Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Rochefort): La commission de
l'aménagement et des équipements est réunie ce matin afin
d'entreprendre l'étude des crédits de l'ensemble des
ministères qui sont de sa compétence. Nous commencerons cette
étude des crédits par ceux du ministère des Affaires
municipales. Le mandat d'aujourd'hui est précisément
d'étudier les programmes 1 à 8 inclusivement et ceux
reliés au dossier de l'habitation seront étudiés à
notre séance de demain avant-midi. Ce sont les programmes 9 et 10, soit
"Société d'habitation du Québec" et "Conciliation entre
locataires et propriétaires".
Je constate le quorum de la commission. Le secrétaire m'indique
qu'il n'y a pas de remplacement de membres pour ni l'une ni l'autre des
formations politiques. Sans plus tarder, je voudrais souhaiter la bienvenue au
ministre des Affaires municipales, à son équipe, son
sous-ministre en titre et tous ses collaborateurs et collaboratrices.
Avant de demander au ministre de faire son intervention d'ouverture, on
pourrait peut-être lui demander de présenter ses principaux
collaborateurs aux membres de la commission et, par la suite, nous pourrions
entreprendre l'étude par son intervention d'ouverture. M. le
ministre.
Présentations
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
venir, ce matin, à l'étude des crédits du ministère
des Affaires municipales et de l'Habitation en cette première
étude subséquente à l'élection du 2 décembre
dernier.
Je voudrais vous présenter, à ma droite, le sous-ministre
des Affaires municipales, M. Jacques O'Bready; à sa droite, M. Yvon
Verrette, directeur de la gestion au ministère des Affaires municipales.
Je vais nommer les gens derrière moi et je leur demanderais de se lever
à l'appel de leur nom. M. Florent Gagné, sous-ministre adjoint,
M. Jean-Paul Arsenault, également sous-ministre adjoint, M. Luc Martin,
sous-ministre adjoint, secteur habitation; Mme Louise Robert, sous-ministre
adjointe aux affaires juridiques - je ne crois pas qu'elle soit arrivée
- et M. Mario Saint-Germain, secrétaire du ministère.
J'ai présenté M. Verrette, directeur général
de la gestion. Il y a M. Pierre Daviau, directeur du service du budget et Mme
Raymonde Fiset, directrice du service des ressources matérielles.
À la Direction générale de l'évaluation
foncière, M. Robert Fournier, directeur général; M.
Jacques Beaudoin, chef de la division des compensations et M. Gaston Vachon,
directeur du Service des programmes de compensation.
À la Direction générale de l'administration
financière, M. Antoine Sylvain, directeur du service des études
et programmes et M. Marc-André Laforêt, directeur de la direction
des subventions; à la Direction générale de la
prévention des incendies, M. Gaétan Levasseur, directeur
général; à la Direction générale des
orientations gouvernementales en aménagement, M. Louis Dussault,
directeur général; à la Direction générale
des relations avec les municipalités, M. Lucien Métras,
également directeur général; à la Direction
générale de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire,
M. Georges Felli, directeur général; à la Direction des
communications, M. Richard Thériault, directeur.
J'aimerais également présenter le président par
intérim de la Société d'habitation du Québec, M.
Jean-Paul Beaulieu dont on étudiera les crédits demain matin, le
président du Bureau de révision de l'évaluation
foncière, M. Yvon Genest, le directeur-coordonnateur du projet Archipel,
M. Florian Rompré; le président de la Société de
développement de la Baie James, M. Albert Jessop. Je crois que le juge
Richard Beaulieu n'est pas ici. Il est président de la Commission
municipale. Et également le président de la Régie du
logement, M. Jean-Guy Houde. Je crois qu'ils seront ici un peu plus tard. De
toute façon les crédits de ces groupes ne sont pas encore
appelés. Également, M. Roger Blais, président de la
Société d'aménagement de l'Outaouais, sera ici un peu plus
tard, étant donné que les crédits de cet organisme ne
seront pas étudiés ce matin. Je ne crois pas en avoir
oublié. Si j'en ai oublié... Il n'y a personne qui se
lève. Il y a les membres de mon cabinet qui sont ici. Je peux
probablement vous les présenter: Le beau garçon avec la moustache
c'est Jean-Guy Tremblay, attaché politique...
Le Président (M. Rochefort): On n'est
pas en mesure d'apprécier ça nous autres!
M. Bourbeau: ...Dominique Lambert, attaché politique au
ministère, Johanne Whetton, secrétaire de mon directeur de
cabinet, Danielle Chevrette qui est ma secrétaire et Aline Saint-Amand
qui est conseillère politique au cabinet. Il y a Marie-Claire Ouellet,
attachée de presse.
M. le Président, je vous ai livré tous les noms de ceux
qui m'accompagnent. Si jamais il y en a d'autres qui se présentent cela
me fera plaisir de vous les présenter. Comme vous voyez on prend
très au sérieux l'étude des crédits. On a
mobilisé l'ensemble de l'État-major du ministère pour
venir mieux vous renseigner.
Le Président (M. Rochefort): M. Blais et M. Houde.
J'imagine que M. Blais va se joindre à nous au cours de la
journée et M. Houde demain matin au plus tard en tout cas?
M. Bourbeau: Non, c'est au cours de la journée tous les
deux je crois.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Si vous voulez y aller
avec quelques commentaires sur cela.
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, mesdames et messieurs les
membres de la commission. À l'ouverture de l'étude des
crédits des secteurs qui relèvent plus particulièrement de
mes responsabilités, les Affaires municipales et l'Habitation, vous me
permettrez de situer le contexte dans lequel s'est effectué cet
exercice, et de formuler certains commentaires.
Dans le cadre de la dernière campagne électorale, le Parti
libéral du Québec avait pris l'engagement de favoriser la
croissance économique en diminuant le rôle de l'État, en
privilégiant l'entreprise privée, en s'attaquant aux
déficits de façon rigoureuse et en exerçant un meilleur
contrôle du rythme de croissance des dépenses de l'État.
C'est précisément ce que nous faisons depuis quelques mois.
Cet exercice n'est pas facile. Il implique des choix douloureux, choix
qui correspondent toutefois aux priorités qu'un gouvernement
décide de se donner en tenant compte, bien sûr, de plusieurs
facteurs. Un de ceux-là est l'évolution de la situation
économique et sociale du Québec. Ainsi, les choix de
société qui pouvaient aller de soi au début des
années quatre-vingt n'ont plus nécessairement leur raison
d'être en 1986. Pour illustrer cette affirmation, je m'attarderai sur
quelques exemples dans un secteur qui nous intéresse tous ici,
aujourd'hui, celui de l'habitation. L'année 1982 fut marquée par
la mise sur pied du programme Corvée-habitation. Ce programme, issu
d'une suggestion de la Fédération des travailleurs du
Québec, fut mis sur pied alors que les taux hypothécaires
faisaient des records inégalés. Il fallait donner un
sérieux coup de barre pour relancer l'industrie.
Nous pourrions nous étendre longtemps sur les retombées du
programme Corvée-habitation. Une question demeure entière
toutefois: Le programme aurait-il eu le même impact s'il avait
été proposé à un autre moment alors que, par
exemple, les taux hypothécaires se seraient collés davantage
à ceux du marché actuel? Sûrement pas. C'est sans doute
pour cette raison que l'ancien gouvernement a décidé, en octobre
dernier, de ne pas reconduire le programme, ayant déjà
engagé plus de 70 000 000 $ à lui seul lors des
différentes phases, les versements à venir devant totaliser plus
de 15 000 000 $ sur les deux ou trois prochaines années.
Il en est ainsi des programmes Équerre - programme
d'encouragement québécois à la restauration
résidentielle - et PAAPR -programme d'aide à l'accession à
la propriété résidentielle - que nous avons
décidé, comme gouvernement responsable, de ne pas reconduire.
D'ailleurs, ces deux programmes constituent de beaux exemples de projets qui
n'ont jamais atteint les objectifs visés.
Dans le premier cas, Équerre avait été mis sur pied
en 1984 dans un contexte de récession comme moyen de relance
économique. Il voulait inciter les propriétaires à
entreprendre des travaux de restauration résidentielle. Un sondage
effectué à l'automne 1985 révèle des choses fort
intéressantes, soit que 44 % des bénéficiaires de ce
programme avaient un revenu supérieur à 30 000 $. De plus, 88 %
des bénéficiaires ont indiqué qu'ils auraient
effectué les travaux même sans l'existence du programme. En deux
ans, Équerre aura coûté au gouvernement 57 000 000 $.
Dans le second cas, le programme d'aide à l'accession à la
propriété résidentielle, ou le PAAPR, s'adressait
uniquement aux familles avec au moins un enfant de moins de douze ans et
accordait des subventions lorsque naissaient d'autres enfants. Le programme
subventionnait de façon décroissante sur cinq ans
l'intérêt payé sur une partie de l'emprunt
hypothécaire.
Il faut se rappeler que le PAAPR a été instauré en
1981, alors que les mises en chantier ne cessaient de chuter, que les taux
d'intérêt croissaient, qu'il n'existait plus aucune forme d'aide
pour favoriser l'achat d'une maison et que les perspectives
s'annonçaient encore plus sombres. Mais aujourd'hui, la situation a
changé. Les taux d'intérêt sont revenus à la
normale. Le rythme des mises en chantier a remonté. De
plus, seulement 22 % des bénéficiaires ont acheté
des maisons neuves alors que l'un des objectifs du programme visait à
stimuler les mises en chantier de maisons neuves. En outre, même en
période de récession, 38 % des bénéficiaires ont
répondu qu'ils auraient acheté même sans le programme.
Enfin, les subventions à la natalité, objectif important
du programme n'ont eu aucune influence sur les naissances; le taux de
natalité étant resté identique pour la même
catégorie d'âge.
Il convenait donc d'éliminer ces programmes qui n'ont jamais
atteint réellement leur objectif. C'est d'ailleurs en tenant compte de
la conjoncture économique actuelle que les programmes de nature
économique notamment doivent être révisés, voire
éliminés s'ils n'atteignent plus les objectifs visés.
Il en va tout autrement cependant des programmes de nature sociale. Le
gouvernement du Parti libéral a indiqué, dès le mois de
décembre, sa ferme intention de préserver les acquis dans ce
secteur. Et les domaines qui relèvent de mon champ d'intervention ne
dérogeront aucunement à cette règle. Les clientèles
les plus démunies ne seront pas délaissées, bien au
contraire.
Parmi les activités qui ont fait l'objet d'un effort de
développement particulier de la part du gouvernement dans les secteurs
des affaires municipales et de l'habitation, mentionnons le programme de
revitalisation des centres-villes qui bénéficiera d'un montant
supplémentaire de 13 000 000 $; l'accroissement des crédits pour
le programme de revitalisation des centres-villes et des artères
commerciales de Québec et de Montréal; le maintien du rythme
annuel de réalisation des unités dans le cadre du programme
Loginove; le développement de certaines infrastructures nordiques et la
poursuite du programme d'aide aux garderies en milieu municipal.
Par ailleurs, nous avons dû, à l'instar de tous les
ministères et services du gouvernement, procéder à des
compressions importantes. À titre d'exemple, nous avons demandé
aux nouveaux membres du conseil d'administration de la Société
d'aménagement de l'Outaouais de procéder à une compression
de plus de 1 000 000 $ pour l'exercice financier 1986-1987.
Geste important s'il en est un, du moins au plan des principes, nous
avons aboli des jetons de présence dont bénéficiaient des
membres des différents conseils d'administration des organismes,
régies, commissions, sociétés relevant du gouvernement du
Québec. Nous aurons l'occasion de revenir sur tous ces aspects. Je suis
persuadé que nos amis d'en face se feront un devoir de poser les
questions appropriées.
Auparavant, il m'apparaît important de préciser ma
pensée sur cet effort de ratio- nalisation des dépenses de
l'État. Je crois fermement que les choix que nous avons effectués
ne mettent pas en péril l'efficacité de nos services. Aux
Affaires municipales, par exemple, nous continuerons de poursuivre notre
rôle d'aide et de soutien aux municipalités. À ce chapitre,
nous notons d'ailleurs un meilleur climat au sein du monde municipal.
Il ne s'agit pas de faire table rase de tout ce qui a été
fait dans le passé. Les moyens réduits dont nous disposons nous
obligent à privilégier les actions qui auront un véritable
impact.
Il en est également ainsi dans le secteur de l'habitation. Nous
avons eu l'occasion de l'illustrer précédemment. À ce
sujet, j'ajouterai que j'ai formé un comité-conseil qui verra
à revoir les travaux et les consultations qui ont mené à
la préparation du livre vert "Se loger au Québec" à
étudier certains autres dossiers d'actualité en matière
d'habitation et à me soumettre ses recommandations. Le travail de ce
comité touche aussi l'évaluation des différents programmes
de la Société d'habitation du Québec.
La situation économique du Québec est bien connue. Je l'ai
dit, je le répète, l'exercice auquel nous nous livrons est ardu.
Comme gouvernement responsable, nous avons pourtant l'obligation et le devoir
de procéder à un tel exercice, aux Affaires municipales et
à l'Habitation comme ailleurs.
La reprise économique que nous espérons tous passe par un
assainissement des finances de l'État, finances qui, rappelons-le, nous
ont laissés au fond d'un trou de 1 500 000 000 $ créé par
le précédent gouvernement. C'est au prix de nombreux efforts que
nous atteidrons nos objectifs. En abordant l'étude des crédits du
ministère des Affaires municipales et de l'Habitation, je ferai donc
appel à la collaboration de tous pour y arriver.
M. le Président, si vous me le permettez, j'aimerais informer la
commission d'un fait nouveau qui est survenu, je pourrais peut-être
même dire cette nuit et qui concerne le secteur de l'habitation et qui
est susceptible d'intéresser les membres de la commission. Je pense que
c'est peut-être le moment de le faire en début de séance,
si vous le permettez.
Il s'agit de l'entente fédérale-provinciale sur
l'habitation...
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, je n'ai
personnellement pas d'objection à ce que vous le fassiez aujourd'hui,
mais compte tenu que votre critique officiel en matière d'habitation, le
député de Shefford, n'est pas présent parmi nous, puisque
sa présence n'a été requise que demain matin pour
l'étude des programmes 9 et 10 qui sont sous votre
responsabilité, est-
ce qu'il n'y aurait pas lieu de reporter la partie habitation à
demain avant-midi pour qu'on ait l'occasion d'en faire un débat en
soi?
(10 h 30)
M. Bourbeau: J'estime que ce que j'ai à dire fait encore
partie de mes notes d'ouverture. Je crois, au contraire, que ce que j'ai
l'intention de dire maintenant, il est peut-être important que le
critique de l'Opposition le sache dès maintenant, de façon qu'il
ait le temps au cours de la journée de se préparer à
réagir demain, alors que nous ferons l'étude des dossiers sur
l'habitation. De toute façon, cela ne sera pas très long. Cela
concerne l'entente fédérale-provinciale sur l'habitation
sociale.
Vous savez que l'habitation est une juridiction partagée entre
les provinces et le gouvernement fédéral. Les deux ordres de
gouvernement occupent depuis plusieurs années chacun sa place, tant par
des interventions directes sur le stock de logements existants et nouveaux que
par des programmes d'aide financière visant des clientèles
desservies par des organismes sans but lucratif, privés ou publics.
Certains des programmes sont à frais partagés; d'autres
défrayés soit par le Canada, soit par le Québec. L'entente
de 1979 ne visait en fait que deux programmes à frais partagés:
les logements publics et le supplément au loyer. Au
fédéral, il y a un programme en matière de restauration
domiciliaire qui s'appelait PAREL et le programme d'aide aux organismes sans
but lucratif, soit les COOP qu'on appelait le 56.1. Au Québec, il y
avait bien sûr Loginove, LOGIPOP et Logirente, tous des programmes qui
étaient hors entente en 1979.
Devant cet état de fait et même parfois devant la
concurrence entre les divers paliers de gouvernement en matière
d'habitation, les provinces ont demandé la renégociation de
l'entente de 1979, son élargissement en termes de couverture, un
réalignement significatif des deniers publics vers les plus
démunis et la possibilité, pour les provinces qui le
désirent, de mettre en oeuvre ou de livrer elles-mêmes les
programmes. 11 me fait donc plaisir d'annoncer ce matin que les deux
gouvernements en sont venus à un accord de principe hier, sur les
principales composantes des ententes. Nous avons donc l'intention de signer une
entente-cadre qui sera similaire pour toutes les provinces à
l'égard des principes et des objectifs. Elle couvre toutes les
interventions en matière d'habitation sociale, sauf le programme
Logirente. Il y aura nettement une orientation vers les plus démunis.
Les provinces pourront livrer tous les programmes. L'entente prévoit un
processus détaillé d'allocation des fonds et d'unités et
une planification conjointe.
L'accord de mise en oeuvre qui sera signé concurremment avec
l'entente-cadre touchera les programmes HLM, le supplément au loyer, les
logements sans but lucratif privés, soit les OSBL et les COOP, et la
restauration. Les ententes visent à éliminer les duplications
inutiles. Elles visent à augmenter l'efficience par une bonne
mixité de programmes, selon les besoins. Elles visent à canaliser
les fonds vers les plus démunis. Par ces ententes, également, le
Québec s'inscrit dans une coopération
fédérale-provinciale plus poussée. Le Québec
démontre clairement que cette priorité en habitation va aux
ménages dans le besoin.
En conclusion, M. le Président, MM. les membres de la commission,
il est vrai que les pourparlers ont été longs mais n'oublions pas
que le Québec est la seule province à se prévaloir de tous
les programmes à frais partagés disponibles pour les
démunis et, par ce fait même, maximise l'utilisation des deniers
publics. Il complète ainsi tout l'éventail des diverses ententes,
expliquant en bonne partie les délais. Ces ententes résultent
d'une longue démarche de réflexion sur les différentes
interventions en matière d'habitation sociale. Ces ententes
reflètent un certain nombre de compromis qui démontrent une
ouverture des deux parties pour en arriver à un accord durable visant
l'aide à l'habitation pour les ménages dans le besoin.
En conclusion, j'aurai l'occasion de fixer, au cours des deux prochaines
semaines, avec mon collègue fédéral, une date de signature
des ententes et les délais seront alors communiqués en
conférence de presse.
C'est la déclaration que je voulais faire, M. le
Président. Elle permettra sûrement de préparer les
discussions pour demain, lorsque nous serons arrivés à
l'étape du programme 9. Je vous remercie.
Le Président (M. Rocnefort): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Également, je voudrais souhaiter la bienvenue
au ministre des Affaires municipales et à toute son équipe qui
l'accompagne ainsi qu'aux membres de la commission sur l'étude des
crédits des programmes 1 à 8. Ceci fait que, selon les
interprétations ou selon la déclaration ministérielle
concernant l'ouverture des travaux de la commission, il y a un certain nombre
d'éléments que je dois laisser de côté puisque le
dossier sur l'habitation ne m'appartient pas. Il sera donc discuté au
cours de la journée de demain.
Mes premiers mots sont aussi pour dire que pour l'Opposition c'est
excessivement difficile de faire un travail... Je ne dis pas
que le travail ne sera pas raisonnablement bien fait; on va essayer,
avec le peu de temps mis à notre dispostion pour l'étude des
crédits du ministère... Il faut comprendre que ces crédits
ont été déposés jeudi dernier, à 17 heures,
ce qui fait que, pour les recherchistes et pour moi-même, vu mon emploi
du temps, il a fallu agir très rapidement pour essayer de faire le tour
de tous ces projets. À mon sens, un gouvernement qui se veut
préparé et prêt à prendre des décisions
devrait tenir compte que l'Opposition se veut aussi préparée. Il
devrait y avoir plus de temps mis à notre disposition pour pouvoir
étudier ces crédits.
Quant à moi, à titre de critique officiel du
ministère des Affaires municipales, je veux assurer le ministre, et
évidemment les employés du ministère, de mon
entière collaboration puisque nous voulons aussi être à
l'écoute de ce qui se passe: non seulement du ministère, mais
surtout de la part du monde municipal qui, à mon avis, est le mieux
placé et le mieux situé pour comprendre, étant les
premiers intervenants et les premiers souffrants - si l'on peut dire - de
toutes les politiques les concernant et concernant les contribuables qui
peuvent être mises sur pied.
Donc, il y a un certain nombre de questions que j'aurai le plaisir de
poser. Et j'espère que j'aurai les réponses, non seulement les
réponses que je désire avoir, mais les réponses les plus
logiques concernant les différents problèmes que nous aurons
à soulever. Ce que je me propose de faire, c'est évidemment de
tenir un rôle de relais entre le gouvernement et les divers intervenants
du milieu municipal. C'est un peu le premier préambule pour le travail
que j'ai l'intention de faire concernant le ministère des Affaires
municipales.
Je voudrais immédiatement parler des différents programmes
ou projets qui seront étudiés, les engagements des programmes 1
à 8, des crédits. Le ministre est déjà
informé que la commission Parizeau, mise sur pied et financée par
l'Union des municipalités du Québec, s'est vu confier le
très vaste mais non moins noble mandat d'étudier l'avenir des
municipalités du Québec. Son mandat se précise au fur et
à mesure que se déroulent les audiences qui ont commencé
à la mi-février. Donc, actuellement, selon les informations, 250
mémoires vont être déposés à cette commission
et le rapport devrait être déposé à l'automne
1986.
La commission doit d'abord se pencher sur tout ce qui touche les
municipalités en mentionnant les services municipaux, leur financement,
la politique du faire-faire, la fiscalité municipale, la taxation,
l'élargissement des pouvoirs des municipalités et l'avenir des
municipalités régionales de comté. À ce propos, les
questions qui se posent sont nombreuses et les solutions tout autant.
Le 31 décembre 1986, les MRC devraient avoir achevé leur
mandat premier, soit la confection des schémas d'aménagement.
Déjà plusieurs MRC demandent un délai. Le ministre,
d'autre part, a répété qu'il ne s'avérait pas
impossible d'accorder plus de temps aux municipalités régionales
de comté mais qu'il était hors de question de subventionner
davantage. Qu'adviendra-t-il des MRC après le 31 décembre 1986?
Les maires et les préfets veulent des précisions car
l'échéance arrive à grand pas. De son côté,
le ministre semble prôner le statu quo pendant qu'il s'affairera à
tout remettre en question, dans le contexte de restrictions budgétaires.
Ne pourrait-il préciser l'attitude qu'il entend adopter,
c'est-à-dire, celle qu'il favorise?
Il faut comprendre aussi que, d'autre part, l'Union des
municipalités régionales de comté a entrepris elle aussi
une démarche auprès de ces intervenants que sont les
municipalités régionales de comté pour savoir quelles sont
les attentes de ces municipalités et, en même temps, quelles sont
les orientations ou les objectifs qu'elles vont poursuivre.
Donc, le 31 décembre 1986 c'est vite arrivé. Je constate
que, à l'intérieur des crédits qui sont devant nous, il
n'y a aucun montant d'argent prévu pour le fonctionnement. Je pense
qu'il est élémentaire que le monde municipal sache à quoi
s'en tenir dans l'immédiat. Il y a déjà assez de
problèmes auxquels on n'a pas de réponse, sans que de plus en
plus les préfets ou les municipalités régionales de
comté vivent avec cette incertitude.
Les MRC se verront-elles attribuer plus de pouvoirs ou ne
s'assureront-elles que du suivi et du contrôle de l'aménagement de
leur territoire? Deviendront-elles un nouveau palier de gouvernement?
Auront-elles un rôle accru à l'égard des services
dispensés aux municipalités locales?
Il y a déjà des opinions contradictoires qui fusent de
toute part, ce qui ne fait qu'accroître l'incertitude qui règne
dans le milieu, particulièrement dans les petites municipalités.
On parle d'un consensus général des élus du Québec
pour régionaliser certains services. On parle de décentralisation
des pouvoirs vers les régions. Toutefois, les municipalités
locales demeurent le plus près des citoyens. Donc, c'est toute cette
problématique qui est déjà dans le portrait.
Si on songe à donner plus de pouvoirs aux MRC, elles ont besoin
de se financer. Leurs membres doivent être élus. Le débat a
déjà été fait, je pense, à la
Communauté urbaine de Montréal, à savoir de quelle
façon l'on pourrait se donner les meilleurs instruments ou les
meilleures représentations. Je pense aussi que la venue des MRC
soulève exactement la même problématique. Le
ministre, dans une entrevue qu'il a accordée récemment, a
semblé exclure la possibilité de doter les MRC d'un pouvoir de
taxation directe, se disant en désaccord avec la position de
créer des gouvernements régionaux.
La commission Parizeau, selon son président, a constaté
que les transferts financiers du gouvernement québécois aux
municipalités régionales de comté étaient une
solution prônée dans toute la province, à l'exception de
certaines MRC dont les problèmes d'aménagement sont particuliers.
À l'inverse, certains intervenants, le maire de Carignan en tête,
proposent ni plus ni moins que l'abolition pure et simple des
municipalités régionales de comté.
Face à ces états de fait, qu'entend faire le ministre? Se
servira-t-il du rapport que déposera la commission Parizeau à
l'automne, de façon à régler cet imbroglio et à
dissiper les doutes ou attendra-t-il deux ans pour tenir, à son tour,
des assises municipales? Le milieu municipal doit donc savoir.
Quant aux problèmes que soulèvent la fiscalité
municipale et l'évaluation foncière, qui existent
déjà depuis trop longtemps, une solution doit être
envisagée à court terme.
La commission Parizeau a identifié un de ces problèmes,
celui que connaissent les villes centrales qui se voient
défavorisées par rapport aux banlieues. Si on
réfère au mémoire que la ville de Québec a
proposé à la commission Lapointe, il me semble que ce
problème est clairement identifié, surtout à la page 98 de
celui-ci. Une éventuelle réforme de la Loi sur la
fiscalité municipale devra tenir compte de cette situation et apporter
un remède.
Mais il y a plus... Il s'agit du conflit qui oppose les
municipalités aux grandes entreprises québécoises, lequel
dure depuis un certain temps maintenant et risque de
dégénérer. Des amendements à la Loi sur la
fiscalité municipale sont nécessaires afin d'éviter une
crise qui s'étendra, éventuellement, à toutes les
administrations municipales. A titre d'exemple, citons la ville de
Montréal qui doit rembourser une somme de plus de 64 000 000 $ à
titre de taxes perçues en trop. Je réfère au Devoir du 29
mars, où M. Lamarre, vice-président du Conseil exécutif de
la ville de Montréal, réclame de Québec une série
d'amendements à la fiscalité municipale. Citons également
la ville de Jonquière - celle que je connais le mieux - qui demeure dans
l'incertitude en raison des sommes retenues par Abitibi-Price; cette
année, c'était 540 000 $. Effectivement, il y a une entente qui
est intervenue et je reviendrai sur cette dernière ou, en tout cas, sur
les principes. L'Alcan retient, au moment où l'on se parle, 23 788 000 $
de taxes municipales.
Les imprécisions et les failles contenues dans la loi de
même que l'incertitude qui existe dans la jurisprudence
élaborée par le BREF incitent de plus en plus l'industriel et le
propriétaire des grands immeubles à contester l'évalution
qui les concerne... Ce qui oblige les municipalités à emprunter
ou à retenir des montants d'argent ou à taxer soit sous forme de
taxes de mauvaises créances ou en mettant des surplus qui, on pourrait
dire, deviennent pratiquement fictifs puisqu'ils sont déjà
pressurés très largement. À ce titre, la ville de
Jonquière a une réserve soit pour mauvaise créance ou soit
en surplus de 15 353 000 $. Mais quand on regarde la facture globale de la
contestation, elle est au-dessus de 100 000 000 $; c'est une contestation qui
pourrait donc amener la ville à rembourser 100 000 000 $, ce qui est un
non-sens non seulement dans les faits mais même dans
l'énoncé. (10 h 45)
Donc, c'est un problème qui, à mon sens, a pris une
ampleur telle qu'il est évident que la question que l'on se pose est:
Est-ce qu'on doit s'attendre que le ministre des Affaires municipales corrige
la situation rapidement? Entend-il apporter des modifications à la loi
en général, et de façon particulière, en
préciser l'article 65.1 relatif aux équipements industriels? Car
au moment où l'on se parle, des règlements hors cour
interviennent et la loi est négociée. Il n'est pas arrivé
souvent au Québec que l'on ait vécu la situation que l'on vit
actuellement, soit toutes les contestations que l'on a devant nous à la
suite de certaines décisions du BREF, où les municipalités
sont obligées de négocier la loi.
Que l'on se réfère aux principes d'une loi. Une loi c'est
pour dire des choses qui permettent de fonctionner. C'est aussi un endroit
où l'arbitrage se fait, où le législateur a
décidé d'une façon assez probante de quelle façon
on doit régler les comportements entre les individus ou entre les
organismes ou entre les associations. À ce moment-ci j'ai l'impression
que cette loi n'atteint pas les buts pour lesquels d'abord elle a
été faite, et deuxièmement elle est de nature à
causer des torts considérables à l'ensemble des citoyens du
Québec, et amener aussi une perturbation de la loi sociale qui a besoin
d'être au moins éclairée, et aussi où les
règles du jeu doivent être beaucoup plus rationnelles que ce que
l'on vit actuellement.
Je suis vraiment inquiet de ce qui se passe actuellement. Je fais
référence... Je ne dis pas que les municipalités sont les
grandes perdantes dans ces négociations mais il me semble que les
règles du jeu sont anormales puisque déjà les BREF ou les
cours ont reconnu que les grands centres industriels ou les compagnies comme
telles peuvent retenir des montants d'argent et se faire justice
elles-mêmes par rapport aux taxes qu'elles doivent payer.
C'est le seul cas où l'on voit que cela peut se faire. Je pense
que si le petit contribuable faisait cela, il s'exposerait à ce que sa
propriété soit vendue. Cela fausse les règles du jeu et
cela donne des forces trop grandes. En tout cas, cela
déséquilibre les relations qui existent entre des
municipalités et aussi des compagnies. Donc, il y a des mesures
importantes qui doivent être prises.
En même temps je peux aussi rappeler que l'Union des
municipalités du Québec et la Chambre de commerce du
Québec avaient mis sur pied un comité pour regarder les
possibilités d'entente sur l'évaluation des immeubles
industriels. Il semblerait qu'au moment où l'on se parle, les travaux
ont suffisamment progressé pour que l'on puisse entreprendre la
rédaction de nouveaux amendements à la Loi sur la
fiscalité municipale en vue d'une adoption au cours de la session
d'automne.
Donc, c'est un dossier préoccupant et qui a
préoccupé l'Union des municipalités pendant de nombreuses
années. Et pendant de nombreuses années aussi et c'est là
le phénomène un peu spécial, il y a beaucoup de
municipalités qui n'ont pas appliqué la réforme
municipale. Donc, celles qui ne l'ont pas appliquée, n'ont pas eu de
problèmes concernant l'évaluation industrielle. Celles qui ont
voulu l'appliquer sont rendues devant une situation d'où elles ne sont
pratiquement plus capables de sortir, si ce n'est par la bonté
généreuse et très grande de l'industrie. Cela me semble
aussi anormal, illogique et inacceptable.
Soulignons enfin la faible augmentation des compensations
gouvernementales par rapport à l'augmentation de l'impôt foncier
et de la taxe d'affaires. Les gouvernements doivent maintenant se comporter en
contribuables municipaux et octroyer aux municipalités les revenus qui
leur reviennent. Je veux seulement rappeler qu'il y a encore des "en lieu" qui
sont payés à 80 % et d'autres à 50 %. Donc, il y a encore
une marge qui appartient aux municipalités sur laquelle il y aurait
possiblement une façon d'améliorer l'administration ou la
fiscalité municipale.
Donc, une modification de la Loi sur la fiscalité municipale
devrait être complétée dans les plus brefs délais et
devrait d'ailleurs s'inscrire dans un processus majeur de réforme des
lois municipales, réforme d'ailleurs entreprise sous l'ancien
gouvernement. Le ministre ne soulignait-il pas peu après avoir
été élu qu'il s'agissait là d'une priorité?
Le ministre respectera-t-il ses engagements? Respectera-t-il également
ses engagements concernant la refonte des diverses lois municipales, notamment
le Code municipal et la Loi sur les cités et villes, puisque, selon lui,
il fallait simplifier, clarifier, unifier et pallier la désuétude
du Code municipal?
Cette refonte - nous y reviendrons -avait été l'un des
principaux dossiers de l'ex-ministre Alain Marcoux, dossier qui a
été discuté en long et en large à la table de
Québec-municipalités, table dont j'ai fait partie pendant un
certain temps et qui concernait les différentes unions de
municipalités et le ministère des Affaires municipales.
Concernant la privatisation, le ministre nous présente depuis
quelque temps la politique du faire-faire, la politique de la privatisation des
services publics municipaux comme étant une éventualité
non seulement possible, mais probable. Il semble proposer une gestion
municipale orientée vers un "partnership". Selon lui, cela ne ferait
qu'accroître l'efficacité des administrations municipales. Un
intervenant a laissé entendre que la politique du faire-faire
s'avérerait une façon d'améliorer les services publics
tout en réduisant les taxes et assurerait au contribuable un meilleur
rapport qualité-coûts des services municipaux. On assisterait, par
la même occasion, au développement de l'industrie
québécoise des services municipaux. Le ministre ajoute toutefois
rapidement que prudence et réalisme s'imposent. Il importe de s'assurer
de la qualité du service rendu, car le faire-faire ne constitue pas un
moyen de se soustraire à ses responsabilités. Les syndicats
d'employés municipaux s'opposent évidemment à cette
politique de façon virulente. Soulignons immédiatement que la
politique du faire-faire existe déjà dans certaines
municipalités à l'égard de certains services, tels les
contrats de déneigement, d'entretien des chemins, de cueillette des
ordures; on peut aussi parler de développement domicilaire etc.
Le faire-faire n'est pas une panacée; il implique une
renégociation chaque année et, trop souvent, la seule
façon de la rendre efficace, c'est de réduire le salaire des
employés. Si on fait le même service, avec le même rendement
et la même qualité, il y a des dangers. J'ai des exemples à
savoir que, assez souvent, le faire-faire de l'entreprise privée est de
couper les salaires de ses employés.
Rechercherait-on l'efficacité à n'importe quel prix?
Encore une fois, il me faut demander au ministre d'annoncer ses intentions de
façon claire. Quelle attitude concrète entend-il adopter dans ce
dossier?
Au-delà de ce problème précis, le ministre
pourra-t-il nous indiquer quelle attitude il entend adopter de façon
générale vis-à-vis des municipalités? Quelles sont
ses intentions par rapport aux grandes orientations de son ministère?
Quelle est la philosophie qu'il entend favoriser? Et en quoi la veut-il
différente de la précédente?
Je pense que lorsqu'on parle de
privatisation - je sais que le ministre était présent - on
ne peut pas passer sous silence le travail remarquable que la Chambre de
commerce de Montréal a fait et le colloque d'une journée qu'elle
a tenu sur le faire-faire municipal et aussi la qualité des
interventions qui ont eu lieu à cette occasion, auquel colloque le
sous-ministre des Affaires municipales a assisté avec d'autres personnes
du ministère. Cela demande tout de même un certain
approfondissement. Il y a aussi dans les interventions du faire-faire ou de la
privatisation certaines différences notables qui mériteraient
sûrement une plus grande recherche et, en même temps, je suis loin
d'être convaincu qu'on peut sortir facilement une façon de
regarder la chose sans tenir compte de tout le reste. Il n'y a pas eu
d'indication à savoir qu'un faire-faire est supérieur ou
inférieur. Il y a toute cette problématique qui est sur la table
et qui mérite d'être approfondie. En même temps, je me dois
de souligner la qualité des interventions qui ont eu lieu par rapport
à ce dossier qui fait surface et qui va amener les administrateurs
municipaux à se pencher sur ces problèmes. H ne faut pas penser
qu'on vient de découvrir la panacée ou la réponse à
tous les problèmes des municipalités. J'ai l'impression que, au
contraire, il faudra être très prudent quand on parlera du
faire-faire et de la privatisation pour ne pas que cela ne devienne de la
privatisation purement et simplement.
II y a donc un dernier élément que je veux faire ressortir
par rapport à cette première intervention, c'est de parler des
coupures, toujours de façon très générale,
puisqu'il nous semble important que le ministre précise
immédiatement - les programmes viendront plus tard - quels sont les
différents secteurs qui seront touchés par les compressions de
l'ordre de 21 500 000 $ prévues à son ministère au titre
de Rationalisation interne et autres mesures?
Ne parlons pas actuellement des coupures qui touchent les programmes
Équerre et Accession à la propriété
résidentielle. Je me souviens que j'avais posé la question
à l'Assemblée nationale et le ministre avait sauté sur les
21 000 000 $, les 22 000 000 $ du programme Équerre; ce n'était
pas l'essence de ma question. L'essence de ma question était dans le
sens et on retrouve cela dans tous les ministères - qu'il y a des
coupures internes et il y a des compressions qui se font. Pour les Affaires
municipales on est touché de 21 500 000 $ et c'est là-dessus que
j'aimerais savoir ce que comprennent la Rationalisation interne et autres
mesures.
Enfin, nous souhaiterions que le ministre nous indique la philosophie
qu'il entend adopter à l'égard de ces coupures, s'il en est une -
et c'est sa décision à lui - ou qu'il nous révèle
si elle représente des décisions relevant d'un autre
ministère, du Conseil du trésor et qu'il se doit d'appliquer
strictement.
Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre, est-ce que vous
souhaitez réagir ou entreprendre immédiatement...
M. André Bourbeau (réplique)
M. Bourbeau: M. le Président, très
brièvement. Le porte-parole de l'Opposition a soulevé certains
points. Je pense que dans plusieurs cas, les points qu'il a soulevés
sont les mêmes que j'avais soulevés précédemment,
soit ici même soit au cours de certaines conférences de presse, de
rencontres avec les journalistes. Sur la plupart des cas, je pense que je le
rejoins. Il a parlé de l'avenir des MRC; cela le préoccupe et
cela nous préoccupe également au plus haut point. Être ou
ne pas être, voilà la question!
Je pense qu'il est vrai que le monde municipal est inquiet, mais je
pense que c'est normal qu'il soit inquiet. Nous n'adopterions pas une attitude
responsable comme gouvernement si nous devions, à ce moment-ci, tenter
d'imposer d'office des solutions draconiennes au sujet de ce problème.
Nous n'avons pas créé le problème. Il a été
créé par la mise sur pied des MRC par un gouvernement qui nous a
précédé. Nous allons devoir le régler cependant et
nous entendons bien prendre le temps qu'il faut pour faire en sorte que non pas
le gouvernement, mais l'ensemble du monde municipal puisse en arriver à
un consensus sur ce que sera l'avenir des municipalités, leur
rôle, leurs fonctions, ce que sera l'avenir des MRC également.
J'ai l'intention d'attendre que les différentes commissions
d'étude qui sont à l'oeuvre présentement aient
terminé leurs travaux, je signale au député de
Jonquière qu'il n'y a pas seulement la commission Parizeau qui est
à l'oeuvre, il y a également la commission qui a
été mise sur pied par l'Union des municipalités
régionales de comté, dont le porte-parole principal ou le
président, je crois, est M. Vincent Lemieux. C'est également une
commission qui est très importante, tout aussi importante que celle qui
a été mise sur pied par l'Union des municipalités du
Québec.
Il y a également un comité d'étude au
ministère qui travaille sur cette question, qui réfléchit
et qui, éventuellement, fera connaître des scénarios. Je
pense qu'en temps et lieu, à l'automne, nous serons en mesure de
réunir tous ceux qui ont quelque chose à dire sur ce sujet et
nous tenterons de dégager des consensus.
La fiscalité municipale, avec le problème de
l'évaluation industrielle, nous préoccupe. Je compatis beaucoup
aux problèmes de la ville de Jonquière qui, récemment, a
eu de mauvaises nouvelles concernant un jugement du tribunal du Bureau de
révision de l'évaluation foncière. Il est évident
que cela peut avoir des conséquences assez lourdes pour la ville de
Jonquière. Je pense que c'était un peu prévisible quand
même: une action qui dure depuis dix ans en cour doit venir un jour a une
conclusion. La ville de Jonquière - l'ex-maire est sûrement au
courant puisqu'il l'a dit - avait prévu des conclusions semblables
puisqu'elle a porté à son budget une réserve de 15 000 000
$, selon ses propres dires. Il ne faut quand même pas accuser uniquement
les compagnies d'abus. (11 heures)
D'ailleurs, si on relit le jugement dans la cause de Jonquière,
on remarque que le tribunal a été extrêmement
sévère à l'endroit des évaluateurs que la ville
avait retenus. Ce qui me fait conclure que les torts ne sont pas
nécessairement tous du côté d'Alcan ou des compagnies. Je
pense que c'est un dossier où il y a - comme dans tous les dossiers qui
vont en cour - de chaque côté des torts et ces questions ont
souvent profit à être négociées. Cela ne veut pas
dire que le texte de la loi est très clair, au contraire. Je pense que
l'article 65.1 de la loi mérite d'être clarifié. Le
gouvernement précédent a tenté de le faire l'an dernier
lors de la session, il a essayé de clarifier l'article 65.1.
Malheureusement, lors de l'étude de la loi 45, il est apparu que le
travail qui avait été fait n'était pas suffisant pour
clarifier le sens de l'article 65.1.
À la suite des représentations qui avaient
été faites par l'Opposition, le gouvernement avait retiré
ces amendements, ces articles de loi. Nous avons donc mis sur pied un
comité de légistes spécialisés en la matière
qui est à l'oeuvre présentement et qui va tenter au cours des
prochains mois de cerner d'une façon encore plus claire le sens de ce
que peut être un immeuble par destination dans l'évaluation
foncière industrielle de façon que les tribunaux n'en viennent
pas à conclure, comme cela a été le cas dans
l'hôtellerie, par exemple, que les couteaux, les fourchettes et les
cuillères sont considérés comme des immeubles et peuvent
faire l'objet d'une taxation ou d'une évaluation municipale. Il ne faut
pas faire en sorte d'étouffer la poule aux oeufs d'or. Effectivement,
nous nous préoccupons beaucoup de ce problème et j'ai l'intention
de déposer les amendements législatifs pour la session d'automne
afin de tenter de résoudre ce problème une fois pour toutes.
Finalement, au sujet de la question du projet de refonte des lois
municipales, le volet no 1, qui porte sur les élections et sur les
référendums, devrait être déposé d'ici
à la fin de la présente session, probablement au mois de juin,
avec des modifications. Ce projet fera l'objet d'études, si la
commission veut tenir des audiences ou des sessions de travail avant la session
d'automne, et il me fera bien plaisir d'y participer, l'objectif étant,
autant que possible, d'adopter ce projet de loi avant la fin de l'année
1986. Il y aura d'autres projets de loi qui seront déposés dans
le cadre de cette refonte. Probablement qu'il y en aura un à l'automne,
un deuxième projet de loi sur l'organisation territoriale, et ainsi de
suite. Nous avons l'intention de présenter un volet par année
à peu près de façon à compléter l'ensemble
de la refonte des lois municipales sur une période de cinq ou six
ans.
M. le Président, ce que je pourrais dire sur cela, c'est qu'au
fur et à mesure que se déroulera l'étude des
crédits je pourrai clarifier la position du ministère sur
différents dossiers.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
Commentaires généraux
M. Dufour: M. le Président, je veux un peu réagir
aux propos du ministre des Affaires municipales lorsqu'il affirme
carrément que les problèmes concernant les MRC sont dus au
gouvernement précédent puisqu'il a mis sur pied les MRC. Ces MRC
ont été mises sur pied en fonction d'un objectif qui était
de faire l'aménagement du territoire. Cela a peut-être
coûté un peu d'argent de le faire, mais est-ce que cela
coûtait moins cher quand on n'avait pas de MRC concernant
l'aménagement du territoire et que tout le monde pouvait faire son
développement de la façon qu'il voulait sans tenir compte de ses
voisins, sans tenir compte non plus de sa région d'appartenance, sans
tenir compte de toute la problématique qu'il y avait dans le paysage du
Québec? Moi, je pense que oui, il y a un problème avec les MRC,
mais il y avait des problèmes surtout beaucoup plus grands et beaucoup
plus évidents. Cela ne paraissait peut-être pas pour les gens de
Montréal ni pour les grands ensembles, mais ça paraissait dans
les régions où effectivement tout le monde pouvait
préconiser son propre développement et Dieu sait - je donne juste
cet exemple -combien on a eu de parcs industriels qui ont été
libres pendant de nombreuses années! Justement pourquoi? Parce qu'on
n'avait pas d'aménagement de territoire.
Quand on parle du développement touristique, il y a des
régions qui étaient laissées pour compte parce qu'il n'y
avait aucun avenir de développement touristique, il n'y avait aucune
possibilité. La mise sur pied des MRC, nonobstant les problèmes
qui sont
soulevés, il me semble que les avantages vont être de plus
en plus évidents. Encore là, on a trouvé par cela une
nouvelle dynamique de groupe qui a fait que l'aménagement va apporter
une prise de conscience beaucoup plus grande non seulement de la part des
administrateurs municipaux, mais surtout de l'ensemble des citoyens du
Québec. Donc, problèmes, possiblement oui, mais problèmes
beaucoup plus grands si les MRC n'avaient pas été sur place.
Pour ce qui concerne les municipalités régionales de
comté, je l'ai soulevé dans mes propos du début - sauf que
je l'ai mis un peu à la fin - à savoir que l'autre union
était actuellement aussi à la recherche de solutions aux
problèmes soulevés, que les MRC vivent surtout par rapport
à la position du ministère, à mon sens, qui fait
qu'à partir du 31 décembre 1986 il n'y a plus d'argent disponible
pour leur fonctionnement. Et aussi, il s'agit de savoir ce qu'elles vont faire
après. Encore là, la question de l'autre union est là.
Pour ce qui concerne la fiscalité municipale, j'inviterais le
ministre à la prudence vis-à-vis, par exemple, du jugement du
BREF, parce qu'il faut penser que ce jugement-là est en cour
actuellement. Je parle surtout de la sévérité du jugement
concernant les estimateurs. Chez nous, c'est de la privatisation.
L'évaluation municipale, c'est l'entreprise privée. C'est la
seule dans la région du SaguenayLac-Saint-Jean qui pouvait faire
l'évaluation. Moi, j'irais prudemment sur ce qui est dit au BREF, dans
le jugement concernant cette firme d'évaluation qui se base, à
part cela, sur environ trois pages de textes.
J'inviterais le ministre à écouter d'autres oreilles que
celles de la compagnie, d'autres intervenants concernant ce jugement,
concernant aussi la valeur des hypothèses qui sont soulevées.
Personnellement, je suis porté à croire qu'il y a des choses
là-dedans qui ne sont pas toutes écrites ou, en tout cas, on peut
en faire ce qu'on veut. C'est un jugement; donc, on prend ce qui est
marqué, mais il y a aussi 177 cahiers de cour de déposés.
Je m'inscris en faux, je ne pense pas que la ville de Jonquière ait
été imprudente parce qu'on a engagé aussi des firmes
d'experts de l'extérieur qui, elles aussi, devraient être
compétentes. Encore là, ce sont des firmes privées et
privatisées, dans le sens que ce n'est pas la municipalité comme
telle.
En plus, je pourrais souligner au ministre qu'il y a d'autres officiers
très compétents de son ministère qui ont participé
à ce travail-là au point de vue de sa mise en place, de sa mise
en forme. Un jugement sévère envers les évaluateurs, oui,
mais attention! Il y a une contestation et la preuve n'est pas encore
évidente jusqu'au bout que tout est à changer. Qu'il y ait un
changement dans le texte de loi, cela fait longtemps qu'on le dit, cela fait
longtemps qu'on s'en rend compte qu'ils doivent faire des changements. Il me
semble que c'est le temps et il me semble aussi que si l'Opposition, lorsque
l'amendement est venu sur la table, avait été plus ouverte, pas
seulement en fonction d'être une Opposition, en fonction des
élections, on aurait peut-être pu en trouver, des solutions
à cet article.
Je me réjouis aussi que, vis-à-vis de la refonte des lois
municipales, le ministre continue à aller dans le sillon qui avait
été tracé par le gouvernement précédent, par
le ministre Marcoux. Comme ancien ou ex-administrateur municipal, je peux
assurer le ministre que, très certainement, c'est une excellente chose
que ces codes municipaux soient refondus pour n'en former qu'un seul. C'est
aussi la responsabilité du ministère des Affaires municipales de
tenter un rapprochement de plus en plus grand entre les gens du monde
municipal. Il n'y a pas des gros et des petits dans le monde municipal, il y a
des administrateurs municipaux. Je pense que c'est important que le
ministère joue ce rôle de rassembleur auprès des
municipalités.
Aménagement du territoire
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
de nature préliminaire? Cela va. Donc, nous allons passer à
l'étude du programme 1, "Aménagement du territoire municipal". Je
donne la parole au député de Jonquière.
M. Dufour: On a essayé de faire le travail en
considérant chaque programme individuellement; donc, il n'y aura pas de
chevauchement. Autant que possible, on va essayer de tenir compte des
programmes qui sont devant nous. Le premier, c'est l'aménagement du
territoire et cela concerne aussi, en même temps, les crédits
périmés.
Si on regarde la problématique, finalement, les crédits
pour l'exercice 1985-1986 sont de 41 832 700 $; les crédits
proposés sont de 50 657 200 $, avec une variation de 8 824 500 $
à la hausse; ce qui fait une variation de 55,2 % en montant. Ma question
vise à savoir si le ministre peut nous expliquer ce que
représentent les sommes de ces crédits périmés qui
totalisent 9 000 000 $, pour la fin de cette année. À quoi cela
est-il attribué? S'il attribue principalement cette diminution au retard
des municipalités à élaborer les schémas
d'aménagement et d'urbanisme et leur programme de revitalisation,
peut-il nous indiquer s'il entend prendre les mesures pour corriger la
situation? Si oui, lesquelles? Disons que cela concerne ces crédits
périmés qui me semblent assez importants et qui
n'ont pas été utilisés. Parce que ce n'est pas un
gros miracle pour diminuer le déficit de 1 500 000 000 $.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Cela ne sera pas très long, M. le
député de Jonquière. Vous parlez des crédits
périmés dans le programme 1?
M. Dufour: C'est-à-dire qu'on regarde tout ce que vous
avez dans votre ministère et cela nous semble beaucoup plus important.
Au départ, il y a des crédits périmés de 9 000 000
$ et on veut essayer de les identifier. Ensuite, on abordera les crédits
détaillés.
M. Bourbeau: Est-ce que vous parlez des crédits
périmés pour l'ensemble du ministère, dans le budget qui
se termine le 31 mars 1986, ou uniquement pour le programme 1 sur
l'aménagement du territoire municipal?
M. Dufour; Les crédits qui ont été
adoptés étaient de 41 832 700 $, d'accord. C'était dans la
vue globale des crédits alloués au programme 1, pour l'exercice
1985-1986 et 1986-1987.
M. Bourbeau: Très bien. Dans le montant de 9 000 000 $, il
y a un montant de 8 000 000 $ pour le programme ReviCentre. Il faut que l'on
comprenne que ce ne sont pas des crédits qui sont annulés. Ce ne
sont pas des coupures de budget. C'est le fait qu'on avait prévu
dépenser au cours de l'année, qui s'est terminée le 31
mars 1986, une certaine somme d'argent pour des travaux faits. Il faut
comprendre que l'on dépense l'argent ainsi: il y a une partie qui est
payée avant le début des travaux et une autre partie est
payée quand les travaux sont exécutés. Or, le rythme des
travaux n'a pas été aussi rapide que l'on croyait, de sorte qu'en
fin d'année on n'était pas capable de débourser une somme
de 8 000 000 $ parce que les factures n'étaient pas entrées.
Évidemment, ces sommes retournent au fonds consolidé et l'an
prochain, on devra payer les factures qui nous seront
présentées.
Il y a également 1 600 000 $ pour le programme sur les
centres-villes, pour les villes de Québec et de Montréal, qui
n'ont pas été dépensés non plus au cours de la
dernière année. Il y a aussi un montant de 300 000 $ dans le
programme qui vise à subventionner les schémas
d'aménagement. D'où le total de 9 900 000 $. Mais rien de cela ne
constitue des coupures de budget. Ce sont des sommes qui seront
dépensées l'année suivante.
M. Dufour: En fait, je pourrais peut-être continuer sur les
crédits périmés, à savoir si des mesures seront
prises. Est-ce que ces montants d'argent qui sont périmés sont
réinvestis immédiatement dans les programmes?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que la façon dont cela
fonctionne...
M. Dufour: Ou est-ce que cela va prolonger le programme en termes
d'années ou de mois additionnels?
M. Bourbeau: Le programme n'est pas prolongé. Les
municipalités ont un délai maximal pour faire les travaux, soit
le 31 mars 1987. Mais, quand l'ancien gouvernement a fait le budget de l'an
dernier, il a présumé qu'au cours de l'année une certaine
somme d'argent pourrait être dépensée en 1985-1986 et une
autre en 1986-1987 et peut-être une autre en 1987-1988. Il est
arrivé que les travaux se sont faits un peu moins rapidement et qu'au 31
mars on ne pouvait pas payer des sommes d'argent parce que les factures
n'étaient pas entrées. Cela veut dire qu'il y en aura plus
à dépenser au cours des deux années suivantes parce qu'on
n'en a pas dépensé au cours de l'année
précédente. Mais il n'y a aucune coupure; ce sont les mêmes
montants d'argent, la même enveloppe.
Le Président (M. Rochefort): Si je comprends bien votre
réponse, M. le ministre, les montants prévus initialement
à ReviCentre et les montants prévus pour la revitalisation des
artères commerciales de Montréal et de Québec seront
totalement dépensés pour ces deux programmes et à
l'intérieur du calendrier prévu, même si, par exemple, si
je comprends bien l'explication que vous venez de donner, dans la
première année des deux programmes vous avez dû
périmer des crédits parce que les travaux n'étaient pas
suffisamment avancés. C'est bien le cas? (11 h 15)
M. Bourbeau: Oui. Avec une exception: l'ancien gouvernement avait
coupé 3 000 000 $ dans le programme ReviCentre. Le budget original
était de 57 300 000 $ et cela a été coupé à
52 000 000 $ par le Conseil du trésor, sous l'ancien gouvernement.
