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(Onze heures trente minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend donc maintenant ses travaux pour procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 218, Loi concernant
certaines transactions entre la Compagnie de Jésus et la Corporation du
Collège Jean-de-8rébeuf; le projet de loi 202, Loi concernant la
ville de Deux-Montagnes, et le projet de loi 252, Loi concernant la ville de
Saint-Césaire.
Nous allons procéder en premier lieu à l'étude
détaillée du projet de loi 218, Loi concernant certaines
transactions entre la Compagnie de Jésus et la Corporation du
Collège Jean-de-Brébeuf, Est-ce qu'il y a des remplacements, M.
le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Blais
(Terrebonne) sera remplacé par M. Chevrette (Joliette), et M- Brassard
(Lac-Saint-Jean) sera remplacé par M. Filion (Taillon). C'est tout.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
secrétaire. M. le député de Louis-Hébert.
Projet de loi 218
M. Doyon: M. le Président, vous me permettrez, à
titre de parrain du projet de loi 218, de souhaiter la bienvenue aux
représentants du Collège Jean-de-Brébeuf ainsi qu'à
leurs avocats, Me Pierre Beaudoin et Me Danielle Côté. Le
père Tremblay, qui est directeur général du collège
et président de la corporation, est également présent pour
éclairer la commission, si besoin est.
Je profite de l'occasion pour souligner le travail qui a
été fait dans le domaine de l'éducation par les
jésuites, ici, au Québec, qui ont accompli une oeuvre
extraordinaire. C'est avec plaisir que j'ai accepté de parrainer le
projet de loi qui est devant cette commission actuellement. J'ai d'autant plus
de plaisir à le faire - et j'en remercie le père Tremblay en
passant - que le père Tremblay était directeur du Collège
des jésuites pendant que mes deux fils étudiaient à ce
collège, collège qu'ils ont fréquenté pendant
plusieurs années. Il a donc participé à l'oeuvre
d'éducation qui est celle des jeunes dans la région de
Québec, comme dans la région de Montréal, Je l'en remercie
sincèrement.
Le projet de loi qui est devant nous est un projet de loi qui vise
à permettre à la Compagnie de Jésus, aux jésuites,
de se désengager complètement de l'oeuvre qu'ils poursuivent dans
le domaine de l'éducation et de se retirer de la propriété
du Collège Jean-de-Brébeuf à Montréal.
Peut-être qu'on pourrait dès maintenant, si la commission est
d'accord - je les ai déjà présentés, mais c'est
pour les identifier visuellement -demander à nos invités de se
présenter eux-mêmes. Nous pourrons continuer ensuite.
Le Président (M. Saint-Roch): Si vous me le permettez, M.
le député de Louis-Hébert, nous allons terminer les
interventions et nous reviendrons dans un deuxième temps.
M. Doyon: D'accord. Pour la présentation du projet de loi,
cela va être très court, puisque ce n'est pas un projet de loi qui
est litigieux, d'aucune façon. Comme je le disais, il s'agit de
permettre au collège de se désengager de la
propriété qu'il a actuellement. Le Collège
Jean-de-Brébeuf dispense un enseignement de haute qualité depuis
1928 et il est avantageusement connu dans le milieu de l'éducation. La
Corporation du Collège Jean-de-Brébeuf a été
constituée par loi spéciale le 22 février 1929, loi 19,
George V, chapitre 116.
Faute d'effectifs suffisants, les jésuites désirent
confier la poursuite de l'oeuvre d'enseignement qu'ils poursuivent depuis
longtemps à une corporation laïque. Toutefois, avant de se
départir de la propriété des immeubles dont
l'évaluation municipale est de l'ordre de 25 000 000 $, les
jésuites exigent des garanties, à savoir que la corporation
désormais laïcisée respectera l'oeuvre et l'esprit dans
lequel la Compagnie de Jésus a poursuivi son activité depuis des
décennies. C'est le but du projet de loi. Les conseils qui ont
été prodigués aux jésuites ont été
dans le sens que la garantie recherchée ne saurait être atteinte
et efficace que si elle est incluse comme condition dans un contrat de cession
d'immeuble assortie d'une sanction d'annulation de la cession en cas de
défaut du respect de la condition. Bien entendu, dans cette cession de
propriété, il s'agit pour les jésuites de s'assurer que
les biens immobiliers qui seront transmis ne soient d'aucune façon
détournés de leur utilisation originelle, c'est-à-dire
qu'ils devront continuer l'oeuvre qui est, depuis des
décennies, celle des jésuites. Essentiellement, c'est le
but du projet de loi qui est devant nous. Les consultations que j'ai
menées m'amènent à conclure que tout le monde est
d'accord.
Pour atteindre cet objectif, il faut que, dans un premier temps, la
Corporation du Collège Jean-de-Brébeuf, présentement
propriétaire des immeubles, cède ceux-ci à la Corporation
de la Compagnie de Jésus. Dans un deuxième temps, la Corporation
de la Compagnie de Jésus cédera les immeubles à la
Corporation du Collège Jean-de-Brébeuf par contrat assorti des
conditions ci-devant mentionnées.
Le projet de loi privé est nécessaire pour surmonter ce
qui était à l'origine deux obstacles. Il y avait tout d'abord la
question de la mutation des droits de propriété. L'application de
la loi autorisant les municipalités à percevoir un droit sur les
mutations immobilières aurait pu entraîner des
déboursés considérables en droits de mutation par le
Collège Jean-de-Brébeuf. L'objectif de la transaction
étant donc simplement d'assurer le maintien de l'oeuvre d'enseignement,
il n'était pas souhaitable que ces droits de mutation soient
payés. Actuellement, les renseignements que j'ai -dans ce sens-là
le projet de loi a été corrigé - c'est que le
problème qui existait a été résolu à la
satisfaction des parties directement avec les autorités municipales de
la ville de Montréal - c'est ce que je comprends - ce qui a amené
la suppression d'un certain nombre d'articles ou de paragraphes. Nous nous
retrouvons donc avec simplement un deuxième obstacle que cette
commission parlementaire va lever à l'instant, de façon à
bien éclaircir le fait que le collège a le droit, par sa loi
constitutive, de céder les immeubles à titre gratuit ou à
un prix inférieur à la valeur marchande, ce qui n'était
pas clair auparavant. Le but, c'est d'enlever toute ambiguïté
juridique à ce sujet-là,, C'est donc dans ce but-là que le
projet de loi est présenté, M. le Président, et c'est dans
ce sens-là que j'ai accepté de le parrainer.
S'il y a des intervenants qui ont des questions à poser ou si mes
collègues veulent dire quelques mots là-dessus, ils sont
évidemment les bienvenus et, au loisir du président, nous
pourrons entendre soit le père Tremblay ou soit Me Beaudoin ou Me
Côté. Ce sont les quelques mots de présentation que je
voulais faire, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Louis-Hébert a résumé le projet de loi, je pense, encore
mieux que je pourrais le faire moi-même. Je vais passer mon droit de
parole pour accélérer les travaux. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch); Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, à titre de porte-parole
officiel ou critique officiel de l'Opposition, je voudrais m'associer au
député de Louis-Hébert et au gouvernement pour souhaiter
la plus cordiale bienvenue aux gens qui présentent ce projet de loi qui
ne met certainement pas en cause l'oeuvre extraordinaire que les
communautés - c'est une parmi les autres - ont remplie, ont
donnée au Québec. Je voudrais que ces paroles soient bien senties
par les intervenants qui sont ici. Pour ma part, je considère que ces
communautés ont fait un travail extraordinaire dans notre milieu et on
leur sera toujours redevable de ce qu'ils ont fait pour nous.
Quant à l'ensemble du projet de loi, comme l'a expliqué le
député de Louis-Hébert, je ne pense pas qu'on puisse faire
de grandes batailles à son sujet et je ne pense pas que cela
soulève tellement d'objections, si ce n'est qu'à un endroit
où on parle des mutations immobilières mais je veux bien tenir
pour acquis que la ville de Montréal a probablement accepté
d'éliminer ces mutations immobilières. Je n'ai rien qui me
confirme ce fait-là. Il y aura peut-être des intervenants... Cela
va raccourcir mon intervention si vous avez cette preuve-là. La seule
question que je me pose par rapport au ministre des Affaires municipales,
c'est: Est-ce qu'il est de coutume qu'on puisse, par un projet de loi
privé, enlever des obligations prévues par des lois
générales? Je pense que la ville de Montréal aurait pu
atteindre ce but autrement que par le projet de loi. Je me souviens qu'on a
été confronté à ce problème des mutations
immobilières dans mon ancienne municipalité et on l'a
réglé par d'autres façons. Je pense qu'il y a d'autres
moyens qu'un projet de loi privé pour régler ce problème.
Je comprends que le fait qu'on vienne devant la commission puisse nous
permettre d'aller dans ce sens-là, mais je pense qu'on va créer
de plus en plus de précédents et, de plus en plus, on aura
à légiférer par des projets de loi privés pour
qu'on puisse enlever ces droits de mutations immobilières aux
municipalités. Cela m'inquiète et c'est certainement un point
à considérer. Comme il y a plusieurs articles qui touchent ces
éléments, on y reviendra ou cela donnera le temps au ministre de
me répondre concernant cette question.
Quant au projet de loi comme tel, j'y souscris
définitivement.
M. Doyon: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M, le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Simplement deux mots parce
que je me suis peut-être mal exprimé. C'est pour rassurer
le député de Jonquière. Le problème justement,
comme vous le souligniez, a été réglé autrement que
par le projet de loi en ce qui concerne les droits de mutation de
propriété. C'est pour cela qu'on a enlevé dans le projet
de loi tout ce qui aurait été nécessaire si cela n'avait
pas été réglé autrement. Donc, la ville de
Montréal a pris d'autres moyens dont pourront nous informer les
intervenants, à votre loisir, mais on n'a pas, dans notre projet de loi,
de dispositions législatives qui enlèvent un droit qui aurait
appartenu, théoriquement en tout cas, à la ville de
Montréal. Ce n'est plus nécessaire parce que le problème
n'existe plus. Je l'ai dit simplement pour faire le tour du dossier et
permettre de répondre à cette possibilité. Je vous
inviterais peut-être, au loisir du président et quand la
commission le jugera à propos, à demander des explications
après la présentation de nos invités.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. M. le ministre.
M. Bourbeau: Simplement sur le sujet. Il y a des rencontres entre
la ville de Montréal et les procureurs du Collège
Jean-de-Brébeuf au sujet de la question des droits de mutation. On
enlève du projet de loi toute référence à ce sujet.
Donc, on revient à la loi générale. Il y aura tout
à l'heure un papillon qui va être introduit a ce sujet. Je peux
signaler au député de Jonquière qu'ici dans une lettre que
j'ai devant moi et qui est signée par les procureurs du Collège
Jean-de-Brébeuf il est dit que la question relative à la valeur
marchande pour les fins de la loi...
M. Dufour: Je voudrais soulever une question de privilège.
Je suis sûr que le ministre, dit des choses très
intéressantes...
M. Bourbeau: II n'y a pas de question de privilège en
commission parlementaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: C'est parce que j'ai de la misère à
entendre juste d'un côté, à moins que je commence à
être sourd. C'est vrai que je vieillis, mais j'aimerais que le ministre
hausse un peu la voix pour que les gens puissent comprendre aussi. Il y a
d'autres intervenants qui sont intéressés par ce qu'il dit. Je
suis sûr qu'il est intéressé à ce que les gens le
comprennent aussi.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. Bourbeau: Écoutez, effectivement, je ne parlais pas
très fort. Vu que j'ai un microphone devant moi, j'avais l'impression
que ma voix était amplifiée par le microphone. Je n'ai pas
d'objection à augmenter le volume. Je suis en train de citer une lettre
ici qui dit que la question relative à la valeur marchande pour les fins
de la Loi autorisant les municipalités à percevoir un droit sur
les mutations immobilières est réglée à la
satisfaction des parties. En conséquence, toute référence
dans le projet de loi 218 à la Loi autorisant les municipalités
à percevoir un droit sur les mutations immobilières devient
inutile. Voilà.
Le Président (M. Saint-Roch): À ce moment,
j'aimerais souhaiter la bienvenue aux différents intervenants. On
pourrait peut-être procéder à l'identification en
commençant de gauche à droite et après cela je
céderai la parole à celui qui voudra intervenir, au
porte-parole.
M. Tremblay (Rodolphe): Mon nom est Rodolphe Tremblay, directeur
général et président de la Corporation du Collège
Jean-de-Brébeuf.
M. Beaudoin (Pierre): Mon nom est Pierre Beaudoin. Je suis avocat
et procureur de la Corporation du Collège Jean-de-Brébeuf et de
la Compagnie de Jésus.
Mme Côté (Danielle): Mon nom est Danielle
Côté, avocate de la Compagnie de Jésus et de la Corporation
du Collège Jean-de-Brébeuf.
Le Président (M. Saint-Roch): Bienvenue à la
commission. Est-ce qu'il y a un porte-parole pour une intervention?
M. Beaudoin: Mon nom est Pierre Beaudoin.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Beaudoin.
M. Beaudoin: Je suis le porte-parole. Simplement pour
régler la question des droits de mutation, je vous dirai qu'il y a une
entente qui est intervenue avec la ville de Montréal. Il y a eu une
résolution adoptée au comité exécutif de la ville
de Montréal dont j'ai copie ici, le 14 mai 1986, et qui a
réglé à la satisfaction de tout le monde la question des
droits de mutation.
Nous avons donc demandé de supprimer du projet de loi tout ce qui
avait référence aux droits de mutation, ce qui signifie que le
projet de loi a encore un objet, comme M. Doyon l'a dit tout à l'heure,
qui est de permettre l'opération par laquelle la Compagnie de
Jésus pourra imposer à la nouvelle corporation laïque du
Collège Jean-de-Brébeuf le maintien de l'oeuvre
d'éducation chrétienne d'excellence qui est celle du
Collège Jean-de-Brébeuf depuis 1928.
Le collège dispense actuellement l'enseignement à environ
2000 étudiants. Il y a 140 professeurs, dont 6 jésuites. Vous
comprenez que par défaut d'effectifs au sein de la communauté
religieuse de la Compagnie de Jésus les jésuites doivent
malheureusement se départir de cette oeuvre. Ils sont prêts
à toutes fins utiles à "donner", entre guillemets, les terrains
et les bâtiments à la corporation laïque. Toutefois, ils
veulent - cela nous paraît tout à fait normal - que l'on
garantisse que les terrains et les immeubles continueront
perpétuellement à être utilisés pour les fins
d'éducation chrétienne d'excellence comme cela a toujours
été le cas. (11 h 45)
Cette vente pour un montant nominal va se faire par un acte de vente par
lequel la Compagnie de Jésus va vendre les immeubles à la
nouvelle corporation lafque du Collège Jean-de-Brébeuf. Dans cet
acte de vente, il y aura des conditions. Il est extrêmement important
pour nous que ces conditions constituent des charges réelles sur les
immeubles et qu'elles ne puissent jamais être contestées devant
les tribunaux comme n'étant pas des charges réelles. La
jurisprudence relativement à ces questions de conditions dans les actes
de vente est partagée actuellement. Il y a des décisions des
tribunaux qui disent que ce genre de conditions ne sont que des obligations
personnelles et que la sanction, lorsque l'on contrevient à ces
obligations, est des dommages et intérêts. Alors, nous voulons,
les pères jésuites veulent, qu'il soit absolument certain "pour
toujours", entre guillemets, que les liens qui seront créés
suivront les immeubles, c'est-à-dire à la fois les terrains et
les bâtiments pour les années à venir, et qu'il ne puisse
à toutes fins utiles être mis fin à ces obligations sauf
par une nouvelle loi privée ou alors par une renonciation
éventuelle de la Compagnie de Jésus.
Je ne sais pas si l'objet de l'exercice est clair. Nous sommes ici pour
répondre à vos questions, s'il y en a. Nous avons pris
connaissance ce matin d'un projet d'amendement préparé par le
ministère des Affaires municipales, avec lequel nous sommes d'accord.
Nous avions modifié l'article 2 du projet de loi pour faire en sorte
qu'il y ait un lien juridique inaltérable sur les immeubles garantissant
la poursuite de l'oeuvre. Ce matin les avocats du ministère des Affaires
municipales nous ont proposé un autre texte. Nous sommes d'accord avec
cet autre texte. C'est un texte qui est probablement plus juste, car il utilise
des termes plus précis en droit civil québécois. Alors,
quant à nous, nous sommes d'accord avec ce texte.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Beaudoin. Y
aurait-il d'autres questions? Alors, j'appelle maintenant l'article 1.
M. Dufour: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch); M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Dans le préambule il y a possiblement des
amendements que le ministre veut apporter.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, M. le
député de Jonquière, on appelle les articles 1, 2 et 3 et
nous reviendrons au préambule, suivant l'ordre établi des travaux
de notre commission.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on fait le préambule toujours
à la fin?
Le Président (M. Saint-Roch): Toujours à la fin.
Merci, M. le député de Jonquière. M. le ministre?
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, à l'article 1,
j'aimerais apporter une modification qui se lirait comme suit: Le projet de loi
218 est modifié par le remplacement de l'article 1 par le suivant: "La
Corporation du Collège Jean-de-Brébeuf a le pouvoir de
transférer ses immeubles à titre gratuit ou pour un prix
inférieur a leur valeur réelle à la Compagnie de
Jésus." Cet article a pour but de permettre à la Corporation du
Collège Jean-de-Brébeuf de transférer ses immeubles
à titre gratuit ou pour un prix inférieur, comme je viens de le
dire, à la Compagnie de Jésus. Alors, le nouveau texte est plus
clair que celui qu'on avait précédemment.
M. le Président, on a maintenant la modification de l'article 1.
Alors, je ne sais pas s'il y a des commentaires de l'Opposition; pour nous
c'est tout ce qu'il y a à dire là-dessus.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des
commentaires?
M. Dufour: II y aurait peut-être juste..»
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: II y aurait peut-être juste ceci. La nouvelle
compagnie, c'est bien la Compagnie de Jésus? C'est une compagnie
laïque fondée par...
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Beaudoin.
M. Beaudoin: La nouvelle compagnie laïque va s'appeler la
Corporation du Collège
Jean-de-Brébeuf encore. Il va y avoir deux transactions
immobilières. La corporation actuelle du Collège
Jean-de-Brébeuf est composée d'une majorité de
jésuites; elle est actuellement propriétaire des immeubles, elle
va les vendre à la Compagnie de Jésus dans un premier temps,
c'est l'article 1. Dans un deuxième temps, la Compagnie de Jésus
va revendre les immeubles à la Corporation du Collège
Jean-de-Brébeuf qui, à ce moment-là, va être une
corporation laïque, et c'est l'article 2.
M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 tel
qu'amendé est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 tel
qu'amendé est adopté? J'appelle maintenant l'article 2.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre
M. Bourbeau: On a également une modification à
apporter à l'article 2; on le fait distribuer présentement, on va
faire distribuer le projet de modification.
On va vous demander de suspendre pour quelques minutes. On doit faire
des photocopies des modifications et je ne voudrais pas retarder
indûment.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission va suspendre
ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 53)
(Reprise à 12 h 1)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend maintenant ses travaux. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais déposer un
amendement à l'article 2, comme suit: Le projet de loi 218 est
modifié par le remplacement de l'article 2 par le suivant: "2. La
Compagnie de Jésus a le pouvoir de transférer par la suite
lesdits immeubles à titre gratuit ou pour un prix inférieur
à leur valeur réelle à la Corporation du Collège
Jean-de-Brébeuf. L'acte de transfert peut comporter des charges,
conditions, obligations et prohibitions pouvant restreindre l'usage ou
l'utilisation de ces immeubles et visant à assurer que ces immeubles
soient utilisés à des fins d'éducation ou à des
fins connnexes, lesquelles charges, conditions, obligations et prohibitions
constituent alors un droit réel grevant ces immeubles."
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des questions
concernant l'amendement à l'article 2?
M. Chevrette: Est-ce que le mot "connnexes"...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Comme on spécifie, je suppose que c'est tout
ce qui s'appellerait, par exemple, loisirs éducatifs. Pour
étendre le mot "éducation"...
Une voix: Ce n'est pas eux qui l'ont défini...
M. Chevrette: Avez-vous pris la peine de définir les mots
"fins connexes"?
M. Beaudoin: M. le député, on nous a proposé
cet amendement ce matin... Excusez-moi, M. le Président, c'est...
M. Chevrette: Je m'excuse, mais...
Une voix: ...c'est juste pour le Journal des débats.
M. Chevrette: Je vais demander à Me Bourbeau, au
ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Chevrette: "Ou à des fins connexes."
M. Bourbeau: Tout ce qui est connexe à l'éducation,
M. le Président. Ce sont des choses très rapprochées de ce
qui est éducatif. Le député peut, en imagination, voir
à peu près de quoi cela retourne.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, je veux bien faire preuve
d'imagination mais pas au point, par exemple, de donner prise à des
poursuites. Le législateur doit, quand il légifère,
être très clair et ne pas parler pour ne rien dire. Ici, on ajoute
"fins connexes". Je pense que cela peut ouvrir la porte... Remarquez bien, cela
dépend bien sûr... Ce sont toujours deux personnes qui se parlent
quand on transige et il y en a une qui peut
ne pas être d'accord; c'est un peu comme deux avocats. Ceci dit,
le mot "connexes" peut servir à toutes sortes d'interprétations.
Je peux bien avoir une maison pour femmes violentées, on peut y faire de
l'animation et cela peut être une activité très connexe.
Cela peut être pour le loisir, mais peut-être l'autre qui a
cédé en fonction d'activités connexes se garde-t-il un
droit de regard ou de poursuite, etc. Cela m'apparatt tiré par les
cheveux un peu.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...c'est bien évident que si on est trop
précis on peut bloquer certains usages comme, par exemple, je ne sais
pas moi, l'habitation. Si l'on voulait avoir des résidences
d'étudiants sur les lieux, par exemple, c'est connexe à
l'éducation, comme l'alimentation, un casse-croûte ou autres trucs
où les étudiants pourraient s'alimenter, comme les loisirs, ainsi
que le disait si bien le député de Joliette. Pour tout ce qui est
connexe à l'éducation: les immeubles pourraient servir à
ces fins.
M. Doyon: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Tout simplement pour apporter une réflexion ici.
II est à remarquer que le pouvoir qui est donné ici, c'est le
pouvoir de procéder à un transfert de propriété. Ce
qu'on donne comme pouvoir, c'est que, dans l'acte de transfert de
propriété, on puisse y indiquer un certain nombre de charges.
C'est dans l'acte de transfert qui sera signé qu'on va définir
d'une façon plus précise, et, après cela, les deux parties
seront liées à tout jamais à la suite de l'acte de
transfert qui va se faire. Nous, tout ce que l'on permet ici, c'est un acte de
transfert à un moment donné qui va être grevé d'un
certain nombre de charges de nature éducative ou connexe. Il va
appartenir aux parties de définir, dans l'acte de transfert, j'imagine,
ce que seront ces charges de nature éducative et connexe. L'intention
première des demandeurs était d'avoir une disposition qui
obligeait le récipiendaire ou si vous voulez la personne ou l'organisme
qui avait la propriété en dernier ressort de continuer ce qu'on
appelait l'oeuvre. Cela nous amène - en fait, j'en suis convaincu
à ce que, dans l'acte de transfert, on retrouvera des termes
suffisamment précis qui se rapporteront à l'oeuvre
elle-même. Une fois que cet acte de transfert a eu lieu, c'est la fin.
À ce moment, le projet de loi a rempli sa mission.
C'est à ce moment. Ce n'est pas ultérieurement où
on pourra modifier à volonté et se retrouver dans une situation
où on reconnaîtrait peu ou pas l'origine de ce qu'a
été le Collège des jésuites à partir de
1928. Cela va se faire une fois et c'est arrêté dans le temps.
Cela reste comme cela. Après cela c'est figé, c'est
coûté dans le ciment. Donc, cet acte de transfert est primordial.
On donne les pouvoirs de procéder à un acte de transfert en
grevant cet acte de transfert d'un certain de nombre de charges, mais une
fois.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrettes M. le Président, je voudrais savoir quelles
sont les motifs du ministre pour arriver avec cette assise juridique
conduisant, bien sûr, a l'acte de transfert. Cela apporte quoi au texte
de loi, si les parties conviennent, sans avoir demandé cet amendement
d'après ce que j'ai compris... Assez rapidement, je voudrais savoir
quels sont les motifs. Est-ce que vous avez été mis au courant
qu'il pourrait y avoir un problème juridique en ce qui concerne le
transfert sans mettre cela? Moi aussi, j'ai vu dans le passé des
évêchés qui vendaient un presbytère à des
fins éducatives ou de loisirs ou une école qui est
transférée exactement à des fins éducatives ou de
loisirs municipaux, etc. Quelle est la motivation qui pousse le ministre ou ses
hauts fonctionnaires à nous donner cette assise juridique.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M- Bourbeau: M. le Président, les parties ont demandé de
pouvoir inclure dans le projet de loi ces clauses restrictives. Enfin, elles
ont demandé que le projet de loi permettre d'inclure les clauses
restrictives éventuellement dans les actes de transfert. Les
légistes du gouvernement ont jugé bon de pousser encore un peu
plus loin la notion de restriction pour s'assurer que ces charges et ces
conditions, obligations et prohibitions restreindraient l'usage ou
l'utilisation des immeubles. On utiliserait non seulement l'expression
"restreindraient l'usage", mais on pousserait plus loin la restriction en
spécifiant que cette restriction irait dans le sens de viser à
assurer que ces immeubles soient utilisés à des fins
d'éducation ou des fins connexes. Je crois que la précision qui
est apportée ici par les légistes du gouvernement va dans le sens
de ce que souhaitaient les parties. Je vois le procureur qui opine de la
tête. II semble bien que cela répond à leurs objectifs.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce
que l'amendement à l'article 2 est adopté? Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce que
l'article 2 tel qu'amendé est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Une voix: Adopté.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'aurais une modification à apporter au
projet de loi. Je voudrais introduire l'article 2.1 qui se lirait comme suit:
Le projet de loi 218 est modifié par l'adoption, après l'article
2, du suivant: "La présente loi peut être enregistrée s'il
y est joint une liste des immeubles qui sont visés. Cette liste doit
décrire ces immeubles conformément à la loi et être
approuvée par résolution du conseil d'administration de la
Corporation du Collège Jean-de-Brébeuf." Évidemment, M. le
Président, le fait d'enregistrer, ce sont des commentaires que je fais,
le projet de loi contre les immeubles va pouvoir assurer la réalisation
de la condition qui est stipulée dans le contrat, nommément les
restrictions qui sont incluses quant à l'usage des immeubles. En
enregistrant contre les immeubles, cela devient une charge contre les
immeubles, charge dont tous les tiers doivent prendre nécessairement
connaissance puisque c'est enregistré contre les immeubles.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais demander au ministre si c'est courant
qu'une loi soit enregistrée. Il me semble qu'une loi, c'est
déjà un acte assez important qui est déjà
enregistré au gouvernement, donc au plus haut lieu dans le
Québec. Vous nous dites que la loi pourrait... Est-ce qu'on a besoin de
marquer ça ou est-ce que quelqu'un, dans n'importe quelle loi
privée, pourrait dire: Je ne peux pas l'enregistrer parce que la loi ne
me le permet pas ou ce n'est pas expressément décrit dans une
loi? Est-ce que c'est courant, est-ce une pratique nouvelle ou du droit
nouveau?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que la question s'adresse au ministre ou au
notaire?
M. Dufour: Alors là, j'ai...
M. Chevrette: Cela donnerait un contrat à un notaire, par
exemple.
M. Dufour: C'est cela, c'est ce que j'ai posé comme
question à mon collègue de gauche.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la meilleure façon de
faire en sorte que la publicité soit absolue quant à ces charges,
que les tiers soient renseignés, c'est que la loi soit
enregistrée elle-même contre les immeubles. Maintenant, je dirais
qu'il est assez fréquent, oui, que dans les projets de loi visant des
biens immobiliers on prévoie l'enregistrement directement contre les
immmeubles de façon à assurer la plus grande publicité
possible à la mesure.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Ce qui veut dire que, si ce n'est pas marqué
dans la loi, ils ne peuvent pas l'enregistrer?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que les bureaux d'enregistrement
ont des formalités très précises, ce qui fait qu'on peut
enregistrer certains documents et pas certains autres. Ce qui arrive c'est
qu'effectivement l'article 2168 du Code civil édicte la façon
dont les immeubles doivent être décrits pour qu'ils soient admis
à l'enregistrement. Il pourrait donc arriver que dans un projet de loi
on décrive les immeubles sans avoir toutes les prescriptions de
l'article 2168, soit, par exemple, les tenants et les aboutissants, etc.
L'expression "tenants et aboutissants" vient de l'article 2168 du Code civil;
donc, si on ne l'avait pas dans le projet de loi, si la description
n'était pas exactement conforme aux prescriptions du Code civil, il est
possible que le registrateur refuserait l'enregistrement. En ayant, dans le
projet de loi, la prescription que cela doit être enregistré, on
couvre alors toutes les possibilités.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Beaudoin.
M. Beaudoin: M. le Président, si je comprends bien,
l'objet de l'amendement que je n'ai pas, c'est de garantir que les gens qui
vont aller au bureau d'enregistrement vont prendre connaissance du projet de
loi, donc les charges réelles vont bien apparaître sur l'immeuble.
Je crois que cela devrait être la Compagnie de Jésus qui devrait
approuver par résolution et non pas la Corporation du Collège
Jean-de-Brébeuf, parce que la corporation Jean-de-Brébeuf va
être devenue laïque à ce moment là. Justement,
la Compagnie de Jésus veut se protéger "contre" la corporation
Jean-de-Brébeuf qui, devenue laïque, pourrait éventuellement
se servir des immeubles à d'autres fins. Je me permets de recommander
ceci quant aux derniers mots de l'amendement: au lieu de lire la Corporation du
Collège Jean-de-Brébeuf, on devrait lire la Compagnie de
Jésus qui, elle, va être la venderesse.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je pense que le point de vue du procureur est tout
à fait correct. Nous allons nous rallier à cette proposition et
je vais proposer une modification à l'article 2.1 pour retrancher,
à la fin de l'article, les mots "de la Corporation du Collège
Jean-de-Brébeuf pour les remplacer par "de la Compagnie de
Jésus".
M. Chevrette: On devrait peut-être lire pour les fins du
procès-verbal ce que voudrait dire l'article, pour être
certain.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le projet de loi 218 est modifié par
l'addition, après l'article 2, du suivant: "2.1 La présente loi
peut être enregistrée s'il y est joint une liste des immeubles qui
y sont visés. Cette liste doit décrire ces immeubles
conformément à la loi et être approuvée par
résolution du conseil d'administration de la Compagnie de
Jésus."
J'aimerais spécifier, M. le Président, que dans le projet
de loi on ne décrit pas les immeubles, on fait référence
seulement aux biens qui appartiennent au Collège Jean-de-Brébeuf,
de sorte que, si on n'avait pas dans ce projet de loi cette clause, il serait
impossible d'enregistrer la loi contre les immeubles, puisque les immeubles ne
sont pas décrits comme tels dans le projet de loi. En introduisant cet
article 2.1 on dit que quiconque aura une liste des immeubles qui appartiennent
à la corporation pourra, en vertu de l'article 2.1, demander au
registrateur, après avoir préparé la description technique
des immeubles, leur enregistrement au bureau d'enregistrement.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement de
l'amendement est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M- Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 2.1 tel
qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 3.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant le
préambule.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne le
préambule, j'aimerais apporter une modification qui se lit comme suit:
Le projet de loi 218 est modifié par la suppression du huitième
alinéa. J'aimerais simplement, à titre de commentaire, expliquer
que le huitième alinéa doit être retranché puisque
toute mention dans le projet è la Loi autorisant les
municipalités à percevoir un droit sur les mutations
immobilières n'est plus requise. En conséquence, il y a cet
amendement visant à retrancher le huitième alinéa.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: L'amendement qui est proposé ou la suppression
du huitième alinéa, c'est de la concordance avec tout ce qu'on a
fait. C'est bien ça?
M. Bourbeau: Exactement.
Le Président (M, Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le
préambule amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le titre du
projet de loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble...
Est-ce que je peux avoir une motion de renumérotation?
M. Bourbeau: Elle est faite, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté.
M. Bourbeau: Motion de renumérotation.
Le Président (M. Saint-Roch): De renumérotation,
oui.
M. Chevrette: Oe renumérotation.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi tel qu'amendé est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission va suspendre
ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 19)
(Reprise à 12 h 25)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
Projet de loi 202
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux pour procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 202, Loi concernant la ville de
Deux-Montagnes.
Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Deux-Montagnes.
Mme Legault: M. le Président et MM. les membres de la
commission de l'aménagement et des équipements, j'ai le plaisir
aujourd'hui de parrainer et de vous présenter le projet de loi
privé 202 intitulé Loi concernant la ville de Deux-Montagnes.
J'aimerais vous présenter le procureur, Me Michel Delorme, le Dr
Jean-Guy Bergeron, maire de la ville de Deux-Montagnes, M. Luc Amireault,
greffier de la ville de Deux-Montagnes, M. Robert Sorel, trésorier de la
ville de Deux-Montagnes, et Me Gilles Gougeon, greffier de la ville de
Saint-Eustache.
Ce projet de loi privé stipule en substance qu'a la suite de
l'annexion d'une portion du territoire de la ville de Deux-Montagnes à
la ville de Saint-Eustache cette dernière doit verser certains montants
en raison d'obligations émises en vertu du règlement no 79-376 de
la ville de Deux-Montagnes, modifié depuis. De plus, suivant ce projet
de loi, la ville de Saint-Eustache pourra imposer une taxe spéciale ou
affecter une portion de ses revenus pour acquitter les sommes dues à la
ville de Deux-Montagnes. Il est entendu que la ville de Deux-Montagnes a
intérêt à ce que les pouvoirs contenus dans le projet de
loi 202 lui soient accordés. Nous aurons le plaisir de présenter
dans quelques minutes M. le maire de Deux-Montagnes afin que celui-ci explique
à la commission ce projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée de Deux-Montagnes. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le projet de loi 202 a pour
but de remédier à une situation selon laquelle les contribuables
d'une municipalité paient des améliorations qui sont
situées dans une autre municipalité. Pour comprendre la
situation, il faut remonter à 1979, lorsque la ville de Deux-Montagnes a
adopté le règlement no 79-376 qui décrétait des
travaux d'infrastructure et autorisait un emprunt pour en défrayer les
coûts. Le règlement a été approuvé en 1980,
les travaux effectués et l'emprunt contracté. Pour rembourser
l'emprunt, la ville a décrété l'imposition et le
prélèvement de deux taxes foncières, l'une sur tous les
immeubles de son territoire payant une partie des échéances,
l'autre sur les immeubles situés en bordure de la rue où ont
été effectués les travaux payant l'autre partie.
En 1984, la ville de Saint-Eustache a annexé une partie du
territoire de Deux-Montagnes, dont la rue où avaient été
effectués les travaux visés par le règlement no 79-376. Le
règlement d'annexion no 1043 de Saint-Eustache comportait une clause
selon laquelle cette ville remettait à Deux-Montagnes les taxes
perçues dans le secteur annexé en vertu du règlement no
79-376. Ce texte, toutefois, ne rendait pas l'intention des parties al'époque qui auraient voulu que l'annexante assume la
totalité du remboursement de l'emprunt étant donné que le
secteur profitant de cet emprunt se retrouvait dorénavant
entièrement dans Saint-Eustache. Comme la loi ne permet pas qu'un
règlement d'annexion soit modifié subséquemment à
l'entrée en vigueur de l'annexion, l'adoption d'un projet de loi est
devenue nécessaire pour que la municipalité qui assume le
remboursement de la dette soit celle qui profite effectivement des travaux.
M. le Président, j'aimerais ajouter, en conclusion, que la
municipalité de Saint-Eustache a donné son accord à la
présentation du présent projet de loi aux termes d'une
résolution qui a été adoptée par le conseil
municipal de Saint-Eustache en date du 9 juin 1986. J'ai ici une copie du
procès-verbal certifiée par le greffier de la
municipalité.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je trouve que le ministre
nous arrive toujours un peu en surprise depuis qu'on aborde
l'étude des projets de loi privés. Il y a toujours des
changements qui se produisent à la dernière minute. Cela ne
facilite certainement pas le travail de l'Opposition. Là, il nous
informe d'une résolution du conseil municipal de Saint-Eustache disant
qu'il est d'accord avec le règlement. Il me semble que c'est
élémentaire et qu'on aurait pu en avoir une copie. Il va me dire
que c'est à ta dernière minute que cela arrive, mais c'est
toujours à la dernière minute. Il me semble qu'il doit y avoir
des moments précis. On prend cela au sérieux des projets de loi
privés parce que je ne pense pas que les projets de loi privés
aient moins d'importance que les projets de loi publics; cela concerne des
administrations locales, des collectivités locales. Ce n'est pas par
caprice qu'ils viennent se présenter à la commission
parlementaire. Je fais une remarque que je veux la plus positive possible,
à savoir que, s'il y a des éléments qui peuvent informer
ou donner une meilleure vision à l'Opposition pour regarder ce qui s'en
vient, je voudrais bien qu'on soit au courant de ce qui se passe. On arrive
avec trois ou quatre papillons pour des lois de deux ou trois articles. Il y a
des lois qui ont plus de papillons qu'elles n'ont d'articles. Cela me
dérange un peu. En tout cas, je ne pense pas qu'on impressionne vraiment
les gens qui se présentent devant la commission quand on arrive avec des
changements à tout bout de champ. Je fais la remarque, je pense que le
ministre devrait la prendre positivement. Il devrait prendre les moyens et il
ne devrait pas considérer l'Opposition comme une quantité
négligeable, mais bien comme des gens qui sont sérieux et qui
veulent faire avancer les travaux. On est peut-être négligeable en
nombre, cela n'est que pour un temps. Il faudrait peut-être regarder ce
qu'on pourrait faire pour améliorer les lois, ce qui pourrait être
fait pour valoriser l'Opposition, cela en lui fournissant les documents qu'il
possède.
Cela étant dit, je comprends que le projet de loi... Je pense
qu'on doit toujours regarder avec beaucoup d'attention les lois qui touchent
aux municipalités. Personnellement, je suis enclin à essayer de
faciliter leur travail. Il faut comprendre aussi que des règlements
d'annexion - c'est très compliqué, pour en avoir vécu
quelques-unes - cela demande tellement d'attention; qu'il y ait des vices de
forme ou des vices de titre, je ne pense pas que cela constitue des choses
qu'on vient de découvrir.
Donc, je pense que l'Opposition est prête à étudier
ce projet de loi, article par article. On verra à donner notre accord en
temps et lieu.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je vais peut-être
surprendre le député de Jonquière en lui disant que je
suis entièrement d'accord avec lui. Je suis également
étonné de voir combien toutes ces choses arrivent à la
dernière minute, mais on me dit que c'est une tradition dans cette
commission parlementaire sur les affaires municipales, où sont
présentés des projeta de loi privés, d'arriver
continuellement, à la dernière minute, avec des changements de
toute nature. Je dois dire que comme j'en suis moi-même à ma
première expérience à titre de ministre des Affaires
municipales j'accepte difficilement cette situation. D'ailleurs, j'en ai
déjà traité avec mes hauts fonctionnaires.
J'ai l'intention, dans les mois et les années à venir, si
je dois faire plus d'une année, de discipliner un peu ce champ
d'activité, afin de faire en sorte que la fin des sessions ne soit pas
un "stampede", comme on le voit depuis quelques années. On fera en sorte
que ceux qui ont des projets de loi privés à déposer les
déposent non pas à la dernière minute, mais suffisamment
longtemps à l'avance pour que le gouvernement et l'Opposition aient le
temps de réagir par rapport à ces projets de loi et de ne pas
donner le spectacle qu'on doit donner maintenant, à savoir des
modifications à la toute dernière minute.
Autant que le député de Jonquière, je n'accepte pas
facilement cette situation, mais je dois dire que, comme c'est la
première fois, on est un peu victimes des circonstances et je dirais
aussi de la tradition. On va essayer, dans les mois et les années
à venir - je tiens à donner un préavis à ceux que
la chose pourrait concerner - de faire en sorte que les procureurs des
municipalités se prennent plus à l'avance et informent davantage
les parlementaires de leurs intentions législatives.
En ce qui concerne la résolution de la ville de Saint-Eustache,
dont je viens de faire lecture, je voudrais signaler au député de
Jonquière qu'elle date du 9 juin. Donc, elle a été
adaptée hier soir. On comprendra pourquoi on n'a pas pu en avoir copie
avant ce matin.
Finalement, le député de Jonquière a indiqué
que le ministre considérait l'Opposition comme une quantité
négligeable. Je n'accepte pas cette proposition et je dirais au
député de se souvenir que, lors de la dernière
séance de cette commission parlementaire, il a proposé des
amendements qui ont été acceptés par le ministre des
Affaires municipales. Je lui répéterai qu'à chaque fois
qu'il proposera des amendements qui seront jugés intéressants ou
acceptables je n'aurai pas d'objection à accepter ces amendements,
qu'ils viennent de quelque source que ce soit, si l'objet est de bonifier le
projet de loi. On en a fait la preuve tout à l'heure, on a pris un
amendement. Je n'en fais absolument pas
une question d'orgueil, je suis prêt à amender autant de
fois qu'il le faudra afin de bonifier les projets de loi. En ce sens-là,
je dirais que dans le passé, lorsque j'étais dans l'Opposition,
les représentants que j'avais devant moi n'ont pas toujours eu la
même flexibilité.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Je suis heureux d'entendre le ministre sur le cadre
général des projets de loi privés présentés
en fin de session, d'autant plus que, apparemment, il y aura très
bientôt une ville qui viendra nous en déposer un,
c'est-à-dire avant le 19; j'ai hâte de voir! C'est une
façon, un peu, de se fouter du Parlement, effectivement. Je verrai, en
tout cas, parce que j'ai des consentements à donner au nom de
l'Opposition pour des projets de loi qui sont déposés
ultérieurement au 15 mal.
Dans le cas de la ville de Deux-Montagnes, cependant, on a
accepté volontiers d'étudier le projet de loi, en vertu de
l'article 22 ou 23, en dehors des périodes. L'article 23 de nos
règlements dit: "En dehors des périodes, jours ou heures
prévus à la présente section..."
Une voix: C'est l'article 22.
M. Chevrette: C'est l'article 22?
Une voix: Oui.
M. Chevrette: Le 21 décembre et le 23 juin, c'est cela? Il
faut l'avoir déposé avant le 15 juin et le 15 novembre. Dans le
cas de Deux-Montagnes, notre formation politique acceptera, même en
troisième lecture en Chambre, de donner son consentement pour qu'il soit
adopté à cette présente session. Ceci ne dispose pas
nécessairement des autres projets de loi éventuellement à
venir. Il y en a qui se vantent précisément d'avoir les
politiciens sur le bras, autant de l'Opposition que du gouvernement. Il serait
peut-être temps qu'une leçon soit donnée.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je comprends que l'Opposition consent à ce
que, dans le cas du projet de loi 202, on puisse procéder. Pour ce qui
est des autres projets de loi, je suis parfaitement d'accord avec le leader de
l'Opposition. Quand le temps viendra, on en discutera. Quant à moi, je
signalerai que ces projets de loi n'émanent pas du gouvernement, ils
émanent des municipalités. Ce n'est pas nous qui tentons de les
faire adopter.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Je
souhaite la bienvenue aux intervenants de Deux-Montagnes. Pour le Journal des
débats, je demanderais aux gens de s'identifier, de gauche à
droite. S'il y a un porte-parole qui doit faire des remarques
préliminaires, nous l'entendrons.
M. Bergeron (Jean-Guy): Mon nom est Jean-Guy Bergeron, je suis le
maire de Deux-Montagnes. J'aimerais vous présenter, à mon
extrême gauche, le greffier de la ville de Saint-Eustache, Me Gougeon,
à ma gauche, Me Michel Delorme, le procureur de la ville de
Deux-Montagnes, à ma droite, un nouveau greffier, tout frais
émoulu, depuis un mois, à ville de Deux-Montagnes, Luc Amireault,
ainsi que notre trésorier, M. Robert Sorel.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le maire.
M. Bergeron: M. le Président, M. le ministre, mesdames,
messieurs de l'Assemblée nationale et de la commission municipale, je
voudrais d'abord vous remercier de l'empressement que vous avez
manifesté pour nous recevoir, ici, aujourd'hui, afin de présenter
le projet de loi 202, Loi concernant la ville de Deux-Montagnes. Vous me
donnerez peut-être, M. le Président, une minute, pour situer un
peu où est la ville de Deux-Montagnes.
La ville de Deux-Montagnes est située nécessairement dans
le comté de Deux-Montagnes. C'est l'ancien Saint-Eustache-sur-le-Lac.
Nous faisons partie de la MRC de Deux-Montagnes. Nous sommes situés
à 25 kilomètres de Montréal et peut-être à 10
kilomètres de la belle municipalité de Saint-Joseph-du-Lac qui
est le pays natal de notre député. Nous avons un maire et six
conseillers. Nous sommes une population de 11 000 citoyens et nous avons un
budget de 7 000 000 $. Je veux tout simplement vous remercier de nous recevoir
ici ce matin et je demanderais à Me Delorme, notre procureur, de bien
vouloir expliquer l'objet de ce projet de loi. Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Delorme, s'il vous
plaît, pour accélérer nos travaux, une courte
intervention.
M. Delorme (Michel): Oui, M. le Président. M. le ministre
a très bien exposé le but du projet de loi 202. Je n'ai rien
à ajouter pour l'instant. Il va de soi que nous demeurons à la
disposition des membres de la commission pour répondre aux questions ou
pour fournir les précisions requises.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Delorme. J'appelle
maintenant l'article 1.
M. Dufour: À l'article 1, j'aurais seulement une
question.
M. Bourbeau: Je voudrais seulement dire...
M. Dufour: Peut-être que cela va annuler la question.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le présent article vise à faire payer,
par la ville de Saint-Eustache, à compter de la date de l'annexion, la
totalité des échéances annuelles payables depuis cette
date, en vertu du règlement 79-376.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: La question que je posais au ministre, c'est que
l'article a pour but d'aller au-delà du règlement d'annexion,
nonobstant le règlement d'annexion... D'accord, il donne une assise
juridique. D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch); J'appelle maintenant
l'article 2.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 2 permet à
la ville de Saint-Eustache d'affecter annuellement une partie de ses revenus
généraux ou d'imposer une taxe spéciale,
conformément à l'article 487 de la Loi sur les cités et
villes, taxe qui sera prélevée annuellement pour payer à
la ville de Deux-Montagnes les échéances annuelles prévues
à l'article 1. Cet article 487 indique de quelle façon peuvent
être imposées les diverses taxes dans les règlements
d'emprunt municipaux. L'article 2 prévoit aussi que le règlement
d'imposition de taxes devra être approuvé par le ministre des
Affaires municipales, après avoir suivi la procédure de
publication prévue à l'article 565 de la Loi sur les cités
et villes. Cette procédure est la procédure normale applicable
à une modification de clause de taxe d'un règlement d'emprunt en
vertu duquel des billets ou obligations ont été émis. Elle
permet à toute personne supposant à l'approbation du
règlement de se plaindre au ministre avant que celui-ci ne se
prononce.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: J'aimerais savoir du ministre ou des intervenants qui
sont ici présents ce que cette taxe spéciale paie. Est-ce pour
des travaux qui ont été faits? Est-ce pour l'aqueduc? Est-ce pour
l'égout? Est-ce pour des rues ou des routes?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Delorme.
