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(Neuf heures quarante-sept minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend ses travaux pour poursuivre l'étude des crédits
budgétaires 1986-1987 du ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche. Il reste à étudier, ce matin, les programmes 1,
2, 4, 5, 6 et 7. Je demanderai la collaboration de tous les membres de la
commission pour poursuivre nos travaux allègrement et pour
compléter notre programme; cinq minutes avant la fin de nos travaux,
j'appellerai les programmes qui n'auront pas été
étudiés, programme par programme, élément par
élément. Mme la députée de Marie-Victorin.
Secteur loisir (suite) Politique du ski
Mme Vermette: J'en profite pour saluer tous les gens. Pour
continuer ce qu'on avait déjà commencé la semaine
dernière, nous sommes rendus à la politique du ski, un des
éléments du programme 1. La politique du ski, globalement, a
trois volets. Elle a des objectifs qui lui sont très particuliers. Elle
a été établie en 1983 par le ministre de l'époque,
M. Guy Chevrette, du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Mes
préoccupations étaient à savoir, en ce qui concerne les
objectifs qu'on s'était établis à l'époque, s'ils
vont continuer en ce qui concerne l'amélioration et
l'accessibilité du ski alpin pour atténuer les disparités
régionales et accroître la mission sociale des centres de ski
alpin. Dans un premier volet, en fin de compte, c'était la promotion du
ski qu'on mettait de l'avant. C'était important à cause des
retombées économiques que cela pouvait susciter pour le
Québec.
Dans un autre aspect, il y avait aussi tout ce qui s'appelle les
infrastructures de ces centres de ski, à savoir l'analyse des besoins et
la facilité de répondre à ces besoins pour permettre des
installations en bon état, qui ne risquent pas de provoquer des
accidents. En ce qui concerne les caractéristiques de la
publicité du ski, ce sont un peu des considérations d'ordre
général, parmi les différents volets qui ont
été mis de l'avant.
Ma question s'adresse à M. le ministre. Je voudrais savoir quels
sont vos choix, comme gouvernement, pour le développement du ski au
Québec? Quelles seront, concrètement, vos orientations pour la
prochaine année et les suivantes face au développement du
ski?
M. Picotte: Je pense, madame, que je vais devoir répondre
à votre question fort rapidement. Il y a eu, comme vous l'avez si bien
dit d'ailleurs, il y a trois ans, une politique qui a été mise en
place par le gouvernement du Québec. Cette politique a été
faite sur une considération d'une période de quatre ans. Nous
reconduirons cette année exactement la même chose. Nous allons
regarder, nous allons faire les mêmes efforts que ceux qui ont
été faits durant les trois autres années. Cela veut dire
que les programmes que nous avons continuent de la même façon.
Mme Vermette: Cela va. Certaines stations de ski avaient des
problèmes particuliers en ce qui concerne leur développement et
leur essor. Y a-t-il déjà des sommes d'argent, des crédits
qui sont votés pour permettre justement leur essor et leur
développement? Je pense à Thetford-Mines, notamment, où il
y avait un problème au niveau de... En fait, c'est en interrelation avec
un autre ministère, à savoir développer des routes pour
leur permettre une plus grande accessibilité.
M. Picotte: Comme vous avez pu le constater, j'ai signé
à la fin de l'hiver, il y a quelques semaines, quelques mois, des
ententes sur la politique du ski alpin. Plusieurs ententes ont
été signées pour donner suite justement à ce
programme qui existe, comme je vous le disais tantôt, depuis trois ans.
D'autres projets nous ont été soumis au ministère. En ce
qui concerne le centre de ski auquel vous avez fait référence,
les autorités de mon ministère et les propriétaires sont
en discussion pour voir quel genre d'entente pourrait exister et se
développer entre nous pour tâcher d'améliorer les
conditions de certaines stations de ski, toujours en fonction des programmes
que nous avons au ministère et qui ont été
instaurés. Nous avons aussi l'autre volet, qui est plus
général et qui touche à certains développements
moteurs qui appartiennent à l'autre ministère que je
représente, soit une entente fédérale-
provinciale dans le secteur touristique, entente dans laquelle on peut
puiser des fonds pour développer des projets moteurs du
côté du ski alpin.
Mme Vermette: Est-ce que vous avez fait une évaluation en
termes de coût, à savoir ce que cela représente au niveau
des différents volets, les projets PADEL qui existent actuellement?
M. Picotte: Oui, je peux vous donner cela en détail.
D'abord, il y a le volet qu'on appelle hors entente, à mon
ministère, dont les engagements, au moment où on se parle, sont
de 8 662 000 $. Je vais vous les mentionner: Au niveau hors entente, dans le
volet 1, il y a le mont Orford pour 3 500 000 $ d'engagement; le mont Sut-ton,
1 998 000 $; le Relais, 270 000 $; le mont Saint-Castin, 480 000 $; Stoneham,
712 000 $; le mont Orignal, 420 000 $; le mont Avalanche, 156 650 $; Val
Saint-Cômne, 503 050 $; Bromont, 545 000 $ et le mont Sainte-Agathe, 107
500 $, pour un grand total de B 612 000 $. Cela est le premier volet.
Le deuxième volet, c'est l'entente Québec-Canada sur le
tourisme, dont une partie relève du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Il y a le mont La Réserve, 795 000 $; le
Chan-teclerc, 700 000 $; le mont Saint-Sauveur, 1 450 000 $; Bromont, 1 616 000
$; Stoneham, 1 290 000 $; le mont Gabriel, 510 000 $, et le mont Blanc, 482 000
$, pour un grand total de 6 843 000 $.
Enfin, le troisième volet, c'est ce qui concerne PADEL 1984-1985.
Il y a le club de ski de Beauce, 81 063 $; le Côte des Chats, 6079 $;
Gallix, 180 400 $; Lauzon, 6600 $; mont Béchervaise, 42 700 $; le mont
Belus, 28 987 $; le mont Biencourt, 60 905 $; le mont Citadelle, 20 000 $; le
mont Fortin, 27 497 $; te mont Lac Vert, 39 972 $; le mont Saint-Mathieu, 13
050 $; Saint-Raymond, 4 853 $; Tobo-Ski, 16 660; Université de
Montréal, 74 000 $; Sherbrooke, 117 000 $, pour un total de 733 766 $.
Ce qui fait que les trois volets peuvent totaliser 21 000 000 $.
Mme Vermette: Est-ce que je peux demander à M. le
ministre... Maintenant, ce sont les crédits qui ont été
votés pour l'année 1985-1986 et qui ont déjà
été inscrits tels que vous venez de nous les donner. Quelles
seront les projections pour l'avenir pour le développement du ski?
Est-ce que cela repose sur une politique de votre ministère en ce qui
concerne l'aide à long terme pour les centres de ski, leur
développement?
M. Picotte: Je reviens à la première réponse
que je vous donnais, c'était d'ailleurs votre première
question.
Mme Vermette: L'ensemble des chiffres.
M. Picotte: L'ensemble des chiffres, nous sommes en train de les
étudier individuellement. Je ne peux pas vous dire à l'avance les
chiffres que je vais conclure dans tel mont alors que je suis en train
d'étudier le dossier. Je pourrai vous dire cela l'an prochain à
la même date ou à peu près.
Mme Vermette: Est-ce que jusqu'à maintenant vous avez eu
des demandes ou si vous avez des centres en tête que vous allez
privilégier?
M. Picotte: Non. Il y a de nombreuses demandes qui sont
acheminées quotidiennement à mon ministère dans toutes
sortes de domaines, donc il y a eu des demandes du côté du ski. II
y a des gens que j'ai rencontrés qui m'ont parlé de certains de
leurs problèmes, je leur ai dit: Faites une demande officielle et on va
l'étudier au mérite. Nous en sommes là
présentement.
Mme Vermette: Quand vous dites que vous êtes en train
d'étudier le dossier, cela veut dire que cela s'établit
actuellement dans le temps? À partir de quand pourra-t-on avoir le
résultat de ces études? On sait très bien que, pour les
centres de ski, les activités pour quelques-uns sont encore en cours,
quelques autres sont terminées, mais les installations commencent
très tôt l'été pour les remettre à neuf, pour
prévenir les activités du sport qui pourront se développer
à ce moment. Je voudrais savoir, dans le temps, quand votre étude
va se faire. Concernant les résultats au mérite, comment
évalue-t-on cela?
M. Picotte: Pour certaines de ces ententes, elles sont en train
de se réaliser au moment où on se parle. Ce sont des choses
déjà signées. Pour d'autres projets, surtout en ce qui
concerne l'entente Québec-Canada, c'est en discussion, non seulement
avec mon ministère, mais quand un projet moteur m'est
présenté, je l'étudie, il est étudié, parce
que c'est toujours fait conjointement, par le ministère
fédéral du Tourisme, et, par la suite, mon collègue
communique avec moi pour qu'on s'entende afin de faire l'annonce
officielle.
En ce qui concerne le PADEL, vous savez comme moi que, très
bientôt, les formulaires seront disponibles et seront acheminés
aux endroits qui nous seront demandés. À partir de ce moment,
d'ici la fin des mois de juin, juillet, nous allons étudier chacune des
demandes et nous allons donner des réponses pas plus rapides, mais pas
moins rapides que les autres années.
Mme Vermette: Maintenant, vous avez dit que vous avez eu
plusieurs demandes, pauvez-vous nous énumérer, parmi ces gens qui
vous ont fait des demandes, des groupes?
M. Picotte: Nous avons Owl's Head, Orford, mont Grands Fonds,
Vallée Saint-Sauveur. Ce sont des projets qui ont été
déposés jusqu'à maintenant. On me dit qu'il y a un projet
qui serait sur le point de nous être acheminé qui est Sutton.
Mme Vermette: Parfait! Tantôt vous avez parlé de la
promotion du ski, en ce qui concerne l'autre volet, son développement
relativement à la publicité, à la publication face
à cela. Quelle sera la politique pour augmenter le nombre d'adeptes du
ski au Québec? (10 heures)
M. Picotte: Nous sommes en train de réexaminer, avec les
propriétaires de station, la possibilité d'y aller encore une
fois cette année ou d'examiner de quelle façon nous pourrions
orienter notre publicité en ce qui concerne le ski. Nous sommes aussi
convaincus de la publicité coopérative, c'est-à-dire que
nous mettons de plus en plus d'accent au ministère sur la
publicité coopérative, afin de permettre à l'entreprise
privée de s'associer avec nous pour faire la publicité, ce qui
fait que le gouvernement ne décide pas seul du genre de publicité
qui doit être faite. Au contraire, il collabore, il soutient, et ce sont
les propriétaires qui font leur publicité, avec une grille bien
précise et aussi avec des exigences bien précises, mais le
gouvernement, comme tel, collabore. Cela est demandé par l'entreprise
privée, en général, qui préfère toujours que
cette publicité soit bien orientée, orientée non pas par
le gouvernement seul, mais orientée à la fois par l'entreprise
privée et par le gouvernement.
Mme Vermette: Cela m'amène une autre question, à
savoir à combien est prévu l'apport du gouvernement dans ce
volet?
M. Picotte: Nous avons investi, à ce jour, bon an mal an,
un montant de 200 000 $ dans ce volet publicitaire. Nous sommes
disposés, après nos discussions avec l'entreprise privée,
à continuer ce genre d'intervention. À la suite de cette entente
avec les gens de l'entreprise privée, il se peut qu'il y ait même
une augmentation des ressources, du fait que nous ferons cela en
collaboration.
Mme Vermette: Quand vous dites que vous allez faire la
publicité en collaboration avec le secteur privé, cela
m'amène à m'interroger sur l'unité de pensée de la
publicité. Chacun des centres a des intérêts qui lui sont
particuliers, compte tenu de sa région ou de sa problématique de
viabilité.
M. Picotte: Il faudrait savoir, Mme la députée, que
l'objectif du ministère est d'augmenter la pratique du ski alpin. Ce
n'est pas de démontrer que les endroits au Québec doivent
être fréquentés de telle ou telle façon. Notre
objectif est d'avoir de plus en plus de Québécois qui pratiquent
le ski alpin. Alors, si la publicité est faite en fonction de
l'orientation des centres de ski, en collaboration avec le gouvernement, et
qu'il y en a un peu partout, plus les gens seront incités à faire
du ski alpin, plus nous aurons atteint notre but et plus, aussi, les
propriétaires de stations seront heureux puisqu'il s'agit
d'événements touristiques. Il s'agit, aussi, d'injecter dans
l'économie des dollars qui seront bénéfiques à la
fois pour l'industrie privée et pour le gouvernement.
Mme Vermette: Pouvez-vous m'indiquer les clientèles cibles
qui seront visées? À qui s'adressera cette publicité?
M. Picotte: Je vous disais tantôt que nous sommes
présentement en discussion avec les propriétaires des stations.
Il est trop tôt pour vous dire quel genre d'orientation nous prendrons.
Comme nous y allons de bonne foi, je verrais mal le gouvernement ou mon
ministère avoir déjà décidé de l'orientation
publicitaire à donner et faire asseoir des gens autour d'une table pour
le seul plaisir de faire du "parling". On a trop perdu de temps, à ce
jour, au Québec, là-dessus. Il faut arrêter de faire du
"parling" pour le plaisir d'en faire et de faire perdre du temps aux gens pour
le plaisir de le faire. Quand on va en consultation, on consulte
réellement. On s'ajuste et par après, on y va. C'est la politique
que nous maintenons.
Mme Vermette: Pour minimiser l'impact du "parling", j'aimerais
avoir une réponse beaucoup plus concrète, à savoir vos
clientèles cibles.
M. Picotte: C'est ce que nous sommes en train de discuter,
madame.
Mme Vermette: Oui, mais pour vos clientèles cibles, est-ce
que vous avez un volet uniquement à l'intérieur du Québec
ou si cela ne va pas au-delà du Québec?
M. Picotte: Nous espérons que les gens de 2 à 99
ans, au Québec, Québécois et Québécoises,
pourront pratiquer le ski alpin s'ils le désirent, et nous essaierons
d'inciter tout le monde à faire du ski alpin. Tant mieux si les 6 000
000 de Québécois faisaient du ski alpin. C'est notre
objectif.
Mme Vermette: Il y a tout l'autre volet. Vous avez parlé
des Québécois, mais il y a tout l'autre volet parce qu'il y a une
grande clientèle aux États-Unis, qui est à la porte de
chez nous, de nos frontières. Comment allez-vous la rejoindre cette
clientèle? Cela aussi fait ie sujet d'une étude?
M. Picotte: Si je ne vous ai pas répondu, madame, c'est
à cause de l'horaire qui nous est tracé. Je vous donne
rendez-vous, cet après-midi et ce soir, alors que nous étudierons
les crédits du ministère du Tourisme, avec le même
ministre, et je vous donnerai les réponses à vos questions. Cela
relève du ministère du Tourisme. Nous sommes présentement
à l'étude des crédits du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, mais cet après-midi, je n'aurai pas
d'objection à répondre à toutes ces questions.
Mme Vermette: Je vous remercie. En ce qui concerne aussi un autre
aspect, il y a tout l'impact économique du développement du ski.
Est-ce que vous vous êtes attardé là-dessus, vous
penchez-vous sur les retombées économiques quand on parle de
développer la promotion du ski et développer, justement, l'essor
du ski au Québec? Est-ce que cela comporte d'autres
préoccupations que la pratique du ski comme telle?
M. Picotte: Je dois vous dire que les 21 000 000 $ - cela va vous
répondre en partie, vous allez voir que nos préoccupations sont
beaucoup plus d'ordre économique - que nous avons investis dans cette
politique ont généré environ 156 000 000 $ de
retombées, d'investissements. Je vais vous en faire la liste,
d'ailleurs.
Nous avons investi, nous, comme gouvernement, au niveau des
différents programmes, 21 000 000 $. Cela a donné ceci comme
investissement au 11 février 1986: Infrastructures de base: eau, aqueduc
et accès: 2 167 790 $; infrastructures d'exploitation; 62 203 848 $;
infrastructures de services 9 276 539 $; activités
récréatives: 10 352 158 $; hébergement: 20 908 750 $;
restauration et après-ski: 1 476 000 $; équipements: 5 731 862 $;
études et recherches: 635 450 $; autres: 6 485 250 $. Ici, il s'agit
d'emplois... Je m'excuse: emplois au niveau des hommes...
Je vais terminer mon volet pour vous dire que tout cela totalise 119 237
647 $, plus, additionnés à cela, des investissements
complémentaires de 37 639 000 $, ce qui fait un grand total de 156 876
647 $. Cela veut dire que le gouvernement qui a décidé d'investir
21 000 000 $ au niveau de la politique du ski a généré sur
le terrain ou a provoqué des investissements de l'ordre de 156 000 000
$, tout près de 157 000 000 $. Si vous calculez cela, c'est facilement
du sept pour un, au moins, on peut dire presque du huit pour un. Tout cela a
amené 8702 emplois.
Mme Vermette: Donc, si je constate bien, c'est un
ministère qui n'a pas fait que du "parling", c'est un ministère
qui a aussi travaillé très fort et qui a
généré de l'emploi.
M. Picotte: Vous avez bien raison, madame, mais vous venez de
mêler deux choses: vous avez mêlé ce que vous m'avez
posé comme question... C'est ça, le problème. C'est
peut-être le même problème qu'ont certaines sectes
religieuses de mêler deux choses ou de parler de deux choses à la
fois, de faire deux phrases différentes. Vous me demandez: Où en
êtes-vous rendu présentement? On dit: On ne fait pas de "parling",
on est en train de laisser les gens nous faire des suggestions. Si vous me
parlez des volets, je vous donne exactement le volet du ski. Il ne faut pas
mêler les choux et les carottes parce que cela devient difficile d'en
faire des betteraves.
Mme Vermette: Non, je ne mêle rien. Tout simplement, je
constate que c'est un ministère qui a été très
efficace et qui a, justement, atteint les objectifs qu'il s'était
donnés.
M. Picotte: Oui. En ce qui concerne certains volets, il n'y a pas
de problème; tant qu'on ne décidera pas de mettre des
barrières avec des cadenas là, cela va continuer d'être
efficace.
Mme Vermette: Je voudrais savoir maintenant quelque chose en ce
qui concerne le programme PADEL: Est-ce qu'il va demeurer longtemps? Vous
m'avez dit au tout début, si je me souviens bien - pas la semaine
dernière mais l'autre semaine - que le projet du mont Sainte-Anne pour
cette année-ci sera toujours une concession gérée par ie
gouvernement pour un an. Ma préoccupation est de savoir ceci: Dans
l'avenir, est-ce que ce sera plus d'un an, parce que c'est une des ressources
les plus importantes dans le programme PADEL actuellement?
M. Picotte: Je pense qu'on va décortiquer deux choses, Mme
la députée, parce que, là, sivous parlez de PADEL et du
mont Sainte-Anne, on ne se comprendra sûrement pas.
Mme Vermette: Oui, c'est vrai, c'est SEPAQ.
M. Picotte: Je suis bien heureux que vous constatiez cela, d'une
part. L'orientation de SEPAQ. SEPAQ, comme toutes les
autres sociétés d'État, est sujette à examen
du gouvernement dans un but de privatisation. Je vous l'ai dit pour la
prochaine année, je vais répéter la même chose: Pour
la prochaine année nous avons décidé de continuer de la
même façon que ce qui existait. Nous avons même
décidé d'investir. Si, l'an prochain, nous prenons une autre
orientation, le Parlement en sera informé en temps et lieu. C'est une
décision politique. Quand les politiciens prennent des décisions
politiques, il y a des façons d'en informer la population. Cela peut se
faire à l'Assemblée nationale par ce qu'on appelle une
déclaration ministérielle, cela peut se faire par voie de
communiqué et cela peut se faire par conférence de presse. Quand
j'aurai choisi l'orientation du gouvernement, en collaboration avec le Conseil
des ministres, vous en serez informée, Mme la députée,
soyez-en assurée.
Mme Vermette: En fait, ma seule préoccupation
là-dessus, c'est que le gouvernement investit 8 000 000 $ cette
année alors que cette entreprise... Si c'est pour la céder
à l'entreprise privée, je me dis: Quel est l'intérêt
de dépenser autant d'argent que les contribuabies pourraient.. Si
c'étaient des retombées qui leur revenaient directement,
très bien, mais si c'est dans un autre ordre de grandeur, à mon
avis, c'est discutable.
M. Picotte: Oui, mais il y a encore un élément que
vous ne possédez pas et que vous devriez savoir. Le gouvernement n'a pas
investi 8 000 000 $ là-dedans, c'est SEPAQ. Vous me dites: Le
gouvernement a investi. Ce n'est pas le gouvernement, c'est SEPAQ qui a
emprunté pour faire cela. Il ne faut pas mêler les choux et les
raves. SEPAQ a décidé d'emprunter pour investir 8 000 000 $, avec
l'accord du gouvernement, parce qu'il faut que ce soit accepté par le
Conseil des ministres. Donc, le gouvernement n'a pas eu à injecter 8 000
000 $ à cet endroit. Il y aura ce développement au mont
Sainte-Anne. Quand il arrivera quelque chose, si éventuellement un
gouvernement décide de le privatiser, il va devoir tenir compte des
investissements, de ce qu'il y a d'équipements et s'entendre sur une
proposition donnée.
Je ne peux pas vous parler de choses qui ne sont pas prévisibles
encore au moment où on se parle. Je ne peux pas vous parler de choses
qui sont en discussion puisqu'on continue, en ce qui concerne le mont
Sainte-Anne, ce qui avait été commencé. Si jamais il y a
des choses importantes qui se décident et si jamais dans ces choses
importantes j'avais besoin de conseils, que ce soit de l'Opposition ou d'hommes
d'affaires avertis, voua pouvez être certaine que je ne me gênerai
pas pour faire appel à vos services, si jamais j'en ai besoin. Je pense
que c'est ainsi qu'on veut administrer.
Mme Vermette: J'en prends bonne note, M. le ministre.
Exploitation du massif de
Petite-Rivière-Saint-François
M. Picotte: Merci.
Mme Vermette: Maintenant, la dernière préoccupation
en ce qui concerne le développement du ski, c'est tout ce qui concerne
le développement de Petite-Rivière-Saint-François, le
massif Saint-François. Qu'est-ce qu'il advient de ces études qui
ont été faites en ce qui concerne le massif de
Petite-Rivière-Saint-François et de son développement?
M. Picotte: II y a des études complémentaires qui
nous seront livrées ce mois-ci par la partie française et qui
seront acheminées à mon ministère. Noua allons, dès
que nous prendrons connaissance de ces études complémentaires,
faire une discussion de fond à mon ministère afin de voir les
possibilités d'investissement, si possibilités il y a; voir les
collaborations que nous pourrions espérer dans ce domaine en
particulier. Encore là, c'est une politique que nous annoncerons en
temps et lieu, si jamais il est nécessaire d'annoncer une politique dans
ce sens.
Mme Vermette: Est-ce que vous pourriez me dire si le rapport de
contre-expertise qui devait être déposé en avril a
été déposé tel que prévu selon M. Bertrand
de Pesquidoux, qui était directeur de la société qui
devait faire la contre-expertise?
M. Picotte: Ce sont des études complémentaires qui
doivent nous être acheminées et non pas des expertises. Le rapport
final devrait nous parvenir durant ce mois-ci. Dès que nous aurons le
rapport final et non pas certaines études... Il y a un rapport final qui
doit nous être envoyé. Dès qu'on l'aura, on prendra les
meilleures décisions qui s'imposeront dans le développement de ce
centre.
Mme Vermette: A ce jour, quel est l'état du dossier?
Où en sommes-nous rendus dans son étude? (10 h 15)
M. Picotte: Nous en sommes à recevoir les études et
nous prendrons connaissance de celles-ci dès que nous les aurons toutes
reçues. Par la suite, nous prendrons une décision. Je serais
vraiment mal placé pour vous dire ce qu'il y a dans les études
puisqu'il me reste encore des documents à recevoir. Je peux
difficilement vous livrer un
rapport dont je n'ai pas encore pris connaissance.
Mme Vermette: Comme vous avez sûrement pris connaissance de
ce dossier comme il y a des retombées économiques assez
intéressantes pour le développement de cette région,
j'aimerais savoir si, en tant que ministre du Tourisme et aussi du Loisir, de
ia Chasse et de la Pêche, c'est un projet qui deviendrait
réalisable et serait une des priorités à votre
ministère?
M. Picotte: Tous les développements d'ordre moteur
générant des investissements touristiques et
générant aussi un retour touristique fort important sera toujours
considéré par mon ministère comme un projet prioritaire.
Or, dans ce cas bien précis, vous comprendrez sans doute qu'il s'agit
d'un investissement possible de quelques centaines de millions; à partir
de ce moment, à ce qu'on me dit, il y aura sans doute une
priorité à mon ministère autant que tous les autres
projets qui seront acheminés, mais une priorité sera
accordée à ce volet en particulier.
Mme Vermette: Si je comprends bien, dans un projet comme cela,
vous seriez très favorable et vous seriez prêt à le mettre
de l'avant. Cela deviendrait un des projets où on pourrait mettre tout
ce qu'il faut pour le développer, d'autant plus qu'il correspond
à la philosophie de votre gouvernement puisque toutes les parties sont
intéressées, notamment l'entreprise privée?
M. Picotte: Vous avez bien dit que, en ce qui concerne la
philosophie du Parti libéral, on associe toujours de plus en plus
l'entreprise privée è ce genre de développement. Donc,
compte tenu de la participation que le domaine privé voudra faire,
compte tenu des disponibilités budgétaires que nous avons et
compte tenu du fait que - je vous l'ai démontré tantôt -
quand j'investis 1 $ au niveau touristique ou dans ce volet bien précis,
si cela est susceptible de produire cinq, six, et sept fois sa valeur, vous
comprendrez que tous ces éléments vont être
étudiés très attentivement pour faire en sorte qu'un
développement moteur puisse se réaliser si c'est possible avec
des objectfs à court, à moyen ou à long terme et aussi
avec la participation des différents intervenants du milieu.
Mme Vermette: Cela veut dire que, lorsque vous aurez le
résultat des études, en tant que ministre, parce qu'un ministre a
aussi des volontés à imposer au Conseil des ministres, vous
devriez sûrement prendre tous les moyens nécessaires pour mettre
de l'avant la réalisation de ce projet, si j'ai bien compris?
M. Picotte: Mme la députée, le moindre
détail, même s'il ne s'agit pas d'investissement, ne serait-ce que
corriger une situation discriminatoire, le devoir de tout ministre et du
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, c'est d'en saisir
adéquatement le Conseil des ministres. Or, pour des choses qui ne
demandent pas d'investissement, je le fais. Par devoir, vous comprendrez bien
que, quand il arrivera un projet semblable à celui-là, la
décision sera prise en collégialité et je ferai le
nécessaire et tout ce qui est en mon pouvoir, dans les délais les
plus respectables et raisonnables, pour saisir l'ensemble de mes
collègues de cet important dossier. Je pense que tous les dossiers que
j'apporte au Conseil des ministres sont d'une importance capitale pour le
développement de mon ministère.
Mme Vermette: Ce qu'on peut dire, c'est que vous allez y mettre
tout le poids nécessaire, tout votre poids ministériel pour la
mise en application de ce projet et que, comme on vous connaît - vous
avez l'argumentation très facile - on peut conclure que, finalement, ce
projet est presque fait. On pourra presque le mettre de l'avant.
M. Picotte: Si j'ai besoin d'un poids additionnel, Mme la
députée, je compte vous amener avec moi pour convaincre tous ceux
qui seront à convaincre et je pense que cela ajoutera encore au
dossier.
Mme Vermette: Vous pourriez toujours compter sur moi pour poser
une question en Chambre pour vous aider effectivement.
M. Picotte: Aucun problème! Vous savez que je n'ai
habituellement pas de difficulté à vous répondre et cela
me fait plaisir de vous répondre.
Mme Vermette: Cela va en ce qui concerne la politique du ski. On
peut peut-être continuer aux autres éléments de programme
à l'intérieur du programme 1? Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Avant que vous ne
poursuivez, Mme la députée de Marie-Victorin, j'aimerais faire
remarquer, pour les fins de nos travaux, que Mme la députée de
Marie-Victorin remplace le député de Terrebonne au sein de cette
commission pour l'étude du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche.
Mme la députée...
M. Picotte: M. le Président, est-ce que le bruit qu'on
entend à l'extérieur est consigné au Journal des
débats?
Une voix: Excellente question.
Le Président (M. Saint-Roch): Excellente question. On va
vérifier, M. le ministre.
Mme la députée de Marie-Victorin.
Conseils régionaux du loisir
Mme Vermette: Alors, l'autre élément du programme
1, c'est ce qui concerne les CRL. Dans le cadre des compressions
budgétaires, vous dites que tout le monde doit faire au moins un minimum
de 10 %. Or, quand on regarde dans l'enveloppe budgétaire dévolue
aux CRL, on ne peut que s'en réjouir, en fin de compte, parce que
l'enveloppe budgétaire dans leur cas est, à toutes fins utiles,
identique. Qu'est-ce qui justifie cette décision?
M. Picotte: D'abord, vous remarquerez que le regroupement des CRL
comme tel a été coupé, comme tous les autres organismes,
de 6000 $ au point de départ. Le regroupement figure avec tous les
autres regroupements qui participent justement à cette pyramide
d'organisation dans le loisir. Donc, ils ont eu leur coupure de 6000 $ comme
tous les autres regroupements. Par la suite, en ce qui concerne les CRL comme
tels au niveau régional, nous allons avoir très bientôt une
conférence sectorielle où nous allons discuter de certaines
politiques, et à partir de ce moment-là, nous verrons par la
suite quelle devra être l'intervention du gouvernement.
Mme Vermette: Vous pourriez peut-être m'éclairer,
parce que ce que j'ai pour 1985-1986, crédits projetés, c'est 3
499 200 $ et pour 1986-1987, c'est 3 489 000 $. Est-ce que les chiffres ne sont
plus les mêmes? Est-ce qu'ils ont changé en cours de route ou...
Parce que là, je...
M. Picotte: C'est cela que je viens de vous expliquer.
Mme Vermette; Non, non, mais cela ne fait pas 6 %, M. le
ministre, cela fait 1 %.
M. Picotte: Je vous ai parlé de 6000 $.
Mme Vermette: Ah! J'ai compris 6 %, comme tous les autres.
M. Picotte: Si vous soustrayez 3 489 000 $ de 3 495 200 $, cela
fait 6200 $. Je vous ai parlé de 6000 $, comme tous les autres qui ont
eu une compression de 6000 $.
Mme Vermette: En fait cela ne représente pas 6 %.
C'était seulement cela finalement, parce qu'on peut jouer avec les
chiffres en termes de valeur ou en termes de pourcentage. Comme vous m'avez dit
qu'il fallait comparer des choux avec des choux et des pommes avec des pommes,
on doit comparer cela comme ça. C'est pour cela que je vous disais: En
termes de pourcentage, ce n'est pas tout à fait la même
représentation.
M. Picotte: Oui, et je répète la réponse que
je vous ai donnée tantôt, pendant que vous étiez en train
de consulter un recherchiste: nous aurons une conférence sectorielle
à laquelle les CRL sont conviés et nous allons discuter justement
de ce développement au niveau régional. Nous prendrons de
meilleures décisions par la suite en ce qui concerne l'orientation des
budgets comme tels.
Mme Vermette: Est-ce que cela veut dire que vous pourriez
prévoir des coupures en cours d'exercice?
M. Picotte: Non, cela ne veut pas nécessairement dire
cela, mais cela peut vouloir dire modifier certaines orientations, toujours
à l'intérieur de l'enveloppe budgétaire qui sera
dévalue.
Mme Vermette: Actuellement, on ne peut pas savoir quelles
seraient vos orientations qui pourraient éventuellement apporter des
coupures.
M. Picotte: Les orientations vont être prises lors d'une
discussion que nous allons avoir, à une conférence sectorielle
durant le mois de mai, avec les CRL.
Mme Vermette: On peut changer d'élément de
programme, d'accord? En ce qui concerne le RONLQ, c'est un sujet dont on a
beaucoup discuté et dont on a beaucoup parlé, en fin de compte,
et qui est rattaché directement à la concertation. Ce qui
m'étonne, c'est que dans certains cas, la concertation devient
très importante et, dans d'autres cas, on leur impose des mineures
simples et, s'ils parlent un peu plus, des mineures doubles. Je m'explique mal,
en fin de compte, une telle attitude. Peut-être pourriez-vous
m'éclairer davantage là-dessus parce que ce sont aussi des
conférences sectorielles sur le loisir et cela aussi, ce sont des
conférences nationales pour l'automne? Donc, si finalement, la
concertation est plus ou moins nécessaire, comment va-t-on arriver, cet
automne, à pouvoir établir les consensus qui sont établis
au niveau des conférences sectorielles actuellement?
M. Picotte: Votre question étant la même que celle
de la semaine dernière, vous comprendrez sans doute que je vais vous
expliquer à nouveau ceci! Le ministère est favorable à la
concertation. Nous allons
continuer de l'être. La seule chose que nous disons, c'est que
nous ne payons plus la concertation. Il y a des organismes qui vivent sous un
même toit pour lesquels le gouvernement paie la location. Il y a des
organismes pour lesquels le gouvernement donne une enveloppe budgétaire
de 56 000 $ pour l'embauche de personnes qui travaillent à
l'intérieur de ces organismes et fédérations. Ils vivent
sous un même toit; ils ont un tas de services qui sont encore
défrayés par l'État, que ce soit photocopies ou autres.
Nous disons à ces gens-là que nous ne paierons plus les 400 000 $
qu'on défrayait pour la concertation. Vous êtes sous un même
toit, vous avez toutes ces possibilités, vous avez des services; vous
avez même une enveloppe budgétaire justement pour avoir le
personnel voulu. Alors concertez-vous maintenant. Nous sommes d'accord avec la
concertation, mais nous ne la payons plus.
Mme Vermette: En fin de compte, cela me laisse toujours avec mes
interrogations. Dans ce cas-ci, cela a été une décision
presque unilatérale sans vraiment de discussions ou de dialogue avec les
gens concernés. Alors que partout ailleurs, justement, c'est ce que vous
n'arrêtez pas de discourir à savoir qu'il est important de prendre
des décisions à la suite de dialogues et d'échanges
d'idées avec les principales personnes concernées. Il y aurait
peut-être eu des éléments de solution qui auraient pu
justement survenir au cours de ces dialogues et qui n'auraient pas
été nécessairement les coupures dans le sens où
vous les avez faites.
M. Picotte: Vous voulez savoir pourquoi j'ai pris cette
décision; je vais vous l'expliquer de long en large. J'aurais pu, comme
ministre - et cela aurait été une décision encore beaucoup
trop politique à mon avis - prendre une décision qui aurait pu
favoriser le ministre en place. Si j'avais dit au Regroupement loisir
Québec: Vous devez me fournir une compression budgétaire de X
milliers de dollars, je suis convaincu et persuadé que je retardais le
développement du loisir au Québec pour une raison bien simple. Il
y a 98 fédérations; voyez-vous le Regroupement loisir
Québec aller faire la discussion avec toutes les
fédérations pour demander où on devrait couper? Est-ce
dans la concertation? Est-ce dans les services? Est-ce justement dans le
soutien qu'on accorde à certaines fédérations? Cela aurait
été une discussion d'un an, un an et demi, peut-être deux
ans, une chicane épouvantable à l'intérieur des
fédérations et, durant ce temps, le ministre aurait pu se frotter
les mains en disant: les gens se chicanent, chicanez-vous! Et quand vous aurez
fini de vous chicaner, on reviendra, on parlera d'affaires. J'ai
décidé de procéder autrement.
Au lieu d'aller foutre le diable à l'intérieur d'un
regroupement, j'ai dit: Je ne paie plus la concertation. Pour aller plus loin,
si des informations vous étaient disponibles ou si ceux qui vous
informent vous donnaient tous les détails de ce qui s'est produit dans
ce dossier, les gens auraient pu vous dire ou ajouter ceci dans vos
informations: J'ai dit au Regroupement loisir Québec qui est venu
discuter de ma décision: Je vais faire une chose avec vous. Allez faire
la discussion au niveau de chacune des fédérations. Allez
chercher l'unanimité à savoir que je devrais couper ailleurs
plutôt que là. Si vous pouvez m'apporter l'unanimité des
fédérations à dire: Oui, M. le ministre, vous devriez
couper dans les services au lieu de couper dans la concertation, je suis
prêt à changer ma façon de procéder. J'ai dit:
Donnez-moi cela avant le 31 mars pour que je sois capable de me guider à
l'intérieur de mes budgets. Ce que je vous disais est tellement vrai que
si j'avais demandé au RLQ de faire cette discussion, les gens se
seraient chicanés. Ils n'ont même pas été capables
de répondre favorablement è la seule demande que je leur ai faite
d'aller chercher un télégramme de chacune des
fédérations pour dire: M. le ministre, vous ne devriez pas couper
dans la concertation. Vous devriez couper dans les services. Ou vous ne devriez
pas couper dans les services, vous devriez couper dans le personnel. J'ai
offert cela au RLQ, je n'ai eu aucune réponse. Il n'a pas
été capable d'obtenir l'unanimité et, maintenant, le RLQ
peut continuer de travailler et de procéder en disant toujours à
ses fédérations: Le ministre a imposé telle compression
budgétaire, on n'a pas le choix, il faut fonctionner là-dedans au
lieu d'aller faire une discussion d'un an, se chicaner et faire en sorte que la
boîte puisse éclater à un moment ou à un autre. Il
me semble que j'ai agi dans les meilleurs intérêts du loisir. Si
ce n'est pas là votre opinion, de toute façon, je peux vous dire
qu'en ce qui me concerne j'ai pris les meilleures décisions que les
circonstances m'obligeaient à prendre. (10 h 30)
Mme Vermette: Je suis en train de constater que vous avez un
très gros défi à relever, M, le ministre, celui d'arriver
à travailler en concertation avec les gens. J'ai l'impression que vous
aurez affaire à ce genre de préoccupation et de souci
problématique régulièrement dans le domaine du loisir,
notamment, parce que le domaine du loisir, c'est une infinité de petits
moteurs qui doivent travailler ensemble à la promotion du loisir dans
quelque domaine que ce soit.