Alors, nous n'avons que reconduit les ententes qui existaient avec le Conseil
du trésor. D'ailleurs on n'a pas le choix c'était
déjà décidé, sauf que je peux vous assurer que pour
ce qui est de l'enveloppe finale: 52 200 000 $ plus les 23 000 000 $ qui ont
été mis de côté pour le programme ReviCentre,
Québec et Montréal, ces sommes-là vont être
dépensées en totalité dans la période
prévue, un peu moins au cours de l'année qui vient de se
terminer
parce que cela n'était pas assez avancé, mais on va en
mettre plus l'année suivante, de sorte que les enveloppes vont
être les mêmes.
Le Président (M. Rochefort): Et le calendrier va
être le même aussi.
M. Bourbeau: Oui, en principe à l'intérieur du
même délai, à moins - c'est une hypothèse - que les
municipalités nous disent qu'elles ne réussissent pas à
faire les travaux à l'intérieur du délai prévu,
auquel cas il faudrait aller au Conseil du trésor pour demander un
prolongement, mais la ce ne serait pas le gouvernement qui serait en faute, ce
seraient les municipalités qui n'auraient pas réussi à
faire les travaux assez vite.
Le Président (M. Rochefort): Donc, il n'y aura aucune
initiative du ministère qui aurait pour effet d'essayer d'inciter les
municipalités à reporter la réalisation des travaux sur
quatre ou cinq ans plutôt que sur trois ans.
M. Bourbeau: Absolument pas. Notre intention est de donner suite
au programme exactement selon le calendrier initial.
Le Président (M. Rochefort): J'ai une dernière
question là-dessus, en ce qui me concerne. Vous nous dites que
l'enveloppe de ReviCentre était de 57 000 000 $ et qu'on lui a fait une
coupure de 3 000 000 $, ce qui donnerait 54 000 000 $. Dans le document que
vous nous remettez aux notes explicatives des variations 01 - j'imagine que
c'est le numéro du programme - vous nous dites que l'enveloppe pour
l'ensemble de ce programme est de 54 300 000 $ et, il y a deux minutes, vous
nous avez dit que c'était 52 000 000 $. Mais 57 000 000 $ moins 52 000
000 $, cela fait 5 000 000 $. J'aimerais que vous essayiez de consigner les
chiffres que vous nous fournissez en réponse verbale et dans les
documents déposés.
M. Bourbeau: M. le Président, je m'excuse, il y a eu un
petit imbroglio. La réduction va de 57 000 000 $ à 54 000 000 $.
Actuellement, dans les crédits, nous avons 54 000 000 $ et nous avons
l'intention de débourser 54 000 000 $, bien sûr, si les
municipalités nous réclament 54 000 000 $, c'est-à-dire si
elles font les travaux. Si elles ne font pas les travaux, bien sûr, on ne
paiera pas pour des travaux qui n'auront pas été faits. Mais
actuellement, les budgets sont faits à 54 000 000 $ et les autorisations
du Conseil du trésor ont été émises pour des
engagements budgétaires de 54 300 000 $.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Comme M. le ministre, par sa fonction ou par sa
profession, connaît bien les problèmes qui peuvent être
soulevés dans les centres-villes, j'accepte que l'on ne fera rien
surtout pour inciter les municipalités à prolonger le programme.
Par contre, la revitalisation s'adresse à des endroits où il y a
des problèmes puisque non seulement ils sont
détériorés, mais ce sont les plus vieux endroits des
municipalités.
Cela pourrait arriver pour une raison ou pour une autre que la longueur
du programme empêche les municipalités de compléter leur
programme dans l'engagement prévu. À ce moment-là, est-ce
que le ministre peut s'engager à ne pas profiter pour rendre
périmés ces montants d'argent et laisser les municipalités
en plan par rapport à leur programme?
M. Bourbeau: Je perçois qu'il y a une espèce de
distorsion entre le dire du porte-parole du parti et celui du président
de la commission. J'ai cru comprendre, selon les propos du président
tantôt, qu'il m'incitait à ne pas donner de délai et
d'accélérer les travaux, enfin, de les faire pendant la
période impartie.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Laissez-moi terminer, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Non. M. le ministre, s'il
vous plaît, un instant! Puisque vous déformez mes propos, vous
allez me permettre de rectifier. Je ne dis pas que vous le faites de mauvaise
foi...
M. Bourbeau: Je n'ai même pas terminé ma phrase, M.
le Président. Peut-être que vous pourriez attendre que j'aie
terminé mon propos. 5i vous intervenez comme un député
normal, nous, les députés normaux, on finit nos phrases
avant que quelqu'un nous interrompe. Alors, si vous êtes président
et que vous prenez la parole comme un porte-parole, vous devez vous attendre
que je commente les propos que vous portez comme député. Tout
à l'heure, vous m'incitiez à dépenser de l'argent dans le
délai imparti, le porte-parole de l'Opposition me demande de
prolonger...
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre...
M. Bourbeau: ...alors...
Le Président (M. Rochefort): ...si vous me permettez.
M. Bourbeau: ...je souligne la contradiction.
Le Président (M. Rochefort): D'abord, sur votre
dernière intervention, je vous soulignerai que, dans la réforme
parlementaire qui a été adoptée à
l'unanimité des membres de la précédente
Législature, à laquelle vous apparteniez, sauf erreur, les
présidents de commissions parlementaires ont la possibilité
d'intervenir largement, comme les vice-présidents, dans le cours normal
des travaux de la commission.
Dans un deuxième temps, lorsque je vous ai demandé de me
permettre d'apporter une précision, je ne prétendais pas que vous
déformiez mes propos de mauvaise foi. Sauf qu'avant que vous ne
développiez tout un raisonnement, puisque vous aviez fini
d'interpréter la partie que vous m'attribuiez, je voulais simplement
rectifier la perception que vous pouviez en avoir. Je vous ai posé une
question, à savoir si vous poseriez des gestes visant à inciter
les municipalités à prolonger le programme sur une période
de quatre ou cinq ans. Je n'ai pas émis de commentaires et je n'ai pas
fait d'affirmations visant à vous inciter à ne pas le faire.
C'est une question que je vous ai posée, qui avait pour but de savoir si
vous souhaitiez que les sommes soient dépensées sur une
période de trois ans ou sur une période un peu plus longue.
C'était simplement le sens de mon intervention.
M. Bourbeau: M. le Président, si j'ai bien compris, vous
m'avez incité à respecter les délais. Alors, de là
s'inférait la conclusion qu'on voulait faire les travaux dans la
période impartie. Maintenant, de toute façon, je peux indiquer au
député de Jonquière que déjà nous avons
demandé et obtenu du Conseil du trésor un délai de trois
mois, à la demande de certaines municipalités, afin de leur
permettre de respecter certains délais, certaines municipalités
craignant de ne pas pouvoir les respecter. Alors, nous avons accordé ce
délai dans la confection des plans particuliers d'urbanisme relative
à la phase initiale des travaux. Nous pensons qu'avec ce délai
qui a été consenti par le gouvernement les municipalités
devraient être en mesure d'effectuer les travaux dans la période
qui a été prévue dans les protocoles d'entente.
M. Dufour: En tout cas, dans mes propos, je ne pensais pas qu'il
y avait contradiction avec ceux du président de la commission, puisque,
à mon sens, il y a deux positions et celles-ci sont courantes dans le
monde municipal. C'est que, d'une part, on met des programmes sur pied, on les
inscrit dans le temps, donc on doit se hâter. Si, pour diverses
raisons... parce qu'il y a beaucoup d'interventions dans la revitalisation des
centres-villes. Il y a des interventions à caractère privé
et, comme les interventions du monde municipal sont régies, normalement,
par des lois, ce sont aussi des actions susceptibles d'être jugées
par la population. Cela demande donc une certaine prudence. Il y a un certain
nombre de problèmes aussi qui ne sont pas apparents: quand on regarde le
sous-sol, de quoi il est composé, on n'avait pas tous les plans, on
n'avait pas de plan d'aménagement du territoire tout le temps. Donc, on
est obligé justement d'aller en profondeur et, pour certaines raisons,
il pouvait survenir des problèmes supplémentaires. C'est pour
cela que je me demandais... D'une façon générale, oui, on
respecte les programmes, non, on ne veut pas périmer des montants
d'argent, et, surtout, s'il y a des problèmes majeurs, on fait du cas
par cas. Cela ne me semble pas contradictoire avec tout ce que j'ai dit
jusqu'à présent parce qu'il y a des centres-villes qui ont 150
ans et il y en a d'autres qui ont 100 ans. Ce n'est pas comme dix ans. Donc, il
y a tous ces phénomènes qui doivent être pris en
considération, surtout qu'on s'adresse à une forme de
gouvernement qui est le gouvernement municipal. C'est dans ce sens que je ne
crois pas - en tout cas, en conclusion - que j'étais en contradiction
avec le président de la commission.
Le Président (M. Rochefort): Cela va?
M. Bourbeau: Très bien. Je constate qu'alors il n'y a pas
de contradiction.
M. Dufour: Mais il faut s'y habituer: dans le monde municipal,
cela bouge. À l'élément 1, toujours...
Le Président (M. Rochefort): Le programme 1?
M. Dufour: ...le programme 1, oui, à
l'élément "Autres rémunérations", il y a une
baisse: cela passe de 369 800 $ à 290 000 $. Ma question: Comment
peut-on expliquer cette diminution, d'autant plus qu'il n'y a pas de diminution
du nombre d'employés occasionnels?
M. Bourbeau: C'est une évaluation plus serrée des
besoins à partir du bordereau de paie utilisé par le
ministère.
M. Dufour: ...certains points.
M. Bourbeau: Le tout, évidemment, en tenant compte des
critères très serrés qui ont été émis
par le Conseil du trésor.
M. Dufour: À l'élément "Services
professionnels", il y a aussi une diminution de 141 300 $ à 95 000 $.
Est-ce qu'on peut
expliquer cette diminution? Si on administre de façon plus
serrée, est-ce qu'on aura besoin de moins de services ou de
professionnels?
M. Bourbeau: C'est un peu la même philosophie que j'ai
énoncée précédemment. On fait le maximum pour ne
pas avoir recours, autant que possible, à des spécialistes de
l'extérieur. Nous allons mettre nos valeureux fonctionnaires à
l'épreuve et au travail encore plus que maintenant pour tenter de
limiter au maximum le recours à des services extérieurs, de
façon à pouvoir atteindre les compressions budgétaires qui
nous ont été demandées par le Conseil du
trésor.
M. Dufour: À l'élément "Fournitures et
approvisionnements", il y a une baisse de 10 000 $. J'imagine que c'est encore
une question de rationalisation, de meilleur vécu, ou bien si vous vivez
sur les inventaires précédents?
M. Bourbeau: Non, c'est un effort additionnel pour tenter de
comprimer les dépenses dans ces catégories.
M. Dufour: À l'élément "Capital", il y a une
augmentation de 19 900 $ à 64 900 $. Est-ce que c'est seulement dû
à l'achat d'appareils de traitement de texte et de
micro-ordinateurs?
M. Bourbeau: Vous m'excuserez, les explications viennent de
partout. Dans l'élément "Capital", les 45 000 $ ajoutés,
ce sont des crédits supplémentaires pour l'achat d'appareils
à traitement de texte et de micro-ordinateurs. On doit dire qu'en cette
matière, nous avons un peu de retard, au ministère des Affaires
municipales. Nous avons un programme d'achat de matériel sur une
période de quelques années et nous faisons un effort un peu
particulier dans ce domaine.
M. Dufour: II y a les paiements de transfert, où il y a
une augmentation de 8 871 200 $ par rapport à l'année
précédente. Nous venons de discuter beaucoup de ReviCentre
Québec-Montréal. Il y a aussi en même temps la baisse de
rémunération des élus des MRC; c'est prévu jusqu'au
31 décembre 1986, schéma d'aménagement et de
fonctionnement des MRC. Donc, tout cela, en principe, occasionne ces
diminutions de montants d'argent prévus pour les tranferts. Mais il y a
aussi des augmentations et on se ramasse avec un surplus. Dans les diminutions,
est-ce que le ministre pense que concernant la rémunération des
élus des MRC c'est coulé dans le béton?
M. Bourbeau: En ce qui concerne la question du financement des MRC, on
n'a pas le choix puisque la loi, actuellement, indique que la date limite pour
le dépôt des schémas est le 12 décembre 1986. On ne
peut quand même pas prévoir des crédits au-delà
d'une période qui est fixée par la loi. Dans ce contexte, on a
prévu les budgets selon la législation actuelle.
M. Dufour: Cela veut dire qu'il y aurait des endroits où
des montants d'argent ne sont pas visibles et pourraient être
transférés à un moment ou à l'autre.
M. Bourbeau: Sûrement pas.
M. Dufour: Non?
M. Bourbeau: Si vous saviez quels efforts de compression nous
avons faits, monsieur. Nous sommes rendus aux os. C'est ce qu'on me dit, qu'il
n'y a de coussin nulle part. Et on a prévu les budgets, tel que la loi
nous oblige à le faire.
M. Dufour: C'est seulement pour vous conformer à la loi
qu'il n'y a pas de montant de prévu pour la rémunération
des élus des MRC, d'après ce que je comprends.
M. Bourbeau: Puisque c'est de cela dont vous traitez, la
rémunération des élus... les frais de fonctionnement des
MRC, leur survie, leur responsabilité et leur rôle, cela ferait
l'objet du grand débat qui devra avoir lieu et duquel, je
l'espère, se dégagera un consensus. Pour l'instant, il n'y a
aucune provision dans les budgets gouvernementaux visant à assurer le
fonctionnement ou le salaire des représentants des municipalités.
(11 h 30)
M. Dufour: Quand le débat dont vous parlez doit-il avoir
lieu?
M. Bourbeau: Après le 31 décembre, bien sûr.
Les budgets vont jusqu'au 31 décembre.
M. Dufour: 1986? M. Bourbeau: Oui.
M. Dufour: Quand vous parlez du grand débat qui doit avoir
lieu, dois-je me référer... Assez souvent les parlementaires en
apprennent plus par les journaux que par ce qui nous est dit à
l'Assemblée. C'est l'une de nos grandes préoccupations, de lire
les journaux pour savoir ce qui se passe.
M. Bourbeau: J'ai connu cela dans le passé, M. le
député.
M. Dufour: Dans la Presse de Montréal, dimanche le 13
avril... C'est cela, il n'y a
rien de changé. Je me demande ce qu'on a fait le 2
décembre. Il me semblait que cela devait être transparent... Il
fallait changer quelque chose en changeant de gouvernement et on n'a rien
changé. Dans la Presse du 13 avril on lit: "Pas question de laisser les
MRC - je ne vous attribue pas le titre de l'article - prélever des
taxes." À ce moment-là, on parle de débat: "M. Bourbeau
n'a pas encore arrêté son idée quant à la forme des
assises de 1987. Il consultera d'ailleurs par voie de correspondance - mon
Dieu, il y en a qui sont plus forts sur le téléphone - l'ensemble
des préfets des MRC pour obtenir leurs commentaires sur
différentes questions." Quand on parle de consultation, c'est en 1987,
mais je vous rappelle que c'est en 1986 que le problème va se poser.
M. Bourbeau: M. le député, l'article est-il
signé André Bourbeau?
M. Dufour: Non, non. J'ai dit que je ne vous prêtais pas le
titre, mais je dis que ces propos parlent de 1987. Je vous pose la question:
est-ce pour 1987 ou 1986?
M. Bourbeau: Je ne vous parle pas de...
M. Dufour: Je ne vous prête aucune intention.
M. Bourbeau: Ma question ne portait pas sur le titre, je vous ai
demandé si l'article était signé par moi. Alors, je n'ai
pas écrit l'article.
M. Dufour: Non, je n'ai pas l'impression que vous...
M. Bourbeau: M. le député, laissez-moi
répondre. Je n'ai pas fait le titre et je n'ai pas rédigé
l'article non plus. En aucune façon, je n'ai parlé de 1987 lors
de cette entrevue, j'ai parlé d'un débat qui devrait s'amorcer
à l'automne. Le journaliste, lui, est parti avec l'idée que ce
serait en 1987. C'est sa propre idée et je n'ai pas réussi
à la lui sortir de la tête. Maintenant, est-ce que ce sera en 1986
ou en 1987? Dans mon esprit, tous ceux qui ont suivi mes déclarations
savent que j'ai toujours dit que c'est à l'automne 1986 qu'on devra
s'asseoir avec le monde municipal pour tenter de dégager un consensus.
Si on réussit en une semaine ou deux, ce sera réglé
à l'automne 1986. Je ne ferme pas la porte complètement à
ce que des discussions puissent se prolonger.
L'autre question que vous avez soulevée, pouvez-vous me la
rappeler? Au sujet de l'article...
M. Dufour: Si les assises étaient pour l'automne
1987...
M. Bourbeau: Je viens de répondre à cela. Il y
avait une autre question, mais je ne m'en souviens pas.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Seulement sur cette question.
Donc, votre objectif est de viser l'automne 1986 pour une telle
conférence.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que dès que les deux
commissions d'étude qui ont été mises sur pied par les
deux unions auront déposé leurs conclusions, nous aurons au
ministère également la conclusion de certaines études que
nous menons présentement. L'intention est de réunir l'ensemble du
monde municipal pour amorcer les discussions. Maintenant, quelle sera la forme
de cette réunion? Est-ce qu'il s'agira des états
généraux comme on vient de le faire en éducation? Est-ce
que ce sera une conférence provinciale-municipale? Est-ce que ce sera
une préconférence qui pourrait déboucher sur une autre
conférence? Tout est ouvert a la discussion. Nous n'avons pas encore
arrêté la formule, mais chose certaine, c'est que le débat
devra s'amorcer dès l'automne afin d'en venir le plus tôt possible
à des conclusions.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: J'aurais une remarque à faire au ministre. Il
m'a dit tout à l'heure qu'on faisait bien de lire les journaux pour se
renseigner sur ce qui se passe. J'espère que vous allez corriger les
journaux parce que je n'aurai plus personne à qui me fier. Si, d'une
part, on lit les journaux et que ceux-ci ne rapportent pas ce qui se passe
comme il faut, que reste-t-il à l'Opposition pour faire son travail
d'une façon potable?
M. Bourbeau: M. le maire, vous savez fort bien, vous êtes
en politique depuis trop longtemps pour ne pas savoir que les hommes politiques
font des déclarations et les journalistes écrivent ce qu'ils
veulent bien écrire. Dans la plupart des cas, je dois dire que les
articles qui ont été écrits reflètent assez
fidèlement ma pensée, mais il y a des journalistes qui ont des
idées sur le sujet et qui les écrivent. Je ne peux quand
même pas commencer à téléphoner à chaque
journaliste pour lui dire que, au deuxième paragraphe, ce n'est pas
exactement ce que j'ai dit. Ce n'est pas une technique qui est très
habile et j'ai appris à vivre avec cela et je présume que vous
aussi.
M. Dufour: Donc, ce que je peux retenir - je veux savoir cela
pour éclairer ma lanterne - c'est qu'il pourrait y avoir des assises en
1986.
M. Bourbeau: Oui.
M. Dufour: Ou au début de 1987.
M. Bourbeau: J'ai dit que le débat s'amorcerait à
l'automne et on verra ce qui va se passer. Bien sûr, M. le
député, vous savez fort bien que, de toute façon, avant
que ne s'amorce le débat sur la place publique, la table
Québec-municipalités se réunira à quelques reprises
au cours de l'été, à l'automne, et que c'est à ce
forum que débuteront les discussions, pour s'élargir
subséquemment, j'en suis convaincu.
M. Dufour: Toujours en me référant à
l'article, globalement, le monde municipal devra s'entendre pour dégager
un consensus général, le monde rural, le monde urbain. Je trouve,
M. le ministre, en tout cas... Je ne veux pas vous donner de conseils, je fais
juste une constatation pour avoir vécu longtemps dans ce
monde-là, mais si vous attendez les consensus et que tout le monde
décide de ce qu'il va faire, vous allez voir que vous ne serez
peut-être pas longtemps ministre, parce qu'il va se poser quelques petits
problèmes. Je le vois comme cela. Je pense qu'il faut que le ministre
des Affaires municipales fasse plus qu'écouter. Il faut que de temps en
temps il regarde et qu'il donne aussi des façons de procéder
parce qu'il me semble que, là, on s'en va sur ni chair, ni poisson. Il y
a des problèmes qui ont besoin de réponses. Ce n'est pas dans
deux ou trois ans. Il y a les MRC qui sont sur place qu'on aime cela ou
non.
J'ai essayé de vous faire la preuve évidente que les MRC
ont été mises sur pied pour des raisons aussi très
évidentes. Je ne remets pas en cause qu'elles aient été
mises sur pied. On peut remettre en cause comment cela a fonctionné, ce
que cela a fait, etc. Mais il y avait des buts très précis.
Actuellement, les administrateurs municipaux se posent la question à
savoir ce qui arrivera à partir du 31 décembre 1986. Vous nous
dites que vous ne pouvez pas nous donner cette réponse. Je me conforme
à la loi, je suis prêt à accepter cette réponse.
En-dehors de cela, vous dites qu'il va y avoir des assises, mais vous ne savez
pas quand et que vous allez consulter entre-temps. Mais je pense que si vous
n'arrêtez pas une décision immédiatement, il va y avoir des
problèmes tantôt, parce qu'on ne peut pas impunément
laisser tout le monde dans l'incertitude sans savoir où ils vont. C'est
important de les orienter quelque part. Cela appartient au
ministère.
Je souhaite, en tout cas... Si vous n'êtes pas prêt à
me donner la réponse, je suis prêt à l'accepter. Dans
l'Opposition on vit presque à la remorque du parti au pouvoir,
d'après ce qu'on voit. Je suis prêt à attendre. Vous ne me
donnez pas de réponse, mais je veux juste essayer de vous
éveiller au problème en vous disant: Pensez-y au plus sacrant
parce que vous allez avoir des problèmes tantôt. Ces
problèmes, on va les vivre ensemble parce que je pense qu'on fait partie
d'un gouvernement où l'Opposition a un rôle à jouer et
où le gouvernement en place peut le faire. C'est dans ce sens qu'allait
mon intervention.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis content que le
député de Jonquière poursuive la discussion sur ce
problème-là qui est un problème très important,
j'en conviens. Il faut quand même que le député accepte que
chacun a sa façon de procéder dans la solution des
problèmes. Le député a fait quelques années en
politique, le ministre également. Chacun a sa stratégie, suit ses
propres stratégies vers la solution des problèmes. La mienne
consiste, avant de prendre des décisions, à écouter,
à étudier, à laisser le temps aux esprits, aux gens qui
sont dans le domaine, de faire le tour des problèmes. Ce serait
irresponsable de ma part, aujourd'hui, d'annoncer des mesures
définitives, ou presque définitives, alors que les consultations
sont en cours. Vous seriez le premier à me le reprocher. Vous me diriez:
Écoutez, M. le ministre, écoutez donc avant de parler. Laissez
donc le monde municipal finir ses interrogations.
Je ne tomberai certainement pas dans le piège que vous me tendez
monsieur le député. Je ne peux pas penser que vous le faites sans
vous en rendre compte. Vous seriez trop heureux que j'annonce aujourd'hui que
je vais abolir ceci ou que je vais maintenir cela. Je pense que l'attitude que
nous prenons est une attitude responsable. Il faut être respectueux de
l'autonomie des municipalités et de leurs droits de s'interroger sur
leur avenir. Je pense qu'il y a un temps pour réfléchir et pour
consulter et également un temps pour prendre des décisions. Ceux
qui me connaissent savent que je suis un homme capable de prendre des
décisions et qui en prend à l'occasion. Je les prendrai quand le
temps sera venu. Je vous dis simplement que le temps n'est pas venu et qu'on ne
me bousculera pas non plus dans un processus de prise de décision.
Un dernier mot, M. le député. Je peux vous dire que si
jamais, en dernière analyse, on est mal pris, on fera appel à vos
services. Je sais que vous semblez tout disposé à nous aider,
alors je compte sur votre collaboration pour nous aider à
résoudre cet épineux problème.
M. Dufour: J'ai toujours peur des gens
qui font du paternalisme. Dans ce sens-là, je ne pense pas que le
2 décembre ait viré le monde à l'envers, ait viré
ce monde-là à l'envers autant que cela. Vous avez dit: "Quelques
années dans le domaine municipal"; j'ai 22 ans exactement dans le
domaine municipal. Je pense, en tout cas, savoir que le changement de
gouvernement ne change pas nécessairement les élus municipaux et
j'ai l'impression d'avoir été assez près d'eux pour savoir
ce qui se passait et, moi aussi. Je pense bien, qu'au point de vue de
l'écoute, cela a été mon propre pendant de nombreuses
années. Non seulement à l'écoute des élus, mais
aussi à l'écoute de la population. Cela il faut se le rappeler de
temps en temps. La seule chose sur laquelle j'essayais d'attirer l'attention du
ministre -et je suis prêt à lui donner des choses - s'il pense que
mes services peuvent l'aider à faire son travail et à le faire
mieux, tant mieux. Je l'ai dit au départ, je suis prêt à
travailler dans ce sens, mais ce que je veux surtout rappeler, c'est que le
monde municipal, c'est un monde qui tout de même a une très grande
importance et qui vit aussi avec les citoyens. C'est dans ce sens-là
que, s'ils ont des interrogations aussi fondamentales du départ, au
moins qu'on y pense dans le moment, mais qu'on ne pense pas - et je ne crois
pas que l'on voie cela demain matin - que l'on va régler les
problèmes municipaux par consensus général et puis
attendre. Ce n'est peut-être pas de l'attentisme dans cette
question-là. Moi, j'ai des doutes un peu, j'émets des doutes. On
s'en reparlera, c'est bien sûr, qu'on aura l'occasion d'échanger
à d'autres moments, mais je vous dis quelle est ma préoccupation
dans le moment.
M. Bourbeau: Je retiens des propos du député qu'il
n'est pas en faveur d'un consensus général ou il ne pense pas que
ce soit possible et qu'il est d'accord ou il pense qu'on devrait
éventuellement imposer une solution d'autorité.
M. le Président, on a chacun notre façon de voir les
choses. Moi, je pense qu'il est possible d'en venir à un consensus et je
peux l'assurer que je vais faire tout ce que je peux, tout ce qui est en mes
moyens pour tenter de faire en sorte qu'on puisse dégager un consensus
à travers le monde municipal.
M. Dufour: Je voudrais juste faire une remarque puis cela va
clore ce sujet-là quant à moi. Il faudrait faire attention entre
parler d'autorité et parler de fermeté. C'est très
différent à mon point de vue. On a tendance, des fois, à
confondre les deux.
Une autre question que j'aimerais poser. Celle-ci ne fait pas
référence nécessairement au côté
crédit, mais c'est une interrogation que l'on se pose. Il y a le
dégroupement de Val-des-Monts. Actuellement, il semble qu'il y a une
certaine vague qui se fait... On parle de regroupement, du dégroupement.
Je voudrais savoir comment... Avez-vous d'abord une ligne de conduite
déjà fixée concernant les dégroupements?
M. Bourbeau: Le problème, c'est que le
député est rendu au programme 5. Est-ce que vous voulez que l'on
procède... Ce serait peut-être...
M. Dufour: On pourrait le mettre dans le programme 5, remarquez
bien, je n'ai pas d'objection.
M. Bourbeau: Moi, cela ne me fait rien. C'est parce que l'on fait
du coq à l'âne, un peu. On passe du programme 1 au programme
5.
Le Président (M. Rochefort): Cela va. Cela va, M. le
ministre.
M. Bourbeau: On pourrait peut-être revenir au programme
5...
Le Président (M. Rochefort): Cela va. C'est entendu. On va
faire cela au programme 5.
M. Dufour: Moi, je n'ai pas d'objection, c'est parce que... Ce
que je veux dire, c'est que, des fois, on peut se mélanger dans
les...
M. Bourbeau: II n'y a pas de problème. Si vous n'avez pas
d'objection, on en reparlera dans le programme 5.
Le Président (M. Rochefort): Autre chose, au programme 1,
M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Non. En gros, je pense que l'on a
échangé suffisamment pour savoir... On pourrait peut-être
aller encore dans de la plomberie, mais je sais que ce n'est pas le fort du
ministre de travailler dans la plomberie.
Le Président (M. Rochefort): Si vous avez terminé,
M. le député de Jonquière sur le programme 1, j'aurais
quelques questions à adresser au ministre. D'abord, dans un premier
temps, concernant le schéma d'aménagement de la Communauté
urbaine de Montréal. Est-ce que le ministre pourrait faire le point sur
l'évolution du dossier et nous indiquer dans quelle mesure il a
reçu des assurances des autorités de la communauté urbaine
et de la ville, comme des municipalités de banlieue, quant aux
échéanciers propres qu'ils se sont fixés quant à
l'adoption définitive du schéma d'aménagement de la
communauté urbaine?
M. Bourbeau: Écoutez, en ce qui
concerne la Communauté urbaine de Montréal, on m'a dit
qu'ils sont censés adopter... L'objectif est d'adopter le schéma
d'aménagement pour l'automne 1986. Maintenant, je n'ai pas de
contrôle direct sur les décisions de la communauté urbaine.
Est-ce que, oui ou non, on sera en mesure d'adopter le schéma pour
l'automne 1986, on peut se poser des questions. Mais, pour l'instant, il semble
que l'objectif demeure l'automne 1986.
Le Président (M. Rochefort): Mais depuis votre
arrivée au ministère des Affaires municipales, est ce que vous
avez eu l'occasion de discuter précisément de cette question avec
les autorités de la communauté? (11 h 45)
M. Bourbeau: Oui. Et on en a parlé lors de rencontres aux
cours desquelles plusieurs sujets ont été abordés. Des
doutes subsistent quant à la possibilité que le schéma -
c'est pour cela que j'ai fait certaines restrictions - soit adopté au
cours de l'année 1986.
Je ne suis pas en mesure de dire si, oui ou non, le schéma pourra
être adopté, mais officiellement on tient pour acquis qu'il sera
adopté avant la fin de 1986.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Deuxièmement,
j'aurais une question reliée à une déclaration qu'on vous
prêtait dans les journaux de la fin de semaine sur la question des
coûts que vous jugiez élevés pour l'élaboration des
schémas d'aménagement des différentes municipalités
régionales de comté. Si vous vous reconnaissez dans ces propos
qu'on vous attribuait dans les journaux de fin de semaine, j'aimerais que vous
nous expliquiez un peu le fond de votre pensée lorsqu'on vous
prêtait les propos suivants - je ne vous les cite pas au texte - à
savoir que vous jugiez que l'élaboration des schémas
d'aménagement dans les municipalités régionales de
comté avait coûté des sommes élevées,
dispendieuses, je ne me souviens plus trop de l'épithète choisie,
mais cela voulait dire qu'elle avait coûté cher.
M. Bourbeau: Je suis content de la question, M. le
Président. Effectivement, j'ai parlé des coûts importants
du programme qui vise à permettre éventuellement aux MRC de
déposer des schémas d'aménagement. Comme vous le savez,
nous venons financièrement à l'aide des MRC de trois
façons: nous subventionnons directement la confection des schémas
d'aménagement, nous subventionnons les frais de fonctionnement des MRC
et, également, la rémunération des élus. À
ce jour, je dois dire que nous avons dépensé, pour les
schémas d'aménagement, 10 600 000 $; pour les frais de
fonctionnement, 34 700 000 $ et, pour la rémunération des
élus, 9 500 000 $, pour un total de presque 54 900 000 $. Ce sont des
sommes importantes. C'est ce que j'ai déclaré.
Si j'ai fait état de ces montants, c'est justement pour dire
qu'il est illusoire de penser que, demain matin, on peut abolir les MRC. Ceux
qui pensent que le ministre des Affaires municipales se propose d'abolir les
MRC demain matin... Ce que j'ai dit, c'est que l'on n'aura certainement pas
dépensé 54 000 000 $ pour, demain matin, fermer les
schémas d'aménagement, les mettre à la poubelle et dire
qu'on n'en a plus besoin, qu'on a dépensé cela pour rien. C'est
dans ce sens que j'ai parlé de ces dépenses, en disant: Les
schémas sont là, ils seront déposés en fin
d'année, présumément.
Qu'arrivera-t-il ensuite avec les schémas? Il va quand même
falloir quelqu'un pour voir à ce qu'ils soient maintenus et à ce
que les plans d'urbanisme et les règlements de zonage des
municipalités soient conformes aux schémas. Pour être
logique avec la démarche, il va bien falloir que, à un moment
donné, quelqu'un quelque part soit responsable d'assurer cette
conformité. C'est dans ce sens que j'ai parlé des coûts des
schémas d'aménagement et non pas pour blâmer qui que ce
soit d'avoir dépensé ces fonds, mais bien pour souligner qu'une
dépense semblable exigera qu'on soit conséquent avec les gestes
posés et qu'on s'assure que ces schémas seront
observés.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie de la
précision. Je crois qu'il faut souligner que la précision, quant
à moi, lève une ambiguïté que vos propos qu'on
rapportait avait soulevée chez moi quant a l'affirmation qu'on vous
attribuait. Donc, je suis satisfait de la réponse que vous nous
donnez.
M. Bourbeau: M. le Président, je vous répète
ce que je vous ai dit tout à l'heure...
Le Président (M. Rochefort): Ah oui, cela faisait suite
à ce que vous aviez dit tantôt...
M. Bourbeau: Vous avez également été souvent
cité dans les journaux...
Le Président (M. Rochefort): Sûrement...
M. Bourbeau: ...et parfois, on ne reprend qu'une partie des
propos, mais c'était vraiment là l'essentiel des propos que j'ai
prononcés.
Le Président (M. Rochefort): Les crédits servent
aussi à cela, M. le ministre. M. le député d'Orford,
toujours au programme.
M. Vaillancourt: M. le Président, étant
donné qu'on parle des MRC, qu'arrivera-t-il des frais de fonctionnement
qui se terminent le 31 décembre 1986?
M. Bourbeau: On a un peu abordé cette question
tantôt avec le député de Jonquière. J'ai dit
qu'actuellement la loi prévoit le dépôt des schémas
d'aménagement pour le 12 décembre 1986. Donc, au
ministère, nous avons suivi les règles budgétaires qui
font que nous avons prévu des budgets conformément à la
loi existante. Ce qui arrivera après cette date fait partie du
problème d'ensemble de la survie des MRC, du rôle qu'elles
pourraient jouer dans l'avenir, des responsabilités qui pourront ou ne
pourront pas leur être confiées. Tout cela va faire l'objet d'un
grand débat, comme je l'ai dit tout à l'heure, lequel
débat devrait s'amorcer à l'automne alors que les deux
commissions d'enquête, les commissions d'étude qui ont
été mises sur pied par les unions municipales auront fait leur
rapport. On verra à ce moment-là ce qu'on verra, ce qui
ressortira de ces rencontres, de ces débats éventuellement. Il va
falloir qu'on trouve une solution à l'avenir des MRC et j'ai bien
l'intention de m'activer pour tenter de susciter des consensus qui feront en
sorte que l'ensemble du monde municipal sera satisfait de la suite.
M. Vaillancourt: Est-ce que les études ou le
comité... Vous avez formé un comité pour faire cette
étude-là?
M. Bourbeau: Oui.
M. Vaillancourt: Est-ce que le rapport va être soumis assez
tôt pour permettre aux MRC de continuer à fonctionner en 1987? Il
y en a plusieurs qui s'inquiètent étant donné que cela se
termine d'après la loi, comme vous le dites. Est-ce que la loi va
être passée assez tôt pour permettre aux MRC de savoir
où elles vont aller, comment elles vont se financer en 1987?
M. Bourbeau: Les commissions d'étude ne sont pas mises sur
pied par le gouvernement. Il y en a une qui a été mise sur pied
par l'Union des municipalités de comté et payée par elle -
la municipalité régionale de comté est payée par
l'union et l'autre par l'Union des municipalités du Québec - la
commission Parizeau, pour ne pas la nommer - qui est également
financée par l'UMQ. Ce sont ces unions qui vont rendre publiques les
conclusions des études, et non pas le gouvernement.
En ce qui nous concerne au ministère des Affaires municipales,
nous avons une équipe interne qui travaille là-dessus très
sérieusement, de même que le sous-ministre et les membres, le
sous-ministre-adjoint ici à ma gauche aussi, qui est en charge de ces
dossiers au ministère et d'autres fonctionnaires. Nous étudions
présentement toute la problématique. Nous formulerons des
scénarios et, à l'automne, tout cela sera présenté
aux deux unions, au monde municipal en général, et le
débat va s'amorcer. J'espère que dans un court délai nous
réussirons à dégager des consensus qui satisferont
l'ensemble du monde municipal.
M. Vaillancourt: En ce qui concerne la rémunération
des élus, des membres des MRC qui siègent aux comités,
est-ce que c'est aboli avec les autres abolitions qui ont été
faites à l'intérieur de...
M. Bourbeau: Tous les budgets relatifs aux MRC se terminent, pour
l'année courante, au 31 décembre 1986. À partir de cette
date, il n'y a aucun budget de prévu au ministère des Affaires
municipales.
M. Vaillancourt: Cela va faire partie des études qui se
font actuellement, comme...
M. Bourbeau: Écoutez, je n'ai pas de contrôle
sur...
M. Vaillancourt: ...pour les frais de fonctionnement des MRC, et
la rémunération des élus, cela va faire un plan d'ensemble
je suppose?
M. Bourbeau: Nous n'avons rien prévu au budget du
ministère pour les raisons que j'ai données tout à
l'heure. Lors des discussions qui auront lieu à l'automne, je
présume que ces sujets vont également être discutés,
mais je ne peux pas préjuger des conclusions ou des ententes qui
pourraient ressortir de ces débats. Pour l'instant, nous n'avons pas
d'argent au budget et vous savez que le gouvernement est dans une
période de compression intense de ses budgets et n'est pas très
généreux quant aux frais.
D'autre part, je vous signale que nous venons d'abolir pour toutes les
sociétés d'État, les organismes, les jetons de
présence un peu partout; enfin, dans tout l'appareil gouvernemental et
paragouvernemental. Non. Cela va faire partie également de la
problématique générale. Merci.
Jetons de présence
M. Dufour: J'aimerais simplement poser quelques questions
concernant l'abolition des jetons de présence.
M. Bourbeau: De quoi?
M. Dufour: Des jetons de présence des
sociétés d'État. On peut y toucher dans l'immédiat
ou un peu plus tard, mais vu que
Ia question a été soulevée j'aimerais
peut-être un petit peu continuer sur cette piste que vous ouvrez ou cette
hypothèse. Vous n'avez pas la crainte, M. le ministre, qu'en abolissant
les jetons de - présence vous enleviez une certaine catégorie de
personnes susceptibles de siéger à ces comités? Le
bénévolat, j'y crois, mais quand ce sont des entreprises
gouvernementales, est-ce que les gens vont être disposés, par le
fait que c'est un gouvernement qui demande quelque chose, est-ce que les
individus vont faire la file d'attente à la porte pour aller faire
partie de ces comités-là? 11 me semble qu'en abolissant les
jetons de présence vous enlevez une certaine catégorie de
personnes qui, elles, ne travaillent pas seulement pour le
bénévolat ou juste pour les beaux yeux de l'État. Cette
attitude du gouvernement m'inquiète un peu quand il dit: On a aboli
cela, on a fait une bonne chose. J'aimerais que vous m'expliquiez un peu quelle
est votre philosophie qui sous-tend cette décision par rapport aux
sociétés d'État?
M. Bourbeau: M. le député, il me fait plaisir que
vous abordiez cette question. Il y a deux types de gens visés. Ceux qui
font partie de conseils d'administration qui se réunissent dans une
société d'État disons une fois par mois ou
l'équivalent, une fois par deux mois. On a demandé à ces
gens-là de le faire bénévolement comme contribution
à la bonne gestion publique. Vous seriez surpris, M. le
député: il y a beaucoup plus de gens qu'on pense qui sont
disposés à venir donner de leur temps et de leur
expérience pour aider au bon fonctionnement des organismes parapublics
et des sociétés d'État.
Ceux qui travaillent, si par exemple un conseil d'administration a un
secrétaire ou qu'on demande des travaux d'ordre professionnel,
là, il y aura possibilité d'avoir des dérogations. Mais
c'est dans le cas où quelqu'un vient d'une façon
régulière faire des travaux qui lui sont demandés.
Là, c'est autre chose.
Pour ce qui est de ceux qui siégeront aux conseils
d'administration comme on le fait dans une compagnie on a demandé que
cela soit à titre bénévole.
Maintenant, vous seriez surpris... Contrairement à ce que vous
pensez, nous constatons que la qualité des gens qui se présentent
et qui offrent leurs services pour siéger à des conseils
d'administration est probablement meilleure que ce qu'on avait quand il
s'agissait de choisir des gens et de leur offrir de les payer 5000 $, 6000 $ ou
8000 $ par année. Il y a des citoyens, dans la société,
qui faisaient un peu carrière à cumuler des directorats comme
cela. Vous seriez surpris, M. le député, il y a des gens qui se
ramassaient un bon petit montant d'argent, comme "side line": 5000 $ ici, 6000
$ là, 7000 $ là. Nous avons trouvé, nous trouvons
régulièrement des citoyens qui sont tout à fait
disposés à venir bénévolement faire une
contribution envers la société. Les gens qu'on trouve sont d'une
qualité tout à fait exceptionnelle, je pense.
Pour l'instant, en tout cas, en plus de permettre une économie
pour le gouvernement, je pense que cela permet également à ces
gens de venir là et d'avoir une attitude tout à fait libre
vis-à-vis du pouvoir public. Quand on demande à un individu de
venir siéger à Hydro-Québec ou à la
Société d'habitation du Québec, et qu'on lui dit qu'il ne
sera pas rémunéré, je pense que cela lui laisse beaucoup
plus les coudées franches que si on lui dit qu'il aura un salaire de
base de 4000 $ plus 200 $ de la séance. Si l'individu ramasse 5000 $,
6000 $ ou 7000 $ par année, il y a peut-être des individus qui
vont être portés à être plus conciliants et à
se taire lorsqu'ils ne devraient pas le faire.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: Je vais laisser le député de
Jonquière compléter.
Le Président (M. Rochefort): J'ai le député
de Louis-Hébert et le député de Matapédia
d'inscrits, alors je vous inscris.
M. Bourbeau: Je conclus, M. le Président, parce que je
n'avais pas tout à fait terminé. Il m'apparaît, en tout cas
au moment où on se parle, que la directive gouvernementale qui a
été émise à ce sujet est bien reçue et
qu'elle ne crée pas de problème dans le sens de ce dont vient de
parler le député de Jonquière, de trouver des gens
compétents qui soient disposés à venir aider le
gouvernement. Tant que ce phénomène va se produire, nous sommes
tout à fait satisfaits de cette décision qui va, au contraire,
permettre d'avoir des gens plus qualifiés et certainement plus libres de
dire ce qu'ils pensent.
M. Dufour: En poussant le raisonnement du ministre des Affaires
municipales, je suis prêt à m'interroger à savoir si les
élus municipaux qui ont un double emploi devraient être
rémunérés, parce qu'ils font partie d'un certain conseil
d'administration. Ils pourraient aussi travailler bénévolement;
cela s'est déjà fait. Vous nous arrivez avec une philosophie
complètement différente de ce qu'on vit depuis vingt ou trente
ans. Oui, il y a un certain nombre de bénévolats qu'on
pourrait... Quels sont les critères? Est-ce juste parce que quelqu'un
offre ses services que vous allez le prendre? Est-ce en fonction de ses
compétences, en fonction de sa disponibilité, de ses revenus
financiers, de sa capacité financière de payer? Quels sont
les
critères de compétence? Il me semble que vous ouvrez un
éventail assez grand, Je suis prêt à m' interroger avec
vous et nous irons plus loin, nous allons pousser notre affaire pas mal.
Peut-être qu'il y a des professionnels qui devraient couper leur salaire
aussi parce que l'État va mal; il faudrait couper. (12 heures)
C'est peut-être surprenant combien de monde peut travailler
à rabais, mais ce n'est pas une preuve de compétence que
quelqu'un veuille travailler à rabais. Il y a peut-être autre
chose qui sous-tend cette attitude quant à leur présence à
des conseils d'administration. Cela m'inquiète que vous ayez la
vérité comme cela, d'un coup sec, que vous ayez découvert
que les gens vont travailler bénévolement, qu'ils sont
prêts à travailler. De quel côté est la
compétence? Est-elle en fonction des couleurs politiques? Il faudrait me
le dire. Mais, si c'est vrai pour cela, est-ce vrai pour autre chose ou est-ce
que cela arrête quelque part? Où commence et où finit le
bénévolat?
M. Bourbeau: Écoutez, M. le député, j'ai de
la difficulté à suivre votre logique. La compétence, bien
évidemment, existe partout. Elle n'est pas seulement du
côté du parti au pouvoir. Il y a des compétences, je vous
le concède, et il y en a quelques-unes du côté de
l'Opposition aussi, mais, à compétence égale, M. le
député, nous, on ne rémunère pas. Vous ne pouvez
pas nous blâmer. Les gens sont compétents de notre
côté et on ne les rémunère pas. Les vôtres
sont compétents, vous les rémunériez. En quoi pouvez-nous
nous blâmer?
Je suis très étonné de cette sortie de votre part.
Vous devez au moins nous donner le bénéfice du doute. Vous dites
que des choses sont étranges lè-dedans. Bien oui, c'est d'une
philosophie différente dont vous parlez, bien oui, il y a une
philosophie différente et, le 2 décembre dernier, les
Québécois ont voté pour une philosophie différente.
C'est celle qui a été proposée par le Parti libéral
du Québec. Cette philosophie se traduit, entre autres, par une demande
à des citoyens compétents de servir l'État, de venir faire
une contribution pour tenter d'amener une meilleure gestion de l'administration
publique. On l'a fait sans les rémunérer. Il n'y a rien de
caché là-dedans.
Si on faisait l'inverse et si on les rémunérait le double
de ce que vous les rémunériez, là vous diriez: II y a
quelque chose là-dedans qui ne fonctionne pas. Vous devez au moins nous
donner le bénéfice du doute. On ne paie pas. Il ne peut rien y
avoir, on ne paie pas. Si on payait, cela serait différent. Vous pouvez
continuer à vous interroger, mais vous pouvez conclure uniquement une
chose; c'est qu'il n'y aura pas de montant payé. Et ceux à qui
cela ne fait pas l'affaire démissionneront et on en trouvera d'autres;
on n'aura pas de difficulté à en trouver.
Maintenant, vous savez que ce sont des fonds publics, que tout cela est
sur la place publique. S'ils ne sont pas payés, ils ne seront pas
payés. Il n'y a pas de possibilité de les payer en-dessous de la
table. C'est ce que l'on va faire. Je suis tout à fait à l'aise
de défendre cette position. Elle m'apparaît transparente; elle
m'apparaît tout à fait à l'honneur du gouvernement et je
suis très fier que le gouvernement ait décidé d'agir
ainsi. Pour ce qui est des critères, je vous rappelle, je vous signale
et je vous déclare que ce n'est que la compétence qui sera
retenue pour le choix des gens qui siégeront à des conseils
d'administration des organismes publics et parapublics et aucun autre
critère.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Comme la compétence est
déterminée seulement de votre part, je suis obligé de
conserver cela comme une affirmation, point. Je ne vois pas que la... Vous nous
dites: C'est au vu et au su de tout le monde. Bien sûr qu'il y a des
choses qui se font au vu et au su de tout le monde. Ce n'est pas une preuve de
moralité publique parce que cela se fait au vu et au su de tout le
monde. Vous savez que des choses qui se font au vu et au su de tout le monde
sont condamnables et ne sont pas acceptables. Vous me dites: Cela se fait au vu
et au su de tout le monde. Soyez donc tranquille, tout le monde va juger cela.
Vous allez être correct. Je ne marche pas là-dedans.
Ce qu'on faisait avant n'était pas scandaleux non plus. Les
jetons de présence, que je sache, vous dites qu'il y en a qui faisaient
7000 $ à 8000 $. Il y avait peut-être des chevaliers des jetons de
présence. Je ne le pense pas. Ils devaient être terriblement
compétents ceux qui allaient chercher des 8000 $ ou 10 000 $ en jetons
de présence un peu partout. Je n'ai pas à m'accuser ou à
excuser l'ex-gouvernement parce qu'il a donné des jetons de
présence, ce qui, à mon avis, ne devait pas représenter
des montants faramineux.
En fait, il y a des gens qui sont prêts à travailler
bénévolement et il y a des gens qui ont des emplois et qui,
à un moment donné, sont obligés de faire certains
sacrifices pour... C'est sûr qu'ils ne pourront s'offrir, ils ne pourront
pas, parce qu'il n'y a rien pour compenser nulle part. Ces compétences
qui sont aussi visibles que les vôtres que vous me présentez
n'existeront plus.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne
comprends pas pourquoi le député soulève ce point.
Le député devrait constater qu'en aucune façon nous
n'avons blâmé l'ancien gouvernement. Je n'ai jamais dit ici que ce
qui était fait avant n'était pas bon. Je n'ai pas dit cela du
tout, j'ai simplement souligné que l'ancien gouvernement avait une
façon de procéder et que nous en avions une autre. Je vous mets
au défi de trouver un seul mot de blâme dans ce qu'on a dit. Vous
plaidez comme si vous vous défendiez contre une accusation. Moi, je ne
vous accuse de rien, je dis simplement que nous avons décidé de
ne pas payer les gens qui siègent à des conseils
d'administration, point final. À vous de tirer vos conclusions. Si cela
vous blesse, ce n'est pas de ma faute. Je ne vous accuse de rien du tout.
Maintenant, je dirai que le coût de cela, l'économie pour
l'État est d'environ 5 000 000 $. 5 000 000 $ c'est quand même des
fonds importants, c'est un montant important. Avec cela, on peut faire bien des
choses et c'est ce que nous allons faire.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière, est-ce qu'il y a autre chose là-dessus?
M. Dufour: Le seul point sur lequel, en tout cas, vous ne me
convaincrez pas, je ne pense pas faire une crise de pureté, je ne fais
que vous rappeler, M. le ministre, et je l'affirme: en faisant cette action,
vous vous privez d'un certain nombre de compétences. Tout le monde... Si
on parle d'égalité ou des gens qui sont disposés à
faire des travaux, il y a une certaine catégorie de personnes que vous
excluez automatiquement. Quant à votre visibilité, bravo! moi, ce
n'est pas une appréciation de valeur que je retiens dans ma lecture
à moi.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: En terminant, pour régler le problème,
M. le député, vous me dites qu'on exclut une catégorie de
personnes. Je comprends que c'est une catégorie de personnes qui
voudraient être rémunérées. Pour en venir à
une solution négociée, si le député veut nous faire
parvenir une liste de gens compétents qui seraient prêts à
servir moyennant rémunération, qu'il le fasse et j'irai voir le
président du Conseil du trésor pour m'enquérir s'il n'y
aurait pas un moyen de déroger, pour faire en sorte que les candidats du
député de Jonquière, qui veulent être payés,
possiblement, soient exclus; je présume que cela va être
plutôt des amis du député de Jonquière. Il y aura
deux catégories: les amis du député de Jonquière
qui seront rémunérés et les autres qui agiront
bénévolement.
Une voix: C'est cela.
M. Dufour: Vous me visez directement lorsque vous dites que ce
sont mes amis. J'en ai quelques amis, ce ne sont peut-être pas les
mêmes que les vôtres et il n'y en a pas beaucoup qui sont
millionnaires dans cette "gang". Moi, je fais partie d'un comté ouvrier
- je vous le rappelle au cas où vous ne le sauriez pas - mes salaires et
ma façon de fonctionner, cela a toujours été vu et su de
tout le monde. Je pense qu'après trente ans de vie politique à
plusieurs paliers, les gens savaient à qui ils s'adressaient et ils
m'ont vu aller dans ce sens-là. Je ne pense pas qu'on puisse dire que je
veux favoriser une classe d'individus par rapport à une autre. Je ne
fais que souligner à travers cela une remarque disant qu'on ne paie pas.
Ce n'est pas pour mes amis à moi que je parle de cela. Je dis: Pourquoi
vous ne dites pas clairement: on a des comités qui sont ouverts et il y
avait des jetons de présence. Remettez-les vos jetons de
présence, je vais les donner à tout le monde, cela serait bien
plus clair, d'après moi. Ils les remettront, leurs jetons de
présence, s'ils ne veulent pas les avoir. Pourquoi ne pas faire
l'inverse? Vous dites qu'il y a des gens qui s'offrent
bénévolement. J'ai peur des gens qui s'offrent trop rapidement
tout d'un coup; il y des considérations et d'autres.
Attention! Qu'on donne donc des jetons de présence à tout
le monde, puis ils les remettront ceux qui aiment... Vous allez voir que, quand
ils touchent l'argent, vous allez voir, ils ne sont peut-être pas trop
pressés. Même vos amis vont peut-être le garder, eux aussi.
C'est une façon différente de concevoir les choses. Quand on dit:
j'aimerais ça y aller, mais, moi je n'ai pas les moyens de sacrifier la
moitié de ma journée de salaire pour aller travailler à un
comité; ça ne lui ôte pas sa compétence, ça
ne lui ôte pas sa bonne volonté. Ce n'est pas malhonnête de
le faire. Quelqu'un dit: Moi, je serais bien disponible, mais je n'ai pas le
moyen de le faire. La compétence, ce n'est pas juste à ceux qui
ont de l'argent. Ça peut être aussi à du monde qui n'en a
pas. La rémunération, je vous l'ai dit tout à l'heure,
s'il s'agit de quelqu'un qui avait juste ça pour vivre 7000 $ ou 8000 $
par année, il était en deçà du seuil de la
pauvreté quant à moi.
