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(Dix heures neuf minutes)
Crédits du ministère de l'Environnement
(suite)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'aménagement et des
équipements reprend donc ses travaux pour poursuivre l'étude des
crédits budgétaires 1986-1987 du ministère de
l'Environnement.
Nous avions laissé hier soir, lors de l'ajournement, au programme
3.
M. le député de Terrebonne.
Réaménagement des berges du lac
Saint-Jean (suite)
M. Blais: Merci, M. le Président. M. le ministre, si vous
le permettiez, j'ai un de mes confrères de la région du
Lac-Saint-Jean qui aimerait poser quelques questions supplémentaires sur
les berges du lac Saint-Jean et les ententes avec l'Alcan.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Merci, M. le Président. Alors, je sais que
vous avez abordé le sujet hier en commission parlementaire, concernant
le dossier des berges du lac Saint-Jean. Je ne voudrais pas, non plus,
répéter les questions et vous obliger à vous
répéter, mais je pense que vous êtes bien conscient de
l'importance de ce dossier-là chez nous depuis plusieurs années
et d'une certaine inquiétude, aussi, qui se fait jour parmi la
population concernant l'évolution de ce dossier, surtout
l'évolution des discussions qui ont cours - c'est ce que vous avez
confirmé hier - entre l'Alcan et des représentants du
gouvernement du Québec.
Je sais aussi que vous refusez d'indiquer publiquement la position
précise du gouvernement sur cette question. C'est peut-être cela
qui suscite de l'inquiétude dans la population. Cette inquiétude
serait sans doute grandement apaisée si les citoyens de la région
connaissaient la position gouvernementale quant à certains volets
fondamentaux de la question.
J'aimerais savoir, d'abord, si l'équipe de négociation sur
cette question est toujours la même que celle qui avait été
constituée au moment de l'élection, au moment où nous
avons quitté le pouvoir au début de décembre 1985. Est-ce
que l'équipe de négociation gouvernementale est toujours
constituée des mêmes fonctionnaires représentant à
la fois le ministère de l'Environnement - je pense aussi qu'il y en
avait un - et le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche?
M. Lincoln: Ce sont les mêmes représentants; en
fait, je peux dire que ce sont les mêmes fonctionnaires qui ont agi dans
le dossier. Cela inclut les fonctionnaires des trois ministères, celui
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, celui de l'Environnement et celui
de l'Énergie et des Ressources. Il y a eu aussi des consultations entre
les trois ministres. À une occasion, les trois ministres et certains
fonctionnaires ont participé à des consultations avec la haute
direction de l'Alcan.
M. Brassard: II y a eu combien de rencontres entre l'Alcan et le
comité de négociations, combien de séances de
négociations jusqu'à maintenant?
M. Lincoln: Écoutez, je pourrai vous donner le chiffre
exact plus tard, après avoir fait enquête. Il y a eu plusieurs
rencontres semi-officielles. Il y a eu plusieurs rencontres. Jusqu'à
présent, si on inclut les rencontres que les ministres ont eues, cela
pourrait aller jusqu'à au moins une dizaine, peut-être moins, sept
ou huit rencontres.
M. Brassard: Sept ou huit rencontres?
M. Lincoln: Oui, il y en a eu quatre ou cinq officielles entre
les fonctionnaires et une où les ministres ont été
présents avec les fonctionnaires et la haute direction de l'Alcan.
Aussi, nous avons eu plusieurs discussions verbales, au
téléphone, avec l'Alcan. Dans le processus de négociation,
malheureusement, il y a eu en même temps changement dans la haute
direction de l'Alcan: M. Ritchie, qui était le président de
SECAL, a été transféré en Grande-Bretagne. Il prend
son poste le 1er mai, mais, en fait, depuis le 1er avril, il a
transféré ses pouvoirs à M. Sénécal
Tremblay, qui est tout à fait nouveau dans le dossier. Lorsque les
ministres se sont rencontrés on avait négocié avec M.
Ritchie, de l'Alcan. Maintenant,
nous négocions avec M. Sénécal Tremblay. Les
discussions ont repris avec lui.
M. Brassard: Je pense que toutefois M. Sénécat
Tremblay va très rapidement se familiariser avec le dossier. Il le
connaît déjà parce qu'il a déjà occupé
des fonctions pendant plusieurs années dans la région.
M. Lincoln: Nous sommes entièrement d'accord,
excepté que maintenant la décision lui appartient plutôt
qu'à M. Ritchie.
M. Brassard: Très bien. Donc, la négociation se
poursuit. Est-ce qu'elle est, à votre point de vue, suffisamment
avancée sur les points majeurs de ce dossier, c'est-à-dire, d'une
part, sur toute la question du mode de gestion et des niveaux, d'autre part,
sur tout le volet également des travaux de stabilisation et, en
troisième lieu, sur le volet de la mise en place d'une instance de
surveillance dans le milieu. Est-ce que vous pourriez nous indiquer
l'état d'avancement des travaux et des négociations sur ces trois
volets majeurs de la question?
M. Lincoln: II y a trois grands volets, comme vous le savez.
Hier, j'ai indiqué que, sur le volet de la consultation publique, je
pense qu'on a trouvé des solutions qui vont être acceptables par
toutes les parties intéressées et surtout par les citoyens
impliqués.
M. Brassard: Excusez-moi. Vous parlez du troisième volet,
c'est-à-dire la mise en place d'une instance qui surveillerait à
la fois les travaux et...
M. Lincoln: Non, c'est un mécanisme de consultation
continue. En fait, ce serait une surveillance, parce que chaque année
toutes les implications de la gestion du lac seraient rendues publiques. Il y
aurait un mécanisme de consultation et d'information des citoyens. Au
point de vue de la surveillance du lac, il y aurait un système
indépendant de mesure des niveaux du lac qui serait
contrôlé par le ministère de l'Environnement.
M. Brassard: Est-ce que ce mécanisme de consultation
impliquerait les MRC qui ont une responsabilité en matière
d'aménagement?
M. Lincoln: Oui, automatiquement, cela impliquerait les MRC. De
ce côté-là, on n'aura pas de problème. Le genre de
solution va correspondre aux voeux et attentes de toutes les principales
parties, j'en suis certain. Nous avons fait un très long chemin en ce
qui a trait à la seconde question qui est le rechargement des berges.
Nous sommes en voie d'arriver à une entente qui va satisfaire tout le
monde.
Sur la gestion du lac, toute la question se pose par rapport au niveau
qui avait été établi par les auditions du BAPE, soit 14
minimum et 16 maximum, pour la plus longue période possible. C'est sur
l'évaluation de la longueur de la période que les
négociations ont lieu. Beaucoup de chemin a été parcouru.
J'espère que nous arriverons à une solution qui va satisfaire
toutes les parties.
M. Brassard: M. le ministre, vous dites qu'actuellement il y
aurait, si j'interprète bien vos paroles, presque une entente sur les
niveaux. Là où le débat se poursuit, c'est sur la
période pendant laquelle ces niveaux minimum et maximum vont être
maintenus. Dans le rapport du BAPE, on parlait de la période estivale:
16 pieds maximum et 14 pieds au minimum, du 1er juillet jusqu'à la fin
d'août ou au début de septembre, donc, pendant la période
de grande activité estivale. C'est sur cet aspect de la question que les
discussions se poursuivent.
M. Lincoln: Je ne voudrais tromper personne et certainement pas
le député. Je n'ai pas dit qu'il y avait entente sur les balises.
Ce que j'ai dit, c'est que le point de départ, c'est la recommandation
du BAPE: 14 minimum, 16 maximum, pour 80% du temps; c'étaient les
balises établies par le BAPE. C'est à partir de ce point que se
font les négociations à savoir si c'est 80% du temps; est-ce que
c'est plus, est-ce que c'est moins? On ne peut pas dire que les niveaux, c'est
complètement absolu dans le temps; même le BAPE le reconnaît
dans ses conclusions. C'est là le point de discussion, à savoir
à quel point on se rapproche de la position de chacun. C'est là
où on en est rendu maintenant. Il n'y a pas d'entente sur les niveaux,
excepté que nous partons du point de départ que c'est 14 pieds
minimum et 16 pieds maximum pour 80 % du temps et nous essayons d'arriver
à une entente sur cette question.
M. Brassard: Ce qui signifie que, dans votre esprit, M. le
ministre, les recommandations du BAPE quant aux niveaux constituent pour vous
des objectifs souhaitables à atteindre.
M. Lincoln: Quand on parle de l'été, oui, c'est
sûr.
M. Brassard: Pour l'été, oui, la saison
estivale.
M. Lincoln: Par exemple, écoutez, je voudrais bien nous
situer. J'ai vu le communiqué qui a été émis par
votre gouvernement et votre nom y est associé. C'était le 15
octobre 1985 alors que le ministre, Adrien Ouellette, a rendu publique la ligne
de conduite que le gouvernement
avait choisi d'adopter au cours des mois suivants en ce qui concerne le
dossier de la stabilisation des berges du lac Saint-Jean: "Des
négociations seront entreprises avec Alcan..." Là, je veux
démontrer encore une fois qu'avant le 15 octobre il n'y avait pas eu de
négociations. Des négociations "seront" entreprises avec Alcan -
on a passé tout l'été - en vue de parvenir à un
accord sur différents aspects particuliers du programme de stabilisation
des berges et du mode de gestion du lac. Cette négociation se fera dans
le cadre des orientations définies par le Bureau d'audiences publiques.
Elle visera trois objectifs: premièrement, un mode opérationnel
de gestion avec une contrainte de niveau maximum capable de faire diminuer
l'érosion et une contrainte de niveau minimum pour favoriser la vocation
récréologique du lac Saint-Jean. Il s'agit d'en arriver à
un mode de gestion opérationnelle où les règles seront
claires pour tout le monde et où les responsabilités seront
précisées."
C'est vraiment dans ce sens-là qu'on négocie. C'est
sûr que, si c'était facile, il n'y aurait pas eu ce
communiqué. C'est sûr que, si les positions avaient
été convergentes au premier abord, il n'y aurait pas eu de raison
d'émettre ce communiqué. C'est sûr que si, par exemple,
l'Alcan disait: Nous sommes d'accord avec 14 pieds et 16 pieds, on aurait
signé une entente. C'est sûr aussi que, si, de notre
côté, nous n'avions pas maintenu une position qui allait le plus
près possible ou qui se rattachait à la position du Bureau
d'audiences publiques, il y aurait eu une conclusion très rapide.
Le fait même que nous continuons à négocier, le fait
même que nous continuons à appuyer des positions qui veulent que
toutes les contraintes des grands intervenants, d'abord, les citoyens de
l'endroit et cela, j'en suis très conscient... Deuxièmement, il y
a toute la vocation récréative et touristique du lac, la vocation
socio-économique et, aussi, parce qu'on ne peut pas l'ignorer,
l'implication de l'Alcan comme une compagnie qui a maintenant des droits
juridiques très formels de par l'entente de 1927. Alors, toutes ces
circonstances sont mises ensemble. Récemment, nous avons situé
très clairement, fait un résumé de nos positions, que nous
avons envoyé au nouveau président de SECAL, parce qu'il est
entré dans le dossier, afin qu'il n'y ait pas de malentendu sur les
positions respectives. Nous avons résumé tout cela. Nous lui
avons envoyé tout cela. J'ai expliqué hier à la commission
parlementaire que nous allons rencontrer les dirigeants de l'Alcan
incessamment, dans une période de temps très, très courte.
À ce moment-là, nous espérons arriver à une
entente. Si on n'arrive pas à une entente, il faudra voir quelle est la
position du gouvernement du Québec par rapport à cela. Je pense
que, d'un côté comme de l'autre, il y a un bon vouloir d'arriver
à une entente qui respectera toutes les contraintes de toutes les
parties le plus tôt possible.
M. Brassard: M. le ministre, je suis parfaitement d'accord avec
vous pour reconnaître la complexité du dossier. J'en conviens
largement avec vous. C'est un dossier complexe qui a des aspects juridiques
majeurs en particulier, et vous l'avez évoqué. On l'a toujours
reconnu. Je vous signale juste en passant que ce sont certains candidats lors
de la dernière élection qui simplifiaient, qui
considéraient le dossier comme très simple. Nous, on ne l'a
jamais considéré comme simple. C'est un dossier complexe au
départ et qui, évidemment, exige sans doute du temps pour en
arriver à une solution acceptable.
Donc, vos échéances, c'est d'en arriver à une
entente le plus rapidement possible. L'été approche, quand
même, on est à la fin d'avril. À supposer qu'une entente
n'intervienne pas dans les semaines qui suivent, est-ce que votre
ministère a l'intention, compte tenu qu'une entente n'interviendrait pas
dans des délais très brefs, d'autoriser certains travaux que,
nous dit-on, l'Alcan jugerait urgent de faire, des travaux qu'il serait urgent
de faire, parce que cela fait quand même plusieurs années,
à cause de tout ce processus qui est enclenché, qu'il ne s'est
pas fait de travaux de stabilisation? Votre ministère aurait-il
l'intention d'autoriser un certain nombre de travaux que l'on pourrait
identifier comme urgents en matière de stabilisation et d'arrêt de
l'érosion des berges, si, évidemment, il n'y a pas une entente
qui intervient dans les semaines qui viennent?
M. Lincoln: Je n'ai pas envie d'éviter votre question, M.
le député. Je comprends tout à fait l'intérêt
d'un échéancier court, mais en même temps je ne peux pas
répondre à cette question aujourd'hui. J'espère que l'on
arrivera à une entente, parce que je pense que, du côté de
l'Alcan comme du nôtre, on réalise qu'il y a des contraintes
très pressantes d'arriver à une conclusion satisfaisante pour
toutes les parties. Alors, j'espère que toutes ces questions ne se
poseront pas. Mais du côté de notre ministère, selon nos
avis, jusqu'à présent, au point de vue juridique, je ne pense pas
que l'on puisse aller donner des autorisations d'aller faire, sans le
consentement de l'Alcan, des travaux de façon unilatérale.
Deuxièmement, vu qu'il y a trois ministères principaux du
Québec impliqués là-dedans et que c'est une question qui
dépasse notre ministère comme tel, nous n'arrivons pas à
une entente, ce sont des décisions qui devront être prises au
niveau du Conseil des
ministres, peut-être. Je ne fais que supposer, parce que tout
cela, ce sont des questions hypothétiques. J'espère que, dans les
prochains jours, si on pouvait organiser une rencontre avec l'Alcan, qui le
désire elle aussi, nous arriverons à une conclusion de cette
affaire. Mais la prochaine étape demande beaucoup de réflexion.
Je ne peux pas, aujourd'hui, préciser des positions que j'aurai
peut-être à changer après parce que ce n'est pas l'affaire
de mon ministère seulement, il y a deux autres ministères
impliqués. Aussi, je pense qu'il y a tellement de complexité
juridique et autres dans ce dossier que cela dépassera même les
trois ministères.
M. Brassard: Donc, si je comprends bien, M. le ministre, votre
objectif est d'arriver à une entente qui ferait en sorte que le nouveau
mode de gestion puisse s'appliquer pour la saison estivale qui vient et que des
travaux puissent se faire, d'une part. Par conséquent, je comprends bien
en disant que tout est mis en oeuvre pour arriver à la conclusion d'une
entente qui permettrait l'application d'un nouveau mode de gestion pour la
saison estivale qui vient, celle de 1986.
M. Lincoln: M. le Président, c'est bien ce qu'on vise. On
voudrait arriver à une conclusion avec l'Alcan qui permettrait une
entente sur le mode de gestion dès la prochaine saison estivale. Pour ce
qui est des travaux, malheureusement, les négociations ont
été trop longues pour que des travaux soient faits dès
maintenant, au printemps, d'après ce que les experts nous disent.
À ce moment-là, on commencerait le plus tôt possible
à l'automne.
Sur la question du rechargement des plages, par exemple, nous avons
suivi, en principe, dans les négociations, les recommandations du
conseil régional des loisirs. Je pense qu'il y a beaucoup de points sur
lesquels on s'entend, où il n'y aura pas de problème. La gestion
du lac, naturellement, est la question clé. Nous visons, justement, une
entente qui permettrait une gestion du lac pour cet été.
M. Brassard: Merci, M. le ministre. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
Gestion des milieux atmosphérique et terrestre
(suite)
L'ancien dépotoir de LaSalle
M. Blais: Merci, M. le Président. Comme je vous l'ai
demandé hier, nous allons aborder un dossier assez chaud, le dossier de
la ville de LaSalle. Sans trop élaborer sur cet ancien dépotoir,
on sait qu'entre 1940 et 1959 la ville de LaSalle exploitait un dépotoir
d'ordures ménagères et, comme toujours, des produits toxiques y
ont été jetés. Cet ancien dépotoir se situe au coin
du boulevard Shevchenko et Lavérendrye, rue Bélec près de
la voie ferrée du CPR. (10 h 30)
En 1960, ce dépotoir, comme vous le savez, est recouvert d'une
dizaine de pieds de sol d'excavation, et, en 1965, une soixantaine de maisons
étaient érigées sur ce terrain. En 1985, une étude
du ministère avait été commandée pour essayer de
regarder les anciens terrains qui seraient dangereux pour la population et
celui-là, entre autres, a été considéré par
le ministère comme extrêmement dangereux. Il y avait 60 maisons
qui étaient construites sur ce terrain. On a fait une autre étude
-c'est toujours par études que l'on procède et je crois que c'est
un peu normal, car les experts justifient certains actes d'un ministre et ce
sera sûrement la même chose sous votre gouverne - et le
mémoire disait au gouvernement de verser une somme très
appréciable parce que déplacer des gens ou démolir des
maisons ou relocaliser les gens, cela s'élevait à environ 7 000
000 $ qu'on demandait de verser à la ville de LaSalle. En gros, l'ancien
gouvernement avait accepté, devant l'urgence, de procéder dans ce
dossier. Vous allez certainement plaider que vous n'êtes là que
depuis quelques mois et j'en conviens. Cependant, cette situation ayant
déjà été, en gros, réglée par
l'ancien gouvernement, il ne reste qu'à passer aux actes. Je trouve un
peu curieux qu'aujourd'hui votre ministère tarde à passer aux
actes et, qui plus est, qu'un de vos adjoints M. Mark Osterman ait
justifié ainsi l'absence d'action: "Le ministre a convenu avec la mairie
de ville LaSalle de ne plus parler de cette affaire jusqu'à nouvel ordre
et, quant à moi a-t-il poursuivi, j'ai reçu instruction formelle
de M. Lincoln de n'en point parler."
Dans le contexte de l'urgence du règlement de ce dossier, cela
m'apparaît une déclaration irrationnelle, si vous ne la traitez
pas de farfelue. Pour les gens de LaSalle, je trouve ça
extrêmement compromettant comme déclaration et, si cela
reflète vraiment l'attitude du ministre dans ce dossier, j'aurais
plusieurs questions qui suivraient.
M. Lincoln: M. le Président, il y a certains points que je
devrai relever, au départ. Le député a pris comme point de
départ de son argumentation que le cas avait été
réglé par l'ancien gouvernement. Or, c'est tout le contraire qui
s'est passé. Un projet de décret a été soumis au
Conseil des
ministres de l'ancien gouvernement juste avant l'élection. Le
fait brutal est que ce décret n'a pas été adopté.
Pourquoi n'a-t-il pas été adopté? Est-ce à cause de
l'élection? Est-ce à cause de l'opposition d'un des ministres en
cause? Il y avait plus d'un ministre qui devait signer le décret. En
fait, il y a un des ministres importants du Québec qui n'a pas
signé. Pourquoi n'a-t-il pas signé? Personne ne le saura. C'est
du passé. Le fait est que, quand j'ai été nommé
à ce poste, je me trouvais devant une situation où il y avait un
décret qui n'avait pas été accepté par l'ancien
gouvernement. Si la chose était vraiment réglée, pourquoi
le Conseil des ministres, qui l'a considérée, n'a-t-il pas
signé le décret? C'est la première question qu'il faut se
poser comme nouveau ministre.
Quand nous arrivons en poste, on se dit: Si la question est tellement
claire et qu'elle aurait dû être réglée, le
décret aurait été adopté. À ce
moment-là, nous n'aurions pas ce problème, aujourd'hui, et ce
serait terminé. Le travail aurait commencé. Le fait qu'un
gouvernement en place, considérant quelque chose au niveau de son
Conseil des ministres, n'accepte pas ou refuse ou décline un
décret qui lui est présenté, pour une raison ou une autre,
m'amène à la conclusion qu'il faut encore plus de prudence dans
un cas qui est extrêmement complexe.
Lorsque le cas m'a été soumis, la première chose
que j'ai constatée est qu'il y avait un décret qui n'avait pas
été homologué. La première chose que j'ai faite,
j'ai commencé à demander aux experts du ministère et au
sous-ministre, qui lui-même était nouveau en poste et qui
était là depuis un mois; faites-moi une constatation, un rapport
sur tout le cas de LaSalle. C'est un cas extrêmement complexe qui pose
des problèmes juridiques par rapport à notre ministère,
par rapport à notre loi, par rapport à la dérogation aux
études d'impact d'une complexité vraiment spéciale. Il y
avait aussi plusieurs éléments qui demandaient à
être retouchés et c'est peut-être è cause de cela que
le décret n'a pas été adopté. Par exemple, une
chose qui n'est pas connue, c'est qu'il y a une partie du site contenant des
déchêts toxiques qui n'avait pas été incluse au
moment où le projet de décret a été fait. Cela
demandait des coûts additionnels assez conséquents. Pour vous
donner un exemple, de septembre à janvier, les coûts
révisés par les ingénieurs à cause de choses comme
cela ont monté de près de 1 000 000 $. Toutes ces choses ne sont
pas connues du public. J'arrive comme nouveau ministre. Je me retrouve devant
une situation extrêmement complexe, qui soulève beaucoup de
considérations, juridiques, scientifiques, socio-économiques,
impliquant plusieurs résidents à qui des promesses
prématurées ont été faites, malheureusement.
À tort ou à raison. À tort ou à raison. On avait
dit à ces résidents: On va vous déplacer, on va faire
telle chose avec vous, sans l'appui d'un décret formel du gouvernement.
Il me semble que le cheminement aurait dû être d'avoir un
décret en main d'abord, avec de l'argent en promesses et, après
cela, on aurait pu dire aux résidents: On va faire telle chose ou telle
chose. Leur ayant dit: On va vous déménager, on va faire telle
chose, on va faire un projet, après cela le décret n'arrive
pas.
Au lieu d'accepter le blâme, excusez-moi, M. le Président,
mais moi, je vais me défendre bien vigoureusement, parce que j'ai
hérité d'une patate chaude que quelqu'un d'autre m'a
laissée, qui n'a pas voulu compléter un décret. J'aurais
préféré que le gouvernement antérieur signe un
décret. Aujourd'hui, on ne se retrouverait pas avec cela. Mais ces
choses étant dites, je peux vous dire que personnellement, avec l'aide
de tous les experts du ministère, avec l'aide des gens de mon cabinet,
je ne pense pas qu'il y ait un seul dossier, jusqu'à présent, sur
lequel nous ayons mis autant d'heures de travail et qui nous ait demandé
autant d'attention.
Pourquoi n'avons-nous pas agi plus vite? Je pourrai en détail,
lorsque cette question sera devenue publique, très, très
prochainement, vous expliquer pourquoi. Je serai très heureux de faire
une session spéciale avec n'importe qui, avec n'importe quel des
députés ministériels ou autre - parce qu'il y a trois de
nos députés ministériels dans la région qui sont
impliqués - pour démontrer la différence entre le projet
de décembre et le projet actuel. Les circonstances additionnelles qui
sont apparues dans le décor, il y en a beaucoup. Il y en a beaucoup. Ce
que je voulais éviter de faire, car c'était devenu une question
tellement émotive où les citoyens s'attendaient à une
action rapide, c'était d'enclencher un processus qui exacerberait toute
cette situation émotive, parce que tout le monde commençait
à voir une mort prochaine à son coin de rue.
Or, toutes les expertises que nous avons lues démontraient qu'il
y avait un danger potentiel réel. C'est sûr, il y avait un danger
potentiel réel de contamination de l'aqueduc de Montréal, de
l'aqueduc qui apporte l'eau à Montréal. Il y avait un danger
potentiel que des toxiques, par exemple, sortent dans l'air. Mais, toutes les
expertises démontraient que ce n'était pas un danger imminent,
que pour le moment, il ne devait pas y avoir de grande panique. Il fallait
essayer de mettre ce dossier un petit peu sous silence pendant quelques mois
pour que la paix se fasse. Ce qui est arrivé, c'est que les journalistes
jouaient avec toutes sortes de chiffres, disant: il y a des toxiques, il y
avait toutes sortes de choses. Il y en a même un qui disait: Je vais
aller à Pointe-Claire parce que demain matin je vais attraper le
cancer,
etc., quand toutes les expertises démontraient le contraire.
Je pense que c'est cela qui a été fait. La
déclaration qui a été faite par M. Osterman, c'est vrai.
C'est vrai que j'avais donné cette consigne aux membres du cabinet.
Pourquoi cela a été fait? Parce qu'un jour, avec la meilleure
volonté possible, lorsque je n'étais pas là... Les gens de
mon cabinet comme moi sont arrivés en poste en décembre. On n'a
pas l'expérience de ces choses. Je l'avoue très candidement. Je
ne suis pas un expert en communications. Mais sachant la question tellement
volatile, un jour les membres de mon cabinet, Me Osterman lui-même, alors
que je n'étais pas là, a été questionné par
un journaliste. En toute bonne foi, il a donné des explications comme il
lui a semblé. Tout de suite, une bagarre s'est élevée
entre la mairie, nous, et les résidents. J'ai dit: Jusqu'à ce
qu'on arrive à une solution sur ce dossier, gardez cela sous silence.
Peut-être qu'il n'aurait pas dû s'exprimer en public comme il l'a
fait, mais ce n'est pas un expert en communications, lui non plus. Il a dit ce
que je lui avais dit de dire. Ce sur quoi je me suis entendu avec le maire de
la ville de LaSalle, c'est que, en attendant que nous arrivions à une
conclusion dans ce dossier, une conclusion qui se tiendrait debout, on ne fasse
pas de déclarations publiques de part et d'autre pour que cela devienne
une espèce de controverse de journaux et qu'en même temps les
résidents soient paniqués. J'ai parlé plusieurs fois au
président du comité des résidents. Depuis décembre,
nous travaillons d'arrache-pied à ce dossier.
Entre-temps, ce que je peux vous dire, c'est qu'après avoir
étudié, réétudié ce dossier, après
avoir obtenu des expertises nouvelles de tous les gens de notre
ministère, nous sommes arrivés à des conclusions beaucoup
plus fermes qu'avant. Par exemple, la question clé là-dedans,
c'est une question de chiffres; on parle de millions de dollars. C'était
très bien de dire que le gouvernement avait alloué 7 000 000 $.
Moi, je vais dire aujourd'hui, publiquement, que si nous étions
allés dans le champ en décembre, avec le décret, à
7 000 000 $, ce projet-là n'aurait pas été de 7 000 000 $.
Cela aurait été beaucoup plus que 7 000 000 $. Qui aurait
payé la note à ce moment-là? Parce qu'il y avait tellement
d'hypothèses qui restaient incomplètes. Il y avait beaucoup de
chiffres qui étaient des estimations, qui n'étaient pas des
chiffres fermes. Ce que nous avons pu faire en négociation continue avec
les experts du ministère, avec les ingénieurs du projet, c'est
établir des chiffres beaucoup plus précis, beaucoup plus fermes.
Nous avons des données aujourd'hui que nous n'avions pas alors. C'est
une toute nouvelle hypothèse aujourd'hui. C'est le fait, c'est le
fait.
Alors, ce qui est arrivé, c'est que nous sommes arrivés au
Conseil des ministres et au Conseil du trésor avec des chiffres beaucoup
mieux établis, parce que nous avions des données que nous
n'avions pas en décembre. Lorsqu'on est arrivé au Conseil du
trésor et au Conseil des ministres, on a eu un décret qui a
été accepté maintenant. La première chose que j'ai
faite quand il a été accepté, il y a peut-être une
semaine de cela ou dix jours, j'ai téléphoné au
président du comité des résidents pour lui dire: Il y a
une décision du Conseil des ministres. Tout ce que je vous demande,
c'est que l'intervenant principal, parce que c'est son territoire, c'est lui
qui est responsable, c'est lui qui est le maître d'oeuvre comme il
l'était dans le décret antérieur, c'est la ville de
LaSalle, c'est le maire de la ville de LaSalle... Je n'avais pas réussi
à rejoindre le maire ce soir-là; je l'ai rejoint à la
première heure. J'ai dit au comité, au président du
comité des résidents: Je vais faire une entente avec le maire;
jusqu'à ce que le maire me donne sa décision, parce que la ville
a besoin d'homologuer notre proposition, laissons cela tranquille pour quelques
jours. Lorsque la mairie aura accepté, nous allons rendre le tout public
et les résidents seront les premiers informés. Malheureusement,
il y a eu toute une affaire dans les journaux, ce que je regrette, du
côté des résidents, ce que je regrette beaucoup.
L'entente actuelle, c'est que le maire et les conseillers municipaux
considèrent la question maintenant, ils vont nous rencontrer dans les
jours qui suivent. Nous espérons arriver à une entente de part et
d'autre pour que ce projet soit mis en vigueur le plus tôt possible. En
fait, rien n'a été perdu. Ce sera le même
échéancier et les résidents, cette année-ci,
lorsque le projet sera enclenché, seront au même point où
ils auraient été avec le décret antérieur, avec
cette grosse différence que, cette fois-ci, nous parlons de coûts
fermes, nous parlons de constatations très fermes, nous parions de
boucles juridiques qui ont été réellement bouclées.
C'est cela, la grosse différence entre décembre et
présentement.
Alors, moi, je peux discuter de cette question de la ville de LaSalle et
aussitôt que cela sera rendu public, je peux vous assurer que je ne vais
pas être très timide . là-dessus, parce que je ne veux
accepter aucun blâme que je ne mérite pas. J'ai travaillé
à cela avec les experts du ministère plus d'heures que dans
n'importe quel dossier depuis décembre. Je peux vous dire que, lorsque
l'on saura la complexité de ces choses, on réalisera que ce n'est
pas quelque chose de retardé, mais quelque chose qu'il fallait
approfondir comme on l'a fait avec justification, je pense.
M. Blais: M. le ministre, je vous sais
très rationnel, mais le 9 avril dernier un responsable de la
gestion des produits dangereux devait donner une conférence de presse
explicative et à la dernière minute il l'a
décommandée. Si cette conférence de presse avait eu lieu
pour donner certaines explications que vous venez de donner, peut-être
que les journaux l'auraient interprété d'une autre façon.
Cependant, je l'aurais interprété de la façon qu'ils
l'interprètent quand même et je trouve très curieuse votre
argumentation qui dit: Le gouvernement n'avait pas signé ce
décret et j'aurais bien aimé qu'il le signe. Toute
l'argumentation que vous venez de donner était pour que cela ne soit pas
signé. Vous nous avez dit que l'on n'avait pas toutes les
données, etc. (10 h 45)
La seule donnée qu'on avait, c'était la donnée
humaine, la donnée sociale, qui était que des gens sont
potentiellement en danger. Je n'aurais pas cru que vous entreriez dans cette
petite porte où un gouvernement n'est qu'un conseil d'administration,
qu'il faut savoir si cela coûte 7 000 000 $ ou 8 000 000 $ avant de
prendre une décision s'il y a danger. Il y a un danger potentiel. Si
jamais un de ces tuyaux fendillait ce printemps au dégel - c'est fort
possible, il y en a un gros qui a sauté à Montréal -
à ce moment, ce n'est pas une question d'argent: cela vous
coûterait, entre guillemets, ce qu'on appelle "un bras", parce que les
conséquences sur la santé des gens seraient excessives et le prix
serait incalculable.
Il ne faudrait pas attendre de décret non plus, si jamais il y
avait un incident de cette sorte pour soigner les gens. Dans un cas d'urgence
potentielle comme ça, je ne crois pas qu'il faille attendre les fins
détails d'une estimation pour procéder. C'est dans ce sens. On
aurait peut-être dû procéder au mois de décembre, au
mois de novembre, mais cela demeure quand même qu'un mémoire
conjoint de l'Environnement et de la Protection civile a été
acheminé au mois de novembre 1985. C'est à ce moment qu'on a dit:
II y a urgence potentielle, il faut absolument y aller quel qu'en soit le
coût. Une estimation était de 7 000 000 $. Je comprends que 1 000
000 $, c'est de l'argent. Mettons que ça en coûterait 8 000 000 $.