M. Picotte: Mme la députée, le plus gros des
défis que nous avions à relever en prenant le pouvoir,
c'était celui de l'assainissement des finances publiques, de
corriger les choses qui n'avaient pas été prises trop au
sérieux antérieurement. À partir de ce moment, voua
comprendrez bien que nous allons réussir à relever ce
défi. Les autres défis, même s'ils sont de moindre
importance, vont trouver sans doute possibilité de règlement,
compte tenu de l'ampleur du premier défi que nous avions à
relever en prenant le pouvoir.
Mme Vermette: Mais j'espère que vous allez établir
les règles de la concertation pas toujours en imposant des punitions, M.
le ministre, parce que cela fait un peu peur.
M. Picotte: Si vous avez peur, vous êtes libre de marcher
avec la peur. Tout ce que je peux vous dire, je l'ai expliqué à
votre collègue de Joliette l'autre fois; d'ailleurs, il l'a très
bien compris. Si vous aviez une discussion privée avec lui, il pourrait
vous donner certaines explications additionnelles. Je continue toujours de
financer les conférences sectorielles qui ont lieu et qui sont
effectivement de la concertation même si, à certains
égards, la RLQ a tenté d'écarter, selon les renseignements
que l'on m'a donnés, certains organismes de ces conférences
sectorielles. Même si la RLQ a essayé de faire cela, je n'ai pas
voulu le faire, j'ai voulu continuer les conférences sectorielles. Je
défraie à même les deniers de mon ministère cette
concertation. C'est hors de tout doute - je l'ai expliqué au
député de Joliette qui l'a très bien compris l'autre fois
- qu'en ce qui concerne la concertation à l'intérieur de la
bâtisse, au moment où cela me coûte 4 100 000 $ pour tout
cet organisme, ils devraient être capables de se concerter. S'ils n'en
sont pas capables, on pourra s'organiser pour s'asseoir avec eux et leur donner
certains moyens qui feront en sorte qu'ils pourront prendre les orientations
dans le sens d'une concertation qui ne soit pas dispendieuse, ou moins
dispendieuse.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 1,
"Soutien aux municipalités et aux organismes de loisir",
éléments 1, 2 et 3, est adopté?
Mme Vermette: II n'y a pas de programme 2?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, le programme 1,
éléments 1, 2 et 3.
Mme Vermette: Oui.
Promotion du loisir socioculturel
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Nous allons
maintenant procéder à l'étude du programme 2, "Promotion
du loisir socioculturel."
Mme la députée de Marie-Victorin.
Loisir socio-éducatif jeunesse
Mme Vermette: Oui. M. le ministre, en ce qui concerne le loisir
socioculturel, le loisir socio-éducatif, lorsque l'on regarde la
ventilation, les organismes de loisir socioéducatif et le programme de
loisir assisté ne subissent pas de coupures, ou presque. Par contre,
quand on arrive au loisir socio-éducatif jeunesse, comme le chantier des
jeunes bénévoles, on retrouve une coupure de 16,5 %. Est-ce que
je pourrais savoir les raisons qui motivent une telle baisse dans ce domaine,
d'autant plus que les jeunes, c'est un souci assez important actuellement?
M. Picotte: Oui, madame, nous avons tenu à conserver ce
programme bien précis, évidemment avec une compression de 80 000
$, si ma mémoire est bonne, de 480 000 $ à 400 000 $. Vous
comprendrez, et le nom le dit, que ce sont des jeunes qui agissent
bénévolement. Nous sommes à évaluer chez nous, au
gouvernement, des programmes à être mis sur pied dans le courant
de l'année pour créer des jobs permanents pour les jeunes. C'est
en fonction de ces programmes, en attendant que le gouvernement annonce sa
politique générale en cours d'année, que nous avons
gardé et conservé certains programmes en y ajoutant des
compressions budgétaires qui nous semblaient utiles actuellement
à ce niveau-là.
Mme Vermette: Pouvez-vous me dire où vont aller ces sommes
d'argent en attendant? Elles ne sont pas dans vos projections, elles seront
donc utilisées pour d'autres ministères?
M. Picotte: On me dit qu'elles sont consolidées au niveau
des compressions de 80 000 $.
Mme Vermette: De quel ordre seront vos politiques en ce qui
concerne la création d'emplois? Et dans quel domaine justement les
jeunes peuvent-ils avoir la certitude d'avoir des emplois? Cela aussi va
dépendre des consensus qui pourront être établis par la
concertation avec le monde patronal.
M. Picotte: Je vais vous dire, madame, ce que j'ai dit
tantôt et ce que je dis depuis le début, d'ailleurs. Le
gouvernement a un comité qui est en train d'étudier la
possibilité d'offrir des programmes à la jeunesse dans le but de
la création d'emplois permanents. Vous me demandez dans quel sens cela
va aller. Nous sommes en pleine discussion au niveau sectoriel, au niveau
des
ministres, au niveau du gouvernement comme tel au sein d'un
comité. Je pourrai vous donner - si ce n'est pas moi ce sera l'un de mes
collègues - les fruits justement de cette discussion lorsqu'elle
arrivera à terme et que nous lancerons une politique.
Si j'avais demandé à l'ancien gouvernement, au
gouvernement précédent, de me dire quelques mois avant qu'il
n'accouche de sa politique sur ce qu'on appelle le montant d'argent que vous
avez mis en cours d'année au point de vue économique, le volet de
la relance économique, même si j'avais demandé, dis-je,
à l'ancien premier ministre ou aux autres ministres deux mois avant que
vous n'annonciez cette politique: Dites-moi donc quelle va être votre
politique! personne ne m'aurait répondu. On était en train de
faire l'exercice de concertation voulu pour établir des bases, des
critères qui nous permettent de lancer une politique. Donc, c'est la
même chose. En temps et lieu, vous serez informés. S'il y a
nécessité de vous consulter, en temps et lieu, on vous
consultera.
Mme Vermette: En fait, on avait commencé à
déblayer et à ouvrir la voie dans ce sens-là. Il vous
reste simplement à consolider, comme vous m'avez bien dit tantôt,
pour les sommes d'argent qui sont aussi au fonds consolidé
actuellement.
M. Picotte: C'est pour cela...
Mme Vermette: Avant que les études n'arrivent; on risque
au moins un an, alors plutôt que de laisser ces sommes d'argent au fonds
consolidé, pourquoi ne pas les utiliser pour les jeunes alors qu'il y a
un problème d'une acuité très grande quand on
connaît tous les dommages qui se passent chez la jeunesse
présentement?
M. Picotte: Nous allons, madame, continuer certains programmes.
Je vous ai dit que ce programme va continuer pour une valeur de 400 000 $. Je
vous ai dit l'autre jour que le programme Jeunes volontaires est reconduit, que
nous allons continuer... On continue certains programmes qui étaient
déjà en place dans le but d'en arriver justement à une
politique plus globale, à une politique différente de celle qui
existait avant. Donc, nous avons maintenu certains programmes. Nous allons
continuer de les administrer jusqu'à ce qu'on ait trouvé des
programmes qui, à notre avis, nous sembleront beaucoup plus profitables
pour toute la jeunesse du Québec. C'est ce que nous continuons de
faire.
Mme Vermette: J'ai rencontré plusieurs groupes de jeunes
en fin de semaine. Vous m'avez dit que cela fait du bien de consulter les gens
de la base, et refléter les préoccupations des gens de la base,
c'est l'un de vos soucis à vous aussi. La préoccupation de la
plupart de ces jeunes qui participent à ces programmes n'est pas que les
décisions soient toujours prises par le ministère ou par le
gouvernement en tant que tel, mais plutôt la consultation. Ils ne savent
pas quand et comment ils seront consultés, d'une part, et, d'autre part,
ce sont des initiatives du milieu.
M. Picotte: Vous avez terminé votre question?
Mme Vermette: Oui, parce que je disais que cela relève des
initiatives du milieu qui répondent, qui correspondent directement aux
besoins des jeunes, et ce sont eux qui se prennent en main. C'est un volet que
l'on a beaucoup revalorisé, se prendre en main, et je pense que ce sont
des initiatives qu'il faudrait justement encourager.
M. Picotte: Le Parti libéral du Québec, comme vous
le savez, s'est engagé à participer au Conseil de la jeunesse
à des fins de discussions. Alors, vous me demandez de quelle
façon on va discuter avec les gens. On va se concerter pour
établir des projets. Tout cela va être fait à
l'intérieur du mandat qui est fourni aux différents organismes
qui doivent parler de cela. Moi, je parle régulièrement, j'ai
parlé aux Jeunes volontaires. Je parle régulièrement
à des groupes de jeunes moi aussi pour connaître leurs
impressions, leurs idées, de quelle façon ils voudraient que le
gouvernement performe dans le domaine économique, entre autres, et,
chaque fois que je rencontre des jeunes, que cela soit au niveau de mon
comté ou au niveau du Québec, les jeunes nous disent toujours:
Essayez donc, une fois pour toutes, de faire différemment des autres
gouvernements, de nous créer des emplois permanents et non des
programmes bidons. C'est ce que les jeunes nous disent et c'est l'exercice que
nous sommes en train de faire. Maintenant, si vous croyez que le gouvernement,
après quatre mois d'existence, peut réparer tout ce qui s'est
fait en neuf ans passés dans ces programmes-là, ou qu'on peut
changer en quatre mois ce que le gouvernement n'a pas réussi à
faire durant neuf ans, alors, madame, c'est vraiment nous faire honneur que de
penser que l'on va être drôlement plus rapide que vous autres.
Mme Vermette: Sans vouloir trop vous faire honneur, M. le
ministre, moi, la préoccupation que j'ai sentie chez les jeunes...
Effectivement, il y a certains endroits où ce sont des emplois
permanents, mais il y a tout le volet des jeunes de moins de 18 ans qui sont
laissés sur le carreau et pour compte. Ceux-là, on ne s'en
préoccupe pas et on n'a aucun projet pour eux. Alors,
cela devient un de vos soucis, parce que cela touche à la
qualité de la vie. Qu'allez-vous faire dans ce domaine?
M. Picotte: Vous me donnez justement le mauvais exemple, Mme la
députée, vous auriez vu choisir un autre exempte. Quant au
programme Jeunes volontaires, il est accessible aux jeunes de 16 et 17 ans.
Alors, je pense que vous pourriez me faire cette remarque si,
évidemment, mon programme s'adressait uniquement aux 18 ans et plus,
mais vous me dites que vous avez une préoccupation pour les 16 et 17
ans. Vous devriez féliciter le ministre d'avoir accepté que, dans
sa programmation, concernant Jeunes volontaires, il donne accès aux
jeunes de 16 et 17 ans. Donc, cela comble une partie de votre
préoccupation.
Mme Vermette: En fait, ce qui est important en ce qui concerne
les jeunes, c'est qu'ils soient écoutés et entendus. Les jeunes
n'ont pas toujours manifesté la volonté de se faire prendre en
main, mais de pouvoir, justement, avoir une participation à
l'orientation de leur devenir. Cela, à mon avis, est très
important et cela fait partie de leurs préoccupations. Ce que l'on me
dit très souvent, c'est qu'ils ont tout ce qu'il faut pour se prendre en
main, mais très souvent on ne les écoute pas, on ne leur laisse
pas de place.
M. Picotte: Dans...
Mme Vermette: Qu'allez-vous faire dans un tel contexte pour
justement leur permettre d'être écoutés et entendus?
M. Picotte: Madame, vous avez entièrement raison. Pour une
fois, on va être sur la même longueur d'onde. Compte tenu des
expériences passées avec les jeunes, nous avons
décidé, justement, de les écouter et d'essayer
d'établir une politique qui leur soit vraiment favorable. Comptez sur
nous pour tenir compte de tout ce qui s'est passé
antérieurement.
Mme Vermette: Au-delà du...
M. Picotte: On a eu suffisamment d'exemples qui nous ont...
Mme Vermette: Au-delà du discours, M. le ministre, est-ce
que l'on peut savoir quand vous allez réellement avoir des effets
concrets pour les jeunes et votre politique -parce que vous la connaissez assez
bien, il me semble - alors, quand allez-vous la mettre en application au profit
des jeunes?
M. Picotte: Je pourrais vous l'écrire, madame, mais je
vais vous le redire pour la quatrième fois: quand cette politique sera
prête, le Parti libéral, le gouvernement au pouvoir, va
l'annoncer. Elle est en discussion présentement et, quand elle sera
prête, puisque vous me demandez quand, quand elle sera prête, le
choix du gouvernement, c'est de l'annoncer de la façon dont il veut
l'annoncer, de la façon dont il choisira de l'annoncer, en collaboration
avec ceux avec qui le gouvernement choisira de l'annoncer. Nous sommes en train
de l'étudier et je vous disais tantôt que, dans les quatre
premiers mois du mandat, on a déjà des démarches de
faites, des discussions de faites là-dessus. Ne reprochez pas au
gouvernement actuel de ne pas avoir annoncé une politique concernant les
jeunes après quatre mois d'exercice de pouvoir, politique que vous
n'avez jamais eu le courage de nous annoncer en neuf ans de pouvoir. (10 h45)
Mme Vermette: Je pense qu'il y a des efforts qui avaient
été faits en ce qui concerne les jeunes. Actuellement, il y a
beaucoup de coupures. Tout ce qu'on dit aux jeunes, c'est: Apprenez à
vous débrouiller et à devenir autonomes. Je me dis que c'est
peut-être une façon de voir la politique pour les jeunes en
développant l'autonomie quand cela fait notre affaire, et, quand cela ne
fait pas notre affaire, on a un autre genre de discours. Ma
préoccupation n'est pas celle-ci. C'est de savoir exactement quand. Vous
m'avez dit: Quand ce sera le moment opportun, on l'annoncera. Est-ce qu'on va
sentir chez vous que ce sera une de vos préoccupations? Comment
allez-vous vous y prendre pour que cela devienne un élément
important, à l'intérieur de votre ministère, que de faire
la promotion de ces différents organismes qui favorisent les jeunes dans
leur développement, autant créateur, initiateur, éducatif
que scientifique.
M. Picotte: Nous sommes en train de faire cette discussion avec
d'autres collègues, autant en ce qui concerne la politique de la
jeunesse au sein de mon ministère que dans les autres ministères.
Nous allons, tout simplement, vous l'annoncer en temps et lieu. Je ne suis pas
inquiet, connaissant votre préoccupation, même si le programme est
satisfaisant, même si le programme est bien accueilli par tout le monde,
vous allez toujours avoir la possibilité de le critiquer comme d'autres
de vos collègues l'ont fait dans d'autres domaines. À partir de
ce moment-là, attendez le moment opportun. Vous savez, si le
gouvernement, en cours d'année, ne prenait qu'une seule année
pour établir des programmes d'emplois permanents pour la jeunesse, je
vous l'ai dit et je vous le répète, ce serait déjà
cent fois meilleur que tout ce qui a été fait à ce jour.
Prenez votre mal en patience, attendez, on vous fera ces annonces en temps
opportun.
Mme Vermette: Donc, on peut dire que, les promesses
électorales et la réalité, ce sont deux mondes.
M. Picotte: Ce sont deux mondes, dans le sens suivant. Autant
votre ex-chef - ou un de vos chefs éventuels qui peut revenir encore -
s'était engagé personnellement, à un moment donné,
sans l'ombre d'un doute, à changer la carte électorale du
Québec, on a encore, après neuf ans de pouvoir péquiste,
à changer cela. C'étaient des engagements électoraux du
gouvernement qui n'ont pas été tenus. Après quatre ans et
trois quarts de pouvoir, puisque maintenant c'est une tradition, au
Québec, d'aller à cinq, vous pourrez nous dire: Vous n'avez pas,
effectivement, rempli certaines promesses. Je compte sur l'Opposition pour
qu'elle puisse véhiculer cela. Comptez sur moi pour expliquer les
décisions de mon ministère et de mon gouvernement.
Mme Vermette: Juste une chose, M. le ministre, avant de terminer
et de passer la parole à mon collègue, tantôt, si j'ai bien
compris, vous m'avez dit que les chantiers des jeunes bénévoles,
ce sera quelque chose qui va continuer, qui va demeurer et qui permettra une
plus grande accessibilité aux jeunes.
M. Picotte: J'ai dit que, pour l'instant, ce programme continuait
dans la même veine, avec une réduction budgétaire de 80 000
$.
Mme Vermette: En fait, c'est une diminution, en pourcentage.
C'est toujours plus visuel qu'en dollars, comme vous l'exprimez. On pourrait
peut-être l'exprimer à 16,5 % de diminution. Donc, cela fait un
tiers du budget; c'est assez considérable, ne trouvez-vous pas?
M. Picotte: Au lieu de faire 26 chantiers, Mme la
députée, cette année, vous allons en faire 22, ce qui fait
quatre chantiers de moins. Compte tenu de la dette qui nous a été
laissée quand on a pris le pouvoir, c'est une bien minime
compression.
Mme Vermette: Je trouve très facile, M. le ministre, de
toujours avoir un tel argument alors qu'on sait que les jeunes vivent un
problème. C'est faire beaucoup de démagogie sur le dos des
jeunes. N'auriez-vous pas des solutions beaucoup plus concrètes à
donner aux jeunes plutôt que de faire de la politicaillerie quand on
arrive à des choses sérieuses? À mon avis, faire la
ventilation des crédits, je prends cela d'une façon assez
sérieuse. La situation des jeunes, actuellement, au Québec, quant
à moi, c'est un problème sérieux.
M. Picotte: Mme la députée, si vous avez des temps
libres - vous devriez en avoir dans l'Opposition - vous devriez relire tout ce
qui s'est dit de 1976 à 1985 par le gouvernement
précédent, et vous allez vous rendre compte que, même en
1984, certaines décisions que votre gouvernement avait à prendre
relevaient toujours de la faute du précédent gouvernement qui
datait de huit ans antérieurement et, quand cela ne relevait pas de ce
gouvernement, cela relevait d'une commission scolaire, d'un conseiller
municipal, d'un maire et, souventefois, du fédéral. Alors,
à cet égard, si vous avez des exemples à donner et si vous
voulez, justement, un modèle parfait, n'allez pas choisir
celui-là. Prenez le temps de tout lire cela. Vou3 allez être
heureuse si vous passez à travers sans vous endormir.
Mme Vermette: Je ne cherche pas à faire de modèle
parfait, tout ce que j'essaie de faire, actuellement, c'est d'être
à l'heure juste à l'heure actuelle. Je ne regarde pas toujours en
arrière. Je pense que ce qui est important c'est de se projeter en
avant. Moi, vous me l'avez assez dit, je suis tout à fait récente
dans le gouvernement. Je représente les intérêts des gens
qui m'ont élue dans mon comté et c'est cela, ici, que j'entends
faire et non pas les politiques antérieures, tout ce qui a
été fait. C'est l'avenir, quant à moi, qui compte et ma
préoccupation c'est justement comment on va développer l'avenir.
Quant à moi, c'est une préoccupation qui devrait être aussi
constante chez vous que chez nous. Alors, est-ce qu'on peut se mettre à
l'heure juste, s'il vous plaît, et travailler directement à nos
crédits?
M. Picotte: Oui. Je vous conseille, madame, de laisser au temps
le temps de faire son temps et vous aurez le temps juste au moment où
nous annoncerons ces poiitiques-ià. Vous aurez l'heure juste aussi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: C'est bien sûr qu'on aura l'heure juste dans
un an, comme le ministre le dit, mais pendant ia campagne électorale et
bien avant, tout le discours qui a été développé
par le ministre, ses collègues et son chef, c'était que les
solutions pour les jeunes, ils les avaient. Là, il nous dit: Attendons
un an pour voir. Les jeunes, c'est actuellement qu'ils sont en
difficulté, ce n'est pas dans un an.
M. Picotte: M. le député, vous devriez le savoir,
vous devez participer aux congrès de votre parti, il y a eu des jeunes
qui ont été obligés d'aller se déshabiller devant
votre propre parti pour vous faire comprendre que la jeunesse vivait depuis
sept, huit ans des
problèmes de jeunesse. Ils ont été obligés
de faire cela chez vous et vous nous demandez en quatre mois d'avoir
réagi sur tout le laxisme, sur tout ce que vous avez laissé
pourrir comme situation. Bien, écoutez...
M. Desbiens: Vous deviez avoir les solutions, M. le ministre. Ce
que la députée vous demande, c'est de donner des
orientations.
M. Picotte: Vous allez les avoir les solutions et beaucoup plus
rapidement que quand vous étiez là.
M. Desbiens: Au moins de donner les orientations parce que vous
les aviez toutes les solutions.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Dubuc.
M. Picotte: Vous allez avoir les solutions et beaucoup plus
rapidement que quand vous étiez là.
M. Desbiens: Cela a pris plus de quatre mois, comme vous dites.
Cela a pris des années, pour nous autres, avant qu'ils viennent faire
des manifestations. On en a eu, ici, encore la semaine dernière. Vous en
avez eu des manifestations de jeunes, déjà après quatre
mois et demi, alors, ne venez pas faire des comparaisons, ce n'est pas à
votre avantage.
M. Picotte: Allez-y et examiner vos propres politiques et vous
allez vous apercevoir que vous avez été, justement, la cause
principale des problèmes de la jeunesse au Québec.
M. Desbiens: Elles ne sont pas si mal puisque vous les
reconduisez toutes. Vous venez de dire que vous reconduisez tous les programmes
de votre ministère. Vous avez dit tantôt que c'étaient des
programmes qui étaient valables et le programme Jeunes volontaires vous
le reconduisez également.
M. Picotte: Je vous le répète, ce sont des
programmes que nous maintenons en attendant de décider et d'avoir une
orientation bien précise pour créer des emplois permanents pour
la jeunesse. Si j'avais décidé...
M. Desbiens: En attendant, comme vous dites, mot je...
M. Picotte: Laissez-moi terminer parce qu'il est bien important
que vous compreniez. Vous avez un peu plus d'expérience que votre
collègue, vous devriez comprendre un petit peu plus rapidement, compte
tenu, justement, de ce qui s'est fait par le passé et qu'elle n'a pas eu
à évaluer parce qu'elle n'était pas présente, ici,
à l'Assemblée nationale. Je vous dirai tout simplement que si
nous n'avions pas reconduit certains programmes en attendant de prendre une
décision et d'établir une politique bien précise, vous me
diriez, aujourd'hui: Pourquoi, en attendant d'avoir cette politique
précise, n'avez-vous pas maintenu certains programmes pour au moins
permettre à la jeunesse de continuer de souffler? Et c'est exactement ce
que j'ai fait.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: En fin de compte, moi, tout ce que je peux savoir,
c'est qu'on aura une jeunesse laissée sur le carreau, qu'on n'est pas
intéressé tout à fait à s'en préoccuper et
qu'on prendra des décisions ultérieurement.
M. le ministre, je suis un petit peu déçue parce que vous
étiez presque en train de me convaincre que vous aviez une telle
préoccupation en ce qui concerne le développement et l'essor du
tourisme que quand je vous vois avec des propos aussi démagogues, vous
me surprenez beaucoup...
M. Picotte: Ne pleurez pas! Ne pleurez pas!
Mme Vermette: Je pensais que tout votre intérêt
était centré et concentré sur l'essor et la promotion
à quelque niveau que ce soit dans le domaine des différents
éléments du loisir.
On pourrait peut-être continuer, en ce qui concerne,
maintenant...
M. Picotte: M. le Président, j'aimerais apporter un
commentaire à la suite de ce qui vient d'être dit. De grâce,
madame, ne pleurez pas non plus, n'allez pas faire ce show à la
commission parlementaire. Prenez le temps de voir jusqu'à quel point il
y aura des politiques qui seront amenées par le gouvernement au pouvoir
et, par la suite, vous prendrez le temps de les évaluer.
Compte tenu de ce qui s'est fait dans le passé, je dois vous dire
que, s'il avait fallu pleurer sur le sort de la jeunesse, il aurait fallu
pleurer durant votre temps. Le chômage chez les jeunes a plus que
doublé sous le gouvernement précédent. Cela ne s'est pas
fait au moment où l'on se parle, cela s'est fait auparavant. S'il y
avait eu vraiment des alarmes à sonner, il aurait fallu que vous soyez
tellement active au niveau de votre propre parti pour tâcher de sonner
cette alarme-là pour ne pas que ceux qui ont pris votre place soient
pris avec une situation alarmante déjà, situation alarmante qui a
été créée par l'ancien gouvernement. C'est aussi
simple que cela.
Mme Vermette: M. le ministre, plus vous parlez, plus vous
confirmez, en fin de compte... Vous ne m'en arrachez pas les larmes, au
contraire, mais plus vous parlez, plus vous confirmez le fait, en ce qui me
concerne, que je n'aurai jamais de réponse exacte, mais que j'aurai
beaucoup de démagogie.
Vous me voyez vraiment désolée. Je ne croyais pas
que...
M. Picotte: Mon passage dans l'Opposition durant neuf ans m'a
appris au moins du gouvernement au pouvoir que de la démagogie, cela
existait au Québec.
Loisir culturel
Mme Vermette: Alors, vous êtes un de ses promoteurs.
Merci.
Maintenant, est-ce qu'on peut passer, s'il vous plaît, à
l'aide au développement des groupes de loisir culturel? En fin de
compte, je vois qu'il y a une diminution de 24.4 %. Pourquoi les groupes
culturels ont-ils une diminution à la ventilation aussi grande que 24.4
%? En fait, c'est tout ce qui touche les théâtres amateurs chez
les personnes âgées ou des trucs, un petit peu, qui favorisent les
gens de la base - les jeunes aussi - qui s'organisent entre eux, pour essayer
justement de promouvoir un peu leurs talents culturels?
M. Picotte: II y a effectivement à ce niveau-là une
coupure de 150 000 $. Nous avons réalisé, ma collègue la
ministre des Affaires culturelles et moi-même, que souventefois certains
programmes de son ministère et de mon ministère venaient se
recouper. Nous avons maintenant décidé d'agir en concertation.
Nous discutons ensemble de certains valets. Il y a certains organismes dont
vous avez fait mention tantôt qui pourront bénéficier de
certains programmes de mon ministère et les mêmes organismes qui,
antérieurement, bénéficiaient de programmes semblables au
ministère des Affaires culturelles. Il y aura maintenant une
concertation à ce niveau pour faire en sorte que ces programmes
produisent exactement l'effet qu'ils doivent produire et à
l'intérieur de ce que nous avons choisi. C'est un choix d'exercer des
compressions budgétaires de l'ordre de 150 000 $ dans ce
domaine-là.
Mme Vermette: Est-ce que ce sont des compressions ou si c'est un
transfert? Comment interprétez-vous cela exactement, M. le ministre?
M. Picotte: Au niveau de mon ministère ce sont des
compressions budgétaires. C'est exactement ce que je viens de vous dire,
il y a trois phrases.
Mme Vermette: C'est parce que vous continuiez à parler des
relations que vous aviez avec Mme la ministre des Affaires culturelles; alors,
je me demandais quelles étaient les ententes faites entre votre
ministère et le sien.
M. Picotte: Nous les évaluons programme par programme,
demande par demande. Si vous voulez avoir des détails additionnels ou si
vous aviez voulu avoir des détails additionnels en ce qui concerne les
programmes de ma collègue au ministère des Affaires culturelles,
il aurait fallu lui demander lors de l'étude de ses crédits;
sinon, lui poser une question à l'Assemblée nationale parce qu'il
est loisible à chaque député, autant de l'Opposition que
du pouvoir et beaucoup plus du côté du pouvoir, puisqu'ils ont de
plus nombreuses questions... Vous pouvez toujours poser la question à ma
collègue si vous voulez avoir des renseignements concernant ses
programmes.
Mme Vermette: En fait, M. le ministre, si vous n'aviez pas
soulevé le fait que vous étiez en discussion avec Mme la ministre
des Affaires culturelles, je serais restée avec mes interrogations.
Étant, vous, le titulaire du ministère du Loisir, de ta Chasse et
de la Pêche, je m'adresse directement à vous parce que vous
êtes beaucoup plus concerné que Mme Bacon.
M. Picotte: Nous prévoyons subventionner au moins, dans
ces deux volets-là, une centaine de projets pour l'année
1986-1987. Une centaine de groupes seront subventionnés en ce qui
concerne le loisir culturel pour permettre à leurs membres d'en arriver
à une plus grande maîtrise dans la pratique d'une discipline
culturelle. (11 heures)
Mme Vermette: Est-ce que vous pouvez me dire ceci? Cela
représente des coupures de combien de programmes qui ne seront pas
reconduits cette année, et de combien de projets qui ne seront pas
reconduits cette année?
M. Picotte: On me dit que l'an passé, il y avait 157
projets d'acceptés; cette année nous en prévoyons 100. Et
en ce qui concerne le volet des manifestations disciplinaires, l'an
passé il y avait eu 104 projets d'acceptés; il y aurait
possibilité cette année d'en avoir 80.
Mme Vermette: Cela veut dire qu'on risque d'avoir certaines
personnes âgées retourner sur leur chaise berçante avec des
coupures de cet ordre-là?
M. Picotte: Cela ne touche pas uniquement les personnes
âgées. On risque de voir
une foule de choses, mais comme je vous disais tantôt nous avons
décidé, nous, de prioriser certains volets aux dépends
d'autres. C'est notre choix, et nous allons continuer d'assumer les
responsabilités qui sont les nôtres, compte tenu de la caisse qui
nous a été laissée par l'administration
précédente et des comptes à payer qu'on doit régler
en cours d'année.
Mme Vermette: Effectivement, mais au-delà de certaines
considérations qui reviennent à répétition, je
voudrais savoir si vous avez prévu des modalités en ce qui
concerne le partage entre les régions et justement, au niveau
régional et au niveau national, en ce qui concerne ces
montants-là.
M. Picotte: Les règles qui s'appliquaient l'an
passé vont s'appliquer intégralement cette année.
Loisir scientifique
Mme Vermette: Merci. Cela va, on peut continuer. En ce qui
concerne le loisir scientifique, en fin de compte il y a une baisse de 7 %. En
fait, c'est comme tous les organismes qui existent actuellement, comme la
fédération j'imagine, ils doivent eux aussi couper à cet
effet ou quoi? Ce sont les organismes nationaux qui oeuvrent dans le domaine du
loisir scientifique?
M. Picotte: C'est cela, ce sont les organismes nationaux qui
subissent cette baisse de 6000 $, comme tous les autres organismes.
Mme Vermette: Est-ce qu'il y a actuellement des organismes qui
ont fait part de demandes de subvention sur un plan national?
M. Picotte: On me dit que chaque organisme achemine les demandes
comme ils font chaque année au niveau de mon ministère. Nous
sommes en train d'évaluer les demandes qu'ils nous font et, par la
suite, nous prendrons des décisions.
Mme Vermette: Est-ce qu'on peut prendre connaissance de la liste
des organismes qui, l'année dernière, se sont prévalus
justement de ces subventions?
M. Picotte: La réalisation... Sans avoir la liste
exhaustive que j'aurai dans quelques instants, on me dit, en guise de
résumé, que neuf organismes nationaux ont reçu l'an
passé des subventions, huit organismes régionaux eux aussi en ont
reçu et dix-huit organismes ont présenté une demande
d'assistance financière, en ce qui concerne l'année 1985-1986. La
liste plus précise des organismes comme telle devrait m'être
donnée d'ici quelques instants.
Les organismes qui ont reçu des subventions sont les suivantes:
Association des groupes d'astronomes amateurs, Association
québécoise des groupes d'ornithologues, Centre de loisir
scientifique de la région de Montréal, Club 4-H inc., Conseil de
développement de loisir scientifique, Conseil du loisir scientifique de
la Mauricie, Conseil du loisir scientifique de l'Estrie, Conseil du loisir
scientifique du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Conseil du loisir scientifique de
l'est du Québec, Conseil de loisir scientifique de Québec,
Conseil de loisir scientifique de l'Outaouais, Environnement Jeunesse inc.
(ENJEU), Fédération des sociétés d'histoire du
Québec, Fédération des sociétés
d'horticulture et d'écologie, Société nationale de l'Est
du Québec, Cercles des jeunes naturalistes, Loisir scientifique
Nord-Côtier Inc., Mouvement pour l'agriculture biologique au
Québec inc. Voilà les différents organismes qui ont
été subventionnés, avec des subventions.
Mme Vermette: M. le ministre, j'aimerais savoir - on sait qu'au
niveau national, il y a eu les coupures que tout le monde doit subir ou faire
son effort - quand on arrive à la ventilation du loisir scientifique,
quand on arrive aux groupes amateurs, aux gens de la base, aux gens que vous
voulez toujours privilégier, depuis le début, si je vous ai bien
écouté, c'est un peu le discours que vous m'avez tenu, que
c'étaient vraiment les gens de la base que vous vouliez aider, pourquoi,
alors, une coupure de 24 %. Cela fait environ un tiers du budget. Il s'agit de
jeunes, ici aussi.
M. Picotte: On me dit que c'est exactement comme dans le
passé. Au niveau régional, c'est le ministère qui prend
des groupes régionaux en main. En ce qui a trait aux groupes locaux, ils
ont été pris en main, par le passé, et ils vont continuer
d'être pris en main, à l'avenir, par le monde municipal.
Mme Vermette: Mais le monde municipal... Non, ça va. Il y
a des coupures au niveau du monde municipal et j'y reviens: il y a des coupures
de 24 %. Je me demande ce qu'il va lui rester, tout compte fait, dans le
choix.
M. Picotte: Avec une coupure de 24,4 %, ce n'est pas le volet
auquel vous référez, mais plutôt, le soutien à des
projets de loisir scientifique comme les expositions et les choses comme
ça, et non pas au niveau des groupes mêmes.
Mme Vermette: Mais ça s'adresse aux groupes parce que ce
sont les groupes qui font les expositions, elles n'émanent pas aussi
facilement, les expositions?
M. Picotte: Ce sera toujours la même réponse,
madame. Nous avons dû exercer des compressions budgétaires dans
différents domaines, dans différents loisirs, dans
différentes activités. Nous avons décidé, pour
cette année, qu'au niveau des expositions, entre autres, de loisir
scientifique, il y avait une réduction budgétaire de 24 %.
Mme Vermette: En fait, M. le ministre, vous voyez pourquoi je me
sens un peu préoccupée. J'ai beau écouter vos paroles et
votre discours. Vous m'avez dit, depuis le début, que ce sont ces
gens-là que vous voulez privilégier et quand on fait la
ventilation, ce sont les gens de la base, les plus concernés, les plus
proches, qui subissent les plus grosses coupures, alors que les organismes ont
7 % et 6 %.
M. Picotte: Vous devriez savoir, puisqu'on vous a sans doute mise
au courant, que les expositions sont organisées par les organismes
nationaux. C'est là qu'on coupe. C'est organisé par les
organismes nationaux. Je vous ai dit à plusieurs reprises qu'on voulait
couper, surtout, vers le haut de la pyramide. Nous sommes conséquents
avec la décision et le discours que nous tenons.
Mme Vermette: Vous venez de me donner la preuve que, si on veut
avoir des expositions, il faut avoir des organismes nationaux. C'est
très important parce que l'un ne va pas sans l'autre, parce qu'on ne
peut pas tout coordonner à partir de bénévoles.
M. Picotte: Oui, ils peuvent le faire. Il y a encore des montants
d'argent qui peuvent faire... Je reprends le même langage d'un politicien
que vous connaissez fort bien, d'ailleurs, qui a dit en pleine campagne
électorale, publiquement, au vu et au su de tout le monde, que
l'État ne peut désormais faire seul. Il faut que l'État
fasse faire aussi par d'autres. C'est un langage qu'un politicien du
Québec a tenu et pour lequel vous avez souventefois applaudi lors de la
campagne électorale. Donc, ne reprochez pas au gouvernement de faire
exactement la même chose, parce que c'est un langage que vous avez
applaudi tout le temps de la campagne électorale. Pourquoi aujourd'hui
voulez-vous tirer sur celui qui met en pratique ce langage pour lequel vous
étiez en délire durant les mois de novembre et
décembre?
M. Desbiens: Parce que, lui, il avait promis autre chose.
Mme Vermette: Mais, indépendamment de vos propos, je m'en
tiens toujours aux crédits que je dois défendre ici et je ne peux
pas parler de choses qui étaient potentielles ou qui n'existent pas. Je
parle du concret. Soyons pragmatique et parlons du concret. À l'heure
où l'on se parle, la situation est ce que je vois sous mes yeux et c'est
de ce dont je veux parler. Je me dis, finalement: Le discours ne tient pas
puisque ce sont ces gens à la source que l'on coupe. C'est
réellement l'innovation, c'est l'esprit créateur chez les jeunes.
Est-ce qu'une société peut survivre sans cet apport si important
dans une société? C'est important, vous savez, de favoriser nos
jeunes dans leur développement sous toutes leurs facettes, parce que
c'est une ressource inestimable pour un pays.
M. Desbiens: Ils ne comprennent pas cela, eux autres...
M. Picotte: C'est pour cela que, l'autre fois, je vous ai fait
une mise en garde fort importante. Les politiciens ne doivent plus, en 1986,
parler des deux côtés de la bouche en même temps. Les
politiciens ne peuvent pas, en campagne électorale applaudir un chef qui
dit qu'il faut que l'État soit de moins en moins présent et,
quelques mois après, venir dire, parce que l'on regarde un document
quelconque, ne plus se souvenir qu'on a applaudi une certaine phrase à
un certain moment, une certaine façon de penser et que le lendemain,
à cause d'un document, on parle d'autre chose. C'est toujours
très désagréable et cela finit par faire des gens
déséquilibrés que de parler des deux côtés de
la bouche en même temps.
Mme Vermette: Je vous rappellerai, M. le ministre, que je ne
parle que de votre discours actuellement. Je ne me suis pas
intéressée à ce qui se passait à l'extérieur
de votre discours. Mes propos...
M. Picotte: Vous aviez bien raison parce que tout ce que votre
chef a dit pendant la campagne électorale n'était pas très
intéressant.
Mme Vermette: C'est une question de point de vue.
M. Picotte: C'est cela.
Loisir touristique
Mme Vermette: Maintenant, continuons, s'il vous plaît, en
ce qui concerne le programme 1, que l'on achève de toute façon.