Ce que j'essaye de démontrer, peut-être que je le fais
malhabilement, ce que je dis, c'est qu'il y a des comités de
bénévoles. Bien sûr, on en connaît un, il y a un
comité de sages de cinq personnes qui fait de la privatisation un peu
partout. Ceux-là, on va les laisser faire. Parlons du petit
comité chez des sociétés d'État auxquels des gens
pourraient penser - ils n'ont pas été passés par la
tête en haut - ils pourraient aider à régulariser des
situations ou régler des
problèmes. Ils veulent le faire volontairement et ils le font
avec la meilleure volonté possible et avec toutes leurs connaissance et
compétence. Il y a des gens qui ne peuvent pas le faire parce qu'au
départ ils n'ont pas les moyens de le faire. Que je sache, que quelqu'un
aie besoin de son salaire pour vivre, je trouve que c'est bien correct, ce sont
les règles du jeu normales. Puis quelqu'un... Dites à tout le
monde: On va continuer comme avant, on va vous payer et ceux qui veulent faire
des cadeaux à l'État, vous le ferez. Cela va lui donner une
réduction d'impôt en plus. C'est pas beau ça?
M. Bourbeau: Un point, M. le Président, je pense qu'il y a
une équivoque ici. Le député dit que quelqu'un a besoin de
son salaire. Il n'est pas question de couper le salaire de quiconque,
même celui des plus démunis. Ces travaux-là, ce sont des
travaux qui sont en dehors du salaire normal de quelqu'un. On ne demande pas
à quelqu'un de couper son salaire. On ne demande pas cela à ceux
qui siègent aux régies, aux sociétés d'État,
aux conseils d'administration, je parle. Je ne parle pas des gens qui
siègent comme régisseurs. Les conseils d'administration, ce n'est
pas du travail... On s'assoit là une fois par mois. On met son
expertise. Vous savez ce que c'est le travail d'un conseil d'administration.
Cela se fait souvent en fin d'après-midi. Cela peut se faire le soir.
Les comités consultatifs qui siègent présentement, il y en
a un en habitation qui siège en dehors des heures de travail. Les gens
ne sont pas appauvris en faisant cela. Il n'est pas question d'appauvrir des
gens.
Maintenant, je vous signale qu'on rémunère les
dépenses réelles encourues si les gens ont à se
déplacer. Il n'est pas question de leur demander de dépenser de
l'argent; ces gens-là qui ont à se déplacer sont
remboursés de leurs frais de déplacement, de sorte qu'il n'y a
personne dans cela qui perd quoi que ce soit. C'est vraiment du
bénévolat comme quelqu'un en fait s'il travaille pour la
Croix-Rouge ou pour la Fondation des maladies du coeur. Il y a des gens dans la
société qui sont prêts à faire du travail
bénévole qui ne les prive pas de leur revenu, de leur
gagne-pain.
Dans ce sens-là, on ne pénalise personne en ne les payant
pas parce que ce n'est pas leur salaire de base. Quelqu'un a le choix entre
rester chez lui un soir et regarder la partie de hockey à la
télévision ou aller siéger à un comité
consultatif. À ce moment-là, on ne le pénalise pas
en ne le payant pas. Je ne vois pas pourquoi on fait un plat avec cela. Il n'y
a personne au Québec qui va être appauvri par cette mesure. C'est
cela.
M. Dufour: II y a peut-être un dernier point que je veux
soulever quand vous me parlez de comités bénévoles qui
vont fonctionner. Des gars de l'Abitibi qui vont aller siéger à
seize heures après leur travail, à Montréal, je n'en vois
pas beaucoup. Des gars du Saguenay, je n'en vois pas beaucoup. Je n'en vois pas
beaucoup de la Côte-Nord, ni de la Gaspésie ni de l'autre bout
là-bas.
M. le ministre, je fais juste cette mise au point selon laquelle votre
comité de bénévoles... Est-ce que c'est juste un
comité pour des gens des grands centres ou si c'est un comité qui
s'adresse à l'ensemble de la population du Québec. Au
départ, j'ai pensé -c'est peut-être cela l'imbroglio - moi,
je pense à l'ensemble des citoyens du Québec et vous si vous avez
limité vos champs d'intervention pour les sociétés
d'État autour des deux grands centres qui s'appellent Québec et
Montréal, à ce moment-là, je pense que je viens de perdre
mon temps. Je n'aurais pas dû en parler du tout.
M. Bourbeau: Cela s'applique à l'ensemble de tous les
citoyens du Québec, bien sûr.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Orford. Votre intervention portait sur la question des jetons de
présence.
M. Vaillancourt: M. le Président. Le ministre a
répondu à ma question. Je voulais savoir si les frais de
déplacement de ces bénévoles étaient
remboursés.
Le Président (M. Rochefort): Les députés de
Louis-Hébert et Matapédia se sont inscrits pour discuter du
schéma d'aménagement, si je comprends bien.
M. Doyon: En fait, cela déborde un peu, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Juste une question, M. le
député de Louis-Hébert. Est-ce que vous voulez aborder le
volet jetons de présence, vous aussi?
M. Doyon: Non, non.
Le Président (M. Rochefort): J'ai juste une question au
ministre là-dessus. Après cela, je vous donne
immédiatement la parole.
M. le ministre, je vais essayer de ramener la discussion au monde
municipal. J'ai remarqué - ce qui est votre droit, vous êtes
légitimé de le faire - que vous avez accordé une certaine
importance à la question de l'élimination des jetons de
présence. Vous en avez parlé dans vos notes d'introduction. Vous
en avez parlé en réponse à une question d'un des
parlementaires au cours de l'étude des crédits. Je voudrais
savoir si vous faites un lien entre l'abolition
des jetons de présence des membres de conseils d'administration
ou des régies des organismes d'État et des sociétés
d'État et, éventuellement, un projet que vous pourriez avoir en
tête quant à la rémunération qui est actuellement
dévolue aux élus qui siégaient aux municipalités
régionales de comté. Est-ce qu'il y a un lien entre les deux dans
votre esprit?
M. Bourbeau: Pas nécessairement. Je l'ai fait d'une
façon incidente. Un peu par analogie. Mais je dirai que, s'il avait
été dans notre intention d'abolir les jetons de présence
des maires qui siègent aux MRC, on aurait pu le faire dès
maintenant lors des coupures budgétaires qui s'appliquent pour le budget
qui commence aujourd'hui. On avait la possibilité de le faire. On ne l'a
pas fait. On a maintenu les jetons de présence parce que je reconnais
que la problématique dans le monde municipal est un peu
différente. Les élus municipaux ne sont pas des gens qui
siègent à un conseil d'administration, ce sont des élus.
Des gens qui se sont présentés à des élections, qui
ont fait l'objet d'un choix par le peuple. Dans ce sens-là, ce n'est pas
du bénévolat comme tel que font les élus municipaux. Ce
sont des gens qui travaillent d'une façon qui peut être beaucoup
plus fréquente, par exemple, qu'un conseil d'administration.
Non, je ne lie pas les deux dossiers de cette
façon-là.
Le Président (M. Rochefort): II n'est donc pas de votre
intention, après le 31 décembre, de remplacer la
rémunération actuelle des élus qui siègent aux
municipalités régionales de comté par une forme de
bénévolat ou une autre? (12 h 15)
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit cela non plus. M. le
Président, ce que je dis, c'est que les budgets inhérents aux MRC
se terminent le 31 décembre et qu'il n'y a rien de prévu,
évidemment, dans les budgets gouvernementaux après cette date.
Tout ce qui se produira après cette date fera l'objet de
négociations qui débuteront à l'automne, selon ce que j'ai
dit précédemment.
Le Président (M. Rochefort): Donc, si je comprends bien,
le bénévolat sera inscrit au système de
négociations avec le monde municipal?
M. Bourbeau: L'ensemble de la problématique va faire
l'objet d'un débat et tout sera sur la table.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Louis-Hébert, sur la question de
l'aménagement du territoire municipal.
Les problèmes de la ville de
Québec
M. Doyon: M. le Président, pour déborder toute
cette question, il y a actuellement une commission d'étude sur les
problèmes auxquels fait face la ville de Québec. Cette commission
d'étude procède actuellement à des audiences publiques. Il
y a un certain nombre de problèmes très sérieux qui sont
soulevés et qui touchent finalement et la ville de Québec et
l'ensemble de la région de Québec.
Il y a actuellement, semble-t-il, une espèce de consensus qui se
développe sur une participation éventuelle du gouvernement du
Québec au fonctionnement de ce qu'est la capitale du Québec,
c'est-à-dire Québec et sa région, globalement.
J'aimerais savoir, de la part du ministre, si le ministère des
Affaires municipales a des observateurs à cette commision
d'étude. Est-ce que vous suivez cela? Est-ce que vous avez
réfléchi à toute cette question qui est soulevée et
qui prend une ampleur considérable? Et ce que je voudrais éviter
ici, c'est qu'on se retrouve dans une situation, M. le ministre, après
le rapport et après les audiences de la Commission d'étude sur
l'avenir de la ville de Québec, sur la situation financière de la
ville de Québec, où les élus municipaux se trouveraient
dans des camps opposés, où on se retrouverait dans une situation
aussi où on ne pourrait plus revenir en arrière et obtenir les
accords qui sont absolument nécessaires pour régler ce genre de
problème.
S'il y a un endroit où il vaut mieux prévenir que
guérir, c'est bien là. La situation ne s'est certainement pas
améliorée ces derniers temps et il faut avoir des perspectives
d'avenir qui nous permettent d'espérer des jours meilleurs. À
titre de ministre des Affaires municipales, vous avez une responsabilité
primordiale à ce sujet; vous devrez, à un moment donné,
probablement, vous faire l'avocat, le porte-parole des doléances aussi
bien des municipalités qui entourent la ville de Québec que de la
ville de Québec proprement dite. Il faudra faire la part des choses
là-dedans. Il faudra regarder le passé. Il faudra voir la
façon dont les municipalités ont été
administrées, voir comment la ville de Québec s'est
acquittée de ses fonctions, quelle sorte de services elle s'est
donné, à quel coût, etc., combien a coûté tout
cela, compte tenu des obligations qu'elle encourt à titre de capitale du
Québec. Alors, je voudrais savoir de la part du ministre où en
est sa réflexion à ce sujet et comment il entrevoit les
choses.
M. Bourbeau: Voilà un dossier d'actualité aussi.
L'avenir de la ville de Québec préoccupe tout le monde. Le
député a très bien, je pense, développé la
problématique. La ville de Québec est une
ville qui a une vocation spéciale au Québec puisqu'elle
est la capitale. Cela lui cause, semble-t-il, des frais ou des coûts que
n'ont pas les autres municipalités. La Commission d'étude sur la
ville de Québec a été mise sur pied pour justement faire
l'étude de l'ensemble de ce problème. Pour répondre
à la question du député, oui, nous suivons avec beaucoup
d'intérêt les travaux de la commission. Le président est un
ancien sous-ministre adjoint au ministère des Affaires municipales. Nous
avons, au ministère des Affaires municipales, un sous-ministre adjoint
qui est tuteur de la commission, M. Jean-Paul Arsenault. Le ministère
des Affaires municipales a fait des prêts de fonctionnaires à la
commission, nous avons des observateurs a chaque séance et, finalement,
le ministère également subventionne d'une façon assez
importante les travaux de la commission. Nous y avons engagé environ 100
000 $, à ce jour. Le rapport de la commission est prévu pour le
1er septembre 1986. Alors, je pense qu'encore là, il faut laisser
à la commission le temps de terminer ses travaux, de déposer son
rapport et, à ce moment, bien sûr, ce sera le temps d'en discuter
en public et de voir quelles solutions on pourrait apporter aux
problèmes qui seront posés par la commission.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Je suis heureux de voir - je le savais,
évidemment - que le ministère suit de très près ces
travaux, de par l'implication du personnel qui est fourni, etc. J'incite le
ministre à porter une attention particulière à ces
problèmes qui sont extrêmement graves actuellement. La
façon dont ils sont perçus par la ville de Québec et les
municipalités environnantes laisse entendre qu'on risque de se retrouver
dans une situation qui pourrait être extrêmement difficile. Les
solutions qui seront proposées à la suite de l'analyse du
problème ne feront très probablement pas l'affaire de tout le
monde. Il est à prévoir que vous aurez, en tant que ministre, des
choix extrêmement déchirants à faire. Il y aura
peut-être lieu de partager les torts et de donner raison à
certains intervenants. Il faut se préparer mentalement à cet
exercice.
On ne peut pas espérer, dans ce cas-là, en tout cas, faire
l'omelette sans casser quelques oeufs. Il faudra avoir la volonté
politique de le faire, il faudra ne pas être surpris d'avoir à le
faire et il faudra, comme je le disais, mentalement, s'être
préparés à le faire. Je vous incite à continuer
votre vigilance et à inciter aussi vos fonctionnaires qui, je le sais,
font bien leur travail, à continuer à suivre le dossier de
façon qu'on puisse régler ce problème à un moment
donné, parce que la situation est rendue à un point où on
ne peut plus espérer qu'elle se règle d'elle-même. Il
faudra que des solutions soient apportées. Je remercie le ministre et
les fonctionnaires de porter toute l'attention qu'ils portent à cette
question.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Matapédia.
Le nombre de schémas
M. Paradis (Matapédia): Question d'information, M. le
ministre. J'aimerais savoir combien de MRC ont déposé des
schémas d'aménagement, combien le feront en cours d'année
et ce qui arrivera avec celles qui n'auront pas terminé?
M. Bourbeau: Pour ce qui est des statistiques, le nombre de MRC
qui ont déposé des schémas d'aménagement au moment
où on se parle... Jusqu'à présent, il y en a trois qui ont
déposé leur schéma d'aménagement. Les autres
doivent, en vertu de la loi, le faire d'ici au 12 décembre 1986.
M. Paradis (Matapédia): Combien prévoyez-vous qu'il
y en aura?
M. Bourbeau: 95 moins 3, cela fait 92!
M. Paradis (Matapédia): Prévoyez-vous que tout le
monde va respecter les échéances prévues?
M. Bourbeau: C'est difficile de dire ce qu'on prévoit, ce
qu'on ne prévoit pas. On espère que les 92 autres vont avoir
déposé leur schéma d'aménagement pour le 12
décembre 1986. C'est ce que prévoit la loi. Si jamais, en fin
d'année, à l'automne, on se rendait compte que ce n'est pas
physiquement possible de le faire, il faudrait regarder des possibilités
de faire autre chose. Pour l'instant, on ne peut pas présumer que les
municipalités ne pourront pas se conformer à la loi qui existe
présentement.
M. Paradis (Matapédia): Merci.
Le Président (M. Rochefort): Y a-t-il d'autres
interventions sur le programme 1? Est-ce que le programme 1,
"Aménagement du territoire municipal", est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Compte tenu de
l'heure, j'imagine qu'on devrait peut-être suspendre nos travaux pour
entrer de plain-pied dans le programme 2 au moment de la reprise des travaux.
Oui? Donc, la commission... M. le sous-ministre, vous avez un commentaire? M.
le ministre.
M. Bourbeau: Je comprends bien qu'on a adopté tous les
éléments du programme 1.
C'est cela?
Le Président (M. Rochefort): Oui.
M. Bourbeau: Alors, on pourrait dégager les fonctionnaires
qui sont la pour ce programme.
Le Président (M. Rochefort): En principe, j'imagine,
quoique vos principaux sous-ministres vont rester avec nous. Je les convie
à une belle journée avec nous. La commission ajourne donc ses
travaux. Je vous rappelle que, normalement, nous aurons un ordre de la Chambre
de reprendre l'étude des crédits après la période
des affaires courantes cet après-midi, aux alentours de 15 h 15.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
(Reprise à 15 h 31)
Le Président (M. Rochefort): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux dans la
poursuite de son mandat: l'étude des crédits du ministère
des Affaires municipales.
Nous avons cet avant-midi conclu nos travaux par l'adoption du programme
1, Aménagement du territoire municipal.
Je ne me souviens trop si j'avais appelé le programme 2, mais
c'est là que nous étions rendus.
Aide et surveillance administratives et financières
J'appelle le programme 2: Aide et surveillance administratives et
financières. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, je ne sais pas si ce serait
dans l'ordre que je revienne à la discussion de ce matin, lorsque
j'avais parlé des coupures internes de 21 500 000 $ ou 22 000 000 $
environ. Je ne me souviens pas que le ministre des Affaires municipales ait
donné quelque réponse que ce soit concernant ces coupures
internes. Je conclus que c'est probablement une petite distraction.
M. Bourbeau: Quand la question a été posée
ce matin, j'ai demandé au député de Jonquière s'il
voulait les coupures pour l'ensemble des crédits du ministère ou
pour le programme 1. Si j'ai bonne souvenance il m'a dit pour le programme 1,
et j'ai donné des coupures de l'ordre de 9 900 000 $ pour le programme
1.
Si le député veut les coupures pour l'ensemble du
ministère, je peux les lui donner immédiatement ou on peut les
donner au fur et à mesure.
M. Dufour: Effectivement, j'ai l'impression que les coupures de 9
000 000 $ dont on a parlé c'étaient des explications
supplémentaires en ce qui me concerne. Mais on avait parlé
explicitement - et je m'en souviens assez bien - des 22 000 000 $ ou 21 500 000
$; celui-là, moi je serais intéressé à savoir
où cela porte vraiment les diminutions.
M. Bourbeau: En fait, on parle de compressions plutôt que
de coupures. Ce matin j'ai parlé des 8 000 000 $ dans le programme
ReviCentre. Ce sont des crédits périmés, je m'excuse. On
va vous donner les compressions, ce ne sera pas long, M. le
député. Vous comprendrez que nous nous étions
préparés pour le programme 2. On va revenir à l'ensemble
du budget. Ce ne sera pas très long.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, si les
membres de la commission sont d'accord on peut donner le temps aux
fonctionnaires de faire le tour de cette question, suspendre ce sujet et
poursuivre l'étude du programme 2. Si vous étiez tous d'accord,
au programme 4 où on parle de l'administration générale du
ministère, on pourrait déposer les documents demandés par
le ' député de Jonquière. Est-ce que cela agrée aux
membres de la commission? Cela va?
M. Bourbeau: Cela va.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière, sur le programme 2. Pendant ce temps les fonctionnaires du
ministère vont nous préparer les documents requis.
Surveillance de la gestion municipale
M. Dufour: Donc, c'est Aide et surveillance administratives et
financières. Si on examine les crédits qui sont
prévisibles en 1985-86, c'était 24 027 700 $; les crédits
sont de 20 799 600 $, donc une baisse de 3 228 100 $. Ce qui est
prévisible, 23 164 000 $. Donc une variation en fonction des
dépenses probables de 2 365 000 $, une baisse de 10,2 %.
Le sujet le plus important, à mon sens, c'est la diminution des
employés permanents. L'effectif passe de 97 à 89 et, en
même temps, il y a une embauche de 3 employés occasionnels. Ma
question: Quelles sont les personnes touchées par cette réduction
de personnel et à quelles tâches ont-elles été
réaffectées?
M. Bourbeau: Je pense qu'il y a une confusion, M. le
Président. Le député a dit qu'il parlait du programme 2.
Le chiffre qu'il vient de mentionner pour les employés c'est
le chiffre pour l'élément 1 du programme 2.
Est-ce que le député veut parler de la totalité du
programme 2 ou seulement de l'élément 1 du programme 2 ?
M. Dufour: L'élément 1 du programme 2.
M. Bourbeau: L'élément 1. Effectivement il y a une
compression de 8 postes. On passe de 97 à 89 chez les permanents. Est-ce
que le député pourrait répéter la question?
M. Dufour: Comment se fait-il qu'on puisse réussir
à diminuer le personnel de huit personnes? Quelles sont les personnes
qui ont été touchées? À quelles tâches
ont-elles été réaffectées, s'il y en a? Parce
que...
M. Bourbeau: Est-ce que vous voulez le nom des personnes?
M. Dufour: Savez-vous, je ne sais pas si on devrait aller aussi
loin que cela. Comme vous êtes transparent, on va laisser cela à
votre discrétion. Les personnes touchées, ce sont des personnes
de postes décisionnels, de direction...
M. Bourbeau: Le député se souvient qu'au mois de
décembre, quelques jours après l'assermentation du nouveau
gouvernement, le président du Conseil du trésor a aboli quelque
chose comme 1600 postes dans la fonction publique. C'étaient des postes
qui étaient vacants à ce moment-là, donc où il n'y
avait pas d'employé dans un poste donné.
Dans l'élément 1, de ces postes il y en avait huit. Comme
les postes ont été abolis, forcément on est obligé
de vivre avec la situation qui existait; autrement dit, le travail qui se
faisait sous l'ancien régime avec 97 personnes, maintenant il doit se
faire avec 89 personnes. On a fait une réallocation des tâches et
chacun a vécu avec cela. Maintenant, je peux signaler au
député que, pour l'ensemble du ministère, il y a eu une
abolition de 22 postes à ce moment-là.
M. Dufour: Oui. Mais ce que je remarque, c'est que vous avez,
d'une part, une diminution de postes et, en même temps, il y a une
diminution des traitements. Donc, si ce sont des postes qui étaient
à combler -il me semble que c'est ce que vous dites... Les 1600 postes
n'étaient pas prévus, il n'y avait personne a ces postes. Donc,
on abolit des postes qui existaient, mais qui n'étaient pas remplis.
Cela va? Donc, si je fais la relation entre les employés permanents
effectifs, il y a une diminution de huit. 3e regarde le traitement des
employés permanents, il y a une diminution de 425 300 $.
M. Bourbeau: C'est cela.
M. Dufour: Donc, comment "prédiminuer" les coûts de
gens qui n'ont pas fait le travail? Ils auraient pu être diminués
en 1985-1986.
M. Bourbeau: Écoutez, je comprends. On avait un
crédit, en 1985-1986, de 3 600 000 $ pour 97 postes; là, on a
coupé huit postes, donc on a coupé 425 000 $. Cela fait une
moyenne de 50 000 $ par poste; évidemment, c'est grosso modo, mais c'est
tout à fait dans l'ordre des choses. Si on coupe huit postes, c'est
normal que la masse monétaire des salaires diminue. Je ne vois pas quel
est le problème.
M. Dufour: Vous voulez dire, si je comprends bien, ces postes,
même s'ils n'étaient pas comblés - je me demande si c'est
le même effet dans les budgets des différents ministères -
que les 1600 salaires de ces postes étaient à l'intérieur
de tous les budgets, y compris dans celui des Affaires municipales.
M. Bourbeau: Oui, c'est sûr. Il y avait 1600 postes et il y
avait les budgets afférents à 1600 postes. Nous avons 22 postes
qui ont été coupés; forcément, on coupe les
salaires attachés à ces 22 postes. Ce sont des effets
bénéfiques, si je peux dire, de la mesure; c'est qu'il y a des
économies pour le gouvernement. Ici, dans ces huit postes, il y a une
économie de 425 000 $. Cela me paraît tout à fait une
mesure de saine gestion. Et on n'a mis personne à la porte puisque
c'étaient des postes qui étaient vacants. Alors, on n'a
renvoyé personne. On fait le même travail avec moins de monde.
M. Dufour: En tout cas, je vais peut-être prendre avec
réserve ce que vous me dites, à savoir qu'au ministère des
Affaires municipales... Dans les autres ministères, je suis loin d'en
être convaincu qu'il y avait 1600 postes, avec les 1600 salaires de
prévus, et dont les titulaires n'ont pas été
remplacés durant un an de temps. Cela ne me semble pas correct du point
de vue administratif.
M. Bourbeau: M. le député, c'est qu'à une
date donnée, en décembre 1985, le Conseil du trésor a fait
un inventaire de ce qu'il y avait dans la fonction publique. Il y avait,
disons, 60 000 postes - je ne sais pas combien il y en a - et, à ce
moment-là, il y en avait 1600 qui n'étaient pas occupés
par des personnes. Il y avait des chaises, mais personne dedans; ils
étaient vacants. Alors, on a aboli les postes du jour au lendemain, on a
dit: II n'y a personne dans les chaises, on ne met pas de gens. Ces postes
sont
abolis. Il n'y a personne qui a perdu son job, il n'y avait personne
d'engagé. Mais comme les postes sont abolis, les salaires
inhérents a ces postes ont aussi été abolis. Donc, on a
récupéré des sommes d'argent importantes, je pense bien.
De toute façon, ici, dans l'élément 1 du programme 2, on a
peut-être récupéré 400 000 $. Je ne peux
peut-être pas vous donner le montant exact parce qu'il faut quand
même dire que, dans les crédits de cette année, il y a, je
présume, une indexation de 3,5 %. On a prévu une
légère augmentation de salaire sur l'an dernier, moins les huit
postes. Cela m'apparaît tout à fait simple comme solution.
Le Président (M. Rochefort): J'ai une question, M. le
ministre. Vous venez de dire que, dans vos crédits, l'augmentation
proposée de 3,5 % aux membres de la fonction publique du Québec
est intégrée. Sauf erreur, le président du Conseil du
trésor nous a dit que ces sommes avaient été
réservées au fonds de suppléance du gouvernement.
M. Bourbeau: Je veux apporter une précision, M. le
Président. Vous avez raison de poser la question. L'indexation,
l'augmentation qu'il y a dans les crédits, c'est l'augmentation qu'on
appelle l'indexation du système qui est de 1,15 %. L'augmentation des
salaires est dans le fonds de suppléance du gouvernement, vous avez
raison.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Je ne sais pas si le
député de Jonquière a une autre question sur le même
sujet. J'aurais une question additionnelle là-dessus. Vous avez fait
allusion tantôt, dans une réponse au député de
Jonquière, à l'abolition de 1600 postes par le président
du Conseil du trésor, dans les journées qui ont suivi son
entrée en fonction. Par la suite, nous avons appris, à
l'occasion, que le Conseil du trésor avait recréé un
certain nombre de ces 1600 postes. Est-ce qu'aux Affaires municipales,
ministère dont vous avez la responsabilité, il y a des postes qui
avaient été abolis, dans les jours qui ont suivi le 12
décembre, qui ont été recréés depuis la
décision de couper ces 1600 postes, jusqu'à ce jour?
Deuxièmement, est-ce que vous avez l'intention d'obtenir des
nouveaux postes du président du Conseil du trésor durant
l'année budgétaire en cours?
M. Bourbeau: Vous comprendrez que cela s'est fait le 17
décembre et que je n'avais pas encore eu le temps de faire le tour de
tous les effectifs du ministère à cette date; alors, je suis
obligé de consulter.
La coupure nette est de 22 postes. Dans un premier temps, la
décision du Conseil du trésor portait sur 28 postes. À la
suite de négociations avec le Conseil du trésor, on nous a
alloué 5 % de nos effectifs pour des fins de développement, si je
puis dire, ou comme marge de manoeuvre, de sorte que la coupure nette a
été de 22 postes aux Affaires municipales.
M. Dufour: II ne s'agit pas de compression là; c'est une
coupure.
M. Bourbeau: C'est une annulation de postes. On avait 28 postes
vacants, on nous en a laissé six et on a annulé 22 postes; on a
coupé 22 postes, si vous voulez.
Le Président (M. Rochefort): Quant à la
réponse au deuxième volet de ma question, M. le ministre, est-ce
votre intention, dans la présente année budgétaire, de
demander l'ajout de nouveaux postes à votre ministère?
M. Bourbeau: Non. La réponse est non.
Le Président (M. Rochefort): Bon, alors je reviens au
premier volet. Vous nous dites que cela s'est fait le 17 décembre et que
vous arriviez. Est-ce que je dois comprendre que vous n'aviez pas
été consulté, comme membre du Conseil des ministres, quant
à l'impact de la décision d'abolir 1600 postes,
particulièrement dans votre ministère.
M. Bourbeau: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
Le Président (M. Rochefort): Non, c'est une question que
je vous pose. Je n'interprète pas; je vous pose une question.
M. Bourbeau: Vous me demandez... est-ce que je dois
comprendre...
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que vous avez
été consulté comme membre du Conseil des ministres?
M. Bourbeau: La décision qui a été prise,
est une décision du Conseil des ministres alors, forcément, tous
les ministres sont solidaires. La raison de mon hésitation, tout
à l'heure, c'était dans le calcul des postes. Est-ce que
c'était 22 ou 28? Je me suis fait rafraîchir la mémoire,
mais c'est bien évident que c'est une décision du Conseil des
ministres.
Le Président (M. Rochefort): D'accord. Autre question:
Vous nous dites que, initialement, c'était 28 postes qui étaient
prévus chez vous. Sauf erreur, vous avez appelé cela...
Excusez-moi, un de vos collaborateurs me fait signe que non.
M. Bourbeau: Dans la décision du Conseil du trésor
qui a été prise en décembre, on avait prévu que les
ministères
pouvaient aller négocier ou rechercher un maximum de 5 % des
effectifs de chaque ministère, avec un maximum de 25 %. Nous, nous avons
fait ces démarches et nous avons récupéré six
postes, ce qui a fait une coupure nette de 22 postes.
(15 h 45)
Le Président (M. Rochefort): Je reviens à ma
question. Initialement, quand le président du Conseil du trésor a
annoncé l'abolition de 1600 postes dans la fonction publique du
Québec, si je comprends bien votre réponse, ce que cela
représentait à votre ministère, c'était la
suppression de 28 postes.
M. Bourbeau: Exact.
Le Président (M. Rochefort): Par la suite, vous avez
entrepris des négociations avec le président du Conseil du
trésor. Vous êtes allé en demande de création de
nouveaux postes et le président du Conseil du trésor et le
conseil qu'il dirige vous ont accordé six postes.
Ma question est la suivante: Est-ce que le chiffre de 1600, c'est
l'addition des totaux de la première étape pour tous les
ministères ou est-ce que cela ne tient pas compte des nouveaux postes
que le Conseil du trésor a créés par la suite, notamment,
chez vous, six postes additionnels aux Affaires municipales?
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que la question
n'est pas posée a la bonne personne. Je ne suis pas celui qui
répond pour le Conseil du trésor. Je peux vous dire qu'aux
Affaires municipales on a coupé 22 postes et qu'originalement la
décision portait sur 28 postes et que, subséquemment, nous avons
réglé, si je peux dire, pour 22 postes.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Quand vous ajoutez des employés occasionnels,
le but, c'est pour suppléer aux postes qui ont été abolis
ou si ce sont des travaux supplémentaires qui sont
prévisibles?
M. Bourbeau: Non, il n'est pas permis de faire indirectement ce
qu'on ne peut pas faire directement. On ne pourrait pas engager d'occasionnels
lorsque des postes sont abolis. C'est uniquement pour faire du travail
saisonnier.
M. Dufour: Est-ce qu'on peut écrire cela dans
l'évangile?
M. Bourbeau: Non, c'est un principe de droit. C'est même
dans les décisions du Conseil du trésor. En
général, les postes occasionnels sont utilisés lors de
périodes de travail intense, quand il y a surcroît de travail.
Plutôt que d'engager des gens d'une façon permanente qui
n'auraient rien à faire pendant une période de l'année, on
supplée à une charge de travail momentanée par des
occasionnels.
M. Dufour: Au moment où on se parle, les travaux ne sont
pas identifiés. C'est une marge de manoeuvre que vous gardez dans ce
volet.
M. Bourbeau: Pour ce qui est du traitement des occasionnels,
l'emploi d'occasionnels dans le cadre du prolongement, en 1986-1987, du
programme "Travaux communautaires", soit la finalisation des dossiers,
vérification et préparation des comptes à payer, etc.
C'est un dossier ponctuel qui occasionne momentanément un surplus de
travail pour lequel nous avons obtenu des crédits pour des
employés occasionnels de 66 000 $.
Le Président (M. Rochefort): Ça va?
M. Dufour: Ça va. À "Fonctionnement-autres
dépenses", on constate une réduction nette de 44 000 $, toujours
au programme 2, élément 1. Quand on regarde le livre des
crédits, il est muet quant aux différents services et
catégories touchés par cette réduction. Est-ce qu'on peut
savoir comment ont été réparties les sommes soustraites de
l'enveloppe budgétaire de 44 000 $?
M. Bourbeau: Vous parlez de la réduction de 44 000 $?
M. Dufour: Oui. C'est au point "Fonctionnement-autres
dépenses".
M. Bourbeau: 11 y a transports et communications, 30 000 $. Il y
a le loyer, 3000 $ - Location de machines de traitement de texte,
photocopieuses, etc. Fournitures et approvisionnement, 18 500 $. Les trois
premiers, ce sont des coupures: 30 000 $, 3000 $ et 18 500 $. Il y a des
additions de 1800 $ pour l'équipement et de 7500 $ pour les autres
dépenses, pour une coupure nette de 44 000 $.
M. Dufour: J'aurais pu faire exactement le même exercice
que vous. Moi, je voulais savoir un peu ce qui explique une diminution de 30
000 $ des frais de transport par cette démarche. C'est environ 15 % du
budget.
M. Bourbeau: Oui, forcément, mais vous noterez qu'on
a...
M. Dufour: II y a juste huit personnes de moins. Huit personnes,
est-ce 15 %?
M. Bourbeau: On a réduit le personnel
de 10 % et on a réduit le transport de 15 %. C'est donc qu'il
reste 5 % de gens qui vont voyager un peu moins, qui vont faire attention.
M. Dufour: Peut-être que la taxe ascenseur va baisser.
M. Bourbeau: Exactement. On comprime les transports. On
ménage nos transports.
M. Dufour: Du côté des fournitures et de
l'approvisionnement, vous allez nous dire qu'il y a encore une diminution de 10
%. Cela va pour ce point. Si je regarde, toujours dans ce même programme,
Aide et surveillance administratives et financières, j'ai lu
dernièrement que vous avez levé la tutelle sur la ville de
Bromont. Quand on regarde le cheminement de ce dossier, on se rend compte,
d'une part, que la ville de Bromont était sous tutelle jusqu'au 30 juin
1986.
Une première étude a été commandée
par les services des affaires municipales, qui ne semblait pas concluante
concernant cette tutelle, qui n'était pas d'accord pour que la tutelle
soit levée. À la demande d'un ministre du gouvernement et
possiblement du député du comté, vous avez demandé
une deuxième étude qui est arrivée à des
conclusions différentes, c'est-à-dire qu'on devait lever la
tutelle sur la ville de Bromont.
Ce qui me laisse un peu mal à l'aise quant à cette
levée de tutelle, c'est d'abord que la première étude a
certainement été demandée à des professionnels,
donc, à des gens compétents qui eux, dans leur sagesse, arrivent
à la conclusion que la tutelle doit être maintenue. Je ne suis pas
content de cela et je me demande sous quel principe: Est-ce à la demande
d'un député et, à ce moment, je me dis: Est-ce le ministre
des Affaires municipales qui prend les décisions ou est-ce que ce sont
les autres qui les prennent à sa place, sous des pressions? Cela
m'inquiète un peu.
Ce qui est plus inquiétant, c'est qu'à l'intérieur
de cette étude on sort des éléments qui n'avaient pas
été considérés la première fois, dont
l'implantation de Hyundai à Bromont, en disant que l'implantation va
faire telle chose. Depuis quand, dans le domaine municipal qui, à mon
avis, est une institution, se base-t-on sur des faits non accomplis pour
prendre des décisions?
J'ai l'impression, M. le ministre, que ce que je soulève
là est une question de fond. Dans le domaine municipal, normalement on
parle sur des choses réelles, basées et accomplies. Dans cette
question, parce qu'il y a eu des pressions exercées quelque part, on
prend des hypothèses, puisque c'est une hypothèse tant qu'elle
n'est pas accomplie, et on dit: Les finances sont rétablies, donc, on
l'enlève. Ce qui me surprend encore plus, c'est que le président
de la Commission municipale qui est un homme d'une grande sagesse, à mon
point de vue, qui est apolitique, était aussi sensiblement opposé
à la levée de cette tutelle. Quelle est la réponse
à ces questions?
M. Bourbeau: M. le député, il me fait plaisir
d'aborder avec vous le sujet de la tutelle de Bromont. Je vous signale que
c'est dans le programme 4, je crois, mais je veux bien parler tout de suite de
la Commission municipale.
Vous savez que ce n'est pas le ministère des Affaires
municipales, mais bien la Commission municipale du Québec qui a
imposé la tutelle à la ville de Bromont et qui l'a
administrée. Une première étude avait été
commandée par l'ancien gouvernement, une étude faite par une
maison que vous connaissez bien, Raymond, Chabot, Martin et Paré, et qui
donnait la situation telle qu'elle était à l'automne 1985.
Subséquemment, à la suite, comme vous le dites si bien, de
l'annonce de l'implantation de Hyundai, une deuxième étude a
été commandée - sous l'ancien gouvernement, je vous le
signale - et cette étude qui a été remise en
décembre indiquait un changement majeur dans la situation
financière de la ville de Bromont. Elle indiquait par exemple
qu'à la suite non seulement de la venue d'Hyundai, mais d'une
recrudescence très importante de la construction à Bromont au
cours de l'année 1985, un grand nombre de permis de construction a
été émis; d'autres ont été demandés
et on a refait les calculs sur la base des permis de construction émis
et également sur la base des ententes qui ont été
signées avec Hyundai, ententes signées par l'ancien gouvernement,
je vous le signale. À la suite de cela, les experts de Raymond, Chabot,
Martin et Paré, qui n'ont pas été engagés par le
gouvernement actuel ni d'ailleurs par l'ancien gouvernement mais par la
Commission municipale et qui sont reconnus comme des experts dans ce domaine,
ont actualisé l'étude et en sont venus à la conclusion que
sur la base des chiffres qu'ils avaient à ce moment-là, la ville
de Bromont, au cours de l'exercice qui vient, ferait un surplus, et non pas un
déficit, et que l'an prochain le surplus serait d'au-delà de 500
000 $.
Dans ces conditions, le président de la Commission municipale n'a
pas jugé bon de maintenir la tutelle et a recommandé de lever la
tutelle, ne jugeant absolument plus nécessaire de maintenir en tutelle
une ville qui offrait des perspectives aussi intéressantes. Et dans
l'étude de Raymond, Chabot, Martin et Paré, que j'ai eu
l'occasion d'examiner attentivement, on prévoit que l'an prochain, dans
deux ans et
dans trois ans, la situation financière de Bromont devrait
être tellement bonne que, ou bien on va faire des surplus, ou bien on va
réduire la taxe foncière de façon très importante.
Alors, quand une municipalité est en aussi bonne santé
financière et a des perspectives d'avenir aussi bonnes, il n'y a
évidemment aucune raison de la maintenir en tutelle.
Vous conviendrez avec moi que la tutelle est une situation d'exception
et que ce n'est pas normal que l'on garde en tutelle une municipalité
dont les perspectives d'avenir sont si bonnes. Dans ces conditions, nous avons
donné suite à la recommandation de la Commission municipale et du
juge Beaulieu, et nous avons levé la tutelle en date du 5 mars 1986.
M. Dufour: Comme on sait qu'il manquait trois mois pour la
tutelle, puis une municipalité peut bien avoir des prospectus pour
vanter ses mérites, mais ce n'est pas la Bourse, ce n'est pas un REA,
que je sache. Et cette hâte a enlever la tutelle, cela veut dire quoi?
Trois mois, est-ce que cela mettait en danger tous les projets, le cheminement
de cette municipalité? Est-ce que cela mettait les administrateurs mal
à l'aise ou était-ce une promesse de quelqu'un qui a dit: II
faudrait que cela soit levé, cela n'a pas de bon sens que l'on garde
cela? L'hypothèse que vous soulevez, M. le ministre, c'est que vous
allez prendre tous les programmes électoraux de différents
candidats qui se présentent, soit à la mairie, soit dans les
conseils municipaux, vous allez voir qu'ils reflètent beaucoup
d'optimisme, des fois un optimisme basé sur des choses que l'on pourrait
penser réelles et vraies, mais ça ne peut pas être comme
cela qu'on administre une municipalité. Une municipalité, en
principe, comme institution, doit être administrée en se basant
sur des faits réels. À ce moment-ci, je m'inscris un peu en faux
par rapport à cette décision qui était prise a trois mois
d'avis, sans que les actes aient été accomplis.
M. Bourbeau: Ecoutez, vous pouvez vous inscrire en faux. Il
faudrait aller en appel de la décision de la Commission municipale, pas
en appel de la décision du ministre. Maintenant, je peux vous dire qu'il
n'y avait pas seulement Bromont en tutelle, il y avait également la
ville de Notre-Dame-du-Lac, dont la tutelle a pris fin le 1er mars 1986,
à la suite de la recommandation également de la Commission
municipale; il y a également la tutelle de la paroisse de Saint-Didace,
qui a cessé le 31 décembre 1985. De sorte, M. le
député, que je peux vous annoncer avec beaucoup de fierté
que depuis la venue du nouveau gouvernement, il n'y a plus aucune tutelle en
vigueur présentement sur le territoire du Québec. C'est la
santé financière partout.
M. Dufour: Cela doit dépendre de vous autres, c'est bien
sûr. Parce qu'il n'est rien arrivé avant vous autres, cela est
clair. Mais je persiste à dire que le délai de trois mois aurait
pu être maintenu. En tout cas, je ne pense pas que la Commission
municipale, de son propre chef, ait décidé une deuxième
étude de l'étude.
M. Bourbeau: Je m'excuse. Vous ne pensez pas que la Commission
municipale ait décidé quoi?
M. Dufour: Je ne pense pas que ce soit de son propre chef, parce
que regardez ce qui est marqué dans les journaux, parce qu'il
paraît qu'il faut lire les journaux, c'est la seule place où on
peut avoir une partie de la vérité, parce qu'on peut toujours
dire que ce n'est pas nous autres, cela ne dépend pas de nous autres,
mais je dis que je serais surpris que la Commission municipale, de son propre
chef, sans aucune recommandation quelconque, ait décidé une
deuxième étude de l'étude, d'elle-même.
M. Bourbeau: M. le Président...
M. Dufour: II s'agit juste de regarder ce qui s'est
passé.
M. Bourbeau: M. le Président, si vous voulez, on va
prendre cette question sous réserve. Le juge Beaulieu sera ici tout
à l'heure. Et si le député veut poser au juge Beaulieu les
questions sur les agissements de la Commission municipale, je pense qu'il
faudrait lui en donner la chance, étant donné...
Le Président (M. Rochefort): A quel moment attendez-vous
M. le juge?
Une voix: On est en train de communiquer avec lui par
téléphone.
Le Président (M. Rochefort): C'est parce que j'avais cru
qu'il serait ici, remarquez que moi aussi je cherchais le juge...
M. Bourbeau: Normalement, c'est le programme 4, à la
Commission municipale.
Le Président (M. Rochefort): Pas le programme,
l'élément 4 du programme 2.
M. Bourbeau: Le programme 2?
Le Président (M. Rochefort): Sauf erreur.
M. Bourbeau: Je m'excuse. L'élément 4 du programme
2, je m'excuse.
Le Président (M. Rochefort): On procède programme
par programme...
M. Bourbeau: Alors, il va être ici bientôt.
Le Président (M. Rochefort): Mais... (16 heures)
M. Bourbeau: On l'appelle. Il devrait être ici
bientôt.
Le Président (M. Rochefort): Ses bureaux sont à
Québec, j'imagine?
M. le député de Jonquière, êtes-vous d'accord
pour qu'on suspende nos questions concernant les activités de la
Commission municipale. Le président de la commission, le juge Richard
Beaulieu, va se joindre à nous d'un instant à l'autre et on
pourra reprendre ces questions.
M. Dufour: D'accord.
Le Président (M. Rochefort): On poursuit toujours le
programme 2.
Comités d'étude sur les corps de police
M. Dufour: II y a d'autres points où on parle de
comités d'étude sur la Loi de police. Le ministre a
annoncé, en fin de semaine, qu'il mettait sur pied deux comités
d'étude concernant la structure et le financement des corps de police.
Est-ce qu'il peut donner des précisions sur la composition et le mandat
de ces comités, ainsi que sur l'échéancier de travail?
M. Bourbeau: Voici pour ce qui est du problème de la
police. Lors d'une entrevue que j'ai donnée à des journalistes,
on m'a exposé la problématique du dossier de la police, surtout
dans les petites municipalités de 5000 habitants et plus. Je n'apprends
rien au député en lui disant que dans certaines petites
municipalités du Québec on se plaint d'avoir à maintenir
des corps de police. On trouve que cela leur coûte passablement cher et
on voudrait, dans certains cas, que les services soient assurés par la
Sûreté du Québec. La question tournait sensiblement autour
de ceci: est-ce un dossier qui préoccupe le ministère? Qu'est-ce
que vous entendez faire? Est-ce que cela vous préoccupe en tant que
ministre des Affaires municipales? Qu'est-ce que vous entendez faire?
Évidemment, j'ai déclaré que c'est un dossier qui me
préoccupait, puisque c'est un des premiers dossiers dont on m'a saisi
après mon assermentation comme ministre des Affaires municipales. En ce
qui concerne les actions que j'entendais prendre, j'ai avisé le
journaliste en question que nous avions, au ministère, une équipe
de hauts fonctionnaires qui travaillent sur le dossier, un genre de
comité de fonctionnaires, si vous voulez, et que j'avais en plus
délégué le sous-ministre, M. Jacques O'Bready, pour faire
partie d'un comité de fonctionnaires également avec des
fonctionnaires du bureau du Solliciteur général. C'est ce que
j'ai dit, en gros. Cela nous préoccupe, forcément. On a un
comité, au ministère, qui travaille là-dessus, et des
sous-ministres et des délégués sur un autre comité
qui travaillent conjointement avec le bureau du Solliciteur
général.
M. Dufour: Est-ce qu'il y a un échéancier de
travail prévu?
M. Bourbeau: Ces comités sont à l'oeuvre. Celui qui
est avec le bureau du Solliciteur général est un comité
qui commence. Je ne pourrais pas vous donner exactement le mandat, les
échéances, etc. On commence les travaux de ce comité.
M. Dufour: Si j'ai bien compris, c'est un comité de
fonctionnaires. Est-ce qu'il va y avoir des représentants du Solliciteur
général dans ce comité?
M. Bourbeau: Je vous dis que j'ai délégué le
sous-ministre à ce comité. Ce n'est pas le ministère des
Affaires municipales qui a la direction de ce comité, c'est le bureau du
Solliciteur général. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on a
un représentant, le Solliciteur général aura ses
fonctionnaires. Il faudra peut-être lui poser la question.
M. Dufour: Est-ce que le ministre est au courant que l'Union des
municipalités du Québec a aussi un comité pour
étudier le problème des corps policiers municipaux?
M. Bourbeau: Effectivement, il y a un comité. Le rapport
du comité qui a été créé par l'Union des
municipalités devrait nous être acheminé bientôt. On
attend la présentation ou le dépôt incessamment.
M. Dufour: M. le ministre, je suis un peu confus de la
façon dont vous semblez vouloir orienter le milieu municipal concernant
les comités d'étude sur la Loi de police. On sait que la police
appartient au Procureur général de la province. Vous travaillez
un peu en retrait en disant: J'ai mis un certain nombre de fonctionnaires au
travail et ils vont regarder cela. Mais je trouve que cela devient un circuit
fermé. Probablement que vous ne vouliez pas mettre des
bénévoles, parce qu'ils travaillent gratuitement actuellement. Je
me dis que concernant un dossier fondamental comme celui de la police qui est
discuté sur la place publique depuis de nombreuses années,
où personne, ici, autour de la table, ne peut dire qu'il n'a jamais
entendu parler de cela, est-ce qu'on peut, décemment, faire un
comité interne en oubliant le monde municipal, le Solliciteur
général du Québec, les unions qui sont directement
concernés? Il me semble qu'on va tomber dans le problème de la
"réunite". On va faire des comités pour des comités et on
ne réglera rien. Il me semble que c'est un gouvernement
décisionnel qu'on a devant nous, ce n'est pas un gouvernement qui ne
fait qu'écouter.
M. Bourbeau: Bon! M. le député,
premièrement, je vous signale que les bénévoles
travaillent toujours gratuitement; alors, forcément, on ne peut pas
avoir des bénévoles qui sont payés. Deuxièmement,
en ce qui concerne notre intérêt, il est grand pour la question.
Mais avant de se lancer sur la place publique, on doit quand même
ramasser nos idées au plan du ministère et établir notre
position. Vous dites qu'on travaille en vase clos, ce n'est pas exact puisque,
justement, j'ai délégué le fonctionnaire le plus important
de mon ministère, le numéro 1 de la haute fonction publique du
ministère, le sous-ministre - je n'ai pas délégué
un deux de pîque - j'ai délégué le sous-ministre
pour faire partie de ce comité. Cela vous indique l'importance qu'on
apporte au dossier de la police. Je ne vois pas pourquoi vous faites un
esclandre avec cela.
M. Dufour: M. le ministre, il ne s'agit pas du sous-ministre.
J'ai bien confiance au sous-ministre, peut-être même plus qu'en
vous. Je le connais bien, j'ai travaillé avec lui. Mais je ne m'en
servirai pas pour essayer d'avoir des informations qui existent chez vous.
Ce que je peux vous dire, c'est que c'est un dossier qui est connu. Et
ce gouvernement qui est en face de nous, il me semble que lorsqu'il a
été élu - parce que le 2 décembre, il s'est produit
de grandes choses au Québec - on a élu un gouvernement
libéral, 99 députés; il en manquait 1 pour faire 100. Il
était prêt à gérer...
M. Bourbeau: Cela va venir, M. le maire, cela va venir!
M. Dufour: Bon! Ce gouvernement était prêt à
gérer, à administrer. Je ne fais que relever ce que vous avez dit
au début, dans votre déclaration; vous avez parlé d'un
déficit extraordinaire, etc. Je pense que c'est un dossier qui est
extrêmement politique et "touché"; pour avoir travaillé
aussi dans le dossier de la police, je sais que ce n'est pas un dossier qui va
se régler comme cela avec de petits comités bien cachés.
Il y a des intervenants là-dedans qui sont importants. Ce gouvernement,
qui nous avait dit au départ: on est prêt à gérer
-c'était le sens de votre mandat et le sens de l'action - et à
décider. Mais, comme c'est là, on ne décide pas, on
étudie encore; on va faire des études et des études. J'ai
bien l'impression, M. le ministre, vous me direz si j'ai tort, que vous
étiez au courant que l'Union des municipalités avait fait un
dossier, où il y avait un comité qui était chargé
du dossier de la police. Ce n'est pas si connu que cela. Vous l'avez su, tant
mieux, mais vous avez des dossiers qui sont plus connus que cela; vous avez dit
que vous ne le saviez pas. Il me semble que cela n'est pas faire preuve
d'humilité, c'est juste faire preuve de franchise en disant "je ne le
savais pas".
Mais il y a déjà des gens qui sont concernés au
point de vue municipal, qui ont décidé de se prendre en main.
Pourquoi? Parce que c'est un dossier qui est compliqué et le
gouvernement tout seul ne pourra pas le résoudre; il peut le faire avec
d'autres intervenants. Et ce n'est pas nous qui avons dit dans le journal qu'on
avait formé un comité qui va travailler à régler le
problème. Je vous dis, honnêtement, que c'est un dossier qui est
préoccupant pour le monde municipal et qui demande des réponses.
Mais s'il demande des réponses, celles-ci seront meilleures s'il y a
d'autres intervenants que ceux que vous avez identifiés jusqu'à
maintenant.
Ce que je suggère, c'est que le comité soit élargi
et que l'on amène les intervenants qui sont directement
concernés, qui ont des problèmes et qui vivent avec ceux-ci.
Parce que lorsque l'on parle du Solliciteur général, vous irez
lui passer sur le corps, vous allez voir que ce n'est pas si facile que cela.
J'ai eu affaire, dans le passé, à ces gens. Ce n'est pas
nécessairement juste les gens politiques qui vont nous causer des
problèmes. Vous allez probablement vous rendre compte qu'à
travers cette démarche, il y a d'autres personnes que des intervenants
politiques; il y a aussi des fonctionnaires, que je respecte beaucoup, et qui
ont aussi leurs idées.
M. Bourbeau: M. le député, vous dites,
essentiellement, on ne décide pas, on étudie; j'ai noté
vos paroles de tout à l'heure.
M. Dufour: C'est cela.
M. Bourbeau: Vous avez raison, on est en train d'étudier.
Je ne trouve pas cela anormal qu'après quatre mois, dont la
période de Noël, trois mois au pouvoir, on soit en train
d'étudier un dossier que vous reconnaissez vous-même être
aussi important que celui de la police. Il y a des gens, des gouvernements
même qui ont décidé et qui ont étudié
après. Nous, nous étudions avant et nous déciderons
après.
Je vous signale que l'inverse de ce qu'on fait présentement a
été fait par l'ancien gouvernement. Lorsque vous avez
décidé de privatiser les succursales de la
Société des alcools, vous avez pris la décision et,
après cela, trois ou quatre mois après, les rapports du Conseil
du trésor vous ont annoncé que vous alliez perdre 100 000 000 $
si vous continuiez. Alors, pendant la période électorale, on a
pris le dossier, on l'a mis sur la glace, mais les rapports n'ont pas pu
être mis sur la glace. Là, on s'est rendu compte, finalement, que
c'était une opération absolument désastreuse et qu'on
n'avait pas fait les études avant.
Quand vous avez décidé d'acheter Quebecair, cela a
été la même chose. Vous avez décidé d'acheter
Quebecair et, tout à coup, dans les mois qui ont suivi, vous vous
êtes rendu compte que vous aviez mis la main dans le tordeur et que tout
le corps allait y passer.
Cela a été la même chose aussi avec Asbestos
Corporation. On a pris une décision sur le coin de la table et, dans les
mois qui ont suivi, on s'est rendu compte qu'on avait pris une mauvaise
décision.
Nous, on ne veut pas procéder ainsi; on veut faire l'inverse. On
veut étudier d'abord, regarder toutes les possibilités, tous les
problèmes qui peuvent se poser. Quand on prendra une décision, on
le fera en connaissance de cause. Écoutez, c'est une façon de
procéder; je ne vous blâme pas de ne pas y croire et de
préconiser une autre méthode, mais c'est la nôtre.
M. Dufour: Quand vous parlez des bons et des mauvais coups qu'on
aurait pu faire, on peut peut-être vous rappeler que vous avez dit des
choses que vous n'avez pas nécessairement accomplies et qu'il y a des
idées que vous avez changées très très rapidement.
