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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux pour compléter l'étude des crédits du ministre
des Affaires municipales en nous consacrant particulièrement aux volets
reliés à sa responsabilité en matière d'habitation.
Nous avons deux programmes spécifiques à étudier
concernant cette responsabilité: le programme 9, concernant la
Société d'habitation du Québec, et le programme 10,
"Conciliation entre locataires et propriétaires", plus
particulièrement sur la Régie du logement.
On m'indique qu'il y a un changement parmi les membres. Mme Harel
(Maisonneuve) sera remplacée par M. Paré (Shefford). Il n'y a pas
d'autre remplacement? Cela va?
Crédits du ministère des Affaires
municipales
M. le ministre, je sais qu'hier vous avez eu l'occasion d'aborder le
volet habitation dans vos notes préliminaires. 3e ne sais pas si vous
voulez en reprendre quelques éléments pour la séance de ce
matin en guise d'introduction, mais je vous demanderais peut-être de nous
présenter vos collaborateurs, quant au volet Habitation, qui sont parmi
nous aujourd'hui et à qui, vous le comprendrez, je désire
souhaiter la bienvenue, tout particulièrement puisque j'ai eu l'occasion
de bénéficier de leurs excellents services au cours des
dernières années. Je leur souhaite la bienvenue parmi nous et,
sans plus tarder, je vous demanderais de nous les présenter et d'y aller
de vos commentaires d'introduction.
Présentations
M. Bourbeau: M. le Président, il me fait plaisir ce matin
d'entreprendre avec la commission l'étude du volet Habitation, programme
9, du ministère des Affaires municipales.
Je tiens à vous présenter les gens qui m'accompagnent.
Tout d'abord, je ne veux pas qu'on conclue qu'ils sont nerveux, même si
certains événements se sont produits. À ma droite
immédiate, il y a le président par intérim, M. Jean-Paul
Beaulieu; à sa droite,
M. Pierre Blanchard, l'adjoint au président; également, M.
Paul Angers, le directeur général de la gestion des programmes
-levez-vous donc, M. Angers, qu'on vous voie il y a M. Raymond Baillargeon, le
directeur général du financement et de l'administration,
accompagné de M. Cécilien Bélanger, le directeur du
budget; M. Marc Paradis, directeur général du bâtiment; M.
Jean-Luc Lesage, secrétaire, et M. René Dionne, directeur de
l'évaluation et des normes.
J'aimerais également vous présenter, à ma gauche,
M. Jacques O'Bready, qui est sous-ministre en titre des Affaires municipales;
M. Luc Martin, sous-ministre adjoint qui s'occupe des affaires d'habitation; M.
Yvon Verrette, directeur de la gestion au ministère des Affaires
municipales; M. Mario Saint-Germain, qui est secrétaire du
ministère.
M. Chevrette: Vous avez des documents à nous envoyer.
Tutelle levée à Bromont (suite)
M. Bourbeau: Exactement, M. le Président. Hier, au
début de la séance, j'ai fait état de mes
préoccupations pour l'ensemble du ministère et j'ai
également fait des remarques préliminaires concernant le volet
Habitation. Aujourd'hui, j'aimerais faire un peu l'inverse. Hier, on m'a
demandé de produire certains documents à la commission dans les
meilleurs délais. J'aimerais déposer à la commission
dès maintenant, avec votre permission, certains documents ainsi qu'une
lettre du président de la Commission municipale.
Les documents que je dépose sont: copie de chacun des engagements
financiers relatifs aux mandats accordés à la firme Raymond,
Chabot, Paré, Martin & Associés; la réalisation d'un
plan de redressement financier pour la ville de Bromont; copie du rapport de la
firme RCMP en date du 7 novembre 1985 et copie de la lettre du président
de la Commission municipale du 12 novembre 1985 adressée au conseil de
la ville de Bromont lors de la transmission du rapport de la firme RCMP; copie
des projections modifiées de la firme RCMP en date du 5 décembre,
préparées à la suite d'un mandat verbal donné
après la réception du premier rapport; copie de la lettre du
10
décembre 1985 du président de la Commission municipale au
conseil de la ville de Bromont et, finalement, copie de la lettre du 4
février 1986 au ministre des Affaires municipales pour recommander la
fin de la tutelle à Bromont.
À ce sujet, j'aimerais faire lecture de cette lettre afin qu'au
dossier on puisse faire le point final sur cette affaire.
Le Président (M. Rochefort): Juste pour la bonne marche de
nos travaux, vous comprendrez que je n'ai absolument aucune objection à
ce que vous donniez suite à des demandes qui ont été
formulées hier par les membres de la commission sauf que, compte tenu de
l'entente intervenue entre les deux formations politiques, on essaie de
consacrer deux heures entières à l'étude des
crédits du volet Habitation. Vous comprendrez qu'à moins
d'indication contraire des membres de la commission, cette période de
dépôt et de présentation de documents n'intervient pas dans
le temps mis à la disposition des membres de la commission à des
fins d'habitation. Ça va?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): D'accord. Merci.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Je suis bien d'accord
pour accorder deux heures entières au volet Habitation. Le seul
problème, c'est que, comme les deux volets dépendent de ma
responsabilité, il est arrivé hier que j'ai parlé un petit
peu d'habitation. On a prolongé un peu dans la soirée. J'aimerais
seulement faire le point final sur le dossier Bromont.
Le Président (M. Rochefort): Parfait.
M. Bourbeau: Pour qu'on s'entende, la lettre dit ceci - c'est le
président de la Commission municipale qui écrit au ministre en
date du 4 février 1986: "Monsieur le Ministre, "Je vous transmets en
annexe la copie d'un rapport du 28 janvier 1986 préparé par
monsieur Jean-Paul Boucher, vice-président, et monsieur Roger
Létourneau, membre de la C.M.Q., respectivement
délégué et délégué adjoint de la
ville de Bromont. "Ce rapport passe en revue l'exercice de la tutelle à
Bromont depuis son origine en 1981 jusqu'à aujourd'hui et il se termine
par une recommandation de fin de tutelle. "Je partage entièrement ce
point de vue et comme cette tutelle a été imposée par le
gouvernement, il suffit d'un autre décret pour que celle-ci cesse
à la date que le gouvernement déterminera. "J'avais
recommandé, l'automne dernier, que la tutelle soit prolongée
à tout le moins jusqu'au 31 janvier 1986 afin de permettre à la
C.M.Q. d'adopter le budget 1986 de la ville de Bromont. "Il m'apparaissait en
effet illogique de déployer des efforts considérables et
même d'avoir fait préparer un rapport sur le plan financier des
cinq prochaines années, sans accompagner le conseil municipal
jusqu'à l'adoption finale du budget. "Ma recommandation de prolongation
de la tutelle d'un mois - d'un mois, je dis bien - était assortie d'une
autre recommandation entraînant une modification à la loi. "La Loi
de la C.M.Q. permet à celle-ci, lorsqu'elle met fin à une tutelle
imposée par la Cour supérieure, de maintenir un contrôle
sur un ou plusieurs aspects de l'administration. "Le gouvernement n'a pas ce
pouvoir lorsqu'il met fin à une tutelle et il m'apparaissait utile qu'il
l'ait. "C'est dans cette optique que votre prédécesseur avait
alors suggéré que la tutelle soit prolongée jusqu'au 30
juin 1986..." Alors, je signale que c'est mon prédécesseur,
l'ancien ministre des Affaires municipales, qui avait recommandé, qui
avait suggéré que la tutelle soit prolongée jusqu'au 30
juin 1986. Je continue la lecture de la lettre: "...afin de permettre la
modification à la loi au cas où il apparaîtrait utile au
gouvernement de maintenir une tutelle partielle à Bromont."
Alors, le juge Beaulieu continue, toujours dans sa lettre du 4
février: "Je maintiens ma recommandation de modifier la loi pour
permettre au gouvernement de demander à la Commission municipale de
continuer d'exercer un certain contrôle après la fin de la
tutelle, mais il ne m'apparaît pas qu'il soit nécessaire de le
faire présentement à Bromont. 'Toutefois, si vous étiez
sous l'impression qu'il serait peut-être utile de pouvoir garder un
certain droit de regard, il faudrait que la prochaine législation
permette au gouvernement de demander à la C.M.Q. de le faire, même
si la tutelle avait pris fin entre-temps."
Alors, il y a un paragraphe qui suit qui a trait à la fin de la
tutelle à Notre-Dame-du-Lac. "Veuillez agréer, monsieur le
Ministre..."
M. le Président, je dépose également copie de cette
lettre qui, je pense, fait la preuve que la demande d'actualiser le rapport de
la firme Raymond, Chabot avait été faite sous l'ancien
gouvernement et non pas après le 2 décembre, ce qui, à
toutes fins utiles, détruit l'insinuation selon laquelle il aurait pu y
avoir une ingérence politique de la part du nouveau gouvernement qui
aurait fait en sorte d'inciter la Commission municipale à modifier sa
décision et à lever prématurément, si je peux dire,
la tutelle de la ville de Bromont.
J'espère que la commission va se déclarer satisfaite de
cette preuve et qu'elle va laver la Commission municipale de tout
soupçon - je dis bien: de tout soupçon -relatif à des
influences qui auraient pu être politiques et qui auraient pu être
exercées à son endroit. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Un instantl Est-ce que vous
avez d'autres documents à déposer, M. le ministre, faisant suite
aux demandes intervenues hier?
M. Bourbeau: Écoutez, je crois qu'il y en avait d'autres
également. Je ne pense pas qu'il soit...
Le Président (M. Rochefort): Non, mais je parle d'autres
dépôts à faire maintenant?
M. Bourbeau: Non, pour l'instant, c'est tout ce que je peux
faire...
Le Président (M. Rochefort): Alors, cela
complète...
M. Bourbeau: ...mais, dans les prochains jours, on
déposera la liste des membres du cabinet, M. le Président, comme
il avait été demandé.
Le Président (M. Rochefort): La liste des autres demandes,
y compris celles que vous avez prises en avis. Or, sur les suites que vous
aviez à donner aux discussions intervenues hier, cela fait le tour en ce
qui vous concerne.
M. Bourbeau: Exactement.
Le Président (M. Rochefort): J'autorise le
dépôt de documents. Je demanderais au personnel de la commission
de donner le suivi à ce dépôt de documents.
Deuxièmement, le député de Joliette me demande une
intervention sur la réponse que vient de fournir le ministre. Je
l'accepte, mais je vous dis immédiatement que, par la suite, nous
entreprendrons le volet Habitation.
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Ce n'est pas sur le dépôt que je veux
argumenter, mais c'est sur les propos du ministre, à la fin. C'est pour
cela que j'ai demandé la parole.
Je ne pense pas que les membres de la commission aient voulu prouver que
cela a été fait sous le nouveau gouvernement. On sait très
bien que la tutelle a été décidée par l'ancien
gouvernement et que les rapports avaient été demandés par
l'ancien gouvernement également. Je pense que le ministre n'a pas
d'inquiétude à avoir là-dessus, l'Opposition ne cherche
pas à essayer de faire porter un fardeau au gouvernement actuel sur ce
point précis, au contraire.
Cependant, vous admettrez, M. le ministre, par la bouche du
président de cette commission, qu'il apparaît assez drôle
qu'un membre du gouvernement et non pas un simple député, qu'un
ministre du gouvernement actuel puisse se gargariser du fait qu'il est le grand
responsable de la levée de la tutelle et ce, dans les journaux avec de
gros titres: "Paradis, tout heureux de voir..." "Mission accomplie, Paradis a
fait lever la tutelle...", quelque chose du genre comme titre. Je vous en
enverrai chacun une copie.
Vous comprendrez qu'on peut être surpris de voir que dans un laps
de temps où la commission disait que le mois de juin n'était pas
si mal, mais qu'au moins la fin de janvier était très
importante... on est en droit d'avoir des interrogations.
J'ai été heureux, hier, en assistant à cette
commission, d'entendre le ministre des Affaires municipales dire qu'un
député qui se vante indûment d'une chose dont il n'est
nullement responsable, ce n'est pas du tout de ses affaires... mais je pense
qu'on fera cheminer ce dossier devant les électeurs de Bromont, pour
montrer qu'il y a des hasards qui peuvent servir un député,
même un ministre. Je pense que, de toute façon, je tiens pour
acquis qu'à la lecture même des documents, nous pourrons
étudier plus à fond la spontanéité de la Commission
municipale qui avait l'air moins pressée et qui voulait à tout
prix garder un pied dans la porte, voulant même qu'on amende la loi pour
pouvoir permettre à la Commission municipale de garder un oeil attentif
sur les tutelles.
On verra tout cela a la lecture des documents et nous prenons acte que
le ministre se défend sur une fausse piste. Ce n'est vraiment pas en
voulant lui faire porter i'odieux d'une décision, ce n'est pas à
lui. Soyez sans crainte, quand ce sera vous, on va vous le dira.
M. Bourbeau: Je voudrais dire un mot. Si j'ai soulevé de
nouveau la question...
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, cela va me
prendre un consentement unanime des membres de la commission. Juste un instant,
s'il vous plaît!
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que j'ai droit
à un droit de réplique. C'est de la tradition même de la
commission parlementaire...
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, je vous
rappelle à l'ordre! Cela fait deux fois, en deux jours...
M. Bourbeau: Je voudrais continuer...
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, je vous
rappelle à l'ordre.
M. Bourbeau: D'après la tradition en cette Chambre, j'ai
droit à un droit de réplique, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Vous pourriez peut-être
respecter les décisions du président aussi.
M. Bourbeau: D'accord.
Le Président (M. Rochefort): Je pense que quand je
soulève une question de point de règlement, vous pourriez
peut-être me permettre de l'exprimer et ensuite d'en appeler si vous
n'êtes pas satisfait.
Je vous rappelle les dispositions de l'article 212 de notre
règlement qui dit: "Tout député estimant que ses propos
ont été mal compris ou déformés peut donner de
très brèves explications sur le discours qu'il a prononcé.
"Il doit donner ces explications immédiatement après
l'intervention qui les suscite. Elles ne doivent apporter aucun
élément nouveau à la discussion, ni susciter de
débat."
D'une part, je vous rappelle l'article 212. Deuxièmement, je vous
répète que nous étions réunis ce matin par un ordre
de la Chambre afin d'étudier les programmes 9 et 10. J'ai accepté
de bon gré, comme c'est la pratique, que le ministre puisse donner suite
à des demandes qui ont été formulées par les
membres de la commission hier. Le ministre avec son droit y est allé
aussi d'une intervention sur un sujet qui a impliqué une question de la
part d'un membre de la commission, un peu comme cela se déroule en
Chambre lorsqu'il y a complément de réponse de la part d'un
ministre, on permet une question additionnelle de la part du
député qui avait posé la question.
Moi, je veux bien que le ministre, en se prévalant par exemple de
l'article 215 ou de la tradition, de la formule qu'on utilise à
l'Assemblée nationale, puisse revenir là-dessus. Je veux vous
rappeler qu'on peut très peu déborder de cette question, sinon
cela va me prendre un consentement pour qu'on reprenne un volet qui a
été réglé hier. Là, on va avoir des
problèmes avec les ordres de la Chambre puisque l'ordre qui nous a
été donné était d'étudier les crédits
du volet Habitation.
Ces remarques étant faites, M. le ministre, je vous demande si
vous voulez toujours utiliser votre droit de parole.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Vous avez la parole.
M. Bourbeau: M. le Président, en vertu de la tradition qui
existe en cette Chambre, je tiens à répliquer brièvement
à la dernière intervention du député de Joliette
pour faire valoir un point. La question qui été soulevée
hier à l'endroit de Bromont est une question de principe, et c'est pour
ça que je suis revenu sur cela ce matin. On a mis en doute, hier,
l'objectivité du président de la Commission municipale en ce qui
concerne sa recommandation de faire lever la tutelle de Bromont au début
de janvier 1986. Ce fut uniquement pour ça que j'y suis revenu. Je pense
qu'il est important qu'on réalise que la Commission municipale est un
tribunal administratif, qu'elle n'est pas et qu'elle ne doit pas être
l'objet de pressions politiques. Le président de la Commission
municipale, le juge Beaulieu, n'accepte pas qu'on dise, qu'on pense ou qu'on
insinue, à son sujet, que des pressions politiques sont faites à
son endroit. Or, hier, de telles insinuations ont été faites et
je me devais, ce matin, de corriger cette impression.
Pour revenir à l'autre aspect, soit l'aspect politique dont parle
le député de Joliette, on reconnaîtra qu'un
député qui veut prendre le crédit d'une décision
quelle qu'elle soit peut le faire; plusieurs députés le font. On
reconnaîtra également que, de toute façon, l'ancien
ministre avait souhaité que la commission se prolonge jusqu'au 30 juin.
Je dis bien l'ancien ministre, c'est ce qui est dans la lettre du juge
Beaulieu. Il aurait pu fort bien se vanter d'avoir accompli sa promesse
électorale le 1er juillet, comme il l'a fait, semble-t-il,
d'après le député de Jonquière, au mois d'avril.
Alors, dans un cas ou dans l'autre la promesse électorale aurait
été remplie. À ce moment...
M. Chevrette: ...dans un cas ou dans l'autre.
M. Bourbeau: M. le Président, à ce moment, on
conviendra qu'il n'y a pas là de quoi fouetter un chat. D'autre part, je
signale en terminant que ce n'est pas le juge Beaulieu, le président,
qui a recommandé que la tutelle soit prolongée jusqu'au 30 juin,
d'après les témoignages du juge, mais l'ancien ministre. Le juge,
quant à lui, dans sa lettre que j'ai déposée, a
parlé du 30 janvier 1986. Je pense que les faits sont différents
de ce qui a été allégué. Sur cela, je suis
prêt à passer à l'étude des crédits de
l'Habitation si vous voulez.
Société d'habitation du
Québec
Le Président (M. Rochefort): Je rappelle aux membres de la
commission qu'il est 10 h 27 et que deux heures avaient été
prévues pour l'étude des crédits consacrés à
l'habitation. À compter de maintenant j'accepterai des interventions
portant sur les programmes 9 et 10. Avant d'appeler le programme 9, je vous
demande à nouveau, si
vous avez l'intention de faire un certain nombre de remarques
préliminaires concernant le volet Habitation ou si vous
considérez que les remarques faites hier suffisent.
M. Bourbeau: M. le Président, je vais laisser aux membres
de la commission le soin de procéder de façon à avoir la
possibilité de passer deux heures sur les crédits.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. Aux
remarques préliminaires, M. le député de Shefford.
Remarques préliminaires M. Roger
Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. M. le ministre,
MM. les membres du ministère, MM. les sous-ministres, MM. les membres de
la Société d'habitation du Québec et MM. les membres de la
commission, juste un petit mot entre parenthèses en commençant:
Je vous invite tous à venir faire un petit tour à Bromont, c'est
très beau et c'est dans ma MRC.
Cela dit, le premier constat que l'on peut tirer de la lecture des
crédits 1986-1987 est celui du caractère non prioritaire du
secteur de l'habitation au sein du gouvernement actuel. Dès son
arrivée au pouvoir, le premier geste que posa le gouvernement fut le
démantèlement du ministère de l'Habitation au sein de
trois ministères et ce, sans consultation auprès du milieu
concerné. L'Association provinciale des constructeurs d'habitation du
Québec s'est déclarée inquiète de constater - et je
cite: "que le premier ministre Robert Bourassa a en quelque sorte aboli le
ministère de l'Habitation". C'est ce qu'on pouvait retrouver dans la
Presse du 23 décembre 1985. Ses crédits révèlent
une coupure de 35 000 000 $ en 1986-1987 dans l'aide à l'habitation par
rapport à l'année dernière. Ces 35 000 000 $ de moins en
habitation témoignent de la non priorité de ce dossier au sein du
gouvernement. (10 h 30)
L'actuel titulaire du dossier de l'habitation tente de justifier cette
coupure de 35 000 000 $ sous le prétexte que les programmes d'aide
à l'habitation sont à peu près inutiles parce qu'ils
coûtent trop cher, citant au passage l'exemple de
Corvée-habitation qui, et je cite la Presse du 8 avril 1986:
"...représentent des coûts de 120 000 000 $ dont 72 000 000 $ pour
le gouvernement. Le ministre reconnaît que le programme a fait devancer
des achats de maison mais seulement de l'ordre de 20 %, ce n'est pas
suffisant". Le ministre, sans doute aveuglé par une approche purement
comptable des rapports coûts-bénéfices, a
décidé de se transformer en exécuteur testamentaire dans
le dossier en dénonçant des programmes d'aide à
l'habitation parce que, selon lui, et je cite: "On n'en a pas eu pour notre
argent."
Le ministre aurait avantage à mieux analyser l'impact
exceptionnel et les retombées majeures du programme
Corvée-habitation pour l'ensemble de l'économie du Québec
qui connaissait, à cette période, la pire crise économique
de son histoire depuis le krach de 1929.
Le gouvernement du Parti québécois, de concert avec le
secteur de la construction, de concert aussi avec les municipalités du
Québec et des institutions financières, ne s'est pas
contenté de se croiser les bras et de regarder passer le train. Non, il
a agi! Il a mis sur pied Corvée-habitation qui, il est vrai, a
coûté effectivement 72 000 000 $, mais pour quel rendement?
Corvée-habitation a généré 2 900 000 000 $
en investissements et 57 000 nouveaux logements lui sont directement
attribuables. Pour chaque dollar consacré, Corvée-habitation a
généré un investissement direct de 13 $ dans
l'économie. Corvée-habitation a permis au Québec d'obtenir
le premier rang des mises en chantier pour les années 1982, 1983 et
1984.
Le Conference Board a d'ailleurs reconnu le rôle moteur de
Corvée-habitation dans la reprise économique du Québec.
Les coupures de 35 000 000 $ du gouvernement libéral dans l'aide
à l'habitation constitue un véritable retour à la
politique du gouvernement Bourassa de 1970 à 1976. Durant cette
période, l'indifférence de ce gouvernement à l'endroit de
l'habitation s'est manifesté par l'abolition du seul programme d'aide
à l'accession à la propriété, qui avait
été instauré en 1948 sous le régime de Duplessis
par le truchement de la Loi sur l'habitation familiale.
La mise à mort du programme d'aide à l'accession à
la propriété résidentielle et l'abolition du programme
Équerre se situent dans cette perspective de retour aux vieilles
habitudes de 1970-1976. Ces gestes malheureux de l'actuel gouvernement
compromettent les acquis issus des actions entreprises au cours des neuf
dernières années par le gouvernement du Parti
québécois.
L'habitation a été une priorité pour le
gouvernement du Parti québécois comme en témoigne son
bilan impressionnant dans ce secteur, autant par la qualité que par la
quantité de ses interventions. En plus d'avoir créé un
véritable ministère de l'Habitation, il a créé huit
programmes d'aide, alors que les libéraux n'en ont créé
aucun entre 1970 et 1976; ils ont même aboli le seul programme d'aide
à l'accès à la propriété qui existait
à ce moment.
Deux cent soixante mille ménages ont profité de ces
programmes d'aide à
l'habitation de 1976 à 1985, comparativement à seulement
23 000 ménages, entre 1970 et 1976, soit dix fois plus que sous
l'administration libérale.
Dans le domaine du logement social, le gouvernement du Parti
québécois a beaucoup plus que doublé le nombre de HLM,
pour le porter à 55 000 logements répartis dans 500
municipalités couvrant tous les comtés du Québec.
Entre 1970 et 1976, le gouvernement libéral avait laissé
croître le retard par rapport à l'Ontario de 28 000 logements
qu'ils étaient, en 1971, à 37 000 logements, en 1976. Le Parti
québécois a réduit de moitié cet écart, en
1983, en le ramenant à 15 000 logements.
Au chapitre de la rénovation, dix fois plus de logements ont
été restaurés, soit 45 000, de 1976 à 1985,
comparativement à 4000 sous le gouvernement Bourassa. Ces mesures,
incluant les 40 000 logements rénovés grâce à
Équerre, ont eu un effet d'entraînement important, puisque la part
des dépenses de restauration dans l'ensemble de l'activité de la
construction résidentielle s'est élevée d'un peu moins de
30 %, entre 1971 et 1976, a maintenant près de la moitié de ces 4
000 000 000 $ d'activité économique.
Durant toute cette période de 1976 à 1985, nous sommes
passés d'un peuple majoritairement locataire à un peuple
majoritairement constitué de propriétaires. Le gouvernement
actuel, plutôt que de consolider l'élan insufflé à
ce secteur et les acquis des neuf dernières années, a choisi de
remettre en question une partie importante de ces acquis en coupant 35 000 000
$ dans l'aide à l'habitation.
Il a choisi d'abolir le programme de rénovation Équerre
pour récupérer 21 000 000 $ et a choisi d'accorder seulement 7
000 000 $ comparativement à un budget de 35 300 000 $, en 1985-1986,
pour le fermer définitivement le 30 avril 1986.
Pour le programme Équerre, le ministre a justifié sa
décision sous le prétexte que c'était un programme pour
les riches, ce qui n'est pas tout à fait le cas. De plus, ce programme a
rénové plus de 40 000 logements en moins de deux ans pour ainsi
améliorer la qualité de l'habitat de bon nombre de citoyens et la
qualité du parc de logements en général. Ce même
programme a généré un impact économique direct de
plus de 160 000 000 $, principalement dans les secteurs de la construction et
du commerce au détail, surtout les quincailleries et les magasins de
rénovation.
La fermeture du programme d'aide à l'accession à la
propriété résidentielle touche directement les familles.
Ce programme apportait un précieux coup de pouce aux familles pour
l'achat de leur première maison. Quarante-huit mille familles ont
bénéficié de l'aide de ce programme depuis sa
création en 1981. Encore une fois, le ministre tente de se justifier en
disant que c'est un autre programme pour les riches et qu'il faut
réorienter l'aide de l'État vers les plus démunis. Est-ce
qu'on peut sérieusement prétendre que ce programme était
un programme pour les mieux nantis quand on sait que les revenus moyens des
ménages bénéficiaires s'élèvent à 28
000 $ par année? Un ménage avec au moins un enfant, dont les
revenus s'élèvent à 28 000 $ par année et qui a une
maison à payer, ne constitue pas, à notre avis, une famille
riche.
Parlons-en, d'ailleurs, de cette réorientation de l'aide aux plus
démunis en matière d'habitation souhaitée par le ministre.
Où est-elle, cette réorientation, alors que l'on coupe 35 000 000
$ dans l'aide à l'habitation et qu'aucun nouveau programme n'est
prévu pour les plus démunis? Le ministre aurait dû
convaincre ses collègues du Conseil des ministres en décembre
dernier, lorsque l'une des premières décisions du gouvernement
fut de réduire de 220 000 000 $ l'impôt des mieux nantis, ceux qui
gagnent 60 000 $ et plus par année. Le ministre aurait dû faire
valoir son objectif fort louable de venir en aide aux plus démunis,
à ce moment-là.
Ces décisions regrettables prouvent que l'habitation n'est pas
une priorité pour le gouvernement. D'ailleurs, il faut se rappeler que
le programme électoral du Parti libéral ne contenait aucun volet
spécifique à l'habitation. Il faut retrouver, dans les
engagements électoraux touchant les personnes âgées,
quelques mesures concernant l'habitation, soit: premièrement, de
réviser le programme Logirente, pour en accroître
l'accessibilité et l'efficacité; deuxièmement, offrir une
aide financière à ceux qui rénovent leur résidence
pour offrir un logement à leurs parents âgés;
troisièmement, développer un large éventail de logements
destinés aux personnes âgées. Nulle part, dans les
crédits de l'année 1986-1987 affectés à
l'habitation, ne se retrouve la mise en oeuvre de ces engagements.
En terminant, nous ne pouvons que condamner l'attitude du ministre de
couper 35 000 000 $ dans l'aide à l'habitation. Ce geste témoigne
de l'indifférence et du laisser-aller du gouvernement dans le secteur de
l'habitation.
Je m'arrête ici afin que nous disposions du temps qu'il nous reste
pour tenter de connaître la philosophie du ministre responsable du
dossier de l'habitation, quant au rôle de l'État dans ce secteur,
ainsi que ses priorités d'action pour les trois prochaines
années. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M.
le député de Shefford. M. le ministre. M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Quelques remarques en
ce qui concerne la décision du gouvernement de répartir, si je
puis dire, les volets ou les composantes de l'ancien ministère de
l'Habitation de la façon que l'on sait.
Je pense que l'on peut affirmer que la décision du gouvernement
du Parti libéral se défend très bien. En effet, l'ancien
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur avait pour
responsabilité de voir à la protection du consommateur, bien
sûr; il y avait aussi l'aspect ou le volet du bâtiment et il y
avait le volet de l'habitation strictement.