Quand on regarde Loisir touristique, vous m'avez expliqué
antérieurement qu'il y avait des transferts. Pourquoi les 22 %
d'augmentation et pourquoi les 11 % de diminution, quand on arrive à la
ventilation du soutien aux réseaux d'hébergement?
M. Picotte: Je vais vous faire la lecture intégrale de ce
qui s'est passé dans
cet élément.
Mme Vermette: Au niveau des réseaux, il y a une
augmentation. Quand on arrive au soutien, il y a une diminution. Encore
là, je pourrais vous dire les paroles que vous venez de me dire
tantôt, c'est un déséquilibre.
M. Picotte: D'après ce que je peux voir, madame, vous en
avez beaucoup à apprendre sur la ventilation des crédits et
l'étude des crédits comme telle. L'an prochain, cela va
être passablement corrigé; du moins, je l'espère. Le livre
des crédits de 1985-1986 redressé, c'est 3 676 600 $; le plan de
rangement et les compressions additionnelles, les révisions de la
politique de reconnaissance des organismes nationaux de loisir touristique, 40
000 $; centre d'étude du tourisme, 75 000 $; camps de vacances, 281 500
$; auberges de jeunesse, 54 000 $; ajustements ministériels, maintenant,
1 263 600 $, qui est un virement au programme 301 du budget relié aux
activités de bases de plein air au profit du regroupement des
activités de soutien aux réseaux d'hébergement. En ce qui
concerne les camps, les bases et l'auberge, on a fait un transfert de fonds de
l'ordre de 1 263 600 $. Le virement du 501, la subvention reliée au
Bureau international du tourisme social est de 2,9 %, ce qui fait des
crédits en bout de piste de 3 676 600 $, en y ajoutant les virements que
nous y avons faits et certaines compressions. Ce qui fait un total, dans ce
volet, programme 2, élément 4, de 4 486 200 $.
Mme Vermette: Je vous remercie de vos explications, mais je n'ai
pas tout è fait le même détail que vous. Vous le
comprendrez bien, en fin de compte. J'ai les variations en termes de
pourcentages et cela me situe plus facilement en termes de pourcentages, mais
je vous remercie beaucoup de me donner votre ventilation.
M. Picotte: Merci. (11 h 15)
Mme Vermette: Maintenant, il y a un autre point. En ce qui
concerne les organismes de loisir comme tels, les organismes nationaux,
là, il y a une autre chose que je m'explique mal, parce que vous avez
semblé me dire que ce qui était important, c'est qu'ils avaient
tous fait leur part, c'est-à-dire 6 % à 7 % de diminution. Mais
pourquoi, lorsqu'on arrive dans les organismes de loisir touristique, y a-t-il
une baisse de 15,6 %? Ce qui était projeté pour 1985-1986,
c'était 758 000 $, et là on arrive à 640 000 $.
M. Picotte: Alors, l'an passé, le ministère a
décidé de financer des organismes qui n'étaient pas
reconnus comme soutien et pouvant recevoir des montants d'argent de la part du
ministère. Il y a certains organismes qui n'étaient pas reconnus
et pour lesquels nous avons versé quand même des montants
d'argent. Il faut y ajouter en plus le Centre d'études touristiques pour
lequel il y avait un montant d'argent de 150 000 $ à 75 000 $. À
partir de ce moment-là, nous avons décidé cette
année de financer les organismes qui étaient reconnus
officiellement et nous avons décidé de faire cela pour cette
année, compte tenu du budget que nous avions.
Mme Vermette: J'imagine que le développement touristique
et la promotion des organismes de tourisme doivent être une de vos
préoccupations.
M. Picotte: Oui, vous me demandez si cela est mon
intérêt. Cela, comme ailleurs, est mon intérêt. Je
dois vous dire qu'il y a quinze jours, à Montréal, nous tenions
la conférence sectorielle et nous financions la concertation, la
conférence sectorielle en ce qui concerne le loisir touristique. Nous
avons eu des suggestions fort intéressantes et nous avons eu des
consensus. Le ministère avait préparé un document, en vue
d'une étude, étudié par tous les organismes et tous ceux
qui participaient à cette conférence sectorielle. Je dois vous
dire, avec beaucoup de plaisir, que nous avons eu, dans 95 % des cas, tous les
consensus des organismes en ce qui concerne nos orientations, À partir
de ce moment-là, nous allons devoir, dans le prochain exercice
financier, mettre à profit certaines choses qu'on nous a
proposées et voir à tenir compte des consensus qui ont
été formulés à cette occasion.
Mme Vermette: Je suis heureuse, M. le ministre, de vous entendre
dire que vous ayez constaté que des consensus puissent se faire avec
plusieurs organismes, notamment en ce qui concerne le tourisme. C'est
fantastique.
M. Picotte: Et les municipalités en plus.
Mme Vermette: Alors, c'est fantastique. Vous voyez que la
concertation est possible même s'il y a plusieurs partenaires.
M. Picotte: Oui, et on a toujours dit cela d'ailleurs. Il n'y a
aucune différence. Si vous n'avez pas réussi à comprendre
cela, je pense qu'on peut faire de la concertation sans payer. Cela est
élémentaire. Si ce point de vue ne vous agrée pas ou si,
effectivement, vous ne comprenez pas qu'il peut exister de la concertation sans
qu'on soit obligé de la payer, je regrette, mais allez consulter encore
davantage et concertez-vous. C'est élémentaire d'ailleurs
comme
discussion et comme constatation.
Mme Vermette: Non, non. J'essayais de comprendre la dialectique,
en fin de compte. Peut-être que les concepts ont plusieurs
interprétations. Cela dépend. C'est toujours une question de
perception. Effectivement, vous avez raison.
M. Picotte: Je vous ai dit ce qui faisait le plus mal dans la
concertation, d'avoir arrêté de financer la concertation, c'est
que, dans la plupart des cas, et je n'hésite pas à le dire, en
aucune façon, bien sûr, en continuant de financer certaines
choses, on continue de soutenir peut-être -non seulement peut-être,
mais souventefois -des emplois au niveau de certains individus qui se sont
trouvé des jobs par l'intermédiaire du parti
précédent et pour lesquels on a fait des nominations. Bien
sûr, vous me parlez souvent de concertation, parce qu'elle a permis au
régime précédent de placer certains petits amis à
certains endroits. Il est certain que cela peut faire plus mal dans ce
cas-là, mais on peut très bien se concerter sans se soucier trop
des petits amis en politique, car il faut dissocier cela de...
Mme Vermette: M. le ministre...
M. Picotte: ...l'administration publique. Je vais terminer et
vous aurez tout le loisir de parler et je reviendrai vous reparler par la
suite.
Mme Vermette: M. le ministre...
M. Picotte: Bien sûr que cela peut faire mal là plus
qu'ailleurs, mais que cela fasse mal là ou ailleurs, le gouvernement a
décidé de couper et on dit: Continuer de vous concerter parce
qu'il y a possibilité de se concerter sans que cela coûte une
fortune à l'État.
Mme Vermette: M. le ministre, je vous ferai remarquer que
certains autres éléments devaient être pas tout à
fait politiques, puisque Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux a trouvé son attaché politique à
l'intérieur du personnel qui était là. Il y a d'autres
personnes d'une autre allégeance politique qui se sont trouvées
des emplois dans votre gouvernement. Il faut croire que ce n'était pas
si...
M. Picotte: Qu'est-ce que cela change?
Mme Vermette: Je n'aimerais pas dire les mots...
M. Picotte: Et dites-moi donc qu'est-ce que cela change?
Mme Vermette: C'est pour aller toujours dans la cohérence
de votre discours, M. le ministre.
M. Picotte: Cela ne change rien. Est-ce que je discute le fait
que le député de Bertrand s'est prononcé comme
fédéraliste, puisque vous l'avez accepté uniquement...
Mme Vermette: Je parlais de cohérence dans le discours, M.
le ministre.
M. Picotte: Écoutez, vous me parlerez de ce que vous
voudrez et je vous parlerai de ce que je veux. Ce n'est pas vous qui allez me
dire ce que...
Une voix: Donnez-lui la chance d'être
incohérent.
M. Picotte: Mais là, vous changez des orientations et vous
acceptez des fédéralistes comme le député de
Bertrand à l'intérieur de vos cadres. Cela vient, au contraire,
sans doute améliorer vos théories qui étaient fort
désuètes et changer des orientations qui étaient
catastrophiques pour le Québec. Mais cela n'enlève rien à
l'essence même du Parti québécois, j'espère que non.
En tout cas, si vous êtes en train de vous sacrifier à ce point,
je trouve que c'est dommage et que vous n'avez pas beaucoup de profondeur.
Alors, qu'un attaché politique provenant de là travaille
au bureau d'un ministre, cela change quoi à toutes fins utiles? C'est un
point de comparaison complètement farfelu.
Mme Vermette: Est-ce qu'on peut passer, s'il vous plaît, au
vote sur le programme?
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 2,
"Promotion du loisir socioculturel", éléments 1, 2, 3 et 4, est
adopté?
Des voix: Adopté.
Mme Vermette: On peut passer au programme 4.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous passons maintenant
à l'étude du programme 4, "Promotion de l'activité
physique et du sport".
Promotion de l'activité physique et du
sport
Mme Vermette: J'aimerais demander au ministre, en ce qui concerne
Kino-Québec, si le programme a atteint ses objectifs et si on va
favoriser le rôle qu'a joué Kino-Québec comme
organisme.
Kino-Québec, condition physique des
Québécois
M. Picotte: En ce qui concerne Kino-Québec, je dois vous
dire personnellement, si vous me demandez mon opinion, que nous sommes
satisfaits. On n'est jamais satisfait quand on est ministre d'un
ministère donné ou qu'on est administrateur à tel endroit,
on n'est jamais pleinement satisfait de tous les programmes.
Il y a un tir à corriger en ce qui concerne chacun de nos
programmes. Kino-Québec est un de ceux qui fonctionnent très bien
quant è la réalité, quant au milieu. Cependant, nous nous
posons certaines questions. Ces questions sont les suivantes.
Des rapports nous révèlent que la condition physique des
Québécois est passablement mal en point quand on fait des
comparaisons avec l'ensemble des autres provinces ou dans d'autres secteurs
nord-américains. La condition physique des Québécois a
besoin encore de beaucoup d'amélioration, nous en sommes conscients.
Même si nous avons... et heureusement que nous avons eu
Kino-Québec et que nous avons Kino-Québec qui oeuvre à
l'intérieur de ce volet. Cela nous a permis, malgré que notre
situation ne soit pas enviable dans le domaine du conditionnement physique, de
gagner quand même du terrain.
À cet égard, et ce sont les questions que nous nous posons
le plus souvent, nous sommes une province où déjà, chez
nous, en ce qui concerne le primaire à l'école, il y a des cours
d'éducation physique obligatoires. Je pense que c'est la seule province
au Canada où déjà, au primaire, les cours
d'éducation physique sont obligatoires.
Comment se fait-il que, même si les cours sont obligatoires au
niveau scolaire en ce qui concerne l'éducation physique, en y ajoutant
ce qu'on appelle Kino-Québec qui oeuvre dans le domaine de la condition
physique des Québécois, malgré tout cela, on ait un record
peu enviable? C'est la question que nous nous posons. Nous n'avons pas de
réponse au moment où on se parle. Nous devrons
réévaluer au complet toute notre façon d'intervenir dans
le domaine de la condition physique des Québécois.
Kino-Québec comme tous les intervenants seront consultés pour
continuer et essayer d'améliorer davantage la situation de la condition
physique des Québécois. Le programme Kino-Québec va
continuer cette année d'avoir cette politique de conditionnement
physique des Québécois.
Mme Vermette: Je me demande, après un si beau discours sur
la promotion de la condition physique et de la forme, et, pour une fois, on
reconnaît qu'on a fait un bon coup dans ce domaine - c'est assez
agréable d'entendre cela venant de vous, M. le ministre - pourquoi une
baisse de 10 %.
M. Picotte: La baisse de 10 % est au niveau des régions.
Je dois vous dire que nous avons eu une conférence sectorielle à
la mi-avril où nous avons fait le point. Nous devrons mettre en pratique
certains points qui nous sont suggérés lors de notre
conférence nationale que se tiendra très bientôt,
c'est-à-dire fin octobre, début novembre. Nous devrons aller
encore plus loin dans ce qui nous a été proposé lors de la
conférence sectorielle. Kino-Québec va continuer d'oeuvrer sur le
terrain avec, cependant, une compression budgétaire, comme on en a vu
depuis le début, de l'ordre de 10 %.
Mme Vermette: Ce qui m'amène à m'interroger en ce
qui concerne Kino-Québec. Il y a une baisse; vous avez dit que
c'était au niveau des régions. De quelle façon allez-vous
procéder pour évaluer les régions? Est-ce qu'il y a un
prorata dans les régions? Comment allez-vous fonctionner,
finalement?
M. Picotte: Ce qu'on me dit, c'est qu'on passera au niveau des
régions de 51 modules à 46; donc, cinq modules de moins. Sinon,
si on veut conserver les modules qui sont déjà là, on
demandera à nos partenaires un effort additionnel pour tâcher de
nous aider à garder ces modules.
Mme Vermette: Est-ce que vous pouvez me dire qui sont les
partenaires que vous envisagez?
M. Picotte: Ce sont généralement les CLSC, les
commissions scolaires, les cégeps, les universités et les
municipalités qui, au niveau de l'hébergement, font en sorte que
Kino-Québec a un pied-à-terre au niveau de ces institutions. Ce
qu'on peut faire, c'est demander aux universités, aux cégeps, aux
CLSC, s'il serait possible maintenant de nous aider à fournir un
pied-à-terre à Kino-Québec, ce qui nous permettrait de
récupérer une certaine somme en termes de loyers. On garderait
les 51 modules qui existent.
Mme Vermette: II y a certaines régions pour qui le
développement est beaucoup plus difficile économiquement que
d'autres. Est-ce que la même préoccupation sera prise en
considération en ce qui concerne la promotion et l'essor? Est-ce que
vous avez l'intention d'apporter une aide substantielle à ces
régions?
M. Picotte: On me dit qu'on est dans chacune des régions
du Québec avec nos modules. Ce qui est prévu cette année
va continuer de l'être encore avec ce que je vous mentionnais
tantôt, la possibilité d'une aide additionnelle du
côté du milieu. (11 h 30)
Développement sportif de base
Mme Vermette: Cela va.
Une autre chose, pour les fédérations multisports, il y a
une baisse de 11,4 %. Vous disiez qu'un des objectifs pour 1986-1987
était de participer à la table nationale de concertation sur le
développement sportif de base et au groupe de travail sur la politique
globale du sport au Québec.
M. Picotte: La compression budgétaire fait
référence aux 6000 $ que nous avons coupés aux organismes
nationaux, et l'élément de concertation que nous ne payons plus
maintenant à ce niveau.
Mme Vermette: Cela représente 11,4 %; il y a donc une
autre variable qui doit entrer en ligne de compte.
M. Picotte: Plus les organismes régionaux du sport
étudiant, 200 000 $.
Mme Vermette: Quand on parle des clubs de motoneige, il n'y a pas
de baisse à ce niveau, c'est le statu quo. Pourquoi?
M. Picotte: La raison est la suivante. J'essaie toujours, autant
que possible, de faire intervenir la relation économique à
l'intérieur d'un groupement donné. Il y a des organismes que nous
soutenons et que nous devons continuer de soutenir parce qu'ils oeuvrent
bénévolement dans le milieu. Il y a des organismes, comme la
Fédération de la motoneige, entre autres, qui, depuis quelques
années, font la promotion à l'extérieur du Québec.
Au dernier festival de la motoneige, auquel participait la
députée de Johnson, votre collègue, elle-même m'a
fait certaines recommandations concernant le budget réservé au
domaine de la motoneige en me démontrant, avec tous les intervenants du
milieu que, quand on consent des sommes à ce sport, on a des
retombées économiques assez impressionnantes puisque des
personnes viennent même des États-Unis faire de la motoneige au
Québec.
Étant donné qu'il y a des retombées
économiques importantes, il me semblait - je vous le disais
tantôt, quand j'investis 1 $, cela produit parfois six ou sept fois sa
valeur - qu'on devait conserver cet élément à la fois
sportif, économique et touristique de ce qu'on appelle la motoneige.
Mme Vermette: J'ai une autre question en ce qui concerne le
soutien au développement de l'excellence sportive. Là, je vois
une hausse de 9,5 %. Le budget alloué à la Société
des sports du Québec est-il identique à celui de l'an
passé?
M. Picotte: On prépare encore cette année, comme
tous les deux ans, le finance- ment des Jeux du Canada. Étant
donné qu'il y a déjà des implications budgétaires
à être dévolues pour que le Québec participe, et vu
que la politique d'excellence sportive qui a été mise de l'avant
par l'ancien gouvernement fait en sorte que le Québec... J'ai dit
à quelques reprises, évidemment, vous avez peut-être un peu
de ouate dans les oreilles... Mon collègue de Joliette est arrivé
et il se souviendra que, quand il est venu, j'ai mentionné que l'ancien
gouvernement avait eu des politiques incitatives importantes pendant
l'Année internationale de la jeunesse. Ce n'est pas la première
fois que je dis qu'il y avait des politiques qui étaient
intéressantes autrefois; vous devez au moins admettre que je
défends ce principe chaque fois que j'en ai l'occasion. Bien
honnêtement, je dis que la politique de l'excellence qui a
été mise sur pied par le précédent gouvernement
doit continuer d'être soutenue par le gouvernement actuel.
Cela a été mis sur pied par le député de
Joliette. C'est pourquoi je lui disais que, s'il était demeuré
à ce ministère, je l'aurais pris beaucoup plus en santé
que lorsqu'il s'en est allé vers la santé comme ministre; de
toute façon, c'est de l'histoire passée.
M. Chevrette: ...qu'ils viennent faire une grosse erreur.
M. Picotte: Ce que je veux dire par là, c'est que nous
allons toujours, en ce qui concerne les Jeux du Canada et les Jeux
internationaux, faire en sorte que nos jeunes performent, comme cela a
été le cas de Sylvie Bernier et de Gaétan Boucher. Je dois
vous dire que quand nos jeunes performent au niveau international, cela a
même des retombées touristiques importantes chez nous, parce que,
quand les gens voient un Gaétan Boucher aller chercher une
médaille d'or et Sylvie Bernier aller chercher une médaille d'or,
dans certains autres pays, on se dit: Au Québec, il y a quelque chose
qui a du bon sens, on peut aller voir cela, on va aller voir ce qui se passe au
Québec. Si on incite 0,5 % de la population extérieure à
venir nous voir au Québec, cela a des retombées touristiques, des
retombées économiques impressionnantes. C'est pour cela que j'ai
tenu à garder les budgets et à les augmenter davantage, compte
tenu que notre dollar doit être profitable quand on l'investit quelque
part.
Mme Vermette: M. le ministre, en ce qui concerne les
événements spéciaux dans le domaine sportif, il y a une
baisse d'au moins 50 %. Je suppose que si ces événements
spéciaux se produisaient, cela aurait un impact comme vous l'avez dit,
touristique, économique, à tous ces niveaux, les gros
événements sportifs, en règle générale.
Est-ce que ces gens auraient toujours la
possibilité d'obtenir une subvention spéciale? Vous me
dites que cela se limiterait à quelques événements
à caractère international. Est-ce qu'on peut savoir lesquels, et
comment à ce moment-ci classeriez-vous le Maski-Courons de
Saint-Gabriel?
M. Picotte: Comme vous le savez sans doute, Mme la
députée, pour ce volet plus particulièrement, ce qu'on
appelle les événements spéciaux, c'est souventefois des
championnats canadiens qui se déroulent sur le territoire du
Québec. Nous, comme gouvernement, disons que nous devons soutenir ces
événements spéciaux. Il arrive qu'il y a des années
où il y a plusieurs événements spéciaux qui se
déroulent sur notre territoire et, d'autres années, il y en a
moins. Compte tenu que cette année, il semble y avoir moins
d'événements spéciaux qui vont se produire sur le
territoire du Québec, notre budget a diminué à cet
égard.
Mme Vermette: Est-ce que vous voulez dire qu'il y a eu moins de
demandes actuellement, qu'il n'y a rien d'envisagé ou
d'envisageable?
M. Picotte: Cela a été planifié, Mme la
députée, par la Fédération canadienne du sport et
c'est planifié quelques années d'avance. C'est pour cela que nous
devons vivre avec la planification de la Fédération canadienne du
sport.
Mme Vermette: Est-ce que vous pouvez me répondre en ce qui
concerne la dernière question que je vous ai posée? Comment
allez-vous classer le Maski-Courons de Saint-Gabriel?
M. Picotte: C'est un projet qui est à l'étude
à mon bureau et pour lequel nous n'avons pas encore pris de
décision.
Mme Vermette: Est-ce que cela veut dire que ça ne ferait
pas l'objet à un moment donné d'une subvention, que cela pourrait
faire partie des 50 % de vos coupures ou...
M. Picotte: Tout est possible en regard des discussions que nous
aurons pour regarder cet événement parmi tant d'autres.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Là-dessus, M. le Président, je ne
crois pas que vous retrouviez, ni de ma part, parce que j'ai déjà
occupé votre siège... Je pense qu'il y a une entente verbale de
principe sur trois ans. Comme la preuve de cela vous pouvez regarder les deux
dernières années pour découvrir que c'est une subvention
uniforme, je crois que c'est de 30 000 $ ou 35 000 $. Je le dis de
mémoire. II resterait une année pour réaliser l'entente
globale de trois ans qu'on avait avec Maski-Courons qui correspondait à
toutes fins utiles à la durée de l'entente qu'il y avait avec le
Marathon international de Montréal. Il ne faut pas oublier que
même si c'est dans une petite municipalité, si ce n'est pas un
marathon d'envergure comme celui de Montréal, il n'en demeure pas moins
qu'il y a autant de pays qui participent et le nombre de participants est de
l'ordre de 10 000. Donc, c'est quand même important. C'est dans la
circonscription électorale d'un des vôtres, le
député de Berthier, à Saint-Gabriel-de-Brandon, et je ne
serais pas très surpris, si le député de Berthier
était ici, qu'il fasse comme moi et appuie fortement cet
événement d'envergure internationale dans sa propre
circonscription électorale, dans la belle région de La
Naudière.
M. Picotte: Je suis content d'apprendre qu'il y aurait eu une
entente verbale. On a bien dit une entente verbale. Je ne suis pas
opposé de prime abord à regarder tout ce volet. Compte tenu qu'il
s'agit là d'un événement important, comme je l'ai
souligné, s'il y a des retombées économiques et
touristiques aussi, à partir de ce moment-là... Je n'ai pas pris
de décision à savoir si je devrais y aller dans le même
sens ou pas que l'an passé. Je vais sûrement tenir compte des
discussions qui ont eu lieu avec mes prédécesseurs et regarder la
possibilité d'intervenir à la satisfaction des gens du milieu,
s'il y a possibilité de satisfaire les gens du milieu dans ce
domaine.
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 4,
Promotion de l'activité physique et du sport, éléments 1
et 2, est adopté?
Mme Vermette: Adopté. M. Chevrette:
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Nous passons
maintenant au programme 5, Gestion interne et soutien.
Gestion interne et soutien
Mme Vermette: M. le ministre, jeudi dernier, vous avez dit qu'il
ne fallait pas interpréter la baisse des crédits de votre
ministère de façon catastrophique puisque dans ce cas on ne peut
pas comparer des choses directement comparables.
Vous avez signalé aussi un effort important dans les services
internes de votre ministère pour répondre aux demandes de
compressions budgétaires. Vous nous donnez l'exemple que la masse
salariale attribuée au traitement des occasionnels a été
réduite de moitié. Pouvez-vous m'expliquer, M. le ministre,
d'où vient la hausse dé crédits de 17,4 % qu'on retrouve
au point de votre budget Administration centrale? Quelle est la ventilation de
ces 31 910 000 $?
Administration centrale
M. Picotte: Oui. Je vais vous la donner dans chacun des volets.
D'abord, à l'article Loyers et aménagements de locaux, l'an
passé, en 1985-1986, pour les loyers et les aménagements de
locaux, cela a coûté au ministère 5 582 100 $
comparativement à cette année où nous devrons
défrayer un montant de 6 794 200 $, donc une augmentation de 1 212 000
$. Je vais vous lire la note explicative. Suite à la création de
la Société immobilière du Québec, les
ministères et organismes se sont vu allouer des budgets additionnels
afin de faire face individuellement à leurs obligations
financières vis-à-vis de la SIQ. Antérieurement, le
coût des loyers et des aménagements de locaux était
absorbé pour l'ensemble des ministères et organismes par le
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement. Maintenant que
le précédent gouvernement a décidé de créer
une société immobilière, cela nous oblige à avoir
un montant additionnel. Au lieu du ministère des Travaux publics, nous
défrayons ces montants. Donc, cela donne une hausse de 1 212 000 $.
Je vous disais qu'il y a certaines choses qu'on est obligé de
comptabiliser à la suite de décisions antérieures. Je ne
veux pas discuter de la décision, à savoir si c'était
préférable de laisser cela aux Travaux publics ou à la
SIQ. Moi, je n'ai pas d'objection à cela, que ce soit à la SIQ ou
ailleurs, mais la seule chose que je dois vous répondre, parce qu'il y a
eu une décision antérieure, c'est que cela va me coûter 1
212 000 $ de plus. Je suis obligé de les payer, ce sont nos loyers.
Mme Vermette: M. le ministre, dans le livre sur l'étude
des crédits qui a été publié officiellement,
à la page 17-6, Loisir, Chasse et Pêche, quand j'arrive au point
6, à la ventilation des crédits, les loyers passent de 6 852 000
$ à 11 014 000 $. Donc, ce n'est plus une augmentation de seulement 1
000 000 $, mais c'est une augmentation de pas loin de 5 000 000 $.
M. Picotte: On me dit que la société
immobilière est entrée en fonction après cela,
après le dépôt des crédits l'an passé.
À ce moment-là, il a fallu faire un ajustement avec des budgets
supplémentaires. C'est la raison.
Maintenant, je vais continuer si vous me permettez parce qu'il y a
d'autres points.
M. Chevrette: ...je n'ai pas compris, regardons cela. Cela veut
donc dire que les ajustements - vous permettez, madame? - de budget concernant
les loyers... C'est vrai, je pense que c'est au mois de juin l'an dernier que
la SIQ est entrée en fonction ou en vigueur et que cette année
vous êtes obligés de projeter sur un an les montants globaux des
loyers payés à la SIQ.
D'autre part, la SEPAQ avait aussi été créée
et je pense qu'un des motifs était de soustraire du budget du
ministère une partie d'événements qui relevaient de
l'extérieur. Est-ce que la SEPAQ est restée dans les mêmes
proportions? Est-ce que la SEPAQ paie aussi à la SIQ comme organisme ou
si elle administre en fonction purement et simplement de ses budgets à
elle?
M. Picotte: On me dit que la SEPAQ paie ses loyers et cela ne
nous a pas apporté d'ajustement au niveau du ministère comme
tel.
M. Chevrette: Donc, les 3 000 000 $ c'est parce qu'on n'en payait
pas antérieurement et c'est purement et simplement parce que la SIQ nous
facture maintenant.
M. Picotte: Exactement.
M. Chevrette: Projeté sur un an, bien sûr, et non
pas... (11 h 45)
M. Picotte: Oui. Il y a un autre volet où on va avoir
besoin d'argent additionnel à moins qu'il y ait un consensus autour de
la table pour qu'on l'enlève. Je suis bien prêt à
écouter les intervenants là-dessus, c'est le volet
Opération comté, par lequel les députés nous ont
demandé de garder le même montant que l'an dernier, qui
était dévolu à chacun des comtés; qu'il n'y ait pas
de compressions budgétaires. Pour que ce montant soit reconduit avec des
montants qui soient comparables au budget de l'an passé -vous allez
voir, Mme la députée qui êtes nouvelle, que ce volet du
programme est important - nous sommes obligés d'ajouter 644 800 $ pour
le rendre comparable à l'an passé, donc encore une hausse
additionnelle.
Concernant le programme Jeunes volontaires, le coût au niveau
administratif était de 2 639 000 $ l'an passé, 1985-1986. Compte
tenu que cette année, au moment où on se parle, il y a un montant
de 974 900 $ de prévu, parce que ce programme était
administré conjointement avec un autre ministère, et que cela va
relever uniquement du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et que nous allons jumeler l'administration, nous devons ajouter,
pour le
rendre comparable à ce qui existait l'an passé, 1 664 000
$ comme budget, pour administrer le projet et faire en sorte que le programme
Jeunes volontaires puisse continuer d'obtenir les projets qu'il demande.
M. Chevrette: Cela, c'est un transfert de crédits de la
Main-d'Oeuvre au Loisir.
M. Picotte: Oui, mais je suis obligé de le
démontrer dans mes crédits.
M. Chevrette; Je comprends.
M. Picotte: Mme la députée me demande pourquoi j'ai
un surplus de budget? Je dois lui dire que le surplus apparaît là,
1 664 000 $ de plus, entre autres. Ce qui veut dire qu'en tout et partout,
compressions des occasionnels du siège social... Afin de satisfaire aux
exigences générales de compressions du Conseil du trésor
et de forcer une amélioration de la productivité de ces services
centraux, le MLCP a procédé à une compression de 47,3 %
des enveloppes budgétaires pour le traitement des occasionnels de ses
services. Cela représente quelque 79 personnes-année. Dans ce
volet, il y avait un manque à gagner au niveau des crédits
budgétaires, c'est la raison pour laquelle vous voyez la
différence entre ce qu'on appelle le montant prévu... Quel est le
total du montant prévu dans ce volet?Vous me demandiez
d'où provenait la hausse du budget en ce qui concerne ce programme, elle
provient de ces choses.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre pourrait prendre
l'engagement, M. le Président, de nous déposer ici, au niveau de
son ministère, toutes les ponctions d'occasionnels? Secteur faune,
combien? Secteur loisir, combien? Secteur siège social, combien? Je
pense que ce serait peut-être important de voir jusqu'à quel point
vous avez été forcé, par des choix bien sûr qui vous
sont personnels, de couper dans les occasionnels?
M. Picotte: Je n'ai pas d'objection à faire parvenir aux
députés qui siègent à la commission ces
chiffres.
M. Chevrette: Merci. Deuxième question, c'est au niveau du
budget hors normes. Vous avez posé à toutes fins utiles une
question aux députés de la commission hors normes par
comté. Vous savez très bien que l'opération comté,
quel que soit le député y compris celui du pouvoir, c'est quand
même quelque chose de très important. Il ne faut pas se le cacher,
c'est une des enveloppes avec le hors normes voirie, c'est à peu
près les seules enveloppes budgétaires qu'un
député, dans son comté, qui n'occupe pas de fonction
exécutive...
M. Picotte: J'ai rarement de demandes de coupure, de compression
à ce niveau.
M. Chevrette: Je serais surpris que la demande de ponction vienne
d'un député. Elle prendrait plutôt du Conseil du
trésor; sûrement pas d'un député, quelle que soit sa
formation politique.
M. Picotte: Elle vient effectivement souventefois, vous le savez,
du Conseil du trésor. Sauf que le Conseil du trésor, il faut
distinguer cela de deux façons: il y a, ce qu'on appelle, les
fonctionnaires au Conseil du trésor qui nous font des demandes ou qui
nous envoient des recommandations et il y a les politiciens du Conseil du
trésor. C'est rare que les demandes proviennent des politiciens du
Conseil du trésor dans ce sens.
M. Chevrette; Parce qu'eux aussi appliquent l'enveloppe de comté,
sauf certains. J'ai trouvé bien drôle, quand vous nous avez fait
parvenir les montants qu'il nous restait à dépenser après
votre nomination comme ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Je peux vous dire que Mme Vermette, qui est députée de
Marie-Victorin, était très heureuse de constater que l'ancien
député lui avait laissé 5000 $, je pense...
Mme Vermette: 7000 $. M. Chevrette: 6000 $? Mme Vermette:
7000 $.
M. Chevrette: 7000 $. Ah! bien Seigneur! C'est pour vous montrer
qu'il y a toujours des exceptions à la règle et que nous ne
profitons pas pleinement des enveloppes à notre disposition. Mais en
règle générale c'est 99 % des députés qui
utilisent leur enveloppe dans leur comté.
M. Picotte: Vous voyez mon cher collègue jusqu'à
quel point je fais bien mon devoir. Non seulement je ne voulais pas qu'on
retourne - à ce programme bien précis - les montants d'argent au
Trésor, mais j'ai incité rapidement chaque député
de l'Assemblée nationale, indépendamment de son allégeance
politique, à dépenser la totalité de son enveloppe.
M. Chevrette: De toute façon, c'était
préférable ainsi, parce que, par une question au feuilleton, on
aurait pu découvrir que vous en avez gobé un peu et vous
n'étiez pas intéressé à passer pour cela.
M. Picotte: Je n'ai jamais touché à ces volets. Je
crois que le volet qui est dévolu à chacun des
députés est réservé strictement au
député. Je n'accepterais pas de prendre ce volet, à moins
que certains députés
décident de recommander, pour d'autres organismes dans un autre
comté, des montants. Mais il faudra que ce soit le député
à qui appartient l'enveloppe budgétaire qui me le recommande.
D'autorité, je n'ai jamais l'intention de prendre un montant d'argent
qui appartient à un comté, à un député, pour
l'envoyer à n'importe quel autre comté. C'est consacré
jalousement à ce représentant du peuple.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Pour terminer. Au niveau de l'administration
centrale il y a un volet, à l'élément 4, où
j'aimerais en savoir un peu plus et où vous pourriez m'éclairer.
C'est au sujet des clientèles spécifiques. L'an dernier il y
avait trois subventions qui avaient été versées alors que
cette année il y a une augmentation de 80 % on donne 50 000 $. Est-ce
que je peux savoir justement qui sont ces clientèles spécifiques?
Comme l'année dernière aucune somme n'avait été
prévue à cet égard on fait affaires à quel
transfert ou qu'est-ce que c'est exactement?
M. Picotte: On me dit qu'il y a un montant de 50 000 $ qui est
dévolu à mon ministère pour des projets spécifiques
comme ça. Cela a, à peu près toujours, été
acheminé pour améliorer la condition féminine, ce qui
existe dans chacun des ministères... des projets ayant pour but
d'améliorer la condition féminine et la condition des
handicapés.
Mme Vermette: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, j'ai cru comprendre
tantôt quelque 600 000 $ d'augmentation du budget hors normes?
M. Chevrette: 54 000 $.
M. Picotte: Ce que je dois vous expliquer sur cela c'est
qu'à chaque année le Conseil du trésor refuse toujours de
donner une indexation au volet appellé le budget opération
comtés. Il y avait un montant d'argent, une masse financière de 3
059 000 $ comme enveloppe de base annuelle. À chaque année, le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche doit aller au Conseil du
trésor pour dire: Voulez-vous s'il vous plaît nous donner une
indexation normale pour que j'en distribue plus aux comtés et aux
députés? On doit faire cette même démarche
annuellement. L'an passé, mon prédécesseur y est
allé et a obtenu une indexation de 644 800 $. Comme je recommence avec
mon enveloppe initiale, j'ai ce manque à gagner de 644 800 $. J'ai
convaincu ou je dois convaincre le Conseil du trésor de garder la
même enveloppe que l'année passée et de m'ajouter cette
somme 644 800 $ qui revient à chaque année et qu'on est
obligé de...
M. Chevrette: Vous avez deux batailles à faire, M. le
ministre, si je comprends bien. La première est d'aller chercher les 644
800 $ obtenus par votre prédécesseur...
M. Picotte: Celle-là est faite.
M. Chevrette: ...et votre deuxième bataille est d'aller
chercher l'indexation qu'il est allé chercher l'an passé.
M. Picotte: Oui, celle-là sera plus difficile compte tenu
du temps que nous vivons. Mais la première bataille est faite et
acceptée.
M. Chevrette: Donc, c'est une question en perspective sur
l'indexation.
M. Picotte: Pour l'an prochain.
Le Président (M. Saint-Roch): Ce qui termine le programme
5. Est-ce que le programme 5, Gestion interne et soutien,
éléments 1, 2, 3 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous passons maintenant au
programme 6, Régie de la sécurité dans les sports. ' M. le
député de Joliette.
Régie de la sécurité dans les
sports
M. Chevrette: Je voudrais tout d'abord m'assurer que la
Régie de la sécurité dans les sports va demeurer à
Trois-Rivières. Est-ce que je fais une mauvaise évaluation?
M. Picotte: À ce jour, je n'ai pas eu de demande
contraire. Je dois vous dire que j'ai un préjugé fort favorable
pour la région de la Mauricie. D'autant plus que M. Duquet qui est
à mes côtés dit qu'il vient de déménager
à Trois-Rivières, je n'ai pas l'intention de le retourner
ailleurs. Vous me permettrez de vous présenter, avant de commencer ce
volet, M. Duquet, le vice-président à la régie, qui a
dû, ce matin, remplacer M. le juge Bernier, le président de la
régie qui est absent; on me dit qu'il y a de la mortalité dans sa
famille.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais faire un court
préambule avant de poser mes quelques questions. On sait très
bien que la Régie de la sécurité dans les sports a
été fortement critiquée dans le passé, qu'elle a
pris énormément de temps à démarrer. Vous vous
rappellerez les campagnes de presse d'il y a environ trois ans, en particulier.
Vous savez qu'il y a eu des directives beaucoup plus serrées, en cours
de route, pour qu'elle soit plus effective, qu'elle se retrouve et qu'on puisse
en arriver à édicter une réglementation dans plusieurs
sports, en particulier les sports qui comportent énormément de
risques.
On sait que la boxe et le hockey, en particulier, ont beaucoup retenu
l'attention au départ; des réglementations ont été
produites. Il serait peut-être intéressant, dans un premier temps,
que vous puissiez me dire combien de disciplines ont maintenant leur
réglementation connue, négociée avec Ies
fédérations, agréée par les
fédérations. Est-ce que les négociations vont bon train
dans quelques cas ou s'il y a des accrochages majeurs? En fait, j'aimerais que
vous me fassiez un petit portrait de la situation: cela va bien dans tant de
disciplines, cela accroche dans telle et telle disciplines. Avant de parler de
la boxe comme telle, j'aimerais peut-être connaître un peu la
situation.
