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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. St-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît.
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux pour procéder à l'étude des crédits
budgétaires 1986-1987 de l'OPDQ.
Tout d'abord, est-ce que M. le ministre a des commentaires à
faire?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le Président,
si vous me le permettez.
Le Président (M. St-Roch): Certainement.
Remarques préliminaires M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): En plus de la
responsabilité du ministère des Transports, le premier ministre
m'a confié celle du Développement régional et, donc, de
l'Office de planification et de développement du Québec ainsi que
la présidence du Comité ministériel permanent de
l'aménagement et du développement régional.
Comme vous le savez, des orientations devront être prises au cours
des prochains mois en matière de développement régional,
tout cela dans le but d'infléchir l'action gouvernementale en fonction
des priorités clairement identifiées par l'ensemble des
intervenants dans chacune des régions du Québec.
En fait, les citoyens manifestent chaque jour davantage leur
volonté de prendre en main leur développement. Les dynamismes
individuels et locaux sont désormais appelés à prendre le
relais du secteur public comme moteur principal du développement
économique et social. En contrepartie, l'État doit se
départir de son attitude centralisatrice, bureaucratique et autoritaire
pour devenir le catalyseur des forces vives de la société. C'est
donc en tenant compte de cette volonté que le Comité
ministériel permanent de l'aménagement et du développement
régional doit évaluer, au mérite, les politiques actuelles
en cours. J'ai également demandé à l'Office de
planification et de développement du Québec d'ajuster ses actions
en tenant compte de cette nouvelle volonté.
Il est donc urgent - et cela constitue ma première
priorité - de bien définir le rôle de chacun à
l'intérieur même de l'appareil gouvernemental et de s'assurer que
les ressources soient utilisées à des objectifs communs en
matière de développement régional. À cet effet,
comme vous le savez sans doute, le gouvernement du Québec a
commencé à réduire la prolifération de
secrétariats de toutes sortes et l'évaluation en ce sens est
déjà bien amorcée. On ne peut, en effet, exiger une
concertation de l'ensemble des intervenants dans chacune des régions
sans au préalable s'assurer que cette concertation soit réelle et
bien organisée au sein même de l'administration publique.
C'est en ayant à l'esprit cette nouvelle dynamique qu'une
évaluation est actuellement entreprise. Il ne faudrait pas l'oublier,
à compter de 1983, le précédent gouvernement a entrepris,
à partir d'un document intitulé "Le choix des régions",
une tournée de consultation dans chacune des régions du
Québec devant mener éventuellement à l'élaboration
d'une véritable politique de développement régional.
Lors des audiences publiques tenues sur cette question, les intervenants
régionaux ont tous demandé au gouvernement du Québec, dans
un premier temps, de respecter les particularités régionales;
deuxièmement, de renforcer le dynamisme des institutions
régionales et locales; troisièmement, d'assurer une
présence plus dynamique de l'appareil de l'État dans et pour les
régions et, quatrièmement, de développer une concertation
permanente entre l'État et les régions.
Toutefois, il a fallu attendre le début de l'année 1985
avant que le gouvernement ne commence à donner suite à ces
volontés clairement exprimées.
Est-il utile de rappeler, par ailleurs, que ces mêmes
volontés ont commencé à s'exprimer bien avant 1976 et que
la concertation n'est pas l'apanage du gouvernement qui nous
précède. C'est en effet sous l'impulsion des libéraux que
les conseils régionaux de développement ont vu le jour et que la
création du Fonds de développement régional a
été élaboré dès 1975. D'ailleurs, les
objectifs de ce fonds n'ont pas changé depuis sa création et ils
visaient et visent encore à appuyer le dynamisme régional.
Par ailleurs, comme de nombreuses décisions ont été
prises en fin de mandat,
j'ai entrepris une évaluation point par point de chacune d'entre
elles, notamment, afin de vérifier si ces décisions n'ont pas
été prises trop hâtivement, en fonction d'un
échéancier électoral, et surtout afin de m'assurer que ces
décisions soient conformes aux attentes de la majorité des
intervenants concernés. Il ne s'agit pas ici de remettre en cause les
consensus dégagés par les milieux régionaux, mais bien de
vérifier si les solutions proposées répondent bien aux
demandes et, cela va de soi, aux contraintes que nous imposent les finances
publiques.
Je vous rappelle au passage, qu'en 1985 seulement, six décrets
ont modifié les limites des régions administratives de
l'Outaouais et de la Côte-Nord et créé quatre nouvelles
régions, soit la Gaspésie, la Montérégie, les
Laurentides et Lanaudière. Dans certains cas, les décrets ont
été passés in extremis, avant même
l'échéancier électoral. C'est pourquoi, à sa
réunion du 22 janvier, le Comité ministériel permanent de
l'aménagement et du développement régional a
étudié le rapport-synthèse que j'avais demandé
à l'Office de planification et de développement du Québec
présentant l'état de la situation sur la nouvelle carte des
régions administratives.
Le comité a donc décidé, premièrement, de
décréter un moratoire d'une durée de six mois sur
l'établissement de nouvelles régions, y compris le cas des
régions Laurentides et Lanaudière, et sur l'implantation de
bureaux régionaux; deuxièmement, de me mandater pour
évaluer l'opportunité de revoir le décret
établissant la région de Gaspésie et de soumettre
éventuellement une proposition à cet effet; troisièmement,
de me confier la responsabilité de soumettre au comité,
après consultation, une proposition d'ensemble d'une nouvelle carte des
régions administratives, tenant compte de celles existantes et de celles
à créer, notamment pour les régions suivantes:
Laurentides, Lanaudière, Québec, Mauricie-Bois-Francs et
Nord-du-Québec; quatrièmement, d'évaluer, en collaboration
avec les ministères concernés, les implications administratives
et financières de l'implantation des ministères sur cette
nouvelle base régionale.
Je veux m'assurer ainsi que les actions futures de notre gouvernement
correspondent bien aux attentes exprimées dans chacune des
régions du Québec. (10 h 15)
Entre-temps, j'ai mandaté l'OPDQ pour rencontrer les
fonctionnaires des ministères concernés afin d'évaluer les
implications administratives et financières touchant l'implantation de
bureaux régionaux dans chacune des régions. Il s'agit là
d'une étape essentielle à la réalisation du mandat retenu
par le COMPADR.
Dans un autre ordre d'idées, la réflexion est
également entreprise sur le modèle de concertation
régionale à privilégier. Â cette fin, le COMPADR,
à sa réunion du 12 février 1986, m'a confié ainsi
qu'à mon collègue de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, le soin de préparer un mémoire
réexaminant la formule actuelle des sommets régionaux afin de
mieux faire ressortir les orientations gouvernementales en matière de
développement régional et de traduire les préoccupations
du comité concernant les modalités d'organisation de ces
conférences.
Il faudra en effet que le gouvernement fasse des choix car, dans un
contexte de restrictions budgétaires, il est bien fini le temps
où le gouvernement se substituait aux promoteurs du milieu pour faire le
développement et prenait les décisions à leur place. Le
gouvernement ne peut plus être le remède universel aux
problèmes régionaux. Son rôle doit maintenant viser l'appui
technique et financier à l'entrepreneurship régional sous toutes
ses formes.
Nous sortons d'une période plutôt interventionniste
où, dans les hautes tours du gouvernement, on pensait des plans de
développement pour les régions.
J'irai même plus loin: il faut commencer à
réfléchir dès maintenant sur les aboutissements de la
concertation entreprise jusqu'à maintenant dans bon nombre de
régions et se donner les moyens de répondre adéquatement
à la nouvelle dynamique des milieux régionaux. À cette
fin, même si l'organisation d'un sommet économique régional
relève de la responsabilité première de l'ensemble des
intervenants régionaux, le gouvernement exerce une responsabilité
politique et administrative en tant que partenaire de ce processus de
concertation qu'il doit faciliter sans le rendre d'une lourdeur telle que ses
résultats en seraient atténués.
En effet, si l'on veut redonner aux dynamismes locaux toute leur
importance, si l'on veut redonner aux promoteurs du milieu la
responsabilité de faire le développement et de prendre les
décisions, il importe que l'appareil gouvernemental s'ajuste à
cette nouvelle réalité et favorise la mise en place des
mécanismes nécessaires à son aboutissement.
Actuellement nous entrons dans une ère libéraliste
où les forces vives du milieu se prennent en main et définissent
leur propre développement. Une ère où les gouvernements
doivent s'adapter et adapter leurs programmes aux dynamismes locaux et non plus
le contraire.
On ne peut plus se payer le luxe de saupoudrer les subventions à
gauche et à droite. Il faudra dorénavant s'adapter aux objectifs
spécifiques poursuivis par chacune des régions du
Québec.
Plus que jamais, la concertation régionale s'impose comme une
nécessité. Le
gouvernement ne peut plus se permettre de financer des projets à
la pièce. Le développement des régions exige une approche
cohérente et une discipline à laquelle doivent s'astreindre au
premier chef les intervenants du milieu, mais aussi les députés,
dont je suis d'ailleurs.
En conséquence, mon premier principe de base en matière de
développement régional consiste à m'assurer que chaque
dollar provenant des contribuables soit investi sur le terrain, dans des
projets concrets de développement économique, social et culturel.
À cet effet, il faudra s'assurer, surtout dans le contexte des
restrictions budgétaires que nous connaissons, que Ies sommes d'argent
investies ne contribuent pas à gonfler les structures régionales
de toutes sortes au détriment des priorités à mettre de
l'avant. Les investissements doivent être rentabilisés au
maximum.
Dans cette perspective, l'existence des tables de concertation doit
être vue essentiellement dans l'optique d'une politique cohérente
en matière de développement régional et d'une utilisation
maximale des ressources humaines et financières, versus les potentiels
des régions.
Je suis convaincu, en effet, que nous sommes au début d'un
cheminement qui, petit à petit, permettra entre autres
d'infléchir l'action gouvernementale en fonction des priorités
clairement identifiées par l'ensemble des intervenants du milieu. C'est
l'une des conditions au "partnership" gouvernement-régions.
À mon point de vue, on ne pourra en arriver là que dans la
mesure où on redonnera au député son véritable
rôle de représentant de la population. C'est lui qui doit se faire
le porte-parole des forces vives de son milieu auprès des membres du
Conseil des ministres. C'est souvent, d'ailleurs, à partir de
volontés clairement exprimées par le milieu que le rôle du
député comme représentant du gouvernement et calalyseur de
développement régional prend tout son sens.
Le député doit être présent dans son milieu
et doit être partie intégrante des processus de
développement. Il doit être, lui aussi, discipliné. Son
râle n'est pas d'appuyer n'importe quoi, n'importe quand, mais
plutôt de stimuler et de respecter l'exercice de concertation. Cela
implique qu'il trouve chez les ministres une oreille attentive. Tant dans le
milieu gouvernemental qu'au niveau des populations locales, il ne faut plus
considérer les élus comme étant composés de deux
classes de députés: les ministres et les
députés.
Abordons maintenant les crédits de l'OPDQ pour l'année
1986-1987. L'enveloppe budgétaire accordée à l'office
totalise 45 900 000 $ en 1986-1987, comparativement à 72 700 000 $ en
1985-1986.
L'OPDQ consacrera à son administration, au programme 1,
élément 1, 7 200 000 $ en 1986-1987, comparativement à 7
400 000 $ en 1985-1986;
L'aide à la consultation atteint 3 700 000 $ en 1986-1987
comparativement à 2 700 000 $ en 1985-1986. Une partie de cette somme,
soit 2 400 000 $, est affectée au versement des subventions de base des
conseils régionaux de développement ainsi qu'aux nouveaux
organismes de concertation qui sont venus remplacer certains de ceux-ci. Une
somme de 1 300 000 $ est par ailleurs réservée pour le versement
de subventions dans le cadre des Fonds d'initiative à la concertation
pour les CRD et des Fonds d'initiatives régionales pour les nouveaux
organismes de concertation.
Le Fonds de développement régional se voit attribuer une
enveloppe qui passe de 35 600 000 $, en 1985-1986, à 12 400 000 $, en
1986-1987. Là comme ailleurs au gouvernement, on constate qu'en
1985-1986, à la veille de l'échéancier électoral,
le gouvernement qui nous précède a été fort
généreux, sauf que le gros lot de la facture a été
porté en 1986-1987. C'est 7 000 000 $ qui ont été
engagés pour 1986-1987; ce qui laisse 5 400 000 $ pour lancer de
nouveaux projets.
Le gouvernement, comme vous le savez, a également
été amené à faire des choix difficiles au cours des
derniers mois. L'exercice n'a pas été facile, bien sûr,
mais il fallait agir pour stopper l'hémorragie sans cesse croissante des
dépenses gouvernementales. Pour l'heure, la priorité doit
être accordée au secteur de la santé et de
l'éducation. C'est le choix que le gouvernement a fait et que j'approuve
pleinement.
En même temps que le gouvernement doit continuer à appuyer
le développement, il doit constamment avoir à l'esprit l'urgence
de freiner la croissance de ses dépenses et de réduire le fardeau
fiscal des contribuables. L'économie du Québec ne pourra
tolérer bien longtemps un déficit qui finance de plus en plus les
dépenses courantes, d'où la nécessité de la
concertation évoquée ci-haut.
Par ailleurs, j'aimerais signaler que le développement
régional ne se limite pas qu'au Fonds de développement
régional. Il ne faut pas oublier que pour assurer le suivi de la
concertation régionale, il est nécessaire d'apporter des
modifications au fonctionnement central de l'administration publique et de
changer les attitudes. Dans ce contexte, étant donné l'importance
des sommets régionaux pour le développement des régions -
et ils sont là pour rester - il y a tout lieu de clarifier la
responsabilité gouvernementale et d'étudier certaines options
pour en assurer le suivi adéquat. À cet effet, le Fonds de
développement régional n'est qu'un bien mince outil en
comparaison avec le travail
énorme qui reste à faire et qui vise à
infléchir l'appareil gouvernemental en fonction des priorités du
milieu.
Donc, au premier chef, si le gouvernement du Québec demande aux
intervenants régionaux de relever le défi de l'action
concertée, il devra lui-même s'ajuster en conséquence et
assurer la même concertation entre ses ministères et ses
organismes gouvernementaux, au centrai comme en région. Autrement dit,
au-delà des beaux discours des dernières années, il faut
maintenant choisir un mode de fonctionnement clair et précis et
s'assurer que le rôle de chacun, tant au gouvernement que dans chacune
des régions, soit à la mesure des attentes exprimées. Par
conséquent, il faudra harmoniser nos programmes, en contrôler
étroitement les coûts et en décentraliser la gestion dans
la mesure du possible. C'est le défi que nous devrons relever et
l'impact n'en sera que bénéfique pour le développement
régional.
