectare,
puisse obtenir au moins une autorisation de la commission pour le
dépassement de l'hectare, en présumant que son entreprise
connaît un développement assez rapide ou que le
propriétaire veut ajouter des lignes additionnelles à
l'entreprise commerciale qu'il exploite déjà dans le cas d'une
utilisation commerciale?
M. Garon: L'article 103 dit...
M. Giasson: Et même dans le cas d'un développement
industriel si c'est une industrie, il peut arriver qu'une industrie, à
cause de circonstances du marché ou de développement, connaisse
des besoins d'agrandissement assez rapides dans certains cas. Vous ne pensez
pas qu'il y aurait eu lieu de considérer, par exemple, une
capacité d'extension à deux hectares?
M. Garon: II faudrait quasiment l'autorisation de la commission.
L'article 103 dit qu'une personne peut, "à des fins industrielles,
commerciales ou institutionnelles", aller jusqu'à un hectare sans
autorisation de la commission. Elle pourrait utiliser plus avec l'autorisation
de la commission.
M. Giasson: Je pense c'est vrai que cela a fait l'objet du
débat à l'article précédent que vous avez
des entreprises qui possèdent sur le terrain près de l'industrie,
je parle d'entreprises industrielles, un espace qui est utilisé comme
piste pour les avions. Ce n'est peut-être pas un phénomène
courant, mais cela existe, je l'ai dans mon comté. Évidemment, de
chaque côté de la piste, il y a du sol qui n'est pas
cultivé, qui est laissé en friche, à toutes fins utiles.
Est-ce que cela ne pourrait pas être touché par les dispositions
de l'article 102? Si, dans la période d'un an, après le 9
novembre, le sol est laissé en friche, est-ce qu'on ne le retournerait
pas dans la zone agricole?
M. Garon: II faut voir concrètement, par exemple, pour les
fins d'un terrain d'aviation, s'il y a du gazon ou de l'herbe autour de la
piste pour les fins de dégagement de la piste. Cela fait partie de
l'utilisation, on peut considérer cela comme faisant partie d'une
utilisation non agricole. De la même façon un peu que le gazon
autour d'une maison.
M. Giasson: Mais là ce n'est pas pour une fin
résidentielle; c'est une fin autre que l'agriculture, mais qui n'est pas
résidentielle.
M. Garon: Non, mais c'est une fin, je ne sais pas comment on
pourrait dire...
M. Giasson: Oui, couverture végétale, mais si c'est
utilisé pendant plus d'un an on peut réintégrer ce
territoire, cette superficie dans la zone agricole.
M. Garon: S'il n'est pas utilisé. Mais c'est
peut-être la façon de l'utiliser à ce moment pour les fins
de dégagement de la piste.
M. Giasson: Vous savez que sur une piste, la partie carrossable
n'est pas très large. On se garde toujours une bonne bande de chaque
côté entièrement dégagée pour la
sécurité du décollage et de l'atterrissage.
M. Garon: À ce moment, il faudrait le considérer
dans...
M. Giasson: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Article 103, adopté?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Adopté sur
division. Article 104.
M. Garon: II y a un amendement. Est-ce que vous l'avez
l'amendement?
Une voix: Oui.
M. Garon: "Un lot peut faire l'objet d'une aliénation,
d'un lotissement et d'une utilisation à une fin autre que l'agriculture,
sans l'autorisation de la commission, dans la mesure où il avait
déjà été acquis, utilisé ou avait fait
l'objet d'une autorisation d'acquisition ou d'utilisation par
arrêté en conseil du gouvernement ou règlement municipal
pour une fin d'utilité publique par le gouvernement, un de ses
ministres, un organisme public ou une personne habilitée à
exproprier au moment où les dispositions de la présente loi
visant à exiger une autorisation de la commission ont été
rendues applicables sur ce lot. "Il en va de même d'un lot
préalablement cédé ou loué en vertu des articles 23
et 30 de la Loi des terres et forêts (Statuts refondus, 1964, chapitre
92) et d'un lot préalablement acquis à même un fonds
industriel établi en vertu de la Loi sur les fonds industriels, (Statuts
refondus, 1964, chapitre 175)".
M. Giasson: M. le Président, l'amendement proposé
par le ministre veut atteindre quelles fins exactement? Est-ce que vous avez
des cas patents qui existent où il serait requis, pour éviter de
devoir passer devant la commission, d'ajouter à l'article 104 le
libellé nouveau que le ministre y apporte.
M. Garon: C'est que, depuis le dépôt de la loi, il y
a des cas qui nous ont été soulignés où des lots
ont été utilisés déjà sans que l'acquisition
en soit entièrement faite. Les expropriations sont commencées,
par exemple, et il n'y a pas eu acquisition encore.
M. Giasson: Ou même des travaux qui ont été
faits par le ministère des Transports sans que les négociations
et les documents inhérents à cette opération aient
été signés. C'est le propriétaire qui consent
librement, quitte à négocier plus tard, à céder
immédiatement, mettre à la disposition, à titre d'exemple,
du ministère des Transports des parcelles de terrain pour fins de
construction ou d'élargissement de routes. Cela existe assez
fréquemment au Québec. Chaque année, cette
opération se revit dans une région ou dans l'autre.
Le Président (M. Boucher): Article 104. M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: M. le ministre, est-ce que cela réglerait le
problème du bureau d'expropriation ou des bureaux d'expropriation qui ne
peuvent pas procéder à la signature d'un contrat sur les routes
déjà expropriées, mais où il y a seulement
peut-être, je ne sais pas c'est un arrêté en conseil
quand vous faites une route? Parce que je sais qu'il y avait des
problèmes. Au bureau de Montréal, des centaines de contrats
étaient bloqués. Cela règle le problème pour
ceux-là.
M. Lavoie: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Suite à la lecture de cet article
amendé, je voudrais poser une question au ministre. Est-ce que cela veut
dire qu'à l'avenir le gouvernement, soit le ministère des
Transports ou les municipalités ou tout organisme qui a le pouvoir
d'expropriation, devra, avant de procéder à une telle
expropriation pour des immeubles qui sont situés dans une zone agricole
voulez-vous que je répète? Oui? À la lecture de cet
article, ce que j'en conclus, ce que j'en déduis et je voudrais
que ce soit confirmé ou infirmé par le ministre est-ce que
cela veut dire que le gouvernement ou tout organisme qui a l'autorité de
procéder par voie d'expropriation pour l'acquisition d'un terrain pour
quelle que fin que ce soit, dans une zone agricole, devra
nécessairement, avant d'entreprendre ces procédures
d'expropriation, obtenir l'autorisation de la régie?
M. Garon: C'est une forme de mesure transitoire, au fond.
M. Lavoie: Non.
M. Garon: Dans l'avenir...
M. Lavoie: Disons, oui, ma déduction dans l'avenir.
M. Garon: Pour des fins de routes, par exemple.
M. Lavoie: Quelle que fin que ce soit, soit le gouvernement ou un
autre organisme, une municipalité, commission scolaire, quoi que ce
soit.
M. Garon: Ce qui arrive, c'est qu'il va y avoir, pour les fins
municipales, des exemptions par règlement qu'on a déjà
indiquées en vertu de l'article 41. Normalement...
M. Lavoie: Hydro-Québec a le droit d'exproprier, etc., et
devra passer par la régie.
M. Garon: C'est-à-dire...
M. Lavoie: Avoir une autorisation.
M. Garon: Sauf dans les cas... C'est cela. L'article 41: À
l'exception des cas qui seront autorisés par règlement.
M. Lavoie: Ne craignez-vous pas justement que vous ouvriez la
porte à toutes sortes de spéculations. Oui. Soyez sérieux,
ne faites pas de farces. Cela veut dire qu'une municipalité qui veut
procéder à l'implantation d'un parc industriel, si le
ministère des Transports veut faire une route à un endroit et si
une municipalité veut ouvrir une nouvelle voie d'accès,
normalement, cela se fait assez rapidement pour que ce ne soit pas rendu
public, pour mettre un frein à la spéculation qui peut se
produire dans les terrains avoisinants. (15 h 45)
Mais en créant pour eux... par votre loi, avec des bonnes
intentions, ils devront entreprendre des procédures auprès de la
commission et en ouvrant la porte à toutes sortes de publicités
parce qu'il y a une demande auprès de la commission, n'ouvrez-vous pas
la porte à toutes sortes de spéculations alentour du terrain
concerné? Vous avez le droit de faire des signes, mais c'est justement
un des dangers d'imposer des contraintes de la sorte.
Il va se faire une spéculation partout...
M. Garon: Pourquoi?
M. Lavoie: Disons que la voirie veut ouvrir une route quelque
part. C'est sûr, on le sait que cela amène une plus-value
quelconque alentour. Cela amène une activité. Là le
ministère des Transports est obligé d'aller à la
régie... Autrement, le ministère des Transports je sais
comment cela se fait dépose un plan sans publicité
immédiatement et là tout le monde le sait. Pour ceux qui l'ont
tant mieux et cela arrête la spéculation. Mais si on le sait trois
ou quatre mois d'avance qu'il y a une route qui s'en va là, parce qu'ils
seront obligés de faire une demande à la régie avec les
dangers que cela devienne public, vous voyez toute l'ouverture que vous ouvrez
à la spéculation en procédant de cette façon.
M. Garon: Non, parce que la route passe en territoire agricole ou
en territoire non agricole. Si elle passe dans le territoire non agricole, elle
n'est pas zonée agricole. Si elle passe dans le territoire agricole, le
fait d'y passer une route ne donnera pas de droit pour rien autour de la
route.
M. Lavoie: En général, une route ne passe pas
uniquement en territoire agricole. Un demi-mille avant ou un demi-mille ou
trois quarts de mille après, elle va passer dans d'autres zones.
Là cela va être rendu public et là vous allez avoir une
flambée de spéculation dans ces régions, dans les zones
blanches justement où la route va laisser la région agricole pour
tomber dans une région libre du zonage agricole.
M. Garon: Je ne partage pas votre opinion.
M. Lavoie: En tout cas. Vous savez, la vertu... Peut-être
que votre projet de loi, ce que je veux vous dire... Il n'y a pas un projet de
loi qui est 100% mauvais, mais vous ne me ferez pas croire qu'il y a des
projets de loi 100% bons non plus. C'est seulement, vous savez, dans votre
expérience que vous tentez d'acquérir comme ministre
actuellement. C'est seulement une mise en garde que je veux vous faire.
M. Garon: Vous ne le trouvez pas bien bon parce que vous
votez...
M. Lavoie: Contre.
M. Garon: ... même les publications dans la Gazette
officielle vont voter sur division.
M. Lavoie: On va voter contre en quatrième lecture, si
vous voulez.
Le Président (M. Boucher): L'amendement à l'article
104 est-il adopté?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): L'article 104 est adopté
tel qu'amendé sur division. Article 105.
M. Garon: À l'article 105, il y a un amendement qui est
prévu, c'est tout simplement pour fins de clarification. À notre
avis, c'était déjà dans le projet de loi en sous-entendu,
mais comme certains y voyaient des difficultés d'interprétation,
pour simplement le rendre plus clair comme nous l'avons dit à
ceux qui ont communiqué avec nous au lieu de dire simplement
"devient adjacent" on dit "est ou devient adjacent". On n'avait pas mis "est"
parce qu'on pensait que quand c'est déjà adjacent, c'est
adjacent, à plus forte raison quand cela l'est déjà par
rapport à quand cela le devient, si on accepte quand elle le devient
donc quand elle l'est, à plus forte raison. Pour que ce soit plus clair,
on ajoute "est ou devient adjacent".
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président. J'ai des
réserves à l'article 105 pour la bonne raison que le ministre n'a
pas tenu compte dans la rédaction de cet article des
réalités qui existent au Québec en dehors des cas qui
pourraient être touchés par la situation mentionnée dans
l'article qui veut que des services municipaux soient installés en
bordure du chemin. L'article dit fort bien qu'il s'agit des services doubles,
c'est-à-dire, des services d'aqueduc et d'égout sanitaires. Je ne
comprends pas qu'on n'ait pas tenu compte d'une autre réalité,
soit celle des endroits en bordure de chemins publics qui sont pourvus d'un
service d'égouts, par exemple, mais avec l'obligation de
compléter ce service d'aqueduc.
Prenons le cas de l'aqueduc, avec l'obligation qui est faite par la Loi
de l'environnement ou des règlements municipaux d'obliger les
propriétaires à se doter de fosses septiques qui sont reconnues
par les normes de l'environnement ou, inversement, un endroit qui serait
équipé, en bordure d'un chemin, d'un service d'égout
sanitaire qui a été fait selon toutes les règles de l'art
tel que reconnu, mais qui est fait sur un terrain où il y a
possibilité que chaque propriétaire se dote d'un puits
artésien qui ne pourrait pas être contaminé par les eaux
usées puisque le service d'égout sanitaire existant est fait
selon les règles de l'art, comme je l'ai dit il y a un moment.
Il me semble qu'on aurait pu couvrir par l'article 105 ces situations de
fait qu'on retrouve dans quelques municipalités au Québec. Nous
en avons eu des cas patents lorsque des gens sont venus devant la commission
parlementaire, nous apprendre, nous faire découvrir qu'ils avaient
obtenu les pleines autorisations du ministère de l'Environnement, selon
la Loi sur la qualité de l'environnement, qu'ils avaient obtenu
également de la municipalité l'autorisation de lotir en
fournissant les plans détaillés des dimensions de terrains
minimales qu'ils devaient accorder dans l'opération de lotissement.
M. le ministre, je crois qu'il ne s'agit pas là de la mer
à boire. Ce sont des réalités qui existent et l'article
105 aurait dû prévoir ces situations.
M. Garon: Ils pourront le faire par demande à la
commission pour aller étudier chaque cas au mérite. Il y a
tellement de cas différents que cela devient difficile de faire un
article.
M. Giasson: Je ne parle pas dans mon intervention de situation
qui fait que cela a été fait à la bonne franquette, soit
l'installation d'un égout sanitaire ou encore d'un aqueduc. Je parle de
cas où toutes les exigences des lois en vigueur au moment de
l'acceptation de ce projet, de l'installation... je parle de ces cas où
tout ce qui est en vigueur au point de vue législation, qui touche ces
secteurs ont été respectés. Il est bien évident que
si quelqu'un a aménagé un égout sanitaire, que cela n'a
pas été fait selon des règles minimales et que cela n'a
pas été surveillé ni contrôlé, je ne veux pas
d'absolution, ni d'ouverture pour ces dossiers. Je fais référence
à des situations où tout est en bonne et due forme, mais il
existe beaucoup d'endroits au Québec, où vous n'avez pas les
services municipaux en double. Vous avez un service d'aqueduc qui est
complété par l'obligation du propriétaire d'avoir des
fosses septiques construites selon des règles minimales. On a des
dizaines et des dizaines de cas de ces situations au Québec.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Oui, mais le but de la loi, c'est de protéger
les terres agricoles. Je vais vous donner un cas concret.
M. Giasson: Quand vous me dites que la commission va
réétudier cela et que, dans ces cas, elle va donner des
autorisations quand toutes les règles du jeu auront été
respectées avant le 9 novembre, c'est la même loi, ce sont les
mêmes...
M. Garon: Ce n'est pas nécessairement dans les cas...
M. Giasson: ... fins poursuivies.
M. Garon: Ce n'est pas nécessairement aux fins d'un
développement domiciliaire. Je vais vous donner un exemple concret qui
est dans votre comté. C'est à Saint-Pierre-de-Montmagny. Par un
hasard un peu extraordinaire, c'est peut-être la capitale des puisatiers
au Québec. C'est un endroit où il y a une pénurie d'eau.
C'est là qu'il y a le plus de puisatiers, je pense, dans les villages du
Québec, à Saint-Pierre.
M. Giasson: 50% des puisatiers... M. Garon: Viennent de
là.
M. Giasson: ... sont résidents de la paroisse de
Saint-Pierre.
M. Garon: Par ailleurs, ils ont un problème
d'approvisionnement en eau qui est assez important. C'est qu'il n'y a pas
d'eau.
M. Giasson: Ce n'est pas un problème de puisatier...
M. Garon: Non.
M. Giasson: ... c'est la couche.
M. Garon: C'est cela.
M. Giasson: Qui est très profonde. Même l'eau qu'on
peut trouver 300 pieds sous terre est de mauvaise qualité.
M. Garon: II y en a même qui se demandent s'ils ne sont pas
devenus des spécialistes dans les puits à force de creuser pour
trouver de l'eau. Des représentations ont déjà
été faites par des gens de Saint-Pierre Supposons le cas
où on devrait organiser un système d'aqueduc pour amener l'eau
aux gens qui sont là...
M. Giasson: Pour amener l'eau aux fermes parce que dans le moment
il y a seulement des fermes dans ce secteur, le rang du Milieu.
M. Garon: On se retrouverait... et il y a le même cas dans
le Richelieu, un problème semblable où il est question d'un
aqueduc intermunicipal pour desservir des municipalités qui n'ont pas
d'eau. Je ne sais pas si c'est de l'eau sulfureuse ou de l'eau salée, en
tout cas, l'eau a un goût particulier.
Là, il va y avoir un service d'aqueduc pour desservir les gens,
parce que les gens vont venir se greffer sur le système. Il peut y avoir
trop d'hypothèses différentes. Il faut qu'à ce moment,
chaque cas soit analysé au mérite.
M. Giasson: M. le ministre, vous avez dû toucher au dossier
de Saint-Pierre puisque vous y faites référence.
M. Garon: Les gens m'ont parlé de cela quand...
M. Giasson: Les gens de Saint-Pierre, s'ils veulent se rendre
admissibles à une subvention spéciale, dans ce cas, parce que
c'est un cas assez particulier, doivent d'abord adopter un règlement
municipal par lequel la municipalité s'engage à ne tolérer
aucune construction résidentielle, pour des fins autres qu'agricoles,
dans le rang du milieu où se vit le problème que vous venez de
mentionner. Si la municipalité n'accepte pas cette condition, elle
n'aura pas un sou de subvention du gouvernement provincial. Elle devra assumer
à sa charge seule le coût de l'installation du service
d'aqueduc.
M. Gagnon: Juste pour ajouter, ce n'est pas seulement pour cette
municipalité, mais le nouveau programme PAIRA en milieu agricole permet
de construire uniquement pour les fins agricoles. On prévoit un
réseau d'aqueduc uniquement pour les fins agricoles. À ce moment,
cela ne doit pas être considéré comme un service; à
mon point de vue, c'est pour faire de l'expansion.
M. Giasson: C'est une modification au programme PAIRA.
M. Gagnon: C'est le programme PAIRA rural. M. Giasson: Par
rapport à son contenu initial.
M. Gagnon: C'est cela, mais c'est le programme PAIRA rural. C'est
pour le milieu agricole.
M. Giasson: Le programme PAIRA est conçu pour le milieu
rural. Vous n'appliquez pas PAIRA dans les villes. C'est conçu pour les
petites municipalités parce que, pour les villes, c'est un autre
programme d'aide que le gouvernement provincial a.
M. Gagnon: Si on compare à un village, à une
municipalité, à une agglomération urbaine.
M. Giasson: En tout cas, je porte à l'attention du
ministre cette situation qui existe au Québec, situation que j'ai
tenté de décrire, des cas où vous n'avez pas les doubles
services municipaux. Vous avez des services installés selon toutes les
données et les exigences des lois en vigueur au Québec, en date
du 9 novembre, qui répondent à des situations minimales de
protection et de sécurité en ce qui concerne ces services, et
l'article 105 ne les reconnaît pas puisque l'article 105 parle uniquement
de services d'aqueduc et d'égout sanitaire; il faut que les deux
services soient installés en bordure des chemins et il ne serait pas
requis d'obtenir une autorisation de la commission pour continuer du
lotissement ou de la construction.
M. Gagnon: M. le Président, je voudrais poser une question
au ministre. C'est justement sur le même sujet. Lorsqu'on va
négocier, ou enfin
lorsqu'il y aura une discussion auprès des municipalités
avec tous les intervenants, le forum dont a parlé le ministre, je
présume qu'une municipalité qui va présenter un plan de
développement urbain va certainement penser aux endroits où il y
a des services d'établis. Je présume que cela va être pris
en considération automatiquement. Cela ne veut pas dire qu'on va
permettre le développement urbain partout où il y a des services,
mais, si je suis maire ou conseiller d'une municipalité et si, le long
d'une route, on a un réseau d'aqueduc de construit, si j'ai à
présenter un plan de développement de la municipalité, je
pense que je vais penser d'essayer de négocier les endroits où il
y a déjà des services. Est-ce que c'est cela qui est dans
votre...
M. Garon: Dans mon esprit, quand la zone va être
fixée avec les municipalités, la commission ne tentera pas de
garder les terres qui ne sont pas bonnes pour l'agriculture, même si,
à un moment donné, cela peut amener un espace très grand
pour le développement dans la municipalité. La Loi sur la
protection du territoire agricole a pour effet de restreindre
l'étalement urbain dans certaines municipalités, et sans doute
dans plusieurs municipalités, et les municipalités auront bien
plus d'espace pour le développement qu'elles pensent en obtenir, parce
que les terrains ne sont pas bons pour l'agriculture. Le fait de
protéger les terres a pour effet de restreindre l'étalement
urbain, mais le but, ce n'est pas de restreindre l'étalement urbain,
mais de protéger les terres. Ce qui va être
considéré par la commission, ce n'est pas d'empêcher
l'étalement urbain. Ce n'est pas sa fonction. C'est de protéger
les terres. Si une municipalité demande d'avoir, dans la zone non
agricole, des terres qui ne sont pas bonnes pour l'agriculture, je pense que la
commission va dire...
M. Giasson: On va construire un village dans ce coin de la
paroisse.
M. Garon: Ce serait à la municipalité, à ce
moment, de faire des règlements en conséquence.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. J'aimerais soulever
seulement deux cas dans le comté de Huntingdon, deux cas patents. Un
à Ormstown, où il y a un service d'aqueduc seulement, et un
à Saint-Denis, où il y a un service d'égout sanitaire
seulement. (16 heures)
Aux deux endroits, c'est dans la zone réservée pour fins
agricoles. Je suis d'accord avec le fait que ces gens pourront aller devant la
commission pour retirer cette zone du territoire réservé aux fins
que vous avez jugées dernièrement, mais il reste qu'il faudra
quand même aller devant la commission.
Je pense qu'on aurait pu avoir l'ouverture d'esprit nécessaire
pour accepter l'un ou l'autre des deux services où ils existent
présentement, je ne parle pas pour l'avenir, ou l'égout
sanitaire, ou l'aqueduc ou les deux ensemble, mais il y a bien des cas dans les
zones rurales où il n'y a qu'un des deux services. Où c'est
existant, je pense que la commission va probablement plier et dire: D'accord,
on a fait déjà une grosse dépense, allez-y. Mais on impose
quand même à ces gens d'aller devant la commission. Pour les cas
existants, je pense qu'on aurait pu faire preuve de largeur d'esprit en disant:
On accepte l'un ou l'autre des deux services.
M. Garon: Dans ces cas, il n'est pas facile de faire une
règle générale. Peut-être qu'à l'usage, dans
quelques mois, il sera possible d'en faire une, parce qu'on aura un certain
nombre de cas qui seront présentés; mais maintenant, il n'est pas
facile de faire une règle générale.
M. Dubois: Vous avez peur que les services d'aqueduc soient le
long d'un chemin public qui touche strictement une zone agricole, une conduite
d'eau d'une municipalité à l'autre, c'est de cela dont vous avez
peur, savoir que l'on construisait de façon sauvage le long des routes;
c'est ce que vous voulez éviter.
M. Garon: C'est plus compliqué que cela. Parfois, vous
avez un petit réseau d'aqueduc privé, municipal, il y a une
capacité limitée. Ce qui peut arriver, c'est que des gens se
greffent à ce réseau en beaucoup plus grand nombre qu'il peut en
supporter; ensuite, il faut grossir le réseau pour desservir ceux qui
sont déjà en place. C'est comme un chat qui court après sa
queue.
M. Dubois: D'accord, il y a toujours les deux côtés
de la médaille.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement
à l'article 105 est adopté?
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. L'article 105 tel
qu'amendé est adopté sur division. L'article 106, section X.
Dispositions transitoires et finales
M. Garon: On n'a pas d'amendement à cet article.
M. Dubois: L'article 106...
M. Giasson: M. le Président, on a des amendements si le
ministre n'en a pas.
Le Président (M. Boucher): II en a un.
M. Garon: Non, après étude, il n'y a plus
d'amendement.
Le Président (M. Boucher): À l'article 106, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, est-ce que j'ai bien compris,
l'amendement qui nous avait été remis hier, je crois, et qui
prévoyait des changements au libellé de l'article 106 est
abandonné par le ministre?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: On n'a pas à le conserver.
M. Garon: Je ne présente pas d'amendement à
l'article 106, je veux le conserver tel qu'il est.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Si je comprends bien, le ministre n'apporte aucun
amendement à l'article 106. Cela veut dire qu'en somme, il fait fi de
toutes les représentations qui ont été faites par des
agriculteurs, les producteurs agricoles, les jardiniers, les horticulteurs, les
membres de la commission qui, à plusieurs reprises, ont soulevé
la difficulté pour les producteurs agricoles qui sont en place, qui ont
même résisté à l'attrait du développement ou
de la spéculation, qui sont demeurés producteurs agricoles et
qui, actuellement, sont laissés en dehors de l'aire de contrôle
pour expliquer, ils sont de la zone blanche qui peuvent rester
dans la zone blanche d'une manière définitive.
Or, ces producteurs agricoles, à partir de l'adoption de la loi,
n'auront pas droit aux 70% de la ristourne de leurs taxes, n'auront plus la
protection des $150 l'acre, au point de vue évaluation, n'auront plus la
protection d'une limite d'imposition de 1%. Le ministre les laisse tels quels,
les laisse tomber. Ils deviendront évalués comme tout
développeur ou tout promoteur, à la valeur réelle. Ils
paieront les taxes au maximum, comme tout contribuable. Vous reconnaissez
à tout le monde, pour le reste, tous les autres, ceux qui ont une
"scrap", comme vous dites, une cour à rebuts, ou n'importe quoi, les
sablières, les carrières, vous leur reconnaissez un droit acquis.
Mais pour ces cultivateurs, ces producteurs agricoles, vous ne leur
reconnaissez rien, aucune protection et même pas un droit acquis à
titre de producteurs agricoles.
C'est ma conclusion. Est-ce que vous avez des commentaires à
faire sur l'affirmation que j'ai faite que vous n'apportez aucun amendement
à l'article 106?
M. Garon: II ne faut pas interpréter cela de cette
façon. Il y avait deux hypothèses, quand on a
étudié cet article ou quand on a confectionné des plans.
Première hypothèse, c'était d'inclure toutes les fermes
existantes dans le zoné agricole ou bien de tracer un
périmètre autour des municipalités,
périmètre qui entourerait la zone non-agricole. Dans ce cas, il
est évident que dans les zones non-agricoles, il peut y avoir quelques
fermes. Le but de la loi n'est pas de ne pas protéger, mais de
protéger les terres. Mais dans un territoire comme cela, dans le
périmètre non agri- cole, il est évident que le
développement va s'accentuer dans ce périmètre, ce qui
pourrait amener, pour les agriculteurs qui sont là, des contraintes.
Cela n'a jamais été inclus de façon automatique. C'est de
cette façon qu'ils auraient été pénalisés,
parce qu'il est évident que, suite à ce périmètre,
la zone non agricole va connaître normalement, non seulement normalement,
mais sûrement, un développement accéléré dans
une partie qui est zonée non agricole, avec toutes sortes
d'inconvénients qui peuvent arriver à des agriculteurs. Nous
avons donc pensé que la meilleure façon de faire les choses
était de laisser le choix à l'agriculteur. C'est évident
que la commission, ayant pour objet de protéger les terres agricoles
d'une façon générale, lorsqu'un agriculteur veut
être protégé pour l'agriculture, il doit être
zoné agricole, être dans la zone agricole doit avoir une
position favorable à l'agriculteur.
Mais il y a des cas, aussi, de personnes qui ne sont pas des
agriculteurs, qui voudraient temporairement être incluses pour
bénéficier des effets fiscaux, parce que, malgré l'article
106, il est plus intéressant pour un spéculateur, dans la zone
urbaine, d'être considéré agriculteur pendant une
période de temps, parce que, même s'il a un remboursement de dix
ans de taxes, si vous faites des figures... des chiffres...
M. Lavoie: C'est le côté américain du
ministre!
M. Garon:... des chiffres.
M. Lavoie: C'est peut-être son meilleur
côté!
M. Garon:... avec des scénarios d'impôt, vous voyez
quand même là qu'il y a un intérêt à
être zoné agricole, même si vous n'êtes pas un
agriculteur dans la zone urbanisable, à urbaniser. C'est pour cela que
je crois, d'une façon générale, que la commission
non seulement je le crois, mais je suis convaincu va inclure, d'une
façon à peu près automatique, des agriculteurs qui sont de
véritables agriculteurs qui demandent d'être inclus, même
s'ils sont dans la zone non agricole. Il faut faire la distinction avec les
gens qui ne sont pas des agriculteurs, qui voudraient bénéficier
des avantages consentis aux agriculteurs par la loi.
M. Lavoie: Je vais revenir encore sur cela. Je ne sais pas si le
ministre se rend compte du coup mortel qu'il peut porter à ses pupilles,
aux producteurs agricoles, aux jardiniers, aux horticulteurs, aux agriculteurs
en général, qui peuvent être laissés pour compte
dans le moment, en zone blanche, à certains endroits, pour plusieurs
années. Dans certains cas, ils n'ont même pas le choix de dire:
Dans ce cas, le ministre me zigouille, il ne me considère plus comme
agriculteur, je la mets en développement, ma terre. Il fait son choix,
il n'a plus le choix, il va crever. Il ne peut plus continuer à cultiver
vingt à vingt-cinq arpents de jardinage, de fleurs ou de produits
agricoles ou de n'importe quoi. Il sait bien calculer, peut-être mieux
que le ministre, il se dit qu'il ne pourra jamais arriver à payer ses
taxes. Puis,
s'il avait encore le choix de dire: Je m'en vais en spéculation,
je m'en vais en développement, je fais un lotissement. Il ne peut
même pas le faire, dans plusieurs cas, parce qu'il peut être
laissé dans une périphérie d'une ville où il n'a
aucun accès aux égouts, à l'aqueduc, aux services
municipaux. Il est pris, il n'a pas le choix de devenir même
spéculateur, même si vous l'encouragez à l'être, il
ne peut pas, il crève... il crève. Il n'a aucuns droits acquis,
lui. Tout le monde a des droits acquis dans la loi sauf les cultivateurs que,
normalement, vous devez protéger. Et plus que cela, votre commission,
à qui vous avez donné tous les pouvoirs a une discrétion
absolue dans l'esprit de la loi, c'est épouvantable. Elle peut permettre
la construction d'édifices de vingt-cinq étages en pleine zone
agricole, elle a quasiment le droit de faire cela. Elle a le droit de sortir de
la zone agricole un emplacement, elle a le droit de tout. Elle a le droit de
vie ou de mort sur la loi, une discrétion totale et absolue. Et
là, la commission, vous ne lui donnez même pas ce droit-là
de protéger l'agriculteur, en vertu de l'article 106.