M. Picotte: M. le Président, comme il s'agit d'une
régie autonome, est-ce que la commission aurait objection à ce
que le vice-président, en mon nom, et ce sera inscrit au Journal des
débats comme étant une réponse...
M. Chevrette: Un instant, M. le Président.
M. Picotte: Non?
M. Chevrette: C'est le nom de monsieur qui sera là.
M. Picotte: M. Duquet, le vice-président de la
régie, donnera certains détails au député de
Joliette.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est parfait, M. Duquet,
vous avez la parole.
M. Duquet (Jean): En termes quantitatifs, je pourrais vous dire
qu'au cours des cinq premières années d'existence, il y a eu
effectivement 17 règlements de sécurité qui ont
été adoptés par la régie. Depuis l'arrivée
de M. Bernier et la mienne, à la régie, nous avons produit 22
nouveaux règlements, ce qui veut dire que maintenant, on va atteindre le
cap des 40 règlements de sécurité dans les sports
dûment déposés et dûment acceptés par le
conseil de la régie.
Concernant ce qu'on pourrait appeler la qualité, et certains
problèmes par rapport à certains règlements,
effectivement, il y a certains règlements que nous jugions plus
importants que d'autres. À notre arrivée à la
régie, après cinq ans, nous avions de la difficulté
à comprendre pourquoi, notamment au hockey, nous n'avions pas encore un
règlement de sécurité, alors que c'est
considéré comme notre sport national. Je peux vous dire que
maintenant, la fédération du hockey a effectivement son
règlement adopté par le conseil d'administration; il a
été déposé et il sera approuvé lors de la
prochaine rencontre du conseil de la régie. C'était
peut-être le règlement qui était le plus
problématique.
Ce règlement demeure quand même problématique dans
son application. On connaît un peu la situation du hockey, l'aspect de la
violence, des blessures - il y en a eu de très graves encore cet hiver -
il y a donc une deuxième action que devra mener la régie face
à cela, en plus du règlement de sécurité qui est
prévu pour l'année qui vient. C'est une action essentiellement de
soutien auprès de la fédération sportive comme telle, mais
soutien aussi auprès d'autres intervenants qui pourraient agir dans ce
sens. Je peux vous citer notamment, par exemple, tous les gérants
d'aréna au Québec. Actuellement, les gérants
d'aréna, au Québec, n'ont pas de véritable
responsabilité face à cela. Quelqu'un peut louer une
aréna, il n'a aucune condition, du moment qu'il paie son heure de glace,
les équipes peuvent jouer.
Il est donc à prévoir de la part de la régie une
intervention dans ce sens. Les gérants d'aréna sont très
ouverts à cela. Les démarches qu'on a faites au cours des
derniers mois nous démontrent qu'ils sont prêts à
préparer notamment un guide de prévention pour les arénas,
et ils sont même prêts, éventuellement, à aller plus
loin et à assumer une part de la responsabilité en termes
d'application du règlement.
M. Chevrette: Et concernant le ski nautique, maintenant, que j'ai
toujours considéré comme un des sports où vous retrouvez
le plus d'accidents?
M. Duquet: Proportionnellement à d'autres sports, non.
Proportionnellement au nombre de participants, c'est peut-être
égal à certains autres sports; mais je ne pourrais pas vous
donner des chiffres exacts, aujourd'hui, là-dessus.
M. Chevrette: Course automobile? (12 heures)
M. Duquet: Course automobile, cela commence, mais il y a des
problèmes qui se posent par rapport à d'autres lois. Je pourrais
vous dire, par exemple, qu'en ce qui touche le rallye, effectivement, les
intéressés ont déposé un règlement de
sécurité. On
pourrait l'approuver, mais il irait à l'encontre du Code de la
route. Actuellement, on s'assoit avec la Régie de l'assurance automobile
qui doit voir à la révision du Code de la route de façon
à pouvoir éventuellement appliquer ce règlement, mais il y
a d'autres types de règlements relatifs au sport automobile, pour le
Karting et ces choses-là, qui ont été
déposées. Cela avance beaucoup.
M. Chevrette: Maintenant, une embardée sur la boxe.
M. Duquet: Ce n'est pas moi l'expert.
Contrôle de la boxe
M. Chevrette: Ah! Ce n'est pas à titre d'expert. C'est
beaucoup plus... Je ne suis pas Benites d'ailleurs, donc le combat ne sera pas
truqué. La question est la suivante. Vous avez énormément
de difficulté comme groupe structuré légalement,
formé en vertu d'une loi, vis-à-vis des commissions
athlétiques, comme la Commission athlétique de Montréal
par rapport au fait que Verdun n'a pas de commission athlétique. Comment
entendez-vous régler concrètement ce problème qui urge?
Pour le contrôle des matchs de kick-boxing ou de boxe en
général, c'est bien évident que si c'est régi par
une commission qui n'a pas d'autorité et qui ne tire aucune
autorité de la législation... La seule autorité
législative en cette matière, c'est vous autres qui l'avez comme
régie. Comment se fait-il que, au moment où on se parle, il y ait
eu un rapport très sérieux sur la boxe - c'est un genre
d'enquête criminelle qui a eu lieu - qui n'a pas été rendue
publique pour des motifs... Je pense bien que ce n'est pas à votre
niveau non plus qu'on peut discuter des motifs de la non-divulgation du
rapport, je ne veux pas entrer dans cette partie parce que je sais que cela ne
relève pas de votre compétence. Comment concrètement
allez-vous asseoir l'autorité de la Régie de la
sécurité dans les sports sur les commissions athlétiques,
sur le contrôle des matchs, sur la sécurité de
l'athlète en tant qu'individu, parce que vous avez un rôle
à jouer vis-à-vis de l'intégrité même de
l'athlète? L'intégrité de l'athlète, c'est son
poids, c'est de faire face à un combat... Par exemple, un gars qui a 100
combats pourrait aller affronter un individu qui en est à son premier.
Ce sont toutes des normes minimales qui jouent dans le sport. La régie
a-t-elle du chemin de franchi? Sinon, comment entend-elle le franchir?
M. Duquet: La régie a déjà un bon bout de
chemin de franchi. Il est déjà inscrit dans la loi sur la
sécurité dans les sports que la régie va remplacer les
commissions athlétiques sur tout le territoire du Québec, sauf
que cet article n'est pas encore en vigueur. À la suite de la
déposition du rapport Bernier en juin dernier et, par la suite, de la
nomination du juge Bernier à la régie, il a été
entendu à la régie qu'on ne procéderait pas à la
mise en vigueur immédiate de cet article de la loi compte tenu du fait
qu'il fallait prévoir, en termes de législation, d'autres
éléments pour nous permettre vraiment d'être effectifs et
efficaces pour contrôler tout cet aspect de la boxe.
La régie a fait des recommandations au ministre à la suite
du dépôt du rapport Bernier; ces recommandations vont dans le sens
du rapport. La régie n'a pas retenu tout l'ensemble des recommandations
telles quelles, elle en a modifié certaines. Le rapport Bernier, pour
nous, allait trop loin sur certains aspects. Je pourrais vous dire, par
exemple, qu'on exigeait 3000 $ de frais de sanction pour obtenir un permis.
Cela saturait tous les petits promoteurs au Québec. Cela n'a pas
été retenu comme recommandations par la régie. Mais,
effectivement, on a soumis des recommandations au ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Le ministre s'est engagé à
procéder d'ici à la fin de l'année à des
modifications à la loi sur la régie pour nous permettre de
devenir efficaces. Les recommandations qu'on lui a soumises iront dans le sens
de pouvoir agir sur l'émission, la suspension et la révocation
des permis et non pas uniquement pour le promoteur, mais aussi bien pour le
boxeur, le partenaire d'entraînement, pour l'officiel, même pour
l'imprimeur de la billetterie parce que, au comité d'étude, il a
été démontré que, souvent, il y avait plus de
billets en circulation que de bancs dans certains amphithéâtres et
qu'il y avait plus d'un imprimeur. Il y aura donc un contrôle
exercé par la régie à ce niveau.
M. Chevrette: ...ce rapport-là, vous avez l'air de l'avoir
lu...
M. Duquet: C'est dans les recommandations.
M. Chevrette: Ah!
M. Duquet: Nous pourrons agir aussi sur les contrats, pour
éviter les abus, nous pourrons connaître véritablement les
contrats. Quel est le contrat qui lie le boxeur à son entraîneur
ou qui lie le boxeur au promoteur? Quel est le contrat, au chapitre des droits
de diffusion, qui lie le promoteur à un réseau américain,
par exemple? Parce qu'on se souvient - c'était dans le comité
d'étude - qu'au chapitre du combat du siècle au Parc olympique,
cela nous a coûté 6 000 000 $. Nous avons assumé un
déficit de 6 000 000 $, alors
qu'un certain groupe américain est parti aux Etats-Unis avec 34
000 000 $ dans ses poches. Nous pourrons intervenir à ce niveau. Nous
recommandons aussi, malgré ces amendements à la loi - on ne
voudrait pas non plus régimenter tout le monde de la boxe - de maintenir
un droit d'appel à la régie. Nous allons même
jusqu'à recommander un droit d'appel devant la Cour provinciale,
éventuellement, pour les gens qui se sentiraient lésés par
une décision qui pourrait être prise par la régie.
Globalement, nos recommandations tournent autour de cela. Ainsi, nous pensons
pouvoir véritablement contrôler le milieu.
M. Chevrette: Toujours à propos de la boxe. Entre-temps,
prenons par exemple l'organisation d'un combat à Verdun, qui n'est pas
sur le territoire de la Commission athlétique de Montréal,
comment procède la régie pour s'assurer que ce qui se passe
à Verdun se situe dans les normes minimales acceptables?
M. Duquet: À l'heure actuelle, nous n'avons pas de
véritable pouvoir pour intervenir à ce niveau. Nous intervenons
par l'intermédiaire d'autres ministères - le ministère de
la Justice, par exemple - en leur disant: II n'y a pas de commission
athlétique à cet endroit; selon nous, les gens ne peuvent pas
tenir un combat à Verdun.
Certaines démarches ont été entreprises par le
ministère de la Justice dans ce sens, auprès de certaines
municipalités. Nous, nous avons ce qu'on appellerait un pouvoir
d'influence. Par exemple, il y a eu un cas dans une municipalité du
Québec, où des gens ont voulu tenir un combat de kick-boxing.
Nous sommes intervenus notamment auprès du promoteur, et auprès
du commanditaire qui s'est d'ailleurs retiré, en apprenant que le geste
était illégal. Il ne voulait pas collaborer à une
activité de type illégal. Nous agissons présentement
à ce niveau.
Mais d'une façon définitive, on ne pourra pas
régler le problème si on maintient ce qu'on peut appeler deux
classes de citoyens; ceux qui ont le droit et ceux qui n'ont pas le droit.
C'est-à-dire que ceux de Montréal et de Québec ont le
droit et les autres au Québec n'ont pas le droit. La seule façon
de régler cela, c'est de créer ce qu'on pourrait appeler une
grande commission athlétique pour le Québec. Il y a
déjà un organisme qui s'en occupe; c'est la régie.
Aussitôt que la régie va devenir opérante à ce
niveau, les commissions athlétiques vont disparaître; celles de
Québec et de Montréal. La régie va prendre en main
l'ensemble des sanctions pour les sports de combat au Québec.
M. Chevrette: Mais, de toute façon, vous avez le pouvoir;
c'est parce que vous n'êtes pas organisés. Entre vous et moi,
l'assise légale est dans la loi. Il manque des
spécificités de sanctions, si je comprends bien.
M. Duquet: Oui. Même l'article 70, qui prévoit la
disparition des commissions athlétiques, n'est pas en vigueur.
Même les articles sur les sports de combat ne sont pas
présentement en vigueur. Il nous faudrait procéder par
règlement, et demander l'approbation des règlements. Alors, ils
seraient en vigueur. On l'a retenu depuis cinq mois, compte tenu du
comité d'étude; nous attendions la publication des
recommandations du comité d'étude. Nous voulions aussi soumettre
des recommandations au ministre de façon qu'on puisse mettre l'article
70 en vigueur, mais cela ne réglera pas le problème
énoncé dans le rapport du comité d'étude. Il faut
absolument amender certains autres articles de la loi.
M. Chevrette: Pour donner plus de dents et pour pouvoir
procéder immédiatement... seulement par sommation, je
suppose...
M. Duquet: II faut bien comprendre que c'est une expression qui
est employée souvent; donner plus de dents ne veut pas dire de se
promener, comme Rambo, dans les rues avec une carabine. Ce n'est pas cela.
M. Chevrette: Non, je comprends.
M. Duquet: La régie ne demande pas cela.
M. Chevrette: Donner plus de dents peut signifier enlever plus de
pouvoirs à certains, par exemple. Les ponctions dans les soins
dentaires, nous sommes habitués à cela...
Cela dit, je voudrais revenir aux suites données par la
régie. Vous avez exclusivement un pouvoir de recommandation au
ministre.
M. Picotte: En fait, pour répondre à votre
question, c'est que le ministre a demandé à la régie de
lui faire des recommandations.
M. Chevrette: À partir de ces recommandations, vous avez
l'intention de proposer des amendements législatifs.
M. Picotte: À partir de ces recommandations - d'ailleurs,
nous avons eu une première séance de travail où nous avons
examiné la possibilité d'apporter des amendements dans certains
cas, d'ajouter d'autres éléments dans d'autres, d'autres articles
à la loi - nous sommes en train de discuter de la
possibilité que certains articles qui existent
déjà, qui sont inopérants, soient modifiés aussi
parce que tout cela entre en ligne de compte. Quand nous aurons fini ce travail
avec les responsables de la régie, puisque ce sont eux qui doivent voir
sur le terrain l'application d'une loi possible et future, laquelle serait
adoptée par l'Assemblée nationale ou modifiée par cette
dernière, je devrai en discuter avec le ministre de la Justice, mon
collègue, afin de bien examiner les amendements que nous avons
l'intention d'apporter. Par la suite, je ferai la discussion au Conseil des
ministres; si ce dernier le juge à propos, je...
M. Chevrette: Et, entre-temps, M. le ministre...
M. Picotte: ...devrai déposer un projet de loi en ce sens
è l'Assemblée nationale.
M. Chevrette: II me semble que c'est en désaccord avec
certains amendements, parce que je me souviens que déjà, à
l'époque, on pensait à l'amender puisqu'on trouvait que les
pouvoirs n'étaient pas assez limités. De toute façon,
c'est une loi toute neuve, c'est à l'usage qu'on se rend compte, bien
souvent...
M. Picotte: Expérimentale.
M. Chevrette: ...s'il manque véritablement des
poignées, comme on dit dans notre jargon politique.
Cela dit, entre-temps, il n'en demeure pas moins qu'il y a des victimes
possibles et ce sont les athlètes. Je considère que c'est
peut-être l'athlète, le premier, qui est victime, en particulier
dans le secteur de la boxe et du kick-boxing, parce qu'il y a tellement de
promoteurs et d'intermédiaires dans cela, contrairement à
d'autres sports d'équipe même s'ils peuvent être violents.
C'est plus intéressant, si vous voulez, pour attirer ce qu'on appelle
communément la mafia.
Entre-temps, vous me dites que vous discutez avec le ministre de la
Justice, comme Régie de la sécurité dans les sports. Mais,
est-ce que vous dépêchez sur place, par exemple, un médecin
qui peut vérifier les pesées? Est-ce que vous envoyez sur place,
lorsqu'il y a un combat à Verdun, quelqu'un qui connaît
suffisamment la boxe et qui est capable de vous dire que cela n'a pas de bon
sens, cette carte de boxé, car il y en a un qui a 37 combats, un
Américain, et il s'en vient rencontrer un jambon, ici, qui a un
demi-combat?
M. Picotte: Oui. Mais...
M. Chevrette: Est-ce que cela se fait déjà?
M. Picotte: On me dit que la régie a fait plus,
jusqu'à présent, que de discuter avec le ministère de la
Justice. À la suite de ces discussions avec le ministère de la
Justice, ce dernier a ordonné à la commission athlétique
de suspendre certains événements, ce qui a été fait
jusqu'à présent. Alors, je pense que c'est une collaboration
très étroite en attendant que la loi soit amendée au point
de donner de réels pouvoirs à la Régie de la
sécurité dans les sports afin de tâcher de bien baliser les
événements dont vous faites mention, que ce soit dans ce domaine
comme dans d'autres.
Cependant, j'ajouterai ceci, c'est qu'il faut bien spécifier...
On me dit qu'au Québec il y a à peu près 20 boxeurs
professionnels. Donc, il faut tenir compte de cet élément dans le
dossier, quand nous amendons la loi ou lorsque nous donnons des pouvoirs accrus
à la régie. Si je ne m'abuse, lorsque la régie a
été créée de par la loi, elle avait pour mission,
dans ses débuts du moins, de commencer à mettre de l'ordre et
à regarder ce qui pourrait être apporté dans
différentes disciplines. Par la suite, lorsqu'il arrive des
événements comme ceux auxquels on fait référence et
qu'on se rend compte que, finalement, les pouvoirs ne sont pas suffisants,
c'est là qu'on essaie de trouver des solutions pour permettre à
la régie d'être vraiment opérante et de jouer le rôle
qu'elle doit jouer en ce qui concerne l'organisation des sports. (12 h 15)
M. Chevrette: Mais, vous ne croyez pas - en tout cas, je ne le
sais pas - que, pour donner de la crédibilité à la
régie, quand vous avez pratiquement un rapport, je dirais, d'une
enquête quasi criminelle - cette enquête est sérieuse, c'est
un juge qui la présidait; entre vous et moi, c'est un concours de
circonstances, c'est une coïncidence, mais c'est le même juge - vous
ne croyez pas, dis-je, que lorsqu'on apprend qu'il y a même eu du trucage
dans des combats, au moins le ministre responsable du sport, du loisir en
général et de toutes les normes, de l'éthique dans le
monde du sport et du loisir, devrait s'organiser pour que lumière soit
faite et que poursuite soit prise par son collègue immédiatement,
afin de ne pas entacher le monde du sport comme tel et même de donner une
crédibilité à sa régie, qui est encore en envol,
qui n'est pas partie, qui a encore des battements sur certains domaines, qui
n'a pas encore l'envol qu'on pourrait connaître?
M. Picotte: C'est la raison pour laquelle ce rapport a
été produit à l'ex-ministre de la Justice au mois de juin
1985. Quand nous sommes arrivés au pouvoir, mon collègue le
ministre de la Justice en a pris connaissance; nous avons eu certaines
discussions ensemble. C'est la raison pour
laquelle vous avez entendu dire par mon collègue de la Justice,
tout dernièrement: Nous sommes d'accord et nous voulons procéder
le plus rapidement possible à modifier la loi afin de permettre à
la régie de jouer son rôle tel qu'elle doit le jouer dans les
meilleurs délais. C'est dans cette foulée de déclarations
de mon collègue de la Justice et de moi-même - nous sommes
d'accord avec ce principe - que nous avons dès maintenant entrepris avec
la régie de nous offrir certaines suggestions...
M. Chevrette: Je suis bien d'accord avec vous, M. le ministre, et
nous allons vous appuyer. Je pense qu'il y a deux genres d'action: Le rapport
conduisant à une nécessité de changement dans votre loi
constitutive de la régie, mais également des actions de justice
pour écarter du monde de la boxe des êtres qui viennent abuser de
certains individus, dont certains athlètes entres autres, et
peut-être d'autres personnes à d'autres niveaux. Vous connaissez
toute la ribambelle de personnes qui gravitent autour d'un combat de boxe.
M. Picotte: Monsieur...
M. Chevrette: Cela va de celui qui monte le petit banc à
celui qui prend la serviette, vous le savez. Vous pourriez aller visiter
certains locaux, me dit-on, du centre Paul-Sauvé, pour y regarder sur
certains murs de certains locaux loués à certains individus, et
vous auriez peut-être la liste des "shylockers" affichée aux murs.
Cela pourrait être très profitable pour votre collègue de
la Justice.
M. Picotte: Avant de céder la parole à M. Duquet,
qui aurait peut-être des points importants à préciser
à ce sujet, je me réjouis de constater que l'Opposition serait
d'accord avec nous si, effectivement, dans les meilleurs délais, nous
apportions, pour étude à l'Assemblée nationale, un projet
modifiant la loi de la régie. Je prends acte que, par les questions que
pose mon collègue le député de Joliette, ce sera sans
doute un appui tangible à ce que nous apporterons comme
améliorations au projet de loi.
Mais je vais demander à M. Duquet de répondre plus
précisément à une partie de ces questions.
M. Ouquet: Il ne faut pas penser que, parce que les amendements
à la loi n'ont pas encore été déposés
à l'Assemblée nationale, il ne se passe rien. Effectivement,
partout où il y a un combat de boxe il y a quelqu'un de la régie
qui est présent.
Quand c'est un combat de nature illégale, c'est-à-dire en
dehors d'une commission athlétique, je peux vous dire que la
Sûreté du Québec est présente. Nous avons fait des
interventions dans ce sens et la Sûreté du Québec nous a
toujours donné son appui sur cela. Il y a des gens de la
Sûreté du Québec qui sont présents.
Je pourrais vous dire aussi qu'à la suite du dépôt
du rapport du comité d'étude, certaines enquêtes aussi ont
été menées ou vont être menées, soit par la
Sûreté du Québec, soit par la police de la
Communauté urbaine de Montréal en collaboration, probablement,
avec la Gendarmerie royale du Canada sur certains cas très
spécifiques. Je ne veux pas m'avancer à vous les nommer ou
à vous les citer, mais, effectivement, il y a des choses qui se font. De
là à pouvoir vous dire: Voici le résultat aujourd'hui, il
est encore trop tôt pour le faire. Mais, il y a effectivement des choses
qui ont cours, actuellement.
M. Chevrette: La régie - cette question, je vais la poser
au ministre - on voit qu'elle progresse dans la fabrication ou dans la
constitution de ses règlements. Ses échanges ont progressé
beaucoup; on est passé de 17 à 40 règlements. Donc,
à la régie, le travail augmente considérablement. Parce
que ce n'est pas tout de faire adopter un règlement, il faut voir
à son application par la suite.
Comment le ministre peut-il m'expliquer que, dans l'espace d'une
année, il y a eu le double d'une réglementation approuvée
et que ses crédits budgétaires sont diminués de
près de 100 000 $, certain, ou de 200 000 $, alors que la régie
semble connaître un accroissement de travail extraordinaire? Pour donner
un chiffre précis, c'est 2 736 300 $ par rapport à 2 823 000 $,
c'est à peu près 100 000 $.
M. Picotte: On me dit qu'au point de départ il y avait un
travail de base à faire pour certains règlements. Ce travail de
base étant quasi complété, nous aurions besoin d'un peu
moins de monde maintenant pour administrer la Loi sur la sécurité
dans les sports. En ce qui concerne le budget comme tel, ce n'est pas le
ministre qui est allé défendre le budget de la régie au
Conseil du trésor. C'est la régie elle-même qui est
allée au Conseil du trésor. M. Duquet m'a dit que, la
régie n'a pas demandé d'avoir de l'argent additionnel; elle n'a
pas demandé plus que ce qu'elle a obtenu puisqu'il semblerait qu'elle
soit capable de fonctionner dans le cadre du budget qui lui est
dévolu.
M. Chevrette: Je sais que ce n'est pas le ministre qui se
présente. C'est l'équivalent d'un sous-ministre, un
président de régie.
M. Picotte: Oui.
M. Chevrette: Et Dieu sait s'ils se considèrent parfois
vraiment comme des
équivalents. Je vous conterai quelques histoires
là-dessus... dans certains corridors...
M. Picotte: ...au MAS, qui courent là-dessus.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Chevrette: Cela dit, je suis personnellement surpris de
constater que, dès que les règlements sont approuvés, la
régie commence à jouer son rôle peut-être le plus
efficace: voir à l'application du règlement. Il m'apparaît
que la préparation des règlements, contrairement à la
prétention que vous venez d'affirmer, peut se faire en collaboration
avec les fédérations elles-mêmes. Un seul coordonnateur qui
s'y connaît peut très bien, je pense, aller s'asseoir avec les
fédérations concernées, voir à l'élaboration
d'un règlement et faire les recommandations qui s'imposent au conseil de
la régie.
Mais après, l'application demande bien plus de monde. Le
même soir, vous pouvez avoir dix événements sur le
territoire du Québec et ce n'est plus celui qui élabore un
règlement qui est nécessaire, mais ce sont dix personnes
chargées de contrôler l'application et de surveiller. Je vous
avoue que j'ai de la difficulté à croire votre réponse, M.
le ministre.
M. Picotte: Après l'adoption de ces règlements, ce
sont les différentes fédérations qui devront faire
appliquer les règlements que la régie a entérinés.
D'une part, les fédérations comme telles ont ce rôle
à jouer. D'autre part, s'il est porté à la connaissance de
la régie qu'il y a des anomalies ou que certaines choses ne sont pas
respectées, le processus judiciaire s'enclenchera à la
régie pour que la loi soit respectée.
Au moment où la régie me dit: Nous sommes capable de
fonctionner avec ce que nous avons là, je dis: Parfait, on vous laisse
aller. Lorsqu'une loi sera adoptée et qu'elle donnera des charges
additionnelles, si te président de la régie, au cours de
discussions avec moi, me démontre qu'il faudrait apporter des
changements ou permettre d'avoir du personnel additionnel, je m'en ferai le
défenseur auprès du président du Conseil du trésor
pour que la régie soit vraiment fonctionnelle.
M. Chevrette: M. le ministre, vous allez avoir de graves
problèmes.
M. Picotte: C'est possible, mais on les prendra au fur et
à mesure.
M. Chevrette: Je savais personnellement que c'était les
fédérations qui, dans un premier temps, voyaient à
appliquer les règlements. Je le savais tellement bien que je n'ai pas
osé commencer par cela, en vous posant la question.
M. Picotte: Je voulais vous le rappeler.
M. Chevrette: Je suis content que vous me le rappeliez, mais je
vous poserai une deuxième question. Je suis entièrement d'accord
avec ce fonctionnement, car cela n'aurait pas d'allure d'engager un nombre
considérable d'employés à la régie. Ce serait un
non-sens. Les fédérations le savent. Elles ont participé
à l'élaboration des règlements. Je sais cela.
Comment pourriez-vous m'expliquer, dans une cohérence globale,
que vous jugez que les fédérations ont peut-être trop
d'argent, dans certains cas, ou que vous les gelez complètement et leur
attribuez des responsabilités additionnelles, celles d'appliquer une
réglementation, alors que la régie s'en lave les mains. Elle peut
même se permettre de donner 100 000 $ de budget au Trésor, lui qui
a subi une ponction au chapitre national dans les subventions aux organismes
nationaux ou aux fédérations. Cette partie ne vous
apparaît-elle pas tirée par les cheveux?
M. Picotte: II semble que les fédérations soient
relativement heureuses maintenant de constater qu'il y aura des
règlements qui n'existaient pas auparavant et qui devront être
appliqués sur le terrain par les bénévoles - par les
arbitres, entre autres, du côté du hockey - par les gens qui
oeuvrent dans ce domaine. Donc, il y aura des règlements à
respecter. La compression budgétaire de 6000 $ ne viendra en aucune
façon entacher ce genre de travail que peut faire la
fédération. Il sera toujours possible pour les
fédérations, même avec une enveloppe budgétaire de
56 000 $, d'alerter rapidement... La régie va jouer aussi un rôle
de soutien et de gardien de la loi, mais aussi de soutien lorsqu'on aura besoin
de soutien ou de spécialistes, chez les fédérations, pour
faire en sorte que la loi soit respectée.
On me dit que la régie a prévu jusqu'à ce jour 100
000 $, en termes d'imputation budgétaire, pour offrir un soutien aux
différentes fédérations dans ce domaine.
M. Chevrette: M. le Président, je vous avoue que j'ai de
la difficulté à croire que cela fait sérieux pour les
motifs suivants. On ampute les fédérations et on leur donne
maintenant un rôle très spécifique au niveau de chacun de
leurs adhérents, responsabilité extrêmement forte parce que
c'est une assise légale, c'est une réglementation qui est issue
d'une loi cette fois-ci et non pas une réglementation, un genre de code
d'éthique qu'on s'est bien donné antérieurement, soit au
baseball, soit au hockey. Mais là c'est une
réglementation qui trouve une assise légale. On confie
cela aux confédérations lesquelles fédérations ont
été amputées de 6000 $ au niveau des subventions - pour
qu'elles puissent mener leur administration régulière, mais en
plus administrer un règlement qui trouve une assise légale dans
une loi.
On me dit: Ils ne s'en porteront pas pire, 6000 $ de moins, ce n'est pas
bien grave. Je trouve que c'est grave, et même très grave, parce
que je suis convaincu que si les fédérations veulent jouer un
rôle sérieux et appliquer une réglementation qui a une
assise juridique, elles auront besoin de ressources humaines. Je ne crois pas
que c'est un bénévole, contrairement à l'affirmation du
ministre, qui va partir de Chicoutimi pour aller à Dolbeau un soir
superviser une activité sportive, jouant ainsi un rôle bien
précis d'applicateur d'un règlement. C'est poussé loin,
d'autant plus que la régie. À entendre le ministre, la
régie aurait beaucoup trop d'argent, je ne comprends plus cela. Elle en
manquait pour préparer son règlement, et maintenant elle a 100
000 $ d'un coup à remettre au Conseil du trésor. Elle a
budgétisé 600 000 $ pour le soutien direct aux
fédérations. Y aurait-il une autre somme de 100 000 $ quelque
part qui pourrait nous permettre de dire que vous allez pouvoir superviser les
grands événements sportifs?
M. Picotte: Avant de permettre...
M. Chevrette: Voulez-vous nous décortiquer, M. le
vice-président, le budget de la régie pendant deux minutes pour
que l'on sache où sont cachés les 100 000 $?
M. Picotte: ...à M. le vice-président de donner des
réponses apparemment à toutes les questions que vous avez
posées, je vous dirai que les 6000 $ de compressions sont dans
l'enveloppe de base de soutien aux organismes et aux associations. Il y a
toujours un volet, à mon ministère, où nous acceptons - et
nous allons continuer d'accepter - les projets spéciaux que nous
présentent ces fédérations. Cela existe toujours.
M. Chevrette: L'enveloppe est de combien dans les projets
spéciaux?
M. Picotte: Je l'ai dit au cours de l'étude des
crédits, mais je vais aller chercher le montant et je pourrai vous le
mentionner. Alors, il y a toujours des projets spéciaux qui vont
continuer d'être acceptés, avec la collaboration des
fédérations, pour chacune des fédérations qui vont
en faire la demande et qui seront étudiés selon leur importance,
d'une part. Ce montant est de...
M. Chevrette: Entre-temps, je pourrais peut-être demander
au ministre s'il n'y aurait pas lieu, plutôt que d'y aller par le volet
des projets spéciaux, d'y aller en amendant votre politique de
financement? Vous savez déjà d'ailleurs quelles sont celles qui
ont des règlements à appliquer et si dans votre politique de
financement des organismes vous en prévoyez l'application, ce serait
peut-être plus simple que de laisser porter le fardeau à une
fédération de présenter un projet spécial. Je
répète ma question parce que je trouve que vous devriez y
aller... C'est même une suggestion que je fais au ministre. Cela
m'apparaîtrait tout à fait correct vis-à-vis des
fédérations qui, elles, sont formées, dans la
majorité des cas, pour leur conseil d'administration, de
bénévoles. Plutôt que de demander à ces
bénévoles de vous préparer des projets spéciaux, M.
le ministre, ne croyez-vous pas qu'il serait plus logique de penser à
amender votre politique de financement des organismes en tenant compte du volet
d'application des règlements en vertu de la loi sur la régie? (12
h 30)
M. Picotte: Vous comprendrez, M. le député de
Joliette, compte tenu que vous avez occupé les mêmes fonctions que
moi, que tous les programmes du ministère doivent être
révisés. Pas uniquement celui-là, tous Ies programmes.
Compte tenu du temps que nous avions pour prendre connaissance, du 12
décembre jusquà aujourd'hui, pour commencer à faire une
révision complète des programmes, et vous savez que c'est le
ministère qui possède à peu près le plus de
programmes normés au niveau du gouvernement...
M. Chevrette: Après l'Agriculture.
M. Picotte: ...après l'Agriculture, justement, compte tenu
que nous sommes le deuxième ministère de ce
côté-là, évidemment, la réforme de certains
programmes va se faire graduellement et nous devions, cette année, nous
dépêcher d'accepter ou de reconduire certains programmes pour
permettre que rapidement des gens fassent des demandes et qu'on puisse
être capable de répondre aux besoins pour l'année
1986-1987.
Donc, tous les programmes doivent, chez nous, subir le test d'une
révision, soit qu'on garde exactement les programmes qui existent, qu'on
les modifie, qu'on modifie leur orientation ou qu'on change la façon de
les évaluer, d'une part. En ce qui concerne les projets
spécifiques, plus précisément - au lieu d'appeler cela des
projets spéciaux, appelons cela des projets spécifiques - dans ce
budget, il y a encore une enveloppe de 2 500 000 $ à 3 000 000 $
dévolue à ce genre de projets spécifiques.
M. Chevrette: Oui, mais on sait très bien... Je me
rappelle le fameux volet budgets spécifiques par rapport à la
base, ce qui fait, grosso modo, des subventions supposons de 100 000 $ pour une
fédération. Vous voudriez, dans votre réponse - c'est ce
que j'ai cru comprendre - que la fédération qui a un
règlement à appliquer en vertu de la loi sur la régie...
Pour qu'elle ne soit pas pénalisée, parce que vous avez fait une
ponction de 6000 $ dans son enveloppe de base, vous lui dites: Tourne-toi de
bord et va chercher tes 6000 $ dans les projets spécifiques.
M. Picotte: Je n'ai pas dit que je voulais cela.
M. Chevrette: Cela revient à cela.
M. Picotte: J'ai dit qu'il y a toujours cette possibilité
qui reste au niveau des fédérations.
M. Chevrette: Vous ne croyez pas, M. le ministre, que c'est
beaucoup plus simple à ce moment-là, au niveau de la politique de
financement elle-même... Quand vous savez que c'est en vertu d'une loi
que le Parlement a votée que c'est en vertu d'une loi qu'on force une
fédération à appliquer une réglementation, il
m'apparaît que cela devrait devenir un critère de la politique, un
des éléments de la politique de financement et personne ne
pourrait invoquer, aucune fédération... Le risque que vous
encourez en laissant porter l'odieux à une fédération d'y
aller par le biais de projets spécifiques, c'est qu'une
fédération invoque le fait que vous l'avez coupée de 6000
$ pour ne pas appliquer adéquatement une réglementation que vous
auriez adoptée par le biais de la régie. À mon sens
à moi, on enlèverait même la tentative d'arguments faciles
que pourrait avoir une fédération en disant: Vous voulez qu'on
applique des règlements, mais vous nous coupez nos subventions. Alors
que cela devenait un élément de la politique de financement, j'ai
l'impression qu'aucune fédération ne pourrait invoquer cet
argument. Vous seriez à l'abri de toute critique là-dessus. Moi,
en fait, c'est pour vous rendre service que je dis cela.
M. Picotte: Je vous redis, M. le député de Joliette
que, si, en cours d'année, nous évaluons ces programmes et qu'il
nous semble préférable d'agir de cette façon, nous
prendrons les mesures qui s'imposent pour que ce soit corrigé pour le
prochain exercice financier. Pour cette année, il ne nous paraissait
pas... d'une certaine façon, nous n'avions pas le temps de consacrer
toutes nos énergies à la révision complète des
programmes, et, plus, nous devions faire en sorte que les gens puissent
continuer de bénéficier des programmes du ministère. C'est
la raison pour laquelle nous faisons régulièrement une
révision de chacun des programmes. Pour répondre
spécifiquement à votre question, pas nécessairement
à celle-là, mais à d'autres inquiétudes que vous
aviez tantôt, je pense que le vice-président de la régie
pourrait vous donner des explications qui, sans être satisfaisantes,
pourraient au moins vous éclairer davantage.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Du-quet.
M. Duquet: Je pourrais vous dire qu'effectivement la direction de
la régie a rencontré toutes les fédérations
sportives en décembre et janvier et que cela a été une
rencontre d'évaluation avec elles, à savoir: Cela fait cinq ans
que la régie existe, qu'on a à travailler avec vous autres,
comment évaluez-vous notre travail commun? Avez-vous encore des
problèmes au niveau de l'élaboration des règlements de
sécurité pour les fédérations qui n'en ont pas
déposé et avez-vous des problèmes au niveau des
fédérations qui ont à appliquer des règlements de
sécurité? Je peux vous dire que les demandes qu'on a eues de la
part des fédérations, ce sont effectivement des demandes de
soutien. Ce ne sont pas des demandes... Je pourrais vous dire que dans 95 % des
cas il n'y a pas une fédération qui nous a dit qu'elle voulait
plus de personnel, qu'elle voulait plus de personnes pour travailler sur cela.
La majorité des fédérations nous a dit qu'elle avait des
problèmes au niveau de la diffusion, au niveau de la sensibilisation, au
niveau de la formation des cadres sportifs en termes de sécurité.
Elles nous ont dit qu'elles aimeraient avoir des ressources qui viennent de
chez nous pour former ces gens-là dans ce domaine. C'est autour de cela
que les fédérations ont argumenté avec nous.