C'est possible que ça en coûte 8 000 000 $ ou 9 000 000 $, je ne
sais pas. Dans un cas comme celui-là, sans vouloir semer la panique, je
ne crois pas que les journaux aient semé la panique, mais ça
demeure quand même que c'est potentiellement dangereux pour les gens qui
habitent ce territoire. En ce cas, je ne sais pas si on ne devrait pas
procéder, quitte à ajuster les estimations après, parce
que, quel qu'en soit le coût, c'est une opération qui se doit
d'être faite. Vous le reconnaissez que cette chose se doit d'être
faite.
C'est cela que j'ai un peu de difficulté è concilier. On
n'a pas signé le décret de la convention collective de nos
employés, non plus, avant de partir, mais on sait qu'il va y en avoir
une que vous devrez signer. Même si cela se terminait le 31
décembre, parfois on règle avant. On n'a pas pu régler. Il
y a bien des choses qu'on n'a pas eu le temps de régler. Dans ce cas, je
ne crois pas que les journalistes ameutent la population. C'est que la
population sait que ses maisons sont sises sur un territoire potentiellement
dangereux et si jamais, un printemps, une des conduites d'eau crevait - c'est
arrivé sur le territoire montréalais dernièrement, on a vu
un déluge énorme - eh bien, là, quelles que soient les
conséquences pécuniaires, le gouvernement serait obligé
d'agir.
Je ne veux pas vous dire que je vous blâme. Je vous blâme
sur une seule chose, c'est que le silence n'est pas, d'après moi, la
bonne façon de procéder dans ce dossier. S'il n'y avait pas de
silence de votre part, ni de la part de la mairie, par connivence entre les
deux comme vous dites, les gens seraient peut-être moins apeurés,
premièrement. Deuxièmement, quand il y a un problème
social de santé publique, dans un geste qui doit être posé
obligatoirement, je ne crois pas qu'il faille considérer les coûts
s'il y a obligation politique, sociale à engager un dossier et è
corriger une situation qui n'est pas de votre faute, à vous, ni de notre
faute. Cela a été fait entre 1940 et 1959. Peut-être que la
ville, quand elle a donné le permis de construire des maisons
là-dessus, n'aurait pas dû le faire. C'est une toute autre
question.
Actuellement, il y a des gens et potentiellement c'est un site
dangereux. J'ai l'impression qu'indépendamment des coûts il
devrait y avoir une décision immédiate de prise ou dans les plus
brefs délais. Je crois personnellement que cela a trop tardé. Je
ne veux pas que vous me disiez que je veux effrayer la population qui est
là. La population est au courant qu'elle est sur un site dangereux. Je
ne crois pas que ce soit 1 000 000 $ de moins ou 1 000 000 $ de plus
malgré que 1 000 000 $ c'est important; ce sont toujours les
contribuables qui fournissent, bien sûr. J'ai l'impression que dans ce
dossier, quelle qu'en soit la complexité, le gouvernement devrait agir
de façon très vive.
M. Lincoln: Moi, je veux bien accepter beaucoup de choses, mais
ma conscience sociale, mon respect pour la vie humaine, sont aussi grands que
chez n'importe qui ici au gouvernement du Québec. J'en suis très
conscient. Je ne veux pas accepter le fait et je pense que toute mon
argumentation... J'ai donné les millions comme exemple de choses qu'il
fallait boucler, mais j'ai dit aussi qu'il y avait beaucoup plus que cela. De
toute façon, il faut faire un peu l'historique de ce
dossier. Le dossier n'a pas été présenté au
Conseil des ministres du gouvernement antérieur en décembre; cela
a été présenté en mai ou en juin de l'année
dernière. Le gouvernement lui-même n'a pas dit: Commencez le
projet. Il fallait avoir quelque chose. Il a alloué 500 000 $ à
ce moment-là pour des études. En décembre, après
des études, à tort ou à raison, je ne sais pas, cela n'a
pas été adopté. Pourquoi ai-je dit, moi, que j'aurais
été bien content que ce fut réglé? C'est parce que,
d'une façon ou d'une autre, cela aurait commencé. J'ai
répété que moi, prenant quelque chose qui n'était
pas complété, c'était mon devoir d'aller au plus profond
des choses. Lorsqu'une décision sera prise, le député
pourrait à ce moment blâmer le gouvernement et moi, comme
ministre, s'il y avait un retard d'un an ou de deux ans.
Je viens de lui expliquer que de toute manière, même si le
décret gouvernemental antérieur avait été
adopté en décembre, le projet n'aurait pas commencé avant.
Il aurait commencé en mai ou en juin. L'année prochaine, il
pourra me blâmer si le projet ne va pas de l'avant. Je viens de lui
expliquer qu'il y a une décision du Conseil des ministres et qu'il y
aura une solution à cette question.
Mais de dire, par exemple, qu'il y a une atteinte... J'ai
expliqué au cours de mon argumentation que tous les rapports de tout ce
qu'il y a d'experts en santé environnementale, d'experts d'Environnement
Canada qui ont fait des tests, de tous les gens qui ont fait des tests, disent:
Oui, il y a un danger potentiel, mais il n'y a pas de danger immédiat,
de risque pour la population. Tous les gens disent cela. C'est la conclusion de
toutes les études que j'ai lues et j'ai lu toutes les études. Le
comité central qui a été formé par le gouvernement
du Québec, la ville de LaSalle, la Protection civile, la Santé et
les Services sociaux reconnaissent la même chose: il n'y a pas de danger
immédiat, pour demain.
On parle de bris d'aqueduc. Des mesures ont été prises et
elles continuent. Il y a des mesures de surveillance parce qu'on ne peut pas
faire ce projet-là en hiver, de toute manière. On aurait voulu,
on n'aurait pas pu le commencer avant maintenant. Il y a des mesures de
surveillance continuelle, hebdomadaire, qui sont prises pour s'assurer que les
aqueducs ne se brisent pas et que, s'ils se brisent, on les répare
immédiatement. Donc, ça, c'est réglé. On fait des
analyses d'eau continuellement. L'eau de Montréal est analysée de
façon complète. Si demain matin le moindre petit danger
survenait, on le saurait presque tout de suite et on le corrigerait.
Ce qu'on a voulu dire tout le temps et ce qu'on a dit souventefois,
c'est qu'il n'y a aucun danger immédiat pour la population.
J'ai parlé, moi, au chef du comité des résidents.
Les résidents en sont très conscients. Ce qui les tracasse, c'est
que rien ne se fasse cette année après qu'on leur eut
donné des prévisions. Mais je viens d'expliquer au
député que nous avons présenté un projet de
solution de la chose.
De toute façon, je voulais souligner aussi ceci. Le
député a fait ressortir que tout était là, qu'il
fallait aller de l'avant. Moi, je veux souligner que le comité
interministériel de l'aménagement qui représente tous les
ministères concernés directement, incluant le ministère de
l'Environnement, avait donné, lui, des avis invitant à la
prudence dans ce dossier. Il y avait des risques inhérents au projet.
Après avoir reçu un décret qui n'était pas
complété, appuyé par une recommandation formelle du
COMPADR, du comité d'aménagement qui nous disait: II y a
certaines choses là-dedans qu'il faut revoir, faites bien attention
à certains paramètres, essayez de voir, il a fallu,
naturellement, ayant cela en main, plus un décret qui n'était pas
complété, aller voir toutes ces questions, trouver à
l'avance des solutions à ces risques potentiels.
Maintenant, nous allons vers un projet qui, comme je vous le dis,
lorsque nous aurons l'assentiment de la ville de LaSalle... On ne peut pas
imposer demain matin à une ville une solution sur son territoire. C'est
une question tout à fait de base que la municipalité doit
accepter la chose. Nous lui avons fait une proposition très
étoffée. La municipalité nous a demandé une semaine
ou dix jours pour la considérer. Aussitôt qu'elle nous dit oui, on
commence le projet. Rien n'est retardé; les résidents, on les
avisera.
Moi, je n'ai aucunement voulu critiquer les journalistes, mais ce que je
dis, c'est qu'aussitôt que vous faites des déclarations publiques
qui sont incomplètes... Et c'est ça, le problème qui s'est
passé. On a fait des déclarations avant d'avoir eu un
décret. Il y a eu des attentes qui ont été
créées et, après cela, il n'y a pas eu de décret,
on n'a pas pu l'homologuer. Ce qui est arrivé, c'est que les
résidents s'attendaient à quelque chose. Moi, au lieu d'aller
faire des déclarations et de dire: Écoutez, on va faire quelque
chose demain ou après-demain et que tous les gens viennent me dire:
Pourquoi ne faites-vous pas ça aujourd'hui, j'ai dit: Quand j'aurai
quelque chose de ferme dans la main, je vais aller de l'avant. Mais c'est
différent si on a une urgence où quelqu'un peut être
atteint dans sa santé, etc., alors, on fait des urgences. On le fait
tous les jours. On l'a fait pour l'eau potable dans un district l'autre jour.
Urgence-Environnement travaille à la question des inondations, etc.,
où la vie des gens peut être atteinte. Mais, là, nous avons
toutes les expertises disant que ce n'est pas le cas. On a des
surveillances
continuelles. Donc, à ce moment, si l'on peut profiter de ces
deux, trois ou quatre semaines, ou deux mois ou trois mois, pour faire quelque
chose de plus étoffé, incluant les coûts, puisqu'on ne peut
pas minimiser les coûts... Je suis d'accord avec le député
que, s'il y a une urgence pour la santé, les coûts passent
après. Mais, s'il n'y a pas d'urgence directe pour la santé, que
l'urgence est potentielle et qu'il y a eu des mesures intérimaires qui
ont été prises, on ne peut pas dire: Ah oui, on va de l'avant,
car si, après cela, 7 000 000 $ deviennent 20 000 000 $, je ne sais pas
où on va trouver cela.
M. Blais: Le décret est-il signé? M. Lincoln: Le
décret est signé, oui.
M. Blais: Ah bon! C'est pour ça que vous faites des
déclarations.
M. Lincoln: Je ne fais aucune déclaration, M. le
député. J'ai insisté sur cela de façon tout
à fait ferme: Jusqu'à ce que nous ayons une entente qui soit
bouclée complètement. On ne peut pas aller imposer cela.
Même si nous avions un décret en main, on ne pourrait pas aller
travailler dans le territoire de LaSalle demain matin, même si on le
voulait. Cela ne se fait pas comme ça. Il y a aussi une participation
importante de LaSalle. C'est elle le maître d'oeuvre, selon le
décret. Il faut qu'il y ait une acceptation de LaSalle. Le jour
où la ville de LaSalle aura accepté la chose, on va rendre toute
l'entente publique. On va consulter les résidents, on va aller leur
parler et LaSalle va s'arranger pour indemniser les résidents qui
doivent être indemnisés. En passant, je dirai qu'il n'y a pas 60
maisons sur ce site, il y en a 8 sur le site immédiat, il y en a 6 sur
le pourtour du site et les autres sont en retrait du site.
M. Blais: En fait, le décret déjà
signé comporte quel montant? Je suis content de vous l'entendre dire.
Peut-être que j'aurais dû le voir, mais est-ce qu'il a
été rendu public? Tout ce que je voulais, c'est la réponse
et que vous disiez: De toute façon, les travaux seront faits en mai ou
juin. C'est ce que je voulais entendre.
M. Lincoln: M. le député, je ne peux pas vous dire
cela. Ces travaux ne peuvent commencer que s'il y a acceptation de tous nos
projets par la ville de LaSalle.
M. Blais: Est-ce que LaSalle est censée donner une
réponse sous peu à ce sujet?
M. Lincoln: Bien oui, c'est ce que je vous ai dit dès le
début, c'est une affaire de semaines.
M. Blais: Oui, mais vous aviez dit aussi que les travaux se
feraient en mai ou juin et, là, vous me dites que non.
M. Lincoln: Je vous ai dit: Lorsque LaSalle aura accepté.
C'est pourquoi je ne fais aucune déclaration officielle. Vous me posez
des questions. Je n'ai pas envie d'entrer dans les détails de ce
décret ou de dire quand cela va commencer parce que...
M. Blais: C'est votre droit.
M. Lincoln: ...j'attends que la ville de LaSalle me donne sa
réponse. Aussitôt qu'elle aura donné sa réponse...
C'est cela que j'ai expliqué au président du comité des
résidents. C'est malheureux qu'il y ait eu des déclarations de
faites par les résidents allant dire: Il y a un trou dans la rue, on va
mourir demain matin. Tout cela était réellement
prématuré, sachant que j'avais contacté le
président du comité des résidents pour lui dire que
justement il y avait un décret.
M. Blais: On peut s'attendre que d'ici une quinzaine de jours la
chose soit rendue publique. C'est cela?
M. Lincoln: Ah oui! Aussitôt que nous... M. Blais: Mais une
quinzaine de jours?
M. Lincoln: ...aurons eu l'homologation de la ville de LaSalle,
peut-être même avant. Aussitôt qu'elle nous dira: Bon, nous
sommes d'accord, là, on va de l'avant avec cela, on l'annonce.
M. Blais: Est-ce que j'ai bien compris que vous avez donné
une quinzaine de jours à LaSalle pour qu'elle prenne une
décision?
M. Lincoln: II n'y a pas eu d'échéancier fixe,
excepté que LaSalle et nous sommes très conscients qu'il faut
donner une réponse le plus tôt possible parce qu'il faut
enclencher tout le mécanisme du début des travaux. C'est un
projet très complexe; il faut faire passer des commandes et des
contrats, des travaux d'ingénieurs, etc. C'est quelque chose qui doit se
faire le plus vite possible et elle en est très consciente. Je peux vous
dire sans préciser de date qu'il y a un projet de rencontre avec la
ville de LaSalle dans les jours qui suivent.
M. Blais: D'accord. Alors, on pourrait dire, en
résumé, si j'ai bien compris, que le travail de votre
ministère est complété sur cela. Maintenant, les
caméras doivent se braquer sur LaSalle, c'est LaSalle qui a le oui ou le
non dans les mains. On demandera à LaSalle des réponses à
ce sujet.
M. Lincoln: Vous pouvez penser aux
caméras, mais enfin, j'espère que ce sera sans
caméra.
Récupération des déchets
(PARFAIR)
M. Blais: Très bien, M. le ministre. On va aller dans une
chose tout aussi sérieuse, mais un peu moins controversée et
moins d'actualité directe que celle-là, c'est le programme
PARFAIR. Ce sont des subventions gouvernementales données à des
groupes - je résume très vite - qui s'occupent de recyclage, de
récupération, etc. (11 heures)
On sait que c'est notre mentalité, nous, ici, mentalité
nord-américaine, de mettre tous nos rebuts dans une même poubelle,
et c'est très difficile de changer la mentalité des gens.
Cependant, il y a beaucoup de groupes à l'intérieur du
Québec qui essaient de changer la mentalité pour qu'on puisse
récupérer. On jette nos choux très gras.
Cependant, ce qui me fait un peu de peine dans les budgets, ce sont des
budgets de l'ordre d'à peu près 800 000 $ par année,
c'est-à-dire cela a commencé à 600 000 $ et chaque
année on augmente normalement d'une centaine de milliers de dollars pour
montrer que le gouvernement du Québec attache de l'importance à
la place que ces groupes doivent avoir en notre société, puisque
le recyclage de nos déchets, c'est excessivement important.
En 1983-1984, il y avait environ 600 000 $ et, en 1984-1985, on avait
à peu près 750 000 $. En 1985-1986, on est un peu au-delà
de 800 000 $. Mais, cette année, contrairement à cette tradition
d'augmentation, même si les budgets étaient déjà
très nettement insuffisants pour répondre à la demande des
groupes - il y a juste 26 de tous les groupes qui demandaient...
La jeunesse d'aujourd'hui s'intéresse beaucoup à cela. Je
suis persuadé que, personnellement, le ministre s'y intéresse
beaucoup aussi. Mais, malheureusement, encore là, dans les 21 000 000 $
de coupures qu'il y a à votre ministère, il y a 100 000 $
là et cela donne un pourcentage assez significatif. Il y a un autre
montant de 100 000 $ de coupé là et cela, du côté
social, je trouve cela déplorable. Je demande dans quelles sections ces
coupures seront appliquées et quel groupe sera cisaillé par ce
ciseau "gobeillin".
C'est presque inacceptable dans ce cas, parce que c'est un groupe qui
fait l'éducation de l'ensemble de la population et c'est néfaste
pour l'éducation qui a été faite dans le milieu
québécois depuis quelques années.
M. Lincoln: M. le Président, tout d'abord, une petite
correction. Le député a expliqué, encore une fois, qu'il y
avait 21 000 000 $ de coupures. Je pense que c'était situé hier
soir qu'il y avait beaucoup de dépenses non récurrentes. Par
exemple, j'expliquais qu'il y avait trois barrages inclus dans ce montant, ce
qui faisait le total de presque la moitié des 21 000 000 $.
En fait, les coupures actuelles de monnaie récurrente, c'est 9
763 000 $, c'est-à-dire que ce n'est pas la moitié de 21 000 000
$, parce que lorsqu'on considère les dépenses non
récurrentes il faut considérer que s'il y a des barrages qui sont
bâtis on ne va pas redépenser de l'argent cette année pour
les rebâtir.
Donc, je constate ceci avec le député. Ce sont des
coupures de 13,4 %. Mais dans les circonstances actuelles, on ne va pas revenir
là-dessus. C'est la décision de notre gouvernement de
réduire le déficit et d'avoir une politique budgétaire
saine. C'est comme cela. Mais c'est 9 763 000.
Pour ce qui est du projet PARFAIR, c'est vrai qu'on a coupé 100
000 $ dans le budget de 950 000 $. Naturellement, si vous me le demandiez,
j'aurais préféré avoir gardé 950 000 $, c'est
clair. En même temps, il faut donner certaines explications
là-dessus. Le projet PARFAIR avait pour but d'impliquer les
municipalités et les groupements de citoyens dans la
récupération et le recyclage. Nous sommes arrivés
maintenant à un point où 226 municipalités sont activement
impliquées dans le recyclage. Il y aussi des groupements qui sont
impliqués de façon active. Nous avons dépensé
l'année dernière 842 000 $, parce que de l'argent a
été périmé. Cette année, on a un budget qui
va être de 850 000 $, c'est-à-dire que, comparé au budget
de l'année dernière, nous avons le même budget cette
année.
Mais nous avons décidé d'abord de resserrer tous les
critères qui vont faire que, quant aux groupes qui se joindront au
projet PARFAIR, on appuyera ceux de ces groupes qui font une
démonstration réelle et qui ont fait une démonstration de
par le passé que leurs actions mènent à l'objectif que
PARFAIR s'est fixé. On va faire une sélection beaucoup plus
serrée des critères d'évaluation des groupes qui vont se
joindre à PARFAIR.
Nous allons nous servir de ce programme pour appuyer ces
municipalités qui sont déjà engagées dans la
cueillette sélective. Comme je vous le disais, il y en a 226 qui sont
là. De plus, je pense que tout le mouvement de
récupération et de recyclage va se multiplier et prendre de
l'envergure seulement si nous faisons de la sensibilisation dès
l'enfance. Parce que cela commence par les enfants. Le député
doit sûrement très bien connaître le projet de Normand
Maurice dans la région de Victoriaville. Ce projet a commencé par
l'école. Il a commencé par sensibiliser les gens de son
école. Ce projet est parti de là
et il est diffusé dans cinq municipalités qui continuent
ce tri chez les groupes scouts, etc.
Comme je l'ai expliqué, nous avons dépensé, l'an
dernier, 842 000 $ net dans le programme PARFAIR. Cette année, nous
aurons 850 000 $. Donc, le budget n'est pas réduit dans ce sens. C'est
ce que nous avons fait et ce sera aussi ajouté.
De plus, pour le mois de l'environnement - je pense que cela a
été annoncé l'autre jour dans les journaux - cette
année, malgré des circonstances budgétaires difficiles, au
lieu de faire de la publicité par des affiches ou dans les journaux
comme on en faisait beaucoup et qui coûte très cher, nous allons
changer de cap. Dans le budget discrétionnaire de mon cabinet, on va
consacrer 50 000 $ dans un fonds de récupération
déjà parrainé par la Fédération des
commissions scolaires catholiques et la CEQ.
Ce qui va arriver, c'est que ce fonds de récupération...
Mais, je crois fermement dans un projet coopératif dans lequel chacun
participe; car ce n'est pas seulement le gouvernement qui met de l'argent. La
CEQ et les commissions scolaires catholiques et les gens
intéressés à ce projet ont déjà
récolté un montant d'environ 120 000 $. Quant à nous, nous
ajouterons un montant de 50 000 $, pour la première année.
Nous nous engageons, pour les trois prochaines années, à
consacrer un montant de 50 000 $. Eux aussi vont faire du "matching". Ce qui va
arriver, c'est qu'on va démarrer un projet dans toutes les commissions
scolaires catholiques du Québec avec l'appui officiel du syndicat,
où on va enseigner la récupération et le tri aux enfants
qui sont à la base de l'école. C'est comme cela que l'on va
propager la philosophie de ce système. Ça, c'est
réellement peu d'argent investi qui va avoir un impact majeur. Je me
dirige donc dans ce sens-là.
Si vous prenez le projet du fonds de récupération des
écoles, si vous prenez aussi le budget de 850 000 $, on n'est pas du
tout en retard, au contraire. On prend une autre approche qui ira dans le sens
de la prévention, de la conservation et de la sensibilisation dans les
écoles et, à travers eux, dans les municipalités, en
mettant encore plus l'accent sur la cueillette dans les
municipalités.
Compressions budgétaires
M. Blais: Merci, M. le ministre. Dans vos remarques
préliminaires, vous vous basiez probablement sur les crédits qui
nous ont été donnés par le Conseil du trésor. On
dit que la réduction est de 9 900 000 $ dans le budget;
c'est-à-dire une réduction dans la cessation d'activités
de 5 500 000 $; ra- tionalisation interne de 4 300 000 $. On en reparlera
tantôt parce que je voudrais savoir ce que c'est. Mais le montant de 9
900 000 $ qui paraît comme une coupure dans les crédits, je n'y
crois pas si on regarde vraiment les crédits du ministère.
En 1985-1986, le budget total du ministère était de 173
926 500 $. Une somme de 83 800 000 $ est affectée à la dette pour
l'épuration des eaux. Ce qui donnait au ministère, en dehors du
service de la dette, un montant de 90 126 500 $. Cette année, les
crédits totaux du ministère sont de 249 311 000 $. Au service de
la dette, c'est 179 377 000 $; ce qui reste pour le ministère est un
montant de 69 934 000 $. Si on enlève le service de la dette, pour
regarder les sommes qui sont vraiment imparties au ministère, l'an
dernier, il restait 90 126 000 $ et, cette année, 69 934 000 $. Si je
sais soustraire les deux, cela donne 20 192 000 $ de coupures au
ministère; non pas 9 900 000 $. En plus, si on considère un
excédent de loyer qui passe de 14 000 $ à 6 000 000 $, cela veut
donc dire qu'il y a des coupures d'environ 27 000 000 $ au ministère.
Les 9 900 000 $ de coupures sont montrées directement dans les
crédits, mais l'étude très succincte des budgets actuels
démontre que les coupures à votre ministère sont d'environ
27 000 000 $ et non de 9 900 000 $. C'est pour cela que je vous disais hier
que, malgré votre compétence, cela me fait beaucoup de peine
qu'on vous ait donné si peu d'argent pour que vous puissiez exposer vos
talents au Québec durant l'année qui vient.
Environ 27 000 000 $, cela ne peut faire autrement que de couper partout
dans un ministère qui avait déjà un budget
déficient. J'aimerais que vous me brossiez, pendant quelques minutes, le
pourquoi il est dit dans les crédits que c'est 9 900 000 $ de coupures
tandis que c'est près de 30 000 000 $.
M. Lincoln: C'est formidable! Vous êtes partis de 21 000
000 $ et vous êtes rendu à 30 000 000 $.
M. Blais: ...millions de loyer qu'on n'avait pas l'an dernier. Si
l'an dernier il y avait 14 000 $ de loyer, selon les crédits, et que
cette année, c'est au-delà de 6 000 000 $... Il faut tout de
même regarder les feuilles des crédits qui nous ont
été remises comme étant véridiques. Alors que l'on
payait 14 000 $ de loyer l'an dernier, cette année, on va payer
près de 6 000 000 $; c'est une somme qu'on ne devait pas payer. Cela
veut dire que, dans les plans normaux du ministère, il y aura des
coupures pour compenser ces 6 000 000 $, plus les 21 000 000 $, donc on est
à 27 000 000 $ de moins pour le fonctionnement de votre
ministère. Je ne m'en réjouis
pas. Je voudrais savoir où vous coupez. Commençons par les
21 000 000 $. On connaît le loyer, c'est 6 000 000 $. D'où ces 21
000 000 $ viennent-ils? Où est-ce coupé? Et non pas les 9 900 000
$ qui sont indiqués dans les crédits.
M. Lincoln: Tout ce que je vais souligner au
député, M. le Président, c'est ceci: les crédits
votés au ministère l'année dernière étaient
de 166 000 000 $ et les crédits votés cette année sont de
249 000 000 $. J'ai expliqué à plusieurs reprises que vous ne
pouvez pas prendre des crédits en gros et dire... Vous avez besoin de
prendre, par exemple, les dépenses de capital qui ont été
de 16 000 424 $ en 1985-1986 et les dépenses de capital prévues
cette année qui sont de 4 000 616 $. Si vous faites la différence
entre ces deux dépenses, vous avez 12 000 000 $. Vous ne pouvez pas
dire... Ce qu'il faut voir, c'est ce qu'on dépense pour le
fonctionnement du ministère. S'il y a des dépenses de capital,
par exemple des barrages, l'année dernière, comparativement
à cette année, c'était 12 000 000 $ de plus. Il faut
prendre cela en considération. Si ce n'est pas récurrent, on n'a
pas besoin de cela dans les budgets.
Dans les laboratoires, comme j'expliquais au député hier,
il y a 700 000 $ d'équipement déjà acheté. Nous ne
l'achetons pas encore cette année. C'est 700 000 $ pour les laboratoires
seulement. Cela ne parait pas dans les crédits. (11 h 15)
On ne peut pas dire 30 000 000 $, il faut prendre cela en ligne de
compte. Il faut prendre le fait qu'il y a 12 000 000 $ en plus en
dépenses capitales. Le fait brut, c'est que, si vous faites l'inverse et
vous prenez tous les postes et la rationalisation des programmes, le budget
disponible net l'année dernière, c'était 73 136 000 $ et
cette année, c'est 63 372 000 $. La différence, c'est 9 763 000 $
qui est 13,4 % et nous avons étayé ces chiffres parce que tout
cela se représente par des coupures de postes. Si vous les prenez par
des coupures de postes cela se transmet à 9 763 000 $. C'est cela
réellement la coupure effective du ministère.
M. Blais: Je vous comprends, M. le ministre. C'est la même
chose. On sait qu'on ne construit pas un barrage deux fois, à moins
d'avoir manqué son coup. C'est la même chose pour
Hydro-Québec, si on dit à Hydro-Québecs Cette année
on ne refera pas le barrage de Manic 5, c'est donc dire qu'il y a des coupures
de 1 300 000 000 $. Ce n'est pas comme cela que l'on considère cela,
c'est que l'ensemble des investissements d'Hydro-Québec cette
année, cela va être un nouveau barrage ou de nouvelles
immobilisations. Dans chacun des ministères il y a des parts d'un budget
qui vont à l'immobilisation, pour empêcher des inondations ou
quelles que soient les raisons.
Si cette année dans votre ministère vous dites: On ne
refait pas le barrage de Richmond, ni le barrage Allard, ni le barrage des
Mille-Îles, c'est presque une vérité de La Palice. Je vous
comprends, mais cela demeure quand même qu'au ministère, en
immobilisations, cette année vous avez une coupure de 12 000 000 $. Je
viens de comprendre que vous avez une coupure de 12 000 000 $. Alors, baie
Lavallière, s'il y a des investissements à faire là, ces
barrages ne se feront pas. C'est entendu que l'immobilisation n'est pas
récurrente, mais dans chacun des ministères on ne construit pas
deux fois le même barrage, c'est évident. Cela demeure quand
même que les coupures réelles de votre ministère sont de
l'ordre d'au moins 21 000 000 $.
M. Lincoln: Les arguments du député auraient
été valables si nous étions HydroQuébec. Le
ministère de l'Environnement, ce n'est pas Hydro-Québec.
Hydro-Québec, sa vocation première, c'est d'aller construire des
barrages, de faire des barrages hydroélectriques et de faire des
expansions d'hydroélectricité. On n'est pas dans la vente de
barrages, d'électricité ou d'eau. Ce n'est pas notre vocation.
Notre vocation, c'est d'être responsable de certains barrages
d'inondation que nous maintenons ou que nous construisons quand c'est
nécessaire. L'année dernière il y avait un besoin de
travaux dans trois endroits précis; cette année il n'y en a pas.
On ne peut pas attendre. On ne peut pas dire: On va faire cela en l'an 2000
parce qu'à ce moment ces barrages vont être défoncés
s'il y a des travaux à faire.
Ce que je veux vous dire, c'est qu'il y a des programmes. L'année
dernière il y avait un programme qui incluait la construction et la
réparation de trois barrages. Cette année cela n'existe pas. On
ne va pas faire de crédits pour rien. Donc, on ne peut pas prendre comme
argument que nous sommes une compagnie de construction. On n'est pas dans la
business des barrages. On ne fait qu'en maintenir certains par une vocation
gouvernementale quelconque, mais ce sont des projets très précis
et quand il y a un besoin de ces capitaux on les met dans le budget. Si
l'année prochaine il y a un besoin de barrages, on mettra les sommes
nécessaires dedans, mais cette année il n'y en avait pas de
besoin, on ne les a pas mises.
Les seules choses que l'on puisse comparer ce sont les budgets
disponibles pour le fonctionnement du ministère comme tel. Là, je
répète au député: L'année dernière,
c'était 73 000 000 $, cette année-ci, c'est 63 000 000 $. C'est 9
763 000 $ de différence. On est obligés d'équilibrer
cela
par le nombre d'effectifs que l'on a réduit. C'est vrai qu'on a
réduit le nombre d'effectifs. C'est quelque chose comme 93 occasionnels.
C'est ce qui fait le poids de ces 9 763 000 $. C'est cela, la réduction
effective et je suis d'accord avec le député. J'aurais
préféré ne pas avoir de coupures de 13,4 %, mais c'est
peut-être après dix années d'administration
financière très lâche de la part du gouvernement
antérieur, il faut le dire.
Je n'aurais pas voulu le dire, mais si on le met sur le tapis je
préférerais un budget qui soit double de ce qu'il est. Dans les
circonstances actuelles, on se trouve devant un déficit potentiel de 4
500 000 000 $; malheureusement, tout ce qu'il y a de services du gouvernement,
que ce soient les affaires sociales, l'éducation, tout y passe. Je n'ai
pas peur d'aller défendre cela sur la place publique. Tous ont eu
à faire des coupures, mon ministère inclus.
En fait, dans le ministère de l'Environnement, il faut le dire,
l'année dernière, dans le programme d'assainissement des eaux,
les décisions du Conseil du trésor d'alors voulaient qu'on ait
une marge d'investissement de 450 000 000 $; or on a mis 50 000 000 $ en plus.
La prime qui devait se terminer le 31 mars 1986, maintenant c'est devenu une
prime beaucoup plus flexible dans le temps qui va aller jusqu'au 31
décembre 1990. Ce sont des acquis, c'est quelque chose qu'on a eu la
volonté de faire. Cela va coûter de l'argent en plus au Conseil du
trésor cette année parce que le service de la dette va augmenter
en conséquence. Il faut dire cela aussi. Donc, ce n'est pas tout
à fait négatif. Il y a des palliatifs.
