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(Vingt heures onze minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, mesdames,
messieurs!
La commission parlementaire permanente des affaires culturelles est
ouverte. La commission a pour objet l'étude des crédits du
ministère des Affaires culturelles pour l'année financière
1981-1982.
Les membres de cette commission sont: M. Champagne (Mille-Îles),
M. Cusano (Viau), M. Dussault (Châteauguay), M. Hains (Saint-Henri), Mme
Lachapelle (Dorion), M. Proulx (Saint-Jean), M. Richard (Montmorency), M.
Rivest (Jean-Talon), M. Saintonge (Laprairie); M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes) remplace M. Dupré (Saint-Hyacinthe); M. Marquis
(Matapédia) remplace Mme Juneau (Johnson).
Les intervenants sont M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Blouin (Rousseau), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Lavigne (Beauharnois), M. Leduc (Fabre), M. Sirros
(Laurier), M. Vallières (Richmond).
Il serait maintenant dans l'ordre de nommer un rapporteur à la
commission. Est-ce qu'il y a une proposition?
M. Proulx: M. Dussault fera un excellent rapporteur.
Le Président (M. Desbiens): M. Dussault
(Châteauguay) est proposé et accepté.
M. Dussault: Si l'Opposition est d'accord, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Si tout le monde est d'accord,
bien sûr.
Alors, avant d'entreprendre l'étude des crédits par
programme et par élément, je crois qu'il serait peut-être
bon de s'entendre sur la façon dont vous voulez procéder. Il y
aura d'abord, j'imagine, des considérations générales de
la part du ministre et du représentant de l'Opposition. Ensuite,
procéderons-nous à l'étude globale ou si on passera les
crédits élément par élément?
M. Saintonge: II me paraît préférable de
procéder à une étude globale; on va dégager
quelques grandes lignes, étant donné que le temps est quand
même limité, si vous n'avez pas d'objection.
Le Président (M. Desbiens): Mais quand viendra le temps
d'étudier les programmes, est-ce qu'on va procéder programme par
programme ou si on va adopter les crédits élément par
élément? C'est ce que j'aimerais savoir au début.
M. Richard: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Richard: Quant à nous, j'aimerais laisser l'Opposition
décider, je suis encore déformé, M. le Président,
par mes quatre années à la présidence de
l'Assemblée nationale et j'ai tendance toujours à
privilégier l'Opposition.
Le Président (M. Desbiens): J'espère, M. le
ministre, que...
M. Dussault: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Oui, M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Est-ce qu'on pourrait savoir le temps qu'il a
été convenu de prendre, entre les partis?
Le Président (M. Desbiens): Quatre heures.
M. Dussault: Quatre heures. On devrait donc terminer à
minuit.
Le Président (M. Desbiens): II y a une entente pour
terminer ce soir. M. le député de Laprairie,
préférez-vous une procédure particulière?
M. Saintonge: Non, mais c'est simplement que, au niveau des
questions, au lieu d'analyser les crédits programme par programme, on
pourra prendre certains éléments qu'on pourra dégager et
sur lesquels on pourra poser des questions; étant donné que le
temps est limité, on pourra prendre les questions que l'on juge les plus
importantes.
Le Président (M. Desbiens): D'accord.
M. Richard: Cela ne pose pas de problème pourvu
qu'évidemment on finisse par adopter les crédits programme par
programme. En bloc, ça va?
M. Saintonge: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Je vous demanderai donc, M. le
ministre, de faire votre intervention. (20 h 15)
Remarques préliminaires
M. Clément Richard
M. Richard: C'est avec une certaine fierté que je voudrais
proposer de présenter aux membres de la commission l'équipe des
principaux cadres du ministère des Affaires culturelles, et cela avant
de me livrer à une petite déclaration d'ouverture, comme le veut
la tradition.
Je voudrais présenter, à ma droite, M. Roland Arpin, qui
est le sous-ministre en titre au ministère des Affaires culturelles,
depuis le mois de novembre dernier. J'aimerais également
présenter Mme Nicole Martin, qui est sous-ministre adjoint à la
planification; elle est là depuis un certain nombre de mois, pas
plusieurs années quand même non plus; M. Bruno Grégoire,
qui est sous-ministre aux institutions et M. André Juneau, qui est
directeur général des musées.
Oui, M. Arpin, vous avez raison, j'allais oublier, oh, quel oubli! Je ne
vous aurais jamais oublié quand même. M. Jean-Jacques Chagnon, est
sous-ministre adjoint aux arts et aux lettres, de même qu'au patrimoine.
M. Pierre Genest, directeur général des conservatoires; M.
Jean-Rémi Brault, conservateur en chef de la bibliothèque
nationale; M. Bernard Ouimet, que je n'ai pas vu encore - il s'en vient - qui
est directeur général du patrimoine; M. Georges Cartier, qui est
directeur général des arts et des lettres et M. Robert Morin, qui
est directeur général de l'administration.
C'est avec beaucoup de fierté que je vous présente aussi
ma directrice de cabinet, Mme Murielle Côté-Savard. Je n'ai
évidemment pas à vous présenter, puisqu'il est de
notoriété publique, mon adjoint parlementaire, le
député de Saint-Jean, M. Jérôme Proulx.
M. Proulx: Je suis dans la politique depuis combien de temps?
M. Richard: C'est le plus ancien.
M. le Président, mesdames et messieurs de la commission
parlementaire, vous me permettez, suivant la tradition, que je me livre
à cette déclaration d'ouverture, en vous rappelant que pour
l'année financière 1981-1982, le budget du ministère des
Affaires culturelles augmente de 5% par rapport à l'année
1980-1981, passant sur une base comparable de 89 000 000 $ à 93 500 000
$. À noter que nous excluons les crédits permanents inscrits au
ministère pour la Régie de la Place des Arts de 12 600 000 $ en
1981-1982 et de 11 000 000 $ pour 1980-1981 qui comprennent des crédits
permanents de 5 600 000 $ et un montant de 5 400 000 $ en taxes inscrits aux
crédits votés. C'est pourquoi j'ai parlé de base
comparable. Alors si on retrouve 106 000 000 $, il faut tenir compte des
crédits pour la Régie de la Place des Arts.
Une augmentation des crédits totaux de 5% demeure - c'est le
moins qu'on puisse dire - fort modeste si l'on songe qu'à effectifs
constants, les rémunérations qui totalisent près de 30% du
budget, connaissent une hausse de 15%; reportée sur l'ensemble du
budget, cette hausse représente 5%. Donc, dans l'ensemble, les
crédits du ministère des Affaires culturelles sont constants.
Plusieurs programmes enregistrent des diminutions pour compenser l'inflation
des coûts ou pour maintenir priorités et engagements
antérieurs.
La situation économique difficile et les restrictions
budgétaires que s'impose, pour cette raison, le gouvernement du
Québec vont donc exiger du ministère des Affaires culturelles,
tout comme des autres organismes gouvernementaux et des organismes culturels,
une plus grande discipline dans l'arbitrage des choix budgétaires.
Au cours de cet arbitrage, le ministère des Affaires culturelles
a dû privilégier des secteurs en tenant compte des
priorités annoncées, tels les bibliothèques et les
musées. Il a aussi tenté de garder minimale la réduction
des subventions qui servent immédiatement des activités et des
fins culturelles. C'est ainsi que, dans l'ensemble, l'enveloppe totale
composée des crédits de transfert ne diminue pas. Sans les
crédits permanents, elle passe de 43 600 000 $ à 45 800 000 $,
soit une augmentation de 2 200 000 $ qui, comme nous le verrons, seront dans
une large mesure versés aux municipalités pour les
bibliothèques publiques.
À l'inverse, par ces choix, le ministère exige aussi de
tous les organismes dont les dépenses d'administration et le chiffre
d'affaires sont importants, les institutions nationales et le ministère
compris, une part significative d'autofinancement de la hausse du coût de
la vie. Certains de ces organismes pourront réduire leurs
dépenses, d'autres augmenter leurs sources de revenus. C'est de cette
façon seulement qu'il sera permis de maintenir, dans la conjoncture
actuelle, le niveau d'activité culturelle au Québec.
Permettez, M. le Président, que je salue l'arrivée du
député de Marguerite-Bourgeoys dont je connais
l'intérêt pour la culture en général et le
ministère des Affaires culturelles en particulier.
Les priorités en 1981-1982. Après avoir enregistré
des progressions spectaculaires au
cours des dernières années; 23,1% pour la seule
année 1980-1981, la progression du budget du ministère des
Affaires culturelles marque donc un ralentissement en 1981-1982. J'ouvre une
autre parenthèse, M. le Président, pour saluer cette fois
l'arrivée inattendue, inopinée mais quand même bienvenue du
député de Jean-Talon dont l'intérêt lui aussi pour
les Affaires culturelles ne s'est jamais démenti.
M. Rivest: M. le Président, est-ce que je pourrais
très brièvement signaler au ministre, au nouveau ministre, que
son arrivée est tout aussi attendue, inopinée au ministère
des Affaires culturelles, j'espère, et lui souhaiter que ce soit pour le
plus grand avantage du développement des politiques culturelles?
Non?
M. Richard: M. le Président, je ferme la
parenthèse.
M. Rivest: Ne me laissez pas entre parenthèses aussi
longtemps que la souveraineté, hein?
M. Lalonde: On est en veilleuse.
M. de Bellefeuille: Les guillemets! Les guillemets!
M. Proulx: On a mis Veilleux en veilleuse; on va vous mettre en
veilleuse, vous allez voir.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Richard: Je continue, M. le Président.
Cela n'a rien d'extraordinaire et je parlais du fait que...
M. Rivest: De moi?
M. Richard: Non, je ne parlais pas de vous, M. le
député de Jean-Talon, et vous le savez bien, quand je disais que
cela n'a rien d'extraordinaire. Ce qui est assez extraordinaire, M. le
député de Jean-Talon, c'est que vous ayez été
réélu.
M. Rivest: Vous êtes encore à parler de moi.
M. Richard: Cela n'a rien d'extraordinaire, M. le
Président, puisque d'autres ministères connaissent un sort
comparable dans la conjoncture financière actuelle. Cela aura cependant
des conséquences. La limitation des crédits force les choix.
Cette conjoncture invite aux réévaluations, bien sûr, mais
elle ne paralyse pas.
M. Rivest: Mettez-le entre parenthèses, ce mot.
M. Richard: Cela ne signifie pas pour autant une rupture d'avec
les orientations privilégiées au cours du dernier exercice
budgétaire. En 1980-1981, le ministère des Affaires culturelles
avait mis de l'avant trois priorités.
Premièrement, le soutien aux intervenants locaux et
régionaux, plus particulièrement dans les secteurs des
bibliothèques, de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine
bâti, des activités régionales et de la diffusion des arts
de la scène.
Deuxièmement, la consolidation des organismes majeurs, que ce
soient les organismes d'État comme la Bibliothèque nationale, le
Musée d'art contemporain, le Musée du Québec et le Centre
de restauration ou les organismes privés tels les orchestres
symphoniques de Montréal et de Québec, les dix compagnies de
théâtre institutionnelles et l'Opéra de Montréal.
Troisièmement, les équipements culturels comme les
bibliothèques publiques, les musées privés, la
restauration des monuments historiques, Place Royale, L'île-du-Moulin de
Terrebonne.
Le ministère croit devoir maintenir les priorités
annoncées, respecter ses engagements et préserver au maximum les
crédits affectés à la réalisation des
activités culturelles proprement dites. D'une façon
générale, il choisit donc de réduire ses dépenses
de fonctionnement et celles des organismes de service qu'il subventionne et
d'étaler dans le temps la réalisation de certains projets dont
l'incidence de report se fera moins sentir à court terme.
Les bibliothèques publiques. Il y a à peine un an, le
gouvernement du Québec invitait les municipalités à
combler une lacune, un retard qui paraissait déjà presque
irrémédiable dans le développement des
bibliothèques publiques. Il s'engageait à maintenir pendant trois
ans un programme généreux d'aide financière. Le
ministère des Affaires culturelles maintiendra ce programme en
1981-1982. Je pense qu'à cet égard nous n'avons vraiment pas le
choix, compte tenu d'un retard sur le continent nord-américain dont nous
n'avons pas lieu, je pense, d'être très fiers si nous nous
comparons, par exemple, à l'Ontario et à beaucoup d'États
américains, mais surtout à nos voisins ontariens.
La seule modification consistera à fixer un plafond de 5 $ per
capita à la subvention de base, au fonctionnement et à l'achat de
livres. Ce changement ne modifie en rien l'objectif du programme. L'aide au
fonctionnement a pour but d'initier un rattrapage chez les municipalités
qui ont une bibliothèque insuffisante ou dont la collection
doit être mise à jour.
L'aide à la publication et à la vente de livres. En marge
de la loi du livre, c'est-à-dire la loi 51, le ministère
transforme le programme d'aide à l'édition jusqu'ici basé
sur les coûts de production et la sélection de manuscrits en un
programme de subventions proportionnelles au volume de ventes. À cette
fin, les crédits disponibles sont augmentés de 150 000 $; ce
montant provient de compressions à l'aide à l'exportation ainsi
qu'à d'autres volets de l'édition du livre.
Par ailleurs, le ministère reporte d'une année la mise en
application du programme d'aide financière à l'achat de livres
par les bibliothèques scolaires. Ce programme devrait inciter les
commissions scolaires à augmenter le niveau de leurs achats de livres et
progresser ainsi dans la réalisation du plan d'amélioration des
bibliothèques scolaires. La décision de reporter d'un an ce
programme permet d'affecter des disponibilités additionnelles aux
municipalités au titre de l'aide au fonctionnement des
bibliothèques publiques.
Les bibliothèques centrales de prêt. Les
bibliothèques centrales de prêt recevront des crédits de 4
118 000 $ pour leur année financière 1981-1982,
c'est-à-dire un montant équivalent à celui qu'elles
recevaient en 1980-1981. Si les bibliothèques centrales veulent
maintenir leurs achats de livres, elles devront, comme la Fonction publique,
réduire leurs effectifs et appliquer d'autres compressions
budgétaires.
L'ensemble de ces réaménagements budgétaires
permettra d'assurer une croissance du quart des budgets consentis au
réseau des bibliothèques publiques.
Une voix: Pardon? M. Richard: Hein?
M. Lalonde: Est-ce qu'on peut demander au sous-ministre de lire
à la place du ministre? (20 h 30)
M. Richard: Vous avez parfaitement raison, j'avais raison
même. Du quart des budgets consentis au réseau des
bibliothèques publiques, alors au lieu de "les", je dis "des", M. le
député de Jean-Talon, et pour aider à votre
compréhension je vais vous dire que ça fait 26%. Je n'aurais
peut-être pas dû dire le quart, mais 26%. Cette croissance est
nécessaire en raison de l'effort considérable que connaît
le développement des bibliothèques municipales, les musées
et centres d'expositions. Le ministère a également
décidé de ne pas compromettre le développement du secteur
muséologique. Dans ce domaine comme dans celui des bibliothèques,
le Québec accuse un retard considérable sur l'Ontario.
Considéré encore ici par certains comme un bien de luxe, le
musée nous paraît, au contraire, l'instrument éducatif et
de diffusion culturelle par excellence de demain. Ses retombées
économiques sont reconnues. Cette priorité n'implique pas
seulement la poursuite des projets de musée national de la civilisation
et d'un musée de la science qui me tient beaucoup à coeur.
Elle incite à protéger les subventions aux musées
existants ou du moins à leur assurer une indexation minimale, même
s'il fallait, au cours de l'année 1981-1982 et en préparation
d'une année 1982-1983 tout aussi difficile, revoir les critères
d'agrément et sélectionner parmi ces établissements les
plus dynamiques et les plus progressifs. Les crédits affectés aux
établissements muséologigues du Québec atteindront 12 600
000 $ en 1981-1982, ce qui est bien inférieur au niveau des subventions
reçues par les musées de l'Ontario. La croissance de ces
crédits par rapport à ceux de l'année
précédente est de 7,46%. Le ministère maintient les
travaux d'agrandissement et de rénovation de ces musées. Ces
travaux, dont le plus important est celui du Musée du Séminaire
de Québec, sont financés en vertu de l'entente sur le
développement touristique. Par ailleurs, les études sur la
transformation du Musée du Québec en musée d'arts et sur
son agrandissement se poursuivent. Le ministère consacrera aussi des
budgets à la mise en place d'une équipe de planification du
Musée national de la civilisation.
La conservation des sites et biens historiques: Le secteur du patrimoine
connaîtra une année difficile puisque les crédits
affectés par le ministère des Affaires culturelles à la
conservation des sites et biens patrimoniaux diminueront.
M. le Président, je peux immédiatement donner l'assurance
à mes collègues de l'Opposition officielle que, quand le critique
officiel de l'Opposition voudra s'exprimer, je ne l'interromprai pas. C'est ce
que j'avais à dire, M. le Président.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
J'ai entendu des protestations du côté ministériel par le
député de Deux-Montagnes. C'est l'écho que le ministre a
entendu.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! C'est à vous la parole.
M. de Bellefeuille: Je reconnais que le député de
Marguerite-Bourgeoys a raison. Lorsque le ministre a fait allusion à une
compression des crédits consacrés à la conservation du
patrimoine, j'ai fait ah! ah! ah! pour exprimer un regret.
M. Richard: Ce n'était pas une interruption dans le
même sens que celle du
député de Jean-Talon. Je dis ça en toute
objectivité, M. le Président, et sans la moindre partisanerie, je
vous le jure.
Le Président (M. Desbiens): Question de règlement,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pense qu'on devrait laisser le ministre continuer
sa lecture. On sait que le ministre sait lire, cela nous rassure.
M. Richard: Que je suis heureux d'entendre les propos de mon
collègue le député de Marguerite-Bourgeoys et je vois
qu'il m'envie quand il affirme que je sais lire.
Face aux hausses de rémunération, la contraction des
dépenses est plus que significative. Une restriction importante de 850
000 $ est prévue aux crédits de fonctionnement. Le choix du
ministère des Affaires culturelles à l'égard de la
conservation des sites et biens historiques a été de maintenir le
niveau des subventions accordées à des municipalités et
à des particuliers pour les fins de restauration de même que les
programmes d'animation du patrimoine et de développement du patrimoine
autochtone. Le ministère a décidé de poursuivre les
travaux au chantier de Place Royale, de l'île des Moulins et des autres
sites couverts par l'entente sur le tourisme.
Les institutions nationales. Les institutions nationales sont aussi
affectées par des restrictions budgétaires puisqu'elles
autofinancent une forte partie de l'indexation des salaires. Dans le cas de la
Bibliothèque nationale et des Archives, cette compression, en termes
réels, est de l'ordre de 222 000 $. Il y a donc un fort resserrement des
dépenses de fonctionnement autres que les traitements ainsi qu'un
étalement de projets d'acquisition ou de modernisation de leur
équipement.
Le soutien aux arts. Le ministère a l'intention de revoir
rapidement sa politique d'aide financière aux arts d'environnement
visuel ainsi qu'aux arts d'interprétation. S'il est vrai que l'aide
financière de l'État a atteint ses limites, il faudra que, dans
ces domaines particuliers, les organismes culturels qui ont atteint un seuil
leur garantissant une certaine vitalité soient les premiers à
prendre davantage en main leur destinée. Déjà, au cours de
l'année 1980-1981, le ministère a tenté d'orienter les
grandes troupes vers une recherche plus intense de sources de financement
privées. Publicité de prestige, galas et
dîners-bénéfices, création de fondations, pour ne
pas parler de tarification, sont autant de possibilités qui, depuis
à peine quelques mois, se multiplient au Québec et
s'avèrent prometteuses. Il est certain que de telles sources de
financement offrent un potentiel inégal selon la nature de
l'activité, l'organisme qui le requiert, le lieu physique, etc., et nos
choix d'aide financière devront, tout en étant incitatifs, en
tenir compte.
Pour l'année 1981-1982, les programmes d'aide aux artisans sont
maintenus. Il y a cependant une contraction de l'aide financière
à la promotion et à la mise en marché. Dans l'ensemble, le
budget de soutien aux arts d'interprétation fléchit
légèrement, 3,6%, mais les crédits de transfert demeurent
constants à 14 163 500 $.
Bilan et prospectives. Dans l'ensemble, le ministère a atteint
les objectifs dont la réalisation lui incombait. Il les aura même
dépassés de façon significative en ce qui concerne les
bibliothèques publiques en obtenant une injection additionnelle de 623
000 $ en crédits supplémentaires et en ce qui concerne la
restauration des monuments historiques, enclenchant la phase 2 du projet du
Vieux-Montréal par le biais de l'OPDQ. J'ouvre une parenthèse
pour vous inviter tous à aller faire le tour du Vieux-Montréal
peut-être vers la fin du mois de juin parce qu'il y aura beaucoup de
projets en voie de réalisation. Beaucoup de chantiers sont
déjà en voie de réalisation dans le Vieux-Montréal
et je pense qu'on assistera à une revitalisation assez extraordinaire du
Vieux-Montréal dans les prochains mois.
Toutefois, l'analyse de l'évolution du budget du ministère
des Affaires culturelles dénote un ralentissement par rapport aux
années précédentes si on compare, par exemple,
l'augmentation actuelle de 5,3% par rapport à une augmentation de 33,6%
en 1977-1978 ou de 22% en 1980-1981. Par ailleurs, l'évolution du budget
est manifestement insatisfaisante eu égard au budget total de
l'État. Seulement un demi de un pour cent est consacré aux
Affaires culturelles. Je vous signale que j'hérite là d'un
problème qui a l'âge du ministère des Affaires
culturelles.
Cette croissance de crédits pour le moins déficiente n'a
toutefois pas empêché le développement des activités
de nos clientèles durant cette période. À titre d'exemple,
signalons que, dans le secteur de la danse, les troupes professionnelles sont
passées de deux à six, alors qu'une dizaine de groupes
indépendants se sont formés. Les écoles privées de
danse passaient de 10 à 60. Il semble donc qu'il y ait une vogue assez
extraordinaire pour la danse au Québec. J'ai eu l'honneur et le
privilège, il y a quelques jours, de présider à
l'inauguration de La Maison de la Danse. Je n'ai pas dansé, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, mais cela a fait danser beaucoup
de gens et ils dansent toujours.
M. Lalonde: Eh bien! chantez maintenant.
M. Richard: Dans le domaine de la musique... C'est à vous
que je devrais dire cela, M. le député de Marquerite-Bourgeoys,
vous avez quatre ans pour chanter.
M. Rivest: Vous n'en laissez pas passer une. Laissez-nous une
chance!
M. Richard: Dans le domaine de la musique, nous avons maintenant,
au Québec, une quinzaine d'orchestres réqionaux, adultes et
enfants. Sept nouveaux camps musicaux ont été
créés, et le ministère subventionne maintenant une
centaine d'organismes de diffusion des structures au municipal et scolaire,
alors qu'il en subventionnait une dizaine auparavant.
Du côté du théâtre et des festivals
d'été, leur nombre est passé à plus d'une centaine
comparativement à moins d'une dizaine il y a cinq ans. Ces derniers ont
servi à déplacer le spectacle culturel des grands centres
métropolitains vers les régions excentriques et, ainsi, à
stimuler la curiosité du citoyen québécois. Il y a
maintenant, je crois, 107 troupes de théâtre d'été.
C'est donc une espèce d'explosion du théâtre à
travers tout le Québec.
Quant à l'artisanat, il est redevenu une forme populaire d'art et
de loisir. Les salons d'artisanat ont proliféré, et ceux du livre
passant de trois à huit. Les salons du livre, il y en avait trois, sont
passés de trois à huit, ce qui dénote, quand même,
un certain succès de tous ces salons du livre. J'ai eu le plaisir, la
semaine dernière, d'inaugurer le Salon du livre ou la foire du livre
comme ils l'appellent, la foire régionale de
l'Abitibi-Témiscamingue à Rouyn-Noranda.
Par la politique gouvernementale d'intégration de l'art à
l'architecture, les arts plastiques connaissent également un
développement spectaculaire. Ce sont là autant de manifestations
de la vitalité de la culture québécoise, laquelle n'a pas
encore été directement affectée par les contraintes
budgétaires. Cette situation ne pourra, cependant, se poursuivre sans
entraîner l'avortement des efforts consentis depuis quelques
années. Il faut donc être vigilants particulièrement en
période de rareté de ressource alors que les besoins essentiels,
les engagements passés prennent trop aisément le pas sur les
secteurs plus petits, apparemment plus facilement compressibles, dont l'impact
tout aussi réel paraît à d'aucun moins palpable.
Alors, voilà, M. le Président, ce que je voulais livrer
comme déclaration d'ouverture. Je remercie les membres de m'avoir
donné le temps de me livrer à cet exercice.
Le Président (M. Desbiens): M.
