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(Midi quinze minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour exécuter les mandats qui lui ont
été confiés, soit l'étude des projets de loi 38,
41, 43, 44, 40, 46, 48, 49, 50, 67 et 97.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
M. Desbiens (Dubuc) sera remplacé par M. Perron (Duplessis).
C'est tout, M. le Président,
Projet de loi 38
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
secrétaire.
Nous allons passer maintenant au premier projet de loi suivant l'ordre
qui nous a été donné, soit le projet de loi 38, Loi
modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
M. le ministre.
Schéma d'aménagement Extension des
délais de modification
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Dans l'état
actuel du droit, lorsque le ministre des Affaires municipales a
présenté une demande de modification d'un schéma
d'aménagement, il ne peut plus la corriger lorsque le délai de 90
jours qu'il avait pour faire sa demande de modification est expiré.
D'autre part, la municipalité régionale de comté peut
obtenir une extension du délai de 90 jours qui lui est imparti pour
adapter son schéma d'aménagement à la demande de
modification qui lui a été présentée par le
ministre.
Il peut arriver que, pendant l'extension de délai accordée
à la MRC, celle-ci fasse des contrepropositions intéressantes que
le ministre serait disposé à intégrer à sa demande
de modification et qu'il ne puisse y donner suite parce qu'il se trouve hors du
délai pour ce faire. L'article 1 vise à permettre au ministre des
Affaires municipales de compléter sa demande de modification initiale du
schéma d'aménagement, lorsque la MRC se voit accorder une
prolongation de délai pour y répondre.
Il est à noter que, si le ministre a modifié ainsi sa
demande initiale, la prolongation du délai de la MRC court à
compter de cette modification.
Maintenant, M. le Président, nous avons un amendement à
apporter à l'article 1. Pardon?
M. Dufour: Déjà?
M. Bourbeau: II faut commencer sur le bon pied.
M. le Président, je vous signale que c'est probablement le seul
amendement que nous aurons à apporter à...
Une voix: À ce projet de loi.
M. Dufour: Cela devrait être beau, probablement.
M. Bourbeau: ...au projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre,
M. le député de Jonquière sur l'article 1 ou
si...
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je ne devrais pas
lire en premier l'amendement?
M. Dufour: J'aimerais voir l'amendement avant de... Je pense
que...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
remarques préliminaires?
M. Dufour: D'accord, c'est ce que je voulais dire. Il est de
coutume qu'on fasse des remarques préliminaires, mais comme on a
passé la journée d'hier à déposer ces projets de
loi en Chambre je ne pense pas qu'il soit nécessaire de
répéter à chaque projet de loi de nouvelles remarques
préliminaires qui pourraient condorder à peu près avec ce
qu'on a dit à l'Assemblée nationale. Alors, pour ma part, on
devrait sûrement commencer avec l'article 1. Je serais heureux d'avoir
l'amendement proposé par M. le ministre.
Le Président (M, Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière.
J'appelle maintenant l'article 1.
M. Bourbeau: M. le Président, à
l'article 1, j'aimerais présenter l'amendement suivant: L'article
1 du projet de loi 38 est modifié par la suppression, dans la
quatrième ligne du premier alinéa de l'article 29.1, des mots "le
premier tiers de". Ces mots seraient supprimés et la phrase se lirait:
"ce dernier peut, pendant la période de prolongation, modifier son avis
conformément à l'article 27."
Alors, M. le Président, l'objet de cet amendement est de donner
un peu plus de temps que le premier tiers de la période au ministre pour
réagir.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
recevable.
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais vous demander, M. le ministre, que vous
nous informiez si vous pouvez changer cet avis, c'est-à-dire si durant
l'avis qui est donné, quelle que soit l'importance du temps qui est
couru, vous pouvez, à partir de ce moment-là, modifier l'avis qui
a déjà été donné. Cet avis qui est
donné, est-ce qu'il peut venir juste du ministère des Affaires
municipales ou peut-il venir d'autres intermédiaires comme, par exemple,
le ministère de l'Énergie et des Ressources ou d'autres
ministères comme les approvisionnements, etc., etc?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Officiellement, l'avis vient du gouvernement, mais
le canal qui est prévu, c'est le ministre des Affaires municipales.