On vient de sortir de la période des questions, à
l'Assemblée nationale, et je ne pense pas que vous fassiez preuve d'une
rigueur aussi grande que vous voulez bien le démontrer. Quand vous
parlez, par exemple, des choses qu'on a enlevées ou qu'on a prises,
peut-être que tantôt vous allez vous flatter et dire: C'est
correct, ce qui a été fait. Vous allez apprendre aussi que
gérer et administrer, ce n'est pas seulement théorique, c'est
aussi dans les faits. Quand on fait des bons coups, vous ne le dites pas. Quand
vous avez vendu la SOQUIA qui avait des parts de Provigo, vous faites 40 000
000 $ de bénéfice là-dessus, vous vous en cachez, vous ne
le dites pas que c'est le Parti québécois, l'ex-gouvernement qui
l'a fait. Vous prenez bien garde de dire les bons coups, seulement les
mauvais.
M. Bourbeau: On compte sur vous pour les dire.
M. Dufour: N'oubliez pas une chose, la même chose peut vous
arriver. Vous allez apprendre ce que cela veut dire gérer. Je veux
ramener encore la conversation sur la Loi de police où il n'y a pas
d'échéancier. M. le ministre, là, je pense que je vous
parle juste de rigueur, non pas intellectuelle, mais la rigueur
vis-à-vis de la population qui dit: II y a un comité et il n'y a
pas d'échéancier. Cela va où, ce comité-là?
C'est dans la brume. C'est perdu. Il n'y a pas d'éclairage et, entre
temps, il y a des municipalités qui sont en cause. Qu'est-ce que vous
avez décidé là-dessus? Qui respecte la loi? qu'est-ce
qu'on fait? Il me semble qu'il y a des éléments, tout de
même, qui sont beaucoup plus fondamentaux que vous cachez. Je peux bien
croire que la population vous a élus, mais pas pour vous autres. Elle
vous a élus pour que vous fassiez des choses et que vous donniez les
réponses aux mandats que vous avez reçus. Actuellement, je suis
inquiet, vous ne nous dites pas où l'on va.
M. Bourbeau: M. le député, je ne vous ai pas dit
qu'il n'y avait pas d'échéance; je vous ai renvoyé au
Solliciteur général. Il me semble qu'il y a une nuance.
M. Dufour: Vous ne nous ferez toujours pas faire le tour de la
province chaque fois qu'on va vous poser des questions. Il me semble que... Tu
vas arriver avec ton journal demain pour voir la réponse? Quel
journaliste que vous préférez pour être bien sûr que
je ne me trompe pas. C'est Normand Girard, c'est Gilles Lesage, c'est Dubuc.
Dites-le moi parce que je commence à trouver qu'il y a des choses qui ne
sont pas correctes dans tout cela. Il me semble que si vous avancez... C'est
cela, votre responsabilité. C'est cela, la responsabilité d'un
ministre des Affaires municipales. C'est, d'abord d'orienter son
ministère et de donner aussi des actions précises qui vont
s'accomplir. C'est un début de mandat et vous commencez à nous
jouer en disant: Bien, j'ai formé un comité et je vais m'en aller
comme cela. Cela fait des belles manchettes dans le journal. Politiquement,
c'est bien clair, mais vous allez vous frapper quelque part parce que je veux
avoir... Il me semble que la question est bien précise. Qu'est-ce que
vous faites avec ces comités? Est-ce que c'est un comité juste
pour la forme, pour faire plaisir au ministre, pour faire plaisir aux
municipalités pour les endormir ou pour dire à la population:
Voyez-vous, on travaille pour vous autres, on ne fait pas de bruit, on
travaille. Mais, les résultats, c'est quoi, c'est quand?
M. Bourbeau: Les résultats, M. le député,
vous les verrez en temps et lieu. Je vous l'ai expliqué tout à
l'heure. Nous ne pensons pas qu'il faille décider avant
d'étudier. Il faut étudier avant de décider. C'est
simplement une question de décision de
la part du ministre et du ministère. Selon nous, ce ne serait pas
logique et raisonnable d'annoncer des décisions avant d'y avoir
réfléchi. Il me semble que c'est très facile à
comprendre. J'ai un gars de quinze ans et il comprend cela quand je lui dis:
Réfléchis avant de parler. Il me semble que c'est normal. Alors,
si vous pensez qu'on doit parler avant de réfléchir, bien, je
vous laisse la paternité de cette décision-là. Moi, je ne
suis pas d'accord avec cette façon de procéder. On a un
comité qui étudie, qui va faire le tour du dossier et, quand il
aura fini, il fera un rapport. Si vous n'êtes pas content du rapport,
à ce moment-là, vous le direz.
Pour ce qui est du comité de la police, je vous signale que c'est
un comité qui est sous la responsabilité d'un autre ministre.
Alors, ne m'embarquez pas dans ses études de crédits. Vous
viendrez le voir quand il sera ici. Je suis responsable du ministère des
Affaires municipales et je vous donne des réponses en ce qui concerne le
ministère des Affaires municipales. Quand on délègue
quelqu'un, à un autre comité, qui dépend d'un autre
ministre, je lui laisse la responsabilité de ses comités. Il me
semble que ma réponse est claire et raisonnable. Maintenant, si vous
voulez faire des discours, je n'ai pas d'objection. Je suis ici jusqu'à
22 heures ce soir, M. le député. Je suis à votre
entière disposition.
M. Dufour: Je pense qu'on ne perdra pas notre temps et je pense
aussi que c'est le temps que les gens sachent qui est-ce que c'est, le ministre
des Affaires municipales. Dans le fond, vous avez dit quelque part -ce n'est
pas moi qui l'ai dit - à Saint-Pierre-les-Becquets, que cela vous
prenait des conseillers pour vous donner des informations. J'essaie de vous en
donner et j'essaie d'en retirer, de ces informations-là. Je serais
heureux de savoir où l'on va. Vous auriez dû le dire aussi, avant
de vous faire élire, que ce gouvernement allait là pour
étudier. Peut-être que les gens auraient changé
d'idée, parce que quelqu'un paie en attendant. Vous auriez dû le
dire que vous vous faisiez élire pour étudier. Moi, je pensais
que vous aviez été élus pour décider.
M. Bourbeau: M. le député, nous avons tous deux
raison. Dans le processus de décision, il y a toujours une phase
d'étude. Les gens qui décident sans étudier sont des
innocents, ce sont des gens qui prennent de mauvaises décisions. Vous ne
voudriez pas que nous prenions de mauvaises décisions, M. le
député? Alors vous devez reconnaître qu'avant de prendre
des décisions, il faut étudier. Il me semble que c'est l'enfance
de l'art. Un enfant de 5 ans comprend ça!
M. Dufour: Que faisiez-vous dans l'Opposition? Vous dansiez?
M. Bourbeau: Quand j'étais dans l'Opposition, M. le
député, j'étudiais mes dossiers, et quand je connaissais
mes dossiers à fond, là seulement je m'ouvrais la bouche, pas
avant.
M. Dufour: J'ai compris. Mais je peux vous dire une chose, c'est
que je vais les étudier les dossiers. Pendant que l'on est dans
l'Opposition, qu'il ne faut pas dire n'importe quoi. C'est cela une Opposition
responsable...
M. Bourbeau: On laissera à la population le soin de
juger.
M. Dufour: D'accord. (16 h 15)
Le Président (M. Rochefort): Oui, j'aurais une question.
M. le ministre. Dans l'une des premières réponses que vous avez
fournies au député de Jonquière sur la question du
comité bipartite ou tripartite Affaires municipales - Procureur
général, sur la question de la police et du monde municipal, vous
avez dit, en reprenant, sauf erreur, les propos qu'on vous imputait toujours
dans un article de journal, en fin de semaine, que cela coûtait
très cher et que c'était très préoccupant. Je pense
que ce sont un peu les propos que vous avez tenus il y a quelques minutes.
J'aimerais vous entendre nous dire, comme ministre des Affaires
municipales, mais aussi comme membre du Conseil des ministres, ce que vous
trouvez préoccupant dans les coûts et le système de
sécurité publique qui existe au Québec, en partage avec le
Procureur général - donc, la Sûreté du Québec
- et l'ensemble des corps de police municipaux qui existent a l'heure où
vous nous parlez.
M. Bourbeau: II faut bien réaliser que ma
responsabilité porte sur les corps de police qui oeuvrent au sein des
municipalités. Je ne suis pas le Procureur général. 5i
vous me demandez si la protection policière dans les
municipalités me préoccupe, je vous réponds oui. Alors,
quand on me demande si cela me préoccupe, je réponds oui.
Quant aux coûts, vous savez qu'un corps de police, c'est
dispendieux. Cela coûte cher, forcément, parce qu'il y a toujours,
dans la formation d'un corps de police, un noyau qui est le même que ce
soit un petit corps de police ou un gros corps de police. Ceux qui connaissent
les municipalités savent ce que je veux dire; avant de mettre une
patrouille sur la route, cela prend presque quinze personnes. Vous avez le
chef, le capitaine, les quatre équipes que cela prend pour faire la
rotation, les téléphonistes, les gens qui répondent aux
appels. Vous avez dès le départ, si vous voulez avoir un
service
minimal, une équipe qui peut aller aux alentours de douze
à quinze personnes.
Il est bien certain que les très petites municipalités
n'ont pas les moyens d'engager autant de monde, alors le service est beaucoup
moins bon que s'il y avait une équipe complète. Tout ce que je
dis, c'est qu'il faut essayer de faire en sorte que les coûts permettent
une qualité de services maximale et dans ce sens, on tente
d'améliorer la qualité des services a la population.
Actuellement, au ministère, nous avons un comité de
fonctionnaires qui examine les possibilités dans ce domaine. Dans ce
sens, cela nous préoccupe.
Le Président (M. Rochefort): Donc, vous nous dites qu'il y
a un comité chez vous, au ministère des Affaires municipales, qui
étudie ces questions aussi.
M. Bourbeau: Absolument.
Le Président (M. Rochefort): Bon, donc, à partir de
quelles orientations ce comité travaille-t-il depuis votre
arrivée au ministère?
M. Bourbeau: Le comité a continué le travail...
Le Président (M. Rochefort): Vous n'avez
procédé à aucun changement quant aux objectifs et aux
orientations du comité depuis votre arrivée?
M. Bourbeau: Absolument pas, ce comité était
déjà à l'oeuvre au moment de mon arrivée au
ministère et on n'a fait que continuer ce qui se faisait sons l'ancien
gouvernement.
Le Président (M. Rochefort): Vous avez maintenu les
objectifs et les orientations du comité?
M. Bourbeau: Absolument.
Le Président (M. Rochefort): Bon, si on revient à
l'autre volet de la question, vous dites que c'est très
préoccupant. Mais si vous avez fait une telle déclaration eu
égard, notamment, au coût, au système de partage et,
deuxièmement, si vous avez décidé d'y
déléguer - justement pour reprendre vos paroles que je partage -
le plus important de vos fonctionnaires, j'imagine que c'est parce que vous
aviez des objectifs précis, vous, comme ministre des Affaires
municipales dans ce dossier. Si vous aviez jugé que le mandat
confié au comité par le Solliciteur général
n'était pas un mandat de première importance, je doute que vous
auriez choisi d'y déléguer votre sous-ministre en titre. En ce
sens-là, vous, comme ministre des Affaires municipales, qu'est-ce qui a
fait que vous avez décidé d'y déléguer votre
sous-ministre en titre, qui va devoir y consacrer beaucoup de temps, beaucoup
d'heures, car on sait ce que c'est que les comités
interministériels. À partir de quelle préoccupation le
ministre des Affaires municipales a-t-il décidé de
déléguer son sous-ministre à ce comité?
M. Bourbeau: Écoutez, vous savez que les coûts des
corps policiers pour les municipalités représentent une charge
très importante. Cela va au-delà de 20 % des budgets des
municipalités, c'est donc un élément important du budget
des municipalités. Il est donc essentiel que, là comme ailleurs,
les municipalités en aient pour leur argent. Or, dans certains cas, il y
a des municipalités qui se plaignent alléguant qu'elles n'en ont
pas pour leur argent, elles ont l'impression que ça coûte trop
cher pour ce qu'elles en retirent. Donc, c'est important quand on parle de 20 %
du budget des municipalités du Québec; ce sont des sommes
absolument colossales. Nous avons des préoccupations de saine gestion,
nous avons des préoccupations de qualité de services à la
population et les corps de police, pour nous, c'est un dossier qui a la
même importance que - je ne sais pas moi - les autres dossiers qui font
que, dans les municipalités, les coûts peuvent être plus ou
moins importants. Dans certaines municipalités, on se plaint des
coûts du transport en commun, dans d'autres on peut se plaindre des
coûts des loisirs. Quand on voit qu'il y a des préoccupations qui
sont un peu générales à travers tout le territoire du
Québec, ça vaut la peine qu'on s'y arrête et c'est ce qu'on
fait.
Le Président (M. Rochefort): On sait que la
sécurité publique au Québec depuis toujours est une
responsabilité partagée entre Québec et les
municipalités, le monde municipal. Est-ce que, dans les orientations des
travaux du comité du ministère des Affaires municipales comme
dans les orientations et les travaux du comité du Solliciteur
général où vous êtes représenté par la
présence de votre sous-ministre en titre, vous allez jusqu'à
envisager l'hypothèse de ramener cela, par exemple, en un seul corps
policier?
M. Bourbeau: Pour le Québec? Le Président (M.
Rochefort): Oui. M. Bourbeau: Écoutez...
Le Président (M. Rochefort): De mettre fin au partage des
responsabilités entre le monde municipal et le gouvernement du
Québec. Est-ce que cela fait partie des aspects que le comité du
ministère des
Affaires municipales comme le comité du Solliciteur
général où vous êtes présent envisage?
M. Bourbeau: À ma connaissance non.
Le Président (M. Rochefort): Merci. D'autres questions sur
cela?
M. Dufour: Non, je remarque, par exemple, la présence du
président de la Commission municipale.
Le Président (M. Rochefort): Oui, effectivement,
j'étais pour souhaiter la bienvenue à M. le juge, qui vient ici
participer à nos travaux à titre de président de la
Commission municipale. Est-ce que, compte tenu de la présence du juge,
les membres de la commission souhaitent aborder immédiatement les
questions reliées à la Commission municipale? M. le
député de Jonquière. Maintenant?
M. Dufour: Moi, je suis...
Le Président (M. Rochefort): Oui, M. le
député de Jonquière.
Tutelle levée à Bromont
M. Dufour: En fait, pour bien situer le contexte dans lequel j'ai
affirmé des choses, c'est que la tutelle de Bromont a été
levée à la suite d'une étude de l'étude et on m'a
dit: Écoutez un peu, c'est la Commission municipale qui avait d'abord
engagé la première firme qui a fait l'étude de Bromont et
qui en était venue à la conclusion qu'on ne devait pas imposer la
tutelle. Il y a eu une deuxième étude de commandée et j'ai
dit, à ce moment-là, que je serais surpris que la Commission
municipale ait demandé une deuxième étude de
l'étude sans avoir des indications nous disant de procéder de
cette façon-là. Quand je réfère à la Voix de
l'Est: Mission accomplie, clame Pierre Paradis. J'avais pris l'engagement,
durant la campagne électorale, de lever la tutelle de la ville de
Bromont. Aujourd'hui, cette promesse est concrétisée. Même
le député de Brome-Missisquoi nous affirme: Maintenir Bromont en
tutelle ne correspondait plus à rien. Ce n'était tout simplement
qu'un geste politique. La même personne dit: On a étudié ce
rapport, mais on ne s'en est pas contenté. Donc, le rapport
n'était plus à la Commmission municipale, il était rendu
aux Affaires municipales. On ne s'en est pas contenté. On a
demandé une seconde expertise avec comme mandat - c'est M. Paradis qui
parle - aux experts comptables d'aller plus loin encore dans leur analyse, de
répondre à des questions très spécifiques... cela
me semble, en tout cas, pas mal inquiétant. On dit: Quand on a vu que
la
Commission municipale du Québec s'opposait à ce que
Bromont engage un commissaire industriel de son choix, qu'il n'y avait plus de
temps à perdre, la ville venait de décrocher un investissement
aussi important, celui de Hyundai, sans commissaire, cela n'avait aucun
sens...
À ce moment, je maintiens ce que j'ai dit tout à l'heure,
en m'appuyant - parce qu'il n'a pas été démenti - sur cet
article-là, sur ce qui est marqué, il me semble que c'est
écrit en français, c'est signé Jacqueline de Bruycker. Je
ne suis pas sûr si je donne bien son nom, je ne voudrais pas trop la
maltraiter. C'est Bruker ou Brueker? Je ne sais pas trop.
J'ai un autre article dans la même page où le
président de la Commission municipale du Québec n'est pas
d'accord du tout. Je ne veux pas mettre le président de la Commission
municipale en boîte. Je fais juste dire qu'il y a des gens, à mon
avis, qui s'approprient des responsabilités qu'ils n'ont pas. Ils se
fourrent le nez où ils n'ont pas affaires. La Commission municipale a
agi de bonne foi, elle a pris un rapport, elle l'a remis aux Affaires
municipales. Le ministère des Affaires municipales a dit: Nous ne sommes
pas contents, recommencez votre job.
Qu'est-ce qui est arrivé? À mon sens, en tout cas, et je
ne fais pas de l'interprétation, je fais juste regarder... Tantôt,
M. le ministre m'a répété à plusieurs reprises
qu'un enfant de cinq ans peut comprendre ce qu'il me dit. J'espère qu'il
y a du monde de plus de cinq ans ici pour comprendre ce que je dis.
M. Bourbeau: M. le Président, je présume que vous
aimeriez que le juge puisse répondre. Je n'ai pas d'objection à
lui donner la parole, étant donné que je dois le faire.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, quant
à moi, je n'ai absolument aucune objection, compte tenu que c'est votre
décision. L'ensemble des questions vous sont adressées. Vous
décidez d'y répondre vous-même ou de donner la parole
à un des officiers de votre ministère ou, dans le cas qui nous
occupe, au président de la Commission municipale. C'est à votre
guise.
M. Bourbeau: Un instant.
Une voix: Bonne décision!
M. Bourbeau: Étant donné que le
député de Jonquière, tout à l'heure, avait
parlé de ce dossier en termes un peu dérogatoires, si je puis
dire, à l'égard de la Commission municipale, qu'il a mis en
doute, je pense que je peux le dire, la décision de la Commission
municipale, il a insinué qu'il y avait des pressions politiques, je
pense qu'on
devrait demander au juge Beaulieu de nous dire comment cela s'est
passé, de clarifier la situation.
Je lui passe la parole.
M. Chevrette: Je ne pense pas que le juge Beaulieu soit en mesure
d'interpréter les propos de Pierre Paradis, ses nuances, ses contacts.
Le juge Beaulieu va répondre en fonction de la procédure qu'a
suivie la Commission municipale.
M. Bourbeau: Exactement.
M. Chevrette: II ne peut tout de même pas nous laisser
penser que ce qu'on voudra politiquement lui non plus. Ce n'est pas cela qu'il
veut?
M. Bourbeau: Je pense que le juge Beaulieu doit répondre
en donnant les faits, c'est tout.
M. Chevrette: La partie de M. Paradis, vous pourriez
peut-être la toucher vous-même.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que, tout à l'heure, le
député de Jonquière n'a absolument pas parlé de
déclarations d'autres députés quand il a fait la
première intervention. Ce sont des faits nouveaux dont on n'a pas
entendu parler précédemment. Le député...
M. Chevrette: II y a beaucoup de contradictions dans le dossier,
M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Juste un instant, M. le
député de Joliette. On va permettre au ministre de conclure.
M. Chevrette: Oui.
M. Bourbeau: Tout à l'heure, le député avait
fait état du fait que la tutelle avait été
renouvelée, qu'on avait demandé une nouvelle étude et que
cette nouvelle étude démontrait une situation financière
beaucoup plus intéressante. On a même dit que c'était
étonnant qu'on ait tenu compte, dans la deuxième étude, de
la venue de Hyundai, étant donné que Hyundai n'a pas encore
commencé à se manifester sur le territoire. On n'aurait pas
dû tenir compte de Hyundai pour apprécier la santé
financière de la ville de Bromont.
Cela s'était limité à cela dans un premier temps
et, à sa demande ou à la mienne, le président de la
Commission municipale n'étant pas ici, on a convenu de toute
façon d'attendre son arrivée pour avoir un éclairage.
Maintenant qu'il est là, je pense qu'on devrait lui laisser la
parole.
M. Chevrette: J'aimerais lui laisser la parole. Ce n'est pas dans
ce sens que j'ai voulu intervenir, M. le Président.
M. Bourbeau: On l'a fait venir pour cela.
M. Chevrette: On dit que si le député Paradis
clamait qu'il y avait mission accomplie, que dans le même journal, le
même jour, La Voix de l'Est, le juge Beaulieu dit qu'il n'est pas
d'accord du tout, c'est sur une même page de journal dans notre revue
"L'Argus", j'ai comme l'impression qu'il y en a un qui n'est pas d'accord avec
l'autre. Puis, qu'il y en a un qui est absent. Tout ce que je veux dire
là-dessus, sur le côté politique, M. le Président,
ou la prise de position politique, je ne pense pas que se soit au juge Beaulieu
de répondre.
M. Bourbeau: ...M. le député. (16 h 30)
Le Président (M. Rochefort): Juste un instant, M. le
ministre. À l'ordre, s'il vous plait! A l'ordre!
M. le député de Pontiac, c'est une question de
règlement?
M. Middlemiss: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Une question de
règlement, M. le député de Pontiac.
M. Middlemiss: Oui, il semblerait que c'est le
député de Jonquière qui voulait que le juge Beaulieu soit
présent. Il a fait des énoncés. Il n'a jamais
mentionné le nom d'aucun député. Il mentionnait que...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Pontiac, venons-en aux faits de votre question de règlement.
M. Middlemiss: Oui, d'accord. Mais là, pourquoi ne pas
laisser le juge Beaulieu répondre? On a le leader de l'Opposition
officielle qui arrive ici, il saute dedans, c'est tout mélangé.
Laissons le juge Beaulieu répondre aux questions du député
de Jonquière. C'est aussi simple que ça.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît: M. le ministre, vous voulez ajouter quelque chose?
M. Bourbeau: Je pense qu'ici il faut distinguer la question
politique de la question des faits. La question politique vient de survenir
depuis quelques minutes. Moi, je n'étais pas au courant des
déclarations d'un autre député. Je n'en ai jamais
pris connaissance. Je n'ai jamais su que quelqu'un s'était vanté
d'une décision, d'ailleurs, avec laquelle il n'a rien à voir. Si
vous voulez
qu'on parle des faits, je pense que le président de la Commission
municipale est bien placé pour parler des faits parce ces
faits-là se sont produits lors d'une période où il y avait
un gouvernement, une transition et un nouveau gouvernement. Je ne peux pas
parler de ce qui s'est passé avant le 2 décembre, je
n'étais pas là. Vous ne pouvez pas parler de ce qui s'est
passé depuis le 2 décembre, vous n'étiez pas là. Je
pense qu'il serait normal qu'on laisse quelqu'un rétablir les faits.
C'est la moindre des choses.
Le Président (M. Rochefort): Pour rappeler la
procédure aux membres de la commission, l'ensemble des questions, lors
de l'étude des crédits d'un ministère en commission, sont
adressées au ministre. Celui-ci peut choisir, pour des motifs qui lui
sont personnels ou qu'il veut souligner, notamment pour des raisons d'ordre
technique ou administratif, de demander à un haut fonctionnaire de
répondre aux questions. Cette procédure est habituelle, usuelle,
sauf que je rappelle aux membres de la commission qu'un membre de la commission
pourrait s'opposer à une telle décision de la part du ministre.
Vous me permettez, M. le ministre?
Sauf erreur, je prends note que le ministre demande que le juge Richard
Beaulieu, président de la Commission municipale du Québec
réponde aux questions qui ont été soulevées par les
députés de Jonquière et de Joliette, eu égard
à la question de la tutelle de Bromont et à moins qu'un membre de
la commission ne me dise qu'il s'oppose a une telle demande de la part du
ministre, je donnerai la parole au président de la Commission
municipale.
Est-ce qu'il y a une objection de la part des membres de la commission?
Non.
M. Chevrette: Dorénavant, est-ce qu'il est vrai que le nom
de la personne qui intervient est cependant noté au procès-verbal
et non plus pour et au nom du ministre?
Le Président (M. Rochefort): Exactement, M. le
député, vous avez entièrement raison.
M. Chevrette: ...des juges.
Le Président (M. Rochefort): M. le président de la
Commission municipale, si vous voulez prendre la parole, faisant suite aux
questions de la tutelle de Bromont.
M. Beaulieu (Richard): Madame et messieurs les membres de la
commission. Je pense qu'il importe d'abord de préciser la question des
études et des "réétudes". La Commission municipale a
commandé à l'été 1985 un plan financier de cinq ans
à la firme Raymond, Chabot, Martin, Paré et Associés.
A l'époque, il n'y avait aucune question de Hyundai dans l'air.
Donc, le plan financier a été préparé avec les
données qui existaient alors, c'est-à-dire, le rôle
d'évaluation tel qu'il était et les perspectives de
développement au meilleur de la connaissance des experts.
J'ai convoqué le conseil municipal pour le mois d'octobre, un
lundi, pour lui remettre le plan financier préparé par la firme
R.C.M.P. et, comme par hasard, le vendredi précédent, a
été faite l'annonce de la compagnie Hyundai. Evidemment qu'avec
l'annonce d'un investissement de 300 000 000 $, générant
possiblement une évaluation imposable de 50 000 000 $, cela amenait une
révision des chiffres.
On a remis le premier rapport de la firme comptable et on lui a
demandé de réviser les chiffres en prévoyant l'addition
d'un montant de 50 000 000 $ pour l'année 1988-1989 - en entier en 1989,
peut-être en partie en 1988 - par suite de l'implantation de Hyundai. Je
précise qu'il s'agissait là d'un plan financier. On était
rendu au début de décembre lorsque la correction du premier plan
financier nous a été remise. À l'époque, nous
étions donc en pleine préparation des budgets. Compte tenu du
délai qui doit s'écouler entre le "discours sur le budget du
maire", si vous me permettez l'expression entre guillemets, et l'adoption du
budget lui-même, il était devenu impossible que ce budget soit
adopté par le conseil de Bromont avant la fin de la tutelle qui
était alors prévue pour le 31 décembre 1985. Compte tenu
des efforts que nous avions déployés -je parle de la Commission
municipale - tout au cours de l'été et de l'automne, j'avais
alors dit au ministre des Affaires municipales qu'il serait à tout le
moins illogique que la commission laisse aller la tutelle alors que le conseil
municipal pourrait adopter un budget sans tenir compte du tout des
études qui avaient été commandées.
Par la même occasion, j'avais attiré l'attention du
ministre sur le fait que, contrairement aux tutelles qui sont imposées
par la cour pour des motifs financiers, il n'était pas possible à
Bromont de sortir et de garder, comme je le dis dans mon jargon populaire, le
pied dans la porte, c'est-à-dire garder un certain droit de regard sur
un, deux, trois ou quatre aspects de l'administration courante. J'ai dit, je
pense, que le gouvernement devrait au moins avoir la même
possibilité que la commission elle-même lorsqu'elle met fin
à une tutelle.
À titre d'exemple, nous venons de mettre fin à la tutelle
de Notre-Dame-du-Lac et nous avons gardé un droit de regard sur trois
aspects de son administration. Ce n'est plus une tutelle, mais le conseil
municipal continue de demander des
permissions sur les sujets qu'on s retenus. Toujours dans le même
exemple, la ville de Notre-Dame-du-Lac a terminé ses opérations
avec un surplus d'au-delà de 100 000 $ et nous ne l'avons pas
réaffecté au nouveau budget et la ville ne peut pas l'utiliser
sans demander la permission à la Commission municipale. Il n'est pas
question de le garder sur la glace. L'utilisation va se faire sans l'ombre d'un
doute su cours de l'année. Mais c'était pour éviter,
compte tenu de l'administration serrée de Notre-Dame-du-Lac, qu'on soit
tenté de l'utiliser, je ne dirais pas à mauvais escient, mais de
manger son gâteau trop vite. Il y a peut-être un côté
paternaliste de mauvais aloi, dont je me défends assez mal d'ailleurs,
mais je ferme tout de suite cette parenthèse.
Je reviens à Bromont et, là, je m'adresse cette fois au
ministre des Affaires municipales pour lui faire la suggestion justement qu'on
devrait peut-être avoir raison. Il me dit: Mais certainement. J'ai dit:
J'ignore si cela sera nécessaire, mais dans l'état actuel des
choses, si la tutelle prend fin le 31 décembre, il n'est pas possible de
dire: La tutelle est terminée, mais on va quand même approuver le
budget. La loi ne permet pas cela. Or, j'ai dit: Prolongeons la tutelle
jusqu'au 31 janvier. Il a dit: Tout à coup il apparaît utile alors
que la commission garde un droit de regard sur certains aspects, on va la
prolonger jusqu'au 30 juin et, entre-temps, on aura eu le temps de modifier la
Loi sur la Commission municipale pour permettre de garder le pied dans la
porte. C'est comme cela qu'au Conseil des ministres, à la fin de
novembre, on a prolongé la tutelle et on a décidé en
même temps que la loi serait modifiée pour tenir compte de cette
situation.
J'arrive maintenant au budget et je rappelle encore une fois que le plan
financier demandé à la firme comptable n'était pas un plan
budgétaire. C'est fondamentalement différent. On avait
demandé des projections d'avenir. Lorsque est arrivé le temps de
préparer le budget, la commission, comme elle le fait dans tous les cas
semblables, a décidé de prendre la marge de manoeuvre au plus
mince en termes de revenus et au plus large en termes de dépenses avec
le résultat que les chiffres que nous avons retenus pour la
préparation du budget diffèrent sensiblement pour chacune des
trois années, 1986, 1987, 1988, du plan de projection
préparé par la firme comptable. Comme on n'a pas le même
objectif, il est facile de comprendre que les deux études ne concordent
pas sur un tas de facteurs.
C'est cette projection budgétaire que le conseil a adoptée
le 30 décembre et que la commission a adoptée dans les premiers
jours de janvier. On a constaté à la même époque,
pure coïncidence, que non seulement l'importance des montants des permis
de construction avait grandi de façon absolument inespérée
et imprévisible au moment où les premiers relevés ont
été faits au cours de l'été, mais que les
réalisations s'annonçaient plus rapides que prévues. Il
faut voir par là déjà les heureux effets de l'annonce de
la compagnie Hyundai. Dès la fin de janvier - malheureusement, je n'ai
pas le rapport avec moi - ou le début de février, la commission a
acheminé un rapport au ministre des Affaires municipales disant qu'elle
ne voyait plus la nécessité de maintenir la tutelle à
Bromont, même pas le pied dans la porte. En ce qui concerne les
études et le rôle de la commission sur la tutelle de Bromont,
c'est comme cela que les choses se sont passées pour autant que la
commission soit concernée.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, vous voulez
ajouter quelque chose?
M. Bourbeau: Non, je pense que ce que vient de dire le
président de la Commission municipale répond pour l'essentiel aux
préoccupations du député. Je crois que le
député maintenant va peut-être vouloir rétracter un
peu certaines des paroles qu'il a prononcées
précédemment.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Cela, par exemple, je suis assez grand garçon
pour rétracter s'il y a lieu, mais je ne rétracte pas pour le
moment. Il y a des menteurs quelque part. En tout cas, on en fera la preuve
tantôt, ce n'est pas là-dessus que je voulais intervenir.
M. le président de la Commission municipale, vous avez dit
qu'avant, au mois de novembre, il y avait eu un projet ou que vous aviez soumis
un projet au gouvernement en place pour amender la Loi sur la Commission
municipale qui permettait au point de vue des tutelles de garder un oeil plus
longtemps sur les municipalités. Est-ce le cas?
M. Beaulieu: C'est cela.
M. Dufour: C'est à partir de cela que vous avez pris des
décisions, que vous avez pris des orientations différentes, que
vous avez examiné.
Je voudrais poser la question suivante: Vous avez dit: On a
examiné le cas, on a examiné la ville de Bromont. Il y a eu des
augmentations d'investissements et cela nous a permis d'ouvrir les
écluses. En tout cas, cela a permis d'ouvrir des horizons pour qu'on
puisse lever la tutelle. Je pense et on fera la preuve différemment, si
l'on veut, mais est-ce que vous croyez qu'une augmentation d'investissements
domiciliaires est l'annonce d'augmentations de revenus
nets pour une municipalité, quand on regarde ce que cela
coûte pour les développements domiciliaires, les services qui vont
augmentant et tous ces coûts? Le voyez-vous, par exemple, en fonction de
l'établissement de Hyundai? Cela est une autre histoire. Si on continue
selon ce raisonnement, Alcan est une compagnie sérieuse; en tout cas, je
pense que personne ne doute qu'Alcan soit une compagnie sérieuse. Il y a
une annonce sérieuse qui a été faite, 1 000 000 000 $
d'investissements dans la ville de Chicoutimi. C'est rentré dans la
ville de Chicoutimi. Si la ville de Chicoutimi avait pris des décisions
- je donne ça comme hypothèse - en fonction de l'implantation
d'Alcan, qui avait été annoncée en grande
publicité... On a même déplacé un avion complet - ce
n'est pas encore la privatisation - on a pris un avion complet de Bagotville,
de La Baie jusqu'à Montréal pour annoncer cet investissement de 1
000 000 000 $. Mais même si c'était sérieux, et il y avait
des ententes d'assez près de la vérité par rapport
à ce qui devait se passer sur le territoire, si la ville de Chicoutimi
s'était engagée dans des dépenses
inconsidérées, qu'est-ce que vous auriez répondu sur cela?
Vous auriez trouvé que c'était correct d'escompter l'avenir? Je
veux bien faire confiance a l'avenir. La crise mondiale, de 1982-1983,
c'était dans l'avenir et cet avenir n'était pas bon. On est
encore dans des expectatives et je vous pose la question carrément:
Est-ce faire preuve de grande sagesse que d'escompter le futur sur des
hypothèses, qui pourraient même sembler réelles avec un
certain nombre de garanties? Est-ce vraiment le positionnement d'une
municipalité ou est-ce que vous accepteriez globalement que l'ensemble
des municipalités du Québec escomptent l'avenir de cette
façon? Bell Helicopter est peut-être un autre très bel
exemple de ce que je dis. Je crois qu'Alcan a un partnership avec le
Québec depuis 100 ans et qu'elle est dans le paysage avec des milliards
d'investissements.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre ou M. le juge?
M. le juge.
M. Beaulieu: II est certainement très utile de
préciser ici ce que je n'ai pas fait tout à l'heure,
malheureusement, que, dès le premier rapport de la firme Raymond,
Chabot, Martin, il était convenu à la Commission municipale de
mettre fin a la tutelle, indépendamment de l'annonce de Hyundai. Hyundai
est venue bonifier la chose. Il est bien entendu, et cela a été
maintenu dans tous les rapports, y compris le dernier rapport, celui de
l'année 1986, que Bromont avait devant elle des années qui
étaient peut-être moins difficiles qu'il y paraissait à
l'été 1985, mais qui étaient des années de budget
corsé pour 1986 et 1987. Pour 1988, un peu moins, suivant l'importance
ou le peu d'évaluation qui proviendrait alors de la compagnie Hyundai.
Mais, déjà, avec le premier projet de plan financier, il
était décidé de mettre fin à la tutelle de
Bromont.
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut avoir le dépôt des
deux plans financiers?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: II n'y a pas de problème. M. Chevrette:
Vous déposez les deux? M. Bourbeau: On ne les a pas.
M. Chevrette: Celui du début de décembre dont
parlait le juge Beaulieu tantôt.
M. Bourbeau: On ne les a pas ici, mais on vous les fera
parvenir.
M. Chevrette: Non, non, d'accord.
Le Président (M. Rochefort): Le secrétaire de la
commission va prendre note que les deux documents sont à venir.
(16 h 45)
M. Dufour: Est-ce que je peux continuer en disant-Une
voix: Est-ce que c'est le cas?
M. Dufour: ...que votre première étude, et je pose
la question à M. le juge. La première étude que vous avez
eue chez Bromont, est-ce que vous l'avez remise au gouvernement ou aux Affaires
municipales.
M. Beaulieu: Oui. On l'a remise à la municipalité,
évidemment lors d'une rencontre avec le conseil, et également au
sous-ministre.
M. Dufour: Donc si le rapport était la possession des
Affaires municipales, cela voulait dire qu'à ce moment-là, je
m'en tiens toujours à ce qui est écrit, un rapport dont les
conclusions auguraient bien quant à l'avenir financier de Bromont. Et
là le ministère... et c'est toujours la même personne... on
a étudié le rapport, on ne s'en est pas contenté, on a
demandé une seconde expertise avec un mandat. Ce n'est pas la Commission
municipale qui parle... ce n'est pas n'importe qui, c'est un ministre du
gouvernement du Québec qui dit cela. Il dit qu'on a demandé une
seconde expertise avec comme mandat d'aller plus loin dans leur analyse, de
répondre à des questions très spécifiques. Quelles
étaient ces questions? Est-ce que c'étaient des questions
comme:
Dites-nous que cela va bien les petits gars? Étayez vos
décisions et donnez-nous les réponses qu'on veut avoir. Cela me
semble comme cela. À la lumière de tout cela on a
décidé que, bon. Cela n'a pas été demandé
à qui que ce soit. Je dis et je maintiens qu'il y a des gens dans la
politique qui ont fait une "job" quelque part. S'ils n'ont pas fait une "job"
de bras, ça ressemble à ça. Quand on demande un rapport et
qu'on dit je veux avoir des conclusions et faites attention les petits gars,
c'est ça que je veux avoir. Et ce sont des vrais professionnels, ce ne
sont pas des bénévoles ces gens-là. Ils étaient
payés pour faire la "job". Ce n'est pas le gouvernement qui les a
engagés en plus, c'est encore bien plus dangereux. Il a dit: je veux
avoir telle réponse. Je continue donc à prétendre qu'il y
a eu de l'orientation quelque part par rapport à ça.
M. Bourbeau: M. le député.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Vous pouvez poser toutes les questions que vous
voulez. Vous pouvez faire toutes les insinuations que vous voulez à
partir d'un article de journal qui vient de je ne sais pas où et que
vous lisez. Les faits sont là. Le deuxième rapport a
été commandé pendant la période électorale
par la Commission municipale sous l'ancien gouvernement. Comment voulez-vous
qu'aujourd'hui un député ou même un ministre puisse
déclarer qu'on a commandé un rapport? On n'a pas pu commander un
rapport nous étions dans l'Opposition au moment où il a
été commandé. Il me semble que c'est clair. Le juge, le
président de la Commission municipale a dit tout à l'heure que le
rapport a été fait sous l'ancien régime. C'était
votre régime à vous. Je ne veux pas revenir là-dessus, ce
sont des faits. Maintenant, que vous ayez trouvé un bout de papier
quelque part qui dise d'autre chose, je ne peux pas me tenir responsable de
ça. À moins que vous ne vouliez envoyer un subpoena au
député qui a dit ces choses-là. Encore, ce n'est pas lui,
c'est le journaliste qui écrit. Quand vous prétendez, comme vous
l'avez fait, qu'il y a eu des pressions politiques exercées sur la
Commission municipale, s'il y en a eu, c'est votre gouvernement qui les a
faites, c'est dans votre temps que ça été fait. Qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise? Il faut quand même respecter les choses
telles qu'elles sont. Ou bien il y a eu des pressions politiques ou bien il n'y
en a pas eu. S'il y en a eu, ça été fait avant les
élections, donc par vous. Ne tirez pas dans vos propres pieds. Vous
dites qu'il y a des menteurs quelque part. S'il y a des menteurs, ce n'est pas
le président de la Commission municipale, lui il dit la
vérité je pense. Moi je dis la vérité aussi parce
que je n'étais pas là. Qui est-ce qui conte des menteries. C'est,
ou bien le journaliste, ou bien c'est vous. Il ne faudrait quand même pas
charrier.
M. Dufour: Moi, en tout cas je n'irais pas beaucoup plus loin
là-dessus...
Le Président (M. Rochefort): M. le
député...
M. Dufour: ...parce que...
Le Président (M. Rochefort): S'il vous plaît,
à l'ordre. M. le député de Jonquière, un instant.
M. le ministre je voudrais vous rappeler les dispositions de notre
règlement quant aux propos et aux intentions qu'on pourrait prêter
à certains membres de l'Assemblée. J'imagine que les propos que
vous avez tenus n'étaient pas adressés au député de
Jonquière.
M. Bourbeau: Je n'ai fait que répéter textuellement
les propos du député de Jonquière. Le mot menteur c'est
lui qui l'a employé, il y a environ quinze minutes.
M. Dufour: Je parle de l'interrogation.
M. Bourbeau: Moi aussi. C'est exactement sous forme
d'interrogation aussi.
Le Président (M. Rochefort): C'est ce que je veux
entendre, donc vous aussi c'est sous forme d'interrogation. Ça va.
M. Bourbeau: Si le député veut retirer le mot
menteur, je suis bien prêt à le retirer aussi. Je n'ai fait que
répéter ce qu'il dit.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais bien prendre bonne note de la discussion
qu'on a. Je trouve cela drôlement intéressant parce que cela nous
donne un peu la philosophie de ce gouvernement dans le sens qu'on fait des
pirouettes ou que l'on cache des choses ou que l'on s'en va de
côté. On porte des accusations. C'est facile. Quand les journaux
font votre affaire... Arrêtez de parler aux journalistes. D'abord, ils
vont être fatigués de vous autres, ce ne sera pas long. Parce que
quand on veut s'appuyer sur ce qu'ils ont dit, il n'y a pas un journaliste qui
va passer pour être intelligent... En tout cas, cette dame n'est pas
correcte. D'accord? C'est le journal La Voix de l'Est. Je n'ai pas donné
ma source. C'était le 13 mars et ce n'est pas au début du mandat.
Cela faisait environ 100 jours que vous étiez là. Il doit y
avoir
du monde qui commence à être éveillé quelque
part. Cela fait 100 jours que vous êtes là et il y a un ministre
qui dit des choses. Cela ne fait pas l'affaire, ce n'est pas cela. Et vous nous
répétez cela de temps en temps: Ce que dit le journal n'est pas
vrai. Cela fait l'affaire de tout le monde. Mais faites attention! Parce que
vous allez abuser de la situation tantôt. Le journaliste ne tombera pas
dans le panneau chaque fois en disant: Vous savez, nous autres, on rapporte,
mais on est bébête un petit peu sur les bords. On ne comprend pas
comme il faut, parce que, quand on comprend comme il faut, cela ne fait pas
l'affaire des gens qui sont en place.
Probablement, que c'est la raison pour laquelle cela vous prend des
conseillers politiques pour écrire à votre place. À un
moment donné, il vous faudra bien écrire des choses pour pouvoir
nous les dire comme il faut. Si on n'est pas capables de se fier à ce
que vous nous dites, si on n'est pas capables de s'appuyer sur rien,
voulez-vous rire de l'Opposition? Qu'est-ce que vous voulez? Il me semble que
je fais mon travail sérieusement. Je ne suis pas venu ici pour m'amuser,
aujourd'hui. Je me suis préparé pour venir travailler à
cette commission. Je veux avoir des vérités. Je veux savoir de
quoi on parle et où on va?
Vous nous dites: Quand on arrive avec des faits... Ce n'est pas cela. Je
ne le savais pas. Je ne suis pas responsable de cela. Vous avez même dit
que ce que le ministre avait dit n'était pas vrai. Il n'a pas dit que ce
n'était pas vrai; il a dit qu'il ne s'était pas mêlé
de son affaire. C'est ce que j'ai compris. Alors, tout cela
m'inquiète.
Qui a la vérité? Qui est sérieux dans tout cela?
C'est certainement pas le critique de l'Opposition...
M. Bourbeau: M. le Président, a moins que vous ne vouliez
envoyer un subpoena à celui qui aurait possiblement dit ces paroles,
moi, je ne le sais pas. D'une part, je n'ai pas vu l'article et, d'autre part,
il faudrait peut-être interroger les gens qui sont cités, faire
comparaître le journaliste et le ministre pour savoir ce qu'ils ont dit.
Là, on a le président de la Commission municipale qui, lui, nous
dit que le rapport a été commandé avant les
élections? Comment peut-on prétendre que des pressions politiques
ont été faites par le nouveau gouvernement pour faire reprendre
un rapport alors que la demande de reprendre le rapport a été
faite avant les élections? On ne peut quand même pas retourner en
arrière.
Il me semble qu'il est évident à sa face même qu'il
est impossible qu'il y ait eu des pressions politiques à l'endroit de la
Commission municipale pour lui demander de faire reprendre ledit rapport.
Manifestement, la décision a été prise avant les
élections; c'est donc sous l'ancien gouvernement. Maintenant, à
partir de là, je ne sais plus quoi dire, moi; sauf qu'on peut faire
venir les coupables, s'il y en a, pour les juger et on les pendra s'il le
faut.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette, je dois vous dire que le député de Pontiac avait
demandé la parole en premier. Je vais reconnaître le
député de Pontiac et, ensuite, je vous reconnaîtrai.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Ma question
s'adresse au juge Beaulieu. Est-ce que j'ai bien compris? Vous avez dit
qu'à la suite de la première étude, vers la fin de
novembre, vous auriez discuté avec le ministre des Affaires municipales
du temps et que vous auriez décidé de retirer la tutelle
imposée à Bromont au mois de juin 1986? Est-ce que j'ai bien
compris que c'était dans ce contexte à savoir que, au plus tard,
même avant la deuxième étude, la tutelle serait
levée au mois de juin 1986 à Bromont?
M. Beaulieu: C'est exact. En termes de calendrier, disons qu'au
cours de la première moitié de novembre, j'ai dit au ministre
qu'il serait nécessaire de prolonger la tutelle au moins jusqu'à
ce que la commission ait adopté le budget et que les comptes de taxes
puissent être envoyés, conformément au désir de la
commission. Parce que la tutelle devait se terminer le 31 décembre. Or
le ministre m'a dit: Oui, on va prolonger la tutelle. Mais c'est à la
même occasion que je lui ai dit: Peut-être qu'il serait utile que
le gouvernement ait les mêmes pouvoirs que la commission possède
lorsqu'on met fin à une tutelle pour qu'on puisse garder le pied dans la
porte. Il trouve que cela a de l'allure et c'est à la même
occasion que le Conseil des ministres décide s'il va modifier la loi
à la prochaine occasion pour permettre la même chose. Tout cela se
passe évidemment avant les élections.
M. Middlemiss: La deuxième étude a
démontré que la situation financière de Bromont...
M. Beaulieu: Elle a été commandée et le
rapport a été remis au conseil lundi. La deuxième
étude a été commandée et c'est moi-même qui
ai écrit à la firme comptable pour demander une deuxième
étude qui, elle, est arrivée à la mi-décembre.
M. Chevrette: À la mi-décembre?
M. Beaulieu: Mais elle avait été commandée
trois semaines plus tôt.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais des questions
précises à poser. Je vais
m'adresser au ministre, mais s'il veut bien que le juge Beaulieu
réponde, c'est à sa guise.
Le ministre des Affaires municipales... Je voudrais moi aussi
démêler cela pour que ce soit très clair. Je sais que,
comme membre participant de cette commission, M. le juge, dont
l'imputabilité est certaine, seulement avec votre titre de juge, vous
allez me répondre avec une honnêteté et une franchise qui
vous ont toujours caractérisé. Vous avez traversé vents et
marées, y compris toutes les couleurs politiques, à la Commission
municipale. Ceci dit, je vous ai assez lancé de fleurs pour commencer
à vous questionner. Première question: Vous dites que l'ancien
ministre vous a demandé un second rapport; vous avez affirmé
cela, vous l'avez même affirmé à une journaliste. Avez-vous
déjà parlé à Mme Jacqueline de Bruycker?
M. Beaulieu: Bien oui.
M. Chevrette: Merci. Donc, l'ancien ministre vous demande cela.
Pourriez-vous relever les dates pour nous, si on vous demandait jusqu'à
relever la date?
M. Beaulieu: Avoir prévu ce genre de question, j'aurais
apporté le dossier avec moi parce que c'est tout accompagné de
correspondance.
M. Chevrette: D'accord.
M. Beaulieu: Je m'excuse de donner des dates au hasard alors que
les dates sont très précises, parce que tout cela est
consigné par écrit.
M. Chevrette: D'accord. Donc, c'est- la fin de novembre avec date
précise et vous pourriez, sur demande de la commission parlementaire
ici, nous fournir la date précise à laquelle l'ex-ministre des
Affaires municipales vous l'a demandé.
M. Beaulieu: Sûrement. C'est-à-dire que c'est moi
qui ai commandé la seconde étude pour qu'on tienne compte de
l'arrivée de Hyundai.
M. Chevrette: D'accord. Pour tenir compte de l'arrivée de
Hyundai.
M. Beaulieu: II faut bien comprendre que toute cette étude
a été faite à la seule initiative de la commission; elle
intéressait le ministère, c'est bien sûr, mais le
ministère n'a été à aucun moment mêlé
à cela.
M. Chevrettes Mais lorsque le ministre... Monsieur le...
Le Président (M. Rochefort): Si vous permettez, on va
laisser le président de la commission compléter ses
réponses et, ensuite... Aviez-vous terminé, M. le
président? Oui? M. le député de Joliette.
M. Chevrette: C'est parce que j'ai pris le style de l'ancien
député de Laporte quant à certaines commissions.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Deuxième question, M. le Président.
Je voudrais savoir, dans l'échange de correspondance entre l'ex-ministre
et vous-même, comme président de la Commission municipale, s'il
était question de tenir compte de la dimension Hyundai par l'ex-ministre
des Affaires municipales.
M. Beaulieu: C'est là que je précise que ces
études, la première et la deuxième, ont été
faites à la seule initiative de la Commission municipale. Elle a
été remise au ministère, bien sûr, mais ce n'est pas
le ministère qui a commandé à la firme une seconde
étude pour tenir compte de Hyundai. C'est moi qui ai écrit
à la firme comptable et j'ai dit: Vous allez refaire les chiffres en
tenant compte de l'arrivée de Hyundai.
M. Chevrette: Maintenant, vers quelle date, M. le
président, avez-vous écrit à la firme comptable? Vous avez
dit à la mi-décembre? Est-il possible également d'avoir la
date précise?
M. Beaulieu: J'ai commandé le second rapport entre le 17
et le 25 novembre et le rapport est arrivé entre le 7 et le 12
décembre.
M. Chevrette: Entre le 7 et le 12 décembre.
M. Beaulieu: Le deuxième.
M. Chevrette: Y a-t-il moyen d'avoir les dates
précises?
M. Beaulieu: Ah oui! Ce sont des écrits.
M. Chevrette: D'accord. Y a-t-il possibilité d'avoir le
deuxième mandat écrit que vous avez donné à la
firme Chabot? Peut-on l'avoir?
M. Beaulieu: J'ignore s'il est dans mes prérogatives de
m'engager dans ce genre de dépôt de documents.
M. Chevrette: Je vais demander au ministre. Le ministre a-t-il
objection que le mandat confié à la firme Chabot puisse
être
déposé à cette commission?
M. Bourbeau: M. le Président, nous n'avons rien à
cacher, nos livres sont ouverts.
M. Chevrette: C'est cela, d'accord, merci. On pourrait donc
prendre note également qu'on voudrait avoir cela avec les deux rapports
d'études; d'accord?
M. Bourbeau: Le mandat avec les rapports.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais
également savoir de la part de M. Beaulieu s'il a fait cheminer, depuis
le 12 décembre, son projet d'amendement à la loi concernant le
pied dans la porte qu'il voulait avoir. Avez-vous présentement fait
cheminer ce projet de loi ou d'amendement législatif au nouveau
gouvernement?
M. Beaulieu: J'ignore encore si c'est moi qui dois
répondre ou si c'est le ministre qui doit y répondre.
Le Président (M. Rochefort): Compte tenu de cette
intervention, M. le ministre, le député de Joliette a posé
une question...
M. Bourbeau: Je n'ai pas d'objection à ce que...
Le Président (M. Rochefort): ...aux gens qui sont à
votre table. Le président de la Commission municipale nous dit qu'il
ignore si c'est lui qui a à répondre à cette question ou
pas. J'aimerais que vous nous informiez de votre décision.
M. Bourbeau: Le juge peut répondre à la question,
s'il le veut bien, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le président.
M. Beaulieu: La réponse, c'est oui. J'ai effectivement
repris mon pèlerinage avec le même motif auprès du nouveau
ministre en lui disant que l'ancien gouvernement avait retenu ce projet de
modification. Que je sache, le ministre m'a dit qu'il avait l'intention de le
retenir lui aussi pour le prochain programme de législation.
M. Chevrette: Le ministre soutient-il toujours devant cette
commission que qui que ce soit qui s'attribuerait le fait d'avoir eu une
pression politique dans le dossier erre?
M. Bourbeau: M. le Président, je peux affirmer que la
décision de lever la tutelle a Bromont a été prise sur la
recommandation de la Commission municipale et qu'il n'y a eu aucune
espèce de pression politique dans ce dossier.
M. Chevrette: Oui. (17 heures)
M. Bourbeau: Moi, je n'en connais pas. Si quelqu'un a
tenté d'en faire hors de ma présence, moi, je n'ai
été impliqué dans aucune pression politique et, tout
à l'heure, le juge a dit également que la Commission municipale
avait fait une recommandation. Alors, je ne vois pas où aurait pu
s'appliquer la pression politique.
M. Chevrette: D'accord. Est-ce que vous considérez
à ce moment-là qu'un journaliste qui écrirait que
maintenir - à l'époque, au moment où vous avez pris la
décision - en tutelle ne correspondait plus à rien, que
c'était simplement un geste politique et qu'à ce moment-là
le politicien qui avait pris l'engagement de bannir ou d'enlever cette tutelle
avait complètement raison... ce sont des mots?