Saintonge de Laprairie. Pour les remarques préliminaires.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: M. le Président, au départ,
permettez-moi de mentionner que je suis heureux d'avoir été
désigné, comme porte-parole de l'Opposition en matière
culturelle. C'est un domaine d'intérêt certain qui
préoccupe la collectivité et qui rejoint mes affinités
personnelles. Je voudrais également féliciter le ministre de sa
nomination à ce poste et l'assurer de notre collaboration et
coopération dans les divers dossiers qui seront soumis à
l'attention de l'Assemblée nationale. De plus, il me fait plaisir,
à ce moment-ci, de souligner que le dossier des affaires culturelles a
été source de préoccupation et le demeure toujours pour la
population du comté de Laprairie. En effet, la ville de La Prairie, une
partie de la ville connue comme le vieux La Prairie, a été
décrétée arrondissement historique. La ville de La Prairie
constitue, en fait, un des berceaux du développement de la rive sud
immédiate de Montréal, de sorte que la sauvegarde et la mise en
valeur de ce patrimoine représentait et représente toujours un
vif intérêt pour le milieu et même pour toute la
collectivité de la rive sud.
Je voudrais également souligner, à ce stade, quelques
contributions importantes du Parti libéral dans le domaine des affaires
culturelles: la création du ministère en 1961 dont le premier
titulaire fut M. Lapalme, le livre blanc de M. Laporte en novembre 1965 qui
faisait à l'époque un inventaire complet de ce que pouvait
être l'intervention de l'Etat en matière culturelle.
Malheureusement, à cause des élections de 1966 et de la
prise du pouvoir par le Parti de l'Union Nationale, à ce moment, la mise
en place d'une telle politique culturelle pour le Québec et la
réorientation fondamentale du ministère furent laissées en
plan. (20 h 45)
Également le livre vert de M. L'Allier en mai 1976, document de
travail qui précisait les orientations qu'il comptait donner au
ministère et devait amener la consultation et les discussions avec le
milieu pour établir une politique culturelle du Québec. Quelques
mois plus tard, ce furent les élections et l'arrivée en
scène du Parti québécois.
Tout au cours du présent mandat du gouvernement, le Parti
libéral a l'intention d'accorder une importance prioritaire au dossier
des affaires culturelles. En conséquence, l'Opposition actuelle sera
vigilante et active tout en vous assurant de sa collaboration dans les
meilleurs intérêts de la population.
Les orientations majeures et les préoccupations actuelles du
Parti libéral en
matière culturelle visent à rendre l'aide de l'État
en matière culturelle accessible à tous les
Québécois. Pour ce faire, il y aurait lieu de conférer une
autorité administrative et financière plus grande aux organismes
gouvernementaux chargés de distribuer l'aide financière de
l'État, ce qui aurait pour résultat de soustraite les
activités aux aléas d'une politique plus ou moins partisane de la
culture. Il y aurait lieu aussi de prôner un retour aux sources,
c'est-à-dire reconnaître que l'oeuvre d'art est avant tout le fait
d'un individu et que, en conséquence, le rôle de l'État
n'est pas de créer une culture, mais plutôt de susciter un climat
favorable à son éclosion et à sa motivation, rendre la
culture accessible à tous et la rendre attrayante. L'État doit
être un catalyseur, un animateur de la culture et non un concepteur.
Également, il faudrait encourager et inciter à la recherche
d'autres sources d'appui que celles presque exclusives de l'État,
arriver en fait à développer dans les divers domaines de la
culture un effort individuel au moins aussi important que celui de
l'État. Il s'agit de poursuivre une concertation avec le secteur
privé pour établir des objectifs communs et coordonner les
efforts de développement culturel.
Un programme important, auquel le Parti libéral croit dans le
cadre de l'application d'une politique en matière culturelle, est la
création d'un conseil des arts du Québec. Plusieurs instances
prétendent la même chose. Le ministre titulaire dans le
gouvernement précédent le reconnaissait d'ailleurs, l'an dernier,
et déclarait: C'est un projet qu'on n'a jamais abandonné et qui
devra être étudié au mérite. Nous souhaitons une
action en ce sens du présent gouvernement.
Nous reviendrons plus loin au cours du présent débat sur
certaines politiques souhaitables, selon nous, à être
adoptées et révisées en matière de conservation et
de mise en valeur du patrimoine relativement au livre et à
l'édition, relativement aux arts plastiques et d'interprétation,
ainsi que relativement aux musées et au cinéma.
Quant au gouvernement actuel, nous avons pu constater, lors du discours
inaugural par le premier ministre, l'absence de tout élément
politique relatif aux affaires culturelles. Nous sommes, à vrai dire, un
peu inquiets de la performance éventuelle du Parti
québécois en matière de développement culturel dans
la mesure où il y a eu à la direction du ministère au
cours du mandat précédent, un manque de continuité.
En terminant, je voudrais identifier les dossiers prioritaires en
matière culturelle sur lesquels l'Opposition entend porter une attention
plus particulière et en surveiller l'évolution.
Premièrement, l'expression des valeurs culturelles du Québec dans
toutes ses dimensions, en particulier, au titre de l'apport culturel de chacune
des communautés du Québec. Deuxièmement, l'aide à
la publication et à la vente du livre. Troisièmement, le
cinéma. Quatrièmement, le développement d'un réseau
de bibliothèques publiques. Cinquièmement, la conservation du
patrimoine. Sixièmement, la politique de formation artistique.
Septièmement, le développement muséologique.
Nous tiendrons également le compte suivi du déluqe de
promesses électorales du Parti québécois, plus
spécialement celles qui ont inondé la région de
Montréal, à savoir la mise en valeur des arrondissements et des
monuments classés, particulièrement dans le
Vieux-Montréal, la réalisation du pôle cultuel du
quadrilatère Bleury, Saint-Denis, Sherbrooke et Sainte-Catherine, la
création de mini-maisons de la culture et de bibliothèques,
l'ouverture permanente de Terre des hommes qui, semble-t-il, relèverait
du ministère des Affaires culturelles.
Nous réitérons notre engagement de demeurer vigilants dans
l'application des politiques du gouvernement en matière culturelle tout
en vous assurant, encore une fois, de notre plus entière collaboration
et coopération.
Le Président (M. Desbiens): Y a-t-il d'autres remarques
préliminaires?
M. Richard: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Richard: ...si on me permet d'apporter seulement un bref
commentaire, je voudrais remercier M. le député de Laprairie, le
nouveau critique de l'Opposition officielle en matière culturelle de son
offre de collaboration. Je lui sais gré aussi d'avoir fait état
de la contribution du Parti libéral dans les années soixante, que
je reconnais d'emblée.
J'étais en 1960 - et je n'ai pas honte de le dire - un admirateur
du premier titulaire de ce ministère qui, si ma mémoire est
fidèle, était Georges-Émile Lapalme. Et je sais gré
à M. le député de Laprairie d'avoir rappelé la
contribution du Parti libéral au ministère des Affaires
culturelles, jusque dans les années soixante-dix, bien sûr. Il
aurait dû toutefois ne pas s'arrêter au livre vert de mon ami et
électeur, Jean-Paul L'Allier, mais continuer jusqu'au livre blanc du
gouvernement précédent et à l'énoncé de
politique.
Ce que j'ai surtout apprécié, M. le député
de Laprairie, c'est que vous affirmez - et je voudrais vous dire que je suis
tout à fait d'accord avec vous là-dessus - que le
ministère des Affaires culturelles n'est pas là pour créer
la création, mais pour aider la création, pour encourager la
création. Et en
cela je pense que nous aurons l'occasion de nous retrouver d'accord
durant les prochains mois.
M. Rivest: M. le Président, si vous le permettez, sur la
manière de procéder...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ...après les déclarations
d'introduction; dans la mesure où normalement on doit terminer à
minuit, selon l'entente, et qu'on ne peut pas - compte tenu qu'il y a un
nouveau ministre qui arrive au ministère des Affaires culturelles et que
du côté de l'Opposition également ce sont de nouveaux
députés qui vont assurer le suivi et la continuité de
l'examen de tout le dossier des Affaires culturelles - je me demande si le
ministre est d'accord... Le député de Laprairie a
évoqué un certain nombre de... Le ministre lui-même a
parlé des priorités de son ministère; on pourrait
peut-être les prendre comme ça. Le député de
Laprairie a indiqué six ou sept éléments majeurs,
bibliothèques publiques, etc. Je me demande si on ne pourrait pas
convenir d'examiner, ou enfin de faire un survol très rapide, les
intentions du gouvernement sur l'ensemble de ces sujets, les priorités
du ministre. Le ministre pourrait expliciter. Mes collègues de
l'Opposition pourraient demander des informations sur ce qui est indiqué
et que, par la suite, nous mettions une heure sur ces
généralités et que l'on puisse procéder assez
rapidement sur les programmes, compte tenu du contexte bien particulier dans
lequel s'inscrit cette étude des crédits. Si ça convient
au ministre, l'Opposition serait d'accord pour procéder de cette
façon.
M. Richard: Cela me va.
Le Président (M. Desbiens): On va procéder de cette
façon. On commence par M. le député de Laprairie?
Questions générales
M. Saintonge: J'aurais une question d'ordre
général. Selon le cahier de renseignements supplémentaires
sur les crédits 1981-1982, le MAC, le ministère aurait
périmé environ 3 548 000 $ pour l'exercice financier
précédent. Quel est le montant exact qui fut
périmé?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Richard: Le montant périmé a été
d'environ 500 000 $, mais il y a eu un gel de crédits, dans les mois qui
ont précédé la fin de l'année financière. Je
crois que c'est ce qui fait qu'apparaît probablement une somme de 3 000
000 $, ça correspond à un gel des crédits et non pas
à des crédits périmés. Les crédits
périmés ont été d'environ 500 000 $.
M. Lalonde: Si vous le permettez, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le résultat est le même, il y a eu
à peu près 3 000 000 $ ou 3 500 000 $ qui n'ont pas
été dépensés.
M. Richard: Dans ce sens, oui; mais ce n'est pas...
M. Lalonde: Dans quels secteurs plus particulièrement?
M. Richard: Le total des crédits non
dépensés, incluant le gel, il y a eu un gel de 3 395 000 $, de
sorte que les crédits périmés ont totalisé environ
412 000 $. À la Bibliothèque nationale, cela donne 10 000 $. Je
peux vous le donner; j'ai la liste ici.
M. Rivest: Les principaux montants.
M. Richard: J'en ai cinq ou six. Je peux vous les donner en
détail.
M. Rivest: Oui, c'est cela.
M. Richard: Bibliothèque nationale, 10 900 $; Archives
nationales, 9300 $; au patrimoine, 138 000 $; à la direction
générale de l'administration, 58 000 $; aux bureaux
régionaux, 7000 $; aux musées, 20 000 $. J'en ai d'autres ici.
C'est un renseignement qui avait été demandé
préalablement par l'Opposition et je pense que nous lui avons transmis
ce renseignement.
M. Saintonge: Je m'excuse de ne pas en avoir pris connaissance
avant, mais on l'a eu il y iilil i a à peine deux jours. C'est pour
cette raison que...
M. Richard: Aux conservatoires, c'est 9800 $; aux arts et
lettres, 39 700 $; à la direction du cinéma, 26 000 $; au Bureau
de surveillance du cinéma, 33 000 $.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, si vous me
permettez, pour répondre de façon plus spécifique à
votre question, il y a trois catégories de dépenses qui ont
été plus particulièrement touchées par les gels; ce
sont les dépenses de capital et d'équipement, les dépenses
de voyage et on a retardé certains travaux.
M. Lalonde: C'est bien cela.
M. Rivest: Je pense que la question du député se
situe dans cette catégorie ou cette rubrique des dépenses, mais
quels secteurs d'activité cela a-t-il touchés d'une façon
significative?
M. Richard: II n'y a pas de secteurs qui ont été
touchés de façon...
M. Rivest: Voyons!
M. Lalonde: Écoutez! Là, vous avez...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ...peut-être 4 000 000 $ de crédits
périmés, mais vous avez près de 3 000 000 $ ou 3 500 000 $
de crédits gelés. Il n'y avait quand même pas 3 500 000 $
de frais de voyage qui ont été gelés. Je ne sais pas si
c'est au niveau de l'équipement que vous avez...
M. Richard: C'est le patrimoine. Pour répondre à
votre question, c'est le patrimoine, parce qu'on a pu retarder les travaux.
M. Lalonde: Je comprends que le député de
Deux-Montagnes fait ah! ah! ah! C'est au niveau du patrimoine qu'on a fait des
reculs.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Richard: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est le député de
Montmorency qui pourrait s'en plaindre le plus.
M. Lalonde: J'espère qu'il va s'en plaindre, parce que le
nouveau ministre se plaint dans ses remarques préliminaires de la
proportion très mince du budget qui est consacrée aux affaires
culturelles, à la culture, mais a-t-il des plans, des projets pour
augmenter cette si mince pitance?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Richard: Avec l'appui de l'Opposition, M. le Président,
avec l'appui que je vais essayer d'aller chercher dans l'Opposition, avec
l'appui de ma propre formation politique et l'appui du gouvernement,
j'espère bien qu'un jour, nous pourrons, dans le monde occidental, faire
exception à la règle et ne pas craindre de consacrer une part
beaucoup plus importante aux affaires culturelles, ce qui témoignerait
de l'importance que, comme peuple distinct, comme société
distincte en Amérique du Nord, nous accordons à la culture et
à notre propre identité, puisqu'il en va, justement, de notre
propre identité, mais, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous savez mieux que quiconque que c'est un
phénomène, c'est un problème, devrais-je plutôt
dire, de toutes les sociétés occidentales où, pour des
raisons qu'il serait peut-être trop long d'énumérer ici et
pour d'autres raisons que j'arrive mal à appréhender, on a
toujours craint d'accorder une part plus importante ou, en tout cas, la part
qu'il conviendrait d'accorder à la culture. Ce n'est pas un
phénomène unique au Québec. Nous ne sommes pas l'exception
à la règle en ce domaine. (21 heures)
M. Lalonde: Mais vous savez que...
Le Président (M. Desbiens): M. le député,
sur le même sujet?
M. Lalonde: Je suis prêt à croire le ministre, mais
il faudrait peut-être avoir plus que des déclarations
générales. Par exemple, le ministre s'est déclaré
d'accord avec les observations du porte-parole officiel, le
député de Laprairie, à savoir que l'État ne serait
pas le concepteur, quoique certaines déclarations d'un ancien
gouvernement étaient peut-être un peu moins claires. Par exemple,
dans le domaine des bibliothèques publiques, on a eu l'occasion de faire
un voyage, il y a deux ans et demi, à Toronto...
M. Richard: C'était formidable, n'est-ce pas?
M. Lalonde: Oui, et c'était une révélation
pour plusieurs d'entre nous.
M. Richard: Oui.
M. Lalonde: Nous avons un secteur d'activité pour le
ministère qui ne met pas en cause cette politique de non-intervention
dans l'expression culturelle elle-même, mais l'intervention
immédiate, directe, concrète, avec des sous et des dollars dans
les décisions qui doivent être prises et les projets de
bibliothèques publiques. Est-ce que le ministre peut nous assurer
actuellement... Je comprends, il a hérité d'un ministère
il y a à peine quelques semaines, le budget était
déjà fait avant qu'il arrive, on ne peut pas lui tenir rigueur de
ce qui a été décidé, et il ne peut pas le changer
lui-même. Pour l'avenir immédiat, est-ce qu'il peut nous assurer
qu'un effort très sérieux sera fait dans ce sens?
M. Richard: M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
je pense que vous aurez l'honnêteté de reconnaître qu'un
effort tout à fait particulier avait été fait par mon
prédécesseur, à qui je tiens à rendre hommage, en
ce qui a trait, justement, au développement des bibliothèques
publiques au
Québec, un effort absolument remarquable, et j'entends poursuivre
cet effort. J'entends d'autant plus le poursuivre qu'il n'y a actuellement que
deux des principales villes du Québec qui ne sont pas dotées de
bibliothèques publiques, et l'une de ces villes, j'ai l'honneur de la
représenter à l'Assemblée nationale, c'est Beauport. Il y
a Beauport et Charlesbourg parmi les grandes villes, par exemple. En dehors de
ces deux exceptions à la règle, il faut bien reconnaître
que mon prédécesseur, le député de
Trois-Rivières, avait déployé des efforts
considérables du côté du développement des
bibliothèques publiques.
Je dirais que la contribution importante de l'actuel gouvernement,
au-delà des budgets qui ont été consacrés au
développement des bibliothèques publiques, ç'a
été d'amener les municipalités à apporter elles
aussi leur contribution au développement culturel au Québec. Il
faut bien reconnaître que jusqu'à il y a quelques années,
les municipalités au Québec se laissaient plutôt porter par
le gouvernement. Il faut absolument amener, ce qui a été fait
dans une très large mesure par mon prédécessseur, les
municipalités à apporter leur contribution aussi, dans la mesure
de leurs moyens, au développement culturel, en particulier au
développement du réseau des bibliothèques. Cela a
été fait dans une certaine mesure; il faut que ce soit fait dans
une plus large mesure encore, et je compte bien poursuivre les efforts de mon
prédécesseur.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je m'étonne un
peu de la tournure que prennent nos travaux et je voudrais inviter nos amis de
l'Opposition à accorder leurs violons parce que, il y a quelques
instants, le député de Jean-Talon a fait une proposition, pour la
première partie de nos travaux ce soir, qui me paraît très
positive et qui pourrait être très fertile, très
féconde, ce serait d'examiner tour à tour les priorités
que le ministre nous a présentées et les priorités que le
député de Laprairie, à son tour, nous a
présentées.
Au lieu de cela, nous nous sommes égarés dans les
méandres des crédits périmés et de
considérations qui ne sont pas nécessairement rattachées
à ces priorités. Il me paraîtrait utile de revenir à
la marche que nous a proposée le député de Jean-Talon.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur les remarques.
M. Lalonde: Si vous permettez, dans les sept priorités
mentionnées par le député de
Laprairie, il y avait les bibliothèques publiques. Cela me tient
à coeur de façon plus particulière, et c'est pour cela que
j'ai sauté directement à cette priorité. Je laisse
à l'initiative des autres membres d'attaquer les autres points.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie, en se guidant sur les priorités.
Le rôle du ministère
M. Saintonge: D'accord, sauf que j'avais une question d'ordre
général, au départ, pour les crédits. Maintenant,
j'aurais une autre question d'ordre général avant de passer aux
priorités. Je suis quand même assez nouveau dans le domaine
également, et j'aurais une question à poser au ministre. Comment
concevez-vous le rôle du ministère des Affaires culturelles,
coincé, d'après ce que je peux voir, entre le ministère
d'État au Développement culturel, le nouveau ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration et le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche? Il me semble qu'il y a beaucoup
d'éléments du domaine culturel qui sont plus ou moins flous dans
ces différents ministères.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Richard: Si vous me le permettez, M. le député
de Laprairie, avant, je voudrais apporter un complément à la
réponse que je faisais tout à l'heure au député de
Marguerite-Bourgeoys. Pour donner un exemple de l'effort qui a
été fait par mon prédécesseur pour toute la
politique du livre, tout le programme du livre, ce qui comprend les
bibliothèques, en 1976-1977, il y avait 7 000 000 $ consacrés
à ce programme dans le budget du ministère des Affaires
culturelles. Grosso modo, 7 000 000 $.
Ce qu'on vous propose aujourd'hui, c'est un budget de l'ordre de
près de 22 000 000 $ auxquels s'ajoutent 7 000 000 $ dans le cadre du
programme PAEQ. Cela veut dire, en gros, tout près de 28 000 000 $ par
rapport à 7 000 000 $. Mais je reconnais d'emblée avec vous, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, que quand nous sommes
allés ensemble à Toronto j'étais envieux de voir les
institutions dont ils disposent au niveau des musées et, notamment,
cette splendide bibliothèque municipale de Toronto. J'espère bien
qu'avant longtemps on pourra doter le Québec d'institutions à peu
près semblables.
En ce qui a trait à votre question, M. le député de
Laprairie, je voudrais vous dire spontanément que je trouve assez
extraordinaire et assez utile d'avoir à travailler en collaboration avec
un ministre
et un ministère d'État au Développement culturel.
Ce qui nous permet d'éviter les incohérences, ce qui nous permet
de pouvoir planifier, de concevoir toute la concordance entre chacun des
ministères qui sont directement ou indirectement reliés au
développement culturel. Chaque fois qu'une politique, en matière
culturelle, doit être conçue, réalisée et
appliquée, c'est toujours avec intérêt et, finalement, avec
plaisir que je la soumets à mes collègues du comité
ministériel de développement culturel, pour faire en sorte qu'il
y ait une cohérence dans les politiques en matière
culturelle.
Je trouve, maintenant que nous avons vécu l'expérience,
que l'expérience des ministères d'État, en tout cas en ce
qui a trait au développement culturel, a été une
expérience fort utile et fort heureuse.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: II y a un élément que ma collègue
de Jacques-Cartier va souligner avec vous au titre des communautés
culturelles. C'est bien joli, et sans doute tout à fait exact, ce que
vous nous avez dit. Mais il existe un problème très pratique que
vous n'avez peut-être pas rencontré encore - dans la mesure
où vous arrivez au niveau du ministère - je m'en étais
inquiété l'an dernier parce que c'est une vieille bataille dans
l'administration publique, et chaque fois qu'il arrive un nouveau ministre, le
danger est très grand qu'une offensive se fasse au niveau du loisir
socio-culturel et des responsabilités du ministère des Affaires
culturelles.
Je m'étais soucié de cette question l'an dernier: Est-ce
que la création du nouveau ministère du Loisir - tout le domaine
du loisir socio-culturel, des chapitres dans le livre blanc de votre
collègue, l'actuel leader parlementaire et le nouveau ministre du Loisir
en a maintenant la responsabilité -est-ce que le ministère des
Affaires culturelles a maintenant complètement renoncé à
ce secteur pour le confier au ministère du Loisir?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Richard: Bien sûr que non, M. le Président!
Encore une fois, on peut constater à partir de votre question,
l'importance d'un ministère de coordination, d'un organisme de
coordination de toutes les politiques. Cet organisme de coordination, c'est
justement le ministère d'État au Développement culturel.
Ne serait-ce, par exemple, que pour faire en sorte que les équipements
des commissions scolaires et des municipalités soient mis au service de
l'ensemble de la population pour les loisirs, et également pour les fins
d'activités proprement culturelles. Alors de là l'importance
d'avoir un ministère d'État au Développement culturel pour
ajuster toutes ces politiques.
En ce qui a trait aux loisirs, la politique a été
définie au sein du CMPDC. Il s'agit de faire en sorte que le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche s'occupe des
amateurs, et le ministère des Affaires culturelles, du reste.
M. Rivest: Ah bon. Est-ce que le ministre est bien certain... La
question qui se pose est très facile. Je comprends, le ministre insiste
sur les fonctions de coordination du ministère d'État au
Développement culturel...
M. Richard: C'est cela.
M. Rivest: ...et j'en conviens volontiers, le témoignage
qu'il nous donne peut sans doute être vrai. Mais le problème,
surtout pour le ministère des Affaires culturelles qui, lui, est un
ministère de services, il a des clientèles de tous ordres que le
ministre a évoquées et la personne ou le groupe qui a des
activités, on pense aux fêtes populaires, qui ont toujours une
dimension culturelle... Vous pensez, par exemple, au cas classique, parce que
dans ce débat qui date depuis longtemps dans l'administration publique
québécoise, la petite fille qui, dans sa ville, veut suivre des
cours de ballet ou un groupe veut organiser cela, vous avez souligné
avec raison le développement des troupes de théâtre,
amateurs, etc., dans vos théâtres d'été, il doit y
avoir beaucoup d'amateurs.
Quelle est la responsabilité, dans vos 107 troupes de
théâtre d'été pour parler d'une façon... il y
a certainement du théâtre amateur, et quand vous dites que cela a
été réglé en faisant la séparation avec le
professionnalisme du ministère des Affaires culturelles et le
caractère amateur ou la partie amateur, dans un sens absolument non
péjoratif, au niveau du ministère du Loisir, et quand on a fait
l'intégration des ministères, quand on a formé le
ministère du Loisir, on s'est inquiété, lors de
l'étude des crédits, l'an dernier, comment ces arrimages ont
été faits... Parce que le souci que nous avons en posant cette
question, c'est celui de la cohérence au niveau de l'administration
publique, mais aussi un souci à double volets. Le premier, c'est que les
clientèles doivent savoir à qui s'adreser, et
deuxièmement, vous devez éviter le "shopping", si vous me
permettez l'expression, qui est une pratique courante par laquelle les gens
vont chercher une subvention d'un ministère.
Peut-être que vous n'êtes pas - je le conçois
volontiers - absolument familier avec cela, mais je voudrais que vous nous
rassuriez en nous disant que ces clarifications vont être fournies.
M. Richard: Oui. Encore une fois, cela me permet d'expliciter la
réponse que j'ai apportée au député de Laprairie.