M. Dufour: Autrement dit, si je comprends bien...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...la réponse du ministre des Affaires
municipales, c'est que les demandes passent toujours par le canal
privilégié qui est celui des Affaires municipales.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La réponse est celle donnée.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Toujours en prenant cet article, dans le cas où
le ministre prolonge le délai en vertu de l'article 239, est-ce qu'on
pourrait supposer que le ministre pourrait toucher à l'avis plus qu'une
fois? Par exemple, si je tiens pour acquis que le ministère de
l'Énergie et des Ressources... Il y a plusieurs avis à donner au
ministère et je ne pense pas qu'il y ait quelque chose dans la loi qui
vous permette d'exiger que chaque ministère vous fasse parvenir des avis
durant ce laps de temps. Je pense que c'est 60 jours... 90 jours. L'avis qui
est donné doit durer un certain temps? À partir du moment
où le schéma est déposé, où l'avis est
demandé, il y a un certain laps de temps d'accordé au
ministère pour donner son avis. À ce moment-là, le
ministre court dans les délais et les ministères concernés
sont à l'intérieur de ce délai. Donc, si le ministre
modifie un avis, le délai se prolonge. À partir du moment
où l'avis est donné, il y a un délai de 90 jours, si je ne
me trompe pas. Le délai est de 90 jours. Au bout de 30 jours, le
ministre des Affaires municipales informe qu'il a besoin d'un prolongement de
délai où il y a un avis différent. Il y a 30 jours
d'écoulés, mais il y a encore 90 jours de course. À
l'intérieur, il y a un troisième ministère qui, pour une
raison quelconque, change quelque chose, le ministre peut donner un autre avis
qui prolonge le délai. Ce qui fait que cela ouvre la porte, à mon
sens, à un processus de négociation qui pourrait mener à
des tractations toujours très politiques. Il pourrait arriver que, pour
une raison ou une autre, ces délais aient tendance à courir.
Comment pourrait-on obliger une décision? On pourrait remettre les
décisions comme on voudrait: l'ouverture est tellement grande par
rapport à cet article. On pourrait éterniser le processus.
Combien de fois le ministre peut-il donner d'avis avant que cela s'arrête
quelque part?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le ministre pourrait toujours imposer
d'autorité une solution. La formule qui est retenue est celle des avis.
Il n'y a pas de limite au nombre de fois où on peut donner des
extensions. Je pense que c'est probablement préférable. Cela
permet une amélioration continuelle de la qualité du produit, si
je peux dire. Je crois qu'à chaque fois qu'un délai est
donné, c'est parce que des améliorations sont en voie. Cela me
semble préférable à des interventions
d'autorité.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je serais peut-être prêt à prendre
la parole du ministre quand il dit que cela peut améliorer la
qualité du produit, mais cela pourrait aussi politiser la qualité
du produit. Hier, je donnais comme exemple - et cela n'est pas très
familier -la municipalité régionale L'Or-Blanc, où on
parlait de Ham-Sud du point de vue de la
montagne... j'imagine aussi une plaine autour de la montagne qui
s'appelait Ham... une forêt Ham. Cela doit être cela. Combien de
temps de prolongation cela a-t-il pris pour qu'on règle ce dossier?
C'est un dossier qui a dû faire l'objet d'articles de journaux. Donc, il
a dû y avoir des discussions.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Vous comprenez qu'il s'agit d'un cas particulier. On
est en train de...
M. Dufour: Oui, mais ce sont toujours des cas particuliers, M. le
ministre.
M. Bourbeau: ...vérifier avec mes adjoints.
M. Dufour: Ah bon! Je comprends que vous ne me répondiez
pas à brûle-pourpoint. Je suis d'accord.
M. Bourbeau: Pour ce qui est de la question de tout à
l'heure, je pourrais ajouter que les délais additionnels seraient
donnés dans les dossiers où, d'un commun accord entre la MRC et
le ministère des Affaires municipales, on conviendrait de
l'intérêt d'un nouveau délai. C'est la norme qui est
retenue actuellement et la ligne de conduite qui prévaut.
Dans le cas de la MRC L'Or-Blanc, le problème s'est résolu
par entente entre la MRC et le ministère des Affaires municipales,
à l'intérieur des délais originaux.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Le fait que vous ayez apporté un amendement
signifie que c'est assez clair: durant les 90 jours, cela pourrait allonger...
Dans le premier tiers, cela vous fixait une limite pour réagir.