M. Bourbeau: C'est peut-être un hasard. Si le
député de Joliette avait promis dans son comté, par
exemple, un HLM lors de la campagne électorale et qu'au cours de la
prochaine programmation il y avait un HLM de décidé comme
construction dans le comté de Joliette, le député pourrait
prétendre que le gouvernement remplit son engagement de la campagne
électorale. Ce serait un hasard, mais cela pourrait arriver. Alors,
qu'un député quelconque prétende aujourd'hui que, parce
que la tutelle est levée, c'est le fruit de ses promesses
électorales, vous pouvez y voir un hasard aussi, mais, moi, je vous dis
que la tutelle a été levée sur recommandation de la
Commission municipale. J'ai lu le rapport des experts et, si j'avais
été également président de la Commission
municipale, je n'aurais trouvé aucun motif de maintenir une tutelle
devant un tableau aussi optimiste de la situation financière de la ville
de Bromont telle que présentée dans le rapport émis par la
firme Raymond, Chabot.
Dans ces conditions, la Commission municipale a jugé qu'il n'y
avait plus de raison de maintenir la tutelle et j'ai jugé qu'il n'y
avait aucune raison de s'opposer à la recommandation de la Commission
municipale. Je décris les faits le plus simplement possible tels qu'ils
se sont produits.
M. Chevrette: Ma question s'adresse maintenant à M.
Beaulieu. Comment se fait-il, M. le juge, que vous trouviez que cela avait du
bon sens de prolonger la tutelle jusqu'en juin sous l'ancien gouvernement, puis
que vous recommandiez au nouveau de lever la tutelle immédiatement?
M. Beaulieu: J'ai peut-être parlé trop rapidement
tout à l'heure sur ce point-là. Entre l'annonce de Hyundai et
notre recommandation qui se situe au début de février, je ne
dirais pas que les événements se sont précipités
à Bromont, ce serait exagéré, mais c'est un fait que le
rythme non seulement de délivrance de permis de construction, mais que
le rythme de construction s'est accéléré de façon
absolument imprévisible.
M. Chevrette: M. le juge, permettez-moi de m'interroger
très sérieusement sur vos allégations. Dans un premier
temps, vous dites avoir trouvé que cela avait bien de l'allure ce que
vous disait l'ex-ministre des Affaires municipales, qui était de
prolonger jusqu'au mois de juin, d'avoir le temps de voir clair. C'était
sérieux parce que vous avez même dit à cette journaliste:
Bromont, c'est plus sérieux qu'ailleurs, je ne sais pas trop, que
Notre-Dame-du-Lac, parce qu'il y avait un sérieux trou financier.
Exclusivement sur une annonce et non pas sur un contrat signé, ce que
vous trouviez de très sérieux sous l'ancien ministre, vous venez
proposer au nouveau ministre de lever la tutelle sans qu'il y ait de signature
complète et vous savez pertinemment qu'il y a des annonces comme celle
que mon collègue de Jonquière donnait en exemple, Bell
Helicopter, qui avait un projet d'envergure et qui a été
obligée de le réduire en cours de route. C'est une étude
théorique, mais pas absolument formelle et établie par
contrat.
Comment se fait-il qu'en l'espace d'un mois et demi tout le bon sens et
l'allure que vous trouviez à votre recommandation, à savoir que
l'ex-ministre vous ait convaincu d'une mise en tutelle, que spontanément
et de vous-même vous recommandiez la levée de cette même
tutelle après avoir dit cependant à un moment X, au mois de mars,
à une journaliste que vous n'étiez pas d'accord du tout? Vous me
permettrez au moins de m'interroger sur la logique et la cohérence des
déclarations. Je veux bien vous laisser tout le temps de vous
débattre avec cela, mais il faut bien dire que n'importe quel homme
public relate ce qu'il y a dans les journaux. C'est le gars qui a parlé,
ou la femme, enfin, la personne qui a parlé qui a le fardeau de
rectifier ou de dire que ce n'est pas cela qu'elle a dit. Si c'est ce qu'elle a
dit, vous me permettrez d'avoir des interrogations très
sérieuses. Je sais que cela peut être ennuyeux pour les gens de la
commission, mais on ne peut pas avoir trois ou quatre versions dans cela, rien
qu'une.
M. Beaulieu: Est-ce que l'honorable député de
Joliette me permet de faire une remarque à propos de l'article en
question? Je sais que les journalistes ne rédigent pas les titres, mais
je suis en parfait désaccord avec le titre. Quant au contenu de
l'article, je n'en retire pas une virgule.
Alors, revenons au passé. L'automne dernier, même
après le premier rapport de la firme Raymond, Chabot, Martin, nous
étions déjà, à la Commission municipale, convaincus
que la ville pouvait s'administrer sans tutelle. Premier point. La
recommandation de lever la tutelle a été faite dans cette
optique. Le seul objectif pour la maintenir et, je le répète, la
première demande, c'était de la maintenir jusqu'à
l'adoption du budget par la Commission municipale, donc, en principe,
jusqu'à la fin de janvier -c'était qu'on puisse tirer profit,
à la Commission municipale, des études que nous avions
commandées alors que je ne prétends pas que le conseil l'aurait
fait. Mais le conseil aurait pu adopter un budget sans aucunement tenir compte
des analyses qui avaient été faites
précédemment.
Or, c'est à la même époque que se situe la remarque
qui mérite certains éclaircissements pour le député
de Joliette. J'ai dit au ministre: Contrairement à la fin des tutelles
financières qui dépendent de la Commission municipale, on ne peut
pas garder le pied dans la porte même si on pensait, au moment de mettre
fin à la tutelle, que ce pourrait être utile. Le désir de
prolonger du 31 janvier, qui était la demande de la commission, au 30
juin, est simplement ce que j'appellerais un accommodement de calendrier en
termes législatifs parce que, c'est bien connu, sauf urgence, l'omnibus
municipal est généralement étudié en juin et en
décembre: d'où l'idée du 30 juin, mais pas plus que
cela.
Tout cela se passe avant que le projet Hyundai soit annoncé. Le
projet Hyundai s'annonce et on constate en plus, je le répète,
que le rythme de construction résidentielle est hors proportion par
rapport à ce qu'on avait connu les dix années
précédentes. C'est là qu'intervient l'idée de
garder le pied dans la porte, il n'y a pas de mystère. Je vous disais
que je me défendais assez mal tout à l'heure d'un certain
paternalisme. Quand on garde le pied dans la porte, on met fin à la
tutelle, mais on veut bien avoir encore un certain accès au
porte-monnaie. Il n'y a pas de mystère.
On savait que, même avec l'annonce du projet Hyundai, la situation
financière de la ville demeurait préoccupante. Il fallait
frotter les cents. C'était là l'idée que, peut-être,
au moment où on mettrait fin à la tutelle, il serait utile,
peut-être sage en plus, de garder le pied dans la porte. Je le
répète, devant l'augmentation d'évaluation tenant compte
du rythme de la construction, il nous apparaissait qu'on aurait
exagéré dans le sens du paternalisme en défendant encore
le pied dans la porte. C'eût été un accroc, je pense,
difficilement défendable sur le plan
de l'autonomie municipale.
M. Chevrette: Donc, sans pied dans la porte législatif, en
mettant de côté votre forme de paternalisme d'un coup sec, alors
qu'il n'y a même pas 100 000 $ de côté, et que dans les
rapports Chabot il y a une difficulté financière possible
jusqu'en 1988-1989, spontanément vous dites au nouveau gouvernement:
Levez la tutelle de Bromont!
M. Beaulieu: Spontanément mérite d'être
interprété je pense. Parce que dans la deuxième
étude de Raymond Chabot Martin, un déficit possible d'une
centaine de mille dollars se transforme en un surplus possible d'une 400 000 $
à 500 000 $ pour l'année 1986...
M. Chevrette: Dans la possibilité où Hyundai suit
son cours.
M. Beaulieu: Même pas, même sans Hyundai. Parce
qu'Hyundai, ce n'est pas avant 1988 au mieux.
M. Chevrette: Donc, on verra celai On étudiera votre
spontanéité dans les deux études, M. le juge.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière, avez-vous autre chose?
M. Dufour: Je pense que cela clorait ce sujet. Je pense que nous
l'avons débattu suffisamment.
Le Président (M. Rochefort): Quand vous parlez de ce
sujet-là, est-ce qu'on parle de l'élément du programme de
la Commission municipale ou du dossier de Bromont?
M. Dufour: Du dossier de Bromont.
Le Président (M. Rochefort): D'autres questions eu
égard à la Commission municipale compte tenu de la
présence du président?
L'Île des Soeurs
M. Dufour: II y a un autre sujet sur lequel j'aimerais
m'entretenir, c'est celui concernant l'île des Soeurs. Le ministre
peut-il nous donner des précisions sur le mandat de médiation
qu'il a confié à la Commission municipale sur la
problématique de l'île des Soeurs? Deuxième point, le
ministre a déclaré qu'il n'excluait pas la possibilité
d'un référendum. Peut-il nous préciser sa pensée?
Quelles sont les principales doléances des résidents de
l'île des Soeurs telles qu'elles ont été exprimées
lors de la rencontre avec le président de l'Association des
résidents de l'île des Soeurs, M. Bill Mandel?
M. Bourbeau: Le problème de l'île des Soeurs, il
s'agit essentiellement d'un quartier d'une municipalité qui voudrait se
détacher et se faire annexer par la ville de Montréal. Dès
mon accession au poste de ministre des Affaires municipales, j'ai
été saisi de ce problème et, plutôt que de tourner
autour du pot - cela va faire plaisir au député de
Jonquière - plutôt que d'étudier très longtemps
étant donné que j'ai déjà une bonne idée de
ce que c'est l'autonomie municipale, j'ai immédiatement fait savoir aux
parties impliquées qu'il ne fallait pas compter sur le nouveau ministre
des Affaires municipales pour venir décréter des fusions
forcées ou des annexions forcées de territoires importants de
municipalités à d'autres.
Vous savez que la loi actuelle prévoit que, lorsqu'une annexion a
lieu, il y a deux municipalités en cause: la municipalité
annexante et la municipalité annexée. La procédure fait en
sorte que la municipalité annexante doit passer un règlement
d'annexion, l'envoyer à la municipalité annexée ou dont
une partie du territoire vise à être annexée. S'il n'y a
pas entente, il peut y avoir une pétition signée par les citoyens
du secteur qui voudraient se faire annexer et éventuellement cette
pétition pourrait se retrouver sur le bureau du ministre des Affaires
municipales qui, après avoir consulté la Commission municipale ou
sans l'avoir consultée, prend éventuellement une décision
d'autorité d'annexer un territoire à une autre
municipalité.
J'ai fait savoir dès le début aux municipalités
concernées, soit la ville de Montréal et la ville de Verdun,
ainsi qu'aux gens du territoire de l'île des Soeurs, les
représentants, qu'il ne fallait pas compter sur le ministre des Affaires
municipales pour que, en dernier lieu, en dernière analyse, il
décrète unilatéralement une annexion forcée. J'ai
donc dit aux parties intéressées: S'il doit y avoir une action,
il faudra que ça se négocie de gré à gré
entre les deux municipalités. Maintenant, la ville de Montréal
était intéressée à parler d'affaires avec la ville
de Verdun, à faire des négociations d'ordre financier, et la
ville de Montréal m'a demandé s'il y avait possibilité
d'avoir une médiation et a même proposé la médiation
du président de la Commission municipale, ce que j'ai accepté.
J'ai demandé au président de la Commission municipale s'il
n'accepterait pas d'agir comme médiateur à titre un peu
personnel, si je peux dire, entre la ville de Montréal et la ville de
Verdun pour voir s'il n'y aurait pas moyen que les deux municipalités
s'entendent de gré à gré, si c'est possible. Le maire de
Verdun a accepté cette médiation et je dois dire que, depuis ce
temps, je ne m'en suis pas mêlé du tout. Je ne serais même
pas capable de vous faire un rapport d'étape sur la
médiation. Je pense que cela se déroule
présentement et on verra ce que cela va donner.
M. Dufour: Vous êtes encore à l'écoute dans
ce dossier et je pense que c'est une très bonne façon d'agir.
Cela ne me surprend pas, en même temps, que vous me disiez que vous
n'êtes pas engagé dans des études parce que ce qui se passe
à Montréal, si vous ne le savez pas, je ne comprends plus rien.
C'est tellement près de chez vous que je ne vois pas pourquoi vous ne
seriez pas au courant de ce qui se passe à l'île des Soeurs. Je ne
pense pas que vous deviez m'en faire reproche; au contraire, vous devriez
trouver que c'est une chose très normale et ne même pas en parler.
Vous savez ce qui se passe à l'île des Soeurs, je suis convaincu
de cela, comme je sais ce qui se passe chez mes voisins immédiats.
Par contre, vous me dites: On est en train d'étudier la
problématique. Donc, la Commission municipale doit servir de
médiateur et vous n'avez pas l'intention, en fin de compte, de prendre
une décision quelconque. Vous prendrez une décision, mais
à la condition - et vous voudrez bien m'éclairer là-dessus
si je n'ai pas saisi - que les deux conseils municipaux, autant de Verdun et de
Montréal, s'entendent sur le dossier. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Bourbeau: C'est cela.
M. Dufour: Mais les citoyens de l'île des Soeurs, selon ce
que je lis et selon ce que j'écoute, se sentent beaucoup plus
rattachés à Montréal qu'à Verdun. Que fait-on avec
ces gens? Il y a aussi un problème de taxation, ce n'est pas juste une
question de dire: J'aime Montréal, "I love New York, I love
Montréal"; ce n'est pas cela, il y a un intérêt financier.
Vous prévoyez une médiation, mais qu'est-ce que c'est, en fin
de compte? S'il n'y a pas d'entente, cela ne va pas. Tant qu'il n'y aura
pas d'entente quelque part, cela va arrêter là. On va abolir tout
ce qui touche les tribunaux, parce que les tribunaux tranchent quelque part. Il
n'y a plus rien qui va permettre à des gens, en respectant toute la
démarche... Au bout du compte, cela veut dire: Entendez-vous ou il n'y a
plus rien à faire. C'est la politique du laisser faire, pas du faire
faire.
Je voudrais bien, M. le ministre, que vous m'éclairiez
là-dessus à savoir si, vraiment, vous pensez que cette
médiation, parce que c'est presque une médiation de non-recours:
Vous trouvez des solutions ou il n'y a plus rien qui fonctionne. Si
j'étais un citoyen de ce coin, je ne serais pas sécurisé
et je pense que vous êtes sécurisant par nature; un notaire, cela
sécurise. (17 h 15)
M. Bourbeau: Voyez-vous, M. le député, la raison
pour laquelle j'ai été capable d'agir rapidement, c'est qu'il
s'agit d'une question de principe et non pas de fait. On m'a interrogé
sur le principe des fusions et des annexions et là-dessus je n'ai pas
besoin d'étudier très longtemps pour vous dire que, sur le fond,
je ne suis pas d'accord pour obliger des municipalités à
fusionner malgré elles et pour faire en sorte que des quartiers de
municipalité puissent être annexés par une autre
municipalité contre le gré de la municipalité qui perd un
de ses quartiers. Je n'ai pas besoin d'étudier très longtemps;
mon idée est très claire là-dessus. Il n'y aura pas de
fusion forcée ou d'annexion forcée sous un gouvernement dont je
serai le ministre des Affaires municipales. Autrement dit, on ne reverra pas de
Baie-ComeauHauterive sous une administration libérale. On va
respecter la volonté des populations.
On l'a fait, d'ailleurs, dans le dossier Rouyn-Noranda où le
gouvernement précédent voulait imposer d'autorité une
fusion à deux municipalités sans même les avoir
consultées. L'Opposition du temps, le Parti libéral, avait
exigé qu'au moins on fasse un référendum. Le
référendum s'est tenu et les populations ont décidé
majoritairement d'accepter la fusion. Dans ce cas-là, on est d'accord et
il semble que les mécanismes... Enfin, je ne veux pas en parler parce
qu'il semble que ce soit sub judice, mais, enfin, dans les faits c'est ce qui
s'est passé.
Pour ce qui est de la question, ici, de l'île des Soeurs, alors,
la question de principe, je signale au député que le ministre
s'est branché rapidement. Là, j'ai pris une décision
très rapide. Ma décision, c'est de ne pas imposer des fusions
forcées ou des annexions forcées. Je pense que le
député va reconnaître qu'on n'a pas tourné autour du
pot très longtemps. Maintenant, le député, lui, plaide la
cause, si je comprends bien, de l'île des Soeurs. Vous voulez savoir quoi
au juste?
M. Dufour: Bien, ce que je veux savoir, c'est quelles
étaient les principales doléances des résidents de
l'île des Soeurs quand ils vous ont rencontré. C'est un peu
cela.
M. Bourbeau: Écoutez, c'est bien simple. Vous avez une
municipalité, la ville de Montréal, qui courtise, si je peux
dire, l'île des Soeurs en lui offrant toutes sortes de choses. On lui a
offert jusqu'à une piscine olympique en dernier lieu pour attirer chez
elle - je la comprends - un bassin d'évaluation potentiel important et
une évaluation municipale importante par rapport à la population.
C'est de la crème, comme on dit.
Vous connaissez cela un peu, l'évaluation municipale, M.
l'ex-maire. Dans une ville, il y a des quartiers où l'évaluation
est plus élevée et d'autres quartiers où
l'évaluation est moins élevée. C'est bien
évident qu'une municipalité a intérêt à avoir
un maximum d'évaluation et l'île des Soeurs, c'est vraiment un
endroit où il y a de très fortes évaluations municipales
et, surtout, le potentiel est très important. On a construit au cours
des dernières années des conciergeries de 10, 12, 15
étages; alors, évidemment, c'est très rentable sur le plan
de l'évaluation municipale et des taxes.
La ville de Montréal est intéressée à
annexer ce territoire-là; personne ne pourrait le lui reprocher. Cela
serait, de la part de la ville de Montréal, un très beau coup que
d'aller annexer l'île des Soeurs. La ville de Verdun, elle, qui est la
municipalité dans laquelle est située l'île des Soeurs
n'est pas intéressée à perdre ce secteur-là.
Les résidents du secteur, puisque vous voulez que je vous
décrive la situation, eux, voudraient aller avec la ville de
Montréal parce qu'ils croient qu'ils seraient mieux traités, mais
la ville de Verdun récemment a indiqué qu'elle voulait faire des
efforts pour tenter de donner satisfaction à ces
résidents-là. J'ai tout lieu de croire que dans les mois à
venir la situation devrait se résorber. Voilà, M. le
député, la situation telle qu'elle se présente à
l'heure actuelle.
M. Dufour: Si je comprends bien, le ministre me dit: J'ai vu la
loi du regroupement municipal, j'ai vu la loi des fusions volontaires. Je n'ai
pas nécessairement d'idée pour augmenter les activités
municipales ou améliorer le milieu municipal, donc, je laisse aller les
choses telles qu'elles sont. À moins que je n'aie mal compris ou mal
saisi, vous avez dit: Je veux respecter tout cela.
Je sais bien, moi, que des programmes, parfois, cela se change, des
programmes, cela s'améliore. Est-ce qu'il y a une volonté
politique? Il n'y en a pas du tout; pourquoi la Commission municipale est-elle
là-dedans? On devrait dire avant de partir à la Commission
municipale: Ne va pas faire de médiation. S'il y a une médiation,
cela veut dire que vous avez un certain intérêt par rapport
à ce qui devrait se faire ou ne pas se faire. Vous ne me donnez pas la
preuve que cela doit être fait ou ne pas être fait. La seule
question que je me pose ou le problème qui se pose dans mon esprit,
c'est: Pourquoi envoyez-vous la Commission municipale? Est-ce pour dire au
monde: Arrêtez de chialer, on va regarder cela, puis cela va être
à la bonne volonté et de la ville de Montréal et de la
ville de Verdun? J'ai compris aussi ce que le maire Savard a dit dans tout
cela.
Il y a une chose: Est-ce que vous trouvez que c'est bon, les fusions?
Est-ce que vous trouvez que c'est bon, les annexions? Avez-vous une politique,
une vue d'ensemble à ce sujet? Pensez-vous que le ministère des
Affaires municipales devrait aller plus loin? Cela fait longtemps que je
m'interroge là-dessus. Il y en a, des raisons pour lesquelles on
pourrait faire des choses. Cela peut-être bon, mais il y a des
préalables, des prérequis qui n'ont peut-être jamais
été déposés sur la table. Là, c'est une
annexion. Si je m'arrête à ce que vous me dites, à vos
propos, il me semble que Montréal commence à se lécher les
babines. Il y a du stock là-dedans, il y a de la crème. Ils vont
se bourrer et cela va probablement régler le problème de
Montréal.
Ce n'est peut-être pas tout à fait comme cela que je
l'aurais vu. Si vous avez décidé, M. le ministre, que vous
faisiez de la médiation par l'intermédiaire de la Commission
municipale, c'est que vous deviez trouver qu'il y avait un intérêt
certain à ce que ce problème soit résolu non seulement au
profit des municipalités, mais au profit des individus. Or, vous me
dites: Non, s'ils ne s'entendent pas. Vous viendrez négocier quand vous
me direz que la réponse appartient au médiateur. Donnez-moi ma
liberté et vous allez voir qu'il y a problèmes qu'on ne
réglera jamais parce que c'est impossible.
Ils le savent, eux. Ils ne sont pas fous, à la ville de
Montréal et à la ville de Verdun. Imaginez-vous que c'est de la
bonne volonté. Ils n'ont qu'à dire: On n'est pas d'accord. C'est
certain que le ministre va protéger nos acquis. En tout cas, je vous
souhaite bonne chance.
M. Bourbeau: Tout ce que je voudrais simplement rappeler au
député, c'est que c'est à la demande de la ville de
Montréal que j'ai demandé au président de la Commission
municipale d'agir comme médiateur. Je n'ai pas pris l'initiative, c'est
la ville de Montréal qui m'a demandé: Est-ce que vous accepteriez
qu'on ait une médiation? Je n'y voyais pas d'objection, au contraire,
une médiation est toujours quelque chose de positif. Le pire qui puisse
arriver là-dedans, c'est que cela ne fonctionne pas et qu'on y ait perdu
son temps. Le mieux qui puisse arriver, c'est que cela fasse des heureux des
deux côtés. Alors, je ne vois pas pourquoi j'aurais refusé
la demande.
Quant à la politique du gouvernement actuel en matière de
fusion, de regroupement des municipalités, je répondrai au
député qu'il n'y a pas de règle sacro-sainte en ce qui
concerne les fusions de municipalités, à savoir si c'est bon ou
si ce n'est pas bon. Je pense que cette question doit être
étudiée cas par cas. Dans certains cas, c'est bon et, dans
d'autres cas, ce n'est pas bon. Il faut connaître un peu le milieu
municipal pour le comprendre. Il y a des cas où les municipalités
ont intérêt à tout point de vue à se fusionner au
plan financier et il y a également d'autres points de vue dont il faut
tenir compte. Il y a le sentiment
d'appartenance des citoyens à leur milieu; dans certains cas,
certains citoyens sont prêts y mettre le prix pour demeurer dans leur
municipalité et ne pas se faire fusionner, même si cela leur
coûte un peu plus cher. Dans d'autres cas, il y a une volonté
commune de se regrouper.
Il y a aussi la question de la taille maximale des villes. Des
économies d'échelle, on en retrouve en général dans
une fusion. Dans la plupart des cas, je pense que cela arrive comme cela. Mais
il peut aussi arriver que la taille de la municipalité devienne
tellement grande qu'on perd le bénéfice des économies
d'échelle. C'est le principe des rendements décroissants que je
voulais dire. Il vient un temps où il n'y a plus d'économies
d'échelle à regrouper les municicipalités, parce qu'elles
deviennent tellement grosses qu'elles ne se contrôlent plus. Alors, il
faut faire attention. Ce n'est pas un principe absolu, le principe des fusions
de municipalités.
De toute façon, le ministère a des services très
spécialisés qui, lorsqu'on leur en fait la demande,
s'intéressent au problème des fusions de municipalités. On
délègue des fonctionnaires très compétents et
spécialisés dans le domaine qui font l'étude de
l'opportunité d'un regroupement, qui soumettent leurs recommandations
aux municipalités intéressées. Si les municipalités
décident, après avoir pris connaissance de ces rapports, de
pousser plus loin leur vélléité de se fusionner, on a des
mesures incitatives, on a même un programme PAFREM d'aide et d'incitation
aux fusions qui fait en sorte que des subventions spéciales sont
accordées aux municipalités pour leur permettre de digérer
la fusion. C'est la situation telle qu'elle se présente et je pense que
cela décrit un peu la philosophie du gouvernement à ce sujet.
M. Dufour: II y aurait peut-être juste deux petites mises
au point que je voudrais faire. Concernant les programmes d'incitation, le
PAFREM, ce sont des "pinottes" en ce qui me concerne. Quand vous parlez de
petites municipalités, peut-être que cela peut être un
élément, mais dans des municipalités ayant le moindrement
d'importance... Au Québec, en dehors de trois grosses
municipalités, les autres... Moi, je ne parle pas de grosseur de
municipalité, ce sont vraiment de petites municipalités si on se
compare avec ce qui se passe dans le continent nord-américain.
Vous avez parlé aussi de Rouyn-Noranda. Je suis bien conscient du
problème, je suis allé en 1981 parler aux gens; je suis
allé encore la dernière fois leur parler... Vous dites: L'ancien
gouvernement ne les a pas consultés, mais il avait une très bonne
oreille, en tout cas, par rapport à ce qui se passait, parce que le fait
est que le référendum a donné un résultat positif
dans les deux endroits. Donc, il y avait probablement eu une consultation. En
tout cas, on pourra dire que l'ex-gouvernement avait certainement une oreille
attentive à ce qui se passait dans ce coin.
M. Bourbeau: Ce n'est pas ma méthode. Je ne dis pas que
l'ancien gouvernement n'avait pas bien jaugé le sentiment de la
population, mais à partir du moment où il imposait une fusion
sans la consulter, c'était le respect de la démocratie municipale
qui en prenait pour son rhume. Ce ne sont pas les résultats qui
comptent, c'est la méthode qui a été employée. Que
les résultats qui ont été obtenus par le
référendum coïncident avec la volonté de l'ancien
gouvernement, tant mieux pour lui, sauf que l'on ne pouvait pas le savoir
d'avance. Et si, dans les cas de fusion, le gouvernement décidait
dorénavant de fusionner, je ne sais pas, Sillery et Sainte-Foy en
disant: On pense que la population est d'accord, bien, vous ne seriez pas
d'accord, vous-même, et le député de Louis-Hébert
ici serait le premier à crier. Alors, il ne s'agit pas de
présumer de la volonté des populations dans le cas de fusion. Il
faut aller les consulter. Et si la consultation est positive, l'on peut
procéder. Mais faire l'inverse, ne pas laisser la chance aux gens de
s'exprimer, bien, je pense que c'est un accroc sérieux à la
démocratie. Et nous, on n'est pas d'accord avec cela.
M. Dufour: Mais admettons sérieusement que le Parti
libéral, qui a déjà exercé le pouvoir anciennement,
n'a pas tellement consulté dans d'autres sortes de fusions que moi, je
connais très bien. Et je pourrais faire toute la problématique;
j'en connais quelques-unes. Et pas seulement le gouvernement libéral, le
gouvernement de l'Union Nationale aussi a fait des fusions à un moment
donné. Les villes de Laval, d'Alma, de Beauport, je peux les nommer
toutes. Il n'y a pas eu tellement de consultation sur le plancher et ce
n'était pas le Parti québécois qui était au pouvoir
à ce moment-là. Je vous dis, M. le ministre que si on parle de
fusions et d'annexions, si vraiment il y a des bénéfices - il y a
possiblement des bénéfices à en retirer - il faudrait
peut-être les examiner non seulement en termes de grosseur, mais
également en termes d'allégement, d'amélioration ou de
données fiscales qui permettent de faire des fusions ou des annexions
qui sont au profit, assez souvent, de la population. Parce que c'est une
question de piastres, il ne faut pas se casser la tête, ce n'est pas
juste une question d'amour, les fusions et les annexions. Il y a aussi des
questions économiques et je me dis: Votre gouvernement, qui commence un
mandat, aurait peut-être intérêt à regarder
ce problème-là. Il ne s'agit pas de le régler
demain matin, mais c'est important.
M. Bourbeau: On le regarde, le problème, M. le
député. Je pense que je vous ai fait part tout à l'heure
d'une politique qui est très claire à ce sujet-là. Dans la
question des fusions de municipalités, il n'y a pas seulement la
question financière qui est en cause. C'est sûr que c'est
important, les économies d'échelle. Mais il y a un autre principe
qui est fondamental aussi. C'est le droit qu'ont les populations de vivre dans
la municipalité qu'elles veulent. Et si, à un endroit
donné, on réussissait à faire la preuve par a + b qu'il y
aurait une économie d'échelle à fusionner deux
municipalités, je soutiens encore qu'on ne doit pas le faire si les
populations ne le veulent pas. Et quand des populations mettent un prix
à leur sentiment d'appartenance, par exemple, et qu'elles
décident qu'elles veulent demeurer dans leur petit patelin, je pense
qu'elles ont le droit de le faire, même si cela leur coûte un peu
plus cher. Et il ne faut pas compter sur moi pour obliger des
municipalités à fusionner sous le simple prétexte que
quelqu'un aurait trouvé que ce serait rentable de le faire.
Le Président (M. Rochefort): Vous avez mentionné
qu'un des principes fondamentaux de votre politique quant aux fusions,
c'était la volonté populaire. Dans le cas qui nous occupe, de
quelle volonté populaire allez-vous vous servir? De celle des citoyens
de Verdun, de celle des citoyens de Montréal ou des citoyens de
l'île des Soeurs?
M. Bourbeau: La loi, dans le cas de...
Le Président (M. Rochefort): Non, mais je vous parle de
vos orientations, comme ministre.
M. Bourbeau: Oui, mais moi, je suis la loi. La loi
reconnaît dans le cas d'annexion qu'il y a deux parties en cause, la
municipalité annexante et la municipalité annexée. Ce sont
les deux parties qui, juridiquement, doivent bouger pour faire une annexion.
(17 h 30)
Alors, moi, je dis que c'est un problème qui concerne deux
municipalités. Je suis au premier chef, à titre de ministre des
Affaires municipales, responsable des municipalités et je les reconnais
comme les interlocuteurs de premier rang dans ces cas. Je peux peut-être
aussi constater que, dans une des municipalités, un certain groupe de
citoyens auraient des voeux qui ne coïncident pas avec les voeux de
l'ensemble de cette municipalité. Je ne peux pas et je ne veux pas tenir
compte des sentiments d'un secteur d'une municipalité à
l'encontre de la volonté de l'ensemble de cette municipalité. Si
on commençait à agir de la sorte, même à l'île
des 5oeurs, on pourrait avoir un secteur de l'île, le secteur ouest, qui,
lui, déciderait de demeurer avec la ville de Verdun, alors que le
secteur est, plus majoritaire, voudrait se loger à l'enseigne de la
ville de Montréal. On pourrait, comme ça, continuellement scinder
les populations en disant: Telle population décide ou voudrait telle
chose. On pourrait morceler les volontés populaires jusqu'à un
point zéro. Il faut quand même commencer quelque part. Je
reconnais qu'il y a deux municipalités en cause et je respecte la
volonté de ces deux municipalités même si, malheureusement,
cela peut ne pas faire l'affaire d'une partie de l'une des
municipalités.
Le Président (M. Rochefort): Donc, M. le ministre, si je
comprends bien, ce n'est pas tellement la volonté populaire, ultimement
et formellement, que vous prendrez en considération dans ce cas, comme
dans tout autre cas, mais les décisions des conseils municipaux
concernés. Est-ce que je vous comprends bien?
M. Bourbeau: Je reconnais que les conseils municipaux sont les
porte-parole dûment autorisés par la loi des populations de ces
municipalités.
Le Président (M. Rochefort): Mais si on se trouvait dans
une situation, par exemple -sortons de ce coin du Québec, prenons un
autre coin du Québec - où une majorité de citoyens d'une
municipalité exprimaient le désir de fusionner ou de s'annexer
à une autre municipalité, ou de se dégrouper à
l'encontre des décisions du conseil municipal concerné, soit le
conseil municipal auquel ils sont rattachés jusqu'à la
réalisation de leur projet, quelle position retiendriez-vous comme
étant la position de la municipalité concernée? Celle de
son conseil municipal ou celle d'une majorité importante de ses
citoyens?
M. Bourbeau: Si un référendum était tenu -
on fait des hypothèses - dans une telle municipalité et que le
référendum indiquait que la majorité de la population
décide de fusionner, quant à moi, je me sentirais autorisé
à respecter la volonté de la majorité de la
population.
Le Président (M. Rochefort): La volonté populaire,
d'accord. Est-ce que ces principes s'appliquent aux demandes de
dégroupement de municipalités?
M. Bourbeau: Oui, pour être logique, je dois dire que ces
principes également s'appliqueraient à des demandes de
dégroupement de municipalités.
Le Président (M. Rochefort): Sur les questions de
dégroupement, est-ce que vous avez eu...
M. Bourbeau: Je m'excuse. Vous parlez de municipalités qui
sont fusionnées déjà ou d'une seule municipalité?
Quand vous parlez de dégroupement, vous ne parlez pas de...
Le Président (M. Rochefort): D'une ancienne
municipalité...
M. Bourbeau: Ah bon!
Le Président (M. Rochefort): ...qui, dans le cadre d'une
fusion, est devenue un secteur ou un quartier d'une nouvelle grande
municipalité.
M. Bourbeau: J'avais mal saisi. On n'avait pas défini les
termes. Je croyais que vous parliez de municipalités qui étaient
regroupées dans une MRC ou des trucs comme ça.
Le Président (M. Rochefort): Je ne parle pas de MRC, je
parle de fusion municipale.
M. Bourbeau: D'accord. Là, vous me parlez d'une seule
municipalité dont des secteurs, autrefois, faisaient partie de plusieurs
municipalités qui ont été fusionnées. Et ces
secteurs voudraient défusionner? Est-ce cela dont vous parlez?
Le Président (M. Rochefort): Oui.
M. Bourbeau: Bon. Là, le principe est différent. On
a dorénavant une seule municipalité. On revient à peu
près au principe de l'île des Soeurs. On a une seule
municipalité où des quartiers voudraient se séparer pour
devenir des municipalités autonomes. Dans ce cas, j'appliquerais le
même principe que j'ai indiqué tout à l'heure pour
l'île des Soeurs, en ce sens que ce serait avec beaucoup de
réticence que je considérerais la possibilité de
dégrouper ou de scinder une municipalité.
Il y aurait quand même, dans ces cas-là, comment dirais-je,
des éléments différents qui sont le passé de ces
municipalités. Si c'était un regroupement qui vient de se faire
et qui avorte, je ne dis pas que je n'hésiterais pas un peu plus dans un
cas comme cela, alors que je pourrais le faire plus facilement dans un cas
aussi clair que celui de l'île des Soeurs ou pour une autre
municipalité qui existe depuis cinquante ans où tout va bien.
Maintenant, j'aimerais signaler au député que la question, quand
même, était théorique parce que la Loi sur les cités
et villes...
Le Président (M. Rochefort): J'ai un cas précis
à vous soumettre.
M. Bourbeau: ...ne permet pas, de toute façon, de
dégroupement. Le Code municipal le permet cependant et, si
c'étaient des municipalités régies par le Code des
cités et villes, il faudrait une loi pour permettre un
dégroupement.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que je dois
comprendre, M. le ministre, à la lumière des réponses que
vous venez de me fournir, que vous n'avez pas été
sensibilisé ou qu'on ne vous a pas transmis de demande de
dégroupement des citoyens du canton Cantley dans la grande nouvelle
municipalité de Gatineau, dans l'Outaouais?
M. Bourbeau: C'est un dossier qui est courant au
ministère. Je suis au courant.
Le Président (M. Rochefort): Quelle est votre position
personnelle sur cette question?
M. Bourbeau: Ma réaction, comme dans toutes les demandes
de dégroupement, est de ne pas accéder à des demandes de
dégroupement de municipalités en principe. Maintenant, je dois le
dire, après que la question de principe est posée, je ne refuse
pas de faire l'étude cas par cas de chacun des dossiers pour voir s'il
n'y aurait pas des éléments dans ce dossier qui me permettraient
de déroger à la politique générale qui est de ne
pas permettre l'éclatement de municipalités. Dans le cas de
Val-des-Monts, ce que j'ai dit, ce que je répète...
Le Président (M. Rochefort): Ce n'est pas Val-des-Monts,
M. le ministre, je parle du canton Cantley.
M. Bourbeau: Je m'excuse, je croyais que vous parliez de
Val-des-Monts.
Le Président (M. Rochefort): Non, le canton Cantley.
M. Bourbeau: Ah bon! Alors, ce dossier du canton Cantley, je dois
avouer qu'on l'a au ministère. Je n'ai pas encore personnellement pris
connaissance de ce dossier. Je croyais que vous parliez de Val-des-Monts...
Le Président (M. Rochefort): Je parlais du canton Cantley.
Alors, j'aurais donc...
M. Bourbeau: ...qui est dans la même région que
l'autre, justement.
Le Président (M. Rochefort): ...deux demandes, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je n'ai pas fait jusqu'à
présent de déclaration sur le canton Cantley. De toute
façon, je voudrais vous signaler ma position dans le cas de
Val-des-Monts, aujourd'hui. Il faudrait qu'on fasse une solide
démonstration à mon endroit, de l'urgence et de la
nécessité afin de me convaincre. Dans l'autre cas, comme je n'ai
pas encore personnellement pris connaissance du dossier, tout ce que je peux
faire, c'est le prendre sous avis et...
Le Président (M. Rochefort): J'aurais deux demandes, M. le
ministre, a vous soumettre, compte tenu de ce dossier particulier. D'une part,
dans la mesure de vos disponibilités prochaines, je souhaiterais que
vous vous penchiez sur le dossier. Deuxièmement, est-ce vous seriez
prêt à vous engager à rencontrer les représentants
du comité de citoyens du canton Cantley?
M. Bourbeau: Écoutez. Premièrement, on m'avise que
mon prédécesseur avait carrément refusé
d'accéder à leur demande.
Le Président (M. Rochefort): À la suite d'une
rencontre qu'il a eue avec eux. Alors, est-ce que vous seriez prêt
à les rencontrer?
M. Bourbeau: Écoutez. Ce que je vais faire dans le cas
présent, je vais commencer par prendre connaissance du dossier. Vous
comprenez qu'il y a 1512 municipalités au Québec, vous ne m'en
voudrez pas, après trois mois et demi ou quatre mois, de ne pas
connaître les problèmes de chacune des municipalités. Je
vais prendre connaissance du dossier dans les jours qui viennent et je pourrai,
si vous voulez, vous faire une réponse un peu plus tard quand j'aurai
pris connaissance du dossier. Je ne veux pas m'engager à rencontrer des
citoyens avant de connaître le dossier à fond.
Le Président (M. Rochefort): D'accord. Mais vous vous
engagez à m'en reparler.
M. Bourbeau: Oui, je peux bien le faire.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Alors, j'ai deux
dernières questions. Concernant l'île des Soeurs, vous acceptez de
confier un mandat de médiation à la Commission municipale du
Québec.
M. Bourbeau: Au président de la Commission municipale.
Le Président (M. Rochefort): Alors, je vais poser ma
question, à ce moment-là, peut-être au président de
la Commission municipale, si vous m'autorisez à le faire. Compte tenu de
la présence à la Commission municipale de quelqu'un maintenant
qui a déjà eu des positions bien connues dans le dossier en
question - et c'est seulement cet angle de la question que je veux soulever
-est-ce qu'on peut nous assurer que ce nouveau commissaire ne sera
impliqué d'aucune façon dans le dossier compte tenu qu'il s'est
déjà largement et profondément commis sur cette question,
si nous voulons que cette médiation soit crédible, réelle
et à la satisfaction de toutes les parties?
M. Bourbeau: M. le Président, je demanderais au
président de la Commission municipale de répondre à la
question.
M. Beaulieu: D'abord, sur la question du mandat de
médiation, le ministre a bien précisé que c'est un mandat
personnel, à la demande d'ailleurs des parties et que j'ai
accepté parce que c'était un mandat personnel. On a confondu
à plusieurs reprises dans les médias le mandat personnel et le
mandat de la commission. Je suis content d'avoir l'occasion de préciser
ici que c'est le président de la Commission municipale qui intervient et
non pas la Commission municipale, ce qui est très différent.
En quoi consiste le mandat? Le mandat consiste... Et les deux parties
l'ont accepté lorsque je les ai rencontrées... J'ai dit que je ne
voulais pas qu'on ait deux évangiles en ce qui concerne les chiffres en
gardant l'île des Soeurs dans Verdun ou si elle se rattache à
Montréal. Donc, on va vous assister pour que vous vous entendiez pour
parler des mêmes chiffres, en même temps, sur les mêmes
choses. Après, cela tombe dans le domaine politique et cela ne nous
regarde plus. Ils ont dit: D'accord, on est prêt à jouer dans
cette "game"-là. Au moment où je vous parle, les rapports
d'analyses financières commencent à entrer. Deux sont
entrés de la part de Verdun et j'en attends un sous peu de la part de
Montréal. C'est alors que je vais comparer ces données pour
savoir si on parle de la même chose en même temps. Autrement dit,
à titre d'exemple, est-ce que l'île des Soeurs vaut 100 000 000 $
ou 10 000 000 $?
Le Président (M. Rochefort): Une question au ministre, en
deux volets...
M. Beaulieu: II y a aussi la deuxième question.
Le Président (M. Rochefort): Oh!
Excusez-moi! Vous pouvez compléter.
M. Beaulieu: Depuis que je suis responsable des
désignations à la Commission municipale, donc, depuis que j'en
suis le président, j'ai toujours pris un soin jaloux de ne jamais
désigner un commissaire qui pouvait se trouver pour une raison ou pour
une autre non seulement en conflit d'intérêts, mais dont la
présence puisse susciter l'ombre d'un doute sur
l'indépendance de la commission. Quand je précise sur le
mandat personnel que j'ai accepté, c'est que, si le processus
s'enclenche en vertu de la loi et qu'il y ait une demande d'enquête de la
Commission municipale, il est clair que je ne me désignerai pas pour
siéger. Parce qu'il peut arriver que, dans le processus prévu par
la loi, l'on soit appelé par le ministre ou par les
intéressés à tenir une enquête sur
l'opportunité de la fusion. À ce moment-là, tenez pour
acquis qu'il y aura deux commissaires qui seront désignés. Je
n'en ferai pas partie et le nouveau commissaire, non plus.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie de cet
engagement formel dont je prends bonne note. Une dernière question sur
l'île des Soeurs. Est-ce que le ministre serait disposé à
déposer l'étude que le président de la Commission
municipale est à mener, pour des fins d'uniformisation des
données fiscales impliquées pour les deux municipalités?
Les données fiscales et comptables, évidemment.
M. Bourbeau: Le président de la commission
réalisera que les documents qui vont être remis au
président de la Commission municipale vont provenir des
municipalités elles-mêmes. Si les municipalités n'ont pas
d'objection à ce que ces documents soient déposés, on
donnera suite à la demande. Mais, pour le moment, je ne peux pas, de mon
propre chef, m'engager à déposer des documents qui ne
m'appartiennent pas, mais qui vont être remis au président de la
Commission municipale. Cela prendra le consentement de la ville de
Montréal, de la ville de Verdun et de la Commission municipale. Si ces
consentements sont disponibles, je n'ai pas d'objection à ce que les
documents soient rendus publics.
Le Président (M. Rochefort): Merci. J'ai une
dernière question. Ensuite, le député de Joliette m'a dit
qu'il avait une question sur les activités de la Commission
municipale.
Tantôt, M. le ministre, en réponse à une question du
député de Jonquière, vous avez dit que vous étiez
heureux de constater que, depuis le 2 décembre dernier, il n'y avait eu
aucune mise en tutelle réalisée par la Commission municipale du
Québec. La question que je vais vous poser est très
sérieuse et objective. Est-ce que vous faites un lien avec le changement
de gouvernement et une telle situation?
M. Bourbeau: Absolument pas, M. le Président. J'ai
simplement constaté que, depuis l'élection, il y a trois tutelles
qui ont été levées et qu'aucune n'avait été
imposée. J'ai signalé que la santé financière des
municipalités du Québec semblait s'améliorer. Mais de
là à prétendre que la venue du nouveau gouvernement ait
quoi que ce soit à faire avec cela, je vous laisse le soin de juger par
vous-même.
Le Président (M. Rochefort): C'est une question que je
vous adressais à vous; je ne me fiais pas à mon jugement.
M. Bourbeau: Ce serait présomptueux de ma part, M. le
Président; je n'oserais pas dire des choses semblables.
Le Président (M. Rochefort): C'est ce que j'avais compris
et que je souhaitais vous entendre dire pour votre propre bien-être,
évidemment.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'oserais jamais dire des
choses semblables.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: J'ai une interrogation et j'aurai une question
ensuite. Mon interrogation se pose par rapport au principe que vous avez
émis, M. le ministre. Vous avez dit: Quand une municipalité ne
veut pas fusionner, je respecte cela, c'est son affaire. Quel est votre
empressement, à ce moment-là, à nommer un médiateur
pour qu'ils s'entendent, si vous respectez l'autonomie de chacun? (17 h 45)
M. Bourbeau: Mon empressement... C'est la ville de
Montréal qui me l'a demandé. Aussitôt après les
élections, j'ai rencontré les parties: les représentants
de la ville de Montréal, les représentants de l'île des
Soeurs, ceux dont on parle dans les journaux, les représentants de la
ville de Verdun et je leur ai tous dit la même chose, exactement. Je n'ai
pas changé un iota et je leur ai fait valoir ma position. À ce
moment-là, les représentants de la ville de Montréal m'ont
demandé: Auriez-vous objection à ce qu'il y ait une
médiation de la part de... Ils m'ont, d'ailleurs, suggéré
eux-mêmes le président de la Commission municipale. J'ai dit: Non,
je n'ai pas d'objection. J'ai vérifié avec la ville de
Verdun qui m'a dit également: Non, on n'a pas d'objection. C'est
à ce moment-la que la médiation a commencé. Ce n'est pas
mon initiative, c'est celle de la ville de Montréal.
M. Chevrette: D'accord. M. le Président, M. le ministre a
échappé une phrase qui m'a fait penser à une question. Il
a dit ceci: Vous savez, il y a quand même au-delà de 1200 ou 1300
municipalités au Québec, plutôt 1500. C'est même
environ 1600 quelque chose, à part cela.
M. Bourbeau: 1512.
M. Chevrette: Considérez-vous, M. le ministre,
après avoir vécu cinq ou six mois dans votre ministère,
qu'il serait temps qu'au Québec on révise nos positions
vis-à-vis du nombre de municipalités? Cela m'amènera
à deux questions additionnelles.
M. Bourbeau: II y a deux écoles de pensée
là-dessus, M. le député. Il y a ceux qui...
M. Chevrette: C'est la vôtre que je veux avoir.
M. Bourbeau: ...prétendent qu'il n'y en a pas assez et
ceux qui prétendent que le nombre est juste. Je vous dirai que je ne
suis pas de ceux qui pensent qu'il y a beaucoup trop de municipalités au
Québec. On peut faire la démonstration qu'il serait plus rentable
d'en faire disparaître quelques-unes; on peut aussi faire la
démonstration que, sur un autre plan, cela ne serait peut-être pas
si rentable que cela. Je ne donnerai pas une réponse dogmatique à
cette question. Chacun peut avoir son point de vue sur la question. On regarde
cela cas par cas et, quand une démonstration est faite que, d'une part,
une fusion est rentable et que, d'autre part, elle est désirée,
là, on y donne suite.
M. Chevrette: Au-delà de la fusion qui peut être
demandée pour deux ou trois municipalités - ce n'est pas l'objet
de ma question - vous, personnellement, considérez-vous que 1600
municipalités sur le territoire québécois comparativement
à 200 ou 300 en Ontario, par exemple...
Une voix: C'est 500.
M. Chevrette: 500? Je pensais que c'était moins que
cela.
Une voix: Bien non.
M. Chevrette: Considérez-vous que, du point de vue de la
structure administrative, du dédoublement de services, au sein
même d'une MRC, par exemple... C'est votre point de vue bien personnel
que je veux avoir. Comme ministre, vous avez des idées. Ce n'est pas une
question de me décrire les écoles de pensée. Il y en a
même une troisième école de pensée, vous le savez,
et il pourrait y en avoir quatre écoles de pensée. Ce ne sont pas
les écoles de pensée que je veux que vous me décriviez.
Vous êtes là pour répondre à nos questions d'une
façon directe. Votre point de vue ou votre perception personnelle comme
ministre des Affaires municipales?
M. Bourbeau: Ma perception personnelle, c'est que, quand on peut
faire la preuve qu'il y a des économies d'échelle à faire
des fusions de municipalités, évidemment, il est
intéressant de le constater et, s'il y a aussi une volonté de le
faire, je m'en réjouis. Autrement dit, si la volonté de fusion
des populations coïncide avec l'économie d'échelle, à
ce moment-là, je me réjouis de cela. Mais, s'il y a apparence
d'économie d'échelle, mais pas de volonté de fusion,
à ce moment-là, je pense qu'il est préférable de ne
pas en faire.
M. Chevrette: Donc, vous seriez triste souvent parce que vous
savez très bien, M. le ministre - je suppose que vous le savez -qu'il y
a énormément d'économies d'échelle qui pourraient
être faites, par exemple, quand vous avez - je ne sais pas, je vous donne
un exemple de mon comté, à part cela - des villages et des
paroisses sur un même territoire où vous avez deux conseils
municipaux: Sacré-Coeur-de-Jésus, Crabtree, Saint-Alexis village,
Saint-Alexis paroisse, Saint-Jacques village, Saint-Jacques paroisse. Seulement
dans mon comté, j'en ai quatre d'organisés comme cela.
L'économie d'échelle ne doit pas être bien longue à
prouver à ce compte-là. Vous vous attristez purement et
simplement du fait qu'il n'y a pas de volonté politique de la part des
échevins, si je comprends bien.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre. À
l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourbeau: Je peux ajouter pour le bénéfice du
député et de la commission que nous avons actuellement au
ministère une étude en cours sur toute la problématique
des fusions de villages et paroisses. Enfin, c'est un peu différent,
vous parliez plutôt des grosses municipalités tout à
l'heure, mais, dans les villages et paroisses, assez souvent, quand il y a des
fusions, c'est là que cela se passe, le village et la paroisse. Tout
à l'heure, on parlait de Saint-Pierre-les-Becquets, c'était un
cas. On est en train de regarder l'ensemble du dossier des fusions...
M. Chevrette: Combien y en a-t-il au Québec, en
passant?
M. Bourbeau: ...possibles de villages et paroisses.
M. Chevrette: Avez-vous un chiffre? M. Bourbeau: II y a
1512 municipalités.
M. Chevrette: Non, non, de paroisses et de villages, comme cela
qui se dédoubleraient combien y en a-t-il? Avez-vous les
chiffres?
M. Bourbeau: J'ai dans un document
toute la description: combien de villes, combien de villages, combien de
paroisses, combien de cantons. D'après le mémoire, il y aurait
à peu près 500 ou 600 villages-paroisses. Il y a des cantons, il
y a toutes sortes de dénominations. Il y a des municipalités de
canton et des cantons unis. Il y en a eu des petites et des grosses.
En résumé, je dirais que, quand on peut faire
coïncider la volonté populaire avec les intérêts
financiers, il y a lieu de se réjouir et je m'en réjouis.
M. Chevrette: Vous n'en feriez pas une politique, si j'ai bien
compris.
M. Bourbeau: Non, parce que je ne veux pas aller à
l'encontre de la volonté démocratiquement exprimée par les
citoyens.
M. Chevrette: D'accord.
M. Dufour: II y a un point que je voudrais éclaircir avec
vous. C'est une question et je veux avoir une réponse, puis je ne pense
pas que je renchérirai là-dessus. Lorsque vous me dites que dans
le dégroupement, vous pourriez examiner cela, c'est quoi, le
dégroupement?
Vous avez donné tout à l'heure l'exemple de
Baie-ComeauHauterive. Cela semble être l'exemple clé. On ne
pose pas de question, c'est une des réponses à tout le monde: On
ne veut plus de Baie-Comeau Hauterive. Je ne sais pas de quelle
façon on l'interprète, mais on peut avoir chacun notre opinion
là-dessus.
Si vous me dites: Je suis prêt à regarder les
dégroupements, je voudrais savoir si vous avez une position ferme parce
que vous allez nous amener quelques petits problèmes dans le coin.
Probablement pas juste chez nous, un peu partout dans la province. C'est quoi?
C'est important et fondamental.
Pour les groupements, vous dites: Cela dépend comment cela ira,
mais, là, c'est la même municipalité. Les conseils
municipaux pourraient se diviser rapidement et dire: On dégroupe quelque
part, parce qu'à la minute où on va élever la voix, on va
dire: Moi, je divorce. Vous savez comment cela se passe.
M. Bourbeau: II ne faut quand même pas exagérer. Des
dégroupements, il ne s'en est pas fait au Québec depuis 20 ans.
Alors, la seule exception...
M. Dufour: II s'en est fait un à Buckingham, M. le
ministre, dans la région de Gatineau.
M. Bourbeau: J'étais en train de dire que c'était
la seule exception au moment où vous m'avez interrompu. En pratique,
aucune municipalité n'a fait l'objet d'un dégroupe- ment au cours
des 20 dernières années, la seule exception étant celle de
la ville de Buckingham réalisée par une loi spéciale en
1975. Alors, dans le passé, la politique du ministère a
été de décourager toute initiative en ce sens et de
refuser toutes les requêtes qui lui ont été soumises.