Effectivement, on s'est retourné de bord assez vite pour pouvoir leur
offrir un programme de soutien entre le 4 février et le 31 mars et
là, on a reconduit ce programme de soutien, mais d'une façon
beaucoup plus grande pour l'année financière 1986-1987. À
ce niveau-là, je pense que les fédérations sont
satisfaites du travail qu'elles peuvent accomplir dans ce domaine. Je dois vous
dire aussi que, sur certains autres aspects, il y a une difficulté qui
se présente dans l'application, parce qu'actuellement la loi
définit le mot "sport" comme étant uniquement le sport
pratiqué de façon compétitive. Or, vous savez que cela,
c'est très peu de gens. Si on prend le ski, c'est 1000 personnes sur 750
000. La sécurité, effectivement, couvre aussi les 750 000
personnes. Il faudra aussi éventuellement procéder probablement
à des ajustements à ce niveau, concernant la définition,
pour permettre de responsabiliser d'autres personnes en termes de
sécurité. Le
propriétaire du gymnase, le propriétaire de
l'aréna, il faut lui donner la possibilité d'être
responsabilisé par rapport à cela. S'il n'a pas la
possibilité de se responsabiliser, il ne peut rien faire. Effectivement,
il fait signer son contrat d'aréna. Et, s'il arrive un accident, il y a
les premiers soins, il y a l'ambulance mais il ne peut pas, finalement, dire
aux gens qui viennent chez lui: Vous savez, il y a un règlement de
sécurité qui existe; quand tu signes le contrat, tu t'engages
à le respecter comme tout le monde. D'accord. C'est là qu'on va
aller toucher les gens. Ce n'est pas en augmentant nécessairement le
nombre d'employés à la régie ou le financement comme tel.
Nous, nous pensons qu'actuellement, compte tenu des effectifs que nous avons,
nous sommes capables de procéder et de travailler.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. J'imagine que ce serait
peut-être l'occasion de discuter des problèmes qui se posent
à certains endroits où il y a des compétitions sportives
avec des dangers d'accident. Je pense au cas, par exemple, où on peut
avoir besoin d'oxygène, de pansements. On s'aperçoit que, dans
plusieurs cas, les gens qui seraient ou qui devraient être responsables
de fournir ces besoins ne sont pas là. Très souvent ces choses
sont gardées sous clef, ne sont pas accessibles. Très souvent les
personnes qui pourraient s'en servir n'ont pas la clef ou ne savent pas comment
s'en servir. Je me demande s'il y a quelque chose qui se passe dans ce domaine.
Est-ce qu'il y a des obligations faites aux responsables des arénas, aux
responsables des terrains, des plateaux sportifs pour faire en sorte qu'on ne
connaisse pas des situations où, soit qu'on n'ait pas à
portée de la main les médicaments, les pansements qui pourraient
éviter des accidents ou l'aggravation de certains accidents soit,
encore, qu'on n'ait pas sur place des gens qui puissent savoir comment s'en
servir? Est-ce que la commission s'occupe de cela, est-ce que c'est une
préoccupation? Qu'est-ce qui se passe dans ce domaine?
M. Duquet: C'est d'ailleurs une préoccupation majeure
actuellement au niveau de la régie, parce que, même si vous avez
des règlements de sécurité et même si les
fédérations veulent les appliquer, dans beaucoup de cas, elles
n'ont pas de pouvoir pour appliquer ces choses. Nous, nous ne voulons pas
nécessairement leur donner les pouvoirs. Mais, nous voulons que les gens
où se déroule l'activité soient responsabilisés
face à cela. Certains programmes vont être élaborés
au cours de l'année. Il y a présentement un guide de
prévention pour tous les gymnases au Québec. On est en train de
le produire. Il y a une commission scolaire qui s'est offerte pour travailler
avec nous et même le tester, l'utiliser auprès de son personnel.
Cela veut dire qu'on va pouvoir rejoindre du jour au lendemain à peu
près 1 200 000 élèves. Pour les municipalités et
les arénas, l'association des arénas est prête actuellement
à bâtir aussi un guide de prévention dans ce
sens-là. Il y a aussi certains programmes qui vont être conduits
avec l'entreprise privée comme telle. Je pense, par exemple, à
l'association des propriétaires de stations de ski qui, l'an
passé, s'est déjà engagée dans un programme de
prévention avec nous dans l'ensemble des stations de ski. Nous croyons
que les résultats ont été probants, parce que le nombre de
blessures graves a diminué d'au moins 50 % par rapport à l'an
passé. On veut travailler dans ce sens-là. Je vais vous donner un
exemple du type de problèmes qui peuvent se présenter. Vous avez
la fédération d'escrime qui a un règlement de
sécurité. Bien qu'elle possède un règlement de
sécurité qui lui permet de tester tous les masques qui sont
utilisés en escrime, cela ne lui permet pas d'intervenir dans un
cégep qui donne un cours en escrime pour lui dire: Tes masques ne
fonctionnent pas; tes masques ne sont pas sécuritaires. Cela fait huit
ans que tu les utilises; ils ne le sont plus. Cette fédération
n'a pas cette autorité. La seule façon de régler ce
problème, c'est de dire finalement à l'institution: Tu te rends,
toi aussi, responsable du règlement de sécurité. La
fédération va te fournir les moyens, l'expertise et tous les
conseils que tu veux là-dessus. Mais ton masque, c'est à toi de
le changer.
Je pourrais vous dire qu'actuellement, selon une étude qu'on
avait fait faire l'an dernier par la Fédération d'escrime,
seulement pour la région de Montréal, ils considéraient
que 75 % des masques utilisés dans les cégeps étaient non
sécuritaires.
M. Doyon: Disons que je comprends les efforts qui sont faits dans
le but. de rendre plus sécuritaires certains équipements, mais je
pense plus particulièrement aux trousses de premiers soins, par exemple,
qui doivent être suffisamment complètes et qui doivent pouvoir
être utilisées par des gens qui savent comment s'en servir. Ici
à Québec, on sait qu'il y a des arénas, où des gens
jouent au hockey, par exemple, et s'il survient une blessure, c'est le
concierge - encore chanceux, s'il y en a un - qui est là pour appliquer
les premiers soins, raviver les jeunes qui peuvent se blesser, arrêter le
sang de couler... En tout cas, il y a toutes sortes de problèmes qui
sont concevables. Je me demande s'il y a quelque chose qui se fait dans ce
sens-là. Est-ce qu'il y a une obligation pour les arénas
d'être équipées
convenablement pour éviter, quand un accident arrive... On peut
parfois ne pas pouvoir éviter des accidents mais on peut limiter les
dégâts. Il est inquiétant, cela a fait l'objet de
discussions ici dans la région de Québec, de voir que,
finalement, c'est laissé au bon vouloir de tous et chacun.
Finalement, s'il arrive un accident, on espère que la police ou
les ambulances vont arriver assez vite en disant qu'il y a seulement
l'hôpital pour régler le problème, alors qu'on peut faire
un certain nombre de gestes importants, au bon moment, dès que
l'accident se produit. Qu'est-ce qui se passe à ce sujet-là?
M. Picotte: C'est pourquoi on me dit qu'il est urgent que la
préparation qu'on est en train de faire quant au guide de
prévention soit effectuée et prête dans les meilleurs
délais. Il est même prévu à l'intérieur de
cela qu'il y aura des cours qui seront dispensés à ceux qui
devront utiliser ce guide de prévention. En responsabilisant justement
des directeurs d'aréna, des directeurs de cégep, de gymnase ou
autres et avec la formation qu'on fera donner à ceux qui doivent faire
appliquer ce guide de prévention, on espère que des situations
telles que vous les décrivez seront améliorées de beaucoup
et aussi, évidemment, qu'elles seront corrigées totalement.
M. Doyon: M. le ministre, je vous remercie de ces assurances que
vous me donnez. Je me permets de terminer en disant que la situation est
passablement urgente, parce qu'il serait difficile d'expliquer à la
population qu'un accident se produit et que la trousse de premiers soins n'est
pas suffisamment garnie ou encore que la personne qui devrait s'en servir n'a
pas la clef pour ouvrir l'armoire.
M. Picotte: Ou qu'on a seulement la trousse et qu'il n'y a rien
dedans.
M. Doyon: Oui, c'est ce que je dis. Pas suffisamment garnie.
M. Picotte: C'est comme quelqu'un qui fait une crevaison et dont
la roue de rechange est complètement à plat.
M. Doyon: Oui, sauf que c'est un petit peu plus grave qu'une
crevaison...
M. Chevrette: J'espère que vous ne ferez pas de ponction
dans la trousse.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que ceci termine
l'étude du programme 6?
M. Chevrette: Adopté, M. le Président.
M. Picotte: J'espère que vous en avez laissé assez
pour être capable de ne pas faire de ponction là-dedans.
Le Président (M. Saint-Roch): Programme 6,
Régie...
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le programme 6, Régie
de la sécurité dans les sports, est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Nous passons
maintenant au programme 7, Gestion des ressources fauniques. M. le
député de Dubuc.
Gestion des ressources fauniques
M. Desbiens: II nous reste très peu de temps. Bien
sûr, je vais essayer de poser les questions les plus brèves
possible, pour essayer d'aborder le plus de sujets qui nous intéressent
ou, en tout cas, qui intéressent la population.
D'abord, dans mon petit texte d'ouverture, j'avais parlé de la
gestion de ta ressource du saumon. Je sais que vous êtes un très
grand amateur et protecteur du saumon, surtout quand il est au mont
Sainte-Anne. (12 h 45)
M. Picotte: Le saumon du mont Sainte-Anne!
M. Desbiens: Quand le ministre est au mont Sainte-Anne, il aime
bien se rappeler le mont Sainte-Anne.
Une voix: Avez-vous une question?
M. Picotte: Là ou ailleurs, ce qui est important, c'est
d'aller discuter avec ces gens-là.
M. Desbiens: Parfait! Le ministre pourrait-il répondre
à la question que je posais dans mon texte, au début, concernant
l'annonce de la politique fédérale sur les dates de pêche
au saumon? A-t-il fait d'autres interventions à la suite de cela? Je
n'ai rien lu concernant sa réaction face à cette décision
qui, on le sait, ne répond pas du tout aux exigences de la
Fédération du saumon Atlantique.
M. Picotte: En ce qui concerne justement la gestion du saumon,
entre autres, quand j'ai rencontré la Fédération du saumon
Altantique, j'ai fait part aux gens du milieu qui le savaient
déjà d'ailleurs, de même qu'à tout le monde, des
attentes non seulement
de la fédération qui, je dois le mentionner, est
très active quant à la surveillance de notre cheptel et de nos
stocks, j'ai fait part aussi aux représentants du ministre
fédéral qui étaient présents de nos
inquiétudes face à tout ce qui s'appelle la problématique
du saumon. Il faut savoir que, finalement, quand le saumon fraie dans une
rivière, par la suite, il fait un long périple, il va se promener
dans les eaux et lorsqu'il revient...
M. Desbiens: J'espère que le ministre ne nous contera pas
tout le périple.
M. Picotte: Non, non, mais vous allez finir par comprendre cela.
Vous allez probablement, quand j'aurai fini mon exposé, faire comme au
mont Sainte-Anne, vous allez m'ovationner.
M. Desbiens: S'il répond... Je demande la collaboration du
ministre pour qu'on essaie de faire le tour de quelques questions.
M. Picotte: Cela va être très rapide.
M. Desbiens: Y a-t-il d'autres interventions de faites
concernant...?
M. Picotte: Non, cela va être très rapide.
M. Desbiens: À la suite de cette discussion et de toute
cette problématique, j'ai sensibilisé mon collègue
fédéral à notre point de vue en disant que le
Québec faisait sa part en ce qui concerne l'ensemencement des
saumoneaux, des tacons, etc., et, comme on en perdait passablement en cours de
route, il ne fallait pas que ce soit uniquement nous, le gouvernement du
Québec, qui fassions notre part de ce côté, mais que le
gouvernement fédéral aussi embarque là-dedans. Le
gouvernement fédéral doit, à juste titre, intervenir du
côté de Terre-Neuve en ce qui concerne les dates de pêche.
Il peut intervenir aussi en investissant des montants d'argent substantiels
pour l'ensemencement tel que nous le faisons.
On a discuté avec le gouvernement fédéral. Mon
collègue, M. Siddon, est venu me rencontrer par la suite et il m'a dit:
Je suis capable cette année de faire certains efforts. Je ne serai pas
en mesure de faire tous les efforts que le gouvernement du Québec me
demande de faire, parce qu'il faut aussi que je fasse accepter au niveau
national la politique du saumon que je vais mettre en place. Je veux bien
sensibiliser Terre-Neuve aux problèmes que le Québec a à
vivre avec cette politique du saumon. Il a décidé de permettre,
en termes de temps, une durée moindre pour la pêche en ce qui
concerne les gens de Terre-Neuve. Nous allons continuer d'intervenir dans ce
dossier, nous allons continuer à sensibiliser le ministre des
Pêches et des Océans; nous allons tellement continuer cela que,
pas longtemps après la discussion que j'ai eue avec lui, il a senti le
besoin de faire une autre conférence qui va avoir lieu à
Fredericton, lundi prochain, avec tous les ministres provinciaux
concernés et lui-même, pour aller encore plus loin dans cette
politique et faire en sorte qu'on en vienne à certains consensus et
justement à l'amélioration de tout ce qui s'appelle la gestion du
saumon. Nous sommes continuellement en pourparlers. Nous allons continuer de
faire valoir notre point de vue avec le plus d'acharnement possible et avec la
meilleure des vigueurs pour qu'on obtienne finalement des choses que nous
prétendons être normales et des choses qu'on devrait obtenir pour
la protection du saumon.
J'espère que le ministre montrera un véritable acharnement
parce qu'on sait que la réponse fédérale ne correspond pas
du tout aux objectifs du Québec concernant la restructuration, la
résurrection, si on peut dire, du saumon. Les dates qui ont
été décidées par le gouvernement
fédéral ne font que satisfaire les exigences américaines
et non celles du Québec.
M. Picotte: M. le député, je dois vous dire qu'il y
a passablement de progrès d'avec ce que l'on a connu un peu dans le
passé. On se souvient des chicanes stériles qui ont existé
entre le ministre fédéral du temps et le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec. Nous
voulons complètement sortir de ce genre de discussions, pour faire en
sorte... Nous allons avoir eu en peu de temps, depuis que le gouvernement est
là... Ce sera ma troisième rencontre ou la troisième
rencontre de nos responsables avec M. Siddon pour essayer de trouver des choses
qui s'imposent dans ce domaine-là pour les meilleurs résultats
possible.
M. Desbiens: Entre des chicanes stériles et la protection
des droits du Québec dans ce domaine, il y a une marge, et ce que je
voudrais que le ministre nous dise, c'est qu'il va faire des pressions
importantes.
M. Picotte: M. le député, ce que je veux vous dire
là-dessus, c'est que je n'ai pas précisé, que je ne veux
pas évaluer d'où provenaient les chicanes stériles. Cela
pouvait être autant du point de vue fédéral dans le temps
que du point de vue provincial, mais je me dis: Si on peut sortir de ces
chicanes, bravo et tant mieuxî Autant conscientiser le gouvernement
fédéral pour avoir une meilleure collaboration et
améliorer la protection du saumon de l'Atlantique.
M. Desbiens: Mais cela semble évident que la collaboration
ne viendra pas du côté fédéral. Le ministre est bien
disposé, mais il ne semble pas qu'on soit aussi bien disposé du
côté fédéral.
M. Picotte: Il y a déjà, vous en conviendrez, une
amélioration au moins sur le temps de pêche. Même si elle
est minime, il y a déjà une amélioration par rapport
à ce qui s'est fait.
M. Desbiens: Il n'y a aucune amélioration par rapport au
Québec.
M. Picotte: Le temps de pêche, entre autres, est
différent. Le fédéral a introduit ce que l'on appelle le
"tagging" du saumon à Terre-Neuve, d'où une certaine fixation de
quotas, ce qui n'existait pas auparavant. Alors, c'est déjà une
amélioration sensible. Ce n'est pas l'amélioration que l'on
voudrait obtenir, bien sûr, parce que la position du Québec serait
la suivante: Tout ce que l'on a demandé, qu'on l'obtienne dans les
meilleurs délais. C'est la position du Québec, mais, au moment
où je me rends compte qu'il y a déjà des
améliorations du côté des quotas vers Terre-Neuve, que le
ministre fédéral a ordonné une diminution du temps de
pêche, qui est d'autant plus profitable, pas à notre satisfaction,
je vous le répète, mais, au moment où je me rends compte
de cela, j'ai le choix entre deux choses: ou je casse les vitres et je brise
les portes pour dire au fédéral: Cela n'a pas de bon sens, vous
ne nous avez pas donné raison et vous allez voir que cela va passer par
là, et là, je me rembarque dans une chicane stérile -
style Garon-De Bané et je fais reculer encore la possibilité
d'améliorer la gestion du saumon, ou je dis: C'est passablement trop
timide ce que vous avez accordé, M. le ministre fédéral,
mais on continue de le conscientiser et à une prochaine rencontre que
l'on va avoir, on va essayer de faire des gains et d'en arriver à des
solutions. Les chicanes de nos collègues fédéral et
provincial d'il y a déjà quelques années, vous en
conviendrez, n'ont rien changé et n'ont pas fait avancer les choses du
tout. Là, au moins, on avance, mais ne me demandez pas ce matin
d'amorcer une chicane avec le fédéral. S'il y a lieu de discuter
plus précisément de ce projet après avoir vu que,
finalement, l'on stagne et que l'on n'avance pas, je prendrai mes
responsabilités, mais, tant et aussi longtemps que l'on
considérera que l'on fait des pas et que l'on avance, vous ne demanderez
pas au gouvernement provincial d'aller casser des vitres et briser des portes.
Ce n'est pas le temps de faire cela, c'est le temps de gagner du terrain.
M. Desbiens: Il semble que ce ne soit pas l'avis de votre
collègue, le ministre de l'Agriculture. Il ne se gêne pas pour
cela dans son communiqué de presse de vendredi. Vous pourrez le relire,
mais ce n'est pas non plus l'idée du président...
M. Picotte: Madame votre collègue s'est trompée de
dossier tantôt...
M. Desbiens: Si vous voulez être encore ovationné
par la fédération...
M. Picotte: ...par inexpérience, mais j'espère que
vous, si vous réalisez que cela fait déjà cinq ans que
vous êtes à l'Assemblée nationale, vous ne mêlerez
pas l'agriculture avec le domaine du loisir, de la chasse et de la
pêche.
M. Desbiens: C'est le ministre qui se mêle. On parle
d'attitude face au gouvernement fédéral et c'est le
ministre...
M. Picotte: J'allais vous démontrer, pour vous
sécuriser, surtout vous qui avez l'épiderme très sensible
de ce côté-là, que le gouvernement actuel n'est à
plat ventre devant le gouvernement fédéral dans aucun
domaine.
M. Desbiens: Dans le cas du saumon, j'ai hâte que le
ministre nous en fasse la preuve. Je crois qu'il en est capable. De toute
façon, vous avez un dossier entre les mains qui est assez bien
structuré et assez important. Vous connaissez encore mieux que moi toute
l'importance économique, surtout que c'est un point... Je vous ai
entendu plusieurs fois au cours de la...
M. Picotte: Je me rends compte que je connais cela mieux que
vous.
M. Desbiens: Mais il ne faudrait pas que le ministre s'enfle la
tête non plus. Les portes ne sont pas trop larges ici.
M. Picotte: Surtout pas.
M. Desbiens: Dans un an, on va se revoir...
M. Picotte: Je n'ai pas le style Garon du tout.
M. Desbiens: Il ne faudrait pas qu'il tienne le langage
d'un...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il reste quelques minutes avant la fin des travaux de la
commission, si on pouvait revenir s'il vous plaît.
M. Desbiens: M. le Président, je comprends, mais c'est un
sujet important. Le président de la Fédération
québécoise du saumon Atlantique a été très
clair et le
ministre a sans doute lu ses remarques à la suite de la
décision du gouvernement fédéral. Cela ne règle
absolument rien, au contraire cela met en péril - si je reprends ses
paroles - tout le plan du gouvernement québécois pour la
restructuration, la restauration, l'aménagement, la sauvegarde et
l'amélioration des rivières à saumon du Québec.
Autrement dit, dans vos crédits, vous avez au-delà de 1 500 000 $
de crédits pour essayer d'améliorer la situation au
Québec. Cela risque de remettre en péril, cela risque
d'être de l'argent jeté à l'eau quoi, face à cette
décision fédérale.
M. Picotte: Effectivement, les saumoneaux, il faut les mettre
à l'eau; les saumoneaux, nous allons les mettre à l'eau pour
qu'ils se reproduisent, bien sûr, on ne les mettra pas ailleurs que dans
l'eau.
M. Desbiens: En dehors des jeux de mots, j'ai hâte que le
ministre nous montre ce qu'il est capable de faire, l'avenir nous le dira.
Lundi prochain...
M. Picotte: M. le député, est-ce que vous me
suggérez de retirer ces montants que j'ai prévu injecter au
niveau du saumon de l'Atlantique sous prétexte que le
fédéral n'a pas fait le pas que vous voudriez qu'il fasse?
M. Desbiens: C'est le président de la
Fédération québécoise du saumon Atlantique qui dit
que vos efforts risquent d'être nuls à cause de cette
décision. Il reconnaît vos efforts mais il dit que vos efforts
risquent d'être nuls à cause de cette décision.
M. Picotte: Nous allons continuer de discuter avec le
gouvernement fédéral.
M. Desbiens: J'espère que ce ne sera pas juste une
discussion de salon, on verra.
M. Picotte: Je reste persuadé qu'on avance.
M. Desbiens: Une deuxième question.
M. Picotte: Ce ne sera pas des discussions de fonds de cour comme
l'ancien ministre de l'Agriculture a faites.
M. Desbiens: Comme le ministre Pagé, comme le ministre de
l'Agriculture, M. Pagé?
M. Picotte: Non, comme l'ancien ministre de l'Agriculture l'a
fait.
M. Desbiens: Comme le nouveau ministre de l'Agriculture
aussi.
M. Picotte: M. Pagé fait cela de façon
civilisée comparativement à l'ancien ministre de
l'Agriculture.
M. Desbiens: Cela fait juste quatre mois qu'il est là, il
commence juste à côtoyer ces gens. Attendez, attendez!
M. Picotte: Soyez sécurisé sur tout ce que vous
avez dit, à savoir que le gouvernement libéral n'était pas
capable d'être ferme devant le gouvernement fédéral. Soyez
rassuré au moins de ce côté.
M. Desbiens: Non, je ne suis pas sécurisé du
tout.
M. Picotte: Sauf qu'être ferme ne veut pas dire être
Gros-Jean comme devant.
M. Desbiens: Non, non. On a vu les victoires du Québec ces
dernières années et particulièrement dans le domaine de
l'agriculture, des pêcheries.
M. Picotte: Ce n'est pas vous qui avez amélioré
l'histoire du Québec.
M. Desbiens: II y a des pêches qui relèvent du
ministre de l'Agriculture, c'est lui qui donne les permis mais ça touche
exactement le même point de la restructuration, de la conservation du
saumon, ce sont les pêches commerciales à fascine sur les cours
d'eau, comme sur le Saguenay, il y en a sur le Saint-Laurent aussi je crois,
est-ce que le ministre a discuté de cette fonction avec son
collègue de l'Agriculture? C'est un dossier important pour en parler
plus à fond. Est-ce qu'il y a une décision gouvernementale
puisque cela touche deux ministères?
M. Picotte: Oui, nous avons discuté encore tout
dernièrement, mon collègue, le ministre
délégué aux Pêcheries, et moi-même de ce
problème particulier. Quant au plan de pêche, je dois le rendre
public bientôt.
M. Desbiens: En ce qui concerne la pêche à fascine
elle-même, est-ce que...
M. Picotte: Que me suggérez-vous de faire au juste
concernant cette pêche, de l'ouvrir?
M. Desbiens: Vous savez que dans les pêches à
fascine, une étude de votre ministère le démontre, il y a
beaucoup de saumoneaux, de saumons et de truites qui y sont prises, qu'on le
veuille ou non. D'ailleurs cette étude démontre très
clairement que les pêcheurs commerciaux de pêche à fascine
ne prennent pas ces permis pour pêcher l'éperlan - ils le
rejettent à l'eau -ils les gardent et cela se revend sur le
marché noir, c'est un fait connu. L'étude de votre
ministère l'a démontré.
M. Picotte: ...compris nos décisions sur cela. Vous savez
très bien que la période de pêche en ce qui concerne les
pêcheurs commerciaux est fortement réduite dans ces concentrations
plus précisément et nous prenons nos responsabilités.
M. Desbiens: ...avant le mois d'août encore?
M. Picotte: Est-ce que vous êtes en train de me demander,
d'une part, de faire des démarches auprès du gouvernement
fédéral pour protéger notre saumon et, d'autre part, de
permettre qu'il s'exerce de la pêche commerciale à certains
endroits et qu'on aille priser justement le saumon...
M. Desbiens: ...je vous demande.
M. Picotte: ...et qu'on permette cela?
M. Desbiens: Non, c'est le contraire.
M. Picotte: Quoi? On le protège d'une façon et on
ne le protège pas d'une autre? (13 heures)
M. Desbiens: M. le Président, ma question est claire,
c'est le contraire que je demande. Relativement à la pêche
à fascine, je demande que vous parliez à votre collègue,
le ministre délégué aux Pêcheries, pour que la
pêche commerciale à fascine disparaisse.
M. Picotte: C'est au ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche à rendre public son plan de pêche et cela va
être fait dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va?
M. Desbiens: Oui, puisque le ministre ne veut pas
répondre. Une question rapide...
M. Picotte: Je vous réponds que cela va être fait
dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Saint-Roch): Je remarque qu'il est midi,
mais...
M. Desbiens: M. le Président, je sais que vous allez dire
qu'il est midi, mais, étant donné...
M. Picotte: Non, il est treize heures. M. Desbiens: Treize
heures, plutôt.
Le Président (M. Saint-Roch): ...s'il y a
consentement...
M. Desbiens: Est-ce qu'il y a consentement pour prolonger de
quelques minutes parce que j'ai encore trois ou quatre petites questions sur
cela. C'est quand même important. Vous savez qu'on a aussi un quart
d'heure de perdu. Sur notre enveloppe de dix heures, il nous manque encore un
quart d'heure.
M. Picotte: Comme j'ai déjà pris des engagements,
je suis bien prêt à collaborer avec le député pour
lui donner cinq ou six minutes, mais je devrai me rendre aux rendez-vous que
j'ai déjà pris.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement à accorder les cinq minutes?
M. Picotte: Parce que j'étais présent à 9 h
30, ici, ce matin.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement sur les cinq minutes, M. le député de Dubuc?
M. Desbiens: Oui, d'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): D'accord. Alors, on va
poursuivre pendant cinq minutes, avant de conclure.
M. Desbiens: Ma question concerne le plan qui a été
soumis par la Fédération québécoise du saumon de
l'Atlantique en ce qui a trait au plan d'investissements, un projet
économique impartant de 500 000 000 $ sur dix ans. Je comprends,
à ce moment-ci, que le ministre n'a pas eu le temps de prendre de
décision ni tellement d'étudier cela mais, quand même,
quelles sont ses intentions?
M. Picotte: C'est justement l'important projet auquel je faisais
allusion quand je suis allé les rencontrer au mont Sainte-Anne. C'est
l'important projet qui est en collaboration avec le gouvernement
fédéral. J'ai déjà commencé à
discuter avec mon collègue, M. Siddon, à ce sujet, au cours d'une
première rencontre. J'aurai encore l'occasion de rencontrer M. Siddon,
lundi prochain. C'est toujours à l'ordre du jour. Je reste
persuadé que le gouvernement fédéral devra contribuer avec
nous à ce projet qui nous est soumis. J'espère que ces
discussions vont trouver un aboutissement et vont faire l'objet d'un accord
dans les meilleurs délais, entre mon collègue
fédéral, tous les ministres concernés, s'il y en a
d'autres qui sont concernés par ce projet, et moi-même.
M. Desbiens: On aura l'occasion d'en reparler. Quant à la
pêche à la ouananiche, M. le ministre, vous savez que vos
officiers du ministère ont fait des consultations en région. Il y
a eu des rencontres avec la population et les pêcheurs au Lac-Saint-Jean.
Il y aura une entente dans le milieu à cet effet. On sait que la
ouananiche est
sérieusement menacée de disparition et il y des
propositions sur la table. Sur l'une de ces propositions, pour couper court,
est-ce que le ministre a l'intention, comme pour le saumon, de
développer une pisciculture pour la ouananiche au Lac-Saint-Jean?
M. Picotte: En ce qui concerne ce dossier bien particulier, j'ai
déjà pris des mesures restrictives pour la protection de la
ouananiche. En passant, je voudrais féliciter - vous me le permettrez -
les gens de cette région pour leur sens du civisme puisque, à la
suite d'une enquête que nous avons effectuée en demandant
l'opinion des intervenants, la majorité des gens nous propose d'avoir
une ligne dure à cet effet et de prendre des mesures restrictives
importantes. Je me propose, dans un avenir proche, entre autres, puisque je
viens de retarder l'ouverture de la pêche pour toutes les espèces
au 1er juin, d'annoncer des diminutions de quotas journaliers, d'instaurer un
quota saisonnier de pêche avec étiquette, de faire l'interdiction
de tout appât naturel, d'interdire l'utilisation de poisson-appât
mort ou vif et d'instaurer une taille minimale de capture et de possession. Les
gens du coin sont favorables à cela et nous ont dit...
M. Desbiens: Est-ce qu'il y aura une pisciculture?
M. Picotte: Le sujet d'une pisciculture est un sujet que j'ai
commencé à discuter avec un ministre fédéral, qui
est intéressé par ce dossier, entre autres. Nous devons avoir des
discussions à la fin d'avril pour voir s'il n'y aurait pas lieu d'avoir,
encore là, une collaboration fédérale-provinciale en ce
qui concerne le sujet que vous avez mentionné.
M. Desbiens: Je passe rapidement, mais vous comprenez...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc, je m'excuse, mais celle-ci sera la dernière question.
M. Desbiens: Il m'en reste encore une.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est votre dernière
question.
M. Desbiens: Au moins. Le ministre est bien disposé, cela
va bien. Concernant la rivière Godbout, M. le ministre...
M. Picotte: Le ministre est bien disposé depuis le
début.
M. Desbiens: Encore là, je sais que votre ministère
est assez universel. Il a affaire à plusieurs ministères.
Concernant la rivière Godbout, je sais que cela touche un autre
ministère mais quand même, cela touche la ressource du saumon
également et la pêche sportive...
M. Picotte: Voulez-vous répéter votre question,
s'il vous plaît?
M. Desbiens: La rivière Godbout...
M. Picotte: M. Paré était penché; il n'a pas
compris quand il est venu...
M. Desbiens: Concernant la rivière Godbout, il y a un
problème qui se pose. Il y avait une demande de citoyens pour
l'administration de la rivière... actuellement, elle est sous
l'administration du groupe Molson.
M. Picotte: M. le Président, le député me
permettrait-il - compte tenu qu'il s'agit d'une réponse qui serait assez
longue è ce qu'on me dit, et qui pourrait prendre passablement de temps
- de m'engager à lui écrire dans un délai rapide, en
envoyant une copie à chacun des membres de la commission, pour lui
résumer notre position face à ce problème bien particulier
de la rivière Godbout.
M. Desbiens: Je suis d'accord. Je pense que c'est la meilleure
façon de couper court. Pensez-vous pouvoir me répondre
rapidement?
M. Picotte: Oui, j'ai dit dans un délai rapide. C'est ce
que M. Paré va aller faire tout de suite avant d'aller dîner.
M. Desbiens: Ah! Alors demain matin, je veux avoir cela sur mon
bureau. Je sais que M. Paré est très efficace.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc, ceci termine...
M. Desbiens: Une dernière sur les agents de
conservation...
Agents de conservation
Le Président (M. Saint-Roch): Ceci termine... Je pense
qu'il y avait une entente entre les deux côtés pour terminer
à 13 heures. On est allé à la dernière
question.
M. Desbiens: Une dernière sur les agents de conservation,
M. le ministre.
Pouvez-vous dire un mot sur les agents de conservation.
M. Picotte: Oui, oui, allez rapidement.
Le Président (M. Saint-Roch): Réellement la
dernière, M. le député de Dubuc.
M. Picotte: Vous voulez savoir le nombre.
M. Desbiens: Le nombre et combien il y en a de moins parce qu'il
semble qu'il y en a de moins. Je trouve que cela ne correspond pas avec la
politique de conservation.
M. Picotte: On me dit qu'à ce jour, il y aurait 383 agents
de conservation. J'ai donné instructions pour qu'à la fin de
l'année nous soyons rendus au nombre de 423 agents, ce qui veut dire que
nous aurons en cours d'année une récupération de 40 agents
de conservation additionnels. On devrait compter 423 agents à la fin de
l'année au lieu de 383. J'ai même demandé la
possibilité d'innover au Québec et de faciliter l'accès de
la gent féminine justement pour cet emploi...
M. Desbiens: Bravo!
M. Picotte: ...d'agent de conservation. J'espère que Mme
la députée de Marie-Victorin sera d'accord avec cela. Si elle
veut postuler...
Mme Vermette: ...mettre aussi une fonction additionnelle.
M. Picotte: ...un emploi, elle est la bienvenue au concours.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Le programme 7: Gestion
des ressources fauniques, éléments 1, 2 et 3 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Desbiens: Malheureusement, je vais dire oui, M. le
Président.
M. Picotte: Avant de terminer...
Le Président (M. Saint-Roch): Je n'ai pas terminé,
M. le ministre...
M. Picotte: Ah! Vous n'avez pas terminé.
Le Président (M. Saint-Roch): ...si vous me permettez.
L'ensemble des crédits du ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche pour l'année 1986-1987 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Mme Vermette: Une seule chose à ajouter M. le ministre.
J'aimerais savoir quand nous aurons l'heure juste. Vous avez dit que
c'était le budget officiel de départ de votre ministère,
donc à quand le vrai budget?
M. Picotte: Madame, quand il sera le temps de vous donner
l'heure, je me permettrai de vous la glisser gentiment à l'oreille.
Mme Vermette: Je n'en demande pas tant.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre!
M. Picotte: Si vous ne la voulez pas, on ne vous la donnera
pas.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Desbiens: ...vos collègues... qu'est-ce que vous faites
de vos collègues.
M. Picotte: M. le Président, avant de terminer...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M.le ministre.
M. Picotte: ...vous allez sans doute me permettre de...
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, M. le ministre.
M. Picotte: ...remercier mon personnel politique et mes
fonctionnaires qui étaient présents à l'étude des
crédits et qui nous ont fourni d'excellentes réponses. Ils nous
ont donné l'heure juste, la plus juste passible. J'aimerais aussi
remercier chacun et chacune d'entre vous qui avez participé à
cette commission à titre de parlementaire. J'ose espérer que tout
le monde ensemble, nous voudrons travailler à l'amélioration de
la faune, à l'amélioration des loisirs et à
l'amélioration de chacun des programmes du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche. Et je vous assure de ma collaboration. M. le
Président, vous avez été, comme tous les gars de La
Mauricie, un champion; vous avez dirigé cela d'une main de maître
et je vous en félicite.
Le Président (M. Saint-Roch): On vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Dubuc, en conclusion.
M. Desbiens: M. le Président, je partage les propos du
ministre, bien sûr, pour le remercier d'abord personnellement de sa
présence assidue et toutes les personnes, les fonctionnaires,
sous-ministres et autres, qui ont pu lui fournir des réponses
intéressantes. J'ai remarqué que, quand elles venaient d'eux,
c'étaient les plus intéressantes, d'ailleurs. Je vous remercie,
M. le Président, de votre travail; je remercie aussi évidemment
tous les membres de la commission, mes collègues et aussi tout le
personnel de soutien du Journal des débats, les pages et les
recherchistes ici qui nous ont aidé, à l'Opposition. On sait
qu'on ne peut pas en avoir dans l'Opposition autant que...
M. Picotte: C'était différent de nous autres.
M. Desbiens: Le ministre a connu cela, dans son temps, aussi.
M. Picotte: Dans ce cas-là c'était différent
de nous autres, par exemple, en ce qui concerne vos recherchistes et mes
fonctionnaires.
M. Desbiens: En tout cas, je sais que les questions qui ont
été suggérées, qu'on a discutées ensemble
avec nos recherchistes étaient d'excellentes questions.
J'écoutais ma collègue ce matin, ce sont les réponses qui
faisaient défaut. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je tiendrais à vous
remercier, M. le ministre, au nom des membres de la commission, ainsi que les
membres. Cela termine l'étude des crédits du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. La commission de
l'aménagement et des équipements suspend maintenant ses travaux
sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 11)
(Reprise à 20 h 11)
Crédits du ministère de
l'Environnement
Le Président (M. Saint-Roch): Je déclare ouverte la
commission de l'aménagement et des équipements. Nous sommes
réunis ce soir pour étudier les crédits du
ministère de l'Environnement. Je demanderais à ce moment-ci
à M. le secrétaire s'il y a des changements à
apporter.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Richard
(Nicolet) sera remplacé par M. Brouillette (Champlain). C'est tout.
Le Président (M. Saint-Roch): Je donne la parole à
M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Clifford
Lincoln
M. Lincoln: Tout d'abord, M. le Président, comme c'est la
première fois que je prends la parole pour défendre les
crédits du ministère de l'Environnement, comme ministre
nouvellement nommé je voudrais souhaiter la bienvenue à mon
collègue de l'Opposition, M. Blais, député de Terrebonne,
et lui souhaiter bonne chance. J'ai eu le même rôle à la
commission de l'environnement lorsque j'étais député de
l'Opposition en 1981. J'ai lu dans les journaux que ce n'était pas
à sa requête qu'il avait été nommé au poste
de l'environnement. Ce fut un peu le cas pour moi aussi en 1981. Alors, je suis
très content de voir que quelqu'un qui s'intéresse
particulièrement à la protection de l'environnement le
député ait été nommé critique de
l'Opposition. Je pense que, s'il y a une chose qui dépasse les
barrières partisanes, c'est bien la question de l'environnement. Je sais
que le député et moi, on a travaillé d'un
côté et de l'autre à la commission de l'environnement
plusieurs fois. Je lui souhaite bonne chance pour les années à
venir dans son poste.