Je pense que dans le domaine de l'assainissement des eaux on a eu toutes
sortes de déclarations de toute part en disant - oui, il faut le dire -
qu'on allait le réduire, qu'on allait le détruire, qu'on allait
le couper complètement. L'inverse a été le cas. Il faut
équilibrer les choses. Il y a certaines choses qu'il faut réduire
et il y en a d'autres qu'il faut augmenter, mais on le fait et c'est ce qui a
été fait.
M. Blais: M. le ministre, je pourrais presque conclure de ce que
vous venez de dire qu'il n'y aura plus aucun besoin d'immobilisation à
votre ministère. Écoutez, on a fait dans le passé, sans se
faire traiter de laxistes, certains barrages pour aider les gens à ne
pas être inondés, le barrage des Mille-Îles, etc. Il y a
deux villes qui viennent d'être inondées encore ce printemps:
Saint-Georges-de-Beauce et Sherbrooke.
Une voix: Montmagny.
M. Blais: Montmagny aussi, cela fait trois. Il y a des
problèmes. Il y a certainement des correctifs à apporter. Qu'on
me dise qu'on choisisse cette année de ne pas faire d'immobilisation
pour ces trois villes, d'accord, c'est un choix gouvernemental. Mais qu'on ne
vienne pas dire que le ministère de l'Environnement n'est pas
Hydro-Québec, un constructeur de barrages. C'était une
comparaison. Je sais que ce n'est pas Hydro-Québec. Cela demeure quand
même qu'à chaque année on avait une somme en immobilisation
et que cette année il y a une coupure de 12 000 000 $.
Je considère le dossier clos dans ce domaine. Personnellement, je
suis satisfait des réponses que j'ai eues. C'est qu'il n'y a pas
d'investissement cette année. Il y a une coupure de 12 000 000 $
d'immobilisation. Les villes de Sherbrooke, Saint-Georges-de-Beauce, quelles
que soient les villes qui ont des problèmes d'inondation, qu'elles ne
s'attendent pas cette année à être aidées par votre
ministère à cause des coupures. Voilà, c'est ce que je
retiens.
Tant qu'à parler des coupures...
M. Lincoln: M. le député, excusez-moi, un instant!
Je n'ai pas envie de laisser des malentendus dans l'air.
M. Blais: Il n'y a pas de malentendus, c'est très
clair.
M. Lincoln: Toutes les questions d'inondation, c'est prévu
par Urgence-Environnement. Urgence-Environnement a un budget spécial de
300 000 $ qui est renfloué à chaque fois...
M. Blais: Pour payer les dégâts, non pas pour
immobiliser, pour empêcher, quand même.
M. Lincoln: D'accord.
M. Blais: On n'est pas Hydro-Québec, mais avant d'allumer
il faut faire le barrage.
M. Lincoln: Nous sommes entièrement d'accord. Seulement,
nous sommes en train, dans le ministère, d'établir un plan
quinquennal de prévention de travaux de barrage pour inondation. Au lieu
de les faire à la pièce - un jour on le fait, un jour on ne le
fait pas - on est en train de travailler sur un plan de cinq ans qui va
établir des priorités de barrage.
M. Blais: Je vais considérer vos réponses comme
très claires. Il n'y aura pas d'investissement d'immobilisation cette
année dans votre ministère qui subit en ce domaine une coupure de
12 000 000 $.
M. Lincoln: En passant, M. le Président, en 1984-1985,
rien que pour prouver la
question, les immobilisations étaient de l'ordre de 4 000 000
$.
M. Blais: Cela arrive.
M. Lincoln: 4 000 000 $. Cela a monté à...
M. Blais: C'est un choix politique que nous avons fait à
l'époque et vous choisissez politiquement cette année de ne pas
faire d'immobilisation, et vous coupez 12 000 000 $ sur le budget
antérieur dans l'immobilisation, c'est très clair.
M. Lincoln: Ce n'est pas vrai du tout.
M. Blais: Je suis très content de votre réponse.
N'essayez pas de me convaincre, vous m'avez convaincu.
M. Lincoln: Je pense que je vous ai convaincu. Si je vous ai
convaincu comme cela, vous êtes convaincu de la mauvaise
façon.
M. Blais: Absolument pas.
M. Lincoln: Ce que je voulais faire ressortir, c'est que cette
année les immobilisations sont d'environ 4 000 000 $. L'année
dernière, c'était 16 000 000 $ parce qu'il y avait des barrages
à faire. L'année d'avant, c'était 4 000 000 $. À
chaque année, ce n'est pas toujours la même chose. Il y a des
années où...
M. Blais: ...on devait plus au mât olympique...; on ne doit
plus que 550 000 000 $ cette année, on a pu en mettre plus l'an
passé.
Cette année aussi, vous mettez dans.... On de la misère
à avoir certaines réponses; j'espère que, du
ministère de l'Environnement, ici j'en aurai une. C'est inscrit:
Rationalisation interne, une coupure de 4 300 000 $. Mon Dieu que cette
rationalisation nous coûte cher en coupures! Cela consiste en quoi cette
rationalisation interne pour une coupure de 4 300 000 $? Dans les 9 900 000 $,
que je n'accepte pas parce que je dis que ce sont 21 000 000 $. Cessation
d'activités, 5 500 000 $. Il y a les usines de traitement de lisier et
le programme Berges neuves que l'on a malheureusement coupés, mais, dans
ces rationalisations internes, 4 300 000 $...
M. Lincoln: Toute la réduction des crédits de
fonctionnement du personnel, c'est surtout cela.
M. Blais: Dans la coupure des 93 postes d'occasionnels, est-ce
là que sont les 4 300 000 $? J'aimerais que ce soit cela. C'est la
première réponse qu'on aurait d'un ministre à ce
sujet-là. On l'a demandé à toutes les commissions et
personne ne nous a répondu.
M. Lincoln: Je peux vous donner des exemples. Si nous vous
disions que c'était l'ensemble de toutes les coupures de personnel,
d'effectifs, de soutien du personnel, des occasionnels, moins ce qui avait
trait à Berges neuves et moins ce qui avait trait à l'usine...
C'est tout le reste. Cela se transfère à tous les
éléments du ministère. C'est-à-dire que si vous
prenez 9 700 500, cela se traduit par environ 90 postes d'occasionnels que l'on
a réduits. Si vous retirez de ceux-là tout ce qui avait trait
à Berges neuves et tout ce qui avait trait à l'usine de
traitement de lisier de porc, c'est tout le reste.
M. Blais: Le lisier et Berges neuves, c'est 5 500 000 $.
M. Lincoln: Oui, cela reste...
M. Blais: C'est très clair. Les cultivateurs sont
tellement ahuris, ils le savent eux aussi. Mais 4 300 000 $, cela se
résumerait dans la réduction du personnel occasionnel qui
donnerait 4 300 000 $. Ce serait cela les onze qui sont dans les
activités des études spécifiques, etc., les 51 dont on a
parlé hier dans Berges neuves, réseaux de connaissances,
contrôle des pataugeoires, cartographie des zones inondables et 18 dans
l'assainissement de l'air et la gestion des substances dangereuses.
M. Lincoln: C'est cela.
M. Blais: Il y a des réductions là et on manquait
de personnel dans les substances dangereuses. Cela va être de plus en
plus dangereux d'habiter au Québec, M. le ministre.
On a coupé onze postes dans le secteur des communications - je
comprends pourquoi les conférences de presse sont coupées - de
l'administration, le soutien régional, puis deux postes au BAPE. On dit
que l'on base les rapports sur le Lac-Saint-Jean... Cette foi que vous apportez
aux rapports du BAPE, et vous coupez deux personnes, encore là! C'est ce
qui donnerait les 4 300 000 $?
M. Lincoln: C'est cela. Il y a 1 800 000 $ pour les occasionnels
eux-mêmes; et tout le reste, ce sont toutes les rationalisations internes
dans l'organisme du ministère, toute la question des
déplacements, des dépenses de voyages, des dépenses du
ministère par le fait même que, quand vous avez un occasionnel,
vous avez plus de gens de soutien et vous en avez moins si vous avez des
occasionnels qui manquent.
Vous avez parlé des déchets dangereux où l'on
réduisait les effectifs. Au contraire, je voudrais vous souligner que
dans cette même page que vous lisiez il y a un ajout de 12 personnes pour
l'application du règlement sur les déchets dangereux. Donc, ce
n'est pas une soustraction, c'est un ajout de 12 personnes.
Par exemple, la fameuse île Sainte-Thérèse, pour
laquelle on s'est battu pendant des années dans l'Opposition et
où on a dépensé, pendant une année, pour avoir deux
bateaux d'un des ministres antérieurs, 550 000 $. L'année
dernière, c'était 250 000 $ pour aller promener des gens à
l'île Sainte-Thérèse et s'en occuper. Cela aussi, c'est
dedans. Et ça, je suis fier de l'avoir coupé.
M. Blais: M. le ministre, ce qui semble très curieux,
c'est qu'on a vu qu'il y avait des déménagements de Val-d'Or, de
Rouyn, un bureau à Montréal. Vous coupez 4 300 000 $ dans les
réévaluations. Mais on regarde dans le budget d'administration
régionale et, malgré les coupures de 21 000 000 $ de votre
ministère, il y a une augmentation de 250 000 $ dans l'administration.
De quelle façon peut-on avoir une augmentation dans l'administration
régionale? C'est le programme 4, élément 2, en fait. Il y
a une augmentation de 250 000 $. Tandis que vous décentralisez, que vous
coupez 21 000 000 $, comment peut-on expliquer une augmentation dans
l'administration régionale?
Est-ce le nouveau bureau qui a été nommé pour
donner son rapport le 15 septembre, le comité pour évaluer
l'assainissement des eaux, qui serait payé à la présence,
ou des déplacements énormes, et qui donnerait à
l'administration régionale cette augmentation? (11 h 30)
M. Lincoln: M. le Président, tout d'abord, le
député continue à répéter la somme de 21 000
000 $. À force de le répéter, cela va devenir vrai. En
tout cas, on va pouvoir débattre cela sur la place publique et, si
c'était 21 000 000 $, je serais très à l'aise d'aller dire
que c'est à cause de la gestion tellement déprimée et
malsaine du gouvernement antérieur pendant deux mandats qu'on a eu
à couper 21 000 000 $, si c'était 21 000 000 $.
M. Blais: N'entrez pas dans cela. M. Lincoln: Oui, oui.
M. Blais: N'entrez pas dans cela, on va avoir du "fun".
M. Lincoln: Je vais parler, c'est charrié cette affaire.
Je veux bien faire un débat, mais j'ai expliqué qu'il y avait des
dépenses non récurrentes. Je ne veux pas accepter le fait, parce
qu'il n'y a pas de barrage cette année, qu'on aurait eu 12 000 000 $ en
plus. J'ai expliqué très clairement que les coupures, c'est 9 000
763 $. Je vais dire au député que les 250 000 $ dont il parle
comme ajout aux dépenses régionales, c'est justement pour des
gens dans le secteur des déchets dangereux dont il parlait
lui-même. C'est cela. On a ajouté douze postes et certains vont en
région. Il y en a neuf qui vont aller en région. C'est pourquoi
il y a un ajout.
Troisièmement, je vais expliquer aussi ceci: si, à la fin
de la prochaine année financière, le député veut
comparer les dépenses de voyages et de déplacements de ce mandat
avec celles de l'année antérieure, je vais mettre ma tête
sur le billot là, tout de suite.
M. Blais: Hey!
M. Lincoln: Dans tous les ministères...
M. Blais: Vous avez le cou fin.
M. Lincoln: ...parce que ce n'est pas réellement à
eux de parler, vraiment. Il n'a qu'à regarder aujourd'hui l'utilisation
des avions du gouvernement comparée à l'administration
antérieure. Le ministre des Transports me l'a dit que les pilotes se
plaignent que les avions ne fonctionnent plus.
M. Blais: M. le ministre, si vous voulez faire...
M. Lincoln: D'accord, mais, moi, je veux bien avoir une
discussion.
M. Blais: ...si vous voulez qu'on ait une discussion sur ce qu'on
a fait et ce qu'on va faire, et si vous voulez "partisaner" absolument cette
commission, vous savez que j'en ai l'étoffe et que j'en ai le
goût.
M. Lincoln: Ah oui!
M. Blais: Mais je voudrais ne pas être partisan, j'aimerais
que vous continuiez comme on a fait depuis le début.
M. Lincoln: M. le Président, je vais faire remarquer au
député que ce n'est pas moi qui ai insisté pour dire, par
exemple... Je le lui ai expliqué trois, quatre ou cinq fois qu'il y
avait des réductions. Nous sommes bien prêts à admettre et
à défendre qu'il y a près de 10 000 000 $ dans les
opérations du ministère, 13,4 %... J'ai expliqué pourquoi
et je continue à le répéter, 21 000 000 $ pour faire
croire...
M. Blais: Est-ce que c'est 21 000 000 $?
M. Lincoln: ...que l'environnement, ça ne compte pas.
Écoutez, écoutez! Deuxièmement, quand le
député commence à me parler des déplacements
exagérés, etc., s'il y a eu des déplacements
exagérés, moi, je ne suis pas au courant. Je lui ai
expliqué que les 250 000 $, ce n'est pas pour des déplacements
exagérés. C'est justement pour l'ajout de personnel dans le
secteur des matières dangereuses. Je vais lui citer aussi quelques
éléments, là où on a réduit. Ce ne sont pas
seulement des réductions malsaines, ce sont parfois des
réductions positives qu'il faut faire. Je vais vous donner quelques
exemples: Ressources matérielles, on va économiser cette
année 297 000 $. C'est beaucoup d'argent, 297 000 $. Rationalisation des
dépenses de fourniture de bureau, de reprographie et d'ameublement au
niveau de l'ensemble du ministère, je crois que c'est sain cela. Si on
peut économiser 297 000 $ en devenant plus efficace et en
dépensant moins, je trouve que c'est une bonne chose. Rationalisation
des dépenses de fonctionnement au niveau de la direction
supérieure, cabinet du sous-ministre et services juridiques, 21 000 $.
C'est sain cela. Ressources humaines et systèmes, réduction des
budgets de la Direction des ressources humaines à la suite d'une
économie réalisée par l'informatisation du contrôle
de l'assiduité, 50 000 $. C'est le genre de choses que je crois
nécessaires.
Si, l'année prochaine, on peut aller chercher des sommes en
devenant plus efficace, en faisant un "audit" plus serré du
ministère, en allant faire des coupures là où il faut
faire des coupures, ce sera bon. Là où il faut garder de
l'argent, c'est dans les opérations. C'est pourquoi, nous, par exemple,
dans le système des déchets dangereux, on a mis douze personnes
en plus. Ce n'est pas tout à fait malsain parfois d'avoir à
revenir en arrière et de dire: Bon, on a dépensé trop
d'argent avant, on va essayer de rationaliser. Il ne faut pas le faire
seulement au ministère de l'Environnement, il faut le faire partout dans
le système parce qu'on vit au-delà de nos moyens. C'est cela,
l'affaire. Si on avait des budgets sans limite, à ce moment, oui,
d'accord. Le fait est qu'on a un gros déficit, qu'on a une dette
cumulative au Québec qui est la plus significative de toutes les
provinces canadiennes. Il faut la réduire, c'est cela qu'il faut faire.
Nous, on va commencer au ministère de l'Environnement et on va commencer
dans tous les ministères. Je ne vais pas avoir peur de l'afficher et de
le dire en public. Je vais le dire même avec fierté qu'on le fait.
S'il faut le faire l'année prochaine, on le fera l'année
prochaine et l'année d'après, jusqu'à ce qu'on arrive
à un déficit tolérable. C'est cela.
M. Blais: M. le ministre, je ne voulais pas, vous le savez, mais,
quand on est autour d'un nid d'abeilles et qu'on se fait piquer
continuellement, on est obligé de riposter un peu ou de mettre un peu de
pommade. M. le ministre, vous avez un langage tout autre depuis que vous
êtes au pouvoir que durant la campagne électorale. Vous vous
êtes promenés comme des magiciens durant la campagne
électorale ayant en tête un "diseur de bonne aventure", qui est
ministre des Finances aujourd'hui, en disant que dans votre boule de cristal
vous aviez une marge de manoeuvre qui variait, selon les comtés, entre
400 000 000 $ et 600 000 000 $.
Vous disiez que la situation financière du Québec, vous la
connaissiez comme tous les experts. Dans les journaux, on le disait. Et tous
les experts de CD. Howe, dont M. Claude Forget, vous disaient: Il n'y a pas de
marge de manoeuvre au Québec. Mais durant cette campagne vous
étiez prêts à faire n'importe quoi pour vendre le
rêve d'une situation financière facile et d'une marge de
manoeuvre. Aujourd'hui, vous en subissez les conséquences. Il ne
faudrait pas que vous vous sentiez outragé qu'on vous interroge sur des
coupures, lorsqu'on a fait une campagne en disant qu'une marge de manoeuvre
était à votre disposition. Je ne voulais pas rendre partisane
cette discussion, mais Seigneur! cela fait à peu près 87 fois que
vous me provoquez.
Quand on fait une campagne électorale et qu'un parti a comme base
une coquille où il y a deux jaunes, un jaune de promesses, et qu'on
craque la coquille durant une campagne et qu'on montre le jaune au monde: Voyez
ce beau jaune, une belle marge de manoeuvre, et, pendant ce temps, la coquille
est fendillé et, quand on arrive au pouvoir, l'autre jaune est
putréfié...
C'est cette situation que vous avez créée
vous-mêmes. Il n'y a pas de marge de manoeuvre. Cela a été
annoncé par tout le monde et vous le saviez. Alors, ne venez pas me
blâmer aujourd'hui de vous dire, et d'une façon très polie,
que vous avez des coupures de 21 000 000 $ dans votre ministère et que
pour assainir les finances du Québec vous faites ces coupures à
cause du laxisme de l'ancien gouvernement.
M, le Président, voulez-vous demander à ces gens de me
laisser répondre au moins une minute et demie pour me défouler,
M. le ministre.
M. Middlemiss: ...poser des questions et pas de
répondre.
M. Blais: Vous subissez aujourd'hui le contrecoup, le boomerang
de vos promesses qui étaient faites de façon
irréfléchie et irrationnelle, pas nécessairement vous
personnellement, mais vous subissez la solidarité "campagnarde" de votre
chef si désiré.
Aujourd'hui, ne me faites pas de reproches et n'accusez pas l'ancien
gouvernement. Ne venez pas dire que le déficit est différent de
celui que vous pensiez. Cela fait trois ans de suite, depuis la crise, que nous
coupons, nous aussi, entre 700 000 000 $ et 1 000 000 000 $ chaque
année. C'était prévisible qu'il y avait des coupures d'au
moins 1 000 000 000 $ cette année. C'est ce que vous avez fait, 1 100
000 000 $ de coupures, malgré des augmentations de taxes.
Mais vous avez promis que les Québécois ne paieraient pas
plus de taxes que les Ontariens. Mais il faut n'avoir honte de rien aujourd'hui
pour venir dire que des coupures, vous êtes obligés d'en faire
à cause de l'ancien gouvernement. Vous vous êtes promenés
la tête haute, fiers comme des paons. Mais, nous, on était clairs
et on était francs. Aujourd'hui, vous avez l'air pubères et
décevants. C'est normal. Mais, seulement, ne venez pas nous accuser de
laxisme quand la situation était très bien connue.
M. le ministre, cette mise au point faite, j'espère qu'il n'y en
aura pas d'autre d'ici à la fin, parce qu'on pourrait parler très
longtemps là-dessus. Mais, d'un autre côté, je tiens
à vous dire que cela me fait du bien. Je ne hais pas une petite
provocation de temps à autre et ce n'est pas contre vous que j'en ai,
mais j'en ai contre la façon. Si un parti pouvait subir des poursuites,
votre parti serait poursuivi pour publicité frauduleuse durant la
campagne. Cependant, on ne peut pas le faire, parce que c'est impersonnel, un
parti. C'est pour cela que certains sont assez "mollustiques" durant la
campagne et reviennent avec une certaine colonne verte et "drab" au pouvoir en
faisant des coupures comme ils le font.
Alors, M. le ministre, je reviens aux crédits. Dans
l'assainissement des eaux, dans les coupures de personnels et dans les coupures
de groupes, etc., vous avez formé un nouveau groupe de travail sur
l'assainissement des eaux dont les membres sont M. Camille Dagenais, Mme
Françoise Bertrand, M. Jacques Duval, etc. Vous les connaissez beaucoup
mieux que moi puisque c'est vous qui les avez nommés. Moi, je ne les
connais pas du tout. En ce qui a trait aux coupures draconiennes que vous
semblez vouloir faire dans le laxisme des dépenses de voyages, des
jetons de présence, je suis persuadé que tous ces gens de ces
groupes de travail travaillent comme bénévoles. Je suis
persuadé qu'il n'y aura pas de jetons de présence pour les payer
ni de dépenses de voyages...
M. Lincoln: Contrairement à l'administration
antérieure, il n'y aura pas de jetons de présence. Il y aura des
dépenses. Naturellement, les gens ne vont pas voyager à leurs
frais. Mais le système des jetons de présence, tellement
favorisé chez le gouvernement antérieur, c'est "out". D'accord?
Cela n'existe plus. Les gens qui vont servir dans les agences gouvernementales
ou dans les conseils d'administration le feront de façon
bénévole, qui qu'ils soient, où qu'ils soient. S'ils ne
veulent pas le faire, ils ne serviront pas. C'est là la grande
différence.
En passant, j'ai écouté avec beaucoup de patience le petit
laïus enflammé du député. Si lui aussi avait
coupé le montant de 1 000 000 000 $, puisqu'il disait qu'il fallait
couper, où aurait-il trouvé l'argent pour les programmes comme
Berges neuves, le Parc national de l'Archipel, où aurait-il
trouvé l'argent pour tout cela s'il devait couper, lui aussi?
Qu'aurait-il coupé qu'on n'a pas coupé, puisqu'il savait
tellement bien qu'il nous fallait couper pour un montant de 1 000 000 000
$?
M. Blais: Vous provoquez la discussion, M. le ministre.
M. Lincoln: Oui, et je suis prêt à continuer.
M. Blais: Cela peut être dangereux, M. le ministre.
Des voix: Oh! Oh!
M. Blais: M. le ministre, nous avons fait une campagne en disant
aux Québécois qu'il n'y avait pas de marge de manoeuvre. Nous
nous étions engagés dans Berges neuves.
Il y a 24 acceptations qui ont faites. D'ailleurs, je ne sais pas de
quelle façon vous allez traiter ces 24 acceptations si vous les
coupez.
M. Lincoln: Il serait bien intéressant de les voir, ces
24.
M. Blais: Je ne comprends pas.
M. Lincoln: On va honorer tout ce qui a été
signé.
M. Blais: Bon. Cela va faire plaisir aux 24, au moins.
M. Lincoln: Incluant le montant de 1 800 000 $, à
Longueuil, pour le programme Berges neuves.
M. Blais: En tout cas, nous n'avons pas dit que nous avions une
grande marge de manoeuvre; on a dit qu'il n'y en avait pas. C'est la
différence entre les deux. Nous avons fait une campagne pour
décrire la réalité; vous avez fait une campagne pour faire
rêver les gens. C'est pourquoi votre ministre des Finances est le "diseur
de bonne aventure". C'est ce que je vous dis.
M. Lincoln: Il ne faut pas insulter les gens. Les gens doivent
être des bons rêveurs parce qu'ils ont montré ce à
quoi ils croyaient.
M. Blais: M. le ministre, j'espère qu'on va arrêter
de s'amuser.
M. Lincoln: Oui.
M. Blais: On pourrait peut-être passer à la mine
Noranda si vous n'avez pas objection.
M. Lincoln: La mine Noranda, oui, avec plaisir.
La mine Noranda
M. Blais: On sait que c'est surtout à cause des pluies
acides qu'on va parler de la mine Noranda, bien sûr. Une des principales
responsables du grand problème des pluies acides est certainement la
fonderie Horne à la mine Noranda. Je suis originaire de Rouyn-Noranda et
je connais très bien la mine Noranda.
On sait qu'il y a environ 50 % des pluies acides qui viennent des
États-Unis, 25 % de l'Ontario et environ 25 % qui viendraient de la mine
Noranda. Tout le monde est au courant de cela. Des discussions ont eu lieu avec
des représentants de la mine Noranda en vertu d'un règlement
adopté le 6 février 1985 pour combattre les précipitations
acides. Une usine de traitement devrait être construite et elle
coûterait environ 130 000 000 $. On sait que le gouvernement
fédéral a une réserve de 150 000 000 $. On sait aussi que
l'Ontario a déjà pris un montant de 85 000 000 $ dans cette
réserve. Ils se servent très vite, eux autres, n'est-ce pas?
Mais, en gros, quand ont eu lieu les discussions avec les
représentants de la mine Noranda? À quoi doit-on s'attendre de
votre ministère dans les mois qui viennent?
M. Lincoln: Naturellement, tout cela est relié, comme vous
le dites, avec le projet d'entente fédérale-provinciale sur les
pluies acides où, justement, il y a 150 000 000 $ qui ont
été mis de côté par le gouvernement
fédéral pour les provinces affectées par le
problème des pluies acides. (11 h 45)
Mais il n'est pas du tout confirmé que l'Ontario a un montant de
85 000 000 $. Des chiffres ont été avancés par l'Ontario
mais, à notre connaissance, il n'y a aucune entente formelle et, du
reste, le programme de l'Ontario s'échelonne sur un temps plus long que
le nôtre. Mais ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a eu une entente
de principe pour une solution coopérative entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement fédéral où le
Québec investirait 50 % et le gouvernement fédéral 50 % de
la participation gouvernementale totale. Nous avons aujourd'hui une entente de
principe du gouvernement fédéral pour la participation à
50 % et nous avons l'autorisation du gouvernement du Québec pour
commencer des négociations formelles avec Noranda. Nous avons
déjà, entre-temps, rencontré des fonctionnaires du
ministère et, à mon niveau, on a déjà
rencontré à plusieurs occasions les gens de la direction de
Noranda incluant les gens de la plus haute direction de Noranda. Le principe de
bâtir une usine d'acide sulfurique est plus ou moins accepté; en
fait, on peut dire qu'il est accepté par Noranda. À chaque fois
que j'ai été là, cela a été accepté.
Je sais que l'un des hauts dirigeants de Noranda a fait des déclarations
publiques un peu contraires, mais, chaque fois que j'ai été
présent avec les dirigeants de Noranda, ils ont accepté le
principe de bâtir une usine.
Nous commençons à négocier formellement avec
Noranda sur des chiffres très précis. Si nous arrivons à
un accord avec eux, ce que nous espérons, l'exécution des plans
et devis commencerait tout de suite et l'usine devrait être
complétée à la fin de 1989. Ceci permettrait de respecter
les échéanciers et les barèmes du règlement,
c'est-à-dire que d'ici à 1990 Noranda réduirait ses
émissions de SOS de 50 %.
M. Blais: Mais vous avez l'intention de faire respecter
l'échéance de 1990? On parlait de retarder de quatre ans
jusqu'à 1994, mais nous appuyons l'ancien porte-parole de votre parti
qui, le soir même du scrutin, affirmait que son gouvernement ne
repousserait pas de quatre ans l'échéancier fixé? C'est ce
que vous confirmez aujourd'hui?
M. Lincoln: C'est bien cela. À Noranda on nous a
demandé de revoir le règlement. J'ai signifié à la
haute direction de Noranda que le règlement, pour nous, tenait ferme.
Nous nous en tenons à l'échéance du 31 décembre
1990. Il faut trouver un terrain d'entente pour que Noranda se mette dans le
jeu tout de suite et accepte nos propositions pour qu'on puisse aller de
l'avant avec l'usine.
M. Blais: On sait que l'estimation est de 130 000 000 $ pour la
construction de l'usine de traitement à la mine. Mais il arrive ceci. Au
tout début, Noranda voulait absolument que les deux gouvernements paient
le coût total de 130 000 000 $. Après un certain nombre de
discussions, vers la fin de l'année dernière, la direction de la
mine Noranda commençait à comprendre, selon ce que je connais du
dossier, qu'elle devait participer pour une large part. Selon
ce que j'ai vu dans ce dossier, la direction de la mine était
prête à aller jusqu'à 50 % des dépenses et demandait
aux deux autres paliers de gouvernement de fournir environ 50 % des
immobilisations. Même si ce n'est pas Hydro-Québec, ça
immobilise quelquefois. 65 000 000 $ seraient payés par les deux paliers
de gouvernement. Le gouvernement subalterne et parasitaire d'Ottawa, le
Québec, et le gouvernement central lui-même, le gouvernement
réel, paieraient 50 %, et la direction de la mine paierait 50 % du
total, c'est-à-dire 65 000 000 $. Est-ce dans cet ordre que les
discussions se poursuivent avec la mine Noranda?
M. Lincoln: Le chiffre de 130 000 000 $ avait été
avancé au départ, mais après des travaux beaucoup plus
précis. Nous sommes arrivés à situer les dépenses
admissibles de l'usine aux environs de 105 000 000 $. Pour ce qui est de la
deuxième chose que vous avez dite, soit une participation de 50 % de
Noranda, si vous avez des écrits de Noranda à cet effet, je
serais enchanté de les avoir parce que cela nous aiderait beaucoup dans
nos négociations.
M. Blais: Pourquoi?
M. Lincoln: Si vous aviez quelque écrit que ce soit ou une
source officielle disant que Noranda est prête à aller
jusqu'à 50 %, cela me ferait bien plaisir de l'avoir parce que cela va
beaucoup aider nos négociations.
M. Blais: Je n'ai pas d'écrit de la mine elle-même
parce que je n'y ai pas de relations directes. D'ailleurs, vous êtes
allé seul les rencontrer. C'est me poser une question...
M. Lincoln: Vous avez dit que, selon vos dossiers...
M. Blais: Oui, je sais que la mine, selon des dires, était
prête à payer 50 %.
M. Lincoln: C'est cela, le sujet de la négociation. On est
en train de voir quelle est la proportion de la participation de Noranda. Tout
ce que je peux vous dire aujourd'hui, c'est que cela sera significatif. Je ne
peux pas vous citer de chiffres parce qu'on est en négociation. On ne
sait pas du tout jusqu'où ils vont aller, mais ce sera significatif de
leur part, de toute façon. Les autres gouvernements feront la
différence, mais la grande part sera Noranda.
M. Blais: Sans révéler tous les secrets
d'alcôve de discussions avec des grandes compagnies, est-ce que Noranda
met un plancher minimal de participation gouvernementale comme base de
discussion?
M. Lincoln: Non, jusqu'à maintenant on n'a pas
discuté de cette façon. Il y a beaucoup de modalités qui
ont été explorées, à savoir comment financer la
chose sur la base d'un nombre d'années. Il y a eu différents
genres de modalités. On n'est pas arrivés à des minimums
ou autres. Cela a été plutôt exploratoire, de façon
continue, mais nous attendions d'avoir quelque chose de beaucoup plus
précis du gouvernement fédéral avant de nous embarquer
dans une négociation ferme. Nous avons reçu, il y a
peut-être deux ou trois semaines - c'est une affaire de semaines,
maintenant - un accord de principe du fédéral qui nous disait que
le Québec, le Conseil des ministres, avait déjà
accepté le principe d'une négociation avec Noranda, sur une base
coopérative fédérale-provinciale. Avec cet accord de
principe du fédéral, maintenant, nous pouvons aller de l'avant.
C'est maintenant que tous les calculs réellement fermes sont en train
d'être faits par le ministère. Nous allons rencontrer les gens de
Noranda ou communiquer avec eux dans les jours qui suivent pour établir
un commencement de négociation sur des bases concrètes.
M. Blais: On sait que Noranda, c'est presque une compagnie
meurtrière pour l'environnement. C'est peut-être le plus grand
qualificatif qu'on pourrait... Rouyn-Noranda est devenue une seule ville
maintenant, après le référendum, mais ce sont deux villes
collées l'une sur l'autre... Pardon?
M. Paradis (Matapédia): Ils ont gagné, eux.
M. Blais: Qui a gagné, là? Une voix: C'est une
seule ville.