Alors, je pourrais dire qu'il n'y a pas présentement de
modification à cette politique, mais comme quand on parle d'un
dégroupement on parle de municipalités qui autrefois
étaient séparées, disons que le principe est un peu moins
rigide que dans le cas d'une municipalité qui voudrait se scinder en
trois ou quatre morceaux et que je ne refuserai pas de regarder attentivement
un cas de dégroupement qui me serait soumis pour voir s'il n'y aurait
pas des conditions particulières.
Pour le bénéfice du député de Joliette,
j'aimerais revenir en arrière - le député de Joliette
semblait intéressé par les statistiques - et lui dire ceci: Au
Québec, actuellement, il y a 1510 municipalités; alors, il y a 2
cités, 255 villes, 116 cantons, 12 cantons unis, 437 paroisses, 450 sans
désignation, 217 villages, 12 villages nordiques, 8 villages cris, 1
village naskapi, pour un total de 1510, plus 39 réserves indiennes et 65
territoires non organisés.
M. Chevrette: Quand vous dites paroisses, c'est
nécessairement jumelé.
M. Bourbeau: Non, non, pas du tout.
M. Chevrette: C'est-à-dire dans le sens de ce que je
donnais comme exemple, Saint-Georges village, Saint-Georges paroisse, ce n'est
pas nécessairement le même s'il y a désignation?
M. Bourbeau: Non, parce qu'il y a 437 paroisses et 217
villages.
M. Chevrette: Donc, c'est pour cela que cela peut être
plutôt 237 jumelages et non pas environ 400, parce qu'habituellement
elles portent toujours le nom de paroisses quand elles sont jumelées
à un village.
M. Bourbeau: II ne semble pas parce qu'il y a deux fois plus de
paroisses que de villages.
M. Chevrette: Oui, mais on dit souvent la paroisse.
M. Dufour: Le village est pris à même la paroisse
normalement.
M. Chevrette: C'est pour cela que je serais porté à
croire qu'il y a 237 jumelages et non pas 400.
M. Dufour: On pourrait continuer cette
conversation-là, mais je voudrais qu'on complète autant
que possible l'élément 2. J'aurais trois questions rapides
à poser au ministre.
M. Bourbeau: J'écoute.
M. Dufour: Cela pourrait même vous donner des informations.
Dans l'enveloppe des subventions spéciales, il y a une
réduction...
M. Bourbeau: À quel endroit êtes-vous?
M. Dufour: Je suis toujours au programme 2.
M. Bourbeau: On revient au programme 2.
M. Dufour: Concernant les subventions spéciales,
l'enveloppe est diminuée. On se demande si c'est seulement à
cause de la dimunition de Plaza Saint-Hubert, une nouvelle municipalité,
ou si vous avez dû refuser d'autres subventions, si vous avez
été plus loin que ce qui était prévisible.
M. Bourbeau: II y a seulement la réduction de Plaza
Saint-Hubert.
M. Dufour: D'accord.
M. Bourbeau: Si vous voulez, je peux vous donner les
détails. La réduction de 2 981 000 $ était attribuable
à la fin du programme de relocalisation des garderies, 700 000 $; la
réduction de l'enveloppe subventions spéciales, 2 216 000 $:
Plaza Saint-Hubert, 2 200 000 $ et un autre montant de 16 000 $ qui est une
subvention à rétablissement de nouvelles municipalités. La
réduction de l'enveloppe compensation taxe d'affaires, 65 000 $. Il
s'agit d'un programme terminé depuis 1984. Les réclamations
à recevoir se font de moins en moins grandes.
M. Dufour: Les crédits de transfert, M. le ministre, 14
300 000 $, n'ont pas changé. Est-ce qu'il y a des éléments
nouveaux, ou pourrait-il y avoir des éléments nouveaux, ou
si les municipalités sont tellement satisfaites qu'elles n'ont pas
trouvé le moyen de changer quoi que ce soit?
M. Bourbeau: II s'agit du programme de péréquation
issu de la réforme de la fiscalité municipale. Il n'y a aucune
modification de prévue pour l'année courante.
M. Dufour: D'accord. Aux crédits détaillés,
services quasi judiciaires en gestion, l'élément 4 du programme,
il y a une diminution de 148 300 $ à la catégorie traitements,
une baisse de 8500 $ à la rémunération. Il semble qu'il
n'y ait aucune variation aux effectifs. Effectivement, quand on regarde les
emplois permanents, 33; occasionnels 2, donc pour le même nombre, vous
avez 57 000 $ de réduction. Est-ce encore de la...
M. Bourbeau: II s'agit d'une détermination plus
rigoureuse, à partir des bordereaux de paie, des estimations de montants
à payer en tenant compte des normes du Conseil du trésor.
M. Dufour: Espérons que les fonctionnaires vont garder le
sourire toute l'année.
M. Bourbeau: Disons qu'on a affilé un peu plus notre
crayon.
M. Dufour: II reste deux minutes. Il y aurait peut-être un
dernier point que j'aurais aimé soulever. Celui-là, je ne vous
cache pas que c'est un dossier qui a fait l'objet de beaucoup de discussions
ici l'an dernier; il s'agit du golf de Saint-Césaire. Il y a un projet
de loi privé qui est supposé normaliser la situation - il semble
que cela a fait l'objet aussi d'un conflit juridique de dix ans - qui doit
être présenté par le député d'Iberville.
Est-ce que vous, M. le ministre, avez une opinion sur ce projet de loi qui est
projeté?
M. Bourbeau: Je m'excuse, quelle est la question?
M. Dufour: Est-ce que vous avez une opinion de la part des
experts de votre ministère concernant ce projet de loi qui est
supposé... Parce qu'on va être obligé de parler tout le
temps avec beaucoup... En tout cas, cela part encore d'une coupure de journal,
La Voie de l'Est, je ne sais pas si c'est vrai, mais c'est encore là.
C'est en date du 6 mars, le député Tremblay parrainera un projet
de loi privé concernant le golf Saint-Césaire. Le titre de
l'article: "Le comité de citoyens débouté en Cour
d'appel".
M. Bourbeau: M. le maire... M. le député de
Jonquière - je vous fais un honneur en vous appelant M. le maire, vous
savez combien sont importants les maires -on m'avise que le projet de loi
n'aurait pas encore été déposé. Ce serait un projet
de loi privé. Toute l'affaire serait encore devant les tribunaux. On est
devant un sub judice. Je pense qu'on est mieux de ne pas trop en parler.
M. Dufour: II y a des journaux encore qui parlent trop vite.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! 11 est 18 heures. Compte tenu
qu'on a des conflits d'horaire pour la poursuite de nos travaux, compte
tenu du retard de 50 minutes que nous avons pris, si vous le permettez, de
consentement unanime, nous allons suspendre deux minutes pendant que tout le
monde est présent pour tenter de conclure une entente quant a la
façon de rattraper ces 50 minutes. Est-ce qu'il y a consentement pour
que nous suspendions deux minutes. Nous reprendrons pour formaliser
l'entente.
Il y a consentement pour que nous suspendions les travaux deux minutes
pour conclure une entente sur le rattrapage de 50 minutes. Nous reprendrons 30
secondes pour formaliser cette entente et nous suspendrons à nouveau par
la suite.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 18 h 4)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jonquière.
C'est simplement pour formaliser l'entente intervenue. À moins de
l'objection d'un membre de la commission qui devrait se manifester maintenant,
il y aurait une entente entre les membres de la commission pour reprendre nos
travaux à 19 h 30 et déborder après 22 heures, le temps
qu'il faudra pour rattraper le temps perdu aujourd'hui.
Est-ce que cette entente est agréée par l'ensemble des
membres de la commission? C'est adopté?
Est-ce qu'il y avait d'autres questions quant au programme 2? Oui ou
non?
Une voix: Non, cela va.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que le programme 2 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Les éléments de
1 à 4, cela va? Merci.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
(Reprise à 19 h 41)
Le Président (M. Rochefort): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux et poursuit son mandat de l'étude des crédits du
ministère des Affaires municipales. Au moment de la suspension de nos
travaux pour l'heure du souper, nous nous étions entendus d'abord pour
recommencer à peu près à une heure qui ressemble a l'heure
où nous sommes rendus, et pour filer un peu après 22 heures pour
remplir l'enveloppe de temps allouée pour l'étude des
crédits du ministère des Affaires municipales. Nous avions
procédé à l'adoption des programmes 1 et 2. J'appelle donc
le programme 3, Évaluation foncière. M. le député
de Jonquière.
Évaluation foncière
M. Dufour: L'évaluation foncière, il semblerait
qu'il y a, en fait, globalement une variation en fonction des dépenses
probables de 11 641 000 $ pour une hausse de 4,5 %. Dans les crédits
détaillés, à la catégorie du fonctionnement de
personnel, il y a 54 personnes en cause qui travaillent. Qu'est-ce que cela
veut dire, cette... Comme il n'y a pas de diminution de personnel, comment
peut-on parler de réduction de 51 400 $?
M. Bourbeau: La réponse à cette question est la même
que celle que nous avons faite pour les programmes précédents. On
a tenté, à l'aide des bordereaux de paye, de calibrer exactement,
au dollar près, ce que pourraient être les dépenses
à ce sujet. Également, une autre information: une
réduction nette de deux postes, de deux équivalents temps plein
à l'élément 5 qui est le BREF, le bureau de...
Êtes-vous dans le général ou dans
l'élément 1?
M. Dufour: Non, je suis dans l'élément 1.
M. Bourbeau: L'élément 1, c'est la réponse
que j'ai donnée tout à l'heure. C'est simplement un calibrage un
peu plus serré des listes de paye.
M. Dufour: Cela va. Il y a aussi à la supercatégorie
Fonctionnement - Autres dépenses, une réduction de 81 300 $. Vous
trouvez cela au programme 3, élément, 1 aussi. Quand on regarde
dans le fonctionnement, dans la grande catégorie de 1, vous parlez du
résultat d'une réduction de 171 300 $, à
l'élément 1. Donc, il y a un écart, à ce qu'il nous
semble, en tout cas, qu'il nous est difficile d'identifier. Est-ce qu'on peut
savoir de quoi on parle, tantôt d'un montant, tantôt de l'autre?
Cela n'a pas l'air à se recouper.
M. Bourbeau: M. le député, nous sommes quatre ici
et il n'y a personne qui a compris exactement à quel point vous
êtes.
M. Dufour: D'accord.
M. Bourbeau: II faudrait peut-être que vous reveniez...
M. Dufour: D'accord. On va répéter, ce n'est pas
compliqué. Quand on regarde le programme 3, élément 1,
vous avez: Fonctionnement - Autres dépenses, globalement. Vous avez un
écart de 81 300 $. D'accord? Vous revenez avec les crédits
détaillés, le programme 3, globalement. C'est marqué:
Fonctionnement - Autres dépenses. C'est 852 500 $. Vous dites à
une place que le résultat de la réduction est de 171 300 $
à l'élément 1. J'essaie de trouver s'il y a un recoupement
quelque part.
M. Bourbeau: Dans les autres dépenses, ici, il y a une
augmentation de 852 000 $ au total du programme. Je dirais que l'explication
est la suivante. Prenons le programme 3 lui-même, l'ensemble de ce
programme, où il y a une augmentation de 852 500 $. Alors, cette
variation est le résultat d'une réduction de 171 300 $ à
l'élément 1, de 20 000 $ a l'élément 5 en regard
des diverses catégories de dépenses et de l'attribution de
crédits au montant de 953 800 $ pour le paiement à la
Société immobilière du Québec du loyer du Bureau de
révision de l'évaluation foncière ainsi que d'un montant
de 90 000 $ nécessaire aux dépenses de fonctionnement de la
Commission d'étude sur la ville de Québec. Alors, il y a des plus
là-dedans, autrement dit. Le plus, c'est le loyer de 953 000 $ qu'on
doit payer à la S1Q pour le Bureau de révision de
l'évaluation foncière et les 90 000 $ pour la Commission
d'étude sur la ville de Québec. Par contre, il y a des
réductions de 171 000 $ à l'élément 1 et de 20 000
$ à l'élément 5 pour diverses catégories de
dépenses, ce qui fait un net plus de 852 500 $.
M. Dufour: Si j'ai bien compris le ministre, on devrait faire un
peu plus de recherche pour trouver la différence; cela se recoupe
quelque part. Pour nous, à première vue, cela ne nous semble pas
être probant et cela ne semble pas être aussi évident qu'on
le voudrait bien. La question était celle-là.
M. Bourbeau: Est-ce que vous voulez que je répète
encore la réponse?
M. Dufour: On peut peut-être laisser cela en suspens. Ce
n'est peut-être pas une question de fond qui va nous empêcher de
dormir pour le moment. On reviendra peut-être à la charge pour
demander à... Cela va.
Les crédits de transfert, à l'élément
1, qui étaient de 197 400 $ en 1985-1986, sont diminués ou
réduits à néant en raison de l'abolition du programme
PAIRE. Est-ce que le ministre peut nous expliquer les raisons de cette
abolition, si cela ne s'applique plus aux municipalités
concernées? Est-ce que c'est la fin du programme complètement?
Est-ce que cela n'est pas renouvelé ou si cela a été
remplacé par PAIRA ou... C'est au paiement de transfert. On est toujours
au programme 3, élément 1, transfert?
M. Bourbeau: Le programme PAIRE, c'est le programme d'assistance
pour la préparation des rôles d'évaluation foncière.
C'est un programme qui est mort au champ d'honneur en 1983. Il restait encore
des montants à payer dans les années suivantes. Alors, le solde a
été payé en 1985-1986, soit 197 400 $, et comme le
programme est annulé depuis déjà trois ans on a fini de
payer les derniers montants, il ne reste plus rien à payer. Alors, il y
a 0.
Compensations tenant lieu de taxes
M. Dufour: D'accord. Concernant toujours le programme
d'évaluation foncière, les compensations tenant lieu de taxes
à l'égard des immeubles du gouvernement, il y a une seule
variation, soit 649 900 $ et c'est au titre des transferts. Est-ce que vous
pouvez nous indiquer en quoi consiste les nouveaux investissements immobiliers?
Je pense qu'on peut en identifier peut-être un certain nombre, mais je ne
pense pas qu'on puisse identifier l'ensemble.
M. Bourbeau: La question que vous posez, c'est pourquoi...
M. Dufour: Comment peut-on identifier les nouveaux
investissements immobiliers, parce qu'en fait ce sont les "en lieu" de taxes,
si j'ai bien compris?
M. Bourbeau: L'information nous parvient des ministères de
l'Éducation et des Affaires sociales, du gouvernement aussi, nous
indiquant qu'il y a eu de nouvelles constructions en cours d'année et
que les estimations sont dans le sens qu'il devrait y avoir tant
d'évaluation dans l'année, donc tant de taxes. Nous calculons le
montant de taxes que cela devrait produire et on l'inscrit au budget pour
paiement éventuel aux municipalités concernées.
M. Dufour: Donc, c'est globalement; il n'y a pas
d'élément spécifique qu'on peut identifier d'un coup.
M. Bourbeau: Écoutez, ce n'est pas tellement important,
649 000 $, par rapport à un budget de 17 000 000 $, c'est 5 %,
même pas, c'est 3 % ou 4 %. Alors...
M. Dufour: Mais cela comprend aussi, j'imagine, les
suppléments de taxation que les municipalités imposent aux
contribuables; c'est basé sur l'apport fiscal.
M. Bourbeau: On paie 100 % pour les immeubles du gouvernement et
ce sont tous
les taux de taxes.
M. Dufour: Quant au réseau des affaires sociales, ce
serait probablement... Pour le ministère de l'Éducation, c'est au
même titre, c'est la même réponse, on va gagner du
temps.
M. Bourbeau: C'est la même façon de
procéder.
M. Dufour: Un plafonnement des taxes foncières sur les
terres agricoles, il n'y a aucune variation; donc, il n'y a pas de changement
prévisible.
M. Bourbeau: Évidemment!
M. Dufour: Est-ce qu'il y a des contestations dans cela?
M. Bourbeau: On prévoit, pour l'année qui vient,
les mêmes montants, les mêmes réclamations que pour
l'année précédente. En ce qui concerne les
réclamations - on est en train de vérifier, il semble qu'il y en
a... En 1986-1987, on me dit qu'il y a 105 plaintes.
M. Dufour: Oui, 105 plaintes.
M. Bourbeau: Pour l'année précédente, cela
avait été 58; donc, il y a eu une augmentation.
M. Dufour: Est-ce que ces plaintes proviennent des... Comment
est-ce que cela fonctionne? Est-ce que ce sont des plaintes qui proviennent des
municipalités, du ministère ou...
M. Bourbeau: Chaque réclamation qui provient des
municipalités est examinée par les services du ministère.
Si on estime que la réclamation est exagérée, on peut,
comme tout autre contribuable, faire une plainte au Bureau de révision
de l'évaluation foncière, parce qu'on estime cette
évaluation trop élevée. Entre-temps, on paie le plein
montant de taxes quand même à la municipalité et on attend
la décision du Bureau de révision de l'évaluation
foncière, comme le ferait un autre contribuable.
M. Dufour: Mais est-ce que cela arrive couramment, actuellement,
que le ministère a des plaintes de formulées concernant ce point
des terres agricoles?
M. Bourbeau: Les plaintes viennent du ministère; c'est le
ministère qui porte les plaintes parce que c'est nous qui payons. On
paie aux municipalités les montants réclamés en vertu du
programme. Alors, si nous estimons que l'évaluation est
exagérée, nous prenons l'initiative de faire une plainte sur
l'évaluation et cela suit le cours normal des choses.
M. Dufour: C'est, en fait...
M. Bourbeau: Cette année, il y aurait eu 105 plaintes.
M. Dufour: Oui. En fait, c'est un des problèmes qui
ressemblent aussi aux contestations qu'on a connues à la
Société d'habitation du Québec, où il y avait un
certain nombre de plaintes. Ce dossier, est-ce qu'il est complètement
vidé ou s'il est encore en cours? Je comprends que cela cause un paquet
de problèmes aux municipalités.
M. Bourbeau: Vous parlez du dossier de la SHQ?
M. Dufour: De la SHQ, c'est un peu la même chose. Tout ce
que le ministère paie, il peut avoir l'idée de contester et il le
fait, effectivement.
M. Bourbeau: Écoutez, la SHQ a les mêmes droits
qu'un contribuable ordinaire. Si, dans une municipalité donnée,
il arrive que l'évaluateur s'emballe et qu'à l'égard des
édifices gouvernementaux ou des édifices de la SHQ on porte au
rôle des évaluations qui sont de 120 % supérieures à
la valeur marchande, la SHQ a le même droit qu'un contribuable, à
savoir de contester son évaluation municipale. Elle l'a fait dans
plusieurs cas, et avec succès d'ailleurs. Je pense que la SHQ est tout
à fait dans son droit de contester des évaluations quand il lui
apparaît que ces dernières sont exagérées.
M. Dufour: Mais on connaît la capacité de
défense des municipalités. Il y a des petites
municipalités, il y a beaucoup de municipalités qui ont des HLM
dans leur territoire. Quand il y a des plaintes déposées, par
rapport à ces municipalités-là, concernant les logements,
est-ce qu'on ne peut pas dire quand vous avez gagné que, des fois, la
municipalité a laissé tomber une partie de sa défense par
rapport à la position du ministère? Il ne faut pas se faire
d'illusions, il y a beaucoup de municipalités qui, vis-à-vis du
ministère, se tiennent assez loin.
M. Bourbeau: Là, vous parlez de la SHQ?
M. Dufour: Par exemple, est-ce que vous pouvez me dire combien il
y a de plaintes actuellement en suspens pour la SHQ? Combien il y en avait l'an
passé? Combien il y en a de réglées? De quelle
façon cela s'est réglé?
M. Bourbeau: Écoutez, M. le député, vous
savez que la SHQ, ça va être étudié demain matin. Il
m'est absolument impossible de répondre combien il y a de plaintes,
c'est une question tellement spécifique. Demain, le président par
intérim de la SHQ va être ici. On posera les questions
là-dessus et je suis convaincu qu'on pourra avoir les réponses de
la même façon que je peux vous dire ce soir qu'en ce qui concerne
le programme de compensation de l'effet de plafonnement des taxes
foncières sur les terres agricoles il y a eu 105 plaintes au cours de
l'année courante. Demain matin on vous dira combien il y a eu de
plaintes à la SHQ.
M. Dufour: Justement, le problème que j'avais, je me
demande si on va y toucher en touchant les problèmes de l'habitation. On
n'aura pas discuté nécessairement par rapport à
ça.
M. Bourbeau: Vous avez l'initiative des questions, M. le
député. Vous les poserez demain, on pourra y toucher.
M. Dufour: Oui, on va essayer.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, pour votre
information, il faut quand même tenir compte que les questions du
député de Jonquière abordent la question par le biais de
l'évaluation foncière au plan municipal, donc, des
problèmes que l'ensemble des municipalités du Québec
peuvent rencontrer quant à l'évaluation foncière. Je pense
que sa question est pertinente aujourd'hui. Je comprends toutefois que vous
nous disiez que les gens qui pourraient vous fournir des réponses ne
sont pas présents ici. Il faut aussi tenir compte du fait que le
député de Jonquière ne sera peut-être pas ici demain
puisqu'il n'est pas critique en matière d'habitation. Je ne sais pas
s'il y a un moyen terme entre les deux. Peut-être que le responsable du
BREF peut nous fournir des informations.
M. Bourbeau: M. le Président, tenter de vous donner le
maximum de réponses, c'est ce qu'on est en train de faire. On regarde si
ce ne serait pas possible, de l'autre côté de la clôture, de
voir si on n'aurait pas les plaintes ici.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, vous me
permettrez de dire que c'est un sujet qui a été longuement
abordé à la table Québec Municipalités dans les
dernières années.
M. Bourbeau: M. le Président, on n'est pas en mesure de
vous dire combien il y a de plaintes pour la SHQ. Il faudrait attendre à
demain. Possiblement que demain les dirigeants pourront nous le dire. Je vous
suggère soit de venir demain matin ou de demander à votre
collègue, le député de Shefford, de poser la question. On
lui donnera la réponse. Ce n'est pas de la mauvaise volonté, mais
on n'a pas l'information sur le nombre de plaintes.
M. Dufour: Je concours dans ce que M. le président a dit,
mais dans le dossier de l'habitation, qui est tellement vaste, vous avez
semblé attaquer beaucoup de problèmes en défaut en
même temps, plus l'entente fédérale. J'ai l'impression que
mon collègue, le député de Shefford, n'y touchera
possiblement pas, sans présumer! Je vais essayer de faire un effort pour
être présent, comme j'ai l'habitude de faire. Vous savez qu'un
maire, d'habitude, c'est présent, normalement.
Évaluation industrielle
II y a peut-être un autre point que j'aimerais soulever, c'est la
question de l'évaluation industrielle. Je n'ai pas à cacher que
c'est un problème qui me tient à coeur et je calcule qu'il n'est
pas réglé. Le gouvernement ou le ministre des Affaires
municipales doit mettre le maximum d'efforts pour trouver une solution à
ce problème qui, à mon sens, pertube l'administration municipale
et est de nature à créer, jusqu'à un certain point, un
préjudice parmi les contribuables. Si, d'une part, les compagnies
peuvent retenir des montants d'argent appréciables qui changent la
nature des budgets municipaux et que le contribuable ordinaire ne peut pas le
faire, il y a une injustice qui a l'air apparente à mes yeux. (20
heures)
Deuxièmement, je pense que le gouvernement, qui se veut
être un contribuable exemplaire par rapport à l'ensemble des
contribuables du Québec, ne peut pas laisser impunément des
compagnies, avec toutes leurs forces, avec leurs capacités
financières et même avec "les bienfaits" qu'elles peuvent apporter
dans un milieu, parce qu'il y a aussi des inconvénients... Je ne suis
pas anticompagnie quand je dis cela. C'est seulement une question de remettre
les choses dans leur vraie perspective. À mes yeux, la taxe industrielle
n'est pas réglée et c'est nécessaire et urgent, d'autant
plus que l'Union des municipalités et la Chambre de commerce provinciale
ont étudié un certain nombre d'avenues. L'Union des
municipalités possède une expertise assez grande et a mis
beaucoup d'efforts pour essayer de trouver des solutions à ce
problème. En 1986, le 15 avril, on n'a pas encore pris de
décision et ce qui est plus grave encore, c'est que, actuellement, la
loi se négocie et, probablement, à rabais. Donc, je ne crois pas
que le législateur ait eu à l'esprit, lorsque la réforme
municipale a été faite, de diminuer
les ressources des municipalités.
On parle d'évaluation industrielle, mais pas seulement dans la
grande industrie. On parle aussi de l'évaluation industrielle en
forêt. On parle de l'article 65.1, mais il y a d'autres articles qui
touchent les petites municipalités qui ont des industries
forestières dans leurs limites, où certaines compagnies qui ont
des investissements ont décidé unilatéralement - et le
BREF leur a donné raison - de ne pas payer de taxes pour
l'investissement qu'elles avaient fait en forêt. M. le ministre peut bien
nous dire qu'il y a certaines municipalités qui ont taxé les
couteaux et les fourchettes, je ne pense pas qu'il y ait plusieurs millions
dans les couteaux et les fourchettes et dans les hôtels, quels qu'ils
soient, au Québec; mais il y a des millions d'évaluation, et
certainement des centaines de milliers de dollars et des millions de revenus
dans le problème de l'évaluation industrielle, qu'on parle de
petites ou grandes industries. Cela demeure un problème fondamental.
Actuellement, depuis quelque temps, à mon sens, les industries
faillissent à leur rôle social qui est de payer des taxes comme
tous les contribuables au Québec, même si elles pensent qu'elles
sont trop taxées.
Je voudrais rappeler aussi, à la fin de cette intervention, que
M. Pierre Lortie, qui n'est pas le dernier venu, disait, il y a deux ans, que
le climat de la petite et moyenne industrie, au Québec, était le
meilleur en Amérique du Nord, non seulement au Canada, mais en
Amérique du Nord. Donc, si c'est vrai, d'une part, qu'il y a eu des
efforts de la part de la population pour créer un climat favorable aux
industries, d'autre part, il faudrait aussi qu'en retour ces compagnies
puissent vivre comme de bon contribuable, qu'on retrouve une certaine paix
sociale et en même temps un climat favorable aussi a l'expansion de ces
mêmes industries.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y a une question?
M. Dufour: La question, c'est: qu'est-ce que le ministre
prévoit faire dans ce dossier qui concerne l'évaluation
industrielle, non seulement la grande, non seulement l'article 65.1, mais aussi
celle qui concerne les industries forestières?
M. Bourbeau: La question est d'importance, il s'agit de
l'évaluation industrielle. Il faut bien penser qu'il y a, d'une part,
les municipalités qui veulent avoir un maximum de revenus des biens
fonciers qui sont situés sur leur territoire et, d'autre part, il y a
les contribuables du secteur industriel qui veulent, je présume, payer
des taxes, mais ne pas en payer plus, relativement, que les autres
catégories de contribuables. Alors, la Loi sur la fiscalité
municipale avait établi, à l'article 65.1, une définition
de ce que devaient être des immeubles par destination. On avait convenu
que les biens qui étaient utilisés à des fins de
production ne seraient pas taxés et que les autres seraient
taxés. Maintenant, il semble que la définition de l'article 65.1
ne soit pas assez précise pour cerner ce qu'est un immeuble par
destination; et les jugements, les interprétations de la cour, du Bureau
de révision de l'évaluation foncière sont allés
dans une direction qui a fait qu'on a jugé comme étant des
immeubles par destination des choses qui, possiblement, n'auraient pas dû
l'être.
Je parlais ce matin des couteaux, des fourchettes et des
cuillères. Je ne dis pas que le tribunal a erré. C'est dans
l'interprétation de l'article de loi qu'en a faite le tribunal, avec
laquelle certains ne sont pas d'accord. Maintenant, si le tribunal a
jugé de cette façon, c'est peut-être parce que l'article
n'était pas assez clair.
Alors, on a tenté, l'an dernier, avec la loi 45, je crois...
Une voix: C'est cela.
M. Bourbeau: ...de clarifier le problème, mais il semble
que la rédaction n'était pas assez claire encore là et
que, en dernière analyse, le gouvernement a retiré du projet de
loi omnibus les articles qui auraient pu régler le problème.
Devant cela, nous avons décidé de reprendre le bâton
du pèlerin, si je peux dire, et de tenter de régler le
problème. Alors, je vous signale qu'aussi récemment que le 4
avril 1986 j'écrivais au président de l'Union des
municipalités du Québec, M. Jean Corbeil, et je lui faisais part
de notre intention de souscrire à la démarche qui est
présentement entreprise par l'Union des municipalités du
Québec, de concert avec la Chambre de commerce du Québec, de
procéder a l'analyse de différents éléments
composant l'assiette fiscale des immeubles visés par l'article 65.1 de
la Loi sur la fiscalité municipale.
Alors, nous avons décidé de former un comité de
juristes spécialistes en législation, afin d'éviter tout
malentendu d'ordre législatif. Ces experts vont se mettre à
l'ouvrage tout de suite - ils sont déjà au travail, d'ailleurs -
afin de tenter de cerner d'une façon plus précise le sens de ce
qu'on veut interpréter comme étant des immeubles par destination.
Nous avons proposé à l'Union des municipalités du
Québec et à la chambre de commerce la démarche suivante:
il y aurait d'abord des rencontres entre les représentants du
comité d'étude de la chambre de commerce et de l'Union des
municipalités du Québec et les représentants du
ministère des Affaires municipales, ainsi que ceux du comité des
légistes d'ici à la
fin du mois d'avril. Nous tenterions de déterminer une position
commune avant la fin du mois de mai sur le sens de l'article 65.1 et sur les
éléments composant l'assiette fiscale des immeubles qui sont
visés par cet article.
Au cours de l'été, aux mois de juin, juillet et
août, il y aurait des consultations des municipalités par les
unions - par l'Union des municipalités du Québec et par l'Union
des municipalités régionales de comté - ainsi qu'une
consultation des secteurs industriels et des secteurs d'affaires par la chambre
de commerce; il n'y a pas seulement les industries là-dedans, il a aussi
les secteurs d'affaires. On parlait, par exemple, du secteur des hôtels;
toute l'hôtellerie est importante.
Après cela, la position définitive des unions, soit
l'Union des municipalités du Québec et l'Union des
municipalités régionales de comté, ainsi que celle de la
chambre de commerce seraient certainement arrêtées aux alentours
du 15 septembre, a l'égard toujours des éléments composant
l'assiette fiscale. J'ai l'intention de proposer un mémoire au Conseil
des ministres vers la mi-octobre pour déboucher, vous l'avez bien
deviné, sur un projet de loi qui serait déposé à
l'automne 1986, pour être adopté avant l'ajournement de Noël
1986. Voilà, M. le député, ce que nous entendons faire
relativement à la solution de ce problème.
M. Dufour: Autrement dit, la loi que vous vous proposez de faire
adopter ou de mettre en place ne trouverait pas son application avant 1987.
M. Bourbeau: Nous...
M. Dufour: Si on regarde le cheminement de la Loi sur
l'évaluation foncière, il y a un certain nombre de dates à
respecter pour le dépôt, pour la contestation, etc. Et, comme il y
a de gros ensembles là-dedans, surtout s'il y a des amendements quelque
peu majeurs, les évaluateurs n'auront jamais le temps de faire ce
travail.
M. Bourbeau: Effectivement, comme vous pouvez le constater, le
calendrier dont je parle prévoit que, si tout fonctionne comme on le
souhaite, les amendements législatifs seraient adoptés à
la fin de la présente année. Alors, on ne peut pas faire plus
vite que cela, il faut quand même respecter le processus.
M. Dufour: J'avais raison de dire que l'application ne serait pas
possible avant 1987. C'est juste une information, je sais qu'il y a des experts
à côté de vous.
M. Bourbeau: D'une certaine façon, sur le plan formel,
vous avez raison. Il n'y a rien qui empêche cependant les
évaluateurs... Les évaluateurs ne font pas tous la même
chose présentement. Chacun interprète l'article 65.1 un peu
à sa façon. Il y en a qui y vont avec beaucoup plus
d'enthousiasme que d'autres. Je parle d'enthousiasme à dessein,
d'ailleurs. Je ne veux leur prêter aucune mauvaise intention. Il y a
là-dedans un facteur d'appréciation personnelle qui varie d'un
évaluateur à l'autre. Alors, devant l'intention manifeste du
législateur, il est possible que certains évaluateurs, à
partir de maintenant, y aillent avec beaucoup plus de modération, mais
je ne peux pas présumer de ce que feront les évaluateurs
jusqu'à ce que la loi soit amendée.
Une voix: ...
M. Bourbeau: II y aurait peut-être une possibilité -
je dis cela sous toutes réserves - qu'on puisse indiquer dans la loi
qu'une fois que le rôle serait déposé l'évaluateur,
après l'adoption de la loi, pourrait corriger ses évaluations.
Mais il faudrait quand même vérifier avec les légistes si
cette solution est possible.
M. Dufour: Mais vous, comme ministre des Affaires municipales, le
mandat que vous avez confié à ce comité de sages, ce
comité élargi... Je trouve que ce n'est pas une mauvaise
idée d'avoir des intervenants - un peu différents dans un
comité. Je pense que l'on approuve cette démarche. Vous, comme
ministre, est-ce que vous avez dans l'esprit que ce qui va sortir de ce
comité, il faut que ce soit un consensus? Parce que vous nous avez
dit... Je prends toujours le phénomène que vous êtes
observateur, vous écoutez, vous marchez par consensus, mais je pense que
là c'est difficile de marcher par consensus, à moins que l'on
cède tous. Cela est un élément qui me vient à
l'esprit. Mais est-ce que vous avez l'intention de bonifier l'assiette fiscale
selon l'esprit - en tout cas, je pense - que le législateur avait au
moment de l'adoption de la loi? Parce que, dans les recherches que l'on a
effectuées à ce sujet, ce n'était pas pour diminuer le
rendement de la taxe foncière que cette loi a été
proposée.
M. Bourbeau: M. le député, c'est vrai que
l'intention était de bonifier, comme vous dites, l'assiette fiscale. La
Loi sur la fiscalité municipale a permis entre autres à la ville
de Jonquière de bonifier singulièrement son évaluation
foncière. Et je ne pense pas que la ville de Jonquière, en
dépit des petits problèmes qu'elle a eus avec l'Alcan, puisse
prétendre que son évaluation foncière n'a pas
été bonifiée à la suite de l'adoption de la Loi sur
la fiscalité municipale.
Je pense que l'évaluation de Jonquière est passée
de 100 000 000 $ à peu près à 500 000 000 $, à la
suite de cette loi, en chiffres un peu gros, mais...
M. Dufour: Pas tant que cela.
M. Bourbeau: Pardon? Pas tant que cela? Enfin, on parle d'un
ordre de grandeur...
M. Dufour: La qualité de la ville de Jonquière,
c'était son administration.
M. Bourbeau: Ah bon. Alors...
M. Dufour: Ce ne sont pas juste des questions de taxes
foncières.
M. Bourbeau: M. le député, je ne mets aucunement en
doute la qualité de votre administration, mais il reste quand même
que vous ne pouvez pas prétendre que cette loi a diminué
l'assiette fiscale de la ville de Jonquière. Je pense qu'elle a
été très bénéfique même à la
ville de Jonquière. Maintenant, je vous signale que le comité
dont on parle, c'est un comité qui existait déjà entre la
chambre de commerce et l'Union des municipalités du Québec. Et ce
comité a indiqué qu'il serait souhaitable que les travaux se
poursuivent avec la participation du ministère des Affaires municipales.
Alors, je pense qu'il est bon que dans un comité semblable les deux
mondes soient représentés, le monde municipal qui taxe et le
monde du commerce et de l'industrie qui est taxé, de façon que
l'on puisse dégager un consensus. Moi, je crois à la
possibilité de consensus. Mon expérience dans le monde municipal,
qui est moins longue que la vôtre, je vous le concède, m'a
indiqué qu'il est toujours préférable de tenter d'obtenir
un consensus dans ce milieu. Alors, je pense qu'en procédant comme nous
voulons le faire il y a moyen d'en arriver à un consensus qui nous
permettrait de déposer à l'automne 1986 les amendements à
la loi qui pourrait être adoptée d'une façon relativement
paisible, si je peux dire. (20 h 15)
M. Dufour: Encore là, je reviens un peu à la charge pour
les évaluations foncières. Il ne faut pas non plus tomber dans
l'excès, en ce sens que quand tout le monde est d'accord cela va
nécessairement bien. D'abord, on ne sait pas ce qui se passe en dessous
de la couverture... Je veux bien travailler avec des consensus, je veux bien
que tout le monde soit heureux autour de moi, mais ce n'est pas une condition
essentielle pour que je puisse respirer. Si c'était cela, je voudrais,
au point de vue de l'environnement, qu'il n'y ait aucune espèce de
pollution autour de moi pour me sentir heureux. Ce n'est pas ce qui arrive dans
la vie de tous les jours.
Donc, quand on voit tout ce beau monde assis à la même
table, tout ce beau monde qui depuis de nombreuses années se regarde
comme chien et chat, tout ce beau monde - ne cachons pas les mots - qui est en
guerre ouverte par rapport à ce dossier, je pense qu'il faut qu'il y ait
une volonté politique de vraiment rechercher, par cette démarche,
les bienfaits de la loi qui a été pondue et pensée
à l'époque.
Je peux vous donner des exemples. Quand on parle des installations
industrielles en forêt, il n'a jamais été question, en tout
cas dans mon esprit, que des municipalités soient privées de ces
revenus. On sait qu'il y a quelques compagnies... Vous savez, il n'y a rien
comme... L'appétit vient en mangeant. Il n'y a qu'à regarder
comme l'os est beau; tout le monde saute dessus. On n'aurait jamais
pensé que des compagnies qui se sont toujours bien comportées,
comme des contribuables extraordinaires - je connais quelques-unes de ces
compagnies - du jour au lendemain décideraient qu'elles n'avaient pas de
taxes à payer là-dessus parce que la loi leur ouvrait une porte.
Je pense qu'il y a eu de l'abus. Peut-être que les municipalités
ont abusé jusqu'à un certain point, mais je ne suis pas sûr
que l'abus vienne seulement d'un côté. C'est assez rare, en tout
cas, se connaissant comme on se connaît, que l'abus puisse venir
seulement d'un côté. D'un côté comme de l'autre, il y
a peut-être eu de l'abus, mais non pas de la mauvaise volonté de
la part des municipalités. J'en suis convaincu. Il n'y a pas de
municipalité, à mon sens, qui ait donné des ordres
à des évaluateurs de surévaluer des équipements ou
des immeubles pour aller chercher plus de taxes. En tout cas, je comprendrais
mal cela de la part des gens avec qui j'ai travaillé pendant de
nombreuses années et que je respecte beaucoup.
Donc, il faut qu'il y ait au départ, à la base, une
volonté politique de régler le problème sans qu'il y ait
des pénalités extrêmes, sans mettre en danger la vie des
municipalités. Cela me semble drôlement important. C'est pour
avoir la paix sociale. Ne pensons pas créer des climats valables et
valorisants si on laisse pourrir des situations aussi longuement.
Il y a un cheminement qui a été fait pendant un certain
nombre d'années et peut-être que ce cheminement devait se faire
mais, à l'étape où on en est, où la loi est
négociée, cela me semble, en tout cas... Cela doit être
frappant pour tout le monde. On négocie des lois parce que les
municipalités ne veulent plus dépenser.
Dans la ville de Jonquière, qu'est-ce que cela a
coûté? Environ 3 000 000 $, la contestation de
l'évaluation. Je ne parle pas de la part de la compagnie. Vous trouvez
que cela se tient quelque part? Moi, en tout
cas, je suis démonté par cela. Il n'y avait pas de
solution. C'était mûr pour une bataille. Qui est-ce qui a mis
l'argent dans sa poche? Ce n'était pas un comité de
bénévoles, cela a été vraiment des gens qui ont
été payés, et largement. Probablement aussi qu'ils avaient
le mérite de faire un travail complexe. Je ne conteste même pas la
valeur du travail qui a été fait, mais je regarde ce qui est fait
là et je me dis: C'est important, a la base, que le ministre montre non
seulement de la bonne volonté, mais une volonté certaine de
régler la situation et il doit déjà nous indiquer que la
solution devra être trouvée, quelle que soit l'humeur des
intervenants. Si vous nous dites encore qu'il faut que tout le monde soit
d'accord, oublions-le.
M. Bourbeau: M. le député, je voudrais quand
même vous signaler que le problème de l'évaluation
foncière, ce n'est pas un problème qui affecte l'ensemble des
municipalités du Québec. Je sais que le député de
Jonquière a été particulièrement
éprouvé par ces problèmes lorsqu'il était maire,
mais il ne faudrait pas que vous fassiez de la projection ou du transfert de
vos problèmes - je ne dirais pas psychologiques - sur l'ensemble des
municipalités du Québec. Je reconnais que c'est un
problème important pour la ville de Jonquière. Pour d'autres
municipalités, au Québec, ce n'est pas aussi important et il faut
tenir compte des deux points de vue. Encore là, il ne faut pas qu'on
rédige la loi de telle façon qu'on égorge
littéralement les compagnies qui donnent de l'emploi partout au
Québec, y compris à Jonquière. Il faut être
raisonnable et équitable envers tout le monde. Dans ce sens, il faut, je
pense, trouver une définition de l'article 65.1 qui va être
acceptable à l'ensemble des contribuables. Je n'ai pas prétendu,
je ne prétendrai pas non plus et je n'insinuerai pas qu'il y a eu des
pressions de faites sur les évaluateurs municipaux, comme, tout à
l'heure, vous avez parlé un peu de cette possibilité. Je constate
simplement que, dans certains endroits, les évaluations sont beaucoup
plus élevées que d'autres. Il y a même des juges du
tribunal qui ont sévèrement réprimandé des
évaluateurs -vous savez ce dont je parle - dans des termes à peu
près jamais vus dans des jugements de cour. On peut se poser des
questions. Ce matin ou cet après-midi, vous mettiez en doute certaines
choses à l'égard de la Commission municipale. Je ne me permettrai
pas de faire la même chose à l'égard des évaluateurs
dans le cas de la ville de Jonquière. Il reste quand même que,
quand la ville de Jonquière a décidé de mettre 15 000 000
$ de réserve dans son budget pour payer des jugements à venir,
elle devait s'attendre à quelque chose. On ne l'a pas fait pour le
plaisir de le faire. Elle devait peut-être penser que ses
évaluations étaient trop élevées puisqu'elle a pris
des mesures semblables. Sans cela, elle n'aurait pas fait de pareille
réserve. Je vous mettrais simplement en garde de ne pas projeter
à l'ensemble du Québec les problèmes particuliers de la
ville de Jonquière.
M. Dufour: C'est sûr, M. le ministre, si vous pensez que
c'est un problème juste de Jonquière, je suis convaincu qu'il ne
sera jamais réglé. Et je ne pense pas que vous pouvez avoir cette
prétention-là, ni que vous pourriez affirmer cela. Voulez-vous
que je vous parle de quelques municipalités qui ont des
problèmes? Je vais les donner de mémoire. Je n'ai rien qui les
identifie ici devant moi. Une ville comme Montmagny a quelques petits
problèmes avec Ultramar. Beaupré, quelques petits
problèmes; Sept-Îles, quelques petits problèmes;
Baie-Comeau, quelques petits problèmes; Alma, quelques petits
problèmes; Saint-Ambroise, quelques petits problèmes; Falardeau,
quelques petits problèmes. Je vais vous en nommer...
Une voix: La Baie.
M. Dufour: La Baie, quelques problèmes. Si toutes les
municipalités étaient industrielles au Québec, on aurait
plus de problèmes.
M. Bourbeau: La ville de La Baie, c'est réglé, M.
le député.
M. Dufour: Oui, c'est réglé, mais
réglé à la loi négociée.
M. Bourbeau: Vous savez que la ville de Baie-Comeau, c'est
réglé aussi.
M. Dufour: Négocié.
Une voix: Comme Jonquière.
M. Dufour: Si c'est cela que vous recherchez, dites-le nous.
À ce moment-là, disons à l'ensemble des contribuables du
Québec que les lois, cela se négocie, et on va avoir la plus
belle cacophonie qu'on puisse avoir dans la province. Là, c'est de la
négociation. Est-ce que c'est de la négociation en plus ou en
moins?
M. Bourbeau: Une négociation, M. le député,
c'est toujours une négociation. Il y a du plus et du moins. Est-ce que
je dois comprendre que le député est opposé à ce
qu'il y ait des négociations?
M. Dufour: M. le ministre, vous avez l'art de nous envoyer un
problème et vous le réglez quand vous n'avez pas de solution.
Dites-le que vous ne connaissez pas le
problème. Ne venez pas nous dire en pleine face que c'est une
façon de régler des problèmes en négociant devant
personne. Ce qui est vrai pour les grosses municipalités, pour les
grosses compagnies, est-ce que c'est vrai pour le petit contribuable? Est-ce
qu'il se négocie des lois comme cela un peu partout? Est-ce que la loi
de la vitesse, cela se négocie? Est-ce que la loi de
l'honnêteté, cela se négocie? On est rendu qu'on accepte de
négocier et on trouve que c'est bon, c'est bien. Bien sûr, quand
on ne veut pas intervenir et qu'on veut se laver les mains -et l'autre a fait
cela, lui, il s'est lavé les mains et il n'était pas coupable...
Je ne veux pas expier pour les péchés des autres, moi non plus.
Je vous le dis parce que ce n'est pas le cas de Jonquière. Je m'inscris
en faux là-dessus. C'est un problème global et c'est un
problème de la province. Shawinigan aussi avait un problème, pas
juste Jonquière. Je vous nomme à peu près toutes...
Savez-vous où il n'y a pas de problèmes? C'est où ils
n'ont pas appliqué la loi, où ils n'ont pas appliqué les
nouvelles normes et où ils n'ont pas appliqué la réforme
de la fiscalité. Ils n'ont pas de problèmes, bien sûr. Ils
ont laissé faire les compagnies et ils ont dit: Nous autres, on ne
touchera pas à cela. Mais où il y a des compagnies et où
ils ont voulu appliquer la réforme fiscale... Il me semblait que
c'était cela le but de la réforme. Il n'y a même pas de
cahier de normes de sorti là-dessus. Il y en a pour la maison, il y en a
pour le commerce, mais pour l'industrie, il n'y en a pas. Tout le monde peut
interpréter la loi à son bon vouloir et à son bon plaisir.
En tout cas, il y a des choses qui me démontent là-dedans. Si
vous voulez, on va se donner un cours entre nous deux et on va regarder ce qui
se passe dans cette loi-là. Il y a des choses aberrantes, inacceptables.
Même si un tribunal a dit des choses, vous savez il y a des tribunaux qui
se font renverser par d'autres tribunaux. À ce moment-là, trois
pieds par-dessus la tête, je ne veux rien savoir. Lisez les 178 cahiers,
et, quand vous les aurez lus, je pourrai dire: M. le ministre, vous avez
probablement raison; vous avez vu juste le meilleur côté de la
médaille.
M. Bourbeau: M. le Président, je comprends la frustration
du député de Jonquière...
M. Dufour: ...pas frustré...
M. Bourbeau: ...qui a vu sa municipalité se faire
condamner dans un jugement important et qui avait passé plusieurs
années, évidemment, à combattre l'Alcan dans ces causes.
Ce n'est jamais très gai, c'est sûr, de se faire débouter
en cour, surtout quand on a mis son orgueil personnel et sa réputation
là-dessus, mais que voulez-vous que j'y fasse? Ce n'est pas moi qui ai
rendu le jugement. Tout ce que je dirai au député, c'est qu'il y
a un grand nombre de municipalités qui n'ont pas eu de problème
avec l'interprétation de l'article 65.1, mais comme on parle
d'évaluation, qui est une science strictement d'appréciation, il
y a des évaluateurs qui apprécient d'une façon plus
généreuse et plus enthousiaste que d'autres et d'autres qui sont
plus conservateurs. Quand les tribunaux se penchent là-dessus, les
tribunaux, eux, regardent cela d'une façon qu'ils considèrent
objective et, dans certains cas, ils trouvent que les évaluateurs ont
été trop enthousiastes.
Dans votre cas, vous avez, semble-t-il, été très
enthousiaste dans l'interprétation de l'article. Vous l'avez reconnu
vous-même puisque vous avez mis à votre budget à la ville
de Jonquière une somme de 15 000 000 $ pour parer à des jugements
éventuels. Maintenant, vous me dites de faire quelque chose. Tout
à l'heure, au début de la discussion sur ce sujet, je vous ai dit
clairement ce que nous avions l'intention de faire. Je vous ai décrit le
processus que nous avons l'intention de suivre. Il me semble que c'est assez
clair comme démarche. Nous ne sommes pas dans la position de gens qui
ont l'intention de ne rien faire.
Au contraire, je vous ai dit que nous avons l'intention de
déposer pour l'automne des amendements législatifs qui auraient
pour effet de régler le problème une fois pour toutes. Mais,
avant de ce faire, il faut s'assurer, encore là, qu'on ne procède
pas en improvisant sur la question. Il faut y aller avec prudence parce que
c'est un problème extrêmement délicat et compliqué,
vous êtes au courant. Je pense que la démarche que nous proposons
est raisonnable et, j'espère, susceptible de régler le
problème d'une façon définitive.
M. Dufour: C'est probablement une des dernières
interventions à ce sujet dans cette commission. Il faut penser que les
15 000 000 $ ont augmenté au cours des deux dernières
années parce qu'on a vu des jugements un peu partout. Donc, à ce
moment, la ville de Jonquière a pris d'autres mesures pour mettre de
l'argent de côté. Cela ne s'est pas fait en une année non
plus, les 15 000 000 $. On n'a pas mis cela de côté en un an.
Quand on parle d'enthousiasme, il faut penser que nous avons eu des
comités où il y avait eu dix et quinze personnes. Je pourrais
vous nommer... Je pense qu'il y a des gens là-dedans qui devaient avoir
une certaine modération. Je ne le sais pas. Peut-être que, moi,
j'étais enthousiaste, peut-être entêté, bien
orgueilleux. Mais je suis capable de reconnaître quand j'ai tort ou
raison. Mais, dans cette question, vous savez que le BREF décidait que
l'Alcan valait 59 000 000 $ et,
en même temps, que la compagnie, à grand renfort de
publicité dans tout le Québec, posait des cheminées au
coût de 82 000 000 $ - ce n'est pas mes chiffres, ce sont les chiffres de
la compagnie - pour enlever la pollution dans une industrie qui valait
seulement 59 000 000 $.
Quand est-ce qu'on a vu cela mettre un épurateur d'air de 10 000
$ sur une automobile qui vaut 5000 $? Je ne sais pas si vous connaissez
l'Alcan? C'est un mille de long sur un mille de large. C'est 700
bâtiments industriels. C'est quelque chose ça. Le tribunal a dit:
59 000 000 $. Le ministre dit: Cela a bien du bon sens. On va dire cela aux
contribuables. Vous savez, on n'a pas besoin de tribunaux pour juger. On va
demander au ministère de venir nous dire ce que cela vaut. Il se pliera
à cette chose-là. La seule chose que je voulais et sur laquelle
j'ai insisté a mon point de vue, c'est d'essayer de faire dire au
ministre: Oui, il y a un problème. Oui, il y a un comité qui va
siéger et, oui aussi, je veux le régler le problème. Il a
assez duré. C'est juste cela que je voulais dire. Il me semble que ce
n'est pas sorcier et je ne me sens pas frustré du tout. Je ne suis pas
sorti dehors par la porte d'en arrière. Je suis parti parce que je
pensais que je pouvais faire autre chose, que je pouvais continuer à
rendre service, mais pas dans un comité de bénévoles.
M. Bourbeau: Je crois comprendre que le député ne
croit pas au bénévolat, alors.
M. Dufour: Non, je ne me fais pas d'illusions. Je travaille pour
gagner ma vie. J'ai besoin d'un salaire. Ce n'est pas de mon bord, en tout cas,
qu'on voit cela.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 3? Non? Est-ce que le programme 3,
"Évaluation foncière", éléments 1 à 5, est
adopté?
M. Dufour: Adopté. (20 h 30)
Le Président (M. Rochefort): Adopté. J'appelle donc
le programme 4, "Administration générale". Avant de donner la
parole au député de Jonquière, M. le ministre, je vous
rappellerai qu'on avait mis en suspens la question de l'ensemble des
compressions ou des rationalisations effectuées dans le
ministère. On vous avait donné quelque temps pour préparer
un relevé. Tel qu'entendu, est-ce que vous seriez en mesure de nous
fournir des réponses à cette question à ce moment-ci?
M. Bourbeau: Je pense que cela ne sera pas tellement long, M. le
Président. Le document n'est pas loin, semble-t-il. Peut- être
qu'on pourrait commencer l'étude du programme et je les donnerai dans
quelques instants, à moins que vous ne préfériez
attendre.
Le Président (M. Rochefort): Cela dépend combien de
temps cela va prendre.
M. Bourbeau: Voilà. Est-ce que le député
pourrait reprendre sa question sur les coupures?
M. Dufour: Sur la question des HLM, des logements sociaux...
Est-ce que c'est celle-là? On parlait de 73 000 $ et parce que j'avais
changé le... La question des HLM, c'est pour demain.
Au programme 3, élément 1, on parlait du fonctionnement,
autres dépenses, il y a une réduction de 81 300 $, c'est cela? Ce
n'est pas celle-là? C'est laquelle?
D'accord, je vais reprendre la question parce qu'on travaille sur trois
ou quatre cahiers en même temps, sur trois ou quatre
éléments.
Coupures et compressions
II y a eu une rationalisation interne, des coupures ou des compressions
- on essayait de faire de la sémantique - de 21 500 000 $ sur l'ensemble
du budget, mais cela n'était pas identifié. Au début de la
commission ce matin, ma question visait à savoir si vous pouviez nous
identifier un certain nombre d'éléments, autres qu'à
Équerre et les programmes d'habitation, qui pourraient ressembler
à 21 500 000 $. Est-ce que c'est cela?
M. Bourbeau: J'ai de la difficulté... Est-ce que le
député pourrait me montrer où, dans le budget ici, il est
question de 21 000 000 $? Je ne vois pas exactement...