La protection du consommateur, quand on en parle, on peut
considérer qu'il n'y a pas seulement dans le secteur de l'habitation que
les consommateurs doivent être représentés et
défendus. Les gens qui se procurent un grille-pain, par exemple, n'ont
pas besoin de loger à l'enseigne de l'habitation pour être
défendus par un ministre. On en conviendra. Également, les gens
qui achètent une automobile ne sont pas mieux défendus par un
ministre de l'Habitation que par un ministre de la Justice. Même, je
pense qu'on peut très bien plaider que le ministre de la Justice,
étant au-dessus des dossiers, si je puis dire, ou survolant l'ensemble
des dossiers, peut mieux défendre les acheteurs de maisons,
d'automobiles, de grille-pain ou d'une paire de skis. Prétendre qu'il
faille loger la protection du consommateur à l'enseigne de l'habitation,
c'est prétendre qu'il n'y a que les acheteurs de maisons qui doivent
être bien protégés. Alors, je pense que toute personne
raisonnable peut admettre qu'on peut très bien situer les
responsabilités de la Protection du consommateur auprès du
ministre de la Justice. La décision du gouvernement à ce
sujet-là se défend bien.
En ce qui concerne la question du bâtiment, là encore on
peut affirmer qu'il y a énormément de réglementations:
réglementer le bâtiment, cela peut, dans l'esprit de certains et
certainement dans l'esprit du gouvernement, être une
responsabilité qui dépend autant et sinon plus du ministre du
Travail que d'un ministre qui s'occupe de développement dans le domaine
de l'habitation.
Finalement, on revient avec l'habitation. Alors, en ce qui concerne
l'habitation, M. le Président, on sait que, traditionnellement, le
Québec s'est inscrit dans l'habitation par l'entremise du
ministère des Affaires municipales. C'est là qu'est née
l'habitation au Québec, pour une raison assez simple, je crois: c'est
que le Québec a toujours été à l'avant-garde, si je
peux dire, de l'habitation dans le domaine du développement social, de
l'habitation sociale.
Comme l'habitation sociale s'est toujours faite et se fait encore avec
le concours des municipalités du Québec, soit en particulier dans
le programme de construction des HLM, il est logique de faire en sorte que
l'Habitation et les Affaires municipales soient très proches parents,
sinon reliés. On travaille continuellement, au niveau de l'habitation,
avec les municipalités. Les offices municipaux d'habitation sont sous
leur responsabilité. Dans le programme Loginove, on utilise
également le canal des municipalités comme voie d'entrée
pour les demandes. Il y a un lien très étroit entre les
municipalités du Québec et l'habitation sociale, de sorte que le
gouvernement est très bien placé pour défendre sa
décision de mettre sous l'autorité d'un même ministre la
responsabilité des Affaires municipales et de l'Habitation en
général, surtout l'habitation sociale.
En ce qui concerne la diminution des crédits, alors là je
pense que l'on doit à la vérité de dire les chiffres tels
qu'ils sont. Je voudrais simplement, à l'adresse des
députés de l'Opposition et surtout à celle du
député de Shefford, vous faire remarquer ceci: II est tout
à fait faux de dire que nous avons coupé 35 000 000 $ dans
l'habitation. C'est un chiffre - je dois le dire au député - qui
ne correspond absolument pas à la réalité. Si la
réalité a des droits, le député va prendre note des
chiffres qui suivent.
Nous avons présentement, au budget, des crédits de l'ordre
de 308 000 000 $ -j'arrondis, je vous fais grâce des centaines de
milliers de dollars - et c'est le total des crédits pour l'année
1986-1987. Cela comprend une partie pour l'administration et une partie pour
les programmes. Les montants sont de 23 300 000 $ pour l'élément
1 et de 285 000 000 $ pour l'élément 2; total, 308 300 000 $.
M. le Président, si on regarde les dépenses réelles
pour les deux dernières années, on remarque que l'an dernier,
pour l'année 1985-1986, les dépenses réelles ont
été de 313 100 000 $, soit une différence d'à peine
5 000 000 $ ou, si vous voulez, une diminution de 1,5 % seulement par rapport
aux dépenses de l'an dernier. Donc, on prévoit dépenser,
dans l'année qui vient, 5 000 000 $ de moins que l'année
précédente. On est loin des 35 000 000 $ dont parle le
député de Shefford.
Si on se reporte à l'année précédente,
l'année 1984-1985, on a dépensé à la SHQ 293 700
000 $, soit 15 000 000 $ de moins que cette année. Alors, il y a une
très grosse différence. (10 h 45)
Le député va me répondre: Oui, ce sont
peut-être les dépenses réelles, mais ce n'étaient
pas les crédits. Autrement dit, les
prévisions des dépenses étaient plus importantes.
Je répondrai que si l'ancien gouvernement n'a pas réussi à
dépenser les sommes qu'il avait prévues en début
d'année, on doit conclure qu'il avait mal budgétisé.
À la fin d'une année financière, quand on a
dépensé trop par rapport aux crédits et qu'on a un
déficit, on dit qu'on a mal administré. Mais quand c'est
l'inverse qui se produit et qu'on dépense moins, c'est que le budget
n'était pas conforme à la réalité. Je conclus en
disant que le budget de cette année représente une diminution de
1,5 % des dépenses réelles effectuées au cours de
l'année précédente et, à ce sujet, il n'y a pas
lieu de crier au scandale.
Un dernier point. L'affirmation qui a été rapportée
par les journaux à savoir que les programmes dans le domaine de
l'habitation seraient inutiles, vous me ferez confiance en disant que le
ministre responsable de l'Habitation n'est certainement pas pour se tirer
lui-même dans les jambes et que je n'ai certainement pas
déclaré que les programmes sont inutiles. Vous connaissez la
politique comme moi, les hommes politiques n'ont pas le contrôle des
articles, encore moins des titres qu'on y met.
Je voudrais simplement reprendre ce que j'ai dit aux journalistes de la
Presse. C'est essentiellement ceci: II y a, dans les programmes d'habitation,
deux genres de programme, les programmes à vocation sociale et les
programmes à vocation économique. Les programmes à
vocation sociale visent à venir en aide aux citoyens les plus
démunis de la société; du moins, c'est ce que nous voulons
faire et nous allons accentuer davantage encore les efforts dans cette
direction. Les programmes à vocation économique sont
essentiellement des programmes conjoncturels. Il ne serait pas dans
l'intérêt de la société de maintenir continuellement
des programmes de stimulation économique en matière d'habitation,
surtout lorsque la conjoncture économique est bonne. On comprendra que
ces programmes doivent être utilisés de façon ponctuelle
pour venir en aide à l'économie dans des moments difficiles.
Lorsqu'une crise se développe et que l'habitation, les mises en chantier
chutent d'une façon importante et que les taux d'intérêt
augmentent, on peut être justifié d'intervenir et de relancer
l'économie par des moyens semblables.
Mais si on maintient ces moyens par la suite, lorsque l'économie
s'est replacée et qu'on file le parfait bonheur, si je puis dire, cela
devient très dangereux parce que, artificiellement, on stimule un
secteur économique, et si une nouvelle crise se présente,
qu'est-ce qu'on pourra faire à ce moment-là? On est
déjà en "overdrive" sur des programmes, et tout à coup,
une nouvelle crise se présente. Est-ce qu'on va doubler et tripler et
surchauffer l'économie en tentant de stimuler quelque chose qui est
déjà stimulé au maximum? C'est très dangereux.
L'ancien gouvernement l'a compris puisqu'il a lui-même mis fin au
programme Corvée-habitation, jugeant que la commande avait
été remplie.
C'est exactement la même problématique que j'ai
défendue et que je défends continuellement auprès de ceux
qui m'en parlent. La conjoncture actuelle est excellente, les mises en chantier
ont augmenté de 40 000 000 $ à 48 000 000 $ l'an dernier, un peu
plus de 48 000 000 $ en 1985, on a les chiffres ici, en 1984, on avait 41 902
000 $, en 1985, 48 031 000 $. Je pense qu'on était tout à fait
justifié de mettre fin à des programmes dont l'objectif
était de relancer l'emploi, de stimuler l'économie et les mises
en chantier ou l'activité dans le monde de la construction. Je n'ai pas
dit qu'ils étaient inutiles, j'ai simplement dit que ces programmes
n'étaient plus requis. La conclusion de l'inutilité n'est pas la
mienne, mais celle du journaliste. J'ai également dit que quand on fait
une analyse des coûts-bénéfices de certains des programmes
dits à vocation économique, on se rend compte qu'ils n'ont pas
réellement atteint leur objectif. C'est le cas du programme
Équerre dont on conviendra qu'il n'a pas atteint ses objectifs.
Vous me permettrez de citer seulement une statistique à l'endroit
du programme Équerre. L'évaluation du programme Équerre
démontre que la valeur nette des travaux exécutés par
Équerre a été de 35 300 000 $. Autrement dit, le programme
Équerre a entraîné des travaux additionnels -qui ne se
seraient pas faits sans Équerre -de 35 300 000 $. Or, le programme
Équerre a coûté 23 000 000 $. Je pense qu'à la face
même des chiffres on réalise que, dépenser 23 000 000 $
pour produire des travaux de 35 000 000 $, c'est payer assez cher, finalement.
D'autant plus que la très grande majorité des gens ayant eu
accès au programme ont reconnu qu'ils auraient fait les travaux
même si le programme n'avait pas existé. Donc, sans vouloir
tourner le fer dans la plaie trop longtemps, on peut affirmer que le programme
n'a pas atteint réellement les objectifs qu'on lui avait
proposés.
L'autre programme pour lequel nous avons mis fin aux inscriptions - je
dis bien aux inscriptions et non pas au programme, parce qu'il ne faudrait pas
qu'on répande faussement la rumeur que les gens n'ont plus accès
à la propriété... Nous allons continuer le paiement des
montants pour lesquels nous nous sommes engagés pour la période
convenue. Au sujet du programme PAAPR, nous avons mis fin à la
période d'inscription; donc, il n'y a plus de nouvelles entrées
dans
le programme. Comme je l'ai dit hier, ce programme avait quatre volets
bien spécifiques et quatre objectifs différents, dont un objectif
de relance de la construction. Donc, on voulait en faire un instrument de
développement économique. Là, il y a 22 % des gens qui ont
utilisé le programme, 22 % seulement des clients du programme qui ont
jugé bon d'aller vers la construction neuve. On ne peut pas dire
vraiment que ce programme a relancé la construction, puisque seulement
22 % des bénéficiaires en ont profité sous cet angle.
Il y a le volet aide aux familles ayant de jeunes enfants et dont les
revenus sont moyens ou modestes. On constate que tout près de 40 % des
gens avaient un revenu supérieur à 30 000 $. Quant à
l'objectif démographique, on voulait faire de ce programme un
"incitatif" à la natalité. L'évaluation du programme est
en ce sens qu'il n'y a pas eu de changement ou de modification au taux de
natalité chez les gens qui se sont inscrits au programme par rapport
à ceux qui ne s'y sont pas inscrits. Autrement dit, cela n'a pas eu
d'effet sur la natalité.
Enfin, le dernier objectif de PAAPR était la relance des
quartiers vieillissants. Effectivement, il y a eu un bon nombre de gens qui se
sont dirigés vers les logements existants, sauf qu'on a constaté
que d'autres programmes sont plus efficaces pour faire de la rénovation
dont, entre autres, le programme Loginove qui s'adresse plus directement
à cet objectif. Le programme Loginove, vous le savez, est maintenu et on
entend même accroître sa portée.
En conclusion, devant l'évaluation de ces programmes, nous en
sommes venus à la conclusion qu'ils n'étaient plus requis dans la
conjoncture actuelle et c'est la raison pour laquelle nous les avons
abandonnés. Cela ne veut pas dire que, si jamais, dans l'avenir, la
conjoncture justifie de nouvelles interventions nous n'en ferons pas, mais je
pense que dans la conjoncture actuelle nous sommes justifiés
d'abandonner le programme Équerre ainsi que le programme d'accès
à la propriété résidentielle. 3e vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Avant de parler HLM, Équerre ou
Corvée-habitation, programme par programme, j'aimerais revenir un peu
sur ce que le ministre vient de dire, en parlant de l'habitation en le ramenant
surtout à sa facette sociale. Vous avez mentionné qu'il y avait
une autre facette et, heureusement, parce que l'habitation, c'est du secteur
économique; même le social, c'est de l'économie, il ne faut
pas l'oublier. S'il y a quelque chose d'important, c'est bien le logement. Tout
le monde mange, mais tout le monde doit se loger aussi. Cela touche tous les
citoyens du Québec. Le secteur comme tel, quant à son importance
économique, ce sont des retombées de A 000 000 000 $. Je crois
qu'il y a des ministères qui n'ont même pas à s'occuper
d'un secteur ayant des retombées aussi importantes et il y a
certainement beaucoup de secteurs qui sont plus petits que ça.
Donc, un secteur aussi important au niveau économique - on
l'avait d'ailleurs prouvé, puisqu'on avait un ministère de
l'Habitation - cela aurait justifié le maintien du ministère de
l'Habitation comme tel, pour ne pas s'occuper seulement du domaine social du
logement, mais du logement dans son ensemble, comme secteur de
développement économique. Que les municipalités soient
impliquées, heureusement, je suis tout à fait d'accord. On en a
eu la preuve aussi dans plusieurs municipalités, où celles-ci ont
eu confiance et se sont embarquées dans le programme
Corvée-habitation. Elles en ont tiré beaucoup de profit, non
seulement des bénéfices parce que cela a créé des
emplois dans ces municipalités, mais aussi des bénéfices
pour les décennies à venir puisque cela veut dire qu'elles ont
augmenté le nombre de constructions, de résidents sur leur
territoire, donc, plus de taxes à partir de la construction
jusqu'à toutes les années dont on peut s'imaginer à venir.
Je dois dire sur cela que je n'ai pas l'impression non plus qu'il y a eu
beaucoup de consultations du monde municipal, entre autres. Là, on en
parle beaucoup parce que cela fait notre affaire, mais je ne suis pas
sûr, par les associations qui les représentent ou, directement,
qu'il y ait un grand nombre de municipalités qui aient été
consultées sur la façon dont elles voyaient l'abolition du
ministère comme telle et peut-être que cela représente plus
de charges, de responsabilités pour elles. Lorsque vous comparez des
chiffres, c'est facile. C'est facile de comparer des chiffres, sauf que dans
les budgets, on compare toujours des prévisions avec des
prévisions et non pas des prévisions avec du réel. On
pourrait remonter jusqu'en 1976 et on s'apercevrait qu'on est vis-à-vis
d'une augmentation faramineuse. C'est évident, on peut reculer d'un an,
de deux ans, de trois ans et faire des comparaisons. Sauf que, lorsqu'on
fait un budget les comparaisons se font... Des pommes, ça se compare
avec des pommes et non pas avec des oranges.
Donc, c'est effectivement 35 000 000 $ de prévisions de moins.
Vous dites qu'on n'a pas tout dépensé. Il restera à voir,
quand on sera assis ici de nouveau l'an prochain, si vous aurez tout
dépensé, avec
déjà les demandes du président du Conseil du
trésor pour compresser sur des chiffres qui apparaissent dans cela; on
appelle ça de la rationalisation... Sur cela, je maintiens que je trouve
inacceptable la coupure qui, à mon avis, est de 35 000 000 $.
Vous parlez sur des programmes - je vais y revenir tantôt - mais
juste sur un où vous dites que l'accès à la
propriété avait comme objectif la natalité. Ce
n'était pas une politique familiale en soi, mais, si cela pouvait amener
les couples à vouloir avoir des enfants davantage, tant mieux! Sauf que
c'était avant tout une aide non pas à la natalité, mais
à la famille. Il fallait permettre aux gens qui étaient
majoritairement locataires de devenir majoritairement propriétaires.
Mais, pour accéder à la propriété
résidentielle, cela prend les moyens et habituellement les gens... Vous
avez dit que 40 % de ceux qui ont profité du programme faisaient plus de
30 000 $. Oui, on peut dire à moitié plein, à
moitié vide, mais cela veut dire que 60 % avaient beaucoup moins, si on
en arrive à une moyenne de 28 000 $. Donc, on a permis à au moins
60 % qui ont un salaire moindre de 30 000 $ par année, un revenu
familial de moins de 30 000 $, de pouvoir devenir propriétaires. Donc,
c'est une aide aux ménages et non pas une incitation à la
natalité, comme on veut le laisser entendre. Ce n'étaient pas non
plus les mieux nantis, mais au contraire les 28 000 $, comme je le disais
tantôt dans mon préambule; 28 000 $ pour un couple avec au moins
un enfant et des paiements de maison à effectuer, je ne pense pas qu'on
puisse considérer cela comme des gens bien nantis et c'est un cadeau que
l'on fait aux gens qui ont les moyens.
Quand vous dites que vous avez été mal cité par les
journalistes, je suis prêt à vous croire, sauf que, c'est comme si
l'habitation c'était moins important. Vous parliez comme si on
était en période de supercroissance économique et
d'abondance. Il ne faudrait pas oublier les chiffres, regardons la situation
actuelle. Oui, ça va mieux, et tant mieux, et j'espère que
ça va aller encore beaucoup mieux dans les semaines, les mois et les
années à venir, sauf que ce n'est pas vrai qu'il n'y a plus de
chômeurs au Québec, il y en a encore. Le Conference Board a
reconnu que c'est grâce à Corvée-habitation, finalement,
qu'on a fait redémarrer la roue dans le sens du développement et
non pas de la récession. Est-ce qu'on abandonne maintenant, parce que
cela va mieux, alors que c'est un secteur aussi important? C'est comme si,
maintenant, tout le monde était propriétaire au Québec.
Vous avez laissé entendre tantôt qu'on serait en avance sur les
autres. Ce n'est pas tout à fait le cas et même pas dans le
logement social. Je vous ai donné des chiffres dans mon introduction
tantôt pour dire qu'on avait un retard considérable dans les HLM
comparativement à l'Ontario. On se rapproche, mais on n'a pas encore
dépassé l'Ontario, et loin de là. Je pense qu'il faudrait
faire attention avant de dire qu'on a atteint des objectifs. (11 heures)
Oui, il y a des programmes qui ont atteint des objectifs, mais, au
niveau global de la construction, on ne les a pas atteints. À moins que
vous ayez été, encore une fois, mal cité, on retrouve dans
le journal -attendez un peu - - Urba, février 1986, vos propos:
"Accès à la propriété: Faciliter l'accès
à la propriété lui tient particulièrement à
coeur. Nous sommes toujours un peuple de locataires en retard sur la France et
même sur l'Ontario, regrette-t-il. Pour lui, l'accès à la
propriété est un facteur de responsabilisation des citoyens et de
stabilité sociale". J'ai presque envie d'applaudir tellement je partage
votre point de vue là-dessus. C'est exactement ce que je pense et c'est
exactement ce que je suis en train de dire. C'est exactement la voie qu'un
ministère de l'Habitation, avec une personne responsable, a
tentée et une préoccupation du secteur qu'il pourrait
réaliser.
Alors que tout ce qu'on vous entend dire depuis un certain temps, c'est
comme si l'habitation, c'était pour le gouvernement une seule
responsabilité sociale et, de plus, on se décharge sur les
municipalités. Je dois vous dire que le ministère de l'Habitation
avait comme vue exactement ce que vous avez déclaré ici, à
moins d'avoir été mal cité. Quand vous dites que vous
regrettez qu'on soit en retard, comme peuple, de ne pas être plus, en
pourcentage, propriétaire et que vous favorisez l'accès à
la propriété comme un facteur non seulement de responsabilisation
des citoyens, ce que je partage à 100 % avec vous, mais en plus de
stabilité sociale et stabilité économique aussi, comment
justifier l'abandon d'accès à la propriété alors
que c'est le seul programme qui existait, selon ce qu'on doit dire, même
si vous dites qu'il existe encore, un programme qui existe qu'on ne peut pas
utiliser, j'aime mieux l'utiliser au passé ou à l'imparfait,
parce qu'il existait...
On ne peut plus l'utiliser, donc on ne peut plus devenir
propriétaire avec l'aide du gouvernement. Le seul programme qui
était en vigueur, qui pouvait répondre à votre souhait,
qui semblait vous tenir à coeur, il est aboli. Maintenant, cela va
être surtout le logement social. C'est là où je vous dis,
avec la philosophie qui veut qu'on aille surtout vers l'entreprise
privée, vers la prise en main des citoyens, la responsabilisation, comme
vous dites, des citoyens, le programme "Accès à la
propriété" allait justement dans ce sens, savoir que chacun des
citoyens, par son investissement stimule
l'économie dans un secteur qui génère 4 000 000 000
$, comme j'ai dit tantôt, et vous l'abandonnez. C'est là où
je ne comprends pas. Je trouve que les gestes ne vont pas avec le discours.
Je vais atterrir sur une question. Vous avez décidé de
l'abolir, vous l'avez expliqué en partie, je dois dire, et je viens de
vous le dire, je ne partage pas les critères qui ont amené
l'abolition. Comme je vous disais, je trouve qu'il n'y a pas eu suffisamment de
consultation. Vous dites qu'on devait séparer Protection du consommateur
et Habitation. Peut-être. N'oubliez pas, quant à la protection du
consommateur, qu'il y a l'Office de protection du consommateur qui s'occupait
des problèmes, quand c'est avec une tondeuse ou un grille-pain.
L'habitation, c'est différent. C'est chaque année que cela
revient, que la régie peut avoir à jouer son rôle
d'intermédiaire entre propriétaire et locataire. C'est quelque
chose de permanent, c'est annuel, c'est continuel que cela va. Je pense que la
régie a aussi un rôle très important à jouer.
Vous avez décidé quand même que vous aimiez mieux le
répartir, donc faire en sorte que l'habitation soit
éparpillée au lieu d'être une priorité, une
préoccupation comme vous l'avez fait pour dire que, on était
d'accord hier, il y ait un ministre d'État délégué
à la PME même s'il y a un ministre de l'Industrie et du Commerce,
parce que cela prouve une préoccupation dans un secteur. Une
préoccupation pour le développement économique pour les
petites et moyennes entreprises. Là, on aurait dû avoir la
même préoccupation, mais on va dans le sens contraire alors qu'on
lui enlève tout un champ, non pas un champ d'activité, mais une
préoccupation qu'un ministre avait quand il avait à s'en occuper
à temps plein.
Voici ma question. Vous avez décidé de l'abolir. Vos
critères, je les respecte même si je ne les partage pas. Quelle
est l'orientation, votre vision générale de l'habitation pour le
Québec?
Discussion générale
M. Bourbeau: M. le Président, je me dois de corriger
certains propos du député, en disant que l'habitation n'est pas
éparpillée présentement. Au contraire, je pense qu'on peut
dire que la décision du gouvernement a eu l'effet contraire. Elle a eu
pour résultat de centrer l'habitation vraiment sur un seul ministre.
Autrefois, vous aviez un ministre qui s'occupait de protection du consommateur,
cela c'est un éparpillement. Vous aviez un ministre qui s'occupait de
réglementation, de bâtiment, des plombiers, des
électriciens et de voir s'ils respecteaient les règlements. Cela
aussi c'est un éparpillement. Le volet strictement habitation a
été concentré entre les mains d'un même ministre et
je ne pense pas que l'on puisse dire que c'est un éparpillement. Au
contraire. Je dirais même que c'est une concentration.
L'éparpillement, a mon avis, existait avant.
Deuxièmement, pour ce qui est des chiffres. le
député nous fait une démonstration dans le sens que dans
les budgets, on doit comparer les crédits d'une année avec les
crédits de l'autre. Je dois lui dire que s'il avait un peu plus
d'expérience, il saurait que la vraie façon de juger des budgets,
c'est de comparer le budget d'une année avec le budget réel de
l'année précédente. Par exemple, tous ceux qui
administrent des municipalités savent que ce qui compte, au fond, ce
sont les dépenses réelles d'une année donnée. On ne
peut pas avoir de base de comparaison d'un budget à l'autre parce que
s'il y a des budgets supplémentaires ou des coupures de crédit en
cours de route qui ont été adoptés, on ne peut pas avoir
une idée exacte de la situation. Tous ceux qui administrent demandent le
budget réel en fin d'année. On se base sur le budget réel
de l'année précédente pour préparer ou pour juger
du budget de l'année suivante.
Quand le député dit qu'il y a 35 000 000 $ de coupures
dans le budget de cette année, je pense que si on regarde les
dépenses réellement effectuées l'an dernier, c'est ce qui
compte. Le reste est de la fumée. On réalise qu'il y a une
diminution de 1,5 %. C'est la coupure de cette année, soit 1,5 % par
rapport à ce que vous avez fait l'an dernier. Maintenant, si le
député veut continuer à soutenir que l'on coupe d'un
montant de 35 000 000 $, il continuera à le dire. On lui dira: 35 000
000 $ de quoi? Parce qu'il n'y a jamais eu une dépense de 35 000 000 $
l'an dernier.
Le volet nataliste, le député nous dit que c'est une
politique familiale. Je vais lire au député les objectifs du
programme PAAPR?. Il s'agit d'une politique à la fois conjoncturelle, on
en a parlé tantôt dans la relance de la construction, d'une
politique sociale et une politique démographique, soit une aide
supplémentaire pour les naissances ultérieures. C'est donc un
objectif nataliste. C'est donc un objectif du programme de viser à
stimuler les naissances. Quand je dis que c'est une politique nataliste, je
pense que j'ai tout à fait raison de le dire.
Le député dit que le programme PAAPR n'est pas un
programme pour les riches parce qu'il y avait environ 39 % des gens qui
gagnaient plus de 30 000 $, alors qu'il y avait quand même la
majorité d'entre eux qui gagnaient moins que cela. J'ajouterai une
précision: II y avait quand même 68,6 % des
bénéficiaires qui gagnaient plus de 25 000 $, dans le programme
sur les logements neufs - ce ne sont quand même pas les plus
démunis - et 60,9 % qui gagnaient plus de 25 000 $ dans le programme sur
les
logements usagés.
L'accès à la propriété
Quant au programme sur l'accès à la
propriété, le député me fait dire et je confirme
que c'est ce que j'ai dit, effectivement, a savoir que je suis tout à
fait d'accord avec la politique du gouvernement de vouloir favoriser
l'accès à la propriété. Là n'est pas le
problème. Le problème est dans la façon de faire les
choses. En abolissant le programme PAAPR, je ne pense pas abolir un programme
dont l'objectif était réellement de favoriser l'accès
à la propriété. C'était un programme comportant de
multiples volets. C'était un programme comportant plusieurs facettes. Il
y avait quatre facettes. On avait des objectifs variés.
L'expérience le prouve, quand on a poursuit trop d'objectifs en
même temps, parfois on n'en atteint aucun, aucun efficacement. Je l'ai
dit hier. Cela a été parfois la marque de commerce de l'ancien
gouvernement. On prenait une décision mais, plutôt que de baser la
décision sur un objectif précis, on tentait d'en atteindre trois
en même temps. Quebecair, par exemple. On voulait acheter une compagnie
d'aviation. En même temps, on voulait protéger le français
dans l'air. On voulait tenter de maintenir le service en région. On
voulait faire des vols nolisés pour les gens qui voulaient aller se
réchauffer au soleil pendant l'hiver. On a visé tellement
d'objectifs en même temps qu'on a oublié l'objectif fondamental:
s'assurer qu'on faisait un placement rentable ou, au moins, un placement qui ne
serait pas déficitaire. À la longue, on s'est rendu compte qu'un
volet a pris préséance sur les autres, soit le volet qui tentait
de sauver le français dans l'air. C'est la raison qu'on nous donnait
à toutes les semaines, après la décision. C'était,
semble-t-il, la seule raison qui avait justifié la décision, mais
on a oublié de penser qu'il y avait aussi une compagnie d'aviation qui
pouvait gagner ou perdre de l'argent. On a perdu environ 100 000 000 $.
Je dis, quand on fera un programme d'accès à la
propriété, qu'on tentera de s'assurer, premièrement, que
ce sera le résultat, que l'on fera vraiment en sorte que les gens
pourront accéder à la propriété. Je saute sur le
volet construction. Dans PAAPR, il y a seulement 22 % de maisons neuves. Bien
sûr, il y a des gens qui ont accédé à la
propriété usagée, mais, dans la maison neuve, il y avait
seulement 22 %. Mais là n'est pas le cas, il faut aussi regarder le
coût du programme. Si on permet à 1000 personnes d'accéder
à la propriété et que le programme coûte 100 000 000
$, on peut se poser des questions et se demander! N'y aurait-il pas moyen
d'avoir un programme qui va être davantage dirigé vers l'accession
a la propriété et qui va aider les plus démunis et remplir
davantage ses objectifs?