M. Garon: Bien non, elle peut l'inclure. M. Lavoie: Elle
peut l'inclure.
M. Garon: Je pense que c'est la façon d'être juste
pour l'agriculteur. La commission, il faut penser qu'elle va prendre des
décisions sensées, pas des décisions...
M. Lavoie: Mais au point de vue de la taxation, elle doit
l'inclure, d'accord? Mais elle n'a aucune discrétion au point de vue de
la taxation.
M. Garon: Non.
M. Lavoie: Non. Bon, d'accord. Puis, c'est tout dans le
même article. Cet article 106 a des implications... écoutez... il
faudrait... La commission a le droit de sortir quelqu'un de la zone agricole;
un cultivateur, un producteur qui est dans la zone verte actuellement et qui a
résisté et qui veut rester dans la zone verte, dans cinq, six ou
sept ans, même si le cultivateur résiste et dit: Je veux continuer
à être agriculteur, je veux continuer à produire, je veux
continuer, je suis péquiste et je veux l'autosuffisance dans
l'alimentation et le ministre c'est mon bon Dieu, la commission peut, contre le
gré du cultivateur, le sortir de la zone verte, suite à des
pressions de la ville ou autres, parce qu'elle a un besoin d'urbanisation.
Là, il sort.
M. Garon: Non.
M. Lavoie: Là, il sort. Laissez-moi finir. En vertu de
l'article 106, c'est une autre implication. Il est obligé de rembourser
au ministre de l'agriculture, qui ne sera pas M. Garon, à ce moment, dix
ans en arrière ou, si cela fait sept ans, les 70% du rabais des taxes
qu'il a eu, de la ristourne des taxes. Il va être obligé de payer
sept ans en arrière sur la pleine évaluation et les pleines taxes
qu'il aurait payées pendant ces sept ans s'il avait été
dans la zone blanche.
M. Garon: Non, d'abord...
M. Lavoie: Bien, c'est cela que l'article 106...
M. Garon: Non.
M. Lavoie: Bien voyons, l'article 106. S'il sort, il est
obligé de payer dix ans en arrière.
M. Garon: S'il sort malgré lui... M. Lavoie:
Malgré lui...
M. Garon: Oui. Normalement, il va être exproprié
à ce moment.
M. Lavoie: Non, M. le ministre. C'est faux! Arrêtez de dire
des mensonges à cette commission! S'il sort, la ville n'a pas le droit
de l'exproprier pour faire du lotissement et du développement
urbain...
M. Gagnon: Cela fait longtemps que vous auriez dû
arrêter de parler, vous.
M. Lavoie: ... les villes n'ont pas le droit, en vertu de la Loi
des cités et villes et du Code municipal. S'il sort, il va tomber sur le
marché normal de la spéculation, du lotissement.
Il ne sera pas exproprié, ce n'est pas vrai. Vous ne serez pas
toujours là, le gouvernement péquiste ne sera pas toujours
là, mais la loi va rester dans les statuts.
M. Garon: Oui.
M. Lavoie: Ne me dites pas qu'il sera exproprié, c'est
faux. La ville n'a pas le droit d'exproprier pour fins de lotissement et de
développement. Elle n'en a pas le droit, ce n'est pas encore dans la Loi
des cités et villes. Il y a certaines villes qui l'ont eu dans des cas
spéciaux pour des banques de terrains, mais s'il sort contre son
gré par une décision sans appel de la commission, vous l'assommez
encore. Vous avez assommé celui qui est dans la zone blanche et vous
allez l'assommer d'une façon rétroactive en le forçant
à payer dix ans d'arrérages de taxes sur la vraie
évaluation et à rembourser au ministre de l'Agriculture la
ristourne qu'il avait eue de bonne foi et tout cela.
On n'a pas fini, on pourrait parler de l'article 106 des jours et des
jours, c'est une autre implication.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: II y a deux hypothèses qui peuvent se produire,
à ce moment-là, pour l'agriculteur qui est dans la zone non
agricole et qui a demandé à être inclus dans la zone
agricole. Soit qu'il est exproprié...
M. Lavoie: Cela peut être un cas. M. Garon: À
ce moment-là...
M. Lavoie: Pour une aréna municipale, d'accord, mais c'est
très spécial, les expropriations.
M. Garon: À ce moment-là, s'il est
exproprié, il ne remboursera pas les taxes.
M. Lavoie: Je suis d'accord, n'argumentez pas sur cela, je
comprends la loi autant que vous.
M. Garon: L'autre cas.
M. Lavoie: L'autre cas est plus intéressant.
M. Garon: Personne ne peut forcer quelqu'un à faire un
développement.
M. Lavoie: Mais une ville peut forcer, par des
représentations, la commission à étendre son territoire
urbain et, comme conséquence, sortir des producteurs agricoles de la
zone verte, de la zone agricole.
M. Garon: Oui...
M. Lavoie: Cela peut arriver.
M. Garon: Oui, parce qu'ils vont prouver qu'il y a un
développement et l'individu va donner son opinion là-dessus.
M. Lavoie: Est-ce que le cultivateur, s'il veut rester dans la
zone verte et que la commission dit: Non, vous sortez, et qu'il sort, n'est pas
obligé de payer dix ans d'arrérages? C'est clair, n'essayez pas
de réfuter cela, c'est clair.
M. Gagnon: À quel prix vend-il son terrain, à ce
moment-là?
M. Garon: Le but de la commission n'est pas de sortir les
gars.
M. Lavoie: À quel prix? Excusez-moi, si le ministre n'a
pas compris, le député de Champlain a compris. Il me demande:
À quel prix vend-il? Je vais vous le dire. Dans certains cas, il peut
vendre $200 000 et il va être obligé de rembourser $75 000 de
taxes rétroactivement. Vous avez compris, vous.
M. Gagnon: II va prendre cela en considération dans son
prix de vente.
M. Lavoie: II n'a pas le choix.
M. Dubois: Le ministre pourrait nous dire pourquoi il a
retiré son amendement parce que je pense qu'il tenait compte des
représentations, surtout de la part de l'UPA de Laval et des jardiniers
maraîchers, et cet amendement était sensé. Quelles sont les
raisons qui vous ont amené à le retirer?
M. Garon: Les critères d'évaluation vont
présider à l'évaluation des terrains.
M. Dubois: On a fait une étude avec un comptable
agréé là-dessus. Or dix ans de pénalité en
arrérages de taxes plus l'impôt, c'est 90% du profit. En fait, sur
la différence entre la valeur marchande agricole et la valeur marchande
pour d'autres fins, 90% sont pris soit par la taxe foncière ou par
l'impôt. Contre le gré de l'agriculture. C'est ce qui arrive,
exactement. Faites-le calculer. Vous savez que c'est pour longtemps et vous
allez voir que les $6 ou $7 les $100 d'évaluation, cela va aller jusque
là, et cela va vite. Dix ans d'arrérages plus l'impôt,
parce que c'est basé sur la valeur marchande de 1971 la
plus-value est basée sur la valeur marchande de 1971 cela peut
aller jusqu'à 90% de la plus-value qui va en taxes et en
impôt.
M. Garon: C'est impossible.
M. Dubois: Oui, c'est possible.
M. Lavoie: Je vais vous donner des cas.
M. Dubois: Ce n'est pas partout, remarquez bien. Si le terrain
vaut $10 000 et que les taxes foncières sont de $1.50 les $100, je suis
d'accord que cela ne fait pas tout à fait autant, mais ce n'est pas
comme cela partout.
M. Garon: À ce moment-là, si la valeur du terrain a
augmenté, les taxes sont en proportion; elles sont en fonction de la
valeur du terrain.
M. Dubois: Vous allez récupérer dix ans
d'arrérages de taxes.
M. Garon: Oui, sur la valeur du terrain; ce ne sera pas dix ans
sur la valeur de la dixième année.
M. Dubois: Non, je suis d'accord, c'est graduel. Vous avez
l'impôt qui arrive par derrière.
M. Garon: Cela, c'est pour tout le monde.
M. Dubois: Oui, mais ce gain de capital s'effectue sur une base
d'un an, il ne s'effectue pas sur une base de dix ans. Vous ne pouvez pas
dégrever l'impôt pour les années passées, vous le
dégrevez d'un coup.
M. Garon: Mais tout le monde est assujetti à la taxe sur
les gains de capitaux de la même façon.
M. Dubois: Je suis d'accord, mais c'est parce que dans tout cela,
vous ajoutez les dix ans en arrière de pénalité de taxes.
C'est là, c'est là que cela devient grave. Finalement, contre le
gré des producteurs, leurs terrains vont être retirés de la
zone retenue pour fins agricoles. Ils vont être pénalisés
jusqu'à 90%, si on calcule les dix ans de taxes, jusqu'à
je n'ai pas dit dans tous les cas dans certains cas, 90% pour les taxes
foncières, scolaires, et le profit sur gain de capital.
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais un amendement
à proposer à l'article 106.
M. Garon: Si le cultivateur ne veut pas être exclu, il ne
sera pas exclu contre son gré. Ce ne seront pas des exclusions
automatiques en faveur de la municipalité.
M. Dubois: Mais ce n'est pas clair. Il va falloir retourner
à l'article... je ne sais pas...
M. Lavoie: Mais est-ce que le ministre est d'accord avec moi
qu'il peut être exclu contre son gré? Que cela peut arriver?
M. Garon: Je ne vois pas pourquoi...
M. Lavoie: Je vais vous donner un exemple: Si une
municipalité dit: Nous avons des infrastructures, etc., le
développement est bloqué à tel endroit. Nous avons besoin
de développement. La municipalité fait une demande à la
commission pour exclure deux ou trois terres zonées vertes. Elle
prépare un dossier et elle va à la commission. La première
année, elle ne réussit pas. Elle y retourne. Ou elle veut avoir
de l'activité commerciale dans ce coin, un centre d'achats, de
l'évaluation importante ou un parc industriel privé. Je ne dis
pas exproprier. Au bout d'un an ou deux, les membres des commissions ont
changé, la philosophie est changée, on a moins tendance à
protéger l'agriculture ou quoi que ce soit et la commission dit,
après des auditions ou n'importe quoi, qu'elle acquiesce à la
demande de la municipalité. Même si les cultivateurs
résistent, elle rend sa décision sans appel. Écoutez, la
loi est...
M. Dubois: "La commission peut, aux conditions qu'elle
détermine, exclure de la zone agricole." C'est clair, la commission
peut.
M. Garon: À quel article?
M. Dubois: Article 65. Mais il faudrait quand même ajouter
d'abord, que si on ne peut pas l'exclure à contre le gré, en
fait, de l'exploitant, qu'on l'indique là-dedans, qu'on soit
précis, qu'on ne peut pas l'exclure contre le gré d'un producteur
agricole.
M. Garon: L'opinion du cultivateur qui ne veut pas être
exclu, qui ne veut pas de lotissement sur sa ferme, cela va compter. Ce n'est
pas une exclusion automatique.
M. Dubois: Oui, cela va compter. Même s'il veut demeurer
sur sa ferme, la commission peut décider qu'on retire sa terre ou une
partie de sa terre.
M. Garon: Non, la commission va tenir compte de l'agriculture.
Elle ne peut pas...
M. Dubois: On se fie strictement à la commission, mais si
c'est marqué que si on agit contre le gré du
propriétaire...
M. Garon: II n'y a pas de lotissement actuellement. Trouvez-moi
un endroit, dans l'état actuel des choses...
M. Dubois: Je ne connais pas les problèmes dans certaines
municipalités, mais allez à Laval, vous allez le voir le
problème; vous allez le vivre le problème.
M. Garon: Oui mais il n'y a pas de développement sur une
terre contre le gré de la personne.
M. Dubois: D'abord, pour qui la commission peut retirer?
M. Garon: À ce moment, ce qui pourrait arriver, c'est que
les deux soient d'accord.
M. Dubois: II faudrait marquer aussi "ne peut pas contre le
gré du producteur".
M. Lavoie: Je vais vous donner des cas: À Laval,
l'autoroute 13 vous connaissez cela qui va à Mirabel?
Connaissez-vous la nouvelle autoroute 13 qui est à l'ouest de Laval?
M. Garon: Oui.
M. Lavoie: Pour le moment, vous avez zoné agricoles les
deux côtés de l'autoroute 13, où il y a des voies de
service, où la ville a déjà commencé des
collecteurs d'égouts et d'aqueduc; les deux côtés de
l'autoroute 13, en entrant dans la ville de Laval. Et même c'est
malheureux cela a déjà été
décapé, il y a cinq ou six ans. C'est sûr qu'il n'y aura
pas de grande culture là. Je suis convaincu qu'avec les
négociations avec la ville de Laval, d'ici un an, cela va sortir de
là. C'est comme la Transcanadienne à Montréal. Je pense
bien qu'il y a une vocation d'industries comme il y en a tout le long de la
Transcanadienne. C'est le même cas, la route 13 à Laval, les voies
de service ont été faites pour du développement industriel
et tout. Cela va sortir d'ici un an. Qu'est-ce qui vous dit que, dans cinq,
six, sept ou huit ans, s'il y a des industries, des manufactures
installées le long de ces routes, ou même des centres commerciaux,
la ville, dans quatre ou cinq ans je dirais juste en arrière de
cela ne voudra pas avoir du développement multifamilial, du
quatre ou cinq étages, on a besoin d'évaluation, on n'arrive
plus. Ce serait juste les terres à côté qui sont
actuellement dans la zone verte et qui, dans un an, seraient dans la zone
verte. Je vais vous donner les noms des propriétaires, les Charbonneau
et les autres. Je les connais par coeur.
Dans trois ou quatre ans, la ville va dire: Écoutez, on a des
emplois ici, telle industrie emploie 300 personnes, une autre 250, une autre
400, il faut loger ce monde, on a une rareté de logements. Puis
là, ces gens se mettent à faire des pressions pour les sortir de
la zone verte. Les messieurs Charbonneau disent: Non, on veut rester
agriculteurs. Ils veulent rester agriculteurs, mais ils sont bloqués par
ce développement. À la ville, il y a un an, deux ans, trois ans
et, au bout de
trois ans, je vous dis que la philosophie est changée. Les
commissaires sont un peu portés au développement, il y a une
autre philosophie et, au bout de trois ans, ils disent: Nous les sortons. Mais
ces messieurs Charbonneau vont être obligés de retourner dix ans
en arrière; au lieu de payer $150 de taxes comme ils payent
actuellement, ils vont être obligés de payer $15 000 de taxes et
ce, dix ans en arrière; cela fait $150 000. Et ils vont être
obligés de rembourser le ministère de l'Agriculture des 70%
qu'ils ont reçus. C'est cela la réalité, c'est cela que la
loi dit.
M. Dubois: Votre amendement, à 106, prévoyait quand
même une certaine protection pour l'agriculteur.
M. Garon: La commission a pour but de les protéger, elle
n'a pas pour but de les sortir malgré eux.
M. Dubois: Mais ce n'est plus cela que vous faites. Mais
qualifiez-le à l'article 65, d'abord, et marquez: Jamais, contre la
volonté d'un producteur, il pourrait être retiré de la zone
agricole Marquez-le. Là, ce serait au moins rassurant pour
l'agriculteur.
M. Garon: C'est la même chose que pour l'inclusion
automatique.
M. Dubois: Parce que là, on reste à la
décision de la commission. On s'en tient strictement à la
commission parce qu'elle peut retirer d'une aire agricole ou d'une zone
agricole tout terrain, toute terre; elle peut, même à l'encontre
de la volonté du producteur. Alors, si vous voulez protéger les
terres agricoles, faites-le, ou gardez votre amendement à 106 qui
protège l'agriculteur.
M. Lavoie: M. le Président, j'ai annoncé tout
à l'heure un amendement, voici mon amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval, M. le député de Beauce-Sud avait demandé la
parole.
M. Roy: Oui, M. le Président. J'avais fait des remarques
lorsque nous avons étudié les articles 65 et 66 à ce
sujet. Le ministre nous avait dit, si ma mémoire est bonne, que l'on
verrait plus tard, dans d'autres dispositions de la loi, à clarifier la
situation. M. le Président, il y a quand même un fait que le
ministre ne devrait pas oublier. La commission sera chargée
d'administrer la loi. Elle aura une loi à administrer, la commission.
Elle ne pourra pas faire des choses qui ne sont pas prévues dans la loi.
Elle devra faire en sorte que ce qui est prévu dans la loi s'applique.
Quand on dit: Le gouvernement peut, après avoir pris l'avis de la
commission, exclure un lot une partie de lot d'une zone agricole, et on dit
aussi: À la demande d'une corporation municipale, article 76, ou d'une
communauté, la commission peut, aux conditions qu'elle détermine,
exclure de la zone agricole un ensemble de lots...
Je ne me base pas sur ce qui n'est pas écrit dans la loi, je me
base sur ce qui est écrit dans la loi, et c'est bien clair
là-dessus. Alors, on ferait perdre, comme disait le député
de Laval... Une personne qui est exclue contre son gré, il y en aura
sûrement. Il n'y aurait qu'un cas, mais il va y en avoir plus qu'un.
C'est inévitable, il y en aura. Il va y avoir des gens qui vont
être exclus de la zone agricole malgré eux. C'est évident.
Ou encore il y aura des gens qui voudront se faire inclure dans la zone
agricole et on trouvera toutes sortes de raisons pour qu'ils ne soient pas
inclus, parce que ce n'est pas automatique, comme le ministre vient de le dire.
La commission n'est pas obligée d'inclure tous ceux qui demanderont
d'être inclus dans la zone réservée, dans le territoire
protégé.
Mais, si l'on dit dans la loi que ceux qui ne sont pas dans la zone
protégée seront exclus d'abord des bénéfices de la
loi pour le remboursement des taxes, ne seront pas protégés par
la limite de la loi de l'évaluation sur les $150 l'acre, le 1%, etc...
D'autant plus qu'après en avoir fait partie pendant un certain temps, on
les exclut malgré eux c'est un autre élément du
dossier on les exclut malgré eux, la clause du remboursement
pendant dix ans, pendant les dix ans antérieurs s'applique. On veut
protéger le territoire agricole, il va falloir que l'on pense aussi
à protéger l'agriculteur, à protéger les citoyens.
Je suis bien d'accord que l'on protège les territoires agricoles, mais
si l'on fait en sorte que ceux qui sont les propriétaires du territoire
agricole, particulièrement et spécialement les agriculteurs comme
tels, les jardiniers, les maraîchers... Quand je parle des agriculteurs,
j'inclus toutes les catégories.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon. (16 h 30)
M. Dubois: Je pense que ce serait bon de relire le
deuxième alinéa de l'article 65. Quand vous disiez tout à
l'heure qu'on ne retirera pas, de l'aire agricole désignée, une
ferme contre la volonté du producteur, là, on dit qu'à
l'examen de la demande, la commission peut considérer l'effet du projet
sur le développement économique de la région.
M. Lavoie: C'est cela.
M. Dubois: Alors, si elle juge qu'elle doit le retirer pour des
fins économiques, retirer ce lot ou cette terre de la zone agricole
désignée, qu'on applique, à ce moment, votre amendement
à l'article 106.
M. Garon: Non, à l'article 65, la commission examine la
demande, elle tient compte des facteurs que j'ai mentionnés au
deuxième alinéa. Elle tient aussi compte du gars qui va faire une
demande d'exclusion, de l'agriculteur va faire une demande d'exclusion.
M. Dubois: Elle va peut-être en tenir compte jusqu'à
un certain point. Mais...
M. Garon: Supposons qu'il n'y a pas de zonage agricole. Vous avez
le même agriculteur. Une entre-
prise veut se bâtir sur sa terre et le gars ne veut pas. Il ne
vendra pas sa terre. Il va la garder.
M. Dubois: Oui, mais ce n'est quand même pas clair.
M. Garon: II est dans une zone agricole. La municipalité
demande l'exclusion de sa terre. Lui ne veut pas. Pourquoi la commission
l'exclurait-elle?
M. Dubois: Mais c'est écrit plus bas "Si la commission
accorde cette demande". Cela ne dit pas qu'elle ne peut pas l'accorder à
l'encontre de la volonté du producteur, par exemple. Ajoutez-le dedans.
Au moins, il y aurait une sécurité pour le producteur qui veut
absolument rester sur sa ferme. Je pense que cela serait peut-être
illogique de bloquer un développement à cause d'une ferme, mais
c'est là que la loi s'appliquerait pour votre amendement à
l'article 106.
M. Garon: Comment la municipalité va-t-elle pouvoir lotir
quelqu'un qui ne veut pas être loti.
M. Dubois: C'est la commission qui prend la décision;
c'est marqué.
M. Garon: Mais non.
M. Roy: On va faire une supposition, M. le Président. Je
vais donner un exemple pour illustrer ce que veut dire le député
de Huntingdon.
M. Garon: Lisez le premier paragraphe comme il faut. Demande
d'une corporation municipale. Vous dites, un ensemble de lots, une partie de
lots de la corporation municipale ou de la communauté. Projet
d'autoriser le lotissement ou l'utilisation. Projet d'autoriser le lotissement,
c'est parce que le gars veut lotir. C'est parce qu'il le demande.
M. Dubois: Écoutez, ce n'est pas nécessairement
à la demande du contribuable. Cela peut être...
M. Garon: Si une certaine municipalité peut autoriser le
lotissement, c'est parce qu'il y a un gars qui veut le lotir.
M. Roy: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M.Roy: ..
M.Dubois: ... projeter sans consulter le propriétaire et
aller devant la commission et dire: Cela nous intéresse de retirer ce
lot de l'aire agricole. C'est aussi simple que cela.
M. Garon: Mais il va falloir qu'il démontre que le gars
veut vendre, veut lotir.
M. Dubois: Qu'on le dise là-dedans. J'avais...
M. Garon: Si c'est cela que cela dit? M. Dubois: Ce n'est
pas clair.
M. Roy: C'est tellement peu clair que cela fait des...
M. Garon: C'est clair pour que la commission ait pour objet de
protéger... la protection et la loi, toute la loi... si vous
protégez les terres, ce n'est pas pour les exclure de la zone agricole,
c'est pour les protéger. La municipalité vient faire une demande
d'autoriser le lotissement de quelqu'un qui veut lotir.
M. Dubois: Ce ne sont pas tous des fous, les gens qui sont venus
en avant qui ont présenté un mémoire...
M. Garon: Non, mais c'est une loi nouvelle...
M. Dubois: ... et qui vous ont indiqué que cet article
n'était pas quand même, ne protégeait pas
nécessairement une terre agricole qui serait peut-être dans une
enclave, possiblement.
M. Garon: Mais on l'a analysé sous toutes ses coutures, et
je vous dis que pour nous, c'est clair que cela veut dire cela. Dans la
municipalité où la corporation municipale de la communauté
projette d'autoriser le lotissement ou l'utilisation à une fin autre que
l'agriculture... Le propriétaire qui veut lotir ou utiliser à une
fin autre que l'agriculture le demande à la municipalité et
celle-ci fait sa demande.
M. Dubois: Vous savez bien, M. le ministre, à part cela,
que les conséquences de cette loi ne sont pas généralement
connues à travers la province de Québec et de tous les
propriétaires de fermes.
M. Garon: Non, c'est normal. C'est une loi nouvelle, mais elle va
être connue, elle est pas mal plus connue aujourd'hui qu'elle ne
l'était il y a un mois.
M. Dubois: En plus... N'empêche que ce n'est pas tout le
monde, quand même, qui a un projet de loi en mains.
Grâce à l'Opposition... Parce que, si on avait dit oui tout
de suite, elle ne serait pas connue. C'est l'Opposition qui a permis de la
faire connaître.
M. le Président, je vais prendre un exemple à l'intention
du ministre. Je vais prendre un projet qui a été dans l'air et
qui est encore dans l'air, puisqu'il n'est pas encore descendu tout à
fait sur terre, le projet de l'usine Ford. Par exemple, l'industrie Ford vient
s'établir au Québec, et on décide de construire l'usine
dans un territoire j'espère qu'il ne sera pas propice à
l'agriculture, même si c'est le cas de la région de
Montréal, il y en a où il faudra amener de
l'infrastructure, il faudrait qu'il y ait des voies d'accès... il y en a
dans la région de la Beauce. Je remercie Mme le ministre de me donner
l'occasion de... non pas Mme le ministre mais l'aspirant, de me donner
l'occasion de le dire. Mais cela va être nécessaire d'installer
des services publics, de procéder à l'aménagement
d'in-
frastructures. Il devra y avoir des voies d'accès. Si on prend
l'article 66 qui se réfère évidemment à l'article
que l'on discute à ce moment-ci, "le gouvernement peut, après
avoir pris l'avis de la commission, exclure un lot ou partie de lot d'une zone
agricole pour les fins d'un ministère ou d'un organisme public." Or, le
ministère des Transports a besoin de traverser trois fermes pour
être capable de procéder à l'aménagement d'une
autoroute, d'une route ou d'une grande voie d'accès. On va
procéder par expropriation.
M. Garon: Oui.
M. Roy: Avant de procéder à l'expropriation, le
ministre des Transports devra avoir obtenu de la commission que le dossier soit
retiré de la commission ou que la commission ait donné son
approbation, son accord pour que les lots concernés soient exclus de la
zone agricole. Le type, c'est contre lui, malgré lui, il ne veut pas
pour aucune considération. On l'oblige à payer dix ans de
taxes.
M. Garon: Expropriation, non; c'est prévu à
l'article 106.
M. Roy: Oui, mais si le gouvernement ne procède pas
à l'expropriation tout de suite?
M. Garon: S'il demande l'expropriation... c'est une demande
d'expropriation.
M. Roy: Pour une expropriation éventuelle, mais il n'y a
encore rien de décidé au point de vue expropriation. On commence
par réserver le terrain, on l'exclut de la zone agricole pour
éviter, évidemment, qu'il se fasse trop d'investissements qui
pourraient coûter plus cher par la suite. Vous allez me dire que ce sont
des cas marginaux, il n'y a pas d'expropriation faite; on peut procéder
par toutes sortes de moyens.
Ce que le ministre nous demande en somme, si j'ai bien compris les
remarques et les inquiétudes de mes collègues, le ministre nous
dit: Écoutez, ayez donc confiance en la commission, la commission va
arranger cela; à la commission, ce sont des gens de bonne foi.
M. Garon: Le ministère des Transports va dire, à ce
moment-là, que c'est parce qu'il veut exproprier. La commission va
donner l'autorisation à la condition qu'il y ait expropriation.
M. Roy: C'est la commission qui va décider, c'est la
commission qui va juger. Prenons un autre cas.
M. Garon: Même à l'article 65, on le dit au
troisième paragraphe: "Si la commission accorde cette demande", dans le
cas des municipalités, et à plus forte raison dans le cas d'un
ministère, "elle doit le faire à la condition que le
règlement, visant à mettre en oeuvre la décision, soit
adopté et en vigueur dans les six mois qui suivent la date où la
décision a été rendue." Justement pour ne pas qu'on donne
des prétextes à la commission en disant: On veut exproprier, on
fait sortir le lot de la zone agricole et on ne t'exproprie pas, la commission
va dire: Oui, à la condition que vous fassiez l'expropriation.
M. Dubois: II n'est pas toujours question d'expropriation. Prenez
la ville de Laval, c'est quand même un exemple frappant.
M. Lavoie: ...
M. Dubois: Cela va arriver chez nous aussi. Le "lobbying" qui va
se faire autour de la commission, remarquez bien que la corporation municipale
ou la ville de Laval va en faire du "lobbying", elle s'est vu retirer des
terres de l'aire agricole. Ce sont quand même des hommes, ce ne sont pas
des ordinateurs. Ils peuvent être sensibilisés par la ville de
Laval, prendre une décision et dire: Oui, allez-y!
M. Beauséjour: M. le Président, ce qu'il ne faut
pas oublier dans notre discussion, c'est de bien lire ce qu'il y a au
début de i) et ii).
M. Dubois: Je m'en tiens à l'article 65; cet article est
assez explicite.
M. Beauséjour: Oui, mais je suis à l'article 106.
C'est toujours indiqué...
M. Dubois: II faut revenir à l'article 65 si on veut juger
de la valeur de l'article 106.
M. Beauséjour: "... depuis l'établissement de la
zone agricole", c'est-à-dire qu'il va y avoir l'établissement de
la zone agricole. Dans la région de Laval, il y a des territoires qui
seront inclus, certains seront peut-être exclus, mais ils n'auront pas
à payer les dix ans d'arrérages. Une fois la zone officielle
définie, pour les cas qui viennent après, on pourra se
référer à l'article 65 qui protège dans le sens que
si le propriétaire veut faire un développement, c'est d'accord,
mais la commission n'est certainement pas là pour défaire toutes
les zones agricoles d'un jour à l'autre; c'est le contraire, il faut que
cette zone soit permanente.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Gagnon: M. le Président, j'avais demandé la
parole, si vous me permettez.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Malgré l'assurance que donne le ministre, il
semble encore y avoir beaucoup de craintes. J'aimerais bien qu'on puisse
résumer un peu ce qu'on a dit autour de ce problème du
dézonage pour
un développement domiciliaire. Dans les cas d'expropriation c'est
bien clair, il n'y a aucun problème, nous payons suivant la valeur. Dans
un cas où la commission accepte de sortir de la zone verte, du
territoire agricole pour devenir dans la zone blanche, normalement la
commission ne pourrait pas le faire, si l'agriculteur ou les agriculteurs ne
veulent pas vendre pour le développement. Cela veut dire qu'à ce
moment...
M. Lavoie: Non, non. Ce que vous dites n'est pas exact. La
commission, je vous le dis et je pense bien que le ministre va dire la
même chose que moi, a le droit d'exclure même contre le gré
du cultivateur. Demandez au ministre si c'est vrai ou non. Ce n'est pas
sorcier, mais c'est la loi.
M. Garon: Théoriquement, oui. Mais, pratiquement, la
commission a pour but de protéger les terres. Si un agriculteur ne veut
pas sortir de la zone agricole, je ne vois pas pourquoi la commission le
sortirait.
M. Lavoie: À moins que vous soyez le seul membre de la
commission, que vous restiez là de manière perpétuelle et
que vous ne changiez jamais d'idée. Cela dépend. Mais ce n'est
pas vous qui êtes le seul membre de la commission.
M. Dubois: Est-ce que vous avez objection à expliquer les
raisons qui vous ont amené à retirer votre amendement à
106?
M. Garon: Non, cela n'ajoutait rien.
M. Dubois: Mais c'était une bonne protection quand
même.
M. Garon: Non, je l'ai pensé moi aussi, mais... M.
Dubois: C'était une très bonne protection.