M. Blais: Oui, ce sera une seule ville, comme je le disais, vous
avez raison. Ce sont deux villes qui sont à peu près ensemble. Il
y a un très beau lac qui fait une séparation naturelle entre les
deux villes ou presque. La mine avait aussi pollué ce lac et, dans les
dernières années, la mine Noranda a participé au
traitement de l'eau, etc. Il n'y a plus de poissons dans ce lac. On
envisageait, avec les gens de la mine Noranda, dans le temps... Je tiens
à vous dire que c'est comme citoyen de l'Abitibi que je vous demande
cela et non comme critique de l'environnement. Ce lac, le lac Osisko, est un
lac manifique, sans aucun poisson, sans quoi que ce soit. Je crois qu'entre le
ministère et la mine Noranda il y avait aussi des discussions pour faire
revivre ce lac. Il y a des usines qui ont été construites et la
mine Noranda a participé à cela. Elle ne jette plus ses
déchets dans le lac. Est-ce qu'il y a des discussions là-dessus?
Est-ce que ce projet de faire revivre
ce lac se continue au ministère?
M. Lincoln: Excusez-moi un instant, monsieur.
Écoutez, je vais vous donner les précisions que les
experts du ministère m'ont données. Si vous voulez avoir des
détails plus précis, peut-être que M. Divay ou M. Flamand
pourraient vous les communiquer. On m'informe, en fait, que le lac peut
être considéré en deux parties tout à fait
distinctes. La partie sud n'est pas aussi affectée que la partie nord
par l'usine de Noranda: depuis les quinze dernières années elle
se régénère et les poissons commencent à y vivre et
à s'y multiplier. C'est sûr que ces poissons sont
contaminés pour le moment, mais il y a une amélioration tout
à fait significative sur le côté sud du lac. Pour ce qui
est du côté nord du lac, il y a un prétraitement qui se
fait à l'usine de Noranda; donc la pollution nord est en train
d'être traitée de façon graduelle.
Il y a un programme de traitement qui est en préparation entre le
ministère et Noranda pour continuer cela de façon plus efficace.
Il y a aussi le fait que les usines d'épuration des eaux qui vont
s'établir autour du lac vont assurer que - d'après ce que me dit
M. Flamand c'est une question d'année, c'est dans un avenir
prévisible en tout cas -ce lac va se... Je ne sais pas si on peut dire
cinq ans, M. Flamand?
M. Flamand (Antonio): Cela va dépendre de la partie.
Dès que l'eau des égouts va cesser d'y aller... Le programme
d'assainissement est en marche à Rouyn, on peut dire que
progressivement, d'ici à quelques années, il va être
correct.
Pour ce qui est de la partie nord, il y a le programme de la mine
Noranda qui fonctionne et il va y avoir une décontamination progressive
de ce côté-là.
M. Lincoln: En tout cas, c'est une affaire d'années
où on va régler le problème.
M. Blais: Ce qui me fait plaisir, c'est que le programme de faire
revivre ce lac se continue. Je le demande en sous-question c'est
peut-être le temps d'aller chercher un peu d'argent sur les 150 000 000 $
pour cela. En même temps, devant les problèmes qu'on a pour
l'usine de la mine Noranda, entre autres, quelle est la demande de votre
ministère à Ottawa? Combien votre ministère demande-t-il
au gouvernement supérieur sur les 150 000 000 $? Le gouvernement
supérieur pourrait peut-être daigner nous envoyer au
Québec, vu qu'il y a un montant de 85 000 000 $ qui est allé en
Ontario sur 150 000 000 $... L'Ontario a 8 000 000 $ de population sur 24 000
000 $; cela fait le tiers. Le tiers cela devrait faire 45 000 000 $, mais ils
ont déjà le double de qu'ils devraient avoir. Est-ce qu'on doit
avoir une partie de la part de cette fédération canadienne?
M. Lincoln: M. le député, tout ce que je peux vous
dire, c'est qu'aussitôt que je suis arrivé en poste la
première chose que j'ai faite fut de téléphoner à
mon homologue fédéral. Je suis allé te rencontrer à
Ottawa le 17 janvier. Ce fut la première question à l'ordre du
jour. Il m'a assuré à ce moment-là qu'il n'y avait pas
d'entente ferme avec l'Ontario, que c'étaient purement des
négociations, qu'il n'y avait pas de promesse ferme faite à
l'Ontario de 85 000 000 $. Je ne sais pas ce qui a été
décidé avec l'Ontario, mais à ma connaissance il n'y a pas
de chiffre ferme qui a été décidé avec
l'Ontario.
Toute la question de la distribution de cet argent va se faire
d'après des données, des critères uniformes,
c'est-à-dire que cela représente des interventions dans un
certain nombre d'usines en Ontario, au Manitoba et au Québec. Nous, au
Québec, nous allons profiter d'une certaine part des provinces maritimes
qui sont affectées, étant plus à l'est que le
Québec, par la pollution du Québec.
Tout ce que je peux vous dire, actuellement, c'est que nous cherchons,
naturellement, le plus fort chiffre possible. Les prévisions qui nous
ont été données, c'est que ce sera un chiffre très
équitable par rapport aux projets que nous nous donnons au
Québec. Cela représentera à tous points de vue les
critères que le programme s'était donnés pour la
distribution de cet argent aux provinces.
M. Blais: Déjà, un chiffre fixe a été
demandé à Ottawa par l'Ontario. Est-ce qu'il y a un chiffre fixe
qui a été demandé à Ottawa, comme part du
Québec de ces 150 000 000 $ qui sont en dollars de 1983 à part
cela? (12 heures)
M. Lincoln: Ce qui arrive, c'est qu'Ottawa nous a donné un
accord de principe pour payer la moitié de la facture de notre taux de
participation dans le projet de Noranda. Comme je vous ai dit, c'est un accord
de principe, il faudra que ce soit ratifié par le gouvernement
fédéral. Nous avons un ordre d'idées de ce que ce sera. Ce
n'est pas figé dans le ciment. C'est pourquoi je n'ai pas envie d'en
parler aujourd'hui. Tout ce que je peux vous assurer, c'est que c'est
significatif. C'est une somme très importante. Cela représente,
par exemple, en Ontario, quand vous parlez de 75 000 000 $ ou 85 000 000 $, des
programmes sur quatre usines. Au Manitoba, il y a une usine et, ici, il y a une
usine. Tout cela est pris en considération dans les critères
qu'ils vont faire, dans les projets qui seront élaborés.
Nous savons que nous aurons une somme très significative par
rapport à la tranche totale.
M. Blais: D'accord. Dans le même dossier qui est
relié aux pluies acides, Québec s'est doté d'une politique
sur les précipitations en juillet 1984. Il y a une réglementation
qui a aussi été adoptée, en février 1985, pour
assainir d'à peu près 45 % les émissions d'acide sulfureux
au Québec. Devant tout cela, c'est un problème qu'on se doit- de
dire - pour ne pas en parler trop longtemps et ne pas perdre de temps parce
qu'il n'en reste pas beaucoup - international, à cause des
États-Unis, tout le monde le sait. Québec passe pour être,
dans le domaine de la réduction des pluies acides, jusqu'à
aujourd'hui, un intervenant des plus sérieux en Amérique du
Nord.
On sait que la commission Davis-Lewis a présenté aux
États-Unis une sorte de projet qui est ou devra être adopté
par les États-Unis. M. Reagan a dit oui sur les 5 000 000 000 $, dont 2
500 000 000 $ seront versés par les gouvernements et 2 500 000 000 $, je
crois, par les industries polluantes. Les groupes qui surveillent de
très près les précipitations acides craignent qu'on crie
immédiatement à la victoire devant cette entente qui semble
vouloir se dessiner, mais que, en fait, ce ne soit là que des
études pour essayer de retarder presque davantage un règlement
final et des choses vraiment, j'allais presque dire curatives, pour
régler le problème. Qu'en pensez-vous?
M. Lincoln: C'est sûr que le rapport Lewis-Davis est
décevant. Il ne faut pas se le cacher. Le fait est que ceux qui sont
affectés par les précipitations acides des États-Unis,
notamment les provinces canadiennes, incluant la nôtre d'une façon
très importante, naturellement, s'attendaient à ce que le rapport
Lewis-Davis définisse des échéanciers et des taux de
réduction comme nous en avons nous-mêmes et que l'Ontario et le
reste du Canada se sont donnés.
Dans ce sens, on ne peut être que très déçu.
En même temps, il y a toujours un côté positif à ces
choses. Pour la première fois, cela a été reconnu par la
haute administration. Le président des États-Unis qui, avant,
disait que les pluies acides, c'était un phénomène naturel
qui sortait des arbres, pour la première fois, reconnaît de
façon officielle que ce sont les industries qui causent ce
problème. D'une certaine façon, cela a été un pas
en avant de reconnaître que, si on apporte des améliorations
technologiques - ce que nous avions nous-mêmes dit et proposé bien
avant cela - cela aiderait les choses.
La problématique de tout cela, c'est que cela reste très
douteux. Avant que le gouvernement des États-Unis donne les 2 500 000
000 $, il faut que ce soit ratifié par le Congrès et le
Sénat et que les industries y participent. Donc, ainsi, nous allons voir
quelle est la meilleure façon pour nous d'arriver à un objectif
précis par rapport aux États-Unis. Je crois que la planche de
salut, ce sera les États américains. Comme vous savez, le
gouvernement antérieur avait cimenté un accord avec l'État
de New York. Il y a aussi des accords avec les États du Nord-Est des
États-Unis. De par leur vocation même, plusieurs États du
Nord-Est sont pollués par le reste des États-Unis. Ce sont des
États qui souffrent eux-mêmes et qui partagent cette
préoccupation avec nous de façon très importante. Il y a
aussi l'État de New York, qui est un État industriel très
important, qui, lui, a fait de grands pas par rapport aux précipitations
acides. Là, il y a quelque chose qui se dessine à l'horizon. Il y
a un projet de loi qui est en train d'être véhiculé au
Sénat américain par le sénateur Stafford, du Vermont, et
deux autres sénateurs principaux, je crois, et qui a des chances de voir
le jour. On dit qu'il y a des chances que ce projet se réalise. Si cela
n'arrive pas en réalité, il y a une telle pression des
États américains sur le gouvernement fédéral que
tôt ou tard quelque chose va se faire. C'est la voie du salut pour nous.
Nous travaillons très fermement avec l'État de New York et les
États voisins du Nord-Est pour justement faire cette pression commune
des provinces canadiennes et des États américains sur le
gouvernement fédérai dans ce sens.
M. Blais: Merci, M. le ministre. Une question aussi reliée
aux précipitations acides, c'est le problème que nous avons au
Québec avec les érablières. Je crois que le
ministère mène actuellement une sorte de recherche et
d'enquête sur cela afin que nos érablières continuent
à vivre et à nous donner ce magnifique sirop reconnu
internationalement. Je crois qu'il y a des recherches qui se font actuellement.
Quelle est la nature de ces recherches? Dans quelle section du Québec
ces recherches sont-elles faites? Quels sont les crédits alloués
à ces recherches? Si jamais - ce que je n'oserais croire - il ne s'en
fait pas, quelles sont les intentions du ministre dans ce dossier?
M. Lincoln: Pour ce qui est des érablières, oui,
nous sommes très conscients de ce problème. Le sous-ministre
adjoint, M. Divay, son équipe et moi-même nous avons eu des
rencontres à ce sujet. Nous en avons parlé plusieurs fois
récemment. C'est sûr que c'est une question qui nous
préoccupe beaucoup. En ce sens, c'est surtout la région sud du
Québec qui est affectée et qui nous préoccupe. Nous
collaborerons de très près avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources et le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation pour en
arriver à une solution de ce problème. Cela va être
une solution vraiment très pratique qui va impliquer les deux autres
ministères qui sont affectés tout à fait directement par
cela.
Très brièvement, j'aurais voulu signaler que nous allons
bientôt publier trois rapports au sujet des précipitations acides
au Québec. On va avoir un rapport qui va établir le niveau des
précipitations acides et des constatations faites par rapport à
plusieurs lacs de la ZEC des Martres, dans la région de Charlevoix. Eux,
ils ont atteint un niveau d'acidité très important, et même
critique. On va publier un autre rapport dans les jours suivants sur
l'influence du transport à grande distance des polluants
atmosphériques sur l'acidité des lacs de l'Outaouais. Ensuite, il
y aura le second rapport annuel confirmant le haut niveau d'acidité des
précipitations au Québec en général. Ce sont des
rapports qui vont être émis par le ministère très
bientôt.
M. Blais: M. le ministre, je vous remercie. Vu que, contrairement
à la coutume des commissions parlementaires, nous allons poursuivre
jusqu'à 13 h 30, serait-ce possible de prendre cinq petites minutes pour
prendre un café?
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission suspend ses
travaux cinq minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 10)
(Reprise à 12 h 17)
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend maintenant ses travaux.
M. le député de Terrebonne.
Assainissement des eaux
M. Blais: Merci, M. le Président. Nous allons entreprendre
le dossier de l'assainissement des eaux, M. le ministre, si vous le permettez.
C'est un programme, je crois, qui a été mis de l'avant - je ne
parlerai pas longtemps là-dessus parce qu'il ne reste pas grand temps -
par notre gouvernement de façon exemplaire. Je vous remercie de n'avoir
eu que des éloges à notre endroit pour ce programme et je crois
que nous les méritons. L'humilité, parfois, c'est la
vérité. Oisons que, dans ce programme, je me sens très
humble, ayant fait partie de l'ancien gouvernement, soit dit en passant.
Cependant, j'aurais quelques questions cibles à vous poser, des
questions très courtes. J'aimerais, si c'est possible, des
réponses aussi courtes pour le bien du dossier vu qu'on est d'accord sur
l'ensemble. C'est surtout pour la gouverne des gens qui peuvent nous
écouter ou nous lire.
D'abord, j'aimerais vous poser quelques questions. Combien a-t-on
investi dans le programme d'assainissement des eaux, depuis le début du
programme à ce jour? Combien de municipalités en ont
bénéficié et sont en train de faire des travaux ou ont
terminé leurs travaux? Combien de municipalités ont signé
des protocoles avec votre ministère et, éventuellement,
attendent, pour procéder, une approbation plus ferme du Conseil du
trésor? Troisièmement, vous nous dites qu'il y aura une
approbation jusqu'à 500 000 000 $ cette année; l'an prochain, des
nouveaux projets de l'ordre de 450 000 000 $ et, dans deux ans, des nouveaux
projets de l'ordre de 400 000 000 $. D'abord, il y a des sommes pour cette
année; des nouveaux projets pour 450 000 000 $ l'an prochain, et pour
400 000 000 $ dans deux ans, s'il vous . plaît?
M. Lincoln: Il y a 368 municipalités impliquées
jusqu'à présent.
M. Blais: 368.
M. Lincoln: Le chiffre total pour ces 368 projets, lorsqu'ils
seront complétés, sera de 4 200 000 000 $. De ces 4 200 000 000
$, il y a environ 2 000 000 000 $ qui ont déjà été
dépensés pour les travaux complétés jusqu'ici. Pour
ce qui est des investissements de cette année et des prochaines
années, c'est vrai que c'est 500 000 000 $ cette année et 450 000
000 $ l'année prochaine, mais ce ne sont pas de nouveaux projets comme
tels. C'est-à-dire que, quand vous dites 500 000 000 $ et 450 000 000 $,
c'est exactement le même système qui a toujours eu lieu. Les
projets sont en cours.
Je vais vous donner un exemple. Disons qu'à la Communauté
urbaine de Montréal il y a un projet en cours. Ce sont de nouveaux
contrats qui s'ajoutent pour compléter ce projet, des intercepteurs, la
finition de l'usine, mais ce n'est pas un nouveau projet comme tel.
M. Blais: D'accord, M. le ministre, je comprends très
bien.
M. Lincoln: Ce sont de nouveaux travaux.
M. Blais: C'était dans ce sens que je le comprenais, mais,
dans votre exposé, hier, j'avais cru que cela aurait pu en être de
nouveaux. C'est une précision. J'étais persuadé que
c'était cela, moi aussi, et c'est ainsi que je le comprenais, de
façon rationnelle.
M. Lincoln: Cela inclura des projets qui
n'ont pas été commencés et qui vont débuter,
c'est sûr. Mais ce sera une petite proportion jusqu'à ce que le
gros des travaux soit terminé.
M. Blais: Une question supplémentaire, encore au sujet des
investissements des trois prochaines années. Oans les 500 000 000 $ pour
cette année, ce sont tous des projets en cours; je crois qu'il y avait
même une approbation pour 560 000 000 $ au ministère. L'an
prochain, 450 000 000 $, et l'autre année, 400 000 000 $. Cela veut-il
dire que, d'ici 1989, en réalité, comme je crois le comprendre,
il y a peut-être des protocoles qui seront signés, mais il n'y
aura pas d'autorisation pour commencer de nouveaux travaux dans les
municipalités? On se contentera, en fait, pour stabiliser vers les 400
000 000 $ ou 450 000 000 $ les dépenses, des études EPIC dans les
deux ans qui viennent, comme je me le suis laissé dire, ou je l'ai lu,
ou je l'ai entendu. Cet exposé-là est-il vrai?
M. Lincoln: Non, ce n'est pas exact. D'abord, quand vous parlez
des 550 000 000 $ qui avaient été prévus, cela avait
été un chiffre... L'année dernière, on a
dépensé 680 000 000 $. Ce qui est arrivé, c'est qu'en
octobre 1985 le Conseil du trésor a dit: Écoutez, la limite,
c'était 450 000 000 $. Vous avez dépassé la limite d'une
façon très significative. Il faut réduire cela à
450 000 000 $. Naturellement, nous aurions voulu avoir plus parce que, si on
avait pu prévoir des travaux de l'ordre de 550 000 000 $, c'est
sûr qu'il y aurait eu plus de nouveaux travaux qui auraient
été commencés.
Pour les trois années à venir, l'investissement total qui
a été prévu sera de 1 350 000 000 $. Ceci va nous
permettre, à commencer par cette année, assurément,
d'inclure de nouveaux projets. Ce sera certainement...
M. Blais: Pour combien?
M. Lincoln: Je ne peux pas vous...
M. Blais: Je voudrais savoir pour combien de nouveaux projets
pour les trois ans, en bref. C'est cela ma question.
M. Lincoln: C'est ce que nous sommes en train de faire,
maintenant, et je n'ai pas envie d'éviter la question du tout.
M. Blais: Non, non.
M. Lincoln: Cela dépendra des municipalités qui
seront impliquées et de l'ampleur des projets. Ce que nous sommes en
train de faire maintenant, l'exercice que la Société
québécoise d'assainissement des eaux du ministère est en
train de faire et qui sera complété dans les jours qui suivent,
c'est de prendre tous les projets qui sont en cours et les nouveaux projets qui
attendent dans le système et de les "prioriser" afin que nous ayons un
barème qui va pouvoir nous situer exactement où l'on s'en va.
Dans les jours qui suivent, j'espère, dans peut-être une semaine,
dix jours, on pourra vous dire exactement quels sont les projets nouveaux qui
vont être inclus dans le système et, à ce moment-là,
on va établir une programmation qui va démontrer les projets qui
vont être terminés et ceux qui vont entrer, et dans quel
ordre.
M. Blais: D'accord. Si, l'an passé, c'était dans
les 680 000 000 $ ou environ, c'était peut-être trop
onéreux, mais cela veut dire que le programme qui avait
été lancé avait bien réussi. Mais j'ai de la
misère à croire que vous ne savez pas, aujourd'hui, vu que le
ministère et les responsables suivent cela tous les jours, les besoins
de l'an prochain, les besoins de cette année et les besoins dans trois
ans, l'importance des sommes déjà engagées, quelle serait
la répartition des dépenses des villes qui sont
déjà engagées dans ces constructions et quels sont les
montants à dégager pour de nouveaux investissements ou de
nouvelles villes pour faire des protocoles et commencer leurs travaux.
J'ai de la misère à croire que l'on n'aura cela que dans
une semaine; et si cela n'est que dans une semaine, j'aimerais beaucoup que
l'on fasse parvenir cette liste et les montants qui seront connus d'ici une
semaine. J'ai peine à croire que l'on ne les connaît pas.
M. Lincoln: M. le Président, là où il y a
peut-être un malentendu, la question qu'il faut situer bien clairement,
c'est que ces plans-là sont pour trois ans. C'est un plan triennal. Il y
a trois ans de cela, le Conseil du trésor du gouvernement
antérieur avait situé des barèmes pour trois ans, soit
1983-1984, 1984-1985 et 1985-1986. Ce qui est arrivé, c'est que, au lieu
qu'on dépense 450 000 000 $ en 1984-1985 comme cela avait
été alloué par le Conseil du trésor, on a
dépensé 300 000 000 $. Dans les deux dernières
années ensemble, 1984-1985 et 1985-1986, on a dépensé 980
000 000 $. Dans les deux prochaines années, on va dépenser 950
000 000 $. Donc, les chiffres sont presque correspondants pour les deux
années futures.
Ce que nous sommes en train de faire maintenant, c'est une programmation
de départ pour tout ce qu'il y a de nouveaux projets pour essayer de
situer les priorités en fonction aussi d'un plan triennal qui va inclure
1 350 000 000 $. Ce que nous sommes en train de faire, c'est essayer de
situer les priorités selon le niveau des projets, la date de
signature des ententes avec nous, la date d'entrée en vigueur. Quand on
aura décidé cela, il faudra négocier avec les
municipalités. Nous espérons arriver à quelque chose.
Peut-être que je pourrai situer la marge avec le député en
disant que, certainement, le gros pour cette année, ce sont les projeta
en cours. Peut-être qu'il y aura une marge de manoeuvre de quelques
dizaines de millions. Je ne sais pas combien ce sera.
M. Blais: Pour cette année?
M. Lincoln: Pour cette année-ci, oui.
M. Blais: Et l'an prochain?
M. Lincoln: Pour l'an prochain, espérons que ce sera
davantage, parce qu'il y aura des projets comme la communauté
urbaine...
M. Blais: Mais c'est "l'espérons" que j'ai de la
misère à comprendre. Il me semble que vous devriez le savoir
immédiatement parce que c'est quand même suivi, ce sont des
sommes...
M. Lincoln: Cela dépendra. Il y a tellement de
municipalités en attente maintenant que vous dire cela au pied
levé, comme cela sans même avoir une programmation devant moi, ce
serait réellement être tout à fait
irréfléchi. Ces affaires-là semblent faciles, mais tous
les experts du ministère travaillent là-dessus depuis une semaine
déjà pour établir une programmation pour trois ans. Je ne
peux pas vous dire maintenant le chiffre exact pour cette année et
l'année prochaine. Aussitôt que ces choses-là seront
faites, je pourrai vous le dire, mais le travail n'est pas terminé et je
ne veux pas essayer d'inventer des chiffres.
M. Blais: D'accord, je vais l'accepter comme tel, mais vous dites
que d'ici une semaine... Permettriez-vous que je vous demande de m'envoyer
cette analyse pour savoir ce qui va se passer dans les trois ans? J'aimerais
beaucoup en avoir copie.
M. Lincoln: Là aussi, il faut situer une chose. Tout le
programme de l'assainissement des eaux est soumis à des conditions bien
distinctes. S'il y a une ville qui a moins de 10 000 habitants, nous pouvons la
programmer, nous pouvons l'accepter nous-mêmes au sein du
ministère. Pour toute ville de plus de 10 000 habitants, il faut qu'on
aille au Trésor pour une autorisation. La liste que nous allons faire,
c'est une liste préliminaire. Après cela, il faut la
négocier avec les municipalités. Il faut, dans le cas de tous les
projets impliquant une municipalité de plus de 10 000 habitants,
négocier aussi avec le Trésor. Aussitôt que nous aurons la
liste formelle, on pourra vous laisser savoir cela. Et, en attendant, lorsque
je saurai quel est le chiffre qui va représenter globalement les
nouveaux projets par rapport aux projets qui sont en cours maintenant, je vous
le dirai aussi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Merci, M. le Président.
J'aimerais demander au ministre si...
M. Lincoln: J'aurais voulu expliquer, parce que c'est bien
important, que le plan triennal comme tel que nous allons compléter doit
être accepté et recevoir l'approbation du Conseil du
trésor.
M. Blais Quand?
M. Lincoln: C'est un travail immense qui va se faire,
considérant le nombre de municipalités, le nombre de projets et
pas seulement les projets de départ parce que les projets incluent aussi
les addenda. Vous pouvez commencer un projet et, à un moment
donné, il y a des additions qui se font; alors, c'est un travail
réellement conséquent. Le fait même, c'est que des experts
du ministère et de la Société québécoise
d'assainissement des eaux travaillent là-dessus depuis qu'on a eu
l'approbation des 500 000 000 $ et des autres montants pour les deux
années à venir. Aussitôt que ce sera prêt qu'on aura
des chiffres qui seront ratifiés par le Conseil du trésor et les
municipalités, ils seront certes rendus publics.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Matapédia. (12 h 30)
M. Paradis (Matapédia): Merci, M. le Président. Le
ministre pourrait-il nous dire s'il va mettre un peu d'ordre dans
l'assainissement des eaux, surtout quant à la prime
d'accélération qui était donnée au départ et
qui mettait les municipalités à la merci des différents
professionnels - on parle d'ingénieurs et d'architectes de toutes sortes
et, finalement, augmentait de façon sensible les coûts? Dans cette
foulée de rationalisation, ceci permettrait aussi à nos
entrepreneurs locaux ou régionaux de faire des soumissions correctes
à la Société québécoise d'assainissement des
eaux, compte tenu qu'aujourd'hui, pour tous les grands projets ou les projets
de l'ordre de quelques millions de dollars, nos entrepreneurs locaux ou
régionaux ne peuvent pas soumissionner vu qu'ils n'ont pas la machinerie
nécessaire. Alors, ce sont toujours les grandes compagnies des grands
centres qui exécutent
les travaux.
M. Lincoln: M. le Président, il y a deux choses. D'abord,
la question de la prime. Quand elle a été instituée,
c'était une prime de relance économique. En fait, cela a
été institué comme tel. Dans ce sens-là, c'est
sûr que la prime a provoqué une relance économique dans le
secteur de l'assainissement des eaux; le fait est que les investissements ont
monté de 300 000 000 $ à 680 000 000 $. Quand vous faites cela,
c'est sûr que le fait d'instituer une prime, qui est une prime à
l'accélération, comme elle a été appelée,
cela provoque un embouteillage. C'est sûr qu'il y a beaucoup de projets
qui se font. Le niveau a monté de 450 000 000 $ à 680 000 000 $.
Lorsque cela arrive, c'est sûr que les travaux s'accumulent et deviennent
un embouteillage.
La prime que nous avons instituée pour l'avenir aura un objectif
différent. Ce sera vraiment une prime de participation parce que,
maintenant que nous avons embarqué les municipalités dans le
programme à un taux très rapide, il faut peut-être faire le
contraire. Il faut faire un ralentissement sur un échéancier plus
étendu de façon à permettre à des
municipalités d'embarquer dans le système et de faire les
travaux, si elles le veulent, à une date plus éloignée.
Alors, l'idée de cette nouvelle prime sera le fait que, si une
municipalité signe une convention avant le 31 décembre 1990, elle
aura le droit de profiter d'une prime qui va s'échelonner sur une base
de trois ans. L'avantage de ce système sera que les
échéances de ces primes seront à des dates
différentes. Alors, il n'y aura pas d'embouteillage dans le
système.
Pour répondre plus spécifiquement à votre question
par rapport aux entrepreneurs et aux ingénieurs locaux, la SQAE a dans
son mandat de favoriser des contrats de régions pour favoriser
l'implication des plus petites entreprises. C'est son mandat et, en fait, c'est
ce qui a été fait. Mais vous m'avez soumis un cas où vous
avez constaté qu'il y avait eu un ingénieur au un entrepreneur
local qui disait que dans ce cas-là il avait été
défavorisé par rapport à une grosse société
d'ingénieurs de Montréal.
Il y a beaucoup de raisons dans ce cas-là qui ne sont pas aussi
claires qu'elles sont dites par l'ingénieur en question. En principe, je
peux vous dire que le système, assurément...
M. Paradis (Matapédia): M. le ministre, je ne voudrais pas
faire de particularité; tout simplement, je voulais mentionner que c'est
important, quand on parle de développement régional, qu'à
un moment donné, lorsqu'on fait des travaux aussi importants dans des
régions, l'on ait le maximum de retombées et l'on
développe une expertise de nos régions.
Ce que j'aimerais porter à votre attention, c'est que l'on
pourrait trouver une solution à cela: que, dans des régions bien
spécifiques, sur des contrats relativement peu élevés la
SQAE invite tout simplement des entrepreneurs à soumissionner, qu'elle
aille plutôt par invitation et non pas qu'elle demande des soumissions
à travers le Québec.
M. Lincoln: Il y a deux vice-présidents adjoints de la
SQAE qui sont ici pour répondre à des questions, si vous en avez.
Ils m'ont soumis des chiffres: il y a eu 402 contrats de moins de 1 000 000 $
qui, de façon majoritaire, ont été à des petits
entrepreneurs ou ingénieurs dans les plus petites municipalités.
Si c'est un contrat de plus de 25 000 $, il faut qu'il y ait une soumission
publique obligatoire.
M. Paradis (Matapédia): Ces soumissions publiques peuvent
être demandées sur invitation, comme cela se passe dans
d'autres... Non! La loi est faite de telle sorte que cela doit être
public.
M. Lincoln: La loi est faite de telle sorte que ce soit une
soumission publique ouverte. Les vice-présidents de la SQAE me disent
qu'ils essaient autant que possible de favoriser les gens de la région,
mais on ne pourrait pas empêcher, par exemple, quelqu'un d'une ville de
soumissionner s'il le veut.
En tout cas, c'est un réel problème, j'en suis conscient.
Vous m'avez fait une démonstration vous-même. On va bien noter ce
que vous dites. Je ne sais pas comment on peut changer les choses. Il faudrait
presque changer la loi pour que les soumissions soient faites par invitation.
Et là il y a le problème de savoir qui on invite et qui on
n'invite pas. Il y aura tout le problème des conflits et de la
sélectivité. À ce moment, cela change toute la
problématique. C'est une question bien dangeureuse en soi.
M. Paradis (Matapédia): Je ne voulais pas une
réponse précise, M. le ministre, je voulais tout simplement vous
sensibiliser...
M. Lincoln: Je comprends très bien.
M. Paradis (Matapédia): ...aux problèmes des
entrepreneurs régionaux. Si on veut avoir un impact, non pas seulement
faire de l'assainissement des eaux dans les régions, mais aussi
développer une expertise et faire travailler notre monde, je pense qu'on
en aurait une occasion pour le faire.
M. Lincoln: Je vous remercie d'avoir apporté le sujet sur
le tapis. Je peux vous
dire que les vice-présidents de la société à
qui j'en ai parlé, qui me font des représentations pour les cas
spécifiques, en sont très conscients. La société
essaie le plus passible de faire en sorte qu'il y ait des attributions qui se
fassent dans les régions et dans les petites municipalités
à des sociétés moins importantes que les grosses de la
ville. Malheureusement, on est régi par tout le système: la Loi
sur les cités et villes, le Code municipal, toute la loi sur les
soumissions publiques. C'est très difficile. Je suis très
conscient de cela. Je pense que votre message a été passé
officiellement, encore une fois, à la SQAE dont deux
représentants importants sont ici. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, lorsque vous parlez de protocoles
d'entente avec les municipalités, est-ce que vous avez l'intention
d'avoir encore des échéanciers assez serrés lorsque vous
signez ou si vous avez des changements dans votre esprit qui pourraient
être apportés à ces protocoles?
M. Lincoln: Pour le moment, c'est comme je le soulignais hier,
nous voulons revoir un peu toutes ces questions. Nous avons ce comité de
travail que nous avons institué qui va regarder tout le programme de
l'assainissement des eaux, également voir ce qui se fait par rapport aux
protocoles d'entente, par rapport aux évaluations de projets qui
impliquent la collaboration et l'interaction entre le ministère et la
SQAE. C'est très possible qu'il y ait des recommandations du
comité, qui inclut, comme je vous l'ai dit, deux représentants
des municipalités de comté et des municipalités urbaines,
qui diront: On vous recommande de changer quelque chose. Rien n'est figé
dans le ciment. Pour le moment, je ne pense pas qu'il y ait des
changements.