Il y a d'autres façons d'aider à accéder à
la propriété. Je les ai évoquées dans l'article. On
pourrait peut-être regarder -cela fait également l'objet d'une
évocation dans le livre vert - la levée du moratoire sur la
conversion en copropriété. C'est une façon qui pourrait
permettre d'accéder à la propriété. Est-ce qu'on le
fera ou on ne le fera pas? La décision n'est pas prise. On est en train
de regarder cela avec le comité-conseil et je ne suis pas en mesure de
me prononcer présentement, mais ce serait une façon de
procéder.
Il y avait finalement un autre point qui est capital et je
déplore que le député se soit absenté, mais c'est
la question... M. le Président, je vais suspendre mes propos à ce
sujet jusqu'au retour du député de Shefford parce qu'ils
répondent à la question qu'il a soulevée tout a
l'heure...
Le Président (M. Rochefort): Est-ce la question
spécifique qu'il vous a adressée?
M. Bourbeau: Pardon?
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que vous faites
allusion à la question spécifique qu'il vous a adressée
à la fin de l'intervention?
M. Bourbeau: Oui. Le député a soulevé, tout
à l'heure, le sujet très important de la vocation
économique de l'habitation. Le député a prétendu
que l'habitation est un stimulant très important dans le secteur
économique et que l'on devrait se servir de la Société
d'habitation du Québec comme levier économique. J'aimerais
répondre, mais comme le député n'est pas ici, ce serait
peut-être préférable qu'il soit de retour parce que,
à ce moment-là, il ne sera pas au courant de mes propos.
Le Président (M. Rochefort): D'accord. D'autant plus, M.
le ministre, que j'ai un certain nombre de commentaires et de questions
à vous adresser aussi. Alors, cela vous permettra peut-être de
participer à un échange de propos avec moi et, quand le
député de Shefford reviendra, de compléter vos
réponses.
M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Rochefort): Donc, les propos que vous
avez tenus m'amènent à faire un certain nombre de remarques.
D'une part, hier, vous nous avez dit tout au cours de l'étude des
crédits, que vous veniez défendre à titre de ministre des
Affaires
municipales que vos façons de faire personnelles étaient
d'étudier les questions avant de prendre des décisions. Vous nous
avez expliqué cela à de multiples reprises à un point tel
que c'est vraiment ce qui, probablement, vous caractérise le plus
à ce que vous en avez dit et ce n'est pas un défaut, sauf que,
quand je regarde ce que vous avez fait en matière d'habitation en
l'espace d'à peine trois mois et demi, quand je regarde la
macédoine présentée dans un fouillis total de statistiques
et de raisonnements que vous développez ce matin, je souhaiterais que
vous appliquiez votre façon de faire en matière d'affaires
municipales au monde de l'habitation. Parce que, là, c'est de deux
choses l'une, ou vous avez aboli PAAPR et Équerre parce que le
gouvernement, selon vous, n'a plus d'argent, ou vous les avez abolis parce que
vous pensez que ce ne sont pas de bons programmes et que ce ne sont pas des
programmes qui atteignent les objectifs visés.
Puisque, comme vous nous le disiez tantôt, vous pensez qu'il ne
faut pas avoir deux ou trois objectifs, mais un seul, alors votre objectif,
c'est parce que le gouvernement n'a pas d'argent que vous les avez abolis ou
c'est parce que vous jugez que ce sont de mauvais programmes. C'est une des
premières choses qu'il faut soulever et à laquelle
j'espère bien avoir une réponse.
Deuxièmement, sur la question des crédits
budgétaires eux-mêmes, vous aurez beau faire les gymnastiques
comptables que vous voudrez bien faire, je vous rappellerai -je vous mets au
défi de prouver le contraire - que les budgets en matière
d'habitation au Québec du 15 novembre 1976 à l'année 1983
environ ont progressé de l'ordre de 520 % de crédits
dépensés réellement. Et je vous souligne que ce ne sont
pas des crédits périmés, ce sont des dépenses
réelles effectives. (11 h 15)
De plus, comme l'a dit justement le député de Shefford,
vous dites qu'il y a eu des crédits périmés l'an dernier,
sûrement. Est-ce que vous êtes en train de nous dire que vous
prenez l'engagement, aujourd'hui, qu'il n'y aura aucun crédit
périmé à l'habitation, au cours de l'année qui
vient? Est-ce que vous êtes en train de nous dire que vous avez eu
l'assurance du président du Conseil du trésor que dans le 175 000
000 $ de budget déjà déposés dans ces
crédits budgétaires, qu'il escompte déjà
récupérer en crédits périmés, aucun de ces
fonds ne sera attribué à l'habitation? J'aimerais bien vous
entendre là-dessus.
Quant à la question des programmes, je prends bonne note du fait
que vous avez été mal cité, par exemple, sur
Corvée-habitation. D'ailleurs, je suis heureux d'entendre cela parce que
je voyais mal qu'un ministre des Affaires municipales puisse prétendre
que tous ceux qui avaient contribué à Corvée-habitation
étaient des tartes et des nonos, parce qu'ils s'étaient fait
jouer et que cela n'avait pas été utile, quand on sait que le
monde municipal à lui seul y avait mis 50 000 000 $ sous forme d'aide et
qu'encore aujourd'hui bon nombre de municipalités maintiennent des
programmes d'aide financière. Je suis heureux des précisions que
le ministre a apportées quant au fait qu'il a été mal
cité sur ces questions.
Sur la question du programme Équerre, je voudrais rectifier une
ou deux choses que vous avez dites. Vous nous dites: On s'aperçoit,
quant au programme Équerre, qu'il y a des rénovations pour un
montant de 38 000 000 $ qui ont été faites effectivement et qui
n'auraient pas été faites s'il n'y avait pas eu le programme
Équerre. Premièrement, c'est vrai. Mais je vous souligne aussi
ceci: Si vous aviez abordé l'habitation avec la même rigueur
intellectuelle de réflexion et d'étude que celle qui semble vous
caractériser en matière d'affaires municipales, vous auriez
découvert que l'ensemble, la très forte majorité de toutes
les rénovations réalisées avec le programme Équerre
n'auraient pas été réalisées au moment
précis où elles ont été faites; ce qui indique
jusqu'à quel point il s'agissait d'un programme de relance
économique important et nécessaire et duquel les
Québécois ont tiré le maximum.
Il est évident qu'on ne change pas un châssis parce que
cela nous fait plaisir; c'est parce qu'il faut le changer un jour. Il est
évident que ce sont des travaux qui auraient dû être
réalisés un jour. Mais l'objectif respecté par
Équerre était que cela se fasse au moment où la crise
économique battait son plein. Je vous soulignerai que je prends aussi
bonne note des affirmations que vous avez faites - j'espère que le
ministre des Finances vous entendra; sinon, on lui enverra la transcription -
à savoir que l'économie est bien replacée et qu'on file le
parfait bonheur, donc, que les programmes de relance économique ne sont
plus nécessaires. J'ai hâte de voir si cela va s'appliquer
à l'ensemble des politiques gouvernementales et si cela se
reflétera dans le budget que votre ministre des Finances déposera
prochainement.
Quant au programme d'accession à la propriété pour
les jeunes ménages, je veux vous dire que je suis convaincu que si, ce
qui est effectivement le cas, le taux de démographie n'a pas
été supérieur pour les ménages qui ont
profité de PAAPR par rapport à l'ensemble des ménages
québécois, je suis convaincu qu'il ne s'améliorera
sûrement pas en abolissant carrément le programme qui n'avait pas
un volet nataliste mais qui donnait un coup de pouce à la famille
québécoise et qui s'inscrivait dans le cadre d'une politique
familiale. D'ailleurs, il
découlait d'un engagement pris eu égard aux politiques
familiales que le gouvernement du Parti québécois avait
décidé de mettre en place.
Finalement, lorsque vous dites que vous croyez qu'une des bonnes
façons d'envisager un coup de pouce à l'accession à la
propriété au cours des prochaines années serait
probablement la levée du moratoire sur la convertion des immeubles
locatifs en propriétés, je vous soulignerai que les gens, les
Montréalais et les Montréalaises, les Québécois et
les Québécoises, parce que c'est particulièrement dans ces
deux villes où la levée du moratoire aurait un effet
marqué, qui occupent ces logements sont des gens qui gagnent 10 000 $,
12 000 $, 15 000 $ et 18 000 $ par année. Or, je doute, M. le ministre,
que le fait de lever simplement le moratoire en pensant que cela va permettre
à des gens d'accéder à la propriété, que
cela permettra aux gens qui occupent actuellement ces logements
d'accéder à la propriété, si vous ne mettez pas en
place un programme d'aide financière à l'accession à la
propriété du type de celui d'aide à la
propriété qui existait pour les jeunes ménages...
M. le ministre, je vous invite vraiment à faire preuve d'autant
de rigueur et de profondeur sur les questions de l'habitation que vous le
faites, semble-t-il, en matière d'affaires municipales et je suis
convaincu que, l'an prochain, vous pourrez nous présenter des projets un
peu plus solides avec un peu moins de décisions prises à la
sauvette.
Je termine en vous rappelant ma question: Pourquoi avez-vous aboli les
deux programmes? Pour des raisons financières, budgétaires, ou
parce que vous ne croyiez pas aux programmes?
Cause de l'abolition de PAAPR et de
Équerre
M. Bourbeau: M. le Président, sur cette question
précise, est-ce que le gouvernement a décidé de donner
suite à mes recommandations parce qu'il n'y avait plus d'argent? La
réponse est non. La preuve, c'est que nous dépensons à peu
près sensiblement le même montant d'argent en habitation que l'an
dernier. Si nous avions conservé Équerre et PAAPR, nous aurions
dépensé en habitation, au cours de l'année qui vient, un
montant d'argent beaucoup plus important que la moyenne des augmentations de
budget dans le gouvernement cette année. Une diminution de 1,5 % du
budget en habitation ne justifie pas, je pense, de dire que le gouvernement
coupe d'une façon sensible dans l'habitation, d'une façon
générale, d'une façon globale. Je pense que nous avons
décidé de consacrer à peu près autant d'argent que
l'ancien gouvernement pour l'habitation cette année. De toute
façon, c'est 15 000 000 $ de plus que les dépenses réelles
d'il y a deux ans.
Est-ce que je considère que ces programmes étaient de
mauvais programmes? Je ne pense pas avoir dit que c'étaient de mauvais
programmes. J'ai dit deux choses. Premièrement, ils ne sont plus requis
dans la conjoncture actuelle. J'ai expliqué tout à l'heure que
ces programmes visent à relancer l'économie dans les
périodes creuses. C'est un peu comme si on pesait sur
l'accélérateur parce que cela ne va pas assez vite. Mais, au
moment où l'automobile a repris sa vitesse de croisière, on ne
doit plus continuer à peser sur l'accélérateur parce que,
là, cela peut devenir dangereux. Or, actuellement, l'économie du
Québec a une bonne vitesse de croisière, je crois. En
conséquence, il y a tout lieu d'enlever le "choke" automatique ou
l'accélération, car on risquerait de créer des
problèmes additionnels.
Maintenant, j'ai également dit à l'égard de deux de
ces programmes qu'ils n'avaient pas atteint réellement leur objectif,
selon moi, et j'en ai fait, je pense, la démonstration tout à
l'heure. Pour ce qui est des crédits périmés, on verra
l'an prochain. Je pense qu'il est prématuré de dire s'il y en
aura ou s'il n'y en aura pas. On se reverra dans douze mois et je suis
convaincu que vous allez en prendre note et que vous remettrez cela sur la
table pour discussion.
Pour la levée du moratoire, je voudrais vous suggérer
d'être très prudent en ce qui concerne les paroles que j'ai
prononcées. Je ne me suis pas prononcé personnellement en faveur,
à ce moment-ci, de la levée du moratoire. J'ai dit que
c'était un des points qui avaient été soulevés dans
le livre vert comme une possibilité, que s'était
présentement à l'étude et je ne me suis pas
prononcé sur l'opportunité ou non de lever le moratoire.
Finalement, M. le Président, j'aimerais revenir sur un aspect que
le député de Shefford a traité tout à l'heure et
qui était un reproche dirigé à l'endroit du gouvernement,
un reproche dans le sens que nous ne considérions pas l'habitation d'une
façon assez sérieuse comme étant un moteur de
l'économie et que nous devrions continuer à maintenir des
programmes de stimulation économique parce que l'habitation, c'est
très important dans l'économie du Québec.
En réponse au député, je dirai ceci. M. le
Président, le 2 décembre dernier, les Québécois ont
voté pour un nouveau gouvernement. Ce gouvernement a proposé
à la population... C'est le journal La Presse qui titrait le lendemain:
"Bourassa change le rôle de l'État". Cela, je pense que c'est
fondamental. L'habitation, bien sûr, est un stimulant économique,
j'en conviens avec le député de Shefford et avec tout le
monde.
La question n'est pas là. Est-ce que le gouvernement doit
intervenir continuellement dans l'habitation pour tenter de stimuler ce secteur
comme il devrait, semble-t-il - c'est dans la même philosophie -
intervenir partout dans l'économie? Nous avons proposé à
l'électorat du Québec que le gouvernement dorénavant soit
plutôt - je crois que ce sont les mots qui étaient employés
- catalyseur qu'entrepreneur. Nous voulons un gouvernement qui va être,
non pas à l'avant-garde continuellement pour traîner
l'économie comme une locomotive, mais qui va être là
surtout comme un soutien pour permettre à l'entreprise privée de
jouer son rôle de moteur économique.
Dans ce sens, si le député de Shefford comprend cela, il
va comprendre qu'il n'y a pas lieu de maintenir artificiellement des programmes
de stimulation économique lorsque l'économie a pris sa vitesse de
croisière et lorsque les mises en chantier sont suffisantes, comme cela
a été le cas en 1985. Si jamais, l'an prochain, il apparaissait
que nous retombions dans une situation de crise économique, que les
mises en chantier chutent d'une façon dramatique, que les taux
d'intérêt augmentent à des niveaux déraisonnables,
bien sûr que le gouvernement pourrait reconsidérer la
décision de cesser ces programmes de stimulation économique. Je
pense que, dans la conjoncture économique actuelle, il ne serait pas
sage de maintenir l'accélération, si je puis dire, le pied sur
l'accélérateur. Au contraire. Je pense également que la
responsabilité première dans le domaine de l'habitation repose
sur les épaules du secteur privé, qui s'en occupe d'ailleurs
très bien, et qui n'est pas toujours très heureux de voir le
gouvernement intervenir à tort et à travers dans des programmes
économiques, à moins que ce soit jugé essentiel. Cela, on
se le fait dire continuellement.
Présentement, nous allons continuer et même
accélérer, dans la mesure du possible, notre action à
l'égard des plus démunis dans le développement des
programmes sociaux. Dans le maintien et le développement des programmes
sociaux, nous allons tenter d'en faire davantage, si possible. Nous allons
tenter de rationaliser les programmes, de faire en sorte de pouvoir en faire
plus qu'avant, avec moins ou avec autant. Nous allons tenter de faire du "fine
tuning", si je peux dire, avec les programmes, pour vraiment aller au bout des
objectifs que nous nous proposons.
J'espère qu'avec ça, nous pourrons, quand nous viendrons
l'an prochain ici à l'étude des crédits, constater que ces
objectifs-là ont été atteints ou, en tout cas, sont en
voie d'être atteints. Merci.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Oui, vous avez raison. Vous avez
été élus en proposant des choses aux citoyens le 2
décembre. Tout à fait d'accord. J'ai même ici quelques
dépliants sur lesquels on peut lire entre autres: "Mettre en oeuvre un
programme d'accès à la propriété pour les
locataires désireux d'acheter leur logement". Je ne le retrouve pas
aujourd'hui, je retrouve le contraire: c'est l'abolition. Si vous dites que ce
n'est pas une question d'argent, que vous en avez de l'argent, c'est une
question de savoir si le programme est bon ou pas. Vous dites qu'il est bon,
mais qu'il n'est plus utile.
M. Bourbeau: On a 4 ans pour ça.
M. Paré: Sauf que si vous vous êtes fait
élire en offrant aux locataires - ça, c'est dans les
comtés de Montréal - de devenir propriétaires là
où il y a beaucoup de locataires, et que vous déclarez aux
municipalités dans Urba, qu'une de vos grandes préoccupations, ce
qui vous tient à coeur, c'est de faire en sorte que les gens deviennent
propriétaires, je comprends que vous puissiez trouver - je ne partage
pas votre opinion là-dessus - que le programme d'accès à
la propriété ce n'était pas tout à fait pour les
plus démunis.
Comme je disais tantôt, vous parlez de 25 000 $ la
majorité. La moyenne, c'est 28 000 $. Entre 28 000 $ et 30 000 $,
ça veut dire qu'il y en a encore 22 % en bas de 25 000 $. C'est
probablement pour ces gens-là le coup de pouce qui a fait qu'ils ont
acheté une maison, pour en tout cas beaucoup de personnes, sinon elles
seraient encore locataires et on ne connaîtrait pas la reprise
économique qu'on connaît maintenant.
Donc, on peut spéculer là-dessus parce que c'est de
l'interprétation, sauf que, au-delà de cela, il y a des chiffres
qui parlent. Quand je vous disais tantôt dans mon petit laïus
d'entrée, qu'on a battu des records au niveau du nombre de mises en
chantier au Canada en 1982, 1983 et 1984, ça ne se faisait pas avant, et
qu'il y avait juste au Québec, avec la collaboration de tout le milieu:
les travailleurs, les institutions financières, les entreprises en
construction et les municipalités, où l'on avait fait une
concertation semblable qui nous avait permis justement de relancer
l'économie par la construction, vous déclariez vous-mêmes,
après l'élection, que vous vouliez qu'il y ait de plus en plus de
propriétaires.
Si vous considérez que le programme en soi est pour les riches,
si vous considérez qu'à 28 000 $, ce sont des riches, vous auriez
pu tout simplement changer. Il y a moyen de bonifier un programme. Si vous y
croyez, comme vous le dites, et que vous voulez aider les plus démunis
et en même temps relancer l'économie, et si vous dites qu'elle va
très bien, faire en sorte qu'elle
aille encore mieux, j'espère qu'elle va toujours aller de mieux
en mieux, parce que les programmes n'existent plus et les chiffres de
Statistiques Canada nous prouvent, je vais vous en rappeler parce que vous
allez me dire ce n'est pas sur une longue période, sauf que c'est
significatif quand même...
D'après les chiffres préliminaires publiés
aujourd'hui, avril 1986, par la Société canadienne
d'hypothèques et de logement, le nombre de mises en chantier
réalisées au Québec dans les centres de 10 000 habitants
et plus, totalisent 2093 unités pour le mois de mars 1986. Ce volume
représente une diminution de 13 % par rapport au même mois l'an
dernier. Si on examine, pour le mois de mars, toujours selon la
Société canadienne d'hypothèques et de logement, le mois
de février 1986, c'est une diminution de 26,4 % par rapport à
février de l'an dernier.
Toujours selon la Société canadienne d'hypothèques
et de logement, pour le mois de janvier, c'est une diminution de 6 %. (11 h
30)
Vous dites que l'État ne doit pas prendre toute la place. Je suis
d'accord avec vous. Vous dites que vous êtes catalyseur. Vous dites que
vous devez être là pour aider l'entreprise. C'est une excellente
façon d'aider en même temps l'entreprise et les plus
démunis, ce genre de programme. C'est pour ça que je ne comprends
pas qu'on le retire. Ce genre de programme est beaucoup moins social que la
construction de HLM. Cela devrait aller bien plus dans le sens du discours de
l'entreprise privée. Il s'agit d'aider le consommateur à relancer
l'économie lui-même par ses décisions et par une
participation très importante, parce que nous, c'est juste un petit coup
de pouce qu'on donne par un programme semblable. Le reste est un investissement
du consommateur, alors que le HLM et les autres programmes sociaux sont
l'implication directe et à très grands frais de l'État.
Donc, il faudrait aussi que les gestes suivent le discours.
Vous parliez tantôt aussi d'éparpillement. Ce n'est pas de
l'éparpillement. Cela aussi va dans le discours que vous teniez durant
la campagne électorale et qu'on essayait depuis quelques
années... On n'a certainement pas réussi, sinon, il n'en aurait
pas été question durant les élections. Il y a la
simplification aussi pour les citoyens de tous les domaines dont l'État
s'occupe activement. N'est-ce pas plus simple pour tout le monde, y compris
locataire, locateur, entreprise en construction, Régie du
bâtiment, que ce soient tous les secteurs reliés de près ou
de loin à la construction, d'avoir un seul intervenant, un seul
porte-parole au gouvernement qui soit un ministre de l'Habitation plutôt
que, maintenant, être obligé de savoir à qui on va adresser
telle demande quand cela touche tel secteur du bâtiment?
Je pense que le fait d'avoir un ministre de l'Habitation permettait
justement d'aller dans le sens, peut-être pas de la
déréglementation tout de suite, mais au moins de la
simplification pour les citoyens, qu'ils soient seuls ou en mouvements
corporatifs.
Vous avez utilisé tantôt un exemple, Quebecair, pour dire
que, souvent, nous prenions des décisions dans le sens d'avoir plusieurs
objectifs en même temps à l'intérieur d'un même
programme. Premièrement, je préfère prendre des
décisions qui ont plusieurs objectifs que de retirer des programmes, au
départ. Concernant l'exemple de Quebecair, que vous avez pris,
l'objectif qu'on a eu quand on a voulu sauver Quebecair, ce n'était pas
à la fois la langue française, les 900 emplois, le service en
région. On voulait sauver pour toutes ces raisons. Ce sont des raisons
qui ont justifié la prise de décision. On a dû prendre la
décision parce qu'on était un gouvernement responsable. Ce
n'étaient pas des objectifs que vous avez énumérés,
c'étaient les raisons qui ont justifié qu'on aille dans ce
sens.
Donc, il faut aussi faire attention. Il y a des décisions qui se
prennent pour des objectifs qu'on vise mais d'autres aussi parce qu'il y a des
raisons qui les justifient. S'il y a plusieurs raisons, tant mieux! Je pense
que cela vient davantage encore justifier la décision qu'on a prise.
J'aurais une question sur... Tantôt, le président vous a
posé une question sur la levée du moratoire sur la
copropriété. Je comprends votre réponse. Ce n'est pas
là-dessus que je veux revenir. Vous êtes en train de... Bon. En
regardant le livre vert là-dessus et les consultations que vous
effectuez, ce serait un cas plus précis que j'aimerais connaître.
Parce que j'ai été informé, j'aimerais savoir s'il y a eu
des démarches ou des demandes qui ont été
effectuées concernant spécifiquement Habitat'67, pour qu'il soit
transformé en copropriétés à Montréal.
M. Bourbeau: II y a là deux sujets. En ce qui concerne la
question de l'abandon ou non des programmes, parce que je pense que c'est un
aspect important de la discussion aujourd'hui, je pense qu'on peut dire qu'une
comparaison qui est très indicative de la situation, c'est que des
programmes de stimulation économique comme Corvée-habitation ou
comme Équerre, sont des programmes conjoncturels qu'un gouvernement met
sur pied pour pallier une situation de crise à un moment donné.
C'est ce que vous avez fait d'ailleurs et vous les avez justifiés de
cette façon en nous disant: Les taux d'intérêt sont
élevés, les mises en chantier ont chuté, etc. On veut
stimuler l'économie, la création d'emplois.
Cela est comme appliquer à une automobile ce qu'on appelle un
"choke" ou un étrangleur. Quand il fait froid, pour partir, quand cela
ne va pas assez vite, on met le "choke". Mais vous savez comme moi que c'est
très dangereux de garder cela trop longtemps. Quand le moteur est
réchauffé après coup, si on garde l'étrangleur,
effectivement on étrangle le moteur d'une façon complète
et c'est la catastrophe. Or, c'est exactement ce qui se produit en habitation
et dans l'économie, d'ailleurs. Le gouvernement intervient dans une
période creuse. Il applique le remède de l'étrangleur ou
du "choke" et stimule l'économie d'une façon artificielle. Et,
qu'est-ce qui se passe? On devance littéralement les achats de maisons;
c'est arrivé dans Corvée-habitation. Mais à partir du
moment où l'économie se replace, où elle commence à
chauffer bien, il faut éviter la surchauffe parce que, si on maintient
l'accélérateur ou l'étrangleur au moment où
l'économie va bien et qu'on continue artificiellement à devancer
les mises en chantier ou les décisions d'achat, à un moment
donné, il va arriver qu'on va être en période de crise et
qu'on aura besoin justement de mettre le "choke", mais, comme il sera
déjà dessus, on ne pourra plus le mettre, d'une part.
Deuxièmement, comme on aura tout pris ce qu'il y a de devancement
à faire et qu'on aura incité tous ceux qui auraient pu acheter
à le faire d'avance, là, il n'y aura plus personne en mesure
d'acheter et on va avoir une sérieuse crise. C'est très dangereux
de jouer avec cela. Je peux vous dire que même maintenant les partenaires
dans le domaine de l'habitation ont demandé la fin des programmes; entre
autres, je parle de la fin de Corvée-habitation. C'est eux-mêmes
qui l'ont demandé pour ces raisons-là. Je dis qu'il y a un danger
de déstabiliser l'économie quand on maintient artificiellement
des programmes de stimulation économique en période de croissance
normale ou d'économie normale, où l'économie se porte
bien. Je pense qu'on est tout à fait justifié d'avoir pris les
décisions qu'on a prises.
En ce qui concerne Habitat'67, vu qu'il y a une question
spécifique - c'est un immeuble qui est situé à
Montréal et qui appartient, je dois le dire, à la
Société canadienne d'hypothèques et de logement, et non
pas au gouvernement du Québec ou à la Société
d'habitation du Québec - on m'avise que cet immeuble a été
vendu à une société privée, il y a environ un ou
deux mois. Maintenant, je ne sais pas quelles sont les intentions des
propriétaires et je ne sais pas exactement où veut en venir le
député avec sa question. On me dit qu'il n'y a pas de dossier
là-dessus à la SHQ.
Le Président (M. Rochefort): Mais non, pas à la
SHQ, mais à la Régie du logement ou au ministère.
M. Paré: Au ministère ou à la régie,
est-ce qu'il y aurait eu une demande d'un projet de loi privé ou de
quelque chose pour être capable, si c'est à un propriétaire
privé, de pouvoir lever le moratoire et permettre qu'Habitat'67 soit
transformé en copropriétés?
M. Bourbeau: Le sous-ministre des Affaires municipales me dit que
ni lui, ni le sous-ministre adjoint à l'Habitation n'en ont entendu
parler. À la SHQ, il ne semble pas qu'on ait de dossier. Maintenant, il
est possible que des gens aient écrit des lettres à gauche et
à droite dans le décor. Je ne peux pas répondre à
cette question-là. On va la prendre en avis. Si on trouve quelque chose,
on avisera le député.
M. Paré: Merci. J'aimerais maintenant parler des
crédits comme tels, des budgets. J'aimerais connaître l'enveloppe
budgétaire pour l'année 1986-1987, pour chacun des programmes
respectifs, soit Loginove, Logirente, Logipop, et HLM, non seulement en termes
financiers, mais d'unités.
M. Bourbeau: Le nombre d'unités qui vont être
construites, vous voulez dire, qu'on anticipe de construire ou de
subventionner? Je vais vous les donner un par un. Dans le programme
Équerre, on va dépenser 2 500 000 $ pour fermer le programme. Ce
sont des comptes à payer de l'an dernier. Dans le programme Loginove,
l'an dernier, on avait 32 900 000 $; cette année, ce sera 39 600 000
$.
Le Président (M. Rochefort): L'application
spécifique là-dessus, M. le ministre. Est-ce donc dire que le
gouvernement fédéral, par PAREL, va augmenter son enveloppe lui
aussi puisque Loginove et PAREL sont jumelés?
M. Bourbeau: L'enveloppe fédérale va être
augmentée et, nous, on est partenaire avec eux, comme vous le savez.
Alors, une augmentation de 32 900 000 $ à 39 600 000 $ dans Loginove.
Dans Logipop, on avait 8 268 000 $, on aura 9 900 000 $. Dans le programme de
supplément au loyer, ce sera 6 600 000 $. Dans le programme PAAPR,
là c'est le programme auquel on a mis fin aux inscriptions, on
dépensera 26 900 000 $. On avait 35 300 000 $ l'année
dernière. Dans Corvée-habitation...
Le Président (M. Rochefort): 26 300 000 $.
M. Bourbeau: 26 900 000 $...
Le Président (M. Rochefort): Au lieu
de...