M. Garon: ... je me suis renseigné auprès des
spécialistes en matière d'évaluation, et ils ont dit que
cela n'ajoutait rien.
M. Dubois: Dans les cas que l'on explique, cela ajoute quelque
chose, parce que l'imposition se fera à la valeur marchande agricole et
non à la valeur marchande pour d'autres fins. Vous ménagez la
chèvre et le chou. Il faudrait quand même ne jamais retirer d'une
zone agricole une ferme...
M. Garon: Non, j'ai rencontré, hier...
M. Dubois: ... à l'encontre de l'agriculteur.
M. Garon:... les gens du ministère des Affaires
municipales qui m'ont dit que cela ne donnerait rien de mettre cela
là.
M. Dubois: Alors si l'on oublie l'amendement à l'article
106 il va falloir indiquer quand même que nous ne retirerons pas de la
zone agricole toute ferme à l'encontre de la volonté de
l'agriculteur.
M. Beauséjour: Qu'est-ce que vous faites en cas
d'expropriation?
M. Dubois: C'est réglé. C'est un cas
réglé, l'expropriation. Les pénalités ne sont pas
prévues pour les expropriations. Tandis que si elle est retirée
par la commission, ce n'est pas prévu que les pénalités ne
sont pas applicables.
Le Président (M. Boucher): Alors je donne la parole au
député de...
M. Garon: Le problème de la commission, vous savez, ce ne
sera pas de sortir des gars contre leur volonté, cela va être
plutôt de garder des gars dans la zone qui vont vouloir sortir.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Dubois: Vous savez très bien, M. le ministre, les
pressions qui vont s'exercer par certains conseils municipaux vis-à-vis
de la commission, vous le savez.
Le Président (M. Boucher): Écoutez, M. le
député de Laval a un amendement à présenter, alors
je lui donne la parole immédiatement.
M. Lavoie: C'est un amendement qui se lirait comme suit, à
l'article 106. L'article 106 se lirait comme suit: "La loi sur
l'évaluation foncière (1971, chapitre 50) est modifiée par
l'insertion de l'article 21 a, après l'article 21 et de l'article 21b
après l'article 21a. Le 3e alinéa de l'article 106 est
remplacé par le suivant: est-ce le 3e? "Lorsqu'une ferme est exclue de
la zone agricole à la demande du propriétaire... je voudrais que
le ministre écoute, car je ne veux pas répéter vingt-cinq
fois. L'amendement en somme, la portée de l'amendement est la suivante,
au 3e alinéa, ici, M. le ministre: "Lorsqu'une ferme est exclue d'une
zone agricole à la demande du propriétaire, "si un cultivateur
veut se faire sortir, c'est le cas, "celui qui est tenu de payer les taxes doit
rembourser, s'il y a lieu, i) à la corporation municipale et à la
commission scolaire l'excédent des taxes foncières
calculées sur l'évaluation agricole seulement inscrites au
rôle ou non, qui auraient dû être payées sur la partie
exclue pour les exercices financiers pendant lesquels la ferme était
incluse à la zone agricole jusqu'à concurrence des trois derniers
exercices financiers municipaux et scolaires depuis l'établissement de
la zone agricole, ii) au ministre de l'Agriculture les sommes payées par
lui en vertu de la présente loi jusqu'à concurrence des trois
derniers exercices financiers municipaux et scolaires depuis
l'établissement de la zone agricole." et après on ajoute 21b, qui
serait le suivant, qui concerne le marché central de Montréal qui
se lirait comme suit: "Tout terrain utilisé comme marché de gros
de produits agricoles tel que défini par le chapitre 110 des lois de
Québec 1958-1959 est exempt de toute taxe foncière pour la partie
de la valeur portée au rôle qui excède $3000 l'acre." (16 h
45)
M. Beauséjour: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Je n'ai pas l'amendement en main, mais je
m'interroge déjà. Ayant entendu parler à plusieurs
endroits de questions financières, je voudrais que vous examiniez bien
si cela ne vient pas en contradiction avec l'article je crois que c'est
64 de notre règlement...
M. Lavoie: Si le député d'Iberville a peur des
implications foncières, je vais lui répondre que les $3000 de
maximum sur l'évaluation foncière, s'il y en a qui subissent un
préjudice par cela, ce n'est pas l'État provincial, c'est la
ville de Montréal.
M. Beauséjour: J'en suis sur la recevabilité.
M. Lavoie: C'est cela; je parle de cela, les implications
foncières.
M. Beauséjour: En rapport avec l'article 64, quand il est
question...
M. Lavoie: Cela veut dire que l'article 64 ne s'applique pas, du
moins, pour cette partie.
M. Beauséjour: Vous avez changé les dix ans pour
trois ans.
M. Lavoie: Je vais vous dire pourquoi je le calcule recevable, M.
le Président: pour la même raison que vous avez accepté, je
crois, un amendement du député de Champlain, lorsqu'il a
lui-même apporté un amendement sur la durée du terme des
membres de la commission. La loi originale disait cinq ans et le
député de Champlain a proposé dix ans. Vous avez dit que
c'était recevable, parce que c'était uniquement une extension du
salaire des commissaires. Je vous dis que c'est uniquement une réduction
de la période des taxes qu'il doit rembourser dans un cas
hypothétique d'exclusion de la zone agricole. Je pense bien qu'il y a
une analogie assez semblable.
M. Beauséjour: ... copie de l'amendement. M. Lavoie:
Faites 500 copies.
Le Président (M. Boucher): Pour les commissaires, on va
suspendre pour que tous les membres de la commission aient l'amendement en
main.
(Suspension de la séance à 16 h 48)
(Reprise de la séance à 17 h 5)
Le Président (M. Boucher): Sur la recevabilité de
la motion présentée par le député de Laval,
à l'article 106, voulant que la Loi sur l'évaluation
foncière 1971, chapitre 50) soit modifiée par l'insertion des
articles 21b et 21c après l'article 21a, le troisième
alinéa de l'article 106 est remplacé par les suivants: 21b.
Lorsqu'une ferme est exclue de la zone agricole à la demande du
propriétaire, celui qui est tenu de payer les taxes doit rembourser,
s'il y a lieu: i) à la corporation municipale et à la commission
scolaire l'excédent des taxes foncières calculées sur
l'évaluation agricole seulement inscrite au rôle ou non qui
auraient dû être payées sur la partie exclue, pour les
exercices financiers pendant lesquels la ferme était incluse à la
zone agricole, jusqu'à concurrence des trois derniers exercices
financiers municipaux et scolaires depuis l'établissement de la zone
agricole; ii) au ministre de l'Agriculture, les sommes payées par lui en
vertu de la présente loi jusqu'à concurrence des trois derniers
exercices financiers municipaux et scolaires depuis l'établissement de
la zone agricole.
L'article 21c: Tout terrain utilisé comme marché de gros
de produits agricoles tels que définis par le chapitre 190 des Lois du
Québec de 1958-1959 est exempt de toute taxe foncière pour la
partie de la valeur portée au rôle qui excède $3000
l'acre.
Je crois que cet amendement aurait dû être
présenté par un membre du gouvernement, étant donné
qu'il implique, en vertu de l'article 64, l'imposition d'une charge
additionnelle sur les revenus publics ou sur les contribuables.
Dans la rédaction actuelle de l'article, à ii) il est dit:
au ministre de l'Agriculture, les sommes payées par lui en vertu de la
présente loi jusqu'à concurrence des dix derniers exercices
financiers municipaux et scolaires depuis l'établissement de la zone
agricole. Dans l'amendement, on limite aux trois derniers exercices financiers
municipaux et scolaires depuis l'établissement de la zone agricole, ce
qui aurait pour effet direct de priver pendant sept ans le ministre de certains
revenus.
Une décision a été rendue le 6 juillet 1972,
où on dit: Un amendement à un projet de loi
présenté par un député de l'Opposition qui a une
implication fiscale qui diminuerait je vous lis la décision
les revenus de l'État ne peut être reçu. En
conséquence, je dois refuser la motion.
M. Lavoie: M. le Président, en premier lieu, je ne
critique pas votre décision, je l'accepte. Je vais faire une demande
à la commission, étant donné que la seule opposition
à la recevabilité vient du député péquiste
du comté d'Iberville; c'est lui qui s'est opposé à la
recevabilité...
M. Beauséjour: Question de règlement!
M. Lavoie: Non, je ne critique pas cela. C'est la seule
opposition qu'il y a eu.
Le Président (M. Boucher): Question de
règlement.
M. Beauséjour: On pourrait relire la transcription des
débats d'hier et on s'apercevrait que, face au règlement, ce
n'est pas le député d'Iberville qui déclare qu'une motion
est recevable ou pas, c'est le président.
Le Président (M. Boucher): D'accord, M. le
député d'Iberville.
M. Lavoie: M. le Président, je pense qu'il n'y avait pas
de question de règlement. C'est une constatation que je fais. J'aurais
une demande à faire à la commission. Est-ce qu'il y aurait
consentement unanime de la part de la commission pour que cet amendement soit
reçu? Je comprends qu'il y a consentement!
M. Garon: Non.
M. Lavoie: Le ministre refuse son consentement.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas consentement, M.
le député de Laval.
M. Lavoie: Dans ce cas, mon amendement n'étant pas
reçu, je vais modifier cet amendement...
Le Président (M. Boucher): Vous en présentez un
nouveau?
M. Lavoie: Oui. J'enlève ii). C'est sur cela vous avez
rejeté mon amendement. Étant donné qu'il y aura une perte
pour le gouvernement en ne recevant pas le remboursement d'il y a dix ans en
arrière, je laisse uniquement i); ce sera un moindre mal pour les
cultivateurs et les producteurs agricoles. Au moins, ils ne seront pas tenus de
rembourser dix ans en arrière les taxes municipales et scolaires,
uniquement trois ans.
Je vous soumets de nouveau le même amendement, M. le
Président, mais en retranchant ii). Je laisse nécessairement le
paragraphe ii) qui est dans la loi tel quel, ils seront tenus de rembourser dix
ans au ministère de l'Agriculture. Le "candy ", ils le rembourseront dix
ans, les 70% des taxes, qui sont un montant assez minime comparativement aux
taxes municipales et scolaires qui peuvent être terribles sur une
période de dix ans.
M. le Président, pour clarifier encore une fois, ne biffez pas
ii), mais enlevez "trois dernières années" au paragraphe ii) et
inscrivez "dix ans".
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval, sur la recevabilité, pourriez-vous m'éclairer sur
l'interprétation qu'on pourrait donner à l'article 64, selon
laquelle une motion ne peut être présentée que par un
représentant du gouvernement, après recommandation du
lieutenant-gouverneur en conseil, lorsqu'elle a pour objet direct l'imposition
d'une charge additionnelle sur les revenus publics ou sur les
contribuables.
Est-ce que cet article implique l'imposition d'une charge additionnelle
sur les revenus publics ou sur les contribuables? Est-ce que cela implique que
cette imposition puisse venir de la municipalité, qui est quand
même une créature des provinces, ou si on peut se limiter
uniquement à ce que cette imposition ne vienne que du gouvernement?
M. Lavoie: M. le Président, j'ai une certaine tradition
parlementaire, je vous donne ma parole d'honneur, quitte à ce que vous
suspendiez la séance pour aller consulter le président de
l'Assemblée nationale, que l'article 64 ne couvre que l'État et,
lorsqu'on parle de l'État, c'est uniquement l'État provincial.
C'est clair. Ce règlement s'applique pour les travaux parlementaires du
Parlement du Québec, de l'Assemblée nationale et, lorsqu'on parle
d'État aux contribuables, c'est à titre d'État aux
contribuables québécois. Raison de plus si vous avez reçu,
durant les travaux de cette commission, un amendement où on avait
proposé que la zone agricole ne puisse s'appliquer que si c'est soumis
à un référendum aux frais des municipalités. Cela
créait une charge nouvelle pour les contribuables, mais on avait
spécifié que c'était pour les municipalités et vous
avez reçu cet amendement il y a quelques jours.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la recevabilité de la motion? Cette motion, à
l'exception du paragraphe ii), est exactement la même que celle
présentée préalablement.
M. Gagnon: M. le Président, vous avez demandé
à être éclairé par le député de Laval
sur l'implication de l'article 64, paragraphe 3, alors qu'on mentionne des
frais pour le gouvernement ou pour les contribuables. Je me demande
jusqu'à quel point une taxe additionnelle ou des sommes d'argent qui
impliquent une municipalité... Ce sont des contribuables. Je me poserais
des questions sérieuses sur la recevabilité de cet
amendement.
Le Président (M. Boucher): C'est justement le doute que
j'entretiens actuellement concernant la recevabilité. Compte tenu qu'on
m'a informé qu'il y avait de la jurisprudence en vertu de l'article 64,
paragraphe 3, et que, lorsqu'on parle de charges supplémentaires...
L'article 64 était interprété en disant... (17 h 15)
M. Lavoie: M. le Président, écoutez...
Le Président (M. Boucher):... que l'imposition d'une
charge additionnelle sur les revenus publics ou sur les contribuables implique
les gouvernements municipaux et scolaires.
M. Lavoie: M. le Président, je vais essayer de garder mon
calme.
Le Président (M. Boucher): Je vous... je vous...
M. Lavoie: Je vais essayer de garder mon calme.
Le Président (M. Boucher): Je vous soumets...
M. Lavoie: ... mais si vous rendez des décisions de la
sorte, cela veut dire, en somme, que l'opposition et les députés
n'ont plus le droit d'apporter d'amendements. Je vais vous lire l'article 64 et
on va le lire dans son contexte. Il y a quand même une limite! Si les
députés ne sont plus capables d'apporter un amendement à
un projet de loi...
Le Président (M. Boucher): Je n'ai pas rendu de
décision, M. le député de Laval.
M. Lavoie: Je trouve que cela vous prend pas mal de temps quand
c'est assez clair. "Une motion ne peut être présentée que
par un représentant du gouvernement" on parle du gouvernement, je
pense bien que cela n'est pas le gouvernement fédéral, cela doit
être le gouvernement provincial "après recommandation du
lieutenant-gouverneur en conseil" cela n'est pas fédéral,
parce qu'à Ottawa c'est un gouverneur général et dans les
municipalités, il n'y en a pas de gouverneur; ni général,
ni lieutenant! lorsqu'elle a pour objet: "1) L'exécution de
travaux publics; "2) L'allocation de subventions; "3) L'imposition d'une charge
additionnelle sur les revenus publics ou sur les contribuables; "4) La remise
d'une somme due à l'État" l'État je pense que c'est
l'État du Québec, c'est un règlement de l'Assemblée
nationale; "5) La concession de biens appartenant à l'État"
c'est encore le Québec; "6) L'autorisation de consentir quelque
emprunt ou obligation engageant le crédit de l'État c'est
encore le Québec, ce n'est pas municipal. "Toutefois, cette règle
ne s'applique pas à une motion qui exprime seulement une opinion
abstraite sur une manière énumérée ci-dessus."
M. le Président, je vous dirais et je termine sur cela
que si vous n'avez pas l'intention de recevoir cette distinction,
à savoir que le contribuable serait le contribuable municipal ou quoi
que ce soit à titre de contribuable municipal, avant de rendre une
décision parce que les décisions ici, il y a une
jurisprudence qui est respectée à l'avenir de ne pas la
rendre à peu près. Je vous inviterais à suspendre et
à consulter le président de l'Assemblée nationale, si vous
avez l'intention de refuser mon amendement.
Le Président (M. Boucher): Je me rends à votre
désir, M. le député de Laval, et je suspends.
(Suspension de la séance à 17 h 20)
(Reprise de la séance à 17 h 32)
Le Président (M. Boucher): Je ne relirai pas l'amendement
proposé par le député de Laval, compte tenu de la longueur
du texte, mais je demanderais aux membres de considérer qu'il s'agit du
texte qu'ils ont entre les mains, le premier amendement soumis par le
député de Laval, sauf que dans le paragraphe ii), on maintient au
ministre de l'Agriculture les sommes payées par lui en vertu de la
présente loi, jusqu'à concurrence des dix derniers exercices
financiers, municipaux et scolaires, depuis l'établissement de la zone
agricole. Alors, le paragraphe ii) demeure pour les dix derniers exercices
financiers et le paragraphe i) est le même que celui dont vous avez
copie.
Alors, pour les consultations concernant la question soulevée,
à savoir si, lorsqu'il était question de corporations municipales
et scolaires, on devait interpréter l'article 64 dans le même
sens, Beauchesne ne mentionne aucun cas où il est question de
corporations municipales et scolaires. Par conséquent, Beauchesne parle
toujours de la couronne qui représente, en fait, l'État.
Alors, devant cette opinion, je dois, dans le doute, laisser en
discussion la motion du député de Laval et je la déclare
recevable. M. le député de Laval.
M. Lavoie: Je ne discuterai pas tellement longtemps sur cela.
J'ai mon argumentation déjà. Mais je vais ajouter quelques mots.
J'ai des cas à l'esprit qui sont tout près de chez moi et il y en
a plusieurs. Cela peut se répéter autant dans l'île
Jésus que dans Sainte-Dorothée, Fabreville, Auteuil, Duvernay et
Saint-François. Je pourrais nommer des cas qui peuvent se
présenter avec les taux d'imposition qu'il y a dans une ville de
banlieue comme Laval. Cela peut s'appliquer partout dans la région
métropolitaine de Montréal, vers tous les points cardinaux,
autant dans Saint-Eustache, dans Terrebonne, dans L'Assomption, sur la rive
sud, soit dans le comté de Huntingdon, même Iberville
éventuellement et Châteauguay, dans ces coins-là,
Laprairie, Saint-Jean.
Le cas qui me vient à l'esprit, sans nommer de nom, c'est celui
d'un jardinier qui pourrait avoir 30 arpents, ce qui n'est pas une terre
énorme, qui a une évaluation actuelle, en vertu de l'article 21
de la Loi de l'évaluation foncière, d'au maximum $4000, soit $150
l'acre, ce qui fait à peu près $125 l'arpent, où il paie
le maximum de $1 au municipal et je pense qu'il n'y a peut-être
pas de maximum au scolaire $1.50 au scolaire, cela fait $2.50. Cela lui
coûte $100 par année.
Avec l'article 106 de la nouvelle loi, s'il n'était pas
amendé, où il n'y a plus de limite sur l'évaluation ni sur
le taux d'imposition, avec les taux d'évaluation nous avons la
valeur réelle à Laval, et très réelle c'est
tout près de 100% de la valeur marchande. On connaît la valeur des
terrains dans la région périphérique de
Montréal.
S'il n'a plus cette protection, il peut fort bien, sur une
période de dix ans, avoir une moyenne de
$10 000 l'arpent. Actuellement, le cas que j'ai à l'esprit dans
cette région, c'est environ $7000 ou $8000 l'arpent. On sait que sur une
période de dix ans, cela peut-être facilement et je
n'exagère pas $10 000, en appliquant le taux actuel des taxes
municipales et scolaires. On sait qu'il y a toujours, devant une période
plus ou moins inflationniste... Même le taux actuel qui est de $3, s'il y
a trente arpents, cela veut dire qu'il aurait une évaluation de $300
000. À $3 du $100 d'évaluation, cela fait $9000. Et s'il est
obligé de rembourser sur une période de dix ans, c'est facile de
faire l'addition. Cela fait pas loin de $100 000. Ce sont des cas qui peuvent
s'appliquer mutatis mutandis, avec un peu plus ou un peu moins; tout
dépend de la région où cela s'applique. Mon amendement
vise à réduire cette pénalité de $100 000 à
$30 000, je trouve que pour trois ans, ce serait une pénalité
joliment forte.
J'ai laissé tomber, dans le respect de notre règlement,
pour l'application de l'article 64, le ii), parce que c'est un petit "candy".
J'ai fait le calcul. Si cela lui coûte $100 de taxes par année et
si le ministre lui donne un suçon qui est prévu dans le premier
alinéa de l'article 106, 70% de ses taxes, cela fait $70 par
année et même s'il est obligé de rembourser pendant dix
ans, cela fait $700. Ce n'est pas une grosse affaire.
Si c'est avec des mesures de la sorte qu'on veut encourager la
production agricole, qu'on veut vraiment être autosuffisants dans le
domaine de la production agricole, ce n'est pas à la miette, comme cela,
qu'on va sauver l'agriculture au Québec. C'est l'exemple que je vous
donne de votre fameux 70% de ristourne. Pour toutes ces raisons,
j'espère que j'aurai convaincu le ministre d'accepter mon
amendement.
Quant à la deuxième partie, cela a déjà
été exposé ici, en commission. Il s'agit du marché
central de Montréal qui a une évaluation foncière assez
exceptionnelle, dans les quelques millions de dollars. Avec le taux de la taxe
qu'on connaît à Montréal, je pense que ce serait un moyen
d'encourager l'agriculture et l'écoulement de la production
maraîchère et de l'horticulture pour toute la région
métropolitaine de Montréal, autant l'île Jésus que
la rive sud. J'ai des renseignements ici. Lorsqu'on sait qu'au marché
central, non seulement il y a la vente au détail de tous les producteurs
qui y vont en saison d'été ou d'automne surtout, mais il s'agit
d'un marché qui appartient aux jardiniers-maraîchers de la
région de Montréal. Il y a 685 actionnaires. Ils ont souscrit un
capital de $650 000. Il y a également la vente en gros qui se fait
là, au bénéfice de la population indirectement et des
producteurs agricoles.
D'après mes informations, il y a environ 1500 jardiniers
maraîchers qui fréquentent ou qui profitent de ce marché
central pour l'écoulement de leurs produits. C'est vrai que cela n'a pas
le charme que cela avait à la place Jacques-Cartier, dans le vieux
Montréal, où j'ai eu le plaisir de naître, à
quelques pas de la place Jacques-Cartier.
Il semble qu'il y a une fréquentation, au marché,
d'environ 50 000, personnes quotidiennement, en saison. Il y a au-delà
de 100 000 tonnes de fruits et légumes qui sont vendus. Ce sont les
chiffres de cette année.
L'évaluation foncière, tenez-vous bien, est de $14
millions. Le terrain est évalué à $4 200 000. Les taxes
annuelles sont de $900 000. C'est sûr que le fardeau des taxes, avec le
taux d'évaluation qu'on connaît dans la Communauté urbaine
de Montréal, c'est un peu exagéré. Je dis un peu parce que
je veux être raisonnable.
D'ailleurs, si on veut aider le système coopératif, ces
taxes sont payées principalement par la Coopérative
Fédérée et les jardiniers. Il s'agit d'une superficie de
109 acres. Même si ce n'est pas une société sans but
lucratif, il y a une disposition qu'ils ont fait inclure dans leur titre
d'acquisition, lorsqu'ils l'ont obtenu, de la ville de Montréal,
à savoir que si jamais ce marché disparaissait, le produit de la
vente, en excédent du coût d'achat, en 1954, retournerait à
la ville de Montréal.
M. le Président, si le ministre veut montrer de la bonne foi dans
sa philosophie globale d'encourager la production agricole, il faut
également encourager son écoulement, sa mise en marché. Et
je pense que le marché central de Montréal est un
élément primordial pour la mise en marché des produits de
l'horticulture.
C'est la raison pour laquelle je soumets à votre bonne
considération, avec tout le respect qu'il faut, l'examen attentif de cet
amendement, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laval. M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Pour les fins du
journal des Débats, j'aimerais indiquer que j'avais aussi des
amendements à peu près identiques à ceux apportés
par le député de Laval. J'appuie ces amendements parce que je
pense que c'est primordial afin de ne pas imposer de pénalités
abusives aux agriculteurs qui seraient retirés de la zone agricole. Je
pense que c'est très important, parce que dix ans de
pénalité basée sur la valeur marchande des terrains qui
seront vendus pour fins commerciales ou résidentielles, je pense que
c'est réellement exagéré. D'ailleurs, l'amendement
prévoit trois ans au lieu de dix ans. Je suis également d'accord
que c'est suffisant. C'est plus que suffisant même. Je pense que ce n'est
pas dans le sens d'aider l'agriculteur parce que je n'ai même pas la
certitude que, selon l'article 65 ce n'est pas celui-là qu'on
étudie, d'accord on ne retirera pas, d'une zone agricole
désignée, un agriculteur, selon son gré. On peut lui
imposer le retrait de sa ferme d'une zone agricole. Je pense que l'article 65
n'est pas tout à fait assez explicite dans ce sens-là.
De toute façon, le ministre nous rassure qu'un agriculteur pourra
demeurer sur sa ferme s'il le veut. Mais je ne le crois pas, parce que ce n'est
pas précis. De toute façon, j'appuie fortement l'amendement du
député de Laval.
En ce qui a trait au marché central métropolitain, suite
aux remarques du député de Laval, j'aimerais indiquer qu'il y a
encore un million de
pieds carrés qui ne servent pas sur le terrain du marché
central et la raison pour laquelle ils ne servent pas, c'est que les taxes
foncières sont trop élevées. Il n'y a aucun grossiste ou
marchand de fruits et légumes qui est intéressé à
s'établir là. Il va s'établir plutôt dans les autres
secteurs de la ville de Montréal, à cause du coût
élevé de la taxe foncière.
On peut donc s'apercevoir, qu'il n'y a pas un équilibre de
taxation entre la ville de Montréal et le marché central
métropolitain, puisque personne ne veut s'y établir.
M. le Président, je ne veux pas abuser du temps de cette
commission. J'appuie fortement ces amendements du député de
Laval. (17 h 45)
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Huntingdon. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. La proposition
d'amendement, par le député de Laval, répond à une
préoccupation qui est constamment revenue au cours des
délibérations de notre commission, notamment à
l'étude de plusieurs articles qu'on retrouve dans les différentes
sections du projet de loi.
Je pense quand même qu'il est de notre devoir, de notre
responsabilité d'éviter que les agriculteurs qu'on veut
protéger soient victimes de trop grands appétits. Je dis bien
victimes de trop grands appétits, puisque toute cette question de dix
années en arrière, cela peut représenter, pour des gens,
la faillite. Il ne faudrait pas se raconter d'histoires, il ne faudrait pas se
chanter des chansons. Si la personne est obligée de payer des taxes,
rembourser, avec des nouveaux rôles d'évaluation, avec une
nouvelle évaluation, on sait très bien ce que cela peut
représenter dans certains cas. Il est entendu que cela varie
nécessairement d'une municipalité à une autre.
Mais prenons, par exemple, le cas des jardiniers de la région de
Laval. Prenons les gens qui sont proches des régions fortement urbaines.
Ce sont eux qui seront les plus affectés. Si on arrive à une
personne qui, pour des raisons qui sont hors de son contrôle, est
dézonée, sans appel, c'est sérieux. Il faut y penser. Elle
est dézonée sans sa volonté, malgré elle. Elle n'a
pas le droit d'en appeler. Elle est obligée de garder une partie de son
terrain pendant un certain temps, mais elle va être obligée de
l'hypothéquer et de le surhypothéquer, pour pouvoir continuer
à demeurer chez elle, et rembourser les sommes qu'on va lui
demander.
C'est notre devoir d'attirer l'attention du ministre et d'attirer
l'attention du gouvernement de ce côté-là. Je trouve que
l'amendement proposé par le député de Laval vient
répondre à cela et fixer un plancher beaucoup plus
élevé, parce que c'est un précipice qui nous est offert
dans la loi telle que rédigée, telle que présentée.
Cela constitue au moins un plancher, un plancher acceptable.
C'est entendu que si les gens n'avaient rien à rembourser, compte
tenu de l'accroissement des valeurs, il faut examiner cela aussi de ce
côté. Je pense qu'une limite de trois ans nous apporte une soupape
nécessaire, une soupape qui s'impose dans les circonstances. Et je pense
que le ministre, soucieux du bien commun, à la toute dernière
minute des travaux de notre commission, voudra bien, dans un geste, comme
certains l'appelleraient, de magnanimité, être magnanime, voudra
bien faire en sorte qu'on puisse au moins jeter un peu de lest à
l'application de la loi, compte tenu du fait que les commissions
régionales, on ne peut pas y penser, qu'on ne peut pas penser à
un droit d'appel non plus. Mais il faudrait quand même qu'il y ait un
minimum de garantie, de façon à protéger les
intérêts des propriétaires de terrains,
propriétaires agricoles. Ce ne sont pas les spéculateurs qui sont
concernés, ce sont les agriculteurs. Ce ne sont pas les
spéculateurs qu'on protège, par cela. Ce sont les agriculteurs.
Il ne faudrait pas oublier cela.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, l'article 65 ne dit pas ce que
les gens veulent lui faire dire. Il dit que la corporation municipale peut
faire une demande pour exclure un ensemble de lots ou des parties de lots de la
zone agricole, dont la corporation municipale ou la communauté projette
d'autoriser le lotissement ou l'utilisation à une fin autre que
l'agriculture.
Si la municipalité projette de l'autoriser, c'est parce qu'il y a
quelqu'un qui l'a demandé. Celui qui doit le demander, c'est
l'agriculteur qui est propriétaire de la ferme. Il doit demander le
lotissement à une utilisation à une fin autre. Si la corporation
le demande sans que le propriétaire de la ferme le veuille, nous ne
sommes plus dans le cas de l'article 65. C'est clair comme de l'eau de source.
Et les appréhensions manifestées ne sont pas exactes.
Concernant l'article 106, je pense que c'est un article
équitable. Il y a des exemptions fiscales qui sont accrues pour les
fermes agricoles. Des études ont été faites concernant cet
article, qui ont réuni des gens du ministère de l'Agriculture, du
ministère des Affaires municipales, du ministère du Revenu, du
ministère des Finances et d'autres experts. Il y a eu plusieurs
modèles faits et aucun de ces modèles ne donne les
résultats qu'ont indiqués les députés de
l'Opposition membres de cette commission.
C'est pourquoi je dis que ce qu'ils disent n'est pas exact.
Quant à la deuxième partie de l'amendement proposé
concernant le Marché central métropolitain, c'est évident
que la loi de la protection des terres n'a pas pour but de zoner les
marchés. Il y a un problème avec le Marché central
métropolitain. Quand les gens du Marché central
métropolitain sont venus présenter leur mémoire, je leur
ai dit que nous les rencontrerions au cours du mois de janvier pour discuter de
la question.
Il faut dire qu'au marché central il y a un marché, mais
il n'y a pas qu'un marché. Il y a un marché pour les
maraîchers du Québec et il y a
aussi des entrepôts pour recevoir les fruits et légumes de
l'Ontario et des États-Unis. Il y a aussi des sièges sociaux
d'entreprises, justement la Coopérative fédérée. Je
verrais mal que, par exemple, nous exemptions un entrepôt pour recevoir
les fruits et légumes des États-Unis et de l'Ontario.
Quant à moi, dans l'étude de cette question au cours du
mois de janvier, en rencontrant les gens du Marché central
métropolitain, nous étudierons cette question en tenant compte
des maraîchers du Québec qui vendent leurs fruits et
légumes au Québec, pour des Québécois. Nous n'avons
pas l'intention de réduire les taxes des sections qui concernent les
étrangers.