Pour ce qui est des échéanciers, il y a plusieurs
considérations qui nous guident là-dedans: d'abord il y a la
qualité des travaux, essayer aussi de faire que les travaux se
complètent d'après l'évaluation primaire. Cela a toujours
été un problème et nous essayons de regarder cela de
beaucoup plus près maintenant. Nous essayons de voir à ce que les
travaux s'échelonnent et n'aillent pas au-delà de la prime. On a
situé trois ans pour la prime qui va être donnée aux
municipalités. Nous espérons que ces travaux vont se faire dans
ce genre d'échéancier.
Pour vous dire qu'il y a des changements précis qui vont
être apportés au sens de l'entente elle-même, non.
M. Dufour: Une autre question, M. le ministre, que je me posais.
Disons qu'un ensemble de municipalités ou quelques municipalités
polluent la même nappe d'eau. Au départ, il était bien
entendu qu'il y avait des primes à l'accélération;
c'était nécessaire et pratiquement obligatoire qu'un certain
nombre de municipalités fassent partie du programme d'assainissement des
eaux si on voulait qu'il y ait un effet d'entraînement.
Actuellement, considérant certains cheminements ou certains
travaux qui ont été faits dans des régions - je parle des
régions, c'est l'ensemble du Québec, en fait - est-ce qu'à
votre ministère vous avez l'intention d'examiner d'une façon plus
systématique certains cours d'eau? Par exemple, prenons le lac
Saint-Jean, vous avez le côté nord où les
municipalités travaillent bien. Du côté sud, il ne semble
pas qu'il y ait eu beaucoup de travaux de faits. Ou c'est le contraire, ce
n'est pas grave, un côté ou l'autre. Cela pourrait être vrai
pour le Saguenay, la même chose.
Ce qu'il est important de retenir, surtout, c'est que s'il y a un
ensemble de municipalités qui ont fait des travaux importants
d'épuration pour redonner à la population les cours d'eau et les
réhabiliter, est-ce que votre ministère envisage une façon
systématique d'inciter et pratiquement d'exiger que d'autres le fassent?
Car il y a des coûts qui ont été défrayés ou
encourus par des municipalités, alors que d'autres municipalités
vont s'en tirer tout en conservant une eau dégradée. C'est
à peu près le sens de ma question.
M. Lincoln: Nous pensons que la prime qui a été
donnée pour accélérer le mouvement de participation des
municipalités est déjà entamée. Il y a un grand pas
en avant qui s'est fait. Il y a déjà 598 municipalités
inscrites au programme et il y en a encore 230 autres avec lesquelles on
s'attend de signer les conventions. On va prioriser le travail des
municipalités qui vont faire un effort pour assainir leurs cours d'eau.
Nous avons au total 850 municipalités qu'on prévoit dans le
système.
Je ne sais pas comment on peut exiger qu'une municipalité se
joigne au programme, mais l'idée de la nouvelle prime, c'était de
répondre à beaucoup d'objections des municipalités qui au
départ nous disaient: Écoutez! On ne peut pas entrer dans le
programme parce que, même si on voulait y entrer, vous n'avez pas les
fonds nécessaires pour nous embarquer aujourd'hui. Alors, on ne peut pas
profiter de la prime qui va échoir. Deuxièmement, nous ne voulons
pas entrer dans le système parce que nous-mêmes, nous n'avons pas
les fonds nécessaires pour fournir notre quote-part maintenant; nous
préférons attendre l'année prochaine, etc.
C'est pourquoi nous avons établi un système de prime
à la participation qui fera en sorte qu'une municipalité puisse
signer
une convention et décider, à cause du manque
d'investissement du ministère ou à cause du manque de fonds de la
municipalité elle-même, d'effectuer ses travaux à une date
ultérieure pourvu qu'elle ait signé la convention avant le 31
décembre 1990. En principe, donc, une municipalité pourra avoir
signé le 31 décembre 1990 et échelonner ses travaux sur
trois ans pour profiter de la nouvelle prime. Nous pensons que les
municipalités vont vouloir joindre le programme d'ici le 31
décembre 1990 à leur rythme à elles et de concert avec les
possibilités d'investissement du ministère lui-même. Cela
rendra la chose plus flexible.
D'après les réactions que nous avons, nous pensons que,
d'ici le 31 décembre 1990, le plus grand nombre de municipalités
de la province auront embarqué.
M. Dufour: Est-ce que cela voudrait dire, par exemple, que si
huit municipalités polluent un lac, qu'il y en a six qui se sont
prévalues du programme et qu'il y en a deux qui n'ont pas
embarqué dans le programme. Ce n'est pas votre intention d'essayer de
faire embarquer ces deux municipalités-là en priorité pour
que l'eau revienne à son état naturel le plus rapidement
possible?
M. Lincoln: Oui, tout à fait.
M. Dufour: C'est votre intention, en tout cas.
M. Lincoln: Tout à fait, on en a l'intention. On le fait
maintenant. En fait, on établit les priorités telles qu'il y a
les priorités environnementales d'usage, la prise d'eau, la baignade,
les municipalités d'amont par rapport à l'aval, les
municipalités qui sont sur les cours d'eau. Vraiment, on le fait.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Gauvin: M. le Président, j'aimerais m'informer
auprès du ministre, à savoir - je pense qu'on en a un peu
parlé hier, mais je voudrais clarifier - si une ville qui aurait un
projet d'une envergure de 15 000 000 $ à 16 000 000 $ pourrait
présenter son projet de façon à l'échelonner sur
deux, trois ou quatre ans pour en faire des travaux de districts. Exemple:
diviser ses travaux en trois districts, est-ce que cela pourrait être
possible? Cela pourrait probablement donner la chance à des petits
entrepreneurs en régions de soumissionner plus facilement. Cela a
peut-être été dit hier, mais je voudrais juste le faire
confirmer. (12 h 45)
M. Lincoln: Mais c'est vraiment ce qui se fait maintenant. Si
vous avez un projet total de 15 000 000 $, 16 000 000 $ ou 100 000 000 $, cela
se fait par étapes. Naturellement, il doit y avoir une interaction et
une continuité entre les étapes. Mais, de toute façon, ces
projets se font par étapes. II est alors très possible de le
faire comme cela. Prenez, par exemple, les travaux de la CUM qui sont typiques.
Cela a été fait par étapes. On a commencé par
l'intercepteur nord. Ensuite, l'usine a été faite plus ou moins
en même temps. Ensuite, l'incinérateur. Aujourd'hui, on commence
un autre tronçon. Cela se fait par étapes.
En fait, le sous-ministre adjoint me soulignait que la moyenne de chacun
des contrats donnés par la société est de 800 000 $. Cela
vous donne un peu une idée de l'envergure, si vous aviez un projet de 17
000 000 $, vous voyez combien cela veut dire de contrats séparés.
C'est certainement le cas.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Merci, M. le Président. D'abord, je vois un
montant de 400 000 000 $ par année à compter de 1988-1989. Dans
votre programme, il faudrait que les municipalités qui veulent y
participer signent avant le 31 décembre 1990. Je suis persuadé
que vous voulez que toutes les municipalités du Québec embarquent
dans ce mouvement-là. C'est automatique. Elles auraient trois ans pour
le terminer, donc, à la fin de 1992. Au rythme de 400 000 000 $ par
année à compter de 1988-1989, c'est impossible à
réaliser. Si vous voulez le faire d'ici à la fin de 1992, il
faudrait que, de 1989 à 1992, le gouvernement investisse 800 000 000 $
par année. Sinon, le programme devra être prolongé jusqu'en
1995, au rythme du dollar constant à quelques millions de dollars
près.
C'est donc dire que, par son essence, le nouveau programme
déposé manque de cohérence. Sinon, il va falloir que vous
trouviez de nouvelles sommes. Entre 1990 et 1992, il faudrait que vous doubliez
vos investissements, ce que je souhaite d'ailleurs. Il faudrait que le
ministère trouve des investissements de plus de 400 000 000 $ par
année pour une chose. Il faut absolument que vous trouviez plus de 400
000 000 $ par année. Pourquoi? Parce que, si le programme a
commencé en 1983 - il a commencé avant, mais de façon
fonctionnelle en 1983 - et se termine en 1995, au rythme de 400 000 000 $ par
année, ce serait une injustice terrible envers les citoyens de certaines
municipalités, qui ont recouru au programme pendant jes cinq ou six
premières années, d'avoir investi dix ans trop tôt des
sommes astronomiques, autant pour la gestion de votre ministère que pour
la gestion des municipalités. Au rythme de 400 000 000 $ par
année, cela s'échelonne sur douze ou
treize ans. Cela voudrait dire que, pour les villes qui ont investi les
premières, sans avoir vraiment une dépollution, parce qu'il faut
que l'ensemble du Québec le fasse pour réaliser ce projet, c'est
une injustice envers ces municipalités et les citoyens de ces villes que
d'aller trop loin dans votre programme, qui devrait aller jusqu'en 1995 au
rythme de 400 000 000 $ par année.
Ma question est la suivante; II faut absolument, quels que soient les
discours que l'on tienne, que votre ministère trouve plus de 400 000 000
$ par année. Cela devrait se faire à compter de l'an prochain.
Pour que cela se termine, selon votre plan, en 1992, il faudrait investir
près de 700 000 000 $ par année. C'est la question que je vous
pose: Où allez-vous prendre ces montants d'argent? J'aimerais bien que
vous les trouviez. Ce serait le rythme qu'il faudrait prendre pour
réussir à compléter votre programme selon vos normes.
Où comptez-vous aller chercher cet argent? De quelle façon
allez-vous réaliser d'ici à 1992 l'ensemble de l'assainissement
des eaux de toutes les municipalités du Québec?
M. Lincoln: D'accord. D'abord, je pense qu'il faut situer bien
clairement ces chiffres, parce qu'on ne veut pas donner l'impression fausse que
ce programme est en retard. Bien au contraire! Je vais démontrer au
ministre... au député...
M. Blais: Merci, monsieur. Cela viendra très
bientôt. M. Bourassa ne fait jamais plus de trois ans.
M. Lincoln: Oui, cela viendra, j'en suis sûr. Toutes les
bonnes choses viennent... Peut-être dans quinze ou vingt ans.
M. Blais: Nous serons à notre retraite.
M. Lincoln: Et le programme sera terminé.
M. Blais: Qui s'éternise quand même.
M. Lincoln: Sérieusement, dans le programme
d'assanissement des eaux, il faut avoir en vue plusieurs considérations.
D'abord, nous avons dit que toutes les conventions vont être
signées avant le 31 décembre 1990. Cela veut dire que le
programme, selon l'échéancier, va être terminé en
1993. C'est à peu près l'échéancier prévu
maintenant. Il n'y a pas d'échéancier fixe. On dit; Cela va
être 1992 ou 1993, mais là on parle de 1993. Si vous parlez de
1993, à partir de maintenant, vous parlez de huit ans. Si vous parlez de
huit ans à 400 000 000 $ par an, cela fait 3 200 000 000 $. Or, les
chiffres prévus pour que les projets soient terminés
complètement sont de 2 700 000 000 $. Si vous comptez à partir de
maintenant... Non, écoutez, ce n'est pas du tout le fait, ce n'est pas
du tout ainsi. Le fait est qu'il y a 2 700 000 000 $ de prévus pour que
ce projet se termine. On en aura plus qu'assez avec 400 000 000 $. Je vais vous
dire que ça ne va pas durer à 400 000 000 $; cela va être
réduit progressivement et je vais vous expliquer pourquoi. Là,
vous faites un barème. Vous dites: Bon, il reste tant de
municipalités, on n'aura pas assez de temps. Ce que vous oubliez, par
exemple, c'est que ce qui est de beaucoup le plus gros projet qui, à lui
seul, a exigé 2 000 000 000 $ va être terminé
l'année prochaine, à toutes fins utiles, celui de la CUM. Pas
tout à fait au complet. Il restera le secteur sud-est, mais le gros du
travail sera fait. Cette année, la CUM va englober à elle seule
quelque chose comme 160 000 000 $. Au début du programme, il y avait la
Communauté urbaine de l'Outaouais. Â elle seule, elle a pris
quelque chose comme 168 000 000 $. Quand vous avez fini avec les grands
projets, là il reste seulement Québec. Pour Québec, cela
va être substantiel. Mais, de toute façon, Québec va
être infime comparée à la CUM. Une fois qu'on aura fini la
CUM, le gros de cet argent dans les années à venir va aller vers
les petites municipalités. Nous sommes convaincus qu'avec 2 700 000 000
$ nous en aurons assez pour terminer le programme en 1993 et qu'à raison
de 400 000 000 $ par an, le rythme des trois prochaines années, c'est 1
350 000 000 $. Quand on sera arrivé à 400 000 000 $ en 1988-1989,
je prévois, au contraire, qu'on est dans une courbe descendante et que
peut-être vers la fin du programme vous allez avoir à investir un
peu moins.
M. Blais: Mais si vous...
M. Lincoln: Ensuite, il y a un autre facteur que je voudrais
souligner. Par exemple, d'ici 1993, il y a huit ans. Si vous prenez le
départ de ce programme il y a quelques années et ce qu'il est
maintenant, d'abord il y a une beaucoup plus grande efficacité dans le
montage des usines, les équipements sont beaucoup plus
modernisés, il y a d'autres méthodes de traitement qui sont en
train d'être découvertes. Pour vous donner un exemple, le ministre
de l'Environnement de la Hollande qui était en visite ici me disait
qu'en Hollande ils ont découvert maintenant des usines
anérobiques qui sont beaucoup plus petites...
M. Blais: Des usines aérobiques? M. Lincoln:
Anérobiques.
M. Blais: J'ai compris aérobiques. Une visite dansante,
cela aurait été merveilleux!
M. Lincoln: Oui. Ce sont des usines qui sont beaucoup plus
petites que les usines de
traitement physico-chimiques ou biologiques qu'on connaît. Ils
peuvent faire des usines d'une beaucoup plus petite densité et qui
coûtent bien moins cher. Ils sont en train de les expérimenter.
Ils en ont fait 16 ou 18 comme cela. Il m'a dit qu'il allait nous faire part de
toutes les données sur cela. Si, par exemple, dans un ou deux ans, cette
méthode devient acceptable, vous ne savez jamais combien on pourrait
économiser. C'est sûr maintenant, les gens du ministère
nous le disent qu'avec 400 000 000 $ par an à partir de 1988 et 1989 il
y en aura certainement assez pour terminer le programme à temps.
M. Blais: Il est possible, M. le ministre, que les techniques se
développent et que ça coûte moins cher. Cependant, je dis
que terminer en 1993 ou peut-être en 1995, c'est une injustice envers les
villes qui ont fait leur travail en 1983. C'est trop long comme programme. On a
obligé les citoyens à investir dix ou douze ans pour
dépolluer leur région. Ils se font polluer par ceux qui sont en
amont d'eux et ils ont dépensé. C'est une injustice. Le rythme de
dépenses ne devrait pas être en bas d'au moins 450 000 000 $,
à un bout ou à l'autre, cela dépend. Vous devriez essayer
d'avoir au moins 450 000 000 $ par année plutôt que 400 000 000 $
pour que l'injustice soit moins flagrante. C'est une injustice flagrante. On
oblige certaines municipalités à faire des dépenses plus
vite que d'autres. Plus vous rapetissez le rythme de vos investissements
à Québec, plus vous êtes injuste envers les
municipalités qui ont été les premières à
embarquer dans la relance économique du Québec. C'est cela que je
veux dire. C'est trop loin. Il faudrait que vous alliez chercher plus d'argent
et restreindre le nombre d'années l'assainissement des eaux. Il faut que
vous alliez chercher de l'argent ailleurs.
M. Lincoln: M. le Président, parfois le
député m'émerveille parce qu'il est très bon en
parole pour faire miroiter des choses. Il est arrivé à de
l'injustice maintenant. L'injustice, c'était que, l'année
dernière, le Conseil du trésor du gouvernement auquel il
appartenait avait décrété que, formellement, il fallait
que la limite de l'investissement soit de 450 000 000 $. Nous disons: Non, on
va donner 500 000 000 $.
M. Blais: 400 000 000 $. M. Lincoln: 450 000 000 $.
M. Blais: Mais vous allez à 400 000 000 $. C'est pour cela
que je vous dis que vous devriez le maintenir à 450 000 000 $.
M. Lincoln: Attendez un instant!
M. Blais: Maintenez-le à 450 000 000 $.
M. Lincoln: Attendez un instant!
M. Blais: Je ne maugréerai pas, M. le ministre.
M. Lincoln: Ce qui avait été dit, c'est que les
trois années passées, c'était 450 000 000 $ par an;
l'année précédant l'année dernière, en
1984-1985, au lieu de 450 000 000 $, on a dépensé seulement 300
000 000 $. L'année dernière, on devait dépenser 450 000
000 $, on a dépensé 680 000 000 $. C'était tout à
fait incohérent, une année moins et une autre année trop.
On a voulu rationaliser; on a mis 500 000 000 $ cette année, 450 000 000
$ l'année suivante...
M. Blais: Il faut arrêter là.
M. Lincoln: ...et 400 000 000 $ l'année suivante en
prévision justement que les travaux, comme ceux de la CUM, seront
terminés et qu'on n'aura pas besoin de plus de 400 000 000 $. Si on n'a
pas besoin de plus de 400 000 000 $, on ne va pas mettre plus de 400 000 000 $.
En plus de cela, un des mandats principaux du comité de travail du
programme d'assainissement des eaux qui a été créé,
comité qui inclut deux maires de municipalité, c'est d'aller voir
ce qu'on peut faire pour rendre la chose plus facile aux municipalités
pour la manutention des usines, le contrôle des usines et le financement
des usines. L'un des mandats est aussi d'aller chercher de l'argent du
gouvernement fédéral. J'ai écrit en ce sens à deux
reprises au ministre fédéral, je lui en ai parlé. Des
pourparlers se font par rapport aux eaux du Saint-Laurent et ils impliqueraient
des sommes d'argent pour la dépollution. Tout cela, ce sont des
possibilités. Si on a plus d'argent, on fera plus vite.
M. Blais: Voilà.
M. Lincoln: Si nous avons plus d'argent, on le fera plus vite,
c'est sûr.
M. Blais: Ah bon!
M. Lincoln: Si nous avons 400 000 000 $, nous pensons que
l'échéancier de 1993 est un échéancier logique,
raisonnable, qui se tient, d'après les critères que nous sommes
obligés de poser et qu'on a situés avec le député
de Jonquière.
M. Blais: Mais je suis content... Oh! Pardon! Je pensais que vous
aviez terminé.
M. Lincoln: Je voulais dire que 1993, ce n'est pas une
découverte. Cela a toujours été le fait, il n'a jamais
été question de terminer en 1990, 1991 ou 1992. On ne sait jamais
où en serait le Conseil du trésor si le gouvernement du Parti
québécois avait été réélu. Si
c'était 450 000 000 $, cette année, cela ne veut pas dire que ce
serait plus ou moins l'année prochaine. Nous avons situé cela
pour dans trois ans parce que c'est toujours un programme triennal. Il faut
aussi ajouter à cela que le coût de la prime est substantiel et on
la détient jusqu'au 31 décembre 1990.
M. Blais M. le ministre, cette réponse m'a fait bien
plaisir parce que vous avez dit que, si vous aviez plus d'argent, vous iriez
plus vite.
M. Lincoln: Oui, bien sûr.
M. Blais: C'est ce que je voulais vous entendre dire et
j'espère que vous allez avoir plus d'argent. Je me remémore le
temps où vous étiez critique de l'Environnement, de l'autre
côté; vous n'aviez pas cette douceur qui m'habite. Vous
étiez un peu plus dur à notre endroit. Cela dépend des
caractères. Moi, je suis tendre de nature. Je me souviens de certaines
phrases que vous nous disiez, je me souviens du temps où M.
Léonard discutait avec Ottawa - c'est vous qui avez ouvert la porte,
j'en suis fort aise -parce qu'il y avait un programme canadien d'assainissement
des eaux sous l'ancien gouvernement de 1970 à 1976 et le premier
ministre actuel n'a pas beaucoup bougé dans ce programme-là. Vous
noua reprochiez pendant que vous étiez critique de l'Environnement, et
c'était de bon aloi, de ne pas assez foncer sur Ottawa pour lui demander
de nous verser des sommes pour nous aider, nous Québécois,
à parfaire notre programme d'assainissement des eaux. Je tiens à
vous dire que c'était de bon aloi. Vous le faisiez de façon un
peu dramatique. Cependant, vous le faisiez. À cette époque,
l'argument que vous nous serviez è toutes les sauces, c'est que, vu que
notre option était une option souverainiste, nous étions presque
indignes de discuter avec Ottawa et c'était pratiquement impossible,
pour nous, d'avoir des ententes avec le gouvernement supérieur. (13
heures)
De fait, dans l'assainissement des eaux, lorsque nous avons
préparé le programme de relance, nous versions 90 %. Nous
demandions 10 % de participation à ce programme à Ottawa. On a eu
des fins de non-recevoir à peu près à chaque fois et vous
nous le reprochiez. La raison principale était qu'un gouvernement au
pouvoir qui a une idéologie souverainiste est pratiquement indigne et
persona non grata pour aller discuter avec le gouvernement
supérieur.
Cependant, que je sache, le gouvernement actuel ne devrait pas
être persona non grata à Ottawa. C'est un gouvernement plus
fédéraliste que M. Mulroney lui-même. C'est un gouvernement
qui croit en cette fée, la "fée des rations". Nous, nous disions
à cette époque que cette fée ne nous avait pas
donné notre ration en tant que Québécois, parce que le
gouvernement fédéral avait donné à la province
voisine... D'ailleurs, cela se répète, des 150 000 000 $ qu'on a
actuellement dans les équipements de dépollution,
déjà 85 000 000 $ sont passés aux mains des Ontariens et
Québec est encore à dire: nous demandons, nous regardons, nous
étudions, nous envisageons. Et vous n'êtes pas un gouvernement non
grata à Ottawa, selon vos dires à l'époque. Nous, nous
l'étions. Moi, je ne le crois pas, mais vous le disiez.
Pendant ce temps où nous demandions 10 % et qu'on nous le
refusait, 16 2/3 % des montants pour la dépollution ont
été accordés à toutes les provinces anglophones. Si
vous voulez que le rythme de croisière dans l'assainissement des eaux au
Québec soit un peu plus rapide, comme vous venez juste d'en manifester
le désir le plus ardent - c'est ce qui m'a fait plaisir - allez donc
voir vos supérieurs. Dites-leur donc au moins: Nous sommes
déficitaires d'au moins 350 000 000 $ dans ce programme avec Ottawa, en
tant que Québécois, en plus des 85 000 000 $ qui viennent
d'être versés à l'Ontario, ce qui nous rend
déficitaires de 435 000 000 $. Si vous regardez sur cinq ou six ans et
si on nous remettait ce montant de 435 000 000 $, vous obtiendriez votre rythme
de croisière de 450 000 000 $.
Si vous ne faites pas cette demande et surtout si vous ne l'obtenez pas,
j'en conclurai que ce n'était pas nécessairement vrai pour nous
qu'on était un gouvernement non grata mais que n'importe quel
gouvernement du Québec l'est, quand il s'adresse à Ottawa; c'est
la province qui est non grata. Sa place est-elle là? Cette "fée
des rations" canadienne, j'aimerais bien que vous y alliez, en tant que
personnage très hautement coté sur la rivière
"ottawaienne", que vous vous promeniez avec vos gondoles, vos chants et vos
rythmes. C'est facile pour vous.
Devant Ottawa, on marche parfois comme une balayeuse, on rase les tapis.
Nous, on est un peu plus droit peut-être, un peu plus revendicateur pour
le Québec. Mais, comme vous êtes persona non grata, je vous
demande au nom des Québécois d'aller chercher cette part qu'on
n'a pas eue de cette "fée des rations" canadienne. Qu'elle se
promène sur une glace en patins bleus ou en patins rouges, vous savez,
elle se promène sur une glace très mince qui est cette
fédération canadienne. Le raisonnement de persona non grata
envers notre parti, que je n'ai jamais accepté de votre part, de
faire
traiter mon parti de persona non grata... Si on veut le bien du
Québec, cela ne veut pas nécessairement dire qu'on est des
personnages à être mis au rebut, même si on parle
d'environnement.
Quelle est votre position? Allez-vous le faire, M. le ministre, s'il
vous plaît?
M. Lincoln: M. le Président, tout ce que je peux
déplorer, c'est qu'il n'y ait pas de caméra de
télévision de l'Assemblée nationale ici. Il y aurait un
bon show pour le public. Moi, je ne veux pas entrer dans ce show. Je m'excuse.
Je pense qu'on devrait discuter des questions de protection de l'environnement
au Québec. Je n'ai pas de supérieur à Ottawa. J'ai un seul
supérieur hiérarchique, c'est le premier ministre.
Je vais essayer de travailler le plus durement possible pour obtenir de
l'argent d'Ottawa. Peut-être que je réussirai. Peut-être que
je ne réussirai pas. Mais ce n'est pas sans essayer ferme. Je vais
laisser là le débat et le public jugera de nos actions, de ce
qu'on va essayer de faire et de la façon qu'on le fera. Je ne vais pas
entrer dans un débat philosophique sur la place qu'on tient. Je pense
que c'est l'électorat qui décidera cela en temps et lieu, comme
il l'a déjà décidé...
M. Blais: Mais puisque c'est de l'argent qui nous revient.
M. Lincoln: Oui, c'est de l'argent qui nous revient, mais j'ai
expliqué au député que j'ai déjà fait des
demandes au ministre fédéral. Je devrais aussi souligner que la
politique traditionnelle du Québec pour aller chercher de l'argent, cela
n'a pas été d'aller chercher de l'argent sectoriel;
excepté que dans des cas très précis, par exemple celui
des pluies acides, on va aller chercher des sommes significatives
d'après les critères qui sont posés pour cette
distribution d'argent. On aura notre part là-dedans, je peux
l'assurer.
Pour ce qui est des autres sommes, dans des secteurs précis, par
exemple des ententes sur le Saint-Laurent, on entamera des discussions, qui
sont déjà entamées du reste» Ce qu'on peut aller
chercher... Ce n'est pas un autre dossier, tout cela est connecté de
toutes les façons. L'avenir va jugé, l'électorat va voir
ce qu'on va faire, le député va nous suivre, il y aura toutes
sortes d'occasions d'en discuter. Pour le moment, je ne veux pas dire plus
là-dessus, parce que je pense que le temps passe et j'ai envie de
discuter des choses de l'environnement, si le député veut
bien.
M. Blais: M. le ministre, je crois que l'assainissement des eaux
c'est très pertinent à la discussion que nous avons ici, et c'est
de l'environnement que je parle. La question des relations
fédérales-provinciales dans le dossier financier est pertinente;
nous voulons qu'Ottawa verse la part à laquelle on a droit en tant que
Québécois et citoyens habitant le Canada. Nous avons droit
à cette part parce que nous aussi payons encore des impôts
à Ottawa.
En mai 1984, M. le ministre, le gouvernement fédéral, par
la voie de son ministre de l'Environnement de l'époque, M. Charles
Caccia, se dit prêt à apporter sa contribution au plan en
fournissant une aide technique susceptible de réaliser à moyen
terme des économies de l'ordre de 10 % pour le Québec. C'est en
mai 1984.
En décembre 1984, Mme Suzanne Blais-Grenier - sans lien de
parenté avec moi -ministre fédéral de l'Environnement,
réitérait la volonté d'Ottawa de contribuer au PAE
québécois. Ce relatif engagement faisait suite à une
rencontre avec l'ancien ministre, M. Adrien Ouellette, qui avait demandé
à Ottawa d'élargir au Québec son programme d'aide à
l'épuration des eaux, dont seules les provinces anglophones ont pu
bénéficier des avantages jusqu'à ce que ce programme
prenne fin. Ce programme permettait aux municipalités d'obtenir une
contribution fédérale de 16 2/3 % du coût total des
projets. M. Ouellette avait alors indiqué qu'il serait heureux si Ottawa
acceptait de contribuer seulement à 10 % des coûts. On n'en
demandait pas autant que nos provinces consoeurs, on n'en demandait que 10 %.
Rien encore n'est arrivé. Je crois que c'est très pertinent au
dossier que nous avons ici et c'est une discussion d'environnement.
Étant donné que vous vous reconnaissez comme le seul parti
valable - je ne crois pas cela, mais c'est ce que vous dites - pour parler
à Ottawa, pour aller chercher ce à quoi le
Québécois en tant que Canadien géographique a droit, je
crois qu'on se doit de presque vous imposer d'y aller et de l'obtenir. Sinon,
vous prouverez que c'est que le Québec qui est persona non grata dans la
Confédération.
M. Lincoln: M. le Président, ce que j'ai fait je l'ai
déjà dit. Je ne veux pas aller plus loin là-dedans. Je
vais dire au député que j'ai fait des demandes au gouvernement
fédéral, on va voir ce que l'avenir va nous réserver dans
le domaine des pluies acides et ailleurs. Par la suite, on aura toutes sortes
d'occasions d'en discuter. Si après ces négociations on a failli,
à ce moment on nous demandera des comptes, les députés de
l'Opposition et les citoyens. Je ne peux pas dire plus que cela. Je pense que,
autrement, c'est une discussion stérile.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président.
Je ne veux pas continuer le débat en un émoi, M. le
ministre. Toutefois, pour les 268 000 000 $ destinés à
l'assainissement dans l'Outaouais, est-ce qu'il y a eu une entente entre le
provincial et le fédéral à ce moment?
M. Lincoln: Il y a d'abord eu deux choses. C'est cela que je ne
voulais pas faire, entrer dans ce débat. Si le député
allait voir ce qui s'est passé à la CUM, il verrait qu'une somme
significative, je pense que c'est 19 % ou plus, a été de t'aide
fédérale. Dans le cas de la CRO, c'est la même chose. Ce
qui est arrivé dans toute l'affaire fédérale-provinciale,
par rapport à l'assainissement des eaux, c'est qu'il y avait un
programme qui était fait par la Société
d'hypothèques et de logement du Canada. Ce n'est pas un blâme au
gouvernement dont le député faisait partie, c'est aussi un
blâme au gouvernement antérieur, mais nous ne sommes pas
allé chercher, lorsque ce programme était en vigueur, les sommes
qui nous revenaient. C'est cela le gros problème qui s'est passé.
On a commencé bien en retard. Lorsqu'on a commencé, les sommes
avaient déjà été prises par les provinces, comme
l'Ontario, qui avait profité de ces programmes.
Il ne faut pas blâmer un gouvernement plus qu'un autre. Ce
programme qui s'est terminé - si ma mémoire est bonne - en 1979,
a servi à la CRO et à la CUM qui ont trouvé des sommes
très significatives dans ce dossier. J'ai tous le chiffres parce que
j'ai pas mal discuté à ce sujet avec le ministre
antérieur, M. Léger. J'avais même des lettres
d'explications, de part et d'autre, qui sont dans les débats des
commissions parlementaires de ce temps. Je trouve que c'est tout à fait
stérile d'aller relever ce débat.
Tout ce que je veux dire au député, c'est qu'un des
mandats principaux de notre comité d'assainissement des eaux, est
d'aller voir comment on peut embarquer une participation
fédérale. J'ai aussi dit qu'une des premières choses que
j'ai faite, c'est de discuter de cela avec mon homologue fédéral.
Je lui ai écrit deux fois à ce sujet. L'avenir le dira. Si nous
ne trouvons pas d'argent, à ce moment nous cherchons quelles en sont les
causes. Sommes-nous persona non grata comme l'autre gouvernement? Quelles sont
les raisons? Si c'était cela, à ce moment, nous prendrons les
actions, nous ferons les déclarations nécessaires. Pour le
moment, c'est purement une hypothèse. Je trouve que c'est une perte de
temps d'en discuter aujourd'hui.
Le Président CM. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Je regrette cette attitude. Je me dois de ne pas
être d'accord de dire que c'est une perte de temps. Il nous revient 675
000 000 $ ainsi à 16 2/3 %. Je ne crois pas que dans le contexte des
coupures draconiennes que vous êtes obligés... Vous faites 21 000
000 $ de coupures dans votre propre ministère. Vous avez des
députés de votre côté qui viennent dire: On n'a pas
eu notre part, mais on en a eu un petit peu, c'est dont le "fun". C'est ce qui
fait que le Québec... Les plans sont faits pour correspondre aux
provinces autres que Québec. Il y a connivence entre les autres
provinces et le fédéral.