M. Delorme: Le règlement no 79-376 concerne
l'exécution des travaux pour la construction d'une partie du boulevard
Deux-Montagnes ainsi que les infrastructures nécessaires entre le chemin
de la rivière Sud et la rivière Duchêne et pourvoyant aux
sommes nécessaires à cette fin au moyen d'un emprunt. Je vous
donne le titre du règlement. Enfin, il s'agit d'infrastructures
usuelles: aqueduc, égout sanitaire, etc. Je pense qu'il y a
l'égout sanitaire dans cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Pour un montant de combien...
M. Delorme: 220 000 $.
M. Chevrette: Sur?
M. Delorme: Pardon?
M. Chevrette: 20 ans?
M. Delorme: Sur 20 ans, oui.
M. Chevrette: Très bien.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Cette infrastructure sert aux deux
municipalités?
M. Delorme: Non. Cette infrastructure sert au territoire qui a
été annexé par la ville de Saint-Eustache aux termes de
son règlement no 1043 mais qui faisait à l'origine partie du
territoire de la ville de Deux-Montagnes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Actuellement, j'ai l'impression que cet article
ressemble à d'autres articles qu'on voit régulièrement
dans les règlements d'emprunt. Est-ce qu'il y a vraiment une taxe
spéciale d'imposée? Au moment où on se parle est-ce qu'il
y a une taxe spéciale ou si c'est pris à même les revenus
généraux de la ville?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Delorme.
M. Delorme: Au moment où on se parle, M, le
Président, il y a une affectation d'une portion des revenus
généraux de la ville de Saint-Eustache à cette fin.
L'article 2 est rédigé de telle sorte qu'à cette
appropriation puisse être substituée éventuellement
l'imposition d'une taxe.
M. Dufour: ...dans les municipalités; dans tous les
règlements d'emprunt, c'est exactement la même écriture.
Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch); Adopté. J'appelle
maintenant l'article 3.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article 3 prévoit
l'affectation des montants versés par la ville de Saint-Eustache aux
fins du règlement no 79-376 de la ville de Deux-Montagnes et
réduit en conséquence le prélèvement des taxes
imposé en vertu de ce règlement.
Cet article a pour effet de dégager les contribuables de la ville
de Deux-Montagnes du remboursement des échéances annuelles du
règlement no 79-376, le tout afin d'éviter le double paiement
d'une même échéance.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Les règlements 79-379 et F-418-82 sont des
règlements, effectivement, qui modifient des règlements
d'emprunt. Est-ce cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Delorme.
M. Delorme: M. le Président, oui, il s'agit de
modifications à la clause de taxe du règlement no 79-376.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que ces règlements avaient reçu
ou ont reçu l'approbation du ministre des Affaires municipales? On a
vécu quelques expériences. Je voudrais juste savoir si le
ministère s'est assuré que ces deux règlements ont
reçu l'approbation du ministère des Affaires municipales parce
que, pour autant que je le sache, c'est drôlement important.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Delorme.
M. Delorme: M. le Président, je n'ai pas copie de
l'approbation du règlement no 79-379. En cherchant dans mes documents,
vraisemblablement, je pourrais l'avoir. Je peux quand même rassurer la
commission en disant que la Commission municipale a approuvé le dernier
amendement au règlement, soit l'amendement F-418-82, lequel,
incidemment, avait été amendé aux termes d'une
résolution adoptée par le conseil municipal de la ville de
Deux-Montagnes. Il s'agit de la résolution 82-395. J'ai comme
référence ici la décision de la Commission municipale qui
a accepté le dernier amendement à la clause de taxe du
règlement no 79-376. Il s'agit de la décision de la commission
rendue dans le dossier AM-111-902 qui est daté du 10 février
1983.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière. (12 h 45)
M. Dufour: Je suis convaincu que le dernier n'est entaché
d'aucune irrégularité. Là n'est pas le sens de la
question, mais est-ce qu'on est sûr de toutes les procédures?
Est-ce que le procureur peut me donner l'information que toutes les
procédures ont été suivies? Vous savez, même avec la
meilleure volonté du monde, quand on s'aperçoit que des
municipalités de 25 000, pendant six ans, ont passé à
côté des lois... C'étaient des municipalités plus
importantes que Deux-Montagnes. Je ne veux pas faire de peine à M. le
maire, mais je pense que sa propre municipalité, c'est toujours la plus
grande et la plus belle. C'est surtout pour attirer l'attention... En tout cas,
comme législateur, je veux bien m'assurer que tous ces règlements
ont suivi une procédure normale. Je ne voudrais pas être complice,
je ne voudrais pas assister passivement ou voir juste ce qui se passe en
disant: "Tout est très bien", s'il y avait par hasard quelque chose qui
ne l'était pas.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Delorme.
M. Delorme: M. le Président, je réitère que
je n'ai pas à ma portée le document d'approbation du
règlement 79-379. Je pourrais peut-être le retrouver ou demander
aux gens qui m'accompagnent de vérifier s'ils l'ont apporté.
Cependant, je crois que cela devient, à mon point de vue du moins, peu
pertinent puisque, en fait, le règlement 79-376 comportait une clause de
taxe qui a été remplacée par une autre clause de taxe dans
le règlement 79-379. Ultérieurement, ce même article
original qui imposait la taxe, une fois remplacé, a de nouveau
été remplacé par le règlement F-418-82 qui, lui, a
été approuvé par la Commission municipale. Donc, en fin de
compte, l'amendement 79-379 n'existe plus, puisqu'il a fait l'objet d'une
décision prise par le conseil dans un premier temps, laquelle a
été sanctionnée par la Commission municipale, au
terme de la décision à laquelle j'ai fait
référence. C'est dans ce sens, M. le Président, que
j'indique que, en fin de compte, la préoccupation qui m'apparaît
la plus essentielle, c'est de s'assurer que le F-418-82, qui crée la
taxe imposée 76-379, cette taxe a été imposée
légalement... J'ai effectivement la décision devant moi et j'y ai
fait référence.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense qu'on peut mettre
fin à cette discussion. On m'indique que les règlements ont
été approuvés. J'ai devant mot l'approbation signée
par l'ancien ministre Guy Tardif, par son sous-ministre, Patrick Kenniff:
J'approuve, pour les fins et aux conditions mentionnées, le
règlement 79-376 du conseil de la ville de Deux-Montagnes,
décrétant un emprunt de 220 000 $, tel que modifié par le
règlement 79-379 dudit conseil.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 4.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article 4 prévoit
le paiement, par la ville de Saint-Eustache, d'un montant correspondant
à la partie des échéances annuelles payables avant la date
de l'annexion qui était à la charge de l'ensemble des
contribuables de la ville de Deux-Montagnes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. ledéputé de Joliette.
M. Chevrette: Le 5 mai, c'est la date prévue au
protocole?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Delorme.
M. Delorme: La date du 5 mai, M. le Président, c'est la
date de l'approbation, par le ministre des Affaires municipales, du
règlement 1043 qui a décrété l'annexion de la
portion du territoire de Deux-Montagnes qui nous concerne à la ville de
Saint-Eustache.
M. Chevrette: Le capital et les intérêts font partie
d'un protocole...
M. Delorme: Le capital et les intérêts, M. le
Président...
M. Dufour: Font partie d'un protocole d'entente entre les deux
municipalités.
Une voix: C'est cela.
M. Delorme: L'article 4 a fait l'objet d'une entente entre les
parties, entente qui tirait son origine d'un protocole datant de 1980.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 4.1.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais apporter une
modification au projet de loi. Le projet de loi 202 serait modifié par
l'insertion, après l'article 4, du suivant: "Aux fins d'établir
les montants visés à l'article 1 et è l'article 4, il est
fait abstraction du dernier alinéa de l'article 10 du règlement
numéro 79-376 de la ville de Deux-Montagnes, modifié par les
règlements numéros 79-379 et F-418-82."
À titre de commentaire, je dirai que le règlement 79-376,
à la suite d'une modification faite en 1983, comporte une clause
stipulant que la taxe spéciale servant à rembourser l'emprunt ne
sera imposée que lorsque les immeubles situés en bordure des
travaux seront adéquatement desservis par le réseau d'aqueduc et
d'égout. Or, on nous informe qu'à ce jour ces immeubles ne sont
pas adéquatement desservis. Comme le calcul prévu par les
articles 1 et 4 du projet de loi est basé sur la taxe payable en vertu
du règlement, il faut, ici, ajouter ce papillon qui, par fiction
juridique, supprime l'effet de la clause dont je viens de parler. La taxe est
donc présumée avoir été payable; le calcul peut
être fait; les montants visés par ces articles 1 et 4 peuvent
être payés par Saint-Eustache.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, je ne suis peut-être pas
correct, c'est peut-être juste du chinois que je suis en train de
soulever. Quand vous parlez du règlement 79-376 de la ville de
Deux-Montagnes, on y fait abstraction du dernier alinéa de l'article 10.
Donc, je présume que c'est du règlement 79-376. Est-ce bien
cela?
M. Bourbeau: Oui, oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Dufour: Oui? Cela va. Donc, dans un règlement
municipal, on ne parle pas d'alinéa, on parle de l'article 10,
paragraphe c. Non?
M. Bourbeau: Les alinéas...
Le Président (M. Saint-Roch): M.le ministre.
M. Bourbeau: ...ne sont pas numérotés, ils sont
dans le texte de loi et on les compte; tandis que les paragraphes sont
numérotés.
M. Dufour: Quand je regarde l'amendement que vous avez
proposé, on dit: "II est fait abstraction du dernier alinéa de
l'article 10".
M. Bourbeau: Ce n'est pas tout l'article 10, c'est le dernier
alinéa de cet article qui comprend plus d'un alinéa.
M. Dufour: Cet alinéa est marqué "c".
M. Bourbeau: Où est-ce marqué?
M. Dufour: Dans le règlement, c'est le règlement
municipal. Vous référez-vous au règlement municipal? Je ne
me réfère pas à une loi, je me réfère au
règlement. Cela me semble comme cela.
M. Bourbeau: II a été modifié à
plusieurs reprises et remplacé par un alinéa non
numéroté, que je pourrai vous lire si vous le voulez.
M. Dufour: J'aimerais cela.
Le Président (M. Saint-Roch): En réponse au
député de Jonquière, M. le ministre.
M. Bourbeau: L'alinéa en question se lit comme suit: Cette
taxe spéciale ne sera cependant imposée qu'à compter de
l'année où les immeubles concernés deviendront
bâtissables par le fait qu'ils sont adéquatement desservis par le
réseau d'aqueduc et d'égout.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais bien clarifier la situation. Je vais
essayer de faire une interprétation et vous me direz si j'ai bien
compris.
Si j'ai bien compris, les règlements antérieurs de la
municipalité ont été modifiés par les
règlements 79-379 et 418-82; c'est ce qui explique que le
député a en main, non pas le règlement stipulé dans
l'article 4, mais le règlement 79-376 qui a été
amendé précisément par les deux règlements que vous
mentionnez. En ce qui me concerne, cela pourrait être adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 4.1 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 5.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article a pour but de
remédier au défaut du prélèvement des taxes
imposées en vertu du règlement 79-376 modifié et au fait
que les montants requis pour payer les échéances annuelles ont
été appropriés à même le fonds
général.
Ce même article protège les causes pendantes,
décisions et jugements rendus au 25 janvier 1986, date qui correspond
à la parution à la Gazette officielle du Québec de
l'avis de présentation du présent projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'article 5? Est-ce que l'article 5 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 6. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Avant de passer à l'adoption de la loi, est-ce
que vous pourriez me dire si, concernant cela, il y a actuellement des causes
pendantes ou des jugements devant la cour?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Delorme.
M. Delorme: Non, M. le Président, il n'y a pas de cause
pendante.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le
préambule du projet de loi est adopté?
M. Dufour: Adopté. M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'aurais besoin d'une motion
de renumérotation.
M. Chevrette: Motion écrite.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le titre du
projet de loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi est adopté tel qu'amendé?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements suspend maintenant ses travaux
jusqu'à 15 heures pour commencer le projet de loi concernant la paroisse
de Saint-Césaire.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise à 15 h 29)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Projet de loi 252
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 252, Loi concernant la ville de
Saint-Césaire.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais demander si la commission peut prendre
les moyens pour faire en sorte que le ministre de la Justice soit ici d'ici
à une heure. On pourrait lui donner un avis parce qu'il avait
été dûment convoqué à cette commission en
même temps que le ministre des Affaires municipales.
J'apprécierais - à moins d'avis contraire, qu'on me le dise tout
de suite j'apprécierais que le ministre de la Justice, qui était
de passage ici ce matin alors qu'il y a eu des échanges avec le ministre
des Affaires municipales, puisse venir confirmer publiquement les informations
qu'il détient, si informations il y a, ou opinions sur ledit projet de
loi. J'aimerais qu'on l'invite formellement. La commission peut faire cela. Je
pense qu'on peut se prévaloir des services de la commission pour
demander une convocation particulière en vertu de l'article 213 de nos
règlements. J'espère que c'est ça, si ce n'est pas
ça je vous dirai quel autre article.
Vous savez ce que je veux dire, M. le Président, l'article qui
nous permet des consultations particulières, je vous
réfère a l'article 170 de nos règlements qui dit: "Toute
commission peut aussi, par invitation spéciale, solliciter l'opinion des
personnes ou organismes qui ont une connaissance ou une expérience
particulière du domaine qu'elle examine." Étant donné que
le ministre de la Justice est fiduciaire ou tuteur, je ne sais pas, du Fonds de
recours collectif, j'apprécierais qu'il soit invité. Ce n'est pas
une motion dilatoire aux fins de la commission, c'est purement et simplement
qu'on demande par voie téléphonique au ministre de la Justice de
bien vouloir passer nous donner l'opinion qu'il a donnée au ministre des
Affaires municipales, me dit-on, ce matin.
M. Bourbeau: Moi, je n'aurais pas...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je n'aurais pas d'objection à ce qu'on invite
le ministre de la Justice. Je dois dire de toute façon, comme le leader
l'a spécifié, qu'il est venu ce matin croyant, je pense, qu'on
commençait par le projet de loi sur la ville de Saint-Hilaire,
d'ailleurs il m'en a dit un peu quelques mots... de Saint-Césaire, je
m'excuse M. le député d'Iberville. Je pense qu'il est assez
étonnant qu'on convoque le ministre de la Justice en plein jour comme
ça. Je ne voudrais pas qu'à cause du fait que le ministre de la
Justice puisse être occupé ailleurs, on soit obligé de
remettre la séance à un autre jour. Je voudrais que l'on tente
d'une façon informelle de le rejoindre et de lui demander s'il ne
pourrait pas s'amener. Je ne voudrais pas que l'on fasse en sorte de suspendre
les travaux ou que l'on annule la séance parce que le ministre pourrait
ne pas être capable de se rendre.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Tout d'abord, je fais remarquer au ministre des
Affaires municipales que le leader du gouvernement a bel et bien appelé
dans l'ordre que vous avez discuté les projets de loi. Ce n'est pas nous
qui avons incité à dire: Saint-Césaire sera le
troisième, mais c'est bien le leader du gouvernement qui a dit dans sa
motion expressément: Le collège Jean-de-Brébeuf, la ville
de Deux-Montagnes et Saint-Césaire. Je m'en souviens et on a même
la galée si vous voulez l'avoir. Donc, l'argument ne tient pas à
ce niveau-là.
Deuxièmement, j'ai bien dit de ne pas contraindre. Je sais qu'on
aurait un pouvoir de contraindre si on voulait, à la limite, proposer,
débattre et voter. Si vous votez contre, cela ne nous donne pas
grand-chose de plus, vous avez le poids de la majorité. Je vous demande
purement et simplement à ce stade-ci si on peut inviter, par les moyens
du Secrétariat des commissions, le ministre de la Justice à venir
nous donner une brève évaluation de ce qu'il sait et ce
qu'il a à évaluer par rapport à ce projet
proprement dit. Cela peut se faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On m'avise que le ministre de la Justice n'a pas
été convoqué pour ce projet de loi, c'était pour un
autre projet de loi. Donc, son absence est tout à fait motivée.
Je vais faire les démarches tout de suite par l'entremise d'un de mes
attachés politiques pour voir si on ne peut pas lui demander de venir
à la commission dans les meilleurs délais et je vous ferai
rapport.
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je cède maintenant la
parole à M. le député d'Iberville.
M. Tremblay (Iberville): M. le Président, je voudrais tout
d'abord souhaiter la bienvenue aux gens de Saint-Césaire, la
municipalité de Saint-Césaire, Saint-Césaire paroisse,
ainsi que Sainte-Angèle-de-Monnoir qui sont ici cet après-midi.
Par le fait même, je veux vous présenter les différentes
personnes qui sont ici actuellement, dont M. Carol Wagner, maire de
Saint-Césaire, Me Jacques Viau, procureur de la ville de
Saint-Césaire, ainsi que Me Lepage, l'associé de Me Jacques Viau.
Je veux aussi vous présenter le maire de
Sainte-Angèle-de-Monnoir, M. Charles D'Auteuil, ainsi que le maire de la
paroisse de Saint-Césaire, M. Claude Létourneau, qui est en
arrière là-bas. Nous avons aussi dans la salle M. Germain
Ostiguy, conseiller; M. Alain Bellavance, conseiller; Mme Thérèse
Rocray, conseillère, et M. Luc Létourneau, conseiller. M.
Gaétan Séguin, je crois, n'est pas ici, je ne l'ai pas vu, et M.
Pierre Despars, secrétaire-trésorier de la municipalité de
Saint-Césaire. Il y a aussi le comité de citoyens de
Saint-Césaire dont M. Pierre Sylvestre est le procureur. M. Martiel
Viens en est le président et M. Jacques Duhamel le , secrétaire.
Si vous voulez vous lever afin qu'on vous identifie. D'accord. Comment?
M. Viau (Jacques): M. Corbeil, également.
M. Tremblay (Iberville): M. Corbeil. Il y a aussi la Ligue des
électeurs de Saint-Césaire, dont M. Pierre Pelletier est
président - il est là-bas - ainsi que M. Marcel Ostiguy,
industriel de Saint-Césaire. M. André Roy, je ne sais pas s'il
est ici. M. Jean-Paul McLean, M. Robert Voyer et M. Gaston Beaudry. Je vous
souhaite la bienvenue.
Remarques préliminaires M. Jacques
Tremblay
Je voudrais quand même dire aux gens que le but du projet de loi
252, c'est de sortir la ville de Saint-Césaire de l'impasse, sortir la
ville et ses citoyens d'une impasse qui dure depuis déjà
très longtemps face à la construction d'un chalet de golf et d'un
terrain sur des terrains avoisinant leur prise d'eau située en dehors
des limites territoriales. Des investissements ont été faits.
Cette affaire, appelée communément l'affaire du golf de
Saint-Césaire, comme je le disais, dure déjà depuis une
dizaine d'années. Le juge Richard Beaulieu, de la Commission municipale
du Québec, après avoir étudié et émis un
rapport, concluait le 13 novembre 1979, et je cite: "La conclusion d'une
entente intermunicipale ou une annexion de territoire permettrait à la
ville de régulariser la situation en ce qui a trait à
l'acquisition des terrains et à l'aménagement du golf. Si
l'entente ne peut être conclue ou l'annexion réalisée, il
faudrait avoir recours à une loi spéciale pour replacer les
choses dans l'ordre."
À la suite du rapport Beaulieu, la municipalité a
mandaté son procureur afin de préparer un projet de loi
privé. Ce projet de loi privé n'a pas, pour des raisons que
j'ignore, atteint l'Assemblée nationale. Cette année, la
municipalité a mandaté son procureur pour revenir à la
charge et de présenter un projet de loi privé que j'ai
accepté de parrainer. Je l'ai accepté parce que je croîs
qu'il est de mon devoir, en tant que député du comté
d'Iberville, de faciliter les choses afin de normaliser cette situation qui a
déjà trop duré.
Je tiens à dire que présentement la municipalité
perd entre 70 000 $ et 80 000 $ par année depuis plusieurs années
à cause de cette situation qui est intenable. C'est une raison
suffisante, je crois, pour qu'on puisse procéder sans délai
à normaliser une situation. Le député d'Iberville n'a pas
l'intention de se prononcer pour ou contre un golf. Là n'est pas la
question. Cela relève assurément des citoyens, de la population
de Saint-Césaire. Par contre, il y a une situation qui perdure. Je pense
qu'il était de mon devoir de faciliter la chose en normalisant une
situation qui a déjà trop duré.
Ceci dit, je demande à la commission d'étudier
sérieusement ce projet de loi qui a été
présenté par des gens qui veulent en arriver à une
solution finale. Je tiens à répéter aux gens qui sont ici
que la population de Saint-Césaire est une population très
dynamique et un peu spéciale au Québec. Ils ont
créé différents projets collectifs dans le passé,
dont une aréna, entre autres. C'est probablement une des
rares arénas municipales du Québec qui est rentable. Ils
ont amassé des fonds à force de travail pour construire cette
aréna. Ils ont eu la malchance dernièrement de perdre leur
église dans un feu. C'était l'an dernier. Les gens se sont
retroussé les manches et, dans une campagne de financement où
l'objectif était de trouver les 200 000 $ qui manquaient. Les gens de
Saint-Césaire ont amassé une somme de 350 000 $.
Ce sont certainement des gens qui se prennent en main. C'est un milieu
très dynamique. Je les en félicite. Il me fait plaisir de le
mentionner aujourd'hui. Je demande aux gens de la commission de bien vouloir
étudier sérieusement ce projet de loi afin de sortir cette
population de l'impasse. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci M. le
député d'Iberville. M. le ministre.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: La ville de Saint-Césaire a, depuis plusieurs
années, dépensé plusieurs centaines de milliers de dollars
afin de pourvoir à l'aménagement d'un terrain de golf doté
d'un chalet de loisirs. Encore aujourd'hui, la ville encourt des
dépenses pour assurer l'entretien du chalet.
Toutefois, puisque ces équipements de loisir sont situés
en dehors du territoire de la ville, celle-ci n'avait pas le pouvoir
d'effectuer des dépenses à cette fin. La ville nous propose donc
l'étude du projet de loi 252 comme solution à ses
problèmes.,
Avec la permission des membres de l'Opposition, j'inviterais le
procureur de la ville de Saint-Césaire, Me Jacques Viau, à nous
faire part du contenu de ce projet de loi. Me Jacques Viau est un jeune avocat
qui promet et qu'on a rarement vu ici devant cette commission mais Me Viau n'en
est pas à ses premières armes. Je suis convaincu que tous
reconnaîtront en lui un avocat qui sait se tirer d'affaire dans ses
dossiers. Est-ce qu'il peut nous parler tout de suite, M. le
Président?
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais d'abord
reconnaître le député de Jonquière et nous
reviendrons à Me Viau subséquem-mentc
M. Francis Dufour
M. Dufour: Je voudrais me faire l'interprète de
l'Opposition pour saluer les gens de Saint-Césaire que je connaissais
surtout par leur maire et par leur procureur plutôt que par les
individus. Mais le dynamisme et la volonté des gens de
Saint-Césaire, cela doit représenter un peu ce qui se passe dans
tout le Québec, je pense. À ce titre, je voudrais m'associer au
député d'Iberville pour leur souhaiter la bienvenue et leur dire
que, pour nous de l'Opposition, le problème auquel on a à faire
face aujourd'hui n'est pas nécessairement seulement un problème
de légalité ou d'illégalité concernant des
transactions qui ont eu lieu et qui ont eu pour effet de faire des
investissements d'une façon illégale probablement sans
l'arrière-pensée de vouloir s'emplir les poches. Je pense qu'il
ne s'agit pas de cela. Quand on examine la situation et l'historique de ce
dossier je pense que c'est réellement une position d'un conseil
municipal qui a décidé d'aller de l'avant dans un projet
où la population a été tenue un peu à
l'écart.
Dans l'Opposition, on est habitué à donner des
réponses affirmatives à ces questions. Par contre, à la
présentation du projet de loi qu'on a examiné, j'ai I'impression
qu'on devra réagir au fur et à mesure des opinions, des
objections ou des arguments favorables des intervenants concernant ce projet de
loi. C'est un peu dans ce sens qu'on va considérer l'étude de ce
projet de loi. Il y a tout de même un certain nombre de questions sur
lesquelles on doit prendre position. Il y a certainement une question juridique
et c'est pour cela qu'on a requis la présence du ministre de la Justice
du Québec pour nous donner un peu d'éclairage concernant la cause
pendante en cour actuellement. (15 h 45)
Quant au projet de loi lui-même, j'ai l'impression qu'il y a des
points que l'on pourrait essayer de bonifier s'il y a lieu, lors de
l'étude article par article. Mais au moment où l'on se parle,
j'aimerais que l'on écoute d'une façon positive les
différents intervenants et on aura à prendre position lors de
l'étude du projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le député de
Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, j'ai tout d'abord une
première remarque, non pas sur le fond du projet de loi, mais bien sur
la démarche. J'ignore si je pourrai procéder de la façon
dont je vais le suggérer, mais je vais quand même essayer. Sur le
fond du projet de loi, après avoir lu et relu certains
éléments du dossier, après avoir connu même la
position de l'ex-ministre des Affaires municipales, M. Marcoux, après
avoir lu ses lettres de juin 1984 et d'août 1984, après avoir
rencontré personnellement M. Marcoux et en avoir discuté, je ne
pense pas que, sur le fond, vous ayez beaucoup de preuves à me faire
pour justifier un éventuel projet de loi. Cependant - c'est là le
rôle aussi du législateur - il faut s'interroger sur
l'opportunité de poser un geste à l'Assemblée
nationale. Cela fait malheureusement partie du décor et de l'analyse que
l'on doit faire. C'est pour cela que dans un premier temps
j'apprécierais beaucoup entendre les représentants, autant ceux
qui sont favorables que ceux qui seraient défavorables, sur
l'opportunité même, à ce moment-ci, d'adopter ce projet de
loi.
Je m'explique. L'Assemblée nationale est un lieu où on
légifère après l'ensemble des recours normaux
prévus dans les tribunaux civils, dans tous les types de cours. C'est
là que l'Assemblée nationale vient dénouer quelque chose
que les tribunaux ne peuvent pas réussir à dénouer.
Autrement, à quoi serviraient les tribunaux? Ce serait par dizaines, par
centaines et par milliers que nous recevrions ici des demandes quotidiennes
pour trancher des litiges. Je ne pense pas que l'Assemblée nationale
soit le lieu spécifique pour cela. C'est même une question de
perception du rôle de législateur et cela n'a rien à voir,
je le répète, sur le fond même du projet de loi. Je pense
l'avoir clarifié au départ.
Il m'apparaît extrêmement dangereux, pour l'Assemblée
nationale, de statuer au moment où des procédures sont pendantes,
surtout lorsqu'elles sont préalables à l'avis de l'annonce d'un
projet de loi. C'est une discussion de fond qu'il va nous falloir faire entre
parlementaires, tout comme entendre ceux qui ont des plaidoiries à
faire. Il y a une deuxième chose. Je comprends que vous allez me dire
fort probablement qu'il n'y a pas de précédent. Mais j'ai quand
même, depuis dix ans, assisté à l'étude de centaines
de projets de loi privés en cette Chambre et la première question
qu'on a toujours posée, à quelque ministre sectoriel que ce soit,
lorsque l'on déposait un projet de loi privé, c'est: Est-ce que
tous les recours ont été épuisés? La
deuxième question: Est-il possible que des jugements viennent
créer du nouveau droit pour des individus et de facto entacher
possiblement, par un projet de loi privé, le recours de certains
individus? Bien sûr que l'on peut répondre allègrement dans
ce sens-là: Oui, mais c'est une population qui le veut. Je suis d'accord
et c'est très important. Mais vous savez très bien que
l'Assemblée nationale peut être là pour un seul individu
contre toute une ville. Je me souviens d'un projet de loi privé pour un
pompier de Montréal qui a fait assumer par 1 000 000 de contribuables
une dette, précisément parce qu'il n'avait plus aucun recours
pour obtenir justice.
C'est très sérieux. Avant de dire oui à un projet
de loi ou à l'opportunité d'un projet de loi, de dire oui ici,
à l'Assemblée nationale, je veux qu'on fasse la discussion car on
pourrait être pris avec des précédents extrêmement
importants et, comme législateurs, comment pourrait-on refuser
d'éventuels projets de loi qui voudraient mettre fin à des
litiges au moment où il y a d'autres procédures en commission
parlementaire?
Je le répète toujours, car je veux être bien
interprété, ce n'est pas sur le fond du projet de loi car, sur le
fond, nous avons des amendements de prêts, mais nous n'en avons pas pour
le règlement du fond. On pense que, un jour ou l'autre, c'est clair
qu'il faut que cela se règle. C'est quant au temps, au moment
opportun.
Vous savez, les lois du Québec ont évolué au point
de permettre à des citoyens... Et on peut être d'accord, plus ou
moins d'accord ou en désaccord sur le fait que des citoyens ont eu des
droits établis. Le même gouvernement a pu avoir aidé des
citoyens à utiliser des droits. Il ne faudrait pas que, par le biais des
lois privées, on arrive à ne pas laisser libre cours à
l'exercice de ces droits. Ce sont des principes fondamentaux en droit et je
pense que c'est très sérieux. Je ne le dis pas pour créer
de l'obstruction en commission parlementaire, loin de là. Comme
parlementaire, je ne voudrais pas que cette Assemblée puisse être
la soupape à n'importe quel temps. Je ne dis pas que c'est cela, puisque
je veux même entendre les procureurs des deux groupes plaider devant nous
sur cet aspect. Je prends la peine de l'exprimer préalablement,
précisément peut-être, pour éclairer mon antenne,
bien sûr.
Cela m'apparaît extrêmement sérieux et, autant du
côté du pouvoir que de celui de l'Opposition, on a à
veiller à cela. On a présenté des projets de loi
dernièrement. Je prends un individu que son syndicat a refusé de
défendre et dont l'avocat n'a pas envoyé les lettres à
l'intérieur des délais légaux. On a jugé, pour ne
pas créer de précédent en cette enceinte - et M. le
président de l'Assemblée se le rappellera, c'est lui qui
présidait... Oui, c'est vous-même qui présidiez, M. le
Président, avec M. le député de Taillon. Vous étiez
côte à côte. On a même décidé à
ce moment-là de ne pas, comme précédent parlementaire,
admettre ce projet de loi, purement et simplement parce qu'il faut laisser les
cours faire tout leur travail et, par la suite, intervenir.
Dans un premier temps, M. le Président, nous réservons
notre jugement, non pas sur le fond, mais sur l'opportunité et,
après avoir entendu les parties, en toute bonne foi, sans vouloir
créer de souci à qui que ce soit, nous aurons des questions
à poser au procureur ou à M. le maire et, par la suite, il est
possible qu'on vous annonce une proposition d'ajournement.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Joliette. À la suite d'une entente intervenue
entre les membres de la commission de l'aménagement et des
équipe-
merits, entre les porte-parole des deux formations, l'ordre
établi est le suivant: les groupes auront droit à dix minutes de
parole et les intervenants seuls à cinq minutes.
Nous procéderons, durant les premières dix minutes,
à l'étude du projet de loi de Saint-Césaire. Nous
poursuivrons avec le Comité de citoyens et d'action municipale de
Saint-Césaire inc. durant dix minutes, ensuite avec la paroisse de
Sainte-Angèle-de-Monnoir durant dix minutes et avec la Ligue des
électeurs de Saint-Césaire durant dix minutes au maximum. Puis,
nous entendrons MM. André Roy, Jean-Paul McLean, Robert Voyer et Gaston
Beaudry pour cinq minutes chacun.
À ce moment-ci, je demanderais aux intervenants devant nous de
bien vouloir s'identifier.
M. Viau: Mon nom est Jacques Viau, avocat pour la ville de
Saint-Césaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'on pourrait
connaître le nom de vos collègues, Me Viau?
M. Viau: Me Pierre Lepage, un de mes associés, le maire de
Saint-Césaire qui est ici, le maire de Sainte-Angèle-de-Monnoir
et le maire de la paroisse de Saint-Césaire. Une
délégation de 50 personnes est venue ce matin voir la commission
en action et voir comment elle traite les projets de loi. Je souhaite qu'elle
retourne avec une haute opinion de la commission parlementaire.
M. Chevrette: C'est une bonne préparation
psychologique.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Chevrette: Vous avez été engagé pour
cela.
M. Viau: Vous savez, cela fait une couple de fois que je viens
devant une commission parlementaire.
M. Chevrette: Je vous reconnais la face.
Une voix: Ha! Ha! Ha!
M. Viau: M. le Président, est-ce que je peux
commencer?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, Me Viau, vous avez la
parole.
Exposé du procureur de la ville de
Saint-Césaire
M. Viau: La seule c'est que vous m'avez limité à
dix minutes.
Je vais essayer de le faire en dix minutes; mais, vous savez, c'est un
problème qui traîne depuis dix ans. Je vais être
relativement court, mais je voudrais qu'en fin de compte les points importants
soient mis devant les membres de cette commission parce que pour
Saint-Césaire c'est un problème, comme a dit le
député Tremblay, qui dure depuis trop longtemps, et tous les
intervenants sont perdants: la ville et les citoyens.
C'est en 1975 que tout a débuté, lorsque la ville a
décidé d'acquérir des terrains pour des sources d'eau.
À cette époque, le ministre Goldbloom, qui était le
ministre de l'Environnement et des Affaires municipales, avait autorisé
l'acquisition de terrains par la ville de Saint-Césaire dans les limites
de la paroisse de Saint-Césaire et les limites de la paroisse de la
corporation municipale de Sainte-Angèle-de-Monnoir. En 1976 et 1977, le
maire du temps M. Guy Nadeau, qui n'est plus de ce monde, avait
décidé, devant ces espaces verts qu'il avait acquis dans
Saint-Césaire paraisse et Sainte-Angèle-de-Monnoir, d'en faire un
golf. D'ailleurs tout à l'heure le député a fait allusion
au dynamisme du maire Nadeau, et il a convenu de faire un golf. Au cours des
années 1976, 1977, 1978, il a fait adopter certains règlements
qui concernaient les installations, les équipements sur ces terrains en
dehors de la municipalité.
C'est la seule erreur de parcours qu'il a commise. Peut-être que
vous me direz que c'est une erreur majeure, mais d'un autre côté
voici un bonhomme qui avait le dynamisme de sa ville et qui a voulu laisser
quelque chose de durable. Ces règlements ont tous été
approuvés suivant la loi, soumis à l'assemblée des
électeurs, ils ont toujours été approuvés sans
objection. Il y en a eu un en 1979 qui a été soumis aux
électeurs, pour lequel il y a eu un référendum, le
règlement 394. Il y a eu 83 % de la population qui se sont
présentés aux bureaux de scrutin lors du référendum
sur le règlement et 75 % de ceux-ci se sont prononcés en faveur.
C'était déjà une indication de la volonté des
citoyens de Saint-Césaire d'avoir ce golf et de vouloir continuer ces
opérations. Comme je l'ai dit, le maire a voulu donner une vocation
additionnelle aux terrains qu'il avait acquis pour les sources d'eau.
Maintenant il en est résulté que le golf est resté
en suspens, il y a eu des plaintes etc.; le golf est resté en plan. Un
chalet a été construit, un chalet qui a été
construit au coût de 600 000 $. Il y a un livre de photos, je crois, qui
est devant le député de Joliette actuellement, où vous
voyez les terrains et même l'inauguration de ce golf à
l'époque. Ces règlements d'emprunt ont été
réalisés, c'est-à-dire il y a eu 671 000 $
d'empruntés et actuellement il y a encore une balance de paiements de
443 000 $ qui est due. Ce sont des règlements qu'on appelle "at large",
c'est-à-dire qu'il y a une
taxe qui est imposée sur toute la municipalité, ce ne sont
pas des taxes sectorielles, mais ce sont des taxes qui sont imposées
à toutes les municipalités.
Les citoyens qui se sont opposés, quels avantages ont-ils de
contester? Ils peuvent très bien dire: Vous avez adopté des
règlements pour construire des équipements en dehors du
territoire. Ce n'était peut-être pas légal mais, vous
savez, ce n'est pas la première fois que des villes... et l'exemple
vient de la grande ville de Montréal, qui souvent n'a pas agi suivant le
livre. Mais il reste néanmoins que la ville a aujourd'hui une dette de
443 000 $ pour finir de payer le chalet et les équipements. (16
heures)
II y a des procédures pendantes et je vais attaquer le sujet
d'une façon directe et très précise. On savait depuis 1979
que ce règlement avait été adopté. Ce n'est qu'en
1984, au mois de mai 1984, qu'on a pris un recours collectif,
c'est-à-dire on a présenté une requête pour
poursuivre suivant la loi du recours collectif. Cette loi du recours collectif,
qui est relativement nouvelle au Québec, a été
adoptée il y a déjà, je pense, une dizaine
d'années. C'est une loi qui permet à un groupe de citoyens qui
ont des recours qui peuvent résulter de la même source de prendre
une seule action. Mais jamais encore, il n'y a eu de requête en recours
collectif accordée pour l'annulation d'un règlement.
La raison en est bien simple, M. le Président. Je pense que,
quand on demande l'annulation d'un règlement, surtout dans le cas
présent, aucun citoyen ne va en retirer un avantage. Les obligations
sont émises et ce sont encore les citoyens qui vont payer, que ce soit
par une taxe d'une sorte ou d'une autre. Il y a assez de gens
d'expérience dans votre commission pour savoir que les travaux et les
emprunts se paient par des taxes.
Le recours collectif a été entrepris au mois de mai 1984.
Il y a eu une première demande à la Cour supérieure. Ce
fut le début. La requête a été refusée par la
Cour supérieure. Il y a eu, après cela, appel devant la Cour
d'appel. Nouveau refus, le jugement de la Cour supérieure a
été confirmé. À la fin d'avril ou au début
de mai, on en a appelé. Bien que le jugement ait été
rendu, je crois, le 3 mars 1986 par la Cour d'appel, ce n'est qu'au
début de mai qu'on a présenté une requête pour
permission d'appeler. N'oubliez pas que c'est la permission d'appeler, car la
Cour suprême n'entend pas de cause, à moins qu'elle ne l'ait
autorisée. C'est la loi qui existe depuis 1974, selon laquelle il faut
avoir une permission de la Cour suprême. C'est une requête qui se
présente devant trois juges de la Cour suprême.
Alors, dans le bénéfice du doute, disons que l'appel
serait autorisé devant la Cour suprême. La cause serait entendue
dans environ dix-huit mois. Ceux qui ne me croient pas, vérifiez avec la
cour! J'ai plaidé une cause, dernièrement, au mois d'avril. Cela
faisait vingt mois qu'elle était inscrite et que j'étais
prêt à procéder devant la Cour suprême. On va avoir
le jugement quelque part à l'automne. Disons qu'il obtiendrait la
permission d'appeler. Alors, la Cour suprême entend la requête en
recours collectif. Je soutiens que ce n'est pas une cause pendante, parce que
c'est seulement une requête. La cause n'est pas devant la cour encore. Il
y en a qui peuvent avoir d'autres opinions, mais je vous donne mon opinion
-cela fait assez longtemps que je pratique le droit - et je n'ai aucun doute
à affirmer d'une façon solennelle que ceci ne constitue pas une
cause pendante.
Je continue. Je suppose qu'ils obtiennent gain de cause devant la Cour
suprême. La Cour suprême dit: Très bien, oui, on accorde
votre requête en recours collectif. Le tout retourne devant la Cour
supérieure et il s'écoulera encore une couple d'années
avant que le jugement puisse intervenir sur ce recours collectif. Ceci nous
mène en l'an 1988-1989, en voulant être optimiste.
Qu'est-ce qui arriverait? Disons encore que le jugement déclare
les règlements nuls. Qu'est-ce que cela va donner? Les emprunts ont
été faits; les émissions d'obligations ont
été faites. Qu'est-ce qui va arriver? Est-ce qu'on va
démolir le chalet? Est-ce qu'on va enlever les travaux qui ont
été faits suivant ce règlement? Il y a eu toutes sortes de
propositions pour ce chalet. Il y en a qui ont voulu le refiler au gouvernement
pour en faire un centre de loisirs avec des subventions du gouvernement. On a
voulu le refiler - je pense que le député de Joliette va le
confirmer - pour en faire une maison pour personnes âgées ou pour
enfants qui avaient besoin d'être mis en foyer. Mais ceci ne
réglera rien. J'ai dit qu'il n'y a personne qui se trouve à en
être affecté.
Dernièrement, le 2 juin, on a signifié une nouvelle
action. On a tellement confiance de gagner devant la Cour suprême, qu'on
ne prend pas de chance, on signifie une action suivant la formule
régulière - ce qu'on leur avait toujours dit. Vous avez le
pouvoir de prendre une action en nullité pour les règlements
suivant la procédure ordinaire. Je comprends que, dans le temps...
Le Président (M. Saint-Roch): II vous reste une
minute.
M. Viau: Si vous me permettez, M. le Président, je pense
que c'est important c'est de là que sont venues les questions.
M. Chevrette: Ça prendrait un
consentement pour traiter les deux groupes sur un pied
d'égalité. Si l'autre veut prendre la même période
de temps, il n'y a pas de problème.
M. Viau: M. le Président, on présente le projet de
loi et je pense qu'on devra toujours... Parce que, même à la Cour
suprême du Canada, celui qui présente sa cause a toujours quelques
minutes de plus.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Chevrette: Consentement.
Le Président (M. Saint-Roch): Consentement.
Poursuivez.
M. Viau: Merci. L'action a été prise. On est rendu
qu'on a deux recours devant la cour: un devant la Cour suprême et l'autre
devant la Cour supérieure. C'est la première fois que je vois
cela. C'est comme si on vous poursuivait deux fois pour un accident
d'automobile pour être bien sûr qu'on va vous avoir dans un sens ou
dans l'autre.
Là encore, on demande l'annulation, de déclarer nuls et de
nul effet, les règlements un tel, un tel. On demande l'annulation d'un
règlement qui n'a jamais été en vigueur.
Je dis que, en regard de cette action, il n'y a pas de cause pendante.
Dans le projet de loi, je réponds à l'interrogation
immédiatement; on a une clause à l'article 3; "Le présent
article - parce que quand on valide les règlements, quand on demande la
validité du règlement - n'affecte pas une cause pendante, une
décision ou un jugement rendu au 15 mars 1986," Où est la cause
pendante? Il n'y en a pas.
Maintenant, le projet de loi a trois objectifs: premièrement,
annexer les terrains qui ont été acquis dans Sainte-Angèle
et dans la paroisse. Ces annexions sont acceptées par les maires de
chacune des municipalités. J'ai leur signature ici. Deuxièmement,
valider les règlements qui ont été adoptés de 1976
à 1979. Troisièmement, on retourne en référendum
encore parce que j'ai dit qu'il y a eu plusieurs référendums
indirects. Il y a eu ce règlement qui a été
approuvé par 75 %; il y a eu deux élections sur le sujet et les
candidats qui préconisaient l'abandon du golf ont simplement perdu leur
dépôt. C'est la démocratie.
On prévoit, dans ce projet de loi, avant de faire quoi que ce
soit, de continuer de parachever le golf ou de l'exploiter, qu'il y aura un
référendum, selon la Loi sur les cités et villes -
l'article 350 et suivants -parce que, en vertu de la Loi sur les cités
et villes, un conseil a toujours le pouvoir de soumettre un problème
à l'approbation de ses électeurs.
La ville se crée une obligation. Le tout devra être soumis
aux électeurs par un référendum. De deux choses l'une, les
citoyens se prononcent pour le parachèvement du golf et on continue. Si
les citoyens se prononcent contre, le golf est abandonné une fois pour
toutes. On nous demandera: Qu'allez-vous faire des équipements? Il y a
un chalet qui peut très bien servir comme chalet de loisirs et centre
récréatif. Je pense que ce serait un peu de la mauvaise
administration de dire qu'on abandonne cela alors que la ville dépense,
depuis quelques années, 60 000 $ à 70 000 $. Le conseil actuel
n'a pas voulu. Le conseil actuel a hérité d'une situation.
L'enfant est né et il faut l'élever. Il est un peu boiteux, mais
que voulez-vous, il faut le prendre tel qu'il est. Il faut essayer de le
conduire à sa majorité. M. le Président, messieurs, je
pense que la solution préconisée est équitable. Je
défie qui que ce soit de prouver que l'on brime les droits ou les
intérêts de quelque citoyen dans la ville de Saint-Césaire.
Pour le moment, c'est tout.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce qu'il y a des questions de la part des membres de la
commission?
M. Chevrette: Je demanderais une question au maire. Comment
explique-t-il les 70 00 $ à 80 000 $ par année de perte pour la
municipalité?
M. Wagner (Carol): Ce sont des engagements qui ont
été pris...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire.
M. Wagner: Comme Me Viau vous a dit, les règlements qui
ont été adoptés et acceptés par la Commission
municipale, il faut les respecter. Les remboursements de capital et
intérêts, cela remonte à environ 60 000 $ à 70 000 $
par année qu'il faut continuer à rembourser. Ce qui est
malheureux, à mon point de vue, c'est que, depuis 1979, devant l'inertie
ou, du moins, sous le couvert d'une démocratie ou d'un processus
juridique, il faut continuer à payer les obligations qui ont
été contractées. C'est dans ce sens que l'on continue
à payer les obligations en vertu de ces règlements.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: En quoi, M. le maire, la légalisation
d'actes illégaux vous enlèverait l'obligation de rembourser?
M. Wagner: En ce sens qu'il y aurait une action prise par la
majorité des contribuables. Actuellement, comme on dit, il faut quand
même rembourser la dette.
M. Chevrette: Je comprends mais, loi ou non, vous rembourseriez
quand même.
M. Wagner: Oui, sauf que, s'il y avait, comme on dit, une
légalisation des faits, au moins, une décision concrète
pourrait être prise à ce sujet-là. Comprenez-vous?
M. Chevrette: Oui, je m'excuse, M. le maire, mais on va essayer
de se comprendre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Le député d'Iberville a
affirmé à cette table - de bonne foi, je pense, parce qu'il ne
s'agit pas de lui en tenir rigueur - qu'il y avait une perte variant de 70 000
$ à 80 000 $ par année pour la municipalité. Ce que j'ai
personnellement compris de votre projet de loi et c'est pourquoi j'ai
demandé une explication: légal ou illégal, j'ai bien
compris que c'étaient les citoyens de Saint-Césaire qui payaient.
D'accord?
M. Wagner: Oui.
M. Chevrette: Donc, que cela soit déclaré
illégal par la cour ou que le projet de loi privé dise que c'est
légal, il me paraît que les citoyens de Saint-Césaire vont
quand même continuer à payer un montant variant de 70 000 $
à 80 000 $ par année, jusqu'à l'extinction de la dette.
Est-ce que je me trompe?
M. Wagner: Oui, je vais répondre.
M. Chevrette: Je me trompe?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Viau.
M. Wagner: Non, je vais répondre. C'est que le
remboursement des obligations doit se faire d'une manière ou d'une
autre. Mais il faut admettre aussi que, quand un pareil investissement est
inopérant, il y a toujours des pertes qui se font automatiquement: les
assurances, l'entretien, etc. Cela demeure. II faut les accumuler quand
même, sans avoir de revenus possibles. Il ne faut pas oublier cela. Vous
avez une grosse bâtisse d'un investissement de 750 000 $; il y a les
assurances à maintenir, la protection, l'entretien, le chauffage, etc.
C'est ce que j'appelle des pertes sèches qui s'accumulent d'année
en année, plus les remboursements. D'accord?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Ce n'est pas une perte; c'est un manque à
gagner dans les revenus éventuels.