M. Lavoie: Juste un mot avant de prendre le vote.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: II ne faudrait pas oublier que l'amendement tel que
soumis ne concerne que le terrain. C'est vrai que, pour payer leurs taxes, ils
se sont organisés pour louer des locaux, autant à la
coopérative qu'à d'autres marchands de légumes. C'est
vrai. Mais l'amendement ne touche pas l'évaluation sur la bâtisse.
C'est uniquement l'évaluation sur le terrain. Je n'y reviendrai pas.
Le ministre a parlé de l'article 65. Je vous dis que mon
argumentation demeure, qu'un producteur agricole peut être
dézoné. Il peut être laissé dans la zone blanche
actuellement si la commission décide de le laisser dans la zone blanche,
et il n'y aura aucune protection sur l'évaluation et sur la taxe.
Une fois la zone agricole finale déterminée, il peut
être dans la zone verte, mais dans cinq ou dix ans, contre son
gré, tel que la loi le dit aux articles 65 et 106, la commission peut
décider. Cela peut être contre le gré du producteur
agricole. Il sera pénalisé si vous maintenez votre article tel
qu'il est, avec remboursement de dix ans de taxes en arrière, sur la
pleine valeur et avec le plein taux de taxes. Je vous dis que vous allez
créer un préjudice terrible pour ces gens-là et des cas de
faillite pour les agriculteurs, que vous prétendez défendre.
Nous sommes prêts à voter sur l'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Les membres sont prêts
à voter? Il n'y a plus d'interventions? Nous allons appeler le vote.
M. Baril (Arthabaska)? M. Beauséjour (Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
M. Lavoie: Est-ce qu'il est membre ou intervenant?
Le Président (M. Boucher): II est membre. Je nomme
simplement les membres. M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)?
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Vaillancourt (Orford)?
Habituellement, le député de Laval remplaçait mais, lors
de l'appel ce matin, le nom n'a pas été changé.
M. Lavoie (Laval)?
M. Lavoie: Je pense que je suis pour l'amendement que j'ai
soumis, M. le Président.
M. Beauséjour: ... il est inscrit comme membre de la
commission.
Le Président (M. Boucher): II est inscrit. Il a
siégé tous les jours, je n'étais pas ici. Pour: 4
Contre: 5 L'amendement est rejeté.
M. Lavoie: C'est une victoire morale.
Le Président (M. Boucher): L'article 106 est-il
adopté?
M. Lavoie: Même vote renversé, si vous voulez. Cinq
pour et quatre contre.
Le Président (M. Boucher): Article 106, adopté.
M. Lavoie: Avec le même vote, cinq pour et quatre
contre.
Le Président (M. Boucher): Article 107?
M. Garon: Je n'ai pas d'amendement sur l'article 107.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je pense qu'au cours du
débat sur des articles antérieurs, par des amendements, le
ministre avait apporté une extension, de manière à toucher
la régie de l'électricité du Québec, parce qu'il a
fait référence aux services d'utilité publique. Je crois
que la Régie de l'électricité et du gaz fait partie de ces
organismes au Québec. En dépit de ces additions, je crois que
cela ne diminue pas l'obligation que donne l'article 107 à l'endroit de
la régie de devoir, chaque fois que ces gens vont mettre les pieds en
territoire agricole protégé, obtenir des autorisations et des
permissions de la commission de contrôle, ou tout au moins un avis. Si
l'avis dit non, cela devient une autorisation qui n'est pas accordée.
L'avis va souvent prendre la forme d'une autorisation qu'on donne ou un accord,
un assentiment pour le moins. Je n'ai pas d'autres commentaires à
l'article 107.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: C'est seulement dans le cas où elle demande
qu'on modifie l'utilisation d'un immeuble. Dans le cas de la Régie de
l'électricité et du gaz, dans le cas du gaz, habituellement, il
s'agit de tuyaux placés profondément dans le sol. Dans le cas de
l'électricité, cela peut dépendre des lignes
d'électricité. Il s'agit d'avoir un avis de la commission.
Le Président (M. Boucher): L'article 107 est-il
adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 108?
M. Garon: Je n'ai pas d'amendement non plus.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Garon: C'est le même genre d'article concernant la Loi
de la Régie des services publics.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 109?
M. Garon: Je n'ai pas d'amendement non plus. Il s'agit du
même genre d'article concernant la Loi des mines.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 110?
M. Garon: Article 110, même genre. Je n'ai pas d'amendement
non plus. C'est le même genre d'article concernant la Loi sur les biens
culturels.
M. Roy: C'est un article de concordance.
M. Garon: C'est pour ajouter un article dans cette loi.
M. Giasson: En vertu des pouvoirs que la commission se donne par
l'article 110, elle pourra empêcher, si c'était là la
volonté de la commission ou du gouvernement, des activités que le
ministère des Affaires culturelles, par la Loi sur les biens culturels,
voudrait faire à l'intérieur d'une zone agricole soit provisoire
ou soit permanente.
M. Garon: Non. Concernant les biens culturels, habituellement,
dans un arrondissement historique, il y a un certain périmètre
autour de la bâtisse, si c'est une bâtisse je pense que
c'est 500 pieds autour de la bâtisse qui doit garder un certain
caractère pour les fins de mettre en valeur la bâtisse
historique...
M. Roy: L'aménagement...
M. Giasson: Dans le cas de l'île d'Orléans, qui a
été reconnue par la Loi sur les biens culturels comme
arrondissement culturel pour toute la dimension de l'île, c'est plus que
500 pieds des bâtiments classés monuments historiques.
M. Garon: Je parlais des bâtiments, c'est évident.
Pour l'île d'Orléans, il y a eu un décret particulier.
À ce moment, on prend l'avis de la commission et comme, habituellement,
autour des bâtisses historiques, cela ne fait que rehausser le
caractère historique des bâtisses, je pense que poursuivre
l'agriculture autour des maisons qui ont 200 ou 250 ans au Québec, cela
va seulement les mettre en valeur, au fond. Il s'agit de donner un avis
concernant le genre de demandes que font les biens culturels. À ce
moment, je pense qu'il n'y aura vraiment pas de problème avec les biens
culturels.
M. Roy: On va faire confiance à la commission. Le
Président (M. Boucher): Article 110, adopté? M. Giasson:
Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Article 111 ? (18 heures)
M. Garon: À l'article 111, j'ai un amendement. Aucune
disposition d'un règlement dont l'entrée en vigueur est
postérieure au 9 novembre 1978... C'est afin que la Loi de la
qualité de l'environnement et les règlements qui ont
été adoptés en vertu de cette loi ne soient pas
obligatoirement tous refaits, étant donné qu'ils ne concerne pas
véritablement l'agriculture. Celui qui concerne l'agriculture n'est pas
un règlement qui a été adopté. C'est le
règlement concernant les exploitations animales.
M. Roy: II devrait y avoir une soupape qui s'impose...
M. Garon: Oui.
M. Roy: ... parce que, s'il fallait que les règlements
soient changés, il y aurait des agriculteurs qui auraient des fichus
problèmes. Quand cela prend huit mois ou quinze mois avant d'avoir
le
permis et que cela peut être après que les investissements
sont faits...
M. Garon: C'est dans la section X, vous l'avez, cela a
été distribué hier.
Le Président (M. Boucher): C'est cela.
M. Garon: II y avait tout simplement eu un oubli pour ne pas
obliger les gens de ce ministère à réadapter tous leurs
règlements.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement
à l'article 111 est adopté? Adopté. Article 111...
M. Giasson: Un instant! L'article 111 signifie que l'article 124
de la Loi de la qualité de l'environnement se trouve, à toutes
fins utiles, suspendu lorsque l'application se retrouve à
l'intérieur d'une zone agricole?
M. Garon: Non. M. Giasson: Non!
M. Garon: Ce sont les règlements de la Loi de la
qualité de l'environnement qui sont adoptés...
M. Giasson: Je crois comprendre...
M. Garon: Ce sont les règlements qui sont
postérieurs au 9 novembre 1978. Pour s'appliquer dans la zone agricole,
il devrait être précisé si le règlement ou une
partie du règlement s'applique à l'aire retenue pour fins de
contrôle ou à la zone agricole, pour que le règlement
s'applique à cette zone. Ce qui peut amener des règlements
particuliers à la zone agricole concernant la qualité de
l'environnement.
M. Giasson: Ce seraient des règlements adoptés en
vertu de la Loi de la qualité de l'environnement après le 9
novembre dernier.
M. Garon: Oui, parce vérification faite, les
règlements adoptés...
M. Giasson: Si ces règlements ne faisaient pas une mention
expresse relativement à la zone agricole, à ce moment, la loi 90
serait prioritaire à la Loi de la qualité de l'environnement.
M. Garon: Non. Le règlement de l'environnement ne
s'applique qu'à la zone agricole ou à l'aire retenue pour fins de
contrôle seulement si le règlement l'indique expressément.
Un règlement général pour l'ensemble du Québec qui
n'indiquerait pas qu'il s'applique à la zone agricole ne s'appliquerait
pas à la zone agricole.
M. Giasson: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 111, adopté tel
qu'amendé. Messieurs, l'heure de la suspen- sion est
dépassée. J'ai présumé de votre consentement
à venir jusqu'à maintenant.
M. Lavoie: On ne finira pas tout au complet, parce qu'il y a des
articles suspendus.
Le Président (M. Boucher): Oui. Alors, les articles
suspendus...
M. Roy: II y en a un qui est suspendu qui m'intéresse
d'une façon particulière et pour lequel le ministre a eu la
délicatesse de m'attendre. C'est l'article 27, si ma mémoire est
bonne.
Le Président (M. Boucher): Article 112? Les membres sont
d'accord pour qu'on se rende jusqu'à l'article 117 avant la
suspension.
M. Roy: C'est parce que j'ai une réunion pour discuter
avec d'autres collègues sur les plans politiques. Je vais tout
simplement vous laisser cela entre les mains... La nouvelle définition
des érablières me donne satisfaction. Elle tient compte des
remarques qui ont été faites par les ingénieurs
forestiers. La proposition d'amendement que le ministre nous a remise, à
moins que le ministre ait changé d'idée, je trouve que cela
répond de façon beaucoup plus réaliste à la
définition originale qu'on retrouvait dans le projet de loi. C'est le
seul commentaire que je voulais faire. Pour le reste, je me réserve le
droit d'intervenir à l'Assemblée nationale lors de l'adoption du
rapport et en troisième lecture.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie, M. le
député de Beauce-Sud. Article 112?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 113? M.
le député de Laval.
M. Lavoie: À l'article 113, comme cela devient la
tradition actuellement, cela a été fait, entre autres, dans la
loi qui permet un registre pour une liste électorale permanente, vous
contournez, si on peut dire, la Commission de la fonction publique. La
commission aura le droit d'avoir le personnel jusqu'au 1er juillet 1979, sans
aucun des concours qui existent normalement pour les fonctionnaires, en somme,
un genre de nid à patronage pour les petits amis. Peut-être que
l'adoption de ce projet de loi va rendre le ministre de l'Agriculture heureux,
qui devient un très gros ministre après avoir mis...
M. Garon: II l'était déjà.
M. Lavoie: ... oui, sur la balance, c'est un très
gros ministre en tutelle et muselé à peu près une
dizaine de ministres par son projet de loi. Je ne sais pas si ces autres
ministres... J'en ai rencontré et ils ne sont pas très heureux du
projet de loi. On sait que le ministre d'État, le superministre au
développement régional, a l'air fin
maintenant avec sa Loi de l'aménagement du territoire, sa loi
d'urbanisme. Le ministre des Affaires municipales également n'a plus de
consultation dans le milieu municipal. C'est un autre ministre qui sera plus ou
moins heureux. Le ministre des Transports, je me demande quel sorte de budget
de voirie il va avoir s'il est mis également, comme tout le monde, en
tutelle et muselé par la Loi de la protection du territoire agricole. On
a les implications du ministère des Terres et Forêts. On a le
ministère de l'Environnement également qui est soumis aux diktats
de la commission et du ministre. On a le ministre de la Fonction publique, par
l'article qu'on a là, où sa commission n'a plus de juridiction
sur les employés qui vont être engagés jusqu'au 1er
juillet. Il y a le ministre des Richesses naturelles, avec sa juridiction
également sur l'Hydro-Québec. Il y a le ministre des
Communications, je crois, parce que j'ai vu qu'il a la Régie des
services publics. Cette loi va peut-être rendre un ministre heureux, mais
une multitude de ministres malheureux.
M. le Président, je ne ferai pas un débat plus long sur
l'article 113. C'est une constatation que nous faisons. En ce qui me concerne,
je vais voter contre également à l'article 113.
Le Président (M. Boucher): Article 113, adopté?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 114?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Article 115?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Article 116?
M. Lavoie: C'est la rétroactivité de la loi. Sur
division.
Le Président (M. Boucher): Article 117?
M. Lavoie: La présente loi entre en vigueur le jour de sa
sanction, sur division.
Le Président (M. Boucher): L'annexe A est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Sur division.
M. Giasson: Est-ce qu'on peut appeler le nom de toutes les
municipalités?
M. Lavoie: Le titre, sur division. Les notes explicatives, sur
division.
M. Garon: Concernant les articles suspendus, est-ce qu'on revient
ce soir ou quand?
M. Lavoie: Quand doit-on revenir?
Le Président (M. Boucher): C'est ce soir. Est-ce qu'il y a
eu un ordre de la Chambre? Je n'étais pas présent. À 20 h
15.
M. Garon: Quoi? Est-ce qu'on les étudie en Chambre ou ici?
On peut revenir ici.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: J'aurais une question à poser au ministre sur
les articles suspendus. Sans lui demander en détail quel est le
résultat de sa gestation, est-ce qu'il nous apporte certains
éléments nouveaux en général ou s'il conserve, en
principe, sa position initiale au départ telle que...
M. Garon: Non, il devrait y avoir quelques amendements. Il y a
trois articles amendés.
M. Lavoie: Trois.
M. Giasson: Quels sont les numéros de ces articles?
M. Garon: Dans d'autres cas, il y aura des explications pour ceux
qui avaient demandé des explications. Il y en a un, l'article 27, qu'on
pourrait adopter quasiment immédiatement, parce que c'était par
délicatesse pour le député de Beauce-Sud.
M. Giasson: Si on revient, de toute façon...
M. Lavoie: Je suis pris à une autre commission ce soir,
celle de l'Assemblée nationale. Je vais laisser mon collègue, le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: On revient ce soir, de toute façon?
M. Garon: On revient à 20 heures.
M. Giasson: D'accord. À 20 heures ou à 20 h 15?
M. Garon: À 20 heures.
M. Lavoie: À 20 h 15.
M. Garon: À 20 h 15.
Le Président (M. Boucher): Alors, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 h 15.
Suspension de la séance à 18 h 10
Reprise de la séance à 20 h 26
Articles suspendus
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît. À la suspension de 18 heures, nous en étions
aux articles laissés en suspens. Dans le projet de loi 90, nous
avions terminé l'étude article par article. Comme il a
été entendu, nous allons reprendre les articles laissés en
suspens, un à la suite de l'autre, et nous allons les adopter.
M. Giasson: Avec amendement.
M. Garon: Les avez-vous notés? Si vous pouviez les
mentionner.
Le Président (M. Boucher): Oui. Le premier article
laissé en suspens est l'article 1, paragraphe 12. M. le ministre.
M. Garon: Alors, les informations prises, les juristes
suggèrent de laisser ce paragraphe tel quel. Pour comprendre les
hôpitaux ou des institutions comme celles-là, il y a trop de
différentes nomenclatures juridiques. Il faudrait faire, apparemment,
une énumération qui serait très longue. D'après ce
qui nous a été mentionné, ce serait difficile d'aller
chercher tout cela parce qu'il y a eu toutes sortes de chartes, toutes sortes
de lois qui ont créé ces organismes-là.
M. Giasson: La loi 65 a mis tout cela à jour un des ces
matins.
M. Garon: Écoutez! Moi, j'ai demandé...
M. Giasson: La Loi sur les services sociaux et les services de
santé.
M. Garon: Je comprends, mais j'ai demandé cela aux avocats
du ministère de la Justice, du comité de législation, et
ils nous ont donné cet avis-là.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Oui, M. le Président. Le ministre de
l'Agriculture vient de nous indiquer que, selon les avis qu'il a pris
auprès du contentieux ou auprès de ses conseillers juridiques, il
serait très difficile d'insérer, dans ce paragraphe de l'article
1, une mention touchant tous les établissements au Québec qui
sont régis et qui sont créés en vertu de dispositions
qu'on retrouve à l'intérieur de la Loi sur les services sociaux
et les services de santé. Il m'apparaît, M. le Président,
que, si on faisait tout simplement mention ou référence à
la Loi sur les services sociaux et les services de santé, on pourrait
couvrir tout le champ des établissements, qu'il s'agisse de centres
hospitaliers, qu'il s'agisse également de CLSC ou
d'établissements appartenant aux CRSSS. Cela couvre également
tout le secteur des établissements qu'on appelle les centres d'accueil,
les centres d'hébergement, les foyers. Tous ces établissements,
maintenant, existent et oeuvrent à partir d'une incorporation, c'est une
existence qui découle des pouvoirs qui ont été
conférés au ministre des Affaires sociales lorsque la loi 65, la
loi-cadre sur les services sociaux et les services de santé, a
été adoptée par l'Assemblée nationale.
Après l'adoption et la sanction de cette loi 65, toutes les
institutions et tous les établissements qui relèvent du
réseau de la santé et des affaires sociales se sont vu confirmer
dans leur existence, à partir de pouvoirs qui découlaient de la
loi 65, la loi-cadre sur les services sociaux et les services de santé.
Il m'apparaît, sans avoir consulté aucun juriste, mais à
partir des connaissances que j'ai de la loi 65, qu'une simple
déclaration à l'endroit de tous ces établissements qui
détiennent leurs capacités d'agir, leurs permis, leurs chartes
à partir de pouvoirs conférés par la loi 65, qu'on
pourrait, par une simple référence à la loi 65, couvrir
tous ces établissements. (20 h 30)
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: J'ai consulté des juristes et c'est l'avis
qu'ils m'ont donné. Alors, je préfère suivre leur
avis.
M. Giasson: M. le Président, le ministre entend-il
régler à la pièce, une à une, toutes les
institutions qu'on va retrouver à l'intérieur de la zone agricole
provisoire, dans un premier temps, et que l'on va retrouver dans le cas de
certains établissements du réseau des affaires sociales et de la
santé, même dans les zones permanentes...
M. Garon: II n'y a rien à régler. Ils sont
bâtis, ils sont là, ils ont des droits acquis, ils fonctionnent,
ils sont en place. On ne démolira pas les hôpitaux...
M. Giasson: Non, ce n'est pas cela.
M. Garon: ... selon la Loi sur la protection du territoire
agricole.
M. Giasson: Ne commencez pas encore à nous faire croire...
à faire peur au monde, ce soir.
M. Garon: Non, c'est vous.
M. Giasson: Non, je ne veux pas faire peur au monde.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: II va y avoir, vous le savez fort bien, M. le
Ministre...
M. Garon: Quoi?
M. Giasson: ... des cas qu'on devra examiner touchant des
établissements du réseau des Affaires sociales qui
possèdent du terrain autre que celui qui est nécessaire à
l'institution, qui possèdent même des fermes. À un moment
donné, ils devront procéder à des agrandissements ou
à une utilisation de ce terrain qui, présentement, est
réservé à l'agriculture et ils auront besoin d'espace pour
des fins qui seront propres aux institu-
tions. Vous savez comme moi qu'à un moment donné ils
devront, dans le respect de la loi 90, consulter la commission de
contrôle, demander des avis et même parfois des autorisations.
M. Garon: Oui, mais ils vont faire comme les autres organismes
publics. D'autant plus que vous le savez la plupart des
hôpitaux, quand ils agrandissent, ils ajoutent un étage.
M. Giasson: Ce n'est pas un étage au-dessus qui va poser
des problèmes, vous le savez.
M. Garon: Non, je le sais.
M. Giasson: C'est un agrandissement à l'horizontale, non
pas à la verticale.
M. Garon: C'est pourquoi je pense que le paragraphe 12, en
ajoutant ce que vous mentionnez, ne touche pas beaucoup de cas.
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 12 de l'article 1
est-il adopté?
M. Giasson: Compte tenu des réserves que je viens de
formuler au ministre, je suis prêt à donner...
Le Président (M. Boucher): Sur division?
M. Giasson: ... mon assentiment à l'adoption sur division.
Quel était l'article?
Le Président (M. Boucher): Alors, le prochain article
suspendu est l'article 8.
M. Garon: J'ai un amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Pour plus de sécurité juridique, le
paragraphe premier va être enlevé et le paragraphe deuxième
va demeurer en enlevant le mot "autre". Alors, l'article 8 se lirait comme
suit: "Tout membre de la commission ayant un intérêt dans une
entreprise doit, sous peine de déchéance de sa charge, le
révéler par écrit au président et s'abstenir de
participer à toute décision portant sur l'entreprise dans
laquelle il a un intérêt."
M. Giasson: Si je comprends bien l'amendement
déposé par le ministre, il veut couvrir tous les membres de la
commission, que ce soient des membres à temps plein...
M. Garon: Oui.
M. Giasson: ... ou encore à temps partiel.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Bon! Dans l'hypothèse où les membres de
la commission se porteraient acquéreurs d'une terre ou d'un
établissement situé à l'intérieur de la zone
agricole, dès qu'ils se portent acquéreurs, il faut qu'ils
avisent immédiatement la commission de l'intérêt qu'ils
pourraient avoir, soit dans une terre, soit dans des terrains, qui
découlerait d'un investissement fait dans la zone agricole ou encore
dans une entreprise à caractère commercial, industriel ou autre.
Si des décisions devaient être rendues par la commission de
contrôle, cette personne devra se faire représenter par des
procureurs. Tout de même, elle a le droit de soutenir une cause qui
l'implique personnellement. De quelle façon se fait-elle
représenter devant la commission de contrôle? Elle doit tout de
même garder un certain droit. De quelle façon?
M. Garon: Par un mandataire, je suppose. Mais je n'ai pas
l'impression que ce sont des cas qui vont se présenter souvent.
M. Giasson: Cela couvre les membres...
M. Garon: Ce qui peut arriver normalement, c'est...
M. Giasson: Cela couvre les commissaires.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: S'il y a du personnel de la commission qui peut
être placé devant une possibilité de conflits si
quelqu'un possède des biens qui peuvent faire l'objet de
décisions qui devraient être rendues par la commission de
quelle façon traitera-t-on le personnel de la commission devant une
telle situation, hypothétique ou potentielle qu'on prévoit
à l'endroit des commissaires?
M. Garon: Ce ne sont pas eux qui décident.
M. Giasson: Ce ne sont pas eux qui décident, mais tout de
même ils sont des employés de la commission.
M. Garon: Oui, mais...
M. Giasson: On n'a pas de dispositions particulières
à l'égard de dossiers ou de cas touchant le personnel de la
commission. On laisse la commission fonctionner même si ces
gens-là sont intimement liés à la commission.
M. Garon: Normalement, je pense bien qu'il ne serait pas question
d'avoir quelqu'un qui serait spéculateur...
M. Giasson: Oui, mais...
M. Garon: ... travaillant pour la commission. Prenons les cas
principaux qui vont se présenter. Il y aura des agriculteurs à la
commission. Normalement, un agriculteur possède une ferme. Quand il va
s'agir du village dans lequel il demeure et s'il est encore propriétaire
de sa ferme ou ses enfants le sont, le commissaire impliqué pourra dire:
Moi, ma ferme est dans ce village-là; je ne veux pas participer à
la décision portant sur mon village. Normalement...
Le Président (M. Boucher): L'amendement à l'article
8 est-il adopté?
M. Giasson: Si je comprends bien, M. le Président,
l'article 8 tel que rédigé au projet de loi comportait deux
alinéas. Les deux sont remplacés par le seul alinéa que
constitue l'amendement.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: On ne fait plus allusion à la
possibilité de déchéance de la fonction si le membre
impliqué faisait défaut de faire sa déclaration de bonne
foi ou de façon volontaire. Non?
M. Garon: Tel que rédigé au premier paragraphe, si
on avait compris une entreprise agricole, cela nous aurait mis à peu
près dans l'impossibilité de nommer un agriculteur. Il fallait
faire sauter tous les paragraphes.
M. Giasson: Oui. D'ailleurs, au moment du débat de cet
article-là, c'était une réserve qu'on avait dans le cas de
quelqu'un qui serait déjà propriétaire de ferme à
l'intérieur d'une zone agricole désignée par le
dépôt du projet de loi en novembre.
Une voix: ...
M. Giasson: Oui, c'est vrai. J'avais lu un peu rapidement. Vous
rappelez dans l'amendement le terme "sous peine de
déchéance".
M. Garon: II doit dénoncer son intérêt au
président.
M. Giasson: M. le Président, n'aurait-il pas
été plus prudent d'indiquer, dans l'amendement que vous avez
déposé, "dans les plus brefs délais"?
M. Garon: J'ai l'impression que le président va demander
à chacun de ses membres de faire une déclaration
immédiatement, dès leur nomination.
M. Giasson: Parce que vous avez des gens qui peuvent être
nommés au moment de la constitution, la création de la commission
alors qu'ils n'ont pas d'intérêts à ce moment-là.
Par la suite, cela n'interdit pas à ces gens-là, soit par un
choix personnel qu'ils feraient, de se porter acquéreurs
d'intérêts dans des entreprises qui sont situées à
l'intérieur d'une zone agricole permanente. Ils pourraient possiblement
aussi cela s'est déjà vu devenir
intéressés à la suite de succession, donation ou
autrement. On m'indique que, dans une loi qui a été
adoptée au cours des dernières années, on a prévu
des dispositions à peu près semblables pour ce qui a trait aux
régisseurs de la Régie de l'assurance-récolte au
Québec. On parlait d'un délai raisonnable. "Si, lors de sa
nomination, un régisseur possède un tel intérêt ou
si un tel intérêt lui échoit ultérieurement par
succession, donation ou autrement, il est tenu d'en disposer dans un
délai raisonnable."
M. Garon: Quel est le délai raisonnable?
M. Giasson: Le délai raisonnable sera laissé
à la discrétion, de toute façon, du président de la
commission ou de...
M. Garon: Mais là, c'est bien plus sévère,
ce qui est marqué là. Comme il n'y a pas de délai, cela
veut dire qu'il faut qu'il le fasse...
M. Giasson: C'est instantané.
M. Garon: ... assez rapidement. Comme tout membre de la
commission ayant un intérêt doit le révéler par
écrit au président, s'il arrivait qu'il ne l'avait pas
révélé, il ne pourrait pas plaider le délai
raisonnable.
M. Giasson: Dans le cas présent, il est sûr qu'il
n'y a aucune période de délai. Dans une hypothèse
où quelqu'un serait sur le point de devenir éventuellement
intéressé dans un bien, une entreprise ou autre, à cause
d'une succession éventuelle, il faudrait qu'il donne avis
immédiatement de l'intérêt possible qui va découler
d'une transmission de biens par succession.
M. Garon: C'est cela. M. Giasson: En tout cas.
Le Président (M. Boucher): L'article 8 est-il
adopté?
M. Giasson: Adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Juste une minute. Je dois revenir à l'article 1 pour demander si
l'article 1 est adopté tel qu'amendé.
M. Giasson: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Tel qu'amendé. L'autre
article qui avait été suspendu est l'article 10. M. le
ministre.
M. Garon: L'article 10 avait été suspendu parce que
j'avais donné les règlements qui référaient
à des arrêtés en conseil et l'Opposition avait
demandé de voir les arrêtés en conseil avant d'adopter
l'article.
Le Président (M. Boucher): Merci. (20 h 45)
M. Garon: Ce sont, au fond, des documents publics. Il faudrait
que vous fassiez travailler votre service de recherche.
M. Giasson: Je voudrais d'abord remercier le ministre de nous
avoir fourni copie des arrêtés en conseil auxquels faisait
référence la réglementation qu'il nous a
déposée au cours de la semaine.
Le deuxième alinéa de l'article 10 indique: "Elle peut
nommer ou s'adjoindre les enquêteurs nécessaires à
l'application de la présente loi, ou de toute autre loi dont
l'administration lui est confiée, et elle pourvoit à la
rémunération de ceux qui ne sont pas nommés et
rémunérés suivant la Loi de la fonction publique selon les
barèmes établis par règlement." C'est dire qu'une partie
du personnel embauché par la commission pourra, à compter de
juillet 1979, relever des dispositions ou des règles de la fonction
publique, mais il va également se trouver, en dehors des professionnels,
possiblement des employés qui, n'étant pas couverts comme
professionnels, devront s'en remettre à la réglementation de la
commission de contrôle.
M. Garon: Cela se réfère à l'article 113 de
la loi. L'article 10 se réfère à l'article 113 dont on a
longuement discuté aujourd'hui, hier et dans les jours
précédents, malgré l'article 9: "Le personnel requis par
la commission est, jusqu'au 1er juillet 1979, nommé et
rémunéré d'après les normes, effectifs et
barèmes établis par la commission et approuvés par
règlement." Je vous ai déjà dit que c'étaient
uniquement des questions de délai qui seraient modifiées, la
publication, la publicité pour les engagements, mais que pour tout le
reste, jury, conditions salariales, etc., ce serait la Commission de la
fonction publique. Vous avez même une personne, un
délégué de la fonction publique qui siège à
un jury et qui procédera à l'embauche. C'est ce qui est
prévu.
M. Giasson: Mais n'avez-vous pas l'impression tout de même,
M. le ministre, que pour commencer les opérations de la
commission...
M. Garon: C'est sur les trois, le jury...
M. Giasson: ... si la masse de travail est assez grande, vous
allez devoir procéder autrement que par mutation de gens qui sont
déjà intégrés dans la fonction publique comme
permanents? Vous allez devoir embaucher des occasionnels. Au moment où
vous embaucherez des occasionnels, est-ce que ces occasionnels, avant de se
mettre au travail, vont passer devant un jury? Si c'est ce que vous voulez
réaliser, vous serez nettement au-dessus du processus habituel
d'embauche d'occasionnels par tous les ministères du gouvernement du
Québec. Vous allez embaucher des gens comme occasionnels. Si ces gens
veulent leur permanence ou se révèlent à la hauteur de la
tâche que vous leur confiez comme employés occasionnels, c'est
après ce temps-là qu'ils vont devoir s'assujettir aux
règles de la fonction publique. Au moment où vous les embauchez
comme occasionnels, ne tentez pas de nous laisser croire qu'ils vont passer
devant un jury de la fonction publique. Vous pouvez bien nous déclarer
cela ce soir, mais dans la réalité, dans les faits que vous allez
vivre, si vous avez une masse de travail énorme à confier
à ces gens, vous allez faire comme le font tous les ministères du
gouvernement. Vous allez embaucher des gens sur une base occasionnelle et
après, au bout d'un certain nombre de mois, ils pourront se qualifier
vis-à-vis de la fonction publique, c'est-à-dire qu'ils n'auront
pas à...