M. Bourbeau: 35 300 000 $. Évidemment, on est
obligé de respecter les engagements pris sur une période
donnée plus également les dernières demandes, parce que le
programme se termine le 15 avril. Il se termine aujourd'hui, en fait. Non,
hier. La date limite, c'était hier et les demandes peuvent entrer
jusqu'au 30 avril. Dans le programme Corvée-habitation, on
dépensera 14 500 000 $ cette année. L'an dernier, c'était
37 000 000 $ au budget. L'habitation familiale, c'est l'ancien programme de la
ristourne provinciale de Maurice Duplessis, cela...
Le Président (M. Rochefort): C'est en 1974, c'est
ça?
M. Bourbeau: II a été aboli avant la guerre.
Le Président (M. Rochefort): En 1974.
M. Bourbeau: M. le Président, vous aurez...
Le Président (M. Rochefort): C'est dommage, il n'y a pas
eu de guerre en 1974.
M. Bourbeau: Vous aurez compris que je faisais une blague pour
indiquer que c'est un programme qui date depuis très longtemps. J'en
entendais parler lorsque j'étais au collège. Il reste encore 1
250 000 $ cette année. On va dépenser cela. On en a encore pour
une dizaine d'années, semble-t-il. Le député de Shefford
aura pris sa retraite depuis longtemps à ce moment.
Le programme Logirente: on entend y dépenser 17 700 000 $. L'an
dernier, cela a été 16 200 000 $ au budget. Le programme des HLM:
on avait 140 800 000 $ l'an dernier. Cette année, 144 500 000 $.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre pourrait
peut-être ventiler le montant. Vous avez combien en construction neuve et
combien en déficit d'exploitation et de subventions aux OMH dans
cela?
M. Bourbeau: Dans les 144 500 000 $? On va revenir
là-dessus. On va vérifier et vous donner la réponse. Le
financement des déficits d'exploitation des habitations nordiques: on
compte dépenser 17 700 000 $. L'an dernier, on avait 14 300 000 $.
Finalement, le financement des déficits d'exploitation des logements
sociaux: L'an dernier, 2 675 000 $. Cette année, 3 777 000 $.
M. le Président, la construction évidemment, c'est de
l'extrabudgétaire qui se fera sous forme d'emprunt. Ce n'est pas dans le
chiffre qui est ici. Les nouvelles livraisons, on me dit que c'est
à peu près 4 000 000 $ à 5 000 000 $ sur le montant qui
est ici. Le reste, c'est ce qui a été fait dans le passé.
(11 h 45)
Construction de HLM
M. Paré: Est-ce que le ministre a l'intention, pour la
prochaine année, de réaliser 2300 logements HLM, engagement
déjà pris par le gouvernement du Parti québécois et
tel que vous l'avez confirmé aux regroupements des organismes sociaux de
logement?
M. Bourbeau: Nous avons l'intention de maintenir le même
rythme que l'année dernière.
Le Président (M. Rochefort): Combien s'en est-il fait
l'année dernière?
M. Bourbeau: On est en train de les compter, M. le
Président; ce ne sera pas long.
Le Président (M. Rochefort): On peut peut-être le
mettre en suspens et quand...
M. Bourbeau: M. le Président, 2378 mises en chantier.
Le Président (M. Rochefort): Donc, vous vous engagez
à en réaliser, pour l'année qui vient, aussi 2378...
M. Bourbeau: M. le Président, on a l'intention de
maintenir le même rythme de mises en chantier qu'au cours de
l'année précédente.
Le Président (M. Rochefort): Je veux être
précis, M. le ministre. Combien d'unités comptez-vous mettre en
chantier dans l'année qui vient?
M. Bourbeau: M. le Président, nous avons l'intention de
maintenir le même rythme que les années précédentes.
L'an dernier, il y a eu un certain glissement, me dit-on. L'objectif est d'en
faire approximativement 2300.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, une seule
question. Comment faites-vous pour nous parler d'approximation? Vous avez un
budget voté, vous avez des crédits accordés, vous
êtes un ministre en fonction depuis quatre mois. Ce sont des voeux pieux.
Vous savez ce qui va se passer dans votre ministère durant
l'année qui vient.
M. Bourbeau: M. le Président, vous n'êtes pas
sérieux. Vous avez été ministre de
l'Habitation avant moi. Vous savez bien qu'on ne peut pas vous dire
aujourd'hui: On va faire 2318 mises en chantier au cours de l'année.
Vous savez qu'il y a un paquet d'impondérables là-dedans. Les
offices municipaux doivent dénicher les terrains. Parfois, en cours de
négociation, on trouve un pépin. Il y a un notaire qui va trouver
un défaut de titre sur un terrain. Il y en a comme cela qui se
permettent des gestes semblables et, tout à coup, cela bloque. D'autres
ont pensé que cela ne fonctionnerait pas et cela débloque. Vous
savez fort bien qu'on ne peut pas, au début de l'année, vous dire
que ce sera exactement 2300. On a un objectif d'en réaliser un certain
nombre qui tourne autour de 2300. L'an dernier, il y a eu un glissement qui a
fait que c'était 2378. Probablement qu'on se proposait d'en faire 2300.
Donc, on a été chanceux; cela a bien fonctionné. Cette
année, on sera peut-être encore chanceux; on en fera
peut-être 2400. Mais l'objectif - vous ne pouvez pas, M. le
Président, raisonnablement, me demander une autre réponse que
celle-là - c'est d'en faire 2300 et on verra à la fin de
l'année si on en a fait plus ou si on en a fait moins.
Le Président (M. Rochefort): Si je comprends bien votre
réponse, les seules raisons qui pourraient faire en sorte que vous
n'atteigniez pas votre objectif de 2300 unités, ce seraient des raisons
reliées aux terrains et aux relations avec les offices municipaux
d'habitation, et non pas des raisons d'ordre budgétaire.
M. Bourbeau: Non. Nous avons les crédits suffisants pour
faire 2300 logements. Je vous signale que, l'an dernier, on en a fait 2378 et,
l'année précédente, vous en aviez fait 1792.
Forcément, d'une année à l'autre, il peut y avoir des
changements importants. Nous allons tenter de maintenir le rythme de
croisière autour de 2300.
Le Président (M. Rochefort): Merci.
M. Paré: On a l'objectif pour 1986-1987. Vous parlez
beaucoup de logements sociaux par l'intermédiaire des
municipalités, donc les offices municipaux d'habitation, les HLM. Je
voudrais savoir si on peut compter sur de nouvelles initiatives dans la
construction de HLM, si on tient compte de la directive du Conseil du
trésor à l'effet de geler tous les projets de construction et
d'immobilisation de logements sociaux de 1986 à 1989.
M. Bourbeau: J'ai été autorisé par le
Conseil des ministres à signer l'entente
fédérale-provinciale qui reconduit, sur trois ans, les programmes
existants. Les orientations que nous avons en matière de
développement social ne sont pas affectées par les CT; enfin, ce
dont parle le député. Actuellement, selon les indications que
j'ai, le Conseil du trésor est d'accord avec le programme que nous avons
de réaliser la construction de logements sociaux pour l'avenir.
M. Paré: Si je comprends bien, pour ce qui est des
logements sociaux et la construction de HLM, ce sur quoi on peut maintenant
envisager l'avenir, c'est davantage sur l'entente
fédérale-provinciale que sur les directives du Conseil des
ministres.
M. Bourbeau: Je m'excuse. Pourriez-vous répéter la
question?
M. Paré: Pour répondre à ma première
question de tantôt, à savoir sur quoi on peut s'orienter ou sur ce
qu'on peut envisager pour les logements sociaux, construction de HLM, au cours
des années 1986 à 1989, il faut se référer
davantage ou seulement à la nouvelle entente, l'accord de principe que
vous avez signé avec Ottawa, et non plus se fier aux directives du
Conseil des ministres.
M. Bourbeau: Écoutez, je pense que le Conseil des
ministres ne peut pas donner des directives qui sont diamétralement
opposées. Le Conseil des ministres a autorisé le ministre des
Affaires municipales responsable de l'habitation à signer une entente
fédérale-provinciale et un accord de mise en oeuvre sur la
question de l'habitation sociale. Par conséquent, je pense que la
volonté du Conseil des ministres transparaît d'une façon
assez évidente de cette décision.
M. Paré: Si vous avez cette entente et déjà
un plan pour les années 1986-1989, est-ce qu'on peut avoir une
idée de la programmation de la construction de HLM?
M. Bourbeau: Je ne pense pas, à ce moment-ci, que je
puisse rendre publique l'entente qui n'est pas encore signée. Je dois
avoir des discussions avec mon homologue fédéral. Je ne pense pas
qu'il serait opportun, à ce moment-ci, de donner publiquement toutes les
projections pour trois ans. Il serait plutôt préférable
d'attendre une couple de semaines et on pourra le faire conjointement lors
d'éventuelles conférences de presse.
M. Paré: Si je comprends bien, l'accord de principe
intervenu, selon le télex qu'on a reçu ce matin, comprend
l'habitation à loyers modiques (HLM), le supplément aux loyers,
les logements privés sans but lucratif et la restauration. Il n'y a
aucune facette qui ira dans un nouveau programme qui pourrait être
relié à l'accès à la propriété.
M. Bourbeau: Non, il n'y en a pas.
M. Paré: Est-ce qu'on peut s'attendre, dans cet accord de
principe entre le gouvernement québécois et le gouvernement
fédéral, que la mise en oeuvre et la responsabilité de
l'application de ces programmes relèvent du gouvernement
québécois?
M. Bourbeau: L'application des programmes, oui, relèvera
du gouvernement du Québec... du gouvernement
québécois.
Le Président (M. Rochefort): On a senti venir le
lapsus.
M. Bourbeau: Excusez-moi, M. le Président, c'est parce que
j'étais un peu distrait.
Une voix: Le président... de bonne humeur encore.
M. Bourbeau: Du gouvernement québécois.
Le Président (M. Rochefort): Pour les activités de
construction.
M. Bourbeau: M. le Président, je souligne que le
Québec est la seule province qui a décidé
d'exécuter elle-même tous les programmes disponibles dans le
secteur de l'habitation sociale.
Le Président (M. Rochefort): Cela s'est-il fait depuis le
2 décembre?
M. Bourbeau: La négociation était en marche depuis
environ quinze mois, M. le Président.
M. Paré: Ha! Ha! Touché. Donc...
M. Bourbeau: II va accentuer les négociations pour tenter
de les rendre à terme dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, quand vous parlez de supplément
aux revenus pour les logements...
M. Bourbeau: Supplément au loyer.
M. Dufour: ...supplément au loyer, est-ce que cela touche
a d'autres facettes que celles qui existent déjà? On sait, par
exemple, que le gouvernement précédent accordait de l'aide pour
les loyers des personnes âgées et les plus démunies
à un certain âge. Allez-vous plus loin que cela dans votre
approche? Je voudrais être conscient qu'il y a déjà eu des
demandes de certaines municipalités selon lesquelles on pourrait aider
au logement plutôt que de seulement avoir la construction de HLM. Il y a
de bonnes raisons pour cela qu'on pourrait expliquer assez longtemps.
M. Bourbeau: Le supplément aux loyers s'applique dans le
secteur à but non lucratif privé, Coop, OSBL.
M. Dufour: II n'est pas question dans ce programme d'aider des
gens qui sont déjà les plus démunis, comme les
assistés sociaux, qui sont à la recherche d'un logement,
où le logement est élevé, où il pourrait y avoir un
complément de revenu de loyer pour ces gens-là.
M. Bourbeau: Les handicapés tombent dans cette
catégorie qui peuvent avoir accès et les autres assistés
sociaux dont vous parlez, les plus démunis, s'ils entrent dans les
programmes de Coop, d'OSBL ou de HLM, ils deviennent admissibles bien
sûr.
Le Président (M. Rochefort): C'est juste une
précision là-dessus. Cela exclut toute forme d'allocation
logement, donc, Logirente et toute extension éventuelle à
Logirente.
M. Bourbeau: Logirente ne fait pas partie de l'entente
fédérale-provinciale, c'est un programme strictement
québécois et dans les crédits de Logirente...
Le Président (M. Rochefort): C'est cela, vous n'avez pas
été en mesure de convaincre le gouvernement fédéral
de faire sa part, eu égard à cela.
M. Bourbeau: M. le Président, effectivement, le
gouvernement fédéral n'est pas partie de l'entente avec
Québec dans Logirente. Logirente ne fait pas partie de l'entente
fédérale-provinciale pour l'instant.
M. Dufour: En conclusion, par rapport è cela, je ne trouve
pas qu'on fait preuve de beaucoup d'imagination dans le domaine de l'habitation
qui, à mon sens, est un problème ou une activité
très importante au Québec. La question, c'est que je voudrais
revenir à ce qui s'est passé hier, à la fin: Combien de
municipalités sont-elles touchées par les plaintes de
contestation de leur évaluation? Combien de municipalités,
combien il y a d'unités qui sont affectées, pour quel montant on
conteste et combien il en reste, en fait, effectivement? C'est un peu tout ce
problème dont je voudrais qu'on puisse faire le tour rapidement.
M. Bourbeau: M. le Président, on a tenté d'aller
aux nouvelles le plus rapidement possible. Il semble que les plaintes dans
le
cas de 275 offices municipaux sur un nombre de 537, cela touche 671
bâtiments sur un nombre de 4190. 671, c'est approximatif, cela peut
varier de quelques-uns.
M. Dufour: Est-ce que vous pourriez nous indiquer les montants
qui sont en jeu? Non.
M. Bourbeau: Non, M. le député, vraiment pas.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Moi, j'aimerais savoir combien d'unités de
logements dans le cadre du programme de Coop vous prévoyez mettre en
chantier et quand vous le ferez.
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne l'aide
pour les mises en chantier ou plutôt les unités
coopératives les OSBL, etc., le secteur à but non lucratif
privé, le fédéral va annoncer éventuellement un
nouveau programme qui remplace l'ancien programme de 56.1 Alors, c'est
lui-même qui va faire l'annonce et qui va déterminer les
paramètres de ce programme. En ce qui concerne le programme purement
québécois, nous avons l'intention de faire au moins la même
chose que l'an dernier, sinon un peu mieux.
Le Président (M. Rochefort): C'est-à-dire?
M. Bourbeau: L'an dernier on en a fait combien? On en a fait 600
l'an dernier.
Le Président (M. Rochefort): Plus 700 en OSBL? On avait
fait un appel.
M. Bourbeau: Parlez-vous du Québec seulement?
Le Président (M. Rochefort): Oui, on parle du programme
québécois, on ne parle pas de N56.1.
M. Bourbeau: L'information que j'ai, c'est que, l'an dernier il y
en a eu à peu près 600 unités.
Le Président (M. Rochefort): Quand comptez-vous faire des
appels de soumissions pour ces 600 nouvelles unités?
M. Bourbeau: M. le Président, on pense que possiblement on
pourrait faire cela à peu près au début du juin 1986. (12
heures)
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cela ne voudrait
pas dire au bout du compte que l'on périmerait l'ensemble des
crédits prévus pour le programme pour l'année qui vient?
Parce que si l'appel d'offres se fait en juin, les gens vous retournent les
formulaires quelque part en juillet ou en août et les décisions
sont prises en septembre ou octobre. Considérant le temps qu'il faut
pour réaliser toutes les procédures, il n'y a pas grand-chose qui
va lever de terre avant le 31 mars, j'ai l'impression.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est parce que cela prend
au moins un mois après la signature de l'entente pour pouvoir faire les
appels d'offres. De toute façon, dans les travaux qui seraient
réalisés au cours de l'année, il y en a une bonne partie
qui sont déjà des travaux ou plutôt des demandes -qui sont
en cours de traitement, des projets qui sont déjà assez
avancés, donc qui ne requerraient pas un grand délai pour les
mettre en chantier. On espère pouvoir réaliser l'ensemble des
unités dans le cours de l'année budgétaire.
Restauration résidentielle
M. Paré: Oui. Maintenant, en ce qui concerne la
restauration résidentielle, on a dit tantôt qu'on augmentait
Loginove de 32 900 000 $ à 39 600 000 $. Est-ce qu'on peut savoir quelle
est la nouvelle orientation de Loginove? Est-ce que cela fait partie de
l'entente? Est-ce qu'il y a des choses qu'on peut déjà savoir,
par exemple, si PAREL va s'appliquer maintenant à toutes les
municipalités et si le gouvernement fédéral va mettre
exactement le même montant? Donc, cela voudrait dire près de 80
000 000 $ disponibles pour l'ensemble des municipalités du
Québec. Est-ce que c'est dans cette ligne que cela se dessine?
M. Bourbeau: M. le Président, oui. Les ententes que nous
avons prévoient que le nouveau programme de restauration qui va
juxtaposer, si je peux dire, les anciens programmes Loginove et PAREL,
s'appliquerait à toutes les municipalités. Les montants d'argent
seraient environ de l'ordre de ce que vient de dire le
député.
M. Paré: D'accord. Un seul programme fédéral
remplace Loginove et PAREL, ouvert à toutes les municipalités du
Québec, avec un budget d'environ 80 000 000 $ pour 1986-1987 est sous la
gouverne du gouvernement québécois. Si je comprends bien ou
si...
M. Bourbeau: Je dirais oui. Les programmes seraient
administrés par le gouvernement du Québec. Les montants seraient
de l'ordre que vous avez indiqué, mais sous la réserve que les
crédits ne sont pas encore votés par le gouvernement
fédéral.
M. Paré: D'accord.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, est-ce que
vous allez prendre des précautions avant de signer l'entente pour vous
assurer que les crédits auront été votés? En
d'autres termes, est-ce que vous allez prendre des mesures appropriées
pour ne pas signer une entente dans laquelle il y aurait absence de
crédits fédéraux ou diminution de crédits
fédéraux par rapport aux engagements antérieurs et au
contenu de l'entente de principe?
M. Bourbeau: M. le Président, nous allons poser les gestes
et faire ce qu'il faut pour que les intérêts du Québec
soient protégés. Alors, on verra s'il y a lieu de signer
l'entente ou non. Certains pourraient prétendre que même si les
crédits ne sont pas votés par le gouvernement
fédéral, il y aurait intérêt pour le Québec
de signer quand même l'entente, ce qui pourrait nous donner une meilleure
position de négociation. On verra à ce moment-là si les
crédits sont, oui ou non, votés par le gouvernement
fédéral et on décidera quelle est la meilleure marche
à suivre.
M. Paré: Les montants sont à 50-50
fédéral-provincial. Vous dites que c'est deux fois le montant que
vous investissez, donc c'est une entente à 50-50.
M. Bourbeau: ...oui.
M. Paré: De la façon dont vous parlez depuis le
début de la rencontre, aujourd'hui, c'est surtout une
responsabilité des instances locales. Donc, cela va se faire par
l'entremise des municipalités?
M. Bourbeau: Le réseau des municipalités est
utilisé pour la mise en oeuvre de ce programme, la livraison du
programme, pour employer l'expression consacrée.
M. Paré: Cela veut dire que c'est certainement des...
Est-ce qu'on conserve les mêmes règles, les mêmes formules,
la même façon de procéder ou si c'est complètement
neuf, avec de nouveaux critères?
M. Bourbeau: Essentiellement, il n'y a pas de changements
dramatiques. Il va certainement y avoir des modifications, de
légères modifications qui seront annoncées en temps et
lieu.
M. Paré: En fonction de ce qu'on a entendu tantôt,
il faut s'attendre à quoi? Ce sera pour aider davantage les plus
démunis et ce sera en fonction des revenus des ménages?
M. Bourbeau: Je pense que l'accent sera sur les plus
démunis, on peut affirmer cela avec certitude.
M. Paré: Comme il y a quand même certaines
modifications au programme, cela veut dire des nouvelles formules. Finalement,
tout le monde est en période d'attente à partir de maintenant.
À quand peut-on s'attendre à pouvoir appliquer un programme
semblable?
M. Bourbeau: On prévoit la possibilité qu'il y ait
une phase transitoire, aux alentours du 1er juillet, à partir du moment
de la signature de l'entente, au moment où le nouveau programme sera
à plein régime. Mais au fur et à mesure que se
dérouleront les mois, on entrera dans le nouveau programme. Si pendant
une période, on administre sous l'ancien programme, ce seront
probablement les mêmes formules et après, on mettra à point
les nouvelles formules.
M. Paré: Et advenant qu'on retarde la signature de
l'entente - parce que actuellement c'est un accord de principe - qu'on retarde
l'entente ou qu'on retarde les budgets à Ottawa, est-ce qu'on envisage
de procéder d'ici là selon la façon actuelle?
M. Bourbeau: Vous savez que le programme Loginove actuellement
fonctionne en parallèle avec le programme PAREL. Il est conditionnel
à ce que le gouvernement fédéral débloque des fonds
pour PAREL, bien sûr.
M. Paré: Donc, c'est à espérer que la
signature va se faire au plus tôt pour que ce programme soit mis en
application et que la construction puisse avancer.
M. Bourbeau: Effectivement.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Deux petites questions à poser sur ce
programme. Est-ce que vous avez fait des calculs pour savoir si le programme
proposé par le gouvernement fédéral est plus avantageux
que celui qui existait antérieurement, conjointement?
M. Bourbeau: Loginove d'installation?
M. Chevrette: Le 56, le fameux no 56, le 56-C?
Une voix: Point 1
M. Chevrette: N56.1 du gouvernement fédéral. Il y a
des organismes coopératifs qui ont fait des études et qui nous
disent que c'est encore moins avantageux qu'antérieurement. Est-ce que
le Québec a fait des
simulations?
M. Bourbeau: Ce qui arrive, c'est que le programme en question
c'est un programme strictement fédéral. Il n'est pas dans
l'entente, premièrement.
M. Chevrette: II n'est pas dans l'entente?
M. Bourbeau: Non, il n'est pas dans l'entente. C'est un programme
fédéral et nous, on regarde passer le train, si je peux dire. Le
gouvernement fédéral avait un programme 56.1 qui essentiellement
faisait en sorte que le gouvernement fédéral payait les travaux
de construction, enfin, fournissait les fonds puis prêtait
l'hypothèque à 2 %. Ils ont mis fin à ce
programme-là. Ils annoncent un nouveau programme pour les
coopératives qui va être autre chose que ce qu'il était
auparavant et on ne connaît pas encore les détails du nouveau
programme. Dans l'entente, M. le député, il y aura un programme
coopératif québécois, mais qui est beaucoup moins
important que le programme fédéral en termes d'argent. Le
programme québécois va être axé essentiellement et
prioritairement sur les plus démunis, ce qui n'est pas
nécessairement le cas pour le programme fédéral. On
parlait tout à l'heure du nombre d'unités qui pourraient
être réalisées, qui se situerait à peu près
au même rythme que ce qu'on a fait l'an dernier pour le programme
québécois.
M. Chevrette: Le pourcentage des défavorisés serait
de combien dans les coopératives, votre programme
québécois?
M. Bourbeau: J'ai l'intention de faire en sorte que ce
programme-là s'adresse essentiellement aux plus démunis.
M. Chevrette: Mais lorsque vous octroyez un nombre
d'unités à une coopérative de logements populaires, vous
octroyez un certain pourcentage vis-à-vis des niveaux de traitement. Si
vous nous dites que votre programme sera pour les moins bien nantis, est-ce que
vous avez l'intention de le faire passer de 25 % à 50 %, par exemple,
pour des salariés en deçà du seuil de pauvreté ou
à 75 %, à 80 %, à quel pourcentage? Parce que les
coopératives de logements nous le demandent?
M. Bourbeau: La partie du programme québécois
où le fédéral intervient en vertu d'un programme... Le
fédéral vient en aide, dans notre programme à nous, pour
une certaine partie des unités qui sont réellement à louer
à des démunis; l'autre partie - et cela tourne autour de 50 % -
est essentiellement québécoise, si je puis dire. Le
fédéral n'y touche pas. C'est difficile de donner des proportions
à ce moment-ci. On est encore un peu au stade des principes, si je puis
dire, et les proportions finales ne sont pas encore arrêtées.
L'objectif est de tenter, dans la mesure du possible et de plus en plus, de
venir en aide aux familles et aux ménages les plus démunis.
Supplément au loyer
Le Président (M. Rochefort): Deux questions, M. le
ministre. D'abord, pourquoi une diminution du budget du programme de
supplément au loyer?
M. Bourbeau: Cela est un programme conjoint, le
fédéral et nous, pour une très grande partie, en tout cas.
L'an dernier - en fait, il n'y a pas de diminution - le réel a
été de 6 079 000 $. Cette année, on compte dépenser
6 600 000 $. Donc, il y a effectivement une augmentation de près de 10
%. La raison pour laquelle il y a eu l'an dernier un réel
inférieur au budget, c'est parce qu'en cours de route il y a des gens
qui déménagent, qui ne sont plus des démunis -
heureusement, il y en a qui sortent de la condition de démunis - qui
perdent ce titre et sortent du programme. À ce moment-là, on les
perd, pour employer une expression du métier, on perd ces unités.
On en a perdu en cours de route, comme cela, quelques-unes qui ont fait qu'on a
dépensé 6 079 000 $. Cette année, on espère
dépenser 6 600 000 $, donc, une augmentation.
Le Président (M. Rochefort): Ma deuxième question,
M. le ministre. Si je ris, cela n'est pas pour cela, c'est parce que l'on m'a
soufflé qu'il y en aurait peut-être de moins en moins qui
déménageraient avec l'abolition de PAAPR. Mais, plus
sérieusement, quand tantôt vous vous êtes engagé
à réaliser à peu près 2300 HLM dans l'année
qui vient, est-ce qu'il s'agit de réaliser en totalité ce qui a
déjà été programmé, là où cela
a été programmé en termes de circonscriptions
électorales et de municipalités? (12 h 15)
M. Bourbeau: M. le Président, dans l'ancienne
programmation, il y avait environ 6000 logements de prévus. On serait
rendu pas tout à fait à mi-chemin. Il resterait, M. le
Président, d'après les statistiques qu'on me donne, à peu
près 6000 logements à faire sous l'ancienne programmation. On
compte en faire 2300 cette année, donc, le reste va aller après.
On compte respecter, bien sûr, dans la mesure du possible, les locations
qui ont été prévues, ou les endroits qui ont
été prévus, mais c'est sujet évidemment aux
problèmes de contraintes de terrains, etc. Vous comprenez que, dans les
villes de Montréal et de Québec, le programme est plutôt
livré par les municipalités que par la
SHQ, donc, on n'a pas un contrôle absolu sur ces décisions.
De toute façon, je vous dirai qu'au-delà de ces questions, de la
question précise, le gouvernement entend maintenir les mêmes
critères qui prévalaient sous l'ancien gouvernement, quel qu'il
soit.
Le Président (M. Rochefort): D'accord. M. le ministre, il
n'y aura donc pas de modification à la programmation en cours de
route?
M. Bourbeau: Je pense que je viens de répondre à la
question, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Oui, mais je vous pose une
question. Est-ce qu'il y aura des modifications, oui ou non?
M. Bourbeau: À l'ancienne programmation?
Le Président (M. Rochefort): Oui.
M. Bourbeau: Au moment où on se parle, il n'y a rien de
prévu, M. le Président, mais, si jamais il arrive en cours de
route des problèmes qui font en sorte qu'on est obligé de
modifier la programmation pour toutes sortes de raisons, on en fera part
à la population en général et à la commission en
particulier, s'il le faut.
Le Président (M. Rochefort): Et aux députés
concernés?
M. Bourbeau: Oui, effectivement, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Shefford.
M. Paré: II y a une petite question concernant Logirente.
Comme je le disais au tout début, dans le programme libéral, il y
a un volet qui dit: réviser le programme Logirente pour en
accroître l'accessibilité et l'efficacité. On voit que le
budget de Logirente passe de 16 200 000 $ à 17 700 000 $. Est-ce que
c'est juste une augmentation automatique en fonction du nombre de demandes
qu'on pense qui vont grossir ou si, effectivement, on a élargi soit
l'accessibilité, soit l'efficacité du programme? Est-ce qu'on a
changé des critères pour l'ouvrir davantage à d'autres
clientèles?
M. Bourbeau: On a l'intention d'augmenter le volume,
forcément. On va satisfaire plus de demandes, si je peux dire, qu'on
pouvait le faire avec 16 200 000 $, puisqu'on aura 17 700 000 $. Maintenant, je
souligne au député que le document qu'il a entre les mains, c'est
un programme électoral. Forcément, cela ne s'applique pas
nécessairement sur les trois premiers mois d'un mandat. Alors, on aura
nos quatre années et demie, sinon cinq ans, pour le remplir.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, vous nous
dites qu'il y aura plus de demandes. Généralement, l'augmentation
annuelle du programme Logirente est due à l'augmentation des loyers et,
généralement, à l'accroissement de problèmes
financiers pour des gens qui profitent déjà de Logirente. C'est
essentiellement à cela que va servir votre augmentation du budget.