Encore tout récemment, j'ai eu une demande de subvention importante. Je
soupçonnais que le groupe qui frappait à ma porte avait pu
frapper à d'autres portes, alors je suis allé soumettre le cas au
CMPDC, et on a découvert, effectivement, que ce groupe avait
frappé à plusieurs portes. Donc on a décidé
ensemble d'une subvention unique qui est donnée à partir d'un
ministère ou de deux ou trois ministères pour former un
montant.
M. Rivest: J'aimerais préciser ma question. Est-ce que
cette demande, vous n'auriez pas pu, parce que tantôt vous avez
affirmé d'une façon assez claire que c'était
réglé... tout ce qui était amateur était au
ministère du Loisir et tout ce qui était professionnel...
M. Richard: Non, mais ce n'était pas lié à
la distinction entre l'amateur et le professionnel. D'une façon
générale, les amateurs relèvent du ministère du
Loisir, les professionnels, l'art et la culture, du ministère des
Affaires culturelles. Mais nous essayons, dans toute la mesure du possible,
d'être pragmatiques et il est bien évident qu'il peut subsister
certaines zones grises. De là, encore une fois, l'importance d'un
organisme qui s'appelle le ministère d'État au
Développement culturel, pour enlever les zones grises.
M. Rivest: Une question concrète. M. Richard:
Oui.
M. Rivest: Peut-être que vous pourriez vous informer. Voici
la question qui flottait dans l'air depuis fort longtemps. Les choeurs, les
chorales et les harmonies, est-ce que c'est encore chez vous ou si c'est rendu
au ministère du Loisir? (21 h 15)
M. Richard: En principe, c'est exactement la distinction que je
faisais tout à l'heure. Les chorales amateurs relèvent du
ministère du Loisir, et les chorales professionnelles, il y en a
très peu d'ailleurs, peuvent être subventionnées,
aidées par le ministère des Affaires culturelles.
M. Rivest: J'accepte cette réponse. Mais quand les
clientèles... Pour éviter le tour, parce que vous ne pourrez pas
au niveau du comité de coordination, enfin, au niveau du
ministère d'État, amener toutes les subventions. Quand vous dites
"en principe", ce qui m'intéresse - je pense que c'est ça qui
était la bataille menée par vos prédécesseurs dans
tout ce domaine dont on pourrait parler fort longuement - c'est que, justement,
tout le monde a toujours eu de beaux principes là-dessus. Il y a
toujours des distinctions de principe qui ont été faites. Mais au
point de vue pratique, ces arbitrages ont toujours donné lieu à
la même série de problèmes. Je ne veux pas prolonger
indûment, mais je vous inviterais, M. le ministre, à surveiller de
très près cette dimension et, avec vos collègues, à
la régler si elle ne l'est pas encore.
M. Richard: Oui mais, M. le député de Jean-Talon si
vous me permettez, il faut justement être pragmatique. Je n'aime pas ces
distinctions qui n'existent parfois qu'en théorie. Justement, les
problèmes sont maintenant réglables. On peut apporter une
solution à ce genre de problème précisément parce
qu'il y a un organisme pour les régler qui s'appelle le CMPDC.
M. Rivest: Vous les réglez par le haut. À
l'expérience, au niveau du ministère, vous allez vous apercevoir
en consultant, en prenant connaissance et en travaillant avec vos
collaborateurs, que ce n'est pas si simple. Cela se règle beaucoup plus
par le bas, par les champs de juridiction et de responsabilité de l'un
et l'autre ministères. Vous allez le découvrir, comme vos
prédécesseurs.
M. Richard: Je comprends que, parce que vous êtes de
formation juridique, vous souhaiteriez des textes toujours clairs,
précis, qu'on ne peut jamais contourner. Mais parce que moi aussi je
suis de formation juridique, j'ai envie d'être pragmatique et de dire il
y a des cas justement, où il vaut mieux faire une discussion entre
collègues directement ou indirectement touchés pour
décider ce qu'on doit faire, ce qu'on doit appliquer comme politique,
plutôt que de décider d'avance sur papier. Parce qu'il restera
toujours, et vous le savez mieux que quiconque comme avocat, des zones grises.
Alors, le CMPDC existe justement pour régler tous les cas litigieux qui
tombent dans les zones grises. Si on avait l'équivalent avec le
fédéral, cela réglerait bien des problèmes.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Les groupes ethniques
Mme Dougherty: Merci. M. le Président, j'ai une question
qui touche les orientations fondamentales du gouvernement. Le ministre a
parlé d'une société distincte. J'aimerais lui demander
quelle est la perception du gouvernement, l'obligation du gouvernement,
vis-à-vis des groupes ethniques, des anglophones et de tous les
non-francophones de notre société québécoise.
Est-ce que le gouvernement les considère comme des
groupes intégraux de notre culture québécoise?
Bref, quelle est l'attitude du gouvernement vers la réalité
pluraliste du Québec?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Richard: M. le Président, le gouvernement est
parfaitement conscient du pluralisme culturel qui existe au Québec.
L'attitude du gouvernement a été de favoriser
l'intégration de tous les groupes qui composent la société
québécoise à la majorité culturelle du
Québec; j'ai bien dit l'intégration et non pas l'assimilation, ce
qui laisse donc une grande place au développement de chacun des groupes
à travers sa propre identité et sa propre culture.
Mme Dougherty: M. le Président, est-ce que je pourrais
poser une autre question?
M. le Président (M. Desbiens): Oui, Mme la
députée.
Mme Dougherty: Une question pragmatique. Quelles sont les mesures
concrètes que le gouvernement va prendre pour appuyer les initiatives et
les intérêts spécifiques de ces groupes dans le contexte
pluraliste du Québec. Pour leurs intérêts...
Une voix: Députée de Jacques-Cartier.
M. Richard: Non, non, j'ai saisi votre question. C'est parce que
comme nous sommes au tout début d'un nouveau Parlement, j'avais
momentanément oublié le nom de votre circonscription
électorale, Mme la députée de Jacques-Cartier. Je le sais
maintenant. Je m'en excuse.
La première décision concrète, Mme la
députée de Jacques-Cartier et qui n'est pas -je pense que vous le
reconnaîtrez - sans importance, c'est d'avoir, en quelque sorte,
donné une vocation tout à fait nouvelle et un mandat tout
à fait nouveau au ministère de l'Immigration en en faisant,
dès le début de la première session de ce nouveau
Parlement, le ministère de l'Immigration et des Communautés
culturelles. Le ministère de l'Immigration aura donc à travailler
désormais au développement culturel de toutes les
communautés qui composent la société
québécoise dont j'ai dit tout à l'heure qu'elle
était une société distincte.
Je vous rappelle, d'autre part, le plan d'action du gouvernement pour
les communautés culturelles qui a été publié par le
ministre d'État au Développement culturel en janvier 1981. Je
vous réfère à ce document de base sur la politique du
gouvernement à l'égard des communautés culturelles.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: M. le ministre, vous avez parlé de
l'immigration. Les anglophones... Je ne suis pas une immigrante. Je suis, ici,
depuis plusieurs générations. Donc, je me demande si vous
êtes prêt à reconnaître l'enrichissement qui peut
être réalisé d'une reconnaissance des contributions de tous
nos groupes de différentes langues et cultures. J'ai l'impression que
les autres sont un peu marginalisés dans vos politiques culturelles et
je me demande si vous êtes prêt à reconnaître les
vrais intérêts de tous les groupes qui... If you are ready to
recognize the multifaceted contribution and richness that can be realized from
all of the people of Québec rather than a narrow, une vue étroite
des Québécois. J'ai l'impression que jusqu'à maintenant,
vous avez un point de vue assez étroit des Québécois. Je
me demande si vous êtes prêt à élargir votre concept
de cette société distincte dont vous avez parlé.
M. Richard: Mme la députée, je ne sais vraiment pas
ce que vous entendez par une vue étroite. Il me semble qu'en ce qui a
trait au gouvernement et en ce qui me concerne personnellement, nous avons
toujours pratiqué une politique d'ouverture sur le monde en
général et une politique d'ouverture sur toutes les composantes
de la société québécoise en particulier. J'ignore
vraiment ce que vous voulez dire par "une vue étroite". Au contraire.
Nous avons toujours considéré que les cultures différentes
qui composaient la société québécoise
étaient une source d'enrichissement pour cette société
distincte, dans la mesure où ces cultures et les éléments
composant ces différentes cultures étaient disposés
à s'intégrer à la majorité francophone du
Québec et non pas à s'en écarter et à la
combattre.
J'ignore ce que vous entendez pas une vue étroite parce que,
encore une fois Mme la députée, en ce qui me concerne, j'aurais
envie de vous dire que j'ai combattu toutes ces vues étroites dont vous
parlez, depuis ma tendre enfance et ce n'est pas au sein de la majorité
francophone du Québec que je l'ai le plus souvent retrouvée.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Ma question c'est un peu dans la même veine, M.
le Président, et je voulais demander au ministre si, par rapport au
ministère des Affaires culturelles, quand on parle de la reconnaissance
d'une société pluraliste, etc., le ministre pourrait nous donner
certaines indications de l'appui, par exemple, à la création
culturelle que le
ministère donne aux comités ethniques en particulier.
M. Richard: Oui. Vous comprendrez qu'il y a déjà eu
plusieurs actions qui ont été faites par le ministère des
Affaires culturelles auparavant, et avant mon arrivée comme titulaire de
ce ministère. Mais, maintenant qu'il y a une vocation spéciale
qui a été donnée au ministère de l'Immigration,
vous imaginez bien que, justement au sein du CMPDC, c'est-à-dire le
comité ministériel permanent de développement culturel,
nous devrons, à très brève échéance, essayer
de concevoir et de mettre en application des politiques d'aide à toutes
les communautés culturelles, ce que nous nous apprêtons à
faire très bientôt.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laurier, sur le même sujet?
M. Sirros: Oui. Je suis d'accord sur la réponse mais, par
contre, je trouve un peu que le fait de restreindre l'aspect culturel dans le
ministère de l'Immigration, par exemple, a l'effet de marginaliser et de
laisser de côté un peu, si vous voulez, ces communautés
culturelles ou ces minorités ethniques et de ne pas vraiment les
intégrer avec - et non pas peut-être à - la majorité
francophone en les traitant sur la même base que tout le monde dans ce
sens-là, c'est-à-dire que c'est une création culturelle
québécoise avec une certaine saveur, peut-être, qui
pourrait être traitée à l'intérieur même du
ministère des Affaires culturelles et non pas être mise de
côté et identifiée comme quelque chose à part.
M. Richard: Vous n'avez à entretenir aucune
inquiétude à cet égard. Quant à moi, tous les
citoyens du Québec sont des citoyens à part entière. Je
pense que vous n'avez pas à vous inquiéter; les citoyens, de
quelque culture que ce soit, dans la mesure où ils acceptent de
s'intégrer à la majorité francophone du Québec,
seront considérés comme des citoyens à part entière
et auront droit à tous les programmes prévus par le
ministère des Affaires culturelles comme à tous les programmes
prévus par chacun des ministères du gouvernement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Une précision. Je suis content de la
déclaration du nouveau ministre des Affaires culturelles en
réponse aux questions de mes collègues de Jacques-Cartier et de
Laurier. Une question pratique. Remarquez que, dans le passé, ce n'est
pas le propre de votre gouvernement, il y a toujours eu une certaine
difficulté, ou enfin c'était perçu comme tel, dans les
programmes réguliers - et c'est le sens de la question, je pense, du
député de Laurier en particulier - du ministère des
Affaires culturelles, dès lors qu'il s'agissait d'une initiative
culturelle venant des communautés culturelles autres que les
communautés francophones. On a senti, en tout cas, dans ces milieux un
certain désintéressement du ministère. À tort ou
à raison, c'était perçu comme tel. Ma question
précise, pour donner suite à la question du député
de Laurier et, je pense, aux préoccupations du député de
Jacques-Cartier, est celle-ci: Maintenant que le nouveau ministre des
Communautés culturelles va avoir, et vous vous êtes
vous-même référé, un plan d'action, est-ce que, dans
les éléments de ce plan d'action qui vient de me parvenir, en
termes purement administratifs, au niveau du ministère - la
volonté politique, vous l'avez exprimée, on l'appréciera
à son mérite - sur le rôle même du ministère
des Affaires culturelles, de ces programmes, de ces politiques, est-ce qu'il va
y avoir des programmes et des politiques qui seront maintenant de la
responsabilité... (21 h 30)
Dans la danse, par exemple, on sait que les communautés ethniques
ont des organisations, elles s'expriment culturellement ainsi. Vous avez des
programmes aux Affaires culturelles; on ne sait pas encore, enfin, j'ai encore
certains doutes si cela va aller au ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche, ou si cela va rester au ministère des Affaires
culturelles ou si désormais cela va être de la
responabilité du ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration. C'est ce plan très pratique qu'illustre, je pense, la
préoccupation du député de Laurier. Je pense que le sens
de sa question indique que la communauté anglophone du Québec et
les communautés culturelles veulent avoir leur place au même titre
que la communauté francophone au sein du ministère des Affaires
culturelles. Cela fait partie de la culture et de l'expression culturelle du
Québec.
M. Richard: M. le député de Jean-Talon, en ce qui a
trait à la communauté culturelle de langue anglaise, je pense que
je n'ai pas à vous dire, à vous, qu'au sein de la
communauté québécoise, elle a toujours été
relativement privilégiée. Qu'on songe, entre autres, aux trois
universités anglophones du Québec; et quand on sait que la
culture n'est qu'un prolongement de l'éducation et qu'elle est
indissociable de l'éducation, on se rend compte qu'on est mal venu de se
plaindre du sort qui a été réservé, jusqu'à
maintenant, à la minorité anglophone du Québec. Elle a
probablement été - je pense que les anglophones eux-mêmes
sont disposés à le reconnaître - la minorité la
mieux traitée de toutes les minorités à travers le monde.
Je pense qu'il y a peu d'exemples où une
majorité a traité sa minorité avec autant
d'égards comme nous l'avons fait depuis que nous cohabitons avec cette
minorité anglophone. Et je suis assez fier de pouvoir dire cela
maintenant.
Il reste qu'il y a des efforts considérables à faire au
niveau des autres communautés culturelles, en particulier. Il y a un
plan d'action qui est prévu par le ministère des Affaires
culturelles en collaboration avec le ministère de l'Immigration. Ce plan
d'action prévoit un certain nombre d'actions - comme je l'ai
mentionné - que je pourrais vous énumérer, qui vont
être étudiées par le CMPDC et dont l'énoncé
de politique faisait déjà état. Par exemple, afin de
favoriser la conservation, le développement des langues, des coutumes et
des cultures des différentes communautés culturelles du
Québec, le ministre des Affaires culturelles se propose, entre autres,
d'accorder des subventions supplémentaires et une aide technique aux
associations des communautés culturelles, de fournir une aide
financière pour l'amélioration des équipements de ces
communautés, des locaux, des centres communautaires - ce qui est
déjà fait, par exemple, et ce que j'ai déjà fait
dans une très large mesure au ministère des Communications
à l'égard de leurs publications et de tous les journaux des
communautés culturelles - d'élargir le programme d'acquisition de
livres dans différentes langues et de favoriser l'accès à
ces volumes dans les bibliothèques municipales des régions
où il y a concentration de membres de communautés culturelles et
ainsi de suite.
Il y a tout un plan d'action qui est prévu par le
ministère des Affaires culturelles pour faire en sorte que les
communautés culturelles ne soient pas les parents pauvres de la
société québécoise.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viau.
M. Cusano: Vous avez déjà répondu à
une partie de ma question. Je voudrais seulement souligner que depuis 1952
j'essaie de m'intégrer à cette société
québécoise. Je pensais que j'avais réussi cette
intégration. Ce que je crains présentement c'est qu'on ait une
tendance de ségrégation en créant ce ministère de
l'Immigration et des Communautés culturelles. Je vous demanderais, M. le
ministre, d'essayer, dans votre mandat, de prendre comme vous l'avez dit tout
à l'heure, et de développer ces programmes culturels, mais en les
intégrant à l'intérieur de votre progamme, parce que
l'intégration, c'est le respect mutuel des cultures. De mon
côté, vous pouvez être assuré d'une collaboration
totale sur cet aspect.
M. Richard: Je peux vous dire, M. le Président,
qu'essentiellement, à l'égard des communautés culturelles,
l'action du ministère des Affaires culturelles va viser à rendre
accessibles à toutes les communautés composant la
société québécoise les programmes
généraux du ministère des Affaires culturelles. C'est le
premier objectif.
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viau.
M. Cusano: II y a une chose qu'on constate encore dans le
comté de Viau, dans l'agglomération montréalaise c'est le
problème que nous connaissons tous et regrettons à l'égard
des générations telles quelles. Chez les milieux ethniques, cet
écart est plus grave, plus prononcé. Ainsi, si on prend la
dernière vague des immigrants qui s'est terminée en 1967 et qui
est arrivée ici à un âge où il serait
peut-être difficile de l'intégrer, ces immigrants ont maintenant
des enfants qui se sont intégrés à la culture
québécoise et il y a un vacuum culturel entre les parents et les
enfants. J'aimerais encore souhaiter qu'il y ait de l'ouvrage fait par votre
ministère, et si cela ne relève pas exactement de vous, je crois
que cela devrait être votre responsabilité de proposer ces
activités à d'autres ministres.
M. Richard: M. le Président, avec votre permission, le
sous-ministre, M. Arpin, aurait des renseignements d'ordre technique à
donner à M. le député à ce sujet.
Dans l'ordre des programmes du ministère, concrètement, ce
que nous faisons actuellement pour les communautés ethniques dans les
différents programmes, comme dit le ministre, qui sont ouverts aux
communautés ethniques, si on prend les musées, par exemple, il y
a deux musées indiens qui sont financés par le ministère
des Affaires culturelles, le musée d'Odanak et le musée de
Pointe-Bleue. Le musée de Pointe-Bleue reçoit cette année
51 000 $. Il recevait l'année dernière 23 000 $. De plus, dans
les musées qui sont davantage dans les milieux anglophones, le
musée de la Société historique de Richmond, à
Melbourne, le musée d'Eaton Corner, le musée de la
Société historique de Stanstead, le musée Beaulne, le
Centre d'exposition Sadie Bronfman. Ce sont des musées qui sont
davantage axés sur les communautés ethniques.
Dans le domaine des arts d'interprétation ou du soutien aux arts
d'interprétation, deux organismes majeurs, la Eondation du centre
Bronfman, la Fondation Centaur, qui sont des fondations pour les anglophones,
the Black Theater Workshop,
Playwright's Workship, est également pour les anglophones,
l'Orchestre de chambre McGill, qui est bien connu, l'ensemble vocal Tudor, le
choeur Elgar sont autant d'organismes qui sont davantage ouverts aux milieux
ethnigues. Dans le cadre des activités que nous pilotons au
ministère, plus ponctuelles, en novembre 1981, par exemple, il y aura
une semaine complète consacrée à la contribution des
allophones à la culture québécoise à la
Bibliothèque nationale du Québec. Aux Archives nationales, il y a
des subventions qui sont accordées dans le cadre de l'inventaire
national des archives pour l'inventaire des archives ethniques dans la
région de Montréal, pour l'inventaire des archives à la
United Church. Ce sont autant d'activités qui sont offertes dans le
cadre des programmes réguliers du ministère à des groupes
ethniques. La nouvelle Loi sur le livre, qui prévoit l'agrément
de libraires de langue anglaise, des librairies spécialisées dans
les livres d'autres langues, toute la politique du livre est également
une politique qui favorise le développement des autres cultures. Ce sont
autant d'activités que, présentement, nous menons avec les
communautés ethniques qui sont à l'intérieur de programmes
qui sont tous ouverts aux communautés ethniques. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Peut-être une remargue
en passant au bénéfice des députés. Les paroles qui
sont ainsi prononcées par un sous-ministre sont indiquées au
journal des Débats comme étant celles du ministre.
M. le député de Viau.
M. Cusano: Seulement une question additionnelle. Vous avez
donné cette longue liste, je n'ai rien entendu du côté du
théâtre, des arts.
M. Richard: Pas encore. L'Expo-Théâtre est offert en
priorité aux communautés ethniques; il est loué pour 1 $
et il sert à des manifestations ethniques. Vous avez également
deux troupes de théâtre anglophones, la troupe Centaur,
notamment.
M. Cusano: Je ne veux pas faire de distinction, mais je ne
considère pas que la culture anglophone est la même que la culture
italienne, ou grecque ou portugaise. Je n'ai rien entendu de spécifique
pour ces communautés.
M. Richard: L'Expo-Théâtre, en particulier, est un
lieu où s'expriment largement ces communautés. D'ailleurs, des
activités comme l'orchestre de chambre de McGill ne sont pas offertes
uniguement aux anglophones non plus. Un coin comme Melbourne, par exemple, dans
les Cantons de l'Est, n'est pas exclusivement anglophone, il y a plusieurs
autres communautés à Melbourne, qui est une petite ville.
M. Cusano: Je trouve malheureux, lorsqu'on regarde, le dimanche
matin, le programme Teledomenica au canal 12 à Montréal, que
plusieurs anglophones et francophones regardent sérieusement, qu'on
doive importer de Toronto des programmes italophones. Je crois que, dans
l'esprit du respect mutuel, on se devrait d'encourager ces productions.
M. Richard: Je comprends, mais vous devez bien admettre aussi
qu'on a la politique de nos moyens. De ce côté-là, ceux qui
sont en quelque sorte intégrés à la culture et à la
langue anglaise sur le continent nord-américain sont un peu moins
coïncés, oserais-je dire, que ceux qui appartiennent à la
communauté de langue française. Sur le continent
nord-américain, nous sommes littéralement encerclés par
au-delà de 225 000 000 d'anglophones. Vous devez bien comprendre et
admettre, je suppose, qu'il nous importe d'abord et avant tout de
protéger les parlant français et ceux qui appartiennent à
la communauté de langue et de culture française ou qui ont
adhéré à cette communauté.
Est-ce que le Québec doit prendre les moyens pour encourager le
développement de chacune des cultures qui composent la
société québécoise? Bien sûr, mais dans la
mesure de ses moyens, et les moyens du Québec, M. le
député de Viau, vous ne l'ignorez pas, sont modestes.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Quand nous passerons au point 2 des
priorités, c'est-à-dire à la publication et à la
vente du livre, en vertu de la loi 51, cinq projets de règlement ont
été publiés dans la Gazette officielle, le 11 mars 1981,
et le délai expirait trente jours plus tard. Je voudrais savoir
où vous en êtes rendus, depuis ce temps, dans la
réqlementation applicable en vertu de la loi et à quel moment la
loi pourra s'appliquer intégralement.
M. Richard: M. le Président, je suis heureux de
répondre au député de Laprairie. Cela a été
à peu près le premier dossier sur lequel j'ai eu à me
pencher en arrivant au ministère des Affaires culturelles et je dois
dire que le projet de règlement est maintenant prêt. Il sera
soumis, justement, au CMPDC a sa prochaine réunion qui aura lieu le 18
juin et j'espère qu'il sera adopté dans les jours qui vont
suivre.
M. Saintonge: Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: La loi...
M. Richard: Si le ministre des Communications ne s'y oppose
pas.
M. Rivest: Oui, c'est justement cela qui m'inquiète. La
loi 51 a été adoptée à quel moment? Il y a un an?
Un an et demi?
M. Richard: À peu près.
M. Rivest: C'est cela. Après cela, il y a eu des projets
de règlement qui ont circulé dans le monde de l'édition,
qui est un monde extrêmement complexe, où votre
prédécesseur...
M. Richard: Vous le connaissez bien. (21 h 45)
M. Rivest: ... a un intérêt particulier étant
donné qu'il a participé lui-même au développement de
l'édition au Québec. Il avait une connaissance très
pratique du milieu et il a éprouvé énormément de
difficulté parce que, de temps à autre, nous arrivaient, à
l'Opposition, des gens du milieu, très impliqués, qui
s'inquiétaient de certains avant-projets qui circulaient dans le milieu.
Comme c'est notre rôle, on essayait dans toute la mesure du possible
d'attirer l'attention du ministre sur les représentations qui nous
étaient faites. Au moment où le ministre des Affaires
culturelles, va se rendre au CMPDC, comme vous dites - ce travers que vous avez
déjà pris habilement depuis que vous occupez les fonctions
ministérielles de tout dénommer par sigle -est-ce qu'il y a des
assurances raisonnables démontrant que la bataille au niveau des
règlements ne reprendra pas?
M. Richard: M. le Président, je nuancerais, à tout
le moins, les propos de M. le député de Jean-Talon. M. le
député de Jean-Talon dit que le milieu était inquiet. Je
serais assez d'accord avec lui pour dire que le milieu était inquiet
mais inquiet, parce qu'il a hâte de voir adopté le
règlement sur le livre.