M. Wagner: Ce sont des dépenses directes. J'appelle cela
des dépenses mortes.
M. Chevrette: Ce que je veux dire, si j'interprète
maintenant les propos du député d'Iberville, ce serait donc que
le fait de ne pas pouvoir l'exploiter vous empêche des entrées de
fonds. Mais ce n'est pas le remboursement de la dette qui crée une perte
pour la municipalité.
M. Wagner: Plus des dépenses directes
d'"inopératîon". Elles sont quand même là.
M. Chevrette: Oui, mais vous les paieriez quand même. Ce
sont les assurances, etc.
M. Wagner: Voyez-vous là.
M. Chevrette: J'ai l'impression qu'on s'entend. Si vous voulez,
on va parler le même langage.
M. Wagner: D'accord.
M. Chevrette: Légal ou pas légal, il faut que
l'assurance se paie.
M. Wagner: Oui.
M. Chevrette: Et il faut que la dette soit remboursée.
M. Wagner: C'est cela.
M. Chevrette: Sauf que s'il y avait plus de monde sur le terrain
et plus de monde à l'intérieur du chalet, il y aurait
peut-être plus de revenus pour la municipalité.
M. Wagner: C'est cela.
M. Chevrette: Merci, on s'est compris.
M. Dufour: C'est une approximation.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Sans compter la détérioration qui va
s'accumuler au cours des années, si on n'intervient pas rapidement pour
conserver ces biens. Avec le temps, le chalet va perdre de la valeur, le
terrain de golf aussi, je présume. Comme des montants d'argent ont
été dépensés pour des travaux, la ville n'en aura
plus pour son argent, si jamais on veut le revendre un jour. Si jamais ils
veulent revendre ces biens, plus cela va se détériorer, moins la
valeur marchande sera grande.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le maire et Me
Viau. J'inviterais maintenant les membres du Comité de citoyens et
d'action municipale de Saint-Césaire Inc., à prendre
place.
À l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais aux intervenants
de bien vouloir s'identifier, s'il vous plaît.
Audition du Comité de citoyens et d'action
municipale
M. Sylvestre (Pierre); Pierre Sylvestre, procureur du
comité de citoyens. À ma droite, M. Martial Viens, qui est
président du comité de citoyens. M. Didier Tremblay, qui est
aussi membre du comité de citoyens. À ma gauche, M. Jean Leroux,
membre également du comité.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. Est-ce que vous
êtes le porte-parole, Me Sylvestre? (16 h 15)
M. Sylvestre: Je suis partiellement le porte-parole. C'est ce que
j'allais vous annoncer. Les gens du comité ont un bref mémoire
à vous lire. Je pense qu'on pourra le faire dans le temps qui nous est
alloué. Il y a des copies pour tout le monde, si vous permettez qu'on
les distribue.
Le Président (M. Saint-Roch): J'accepte la distribution du
mémoire.
M. Sylvestre: Après la lecture du mémoire, j'aurai
quelques commentaires a formuler pour faire le point sur la situation juridique
du dossier et tirer certaines conclusions. J'espère, M. le
Président, que nous allons y arriver dans le temps qui nous est
imparti.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci.
M. Leroux (Jean): M. le Président, mesdames et messieurs
les députés de l'Assemblée nationale ici réunis, le
Comité de citoyens et d'action municipale de Saint-Césaire inc.
s'oppose au projet de loi privé 252 présenté par la ville
de Saint-Césaire et parrainé par le député
d'Iberville, M. Jacques Tremblay. Ce projet de loi constitue une
ingérence intolérable dans le processus normal de la justice.
Pour bien faire comprendre notre position, commençons par un peu
d'histoire. En 1976, le maire de Saint-Césaire, Guy Nadeau, veut
exproprier des terrains sur le territoire de Sainte-Angèle et sur celui
de la paroisse de Saint-Césaire afin de protéger les sources
d'approvisionnement en eau potable de la ville de Saint-Césaire. Il
demande et obtient la permission du ministre de l'Environnement de
l'époque, M. Victor Goldbloom, et malgré les protestations et les
contestations devant le tribunal d'expropriation, le maire poursuit le
projet.
Le projet consistait à aménager une piste de ski de fond,
des aires de pique-nique et un chalet de service, dont la première
estimation enregistrée aux minutes de la ville était de 40 000 $.
C'est la seule qui existe, 40 000 $, et cela a coûté 800 000 $.
Cet argent servait à construire un golf, alors que les règlements
d'emprunt parlaient d'un chalet de service et de protection des sources d'eau
potable. Il me semble qu'on a souvent raconté cette histoire dont tous
les détails sont d'ailleurs notés dans le dossier dressé
par le comité de citoyens sur le club de golf de la vallée de la
Yamaska.
Je voudrais, si vous me le permettez, pour changer un peu la
façon de procéder, et un peu sur l'inspiration du moment, laisser
parler la poésie. Mon poème s'appelle "La complainte".
Une voix: Ah! Ah! Ah! Une voix: C'est un poète!
M. Leroux: Est-ce que vous me le permettez, M. le
Président?
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'aimerais attirer l'attention du public que, pour la bonne marche
de nos travaux, nous ne pouvons tolérer aucune intervention de quelque
nature que ce soit de la part du public. J'espère que ce sera mon
dernier avertissement.
M. Leroux: Merci, M. le Président. Alors, il s'appelle "La
complainte".
Par un triste, triste matin de printemps,
Comme une bourrasque de vent,
Érigée comme un défi,
De l'environnement, faisant fi,
Sur une terre défendue,
Au mépris de la loi,
De lui, d'elle, de moi
Et des hurluberlus,
Un golf et son château,
Par-dessus nos sources d'eau
Se sont construits à même l'argent
De Martial, Jacques et Jean.
Alors une complainte est née,
Elle disait faire cesser
La suite du projet insensé
Et l'eau voulait protéger.
Mais des notables ont surgi,
Pouvoirs et argents les appuient.
Légalisez! qu'ils disent,
Ce sera rentable, qu'ils prédisent.
Peu importe qui a fait ça,
Il est construit, il est là,
Avant, il fallait vous réveiller.
Maintenant, il faut payer.
Quoi! La complainte a résisté?
Une ville contre un comité?
En Cour suprême me dites-vous?
Dix ans qu'ils tiennent leur bout!
Mais quelle est cette complainte?
Vite, dites-la-moi qu'à tous je la cite:
La loi c'est la loi.
Qu'elle soit respectée par toi et moi.
Nous vous proposons maintenant un regard vers le futur. Vous
conviendrez, M. le Président que, avant d'adopter un tel projet de loi,
il faut en analyser toutes les conséquences. Dans un premier temps,
supposons que le projet de loi soit adopté, que se passera-t-il? Vous
avez un graphique qu'on vous a préparé pour que vous compreniez.
Vous savez, ce n'est pas facile de saisir toute la portée de cela en
l'espace de dix minutes. Cela fait dix ans qu'on travaille sur cela. Tout
à l'heure, quand le procureur de la ville disait qu'on avait
tardé à poursuivre, c'est parce que poursuivre, cela coûte
de 15 000 $ à 20 000 $. Il n'y a personne qui est millionnaire dans
notre groupe, mais on en est rendu là et nous allons poursuivre.
Alors, je continue: "...ayant annexé les terrains sur lesquels
sont situés le golf et le "club-house", la ville peut maintenant les
acheter." Le fameux "club-house" de 800 000 $ - tout à l'heure, le maire
a dit plus de trois quarts de million - est alors légal, il devient
légal. On a légalisé tout cela par un projet de loi
privé. Le coût de l'opération de la légalisation,
c'est-à-dire l'achat des terrains, sera de 200 000 $. Donc, il faut
acheter des terrains pour légaliser cela. Donc, on a encore 200 000 $
à dépenser avant de faire un référendum: Oui ou
non, est-ce que vous voulez qu'on le fasse? Vous savez que nous avons
déjà eu un référendum. On nous l'a dit tout
à l'heure, mais ce n'est pas cela qu'on avait posé comme
question. Voulez-vous le payer maintenant ou sur 20 ans? Les gens de
Saint-Césaire ont choisi de le payer sur 20 ans, pas maintenant.
M. le Président, il y a des gens qui sont dans la salle,
d'anciens conseillers. Il y a des gens qui sont impliqués
là-dedans, il y a les conseillers actuels. Tout ce monde est
réuni ici cet après-midi et, comme vous avez pu le voir, ils sont
très fringants.
Donc, la situation étant légalisée, le conseil
organise le référendum. On a dépensés 200 000 $. On
a déjà 750 000 $ de dépensé. Il y a alors deux
possibilités qui se présentent: A) la population répond
positivement à la question du référendum. Elle dit oui, on
en veut un. Donc, les dépenses pour l'aménagement, c'est au moins
500 000 $ au minimum. Un expert du golf me dit que cela va coûter 2 000
000 $, parce que ce terrain doit être drainé, car c'est du sable
en-dessous. N'oubliez pas que notre eau potable est en-dessous de cela et qu'un
golf, cela pollue. Il faut mettre des engrais. Un golf coûte 100 000 $
d'engrais par année.
Un pollueur sur nos sources d'eau potable. Nous sommes la ville dans la
région - notre député l'a dit tout à l'heure - une
belle ville où on a la meilleure qualité d'eau. Il ne faudrait
pas que dans dix ans ce soit la pire, parce que la rivière Yamaska coule
chez nous et c'est comme du café. Donc, un pollueur sur nos sources
d'eau potable. Arrosage d'un golf à même nos réserves d'eau
déjà surexploitées, d'eau potable. Le niveau de l'eau a
baissé de 16 pieds depuis dix ans; 16 pieds. C'est une réserve
d'eau qui ne se recharge pas. On la surexploite peut-être actuellement,
mais il faudrait arroser le golf avec cette eau. Qu'est-ce qui arriverait de
l'eau potable de Saint-Césaire? Je ne sais pas si les gens y pensent
à cela.
Donc, depuis dix ans, le niveau a baissé de 16 pieds. Nous
consommons l'eau plus vite que la nappe d'eau souterraine ne se remplit. Voir
l'étude hydrogéologique qui a été faite à
Saint-Césaire; nous l'avons dans notre dossier.
Donc, le déficit d'opération à payer durant une
période indéterminée, il va falloir le payer. Les
contribuables ne sont qu'environ 600 à Saint-Césaire. On appelle
cela une ville, mais elle a été déclarée ville au
moment où il y avait 2500 habitants. Actuellement, on est à peu
près 2800 habitants et il y a 600 contribuables pour un golf de 2 000
000 $ en tout. Imaginez-vous! On est environ 600 et une telle situation aura
tendance à faire fuir les gens plutôt qu'à les attirer. On
paient à peu près, pour un petit bungalow à
Saint-Césaire, de 1200 $ à 1400 $ de taxes par année.
Imaginez-vous avec toutes ces infrastructures. On sait qu'un golf, cela prend
quatre ans avant qu'il soit en opération, avant que tout soit
prêt. Voilà pour "A".
B) La population répond négativement à la question
du référendum. Supposons que le conseil se plie de bonne
grâce au voeu de la population. Résultat: il tente de vendre...
Attendez, j'ai mal lu. La population répond négativement à
la question du référendum. Elle dit non, qu'elle n'en veut pas.
Supposons que le conseil se plie de bonne grâce au voeu de la population.
Résultats: 1) Il tente de vendre le "club-house" et les terrains
à des intérêts privés: a) les acheteurs
décident d'en faire un golf; retour vers A2 et A3, donc, il faut
retourner en haut, à un pollueur et à notre réserve d'eau
qui baisse; b) les acheteurs décident d'en faire autre chose. 2) On ne
trouve pas d'acheteur. Le conseil tente de l'exploiter pour en faire autre
chose qu'un golf. Attention! Le conseil, respectueux de ses citoyens, verra
à ne pas concurrencer directement des commerces déjà
existants. 3) La solution précédente fonctionne plus ou moins
bien, l'opération est déficitaire. Que faire? a) On abandonne le
golf aux cafards; b) on organise un autre référendum. Retour
à A. Donc, c'est un éternel recommencement.
Dans les deux cas, les conséquences seront, premièrement,
que la situation sera légale. Donc, nous ne pourrons plus poursuivre,
vous allez l'avoir légalisée, 2°: dépense minimum de
200 000 $ dans un cas ou dans l'autre, 3°: on protège, sous le
couvert d'une loi votée par l'Assemblée nationale, des gens qui
ont posé des gestes que seuls les tribunaux sont aptes à
juger.
Si la population veut un golf, elle va le payer, cela c'est certain. Si
les gens ne veulent pas de golf, ce qui est fort probable, le problème
demeure entier. Sauf que maintenant il est légal et que nous en sommes
propriétaires. Dites-moi à quoi aura servi le
référendum. Remarquez que les seuls gagnants dans toute cette
histoire ce sont ceux qui ont posé des gestes que seuls les tribunaux
sont aptes à juger, l'ancien conseil, par exemple. C'est l'ancienne
administration qui a construit le club de golf, mais le présent conseil,
peu après son élection en 1980 posa lui aussi des gestes que
seuls les tribunaux sont aptes à juger. Nous allons vous déposer
les lettres à ce sujet, sans les expliquer ici. Vous les avez.
C'est le juge Beaulieu qui nous a dit qu'on n'avait aucun autre recours
que de poursuivre. Voici maintenant la réponse du juge. Je ne vous la
lirai pas parce qu'on n'a pas assez de temps. On comprend mieux maintenant
pourquoi on prévoit un référendum après que la
situation soit légalisée. On ne veut pas avoir de
référendum avant: Voulez-vous un golf oui ou non? on veut l'avoir
après que ce soit légalisé. Après le projet de loi
252 et non pas avant comme la logique l'exige. Somme toute, on légalise
d'abord, on pose des questions ensuite.
En conclusion nous croyons que ce projet de loi est un affront direct
à plusieurs de nos grands principes de justice et de démocratie.
Une personne élue à un poste de responsabilité peut-elle
sous le couvert d'un organisme être au-dessus de la loi? Question
difficile, me direz-vous. Elle résume bien, nous le croyons, l'essence
du litige présenté devant vous. Vous pouvez répondre oui
à cette question en adoptant le projet de loi, mais ne croyez-vous pas
qu'il serait préférable de laisser les tribunaux s'en charger? M.
le Président, je vous remercie beaucoup. Mesdames et messieurs,
merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
questions de la part des membres de la commission? M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce que cela fait partie du tout?
M. Sylvestre: J'aurais quelques mots, M. le Président, si
on a toujours quelques minutes pour simplement faire le point sur la question
juridique.
Le Président (M. Saint-Roch): Me
Sylvestre.
M. Sylvestre: M. le Président en 1979, c'est
l'époque où le chat est sorti du sac. De 1976 à 1979
l'ensemble des investissements dans le golf était fait à l'insu
de la population et de 1979 à 1983 il y a eu d'autres solutions
tentées à la suggestion du juge Beaulieu. Mais le juge Beaulieu a
aussi recommandé, si ces solutions ne portaient pas fruits, et je pense
que le député Tremblay pouvait tout à l'heure citer plus
loin le rapport du juge Beaulieu où il dit: si cela ne marche pas il
faut à ce moment s'adresser aux tribunaux.
En 1983, et vous avez les lettres, le juge Beaulieu a recommandé
qu'on s'adresse aux tribunaux. Le comité de citoyens l'a fait par voie
de recours collectif. La porte n'est fermée à aucun type d'action
sous forme de recours collectif et en octobre 1984 il y a eu un rejet par la
Cour supérieure. II y eut appel en Cour d'appel et il y eut là
une dissidence très importante, celle du juge Monet qui aurait fait
droit entièrement au recours collectif dans ce domaine. Ce qui est
important aussi de souligner c'est qu'en Cour d'appel les deux juges, autant
celui qui parlait pour la majorité que le juge Monet disaient que sur le
fond du litige le comité avait raison. C'est simplement sur une question
de procédure en recours collectif que l'appel a été
rejeté.
Nous nous sommes présentés le 26 mai en Cour suprême
du Canada et la décision de nous entendre en appel doit être
rendue dans deux jours, soit le 12 juin. Parallèlement à cela il
est vrai qu'un membre du comité de citoyens a déposé une
action personnelle en nullité comme on lui recommandait de le faire. Il
n'y a pas contradiction entre les deux, parce que le recours collectif c'est
justement pour rendre collectif ce qu'un seul individu peut faire. Il n'y a pas
de contradiction entre les deux.
Je vaudrais vous faire remarquer que le comité de citoyens n'a
pris aucune action personnelle contre des anciens conseillers ou contre les
conseillers actuels, aucune action en destitution non plus. Il n'y a donc pas
de leur part quelque vengeance que ce soit qu'on veut exercer. Ils veulent tout
simplement, d'une part protéger les sources d'approvisionnement en eau
potable, et d'autre part demander la nullité des règlements, ce
qui est fréquent devant les tribunaux. On demande également non
pas, que tout soit annulé, que tous les contrats, mais les tribunaux
sont invités à remettre le plus possible les parties dans
l'état où elles doivent être. Ce qu'on demande c'est
essentiellement qu'on annule les règlements
pour qu'on vende le club de golf, le "clubhouse" et l'équipement
et qu'avec le produit de la vente, on rembourse une partie des emprunts. (16 h
30)
Ce qui est demandé, ce n'est pas d'aller plus loin que cela et
les tribunaux sont capables de l'accorder. Ils ne sont pas obligés
d'aller jusqu'à la nullité de tous les contrats, ce que nous ne
demandons pas. Je pense que la position judiciaire du comité est fort
raisonnable et qu'il a fait, dans les circonstances, diligence.
Je voudrais très rapidement et en terminant, mentionner que
même s'il y a des procédures, il y en a des procédures
pendantes devant les tribunaux qui ne sont pas contradictoires et qui se
complètent, une peut-être en Cour suprême et l'autre
certainement en Cour supérieure parce qu'elle est enregistrée.
Aucune procédure n'interdit un règlement entre toutes les parties
qui ferait l'affaire de toutes les parties et qui serait au
bénéfice des contribuables de Saint-Césaire.
D'ailleurs, une des raisons pour lesquelles le citoyen...
Le Président (M. Saint-Roch): Si vous pouvez conclure,
s'il vous plaît, Me Sylvestre.
M. Sylvestre: Une des raisons pour lesquelles le comité de
citoyens a choisi le recours collectif, c'est parce qu'il donne aux tribunaux
une très grande latitude pour permettre aux parties de s'entendre. Dans
ce cadre, les parties et le comité que je représente ont toujours
été prêts à s'entendre. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, dans un premier temps je
voudrais demander à Me Sylvestre s'il a avisé ceux qui vous ont
convoqué aujourd'hui du fait que dans deux jours, il y aura un
jugement?
M. Sylvestre: J'ai su, avant-hier, que le jugement allait
être rendu par la Cour suprême. Par téléphone, j'ai
avisé les responsables des commissions parlementaires, les
fonctionnaires qui nous avaient convoqués.
M. Chevrette: Deuxième question, Me Sylvestre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Votre collègue de gauche a affirmé
que vous aviez des études hydrogéologiques et vous êtes
capable de prouver, nous dit-on, que la nappe phréatique baisse. Est-ce
que vous avez mis le ministère des Affaires municipales au courant de
cette situation?
M. Sylvestre: II y a, dans nos dossiers devant les tribunaux,
quatre ou cinq lettres provenant du ministère de l'Environnement
avertissant la ville d'un certain nombre de dangers. C'est le gouvernement
précédent lui-même, me dit-on, qui avait commandé
ces études. De la même façon que dans le rapport du juge
Beaulieu, on y voit que seulement 20 % des terrains expropriés et qui
sont actuellement propriétés de la ville, étaient
nécessaires pour la protection des eaux.
Ce qu'on vous demande d'annexer aujourd'hui, ce sont des terrains qui,
selon des experts en environnement, sont tout à fait inutiles pour la
protection des eaux.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, je demanderais au ministre
s'il est possible de déposer...
M. Bourbeau: Est-ce que je pourrais dire un mot sur cette
réponse?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On m'avise que l'ordonnance qui a été
émise par le ministère de l'Environnement couvre la
totalité des terrains qui sont couverts par le projet de loi. Donc, la
ville n'a fait que respecter l'ordonnance en achetant la totalité des
terrains.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: L'objet de mes propos, ce n'était pas tout
à fait cela. C'était la question suivante: Est-ce que le ministre
a reçu ces rapports d'experts? Sachant que la nappe phréatique a
baissé de dix pieds, si j'ai bien compris,
M. Sylvestre: Seize pieds depuis dix ans.
M. Chevrette: Ce serait peut-être intéressant de
savoir si l'aqueduc a été creusé à même le
programme PAIRA antérieurement, avec les deniers de l'État.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Vous comprendrez que je ne suis pas en mesure de
donner réponse à cette question aujourd'hui. D'une part,
parce
que je ne suis pas là depuis très longtemps.
M. Chevrette: Tantôt on pourra réentendre le
maire...
M. Bourbeau: II y a un point qui me surprend là-dedans.
Que la nappe phréatique baisse, c'est possible. Je comprends que l'eau
est en dessous des terrains. Si on va pomper l'eau en dessous des terrains,
qu'on arrose le golf, Je présume que l'eau va entrer dans le terrain et
va retourner dans la nappe phréatique. Je ne vois pas comment on
pourrait perdre beaucoup d'eau.
M. Chevrette: M. le ministre des Affaires municipales n'est sans
doute pas ministre de l'Environnement. Je m'excuse, mais avec tout le respect
que j'ai pour la logique de l'eau qui tombe, il y a une question de sol
filtrant aussi.
M. Bourbeau: En général, l'eau descend, elle ne
monte pas.
M. Chevrette: Là-dessus, on pourrait discuter, mais je
vous avoue, je demanderais au ministre de ne pas s'aventurer dans ce secteur
parce qu'il pourrait très bien recevoir une ordonnance du
ministère de l'Environnement que pour les produits toxiques, surtout
avec les engrais chimiques d'aujourd'hui, il faut faire extrêmement
attention à ce qu'on peut faire. La pollution agricole, uniquement par
les engrais chimiques, peut être aussi néfaste pour un cours
d'eau, vous le savez, et encore plus fortement pour une source
d'approvisionnement en eau potable.
Ceci dit, ce n'est pas l'objet de mes propos. Étant donné
que le ministre de la Justice est arrivé, je pense qu'on va profiter de
sa présence. Il m'a fait signe tantôt qu'il était
relativement pressé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: D'accord. Sauf, M. le Président, si vous me
permettez...
M. Chevrette: On reviendra à la question.
M. Bourbeau: Sur la question des produits chimiques, parce qu'on
aborde maintenant toutes sortes de sujets, je renverrais le leader de
l'Opposition au paragraphe 4. Il verra que nous prévoyons qu'il doit y
avoir une autorisation préalable du ministre de l'Environnement en ce
qui concerne les travaux. Cela implique, bien sûr, que l'Environnement
aurait à dire son mot avant que les travaux ne puissent commencer.
Pour ce qui est de l'eau, je continue à penser que l'eau descend
et qu'elle entre dans la terre, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: J'espère que vous n'êtes pas contre la
loi de la gravité, ce n'est pas là-dessus que j'en suis.
M. Bourbeau: ...entendre le ministre de la Justice. Si vous avez
des questions à lui poser, il est venu pour cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Iberville, pour une courte question.
M. Tremblay (Iberviile): Je voudrais juste répondre. Tout
à l'heure, on a mentionné la question du rapport Beaulieu. Quant
à le mentionner, je vais le clarifier, car on a peut-être un peu
biaisé la question. Le rapport du juge Beaulieu de la Commission
municipale du Québec, le 13 novembre 1978, je vais maintenant le lire
textuellement, car il disait que je n'avais pas tout à fait donné
la réponse complète. Pour le lire, cela va prendre seulement une
minute, s'il vous plaît!
Je cite textuellement ce qui est écrit ici dans le rapport
Beaulieu: "La conclusion d'une entente intermunicipale ou une annexion de
territoires permettrait à la ville de régulariser la situation en
ce qui a trait à l'acquisition des terrains et à
l'aménagement du golf. Si l'entente ne peut être conclue ou
l'annexion réalisée, il faudrait avoir recours à une loi
spéciale pour replacer les choses dans l'ordre". C'est textuel.
Maintenant, je continue: "Si aucun de ces trois moyens ne peut être
utilisé, la ville n'aura pas d'autre choix que de limiter ses
acquisitions de terrains aux besoins réels de la prise d'eau et de son
aire de protection, les autres actifs étant liquidés
éventuellement par la ville sur une base volontaire et avec les titres
viciés qu'elle possède, ou encore sur une base forcée
à la suite d'éventuelles poursuites judiciaires, vu que ces
actifs ont été acquis sans droit".
C'est ce qui arriverait si une des trois solutions proposées...
Si cela se produit, cela veut dire qu'on raye 750 000 $ comme cela. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député d'Iberville. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: La question que j'avais posée en l'absence
du ministre - d'ailleurs, je le remercie de s'être déplacé
pour venir répondre à quelques questions...
M. Marx: Je suis au service des députés.
M. Chevrette: Je saurai le reconnaître, M. le
Président, et le dire tout haut à
l'Assemblée nationale, aux feux de la caméra, sachant que
le ministre ne déteste pas cela.
M. Marx: Mais il n'y a pas de caméra ici aujourd'hui.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Tremblay (Iberville): Je me demande lequel des deux aime mieux
cela, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Vous n'êtes pas au courant, je n'ai pas fait
l'objet d'analyses par The Gazette. Ceci dit, M. le Président, ma
question est la suivante...
M. Bourbeau: Non, mais vous avez fait l'objet d'un
éditorial de la Presse, cependant.
M. Chevrette: Vous en êtes bien à la veille.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Blague à part, M. le ministre, on sait que
vous êtes, à toutes fins utiles, le dépositaire d'une
analyse juridique des projets de loi, du fait qu'il ne peut se créer de
précédent au plan parlementaire. J'en ai eu connaissance l'autre
jour lorsque j'ai présenté personnellement un projet de loi
privé pour un jeune homme qui avait épuisé l'ensemble des
recours que lui permettaient les tribunaux. Dans l'esprit de la
législation quant aux projets de loi privés, le Parlement devient
véritablement l'ultime recours, après avoir complètement
épuisé l'ensemble des recours qu'offrent les tribunaux civils et
les tribunaux administratifs, les tribunaux à la portée des gens.
Ce n'est qu'a posteriori que l'Assemblée nationale vient soit corriger
les injustices... C'est un pouvoir discrétionnaire du législateur
de venir corriger, après que l'ensemble des recours aient
été utilisés, une injustice qui est analysée au
mérite.
Je voudrais savoir, de la part du ministre, s'il y a eu une analyse
très serrée et très sérieuse du présent
projet de loi par les autorités du ministère de la Justice et
s'il y a un avis légal nous permettant, hors de tout doute raisonnable,
de pouvoir, à ce moment-ci de nos travaux parlementaires, statuer sur le
fait que, même s'il y a des causes pendantes devant les tribunaux, on
sait qu'un jugement de droit peut créer ou engendrer d'autres droits...
On ne le sait pas. On peut s'attendre à n'importe quoi. On ne peut pas
présumer du jugement. Est-ce qu'à ce moment-là le ministre
de la Justice est en mesure de nous dire qu'il ne peut y avoir préjudice
pour qui que ce soit? Il serait drôlement important de l'entendre de la
bouche même du ministre de la Justice.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre de la
Justice.
M. Marx: M. le Président, je pense qu'il y a
premièrement une différence entre un projet de loi privé
qui touche les municipalités et un projet de loi privé qui touche
des individus. On peut voir la différence. Par exemple, l'autre jour la
question c'était pour lever la prescription afin de permettre à
quelqu'un d'aller en cour.
Ce que je veux dire, M. le Président, c'est que dans ce projet de
loi, à ma connaissance, on protège les droits des personnes en
instance devant la Cour suprême du Canada. Leurs droits sont
protégés. Normalement quand on intervient de cette façon,
on essaie de protéger les droits des gens qui sont en instance devant
les tribunaux.
Si quelqu'un a intenté une action après qu'on ait
publié l'avis ou qu'on ait déposé un projet de loi, cela
c'est différent. C'était établi par le ministre Marcoux,
si je me souviens bien, il y a deux ou trois ans: On a dit que si quelqu'un
prend une action après que les avis aient été
donnés ou après que le projet de loi ait été
déposé, on ne protège pas les droits de ces personnes.
M. Chevrette: M. le ministre, je vais vous poser
l'hypothèse juridique suivante: Supposons que la cour donne un jugement
en faveur des gens qui sont impliqués dans le recours collectif, est-ce
que cela n'a pas pour effet précisément de disposer
complètement de la cause?
M. Marx: Est-ce que je comprends que les droits de ces personnes
sont protégés?
M. Chevrette: Mais si ces droits sont protégés
lorsqu'il y a jugement, et qu'a priori, avant jugement, il y a eu un geste du
législateur québécois à l'effet de blanchir a
priori et non pas a posteriori ceux qui ont posé des gestes
illégaux, est-ce que cela n'est pas à ce moment de
l'ingérence dans le système juridique
québécois?
M. Marx: Pas du tout, M. le Président. On a fait cela
à maintes reprises et on va continuer de le faire. Dans beaucoup de
projets de loi privés, on protège les droits des personnes en
instance devant les tribunaux, mais on adopte le projet de loi. Il y a beaucoup
de précédents en ce sens, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Je vais reposer ma question différemment.
Supposons qu'on n'intervienne pas et que les citoyens impliqués dans le
recours collectif présentement ont gain de cause dans leur permission
d'appeler et gagnent sur le fond, en plus de cela. Donc, il y a
déclaration de nullité de tous les règlements en cause.
Cette reconnaissance de nullité, à mon avis, donne un droit
à des citoyens devant les cours de justice parce que le jugement donne
droit, précisément, à des recours. Alors que si on y va
par projet de loi privé - c'est là qu'est ma question et la
comparaison que je veux faire - on légalise d'ores et déjà
des gestes qui n'ont pas encore été officiellement
décrétés illégaux. On légalise a priori, ce
qu'on appelle prima facie. Nous autres, on dit: Si c'est illégal, ce
n'est pas grave. Voici le projet de loi privé qui légalise
cela.
Entre vous et moi, à ce moment-là, par rapport à
ceux qui poursuivent, cela ne devient-il pas un "frame-up", un trompe l'oeil
que de donner un pouvoir illusoire à des citoyens quand un Parlement
entier va à l'encontre des gestes illégaux par projet de loi
privé au moment où les citoyens s'interrogent sur la
légalité devant les tribunaux?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Marx: M. le Président, je suis député
depuis 1979. Je vous dis que j'ai été présent à
diverses commissions parlementaires où on a adopté des lois, des
lois pour des municipalités, des projets de loi privés pour
corriger une situation. Cela arrive souvent, pour bonifier des
règlements municipaux qui ont été jugés invalides
et ainsi de suite. Il y a beaucoup, beaucoup de précédents.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre pourrait nous en donner
quelques-uns...
M. Marx: On protège les droits des personnes. On peut vous
donner...
M. Chevrette: ...de cette nature, qui indiqueraient que les
citoyens en instance devant les tribunaux, devant le corps municipal
impliqué... Pourriez-vous nous donner des exemples concrets qui
démontrent que ces citoyens n'ont pas été
pénalisés et, deuxièmement, que cela concerne des droits
véritables? Je ne suis pas avocat, mais des droits pour la forme,
c'est... (16 h 45)
M. Marx: C'est cela, mais je pense.
M. Chevrette: ...très facile d'en conserver, mais des
droits réels de recours, c'est différent. Si un Parlement se
substitue à des cours de justice, cela touche une question de principe
fondamental. Je suis convaincu qu'on s'est souvent mouillés sur des
projets de loi, mais pendant dix ans de vie politique, j'ai rarement entendu ou
jamais entendu un ministre de la Justice ou un ministre dire à cette
table que le Parlement le devait a priori, pendant le temps qu'il y avait des
instances judiciaires en cour. Je n'ai jamais entendu cela et c'est pour cette
raison que j'ai demandé au ministre de venir, parce que c'est important
de voir quel type d'orientation de la justice, il y aura au Québec. Si
c'est cela, on le saura et je pense que c'est important qu'on le sache, parce
que jamais un ministre n'a voulu se mouiller a priori sur un projet de loi
privé. Tant et aussi longtemps qu'il y avait des causes en suspens
devant les tribunaux, on a toujours voulu attendre la fin des
démêlés juridiques, précisément pour pouvoir
après en toute quiétude, dire aux parlementaires: On a tout
épuisé. Cela a assez duré; voici la solution: Un projet de
loi privé. C'est ce discours que j'ai entendu pendant des années,
autant de l'Opposition que du gouvernement d'alors, et c'est un discours
complètement différent que j'entends aujourd'hui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Marx: M. le Président, on préserve les droits
acquis des personnes devant les tribunaux. Je peux vous dire que l'ancien
gouvernement, qui a été au pouvoir pendant neuf ans, a fait
exactement la même chose. En effet, le gouvernement actuel a Ies
mêmes juristes que l'ancien gouvernement et les précédents
sont là. On a fait cela. C'est une question juridique, on a toujours
fait cela. Il n'y a rien de nouveau ici. On me dit une trentaine de fois au
moins, mais c'est cela la situation. Je n'invente rien, M. le Président.
Je vous dis que c'est ce qu'on a toujours fait...
M. Chevrette: Deux-Montagnes tantôt. M. Marx: ...et les
précédents sont là.
M. Chevrette: Non, mais on peut bien les évoquer. Vous
allez évoquer Deux-Montagnes comme précédent. Avant-midi,
on a écrit l'article. On a demandé au procureur: Y a-t-il des
causes pendantes? Il a dit non. Cela va bien de l'écrire dans un projet
de loi et de dire que cela constitue un précédent, mais mon oeil!
ce n'est pas la réalité. Il y a des gens qui viennent nous dire
qu'il y en a des causes pendantes. C'est très différent une
situation de fait par rapport à une situation théorique. Des
précédents de théorie, cela n'ajoute rien à la
réalité.
M. Marx: Mais ce n'est pas de la théorie, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Marx: Pour vous donner un exemple dont je me souviens bien,
parce que cela a été adopté pendant la nuit avec un
papillon, l'ancien gouvernement a rétroactivement mis fin aux causes
devant les tribunaux en ce qui concerne le bail emphytéotique pour
l'île des Soeurs. Mais ici, on préserve tous les droits acquis des
personnes; c'est tout à fait dans les pratiques de l'Assemblée
nationale. Comme je viens de le dire, l'île des Soeurs était une
cause pendante. On a mis fin aux litiges. Ici on préserve les droits
acquis de tout le monde. On a souvent fait cela, par exemple, quand on modifie
un testament par un projet de loi privé, mais on préserve les
droits de tout le monde, même s'il n'y a pas de cause pendante.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marx: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre de la
Justice.
M. Marx: Le leader de l'Opposition pourra me poser la même
question d'une façon différente 55 fois, mais je vais donner la
même réponse parce que c'est la seule réponse que je peux
lui donner.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Chevrette: Bien sûr, si cela ne devient pas
indécent.
M. Bourbeau: En réponse aux questions du
député de Joliette en ce qui concerne les
précédents, j'aimerais lui en donner quelques-uns. Vous
comprendrez que c'est à brûle-pourpoint. Le ministre de la Justice
nous indique une trentaine de cas de mémoire, mais il ne peut pas les
nommer. Je vais vous en nommer quelques-uns au cours de la présente
session. Ce matin, il y a eu évidemment la ville de
Deux-Montagnes...
M. Chevrette: Il n'y a pas de cause en suspens.
M. Bourbeau: Il y a eu Rimouski au cours de la présente
session, il y a eu Verdun, la Régie intermunicipale d'aqueduc du
Bas-Richelieu et, tout à fait comme cela, en se dépêchant,
au cours...
M. Chevrette: Pouvez-vous me dire combien il y a de causes en
suspens dans ces cinq projets qu'il vient d'énumérer?
M. Bourbeau: ...au cours des dernières... M. Marx:
Il n'y en a pas. M. Chevrette: Aucune.
M. Bourbeau: M. le Président, si le député
de Joliette veut écouter plutôt que de toujours parler. S'il pose
des questions pour avoir des réponses, qu'il écoute! Au cours des
dernières minutes, on a été capable d'en déterrer
une qui va intéresser le député de Joliette. La loi
concernant la ville de Saint-Laurent, sanctionnée le 12 juin 1984, donc
sous l'ancien gouvernement, avait une clause qui disait: "Le présent
article n'affecte une cause pendante, une décision ou un jugement rendu
au 24 mai 1984." Mes conseillers juridiques m'avisent qu'il y avait des causes
pendantes, à ce moment-là, et, en juin 1984, on a adopté
la loi concernant la ville de Saint-Laurent. Donc, voilà un cas
précis où, sous l'ancien gouvernement, on a affecté des
causes pendantes par une loi.
On me dit - le député pourrait prendre notre parole parce
que cela vient des gens du contentieux - qu'il y a plusieurs cas similaires.
J'aimerais faire un deuxième point. J'aimerais bien qu'on prenne
conscience que les gens qui sont devant la Cour suprême, en supposant que
la Cour suprême leur rende éventuellement un jugement favorable
leur permettant d'aller intenter une action en justice, ces gens auront tous
les droits parce que, à cause du fait qu'on protège les causes
pendantes, en assumant que ce droit d'appeler est une cause pendante, puisque
le ministre de la Justice lui-même ne pense qu'une demande de permission
d'appeler devant la Cour suprême ce soit une cause pendante. En assumant
que, dans la pire des hypothèses, ce soit une cause pendante, je signale
au député de Joliette que, si ces gens se présentaient
devant la cour, éventuellement, en vertu d'une décision positive
de la Cour suprême, ils auraient tous les droits et la loi qu'on est en
train d'adopter présentement ne s'appliquerait pas à eux.
Si le député de Joliette veut écouter mon
argumentation. Ces gens, en ratifiant les règlements d'emprunt avec la
loi qui est devant nous, on n'affecte pas les droits des gens, de sorte que ces
gens pourraient éventuellement, dans la meilleure des hypothèses,
faire déclarer ces règlements nuls en assumant que toutes les
cours de justice, à partir d'aujourd'hui, leur donneraient raison
jusqu'à la fin. Dans ce sens-là, on ne brime aucun de leurs
droits, ils pourront conserver tous leurs droits y compris le droit de faire
éventuellement déclarer nuls les jugements que la loi,
présentement, déclare valides, exception faite
des droits de ces gens qui sont protégés.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Ma question s'adresse au ministre de la Justice. Le
procureur de la municipalité dit qu'à toutes fins utiles, parce
que c'est en demande de permission d'appeler, ce n'est pas une cause pendante,
si j'ai bien compris l'interprétation. Donc,à partir de
là, il n'y a pas de cause pendante au sens de votre loi, si je comprends
le jugement juridique du procureur de la municipalité. À supposer
que les citoyens qui ont un recours collectif obtiennent la permission d'en
appeler et qu'ils veulent se prévaloir d'une clause en nullité,
en quoi votre article 3 du projet de loi leur permet-il d'aller en action de
nullité? Je vais vous répéter la question.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Si la Cour suprême refuse le moyen de recours
collectif, ce qui est possible, c'est une autre hypothèse...
M. Marx: Parce qu'il semble y avoir deux opinions si...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre de la
Justice.
M. Marx: Il semble y avoir deux opinions si une clause...
M. Chevrette: J'ai demandé la question d'une façon
très précise.
M. Marx: Oui, mais je vais répondre parce qu'on a une
propositon à faire le cas échéant. Il y a des opinions
pour dire que c'est une cause pendante, il y en d'autres pour dire que ce n'est
pas une cause pendante, mais nous sommes prêts à proposer un
papillon - ou le ministre des Affaires municipales le fera - pour
prévoir que c'est une cause pendante. Donc, les droits sont
préservés. On est prêt à faire ça.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Maintenant, je vais le faire à l'inverse, M.
le ministre de la Justice. Si la Cour suprême refuse le moyen du recours
collectif, les citoyens voudront...
M. Marx: ...
M. Bourbeau: ...
M. Chevrette: Excusez si on vous dérange. Si la Cour
suprême refuse, dis-je, le moyen du recours collectif, les citoyens
voudront probablement utiliser une procédure apte à faire valoir
leurs droits. Par hypothèse, s'ils utilisent une action directe en
nullité, est-ce que l'article 3 de votre projet de loi ne les
empêcherait pas d'agir?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre de la
Justice.
M. Marx: La cause pendante serait rejetée.
M. Chevrette: M. le ministre, vous venez donc de me dire qu'on
vient - par le projet de loi privé - d'entraver la marche des tribunaux
vis-à-vis d'un groupe de citoyens?
M. Marx: Non, parce qu'il n'y a pas de cause pendante.
M. Chevrette: Ils pourraient y aller. Ils pourraient y aller
carrément avec une autre procédure.
M. Marx: Non, parce que cela prendrait une autre action. L'autre
action se serait...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Bourbeau: M. le Président, sur ce dernier point, je
voudrais quand même souligner au député de Joliette et
à l'Opposition que les gens qui voulaient prendre des recours personnels
ont eu cinq ans, six ans, pour attaquer les règlements. Ce ne sont pas
des règlements qui datent d'hier.
Si on donnait suite à la façon de procéder dont on
vient de parler, cela voudrait dire qu'à chaque fois qu'un gouvernement
déposerait ou annoncerait son intention de déposer un projet de
loi - je donne par exemple le projet de loi sur Schefferville, parce qu'il s'en
vient - un citoyen pourrait la veille ou l'avant-veille...
M. Chevrette: ...à une piastre.
M. Bourbeau: ...du début des travaux au Parlement, prendre
une action et se présenter devant la commission parlementaire afin de
dire qu'il a une cause pendante parce qu'il vient de prendre action la semaine
précédente. Évidemment, chaque fois, on serait
obligé d'attendre cinq ans, dix ans avant de passer tous les projets.
D'ailleurs, cela pourrait se faire à l'égard de tous les projets
de loi qui sont présentés devant le Parlement. C'est bien
évident que cela bloquerait systématiquement et d'une
façon définitive les travaux du Parlement.
Je pense que c'est raisonnable de dire
qu'au moment où un gouvernement publie son intention de
présenter son projet de loi, s'il y a des causes pendantes, on les
respecte. Mais, à partir de ce moment-là, ce serait trop facile
de bloquer l'action d'un gouvernement ou d'un Parlement... L'Opposition, si
elle voulait faire de l'obstruction systématique, cela serait bien plus
efficace qu'un "filibuster". Elle n'aurait qu'à s'engager des avocats et
prendre des actions systématiques sur tous les projets de loi, et
là, ce serait fini. On tomberait en vacances dès le début
de la session.
M. Chevrette: Ou bien on s'engage une firme
spécialisée.
Le Président (M. Saint-Roch): Monsieur...
M. Dufour: On ne ferait pas cela.
M. Chevrette: Pour le moment, oui, on aura des papillons, si
jamais on se rend à l'étude, parce que les tribunaux de droit
commun prévoient 30 ans - comme vous le savez, M. le ministre de la
Justice - pour invoquer une nullité. On verra.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre de la
Justice.
M. Marx: Comme on a dit, le gouvernement est prêt à
agir afin de protéger les causes pendantes mais non pas les causes
futures. Cela a toujours été la politique du gouvernement parce
que, quand nous sommes devant un projet de loi privé, c'est non partisan
dans le sens qu'on rend un service, par exemple, à une
municipalité, à une personne. On a toujours fonctionné de
façon non partisane. L'opinion que je vous donne aujourd'hui est une
opinion du ministère, du jurisconsulte du gouvernement, qui n'a aucun
intérêt particulier dans cette cause. Le gouvernement n'a aucun
intérêt à faire valoir les droits de qui que ce soit.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Une dernière question, M. le ministre. Vous
avez affirmé au tout début de votre exposé - je ne l'ai
pas relevé au départ - mais vous avez dit qu'il est
fréquent qu'il y ait des projets de loi pour une municipalité et
que cela était différent d'une personne. Je croyais que les
principes fondamentaux étaient les mêmes et que souvent,
l'objectif fondamental d'un projet de loi privé - que ce soit pour un
groupe, que ce soit pour une personne - c'est toujours de venir à la
rescousse de quelqu'un qui a épuisé l'ensemble de ses droits et
qu'il y a une apparence réelle d'injustice.
M. Marx: Non, ce n'est pas cela. Parce que pour une
municipalité, cela pourrait être d'intérêt public.
Par exemple, une municipalité pourrait venir nous dire qu'elle a
adopté des règlements depuis 75 ans et qu'elle a découvert
que tous les règlements sont invalides. L'Assemblée nationale
pourrait alors intervenir pour valider ces règlements. Cela arrive. Je
veux dire que la différence en cela pourrait être
d'intérêt public, par exemple, d'une façon
rétroactive, de valider des règlements de municipalité. On
fait cela souvent dans cette commission. C'est cela que je voulais dire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Donc, on tient pour acquis qu'il y a un papillon ou un
amendement qui sera proposé par eux? Qui va proposer l'amendement... (17
heures)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Bourbeau: J'aimerais simplement remercier le ministre de la
Justice de s'être déplacé en vitesse - il était
à une réunion -pour venir nous éclairer de ses
lumières. Je pense que cela démontre à l'Opposition le
sérieux du gouvernement et l'intérêt que nous avons
à renseigner autant que possible l'ensemble de la commission sur les
aspects juridiques du projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je pensais que la lumière était partie.
Elle est revenue.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
d'autres...
M. Dufour: J'aurais peut-être une question à poser
à ce groupe. Quand il a dit tout à l'heure qu'il en
coûterait 200 000 $ de plus... Tout à l'heure, vous avez dit que,
si le résultat du référendum était affirmatif, ce
seraient 200 000 $ de plus. C'est quoi? Il est vrai qu'on a pas mal
parlé d'autre chose, mais...
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Sylvestre.
M. Sylvestre: Oui. Ce que le projet de loi prévoit, c'est
l'annexion d'un certain nombre de territoires, je veux dire aussi l'achat de
ces territoires. C'est environ 190 000 $ que la ville devra débourser
pour acquérir ces terrains.
C'est ce qui nous fait dire que le bill privé, tel qu'il est
rédigé, met les citoyens devant un fait accompli. On peut
toujours
dire qu'il y aura un référendum par la suite, mais la
ville, en plus des 800 000 $ déjà investis, est autorisée
à investir un autre montant de 200 000 $. Est-ce que cela répond
à votre question, M. le député?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je pourrais peut-être continuer de poser la
question, à savoir si les lots 222, 223, 225, 226, 227 et 65 sont
actuellement la propriété de la ville de
Saint-Césaire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Sylvestre,
M. Sylvestre: Ils sont la propriété de la paroisse
de Saint-Césaire. Je pense qu'une carte vous a peut-être
été distribuée...
M. Dufour: J'ai une carte ici que je peux vous montrer.
M. Sylvestre: C'est cela. Sur la carte que vous avez, ce qui est
entouré de noir, c'est la partie du territoire qui a été
acquise par la municipalité de Saint-Césaire pour protéger
ses sources. Tout le reste du territoire en pointillé, ce sont ces
terrains qui font l'objet de l'annexion et qui devront être payés
aux propriétaires actuels, avant même le
référendum.
C'est pourquoi nous nous disons qu'on nous met devant un fait accompli.