M. Bourbeau: M. le Président, la réponse est qu'il
n'y a pas de changement dans les critères ou dans les paramètres
du programme. L'augmentation est due en partie au fait qu'il y a des
augmentations de loyers, bien sûr, c'est bien normal, mais aussi au fait
qu'il y a des clients additionnels qui s'inscrivent au programme.
M. Paré: II n'y a rien de changé dans le programme
en soi, sauf qu'on s'attend que la clientèle augmente parce qu'il y a
des gens qui deviennent adminissibles par le vieillissement et parce qu'il y a
des augmentations de loyers.
M. Bourbeau: Parce que les loyers ont augmenté.
M. Paré: D'accord. Une petite question maintenant sur le
comité-conseil sur l'habitation. Le ministre s'est engagé,
à la suite de recommandations, à déposer d'ici au 1er juin
1986 un énoncé de politique au Conseil des ministres. Est-ce que
le ministre pense toujours être capable de tenir cet engagement?
M. Bourbeau: Au moment où on se parle, M. le
Président, je crois que oui.
M. Paré: Pourquoi le ministre a-t-il décidé
de confier le mandat à un comité plutôt qu'aux
fonctionnaires, comme cela avait l'habitude de se faire?
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que c'est une
question de choix de gouvernement. Nous pensons qu'il y a plus de
matière grise dans plusieurs têtes que dans quelques-unes. Alors,
nous avons adjoint à une équipe de fonctionnaires qui fait partie
du comité à titre de support logistique, si je peux dire,
d'autres personnes du milieu de l'habitation, de sorte que nous avons un groupe
qui est composé de gens qui sont du secteur privé ou du secteur
coopératif, OSBL, etc., et une équipe de fonctionnaires qui
assistent à toutes les réunions et qui participent activement aux
travaux de la commission.
M. Paré: M. le Président, j'aurais fini les
questions sur le programme 9.
Le Président (M. Rochefort): Le programme 9,
Société d'habitation du Québec, les éléments
1 et 2, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. J'appelle donc
le programme 10, Conciliation entre locataires et propriétaires.
Conciliation entre locataires et
propriétaires
M. Paré: Oui, très rapidement.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Très rapidement, M. le Président.
Est-ce que le ministre est satisfait du travail exécuté par la
Régie du logement?
M. Bourbeau: Avant de répondre à la question du
député de Shefford, j'aimerais vous présenter M. Jean-Guy
Houde, président de la Régie du logement, ainsi que M. Pierre
Veilleux, le directeur des services administratifs. Je pense que, pour
l'essentiel, la Régie du logement s'est bien acquittée de son
mandat. De façon générale, je pense que l'ensemble de la
population trouve que les travaux de la Régie du logement
réalisent les objectifs. Personnellement, je n'ai pas à me
plaindre ou je n'entends pas de plaintes excessives provenant de la
Régie du logement.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
Régie du logement
M. Paré: Est-ce que le ministre est d'accord avec le
président du Conseil du trésor lorsqu'il évalue la
possibilité de transférer la Régie du logement aux
municipalités?
M. Bourbeau: M. le Président, le premier ministre a
confié à un comité le soin de regarder l'ensemble des
structures gouvernementales. Ce comité fait une étude
systématique de tout ce qu'il y a dans l'appareil gouvernemental ou
paragouvernemental, de sociétés, de régies, de
comités, de tribunaux, de conseils, etc., et, éventuellement, il
fera des recommandations au gouvernement. Il n'y a aucune des
sociétés d'État qui échappe à cette
étude. Bien sûr, la Régie du logement est une de celles qui
est regardée comme toutes les autres, sans aucune exception. Certains
peuvent prétendre que la Régie du logement pourrait avoir un
fonctionnement différent. Dans certains milieux, on pense qu'il serait
possible, c'est probablement ce a quoi fait allusion le député...
Il fait allusion à une déclaration qu'aurait faite le
président du Conseil du trésor, soit que les municipalités
pourraient avoir la possibilité d'opter "out", si je peux dire, de la
réglementation du logement. Je ne dis pas que, personnellement, c'est ma
position ou celle du gouvernement; ce sont des possibilités qui sont
évoquées présentement. Si cette
possibilité-là, par hasard, se matérialisait, cela
voudrait dire qu'une municipalité pourrait décider que, sur son
territoire, on dérèglemente les loyers alors qu'une autre
pourrait demeurer sujette à la juridiction de la Régie du
logement. Ce ne sont que des hypothèses présentement.
M. Paré: Ma question plus directe. Vous, comme ministre
des Affaires municipales, donc responsable de ces gens qui pourraient se voir
attribuer une charge nouvelle, et responsable de l'Habitation, donc responsable
de la Régie du logement, quel est votre point de vue là-dessus?
Vous dites que certaines personnes pensent, est-ce que vous êtes parmi
ces certaines personnes qui pensent qu'on devrait envoyer çà au
niveau municipal au risque de voir des différences d'application
à l'intérieur de toutes les municipalités du
Québec?
M. Bourbeau: M. le Président, le ministre effectivement
pense comme tout le monde actuellement au gouvernement. Nous sommes en
période de réflexion sur tous ces sujets. Vous admettrez avec moi
que ce sont des sujets très importants et qu'on ne peut pas improviser
sur des sujets d'une telle importance. Ce sont des sujets d'actualité
dont on parle. On parle de choses qui sont actuellement sur la table. Je dois
dire que nous sommes présentement en train de faire des consultations
à tous les niveaux auprès de ces organismes. Je dois avoir, dans
les prochains jours, une rencontre au sommet avec les hauts fonctionnaires de
mon ministère, avec le président, entre autres, de la
Régie du logement, afin de débattre ces problèmes. Je ne
suis pas en mesure, présentement, de vous faire connaître la
position du ministère ou du ministre sur le sujet.
M. Paré: Je ne parlais pas du ministère, je parlais
du ministre. Sur le principe, comme tel, le ministre n'est pas en mesure
présentement de prendre une position et il n'est pas un défenseur
d'un des pouvoirs qu'il exerce présentement pour le conserver.
M. Bourbeau: M. le Président, le ministre est en faveur de
la bonne gestion des fonds publics. Si on fait la preuve que
cette mesure-là va dans le meilleur intérêt de la
population, je serais disposé à appuyer toute mesure qui irait
dans le sens de défendre les meilleurs intérêts de la
population. Je ne peux pas aller au-delà de cela.
M. Paré: La meilleure protection, en pensant à la
population, mais comme c'est la Régie du logement, en pensant dans
l'intérêt des locateurs ou des locataires?
M. Bourbeau: Je ne suis pas ici pour défendre
l'intérêt des locateurs plus particulièrement que celui
d'autres personnes. Je suis ici, je pense, pour m'assurer que
l'intérêt public, d'une façon générale, est
bien protégé. C'est ce que j'ai l'intention de faire.
M. Paré: J'aurais juste une dernière question,
toute courte. J'aimerais savoir, au cours de 1985, le nombre de plaintes qu'il
y a eues, si cela va en progressant ou en diminuant, et la durée moyenne
pour un règlement.
M. Bourbeau: Je voudrais peut-être qu'on comprenne le sens
de la question. Vous parlez des plaintes qui sont adressées à
l'endroit de la régie?
M. Paré: À la régie.
Une voix: Ah! II parle des demandes.
M. Bourbeau: Oui, oui, vous parlez...
M. Paré: Les cas de conciliation qui se rendent à
la régie.
M. Bourbeau: Ah bon! Alors, je dois dire que j'ai eu la
même réaction que vous, parce que le président me
répond qu'il y a à peu près une dizaine de plaintes par
mois. Mais, quand on parle d'une plainte, on a compris que c'était une
plainte contre le système, enfin contre la régie
elle-même.
M. Paré: Non. Ce sont des dossiers et non...
M. Bourbeau: Ce seraient des gens qui ne seraient pas
satisfaits.
M. Paré: ...pas des plaintes contre la régie.
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, les statistiques sont
les suivantes, parce que dix plaintes par mois, vraiment, cela ne justifierait
pas le maintien de la régie.
Une voix: Pas des plaintes.
M. Bourbeau: Alors, les demandes à la régie sont
les suivantes - l'ensemble des demandes reçues, je peux vous donner
celles des cinq dernières années, pour avoir un horizon de cinq
ans, soit celles de 1981, 1982, 1983, 1984 et 1985 - le premier chiffre, c'est
pour 1981 - je prends seulement les mille, j'oublie les centaines -125 000; 96
000 en 1982; 87 000 en 1983; 70 000 en 1984; 78 000 en 1985. Ce sont les
plaintes.
Si vous voulez la répartition pour les plaintes civiles et pour
les demandes de fixation... Pour les plaintes civiles, en 1981, 60 000; en
1982, 50 000; en 1983, 50 000; en 1984, 48 000; en 1985, 54 000. Pour ce qui
est des demandes de fixation - cela aussi est important - en 1981, 26 000; en
1982, 41 000; en 1983, 31 000; en 1984, 21 000; en 1985, 24 000.
M. Paré: Cela va.
Le Président (M. Rochefort): Deux petites questions, M. le
ministre, avant de conclure, sur les réflexions que le président
du Conseil du trésor mène, vous aussi, quant à un
éventuel changement d'orientation quant à l'action de la
Régie du logement. Est-ce que vous avez l'intention de consulter les
associations de locataires et de propriétaires avant de
procéder?
M. Bourbeau: M. le Président, je dois avoir une rencontre,
ces jours-ci, avec mes hauts fonctionnaires, non seulement pour débattre
le fond du problème mais également l'ensemble de toute la
problématique. Il faudrait voir. Si, par exemple, la conclusion
était qu'on ne fait aucun changement, bien, je pense qu'il serait
inutile d'aller brasser la salade un peu partout dans la population.
Si jamais on décide qu'il y a des changements à faire et
qu'on veut en faire, à ce moment-là, on avisera de la meilleure
façon de faire connaître notre point de vue, notre décision
plutôt.
Le Président (M. Rochefort): Mais, vous allez consulter
avant de prendre votre décision ou vous allez informer après
avoir pris votre décision seulement?
M. Bourbeau: En général, M. le Président, si
nous prenons des décisions, nous consultons.
Le Président (M. Rochefort): D'accord.
M. Bourbeau: Alors, on verra qui consulter. Il faudra
déterminer quels seront les intervenants les plus qualifiés, les
plus autorisés de la société.
Le Président (M. Rochefort): D'accord. Deux
dernières questions, M. le ministre - et on conclura - reliées
toutes les deux au
projet Angus à Montréal. Ma première question:
Est-ce que vous vous engagez à maintenir et à réaliser les
engagements que le précédent gouvernement avait pris quant
à la répartition des logements, quant à la typologie des
logements qui seront construits?
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne les
terrains Angus, vous savez que nous n'avons pas un très gros
contrôle sur le dossier, en ce sens que l'ancien gouvernement avait
signé une convention avec la ville de Montréal, où le
gouvernement s'était, si je peux dire, livré, pieds et poings
liés, entre les mains du partenaire. Nous n'avons pas le contrôle.
Le nombre de représentants que nous avons n'est pas suffisant pour
remporter une majorité lors des votes. Dans ces conditions, il nous est
bien difficile d'exercer le contrôle sur les activités de la
compagnie. (12 h 30)
Alors, nous n'avons pas signé l'entente avec la ville de
Montréal. Cela a été signé par l'ancien
gouvernement. Je pense que, dans ces conditions, il faudrait peut-être
poser les questions à ceux qui ont le contrôle sur la
Société des terrains Angus.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, compte tenu
de la réponse que vous venez de nous fournir, est-ce que vous ne venez
pas de nommer trois représentants, personnellement, au conseil
d'administration d'Angus, qui comporte sept membres? Je vous rappelle que le
président est nommé conjointement par Québec et
Montréal, ce qui fait 50-50.
M. Bourbeau: M. le Président, oui, effectivement, vous
avez bien raison de dire que nous avons nommé trois personnes à
qui nous avons donné le mandat de tenter de voir à
protéger les intérêts du Québec. Cependant, le vote
prépondédant est entre les mains d'un président, qui a
été nommé conjointement par l'ancien gouvernement du
Québec - non par le nouveau - et par la ville de Montréal, de
sorte que nous n'exerçons pas de pouvoir sur le vote du
président, qui, comme vous le savez, a été nommé
à la suggestion de la ville de Montréal. Alors, c'est un
représentant de la ville de Montréal que l'ancien gouvernement a
agrégé. Donc, d'un façon formelle, nous n'avons pas de
pouvoir sur la compagnie. Nous avons trois représentants sur sept, les
quatre autres étant effectivement des représentants de la ville
de Montréal.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, j'y reviens
deux secondes. Vous n'avez pas de pouvoir. Vous y mettez des fonds importants.
Je vous rappelle que vous avez vous-même procédé à
la nomination de trois représentants et que celle de M. Koury, comme
président de la SOTAN, est conjointe. Il a été
présenté par la ville de Montréal, mais il était
aussi une personne connue des intervenants parce qu'il est président de
la SIDAC, président de l'ancienne association des marchands,
président de nombreux organismes communautaires dans le quartier et qui
faisait aussi consensus pour le gouvernement du Québec.
Je ne vous demande pas si vous avez un pouvoir sur ces gens-là.
Je vous demande si, compte tenu de la présence paritaire au conseil,
vous comptez donner aux gens que vous avez nommés vous-même
personnellement les trois derniers, des orientations quant au respect des
engagements qui ont été pris.
M. Bourbeau: Je rappelle encore au président que trois sur
sept, cela ne fait pas une majorité et cela ne nous donne pas le
pouvoir. Nous n'avons pas le pouvoir sur Angus, quoi qu'en dise le
président; je peux l'assurer. J'ai regardé le dossier
personnellement, j'ai examiné toute la documentation et nous n'avons pas
le pouvoir. Il est entre les mains d'une tierce personne sur qui je n'ai pas de
pouvoir.
Pour ce qui est de la programmation, on me dit que cela progresse
sensiblement selon les programmes qui avaient été prévus
originalement. Vous le savez comme moi, M. le Président, que, dans le
programme qui avait été prévu, il y avait et le logement
social et le logement privé. Le secteur privé devait
également construire des unités. En fait, M. le Président,
ce qui s'est fait depuis le début, ce n'est que le logement de type
social: coopératives, etc. Si le programme doit se réaliser, il
va falloir, à un moment donné, qu'on fasse autre chose que des
coopératives ou des garderies. Il va falloir aussi qu'on fasse des
logements privés. Je présume qu'on va en faire à un moment
ou l'autre; je l'espère. M. le Président, on va finir, non pas
par rentabiliser le projet parce que c'est impossible, on est parti, dans ce
projet, en assumant qu'on perdrait 4 000 000 $. Cela va être bien
difficile de rentabiliser le projet quand, au départ, on avait
prévu perdre 4 000 000 $. On va tenter de faire pour le mieux avec ce
qui existe présentement.
Le Président (M. Rochefort): J'y reviens une
dernière fois, M. le ministre. Les trois personnes que vous venez de
nommer vous-même, en personne, est-ce que vous leur avez demandé
de voir à ce que les engagements pris soient respectés par la
nouvelle société?
M. Bourbeau: M. le Président, nous avons demandé
aux gens que nous avons nommés de s'assurer que la gestion soit la plus
rigoureuse possible et que les objectifs
d'une bonne et saine gestion soient respectés. Ces
gens-là, je pense, ont été nommés en fonction de
leurs qualifications. Je pense qu'ils sont très qualifiés et
capables de défendre, si je puis dire, les intérêts du
gouvernement du Québec dans ce dossier.
Le Président (M. Rochefort): Justement - c'est ma
dernière question - est-ce qu'il serait possible que vous nous fassiez
parvenir les curriculum vitae des trois personnes que vous avez
nommées.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, on le fera dans les
meilleurs délais.
Le Président (M. Rochefort): Parfait! Alors, c'est ce qui
conclut, en ce qui me concerne, l'étude des crédits. Je demande
aux membres si le programme 10, Conciliation entre locataires et
propriétaires est adopté.
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Je
déclare donc l'ensemble des crédits du ministère des
Affaires municipales et de la Société d'habitation du
Québec et de la Régie du logement adoptés. Quelques mots,
en conclusion, M. le député de Shefford?
M. Paré: Oui, très rapidement, pour remercier le
ministre et les personnes qui l'accompagnent, les gens du ministère, de
la Société d'habitation du Québec et de la Régie du
logement, pour les documents qu'ils ont présentés, leur
participation ce matin et l'aide qu'ils nous ont apportée pour avoir les
réponses sur ce secteur de l'activité si important pour le
Québec. Alors, merci beaucoup.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je tiens à
féliciter les membres de la commission pour leur assiduité et
pour l'intérêt qu'ils ont porté aux travaux de la
commission. Quant à moi, cela m'a été très
agréable d'y participer. Je sais que dans la chaleur des débats,
parfois, le ton monte, mais je pense que c'est inévitable dans ce genre
de choses où l'on passe plusieurs heures sur des sujets très
importants et très délicats. Mais je pense que dans l'ensemble,
cela s'est bien passé. Cela a contribué à éclairer
non seulement l'ensemble des députés mais aussi ceux qui y ont
participé. Je vous signale que je demeure toujours à la
disposition de tous ceux qui auraient besoin du ministre pour des
renseignements ou pour aider à résoudre des problèmes
particuliers.
Je tiens à remercier également tous les fonctionnaires qui
se sont déplacés pour venir assister à ces séances
et les membres de mon cabinet. Je les remercie de leur collaboration.
Le Président (M. Rochefort): Alors, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, je vais aussi vous remercier d'avoir
participé à nos travaux. Je remercie tous vos collaborateurs qui
nous ont offert la même collaboration, la même contribution, que
par les années dernières. Je veux vous remercier de votre
participation à vous aussi et des discussions que l'on a eues.
Avant de suspendre les travaux, je veux rappeler aux membres de la
commission que nous poursuivrons nos travaux avec l'étude des
crédits du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, immédiatement après les affaires courantes, et non
pas dans cette salle, mais au salon bleu même. Cela sera
évidemment confirmé par le leader du gouvernement à
l'Assemblée. Là-dessus, je suspends sine die nos travaux.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 37)
(Reprise à 16 h 45)
Crédits du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements se réunit pour
étudier les crédits budgétaires 1986-1987 du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, programmes 1
à 5 et 7.
Je crois qu'après entente entre les partis nous commencerons par
le programme 3, éléments 1, 2, 3 et 4.
Je m'excuse, il y a des remplaçants.
Le Secrétaire: Merci, M. le Président. M. Blais
(Terrebonne) sera remplacé par Mme Vermette (Marie-Victorin) et M.
Gauvin (Montmagny-L'Islet) sera remplacé par M. Messier
(Saint-Hyacinthe). C'est tout. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: J'ai discuté tantôt avec les
représentants de l'Opposition et il est d'usage qu'au début de la
commission le ministre ait une vingtaine de minutes pour brosser un tableau
complet et que l'Opposition en ait autant, évidemment. Je n'ai pas
d'objection à ce qu'on étudie aujourd'hui le programme 3 pour
faciliter les choses. Je pense que, de gré à gré, on
pourra fonctionner assez bien.
Je vous ferai part dans quelques minutes, si vous me le
permettez, du message que j'ai à livrer. En terminant mon message, je
vous présenterai les gens qui
m'accompagnent pour bien identifier, pour les membres de l'Opposition,
mes principaux collaborateurs. Cela va, M. le Président?
Le Président (M. Saint-Roch): D'accord, M. le
ministre.
Remarques préliminaires M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, madame et messieurs les
membres de la commission parlementaire, il me fait particulièrement
plaisir de vous rencontrer aujourd'hui, demain et peut-être mardi
prochain pour consacrer quelques heures à des discussions et des
explications relatives au budget 1986-1987 du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche.
Dans ces quelques minutes qui me sont dévolues en début de
commission, j'aimerais d'abord vous entretenir du budget général
lui-même et de ses particularités par rapport à celui de
1985-1986. Je vous entretiendrai par la suite des orientations et des lignes
directrices qui nous ont guidés dans l'élaboration de ce budget
1986-1987 et ce, pour les deux grandes missions du ministère, celle de
la conservation et de la mise en valeur de la faune comme celle du
développement des secteurs du loisir et des programmes à la
jeunesse.
Le budget du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche présente certaines particularités dont il faut tenir
compte si l'on veut bien en saisir l'évolution. En effet, au cours des
dernières années, le ministère a vu s'accroître les
crédits qui lui sont alloués dans le cadre de budgets
supplémentaires et par transferts interministériels. En
1985-1986, le budget initial, lors du dépôt du livre des
crédits à l'Assemblée nationale, était de 207 561
100 $. Si l'on compare ces crédits à ceux que nous
étudions aujourd'hui, ces derniers représentent une diminution de
6 %.
Cependant, ces crédits ont été accrus de 14 904 300
$ à l'occasion de budgets supplémentaires. Cette somme se
répartit comme suit: Parc national de l'archipel, 4 000 000 $; parcs
régionaux, 3 000 000 $; acquisition de terrains, 1 700 000 $; loyers
à payer à la Société immobilière du
Québec, 5 800 000 $; travaux concernant le caribou, 425 000 $.
Évidemment, comme ces sommes se sont ajoutées au budget de
base du ministère, elles ne constituent pas des sommes à
caractère récurrent, pour employer l'expression courante. Nous
connaîtrons d'ailleurs sous peu un tel accroissement puisque le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
transférera au ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche les sommes nécessaires à la poursuite du programme
Jeunes Volontaires.
Permettez-moi de vous rappeler ce que j'ai toujours dit, a savoir que la
contribution du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
à l'effort gouvernemental de compression des dépenses est
légèrement inférieure à 10 % des crédits
accordés à mon ministère. Ceci mérite,
évidemment, une explication.
Au moment de mon entrée en fonction, les crédits du
ministère, avant toute compression, étaient établis
à 214 399 300 $. Comme vous le savez, dans le cadre de la revue des
programmes, une enveloppe de base est établie par le Conseil du
trésor et allouée à chaque ministère. Cette
enveloppe est établie sur la base des crédits de l'année
en cours dont on soustrait l'ensemble des sommes obtenues en cours
d'année dans le cadre de budgets supplémentaires ainsi que les
dépenses dites non récurrentes. Pour vous donner un exemple de
celles-ci, je vous citerai la subvention pour payer l'anneau de glace de
Sainte-Foy. Il va sans dire que l'on ne le paie pas à tous les ans. Ce
budget spécial est donc retiré du ministère.
Toujours est-il que ces sommes ont eu pour effet de porter le budget du
ministère, en 1985-1986, à 222 465 400 $. La comparaison entre ce
budget redressé par les budgets supplémentaires et les
crédits 1986-1987 que nous étudions montre un écart
négatif de 12,3 %. Pour pousser plus loin la comparaison et
établir le parallèle avec le livre des crédits
déposé par le président du Conseil du trésor, il
faut préciser la vocation de crédits-dépenses. Ceux-ci
sont constitués des crédits redressés dont je viens de
parler, auxquels il faut ajouter les sommes obtenues par transfert
interministériel du Fonds de développement régional de
l'OPDQ et du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. En réduisant de ce montant le gel des
crédits demandé par le Conseil du trésor, on arrive
à l'évaluation des dépenses probables 1985-1986, donc pour
l'année qui vient de se terminer, soit 228 261 000 $. C'est à
partir de ce montant qu'est établie dans le livre des crédits une
baisse de 14,5 %.
II ne faut donc pas interpréter cette baisse de façon
catastrophique puisque, dans le cas particulier du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, on ne compare pas des choses directement
comparables. Il n'y a aucune raison de ne pas croire qu'au cours du
présent exercice les crédits-dépenses du ministère
seront accrus par des transferts d'argent provenant du Fonds de
développement régional, par exemple.
Après avoir fait des soustractions, le Conseil du trésor
additionne. Il s'agit des ajustements mécaniques. Ceux-ci constituent
des crédits additionnels nécessaires au ministère pour
donner suite aux décisions récentes de l'Assemblée
nationale, du Conseil
des ministres ou du Conseil du trésor. Un exemple d'ajustement
mécanique est le montant nécessaire pour "rencontrer" les
obligations concernant le ski alpin dans le cadre de l'entente
Canada-Québec sur le développement touristique.
C'est donc à la suite de discussions entre le ministère et
le Secrétariat du Conseil du trésor que nous en sommes
arrivés à des crédits proposés avant compression de
214 399 300 $. Une compression de 19 342 800 $, soit 9 %, a donc porté
ceux-ci à 195 056 300 $. C'est donc ce dernier montant qui
apparaît au livre des crédits comme budget officiel de
départ de mon ministère.
Permettez-moi maintenant, te! que je vous l'ai annoncé en
début d'exposé, de vous rappeler les grandes lignes d'action qui
ont influencé la préparation de ce budget, ainsi qu'un choix
judicieux de compressions qui nous permet de ne pas trop affecter l'ensemble de
nos clientèles.
Je vous dirai d'abord que j'ai rencontré en février, lors
de deux réunions distinctes, les représentants de l'ensemble des
partenaires de ce ministère. J'ai en effet rencontré le 14
février les représentants des organismes nationaux et
régionaux oeuvrant dans le domaine de la conservation et de la mise en
valeur de la faune et, le 21 février, ceux des organismes nationaux et
régionaux de loisir et de sport. Vous pouvez donc constater que, peu de
semaines après mon arrivée en fonctions, je n'ai pas
hésité à livrer à nos partenaires, à la
suite de consultations, les principaux éléments de la
stratégie qui guidera mon action au cours de l'exercice 1986-1987, et
même au-delà de cette période dans le cas de plusieurs
programmes et projets.
Ces deux rencontres avaient, en effet, pour but d'indiquer à ces
partenaires les grandes orientations, les engagements principaux et les grandes
priorités que j'entends donner au ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Au moment où ces rencontres se sont
déroulées, les prévisions de dépenses que nous
avons aujourd'hui sous les yeux n'étaient pas tout à fait
finalisées, mais je peux vous assurer que ces deux discours de
février 1986 ne sont, en aucune façon, démentis par les
crédits que nous étudions aujourd'hui puisque, comme je le
démontrerai au cours des prochaines minutes et des prochaines heures,
nous avons mis un soin particulier à participer au redressement des
finances publiques sans brimer pour autant les utilisateurs des services
essentiels offerts par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et par ses partenaires.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, c'est-à-dire de parler de
ses orientations et de ses crédits, je me permettrai de souligner le
fait que le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche assume essentiellement deux grandes
missions, c'est-à-dire celle relative à la conservation et
à la mise en valeur de la faune et celle relative au
développement des différents secteurs du loisir et des programmes
à la jeunesse. (17 heures)
II me semble important de faire ce rappel pour bien souligner, d'une
part, l'ampleur du champ de juridiction du ministère, mais aussi et
surtout pour indiquer à ceux qui auraient tendance à l'oublier
que la préoccupation du ministère et de l'ensemble des
fonctionnaires est d'accorder une importance adéquate,
équilibrée et consciente à ces deux missions et ce, quoi
qu'en disent certains colporteurs de rumeurs.
La mission conservation et mise en valeur de la faune vise donc à
protéger et conserver la ressource faunique, considérée
évidemment par l'État comme une ressource collective a la
disposition de l'ensemble des citoyens. Elle suppose donc une conservation du
patrimoine faunique pour les générations actuelles et futures qui
veulent ou qui voudront en jouir d'une façon raisonnable et
équilibrée. Elle suppose, également, une mise en valeur de
ce même patrimoine de façon qu'il s'insère dans l'ensemble
de l'offre des activités de loisir, d'une part, et de façon qu'il
produise des retombées économiques intéressantes, d'autre
part.
Les orientations et les priorités dont je traiterai dans quelques
minutes seront clairement dans la ligne de ces deux grands objectifs. Par
ailleurs, la mission développement des secteurs du loisir et des
programmes à la jeunesse vise le développement, le soutien, la
coordination et l'accessibilité d'une multitude d'organismes,
d'activités et d'équipements convergeant tous vers le but ultime
que constituent la détente et le développement personnel de
l'ensemble des citoyens. La poursuite de cette mission repose à la fois
sur une collaboration intense et continue avec une foule de partenaires de
niveaux local, régional et national ainsi que sur le soutien et le
développement d'une multitude d'équipements et de lieux qui
favorisent l'accessibilité aux diverses activités de loisir.
Bien que comportant une multitude de facettes, toutes aussi importantes
et intéressantes les unes que les autres, les actions du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, dans le domaine
de la conservation et de la mise en valeur de la faune, au cours de 1986-1987,
peuvent se résumer en trois mots: conservation, accessibilité et,
enfin, déréglementation.