M. Rivest: Hum! Je voudrais tellement que le ministre...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît:
M. Richard: Alors, ce n'est pas tout à fait
l'inquiétude dont faisait état le député de
Jean-Talon. D'autre part, il est bien évident qu'il sera
extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, de satisfaire tout le
monde. Mais je puis donner l'assurance, M. le député de
Jean-Talon, compte tenu des consultations que j'ai eues avec les gens du
milieu, que l'immense majorité des intéressés est
déjà plus que satisfaite de la loi et sera plus que satisfaite du
règlement adopté dans le cadre de cette loi 51 qui était
espérée, désirée, souhaitée par ladite
majorité des intéressés.
De là à vous dire que tout le monde sera absolument
satisfait et ravi, j'espère bien qu'il y aura quelques critiques.
M. Rivest: M. le ministre, une question pratique, justement, en
parlant de critique. Est-ce que vous croyez que, dans le dossier des relations
France-Québec, notre délégué à Paris, lors
de son dernier passage, vous a fait part du résultat concret des
négociations au niveau du premier ministre, où il fut question de
ce dossier, étant donné que nos amis, les Français, sont
fortement intéressés à l'évolution de ce
dossier?
M. Richard: Je n'ai pas parlé de ce sujet...
M. Rivest: Heureusement.
M. Richard: ...avec le délégué
général du Québec à Paris, M. le
Président.
M. Rivest: Probablement que vous allez en entendre parler
prochainement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président. Toujours dans l'aide
à la publication et à la vente du livre, dans
l'énoncé de politique en matière du droit d'auteur et
intitulé: La juste part des créateurs, le gouvernement soutient
qu'il entend prendre à court terme, dans le cadre de ses pouvoirs, une
série de mesures correctives. J'en élimine quelques-unes et j'en
énumère quelques-unes, entre autres: L'élimination dans
les maisons d'enseignement et les bibliothèques publiques de la
reproduction illégale et abusive des écrits et documents; la
compensation de l'auteur d'oeuvres uniques faisant partie d'expositions dans
tout musée, comme c'est déjà la règle dans les
grands musées; la contribution de l'État québécois
au développement d'une société polyvalente de perception
des droits, et ce, durant cinq ans; la mise en place, au ministère des
Affaires culturelles, d'un service des droits d'auteur qui aura une double
tâche d'information et d'animation et la création d'un
comité consultatif présidé par un créateur
québécois.
Parmi ces mesures, lesquelles ont été
réalisées ou sont en voie de l'être?
M. Richard: M. le Président, il y a eu, au sujet de cette
politique, des annonces qui ont été faites avant mon
arrivée au
ministère des Affaires culturelles Personne n'ignore que, depuis
toujours au Québec, les auteurs se faisaient littéralement
spoliés, piratés et qu'ils ont été victimes
d'injustices. Le gouvernement a déjà eu l'occasion d'annoncer
qu'il entendait mettre un terme à cette situation qui prévaut
depuis à peu près toujours. Même si la législation
dans le domaine du droit d'auteur est une législation de
compétence fédérale, le gouvernement a
décidé d'adopter diverses mesures pour faire en sorte que les
auteurs puissent recueillir le produit auquel ils ont droit pour les oeuvres
qu'ils créent. À cette fin, il y a déjà un budget
qui a été mis à la disposition des auteurs. Il reste que
l'annonce de cette nouvelle politique, il va sans dire, a suscité
l'intérêt de plusieurs et le gouvernement -spécialement mon
collègue le ministre d'État au Développement culturel qui
avait lui-même annoncé la nouvelle politique en ce qui a trait aux
droits d'auteur - est en train de chercher à accorder les violons de
tout le monde pour faire en sorte qu'il y ait une société qui
dispose d'un budget, d'une subvention gouvernementale qui puisse être
mise sur pied aux fins de percevoir les droits d'auteur, mais cette politique
n'a pas encore été appliquée intégralement, elle
est en voie d'exécution.
Ce qui est assez formidable, remarquez, parce que depuis toujours les
auteurs avaient été spoliés, mais du jour au lendemain,
annoncer qu'on va faire en sorte que les droits des auteurs soient
respectés, cela suscite l'intérêt de beaucoup de monde,
notamment en ce qui a trait à ce que vous signaliez tout à
l'heure, la reproduction dans les écoles, les CEGEP, et les
universités.
M. Saintonge: Mais à ce sujet, M. le Président, je
voudrais savoir si des directives spéciales ont été
données dans les CEGEP, les universités?
M. Richard: Non, pas encore, que je sache. Sauf erreur, ce qui a
été décidé, c'est qu'un budget serait
consacré à cette fin par le gouvernement. Alors, il s'agit moins
d'interdire les reproductions - ce n'est pas là l'objectif poursuivi -
que de faire en sorte que si on reproduit, les auteurs puissent récolter
les droits auxquels ils ont droit.
M. Saintonge: Dans ce cadre là justement, il y avait eu
quand même certaines procédures qui avait été
intentées par des auteurs contre...
M. Richard: Oui, il y a une procédure devant les tribunaux
à laquelle le gouvernement n'a rien à voir. Une procédure
intéressante pour les avocats toutefois. Je le reconnais.
M. Rivest: Mais le gouvernement n'a rien à voir. Est-ce
que ce n'est pas les collèges qui sont en cause? Et dans cette
magnanimité que manifeste le ministre au niveau de ses
déclarations d'intention et de principe, est-ce que ce ne serait pas un
beau geste de reconnaître, de régler, enfin d'une façon qui
lui apparaîtrait légitime, les revendications des personnes qui
ont cru ou des auteurs qui se sont crus spoliés par les pratiques d'une
institution qui fait partie du cadre public et du gouvernement, et qui
s'appelle entre autre un collège?
M. Richard: Oui, c'est la SADA qui poursuit un certain nombre de
collèges, mais c'est précisément à cause de cette
situation que le gouvernment a décidé enfin d'avoir une politique
globale qui règle tous ces problèmes et il ne s'agit pas de
régler les problèmes à la pièce pour chacun des
collèges, mais il s'agit d'avoir une politique globale pour l'ensemble
du Québec et l'ensemble de la reproduction qui est faite dans les
institutions publiques du Québec.
Le Président (M. Desbiens): Le député de
Saint-Henri.
M. Hains: M. le Président, M. le ministre a parlé
tout à l'heure de l'aide qu'il devait apporter à la publication
et à l'édition du livre. Alors nos écrivains, nos
éditeurs se plaignent presque toujours du commerce du livre, disant
toujours que cela ne rapporte pas suffisamment. Ils se plaignent aussi de nos
citoyens qui, d'après eux - une grosse part de vérité - ne
lisent pas assez. Mais quand on songe vraiment aux prix exorbitants et parfois
même prohibitifs des livres actuels, on peut vraiment rechercher ailleurs
que dans l'apathie de nos concitoyens. On rapportait dans la Presse du 11 mai
1981 qu'en Ontario, les éditeurs anglophones qui doivent affronter les
éditeurs américains ont trouvé un système pour
protéger leur production. Cette formule, on l'appelle la "half-backing",
est liée à Loto-Ontario. Chaque personne qui prend un billet
peut, après le tirage, si le billet est perdant, s'en servir pour
acheter un livre de poche canadien. Son billet de loterie lui assure, dit-on,
une remise de 0,50 $. Résultat, - en Ontario, toujours - les libraires
mettent en évidence les livres de poche canadiens, et dans les
écoles mêmes, dit-on, les professeurs colligent de vieux billets
de loterie pour se monter des bibliothèques. Tout cela semble
peut-être un peu drôle, mais tout de même, cette formule qui
est simple et efficace ne pourrait-elle pas s'appliquer ici au
Québec?
M. Richard: M. le Président, vous ne savez pas à
quel point la question du député de Saint-Henri me fait
plaisir.
M. Rivest: Nous sommes là pour cette raison, vous savez.
Vous n'avez que du plaisir ici ce soir.
M. Richard: Encore une fois, M. le Président, on peut
constater qu'au Québec, on paie plus allègrement pour le sport
que pour la culture. Si on n'avait pas à payer un certain stade
olympique, M. le député de Saint-Henri, la formule que vous
proposez, je la proposerais d'emblée au gouvernement pour qu'elle soit
adoptée...
M. Rivest: Avec le toit ou sans toit?
M. Richard: ...à des fins culturelles. Vous n'ignorez pas,
M. le député de Saint-Henri, qu'un certain stade olympique, qui
n'est malheureusement pas dans votre circonscription, nous coûte
très cher et que toute la loto s'en va pour le payer.
M. Rivest: Pourquoi...
M. Richard: Je le regrette autant que vous. Je suis heureux de
constater que vous aussi, toutefois, vous le regrettez.
M. Rivest: M. le Président, je ne vois pas du tout
pourquoi le ministre des Affaires culturelles accable ainsi le maire de
Montréal en son absence.
Des voix: Ah! Ah!
M. Rivest: Déjà, dans le domaine culturel, il a eu
son Corridart.
M. Richard: Oui, mais il ne m'a laissé qu'un corridor
très étroit.
M. Rivest: Avez-vous une autre question?
M. Hains: Non.
M. Rivest: Dois-je comprendre que la réponse du ministre
à la suggestion qui a été faite par mon collègue de
Saint-Henri est négative. Il ne veut pas ou ne croit pas possible en ce
moment de s'engager dans cette direction, parce que non seulement cela pourrait
s'appliquer au livre, mais cette technique pourrait s'appliquer au disque et
à d'autres biens culturels, là où elle a été
expérimentée, semble-t-il, d'après les informations du
député de Saint-Henri, avec un certain succès.
Cela m'amène, voulant vous faire plaisir en ce début au
ministère, vous affectionnez les questions d'ordre
général, à vous demander un engagement que vos deux
collègues qui vous ont précédé aux Affaires
culturelles ont pris relativement au livre, ou tout près. Chaque fois,
autant le premier ministre que le second nous a parlé avec beaucoup
d'emphase d'une politique globale de la lecture au Québec et cette
politique, je suppose que vous allez nous la promettre vous aussi... Vous
connaissant...
M. Richard: Certainement.
M. Rivest: ...très bien, j'ai bon espoir que vous tiendrez
promesse et ferez honte à vos deux prédécesseurs qui s'en
sont simplement tenus au niveau des grandes intentions. Vous allez la faire, la
politique globale de la lecture?
M. Richard: M. le Président, il me fait plaisir, encore
une fois, de répondre à cette question. Je ne ferai certainement
pas honte à mes prédécesseurs, parce que ce sont eux qui
auront toujours eu le mérite de mettre sur pied ce réseau de
bibliothèques publiques et de bibliothèques centrales de
prêts sans lesquelles il est absolument impossible de concevoir une
politique globale du livre.
Maintenant que mes prédécesseurs ont vu à appliquer
une politique d'implantation d'un réseau de bibliothèques
publiques, de bibliothèques municipales et de bibliothèques
centrales de prêts, je pense qu'il sera possible de concevoir et
d'appliquer une politique du livre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Rivest: Une politique de la lecture, en passant. Ce n'est pas
une politique du livre. Ce n'est pas la même chose. En tout cas!
M. Richard: Oui, oui, c'est-à-dire de la lecture.
M. Rivest: Oui, oui, c'est cela.
M. Richard: Mais je vous signale que le livre est donc, par
ricochet... Cela représente 20% du budget total du ministère des
Affaires culturelles, M. le député de Jean-Talon.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
Prix littéraires imposés
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Le 10
décembre 1980, une question était adressée à votre
prédécesseur aux Affaires culturelles concernant les cotisations
imposées par la Régie des loteries et courses du Québec
sur les prix littéraires. À ce moment-là, tant le ministre
des Affaires culturelles que celui du Revenu avaient pris l'engagement de
modifier la loi pour empêcher que de telles absurdités se
répètent. Je voudrais savoir où en est rendu
ce dossier. (22 heures)
M. Rivest: Question générale!
M. Richard: Ah oui! Je prends le même engagement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Rivest: II prend le même engagement, ne lui en demandez
pas plus.
M. Saintonge: Est-ce qu'on peut savoir quand une action
concrète pourrait être entreprise? Cela fait déjà
quand même un bout de temps que cet engagement avait été
pris, c'était en décembre dernier.
M. Richard: Comme vous avez probablement dit très souvent
devant les tribunaux, M. le député de Laprairie, dans les
meilleurs délais.
M. Saintonge: Dans les meilleurs délais.
M. Rivest: M. le Président, tantôt vous avez fait
grand état du sport et vous en avez traité d'une façon un
peu haute. Je vous rappellerais que nos lois du revenu pour les athlètes
ont des dispositions qui les favorisent sur le plan fiscal. Je vous inviterais
à vous en inspirer justement pour régler dans le même
esprit ces procédures et ces demandes de nos écrivains qui
obtiennent des prix littéraires.
M. Richard: Je le ferai, M. le Président.
M. Rivest: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viau.
M. Saintonge: M. le Président, juste une seconde, s'il
vous plaît. Pour terminer cette question, je comprends que, dans les
meilleurs délais, c'est quand même assez vague, mais j'ose
espérer que l'action sera entreprise avant la remise des prochains prix
qui viendra, si je ne me trompe, à l'automne.
M. Richard: Dans les meilleurs délais, M. le
député.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viau.
M. Cusano: M. le ministre, à cause des coupures
budgétaires faites par le ministre de l'Éducation, la
bibliothèque très spécialisée de la CECM, la
Commission des écoles catholiques de Montréal, est menacée
de fermeture. Est-ce qu'on entend relocaliser cette bibliothèque ou la
subventionner par le truchement de votre ministère en lui versant les
fonds nécessaires pour qu'elle reste ouverte?
M. Richard: M. le Président, il semblerait que le
problème soulevé par M. le député de Viau ne
relève pas du ministère des Affaires culturelles, mais on est
quand même en mesure, je crois, d'y apporter une réponse. Le
ministère de l'Éducation a toujours pensé que cette
bibliothèque très spécialisée, qui est
destinée essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, aux
enseignants, devrait être intégrée à
l'Université du Québec à Montréal. Si cela
était fait, cela ne poserait aucun problème. C'est
qu'apparemment, il y a un litige entre le ministère de
l'Éducation et la CECM, qui tiendrait à conserver cette
bibliothèque spécialisée. Est-ce que c'est là un
mandat ou la vocation de la CECM? Je l'ignore, mais je sais que le
ministère de l'Éducation prétend que cela devrait
être intégré à I'UQAM.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Une dernière question sur le livre. Vous savez,
M. le ministre, qu'à l'intérieur de la loi 51, tout le domaine
qui est très important pour nos éditeurs et nos auteurs, celui du
livre scolaire, a échappé à l'essentiel des
démarches qui étaient en fait la structure de la loi 51 et qu'au
niveau de votre collègue du ministre de l'Éducation et en
particulier l'ancien député de Terrebonne, maintenant
député de Groulx, qui était à l'époque
adjoint parlementaire du ministre de l'Éducation et qui l'est encore -
oui - vous ne le savez pas, M. l'ex-whip - avait promis aux éditeurs,
qui sont très concernés par ce problème,
l'élaboration d'une politique du livre scolaire dans les institutions.
Est-ce que vous en avez eu des échos depuis votre arrivée
récente au ministère? Lorsque vous irez au CP je ne sais plus
trop quoi -j'imagine que vous auriez intérêt à soulever
cette question?
M. Richard: Ce problème est la responsabilité du
ministère de l'Éducation. Le ministère des Affaires
culturelles apporte son expertise dans le domaine au ministère de
l'Éducation, qui est en train d'élaborer une politique pour les
bibliothèques scolaires.
M. Rivest: Oui, mais quand vous allez à votre fameux
comité...
M. Richard: C'est le MPDC.
M. Rivest: ...le MPDC, vous y arrivez avec vos dossiers
sectoriels et vous dites que vos collègues vous aident beaucoup. Mais,
quand votre collègue de l'Éducation va
arriver avec le dossier du livre scolaire, allez-vous avoir quelque
chose à dire? Et quoi?
M. Richard: M. le Président, ce dossier n'a pas encore
été à l'ordre du jour d'une réunion du CMPDC...
M. Rivest: Cela fait un an et demi que c'est promis.
M. Richard: ...quand il sera à l'ordre du jour et que
notre expertise sera sollicitée, ça nous fera plaisir d'apporter
notre contribution.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
Conservation du patrimoine
M. Saintonge: D'accord, M. le Président, nous allons
passer à l'étape 5, la conservation du patrimoine.
M. Lalonde: Où est le député de
Deux-Montaqnes?
M. Rivest: Oui, le patrimoine. L'allié dans le patrimoine
a quitté la place.
M. Lalonde: Celui qui grognait tout à l'heure, il n'est
pas là.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: C'était le programme 2, à ce
moment-là, du livre, mais c'était mon article.
M. Rivest: M. le ministre, ne soyez pas inquiet. Les programmes
vont tomber rapidement.
M. Lalonde: Comme le ministre. M. Rivest: Comme les
ministres.
M. Saintonge: M. le Président, depuis quelques
années, un projet de loi...
M. Richard: Depuis que vous avez vu le Parti libéral
tomber, vous autres, vous vous imaginez que tout le monde va tomber comme le
Parti libéral, regardez-moi donc ça.
Des voix: On a monté, nous autres.
M. Lalonde: On était à... combien? 39% de plus de
votes.
M. Saintonge: Vous étiez ministre, vous, dans ce
gouvernement-là.
M. Lalonde: On a pris en charge toute...
M. Richard: C'est vrai, c'est vrai. M. Rivest: C'est une
victoire morale!
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, depuis quelques
années, un projet de loi-cadre sur les archives traîne dans le
décor. Lors de l'étude des crédits, l'an dernier,
l'ex-ministre Vaugeois avait promis de le déposer à l'automne.
Est-ce que vous avez progressé depuis dans ce secteur?
M. Richard: M. le député de Laprairie, ça me
fait plaisir de vous répondre. Si le temps le permet et je pense qu'il
devrait normalement le permette, s'il n'y a pas accumulation de lois c'est la
seule précaution que je prends, je suis prêt et j'ai l'intention
de déposer un projet de loi à l'automne. La seule
précaution que je prends, c'est qu'on pourrait me dire: II y a trop de
lois ou je ne sais quoi...
M. Lalonde: Comment? Vous allez vous laisser bousculer comme
ça?
M. Richard: Non, c'est que j'aurai beaucoup de lois à
l'automne, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Rivest: Comme quoi, par exemple?
M. Richard: Et nous autres, dois-je vous le rappeler, on forme
une équipe, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Mais, ne vous cachez pas derrière, s'il vous
plaît.
M. Richard: Non, non.
M. Lalonde: Oui, mais l'équipe en somme c'est ce
que...
M. Richard: L'équipe au grand complet...
M. Lalonde: Beaucoup de lois, voulez-vous les nommer s'il vous
plaît?
M. Richard: Bon. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, il y aura une loi sur les archives; il y aura une loi en
ce qui a trait au ministère des Affaires culturelles; vraisemblablement
sur le rôle des conseils de la culture et la régionalisation. Il y
aura sans doute aussi - ça me fait plaisir de parler de ça - une
loi sur certaines des institutions dépendant du ministère des
Affaires culturelles et, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, en réponse plus spécifigue à votre
guestion, le rêve d'une majorité, vous ne l'ignorez pas, c'est de
passer toutes ses lois. Mais, elle est souvent dépendante aussi, et je
pense qu'il est bon qu'il en soit ainsi, de la volonté de l'Opposition.
C'est pourguoi j'étais si heureux tout à l'heure de vous entendre
me garantir votre collaboration. Je sais qu'ainsi, je pourrai passer la
législation qui me tient à coeur dès l'automne.
M. Lalonde: M. le Président, répondant...
M. Richard: II y aura le cinéma aussi; J'oubliais le
cinéma.
M. Lalonde: J'espère que vous ne ferez pas le erreurs qui
ont coulé votre prédécesseur. Répondant à
l'invitation du ministre, je réitère ce que le porte-parole de
l'Opposition a dit tout à l'heure, à savoir que l'Opposition
officielle offre toute sa collaboration. Si ça peut avoir un certain
poids dans la fameuse équipe dont faisait état tout à
l'heure le ministre, vous pouvez invoquer cette collaboration de l'Opposition,
à savoir recevoir et étudier les projets de loi que le ministre
pourrait proposer à l'Assemblée nationale. Pas
nécessairement les adopter dans la forme que le ministre proposera,
ça, ça dépend un peu du contenu. Mais vous pouvez compter
sur nous là-dessus.
M. Richard: Ah bien, ça c'est une bonne nouvelle! Je vous
remercie M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Rivest: Si vous voulez avoir une suggestion...
M. Richard: Dans de pareilles conditions on aura sans doute une
loi sur les archives à l'automne.
M. Rivest: Si vous voulez avoir une suggestion, si vous voulez
nous faire jouer dans votre éguipe, franchement, quand vous avez fait
état de la proportion du budget des Affaires culturelles dans le budget
du gouvernement, je trouve que dans votre équipe, il y en a qui "shoot"
dans vos "goals".
M. Richard: Oui, mais remarquez que dans votre équipe,
c'était encore pire si on tient compte de l'augmentation, toutes
proportions gardées, qu'a connue le budget des Affaires culturelles par
rapport à ce qu'il était sous le règne d'un gouvernement
que vous avez fort bien connu, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Vous parlez de M. L'Allier?
M. Richard: Même avant.
M. Lalonde: C'est votre électeur!
M. Richard: M. Hardy, tous. Je vous l'ai expliqué tout
à l'heure en toute objectivité et ce n'est pas un
phénomène unique au Québec; dans toutes les
sociétés occidentales, on craint toujours d'accorder une part
importante du budget d'État aux affaires culturelles. Je le
déplore, je le regrette et je constate que nous ne faisons pas exception
à la règle.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
Les archives
M. Saintonge: Nous apprenions, M. le Président,
l'existence d'un plan quinquennal de développement, plan 1980-1985, dans
le cadre des archives. Est-ce que le ministre pourrait déposer ou nous
faire parvenir une copie de ce plan? C'est une étude, en fait, pour
analyser en détail le fonctionnement et l'évolution de chacune
des activités du réseau des centres d'archives de l'État
québécois.
M. Rivest: II y a tellement d'études dans ce gouvernement,
on les perd.
M. Lalonde: Est-ce que le silence du ministre est un aveu qu'il
n'y a pas de plan?
M. Richard: C'est assez extraordinaire, M. le Président.
On me dit - je comprends pourquoi je ne connaissais rien de ce dossier - qu'il
y a eu un plan quiquennal préparé au sein du ministère en
1977, qui a été devancé et qui est maintenant
complété. C'était en 1977. Il s'agit d'un plan quinquennal
qui devait être parachevé en 1982. Il a été
devancé et complété.
M. Rivest: Quels sont les résultats pratiques? Est-ce que
le ministre peut porter un jugement sur cette réalisation magnifigue
dont il se vante?
M. Richard: J'avoue que, comme j'ignorais l'existence de ce plan
quinquennal mûri par le ministère, en 1977, je serais bien
malvenu, M. le député de Jean-Talon, de porter un jugement sur
l'effet et le résultat de l'application de ce plan quinquennal.
M. Lalonde: Pour permettre aux députés de
l'Opposition de porter un jugement très modeste, il y aurait
peut-être lieu de rendre public ce plan.
M. Rivest: ... de nous donner un rapport détaillé
de cela, non pas à nous, il y a la population derrière nous qui
s'intéresse
à cela.
M. Lalonde: Peut-être que le plan était trop
modeste.
M. Richard: C'était un plan qui visait simplement à
créer des bureaux d'archives dans les régions, cela a
été fait, c'est tout.
M. Rivest: Par exemple, dans la région de Québec,
dont vous êtes, qu'est-ce que c'a donné concrètement? Il me
semble que vous devriez être au courant.
M. Richard: La région de Québec, dites-vous,
ça ne devait pas viser Québec parce que...
M. Rivest: La région de Québec est une
région qui est sans doute riche en archives, vous êtes
député depuis combien d'années?
Une voix: Cinq ans.
M. Rivest: ... cinq ans, ministre, vous ne savez pas cela?
M. Richard: Savez-vous ce qu'on a créé en
1978...
M. Rivest: Nous posons les questions.
M. Richard: ... sur le campus Laval, M. le député
de Jean-Talon?
M. Rivest: On vient de vous le dire, dites-le-moi.
M. Richard: Dans votre comté, savez-vous ce qu'on a
créé? Vous ne saviez même pas cela.
M. Rivest: Non, c'est dans le comté de
Louis-Hébert. Vous ne connaissez pas votre carte électorale.
M. Richard: Dans votre comté. Vous ne le savez pas?
M. Lalonde: C'est le comté de Louis-Hébert.
M. Rivest: C'est le comté de Louis-Hébert.
M. Richard: Vous ne savez pas cela. Savez-vous ce que le
ministère a créé dans votre comté à ce
sujet?
M. Lalonde: Est-ce que votre plan quinquennal serait
déjà rendu aux archives?