D'ailleurs, l'OPDQ sera étroitement associé à ce
nouveau rôle de coordination de l'action gouvernementale au central en
fonction des priorités du milieu.
Bref, il faut bien se rendre compte que l'approche centralisatrice au
sein de chacun des ministères a contribué à limiter le
suivi adéquat des sommets. Si des intervenants régionaux ont
accepté le défi de la concertation, il faut s'assurer de la
même concertation au sein du gouvernement.
Programme expérimental de créations d'emplois
communautaires, connu sous le nom de PECEC.
Avant de vous présenter les crédits prévus au
PECEC, j'aimerais vous signaler que le gouvernement vient d'éliminer un
autre cas de gestion bicéphale. Jusqu'à maintenant en effet, la
gestion du programme était assurée par l'OPDQ, mais sa
responsabilité relevait du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Le PECEC est maintenant entièrement
rattaché à l'OPDQ. Cela était logique, puisque le PECEC
s'adapte particulièrement bien aux besoins et aux
spécificités des régions. Ce programme s'intègre
particulièrement bien avec les objectifs de l'OPDQ parce qu'il favorise
les dynamismes locaux qui ne pourraient se matérialiser sans l'aide d'un
programme d'une plus grande souplesse que les programmes réguliers et
l'accès aux sources traditionnelles de financement.
Pour l'année 1986-1987, les crédits prévus au PECEC
atteignent 22 500 000 $, comparativement à 27 000 000 $, en 1985-1986.
Bref, M. le Président, je crois à la concertation
gouvernement-régions, mais je suis également conscient que, pour
en arriver là, il faudra changer certaines mentalités
centralisatrices et éviter la multiplication des structures de toutes
sortes, sur le territoire, qui finissent par bouffer une part grandissante des
énergies et des sommes d'argent affectées au développement
régional. C'est dans ce sens qu'est entreprise l'évaluation
actuellement en cours. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, avant de commencer, le
ministre pourrait nous présenter les hauts fonctionnaires qui
l'accompagnent.
M. Côté (Charlesbourg): Certainement, je suis
accompagné de M. Gagnon, le président de l'OPDQ, et de M.
Bertrand Tourigny, le directeur de mon cabinet. Il y a aussi M. Vézeau
et M. Delaunay. Peut-être pouvez-vous vous lever pour qu'on puisse...
M. Gagnon (Jacques): M. Vézeau, M. Delaunay, M. Dubois, du
PECEC; M. D'Amours, des Finances, et M. Tremblay, du Fonds de
développement régional.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis accompagné de
collaborateurs plus immédiats, au cabinets M. Jean-François
Normand, qui est attaché politique, et Mme Bédard, qui est
directrice adjointe du cabinet pour les questions concernant le PECEC et la
voirie.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, M. le Président. Il n'est
peut-être pas inutile de rappeler, en commençant, que le
gouvernement du Parti québécois était en train, depuis
quelques années, d'asseoir le développement régional sur
de nouvelles bases. Il faut dire que la réalité régionale
avait profondément changé. La volonté des intervenants du
milieu, par exemple, - d'avoir une responsabilité les concernant
s'était affirmée et renforcée. La vitalité des
organismes régionaux et locaux s'était vigoureusement
manifestée. La tenue de manifestations de concertation, dans les
régions, s'était multipliée un peu partout au
Québec.
Face à ces aspirations et à ces attitudes de prise en
charge et de responsabilités, le gouvernement du Parti
québécois avait clairement et résolument fait le choix des
régions, c'est-à-dire qu'il avait affirmé sa
préférence pour un développement des régions, par
et pour les régions et a favorisé la mise en oeuvre des choix
effectués par ces dernières.
Cette orientation politique avait donné lieu à un certain
nombre de décisions dont la mise en oeuvre était
enclenchée. Il est bon, je pense, d'en rappeler quelques-unes; d'abord,
la généralisation des sommets régionaux sur la base de
nouveaux territoires; deuxièmement, la reconnaissance des
comités
du suivi des sommets comme table permanente de concertation
régionale et l'intégration progressive des CRD à ces
comités; troisièmement, la tenue de conférences annuelles
régionales avec les organismes de concertation; quatrièmement,
l'élaboration d'une nouvelle carte des régions et,
cinquièmement, l'expérimentation de contrats de
développement avec une douzaine de MRC. Il est à souligner que
ces décisions ont été prises parce qu'elles faisaient
l'objet de larges consensus qui s'étaient exprimés lors de la
vaste consultation sur le choix des régions.
Cela dit, qu'en est-il des choix politiques du gouvernement
libéral en matière de développement régional? Je
dois dire à ce sujet que les questions sont nombreuses, mais qu'elles
sont souvent sans réponse.
Prenons, par exemple, le dossier des sommets régionaux. Ces
derniers constituent, à mon avis, une formule gagnante pour une
société moderne et dynamique parce qu'ils s'appuient sur la
coopération et l'action des agents socio-économiques qui, tout en
défendant des intérêts, partagent aussi des pouvoirs et des
responsabilités. Les projets qui ont vu le jour, à la suite
d'exercices de concertation, témoignent abondamment des mérites
de cette formule. Les autres sommets en préparation viennent aussi
confirmer la confiance que l'on y voue a la lumière de
l'expérience vécue. Bien sûr, le gouvernement
libéral a décidé de tenir ces sommets en
préparation, mais le fait-il parce qu'il croit vraiment à cet
exercice de concertation ou parce que les régions tiennent fermement
à cette formule? Je vous signale, en passant, le cas de la
Montérégie. Le ministre de l'Industrie et du Commerce, M.
Johnson, mettait en doute la tenue de ce sommet à l'occasion, je pense,
d'une conférence qu'il a prononcée devant la Chambre de commerce
de la rive sud ou de la Société de développement de la
rive sud. Même incertitude, également, quant à la phase 3
du sommet de la Mauricie-BoisFrancs. (10 h 30)
Qu'advient-il aussi - je pense que la question est pertinente - des
engagements pris par le gouvernement lors des sommets qui ont
déjà eu lieu, ceux de l'Estrie, du Saguenay-Lac-Saint-Jean - ma
région - de la Mauricie-Bois-Francs, de la Vieille Capitale? Est-ce que
ces engagements seront respectés? Cette question est évidemment
centrale. Il faut savoir si ce déploiement absolument remarquable
d'énergie, de créativité et de bonne volonté sera
sans lendemain ou s'il aura des retombées concrètes dans les
régions.
Qu'advient-il également des conférences annuelles
gouvernement-conseil de concertation prévues dans les régions qui
ont tenu des sommets? Dans certains cas, comme en
Estrie et au Saguenay-Lac-Saint-Jean, ces conférences sont
prévues dans les protocoles liant le gouvernement et les conseils de
concertation. Est-ce que le gouvernement libéral a l'intention de
respecter ces protocoles et de tenir ces conférences annuelles?
Enfin, toujours relativement au sommet, le ministre a indiqué -
il vient de le répéter, je pense - qu'il avait l'intention de
modifier la structure de fonctionnement de ces sommets. Il serait
intéressant de connaître ces modifications ou, du moins, de savoir
où il en est dans le cheminement visant à modifier la structure
de fonctionnement des sommets régionaux.
Le gouvernement du Parti québécois avait entrepris
également d'élaborer une nouvelle carte des régions
administratives du Québec. Le processus était sérieusement
enclenché; des décisions avaient été prises:
modification de la région de la Côte-Nord, création de la
région de la Gaspésie, création de la région des
Laurentides, création de la région de Lanaudière,
poursuite de la consultation pour délimiter les régions, entre
autres, de la Montérégie, de Québec-Nord, de
Québec-Sud.
Or, le ministre a décrété - il le signalait encore
tantôt - un moratoire de six mois sur la nouvelle carte des
régions. Il faudrait, je pense, savoir pourquoi. Est-ce que le ministre
entend reprendre l'opération en retournant à la case de
départ? Est-ce qu'il remet en question la création des nouvelles
régions, en particulier celles de la Gaspésie, des Laurentides et
de Lanaudière? Est-ce qu'il entend faire un retour au statu quo? Je
pense qu'il est essentiel de connaître les intentions précises du
gouvernement au chapitre de la délimitation des territoires
régionaux.
Le contrat de développement est un accord-cadre entre le
gouvernement et une MRC identifiant les projets à développer,
prévoyant les engagements financiers des promoteurs et des
ministères québécois concernés et précisant
les modalités de mise en oeuvre de ces projets. Cette proposition, qu'on
retrouve dans le "Choix des régions", avait fait l'objet d'un large
consensus parmi les intervenants et une quinzaine de MRC avaient
manifesté de l'intérêt pour en faire l'expérience.
Où en sommes-nous maintenant avec ce projet? Les cinq expériences
pilotes dans les MRC de Beauharnois, Salaberry, Granit,
Haut-Saint-François et L'Islet - il y a également les quatre MRC
du corridor Beauce-Appalaches - qui étaient en cours se
poursuivront-elles ou sont-elles interrompues? Je pense qu'il est important de
connaître les intentions du ministre à ce sujet. Quant au
processus visant à conclure une dizaine de contrats de
développement, est-ce que ce processus est arrêté? Je pense
qu'il serait utile d'être informé sur les intentions du
gouvernement au chapitre de l'expérience de ces contrats de
développement avec les MRC.
Quand on veut vérifier, M. le Président, le sérieux
d'une intention gouvernementale, il suffit de prendre connaissance des
ressources financières qui sont débloquées pour
concrétiser cette intention. Dans le cas qui nous intéresse, il
s'agit donc d'examiner ce qu'il advient des outils financiers
spécifiquement consacrés au développement régional,
dont le FDR et le PECEC. Je signale que, pour ce qui est du FDR, les
intervenants régionaux le considèrent unanimenent comme un
instrument de développement souple et efficace sans lequel bien des
projets identifiés comme prioritaires n'auraient pu être mis en
oeuvre. Les interventions du FDR dans les régions sont reconnues comme
bénéfiques et stimulantes. Le PECEC est également
perçu comme un appui concret au dynamisme des régions.
Il est bon de rappeler que le gouvernement du Parti
québécois s'est toujours refusé, malgré les
compressions budgétaires, à sabrer dans les budgets
affectés au FDR et au PECEC. Cela ne s'est pas gonflé uniquement,
comme le prétendait le ministre tantôt, à la veille d'une
élection. Il s'agissait là, bien sûr, d'un choix politique.
C'est ainsi qu'en 1983-1984 le FDR disposait de 25 800 000 $; en 1984-1985, de
33 800 000 $ et en 1985-1986 de 35 500 000 $. Ces budgets ont toujours connu
une progression. Or, que constate-t-on en examinant les crédits
1986-1987? Une réduction qu'on peut qualifier, je pense, de brutale de
65 % des ressources affectées au FDR qui passent de 35 500 000 $
à 12 300 000 $. Quand on connaît le rôle du fonds de
développement dans la réalisation des projets issus des sommets
régionaux, quand on connaît le caractère essentiel de la
contribution du fonds de développement au financement des
équipements récréotouristiques des régions, quand
on connaît les effets remarquables des interventions du FDR dans le
développement économique des régions, je pense en
particulier, dans le secteur agricole où le FDR a financé dans
plusieurs régions dites périphériques des plans agricoles
régionaux, du Québec, par exemple, quand on connaît tout
cela, M. le Président, on ne peut qu'être inquiet face à
une réduction aussi massive des fonds consacrés au
développement régional. On ne peut ignorer qu'une telle ponction
aura des effets, à mon avis, désastreux et démoralisants
dans toutes les régions du Québec. Cela risque de contrecarrer
les dynamismes régionaux et de saper la crédibilité des
exercices de concertation qui sont en cours ou qui se sont déjà
tenus.
Le 21 mars dernier, à l'occasion du sommet de l'or blanc, le
ministre déclarait ce qui suit et il a repris certaines de ces phrases
dans son intervention de tout à l'heure. Je le cite: "Nous sortons d'une
période plutôt socialisante où, dans les hautes tours du
gouvernement, on pensait des plans de développement pour les
régions donc, pour vous. Actuellement, nous entrons dans une ère
libéraliste où les forces vives du milieu se prennent en main et
définissent leur propre développement, une ère où
les gouvernements doivent s'adapter et adapter leurs programmes aux dynamismes
locaux et non plus le contraire." Fin de la citation.
Voilà un bel exemple, M. le Président, de ce que
j'appellerais pensée magique. Sans doute par refus de reconnaître
quelques mérites à un parti adverse, le ministre travestit
carrément la réalité. Car enfin, peut-on
sérieusement affirmer que le fruit, le résultat des sommets
régionaux sont des plans pensés dans les hautes tours du
gouvernement? Ne sont-ils pas justement des opérations où les
forces vives du milieu se prennent en main et définissent leur propre
développement?
Or, à moins d'être aveuglément partisan, il faut au
moins reconnaître que la formule des conférences
socio-économiques qui constituent une pratique innovatrice et un
dialogue créateur entre les agents socio-économiques d'une
région a été une iniative à mettre au crédit
du Parti québécois. On a mis assez de choses au débit du
Parti québécois, ii faudrait au moins ne pas oublier ce qui est
au crédité
Comment peut-on aussi affirmer que commence une ère où les
programmes gouvernementaux vont s'adapter aux dynamismes locaux, alors que
c'est le Parti québécois qui a fait du FDR un instrument majeur
de développement tout en reconnaissant que c'est le Parti
libéral, en 1974-1975, qui l'a créé, comme l'a
signalé le ministre, et qui a créé le PECEC, il y a
quelques années, deux programmes caractérisés justement
par leur capacité de s'adapter aux réalités
régionales? Encore une fois, à moins d'être
amnésique pour cause de partisanerie, il faut reconnaître que
cette nouvelle ère dont parle le ministre n'a pas commencé le 2
décembre 1985. Il y a eu un prélude, en tout cas.