Voilà les trois éléments ou les trois
ingrédients de la stratégie ministérielle en
matière de conservation et de mise en valeur de la faune. Cette
stratégie fera appel en même temps à des moyens d'ordre
financier, à des mesures d'ordre technique, à des
dispositions d'ordre législatif et/ou réglementaire et,
enfin, a des actions concrètes aux retombées économiques
importantes.
Parlons d'abord de la conservation. Encore là, je distinguerai
les éléments clés: la protection des habitats, la lutte au
braconnage, l'éducation et la sensibilisation à la conservation,
enfin, une série de mesures spécifiques pour la conservation de
certaines espèces comme le saumon ou le caribou du fleuve George.
En ce qui concerne la protection des habitats, nous mettrons au point,
en collaboration avec nos partenaires gouvernementaux, plus
particulièrement le ministère de l'Environnement, les mesures
législatives et réglementaires, dont les principales existent
dans les lois actuelles, susceptibles d'assurer une protection adéquate
aux habitats les plus névralgiques sur le territoire
québécois. Cette action sera doublée d'une campagne de
sensibilisation et de concertation auprès de tous les types
d'utilisateurs de ressources naturelles dont l'action et les travaux
d'exploitation pourraient avoir un effet négatif sur ces habitats
fauniques. Je veux parler, bien entendu, des agriculteurs, des exploitants
forestiers et de certains autres utilisateurs de ressources naturelles comme
les ressources minérales, auprès de qui, en collaboration avec
les autres ministères chargés de la gestion de ces ressources,
nous entreprendrons ou poursuivrons les discussions visant à harmoniser
et à concilier, au besoin, des intérêts qui peuvent, en
apparence, sembler divergents.
Ma deuxième priorité en matière de conservation de
la faune sera la lutte au braconnage abusif par des modifications à la
loi et à la réglementation si nécessaire, mais les lois et
les règlements dont nous disposons actuellement sont suffisamment
explicites si nous les appliquons adéquatement. J'entends poursuivre une
lutte sans merci à tous ceux qui, individuellement ou en réseaux,
commettent des infractions ayant une gravité biologique et
compromettante pour la ressource faunique. Sans négliger les actions de
nature préventive et éducative dont l'objectif serait de
sensibiliser la population et plus particulièrement les jeunes à
la conservation de la faune, nous déploierons également
l'ensemble de nos moyens et de nos ressources humaines,
représentées particulièrement par des agents de
conservation de la faune, pour faire échec au plus grand nombre possible
de braconniers.
En matière d'éducation et de sensibilisation, le
ministère investira dans des moyens éducatifs destinés aux
enfants et aux jeunes, écoliers ou étudiants. Des
spécialistes en la matière détermineront les moyens
précis de communications à utiliser, mais le ministère
s'impliquera autant au niveau local, régional que provincial, comme il
l'a fait depuis quelques années.
Enfin, dans le domaine de la conservation, un quatrième
élément de notre stratégie sera composé de diverses
mesures spécifiques à des espèces nécesssitant une
attention particulière. Je m'attarderai d'abord, ici, au saumon de
l'Atlantique dont le prélèvement continuera d'être soumis
aux restrictions déjà décrétées, auxquelles
nous tenterons d'ajouter des restrictions nouvelles et, surtout, de
sensibiliser le gouvernement fédéral pour que des mesures
semblables soient prises dans les environs de Terre-Neuve.
Toujours en ce qui conerne le saumon, l'accent sera
particulièrement mis sur la restauration de cette ressource par la voie
d'aménagements appropriées aux rivières les plus
intéressantes par le doublement de la production des piscicultures de
saumon du ministère. Nous consacrerons en effet un somme de 500 000 $
dès 1986-1987 à la modernisation des capacités de
production de ces piscicultures, ce qui représente un somme relativement
substantielle dans le contexte actuel.
La deuxième espèce animale qui méritera une
attention particulière est bien entendu le caribou du
Nouveau-Québec. Compte tenu de la croissance naturelle de ce troupeau,
des mesures inusitées de gestion doivent être prises. Sur la base
des recherches, des inventaires qui sont sur le point d'être
complétés, nous procéderons à certains
aménagements susceptibles d'éviter des incidents que nous avons
déjà connus. D'autre part, nous poursuivons, avec les efforts
budgétaires nécessaires, la réalisation d'un projet de
commercialisation de la viande de caribou auquel l'entreprise privée est
très intéressée et dont nous devrions annoncer les
modalités précises au cours des prochains mois.
J'arrive maintenant au deuxième grand axe de notre action en
matière de conservation et de mise en valeur de la faune, à
savoir l'accessibilité aux territoires et à la ressource qu'ils
contiennent. Le ministère est responsable de la gestion d'une superficie
importante de territoires ayant des affectations, des vocations ou des statuts
relativement différents les uns des autres. Afin, d'une part, de
concentrer l'action du ministère sur les objectifs essentiels qui
doivent être les siens en matière de gestion des territoires
fauniques et afin, d'autre part, de permettre une plus grande
accessibilité par la mise en valeur de l'exploitation, par d'autres
partenaires, d'une partie de ces territoires, nous avons entrepris et nous
conclurons dans quelques mois une vaste opération de révision de
l'affectation, de la vocation et, éventuellement, du statut et des modes
de gestion de nos territoires fauniques.
Je précise immédiatement que même si,
dans une certaine mesure, les parcs "nationaux" ou de conservation et de
récréation peuvent être considérés comme des
territoires fauniques, nous maintiendrons sur ces territoires les règles
et les mesures actuelles de conservation du milieu et des habitats
fauniques.
En ce qui concerne cependant les réserves fauniques, les
pourvoiries et les ZEC, c'est sur ces territoires que porte principalement
notre exercice de révision et de réflexion.
Cet exercice connaîtra son aboutissement dans quelques mois, mais
je tiens à souligner ici le sens que nous voulons lui donner. Il s'agit
essentiellement de vérifier si nos objectifs de conservation et de
gestion des territoires les plus riches en patrimoine faunique sont bien
desservis par la répartition et I'affectation actuelle des
différents types de territoires. Il est révolu le temps où
l'État pouvait décréter l'affectation et même le gel
de certains territoires pour le simple plaisir d'exercer directement sa
régie sur un très grand nombre de kilomètres
carrés. Dans le contexte économique et financier actuel et dans
la perspective d'une meilleure compréhension de notre mission de
conservation, ce sont les territoires les plus névralgiques qui doivent
faire l'objet d'une attention particulière.
En parallèle, notre souci d'accessibilité et notre souci
d'associer le plus grand nombre possible de partenaires à la gestion et
à l'exploitation de la faune nous amènent inévitablement
à songer à un transfert de responsabilités pour
l'exploitation de certains territoires. Je m'empresse d'ajouter que notre
responsabilité de conservation demeure tout aussi importante dans le cas
de ces territoires qui seraient exploités par d'autres que dans le cas
de ceux dont nous conserverons la régie directe.
Enfin, il me paraît important de préciser aussi que nous
serons très vigilants sur la conciliation de notre objectif
d'accessibilité avec celui de la maximisation des retombées
économiques. Nous croyons fermement que l'exploitation de la faune peut
donner lieu à un développement économique beaucoup plus
grand que ce n'est le cas présentement, notamment par l'accroissement de
la clientèle chez les pourvoyeurs et par la création de nouvelles
entreprises de services en ce domaine, tout en continuant d'offrir aux
Québécois et aux touristes étrangers des services de
qualité à des coûts abordables, ces derniers étant
le meilleur gage d'accessibilité que nous puissions imaginer.
Le troisième grand axe de notre action en matière de
conservation et de mise en valeur de la faune se réalisera à
l'enseigne de la déréglementation. Comme dans plusieurs autres
domaines d'intervention de l'État, la conservation de la faune est
caractérisée par une multitude de règlements dont la
pertinence individuelle, la cohérence entre eux et l'efficacité
par rapport aux objectifs de conservation peuvent partiellement être
remises en question. Par ailleurs, la multiplicité de ces
règlements constitue elle-même une négation concrète
des principes d'accessibilité et de bonnes relations de l'État
avec les citoyens. À l'encontre du principe qui veut que nul n'est
censé ignorer la loi, le domaine de la conservation de la faune pourrait
faire démentir ce principe car les citoyens de bonne foi sont
confrontés à un labyrinthe réglementaire partiellement
inutile. J'ai donc demandé la formation, au sein du ministère,
d'un groupe multidisciplinaire de travail sur l'examen et la
vérification des règlements actuels afin d'en réduire le
nombre, de simplifier ceux qui resteront et, surtout, de les concentrer sur les
objectifs essentiels que nous poursuivons dans cette mission. Cet examen pourra
éventuellement déboucher sur des modifications
législatives dont les premières seront soumises à
l'Assemblée nationale et à cette commission au cours de l'automne
1986.
Voilà donc, esquissées à grands traits, les
orientations fondamentales que je poursuivrai au cours des prochains mois dans
le domaine de la conservation et de la mise en valeur de la faune. En ce qui
concerne les aspects plus proprement budgétaires qui nous
intéressent plus précisément ici, et aujourd'hui, voici
les principales mesures que j'entends prendre dans le cadre de cette mission
"faune":
Premièrement, investissements de 500 000 $ dans les piscicultures
à saumon du ministère dans le but d'en doubler la production dans
le cadre d'un programme plus global de restauration des rivières
à saumon.
Deuxièmement, en matière de services et d'activités
dans les parcs et les réserves fauniques, ils seront entièrement
maintenus malgré les efforts de rationalisation budgétaire que
nous avons dû faire. D'une part, les équipements majeurs existants
dans nos parcs et nos réserves seront accessibles et ouverts au public,
puisque nous mettrons l'accent sur la consolidation de ces équipements
plutôt que sur la création de nouveaux ou sur l'ouverture de
nouveaux territoires.
Par ailleurs, malgré les réductions budgétaires de
l'ordre de 1 800 000 $ (sur 71 000 000 $ du montant total dans ce domaine bien
précis) dans les services et activités de certains parcs et
certaines réserves, aucun de ces services ni aucune de ces
activités ne sera fermé puisque cette réduction
budgétaire s'accompagnera d'un transfert ou d'une cession des
responsabilités de gestion à des organismes privés
à but lucratif ou à but non lucratif.
En conclusion, comme je l'annonçais au
début de cette allocution, nos grands objectifs et nos grandes
orientations en matière de conservation et de mise en valeur de la faune
ne sont pas touchés par les compressions que nous avons
effectuées. Ces compressions ont été effectuées, si
vous me permettez cette image, à l'aide d'un bistouri plutôt
qu'à l'aide d'une hache aveugle et impitoyable.
En fonction de cette deuxième grande mission de mon
ministère, il importe de souligner, en premier lieu, que l'exercice
1986-1987 sera celui pendant lequel se dérouleront des
conférences sectorielles, des conférences thématiques
ainsi que la conférence nationale sur le loisir qui aura lieu à
l'automne. Ces conférences composent un vaste processus de consultation
et de concertation entre le ministère et ses partenaires, ceux du monde
associatif et ceux du monde municipal. À la différence de la
mission conservation et mise en valeur de la faune, dont les lignes d'action
sont d'ores et déjà clairement définies, cette mission
relative aux secteurs du loisir verra son évolution balisée par
ces conférences. Ces dernières permettront au ministère et
à ses partenaires de dégager le cadre de référence
et les priorités d'action des prochaines années dans l'ensemble
des secteurs du loisir, que ce soit au niveau local, régional ou
national.
La tenue de la conférence nationale à l'automne prochain
nous oblige cependant à gérer l'ensemble de ces secteurs de la
manière la plus adéquate possible en attendant les conclusions de
cette conférence. C'est pour cette raison que je me permettrai
dès maintenant d'indiquer quelques lignes directrices qui guideront mon
action au cours des prochains mois.
En ce qui concerne d'abord les organismes nationaux de loisir et de
sport, je dois souligner que le ministère maintient son soutien
financier aux services de base dont ces organismes se sont dotés, car
nous voyons dans ces services un mode rationnel et efficient d'organisation au
profit de l'ensemble des fédérations et des associations
nationales de loisir et de sport.
Cela ne nous empêche cependant pas d'inciter ces mêmes
organismes à rationaliser leur structure de fonctionnement et c'est dans
cette perspective que nous les avons invités à
réfléchir et, éventuellement, à redéfinir
leurs mécanismes de concertation interne auxquels le soutien financier
de l'État est retiré. Nous croyons en effet qu'il n'appartient
pas au gouvernement de définir le mode de concertation qui doit unir ces
organismes ni, par voie de conséquence, de soutenir une quelconque forme
de concertation vis-à-vis de laquelle certains organismes peuvent se
sentir gênés. (17 h 15)
Toujours en relation avec les organismes nationaux de loisir, nous avons
procédé à un réajustement de la subvention de base
qui est versée à plus d'une centaine d'entre eux. Tout en
reconnaissant le r61e de l'État dans le soutien financier aux organismes
nationaux de ce genre, nous sommes aussi profondément convaincus qu'ils
doivent accroître leurs efforts d'autofinancement et que l'État
peut donc diminuer son soutien de base à leur fonctionnement
administratif.
Cette mesure laisse quand même dans le budget du ministère
des crédits de 15 900 000 $ destinés à l'ensemble de ces
organismes nationaux chapeautés par le Regroupement des organismes
nationaux de loisir du Québec. Malgré, donc, les compressions de
1 090 000 $, personne n'osera dire que cette somme de 15 900 000 $
destinée aux organismes nationaux de loisir est négligeable.
Une seconde ligne directrice qui inspirera nos actions des prochains
mois et des prochaines années concerne l'établissement, en
collaboration avec le milieu, d'une politique globale du sport qui comprendra
et balisera l'ensemble des facettes de cette activité. Je veux dire par
là que cette politique globale du sport intégrera de façon
harmonieuse l'essentiel de la politique québécoise de
développement de l'excellence sportive rendue publique en février
1984, d'une part, avec les éléments caractérisant le
développement sportif de base qui nous seront notamment proposés
par la table nationale de concertation qui travaille sur cette autre facette de
l'activité sportive depuis quelques mois, d'autre part.
Un autre grand secteur du loisir attirera notre attention et je veux
parler du plein air, cette activité on ne peut plus horizontale, qui
rejoint les faveurs d'un nombre très imposant de Québécois
et qui connaît depuis quelques années une vogue et une
diversification sans précédent. Nous croyons que ce secteur est
caractérisé par l'existence, à quelques exceptions
près, d'équipements, de lieux et de sites appropriés dont
l'accessibilité est relativement facile. Nous croyons cependant, en
retour, que les activités de plein air elles-mêmes ainsi que les
équipements et lieux dont je viens de parler ne font pas l'objet d'une
promotion suffisamment harmonieuse et efficace de la part du ministère
et de l'ensemble de ses partenaires. En ce qui concerne le ministère,
j'entends donc harmoniser la multitude d'actions que nous posons en faveur de
ces activités de plein air afin qu'elles concourent à
améliorer la promotion des activités et les lieux de plein air
qui, tout en étant fort populaires, pourraient connaître un
potentiel de développement encore inexploité.
Dans le cadre de ce vaste secteur du plein air, l'une des actions de mon
ministère consiste à soutenir financièrement ce que
nous appelons communément des réseaux d'hébergement
composés principalement des camps de vacances, des centres de
vacances-famille, des bases de plein air et des auberges de jeunesse. Comme
l'ensemble des autres organismes de loisir, ces établissements devront
accroître leur autofinancement, particulièrement en ce qui
concerne leurs frais de fonctionnement puisqu'ils perçoivent
déjà des tarifs et des droits relativement intéressants.
Nous voulons cependant réajuster notre soutien à ces
réseaux d'hébergement en les incitant à rendre leurs
équipements conformes aux normes de sécurité et de
salubrité qui doivent être généralement
respectées dans ce genre d'établissements. En effet, plusieurs de
ces institutions ont un certain âge, de même que leurs
installations physiques et matérielles. Ces dernières doivent
donc attirer notre attention afin d'être mises aux normes et
modernisées alors que les frais de fonctionnement peuvent, à
notre avis, être autofinancés davantage qu'ils ne le sont
actuellement.
J'aimerais maintenant dire quelques mots sur les décisions que
nous avons prises concernant le Parc national de l'archipel. Le contexte
budgétaire nous a amenés à revoir le rythme de
réalisation de ce projet, ce qui nous permettra également de
réexaminer certains aspects de nos modes d'intervention, notamment en
tentant d'intéresser le secteur privé à la
réalisation de certains des éléments de ce parc national.
De façon précise, le budget 1986-1987 alloué au Parc
national de l'archipel sera de 7 000 000 $ et permettra, entre autres, au
ministère de respecter auprès des municipalités
concernées les engagements juridiques qu'il avait contractés au
cours de 1985-1986.
Je ne peux passer sous silence dans un tel discours le sort que nous
réservons aux autres parcs de ce merveilleux réseau dont le
Québec s'est doté depuis plusieurs années. Vous savez que
le ministère gère directement 17 parcs en vertu de la Loi sur les
parcs et vous savez également que la plupart d'entre eux comprennent
déjà des équipements et des infrastructures de
première qualité. Notre ligne d'action sera justement de
consolider ces parcs et leurs équipements plutôt que de
développer soit de nouveaux territoires, soit de nouveaux
équipements lourds. Le contexte budgétaire que nous connaissons
nous oblige en effet à considérer autant, sinon plus, les
coûts de fonctionnement et d'exploitation de ces équipements que
les coûts de leur implantation elle-même. Par ailleurs, tel que je
l'ai mentionné précédemment, le réseau que nous
connaissons actuellement offre déjà une gamme diversifiée
d'activités et de possibilités qui nous incitent, elles aussi,
à nous tourner vers la consolidation plutôt que le
développement et l'addition de nouveaux éléments.
Par ailleurs, il est un secteur du loisir que nous négligeons
trop souvent, mais qui a une très grande importance. Je veux parler de
la sécurité. La Régie de la sécurité dans
les sports du Québec relève du ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche et cet organisme a récemment déposé
au gouvernement un rapport contenant des recommandations relatives à la
boxe professionnelle. J'entends donc déposer au cours des prochains mois
un projet de loi donnant suite à certaines des recommandations de ce
rapport. Bien que cette mesure ne tire pas son importance de ses dimensions
budgétaires, j'ai cru essentiel de vous la mentionner ici et dès
maintenant.
En terminant, permettez-moi de vous signaler un effort important fait
dans les services internes du ministère pour répondre aux
demandes de compressions budgétaires. La masse salariale
attribuée aux traitements occasionnels a été
réduite de moitié. Un effort important sera réalisé
pour accroître la productivité et s'assurer d'une utilisation
optimale des ressources.
En résumé ou en conclusion, on constate donc que le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche disposera, au
cours de 1986-1987, d'un budget de dépenses totalisant 195 057 000 $ et
ce, après avoir effectué des coupures totalisant 19 342 800 $.
L'exposé que je viens de vous communiquer démontre a souhait que
nous avons su effectuer ces compressions budgétaires en respectant un
certain équilibre entre les différentes composantes du
ministère et en faisant en sorte qu'aucun secteur ou activité ne
soit touché de façon dramatique.
Comme je l'ai mentionné au début, vous me permettrez, M.
le Président, de vous présenter, avant de céder la parole
à d'autres intervenants, les gens qui m'accompagnent. À ma
droite, M. Pierre Bernier, le sous-ministre en titre du ministère. Ils
sont dispersés; vous allez les voir; M. Brassard les connaît bien,
je pense. M. Tétrault, sous-ministre adjoint responsable du secteur du
loisir et de la jeunesse; M. Leblond, sous-ministre adjoint au
développement des initiatives privées; M. Bernard Harvey,
sous-ministre adjoint, secteur faune et parcs; M. Paré, sous-ministre
adjoint aux opérations régionales; M. Pierre Bélanger,
directeur général de l'administration; M. Jean Rivet,
secrétaire du ministère; M. Jean-Philippe Gagnon, directeur des
communications; M. Michel Lalande, directeur du service juridique; M. Michel
Noël de Tilly, président-directeur général de SEPAQ;
M. Jean Lortie, directeur de la trésorerie de SEPAQ; M. Amyot, directeur
de la gestion financière au ministère; M. René Millette,
chef de la programmation budgétaire; Mme Brigitte Tremblay, service
à la jeunesse; M. André Magny, directeur général
des parcs et
des territoires fauniques; M. Gilles Barras, directeur de la faune; M.
Guy Desrosiers, directeur général de l'activité physique
et du sport; M. Émilien Landry, directeur général du
loisir socio-culturel; M. Bernard Lavergne, directeur général
adjoint aux opérations régionales; M. Adrien Nadeau, responsable
du service du ski alpin.
M'accompagne également le personnel de mon cabinet: M. Normand
Bolduc, directeur de cabinet; Mme Line Béland, attachée
politique; M. Ray James Bernard, également attaché politique; Mme
Elizabeth MacKay, attachée de presse du ministre. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Je remercie M. le ministre. Je crois que vous aviez
des copies de votre énoncé. Non?
M. Picotte: On pourra vous en faire parvenir.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: D'accord, merci. Je vous remercie, M. le ministre,
de vous être présenté à cette commission pour
l'étude des crédits. C'est une des fonctions essentielles et
fondamentales de notre système parlementaire. Je remercie et salue, au
nom de notre formation politique, l'équipe qui vous accompagne, tant au
plan administratif que politique. J'en profite également...
Peut-être qu'on les oublie souvent, ceux qu'on ne voit pas ici, mais qui
sont au travail quand même et qui constituent l'équipe du journal
des débats.
M. le Président, c'est avec plaisir, en tant que critique
officiel de l'Opposition en matière de chasse et pêche, que
j'aborde cet après-midi et ce, avec tous mes collègues membres de
cette commission, l'étude des crédits du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Bien entendu, il s'agit pour moi
d'une nouvelle expérience de vie parlementaire, comme c'est le cas
d'ailleurs pour bon nombre de députés ministériels,
à commencer par le ministre lui-même qui en est à sa
première défense des crédits.
Dans cette déclaration préliminaire, M. le
Président, je voudrais soulever immédiatement un certain nombre
de questions auxquelles le ministre pourra répondre au cours de nos
travaux. En premier lieu, en rapport avec cette volonté, pour ne pas
dire cette idéologie de l'actuel gouvernement a tout vouloir privatiser,
dont un certain nombre de nos réserves fauniques ou de chasse et de
pêche, le ministre ne croit-il pas que, pour des raisons
d'économie, en cherchant tout simplement, comme il le dit si bien lui
même, et je le cite, "à diminuer les dépenses en confiant
les responsabilités à l'entreprise privée", il refile, en
quelque sorte, la note du coût d'exploitation aux usagers pêcheurs,
chasseurs, et, de ce fait, il menace du même coup le principe de
l'accessibilité dont il parlait tantôt?
En effet, en déclarant, et je le cite à nouveau, que
"l'État... n'a plus les moyens d'investir des milliers de dollars pour
construire des chemins et des infrastructures en forêt", ou qu'"on n'a
pas les moyens de chromer", comme il le disait, ne sommes-nous pas
amenés a comprendre que les frais d'exploitation sont tels et le seuil
de rentabilité si élevé qu'il en coûtera
dorénavant beaucoup plus cher aux pêcheurs et chasseurs du
Québec, au point de porter atteinte aux droits des
Québécois et Québécoises dans l'utilisation des
ressources qui leur appartiennent?
À force de crier sur tous les toits qu'il en coûte trop
cher pour exploiter nos réserves fauniques et de chasse et pêche,
que certains territoires ne sont pas exploités parce qu'ils seraient
trop coûteux à exploiter, vu leur éloignement des postes
d'accueil, le ministre, indirectement, dévalue son produit, pratique
toutes les règles contraires au marketing et hypothèque
lourdement toutes les dépenses en immobilisation que le Québec a
faites jusqu'à ce jour, à tel point qu'il risque de vendre pour
moins cher que cela ne lui a coûté. Pour un gouvernement de
gestionnaires, M. le Président, on aurait pu s'attendre à trouver
mieux.
Toujours dans ce même esprit des coupures budgétaires qui,
déjà, comme nous venons de le voir, affecteront les utilisateurs
de la faune au Québec, il est une autre mesure où nous nous
interrogeons également sur les économies que pourrait
réaliser le gouvernement, soit celle de la remise en question de
l'existence de la Fondation pour la conservation et la mise en valeur de la
faune et de son habitat. Le seul motif évoqué, semble-t-il, qui
pourrait justifier une telle disparition de la fondation de la faune serait
celui de la duplication possible entre cette dernière et Habitats
Canada.
Le ministre sait-il que de telles fondations existent
présentement en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie britannique? Il
est bon de savoir que le ministre se soucie de la représentation
québécoise à Habitats Canada et du réinvestissement
au Québec des montants d'argent qu'il prélève chez les
chasseurs de sauvagine. Mais en quoi serait-il possible d'y voir là une
duplication puisque le mandat d'Habitats Canada se limite justement à
cette seule protection de la sauvagine et que celui de la fondation
québécoise est de recueillir des fonds auprès du public et
de diverses entreprises pour les réinvestir dans
des études, travaux et achats de terrains destinés
à la protection des habitats de la faune?
Le gouvernement n'économiserait que des miettes s'il devait
décider de passer à l'action, la fondation devant être en
partie le fruit d'initiatives privées. La fondation, en ce sens, a donc
sa place au Québec d'autant plus qu'elle est souhaitée par nombre
d'organismes tels la Fédération québécoise du
saumon atlantique, la Fédération québécoise de la
faune et même, paraîtrait-il, d'Habitats Canada.
Dans le cadre de la politique de compressions budgétaires qui
sévit actuellement à l'intérieur du gouvernement, le
ministre devrait voir d'un bon oeil la venue de la fondation qui serait pour
lui un excellent outil pour sa mission de conservation. Le ministre - et je
pose la question -a-t-il toujours l'intention d'abolir la fondation de la
faune? (17 h 30)
Si on en revient maintenant à l'exploitation de nos ressources
fauniques, et plus particulièrement de certaines espèces
qualifiées de prioritaires, nous aimerions savoir du ministre si, dans
le cas du caribou, nous pouvons toujours nous attendre à un premier
prélèvement expérimental tel que prévu par projet
de commercialisation au cours de ce printemps 1986. On sait qu'au rythme
d'accroissement actuel du troupeau, la population totale pourrait atteindre 1
000 000 de têtes en 1990. Le grand nombre de caribous compris dans ce
troupeau n'est pas sans soulever certaines inquiétudes quant à la
surutilisation de l'habitat, la détérioration de la condition
physique des animaux et conséquemment, l'effondrement du troupeau.
L'importance de cette ressource sur le plan faunique, récréatif
et économique, notamment pour les communautés autochtones,
justifie des efforts particuliers pour sa conservation, sa gestion et sa mise
en valeur.
Le 12 février 1985, le Conseil des ministres endossait les
recommandations de votre prédécesseur de poursuivre les
démarches visant la mise en oeuvre d'un projet en privilégiant le
site de Kuujjuaq. Depuis le printemps 1985, des démarches ont
été amorcées avec un promoteur inuit, Caribou Ungava Ltd.,
aux fins de la mise en oeuvre d'un projet expérimental d'abattage de
5000 caribous dès le printemps 1986. C'est justement vis-à-vis de
cet échéancier que nous nous interrogeons, le ministre n'ayant
fait encore aucune annonce de commercialisation de la viande de caribou et
s'étant fait très vague, de plus, lors de sa rencontre avec des
organismes de la faune à Montréal, le 14 février dernier,
en évoquant tout simplement que: "...l'intention de poursuivre les
recherches, inventaires et aménagements fauniques permettant la mise en
oeuvre de projets de nature à favoriser une meilleure gestion de
l'espèce, projets dont la commercialisation de la viande de caribou fait
partie." J'aimerais savoir où en est rendu ce projet aujourd'hui. Il
devait connaître ses premiers aboutissements ce printemps-ci, d'autant
plus que de nombreux Québécois et Québécoises sont
friands de viande de caribou.
Une autre espèce jugée aussi prioritaire, dont le ministre
a parlé tantôt, est la gestion de la ressource saumon.
Dernièrement, lors du congrès de la Fédération
québécoise du saumon atlantique tenu au Château
Mont-Sainte-Anne en mars dernier, il est ressorti que le ministre entendait
consacrer les budgets nécessaires pour doubler la production de nos
piscicultures et il l'a confirmé tantôt. Il invitait, d'autre
part, les congressistes de la FQSA à continuer de l'assister par leurs
représentations - je cite - "auprès du gouvernement
fédéral pour que, en 1986, les pêcheurs commerciaux de
Terre-Neuve soient soumis à des quotas individuels comme cela se fait
ici au Québec. De plus, poursuivait-il, il faudrait également que
leur saison soit réduite, qu'elle soit amputée de deux semaines
à son début et qu'elle se termine à la fin du mois
d'août."