M. Richard: Ah! Je ne vous le dirai pas.
M. Rivest: Oui, il est probablement aux archives, le plan
quinquennal.
M. Lalonde: Pouvez-vous nous dire ce qui a été
créé à Québec?
M. Richard: La maison Casault. M. Lalonde: C'est tout:
M. Richard: C'est tout pour les archives, oui.
M. Rivest: Je sais ce que vous avez fait dans mon comté,
par exemple, pour les archives: vous avez mis en péril l'avenir de la
paroisse Saint-Coeur-de-Marie, alors que vous avez une politique de
revalorisation et de revitalisation de la colline parlementaire. Lorsque les
archives ont annuler le bail qu'elles avaient avec la fabrique de la paroisse
Saint-Coeur-de-Marie, il y aura une paroisse, qui est une vie humaine, dans un
milieu communautaire, qui est celui de la colline parlementaire, que le
ministère des Affaires culturelles et le ministère des Travaux
publics ont refusé de renouveler le bail de location des archives parce
qu'on a intégré... Je n'ai pas pu obtenir du gouvernement du
Québec, et cela c'est votre politique... Je le sais parce que cela s'est
fait dans mon comté. L'autre truc, c'est en dehors. (22 h 15)
M. Richard: M. le Président, cela prend un sapré
culot pour nous dire que c'est nous qui avons détruit la vie paroissiale
autour de la colline parlementaire. Cela prend un sapré culot, M. le
Président, et je m'inscris en faux...
M. Lalonde: Répondez donc aux questions.
Des voix: Répondez donc aux questions. M. Lalonde:
On a assez des...
M. Richard: Je m'inscris en faux contre cette affirmation
dénuée de tout fondement, farfelue...
M. Rivest: Bien, vous irez voir.
M. Richard: Ceux qui ont massacré tous les alentours de la
colline parlementaire et tout le Vieux-Québec, en particulier...
M. Lalonde: Qu'avez-vous fait du boisé Saint-Amable?
M. Richard: ...et autour des murs du Vieux-Québec, ce sont
nos prédécesseurs, M. le Président, et non pas nous.
M. Rivest: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jean-Talon, sur une question de
règlement.
M. Rîvest: Vous lirez les interventions du
député de Louis-Hébert, en 1968, à
l'Assemblée nationale du Québec.
Le Président (M. Desbiens): Quelle est la question de
règlement?
M. Rivest: La question de règlement, M. le
Président, c'est qu'on nous a accusés d'une chose. Vous lirez le
député de Louis-Hébert qui, à l'époque,
était M. Lesage. Et vous saurez que...
M. Dussault: II y en a pas de question de privilège
ici.
M. Rivest: ...l'aménagement du G, du H et du "bunker", du
bureau du premier ministre c'est une décision qui n'est pas du tout
celle de l'administration libérale des années soixante-dix non
plus que celle de 1966 à 1970, c'est l'administration de 1960...
M. Richard: Ai-je dit cela, M. le Président? Ai-je dit
cela? J'ai dit nos prédécesseurs.
M. Rivest: Non, je vous informe, M. le Président.
M. Richard: Ceux qui ont été nos
prédécesseurs. Et je peux vous parler...
M. Rivest: C'est l'Union Nationale. Le ministre était M.
Armand Russell.
M. Richard: ...du Hilton, je peux vous parler de Place d'Youville
et je peux vous parler de tout ce qu'on a fait autour de la colline
parlementaire et pas seulement du "bunker", du G puis de tout ce qu'il y a
là.
M. Rivest: Parlez-nous donc des rapports...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest:...et des programmes accélérés que
vous avez faits et dont vous n'avez même pas l'ombre de l'existence.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Rivest: Le rapport sur les archives, parlez-nous en donc.
M. Lalonde: Est-ce que votre rapport sur les archives est rendu
aux archives?
M. Richard: M. le député.
M. Rivest: C'était cela la question entre
parenthèse.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre s'il vous
plaît;
M. Richard: M. le Président, j'ai expliqué tout
à l'heure qu'il y a eu un plan quinquennal en 1977 qui est
déjà appliqué et qui est déjà en quelque
sorte caduc puisqu'il est déjà parachevé, qui était
pour créer des bureaux d'archives dans les régions, ce qui
n'existait pas auparavant. Maintenant, il y a des bureaux d'archives dans des
régions du Québec, ce qui est nouveau, ce qui a été
fait dans le cadre de ce plan quinquennal élaboré au sein du
ministère en 1977. Alors, je peux vous dire qu'en 1980-1981 il y a eu
l'établissement du Centre d'archives de la Côte-Nord à
Sept-Îles. C'était le parachèvement de ce plan quinquennal
de 1977 et de telle sorte que maintenant il y a des archives dans neuf des dix
régions administratives du Québec, ce qui est nouveau, ce qui
n'existait pas auparavant.
M. Rivest: Quelle région a été
négligée?
M. Richard: Le Grand-Nord, M. le Président.
Une voix: C'était cochon!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Rivest: On va lui faire passer son test. Il va être poli
dans les prochaines années.
M. Lalonde: Cela va être un bon ministre à part
cela. Vous allez voir, vous allez être bon.
M. Rivest: Après, il va être bon.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Les sites historiques
Mme Dougherty: M. le Président, j'ai une question sur la
conservation des sites et des biens historiques. Il s'agit d'une enquête
réclamée par Héritage Montréal. La fondation
Héritage Montréal a adressé, juste avant les
élections, une requête à l'ex-ministre des Affaires
culturelles, M. Denis Vaugeois, pour instituer une commission d'enquête
et d'étude sur la protection du patrimoine des institutions dans
l'île de Montréal. Cette commission d'enquête
étudierait les situations des communautés religieuses, des
institutions charitables, des corporations hospitalières, des
maisons
d'éducation et autres institutions à caractère
public qui, en milieu urbain, possèdent d'importantes
propriétés. La fondation Héritage justifie cette demande
d'enquête du fait que, je cite, "les institutions qui sentent leur survie
menacée tentent de spéculer ou de vendre les
propriétés foncières et immobilières qu'elles
possèdent. Le résultat des transactions qui s'ensuivent n'est pas
nécessairement toujours à l'avantage ni de l'institution ni de la
collectivité. Quel sort le ministre a-t-il réservé
à cette requête?
M. Richard: M. le Président, la question est fort
pertinente et fort intéressante. C'est l'un des premiers dossiers sur
lesquels j'ai eu à me pencher en arrivant au ministère des
Affaires culturelles. Je signale, au passaqe, que la première
décision d'importance que j'ai prise il y a quelques semaines dès
mon arrivée, a été de classer le domaine des messieurs de
Saint-Sulpice.
M. Rivest: Si Mme la députée de L'Acadie
était ici, elle vous en parlerait.
M. Richard: Mme la députée de L'Acadie se dirait
réjouie de cet avis de classement.
D'autre part, Mme la députée de Jacques-Cartier, j'ai pris
connaissance de la requête d'Héritage Montréal. Je vous
signale immédiatement que je partage entièrement les objectifs
poursuivis par Héritage Montréal. Il n'y a pas la moindre
divergence d'opinions en ce qui concerne les objectifs poursuivis de part et
d'autre.
Toutefois, Héritage Montréal propose une commission
d'enquête. J'avoue que j'ai de la difficulté à acquiescer
à cette requête, puisqu'il existe déjà une
Commission des biens culturels dont le mandat est précisément
celui qu'Héritage Montréal voudrait donner à une
commission d'enquête. Ce que j'ai plutôt demandé à la
Commission des biens culturels, c'est de préparer un plan d'action pour
la sauvegarde, la protection et la restauration des biens conventuels à
Montréal. Cela fait partie de la mission de la Commission des biens
culturels; alors, il m'apparaissait superflu de dédoubler cette
commission d'une autre commission d'enquête, puisque c'est
déjà son rôle essentiel. Inutile de vous dire qu'on a
l'intention d'associer étroitement les communautés religieuses
concernées à la préparation de ce plan d'action pour
sauvegarder les biens conventuels.
Mme Dougherty: Vous avez parlé du classement. Est-ce que
le ministre est prêt à émettre un avis de classement pour
ce qui reste du bois des Sulpiciens à Montréal?
M. Richard: Mme la députée de Jacques-Cartier,
c'est ce que je disais tout à l'heure, j'ai moi-même émis
un avis de classement pour tout le domaine des Sulpiciens.
Mme Dougherty: II sera trop tard peut-être.
M. Richard: Je suis allé rencontrer les messieurs de
Saint-Sulpice trois ou quatre jours après mon assermentation comme
ministre des Affaires culturelles, pour les en aviser verbalement parce qu'il
me semble que la courtoisie élémentaire l'exigeait. Nous avons eu
une rencontre très cordiale avec les messieurs de Saint-Sulpice et je
leur ai ensuite signifié un avis écrit de classement dont la
Presse d'aujourd'hui a fait état, je crois.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le ministre. Vous avez vous-même
évoqué ce problème de la conservation des immeubles qui
ont un certain caractère historique, en particulier, dans les
centre-ville. Je conçois volontiers que dans la région de
Québec, sur ce plan, on a eu beaucoup de regrets à formuler. Vous
l'avez fait vous-même et on est parfaitement d'accord. Il y a un article
qui a paru dans le journal Le Soleil, il y a environ trois semaines, où
on a évoqué les expériences qui existent à ce
titre. Le titre du programme, c'est le programme du transfert de droit de
développement. C'est un peu technique, c'est un article qui a paru dans
le Soleil, le 12 mai 1981, sous la signature de M. Jean-Yves Cloutier. En
particulier dans les villes américaines, l'idée
générale c'est qu'au lieu d'acheter ou de détruire un
immeuble - si quelqu'un veut faire une expansion quelconque dans un
centre-ville et en particulier dans le quartier des affaires - on
négocie la partie non développée par des fins d'affaires
et on trouve à ce moment à partager en quelque sorte le droit de
propriété et à préserver à
l'intérieur des aménagements urbains les immeubles historiques en
rachetant les droits qui ne sont pas nécessaires à la
construction des immeubles.
Je veux vous signaler, parce que je ne suis pas plus familier que vous
avec cette démarche, que j'ai vu à Montréal dans un
bulletin de nouvelles une chose qui m'a frappé, où l'Alcan
construit un immeuble en hauteur. Mais, comme il y avait des maisons qui
présentaient un caractère historique, on a su préserver et
intégrer dans le plan architectural la maison en question. Je me demande
si le ministre, je le lui signale le plus simplement du monde ce soir, à
songé à demander à son ministère d'étudier
ces possibilités parce que, dans l'article auquel je me
réfère, on signale des expériences entre
autres dans les villes de New-York, Chicago et certaines autres villes
américaines. Ce semble être une technique, mais sans doute y
a-t-il un problème de coût au niveau du ministère dans le
cadre de ces projets. Le député de Marguerite-Bourgeoys me
signale qu'on a procédé un peu ainsi sans le savoir quand on a
construit aux coins de Berri et Sainte-Catherine...
M. Richard: Tout à fait:
M. Rivest: ...l'université du Québec et
conservé la tour de l'église Saint-Jacques. Est-ce que le
ministère des Affaires culturelles est intéressé à
ce genre de démarche? Et, si oui, dans quelle mesure.
M. Richard: Tout à fait, M. le député de
Jean-Talon. Je pense que ce qui a eu une valeur d'exemple et de modèle,
cela a été justement la construction, dont faisait état M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, l'université du
Québec, à Montréal, avec la conservation des deux
clochers, qui sont magnifiques d'ailleurs, et qui ont donné beaucoup de
cachet non seulement à l'édifice, mais à tout le
quartier.
Il y a en cours d'exécution le projet de l'Alcan qui, à
mon humble avis, sera assez extraordinaire pour la conservation
d'édifices à valeur patrimoniale à Montréal. Il y a
également, dans la région de Québec, en particulier sur la
Grande-Allée...
M. Rivest: Dans Jean-Talon.
M. Richard: ...dans votre comté, M. le
député, de Jean-Talon, des projets comme cela, où on
essaie d'harmoniser l'architecture ancienne avec des projets de construction
modernes. Il s'agit d'amener les architectes à être très
conscients de la sauvegarde du patrimoine et à concevoir une
architecture pouvant incorporer l'ancien et le moderne en vue de la sauvegarde
de ce qui a une valeur patrimoniale. Nous encourageons très fortement ce
genre d'initiatives.
M. Rivest: Je ne voudrais pas prolonger indûment ces
propos, mais j'aimerais que le ministre, au fil des semaines et des mois,
certainement au cours de la prochaine année, puisse articuler davantage
un programme - si ses collaborateurs lui indiquent que l'on peut s'orienter
dans ce sens - plus défini que ces expériences qui sont
peut-être venues d'entreprises privées, enfin de cette
espèce de sensibilisation qu'à peu près tous les milieux,
y compris les grandes entreprises, et c'est de bon augure, ont à ce
sujet.
M. Richard: II y a plusieurs entreprises, notamment des banques
et des caisses populaires, qui utilisent maintenant de vieux édifices et
s'installent dans de vieilles maisons. Malheureusement, ce ne sont pas toutes
les caisses et les banques qui sont disposées à tenter
l'aventure, mais on va essayer de les inspirer.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le ministre, comment pouvez-vous nous promettre de
nouvelles initiatives en ce sens alors que vous avez diminué, enfin que
votre gouvernement a diminué le budget à ce titre, au grand
scandale du député de Deux-Montagnes, qui a sûrement de
nombreuses questions à poser la-dessus. (22 h 30)
M. Richard: M. le Président, le député de
Marguerite-Bourgeoys laisse entendre que la défense du patrimoine est
essentiellement reliée aux montants alloués pour le budget des
Affaires culturelles, ce qui n'est pas le cas.
M. Rivest: C'est l'intention qui compte.
M. Richard: II faut convaincre le secteur privé de
s'intéresser à la défense et à la sauvegarde du
patrimoine. C'est ce qui a été réussi comme jamais
auparavant dans les dernières années et c'est ce qu'on
espère réussir dans l'avenir. C'est ce qui a été
fait - vous l'avez mentionné vous-même - et ce qui a eu une valeur
d'exemple à l'Université de Montréal, ensuite, l'Alcan a
repris. Dans le Vieux-Montréal, maintenant, il y a beaucoup
d'entreprises privées qui sont tout à fait conscientes qu'elles
donnent même de la valeur à leur propre parc immobilier en
sauvegardant le patrimoine. On espère que cela servira d'exemple et que
ça fera boule de neige, mais ce n'est pas essentiellement lié au
montant du budget des Affaires culturelles, il faut que la population
s'intéresse d'abord à la défense du patrimoine.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: M. le Président...
M. Lalonde: Excusez-moi, si le député de
Saint-Henri me le permet, j'avais une question additionnelle.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Devant cet étalage de bonnes intentions,
ça me fait penser un peu à ce dont l'enfer est pavé. En
parlant de pavé, est-ce que le ministère des Affaires culturelles
a été consulté sur les splendeurs parlementaires qu'on est
en train de construire devant le parlement dans le comté
de Jean-Talon, justement?
M. Richard: Je l'ignore, M. le Président; je
n'étais point titulaire du ministère des Affaires culturelles
à ce moment-là.
M. Rivest: Vous étiez président de
l'Assemblée nationale.
M. Richard: Oui, mais je ne suis pas en train de défendre
les crédits de la présidence de l'Assemblée nationale; je
suis en train de défendre les crédits du ministère des
Affaires culturelles. Alors, je l'ignore.
M. Lalonde: Vous ne pouvez pas nous faire part des connaissances
que vous auriez acquises comme président sur ces travaux très
élaborés qu'on fait devant l'Assemblée nationale où
on est en train de paver je ne sais pas de quelle façon, ce sera
découvert un jour.
M. Richard: Oh, mon Dieu! Cela prend l'un des concepteurs du
stade olympique pour me parler de travaux élaborés en face du
parlement. Voyons!
M. Rivest: Pauvre M. Drapeau, ce n'est pas sa soirée.
M. Lalonde: Est-ce que vous me prenez pour le maire de
Montréal?
M. Rivest: M. le ministre, sérieusement...
M. Richard: Non, mais pour un collaborateur au moment de la
construction du stade olympique.
M. Lalonde: Vous n'avez sûrement pas lu le rapport Malouf
qui a dit que j'avais fait un excellent travail.
M. Rivest: C'est vrai.
M. Richard: Oui, vous l'avez mené à bonne fin sans
toit.
M. Rivest: Vous êtes ministre des Affaires culturelles.
Est-ce que vous pourriez vous informer auprès de vos collaborateurs des
avis qui ont été émis ou des préoccupations qui ont
été adressées à vos prédécesseurs sur
le projet grandiose, fontaines, mât et pavé, qui va maintenant
être sans doute devant l'un des monuments historiques les plus
remarquables, enfin celui auquel on attache le plus grand prix et qui s'appelle
la colline parlementaire.
M. Richard: Je vais m'enquérir de cela, M. le
Président.
M. Rivest: Nous allons attendre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: M. le Président...
M. Rivest: Vous permettez, M. le député?
M. Hains: Oui, certainement.
M. Rivest: II va demander l'information.
M. Lalonde: Le député de Deux-Montagnes a une
question; c'est notre allié.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je ne veux pas priver le député
de Saint-Henri...
M. Richard: M. le Président, si vous me le permettez, pour
apporter un complément de réponse, le ministère des
Affaires culturelles a été consulté sur le projet
d'aménagement de la colline parlementaire et, précisément
parce qu'il a été consulté et à la suite de cette
consultation, le ministre des Affaires culturelles a émis l'avis qu'il
ne devrait y avoir ni fontaines, contrairement à ce que vous venez
d'insinuer, ni bassins. Il n'y aura donc ni fontaines, ni bassins, l'avis du
ministère des Affaires culturelles ayant été entendu.
M. Rivest: Cela a eu pour conséquence de contredire les
projets du président de l'Assemblée nationale de
l'époque.
M. Richard: Pas du président de l'Assemblée
nationale, mais du ministre des Travaux publics.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Rivest: Oui, les disparus ont toujours tort.
M. Lalonde: Les absents ont tort.
M. Rivest: Les disparus ont tort.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. de Bellefeuille: M. le Président, je m'en voudrais
d'interrompre ce débat passionnant sur le parlement, mais, avec votre
permission, j'aimerais revenir à la question des archives. M. le
ministre nous a dit que, grâce au plan quinquennal du ministère,
il y a eu implantation d'archives régionales dans neuf des dix
régions administratives du Québec. Telles qu'on les
connaît généralement, les régions
administratives comprennent particulièrement la région 6, qui est
composée de toute l'île de Montréal, de toute l'île
Jésus, d'un vaste secteur de la rive sud et des régions des
Laurentides et de la Lanaudière, et j'en oublie, c'est plus de la
moitié du Québec.
Malheureusement, on ne peut pas tout suivre. Je n'ai pas beaucoup suivi
l'évolution de cette question des archives au cours des dernières
années. Je voudrais savoir ce qui en est dans cet univers très
vaste qui est la région no 6.
M. Rivest: Bonne chance!
M. de Bellefeuille: J'ajoute, M. le Président, que, dans
la région no 6, il y a par exemple Saint-Eustache, où il y avait
des éléments d'archives extrêmement intéressants,
dont les journaux du curé Paquin et d'autres pièces relatives
à l'histoire locale qui a, bien sûr, une dimension nationale. Je
crois que ces pièces-là sont en lieu sûr quelque part mais
je suis curieux de savoir où elles se trouvent et quelles sont les
conditions d'accès.
M. Richard: M. le Président, avec la permission de mes
collègues, la question revêt un caractère si technique que
je demanderai au sous-ministre adjoint, M. Chagnon, de répondre à
cette question.
Le Président (M. Desbiens): Au nom du ministre.
M. Richard: On m'informe que, dans cette région-là,
il y a toujours eu un centre d'archives qui, d'ailleurs, est le plus important
en dimension et c'est également la région où les sommes
les plus considérables ont été investies pour justement
protéger les archives; il n'y a qu'un seul centre, mais ce centre a les
dimensions nécessaires pour répondre aux besoins.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Nos biens culturels immobiliers, M. le
Président, sont souvent spoliés. Je pense, par exemple, à
la maison Melançon, vieille de 300 ans, située dans un parc de
verdure à Candiac, sur les bord du Saint-Laurent. Cette maison n'a pas
été classée et est actuellement la proie des vandales,
jeunes et vieux, et est maintenant dans un état fort piteux. La demande
a été faite par des groupes désireux de sauver ce
patrimoine et par la famille Girard que, je crois, M. le député
de Châteauguay connaît bien. Pourtant, rien n'a été
fait. Dans cette même petite ville, on a détruit le moulin banal,
sur l'île des Seigneurs, puis une autre maison vieille de 100 ans, qu'on
appelait autrefois Les Barrières.
Je demande donc à M. le ministre sur quelles bases il intervient
dans la désignation des biens culturels à conserver, s'il vous
plaît.
M. Richard: M. le Président, ça me fait plaisir de
signaler à M. le député de Saint-Henri que j'ai
déjà eu l'occasion de faire le tour des sites patrimoniaux de
l'île de Montréal. Je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller sur la
rive sud de Montréal mais l'île de Montréal, j'ai
déjà eu l'occasion d'en faire le tour.
Je vais vous indiquer, par exemple, quand vous faites état d'une
maison vieille de 100 ans... 300 ans, s'il fallait, M. le Président, que
toutes les maisons de 300 ans de mon comté soient classées, je
pense que, encore une fois, le budget du ministère des Affaires
culturelles se révélerait largement insuffisant. Il y a des
critères de classement. Il y a un danger dans le classement, c'est que,
une fois que vous avez classé, vous êtes engagés
indéfiniment ensuite à assumer les coût de restauration de
telle sorte que le ministère des Affaires culturelles ne peut pas
s'engager inconsidérément en classant chaque immeuble ou chaque
bien, même mobilier, qui lui apparaît intéressant. Il y a
donc des choix à faire qui ne sont pas toujours faciles à faire
mais qui sont faits suivant certains critères reposant sur la valeur
patrimoniale essentiellement.
M. Hains: Je reviens un peu là-dessus, c'est que cette
maison est située vraiment dans un parc de verdure et c'est un parc
qu'on conserve pour que les gens aillent s'y promener et s'y reposer
l'été. C'est pour ça qu'on a déjà
demandé que cette maison soit classée monument historique. C'est
à la demande de ces gens que je fais cette requête aujourd'hui. M.
le député de Châteauguay pourrait peut-être
intervenir?
M. Richard: Selon les renseignements que j'ai, personne au
ministère ne se souvient d'avoir reçu une demande de classement.
Si une demande de classement nous est acheminée, on l'étudiera
attentivement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, effectivement, je connais
très bien cette maison située dans le parc de Candiac qui n'est
plus dans le comté de Châteauguay, mais qui l'était avant
la dernière élection. À ma connaissance, du moins pendant
les années que j'ai été le député de cette
partie du comté de Châteauguay dans le temps, il n'y a jamais eu
de demande de classement de cette maison. Je sais que la ville
souhaitait avoir plus de réserves dans ses coffres pour pouvoir
transformer un peu cette maison pour en faire peut-être une
bibliothèque, quelque chose comme cela, ou un musée, mais,
à ma connaissance, il n'y a jamais eu de demande de classement et si
cela a été le cas, c'est quelque chose de tout à fait
récent.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Pourtant vous savez vous-même peut-être que
je suis un grand ami de la famille Girard et je suis certain qu'elle a
déposé cette demande.
M. Dussault: Vous connaissez donc les hirondelles de Mme
Girard.
M. Hains: C'est cela. Une deuxième question, si vous
permettez. Ne serait-ce pas aussi à l'avantage de tout le monde que l'on
sache à l'avance à quoi serviront désormais les biens
immobiliers que le gouvernement classe et dont il se porte
acquéreur.
M. Richard: M. le Président, il y a un parc immobilier qui
appartient au ministère des Affaires culturelles. Je vous avoue que,
dans toute la mesure du possible, j'essaierai de trouver une vocation utile
à chacune des composantes de ce parc immobilier, iI me semble que ce
n'est pas la vocation du ministère des Affaires culturelles d'être
propriétaire d'un parc immobilier important et, en ce sens, on essaiera
de céder à d'autres qui auront le souci de conserver le
patrimoine tout le parc immobilier, en tout cas, toute la fraction du parc
immobilier qu'on pourra céder. C'est ce que j'ai l'intention d'adopter
comme politique.
M. Lalonde: Si vous me permettez, M. le Président...
M. Richard: Peut-être qu'il y a confusion. Le
député de Saint-Henri pense peut-être que, quand on classe,
on se porte acquéreur. Quand on classe, M. le député de
Saint-Henri, on ne se porte pas acquéreur.
M. Hains: Oui, mais quand le gouvernement se porte lui-même
acquéreur d'un bien historique comme celui-là, est-ce qu'il ne
serait pas bon qu'on sache d'avance ce qu'il veut en faire et comment il va en
disposer? La politique d'utilisation...