En conclusion, je dirais qu'il nous tarde de connaître les
éléments qui sont retenus de la stratégie de
développement régional du gouvernement précédent et
les modifications qui seront apportées à cette stratégie
comme c'est parfaitement le droit du gouvernement en place d'apporter les
changements qu'il entend apporter, mais encore faudrait-il, je pense, les
connaître. En somme, il importe, en matière de
développement régional, que le gouvernement affiche clairement
ses couleurs et dissipe toute ambiguïté.
M. le Président, dès le 18 décembre, le ministre
responsable du Développement
régional déclarait dans un article paru dans le Soleil,
à la suite d'une entrevue - je le cite parce que c'est entre guillemets
- il l'a répété aussi d'ailleurs, je pense, dans
l'Outaouais... Il disait ceci: "Entre 1970 et 1976, le gouvernement
libéral a relevé le pari de tout investir dans la
métropole sur la base du principe que Montréal allait
entraîner derrière elle le reste de la province. C'est bien loin
d'avoir produit les résultats espérés et
conséquemment, il faut désormais viser l'équilibre." Fin
de la citation. Il a repris sensiblement ces propos-là dans la
région de l'Outaouais. Je pense qu'il a raison. Il faisait sans doute
référence aussi... parce que toute cette stratégie de
développement fondée sur la métropole était issue
du fameux rapport Raynauld-Higgins. J'espère que, conscient justement de
ce qui s'est produit entre 1970 et 1976, le ministre va faire en sorte que cela
ne se reproduise pas et que l'équilibre qu'il vise entre les grands
centres et les régions en matière de développement soit
atteint.
Ce que je peux dire, en terminant, c'est que la cure d'amaigrissement
qu'on a fait subir au Fonds de développement régional suscite de
l'inquiétude; en tout cas, elle m'inquiète quant à
l'avenir et quant à l'atteinte de cet objectif louable en soi et avec
lequel je suis parfaitement d'accord, cet objectif d'équilibre.
Voilà, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
(réplique)
M. Côté (Charlesbourg): Le député de
Lac-Saint-Jean a touché à un ensemble de points...
M. Brassard: Sujet par sujet.
M. Côté (Charlesbourg): ...qu'il faudra retenir.
Évidemment, je comprends le rôle de l'Opposition pour l'avoir
exercé pendant un certain temps, M. le Président. Le
député de Lac-Saint-Jean comprendra certainement mon rôle,
qui est celui du pouvoir qu'il a exercé lui-même à une
certaine occasion. Comme je le disais à la défense des
crédits du ministère des Transports, au moment où on se
retrouve au pouvoir, on trouve certains projets à amorcer un peu plus
vertueux qu'on ne les avait vus durant le gouvernement précédent
et avec un peu plus de défauts, dans l'Opposition, par rapport à
ceux qu'on avait nous-mêmes lancés.
Dans ce sens-là, quant aux interrogations que se pose le
député de Lac-Saint-Jean sur un certain nombre de choses, je suis
prêt à y répondre sans aucune espèce de
cachotteries, livre ouvert, pour donner exactement et très directement
l'orientation du gouvernement.
Vous me permettrez quand même de corriger un certain nombre de
choses. D'abord, si le député de Lac-Saint-Jean a senti une
inquiétude manifeste en régions sur le sort que pourrait
réserver le gouvernement actuel à la concertation
régionale, je dois dire que je me suis promené un peu. Je suis
allé deux fois au Lac-Saint-Jean, je suis allé en
Gaspésie, je suis allé dans les Laurentides. Hier, je suis
allé dans l'Outaouais, je suis allé en Montérégie.
J'ai moi-même rencontré, au cours du mois de février, des
représentants des régions au niveau de l'office de planification
et aussi des représentants des organismes de concertation qui ont
à assurer, dans certains cas, la préparation et, dans d'autres,
le suivi des différents sommets tenus dans les différentes
régions du Québec. Nous nous sommes très bien entendus
dans le sens que nous allons avoir une table de concertation pour
échanger des propos et pour profiter au maximum de l'expertise provenant
du champ.
J'ai vu toute une série de choses lorsque je suis arrivé
comme ministre responsable. L'oeil de quelqu'un de neuf peut peut-être
permettre de régler un certain nombre de choses ou, du moins, d'amorcer
le règlement de certaines choses que les prédécesseurs ne
pouvaient régler eux-mêmes. Effectivement, dans les régions
administratives, puisqu'on en parle, avant de tenir des sommets
régionaux, il faut absolument régler le problème des
limites des régions administratives.
Qu'est-ce qu'il y avait sur la table au moment où je suis
arrivé? Un plan inachevé. Je ne veux pas porter un jugement sur
le fait que cela n'a pas été complété...
M. Brassard: C'est effectivement le cas, il était
inachevé.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un plan
inachevé. En Gaspésie, on avait créé une
région, mais on n'avait pas réglé le problème de la
MRC Denis-Riverain. Dans la région de Laurentides-Lanaudière, on
avait deux régions sans régler le problème de la MRC des
Moulins. C'étaient des problèmes beaucoup plus difficiles
à régler. Aussi, il faut bien l'admettre, au moment où
j'ai fait le tour de la Gaspésie le 31 janvier, je me suis rendu compte
qu'on avait vendu à la Gaspésie une maison avec une photo
extérieure, sans lui avoir fait part des divisions sur le plan
intérieur de la maison. On a commencé à apprendre par la
suite ce que pourraient être les divisions à l'intérieur de
la maison. Il y avait des divisions qui ne correspondaient pas tellement
à ce que souhaitaient les gens. Il y avait un aménagement
intérieur qui ne répondait pas aux voeux de la région de
la Gaspésie. C'est dans ce sens-là que nous avons constaté
et
que nous avons décidé d'enclencher le processus de revoir
l'ensemble des régions où il y avait problème. (10 h
45)
Je suis allé en Gaspésie le 31 janvier. J'ai fait Laval,
parce qu'il y a toute la problématique de Laval, bloc nord, dont
l'idée avait été lancée par M. Gendron
lui-même au moment où il faisait des consultations sur le choix
des régions. J'ai été dans la région des
Laurentides et j'ai finalement terminé ma tournée de
consultations dans la région de Lanaudière. J'ai donc entre les
mains une série d'Interventions des gens du milieu qui se sont
exprimés quant aux orientations qu'ils voudraient prendre au niveau des
régions et le moratoire se terminera à l'échéance
des six mois en commençant le 22 janvier. À la lumière de
cela, on fera un plan définitif et final de telle sorte qu'on puisse
enclencher, par la suite, toute une série de mesures ou d'actions qui
sont cohérentes avec la fixation des limites finales des régions
administratives.
Comment tenir un sommet économique régional de
régions administratives, sans que les limites, sur le plan
régional, soient déterminées? On l'a vécu au niveau
des Laurentides où deux MRC, celle de Deux-Montagnes et celle de
Mirabel, n'ont pas participé au sommet parce qu'étant des tenants
de Laval bloc nord, comme région. Donc, il y avait des
éléments extrêmement importants qui n'ont pas
participé au sommet et qui, normalement, auraient dû être
intégrés au sommet si on veut que tous les agents
économiques de ces régions soient impliqués au niveau des
sommets régionaux.
On a donc été placé dans une situation où il
fallait, dans certains cas, au niveau des Laurentides et de l'Outaouais, tenir
des sommets - celui de l'Outaouais qui se tiendra les 9 et 10 mai prochain -
parce que le processus de préparation était avancé. On ne
voulait pas les reporter parce qu'on ne croyait pas au sommet. Je l'ai dit, je
l'ai répété à plusieurs reprises que - je le
répète ce matin de manière assez publique - les sommets
régionaux sont des instruments extraordinaires pour permettre aux
régions de renvendiquer et de mettre de la pression sur un gouvernement
pour qu'il se passe des choses en région.
C'est aussi un exercice extrêmement utile quant au ménage
qui doit se faire au niveau des régions face aux demandes du
gouvernement. S'il n'y a pas de sommets régionaux, vous allez vous
retrouver avec une région de 400 ou 500 demandes, alors qu'avec un
sommet régional, vous risquez de vous retrouver avec 50, 60 ou 70
demandes où le milieu a fait un consensus et établit des
priorités. Donc, c'est un exercice, je l'ai dit et je le
répète, qui va se poursuivre et qui va être
révisé dans la préparation, dans la tenue et dans le
suivi, en tenant compte de deux principes. Vous êtes à même
de le constater.
Les députés qui ont été élus
démocratiquement par la population doivent avoir leur mot à
dire.
M. Brassard: Tous les députés.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai dit: Les
députés. Il n'y a pas de députés élus
démocratiquement du côté du pouvoir et des
députés qui ne sont pas démocratiquement élus du
côté de l'Opposition. C'est ce que vous pensiez, c'est ce que vous
avez mis en action.
M. Brassard: Je vous signale, M. le ministre, que dans
l'Abitibi...
M. Côté (Charlesbourg): Si vous voulez me laisser
terminer...
M. Brassard: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour un petit tour et
on enclenchera la discussion.
M. Brassard: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce sens, il n'y a pas
deux sortes de députés en ce qui concerne le développement
régional. Ce qui s'est passé dans le passé... J'ai
moi-même assisté au sommet de Québec où
j'étais assis dans la dernière chaise en arrière en tant
que député de l'Opposition. Je sais de quoi je parle, car je l'ai
vécu et d'autres aussi.
Une voix: II ne nous a même pas invités, il ne
voulait pas qu'on entre.
M. Côté (Charlesbourg): Vous vous souvenez sous quel
gouvernement cela a été tenu. Dans ce sens, c'est très
clair. Il n'y a qu'une sorte de député. Les députés
seront partie intégrante à la préparation, à la
tenue et au suivi des sommets, comme il est impensable que l'on puisse tenir
des sommets régionaux dans des régions sans que les maires ne
soient directement impliqués. Il y a, en termes de régions, des
gouvernements qui investissent; le gouvernement fédéral, le
gouvernement provincial et les gouvernements municipaux. Très souvent,
les projets font appel à une participation du municipal, à une
participation d'un ministère sectoriel et à une participation de
l'OPDQ. Dans cette nouvelle formule, on devra respecter chacun des paliers et
faire en sorte qu'ils soient intégrés dans tout le processus de
préparation, de tenue et de suivi des sommets. Dans ce sens, ce sera
véritablement une concertation régionale en plus des agents
socio-économiques des régions.
Donc, au niveau des régions administratives, le travail est en
cours. Nous
devrions normalement être capables de respecter le moratoire de
six mois et de régler, une fois pour toutes, les régions de
façon que, sur le plan logique, on puisse tenir des sommets
régionaux à l'intérieur des cadres géographiques
des régions très bien déterminées, enclencher par
la suite les conférences de suivi qui, effectivement, vont devoir subir
une cure d'amaigrissement et des changements dans leurs fonctions. Je l'ai
vécu pour la première fois au niveau du sommet des Laurentides.
C'est une expérience très douleureuse merci et très longue
en termes de nomination de tout le monde qui doit participer au suivi des
conférences.
Quel est le but du suivi des conférences? Au lieu de les tenir
annuellement, il est vrai que j'ai donné la directive que ce soit deux
fois par mandat, c'est-à-dire que cela se tienne aux deux ans de
façon que chacun puisse livrer ce qu'il a à livrer. Si, demain
matin, on a quatorze ou quinze régions administratives au Québec
et on tient quinze sommets et qu'annuellement il nous faut tenir en plus quinze
conférences, je vais vous dire une chose, cela va prendre un gars
à temps plein qui va se promener dans le champ juste pour donner des
conférences annuelles. Je ne suis pas sûr que ce soit ce qu'on
vise.
Des conférences de suivi doivent s'attaquer au suivi des sommets,
donc, à ce qui a été décidé lors des sommets
économiques et on doit s'assurer que les engagements pris par les
partenaires et par le gouvernement puissent être réalisés
dans chacun des cas, sinon, voir les solutions de rechange. C'est cela, des
conférences de suivi.
Il n'est pas nécessaire d'être 70 personnes pour assurer le
suivi d'une conférence. Il faut donc alléger la formule en tenant
compte des éléments: maires, députés et agents
socio-économiques des régions. À la suite des
conférences socio-économiques, ayant bien déterminé
le cadre géographique de nos régions, maintenant, il sera normal
et logique que l'on puisse penser à ajouter des contrats de
développement en ce qui concerne les MRC, parce que cela s'imbrique
à l'intérieur des sommets régionaux et c'est une
continuité.
On ne peut pas signer, à ce moment-ci, des contrats de
développement avec les MRC alors qu'on n'a même pas tenu, dans
certains cas, de sommets régionaux. Il faut que les contrats de
développement tiennent compte des axes de développement des
sommets régionaux, des conférences annuelles, également.
Dans ce sens, c'est une logique pour renforcer davantage une MRC qui aurait
été victime d'un sommet.
Cela a été le cas de l'or blanc. C'est pour cela que j'ai
accepté è titre expérimental de faire le sommet de l'or
blanc à la MRC de l'or blanc, parce que cela avait été le
parent pauvre du sommet de l'Estrie. Et, comme par hasard, Richmond
était un comté représenté par un
député libéral au sommet de l'Estrie.
Dans ce sens, nous avons voulu rééquilibrer les choses.
C'est ainsi que les contrats de développement devront intervenir.
Effectivement, au moment où nous sommes arrivés, il y avait douze
projets de contrats de développement avec des MRC en préparation.
J'ai dit: Allons-y logiquement. Régions les problèmes un par un,
de façon que notre action soit véritablement concertée et
non pas toute éparpillée.
Dans ce sens, je pense que c'est très ouvertement que nous avons
dit des choses. Nous n'avons rien caché et nous ne cacherons rien non
plus. C'est une discussion qui doit être publique. Je ne dis pas que nous
possédons la vérité. Ce serait pédant et ce ne
serait certainement pas vrai. Il faut que tout le monde participe à ce
mécanisme et qu'on réussisse à trouver des formules qui
conviennent à toutes les régions.
Effectivement, dans mon introduction, j'aurais peut-être dû
dire une chose, et vous aviez raison de le souligner: le PECEC, contrairement
à ce que j'ai longtemps pensé, est un instrument valable,
très valable, en ce qui concerne les régions et qui, dans toutes
les régions - il s'agit de circuler - reçoit un accueil
très favorable parce qu'il permet de faire des choses que nous ne
pouvons faire par des programmes normés et, dans plusieurs cas, de
sauver des entreprises qui, autrement, seraient vouées à la
faillite. Ce sont des entreprises qui sont sauvées en région.