Là, vous avez enlevé toute limite, ce qui veut dire qu'au 89e
jour de la consultation vous donnez un autre avis, et cela prolonge encore de
90 jours. C'est peut-être là le sens de la première
question que je posais, cela ouvre des portes à des délais qui
pourraient se répéter presque indéfiniment. N'y a-t-il
pas, quelque part dans le temps, une place où le processus doive se
résorber ou être considéré comme terminé?
Pour la municipalité comme pour les ministères, cela donne
place à des discussions sans arrêt. Si vous nous aviez dit: Durant
la moitié de la période, car le premier tiers avait
sûrement été posé quelque part pour une raison...
Vous l'enlevez et vous le faites pour une autre raison. Cela vous donne plus de
marge de manoeuvre, mais cette marge de manoeuvre fait que le processus peut
s'étirer presque indéfiniment. Je pense qu'on a peut-être
intérêt à ce qu'on s'entende. D'ailleurs, je ne dirai pas
le contraire de ce que j'ai dit hier, à l'Assemblée nationale,
mais il faut que cela s'arrête quelque part. C'est ce point qui me
chicote un peu.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je comprends les préoccupations du
député. Ce problème pourrait effectivement survenir. Il
n'est pas survenu jusqu'à maintenant, mais je puis l'assurer que, si
jamais on voyait que cela traînait en longueur d'une façon indue,
on pourrait exercer le pouvoir de décréter et mettre ainsi fin
aux tergiversations.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je pense que cela répond à mes
aspirations si le ministre est sous l'impression que c'est la meilleure
décision qui puisse être retenue et qu'il doit se donner
l'occasion de la mettre è l'essai avant d'apporter quelque changement.
Il y a certainement un point sur lequel il peut m'informer. Pourquoi le premier
tiers n'existait-il pas avant? Il n'y avait pas cela. Autrement dit, le
ministre pouvait réagir, mais la municipalité régionale de
comté avait un temps pour réagir, soit une période de
trois mois. Cela ne prolongeait pas la période.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Autrefois, les ministres n'avaient pas la
possibilité de modifier une fois l'avis donné. On avait
prévu cette formule, mais, à la réflexion, les experts du
ministère estiment qu'il serait préférable que le ministre
puisse, durant toute la période de prolongation, intervenir plutôt
que dans le premier tiers.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je comprends, M. le ministre, la préoccupation
du ministère ou des fonctionnaires du ministère, mais c'est
prendre une marge de manoeuvre dont on peut faire ce qu'on veut. Je pense que,
pour la bonne marche des choses et pour que les décisions soient bien
connues, si, au lieu de prendre toute la période, on avait mis 50 % du
temps, cela donnerait 45 jours tout de même pour prendre une
décision. Il ne faut pas, non plus, laisser trop de temps pour que des
situations, pour des raisons ou pour d'autres, finissent par devenir
explosives, des situations hautement politisées.
(12 h 30)
C'est ça, en fait. Cela ouvre la porte à des
négociations qui vont se prolonger trop longtemps. Je pense qu'il n'y a
pas de... En principe, il devrait y avoir des moments où il y a quelque
chose qui est fini pour que la municipalité sache qu'elle a tant de
temps et que cela finit quelque part. Je pense qu'on y a intérêt,
parce que vous n'aviez rien et, là, vous donnez tout. Entre rien et
tout, il n'y a pas moyen, M. le ministre, de faire un compromis et,
peut-être, de dire que pendant la moitié de la période de
prolongation, etc? Je pense que cela ferait un compromis qui pourrait
être acceptable à mes yeux.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Il faudrait que le député comprenne
que le ministre n'a pas intérêt à prolonger indûment
les négociations. Vous savez que le gouvernement a fixé une date
ultime pour le dépôt des schémas d'aménagement et ce
n'est certainement pas nous qui avons intérêt à faire
retarder indûment les négociations. Alors, bien sûr, si on
peut le faire en 10 jours plutôt qu'en 90 jours, on va le faire le plus
rapidement possible, mais on se garde une marge de manoeuvre au cas ou les
problèmes surviendraient. Puis on me dit que c'est grandement
préférable de le faire ainsi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: C'est peut-être vrai comme attitude du ministre
des Affaires municipales mais, en ce qui concerne d'autres ministères,
cela pourrait aussi venir du ministre, comme cela pourrait venir des
fonctionnaires qui n'attacheraient pas une extrême importance à
cela de dire: Un instant, on va peut-être essayer de changer des choses
pour... On va avoir le temps de l'étudier un peu plus longtemps. Cela
rajoute du temps, ce n'est au profit de personne, si ce n'est qu'on se donne
une marge de manoeuvre un peu plus grande. C'est un peu ça, je n'ai pas
beaucoup de doute sur le ministère des Affaires municipales
là-dedans, ce sont les autres ministères impliqués qui
pourraient vouloir prolonger le temps. Pour autant que mes souvenirs...