M. Richard: Actuellement, M. le Président, je peux
répondre ceci à M. le député de Saint-Henri. On
n'achète plus parce qu'on a découvert que dans le passé,
il y a eu de bonnes intentions. Par exemple, dans ma propre circonscription
électorale, on avait jadis acheté la fameuse maison
Montmorency qui a été abandonnée durant plusieurs
années jusqu'au moment où, devenu député de
Montmorency, je lui ai trouvé une vocation, mais cela n'a pas
été facile.
Dans ma propre circonscription encore, il y a un moulin absolument
extraordinaire qui a été acquis par les Affaires culturelles et
qui s'appelle le moulin du Petit Pré. Il n'est toujours pas
utilisé, mais je crois maintenant lui avoir trouvé une vocation
pour le céder à d'autres, justement, ce moulin du Petit
Pré. Le ministère des Affaires culturelles n'a pas l'intention
d'acheter d'une manière systématique des biens classés,
certainement pas. Au contraire!
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... je voudrais faire suite à la question du
député de Saint-Henri. Le ministre a bien décrit, je
pense, le dilemme dans lequel il se trouve lorsqu'il s'agit de classer. C'est
un engagement, en fait, à engager des dépenses dans la
conservation. Lorsqu'il est mis devant ce dilemme, les limites de ses moyens,
quels sont les critères les plus importants qu'il suit pour
décider de classer un monument qu'il croit historique,
premièrement? Deuxièmement, je profite de sa mention du moulin
dans son comté pour dire que, dans le comté de
Marguerite-Bourgeoys à LaSalle, il y a un très vieux moulin qui
est devenu l'emblème de la ville lorsque les Jeux du Québec ont
eu lieu. C'est devenu l'emblème de LaSalle et tous les LaSallois en sont
très fiers. (22 h 45)
Maintenant, on me dit qu'il y a une demande de classement de ce moulin
et qu'on a répondu à la ville depuis un bon moment, que le
ministère était à faire un inventaire des moulins,
à travers la province, avant de décider si ce moulin est
réellement un monument historique. Donc, il subit les intempéries
et le vieillissement parce que la ville hésite à dépenser
pour ce moulin aussi longtemps que le ministère n'aura pas
décidé si c'est un monument historique ou non, auquel cas les
dépenses seraient quand même partagées entre le
ministère et la ville. Est-ce qu'il y a un calendrier pour cette
étude qui est en cours?
M. Richard: En ce qui concerne votre première question, je
dois vous dire que les critères qui sont retenus, c'est l'âge d'un
édifice, son architecture, sa valeur architecturale, son histoire aussi,
et un des éléments extrêmement importants auquel nous
attachons, au ministère, beaucoup d'importance, c'est
l'intérêt du milieu, quand dans un milieu donné, il y a un
intérêt évident à vouloir conserver un
édifice.
Ce sont à peu près les critères qui sont retenus.
Par exemple, le moulin du Petit Pré à Château-Richer, tout
le milieu de Château-Richer et de l'Ange-Gardien veut absolument le
conserver et il lui cherche et lui a trouvé, je pense, une vocation.
M. Lalonde: Est-ce que la pureté et l'authenticité
du style est un élément?
M. Richard: C'est un des éléments. Par ailleurs, il
me fait plaisir de vous dire cela car aujourd'hui même, j'apprenais avec
beaucoup de tristesse qu'un milieu n'a pas eu le même
intérêt; à Warwick, on a démoli une maison d'une
très, très grande valeur pour agrandir ou reconstruire une caisse
populaire. C'est extrêmement malheureux, et à ce moment-là,
on m'a rappelé que mon prédécesseur avait envoyé un
avis de classement et qu'il y a eu une pétition du milieu lui demandant
de ne pas classer. C'est assez extraordinaire, mais c'est comme ça.
Alors, il ne faut pas classer malgré les citoyens. Je pense qu'il
a dit: Très bien, vous n'en voulez pas, vous n'en voulez pas.
L'intérêt du milieu est extrêmement important et c'est l'un
des critères qui sont retenus.
M. Lalonde: Pour la deuxième question?
M. Richard: Pour la deuxième question, je sais qu'il y a
eu une étude sur tous les moulins. Une des difficultés, je l'ai
vécue dans ma propre circonscription électorale, c'est qu'il y a
eu, à tout le moins un, peut-être deux moulins auxquels on a
redonné la vocation originale, on a fait produire de la farine et on
vendait de la farine, etc. Évidemment, cela a inspiré plusieurs
groupes vivant autour de certains de ces moulins, mais c'est hors de prix,
ça coûte une fortune, cela a pour effet de concurrencer des
restaurants dans le coin, d'autres commerçants, etc, ça
coûte vraiment une fortune. Dans le cas, par exemple, du moulin du Petit
Pré, lui redonner sa vocation originale, cela coûterait 2 000 000
$. Vous pouvez imaginer que c'est une part bien trop importante du budget des
Affaires culturelles pour faire ça.
Alors, ce qu'on essaie maintenant, comme politique d'ensemble, c'est de
protéger l'essentiel des moulins quand ils ont une valeur patrimoniale
importante et une valeur architecturale importante.
M. Lalonde: Dans celui de LaSalle, on ne cherche pas...
M. Richard: Dans celui de LaSalle, je ne sais pas.
M. Lalonde: ...à lui donner sa vocation originale,
seulement à protéger la construction.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, pour appuyer ce que demande
le député de Marguerite-Bourgeoys, c'est rare que j'appuie ce
qu'il demande, mais c'est important...
M. Lalonde: ...pour la prochaine fois.
M. Dussault: ...peut-être qu'il pourra nous remettre la
pareille après. C'est très important, je pense, de
préserver ce moulin, d'autant plus qu'il pourrait être à la
rencontre de l'ancien et du moderne, parce que je pense que de ce moulin, on
pourrait voir une partie très importante des équipements
d'Archipel, qui s'installeront dans ce coin très bientôt. Je pense
que cela serait très intéressant, tout cela, marié
ensemble. Peut-être que M. le député de
Marguerite-Bourgeoys pourra nous donner son appui pour le projet Archipel.
M. Lalonde: Cela ne regarde pas les Affaires culturelles.
Maintenant, si le député de Châteauguay s'engage à
ne pas faire des rapides de Lachine un petit ruisseau, j'appuierai son projet
Archipel.
M. Dussault: J'y travaillerai, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Richard: M. le Président, j'ai oublié tout
à l'heure un critère extrêmement important; quand un
monument a un caractère unique, on force sur le classement, c'est bien
important.
M. Rivest: On a plusieurs cas qui nous sont signalés, les
députés en ont. Où est-ce que cela en est? parce que,
là, on a la maison de Warwick. Il y a eu la construction d'une caisse
électorale je me rappelle une maison à Chicoutimi, tout
près de l'hôtel de ville, une caisse populaire.
Une voix: Pas une caisse électorale, mais une caisse
populaire!
M. Rivest: Je me rappelle la maison Angers On est dans la
conservation, M. le Président, mon lapsus s'explique, on est dans la
conservation du patrimoine. Mais il y a eu par exemple un cas soumis à
l'hôtel de ville de Chicoutimi. Celui de la maison Angers, qui
présentait un certain intérêt. C'est cela qui
m'inquiète un peu, souvent, lorsqu'arrive un cas comme cela, un corps
municipal ou un corps public ou parapublic, prend une décision. On voit
alors arriver à la course, littéralement à la course,
enfin cela nous est décrit comme cela - je pense que les
députés ont un peu cette même expérience -
le ministère des Affaires culturelles qui vient faire son
classement. Cela s'est fait pour la maison dont je parle à Chicoutimi.
Vous l'avez échappée. Elle a été détruite et
la ville de Chicoutimi a fait un stationnement sur l'emplacement. Cette maison
était au centreville.
Cela m'amène à vous demander quel est votre inventaire
finalement et quel suivi pratique vous avez de cet inventaire.
Deuxièmement, on a pas l'occasion souvent, sur le plan parlementaire
d'en parler. Je vous demanderais de penser, par exemple, à tout le
domaine de la conservation du patrimoine. Des critiques ont été
formulées contre le ministère à ce sujet. Il y a tout une
problématique derrière cela. À l'occasion des
crédits, chaque député essaie de passer son château,
son moulin ou je ne sais trop quoi. Ceci est tout à fait
légitime. Remarquez que j'en aurais moi-même quelques-uns à
passer, dont la maison Krieghoff, qui m'inquiète toujours, quand
j'arrive sur la rue Cartier.
Mais c'est là un autre problème. Est-ce que, M. le
ministre, vous ne pourriez pas considérer qu'on puisse, avec les gens de
votre ministère, lorsque vous serez plus dégagé sur le
plan des exigences ministérielles ou même parlementaires, regarder
cet aspect particulier qui revient chaque année lors des crédits?
Il est inadmissible qu'on escamote des choses comme on le fait ce soir. Il
faudrait qu'on regarde ce qu'est la réalité, ce qu'on a à
protéger, de quels moyens financiers on dispose, de quels moyens de
classement, de quels moyens d'achat, quels sont les problèmes
d'utilisation. Il faudrait qu'on puisse discuter avec vous-même et vos
principaux collaborateurs. Je suis convaincu que bien des députés
seraient d'accord pour consacrer un après-midi ou même une
journée complète à un tel exercice, parce qu'à
l'intérieur des crédits, c'est toujours un peu rapide,
hélas.
M. Richard: Mon Dieu, M. le Président, qu'on serait donc
disposé à faire cela, d'autant plus qu'on a un outil, maintenant,
qui est assez extraordinaire! On a un macroinventaire, il s'agit de savoir ce
qui doit être protégé et comment cela doit
l'être.
Un des moyens que je vais signaler au député de
Jean-Talon, c'est d'intéresser la population, les corps
intermédiaires, les municipalités à la protection du
patrimoine, non seulement par des budgets du ministère des Affaires
culturelles, mais à condition que les municipalités - je pense
qu'on aura des développements assez heureux dans ce sens à
brève échéance - s'intéressent à la
défense de ce qu'elles considèrent un morceau de leur patrimoine
et de leur héritage. Il s'agit de voir comment on peut enclencher tout
cela pour être sûr de bien protéger le patrimoine.
M. Rivest: Je m'excuse, mais c'est important, cela fait un bon
nombre d'années que j'assiste à l'étude des
crédits, est-ce que vous seriez d'accord, quand vous trouverez que c'est
raisonnable pour vous, pour les gens du ministère, pour les
parlementaires, qu'au niveau d'une commission parlementaire ou d'un forum on
puisse, avec des gens qui viendraient aussi s'exprimer sur le sujet, au nom de
l'éducation populaire, utiliser les instruments de la
télévision des débats?
M. Richard: Bien sûr, je suis tout à fait
d'accord.
M. Rivest: II serait souhaitable qu'on puisse prendre une
journée ou deux pour regarder les documents que vous avez et pour voir
cette dimension des Affaires culturelles qui fait souvent la manchette des
journaux? Les députés en sont inondés.
M. Richard: Non seulement je suis d'accord, mais je vous saurais
gré de votre proposition, je la retiens.
M. Lalonde: Je vais terminer la-dessus. L'intérêt de
la population a centuplé depuis un dizaine d'années et, pour
continuer ce mouvement, peut-être qu'une initiative comme celle-là
serait très utile, parce que les gens sont prêts. Souvent, on
n'est pas mis devant ces situations mais, quand on sait qu'il y a un
problème, une situation, on est sensibilisé et le
ministère a une responsabilité à assumer. Peut-être
que cet exercice serait très utile.
M. Richard: Très juste!
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que je peux vous
rappeler à ce moment-ci, lorsqu'on avait parlé de
procédure pour le déroulement de la commission de ce soir, qu'on
passerait à peu près une heure sur les priorités? On a
maintenant deux heures de passées. Si vous vous entendez, continuez.
M. Rivest: M. le Président, quant à nous...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ...à moins que nos collègues aient...
nous suivons l'horaire. On peut arriver facilement à la fin de
l'étude des crédits dans le délai qui nous est
imparti.
Je m'excuse auprès du ministre, on va peut-être atteindre
minuit, mais qu'est-ce que vous voulez? Cette année, finalement, on ne
peut pas, à l'étude des crédits, pour des raisons qu'on
connaît tous, attacher autant
d'importance. C'est pourquoi j'essaie de faire des suggestions pour
dégager certains aspects clés pour l'année, étant
donné que le ministre arrive en fonction.
Mais, quant à nous, à moins que nos collègues de
l'autre côté aient d'autres interventions, on peut vous assurer
que vers 23 h 30 ou 23 h 45, on pourrait avoir terminé.
Le Président (M. Desbiens): Alors, on continue de cette
façon.
M. le député de Laprairie.
Vous avez demandé la parole, M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne: Je ne sais pas si tout l'horaire de ce soir est
basé sur celui du député de Laprairie ou si on peut
intervenir à un moment donné. Est-ce que c'est à la fin,
selon vous, qu'on intervient?
M. Saintonge: Au niveau de la conservation du patrimoine, au
programme 2, j'aurais peut-être quelques questions encore. D'après
mon ordre de priorités, je me rends compte que j'ai sauté le
troisième point, le cinéma, où on aurait quelques
questions.
M. Champagne: De toute façon...
M. Saintonge: Après cela, si vous avez des questions, je
serais d'accord qu'on vous laisse une période de temps.
M. Champagne: C'est parce que le député de
Jean-Talon semblait satisfait des réponses qui étaient
données, et puis il voulait peut-être, sans vouloir dire...
M. Rivest: Certaines réponses. M. Lalonde: Pas
très satisfait.
M. Champagne: Vous aviez l'intention peut-être, M. le
député...
M. Lalonde: Un peu déçu.
M. Champagne: Non, de toute façon, M. le
député de Jean-Talon semblait vouloir clore d'une façon
quelconque.
M. Rivest: Non, je ne veux pas enlever le droit de parole aux
députés ministériels, sauf que vous réalisez
là la condition du député ministériel.
M. Champagne: Oui.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mille-Îles.
M. Rivest: J'ai beaucoup de sympathie. M. Champagne: Je
fais cette douloureuse expérience ce soir. Allons dans le processus de
l'Opposition.
M. Rivest: Non, mais je voudrais que...
M. Lalonde: Allez-y donc avec vos questions.
M. Rivest: Si vous avez des questions là-dessus.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Mille-Îles, vous avez toujours le
droit de parole.
Les musiciens et leur affiliation
M. Champagne: Au sujet du Syndicat de la musique du Québec
par rapport à la Guilde des musiciens qui est une association syndicale,
elle a des ramifications mais le château fort est à New York, je
voudrais savoir quelle est la politique du ministère face à cet
envahissement et à ce monopole qui est la Guilde des musiciens ici dans
la province. Il arrive des situations absolument loufoques et cocasses, comme
celle-ci. Si les membres de la Guilde des musiciens accompagnent un musicien
ils renoncent à l'accompagner s'il n'est pas syndiqué ou s'il
fait partie du Syndicat de la musique du Québec.
Quelle serait votre position face au syndicat?
M. Richard: M. le Président, M. le député de
Mille-Îles remet en cause une politique qui a l'âge des lois
syndicales au Québec, c'est-à-dire la politique des monopoles
syndicaux. Le monopole dont jouit la Guilde américaine n'est pas un cas
unique. Au contraire, nous avons comme système dans nos lois en droit du
travail, celui du monopole. Je ne vous dis pas que je suis favorable ou non
à ce système; mais par rapport aux Européens, qui ont
adopté un système essentiellement différent, nous, nous
avons adopté le système du monopole.
Alors, quand vous faites état du monopole de la Guilde
américaine, vous pouvez peut-être le déplorer, mais en
même temps, vous remettez en cause toute notre politique de
législation dans le domaine du droit du travail.
Est-ce que vous êtes disposé à remettre tout cela en
cause? C'est la question qu'il faut se poser.
M, Champagne: Jusqu'à quel point le ministère des
Affaires culturelles peut-il favoriser la syndicalisation des musiciens vers le
Syndicat des musiciens du Québec? (23 heures)
M. Richard: II est évident que nous avons
intérêt, comme Québécois, à
privilégier
le regroupement de l'ensemble des travailleurs québécois
au sein d'organismes syndicaux québécois. Mais je vous signale
que votre question a une portée que vous ne soupçonnez
peut-être même pas. Va-t-on interdire l'affiliation? Beaucoup de
travailleurs québécois sont membres de syndicats
américains et même internationaux; va-t-on interdire ça?
Cela remet en cause toute la législation dans le domaine du droit du
travail. Il n'y a pas que le ministère des Affaires culturelles qui est
concerné, mais à peu près tous les ministères et
beaucoup d'entreprises parapubliques, publiques et privées. C'est un
problème d'envergure et pas facile à résoudre,
croyez-moi!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je veux dire une chose. D'abord, je suis
impressionné par cette assurance nouvelle, à 23 heures, lorsque
le ministre parle des problèmes syndicaux. On sait qu'il connaît
d'une façon remarquable ce problème et qu'il a fait une
carrière non moins remarquable dans le domaine.
Si je voulais le ramener maintenant au titre de ministre des Affaires
culturelles, est-ce qu'il pourrait me donner sa réaction personnelle, ou
celle de son ministère, en rapport avec la question de notre
collègue sur le dossier noir qui avait été transmis au
député par l'Association des musiciens du Québec sur cette
situation? Y a-t-il eu une réaction finale de la part du
ministère des Affaires culturelles?
M. Richard: Non, je suis en train de prendre connaissance de ce
dossier noir, il y a plusieurs ministères qui ont à prendre
connaissance de ce dossier et on doit essayer de concevoir les solutions
idoines. Mais, encore une fois, ces solutions idoines ne sont pas autant
à la portée de la main qu'on le souhaiterait parfois.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre favorise plutôt la
liberté d'affiliation qu'une législation coercitive qui exigerait
qu'un syndicat - que ce soit celui des musiciens ou d'autres - soit proprement
québécois?
M. Richard: En répondant à votre question, je vais
répondre à côté. J'ai toujours été
tenté par le pluralisme syndical au sein des entreprises, alors que
notre législation...
M. Rivest: Y compris dans la fonction publique?
M. Richard: Y compris dans la fonction publique.
M. Rivest: Dans l'enseignement également?
M. Richard: Je vous livre une opinion personnelle. Dans
l'enseignement et dans n'importe quel domaine. Au fond, je suis tenté
par le système européen.
M. Rivest: La CEQ va être contente d'apprendre
ça!
M. Richard: Non, c'est un choix personnel. Je ne dis pas qu'il
faut remettre ça en cause, c'est déjà séculaire
notre législation dans le domaine du droit du travail. Mais je pense
que, dans le passé, il y aurait peut-être eu beaucoup moins de
problèmes, beaucoup moins d'affrontements. On a choisi ça parce
qu'on a choisi un mode nord-américain; c'est un mode
nord-américain qu'on a peut-être été obligé
d'adopter, mais je sais qu'il y a beaucoup de syndicalistes convaincus qui, de
temps en temps, songent au système européen. Il faut cependant
laisser les choses évoluer normalement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
Protocoles avec les municipalités
M. Saintonge: M. le Président, j'aurais une question sur
les protocoles signés entre les administrations municipales et le
ministère concernant l'application de la Loi sur les biens
culturels.
Serait-il possible de savoir combien de protocoles ont été
signés au cours de la dernière année budgétaire et
les sommes qu'on met à la disposition des municipalités? En fait,
ma question pourrait se résumer à ceci: Est-ce possible d'obtenir
une copie de ces protocoles d'entente? Je dois vous mentionner que, dans les
années antérieures, on obtenait ces protocoles de vos
prédécesseurs, sauf l'an dernier où on ne les a pas
obtenus.
M. Richard: Là, il y a Lachine, Longueuil, Laval et celui
de Montréal que je vais avoir l'honneur de, signer dans quelques jours.
M. Saintonge: Y aurait-il possibilité d'avoir copie des
protocoles?
M. Richard: Aucun problème. M. Saintonge:
D'accord.
Commission des biens culturels
Concernant le budget de la Commission des biens culturels, pour
l'année 1981-1982, on constate qu'il passe de 419 000 $ à 349 000
$, une diminution de 16,73%. Je
voudrais savoir de quelle manière ces coupures du budget se
répercuteront sur le fonctionnement de la commission.
M. Richard: Je crois que c'est l'équivalent d'un poste de
moins.
M. Lalonde: II était payé cher.
M. Richard: Un instant, il doit y avoir autre chose parce que
cela lui faisait un bon salaire.
M. Lalonde: Oui, quand on calcule l'inflation normale, à
part cela...
M. Richard: C'est un bon salaire.
M. Rivest: C'est peut-être les deux ministres.
Des voix: Ah!
M. Lalonde: Est-ce que le ministre a accepté une
diminution de salaire?
M. Saintonge: 70 100 $.
M. Richard: C'est encore mieux. C'est encore plus
intéressant. Alors, c'est un ajustement mécanique. On me dit
qu'il y avait trop d'argent.
Des voix: Ah!
M. Richard: Je vous ai dit que c'était
intéressant.
M. Rivest: Mais vous croyez tout ce qu'on vous dit.
Des voix: Ah!
M. Richard: II y avait trop d'argent pour l'ensemble des postes
de la Commission des biens culturels.
M. Rivest: Oui, c'est possible. Argent encore...
M. Richard: Non, je ne crois pas tout ce qu'on me dit.
M. Rivest: Non, on le sait. Vous êtes assez sceptique.
M. Richard: Non.
M. Rivest: Question d'argent. Des gens qui démolissent un
immeuble selon le plan de enfin, l'ami de tous, je présume, au Conseil
des ministres, de ce temps-ci - M. Parizeau - ne pourriez-vous pas le
sensibiliser au fait qu'une personne qui démolit un immeuble a droit
à des dégrèvements d'impôt pour la perte de
l'immeuble; quelqu'un qui le rénove et qui investit n'a pas les
mêmes avantages fiscaux?
M. Richard: C'est intéressant cela. M. Rivest:
C'est intéressant, hein? M. Richard: Oui.
M. Rivest: Est-ce que M. Parizeau se montre
intéressé de ce temps-ci par les choses intéressantes?
M. Richard: C'est l'une des voies que j'envisage comme solution
au problème de la conservation du patrimoine. La plus
intéressante serait peut-être la loto, solution proposée
par M. le député de Saint-Henri, mais tant qu'on n'aura pas fini
de payer le stade, on va avoir des problèmes avec celle-là.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie. M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Alors...
M. Richard: Mais c'est intéressant comme solution.
M. Rivest: Je pense que vous devriez regarder la question d'une
façon générale. Il y a une mesure qui a été
adoptée pour les oeuvres d'art au niveau de la construction. Vous
devriez regarder également - je pense que tout le monde est bien
d'accord; je n'invente rien - tout l'aspect de la fiscalité en rapport
avec le patrimoine, bien sûr, mais toutes et chacune des dimensions des
activités culturelles. Je ne sais pas si cela existe quelque part, mais
il y aurait lieu de regarder l'ensemble de nos lois à ce
titre-là, pour que l'instrument de la fiscalité devienne un
instrument de promotion culturelle. Je ne sais pas si vous avez des choses
actuellement en vue. Cela a peut-être déjà
été fait, mais...
Une voix: II y a une étude de faite.
M. Rivest: En tout cas, il va me le dire.
M. Richard: À ma connaissance, M. le député
de Jean-Talon, il y a une seule politique de dégrèvements
fiscaux, elle s'applique à ceux qui font des dons aux musées.
M. Rivest: Oui. Il y aurait autre chose à faire.
M. Richard: Mais c'est vrai que...
M. Rivest: On en a parlé deux fois.
M. Richard: ...c'est à revoir, l'ensemble des politiques
fiscales à l'égard des biens culturels.
M. Saintonge: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Dans un article qui paraissait dans le Devoir en
novembre 1980, on disait qu'il y avait une étude qui avait
été menée pour le compte de la Commission des biens
culturels à ce sujet. On y qualifiait de masochisme fiscal le fait que
les lois fiscales actuelles récompensent le contribuable qui inflige un
tort irréparable au patrimoine en comparaison de celui qui veut le
conserver. C'est ce qu'un article du Devoir mentionnait.
M. Richard: M. le Président, ce qui m'étonne - je
vais même surenchérir ce que vous dites - ce qui est
extraordinaire, c'est que non seulement il n'y a pas de
dégrèvements fiscaux pour ceux qui protègent le
patrimoine, mais ils sont pénalisés parce qu'ils donnent de la
valeur à leur immeuble, et plus ils donnent de la valeur à leur
immeuble, plus l'évaluation foncière intervient. Donc, ils sont
pénalisés. Là, cela prend peut-être aussi le
concours des municipalités.