Bravo!
C'était une initiative de votre gouvernement. Encore une fois,
bravoî Si, en contrepartie, je vous donne ce qui vous appartient, le
Fonds de développement régional a été
créé avec les CRD en 1975. S'il y a une chose qui est claire,
c'est celle-là. Il n'y a eu aucune modification, ou à peu
près pas, dans l'application du Fonds de développement
régional depuis 1975. Il y a eu de l'argent, mais il n'y a pas eu de
modification au sein du Fonds de développement régional.
Dans ce sens, les choses étant très bien revenues à
la normale et très bien équilibrées, je me permettrai de
répondre aux questions que le député voudra bien me
soumettre concernant tous les volets, les régions administratives, les
contrats de développement et les sommets régionaux.
Quant au budget lui-même, je terminerai là-dessus.
Effectivement, il y a une baisse du budget. C'est très clair, je n'ai
pas tenté de le cacher; je pense que les chiffres sont là pour en
témoigner. Il y a une chose qu'il faut se rappeler. Pour PECEC, le
budget de 1985-1986, 27 000 000 $; le budget de 1986-1987,
22 500 000 $. C'est une baisse? elle n'est pas si dramatique qu'on
voudrait le laisser croire.
Quant au Fonds de développement régional, il faut revenir
à ses véritables dimensions. Le Fonds de développement
régional, au cours des ans, était un budget, annuellement,
d'à peu près 25 000 000 $. II y a 35 000 000 $ et il n'y a pas
bien des gens qui se posent des questions pour savoir pourquoi il y a eu 10 000
000 $ additionnels l'an passé.
C'est très conjoncturel et je pense qu'on peut dire, entre nous,
que c'est conjoncturel sur le plan électoral. C'est un montant
additionnel de 10 000 000 $ dont on a encore des effets cette année sur
des engagements que vous avez faits l'an dernier. Nous en payons encore une
bonne partie cette année. Enlevez le montant conjoncturel de 10 000 000
$ sur le plan électoral et vous ramenez le budget à 25 000 000 $.
Il y a 12 400 000 $, donc encore un écart de 13 000 000 $ qui est
appréciable.
Je vous l'ai dit lorsqu'on s'est rencontré à la
séance d'une heure et quinze minutes de l'étude des
crédits de l'Assemblée nationale. Il y a différentes
étapes dans le processus budgétaire du gouvernement. Il y a le
dépôt des crédits. Il y a le budget. On n'est pas encore
rendu à la deuxième étape. Ce sera cette semaine. On
verra.
M. Brassard: Ou la semaine prochaine.
M. Côté (Charlesbourg): Ou la semaine prochaine,
selon l'Opposition... Mais vous êtes bons pour retarder les choses. Je me
souviens de 1973.
M. Brassard: Vous n'étiez pas mal aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Voilà un tour
très rapide. Je peux répondre aux questions du
député de Lac-Saint-Jean sur des cas bien spécifiques,
enfin, là où il voudra orienter la discussion.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Lac-Saint-Jean, pour le bénéfice des membres de la commission,
avez-vous l'intention de procéder programme par programme ou par une
discussion générale et, à la fin, on adoptera Ies
programmes?
M. Brassard: Je préférerais une discussion
générale et on adoptera les programmes à la fin. Si cela
convient à tout le monde.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Sommets socio-économiques M. Brassard: J'aurais un certain
nombre de questions. Je ne reprendrai pas le discours. Je ne ferai pas une
autre intervention. Je préférerais, étant donné le
temps très court qui nous est alloué, poser un certain nombre de
questions pour tenter d'obtenir des éclaircissements, des intentions du
gouvernement, si c'est le cas;sinon, pour qu'on nous dise que la
réflexion sur certains aspects de la question se poursuit.
J'aurais quelques questions concernant les sommets, la nouvelle carte et
le financement. En ce qui a trait aux sommets, j'avais mentionné les
sommets déjà tenus dans mon intervention. Je pense que la
question est importante. Entre autres, je pense à ma région et
à d'autres où un sommet s'est tenu. Le gouvernement du
Québec, quel que soit le parti au pouvoir on l'appelle le gouvernement
du Québec, était présent par la voix d'un certain nombre
de ministres. Des engagements ont été pris à l'occasion de
ces sommets tenus, par exemple, en Estrie, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans la
région de la capitale. Est-ce que le gouvernement a l'intention de
procéder à une réévaluation de ces engagements?
Est-ce qu'il a l'intention de les respecter, de les considérer comme
étant des engagements liant l'ensemble des intervenants qui
n'appartiennent pas nécessairement à un parti politique? Ce sont
des engagements régionaux. Est-ce qu'au gouvernement, on a l'intention
de respecter les engagements issus des sommets déjà tenus?
M. Côté (Charlesbourg): Effectivement, il y a eu les
sommets de la Mauricie--Bois-Francs, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de
Québec, de l'Estrie, des Laurentides et de Lanaudière. Il est
clair que les engagements pris l'ont été au nom du gouvernement,
peu importe la couleur du parti au pouvoir. Ces engagements, dans la mesure
où il n'y a pas de problèmes majeurs, doivent être tenus.
Dans mon esprit, je ne vois aucun problème. C'est clair. II n'est pas
question pour moi de revoir des projets qui auraient été
acceptés et qui n'auraient pas de contrainte de réalisation sur
le plan technique ou pas de défauts pour l'une ou l'autre des
parties.
Prenons, par exemple, un entrepreneur privé qui a dit: Oui, je
veux investir tant, dans la mesure où. le gouvernement investit tant.
Mais si l'entrepreneur privé décide de ne plus investir, c'est
une autre paire de manches. Mais, globalement, il est clair que le gouvernement
va respecter les engagements qui ont été pris, sinon, plus rien
ne tient.
De la même manière, je respecte, comme ministre des
Transports, les nombreux engagements pris concernant le fonds de subventions
aux municipalités, soit l'enveloppe discrétionnaire des
députés, contenus dans une lettre signée par le ministre,
assez volumineuse merci, à la veille
de l'élection. Je respecte ces engagements dans mon budget de
cette année, me laissant une marge de manoeuvre très mince. C'est
clair, je pense. .
Si je ne respectais pas la signature de mon précédesseur
ou sa parole, je pense qu'il y aurait un manque flagrant et on risquerait de se
voir faire la même chose pour des engagements que nous prendrions
à ce moment-ci. Il est clair que l'intention est là de respecter
les engagements. Dans la mesure où des engagements ne seraient pas
respectés, notre rôle comme responsable des sommets est de nous
assurer que les ministères respectent leurs engagements.
M. Brassard: Merci. Je pense que c'est clair. (11 heures)
M. Côté (Charlesbourg): Il y a juste une petite
chose que j'aurais aimé vous dire tantôt, je l'avais
oubliée, en ce qui a trait aux sommets. Lorsqu'on parle de
développement régional - je l'ai dit et vous l'avez
répété, tantôt, dans vos propos - cela fait appel
davantage aux régions autres que Montréal et Québec, qui,
elles, ont l'avantage d'être près du pouvoir politique, du pouvoir
des fonctionnaires. Cela fait appel aux autres régions. Mon grand
étonnement à mon arrivée, c'est que des régions
comme la Gaspésie, comme l'Abitibi ou comme la Côte-Nord n'aient
pas encore eu de sommet. Il y a donc eu un choix et une volonté
politique de tenir des sommets ailleurs et cela se retrouve à
l'intérieur de la programmation au niveau du Fonds de
développement régional, où des régions comme la
Gaspésie ont, dans le pipeline cette année, des projets qui
totalisent au maximum 300 000 $ au chapitre du Fonds de développement
régional alors qu'il y a d'autres régions où les demandes
totalisent au-delà de 2 000 000 $; il y a donc un
déséquilibre. Quant à la tenue des prochains sommets, il y
aura assurément des priorités établies, la
Gaspésie, l'Abitibi et la Côte-Nord étant des
régions où il faudra tenir un sommet. C'est là où
c'est extrêmement important d'avoir une action cohérente dans ce
sens de définir les régions sur le plan géographique, de
tenir des sommets pour les régions qui en ont besoin et, par la suite,
des conférences de suivi.
Là, on est rendus dans un engrenage où certaines
régions nanties ont tenu leur sommet et nous en sommes rendus à
la période de suivi du sommet, alors qu'on n'a même pas
enclenché le processus de tenue d'un sommet dans des régions
comme l'Abotibi ou la Gaspésie. II y a un certain travail de fait. Il y
a une nécessité, pour nous, d'avoir un certain équilibre
au niveau de tout le Québec et de favoriser les régions qui,
jusqu'à maintenant n'ont pu profiter de sommets. Ce virage s'en vient
très rapide- ment et nous l'amorcerons dès juin en termes de
priorité à donner aux sommets qui seront déterminés
pour l'avenir.
Le Président (M. Saint-Roch): J'ai des questions sur le
même sujet.
M. Brassard: M. le Président, sur le même sujet, je
n'ai pas terminé.
M. Kehoe: À propos des sommets... Avez-vous fini?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je suis pleinement d'accord avec
l'interprétation du ministre et c'est normal que la volonté des
régions de se concerter et d'aller de l'avant soit inégale. S'il
y a des sommets qui se sont tenus plus tôt que d'autres, c'est parce que,
dans la région en question, il y a une volonté très ferme
qui s'est manifestée. Les intervenants ont fait preuve de dynamisme et
sont allés de l'avant. La volonté de tenir des sommets et de se
concerter dans les régions est très inégale.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je dois comprendre de
cela, c'est que, dans la mesure où un ministre laisserait faire cela,
les régions pauvres demeureraient pauvres. Je pense, au contraire, que
c'est le rôle du ministre responsable du Développement
régional.
M. Brassard: Ce n'est pas cela que je veux dire.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais terminer...
M. Brassard: Oui, mais vous m'interrompez aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Dans la mesure...
M. Brassard: Si vous ne voulez pas que je vous interrompe, ne
m'interrompez pas non plus.
M. Côté (Charlesbourg): ...où il y a du
dynamisme au niveau régional... Je ne blâme pas les régions
qui ont tenu leur sommet parce qu'elles avaient raison de demander des sommets,
mais c'était à celui qui était responsable comme ministre
d'avoir une vision d'ensemble au niveau du Québec pour être
capable de dire: La Gaspésie est une région qui en a davantage
besoin qu'une autre région. La région de Québec, elle est
collée sur le pouvoir et peut intervenir auprès du pouvoir
politique et des fonctionnaires, dans des décisions à
prendre,
comme Montréal, aussi, qui a sa propre force. Dans ce sens, c'est
clair qu'au niveau des prochains sommets, les régions qui seront
"priorisées" seront des régions défavorisées, de
façon que la roue tourne pour tout le monde autant que possible.
M. Brassard: À condition qu'elles le veuillent. Il faut
être cohérent. Vous avez indiqué, tantôt, que les
sommets, c'est d'abord un exercice, une opération qui est issue de la
région elle-même. Le gouvernement s'y associe, il faut quand
même qu'il y ait une initiative, un dynamisme qui s'exprime dans la
région. Cela m'apparaît l'évidence. Si vous voulez
être cohérent, vous ne pouvez pas imposer des sommets ou des
exercices de concertation à des régions pour qui c'est
indifférent.
Cela dit, je trouve tout à fait normal que les régions,
où il ne s'est pas encore tenu de sommet en tiennent le plus rapidement
possible. Je n'ai rien contre cela; au contraire, on en avait lancé en
Montérégie, en Gaspésie et également dans le
Nord-Ouest également. Pour ce qui est des conférences annuelles
sur les sommets - c'est la dernière question concernant les sommets; je
laisserai le député aborder cette question - est-ce que votre
décision est arrêtée de tenir ces conférences
annuelles maintenant tous les deux ans? Qu'arrive-t-il des protocoles, comme
celui de la région chez nous, où c'est clairement indiqué
que la conférence doit se tenir chaque année? Est-ce que vous
avez l'intention d'amorcer des discussions avec ces régions ou est-ce
inclus dans les protocoles pour modifier le protocole en
conséquence?
M. Côté (Charlesbourg): Dès le moment
où la décision a été prise que les rencontres
seraient aux deux ans plutôt qu'annuelles, chacun des comités
responsables des suivis a été avisé. Nous avions investi
400 000 $ par année de suivi de sommets économiques annuellement,
avec tout ce que cela coûte, multiplié par le nombre de
régions. On peut peut-être aller chercher quelques centaines de
milliers de dollars, et peut-être même 1 000 000 $ qu'on pourra
investir dans autre chose qu'une structure de suivi, mais il faut absolument
alléger la formule de façon qu'elle soit tout aussi efficace et
que la région s'assure que le gouvernement livre la marchandise en
fonction des engagements qu'il a pris. C'est le but du suivi dans les
régions.
Dans ce sens, chacune des instances a été avisée.
Je les ai également rencontrées lors d'une réunion
à Québec, dont je ne me souviens plus de la date... On me parle
du 28 mars; je pense que oui, c'était un vendredi. C'est cela,
c'était le vendredi saint. J'ai rencontré des gens de toutes les
régions du Québec pour leur faire part de nos intentions et
régler certains problèmes qui pouvaient être sur la table
en termes de montants d'argent pour subvenir à leurs besoins. Nous avons
réglé, dans certains cas, pour six mois à
l'échéance du moratoire, de façon que la position
gouvernementale connue et l'opération puissent s'adresser à
l'ensemble des régions, soit celles qui ont tenu un sommet et celles qui
tiendront un sommet.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Chapleau.
M. Kehoe: Merci, M. le Président. M. le ministre, j'ai
été très intéressé de connaître votre
nouvelle approche en ce qui concerne les sommets, plus particulièrement
concernant le rôle que joueront les élus et, plus
particulièrement encore, concernant le rôle que joueront les
députés.
L'expérience que nous avons vécue chez nous, dans la
région de l'Outaouais, dans la préparation du sommet qui aura
lieu les 9 et 10 mai... Ce que nous avons le plus déploré, c'est
le fait que le parti au pouvoir à ce moment a tout fait pour nous
exclure de la préparation du sommet, de sorte que les cinq
députés de notre région - nous étions tous des
libéraux - ont fait des démarches et des demandes auprès
des différentes tables de concertation pour être impliqués
dans la préparation du sommet. Effectivement, nous avons eu comme
réponse du président du sommet à ce moment que notre
présence n'était pas requise et qu'on était
complètement exclus du processus.