D'après ce que j'ai pu apprendre un peu partout au cours de la
tractation dans plusieurs endroits ce ne sont pas tous les ministères
qui applaudissent à cette loi. Il y en a que cela a
dérangé. Il y en a qui ont appris la loi après qu'elle a
été votée, ce n'est pas juste vrai pour le moment actuel.
Je peux vous assurer qu'il y a des ministères que ça
dérange d'être obligés de donner des avis. Ils pourraient
profiter d'une ouverture qui est là pour faire des pressions sur le
ministre des Affaires municipales. Je voudrais peut-être vous
protéger même contre vos amis. Au Conseil des ministres, ils vont
probablement apprendre qu'il y a des lois qui peuvent donner des délais;
ils vont peut-être aussi essayer d'en profiter pour le faire. Ils vont
dire: Je n'ai pas eu le temps de le regarder. Vous savez, quand il n'y a pas
d'échéancier on a tendance, des fois, à laisser aller. On
va dire: On ne le fera pas, on va prendre le temps qu'il faut. C'est dans ce
sens-là.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je sais que le
député de Jonquière est un grand démocrate et ce
que j'aimerais peut-être lui faire valoir, c'est ceci: Supposons que le
ministre ait envoyé l'avis et que le premier tiers soit passé,
alors, on ne peut plus intervenir et, tout à coup, il survient des faits
nouveaux. Ce sont des domaines très techniques et tout à coup des
faits nouveaux, des éléments nouveaux surviennent qui font en
sorte que le ministre doive faire une modification et qu'il ne puisse plus la
faire. À ce moment-là, il se retrouve dans la situation assez
inconfortable et odieuse, je dirais même, d'avoir à
décréter, si la MRC n'est pas d'accord. On préfère
avoir un peu plus de souplesse pour permettre au ministre de continuer la
négociation, pour permettre le processus beaucoup plus
démocratique, selon nous, de la négociation.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Au moment où l'avis est donné, est-ce
qu'il se pourrait que ce ne soit pas un temps additionnel qui s'accorde aussi
longtemps, que le temps de 90 jours ne recommence pas à courir?
M. Bourbeau: Je n'ai pas bien saisi le sens de la question.
Le Président (M. Saint-Roch); M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Quand vous avez donné votre avis, est-ce qu'on
ne pourrait pas ne pas prolonger l'avis ou est-ce que cela ne pourrait pas ne
pas être considéré comme un premier avis? Donc, il n'y a
pas 90 jours nécessairement. Autrement dit, si le ministre donne son
avis au bout de 30 jours, il ne devrait pas y avoir une prolongation du
délai à partir du premier pas plus de 30 jours. 90 jours pour
prendre une décision, pour autant que je comprenne l'article... Je le
comprends peut-être mal, on est là pour cela, pour s'expliquer
mutuellement, regarder ce qui en est, regarder ce qui pourrait arriver. Quand
on regarde l'amendement que vous proposez,
on regarde le deuxième alinéa: "Si le ministre se
prévaut du premier alinéa - donc, il donne un avis nouveau - le
délai additionnel accordé au conseil de la municipalité
régionale de comté pour modifier son schéma
d'aménagement conformément à l'avis modifié court
à compter de la signification de cet avis." Cela pourrait nous laisser
supposer qu'il y a un nouveau délai de 90 jours qui court. C'est
cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je ne sais pas si je vais pouvoir éclairer le
député. C'est assez complexe. Supposons qu'une
municipalité dépose son schéma, le gouvernement a 90 jours
pour réagir. Au bout de 90 jours, le gouvernement doit l'accepter ou
demander des modifications. S'il demande des modifications, il donne un
délai de 90 jours à la MRC pour s'exécuter. Si, au cours
de cette période, les deux parties, en négociant,
réalisent tout à coup que le problème est plus complexe
qu'on ne l'avait prévu et que la MRC peut difficilement accomplir ce
qu'on lui demande dans le délai imparti de 90 jours, les deux parties
peuvent convenir que le gouvernement va donner un nouveau délai. Ce