M. Dufour: C'est dans les...
M. Bourbeau: Vous avez les crédits de l'an dernier.
M. Dufour: C'est dans le cahier budgétaire au
départ où on parlait de tous les secteurs, de tous les
ministères qui étaient touchés.
M. Bourbeau: Ah, bon!
M. Dufour: On disait: II va y avoir une rationalisation. Il y a
des coupures internes.
M. Bourbeau: Je crois que le député fait
référence à l'ensemble du budget des Affaires municipales
et de l'Habitation. Il y a eu des coupures de programmes qu'on pouvait
clairement identifier, par exemple Équerre qui était de 21 000
000 $, le
programme PAAPR qui était de 6 500 000 $, etc. Il y avait
plusieurs programmes comme cela. Maintenant, le reste, les 21 000 000 $, sauf
erreur, il y en a une partie aux Affaires municipales, à peu près
de 10 700 000 $, et un autre montant de 10 000 000 $ à la
Société d'habitation du Québec. Ce sont des coupures
d'ordre général. Je peux vous donner celles pour les Affaires
municipales.
Alors, je vous donne la ventilation pour les Affaires municipales.
Maintenant, pour l'Habitation, demain, on pourra donner l'autre partie. On
parle des compressions autres que les compressions de programmes. Les
programmes, c'est identifié clairement. Aux Affaires municipales, pour
ce qui est de la rémunération des élus des MRC, comme le
programme se termine en décembre 1986, pour janvier, février et
mars 1987 forcément, il n'y a pas de rémunération
prévue. C'est 2 700 000 $. Cela inclut le fonctionnement
également, les deux. ReviCentre. Il y a eu la coupure qui a
été imposée par le Conseil du trésor, même
avant notre arrivée; j'ai expliqué ce matin que ReviCentre avait
été coupé de 57 000 000 $ à 54 000 000 $ par le
Conseil du trésor sous l'ancien gouvernement, mais c'était dans
les prévisions; alors, c'est une coupure. Également on estime
à 2 000 000 $ le montant d'argent qui ne pourra pas être
dépensé par les municipalités, suivant l'expérience
qu'on a, règle générale. Il y a la SAO qui est de 1 200
000 $. C'est la compression qui a été demandée à la
SAO. Il y a une somme de 186 000 $ au niveau des publications, de la
publicité, des revues de presse. On a demandé de tenter de
rationaliser un peu tout le budget des publications du ministère.
Également une somme de 56 000 $ au niveau du traitement des
employés réguliers. C'est une rationalisation des budgets. Il y a
également du temps supplémentaire pour le traitement des
employés réguliers, pour un montant de 45 000 $ de coupures.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, me
permettriez-vous une petite question? Vous semblez avoir un beau document, bien
clair, entre les mains. Est-ce que vous auriez objection à en
déposer une copie pour nous?
M. Bourbeau: Effectivement, M. le Président, il n'est pas
si clair que cela. C'est pour cette raison que j'hésite un peu. Ce sont
des notes que j'ai ici.
Le Président (M. Rochefort): II n'y a pas de document qui
reprend sur une page ou deux la rationalisation interne et autres
compressions.
M. Bourbeau: J'ai toutes sortes de chiffres ici qui sont
disparates. Je ne me permettrais pas de les sortir. Cela pourrait occasionner
toutes sortes d'interprétations parce que c'est raturé un peu
partout.
Le traitement des employés réguliers: temps
supplémentaire pour un montant de 45 000 $. Au chapitre du
fonctionnement et autres dépenses, il y a une compression de 834 000 $.
C'est pour l'ensemble du ministère, alors les 8 programmes. C'est toutes
sortes de compressions dont on a parlé un peu ce matin, à gauche
et à droite. Dépenses en capital: 100 000 $. C'est une
réduction dans le nombre d'achats d'appareils, de machines à
écrire, de machines à traitement de textes, etc. On a
comprimé là-dedans. Une somme de 50 000 $ à la rubrique
transferts. Encore là, de tous les programmes du ministère, on a
jugé qu'on pouvait récupérer cette somme-là. Cela
fait au total 10 739 800 $ de compressions de ce genre-là au
ministère des Affaires municipales.
Demain, je pourrai vous donner les détails de ces compressions
pour la Société d'habitation du Québec.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière, si vous le permettez. M. le Président, vous
m'excuserez, cela va rester pour six mois encore, probablement.
M. le ministre, vous venez de nous lire des compressions
budgétaires ou ce que vous appeliez dans le document du président
du Conseil du trésor "Rationalisation interne et autres mesures", pour
un montant de combien?
M. Bourbeau: Je viens d'en donner pour un montant de 10 739 800 $
au ministère des Affaires municipales. Il y en aura une somme à
peu près identique demain à la Société d'habitation
du Québec.
Le Président (M. Rochefort): Si M. le député
de Jonquière me le permet. M. le ministre, j'ai entre les mains,
finalement, le document déposé par le président du Conseil
du trésor - accompagnant les 4 volumes de couleur beige qu'on nous a
déposés aujourd'hui sous une autre forme - lors du
dépôt des crédits le 25 mars dernier. Il y a un premier
chapitre qui s'appelle "Mesures prises dans les crédits 1986-1987
à l'égard du montant du déficit à corriger."
Premier élément, "A-compressions". Chacun des ministères
est passé en revue. Par exemple, pour Affaires municipales, on lit ce
qui suit: "Fermeture du programme Équerre, 21 000 000 $; arrêt du
programme d'accession à la propriété résidentielle,
7 600 000 $ - demain, on discutera de cela - rationalisation interne et autres
mesures, 21 500 000 $." Comment arrive-t-on à 21 500 000 $?
M. Bourbeau: C'est parce qu'on a mis
ensemble les Affaires municipales et l'Habitation.
Le Président (M. Rochefort): Je répète trois
chiffres: Fermeture d'Équerre, 21 000 000 $; arrêt du programme
PAAPR, d'accession à la propriété pour les jeunes
ménages, 7 600 000 $; rationalisation interne et autres mesures, 21 500
000 $, pour un total, pour ces trois éléments, de 50 100 000 $.
Je veux savoir comment vous arrivez à 21 500 000 $, simplement pour
Affaires municipales.
M. Bourbeau: M. le Président, voulez-vous
répéter le troisième chiffre, s'il vous plaît? Je
n'ai pas le document devant moi.
Le Président (M. Rochefort): Troisième chiffre, 21
500 000 $, "rationalisation interne et autres mesures".
M. Bourbeau: Ce montant de 21 500 000 $ comprend les compressions
générales ou diffuses - appelez cela comme vous voudrez - dans
l'ensemble du ministère des Affaires municipales et de l'Habitation. Il
y a 10 700 000 $ aux Affaires municipales et environ le même montant
à l'Habitation.
Une voix: Plus les deux programmes.
Le Président (M. Rochefort): Plus les deux programmes.
M. Bourbeau: Plus les deux programmes, cela fait 50 000 000
$.
Le Président (M. Rochefort): Juste avant de redonner la
parole au député de Jonquière, j'aurais une demande
à vous faire, M. le ministre. Je souhaiterais que vous nous
déposiez, demain, un document exhaustif de ventilation des 21 500 000 $
pour les deux volets de votre responsabilité ministérielle.
M. Bourbeau: Je viens de donner les chiffres en ce qui concerne
les Affaires municipales. J'en ai donné pour 10 700 000 $. Demain, j'en
donnerai pour à peu près l'équivalent pour faire les 21
500 000 $. Cela fera vos 21 500 000 $.
Le Président (M. Rochefort): Oui, mais, M. le ministre,
voici ce que je vous demande. Est-ce qu'il est possible que quelqu'un, dans
votre ministère, mette cela sur deux pages et distribue cela demain pour
faciliter l'étude des crédits?
M. Bourbeau: Je vais voir. Vous comprendrez qu'entre 22 h 30 ce
soir et 10 heures demain matin, il est possible qu'on puisse le faire, il est
possible qu'on ne puisse pas le faire.
Le Président (M. Rochefort): Cela peut être
après, remarquez; cela peut être jeudi ou vendredi, mais est-ce
que vous seriez prêt à nous donner un document?
M. Bourbeau: Très bien.
Le Président (M. Rochefort): Vous allez nous
déposer cela dès que vous allez...
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit cela, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Vous me dites: Très
bien. Donc, je vous pose la question.
M. Bourbeau: Je dis que je viens de vous donner les
détails pour les Affaires municipales; demain, je vous donnerai les
détails pour l'Habitation.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, je vais
reposer ma question. Je vous demande si vous voulez déposer un document
formel de votre ministère sur l'application de l'élément
rationalisation interne et autres mesures, 21 500 000 $, document que le
président du Conseil du trésor, au moment du dépôt
de ces crédits, s'était engagé à nous fournir parce
qu'il nous a dit: Chacun des ministres, à l'occasion de l'étude
des crédits, sera en mesure de vous fournir les documents
nécessaires pour expliquer cela. Vous avez fait une
présentation...
M. Bourbeau: Vous avez eu les détails.
Le Président (M. Rochefort): Je vais poser ma question
autrement. Quelle est l'objection que vous avez à nous fournir un
document de deux pages où vous reprenez exhaustivement, de façon
complète, l'ensemble de la rationalisation interne et autres mesures de
21 500 000 $ dans votre ministère?
M. Bourbeau: Physiquement, je n'ai pas le temps d'ici à
demain matin de préparer ce document. Je pense que c'est suffisant. Je
vous ai donné tous les détails, chiffre par chiffre, tout
à l'heure. Le député de Jonquière a pris tous les
renseignements, vous n'avez qu'à les recopier.
M. Dufour: Cela ne nous donne pas 21 500 000 $.
Le Président (M. Rochefort): Juste un instant, M. le
député de Jonquière. Pour qu'on se comprenne bien, M. le
ministre, si vous me dites que, pour demain matin, vous n'êtes pas en
mesure de le faire, je vous dis: II n'y a pas de problème. Quand
pouvez-vous nous les déposer, jeudi, vendredi, la semaine
prochaine? Je vous demande, comme certains membres de la commission
peuvent le faire sur d'autres sujets, de nous déposer, dès que
vous en aurez le temps, un document sur cette rationalisation interne et ces
compressions de 21 500 000 $ dans votre ministère quant aux deux volets
qui sont sous votre responsabilité. À moins que vous ne refusiez
de le faire, ce qui est votre droit.
M. Bourbeau: M. le Président, il faut que vous
réalisiez une chose: les compressions sont faites à partir des
demandes des ministères. Au départ, ce n'était pas un
budget. Jadis, vous avez été ministre, vous savez comment cela
fonctionne. Les ministères font des demandes, ce qu'on appelle des
revues de programmes, s'inscrivent en demande auprès du Conseil du
trésor et celui-ci accepte ces demandes ou décide de les
réduire. (20 h 45)
Dans le cas présent, cela a été réduit de 10
800 000 $ aux Affaires municipales et le reste, un autre montant de 10 000 000
$ à l'Habitation, plus les deux programmes, cela fait 50 000 000 $. Je
n'aurais pas d'objection à l'imprimer, sauf qu'il faut que vous
compreniez que, si on parlait d'un budget l'an dernier et d'un budget de cette
année, c'est autre chose. Mais là ce sont des demandes qui ont
été faites au gouvernement et le gouvernement n'était pas
obligé d'accepter ces demandes. Il les a réduites et les
réductions ont été indiquées. Je vais prendre avis
de votre question et je vous dirai ce qu'il en est.
Le Président (M. Rochefort): D'accord. Je veux juste
compléter. Quand vous dites que le gouvernement n'était pas
obligé, il n'y a pas de problème, je reconnais cela. Il a pris
les décisions qu'il avait à prendre et il était pleinement
légitimé de prendre ces décisions, sauf que, tel que le
président du Conseil du trésor l'a annoncé lors du
dépôt de ses crédits, puisqu'il y avait, sauf erreur, pour
à peu près 240 000 000 $ de rationalisation interne et autres
mesures de compressions diffuses dans l'ensemble des ministères, je
pense qu'il serait souhaitable que pour ça, comme pour l'ensemble des
programmes spécifiques qui ont subi une compression budgétaire,
vous nous déposiez un document qui parle par lui-même. C'est le
sens de ma demande et je suis heureux que vous preniez avis de la question. Je
vous informe immédiatement qu'on sera heureux de connaître
la réponse dès qu'elle sera disponible.
M. Bourbeau: Quand même, vous admettrez, M. le
Président, qu'elles sont un peu moins diffuses qu'elles étaient
depuis quelques minutes, alors qu'on a donné les détails pas mal
au complet.
Le Président (M. Rochefort): Je maintiens ma demande, M.
le ministre. M. le député de Jonquière. M. le
député de Dubuc?
M. Desbiens: Simplement faire préciser deux chiffres. Le
ReviCentre, vous avez bien dit 2 000 000 $?
Une voix: 3 000 000 $.
M. Bourbeau: Je m'excuse, M. le député.
M. Desbiens: ReviCentre, vous avez bien dit 2 000 000 $ ou 3 000
000 $?
M. Bourbeau: Le budget de ReviCentre a été
comprimé de 57 300 000 $ à 54 200 000 $ par le Conseil du
trésor avant...
M. Desbiens: 1985-1986.
M. Bourbeau: ...sous l'ancien régime.
M. Desbiens: Et 1986?
M. Bourbeau: Non, c'est l'ensemble du programme. La
totalité du programme a été réduite de ...
M. Desbiens: Alors, de 3 000 000 $.
M. Bourbeau: Est-ce 3 000 000 $ exactement? Est-ce qu'on a le
montant exact ici?
Une voix: C'est à 3 700 000 $.
Une voix: Trois millions et trois quarts.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on a les chiffres exacts de
ReviCentre?
Une voix: 3 750 000 $ en octobre.
M. Bourbeau: Ce n'était pas 57 000 000 $ justes.
Originalement, le programme ReviCentre avait été prévu
à 57 000 000 $ exactement et le Conseil du trésor a
demandé de le réduire à 54 250 000 $ en octobre 1985.
Alors, le programme a été fermé, si je peux dire, à
54 250 000 $.
M. Desbiens: Alors, c'est 2 750 000 $, la coupure.
M. Bourbeau: La différence.
M. Desbiens: La SAO, j'avais noté 1 200 000 $. C'est bien
cela? Merci.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière, ça va pour le programme? Le programme 4, "Adminis-
tration générale, direction et gestion, est-il
adopté? Adopté?
M. Dufour: Sur le 4, on n'a pas posé de questions.
Le Président (M. Rochefort): Le 4,
Administration...
M. Dufour: Est-ce que le 3 a été adopté?
Le Président (M. Rochefort): Le 3 a été
adopté. À 4, avant de poser des questions, vous avez raison, on
avait demandé la réponse à la question de la
rationalisation interne.
M. Dufour: On n'a pas travaillé sur le 4 du tout.
Le Président (M. Rochefort): D'accord, vous avez des
questions au programme 4. M. le député de Jonquière.
Administration générale
M. Dufour: Au programme 4, si on regarde globalement les
crédits alloués en 1985-1986 et en 1986-1987, on constate une
diminution de 1 880 000 $. La variation en fonction des dépenses
probables représente une réduction puisqu'elle est
calculée sur la base des chiffres déposés par le
gouvernement le 25 mars dernier qui indiquaient 14 604 000 $ de crédits
votés en 1985-1986, et non 8 196 000 $. Quand on regarde le cahier que
vous nous avez donné, le cahier vert, c'est marqué, à
capital et transferts, 108 200 $, etc. Les crédits de 1985-1986, cela
donnait 8 196 100 $. Mais quand on regarde ce qui effectivement a
été déposé le 25 mars dernier, c'était 14
604 000 $, et je fais référence à la budgétisation
par secteur et par programme. Donc, il y avait un montant à
l'administration générale des Affaires municipales de 14 604 000
$. Est-ce qu'il y a une explication ou si c'est une erreur de chiffres? Je peux
bien vous montrer où je prends les chiffres.
M. Bourbeau: Les 14 000 000 $, c'était aux crédits
de 1985-1986?
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: Pouvez-vous répéter?
M. Dufour: À l'administration générale,
à la page 47 de la budgétisation par mission, domaine et secteur.
C'est comme cela que ça s'appelle.
M. Bourbeau: Je n'ai pas le même document. Je crains qu'on
ne soit pas capable de vous donner la réponse. Il semble qu'on va
être obligé de faire certaines recherches. Je vais prendre avis de
cette question-là et possiblement que demain matin, à l'ouverture
de la séance, on pourra vous donner la réponse. On va
vérifier, il semble y avoir un petit problème ici. Comme pour
l'année 1985-1986, ce n'était pas le même ministre des
Affaires municipales, je ne peux pas vous dire ce qui s'est passé.
M. Dufour: Quand vous me dites que vous ne le savez pas, je suis
prêt à accepter cela. D'accord. Toujours au programme 4,
élément 1, il y a une diminution de 98 900 $ à la
Direction des communications. Où trouvez-vous ces changements-là?
Avez-vous une explication? Direction des communications: 98 900 $. Vous l'avez
à "Administration générale", élément 1.
M. Bourbeau: Oui, Direction des communications, quel montant me
dites-vous?
M. Dufour: 98 900 $, Direction des communications.
M. Bourbeau: Vous parlez de la compression?
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: Très bien.
M. Dufour: Oui. On ne peut pas avoir le plaisir de parler
d'augmentation trop trop souvent.
M. Bourbeau: Les 98 900 $ de compressions pour le fonctionnement
et autres dépenses peuvent s'expliquer comme suit: transport et
communications, il y a une réduction de 76 700 $; services
professionnels, administratifs et autres, une réduction de 11 300 $;
loyers, une réduction de 5 000 $; fournitures et approvisionnements, une
réduction de 5000 $; équipements, une réduction de 1000 $
et, a autres dépenses, une augmentation de 100 $ pour un total de 98 900
$ de compressions.
Refonte des lois municipales
M. Dufour: D'accord, ça va. À cet
élément de programme, il y aurait quelques questions qu'on
voudrait poser concernant la refonte des lois municipales. Je lis dans la
Presse, du 13 avril: "Bourbeau relance le projet de refonte des lois
municipales. Le ministre des Affaires municipales, M. André Bourbeau, a
amorcé une refonte des lois municipales qui pourrait s'étendre
sur cinq ou six ans, mais dont le premier volet pourrait être
adopté à l'automne. "L'exercice, commencé il y a une
dizaine d'années, avait été mis sur la glace, tandis qu'on
amorçait une refonte de diverses
lois municipales. Il est maintenant temps de tout refondre en une seule
législation, de simplifier le tout", toujours selon vos
déclarations.
Il est évident que, lorsqu'on entend ça, je pense que la
vérité a sûrement son mérite et que cela doit
être remis dans sa juste perspective. J'ai ici un communiqué de
presse du ministre des Affaires municipales qui a été
diffusé par Telbec; le ministre des Affaires municipales était
alors l'ancien député de Rimouski, M. Alain Marcoux, qui parlait
de refonte de lois municipales, soit du premier volet de la refonte et de la
révision des lois municipales. Cela date du 20 juin 1985.
J'ai fait partie, pendant un certain temps, du comité
Québec-municipalités et, à ce titre, j'ai eu l'occasion
d'assister d'une façon active à cette proposition de l'ancien
ministre des Affaires municipales concernant la refonte du Code municipal et de
la Loi sur les cités et villes. J'y ai fait allusion ce matin dans mon
discours d'ouverture. Je crois que la vérité doit prendre sa
place et, pour moi, c'est juste rendre à César ce qui est
à César, c'est-à-dire que l'ancien ou l'ex-ministre des
Affaires municipales avait déjà amorcé cette
réforme. Je n'ai aucune objection - au contraire, j'y souscris
très fortement - à ce que le nouveau ministre des Affaires
municipales continue cette démarche qui me semble un
élément très important pour les municipalités.
M. Bourbeau: M. le Président, sur ce point, le
député constatera que la manchette c'est: "relance le projet".
Cela n'implique donc pas que je suis celui qui l'ai inventé. Sans
ça, cela aurait été écrit: Lance le projet. Quand
on parle d'une relance, c'est donc quelque chose qui existait
déjà, qui avait été mis sur la glace, si je puis
dire, et qu'on va relancer.
Pour donner à la vérité tous ses droits, il
faudrait quand même dire que l'ancien ministre des Affaires municipales,
l'ancien député de Rimouski, avait, lui aussi, relancé un
projet qui datait du début des années soixante-dix, alors que le
gouvernement libéral du temps avait formé la Commission de
refonte des lois municipales, présidée par l'avocat Gilles
Hébert, qui a fait un rapport qui a été
déposé au ministère des Affaires municipales en 1977, je
pense, et qui a dormi pendant quelque temps sur des tablettes.
Éventuellement, on a décidé de reprendre l'exercice. Toute
la démarche de la refonte des lois municipales date d'il y a une
quinzaine d'années. Je veux bien admettre que je relance un projet qui a
été là avant moi, mais je crois que mon
prédécesseur a relancé quelque chose qui a
été fait avant lui aussi. Ce qui compte, c'est d'en arriver
à...
M. Dufour: En termes de baseball, vous êtes le
deuxième lanceur de relève.
M. Bourbeau: C'est cela. J'espère que c'est moi qui vais
frapper le "home run". Ici, à ma gauche, je vais en profiter pour
présenter Mme Louise Robert, sous-ministre adjointe aux Affaires
municipales, qui est avocate et qui est responsable du programme de relance de
la refonte des lois municipales. Vu qu'elle n'était pas là ce
matin, cela me fait plaisir de vous la présenter.
M. Dufour: Bien sûr. Je la salue aussi très
cordialement. Je connais ses capacités, j'ai eu le plaisir de la
connaître à l'oeuvre et à l'épreuve.
Ce matin, on a parlé d'une diminution de personnel, si je ne me
trompe pas. Non? Il y a une augmentation de personnel. Je comprends qu'il y a
des augmentations qui ont été amenées par le programme
Archipel, etc. Ce sont les huit employés permanents. Vous en avez
réduit et vous en avez rajouté. Cela se traduit par une
augmentation nette, je crois, ou plutôt par une diminution de huit
employés. C'est plutôt cela. Quand on regarde
l'élément 4, le programme 2.
M. Bourbeau: Le programme 4, plutôt. (21 heures)
M. Dufour: C'est toujours le programme 4, mais c'est à
l'élément 2. Il y a une diminution de personnel; il s'agit de
huit personnes, et le même nombre d'employés occasionnels.
M. Bourbeau: Effectivement, il y a une réduction de huit
personnes.
M. Dufour: Mais est-ce que cela touche des programmes
particuliers ou si c'est global, ensemble?
M. Bourbeau: Non, c'est réparti un peu partout.
Le projet Archipel
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, si vous me
permettez une question là-dessus, compte tenu de différentes
rumeurs qui ont circulé et de différentes déclarations
faites par un certain nombre de vos collègues concernant le projet
Archipel, pourriez-vous nous dire quelles sont vos orientations à vous,
comme ministre des Affaires municipales, quant au projet Archipel?
M. Bourbeau: Vous me permettrez, M. le Président, de vous
présenter M. Florian Rompré, qui est le coordonnateur du
programme Archipel. Il est assez difficile de vous parler d'orientations
à l'égard d'un projet qui arrive à échéance,
si je puis dire.
Le rapport de faisabilité du programme Archipel a
été déposé au ministre il y a environ une dizaine
de jours. Il est acheminé au comité interministériel
du...
Le Président (M. Rochefort): ...du développement
régional.
M. Bourbeau: C'est cela, et il va en faire l'étude dans
les semaines à venir. Il s'agit, bien sûr, du rapport
préliminaire de faisabilité. Subséquemment, lorsque le
rapport aura fait l'objet d'une étude par le COMPA, le Comité
ministériel permanent de l'aménagement et du développement
régional, il sera soumis au Conseil des ministres et rendu public
éventuellement.
Le Président (M. Rochefort): Mais, pour l'instant, vous
n'avez aucune orientation personnelle à nous transmettre quant au
dossier en question?
M. Bourbeau: II est assez difficile d'avoir des orientations
à l'endroit d'un rapport qui est déposé et qui expose une
situation. Mon orientation, si je puis dire, c'est d'en faire une étude
personnelle et la déposer au comité ministériel permanent.
Éventuellement, nous ferons des recommandations au Conseil des
ministres. C'est dans ce sens que sont mes orientations. Maintenant, je peux
ajouter que le volet hydroélectrique a fait l'objet de
déclarations récemment, au mois de janvier, alors
qu'Hydro-Québec ou le ministre de l'Énergie a indiqué que
la partie hydroélectrique du projet, selon le rapport, ne
présentait pas un caractère de rentabilité
exceptionnelle.
Le Président (M. Rochefort): Comptez-vous rendre public le
rapport?
M. Bourbeau: Oui, effectivement.
Le Président (M. Rochefort): À quel moment?
M. Bourbeau: Je pense qu'on pourrait le rendre public dans
environ trois, quatre ou cinq semaines.
Le Président (M. Rochefort): Pendant ce temps, quels sont
les travaux que mène le personnel du projet Archipel? Quels sont les
mandats que vous avez confiés à ces gens?
M. Bourbeau: Le groupe Archipel s'affaire présentement,
à compléter les annexes techniques au rapport. Nous pensons que,
d'ici à la fin du mois de mai, ces annexes vont être
terminées. À ce moment, le comité aura rempli son
mandat.
Le Président (M. Rochefort): Et en conséquence?
M. Bourbeau: En conséquence, évidemment, le
comité va être dissous.
Le Président (M. Rochefort): Le secrétariat
Archipel aussi?
M. Bourbeau: Effectivement.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que c'est inclus dans
les rationalisations internes et compressions diffuses de 21 500 000 $?
M. Bourbeau: Non, il n'y a pas de coupure là-dedans, parce
qu'il y avait un budget spécifique pour Archipel pour cette
période de "phasing out", si je peux dire. Le personnel régulier
- il y avait du personnel régulier et du personnel occasionnel comprend
six personnes qui vont être réaffectées dans la fonction
publique.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Jonquière.
Le personnel du cabinet du ministre
M. Dufour: II y aurait peut-être un dossier un petit peu
plus "touchy", à mes yeux. Mais je pense que je ne serais pas satisfait
si je n'en parlais pas. Vous avez, d'une façon, rationalisé ou
compressé le personnel. Vous coupez purement et simplement. Quoique
compresser du personnel, cela se fait difficilement. Donc, pour moi, c'est
coupé, mais d'autre part, en même temps que vous avez fait cela,
il y a eu des gens qui ont été aussi engagés. Il y a un
point qui me touche un peu. L'ex-députée de Jonquière, Mme
Saint-Amand, est, depuis le 8 mars, conseillère auprès du
ministre. J'aimerais savoir quelles sont les attributions de Mme Saint-Amand?
Parce que, incidemment, elle était aussi critique dans le domaine
municipal. Je ne sais pas s'il y a cause à effet ou effet à
cause, mais cela m'intrigue. J'aimerais savoir quelles sont ses
attributions?
M. Bourbeau: Vous connaissez tous l'expérience de Mme
Saint-Amand, qui a eu l'avantage de représenter le beau comté de
Jonquière à l'Assemblée nationale, pendant quelques
années. Elle a acquis, évidemment, à ce moment-là,
une expérience qui est très précieuse au ministre des
Affaires municipales.
D'abord, Mme Saint-Amand fait partie du personnel du cabinet. Elle n'est
pas un fonctionnaire. Elle a des fonctions politiques. Elle s'occupe du dossier
des MRC. Elle assiste à toutes les entrevues que je peux avoir avec les
fonctionnaires en ce qui a trait à ce dossier. Elle s'occupe des
questions d'aménagement également. Elle aide à
"briefer" le ministre en ce qui concerne les réunions du comité
ministériel permanent de l'aménagement et du développement
régional. Elle s'est occupée et s'occupe toujours, au niveau
politique, du dossier de la Société d'aménagement de
l'Outaouais. Également, elle agit comme lien entre le ministre et le
caucus des députés. Bref, elle s'occupe des relations
parlementaires pour le ministre envers le caucus des députés.
Essentiellement, c'est à peu près la description de
tâches de Mme Saint-Amand.
M. Dufour: Est-ce que Mme Saint-Amand, par sa fonction, pourrait
être appelée à être l'interlocutrice du
député en place? Autrement dit, s'il y a des problèmes -
je connais un cas où cela s'est produit -est-ce que Mme Saint-Amand, par
la nature de sa fonction, peut être l'intervenante dans le milieu de
Jonquière?
M. Bourbeau: De Jonquière?
M. Dufour: Oui. Du comté. Parce que j'ai compris,
d'après ce que vous me dites, qu'il y a aussi les MRC, la
société d'aménagement, le comité ministériel
de la SAO, les relations parlementaires avec les députés, etc.
Mais est-ce qu'en plus, elle pourrait faire cela?
M. Bourbeau: Mme Saint-Amand n'a pas de fonctions sectorielles.
Les dossiers dont elle s'occupe, elle s'en occupe pour l'ensemble du territoire
du Québec. Évidemmment, quand elle s'occupe, par exemple, de la
SAO, dans l'Outaouais - ce n'est pas dans le Lac Saint-Jean - ou si elle
s'occupe des MRC...
Le Président (M. Rochefort): Dans le Saguenay, voulez-vous
dire?
M. Bourbeau: Oui, dans le Saguenay. Je vous présente mes
excuses, M. le député. C'est effectivement dans le Saguenay, que
je voulais dire.
En ce qui concerne les MRC, par exemple, s'il arrive qu'elle a des
demandes de MRC qui viennent des Cantons de l'Est, elle s'en occupe. Si elles
viennent des régions comme la rive sud de Québec ou de
Montréal ou s'il y a des préfets ou d'autres personnes qui ont
des problèmes avec les MRC dans la région du
SaguenayLac-Saint-Jean, forcément, elle va y être
également. Elle sera de la partie. C'est la même chose pour les
autres fonctions qui la concernent. Autrement dit, on n'a pas fait d'exclusion
spécifique pour la région du Saguenay parce que Mme Saint-Amand
est originaire de cette région. Cela aurait été de la
discrimination, et je suis convaincu que les gens du Saguenay ne nous
l'auraient pas pardonné.
M. Dufour: Mais ma question porte particulièrement sur les
MRC. Supposons que, par ma fonction, je suis appelé à me
prononcer sur un dossier quelconque. Est-ce que l'attaché politique,
selon vous, est la personne qui est intervenante par rapport à ce qui se
dit en région? Règle générale, les attachés
politiques jusqu'ici, en tout cas, je n'en ai pas vu souvent prendre position
publiquement sur des dossiers. Je pense que le canal privilégié
jusqu'à maintenant était le ministre ou le politicien qui devait
répondre.
M. Bourbeau: Mme Saint-Amand joue, au cabinet, le même
rôle que les attachés politiques, essentiellement. Elle ne fait
pas personnellement de politique proprement dite. Elle représente le
ministre et s'occupe des dossiers pour lui. Elle n'intervient pas à
titre personnel dans les dossiers politiques.
M. Dufour: Cela va. Il est sûr qu'on pourrait
peut-être lui transférer un dossier qui me semble drôlement
important, c'est le dossier de l'enfouissement sanitaire où il y a une
question d'aménagement dans ce dossier.
M. Bourbeau: Évidemment, la présence de Mme
Saint-Amand au cabinet peut faire en sorte que les dossiers qui viennent de sa
région, si je peux dire, elle les connaît davantage bien
sûr... On connaît tous davantage les dossiers de la région
d'où on est originaire. Forcément, s'il arrive des dossiers du
Saguenay qui concernent les MRC ou l'aménagement, il est possible
qu'elle soit plus en mesure de les traiter rapidement que les dossiers d'une
autre région. Je suis convaincu, M. le député, que si vous
voulez communiquer avec Mme Saint-Amand pour ce dossier, vous allez
certainement avoir entre vous et elle une communion d'esprit qui va permettre
à l'ensemble des citoyens du Saguenay d'avoir un double service, si je
peux dire: et leur député et l'attachée politique du
ministre. Alors la région devrait être comblée, si mes
espoirs se matérialisent.
M. Dufour: C'est le meilleur des mondes! Je n'ai pas d'objection.
Fondamentalement, je pense qu'en dehors de la politique on n'a pas de
problème à se revoir et à se rencontrer. La campagne
électorale est complétée et c'est terminé quant
à moi; je ne pense pas qu'il y ait de problème de ce
côté-là, on prend bonne note de vos suggestions, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Tout cela est pour le mieux-être des citoyens
du Saguenay et du Lac-Saint-Jean, bien sûr.
M. Dufour: J'ai complété au moins pour
cette partie.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, puisqu'on est
sur des questions concernant votre cabinet, seriez-vous en mesure de nous
déposer un document avec la liste des membres de votre cabinet, les
dossiers dont ils ont la responsabilité et la rémunération
qui leur a été accordée.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Deuxièmement,
pourriez-vous nous dire de quel ordre est votre masse budgétaire, comme
ministre, pour votre cabinet politique?
M. Bourbeau: Je m'excuse, pourriez-vous répéter la
dernière question; j'étais en train de me retourner et je n'ai
pas compris la deuxième.
Le Président (M. Rochefort): Deuxièmement,
pourriez-vous nous dire quelle est la masse budgétaire qui vous a
été accordée, comme ministre, pour défrayer le
coût de l'embauche de l'ensemble des membres de votre cabinet, pour le
ministère, le comté...
M. Bourbeau: Ah bon! Oui, je pourrai le faire. Je n'ai pas
l'addition ici. J'ai ici la liste des employés du cabinet, mais elle
n'est pas à jour. Alors si vous le permettez... Mon directeur de cabinet
a dû s'absenter pour cause urgente ce matin et je pense qu'il avait la
liste à ce jour. Je vous ferai parvenir, d'ici à deux ou trois
jours, la liste des membres du cabinet avec l'enveloppe budgétaire
afférente. J'en prends l'engagement.
Le Président (M. Rochefort): Oui, d'accord, mais quant
à l'enveloppe, il y a quand même eu des décisions qui ont
été annoncées par le président du Conseil du
trésor quant à des diminutions d'environ je ne sais pas si c'est
20 % ou 25 %, quant aux masses budgétaires des ministres actuels par
rapport aux masses des membres de l'ancien gouvernement. Je voudrais savoir si,
dans les faits, après quatre mois de responsabilités
ministérielles, votre enveloppe a été maintenue à
un niveau inférieur d'environ 20 % ou 25 %, ou si votre enveloppe a
été rajustée a la suite de demandes que vous auriez pu
faire ou à une générosité inattendue de la part du
président du Conseil du trésor.
M. Bourbeau: On peut vous répondre tout de suite, M. le
Président. Globalement, le budget du cabinet est de... Ce ne sera pas
long, M. le Président, j'arrive à cela. Le budget des salaires du
cabinet est de 565 000 $. Pour ce qui est du nombre de membres du cabinet, je
dirai, à titre de comparaison, que l'ancien ministre des Affaires
municipales avait 20 personnes dans son cabinet politique et une masse de 610
000 $ si mes souvenirs sont bons. (21 h 15)
À l'Habitation, vous vous en souvenez très bien, selon les
documents que l'on m'a remis, il y avait seize membres dans le cabinet
politique et un budget de l'ordre d'environ 450 000 $. Peut-être que vous
pourriez préciser, c'était aux alentours de 450 000 $.
Comme vous le savez, l'Habitation a été scindé en
trois. Il y a eu la Protection du consommateur qui est allé à la
Justice, il y a eu le bâtiment qui est allé au Travail et
l'Habitation, avec tout le dossier de la SHQ, est allé aux Affaires
municipales.
Si on prend une partie des seize attachés politiques que vous
aviez à l'Habitation, et prenons-en seulement la moitié, il reste
quand même que la SHQ, comme vous le savez, avec tous les programmes
d'habitation, demande un volume assez important de travail, non seulement la
SHQ mais la Régie du logement aussi. Donc si on prend la moitié
seulement des attachés politiques qu'il y avait à l'Habitation et
à la Protection du consommateur, cela ferait 28 pour faire la
comparaison avec ce que l'on a présentement. Or, présentement, au
dernier compte on avait 18 personnes en tout au cabinet du ministre des
Affaires municipales, comprenant les attachés politiques, le chef de
cabinet, les secrétaires, le personnel de soutien, et cela au bureau de
Québec, au bureau de Montréal et au bureau de comté. Ce
serait 18 présentement, sujet à vérification,
c'était cela dans le dernier compte parce qu'il y a des
secrétaires qui sont partis et d'autres qui sont arrivés. Selon
les documents que l'on m'a remis lorsque j'ai été
assermenté, il faudrait comparer ce chiffre de 18 à 28 dans
l'ancien gouvernement, soit 20 aux Affaires municipales et 50 % de ce qu'il y
avait à l'Habitation.
La masse salariale est présentement de 565 000 $, qu'il faut
comparer à l'ancienne masse salariale de 610 000 $ aux Affaires
municipales et de la moitié de 450 000 $ à l'Habitation. On est
au-delà d'une coupure de 25 %. Si ma mémoire est fidèle
c'est plutôt 30 %.
Le Président (M. Rochefort): Je ferai au moins deux
commentaires. Premièrement, je vous rappellerai, sauf erreur, que la
masse budgétaire du ministre qui vous a précédé aux
Affaires municipales comprenait aussi un budget pour le ministre responsable de
l'ancien ministère des Travaux publics qui est devenu la
Société immobilière du Québec et qui impliquait des
responsabilités importantes,
dans son cabinet et au ministère, qui ne sont plus
imputées au ministre des Affaires municipales, mais bien, sauf erreur,
au nouveau ministre délégué aux Services et
Approvisionnements, le député de Hull, qui peut peut-être
expliquer le montant.
Deuxièmement, je vous dirai que je n'avais pas la moitié
de mon personnel qui travaillait sur les dossiers de la SHQ mais au maximum
trois personnes. J'ajouterai en boutade qu'avec le peu de programmes qu'il va
rester, ce n'est sûrement pas le même nombre de personnes que vous
aurez besoin d'attribuer au dossier de la SHQ.
Cela dit, je prends bonne note des réponses que vous nous avez
fournies. On étudiera la question plus globalement, mais si je comprends
bien, vous allez vous satisfaire, pour l'année qui vient, de 565 000 $
à votre cabinet.
M. Bourbeau: C'est exact, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Vous n'avez pas fait de
demande additionnelle?
M. Bourbeau: Non, et je n'ai pas l'intention d'en faire non
plus.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Donc, le document
auquel je faisais allusion, vous allez nous le déposer dans les
prochains jours avec les salaires et les descriptions de tâches
sommaires.
M. Bourbeau: Bon, les descriptions de tâches...
Le Président (M. Rochefort): Quand même, un peu
comme vous venez de le faire pour votre nouveau conseiller politique.
M. Bourbeau: On va marquer "attaché politique",
"attaché de presse".
Le Président (M. Rochefort): II serait peut-être
utile de nous indiquer, comme vous l'avez fait pour Mme...
M. Bourbeau: Oui, oui. Je pourrais vous...
Le Président (M. Rochefort): Simplement nous dire tel,
tel, tel dossier. C'est aussi un certain dossier d'information fourni aux
membres de la commission qui peuvent à l'occasion avoir affaire aux
membres de votre cabinet.
M. Bourbeau: M. le Président, même si cela n'a
jamais été fait quand j'étais dans l'Opposition, je vais
le faire. Je vais vous donner la description des tâches de chacun des
membres de mon cabinet politique.
Le Président (M. Rochefort): C'est bien décevant
que vous n'ayez pas eu la responsabilité de critique en matière
d'habitation, parce que vous auriez eu droit à ce document. Mais en tout
cas...
M. Bourbeau: De toute façon, M. le Président, je
vais le faire avec plaisir.
Les assurances des municipalités
M. Dufour: Merci. II y a un autre point que j'aimerais soulever.
Le 13 mars j'ai posé une question à l'Assemblée nationale
concernant les primes d'assurance-responsabilité des
municipalités. La réponse que vous aviez faite à ce
moment-là, c'est que dans quelque temps vous donneriez une solution ou,
en tout cas, la couleur de votre réponse ou des solutions que vous
privilégiez par rapport a ces assurances. Entre-temps, j'ai
essayé de savoir ou de deviner ce que vous aviez dit par rapport aux
assurances. Vous avez dit: Cela n'arrivera pas souvent. J'espère que
cela n'arrivera pas souvent, parce que 1100 % d'augmentation, comme à la
ville de Granby, il ne faudrait pas que cela se reproduise tous les jours. Si
cela se reproduisait deux ou trois fois, j'ai l'impression que la
municipalité va se manger en assurances.
Le problème semble se résorber un peu parce que les
municipalités ont accepté bien involontairement de subir ces
hausses d'assurances. Selon l'information que j'ai, pour s'en tirer, les
municipalités ont pris moins d'assurances qu'avant, donc elles absorbent
un risque beaucoup plus grand. Je ne reviendrai pas sur la question des 9 % qui
étaient censés être enlevés etc., mais moi, c'est la
question qui me préoccupe à ce moment-ci: Où en est rendu
ce dossier? Avez-vous continué à vous pencher là-dessus?
Avez-vous mis sur pied un comité de bénévoles pour
étudier la situation? Y a-t-il une décision de prise par rapport
à cela? Avez-vous eu des contacts plus grands avec l'Union des
municipalités et l'Union des municipalités régionales de
comté pour savoir de quelle façon on peut régler ce
problème?
Que vous me répondiez, que vous disiez d'avance, du point de vue
général: C'est mondial, c'est un peu de... L'ancien gouvernement
s'est évertué à dire que les coûts avaient
augmenté à cause de la crise mondiale, mais je ne pense pas que
vous l'ayez jamais achetée. Je ne pense pas que ce soit notre rôle
non plus de l'acheter. Il y a un problème au point de vue des
assurances. La question est très précise: Où le dossier
est-il rendu au moment où on se parle?
M. Bourbeau: M. le Président, la réponse, c'est que
le dossier progresse. Voici, comme vous savez... D'abord, nous en avons
discuté lors d'une réunion de la table
Québec-municipalités avec les représentants des deux
unions: L'Union des municipalités du Québec et l'Union des
municipalités régionales de comté. Les unions ont
formé indépendamment leurs propres groupes de travail. C'est un
problème très important et qui mérite d'être
fouillé en profondeur. L'Union des municipalités du Québec
a indiqué sa préférence pour une mutuelle d'assurances.
L'Union des municipalités régionales de comté n'a pas
encore fait connaître publiquement sa position, mais il semble,
d'après les déclarations de son président, qu'elle
n'endossera pas la recommandation de l'Union des municipalités
régionales du Québec. Entre-temps, nous avons eu des rencontres
avec les deux présidents des unions. Nous avons eu trois rencontres avec
l'Inspecteur général des assurances du Québec qui est
probablement l'individu le plus au courant du dossier des assurances au
Québec. Nous avons rencontré également, en compagnie du
sous-ministre, cinq présidents de compagnies d'assurances
québécoises avec lesquels on a discuté de la
problématique générale du dossier. Nous avons
rencontré la Fédération des bureaux de courtage en
assurances du Québec; nous avons rencontré également les
firmes d'actuaires que nous avons consultées. Bref, nous poursuivons de
plus en plus en profondeur, si je peux dire, l'étude du dossier. Plus
nous avançons dans le dossier, plus nous réalisons la
complexité de ce problème. On doit dire que le problème
des assurances dans le domaine des municipalités en est un qui se situe
surtout et presque exclusivement dans l'assurance-responsabilité. On
doit bien comprendre qu'une compagnie d'assurances, lorsqu'elle établit
une prime, regarde quel est le risque et elle établit une prime
consécutive au risque. Par exemple, M. le député, si vous
voulez faire assurer votre automobile qui vous coûte 20 000 $, vous dites
à la compagnie d'assurances: Je me suis acheté une voiture qui
vaut 20 000 $. On vous dit: Si vous faites une perte totale, cela vaut 20 000
$, la prime est de tant. La compagnie peut identifier son risque d'une
façon précise et calculer la prime en conséquence.
Quand on parle d'assurance-responsabilité, le problème qui
se pose, de plus en plus d'ailleurs, c'est que les compagnies d'assurances ne
peuvent pas évaluer correctement le risque qu'elles encourent. Ce
problème va en s'amplifiant, surtout à cause du fait que, de plus
en plus, les jugements de cour qui sont émis relativement à la
responsabilité vont en s'amplifiant à une allure
vertigineuse.
D'autre part, dans le domaine de l'assurance-responsabilité,
justement, le risque est tellement important que les compagnies doivent
nécessairement se réassurer sur les marchés mondiaux. On
estime, au Canada, que les compagnies ne peuvent supporter qu'un maximum de 20
% du risque et que l'excédent de 20 % doit nécessairement
être reporté en réassurance sur les marchés
mondiaux.
En ce qui concerne le marché mondial de la réassurance,
c'est un peu comme une immense baignoire, si je peux dire, dans laquelle toutes
les compagnies d'assurances du monde viennent se réassurer. C'est un
"melting pot" général pour l'ensemble du monde occidental. Que ce
soit à Londres, à Genève, à New York ou à
Paris, cela couvre l'ensemble du territoire de sorte que, quand les tribunaux
dans d'autres pays comme les États-Unis, commencent à
émettre des jugements de millions de dollars dans des causes de
responsabilité professionnelle, par exemple, les assureurs font appel
à la réassurance et cela vient s'additionner dans le
marché mondial de la réassurance.
Quand il y a des sinistres qui se produisent à Bhopal en Inde,
à Mexico, ou Cap Canaveral, ces sinistres-là, également,
font l'objet d'assurances et ces assurances sur le marché de la
réassurance font augmenter énormément les primes.
Quand un assureur du Québec vient dire: Moi, je veux me
réassurer à 80 %, il a beau plaider qu'il n'y a pas de
séisme et qu'il n'y a pas de tremblement de terre au Québec, on
lui dit: Écoutez, nous, on fait un pot pour l'ensemble de la
planète et on ne se préoccupe pas que, dans une région, il
peut ou ne peut pas y avoir de sinistre. Chacun doit partager le risque commun.
De sorte que le problème est entier en ce sens qu'à partir du
moment où on concède qu'on doit aller en réassurance, on
fait face à ces primes, à ces augmentations énormes de
primes sur le marché de la réassurance. Si on met sur pied une
mutuelle au Québec, cette mutuelle devra forcément
également aller s'inscrire sur le marché de la réassurance
et fera face exactement aux mêmes problèmes que les compagnies
actuelles.
On doit dire également que le problème de
l'assurance-responsabilité des municipalités n'affecte pas
l'ensemble des municipalités du Québec au même titre. En
fait, nos informations sont que, pour la très grande majorité des
municipalités, soit les plus petites, il n'y a pas de très
sérieux problèmes d'assurance.
Bien sûr, les primes ont augmenté de façon
significative au cours des deux dernières années, ou de la
dernière année surtout. Mais si on se reporte à
l'année 1979-1980, par exemple, et si on regarde les primes qui sont
demandées aujourd'hui, ce n'est à peu près que la
continuation de ce qu'il y avait à ce moment-là, plus un facteur
d'inflation, peut-être légèrement un peu en haut de
l'inflation.
Ce qui s'est produit, c'est que, au cours des années 1980 - vous
vous en souvenez M. le député, vous étiez maire, en 1979,
1980, 1981 - il est arrivé sur le marché des assurances au
Québec des compagnies qu'on appelle des "discounters", qui se sont mises
à vendre des assurances à rabais et qui ont coupé les
primes jusqu'à 50 %, 75 % même, de sorte que, dans certaines
municipalités où on payait 85 000 $ en primes, l'année
suivante on en payait 37 000 $ et cela s'est vu partout. Ces
compagnies-là, systématiquement, se sont mises à prendre
le marché en coupant les primes d'une façon importante. Devant ce
fait-là, un grand nombre d'assureurs et spécialement les
compagnies d'assurances québécoises se sont retirées
complètement du marché ne voulant pas prendre ce risque. De sorte
qu'au bout d'un certain temps, on s'est retrouvé avec, finalement, une
seule compagnie d'assurances qui traitait avec deux courtiers et les autres
assureurs ne voulaient même plus faire de soumissions parce qu'ils
étaient assurés de ne pas remporter les soumissions et que cela
coûte assez cher de préparer des soumissions.
On s'est rendu compte depuis deux ans qu'il n'y a plus qu'un seul
assureur sur le marché, aucune espèce de compétition et,
là, les primes se sont mises à remonter d'une façon assez
spectaculaire. On regarde cela aujourd'hui, on constate que le problème
est important surtout pour environ 50 à 60 municipalités au
Québec, surtout les plus grosses, en fait, toutes les plus grosses
municipalités. (21 h 30)
La question qu'il faut se poser: Est-ce qu'une mutuelle qui comprendrait
50 ou 60 municipalités, fussent-elles les plus grosses, serait assez
solide pour tenir le coup? Du côté de l'Inspecteur
général des assurances, on est sceptique, semble-t-il. Il faut
bien penser qu'une compagnie comme celle-là devrait se soumettre aux
normes générales du secteur de l'assurance. D'autant plus qu'il y
a d'autres problèmes au niveau de la législation. La
législation actuelle ne permettrait pas de mettre sur pied une mutuelle
semblable. Il faudrait passer par une loi spéciale.
Il y a donc toute une série de problèmes, comme vous
pouvez voir, qui sont juridiques, qui sont financiers, économiques. Nous
étudions parallèlement à cela, au ministère,
d'autres avenues, par exemple, la possiblité de convaincre des
compagnies d'assurances québécoises, la Laurentienne,
l'Industrielle, le Groupe Commerce, de revenir s'intéresser au secteur
des assurances municipales.
Un des problèmes qui ont été identifiés,
c'est la question des soumissions, de l'obligation d'aller en soumissions.
L'assurance n'est pas seulement la vente d'un produit. Il y a également
un aspect qui, comment dirais-je?, s'apparente à des services
professionnels dans l'assurance. L'agent d'assurances joue un rôle de
conseil auprès des municipalités. Quand un assureur
établit une prime, il peut fort bien dire à une
municipalité: Cette année on va encore vous assurer, mais on vous
signale que votre système d'égout a de sérieux
problèmes et qu'il y aurait lieu de commencer à penser à
faire de la rénovation ou de la réparation dans le système
d'égout, dans le refoulement, par exemple. Si une municipalité ne
veut pas faire de travaux et refuse d'en faire, il est possible que,
l'année suivante, on lui dise: Si vous ne faites pas de
réparations à votre système d'égout, on va
être obligé d'augmenter les primes parce que le risque
augmente.
Il y a des municipalités qui, devant les conseils des assureurs,
font régulièrement des améliorations, soit à la
protection contre les incendies, soit une question de refoulement
d'égout, et qui ont avec leur courtier d'assurances une relation
d'affaires, si je puis dire, de sorte que le courtier ou l'assureur suit le
dossier de la municipalité sur une période d'années ce qui
permet d'établir une relation de clients. Quand on va en soumissions
à chaque année et qu'à chaque année, on change
d'assureur, le nouvel assureur n'a pas l'expérience de cette
municipalité. Et ne pouvant pas amortir ces pertes sur une
période plus longue que douze mois, forcément, on nous
représente qu'il y a de fortes chances que les primes soient plus
élevées.
Actuellement, nous regardons la possibilité d'être un peu
plus libéral, si je puis dire, dans la question des soumissions pour les
assurances, de voir s'il n'y aurait pas possibilité de permettre une
relaxation des règles qui permettrait à des municipalités,
par exemple, de procéder par voie d'invitation, de pouvoir
négocier sur trois ans un contrat d'assurance, ce qui permettrait
d'échelonner le risque sur une plus longue période.
Enfin, nous regardons toutes sortes d'autres solutions qu'une mutuelle.
On regarde également la possibilité d'établir une
mutuelle. Bref, je pense avoir fait une description globale de l'état du
dossier et des possibilités qui s'ouvrent à nous.
M. Dufour: Deux questions qui me restent dans l'esprit: Est-ce
que vous voyez des avenues positives par rapport à ce problème?
Vous m'avez donné toute la problématique, mais je ne suis pas
plus avancé que j'étais. Est-ce que vous voyez des solutions
intéressantes pour les municipalités qui seraient de nature
à baisser. Je comprends que, dans votre esprit, c'est peut-être
cela que vous vouliez me dire, mais, pour moi, ce n'est pas très
clair.
L'autre point, je voudrais juste vous demander si vous êtes au
courant que le ministère des Affaires sociales a sa propre mutuelle ou
son fonds d'assurance pour les hôpitaux?
M. Bourbeau: Oui.
M. Dufour: Si vous me dites oui, c'est déjà une
réponse pour moi.
M. Bourbeau: Pardon!
M. Dufour: Si vous me dites oui, c'est déjà une
réponse. Cela veut dire que vous la regardez. Je n'irai pas
jusqu'à dire: Vous devriez...
M. Bourbeau: Nous sommes en communication avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux sauf que ce n'est
pas une mutuelle. C'est une espèce de fonds propre. C'est de
l'auto-assurance dans le cas du ministère de la Santé et des
Services sociaux alors que dans le cas des municipalités, on ne peut pas
procéder comme cela puisqu'il s'agit de municipalités qui sont
indépendantes les unes des autres et qui ne font pas partie d'un
réseau. Ce serait alors différent et on ne pourrait pas
procéder comme cela avec les municipalités.
Dans le cas du ministère de la Santé et des Services
sociaux, on m'indique que le ministère retient à même les
subventions des montants d'argent et constitue justement un fonds de
réserve pour les cas d'assurance.
En réponse à votre question, M. le député,
quelles sont les avenues? 3e vous ai dit que nous n'excluons pas d'une
façon définitive la possibilité de voir l'Union des
municipalités du Québec former une mutuelle. Deuxièmement,
nous essayons de voir s'il n'y aurait pas possibilité de régler
le problème en amenant un plus grand nombre de compagnies d'assurances
à s'intéresser au marché des assurances des
municipalités, plus précisément les compagnies
d'assurances québécoises.
Évidemment, si elles le font et si on introduit de nouveau la
concurrence dans les soumissions, que l'on aménage peut-être
différemment le régime des soumissions pour les assurances,
peut-être que nous aurons résolu le problème. C'est une
autre possibilité de solution également.