M. Saintonge: Je pense que le...
M. Richard: Mais je dois vous signaler, ce qui est heureux quand
même, qu'il y aura la conférence des ministres des Affaires
culturelles du Canada, à Québec, à l'automne, et j'aurai
l'honneur de la présider. L'un des principaux thèmes de cette
conférence, c'est justement la fiscalité et les biens
culturels.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait, sans faire de
promesse, naturellement - peut-être même sans prendre d'engagement
- nous dire qu'il fera des efforts pour convaincre le ministre des Finances
d'introduire des changements à la fiscalité dans le prochain
budget?
M. Richard: Je ne ferai pas de promesse, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, parce que je voudrais regarder
avant l'ensemble de la problématique pour voir quelles seraient les
meilleures solutions. Peut-être que ce ne sont pas des
dégrèvements fiscaux; si ça me prend les
municipalités, c'est peut-être trop long et trop difficile comme
voie d'accès, mais il est évident que cela me sourit à
première vue.
M. Rivest: Parlant de problématique, est-ce que le
ministre des Affaires culturelles s'est fait une idée des commentaires
réciproques, j'imagine, que s'adressent, à l'occasion des
rapports annuels, en particulier, la Commission des biens culturels et la
Direction générale du patrimoine de son ministère? On dit,
entre autres, dans le huitième rapport de la Commission des biens
culturels, que par son attitude cette Direction générale du
patrimoine suscite parfois le découragement et freine souvent
l'initiative des citoyens ou des groupes populaires à l'égard
d'une demande de protection. C'est une problématique à laquelle
vous allez devoir faire face.
M. Richard: Êtes-vous en train de me dire qu'il y a parfois
échange de propos virils entre la commission et la Direction
générale du patrimoine?
M. Rivest: Oui.
M. Richard: Tant mieux, c'est sain.
M. Rivest: C'est sain, mais cela demande des solutions...
M. Richard: C'est générateur de solutions.
M. Rivest: ... parce que la commission constate, dans le
même rapport, que le ministère l'abandonne. On a été
obligé d'admettre, dit-on, le manque d'adéquation entre les
services offerts par le ministère et les problèmes vécus
par les conservateurs du patrimoine.
D'une part, le ministère souhaiterait intervenir pour
préserver la qualité architecturale, esthétique ou
environnementale d'un parc immobilier et, d'autre part, il renvoie le
propriétaire aux avis du quincaillier du coin.
M. Richard: Oui, mais je voudrais dire au député de
Jean-Talon que s'il y a, pour chapeauter, en quelque sorte, la Direction
générale du patrimoine, une Commission des biens culturels, c'est
parce qu'au départ on estime qu'il peut et, oserais-je dire, qu'il doit
arriver qu'il y ait désaccord entre la Commission des biens culturels et
la Direction générale du patrimoine. Le rôle du ministre
est de trancher entre les deux.
M. Rivest: C'est cela.
M. Richard: Et c'est important que le ministre soit en
présence de ce désaccord.
M. Rivest: J'en conviens. S'il y a un ministre, comme vous l'avez
vous-même dit, c'est pour trancher. Aujourd'hui, vous devez
répondre devant une commission parlementaire des actions de votre
ministère et vous devez nous dire de quel côté vous avez
tranché. Et si vous n'avez pas eu l'occasion de trancher, allez-vous
trancher?
M. Richard: Dans quel cas? Le ministre a à trancher dans
des cas spécifiques.
M. Rivest: Je pense que vous avez une note qui vous arrive.
M. Richard: La note était pour vous rappeler, une fois de
plus, ce que je vous ai dit tout à l'heure, M. le député
de Jean-Talon. C'est exactement ce que je vous ai dit tout à
l'heure.
M. Rivest: Quand un orqanisme comme la Commission des biens
culturels...
M. Richard: II est sain qu'il en soit ainsi. Le
législateur, dont vous étiez, l'a voulu ainsi, M. le
député de Jean-Talon, pour que ce soit générateur
de solutions, justement.
M. Rivest: Lesquelles.
M. Richard: Et le ministre a comme fonction de trancher lorsqu'il
y a conflit.
M. Lalonde: Comment allez-vous trancher?
M. Rivest: Je comprends...
M. Richard: Mais dans des cas spécifiques.
M. Rivest: ... mais quand la Direction générale du
patrimoine est ainsi remise en cause, enfin, que certaines de ses pratiques
sont remises en cause par la Commission des biens culturels à tort ou
à raison, je ne sais pas du tout, est-ce que cela préoccupe le
ministre, est-ce que le ministre reçoit les recommandations qui lui sont
formulées par la Commission des biens culturels et y donne suite? Est-ce
qu'il y a un échange, est-ce qu'il organise des rencontres pour que ces
gens se parlent et qu'ils conviennent ensemble d'une solution si le ministre
n'est pas en mesure ou hésite à trancher? Comment cela se
passe-t-il? Quelle suite donnera-t-on au huitième rapport et aux
affirmations qui y sont faites?
M. Richard: Là, votre question est absolument
hypothétique. Quand vous soulèverez des cas concrets, des cas
spécifiques...
M. Rivest: II y a un ancien premier ministre qui disait:
Citez-moi un cas;
M. Richard: Oui, et vous savez ce qu'il est arrivé
à ce premier ministre? Moi, je ne vous donne pas...
M. Rivest: II n'est plus premier ministre.
M. Lalonde: Faites attention!
M. Rivest: Est-ce que vous nous annoncez votre départ?
M. Richard: Non, mon retour. (23 h 15)
Conseils régionaux de la culture
M. Rivest: Justement, pendant que l'ancien ministre est
là, j'ai une autre question, si vous voulez. En tout cas, on suivra
ça, vous vous informerez. Il serait peut-être bon que vous vous
assoyiez de l'autre côté. Les Conseils régionaux de la
culture sont généralement inquiets face aux attitudes du
ministère des Affaires culturelles. Vous savez qu'ils ont des
responsabilités. Par exemple, je ne sais trop le numéro, dans la
région de Québec, j'ai eu l'occasion de les rencontrer dans le
passé ainsi que de recevoir périodiquement leurs
communiqués; région très vaste qui va, à moins que
ce soit changé, jusqu'à Thetford-Mines, etc. Quel est le
rôle et la conception... Le ministre va me dire: J'ai promis un projet de
loi pour l'automne. Vous avez évoqué cela tantôt, dans le
déferlement législatif que vous nous aviez promis aux Affaires
culturelles. Est-ce que vous pouvez nous indiquer les orientations
générales de l'avenir des Conseils régionaux de la
culture, et surtout les situer par rapport au ministère des Affaires
culturelles, non seulement en termes d'orientation ou de suggestions ou de
propositions qu'ils peuvent vous faire à l'échelle d'une
région, mais surtout en termes des mandats que vous auriez ou non
l'intention de leur confier sur le plan de la réalisation
concrète de programmes ou d'initiatives culturelles dans le milieu.
Ainsi que les budgets que vous êtes prêt également à
leur accorder.
M. Richard: M. le Président, le député de
Jean-Talon n'ignore pas que l'une des politiques les plus heureuses de mes
prédécesseurs a été justement de créer les
conseils de la culture. Je crois que cette création appartient à
M. O'Neill, et mon prédécesseur immédiat avait
donné encore plus de vigueur à l'existence de ces conseils de la
culture qui ont joué et qui jouent un rôle d'animation et de
concertation dans les régions qui s'est avéré, je pense,
intéressant et utile. J'ai l'intention, à très
brève échéance, avant la fin du mois de juin, j'en ai pris
la décision ce matin, d'ailleurs, de
proposer aux conseils de la culture une rencontre avant la fin du mois
de juin. Par la suite, je serai en mesure de me prononcer quant aux politiques
qui devraient être établies en rapport avec les conseils de la
culture.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
Projet de loi sur le cinéma
M. Saintonge: M. le Président, j'aimerais passer à
l'étape 3 de mes priorités, je reviendrais au cinéma. Le
projet de loi no 20, Loi sur le cinéma, a été
déposé en première lecture en décembre dernier.
J'ai compris tantôt, des intentions du ministre, que cette loi
reviendrait à l'automne.
M. Richard: Oui, sauf, M. le Président, que s'il devait
revenir à l'automne, cela va dépendre un peu du travail de la
commission d'étude également. J'ai déjà
rencontré les membres de la commission d'étude sur le
cinéma qui ont commencé leur travail et qui manifestent beaucoup
d'enthousiasme à poursuivre le travail qui avait été
commandé par mon prédécesseur. J'aimerais indiquer que
s'ils souhaitaient me faire tenir un rapport d'étapes, je les laissais
libres de le faire et qu'à ce moment, j'essaierais d'enclencher le
processus parlementaire pour faire adopter, le cas échéant, une
loi le plus rapidement possible. Sinon, j'attendrai bien sûr la remise de
leur rapport avant d'enclencher le mécanisme d'adoption d'une loi.
M. Saintonge: Ce que je veux savoir également...
M. Richard: Mais quand je dis à l'automne, je voudrais
bien vous rappeler, M. le député de Laprairie, que
j'espère bien qu'ils vont avoir terminé leur rapport au cours de
l'automne.
M. Saintonge: À quelle date?
M. Richard: C'est janvier 1982, je crois,
l'échéance. Mais on a beaucoup parlé d'un rapport
d'étapes qui me permettrait d'aboutir à une loi à
l'automne.
M. Saintonge: Je voudrais savoir si c'est l'intention du ministre
également de procéder à la consultation d'autres corps
intermédiaires intéressés par ce projet de loi, d'appeler
une commission parlementaire sur...
M. Richard: II y a déjà une commission
d'étude au sein de laquelle la plupart, pour ne pas dire tous les
intervenants sont représentés ou presque tous les principaux
intervenants. Ils vont rédiger un rapport. Si ce rapport est suivi du
dépôt d'une loi, il sera toujours temps, à ce moment,
d'évaluer si on doit en commission parlementaire recommencer le
processus de consultation. Je suppose qu'en cours de route la commission
d'étude va elle-même faire les consultations qu'elle jugera utiles
et nécessaires. C'est là l'un de ses rôles essentiels.
M. Rivest: La Loi sur le cinéma, j'ai vécu
l'expérience des années 1970 et 1976, où cela a
été très difficile de concilier tous les intervenants dans
le domaine, mais en discutant avec vos prédécesseurs de 1976 et
1980, je ne sais plus, il faudrait que je fasse des statistiques pour savoir
combien de messages inauguraux ont promis une loi-cadre du cinéma. Il y
a eu des projets de déposés en première lecture. Il y a
une commission d'étude qui va reprendre toute la même
démarche que pour ma part j'avais eu l'occasion de vivre du temps
où j'étais au bureau du premier ministre avec le ministre de
l'époque. Je souhaite que vous arriviez à quelque chose. Pour
l'instant, vous avez pris cette décision, j'imagine que vous aviez vos
raisons. Dans ce domaine, c'est extrêmement difficile. Vous êtes
certainement conscient qu'au ministère tout le monde le sait.
Par ailleurs, il y a eu sur la place publique des débats assez
acrimonieux à certains égards. Il était question de
conflits d'intérêts, de centralisation des pouvoirs de l'Institut
du cinéma, recours continuels à des études et à des
comités. Par exemple, cette enquête qui est en cours va
coûter encore des sommes importantes. Vous ne faites pas cela à
des coûts... Il y a eu des contestations de la part des personnes
impliquées dans l'Institut du cinéma, sur le plan administratif
également. Enfin, vous connaissez probablement tout ce qui a
été soulevé. Il y a eu des réponses qui ont
été fournies. Quelle est la réaction du ministère
à ce jour? Je ne veux pas donner de noms ou de faits précis,
j'imagine que le ministre est bien au courant de la situation. Ceux qui
oeuvrent dans le milieu du cinéma, ceux qui ont à coeur
l'adoption par le Québec d'une politique de cinéma qui puisse
avoir de l'allure et avoir de la consistance et surtout de la
continuité... J'imagine que le ministre est sensible à l'ensemble
de ces éléments. Je voudrais avoir sa réaction
brièvement à ce moment-ci.
M. Richard: M. le Président, ma réaction est la
suivante, c'est qu'une fois que les consultations ont été faites,
que les objectifs sont bien fixés je ne me laisse pas arrêter dans
la poursuite des objectifs par les querelles entre les personnes et entre les
intervenants; autrement, le ministre des Affaires culturelles risquerait
d'être condamné à la passivité la plus
complète.
Une fois que les objectifs sont fixés, quel que soit le domaine -
c'est vrai pour le cinéma comme c'est vrai pour d'autres secteurs
d'activités culturelles - je pense que ce qu'il faut continuer de
regarder bien en face et de poursuivre, ce sont les objectifs et ne pas se
laisser arrêter par des querelles.
M. Rivest: Indépendamment des personnes, quand on parle de
la centralisation des pouvoirs, de la structure même, de la composition,
de la formation de l'institut, j'imagine que cela trouve des échos,
parce que vous avez un certain nombre d'idées?
M. Richard: Oui, mais ce sont les grandes écoles. Est-ce
qu'on devrait assumer le rôle que joue l'institut au sein du
ministère? Je ne le crois pas. Je pense que l'expérience s'est
avérée globalement heureuse, cette expérience de
l'Institut québécois du cinéma. Qu'il y ait des frictions
à l'occasion, sans doute, mais disons que, à première vue,
je ne suis pas disposé à entreprendre la démolition de
l'Institut québécois du cinéma, au contraire.
M. Lalonde: En ce qui concerne le cinéma en particulier,
nous espérons qu'à la suite de l'arrivée au
ministère de l'ancien président de l'Assemblée nationale,
son profil soit à ce point imprimé dans les orientations du
ministère qu'il témoigne de changements pour le mieux.
M. Richard: J'espère, M. le Président, qu'on
réussira à faire en sorte que toute l'industrie du cinéma
québécois non seulement survive, mais puisse s'épanouir et
se développer dans toute la mesure du possible, avec les contraintes qui
seront toujours les siennes sur le continent nord-américain.
J'espère qu'on arrivera à régler les problèmes. Je
suis très optimiste quant au travail qui est et qui sera effectué
par la Commission d'étude sur le cinéma qui a été
mise sur pied par mon prédécesseur.
M. Rivest: Concrètement, est-ce que les commentaires
publics et les critiques assez virulentes du Syndicat national du cinéma
vous ont impressionné ou non?
M. Richard: J'ai envie de vous dire que, jusqu'à
maintement, j'ai trouvé le milieu du cinéma serein.
M. Rivest: Oui, actuellement, vous trouvez le ministère
serein, mais vous allez voir que c'est compliqué.
M. Richard: Vous me direz que j'ai l'inconscience heureuse?
Peut-être.
M. Rivest: Non, mais vous commencez et je le comprends, mais vous
allez voir que c'est... Je pense que l'expérience de tout le monde dans
ce milieu... Enfin, je ne vous demande pas d'autre réponse, je comprends
que vous n'êtes pas en mesure...
M. Richard: Oui, bien sûr, mais ne me souhaitez pas de
malheur; pour le moment, le milieu est serein.
M. Rivest: En parlant de malheur - je vais changer de sujet.
Est-ce que M. Jean Duceppe a commencé sa course auprès de vous,
parce qu'il pourchassait tous les ministres au sujet de la politique sur le
théâtre? Le théâtre, cela va bien?
M. Richard: Ah non! je suis un admirateur du comédien Jean
Duceppe, mais je dois vous avouer...
M. Rivest: Oui, mais attendez qu'il arrive au ministère,
vos prédécesseurs ont changé d'avis.
M. Richard: ... que je ne lui pas parlé une seule fois
depuis mon arrivée au ministère. Je suppose, je pense
qu'il...
Une voix: Y a-t-il d'autres questions?
Projet de conseil des arts
M. Rivest: J'ai une dernière question, pour vous donner
plus d'assurance. Dans le domaine culturel, au ministère des Affaires
culturelles, on parle du cinéma à peu près partout. Mon
collègue de Laprairie a évoqué la création d'un
conseil des arts. Vous n'avez pas trop réagi. J'aurais aimé que
vous indiquiez votre réaction à l'idée que nous proposons
de constituer un conseil des arts pour l'octroi de toutes les subventions,
enfin, pour que toutes les politiques soient administrées par ce conseil
des arts.
M. Richard: Ah! c'est une avenue intéressante, mais il ne
faudrait pas me proposer en même temps de démolir l'Institut
québécois du cinéma...
M. Rivest: Non, mais dans la Loi sur le cinéma?
M. Richard: ...qui est une forme de conseil des arts s'appliquant
au cinéma.
M. Rivest: Oui, très bien. Ce n'est pas cela que je veux
vous dire en terminant, en tout cas, quant à moi. Le gouvernement
fédéral - vous connaissez? - a un certain nombre
d'activités dans le domaine culturel. Des écrits nombreux ont
été faits dans le passé - et non sans raison, à
bien des égards - sur la cohérence des programmes des ressources
au niveau des priorités. C'est
d'une façon très générale, parce que cela
s'applique finalement à peu près à tout. Les
activités du Conseil des arts du Canada sont bien connues et très
importantes. Il y a aussi les activités du Secrétariat
d'État.
Je sais que vous allez pouvoir exercer votre sens critique sur bien des
aspects du fonctionnement ou de ce dédoublement, c'est pourquoi je vous
laisse la chance de le faire et, à certains égards, il peut y
avoir un certain caractère complémentaire. Maintenant que nous
vivons dans une espèce de consensus universel, puisque le gouvernement
actuel travaille d'arrache-pied au renouvellement de la
fédération canadienne, et que vous vous y inscrivez, en tout cas
jusqu'à nouvel ordre, dans cette voie, je voudrais vous demander si vous
vous préoccupez de reprendre ce qui a été une bataille
difficile et largement décevante de tous vos
prédécesseurs, soit d'en arriver, avec le gouvernement
fédéral, indépendamment du contexte politique, à
articuler les initiatives fédérales - les sommes d'argent
fédérales dépensées dans le domaine culturel, le
cinéma ou autre - avec les priorités, les objectifs que le
Québec a pour ses fins propres en regard avec la culture
québécoise, entendue dans le sens où nos collègues
de Laurier et de Jacques-Cartier l'ont dit. C'est un aspect important que nous
voulons vous souligner. Est-ce que c'est une préoccupation que vous
avez? (23 h 30)
M. Richard: Je réponds à votre préoccupation
voulant qu'on défende le système fédéral. J'ai
envie de vous dire oui, un peu comme on défend le patrimoine, avant de
lui trouver une vocation. On veut protéger l'acquis et le patrimoine
parce que là...
M. Rivest: Dans les deux cas, c'est une valeur sûre.
M. Richard: Là, on est en train d'inverser et d'aboutir
à l'état unitaire. D'une part, vous auriez dû vous en
rendre compte un peu plus tôt, mais en tout cas.
D'autre part, M. le député de Jean-Talon, je voudrais vous
signaler qu'après un mois, ce qui m'apparaît le plus troublant,
encore une fois, c'est comment il nous apparaît impossible de concilier
les politiques fédérales en matière de culture, avec les
intérêts du Québec. Les politiques fédérales
sont des politiques pancanadiennes, visant les intérêts de
l'ensemble de la population canadienne, alors que nous avons besoin de
politiques spécifiques.
Je pourrais vous donner une douzaine d'exemples. Un des exemples, en
matière de droits d'auteur. Pourquoi le gouvernement
fédéral ne veut pas bouger en matière de droits d'auteur?
Ce qui est assez étonnant, il y a même un député
libéral fédéral qui a protesté à ce sujet
récemment. C'est rare qu'ils protestent, eux, pour les
comités.
M. Rivest: M. Duclos?
M. Richard: Non, ce n'est pas mon homologue de Montmorency, c'est
M. Gourd, je crois.
M. Rivest: Le député d'Argenteuil-Papineau.
M. Richard: Ce que M. Gourd n'a pas compris encore, c'est que la
politique des droits d'auteur fédérale est une politique
pancanadienne. On ne veut pas protéger les auteurs
québécois parce que, en protégeant les auteurs
québécois, on protégerait les auteurs anglophones et, en
protégeant les auteurs anglophones, on protégerait les auteurs
américains. Voilà le cercle vicieux.
Donc, on est incapable d'avoir une politique spécifique pour le
Québec, alors que nous, notre problème est essentiellement
différent du problème canadien. Il en était ainsi
d'ailleurs - heureusement il y a eu une bonne décision pour une fois du
CRTC - du projet de deuxième chaîne de Radio-Canada, en
matière culturelle. Pourquoi voulait-on une deuxième chaîne
à Radio-Canada? Pour répondre à un problème
spécifique du Canada anglais. Et alors qu'on n'a même pas
réussi à avoir une première chaîne adéquate
pour la section française de Radio-Canada, on était prêt
à avoir une deuxième chaîne immédiatement - vous
voyez la déception du président de Radio-Canada - pour
répondre à un besoin du Canada anglais.
Le problème, en matière culturelle, c'est que nous avons
justement des problèmes spécifiques, et on veut apporter à
ces problèmes spécifiques, des solutions pancanadiennes qui sont
des solutions absolument inadéquates pour nous. C'est ainsi que cela
m'apparaît globalement.
M. Rivest: Globalement. J'avais prévu en
général le sens de sa réaction et je la comprends. Par
exemple, le Conseil des arts du Canada donne aux Québécois - on
n'entend pas d'échos dans ce sens-là dans le domaine de la
recherche - dans un paquet de domaines. Est-ce que l'action du Conseil des arts
du Canada vous apparaît profitable, globalement, ou néfaste au
progrès de la culture au Québec?
M. Richard: Cela dépend. Il faut distinguer. Quand vous me
parlez du domaine de la recherche scientifique.
M. Rivest: Non, le domaine des arts.
M. Richard: C'est absolument dramatique. La politique
fédérale, au niveau de la recherche scientifique, est
absolument
négative à l'égard du Québec; cela, vous le
savez.
M. Rivest: Sur quel plan en particulier?
M. Richard: Toute la recherche dans le domaine médical,
par exemple.
M. Rivest: Oui. Quelles sont les proportions?
M. Richard: De mémoire, je ne pourrais pas vous dire, mais
j'aurais envie de vous répondre quelque chose comme 15%.
M. Lalonde: J'aimerais quand même donner la chance au
ministre de réviser ses chiffres. Est-ce que ce n'est pas justement dans
le domaine médical où le Québec est en avance?
M. Richard: Peut-être.
M. Lalonde: Proportionnellement. Je pense que son exemple est...
Je suis d'accord avec lui pour d'autres domaines. Quant au domaine
médical, c'est le Québec qui a la première...
M. Richard: Globalement, en tout cas, tous les autres domaines de
politique scientifique, globalement, c'est 15%.
M. Rivest: Dans le domaine?
M. Richard: Dans tout le domaine de la recherche
scientifique.
M. Rivest: Dans le domaine des arts?
M. Richard: Notamment des communications et des
télécommunications.
M. Rivest: Dans le domaine des arts d'interprétation, des
écrivains?
M. Richard: II y a eu des expériences heureuses. Je pense
qu'il faut reconnaître qu'il y a eu certaines expériences
ponctuelles qui ont été heureuses et qui ressemblent, justement,
à ce qui est fait par l'Institut québécois du
cinéma.
M. Rivest: Prenant acte des déclarations du ministre, je
sais que vous vous trouvez sans doute mal à l'aise dans le contexte
politique actuel dans la mesure où les orientations du gouvernement sur
l'avenir constitutionnel du Québec sont bien différentes des
nôtres en particulier et, jusqu'à nouvel ordre, de celles d'une
majorité de la population du Québec. Vous êtes le ministre
des Affaires culturelles et, comme vous l'avez évoqué, les
situations malheureuses sont dramatiques à votre point de vue, les
situations heureuses sont ponctuelles; enfin, je ne veux pas qu'on fasse le
bilan ce soir.
Voici le sens de ma question. D'autres avant vous ont essayé,
c'est très difficile autant sous votre gouvernement que sous le
gouvernement précédent, mais est-ce que vous ne croyez pas qu'au
ministère des Affaires culturelles - encore là, je fais vraiment
abstraction de la dimension politique qui sera réglée de toute
façon à d'autres niveaux - pour la bonne conduite dans les
prochaines années du développement culturel du Québec,
comme Québécois qui, jusqu'à nouvel ordre, faisons encore
partie de l'ensemble fédéral canadien et qui avons droit à
retirer de notre appartenance à l'ensemble fédéral
canadien notre juste part, qu'au niveau du ministère des Affaires
culturelles, dis-je, le ministre devrait prendre l'initiative non pas en
dramatisant ou en dédramatisant les inconvénients ou les
avantages de la situation actuelle? Je vous invite à le faire; je
l'avais fait avec vos collègues des années antérieures
sans trop de succès. Je n'ose pas vous le demander parce que vous
arrivez au ministère. Mais j'aimerais bien connaître, par exemple,
quelles communications ont été faites, quelle correspondance a
été échangée avec vos homologues
fédéraux qui dépensent dans le domaine culturel, à
quelle date la dernière communication et quelle en a été
la nature.