M. Garon: Mais à ce moment-là, un
occasionnel...
M. Giasson: ... s'inscrire à des concours, passer devant
le jury et faire preuve de leur compétence ou de leur capacité
à occuper la charge qu'ils sollicitent. Lorsqu'on y va par des
occasionnels, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Il y a bien des chances
que ce soient les amis d'abord. Les amis d'abord et s'il reste de la place, on
pourra en prendre d'autres.
Une voix: C'est une vieille mentalité.
M. Giasson: C'est une vieille mentalité qui est
demeurée aussi forte dans l'histoire des gouvernements qui se sont
succédé au Québec. Donner une possibilité,
reconnaître les amis, je ne dis pas que c'est une invention de l'actuel
gouvernement. L'actuel gouvernement a tout simplement continué des
habitudes ou des faits qui se sont produits sous des gouvernements
antérieurs. Vous n'avez qu'à relever la liste des candidats du
Parti québécois, 1976, 1973, 1970. Vous allez nier que...
M. Gagnon: Où sont-ils?
M. Giasson: Ils sont à l'emploi du gouvernement.
M. Garon: Qui? Quels candidats?
M. Giasson: Un grand nombre de candidats du Parti
québécois dans les élections travaillent au gouvernement
du Québec.
M. Gagnon: Quand on embauche des électeurs comme
secrétaires de comtés ou le personnel autour d'un ministre, il y
a le personnel politique. C'est bien évident. Mais où sont-ils,
dans la fonction publique, les anciens candidats?
M. Giasson: Ils sont dans la fonction publique à l'emploi
du gouvernement. Vous avez le président de l'Office des professions au
Québec qui a été candidat dans Dubuc ou dans quel
comté, M. Desgagnés. Il n'est pas directement attaché
à un bureau de ministre. Ce n'est pas du personnel de ministre.
M. Garon: Oui, mais avant d'être nommé, il
n'était pas chômeur. Quand il s'est présenté comme
candidat du Parti québécois, il était déjà
recteur de l'Université du Québec à Chicoutimi.
M. Giasson: Ce n'est pas cela que je vous ai dit.
M. Garon: Ce n'est pas notre faute si les gens compétents
sont de notre bord.
M. Giasson: Antérieurement, quand les mêmes
règles ont joué, ce ne sont pas seulement des chômeurs.
M. Garon: II y a des sondages qui démontrent que plus les
gens sont qualifiés, plus ils sont pour le Parti
québécois. Ce n'est pas notre faute.
Le Président (M. Boucher): L'article 10... M. Giasson:
Des sondages?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: M. le Président, seulement pour ajouter
à cela. C'est devenu presque ridicule d'entendre des choses semblables.
C'est devenu que...
M. Garon: On a aussi...
M. Gagnon: ... si quelqu'un est identifié au parti, peu
importe ce qu'il va faire au niveau d'un comté, par exemple, il n'a
pratiquement pas le droit de vivre. Si, par exemple, quelqu'un vend son terrain
pour faire quelque chose, si on retrouve que le gars a déjà
voté pour le Parti québécois, on dit: C'est du patronage.
Il ne faut tout de même pas pousser au ridicule.
M. Garon: Je peux même dire...
M. Giasson: Je vous ai dit qu'il n'y avait rien de nouveau sous
le soleil. Les accusations que vous réfutez, vous les portiez au moment
où vous formiez l'Opposition. Arrêtez donc!
M. Garon: Non, mais je peux dire que dans mon ministère,
un des anciens candidats de l'Union Nationale en 1976 y occupe une fonction
importante. Il y avait des gens qui m'avaient dit qu'il avait l'air malheureux.
J'ai dit: Est-il compétent? Ils ont dit: Oui, il est compétent.
J'ai dit: Embauchez-le. Cela finit là. Il ne s'agit pas de...
Le Président (M. Boucher): L'article 10 est-il
adopté?
M. Giasson: J'avais demandé au ministre, M. le
Président, de déposer la réglementation touchant
l'embauche du personnel d'ici le 1er juillet 1979.
M. Garon: La liste?
M. Giasson: C'est-à-dire le règlement. Vous aviez
donné à la commission, de façon verbale, les règles
que vous entendez suivre, mais j'avais demandé la possibilité
d'obtenir cette réglementation sur une base écrite. Vous avez
répondu de façon affirmative pour les autres règlements
qui vont régir la Commission de protection du territoire agricole. Sur
la partie de la réglementation touchant l'embauche, vous aviez dit que
ce serait selon le bon sens, mais sans déposer la
réglementation.
M. Garon: Quand le règlement sera adopté, vous
n'aurez qu'à demander que je vous le fournisse; je vous le fournirai,
aussitôt qu'il sera adopté.
M. Giasson: D'accord.
M. Garon: C'est un règlement qui doit être
approuvé par la commission. Il doit aller au Conseil du trésor et
au Conseil des ministres. Ce n'est pas encore fait de façon finale. La
commission n'est pas encore formée.
M. Giasson: Mais ne croyez-vous pas que cela aurait
été bien plus simple de procéder dès le
départ par des concours de la fonction publique...
M. Garon: Oui. Vous savez comme moi...
M. Giasson: ... quitte à avoir du personnel, par mutation,
qui viendrait des ministères existants? Il y a toujours des gens qui
souhaitent être mutés.
M. Garon: Mais vous avez déjà dit que la commission
devrait procéder rapidement.
M. Giasson: La Commission de la fonction publique?
M. Garon: La Commission de protection du territoire agricole.
M. Giasson: Oui, mais comme je vous l'ai dit, vous avez toujours
la possibilité de faire appel à des fonctionnaires permanents
qu'on retrouve dans tous les ministères du gouvernement. Cela peut
permettre le lancement de la Commission de protection du territoire
agricole.
M. Garon: Ce n'est pas exclu.
M. Giasson: J'espère que ce n'est pas exclu. Ce doit
même être prévu.
M. Garon: Oui, tout ce qu'on va pouvoir embaucher de cette
façon par des mutations d'autres ministères ou même du
ministère de l'Agriculture lui-même vers la commission; il est
évident que ce sera de cette façon. C'est simplement le personnel
nécessaire qu'on ne peut pas trouver dans la fonction publique qui sera
embauché à l'extérieur de la fonction publique.
M. Giasson: Vous avez déjà des prévisions
quant au nombre de personnes dont vous devrez requérir les services
à la commission? Est-il trop tôt pour le prévoir? Ce seront
les activités courantes de la commission qui vont déterminer en
cours de route la quantité de...
M. Garon: Elle va commencer avec un certain nombre. Elle
augmentera avec les besoins. Ce ne
seront pas des milliers de personnes comme il a été
mentionné. Ce qui est prévu, c'est que le nombre sera pas mal
inférieur à 100 personnes.
M. Giasson: C'est quoi? Environ 50? M. Garon: Oui, autour.
M. Giasson: Autour.
M. Dubois: Vous dites 50 permanents? 50 permanents et 500
occasionnels?
M. Garon: Vous parlez de votre temps, la raffinerie de sucre, qui
avait 725 employés dans le temps des élections.
M. Dubois: M. le ministre, il faut quand même être
logique. Vous aurez des dizaines de milliers de cas à traiter en
l'espace de quelques mois. On ne peut pas traiter cela avec 50 personnes. Nous
prenez-vous pour des imbéciles quand même?
M. Garon: Non. En Colombie-Britannique, la commission
fonctionnait avec une vingtaine d'employés.
M. Dubois: Oui, une fois aguerrie, tout marchait, plus les
occasionnels. Quand tu as 10 000, 15 000 ou 20 000 cas à traiter...
M. Garon: Aujourd'hui, ils en ont plus qu'ils n'en avaient au
début. Ils ont décidé d'avoir un service d'inspection
parce que l'inspection confiée aux gouvernements locaux n'était
pas assez suivie.
M. Dubois: Mais la rigidité de la loi est un peu
différente de celle de la Colombie-Britannique. Cela impliquera
peut-être beaucoup plus de personnes. Il y a plus de dents dans
celle-là qu'il n'y en a là-bas encore.
M. Garon: C'est différent, c'est-à-dire que...
M. Dubois: Et, plus il y a de dents, plus cela prend des
employés, plus cela prend du personnel.
M. Garon: Avec des dents, cela mord mieux.
M. Dubois: Oui, cela mord mieux et cela coûte plus
cher.
M. Garon: Non, parce qu'il y a des plans provisoires au
Québec qu'il n'y avait pas en Colombie-Britannique. C'est ce qui permet
beaucoup plus de souplesse dans la négociation de la zone permanente.
À ce moment-là, les choses fonctionnent pendant la
négociation.
M. Dubois: M. le ministre, vous parlez d'une vingtaine de
personnes, une vingtaine de permanents. Est-ce cela?
M. Giasson: Environ 50.
M. Dubois: 614 plans à réviser, et vérifier
la qualité des sols. (21 heures)
M. Garon: II n'y en a pas 614...
M. Dubois: Non?
M. Garon: ... moins 73 municipalités, cela fait 541
municipalités. Il y a 52 municipalités qui n'ont pas de zones.
Cela fait 489 municipalités avec une zone provisoire.
M. Dubois: Est-ce qu'elle fonctionnera la commission ou si elle
ne fonctionnera pas? Si une municipalité dit: Nous...
M. Gagnon: Quand vous parlez de vérifier la qualité
des sols, c'est fait.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, s'il vous plaît!
M. Dubois: ... retenons tel ou tel lot pour d'autres fins
qu'agricoles, la commission va quand même vérifier s'il y a lieu
de retenir pour d'autres fins que l'agriculture. Ou laissera-t-on aller les
plans municipaux tels que proposés? Je ne sais pas, moi. C'est quoi, la
commission? Elle fait quoi?
M. Garon: La commission protège les terres.
M. Dubois: C'est cela. Si elle protège les terres, il va
quand même falloir qu'elle vérifie, s'il y a lieu, qu'une terre
soit réservée pour fins agricoles ou non. Je pense que c'est cela
que vous voulez?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: II va quand même y avoir toutes les
municipalités, tous les cas individuels.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Et vous allez faire cela avec une cinquantaine de
personnes. En tout cas...
M. Garon: Peut-être bien 60.
M. Dubois: Bonne chance au nom des contribuables du
Québec.
M. Giasson: En tout cas, M. le ministre, on verra dans un ou deux
ans. On vous demandera de déposer la liste des fonctionnaires permanents
comme des fonctionnaires occasionnels qui auront travaillé pour la
commission de contrôle.
M. Dubois: Ne rêvez pas quand même. Vous savez que
des cas, il peut y en avoir une foule.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Giasson: Une commission de contrôle.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Giasson: Ce sera une commission de contrôle.
M. Garon: La commission que j'aurais dû mettre... J'ai eu
envie de l'amender et l'appeler la commission nationale de protection du
territoire agricole.
M. Giasson: Cela aurait été plus efficace pour la
peine.
Le Président (M. Boucher): L'article 10 est-il
adopté?
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
L'article suivant. Article 14.
M. Garon: Vous, vous devriez changer d'amis. Vous auriez de
meilleurs conseils.
M. Dubois: Pardon? Je n'ai pas l'intention de changer d'amis non
plus, parce que je ne suis pas rêveur...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Article
14.
M. Garon: À l'article 14, nous suggérons de
maintenir le texte tel qu'il est.
M. Dubois: C'est une bonne suggestion. M. Garon: Cela ne
change rien. M. Dubois: Toujours la même chose. M. Garon:
Le texte était déjà bon.
M. Giasson: Sauf erreur, je crois qu'il y avait des raisons qui
avaient motivé la suspension de l'article 14.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: C'était la situation qui était faite
à certains propriétaires insolvables qui n'auraient pas
respecté les dispositions de la loi 90 et qui auraient fait soit du
lotissement ou des travaux qui ne seraient pas en accord ou en harmonie avec la
loi; qui auraient fait des constructions qui n'ont pas de vocation agricole sur
un terrain qui est zoné agricole ou qui auraient fait du décapage
de sol, qui auraient enlevé une couche de sol arable. L'article 14 a
comme fin d'interdire à ces personnes des activités, des travaux
ou du lotissement, de l'aliénation, tout ce qui est interdit par des
dispositions de la loi à l'intérieur d'une zone agricole
permanente. On avait vu, à des articles ultérieurs qu'on retrouve
après celui-ci, que le gouvernement se donnait les pleins pouvoirs,
qu'il avait préséance sur toutes sortes de garanties possibles
qui existaient à l'endroit de personnes qui avaient des
intérêts sur cette propriété, intérêts
autres qu'un droit de propriété. Je parle par exemple des
garanties telles que créances hypothécaires...
M. Garon: Non. Ce n'est pas l'article 14, cela. C'est l'article
84.
M. Giasson: Oui, c'était l'article 84, mais il y a une
incidence directe entre les articles 14 et 84. Supposons qu'il y ait une
ordonnance émise par la commission de contrôle de démolir
des installations, que la personne fait défaut de les démolir et
que la commission dit: On applique la loi. On paie du monde pour
démolir. Or, la personne est insolvable.
M. Garon: On ne peut pas enregistrer une mise en demeure. On n'a
jamais entendu parler d'enregistrer les mises en demeure. Ce serait vraiment du
droit nouveau. Cela coûterait cher, à part cela,
l'enregistrement.
M. Giasson: II n'a pas été question d'enregistrer
des mises en demeure.
M. Garon: Je comprends, on...
M. Giasson: C'est le privilège que le gouvernement se
donne par un autre article de la loi 90 qui passe avant tous les autres droits,
sauf les frais dus au ministère de la Justice.
M. Garon: C'est un autre article. Ce n'est pas cet
article-là.
M. Giasson: Oui, mais il y a quand même une relation entre
les deux articles.
M. Garon: Non. Ici, vous aviez parlé à ce
moment-là d'un avis au bureau d'enregistrement. C'est ce que vous aviez
demandé. Je l'avais écrit. Mais on a vérifié cela.
Cela ne se fait jamais des choses comme cela. L'ordonnance dont il est question
ici, c'est l'équivalence d'une mise en demeure et, si la personne
n'obtempère pas à l'ordonnance, c'est un procès qui
commence selon 84, exactement comme dans tous cas. Si mon voisin, par exemple,
me doit $25 et qu'il ne me paie pas, je lui envoie une mise en demeure.
M. Giasson: Je réalise qu'au moment de la discussion, il y
avait eu une demande par le député de Laval pour l'enregistrement
de la mise en demeure.
M. Garon: Vous ne vous le rappeliez pas?
M. Giasson: Je n'étais pas ici au moment où le
député de Laval a fait le débat sur l'article 14.
M. Garon: Les autres à côté.
M. Giasson: C'est lui qui me le rappelle.
M. Garon: Votre recherchiste ne travaille pas?
M. Giasson: De toute façon, l'article 84 est suspendu.
Tout à l'heure, nous allons revoir 84. On pourra faire état, si
vous voulez, des relations qui existent entre les dispositions des articles 14
et 84.
M. Garon: Alors, on va adopter 14.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, j'ai une proposition
d'amendement ici, parce que le 14 ne me satisfait pas tel quel, et
j'amène un amendement qui se lirai!: comme suit: "Lorsque la commission
constate qu'une personne contrevient à l'une des dispositions de la
présente loi, ou aux conditions d'une ordonnance ou d'un permis, elle
peut, après avoir donné à cette personne l'occasion de
faire des représentations, émettre une ordonnance,
l'enjoindre..." En tout cas, le reste... Après avoir donné
à cette personne l'occasion de faire des représentations. Il n'en
est pas question dans cet article.
M. Garon: Vous ne mettez jamais de dispositions avant une mise en
demeure.
M. Dubois: Écoutez, il faut entendre cette personne. On ne
l'a pas encore entendue.
M. Garon: On l'entend à 84.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, s'il vous plaît, M. le ministre, voulez-vous me faire
parvenir...
M. Dubois: Je vais l'écrire.
M. Garon: On aurait dû dire: émettre une mise en
demeure.
M. Dubois: Si vos termes ne sont pas bons, ce n'est pas ma
faute.
M. Garon: Ce n'est pas un jugement, l'ordonnance de 14.
M. Giasson: C'est une mise en demeure, premièrement, de
n'effectuer aucun lotissement ou travail sur le lot visé;
deuxièmement, de cesser la contravention reprochée;
troisièmement, de démolir les travaux déjà
exécutés; quatrièmement, de remettre le lot visé
dans son état antérieur. C'est une mise en demeure.
M. Garon: Si la personne n'est pas d'accord... M. Giasson:
Si elle n'est pas d'accord. M. Garon: ... si elle ne s'en occupe
pas.
M. Giasson: Oui.
M. Garon: À ce moment, il va falloir la poursuivre,
continuer, faire un procès.
M. Giasson: Si elle est insolvable, qu'est-ce que vous faites
à l'autre bout de l'opération?
M. Garon: Si elle est insolvable, elle est insolvable.
M. Giasson: C'est 84, mais vous avez une relation directe. C'est
la première étape, 14. Si la personne fait défaut de
respecter la mise en demeure ou l'ordonnance de faire telle et telle chose, 84
agit.
M. Lavigne: Actuellement, les conditions, c'est payer ou aller en
prison.
M. Giasson: Vous n'avez rien de cela à 14.
M. Garon: La prison pour dette a été abolie au
Québec il y a plusieurs années.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Huntingdon, pourriez-vous m'apporter votre amendement,
s'il vous plaît.
M. Dubois: Je vais vous l'apporter, ce ne sera pas long, M. le
Président.
M. Garon: II travaille fort, il devient tout rouge.
M. Dubois: II faut quand même que j'écrive, non?
Voulez-vous venir l'écrire à ma place? On n'est pas
pressé, on a tout le temps voulu. Ne vous énervez pas.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton, je suis obligé de demander le consentement des
membres. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Garon: Pourquoi?
Le Président (M. Boucher): II a demandé la
parole.
M. Grenier: M. le Président, éclairage nouveau.
M. Marcoux: M. le Président, cela nous prend deux
lumières pour avoir la même intensité.
M. Beauséjour: II n'est pas du même parti politique
que celui qui est venu hier soir.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, j'ai
demandé le consentement des membres pour que M. le député
de Mégantic-Compton puisse parler. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Giasson: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Consentement. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Vous avez ici, dans la motion à l'article
14...
M. Garon: Parlez-vous seulement pour lui donner le temps
d'écrire?
M. Grenier: Ce que M. le député propose ici...
Lorsque la commission constate qu'une personne contrevient à l'une des
dispositions de la présente loi, ou aux conditions d'une ordonnance ou
d'un permis, elle peut, après avoir donné à cette personne
l'occasion de faire des représentations, l'enjoindre, dans un
délai imparti, et là, vous avez le reste de la loi. On va vous
l'envoyer par écrit. En fait, ce qu'on demande dans la loi, en attendant
que vous ayez l'article, ce qu'on vous demande, c'est d'entendre la personne
avant d'intenter des procédures contre elle. Tout à coup qu'une
entente aurait lieu? Tout à coup que ce serait possible qu'on puisse
s'entendre avant de commencer à intenter des procédures contre
elle? C'est peut-être possible.
M. Garon: L'ordonnance, parce qu'une commission agit par
ordonnance, c'est un peu comme une mise en demeure sur le plan civil.
Normalement, quand la personne va recevoir cela, c'est justement ce qu'elle va
faire, elle va aller voir la commission et elle va dire: Écoutez, tout
ce que j'ai fait est correct. Il n'y a pas de procès là. Cela
aurait pu être un avis de la commission lui disant de faire telle
chose.
M. Giasson: Ce n'est pas un bref d'assignation, c'est une mise en
demeure.
M. Grenier: Mais avant tout cela, pourquoi n'y a-t-il pas lieu
d'avoir une rencontre? Pourquoi n'est-ce pas possible? Pourquoi ne voulez-vous
pas accepter un amendement qui pourrait permettre de rencontrer la personne
pour en discuter avant de la surprendre avec cela? Ce n'est pas possible cela?
Non?
M. Garon: L'ordonnance a un peu cet effet. L'ordonnance dit:
Faites telle chose, mais si vous ne voulez pas la faire, venez vous expliquer.
Vous dites: Je n'ai pas à faire cela. Cela m'est déjà
arrivé: j'avais eu un billet de circulation en date du 29 février
et il n'y avait pas de 29 cette année-là. J'ai attendu.
Là, on m'a poursuivi et je suis allé devant le juge. Il a dit:
Plaidez-vous coupable ou non coupable. J'ai dit: Non coupable. Il a dit:
Comment cela? J'ai dit: II n'y a pas eu de 29 février cette
année. Il a dit: II est non coupable.
Il se peut que vous ayez une ordonnance, mettons que vous soyez en train
d'enlever la surface du sol arable sans autorisation, décaper la terre.
La commission va vous dire: Je vous donne l'ordre d'arrêter cela, de
cesser la contravention. Vous n'avez pas de permis pour enlever le "top soil",
la couche arable, arrêtez cela. La personne a un permis ou elle n'en a
pas ou elle fait partie des exemptions prévues par règlement.
À ce moment, si elle est sûre qu'elle a le droit de faire ce
qu'elle fait, elle ne bougera pas et elle ne s'en occupera peut-être pas.
Ou bien elle va avertir la commission et dire: Écoutez, il y a
peut-être eu une erreur, mais j'ai mon permis. Je respecte la loi. Cela
va s'arrêter là. Ou bien, si elle a tort et l'ordonnance de la
commission s'applique, elle va peut-être vouloir aller en discuter devant
la commission. Ou bien, elle ne s'en occupera pas et la commission entreprendra
des poursuites. C'est cela qui peut arriver.
Le Président (M. Boucher): L'amendement proposé par
le député de Huntingdon se lirait comme suit: Le premier
paragraphe de l'article 14 est modifié de la façon suivante:
"Lorsque la commission constate qu'une personne contrevient à l'une des
dispositions de la présente loi, ou aux conditions d'une ordonnance ou
d'un permis, elle peut, après avoir donné à cette personne
l'occasion de faire des représentations, l'enjoindre, dans un
délai imparti..." L'amendement me paraît recevable, et si vous
voulez parler sur le fond, M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Je pense que c'est
important quand même qu'on laisse la possibilité à une
personne de faire des représentations avant qu'on l'enjoigne aux quatre
points qui suivent, à savoir de n'effectuer aucun lotissement, de cesser
la contravention reprochée, de démolir, mais démolir,
écoutez, c'est important quand même. Quand on parle de
démolir des travaux déjà exécutés. Au moins
si la personne a la chance de faire des représentations et de faire
valoir son cas particulier, mais je pense qu'on peut éviter un paquet de
problèmes et un paquet de recours. C'est pour cette raison que je fais
cette proposition d'amendement. J'imagine que dans notre démocratie,
c'est important qu'on laisse à une personne au moins le choix de faire
des représentations. Ne croyez-vous pas M. le ministre? On n'est quand
même pas dans un pays communiste, on n'est pas derrière le rideau
de fer. Je pense qu'on pourrait peut-être alléger les
procédures en laissant à une personne le privilège de
faire des représentations. C'est dans ce sens que je fais ma proposition
d'amendement et elle va dans le sens de la démocratie.
Aussi, cela peut accélérer de beaucoup, je pense,
certaines décisions de la commission ou certains travaux de la
commission.
M. Garon: Un organisme qui fait ce que vous dites avant de faire
une saisie ou quelque chose comme cela, qui fait une enquête, une
audition, qui convoque les gens, c'est l'organisme que vous décriez le
plus, la FEDCO. Il n'y a pas d'organisme qui fait cela.
M. Dubois: Écoutez, ce n'est pas un tribunal, la
commission. Présentement, la commission devient un vrai tribunal et il
n'y a pas de droit d'appel là-dedans. Au moins qu'on laisse les
personnes impliquées faire des représentations.
M. Garon: Ce n'est pas nécessaire. (21 h 15)
M. Dubois: II n'y a même pas de droit d'appel. S'il y avait
un droit d'appel, d'accord, on pourrait accepter bien des choses dans ces
articles. Il n'y en a pas de droit d'appel. On est contraint aux
décisions de la commission et elles sont finales, sans appel. Au moins
qu'on laisse le choix de faire des représentations si on n'est pas
heureux de la décision.
M. Garon: Dans ce cas, il y a un appel jusqu'à la Cour
suprême, si vous voulez.
M. Dubois: Vous allez attendre quand, deux ans, trois ans, avant
que la décision finale se prenne par la cour?
M. Garon: Oui, mais si c'est cela que vous voulez.
M. Dubois: II ne faut pas charrier, quand même.
M. Garon: Non, c'est un cas.
M. Dubois: Cela rendrait même les procédures plus
faciles, moins onéreuses, plus courtes.
M. Garon: C'est un cas de la Cour supérieure. M.
Dubois: C'est cela.
M. Grenier: M. le Président, il me semble que ce soit
facile, que c'est un processus acceptable. C'est un amendement qui est correct
d'après moi et que le ministre devrait accepter. Attendez un peu et
écoutez-nous aussi, au lieu d'écouter seulement vos conseillers
de l'autre bord. Écoutez les 60% de la population qui sont ici de ce
côté de la table, des fois aussi. Le conseiller, il est important,
je le sais aussi. C'est un homme bien compétent, d'après ce qu'on
sait. Écoutez-nous parfois aussi, quand on fait des
représentations et essayer d'accepter un amendement de l'Opposition. On
représente seulement 60% de la population. Je sais que ce n'est pas
important. Il serait peut-être bon... Je ne sais pas, il y en a 40% d'un
bord, il doit y en avoir 60% de l'autre bord. Il me semble que c'est ainsi. Il
serait peut-être bon d'écouter un peu ce qu'on vous donne. Ici, on
ne vous propose pas un système anarchique. On vous demande d'aller voir
la personne et d'essayer de vous entendre avec elle avant de commencer ces
choses.
M. Garon: Qu'est-ce que vous pensez qui est arrivé dans le
cas de 14? Pour que la commission envoie une ordonnance à quelqu'un,
pour dire de ne pas faire quelque chose, ce qui est défendu par la loi,
il a fallu qu'un inspecteur y aille d'abord. L'inspecteur y est allé. Il
a rencontré la personne. Il lui a demandé si elle avait un
permis.
M. Grenier: Je ne suis pas sûr qu'il l'ait
rencontrée. Il est peut-être allé constater sur place et il
est revenu. Généralement, c'est ainsi que cela se passe. Vous le
savez, le ministre est au courant, M. le Président, dans tous les autres
secteurs, c'est ainsi. Combien de fois voit-on un inspecteur dans un restaurant
ou dans une place publique qui fait un rapport? Jamais il ne va voir la
personne. Le gars reçoit le rapport et la vapeur monte. À partir
de là, ce n'est plus réglable. Pourquoi n'y aurait-il pas lieu
qu'on rencontre la personne?
M. Dubois: Votre commission ne sera pas sans faute, ni sans
reproche.
M. Garon: Un gars qui va dans un restaurant... l'inspecteur a
inspecté les aliments, il les touche, il les voit. S'il ouvre le
réfrigérateur et qu'il regarde, vous allez vous en
apercevoir.
M. Grenier: Ce n'est pas cela. Ne répondez pas par des
boutades. Répondez à la question que je vous pose. L'inspecteur
entre dans le restaurant et trois fois sur quatre, il ne voit pas le
propriétaire. Il fait rapport sur ce qu'il a fait et s'il voyait le
propriétaire, cela changerait souvent bien des choses. Là on vous
propose de voir la personne concernée. Ce n'est pas un ouragan. S'il n'y
a pas plus de 50 personnes, elles n'auront pas le temps d'aller loin. C'est
sûr. 300? Cela a fait un saut. C'était 50 tout à
l'heure.
M. Garon: Environ.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Je crois que l'amendement du
député de Huntingdon enlèverait une protection aux
citoyens, dans le sens que si on parle d'un restaurant, un restaurant cela ne
bouge pas, c'est fixe, tandis qu'une terre... Je lis deuxièmement, entre
autres, "de cesser la contravention reprochée", c'est-à-dire, la
personne pourrait toujours continuer à enlever de la terre si c'est cela
qui était en cause, et ensuite, risquer plus tard d'avoir à
replacer ce qu'elle a fait. Il y a une différence entre un restaurant et
une terre.
M. Grenier: Je sais que le député comprend aussi.
Ce qu'il explique, cela peut avoir du bon sens. Mais à ce compte aussi,
le gars dans le restaurant, je prends le même argument que lui. Je lui
retourne son argument. L'inspecteur qui va dans le restaurant, s'il fait son
rapport écrit comme il le fait trois fois sur quatre, il y a des chances
qu'il y ait de la viande empoisonnée là-dedans, ou que l'on fasse
manger du chat au monde depuis longtemps. Il y a des chances qu'avant qu'il
reçoive le rapport comme il fait, on en empoisonne plusieurs aussi.
C'est la même chose. C'est votre argument à vous. Il est vrai que
le gars peut continuer à prendre de la terre qui ne lui appartient pas,
mais s'il s'arrange pour le voir du même coup, ne pensez-vous pas que
cela va se régler plus vite?
M. Beauséjour: M. le Président, je crois que s'il
reçoit une ordonnance tout de suite, il va vérifier auprès
de la commission pour voir s'il est dans ses droits ou pas et il n'ira pas plus
loin tandis que si on dit: Après avoir donné à cet
individu l'occasion de faire des représentations, dans certains cas, le
bulldozer va être rendu loin et le camion aussi et il y a bien de la
terre qui va être transportée, cela risque, au bout de l'affaire,
de pénaliser...
M. Dubois: Tout amendement logique, cela ne sert à rien
d'en discuter, vous êtes trop contre. Cela finit là. Même
une virgule, vous êtes contre.
M. Beauséjour: Je m'excuse, je parle au
président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, M. le député d'Iberville avait la parole.
M. Beauséjour: Je donne mes arguments par rapport à
l'amendement qui est ici.
M. Dubois: M. le Président, s'il n'y a pas d'autre
intervenant...
M. Beauséjour: Je m'excuse, mais ce n'est pas le
député de Huntingdon qui est devenu le président.
M. Dubois: Je me suis adressé au président, je ne
me suis pas adressé à vous, M. le député
d'Iberville.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Huntingdon. M. le député d'Iberville,
est-ce que vous avez terminé?
M. Beauséjour: Je pense que c'est assez clair que les
membres de la commission peuvent le juger.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je crois comprendre les
craintes ou les appréhensions du député de Huntingdon.