Cependant, voilà, quelque deux semaines après que le
ministre eût fait part de ses positions à la
Fédération québécoise du saumon atlantique, le
gouvernement fédéral a fait son plan de gestion du saumon 1986
et, depuis, on n'a pas entendu le ministre exprimer au moins sa
déception. Pourtant, le plan de gestion du ministre
fédéral Siddon n'a rien de très réjouissant pour
les amateurs du saumon au Québec en ce qu'il prévoit que
l'ouverture de la saison de pêche commerciale à Terre-Neuve
commencera toujours le 5 juin au lieu d'être retardée au 19 juin,
tel que l'avait demandé le Québec, et qu'elle se poursuivra
jusqu'au 15 octobre au lieu du 31 août.
Ceci ne fera que protéger les saumons des rivières des
États américains de la Nouvelle-Angleterre. On sait en effet
qu'en début de saison une grande partie des poissons interceptés
par des pêcheurs commerciaux de Terre-Neuve proviennent des
rivières du Québec. Le ministre a-t-il donc l'intention,
après cette timide intervention d'Ottawa, de poser d'autres gestes et
d'exercer toutes les pressions voulues pour que Pêches et Océans
Canada retarde au moins jusqu'au 19 juin le début de sa saison de
pêche à Terre-Neuve afin de permettre à un plus grand
nombre de géniteurs d'atteindre nos rivières, ou nous
laissera-t-il conclure, comme le faisait en commentaire le président de
la FQSA M. Vézina - je le cite - "que le ministre Siddon et le
gouvernement fédéral canadien accordent plus d'importance aux
porte-parole américains
qu'à ceux des citoyens du Québec"?
Toujours dans un même ordre d'idées, mais en rapport, cette
fois-ci, avec la survie de la ouananiche, aussi appelée parfois saumon
d'eau douce, au sujet de laquelle vient tout juste de se terminer une
série de consultations publiques au Saguenay-Lac-Saint-Jean, il ressort
du côté des pêcheurs qu'on serait prêt à
accepter un certain nombre de concessions en regard de leurs pratiques
habituelles. Par exemple, on a semblé favorable au fait de retarder
l'ouverture de la saison de pêche au début de juin. L'idée
aussi de diminuer le quota de trois à deux ouananiches et de
défendre l'utilisation d'appâts vivants comme le mené et
les vers aurait été retenue. Cependant, tout comme pour le saumon
atlantique, ces mesures restrictives mériteraient d'être
appuyées par l'accroissement artificiel de la reproduction. En
conséquence, est-ce que le ministre, à cette étape-ci de
l'étude du dossier, pourrait garantir qu'il consent au moins à
appuyer les pêcheurs et à examiner la possibilité
d'établir une pisciculture dans la région aux fins de
compléter le programme de restructuration de la ouananiche?
Un dossier d'importantce, par ailleurs, dans la région, qui
dépend encore du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
est celui de l'inclusion de la zone périphérique du parc national
du Saguenay à l'intérieur de l'entente auxiliaire
Québec-Canada sur le développement touristique. Je sais que, lors
de la question que je lui ai posée en Chambre, le 25 mars, le ministre
m'avait demandé d'attendre encore quelques semaines. Cependant, ce que
j'aimerais savoir du ministre aujourd'hui, c'est si le ralentissement du rythme
de développement des parcs nationaux ou la sorte de moratoire
imposé vise aussi le parc national du Saguenay ou si, comme projet
à caractère moteur de développement économique, le
dossier de la zone périphérique retient toujours son
attention.
Finalement, M. le Président, avant de terminer, je voudrais
déplorer l'improvisation qui a marqué le dépôt des
crédits 1986-1987 par l'actuel gouvernement et qui a fait que nous avons
perdu certaines informations que, je dois le reconnaître, nous avons
retrouvées seulement hier, lors du dépôt à
l'Assemblée nationale du livre des crédits du budget. Ces
informations, nous les retrouvions facilement et elles nous permettaient de
faire des comparaisons avec les années antérieures comme la
ventilation des crédits parallèlement.
De plus, il est un type de coupure pour lequel nous ne possédons
encore aucun élément d'information, soit celle dite de
rationalisation interne et autres mesures. Le ministre pourrait sans doute nous
informer immédiatement et davantage sur le sujet, tout en nous indiquant
ou pas son intention de déposer un document plus complet sur
l'élément rationalisation interne et autres mesures. Ce serait
là, M. le Président, l'occasion, je crois, pour le ministre de
nous démontrer qu'il entend coopérer à la bonne marche des
travaux de cette commission et témoigner, en même temps, de son
respect de l'institution parlementaire. Cette question d'éclaircissement
sur les mesures dites de rationalisation, il s'agit là, je pense, d'une
question à laquelle il appartient au ministre de répondre et qui
dévoilera, je crois, le style de son gouvernement auquel on reproche
trop souvent d'être cachottier.
M. le Président, je ne sais pas si le ministre veut
immédiatement répondre aux questions très
générales que j'ai posées. C'est bien sûr que
j'aurai des questions plus spécifiques sur chacun de ces
éléments-là de même que mes...
M. Yvon Picotte (réplique)
M. Picotte: Aucun problème, M, le Président, on
prendra tout le temps qui nous est dévolu pour répondre à
chacune des questions. Si le député me le permet, je vais
répondre aux quelque six ou sept questions qu'il vient d'énoncer.
On pourra y aller en additionnelle, si c'est sa volonté, et on ira dans
le détail des programmes aussi, si cela l'intéresse. Il n'y a pas
de problème dans cela.
J'aimerais d'abord préciser certaines choses. Je vais prendre une
à une les questions que le député m'a soumises
tantôt. En premier lieu, M. le député m'a fait part du fait
que l'entreprise privée allait être appelée à
gérer avec nous, justement, nos parcs et nos réserves dans les
domaines où nous oeuvrons et, du coup, aux utilisateurs.
D'abord, je lui dirai que ce budget-là,
précisément, est un budget de 71 000 000 $ dans lequel il y a eu
1 800 000 $ de retraits. Donc, il va encore rester aux utilisateurs et aux gens
qui veulent s'adonner à la chasse et à la pêche de nombreux
endroits pour exercer leur sport favori ou leurs loisirs. Il reste encore
au-delà de 69 000 000 $ gérés par le ministère dans
ce cas bien précis pour ce dont il m'a parlé.
Je vais aller plus loin, quand j'ai parlé de l'entreprise
privée et du monde associatif, je voudrais bien que le
député comprenne que - je l'ai expliqué l'autre fois et je
vais le répéter, parce qu'il est important de le . faire - quand
on utilise le mot "privatisation", il faut bien prendre garde de le mettre
entre guillemets parce qu'il y a trop de gens qui font un détour rapide;
ils prétendent que "privatisation" veut dire céder nos
territoires, revendre ou donner des territoires à d'autres personnes.
À ce moment-là, le ministère, à toutes fins utiles,
après avoir fait ce genre de privatisation,
n'est plus là. Je regrette, ce n'est pas cela.
Ce qui a justement fait en sorte que le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche décide d'ouvrir certains de ces équipements
aux utilisateurs, ce ne sont pas les coupures budgétaires, car j'avais
pris la décision bien avant cela. Je vais vous expliquer exactement dans
quelle philosophie et dans quel contexte cette discussion s'est faite et cette
orientation s'est prise.
J'ai dû aller, au mois de janvier ou février, rencontrer
des gens dans la région de Frontenac, dans la région de
l'amiante, pour discuter de la possibilité de nommer plus
précisément le parc Frontenac. Là, j'ai été
renversé...
Une voix: Pas de déménagement de parc!
Une voix: Surtout pas le nôtre!
M. Picotte: ...de ce dont la population m'a fait part; assez que,
ne pouvant le croire, j'ai décidé d'aller visiter plus
précisément certaines installations. Je me suis retrouvé
dans des situations comme celle-ci. Pour vous donner un exemple bien
précis, à Saint-Praxède entre autres, l'ex-gouvernement du
Québec avait investi des montants d'argent pour aménager une
plage pouvant permettre aux citoyens d'y avoir accès et d'aller y
pratiquer le loisir qu'ils avaient bien décidé de faire. On m'a
dit: M. le ministre, après avoir investi des montants d'argent pour
aménager tout cela, vous savez ce que votre prédécesseur -
je ne sais pas lequel - a fait, il a mis une barrière avec un cadenas et
il a dit: Personne ne peut entrer là. À ce moment-là, j'ai
été scandalisé d'une situation comme cela parce que je ne
peux pas croire que le gouvernement décide d'investir 100 000 $, 500 000
$, 1 000 000 $ ou 2 000 000 $ dans certains de nos parcs et que la meilleure
des idées qu'il nous reste à faire après avoir investi ce
montant-là, c'est de mettre des barrières, un cadenas, et de dire
au peuple: Vous n'entrez pas là!
J'ai questionné les fonctionnaires de mon ministère pour
savoir pour quelle raison les gens n'y avaient pas accès et on m'a dit:
C'est facile, M. le ministre, c'est parce que l'argent, on l'a tout investi et
on ne s'en est pas gardé pour permettre d'avoir des gens qui puissent
être là pour offrir ce service. Donc, on met une barrière,
un cadenas et on dit aux gens: Vous n'y allez pas. On se retrouve, après
deux ou trois ans, dans une situation semblable à celle-là,
à laisser détériorer nos équipements.
Vous parliez de nos équipements tout à l'heure; oui, on va
y voir aux équipements, nous. Lorsque le temps arrive de rouvrir cela,
si jamais on a la possibilité de le rouvrir, d'investir les 150 000 $ ou
les 200 000 $ qu'on n'a pas mis comme individus pour faire exploiter ce coin,
parce qu'il faut rafraîchir les équipements... Je n'ai pas
trouvé cela tellement brillant comme idée et je n'ai pas voulu
m'associer, comme ministre, à ce genre de philosophie ou à ce
genre de travail. J'ai dit: C'est un cas, j'espère qu'il n'y en a pas
d'autres. Mais, après m'être interrogé et avoir fait une
petite tournée au Québec, j'en ai vu qui, déjà
depuis longtemps, avaient été abandonnés aussi par mes
prédécesseurs. (17 h 45)
Quand on parle de l'accessibilité du territoire, cela veut dire
ceci: II faut vraiment permettre au peuple d'avoir accès au territoire.
Or, après avoir constaté cela, j'ai décidé de dire
aux gens, quand je suis allé à l'audition dans le parc Frontenac:
Vous me demandez d'investir dans votre parc; cette année et pour les
années à venir, le gouvernement devra prendre une
décision: ou on va prendre l'argent que nous avons pour investir et,
à ce moment-là, vous allez nous fournir des modèles de
gestion de territoires, ou bien on n'investira pas et on va prendre le montant
d'argent qu'on a et on va "gestionner" le territoire, on n'acceptera plus de
barrières et on n'acceptera plus de cadenas aux barrières.
C'était la philosophie. Il n'était aucunement question de
contraintes budgétaires à ce moment-là. Personne n'avait
parlé de coupures radicales, comme vous semblez si bien le dire.
C'étaient des territoires qui étaient fermés aux
Québécois. Cela n'a pas été fermé par le
présent gouvernement. À partir de ce moment-là, on a
commencé à demander aux gens de la région de Frontenac:
Suggérez-nous des modèles. On a été surpris de
constater que non seulement il y avait des entreprises privées qui
étaient prêtes, justement, à procéder à
l'utilisation du territoire, mais il y avait des organisations de loisirs qui
venaient nous dire: M. le ministre, vous avez une brillante idée quand
vous nous proposez cela, parce que, nous, on va se mettre ensemble, on va
gérer le territoire, on va exiger le même prix ou à peu
près le même prix que le ministère exigeait pour les gens
qui auraient dû venir se baigner chez lui et, en plus, on va aller se
chercher un petit revenu dans le domaine des loisirs pour tâcher
d'être capables de vous payer un permanent et de faire du loisir à
l'année.
Cela a été la philosophie et, à partir de cette
philosophie et à partir de ce que j'ai constaté sur le
territoire, j'ai décidé que les endroits où le
ministère - sont arrivées par la suite les compressions
budgétaires -ne pouvait se permettre de gérer le territoire,
donc, pour une valeur de 1 800 000 $, j'essaierais à tout le moins...
Vous savez, c'est beaucoup plus compliqué de chercher du "monde
associatif" sur le
territoire ou de l'entreprise privée pour tâcher de nous
aider à gérer cela. C'est beaucoup plus difficile de faire cela
que de commander des barrières et des cadenas. Cela, ce n'est pas long.
On en a même en réserve, je pense, au ministère. Cela n'est
pas bien difficile à faire.
Moi, j'ai tenté de me servir de mon imagination pour dire:
D'accord, essayons de nous associer à des gens aux alentours qui vont
venir nous aider a gérer ce territoire. Nous, on va garder la
conservation, on va mettre des normes et des balises qui vont nous permettre de
protéger nos équipements. Je dois vous dire que nos
équipements protégés et utilisés vont se
détériorer moins que les équipements laissés de la
façon qu'ils l'ont été dans certains cas par mon
prédécesseur. À partir de ce moment-là, cela a
été la philosophie. Je vous fais une prédiction, on en
reparlera à la fin de l'année: II va y avoir plus de territoires
ouverts aux Québécois à la fin de la présente
année qu'il n'y en avait l'an passé avec un plus gros budget.
Vous parlez d'un gouvernement qui veut économiser, on en
reparlera à la fin de l'année. C'est exactement cela; tout de
suite en partant, on va en ouvrir qui étaient fermés et on n'aura
pas de difficulté à le faire. Donc, j'ai voulu me dissocier
complètement de cette pratique que je ne veux pas qualifier. Cela
répond à la première question que vous m'avez
posée.
Une deuxième question. Vous avez fait référence
à la fondation...
M. Desbiens: Si le ministre est d'accord qu'on s'en tienne au
programme, c'est-à-dire aux éléments, peut-être
vider la question de...
M. Picotte: Écoutez, je pense qu'on va bien s'entendre.
Vous avez parlé dans votre discours tantôt et vous avez dit que
vous aviez des questions à poser au ministre.
M. Desbiens: Oui, j'annonçais les questions qui
viendraient en général.
M. Picotte: Ah bon! D'accord, alors si vous voulez
procéder différemment, il n'y a pas de problème.
M. Desbiens: Sur chacun de ces grands titres, j'aurais ensuite
des questions supplémentaires.
M. Picotte: Pas de problème, je vous écoute. J'ai
les réponses à toutes vos questions.
M. Desbiens: Je n'en doute pas.
Le Président (M. Saint-Roch): Si tout le monde est
d'accord, à ce moment, est-ce que je puis suggérer que nous
passions au programme 3...
M. Desbiens: J'aimerais d'abord...
M. Picotte: Je puis vous poser cette question avant de
poursuivre: Cela veut-il dire que vous allez revenir sur la fondation et la
commercialisation?
M. Desbiens: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): ...M. le
député de Dubuc?
M. Desbiens: Oui, mais je voudrais quand même, avant toute
chose, faire remarquer qu'il est tant mieux si M. le ministre réussit,
on verra, et on verra à quel prix pour les usagers surtout. C'est cela
qui est important quand on parle d'accessibilité, rendre accessible le
territoire. C'est beau de dire: On va le passer à l'entreprise
privée, si l'entreprise privée... Je ne connais pas d'entreprise
privée qui va faire de cadeau ou de don aux usagers pour administrer les
territoires que le ministre lui concédera.
M. Picotte: Une chose est certaine, je dois vous dire que si vous
faites la comparaison avec ce qui était fermé et ce qui sera
ouvert, cela va coûter plus cher avec nous parce que les gens ne payaient
pas avant; ils n'y allaient pas car c'était fermé. Si vous voulez
faire cette comparaison, c'est sûr que cela va être un petit peu
plus dispendieux.
M. Brassard: M. le Président, une question
d'information.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Est-ce que le ministre pourrait déposer la
liste des équipements fermés?
M. Picotte: Je vous en ai nommé un. Je pourrai vous faire
parvenir les endroits...
M. Brassard: Oui, mais cela fait environ trois mois que vous
parlez du parc Frontenac. La liste des équipements fermés...
M. Picotte: Je comprends, M. le Président, que cela peut
chatouiller...
M. Brassard: ...vous pourriez la déposer?
M. Picotte: Là, vous me...
M. Brassard: Non, non, laissez faire mon épiderme.
Déposez la liste des équipements fermés.
M. Picotte: Vous avez l'épiderme très sensible.
M. Brassard: Vous en avez visité plusieurs,
semble-t-il, déposez-les donc.
M. Picotte: Ah oui! Vous irez voir dans d'autres régions.
On va tout vous envoyer cela.
M. Brassard: Déposez la liste. Ce n'est pas
compliqué, ce que je demande.
M. Picotte: M. le Président, est-ce que je pourrais dire
à l'ancien...
M. Brassard: Déposez la liste des équipements
fermés avec des cadenas. Déposez-la.
M. Picotte: M. le Président, est-ce que je pourrais dire
à l'ancien ministre des fermetures de certaines régions dans les
parcs de prendre son mal en patience. Je vais lui envoyer tout cela. Je lui
enverrai cela personnellement, avec une note personnelle. Vous l'aurez.
M. Brassard: M. le Président...
M. Picotte: Je viens de vous en identifier une...
M. Brassard: Oui, mais cela fait trois mois que vous parlez de
celle-là.
M. Picotte: Ce n'est pas vous qui allez décider combien de
temps je vais en parler. Je vous ai enduré neuf ans, à vous
entendre parler, et cela ne m'a pas dérangé du tout.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'aimerais, avant d'intervenir...
M. Brassard: Cela fait longtemps que vous répétez
le même discours. M. le Président, très calmement... On est
à l'étude des crédits, on est là pour s'informer et
obtenir des informations. Je demande au ministre la liste des
équipements qui n'ont pas fonctionné, des équipements
fermés avec des cadenas.
M. Picotte: M. le Président, je vais en faire la liste
immédiatement.
M. Brassard: Déposez la liste. Qu'il la dépose, la
liste.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, s'il vous
plaît! J'aimerais, pour la bonne marche des travaux de notre commission,
qu'on s'adresse à moi pour demander la parole. Alors, je reconnais
maintenant M. le ministre.
M. Picotte: Pour l'instant, M. le Président, en attendant
de lui expédier la liste, je vais lui en souligner quelques-uns. Il se
rappellera peut-être que, dans la région du
Bas-Saint-Laurent~Gaspésie, dans le parc de la Gaspésie, le
centre d'interprétation situé au Gîte du Mont-Albert a subi
le même sort que la plage Saint-Praxède. On se rappellera que,
dans la réserve des Laurentides, la salle à manger de
l'Étape a subi le même sort. C'est dans la région de
Québec. Une autre région au Québec, la Gaspésie...
On se rappellera qu'au parc de la Jacques-Cartier le centre
d'interprétation a subi le même sort. Je vous ai parlé du
parc Frontenac tantôt et je vous en fournirai d'autres dans les jours qui
viendront.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Picotte: Je vous enverrai la liste complète.
M. Brassard: Aux membres de la commission.
M. Picotte: Aux membres de la commission quand elle sera
disponible.
M. Brassard: C'est facile de faire faire des photocopies.
M. Picotte: Prenez votre mal en patience. Vous devez en avoir,
d'ailleurs, dans ce que vous avez apporté du ministère. Vous avez
même apporté le calendrier qui était sur mon bureau. Vous
devez avoir cela sûrement. Fouillez dans vos dossiers aussi, vous l'aurez
plus rapidement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc, s'il vous plaît! Élément 1 du programme 3.
Plein air, parcs et réserves
M. Desbiens: Est-ce que la superficie de l'ensemble du territoire
que vous avez l'intention d'accorder en concessions est déjà
déterminée?
M. Picotte: J'ai déjà identifié, entre
autres, des endroits dans les régions. Dans la région du
Bas-Saint-LaurentGaspésie, il y a le poste d'accueil de
New-Richmond où nous demanderons une collaboration des gens du milieu.
Nous avons aussi, dans le comté de Gaspé, le camping du mont
Saint-Pierre; le parc de l'île Bonaventure en ce qui concerne le
programme spécifique d'interprétation. Toujours dans la
même région Bas-Saint-LaurentGaspésie, il y a le parc
de la Gaspésie; c'est l'association avec un ou des organismes pour le
programme d'interprétation. Ski de haute route, juste-
ment dans le comté de Matane, hiver et printemps, certaines
modifications. Toujours dans la même région, la réserve de
Rimouski en ce qui concerne la mise en valeur et le réaménagement
de la fonction accueil. Dans la région SaguenayLac-Saint-Jean, la
concession des rocheuses du lac du Milieu et des chalets du lac Dufferin, la
concession du camping et du chalet du lac d'Argenson, l'abandon de l'entretien
des haltes routières, pique-nigues et visites. Nous ferons une demande
pour s'associer les gens du milieu ou les gens qui sont
intéressés.
Dans la région de Québec, il y a le parc de la
Jacques-Cartier. Toujours dans la région de Québec, le parc des
Grands Jardins qui avait jusqu'à maintenant une fermeture de quatre mois
par année. Alors, nous allons devoir faire des appels d'offres. On me
dit que c'est en ce qui concerne des équipements qui n'étaient
pas accessibles, qui ne sont pas sujets à des appels d'offres, parce
qu'ils ne sont pas accessibles pour l'instant.
M. Desbiens: ...
M. Picotte: Du côté du parc des Grands Jardins.
M. Desbiens: Du côté du parc des Grands Jardins.
Une voix: L'hiver.
M. Picotte: L'hiver. Nous avons aussi la réserve faunique
de Portneuf. L'hiver, nous allons devoir faire des appels d'offres pour y
associer du monde, en ce qui concerne le ski de fond plus
précisément.
Toujours dans la région de Québec, la réserve
faunique des Laurentides, le ski de randonnée. Dans la région de
Québec toujours, service régional d'aménagement et
exploitation de la faune dans le comté de Saguenay.
Dans la région de la Mauricie, les activités d'hiver dans
les réserves de Mastigouche et de Saint-Maurice vont devoir être
sujettes à des appels d'offres.
Dans la région de l'Estrie, le camping et les plages Stukely et
Fraser et également le ski de randonnée, plus
précisément dans le parc du mont Orford.
Dans la région de Montréal - vous pouvez peut-être
suivre sur les listes que vous avez déjà - le parc du mont
Tremblant, ski de randonnée. Je vous ai dit que l'ancien ministre avait
beaucoup de...
M. Brassard: ...votre pochette de presse.
M. Picotte: Le parc du mont Tremblant, ski de randonnée.
À Montréal également, le camping La Diable et Pimbina.
Toujours dans la région de Montréal, le parc du mont Saint-Bruno
en ce qui concerne le ski de randonnée. Dans la région de
Montréal, le parc Paul-Sauvé, en ce qui concerne la plage, le
camping et le ski de fond.
Dans la région de l'Outaouais, le service des parcs et du plein
air - on me dit que c'est SEPAQ qui va prendre la relève dans ce cas.
Dans la région de l'Outaouais, la réserve de La Vérendrye;
dans la région de l'Outaouais toujours, la réserve de
Papineau-Labelle et la réserve de Plaisance -c'est de la motoneige; il y
a du ski de fond aussi, je pense.
Sur la Côte-Nord, entre autres, cession à la
municipalité de Baie-Trinité du réseau d'aqueduc. C'est un
des rares réseaux qui appartenait encore au ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche. Nous allons faire cession de ce
réseau à la municipalité. Cession aussi à la
municipalité de Pointeaux-Outardes du bâtiment sanitaire et du
stationnement de la plage. Et, enfin, dans le Nouveau-Québec, dans le
comté d'Ungava plus précisément, diminution de l'effort
d'implantation du bureau régional de Radisson.
Ce sont les points qui sont touchés et qui vont...
M. Desbiens: Excusez. Vous avez terminé?
M. Picotte: Oui. Cela va.
M. Desbiens: Est-ce que c'est une liste complète des
intentions d'action du ministre pour 1986-1987 ou s'il pourrait y en avoir
d'autres?
M. Picotte: La liste complète, comme je vous l'ai dit au
point de départ, c'est un budget de 71 000 000 $ qu'on avait à ce
poste. Plus précisément, il y a 1 800 000 $ de retraits. C'est
là la liste des 1 800 000 $ et nous allons faire des appels d'offres en
conséquence pour nous permettre de combler cette différence.
D'ailleurs, la semaine prochaine, les appels d'offres vont déjà
commencer à être visibles dans les journaux du Québec. (18
heures)
M. Desbiens: Ce sont tous des équipements qui sont
administrés par SEPAQ. Non?
M. Picotte: Non, pas du tout. Non, ce sont des équipements
qu'on avait au ministère.
M. Desbiens: Cela n'inclut pas cela? Il y aura une liste
supplémentaire.
M. Picotte: La liste de quoi?
M. Desbiens: De la part de SEPAQ.
M. Picotte: SEPAQ continue actuelle-
ment à gérer ce qu'elle gère
présentement.
M. Desbiens: Est-ce que SEPAQ a l'intention de privatiser?
M. Picotte: Nous avons dit à quelques reprises que le
gouvernement du Québec allait privatiser aux endroits où il doit
privatiser. Entre autres, SEPAQ administre des terrains de camping et elle est
sujette à privatisation. Pour autant que nous sommes concernés,
présentement SEPAQ continue à administrer. Si à un moment
donné une municipalité entre autres nous fait part qu'elle serait
intéressée à prendre à ses frais, à sa
charge un terrain de camping qui est administré par SEPAQ, nous ferons
les ententes nécessaires pour les passer aux municipalités.
Sinon, SEPAQ va continuer d'administrer ce qu'elle administre
déjà depuis un certain temps.
M. Desbiens: Ce n'est pas l'objet de ma question. Est-ce que
SEPAQ a justement l'intention, est-ce que SEPAQ d'elle-même ou par
l'entremise d'une commande du ministère a l'intention de privatiser
certains établissements ou certains équipements?
M. Picotte: Je viens exactement de vous répondre. Il n'en
est pas question pour l'instant. Pour la prochaine saison, SEPAQ va continuer
ses opérations comme elle l'a fait jusqu'à maintenant. Nous avons
dit et je répète que le gouvernement du Québec
était prêt à privatiser, entre autres, les terrains de
camping. Nous allons enclencher les discussions pour tâcher que cette
privatisation se fasse. Tant et aussi longtemps qu'il n'y a rien qui se fait
dans ce domaine, SEPAQ continue exactement à administrer ce qu'elle
administre maintenant.
M. Desbiens: Est-ce que vous avez l'intention de faire des appels
d'offres?
M. Picottes: Non, il n'y a pas d'appels d'offres de
prévus.
M. Desbiens: Est-ce que SEPAQ fait des démarches en vue de
privatiser?
M. Picotte: II y a des démarches qui sont
effectuées actuellement pour privatiser les terrains de camping.
M. Desbiens: Tous les terrains de camping?
M. Picotte: Les terrains de camping qui appartiennent à...
Tous ceux qui...
M. Desbiens: Tous les terrains de camping qui sont sous la
juridiction de SEPAQ?
M. Picotte: Toujours sujet à discussion. Vous comprendrez
bien que si, à un moment donné, je me rends compte que SEPAQ
exploite un terrain de camping dans une région où il n'y a qu'un
seul terrain de camping et qu'à la suite de discussions je n'ai pas de
garantie que ce terrain de camping va continuer d'offrir des services aux
citoyens, j'interviendrai personnellement pour dire que celui-là en
particulier ne fera pas l'objet de privatisation. Cela va être
étudié à la pièce.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, relativement à cette
liste d'équipements qui sont en quelque sorte... Vous procédez
par appel d'offres, si je comprends bien. Vous demandez aux organismes, aux
entreprises privées de faire des soumissions pour avoir à
gérer ces équipements sans que ces derniers deviennent
propriétaires, cependant, des équipements.
M. Picotte: C'est cela.
M. Brassard: La question que je me pose, et que je vous pose est
la suivante -c'est quand même une bonne liste... S'il arrivait que dans
certains cas d'équipements de cette nature - parce que la
rentabilité est peut-être difficile à atteindre, vu du
point de vue de l'entreprise privée vous ne réussissiez pas
à trouver des concessionnaires, des entreprises ou des organismes
intéressés à prendre en charge ces activités et ces
équipements ou ces territoires, que feriez-vous? Est-ce que vous allez
les fermer ou les faire fonctionner et continuer de les faire fonctionner par
l'entremise du ministère.