Maintenant que la situation est complètement changée, je
trouve difficile, pour le sommet qui aura lieu dans une couple de semaines, que
ce soit nous qui allons avoir le fardeau d'effectuer le suivi du sommet. Une
soixantaine de projets ont été retenus par les décideurs
dans lesquels, nous, les députés, n'avons eu aucune
participation.
La question que je me pose maintenant concerne le comité du
suivi. Comment va fonctionner son budget? Qui y participera? Vous avez
décrit votre position en termes assez généraux
tantôt. Mais, plus spécifiquement, en ce qui concerne le
rôle des députés au comité du suivi, je pense que,
pour notre région, ce sera très important. On n'a eu aucun input
à ce jour concernant la préparation des différents
projets, Qu'arrivera-t-il quant au suivi du sommet, c'est-à-dire qui va
participer? Quel en sera le budget? Quel organisme? Quel sera l'input des
députés?
M. Côté (Charlesbourg): Effectivement, au sommet de
l'Outaouais, je pense qu'il y a eu une tentative assez tardive d'impliquer les
députés de la région au sommet économique. Dans ce
sens, cela traduit ce qui s'est passé à d'autres sommets aussi.
On a toujours dit, quant à nous, que le sommet des Laurentides et que le
sommet de l'Outaouais se tiendraient selon la formule qui était en
cours, mais que les sommets qui suivraient, Gaspésie,
Côte-Nord, Abitibi et Montérégie, seraient tenus suivant la
nouvelle formule.
Dans ce sens, je pense que nous devons faire l'exercice jusqu'à
sa limite les 9 et 10 mai prochain et c'est le sommet lui-même qui
déterminera qui formera le comité de suivi du sommet. J'ai aussi
clairement indiqué, au sommet de Laurent!des, que ce groupe qui assurera
le suivi du sommet aura lui aussi, dans ces cas-là, à se modifier
lorsque nous ferons connaître la décision de la nouvelle formule
pour le suivi des sommets. Donc, vous pouvez présumer que, au lendemain
du sommet, autant que possible avant la fin juin, seront inclus, dans la
nouvelle formule, des députés et des maires qui devront assurer
le suivi du sommet avec des agents socio-économiques du milieu.
Effectivement, vous serez à même de faire un exercice, l'exercice
du suivi, et vous serez impliqué dans le suivi, comme le seront les
autres députés des autres régions. Dans ce sens,
effectivement, il y a une soixantaine de priorités de
dégagées du sommet de l'Outaouais. Il y a des choses
extrêmement intéressantes à ce sujet. Je vous mentionnerai,
uniquement en passant, en coiffant mon autre chapeau, que les priorités
du transport, en ce qui concerne le suivi de l'Outaouais, étaient
sensiblement les mêmes que les revendications des députés
qui le faisaient depuis 1976.
M. Kehoe: Effectivement, M. le ministre, en ce qui concerne le
financement du suivi et le budget, avez-vous arrêté votre choix
sur un organisme quelconque, le CRD ou autre, qui va chapeauter le suivi, ou si
vous laissez cela encore libre aux différentes régions?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Kehoe: Plus spécifiquement, ce à quoi je veux en
venir fondamentalement, c'est de savoir si vous allez avoir une formule
uniforme pour le suivi des sommets à l'avenir.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Kehoe: Est-ce que c'est une démarcation, un changement
radical de ce qui existait auparavant? Auparavant, comme vous le savez,
c'était plutôt un exercice politique au cours duquel dix, douze,
quinze ministres venaient parader devant un sommet, dans différents
coins de la province, et faisaient des promesses. Après cela, tout
tombait mort. Je voudrais savoir, à l'avenir, quelle est vraiment votre
politique en ce qui concerne non seulement le suivi mais le financement
aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Je pourrais peut-être
nuancer un peu les propos de mon collègue de Chapleau. Effectivement,
les sommets régionaux, dans certaines régions, ont eu des
résultats assez intéressants et ont permis l'émergence de
certains projets qui, sans cet exercice, n'auraient jamais vu le jour. Cela
permet, dans certains cas, bien souvent grâce à l'ajout de fonds
provenant de l'OPDQ, de régler un certain nombre de problèmes
qui, autrement, ne seraient pas réglés par un ministère
sectoriel. Globalement, je pense qu'il faut porter le jugement que cela a
été bon et qu'il faut continuer d'en tenir, des sommets
régionaux.
Je vous laisse le soin de la parade des ministres. Je pense que cela a
été plus évident à l'approche d'élections
que dans les années précédentes, mais je pense que chacun
joue les cartes qu'il a, au moment où il les joue et selon le moment.
Dans ce sens, ce que je veux vous dire, c'est que le sommet de l'Outaouais,
dans son suivi, ne sera pas différent des autres tenus jusqu'à
maintenant. De telle sorte que, à la fin du sommet, le dernier exercice
qu'il y a à faire, c'est de choisir, d'après les gens
présents à la table, qui sera chargé d'assurer le suivi du
sommet.
Quant à la partie gouvernementale, c'est l'OPDQ qui assurera le
suivi des sommets. Cela, c'est en date du 10 mai. Lorsque nous
déposerons, sur la table, le nouveau processus de préparation, de
tenue et de suivi, chacune des régions ayant tenu des sommets et chacune
des régions où des sommets sont à tenir auront une formule
uniforme. C'est l'OPDQ, par son budget, qui va financer les organismes qui
auront assuré le suivi.
M. Kehoe: Pour ce qui est de la politique en soi, d'ici combien
de temps sera déposé l'échéancier? Avez-vous une
idée?
M. Côté (Charlesbourg): On espère le
soumettre d'ici la fin juin afin que le tout soit réglé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Si je comprends bien, autour du 10 mai, les
régions devraient connaître les modifications que vous entendez
apporter à la structure de fonctionnement des sommets.
M. Côté (Charlesbourg): Non, je dis après le
10 mai.
M. Brassard: Après. (11 h 15)
M. Côté (Charlesbourg): On espérait pouvoir
déposer l'ensemble à la fin de juin.
Il faut régler le cas des régions administratives et,
lorsque les régions
administratives seront définies, par la suite, les sommets
régionaux. Prenons l'exemple de la Gaspésie dans
l'hypothèse où la région administrative ne serait plus une
région Gaspésie autonome, où ce serait une région
Gaspésie-Bas-Saint-Laurent, mais avec davantage de
décentralisation. Je suis allé le dire aux gens de Rirnouski chez
eux, à la chambre de commerce: Si la Gaspésie revendique son
autonomie aujourd'hui, c'est parce que vous avez, comme capitale
régionale, abusé de votre pouvoir en concentrant tout à
Rimouski, au détriment de la Gaspésie qui est devenue le parent
pauvre.
Dans les hypothèses qui sont analysées, il y a celle de la
Gaspésie autonome avec une capitale, celle de la Gaspésie
autonome avec un certain nombre de municipalités reconnues pour
l'implantation de bureaux gouvernementaux et, troisième
hypothèse, revenir au statu quo ante de la région
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, mais avec davantage de pouvoirs pour la
Gaspésie en termes décisionnels et en termes de fonctionnaires
installés sur le territoire que ce qu'on connaît
présentement.
Il est extrêmement important de définir ce cadre
géographique avant de dire qu'on va tenir un sommet économique de
la Gaspésie. Si c'est la Gaspésie autonome, on a des limites
quant à la tenue du sommet, qui concernent les MRC d'Avignon, de Pabok
et les autres MRC, celle de la Côte-de-Gaspé, de Denis-Riverain.
Dans ce sens, c'était extrêmement important que la limite
géographique des régions soit connue pour tenir le sommet. Par la
suite, il y a les conférences de suivi et, enfin, contrats de
développement.
M. Brassard: M. le Président, tantôt, on parlait du
comité du suivi. Si j'ai bien compris, vous aviez l'intention aussi d'en
arriver à une formule différente de celle qui existe
présentement en termes de suivi des sommets. Je vous signale que notre
approche, à l'époque, était de faire en sorte que les
comités de suivi et les CRD en arrivent à se fusionner pour
atteindre l'objectif que vous signaliez, c'est-à-dire ne pas multiplier
les structures sur le terrain sans raison.
Donc, l'objectif était d'en arriver à une fusion des
organismes. Cela s'est fait dans certaines régions et cela s'est fait
selon la volonté des régions, c'est-à-dire que le
gouvernement n'a pas imposé une formule uniforme de tables de
concertation. Ce sont les régions elles-mêmes - chez nous, c'est
ainsi que cela s'est passé - qui l'ont fait. Il y a eu des discussions
entre les CRD et le comité de suivi. Ce sont les régions
elles-mêmes qui se sont entendues sur une formule de concertation. C'est
différent de ce qui s'est passé en Estrie.
À la question du député, tantôt, vous avez
semblé indiquer qu'en termes de suivi vous alliez faire connaître
une formule, comme gouvernement. Est-ce que cela signifie, en termes de suivi,
que la formule sera uniforme, et que toutes les régions devront
l'adopter, ou est-ce que vous laissez une marge de manoeuvre aux intervenants
du milieu pour se donner une table de concertation à leur image et
à leur ressemblance, si vous me permettez l'expression?
M. Côté (Charlesbourg): Il y a eu unification au
Saguenay--Lae-Saint-Jean. Il y a eu unification dans les Laurentides...
M. Brassard: L'Estrie.
M. Côté (Charlesbourg): ...et dans l'Estrie aussi.
Je pense que tout le monde va dans cette direction. C'est ce qu'il faut
souhaiter qu'il y ait une unification de ces structures qui sont d'ailleurs
financées, en bonne partie, par nous.
M. Brassard: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce sens, ce que je dis,
c'est que le nouveau cadre du suivi devra davantage respecter les maires, les
députés et les agents socio-économiques. C'est clair. Si
les maires de chacune des municipalités sont impliqués dans
l'investissement et dans le suivi de leur dossier en ce qui concerne leur
région, il faut qu'ils soient dans te processus de suivi.
Si on a fait le ménage dans les axes de développement dans
les régions et dans les priorités d'intervention du gouvernement,
il faut que le suivi cadre très bien avec cela et, donc, qu'à la
fois les représentants du gouvernement provincial, les
représentants des gouvernements municipaux et les agents
socio-économiques soient autour de la table de manière
très équitable et très bien proportionnée pour que
ce soit un véritable suivi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Oui, M. le Président. Tout
à l'heure, on a mentionné, lors de la réflexion du
député de Lac-Saint-Jean, que dans certaines régions les
sommets ne se sont pas tenus parce qu'il y manquait peut-être un certain
dynamisme. J'aimerais rappeler cependant au député de
Lac-Saint-Jean que l'État se doit aussi d'être un initiateur et un
catalyseur des énergies. À certains égards, il doit
stimuler le dynamisme des régions puisqu'elles ont peut-être un
manque de ressources humaines et un manque de ressources tout court.
En fonction de cette réflexion, j'aimerais demander au ministre,
parce que celui-ci l'a soulevé, compte tenu des
sommets régionaux qui, dans certaines régions, englobent
des régions très grandes au niveau géographique, puisqu'il
a déjà tenu un sommet pour une MRC, est-ce qu'on peut penser que
de tels sommets pourront se renouveler dans des régions - passez-moi
l'expression - qu'on pourrait dire coincées entre différents
pôles de développement ou carrément plus
éloignées des pôles de développement des
régions administratives comme telles?
M. Côté (Charlesbourg): La question est fort
pertinente et voici ma réponse. À la lumière de
l'expérience du sommet de l'or blanc, un sommet de MRC m'apparaît
utile et nous en sommes encore à analyser toute la mécanique et
les retombées du sommet de l'or blanc auquel l'OPDQ a largement
participé. Il me paraît un instrument extrêmement
intéressant pour régler les problèmes de ce que j'appelle
communément les MRC qui sont coincées à la tête ou
à la queue d'une région et qui se font littéralement
bouffer par les places les plus fortes à l'intérieur des
régions. Il ne faut pas se le cacher, il y a tout un pouvoir, toute une
dynamique de concertation à l'intérieur des régions, mais
il y a aussi des pouvoirs très fort3 au niveau de certaines
municipalités. Si, demain matin, on tenait un sommet économique
dans l'hypothétique région du Bas-Saint-Laurent, c'est clair que
Rimouski jouerait un rôle extrêmement important et que vous
pourriez avoir Mont-Joli ou toute cette partie de Mont-Joli et Price qui serait
coincée, comme partie nord, et qui risquerait, elle, d'avoir beaucoup
moins de retombées.
Oui, contrats de développement éventuels ou sommets, parce
que les deux peuvent facilement être complémentaires, au niveau de
certaines MRC, mais qui sont en difficulté, sommets qui permettraient de
relancer une région. Par exemple, je vous en lance une assez rapidement,
la MRC Denis-Riverain qui est à la tête de la région de la
Gaspésie telle qu'elle est actuellement; elle avait le choix
d'être à la queue de la région du Bas-Saint-Laurent, soit
à la tête, soit à la queue, mais jamais rien. Dans ce
sens-là, je pense que c'est extrêmement important, avec des
problèmes majeurs sur le plan structurel, sur le plan économique,
avec quand même des ressources sur le plan des rivières à
saumon, sur le plan de la forêt. Donc, l'accès au marché de
la faune peut être intéressant à développer dans un
sommet de MRC.
M. Paradis (Matapédia): On aurait pu penser aussi, M. le
ministre, à la région de la Matapédia qui est
coincée entre Matane et Rimouski.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, d'ailleurs, quand j'ai
parlé de Mont-Joli tantôt, c'était un peu dans ce
sens-là.
M. Paradis (Matapédia): Est-ce à dire qu'on peut
croire que la volonté gouvernementale est là pour essayer de
casser le fameux développement polarisé qu'on a connu du type
Montréal, ou le grand triangle, qui s'est transposé presque en
région, compte tenu des capitales administratives qu'on a faites par
rapport au développement à la base où les
sous-régions seront des partenaires actives au développement du
Québec?
M. Côté (Charlesbourg): En 1965, le gouvernement du
Québec d'alors décide de faire des régions administratives
et de concentrer dans une capitale les services donnés à
Québec. Dans le cas du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, cela
a été Rimouski. C'est clair que, de Gaspé à
Rimouski, il y a 230 ou 240 milles. Pour le gars qui part de Gaspé pour
régler ses problèmes, c'est presque plus rapide pour lui de
partir de Gaspé et de venir les régler à Québec que
de les régler à Rimouski. Il s'est dégagé autour du
pôle de la capitale toute une zone d'influence de par la localisation des
fonctionnaires qui, résidant là, étaient plus accessibles
aux gens de Rimouski. Cela s'est fait au détriment des autres
régions.