Regardez les 150 000 000 $; déjà Toronto a obtenu 85 000
000 $. Nous sommes même pas prêt à discuter pour prendre
notre part que déjà ils ont la leur parce qu'ils étaient
prêts. Ce programme a été mis là parce que l'Ontario
était prêt. C'est toujours ainsi. Pourquoi, en tant que
Québécois, on ne se met pas tous ensemble, quel que soit le
parti, pour réclamer notre juste part? Vous savez que 16 2/3 % d'un
programme de 4 200 000 000 $, ce n'est pas une discussion futile. Ce sont 675
000 000 $ que le Québec se doit de recevoir. On est déficitaire -
malgré ce qu'on appelle les petits morceaux qui ont été
donnés - de 435 000 000 $. C'est vrai qu'on en a reçu une part de
façon indirecte. La pollution du Saint-Laurent, c'est un autre dossier.
La voie fluviale, c'est un autre dossier. Mais dans l'assainissement des eaux
-et je ne crois pas que ce soit une mince affaire - rejeter cela en disant: Je
ne veux pas en discuter, ce n'est pas pertinent, 675 000 000 $ quand on coupe
30 000 000 $ pour édenter les enfants... Quand même! Je pense que
c'est très pertinent.
M. Lincoln: M. le Président, j'ai expliqué trois ou
quatre fois au député, mais c'est sûr qu'il veut faire un
show pour, au Journal des débats, répéter ses
bêtises. Je lui ai dit plusieurs fois...
M. Blais: Une question de règlement. Monsieur, je
n'endurerai pas que vous disiez que je dis ici des bêtises. Ce n'est pas
digne d'un ministre de dire cela à un député.
M. Lincoln: Vous placerez les mots vous-même. Je retire les
bêtises. Il fera ses propres conclusions. Ce que j'ai dit dans te cas des
pluies acides, c'est que pour les 150 000 000 $ il y a des critères
très précis établis à cette entente
commencée bien avant nous par le gouvernement antérieur. Il y a
des critères très précis établis pour la
distribution de ces sommes. J'ai dit au député que, au contraire,
nous allons aller chercher de l'argent significatif d'Ottawa sur cette
question.
Deuxièmement, quant à cette somme de 85 000 000 $ qu'il
dit avoir été donnée à
l'Ontario, le ministre impliqué en Ontario m'a dit que ce
n'était pas le cas. Le ministre fédéral m'a dit que ce
n'était pas le cas. Même si c'était ainsi, il y a quatre
usines en Ontario comparativement à une au Québec. Il y a des
critères très précis pour la distribution de cette somme.
Nous aurons notre part et plus.
Deuxièmement, excusez-moi, je ne veux pas revenir sur toute cette
question parce qu'on l'a déjà débattue, mais tout ce que
je vais dire au député, c'est que, si on continue dans cette
veine, je comprends maintenant plus que jamais pourquoi, le 2 décembre,
les gens étaient tannés de ce genre de discours et ont
changé de gouvernement. Je ne veux pas dire plus que cela. Je ne veux
pas m'embarquer dans une discussion stérile parce que j'ai dit au
député: Je vais essayer d'aller chercher de l'argent du
gouvernement fédéral. J'espère réussir; si je ne
réussis pas, à ce moment-là, il me demandera des comptes.
Je ne peux pas dire plus que cela. Je n'ai pas envie de m'embarquer dans une
discussion aussi stérile, de faire des grandes déclarations
fédérales-provinciales, d'aller parler de gouvernement
supérieur, inférieur, je n'ai pas envie d'entrer
là-dedans. Je pense que c'est cela que l'électorat a voulu nous
dire. Les gens étaient tannés de ce genre de discours et moi, je
n'ai pas envie d'entrer là-dedans. J'ai envie de penser à
l'avenir. C'est l'avenir qui m'intéresse, pas le passé. (13 h
15)
M. Blais: Je vous remercie beaucoup de votre commentaire et
j'espère que, s'il est stérile, il poussera quelque chose dans
les mois à venir.
L'assainissement des eaux. Dans certains cas, des ententes ont
été signées et des travaux ont commencé. En cours
de travaux, on s'est aperçu que le coût était
supérieur aux prévisions. Les travaux sont donc temporairement
arrêtés. Il arrive, comme c'est le cas à Roxton-Pond, que
la situation présente soit plus dommageable pour l'environnement que
celle qui existait avant les travaux à moitié
réalisés. Les eaux usées ayant été
déviées dans une autre direction, les conséquences sont
visibles à l'oeil nu et néfastes. À l'automne dernier, des
animaux seraient morts d'avoir bu cette eau. La même situation pourrait
se produire bientôt dans d'autres localités. Peut-on
espérer que ces dossiers... Il y en a quelques-uns comme
celui-là; je donne celui de Roxton-Pond comme exemple. Est-ce que le
Conseil du trésor va autoriser ces suppléments malgré la
petite marge de 10 000 000 $ - je ne sais pas quelle somme exactement, dans ce
cas précis, cela peut représenter - afin que le côté
que le ministère voudrait - l'assainissement des eaux... C'est le
résultat contraire qu'on a à cause de cette attente.
M. Lincoln: M. le Président, peut-être que cela
intéressera le député, le cas de Roxton-Pond. C'est le
Conseil du trésor antérieur, de son gouvernement qui, en octobre
de l'année dernière, nous a demandé de stopper les travaux
et d'aller revoir tous les coûts. Je suis d'accord avec le
député qu'il faut revoir le projet. Nous sommes en train de le
revoir en ce moment. Nous sommes en train de voir, d'après les
directives du Conseil du trésor, comment faire pour que les coûts
soient diminués et que le projet puisse repartir. C'est à cela
qu'on travaille. Il y a plusieurs projets, dans le même contexte,
où il y a eu des dépassements de coûts tellement
significatifs que le Conseil du trésor a dit: Allez revoir le projet,
refaites des soumissions. Il y en a un dans notre comté maintenant et
c'est cela qu'on est en train de voir. Je suis tout à fait d'accord avec
le député que les projets doivent repartir et qu'on puisse
essayer de rationaliser ces coûts le plus tôt possible afin qu'ils
redémarrent.
M. Blais: M. le ministre, votre réponse, en gros, me
satisfait. J'aurais une dernière question. Pardon?
Une voix: Vous n'avez pas écouté.
M. Blais: II ne faut tout de même pas que vous pensiez
qu'on a les mêmes oreilles. Ce n'est pas la grandeur des oreilles qui
fait que la perception est moins forte.
M. le ministre, hier, je vous avais posé une question sur votre
intention concernant les ordonnances. Vous m'avez dit que vous m'en reparleriez
peut-être un peu aujourd'hui. Ce serait la dernière question que
j'aurais à vous poser. Après cela, je ferais un commentaire en
conclusion.
M. Lincoln: Je vais vous parler d'abord du principe de
l'ordonnance. La permission qui est donnée à un ministre
d'émettre des ordonnances, c'est qualifié de façon
très précise dans la loi, c'est qualifié par rapport
à ce qui porte atteinte à la santé ou à la
sécurité publiques. Ce que je veux vous dire, c'est que,
lorsqu'il est clair, qu'il est établi et que nos services juridiques
peuvent nous affirmer que vraiment toute la définition de ce qu'est une
atteinte à la santé et à la sécurité
publiques se trouve entamée, à ce moment-là, je
n'hésite pas ou je n'hésiterai pas dans l'avenir à
émettre une ordonnance. En fait, cela a été le cas dans un
cas spécifique où nous considérions qu'il y avait une
atteinte à la santé et à la sécurité
publiques et j'ai déjà émis une ordonnance. Depuis les
quelques mois que je suis là, j'ai déjà émis une
ordonnance. Le cas spécifique que vous avez porté à mon
attention, c'est un cas qui est maintenant à l'étude. Il y a
toutes sortes de considérations qui impliquent
aussi le ministère des Affaires municipales. Je ne peux pas
aujourd'hui vous dire que, dans ce cas-ci, on puisse prendre une
décision. En principe, si c'est une question de santé et de
sécurité publiques, je suis d'accord qu'il faut aller de l'avant
avec une ordonnance. Dans ce cas précis, je ne peux pas vous dire
aujourd'hui que j'ai pris une décision et ce qu'on va faire. Le cas est
à l'étude de façon sérieuse, on va prendre une
décision et je vous en aviserai, lorsqu'une décision aura
été prise.
Adoption des crédits
Le Président (M. Saint-Roch): S'il n'y a plus de
questions, à ce moment-ci, nous allons passer à l'adoption des
crédits. Est-ce que le programme 1, Planification, recherche et
prévention, éléments 1 et 2, est adopté?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 2,
Gestion du milieu aquatique, éléments 1, 2 et 3, est
adopté?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 3,
Gestion des milieux atmosphérique et terrestre, éléments 1
et 2, est adopté?
M. Blais: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 4,
Gestion interne et soutien, éléments 1 et 2, est
adopté?
M. Blais: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 5,
Organismes-conseils, éléments 1 et 2, est adopté?
M. Blais: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble des
crédits budgétaires, pour l'année 1986-1987, du
ministère de l'Environnement, est adopté?
M. Blais: Sur division, M. le Président. M. Lincoln:
M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Avant qu'on termine les travaux, j'aimerais remercier
le député porte-parole de l'Opposition et les
députés de l'Opposition. Je sais que chacun fait son travail. On
se bat de la façon la plus ferme possible. On défend ses
convictions de chaque côté, mais, en même temps, on le fait
comme adversaire, jamais comme ennemi; cela a toujours été ma
constatation et je pense que c'est le jeu de la démocratie
parlementaire. Je respecte ce jeu tout à fait et, d'un bord et de
l'autre, je pense qu'on le respecte. Je remercie tous les
députés, du côté de l'Opposition comme du
côté ministériel, et tous les gens du ministère qui
ont eu beaucoup de patience à écouter nos débats.
J'espère que cela a été fructueux de part et d'autre. Je
vous remercie aussi pour votre propre patience à mener le
débat.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre, je tiens à vous
féliciter. J'ai été très heureux et, si je suis
content du rôle que je tiens, c'est à cause de vos qualités
de ministre du côté gouvernemental. Je remercie les recherchistes
qui m'ont aidé et les fonctionnaires qui vous ont aidé de votre
côté. J'ai trouvé cela agréable parce que nous
faisons cela en adultes, c'est pour cela que je suis content d'être
devant vous, dans l'Opposition. C'est en adultes que l'on se parle, avec toute
la politesse et la décence que l'on se doit dans notre système
parlementaire,. Je vous en remercie beaucoup, monsieur.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, je tiens
à vous remercier de la qualité de vos interventions de même
que de celles du critique officiel de l'Opposition, ainsi que de tous les
membres de la commission de l'aménagement et des équipements. La
commission de l'aménagement et des équipements suspend maintenant
ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 23)
(Reprise à 16 h 27)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements se
réunit cet après-midi pour procéder à
l'étude des crédits budgétaires 1986-1987 du
ministère des Transports.
Alors, comme le veut la tradition de nos commissions parlementaires,
nous demanderons, dans un premier temps, à M. le ministre s'il a
l'amabilité de nous présenter ses collaborateurs et aussi de
faire ses remarques à la commission. Ensuite nous enchaînerons
avec la réplique de Mme la députée de Maisonneuve.
M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
suis extrêmement heureux de me retrouver devant vous pour discuter des
crédits qui ont été alloués au ministère des
Transports pour l'année budgétaire en cours.
Je suis accompagné de M. Michaud mon sous-ministre; de M.
Carrier, sous-ministre adjoint; de M. Lussier, de même; de M. Chi-ricota,
M. Beaulieu, M. Smith; de M. Ouellet, qui est sous-ministre adjoint aussi chez
nous; de M. Rémillard, qui est président de la
Société québécoise des transports, au salaire de
4000 $ par année; de M. Tourigny, qui est mon directeur de cabinet et de
mes deux directeurs de cabinet adjoints. Le salaire de M. Tourigny? Pas de
problème. Vous allez voir que c'est nettement... C'est 25 % de moins que
ce que mes prédécesseurs avaient comme masse monétaire. Il
y a aussi Mme Aubé, qui est adjointe au volet transports chez nous et
Mme Bédard, qui est adjointe au volet voirie et responsable de
l'OPDQ.
Comme vous le voyez, Mme la députée de Maisonneuve, chez
nous il y a de la place pour les femmes qui excellent et il y en a beaucoup au
niveau du ministère.
M. le Président, avec votre permission, je vais vous livrer -
pour ne pas rompre avec la tradition - des commentaires, mais je vous
demanderais d'être indulgent. Comme jeune ministre, j'ai beaucoup
à apprendre.
Chers collègues, une fois de plus, c'est un nouveau ministre qui
vient défendre le budget du ministère des Transports,
J'espère que mon séjour sera de plus longue durée que ceux
de mes prédécesseurs car la stabilité ministérielle
m'apparaît essentielle pour amorcer certains changements que ce
ministère devrait connaître au cours des prochaines années
et ce, selon nos choix de société et le mandat que la population
nous a donné.
Même si, à titre de ministre des Transports et de
responsable du Développement régional, je suis titulaire du
ministère des Transports, de la Commission des transports du
Québec et de l'Office de planification et de développement du
Québec, je suggérerais que l'étude des crédits se
fasse distinctement puisqu'il s'agit d'entités séparées au
point de vue budgétaire. Mon exposé ne portera donc que sur le
ministère des Transports et la Commission des transports du
Québec.
Avant de passer à l'étude détaillée des
principaux programmes du ministère, j'aimerais apporter des remarques
d'ordre plus général sur quatre sujets soit la séance du
27 mars de la commission plénière de l'Assemblée
nationale; deuxièmement, les caractéristiques budgétaires
du ministère des Transports; troisièmement, le changement de
gouvernement au mois de décembre et, quatrièmement, les
compressions budgétaires.
À la suite de l'adoption des crédits provisoires, j'ai
été appelé pour une période d'une heure à
répondre aux questions des membres de l'Assemblée nationale qui
s'était transformée en commission plénière.
À cette occasion, j'ai répondu à quelques questions
générales et je vous invite à ne pas hésiter
à revenir sur certains points au cours des travaux de la présente
commission. Il en sera de même pour moi.
Les crédits 1986-1987 du ministère des Transports
s'élèvent à 1 630 200 000 $, en baisse de 40 900 000 $ sur
ceux dépensés de 1985-1986 qui étaient de 1 670 800 000 $.
Ces crédits incluent depuis deux ans les loyers pour immeubles que nous
payons à la Société immobilière du Québec.
L'importance relative de ce budget en rapport avec celui du Québec n'est
plus que de 5,7 %, alors qu'au milieu des années soixante elle
dépassait 15 %. Cela est tout à fait normal à la suite de
l'émergence des missions sociales et éducatives, même si le
ministère s'est, lui aussi, vu confier de nouvelles fonctions en rapport
avec le développement du transport en commun.
En ce qui concerne le nombre d'emplois permanents (7741) occupés,
il n'y a aucun changement par rapport à celui de l'exercice
précédent. Toutefois, nous avons décidé d'abolir
quelque 700 postes qui n'avaient jamais été comblés. Mais
si nous pouvons constater une stabilité au niveau du nombre des emplois
effectifs, nous allons opter de plus en plus pour le "faire faire" au lieu du
"faire". Enfin, la structure des dépenses projetées est
relativement stable, soit 16 % en traitements, 16 % en fonctionnement, 21 % en
capital et 40 % en transferts.
La confection de ce budget, autant par les décisions de
compressions que par les choix de priorités, nous a amenés
à tenir compte de certaines orientations prises par nos
prédécesseurs. Il faut admettre qu'on est loin d'un budget
à base zéro où tout peut être remis en cause. Le peu
de marge de manoeuvre pour les nouvelles initiatives est la conséquence
d'un haut niveau de parachèvement de travaux amorcés par le
gouvernement précédent. Il en est de même pour les
compressions budgétaires où la réglementation en rapport
avec certains programmes de transfert ne nous laisse pas grande latitude.
Au sujet des compressions budgétaires, mon ministère a
été appelé à faire sa contribution comme tous les
autres et cela n'a pas été un exercice facile. Les objectifs du
gouvernement étant de rationaliser les dépenses de l'État
tout en privilégiant les secteurs de la santé et de
l'éducation, je me devais de me soumettre à l'exercice.
Est-ce qu'un budget de 1 600 000 000 $, 7741 employés permanents
et 2600 occasionnels sont suffisants pour
nous permettre d'accomplir notre mission en rapport avec les transports
en commun, la voirie et le transport intermodal? Pour ma part, je vous
répondrai que je ne crois pas que le gigantisme soit une condition pour
atteindre des objectifs.
Au lieu de discourir sur ce que l'on aurait pu avoir, je
préfère m'attarder à justifier la base budgétaire
d'au-delà de 1 600 000 000 $ en passant en revue les principaux
programmes de mon ministère. Pour le contribuable, pour celui qui
supporte les dépenses gouvernementales par les taxes et les impôts
dont il doit s'acquitter, il importe beaucoup plus de savoir où va
l'argent dépensé que de savoir pourquoi on ne peut en
dépenser davantage.
Programme 1, Systèmes de transports terrestres. Avec 407 300 000
$, le budget des systèmes de transports terrestres concerne le transport
des personnes à 97 %, le reste allant à la recherche et au
développement et au transport des marchandises.
S'il est un domaine où les compressions budgétaires
doivent s'appliquer avec parcimonie, c'est bien celui de la recherche. Ce
budget sert principalement à financer le Conseil de la recherche et du
développement en transport, les recherches internes au ministère
et, enfin, l'aide financière par des subventions ou des contrats de
services à des institutions, individus ou entreprises.
Si l'on veut faire mieux avec moins et favoriser la recherche de
l'excellence, il devient important de stimuler la recherche de nouvelles
techniques ou méthodes plus efficaces et d'améliorer les moyens
existants.
Le Conseil de la recherche et du développement en transport, qui
relève du ministre, siège depuis six mois et son mandat
s'articule autour de la consultation, de la promotion et de la concertation en
matière de recherche et de développement en transport. Les
projets de recherche devront correspondre aux axes de recherche établis
au ministère et favoriser la recherche et te développement dans
les domaines de ta gestion et de l'exploitation des transports, de la
socio-économie des transports et de la technologie.
Par ailleurs, nous allons privilégier, tel que recommandé
par le CRDT, les axes de recherche suivants: la conservation du patrimoine
routier, le transport routier des marchandises, le transport maritime des
marchandises et son interface avec les autres modes.
Pour ce qui est de l'Expo 86 de Vancouver, étant donné le
thème "Transport et communication" il était normal qu'on ait
demandé au ministère des Transports d'assumer la coordination de
la participation du Québec. Le ministère, par le commissariat
général, s'est bien acquitté de cette mission.
Excusez-moi, M. le Président. Est-ce qu'il y a des copies pour
les membres? Je m'aperçois qu'il n'y en a pas. Comme il n'y a pas de
cachettes, je vais demander qu'on vous fournisse des copies. Je croyais que
c'était déjà fait.
Mme Harel: On apprécie...
M. Côté (Charlesbourg): Avec le plus grand des
plaisirs. C'est pour vous démontrer que nous y allons livres
ouverts.
Mme Harel: ...de notre collaboration.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Élément 2,
Transport des personnes. Dans l'ensemble, les programmes d'aide au transport
des personnes connaîtront, en 1986-1987, avec un budget de 394 859 000 $,
une faible croissance par rapport à l'exercice précédent.
Il est pour le moins paradoxal de parler de faible croissance, alors que la
plupart des programmes du ministère sont l'objet de diminutions de
crédits. À moins de redéfinir le cadre financier, les
budgets du transport en commun sont, à toutes fins utiles,
incompressibles puisque, pour une bonne part, il s'agit de services de dette
pour lesquels le gouvernement s'est engagé à assumer tous les
coûts. Quant à la participation au déficit, ces
règles budgétaires ne peuvent être redéfinies sans
une participation de tous les partenaires.
L'année 1985 aura permis de compléter la révision
du cadre institutionnel régissant les organismes publics de transport en
commun afin de confirmer la responsabilité première des
élus locaux dans le contrôle de l'organisation et de
l'exploitation du transport en commun. C'est là une orientation
fondamentale dont nous entendons poursuivre la consolidation.
Depuis ma nomination, j'ai déjà eu l'occasion de
rencontrer les principaux élus municipaux qui sont chargés de
l'administration du transport en commun. Je leur ai fait part de mes
préoccupations quant à l'évolution des coûts du
transport en commun et spécialement de la contribution gouvernementale.
Au fil des ans, et plus particulièrement à la suite de
l'entrée en vigueur du programme d'aide au transport en commun de 1980,
le ministère des Transports est devenu le principal bailleur de fonds du
transport en commun au Québec.
Au chapitre des immobilisations, nous croyons qu'il faut
compléter les projets en voie de parachèvement dans la
région de Montréal. Toutefois, il n'est pas question pour le
moment d'autoriser la Communauté urbaine de Montréal à
aller de l'avant avec d'autres projets d'expansion du métro. Je suis
bien conscient, cependant, de l'importance
vitale du transport en commun pour la qualité de la vie urbaine
à Montréal. C'est pourquoi, avant de recommander de nouveaux
projets d'investissements à mes collègues du Conseil des
ministres, je consulterai en commission parlementaire à audience
restreinte les principaux intervenants du transport en commun de la grande
région de Montréal afin de les entendre sur les projets qu'ils
estiment prioritaires compte tenu de l'ensemble des propositions qui ont
été formulées par cette dernière.
Je suis particulièrement préoccupé par les nouveaux
délais qui ont entouré la réalisation du tronçon
Snowdon-Saint-Michel, de la ligne de métro no 5. Je comprends qu'une
partie des délais peut être attribuable aux autorisations
gouvernementales, mais, dans l'ensemble, je crois que ces travaux auraient pu
être réalisés beaucoup plus rapidement.
Du côté des organismes publics de transport en commun, les
dépenses d'immobilisations se limiteront au parachèvement des
centres d'opération déjà en construction à la
CTCUQ, à la CITRSQ et à la CTCRO, et au renouvellement du parc
d'autobus urbains pour la présente année. Compte tenu du poids de
plus en plus important des coûts de notre contribution aux services de
dette des organismes publics de transport en commun, un contrôle strict
des priorités devra être exercé avant que nous prenions de
nouveaux engagements auprès de ceux-ci.
Plus fondamentalement, il me semble que la formule actuelle de
financement des immobilisations pour le prolongement du métro et pour
les immobilisations des organismes publics de transport en commun devrait
être revue afin de favoriser un meilleur contrôle de ces
dépenses par le niveau local.
Dans cette optique, je crois qu'il faudra réexaminer la formule
en vertu de laquelle le gouvernement du Québec est appelé
à assumer entièrement le coût des travaux sur lesquels le
contrôle d'exécution est laissé à un tiers. Il nous
faudra, entre autres, trouver une formule qui assure mieux le respect des
délais et des enveloppes budgétaires. Entre-temps, j'entends
m'assurer que le coût des services de dette que nous serons
appelés à assumer correspondront aux dépenses admissibles
au programme d'aide au transport en commun et que des contrôles plus
stricts soient exercés sur les coûts prévus des
contrats.
Dans l'ensemble, je suis d'avis qu'il faudra maintenant s'attacher
davantage à la consolidation des investissements des dernières
années et à la rationalisation des dépenses, dans ce
secteur d'activités. J'apprécie, en particulier, la prise de
conscience des dirigeants des organismes publics de transport en commun en vue
d'augmenter la productivité au sein de leurs entreprises et d'accorder
une plus grande attention aux services à la clientèle. J'entends
notamment m'intéresser de près aux résultats du programme
de démonstration en cours en vue de l'utilisation d'autobus
articulés par les organismes publics de transport en commun du
Québec.
Il me semble important d'indiquer immédiatement que les
engagements futurs du gouvernement du Québec dans des projets
d'immobilisations en transport en commun devront être beaucoup mieux
ajustés aux autres priorités ministérielles et à la
capacité de payer du gouvernement du Québec.
Pour ce qui est des trains de banlieue, nous analyserons, au cours des
prochains mois, les diverses propositions de modernisation de la ligne
Deux-Montagnes. Des crédits de 500 000 $ ont été
accordés récemment par le Conseil du trésor en vue
d'évaluer la faisabilité des projets soumis depuis quelques
années.
De plus, nous entendons réexaminer, avec la Société
de transport de la Communauté urbaine de Montréal, les conditions
d'exploitation des services de trains de banlieue et, en particulier, de la
ligne CP-Rigaud en vue de la préparation d'un plan de réduction
du déficit d'exploitation de cette ligne et de la révision de la
contribution gouvernementale au déficit résiduel. En
contrepartie, nous entendons accélérer les travaux de
modernisation en vue de faire de la station Dorval une véritable station
intermodale et d'augmenter la fréquence du service pour assurer une
meilleure intégration de ce service au réseau de la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal.
Enfin, nous prévoyons présenter prochainement une
réflexion d'ensemble sur le financement du transport en commun au
Québec. Dans cette optique, j'entends revoir au cours des prochains mois
la politique d'aide actuelle au transport en commun pour examiner la part de
chacun des partenaires dans le financement de ce secteur d'activités et
mieux tenir compte de la nature de cette activité, qui est d'abord un
service local dont les collectivités locales doivent assumer la
responsabilité.
En effet, le ministère des Transports a consacré des
ressources de plus en plus importantes à ce programme d'aide au cours
des dernières années afin d'assurer le développement des
réseaux de transport en commun dans les principales municipalités
du Québec. Il me semble donc nécessaire de nous interroger sur
l'atteinte des objectifs qui avaient été fixés à ce
programme et sur les orientations à privilégier pour les
prochaines années.
Au chapitre du transport adapté aux personnes handicapées,
pour l'exercice
financier 1986-1987, le ministère des Transports soutiendra
financièrement 60 services de transport adapté, au Québec.
En outre, en assumant 75 % des coûts admissibles, le Québec
maintient l'un des programmes les plus généreux pour assurer
l'intégration sociale des personnes handicapées. Là aussi,
il me semble que l'accent devrait être mis sur la consolidation des
investissements et sur la rationalisation des dépenses
d'exploitation.
Je me dois de faire le point sur un dernier sujet relatif au transport
en commun, soit le transport par taxi. Je parle du plan de rachat de la ligue
A-il dans l'agglomération urbaine de Montréal. Dans le cas du
plan de rachat de permis de taxi, on doit constater que les promesses de mon
prédécesseur n'ont pas été remplies. À la
suite de discussions avec les représentants de l'industrie, nous avons
convenu, d'un commun accord, que les objectifs du plan de rachat étaient
louables et que le plan de rachat devait être maintenu. Toutefois, nous
pourrons ajuster les modalités d'application du plan de rachat afin de
le rendre plus acceptable aux gens de l'industrie.
Au point de vue organisationnel, le transport des marchandises fait
partie de la Direction générale du transport intermodal qui
regroupe quatre directions, soit: routier des marchandises, ferroviaire,
maritime et aérien. Nous traiterons ici des deux premières, les
budgets des deux autres constituant le programme 7.
Le transport routier des marchandises. Outre la nécessité
d'adapter la législation aux réalités d'aujourd'hui,
d'autres raisons militent en faveur d'une intervention dans le transport
routier des marchandises. D'une part, la province de l'Ontario est prête
depuis un an à adopter son "Public Trucking Act". D'autre part, le
gouvernement fédéral a annoncé son intention de
déposer sa nouvelle loi sur les véhicules moteurs. Le
Québec doit donc coordonner son action législative avec celle de
ses partenaires.
Pour ces raisons, l'année 1986-1987 sera une année
très active sur le plan de la réforme réglementaire. Mais
cette activité sera empreinte de cohérence, car les gestes
posés n'auront comme but que de renforcer l'industrie
québécoise du transport, tout en la rendant plus concurrentielle.
Il n'est pas question de tout déréglementer. Pour moi, il s'agit
d'une réforme de la réglementation.
Au Québec, la sécurité ne fera pas les frais d'une
réforme de la réglementation. C'est dans cette optique que j'ai
annoncé, le 21 mars dernier, mes intentions de renforcer la
réglementation liée à la sécurité. Ces
nouvelles mesures ne toucheront que les délinquants et les
illégaux. L'industrie devra s'autoréglementer; sinon, il lui en
coûtera très cher. (16 h 45)
Sur le plan de la réglementation économique, nous
envisageons un assouplissement des règles. Cette démarche se fera
lentement, mais progressivement. Premièrement, nous tiendrons compte des
conséquences observées chez nos voisins du Sud , et,
deuxièmement, nous laisserons à notre industrie un certain temps
pour qu'elle s'adapte au nouveau contexte.
Donc, cette réforme réglementaire se traduira par un
renforcement de la réglementation liée à la
sécurité et un assouplissement de la réglementation
économique.
Au niveau réglementaire, deux nouveaux textes sont entrés
en vigueur, celui des matières dangereuses (le 19 février
dernier) et l'autre sur l'arrimage des charges (le 1er avril dernier). Outre la
refonte du Code de la sécurité routière, ces nouvelles
mesures traduisent notre volonté de raffermir l'aspect
sécuritaire.
Enfin, notre action sera complétée par des mesures non
réglementaires, comme la possibilité de mettre en place un
système informatisé d'information en transport. Ce serait une
sorte de banque de données de tous les transporteurs (destination,
tarifs) qui profiterait autant aux expéditeurs qu'aux transporteurs.
Abordons maintenant le transport ferroviaire. Il peut sembler
étrange que le ministère soit doté d'une Direction du
transport ferroviaire alors qu'à l'exception de 1400 kilomètres
opérés par neuf compagnies privées tout le réseau
est sous juridiction fédérale. Elle a quand même sa raison
d'êtres d'une part, à cause de nos obligations de surveillance sur
ces compagnies en matière de sécurité, d'autre part, pour
faire valoir les intérêts du Québec au chapitre des
activités ferroviaires de juridiction fédérale,
En 1986-1987, la direction poursuivra les travaux amorcés l'an
dernier, comme l'étude sur la rationalisation du réseau de la
Côte-Nord, la définition d'un réseau de base
nécessaire au transport des matières premières dont
l'industrie forestière, la sécurité dans l'exploitation
des entreprises sous notre juridiction et, enfin, la publication d'informations
telles une carte du réseau québécois et des statistiques
sur ce mode de transport souvent sous-utilisé parce que mal connu.
La Commission des transports du Québec que nous verrons à
l'analyse demain. Avec un budget de 9 700 000 $ et 263 employés, la
Commission des transports du Québec relève directement du
ministre. Notre volonté de réforme réglementaire se
traduira par une rationalisation et une harmonisation des règlements
régissant le transport intra et interprovincial. Il n'y a pas de doute
que le fonctionnement de la commission sera affecté.
La réglementation du transport par
autobus est actuellement contestée devant la Cour
supérieure. Dès lors, vous conviendrez qu'il est
préférable de ne pas aborder cette question de façon
particulière.
Cependant, dans le cas du transport interurbain par autobus, il ne faut
pas perdre de vue le principe "d'interfinancement" des lignes. Étant
aussi ministre responsable du Développement régional, je dois
m'assurer que les régions ne paient pas la note d'une modification
à la réglementation.
Pour ce qui est du transport par taxi, des discussions sont en cours
afin que l'industrie du taxi de Montréal passe sous la juridiction de la
Communauté urbaine de Montréal. Ce transfert de pouvoir
répond au désir de l'industrie.
Il faut admettre que ces nouvelles réalités sont
susceptibles d'apporter à la Commission des transports du Québec
des changements qui seront au-delà des modalités de
fonctionnement.
Construction du réseau routier, au programme 3. Pour 1986 - je
suis sûr que c'est l'intérêt de l'ensemble des
députés de cette commission, le réseau routier
étant extrêmement important, de savoir où se loge le
ministère cette année - la conjoncture budgétaire
particulièrement difficile oblige le ministère à des
réductions substantielles des activités de construction
routière, notamment au chapitre des travaux routiers. La
nécessité de maintenir le niveau actuel des budgets
consacrés à l'entretien et à la conservation du
réseau routier nous force, en effet, à faire porter sur les
activités de construction la presque-totalité de cet effort de
compression budgétaire. On reconnaîtra, en effet, que
l'état actuel du réseau routier, qui s'est nettement
dégradé ces dernières années, nous amène
à éviter de réduire davantage les budgets consacrés
à l'entretien. Ainsi, le budget du programme 3 Construction du
réseau routier s'établit, pour le présent exercice,
à 333 000 000 $, soit une diminution de quelque 60 000 000 $ dont 20 700
000 $ de crédits périmés en 1985-1986, par rapport
à l'année financière 1985-1986.