Si vous me le permettez, c'est ce qui me fait dire -avec tout le respect que je
lui dois - que je ne suis pas d'accord avec le ministre de la Justice quand il
dit que les droits ne seront pas affectés. Effectivement, même si
le recours collectif était autorisé, de par l'effet de la loi, un
investissement de 200 000 $ serait effectué et, peut-être
éventuellement, d'autres investissements pour exploiter le golf, de
sorte que les droits des contribuables de Saint-Césaire de ne pas payer
pour un golf, droits dont ils se sont prévalus en allant devant les
tribunaux, n'existeraient plus, même si, théoriquement, comme le
dit le ministre de la Justice, on pourrait continuer les procédures.
Mais les citoyens, et c'est dans ce sens que leurs droits sont
affectés individuellement, vont devoir payer, et même avant le
référendum. Je ne sais pas si cela répond à votre
question sur les terrains.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je demeure tout de même fondamentalement dans le
doute. Je regarde la carte qui nous est présentée. J'avais cru
comprendre que ces lots, c'est bien sûr qu'ils sont en dehors de la
municipalité, ont été acquis illégalement. Je vous
avais posé la question si, légalement, ces terrains appartenaient
à la municipalité de Saint-Césaire pour voir si on aurait
tous la même réponse.
Ce que je pensais et ce que je continue de croire, c'est si la
municipalité de Saint-Césaire a déjà payé
pour les terrains démontrés sur le plan que j'ai ici et qui
identifie les lots que j'ai mentionnés tout à l'heure?
M. Sylvestre: La réponse que nous vous faisons -
là-dessus la ville pourra nous contredire car elle est là - est
que ces terrains ne sont pas payés et que la ville doit débourser
encore de 180 000 $ à 200 000 $ pour les acquérir, à la
suite de l'annexion et avant même le référendum. C'est l'un
des aspects de la loi qui nous déplaît tout à fait.
Une voix: ... M. le député.
M. Dufour: Ah oui! Mais il faut poser les questions quand
même. Est-ce que je peux compléter ma question?
Le Président (M. Saint-Roch): On reviendra tout à
l'heure sur les questions. Merci, messieurs. J'appelle maintenant la paroisse
de Sainte-Angèle-de-Monnoir.
M. Chevrette: M. le Président, je demanderais aux
intervenants de demeurer à notre disposition quand même pour une
couple de questions.
M. Dufour: Si on en a besoin.
Le Président (M. Saint-Roch): Si les différents
intervenants veulent demeurer à la disposition de la commission, s'il
vous plaîti
À l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce que je comprends
maintenant, pour la bonne marche de nos travaux, qu'il nous reste dix minutes
par groupe d'intervenants?
M. Chevrette: Oui, il le faut bien, si l'on veut finir.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. À
l'unanimité? La municipalité de la paroisse de
Sainte-Angèle-de-Monnoir, vous avez dix minutes pour faire votre
exposé. M. le maire.
Audition de la municipalité de
Sainte-Angèle-de-Monnoir
M. D'Auteuil (Charles): M. le Président, je dois rectifier
les propos de Me Viau qui disait que la municipalité de
Sainte-Angèle avait signé une entente pour l'annexion. Je n'ai
jamais signé d'entente d'annexion. C'est une rectification.
Peut-être qu'il le disait
dans un autre sens. Dans des termes d'avocat, cela veut peut-être
dire la même chose.
Ce que la municipalité de Sainte-Angèle demande d'inclure
dans le projet de loi, c'est que, advenant que la ville de Saint-Césaire
se départisse d'une partie ou de tout le territoire qu'elle aura acquis,
cela redevienne la propriété de la municipalité de
Sainte-Angèle pour le droit des taxes.
Une voix: Pas d'objection?
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Viau: J'ai ici un document signé par le maire.
M. D'Auteuil: Veuillez le lire, Me Viau. Le Président
(M. Saint-Roch): Me Viau.
M. Viau: "Les immeubles décrits aux articles 1 et 2 de la
présente loi ne pourront être vendus, en tout ou en partie, par la
ville de Saint-Césaire sans le consentement de la Corporation municipale
de Sainte-Angèle-de-Monnoir ou de la paroisse de Saint-Césaire,
selon le cas".
Le ministère des Affaires municipales a suggéré un
petit amendement pour dire qu'il devrait y avoir en même temps discussion
des conditions qui entoureront ce consentement. C'est signé par le maire
de la paroisse et par le maire de la Corporation municipale de
Sainte-Angèle-de-Monnoir, M. Charles D'Auteuil.
Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'il n'y avait pas d'objection de la
part... Je pense qu'elle avait accepté. Les mots veulent dire ce qui est
écrit là. Je comprends qu'elle n'ait pas couru après pour
se faire annexer, mais il n'y a pas eu d'opposition de la part de la
municipalité de Sainte-Angèle-de-Monnoir. C'est dans ce sens que
je l'ai dit avec ce document.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: En d'autres mots, on ne veut pas perdre les
avantages des taxes.
M. Viau: C'est cela.
M. Chevrette: C'est clair.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je pense qu'il n'y a pas une grande divergence de
vues entre les deux parties. Si le procureur a dit que la Corporation
municipale de Sainte-Angèle-de-Monnoir avait accepté d'être
annexée, ce n'était probablement pas qualifié. M. le maire
a bien dit que, si jamais le projet de loi était adopté, la ville
de Saint-Césaire ne pourrait pas se départir
éventuellement, ne pourrait pas revendre les terrains sans être
obligée de s'asseoir avec Sainte-Angèle-de-Monnoir pour
renégocier les conditions dans lesquelles cette vente pourrait se faire.
Évidemment, ces conditions pourraient être très
variées. Ce pourrait être un paiement comptant à la
municipalité de Sainte-Angèle-de-Monnoir, une redevance ou toutes
sortes de choses. C'est dans ce sens que je crois que cela a été
rédigé et, si vous êtes d'accord, M. le maire, c'est ce
qu'on pourrait mettre dans le projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire D'Auteuil.
M. D'Auteuil: J'ai été mandaté par le
conseil pour demander que cela soit inclus dans le bill privé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que le texte que je viens de lire correspond
au mandat que vous avec reçu?
M. D'Auteuil: Oui, il a été modifié, mais il
correspond au mandat que j'ai reçu.
M. Bourbeau: Alors, vous seriez d'accord avec ce texte que je
viens de lire?
M. D'Auteuil: Certainement. Quand la ville de
Saint-Césaire...
M. Bourbeau: On va l'introduire comme papillon dans le projet de
loi tantôt, si...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire D'Auteuil.
M. D'Auteuil: ...aura acquis les terrains, à ce
moment-là, vous ne pourrez pas vous opposer à une annexion, elle
sera propriétaire. Elle s'annexera d'elle-même.
M. Bourbeau: Je comprends qu'ils sont propriétaires de
terrains qui sont situés à Saint-Angèle-de-Monnoir.
M. D'Auteuil: Ils seront propriétaires.
M. Bourbeau: Et là, en vertu de la loi que nous allons
adopter ou qu'on pourrait adopter, ces terrains feraient partie de la
municipalité de Saint-Césaire. Mais la loi prévoirait
qu'elle ne pourrait pas les vendre à quiconque sans obtenir
l'autorisation de votre municipalité. C'est cela? Bon! Très
bien.
Alors, on le présenterait comme
papillon un peu plus tard dans l'étude du projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Si la réponse au référendum
est non? S'ils veulent avoir une utilisation autre pour les terrains? Cela va
prendre un autre projet de loi privé pour faire une vente?
M. D'Auteuil: On reviendra devant l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions de la part de la paroisse de Sainte-Angèle-de-Monnoir?
M. Wagner: La même chose s'applique à la paroisse de
Saint-Césaire. On veut que les deux soient traitées
pareillement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La paroisse de Saint-Césaire a
signifié par résolution son consentement à appuyer la
ville de Saint-Césaire dans ses démarches pour la
présentation d'un projet de loi privé. Je crois comprendre que
c'est l'intention de la ville de Saint-Césaire d'en donner plus, si je
peux dire, que le client n'en demande, autrement dit, de stipuler à
l'égard de la paroisse la même clause protectrice que celle
qu'elle est prête à stipuler en faveur de la paroisse de
Sainte-Angèle-de-Monnoir. Donc, en ce sens, la paroisse de
Saint-Césaire ne pourra pas s'opposer, puisqu'on lui donne un droit
additionnel qu'elle n'a même pas demandé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière... Me Viau.
M. Viau: On a une résolution de la paroisse qui accepte.
Là, il n'y a aucune ambiguïté. La seule condition qui est
posée par la paroisse c'est que les expropriés soient
indemnisés dans un délai raisonnable. Nous avons les promesses de
vente qui sont signées et qui doivent être
complétées d'ici le 1er janvier 1987. Je pense que toutes les
parties sont protégées tel que c'est demandé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que ce point ne
crée pas de problème. Je ne voudrais pas les multiplier pour
rien. Je pense qu'à l'égard de la paroisse de
Saint-Césaire, il n'y a pas de problème. On va l'inclure dans la
même clause que Sainte-Angèle-de-Monnoir, par voie de papillon.
Est-ce que avez terminé, M. le maire?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: M. le ministre. Ce n'est pas ce que j'ai compris.
Je regrette mais je voudrais dire ce que j'ai compris. Je pense que c'est
sérieux. On légifère possiblement.
Le maire de Sainte-Angèle-de-Monnoir nous dit qu'il veut avoir
dans la loi une clause qui empêche de vendre même s'ils sont
propriétaires. J'ai bien compris cela. Alors que la paroisse de
Saint-Césaire, en autant que ses citoyens sont payés, s'en
balance. Ils sont annexés et ils feront partie... C'est très
différent. On ne peux pas mettre cela dans la même clause. Il y en
a un qui veut avoir une protection à long terme et l'autre s'en fout
pour autant que son monde est payé. Ce sont deux problèmes
différents.
M. Viau; M. le Président. Si vous me permettez-
Le Président (M. Saint-Roch): Me Viau.
M. Viau: On veut donner le même privilège aux deux,
M. le député.
M. Chevrette: Vous autres?
M. Viau: Oui. En fin de compte, si...
M. Chevrette: J'ai compris que les demandes n'étaient pas
les mêmes.
M. Viau: Non, mais voici, dans un premier temps, la paroisse de
Saint-Césaire a passé une résolution acceptant l'annexion
pour autant que les expropriés étaient indemnisés. Mais
dans cette clause-ci, quand on a discuté avec le maire de
Sainte-Angèle-de-Monnoir, on a dit qu'il fallait donner le même
privilège aux deux municipalités. Si la ville de
Saint-Césaire revend des terrains qui ont été acquis dans
la paroisse de Saint-Césaire, le même privilège devrait
être accordé à Sainte-Angèle-de-Monnoir. Je pense
que cela est juste. On ne peut pas traiter une municipalité d'une
façon et l'autre d'une autre manière. Je pense que sur ce point
vous ne pouvez pas nous chicaner.
M. Chevrette: Il n'est pas question de chicane dans cela. Il est
question de compréhension.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Il y aurait peut-être deux choses. Il y aurait
peut-être une question qu'on pourrait poser, parce qu'ils n'ont pas
épuisé le temps aux propriétaires de terrains. Ce sont les
mêmes intervenants. Cela pourrait être le sens d'une question.
L'autre
question je l'adresserais au ministre, à savoir en vertu de quel
principe le ministre va inclure une clause, parce que autant que je sache,
lorsqu'un terrain est annexé, il appartient à la
municipalité. Les investissements sont des investissements municipaux,
donc il n'y a pas eu de taxes de payées aux municipalités
environnantes parce qu'il n'y a pas de taxe à payer pour
l'investissement d'une municipalité dans une autre
municipalité.
Je me demande ce que vous voulez donner de plus comme pouvoir de
négociation. Quelle est l'embûche ou le problème qu'on va
se créer avec tout cela? Il y a un certain nombre de prérequis
dans cette loi. Il y a un référendum, il y a la
légalisation de règlements. (17 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je ne comprends pas la question. Est-ce que vous
pouvez préciser votre question?
M. Dufour: Je pense que M. le député a compris. Ils
vont le nommer ministre temporairement.
M. Bourbeau: Si vous voulez préciser votre question, je
pourrai répandre.
M. Dufour: Ma question c'est que vous semblez vouloir donner
à la paroisse de Sainte-Angèle-de-Monnoir et à l'autre
paroisse en même temps certains privilèges en regard de la loi en
disant qu'une veut obtenir et protéger les montants d'argent qu'on est
susceptible de perdre. Ou s'ils vendent les terrains...
On n'a pas l'amendement, c'est sûr que c'est difficile pour nous
de parler. Ce que j'ai compris en tout cas, c'est que ces gens qui annexent ce
territoire, en deviennent propriétaires en droit et comme territoire au
point de vue légal, vont avoir une espèce de privilège
d'enregistré par la loi qu'on va adopter qui fait que la
municipalité ne pourra pas disposer du terrain ni des immeubles de la
façon dont elle le veut.
M. Bourbeau: C'est quoi la question?
M. Dufour: La question, c'est: En vertu de quel principe
êtes-vous sensible à cette demande, êtes-vous prêt
à inclure cela et même à en donner plus que le client n'en
demande?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Premièrement, je dirai que ce n'est pas moi.
Vous avez dit: Que je veux donner. Moi, je ne donne rien, c'est une loi qui
vient de la municipalité. Une négociation a eu lieu entre trois
municipalités. Au terme de cette loi, la ville de Saint-Césaire
va être propriétaire des terrains. Elle peut être
propriétaire absolu, sans aucune charge, sans aucun lien, sans
problème ou il peut y avoir dans ses titres de propriété,
des charges. Une des charges qui est convenue de part et d'autre, c'est de fait
ce qu'on peut appeler une prohibition d'aliéner. C'est ce qu'ils ont
convenu ensemble, de mettre une prohibition d'aliéner au terme de
laquelle, la ville de Saint-Césaire convient qu'elle ne pourra pas
aliéner ces terrains sans obtenir au préalable le consentement
des deux autres municipalités. C'est tout à fait légal, a
moins qu'on me dise que cela ne l'est pas. C'est continu dans les contrats
notariés. On voit des prohibitions d'aliéner continuellement.
J'en ai rédigé très souvent dans ma carrière de
notaire et j'en ai vu très souvent dans les examens de titres. Cela fait
partie des dossiers des immeubles et je pense que c'est une façon comme
une autre de garantir les droits des deux autres municipalités. Le jour
où la ville de Saint-Césaire voudra vendre des terrains en tout
ou en partie, elle devra aller s'asseoir avec les deux autres et obtenir leur
consentement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: J'aurais une question à poser au maire de
Sainte-Angèle-de-Monnoir. Qu'est-ce que vous voulez conserver au juste?
Est-ce que ce sont les taxes ou le droit de regard sur les ventes?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire D'Auteuil.
M. D'Auteuil: Je vais vous donner un exemple. Advenant que le
référendum soit négatif, ils ne garderont pas le
"club-house", ils vont le vendre avec une partie de terrain. Où iront
les taxes? À Saint-Césaire. C'est ce qu'on veut garder.
M. Chevrette: Ah, là je viens de comprendre. Donc, votre
clause, le petit chapitre qui est là, il ne fait pas...
M. D'Auteuil: C'est une entente.
M. Chevrette: C'est très différent d'un
privilège, un privilège de revente par rapport à une
corporation qui achète une bâtisse chez vous et qui doit payer des
taxes chez vous. C'est très différent.
M. D'Auteuil: C'est pour préserver...
M. Chevrette: C'est extrêmement différent sur le
plan du droit. Donc, j'ai bien
fait de vous poser ta question. C'est très différent.
Deuxième chose.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Depuis tantôt que j'essaie de comprendre. On
a des échanges, vous comprendrez. Cela a l'air ambigü. Vous voulez,
vous ne voulez pas. Vous êtes assis sur une chaise plutôt
rondelette. Je veux savoir clairement M. le maire, parce que cela a de
l'importance si on apporte des papillons que vous avez signés
vous-même. Vous avez signé un document qui dit ceci: Les immeubles
décrits aux articles 1 et 2 de la présente loi ne pourront
être vendus en tout ou en partie par la ville de Saint-Césaire
sans le consentement de la corporation municipale de
Sainte-Angèle-de-Monnoir ou de la paroisse de Saint-Césaire,
selon le cas. Ceci veut dire que la ville se porte acquéreur. Elle paie
ses dettes de 180 000 $ ou de 200 000 $, je ne sais pas, on a établi
cela tantôt. Le référendum ne passe pas.
M. D'Auteuil: Cela ne nous dérange pas.
M. Chevrette: C'est la propriété de la ville.
M. D'Auteuil: C'est cela.
M. Chevrette: Si elle revend...
M. D'Auteuil: Là, elle va être obligée
de...
M. Chevrette: Là, elle va être obligée
d'aller vous demander.
M. D'Auteuil: Oui.
M. Chevrette: Vous pourriez dire non, bien sûr. Vous ne
pourriez pas dire: Paie-moi mes taxes.
M. D'Auteuil: Non, non, non.
M. Chevrette: Le pouvoir que vous gardez ici, c'est un pouvoir de
revente et non pas un pouvoir de recevoir des taxes. Est-ce qu'on s'entend
bien?
M. D'Auteuil: C'est cela. C'est le pouvoir...
M. Chevrette: Et cela vous va?
M. D'Auteuil: ...d'arrêter de retirer nos taxes...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire D'Auteuil.
M. D'Auteuil: ...après vente. Nous pourrions retirer nos
taxes après que la ville aura vendu à l'industrie privée,
tout simplement.
M. Chevrette: Ah! C'est pour cela! Je comprends ce que vous
voulez dire, cela voudrait dire de la rétrocession et non pas un
privilège. Cela ne pourrait pas être un privilège de
revente.
M. D'Auteuil: C'est pour l'avenir.
M. Chevrette: Oui, je comprends, mais vous voudriez, si le
référendum ne passe pas, devenir les propriétaires
fonciers, pour recevoir les taxes?
M. D'Auteuil: C'est un exemple. Si le référendum ne
passe pas, la ville décide de s'en départir à l'industrie
privée. On veut que les taxes reviennent à Sainte-Angèle,
les taxes de cet homme.
M. Dufour: Cela n'a pas de bon sens.
M. Chevrette: Comment voulez-vous qu'un coin de terre appartenant
à une municipalité se promène d'une municipalité
à l'autre dépendant de l'acquéreur? Cela n'a pas
d'allure.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Ce que je comprends de ce que dit M. le maire de
Sainte-Angèle-de-Monnoir, c'est que si la ville de Saint-Césaire
voulait vendre la totalité ou une partie des terrains, elle devrait
obtenir la permission des gens de sa ville. À ce moment-là, elle
va s'asseoir avec les gens de Saint-Césaire et elle va négocier.
Que va-t-elle négocier? Elle va négocier des montants d'argent.
On parle de taxes, mais c'est évident que cela ne pourra pas être
des taxes puisque les terrains vont être dans l'autre ville, sauf qu'on
pourrait négocier des "en lieu" de taxes - c'est de cela qu'on parle -
qui pourraient être négociés entre la ville de
Saint-Césaire, propriétaire des terrains, et la ville de
Sainte-Angèle-de-Monnoir qui pourra demander des compensations qui
seraient des "en lieu de taxes". Je pense que c'est là l'essence de ce
que dit M. le maire. Est-ce que je me trompe?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire D'Auteuil.
M. D'Auteuil: Cela peut être un amendement au projet de loi
privé, comme vous en faites un aujourd'hui. Ce sont des choses qui
peuvent être possibles dans le
temps. Tout dépendra des députés ou de
l'Assemblée nationale ou des demandes du conseil; on ne sera
peut-être plus là, nous.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense qu'on peut traduire
l'intention de la ville.
M. Chevrette: Pour la mettre dans un texte.
M. Bourbeau: Nous parlons souvent de l'intention du
législateur. Je pense qu'on peut comprendre l'intention de la
municipalité de Sainte-Angèle-de-Monnoir. Elle veut être en
mesure de s'asseoir et de négocier des montants d'argent qui seraient ce
que j'appelle - à défaut d'autres mots - des "en lieu" de taxes
ou des compensations monétaires qui seraient des "en lieu" de taxes,
à ce moment-là.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
questions aux...
M. Chevrette: Je voudrais qu'on passe les quatre intervenants
particuliers et si on a besoin de...
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, messieurs. J'appelle
maintenant la Ligue des électeurs de Saint-Césaire.
Audition de la Ligue des électeurs
M. Pelletier (Pierre): M. le Président, mon nom est Pierre
Pelletier, président de la Ligue des électeurs de
Saint-Césaire. Je vais être très bref. Je ne suis pas
poète ni écrivain, donc, je n'ai rien apporté de cela avec
moi. Je représente 1400 électeurs de Saint-Césaire qui
avaient signé une pétition, il y a un an et demi, pour voir si
les gens voulaient appuyer le conseil municipal dans sa démarche pour le
projet de loi privé 252. Comme vous le savez, je suis nouvellement
arrivé dans ce projet, depuis deux ou trois ans. À
Saint-Césaire, nous payons énormément cher de taxes. Je
vois cela ainsi: Si ce projet de toi privé ne revient pas comme il le
faut, comme le comité de citoyens veut que nous vendions, avec l'argent
que nous aurons... Nous ne pouvons pas vendre un chalet qui n'a pas de terrain.
La bâtisse est construite sur un terrain qui ne nous appartient pas.
Disons que l'on vend cela et qu'on remet l'argent aux propriétaires des
terrains. Il y a eu des sucreries de coupées, il y a eu du
déboisement de fait. À ce moment-là, quel montant les gens
vont-ils exiger? D'un côté ou de l'autre, on va devoir de
l'argent, que l'on adopte le projet de loi privé ou qu'on le refuse.
C'est à ce moment qu'on a demandé aux gens: Est-ce qu'on appuie
la ville de Saint-Césaire? Ce n'est pas pour faire un golf, car on va
aller en référendum pour faire un golf. Nous, on appuie le
conseil de Saint-Césaire pour qu'il devienne acquéreur des
terrains, parce qu'il y a certains terrains encore là-dedans qui ne sont
pas la propriété de la ville de Saint-Césaire et qui sont
là pour protéger l'eau, dont un qui appartient à M.
McClean. Je crois que c'est vingt pieds de terrain qu'il a. Il faut faire un
genre de barrière au cas où on renverserait un camion d'huile ou
quelque chose, afin de protéger notre nappe d'eau le long de la
route.
Donc, la ville de Saint-Césaire doit se porter acquéreur
de ces terrains pour pouvoir faire ces protections adéquates, pour
protéger sa nappe d'eau. J'ai le même but que le comité de
citoyens sur un point, c'est de protéger nos nappes d'eau. Mais on a un
autre but, c'est d'aller de l'avant, de ne pas toujours aller de
l'arrière, comme on le fait présentement.
Cela fait dix ans qu'on va de l'arrière et, là, on est
tanné. Les électeurs de Saint-Césaire sont tannés
de cela. On l'a prouvé en donnant un mandat clair, dans deux ans,
à deux élections collées à la ville de
Saint-Césaire. C'est pour cette raison qu'on demande à la Chambre
d'accepter ce projet de loi privé. Je ne retiendrai pas plus de votre
temps et je vous remercie de m'avoir entendu.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais quelques questions
à Monsieur. Vous êtes?
M. Pelletier: Pierre Pelletier. M. Chevrette: Pierre...
M. Pelletier: Pelletier.
M. Chevrette: M. Pelletier, la première question, c'est:
Est-ce qu'il y a eu des évaluations faites par votre groupe, comme par
le groupe précédent, sur d'éventuels coûts pour la
municipalité du projet?
M. Pelletier: Non, nous, on n'a pas pris de démarches
comme groupe, car cela fait seulement deux ans qu'on est en marche. Notre
groupe a pour but d'appuyer la ville de Saint-Césaire pour qu'elle
acquière ces terrains afin de protéger nos nappes d'eau. On n'a
fait aucune étude. On s'est fié aux études qui ont
été faites. La ville de Saint-Césaire a fait faire des
études et on s'est fié à ces études. Donc, si les
études ont été faites une fois par une firme, elles sont
bonnes pour une autre fois.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Je pense qu'en ce qui concerne la protection de la
nappe tout le monde criera bravo à tous les groupes ou à tout
individu qui est d'accord avec cela. Cependant, j'ai vécu dans ma
circonscription électorale quelques projets du genre. C'est drôle
comment les citoyens, quand ils ont la facture, une approximation ou une
facture appréhendée, leur zèle, leur
bénévolat et leur enthousiasme baissent!
Je me souviens entre autres d'un projet d'aqueduc dans un milieu rural,
une ordonnance du ministère de l'Environnement. Quand les citoyens ont
découvert que cela coûtait 492 000 $ et qu'ils devaient en payer
la facture, c'est drôle comme tous ceux qui avaient levé haut les
baguettes pour l'avoir étaient diamétralement contre. On
retrouvait les mêmes noms sur la pétition contre qu'on avait vus
sur la pétition pour.
Je vous pose la question suivante: Croyez-vous, comme président
du groupe des électeurs de Saint-Césaire, que, si on vous
présentait une facture éventuelle de 800 000 $, l'enthousiasme
serait le même que celui que vous manifestez aujourd'hui?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Pelletier.
M. Pelletier: Je vous dis que, si on avait une facture, si vous
nous présentiez une facture éventuelle sur un projet de loi qui
nous coûtait 800 000 $, les électeurs de Saint-Césaire
s'opposeraient à ce projet. Mais vu que la facture est là - elle
est au monde - on est pris pour la payer d'une manière ou d'une autre.
En plus, si on n'est pas capable d'exploiter ces terrains d'une manière
quelconque et qu'on paie des taxes présentement pour cela, c'est
là qu'on se doit d'appuyer notre conseil pour venir à bout de
mettre cela en règle et de mettre cela en loi.
S'il y avait une loi ou des démarches de faites pour
acquérir ces terrains pour faire quelque loisir que ce soit, je crois
que la Ligue des électeurs de Saint-Césaire s'opposerait
formellement à cela. Mais la Ligue des électeurs de
Saint-Césaire veut protéger la nappe d'eau et on est d'accord sur
un point, c'est que la ville de Saint-Césaire soit propriétaire
de ces terrains pour protéger lesdites nappes d'eau.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: J'ai juste une question: Est-ce que vous êtes un
groupe incorporé ou si c'est une groupe juste bona fide?
M. Pelletier: On a notre charte qui est arrivée
présentement chez le notaire. On est un groupe...
M. Dufour: Le but principal, c'est de défendre ce projet
ou si c'est un groupe politique ou apolitique?
M. Pelletier: Non, on n'est pas un groupe politique. On est
complètement indépendant de la politique. Seulement,
présentement, on va selon la logique et on voit que la logique est du
bord du conseil. Si le conseil décide de faire autre chose ou d'autres
loisirs quelconques à l'extérieur de la ville, on est prêt
à s'y opposer n'importe quand.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
Une voix: II n'y a pas d'autres questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, messieurs
de la Ligue des électeurs de Saint-Césaire. J'appelle maintenant
M. André Roy. (17 h 30)
Une voix: II y a M. Marcel...
M. Ostiguy (Marcel): Excusez-moi, M. le Président. Si vous
me donnez trente secondes. J'accompagne...
Le Président (M. Saint-Roch): M. Ostiguy, je crois.
M. Ostiguy: Oui. J'accompagne M. Pelletier, le président
de la Ligue des électeurs de Saint-Césaire. Je veux attirer votre
attention sur deux points. Lors de la formation de la ligue des
électeurs, M. Pelletier m'avait demandé ce que les industriels et
les commerçants de Saint-Césaire pensaient du projet de loi
privé préparé, à ce moment-là, par le
procureur et la ville.
Nous avons, en août 1984, fait une demande à M. Rodrigue
Biron, le ministre de l'Industrie et du Commerce du temps, pour qu'il
intervienne auprès de M. Marcoux pour qu'il présente le projet de
loi privé. Je ne sais pas si je dois présenter cette
chose-là, mais il y a 40 industriels et commerçants de
Saint-Césaire qui sont intervenus auprès de M. Biron pour qu'il
intervienne auprès de M. Marcoux pour qu'il présente le projet de
loi préparé par la ville. Nous sommes conscients d'une chose: Les
terrains, c'est la protection des eaux, et dans ce projet de loi il ne faut pas
parler seulement du golf. Il faut parler aussi de la protection des eaux; je
pense que c'est très important. Je dépose cette lettre que nous
avions envoyée, en août 1984, à M. Biron.
Le Président (M. Saint-Roch): J'accepte cette lettre, pour
qu'elle soit distribuée aux membres. On en fera faire des
photocopies.
Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. Chevrette: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, messieurs
de la Ligue des électeurs de Saint-Césaire. J'appelle maintenant
M. André Roy. Est-il présent? M. André Roy avait
demandé à être entendu.
Une voix: Non, il n'est pas ici.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Jean-Paul...
Une voix: II est ici, mais il ne veut pas intervenir.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va. M. Jean-Paul
McLean. M. McLean, vous avez la parole.
Audition de M. Jean-Paul McLean
M. McLean (Jean-Paul): M. Wagner est venu me voir pour acheter un
terrain de 20 pieds pour la ville. Il m'a dit qu'il voulait faire creuser un
fossé de 8 pieds de profondeur et de 16 pieds de large, en avant de ma
porte et de la devanture de ma ferme. Ce n'est pas une affaire qui est bien
acceptable. Je n'ai pas accepté parce que je trouve que c'est une
affaire qui n'a pas de bon sens.
Je suis situé au point le plus élevé et il y a un
lac qui passe de chaque côté de mon terrain. Je suis placé
sur le plus haut, sur le coteau et ils veulent creuser un fossé de 8
pieds de profondeur en avant de ma porte. Ce n'est pas une chose qui a bien du
sens.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce que M. Wagner vous a dit qu'il pouvait
procéder par négociation, par expropriation, par quel
processus?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
McLean.
M. McLean: Il n'a pas été question de cela. Il est
venu me voir pour me dire qu'il voulait ce terrain-là. Il n'a pas
été question...
M. Chevrette: Êtes-vous de Sainte-Angèie ou de la
paroisse de Saint-Césaire?
M. McLean: De Sainte-Angèle.
M. Chevrette: De Sainte-Angèle. D'accord.
M. Wagner: Est-ce que je peux faire des commentaires?
M. Chevrette: Oui, vous pouvez bien. Moi, ça ne me
dérange pas, si le président vous autorise.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement? Oui? M. Wagner.
M. Wagner: M. le Président, en ce qui concerne la
protection des eaux, le ministère de l'Environnement nous a dit que, sur
le chemin du coteau, dans lequel il existe un puits no 1 et un puits no 2 de
chaque côté du chemin, il fallait avoir des garde-fous et un
fossé étanche pour pouvoir évacuer très facilement
les eaux de ruissellement ou des produits polluants. La ville a répondu:
Ce n'est pas à nous à dépenser de l'argent, c'est au
ministère des Transports; puisque c'est un chemin public, ils doivent le
faire. Après discussion avec les représentants du
ministère des Transports, le ministre Henri Le May, nous a dit qu'il
était d'accord pour prendre en considération une recommandation
du ministère de l'Environnement, signée par le sous-ministre
Meunier, soit d'installer des garde-fous et de creuser un fossé pour
l'évacuation rapide et que, par conséquent, la
municipalité en assurerait l'entretien. Pour ce faire, il nous fallait
acquérir quinze mètres à partir du centre du chemin, ce
qui donne environ de 20 à 25 pieds additionnels de bordure du
côté de M. McLean.
Pour le fossé, je pense que l'on doit se fier au ministère
des Transports qui a l'expertise voulue en ce qui a trait à la largeur
et à la profondeur. Je suis d'accord avec M. McLean, sa maison
étant au point le plus élevé, il n'est pas question qu'il
y ait un fossé de huit pieds. Mais, vis-à-vis du puits no 1,
à partir de son entrée, à partir de l'entrepôt, il
va y avoir un fossé assez profond afin de pouvoir absorber rapidement le
contenu d'un camion qui pourrait verser.
J'ai un document ici, signé par Henri Le May, qui autorise
l'exécution aussitôt que la ville aura donné, le terrain au
MTQ; pour autant qu'on acquière le terrain, le MTQ est prêt
à faire les travaux. Ce faisant, on est en conformité avec le
ministère de l'Environnement.
Je comprends, en ce qui concerne M. McLean, pour le moment, qu'il est
difficile de lui dire qu'on va prendre 20 pieds de large. Mais, je pense que le
processus normal au ministère des Transports est d'acquérir
toujours plus que ce qu'ils ont besoin. Il s'agit, à ma connaissance,
avec le ministère des Transports et M. McLean, de prendre toutes les
précautions voulues pour que, devant sa demeure et à son point le
plus haut, te fossé soit le moins dommageable possible. C'est dans ce
sens-là.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, j'ai bien compris,
c'était en fonction de la nouvelle directive de 6000 $ du
kilomètre ou du mille. Vous pouvez rester assis, monsieur, ce ne sera
pas long. D'autre part, si j'ai bien compris M. McLean, ce dernier
prétend qu'il a des droits, non seulement en fonction de
l'utilité publique, mais en fonction même des préjudices
quant à la valeur marchande de sa propriété - ce qui fait
partie d'un processus d'évaluation. À ce compte-là, je
comprends qu'il est fort possible que la subvention de 6000 $ du
kilomètre du ministère des Transports ne corresponde pas
nécessairement. Même si le ministre des Transports avise qu'il
faut telle procédure, cela ne veut pas dire que le Tribunal de
l'expropriation ne peut pas tenir compte de facteurs autres que celui de
l'achat du terrain, mais il peut tenir compte du fait qu'un individu peut avoir
un préjudice esthétique à sa propriété,
qu'il y a une moins-value sur sa propre maison.
M. McLean: C'est une terre agricole...
Le Président (M. Saint-Roch): M.
McLean.
M. McLean: ...que je cultive; je ne suis pas dans le bois. Je
suis pomiculteur et je cultive aussi les framboises. Je cultive jusqu'au ras du
chemin. Il va falloir que je reprenne encore 20 pieds...
M. Chevrette: Mais vous pouvez exiger les mêmes...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais, pour le bénéfice de M.
McLean... Ce citoyen est impliqué. Vous exigerez la même rigueur
qu'on exige du gouvernement: vous vous faites faire une évaluation
professionnelle, vous choisissez un notaire pour procéder après
l'évaluation. Si vous n'êtes pas d'accord, vous avez droit au
Tribunal de l'expropriation afin de faire valoir vos droits de A à Z, si
jamais la conclusion de ce dossier se faisait.
Mais, je vais vous donner un truc.
M. McLean: Oui?
M. Chevrette: Oui. J'ai déjà conseillé cela
à quelqu'un et cela a fonctionné.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Je lui avais conseillé de négocier
avec le ministère des Transports.
Étant donné qu'il était à l'entrée
d'un village où c'était très propre, je lui ai dit:
Faites-vous mettre un tuyau d'acier pour la partie qui est devant votre
propriété afin que cela ne dévalue votre
propriété. Vous allez voir, cela donne un excellent coup d'oeil.
Vous pourrez vous rendre jusqu'au gazon près de l'asphalte et c'est
beau. Dans votre plaidoirie devant le tribunal ou dans votre négociation
avec M. le maire, vous ferez valoir ce point de vue.
M. McLean: Parfait, merci.
Le Président (M. Saint-Roch): II n'y a pas d'autres questions? Je
vous remercie, M.
McLean. Maintenant, j'appelle M. Robert Voyer.
Une voix: II y a changement.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle M. Gaston Beaudry.
Alors, ceci épuise la...
M. Dufour: M. le maire est là, j'aurais une question
à lui poser concernant les propriétés...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: ...et terrains qu'ils ont... Tout à l'heure, on
a été informé qu'il y avait pour 200 000 $ de terrains
à acquérir. Quelle est votre réponse par rapport à
cela?
M. Wagner: Après avoir entendu les trois personnes ici...
Ce sont trois candidats défaits aux élections, parce qu'il y a
des conseillers, actuellement, là-bas et ici, je dois dire que les
terrains qu'ils réclament coûtent environ 200 000 $ et vont, en
réalité, coûter 200 000 $ pour être acquis parce que,
en fin de compte, on a tenu compte de la valeur des terrains en date de 1979 ou
1981 et on a ajouté une plus-value pour l'acquérir à la
date d'aujourd'hui. Par contre, ces personnes ont signé une promesse de
vente que la ville a acceptée. Si, à chaque année qu'on
traîne, les pertes anticipées depuis dix ans des récoltes
qu'il aurait dû y avoir là, le montant de réclamations
même en abolition va s'élever à peu près au
même montant. Comprenez-vous?
On figure que, d'une manière ou d'une autre, les montants dans
l'annulation de profits anticipés ou de paiements par acquisition de
terrains demeurent presque sensiblement les mêmes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Autrement dit, si je pose la question pour me
renseigner, dans les terrains non acquis, est-ce le cas que tous
les terrains en pointillé ne sont pas la propriété
de la municipalité actuellement?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire Wagner.
M. Wagner: C'est cela.
M. Dufour: Ce qui veut dire que, s'il y a un
référendum et que les citoyens de Saint-Césaire s'opposent
au référendum, ces terrains ne sont pas votre
propriété? Ils pourraient être inclus dans votre
municipalité, mais pas nécessairement votre
propriété.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire Wagner.
M. Wagner: Oui.
M. Dufour: Je ne sais pas si ma question est claire. Si les
terrains ne sont pas la propriété de la ville - les terrains que
j'ai nommés tout à l'heure - le projet de loi fait que ces
terrains viennent a l'intérieur des limites géographiques de la
ville de Saint-Césaire. Cela va? On dit dans le projet de loi qu'il y a
un référendum en dedans d'un an. Alors, le
référendum a lieu et les gens de Saint-Césaire disent non
au club de golf. Cela veut dire que ces terrains sont à
l'intérieur de votre ville par le projet de loi qu'on a adopté,
mais ne peuvent pas être acquis en fonction de l'aménagement d'un
terrain de golf?
M. Wagner: C'est pour la protection des eaux. Alors, comme on
dit, le chalet étant à l'extrémité du terrain 65,
à mon point de vue, c'est un processus normal que l'acquisition des
terrains soit faite. Il ne faut pas prendre la population pour dupe non plus.
Elle va considérer l'investissement qui est au bout du terrain 65 avec
l'investissement de 750 000 $ et elle jugera, en pleine connaissance de cause,
quelle décision elle devra prendre. Les faits sont là.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Iberville.
M. Tremblay (Iberville): Ici, il est bon de mentionner de nouveau
qu'il y a une partie des terrains à acquérir qui sont en dessous
du chalet. Alors, ce n'est pas le choix, le projet de loi va donner...
M. Dufour: 222, 223, 225, 226 et 227 ne sont pas en dessous du
chalet?
M. Tremblay (Iberville): D'accord, les autres ne sont pas tous en
dessous du chalet, c'est sûr, mais il faut régulariser cette
situation, on n'a pas le choix.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M, Dufour: J'essaie de trouver où se situe vraiment la
nécessité. Au départ, c'est la source d'eau qui
intéressait. On dit à des endroits: On a acquis plus de terrains
qu'on en avait besoin. On se prépare à acquérir plus de
terrains qu'on en a besoin pour nos sources d'eau. Donc, j'essaie de trouver la
réponse. En fait, si c'est vrai que ces terrains sont nécessaires
pour la source d'eau, les 200 000 $ il faut les payer d'une façon ou de
l'autre. C'est ce que cela veut dire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire Wagner.
M. Wagner: Si vous le permettez, je vais répondre à
M. Dufour. On parle, ici, de la protection des sources d'eau. Il faut se mettre
dans la tête que le gouvernement a dépensé 12 500 $ et la
ville 12 500 $ pour une étude hydrogéologique dans laquelle il
est dit, à l'article 4, si je comprends bien, qu'il va y avoir un
certificat du ministère de l'Environnement à voir à
procéder. Il faut se fier aux spécialistes des eaux souterraines
du ministère de l'Environnement et ce n'est pas à nous de juger
si cela va protéger les eaux ou non. Il faut laisser à chacun sa
spécialité et si le gouvernement a eu confiance au
ministère de l'Environnement, il faut laisser le processus suivre son
cours. On n'essaie pas d'anticiper, on dit qu'il faut avoir aussi
l'environnement. Cela veut dire qu'il faut s'asseoir avec eux, par la suite, et
établir les systèmes de contrôle pour protéger les
eaux en fonction de ce que l'on veut faire pour rentabiliser un système.
C'est la logique même.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, compte tenu qu'on arrive
à l'échéance après avoir fait le tour -
peut-être pas en profondeur -de tout cela, je voudrais faire quelques
remarques avant de demander une suspension de deux minutes. (17 h 45)
Mes remarques sont les suivantes, M. le Président, à ce
stade-ci: Après presque trois heures de discussions, il nVapparaît
qu'il y a des situations qui ne sont pas claires. Je vous explique ce qui
m'apparaît encore ambigu. La demande de Sainte-Angèle-de-Monnoir
ne m'apparaît pas claire. Indépendamment de ce qu'on peut
prétendre autour de cette table, pour moi ce n'est pas clair. Je ne sais
si c'est des taxes, un pouvoir, qu'elle veut, parce qu'il y a eu deux ou trois
versions de données. Cela ne m'apparaît pas clair du tout, dans un
projet
de loi privé, au moment où on est à le
rédiger, la demande explicite du maire ou de la municipalité de
Sainte-Angèle-de-Monnoir.
Deuxièmement, il m'apparaît y avoir des divergences
profondes d'opinions à l'intérieur même de la
municipalité, quel que soit le nombre comparable parce qu'on n'est pas
là pour juger de la démocratie municipale, mais des droits des
citoyens, d'abord. Parce que la démocratie municipale s'exerce comme
elle s'exerce pour le Parlement du Québec.
Est-ce que c'est à nous de juger des divergences de vues entre
citoyens qui pourraient dire: Est-ce qu'il a autant besoin de terrain que cela
si c'est pour l'approvisionnement en eau ou s'il en a autant besoin s'il veut
faire un golf. Elle peut être différente la proportion de terrain
et de besoin.
Si la protection de l'eau potable est le premier objectif et non pas
l'alimentation du golf ou bien... Cela m'apparatt contradictoire. Je connais un
peu le golf, je joue assez souvent, merci, quand je peux. Un golf ne
m'apparaît pas compatible nécessairement avec la protection
à l'eau potable. Cela prend de l'eau potable en Hérode un golf.
Si tu ne veux pas te promener d'un trou de sable à l'autre. Si tu veux
avoir des "green", en passant, c'est sept ans et non pas seulement quatre ans
pour avoir un beau "green". Un bon "green", c'est sept ans...
Une voix: Un vert.
M. Chevrette: Un bon vert, excusez.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on peut revenir au projet de loi, M. le
Président?
M. Chevrette: Je suis en train de donner les argumenta qui ne
m'apparaissent pas fondés ou pas clairs. Correct?
M. Bourbeau: Des "green", cela ne fait pas partie de la
"game".
M. Chevrette: C'était à vous de poser des questions
si vous aviez quelque chose à dire.
Deuxièmement, il m'apparaît également assez
drôle comme loi que faire la présomption d'un
référendum avec une clause qui soustrait du zonage agricole dans
le projet de loi. Ordinairement, on ne peut pas mettre une clause de
soustraction de la Loi sur la protection du territoire agricole dans une loi
quand on ne sait même pas si l'issue du référendum sera
contre ou en faveur d'un golf. Cela m'apparaît assez drôle pour
l'instant de faire fi de la Loi sur la protection du territoire agricole dans
la loi. Il faudrait au moins amender tout cela. C'est clair. Cela
m'apparaît assez drôle dans les circonstances.
Également, ce qui m'apparaît assez ambigu... Même
à la suite de la venue du ministre de la Justice, il m'apparaît
loin d'être clair que l'article 3 ne crée pas préjudice
éventuellement à des citoyens puisqu'ils n'en sont qu'à la
permission d'appeler. Je suis convaincu, personnellement - on peut avoir toutes
sortes d'avis juridiques - que l'article 3 porte atteinte à des droits
éventuels. On n'en est qu'à une procédure
préliminaire devant les tribunaux sur la permission d'en appeler.
Même s'ils gagnaient sur la permission d'appeler, si on légalise
des choses qui pourraient être appelées en nullité par la
suite, cela m'apparaît assez drôle pour un citoyen qui pourrait
avoir vraiment des droits fondamentaux, non seulement une apparence de justice,
mais une réelle démarche vers une justice, et ne serait-ce que
deux citoyens. J'ai vu passer des lois, un pompier contre toute la ville de
Montréal, je le répète, et j'en ai vu d'autres passer des
lois ici. Cela m'apparaît ambigu.
Si le ministre tient absolument au projet de loi, je peux lui dire que
nous aurons des amendements majeurs à déposer, en particulier sur
l'article 3. Si le ministre préfère, à ce stade-ci, que le
Parlement réentende ce projet de loi au moment où le jugement
sera sorti - on me dit que c'est dans deux jours - cela m'aurait paru sage
d'ailleurs de vous faire venir la semaine prochaine, soit dit en passant, parce
qu'on aurait eu le jugement. Il me semble qu'on n'aurait pas questionné
sur un droit théorique, on aurait eu un jugement. Dans deux jours, on va
avoir un jugement de cour et on ne sait pas ce qu'il va être. On est en
train de siéger pour légiférer sur un jugement de cour
qu'on va connaître, au moins une permission d'appeler, dans deux jours,
ou pas. À mon point de vue, c'est encore prématuré.
Je demanderais la suspension des travaux pour deux ou trois minutes pour
rencontrer le ministre des Affaires municipales.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission suspend ses
travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 50)
(Reprise à 17 h 55)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, étant donné
l'heure, il est bien sûr impossible de
procéder aux amendements avant 18 heures, puisqu'on en a trois ou
quatre et que le ministre en a deux ou trois. Nous conviendrions de l'entente
suivante, si elle agrée au ministre. Nous nous engagerions, de part et
d'autre, à nous faire connaître nos amendements d'ici lundi et
nous n'aurions pas à réentendre les parties. Si les deux parties
s'entendent sur les amendements ou après négociation, nous
accepterions le consentement d'une quatrième commission, même si
c'est la fin des travaux parlementaires et que c'est trois commissions du
consentement de l'Opposition, une quatrième commission pourrait
siéger, sans pour autant convoquer les parties et leur créer des
dépenses additionnelles. Je pense que, après avoir entendu les
versions de tous et chacun, nous pourrions procéder de cette
façon, et le président de la commission pourrait faire
état à l'Assemblée nationale de cette entente
officialisée, si cela convient au ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, bien sûr, nous allons
nous rallier à cette proposition. Je voudrais qu'on sache que ce n'est
pas notre première proposition. Nous aurions aimé adopter le
projet de loi aujourd'hui, mais, c'est comme cela en politique, souvent c'est
nous qui proposons et c'est souvent l'Opposition qui dispose. Alors, nous
sommes victimes du temps.
Vous savez que nous ajournons à 18 heures. Il faut le
consentement des deux partis pour continuer. Nous ne contrôlons pas le
temps. Plutôt que de voir le projet de loi mourir de sa belle mort, nous
nous sommes ralliés à la proposition qui voudrait que nous
examinions les amendements respectifs qui seront déposés par les
amis d'en face, comme on le dit. Si nous pouvons vivre avec les amendements de
l'Opposition et si l'Opposition peut vivre avec les amendements que nous allons
lui proposer, la semaine prochaine, on se reprendra et on terminera le projet
de loi. Mais j'espère qu'on pourra s'entendre, de part et d'autre, pour
en finir une fois pour toutes avec le dossier de la ville de
Saint-Césaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Viau.