M. Picotte: Moi, ce que j'ai demandé à mes
fonctionnaires, c'est de faire le nécessaire pour que tous ces
équipements soient opérationnels. Je tiendrais à vous dire
que, d'une façon ou de l'autre, quand vous me mentionnez que
l'entreprise privée qui est là pour faire de l'argent... Je
rajoute cette dimension: je pense que cela serait possible, puisque je suis
déjà en train de discuter avec le monde associatif comme tel,
qu'il y ait aussi des associations à but non lucratif qui, elles, ne
vont pas là pour faire de l'argent nécessairement, dont le but
premier n'est pas de faire de l'argent. Alors, compte tenu de tout cela, j'ai
demandé aux fonctionnaires de faire le nécessaire pour entrer en
contact avec eux et de faire en sorte que nous puissions obtenir des gens qui
vont venir nous aider à cogérer. Aussitôt que les appels
d'offres seront entrés, nous prendrons chacun des cas et, s'il y a des
endroits où nous n'avons pas reçu de soumissionnaires comme
tels - si on peut appeler cela des soumissionnaires - nous verrons ce
que nous serons capables de faire avec les budgets que nous possédons au
ministère.
M. Brassard: Est-ce que cela veut dire à ce
moment-là que, si dans certains cas vous n'avez pas de preneurs, le
ministère va continuer d'en assumer le fonctionnement, ou si vous allez
aller dans votre réserve de cadenas?
M. Picotte: Nous allons examiner - il doit m'en rester de ceux
que vous avez commandés, je pense - à la pièce et nous
verrons. Nous pourrons en rediscuter à la fin de l'année si,
effectivement, il y a des endroits qui doivent être fermés pour
toutes sortes de raisons, mais mon objectif, c'est de ne pas en fermer.
Une voix: On va suivre cela de près.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: D'après ce que je peux voir, l'heure juste,
on peut l'avoir seulement à la fin de l'année. Mais, moi, je
voudrais...
M. Picotte: De l'année financière.
Mme Vermette: De l'année financière,
évidemment.
M. Picotte: Je pense que, dans deux ans, madame, avec
l'expérience que vous aurez acquise à l'Assemblée
nationale, vous allez vous rendre compte que, finalement, ni vous ni moi ne
tirons aux cartes.
Mme Vermette: Vous avez l'air d'avoir des dons de clairvoyance.
Mais continuons dans le même domaine...
M. Picotte: À la lumière de ce que j'ai vu dans le
passé, oui.
Mme Vermette: Continuons dans le domaine de la SEPAQ s'il vous
plaît. Il y a des choses qui m'intéressent parce que vous avez
parlé de la privatisation de certains terrains de camping et des
terrains de camping en général. Cela m'amène à dire
que, si on retourne vers l'entreprise privée, il y aura des frais et on
pourra changer aussi les politiques d'accessibilité. Je voudrais savoir
si le ministre, compte tenu qu'il y aura des frais pour, justement, avoir une
place, une location au niveau des terrains de camping, à ce moment-ci, a
pris en considération la capacité de payer des gens qui
s'adonnent à ce sport qui est le camping, d'une part. D'autre part, je
voudrais savoir aussi si le ministre a pris des garanties pour assurer que les
gens en transit, qui sont là pour une nuit, aient des
possibilités d'accès autant qu'ils en avaient
antérieurement, ou si ce ne sera pas que des billets de saison que l'on
vendra. Parce que, justement, c'est vous-même qui nous avez
mentionné que l'entreprise privée était là pour
faire des sous. Alors, comment concilier ces intérêts que vous
voulez toujours promouvoir, c'est-à-dire une plus grande
participation-accessibilité à la population
québécoise à des activités de plein air.
M. Picotte: Madame, tel que prévu, avant de faire quoi que
ce soit dans tous les domaines de privatisation, que ce soit du
côté du camping ou quoi que ce soit, nous allons signer une
entente - parce que nous devons en signer une - et nous allons signer des
documents qui vont nous permettre, d'abord, de savoir, au point de
départ, et de regarder non seulement l'accessibilité, mais aussi
d'avoir un service dans un coin de territoire donné et être bien
sûr que ce service va devoir continuer.
D'autre part, il est normal, je pense, dans toute société
- je pense que c'est accepté par tout le monde - que l'utilisateur, que
ce soit pour faire du camping, que ce soit pour faire de la baignade, que ce
soit pour faire de la chasse ou de la pêche, paie des frais. Et cela est
tout à fait normal.
En examinant justement certains documents, nous allons faire en sorte
que ce prix soit raisonnable et que cette demande auprès des
utilisateurs soit raisonnable. Cela va vous surprendre, j'ai participé
dernièrement à une tribune téléphonique où
on parlait de chasse et de pêche et j'ai été fort surpris
de constater que la majorité des gens qui étaient là me
disait: Cela ne nous fait rien de payer pour aller à la chasse et
à la pêche, mais nous voulons en avoir pour notre argent. Je pense
que c'est la philosophie des gens. La personne qui pense devoir aller passer
une nuit en camping et ne pas payer, c'est regrettable, mais on va être
obligé de dire à tout le monde que l'utilisateur a des frais
à couvrir qui doivent être raisonnables, et on va faire en sorte
que ces frais demeurent raisonnables.
Il y a d'autres campings qui sont privés et je ne pense pas qu'il
y ait des gens qui se sentent trop lésés. Il y a du domaine
privé et on ne fait pas un changement de cap, d'après ce que je
peux voir. Il n'y a rien qui va s'écrouler sur la tête des
Québécois. Il y a déjà du privé qui existe
un peu partout, à gauche et à droite. Il y a des gens qui
utilisent justement ces campings privés. J'imagine que, s'ils
étaient tellement exploités que cela, il y aurait du monde qui
crierait davantage. Je pense qu'il y a moyen de rester dans les normes et
d'examiner tout cela, mais que l'utilisateur sache et il le sait
déjà - du moins ceux qui ne le savent pas, c'est parce qu'ils
n'écoutent pas ce qui se
passe autour d'eux évidemment - qu'en 1986, pour
bénéficier d'un service, il faut qu'il paie. La majorité
des gens commence à savoir au Québec que, finalement,
l'État providence, c'est terminé. Je vous rappellerai une parole
que vous avez sans doute écoutée attentivement: L'État ne
peut tout faire seul, il doit faire faire. C'est sans doute une parole qui vous
rappelle des souvenirs.
Mme Vermette: Justement, vous l'aviez soulevée lors de la
première rencontre. Alors, cette parole revient à
répétition.
M. Picotte: Puisque vous me posez les mêmes questions, il
faut que je répète.
Mme Vermette: Non, non. C'est parce qu'on continue toujours.
Maintenant, il y a d'autres préoccupations quand vous parlez aussi de la
SEPAQ, c'est la vocation, ce qu'on fera du mont Sainte-Anne. Qu'est-ce qui
arrivera du mont Sainte-Anne? Est-ce que cela fait aussi partie de votre plan
de privatisation?
M. Picotte: Ma chère dame, si vous avez regardé les
journaux dernièrement...
M. Desbiens: Ce n'est pas du tout "ma chère dame", c'est
Mme la députée.
M. Picotte: Mme la députée, je m'excuse. Je
m'excuse, M. le député. Je disais cela tout simplement. Alors,
Mme la députée, si vous avez lu les journaux dernièrement
- vous devez les lire, votre collègue a semblé les lire quand il
m'a parlé tantôt - vous devez savoir que, quand je suis
allé a la fédération du saumon, il y a eu un compte rendu
dans les journaux. On a oublié de dire, évidemment, que le
ministre avait été ovationné, mais cela n'est pas
grave.
M. Desbiens: ...de le dire.
M. Picotte: Je savais qu'on ne le dirait pas. Mais dans les
journaux, dernièrement, vous avez vu que le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche et le Conseil des ministres du Québec ont
donné l'autorisation à la SEPAQ, qui est un organisme existant,
d'investir au mont Sainte-Anne un montant de 8 000 000 $. Alors, nous avons
donné à la SEPAQ l'autorisation d'investir un montant de 8 000
000 $. Il y aura 8 000 000 $ additionnels. C'est donc dire que vous pouvez
dormir sur vos deux oreilles pour la prochaine année. Il n'y aura
sûrement pas de privatisation.
Mme Vermette: Vous voulez dire que, pour un an, on est
correct?
M. Picotte: Cela peut être un an, cela peut être deux
ans. Comme je vous l'ai dit tantôt, dans un an ou deux ans, on pourra
s'en reparler. Je pourrai vous dire quelles sont les intentions du
gouvernement. Mais pour cette année, il s'agit de vous dire que la SEPAQ
est autorisée par le Conseil des ministres, par le ministre du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche à investir 8 000 000 $ additionnels au
mont Sainte-Anne pour le mieux-être des amateurs de ski alpin au
Québec, au Canada, en Amérique.
Mme Vermette: Vous êtes en train de me dire que vos
politiques sont à court terme et, finalement, se modèlent selon
les circonstances en cours de chemin.
M. Picotte: Même si les politiques étaient à
court terme dans ce domaine, le mont Sainte-Anne va rester là. S'il
devient privatisé un jour, vous allez pouvoir continuer à aller
faire du ski au mont Sainte-Anne, Mme la députée. Vous savez, la
politique va continuer, ces investissements-là vont servir aux
Québécois de la même façon et, à ce
moment-là, vous avez toutes les garanties voulues. Il y a des gens qui
font du ski au Québec. Il y du domaine privé, il y a du domaine
public. Nous sommes en train de discuter de certaines modalités en ce
qui à trait aux stations privées avec des propriétaires
privés pour avoir, à un moment donné, la
possibilité d'avoir un ticket unique au Québec pour les gens qui
viennent faire du ski. Cela se fait en collaboration avec le domaine
privé, le domaine public et SEPAQ. Je pense que, dans tout cela, on a un
beau coin de pays où on peut attirer des gens et le gouvernement du
Québec, peu importent ses décisions pour la prochaine
année en ce qui concerne les investissements ou pour les années
futures, va toujours faire en sorte que ce patrimoine exceptionnel des
Québécois, qui permet d'inciter davantage les gens de
l'extérieur du Québec à venir chez nous, continue. C'est
l'avantage d'être à la fois ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche et ministre du Tourisme.
Mme Vermette: Je suis très heureuse de voir que vous vous
souciez beaucoup de la promotion de la qualité du loisir, finalement,
J'espère que ce sera un ministère qui aura longue vie.
Je voudrais savoir maintenant... Ma seule préoccupation, ce sont
les garanties -pour moi, ce n'est pas de faire du ski, mais à quel prix
je devrai faire du ski... C'est là ma vraie préoccupation, en fin
de compte. C'est la même chose en ce qui regarde le camping. Tout est
accessible, je le sais. Aux États-Unis, il n'y a aucun problème
parce que tout a un prix dans ce bas monde, et je suis tout à fait
d'accord avec vous là-dessus. Mais quelles sont les garanties pour
permettre à une population dont 40 % ne peut pas se préoccuper de
loisir, ne peut pas
se payer de vacances, quelles seront ses garanties pour aller dans le
sens de votre philosophie, l'accessibilité au plein air? C'est
finalement ma préoccupation, M. le ministre?
M. Picotte: Alors, madame, on me dit... Je vous pardonne parce
que vous m'avez dit que votre préoccupation n'était pas de faire
du ski, je vous pardonne de ne pas le savoir. Compte tenu des stations, les
prix sont les mêmes pour la station de ski du mont Sainte-Anne, en
comparaison avec le mont Tremblant et les autres stations du domaine
privé. Alors, le domaine privé ne mord personne. De ce
c6té-ci, en tout cas, on ne se sent pas mordre. Les prix sont les
mêmes. Quand même, il faut...
M. Desbiens: Vous parlez d'un cas particulier... (18 h 15)
M. Picotte: Ce que je veux vous dire, M. le député,
c'est qu'il y a une concurrence normale que tout le monde connaît au
Québec. On a un patrimoine, un avantage exceptionnel de ce
côté-là. Dans le domaine privé comme dans le domaine
public, on exige des montants exorbitants. Tout ce que cela va faire, c'est
d'amener les gens à ne plus venir au Québec et à aller
ailleurs. Quand on parle d'une politique du ski alpin, c'est la raison pour
laquelle il y a eu une entente Québec-Canada où des millions sont
investis dans cette politique. On sait très bien, comme gouvernement,
que d'attirer les gens chez nous pour venir faire du ski alpin, cela
représente des millions de dollars dans notre économie parce que
les gens qui viennent faire du ski au Québec laissent des centaines de
dollars par individu pour chaque jour de ski. C'est pour cela qu'on a une
politique de publicité en Amérique du Nord, aux
États-Unis, en Ontario et dans les autres provinces pour les inciter
à venir. Je ne verrais pas comment un gouvernement et des entreprises
privées comme publiques hausseraient le prix d'une façon telle
qu'ils diraient aux gens: Allez skier en Ontario ou aux États-Unis
plutôt qu'au Québec. Ce sont des retombées
économiques à coups de centaines de millions. Ce n'est pas
nécessaire d'être favorable à l'entreprise privée,
c'est simplement de savoir enligner des chiffres et les compter les uns sous
les autres. C'est aussi simple que cela.
Mme Vermette: Vous êtes très bon pour enligner des
chiffres. On n'a pas de problème.
M. Picotte: Vous n'étiez pas ici, Mme la
députée, mais cela faisait assez longtemps qu'il y avait un
gouvernement qui ne savait pas compter. Pour une fois que vous en avez un,
ne vous plaignez pas.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Vous avez essayé de démontrer cela et
vous vous êtes rendu compte que l'administration avait été
bien faite. Le président du Conseil du trésor s'est
essayé, mais on ne commencera pas là-dessus.
M. Picotte: Si, effectivement, le gouvernement
précédent avait su compter, on n'aurait pas eu 1 500 000 000 $
qui manquaient quelque part et personne ne le savait.
M. Desbiens: Tout le monde savait cela, il n'y a que vous qui ne
le saviez pas.
M. Picotte: Tout le monde le savait. Mme Vermette: C'est
ce qu'on a dit.
M. Picotte: Dites-moi donc dans quel... Est-ce que le
député est prêt à me gager que cela figure dans les
états financiers que l'ex-collègue du Conseil du trésor,
M. Clair, a déposés ici en Chambre... M. Duhaime,
c'est-à-dire, dans son exposé budgétaire a
déposé des montants prévisibles. Est-ce qu'il peut me
trouver cela dans les crédits? Si oui, qu'il me dise donc où.
Est-ce qu'il peut me dire que son propre chef, dans les discussions lors de la
campagne électorale, s'est ouvert la trappe pour nous dire: II n'y a pas
de marge de manoeuvre parce que vous ne le savez pas, vous autres, vous n'avez
pas vu les livres, mais il manque 1 500 000 000 $. S'il avait eu au moins le
courage de nous dire cela, on l'aurait encensé.
M. Desbiens: M. le Président, je pense que cette
discussion a été faite. Le ministre semble être le seul
à ne pas avoir constaté que les chiffres qui ont
été publiés par le ministre des Finances, pour
démontrer un déficit de 1 500 000 000 $, étaient là
et que le gouvernement précédent avait des compressions de
dépenses à faire à chaque année. Il n'y avait donc
rien d'anormal dans la situation qui était celle d'une marge de
manoeuvre qui n'existait pas, contrairement à ce que croyait
votre chef.
Pour arriver à ces réductions, justement, vous avez un
élément dans votre budget qui s'appelle la rationalisation des
dépenses...
M. Picotte: Est-ce que vous avez terminé avec SEPAQ?
M. Desbiens: Je pense que oui. Mme Vermette: Oui.
M. Picotte: Merci. M. de Tilly, continuez à faire votre
bon travail.
M. Desbiens: On va attendre de voir les effets. J'ai hâte
de voir l'entreprise privée qui va s'occuper des campings dans des
endroits retirés comme le parc des Laurentides et à quel prix aux
usagers.
M. Picotte: ...d'attendre de voir les effets.
M. Desbiens: Je doute fort, étant donné que
l'entreprise privée est là pour faire de l'argent, qu'elle... Ou
bien vous n'aurez pas de client, M. le ministre.
J'ai terminé sur la privatisation. C'est de la location, des
baux, il n'y a pas de vente d'équipements comme telle.
M. Picotte: II n'y aura jamais de vente d'équipements. Les
équipements appartiennent aux Québécois, ont
été payés par les Québécois. C'est de
demander au monde associatif ou au domaine privé de venir cogérer
avec nous certaines parties de nos territoires.
M. Desbiens: Étant donné que le temps passe
très vite, je vais passer à la rationalisation.
M. Picotte: M. le Président, est-ce qu'on termine vers 18
h 30? Je voudrais savoir cela pour organiser notre horaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, la commission ajournera
ses travaux à 18 h 30.
M. Picotte: D'accord. On reprend la demi-heure qu'on a perdue
tout à l'heure. Parfait!
M. Desbiens: On pourrait reprendre... Non, c'est la demi-heure
qu'on va perdre demain soir. Étant donné le peu de temps qui nous
reste, est-ce que le ministre peut nous donner une liste des
éléments de rationalisation et autres mesures dans son
ministère? Il y en a pour 6 000 000 $, je pense; c'est ce que le Conseil
du trésor lui a indiqué. C'est cela, 6 000 000 $, rationalisation
interne et autres mesures. Quels sont les éléments de cette
rationalisation?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc, dois-je comprendre que cela fait partie du programme 3?
M. Desbiens: Cela fait partie de l'ensemble de... Je l'avais
demandé au début au ministre, étant donné qu'il
nous reste juste une dizaine de minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): Pour la bonne marche de nos
travaux et pour qu'on se comprenne bien, est-ce que cela veut dire qu'on aurait
fini le programme 3, éléments 1, 2, 3, 4 à ce
moment-ci?
M. Desbiens: J'ai beaucoup d'autres questions. On est loin
d'avoir fini, sauf que le temps nous presse.
M. Picotte: M. le Président, je pense que je pourrai
envoyer par la suite au député des documents. Il est de coutume,
en commission parlementaire, que le ministre s'engage à expédier
des documents par la suite. Je vais lui lire immédiatement, s'il veut
bien être attentif à mon propos globalement les montants des
compressions budgétaires qui ont été effectuées,
par programmes, avec ce qui va rester dans le budget après les
compressions. M. le député, je vous expédierai les
documents dans les meilleurs délais mais, si vous me le permettez, je
suis prêt à vous lire immédiatement et rapidement la liste
des programmes qui ont subi des compressions et les montants qui restent dans
le programme. Cela va? D'abord, en ce qui concerne les immobilisations...
M. Desbiens: M. le ministre, les immobilisations, cela va. Dans
les parcs et les réserves, tout cela? On l'a; c'est 4 800 000 $. Le
projet Archipel, c'est 8 500 000 $. C'est cela? C'est l'élément
concernant la rationalisation interne et autres mesures, 6 000 000 $, pour
lequel on n'a aucun détail.
M. Picotte: C'est dans le programme 5.
M. Desbiens: Alors, on y reviendra à ce
moment-là.
M. Picotte: Non. Si on le trouve, on va vous le lire. C'est dans
le programme 5. Au début, j'avais compris que c'était dans le
programme 3. Je m'excuse.
M. Desbiens: On ne retrouve cela nulle part, comme tel. Il n'y a
pas de 6 000 000 $ de coupés, au programme 5.
M. Picotte: Écoutez, on va se comprendre dans ce cas,
parce que je pense que personne de ce côté-ci ne comprend votre
question. Alors, soit qu'il y ait quelque chose que vous ne compreniez pas de
l'autre côté, soit que nous ne comprenions pas ici. Faites-nous
la... Si je vous faisais la liste des compressions, vous vous identifieriez
quelque part.
M. Desbiens: Le président du Conseil du trésor a
remis à l'ensemble des ministères une liste de compressions
budgétaires à effectuer de 314 000 000 $. Au ministère
du
Loisir, il y a des choses qui ont été faites, comme le
ralentissement des parcs nationaux, le projet Archipel, 8 500 000 $, parcs et
réserves, fonctionnement et immobilisation, 4 800 000 $ de compressions.
Il y a un élément qui s'appelle rationalisation interne et autres
mesures, qui a été avancé par le président du
Conseil du trésor, de 6 000 000 $ dans votre ministère pour
lequel on n'a aucun détail.
M. Picotte: M. le député, pour savoir où
sont les compressions budgétaires, il faut les prendre à
l'intérieur même de chacun de nos éléments. On
essaie de retrouver cela pour moi.
M. Desbiens: Le document? C'est le document du Conseil du
trésor.
M. Picotte: Je pense que ce qu'il faut comprendre, c'est que
lorsque le président du Conseil du trésor dépose les
crédits il part justement des crédits dépensables
comparativement aux crédits initiaux. À partir de là, il y
a toute cette mécanique que j'ai tenté de vous expliquer au
début dans mon discours. Vous devriez être capable de le faire,
vous...
M. Desbiens: Quand vous faites le total, ce que vous me dites,
c'est 19 000 000 $, les 19 300 000 $ dont vous nous avez parlé au
début, la diminution du budget.
M. Picotte: Oui, c'est cela.
M. Desbiens: La ventilation de ces 19 300 000 $, ce serait 8 500
000 $ pour le parc national Archipel.
M. Picotte: C'est cela.
M. Desbiens: 4 800 000 $ pour les parcs et réserves, le
fonctionnement et l'immobilisation dans les parcs et réserves.
M. Picotte: Où cela, 4 800 000 $? Là, je pense
qu'on n'a pas les bons chiffres. Je vais vous les lire, si cela ne vous
dérange pas, et vous les identifier.
M. Desbiens: C'est un document du Conseil du trésor? C'est
dans les crédits 1986-1987 à l'égard du montant du
déficit à corriger.
M. Picotte: Où voyez-vous vos 6 000 000 $?
M. Desbiens: Le président du Conseil du trésor a
bien mentionné, d'ailleurs, à l'Assemblée nationale
même, que chaque ministre serait en mesure de fournir les détails.
Pour chacun des ministères, on a le montant et la ventilation et un
point, qui s'appelle rationalisation interne. À la page 4 de ce
document, dans le cas du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, j'ai 8 500 000 $ pour le ralentissement du développement du
parc national Archipel.
M. Picotte: C'est cela.
M. Desbiens: 4 800 000 $ pour le fonctionnement et
l'immobilisation dans les parcs et réserves, et un troisième
poste de 6 000 000 $, pour un total de 19 300 000 $, qui s'appelle
Rationalisation interne et autres mesures de compression qui totalise 6 000 000
$.
M. Picotte: Je regrette, mais ce sont des chiffres que nous
n'avons pas. Non, mais c'est qu'il faut le voir selon une autre
mécanique. C'est cela que j'ai tenté de vous expliquer au point
de départ. Dans mon discours du début, j'ai dit que le Conseil du
trésor part avec des crédits dépensables possibles, avec
des crédits qui sont dépensés à la fin d'un
exercice et qu'il faut ajouter à tout cela les crédits que
d'autres organismes viennent injecter à l'intérieur du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Desbiens: Ce n'est pas la différence entre les deux. Ce
sont les coupures que vous avez dû effectuer et que vous avez dû
soumettre au Conseil du trésor.
M. Picotte: Voulez-vous que je vous identifie les 19 300 000 $ de
coupures que j'ai faites?
M. Desbiens: Allez-y donc!
M. Picotte: Voulez-vous, je vais les identifier une à une?
Je vais aller plus loin que cela, je vais vous donner un meilleur service, je
vais vous donner ce qu'il reste après la compression budgétaire
au poste précis, et là, vous allez vous retrouver quelque part
sûrement.
M. Desbiens: Je ne voudrais pas qu'on perde notre temps
là-dessus.
M. Picotte: Non, on ne perdra pas de temps, c'est une page.
M. Desbiens: Vous l'avez au complet, en détail?
M. Picotte: Une page à lire. Ce n'est pas long, c'est une
page.
M. Desbiens: Pouvez-vous la déposer, peut-être?
M. Picotte: C'est la seule que j'ai. J'aime mieux vous l'envoyer
par la suite.
M. Desbiens: Une photocopie.
M. Picotte: Je vais vous lire cela, cela prendra 30 secondes. Il
y a eu pour 8 500 000 $ de coupures dans le ralentissement du rythme de
développement du parc national Archipel, premièrement;
deuxièmement, le ralentissement du rythme de réalisation des
travaux d'immobilisation dans les parcs et les réserves, 3 000 000
$.
M. Desbiens :C'est 4 800 000 $ que j'ai ici.
M. Picotte: 3 000 000 $. Ajouter à cela 1 800 000 $. C'est
pour cela, je l'ai selon des détails différents. Je ne peux pas
vous donner les mêmes chiffres. Le président du Conseil du
trésor a fait un chiffre global, mais, moi, pour vous les donner, il
faut que je les sorte dans mes différents...
M. Desbiens: On va écouter vos chiffres.
M. Picotte: 3 000 000 $, c'est le ralentissement du rythme des
travaux d'immobilisation dans les parcs et les réserves. S'ajoute
à cela, dans la réorganisation d'activités dans les parcs
et les réserves fauniques, 1 800 000 $. Donc, là, vous retrouvez
vos 4 800 000 $, mais il faut que je le donne en deux volets...
M. Desbiens: D'accord.
M. Picotte: ...parce que ce sont deux points différents.
En ce qui concerne les organismes nationaux et régionaux de loisir, la
révision de la politique de reconnaissance de loisir, il y a en tout 1
090 000 $ de compressions. S'ajoute à cela Kino Québec, 210 000
$, ce qui fait, pour ce poste, organismes nationaux et régionaux de
loisir, 1 300 000 $ de compressions.
Quand j'arrive au programme de soutien aux activités de loisir
municipal, il y a 500 000 $ de compressions budgétaires. Quand j'arrive
aux subventions et au soutien à des activités, il y en a pour un
total de 1 600 000 $ qui se répartit comme suit: loisir culturel, 500
000 $, réseaux d'hébergement, 500 000 $; abolition du
programme Voyages-échanges 600 000 $, ce qui fait un total de 1 600 000
$ pour cet élément bien précis de subvention et soutien
aux activités.
Dans le fonctionnement, maintenant: Réduction de la masse de
rémunération des employés réguliers, compte tenu de
la réduction des effectifs, 900 000 $5 réduction des
employés occasionnels oeuvrant dans les services centraux du MLCP, 1 700
000 $; ce qui fait pour cet article précis en ce qui concerne le
fonctionnement: 2 600 000 $. Si vous additionnez maintenant le total des
compressions, ça veut dire ceci: en immobilisations, 11 500 000 $; en
organismes nationaux régionaux de loisir 1 300 000 $; en programme de
soutien aux activités de loisir municipal 500 000 $; en subvention et
soutien à des activités, 1 600 000 $; en réorganisation
d'activités dans les parcs et les réserves fauniques, 1 800 000
$; dans le fonctionnement, 2 600 000 $, ce qui fait un total de ces 6
programmes particuliers de 19 300 000 $. C'est là que vous retrouvez la
coupure de 19 300 000 $.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je remarque que l'on est...
M. Desbiens: Est-ce que M. le ministre pourrait nous faire faire
une photocopie. On pourrait recommencer demain et voir si ça coordonne.
Je n'arrive pas du tout avec ses chiffres. Il y a une différence de 1
400 000 $. Sur 19 000 000 $, c'est assez important quand même.
M. Picotte: Écoutez, quand j'additionne tous les chiffres,
j'arrive à 19 300 000 $ et la compression est de 19 300 000 $. Si vous
arrivez & 1 400 000 $ de plus, gardez votre chiffre parce que je ne veux
pas avoir 1 000 000 $ de plus de coupure.
Le Président (M. Saint-Roch): Si je n'ai pas de
consentement, nous allons être obligés d'ajourner à demain,
10 heures.
M. Desbiens: Est-ce que je comprends que le ministre,
tantôt, nous a dit qu'il nous enverrait sa feuille
détaillée, est-ce qu'on peut l'avoir?
M. Picotte: Oui. On me dit que j'en ai une autre copie, alors je
vais vous la donner immédiatement à la fin. Ce sont les coupures
effectuées. Je vous dis qu'il faudrait bien examiner cela pour qu'on
parle de la même chose en revenant demain. Il faut faire la
différence quand le livre du Trésor nous est
présenté. C'est ainsi à chaque année depuis qu'on
est ici à l'Assemblée nationale, à ma connaissance; il
faut faire la distinction entre les dépenses probables, les
crédits redressés et les crédits initiaux. Ce sont trois
choses différentes.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements ajourne ses travaux
jusqu'à 10 heures, demain matin. J'attire l'attention des membres de la
commission, la réunion aura lieu à la salle du Conseil
législatif.
(Fin de la séance à 18 h 33)