Ce que nous avons tenté de faire et de donner comme aiguillage au
sommet des Laurentides, c'est d'abord, dans un premier temps, de dire non
à toutes les demandes qui parlaient de structures additionnelles, cela a
été systématique, et de prendre tout ce que nous avions de
disponible sur le plan budgétaire et de répartir à travers
la région une série de réponses qui permettaient à
L'Annonciation d'avoir un projet structurant pour L'Annonciation et les
municipalités environnantes; cela a été le cas dans
plusieurs endroits au niveau de la MRC Labelle.
Dans ce sens-là, cela a été extrêmement
intéressant. Nous avons voulu diversifier. C'est donc cette
volonté à l'intérieur même des régions de
diversifier l'effort gouvernemental en fonction d'axes de développement
propres à chacun des sous-centres ou des sous-zones de la région.
Effectivement, c'est cette volonté que nous avons aujourd'hui et que
nous tenterons de concrétiser encore davantage au cours des prochaines
années.
M. Paradis (Matapédia): Dernière question, M. le
ministre, si vous me le permettez?
Le Président (M. Saint-Roch): Dernière question, M.
le député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Compte tenu de
cette volonté aussi où on voit à nouveau la carte
des régions, évidemment, cela sous-entend qu'il y aura,
peut-être, des sommets régionaux et le contrat de
développement qui a'ensuit. Compte tenu qu'on revoit la carte des
régions, est-ce à dire qu'on va se retrouver encore dans une
certaine forme de décentralisation ou qu'on va, encore une fois,
remettre des organismes ou des ministères dans d'autres régions
du Québec où on va revoir de façon globale la
déconcentration et la décentralisation de l'État où
on aura un nouveau contrat social et économique avec les régions
du Québec?
Nouvelles régions administratives
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'il faut quand
même voir dans tout cela, c'est que la décentralisation est une
chose et région administrative, une autre. À la lumière de
l'exercice que nous poursuivons actuellement, nous sommes à voir dans
chacune des hypothèses au niveau des nouvelles régions
administratives ce qu'il en coûtera au gouvernement de créer les
nouvelles régions. C'est cet exercice qui n'a pas été fait
avant d'annoncer des régions administratives. Effectivement, le
député de Lac-Saint-Jean hoche la tête. Cela n'a pas
été fait. On a annoncé dans le cas de la Gaspésie,
la région Gaspésie, sans avoir, au préalable, très
clairement évalué quel est le niveau de fonctionnaires qui, au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, va se retrouver
à Sainte-Anne-des-Monts, quel est le niveau de fonctionnaires aux
Affaires culturelles qui va se retrouver à Chandler, quel est le niveau
de fonctionnaires à l'Agriculture qui va se retrouver à Maria.
Nous n'avions pas fait cet exercice. Et quel en était le coût, en
termes d'implantation sur le plan d'édifices, de location et de
déménagement. C'est ce travail qui n'avait pas été
fait. On a annoncé le "crémage" sans savoir qu'elle était
l'essence du gâteau à l'intérieur. On s'est retrouvé
devant cela,, et c'est ce que nous sommes en train de faire actuellement pour
savoir quel est le coût de ces régions administratives. L'autre
volet est que ces coûts de nouvelles régions administratives
n'allaient pas avec les investissements supplémentaires ou de l'argent
supplémentaire donné par le Conseil du trésor aux
ministères mais devaient être absorbés à même
les budgets réguliers des ministères. Ce qui a fait un
drôle de problème. Nous sommes à revoir l'ensemble de tout
cela. Nous serons à même de savoir quel est le coût de la
facture et dans la mesure où le gouvernement s'engage, qu'on y aille
livre ouvert en disant: Voici ce que vous allez avoir. À Maria, voici ce
que vous allez avoir. À Sainte-Anne-des-Monts, voici ce que vous allez
avoir. À Gaspé, voici ce que cela coûte au
gouvernement.
Le Président (Saint-Roch): M. le député de
Lac-Saint-Jean, s'il vous plaît.
M. Brassard: M. le Président, je suis obligé de
faire une remarque sur les derniers propos du ministre quand il dit qu'il n'y a
pas eu d'évaluation des coûts. J'ai en main, ici, le
mémoire de M. LeMay en date d'avril 1985: Propositions d'une nouvelle
carte des régions administratives. Et en annexe: L'impact administratif
et financier de l'implantation des ministères pour l'ensemble des
régions, ministère par ministère. Tout de même. Je
vous réfère au document. Il est sûrement disponible au
Conseil exécutif. Il y a eu une analyse de l'évaluation des
coûts d'une nouvelle carte administrative des régions
administratives du Québec. C'est élémentaire. On ne se
lance pas dans une opération comme celle-là, surtout si en bout
de piste, en bout d'opération, il y a de nouvelles régions qui
sont créées, on ne se lance pas dans une opération
semblable, dis-je, sans en évaluer les coûts.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que j'aurais
peut-être dû dire au député, c'est qu'effectivement,
vous avez raison, parce que j'en ai pris connaissance. À la
lumière de cette analyse qui a été déposée,
nous avons revu les coûts au niveau de chacun des ministères et ce
n'était pas exhaustif, c'était très, très
préliminaire comme évaluation. Cela ne comprenait pas, non plus,
l'implantation des nouvelles régions au nord, quand on parle de Laval,
bloc nord, tout le nord de Montréal où la majorité des
services est concentrée au niveau de Montréal. Il y avait donc
des ajustements majeurs à faire. Ce que nous sommes en train de faire
est beaucoup plus exhaustif que ce que nous avions à ce
moment-là. (11 h 30)
M. Brassard: M. le Président, cela dit, je reviens
à la nouvelle carte. Si j'ai bien compris les propos du ministre
relativement à la nouvelle carte des régions, le moratoire
signifie qu'il reprend l'opération. Au fond, c'est ce que j'ai compris,
j'aimerais qu'il me corrige s'il y a lieu.
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Brassard: Nous, au moins, lorsqu'on a quitté le
pouvoir, il y avait un certain nombre, je dirais, de faits qui faisaient
l'objet d'un large consensus, tout en reconnaissant que dans certains cas il
restait certains litiges. Je pense en particulier à certaines MRC, comme
la MRC Denis-Riverain pour ce qui est de la Gaspésie. Il y avait
décision de créer la région de la Gaspésie. Cette
décision était formellement prise, on créait la
région de la Gaspésie et on poursuivait la consultation pour
savoir si la MRC Denis-Riverain allait faire partie
de la nouvelle région ou demeurer dans celle du
Bas-Saint-Laurent.
Même chose pour Lanaudière et Laurentides: on
s'était arrêté formellement sur le principe de créer
une région Laurentides, une région Lanaudière, tout en
reconnaissant qu'il y avait une MRC, celle des Moulins, qui faisait l'objet
d'un litige. Il fallait poursuivre la consultation pour trancher à ce
sujet-là. Est-ce que la MRC des Moulins ferait partie de la
région Lauren tides ou de la région Lanaudière? Mais on
s'entendait sur la création de deux régions: Lanaudière et
Laurentides.
Même chose pour la création de Montérégie; on
créait une région Montérégie. Il est évident
que, là, on poursuivait les consultations pour sa délimitation.
On s'entendait aussi pour créer une région Québec-Sud,
Québec-Nord, tout en poursuivant les consultations pour en arriver
à une délimitation propre. L'opération n'était pas
terminée, mais il y avait déjà un certain nombre de
principes d'arrêtés quant à la création de nouvelles
régions.
Tantôt, quand vous avez parlé de la Gaspésie, vous
avez semblé remettre en question l'existence de cette nouvelle
région. Vous avez dit: À la fin du moratoire, on tranchera pour
savoir si on crée une région de la Gaspésie ou si on la
maintient à l'intérieur de la région du
Bas-Saint-Laurent Gaspésie, région administrative actuelle,
ou si on pense à une nouvelle formule. Donc, ma question est très
simple relativement à la nouvelle carte. Est-ce que le moratoire que
vous avez imposé, qui est légitime en soi, est justifiable...
C'est normal, vous arrivez au pouvoir, vous dites: Bon, il y a une
opération qui est en cours relativement à une nouvelle carte des
régions administratives, je veux regarder cela, je veux examiner cela,
réévaluer cela. C'est compréhensible, le moratoire se
justifie sous cet aspect-là, mais est-ce que j'ai compris dans vos
propos que le moratoire signifiait que vous repreniez l'opération
à la case de départ?
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'il faut comprendre
dans cet exercice - vous avez parlé de la Montérégie -
c'est que ce qui ne créait aucun problème est demeuré
selon ce que vous aviez décidé. Dans la décision du 22
janvier, dont j'ai relevé les quatre éléments tout
à l'heure à la page 3, c'est là qu'est le mandat et il est
très clair. De plus, il est spécifique à un certain nombre
de régions.
Si on aborde la question de la Gaspésie, c'est ce qu'il faut
savoir, si demain matin on laisse la région de la Gaspésie
autonome et que la MRC Denis-Riverain, qui n'est rattachée à
personne, devait être rattachée au
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, nous nous retrouvons avec la
Gaspésie, une région qui compte à peu près 110 000
personnes, dont 13 000 aux Îles-de-la-Madeleine. Ils ont des
affinités avec la Gaspésie sur le plan de la pêche, mais
quand ils veulent régler leurs problèmes ils partent et ils
viennent directement à Québec; ils n'arrêtent même
plus à Rimouski. Est-ce que - et la question est très claire,
parce que le problème qui n'avait pas été
réglé, c'était Denis-Riverain - une région
administrative sans Denis-Riverain au niveau de la Gaspésie est une
région viable?
Le 31 janvier, j'ai rencontré les cinq MRC dans la même
journée, avec tous les maires et les intervenants du milieu, à
Sainte-Anne-des-Monts, à Gaspé et à Bonaventure, et tout
le monde était inquiet. Et l'image que je vous ai servie tout à
l'heure, lorsque vous avez vendu la région autonome de la
Gaspésie, vous avez vendu l'extérieur d'une maison sans avoir
défini l'intérieur. C'est une image qui vient des gens de la
Gaspésie qui me l'ont transmise. Et dans ce sens-là,
effectivement, il y a un certain nombre de choses qu'il faut voir, pour savoir
si, effectivement, la région autonome de la Gaspésie sera viable
et prendre des décisions, si Denis-Riverain se rattache à la
Gaspésie ou si cela se rattache au Bas-Saint-Laurent, ou si les gens de
la Gaspésie ne veulent pas réfléchir, une dernière
fois, avant de revendiquer l'autonomie, à la possibilité qu'une
région Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, avec davantage de pouvoirs en
ce qui a trait à la Gaspésie, puisse être une région
viable. Le cheminement est passablement avancé là-dessus et des
décisions vont venir.
Quant à l'autre problème qui est l'objet du moratoire,
celui de la MRC des Moulins, bien sûr que vous avez, par les
décrets, manifesté votre volonté très ferme de
reconnaître une région Laurentides, une région
Lanaudière, c'est clair. Sauf qu'il y a un petit hic. Il a manqué
un petit effort pour régler le problème une fois pour toutes, qui
était celui de la MRC des Moulins, qui a toute son importance. La
semaine dernière, j'étais dans Lanaudière, et on m'a
parlé de l'importance de rattacher ta MRC des Moulins à la
région Lanaudière. J'étais, il y a quelques semaines, dans
Laurentides, et on me disait qu'il était important que la MRC des
Moulins soit rattachée à la région Laurentides. Et,
lorsque j'ai rencontré les gens de la MRC des Moulins, ils ont dit: Pour
nous autres, l'important, c'est d'être rattaché à Laval,
avec région bloc nord. Cela en conformité - Laval bloc nord -
avec ce qu'avait lui-même lancé comme idée François
Gendron, député d'alors, soit l'idée d'une région
Laval autonome avec Laval bloc nord. Donc, prenant quatre MRC au nord de Laval
et créant avec Laval une région d'à peu près 500
000 qui vient faire contrepoids à la région que vous avez
créée sur la rive sud, Montérégie, qui, elle aussi,
a 540 000
de population, en fonction de Montréal. C'est cela qui est la
situation actuelle. Donc, là où nous avons mis le moratoire,
c'est là où il y a des impacts quant aux décisions
à prendre.
Quant à la région Québec 03, Québec-Sud, je
m'excuse, des décisions il n'y en a jamais eu de prises. Il y avait des
intentions, il n'y a pas eu de décisions.
M. Brassard: ...des décisions...
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce sens-là, ce
que nous faisons actuellement, là où les problèmes sont
réglés, Montérégie, c'est réglé.
Là où c'est réglé ailleurs, c'est
réglé, on ne retouche pas à cela. On touche là
où on a laissé des parcelles dans le territoire, des MRC
extrêmement importantes qui vont faire demain que la région
Laurentides ou Lanaudière va être viable, ou Laval bloc nord. Et
c'est cela qu'il faut résoudre et j'ai dit qu'on allait le
résoudre. On va prendre nos responsabilités à ce
sujet.
M. Brassard: M. le Président, donc, à la fin du
moratoire, encore une fois si j'ai bien compris, le ministre a l'intention de
faire connaître une nouvelle carte des régions
administratives...
M. Côté (Charlesbourg): Une carte finale.
M. Brassard: ...finale?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Brassard: C'est bien.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vivre avec, mais je
pense que comme homme politique, il faut arrêter de travailler sur les
structures et sur les limites géographiques pour être capable de
travailler dans le champ, et, dans ce sens-là, comme il n'y a pas de
consensus dans les régions, c'est le gouvernement qui va prendre la
décision, puis on vivra avec elle.
M. Brassard: Par exemple, celle de créer une région
bloc nord ou pas?
M. Côté (Charlesbourg): Exactement.
M. Brassard: Ce qui ne fait pas l'unanimité, vous allez
trancher?
M. Côté (Charlesbourg): Qui fait l'unanimité
des gens visés.
M. Brassard: Mais pas des régions qui seront
amputées?