délai peut être de 60, 90, 120 ou 180 jours afin que l'on puisse
réaliser les études techniques pour que la MRC puisse se
conformer aux demandes du gouvernement. C'est comme cela qu'on
procède.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: À l'exception que c'est toujours à
l'approbation du ministre; ce n'est pas inscrit: après l'approbation des
deux parties. Je comprends que la municipalité régionale de
comté pourrait dire: Vous savez, vous nous avez demandé un
changement et, nous aussi, on en aurait un à vous proposer, au bout de
50 jours. On ne peut pas lui accorder un autre délai. Ce n'est pas une
décision qui dit qu'il y a une entente. C'est une décision qui
appartient au ministre; c'est le ministre qui a la porte ouverte en ce qui
concerne sa décision. Je comprends que cela donne un pouvoir
supplémentaire, mais d'est un pouvoir très grand. J'aurais
aimé qu'il soit un peu rétréci dans le sens que vous
n'aviez rien avant. Là, vous demandez quelque chose. Il est rare que,
dans une loi, on donne un pouvoir aussi grand. Normalement, on y va par
étapes. D'habitude, on est mieux d'étirer en rallongeant que de
raccourcir parce que, vous savez, faire des pas de recul, ce n'est pas toujours
ce qui est le plus facile à faire. Les gens vont l'apprendre, ils vont
le savoir et vous allez être pris avec un certain nombre de
négociations que vous ne voudriez pas avoir.
Je pense que le dernier... Au lieu du premier tiers de la période
de prolongation, cela aurait pu être la moitié de la
période et cela aurait clos le débat quelque part, ou les deux
tiers.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Écoutez, cette modification a
été apportée par ceux qui, actuellement, sont dans le
champ et vivent l'expérience et non pas par le ministre qui
lui-même, comme vous le savez, n'est pas en poste depuis très
longtemps. Les gens qui vivent actuellement cette situation nous avisent qu'il
est bien préférable de se donner le maximum de latitude possible
pour faire en sorte qu'on puisse maximiser les chances d'en arriver à
une entente avec une MRC et non pas qu'on s'enferme nous-mêmes dans un
carcan qui, éventuellement, obligerait le ministre à
régler par un décret. C'est pour favoriser une meilleure
concertation avec les MRC qu'on se donne cette possibilité et je sais
que le député de Jonquière, étant lui-même un
grand démocrate, va reconnaître qu'il est préférable
d'en venir à une entente avec les MRC plutôt que de voir le
gouvernement imposer unilatéralement ses solutions.
M. Dufour: Peut-être que nous avons perdu un bout des
paroles avec le bruit qui se faisait en arrière. En tout cas! C'est
sûr que, moi, je veux essayer de bonifier les lois et essayer aussi que
les lois disent vraiment ce qu'elles ont à dire. Si ces lois sont juste
une question pour faire de la négociation, pour ouvrir des portes
à des négociations et étirer des négociations, je
trouve qu'on devrait... C'est très large. Je ne pense pas que c'est le
but que la loi doive poursuivre parce qu'il y aurait peut-être des
inconvénients. Ce sont les gens qui sont sur le terrain qui vivent avec
cela. Il faut penser aussi qu'actuellement il y a 95 schémas
d'aménagement qui sont déposés et que cela fait des
engorgements et cela crée des problèmes nouveaux. Mais ce ne
seront pas des problèmes permanents. Quand ces premiers schémas
auront été acceptés dans l'ensemble du Québec,
cette loi va avoir les effets que je prétends. Peut-être qu'au
départ, on n'avait pas assez de marge de manoeuvre? Là, on fait
la loi parce qu'il y a quelques problèmes qui sont soulevés mais,
quand tous ces plans vont être changés, après cela,
à l'avenir, ce sont les plans qui seront amendés, qui auront des
changements et on ne vivra jamais cette période. Donc, c'est en ce sens
que j'étais tenté de faire une proposition pour ne pas ouvrir
trop grand, quitte à voir ce qui adviendrait après et aller plus
loin dans l'avenir, s'il y a lieu.