M. Viau: Voici. Le député de Joliette a
parlé des parties, mais nous sommes plus qu'une partie, M. le
député. Nous sommes les requérants et j'insiste sur le
privilège de pouvoir être ici pour participer aux travaux de la
commission. Je pense que c'est un droit essentiel.
M. Chevrette: Les travaux sont publics, M. le Président.
Je ne voulais pas, d'une façon statutaire, forcer les parties à
envoyer leurs représentants. C'est purement et simplement une question
d'économie.
M. Viau: Nous ne sommes pas les parties. Nous sommes les
requérants à la ville de Saint-Césaire. On est plus qu'une
partie, M. le député.
M. Chevrette: Oui, je comprends cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Iberville.
M. Tremblay (Iberville): Considérant l'heure, il faut se
rendre à l'évidence que le temps est écoulé. Je
veux remercier tous les gens qui sont venus ici participer à cette
séance de la commission. Je vous souhaite tous un bon retour chez vous.
Nous allons continuer à travailler sur le projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Viau.
M. Viau: Est-ce qu'on peut savoir à quelle date c'est
remis? Je ne voudrais pas sauter la session, pour l'amour du bon Dieu!
M. Chevrette: Si tout fonctionne, ce sera...
Le Président (M. Saint-Roch): Vous serez convoqués
aussitôt qu'on aura l'ordre de l'Assemblée nationale, vers le
début de la semaine prochaine.
Je remercie... Oui, M. Sylvestre. Une très courte remarque, s'il
vous plaît!
M. Sylvestre: Est-ce qu'on peut compter que tous les intervenants
seront convoqués.
Le Président (M. Saint-Roch): Tous les intervenants vont
être convoqués.
M. Sylvestre: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Ceux qui étaient
enregistrés. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Une remarque. Effectivement, c'est vrai que la loi
aurait peut-être pu aller plus vite, mais, d'un autre côté,
je pense que, autant pour le gouvernement que pour l'Opposition, il est
important qu'on soit bien renseigné. J'ai l'impression qu'après
ces trois heures de discussions, on est beaucoup mieux renseignés qu'on
l'était. Il y a des intervenants favorables et non favorables à
ce projet de loi et j'ai l'impression que les amendements qui pourraient
être apportés seront définitivement de nature à
bonifier la loi, s'il y a entente.
Le Président (M. Saint-Roch): Je remercie les intervenants
du public ainsi que
les membres de la commission pour leur bonne collaboration.
La commission de l'aménagement et des équipements suspend
maintenant ses travaux jusqu'à 20 heures ce soir pour un autre projet de
loi.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 18)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Projet de loi 84
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux pour continuer l'étude du projet de loi 84, Loi sur la
protection des non-fumeurs dans certains lieux publics.
Application et interprétation (suite)
Au moment de l'ajournement d'hier, nous avions adopté un
amendement à l'article 3 et nous étions en train de poursuivre
une discussion qui couvrait les articles 3, 4, 5, 6 et 7. Ce soir, pour
commencer nos travaux, est-ce que j'appelle pour adoption l'article 3 ou si
nous continuons la discussion d'ordre général que nous avions
entreprise hier soir?
M. Lincoln: Je pense que l'article 3 avait été
amendé et adopté.
M. Dufour: C'étaient les articles 5, 6 et 7.
Le Président (M. Saint-Roch): Il y avait un amendement
à l'article 3 qui avait été adopté. Est-ce que
l'article 3 est adopté?
M. Lincoln: Oui, adopté. Une voix:
Adopté.
M. Richard: L'amendement, c'était "que cette personne
dirige". Il y avait une modification à la fin. M. Dufour, c'est
seulement "que cette personne dirige", à la fin de l'article 3,
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 3 amendé
est-il adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 4?
M. Blais: Sur division. Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Dufour: C'est déjà fini? Une voix: On est
à gauche du... Une voix: Seigneur! M. Dufour: C'est
déjà fini?
Une voix: L'article 4 ne pose pas de problème, M, le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Lincoln: Adopté. M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 5.
M. Dufour: À l'article 5, on voudrait proposer un
amendement qui pourrait se lire comme suits L'article 5 de ce projet de loi est
modifié par la suppression, aux cinquième et sixième
lignes, des mots "et les organismes constitués à titre d'agent de
l'une ou de l'autre de ces municipalités ou relevant autrement de leur
autorité".
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
recevable.
M. Dufour: Ce qu'on voulait, M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...par rapport à cela... Quand on regarde
l'ensemble du projet de loi, tes municipalités étant
considérées comme des organismes paragouvernementaux ou
gouvernementaux, selon... Des organismes gouvernementaux, oui, tel que le
projet le définit à l'article 4. Quand on regarde l'ensemble du
projet de loi, si on avait tendance à accepter cette définition
qui est contenue à l'article 5 tel que libellé, ce serait,
à mon sens, de nature à exiger... Il faut prendre le projet de
loi dans son ensemble. Le fait que les municipalités soient
traitées comme des organismes gouvernementaux... Dans le projet de loi,
il y a des endroits, par exemple... Je vais citer l'article 8 où on dit:
"Dans un lieu occupé par un organisme gouvernemental, municipal,
scolaire..." Cela veut dire que ceux qui sont paragouvernementaux,
paramunicipaux vont aussi être couverts par ces lois-là.
Par la définition, je crains qu'automatiquement ces organismes
tombent sous le couvert de cette loi et je pense que ce n'est pas la fin qu'on
recherche. Je pense qu'on veut rechercher une autonomie, mais je pense qu'on
doit aussi rechercher au
départ les organismes qu'une municipalité pourrait ou ne
pourrait pas assujettir è certaines lois. Je pense que la loi, ipso
facto, reconnaît, que ce soient des organismes gouvernementaux ou
para-gouvernementaux, qu'il y a certains lieux où il y a interdiction de
fumer. Je suis convaincu que les municipalités ne recherchent pas des
lois coercitives par rapport à des groupes. Je pense à des
organismes que la municipalité a nommés ou peut nommer pour
exercer certaines fonctions. Par exemple, une commission d'urbanisme, c'est une
commission dont la municipalité nomme les membres. En nommant les
membres, cela pourrait laisser supposer, si on regarde l'article tel
qu'écrit, qu'immédiatement c'est apparenté avec le
gouvernement municipal et à ce moment il serait astreint à
certaines réglementations qui, elles, ne laissent aucune porte, aucun
choix. Il y a les organismes de loisir aussi, où les gens qui y
travaillent sont la plupart du temps presque à 100 % des
bénévoles, qui sont des organismes gouvernementaux parce qu'ils
répondent aux critères de la loi, à une des trois
conditions: être nommés par la municipalité, être
payés par la fonction publique ou autrement. Encore là, ces
organismes seraient assujettis à cette loi. Il y a les corporations de
développement économique, qui elles aussi dans beaucoup
d'endroits sont nommées par des municipalités, qui seraient
astreintes à cette loi. Je pense que, si on parle d'autonomie, si on
parle de loi, on a intérêt à garder un certain nombre
d'organismes... En tout cas les conseils municipaux auront à mon sens
à décider positivement ou négativement si ces
sociétés devraient être assujetties.
Cela va plus loin que ça. Regardons certains organismes. Je
pense, par exemple, à l'Union des municipalités qui est vraiment
un organisme qui est délégué des municipalités et
dont l'ensemble des membres sont aussi des municipalités qui donnent
naissance à une corporation. Est-ce que vraiment, par rapport à
cette loi, ces organismes seraient assujettis? Moi, je réponds oui par
rapport à ce qui est écrit. À moins que vous puissiez me
démontrer le contraire. Je vais aller jusqu'à des corporations
d'officiers municipaux qui sont aussi des organismes dont les membres ont
été nommés par les municipalités. Ce sont des
corporations, mais par un effet d'entraînement elle sont couvertes. Tout
cela fait beaucoup de monde à couvrir. On est rendu loin de
l'affirmation du début où on disait que c'était une petite
loi qui ne dérangerait pas beaucoup de monde. Au contraire, je pense que
c'est une loi extrêmement importante, qui touche beaucoup de monde parce
qu'elle englobe beaucoup. Si on englobe toutes les sociétés
d'État, les organismes gouvernementaux, paragouvernementaux, le
parapublic, le public, cela fait beaucoup de monde. Je pense que cela
crée des contraintes. Je ne sais pas comment on va faire pour appliquer
ce règlement.
Pourquoi est-ce que je parle de ça? C'est parce que dans la loi
on dit spécifiquement à des endroits que si on l'accepte...
Regardons ce que cela veut dire. C'est l'article 8 qui parle de "prestations de
services à des personnes présentes" et qui dit qu'on n'aura pas
le droit de fumer dans "une bibliothèque, un laboratoire, une salle de
conférence, de cours de réunion ou de séminaire, un
ascenseur - pour l'ascenseur, je pense que vous avez bien raison, cela devrait
être défendu partout, je pense que personne ne va dire le
contraire; même dans des ascenseurs où on n'a pas de juridiction
en principe, cela devrait être défendu de fumer - et une aire
désignée par la personne ayant la plus haute autorité au
sein de l'organisme public". Donc ça fait beaucoup d'endroits à
mon sens et j'essaie de faire ressortir de tout cela que si on voulait
étendre la portée de la loi ou si on voulait vraiment être
méchant on pourrait dire que seuls à l'avenir des gens qui ne
fument pas peuvent travailler pour la communauté. Comme il y a beaucoup
d'organismes qui sont nommés où on travaille
bénévolement, il y a peut-être des gens qui vont dire: Un
instant, on a assez de se sacrifier, de donner de notre temps à notre
corporation municipale ou au gouvernement sans qu'en plus vous nous
arrêtiez de fumer quand on est trois ou quatre dans une salle qui peut
contenir cinquante ou soixante personnes. Donc c'est un peu le sens de la
résolution, en fait, d'essayer de trouver à partir de cet
amendement un autre endroit où on pourrait jusqu'à un certain
point... Dans un autre endroit dans la loi - ce ne serait pas cet article mais
celui-là les élimine - on pourrait peut-être un peu plus
tard dans la loi interdire à ces gens, mais à la condition que la
municipalité exprime par son règlement sa volonté de
régir ou d'interdire - bien sûr, c'est le raisonnement de mon
collègue, hier soir - de fumer dans certains endroits. Cela serait fait
sur une base volontaire, par une volonté expresse de la
municipalité, de ses citoyens et de son conseil. C'est en ce sens, je
pense, que cet amendement est apporté.
Je pense qu'on assujettit beaucoup de gens. On ne peut pas avoir
consulté tous ces gens, c'est impossible. Je ne pense pas non plus que
les municipalités aient vu dans cela tout ce qui se passait. Si tel
avait été le cas, je pense que la municipalité aurait
donné son autonomie, sa responsabilité de légiférer
au gouvernement et je pense que ce n'est pas cela qui est recherché. De
plus en plus, les municipalités disent: Laissez-nous réglementer
et faire nos propres lois dans nos municipalités. Avec cela, elles n'ont
pas
besoin d'en faire tout le monde est "poigné". Elles vont se
"revirer" devant leurs contribuables qui vont chiâler et elles vont dire:
Demandez cela au gouvernement, c'est lui qui a adopté ces lois. Nous
n'avons rien à voir là-dedans, vous êtes assujettis
automatiquement. C'est la loi qui dit cela; on n'a pas le choix. Donc, il n'y a
pas beaucoup d'autonomie. C'est une forme de tutelle, jusqu'à un certain
point.
Donc, c'est un peu le sens de l'amendement qu'on apporte pour essayer de
bonifier cet article qui va plus loin, je l'espère, que ce que ceux qui
ont fait la loi et qui l'ont produite avaient dans l'esprit au
départ.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: M. le Président, je comprends très bien
les contraintes du député de Conquière. Je trouve que cela
se fait dans l'esprit de bonifier la loi et je l'accepte complètement
dans ce sens. En même temps, je voudrais essayer d'expliquer pourquoi
cela a été fait ainsi. D'abord, c'est mot à mot ce qui
apparaît dans des lois similaires, où on ne peut pas
détacher les organismes qui sont constitués par des
municipalités des municipalités elles-mêmes. C'est
exactement le même système qui veut que le gouvernement et ses
composantes constituantes soient englobés. Si vous consultez la loi sur
l'accès à l'information, vous allez voir exactement la même
chose, c'est mot à mot, et à dessein. (20 h 30)
Je vais vous donner un exemple. Si on n'avait pas ce paragraphe, il y
aurait toute une partie de la loi qui ne pourrait pas s'appliquer. Par exemple,
j'ai eu des discussions avec les gens qui s'occupent des autobus;
eux-mêmes m'ont dit que cette partie de la loi est très
importante. Si on ne l'avait pas insérée, tous les autobus
urbains, tous les métros, tous les trains interurbains ne pourraient pas
être inclus dans la loi parce que les organismes comme la CTCUM et la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec
dépendent directement de la municipalité. Ce sont les parties
constituantes d'une municipalité. Cela réfère aux lieux
qui sont couverts par la loi. Je peux assurer le député que
lorsque nous avons discuté... En fait, Me Campeau, qui a pris une grande
part dans la rédaction de cette loi, était présent lorsque
nous avons parlé à l'Union des municipalités du
Québec et au président de la MRC. Ils ont
référé cela à leur exécutif, on a
travaillé avec les fonctionnaires de l'Union des municipalités du
Québec. Ils sont tout à fait au courant de cela. Si nous ne
mettions pas cela dedans, il y aurait toutes sortes de sociétés
ou de commissions qui seraient... La municipalité elle-même...
C'est purement dans les lieux municipaux.
J'ai donné l'exemple des autobus et des voitures de métro
qui seraient exclus. On peut parler d'une réunion sportive qui se
tiendrait dans un...
M. Blais: Je trouve tout cela à l'article 12. Auriez-vous
un autre exemple?
M. Lincoln: Vous prenez les offices municipaux d'habitation qui
sont des extensions des municipalités.
M. Blais: Oui.
M. Lincoln: Vous prenez, par exemple, un service de loisir qui
est rattaché à une municipalité. Il est peut-être
conduit sous un autre nom, mais c'est vraiment une extension de la
municipalité, même comme un ministère ou comme une
commission. Notre sondage est dans le sens... En fait, le ministère des
Affaires municipales était au courant de cette loi, on en avait
discuté. Je ne pense pas que nous ayons eu ce son de cloche. D'abord,
nous avions suggéré de ne pas inclure les municipalités.
C'est elles-mêmes qui sont revenues à la charge pour nous dire: On
ne veut pas que vous nous retiriez le droit d'aller plus loin que la loi, mais
nous sommes prêts à accepter la loi dans nos édifices et
dans tous les édifices municipaux ou paramunicipaux. C'était
l'idée.
Les opinions sont dans le sens qu'on ne peut pas séparer les
municipalités des parties constituantes des municipalités.
M. Blais: Merci.
M. Lincoln: Autrement, il y aurait trop de problèmes pour
les délimiter. Lesquelles va-t-on ajouter? Lesquelles va-t-on
laisser?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, vous avez dit souvent que vous avez
consulté les municipalités. Cela peut sonner dans nos têtes
comme si cela avait été accepté...
M. Lincoln: Non, vraiment.
M. Dufour: Non, cela peut sonner comme cela pour nous autres.
M. Lincoln: Je n'ai pas fait cela. Je dois admettre que je n'ai
pas consulté les municipalités sur une base individuelle.
M. Dufour: Les unions.
M. Lincoln: Oui.
M. Dufour: Parlons des unions, d'abord.
Quant à ces unions qui ont été consultées,
cela a-t-il été une adhérence dans l'euphorie en disant;
C'est la loi du siècle, cela va nous sauver? Je sais, parce que je
connais beaucoup de gens, que cette loi a fait l'objet de discussions. Les
responsables des municipalités n'ont pas tous adhéré
à ce projet de loi d'une façon euphorique en disant: On est
contents. Cela a fait l'objet de discussions. Les municipalités ou les
unions n'ont sûrement pas accepté cette réglementation de
façon unanime.
Je comprends l'idée du ministre, qui dit: Cela existe ailleurs.
Est-ce vrai - est-ce qu'il peut me donner la réponse? - que les
organismes constitués à titre d'agent de l'une ou l'autre de ces
municipalités - c'est à titre d'information... Si, par exemple,
une corporation, comme l'Union des municipalités ou l'UMRCQ, l'Union des
municipalités régionales de comté, qui sont des organismes
relevant des municipalités... Est-ce que ce sont des organismes à
ce titre-là?
M. Lincoln: Par exemple, l'Union des municipalités du
Québec est un syndicat, une union, une fédération des
municipalités. Ce sont des agences légalement constituées
comme étant des sociétés, des filiales des
municipalités, des prolongements juridiques des municipalités.
C'est-à-dire que cela n'inclut pas, par exemple, une union municipale ou
un bureau qui est constitué par une municipalité, mais cela
inclut un organisme légalement constitué comme le pendant d'une
municipalité. Par exemple, je vous ai donné un exemple, on aurait
pu dire que la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, c'est le genre d'organisme qui est rattaché
directement; c'est ce genre d'organisme que nous voulons rattacher. Parce que
si on ne le sait pas, à ce moment-là, il faudrait faire toute une
section spéciale dans la loi afin de les inclure spécifiquement.
Comme on ne peut pas détacher l'une sans l'autre, si on met les
municipalités, il faut mettre les organismes qui dépendent
directement d'elles. En fait, dans la grosse majorité des corporations
municipales... Dans mon comté, il y en a huit. Cela existe seulement
dans les grandes communautés urbaines ou certaines municipalités.
Les offices d'habitation, c'est une... Je dois aussi souligner - et je crois
que je devrai dire cela pour les fins du Journal des débats - que c'est
l'Union des municipalités qui nous a demandé d'inclure ces
municipalités dans ce projet de loi. Mais, en ce qui concerne les MRC,
on m'a dit: Si l'Union des municipalités le veut... Mais c'était
sûr qu'on n'était pas aussi adhérent à cela que
l'Union des municipalités du Québec. Je dois dire cela de
façon très catégorique.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Personnellement, les explications du ministre me
suffisent. Je ne sais pas si vous avez d'autres éclaircissements
personnels.
M. Dufour: Je crois qu'on a tous les textes ici. Cela nous permet
d'avoir une discussion un peu plus large. C'est évident qu'à
l'article 6 vous allez nous apporter des amendements.
M. Lincoln: Oui, il y a un amendement.
M. Dufour: On pourra y revenir. On va y aller avec les...
Le Président (M. Saint-Roch): Je reviens à
l'amendement que j'ai devant moi à l'article 5. On lit: L'article 5 de
ce projet de loi est modifié par la suppression, à la
cinquième et à la sixième ligne, des mots "et les
organismes constitués à titre d'agent de l'une ou l'autre de ces
municipalités ou relevant autrement de leur autorité." Est-ce que
l'amendement est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Lincoln: Tout en acceptant le bien-fondé de
l'amendement, pour les raisons que j'ai citées je suis obligé de
le rejeter.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
rejeté. Est-ce que l'article 5 est adopté?
M. Blais: Adopté. Une voix: Adopté. M.
Blais: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. J'appelle
l'article 6.
M. Blais: L'article 6.
M. Lincoln: II y a un papillon à l'article 6.
L'idée de ce papillon, c'est qu'une vérification des lois
régissant le secteur de l'éducation nous a fait constater que la
Loi sur l'enseignement spécialisé a été
abrogée par l'article 63 de la Loi sur le ministère de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie, qui est
une loi de 1985. Il faut faire des amendements de concordance pour
l'insérer dans le texte de cette loi. Le deuxième alinéa
de l'amendement dit: "Ils comprennent également les institutions
déclarées d'intérêt public ou reconnues pour fins de
subvention en vertu de la Loi sur l'enseignement privé, les
écoles régies par la Loi sur l'enseignement
spécialisé..." Il faut remplacer: "les écoles
régies par la Loi sur l'enseignement spécialisé
(L.R.Q. chapitre E-10)" par le mot "et". Il faudrait mettre après
"l'enseignement privé": "et les établissements..."
M. Blais: C'est juste ajouter un "et".
M. Dufour: On remplace l'expression "les écoles
régies par la Loi sur l'enseignement spécialisé (L.R.Q.
chapitre E-10)" par "et".
M. Lincoln: C'est-à-dire la Loi sur l'enseignement
privé et les établissements...
M. Blais: Ah oui! C'est que vous enlevez, M. le ministre, si je
comprends bien, "les écoles régies par la Loi sur l'enseignement
spécialisé (L.R.Q. chapitre E-10),".
M. Lincoln: Oui.
M. Blais: Vous enlevez cela?
M. Lincoln: On dit...
M. Blais: Bon. La raison pour laquelle vous enlevez cela, vous
dites que c'est pour une concordance que je n'ai pas comprise et que je ne
comprends pas encore. J'aimerais que vous m'expliquiez.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: La Loi sur l'enseignement spécialisé a
été abrogée par un article de la Loi sur le
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie. Il n'y a pas dans la loi de mention d'écoles d'enseignement
spécialisé. Cela a été abrogé dans la
loi.
M. Blais: Cela a été abrogé et
remplacé par l'enseignement supérieur?
M. Lincoln: Non, c'est la loi du ministère de
l'Enseignement supérieur; alors, il n'y a pas de notions
spéciales d'écoles régies par la Loi sur l'enseignement
spécialisé. Cette loi ayant été abrogée on
ne peut pas mettre de références là-dessus; alors, il faut
dire: "l'enseignement privé et les établissements d'enseignement
supérieur."
M. Blais: Je suis complètement prêt à prendre
votre parole et je vous crois, mais les enseignements spécialisés
entrent maintenant dans les établissements d'enseignement
supérieur probablement ou quelque chose du genre. C'est ce que vous
voulez dire?
M. Lincoln: C'est compris dans le système d'enseignement
privé ou supérieur. Il n'y a pas de notion d'enseignement
spécialisé comme tel.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Où sont les cégeps dans ce paragraphe, M.
le ministre?
M. Lincoln: Les cégeps, c'est sûrement cette loi de
l'enseignement supérieur.
M. Blais: Voilà. Donc, cet expression "enseignement
spécialisé" n'existe plus parce que maintenant on dit
"établissement d'enseignement supérieur". Ces
établissements d'enseignement spécialisé sont maintenant
compris.
M. Lincoln: Oui.
M. Blais: Là, je comprends que vous comprenez que je
comprends.
Une voix: Ils se sont compris.
M. Blais: ...n'existe plus selon... Voulez-vous l'expliquer?
M. Dufour: Vous enlevez cela... M. Blais: Demandez cela
à lui.
M. Dufour: Si vous avez compris, vous êtes censé me
faire comprendre.
Des voix: Ah! Ah! Ah! M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
questions concernant l'amendement à l'article 6? Est-ce que l'amendement
à l'article 6 est adopté?
M. Lincoln: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 6
amendé est adopté?
M. Lincoln: Adopté.
M. Blais: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 7.
M. Lincoln: L'article 7 du projet de loi est modifié par
le remplacement de la virgule qui suit l'expression "(L.R.Q., chapitre S-5)"
par le mot "et". On lira: "...les services de santé et les services
sociaux et les centres hospitaliers". C'est pour une meilleure rédaction
de l'article. Sans le mot
"et", cela ne faisait pas trop de sens. On lisait: "...comprennent les
établissements publics visés dans les articles... sur tes
services de santé et les services sociaux" et, ensuite, on lisait: ",
les centres hospitaliers". Alors, il fallait dire "et les centres hospitaliers"
pour faire une rédaction qui soit conforme.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Conquière.
M. Dufour: On parle des établissements de santé et
j'aimerais savoir si je comprends bien tout cela. "Les établissements de
santé et de services sociaux comprennent les établissements
publics visés pour les articles 10 et 11 de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux et les centres hospitaliers." Les centres
d'accueil, est-ce qu'ils sont compris dans cela?
M. Lincoln: Oui, définitivement.
M. Dufour: Cela ne comprend pas les offices municipaux
d'habitation.
M. Lincoln: Non.
M. Dufour: Ils ne sont pas compris là-dedans.
M. Lincoln: Ce n'est pas là-dedans.
M. Dufour: Mais les endroits où il y a des personnes
âgées qui y demeurent...
M. Lincoln: S'ils font partie du réseau des services de
santé et des services sociaux, oui, c'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Est-ce que vous aviez terminé, M. le
député de Jonquière?
M. Dufour: Je peux revenir. M. Blais: Non, allez-y.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Quand on regarde la définition, elle n'est pas
là pour rien. Quand je regarde tout cela, je dis que cela fait beaucoup
de gens qui sont assujettis. Quand on va voir ce qui en découlera
après... C'est là qu'était le sens de la question. Combien
va-t-il y avoir d'organismes assujettis, combien y a-t-il de personnes
d'impliquées?Combien cela peut-il regrouper de gens, cette
histoire-là? Est-ce qu'il y a eu une recherche de faite?
M. Lincoln: Oui, il y a eu beaucoup de recherches. Par exemple,
la dernière, c'est la recherche du Conseil des affaires sociales et de
la famille. Il y a eu une politique du MAS; il y a eu un sondage fait par le
ministère des Affaires sociales tout récemment. C'est sûr
que cela couvre tout le réseau des affaires sociales. Il me semble que
c'est beaucoup de gens. C'est tout ce qu'il y a de centres hospitaliers, de
DSC, de CLSC, de centres d'accueil. C'est tout le réseau des centres
hospitaliers, 3000 personnes environ.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: 3000? Plus que cela.
M. Lincoln: Pardon. 3000 établissements.
M. Dufour: 3000 établissements. Donc, cela fait un paquet
de monde. Cela veut dire qu'à chacun de ces établissements il y
aura une personne responsable.
M. Lincoln: Ah oui.
M. Blais: Création d'emplois. (20 h 45)
M. Dufour: Mais non, même pas. C'est peut-être une
diminution d'emplois, mais une augmentation des responsabilités. Mais
quand ce sera le temps de dire où on fume et où on ne fume pas,
parce qu'il y a des endroits où cela va être réservé
à la personne autorisée.... Il y a des établissements
où des gens demeurent à l'année. Je ne sais pas comment on
va réussir à appliquer cela d'une façon
générale. Je suis sûr qu'il va y avoir certains abus qui
vont être faits. Je ne sais pas comment on va les corriger. Je ne suis
même pas sûr que la loi, à moins que ce ne soit les droits
de la personne, pourra corriger ça. Il n'y a pas beaucoup de place
où la personne pourra faire des correctifs ou se plaindre quand il y
aura eu un abus quelque part. Il ne me semble pas que ce soit dans la loi non
plus.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lincoln: Écoutez...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Ce que je peux vous dire, M. le député,
c'est pourquoi nous avons eu cette notion de l'inspection, soit d'avoir des
inspecteurs qui soient peut-être des gens nommés par les personnes
en charge de l'institution. Dans chacun de ces endroits -et moi j'ai servi
comme volontaire pendant
des années dans le secteur des affaires sociales et de la
santé dans les centres d'accueil et aux conseils d'administration - je
peux voir presque sans faille qu'il y a toujours quelqu'un qui est en charge de
la bâtisse, qui est en charge des services. En charge de la
sécurité, il y a toujours quelqu'un. Tout ce qu'on veut faire,
c'est que cette personne puisse délimiter les zones de fumeurs et de
non-fumeurs. En fait, je pense que j'ai dit ça dans mon discours: dans
le sondage qui a été fait auprès des centres hospitaliers
du Québec, ceux-ci demandaient une loi venant du ministère parce
que, justement, sans une loi, cela leur était très difficile de
faire appliquer ces réglementations que presque tous ont maintenant. Ils
ont presque tous cette réglementation qui n'est pas une
réglementation parce qu'elle n'a aucun pouvoir légal. Alors, ils
voulaient avoir l'appui d'une loi. En fait, ma collègue des Services
sociaux m'a fortement appuyé dans cette question. Cela est passé
au conseil interministériel des affaires sociales et c'est sûr,
c'est vrai que cela couvre tout le réseau.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Oui, avant de terminer, c'est le dernier point de ce
premier chapitre, qui est en fait plus facile à passer. Pour les autres
nous poserons un peu plus de questions, nous demanderons un peu plus
d'explications. Mais, avant de passer au chapitre II et avant de laisser
l'article 7, je me demande si ce n'est pas redondant l'article 7 et l'article
4, parce que dans l'article 4 on parle d'organismes, de services, conseils
régionaux, organismes de santé...
M. Lincoln: Je sais pourquoi vous avez demandé cela. La
raison pour laquelle on a eu à séparer les deux, c'est que la
façon d'appliquer la loi est différente dans les services
sociaux. Vous allez voir ça plus loin, c'est différent dans les
services sociaux et de santé et dans les organismes gouvernementaux.
Dans les établissements de services sociaux, on dit qu'il est interdit
de fumer excepté dans des aires prévues pour cela, tandis que,
là où il n'y a pas de services de santé, il est permis de
fumer excepté dans les aires qui sont pour les non-fumeurs. C'est toute
une différence. Parce qu'il y a cette différence, on a dû
séparer ces deux-là.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: D'accord. Si j'essaie au début de comprendre
l'esprit de l'affaire, c'est que dans le scolaire, dans le municipal et dans le
gouvernemental on parle des organismes qui auront à régir, tandis
que, quand on tombe dans la santé, on parle des établissements,
on parle des bâtisses, on ne parle pas d'organismes. C'est voulu dans
l'esprit de la loi et c'est voulu par ce qui va suivre. C'est ce que vous me
dites?
M. Lincoln: Oui, c'est cela, exactement.
M. Blais: On va régir les établissements de
santé, mais on ne régira pas les établissements
municipaux, etc. Dans les autres secteurs, soit scolaires, municipaux, on ne
régira pas les établissements, mais la loi va donner des
directives aux organismes, tandis que dans les établissements de
santé il y aura des règles et des directives pour les
établissements.
M. Lincoln: Au sujet des établissements, le mot
"établissement", c'est le mot exact qui est utilisé dans la Loi
sur les services de santé et les services sociaux au chapitre 65 et dans
la loi 27. C'est le titre qu'on donne à tout ce qu'il y a d'organismes
de santé et de services sociaux. Au lieu de parler d'organismes comme
dans le cas des municipalités et du gouvernement, quand cela a trait
à la santé et aux services sociaux, pour une raison ou une autre,
on parle d'établissements dans les lois sur la santé et sur les
services sociaux. Par concordance, nous avons pris le même mot, mais la
raison pour laquelle nous avons séparé ces établissements
des organismes gouvernementaux comme tels, c'est que, pour les
établissements de santé et de services sociaux, il y a une
approche différente. Pour eux, il est interdit de fumer excepté
dans des endroits ouverts aux fumeurs. Tandis que, dans les autres organismes
gouvernementaux et ceux qui ne sont pas de la santé et des services
sociaux, il est permis de fumer excepté dans les endroits
réservés pour les non-fumeurs. Il fallait séparer les
deux.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Le mot "établissement" ne veut pas
nécessairement dire "bâtisse".
M. Lincoln: Non.
M. Blais: C'est plus large que bâtisse...
M. Lincoln: C'est plus large, c'est l'organisme.
M. Blais: ...quand on parle des services sociaux. C'est
l'organisme et toutes ses possessions.
M. Lincoln: Toutes ses possessions.
M. Blais: Tandis que, lorsqu'on parie d'organismes, ce ne sont
que les personnes.
M. Lincoln: Oui, c'est bien cela.
M. Blais: Merci, c'est ce que je vous demande.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'amendement à l'article 7? Est-ce que l'amendement
à l'article 7 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 7 tel
qu'amendé est adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 8. M. le député de Jonquière.
Protection des non-fumeurs
M. Dufour: M. le Président, est-ce qu'on a adopté
les articles 7, 6, 5 et 4?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui.
Organismes publics
M. Lincoln: En ce qui concerne l'article 8, à la suite de
l'intervention du député de Terrebonne, nous avons bien
réfléchi à la question. Nous aurons un amendement à
proposer à l'article 8 qui va aller dans le sens de ce que vous avez
suggéré dans un de vos discours, hier soir, qui, je pense, va
vous..
M. Blais: Dans tout ce que j'ai dit, hier soir, vous avez retenu
cela?
M. Lincoln: Ah! J'ai retenu beaucoup de choses.
M. Blais: Cela me fait plaisir, M. le Président.
M. Lincoln: Tout ce qu'il y a d'important, je l'ai retenu. Il y
aura deux amendements que je vais proposer. D'abord, à l'article 8 du
projet de loi, au paragraphe 1 . Je vais expliquer pourquoi. Il faut remplacer,
dans le paragraphe 1 de l'article 8, le mot "présentes" à la fin
de ce paragraphe par les mots "qui peuvent se rendre sur les lieux". La raison
de cet amendement s'avère nécessaire pour écarter la
présomption selon laquelle il pourrait être soutenu que
l'interdiction n'existe que lorsque des personnes se trouvent effectivement
présentes sur les lieux. Afin d'éviter que la fréquence
des visites ne devienne un critère d'application de la loi et de
permettre une interprétation logique et uniforme du texte de l'article,
il y a lieu de considérer que l'interdiction de fumer subsistera en tout
temps et que le public soit présent ou non sur les lieux. C'est la
vocation du lieu qui compte, non sa fréquentation. C'est
réellement pour mieux expliquer que l'interdiction se rapporte à
un lieu plutôt qu'à la personne elle-même.
Est-ce que je peux passer les deux en même temps et vous allez les
considérer?
Le Président (M. Saint-Roch): Un par un, M. le
ministre.
M. Blais: Ou un après l'autre. On peut discuter les deux
si vous voulez.
M. Lincoln: Oui, les deux. Je pense que ce serait plus
simple.
M. Blais: II faut les voter séparément par
exemple.
M. Lincoln: Le second amendement à l'article 8 de cette
loi est à la suggestion du député de Terrebonne, que nous
avons acceptée. Il est modifié par la suppression, dans le
deuxième paragraphe, des mots "de réunion". Je vais expliquer la
raison pour laquelle on l'a fait. Hier, au cours d'une de ses interventions -
et je crois que des collègues de notre côté aussi ont
suggéré la même chose plusieurs fois... Si on laissait ces
mots dans le cas d'une réunion dans un organisme gouvernemental, par
exemple un caucus de députés ou une réunion où il y
aurait un groupe de gens qui se rencontreraient et qui voudraient fumer, on
serait obligés d'interdire la chose. Tandis que, en supprimant cela, on
va se rabattre sur le paragraphe 4°: "une aire désignée par
la personne ayant la plus haute autorité au sein de l'organisme public".
C'est-à-dire qu'une personne qui a la plus haute autorité, par
exemple le président du caucus, pourra décider si elle veut faire
ou non de la salle de caucus une aire désignée pour non-fumeurs
selon son choix. Alors, au lieu que ce soit automatique et interdit, ce sera
tout à fait optionnel selon le choix de la personne qui dirige
l'organisme, comme le président de l'Assemblée nationale. Alors,
cela donne beaucoup plus de flexibilité. Cela enlève la
coercition. Je pense que cela répond aux objections qu'avait le
député de Terrebonne dans ce sens.
M. Blais: Oui! Est-ce que M. le député de
Jonquière...
M. Dufour: Bien, j'aurais aimé...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...que le ministre parle surtout, dans le premier
paragraphe de l'article 8...
M. Lincoln: Oui.
M. Dufour: "...dans un lieu occupé par un organisme
gouvernemental". Le sens du mot "occupé", à mon point de vue, ce
n'est pas nécessairement qu'on soit propriétaire ou locataire du
lieu. Cela pourrait vouloir dire qu'on l'occupe, donc qu'il y a une
majorité de personnes provenant d'un organisme gouvernemental, que ce
soit scolaire, municipal ou social, etc., qui soient dans un endroit pour
atteindre ce qui est marqué dans ce paragraphe. Cela pourrait laisser
supposer - dans le cas de municipalités qui sont réunies pour un
congrès, par exemple, dans un endroit qu'elles occupent à plus de
50 % en regardant ce qui est écrit ici, que cela veut dire "il est
interdit de fumer", en respectant les quatre conditions qui sont
marquées, même amendées, dans la loi.
Donc, je pense que ce que la loi voulait dire ou aurait dû dire,
c'est que c'est un lieu qui est occupé soit par location ou par droit de
propriété. À ce moment-là, j'aurais compris. Mais
cela me semble aller plus loin que ce qu'on a voulu atteindre, à moins
que c'était vraiment cela. À ce moment-là, on dira...
M. Lincoln: Je pense que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Je conçois ce que le député de
Jonquière est en train d'essayer d'expliquer, mais je voudrais
éclaircir la chose. Lorsqu'on parle d'un lieu occupé, c'est
sûr que cela inclut, par exemple, le bureau d'un ministère qui est
à Place Ville-Marie. C'est inclus. Mais,
délibérément, on a choisi le mot "lieu" plutôt que
les mots "établissement" ou "immeuble" parce que, si c'était
"immeuble", cela aurait l'immeuble en entier. Là, tout ce qu'on dit,
c'est le "lieu" même qui est loué par un organisme gouvernemental,
scolaire ou autre. C'est-à-dire que, si une ville, comme la ville de
Montréal, a un bureau en dehors de ses propres locaux qu'elle loue dans
un bâtiment commercial, cela serait inclus comme une partie de ses
bureaux, comme cela l'est pour le ministère de l'Environnement à
Montréal, qui couvre seulement une partie d'un bâtiment, mais
c'est seulement le lieu que le ministère occupe, pas toute la
bâtisse.
M. Dufour: Mais, le motif qui m'inquiète...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: ...c'est qu'on ne dit pas pendant combien de temps le
lieu est occupé. On ne dit pas - si c'est occupé à
l'année, temporairement ou en fonction d'un temps
déterminé. Je vous donne un exemple. On s'en va dans un endroit,
on loue la bâtisse pour un congrès. C'est la municipalité
XYZ qui loue la bâtisse. Donc, c'est un lieu - je suis votre raisonnement
- qui est occupé par un organisme municipal, gouvernemental, parce que
le gouvernemental inclut le municipal ou le scolaire. On est dans les lieux, on
les occupe. Vous dites: "...il est interdit de fumer dans". Là, on
élimine tout ce qui est en fonction de cela. Je comprends que
l'explication que je donne peut avoir l'air drôle, mais, dans le fond,
regardons ce que les mots veulent dire, et "occupé", cela ne veut pas
dire être propriétaire...
M. Lincoln: Ah oui!
M. Dufour: Actuellement, on occupe cette pièce-ci.
M. Lincoln: C'est justement parce qu'on ne veut pas...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: ...que ce soit pour les propriétaires
seulement que cela est inscrit comme cela. Il faut que ce soit plus large que
les propriétaires, parce que le gouvernement peut louer un
bâtiment, il n'est pas obligé de le posséder. Par exemple,
le bâtiment où nous sommes aujourd'hui, à notre
ministère, c'est un bâtiment loué. La grande partie des
effectifs gouvernementaux sont dans des bâtiments loués; alors,
c'est pour les inclure. "Occupé", cela veut dire le temps que cet
organisme l'occupe et est présent là, a son domaine dans ce lieu;
à ce moment-là, ces choses-là, s'appliquent.
Mais, par exemple, dans le cas d'une convention municipale, il faudrait
que ce soit un ascenseur, une aire désignée par la personne, il
faudrait que ce soit une bibliothèque ou un laboratoire, etc. C'est la
seule section de ces lieux où c'est couvert,
M. Dufour: Bien, c'est aller plus loin... (21 heures)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: On la regarde toujours, c'est vrai, mais c'est une
salle de conférence.
M. Lincoln: Oui, une salle de conférence.
M. Dufour: Ce n'est pas nécessairement une école.
Il peut y avoir des salles de
conférence.
M. Lincoln: Tout à fait.
M. Dufour: Je connais des endroits où, vraiment, des cours
peuvent se donner. Cela veut dire que même si ce n'est pas un
établissement scolaire, même si ce n'est pas un
établissement défini directement dans la loi, le fait qu'un
organisme l'occupe, même temporairement... C'est surtout cela, mon point.
Si c'est temporaire, si vous occupez l'établissement temporairement
pendant une journée... On se transporterait, on ferait une commission
itinérante, on irait siéger...
M. Lincoln: Oui, je suis d'accord avec vous.
M. Dufour: Et c'est cela que vous cherchez à dire dans la
loi?
M. Lincoln: Vous ne pourrez sûrement pas faire des
exceptions pour un jour, comparé à trois jours. Il faut bien que,
à un moment donné, vous disiez que dans les organismes
gouvernementaux et les organismes publics il y a certaines limitations. Vous ne
pouvez pas travailler sur une exception et faire des exceptions pour chaque
cas. Vous faites une loi pour les cas qui se situent dans la norme de tous les
jours.
M. Dufour: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, M. le ministre - je
réfléchis tout haut -d'amender au moins le début de cet
article, en disant: dans un lieu qui est occupé de façon
permanente, temporaire, par location ou par droit de propriété?
Là, on pourrait appliquer cela. Si l'on persiste à adopter une
loi avec cela dedans, je pense qu'on en prend plus qu'on en demande.
M. Lincoln: Laissez-moi réfléchir. M. Dufour:
Oui.
Le Président (M. Saint-Rach): M. le ministre.
M. Lincoln: M. le Président, les conseillers juridiques
qui m'accompagnent me disent que si, par exemple, on définissait
"occupé" par, "permanent, régulier ou continu", ce serait
beaucoup plus difficile de l'interpréter dans la loi. Un lieu
occupé, cela a un sens tout à fait précis. En enlevant les
salles de réunion... Les cas d'exception vont être tellement
banals et rares. Réellement, cela s'applique dans la vie de tous les
jours, les lieux qui sont occupés de façon
régulière. Si vous allez dans un hôtel... On ne voit pas
où cela peut poser des problèmes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Je ne sais pas si les juristes pourraient nous le
dire, mais le mot "occupé", dans les textes de loi, est-ce qu'il a une
signification particulière?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Le chef de notre contentieux me dit que c'est le fait
physique d'être sur place, de dominer la place, d'occuper la place,
d'utiliser la place.
M. Desbiens: Est-ce qu'on peut dire que, ici, on occupe la
salle?
M. Lincoln: Bien oui! Là, on parle d'un organisme qui
occupe la place. Ce n'est pas la personne elle-même qui l'occupe, c'est
l'organisme.
M. Desbiens: Oui.
M. Lincoln: Ici, l'Assemblée nationale occupe ces
lieux.
M. Desbiens: Je reprends l'exemple de mon collègue de
Jonquière. Cela arrive assez fréquemment qu'un gouvernement
municipal -par exemple pour des congrès de commissions scolaires, de
municipalités, de MRC, etc. -loue une salle de conférence, comme
on le dit au "2 ", dans un hôtel; à ce moment, la loi
s'applique...
M. Lincoln: Oui, c'est cela.
M. Desbiens: ...même s'il l'occupe juste pour la fin de
semaine, le temps du congrès? Personne n'aura le droit de fumer dans la
salle de conférence?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, mon confrère de
Jonquière a un amendement précis à apporter au
début de l'article 8.
M. Dufour: Je comprends...
M. Desbiens: J'aurais aimé avoir la réponse
à ma question. C'est bien comme cela que c'est considéré
là?
M. Lincoln: Oui, oui, c'est comme cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: À l'article 8, à la première
ligne, après le mot "occupé", il faudrait ajouter "d'une
façon permanente". Donc, on pourrait lire l'article: Dans un lieu
occupé
d'une façon permanente par un organisme gouvernemental, les
autres mots ne changeant pas. C'est le sens de mon amendement.
M. Blais: Je voudrais savoir d'abord si l'amendement est
recevable. J'ai assez hâte de finir!
Le Président (M. Saint-Roch): II est recevable, M. le
député de Terrebonne. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, pourquoi l'amendement? C'est
un peu le sens des interventions du début. Dans les articles où
on définit les organismes municipaux et les organismes gouvernementaux,
on touche à tout l'ensemble des réseaux municipaux, scolaires,
les établissements de santé et de services sociaux, les
établissements publics. Cela veut dire que cela engloble une foule
d'organismes. Je pourrais dire que c'est plus de 50 % de tout ce qui existe
à peu près d'organismes publics, d'organisations. Par exemple,
dans une ville comme Québec, il y a beaucoup d'organismes semblables,
cela fait beaucoup de monde d'impliqué. En prenant ces
définitions, la loi avait un but qui était d'en prendre le plus
possible, de toucher à autant de groupes que possible. Quand on regarde
là où il y a des interdictions directes dans la loi et qu'on
arrive avec un lieu occupé par un organisme gouvernemental, je crois
qu'on dépasse de beaucoup, et c'est là que je vois que ça
peut devenir facilement une loi d'une intransigeance telle que les gens ne la
respecteront pas. Les gens vont la rejeter parce qu'on va plus loin, qu'on va
trop loin, à mon point de vue.
On fait une première loi. On va dans un domaine qui n'a jamais
été réglementé, ou si peu, et on va aussi loin dans
un premier jet. On va plus loin que ce que les gens peuvent décemment
accepter. D'autant plus que je me demande comment un individu, sachant ce qu'il
y a dans la loi, va consentir à louer ses bâtisses à des
gens qui font partie d'un organisme gouvernemental ou de régimes
gouvernementaux sociaux. Il va dire: Moi, je n'ai pas de location à vous
faire. Vous allez chambarder toute notre manière de vivre. On n'aura pas
le droit de fumer. L'interdiction n'est pas juste pour les gens qui occupent
les lieux. Les gens de l'extérieur qui viennent à
l'intérieur de ces lieux, eux, ne pourront pas fumer. Donc, cela va
changer un certain nombre d'habitudes et cela va causer des
inconvénients.
Je crois que la loi va trop loin et qu'elle exige trop. Il faudrait
demander un peu d'imagination pour qu'on circonscrive cette loi. C'est une loi
que, nous, on a demandé de reporter ou d'essayer d'adopter juste
à l'automne. On disait qu'il y a un temps de réflexion. Je crois
que plus cela va, plus on se rend compte que cette loi va changer des modes et
des habitudes de vie. On ne le fait pas en instruisant ou par
l'éducation, on le fait par une loi, une loi contraignante, une loi qui,
au départ, se voulait facile, une loi que tout le monde allait accepter
au départ qui n'avait pas d'inconvénients. Mais, quand on va
réglementer en dehors de ses habitudes de vie ou de ses lieux habituels,
je prends cela au même titre que dans sa maison. Bien oui, on peut
établir ses propres règlements mais dans la maison des voisins,
cela n'est pas nécessairement vrai. Ce qui est vrai et ce qui est bon
pour l'un n'est pas nécessairement bon, vrai et acceptable pour l'autre.
Ce qui est acceptable à mon point de vue n'est peut-être pas
nécessairement acceptable au point de vue de l'autre. Je trouve que dans
cette loi, un lieu occupé - je pense que j'aurais bien deviné ce
que voulait dire "occupé"... D'ailleurs, les spécialistes du
ministère me donnent la même information parce que cela serait
trop compliqué d'ajouter des choses.
Je pense que si on se contentait d'adopter l'amendement que j'ai
proposé, qui couvre ceux qui sont propriétaires d'une
bâtisse ou ceux qui sont locataires, ce serait déjà
suffisamment contraignant, mais cela ne dépasserait pas certains droits
qu'on pourrait avoir. Là, non seulement on va brimer les droits
individuels, mais on va brimer les droits des autres sans qu'ils nous l'aient
demandé. Je me demande si, en fin de compte, il n'y a pas des gens qui
refuseront de louer à des organismes gouvernementaux, même si
c'est payant, parce qu'il va y avoir plus d'inconvénients. En effet,
dès que dans une bâtisse il y a plus de 50 % des lieux
occupés par des organismes gouvernementaux, on pourrait exiger... Je
vois qu'il y a des gens qui me disent oui de l'autre côté et je
trouve cela le "fun" parce que je pense que c'est cela bonifier la loi, c'est
cela le travail d'une Opposition responsable. Dès qu'il y aura dans une
bâtisse plus de 50 % d'individus qui l'occuperont, on pourra imposer le
règlement à l'ensemble. Cela pourrait être les 25 % qui ne
fument pas sur les 50 % et dans le reste de la bâtisse peut-être
que 75 % des individus auraient le goût de fumer.