Il y a sans doute eu des communications d'ordre ponctuel, mais mon
intention ce soir, c'est de vous inviter au niveau du ministère des
Affaires culturelles, en vue d'assurer la cohérence des deux niveaux de
gouvernement, à prendre l'initiative. Je sais que vous vous inscrivez
dans une dynamique de la défense des intérêts, mais je
crains - je vous le dis comme je le pense - que cette dynamique politique - il
y a déjà quatre ans que cela dure, à mon avis - ne nous
situe dans une dynamique qu'on a connue antérieurement au Québec.
Je le dis à l'intérieur de l'étude des crédits du
ministère des Affaires culturelles. Il faut que vous preniez
l'initiative vous-même, comme ministre des Affaires culturelles et comme
membre du gouvernement, de proposer au gouvernement fédéral un
plan d'intégration et d'harmonisation, sans préjuger des
changements constitutionnels de quelque ordre qu'ils soient qui surviendront
dans l'avenir, mais que vous le fassiez, que vous vous donniez cela comme
objectif. Ce sera extrêmement exigeant, périlleux à bien
des égards, mais au moins vous aurez fait l'effort d'assurer la
cohérence et de défendre dans ce sens, selon mon objectif, d'une
manière positive les intérêts du Québec.
Mon illustration de cela - je vous le dis très franchement
encore, c'est presque le seul endroit où cela s'est fait; on vit avec ce
régime et on en profite au Québec, je
pense que les interventions de mes collègues l'ont
démontré - c'est l'exemple de votre ancien collègue, M.
Couture, qui partageait autant que vous les objectifs politiques et qui sont
propres à votre formation politique qui sont dans une conjoncture
politique que l'on connaît, mais il a négocié avec son
homologue de l'époque, M. Cullens, une entente au niveau de
l'immigration qui, sans permettre au ministère de l'Immigration,
à votre ancien collègue et à votre nouveau collègue
à l'Immigration, d'atteindre l'essentiel des objectifs politiques de
votre formation, a tout de même permis au Québec de
débloquer et d'avancer là-dessus. Un des aspects dans le domaine
culturel - je vous donne cette suggestion en vrac ce soir - c'est que nous
aimerions, du côté de l'Opposition, que vous fassiez cet effort.
Nous qui avons des convictions politiques sur ce plan qui vous sont connues,
nous serions très intéressés à nous associer
à cela. Je vous demande votre réaction.
M. Richard: II me fait plaisir de vous donner ma réaction,
M. le député de Jean-Talon, puisque je suis moins optimiste que
vous. Je vais vous dire pourquoi. Je sors d'une expérience de six mois,
d'une brève expérience au ministère des Communications
où j'avais le même homologue que j'ai l'honneur d'avoir,
maintenant, aux Affaires culturelles.
M. Rivest: ... des offres.
M. Richard: Non, justement, parce qu'il n'y a pas eu moyen de le
rencontrer pour lui soumettre quoi que ce soit en matière de
communication. Au moins à deux reprises, il a refusé de venir
à des réunions des ministres des Communications. Cela, vous le
savez. Quand le fédéral a juridiction, il refuse de participer
aux conférences des provinces; quand il n'a pas juridiction, avec son
argent, il s'immisce dans des domaines qui ne relèvent pas de lui.
La question que je vais vous poser est celle-ci: Pourquoi, en tant que
Québécois, vous qui connaissez tous ces dédoublements
inutiles, ne nous aidez-vous pas à dire à ce gouvernement, qui a
des velléités unitaristes - au moins, je ne vous demande pas de
renoncer à vos convictions fédéralistes, je vous demande
simplement de nous aider à dire - : Qu'avez-vous à faire dans le
domaine culturel où l'identité culturelle du Québec est
tellement spécifique sur le continent nord-américain? C'est quoi,
ce dédoublement? Vous connaissez les injustices, découlant
justement de cette spécificité, dont nous avons été
victimes.
Vous parliez de la recherche, tout à l'heure. Vérifiez
pour savoir quelles ont été, de 1970 à 1980, les bourses
du Commonwealth, pour savoir dans quelle proportion elles ont été
accordées au Québec. Vous parliez de recherche. Les bourses du
Commonwealth ont été accordées au Québec dans une
proportion qui n'excède pas 2%. C'est ça, la
réalité politique de ce pays. Quand je parle de 2%, je suis
obligé d'en donner plus que... 80% des bourses accordées au
Québec ont été accordées à McGill, en plus.
Je pourrais vous donner les chiffres complets là-dessus.
Ce que je vous demande, c'est votre aide. On va avoir besoin de votre
aide pour dire à ce gouvernement: Qu'est-ce que vous faites dans tous
ces dédoublements? Pourquoi ces dédoublements inutiles,
coûteux, qui mènent à l'incohérence la plus totale?
Que vient faire le gouvernement fédéral en matière
culturelle, alors que tout ce qu'il veut, c'est appliquer des critères
pancanadiens. Vous savez pertinemment que des critères pancanadiens,
cela veut dire le plus souvent des critères "pancanadian".
M. Rivest: Très bien, M. le ministre, j'accepte cette
argumentation, selon votre optique. Mais la réalité politique
concrète est telle - parce que vous avez des engagements qui ont
été exprimés par le premier ministre - que vous entendez
fonctionner à l'intérieur du régime
fédéral... J'essaie la même chose, j'essaie cela à
chaque commission.
M. Richard: ... elle existera après la décision de
la Cour suprême.
M. Rivest: Le rapatriement de la constitution, c'est une autre
chose. Je vous parle de l'administration, je vous parle à titre de
ministre des Affaires culturelles. Sur le plan de la révision
constitutionnelle, qui peut être en cause... comme gouvernement du
Québec. Des intervenants sont venus le dire au ministre des Affaires
intergouvernementales en particulier, et ont proposé, depuis maintenant
cinq ans, alors que votre prédécesseur, le dernier ministre, M.
L'Allier, a, sur ce plan, à l'intérieur du livre vert - il
était vert, je crois, celui de 1976, je ne me rappelle plus très
bien la couleur - fait des propositions là-dessus, c'étaient les
propositions du gouvernement à l'époque. Elles sont
arrivées en 1976 et le gouvernement est parti. Il y avait une base de
négociations sur ce plan.
Personne sur ce plan, à ma connaissance en tout cas, au niveau du
gouvernement depuis 1976, n'a repris ces éléments. Sans doute que
dans la période préréférendaire... Je vous donne
même l'excuse de ne pas l'avoir fait parce que vous ne vouliez pas, sans
doute, préjuger de la décision au moment du
référendum, mais dans la mesure où maintenant... Que cela
vous chagrine et que vous soyez déçu de cette décision,
j'en conviens, mais quand
vous dites vouloir, comme gouvernement - le premier ministre et
vous-même, comme ministre des Affaires culturelles, comme vous venez de
l'évoquer - respecter la décision majoritaire des
Québécois, cela a un certain nombre de conséquences dans
chacun des ministères. Or, une de ces conséquences, c'est que
vous essayiez, dans le domaine culturel, sur le plan administratif - c'est le
sens de ma demande - d'y mettre de la cohérence, car c'est votre mandat.
(23 h 45)
Je demande que vous formuliez votre mandat avec cohérence puisque
vous vous inscrivez dans le processus de révision constitutionnelle. Le
premier ministre a lui-même signé une déclaration conjointe
avec huit premiers ministres du Canada. C'est une chose qui n'est pas
négligeable, ce processus dans lequel il s'engage. Je n'ai pas la
déclaration ici, mais les journaux, au cours de la campagne
électorale, ont publié cette déclaration par laquelle le
premier ministre du Québec dit qu'il s'engage, qu'il s'inscrit dans la
démarche du renouvellement de la fédération.
Voici le sens de ma question. Sur le plan administratif, est-ce que vous
avez l'intention de faire, sans y donner une connotation politique, cet effort
de cohérence. De plus, est-ce aussi votre intention, sur le plan de la
révision constitutionnelle?
Quant aux moyens dont vous disposez, vous en avez vous-même
évoqué un, parce que les priorités du Québec, en
matière culturelle, sont comme les priorités d'autres
régions du Canada. Je comprends qu'il y a une dimension
particulière du Québec qu'il faut souligner, je vous invite
à la souligner, et notre groupe va certainement vous appuyer en ce sens
quand vous allez rencontrer vos homologues provinciaux. Vous nous avez dit que
vous les receviez au cours de l'été, je ne sais trop la date.
M. Richard: À l'automne.
M. Rivest: À l'automne, à Québec. Pourquoi
ne pas prendre alors l'initiative, lorsque vous allez les recevoir? Vous allez
parler de fiscalité et d'autres choses. Je ne sais pas si l'ordre du
jour est fermé. Vous allez discuter avec vos collègues qui
administrent, comme vous, des budgets qui touchent au développement
culturel des différentes entités politiques au Canada, au niveau
des provinces. Vous leur direz: L'initiative fédérale, on la
remet en cause sur le plan politique. Vous pourrez l'affirmer, c'est votre
orientation, mais, pour l'instant, on fonctionne, comme le gouvernement le dit,
à l'intérieur du régime fédéral. Il y a
telle initiative fédérale ponctuelle, ma foi, qui a un certain
nombre d'aspects heureux, mais il y a des initiatives qui sont malheureuses,
comme celles que vous avez évoquées sur le plan du
développement de la culture québécoise.
Bien entendu, encore une fois, n'oubliez jamais le sens large qui a
été souligné par mes collègues tantôt, au
début de la commission, et vous-mêmes, mes collègues
provinciaux, quel type de problèmes cela vous impose-t-il? Est-ce que
l'initiative fédérale bouscule vos priorités? Si elle
bouscule vos priorités, quelles représentations pourrions-nous
faire adresser?
Ce que je veux, ce n'est pas un document, ce n'est pas une
démarche politique, c'est une démarche...
M. Richard: M. le Président, en matière de culture,
ma position, M. le député de Jean-Talon, est très
simple.
Que vient faire le fédéral dans le domaine culturel qui
n'est que le prolongement de l'éducation, du domaine de
l'éducation?
M. Rivest: Dans l'état... Oui, dans l'état...
M. Richard: Que vient faire le fédéral
là-dedans? C'est moi qui sollicite votre appui pour que nous disions
ensemble, tout en respectant vos convictions fédéralistes, que ce
n'est pas être souverainiste que de dire au fédéral qu'il
n'a rien à voir avec le développement culturel du Québec.
On peut être souverainiste, comme on peut être
fédéraliste, pour dire au fédéral: Vous n'avez rien
à voir avec le développement culturel du Québec.
M. Rivest: Sauf...
M. Richard: Cela relève des Québécois. Et
les Québécois ne veulent pas confier au gouvernement
fédéral leur développement culturel. C'est trop lié
à leur identité propre comme Québécois que le
développement culturel. C'est ce que le gouvernement
fédéral fait depuis toujours. La seule façon d'assurer la
cohérence des politiques, c'est d'éviter les chevauchements
inutiles et de faire en sorte que le Québec soit le véritable et
unique maître d'oeuvre de sa politique culturelle.
M. Rivest: M. le ministre, l'ancien gouvernement avait
avancé une idée...
M. Richard: Mon Dieu, vous êtes presque l'auteur, M. le
député de Jean-Talon - comment appelaient-ils cela? - de la
souveraineté culturelle, on se rejoint pour une fois, de la
souveraineté culturelle totale, M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je prévois tout cela et je tiens compte de vos
réactions, je les
comprends. Sauf que ce que je vous demande de reconnaître pour
l'instant, c'est que le gouvernement fédéral applique
actuellement une constitution qui est celle que nous avons. On peut la
contester, nous l'avons contestée à notre manière. Vous
parlez des propositions qu'on avait faites au titre de la souveraineté
culturelle, vous la contestez d'une façon globale. Lorsque vous
véhiculez l'idée de la souveraineté, vous la contestez
d'une façon que je ne connais pas actuellement, à
l'intérieur de la révision du fédéralisme dans
lequel vous vous inscrivez, dans la mesure où il n'y a aucune
proposition du gouvernement du Québec sur ce plan qui est sur la table.
Vous avez suivi les priorités qui ont été définies.
Enfin, c'est le contexte.
Mais, actuellement, les Québécois, majoritairement, et
tous les Québécois sont régis...
M. Richard: M. le Président, encore une fois, j'ai
répondu à cela, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Non.
M. Richard: J'épouse tout à fait la thèse de
votre ex-collègue, votre patron et ami Robert Bourassa, en
matière culturelle, qui prônait la souveraineté culturelle.
J'épouse cette thèse. Je suis d'accord avec la
souveraineté culturelle. M. Bourassa était
fédéraliste...
M. Rivest: Oui, et si vous avez vu la...
M. Richard: ... que je sache, et il prônait la
souveraineté culturelle. Alors, je suis bien à l'aise,
évidemment, parce que je suis un peu plus souverainiste que M. Bourassa,
de prôner moi aussi la souveraineté culturelle.
M. Rivest: Encore là, cela je ne vous le conteste pas.
D'ailleurs, si vous voulez regarder nos propositions propres d'aujourd'hui -
nommément dans la position constitutionnelle du Parti libéral -
les arts, les lettres et le patrimoine sont des demandes qu'on a
formulées. Mais on est dans l'Opposition, et, au titre de la
révision constitutionnelle, si vous regardez, le livre beige est
à ce titre. Il y a toute un mécanisme prévu.
Mais ce n'est pas ça l'affaire, parce que la souveraineté
culturelle, la souveraineté politique et nos propositions du livre
beige, en ce moment, elles n'existent pas. Or, vous, vous existez comme
ministre des Affaires culturelles du Québec. Vous fonctionnez dans le
cadre d'un ordre constitutionnel, qui est celui qui existe. D'accord? Cet ordre
constitutionnel, interprété, il n'y a pas
d'illégalité, enfin le gouvernement fédéral est
dans le champ culturel et il y est massivement pour l'instant, à tort ou
à raison, peu importe, ce n'est pas l'objet, mais votre
responsabilité, comme ministre des Affaires culturelles, je vous le
demande...
M. Richard: C'est de l'en sortir.
M. Rivest: C'est politique, mais, comme ministre des Affaires
culturelles, vous devez éviter... c'est le sens des démarches que
je vous demande. Quand je vous demande de communiquer d'une façon
sereine, en respectant l'ordre que vous refusez - ça j'en conviens -
avec votre homologue fédéral, de faire des points d'accord et de
concertation avec vos homologues des autres provinces qui s'intéressent
au dossier culturel pour que les inconvénients actuels du régime
- ceux qu'on peut régler sur le plan administratif - soient
réglés et que nos artistes, nos créateurs, les gens qui se
préoccupent de questions de patrimoine, nos écrivains ne soient
pas pénalisés par les difficultés d'ordre constitutionnel
que nous connaissons, que ces difficultés trouvent leur solution dans la
voie que vous proposez de la souveraineté ou dans la voie qu'on propose
du renouvellement de la fédération canadienne, il y a un
problème sérieux. Vous êtes le ministre des Affaires
culturelles, vous devez fonctionner dans l'ordre constitutionnel actuel. Je
vous demande ceci: Êtes-vous prêt à le faire? Et si vous
êtes prêt à fonctionner, comme vous le dites, comme le
premier ministre du Québec le dit en ce moment, êtes-vous
prêts à prendre des initiatives pour assurer qu'il y a une plus
grande cohérence des initiatives actuelles qui existent et qui vont
continuer d'exister tant qu'on sera dans l'ordre constitutionnel actuel,
présent, dans le domaine des affaires culturelles? C'est ça, le
sens de la question. Oui ou non? Si vous acceptez de faire cela, avez-vous
l'intention de prendre un certain nombre d'initiatives à cet
égard pour assurer cette cohérence auprès de vos
homologues provinciaux, en produisant des documents, en montrant le pour et le
contre de la situation actuelle? Voilà le sens de ma question, ce n'est
pas la question politique.
M. Richard: M. le Président, durant toute ma brève
carrière politique, jusqu'à maintenant, j'ai essayé de
démontrer l'absurdité du système politique dans lequel on
vit. En matière culturelle, c'est encore plus évident que dans
d'autres domaines. Il est évident, M. le député de
Jean-Talon, que je vais continuer à essayer de faire la
démonstration des aberrations qu'il y a dans ce chevauchement inutile et
coûteux. À chaque fois que je vais avoir la possibilité
d'aller chercher les pouvoirs qu'on nous a arrachés, je vais le faire
parce que ça aussi c'est cohérent...
M. Rivest: Comment?
M. Richard: À chaque fois que je vais pouvoir
convaincre... Si c'est possible de le faire. Je vous rappelle que j'ai le
même homologue que j'avais aux Communications. Or, ce dernier refusait
même de venir aux conférences des ministres des
Communications des provinces. J'ai participé à deux
conférences des ministres des Communications des provinces, sans que M.
Fox daigne venir s'asseoir à la même table que nous. Aura-t-il la
même attitude avec les ministres des Affaires culturelles? Je l'ignore,
M. le député de Jean-Talon. Tout ce que je peux vous dire c'est
que vous savez pertinemment que toute la politique fédérale,
depuis qu'il y a un gouvernement fédéral, a consisté
à essayer d'agrandir ses pouvoirs au détriment des provinces,
d'agrandir son champ de juridiction, et qu'il ne veut jamais céder les
pouvoirs qu'il a arrachés, la plupart du temps par la force, aux
provinces. Voilà la réalité politique de ce pays.
M. Rivest: Etes-vous prêt à faire...
M. Richard: Et quand il a l'appui de l'Opposition
libérale, à Québec, pour le faire, c'est encore infiniment
plus difficile pour nous. Si vous dénoncez, avec autant de virulence que
je vais les dénoncer, les incohérences de ce
système...
M. Rivest: Ah, vous y allez pour la virulencel Ce n'est pas
là ma question.
M. Richard: ...et on va réussir à rester les seuls
maîtres de notre développement culturel au Québec.
M. Rivest: Oui. Êtes-vous prêt à vous
engager...
M. Lalonde: Si je comprends bien, vous ne voulez rien faire pour
que cela marche.
M. Rivest: C'est cela.
M. Richard: Bien sûr, qu'on veut le faire. Je vous ai
donné la...
M. Rivest: Mais c'est là ma question. Votre discours, cela
va. Ma question, c'est cela.
M. Richard: M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
je vous ai parlé spécifiquement des expériences...
M. Lalonde: Vous avez dit que...
M. Richard: ...que je viens de vivre au ministère des
Communications.
M. Lalonde: ...vous allez tout faire pour que cela ne marche
pas.
M. Rivest: C'est cela.
M. Lalonde: Vous avez fait démontrer que cela ne marche
pas. Compris.
M. Richard: Je vous ai parlé spécifiquement des
expériences sur lesquelles vous vous fermez les yeux. Vous ne voulez pas
les voir celles-là. Au ministère des Communications, j'ai
vécu deux conférences, en six mois, des ministres des
Communications. À ces deux conférences des ministres des
Communications, alors qu'il y a consensus des dix ministres des Communications
en matière de communication, le ministre fédéral a
refusé d'y assister. C'est moi, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, qui veux que cela ne marche pas? J'étais
présent aux deux conférences dont l'une a eu lieu à
Québec et l'autre à Vancouver, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Rivest: Ma question est la suivante: Est-ce que...
Une voix: ...
M. Rivest: Non, une dernière question.
M. Champagne: Question de privilège.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mille-Iles, il n'y a pas de question de privilège en commission.
M. Champagne: En fin de compte, c'est que...
M. Rivest: Non, je le lui permets.
Le Président (M. Desbiens): Une question de
règlement.
M. Champagne: M. le député de Jean-Talon avait
souhaité, à 23 heures...
M. Rivest: Oui, on va y aller. Une dernière question.
M. Champagne: ...que cela finisse vers 23 h 30, 23 h 45. De toute
façon, est-ce qu'on pourrait...
M. Rivest: Mais on a eu droit à un discours, enfin.
M. Champagne: Lequel? Le vôtre ou le sien?
Le Président (M. Desbiens): Alors... Une voix:
Deux.
Une voix: Une.
M. Champagne: C'est cela. On a eu droit à deux
discours.
M. Rivest: Je reviens, M. le ministre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Essayez de me répondre. Je connais toutes vos
convictions, etc. Est-ce que vous êtes prêt, dans le domaine
culturel, à vous engager dans le même sens de la démarche
qu'a suivie votre collègue dans le domaine de l'immigration, M. Couture,
qui a négocié une entente qu'on appelle l'entente Couture-Cullen
qui a permis au Québec, même si le Québec, dans votre
option, n'est pas souverainiste, etc., d'exercer un pouvoir réel dans le
domaine de l'immigration et de respecter davantage les caractéristiques
de notre société? Êtes-vous prêt à vous
engager dans ce domaine? C'est là le sens de ma question. Je ne veux pas
avoir de...
M. Richard: M. le député. M. Rivest: Oui ou
non?
M. Richard: M. le député de Jean-Talon, je suis
disposé...
M. Rivest: Ah!
M. Richard: ...à suivre exactement la politique qui a
été la mienne au ministère des Communications...
M. Rivest: Bien, franchement, vous n'avez pas eu grand
succès.
M. Richard: ...à être présent...
M. Rivest: Mais votre collègue a eu des succès.
M. Richard: ...et à indiquer nos réclamations comme
je l'ai fait.
M. Rivest: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Alors, si j'ai bien compris le
sens de la procédure qu'on avait déterminée...
M. Rivest: Vous êtes meilleur en constitution qu'en
affaires culturelles.
Le Président (M. Desbiens): ...il n'y aurait plus aucune
question. Je demande donc si les crédits du ministère des
Affaires culturelles sont adoptés en bloc.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que c'est de cette
façon que vous l'entendiez?
M. Rivest: M. le Président, est-ce qu'on peut remercier le
ministre qui a fait des efforts héroïques?
Le Président (M. Desbiens): Alors, les crédits du
ministère des Affaires culturelles, pour l'année
financière 1981-1982, sont adoptés. M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je voudrais simplement remercier le ministre et ses
collaborateurs ainsi que tous nos collègues pour qui c'était une
initiation - je ne sais pas si cela a été un exemple - et lui
dire, au moins à travers tous ces débats et surtout ces
ébats, à certains moments, qu'on a acquis au moins la conviction
que le nouveau ministre des Affaires culturelles va certainement, dans les
prochains jours et les prochains mois, se retourner, comme il l'a fait souvent
ce soir, mais cette fois-là vers tout son ministère, s'en
pénétrer. Je suis convaincu qu'il le fera. Il nous a
demandé notre collaboration. Nous avons essayé d'obtenir, enfin,
jeter les bases à la fin d'une autre dimension de notre collaboration
ici. Je regrette que nous n'ayons pas pu obtenir des voies sur le plan des
relations fédérales-provinciales. Je veux -je veux le dire au
ministre - exprimer également le sentiment qu'à notre
collègue Jean-Pierre Saintonge, qui, maintenant, va assumer la
responsabilité du dossier, on voudra bien accorder toute notre
collaboration. Également, je voudrais remercier tous les collaborateurs
du ministre qui ont dû être bien nerveux parce que, quand un
ministre a ses crédits en arrivant, cela crée toujours un certain
nombre d'activités parlementaires au niveau des ministères. Je
sais que le ministre lui-même a apprécié la collaboration
que ses fonctionnaires lui ont donnée.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Richard: M. le Président, je voudrais vous remercier,
vous d'abord, pour le travail que vous avez fait, et les collaborateurs du
ministère, les hauts fonctionnaires du ministère qui ont fait un
travail de géant depuis mon arrivée au ministère pour me
rendre la tâche facile. Je voudrais remercier mes collègues de
l'Opposition, spécialement mon nouveau vis-à-vis, le
député de Laprairie, pour la sérénité de ses
interventions. (Minuit)
Quant aux députés de Jean-Talon et de
Marguerite-Bourgeoys, je leur sais gré de la collaboration qu'ils
m'offrent pour lutter contre les velléités unitaristes du
gouvernement fédéral en matière culturelle.
J'en prends acte et je suis heureux de constater que le
député de Jean-Talon et moi-même partageons des convictions
profondes en ce qui a trait à la souveraineté culturelle du
Québec.
M. Rivest: Attention!
M. Lalonde: M. le Président, j'ai été mis en
cause, ce n'est pas une question...
M. Rivest: Question de règlement! Défends-moi en
même temps.
M. Richard: Alors, je vous en remercie et je suis sûr
qu'ainsi il sera plus facile d'apporter des solutions au problème du
développement culturel du Québec.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai été mis en
cause, j'ai entendu un acte de foi du nouveau ministre à l'égard
de la souveraineté culturelle, on s'en souviendra.
Le Président (M. Desbiens): Alors, je demanderais au
rapporteur de faire rapport à l'Assemblée nationale dans les plus
brefs délais...
M. Richard: J'ai toujours de la misère à leur faire
adopter une motion, à eux.
Le Président (M. Desbiens): ...que le mandat qui avait
été confié à la commission a été
rempli. J'ajourne donc la séance en remerciant tous les
participants.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 02)