Je voudrais aussi, avant de commencer, présenter comme c'est la
tradition, les gens de la haute direction du ministère qui sont avec moi
aujourd'hui. Naturellement, je ne pourrai pas présenter tous ceux qui
sont ici, mais je voudrais présenter le sous-ministre, M. Jean-Claude
Deschênes, qui est à ma droite, et les quatre sous-ministres
adjoints des grandes directions du ministère: M. Gérard Divay, du
service de la planification; Mme Monette, qui est assise à
côté de M. Divay, laquelle est en charge des activités de
toutes les directions régionales; M. Bordeleau, assis juste
derrière moi, est en charge de l'assainissement des eaux; M. Jean-Pierre
Gauthier est en charge de toute la direction atmosphérique et terrestre
du ministère; M. Gaston Couillard, qui se trouve derrière moi,
est en charge de la Direction générale de l'administration.
M. le Président, je suppose que c'est de tradition maintenant,
pour chacun des deux porte-parole, de dire quelques mots d'ouverture. C'est
bien cela?
Le Président (M. Saint-Roch): C'est bien cela, M. le
ministre.
M. Lincoln: Je voudrais tout d'abord vous dire qu'en prenant ce
ministère, ce que j'ai voulu faire, c'est d'établir un petit peu
quelle serait la grande orientation principale du ministère comme
objectif du mandat. Nous avons situé cet objectif dans le sens de la
conservation plutôt que de la restauration. Nous pensons que le
ministère, depuis son départ, a été obligé,
parce que le Québec avait à faire un rattrapage tout â fait
significatif par rapport aux provinces avoisinantes et aux États
avoisinants des États-Unis dans le secteur de l'environnement... Ce
départ a été pris d'abord par la création d'un
service de l'environnement, sous le gouvernement Bourassa et le ministre
Goldbloom. Ensuite, il y a eu la grande poussée qui a été
accomplie par la création
du ministère de l'Environnement et les programmes, surtout le
grand programme d'assainissement des eaux qui s'est réalisé en
partie de façon très significative durant les années du
gouvernement antérieur, sous deux mandats.
Il y a donc eu un objectif normal et naturel de faire de la
restauration, de la réparation de toutes les fautes environnementales
qui avaient été commises parce que, dans le passé, nous
n'étions pas conscients de la protection de l'environnement. Il me
semble que, ce départ ayant été donné, ces projets
de restauration dans les différents secteurs ayant maintenant
été amorcés et allant de l'avant de façon tout
à fait impartante dans tous les secteurs, ce soit le temps maintenant de
changer de cap et de dire: Nous allons surtout mettre l'accent sur la
conservation et la prévention. Car nous sommes convaincus que si nous ne
le faisons pas, si nous ne commençons pas à changer les attitudes
et les mentalités au Québec en prêchant la conservation,
nous continuerons à faire de la restauration à jamais.
C'est pourquoi le grand objectif, l'objectif central du ministère
durant notre mandat sera axé sur la conservation et la
prévention. Pour ce faire, nous allons choisir comme intervenant
principal, au lieu du ministère lui-même, parce que nous pensons
que le ministère peut être un élément de support, un
élément d'appui, un élément d'appui technique, un
catalyseur l'intervenant principal qui va changer les mentalités, qui va
provoquer un changement profond vis-à-vis de la conservation de
l'environnement - le citoyen. Sans le citoyen, sans une prise de conscience par
le citoyen de cet objectif, nous n'aurons accompli que très peu de
chose.
C'est donc ainsi que nous allons multiplier toute intervention qui va
encourager le citoyen dans cette prise de conscience de lui-même, dans
cet effet de changer la direction et de mettre l'accent sur la
prévention pour arriver à une meilleure conservation de
l'environnement. Dans ce sens, le ministère sera un appui, un service
technique, le grand point d'appui du citoyen dans cette démarche.
Comment allons-nous arriver à impliquer le citoyen? En nous servant de
toutes les manières et de toutes les façons possibles pour faire
de la sensibilisation par des programmes d'information, d'éducation et
d'implication du citoyen dans tous les secteurs qui sont concernés par
l'environnement.
Dans ce sens, nous voulons situer quelques grands éléments
que nous allons "prioriser" pendant notre mandat. Nous entendons continuer le
programme qui, peut-être, est le programme central que le
ministère s'est donné depuis sa création, soit le
programme d'assainissement des eaux.
Nous allons poursuivre ce programme, le valoriser jusqu'à ce que,
dans quelques années, tous les objectifs que le ministère s'est
donnés soient réalisés, toutes les usines qui sont
maintenant en cours de construction ou qui sont prévues pour l'avenir
soient terminées afin que nous ayons un programme complet d'usines
d'épuration des eaux dans tous les secteurs du Québec.
Cela dit, nous pensons toutefois que ce programme, lorsqu'il a
été conçu et réalisé, l'a été
à cause du rattrapage immense qui devait se faire parce que, pendant que
les autres provinces étaient arrivées à des degrées
de traitement qui allaient jusqu'à 90 % et 80 %, nous n'avions
même pas commencé encore. On a fait ce programme de façon
à le maximiser dans le plus court délai possible.
Ce faisant, je pense qu'on n'a peut-être pas assez
réfléchi à tout l'élément de la question
globale de l'assainissement des eaux. C'est pourquoi nous avons
constitué un comité de travail autour du programme
d'assainissement des eaux qui va inclure les grands intervenants qui sont
impliqués dans ce milieu, soit les représentants de l'Ordre des
ingénieurs, de l'AQTE, du secteur agricole, du secteur industriel, des
groupements de citoyens, des groupements universitaires, appuyés par un
groupe de personnes-ressources qui vont travailler autour de cinq mandats
principaux dont l'effet sera de concevoir une politique globale autour de ce
programme pour les années à venir.
Comment, par exemple, le rendre le plus efficace possible. Comment
penser à des moyens alternatifs de financement. Comment impliquer le
gouvernement fédérai. Comment faire de
l'accélération par rapport aux niveaux industriel et agricole qui
sont peut-être en retard, certainement en retard comparé au volet
urbain. Ce comité est déjà en place. Il va faire un
rapport d'ici au 15 septembre. En attendant, nous avons situé des
niveaux d'investissements de 500 000 000 $ pour l'année à venir.
Nous allons reconduire la prime qui s'appelle la prime
d'accélération et qui s'est terminée le 31 mars 1986, mais
sur une base différente, une base plus flexible, une base qui sera telle
qu'on évitera un embouteillage dans les projets sujets à cette
prime. La prime va s'étendre de façon plus flexible et les dates
d'échéance seront graduées d'après la date de mise
en vigueur des conventions ou des projets.
Nous allons aussi mettre l'accent sur le grand projet des pluies acides,
c'est-à-dire le grand projet qui reste à terminer afin que nous
atteignions les barèmes que nous nous sommes fixés dans le
règlement concernant les pluies acides, soit le projet d'une usine
d'acide sulfurique pour Noranda afin que Noranda puisse atteindre les objectifs
fixés par le règlement d'ici au 31 décembre 1989.
Dans ce sens, nous avons déjà l'accord du nouveau
gouvernement du Québec d'aller de l'avant avec ce projet. Nous avons un
accord de principe par écrit avec le gouvernement fédéral,
qui se joindra à ce projet pour la même somme que le Québec
investira et qui nous donnera une part significative des 150 000 000 $
alloués aux provinces par le fédéral pour les pluies
acides.
Nous avons déjà commencé à négocier
avec Noranda. Nous avons eu plusieurs rencontres avec Noranda et, là,
nous commençons une négociation qui, nous l'espérons, sera
finale et conclusive et, bientôt, nous pourrons dire que l'usine de
Noranda sera en voie de cheminement. Nous allons aussi travailler - nous avons
commencé à le faire - à une politique qui assurera la
protection des rives et du littoral du Québec parce que nous avons
toujours cru que, sans un cadre uniforme de protection des rives et du littoral
dans les grands secteurs forestiers, agricoles et tous les autres secteurs du
Québec, les lacs et cours d'eau, sans une politique uniforme, on
arriverait toujours à des actions ponctuelles, des actions qui ne se
soutiendraient pas par une réglementation qui ferait que les rives et le
littoral soient protégés de la même façon partout au
Québec.
Il est certain que sans ce cadre, sans cette réglementation, il y
aurait certains endroits qui seraient protégés tandis que
d'autres ne le seraient pas et il y aurait certains endroits
protégés d'une façon et d'autres, d'une autre
façon. Nous travaillons ferme là-dessus. Nous avons
déjà des ententes de principe avec les ministères les plus
concernés par cette question et nous espérons qu'avant longtemps
nous puissions arriver avec des politiques précises à ce
sujet.
Nous travaillons aussi à régler toute la question des
déchets, les déchets toxiques et organiques et les BPC afin que
nous ayons d'abord une politique intérimaire pour l'élimination
des BPC, dans un premier temps. Ensuite, nous avons comme objectif d'en arriver
à une usine de traitement et d'élimination des autres
déchets toxiques et organiques.
Nous travaillons aussi à une politique et à des solutions
au problème très ennuyeux des égouts septiques, surtout
dans les régions rurales, parce que dans les régions urbaines ce
problème sera résolu dans bien des sens par les usines
d'épuration des eaux.
Nous travaillons aussi à des politiques de solutions de la grosse
question des déchets domestiques. Nous allons introduire... c'est
certainement notre désir, notre objectif, d'introduire,
espérons-le, avant la fin de cette session, une loi pour la protection
des non-fumeurs. C'est une question qui traîne dans le décor
depuis quelque chose comme dix ans. En fait, elle date du gouvernement
libéral de 1975-1976.
Nous allons aussi introduire une réglementation pour
contrôler l'usage de pesticides au Québec et nous espérons
que cela sera réalisé d'ici au printemps de l'année
prochaine.
Nous allons bientôt introduire une loi pour apporter certains
correctifs à la Loi sur la qualité de l'environnement et je suis
disposé à répondre à vos questions
là-dessus. Aussi, plus tard, nous introduirons un projet de loi sur les
espèces menacées au Québec. Je serai aussi très
disposé à répondre à toutes les questions de
l'Opposition et du côté ministériel, sur certains
problèmes ponctuels d'importance qui étaient déjà
dans le décor avant notre arrivée au pouvoir et qui, maintenant,
culminent en un certain sens, les deux grands projets, soit: celui du
dépotoir de déchets toxiques à la ville de LaSalle et,
ensuite, la question de la régularisation du niveau des eaux du lac
Saint-Jean. (20 h 30)
Je vous situe les grandes lignes de certaines choses que nous allons
faire; comme il y en a beaucoup d'autres, il faudra aussi nous pencher sur la
très grande question du Saint-Laurent. Il est sûr que tout ce qui
affecte le bassin du Saint-Laurent et l'écosystème des Grands
Lacs et du Saint-Laurent est une question qui préoccupe au plus haut
point le gouvernement du Québec. J'en ai discuté avec mon
homologue fédéral à plusieurs occasions. Comme vous le
savez, cela a été récemment le sujet d'articles dans les
journaux; toute la question du fleuve Saint-Laurent est mise en
évidence. C'est une question prioritaire, à discuter
bientôt. Il faut aussi la situer dans le contexte du rapport
fédéral de la commission Pearse à propos duquel le
Québec va émettre l'opinion du gouvernement du Québec, qui
dépasse naturellement celle du ministère de l'Environnement,
parce qu'elle implique le gouvernement "at large", incluant les relations
internationales, naturellement, Toute cette question de l'eau, toute la
question du Saint-Laurent et de l'écosystème qui inclut le
Saint-Laurent va devenir naturellement une question de grande importance pour
nous, tant par rapport à l'eau potable que par rapport à toute
l'implication du Saint-Laurent sur le plan socio-économique et
autres.
Je voudrais aussi, plus tard, lors des crédits, aborder les
questions que nous allons toucher dans l'avenir. Par exemple, comme vous le
savez, nous avons élaboré une politique qui a été
citée durant le discours inaugural de décembre 1985, une charte
de la qualité de la vie. Il me fera plaisir de répondre aux
questions sur ce sujet.
Donc, pour résumer, je vous dirai que notre objectif et notre
obsession, presque, seront la conservation plutôt que la restauration et
je serai très heureux de répondre aux
questions spécifiques que l'Opposition ou les
députés ministériels pourront nous poser durant cette
session. Merci!
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je prends
également la parole pour la première fois depuis que je suis
responsable dans l'Opposition pour le ministère de l'Environnement.
J'avais dit, c'est vrai, au chef de l'Opposition que j'aimerais beaucoup
être critique de ce ministère parce que je savais pertinemment que
ce serait vous qui seriez ministre de l'Environnement; cela se voyait, cela se
sentait. J'aime beaucoup travailler avec des gens intelligents, travailleurs et
compétents, et je vous reconnais comme étant intelligent,
travailleur et compétent. Cela me fait plaisir de vous le dire en tout
début de mandat, la première fois que je m'adresse à vous
de façon officielle. Cela me fait énormément plaisir qu'il
en soit ainsi.
Vous avez aussi le sens de la justice et de la répartition. Je
suis persuadé que vous allez occuper ce poste sans aucune partisanerie.
Je ne pourrais pas dire la même chose de tous vos confrères, mais
cela me fait extrêmement plaisir de vous dire que je suis persuadé
que vous ne serez pas partisan. D'autant plus que j'aime les gens de toutes les
origines, je ne suis pas xénophobe du tout. Je vous trouve
extrêmement à votre place devant moi; en tant que ministre de
l'Environnement.
Je ne veux faire que quelques remarques au tout début. Il
appartient plutôt au ministre de faire des remarques du genre de celles
que vous avez faites. Cependant, je ne voudrais pas passer sous silence les
neuf ans à peu près de perfection que nous avons passées
au pouvoir. Dans ce ministère-là nous avons été,
plus que dans tout autre, un exemple à suivre. Tous les gens
d'Amérique du Nord et même des gens d'outre-océan nous ont
donné des prix pour le travail que nous avons fait dans ce domaine.
J'ai bien compris que vous alliez vers la conservation plutôt que
vers le correctif. Je suis content que vous veuillez faire du préventif,
aussi du correctif bien sûr, mais beaucoup de préventif. C'est ce
que j'ai vu dans votre présentation. Je tiens à souligner, pour
ceux qui seraient nouveaux, que j'ai aussi aimé avoir cette
responsabilité de ce côté-ci parce que, lorsqu'on discute
entre nous, les députés - je suis là depuis à peine
cinq ans - il y a toujours, dans chacun des ministères, des gens
compétents et, au ministère de l'Environnement, la
compétence des gens qui y sont - je parle des permanents, des
fonctionnaires - est reconnue comme étant très grande. C'est pour
cela que le ministère de l'Environnement du Québec a toujours
été cité en exemple.
Bien sûr, nous devons ce ministère compétent au
Parti québécois. Cela nous honore. C'est le Parti
québécois qui a fondé ce ministère et j'en suis
extrêmement content. C'était évidemment une
nécessité de fonder un ministère de l'Environnement dans
une province exposée comme le Québec, parce que les vents
soufflent toujours de notre côté: ne fut-ce que pour les pluies
acides, la création du ministère était très
pertinente. Il y avait à ce moment-là des buts à court et
à long terme. Les buts à court terme étaient de reprendre
le temps perdu parce que, de "mille neuf cent tranquille" jusqu'à 1976,
dans l'environnement, le Québec avait pris un retard presque impossible
à rattraper. Cependant, en mettant les bouchées doubles, comme on
l'a fait durant les neuf dernières années, il y a beaucoup de ce
retard qui a été repris et j'en suis fort aise. Le
ministère a quand même à peine six ans. Beaucoup des buts
qui avaient été visés par ce ministère ont
été atteints.
Il reste cependant beaucoup à faire, mais je remercie le nouveau
ministre de l'Environnement d'avoir eu des paroles élogieuses envers le
travail fait par l'ancien ministre pour dire qu'on avait fait des pas de
géant dans ce domaine. Je reconnais là sa non-partisanerie.
J'essaierai de ne pas être trop partisan non plus malgré que, dans
l'Opposition, ce soit beaucoup plus difficile. Lorsqu'on a le pouvoir en main,
c'est plus facile d'être généreux que lorsqu'on prend ce
qui nous reste du pouvoir. C'est plus difficile, je tiens à vous le
dire. J'ai eu un mandat de presque quatre ans et demi de l'autre
côté. Vous savez que jamais je n'ai été partisan de
façon irréfléchie. Mais c'est un peu plus difficile
lorsqu'on est dans l'Opposition de ne pas l'être. De même que, pour
certaines personnes, c'est plus facile d'être partisanes quand elles sont
au pouvoir. Il y a déjà des gestes très apparents au
ministère des Affaires municipales, mais ce n'est pas l'endroit pour le
dire.
Il reste beaucoup de choses à régler. Bien sûr, nous
allons continuer à vous aider à désintoxiquer l'eau parce
que même si, en réalisant le programme au complet, cela va
assainir les eaux des citoyens eux-mêmes, de toutes les industries qui
polluent aussi, par le biais de l'assainissement des eaux des
municipalités, on ne touchera que 33 % de ce que les industriels
envoient dans l'eau. Il y a d'autres endroits que nous avons essayé de
désintoxiquer par consensus. J'espère que vous allez être
capable de continuer par consensus. C'est très difficile de fonctionner
par consensus avec les gros industriels. Mais, si nécessaire - on
était sur le point de prendre beaucoup d'actions; on s'en reparlera
en détail un peu plus tard - il faut le faire. Je vous
encouragerai à le faire quand le temps arrivera.
Il reste encore à "dépestifier" le sol, bien sûr,
par l'agriculture. Vous en avez parlé, j'en suis content: le recyclage
des déchets, les zones d'enfouissement qu'on a créées pour
éliminer les incinérateurs de façon à peu
près totale. Les sites d'enfouissement ne sont que des solutions
provisoires. Il faudrait absolument trouver autre chose dans les années
qui viennent pour les remplacer.
En général, je suis content d'être devant vous et de
défendre mon parti. Vous êtes un homme d'une grande
compétence, je le reconnais, mais il me fait beaucoup de peine de voir
que vous allez travailler avec un aussi petit budget. La qualité
supplée à beaucoup de choses, mais à un manque d'argent il
est bien difficile de suppléer. Il faut savoir que le ministère
de l'Environnement a des coupures cette année de 21 000 000 $; c'est
énorme. Si on regarde le service de la dette qui était de 82 000
000 $ l'an passé et qui est de 179 000 000 $ cette année - le
service de la dette, ce ne sont pas des dépenses réelles; de
façon intrinsèque, ce sont des services rendus par le
ministère de l'Environnement -il y a coupure de 21 000 000 $. Sur un
budget aussi petit, c'est énorme. Il faut aussi compter que, maintenant
que le ministère doit payer des loyers - qui auparavant étaient
de 14 000 $ - d'à peu près 6 000 000 $ cette année, cela
veut donc dire qu'en fait votre ministère va avoir des coupures de 27
000 000 $.
Je vous reconnais une très grande compétence, mais il me
peine de voir que le cabinet ne vous a pas donné un meilleur budget pour
que cette compétence soit mise à l'oeuvre. Cependant, on va faire
notre possible pour vous aider en vous critiquant, bien sûr, quand ce
sera le temps, de la façon la plus positive possible. Je crois que c'est
suffisant pour les remarques préliminaires parce que nous n'avons que
six heures et qu'il y a beaucoup de points qu'il faudra voir.
On va essayer, M. le Président, si vous n'avez pas d'objection,
de procéder à peu près par programme, sans les approuver
les uns après les autres, et de garder pour demain l'assainissement des
eaux, les pluies acides, la mine Noranda et quelques petits varias, si vous n'y
voyez pas d'objection.
M. Lincoln: Au contraire. Si cela peut être le plus
flexible possible... Tout ce que je demanderai, M. le Président, c'est
ceci. Généralement, il faut établir une entente. Lorsqu'il
y aura des questions techniques, de chiffres, etc., qui devront recevoir des
réponses des hauts fonctionnaires, est-ce que vous êtes d'accord
qu'ils répondent eux- mêmes pour moi? Je n'ai aucune objection
d'une façon ou d'une autre. Cela dépend un peu des pratiques des
commissions. Alors, je vous laisse tout à fait libre.
Le Président (M. Saint-Roch): S'il y a consentement, M. le
ministre. M. le député de Terrebonne, M. le ministre demande s'il
y aurait objection de votre part, lorsqu'on arrivera à des questions
techniques, que quelqu'un de son ministère puisse répondre.
M. Blais: Avec grand plaisir, M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): Il y a consentement.
M. Blais: Surtout qu'on vient de vanter les qualités de
vos fonctionnaires.
M. Lincoln: Allons-y!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
Planification et évaluation
M. Blais: Tout d'abord, comme c'est la première fois que
je fais les crédits, vous allez peut-être me permettre certaines
hésitations à certains moments. J'espère que ce sera
compris.
Nous allons commencer par le programme 1 où il y aurait quand
même quelques questions. Il s'agit, bien sûr, des études
hydriques. Il y a des coupures de 127 500 $ à l'élément 1
du programme 1. Je vois des coupures de 700 000 $ d'achat d'équipements
de laboratoire et une réduction dans les analyses de 120 000 $. Dans un
budget aussi petit, de quelle façon et qui sera le plus
pénalisé par ces coupures de 700 000 $ aux équipements de
laboratoire?
M. Lincoln: En fait, M. le Président, personne ne sera
pénalisé parce que ce sont des achats non récurrents. Il
fallait des équipements de laboratoire pour faire des
expériences, par exemple, dans le domaine des déchets dangereux.
Une fois les équipements achetés, ils sont en place. II n'est pas
besoin d'acheter d'autres équipements similaires parce que ce sont des
équipements achetés pour des projets et des raisons
spécifiques. Une fais qu'on a fait la dépense capitale, c'est une
dépense non récurrente, donc, personne ne sera affecté par
ces 700 000 $ qui ne seront pas dépensés cette année parce
que c'est une dépense qui a déjà été
faite.
M. Blais: Vous dites que ces équipements arrivent à
un moment précis. Ce sont des investissements ponctuels, en fait,
et...
M. Lincoln: C'est bien cela.
M. Blais: ...cette année cet investissement ponctuel n'a
pas besoin d'être fait. Ce n'est pas une coupure, c'est ce que vous
voulez dire.
M. Lincoln: C'est bien cela. Ce n'est pas une coupure, c'est une
capitalisation, des dépenses qui avaient besoin d'être faites
à ce moment-là parce que ces laboratoires devaient être
équipés. Une fois équipés, on n'a pas besoin de le
faire cette année. Si le député de Terrebonne est
intéressé, on peut lui donner la ventilation de ces
dépenses qui vous donnera la liste des équipements qui ont
été achetés.
M. Blais: Il y a 100 000 $ ou 120 000 $ qui sont coupés
dans les heures d'analyses. Je présume que ce sont des analyses de
l'eau, de la qualité de l'eau, etc. Je crois que plusieurs
municipalités, même avec le budget antérieur, se
plaignaient qu'il manquait d'analyses à certains moments. Comment
peut-on concilier un service adéquat et une coupure de cet ordre dans un
budget aussi minime? (20 h 45)
M. Lincoln: Vous voyez, nous avons changé le
système de laboratoire et d'analyses en laboratoire que le
ministère faisait lui-même antérieurement. Ce que nous
avons fait, par un changement de règlement, c'est d'accréditer
des laboratoires privés. Le ministère accrédite des
laboratoires privés. Cela est commencé depuis environ deux ans,
je pense. Les municipalités se servent de ces laboratoires privés
pour faire elles-mêmes des analyses, mais ce sont tous des laboratoires
qui sont accrédités par le ministère de l'Environnement.
Le ministre signe un certificat d'accréditation après que les
laboratoires aient été testés par les services d'expertise
du ministère. Ces laboratoires sont accrédités et les
municipalités s'en servent pour faire les analyses qu'elles obtenaient
auparavant directement du ministère. C'est un système plus
efficace et plus diversifié. Qui plus est, il encourage l'implantation
de laboratoires et de centres d'expertise de laboratoires qui, autrement,
n'existeraient pas. C'est plus économique pour le ministère et
les municipalités ont autant de service qu'avant, par des centres
d'expertise qui sont reconnus par le ministère.
M. Blais: M. le ministre, je veux bien croire que, pour le
ministère, c'est peut-être beaucoup plus commode et cela peut
aussi permettre l'élaboration et la venue de certains analystes dans
tout le Québec. Anciennement, c'était le ministère qui
payait ces analyses pour les municipalités et, aujourd'hui, ce seraient
les municipalités qui paieraient pour cette somme.
M. Lincoln: Oui, c'est comme cela pour l'eau potable, depuis deux
ans. Un nouveau règlement a été adopté il y a deux
ans, parce que le ministère pensait que si on pouvait faire une
rationalisation de cette dépense et économiser cet argent - en
fait, c'est un service qui est donné aux municipalités qui sont
responsables de leur eau potable - à ce moment-là on pourrait
prendre cet argent pour l'investir dans des analyses plus complexes de
laboratoire. C'est cela qui est arrivé. Les municipalités sont
responsables de leur eau potable. Elles vont à ces laboratoires
accrédités et le service a l'air de fonctionner très bien
jusqu'à présent.
M. Blais: En fin de compte, les municipalités auront 100
000 $ de plus à payer cette année pour leurs analyses. Oui ou
non?
M. Lincoln: Le sous-ministre m'explique que la coupure va toucher
les analyses internes du ministère, pas le service aux
municipalités. C'est sûr qu'aujourd'hui, d'après le
changement de règlement, les municipalités sont responsables
d'obtenir leurs analyses par des laboratoires accrédités.
Protection de l'environnement et du milieu social
nordique
M. Blais: Toujours concernant les analyses de l'eau. Il y a
beaucoup de mercure, comme vous le savez, dans La Grande. Dans son cahier des
crédits 1986-1987, le ministre entend appliquer et assurer une survie du
régime de la protection de l'environnement et du milieu social nordique
dans divers projets. Cependant, il réduit les crédits de 40 000 $
dans les programmes de subvention des questions nordiques et, là aussi,
c'est un tout petit budget. À son conseil général de juin
1985, votre parti s'engageait, au chapitre des précipitations acides,
entre autres, à être encore plus généreux. Le 10
avril dernier, le ministre canadien de la Santé, M. Jake Epp,
s'inquiétait des niveaux de mercure trouvé dans les poissons
pêchés dans le réservoir de la rivière La Grande,
à la Baie James, et s'interrogeait sur la possibilité de demander
aux Cris d'abandonner cette source importante pour leur alimentation. Chez les
Cris, on retrouve 20 fois plus de mercure dans leur sang que chez tout autre
peuple. Je ne sais pas ce que le ministre pense en diminuant de 40 000 $ le
montant des analyses qui étaient faites, en général, pour
les gens qui habitent le Grand-Nord du Québec. En diminuant de 40 000 $,
comment pourra-t-il concilier des services qui n'étaient peut-être
pas adéquats, mais qui le seront peut-être encore moins dans
l'avenir?
M. Lincoln: Je suis entièrement d'accord avec vous dans le
principe que vous situez, mais je devrai vous expliquer que la réduction
de 40 o00 $ n'a pas trait à des services aux Cris. Cela a trait à
une réduction de la participation des dépenses pour des
comités conjoints auxquels les Cris ou les Inuit participent. Ou point
de vue des services eux-mêmes, je peux vous dire que toute la question,
par exemple, du mercure nous préoccupe de façon prioritaire. J'en
suis très conscient..
Je voudrais situer ici que, et Hydro-Québec et la
Société d'énergie de la Baie James, qui sont
impliquées directement dans cette question, sont présentement en
train de faire des analyses et un suivi de cette question de façon
prioritaire. Nous attendons incessamment leur rapport qui va nous situer par
rapport à ce qui se passe vraiment, quelles sont les causes de la chose,
afin que des actions puissent être prises. S'il faut que le gouvernement
s'implique dans cette chose, je peux vous assurer que je porterai la question
au Conseil des ministres une fois qu'on aura des rapports de la
Société d'énergie de la Baie James et
d'Hydro-Québec qui vont situer plus en détail les causes de tout
cela et, je l'espère, des éléments de suggestions pour
arriver à des solutions.
M. Blais: Justement, la SEBJ et la RSE - cela doit être la
Régie de surveillance de l'environnement du Grand-Nord probablement...
C'est un comité qui a été formé et un rapport est
censé avoir été déposé au début 1986.
Si vous coupez 40 000 $, est-ce que vous allez couper la conclusion de leur
rapport et qu'on ne s'attend pas à un rapport au début de
1986?
M. Lincoln: Non, non. Le rapport dont vous parlez, M. le
député ou M. le Président...
M. Blais: C'est sur la surveillance écologique, en
fait.
M. Lincoln: C'est un rapport qui est fait par
Hydro-Québec. Les fonds sont prévus par la SEBJ et ces fonds vont
venir de là. Ce n'est pas relié aux 40 000 $ dont vous parlez.
Le3 40 000 $, ce sont purement des dépenses de participation à
certains comités par les Cris et les Inuit. Si vous voulez les
détails des comités en question, peut-être que M. Divay
pourrait vous donner des explications.
M. Blais: Pas nécessairement, M. le ministre.
Cependant, si ce comité, comme on le sait, dit, encore une fois,
qu'il y a beaucoup de mercure, etc., est-ce que vous allez demander à
Hydro-Québec, qui en fait est indirectement responsable par la
construction de ce grand réservoir de l'augmentation du mercure dans
l'eau, d'apporter elle-même les correctifs ou si c'est le
ministère qui devra, soit avec Hydro-Québec ou seul, apporter les
correctifs pour que le poisson soit plus comestible pour les Cris?
M. Lincoln: C'est une question qui nous préoccupe en
priorité. Donc, lorsque nous aurons reçu le rapport, nous
travaillerons étroitement avec Hydro-Québec et la SEBJ pour
arriver à des conclusions et, une fois ces conclusions connues, nous
allons prendre les mesures nécessaires. Naturellement, il faudra
impliquer Hydro-Québec. S'il fallait aller plus loin, à ce
moment-là, nous prendrions les décisions qui s'imposent.
Par exemple, s'il fallait aller au Conseil des ministres ou au Conseil
du trésor pour une raison quelconque, nous le ferions, selon les
conclusions du rapport. Naturellement, nous allons nous tourner d'abord vers
Hydro-Québec et la SEBJ, qui sont beaucoup plus directement
impliquées dans cette question. Mais je conçois que le
ministère lui-même est très conscient de la chose et
travaille de très près avec les deux autres intervenants.
M. Blais: Je comprends très bien que ce sont des choses
qui ne se règlent pas en deux ou trois jours. Je comprends très
bien cela parce qu'on y travaille, au Québec, depuis 1973, avec la SEBJ,
et les conséquences... Maintenant que, depuis plusieurs années,
le barrage est en place et que c'est là une analyse finale qui nous
arriverait, cela voudrait dire que c'est dans le courant de l'année que
ces décisions se prendraient. Il y a des correctifs à apporter et
c'est cette année que cela devrait se prendre. C'est cela?
M. Lincoln: C'est-à-dire que je devrais souligner que,
malheureusement, il n'y a pas de solution immédiate ou magique à
ce problème qui en est un de longue durée. Mais ce que je veux
vous dire, c'est que nous allons étudier le rapport avec beaucoup
d'attention et lui donner toute l'importance qu'on devra lui donner. S'il
s'agissait d'une intervention intérimaire ou de chercher des correctifs
et d'obtenir de l'argent, nous nous tournerions naturellement vers
Hydro-Québec et la Société d'énergie de la Baie
James. S'il fallait aller au Conseil du trésor, nous le ferions. Mais
c'est sûr que nous parlerions d'action de départ parce que c'est
sûr que ce n'est malheureusement pas une question qu'on peut
résoudre du jour au lendemain.
M. Blais: Je vous remercie. M. le ministre, je trouvais cela
très important de vous poser quelques questions à ce sujet parce
qu'en plus des Cris, c'est un endroit
qui de plus en plus deviendra touristique et c'est une réserve
immense où il y aura beaucoup de poisson. Il faudrait qu'il soit
très comestible pour l'ensemble de la population
québécoise ou pour d'autres qui viendront nous visiter.
M. Lincoln: C'est toute la question sociale et
socio-économique par rapport aux populations autochtones.
Peut-être que je devrais vous dire que nous collaborons et nous parlons
de façon continue avec les populations concernées au sujet de
cette question. Le ministère de l'Environnement est en communication
constante avec eux au sujet de cette question.
M. Blais: II y aura une décision cette année, M. le
ministre, à ce sujet? Sur les correctifs à apporter?
M. Lincoln: Certainement que nous pourrons vous donner plus tard
cette année, aussitôt que le rapport sera déposé, ce
qu'on entend suivre comme politique par rapport à des correctifs qui
seront à long terme, j'en suis sûr. Mais quel genre d'amorce
politique, quel genre d'amorce de solution? C'est sûr qu'on va s'attaquer
à la chose et on pourra vous fournir des réponses lorsque le
rapport aura été déposé.
M. Blais: Je vais vous poser une question technique, M. le
ministre. Est-ce qu'automatiquement, lorsqu'un rapport comme celui-là
est déposé à votre ministère, le
représentant de l'Opposition en reçoit une copie?
M. Lincoln: Écoutez, je ne suis pas assez
expérimenté dans ces choses, mais je vais essayer de m'en
enquérir. C'est un rapport. Je ne vois pas pourquoi au premier abord...
Mais je ne peux pas vous dire. Je ne voudrais pas m'engager. Je vais
certainement faire les enquêtes nécessaires et vous le laisser
savoir.
M. Blais: Vous êtes bien gentil. Un autre point, si vous le
permettez. L'aéroport de Saint-Jean et la pollution par le bruit, entre
autres. Semblerait-il qu'un promoteur fédéral, des lois
fédérales, le fédéral ou les institutions
fédérales - pour ne pas passer pour des inféodés -
devraient respecter les lois de l'environnement du Québec. Il semblerait
que, dans ce projet, il y ait danger que les lois de l'environnement du
Québec puissent ne pas être respectées par l'investisseur
fédéral. Est-ce que vous pouvez me donner des
éclaircissements sur ce dossier, s'il vous plaît?
M. Lincoln: Oui. La politique provinciale, la politique du
Québec - je pourrais vous citer le cas du projet d'agrandissement du
port de Québec - qui s'est appliquée jusqu'à maintenant a
été, dans des cas d'installations fédérales, que le
ministère de l'Environnement ne se servait pas de ses propres
études d'impact, mais entrait dans tout le système
d'évaluation d'impact du fédéral, en s'impliquant dans le
dossier, pour apporter les vues du gouvernement provincial par rapport aux
études fédérales qui étaient faites dans ce
dossier. Dans ce cas-ci - j'en ai parlé l'autre jour à mon
collègue des Transports - nous pensons qu'une solution serait de
demander au ministre des Transports fédéral d'assujettir le
projet de l'aéroport de Saint-Jean à la procédure
d'évaluation et d'examen d'impact et lui proposer une participation
provinciale dans cette étude, comme cela a été le cas, par
exemple, dans le cas du port de Québec.
M. Blais: Normalement... Il y a un tout petit bout de votre
réponse que je n'ai pas compris, je m'en excuse.
M. Lincoln: Non, ça va. Ce que j'ai voulu vous dire, c'est
que la politique traditionnelle du gouvernement provincial a été
que, dans le cas des installations fédérales, nous demandons au
fédéral d'assujettir le projet à une étude d'impact
quand nous considérons, comme dans ce cas-ci, qu'une étude
d'impact est nécessaire. À ce moment-là, c'est une
étude d'impact du fédéral qui est faite et le provincial a
ses vues et ses opinions à émettre au sein de l'évaluation
d'impact qui est faite par le fédéral lui-même. C'est, par
exemple, la procédure qui a été suivie dans le cas de
l'agrandissement du port de Québec. C'est ainsi que nous comptons
demander - j'en ai déjà parlé brièvement à
mon collègue des Transports l'autre jour - au ministre des Transports du
fédéral d'assujettir le projet de l'aéroport de Saint-Jean
à une étude d'impact fédérale, où notre
gouvernement aurait voix au chapitre, aurait son mot à dire. (21
heures)
M. Blais: Merci beaucoup, M. le ministre! Dans le programme 1, ce
sera tout pour le moment. Il y aura toujours possibilité de revenir
à la fin, comme on s'est entendu, au cas où il y aurait quelque
chose.
Avant de passer directement au programme 2, j'aurais peut-être une
petite question. Il y a beaucoup de compétence dans votre
ministère, mais on s'est rendu compte quand même qu'il n'y avait
pas beaucoup de femmes. Est-ce que le ministre pense améliorer la
situation dans les années qui viennent?
M. Lincoln: M. le député, j'ai fait la même
constatation que vous. En fait, je me souviens que, lors de débats avec
un de mes prédécesseurs dans le passé, la même chose
m'avait frappé et ce qui m'a frappé le plus
quand je suis arrivé au ministère et que j'ai eu un livre
de "briefing", c'était justement de voir que dans les cadres
supérieurs il y avait 58 hommes et 2 femmes. L'autre jour, j'ai
expliqué que j'avais essayé de rectifier un peu la balance au
sein de mon propre cabinet parce que, là, on est peut-être quatre
hommes et une dizaine de femmes. En tout cas, du côté du
ministère, oui, je peux vous dire que nous sommes très conscients
de tout cela. Je pense qu'à la haute direction du ministère, et
même du côté des fonctionnaires, on est très
conscient de la chose et nous espérons améliorer la situation
pour que l'année prochaine il y ait une meilleure balance qui se
fasse.
Gestion du milieu aquatique
Réaménagement des berges du lac
Saint-Jean
M. Blais: Je vous souhaite bonne chance et j'espère que
vous réaliserez ce que d'autres avant vous n'ont pas complètement
pu réaliser.
Maintenant, dans le programme 2, je vais sauter immédiatement sur
le gros lot, la stabilisation des berges du lac Saint-Jean. Bien sûr que
vous pourrez facilement me dire qu'on ne règle pas dans quatre mois ce
qui traîne depuis 63 ans. C'est un fait, cela date de 1922; 63 ans, c'est
exact. Cependant, M. le ministre, malgré des contrats qu'à
l'époque on signait sans responsabiliser les gens à qui on
donnait des droits et des privilèges d'exploitation... Il ne faut pas
aller si loin, on vient de dire que le mercure, à Hydro-Québec,
c'est tout récent quand même, ce réservoir-là... On
n'a pas prévu d'obliger Hydro-Québec à faire des
correctifs. On est obligé de revenir à la charge et si jamais,
durant les quatre ans qui viennent on bâtit la Baie James 2, ce à
quoi je ne crois pas, j'espère qu'à HydroQuébec on fera
des prévisions au cas où dans son réservoir il vienne du
mercure, situation qu'automatiquement Hydro serait obligée de
corriger.