Mais dans le présent cas, il est assez difficile de concevoir que
quelqu'un va recevoir un genre de mise en demeure qui serait une ordonnance ou
une obligation lui apprenant qu'il a posé des gestes qui sont contraires
à l'esprit de la loi 90. Généralement, avant qu'une
personne reçoive une mise en demeure par ordonnance ou autrement, il y a
quelqu'un, j'imagine qu'il y aura un inspecteur ou du personnel de la
commission de contrôle qui sera allé constater sur place qu'il y a
des actions qui sont posées ou qui ont été posées
qui vont à l'encontre des dispositions de la loi 90. Et au moment
où l'inspecteur va passer, sauf en l'absence du propriétaire, il
va avoir l'occasion de discuter avec ce dernier s'il est chez lui. Il est
évident que s'il n'est pas chez lui, il n'y aura pas d'échange
verbal entre l'inspecteur, l'enquêteur et le propriétaire des
lieux.
Mais il reste qu'au moment où l'ordonnance est
délivrée, cela n'interdit pas à la personne qui est
touchée par cette ordonnance d'entrer en communications avec la
commission et de tenter de justifier les raisons pour lesquelles elle a
contrevenu à des dispositions de la loi 90. Cela ne veut pas dire
qu'elle est condamnée immédiatement, instantanément, par
une mise en demeure ou une ordonnance qui lui est signifiée ou un avis,
à cesser telle activité ou tel acte...
M. Dubois: Toute cette loi est tellement peu précise que
je pense qu'il y a des points à préciser quelque part. Je ne m'en
prends pas au premièrement ni au deuxièmement, je m'en prends au
troisièmement: "démolir les travaux déjà
exécutés." Cela peut quand même être une implication
financière assez importante, quand il s'agit de démolir des
travaux. C'est là que je me dis qu'avant qu'ils se démolissent,
c'est important quand même. Je m'en prends juste au troisième
alinéa, au troisième de ces quatre paragraphes. C'est à
celui-là que je m'en prends: démolir.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: Juste un mot pour dire que ce que le
député de Huntingdon propose, en fait, c'est une méthode
de travail. C'est la façon dont les gens devraient travailler. Une
méthode de travail, cela ne se met pas dans une loi, à mon point
de vue.
M. Dubois: Ce sont des personnes, ce ne sont pas de IBM; ce n'est
pas un "computer", cela, ce sont des personnes.
M. Gagnon: Celui qui est sur la route pour faire la
vérification, la méthode de travail normale, je pense, c'est de
dire à quelqu'un: Tu es contraire à la loi et tu vas recevoir une
ordonnance, c'est bien évident. C'est une méthode de travail,
cela ne se met pas dans une loi. Je demanderais qu'on vote le plus rapidement
possible.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres sont
prêts à prendre le vote sur l'amendement du député
de Huntingdon? M. Baril (Arthabaska)? Absent. M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis)? M.
Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)?
M. Giasson: Abstention, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata)? M. Rancourt (Saint-François)? M. Roy
(Beauce-Sud), M. Lavoie (Laval), n'y sont pas. La motion est rejetée
à cinq contre un. Est-ce que l'article 14 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le prochain article, M. le
ministre, est l'article 18. Il y avait un amendement que vous aviez
proposé.
M. Garon: L'article 18, c'est un amendement qui avait
été suggéré, je pense, par le député
de Huntingdon pour une meilleure compréhension du texte et on a
amendé les feuilles pour commencer. L'article n'est pas changé
sauf que les phrases sont assez différentes dans le texte. On commence
en disant: "Sur demande d'une partie intéressée, la commission
peut, pour cause et après avoir donné à toute personne
concernée l'occasion de faire des représentations, réviser
ou révoquer toute décision ou ordonnance dans les 30 jours de la
date où elle a été rendue. La décision ou
ordonnance entachée d'erreurs d'écriture ou de calcul, ou de
quelque autre erreur de forme, peut être rectifiée par la
commission." J'espère que le député de Huntingdon va
être d'accord avec cela.
M. Dubois: On va le lire tranquillement, pas vite. Il ne faut pas
s'énerver ici.
M. Garon: II ne s'en rappelle plus?
M. Dubois: Êtes-vous en possession de la
vérité constante?
M. Garon: Non.
M. Dubois: Je viens de recevoir l'amendement. Lis le tien et je
lis le mien, d'accord?
M. Grenier: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Ne serait-ce pas possible...? Est-ce qu'il reste
d'autres amendements à déposer d'ici la fin? Est-ce que le
ministre pourrait nous dire s'il a d'autres amendements à
déposer?
M. Garon: II y en a un autre.
M. Grenier: N'est-il pas possible de nous le donner? Vous voyez
ce qui arrive à l'article 18. En gros, cela répond à la
question qu'on vient de poser; vous avez fait perdre à la commission au
moins un quart d'heure ou vingt minutes pour discuter d'un amendement qu'on a
proposé et la réponse est dans l'article 18, ou à peu
près. Si on l'avait eu devant les yeux, ce serait peut-être une
façon plus intelligente de travailler.
M. Garon: II faudrait au moins que votre parti se rappelle les
amendements qu'il fait.
M. Grenier: Un instant, là! Les amendements qu'on fait ce
n'est pas sûr qu'ils vont être acceptés. C'est une autre
chose. Ceux qu'on fait et ceux que vous acceptez, c'est bien
différent.
M. Garon: Vous l'aviez ce texte. Tout ce qu'on a fait, c'est
d'inverser la phrase, mettre la partie qui était après la virgule
au début de la phrase.
M. Grenier: On ne sait jamais ce que vous allez faire. On ne le
sait pas tant qu'on ne l'a pas devant les yeux. Pourquoi auriez-vous objection
à nous donner les amendements? La stratégie ne doit pas
être si grande, la commission va finir dans une demi-heure.
M. Garon: Cela fait trois semaines qu'on travaille
là-dessus, vous êtes arrivé depuis trois quarts
d'heure.
M. Grenier: C'est peut-être le temps que j'arrive, par
exemple, pour voir clair là-dedans. Vous avez fait perdre le temps
à la commission pendant vingt minutes tout à l'heure puis vous
réglez la question à l'article 18. Voyons donc!
M. Giasson: Monsieur, je pense que votre collègue de
Huntingdon a vu clair joliment aussi.
M. Grenier: Pardon?
M. Giasson: Votre collègue a vu clair.
M. Grenier: II y a eu d'excellentes propositions avant.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Dubois: M. le député de Montmagny-L'Islet n'a
pas compris mon amendement.
Le Président (M. Boucher): Pour ne pas perdre une
minute.
M. Grenier: II a la réponse à l'article 18.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est-il
adopté?
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... je dois reconnaître que lorsque nous avons
fait les commentaires sur le délai qui apparaissait dans la loi telle
que déposée par le ministre, ce dernier a enfin compris. Nous
avions fait une proposition d'amendement de réduire de six mois à
30 jours le délai pour réviser une décision que la
commission avait rendue. Au moins sur cette partie, il faut reconnaître
que le ministre a évalué les conséquences que pouvait
représenter dans certains cas un délai de six mois et il a
accepté de réduire ce délai à 30 jours. Je lui
reconnais d'avoir bougé et d'avoir compris que la proposition
d'amendement qui avait été déposée par l'Opposition
officielle était fondée.
Au-delà de cela, comme le ministre l'a indiquée, il n'y a
pas tellement de changement dans le contenu, sauf qu'on a modifié la
tournure, la phraséologie tout simplement.
On va l'adopter, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'amendement à l'article
18 est adopté?
M. Dubois: Sur division, M. le Président.
M. Garon: C'était mon amendement, mais j'ai dit que
j'avais tenu compte de vos commentaires lorsque les personnes sont venues nous
rencontrer.
M. Giasson: Lorsque nous avons déposé notre bloc
d'amendements dès le départ, c'était dans nos
amendements.
M. Garon: Vous avez déposé un bloc
d'amendements?
M. Giasson: Vous les avez à peu près tous battus,
mais on les a déposés quand même.
Le Président (M. Boucher): Article 18, tel
qu'amendé, sur division.
Article 19. M. le ministre.
M. Garon: L'article 19 est...
Le Président (M. Boucher): À ce moment, il y avait
deux amendements, il y avait votre amendement et un sous-amendement du
député de Gatineau.
M. Garon: J'avais dit, à ce moment, que je
vérifierais. J'avais un amendement pour restreindre l'enquête aux
fins de l'enquête et quelqu'un voulait ajouter "selon les
modalités de la Loi des commissions d'enquête". Nous avons
vérifié dans la Loi des commissions d'enquête et il n'y a
pas de modalités prescrites dans la loi. Dire "selon les
modalités de la Loi des commissions d'enquête" ne voudrait rien
dire, parce que les modalités ne sont pas dites dans la loi.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet au nom du député de Gatineau, est-ce que...
M. Giasson: Oui, on m'indique qu'à la suite des recherches
qui ont été menées, l'amendement qui avait
été proposé par le député de Gatineau
n'apportait pas plus de sécurité à l'intérieur du
mécanisme prévu dans l'article 19. En conséquence, je
retire, au nom du député de Gatineau, la proposition d'amendement
qu'il avait déposée.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Le sous-amendement
qu'il avait proposé.
M. Giasson: Je voudrais cependant remercier le ministre d'avoir
revu tout de même le libellé de cet article, de façon
à limiter un peu plus les pouvoirs qu'on donnait aux enquêteurs
dans la loi. On a ajouté une disposition qui veut que ce soit des
documents relatifs à son enquête, et non pas à n'importe
quel dossier, ce qu'il était facile de concevoir avec la
rédaction de l'article tel quel, de par sa présentation
première. (21 h 30)
Le Président (M. Boucher): L'amendement à l'article
19 est-il adopté?
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Et l'article 19 est-il
adopté tel qu'amendé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Le prochain
article, l'article 27.
M. Garon: À l'article 27, j'avais tout simplement
demandé, à ce moment, que l'article concernant les
érablières... Étant donné que le
député de Beauce-Sud était absent, par délicatesse,
j'avais pensé qu'il aimerait être présent lorsqu'on
parlerait de l'article 27. Cet après-midi, il vient justement de
mentionner son accord sur l'article 27 et je pense qu'on pourrait adopter
l'article 27 tel que rédigé.
Le Président (M. Boucher): Article 27, adopté?
M. Grenier: Un instant, là.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton?
M. Grenier: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Article 27, adopté.
Article 31.
À l'article 31, il y avait un amendement proposé par le
député de Laval: Que l'article 31 soit amendé en
remplaçant, à la troisième ligne du premier alinéa,
le mot "trois" par le mot "dix".
Sur l'amendement, je l'avais reçu à ce moment.
M. Giasson: Sur l'amendement, l'inquiétude que
représentait, pour le député de Laval, la
possibilité de limiter à trois ans le droit de se
construire, dans le cas de la réalité qu'on vit au Québec,
ce n'est pas d'hier. Il arrive parfois que des gens qui sont au travail
décident de se porter acquéreurs d'un terrain, en vue de s'y
installer, de s'y établir au moment de la venue de la retraite. Cela
peut s'acheter dix ans ou quinze ans avant qu'une personne prenne sa retraite.
Le député de Laval avait pensé d'étendre le
délai permis de trois ans pour se construire une résidence sur un
tel terrain à dix ans, de façon qu'on ne coupe pas les ailes
à des personnes qui, hypothétiquement, auraient pu, il y a
quatre, cinq ou huit ans, se porter acquéreurs d'un terrain en vue de se
construire le jour où elles se retireraient de la vie active pour passer
à la période de retraite. C'était là le sujet de
préoccupation du député de Laval quand il a proposé
un amendement en vue de porter à dix ans la période de
délai, à compter du 9 novembre 1978.
Le ministre nous avait dit qu'il était prêt à
peut-être reconsidérer le délai de trois ans qui est
mentionné dans la loi, sans s'engager pour une période de dix
ans.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre.
M. Garon: Je pense que dix ans, c'est beaucoup trop long. Ce que
l'article 31 reconnaît, ce n'est même pas un droit acquis, au fond.
Il n'y a pas de droit acquis, la section des droits acquis est plus loin. C'est
une possibilité additionnelle, un peu une période transitoire. Je
pense que dix ans est beaucoup trop long et, en faisant un petit effort, on
pourrait dire quatre ans.
M. Giasson: Pourquoi pas cinq ans, M. le ministre?
M. Garon: Pardon?
M. Giasson: Pourquoi pas cinq ans?
M. Garon: Parce que quatre ans, ce serait pas mal.
M. Grenier: Qu'est-ce qui empêche, est-ce qu'il y a une
raison, pourquoi pas dix ans?
M. Giasson: II va nous expliquer cela, je suis certain que cela
va être solide comme motif.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Je ne sais pas si le ministre a fini de
répondre au député de Montmagny-L'Islet. Est-ce que vous
avez fini?
Je trouve que le délai de trois ans est très
limité, dans le sens que, de bonne foi, un travailleur d'usine pourrait
acheter un terrain quelque part pour se construire une résidence pour
ses vieux jours. Il pensait, dans dix ans, dans quinze ans, en construire une,
et la loi arrive et le bloque pour trois ans. Il a trois ans pour la
construire, c'est tout. Moi, je pense que c'est vraiment limité. C'est
fondamental quand même, c'est un droit plus ou moins acquis, parce que,
supposons qu'il n'y ait pas de règlements municipaux dans la paroisse
où il a acheté son terrain, il était libre de bâtir
une maison n'importe quand. Là, le projet de loi no 90 arrive, la
personne a trois ans pour bâtir, sinon elle ne bâtit plus de
maison, c'est à peu près cela. Je pense que c'est très
limitatif. C'est un droit individuel, jusqu'à un certain point. Il avait
acheté cela de bonne foi, sans règlements municipaux, et, tout
à coup, la loi 90 arrive, c'est fini. J'accepterais cinq ans. Si le
ministre était ouvert un peu, cinq ans, ce ne serait pas pire, mais
trois ans... Écoutez, avant d'aller chercher les fonds
nécessaires pour bâtir une maison, les permissions...
M. Garon: Je vais vous demander 30 secondes pour consulter mes
députés.
M. Dubois: D'accord.
Le Président (M. Boucher): La commission suspend pour 30
secondes. M. le ministre.
M. Garon: Alors, on fait un compromis pour cinq ans.
M. Dubois: Est-ce que je pourrais vous remercier, M. le
ministre?
M. Garon: Pardon?
M. Grenier: II a le droit de vous remercier.
M. Dubois: Est-ce que vous acceptez mes remerciements?
M. Garon: Non, ce sont les députés.
Le Président (M. Boucher): Un instant là! Nous
avons devant nous une motion du député de Huntingdon visant
à amender l'article 31 en remplaçant, à la
troisième ligne du premier alinéa, le mot "trois" par le mot
"dix".
M. Garon: Accepteriez-vous en échange, comme
compromis...
M. Giasson: II me semblait que cela devait venir.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, vous faites un
sous-amendement...
M. Giasson: Le chat sort du sac.
Le Président (M. Boucher):... à l'amendement du
député de Huntingdon.
M. Garon: Non, je fais un compromis. M.Giasson: Le
chat sort du sac.
M. Garon: Comme j'ai accepté une proposition qu'il a
faite, est-ce qu'il accepterait de faire son discours de deuxième
lecture sur la loi 116 ce soir?
M. Giasson: Le voilà!
M. Dubois: Je n'ai pas demandé un compromis, il n'a pas
été question de compromis. Vous êtes allé prendre
une décision...
M. Giasson: J'étais à peu près sûr que
le projet de loi 116 allait venir sur la table.
M. Dubois: La décision fut rendue, à savoir que
vous acceptiez cinq ans.
M. Grenier: Vous avez un mauvais souffleur, il n'est pas du
milieu agricole.
M. Dubois: Le ministre vient de la donner, la réponse. Je
n'ai pas de réponse à donner, moi.
M. Garon: Moi, c'est parce que mon discours est fait, le
vôtre n'est pas fait.
M. Dubois: Ce n'est pas moi qui accepte les amendements, c'est le
ministre.
M. Garon: Celui-là, on aurait pu, cela n'a pas besoin
d'être accepté, on aurait pu avoir un vote, mais...
M. Dubois: Un vote? Il n'y en a pas un qui ait été
adopté jusqu'à maintenant, j'aime autant un caucus en
arrière, ça va mieux.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement tel que
rédigé, si j'ai bien compris, par le député de
Huntingdon, est adopté?
M. Grenier: Est-ce que c'est dix ans? M. Garon: Non, cinq
ans.
Le Président (M. Boucher): On a marqué dix dans
l'amendement, c'est pour cela, M. le ministre, que je demande si vous en faites
un sous-amendement pour changer le mot "dix" par le mot "cinq"?
M. Dubois: Moi, j'ai demandé cinq ans, pour un
compromis.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous voulez changer
votre amendement?
M. Dubois: Oui, j'ai demandé au ministre s'il accepterait
cinq ans au lieu de trois ans, comme compromis, alors il a dit: On s'en va en
arrière et on en discute.
Cela devient un amendement à l'amendement.
Le Président (M. Boucher): C'était un amendement du
député de Laval.
M. Garon: Battons donc l'amendement de dix ans et après
cela, vous en ferez un pour cinq ans.
M. Dubois: D'accord, si cela règle le problème.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Nous allons prendre
le vote sur l'amendement du député de Laval disant: Pour dix
ans.
M. Giasson: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. Baril... Est-ce que vous
désirez un vote à main levée, cela irait plus vite.
M. Giasson: Pour ou contre.
Le Président (M. Boucher): Ceux qui sont pour l'amendement
du député de Laval. Ceux qui sont contre.
L'amendement est battu.
M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Je propose un sous-amendement à savoir
que...
Le Président (M. Boucher): Cela va être un autre
amendement, M. le député.
M. Dubois: Un nouvel amendement à savoir qu'on puisse lire
cinq ans au lieu de trois ans.
Le Président (M. Boucher): Cinq. Cela se lirait comme
suit: Que l'article 31 soit amendé en remplaçant, à la
troisième ligne du premier alinéa, le mot "trois" par le mot
"cinq".
M. Dubois: C'est bien cela.
M. Giasson: Adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 31 est adopté tel qu'amendé?
Des voix: Adopté.
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. L'article
suspendu suivant, l'article 40.
M. Garon: L'article 40 est correct.
M. Giasson: C'est que le ministre a demandé de le
suspendre pour une période de réflexion, à la suite d'une
argumentation soulevée par le député de Joliette-Montcalm
qui s'inquiétait à cause des représentations que les
cultivateurs de son comté lui avaient faites en fin de semaine. Il
citait des cas, par exemple, d'agriculteurs qui sont dans des
spécialités et qui n'ont pas à travailler douze mois par
année à la ferme, les fils de cultivateurs. Il citait le cas de
la culture du tabac,
de la culture de pommes de terre. Ces gens travaillaient quelques mois
sur la ferme paternelle, à des productions spécialisées,
et étaient des travailleurs de la construction ou dans d'autres
activités pour le reste de l'année.
Le ministre avait considéré les remarques formulées
par le député de Joliette-Montcalm. Il avait demandé de
suspendre l'article 40, quitte à réfléchir à
nouveau sur l'argumentation et les conséquences que posait l'article
40.
M. Garon: Mais on a écrit l'article 40 encore une fois et
l'article 40 est un article permissif qui permet à l'agriculteur, dont
la principale occupation est l'agriculture, de construire une résidence
pour lui-même, son enfant ou son employé. Quand on dit son enfant,
il est évident que le singulier dans la loi inclut le pluriel, ses
enfants ou ses employés.
M. Dubois: M. le ministre, est-ce que je pourrais poser une
question ici?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Si cette personne ou l'agriculteur a dix enfants
cela pourrait arriver, un cas fou comme cela il pourrait
construire dix maisons.
M. Garon: Le gars qui a dix enfants n'est pas fou, il est
amoureux.
M. Dubois: Je veux dire un cas aussi fou que d'avoir dix maisons
sur la même ferme, c'est cela que je veux dire. Cela pourrait arriver
parce qu'il y a des fermes qui longent des rangs, il peut y avoir 30 acres de
terrain le long d'une route rurale, cela arrive des cas comme cela.
L'agriculteur pourrait, s'il a dix enfants, avoir dix maisons sur la même
ferme. Mais elles font toujours partie...
Une voix: Trois ou quatre, par exemple.
M. Dubois: Non, il n'en est pas question dans le projet de
loi.
M. Garon: Non, il n'en est pas question.
M. Dubois: Qu'ils travaillent sur la ferme ou pas.
M. Giasson: La réserve qu'avait le député de
Joliette-Montcalm n'était pas sur le libellé du premier
alinéa, c'était sur le deuxième parce qu'il disait que les
fils de ces cultivateurs dans son comté, qui s'adonnent à des
spécialités, ne pouvaient devenir propriétaires de fait de
ces résidences, parce que le deuxième alinéa est fort
précis: Ces lots ou ces terrains sur lesquels sont bâties les
résidences des enfants ne sont pas détachables de l'entité
agricole, ne peuvent devenir la propriété réelle des
enfants. Cela demeure la propriété, à toutes fins utiles,
de celui qui possède la ferme. Si ces enfants, un jour, voulaient
devenir propriétaires, cela ne pourrait pas se détacher
automatiquement.
M. Garon: Alors, comme il est impossible de prévoir tous
les cas, on dit: D'une façon automatique, sans autorisation de la
commission, il est possible, pour le cultivateur, de construire une ferme pour
lui-même, son enfant ou son employé ou ses enfants ou ses
employés. Mais, comme le dit le député de
Montmagny-L'Islet, l'article 28 dit qu'on ne peut pas faire de lotissement sans
l'autorisation de la commission. Le fils de l'agriculteur qui veut se
bâtir sur la ferme de son père, s'il travaille avec son
père, fera une demande à la commission et, normalement, il aura
une permission dans son cas.
Le but de cet article, c'est que ce ne soit pas un trou pour permettre
à une personne qui a une ferme de commencer à faire un
développement en disant que c'est pour ses enfants. Aujourd'hui, il y a
un tas de médecins, de professionnels, de professeurs, etc., qui ont des
fermes et on ne voudrait pas que tout chacun se mette à faire un
développement. Le but de l'article n'est pas d'empêcher les
enfants des agriculteurs qui travaillent avec eux ou qui ne travaillent pas
avec eux de se bâtir sur la ferme, parce que, même s'ils ne
travaillent pas à temps plein avec les parents, souvent ils donnent des
services, ils gardent un peu les animaux et donnent une chance aux parents de
sortir; cela peut être utile. Mais voir, par exemple, un père de
famille, un couple de cultivateurs qui a dix enfants, voir les dix se
bâtir à côté d'eux autres, moi, je n'ai jamais vu
cela.
M. Dubois: Tout peut se voir, quand même, dans une
province, écoutez, à la grandeur de la province, il peut arriver
des cas comme cela. Mais je voudrais préciser une chose...
M. Garon: Cela va tellement être minime. (21 h 45)
M. Dubois: Seulement pour une rectification au niveau du journal
des Débats, je voudrais préciser que ce n'est pas fou que d'avoir
dix enfants, mais je pense qu'il serait fou d'avoir dix maisons sur la
même ferme parce que toutes les maisons feront partie intégrale de
l'unité de la ferme. Le jour où la ferme sera vendue, elle sera
rattachée à huit résidences.
M. Garon: À moins d'une autorisation de la commission. Le
but de la commission, d'une commission intelligente n'est pas de nuire aux
agriculteurs, au contraire. Un agriculteur qui a un fils et qui veut se
construire à côté, demande l'autorisation de se construire
et de faire lotir, parce qu'il veut payer la maison lui-même; il pourra
avoir l'autorisation, mais le cas échéant, ce sera pour les
agriculteurs, ce ne sera pas pour d'autres que les agriculteurs. On ne veut pas
que des avocats, des médecins, des professeurs, que toutes sortes de
gens achètent des terres et commencent à y bâtir des
maisons pour leur famille.
On veut que la terre arable soit réservée aux
agriculteurs.
M. Grenier: Me permettriez-vous ici, sur la dernière
partie "construire sur son lot une rési-
dence pour elle-même la personne, on suppose le père
de famille pour son enfant et son employé", est-ce qu'on doit
comprendre que c'est la même maison pour l'enfant et l'employé ou
si ce sont des maisons différentes?
M. Garon: Non.
M. Grenier: Cela veut donc dire...
M. Garon: En droit, le singulier inclut le pluriel. Quand on dit
"son enfant", c'est comme si c'était écrit "ses enfants". Je
comprends qu'on a dit que, selon la loi, il avait le droit de construire une
maison seulement pour un enfant. C'est parce qu'en droit, quand on
rédige, quand on dit "son enfant", cela veut dire...
M. Grenier: J'ai saisi, je comprends cela, pour son enfant, c'est
son premier enfant, son deuxième enfant ou son dixième enfant,
mais cela veut dire aussi que cet enfant peut avoir une maison pour son
employé. Cela n'ouvre pas la porte à un trop grand nombre
d'employés, par exemple, qui pourraient se bâtir...
M. Garon: II pourrait construire automatiquement pour son
employé une maison sur sa ferme. Habituellement, les gens ne
bâtissent pas des maisons pour leur employé.
M. Grenier: Ce que vous avez dit tout à l'heure, je pense
que c'est sérieux. Vous avez parlé des professeurs et tout cela.
Je n'admets pas qu'il faille faire des enfarges, mais je prends l'exemple d'un
homme qui aurait trois enfants, ce qui est possible, qui décident de se
bâtir chacun sa maison. Ce n'est pas impossible qu'ils aient chacun un
employé qui se bâtisse chacun une maison. On est assuré
qu'il y a sept maisons.
M. Garon: Pas l'employé de l'enfant.
M. Grenier: Seulement l'employé du
propriétaire.
M. Garon: L'employé du cultivateur.
M. Grenier: L'enfant ne pourra pas avoir de maison pour son
employé. D'accord. Il y aura toujours, sur une terre, seulement une
maison d'employé. C'est cela.
M. Giasson: II peut y en avoir plus d'une. Si vous avez une
grande ferme qui nécessite la présence de cinq employés
d'une façon permanente, cela n'interdit pas d'avoir plus d'une maison
pour les employés.
M. Garon: Prenons le cas des maraîchers, par exemple, qui
auraient une grande ferme. C'est possible, cela dépend du genre de
ferme.
M. Giasson: Cela existe d'ailleurs au Québec.
M. Garon: Si vous avez, par exemple, une grande ferme
maraîchère, vous pouvez vivre plusieurs...
M. Grenier: Cela le permet, en tout cas. Pour les employés
et les enfants, il n'y a pas de limite là-dessus.
M. Dubois: C'est assez limité, quand même, les
constructions pour les employés de ferme, c'est très
limité.
M. Garon: C'est très rare. D'ailleurs les employés
de ferme qui travaillent sur la ferme à temps plein...
M. Dubois: Ils ne veulent pas demeurer sur la ferme, ils en ont
assez...
M. Garon: II y en a qui travaillent de façon
saisonnière, mais à temps plein, douze mois par année,
cela devient un nombre plus restreint.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, est-ce qu'il est loisible de
croire que dans le cas où un propriétaire de ferme aurait
construit une résidence pour un de ses enfants qui devait travailler
avec lui sur sa ferme ou qui a travaillé et décide de s'adonner
à une autre occupation, est-ce qu'il serait possible de penser que dans
le cas de cette résidence construite pour l'enfant qui, normalement,
devait travailler à la ferme prenons un cas logique si
l'enfant voulait devenir propriétaire, que la commission de
contrôle permette le lotissement de l'emplacement sur lequel est la
résidence...
M. Garon: L'article 28, avec la permission de la commission,
oui.
M. Giasson: Cela ne poserait pas de problème, on peut
croire facilement que ces cas vont être accueillis avec la
possibilité d'une réponse favorable dans la plupart des cas.
M. Garon: La commission pourrait voir, à ce
moment-là. Pourquoi est-ce écrit ainsi? Il peut arriver quelqu'un
qui se bâtisse trois maisons pour ses trois enfants, mais ils ont
changé d'emploi. Il vend les trois maisons et, par la suite, les enfants
veulent revenir et il en bâtit trois autres. Il dit: Ils ont
changé d'idée, je revends mes trois maisons. C'est la raison pour
laquelle le texte est ainsi rédigé.
Le but n'est pas de nuire aux agriculteurs, mais c'est d'empêcher
qu'on se serve de cet article pour commencer à faire du
développement sur les terres... du fonds d'amortissement. S'il n'y a pas
d'autorisation, personne surveille, il n'y a rien qui se... Mais, au fond, je
vais vous dire une chose. Les agriculteurs vont être assez
échaudés par les problèmes de l'environnement; moi, si
j'étais agriculteur, je serais prudent avant de bâtir une
maison sur ma terre, parce que le premier qui va créer des
problèmes est justement celui qui va acheter cette maison-là
éventuellement, parce que même mon fils, si ce n'est pas lui qui
me succède sur la terre mais qui se bâtit à
côté, il peut changer d'emploi; il va vendre sa maison. Le mieux,
c'est qu'il la vende à son père et que son père la loue
parce que s'il la vend au premier qui dit qu'il aime cela, que c'est beau, que
vous avez un grand verger, etc. Il trouve cela beau d'un coup sec. Il se
remplit les poumons d'air et il commence à tousser parce qu'il n'est pas
habitué à l'air frais comme cela. Au bout d'un mois, il dit: Cela
sent. Il commence alors à faire des plaintes.
M. Giasson: Cela ne sent pas aussi bon.
M. Garon: Je me rappelle un cultivateur que j'avais
rencontré, il était dans un rang et il disait que...
M. Grenier: Cela ne sent pas la maîtresse
d'école.
M. Garon: ... la terre de son voisin était à vendre
ainsi que la maison, dans le comté de Lotbinière, pas loin,
à 40 milles...
M. Grenier: C'est un bon comté cela.
M. Garon: Un comté qui pourrait s'améliorer.
M. Grenier: C'est pas mal au "top". Quand vous aurez la
majorité du député de Lotbinière, vous serez en
sécurité.
M. Garon: J'ai plutôt une bonne majorité, 6000.
M. Grenier: II en a 11 000.
M. Garon: Non, il n'a pas 11 000.
M. Grenier: C'est le double.
M. Garon: II y a à peu près 11 000
électeurs.
M. Grenier: Je m'excuse, il y en a près de 30 000.
M. Garon: Alors, l'agriculteur vient pour acheter la ferme du
voisin et il y a une maison. Il dit: J'en ai déjà une; je n'ai
pas besoin de ta maison; je vais acheter la terre sans la maison. Il vend la
maison à part. Il me contait cela: Une maison, dans les rangs, quand il
n'y a plus de terre c'était un petit village à un petit
bout de Québec cela ne vaut pas cher; la maison s'est vendue
$4000 à $5000. Il y a un gars qui l'a achetée; un gars qui ne
travaille pas. Il m'a dit: II retire de l'aide sociale et il n'aime pas la
senteur. Entre la maison et la porcherie, il manquait quinze pieds pour avoir
la bonne distance. Il a dit: II me fait des plaintes depuis trois ans. J'ai
dépensé les $5000 en procès. J'aurais dû acheter la
maison et mettre le feu dedans. Il me contait cela et disait: Je suis
découragé de cela. Je pense qu'un gars qui est prudent,
aujourd'hui, avant de bâtir son fils sur sa terre, s'il pense qu'à
un moment donné il peut changer d'emploi et aller ailleurs et que
quelqu'un d'autre à qui il va vendre la maison va venir lui créer
du trouble... j'y penserais deux fois.