C'était en ce sens qu'étaient mes suggestions concernant
cet article.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, on pourrait peut-être
faire un compromis. On va l'essayer comme cela et, si jamais cela fonctionne
mal ou si cela traîne trop, on pourra revenir à l'automne avec une
modification qui restreindrait le délai à la moitié ou aux
deux tiers.
M. Dufour: Ce que vous me dites là, cela ne se peut pas.
Je ne me laisserais pas endormir par ce que vous me dites là. Je ne vois
pas beaucoup le ministre qui va restreindre leur pouvoir sans volontairement...
Non, c'est... Vous pourriez être en lieu de penser... Je vais faire comme
si je ne l'avais pas entendu, ce bout-là.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement à
l'article 29.1 est-il adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 29.1 amendé
est-il adopté?
M. Dufour: C'est toujours sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division? L'article 1
amendé est-il adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 2.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M, Bourbeau: L'article 2 apporte une modification de concordance avec
une disposition adoptée en 1985 et qui visait à faire
disparaître de la Loi sur la fiscalité municipale le régime
spécial relatif aux boisés.
M. Dufour: C'est de concordance...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...avec la loi 2 sur la fiscalité qu'on a
adoptée au mois de décembre 1985, si mes souvenirs sont exacts.
C'est parce qu'il y a des boisés privés, des boisés
publics... (12 h 45)
M. Bourbeau: Le député parle de la loi 45 de juin
1985.
M. Dufour: De la loi 2 qui a été adoptée et
qui touchait aux boisés parce qu'il y avait des fins de taxation, mais
ce n'est pas dans ce sens-là que vous avez amené le mot.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre. i
M. Bourbeau: M. le député de Jonquière, je
ne me souviens pas qu'en décembre on ait traité de cette
question.
M. Dufour: Pas aux affaires municipales, mais à la
commission du budget et de l'administration; ce n'était pas à la
même commission, la loi concernant la taxe sur le tabac, etc. Il y avait
beaucoup de technicités là-dedans et il y avait un article qui
touchait aux boisés et qui donnait un pouvoir de taxation parce que,
pour quelqu'un qui cultive son boisé à des fins de production,
etc., c'est assez complexe. M. le ministre, je pense que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...pour répondre en partie, c'est vrai que
c'est... On n'a pas tort, ni l'un ni l'autre. Vous parlez du projet de loi 45
qui était une loi omnibus municipale, mais on est obligé de
l'appliquer. Je n'étais pas au Parlement dans ce temps-là, mais
on est obligé de l'appliquer dans la loi 2 et c'est pour la concordance
un peu tout le long. Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Droit de lotissement dérogatoire
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 3 et, pour la bonne marche de nos travaux, je suggérerais
qu'on prenne 256.2 en premier et qu'on revienne à 256.3 pour nous
faciliter la tâche. Est-ce que cela vous convient?
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais faire un
commentaire...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...sur l'article 3.
L'article 3 a pour objet de reconnaître un droit de lotissement
dérogatoire au propriétaire d'un terrain non conforme aux
nouvelles normes qui, au 30 novembre 1982 ou la veille de l'entrée en
vigueur du premier règlement de contrôle intérimaire de la
municipalité régionale de comté, selon la
plus tardive de ces dates, était l'assiette d'une construction
érigée et utilisée conformément à la
réglementation alors en vigueur, le cas échéant, ou
protégée par des droits acquis.
Il est bien entendu que ce droit de lotissement dérogatoire
n'intervient qu'à l'égard d'un terrain qui, à la date de
référence, ne formait pas un ou plusieurs lots distincts sur les
plans officiels du cadastre et qu'à la condition que l'opération
cadastrale ait comme résultat la création d'un seul lot ou d'un
seul lot par lot originaire, lorsque le terrain est compris dans plusieurs lots
originaires. Cet article prévoit également que le droit de
lotissement dérogatoire est conservé dans le cas où la
construction est détruite par un sinistre après la date
applicable.
M. le Président, j'aimerais ajouter...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...que l'article 3 a de plus pour objet de
prévoir un autre cas où un droit de lotissement
dérogatoire est reconnu en faveur du propriétaire d'un terrain.
Ainsi, celui dont le terrain est devenu non conforme ou a perdu le
privilège de lotissement dérogatoire en raison d'une intervention
de l'autorité publique pour fins d'utilité publique - exemple:
expropriation de voirie - pourra obtenir un permis autorisant une
opération cadastrale si ce terrain ne forme pas déjà un ou
plusieurs lots distincts. Ici encore, l'opération cadastrale devra avoir
comme résultat la création d'un seul lot ou d'un seul lot par lot
originaire lorsque le terrain est compris dans plusieurs lots originaires.