Sur les berges du lac, où se trouve l'Alcan, en plus de briser
toutes les rives, c'est entendu qu'il y a une pollution interne, une pollution
énorme et inacceptable. On va me dire que le rapport du BAPE est sorti
le 12 mai de l'an passé et que le gouvernement dont je faisais partie
n'a fait qu'une réunion, le 12 novembre de la même année.
Je sais pertinemment, parce que je vous ai entendu le dire, que vous avez eu
trois ou quatre rencontres, peut-être même cinq depuis votre
nomination au poste que vous occupez.
Cependant, c'est ce printemps qu'arrive la crue des eaux. Cela s'en
vient extrêmement compliqué et d'une importance capitale. Dans ce
dossier-là, je sais que vous faites diligence, mais je vous demande
où en est ce dossier et quelles sont les ententes? L'Alcan est
très réticente, comme tous les industriels capitalistes, à
prendre ses responsabilités financières. Je veux savoir d'abord
où en est l'entente avec l'Alcan, actuellement.
M. Lincoln: Tout d'abord, sur la question du principe, je ne peux
pas être plus d'accord avec vous. Je pense qu'il y a des situations
historiques qui sont dans le décor. Dans ce cas-là, la loi de
1927 a donné des droits à l'Alcan et je suis certain
qu'aujourd'hui, si nous avions à recommencer l'histoire, ce ne serait
pas le cas. Mais le fait est que l'Alcan a des droits historiques qui sont
consacrés dans la loi de 1927.
Ceci étant dit, depuis que nous sommes arrivés au pouvoir
- je ne vais pas encore, puisque vous avez assisté à la
période de questions en Chambre et au débat qui a suivi, revenir
sur ce qui s'est fait, sur qui a fait quoi - ce que je peux vous dire, c'est
que, depuis que nous sommes en poste, mes collègues des
ministères du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, de
l'Énergie et des Ressources et moi-même, nous avons eu plusieurs
réunions sur la question de l'Alcan pour nous concerter sur nos
positions et, ensuite, pour tenir à plusieurs reprises des pourparlers
avec l'Alcan qui ont impliqué les fonctionnaires du ministère et,
en une occasion, les ministres eux-mêmes. Ensuite, on a eu de la
correspondance, etc., avec l'Alcan.
Le dernier chapitre de ces négociations, c'est ceci: Nous avons
formulé des propositions à l'Alcan très récemment,
au cours des derniers jours, pour nous situer et pour dire: Voici la position
du Québec, une position ferme à laquelle nous allons
réellement tenir. L'Alcan est revenue pour nous dire: Nous sommes
d'accord sur beaucoup de points, mais, pour certains, nous voudrions discuter
à nouveau. Nous allons rencontrer la haute direction de l'Alcan dans les
jours qui suivent. Ce sera peut-être cette semaine ou la semaine
prochaine. En tout cas, nous espérons arriver à une conclusion
dans cette affaire.
La raison pour laquelle cela s'est prolongé, la raison pour
laquelle il y a eu des négociations qui ont duré plus longtemps
que nous ne l'aurions voulu, comme je l'ai expliqué au
député de Lac-Saint-Jean lorsqu'il m'a posé cette
question, la raison est simple, c'est vraiment parce que nous avons voulu
maintenir des positions qui démontrent notre ferme volonté de
refléter le voeu des citoyens du Lac-Saint-Jean, mais aussi la
préservation du lac pour l'avenir.
Si, par exemple, nous avions voulu régler le dossier en laissant
de côté ces préoccupations, il est sûr qu'on l'aurait
réglé il y a bien longtemps de cela, mais nous avons maintenu des
positions fermes et c'est pourquoi, malheureusement, le dossier s'est
prolongé jusqu'ici.
M. Blais: Seulement deux petites sous-questions, si vous
permettez, dans ce dossier.
M. Lincoln: Oui, bien sûr.
M. Blais: Voyez-vous une entente avec l'Alcan sur un niveau
minimal ou maximal de l'eau? Deuxièmement, l'Alcan accepte-t-elle sa
responsabilité, du côté financier, au sujet du
réaménagement des berges?
M. Lincoln: Il y a trois grands points qui ont été
le sujet des négociations. Dans l'ordre, premièrement, c'est la
gestion du niveau du lac, le minimum et le maximum; toute la question du
rechargement des berges et, troisièmement, la consultation populaire. Je
peux vous dire que, sur la question de la consultation populaire, je pense
qu'on a trouvé un terrain d'entente et des solutions qui vont être
acceptables par tous, j'en suis certain.
Sur la question du rechargement des berges, nous sommes très
près d'une entente. Quant à la question de la gestion du lac,
c'est très technique et nous sommes en train d'essayer de trouver un
terrain d'entente. Et, oui, cela se situe par rapport au maximum et au minimum;
c'est bien cela.
M. Blais: De 14 ou 16,5 pieds?
M. Lincoln: Tout cela a commencé avec 14 ou 16 pieds.
C'est le point de départ, c'est là où tout cela...
M. Blais: C'est 14 pieds au minimum et 16,5 pieds au maximum;
c'est à l'intérieur de cela.
M. Lincoln: Tout cela est parti de 14 pieds, au minimum, et 16
pieds, maximum, et toute la négocation s'est faite autour de cela.
M. Blais: D'accord. Du côté financier... Oh! Pardonl
Allez-y.
M. Lincoln: Je veux vous dire que ce sont les balises de
départ. C'est sur cela qu'il y a eu des négociations. Il est
sûr que, si tout le monde était d'accord pour 14 et 16 pieds, il
n'y aurait pas de négociations.
M. Blais: Ah! Non, mais j'étais sûr que
c'était entre 14 et 16,5 pieds, mais avec l'intervention de monsieur, je
ne suis pas sûr si vous n'aurez pas 17,5 pieds maintenant.
M. Lincoln: Non, non. M. le Président, comme je l'ai
expliqué au député auparavant, si, par exemple, nous
avions voulu régler cette chose-là bien vite, il est sûr
qu'on aurait été à 17,5 pieds. Le fait même que cela
se poursuive démontre vraiment que, malgré plusieurs
réunions, nous avons maintenu des positions très fermes sur cette
question. Naturellement, dans ces choses-là, rien n'est blanc ou noir.
Il faut penser aussi à ce qui arrive. Il y a le fait que l'Alcan est
protégée par une loi de 1927. Nous maintenons les positions les
plus fermes. Nous allons dire à l'Alcan: Voici, c'est cela qu'on a dit;
voici notre position. Nous espérons arriver à une solution qui
sera certainement un reflet du voeu des citoyens: la protection de
l'écologie du lac et de sa vocation récréative et
touristique. En même temps, nous tiendrons compte du fait que l'Alcan est
un intervenant principal dans cette question importante, parce qu'elle a des
droits selon la loi et il faut aussi qu'elle participe au dossier; ce sera
quelque chose qui reflète toutes ces situations.
M. Blais: Vous répondez bien à toutes mes
questions, sauf à une toute petite partie, et je sais que c'est parce
que vous l'avez oubliée. Du côté financier, le
réaménagement des berges, est-ce qu'Alcan va s'en charger
financièrement elle-même ou est-ce qu'il y aura une participation
du gouvernement du Québec?
M. Lincoln: Cela a toujours été convenu ainsi
qu'Alcan ferait cela elle-même. Cela n'a jamais été remis
en cause et cela sera au compte d'Alcan.
M. Blais: C'est ce que je voulais vous entendre dire, M. le
ministre.
M. Lincoln: Excusez-moi.
Cartographie des zones inondables
M. Blais: J'en suis très heureux. Merci. Maintenant,
depuis 1976, le ministère de l'Environnement a dépensé
environ 6 000 000 $ pour cartographier toutes les zones inondables. Il reste
encore tout près de 300 municipalités où une étude
de cartographie devait être faite dans les années qui viennent, ou
le plus tôt possible, pour le mieux-être de l'ensemble des citoyens
qui habitent ces municipalités. Je ne dirai, pas ma cousine, mais Mme
Blais-Grenier, lorsqu'elle était ministre fédérale, avait
offert de rembourser 50 % de toutes les dépenses qui seraient
effectuées. Je sais qu'elle n'est plus à ce ministère,
mais est-ce que vous avez l'intention de sauter sur cette offre de 50 %, si ce
n'est déjà fait, pour payer les dépenses de la
cartographie des 280 municipalités qui restent et avez-vous l'intention
de le faire dans l'année qui vient, bien que votre budget ait
été diminué de beaucoup?
M. Lincoln: Comme vous le savez, toute cette question des zones
inondables et de la cartographie des plaines inondables dépend d'une
entente fédérale-provinciale. C'est une entente 50-50 du
côté du fédéral. Le renouvellement de cette entente
est en voie de négociation. Cela va assez bien. Lorsque nous aurons des
conclusions du côté fédéral... Cela dépend
aussi du gouvernement du Québec de trouver l'argent nécessaire,
mais c'est sûr que, du côté du principe, pour nous, c'est
une question bien importante que la cartographie des plaines inondables.
M. Blais: Excusez-moi. Il y a une discussion pour le
renouvellement d'une entente fédérale-provinciale à ce
sujet. Est-ce ce que vous me dites?
M. Lincoln: C'est cela, oui.
M. Blais: Excusez-moi. J'avais entendu Mme Blais-Grenier faire
l'offre de payer 50 %. C'était d'une générosité
habituelle, alors, cela m'a fait plaisir. Mais est-ce que vous, comme ministre
actuel, dans votre demande de discussion, d'intervention ou d'entente
fédérale-provinciale, vous incluez le coût de la
cartographie des 280 municipalités qui n'ont pas encore leur carte?
M. Lincoln: Non. Écoutez...
M. Blais: Je ne fais que cela, écouter.
M. Lincoln: M. le Président, en réponse au
député, ce que je veux expliquer, c'est que, lorsque Mme
Blais-Grenier avait dit qu'elle allait prévoir 50 %, ce sont les grandes
lignes de principe. Il faut aller négocier sur des questions
spécifiques et fermes. Nous attendons maintenant que l'entente avec le
fédéral soit chose faite, que le fédéral nous
confirme que nous aurons l'entente et les 50 %. À ce moment-là,
ce sera une décision du gouvernement du Québec de ratifier
l'entente. Pour le moment, tout ce que je peux vous dire, c'est que la
situation pour le ministère maintenant est purement de négocier
avec le fédéral le principe de la participation
fédérale de 50 %.
M. Blais: Il y a tout de même dans ce programme 2 une
diminution de plus de 14 500 000 $ du budget cette année. Dans
l'élément programme 2, il y a 14 500 000 $ de moins de
budgétisé, à l'élément 1 seulement. Si on
regarde les crédits, c'est énorme.
M. Lincoln: Je vais vous dire qu'il faut prendre en
considération qu'une grosse somme de ces projets n'est pas
récurrente. Par exemple, il y a trois barrages qui ont été
complétés, le barrage à l'entrée de la
rivière des Mille Îles, qui était de presque 3 000 000 $,
il y a le barrage Allard et l'autre barrage. Les trois ensemble, vous avez
quelque chose comme 9 000 000 $. Un petit peu moins, peut-être autour de
8 000 000 $. Ce n'est pas tout à fait la somme totale parce que ce sont
des sommes non récurrentes. Pour ce qui est de l'entente sur les plaines
inondables, nous allons obtenir un accord de principe du fédéral,
après quoi il faudra aller au Conseil du trésor et au Conseil des
ministres pour faire entériner la participation du Québec pour
ces 50 %. (21 h 15)
Traitement du lisier de porc
M. Blais: Il y a aussi l'abandon d'une usine pilote
régionale de traitement du lisier de porc qui, je crois, aurait
été située à l'Assomption ou à
Saint-Roch-de-l'Achigan.
M. Lincoln: Oui, c'est cela. Je vais vous dire ce qu'il en est.
Lorsque le projet avait été conçu, on parlait d'une
estimation totale du projet de l'ordre de 5 000 000 $. Mais, une fois que le
projet avait été conçu, les coûts
révisés ont plus que doublé. Les coûts devaient
être de l'ordre de 11 000 000 $. Nous avons décidé pour le
moment, vu la situation financière du gouvernement, vu le
dédoublement des coûts, vu aussi le fait qu'une usine alternative
avait déjà été en voie d'être
complétée dans la Beauce, que nous allions nous servir de cette
usine pilote pour faire des expériences, peut-être sur une plus
petite échelle, mais certainement dans le cadre des possibilités
financières du ministère. Nous ne voyons plus une seconde usine
d'expérimentation dont le coût, au lieu d'être de 50 000 000
$ comme prévu, aurait été de 11 000 000 $. Nous avons
préféré cesser le projet. C'est pourquoi, on a
récupéré un montant de 1 700 000 $ qui était
prévu au budget.
M. Blais: Mais on sait que la rivière l'Assomption est
tellement polluée que si Notre-Seigneur revenait et la traversait
à pied, ce ne serait pas un miracle. Il faudrait tout de même
penser que... Non, c'est vrai, cette rivière est tellement
polluée. Je me demande pourquoi c'est cette usine où il y a une
surproduction de porc dans la région... Autant que la Yamaska, vous
allez me dire mais, en tout cas, je pense que dans le cas de la rivière
l'Assomption, c'est encore pire. Lorsqu'on prend un verre d'eau, les gens
pensent qu'on prend un Coca-Cola; c'est énorme. Je crois que d'avoir
choisi d'abandonner celle-là - je n'en aurais abandonné aucune -
on va dépenser plus dans l'assainissement plus tard si on n'investit pas
dans le lisier. Il ne faudrait pas non plus considérer qu'on devrait
diminuer la production de porc, même si on produit
160 % de nos besoins en porc. Il faut y penser, parce que c'est tout de
même de l'exportation et c'est ce qui fait que le Québec est
prospère, au moins depuis neuf ans, en tout cas. Il ne faudrait pas
qu'on abandonne au moins cela. Je me demande pourquoi c'est cette usine qu'on
abandonne plutôt que... Il ne s'agit pas d'en faire d'autres, mais au
moins de conserver celle qui était près de la rivière
l'Assomption, une rivière d'une pollution indescriptible.
M. Lincoln: M. le Président, l'usine qui était
prévue à l'Assomption était une usine pilote pour faire
une expérimentation. Qu'elle soit là, c'est sûr que cela
aurait été propice, parce que c'est un endroit sûrement
symbolique, en fait, et qui, physiquement, produit une pollution agricole
extrême. Mais, en même temps, nous avons pensé - et c'est
l'opinion des experts du ministère - surtout compte tenu du fait qu'on
aurait eu à dépenser plus de deux fois le montant prévu
dans cette usine de l'Assomption, que l'usine de la Beauce va nous donner le
genre d'expérimentation, de résultats expérimentaux qui
vont nous permettre au moins de situer l'une de ces possibilités. C'est
là une possibilité. Il y en a plusieurs qui sont
étudiées en ce moment dans la section agricole de
l'assainissement des eaux.
Il faut aussi souligner que, par rapport à la région de
l'Assomption comme telle, un problème majeur qui a été
soulevé, c'est qu'il y avait une surproduction d'animaux dans cet
endroit spécifique. C'est pourquoi le ministère de l'Agriculture
a un programme d'aide pour les producteurs agricoles pour leur demander de
réduire le niveau de rachat d'animaux pour permettre que les programmes
et les fermes soient réduits dans leur production. Il me semble que cela
sera un traitement à long terme. Nous étudions maintenant
différentes possibilités pour nous occuper de la solution du
problème posé par le lisier de porc. Je suis très
conscient de la question de l'Assomption parce que, justement, mon
collègue député de l'Assomption me parle presque tous les
jours de l'eau potable, qui n'est certainement pas une eau de choix. J'en ai
parlé plusieurs fois aux fonctionnaires du ministère et,
aujourd'hui même, nous avons discuté de la question. Nous ne
pensons pas que le fait d'avoir cessé le projet d'usine
expérimentale, qui aurait coûté beaucoup trop cher, nuira
à toutes les expérimentations que le ministère est en
train de faire pour trouver une solution à ce problème.
M. Blais: Merci. il y a aussi dans ces coupures - à moins
que je ne voies pas dans ce programme à quel endroit vous pouvez le
situer - les programmes d'assainissement industriel. On avait une dizaine de
millions, l'an dernier, et je ne vois pas s'il y a un montant, cette
année. Est-ce qu'on pourrait m'indiquer où cela peut être
ou si c'est une coupure totale? Je ne le vois pas dans le programme, à
moins que je ne sache pas comment chercher.
M. Lincoln: II n'y a jamais eu de subvention comme telle pour le
programme industriel similaire à celui de l'assainissement urbain. Tous
les crédits qui avaient été alloués à la
dépollution industrielle se trouvent dans les effectifs du
ministère qui s'occupent de cette question, qui s'occupent de
l'inspection, de l'analyse et du suivi. Dans ce secteur, je suis d'accord qu'il
y a eu certaines coupures d'occasionnels, mais les effectifs permanents qui
s'occupent de l'assainissement industriel demeurent. Il y a eu des coupures du
côté des occasionnels, c'est vrai.
Programme Berges neuves
M. Blais: On sait qu'il y a des occasionnels au programme 2. Il y
en a 51 de coupés, je sais qu'il y en a plusieurs. Je voudrais vous
"envoyer" - entre guillemets -un petit blâme ou vous demander de
retourner au cabinet pour un point bien précis parce que c'est d'une
importance capitale. Il s'agit de Berges neuves. Il y a un programme de trois
ans où 381 municipalités avaient fait des demandes. Il y avait eu
des acceptations, on avait dépensé près de 6 000 000 $ et,
cette année, il semblerait que ce ne sont pas des berges neuves. C'est
d'une importance capitale pour l'environnement et cela commençait
à compléter un cycle. Encore là, je vois des coupures et
cela m'horripile.
M. Lincoln: Pour ce qui est de Berges neuves, il est certain
qu'on peut ne pas être d'accord, on peut dire que cela ne devrait pas
être, mais nous nous trouvons dans une situation, comme gouvernement,
dans laquelle ou bien nous faisons des coupures substantielles dans les budgets
du gouvernement ou bien nous augmentons le déficit et, ainsi, la dette
de l'État. Nous avons décidé qu'il fallait y aller par
coupures dans tous les ministères. Chaque ministère a eu des
coupures importantes à faire, le nôtre comme tous les autres. Il
fallait situer quels étaient les programmes que nous allions maintenir
en priorité, quels étaient ceux qu'on devait diminuer et quels
étaient ceux qu'on ne pouvait pas continuer. II nous a semblé,
pour plusieurs raisons, qu'on aurait pu diminuer ou suspendre le programme
Berges neuves. Nous avons cru beaucoup plus franc, beaucoup plus honnête
de dire, pour plusieurs raisons que je vais vous donner, que le programme
Berges neuves ne pourrait être continué.
D'abord, c'était le plus nouveau
programme du ministère. Deuxièmement, les effectifs qui
s'occupaient de ce programme étaient des occasionnels.
Troisièmement, vous vous souviendrez peut-être, M. le
député, que c'était un programme où, dans le
principe même de la chose, nous avions indirectement critiqué non
pas le programme Berges neuves comme tel, mais la philosophie qui a fait que le
programme Berges neuves naisse. Si vous vous souvenez, l'année
dernière, notre parti, lorsque nous étions dans l'Opposition,
s'est opposé vigoureusement à la loi 6, qui a créé
le programme Berges neuves.
Durant le débat sur la loi 6, nous avons dit qu'au lieu de
créer un programme pour valoriser les berges aujourd'hui, pour donner
aux municipalités le droit d'aller refaire leurs berges, il faudrait
commencer par une loi-cadre ou un règlement-cadre qui établirait
des critères uniformes dans tout le Québec. Après, comme
seconde étape, on pourrait faire un programme pour aller valoriser les
berges selon des critères établis dans une loi ou un
règlement-cadre. C'était la suggestion, la recommandation du
Conseil consultatif de l'environnement en 1980, je pense. Ce fut la
recommandation très claire du Conseil consultatif de l'environnement et
nous nous sommes basés sur cette recommandation pour toutes ces
raisons.
Dans une période où nous nous trouvions dans
l'impossibilité d'avoir des budgets comparables ou augmentés par
rapport à l'année d'avant il fallait situer des priorités.
C'était ou bien l'assainissement des eaux, ou bien la
récupération, ou le recyclage, ou d'autres programmes. Nous avons
préféré un programme qui était nouveau, qui
était mené par des occasionnels mais dont le principe moteur
même ne faisait pas tout à fait notre affaire. C'est pourquoi nous
voulons remplacer le programme par quelque chose à plus long terme en ce
sens que nous allons d'abord nous diriger vers une loi-cadre pour la protection
des rives et du littoral, ou un règlement-cadre ou une façon
quelconque de le faire, après quoi nous allons établir des
politiques qui vont faire en sorte que cela soit établi.
M. Blais: Ce que j'ai à répondre, c'est que les
deux peuvent aller en même temps. Cependant, ce qui ne pouvait pas aller
en même temps, c'est dire qu'on avait une marge de manoeuvre durant une
campagne électorale, tout en sachant qu'on n'en avait pas... On est
obligé de faire des coupures en revenant. Je sais que vous n'en
êtes pas responsable. C'est votre chef qui est responsable ou
irresponsable de cela. Cependant, vous avez annoncé, le 1er mars 1986,
cette loi-cadre pour la protection des rives et des berges. J'avais cela en
note. Je m'attendais un peu que vous me répondissiez de cette
façon.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Blais: Est-ce que je présumerais en disant que c'est
d'ici au mois de juin, la fin de juin, que vous allez présenter cette
loi-cadre? Depuis plusieurs années, votre parti s'oppose, disiez-vous,
à ces Berges neuves. Si cela fait plusieurs années, elle doit
être prête.
M. Lincoln: Non. Je vais essayer d'aller dans cette direction le
plus rapidement possible. Je ne suis pas le seul intervenant. C'est une
question très importante. Il y a le ministre de l'Environnement,
évidemment, qui est concerné. Il y a le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation, le ministre des Affaires municipales. Il y en quatre
principaux. Il y a aussi le ministre délégué aux
Forêts et le ministre de l'Énergie et des Ressources. C'est donc
une affaire de concertation. Comme vous le savez, un comité
interministériel avait été mis sur pied par le
gouvernement antérieur pour faire des recommandations sur toute cette
question. C'est une question de grande envergure. Ce comité va
déposer des recommandations et, nous espérons aller dans ce sens
le plus rapidement possible. Mais vous dire que ce sera en juin ou septembre...
On le fera le plus rapidement possible. Nous considérons que c'est le
pas numéro un à faire.
M. Blais: M. le ministre, dans certains cas spécifiques de
Berges neuves, à cause de cas types et de cas qui ne peuvent pas
tolérer cette coupure, j'y reviendrai demain, si vous me le permettez.
Toujours au programme 2 - on trouve les coupures où l'on peut bien
sûr, et on a déjà coupé aussi, M. le ministre, quand
on était au pouvoir -parmi les 51 postes d'occasionnels qui sont
touchés, je vois des coupures chez les inspecteurs
d'échantillonnage d'eau dans les pataugeoires, dans les eaux de
baignade, et pour surveiller les empiétements dans les rivières
qui appartiennent à Sa Majesté la reine. (21 h 30)
Vu ce grand respect de la couronne, je me demande comment il se fait que
vous laissiez vos fonctionnaires vous convaincre de couper les postes de ceux
qui abuseraient de cette couronne ou qui ne pourraient pas faire
l'échantillonnage voulu pour que nos enfants se baignent dans des eaux
qui ne sont pas dangereuses dans leur "pataugeuse", etc. Je trouve cela un
petit peu, j'allais dire entre guillemets, "inhumain" de couper chez ces
inspecteurs parce que je ne crois pas qu'ils soient trop nombreux actuellement.
Il y a peut-être autre chose à couper. Je ne parle pas de
l'alimentation en eau au complet, mais il y aurait peut-être des endroits
plus
propices à une telle "sécation".
M. Lincoln: M. le Président, je pense que la question est
de ne pas diminuer des services essentiels, pas du tout. L'idée est
vraiment d'apporter une solution plus rationnelle, plus logique et plus
appropriée à long terme. Dans le passé, peut-être
parce qu'il n'y avait pas d'infrastructure, parce qu'il n'y avait pas d'autres
façons de le faire, le ministère faisait beaucoup de choses
lui-même. C'est ainsi que le ministère allait faire des analyses,
des échantillonnages de l'eau sur des plages, etc.
Maintenant, nous pensons que ce genre de travail doit être la
responsabilité de celui qui en est responsable. En premier lieu, ce sont
les municipalités ou les propriétaires de ces plages, de ces
endroits, qui devraient faire les analyses, qui devraient aller contrôler
la chose. Le ministère, lui, fera le contrôle ultime si cela ne
fonctionne pas à ce moment-là, mais la responsabilité de
base va être donnée aux municipalités. Cela devrait
fonctionner de façon très efficace.
M Blais: Les 51 occasionnels que vous coupez représentent quel
montant?
M. Lincoln: Je pourrais vous le dire. Oui, 1 200 000 $.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Chapleau.
M. Kehoe: Merci, M. le Président. M. le ministre, vous
avez expliqué les différentes raisons pour lesquelles le projet
Berges neuves a été abandonné ou aboli. Maintenant, durant
qu'il a existé, il y a plusieurs municipalités, plusieurs villes
qui ont pris avantage de ce programme. Je parle spécifiquement d'une
ville de mon comté, la ville de Gatineau. L'été
passé, les habitants ont profité de ce programme et ils ont fait
plusieurs projets. Ils ont nettoyé des ruisseaux. Certains travaux ont
été exécutés dans la municipalité.
Aussi, ils ont préparé un programme pour l'année
courante pour encore prendre avantage des différents montants d'argent
qui étaient offerts par le gouvernement dans le programme Berges neuves.
Je pose des questions. Il y a des municipalités qui ont
préparé des plans et je montre ici un plan élaboré
par la ville de Gatineau qui est assez complet et précis, qui a
coûté, entre parenthèses, une certaine somme d'argent.
À ce moment-là, je me demande spécifiquement si... Vous
avez dit tantôt, en termes assez généraux, que votre
ministère a l'intention de préparer des politiques globales
générales concernant différents programmes dans l'avenir,
mais avez-vous spécifiquement un genre ou une sorte de programme qui va
remplacer le programme Berges neuves de sorte que des municipalités qui
ont déjà commencé à préparer des plans pour
cette année ou les années à venir puissent s'en servir,
avoir des subventions ou bénéficier d'un autre programme
quelconque?
M. Lincoln: Comme je l'ai expliqué au député
de Terrebonne, d'abord, ce que nous avons conservé dans Berges neuves
comme budget pour cette année et l'année prochaine, c'est pour
couvrir certains programmes spécifiques où il y avait eu des
ententes formelles du gouvernement du Québec de faire des arrangements
ou des ententes avec certaines municipalités pour des projets Berges
neuves. Ces projets qui ont été identifiés et qui se
montent à environ 6 200 000 $, cela va être reconnu et il y a des
fonds qui ont été mis de côté pour cela et qui ont
été autorisés par le Conseil du trésor.
Malheureusement, des projets comme le vôtre, celui de la
municipalité dont vous faites mention, qui n'avaient pas
été homologués, ratifiés et acceptés
formellement par le gouvernement, nous n'avons pas de fonds dans le budget pour
reconnaître ces dépenses. Je suis très sympathique à
ce que vous dites parce que j'ai été approché par pas mal
de maires et de députés à ce sujet. Tout ce que je peux
vous dire, c'est que nous allons certainement aller dans la direction - comme
je l'expliquais - de la protection des rives. C'est certain que le travail qui
a déjà été fait dans ce sens pourra, il me semble -
ce genre de travail - servir dans l'avenir.
À quel moment nous serons en condition, nous, de rouvrir tout ce
dossier, d'établir un programme quelconque de subventions, d'incitation
aux municipalités une fois qu'une loi cadre, qu'un règlement
cadre sera en place, je ne peux pas vous le dire. Je ne peux pas vous situer
cela dans le temps car à ce moment-ci, dans la situation
financière du gouvernement, il n'en est pas question
immédiatement. Est-ce que cela pourra se faire dans un ou deux ans?
Est-ce que ce travail qui a déjà été fait pourra
servir? Je suis sûr que cela pourra servir dans beaucoup de cas. Mais
quand et comment? Cela, malheureusement, je ne peux vous le dire ce soir.
M. Kehoe: Entre-temps, est-ce que votre ministère a
abordé la question à savoir si vous allez accorder les fonds que
les municipalités ont dépensés pour la préparation
de ces plans? Est-ce qu'il y a une possibilité d'au moins aller à
ce point? J'imagine que, dans l'ensemble, cela ne pourra pas représenter
des montants très importants, mais pour chacune des municipalités
ayant préparé des plans cela représente une dépense
d'argent, une certaine somme d'argent.
M. Lincoln: Nous avons été au Conseil du
trésor pour essayer de voir jusqu'où on pourrait obtenir des
fonds pour le programme Berges neuves par rapport au projet qui avait
été entamé. La décision, qui est maintenant une
décision du gouvernement du Québec, c'est qu'on va
reconnaître tous les projets où il y a eu des ententes formelles
signées par le gouvernement. Nous ne pouvons reconnaître les
dépenses qui ont été encourues par des
municipalités dans des projets qui n'ont pas été
formellement ratifiés par le gouvernement. C'est ça, la situation
où on en est aujourd'hui.
M. Kehoe: Le seul problème que je vois avec cela, c'est
qu'il y a plusieurs municipalités qui ont été quasiment
induites, dirais-je, en erreur par le ministère - peut-être pas
par le vôtre, durant le temps que vous avez été ministre,
mais par le gouvernement précédent - qui les a encouragées
à préparer des plans pour l'année subséquente,
à se préparer... À ce moment, elles étaient
rassurées que les fonds étaient disponibles. Je me pose des
questions: Quand est-ce que les projets, à partir de quand les projets
ont-ils été refusés? Quelles sont les dates auxquelles les
programmes ont été acceptés par votre
ministère?
M. Lincoln: Écoutez, la décision d'abolir le
programme Berges neuves, en fait, je pense que la décision officielle a
eu lieu le 21 mars. En fait, il a été proposé d'accepter -
j'ai vu des projets acceptés jusqu'au... Le dernier a été
accepté le 29 novembre 1985.
M. Kehoe: Quand?
M. Lincoln: C'est à vous de décider.
M. Kehoe: Trois jours avant l'élection. Des programmes qui
ont été approuvés dans la province, est-ce qu'il y en a
plusieurs qui ont été approuvés durant les
dernières heures avant les élections?
M- Lincoln: Je ne sais pas si cela a été
approuvé aux dernières heures avant les élections. Ce que
je peux vous dire, c'est qu'il y a une liste de programmes, de projets
approuvés. Je ne sais pas s'il y a des dates dessus. Mais on pourra les
déposer pour vous avec les dates afférentes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
Augmentation des
responsabilités aux
municipalités
M. Dufour: M. le ministre, je regarde dans vos crédits, le
programme no 2. Vous admettrez que pour l'Opposition c'est assez difficile de
savoir l'orientation du parti en place au point de vue innovation ou au point
de vue amélioration ou changement en tenant compte de ce qui s'est
passé sur le terrain avant les élections du 2 décembre.
C'est évident que je suis préoccupé par, d'une part, les
questions que mon collègue a posées tout à l'heure
concernant les "pataugeuses" et aussi le contrôle des eaux de baignade,
parce que vous nous dites que les municipalités vont prendre le
contrôle, mais que je sache, les municipalités se sont toujours
opposées à obtenir des responsabilités nouvelles sans un
transfert d'argent équivalent. Cela est un point.
L'autre point concerne la qualité de l'eau des rivières et
des lacs. Il y a beaucoup de municipalités qui ont investi des sommes
d'argent importantes pour dépolluer et pour assainir leurs eaux.
Actuellement, on ne prévoit nulle part... Est-ce que vous allez faire
appliquer la réglementation concernant les cultivateurs? Sinon, est-ce
que vous avez des montants d'argent? Si ma mémoire est exacte, j'ai
entendu dire quelque part, par des candidats, lors des dernières
élections, qu'il y aurait possiblement des programmes mis à la
disposition des cultivateurs pour leur permettre de ne pas polluer l'eau. Ce
sont mes deux premières questions.
M. Lincoln: Pour la première question qui a trait aux
plages, etc., c'est sûr qu'à chaque niveau de gouvernement, les
municipalités disent: On ne veut pas de responsabilités
additionnelles. Je comprends très bien. Moi, aussi, j'ai beaucoup de
maires, il y en a huit dans mon comté, j'ai beaucoup d'amis qui sont
maires et qui me disent cela. C'est certain que c'est le cas. Cela, je le
comprends très bien.
En même temps, nous sommes en train d'essayer... C'est sûr
que la Loi sur la qualité de l'environnement situe clairement la
question des plages et la question des eaux de baignade. C'est la
responsabilité fondamentale de la municipalité elle-même
qui doit assurer la sécurité. Enfin, c'est ce que la loi dit.
Nous, nous avons tenté de mettre les choses où elles
auraient dû être au premier abord. Ce qui est arrivé, c'est
que toute la question environnementale est très nouvelle pour nous, nous
le concédons. Il y a quinze ans de cela, personne ne s'en occupait. Le
ministère a eu beaucoup de choses à faire parce que
c'était le seul appareil qui avait la technique et les connaissances
pour donner un départ à cette chose. Maintenant, il faut arriver
à un point où nous disons... Si vous considérez, par
exemple, l'état financier des municipalités comparé
à celui du gouvernement du Québec, c'est certain que, dans la
plupart des cas, les municipalités sont dans une situation qui n'est
certainement pas aussi négative que la nôtre. Nous sommes en train
d'essayer de remettre les responsabilités là
où elles étaient au premier abord, de toutes les
façons, d'après les lois et d'après les juridictions. Dans
cette situation, c'est là que nous le faisons.
La deuxième question dont vous parlez concerne les 30 000 000 $
que nous avions promis pour la dépollution agricole. Actuellement, nous
n'avons pas les 30 000 000 $. Mais je n'ai pas envie de faire un débat
là-dessus parce que nous avons décidé de parler
strictement d'environnement aujourd'hui. Mais si on veut faire ce
débat... Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, il n'y avait pas
une seule façon, pour un député qui a fait la moindre
promesse, de se rendre compte que le déficit global du gouvernement du
Québec allait de 1 000 000 000 $ à 1 500 000 000 $ de plus que
prévu, dépendant de la façon dont vous regardez ces
chiffres. Le fait, c'est qu'on va vers un déficit de 4 500 000 000 $ si
on ne fait pas de coupures. C'est sûr que beaucoup de promesses vont
aller par-dessus bord, mais on est prêt à défendre cette
position-là.
C'est une autre question. On n'a pas les 30 000 000 $ maintenant qu'on
est dedans parce qu'il n'y a plus de finances publiques. Les finances publiques
sont dans un état déplorable, il faut les corriger.
M. Dufour: M. le ministre, je voudrais peut-être, en tout
cas pour l'expérience que j'ai de l'administration... C'est vrai pour le
gouvernement du Québec, c'est vrai pour le gouvernement
fédéral et c'est vrai pour le gouvernement municipal. Je pense
que, quand on prend une succession, il y a des changements. Il faut s'attendre
qu'il y ait des choses qu'on ne savait pas, qu'on apprend. Je pense que c'est
assumer ses responsabilités. Moi, personnellement, je ne suis pas
nécessairement surpris qu'il y ait des déficits, parce qu'il y en
avait avant. Cela n'a pas changé d'un coup sec. Je pense qu'il y avait
des points que vous pouviez identifier même avant les élections.
C'est tellement vrai que le chef de l'Opposition actuelle disait, pendant la
campagne électorale, qu'il n'y avait pas d'argent disponible.
Moi, en tout cas, je ne voudrais pas non plus faire le débat
là-dessus, cela ne serait peut-être pas l'endroit. Je pense qu'il
y a d'autres endroits parce qu'on fait partie, justement, de la commission du
budget et de l'administration. Donc, on a l'occasion, par notre
démarche, de pouvoir discuter de ces sujets-là. Mais, ce qui me
surprend, c'est qu'actuellement vous mettiez toujours en exode, par rapport
à ce qui se passe, que les municipalités, bien sûr,
semblent avoir plus d'argent que le gouvernement du Québec. Cela saute
aux yeux. D'abord, les municipalités ne peuvent pas faire de
déficit. Je pense que je ne vous apprends rien. La loi exige que les
municipalités aient des budgets équilibrés.
(21 h 45)
J'entendais un savant ministre qui disait: Quand on fait de l'argent de
trop, on n'est pas bon administrateur; quand on n'en a pas assez, on n'est pas
meilleur. Les municipalités n'ont pas pris de chances et ont dit: On va
administrer et maintenir nos budgets le plus près possible de la
réalité tout en tenant compte que des changements se produisent.
On pourrait dire bravo aux municipalités qui ont quelques surplus
d'accumulés, mais il n'y a rien de scandaleux par rapport à ce
qu'elles ont. Il ne faudrait pas les pénaliser non plus parce qu'elles
ont des surplus. Quand on transfère des responsabilités du
gouvernement supérieur vers les municipalités, c'est comme une
punition en disant: Vous n'auriez pas dû avoir d'argent. C'est comme si
c'était un signe de mauvaise administration que les municipalités
aient de l'argent que le gouvernement supérieur va aller piquer dans
leurs poches. En fait, c'est un peu cela. Le gouvernement du Québec n'a
pas nécessairement donné un exemple frappant depuis toujours,
à savoir que la réforme fiscale n'a pas encore atteint tous les
buts pour lesquels elle avait été faite. II y a encore des marges
de manoeuvre que le gouvernement du Québec n'a pas respectées ou
il n'est pas allé aussi loin que ce que disait la réforme fiscale
au départ.