M. Grenier: II aurait fallu qu'il fasse comme vous, qu'il ait un
grand terrain ou une petite terre.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre!
M. Grenier: Mais cela, je pense, M. le Président, que
c'est déjà réglé par un autre article maintenant;
il y a priorité dans les installations comme vous nous l'avez dit
l'autre soir.
M. Garon: Oui.
M. Grenier: C'est déjà réglé à
ce niveau-là.
M. Garon: II a un numéro prédestiné.
Le Président (M. Boucher): L'article 40 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Garon: C'est un hasard, mais c'est l'article 100 qui concerne
l'environnement.
M. Dubois: Cela a été pensé.
M. Garon: Non, mais on n'aurait pas pu mieux faire.
Demandes d'autorisation (suite)
Le Président (M. Boucher): Le prochain article, l'article
44.
M. Garon: II y a un amendement à l'article 44.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, il y avait un
amendement, du député de Laval, qui avait été
suspendu à ce moment-là.
M. Garon: Lequel.
Le Président (M. Boucher): II s'agissait de...
M. Giasson: Former un droit d'appel à la Cour
provinciale.
Le Président (M. Boucher): Que l'article 44 soit
amendé en remplaçant, à la dernière ligne, les mots
"finale et sans appel" par les mots "sujette à appel à la Cour
provinciale de Québec".
M. Garon: Ce serait terrible.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, sur l'amendement.
M. Giasson: II y a un petit changement. Le Président
(M. Boucher): Oui.
M. Giasson: M. le Président, l'amendement que je
dépose au ministre apporte une modification au premier alinéa de
l'article 44, c'est que la commission ne se devait pas de tenir une audience
publique, tel qu'était fait le libellé de l'article 44;
maintenant, on donne moins de pouvoirs ou moins de choix discrétionnaire
à la commission en ajoutant "elle doit tenir une audience publique
c'est conditionnel si le demandeur ou un intéressé
en fait la demande." C'est définitivement une amélioration par
rapport au texte initial.
M. Garon: Je ne suis pas convaincu de cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, est-ce que vous maintenez l'amendement du
député de Laval?
M. Giasson: Oui.
Le Président (M. Boucher): Alors, il faudrait...
M. Giasson: Je maintiens...
Le Président (M. Boucher): ... disposer de cet amendement,
compte tenu qu'il s'agissait, à ce moment, d'un amendement
proposé par... que nous avions suspendu...
M. Giasson: M. le Président, je ne voudrais pas reprendre
ici tout le débat qu'on a mené sur la nécessité
d'avoir une possibilité de droits d'appel réels à
l'intérieur de cette loi. Brièvement, je voudrais signaler, ce
n'est pas que nous mettons en doute la compétence ou la capacité
des commissaires à la commission de contrôle, loin de là;
cependant, ce sont des humains. En étant nommés à la
commission de contrôle du territoire de protection, pour faire plaisir au
ministre, le territoire agricole, ils ne revêtent pas automatiquement ce
caractère d'infaillibilité. Il peut arriver que des gens rendent
des décisions sur lesquelles il y aurait avantage à laisser aux
citoyens la possibilité d'en appeler devant la Cour provinciale du
Québec. Ce n'est pas la fin du monde, loin de là. C'est tout
simplement un droit d'appel réel qu'on devrait retrouver dans notre Loi
sur la protection du territoire agricole.
Je suis assuré que cela ne poserait pas de problèmes
majeurs et qu'on permettrait, qu'on donnerait une dernière
possibilité, à des citoyens qui pourraient se sentir
lésés par des décisions rendues, de se prévaloir de
ce droit d'appel et cela serait une garantie additionnelle qu'on laisse aux
citoyens parce que, comme on l'a dit si souventefois, on vient de toucher, par
cette loi, le droit immobilier, le droit de propriété qui a
toujours été un droit sacré au Québec en ce qui a
trait à la possession du sol. À partir de ces
considérations et d'autres que nous avons fait valoir, lors de
débats touchant cette demande d'un droit d'appel,
M. le Président, et que nous avons étayées
largement, c'est une amélioration possible à la loi en
insérant une capacité d'appel réelle pour les citoyens qui
vont subir les conséquences de l'application de la loi.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je vous remercie, M. le Président. Je reconnais
qu'on vient d'améliorer l'article 44, en inscrivant "doit" au lieu de
"peut". Mais j'aurais aimé que le ministre fasse un changement dans une
foule d'articles où on lit "peut" au lieu de "doit". Il y a plusieurs
endroits, quand même, où c'est laissé à la
discrétion absolue de la commission. Elle peut siéger, elle peut
entendre l'intervenant ou elle peut faire ce qu'elle veut. Mais je reconnais
quand même qu'à l'article 44 le ministre a fait un effort. Je
pense qu'il y aurait lieu de lui demander, à tous les articles où
c'est indiqué "peut" au lieu de "doit", de faire un changement. De toute
façon, j'accepte l'amendement personnellement...
Le Président (M. Boucher): Vous parlez de l'amendement du
député de Laval?
M. Dubois: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): Avez-vous terminé sur
l'amendement, M. le député de Huntingdon?
M. Dubois: Je suis favorable à l'amendement. Le
Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je ne voterai pas en faveur de l'amendement du
député de Laval. Mais je ne voudrais pas parler davantage. On a
parlé beaucoup de cette question au cours des dernières
semaines.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, brièvement, j'ai
l'impression que cela va contre... cet amendement, je m'y attendais,
j'étais surpris... je pensais que cela venait du gouvernement, mais je
me rends compte qu'il vient de l'Opposition officielle. Mais il va contre
l'esprit de...
M. Garon: Cela dépend duquel vous parlez.
M. Grenier: L'Opposition officielle; celui-ci. Elle doit tenir
une audition publique...
M. Garon: C'était de celui-là qu'on parlait. Une
voix: Ce n'est pas de celui-là.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mégantic-Compton, c'est l'amendement du député
de Laval qui avait été suspendu, dont nous devons
disposer.
M. Grenier: ... elle doit tenir une audition publique si le
demandeur ou un intéressé en fait la demande.
Le Président (M. Boucher): Avant de disposer de
l'amendement du ministre, c'est un nouvel amendement que le ministre vient
d'apporter et, lors de l'étude de l'article 44, nous avions suspendu
l'étude de cet article après que le député de Laval
eut demandé un amendement qui se lisait comme suit, que l'article 44
soit amendé en remplaçant à la dernière ligne les
mots "finale et sans appel" par les mots "sujette à appel à la
Cour provinciale du Québec. "
M. Grenier: D'accord. Une voix: La loi 90...
Le Président (M. Boucher): Nous devons disposer de cet
amendement avant d'adopter l'amendement du ministre qui est proposé
devant nous.
M. Grenier: S'il y a des recours, s'il y a des recours possibles,
je ne sais pas, l'amendement, cela dépend... l'amendement qui est
proposé par le député de Laval, j'ai l'impression que ce
sont des droits, quand même, qu'il faut donner... Il faut quand
même que les gens aient des droits de rappel à quelque part, il
faut quand même que ces gens aient des possibilités de se
défendre et on en donne un ici. Le droit de rappel qu'on donne
là, j'ai l'impression qu'il est important. Il est fait par quelqu'un qui
s'y connaît. Je pense au député de Laval qui est un notaire
et qui en a vu d'autre aussi. L'article qu'il donne là, c'est quand
même pour protéger la personne, la personne humaine, et il croyait
aux droits de la personne aussi; il n'y a pas rien que vous, j'imagine. Il me
semble qu'il n'y aurait pas d'objections à ce qu'on apporte cet
amendement et que le ministre se rallie.
Le Président (M. Boucher): Seriez-vous prêts
à voter? Un vote à main levée?
Une voix: Non, M. le Président...
M. Giasson: C'est incroyable, nous avons fait des propositions
à l'amendement qui allait dans le sens de la très grande
majorité des intervenants qui sont venus devant la commission
parlementaire et sur ces amendements capitaux, jamais le ministre n'a
cédé...
M. Garon: On a fait... (22 heures)
M. Giasson: ... n'a voulu entendre les recommandations, les
demandes formulées par tout ce groupe d'intervenants qui sont venus
à la commission parlementaire au cours des semaines qui ont
précédé.
M. Garon: Nous en sommes à 33 amendements.
M. Giasson: Les amendements majeurs requis vous les avez
refusés, M. le ministre. Les amendements majeurs des gens qui sont venus
devant notre commission, vous les avez refusés. Vous avez apporté
des amendements très mineurs. Concedo, je le concède. En tout
cas, M. le Président, nous avons fait le débat longuement sur la
nécessité d'un droit d'appel; nous allons en disposer par le
vote.
Le Président (M. Boucher): Vote à main
levée. Alors ceux qui sont pour l'amendement du député de
Laval. Deux. Ceux qui sont contre. Alors l'amendement est rejeté. Six
contre deux.
M. Garon: Alors l'amendement..., alors c'est celui qui dit que
l'article 44 est amendé en modifiant la dernière phrase du 1er
alinéa, comme suit: "elle doit tenir une audience publique si le
demandeur ou un intéressé en fait la demande." Ce n'est pas la
dernière phrase, j'aimerais le lire comme cela devrait se lire, le 1er
alinéa, avant le point-virgule. Cela se lit; "Avant de rendre sa
décision, la commission doit donner au demandeur et à tout
intéressé l'occasion de faire des représentations
écrites; elle doit tenir une audience publique si le demandeur ou un
intéressé en fait la demande."
En plus de cela, il y a un droit de révision. En droit
administratif au lieu d'avoir des droits d'appel nous avons des droits de
révision, comme on les appelle dans le monde agricole le monde
est habitué ce sont des droits de révision qu'on trouve
dans la Loi de la régie des marchés agricoles.
M. Giasson: Droits de révision qui sont possibles à
la commission qui en a pris la décision. Juge et partie.
M. Garon: Pas partie.
M. Giasson: La commission est partie à la décision
qu'elle a rendue. C'est elle qui a rendu la décision.
M. Garon: Oui, mais ce n'est pas cela une partie. Partie, elle
n'est pas partie.
M. Giasson: Elle est partie sur la décision qu'elle a
rendue, sur laquelle on lui demande une révision. Écoutez, si
elle n'est pas partie à cette décision, qui l'a rendu la
décision? Une fois qu'elle est rendue la décision?
M. Garon: Le juge est partie. Une partie c'est être
demandeur ou défendeur et juge en même temps...
M. Giasson: Au moment de la rendre... D'accord. Mais quand nous
allons en révision devant le juge qui a rendu la décision, il n'a
pas d'intérêt dans la décision rendue.
M. Ouellette: Quand le juge a rendu sa décision il est
partie. Le juge est partie.
Des voix: Adopté.
M. Giasson: On laisse le droit de révision sur une
décision qui est rendue par l'organisme, le seul organisme qui la rend
c'est la commission. C'est lui cet organisme qui est le réviseur de sa
propre décision rendue.
M. Garon: Le droit de révision.
M. Giasson: Si pour vous c'est un droit d'appel, prenez-le...
M. Garon:... et le pouvoir de surveillance de la Cour
supérieure en vertu de l'article 33 du Code de procédures
civiles,...
M. Giasson: Ce sont des questions de droit.
M. Garon: Oui, mais c'est toujours comme cela dans les
commissions administratives, on a vu des gens de l'Office national de
l'énergie...
M. Giasson: Vous avez d'autres commissions administratives au
Québec pour lesquelles vous avez un tribunal au-dessus de l'organisme.
Vous le savez, M. le ministre.
M. Garon: Oui, mais... j'aurais pu me mettre la tête dans
le sable...
M. Giasson: La Commission des transports rend des
décisions sur des demandes de permis, des modifications, des retraits,
etc.
M. Garon: Oui, oui, des décisions de fonctionnaires.
M. Giasson: Si cela ne satisfait pas. Ce n'est pas des
fonctionnaires, ce sont des juges qui sont là.
M. Garon: Oui, mais on aurait pu dire: vous allez voir un
fonctionnaire d'abord puis après vous viendrez voir la commission.
M. Giasson: La Commission des transports, il y a un M. Bouchard,
un M. Prévost...
M. Garon: Cela aurait coûté plus cher...
M. Giasson: ... et peut-être d'autres qui sont
déjà des juges au Québec, puis la décision qu'ils
rendent...
M. Garon: Cela aurait coûté plus cher à tout
le monde...
M. Giasson:... peut être revue sur une plainte du
requérant ou d'une personne intéressée; cela peut aller au
tribunal des transports qui est encore formé de juges mais à un
autre palier. Dire que, au
Québec, tout va dans le sens des dispositifs de la loi 90, vous
le savez que ce n'est pas exact, M. le ministre.
M. Garon: Je peux citer quasiment vingt tribunaux qui
fonctionnent comme cela; ce sont les meilleurs. Autrement, cela prend beaucoup
de temps et cela coûte cher à tout le monde. Pendant que tous ces
délais courent, il n'y a rien qui se passe. Cela fait gagner de l'argent
aux hommes de droit et ce n'est pas...
M. Giasson: En tout cas, nous avons dépassé...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Dubois: Non.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je n'ai pas grand-chose à ajouter; ce qui me
plaît, c'est qu'au lieu de se faire dans le corridor, cela va se faire en
audition publique. C'est mieux que c'était. J'accepte l'amendement.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
adopté?
M. Grenier: C'est un timide...
M. Giasson: Je ne veux pas dire que la sentence, la
décision va être rendue en audience...
M. Grenier: Non, pas tout de suite, il n'y a pas de
décision. Si au lieu de "elle peut", on écrit "elle doit tenir
des auditions publiques si le demandeur ou un intéressé en fait
la demande ", cela ne veut pas dire qu'elle va l'écouter; elle va
l'entendre, mais cela ne veut pas dire qu'elle va l'écouter. C'est un
timide changement et cela ne donne pas un droit beaucoup plus large à
l'intéressé que de se faire entendre. Ce n'est pas mieux, mais
c'est moins pire.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement
à l'article 44 est adopté?
M. Giasson: L'amendement, oui.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 44 est
adopté?
M. Giasson: Sur division parce qu'on refuse le droit d'appel
véritable.
Le Président (M. Boucher): L'article 44 est adopté
sur division tel qu'amendé. L'article 58.
Zone agricole (suite)
M. Garon: À l'article 58, on avait déjà
proposé un amendement.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le ministre, il y avait
votre amendement à ce moment-là.
M. Garon: On maintient l'article 58 avec l'amendement tel que
proposé antérieurement.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, je m'excuse,
à l'article 58, il y avait un sous-amendement présenté par
le député de Laval à l'effet d'insérer, entre le
deuxième et le troisième paragraphe, le paragraphe suivant:
"Nonobstant ce qui précède, la commission devra intégrer,
à la zone agricole, tout producteur agricole, jardinier ou horticulteur
d'une zone non agricole d'une région agricole désignée
s'il en fait la demande par écrit à la commission et qu'il
rencontre les exigences prévues aux règlements de la
commission."
M. Giasson: M. le Président, si vous permettez, lorsque le
député de Laval a proposé ce sous-amendement, il avait
à l'esprit les problèmes que vivent dans la région de
Montréal, principalement à Laval, certains jardiniers, certains
horticulteurs, et les problèmes qu'ils pourraient vivre dans le
futur.
Cela me paraît un amendement qui devrait être accepté
par la commission parlementaire parce qu'il apporterait une
sécurité beaucoup plus grande à l'endroit de tous ceux qui
pratiquent ces activités agricoles, soit les jardiniers, les
maraîchers et les horticulteurs de la ville de Laval. Je ne vois pas les
problèmes sérieux que cela pourrait causer tant au ministre
qu'à la commission de contrôle du territoire agricole, d'accepter
cet amendement.
J'aimerais que le ministre me dise quels problèmes un tel
amendement pourrait causer dans la réalité.
M. Garon: C'est simple.
M. Giasson: C'est toujours simple avec le ministre.
M. Garon: C'est qu'on ne veut pas inclure, pour fins de
spéculation, de faux agriculteurs. La loi est faite pour protéger
les terres arables, non pas les gens qui veulent utiliser les avantages fiscaux
pour retarder la spéculation. Il est évident que les gens qui
seront inclus seront des agriculteurs qui sont en dehors de la zone agricole,
mais qui demandent à être inclus; même s'ils sont dans une
zone non agricole, la commission va accueillir favorablement leur demande.
Il va arriver que des gens vont vouloir être
considérés comme des agriculteurs alors qu'ils n'en sont pas. Je
pense, par exemple, à Laval, quelqu'un qui n'est pas dans la zone
agricole, qui a un grand jardin et qui dirait: Je veux être inclus pour
pouvoir vendre, dans dix ou quinze ans, en faisant une plus grosse
spéculation. Alors qu'il n'y a pas d'intérêt à
l'inclure, pourquoi la commission serait-elle obligée de l'inclure?
M. Giasson: Ce n'est pas cela, M. le ministre. Un producteur
agricole doit être reconnu par la
Régie des marchés agricoles du Québec. Ce n'est pas
le gars qui se fait un petit jardin, un producteur agricole, même s'il
fait son petit jardin dans la ville de Laval ou ailleurs au Québec.
Voyons la réalité. Il y a des gens qui vivent de
l'horticulture, qui sont maraîchers, jardiniers, mais qui, pour
être éligibles à la demande formulée par cet
amendement, doivent être des producteurs agricoles reconnus par la
régie. Je pourrais même affirmer que les gens qui veulent
être protégés par cet amendement seraient prêts
à voir une modification à la loi 64 qui définit le
producteur agricole; ils seraient prêts à voir monter le volume de
produits mis en marché à $10 000 au lieu de $1 000. Ce n'est pas
du fligne-flagne, ce sont des gens sérieux qui vous demandent cela.
M. Garon: Mais à ce moment-là, ces gens vont
être inclus par la commission. Il n'y a pas de problème. Un
agriculteur professionnel qui demande à être inclus va être
inclus.
M. Giasson: Oui, mais si c'est vrai acceptez de l'indiquer dans
la loi.
M. Garon: C'est parce qu'à ce moment...
M. Giasson: Qu'est-ce que l'amendement demande? La commission
devra intégrer à la zone agricole tout producteur agricole,
jardinier ou horticulteur d'une zone non agricole d'une région agricole
désignée, s'il en fait la demande par écrit à la
commission. Il ne veut même pas aller à la municipalité, il
ne veut pas aller à Laval ni à Montréal ou à
d'autres villes, faire sa demande directement à la commission et il
rencontre les exigences prévues au règlement de la
commission.
M. Garon: Les tribunaux vont considérer comme agriculteur
un gars qui vendait pour $50 de produits agricoles. Savez-vous cela?
M. Giasson: Je ne vous parle pas des tribunaux, je vous parle de
producteurs agricoles reconnus par la régie, qui détiennent une
carte à cet effet, M. le ministre. Ne déviez pas, ne trouvez pas
des prétextes qui ne nous viennent même pas à l'esprit.
Vous faites appel à des jugements de cour prévus par les juges,
ce n'est pas cela dont je parle. Je parle de producteurs agricoles reconnus par
la Régie des marchés agricoles.
M. Garon: C'est quoi des producteurs agricoles reconnus par la
Régie des marchés agricoles?
M. Giasson: II faut qu'ils aillent faire la preuve d'abord qu'ils
se conforment aux dispositions de l'article 64 de la loi...
M. Garon: C'est quoi?
M. Giasson: C'est $1000. Il y a des gens qui veulent se
protéger par cela. $1000, cela ne les intéresse pas, ce n'est pas
cela leur sujet de préoccupation. Voulez-vous l'amender, la loi 64?
M. Garon: Un médecin...
M. Giasson: Comme vous le faites avec la loi d'évaluation
foncière.
M. Garon: Un professionnel qui spécule en plein milieu de
la ville, qui a une petite serre, il vend quelques fleurs au printemps, il vend
pour $1100, demande à être inclus, il faudrait l'inclure
automatiquement. C'est cela que cela amènerait comme résultat
concret. La loi sur la protection des terres agricoles est pour les
agriculteurs qui gagnent leur vie dans l'agriculture. C'est la principale
occupation. Elle n'est pas là pour les amateurs.
M. Giasson: Tout le monde est d'accord. On ne se convaincra pas,
tout le monde est d'accord sur ce que vous venez de dire. Mais les personnes
qui veulent se protéger par un tel amendement, ce n'est pas les gens qui
vendent pour $1000 de fleurs ou $1200 de fleurs, ce sont des maraîchers,
des jardiniers maraîchers qui...
M. Garon: Ils n'auront pas de problèmes, ils n'auront pas
de problèmes ces gens-là.
M. Giasson: Mais s'il n'y en a pas de problème pourquoi ne
pas le mettre dans la loi, M. le ministre.
M. Garon: Parce que les conséquences de ce que vous voulez
mettre dans la loi, ce n'est pas cela. Vous n'êtes pas capable de trouver
des normes comme cela. C'est pour cela qu'il faut laisser la commission jouer
son rôle. Des gens qui sont des agriculteurs, qui sont des professionnels
de l'agriculture, qui gagnent leur vie là-dedans, dont c'est leur
principale occupation, ce sont ceux-là qu'elle doit protéger ceux
qui normalement ne seraient pas dans la zone, mais pas des gens qui veulent
spéculer plus tard.
Je vais vous dire une chose, avec la loi 21 telle qu'elle est, il
arriverait, par exemple, sur l'île de Montréal, un médecin,
disons millionnaire, qui a 100 acres, il fait couper le foin et en vend pour
$1000. Il bénéficierait de toutes les taxes, il serait
détaxé à 70%, il se ferait inclure dans la zone pour
pouvoir spéculer aux frais de la princesse, puis éventuellement,
c'est évident qu'il vendrait et qu'il paierait le remboursement sur dix
ans, mais comme cela représenterait à peu près 25% du
montant, il aurait fait un joli gain spéculatif aux frais de
l'État sans faire d'agriculture. Mais la loi ne veut pas cela.
M. Giasson: Oui, mais le médecin qui vend au bout de
quinze ans, après l'avoir acquis puis qui la vend pour des fins
agricoles, je ne vois pas de gain de capital si énorme à moins
que l'agriculture devienne une opération tellement rentable au
Québec que le prix du sol, de la bonne terre arable passe de $500
à $5000. Là, il va faire un bon gain de capital. (22 h 15)
M. Garon: C'est un intérêt en soi, parce qu'il est
dans la zone non agricole et quand la loi va être adoptée, c'est
évident qu'il va se faire beaucoup plus de construction dans la zone non
agricole que dans la zone agricole. À ce moment, c'est évident
que celui qui est dans la zone agricole, qui dit: Moi, j'attends que tout le
monde se construise, il va faire un gain spéculatif plus grand. Il y a
des gens qui auraient intérêt à cela. Ce que la commission
va protéger dans la zone non agricole, c'est qu'elle va tenir compte
aussi de la personne qui demande d'être incluse parce que ce qui va
être réservé comme sol, c'est la zone agricole et dans la
zone intérieure qui est non agricole, indépendamment des sols, on
va garder des sols mais on va aussi regarder ce qu'on fait avec ce sol, si on
le vend à un agriculteur ou à un spéculateur.
M. Giasson: Je vais vous poser une autre question, M. le
ministre. Est-ce que vous avez songé à un moment donné
à amender la loi 64, la Loi des producteurs agricoles, de façon
à augmenter de façon fort importante le volume minimal de ventes
dans une année? Est-ce que vous avez songé à cela
déjà?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Pourquoi ne lavez-vous pas amendé comme vous
le faites avec la Loi sur l'évaluation foncière, par votre
article 106.
M. Garon: Parce qu'il faut penser à tout cela. On ne fait
pas tout en même temps dans la même loi; cela, c'est seulement pour
protéger les terres.
M. Lazure: Si vous aviez fait dans votre temps ce que fait le
ministre, on en serait peut-être là.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Chambly.
M. Garon: On a dit: On va donner à l'agriculteur...
M. Giasson: Vous n'étiez pas ici à l'époque.
M. Garon: ... un avantage de...
M. Giasson: Savez-vous qu'à l'époque, quand on a
voté la loi 64, votre représentant à la table ici, qui
était le député de Sainte-Marie à l'époque,
M. Tremblay, proposait $250 de ventes par année pour la Loi du
producteur agricole.
M. Garon: Je ne sais pas. M. Giasson: Oui.
M. Garon: Donnez-moi donc la référence au journal
des Débats.
M. Giasson: Je vais la chercher, on va la trouver et je vous la
donnerai.
M. Garon: Vous avez dit cela mais vous avez passé proche
de dire un autre chiffre. Donnez-moi donc la référence.
M. Giasson: Je vais vous la donner, M. le ministre. Je n'ai pas
le journal des Débats ici, mais je vous la donnerai.
M. Ouellette: $2500.
M. Giasson: Non, j'étais autour de la table. Le
Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. Giasson: On
gage?
M. Ouellette: Je ne gage pas mais je suis certain que ce n'est
pas cela.
M. Giasson: Je suis prêt à gager.
M. Garon: Parce qu'en 1971, l'agriculture était dans le
marasme.
M. Baril: Seul le ministre a droit.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Giasson: Le ministre peut mettre les deniers publics; nous, on
mettra les nôtres.
M. Garon: C'est tout simplement que le point là-dedans est
le suivant: Ce n'est pas la seule loi; il va y avoir d'autres lois en temps et
lieu et c'est évident que, sur le plan fiscal, le producteur agricole...
Je crois qu'éventuellement, il va falloir penser qu'avoir une terre
qu'on ne met pas en culture, c'est un luxe qu'il faudrait payer parce qu'on
prive la collectivité d'une terre agricole; alors, il faudrait que ce
luxe soit payé à la collectivité par celui qui va avoir
une terre pour n'y rien faire.
Par ailleurs, on préférait commencer par dire que les
remboursements de taxes seraient à 70% une fois que la zone permanente
agricole serait faite: Pourquoi 70%? Parce que le 70% tient compte du fonds de
terre et des bâtiments et que la maison représente à peu
près 30%; à ce moment-là, cela équivaut à
dire que le fonds de terre et les bâtiments sont détaxés
foncièrement, sur le plan des taxes scolaires et des taxes municipales
tandis que la maison de l'agriculteur est taxée comme les maisons des
autres. Je pense que c'est ce que les agriculteurs voulaient.
Deuxièmement, il y a d'autres problèmes qui ont
été mentionnés; les non-résidents, les gens qui ne
cultivent pas leur terre...
M. Giasson: Ce n'est pas un cas unique; quand on dit que le fonds
de terre et les bâtiments de ferme sont des outils de travail, c'est vrai
mais ce n'est pas particulier à l'agriculture.
M. Garon: Non.
M. Giasson: II y a un paquet de citoyens au Québec qui ont
des petites boutiques, ceux qui sont des travailleurs artisanaux ou des gens
qui ont des petites entreprises et leur entreprise est aussi leur outil de
travail.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Ce n'est pas particulier à l'agriculture
même si c'est la même réalité.
M. Garon: Non, mais voyez-vous, un professionnel, par le fait
qu'il a un diplôme, ne paie pas de taxe sur son diplôme; les
ouvriers ne paient pas de taxe sur leur coffre à outils; alors, on
disait "détaxer le fonds de terre".
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Giasson: C'est vrai mais c'est vrai pour d'autres
citoyens.
M. Dubois: M. le Président, je comprends bien la
préoccupation du ministre et je comprends bien aussi le fait qu'il y a
un paquet d'avocats qui ont des petites terres, qui ont un revenu de $1100 et
qui pourraient se prévaloir de tous les bénéfices de cet
article mais il reste qu'on aurait pu indiquer quand même dans l'article,
sans en faire une motion d'amendement, que la principale activité d'une
personne, soit l'agriculture avec des revenus de 50% plus 1% minimum. Cela
aurait peut-être pu s'intégrer parce que si la personne vit de
l'agriculture ou si ses revenus sont de 50% plus 1%, je pense qu'elle devient
un vrai producteur. Je pense, entre parenthèses, qu'il est temps que le
ministre fasse quelque chose au niveau de la reconnaissance du statut de
producteur agricole parce que c'est urgent.
De toute façon, l'article est très valable ou l'amendement
proposé est très valable pour autant qu'on y inscrive quand
même que la principale activité soit l'agriculture. Je suis bien
d'accord que si la personne a un revenu de $1000 ou de $1100, c'est assez
difficile d'accepter ces cas. Mais, avec modifications, l'article aurait
été quand même assez intéressant. Il aurait
protégé l'agriculteur dans une zone blanche non
désignée, l'aurait reconnu comme vrai producteur et lui aurait
fait retirer les bénéfices qui sont prévus dans le
présent projet de loi. Je n'en ferai pas d'amendement, mais...
M. Giasson: On est sur un amendement du député de
Laval.
M. Dubois: Oui, mais je ne ferai pas de proposition de
sous-amendement ou d'amendement à l'amendement, mais...
Le Président (M. Boucher): Vous ne pouvez pas faire un
sous-amendement. C'est un sous-amendement.
M. Dubois: D'accord, c'est pour cela que je n'en ferai pas. Mais
il reste qu'il serait valable, quand même, si c'était... enfin, au
lieu d'écrire "horticulteur" ou "jardinier", si on avait écrit
"toute personne dont la principale activité et le revenu majoritaire
proviennent de la ferme", cela aurait été quand même assez
intéressant comme article. J'aimerais que le ministre y songe un peu. Je
vais vous laisser le temps de songer et de jongler.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est prêt
à adopter le sous-amendement du député de Laval?
M. Garon: Oui, à main levée?
Le Président (M. Boucher): À main levée,
s'il vous plaît.
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Boucher): Ceux qui sont pour... contre...
quatre contre, un pour, une abstention.
Des voix: Cinq.
Le Président (M. Boucher): J'avais compté quatre.
Le sous-amendement du député de Laval est rejeté, cinq
contre un. M. le ministre, l'amendement de l'article 58 qui a été
déposé...
M. Garon: On n'est pas à l'amendement... votons.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Puisqu'on a refusé l'amendement du
député de Laval, je suis prêt à l'adopter sur
division.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est adopté
sur division. L'article 58, tel qu'amendé, est-il adopté?
Des voix: Adopté, sur division.
Le Président (M. Boucher): L'article suivant, l'article
63. M. le ministre.
M. Garon: On le laisse comme cela. M. Giasson: M.le Président, on avait...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Le ministre avait accepté de suspendre le
débat sur l'article 63, parce qu'on s'accrochait à des
difficultés, à savoir établir la différence entre
un boisé de ferme et un boisé privé. On avait donné
différents exemples. Le ministre nous avait dit: Je vais
reconsidérer cela. Il y aurait lieu, sans doute, de modifier le
libellé de l'article 63. Mais je m'aperçois qu'il n'y a aucun
amendement.