M. Côté (Charlesbourg): Non, non.
M. Brassard: Évidemment...
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, ce n'est pas
moi qui l'ai lancée, l'idée de Laval bloc nord, mais il y a une
chose que je sais, par exemple, c'est que la MRC Mirabel, la MRC
Deux-Montagnes, la MRC Sainte-Thérèse et la MRC des Moulins, ils
veulent. Puis, pour eux, c'est clair, il n'y a pas d'ambiguïté dans
leur position. C'est très clair. C'est clair que tantôt on prend
l'argument de complémentarité de région, puis tantôt
on prend l'argument d'homogénéité, dans la mesure
où cela fait notre affaire. Mais on a des responsabilités puts on
va les prendre. Cela fera l'affaire ou non d'individus, mais comme ministre
responsable, on va avoir une carte des régions administratives au plus
tard au mois de juillet, qui va être finale. On va vivre avec elle, puis,
après cela, on va être capable de travailler dans le champ.
M. Brassard: M. le Président, j'aborderais la question des
contrats de développement. On en a discuté quelque peu tout
à l'heure, d'abord pour signaler que, dans la décision que le
gouvernement précédent avait prise relativement à
l'expérience d'une dizaine de contrats de développement avec des
MRC qui en avaient manifesté le désir, qui avaient montré
de l'intérêt pour cet instrument, je vous signale qu'un des
éléments de la décision du gouvernement
précédent, c'était que cette expérience se fasse
avec des MRC qui font partie de régions où s'était
déjà tenu un sommet. Vous avez mentionné tantôt que
cela faisait partie de la décision de l'ancien gouvernement,
c'est-à-dire que des expériences allaient se tenir avec les MRC
impliquées dans les régions où s'était tenu un
sommet. Par conséquent, il y avait déjà eu un travail de
concertation, on avait déjà identifié un certain nombre de
projets à développer qui faisaient consensus. Il y avait quand
même cinq projets pilotes, dont quelques-uns étaient sur le point
de donner lieu à des signatures. Je pense à la MRC de
Beauharnois-Salaberry, à la MRC de Granit et une autre. Il y en avait
trois qui étaient prêtes à signer.
M. Côté (Charlesbourg): Beauce-Appalaches.
Contrats de développement
M. Brassard: Oui. Beauce-Appalaches. Cela comprenait quatre MRC
sur tout un volet récréotouristique. Ma première question
relativement aux contrats de développement est la suivante:
Qu'arrive-t-il de cette expérience pilote, qui n'a pas donné lieu
encore à des signatures de contrats, mais qui était quand
même passablement avancée dans
plusieurs MRC?
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas de
Beauharnois-Salaberry, c'est la région qui a probablement
manifesté le plus d'intérêt à voir signer le
protocole. Je lui ai fait part de la logique qui sous-tendait l'action. Elle a
bien compris. Ce qui est assez intéressant dans ce cas-là, c'est
qu'étant à la fois ministre responsable du Développement
régional et ministre des Transports, j'ai pu, sans même piger dans
le budget du Fonds de développement régional, réaliser un
projet merveilleux de développement régional qui tenait davantage
à coeur à la MRC que le contrat de développement.
C'était le port de Valleyfield qui était resté sur la
table et qui avait été refusé par le Conseil du
trésor, un investissement de 15 000 000 $ dans le port de Valleyfield
qui permet de faire de Valleyfield un port important, qui va transiter tout
près de 800 000 tonnes additionnelles. C'est un projet de
développement régional fait sans aucun "cent du
Développement régional, mais avec l'argent du ministère
des Transports. Quand j'ai rencontré les représentants de la MRC,
lors de l'annonce officielle que le Trésor avait accepté
d'investir, par le biais du ministère des Transports, 10 000 000 $,
c'était très intéressant, ils se sont réjouis d'une
telle initiative qui avait beaucoup plus d'impact qu'un contrat de
développement.
Dans ce sens-là, pour les contrats de développement, nous
allons revoir tes expériences qu'il y a à faire, mais, je le dis
et je le répète, l'argent du gouvernement va servir et nous
allons d'abord faire le tour des sommets que nous devons tenir dans les
régions qui n'ont pas eu de sommet jusqu'à maintenant afin d'y
mettre les sommes nécessaires. Cela ne veut pas dire que dans certains
cas nous ne devrons pas faire des expériences de contrats de
développement, mais on tourne dans le même cercle, dans le cercle
de ceux qui ont déjà bénéficié de la tenue
d'un sommet. C'est ce que j'ai expliqué un peu à tout le monde.
Je ne mets pas en doute le choix des MRC qui avait été retenu
parce qu'il m'apparaît globalement que ces sous-régions ont besoin
d'efforts additionnels soit par un contrat de développement ou une autre
formule, qu'elles ont besoin effectivement de certaines choses à ce
niveau-là.
M. Brassard: Si je comprends bien, M. le ministre, pour le
moment, cette expérience est suspendue. Il y a un moratoire
là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. (11 h 45)
M. Brassard: Très bien. Relativement au financement, j'ai
une explication à demander au ministre. Dans les documents du Conseil du
trésor, à l'occasion du dépôt des crédits, on
signalait dans un document qui s'intitule: Mesures prises dans les
crédits 1986-1987 à l'égard du montant du déficit
à corriger, que, par exemple, pour le PECEC, il allait y avoir une
compression de 4 500 000 $. C'est ce que je retrouve effectivement dans le
livre des crédits, une compression de 4 500 000 $. C'était 27 000
000 $ l'an passé et c'est 22 500 000 $ cette année; cela
concorde. Par contre, on indique aussi dans ces documents du Conseil du
trésor qu'au Fonds de développement régional le montant de
la compression sera de 6 500 000 $. Vous pourriez peut-être m'expliquer
comment le Conseil du trésor en arrive à ce chiffre, si cela
correspond exactement pour ce qui est du Programme expérimental de
création d'emplois communautaires; pour ce qui est du Fonds de
développement régional, je n'ai pas réussi à
trouver les 6 500 000 $. C'est 23 500 000 $ de différence. D'où
viennent ces 6 500 000 $?
M. Côté (Charlesbourg): Vous connaissez les
expériences de négociations de budget avec le Conseil du
trésor. On m'informe, en ce qui concerne la compression de 6 50o 000 $,
que la différence provient des demandes qui ont été
déposées par l'OPDQ par rapport à ce qui a
été donné.
M. Brassard: Ah! C'est vrai que les documents sur les
crédits ont été déposés vite. Ce montant de
6 500 000 $, on le retrouve à plusieurs endroits. Évidemment, je
me suis rendu compte qu'il ne correspondait pas du tout à la
réalité.
M. Côté (Charlesbourg): Vous comprendrez facilement
que pour le ministre il aurait été préférable qu'il
y ait un écart de 6 500 000 $ qu'un écart comme
celui-là.
M. Brassard: Je l'aurais préféré aussi,
remarquez bien.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, on verra.
M. Brassard: Mais peut-être qu'avec le budget on va revenir
à un écart un peu plus acceptable.
M. Côté (Charlesbourg): J'ose espérer que le
ministre des Finances entend vos complaintes.
M. Brassard: Et les complaintes des régions aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Que j'ai d'ailleurs fait
savoir à plusieurs reprises.
M. Brassard: Au sujet du financement
et du programme libéral également, je lisais
récemment dans un article du Droit, dans la région de
l'Outaouais, que M, Gratton, le député de Gatineau, indiquait
qu'il avait l'intention de faire en sorte que dans l'Outaouais on puisse vivre,
pour la première fois, l'expérience des ententes-cadres. Je n'ai
pas besoin de vous rafraîchir la mémoire sur le programme du Parti
libéral en matière de développement régional.
Pendant la campagne électorale, vous avez...
M. Côté (Charlesbourg): C'est notre livre de
chevet.
M. Brassard: Non, ce n'est pas un livre de chevet pour nous, mais
on en a pris connaissance. Sur le plan du développement régional,
vous vous étiez engagés comme formule à mettre en place
des ententes-cadres avec les régions, sans doute en tenant compte des
sommets, forcément. Cela ferait suite à un sommet et à un
certain nombre d'engagements pris à l'occasion d'un sommet. Je lisais
justement - j'ai ça quelque part, cela a attiré mon attention,
tiens voilà, c'était en mars 1986 - que M. Gratton a
signalé que la première région au Québec à
se développer en vertu d'ententes-cadres avec le gouvernement provincial
et ce genre d'ententes faisant partie du programme électoral du Parti
libéral pourrait être la région de l'Outaouais à la
suite de la tenue de son sommet. Qu'en est-il exactement? Quelles
réflexions vous inspirent ces propos de votre collègue de
Gatineau?
M. Côté (Charlesbourg): Si le programme du Parti
libéral est le livre de chevet du député de
Lac-Saint-Jean, il est pour moi une préoccupation constante. C'est une
notion extrêmement intéressante et qui fait partie de l'ensemble
de la réflexion que nous faisons actuellement et dont vous verrez les
mesures au moment où nous aurons arrêté l'ensemble de notre
politique. Effectivement, il va peut-être finir par en arriver à
des ententes avec les régions et ce serait, je crois, un pas en avant
extrêmement intéressant, idée que je partage
d'ailleurs.
Quant à le faire dans l'Outaouais, nous allons vivre
l'expérience du sommet de la même manière qu'on l'a dit et
avec la même tenue et le même forum que nous avons tenu dans les
autres régions. Je tiendrais a vous faire remarquer qu'il y a une
collaboration assez étroite avec le fédéral au niveau de
l'Outaouais. Par exemple, en ce qui concerne les transports où 50 % des
budgets d'interventions du ministère des Transports à
l'intérieur de la CCN sont payés par le gouvernement
fédéral, c'est extrêmement intéressant. C'est une
entente d'ailleurs que vous aviez renouvelée en 1978, si je ne m'abuse,
mais qui a vu ses investissements fléchir en termes de volonté
politique par rapport à ce que nous pouvions aller chercher au
fédéral. Sur des budgets antérieurement
dépensés d'environ 20 000 000 $, 22 000 000 $ ou 23 000 000 $, il
y a eu une baisse à 8 000 000 $ ou 9 000 000 $, ce qui fait qu'on s'est
privé d'un certain montant d'argent du gouvernement
fédéral. Cette entente, au niveau du gouvernement et des
régions, est intéressante. On peut peut-être aller encore
plus loin et voir ce qu'on peut faire avec le gouvernement
fédéral, de façon qu'on ne se pile pas sur les pieds en
termes de développement régional, mais qu'il y ait davantage une
concertation entre les deux paliers de gouvernement pour une meilleure action
sur le terrain et éliminer des structures.
Ce sont des hypothèses extrêmement intéressantes
qu'il faut continuer de travailler. Effectivement, le programme du Parti
libéral est un programme qui, dans plusieurs cas sinon dans la presque
totalité, sera appliqué.
M. Brassard: On verra à la fin du mandat. On fera une
évaluation de tout cela.
M. Côté (Charlesbourg): Vous en avez encore pour
quatre ans et demi à attendre.
M. Brassard: On verra tout cela. D'abord une petite digression
sur la participation du fédéral. La concertation avec le
fédéral, vous la mentionnez, c'est vrai, mais, tout de
même, est-ce que, dans votre esprit, la responsabilité du
Québec en matière de développement régional demeure
prioritaire et prépondérante? Est-ce que le leadership doit venir
de là?
M. Côté (Charlesbourg): En 1975, c'est la
création des CRD; ce sont les premières ententes signées
avec le gouvernement fédéral en termes de développement
régional pour l'Est du Québec C'était signé par
Gérard D. Levesque. Maître d'oeuvre: le gouvernement du
Québec. Cela a toujours été le cas, et cela ne changera
pas demain matin.
M. Brassard: On ne l'a pas changé non plus. On l'a
accentué.
Deuxièmement, sur la question des ententes-cadres, est-ce que le
moratoire que vous avez imposé aux contrats de développement -
vous l'avez confirmé tantôt s'explique par le fait qu'il se
pourrait que vous leur substituiez des ententes-cadres non pas avec des MRC
mais avec des régions?
M. Côté (Charlesbourg): J'ai dit très
clairement tout à l'heure qu'il y avait, à l'intérieur
même des régions jusqu'à maintenant, des parents pauvres
des régions.
Ce que j'ai laissé entendre, c'est que les contrats de
développement pourraient être des mesures compensatoires pour les
secteurs pauvres à l'intérieur des régions. En fait, pour
les sous-régions. Je n'ai jamais dit que les contrats de
développement disparaîtraient au profit d'ententes entre le
gouvernement et les régions.
M. Brassard: Avant de passer aux crédits comme tels, j'ai
une dernière question sur le PECEC. Vous en avez fait l'éloge
tantôt. J'en ai pris bonne note. Je dois dire que cela m'a fait
grandement plaisir. En même temps, je me rappelais les
dénonciations virulentes du député de Laurier concernant
PECEC, il y a quelques années.
M. Côté (Charlesbourg): Mais cela ne veut pas dire
qu'il n'y a pas de problème, par exemple.
M. Brassard: Ah! Ce n'est pas ce que je veux dire, mais le
député de Laurier, qui était le porte-parole du Parti
libéral à l'époque, dénonçait vigoureusement
non seulement les lacunes, mais les fondements mêmes du PECEC. Je suis
content de vous entendre dire que le PECEC est un programme, justement, qui est
bien adapté aux dynamismes régionaux et qu'il a eu des
retombées concrètes et bénéfiques sur l'ensemble
des régions en termes de création d'emplois et de
démarrage de petites et moyennes entreprises.
Donc, pour l'année 1986-1987 à tout le moins, sauf si l'on
excepte - je suis pleinement d'accord avec ce qui s'est produit
là-dessus, je vous le dis tout de suite - que la responsabilité
exclusive soit attribuée à l'OPDQ en matière de
fonctionnement, je suis pleinement d'accord là-dessus. La gestion
bicéphale, comme vous l'avez appelée tantôt, ne me
paraissait pas du tout pertinente. Cela posait plus de problèmes que
cela ne créait de solutions.
En dehors de cela, qui est une bonne décision, je vous le dis
tout de suite - vous voyez qu'on est positifs - en termes de fonctionnement,
est-ce que le PECEC va, en 1986-1987, fonctionner comme dans le passé
pour ce qui est des instances décisionnelles, comités directeurs,
possibilité de prendre des décisions impliquant 75 000 $ et moins
en région et va conserver aussi toute la souplesse qui le
caractérise et qui fait l'affaire, je pense, de tout le monde?