À mes yeux, quand vous nous dites que vous allez
transférer les responsabilités, cela m'inquiète. Les
municipalités vont se rendre compte rapidement que le gouvernement va
les presser tantôt comme des citrons. Je vous dis seulement que les
municipalités ne seront peut-être pas prêtes à
prendre toutes les responsabilités ou tous les transferts que le
gouvernement du Québec va faire sans réagir quelque peu. Je pense
que c'est un peu normal qu'elles le fassent.
Quand il s'agit des programmes d'assainissement des eaux, je vous dis
que c'est difficilement acceptable pour des municipalités qui ont
dépensé des 35 000 000 $ ou 40 000 000 $. J'en connais une, entre
autres. Actuellement, l'eau de cette rivière est polluée par 57
terres qui sont contiguës à un ruisseau qui se jette dans la
rivière. Le seul élément actuel de pollution dans cette
rivière, c'est cela. Qu'est-ce qu'on fait pour que la rivière
soit propre à la baignade, pour qu'elle soit remise aux citoyens, tel
que les administrateurs municipaux et provinciaux l'ont voulu, parce que cela
s'est fait ensemble? Je vous parle de la rivière aux Sables dans mon
comté. C'est une rivière qui coule en plein centre de la ville et
il y a 57 terres agricoles qui polluent cette rivière. Quant aux 27
émissaires d'égout provenant de la ville, ils sont enlevés
et n'existent plus. Donc, la seule pollution possible, c'est le flottage des
billots de l'Abitibi-Price et il n'y en a plus.
Donc, le seul élément de pollution qui demeure sur cette
rivière... C'est là que je trouve que c'est désarmant.
Comment peut-on répondre à la population de mon comté ou
de la ville de Jonquière en leur disant: Vous ne pouvez pas avoir votre
rivière parce qu'il y a 57 terres agricoles qui polluent cette
rivière?
M. Lincoln: M. le Président, le député
apporte plusieurs considérations. D'abord, il dit que j'ai
suggéré qu'on transfère les responsabilités vers
les municipalités. Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que, selon la
Loi sur la qualité de l'environnement, à l'article 83, il est
très clair que la responsabilité appartient à la
municipalité au premier abord. Cela a toujours été la
responsabilité de la municipalité. Je lui expliquais aussi que,
dans le vieux temps, on n'était pas conscient des questions de
l'environnement. Il y a quelques années, en 1984, sous le gouvernement
antérieur, le ministère a décidé d'aller faire des
échantillonnages pour aider des municipalités justement à
savoir quelles étaient les plages qui étaient sécuritaires
et quelles étaient celles qui n'étaient pas sécuritaires
pour la baignade. Le ministère a pris cette responsabilité pour
aider les municipalités. C'était une responsabilité
municipale que de s'assurer que ces plages soient sécuritaires pour les
citoyens ou non. Le ministère a commencé à faire ce
travail de lui-même, pour donner un départ, pour venir en aide
à la municipalité.
Aujourd'hui, on ne transfère pas la responsabilité, si
vous voulez appeler cela un "transfert". C'est un transfert, mais ce n'est pas
un transfert en ce sens que c'est quelque chose qui nous appartient et qu'on
passe à quelqu'un d'autre. On dit aux municipalités:
C'était votre responsabilité au premier abord, c'est votre
travail de le faire. Nous vous avons donné un coup de main en attendant.
Mais, maintenant, dans la situation précaire où on se trouve,
naturellement qu'on va essayer de situer les endroits où ce n'est pas
notre responsabilité de prime abord et de rendre à César
ce qui lui appartient. C'est exactement la chose. Ce n'est pas une question de
pousser aux municipalités des fardeaux additionnels. C'est une
responsabilité qui leur appartient.
M. Dufour: Qu'est-ce qui se passe pour que les
municipalités semblent avoir plus d'argent que le gouvernement du
Québec? Cela saute aux yeux, d'abord, les municipalités ne
peuvent pas faire de déficits.
M. Lincoln: C'est exactement cela. Ce n'est pas pour pousser aux
municipalités des fardeaux additionnels. C'est une responsabilité
qui leur appartient de prime abord. C'est comme cela. Lorsque le
député nous fait dire qu'on laisse aux municipalités... je
lui ferai remarquer que nous payons cette année 500 000 000 $. Argent
qu'on investit dans le programme d'assainissement des eaux; l'année
dernière, 680 000 000 $. Maintenant, à cause de la prime
d'accélération, les municipalités reçoivent 90 %.
Lorsqu'on en aura fini avec la pollution urbaine, on va mettre plus d'argent
dans la pollution agricole. Mais il y a une limite à ce qu'on peut
mettre. Je lui ferai remarquer que le parti qui formait le gouvernement, le
parti auquel il appartient, a déjà statué que même
450 000 000 $ dans l'assainissement des eaux c'était assez. C'est lui
qui a demandé, il y a trois ans, de se situer à un niveau de 450
000 000 $. On a dépensé plus de 450 000 000 $, il faut que cela
cesse, que cela s'arrête à 450 000 000 $, a-t-il dit. Nous avons
été chercher 500 000 000 $ cette année. L'année
prochaine, on va mettre 450 000 000 $ et l'année suivante 400 000 000 $.
Il y a une limite à ce que le gouvernement provincial peut faire. Le
gouvernement central ne peut pas tout faire. S'il n'y a pas assez d'argent, il
faudra qu'on distribue le fardeau. Je suis d'accord que les
municipalités croient qu'elles en assument de plus en plus. Tout le
monde se dit la même chose. Mais, le fait est que lorsqu'il y a des
responsabilités qui sont de prime abord municipales et qu'on est dans
une situation où on doit rationaliser les dépenses, où on
doit essayer de passer le plus possible les responsabilités à
ceux à qui elles appartiennent, je ne trouve rien d'extraordinaire que,
dans ces programmes qui ne sont certainement pas d'importance primaire,
même pour un ministère ou une municipalité, on dise:
Voilà ces programmes, ce sont vos programmes, continuez-les. Je ne vois
rien d'étonnant là-dedans.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Cela ne répond pas complètement à
ce que j'avais demandé pour les terres agricoles qui continuent à
polluer les rivières. Est-ce que vous avez l'intention d'appliquer votre
réglementation comme cela ou si vous avez l'intention d'appliquer le
règlement en ayant des mesures palliatives pour aider les agriculteurs
dans ce dossier-là?
M. Lincoln: Pour la question que vous m'avez posée
spécifiquement par rapport à la promesse faîte par le Parti
libéral du Québec concernant les 30 000 000 $, je vous ai dit,
tout simplement que, cette année-ci, il n'y a pas d'argent. De plus, ce
que nous avons fait, c'est comme je vous l'ai dit dans mon discours
d'ouverture, nous avons créé un groupe de travail incluant le
vice-président
de l'UPA et il y aura des personnes-ressources du ministère et du
secteur agricole qui vont se pencher sur toute la question de l'assainissement
des eaux. Nous sommes très conscients que tout le volet de la pollution
agricole a une grande importance, c'est un des trois grands volets de la
pollution au Québec. Comment va-t-on l'attaquer? Quand nous aurons des
recommandations à notre comité de travail le 15 septembre, il y
aura plusieurs façons de le faire. Par exemple, mon collègue du
ministère de l'Agriculture aura certaines alternatives. Maintenant
même. D'ici deux ou trois mois, nous aurons des solutions pratiques
à offrir. Nous travaillons sur plusieurs secteurs de recherche. Nous
avons parlé de l'usine de lisier de porc, dans la Beauce. On travaille
sur différentes approches de solutions aux problèmes de la
production animale, la surproduction animale dans certaines régions.
Comment va-t-on transformer le lisier de porc, comment va-t-on l'emmagasiner de
façon plus sécuritaire pour empêcher la pollution. Ce n'est
pas un problème qu'on va résoudre demain. Mais je peux vous
assurer qu'on en est très conscients. D'ici le 15 septembre, notre
groupe de travail va déposer son rapport. Le ministère de
l'Agriculture et nous avons décidé de travailler de façon
presque continue pour trouver des solutions. Nous pouvons arriver avec des
recommandations solides qui, à long terme, vont attaquer le
problème. Mais je ne peux pas vous dire aujourd'hui que la pollution
agricole va disparaître demain et qu'on va y mettre des millions, parce
qu'ils ne sont pas là.
M. Dufour: Je voudrais compléter en rappelant au ministre
que c'est peut-être une responsabilité municipale d'avoir soin de
l'eau de baignade, l'eau de pataugeoire, mais il faut admettre, en même
temps qu'on dit cela, que l'assainissement des eaux n'est pas gratis pour les
municipalités. C'est vrai que le gouvernement du Québec va avoir
à payer les investissements à 80 % ou 90 %, mais il faut retenir
que les municipalités, d'autre part, vont payer le fonctionnement et
l'entretien de ces usines et ce n'est pas gratis, je peux vous l'assurer.
Aussi, en même temps, pour l'entretien, il va falloir prévoir
remplacer des choses. Moi, je dis: Faisons attention. Ces municipalités
ont été sages et ont réussi à accumuler quelques
fonds. Bravo! Si tout le monde s'était comporté comme cela au
Québec comme au Canada, cela ferait plaisir à bien du monde; cela
irait probablement mieux. En tout cas...
M. Lincoln: Si je peux faire une remarque, je suis tout à
fait d'accord avec vous. J'en ai parlé a plusieurs occasions, par
exemple, au président de l'Union des municipalités du
Québec. Je connais tous les chiffres. Il faut dire qu'après 20
ans, les municipalités du Québec vont porter le plus gros fardeau
de façon progressive. C'est pourquoi, nous, dans notre groupe de
travail, l'un des volets les plus... On aura deux représentants des
petites municipalités, surtout, qui vont être là pour
apporter leurs suggestions. Ce que nous espérons faire, c'est de trouver
des mesures alternatives pour les municipalités, des mesures de
financement, des mesures pour faire les programmes de façon un peu
différente dans certains secteurs. C'est cela que nous recherchons, une
solution qui va être moins onéreuse pour les municipalités
et, surtout, une solution qui va aussi, d'une façon ou d'une autre,
embarquer le gouvernement fédéral. J'en ai déjà
parlé à mon homologue fédéral. Je pense qu'il faut
trouver des voies alternatives de financement additionnel.
M. Dufour: Toujours au sujet de l'assainissement, j'ai en main un
communiqué publié par la MRC de la Vallée-de-l'Or. Dans ce
communiqué, on se plaint qu'il y a une directive possiblement verbale
qui a été donnée par le ministre de l'Environnement
à savoir qu'il y a trois services en région qui ont
été transférés à Montréal. Je les
nomme. Il s'agit de l'assistance à la classification des installations
septiques, la formation des inspecteurs municipaux et le service à
l'aide technique. Ce qu'on dit dans ce communiqué, c'est que, lorsque
les municipalités avaient des inspecteurs municipaux, les
employés du ministère donnaient une certaine formation aux
employés municipaux qui, eux, pouvaient faire le travail sur le terrain.
Donc, à partir de maintenant... Il y a eu probablement quelques petites
erreurs à travers cette démarche, mais ce n'est pas scandaleux
à mes yeux. C'est de la formation et ce sont de nouvelles directives. On
appelle cela la Direction de l'aménagement des lacs et des cours d'eau.
Donc, cela a été transféré vers Montréal. Je
veux vous demander, M. le ministre, si c'est une directive qui provient de
votre ministère ou de vous-même. Selon votre réponse, on
verra ce qu'on pourra dire par la suite.
M. Lincoln: En fait, je vais expliquer au député
que cette directive en est une du ministère. Elle vient du sous-ministre
avec ma connaissance et mon approbation et j'en prends toute la
responsabilité. Cette directive est purement une directive interne
visant à assurer qu'il n'y ait pas de duplication dans certains
services. Aucun des services dont parle le député ne va en
souffrir. Le programme d'éducation des inspecteurs municipaux va se
poursuivre comme par le passé. En fait, je peux vous dire, pour avoir
parlé à deux ou trois occasions au président de
l'Association des inspecteurs municipaux, qu'il trouve très
rationnelle et très logique toute la question de clarification
des compétences et des juridictions au sein du ministère. Tout ce
qu'on fait, c'est d'éviter une duplication afin que les deux services ne
fassent pas la même chose. C'est tout ce que cela fait. Il n'y a aucune
fonction du ministère, que ce soit en éducation aux inspecteurs
municipaux, que ce soit en appui aux inspecteurs municipaux qui va en
souffrir.
M. Dufour: Mais la diminution de vos effectifs qui fait qu'ils
vont surveiller moins, est-ce qu'on admet que c'est une responsabilité
du ministère ou si c'est une responsabilité municipale? Quand on
regarde votre programme 2, il y a une diminution d'effectifs assez importante.
À des endroits, vous parlez de 51 et de 11 dans les études
d'impact, de laboratoire, etc. Si on regarde la diminution des effectifs un peu
partout, est-ce que c'est une diminution de services que vous donnez? Est-ce
que vous pouvez me donner l'assurance que les services que vous aviez mis en
place pour la gestion aquatique se feront d'une façon raisonnable,
acceptable, sans qu'il y ait des problèmes plus grands, aussi que la
population reçoive les informations, ou les prises de décision du
ministère de l'Environnement, en région, le plus rapidement
possible. C'est effectivement le problème qui se pose. Si des plaintes
sont déposées, il y a des gens qui viennent sur le terrain. Vous
avez vos employés en région qui font cela
régulièrement. Dans ces questions, est-ce que vous pouvez nous
assurer qu'ils auront un service équivalent? (22 heures)
M. Lincoln: Oui, le service sera équivalent. Mais les
priorités seront changées. Si vous prenez la question des
empiètements dont on a discuté, c'est sûr que les
municipalités auront maintenant plus de travail à faire dans ce
sens que lorsque nous le faisions. Tous les inspecteurs qui étaient au
programme Berges neuves... c'est sûr qu'il y avait des fonctionnaires
occasionnels affectés à cela qui ne seront plus là mais
dans l'ensemble, dans toutes les grandes priorités du ministère,
je peux vous assurer que les préoccupations resteront les mêmes.
Il y aura certainement rationalisation des effectifs, on ne peut pas le nier
mais par rapport spécifiquement à toute la question des
inspecteurs municipaux qui dépendent, comme vous le savez, des
municipalités, tout le service, tout le support, sera comme auparavant,
aussi efficace.
M. Dufour: En déplacement des priorités un peu.
M. Lincoln: II y a des déplacements de priorités,
il faut le dire. C'est très clair dans le livre que nous vous avons
donné qu'il y a certaines priorités... Berges neuves, c'est une
priorité qui est partie. Nous avons passé la question de
l'empiètement et des baignades aux municipalités. C'est sûr
que c'est une priorité qui est déplacée.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
Inspecteurs municipaux de l'environnement
M. Blais: Je ne sais pas si je devrais parler de cela au
programme 2 ou 4 mais il y a un lien entre les deux. Deux petites questions
avant de fermer temporairement le programme 2. Les inspecteurs municipaux de
l'environnement. Au cours des dernières années il y a beaucoup de
municipalités qui ont engagé des inspecteurs de l'environnement,
soit de façon permanente ou occasionnelle, selon les capacités
budgétaires des municipalités. Dans des cas, certaines
municipalités forcent presque la main à des inspecteurs, par une
influence indirecte, pour qu'ils ne fassent pas leur devoir. Comme ces gens
n'ont pas de statut reconnu par le ministère de l'Environnement, cela
pose un problème assez cuisant pour que ces gens fassent bien leur
devoir. Vous comprenez un peu ce que je veux dire?
M. Lincoln: Oui.
M. Blais: II y aurait quelquefois, dans certains conseils
municipaux, une partisanerie envers quelqu'un. Lorsque l'inspecteur dit qu'il
faudrait corriger telle chose - il y a un lien entre le conseil de ville ou un
membre du conseil de ville et la compagnie en cause - il travaille pour rien.
Nous ne l'avons pas fait dans le passé mais on sait que ce serait
peut-être une bonne chose et je vous pose directement la question: Est-ce
que vous avez l'intention de reconnaître ces inspecteurs en leur donnant
une certaine autonomie, et une certaine justification du titre d'inspecteur en
environnement qu'ils ont?
M. Lincoln: Ce qui arrive chez les inspecteurs municipaux... Ils
m'ont approché à ce sujet. Ils m'ont envoyé un
mémoire qu'ils ont aussi soumis au sous-ministre et au ministère.
La responsabilité juridique des inspecteurs municipaux appartient au
ministère des Affaires municipales. J'en ai parlé. Je suis
très sympathique à leur cause parce que, comme vous le dites, ils
n'ont aucune protection selon la loi. Des cas nous ont été
soumis... par exemple il y a des inspecteurs qui, à cinq ans moins
quelques jours de services, se sont vus limogés. J'en ai parlé
à mon collègue des Affaires municipales. II m'a demandé de
lui écrire à ce sujet, de situer un peu les balises du
problème. La requête des inspecteurs municipaux
était à l'effet d'une reconnaissance sous la loi des affaires
municipales, le Code municipal, pour avoir une protection, après un
certain nombre d'années de services en tant qu'inspecteur de
l'environnement. J'en ai parlé à mon collègue des Affaires
municipales. Il m'a demandé de lui soumettre cela par écrit, ce
que je vais faire dans les jours qui suivent. Je vais certainement essayer de
me battre le plus possible afin que cette protection se fasse.
M. Blais: Une petite suggestion, si vous me le permettez. Il
serait peut-être bon, le cas échéant, afin de
protéger le côté professionnel de ces gens-là,
lorsqu'ils ont un rapport d'importance à faire, qu'une copie soit
envoyée au ministère pour qu'au moins ce dernier soit au courant
et puisse faire des pressions sur la municipalité concernée. Cela
pourrait être prévu dans une loi éventuelle. Je me fie
beaucoup à vous si cela relève du ministère des Affaires
municipales. J'ai une très grande confiance en votre qualité
d'homme compétent.
M. Lincoln: Je ne peux pas vous dire oui ou non, parce que ce
sont des questions qui sont évidemment délicates. Il y a une
question juridictionnelle. Tout ce dont je peux vous assurer, c'est que j'ai
regardé ce dossier. En fait, je peux vous le certifier maintenant. Je
croyais que... Cette lettre au ministère des Affaires municipales, ce
court mémoire que nous avons envoyé, c'est déjà
parti. Je vais en discuter avec lui et je vais prendre note de votre
suggestion. Si quelque chose peut être fait dans ce sens, ce sera
fait.
M. Blais: Je vous remercie. Avant de passer à la
dernière question concernant ce chapitre, comme vous avez ouvert une
petite parenthèse tantôt, je vais en ouvrir une toute petite aussi
pour le bien de nos nouveaux députés. Depuis quatre ans, nous
coupons près de 1 000 000 000 $ chaque année et il n'y a aucune
surprise pour qui que ce soit dans les coupures que ce gouvernement doit faire
cette année. L'ex-ministre des Affaires sociales, M. Claude Forget;
maintenant à CD. Howe, vous a bien avertis durant la campagne
électorale. Ma dernière question concerne le pouvoir
d'émettre des ordonnances de votre part. Je sais que vous êtes
très poète car vous citez des phrases de Voltaire: Mentez,
mentez, il en restera toujours quelque chose. J'ai tendance à vouloir
vous arrêter parce que, moi aussi, j'ai lu Voltaire et ses quelques
arpents de neige.
Le pouvoir d'émettre des ordonnances de la part du ministre. La
Loi sur la qualité de l'environnement, aux articles 27, 23 et 29, donne
au ministre le droit d'émettre des ordonnances pour que les
municipalités procèdent è une dépense quand il
s'agit de l'alimentation en eau potable ou de l'assainissement des eaux dans
certaines villes ou dans certains villages. Je vais citer un cas précis.
À Saint-Gervais et Protais -c'est un beau nom; j'espère que vous
ne protesterez pas trop sur la question - après trois
référendums toujours refusés par la population et
après une demande écrite de la municipalité, en janvier
1984, nous avons toujours hésité - je parle des autorités
-lorsque nous étions au pouvoir, à émetttre une ordonnance
même si cette municipalité a probablement un besoin urgent de ces
services. Est-ce que, personnellement, vous avez pris connaissance de la
demande de cette municipalité et est-ce que, comme nous, vous serez
hésitant à émettre une ordonnance ou si vous serez un peu
plus draconien que nous l'avons été et vous imposerez à
cette population des services auxquels elle a probablement droit comme dans
toutes les autres villes du Québec?
M. Lincoln: Je dois vous avouer bien franchement que je n'ai pas
pris connaissance du dossier spécifique à cette heure-ci. Je vais
prendre note du nom du dossier. Nous l'avons au ministère; je vais le
consulter. Je vais vous donner des nouvelles demain, au cours de l'étude
des crédits. Je ne pense pas que je puisse vous dire, demain, quelle
politique nous allons suivre avant d'être bien sûr. En tout cas,
j'y reviendrai le plus tôt possible. Si je peux vous le dire demain, je
vous le dirai. Si je ne peux pas vous le dire, je vous en donnerai (es raisons
ou je vous le dirai plus tard.
M. Blais: De façon spécifique, je comprends que
vous ne pourrez probablement pas me dire, demain, ce que vous feriez exactement
pour cette ville, mais, de façon générale, est-ce que vous
adopterez ia politique que nous avons adoptée d'être
réticents sur les ordonnances ou si vous allez être plus draconien
et plus "perspicace" peut-être - entre guillemets - que nous l'avons
été et en émettre quand ce sera de bon aloi?
M. Lincoln: Je vais discuter de cette question. Je vais m'en
informer. Je vais lire les articles de la loi de façon... J'ai lu la
loi, mais j'ai envie de bien soupeser toute la question. Je vais vous revenir
là-dessus demain.
Gestion des milieux atmosphérique et
terrestre
M. Blais: Merci, M. le ministre. Je vous trouve très
prudent et j'adore cette façon. Mais demain, je poserai deux ou trois
sous-questions à ce sujet, selon votre réponse. Si
vous voulez bien, nous allons passer à l'autre programme 3.
Avant de passer sur l'ensemble des chiffres, j'aurais une question
spécifique en partant. C'est le nettoyage des stations de radar
abandonnées dans le Grand-Nord québécois. J'aurais une
question sur les chiffres eux-mêmes. C'est le nettoyage des stations de
radar abandonnées dans le Grand-Nord québécois tout au
long du cinquante-cinquième parallèle. L'ancien système de
défense que nous avions dans les années des... On n'avait pas de
chars d'assaut mais des chevaux-vapeur.
Tout au long du cinquante-cinquième, nous avions une construction
entre 1950 et 1955; il y avait 91 stations dans tout le Canada et 23 dans le
Québec. Ces stations étaient en activité entre 1955 et
1965 et furent abandonnées 1966. Il est arrivé ceci: C'est qu'en
1966 le gouvernement du Québec - j'aimerais quasiment dire
malencontreusement - s'est porté acquéreur de ces stations pour
une somme nominale de 2200 $. Dans les autres provinces, le gouvernement
fédéral a démantelé tout cet ancien système,
a nettoyé tous ces sites. Cependant, vu que Québec en 1966 les
avait acquises, pour une somme nominale de 2200 $, le fédéral n'a
pas démantelé ces stations même si certaines ne sont
accessibles que par hélicoptère.
Cependant, il y a un problème environnemental de classe: il y a
environ 275 000 litres d'hydrocarbure et d'autres matières toxiques qui
sont là. En 1985, un inventaire de ces stations a été
fait. Sur les 44 sites visités, il y a 23 stations que le
ministère de l'Environnement du Québec a visitées aussi
avec Environnement Canada. Il avait été décidé que
certaines d'entre elles devaient être démantelées le plus
vite possible afin que ces litres d'hydrocarbure ne se répandent pas et
pour la sécurité de l'environnement du Grand-Nord
québécois et des gens qui y habitent.
Sur ce dossier, on disait que des rapports ont été faits
en novembre 1985 et au tout début de l'année 1986. Nous attendons
des décisions de la part de votre ministère. Ce dossier, vous
l'avez certainement là et vous le connaissez certainement. Quelles sont
vos intentions dans l'année qui vient malgré les cisailles
"gobeilliennes"?
M. Lincoln: Il y a trois hypothèses de solution qui ont
été examinées par le ministère et celui
d'Environnement Canada. Une hypothèse serait un nettoyage complet des
sites avec l'évacuation de tout le matériel; c'est une
hypothèse qui coûterait dans les environs de 7 000 000 $. Il y
avait une hypothèse d'évacuation du carburant, une solution un
petit peu différente et qui coûterait environ 4 000 000 $. Et il y
avait une troisième hypothèse qui serait d'incinérer du
carburant.
Tout ce que je peux vous dire c'est qu'il semblerait, à ce
stade-ci, que le ministère de la Défense nationale soit
prêt à financer l'opération totale, d'après ce que
les sondages démontrent. Il s'agirait d'une hypothèse qui
toucherait l'évacuation du carburant et le démantèlement
des bâtiments. Ce serait un travail qui se ferait pendant deux
étés. Il y aurait une première phase cette
année-ci, la première phase directe, qui serait de 525 000 $. Je
dois souligner que toutes ces questions sont en train d'être
évaluées maintenant. Il n'y a pas de décision du point de
vue du fédéral, - je dois le souligner - mais c'est certainement
l'orientation que nous avons, nous. Nous avons des raisons de penser que ce
sera la solution et que le ministère de la Défense nationale
devrait en payer les coûts.
M. Blais: Devrait ou...
M. Lincoln: Écoutez, on ne peut pas vous dire qu'il le
fera, mais c'est l'orientation qu'on choisit. On va continuer les
négociations avec le ministère de la Défense nationale. On
va essayer d'aller chercher de l'argent pour cela. Il nous semble en fait que
la ligne de défense a été faite pour la défense
nationale et nous pensons que c'est là que la solution devrait se
trouver.
M. Blais: Je suis complètement d'accord avec vous.
J'aimerais beaucoup que ce soit le fédéral qui paie cela. Mais
à cause d'une certaine gaffe qu'on peut avoir faite en 1966, en les
achetant, est-ce que maintenant il serait assez compréhensible de les
démanteler vu qu'ils nous appartiennent? (22 h 15)
M. Lincoln: Écoutez, qu'il le demande lui-même, mais
qu'il nous donne de l'argent pour le faire, c'est cela qui est la clé.
C'est ça qu'on veut aller chercher.
M. Blais: Vous suggérez qu'on lui remette ses 2200 $ et
qu'on dise: On vous les redonne.
M. Lincoln: Tout ce que les experts du ministère viennent
de me confirmer, c'est qu'il y a assurément des présomptions
très fortes que le fédéral accepterait le principe de nous
dédommager pour le coût de l'élimination du carburant. Pour
ce qui reste du projet en ce moment, le démantèlement, il sera
fait conjointement. On est en train d'examiner comment cela va être
solutionné, qui va payer cela. Pour le problème principal du
carburant, il semble qu'on se dirige vers une acceptation. Les dernières
nouvelles que nous avons eues, apparemment dans les derniers jours, c'est qu'il
accepterait de financer cette partie de ce projet qui serait dans les environs
de 600 000 $.
M. Blais: Il y a des gens qui sont impolis, quelques fois, envers
le fédéral et qui disent qu'il est un peu rat pour nous. Dans ce
cas là, s'il le fait lui-même, ça va être un "rat
d'or". On va passer aux BPC, si vous permettez, M. le ministre. Dans les
révisions des normes réglementaires pour le BPC, au conseil
général de votre parti, en juin 1985, une résolution fort
explicite, 21.6, visait certainement le programme du Parti
libéral...
M. Lincoln: ...
Normes sur les BPC
M. Blais: Non, non, mais autant que vous, il ne se promène
qu'avec cela et il va vous le remettre. La résolution 21.6 demandait, et
je cite le ministre: De réviser les normes réglementaires
existantes en matière environnementale pour les rendre plus conformes
aux exigences nord-américaines dans ce domaine. À ce que je
sache, les exigences des normes nord-américaines sont beaucoup plus
"laxes", pour ne pas dire trop larges comparativement aux nôtres.
Le 9 avril dernier, M. Raymond Poirier, responsable de la gestion des
produits dangereux au MENVIQ, annonce que le gouvernement
québécois modifiera prochainement le règlement sur les
produits dangereux, prolongé l'an dernier, pour notamment y assouplir
les normes actuelles sur les BPC, que plusieurs, en raison de sa
sévérité, jugent inapplicable. Le règlement actuel
sur les produits dangereux fixe à 0,15 partie par million le seuil
au-delà duquel un produit est jugé dangereux ou contaminé
de BPC.
Est-ce vrai que devant les pressions d'Hydro-Québec et les
utilisateurs de BPC vous songiez à relever les normes entre 2 et 5
plutôt que 0,15 PPM à l'occasion de la révision du
règlement sur les produits dangereux? Ce relèvement des normes,
c'est probablement inacceptable. C'est 33 fois plus élevé que les
normes que nous avons actuellement, mais on sait que les normes
fédérales sont 333 fois plus larges parce qu'elles sont de 50,00.
Qu'est-ce que vous comptez faire dans cette nouvelle réglementation? La
changer ou la maintenir telle quelle?
M. Lincoln: Je peux vous confirmer qu'il n'y a aucune
décision de prise à ce sujet. Il y a des suggestions et des
demandes qui nous ont été faites. Toute cette question va
être soumise à une analyse exhaustive, approfondie,
sérieuse. On ne prendra aucune décision en ce sens avant d'avoir
fait des analyses. C'est sûr que nous n'allons diminuer
l'efficacité d'aucun règlement, d'aucune norme, à moins
qu'il y ait une raison tout à fait catégorique qui nous force
à le faire.
En ce sens, je peux vous dire aujourd'hui qu'il n'y a aucune
décision de prise à ce sujet. En fait, je vais aller plus loin,
je vais vous dire que la question des BPC nous préoccupe de façon
très prioritaire en ce moment. Nous faisons une recherche exhaustive,
nous essayons de prendre des actions presque immédiates sur toute cette
question, sur la solution d'un entreposage beaucoup plus sécuritaire des
BPC que c'est le cas actuellement. Comme vous le savez, il y a deux sites
principaux d'entreposage qui ne sont pas satisfaisants, l'un à
Saint-Basile-le-Crand et l'autre à Shawinigan-Sud. Nous essayons de
faire des recherches.
D'abord, il faut un site acceptable, mais je pense que nous arriverons
à des solutions possibles sur cela. Il faut un bâtiment
d'entreposage sécuritaire. Nous avons eu des négociations avec
certaines firmes qui sont prêtes, une fois le site établi,
à nous bâtir un site d'entreposage. Ce serait le premier pas
intérimaire. Le deuxième pas, c'est de continuer dans la voie de
l'usine pilote d'Hydro-Québec. D'autres firmes sont aussi prêtes
à établir des usines mobiles ou non pour l'élimination des
BPC. Alors, on travaille cela de façon active.
Dans un second temps, à plus long terme, on essaiera de trouver
une solution pour l'élimination des déchets toxiques ou
organiques incluant les BPC. C'est une solution à plus long terme qui va
prendre quatre ou cinq ans, mais je peux vous assurer que la question des BPC
nous préoccupe au plus haut niveau et que nous cherchons une solution le
plus rapidement possible sur cette question, d'abord par un entreposage
sécuritaire intérimaire et, deuxièmement, par une
élimination.
M. Blais: D'accord, mais je suis persuadé que, comme tout
jugement de ministre, c'est comme la tour de Pise, cela penche sur un
côté. Ce jugement qui penche, penche-t-il vers le 1.15 ou vers le
2 ou le 5? C'est cela que je voudrais savoir. Vous êtes à vous
faire un jugement, mais il y a certainement un penchant.
M. Lincoln: Si je vous dis quelle est mon orientation, en
général, c'est d'être plutôt sévère, si
cela vous donne une idée... Mais en même temps, je ne suis pas un
expert de la question, je serai le dernier à le dire. Vous avez admis
vous-même qu'il y a des gens de haute compétence dans le
ministère et toutes sortes d'experts sur ces questions, ces gens vont
l'évaluer. Des demandes sont faites de même que des suggestions.
Si tout le comité d'experts sur la question des matières
dangereuses me dits Pour les raisons a, b, c et d, nous allons suggérer
telles normes, je vais prendre une décision. Mais je peux vous dire que
ce n'est
pas une décision qui va se prendre à la
légère, de même que toute décision de changer les
normes actuelles. Cela ne va pas se faire sans une évaluation exhaustive
de la question. Pour vous dire mon préjugé, c'est d'être
toujours plus sévère que moins, si cela vous donne une
idée.
M. Blais: D'accord. Il me fait plaisir de vous entendre parce que
quand un gouvernement de droite prend le pouvoir, il a toujours une tendance
à être un peu plus lent. Je vois que certaines personnes sont un
peu plus rationnelles dans l'extrême droite et cela me fait plaisir que
vous soyez de ce nombre.
Il y a une chose aussi du côté des BPC. On compte qu'il y
en a et qu'il faut en détruire peut-être 2500 gallons. Cela entre
dans les transformateurs. J'ai travaillé à Hydro-Québec
pendant 16 ans et je connais. Il y a aussi des espèces de petites
bibites - j'appelle cela des bibites à cause du nom - qui entrent dans
les transformateurs et qui sont considérablement plus dangereux que le
BPC, mais on n'a rien fait encore pour cela au Québec, ce sont les
askerels. Je tiens à vous dire que je ne connaissais même pas le
mot avant d'être responsable pour l'Opposition. Quand j'ai vu ce mot pour
la première fois, je pensais que c'était une sorte de libellule,
mais je me suis rendu compte que c'était plutôt un taon avec un
dard excessif et qui pouvait piquer la population de façon très
dangereuse. Il y en a apparemment 2 200 000 livres qui se promèneraient
au Québec. J'ai l'impression que, je vous sens sensibilisé pour
la disparition de 2500 gallons de BPC, votre ministère devrait s'atteler
immédiatement aux 2 200 000 livres de cette nouvelle menace -nouvelle
pour moi - qui s'appelle les askerels. Est-ce que votre ministère
étudie ce problème concernant ce produit extrêmement
dangereux. C'est la bombe atomique comparativement à une 22, si on
compare le BPC et les askerels.
M. Lincoln: M. le Président, si on se réfère
au débat que nous avons eu au ministère de l'Environnement depuis
que j'ai été critique en 1981, vous verrez beaucoup de
références au BPC. Depuis plusieurs années,
déjà, c'est une question qui préoccupe beaucoup tous les
gens qui s'inquiètent de l'environnement. C'est sûr que la
question est très sérieuse pour toute la société.
En fait, M. Gauthier me donne des chiffres. Il y a quelque chose comme 5000
tonnes d'askerels et cela va peut-être aller jusqu'à 100 000 de
BPC qui seront indirectement dans l'huile contaminée, etc. Ce sont des
mesures, des dimensions ou des volumes immenses. Mais il faut situer quelle est
la solution que nous apportons. Pour répéter ce que j'ai
plutôt dit, je pense qu'il faut aller dans la réalité. On
pourrait dire qu'on va les éliminer tout de suite. Le fait est qu'il
faut trouver des sites, des usines, des promoteurs et des endroits
sécuritaires. Premièrement, nous considérons que la chose
la plus rapide que nous puissions faire est de trouver des sites d'entreposage
'sécuritaire qui peuvent être bâtis dans un temps
très rapide. Il y a des promoteurs qui sont prêts à les
bâtir, mais incluant un entreposage intérimaire et
sécuritaire des askerels jusqu'à ce qu'on puisse les
éliminer par incinération. Ce qui va alors arriver, c'est que,
dans un deuxième temps, nous sommes en train de travailler avec des
promoteurs et de suivre les expérimentations de Radio-Québec...
ou plutôt d'Hydro-Québec, excusez-moi - c'est un lapsus
symbolique. Nous allons ssayer, dis-je, de travailler avec les promoteurs pour
arriver à l'usine d'élimination des BPC. Je pense que cela peut
se faire dans un avenir qui n'est pas trop lointain. Il y a certainement des
promoteurs ou des sociétés, qui s'intéressent beaucoup
à établir de tels centres. C'est cela qu'il faudra faire le plus
tôt possible. Mais la question numéro un est l'entreposage.
M. Blais: M. le ministre, je pense que je vais passer la parole
à mon confrère, qui a une petite question à vous
poser.
M. Lincoln: II y aura consentement si vous voulez quelques
minutes supplémentaires.
M. Blais: On continuera demain avec le programme 3. Je vous
préviens immédiatement que ce sera sur la ville de LaSalle. Il va
falloir que vous vous "préparassiez" comme il faut.
M. Lincoln: Je suis prêt.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, lorsqu'une industrie -
l'Hydro-Québec... ou l'Alcan dans la région - doit
éliminer une certaine quantité de BPC, a-t-elle à
soumettre un plan de son projet au ministère pour adoption?
M. Lincoln: Il n'y a pas encore de méthode acceptable, au
Québec, d'élimination des BPC pour ces industries. Elles doivent
les entreposer de façon sécuritaire selon des normes acceptables
par le ministère. Elles sont donc en contact continuel avec le
ministère. Les entreposages faits par ces grandes compagnies sont selon
les normes de sécurité d'entreposage qui sont situées par
les directives du ministère.
M. Desbiens: Je n'ai pas la référence
devant mot, mais il me semble que c'est 10 000 000 $ que l'Alcan a
annoncé comme projet au Saguenay-Lac-Saint-Jean au cours des prochaines
années pour éliminer ou, en tout cas, rendre moins dangereuses...
Ce projet aurait été accepté... donc il aurait
été soumis ou il s'est fait en coordination?
M. Lincoln: Ah! oui. Tout projet d'élimination... Je
croyais que vous parliez du présent. Si vous parlez de l'avenir, tout
projet d'élimination des BPC, doit être soumis à une
étude d'impact du ministère de l'Environnement, après quoi
il faudra un certificat d'autorisation avant que les industries aillent vers
quelque procédé d'élimination que ce soit.
M. Desbiens: Merci.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Alors, demain,
la ville de LaSalle, programmes 3 et 4, l'assainissement des eaux, la Mine
Noranda, les pluies acides et quelques autres questions sur Berges neuves ou
quelques autres coupures délicieuses que vous nous avez
apportées.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements ajourne ses travaux au 23 avril
1986, à 10 heures. Je rappelle aux membres de la commission que les
travaux reprendront dans la salle Louis-Joseph-Papineau.
(Fin de la séance à 22 h 31)