Une très large part de ce budget sera consacrée à
la poursuite ou à la finalisation de projets déjà
entrepris et d'autres travaux importants seront entrepris. Le ministère
entreprendra également la réalisation d'importants ouvrages de
protection des piliers du pont Laviolette (autoroute 55), à
Trois-Rivières. La vulnérabilité de cette structure en
regard d'une collision maritime et l'importance économique de ce lien
routier rendent nécessaires ces travaux de protection.
Les besoins de réhabilitation et de reconstruction du
réseau routier sont pour moi une priorité. De fait, une large
partie du réseau a été construite entre les années
soixante et soixante-dix et atteint maintenant un stade de maturité
où des travaux de réfection sont requis. Ces travaux, fort
dispendieux, sont cependant nécessaires si l'on veut maintenir la
qualité de nos routes, assurer des déplacements
sécuritaires et considérer les impacts économiques
importants d'un réseau routier adéquat. La réfection du
pont Viau et la réhabilitation de la chaussée du boulevard
Décarie à Montréal font partie, en 1986-1987, de ce
programme de réhabilitation majeure de certaines infrastructures
routières.
Évidemment, le ministère poursuivra ses efforts en vue de
la réfection d'axes interrégionaux importants dans les
différentes régions du Québec. Ces travaux de
réhabilitation et d'amélioration du réseau
interrégional visent principalement l'adoucissement de pentes abruptes,
la correction de courbes dangereuses et la réfection de la surface de
roulement, offrant ainsi des liens plus efficaces et sécuritaires.
Quelque 102 800 000 $ seront consacrés à ce chapitre en
1986-1987.
Sur le réseau des routes régionales et locales, le
ministère consacrera près de 128 000 000 $ pour la
réalisation de divers travaux en vue d'améliorer la
qualité des services et d'assurer un niveau de sécurité
adéquat.
En somme, le niveau de dépenses de construction routière
traduit la primauté accordée à la réhabilitation et
à l'amélioration du réseau existant plutôt
qu'à l'expansion de nouvelles infrastructures routières, tout
comme il reflète la priorité qui doit être accordée
à la conservation et à l'entretien du réseau. Il n'y aura
construction que lorsque le développement de nos régions le
commandera.
Conservation du réseau routier, programme 4. Le réseau
routier entretenu par le ministère des Transports du Québec
totalise quelque 60 000 kilomètres de routes.
Les 48 districts répartis dans les 12 directions
régionales du ministère sont responsables de la
réalisation des travaux de conservation du réseau routier.
Comme je suis très conscient de l'importance de ce secteur et que
je partage les recommandations du rapport Trip Canada, je m'assurerai que dans
les prochains exercices financiers le secteur de l'entretien routier soit
privilégié.
C'est ainsi que le budget de la conservation du réseau
prévu pour 1986 est de 439 000 000 $, comparativement à 453 000
000 $ pour l'exercice antérieur.
En plus de la réduction des effectifs déjà
annoncée, des réaménagements seront effectués
à l'intérieur des subventions d'entretien d'hiver et une
redistribution de certains chemins municipaux sera complétée dans
les cités et villes de plus de 5000 de population.
Des efforts accrus viendront rééquilibrer la part des
travaux de déneigement effectués en régie par les forces
du ministère et celles confiées à l'entreprise
privée.
L'ensemble de ces mesures se traduira aussi par une réduction
accrue du parc de matériels du ministère.
Malgré tout, un effort particulier sera fait pour que le
ministère mette en place un programme spécifique de
débroussaillage mécanique à l'intérieur des
emprises en vue de restaurer le drainage et d'améliorer la
sécurité.
Dans un autre ordre d'idées, la conjoncture économique
actuelle nous incite à croire qu'il y aura une réduction du prix
du pétrole et, par conséquent, une réduction du prix de
revient des mélanges bitumineux.
Ainsi, les montants prévus au programme de réhabilitation
des chaussées, qui englobe les couches d'usure, les traitements de
surface et le resurfaçage en béton de ciment, devraient nous
permettre de conserver la même qualité de chaussée que par
les années antérieures.
Il est très important pour le ministère de conserver un
réseau routier dont le remplacement peut être évalué
à plusieurs milliards de dollars et je continuerai è lui accorder
tous les crédits requis pour le maintenir dans un état
sécuritaire et efficace pour les usagers.
Dans le but de continuer de faire plus avec moins, rien ne sera
ménagé pour encourager l'utilisation de nouveaux matériaux
ou de nouvelles techniques qui se traduiraient par des économies ou une
amélioration de notre productivité.
Volet très important au ministère: le transport scolaire.
Le transport scolaire, avec le Service aérien gouvernemental, est le
seul programme du ministère à bénéficier d'une
augmentation de crédits, le budget passant de 301 000 000 $ à 308
000 000 $ en 1986-1987.
Dans le domaine du transport scolaire, je crois que la réforme
qui a entraîné les responsabilités de l'organisation du
transport en faveur des commissions scolaires a permis de poursuivre l'effort
de rationalisation des dépenses dans ce secteur d'activités.
En outre, afin d'assurer une meilleure stabilité des entreprises
de transport scolaire, le ministère des Transports favorise l'octroi,
par les commissions scolaires, de contrats de trois ans. De leur
côté, les transporteurs se voient garantir, pour les
deuxième et troisième années du contrat, l'indexation des
prix en fonction de l'évolution des prix à la consommation et des
prix du transport.
Même s'il faut reconnaître que l'évolution des
coûts du programme d'aide au transport scolaire a été
contenue au niveau de l'inflation au cours des derniers exercices financiers,
j'ai l'intention de revoir le mode de financement du transport scolaire afin de
consolider les responsabilités financières des commissions
scolaires. D'ailleurs, j'entends associer les représentants des
commissions scolaires et des transporteurs à la réflexion que
nous serons appelés à mener au cours des prochains mois.
Le budget du transport maritime et aérien, 63 600 000 $, est en
baisse de 2 400 000 $ sur celui de 1985-1986. Il se partage à parts
presque égales entre le maritime et l'aérien. Ce n'est pas un
programme particulièrement touché par les compressions
budgétaires et les variations s'expliquent par des besoins moindres en
transferts et plus élevés en immobilisations.
Pour 1985-1986, les crédits du transport maritime
s'élèvent à 32 400 000 $, dont 29 700 000 $ de transferts.
La Direction du transport maritime a pour rôle d'assurer, par le biais
d'interventions cohérentes, soit des politiques, des lois ou des
règlements, le développement ordonné du transport maritime
au Québec. Elle doit également définir des critères
d'aide aux entreprises exploitant des services de transport maritime
subventionnés. Enfin, elle doit se préoccuper du
développement de ce secteur non seulement au niveau des services
eux-mêmes, mais encore au niveau des infrastructures. En ce qui concerne
les infrastructures, il s'agit du quai de Port-Menier et de travaux mineurs de
réfection de quelques autres débarcadères. Quant au port
de Valleyfield, j'ai déjà annoncé l'octroi d'une
subvention de 10 000 000 $.
C'est au chapitre des transferts que l'intervention du ministère
est la plus visible. Notre intervention s'articule autour de trois aspects: le
financement de la Société des traversiers du Québec, les
subventions à deux services de cabotage, Moyenne et
Basse-Côte-Nord et celui des Îles-de-la-Madeleine, et enfin une
aide financière à des traverses privées.
Comme autre champ d'activités, le ministère est intervenu
dans les dossiers du transport maritime national et international afin de
s'assurer que les intérêts du Québec soient
protégés. On peut citer quelques dossiers entrant dans cette
catégorie: la réforme de la Loi nationale sur les transports,
Allez sans entraves, le rapport du groupe chargé d'étudier le
transport maritime de haute mer, le projet de loi C-75 modifiant la Loi sur la
marine marchande et, plus particulièrement, l'article 4 traitant du
recouvrement des coûts des services de la Garde côtière
canadienne, le projet de loi sur l'application extracôtière des
lois canadiennes et l'affaire opposant la société Atlantic
Container Express au Canadien National.
Enfin, le ministère participe à d'autres projets, comme
celui du port de Baie-Comeau, en étant représenté au
comité de
planification des installations portuaires de cette ville, de même
qu'au comité de gestion de l'étude du lien maritime interrives
reliant Port-Menier.
Le budget du transport aérien connaît une certaine
stabilité, bien que sa composition varie. Le budget total de 31 200 000
$ comporte une part de plus en plus importante de fonctionnement et
d'immobilisations et, conséquemment, une baisse des dépenses de
transfert.
Depuis quelques années, les crédits du transport
aérien ont servi principalement trois fins: la construction
d'infrastructures aéroportuaires et leur entretien, l'intervention dans
Quebecair et, finalement, une aide financière à certaines
dessertes aériennes.
Au chapitre des immobilisations, le budget de 19 200 000 $ sera
consacré au parachèvement des aéroports de Port-Menier,
Saint-Augustin et de trois aéroports nordiques, Ivujivik, Kangirsuk et
Salluit, programme à frais partagés avec le gouvernement
fédéral. On commencera les travaux de Tasiujaq - vous avez
compris - et d'Inukjuak. Enfin, un certain montant doit être investi dans
les équipements de sécurité dans les aéroports.
Dans la mesure du possible, et principalement pour les aéroports
nordiques, l'entretien de ces infrastructures sera confié aux instances
locales pour favoriser leur implication, tout en minimisant les dépenses
du ministère. Pour les années à venir, encore une fois en
gardant à l'esprit le nouveau contexte de libéralisation dans le
domaine du transport aérien, il nous faudra retenir principalement la
mise sur pied de programmes et d'orientations susceptibles de favoriser un
réel développement dans tout ce qui touche à ce secteur.
Ces programmes et orientations devront penser autant aux populations
isolées et éloignées, au public voyageur en
général, aux transporteurs, aux régions et aux
municipalités qu'aux organismes qui les supportent, tels les
associations, les comités, les conseils et autres. (17 heures)
Quant au transport aérien gouvernemental, programme 8, le budget
est de l'ordre de 20 900 000 $, soit une hausse de 6,1 % sur le budget de
1985-1986. Cette augmentation est due à l'achat des avions-citernes
CL-215 en vertu du programme conjoint avec le gouvernement
fédéral. Le service aérien gouvernemental gère
également un fonds renouvelable dans le cadre de ses activités de
transport des passagers, de transport des malades avec l'avion-ambulance et
aussi de protection des forêts.
M. le Président, ceci termine mes observations
particulières sur les différents programmes du ministère
des Transports. Je demeure de plus en plus convaincu qu'il faudra remettre en
cause le fonctionnement et même la nature de certains programmes si on
veut dégager les ressources nécessaires pour les nouvelles
priorités.
Une telle démarche, si elle peut se faire à l'interne pour
améliorer l'efficience, ne peut se limiter à ce volet. En effet,
avec un budget dont 47 % sont dépensés sous forme de transfert,
une consultation avec la clientèle s'impose. Je suis persuadé que
les principaux intéressés comprendront, d'autant plus que cela
est pour le bien-être de toute la population.
Je vous remercie, M. le Président, et je suis à la
disposition de cette commission pour répondre aux questions
bienveillantes comme malveillantes. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Vous allez me permettre
d'abord de saluer vos collaborateurs du ministère. Je peux ajouter
collaboratrices pour le ministre, mais pour le ministère je ne sais s'il
y a une répondante à la condition féminine actuellement en
place au ministère des Transports. On fait des grands signes de
tête que oui.
M. Côté (Charlesbourg): Au cabinet même.
Mme Harel: Au cabinet oui, mais au ministère, dans
l'appareil?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Je l'ai
rencontrée lorsque j'ai visité les 3000 fonctionnaires du
ministère installés à Québec.
Mme Harel: II faut évidemment que vous le souligniez et
avec raison. C'est un secteur où la présence des femmes a
été assez spectaculaire. Je pense notamment à la direction
qui est assumée actuellement par Mme Roy à la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal. J'ai eu
l'occasion de travailler avec certains d'entre eux plus étroitement
durant les dernières années et j'ai pu connaître leur
esprit de collaboration et leur expérience.
J'imagine que, un peu comme cela s'est fait les années
précédentes, les représentants de la direction de
Quebecair pourront être présents à côté du
ministre pour répondre aux questions des membres de la commission. C'est
avec raison que dans le passé les membres de l'Opposition - à
cette époque libérale - avaient obtenu d'interroger directement
les représentants de Quebecair de même que ceux de la
Société québécoise des transports. On sait que
Quebecair est une filiale de la Société québécoise
des
transports, mais son importance névralgique pour bien des
régions du Québec a toujours justifié amplement une telle
présence. Nous avons, comme membres de cette commission, le droit de
connaître de ceux qui assurent actuellement la direction de Quebecair
quel est l'état de la situation.
Je voudrais rappeler à cette commission que MM. Michel Langlois
et Fernand Henley, de Quebecair, de même que M. Jean Guy, alors
président de la Société québécoise des
transports, ont pu être interrogés longuement par le
député de Mont-Royal - à l'époque, critique de
l'Opposition en matière de transport - dans le cadre de l'étude
des crédits l'an passé. Nous nous attendons à ce qu'il en
soit de même cette année. Nous comprenons parfaitement leur
absence cet après-midi, compte tenu des programmes que nous avons
à examiner.
Comme nous ne verrons les programmes sur les transports maritime et
aérien que demain et sans doute dans l'après-midi, nous
souhaiterions obtenir du ministre la confirmation de leur présence.
Je ne sais pas si M. le ministre des Transports a eu l'occasion, ou
peut-être son adjoint ou quelque autre membre de la commission, de
prendre connaissance - c'est très instructif - de l'étude des
crédits qui s'est poursuivie au cours des années
précédentes. Notamment - je le ferai très rapidement parce
que je pense que sur cette question le point de vue est certainement similaire
- sur la question de l'importance de la politique de transport en tant qu'outil
de développement et de planification. Compte tenu des effets qu'une
telle politique peut avoir sur l'emploi, sur l'industrie en
général et l'industrie touristique en particulier, compte tenu
des effets qu'une politique de transport a sur les économies
régionales et également sur la qualité de la vie urbaine,
cela commande énormément d'intérêt, autant pour un
réseau routier rentable et bien entretenu que pour des liaisons
aériennes, pour un transport fluvial efficace. Je pense que c'est dans
la complémentarité des différents modes de transport que
l'action, maintenant, doit être une action concertée de
manière à donner une perspective de développement
économique autant sur le plan direct, sachant que les dépenses de
construction en matière de transport ont souvent été
utilisées comme politique de travaux cycliques pour répondre
à des situations, parfois, de chômage cyclique, mais aussi et
certainement indirectement, puisque les politiques de transport et les
crédits que nous allons étudier durant cette présente
commission ont un effet direct pour assurer des conditions propices à
l'implantation de l'industrie. C'est donc dire que les politiques en
matière de transport peuvent devenir un atout majeur. En tout cas, c'est
un gage important si on veut parler de développe- ment.
Je termine sur ces considérations d'ordre général,
mais l'industrie du matériel de transport québécois est
évidemment une des plus dynamiques et des plus compétitives, je
pense, de nos industries, celle dont on s'enorgueillit. Cette industrie du
matériel de transports compte tenu du marché compétitif
dans lequel elle doit évoluer, doit certainement être soutenue
pour que les marchés extérieurs lui soient de plus en plus
ouverts. De là l'importance de tout le secteur de la recherche et du
développement. Alors, on aura l'occasion d'y revenir, M. le
Président, lorsqu'on entamera l'élément 1 du programme 1
du transport terrestre.
Sur cette question de recherche et développement, quelques mots
simplement pour souligner combien c'est une question d'importance capitale. Je
me rendais compte, en lisant l'ensemble des débats lors des
études de crédits antérieures, que le critique de
l'Opposition critiquait à l'époque très
sévèrement, notamment l'an dernier, le ministre des Transports de
ne pas allouer, de ne pas consacrer, disait-il, au moins 1 % du budget du
ministère à la recherche et au développement, jugeant
insuffisants les montants alloués qui, incidemment, je crois, cette
année sont de 1 000 000 $ de moins que ceux qu'on retrouve aux
crédits de l'an passé. On aura certainement l'occasion de revenir
sur cette question qui est importante afin de mieux connaître les
orientations du ministre sur cette question de la recherche et du
développement.
Quelques considérations sur les problèmes qui, d'une
certaine façon, ont trouvé une solution depuis l'an passé.
Je pense que le ministre a fait écho à certains d'entre eux, et
je crois que c'est important de le souligner. Il y avait quand même
depuis longtemps un effort de réflexion qui était consacré
au contrôle que les élus locaux et les usagers devaient avoir au
plan des commissions de transport, et je crois que et le
prédécesseur du ministre a joué un rôle
déterminant pour confirmer le rôle prépondérant des
élus locaux.
Je crois qu'il faut signaler, également, une question qui a
trouvé solution et qui n'était pas simple" en termes
d'application. C'est celle de l'intégration tarifaire. C'était
certainement dans la corbeille, je dirais, de mariage du ministre quand il
s'est présenté à ce ministère. C'était
certainement un dossier réglé qui était à son
avantage. Cette question d'intégration tarifaire a fait couler beaucoup
d'encre, mais elle est maintenant résolue.
On reviendra certainement sur le rajustement de la contribution de
chacun des partenaires au financement du transport en commun, rajustement qui
s'est fait, grosso modo. Je pense qu'on peut simplifier en disant 22, 33, 44,
plus ou moins; 22 étant la
part des municipalités, 33 celle du gouvernement et 44... 44
celle du gouvernement plutôt, 33 celle des usagers - j'étais
convaincue que la part des usagers n'était pas la part la plus faible -
et 22 les municipalités.
Il y a un aspect important qu'il faut peut-être connaître en
tant que membre de cette commission, c'est qu'il y a maintenant une
contribution minimale de la part des municipalités, ce qui
n'était pas le cas précédemment. Mais on aura l'occasion
de mieux connaître les intentions ministérielles en matière
de contribution de chacun au financement du transport en commun, compte tenu
des informations qui viennent de nous être communiqués par le
ministre.
Il demeure qu'à la lecture des crédits de cette
année en comparaison de ceux de l'an dernier et en examinant les
interventions que les uns et les autres avaient faites je dois vous dire que de
prime abord il m'est venu la question suivante à l'intention du
ministre: En quoi est-ce que les priorités définies
diffèrent de ce qu'on a connu au cours des dernières
années? J'ai pu constater que les crédits alloués
pouvaient avoir été diminués, mais l'ordre de
répartition, j'ai l'impression qu'il est resté pratiquement le
même. En d'autres termes, on a devant nous à peu de choses
près les mêmes priorités que celles qui étaient
définies par les prédécesseurs du ministre et donc par le
gouvernement précédent, en termes de pourcentage des allocations
qui ne diffèrent pas sensiblement. Je reprends les crédits
mêmes déposés par le président du Conseil du
trésor et qui font état de cinq principaux secteurs: les
sytèmes de transport terrestre pour 25 % du budget; la construction du
réseau routier pour 20,4 %; la conservation du réseau routier
pour 27 %; le transport scolaire pour 18,9 % et les transports maritime et
aérien pour 3,9 %. Le solde est de 4,8 % référant à
l'administration du ministère.
Les constatations que l'on doit faire c'est que les périodes de
crédits antérieures donnaient régulièrement lieu
à des dénonciations assez virulentes des critiques de
l'Opposition de l'époque à l'égard du réseau
routier. On faisait beaucoup valoir que le mauvais état du réseau
routier dépendait directement du fait que la part du budget
consacrée à la voirie était insuffisante et cette part
consacrée à la conservation du réseau routier... Le
ministre a insisté avec raison sur l'importance de la conservation du
réseau routier. C'est ce qui l'amène à consacrer et
à allouer cette année dans ses crédits 27 % de son budget
à la conservation du réseau routier. Je lui ferai remarquer qu'il
s'agit exactement du même pourcentage qui a été
consacré depuis les quatre ou cinq années qui se terminent
maintenant.
En d'autres termes, j'ai fait le relevé des budgets, en dollars
courants, de la part relative des budgets du ministère des Transports
à la conservation du réseau routier pour me rendre compte que de
1971 à 1976 c'est 20 % du budget du ministère des Transports qui
était consacré à la conservation du réseau routier,
20 %; que de 1977 à 1978 on assiste à une augmentation à
24 %; l'année suivante, 24 %; 1979-1980, 26 %; 1980-1981, 26 %;
1981-1982, 27 %; 1982-1983, 28 %. Il y a donc eu une augmentation presque
constante de la part relative du budget de la conservation du réseau
routier au chapitre de la conservation. De toute façon je laisserai
à mes collègues qui sont directement concernés par cette
question -je pense, entre autres, au député de Joliette et leader
- le soin d'examiner plus amplement les programmes 3 et 4.
Pour ma part, je voudrais tout au moins me réserver la
possibilité de poser des questions au ministre sur la question du
parachèvement et du prolongement de l'autoroute est-ouest eu
égard à ce programme. (17 h 15)
M. le Président, il faut donc s'interroger si les
priorités ne diffèrent pas de ce qu'on a connu au cours des
dernières années. Était-ce parce qu'elles étaient
souhaitables? Ces priorités définies précédemment
sont retenues - jusqu'à preuve du contraire - par le ministre et par son
gouvernement. Ces priorités étaient celles qu'on pouvait
espérer voir retenues par un gouvernement.
Je voudrais simplement, pour notre information mutuelle, reprendre
l'état de la situation. Le ministre a procédé à des
coupures ou à des compressions de l'ordre de 92 000 000 $, soit
près de 13,7 % du total des compressions déposées par le
président du Conseil du trésor. Au chapitre de ia
réduction du niveau des activités... Je fais là
référence à un document qui a été
déposé par le président du Conseil du trésor cette
semaine, je pense, au moment où la Chambre siégeait. Ces
renseignements supplémentaires nous donnent à comprendre que
presque 30 % des réductions d'activités proviennent du
ministère des Transports. Si on fait la distinction, comme elle est
faite d'ailleurs dans le document qui a été déposé
par le Conseil du trésor, entre la réduction du niveau des
activités et ia suppression, la réduction du niveau
d'activités est de 73 800 000 $, je crois, à ce chapitre. Il
s'agit du document qui s'intitule Sommaire des principales mesures de
compression par type.
Évidemment, il faut signaler que l'orientation retenue a
été celle de faire subir les compressions les plus importantes au
chapitre de la construction de routes, 55 800 000 $. C'est 60 % des 92 000 000
$. L'entretien a un volume de
compression de 12 200 000 $. C'est donc 13 % des 92 000 000 $. Le
transport des personnes subit une compression moindre de 5 800 000 $. C'est
l'orientation choisie par les prédécesseurs du ministre, mais
elle n'est pas dans le sens des demandes répétées faites
par les critiques de l'Opposition pour remédier au problème qui
était d'une gravité telle, disaient-ils, qu'il nécessitait
des interventions urgentes.
Il s'agit essentiellement des interventions que je voulais faire en
remarques générales. Nous allons revenir programme par programme
pour étudier les crédits du ministère.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
(réplique)
M. Côté (Charlesbourg): Peut-être pour donner
quelques petits éléments de réponse, parce que je pense
que c'est de tradition. Comme vous le voyez, je ne suis pas habitué
à être de ce côté-ci pour répondre. Je suis
davantage habitué à être assis dans votre fauteuil.
Dans un premier temps, je cannais l'importance qu'attache Mme la
députée de Maisonneuve à la condition féminine.
Chez nous, au ministère des Transports, c'est Mme Hélène
Verret qui est responsable de la condition féminine. Je vais vous faire
parvenir un beau petit document, le journal du ministère, où on
voit que le 8 mars a été bien célébré au
ministère des Transports, malgré que les femmes n'y soit pas
nécessairement très nombreuses. On hérite d'une tradition
qui fait que, même si elle s'appelle la période de la
révolution tranquille, on a célébré la semaine
dernière le 25e anniversaire de travail de 459 personnes au
ministère des Transports, dont malheureusement uniquement 14 femmes.
C'est une tradition qui, chez nous, remonte aux sources de la révolution
tranquille et qui fait beaucoup de progrès, comme l'a souhaité M.
Michaud, dans son allocution, vendredi soir dernier. Il espérait que les
femmes occupent de plus en plus de place au ministère des Transports.
C'est un voeu non seulement du ministère, mais aussi du cabinet. Parce
que nous avons aussi au cabinet une interlocutrice à la condition
féminine. J'en donnerai donc une copie à Mme la
députée de Maisonneuve. Elle pourra constater que, chez nous
comme ailleurs, cela bouge dans le bon sens.
Il y a un certain nombre de points qui ont été
soulevés par Mme la députée. Attaquons-les peut-être
le plus ouvertement possible et c'est sous le sceau de l'ouverture et de la
franchise que je veux que l'étude de ces crédits se
déroule.
Je suis prêt à déposer la liste des coupures qu'il y
aura au ministère et les endroits où elles seront
affectées. Je pense qu'il faut, à partir du moment où nous
avons fait des choix comme ministre ou comme gouvernement, assumer la
responsabilité de nos choix. C'est ce que je veux assumer devant vous
durant les deux jours que nous passerons ensemble.
Effectivement, vous spécifiez que les coupures ou les
dépôts des crédits par les différents
ministères ne tranchent pas beaucoup avec le passé, avec ce qui a
été déposé par les administrations
antérieures, principalement la vôtre, et que dans ce
sens-là il n'y a pas grand changement. Il faudra quand même tenir
compte, et vous êtes au Parlement depuis quelques années, du
processus de l'élaboration du budget qui commence bien avant le mois de
décembre et que notre arrivée à la tête du
gouvernement, et la mienne comme ministre, était le 12 décembre.
Donc, dans un processus qui était largement avancé et, devant
l'évidence qu'il fallait déposer en mars des crédits,
c'est clair que cette année vous ne pouvez pas retrouver la marque de
commerce que vous retrouverez l'an prochain dans le budget du gouvernement, que
forcément l'orientation des discussions budgétaires est davantage
imputable, finalement, à l'administration précédente et
que j'ai dû faire des choix comme ministre quant aux coupures ou à
l'effort des coupures à faire. Je ne l'ai jamais caché, si la
santé et l'éducation sont la priorité, il fallait que le
ministère des Transports fasse sa part et j'ai assumé cette
responsabilité.
J'avais le choix, et je vous l'ai déjà dit, de couper le
transport terrestre des personnes qui s'adresse à des clientèles
qui pour cette année sont peut-être plus vulnérables.
J'avais ce choix, j'aurais pu y aller et j'ai décidé de ne pas le
faire. J'ai décidé d'aller couper, comme je vous l'ai dit
précédemment, dans ce qui n'existe pas, soit la construction de
routes projetée, la reportant sur des années futures, donc, une
partie très importante, comme vous l'avez mentionné tout à
l'heure, et, aussi, il ne faut pas l'oublier, sur 700 postes qui chez nous
n'étaient pas occupés. On n'a pas coupé des postes de
personnes qui étaient là, on a éliminé des postes
qui n'étaient occupés par personne. Il faut quand même
tenir compte de ces choses-là et c'est la grosse partie des coupures
qu'il y a chez nous.
Lorsque Mme la députée de Maisonneuve a fait état
qu'il n'y avait pas un gros changement par rapport aux années
antérieures, au chapitre du système routier, de la construction
de routes, il y a effectivement un renversement de tendances important quant
à la construction de routes et à l'entretien, en ce sens que, sur
les années antérieures - et je ne veux pas en faire une bataille
de chefs parce que ce
n'est pas l'objectif - au cours des six années
antérieures, lorsqu'on parle de compressions, parce que vous avez eu
comme gouvernement à vivre aussi des périodes difficiles et
à proposer des coupures, votre choix s'est arrêté dans les
compressions budgétaires au ministère à 50 % toujours sur
l'entretien du système routier. C'est cela qui payait les frais. Les
chiffres sont là pour le prouver. Chaque année, depuis 1981-1982,
1982-1983, dans la moyenne des coupures, des compressions, lorsqu'on tient
compte des compressions au ministère des Transports, 50 % des
compressions ont toujours été pour l'entretien alors que nous
avons cette année inversé la tendance avec 21 % des coupures, des
compressions budgétaires à l'entretien. C'est quand même
important, et je le reconnais, mais nous avons voulu dans un premier temps,
compte tenu du moment où nous avons pris les rênes du pouvoir,
agir là où nous le pouvions et signifier très nettement
que notre priorité pour l'avenir au niveau du ministère des
Transports était l'entretien du système routier. C'était
donc extrêmement important. Il y a donc à ce niveau-là un
changement majeur. Effectivement, c'est peut-être le seul que l'on peut
voir à l'intérieur, mais celui-là, je tenais à le
spécifier.
Vous avez fait état effectivement de certains propos que
l'Opposition, qui est le gouvernement maintenant, a tenus dans les
années antérieures. Il faut croire que, dans un cas comme dans
l'autre, l'Opposition devenant le pouvoir trouve davantage de vertus dans
certaines choses faites par le gouvernement antérieur, comme ceux qui
étaient au pouvoir antérieurement et qui deviennent l'Opposition
trouveront peut-être un peu plus de problèmes ou de
déficiences dans ce qu'eux-mêmes avaient amorcé. C'est une
vertu qui s'échange certains bénéfices et certains
défauts aussi. Je ne fais pas grief du tout à Mme la
députée d'évoquer ce que mes prédécesseurs
ont pu dire au ministère des Transports, étant fort conscient que
les engagements pris par le gouvernement qui a été élu le
2 décembre sont des engagements d'un mandat et non pas des engagements
d'un budget dont la presque totalité a été
préparée par le gouvernement antérieur.
Effectivement, il y a eu quand même de bonnes choses et vous aviez
raison de le mentionner, de bons coups faits par le gouvernement
antérieur en ce qui a trait à certaines mesures quant au
transport en commun. Je les salue aussi. Cela faisait effectivement partie de
la corbeille de mariage, mais que je n'ai pas trouvé dans le cabinet du
ministère parce qu'il n'y avait rien au moment où je suis
arrivé. C'était le désert total, les déchiqueteuses
avaient fonctionné à plein régime. Ce sont les officiers
du ministère qui m'ont transmis toute une série de données
qui étaient assez intéressantes. Évidemment, ils ne m'ont
pas transmis celles qui ont complètement été
détruites, j'imagine qu'ils ne les avaient pas au complet.
Chez nous, relativement à la recherche, vous en avez
parlé, il y a des projets extrêmement importants pour l'industrie
au Québec avec Prévost, Bombardier, GSM, projets
extrêmement intéressants que nous avons continués, d'autres
que nous avons lancés. Nous allons continuer dans ce sens. Je pense que
le CRDT, qui a été créé par le gouvernement
précédent, est une heureuse initiative afin de bien orienter la
recherche au niveau du ministère de façon que cela corresponde
davantage à ce que nous avons besoin comme ministère au lieu
d'être diffus comme recherche et que cela ne rapporte finalement pas les
fruits escomptés.
Vous avez fait des demandes spécifiques quant à la
participation des gens de Quebecair à la commission. Je serai
très heureux de répondre à vos questions qui pourraient
m'être adressées, comme ministre responsable. Dans la mesure
où je ne peux pas répondre à vos questions, je serai
secondé par le président de la Société
québécoise des transports qui pourra y répondre. Je suis
disposé à vous dire tout ce que je peux vous dire très
ouvertement dans le cas du dossier de Quebecair. Je m'en limiterai à
cela à ce moment-ci dans la mesure où on peut s'entendre.
J'ai fait un tour très rapide de certains points. Je pense qu'on
pourra les étudier, dans chacun des cas et échanger des propos au
fur et à mesure que nous progresserons. Je veux assurer la
députée de Maisonneuve de notre disponibilité, je n'ai pas
grand chose à cacher au niveau du ministère. C'est livre ouvert.
Si, dans certains cas, il y a des choses que je ne pourrai pas dire, ce sera
pour le plus grand bénéfice de ce qui a cours au moment où
nous nous parlons.