M. Garon: C'est à peu près... le ministère
des Terres et Forêts, ce sont eux qui nous ont demandé de mettre
cela, autrement on aurait pu... comme créer des autorisations, alors
qu'il y avait des contrats entre le ministère des Terres et Forêts
et des individus.
M. Giasson: C'est parce que... si vous vous souvenez, M. le
ministre, lorsqu'on avait fait le débat sur l'article 63, il y avait eu
une discussion également du député de Beauce-Sud qui
appuyait une proposition qu'on avait faite à l'effet de mieux
définir ou de déterminer davantage la différence qu'il
pouvait y avoir entre un boisé privé et un boisé de ferme.
Cela n'a pas été fait.
M. Garon: II est facile de faire la distinction entre un
boisé de ferme et un boisé privé.
M. Giasson: L'article 63. La Loi des terres et forêts, M.
le Président, parle de boisés privés par rapport à
des boisés publics, les terrains privés par rapport aux terrains
publics. Mais dans le libellé de l'article S3, on peut retrouver un
boisé privé sur une ferme aussi.
M. Garon: Tous les boisés de ferme sont des boisés
privés, mais tous les boisés privés ne sont pas des
boisés de ferme.
M. Roy: Cela cesse d'être l'un quand commence l'autre.
M. Garon: Quand c'est un boisé privé, en vertu de
la Loi des Terres et Forêts, c'est un boisé privé. Les
autres sont des boisés de ferme ou des boisés publics.
M. Roy: Dans la Loi des terres et forêts je ne l'ai
pas devant moi mais vous avez toute la question des regroupements
forestiers. Il y a des définitions qui ont été faites et
il y a des gens qui considèrent que même un boisé de ferme
peut faire partie d'un regroupement forestier, parce qu'il est
considéré comme boisé privé.
M. Garon: Oui.
M. Roy: C'est une question strictement juridique, mais les
définitions ne sont pas claires là-dessus. Ce sera un article
qu'il sera extrêmement difficile d'appliquer pour ces raisons.
M. Garon: Celui qui a son avis à donner, c'est le ministre
des Terres et Forêts; c'est lui qui est capable de démêler
cela. C'est lui qui donne son avis là-dessus, pour ne pas qu'on donne
d'autorisations pour des boisés pour lesquels il y a des
contrats avec le ministère des Terres et Forêts. Cela ne
pose pas de problème.
M. Roy: II peut y avoir des contrats avec le ministère des
Terres et Forêts, même pour un boisé de ferme, et le
ministre le sait. Je pourrais citer bien des exemples.
M. Giasson: M. le ministre, la teneur de votre article, tel que
rédigé, signifie que l'individu qui possède un
boisé, qui n'est pas rattaché à une ferme, à cause
de la bonne condition du sol, s'il décide d'y apporter des
modifications, il sera obligé, à ce moment, d'obtenir une
autorisation. La commission ne peut plus rien faire pour changer la vocation de
ce boisé, parce qu'il n'est pas rattaché à une ferme. Les
explications que vous avez données vont dans ce sens.
M. Garon: C'est parce qu'il y en a qui ont des contrats quant
à des boisés privés avec le ministère des Terres et
Forêts. Il y a eu du reboisement, des subventions gouvernementales, etc.,
selon certaines conditions: ces boisés ne devront pas être
coupés avant tant d'années. Il y a des travaux qui devaient
être faits... Tandis que, nous, nous protégeons parfois des
boisés parce qu'il y a du bon sol en-dessous. On pourrait donner des
autorisations. Que les gens coupent le bois ou ne le coupent pas, nous autres,
au point de vue de l'agriculture, cela ne nous dérange pas, mais cela
peut déranger le ministère des Terres et Forêts quand il y
a des contrats avec des individus. Alors, c'est cela.
M. Roy: Le ministre a raison, mais je dis que cela peut le
déranger quant aux boisés privés et quant aux
boisés de ferme aussi.
M. Garon: On exclut les boisés de ferme parce que le
ministère des Terres et Forêts nous a dit de les exclure.
M. Roy: Mais les arguments que le ministre nous donne et les buts
qu'il cherche à atteindre jusqu'à maintenant... on a dit ici que
les boisés de ferme... il faudrait relire l'article tranquillement:
"Toute décision de la commission relative à une demande de nature
à modifier la superficie d'un boisé privé autre qu'une
érablière ou un boisé de ferme autre
requiert l'avis préalable du ministère des Terres et
Forêts".
Alors, qu'est-ce qui arrive si le ministère des Terres et
Forêts a des ententes pour un boisé de ferme? Parce que la
définition du boisé de ferme et du boisé privé...
un boisé de ferme est un boisé privé.
M. Garon: Je le sais, je vous l'ai dit tantôt.
M. Roy: Bon! Si le ministre, M. le Président, disait tout
simplement, dans son article, en y apportant un amendement: Un boisé
privé qui est sous contrôle ou qui est susceptible d'une entente
avec le ministère des Terres et Forêts, cela couvrirait les deux.
Cela dépend des buts que le ministre cherche à atteindre. Mais je
vais vous dire bien franchement que, si quelqu'un se présentait à
mon bureau pour me demander de faire la différence entre les deux
je pense que le député de Montmagny-L'Islet serait dans la
même situation que moi...
M. Garon: C'est justement, ce n'est pas vous qui allez donner
l'avis, c'est le ministère des Terres et Forêts.
M. Roy: Quand même, le ministère! Il ne faudrait pas
que les agriculteurs soient obligés d'aller chez les avocats pour
tâcher de se battre sur une question de...
M. Garon: Non, ils vont aller au ministère des Terres et
Forêts.
M. Roy: ... définition pour être en mesure de se
faire entendre. Ce n'est pas clair. On vous dit que ce n'est pas clair. On
aimerait que cela soit clarifié.
M. Garon: C'est clair pour ceux qui connaissent cela.
M. Roy: Les agriculteurs, les propriétaires de
boisés privés ne sont pas avocats. Que les lois soient donc
claires pour être facilement comprises par les gens, par la population.
On le dit souvent. Ce n'est pas la première fois que j'ai l'occasion de
dire de faire des textes de loi clairs, limpides, simples, j'ajouterais
même transparents. (22 h 30)
M. Garon: Cet article-là est simple en s'il vous
plaît.
M. Roy: II n'est pas simple.
M. Garon: Si vous ne le trouvez pas simple, que voulez-vous que
je fasse. Je ne fournis pas les suces ici.
M. Roy: Non, vous fournissez rien que les "nananes".
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 63 est
adopté?
M. Giasson: Sur division. M. Roy: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté 'sur division.
L'article 84.
Sanctions (suite)
M. Garon: On n'amende pas l'article 84, on le laisse comme cela,
après mûre réflexion, après avoir consulté
les gens du ministère.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, à
l'article 84, il y avait un amendement qui avait été
suspendu.
M. Garon: Un amendement de qui?
Le Président (M. Boucher): Du député de
Laval.
M. Giasson: C'est cela; un amendement qui demandait le retrait du
dernier alinéa.
Le Président (M. Boucher): Que l'article 84 soit
amendé en rescindant le dernier alinéa.
M. Garon: Le député de Laval a fait beaucoup
d'amendements. Depuis qu'on a dit que Laval est un territoire agricole il est
devenu membre d'une commission de l'agriculture...
M. Giasson: Cela prouve, M. le ministre, qu'il y a encore des
électeurs dans son comté qui ont des intérêts
agricoles et qu'il s'intéresse à ces gens-là. Je ne vois
rien d'illogique comme attitude de la part d'un député, M. le
ministre. C'est plutôt une bonne note à son égard de
surveiller les intérêts de ceux qui ont des activités
agricoles dans le comté de Laval.
M. Gagnon: Cela aurait été plus logique, à
ce moment-là, de voter au moins pour le principe parce que quand on est
rendu à...
M. Giasson: II est pour le principe.
M. Gagnon: Vous avez voté contre le principe.
M. Giasson: II refuse... Non, on a voté contre les
modalités d'opération de la loi.
M. Gagnon: En deuxième lecture, c'est le principe; c'est
vous mêmes qui...
M. Giasson: Relisez donc votre règlement, vous allez
voir...
M. Gagnon: Vous avez voté contre le principe.
M. Giasson:... ce qui fait l'objet d'un débat de
deuxième lecture.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Montmagny-L'Islet, sur l'amendement.
M. Giasson: M. le Président, suite à l'amendement
qui a été déposé par le député de
Laval, je veux que le ministre nous dise que le privilège
d'enregistrement que le gouvernement ou commission de contrôle
possède par l'article 84 vient après d'autres garanties qu'on
retrouve sur le bien qui serait touché par cela. Dites-nous cela, M. le
ministre.
M. Garon: Quoi?
M. Giasson: Qu'une hypothèse a préséance,
qu'une créance hypothécaire a préséance sur le
privilège dont il est question dans le troisième alinéa de
l'article 84. Dites-nous cela pour que cela soit au journal des Débats.
Cela va clarifier pas mal de choses.
M. Garon: Les hypothèques prennent rang selon leur
enregistrement, selon la date de leur enregistrement.
M. Giasson: Elles ont préséance sur un
privilège qu'on donne au gouvernement par l'article 84; vous nous dites
cela?
M. Garon: Le rang des privilèges est fixé dans le
Code civil.
M. Giasson: Quel type de privilège est prévu dans
le Code civil.
M. Garon: II y a deux types de privilèges: les
privilèges sur les immeubles et les privilèges sur les
meubles.
M. Giasson: Sur les immeubles, il n'y a pas de subdivision?
M. Garon: Oui, il y en a plusieurs; je ne les connais pas par
coeur. Il y a le privilège du constructeur, le privilège de
l'architecte, le privilège de l'ingénieur, le privilège du
vendeur je ne vous les nomme pas par ordre ...
M. Giasson: Cela va.
M. Garon: ... le privilège de l'ouvrier je pense
que c'est un des premiers ...
M. Giasson: Les salaires, oui.
M. Garon: ... les frais de justice cela est le premier
et vous avez les hypothèques.
M. Giasson: Mais, ou se situe le type de privilège qu'on
donne au gouvernement dans la subdivision des privilèges tels que
définis au Code?
M. Garon: Immédiatement après les frais de
justice.
M. Giasson: Les frais de justice sont prioritaires; cela passe
avant tout le reste.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Giasson: Donc, le privilège dont il est question dans
l'article 84 vient après celui des hypothèques.
M. Garon: C'est un peu normal...
M. Giasson: C'est enregistré avant la prise de
privilège par le gouvernement.
M. Garon: Ce qui arrive là-dedans, c'est ceci: Si le
gouvernement a pris une ordonnance, qu'il y a eu un jugement et qu'il a fait
exécuter les travaux, il a amélioré l'endroit. Si la
personne est insolvable et qu'elle n'a rien fait, il n'y a pas de
créance. C'est seulement si elle a fait des travaux.
Si on disait que le jugement lui-même peut être
enregistré, ce serait différent et les hypothèques
pourraient en manger un coup... selon sa date d'enregistrement.
L'hypothèque qui est un jugement enregistré prendrait la date
d'enregistrement...
M. Giasson: Mais quand vous dites que la Cour supérieure
peut ordonner la radiation de tout droit, privilège et hypothèque
qui sont créés ou qui découlent de tout acte fait en
contravention des articles 26 à 29, 55 et 70...
M. Garon: C'est une autre affaire. Ce n'est pas la même
affaire.
M. Giasson: Ce n'est pas la même affaire. C'est l'article
82. L'article 83 est un complément de l'article 82. Et l'article 84
vient encore compléter.
Pour vous, M. le ministre, qui avez une formation juridique, vous
êtes avocat, la Cour supérieure peut ordonner la radiation de tout
droit, privilège et hypothèque, cela veut dire quoi, dans votre
esprit?
M. Garon: Regardez dans quels cas: "... qui sont
créés ou qui découlent de tout acte fait en contravention
des articles 26 à 29, 55 et 70".
M. Giasson: C'est cela. On va supposer l'article 70, la couche de
sol arable. Le gars a enlevé une partie de la couche arable sur sa
terre, il a vendu cela et n'a pas remis le terrain dans les mêmes
conditions. C'est une contravention à laquelle fait
référence le droit de la Cour supérieure d'ordonner la
radiation de tout droit, privilège et hypothèque. C'est cela que
cela veut dire? Vous l'interprétez ainsi?
M. Garon: Le gars qui a le bulldozer et qui a enlevé la
couche n'est pas payé. Il enregistre le privilège d'avoir fait
des travaux sur le sol. Il pourrait être radié.
M. Giasson: Et le type d'hypothèque qui peut être
radié, c'est lequel?
M. Garon: Je ne le vois pas là-dedans. Dans le cas de
l'article 28, par exemple, un lotissement sans autorisation...
M. Giasson: Oui, mais l'exemple le plus frappant sur lequel il
peut se produire des événements, c'est l'article 70,
d'après moi.
M. Garon: Non. Il y a l'article 123, soit couche arable. Ce qui
est radié, à l'article 82, c'est quand il s'agit de droits,
privilèges et hypothèques qui découlent d'actions qui ont
contribué à la contravention.
M. Giasson: Une hypothèque peut contribuer de quelle
manière à une contravention?
M. Garon: Par une vente interdite. Si j'ai morcelé une
terre, sans autorisation. Je n'ai pas le droit de morceler. Je la vends et il y
a une hypothèque. Cette hypothèque de l'acheteur sur une terre
morcelée...
M. Giasson: Cela va bien dans le cas... M. Garon: Quel que
soit le cas.
M. Giasson:... d'une hypothèque en faveur de celui qui
morcelle une terre et qui la vend, qui se donne une garantie
hypothécaire.
Mais dans le cas de l'article 70, si le gars a enlevé le sol
arable et qu'il est insolvable...
M. Garon: Je vous donne un exemple et vous sautez sur un autre
exemple. Vous demanderez à votre femme de vous donner un Code Civil
comme cadeau de Noël.
M. Giasson: Elle va avoir des choses bien plus
intéressantes que cela à me donner, M. le ministre.
M. Garon: Votre femme va vous voir pendant le temps des
Fêtes; elle doit vous voir moins dans le temps de la session.
M. Giasson: En tout cas, adopté sur division, M. le
Président.
M. Garon: Comme le député de Jean-Talon le disait
ce matin...
Le Président (M. Boucher): Écoutez! un instant. Il
faut...
M. Garon:... je vais être plus souvent à la maison,
j'espère que ma femme va être contente.
Le Président (M. Boucher): ... disposer de... M.
Giasson: L'amendement d'abord.
Le Président (M. Boucher): ... l'amendement du
député de Laval: "Que l'article 84 soit amendé en
rescindant le dernier alinéa."
Une voix: C'est rejeté.
Le Président (M. Boucher): Rejeté sur division?
M. Giasson: Oui.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 84?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division.
Dispositions générales (suite)
L'article 96? Une voix: Adopté.
M. Garon: À l'article 96, n'avait-on pas un
amendement?
Le Président (M. Boucher): II y avait un amendement, M. le
ministre, qui a également été suspendu.
M. Garon: L'avez-vous, l'amendement? Je ne me le rappelle
plus.
Le Président (M. Boucher): Oui, c'est cela. M. Garon:
C'est cela.
M. Giasson: Si je me souviens, M. le Président,
l'amendement déposé par le ministre n'enlève pas les
pouvoirs discrétionnaires et arbitraires que le gouvernement se donne
par l'article 96.
M. Garon: Dans mon esprit, l'article 96 est un article qui devra
être d'utilisation très exceptionnelle. Je l'ai dit et
répété à plusieurs reprises.
M. Giasson: Oui, mais, M. le ministre...
M. Garon: II est clair que si le gouvernement utilise cet article
souvent, ceci aura pour effet d'enlever la crédibilité de ta
commission et politisera les choses.
M. Giasson: Vous avez...
M. Garon: Je pense que cet article-là...
M. Giasson: ... les articles 36, 46 et 66 déjà.
M. Garon: Non, c'est à des fins particulières.
L'article 96 est un article général qui peut être
utilisé uniquement de façon exceptionnelle par le gouvernement
après avoir pris l'avis de la commission.
M. Giasson: "36. Le ministre peut modifier le plan provisoire en
déposant à la commission un plan..." de son autorité.
À l'article 46...
M. Garon: Bien oui.
M. Giasson: ... vous avez redonné des pouvoirs je
ne l'ai pas ici...
M. Garon: S'il y a une erreur et qu'on modifie un plan, c'est
normal. S'il y a une erreur...
M. Giasson: À l'article 66, vous dites encore: "Le
gouvernement peut, après avoir pris l'avis de la commission, exclure un
lot ou partie de lot d'une zone agricole pour les fins d'un ministère,
d'organisme public ou d'un service d'utilité publique."
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Ce sont encore des pouvoirs entre les mains du
gouvernement.
M. Garon: Si on construit une route, il va falloir trouver le
meilleur tracé au lieu, comme vous l'avez fait dans le
Bas-Saint-Laurent, de couper toutes les terres en deux. On aurait essayé
de passer ailleurs dans le flanc des montagnes. Il aurait pu arriver une fois
qu'il y ait un manque entre deux montagnes. Il aurait peut-être fallu
passer sur la terre située entre les deux montagnes, s'il y avait eu un
manque, si la montagne ne continuait pas. Alors, il aurait fallu passer sur une
terre ou deux, on n'aurait pas eu le choix. Mais, au lieu de passer à
travers 150 terres, on aurait passé à travers deux ou trois
peut-être. Il s'agit de prendre le moins de...
Il y a des routes et il va y en avoir. C'est clair, mais il faut essayer
de faire en sorte que les routes passent aux endroits les moins dommageables
possible. Il est possible de ne pas trop endommager les terres. Cela va
coûter meilleur marché à part cela. Il peut quand
même arriver qu'on soit obligé de passer sur une terre ou deux.
À ce moment-là, il faut que le gouvernement ait quand même
le pouvoir de dire: "Dans ce cas-là, on va prendre le tracé qui
est le moins dommageable. Il endommage, lui aussi, mais moins que tous les
autres. C'est un peu comme l'électricité, les lignes
d'électricité. Je voulais c'est cela qui va se faire
à l'avenir que les lignes passent le long du canal Beauharnois
parce qu'il y a un remblai de vingt milles de large qui passe dans les terres.
Le président de l'Hydro-Québec a rencontré M. Bourassa
à son bureau et M. Bourassa, malgré les avis de tous les
comités, a dit: "D'accord, on passe dans les terres." À ce
moment-là, nous disons: Cela aurait dû passer le long du canal et
que le tracé soit le moins dommageable possible à l'agriculture.
Dans certains endroits, il n'y aura pas de bord de canal. On va essayer de
faire passer les lignes au trécarré sur le bord du bois pour que
cela dérange le moins possible l'agriculture. C'est cela le but.
M. Giasson: M. le Président, je ne reprendrai pas tout le
débat...
M. Garon: Savez-vous où on a pris...
M. Giasson: ... sur les pouvoirs discrétionnaires et
arbitraires...
M. Garon: Savez-vous...
M. Giasson: ... que le gouvernement veut se donner par l'article
96. Nous l'avons mené. L'arti-
cle a été suspendu parce que le ministre nous avait dit
qu'il voulait y repenser. Il a même indiqué à des personnes
qui sont venues devant la commission qu'il retirerait l'article 96.
Des voix: Oh, oh!
M. Garon: Savez-vous où on a pris cet article-là?
Dans la Loi des transports que vous avez adoptée en 1975, à
l'article 19a, qui enlevait quelque chose à la Régie des
transports. Pourquoi vous scandalisez-vous d'un coup sec? Vous avez
adopté un article comme celui-là en 1975.
M. Giasson: Mais non, M. le ministre, ce n'est pas de la Loi des
transports qu'on discute, c'est de la Loi sur la protection...
M. Garon: Je vous donne la référence. M.
Giasson: ... du territoire agricole. Une voix: Adopté.
M. Garon: C'est un article d'exception qui sera utilisé de
façon très exceptionnelle. Dans la Loi des transports non plus,
apparemment, il n'a pas été utilisé souvent. Vous n'avez
pas eu le temps par exemple. (22 h 45)
M. Giasson: En tout cas, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement
à l'article 96 de M. le ministre est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
M. Giasson: L'amendement, non, mais l'article principal, oui.
Le Président (M. Boucher): L'amendement, non? L'article 96
tel qu'amendé adopté sur division. Il n'y a pas d'autres
amendements, d'autres articles.
M. Garon: Comme il est de bonne heure, on pourrait commencer
l'étude de la loi 116.
M. Giasson: Bonne idée. Appelez-la, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le projet de loi no
90 tel qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le titre a été
adopté avant l'ajournement de 18 heures. Le projet de loi no 90, Loi sur
la protection du territoire agricole, est donc adopté tel
qu'amendé et je prie le rapporteur de la commission d'en faire rapport
à l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission.
M. Giasson: Dans les délais prévus par nos
règlements.
Le Président (M. Boucher): Je ne m'aventurerais pas
à dire cela, M. le député de Montmagny-L'Islet.
En mon nom personnel, je remercie tous les membres de la commission qui
ont participé à l'étude de ce projet. Je crois que nous
avons fait un beau travail et je vous remercie tous de la collaboration que
vous m'avez apportée parce que je comprends qu'il s'agit d'un projet de
loi majeur et tous les membres ont eu à coeur de participer à la
rédaction de ce projet.
M. Garon: Je vais en profiter, M. le Président, pour
remercier tous les membres de la commission qui sont ici, surtout ceux qui
l'ont été d'une façon permanente, qui n'étaient pas
remplacés à toute minute, ceux-là sont ici aujourd'hui.
Nous sommes ici depuis le 4 décembre, de 10 heures du matin
jusqu'à minuit le soir, et on connaît à peu près le
salon par coeur.
Il y a eu des études qui ont été faites pour
entendre 49 mémoires. Il y a eu un travail considérable de fait.
Nous avons entendu au cours de ma tournée, en septembre, 104
mémoires plus 49 mémoires qui ont été entendus ici
en commission; il y en a dont l'audition a duré plus que quatre heures.
On a étudié, on a rencontré les gens pendant plus de 60
heures pour discuter des mémoires, des représentations. J'ai
fait, suite à ces rencontres avec ces différents groupes qui sont
venus représenter l'Union des producteurs agricoles, tant sa
confédération que les fédérations régionales
qui sont venues nous rencontrer, l'Union des municipalités, les conseils
de comté, les associations professionnelles des urbanistes, des
agronomes, etc., qui sont venus nous voir, les ingénieurs forestiers,
les municipalités... Nous avons rencontré tous ces gens pour
discuter avec eux du projet de loi.
Suite à cela, nous nous sommes réunis et nous avons fait
un calcul rapide je ne dis pas que mon chiffre est exact, le rapporteur
va sûrement avoir un chiffre plus précis mais nous avons
étudié environ 33 amendements. Ce qui veut dire que les
suggestions qui nous ont été faites par les organismes qui sont
venus nous rencontrer n'ont pas tous été suivis je pense
que le but d'une commission qui entend des mémoires n'est pas de mettre
tel quel dans la loi ce que les mémoires disent mais il y a
plusieurs suggestions qui ont été faites que nous avons prises
telles quelles. D'autres ont été modifiées ou ont
été incluses dans la loi de façon partielle et d'autres
n'ont pas été acceptées parce que nous avons pensé
que cela aurait pour effet soit de rendre l'administration trop lourde pour la
commission ou encore parce qu'elles étaient contraires à
l'objectif de la protection des terres agricoles qui est prévu dans la
loi.
Je dois dire que dans toute cette tournée, il y a plusieurs
députés aussi qui ont travaillé au cours de
l'été comme consultants, avec les fonctionnaires et
moi-même, pour la rédaction de la loi. Il y
a mon adjoint parlementaire, le député de
Saint-François, M. Réal Rancourt, qui a fait aussi toute la
tournée du Québec. Il y a des gens du personnel qui ont
travaillé ici en arrière, à la table à
côté, dont certains ont fait la tournée, certains ont
travaillé depuis près de deux ans à ce projet.
Il y a également Me Blain qui a travaillé
énormément depuis cet été sur les aspects
juridiques et je dirais aussi sur des aspects qui ne sont peut-être pas
tout à fait juridiques mais qui ont servi au point de vue juridique,
à la connaissance du monde agricole.
Or, je voudrais remercier tous ces gens, parce qu'un projet comme
celui-là est nécessairement une oeuvre collective. Il y a les
gens qui y ont pensé avant nous, qui ont travaillé
là-dessus, qui ont fait des suggestions, qui l'ont exigé pendant
des années et, aujourd'hui, nous avons essayé au fond de
continuer l'oeuvre de ceux qui l'avaient entreprise, des producteurs agricoles
qui la demandaient depuis une dizaine d'années.
Le projet n'est sûrement pas parfait et il est, dans notre esprit,
d'après la connaissance du monde agricole, et dans celui de tous ceux
qui ont participé à l'élaboration, le projet qui, dans les
circonstances, pouvait le mieux remplir les aspirations de protection du
territoire agricole. Comme tout projet de loi, si à l'usage on se rend
compte qu'il y a des choses qui doivent être modifiées, les
amendements... Eventuellement les sessions vont continuer en 1979, il est
possible à ce moment d'améliorer encore le projet de loi si on se
rend compte à l'usage, si la commission se rend compte en faisant son
travail qu'il y a des lacunes dans le projet de loi. À ce moment il sera
toujours temps de modifier le projet de loi en étant très
attentif pour voir s'il remplit les objectifs souhaités.
Je suis convaincu que c'est une grande date dans l'histoire du
Québec parce que c'est demain que nous adopterons le projet de loi en
troisième lecture; ce sera sanctionné demain soir et je suis
persuadé que c'est une grande date. Je voudrais remercier tous ceux qui,
de près ou de loin, les parlementaires, les députés de
l'Opposition qui par leur travail, parfois ingrat, jouent un rôle de
critiques quand ce n'est pas trop long, c'est pas pire mais je
dois dire que leur rôle de critiques est celui qu'ils doivent jouer et je
pense que leur rôle de critiques, exercé quelquefois avec une
certaine hargne, contribue à voir les faiblesses qu'il peut y avoir dans
le projet de loi. Si c'est une société de félicitations
mutuelles on ne verrait pas les défauts qu'il pourrait y avoir dans un
projet. C'est pour cela, je pense, que l'on a souhaité le plus de
consultations possible tant dans le public qu'ici à la commission
parlementaire et prendre le temps qu'il fallait pour essayer de le rendre le
meilleur possible. Alors je voudrais remercier tous ceux qui de près ou
de loin ont travaillé à l'élaboration de ce projet,
efforts qui marquent une date historique, une date dans l'histoire du
Québec agricole.
Le Président (M. Boucher): Merci M. le ministre. M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, très
brièvement, nous avons tellement d'heures de consacrées aux
débats sur le projet de loi 90, d'abord l'accueil que nous avons fait
aux gens qui se sont présentés à la commission
parlementaire pour apporter des considérations et des jugements sur ce
que constituait l'ensemble du projet de loi 90. Nous avons dû consacrer
au-delà d'une semaine, sauf erreur, à peu près une semaine
et demie à recevoir des gens qui sont venus ici. Pour eux, j'ai
tenté de jouer le rôle qui est celui de l'Opposition non
pas dans le sens peut-être d'être hargneux, je ne crois pas avoir
été hargneux à l'endroit des membres de la commission
parlementaire, pour utiliser un terme auquel vient de faire
référence le ministre j'ai joué mon rôle dans
un esprit positif, je le dis parce que c'est ma façon de travailler
habituellement puis à l'âge que j'ai atteint je n'entends pas
changer mon style, ce serait difficile d'ailleurs.
M. Garon: J'aurais peut-être dû dire
agressivité.
M. Giasson: À la place de hargne, agressivité
aurait été un terme mieux choisi.
À tout événement nous avons écouté,
comme je le disais, les gens qui sont venus et nous avons tenté
d'apporter des modifications, nous avons proposé des amendements surtout
sur des points qui semblaient faire un consensus presque total de la part de
tous les intervenants qui sont venus à la commission. Il y a eu quelques
points dans les questions d'appel, dans les questions de décentraliser
les pouvoirs de la commission en procédant tout au moins, au minimum par
des commissions régionales même s'il y avait des gens qui
voulaient des commissions administratives au niveau des comtés, mais
comme la loi c'est la loi du ministre de l'Agriculture, nous avons fait tous
les efforts que l'on a jugés nécessaires pour faire accepter
certains points de vue qui, comme je le disais, allaient dans le sens de la
plupart des intervenants, et cela n'a pas été entendu. C'est le
jeu du parlementarisme, j'en conviens.
De toute façon, la loi va être adoptée très
bientôt et la commission de protection du territoire agricole va
naître. Je souhaite que la loi atteigne le plus rapidement possible les
objectifs ou les fins auxquelles elle sera sanctionnée et
j'espère qu'on pourra protéger véritablement le sol
agricole du Québec sans causer trop de préjudices à ceux
à qui a toujours été reconnu un droit fondamental, le
droit immobilier. On sait que cela ne pourra pas être atteint de
façon absolue puisqu'il n'y a aucune indemnisation sur une base
collective ou individuelle. J'espère que les municipalités qui,
dans quelques cas, pour certaines d'entre elles, auront à faire face
à des problèmes très durs suite à l'application de
la loi, pourront recevoir d'un autre ministère que celui de
l'Agriculture l'aide nécessaire pour empêcher des augmentations
excessives de taxes à l'endroit des contribuables de ces villes.
Quoi qu'il en soit, pour ma part, même si nous avons jouté
assez durement à certaines heures, je
crois que tout le monde a travaillé dans un esprit qui
était, dans l'ensemble, vraiment positif; on a fait des efforts
sérieux et je souhaite la meilleure des chances au ministre, surtout
à la commission de contrôle du territoire agricole. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je veux simplement remercier
M. le ministre de sa compréhension, de sa grande patience et de sa
souplesse à certains moments. De toute façon, j'espère que
toutes les heures que nous avons passées ici iront au plus grand
bienfait de l'agriculture. Je voudrais profiter de l'occasion pour remercier
tous ceux qui ont présenté des mémoires ici; je pense
qu'ils ont contribué d'une façon formidable à bonifier
cette loi. Je suis conscient que la plupart de vos amendements sont
basés sur des remarques ou des propositions faites par ces gens,
très peu de la part des oppositions, quelques virgules. Je suis heureux
d'avoir participé à cette commission; pour moi, cela a
été très valable et très revalorisant.
J'espère que le Québec se portera mieux, après toutes les
heures que nous avons passées. Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Huntingdon.
La commission permanente de l'agriculture...
M. Gagnon: Je pourrais peut-être ajouter un mot pour
remercier le président de la commission qui a été pas mal
patient.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Champlain, je n'en attendais pas moins. La commission
permanente de l'agriculture ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 22 h 58