Ce n'est pas nécessairement le pourcentage des fumeurs ou des
non-fumeurs, c'est qu'on nomme des organismes gouvernementaux et à
l'intérieur de ces organismes gouvernementaux, c'est tout l'ensemble et
c'est tous les groupes qui sont touchés, et ce sont des groupes
importants dans notre société. Quand on parle des
établissements de services sociaux, on sait que ces gens-là
siègent un peu partout. Ils ont besoin d'avoir des endroits pour se
rencontrer. C'est peut-être plus facile à établir pour les
organismes gouvernementaux oeuvrant dans le domaine
social ou scolaire, c'est peut-être plus facile encore que dans le
domaine municipal, parce que eux, vraiment, sont pour la plupart nommés
par le gouvernement. Ils sont dans des organismes où c'est la Loi sur la
fonction publique qui s'applique tandis qu'au municipal, on pourrait, en
étendant la portée de la loi, dire que ce sont des organismes qui
ne sont pas directement concernés.
Pour ces raisons, je trouve que les législateurs ou les gens qui
ont travaillé sur le projet de loi doivent faire preuve de moins
d'intransigeance et ne pas mettre le ministre dans une position où il ne
pourra pas résister à sa loi, où il va être
accusé d'avoir fait des choses auxquelles, j'en suis certain, il n'a
jamais pensé.
Il est important de maintenir, de garder la crédibilité du
ministre. Je pense qu'il passe pour quelqu'un de responsable, quelqu'un qui
comprend bien ce qu'il fait. Assurément, cela dépasse sa
pensée. Je crois que le ministre va accepter cet amendement, parce que
la population pourrait s'en accommoder et vivre avec. Je ne parlerai pas plus
longtemps, le ministre, je crois, a déjà commencé... il a
déjà compris.
Une voix: Voulez-vous parler? Il veut parler.
M. Desbiens: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Oubuc.
M. Desbiens: À moins que le ministre n'ait
déjà pris une décision.
M. Dufour: II a le droit de parler. Vas-y Hubert.
M. Desbiens: Je ne voudrais pas retarder les travaux
indûment.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc. M. le ministre.
M. Desbiens: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Afin d'essayer de régler quelque chose, mes
conseillers juridiques me disent que si on met les mots "dans un lieu
occupé de façon permanente", cela pose toutes sortes de
problèmes au point de vue juridique. Mais on serait prêt à
suggérer quelque chose qui répondra peut-être aux
contraintes du député de Jonquière. "Dans un lieu
occupé par un organisme gouvernemental, municipal, scolaire ou un
organisme visé au deuxième alinéa de l'article 3 dont il
est propriétaire ou locataire, il est interdit de fumer".
M. Dufour; M. le ministre, vous avez bien compris.
M. Lincoln: D'accord? (21 h 15)
M. Dufour: En acceptant ou en proposant cet amendement, vous
allez vous gagner des admirateurs. Je pense que vous avez compris
l'argumentation que j'ai essayé de soutenir. Dans le fond, c'est un
début, c'est une loi nouvelle. Si on l'on veut que cette loi soit
efficace, il faut qu'elle soit comprehensive. C'est dans ce sens que vous
acceptez notre amendement et que vous l'avez bonifié. Bravo!
M. Lincoln: Je comprends ce que vous voulez dire. Est-ce qu'on va
l'écrire?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, est-ce que...
M. Dufour: On ne va pas faire un amendement pour remédier
à l'amendement du ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): ...vous retirez votre
amendement?
M. Dufour: Ah oui, cela revient à la même chose.
C'est la même chose mais il le dit mieux.
Une voix: Je suis absolument d'accord...
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement proposé
par M. le député de Jonquière est retiré.
M. Dufour: Oui.
M. Blais: Pourquoi y a-t-il difficulté juridique à
marquer "en permanence"?
M. Lincoln: Apparemment...
M. Blais: S'il s'identifie, il peut parler lui-même. Si
vous le lui permettez, en s'identifiant...
M. Lincoln: C'est sûr. Je préférerais le lui
laisser dire lui-même. Me Yves Campeau.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Campeau.
Une voix: Est-il sous-ministre?
M. Lincoln: Non, il est le chef du contentieux au
ministère.
M. Blais: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Campeau.
M. Campeau (Yves): La notion de permanence va toujours amener une
appréciation qualitative dans le temps. La permanence, c'est pour
combien de temps? Le fait d'occuper pendant deux mois ou trois mois, est-ce
qu'on peut considérer qu'on est dans un état de permanence ou
dans un état d'occupation transitoire? Disons que si, à
l'occasion d'un feu, par exemple, vous aviez un organisme gouvernemental qui
était obligé temporairement d'occuper des lieux à
l'extérieur qui sont loués, que c'est vraiment de façon
transitoire et temporaire et que les lieux sont vraiment occupés
à toutes fins utiles par cet organisme, est-ce qu'on est en
présence de permanence ou de non-permanence? Pour éviter ce
problème, il nous apparaît plus utile de faire
référence à deux critères qui sont plus facilement
quantifiables, le critère soit de propriété ou soit le
critère de location, le fait d'avoir loué un bail en bonne et due
forme ou le fait d'être carrément propriétaire de
l'immeuble.
M. Blais: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Sans vouloir être pointilleux mais, quand on fait
une loi nouvelle, vous savez que le mot "locataire" ne vous donne pas beaucoup
plus de garanties que les mots "occuper en permanence". Vous dites qu'un
locataire, c'est quelqu'un qui habite de façon temporaire pour un court
laps de temps, après un feu comme vous dites. À ce moment, on ne
dit pas temporaire, on dit provisoire en français. D'accord? Mais le mot
"locataire" ici n'est pas plus justifié du côté temps que
l'est "en permanence". En permanence un mois, en permanence un an, en
permanence dix ans. Locataire un an, locataire trois mois. Je pense que l'un ou
l'autre des termes s'équivaut. Je comprends votre bonne volonté
de vouloir avoir une précision qui répond à toute attaque
juridique et c'est ce qu'on cherche en somme. Mais personnellement, c'est parce
que je veux être "gentleman" envers le député de
Jonquière, mais je ne trouve pas, à mains qu'on ne me l'explique
de façon un peu plus percutante, ce que l'amendement dirait...
M. Dufour: On ne l'a pas adopté l'amendement.
M. Blais: Non, non. Cela ne nous fait rien de le retirer en
"gentlemen", mais je ne vois pas ce que l'amendement... Nous, on retire le
nôtre en permanence pour faire place à celui des experts dont vous
êtes. Vous nous dites que vous remplacez "en permanence" par "locataire
ou propriétaire". Personnellement, je ne vois pas du tout ce que vous
apportez de plus. Vous apportez le mot "propriétaire", d'accord. Mais le
mot "locataire" n'est pas plus éclairant que les mots "en permanence".
En ce qui concerne les mots "en permanence", vous dites que cela peut
être trois mois, six mois, un an, quatre ans, etc. Le mot "locataire" a
les mêmes qualificatifs. Cela peut être temporaire et cela peut
même à la rigueur et encore plus être provisoire, ce que les
mots "en permanence" ne peuvent pas être. Donc, il est diminutif de "en
permanence". Votre argument pour l'apporter, c'est qu'il est supérieur
comme terme. Personnellement, je n'y crois pas.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: M. le Président, je pense que la distinction
est justement cela. "En permanence" on ne sait pas si c'est court, si c'est
long, ni combien de temps, tandis que "locataire", cela peut être
très court, cela peut être très long. Cela peut être
une location pour des fins accidentelles. Cela s'adapte à toutes les
circonstances.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Campeau.
M. Lincoln: Me Campeau voulait...
M. Campeau: Je voulais simplement préciser - remarquez
bien que je comprends très bien votre point de vue. C'était
simplement qu'en référant à ces deux mots
"propriétaire" ou "locataire" finalement, on se réfère
à une relation qui s'est établie et qui est
généralement consignée dans un document écrit, j'en
conviens.
À ce moment, c'est un peu comme si on allait chercher un
critère externe et dire: Quel genre de document vous lie sur le plan de
votre occupation et on se réfère à ce document pour dire:
Cela va. L'article s'applique, plutôt que de demander: Pour quelle
période de temps êtes-vous là? Trois ou six mois? C'est
l'avantage que je vois.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Permettez-vous, M. le ministre, que je pose une
question directement è M. le conseiller?
M. Lincoln: Ah oui.
M. Blais: M. le conseiller juridique, dans l'article 8 qui se lit
comme suit: Dans un lieu occupé par un locataire... Je vais faire
exprès pour essayer de vous mettre une colle et j'espère qu'elle
ne l'est pas. J'ai une bâtisse qui m'appartient. Yves Blais a une
bâtisse. Il y a un organisme gouvernemental
qui est mon voisin. Comme à l'édifice G, il y a une
malchance; le feu prend au sous-sol. Ils viennent me voir, parce que j'ai une
grande maison pour dire: Est-ce qu'on peut être locataire chez vous? Je
dis: Avec grand plaisir. Ils entrent là. C'est un organisme
gouvernemental qui entre comme locataire chez moi. Ils vont être
là, mettons un mois ou deux. Le temps importe peu dans mon exemple.
Automatiquement, à cause de cette loi, il faut une affiche dans
cet édifice où ils entrent: Défense de fumer. Ils sont
là un mois. Le gouvernement ayant été locataire, c'est
immédiatement en sortant que l'affiche sort avec lui ou si c'est
immédiatement en entrant que l'affiche se pose. Est-ce que le mot
"locataire"... Vous comprenez bien ce que je veux dire? C'est un édifice
à moi que je loue de façon provisoire et non pas temporaire.
Est-ce que dans la location provisoire la loi s'applique? C'est ce que je vous
demande.
Dans une location provisoire - pour un organisme gouvernemental - d'une
semaine, d'un mois ou de deux mois, est-ce que la loi s'applique dans le lieu
où cet organisme serait?
Le Président (M. Saint-Roch): Me
Campeau.
M. Campeau: Au sens de l'amendement que M. le ministre a
apporté, je pense que oui. C'est ce qui est visé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: J'aurais une question pour essayer d'éclaircir
davantage. Est-ce que quelqu'un qui est dans une bâtisse une
journée ou une demi-journée pourrait prétendre qu'il est
locataire? Si je loue, si je paie la location d'une salle pour une
soirée, je passe la veillée, est-ce que je suis locataire?
Le Président (M. Saint-Roch): Me
Campeau.
M. Dufour: Parce que, pour moi, le sens de l'article qu'on
recherche, c'est locataire dans le sens qu'il y a un bail d'une certaine
durée, pas une heure, une journée ou une semaine, mais qui est
locataire avec un bail pendant... Je pense que c'était le sens de mon
intervention. Si "locataire" veut dire, une occupation temporaire à
titre d'une journée, d'une demi-journée ou même une heure,
pour moi, cela n'atteint pas ce que je cherchais dans mon premier amendement.
Si c'est vraiment cela, j'aimerais le savoir.
Le Président (M. Saint-Roch): Me
Campeau.
M. Campeau: La réponse c'est ce qui est prévu par
l'amendement, c'est évidemment la location qui intervient, je dirais, en
bonne et due forme avec un bail. Je pense que l'exemple qui est apporté
précédemment, du cas du propriétaire privé qui loue
pour une période d'un mois une partie de son immeuble, à ce
moment, on arrive avec un bail. C'est cela.
M. Dufour: Est-ce que "locataire" -dans le dictionnaire ou
légalement, parce que je ne suis pas un juriste - veut dire avec un
bail.
M. Campeau: Si vous me permettez de vous répondre...
M. Dufour: Oui, je pense que le ministre a accepté
qu'on...
M. Campeau: ...je vais vous donner une interprétion.
M. Dufour: Oui.
M. Campeau: Je pense que si j'avais à interpréter
ce texte en dehors de cette assemblée, la réponse que je
donnerais à mon client serait de lui dire que quand je lis: "dont il est
propriétaire ou locataire", compte tenu de l'ensemble du texte de loi,
il faut quand même qu'il y ait une certaine continuité. Si vous
louez pour une demi-journée et vous signez un bail...
M. Dufour: Si vous me donnez cette assurance, cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que je pourrais avoir
une copie?
M. Blais: Cela va, M. le député de
Jonquière?
M. Dufour: Oui, oui, pour cette première chose.
M. Blais: Alors, vous retirez votre amendement et...
M. Dufour: On l'avait retiré.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est déjà
fait, M. le député de Terrebonne. Maintenant, à l'article
8, au premier alinéa, il y a un amendement qui se lirait comme ceci:
L'article 8 de cette loi est modifié par l'insertion, dans la
troisième ligne du paragraphe introductif et après le chiffre 3
des mots "dont il est propriétaire ou locataire". L'amendement est-il
adopté?
M. Blais: ...victimes de notre bonté, adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant le deuxième amendement au paragraphe 1. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Vous dites, vous ajoutez: qui peuvent se rendre sur les
lieux?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, l'amendement se lit
comme cela.
M. Blais: Si cela ne vous fait rien, j'ai autre chose sur le
paragraphe 1. Ce serait important et on gagnerait du temps si on en discutait
en même temps, si vous le permettez.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre, nous savons que plus tard, parce qu'on
a lu le projet de loi, arrivent des amendes pour certaines personnes qui ne
respectent pas les affiches.
M. Lincoln: D'accord.
M. Blais: Je vais donner à votre juriste une colle encore.
J'adore les colles; c'est comme cela que l'on comprend les lois, d'après
moi. Une salle ou un comptoir destiné à des prestations de
services à des personnes, et tenons pour acquis que l'amendement que
vous apportez serait là, qui peuvent se rendre sur les lieux.
Personnellement, je trouve cela très clair. Dans ce cas-là,
à ces comptoirs c'est défendu de fumer sous peine d'amende. C'est
aussi clair que cela. Pour mot, c'est cela. Il y aurait quelqu'un qui
surveillerait pour voir s'il y a du monde qui fume. Un inspecteur pourrait
imposer une amende quelconque. Il y a une chose d'une importance capitale qui
manque et voici ma colle: Je suis inspecteur dans une bâtisse où
il y a un comptoir de services qui ouvre de 8 heures à 17 heures. La loi
me dit que je peux entrer en tout temps comme inspecteur. La personne qui fait
le ménage me déplaît, parce que je voudrais que mon
frère aille travailler là, à sa place. Alors, dès
que les bureaux sont fermés et que la personne qui fait le ménage
entre pour faire son travail, je sais qu'elle fume. Alors, j'entre et je lui
donne une amende de 500 $ ou 200 $, cela dépend.
J'y retourne le lendemain, je sais qu'elle fume, je lui en remets une
autre, tant qu'elle ne partira pas, parce que j'ai le droit de le faire, parce
qu'une loi me dit: Dans une salle ou un comptoir destiné à des
prestations de services à des personnes qui peuvent se rendre sur les
lieux, un inspecteur a le droit de donner une infraction. J'ai l'Impression, M.
le ministre, que l'on devrait aussi ajouter: aux heures où des personnes
peuvent se rendre sur les lieux, pour ne pas brimer les gens qui feraient le
ménage ou qui seraient là à d'autres temps et où
privément ils auraient le droit de poser le geste de fumer. Vous
saisissez bien ce que je veux dire, n'est-ce pas? Que pouvez-vous me
répondre par cela?
Le Président (M. Saint-Roch): Me
Campeau?
M. Campeau: Tel que le texte est présentement
rédigé, on pourrait toujours à la limite porter plainte et
prétendre que la personne préposée au ménage n'a
pas respecté la loi. Par ailleurs, le bémol important que
j'apporte, c'est en ce qui concerne les amendes. On s'entend, à ce
moment-là qu'il faudra faire statuer par les tribunaux le montant des
amendes.
M. Blais: Si c'est le minimum, ce serait tout de même 20 $.
D'accord? Y a-t-il possibilité?
M. Campeau: Il y a possibilité.
M. Blais: Alors, est-ce qu'on pourrait ensemble s'organiser pour
qu'il n'y ait pas possibilité? Pourrait-on dires Aux heures où
ders personnes peuvent se rendre sur les lieux? Est-ce que cela répond
à l'esprit que vous voulez et que nous voulons ensemble? (21 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: M. le Président, je voudrais tâcher
d'éclaircir le fait que c'est sûr qu'on aurait pu penser, chaque
fois qu'on a regardé au Québec n'importe quelle loi, à des
situations d'exception, à des situations extraordinaires qu'on pourrait
interpréter. La loi se cadre dans une rédaction où le sens
même de la loi, l'esprit de la loi est aussi important que
l'écriture. Demain matin on pourrait penser à toutes sortes de
cas malgré que vous écriviez, qu'il y aurait une petite
exception, mais c'est sûr que toute interprétation se fait dans le
sens commun, le bon sens. Il est sûr que toute personne a toujours droit
au bénéfice du doute. Il faut bien écrire la loi dans son
sens le plus commun. Autrernent, on va faire tellement d'ajouts et de bouts que
cela ne va plus se tenir, cela va manquer de cohérence.
Mes conseillers me disent qu'ajouter des choses à cela, cela va
rendre cela plus difficile d'interprétation, plus compliqué
à lire. Présentement, c'est le sens commun. C'est évident
que c'est quand les gens se rendent sur les lieux pour obtenir les services
dont il est fait mention.
M. Dufour: Ça ne peut pas se concrétiser. Est-ce
que Loto-Québec est un organisme gouvernemental? Si la réponse
est
oui, il est assujetti à cela.
Il y a des comptoirs situés dans de grands passages où
sont vendus des billets de loterie, par exemple, à Place Desjardins,
où il y a de l'espace, beaucoup d'aération et où je pense
que c'est prévu que les gens peuvent fumer. Or si je prends cela, c'est
interdit de fumer.
Je connais un autre endroit qui est situé - je le connais bien -
au Centre régional des congrès de Jonquière, où la
municipalité, par la Société de développement de
Jonquière, a un comptoir où on peut donner des renseignements
touristiques; il y a une petite salle de réunion, il y a aussi en
même temps une autre salle d'exposition. Le comptoir touristique est un
endroit qui rend service aux individus. Il est situé dans un grand
passage où il y a une excellente aération et où je pense
que jamais on pourrait penser d'arrêter de fumer; cela n'a pas de bon
sens parce que c'est vraiment bâti pour accueillir le public, pour lui
donner le plus de confort possible. Si je prolonge en prenant cet article, cela
voudrait dire que demain matin si c'est interdit de fumer, je ne sais
même pas comment l'appliquer. Le fait que le comptoir soit situé
dans un passage, toutes les façades sont extérieures. Comment
peut-on l'appliquer?
M. Lincoln: Justement. Je pense que vous avez mis le point sur le
i. Quand cela ne peut pas être appliqué, c'est évident que
la loi ne s'applique pas. C'est une loi qui s'applique comme toutes les lois du
monde, dans l'esprit de la loi, dans le bon sens de la loi. Si un comptoir est
situé au milieu d'un couloir du centre d'achat, comme beaucoup de ces
comptoirs de Loto-Québec, c'est certain qu'on ne peut pas assujettir un
petit comptoir, minuscule, dans le milieu d'un centre d'achat: la loi ne
s'applique pas.
Mais on ne peut pas écrire toutes les circonstances possibles du
monde dans une loi. À ce moment, vous prenez n'importe quelle loi, que
ce soit la loi 27, la loi 42, les lois les plus testées au
Québec, vous pouvez prendre des exceptions ad vitam aeternam, vous allez
trouver des milliers d'exceptions, parce qu'on ne peut pas faire une loi en
pensant à toutes les exceptions possibles. Si, demain matin, vous dites:
Un comptoir de services dans un organisme occupé par une agence
gouvernementale, c'est sûr que si c'est un endroit où le
gouvernement occupe les lieux et où il y a un comptoir, c'est là
qu'on.... Mais, strictement parlant, Loto-Québec est une agence
gouvernementale qui a des comptoirs au milieu des centres commerciaux, mais si
le centre commercial n'est pas soumis à cette loi, s'il est impossible
de contrôler cette chose, la loi ne s'appliquera pas. C'est le bon sens
qui régira.
On aurait pu dire, par exemple, si un matin, vous êtes en plein
air et que vous vous retrouvez à un kiosque de la CTCUM, au bas d'une
route en hiver, où quelqu'un est en train de fumer: On devrait poser des
affiches. À un moment donné, il faut qu'une loi soit régie
par le bon sens. Si vous cherchez des exceptions, je crois que vous pourrez en
trouver, dans chaque loi du Québec, des quantités et des
quantités.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre, j'aurais un cas spécifique,
beaucoup plus large que celui que j'ai essayé de minimiser.
Actuellement, le gouvernement du Québec est en discussion avec ses 325
000 employés. Parmi ces 325 000 employés, il y a toute une
série de personnes - je ne sais pas s'il y en a 12 000 ou 13 000 - qui
font du ménage et, dans tous les endroits où ces gens font du
ménage, si cette loi est adoptée, ils n'auront plus le droit de
fumer. Dans la plupart des endroits où ces gens font le ménage,
il sera défendu de fumer. Pour ceux qui font le ménage ici, il
sera défendu de fumer, selon la loi que nous allons passer.
Si le gouvernement - il se pourrait qu'un gouvernement soit mal
intentionné, je ne dis pas le vôtre, mais vous ne serez pas
là de façon éternelle - avait de mauvaises intentions - on
peut toujours en prêter aux autorités - et qu'il décide par
réaction dans les discussions qu'il a avec ses syndicats -c'est pour
cela que les syndicats des fonctionnaires demandent d'attendre à
l'automne, je crois, c'est l'une des raisons, pour discuter de ce projet de loi
- d'envoyer ses inspecteurs partout donner des amendes à tous ces
employés de nuit, autant au Parlement lorsque nous ne siégeons
pas, s'ils fument en faisant le ménage ou en surveillant. Cela serait
coercitif et cela aurait un double but: brimer les employés dans Ies
négociations syndicales comme un moyen de pression pour le patronat et,
en même temps, être outrageant pour les employés qui se font
donner des amendes absolument pour rien.
M. Lincoln: Vous parlez des inspecteurs. Si vous regardez la
section qui a trait aux inspecteurs, peut-être y trouverez-vous votre
réponse. Les inspecteurs doivent le faire à toute heure
raisonnable. Une heure raisonnable, s'il arrive à 21 heures pour aller
voir une personne qui fait le ménage et qui est en train de fumer dans
une salle, ce n'est pas une heure raisonnable.
Il me semble qu'on pourrait donner 20 000 exemples comme cela. Je suis
sûr que vous en trouverez tous les jours, mais, que voulez-vous, les lois
sont ainsi faites. On les fait pour le sens commun, pour le bon sens. On ne
peut pas écrire toutes les
circonstances possibles d'une loi qui peuvent arriver dans un cadre
précis. C'est impossible.
M. Blais: Même, en plein jour?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais juste reprendre l'assertion du ministre
qui dit qu'une loi, c'est fait pour le bon sens. Une loi, c'est justement le
contraire. Pourquoi sommes-nous obligés de faire des lois? Nous sommes
incapables de trouver d'autres méthodes pour faire fonctionner les gens
d'une certaine façon, ou des véhicules, ou quoi que ce soit.
Une loi est là pour donner des règles, pour
réglementer. S'il est vrai que c'est pour le bon sens, ne
l'écrivons pas! II s'agit seulement de regarder combien de lois ont
été contestées et de voir combien de tribunaux sont en
place pour porter des jugements sur des lois qui sont transgressées. Si
c'était le bon sens, ce serait juste pour cela, ces lois ne pourraient
pas être transgressées. Les lois sont transgressées, car la
société a décidé de se donner des lois, de baliser
et de se réglementer et c'est juste une question de bon sens.
Dans la loi, il faut prendre les mots et examiner ce qu'ils disent pour
s'assurer qu'ils ne dépassent pas la pensée du
législateur. Mais, Dieu sait si nous avons vécu des
problèmes avec des lois qui ont été étirées.
Il y a des mots qui n'ont pas de bon sens et je pourrais vous citer, M. le
ministre, la loi sur l'évaluation foncière où on taxe les
fourchettes et les couteaux. La loi permet cela. Il y a des gens qui l'ont
découvert et qui ont dit: On va l'appliquer. Cela n'a probablement
jamais été l'idée du législateur. D'autres
compagnies ont décidé qu'elles ne devraient pas payer de taxes
pour telle autre affaire, car cela n'a pas de bon sens.
Donc, je veux regarder un peu plus à fond ce que les mots veulent
dire. Quand on dit "une heure raisonnable", c'est vrai que le ministre, lui,
est un gars raisonnable. Qu'est-ce que cela veut dire? Quand quelqu'un aura
appliqué la loi, il ne sait plus c'est quoi l'heure raisonnable. La
preuve, c'est qu'il y a des lois qui disent: L'heure raisonnable, c'est 10
heures. On vient de discuter une loi sur l'inspection du tabac. On reste
toujours dans le tabac. Cette loi dit: L'heure raisonnable elle le dit et
l'explique - est 10 heures. Pourquoi 10 heures? C'est parce que c'est 10
heures. C'est ce qu'ils ont décidé. Il y a des
établissements qui fonctionnent presque 24 heures. Il y a des
établissements qui fonctionnent 24 heures par jour. Donc, l'heure
raisonnable, c'est 24 heures par jour.
Il y en a d'autres qui fonctionnent jusqu'à 4 heures du matin ou
à 3 heures du matin. Donc, c'est 3 heures du matin.
C'est quoi l'heure raisonnable? Je pense bien que, si on s'entend qu'on
prend un groupe et qu'on va décider cela, on va préciser à
un moment donné ce qu'on entend par heure raisonnable. Si on laisse un
peu de flottement, chacun va l'interpréter à sa manière.
C'est vrai et je me demande si, dans la loi, on n'aurait pas pu trouver
quelqu'un qui a l'intention de fumer dans des endroits et je comprends que le
ministre a presque dit: Si quelqu'un fait des menaces quelque part, on pourrait
prendre son cendrier et fumer une cigarette. Il ne fait pas un meurtre. Il n'y
a personne et il fait juste dommage à sa santé. Il n'attaque pas
personne. Il n'y a personne. Devrait-on dire qu'il y a des personnes qui
fonctionnent et qu'il y a une majorité de personnes qui fonctionnent
dans l'établissement au moment où il fait son ménage. Je
comprends que, s'il vient faire son ménage en même temps qu'on est
en train de travailler, il va nous déranger s'il fume. S'il n'y a
personne, cela va faire quoi? Je comprends, à ce moment, que le mot
raisonnable voudrait dire: Ne le dérangeons pas. Ce n'est pas ce que la
loi dit.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Blais: Une demi-minute si vous permettez. C'est vraiment
productif. J'espère que vous le prenez comme cela et je ne voudrais pas
que vous le preniez autrement. Le mot "raisonnable" que vous apportez comme
preuve ne résiste pas quinze secondes à l'analyse parce que,
selon les endroits, le mot "raisonnable" serait interprété par
n'importe quel juge ou juriste de façon différente. Ce qui est
raisonnable, c'est 20 heures du soir à un endroit. Ici, à
l'Hôtel du Parlement, nous sommes là, nous ne siégeons pas
durant les mois de juillet, août et septembre. En plein
après-midi, ici, les gens vont faire le ménage le jour, à
16 heures ou je ne sais pas quoi. Ils vont fumer. Si l'inspecteur, à 16
heures... Cela veut dire que 16 heures ne serait pas une heure raisonnable pour
l'Hôtel du Parlement. Cela veut dire que le mot ne résiste pas
à l'analyse pendant quinze secondes. C'est pour cela que, en disant "des
heures raisonnables", personnellement, je ne l'accepte pas. Je trouve qu'il ne
résiste pas à l'analyse.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: D'abord, comme je l'ai expliqué hier, cette
loi a été le sujet de pas mal de recherches. Il y a des
quantités de lois similaires qui ont déjà
été écrites, qui ont déjà été
testées, qui sont déjà dans le décor depuis des
années. J'en ai une devant moi, où on dit, par exemple: Sous
réserve du
paragraphe 2 du présent article, le présent
arrêté municipal relèvera des agents de contrôle de
stationnement qui sont, par les présentes, autorisés à
entrer à une heure raisonnable à l'intérieur de toute
propriété. Si j'en retiens d'autres, on vous dira la même
chose. Toute la notion de "raisonnable" est une notion appuyée par la
Charte des droits et libertés de la personne. Que les cours
elles-mêmes donnent un préjugé favorable automatiquement
à ce qu'elles décident qu'ils ne sont pas raisonnables.
Toute à l'heure, le député de Jonquière a
dit: II faut écrire les lois afin que les cours ne s'ingèrent
pas. Pourquoi y a-t-il des cours de justice? Tout le système de lois est
composé de trois composantes: il y a la loi sur l'équité,
il y a la loi écrite, il y a la loi des statuts et, ensuite, la loi de
la jurisprudence qui complète le tout. S'il n'y a pas de jurisprudence
pour essayer de prouver ces choses, c'est sûr qu'on n'aurait pas besoin
de cours de justice. Si on pouvait écrire des lois qui étaient
tellement cadrées dans les détails que toutes les exceptions
possibles pouvaient se situer dedans, à ce moment, on n'aurait pas
besoin de système judiciaire, on n'aurait pas besoin
d'interprétation, on accepterait, toutes les lois seraient parfaites.
Quand on dit: une heure raisonnable, c'est sûr que l'heure raisonnable
est une heure dont se sert la majorité des gens pour dire, par exemple,
que quelqu'un qui va faire le ménage d'un bâtiment parce qu'il est
à côté d'un comptoir il va être coupable en vertu de
cette loi. À ce moment, on pourrait dire qu'on pourrait trouver 20 000
exceptions dans cette loi.
C'est impossible de figurer que quelque chose, qu'une personne comme
celle-là enfreindrait la loi parce qu'elle serait à
côté d'un comptoir lorsqu'il n'y a pas de travail.
M. Blais: M. le ministre...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Personnellement, vous avez un amendement apporté
à l'article 1. J'aimerais que vous le lisiez, qu'on l'adopte. Je tiens
à vous dire que je veux absolument que cette loi soit adoptée
avant la fin des travaux. On est d'accord avec le principe. (21 h 45)
M. Lincoln: Je suis d'accord.
M. Blais: C'est pour cela qu'on va l'accepter le plus vite
possible parce qu'on voit qu'on ne roule pas vite, mais ce n'est pas de la
mauvaise intention.
M. Lincoln: Je comprends très bien. C'est aucunement ma
suggestion.
M. Blais: Je veux qu'on y aille.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article... M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: J'aurais peut-être une petite intervention. Je
pense qu'on ne peut pas laisser passer non plus, aux fins du feuilleton de la
Chambre, que les lois ne peuvent être parfaites. J'espère que tous
ceux qui ont à légiférer sur des lois essaient de trouver
dans la façon de la rédiger, dans la façon de l'adopter,
le moins de trous possible pour donner le moins de chances possible à de
la contestation.
Je ne travaille pas pour des firmes d'avocats, je travaille pour des
gens qui sont réglementés par des lois. Si on peut
améliorer des lois d'une façon telle qu'il y ait le moins de
contestations possible, bravo. Si, par exemple, sous prétexte que c'est
une loi nouvelle, qu'on ne peut pas trouver des fermetures un peu partout,
qu'on la laisse flotter dans le paysage où tout le monde, à un
moment donné, pourrait la contester, moi, je pense qu'on ouvre les
portes trop grandes. Je pense à ce moment-là qu'on vient de faire
la preuve qu'on n'est pas mûr pour accepter une loi semblable. Il faut
accepter une loi où on peut se sentir raisonnablement
sécurisé, par rapport à ce qu'on adopte.
Si on prend des lois et qu'on accepte des articles où l'on sait
qu'il y a un certain nombre de failles et de trous, et qu'automatiquement, on
sera contestés et contestables, je pense qu'on ne fait pas une oeuvre
utile, qu'on ne fait pas une oeuvre responsable, et surtout qu'on ne fait pas
une oeuvre qui va amener des gens à mieux se situer par rapport à
des lois.
Je pense qu'il faut absolument qu'on ferme le plus de portes possible
pour que vraiment... il y en aura toujours, c'est clair. Je concours en disant:
C'est vrai, il n'y aura jamais de loi parfaite, mais au moins il faudrait
essayer de trouver le moins d'ouverture possible à la contestation.
C'est dans ce sens-là que, nous, on essaie, que, moi, j'essaie
d'intervenir. Sans cela, je perds mon temps.
Si vous me dites que la loi qu'on adopte est bourrée de trous,
moi, je vais être malheureux. Je n'ai pas de temps à perdre et, je
pense bien, personne non plus ici autour de la table. Je ne crois pas qu'on
veuille faire cela.
M. Lincoln: M. le Président, je ne pense pas qu'il faille
exagérer. Personne n'a dit que la loi est bourrée de trous. Je ne
pense pas que personne de notre côté admette que la loi est
bourrée de trous, bien loin de là. Ce que nous avons
essayé de faire... En fait, nous avons accepté des amendements.
Le député a apporté un amendement au point de vue des
locataires,
des propriétaires. On l'a accepté. Hier, le
député de Terrebonne a apporté une suggestion au sujet des
salles de réunion, on l'a acceptée. En même temps, quand
nos conseillers juridiques... Et ce sont des gens qui travaillent à
faire des lois toute la journée, ce sont des gens de l'appareil
gouvernemental, du ministère de la justice qui font des lois toute la
journée. Je pense qu'ils savent de quoi ils parlent. Ils nous disent
qu'à un moment donné, si vous devenez tellement restreint dans la
façon dont vous écrivez les lois, vous causez plus de
problèmes que vous n'en réglez. Il faut qu'au-delà de sa
rédaction, se baser sur le sens commun, sur l'esprit de la loi. Ils nous
disent que, si on commence à définir les choses de façon
tellement précise qu'on ne laisse aucun champ d'action et qu'on en
arrive à la fin d'essayer de couvrir les moindres petites circonstances
qui puissent se produire, à ce moment-là, on cause plus de
problèmes qu'on n'en résout. C'est l'idée que les
conseillers nous disent.
Si, demain matin, on dit "à une heure raisonnable", il y a une
présomption que l'heure raisonnable, c'est l'heure à laquelle
toutes les personnes agissant raisonnablement se serviraient de ce service et
que l'inspecteur ne pourrait pas aller faire des arrestations dans le sens qui
avait été expliqué par le député de
Terrebonne. C'est ce que nos conseillers nous disent. Ils n'ont jamais
suggéré, ni moi non plus, que cette loi est viciée.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'article 8 du paragraphe 1° qui se lit comme suit: "L'article 8
du projet de loi est modifié par le remplacement dans le paragraphe
1° du mot "présentes" par les mots "qui peuvent se rendre sur les
lieux" est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Blais: Au paragraphe 2, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous avons un autre
amendement au paragraphe 2.
M. Blais: Au paragraphe 2, oui. De toute façon, c'est un
amendement qu'on a proposé nous autres mêmes pour enlever salle de
"réunion". Alors adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'article 8, paragraphe 2 qui se lit comme suit: "L'article 8 de cette
loi est modifié par la suppression dans le deuxième paragraphe
des mots "de réunion"" est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Lincoln: Adopté. Une voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Avant de passer à l'adoption... Je comprends
que dans une bibliothèque ou dans un laboratoire, il n'est pas permis de
fumer. Mais dans une salle de conférence, de cours ou de
séminaire quand il n'y a personne dans la salie ou qu'il a deux
personnes ou trois personnes, est-ce que vous maintenez l'interdiction de
fumer? Une salle de conférence qui n'est pas occupée, c'est beau
de marquer "Conference room" à la porte, mais quand il n'y a personne
à l'intérieur. On s'assied deux personnes pour venir jaser.
Qu'est-ce qu'on fait? C'est défendu de fumer. Il faut avoir son cendrier
dans ses poches?
M. Lincoln: Vous pourriez reprendre n'importe quelle section de
la loi et adopter le même argument dans un hôpital, par exemple.
Vous pourriez dire: Si je suis dans une salle de réception
d'hôpital et que je suis la seule personne, est-ce que la loi ne
s'applique pas parce que je suis la seule personne? Par exemple s'il y avait
une loi qui disait que dans les autobus, il faut porter la ceinture de
sécurité et que je suis la seule personne, est-ce que je le fais
différemment que s'il y a 30 personnes? Une loi est une loi. On ne peut
pas faire des lois qui s'appliquent à toutes les circonstances possibles
et inimaginables. On écrirait jusqu'à la fin: On dirait s'il y a
une personne, c'est possible, s'il y a plus d'une personne... Je ne sais pas
comment on fait cela, moi.
M. Blais: Adopté, M. le député de
Jonquière?
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement au
paragraphe 2 est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Blais: Adopté. Au paragraphe 3, M. le ministre, juste
une seconde. J'aimerais attirer votre attention. Je ne sais pas si on doit
mettre un ascenseur, un escalier ou un corridor? Je ne sais pas si on devrait
mettre les trois? Pardon? Je voudrais en venir au 4°. Je le trouve abusif,
c'est pour cela que je veux y revenir. Vous allez me répondre que dans
4° , la personne peut désigner toute aire dont un corridor, un
escalier. Elle aurait aussi désigné l'ascenseur. N'est-ce pas?
Bon. Je ne sais pas pourquoi... Les endroits où se trouve le public ou
qui sont des moyens de communication comme l'ascenseur, le corridor et
l'escalier sont des choses qui sont
sur un même pied. Alors, si on ne laisse pas à la personne
le choix de l'ascenseur, je ne voudrais pas qu'on le laisse pour l'escalier ou
le corridor. Je crois que ce sont des choses qui sont à peu près
égales. Les motifs qui s'appliquent à l'ascenseur doivent
s'appliquer au corridor. Tout cela pour dire... Je vais vous laisser penser
peut-être à cela avant. Je ne suis pas d'accord sur le 4°.
"Une aire désignée par une personne ayant la plus haute
autorité au sein de l'organisme public". Je l'enlèverais le
4°.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Le 4°, c'est la clé même de la loi.
Le 4°, c'est la raison même de la loi. Par exemple, dans notre
ministère et le ministère de la Santé et des Services
sociaux, on a tenu des sondages où tous les employés ont eu le
droit de répondre. Une très forte majorité a
demandé des aires pour les non-fumeurs. La seule façon de le
faire dans les bâtiments, c'est de donner la permission à ceux qui
dirigent l'organisme, si la grande majorité le veut, de faire certaines
places où les non-fumeurs peuvent aller s'ils le veulent. Si on n'a pas
cela dans la loi, il ne resterait rien dans les bâtiments
gouvernementaux. Où est-ce qu'on devra ne pas fumer?
Le Président (M. Saint-Roch); M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre, je suis complètement d'accord
avec vous. On laisse une personne en désigner les lieux ou on les
indique nous-mêmes dans la loi. Dans la loi, on dit: les comptoirs
où des gens doivent aller, une bibliothèque, un laboratoire, une
salle de conférence, une salle de cours, une salle de séminaire,
un ascenseur. Et après qu'on a dit tout cela, on arrive avec un
quatrièmement pour dire: II y aura une personne qui sera
désignée pour dire où on ne fume pas.
M. Dufour: Elle ne sera pas désignée, elle est
désignée.
M. Blais: Les aires, on les désigne. Autrement dit, on
enlève le 4 ou on enlève 1 , 2° et 3°. C'est cela que je
veux dire.
M. Lincoln: C'est additionnel aux autres.
M. Blais: À 3°, je dirais, escaliers et corridors.
Pourquoi choisissez-vous l'ascenseur comme moyen? Je comprends que c'est parce
que c'est renfermé et que...
M. Lincoln: C'est sécuritaire.
M. Blais: C'est cela. Pour l'escalier, c'est la même chose.
Les gens de tout l'édifice se promènent dans les escaliers ou
dans les corridors. Je trouve cela à peu près synonyme. Si ces
trois choses étaient accolées une à côté de
l'autre, escaliers, ascenseurs et corridors, je serais d'accord avec cela. Mais
une aire désignée par la personne ayant la plus haute
autorité au sein de l'organisme public. Après avoir mis des
restrictions sur tout, il reste quoi? Les salles de bain. Il reste quoi? S'il
reste les salles de bain, mettons-le. Il reste quoi? Si à 4°
-écoutez bien M. le ministre - on disait: une aire
désignée par la personne ayant la plus haute autorité au
sein de l'organisme public, une aire désignée pour fumeurs...
M. Lincoln: C'est tout le contraire.
M. Blais: Je le sais que c'est le contraire, mais, seulement,
cela ne tient pas... On prend quatre paragraphes pour dire où on ne doit
pas fumer. Ensuite, on dit qu'il y a une personne qui va désigner des
aires où on ne fume pas. On met juste le paragraphe 4 et on dit: II y
aura une personne dans l'édifice qui dira où on ne fume pas.
Sinon, on ne fait pas confiance à la personne ou bien on ne sait pas ce
qu'on dit aux trois premiers paragraphes. On désigne tous les endroits
ou on ne les désigne pas du tout, en gros.
On dit que quelqu'un d'habillé, c'est quelqu'un qui a une chemise
et une paire de culotte, des bas, des bottines et, s'il pleut, un parapluie.
Après qu'on a dit cela, on ne dira pas: et tout autre vêtement qui
pourrait être ajouté par une personne qui serait une habilleuse.
Vous comprenez bien ce que je veux dire?
M. Lincoln: Oui.
M. Blais: Mais si on disait: On ne fume pas à tous ces
endroits et, au paragraphe 3, on ajoutait "escaliers et corridors". Cependant,
dans chacun des édifices, par respect pour les fumeurs, il y aurait une
personne qui serait autorisée à désigner un endroit
où ils pourront exercer leur tic, leur tactique ou leur tic tac - je ne
sais pas comment l'appeler - ce tic pourrait se faire quelque part et je
comprendrais pourquoi on donne de l'autorité à quelqu'un
après avoir désigné les endroits où on ne fume pas.
Pensons-y, on ne pourra pas fumer ici.
M. Lincoln: Est-ce que je peux expliquer...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: ...quelque chose au député? Ce qui
arrive, c'est ceci: dans un bâtiment
gouvernemental, disons un ministère ou un bureau gouvernemental,
si nous n'avions pas les paragraphes 1, 2 et 3, admettons que le
supérieur dise: Dans cet organisme gouvernemental, si nous n'avons pas
les paragraphes 1, 2 et 3, il n'y a pas d'aire de non-fumeurs, à ce
moment, il n'y aurait aucun endroit pour les non-fumeurs. C'est pourquoi on a
désigné les paragraphes 1, 2 et 3 comme des . choses minimums,
parce le paragraphe 4 est tout à fait optionnel.
Un ministère pourrait désigner des aires de non-fumeurs,
l'autre pourrait ne pas les désigner. En fait, les paragraphes 1, 2 et
3, c'est un minimum; le quatrième est optionnel. Cela pourrait
être une aire de non-fumeurs, cela pourrait être plusieurs selon
les gens, les consensus ou les ministères. À notre
ministère, cela ira beaucoup plus loin, parce qu'il y a 75 % des gens
qui l'ont demandé. Au ministère du Travail, on ne l'a pas
demandé, il n'y en aura aucun. Mais il y aura un minimum, il y aura la
bibliothèque, le laboratoire, la salle de conférence, parce que
ce sont les endroits où le plus grand nombre de gens se rencontrent.
M. Blais: ...fume.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Il serait bien plus simple de dire où on
fume.
M. Lincoln: Mais on fume n'importe où, excepté
à ces endroits.
M. Blais: Il reste quoi, M. le ministre?
M. Lincoln: Mais il reste tous les bureaux, il reste tout ce
qu'il y a de bureaux dans un ministère...
M. Blais: À condition que personne ne s'y rende...
M. Lincoln: Mais non!
M. Blais: ...parce qu'au paragraphe 1 on dit: Les bureaux
où les personnes vont.
M. Lincoln: Tout à fait! Pas du tout!
M. Blais: S'il y a du monde qui y va, il n'y a pas de fumage.
M. Lincoln: Pas du tout!
M. Blais: Oui! Les comptoirs de services. Un instant! Mon bureau
de comté, c'est un comptoir de services.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Blais: Il y a des gens qui peuvent s'y rendre. Mme la
députée de Mégantic-Compton passe pour une femme qui fait
un excellent bureau de comté; j'en ai entendu parler. Le bureau de
comté de cette dame est un bureau de services. Qu'on le veuille ou qu'on
ne le veuille pas, c'est un comptoir de services. C'est donc dire qu'à
son propre bureau là députée de Mégantic-Compton ne
pourra pas fumer, pas plus que les autres députés, parce que des
gens s'y rendent. Un instant! Cela va très loin. Moi, je ne fume
pas...
M. Lincoln: C'est votre interprétation, ce n'est pas du
tout le sens de la chose.
M. Blais: Ah! bien là... Si j'étais avocat,
j'essaierais de vous battre là-dessus en cour. Je ne veux pas dire que
je gagnerais, j'ai dit que j'essaierais.
M. Lincoln: À ce moment, il faudrait réellement
vicier toutes les lois qui ont été écrites ainsi, parce
que je pourrais vous en citer, moi.
M. Blais: Non visser!
M. Lincoln: Non, vicier.
M. Blais: Mettre un "screw".
M. Lincoln: Non, vicier, annuler.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Est-ce que le ministre peut nous dire si l'exemple
utilisé par mon collègue est exact? Par exemple, est-ce que, par
cette loi, un bureau de comté d'un député est
considéré comme un comptoir public? (22 heures)
M. Lincoln: Ce n'est pas du tout cela. Ce n'est pas du tout un
comptoir public. On fait une grande distinction entre un bureau et un comptoir
public. Autrement, il faudrait écrire un bureau de député,
ce n'est pas cela du tout. On parle d'une salle publique où il y a des
comptoirs qui donnent des services au public. Une salle de réception
où il y a des gens qui viennent chercher de l'information, mais les
bureaux du ministère, ce ne sont pas des salles de prestations de
services. Partout on a le droit de fumer.
M. Desbiens: J'ai une autre question...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: ...à poser. Finalement, ce que je saisis de
l'article au complet, c'est que, a part la mention des salles et de
l'ascenseur, dans tout le reste de l'édifice il y aura quelqu'un
qui pourra déterminer d'autres endroits. Est-ce cela?
M. Lincoln: Oui, c'est exactement cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: "Une aire désignée par la personne..."
Ah! Allez-y, M. le député de Jonquière.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, je pense que cet article
investit une personne d'un pouvoir pour lequel elle n'a pas été
engagée. Dans le fond, par la loi on détermine qu'une personne
ayant la plus haute autorité va avoir le droit de décider les
aires où on fume et où on ne fume pas. J'accepte cela
difficilement. Par exemple, dans une municipalité c'est le maire qui a
la plus haute autorité, il n'a pas besoin de son conseil pour le nommer.
Du fait qu'il a la plus haute autorité, il vient de décider et il
n'y a aucun endroit où on dit comment on va réglementer cette
personne. Elle n'est pas réglementée parce que la loi la
détermine comme un juge suprême de décider si oui ou non,
on va fumer.
Je comprends que la personne devrait être intelligente et
écouter tout ce que le monde dit alentour, mais je suis loin
d'être sûr que ce soit automatiquement le cas, parce que le fait
que cette personne soit investie par la loi d'un pouvoir sans aucune
restriction et sans non plus qu'elle ait besoin d'être nommée,
souvent dans un organisme... Attention! je ne parle pas seulement du
gouvernement, mais des municipalités et du milieu scolaire. Alors, les
personnes qui ont la plus haute autorité, c'est qui dans ces endroits?