M. Côté (Charlesbourg): J'ai pris soin de le dire
lorsque j'ai parlé du PECEC. Quand nous étions dans l'Opposition,
certains projets avaient davantage de vertus dans la mesure où on avait
le livre ouvert. Je faisais référence au PECEC et je parlais en
mon nom personnel comme responsable du projet maintenant, parce que j'ai pu
voir certaines données intéressantes. J'ai aussi rencontré
des gens en région, des intervenants du milieu qui ont dit beaucoup de
bien du PECEC et qui m'ont aussi transmis certains avis quant à des
modifications à être apportées.
Le fonctionnement à moins de 75 000 $ en région et
à plus de 75 000 $ au niveau central, c'est un principe qui est
là pour demeurer. Il y a une chose qui m'apparaît
extrêmement importante, sur le plan de l'opinion publique, sur le plan de
l'Assemblée nationale. C'est qu'il y a un seul répondant des
faits et gestes posés tant en région qu'au niveau central: le
ministre. On peut demain matin prendre en région une décision qui
sera la responsabilité du ministre sans que lui-même n'ait eu rien
à dire quant à la décision finale du projet. Ce qui
m'apparaît un point sur lequel il faut se pencher pour trouver des
solutions. Je me souviens fort bien d'une certaine expérience
vécue, pas dans le PECEC, mais dans un autre programme, à
Sept-Îles, où un certain ministre a été
particulièrement embarrassé par la décision qui avait
été prise plus bas, et à laquelle ce ministre n'avait rien
eu à voir. On se souviendra de cela.
M. Brassard: Vous reconnaissez maintenant...
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Brassard: ...qu'elle n'avait rien eu à y voir.
M. Côté (Charlesbourg): Dans la décision.
Cela avait été clair à l'époque, mais
c'était sa responsabilité ministérielle de s'assurer
qu'elle avait quelque chose à y voir parce que les sommes sont
défendues ici à l'Assemblée nationale par les ministres
responsables. Dans la mesure où c'est cela, il faut se pencher sur ce
point précis afin d'arriver à une solution pour que celui qui est
responsable au niveau de ses pairs à l'Assemblée nationale ait,
à un moment donné, droit au chapitre quant aux décisions
à prendre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. M. le ministre,
à la page 11 du rapport 1984-1985, au tableau sur le programme
expérimental de création d'emplois communautaires, il semble
qu'en Outaouais il y a à peu près 50 % des budgets qui ont
été affectés, avec huit projets. Si on regarde le
coût par création d'emploi c'est très bas. Est-ce qu'on
pourrait nous expliquer? Premièrement, quel est le nombre de demandes
faites et quel est le pourcentage de celles qui ont été
acceptées?
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas le nombre de
demandes. Effectivement, à la lumière des informations qu'il y a
à ce chapitre, c'est assez étonnant de voir qu'il y a 500 000 $
par rapport à d'autres régions qui ont 2 000 000 $, 3 000 000 $,
6 000 000 $. Montréal-Centre est une région beaucoup plus
importante, évidemment, mais pour des régions qui se comparent il
y a effectivement un écart assez important.
D'après ce que l'on me dit, ce serait attribuable à une
raison - pas la seule et pas nécessairement la principale - soit un
nombre de demandes moindre.
M. Middlemiss: Est-ce qu'on pourrait me donner le nombre de
demandes?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Middlemiss: Est-ce qu'on pourrait l'avoir pour faire la
ventilation? Pour toutes les régions du Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Absolument. On va le
faire, M. le député de Pontiac. Par contre, je sais qu'il y a des
dossiers auxquels les gens de l'Outaouais s'intéressent mais qui ne sont
pas nécessairement dans leur région. Est-ce que dans ce
cas-là on devra les comptabiliser dans l'Outaouais?
M. Middlemiss: Peut-être, oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais reconnaître le
député de Matapédia pour la dernière question avant
de passer à l'adoption des crédits. M. le député de
Matapédia. (12 heures)
M. Paradis (Matapédia): Oui, M. le Président. C'est
pour avoir des informations précises concernant aussi bien le Fonds de
développement régional que le PECEC. J'ai un certain nombre
d'interrogations et le ministre pourrait peut-être m'éclairer. Les
dépenses engagées cette année et qui sont dues l'an
passé, de quel pourcentage amputent-elles le budget de cette
année? J'aimerais savoir aussi, de façon plus globale,
étant donné qu'il y a beaucoup de projets qui sont retenus en
régions, s'il n'y a pas un malaise, parce qu'il y a plus de projets que
d'argent? Je voudrais savoir aussi s'il est vrai que les projets sont
traités en ordre chronologique et s'il y aura des changements concernant
les 25 % affectés à l'administration sur le budget global? C'est
une question facile.
M. Côté (Charlesbourg): Première question, il
y a dans les 12 500 000 $ de crédits du Fonds de développement
régional, 7 000 000 $ affectés à des projets
engagés l'an passé, donc, des projets qui ont des incidences
budgétaires dont nous devons respecter les engagements du gouvernement,
7 000 000 $ sur 12 500 000 $ au Fonds de développement
régional.
Quant au PECEC, il y a 12 000 000 $ d'engagés sur 22 000 000 $.
Je m'excuse, parce que je cherchais les chiffres, je n'ai pas compris les deux
autres questions.
M. Paradis (Matapédia): Je disais que, comme il y a
beaucoup de projets qui sont présentés dans les régions,
les projets de moins de 75 000 $, entre autres, il y avait beaucoup plus de
projets que d'argent. Finalement, on laissait entrevoir à certains
organismes ou à certaines compagnies qu'il pourrait y avoir des projets
qui seraient acceptés. Je me demande jusqu'à quel point les
hommes politiques, entre autres les députés, n'ont pas l'odieux
de dire qu'ils ne peuvent pas rendre ces projets à terme parce qu'il n'y
pas d'argent, surtout s'ils ont été acceptés. Ils ont eu
du moins un accord de principe en région.
La deuxième question, c'est pour savoir si les projets
étaient traités de façon chronologique sans tenir compte
de leur importance structurante en ce qui a trait aux emplois. Est-ce que, par
exemple, les projets plus communautaires, plus sociaux -je ne veux pas dire
qu'ils n'ont pas d'importance - sont traités en ordre chronologique ou
selon l'importance qu'ils ont pour créer des emplois dans les
régions?
M. Côté (Charlesbourg): Quant à votre
première question qui vise à savoir s'il y a beaucoup plus de
projets pour ce qu'il y a d'argent, je pense que c'était davantage vrai
à la fin de 1985-1986. Nous commençons une nouvelle année.
C'est clair que le gouvernement n'aura jamais suffisamment d'argent, peu
importe le montant qu'il mettra là-dedans, pour répondre à
la demande.
Quant à la deuxième, le phénomène selon
lequel les projets sont analysés très rapidement et
déclarés admissibles sans avoir fouillé plus avant le
dossier, et numéroté 1, 2, 3, 4, 5 jusqu'à 60, crée
certains problèmes. Effectivement, dans des dossiers particuliers, par
exemple, celui de Morageau, dans le comté de Montmagny-L'Islet qui a
été le premier dossier qui a été traité chez
nous, mais qui n'était pas dans l'ordre chronologique et qui avait
besoin d'une intervention du PECEC le plus rapidement possible afin de sauver
125 emplois, le président de l'OPDQ s'est presque servi d'un
privilège qu'il a à l'intérieur des règles pour
faire devancer l'étude et l'analyse de ce projet. Nous avons pu, avant
les fêtes, sauver 125 emplois de l'entreprise dans le comté de
Montmagny-L'Islet, ce qui est extrêmement important pour le milieu. Il y
a donc certaines possibilités de devancer certains projets comme c'est
le cas dans
certaines régions aussi. C'est effectivement un exercice qui est
assez difficile dont il faudra regarder de très près les
conséquences sur des projets qui vont se retrouver soixantième ou
soixante-dixième dans la liste et qui, finalement, ne
réussiraient pas à passer toutes les étapes, parce qu'il y
a un manque de fonds et qui, autrement, auraient été des projets
à mettre en priorité pour le développement de structures
économiques pour un comté. C'est extrêmement important.
M. Paradis (Matapédia): Ma dernière interrogation.
M. le ministre, est-ce que les 25 %, qui sont imputés à
l'administration dans le budget, sont là pour rester? Sont-ils
justifiés? C'est strictement interrogatif. Je ne veux pas porter de
jugement en aucune façon.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'il y a
déjà un certain travail qui a été amorcé par
le président de l'office quant au travail à faire chez nous. Il
est clair que, l'importance des budgets étant moins grande à ce
moment-ci, cela peut sembler un peu important. Il ne faut pas oublier tout un
aspect de l'OPDQ relatif à toute la concertation et la recherche.
Ainsi, par exemple, tout dernièrement, je faisais parvenir aux
députés de la région de Montréal une étude
qu'a faite l'OPDQ sur la situation touristique de Montréal. C'est un
dossier très important. Ainsi, nous prêtons aussi - cela
n'apparaît pas toujours dans les livres - le concours de certaines
personnes au niveau de l'office à Montréal pour la zone de l'est
de Montréal. Donc, il y a certaines personnes qui, chez nous, sont
payées à même les salaires de l'office - je parle de votre
25 % - et qui font un travail qui n'est pas toujours très apparent, mais
un travail quand même très efficace sur le plan du support et de
la connaissance des régions du Québec.
À ce moment-ci, je pense que nous avons besoin, comme nous sommes
décentralisés... Nous sommes l'un des ministères ou des
organismes les plus décentralisés. II s'agit d'aller en
région pour savoir jusqu'à quel point les régionaux
apprécient le fait d'avoir auprès d'eux des gens qui
décident. On peut en avoir contre la personnalité de l'individu
qui est en place, mais on en n'a pas contre le fait qu'il y ait un individu en
région, qui soit accessible, qui connaisse la région et qui
puisse pousser sur les dossiers de la région. Cela c'est très
important. Il y a un prix à payer et il faut le payer.
M. Paradis (Matapédia): Merci, M. le ministre.
Adoption des crédits
Le Président (M. Saint-Roch): Nous allons passer
maintenant à l'adoption des crédits. Est-ce que le programme 1,
"Administration et consultation", éléments 1 et 2, est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 2,
"Développement régional" éléments 1, 2 et 3, est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Dernière
formalité. Est-ce que l'ensemble des crédits budgétaires
1986-1987 de l'Office de planification et de développement du
Québec est adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y aurait des
commentaires pour la fermeture, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Je veux vous remercier, M.
le Président, de même que le député de
Lac-Saint-Jean. J'ose espérer que nous aurons beaucoup de plaisir l'an
prochain à se revoir, à analyser les régions
administratives, à analyser les suivis de conférences, les
contrats de développement, les ententes avec les régions et que
nous aurons, à ce moment-là, un bilan à déposer
pour une année entière. J'ose espérer qu'il sera à
la satisfaction des intervenants. C'est ce que nous allons tenter de faire tout
au cours de l'année.
Entre-temps, si le député de Lac-Saint-Jean avait besoin
d'information, les livres sont ouverts chez nous. C'est avec plaisir que nous
lui transmettrons tous les renseignements qui pourraient faciliter son
travail.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je veux remercier les
fonctionnaires, le ministre et son personnel pour la contribution qu'ils ont
apportée à l'étude de ces crédits. Il est
évident, quant à nous, que nous allons suivre avec beaucoup
d'intérêt et de façon constante l'évolution des
dossiers qui concernent les régions, qui concernent le
développement régional. Nous attendons avec beaucoup
d'intérêt les décisions relativement à la carte des
régions, les décisions relativement aussi au fonctionnement des
sommets, au suivi des sommets, les résultats des sommets aussi qui sont
en cours. Nous allons suivre cela de très près.
Je peux vous dire une chose, M. le Président. Toute
décision du gouvernement qui aura des effets bénéfiques
sur le développement régional, qui aura des effets positifs sur
les dynamismes régionaux, toutes ces décisions, je peux vous le
dire, nous les accepterons avec grand plaisir, parce que ce qui nous tient
à coeur d'abord et avant tout, en tant que régional, en tant que
citoyen d'une région, c'est le développement des
régions.
Je suis content que le ministre ait reconnu l'erreur commise de 1970
à 1976 en ce sens que tout a été beaucoup trop
concentré sur le développement de Montréal et qu'il y a
lieu de rétablir l'équilibre -c'est l'expression qu'il a
utilisée à maintes reprises - entre le développement de la
métropole et le développement des régions.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean me permettra de nuancer fortement ses
propos. Je n'ai jamais dit que c'était une erreur. Quand on parle
d'équilibre, cela ne veut pas dire que ce qui a été fait
dans le passé n'a pas été justifié. L'intervention
du gouvernement du Québec de 1970 à 1976 qui visait à
faire de Montréal un centre très fort au pian du
développement économique avec le fameux triangle
Montréal-Sherbrooke-Québec était un choix de gouvernement
auquel j'ai participé et auquel j'ai souscrit. Je n'ai jamais dit que
c'était une erreur. Il fallait le faire. Comme gouvernement nous devions
le faire.
Je dis, maintenant, quand on parle d'équilibre: il faut
maintenant penser aux régions et non pas retomber dans certains
exercices du passé où il faut revenir au triangle. J'ouvre assez
mon jeu, merci... je dis que c'est mon devoir, à moi, comme ministre
responsable des régions, qu'il se fasse du travail au niveau des
régions, que cela paraisse davantage. Je pense que dans cette
perspective, on se comprend bien.
M. Brassard: On se comprend bien, M. le Président, mais je
veux juste signaler au ministre aussi que l'on n'est pas obligé
d'attendre l'étude des prochains crédits pour se revoir. Il y a
les engagements financiers aussi qui ont lieu périodiquement; on pourra
en profiter pour se rencontrer à cette occasion-là.
M. Côté (Charlesbourg): II y a la Chambre aussi. Je
pense que l'on aura beaucoup de plaisir. D'ailleurs, j'avais eu aussi, comme
critique de l'Opposition en matière de loisir, chasse et pêche, du
temps de l'Opposition, certaines difficultés à rencontrer le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Ce ne sera pas le cas
avec le ministre responsable du Développement régional.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous tenons à vous
remercier, M. le ministre, ainsi que vos collaborateurs, des explications
fournies à cette commission. Je remercie tous les membres d'y avoir
participé. La commission de l'aménagement et des
équipements ajourne maintenant ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 11)