Il y a aussi la possibilité de permettre aux municipalités
de s'auto-assurer, comme le fait la ville de Montréal. Il y a un fonds
de réserve pour les assurances. On pourrait permettre cela aux
municipalités.
M. Dufour: Comme on fait à Jonquière, on fait des
réserves.
M. Bourbeau: Et comme fait la ville de Jonquière pour
l'évaluation foncière. Il y a plusieurs possibilités sur
lesquelles nous travaillons présentement. Mais comme c'est un dossier
extrêmement important et qu'on ne veut pas improviser là-dessus
non plus, on prend le temps qu'il faut pour trouver les solutions
adéquates.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur le programme 4, Au programme 4, les
éléments 1 et 2 sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
Relations avec les municipalités
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Programme 5,
Relations avec les municipalités. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: En fait, j'aurais quelques questions techniques au
point de vue des montants d'argent. Au programme 5, élément 1,
Aide institutionnelle et assistance technique, on voit une diminution de 78 700
$ à la catégorie Employés permanents et une augmentation
de 11 500 $ à la catégorie Employés occasionnels. C'est
toujours le même nombre d'employés. Comment peut-on expliquer ces
variations? Qu'entend le ministre par le mot "réévaluation"?
M. Bourbeau: M. le député, vous constaterez quand
même qu'il s'agit d'une somme de 78 000 $ sur un budget de 2 000 000 $.
Ce n'est quand même pas un montant très important. Est-ce que
votre question porte sur les employés occasionnels ou permanents, M. le
député?
M. Dufour: En fait, ce sont les deux catégories, au point
de vue salaires, qui représentent un montant d'environ 90 000 $, soit 90
200 $ exactement, et le même nombre d'employés. Est-ce qu'il y a
quelque chose de spécial qui explique cela ou non?
M. Bourbeau: Là, vous faites erreur M. le
député. Il ne s'agit pas de 90 200 $, parce que...
M. Dufour: Non, il y a une diminution de 78 000 $. D'accord; 2000
$ puis 11 000 $. En fait la variation est de 67 000 $.
M. Bourbeau: C'est quand même une somme qui n'est pas
très importante. À l'endroit des employés occasionnels,
c'est parce qu'on avait un employé qui avait été
engagé pour huit mois l'an dernier et qui sera engagé pour douze
mois cette année. Cela fait donc la différence de 23 000 $
à 35 000 $.
Pour ce qui est des permanents, un
montant de 78 000 $ sur 2 000 000 $, c'est du "fine tuning", comme on
dit.
M. Dufour: II y a l'élément des garderies qui subit
une baisse de 100 000 $ environ. Quelles sont les municipalités
touchées?
M. Bourbeau: C'est quel élément?
M. Dufour: Le programme des garderies, je pense bien que c'est le
5. C'est le programme 5, élément 2.
M. Bourbeau: II s'agissait d'un programme qui, l'an dernier,
était de 700 000 $. C'est la relocalisation des garderies en milieu
municipal. Au cours de l'année 1985-1986, on a dépensé 100
000 $ seulement, alors il y a eu des fonds périmés pour 600 000 $
en 1985-1986. Le programme était terminé et nous avons
réussi à convaincre le président du Conseil du
trésor - ce qui n'est pas facile - de mettre en place un nouveau
programme de 600 000 $ pour la nouvelle année, donc un nouveau
développement pour l'année qui vient. Le programme est au montant
de 600 000 $.
M. Dufour: Plusieurs pensaient que c'était la ministre
déléguée à la Condition féminine, mais vous
me dites que c'est vous qui avez décidé ou qui avez obtenu que le
dossier continue à fonctionner avec une réserve de 600 000 $ pour
les garderies en milieu municipal.
M. Bourbeau: M. le député, je vous ai dit "on".
Vous savez que "on" exclut la personne qui parle.
M. Dufour: Je vais être obligé de m'habituer
à votre façon de vous exprimer.
M. Bourbeau: Je vous confirme que c'est bien...
M. Dufour: C'est évident puisque vous avez un langage
très spécial.
M. Bourbeau: C'est la ministre déléguée
à la Condition féminine qui a obtenu du président du
Conseil du trésor les crédits de 600 000 $ et cela a
été porté au budget des Affaires municipales puisqu'il
s'agit d'une relocalisation de garderies en milieu municipal.
M. Dufour: J'ai une question qui ne demande pas
nécessairement une réponse. On peut faire un exposé qui
est très léger et que je présente à votre
réflexion. Peut-être que les attachés politiques pourront
réfléchir à ce que je vais dire. On met souvent, ou de
temps en temps, des programmes sur pied dans le milieu municipal. Ce sont des
programmes qui ne sont pas révolutionnaires mais qui sont très
nouveaux. On a toujours tendance à fixer au ministère - c'est
probablement vrai pour d'autres ministères -un temps très court
pour l'implantation ou la réalisation de ces programmes, ce qui a pour
effet d'amener les administrateurs municipaux à aller très
rapidement dans les dépenses sans être nécessairement
complètement préparés pour agir dans ces domaines. Donc,
ma réflexion est en ce sens que lorsqu'il y a des programmes nouveaux
que l'on veut mettre sur pied, il faudrait peut-être donner le temps et
la chance surtout aux administrations municipales, si on veut vraiment obtenir
une plus grande efficacité possible.
M. Bourbeau: C'est une excellente suggestion, M. le
député. Je partage entièrement votre point de vue
là-dessus.
M. Dufour: La prochaine fois je ne vous poserai plus de question
puisque vous avez la réponse.
M. Bourbeau: Quand vous parlez le langage du bon sens, M. le
député, je suis toujours d'accord avec vous.
M. Dufour: J'avais l'impression que ce n'était pas juste
d'un côté. Il me semblait que cela faisait partie des deux bords
de la table. Espérons-le.
Concernant la fusion des villes de Rouyn et Noranda, vous avez dit que
c'était sub judice. Je ne sais pas si vous pouvez répondre
à cette question. Je sais qu'il y a eu un référendum
où les deux municipalités se sont prononcées favorablement
à la fusion. Il y a une contestation actuellement devant la cour, si je
ne me trompe pas, concernant le décret qui n'était pas
écrit dans les deux langues.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Je voudrais attirer votre
attention sur les dispositions de notre règlement. C'est à vous
de décider d'en juger, mais l'article 35 dit: "Le député
qui a la parole ne peut parler d'une affaire qui est devant les tribunaux ou un
organisme quasi judiciaire ou qui fait l'objet d'une enquête, si les
paroles prononcées peuvent porter préjudice à qui que ce
soit." C'est vous qui pouvez vous servir de votre jugement...
M. Dufour: Je voulais juste demander... D'accord.
Le Président (M. Rochefort): ...mais je
voulais vous informer de l'article 35, 3 . Compte tenu de cela, c'est
à vous de décider si vous voulez poser la question.
M. Dufour: D'accord. Je vais poser ma question: Est-ce que ce
dossier est toujours devant la cour?
M. Bourbeau: M. le député, le dossier est devant la
cour. La cause devrait être entendue, à ce qu'on me dit, jeudi de
cette semaine. La cause va être entendue sur le fond. (21 h 45)
M. Dufour: Si j'ai bien compris, c'est que le décret qui
est là est suspendu ou la suite à ce référendum ne
peut pas être en vigueur tant que le jugement de cour n'aura pas
réglé, s'il réglait la question favorablement.
M. Bourbeau: Le tribunal a accepté d'entendre la cause sur
le fond...
M. Dufour: En priorité?
M. Bourbeau: ...dès cette semaine, de sorte que le Conseil
des ministres ne bougera dans ce dossier tant que la cour n'aura pas rendu une
décision. On nous indique que la décision serait rendue
très rapidement. L'intention du juge serait de rendre un jugement la
semaine prochaine, je crois, si possible.
M. Dufour: Parce que vous jugez que cela met en danger la
cause?
Le Président (M. Rochefort): C'est votre jugement, M. le
député.
M. Bourbeau: Je pense que, jusqu'à maintenant, cela va
très bien.
M. Dufour: Cela va, je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Duplessis.
La situation à Schefferville
M. Perron: Merci, M. le Président. D'abord, je voudrais
poser quelques questions au ministre des Affaires municipales. Cela se rapporte
sûrement à un dossier qu'il connaît très bien
maintenant. C'est le dossier de la ville de Schefferville.. Comme à peu
près tout le monde connaît le contexte général,
c'est-à-dire l'état de la situation de la ville de Schefferville
et de ses citoyens, autant les Blancs que les Amérindiens, comme aussi
tout le monde sait, en particulier le ministère des Affaires municipales
et les fonctionnaires du ministère, que la situation financière
de la municipalité est actuellement assez précaire et qu'il y a
chute énorme se rapportant au rôle d'évaluation
lui-même, en tant qu'évaluation globale, il y a plusieurs
problèmes qui existent dans la ville de Schefferville, à la suite
de la décision de la minière IOC de fermer ses installations.
Il est sûr qu'un règlement global, non pas de fermeture,
mais un règlement global avec certaines instances pourrait permettre
à la ville de Schefferville de survivre, car c'est la seule ville qui,
actuellement, reste dans le Nord québécois, c'est-à-dire
entre Sept-Îles et Fort-Chimo qui est à peu près à
200 milles au nord de Schefferville.
Le budget municipal devrait, selon moi, comprendre seulement les
dépenses d'administration. On a aussi parlé de
rétrécissement du tissu urbain de la ville de Schefferville. Ce
dossier était en marche depuis quelque deux ans et il était sur
le point d'aboutir au cours de l'automne 1985. Je voudrais savoir,
premièrement, si le ministre des Affaires municipales a pris une
décision se rapportant au rétrécissement du tissu urbain?
Je reviendrai avec d'autres questions éventuellement.
M. Bourbeau: II a été envisagé, à un
certain moment, de rétrécir le tissu urbain, pour employer
l'expression, pour diminuer les coûts. Cela a été mis de
côté de façon indéfinie, si je puis dire, parce
qu'on a procédé à une réévaluation globale
du problème de la ville de Schefferville. Et, pour l'instant, on
n'envisage pas cette solution.
M. Perron: M. le Président, je trouve curieux qu'une telle
décision ait été prise de remettre cela au calendes
grecques. Un sondage récent effectué à Schefferville
indiquait - ce sondage n'était pas fait par le maire de Schefferville,
en passant, mais par le regroupement des citoyens de Schefferville que plus de
60 % des résidents de Schefferville veulent y demeurer.
Bien sûr que tout cela est relié à la
présence de natifs, c'est-à-dire de jeunes en particulier qui
sont venus au monde à Schefferville et qui veulent demeurer dans leur
lieu de naissance et qui veulent continuer à y travailler pour les
pourvoyeurs ou encore pour la municipalité ou encore pour certaines PME
qui existent dans le milieu. Ce sondage a été annoncé la
semaine dernière par le président du Regroupement des citoyens
des Schefferville, M. François Durette, qui a été
élu en bonne et due forme par la grande majorité des citoyens et
des citoyennes de Schefferville. Il est également fait mention que 78 %
des résidents interrogés s'opposent à la proposition du
gouvernement québécois de raser la ville en raison de
dépenses annuelles de 6 500 000 $ pour la fourniture de services
essentiels à une population totalisant
243 adultes.
Il ne faut pas oublier que dans le cas de Schefferville... J'inviterais
le ministre même à aller faire un tour à Schefferville pour
qu'il réalise que lorsqu'on parle de la ville de Schefferville et des
services qui sont donnés par la population blanche de Schefferville, non
seulement ils sont donnés aux Blancs mais aussi aux Montagnais de la
réserve Matimekosh ainsi qu'à ceux de la réserve de
Kawawachikamach. Face à ce que je viens de mentionner, il y a certains
chiffres qui ont été lancés à peu près
partout dans le paysage qui, selon moi devraient être rectifés en
rapport avec les coûts éventuels dont je parlais tout à
l'heure, par exemple les 6 500 000 $. C'est sûr qu'au moment où on
se parle il y a aussi un autre problème qui existe. La participation du
gouvernement fédéral depuis de nombreuses années est
très minime, elle joue entre 75 000 $ et 100 000 $ par année. Je
trouve cela vraiment déplorable.
Pour revenir à la question du sondage, je voudrais
connaître la position du ministre face à l'argument des opposants,
c'est-à-dire du Regroupement des citoyens de Schefferville, en ce sens
que les services sont également fournis à la population indienne,
comme je viens de le mentionner, vivant dans les deux réserves que j'ai
nommées tout à l'heure et ce, à proximité de la
ville de Schefferville. Le ministre peut-il nous annoncer quelle attitude il
entend prendre face à Schefferville surtout à la suite de
certaines décisions qui ont été prises et qui même
aujourd'hui ont été annoncées dans le cadre de recherches
et dans le cadre de sondages qui seraient effectués par cinq ou six
compagnies près de Schefferville et quelque peu au nord de
Schefferville?
M. Bourbeau: Les services à la population qui sont rendus,
vous dites, profitent non seulement aux Blancs mais aussi aux
Amérindiens. Mais les services les plus coûteux, si je peux dire,
pour la municipalité profitent essentiellement et uniquement aux Blancs.
Je ne veux pas répéter deux fois. Non, non, je comprends
très bien que j'ai...
Une voix: ...
M. Perron: Je suis bien plus attaché à l'avenir de
Schefferville que vous pouvez l'être madame. Oui, oui, je suis capable
d'écouter, ne vous inquiétez pas!
M. Chevrette: ... Mégantic-Compton...
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre s'il vous
plaît! Cela va bien, il reste 37 minutes. Je suis convaincu que cela va
se dérouler tout aussi bien qu'on a réalisé notre
journée. M. le ministre, je vous demande de compléter votre
réponse.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai tout le temps qu'il
faut sauf que j'attendais que le député soit attentif. Je
comprends qu'il parlait a quelqu'un et je ne lui en fais pas de reproche. Il
m'arrive parfois moi-même d'ailleurs de consulter les gens qui
m'entourent.
Je disais donc que les services les plus importants, ceux qui
coûtent le plus d'argent...
M. Chevrette: Là, la réponse vient d'ailleurs.
M. Bourbeau: Alors, tout le monde est prêt. Les services
les plus coûteux pour la population sont les égouts, l'aqueduc,
l'entretien des rues, les services lourds pour la municipalité. Ces
services profitent bien sûr uniquement à la population blanche
puisque c'est celle qui vit à l'intérieur du
périmètre de la ville. La réserve amérindienne
étant à l'extérieur, en banlieue, si je peux dire, ou
à l'extrémité de la ville.
Écoutez, je connais bien la ville de Schefferville, M. le
député, j'y ai même travaillé lorsque j'étais
étudiant. Je sais que vous y êtes allé vous-même une
couple de fois, une fois lors de la dernière campagne électorale
et la dernière fois, trois ans auparavant.
M. Perron: Je m'excuse...
M. Bourbeau: Vous ne fréquentez pas très souvent la
ville de Schefferville non plus. Alors...
M. Perron: Je la connais mieux que le fond de sa poche.
M. Bourbeau: Ah! Bon! Mais vous n'y allez pas très
souvent, c'est ce qu'on me dit.
M. Perron: C'est le maire qui a parlé de cela.
M. Bourbeau: C'est là la question des coûts. Les
coûts les plus importants profitent vraiment aux infrastructures de la
population blanche. Maintenant, pour ce qui est du comité de citoyens
dont vous parlez et qui se réclame d'une grande
légitimité, là-dessus, on peut se perdre en conjectures.
Il y a des gens qui prétendent qu'il est très
représentatif, d'autres nous disent que ce comité,
essentiellement, comporte une cinquantaine de personnes. Le président a
été dûment élu d'une façon très
démocratique, vous en faites état et je vous crois. Je vous
signale que le maire et le conseil municipal sont tout aussi
représentatifs et élus démocratiquement que les gens du
comité de
citoyens. Lesquels représentent vraiment les citoyens? En tant
que ministre des Affaires municipales, je dois penser qu'en premier lieu, c'est
le conseil de ville qui représente démocratiquement les citoyens.
Maintenant, pour les comités de citoyens, vous savez, quand on est maire
- et votre collègue, le député de Jonquière, le
sait - il y a des gens qui se présentent à une assemblée
du conseil et qui prétendent représenter les citoyens. On en voit
qui s'expriment au nom des citoyens. On leur demande: Combien de citoyens
représentez-vous? 25, 50, 100 et chacun prétend
représenter les citoyens. Jusqu'à preuve du contraire, je tiens
pour acquis que c'est encore le conseil municipal qui représente les
citoyens. Je suis porté -le député de Jonquière
semble être du même avis que moi - à penser que le sondage
qui a été fait par la municipalité est certainement aussi
représentatif de l'état de la question que le sondage fait par un
comité de citoyens, même si c'est un comité que vous aimez
beaucoup. Alors, le sondage fait par la municipalité indiquait qu'un
grand nombre de citoyens étaient bien disposés à quitter.
Les chiffres que j'avais - je ne sais pas si on les a ici - étaient
beaucoup plus importants que ceux dont vous parlez. Vous dites que 50 %
voudraient rester. Nous avions...
M. Perron: J'ai parlé de plus de 60 %.
M. Bourbeau: Plus de 60 %. C'est encore mieux. Nous avions
l'inverse, 60 % voulaient partir et il y en avait 15 % qui étaient
hésitants. Mes chiffres valent les vôtres, que voulez-vous que je
vous dise.
M. Perron: Je m'excuse, M. le Président, mais il faudrait
spécifier ici que lorsque le maire a posé la question sur le coin
des rues de Schefferville, dans une couple de bars de la ville de Schefferville
et par téléphone, je peux vous assurer qu'il y avait une
question, il n'y en avait pas six, comme l'a fait le comité de citoyens,
ce qui est très différent.
M. Bourbeau: Vous savez, pour les bars, je ne sais pas de quels
bars on parle. Je sais que les...
M. Perron: On parle du Montagnais, etc.
M. Bourbeau: Vous ne parlez pas du Harem de l'Oasis en parlant de
bars?
M. Perron: Oui, oui, d'accord.
M. Bourbeau: Vous dites que le maire a posé des
questions...
M. Perron: Si vous parlez du Harem de l'Oasis, vous pourriez
peut-être demander à votre collègue de Saguenay ce qu'il
faisait le jusqu'à 3 heures du matin tous les soirs lorsqu'il
était président de l'Association des commissions scolaires de la
Côte-Nord.
Le Président (M. Rochefort): S'il vous plaît: S'il
vous plaît!
M. Bourbeau: Je ne suis pas en mesure d'analyser la
méthodologie employée par le maire. Encore là, je
présume qu'en général les maires sont des gens
responsables et qui connaissent les règles de l'éthique, et je
fais confiance au maire a priori.
M. Perron: M. le Président, je voudrais dire au ministre
que c'est le ministère des Affaires municipales lui-même qui a
demandé au maire de poser cette question. C'est ce qui s'est
passé. Ils n'ont pas demandé de poser six ou sept questions, ils
ont posé une question seulement.
M. Bourbeau: Les émissaires du ministère des
Affaires municipales ont demandé à la municipalité de
faire un sondage et on a tout lieu de croire que la municipalité a fait
un sondage d'une façon démocratique, enfin selon les
règles de l'art. Ce n'est certainement pas un sondage qui a
été fait par la maison CROP ou la maison SORECOM. Encore
là, je ne peux pas analyser la méthodologie mais je
présume que ce sont des gens responsables qui l'ont fait d'une
façon correcte. De toute façon, ils sont aussi responsables que
le comité de citoyens, je présume, tout aussi
représentatifs. (22 heures)
M. Perron: J'ai une seule question à poser, M. le
Président, et je ne sais pas si le ministre va faire comme d'habitude et
ne pas y répondre. Est-ce que le ministre peut nous informer des
négociations qui sont actuellement en cours avec le gouvernement
fédéral depuis le mois d'août dernier face à
l'implication du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien se
rapportant aux finances de la municipalité de Schefferville?
M. Bourbeau: J'ai vérifié. Il n'y a pas de
changement sur ce qu'on a dit précédemment, M. le
député. Il y a eu des consultations nombreuses au cours des
dernières semaines avec des représentants du gouvernement
fédéral, leur exposant l'urgence d'avoir à prendre une
position dans le dossier. On nous a demandé un certain délai du
côté du gouvernement fédéral. On nous a promis qu'on
nous donnerait une réponse ces jours-ci. Alors, nous pensons que d'ici
à une semaine ou dix jours au plus tard, le gouvernement
fédéral devrait nous indiquer quelles sont ses intentions, eu
égard au dossier de Schefferville et le traitement à
donner à la population autochtone.
M. Perron: Est-ce que le budget municipal est adopté?
M. Bourbeau: Non, nous avons donné une extension au budget
municipal jusqu'au 1er juin pour adopter le budget de la
municipalité.
M. Perron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je pense que pour cet élément, on a fait
le tour du sujet.
Le Président (M. Rochefort): Pour le programme 5, cela
va?
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Rochefort): Programme 5,
éléments 1 et 2, adopté?
M. Dufour: Adopté.
Aide financière à la construction de
réseaux d'aqueduc et d'égout
Le Président (M. Rochefort): Adopté. J'appelle donc
le programme 6, Aide financière à la construction de
réseaux d'aqueduc et d'égout.
M. Dufour: Le programme 6 qui est l'aide financière
à la construction...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: ...c'est le programme PAIRA. Est-ce que le ministre
peut nous dire ce qui arrive avec ce programme présentement et pour
l'avenir?
M. Bourbeau: Quand on parle de PAIRA, il y a eu plusieurs
PAIRA.
Une voix: ...
M. Bourbeau: C'est cela. Il y en a un pour lequel on ne paiera
plus, c'est le PAIRA 83 puisque dès le 14 décembre 1984, mon
prédécesseur, ancien député de Rimouski, avait
annoncé au milieu municipal qu'on mettait fin au programme PAIRA 83.
Alors, cela termine PAIRA 83. Pour ce qui est de PAIRA 85, il n'est pas encore
terminé, mais il est dans sa phase terminale, si je peux dire. Nous
avons à ce jour 333 demandes en cours au total. Il reste une somme de 5
755 000 $ sur une enveloppe autorisée de 35 000 000 $. Alors, c'est donc
dire qu'il y aura beaucoup d'appelés, mais peu
d'élus forcément.
M. Dufour: Le ministre n'a pas l'intention de prolonger le
programme ou d'ajouter des fonds?
M. Bourbeau: Pour l'instant, le programme PAIRA 85 va se terminer
bientôt et présentement, il n'y a aucun montant de prévu au
budget pour la continuation du programme PAIRA.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre peut nous confirmer s'il
entend respecter, par exemple, tous les engagements antérieurs...
M. Bourbeau: Les engagements?
M. Chevrette: ...de son prédécesseur qui a reconnu
que telle municipalité avait droit à une subvention, je suppose,
de 1 200 000 $, dûment inscrite au programme PAIRA ou par
dérogation, mais consentie par le Conseil des ministres?
M. Bourbeau: II faut faire une nuance entre le fait qu'une
municipalité ait une autorisation et un engagement. Bien sûr, si
une municipalité est reconnue admissible, c'est une chose. Il y a un
grand nombre de municipalités qui ont été reconnues
admissibles, mais étant donné le peu d'argent qui reste, il y en
a certainement qui ne pourront pas avoir de subvention. Je dirais que s'il y a
des engagements fermes, bien sûr, on les respectera, on n'a pas le
choix.
M. Chevrette: II y a eu des montants spécifiques, M. le
ministre, annoncés même à la municipalité. On a dit:
Vous êtes admissible au programme PAIRA et, compte tenu de la projection
des coûts des travaux de 3 000 000 $, vous recevrez 1 200 000 $, par
exemple. Est-ce que ce sera respecté intégralement?
M. Bourbeau: Je veux faire bien attention aux réponses
parce que les questions sont générales. Si nous nous sommes
engagés, bien sûr, nous allons respecter l'engagement. S'il n'y a
pas d'engagement, le fait de déclarer à une municipalité
qu'elle est admissible, ce n'est pas un engagement, vous l'admettrez avec
moi.
M. Chevrette: Bien oui.
M. Bourbeau: Si on s'est engagé à donner une
subvention, bien sûr, on va respecter l'engagement. D'ailleurs, on
n'aurait même pas le choix, la municipalité pourrait nous y
forcer. Si on déclare que la municipalité est admissible, c'est
autre chose.
M. Chevrette: Dans le passé, M. le ministre, il y a eu
également des corrections apportées aux subventions
engagées ou promises. Les travaux pouvaient être
évalués à 2 000 000 $, par exemple, il y avait 500 000 $
ou 1 000 000 $ de subvention, selon le pourcentage qui était
attribué a la municipalité et, en cours de route, à la
suite d'autorisations du ministère de l'Environnement pour apporter des
correctifs au système prévu, les travaux coûtaient 2 500
000 $ au lieu de 2 000 000 $ et les subventions étaient corrigées
en conséquence. Est-ce que les engagements pris par vos
prédécesseurs seront appliqués dans le sens où ils
l'étaient antérieurement?
M. Bourbeau: À ce jour, quand il y a eu des augmentations
de coûts sur des projets approuvés où il y avait eu des
engagements, on a réajusté les subventions en
conséquence.
M. Chevrette: Ce sera donc la même procédure
qu'antérieurement.
M. Bourbeau: C'est mon intention, oui.
M. Chevrette: Une municipalité qui recevrait une
ordonnance du ministère de l'Environnement dans les prochaines semaines
ou les prochains mois, ce qui est possible, et qui échappe à
votre contrôle en ce qui concerne l'approvisionnement en eau potable...
Ce n'est pas vous, comme ministre des Affaires municipales, qui dictez
l'obligation à des municipalités de se pourvoir d'un
réseau d'aqueduc. Le problème est théorique, mais il peut
être très pratique la semaine prochaine. Vous dites qu'il n'y a
pas d'argent pour PAIRA. Il n'y a pas de PAIRA 85 qui va continuer puisqu'il
n'y a pas de crédits. Qu'advient-il à une municipalité qui
pourrait se voir imposer par le ministère de l'Environnement
l'ordonnance de se munir d'un réseau d'aqueduc? Quelle forme de soutien
pourrait-elle avoir? Est-ce que ce serait sous forme dérogatoire ou si
vous avez l'intention de plaider auprès du Conseil du trésor, du
comité des priorités ou du Conseil des ministres? Je ne connais
pas votre structure interne. Est-ce que vous prévoyez arriver avec de
l'aide à des municipalités qui ne décideront pas elles
mêmes, mais qui seront forcées de se doter d'un réseau? Au
moins, dans ce sens, est-ce que vous entendez faire quelque chose?
M. Bourbeau: Votre question présuppose que pour faire des
travaux, il faut nécessairement des subventions. Il y a une foule de
municipalités au Québec qui font des travaux sans subvention. Je
veux bien croire qu'on a pris l'habitude, depuis quelques années,
d'être subventionné pour tout et qu'on a développé
des réflexes automatiques qui font qu'on est devenu pratiquement, selon
certains, un peuple de subventionnés. Il y a encore du monde au
Québec qui décide de faire des choses sans subvention. S'il y a
une ordonnance qui dit à une municipalité: Vous faites des
travaux, je tiens pour acquis au départ que la municipalité fait
des travaux, enfin, si elle peut se le permettre. Si, à un moment
donné, il arrivait qu'une municipalité soit devant une ordonnance
de faire des travaux et qu'elle n'ait manifestement pas les moyens de les
faire, là, il y a un problème.
M. Chevrette: M. le ministre...
M. Bourbeau: Si on vient au ministère des Affaires
municipales pour avoir une subvention et qu'il n'y a plus d'argent, ou bien on
dira: Non, on ne peut pas vous donner de subvention, ou bien, si c'est pour
dans un an ou deux, on pourra faire revivre le programme PAIRA, quand les
finances publiques auront été assainies.
M. Chevrette: M. le ministre, je suis surpris de votre
réponse. Il peut y avoir des municipalités qui paient
passablement de taxes, qui, par exemple, n'étaient pas éligibles
même au programme PAIRA à cause de la distance entre les maisons -
vous savez qu'il fallait tant de maisons à l'acre - et qui se retrouvent
financièrement très pauvres comme collectivités, à
qui on impose l'obligation de fournir de l'eau potable et vous dites qu'on est
habitué a recevoir des subventions. Ce n'est pas une question d'habitude
à recevoir des subventions. Vous savez très bien, quand il y a
une ordonnance et qu'on se remet dans les mains des professionnels pour un
réseau d'aqueduc, qu'il peut en coûter jusqu'à 1200 $, 1300
$ par foyer pour s'alimenter en eau potable, alors que les municipalités
qui ont des réserves financières, effectivement, dans ce
cas-là, cela pourrait être basé sur les indices de richesse
ou autre. Je ne parle pas des municipalités qui ont les moyens ou qui
ont des surplus budgétaires accumulés, alors que, selon l'esprit
de la loi, une municipalité qui a des surplus budgétaires doit
les remettre, soit en services ou en projets ou, en tout cas, doit liquider ses
surplus, chose qui ne se fait pas partout? Ce n'est pas de cela que je parle.
Je dis qu'une municipalité qui est dans le besoin, à qui on
impose une ordonnance, dont la preuve de besoin est facile à faire et la
preuve de la force qu'on lui impose, c'est l'ordonnance du ministère de
l'Environnement. Et vous me dites qu'on verra dans deux, trois ans. Les
citoyens qui auront à faire face à la facture, ils ne verront pas
dans deux, trois ans, eux.
M. Bourbeau: Bon, M. le député...
M. Chevrette: II y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans
votre réponse.
M. Bourbeau: Non, M. le député. Vous venez
d'introduire une nouvelle nuance dans votre discours. La première
question, c'était: Quand une municipalité a une ordonnance,
qu'est-ce que vous allez faire? Je vous ai répondu que c'est le fait
d'avoir une ordonnance...
M. Chevrette: Vous avez présumé que tout le monde
avait de l'argent. On n'est pas tous des notaires, ici.
M. Bourbeau: Non, j'ai répondu, selon la règle
générale, que l'ordonnance dit de faire des travaux, mais je ne
pouvais présumer que la municipalité était pauvre.
Là, vous venez d'introduire une nouvelle nuance, vous dites que c'est
une municipalité qui est pauvre. Alors, là, c'est autre chose. Si
vous me dites qu'il y a une ordonnance émise et que la
municipalité est démunie financièrement, alors là,
c'est autre chose. On m'indique que c'est très rare, de toute
façon, que de telles ordonnances soient émises et encore plus
rare dans le cas des municipalités pauvres. Enfin, on me dit que ce sont
des cas assez peu fréquents, très peu fréquents. Dans ce
cas là, on regardera la situation cas par cas, puis on verra ce qu'on
peut faire.
M. Chevrette: Vous êtes en train de me répondre
qu'il n'y aura pas de programme particulier qui pourrait tenir compte,
justement, du degré d'enrichissement des municipalités.
M. Bourbeau: Ce que je vous dis, c'est que, si il y a des
ordonnances émises à l'endroit des municipalités qui sont
pauvres et qui ne peuvent pas se permettre de faire des travaux seules, on
regardera ces problèmes quand ils se présenteront.
M. Chevrette: J'allais vous poser une question qui s'adresserait
plutôt au ministre de l'Environnement. Est-ce que le ministre de
l'Environnement, avant d'émettre une ordonnance sur la qualité de
l'environnement, regarde la richesse de la municipalité ou s'il regarde
le degré de pollution de la municipalité? J'ai bien l'impression
qu'il ne me donnerait pas la même réponse que vous venez de me
donner. Donc, à mon avis, cela...
Le Président (M. Rochefort): On va avoir l'occasion de
recevoir le ministre de l'Environnement prochainement, M. le
député.
M. Bourbeau: II n'y a pas lieu d'être pessimiste. La
réponse que j'ai donnée n'était pas négative. J'ai
dit qu'on regardera ce problème au moment où il se posera. Cela
n'implique pas nécessairement qu'on va refuser. Quand le problème
va se poser, on tentera de le régler.
M. Chevrette: Je n'ai plus de question.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: On voit que le temps court assez rapidement. Il nous
reste deux autres programmes à voir. Je pense que, pour ma part, je
fermerais la...
Le Président (M. Rochefort): Le programme 6 est-il
adopté?
M. Dufour: Le programme 6 est adopté.
Le Président (M. Rochefort): Le programme 6 est
adopté, j'appelle donc le programme 7, Aide financière aux
sociétés d'État.
M. Dufour: Si vous n'avez pas d'objection, il reste à peu
près 17 minutes, je passerais au programme 8 et je reviendrais au
programme 7, s'il nous reste un peu de temps. Il y a une bonne raison,
l'Outaouais est surreprésenté pratiquement au point de vue
gouvernemental. Donc, il y a des gens qui devraient faire valoir leur point de
vue.
M. Bourbeau: ...est bien représenté, voulez-vous
dire.
M. Dufour: Bien sûr. Cela veut dire que je passe au
programme 8 et que je pose mes questions. C'est la
Sécurité-indendie qui est un service du ministère...
Le Président (M. Rochefort): Excusez-moi.
M. Dufour: Oui.
Sécurité-incendie
Le Président (M. Rochefort): Pour qu'on se comprenne bien,
on va suspendre l'étude du programme 7 et on va appeler le programme 8,
Sécurité-incendie.
M. Dufour: Voilà.
Le Président (M. Rochefort): Je vous donne la parole.
M. Dufour: Concernant la sécurité-incendie, que je
sache, il y a des problèmes majeurs dans la plupart des
municipalités du Québec. C'est un problème qui,
effectivement, cause des dommages considérables en pertes d'argent, mais
aussi en pertes de vie. Je comprends que le ministère a toujours
été
et devrait toujours être préoccupé par ces
programmes qui ont pour effet de sensibiliser la population en
général aux risques d'incendie et aux bienfaits d'une protection
avant risque ou avant sinistre. Quand je regarde l'orientation que le
ministère se donne pour cette année, je me rends compte que, sur
un effectif de 38 personnes, il vient de soustraire 5 employés
permanents, ce qui fait que ce n'est pas un budget considérable. Ce
n'est pas le plus considérable de tous les éléments que
nous avons vus aujourd'hui, mais, à mes yeux, je trouve cela très
frappant, à moins que le ministre m'indique que la
sécurité-incendie est devenue une préoccupation beaucoup
moins grande. On vient d'assister, à l'Union des municipalités
régionales de comté, à une expérience qui se
poursuit actuellement avec le service des incendies. J'ai eu connaissance que
le ministère, dans le passé, a rencontré les élus
municipaux pour connaître leurs attentes et les risques qu'ils pouvaient
courir. En fait, à mes yeux, le programme sur la
sécurité-incendie subit des coupures dramatiques par rapport
à d'autres programmes qu'on a vus. (22 h 15)
M. Bourbeau: C'est un point de vue qui se défend. Je vous
signale que ce n'est pas un service de pompiers qu'on a au ministère. Il
n'est pas question d'abolir un corps de pompiers. Les gens qui sont le ne sont
pas des gens qui vont éteindre des incendies. Ce sont des
fonctionnaires...
M. Dufour: Pour le ministre, il commence à se faire
tard...
M. Bourbeau: ...qui font du travail du fonctionnaire. Il y en
avait 38 et il y en a maintenant 33; cela ne mettra pas le feu au
ministère. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. Dufour: M. le ministre, je pense qu'il commence à se
faire tard. Bien sûr que je peux excuser certains de vos propos mais
lorsque vous me prêtez le fait de croire que c'est un service d'incendie
que vous avez au ministère, c'est un peu fort. Mes allégeances
politiques municipales depuis un bon nombre d'années m'ont fait
comprendre avec le temps, si je ne l'avais pas compris, que le service de
sécurité-incendie comptait des employés de votre
ministère qui appliquent des programmes et qui aident en même
temps les municipalités pour des subventions ou parfois pour des
conseils sur la sécurité. Le ministère est bien content
aussi d'avoir la collaboration des municipalités pour dire: Vous devriez
mettre des détecteurs de fumée pour protéger des vies,
etc.
Quand vous me dites que c'est un point de vue qui se défend bien,
cela a presque l'air d'une fin de non-recevoir par rapport au sérieux de
la question. Si on l'a abordé au programme 8. ce n'est pas moi qui l'ai
décidé. Si c'est au programme 8, parce que je viens justement de
demander de suspendre le programme 7, c'est parce que je trouve que c'est un
point extrêmement important à savoir que la
sécurité-incendie demeure une préoccupation constante du
ministère. Qu'on mette tous les efforts pour protéger notre
population. Là-dedans, il y a des coûts sociaux et
économiques. Ce n'est pas juste une question de protéger
l'ensemble des contribuables. C'était le sens de mon intervention.
Comment fait-on, malgré les restrictions budgétaires, pour
assurer la sécurité? Je pense que la sécurité ne se
marchande pas trop. Ce n'est pas une question de richesse; c'est plutôt
une question de rôle social. À mes yeux, ce n'est pas une
"business", la sécurité-incendie. C'est vraiment une position que
l'on prend par rapport aux individus et aux municipalités. C'est une
responsabilité collective. Si le ministère des Affaires
municipales trouve que ce service est trop gros, qu'il le donne à un
autre ministère. Mais pour l'amour du bon Dieu, qu'on essaie donc de
considérer le sérieux de ce programme qui s'adresse en fait
à l'ensemble des municipalités. Dieu sait que ces
municipalités ont besoin, comme l'ensemble des citoyens, de se faire
rappeler que l'incendie frappe au moment où on s'y attend le moins.
M. Bourbeau: M. le député, je vous dirai ceci en ce
qui a trait aux coupures de postes. Au moment où le Conseil du
trésor a décidé de couper des postes, le 17
décembre dernier, il y avait cinq postes vacants dans ce service. Nous
n'avons pas diminué le nombre des personnes qui travaillaient dans le
service. Il y en avait 33, lors de l'arrivée du nouveau gouvernement; il
y en a encore 33. Il y avait cinq postes vacants, dis-je. L'ancien gouvernement
avait jugé bon de travailler avec les 33 personnes dans ce service. Il
semble que le travail se faisait puisque c'était comme ça. Si
vous nous dites qu'on est très négligents ou qu'on prend des
risques ou qu'on n'est pas assez conscients de l'importance de ce service, je
vous dis que l'ancien gouvernement l'était aussi, puisqu'il travaillait
déjà avec les 33 personnes. On ne fait pas pire que l'ancien
gouvernement.
M. Dufour: Oui, c'est cela. Mais, M. le ministre, je suis
obligé de vous rappeler qu'il y a eu un changement de gouvernement le 2
décembre dernier. Ce n'est pas moi qui devrais vous apprendre cela.
À tout moment, vous nous dites: II y a eu un changement de gouvernement.
La population n'a pas accepté la façon dont nous administrions,
nous. Ils n'ont pas changé pour avoir pire; ils ont changé pour
avoir de l'amélioration. Vous me
dites qu'il n'y a pas eu de changement, que c'est comme avant: On n'est
pas pire que vous autres.
Mais c'est quoi cette histoire-là? La politique du "pas pire"? Ce
n'est pas la première fois que je l'entends. 3e ne peux pas être
d'accord là-dessus. Montrez-nous au moins que vous avez
décidé ou que vous décidez des choses différentes.
Si c'est juste pour faire ce qu'on faisait, on a été élus
sous fausse représentation. Disons-nous donc les choses
carrémentl Appelons donc un chat, un chat et appelons donc les choses
par leur nom. On parle de la sécurité-incendie. Mais vous,
avez-vous des choses nouvelles à apporter ou bien si vous êtes
comme tout le monde? Si vous êtes comme avant, cela ne va rien changer.
On va vous donner un autre nom, on va vous appeler M. Marcoux. Que voulez-vous?
Je suis obligé de regarder les choses en face.
L'heure avance et je comprends aussi que vous devez probablement
être fatigué; ce n'est pas souvent que vous avez à
répondre de vos actions depuis quatre mois, d'après ce que j'ai
vu. Actuellement, je vous pose une question bien "straight". Ce n'est pas
l'ancien gouvernement qui a coupé cinq personnes. Il y avait encore cinq
postes de disponibles et de l'argent. C'est vous autres qui avez
décidé... Pas vous, on - en disant on, vous êtes exclus - a
décidé en haut lieu qu'on coupait cinq personnes. Il y avait 1600
postes à abolir, donc on a aboli ceux-là. Mais je vous
répète: À quoi sert de faire des beaux concours pour les
jeunes? Cela va coûter 5000 $, on va donner des prix aux petits enfants
pour qu'ils nous fassent des beaux dessins pour montrer que le feu, c'est
dangereux. Voyons donc! On veut éduquer la population, bien
investissons! Disons ce qu'on doit faire et essayons de lui donner des
renseignements, cela se fait avec des gens et avec des ressources humaines;
cela ne se fait pas seulement en économisant. Ce n'est plus de la
privatisation, c'est de la privation purement et simplement que vous
faites.
M. Bourbeau: Bon, tranquille!
M. Dufour: Non, mais je pense qu'il faut que cela sorte de temps
en temps parce que je ne voudrais pas faire rire de moi, voyons!
M. Bourbeau: M. le député, si je reprends vos
propos, vous dites que la population n'a pas voulu élire pire qu'avant.
Si je ne me retenais pas, je dirais que ce serait difficile, mais je ne
le dirai pas.
Actuellement, on fait de l'information. D'abord, on utilise ces
personnes. Vous remarquerez qu'aux dépenses de fonctionnement et autres
dépenses, on a augmenté de 53 000 $ les transports et
communications. On pourrait en déduire qu'on a peut-être un peu
moins de personnes, mais elles vont se promener plus sur le terrain pour tenter
d'aller sensibiliser nos gens. Nous prévoyons au cours de l'année
20 rencontres régionales. Ce sont des activités un peu nouvelles
de la part de nos gens, des tournées de sensibilisation des élus,
une rencontre à la table des MRC. Il y a beaucoup plus de
déplacements sur le territoire de la part de nos gens. On m'indique que
jusqu'à assez récemment, on faisait énormément de
compilations de statistiques dans ce secteur, dans cette direction du
ministère et que, finalement, ce n'était peut-être pas
aussi utile qu'on le pensait. On a maintenant changé un peu notre fusil
d'épaule, si je peux dire, et on s'oriente plus sur la formation,
l'information et la sensibilisation. On tente plutôt de sensibiliser le
milieu à l'importance de se prémunir contre les incendies.
On a changé un peu la façon de procéder, on se
déplace plus sur le territoire et tout cela fait qu'on peut
réussir à remplir ce mandat avec 33 personnes plutôt
qu'avec 38. Alors tant mieux! Vous devriez vous réjouir. On
économise 208 000 $ au chapitre des traitements et on pense qu'on sera
aussi efficace qu'avant.
M. Dufour: J'espère que M. le ministre ne croira pas que
nous allons nous réjouir de ce que vous faites. Vous avez un mandat, ce
n'est pas moi qui vous l'ai donné, c'est évident. La population
portera un jugement et, quant à moi, je sais que, sur le service ou la
section qui s'occupe de l'incendie dans votre ministère, il y a des
statistiques officielles qu'on pourra reconsulter l'an prochain pour savoir si
votre orientation était l'orientation qu'on doit donner et qu'on doit
privilégier par rapport à la sécurité-incendie. Ce
n'est pas un sondage, cela peut se faire par des statistiques. Je sais comment
cela se fait des statistiques. Cela est mathématique. Donc, à ce
moment-là, vous avez pris votre décision et je vais la respecter.
On va regarder ce que cela donne avec le temps. Cela me semble plus clair que
pas mal de choses que j'ai vues depuis ce matin. Quant à moi, je n'ai
pas de questions.
M. Bourbeau: On s'en reparlera l'an prochain.
M. Dufour: Pas d'autres questions pour le moment.
Aide financière aux sociétés
d'État
Le Président (M. Rochefort): Progamme 8, adopté,
éléments 1 et 2. J'appelle donc à nouveau le programme 7,
Aide financière aux sociétés d'État. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Quand on regarde l'aide financière aux
sociétés d'État, il y a une évidence qui nous
frappe, c'est la SAO, la Société d'aménagement de
l'Outaouais où il y a une baisse de 1 157 700 $. Peut-on savoir ce que
ces coupures représentent d'une façon détaillée?
Quelles sont vos intentions vis-à-vis l'avenir de la SAO? Même si
on peut se référer aux journaux, je ne m'y fie pas. Je voudrais
que le ministre me donne ses avenues.
M. Bourbeau: Sur la question de la Société
d'aménagement de l'Outaouais, le gouvernement du Québec a investi
depuis 1969, la date de sa fondation, des sommes colossales dans la SAO, qui
excèdent les 100 000 000 $, en investissements de capital, en frais de
fonctionnement, etc. C'est le seul endroit au Québec où le
gouvernement du Québec a agi comme cela. Les raisons historiques, on les
connaît, c'était pour faire le pendant à la Commission de
la capitale nationale qui s'inscrivait dans l'Outaouais d'une façon
massive avec les fonds importants dont elle disposait.
Aujourd'hui, la SAO détient beaucoup d'actifs: des terrains
industriels, des centres de loisirs, des parcs, etc. Elle a un budget de
fonctionnement important. Nous avons rencontré les dirigeants de la SAO
récemment et nous leur avons déclaré que le gouvernement
ne voyait pas pourquoi il faudrait continuer à subventionner la SAO
pendant encore très longtemps. Pourquoi il faudrait la maintenir
à bout de bras, si je peux dire, puisque la SAO devrait, selon nous,
être capable de se rentabiliser. Comment se fait-il que, après
avoir mis tant d'argent dans un organisme comme celui-là qui n'a aucune
dette, on ne réussisse pas à faire des profits, en tout cas,
à ne pas faire de pertes?
Les nouveaux dirigeants de la SAO nous ont indiqué qu'ils
étaient d'accord avec notre orientation, qu'ils croyaient être en
mesure d'assurer la rentabilité de l'organisme d'ici à deux ou
trois ans et, en conséquence, ont accepté de faire une
réaffectation des équipements de la SAO sur une période de
trois ans. Notre objectif, c'est de comprimer 1 200 000 $ cette année,
la même chose l'an prochain et la dernière compression la
troisième année. De sorte que, après trois ans, le
gouvernement du Québec n'aurait plus à soutenir la SAO. Le
conseil d'administration, comme j'ai dit tout à l'heure, est d'accord, a
accepté notre point de vue et se propose de prendre les dispositions
nécessaires pour atteindre ces objectifs.
M. Dufour: Si j'ai posé la question concernant les
coupures de la SAO, c'est que j'avais toujours été sous
l'impression, selon les députés qui représentaient cette
région, qu'elle avait été très
négligée et qu'elle avait eu des difficultés
gouvernementales. C'était presque le tiers monde au Québec. Je
constate tout de même que la SAO existe juste à un endroit. Il y a
des millions qui sont en jeu. On vient de privatiser, de diminuer ou
compresser, comprimer, pourrait-on dire, le budget de 1 200 000 $, cela peut
fonctionner.
En même temps que les compressions, on annonce que cela va se
terminer probablement d'ici à trois ans. Dans un autre temps,
auparavant, on a donné cinq nouveaux administrateurs à la SAO.
Est-ce que la nomination des administrateurs qui a été
entérinée par le Conseil des ministres, c'est pour mieux aller
dans vos orientations? Est-ce que déjà il y a un mandat
écrit ou donné à ces cinq nouveaux administrateurs pour
faire disparaître la SAO? C'est encore du bénévolat cela
aussi.
M. Bourbeau: Les nouveaux administrateurs de la SAO ont
accepté de remplir le mandat bénévolement, bien que, dans
la loi actuelle, il soit dit qu'ils ont droit d'être payés. Je
vous signale que les montants d'argent qui étaient payés aux
anciens administrateurs de la SAO qui avaient été nommés
par l'ancien gouvernement, étaient assez substantiels. Les montants
d'argent qu'ils recevaient à titre de jetons de présence ou de
salaire.
Les nouveaux administrateurs ont tous accepté de siéger
à titre bénévole, et il n'est pas question de faire
disparaître la SAO. Il est question de s'assurer que le gouvernement
n'aura plus à la maintenir à bout de bras comme j'ai dit tout
à l'heure. C'est le conseil d'administration qui va décider
comment faire pour rentabiliser l'organisme. Il pourra le faire en se
départissant de certains actifs possiblement entre les mains de
municipalités qui seraient intéressées à les
prendre, peut-être que certains actifs iront à des organismes sans
but lucratif. Des équipements pourraient être
transférés à la CRO. Il y a là-dedans
l'aéroport de Gatineau qui pourrait être pris en charge
également par la CRO ou par peut-être le ministère des
Transports. (22 h 30)
Enfin, il s'agit de réaffecter les équipements, les actifs
de la SAO. Maintenant, la SAO pourrait peut-être aussi maintenir
elle-même certains des équipements et retirer des revenus. La SAO
a des biens actuellement, beaucoup de terrains industriels qu'elle peut vendre.
Les produits de ces ventes peuvent être utilisés pour payer les
frais de fonctionnement de l'organisme.
Bref, le mandat n'est pas de faire disparaître la SAO comme telle,
mais de s'assurer qu'elle va se subvenir à elle-même d'ici
à trois ans. Le milieu de l'Outaouais va
décider de ce qu'il veut faire avec sa société
d'aménagement. Nous respecterons les décisions que prendra le
conseil d'administration dans la mesure où le gouvernement du
Québec va se désengager financièrement sur une
période de trois ans.
Maintenant, si vous voulez savoir quels sont les équipements,
j'ai la liste ici des principaux équipements. C'est intéressant
de savoir que c'est assez diversifié. Il y a une marina à lac
Deschênes à Aylmer; il y a deux parcs urbains: Leamy à Hull
et Beauchamp à Gatineau; il y a cinq centres de plein air: à la
Haute-Gatineau, lac Leslie, lac de l'Argile, lac Simon, et Petite Rouge; il y a
trois parcs industriels, soit: à Hull, Aylmer et Gatineau; il y a un
aéroport à Gatineau et plusieurs parcelles de terrain sur
l'ensemble du territoire.
M. Dufour: Quand vous dites cela, c'est toujours à
même les subventions gouvernementales que ces biens-là ont
été acquis.
M. Bourbeau: Effectivement.
M. Dufour: Cela n'a pas été une décision du
milieu ou payé par eux. C'est ça?
M. Bourbeau: Le gouvernement a payé tous ces
investissements. Nous estimons en avoir fait suffisamment.
M. Dufour: Un tiers monde gras dur qu'on avait là. Je n'ai
plus d'autres questions.
Le Président (M. Rochefort): J'ai une question, M. le
ministre. Tantôt quand vous nous avez décrit vos nouvelles
orientations pour la SAO, vous avez dit que le conseil d'administration
était d'accord avec ces orientations. Est-ce que c'est ce qui explique
le changement complet ou à peu près du conseil d'administration?
Quand vous nous dites que le conseil est d'accord avec vos orientations, est-ce
que c'est parce que le précédent conseil n'était pas
d'accord avec ces nouvelles orientations que vous avez procédé
aux changements?
M. Bourbeau: Je ne peux pas répondre à la question
du député parce que le mandat de la très grande
majorité des membres du conseil était expiré lorsque j'ai
pris mes fonctions de ministre. Je n'ai pas eu à communiquer à
l'ancien conseil d'administration les orientations gouvernementales puisque les
membres du conseil n'avaient plus de mandat. Ce qui est arrivé c'est que
nous avons dû procéder à des nouvelles nominations pour
remplacer ceux dont le mandat était expiré et à l'occasion
ou subséquemment à cette nomination, nous avons fait
connaître nos nouvelles orientations.
Je me suis rendu personnellement à Hull, il y a trois semaines,
pour rencontrer le nouveau conseil d'administration. Nous en avons
discuté et finalement, le conseil a accepté de donner suite aux
orientations gouvernementales.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que, M. le ministre,
vous accepteriez de déposer le curriculum vitae des gens que vous avez
nommés au conseil d'administration de la SAO?
M. Bourbeau: Oui, sûrement. Je pense qu'on a même ici
un décret; je pense que cela serait suffisant. En fait, ce n'est pas
vraiment un curriculum vitae, c'est plutôt un décret, 256-86 en
date du 12 mars 1986. Est-ce que le président se satisferait du
décret?
Le Président (M. Rochefort): On m'informe, M. le ministre,
que cela a déjà été fourni, probablement dans les
documents du ministère. Donc, je retire ma question.
M. Bourbeau: Mais je n'ai pas d'objection à...
Le Président (M. Rochefort): Cela conclut le programme 7.
Alors, le programme 7 est-il adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Le programme 7 est
adopté. Donc, les programmes 1 à 8 inclusivement des
crédits du ministère des Affaires municipales ont
été adoptés.
La commission ajourne....
Oui, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je suis seul actuellement de l'Opposition, ici et je
voudrais vous remercier de la façon dont vous avez maintenu les travaux
durant cette journée. Je voudrais remercier aussi le ministre de sa
présence ainsi que les membres de la commission dans l'ensemble et aussi
tout le personnel politique.
Il y en a d'autres aussi à remercier, c'est le personnel du
Journal des débats pour leur amabilité et leur collaboration.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Rochefort): Le mot de la fin, M. le
ministre.
M. Bourbeau: De ma part également, je tiens à
remercier les membres de la commission pour l'assiduité dont ils ont
fait preuve et pour l'intérêt qu'ils portent au dossier des
Affaires municipales. Je remercie
mon sous-ministre, le sous-ministre adjoint et tous ceux qui
m'accompagnent et qui ont passé une très longue journée,
certains d'entre elles ou d'entre eux n'ayant pas eu la chance même de
s'approcher de la "sainte" table. Je remercie également tous les membres
de mon personnel politique qui se sont déplacés pour assister
à cette importante session. Si je comprends bien, demain matin, nous
reprendrons à 10 heures pour étudier les crédits de
l'habitation, n'est-ce pas?
Le Président (M. Rochefort): Exactement, M. le ministre.
Nous ajournons donc nos travaux à demain matin, 10 heures. Nous
aborderons l'étude des crédits des programmes 9 et 10 demain
matin. La commission de l'aménagement et des équipements ajourne
ses travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 36)