Il y a des personnes nommées, des gens engagés. Il y en a
d'autres qui sont une autorité politique. Donc, à ce
moment-là, comment peut-on laisser à une personne un pareil
pouvoir sans que personne ne puisse le contester? Cela me semble abusif et
dépasser le cadre normal d'une loi.
J'ai rarement vu une loi qui investit d'un tel pouvoir un individu qui
n'a pas été effectivement engagé pour cela. Au
début, lorsqu'on a engagé du monde, on aurait pu leur faire
passer des tests de jugement, mais les personnes engagées sont en place
et on leur dit: Vous avez la plus haute autorité dans la bâtisse.
C'est vous le "boss"; décidez. Le gars ne fume pas, il a horreur de
cela, il arrête tout cela et on ne fume plus nulle part. Il vient de dire
qu'on ne fume plus. Ce n'est pas écrit dans la loi qu'il doit
obligatoirement y avoir un endroit pour fumer. C'est écrit où on
n'a pas le droit de fumer et on peut en ajouter tant que l'on veut.
Personnellement, cela me semble abusif et un peu trop gros pour que ce soit
accepté. Je trouve que cet article n'a pas sa place, ou s'il a sa place,
il va falloir qu'il soit bonifié ou changé quelque part.
C'est assez rare qu'un individu soit investi d'une pareille
autorité sans qu'il ait de comptes à rendre à personne.
Quand on lit: "Une aire désignée par la personne ayant la plus
haute autorité au sein d'un organisme public", j'ai beau regarder dans
la loi, cela ne se rapporte à personne. Le titre du chapitre c'est
Protection des non-fumeurs. Section I. Organismes publics. Donc, si on regarde
la définition des organismes publics, ce sont les conseils scolaires,
municipaux, les établissements de santé, etc. Pourquoi est-ce que
j'accepterais dans un pays qui se veut démocratique qu'une personne qui
dirige une bâtisse ou qui a la plus haute autorité puisse
décider n'importe quand si on a le droit de fumer ou pas? Elle pourrait
décider, en dehors et en plus de tout ce qui est là, qu'il n'y a
pas un endroit où on peut fumer dans cette bâtisse et on n'a rien
à dire. On n'a qu'à plier.
Je pense par exemple à des centres d'accueil où quelqu'un
pourrait dire: Cela dérange quand on fume; il y a danger pour le feu.
Dieu sait que c'est dangereux. C'est sûr qu'il n'y a pas que le danger
pour les poumons, c'est aussi dangereux pour le feu. Il pourrait arriver que
quelqu'un dise: On ne fume plus dans les chambres. On ne fume nulle part,
même si la personne est seule dans sa chambre et qu'elle ne
dérange personne. Cette personne désignée et la plus haute
autorité dans l'établissement pourrait dire: Un instant! On ne
fume nulle part. Il y a vraiment quelque chose de gros et de difficilement
acceptable si on n'en discute pas et de façon bien correcte.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre?
M. Lincoln: M. le Président, c'est étonnant comme
on peut donner une différente interprétation à la
perception. On aurait pu faire comme dans toutes les lois que nous avons
consultées. Je pourrais citer le ministre: "II est interdit de fumer
dans tous les édifices, sauf dans les espaces réservés aux
fumeurs." Qui décide quels sont les espaces réservés aux
fumeurs et où il est interdit de fumer?
On aurait pu faire cela, mais nous avons plutôt dit: Au contraire,
nous allons être beaucoup plus permissifs dans cette loi. Cette loi dit
qu'il est interdit de fumer seulement dans certains endroits spécifiques
et on a dit: II faudrait déterminer des aires pour les non-fumeurs,
c'est-à-dire qu'automatiquement, dans un bâtiment où il n'y
a pas d'endroit spécifique pour les non-
fumeurs, n'importe qui peut fumer partout. Vous dites: Là, on
donne un pouvoir... Attendez un instant. Vous dites qu'on donne un pouvoir
immense à la personne qui peut désigner. Auriez-vous
préféré qu'on dise: II est interdit de fumer, sauf dans
les espaces réservés aux fumeurs? Est-ce que ce n'aurait pas
été bien pire?
Au contraire, il y a toujours quelqu'un qui va décider la chose.
Cela se décide, par exemple, dans tous les secteurs qu'on connaît,
par quelqu'un qui est en charge. Dans un ministère, c'est un
sous-ministre qui est en charge du personnel et il peut décider toutes
sortes de choses. Mais en même temps, si, demain matin, une personne en
charge décidait que le bâtiment en entier était une aire de
non-fumeurs, c'est un petit peu l'argument que vous nous serviez tout à
l'heure... On pourrait prendre des arguments comme cela qui sont tout à
fait irraisonnables, qui ne se tiennent pas debout et qui ne seraient jamais
appuyés. On avait l'option de dire qu'il est interdit de fumer, sauf
dans des endroits réservés aux fumeurs. Cela aurait
été bien pire. Cette façon de procéder est beaucoup
plus souple que l'autre, c'est sûr.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je comprends l'argument du ministre à savoir
qu'il y a toujours quelqu'un qui va décider. Mais c'est assez rare qu'on
voie quelqu'un décider tout seul. On va regarder, par exemple, ce qui se
passe au gouvernement. C'est sûr que, comme ministre, vous détenez
une autorité assez grande. Mais vous ne pouvez pas décider
n'importe quoi. Vous avez la solidarité ministérielle. Vous
êtes obligé de vous rapporter au premier ministre. Votre parti
vous trace certaines lignes de conduite. Donc, il y a toujours une personne qui
décide, mais après consultation. Et si vous ne faites pas bien
votre travail, le premier ministre se réserve le droit de vous enlever
votre poste. Pas nécessairement pour cela, car ce serait méchant
de dire cela, mais si quelqu'un ne faisait pas bien "sa job" il pourrait dire:
Je la lui enlève. Il pourrait le dire pour autre chose aussi.
C'était seulement à titre d'exemple. Je ne voulais pas viser qui
que ce soit par cette démarche. Je n'ai rien à l'esprit dans le
sens d'attaquer quelqu'un.
Je veux bien regarder, par exemple, ce qui se passe dans un conseil
municipal. Le maire a une grande autorité, mais quand le conseil
municipal siège, c'est le conseil municipal dans son ensemble qui a
l'autorité. Donc, le maire a un certain pouvoir de décision, mais
il doit se rapporter, à la première occasion, à son
conseil municipal qui peut lui dire: Oui on non, vous faites ou ne faites pas
cela.
Ce que je reproche là-dedans, c'est que, ipso facto, la personne
est déjà déterminée. On ne peut pas passer le
manège. On dit: Celui qui a le plus haut poste, c'est lui qui sera le
boss de cela. Il ne se rapporte à personne. Il pourrait, par exemple, y
avoir un conseil d'administration. Je vais vous citer des exemples pour qu'on
se comprenne bien. Dans un conseil d'administration d'un centre d'accueil, il y
a un directeur général. Normalement, c'est lui qui a la plus
haute autorité, je pense. C'est un édifice gouvernemental. Cette
personne n'a pas è se rapporter à son conseil d'administration.
Le conseil d'administration n'a même pas de comptes à lui
demander. Pourquoi avez-vous décidé qu'on ne fumait pas
là? J'ai décidé car j'avais à décider,
point. Je n'ai pas d'autre réponse à donner.
Pour ce qui est du domaine scolaire, ce peut être le
président de la commission scolaire ou le directeur
général, je ne le sais pas. Vu que c'est payé à 90
% par le gouvernement, je serais porté à croire que la plus haute
autorité dans les commissions scolaires ce n'est pas le
président, mais ce pourrait être le directeur
général. Donc, le directeur général pourrait
décider qu'on ne fume pas à tel endroit. Pourquoi? C'est fini; on
ne fume plus nulle part. Il n'y a même pas une salle pour les
employés. C'est dans ce sens que j'apportais mon argument.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Laissez-moi vous donner un exemple.
M. Dufour: Oui.
M. Lincoln: Vous prenez la loi sur l'accès à
l'information, la loi 65. La loi 65 dit ceci: "La personne ayant la plus haute
autorité au sein d'un organisme public exerce les fonctions que la
présente loi confère à la personne responsable de
l'accès aux documents et de la protection des renseignements personnels.
Cette personne peut même désigner comme responsable un autre
membre d'un organisme public." Voilà, la personne ayant la plus haute
autorité peut faire beaucoup de choses. On peut vous citer d'autres lois
où c'est indiqué.
Je prends par exemple une autre loi, car on a pris des modèles.
J'en prends une, purement par accident, c'est la loi italienne sur les
non-fumeurs: "Ceux qui sont chargés par la loi, un règlement, une
disposition ou les autorités d'assurer l'ordre à
l'intérieur des locaux mentionnés ainsi que les gestionnaires des
locaux mentionnés à la lettre b du même article font
observer cette
interdiction en exposant visiblement des affiches."
Il faut bien habiliter quelqu'un à le faire. Si demain matin nous
disions qu'il y a interdiction de fumer dans tous les bâtiments
excepté... Qui va nommer cela? Dans un ministère, par exemple,
est-ce que vous pouvez me dire qui, si ce n'est pas le ministre» le
sous-ministre, la personne ayant la plus haute autorité - il faut bien
qu'il y ait quelqu'un - ou le président de l'Assemblée nationale
ici?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je vais d'abord vous parler de l'accès à
l'information. C'est la personne mais elle applique une loi et elle n'a pas le
droit de faire ce qu'elle veut. Elle décide, elle est obligée
d'appliquer la loi, donc, un règlement. Là, ce n'est pas cela.
C'est la permission d'appliquer sa propre décision vis-à-vis des
fumeurs. Donc, cette personne n'a pas à appliquer une loi. Vous lui
donnez, vous l'investissez de l'autorité complète de
décider si elle fume où non. Et elle ne se rapporte à
personne.
Si vous disiez dans la loi que le jugement de cette personne peut
être contesté. Dans la loi sur l'information, s'il ne fait pas "sa
job", vous savez ce qu'il va faire, puis il peut être traduit en justice
et il va se faire organiser tandis que dans cette loi je ne vois pas tellement
d'endroits où la personne qui va décider que cela pourrait
être contesté. À mon sens, c'est là qu'est le
problème. Si elle peut décider d'elle-même ce qu'elle peut
faire, ce sont ses critères, comment va-t-elle prendre sa
décision? Est-ce que vous pensez qu'elle hait les fumeurs, qu'elle
n'aime pas la senteur, qu'elle est allergique?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
Lincoln: Si vous regardez à la page 5, il y a toutes les
choses; demain matin mon sous-ministre ou moi-même... J'ai des pouvoirs
immenses dans la loi, je peux signer n'importe quel document, je peux faire des
prêts au nom du gouvernement, je peux faire toutes sortes de choses. J'ai
des pouvoirs immenses selon la constitution de mon ministère. La
même chose pour le sous-ministre. Mais on est régi par des cadres
de gestion. Par exemple, vous regardez l'article 10: "Un organisme public dont
la toi exige la production d'un rapport annuel de ses activités doit
fournir dans ce rapport, sous une rubrique particulière, un compte rendu
sur l'application de la présente loi dans les lieux qu'il occupe."
J'ai un sous-ministre. D'abord, tout le monde est responsable de
quelqu'un d'autre, à part le Bon Dieu. Si demain matin j'arrivais dans
mon ministère, que j'étais la personne ayant la plus haute
autorité et que je disais: Tous les lieux dans ce ministère sont
pour les non-fumeurs... Mais moi, je suis responsable d'une
collégialité, je suis responsable au premier ministre. Je dois
faire un rapport chaque année. C'est dans le sens du bon sens. Si demain
matin on peut dire que... Il faut bien investir quelqu'un des pouvoirs.
Autrement, autant ne pas faire de loi du tout. Si on n'investit pas quelqu'un
des pouvoirs de le dire, à ce moment on fera comme pour les autres lois.
On dira que partout c'est interdit excepté où il y a des endroits
réservés pour les fumeurs. Et qui va décider cela? Est-ce
que le Conseil des ministres va décider où il y a une aire de
fumeurs ou de non-fumeurs dans un ministère? Cela n'a pas de sens.
Si, demain matin, le sous-ministre désire que quelqu'un aille
dans un bureau X et qu'il bouge, qu'il aille là, il ne va pas me
demander la permission. Il peut faire n'importe quoi. Demain matin il peut
arriver dans le ministère, il peut dire: Écoutez, demain matin ce
comptoir-là va aller ici. C'est sûr. Mais il faut que tout cela se
cadre dans les activités normales comme vous, le maire d'une
municipalité, avez des pouvoirs immenses et vous vous en servez dans un
cadre de prudence, de bon sens, de raison. Si vous ne le faites pas, c'est
sûr que vous allez avoir à répondre pour vos actions. C'est
pourquoi nous avons mis dans cet article 10 qu'il faut que les organismes
publics exigent le rapport annuel, de fournir un rapport. C'est sûr que
c'est fondé sur la demande.
Au ministère des Affaires sociales, les gens ont fait un sondage
avant de le faire. Maintenant, ils ont un sondage, ils ont fait des aires
d'après les sondages. Dans notre ministère, on a fait la
même chose. Si demain matin un sous-ministre allait imposer des choses
à des employés il ne serait pas là longtemps. C'est comme
cela dans toutes les fonctions. Si demain matin il rendait la vie infernale aux
employés dans tout autre secteur, ce serait la même chose.
Peut-être qu'il a les pouvoirs légaux de le faire mais la justice
et l'équité vont travailler. Que voulez-vous?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Ce que je reproche à cet article, c'est que
vous investissez une personne de l'autorité par la loi. De quelle
façon pourrez-vous arriver et contester son autorité? Vous
décidez dans la loi que la personne qui a la plus haute autorité,
donc, qui est la meilleure et la plus compétente au sein de l'organisme
public, puisse poser ces lois. De quelle façon pourrait-on contester
son argument et son raisonnement? (22 h 15)
Je ne comprends pas comment vous fonctionnez parce que vous me dites:
Bien, je ne pourrais pas le faire ou quelqu'un pourrait déplacer du
monde. Faites-le. Vous allez voir qu'il y a des syndicats. Il y a certaines
normes avec lesquelles on est habitué de fonctionner. On parle d'une
nouvelle loi. On parle de fumeurs et on nomme un paquet d'endroits où
c'est défendu de fumer, puis on dit: Les autres endroits, on nomme
quelqu'un qui est plus qu'un juge parce que même le juge peut être
contesté incessamment. Tandis que dans la loi, nulle part on ne dit
comment il est nommé. On dit: Celui qui a la plus haute autorité.
Fini! Ne pose pas de questions. À partir de cela, il n'a plus de comptes
à rendre à qui que ce soit.
Si le monde n'aime pas cela, n'est pas content, moi, ils m'ont dit que
j'étais le meilleur. Vous viendrez me contester. Et je ne vois pas
comment on pourrait décemment aller contre la volonté de cette
personne qui pourra avoir des critères très subjectifs en disant:
Je n'aime pas les fumeurs. Je vais leur donner une petite salle de cinq sur
cinq pour qu'ils puissent fumer. Ils iront fumer là s'ils le veulent. Je
ne veux rien savoir de cela.
Ce que je reproche en fait, ce n'est pas la façon de nommer la
personne. Je ne dis pas que vous n'êtes pas correct. Je dis que cette
personne qui est investie d'une autorité très grande - il ne faut
pas se le cacher, c'est peut-être dans un domaine particulier, ce n'est
pas n'importe qui, c'est la personne qui a la plus haute autorité au
sein de l'organisme public - n'a pas à se rapporter à qui que ce
soit. Elle a le droit de décider, envers et contre tous, et elle prend
une décision puis il n'y a plus rien.
C'est un peu dans ce sens que l'argumentation... Je voudrais qu'on
puisse se comprendre. Il se peut qu'on ait besoin d'une persone. On n'a
peut-être pas assez de place où on n'a pas le droit de fumer. Je
pense que cela aurait été plus facile de dire la place où
on peut fumer. On pourrait dire, dans une bâtisse, on a juste besoin d'un
endroit "x" pour pouvoir fumer. Point.
Ce n'est pas nous qui sommes responsables de la loi. On essaie de la
bonifier. Je dis qu'on investit une personne d'une autorité très
grande au sein de l'organisme public. On dit qui c'est. Mais on dit que cette
personne devrait au moins... Vous savez ce qui va se passer, M. le ministre? On
fait une loi, on va nommer la personne qui a la plus haute autorité,
elle va nommer des endroits pour ne pas fumer, le conseil d'administration va
recevoir les plaintes et le diable va prendre entre les deux. La personne
décidera ce qu'elle voudra et c'est ce que je reproche. Il faudrait
qu'il y ait une approbation quelconque quelque part ou quelqu'un qui dise...
Parce qu'il ne faudrait pas toujours aller en cour pour se faire dire ce qu'on
veut ou ce qu'on ne veut pas.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Écoutez, j'entendais le député
de Terrebonne dire l'assentiment du Conseil des ministres. Â ce moment,
est-ce que vous savez, par exemple...
Une voix: Je n'ai pas dit cela. M. Lincoln: Du Conseil des
ministres. M. Blais: Non. Non, non, non. M. Lincoln: Ou du ministre.
M. Blais: Non. Je vous l'ai dit, M. le ministre. Je vais prendre
une demi-seconde pour nous expliquer.
M. Lincoln: Ah! Pardon. Excusez-moi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Ce qui nous répugne à 4°, comme vous
le voyez, c'est l'abus de pouvoir. C'est toujours possible parce que dans la
vie, on rêve tous d'être dictateur et on résiste, la plupart
d'entre nous résistons à nos appétits dictatoriaux. On a
tous cela en nous. Il y a un petit Hitler à l'intérieur de chacun
de nous.
Cependant, cette personne qui est nantie de la pleine autorité,
si on trouvait à qui ou à quelle autorité elle doit
l'autorisation pour désigner. On lui cherche une autorité. C'est
juste cela. Elle peut abuser de pouvoirs si elle est laissée à
elle-même. Si c'est un organisme quelconque, qu'elle réponde
à son conseil d'administration, on a peur qu'avec le mot "organisme
public", dans certaines appellations juridiques, il n'y ait pas de conseil
d'administration et qu'on frappe je ne sais pas comment vous appelez cela, les
gens qui avaient un diplôme pour demander des cachets aux autres...
Une voix: Des médecins?
M. Blais: Non, non, non. Je parle de ceux qui s'appellent
maître, ceux qui sont prêts à sortir sans leur titre. Les
médecins, eux, sortent sans leur titre. Cette personne se devrait, quant
à nous, de répondre à quelqu'un ou à un conseil
d'administration. C'est juste cela. Si vous trouvez une façon de faire
cela, nous allons être complètement heureux et on va l'adopter
tout de suite. Ce n'est que cela qu'on veut. C'est ce que j'ai
compris des interventions d'un homme d'expérience dans ce
domaine, qui est l'ancien maire de Jonquière.
M. Gauvin: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Gauvin: Tantôt, on parlait d'ascenseur. On disait que
cela devrait aussi inclure les passages et les escaliers. Je pense que cela
s'explique très clairement. Un ascenseur est un lieu fermé. C'est
reconnu par tout le monde qu'on doit... Cela fait des années que les
gens se respectent dans un ascenseur. On le précise. Quand on arrive
à l'article 4: Une aire désignée par la personne ayant la
plus haute autorité au sein de l'organisme public, je pense que quand il
y a une réunion publique, il y a une personne qui est
désignée pour présider, pour avoir le contrôle de
cette réunion. Je pense - le ministre me reprendra si ce n'est pas cela
-que cela veut dire ou à peu près que cette personne peut avec
l'assentiment de l'assemblée ou de la salle décider si on va
fumer ce soir-là ou si on ne fumera pas. Je pense que c'est cela
finalement. On s'entend avec l'autorité et elle convient avec les
usagers. Si la majorité dit: On ne devrait pas fumer, tout le monde
s'entend.
M. Blais: Vous permettez, deux minutes?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: M. le député de Montmagny. M. Gauvin:
L'Islet.
M. Blais: Excusez-moi. M. le député de
Montmagny-L'Islet, je crois que l'exemple que vous donnez, c'est à
l'article 2 qu'on va le chercher, tandis qu'à l'article 3, cela regarde
une aire permanente de façon générale. Ce dont vous parlez
c'est qu'il y a une réunion, un séminaire, il y a une
conférence, etc., c'est là que la personne, automatiquement, n'a
pas le droit de fumer dans ces salles d'après cette loi. L'autre, une
aire désignée par la personne, c'est que supposons que moi je
suis au deuxième étage ici à l'Assemblée nationale
et par condescendance ou à cause de la couleur de mes cheveux ou ma dent
en or, je reçois l'autorité au deuxième étage de
désigner les endroits. Je n'en réponds à personne. J'ai
l'autorité de désigner des aires. Je vais désigner d'abord
mon bureau pour qu'il y ait plus de monde qui vienne me voir que les autres qui
vont ailleurs. Je vais défendre de fumer dans les autres bureaux.
Je vais être le député le plus populaire de
l'étage. Vous voyez ce que je veux vous dire. C'est de cela qu'on a
peur. C'est peut-être curieux de vous donner un exemple comme
celui-là. Mais si moi, comme responsable du deuxième, je devais
répondre de mes aires de désignation au caucus des
députés du Parti québécois, je ferais rire de moi.
On ne m'approuvera jamais de ne permettre de fumer que dans mon bureau. Vous
voyez à quoi on veut en venir? Je pense que c'est la crainte
exprimée depuis certainement une quinzaine de minutes par M. le
député de Jonquière. C'est ce que je pense et si vous
trouvez un filon pour y aller, on l'approuve tout de suite.
Une voix: II y en a un, M. le député de
Jonquière.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Tout ce que je voulais situer, c'est que nous avons
revu deux fois à deux comités ministériels, nous avons
revu au Conseil exécutif la question des aires désignées
pour non-fumeurs lorsque nous avons discuté de cette loi. En fait, cela
a été tout le contraire qui est arrivé. Au comité
interministériel des affaires sociales et de l'éducation, il y
avait là des ministres qui cherchaient justement une flexibilité
pour permettre que dans les écoles... Je vous donne un exemple. Il y a
une requête qui a été faite en fait par votre parti
à Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux - parce
qu'il y a un grand problème dans les écoles où il y a des
garçons de 13, 14, ou 15 ans ou de 12 ans qui commencent à fumer
de plus en plus. Apparemment, c'est arrivé. C'est un grand
problème dans les écoles - afin que d'une école à
l'autre, il y ait un chef d'école, un directeur d'école qui
puisse décider que dans certaines parties de cette école
où il y a des plus jeunes, il désire des aires de non-fumeurs et
que pour d'autres parties il ne le fait pas. Cela donne une flexibilité
sans créer tellement d'espèce de contingentement dans la loi pour
qu'une personne, avant de le faire, soit obligée d'obtenir une
permission d'un sous-ministre ou d'un ministre. En plus, selon la loi de
l'équité qui est la base, le fondement même de la loi, la
loi naturelle, cela veut dire que tout principe qui responsabilise est
accompagné par un principe qu'il faut que ce soit accompagné par
l'équité, la justice naturelle, que personne ne peut enfreindre
la chose et la meilleure garantie que nous ayons c'est d'avoir un
système pour qu'à chaque année il y ait un rapport fait
sur ce qui se passe dans les lieux publics. S'il y avait une personne qui
abusait de ce droit, c'est sûr que cela ne durerait pas, que cela ne
resterait pas en place. C'est la même chose si vous regardez dans la Loi
sur la
fonction publique; vous savez quels pouvoirs un sous-ministre a. Par
exemple, je vais vous lire cela: La gestion des ressources humaines, c'est sous
la direction du sous-ministre. Cela comprend la planification, cela comprend
l'organisation, cela comprend la direction, cela comprend le
développement et l'évaluation des ressources humaines dans un
ministère. Les pouvoirs sont immenses.
Si demain matin ils abusaient du pouvoir, ils ne seraient pas en place.
Il y aurait des mécanismes de vérification. Je crois qu'il faut
bien, à un moment donné, qu'il y ait une autorité qui
puisse te faire. Si vous n'avez pas une autorité qui peut le faire, s'il
fallait qu'à chaque fois, pour quelque chose comme cela, si on
désire une aire de non-fumeurs, s'il fallait qu'un sous-ministre aille
demander au ministre qui, lui, irait demander à quelqu'un d'autre, alors
tout serait bloqué. Cela existe aujourd'hui, M. le député,
au ministère de l'Environnement, dans tous ses bureaux. Cela existe aux
Services sociaux qui sont une organisation immense, à travers tout le
bureau et il n'y a pas eu le moindre anicroche.
M. Blais: Il n'y a pas de droit. Il n'y a pas d'anicroche quand
cela n'est pas légal.
M. Lincoln: Mais non, ce que je veux vous dire...
M. Blais: Il n'y a rien. C'est volontaire. Vous connaissez la
façon dont on travaille ici: II y a des règlements, mais notre
façon de travailler, autant du côté de l'Opposition que du
côté du pouvoir - les atomes crochus existent ou n'existent pas -
n'est pas légalisée. Quand cela va bien comme ce soir, par
exemple, où on travaille de façon constructive, mais cela ne va
pas vite, je trouve. Mais on travaille de façon constructive et la
recherche d'un consensus, cela ne se légalise pas.
M. Lincoln: C'est pourquoi je crois que ce sera toujours de cette
façon dont cela va se faire. Mais c'est pourquoi nous avons
insisté pour que tout organisme public soit obligé de faire un
rapport annuel, soit obligé de se situer. Si, par exemple, il y a tout
un édifice où tout ce qu'il y a d'espace devient une aire de
non-fumeurs, c'est sûr que le rapport devra le réfléter,
que cela devra être la réalité des choses. Si tout cela
n'existe pas maintenant, comment cela va-t-il commencer? Est-ce que les gens en
autorité vont aller faire presque des actions punitives, comme de dire:
Bon, je vais déclarer tout un bâtiment entier non-fumeur. Prenez
le président de l'Assemblée nationale qui aurait
été dire: Le moindre petit coin ici est pour non-fumeurs. Cela
n'a pas de sens. C'est impossible.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, je comprends quand vous parlez des
édifices gouvernementaux et je pense que vous pouvez prendre cette
responsabilité comme ministre que, dans ces choses-là où
vous payez le plus possible, vous décidez. Mais là, vous avez
été plus loin. Ce n'est pas moi qui vous l'ai demandé. Ce
sont les municipalités ou un groupe de municipalités qui ont
demandé de l'avoir dans la loi. Je me dis que le moins que vous puissiez
faire, dans les édifices publics qui appartiennent à la
municipalité, pas au gouvernement, mais aux municipalités, c'est
qu'au moins la personne désignée, que ce soit le maire qui a la
plus haute autorité ou n'importe qui, ait des comptes à rendre,
que ce soit au conseil municipal ou pour approbation par le conseil municipal.
Un conseil municipal n'est pas un conseil d'administration ordinaire, ce sont
des gens qui ont été élus et ils devraient avoir au moins
ce pouvoir de dire: Cela a du bon sens ou pas. Je ne voudrais pas que le maire
décide n'importe quoi. Je suis un bon gars, je suis un gars qui a bien
de l'autorité. Je l'ai été assez longtemps et
j'exerçais cette autorité-là. Mais au moins que, dans ce
groupe-là, ils puissent décider pour eux. Je ne veux pas me
mêler trop des commissions scolaires. Si elles ont des choses, elles
iront vous le dire, celles qu'elles n'aiment pas. Pour les centres
hospitaliers, le gouvernement paie tout, alors, on pourrait peut-être
l'accepter. Mais je dis que, pour les municipalités, au moins qu'elles
puissent désigner... Que ce soit la personne qui ait la plus haute
autorité, mais qu'au moins elle soit contrainte de faire ce... Le diable
va prendre quelque part. Je veux essayer de vous "sauver du trouble" en faisant
cela.
M. Blais: Donc, je vais présenter l'amendement et on va
essayer de le régler de cette façon-là.
Le Président (M. Saînt-Roch): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Le paragraphe 4° de l'article 8 du projet de loi
est modifié par l'addition à la dernière ligne et
après le mot "public" des mots "après approbation par la
direction envers laquelle elle est imputable".
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
recevable.
M. Blais: Il faut que vous le regardiez un tout petit peu avant
de dire que vous ne voulez pas le recevoir parce que c'est vraiment l'esprit
que l'on veut. Peut-être n'avons-nous pas le vrai vocabulaire, mais c'est
l'esprit. C'est ce qui nous fait peur.
Le Président (M. Saint-Roch): Or, l'amendement
proposé par M. le député de Terrebonne se lit comme suit:
Le paragraphe 4 de l'article 8 du projet de loi est modifié par
l'addition à la dernière ligne et après le mot "public"
des mots "après approbation par la direction envers laquelle elle est
imputable". (22 h 30)
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement?
M. Blais: Personnellement, je ne voudrais pas faire
d'intervention sauf si on me dit qu'on le refuse à tous crins.
M. Lincoln: Ce n'est pas la question de refuser à tous
crins. Mais en même temps nous avons des conseillers qui travaillent sur
le sujet et qui s'inspirent des lois et de la jurisprudence qui ont
été créées au Québec. Ils ne me disent pas
d'empêcher les choses. Ils comprennent le sens de ce que vous dites. Ils
me disent que dans les cinq dernières années au Québec
toute la jurisprudence ou le sens de créer des lois ont
été inspirés par deux choses: La responsabilisation des
plus hautes autorités et la délégation des pouvoirs
d'elles à d'autres. C'est consacré par la loi de l'accès
à l'information. Ils me disent qu'il y a une jurisprudence qui est en
train de se créer au Québec concernant le sujet. Ils m'avisent
que c'est parce qu'on a délégué à la plus haute
autorité qu'on a mis l'article 10 demandant un rapport annuel. Ils
trouvent que si on circonscrit cela, cela posera plus de problèmes que
cela n'en résoudra. Il faut une flexibité. Il faut une
responsabilisation des gens qui sont en haute autorité.
Pour ces raisons, ils me recommandent de laisser la chose comme elle
est.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y d'autres
commentaires sur l'amendement?
M. Blais: M. le ministre...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: ...vous allez rejeter cet amendement à cause de
l'argumentation que vous venez d'avoir...
M. Lincoln: Oui. Ce n'est pas de façon destructive, mais
à cause des avis qui me sont donnés par les conseillers que nous
avons.
M. Blais: Je ne peux pas vous faire changer de conseillers ce
soir, c'est impossible.
Personnellement, je suis à bout d'arguments. Je ne peux que dire
que je suis pour cet amendement. Je tiens à noter, de façon
percutante, que cet article est pour moi un abus de pouvoir parce que la
personne qui va être désignée n'a pas de barème ni
de balise comme autorité suprême. C'est elle qui aura la latitude
- pas d'observer une loi - de fabriquer des règlements par
elle-même. Autant il y aura d'établissements, autant il y aura de
personnes qui pourront fabriquer elles-mêmes des lois et définir
des aires qui pourront être différentes d'un hôpital
à l'autre, d'une commission scolaire à l'autre, etc.
Je trouve que ce n'est pas bon pour l'ensemble de la population. C'est
ce que je veux dire et cela pourrait être, dans certains cas, abusif.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants?
Est-ce que l'amendement qui se lit comme suit: Le paragraphe 4 de
l'article 8 du projet de loi est modifié par l'addition, à la
dernière ligne et après le mot "public", des mots "après
approbation par la direction envers laquelle elle est imputable", est
adopté?
M. Blais: Vote nominal, s'il vous plaît, parce que j'y
tiens à celui-là.
Le Président (M. Saint-Roch): Vote nominal? M. le
Secrétaire.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
Mme Bélanger Contre.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'Isiet)?
M. Gauvin: Contre cet amendement.
Le Secrétaire: M. Kehoe (Chapleau)?
M. Kehoe: Contre.
Le Secrétaire: M. Middlerniss (Pontiac)?
M. Middlemiss: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Matapédia)?
M. Paradis: Contre.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet)?
M. Richard: Contre.
Le Secrétaire: M. Lincoln (Nelligan)?
M. Lincoln: Contre.
Le Secrétaire: M. Saint-Roch (Drummond)?
M. Saint-Roch: Contre.
Le Secrétaire: Pour: 3. Contre: 8.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement, à
l'article 8, paragraphe 4° est rejeté. Il noua reste le paragraphe
3° de l'article...
M. Dufour: M. le Président, j'aurais un autre amendement,
mais il n'est pas tout à fait rédigé. Je pense qu'on
pourrait ajouter un cinquième alinéa qui se lirait à peu
près comme suit: Pour les organismes municipaux désignés
selon la loi par l'article 5, la personne ayant la plus haute autorité
dans cet organisme pour déterminer une aire de non-fumeurs, où il
est interdit de fumer, pourrait exercer son pouvoir mais avec l'approbation de
son autorité. Parce que, effectivement, je comprends que, dans un centre
d'accueil ou autrement, ce n'est peut-être pas bien grave, il y a un
conseil d'administration, on peut les laisser aller. Mais n'oublions pas que
les organismes municipaux, ce sont des gens qui ont été
élus, et, s'ils ont été élus, il pourrait y avoir
des problèmes avec la population si la personne applique le
règlement de n'importe quelle façon.
Je pense que le fait que le ministère ait mis en tutelle, aux
fins de cette loi, les municipalités, leurs organismes et leurs
mandataires, j'ai l'impression, non seulement l'impression, mais j'ai la
certitude qu'on devrait au moins leur laisser une certaine autorité par
rapport à cette personne. C'est pour cela que tout à l'heure je
disais que peut-être que le ministère peut empêcher
l'amendement qui a été proposé par mon collègue.
D'un autre côté, je trouve qu'on va directement dans
l'administration municipale, on va directement dans les responsables municipaux
qui sont déjà élus, et ce n'est pas n'importe quel conseil
d'administration. C'est un gouvernement à un autre palier, mais qui est
responsable de ses actes, et, si on veut le responsabiliser, il faut que ces
personnes puissent pouvoir rendre compte de leurs actes. La façon de
rendre compte de leurs actes, c'est de faire que ces gens soient responsables
ensemble. La loi a voulu que les conseils municipaux soient des organismes qui
puissent fonctionner avec des conseillers municipaux qui, eux,
détiennent l'autorité. Donc la loi ne devrait pas donner un
pouvoir plus grand que ce que la loi leur donne en réalité.
Une voix: Est-ce que vous voulez déposer votre
amendement?
M. Dufour: Ce n'est là que le sens de l'amendement mais il
n'est pas rédigé exactement. Dans le fond, pour les organismes
municipaux selon l'article 5, c'est désigné selon l'article 5, il
s'agirait peut-être... Je pense que c'est dans cet esprit qu'il faut le
faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Gauvin: Pourquoi inclurait-on les organismes municipaux et
qu'on oublierait les administrations scolaires, préciser pour les
organismes municipaux et oublier les organisations scolaires? Il me
semble...
Le Président (M. Saint-Roch): Si la commission le permet,
nous allons suspendre pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 40) (Reprise à 22 h
46)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend maintenant ses travaux. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Si je peux me relire, je serais peut-être
prêt à donner l'amendement. L'article 8 du projet de loi est
modifié par l'addition d'un cinquième paragraphe. "Dans les
organismes municipaux désignés conformément à
l'article 5 de cette loi, la personne ayant la plus haute autorité peut
désigner une aire pour non-fumeurs après approbation du conseil
municipal ou de..." Je vois bien qu'il manque quelque chose parce que ce n'est
pas seulement un conseil municipal, une communauté urbaine, ce n'est pas
juste un conseil municipal.
Je pense qu'on pourrait, à partir de cet amendement, apporter des
modifications pour savoir exactement ce que l'on veut dire.
Une voix: Sauf les commissions scolaires, à ce
moment-là.
M. Lincoln: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: ...dans le même sens que
j'ai expliqué tout à l'heure, on aurait pu par exemple,
comme le député de Terrebonne l'a dit, parler des commissions
scolaires. Où cela s'arrête-t-il? Peut-être que le
député de Jonquière, en parlant de la Communauté
urbaine de Montréal ou de Québec, a répondu à la
chose lui-même, en disant: Qui, à ce moment-là, va donner
cette autorisation? Chaque fois qu'on va désigner une aire de
non-fumeurs quelque part dans un bâtiment, on va avoir à se
référer à la Communauté urbaine de Montréal.
Cela n'a pas de sens. Le fait est que lorsque nous l'avons souligné, les
conseillers juridiques du ministère de la Justice et du ministère
de l'Environnement nous ont dit que toutes ces questions sont en train
d'être testées dans la jurisprudence, la définition de
haute autorité municipale, la définition de haute autorité
scolaire, qui sont ces gens, etc. Pour les mêmes raisons, de toute
façon, ces questions se rattachent à la justice naturelle. S'il y
a un abus de la loi, les tribunaux vont le juger, et la jurisprudence va se
faire. Dans le sens de cette loi, nous voulons garder une uniformité
pour donner à tous ces organismes...
Je reprends un peu les paroles du député de
Jonquière qui disait qu'on a mis les municipalités en tutelle. Ce
n'est pas tout à fait correct. En fait, ce n'est pas correct du tout,
parce que bien avant ce projet de loi, il y a eu des consultations parmi les
employés des deux organismes municipaux. Nous avons rencontré les
présidents de ces organismes, on leur a laissé avoir un projet de
loi. Ils ont pu regarder cette chose, ils n'ont fait aucune constatation
négative en ce sens. Ils ne sont pas revenus pour nous dire:
Écoutez, cela donne beaucoup trop de pouvoirs à telle ou telle
personne. La loi leur a été donnée et pour toutes ces
raisons, nous voulons garder l'uniformité dans la chose, garder
l'article 4 tel qu'il est et on ne doit pas voter pour l'amendement 5.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Dufour: ...Je vais parler sur le fond, peut-être que tu
veux poser des questions.
M. Desbiens: Non, c'est correct. La question que je poserais au
ministre... Je comprends la préoccupation du député de
Jonquière, surtout que c'est un ancien maire, un ex-maire. Au niveau
municipal, comme le veut la proposition d'amendement, la plus haute
autorité municipale, est-ce que c'est le maire?
M. Lincoln: Apparemment, il y a une cause en cour maintenant et
nous sommes en train de vérifier en ce moment. Il y avait une cause pour
décider si c'était le greffier qui était la personne qui
avait la plus haute position administrative ou le maire. On va vérifier.
Je sais que, dans la commission scolaire, il a été établi
quelle est la plus haute autorité. Il y a 5000 organismes
gouvernementaux, paragouvernementaux ou municipaux qui sont régis par la
Loi sur l'accès à l'information. La jurisprudence, au cours des
cinq ans, est en train d'établir quelle est la plus haute
autorité de ces organismes. De cette façon, il sera
indiqué dans la jurisprudence si ces personnes deviennent responsables
de certaines choses.
M. Desbiens: Je reviens...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
Une voix: C'est quoi la tendance...
M. Lincoln: Est-ce le président ou le directeur
général? Nous allons vérifier pour savoir lequel a
été nommé dans les commissions scolaires et les
mairies.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Là où je veux en venir, supposons que
c'est le maire dans une municipalité, le maire, le greffier ou n'importe
qui. Est-ce que le maire peut prendre une décision lui-même...
Une voix: Selon la loi.
M. Desbiens: ...à partir de la loi telle quelle, est-ce
que le maire, lui-même, peut prendre la décision de
désigner des aires de fumeurs ou de non-fumeurs dans les bâtisses
de la municipalité?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Si c'est lui qui est la plus haute autorité,
oui, le maire ou le greffier pourrait désigner certaines aires dans les
bâtiments municipaux pour les non-fumeurs. Oui, c'est cela.
M. Desbiens: Je poursuis. Est-ce que le maire peut agir... Il n'y
a pas dans le Code municipal, en tout cas, à ma connaissance, de
prérogatives pour un maire, d'autorité pour exercer ce pouvoir.
À ce moment-là, je me demande si un maire aurait droit de le
faire sans en référer à son conseil municipal.
M. Lincoln: C'est l'idée de cette loi, de donner à
la plus haute autorité ce pouvoir; c'est ce que fait cette loi...
M. Desbiens: Alors, là, je comprends... M. Lincoln:
...spécifiquement par
rapport aux non-fumeurs.
M. Desbiens: ...encore mieux sa préoccupation. Cela
devient arbitraire en fonction d'une personne.
M. Lincoln: En tout cas, on est en train de vérifier, pour
toutes les questions d'autorité, qui est la plus haute autorité.
On va vous le laisser savoir d'ici à la fin de la séance.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: J'aurais cru - c'est pour cela qu'on avait une
petite divergence - que le maire pourrait le faire... Dans le cas d'un
organisme gouvernemental, d'accord, c'est le ministre ou le sous-ministre qui a
la responsabilité, mais, dans le cas d'un organisme élu, comme
une municipalité... Ou même ici, puisque l'Assemblée
nationale est touchée, cela veut dire que le président pourrait
décider, de son autorité, de nous empêcher de fumer?
M. Lincoln: Comme il peut décider...
M. Desbiens: Sans même nous en demander la permission?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je veux encore faire appel au bon sens et au bon
jugement du ministre. Il faut se rappeler que cette loi décide que tous
les organismes gouvernementaux - et on les a désignés -
deviennent sous juridiction provinciale quant a cette décision. Dans le
cadre de cette loi qui est devant nous, il y a des organismes dont les membres
ont été élus par l'ensemble de la population. J'ai
parlé dans mon amendement du municipal, mais cela pourrait être
aussi le scolaire. Supposons pour un instant que la plus haute autorité
ne soit pas le maire, mais le directeur général de la
municipalité et qu'il applique la loi. Comme la loi l'investit d'un
pouvoir sans aucun autre contrôle que son jugement, il décide de
proclamer des aires de non-fumeurs un peu partout dans la municipalité
où il y a un conseil municipal élu. Le diable est dans la cabane
et on vient de trouver là un nid à chicanes et à des
problèmes politiques qui n'ont pas leur raison d'être, parce que
les conseils municipaux comme les conseils scolaires n'ont pas choisi
d'être dans la loi de cette façon-là. Ils n'ont pas
demandé ce pouvoir. Je doute fortement qu'ils aient exigé d'avoir
ce pouvoir. Je pense que ce qui est devant nous, comme loi, va trop loin, parce
que cela s'adresse à des organismes qui ont une autorité du
gouvernement provincial, qui ont surtout l'autorité de leurs propres
électeurs. Il pourrait y avoir de t'influence politique par rapport
à leurs décisions. C'est là-dessus que je m'inscris en
faux en ce qui concerne les articles que nous avons devant nous. Il faut penser
que nous aussi on aura à répondre de nos actes, à
répondre à nos électeurs de nos mandats, de ce qu'eux
avaient décidé. Je ne serais pas heureux que tout le monde
décide à ma place de mon comportement. Je pense qu'il y a des
électeurs qui décident si on est correct ou pas.
Dans cette loi, on décide que la personne qui a le plus
d'autorité, celle qui va interdire les endroits où fumer puisse
être élue ou non élue. Comme par hasard, il y a des gens
qui ont été élus pour faire un job. Il y a des exemples.
Quand le diable prend entre les administrateurs qui ont été
élus, et Dieu sait que ceux qui ont été élus par le
ministère, par la population - je ne conteste pas cela - sont jaloux de
leur autonomie et jaloux de leur autorité... À ce moment-ci, la
loi, qui n'a jamais été dans le paysage, qui vient d'arriver,
décide qui est la plus haute autorité au sein de l'organisme et
qu'elle applique ce règlement-là de n'importe quelle
façon. On vient de commencer à trouver des endroits où il
y a des divergences d'opinions. Tout le monde va s'engueuler pour
désigner ou ne pas désigner ces aires-là. Même si
cela n'arrivait pas...
Vous avez dit, lors du dépôt de la loi, que vous vouliez
respecter l'autonomie des municipalités. Y a-t-il plus grande autonomie
que de pouvoir désigner ces personnes responsables et d'exercer une
autorité conjointement avec les personnes qu'on désigne? Sans
ça, à quoi ça sert dans une municipalité...
Supposons que c'est le maire, il est élu, mais supposons que c'est le
gérant, le directeur général de la municipalité qui
est la plus haute autorité. Le principe, c'est qu'on passe par-dessus le
conseil municipal pour déterminer qui est la plus haute autorité,
et en plus, cette autorité n'a pas de comptes à rendre à
qui que ce soit, si ce n'est à elle-même. Je veux bien que la loi
soit nouvelle et qu'il faille laisser de la place pour la chicane, mais il ne
faudrait pas, à mon point de vue, laisser cette autorité à
un individu qui peut l'exercer sans devoir rendre de comptes. Surtout qu'on ait
au moins deux groupes, des gens qui sont là, soit des personnes
élues par l'ensemble de la population et élues par pratiquement
les mêmes électeurs que ceux qui nous ont élus. Il me
semble que c'est dans ce sens-là qu'il devrait y avoir une ouverture
d'esprit pour qu'au moins on reconnaisse dans la loi ce qui existe dans la
réalité, ce que personne ne conteste.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: C'est certain qu'on a une ouverture d'esprit, on a
déjà accepté des suggestions et des amendements. Sur la
question des autobus tout à l'heure, nous allons avoir beaucoup
d'ouverture d'esprit, on a écouté les gens, on va proposer des
suggestions. On va même suspendre des articles jusqu'à ce qu'on
ait des choses concrètes à proposer, qui vont répondre aux
contraintes des propriétaires d'autobus et de l'Opposition. En
même temps, nous avons aussi des conseillers, des gens qui nous
conseillent. Il y a aussi le fait qu'il y a des précédents
là-dedans.
Je citais tout à l'heure les lois. Il y a des quantités de
ces lois. Je disais l'autre jour qu'il y a quelque chose comme une vingtaine ou
vingt-cinq lois à travers le monde. II y en a trente-et-une en
Amérique qui ont été testées depuis des
années. Nous avons pris ces modèles. Nous n'avons pas
inventé une loi. Vous parlez d'une loi innovatrice comme si
c'était la première au monde. Ce n'est pas le cas. Je prendrai
l'exemple, tout en passant, de la loi du Minnesota qui existe depuis des
années, qui a été testée, qui dit: "Smoking areas
may be designated by propriators or other persons in charge of public places."
(23 heures)
Si vous regardez la loi de l'Utah, cela dit exactement la même
chose: "Persons in charge of public places". Je viens de citer la loi de
l'Italie. Si je regarde les autres lois, c'est toujours la même chose. Il
faut une personne qui soit habilitée avec un peu de flexibilité
pour décider s'il y a un endroit dans le bâtiment qui soit pour
les non-fumeurs. Il ne faut pas en faire un drame. II y a des
précédents dans la grande majorité des États en
Amérique. Hier j'ai cité que, dans presque 50 États sur
50, le Kentucky était l'exception, il y avait des lois
déjà en place dans 31 ou plus ou il y avait des lois en
préparation. II y a 31 comtés américains. Il y a des
villes inombrables qui l'ont. J'ai cité deux lois américaines que
j'ai prises sur le volet qui incluent tes mêmes dispositions que nous.
Nous ne sommes pas en train d'inventer la roue, nous sommes en train de faire
des choses pratiques qui existent ailleurs. Lorsque j'ai présenté
cela au comité ministériel de l'éducation et des affaires
sociales, on m'a demandé quels précédents j'avais. J'ai
apporté une trentaine ou une quarantaine de lois à M. Ryan, le
ministre de l'Éducation. On a pris des modèles, on n'a rien
inventé.