Le Président (M. Saint-Roch): À la suite de ces
remarques, nous entreprendrons maintenant l'étude des programmes 1 et 2
et des programmes 5 à 8 inclusivement. Mme la députée de
Maisonneuve.
Absence de représentants de Quebecair
Mme Harel: M. le Président, avant d'examiner
l'élément 1 du programme 1, j'aimerais peut-être
réagir immédiatement aux propos du ministre concernant l'absence
des représentants de la direction de Quebecair à l'étude
des crédits que nous ferons du programme sur le transport
aérien.
M. le Président, je pense que, autant le ministre semble
très réceptif au fait de déposer auprès de cette
commission toutes les informations concernant le fonctionnement du
ministère, autant l'absence des représentants de la direction
de
Quebecair m'inquiète car la même attitude ne prévaut
pas à leur égard. Je pense que nous sommes toujours en attente
des états financiers de Quebecair. Si nous nous reportons au document
sur la privatisation que le ministre délégué à la
Privatisation a rendu public, un des critères du succès
-écrivait-il - d'un exercice de privation, c'est la
nécessité de bien informer le public et les différentes
clientèles touchées par un processus de privatisation. Il en
faisait un critère essentiel, à la page 15 du document
déposé. (17 h 30)
II faut croire, M. le Président, que l'information du public ne
sera pas complète, à ce stade-ci, compte tenu que dans le
passé les critiques et les membres de la commission parlementaire ont pu
examiner à fond, avec les personnes concernées en autorité
à la direction de Qubecair, l'état de situation. Je ne comprends
pas qu'à ce stade-ci, où déjà la décision de
privatiser a été connue, où déjà a
été confié à Me Fernand Lalonde le mandat
d'entreprendre des pourparlers avec d'éventuels acquéreurs, nous
ne puissions pas examiner la situation de Quebecair avec les principaux
intéressés.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas une fermeture.
Je pense que Mme la députée de Maisonneuve connaît
suffisamment la situation, de par les questions qu'elle a posées en
Chambre et l'intérêt qu'elle a pour le dossier de Quebecair, pour
comprendre qu'au moment où nous nous parlons - et cela n'est une
cachette pour personne - nous sommes en négociations de privatisation de
Quebecair.
Les états financiers de Quebecair - et je dois vous le dire
très honnêtement - pour l'année 1984, j'ai pu les
déposer il y a à peine trois semaines à l'Assemblée
nationale, parce qu'antérieurement, cela ne s'était pas fait.
Selon le rapport annuel de la Société québécoise
des transports... Aussitôt que j'ai pu, dès mon arrivée le
18 décembre, dans une rencontre avec les gens de Quebecair et la
Société québécoise des transports, j'ai
exigé que l'on me remette un rapport annuel pour qu'il soit
déposé.
J'ai aussi demandé que l'on me fasse, dans les plus brefs
délais, le rapport de la Société québécoise
des transports, dans lequel serait inclus le bilan de Quebecair, pour
l'année 1985, pour que l'on puisse le déposer à
l'Assemblée nationale le plus rapidement possible. J'ai même
insisté à plusieurs reprises, et même à l'agacement
de certaines personnes, pour l'obtenir afin de le déposer, de
façon que ce soit public et qu'on arrête de dire des choses qui ne
sont peut-être pas vraies.
Ce que je sais, au moment où l'on se parle, c'est que le
Vérificateur général a passé plusieurs heures et
plusieurs journées à vérifier les données de
façon qu'elles soient contenues au rapport. J'aurais
espéré avoir le rapport pour le déposer avant
l'étude des crédits, parce que je pense que c'est une
pièce importante. D'autre part, ce à quoi il faut faire
attention... Si j'avais en ma possession, au moment où l'on se parle, le
rapport de la SQT, je le déposerais. Il n'est pas prêt et on me
dit que c'est une question de quinze jours ou trois semaines, quant au
dépôt du rapport, parce que finalement les vérificateurs
viennent de terminer et il faut aller maintenant aux délais
d'impression. Dès que je l'aurai, je vais le déposer. Il n'est
pas question, à ce niveau-là, de faire de cachettes.
Je pense que Mme la députée comprendra aisément
aussi que, si elle veut servir les intérêts de Quebecair, dans les
négociations en cours, il n'est peut-être pas
nécessairement opportun - que l'on me fasse la démonstration du
contraire - de tout déposer sur la table au moment où l'on se
parle.
Quant aux questions précises sur Quebecair, je suis le ministre
responsable et dans la mesure où je n'aurai pas de réponses,
où je n'aurai pas entre les mains la possibilité de
répondre, avec tout le sens du parlementarisme que je peux avoir, je
m'engagerai à ce moment-là à aller chercher des
réponses et à les transmettre le plus rapidement possible
à Mme la députée de Maisonneuve. On m'a informé ce
midi, pas ce midi, mais il y a quelques minutes, qu'il y a des officiers de
Quebecair qui sont à l'extérieur du Québec pour la
semaine. Il y aurait donc des gens qui ne pourraient pas, à ce
moment-ci, venir débattre certaines choses. Mais avec le
président de la Société québécoise des
transports, qui fait partie du conseil d'administration de Quebecair, je pense
que nous aurions un interlocuteur fort valable pour ajouter aux réponses
que le ministre ne pourrait fournir.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, malgré tout le respect
que je porte au président de la Société
québécoise des transports, je pense que son arrivée
récente dans le dossier... Je ne sais si certains faits auraient
été omis dans sa biographie, mais il ne m'a pas semblé
qu'il avait une très longue expérience dans le domaine
aérien, en fait, tout au moins dans ce dossier. Je pense que les membres
de la commission seraient justifiés de demander au ministre, tout au
moins, de communiquer avec des représentants de la direction de
Quebecair pour qu'ils soient ici présents durant l'étude des
crédits que nous ferons.
Le ministre a laissé entendre encore une fois qu'il valait mieux
ne pas vraiment
connaître, ou ne pas tellement chercher à connaître
les états financiers, compte tenu de ce qui pourrait être
sous-entendu comme étant une situation plus que déficitaire et
donc assez catastrophique. C'est l'impression que nous laissent les propos du
ministre. Mais il faut voir - et c'est essentiel que les membres de cette
commission s'en rendent compte - que dans tout le secteur aérien les
déficits se sont multipliés. Que l'on pense à des
compagnies aussi robustes que CP Air, qui a rendu public tout
dernièrement un déficit de près de 26 000 000 $ au
chapitre du transport aérien. C'est le cas d'Air Canada qui,
après avoir fait des profits d'environ 28 000 000 $ l'an dernier,
annonce des pertes de 14 800 000 $ cette année. C'est une situation
d'ensemble. Je pense que c'est en rapport avec cette situation d'ensemble qu'il
faut examiner des cas particuliers, dont celui de Quebecair.
M. Côté (Charlesbourg): Mme la
députée, je voudrais vous dire deux choses. Me Rémillard
qui est président de la Société québécoise
des transports est un homme d'une grande compétence. Si le gouvernement
actuel a décidé de le nommer à la tête de la SQT
c'est parce qu'il avait totalement confiance en lui. Il faut faire attention.
Il y a bien des gens qui connaissent beaucoup de choses dans le domaine
aérien, qui se sont trouvés à la tête d'une
compagnie d'aviation et cela n'a pas toujours très bien
été. Ce ne sont pas des discours qui sont très
légers. Ce sont des discours très sérieux. Dans ce sens,
je pense qu'il est extrêmement important de bien situer les choses. Il
faut prendre le contexte.
Vous avez raison de dire que l'an dernier, l'Opposition a voulu savoir
de Quebecair où elle allait, et l'a interrogée. La distinction
qu'il faut faire est qu'à ce moment-ci, comparativement à l'an
dernier, il y a une opération de privatisation qui est en cours alors
que l'an dernier, il n'y en avait pas. Avec toute la bonne foi que je peux vous
confirmer, je vais tenter de répondre à vos questions sur
Quebecair, avec la collaboration du président de la
Société québécoise des transports. Si ce n'est pas
à votre satisfaction, nous verrons ce qu'il y a moyen de faire pour vous
donner satisfaction. Si c'est le déficit d'exploitation de Quebecair qui
fait mal, je pourrai vous fournir des données préliminaires -
avec l'ouverture que je vous ai proposée tantôt - en ce qui
concerne le bilan de Quebecair pour l'année 1985. Il n'y a pas de
cachette. D'ailleurs, vous devez possiblement déjà les avoir. Je
pense que vous avez aussi des contacts. Le monde aérien est un petit
monde. Les informations circulent très bien dans le monde aérien.
C'est ce que j'ai constaté depuis que je suis là. Ce n'est pas un
reproche. Je pense que chacun joue avec les armes qu'il a. Dans ce sens, si
c'est pour vous faire confirmer des informations que vous avez
déjà, je vais vous les confirmer dans la mesure où je le
peux. Si c'est pour vous en donner que vous n'avez pas et que je peux vous
donner, c'est avec plaisir que je vous les fournirai.
Mme Harel: C'est ma dernière intervention, M. le
Président. Chacun joue et il faut espérer que la partition se
joue dans l'intérêt du Québec et des
Québécois. J'arrêterai là tous mes commentaires, si
ce n'est pour signaler qu'il aurait certainement été... Loin de
moi l'idée de remettre en question la compétence de Me
Rémillard dans bien des domaines, particulièrement, à ce
que j'ai pu comprendre, dans le domaine de la condition féminine,
puisqu'il aurait participé à une commission d'enquête fort
importante sur la situation canadienne en cette matière. Mais nous
aurons l'occasion de voir si nous avons réponse à toutes nos
questions. Je vous assure, compte tenu de ce qui a pu être possible
durant les années précédentes quant à
l'administration courante de Quebecair, que la direction de Quebecair a sans
doute un point de vue à faire connaître. Nous aurions pu
interroger les membres de la direction qui, quotidiennement, connaissent les
difficultés et sont confrontés à ces difficultés et
ont peut-être aussi à préconiser ou à recommander
certaines solutions. Je pense, M. le ministre, que c'est décevant qu'on
ne puisse pas les entendre.
M. Côté (Charlesbourg): Mme la députée
de Maisonneuve, les intérêts des Québécois dans le
dossier de Quebecair, compte tenu des objectifs que nous avons, sont
très bien défendus au moment où l'on se parle. Si vous
voulez aborder le dossier de Quebecair, je puis vous dire qu'en 1981 on a
manqué de bons rendez-vous. Ce ne sont pas nécessairement les
intérêts québécois qui ont été
défendus en 1981. Si on est pour aborder cela demain,
référez-vous au dossier de 1981. On pourra s'en parler
abondamment et vous allez voir qu'à ce moment-là, il y avait des
décisions très importantes à prendre et, si on les avait
prises dans l'intérêt du Québec, on les aurait
peut-être prises de façon différente.
C'est un dossier dont il va falloir tenir compte. Si on veut parler de
Quebecair, on va en parler jusqu'à ce que le dossier soit vide. Dans ce
sens, je pense que les intérêts du Québec, au moment
où l'on se parle, à l'intérieur de la négociation
du dossier de Quebecair, sont assez bien assurés. J'ai moi-même,
en tant que ministre, rencontré des employés au sol. J'ai
rencontré la direction à plusieurs reprises. J'ai aussi
rencontré les représentants des pilotes pour faire le point sur
la situation, livre ouvert, sans cachette.
C'est ce qui a permis à votre chef de recevoir, à un
certain moment, un compte rendu d'une réunion dont il s'est servi et
qu'il a rendu public. Libre à lui. Dans ce sens, je pense qu'il y avait
des éléments assez intéressants dans la discussion, mais
principalement dans le dernier paragraphe. Je reviendrai au dernier paragraphe
de la déclaration dont le chef de l'Opposition ne s'est pas servi.
Les intérêts du Québec dans le dossier de Quebecair
sont actuellement très bien défendus. Il y a une chose dont il va
falloir finir par se rendre compte: le 2 décembre un gouvernement a
été élu avec un programme politique qui n'a pas
été caché et qui parlait de privatisation de Quebecair. Il
y a un actionnaire de Quebecair et c'est le gouvernement du Québec dont
le répondant est moi ici. Dans le passé, sur le dossier de
Quebecair, mon prédécesseur s'est fait dire certaines choses en
1985, lorsqu'il est venu lui-même devant la Chambre répéter
ce qu'on lui avait dit, qu'il y avait des profits prévus de 1 500 000 $
sur l'opération de 1985. On verra que ce n'est pas tout à fait ce
qui s'est passé. Des spécialistes de l'aviation avaient fait dire
au ministre précédent qui, lui, n'était pas, tout comme
mot, un spécialiste de l'aviation, qu'il y aurait des profits, alors que
ce ne sont pas des profits que nous avons eus. II y a le conseil
d'administration de la Société québécoise des
transports qui est intéressé aussi.
Pour parler du dossier de Quebecair, puisqu'on veut en parler, pour un
gouvernement qui, comme le vôtre, était supposément un
gouvernement social-démocrate, nous avons pris le conseil
d'administration de Quebecair, de 14, nous l'avons ramené à 9
personnes et, parmi ces 9 personnes, nous avons introduit, pour une
première fois au conseil d'administration de Quebecair, un
représentant des employés. Je pense que ce sont des gestes quand
même assez concrets pour tenter de sauvegarder l'intérêt de
ceux qui vivent comme employés chez Quebecair et, dans ce sens aussi,
l'intérêt des francophones à l'intérieur de
cela.
Vous l'avez vu comme moi, les principes que vous avez défendus et
que vous évoquez quant à la privatisation sont des principes qui
nous guident aussi. Personne n'est parfait sur la terre, mais ce sont les
objectifs que nous visons et que nous tenterons d'atteindre. Je suis
disposé à répondre à vos questions sur Quebecair,
sans aucune espèce d'arrière-pensée et sans cachette, en
prenant la réserve que, s'il y a des choses que, pour le moment, on
n'aurait pas intérêt à rendre publiques, compte tenu de la
négociation... Je me garde cette réserve; c'est la seule que je
garde.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je pense que, oui, nous allons
certainement en discuter. Nous allons en discuter lorsque nous allons
étudier le programme du transport maritime et aérien. Nous allons
également discuter de la situation d'ensemble dans le secteur
aérien.
Je veux simplement savoir si les états financiers sont
actuellement disponibles pour les acquéreurs qui poursuivent des
pourparlers d'acquisition.
M. Côté (Charlesbourg): À ma connaissance, au
moment où l'on se parle, les acquéreurs éventuels n'ont
pas le bilan financier de Quebecair. C'est au moment où l'on se
parle.
Mme Harel: Je ne sais s'il y a d'autres interventions, mais je
vous demanderais d'appeler le programme 1, l'élément 1.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous allons maintenant
entreprendre l'étude du programme 1. Mme la députée de
Maisonneuve.
Système de transports terrestres
Mme Harel: Oui. M. le ministre nous a fait part, dans un esprit
de collaboration, d'une ventilation qui nous ferait des compressions au
chapitre du transport de personnes, transport terrestre. Il s'agit de 5 800 000
$. Évidemment, il y a tout cet élément, Rationalisation et
autres mesures, qui totalise 18 000 000 $ et sur lequel on aimerait aussi avoir
des éclaircissements.
M. Côté (Charlesbourg): Je voyais venir la question
et j'ai préparé un petit document pour l'ensemble, qu'on pourrait
vous donner. Cela vous donnera un témoignage très impressionnant
de l'ouverture que nous avons. Comme je vous l'ai dit tantôt, nous avons
fait des choix et nous allons vivre avec. Il n'y a pas de cachette de ce
côté-là. On va vous distribuer un document qui va vous
faire état de la compression totale de 92 000 000 $. (17 h 45)
Recherche et développement
Mme Harel: Pourrions-nous examiner tout de suite
l'élément 1, la recherche et le développement. En
matière de recherche et développement, le ministre a
prononcé le 14 mars dernier un discours dont j'imagine tous les membres
de cette commission on pris connaissance. Il y faisait part des secteurs
prioritaires, disait-il, qu'il entendait retenir, en termes de recherche et
développement, qu'il entendait privilégier. Il y avait 3 secteurs
principaux - je crois que vous les avez repris dans le discours de
présentation
de l'étude des crédits - à savoir: la conservation
du patrimoine routier, le transport routier des marchandises, le transport
maritime des marchandises. Que! est le calendrier des travaux qui est
prévu pour ces dossiers, considérés par le ministre comme
devant être privilégiés?
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'il faut d'abord
comprendre, madame, et je voua remercie de me donner cette occasion, c'est que
nous avons au ministère une équipe de recherche qui, dans le
passé, a rempli certains mandats de recherche. Le ministre
précédent, M. Tardif, a créé un centre de recherche
en développement du transport. Il est sous la direction de M. Ernst, qui
m'a transmis un premier avis, à la demande du ministre, sur
l'orientation de la recherche au niveau du . ministère, avis qui nous a
été transmis au début de mars, fin février
début de mars, et qui avait analysé l'ensemble des axes de
recherche que le ministère s'était donnés. Dans ce sens,
j'ai pris des recommandations que me faisait le CRDT et je les ai
appliquées au ministère en donnant l'orientation dont nous avions
besoin. Vous les retrouvez à l'intérieur du discours en termes
d'axes de recherche. Effectivement, chez nous, à partir du moment
où les budgets du ministère seront alloués, il y aura une
orientation à prendre et des priorités à donner au niveau
de la recherche.
Mme Harel: Si on regarde l'élément recherche et
développement, la ventilation des crédits que vous avez
déposés par programme, comment expliquer à la fois une
diminution des crédits au personnel, une diminution assez importante, et
une augmentation assez importante également de d'autres dépenses
au chapitre du fonctionnement et une très importante diminution à
capital et autres dépenses? En d'autres termes, il y a eu un
réaménagement important; il y a 1 000 000 $ de moins que
l'année précédente, mais, en termes du budget de 10 000
0000 $ affecté à la recherche et au développement, il y a
un renversement d'affectation, dois-je comprendre, du chapitre fonctionnement
du personnel, au profit de Fonctionnement et autres dépenses. Avez-vous
l'intention, c'est une hypothèse, de confier des recherches à
l'extérieur du ministère, de réduire le personnel du
ministère?
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, cela fait 2 fois...
Je pense que ça serait bon de vous le dire et de préciser que,
quand on parle de 1 000 000 $ de moins, il faut tenir compte du fait que pour
Expo 86, la plus grosse phase du budget était dans le budget
précédent et que, concernant l'écart de 1 000 000 $, on
doit prendre en considération que les dépenses de la
période d'Expo 86 sont incluses là-dedans. C'est ce qui fait la
différence au niveau du budget. C'est essentiellement là que la
diminution au niveau du budget est significative. Ce n'est pas à
proprement parler au niveau de la recherche.
L'autre question, à savoir si nous irons à
l'extérieur. Je ne l'ai pas caché, j'ai dit à maintes
reprises que nous allions faire faire au lieu de faire. Nous allons donc aller
à l'extérieur sur le plan de la recherche et nous allons y aller
au niveau des individus, au niveau des groupes de recherche; effectivement,
nous allons aller à l'extérieur. C'est l'orientation que nous
allons prendre, en conservant chez nous une équipe de recherche qui va
analyser le produit de la recherche et les axes en termes de mandats de
recherche que nous aurons donnés.
Mme Harel: C'est donc dire qu'il y aura une part importante de
transferts sous forme d'aide à des organismes de recherche, c'est cela
qu'on doit comprendre? Quand vous dites "faire faire la recherche à
l'extérieur", vous faites référence à des
organismes de recherche comme le Centre de recherche sur les transports de
l'Université de Montréal à ce type d'organisme.
M. Côté (Charlesbourg): Cela peut être cela
comme cela peut être l'Université du Québec à
Rimouski qui, cette semaine, nous a produit une étude exceptionnelle sur
la qualité du réseau routier dans l'Est. Alors, ce sont des
études comme celle-là, commanditées à
l'extérieur, qui vont faire en sorte que nous allons avoir plus
d'information et, dans ce sens, je pense que c'est extrêmement
intéressant d'aller à l'extérieur. Il ne faut surtout pas
oublier qu'en termes de recherche, au budget sur la construction, il y a 3 000
000 $ qui vont à la recherche aussi. Ce sont des sommes quand même
passablement importantes.
Mme Harel: C'est le cas, je pense, de la recherche que vous
entendez faire concernant l'autoroute 50. Il y a donc une partie importante qui
sera sous forme de budget de recherche, non?
M. Côté (Charlesbourg): II n'y a pas de recherche
sur l'autoroute 50, il y a un projet d'annoncé pour l'autoroute 50.
Alors, on l'a trouvé, nous.
Mme Harel: Le projet est annoncé pour la
réalisation dans le présent mandat?
M. Côté (Charlesbourg): Absolument. Mme Harel:
Entière.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, un instant.
Mme Harel: On y reviendra aux programmes 3 et 4.
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'on a annoncé
concernant l'autoroute 50, parce que 18 heures approche, au Sommet des
Laurentides, c'est de relier Lachute au boulevard Mirabel pour un montant de 24
000 000 $, travaux échelonnés sur deux ans. Ce que nous tentons
de faire, c'est la construction de la première étape de Lachute
vers Mirabel en 1987-1988, alors que la deuxième possibilité
serait 1988-1989, suivant les autorisations du ministère de
l'Environnement, notre objectif étant de compléter les travaux
pour 1989.
Mme Harel: Donc, vous avez dû prendre connaissance d'un
éditorial, d'une analyse du Droit, ce matin même, je pense, qui
faisait état de réticences du milieu à l'égard de
parachèvements qui pourraient s'étaler sur deux ou trois mandats
successifs du gouvernement.
M. Côté (Charlesbourg): Non, je n'ai pas pris
connaissance du Droit. Ce dont j'ai pris connaissance, c'est que les gens
veulent obtenir la construction de l'autre bout de la 50. Lorsque
j'étais, il y a de cela trois semaines, au Sommet des Laurentides,
c'était la volonté populaire très clairement
exprimée que l'une des premières priorités des
intervenants au Sommet des Laurentides était la construction de cette
route. Au moment où je l'ai annoncée, tout le monde s'est
levé pour applaudir enfin quelqu'un qui avait reconnu qu'une route, dans
une région comme celle-là, pouvait être un instrument de
développement régional.
Mme Harel: Alors, vous avez annoncé plus que simplement
Lachute-Mirabel.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai annoncé
uniquement Lachute-Mirabei et tous ceux, éditorialistes, journalistes ou
autres personnes, qui auraient annoncé plus que cela sur la 50 se
seraient aventurés sur un terrain très dangereux.
Mme Harel: Alors, je dois comprendre que les intervenants du
milieu doivent faire leurs représentations pour obtenir une
reconnaissance.
M. Côté (Charlesbourg): Bien sûr qu'ils en
font. Ils en ont déjà fait dans le cadre du Sommet de
l'Outaouais, qui aura lieu le 9 et le 10 mai, et selon mes informations il y a
même un certain lobbyisme qui s'exerce au moment où nous parlons
pour que le fédéral paie une partie de l'autoroute 50, ce que
nous pourrions saluer de manière très ouverte finalement, compte
tenu du fait que le fédéral pourrait effectivement prolonger sa
zone de l'Outaouais pour reconnaître l'autoroute 50. À ce
moment-là, nous verrons, mais c'est la grosse portion de l'autoroute 50
qui... L'Outaouais devra aussi, il faut bien en convenir, avoir des
priorités à l'intérieur de ses routes, 5, 105, 50.
L'Outaouais devra décider quelle est la priorité au niveau de ses
routes et, à partir de ce moment-là, un sommet régional
est extrêmement important, parce qu'il permet de dégager des
priorités que vous devez déjà connaître parce que
ces priorités sont au cahier des demandes des gens de l'Outaouais.
Mme Harel: Vous voyez comme les dossiers sont
complémentaires, parce qu'en fait ce sont mes collègues qui
auront l'occasion, le plaisir de vous interroger sur ces questions de
voirie.
J'aimerais que l'on puisse reprendre les crédits sur le transport
des personnes. Il reste peu de temps et j'aurais souhaité que vous
puissiez vous expliquer sur . toute la question de la répartition, du
financement du transport en commun. Vous nous annoncez aujourd'hui une
commission parlementaire sur invitation, doit-on comprendre. Par exemple, qui
avez-vous en tête de recevoir?
M. Côté (Charlesbourg): Mme la députée
de Maisonneuve veut éprouver le sens démocratique. Je dois lui
dire que cela fait quand même quelques années que je siège
au Parlement et qu'une commission parlementaire, si on veut qu'elle finisse,
doit commencer dans la bonne entente. Je conviens avec Mme la
députée de Maisonneuve, avec les membres de la commission
parlementaire du côté gouvernemental aussi, que nous
déterminerons ensemble la liste des personnes que nous inviterons
à cette commission, que j'aurais aimé tenir à l'automne,
mais, compte tenu d'un automne un peu électoral à
Montréal, je pense qu'il ne serait pas de circonstance de tenir cette
commission à ce moment-là, laissant tomber la poussière
pour plutôt la faire au début de 1987.
Mme Harel: Vous avez l'intention de redéfinir le cadre
financier. C'est ce qu'on doit comprendre?
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez très bien
compris que si le gouvernement du Québec se donne comme priorité
l'entretien du système routier, qui a été fort
négligé au cours des dernières années... Vous avez
évoqué tout à l'heure des chiffres de 1970 à 1976
qui parlaient de 20 % du budget à l'entretien du système routier.
Il était difficile d'entretenir ce que nous n'avions pas à
l'époque. Il est normal qu'au cours des années ce pourcentage ait
augmenté, compte tenu du vieillissement du réseau routier que le
Parti libéral a construit au cours des
années 1960, continué par l'Union Nationale et aussi fait,
et vous le savez très bien, par le gouvernement de M, Bourassa de 1970
à 1976. Il était normal que le pourcentage affecté
à l'entretien du système routier soit inférieur au cours
des années 1970-1976. Nous sommes maintenant et nous entrons maintenant
dans l'ère où il faut entretenir le système que nous avons
construit. Dans ce sens-là, cela va devenir la priorité du
ministère des Transports et je vous assure que cela paraîtra au
budget de l'an prochain. Il ne s'agit pas de faire des pirouettes pour trouver
de l'argent dans les coffres du l'État, il s'agira de trouver à
l'intérieur du ministère des ressources budgétaires
additionnelles pour les affecter à l'entretien.
Dans ce sens-là, effectivement, tout le volet du transport en
commun a été celui qui a bénéficié
très largement des dépenses gouvernementales au coure des
dernières années et nous devrons nous asseoir pour voir ce que
nous pouvons récupérer là sans briser les acquis, l'argent
que nous pourrons récupérer là pour le mettre sur le
système routier. La logique est là. Si le système routier
ne peut plus supporter le transport en commun, nous aurons des
problèmes. Dans ce sens-là, il faut s'assurer que le
système routier soit capable de recevoir bien des autobus du transport
en commun. Oui, effectivement, nous allons revoir un certain nombre de choses,
comme d'ailleurs vous l'aviez amorcé sous mon
prédécesseur, M. Tardif.
Mme Harel: M. le Président, est-ce qu'il faut comprendre
que la commmission parlementaire à audience restreinte que vous nous
annoncez aujourd'hui ne portera pas que sur les projets d'immobilisation,
qu'elle va porter également sur la redéfinition du cadre
financier?
M. Côté (Charlesbourg): Elle va porter sur
l'ensemble de la problématique du transport en commun.
Mme Harel: Vous entendez publier les orientations avant de tenir
cette consultation?
M. Côté (Charlesbourg): On verra. Là-dessus,
il n'y a pas de décision définitive chez nous. Une chose est
certaine, c'est qu'il y a des gens que j'ai rencontrés au niveau du
transport en commun, que ce soit les gens de la Communauté urbaine de
Québec ou des autres communautés urbaines qui demandent, qui
veulent avoir des choses, qui veulent s'exprimer, comme des gens du grand
Montréal veulent s'exprimer sur les extensions de transport en commun,
parce que, semble-t-il, il y a des parents pauvres du transport en commun
à Montréal aussi. Il y a des régions qui ont
revendiqué au fil des ans du transport en commun. Elles n'ont
peut-être pas été très très bien desservies.
Je pense que ce sera l'occasion pour tout le monde de venir faire valoir son
point quant aux orientations en termes d'immobilisations, dans un premier
temps, sur les orientations que le gouvernement devra prendre
éventuellement.
Quant au financement, le gouvernement précédent a
amorcé un virage assez important. Nous allons en voir les effets
très bientôt. D'ici à ce que la commission se tienne, nous
verrons s'il y a lieu d'aller plus loin.
Mme Harel: Donc, une commission parlementaire dans un an, le
printemps prochain, puisque vous écartez la possibilité, pour les
raisons que vous nous dites, de la tenir à l'automne. Et d'ici
là, un gel, si j'ai bien compris. La commission doit comprendre un gel
des immobilisations nouvelles en termes de prolongement.
M. Côté (Charlesbourg): Nous avons un certain nombre
d'études en cours, principalement au niveau de la ligne de
Deux-Montagnes qui est un élément important du transport en
commun. À cet égard, vous conviendrez que les choses ne sont pas
très claires. La Communauté urbaine de Montréal dit que le
projet devrait coûter 157 000 000 $; les évaluations
préliminaires du ministère des Transports indiquent plutôt
250 000 000 $; le Conseil du trésor précise, 400 000 000 $. Nous
avons cru bon d'aller chercher 500 000 $ afin de faire faire des études
au sein du ministère et à l'extérieur afin de savoir ce
que cela coûte.
Le problème majeur que nous connaissons aujourd'hui, c'est que la
journée où on embarque dans un projet, il y a un coût X de
déterminé et il se multiplie par un et des fois par deux au bout
de la ligne. Cela, dans l'ensemble du ministère. On a des
problèmes à ce niveau-là pour être capable d'avoir
des budgets plus conformes à la réalité. Dans ce
sens-là, je pense qu'au niveau de Deux-Montagnes, il faut bien analyser,
compte tenu de l'expérience que nous avons vécue relativement
à des baux. Je tiens à vous dire qu'il y a eu à
l'intérieur du budget, on pourra le voir plus en détail demain...
nous sommes allés chercher les sommes qu'il fallait pour terminer la
ligne à Rigaud. C'est extrêmement important au niveau du Conseil
du trésor afin d'entreprendre des négociations avec la Commission
de transport de la Communauté urbaine de Montréal, pour savoir ce
qui arrive à partir du moment où elle est terminée. Cela a
des impacts sur le plan financier de part et d'autre.
Mme Harel: M. le Président, nous avons commencé nos
travaux avec un retard de
près d'une demi-heure. Je ne vous propose pas
nécessairement qu'on la rattrape maintenant, malgré qu'on
pourrait le faire, mais je souhaite que les membres de cette commission
comprennent qu'il va nous falloir certainement les six heures et demie
prévues pour passer à travers un aussi important budget. Que l'on
se rappelle que c'est le troisième plus important budget du gouvernement
du Québec
M. Côté (Charlesbourg): II n'a donc pas
été diminué autant que cela.
Mme Harel: Troisième plus important, la part relative
reste importante.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve, est-ce que...
Mme Harel: Celui qui a été évidemment le
plus compressé, je pense, des trois plus importants budgets du
gouvenement du Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Parce que la santé et
l'éducation étant les priorités du gouvernement - ce que,
j'imagine, vous avez salué - avec l'initiative des salles d'urgence de
Montréal où on a dû mettre de l'argent, c'est un peu de
l'argent des transports qui va là.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve, peut-on s'entendre pour rattraper le retard demain après
12 h 30? On a à peu près 25 minutes de retard. Est-ce que cela
conviendrait à M. le ministre, jusqu'à présent?
M. Côté (Charlesbourg): Je ne ferai pas de
problèmes. À ce moment-ci, je ne suis pas capable, parce qu'il
faut que j'aille au Conseil des ministres.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela irait-il jusqu'à
13 heures demain?
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que c'est une
demi-heure que l'on a à reprendre?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, grosso modo.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, cela irait à
12 h 30?
Le Président (M. Saint-Roch): Non, à 13 heures.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, la commission de
l'aménagement et des équipements ajourne maintenant ses travaux
au 24 avril, à 10 heures. J'aimerais attirer l'attention des membres de
la commission sur le fait que la commission siégera à la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine, à 10 heures, demain matin.
(Fin de la séance à 18 h 4)