Est-ce qu'on peut concevoir un maire dans une municipalité - le
député de Jonquière est un ancien maire lui-même
-qui, pour des raisons politiques ou de vengeance, dirait demain matin: Tout un
édifice municipal est pour les non-fumeurs. Cela n'a aucun sens, cela ne
durerait pas deux minutes. Demain matin, le président de
l'Assemblée nationale pourrait dire: Je ferme le restaurant Le
Parlementaire parce que j'ai le droit de le fermer, on ne servira plus de repas
ici. Qu'est-ce qui va l'empêcher? Cela ne se passe pas comme cela. Il
pourrait dire demain matin: Aujourd'hui on ne siège pas, je vais fermer
les portes. II a toutes sortes de droits. Le premier ministre a toutes sortes
de droits aussi, j'ai toutes sortes de droits, vous avez toutes sortes de
droits mais nous sommes des personnes responsables, régies par la loi de
l'équité naturelle. Il ne faut pas aller chercher la puce
partout. Je cite des précédents, des lois semblables dont nous
nous sommes servis, qui existent dans toutes les parties du monde,
l'Amérique, l'Europe, depuis des années et des années.
Toronto a une telle loi depuis des années, Aylmer a une telle loi depuis
1977. Je m'excuse de le dire mais je trouve que c'est chercher midi à
quatorze heures.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Une dernière question au ministre. Il a
mentionné presque tous les États américains, est-ce qu'ils
ont tous une loi de ce genre? C'est bien ce que j'ai compris?
M. Lincoln: II y a 31 États qui ont une telle loi.
M. Desbiens: Est-ce que la loi s'applique de la même
façon et aux mêmes organismes comme ici au Québec, comme le
projet de loi qu'on étudie? Je comprends très bien l'explication
du ministre. Cela s'applique bien aussi, je pense, dans le cas des
ministères ou un organisme de ce type-là. Quand on s'en va vers
les municipalités, c'est la même chose pour les commissions
scolaires, est-ce que ces lois s'adressent aussi à des organismes
électifs comme cela?
M. Lincoln: Si vous regardez la loi du Minnesota, de l'Utah, de
la Californie, par exemple, ils vont beaucoup plus loin que nous. Notre projet
de loi est très doux à comparer à cela. Si vous prenez la
loi de l'Utah par exemple, on vous donne une liste de cinq ou six lignes de
tous les endroits où cela s'applique. Il y a très peu d'endroits
où cela ne s'applique pas. Ils nomment des établissements. Si
vous regardez le mot à mot de ces lois, cela va beaucoup plus loin que
nous. L'arrêt qui gère les villes d'Ottawa et de Toronto va
beaucoup plus loin que notre projet de loi, c'est beaucoup plus strict, il y a
des amendes beaucoup plus fortes. Dans le cas d'Ottawa, il y a des
récidives de trois fois. Nous avons essayé de prendre certains
éléments qui se rejoignent dans ces lois, parce que cela a
été testé ailleurs, pour essayer de faire quelque
chose
de pratique. Ce sont surtout des lois qui ont valeur de symbole
plutôt que des applications coercitives. C'est notre point de vue.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Je n'ai pas de formation juridique mais est-ce que
je me trompe en disant qu'on se trouve à modifier, dans un sens, le Code
municipal dans les pouvoirs qu'il confère à un maire par exemple?
On ajoute à un maire un pouvoir supplémentaire qui
n'apparaît pas actuellement dans le Code municipal. Est-ce que je fais
erreur en prétendant cela?
Le Président (M. Saint-Roch): Me
Campeau.
M. Campeau: Effectivement, on se trouve à ajouter ici un
pouvoir additionnel au même titre qu'un tel pouvoir a pu être
ajouté lorsque le gouvernement a adopté la Loi sur l'accès
à l'information. C'est la même chose.
M. Desbiens: Ce n'est pas un précédent?
M. Campeau: Ce n'est pas un précédent.
M. Desbiens: D'accord.
M. Campeau: C'est le même modèle de pensée
qu'on retrouve à l'article 8 de la Loi sur l'accès à
l'information.
M. Dufour: Je vais faire une intervention, toujours...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...en disant que, par le biais de ces organismes qu'on
veut toucher, qu'on a déterminés... Dieu sait si, au
départ, j'ai insisté en demandant qu'on définisse dans les
premiers articles quels étaient les organismes municipaux,
gouvernementaux, etc. En me basant sur le fait que - c'est cela l'essentiel de
l'argumentation - qu'il y a des corps en partie autonome qui, à
l'intérieur des lois, fonctionnent, sont réglementés et
qui ont des pouvoirs. Mais ces pouvoirs sont assortis de conditions. Ces
gens-là doivent aller devant le public, devant la population, pour se
faire élire, pour aller chercher un mandat. Dans cette loi que nous
acceptons ce soir, nous donnons un pouvoir qui ne relève pas de ces
gens-là. Donc, ils n'auront pas à rendre compte à la
population de leurs actions et de leurs décisions. N'étant pas
responsables de la décision première pour les aires de
non-fumeurs, les endroits ou il est interdit de fumer, comment ces
gens-là pourront-ils rendre compte de leur mandat à leurs
concitoyens concernant cette loi? Je veux bien croire que... Qu'on le dise
carrément: C'est une loi gouvernementale pour laquelle les
municipalités n'ont rien à dire ou si peu. C'est vrai pour le
domaine scolaire, parce que ces gens-là ont un mandat. Ils doivent
répondre de leur mandat mais il ne peuvent pas y répondre. On
aura beau dire, on aura beau essayer de me convaincre que la loi n'est pas
très large et que cela existe un peu partout, je dis: Je m'excuse. Je
regrette beaucoup, mais j'essaie de modifier la loi. J'essaie de regarder
à travers mon vécu. J'ai fait partie de conseils municipaux non
seulement comme maire, mais comme conseiller et je me rappelle cette
époque, ce n'est pas si loin. Je pense que les commissaires
d'écoles ont les mêmes sentiments que les élus municipaux.
Il s'agit de voir comment chacun est jaloux de ses prérogatives et de
son autonomie. Mais on vient de donner un pouvoir à une personne
à l'intérieur de la municipalité et je ne sais pas
à qui. Je ne sais pas si ce sera au directeur général ou
si ce sera au maire. Je ne sais pas, au point de vue scolaire, si ce sera le
directeur général ou le président de la commission
scolaire. Mais il y a une chose que je sais, c'est qu'il n'est pas redevable de
sa décision, et c'est le gouvernement proprement dit qui va continuer
à demeurer dépositaire de la loi, le décideur de la loi,
parce qu'il décide par cette loi qui est responsable. Je fais appel au
jugement de ceux qui ont exercé ces fonctions pour savoir comment on est
inconfortable quand on applique des lois, et je pourrais en nommer. Je pourrais
en nommer une en tout cas. Lorsque le gouvernement a
légiféré au sujet de la police, il a enlevé une
bonne partie de l'autorité des conseils municipaux, même si la loi
ne le dit pas. Chose certaine, les conseils municipaux se sont
désintéressés en grande partie de la loi, parce que le
gouvernement avait décidé, le Procureur général
avait décidé de prendre et d'exercer une partie des pouvoirs qui
étaient exercés par les municipalités. C'est un peu cela.
Cela va soulever, à la longue -je fais une prédiction - des
problèmes, parce qu'on n'aura pas voulu examiner cela dans les faits.
Quand on a des faits précis et qu'on est capable de déceler des
lacunes, comme élus, on doit essayer de les corriger. Je ne sens pas de
votre part, par rapport à l'amendement que je propose, une
volonté de vouloir les corriger. Mais on vivra avec cela. Bien
sûr, c'est le choix du ministre, mais cela sera son choix.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement se lit comme
suit: L'article 8 de ce projet de loi est modifié par l'addition d'un
cinquième paragraphe: "Dans les organismes municipaux
désignés conformé-
ment à l'article 5 de cette loi, la personne ayant la plus haute
autorité peut désigner une aire pour non-fumeurs après
approbation du conseil municipal." Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix: Rejeté. M. Blais: Sur division.
M. Dufour: C'est la preuve que, assez souvent, les fonctionnaires
écrivent des lois pour eux-mêmes.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 8 tel
qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Blais: Oui. Est-ce qu'on a adopté, à 1 "qui
peuvent se rendre sur les lieux"? Est-ce que que cela a été
adopté?
Le Président (M. Saint-Roch): Alinéa 1 , oui.
M. Blais: J'ai l'impression que non. Le Président (M.
Saint-Roch): Oui. M. Blais: Oui, alors, adopté sur division.
Une voix: Sur division, M. le ministre.
M. Blais: Surtout à cause de l'alinéa 4°.
Escaliers ou corridors en 3° a été refusé sans qu'on
aille en amendement. Cela a été refusé. L'alinéa
4° , on a essayé autant comme autant de faire les amendements. On
n'a pas réussi, mais au moins on a essayé. Surtout, je tiens
à féliciter le député de Jonquière qui a
vraiment défendu son point. Là-dessus, il a défendu les
municipalités.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 9.
M. Lincoln: À l'article 9, c'est exactement le sens
contraire parce que c'est dans les établissements de santé et de
services sociaux. Il y a une interdiction de fumer, mais cela ne s'applique pas
dans les lieux réservés à l'usage du personnel, dans un
fumoir ou une aire désignée par la personne ayant la plus haute
autorité au sein de l'établissement. Je pense que cet article est
très clair comme il est.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: On parle de l'article 9, maintenant, c'est cela? Je
tiens à souligner qu'au paragraphe 3°, la clause 3°, "une aire
désignée par la personne ayant la plus haute autorité au
sein de l'établissement", on a encore les mêmes réticences
que sur la clause 4 de l'article précédent. Cependant,
personnellement, j'ai bien l'impression que j'ai dit ce que j'avais à
dire sur cette façon de désigner les personnes. À moins
que d'autres, dans ma formation, aient quelque chose. De l'autre
côté, je sens qu'on brûle d'envie de parler de cette
personne désignée parce qu'on sent qu'il y a abus de pouvoir.
Pardon?
Une voix: On va finir par retrouver la voix.
M. Blais: Je sens le député de Nicolet
fébrile de parler de l'abus de confiance. Je lui concéderais
volontiers !a parole s'il veut y aller de quelques bribes là-dessus.
Une voix: ...90 % du temps.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blais: Peut-être que M. le député de
Pontiac aurait quelque chose à dire?
M. Middlemiss: Vous exigez 90 % du temps à parler.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
Une voix: Bravo.
M. Blais: Non, vous avez le droit à vos 20 minutes.
À cette commission, chaque personne à chaque paragraphe a droit
à 20 minutes, à chaque amendement aussi. On n'a même pas
utilisé nos 20 minutes sur l'article 8 qu'on vient de terminer. On l'a
fait en toute quiétude, calmement, et j'en suis ravi. Cela se passe
très bien, M. le ministre, je vous félicite. Vous avez une
façon très productive de travailler avec l'Opposition. C'est la
première fois que je travaille aussi directement avec vous. Je tiens
à vous féliciter de la façon dont vous le faites.
Seulement, l'alinéa 3 , "l'aire désignée par la personne
ayant la plus haute autorité au sein de l'établissement",
là, je tiens encore à marquer mes réticences et à
vous dire... Je pourrais parler 20 minutes sur cet alinéa, vous le
savez. Ce n'est pas cela. C'est que moi j'ai des réticences à
cela. Je ne sais pas si quelqu'un veut ajouter quelque chose. Moi, j'ai
terminé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Une question de compréhension. Pourquoi, dans
un article précédent qu'on vient d'adopter, c'est fait d'une
façon positive, et là, à l'article 9, on vient de
façon négative?
M. Lincoln: Parce que c'est particulier au domaine de la
santé et des services sociaux, les centres hospitaliers, les centres
d'accueil où il est interdit de fumer excepté dans les endroits
qui sont réservés au personnel, les fumoirs et les aires
désignées par les personnes. C'est à la demande expresse
des centres de santé et de services sociaux, et c'est ainsi que cela a
été conçu.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Est-ce que cela signifie qu'un malade, dans sa
chambre, n'a pas le droit de fumer?
M. Lincoln: Non, non. Ce qui arrive, c'est que cela
dépendra de...
M. Desbiens: Parce que, là, tout le monde n'a plus le
droit de fumer. C'est négatif.
M. Lincoln: Cela dépendra de la décision de
l'hôpital lui-même.
M. Desbiens: Cette interdiction ne s'applique pas selon
l'autorité.
Une voix: Le directeur de l'hôpital.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière. (23 h 15)
M. Dufour: Je me rends compte qu'encore là, à
l'alinéa 1°, on voit "un lieu réservé à l'usage
du personnel". Cela ne veut pas dire nécessairement qu'il y a un lieu
seulement. Cela veut dire tous les lieux qui sont réservés au
personnel. Par exemple, est-ce qu'une salle de déshabillage, pour
s'habiller et se changer, c'est vraiment un lieu qui est réservé
à l'usage du personnel? Est-ce que cela veut dire que quelqu'un pourrait
fumer dans un endroit où le personnel travaille? Une salle de lavage,
c'est aussi un endroit qui est réservé, c'est le personnel qui
travaille là. Je veux bien croire qu'on y travaille mais c'est
réservé au personnel. Est-ce qu'on pourrait effectivement fumer
dans ces endroits?
On pourrait aller un peu partout comme cela, en autant que le plublic
n'y a pas accès. À mon sens, le public n'a pas accès aux
salles de déshabillage. Il n'a pas accès non plus aux salles de
lavage et certainement... Même les cuisines, cela pourrait être un
endroit où le public n'a pas affaire. Donc, on pourrait étendre
cela en disant que ce sont des lieux qui sont réservés au
personnel. Est-ce que c'est ce que cela veut dire ou si j'ai mal compris?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: On a essayé de faire une loi flexible en
disant "réservé à l'usage du personnel". Si vous
préférez dire "à l'usage exclusif du personnel", nous ne
pensons pas que ces choses aident. On aurait pu dire "à l'usage exclusif
du personnel". À ce moment-là il faut voir ce qui est exclusif au
personnel. Dans toute loi, il faut du bon sens et du sens commun. Un lieu
réservé à l'usage du personnel, on peut se demander si
c'est un bureau, si c'est un endroit, par exemple, où le personnel va se
rencontrer pour manger, si c'est un endroit où le personnel va se
rencontrer justement pour se changer, etc. Mais si vous voulez rendre cela
exclusif au personnel, faites un amendement pour dire à l'usage exclusif
du personnel. Nous ne pensons pas que cela vaille la peine. Ce sont des choses
qui se règlent par la raison.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Non. J'essaie de deviner dans cette loi la
volonté du ministre. J'essaie de trouver ce que cela veut dire
exactement. Je ne peux pas faire d'amendement ou en proposer ou même
avoir l'idée d'en proposer sans que je sache ce que cela veut dire. Si
mon interprétation est la bonne, à ce moment pourquoi ne
décidez-vous pas ou n'avez-vous pas décidé dans les autres
articles qu'on vient de lire précédemment... Dans une
bâtisse publique on pourrait n'avoir aucun endroit pour fumer et personne
ne pourrait se plaindre.
Mais ici, c'est encore plus grave, ce sont des établissements de
santé et de services sociaux. On décide que pratiquement il doit
y avoir un fumoir, parce que vous dites que cette interdiction ne s'applique
pas dans un lieu réservé à l'usage du personnel ici dans
un fumoir. Cela veut dire, demain matin, M. le ministre, que les gens vont
dires On a besoin d'un fumoir, et que vous allez le faire. Et cela, c'est un
établissement de santé, de services sociaux. Pensons à la
cohérence de ce que vous nous avez dit. Tantôt, vous disiez qu'il
est interdit de fumer; là, on dit qu'on peut fumer mais fumer...
Regardons la loi. C'est ce qu'elle dite Je ne travaille pas pour les avocats.
Je vous l'ai dit tantôt.
M. Lincoln: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: M. le Président, j'en arrive à perdre
mon latin avec le député de Jonquière. Je croyais vraiment
qu'on essayait de faire du travail sérieux. Je pense que le
député de Dubuc a bien situé la différence entre
l'article 8 et l'article 9, car il m'a
posé de très bonnes questions. Il a saisi tout de suite
que dans le système de santé et de services sociaux, à la
demande des établissements eux-mêmes, à la demande du
ministère des Affaires sociales, dans la politique des non-fumeurs du
ministère des Affaires sociales en 1977 et 1978, à la demande
même du Conseil de la famille et de la santé, à la demande
de tous ces organismes, il a été décidé de traiter
différemment le système de santé et de services sociaux
par rapport aux autres agences gouvernementales. Donc, il est interdit de
fumer, excepté dans un fumoir. On donne une permission à des gens
de fumer dans un fumoir mais, automatiquement, il est interdit de fumer dans
des établissements de santé et de services sociaux. Il me semble
que c'est clair. Je ne sais pas pourquoi le député se mettait en
colère tout à l'heure. Il n'avait aucune raison de se mettre en
colère. C'était très clair, à la suite de
requêtes spécifiques du ministère des Affaires sociales, de
toutes les agences - si le député veut que je lui passe les
télégrammes que nous avons reçus des centres hospitaliers,
etc. - on dit qu'il y a une interdiction de fumer dans ces centres parce que ce
sont des centres de santé. Au contraire, on fait des exceptions de
façon à déterminer des endroits où les gens
puissent fumer parce que c'est tout à fait normal et équitable
qu'il y ait des endroits où ils puissent fumer. C'est ce que cela dit et
c'est là la différence entre l'article 8 et l'article 9. Il me
semble que c'est très clair.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: C'est vrai que c'est clair. On devrait vous poser une
série de questions... Si c'est pour vous offusquer... Je pense qu'on
peut élever la voix et je pense aussi...
M. Lincoln: Mais non. C'est vous qui avez commencé
à élever la voix.
M. Dufour: Vous avez dit que j'avais fait une colère. Je
n'ai pas fait de colère. J'ai juste dit ce que je pensais, M. le
ministre. Je vais vous le dire, je vais continuer quand même à
prétendre des choses que je pense correctes. Si vous avez des choses
à dire, vous les direz. Je m'aperçois que l'Opposition... M. le
Président, je vous demande de faire respecter mon droit de parole.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Dufour: Je regarde ce qui se passe. On a discuté de
l'article 4 précédemment, en disant qu'il y a une personne qui a
l'autorité.
Cette personne qui a la plus haute autorité pourrait
décider qu'il n'y a pas de "fumage" du tout dans la bâtisse; elle
pourrait le faire. Je parle de l'article 8, il y a un endroit où c'est
écrit: Une aire désignée par la personne ayant la plus
haute autorité au sein de l'organisme public. Donc, une personne
pourrait décider que ça ne fume pas du tout dans la
bâtisse.
Une voix: Oui, oui.
M. Dufour: D'accord? Et vous avez accepté cela, vous
dites: Cela a du bon sens, il faut donner l'autorité à quelqu'un.
D'un autre côté... M. le Président, je vous demande... II
me semble que c'est raisonnable.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dufour: Ils ont le droit de parole, ils peuvent parler s'ils
le veulent.
Une voix: Qui?
M. Dufour: Demandez-le, le droit de parole, je pense que c'est
ça, le respect.
M. Kehoe: Quand cela va faire notre affaire, on le demandera.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jonquière.
M. Dufour: C'est la réponse que le ministre me donne: Oui,
il se pourrait qu'à certains endroits on demande de ne pas fumer du
tout. Et cela peut être dans des endroits où c'est moins
dangereux, où il n'y a pas de monde malade là-dedans. C'est du
monde en santé, en règle générale, les gens qui
vont à l'hôtel de ville, les gens qui se déplacent d'un
organisme à l'autre, qui vont à l'extérieur. Là
où cela devrait être interdit complètement, si je suis la
logique, ce serait dans les établissements de santé, de services
sociaux; donc, là où on retrouve des gens qui ont certaines
difficultés. Et c'est là qu'on dit: On pourrait fumer à
certains endroits. Ce n'est que cela que j'essaie de démontrer.
M. Lincoln: Ce n'est pas croyable. Je ne sais pas si le
député lit la même chose que moi à l'article 9.
M. Dufour: Vous m'avez répondu.
M. Lincoln: L'article 9 dit: II est interdit de fumer - c'est
cela, la règle générale - dans tous ces endroits. Mais
naturellement, comme des gens raisonnables, nous allons permettre de fumer
à certains endroits dans les hôpitaux. Demain matin, s'il n'y
avait pas eu: "Toutefois, cette
interdiction ne s'applique pas..." est-ce que vous n'auriez pas dit que
c'est de la dictature? Pouvez-vous concevoir aucun endroit dans le monde
où il y aurait des fumeurs et pour lesquels il n'y aurait même pas
un petit coin où ils pourraient aller fumer? A ce moment-là, vous
me diriez: Vous êtes un dictateur si vous dites simplement: Dans les
centres de santé, il est interdit de fumer.
Ce n'est pas ce qu'on dit. On interdit de fumer en règle
générale, mais non dans certains endroits, comme un fumoir, un
endroit réservé à l'usage du personnel et certaines aires
désignées par la personne ayant la plus haute autorité.
Dans un centre d'accueil, on parle du directeur général ou dans
un hôpital, on parle de l'administrateur de l'hôpital qui peut
dire: On va faire un coin où il y aura un fumoir, une aire
désignée où le public ou les malades pourront aller fumer.
Mais on ne les laisse pas fumer ailleurs, c'est interdit. C'est cela le sens,
et il me semble que c'est très clair. Il y a une distinction tout
à fait draconienne entre les services de santé des affaires
sociales et les autres agences gouvernementales; c'est très clair.
Je ne sais pas quelle argumentation le député est en train
de faire, c'est très difficile de situer ce qu'il veut dire. Il va sans
doute m'apporter l'argument que, demain matin, l'administrateur de
l'hôpital aura le pouvoir de dire que l'hôpital en entier est un
fumoir. Cet administrateur d'hôpital ne durerait pas bien longtemps. Je
ne vois pas d'autres façons. L'article 9 dit clairement: Dans tous les
services de santé, il est interdit de fumer, excepté à
certains endroits.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je voulais juste essayer d'être concordant avec
tout cela. D'un côté, le ministre accepte - je ne dis pas que je
suis en contradiction avec ce qui est écrit dans l'article 9 - que,
nommément, il y ait des endroits où on peut fumer. C'est ce qu'il
dit: C'est défendu, mais on pourrait fumer... Et il dit que ce serait de
la dictature si on disait non. C'est vrai, cela paraît bien, c'est
sûr que ce n'est pas de la dictature, c'est bien correct, c'est faire
preuve d'une grande ouverture d'esprit. Mais, dans l'article
précédent, il accepte qu'une personne exerce sa dictature. Qu'on
dise ce qu'on voudra, quand on écrit que la personne ayant la plus haute
autorité au sein de l'organisme...
Des voix: Oh!
M. Dufour: ... peut décider des aires où on ne fume
pas, cette personne pourra décider que dans un endroit, on ne fume pas
du tout...
Une voix: Voyons!
M. Dufour: ...qu'è aucun endroit, on ne va fumer. C'est ce
que cela veut dire. C'est juste cela et ce n'est pas plus compliqué que
cela. Vous me relirez, demain, si vous n'avez pas compris ce que j'ai dit.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Ce qui est prévu à l'article 8.4 est
exactement ce qui est prévu au troisième alinéa de
l'article 9, excepté que dans un cas, il y a une personne qui dit:
Là, on va déterminer un endroit pour les non-fumeurs, un coin
où les non-fumeurs peuvent aller sans trouver de fumée. Dans
l'article 9, on dit: Là, on va déterminer un endroit où
les fumeurs pourront fumer. C'est tout. C'est tellement simple: l'alinéa
3 de l'article 9 et l'alinéa 4 de l'article 8 se rejoignent. On ne fait
pas différemment à l'article 9 qu'à l'alinéa 4 de
l'article 8, sinon que les rôles sont renversés. C'est aussi
simple que cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 9?
Une voix: Des menaces, des menaces.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lincoln: Les gars, les gars...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 9?
M. Blais: Pour le moment non, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 9 est-il
adopté?
Des voix: Adopté. M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 10.
M. Lincoln: Le vrai sens de l'article 10, M. le Président,
c'est de justement apporter un contrôle. Je sais qu'on donne le pouvoir
à des gens de faire certaines choses. C'est pourquoi la loi exige la
production d'un rapport annuel de leurs activités. C'est pour tout
organisme public que la loi exige la production d'un rapport annuel des
activités -presque tout organisme pubic - et de fournir dans ce rapport
sous une rubrique particulière, c'est-à-dire un paragraphe ou
une rubrique dans ce rapport annuel, un compte-rendu de l'application de
la présente loi dans les lieux qu'il occupe. C'est justement de
façon qu'on puisse contrôler les excès et pour savoir si
cette loi est appliquée de façon raisonnable.
M. Blais: Personnellement...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: ...M. le Président, je n'ai aucun commentaire
à faire sur l'article 10.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Dufour: J'aimerais que le ministre précise
peut-être davantage. Quand il dit, à la fin de l'article: "un
compte-rendu sur l'application de la présente loi dans les lieux qu'il
occupe", à quel genre de rapport fait-il allusion?
M. Lincoln: D'accord, je vais vous le dire. Par exemple, prenons
le ministère de l'Environnement où on a établi des aires
pour non-fumeurs. D'accord? Ce qui va arriver, c'est que dans le rapport annuel
du ministère, à partir du 1er janvier 1987 quand cette loi va
entrer en vigueur, le rapport du ministère de l'Environnement aura
à contenir une section qui va dire: Par rapport à la loi des
non-fumeurs, nous avons tant d'aires pour fumeurs. Le sous-ministre a
délimité tant d'aires pour non-fumeurs. Les dispositions que nous
avons prises au ministère sont telle, telle ou telle chose. Il va nous
donner un rapport sommaire de ce qui a été fait par rapport
à l'application de cette loi chaque année.
M. Desbiens: Je ne comprends pas très bien. Dit-il que le
ministère de l'Environnement va le faire dans son rapport annuel?
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Desbiens: À l'Assemblée nationale?
M, Lincoln: Oui.
M. Desbiens: II va indiquer ces choses-là. Mais, à
l'article 10...
M. Lincoln: Je parlais du ministère de l'Environnement
parce que, nous, on a des sections de non-fumeurs maintenant, mais chaque
ministère le fera: chaque ministère, chaque organisme
gouvernemental... Par exemple, un organisme comme la Commission des transports
du Québec va inclure une petite section dans son rapport concernant
l'application de la loi, la loi sur les non-fumeurs. Ils vont dire: Nous avons
tant d'aires de non-fumeurs, etc. etc.
M. Desbiens: Chacun des ministères et chaque
organisme...
M. Lincoln: ...qui, normalement, dépose un bilan annuel
à l'Assemblée nationale ou ailleurs, qui est obligé selon
la loi de déposer un rapport annuel. Par exemple, pour des...
M. Desbiens: Cela inclut-il les municipalités?
M. Lincoln: Les municipalités, c'est la même chose.
Elles font des rapports annuels.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Cela va se retrouver éparpillé dans 27
ministères.
M. Lincoln: Ce n'est pas cela l'idée. Le rapport annuel
qui est déposé à l'Assemblée nationale, contient un
bilan de toutes les activités du ministère. La raison de mettre
cela dedans, c'est justement pour exercer un genre de contrôle, parce
qu'on donne l'autorité à des gens.
Si, par exemple, dans un rapport annuel, un sous-ministre a
publié quelque chose et que, demain matin, le ministre a besoin de voir
le rapport annuel et que cela montre que tout le bâtiment est non-fumeur
ou fumeur, on va se poser des questions. C'est l'idée. Il y aura un
rapport à chaque année dans lequel le ministère ou
l'organisme sera obligé de dire comment la loi s'applique chez lui.
M. Desbiens: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc. (23 h 30)
M. Desbiens: Je comprends l'idée. Le ministre,
évidemment, croit l'article 10 absolument nécessaire parce qu'il
accorde des pouvoirs et c'est ce qu'il nous a dit. Il accorde beaucoup
d'autorité à certaines personnes ou institutions. Donc, il exige
de savoir comment celles-ci appliquent la loi.
Deuxièmement, je comprends aussi que chaque ministère ou
chaque organisme touché par la loi doit produire un rapport annuel au
gouvernement. Est-ce à l'Assemblée nationale que chacun fait son
rapport? À qui fait-il son rapport? C'est cela que...
M. Lincoln: M. le député, le rapport annuel de
chaque organisme, certains doivent le déposer à
l'Assemblée nationale, d'autres non. La loi, par exemple...
M. Desbiens: C'est selon la loi
constitutive.
M. Lincoln: C'est selon la loi constitutive. Lorsque le rapport
sera déposé, il y aura une rubrique à l'intérieur
par rapport à cette loi-ci qui va donner un compte rendu de ce qui a
été fait en ce qui a trait à la présente loi.
M. Desbiens: D'accord, cela va. Pour cela, je comprends, cela
bien et je pense que c'est correct, mais ce que je comprends mal, étant
donné que c'est une loi qui est appliquée, une loi du
ministère de l'Environnement lui-même...
M. Lincoln: C'est une loi du gouvernement du Québec
présentée par le ministère de l'Environnement.
M. Desbiens: D'accord, mais c'est comme une loi municipale.
Chaque année, chacun des ministères fournit à
l'Assemblée nationale son rapport annuel. Donc, le ministère de
l'Environnement du Québec doit également présenter
annuellement un rapport à l'Assemblée nationale.
M. Lincoln: C'est dans ce rapport qu'il y aura une rubrique.
M. Desbiens: Dans ce rapport du ministère de
l'Environnement, est-ce qu'il y aura une rubrique qui recoupera, qui donnera
une idée globale de l'application de sa loi au ministre de
l'Environnement?
M. Lincoln: Je vois ce que vous voulez dire. Cela donnera une
rubrique par rapport... C'est sûr que nous...
M. Desbiens: Point.
M. Lincoln: C'est sûr que le ministère de
l'Environnement va faire beaucoup plus état de cette loi, parce que
c'est sa loi, c'est sûr, Par exemple, pour la Loi sur la qualité
de l'Environnement, on donne un rapport plus détaillé, mais on
additionne cela. Chaque ministère aura à préciser ce qu'il
a fait par rapport à l'application de cette loi dans son
ministère.
M. Desbiens: Est-ce que je comprends bien que le ministre de
l'Environnement va tout simplement faire rapport de ce qui se passe dans son
ministère?
M. Lincoln: Oui. C'est cela que la loi exige. En même
temps, dans la loi...
M. Desbiens: C'est cela que je trouve qui manque. Le ministre de
l'Environnement devrait faire rapport à l'Assemblée nationale de
l'application de la loi par l'ensemble des organismes.
M. Lincoln: Je suis d'accord avec vous. Cela, automatiquement, il
va le faire. Dans le rapport annuel du ministère de l'Environnement,
toutes les activités du ministère sont incluses. La loi ne te
force pas, mais tout ce qui dépend du ministère est inclus. On
donne des rapports sur toutes les lois du ministère, sur tous les
programmes du ministère, et, automatiquement, cela va être le
cas.
Je n'ai aucune objection, si vous voulez...
M. Desbiens: Est-ce qu'ici, on ne pourrait pas l'ajouter de
façon expresse ici, le ministère de l'Environnement? Je ne sais
pas comment on pourrait libeller cela. Â moins d'ajouter un paragraphe
à l'article 10.
Est-ce que je pourrais proposer un texte?
M. Lincoln: Voilà ce que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: ...mes conseillers me disent. Si, par exemple, on
était contraint de faire un rapport sur la loi, dans notre
ministère, on va le faire automatiquement. Mais quand on a la latitude
de le faire, on peut le faire de façon très sommaire. Si, par
exemple, j'avais fait un rapport selon une loi, un rapport particulier de tout
l'ensemble, peut-être qu'il faudrait aller vérifier tout ce qui se
passe dans toutes les municipalités du Québec, dans toutes les
commissions scolaires, ce serait un "big job", si on me forçait à
le faire dans mon rapport.
M. Desbiens: Non, ce n'est pas mon idée, M. le
Président, de demander que le ministère de l'Environnement fasse
l'addition, dans son rapport, du rapport de chacun des ministères ou
organismes. C'est qu'il fasse rapport à l'Assemblée nationale,
comme pour d'autres activités, selon la loi constitutive du
ministère de l'Environnement dont le gouvernement lui a confié
l'administration, pour que les membres de l'Assemblée nationale
puissent, non seulement voir ce qui se passe dans son ministère, mais
que, à partir du ministre responsable, chacun des députés
puisse se faire une idée globalement de son application partout au
Québec pour tous ceux qui sont touchés par la loi.
M. Lincoln: Me Campeau me dit que, selon la disposition finale
35, cela donne presque le devoir au ministère de l'Environnement
d'inclure quelque chose dans sa loi et dans son rapport annuel. C'est ce que Me
Campeau me dit.
M. Desbiens: M. le Président, il y a un mot du ministre
qui me rend un peu
sceptique, il dit: "presque le devoir". M. Lincoln: Excusez.
M. Desbiens: Est-ce que cela comporte vraiment l'obligation?
M. Lincoln: Me Campeau me dit que cela comporte la
responsabilité de rendre compte dans le rapport annuel de l'application
des lois dont le ministère est responsable.
M. Desbiens: Alors, ce n'est pas "presque" la
responsabilité. C'est la responsabilité totale, selon ce qui est
prévu à sa loi constitutive, de faire rapport.
Une voix: Est-ce qu'il y a un amendement?
Le Président (M. Saint-Roch): Présentement, il n'y
a aucun amendement.
M. Desbiens: J'aurais préféré que ce soit
clairement établi.
M. Lincoln: M. le député, je n'ai pas envie
de...
M. Desbiens: Je vais quand même présenter
l'amendement, parce qu'il est important qu'on soit bien certain que
l'application de la loi est véritablement suivie par le ministre de
l'Environnement. On sait l'intérêt que le ministre actuel porte
à cette loi, à son contenu et à son application. Je pense
qu'il en est ainsi pour toutes les lois que les ministres "passent", comme on
dit. Il y en a peut-être qui sont moins intéressés.
À ce moment-là, cela donne la possibilité aux
députés, à ceux qui sont nouvellement élus aussi,
qui veulent savoir ce qui se passe dans tel ministère, sur telle loi, de
pouvoir le constater...
Je propose l'amendement suivant: L'article 10 de ce projet de loi est
modifié par l'addition d'un deuxième alinéa, qui se
lirait: "Le ministre - est-ce qu'on dit le ministère ou le ministre dans
une proposition comme celle-là - de l'Environnement du Québec,
conformément à sa loi constitutive, fera rapport de
l'application..." Est-ce qu'il y a un amendement, M. le Président?
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais suspendre les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 23 h 38)
(Reprise à 23 h 45)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux. M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, c'est assez cocasse qu'un
fumeur comme moi soit en train de légiférer sur une loi pour les
non-fumeurs, mais je vais proposer mon amendement. Je vais au moins savoir ce
qui va se passer avec cela.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Desbiens: Je propose l'amendement suivant: L'article 10 est
modifié par l'addition de l'alinéa suivant: "Dans le rapport des
activités de son ministère que le ministre de l'Environnement
dépose chaque année à l'Assemblée nationale, il
doit dresser un bilan de l'application de la présente loi par l'ensemble
des organismes publics."
M. Dufour: J'aurais le goût d'aller plus loin et plus en
détail, par exemple, sur la question des infractions, le nombre, la
ventilation des amendes, surtout lors de la première année,
même des sommations dans certains cas ou des condamnations possibles. Le
ministre ou son légiste aurait peut-être une explication.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc, l'amendement est recevable.
M. Desbiens: On en a discuté un peu en dehors de la
commission et il m'a apporté des arguments que j'aimerais qu'il nous
rapporte ici pour qu'on puisse les inscrire au Journal des débats.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Je suis content de cet amendement. J'étais
prêt au tout début à laisser passer directement l'article
10, mais je crois que cela apporterait une note extrêmement positive.
M. Lincoln: Tout à fait d'accord.
M. Blais: ...un rapport de bilan. J'ai l'impression que cela
pourrait être bon et constructif. C'est tout ce que j'ai à
dire.
M, Lincoln: Je suis tout à fait d'accord avec cela.
M. Desbiens: Concernant les explications sur la non-inclusion des
détails dont j'ai parlé tout à l'heure sur les
condamnations, les infractions, par exemple, par rapport à l'article 22,
le nombre des percepteurs, je pense qu'à l'article 22 on va parler de
percepteurs - d'inspecteurs, excusez-moi.
M. Lincoln: II y a deux façons d'aborder la chose. Ou bien
vous laissez la responsabilité au sens large qui donne encore plus de
responsabilité à la personne qui doit écrire le bilan, ou
bien vous faites cela de façon spécifique. À ce
moment-là, il y a certaines choses que vous mettez dedans et
peut-être en oubliez-vous d'autres. Il me semble que le sens de
l'amendement force le ministre à donner un bilan qui inclut toutes ces
sections et il est sûr que toute la question d'infractions et de
contrôle de la loi est tellement importante que, s'il y avait des faits
dans ce sens, il les inclurait. Moi, c'est comme cela que je le
conçois.
M. Desbiens: Le ministre m'avait convaincu de son argumentation
lors de notre conciliabule tout à l'heure mais je voulais lui faire dire
pour qu'on puisse l'inscrire au Journal des débats.
M. Lincoln: En plus de quoi, une fois que cela sera
déposé, que ce sera inclus dans le rapport annuel officiel, cela
ouvre le débat aux journalistes, aux questions en Chambre pour demander
plus de précisions si les précisions manquaient.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'article 10 est adopté?
M. Dufour: Un instant! J'aurais une question à poser.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Si je relis l'article 10 avec l'article 11 qui se lit
comme suit: "La personne ayant la plus haute autorité au sein d'un
organisme doit prendre les mesures appropriées pour assurer
l'exécution des dispositions de la présente loi...", comment un
organisme peut-il rendre compte d'une responsabilité qui est
exercée par une personne dans la loi qui n'est pas nommée par
l'organisme? Qui applique la loi? C'est une personne qui n'a pas
été nommée par l'organisme. C'est la loi qui l'a
nommée. Que ce soit au municipal, au scolaire ou ailleurs, ce ne sont
pas eux qui ont nommé la personne pour appliquer la loi. L'organisme va
avoir à rendre compte de l'application de cette loi par cette personne
dont il n'a pas l'autorité pour la nommer. Il n'a rien à
dire.
M. Lincoln: C'est exactement le sens de l'article 11,
c'est-à-dire que l'organisme fait le rapport. Donc, s'il y a une
personne de la plus haute autorité qui est vraiment la personne
nommée pour ce faire... C'est la même chose, par exemple, dans la
loi sur l'accès à l'information. Une personne a la plus haute
autorité, est chargée de la chose et l'organisme fait le rapport
à savoir comment cette loi est appliquée par la personne qui a la
plus haute autorité. Je ne vois pas de contradiction là, au
contraire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce la personne qui a la plus haute autorité
qui fait rapport tout le temps? Je vais donner un exemple pour expliquer un peu
plus mon idée. Le rapport financier ou le rapport annuel d'une
municipalité n'est pas nécessairement le rapport du directeur
général de la municipalité. Il peut être
signé par un secrétaire trésorier qui n'est pas
nécessairement la personne qui a la plus haute autorité selon la
loi.
M. Lincoln: La personne qui a la plus haute autorité n'est
pas nécessairement la personne qui produit le rapport. Tous ces rapports
sont prévus d'après les cadres législatifs ou
réglementaires des organismes concernés respectifs. Dans certains
cas cela est issu d'une autorité quelconque. Par exemple, le rapport de
la Société québécoise d'assainissement des eaux est
émis par le directeur général. Le rapport du
ministère est émis par moi, etc. Cela dépend de cette
personne, mais la personne qui fera ce rapport obtiendra les informations
nécessaires pour que tout ce qui se passe par rapport à la loi et
à son application par la personne ayant la plus haute autorité
soit explicité dans ce rapport. C'est justement un système de
"checks and balances".
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Quand on regarde l'ensemble du projet de loi on
comprend bien qu'à un moment donné on a décidé
quelle personne appliquait la loi. Ce n'est pas l'organisme qui l'a
nommée, c'est la loi. Vous allez plus loin là. Vous dites:
L'organisme fera le rapport de la personne qu'elle n(a pas
nommée. Si c'est vrai, pourquoi le gouvernement n'assume-t-il pas
complètement sa responsabilité et n'exige-t-il pas de la personne
responsable de l'application de la loi le rapport? C'est elle qui est
habilitée à le faire. L'organisme pourrait fausser le rapport en
disants Elle n'a pas fait son job, elle l'a fait plus ou moins. Si on la tient
pour responsable qu'on la tienne pour responsable tout le long, pas à
moitié et à demi responsable. Je trouve qu'il y a beaucoup trop
de chapeaux.
M. Lincoln: II me semble que vous ne faites pas le lien entre
l'organisme et la personne qui a la plus haute autorité. C'est un peu
comme se demander qui arrive avant: la poule ou l'oeuf? C'est sûr que
c'est
l'organisme lui-même, dont la personne qui a la plus haute
autorité dépend. C'est sûr que si c'est le président
général d'Hydro-Québec, c'est directement ou indirectement
le gouvernement, comme parent d'Hydro-Québec, qui a nommé cette
personne qui a la plus haute autorité. Les deux sont
interconnectés.
La personne qui a la plus haute autorité dans les questions de
municipalités ou de commissions scolaires, c'est établi par la
jurisprudence qui est cette personne et c'est elle-même qui aura
certainement à façonner le rapport annuel qui est fabriqué
selon tout le système constitutif de cet organisme quelconque. Comme
c'est le cas dans n'importe quelle autre activité. Prenez
l'activité d'une société de la couronne, par exemple, il y
a un directeur général. Lorsque le rapport est produit c'est
sûr que ce n'est pas lui qui va façonner toutes les parties de ce
rapport mais il écrit sous son nom, si c'est la constitution de cet
organisme, si la loi constitutive dit que ce sera lui ou le secrétaire
général, mais c'est sûr qu'il n'est pas responsable de
toutes les choses contenues dans ce rapport et vice versa. Il y a certaines
choses dans ce rapport dont il est responsable mais ce n'est peut-être
pas lui qui a rédigé le rapport. C'est toujours comme cela.
M. Dufour: Je comprends la position du ministre quand il me parle
d'Hydro-Québec, des services de santé, mais je comprends plus
difficilement quand il s'agit d'une municipalité parce que cela se
pourrait, même si c'est la personne qui a la plus haute autorité,
qu'elle ne soit pas responsable de faire le rapport. C'est l'organisme. S'il y
a des contradictions ou des différends entre les deux, l'organisme
pourrait faire un rapport différent de ce que la personne a
appliqué, etc. C'est dans ce sens-là. Je n'essaie pas
d'être malin en disant cela, j'essaie juste de donner la couleur
réelle de ce qui se passe dans les faits. Si on met une personne
responsable, je voudrais que la personne ait cette responsabilité. Ce
n'est peut-être pas un rapport bien compliqué, cette
affaire-là, mais je dis qu'il y a peut-être un chevauchement. Et
surtout que ce n'est pas clair. Il y a des organismes pour lesquels c'est
clair, mais il y en a d'autres pour lesquels cela l'est moins.
M. Lincoln: Me Campeau me souligne que l'article 11 dit: "La
personne ayant la plus haute autorité au sein d'un organisme public doit
prendre les mesures appropriées pour assurer l'exécution des
dispositions de la présente loi..."
Une des dispositions de la présente loi dit qu'il faut qu'il y
ait un rapport. Donc, elle est responsable du rapport. Elle est ultimement
responsable du rapport dans la loi puisqu'elle est responsable d'appliquer
l'exécution des dispositions de la loi. Donc, les dispositions de la loi
incluent la responsabilité de fournir un rapport. Donc, elle doit
produire le rapport et le signer.
M. Dufour; Mais, à l'article 10, ce n'est pas la personne
qui est tenue responsable. On dit que "l'organisme public dont la loi exige la
production d'un rapport annuel de ses activités doit fournir dans ce
rapport, sous une rubrique particulière, un compte rendu sur
l'application de la présente loi..."
Donc, ce n'est pas la personne qui doit faire un rapport, ce n'est pas
la personne qui applique la loi, à mon sens. C'est vraiment l'organisme
public. C'est là le problème que j'ai. L'organisme public. Puis,
dans d'autres particularités de la loi, vous avez vraiment
décidé que c'était une personne qui appliquait la loi,
mais vous n'avez pas dit que l'organisme est responsable de nommer sa personne.
Si l'organisme est responsable de nommer sa personne, il peut demander des
comptes en n'importe quel temps, il peut exiger des choses.
Comme c'est écrit là, cela pourrait faire une belle
bataille quelque part. En tout casî Cela a été
accepté comme cela. Donc, je suis toujours ce qui a été
adopté précédemment. J'essaie de l'appliquer. Et on dit
que c'est l'organisme qui présente le rapport. Si vous pouviez
peut-être dire la même chose, soit que, à l'intérieur
de l'organisme public qui présente un rapport annuel, la personne qui a
la plus haute autorité ou qui est chargée d'appliquer la loi doit
placer un rapport à l'intérieur de ce rapport. Il y aurait
peut-être des moyens de le faire. On atteindrait exactement les buts
visés, mais, comme il y a une complexité ou une
ambiguïté quelque part, j'essaierais de trouver pour que cela
puisse répondre à tout ce qui se passe.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: On me redit que la responsabilité de la
production d'un rapport dépend de l'organisme. Cela dépend
toujours de l'organisme de produire un rapport. Cela ne dépend pas d'une
personne quelconque. Cela dépend toujours d'un organisme de produire un
rapport.
Mais, à l'article 11, c'est la personne qui a la plus haute
autorité qui a le devoir et la responsabilité d'appliquer la loi.
Donc, en vertu de ce devoir d'appliquer la loi, c'est elle qui présente
le rapport au nom de l'organisme public. C'est elle qui façonne le
rapport au nom de l'organisme public. C'est cela le sens de la chose, et la
responsabilité d'assurer que c'est elle qui assure
l'exécution
des dispositions de la lot fait que c'est elle dans l'organisme qui
façonne le rapport.
M. Dufour: Je pense qu'à l'heure où on est rendu,
on serait mal avisé d'accepter cette loi. D'abord, on ne l'acceptera pas
au complet. II serait peut-être bon de demander l'ajournement. Je pense
que la nuit porte conseil, et, dans tout cela, dans notre grande sagesse, la
sagesse de tout le monde, il y a peut-être moyen de trouver des compromis
pour pouvoir être vraiment cohérent. Je suis encore convaincu que
l'organisme qui fait le rapport n'est pas redevable envers la personne qui a
à appliquer la loi. Je pense qu'on doit regarder cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Le temps va commencer à compter. On n'est
qu'à l'article 11. J'ai envie de voir combien de temps a
été utilisé sur les articles 10 et 11 pour qu'on ne
recommence pas les discussions à zéro encore demain. Si on a une
heure, on pourra disposer parce que...
M. Blais: À l'article 11, on est à un amendement.
Tout le monde a le droit de parler 20 minutes.
Une voix: C'est l'article 10.
M, Blais: L'article 10. Sur l'article 10, on a le droit de parler
20 minutes. Je ne pense pas qu'on en soit au temps, parce qu'on peut en
apporter 32. Je ne pense pas que ce sait cela. Mais, comme dit le
député de Jonquière, il passe minuit. On pourrait remettre
cela à demain.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, nous avons tenu
compte du temps utilisé par chacun des membres de la commission. On
pourra poursuivre. La commission de l'aménagement et des
équipements ajourne maintenant ses travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)