M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...j'aimerais ajouter que cet article, de même
que la grande majorité des autres, a fait l'objet d'un consensus entre
le ministre des Affaires municipales et les unions de municipalités.
Cela a été discuté au comité technique et
recommandé comme tel.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que cela veut dire que quand vous aurez de
l'opposition des unions, vous allez dire non? Vous me dites que les unions ont
dit oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Pas nécessairement, M. le Président.
Bien sûr, si nous apportons des modifications qui ont fait l'objet d'un
consensus avec toutes les unions, c'est beaucoup plus facile et
agréable. Si, parfois, nous jugions de l'intérêt public
d'introduire des modifications à la loi et que cela ne ferait pas
nécessairement l'objet d'un consensus avec les unions municipales, nous
prendrions nos responsabilités. On tentera de le faire le moins souvent
possible.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Non pas dans la mesure où vous voudriez me
faire savoir que je n'ai pas grand-chose à dire, mais si elles ont dit
oui et si le ministère a dit oui, en ce sens, je pense que je vais
essayer de faire mon travail au meilleur de ma connaissance.
Auparavant, lorsqu'il y avait un règlement intérimaire de
déposé ou lorsqu'on faisait un nouveau plan d'urbanisme, au
moment de la décision, il y avait un règlement de contrôle
intérimaire. Par exemple, lorsqu'une municipalité faisait pour la
première fois un plan d'urbanisme, il y avait une prévision dans
la loi pour que toutes les opérations cadastrales soient gelées.
Les permis ne se donnaient que sur des terrains connus et reconnus. Je pense
que c'est un peu le sens de la loi. L'amendement ou les changements que vous
proposez, c'est qu'à l'avenir, même s'il y a un plan en marche ou
s'il y a un règlement de contrôle intérimaire qui est en
vigueur, vous allez permettre des opérations cadastrales quand
même. Est-ce que j'ai bien compris?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Si c'est un lot déjà construit.
M. Dufour: Donc, cela serait seulement pour fins de
délimitation de l'arpentage.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Ce qui s'est produit, c'est qu'avant l'entrée
en vigueur du règlement de contrôle intérimaire il y avait
des gens qui s'étaient construits sur des terrains non cadastrés,
non subdivisés, des parties de lots originaires et, parfois,
l'étendue de terrain que ces gens possédaient n'était pas
suffisante, en regard des nouveaux règlements pour donner droit à
un lotissement, à une opération cadastrale. Une
municipalité ne peut permettre une opération cadastrale si les
règlements ne sont pas respectés, entre autres, ceux qui exigent
un minimum de superficie. Dans ces cas, à
cause des droits acquis de gens qui avaient agi en toute bonne foi alors
que les règlements n'existaient pas, on propose de reconnaître ces
droits acquis.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Quand vous dites que ces constructions étaient
érigées et utilisées conformément à la
réglementation en vigueur pour protéger les droits acquis, je
suppose que vous êtes conscient que, dans l'ensemble du Québec, il
y a un certain nombre de constructions qui ont pu être
érigées sans permis. Il y a des squatters qui existent au
Québec. Est-ce que ces gens pourraient être protégés
jusqu'à un certain point? Vous avez parlé de protéger les
droits acquis. Je pense que cela ne devrait pas être comme cela. Je vous
pose la question pour mon information. Est-ce que cela voudrait dire que cela
pourrait aller jusque-là?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, il y a une distinction
fondamentale à faire. Ce dont on parle, ce sont des gens qui
possèdent leur terrain par titre. Ils ont des titres de
propriété, sauf que les terrains n'étaient pas
cadastrés.
Quand on parle d'un squatter, ii s'agit de quelqu'un qui s'est
installé sans droit sur un terrain, sans avoir de titre, de sorte qu'on
ne peut pas lui conférer un droit de subdivision s'il n'est pas
propriétaire. La loi prévoit que quelqu'un qui occupe
illégalement un terrain, qui y construit même une maison,
après un certain nombre d'années, peut éventuellement
acquérir la propriété par prescription. S'il y a des
titres mais que ceux-ci sont fautifs, la prescription est de dix ans; s'il n'y
a aucun titre de propriété, à certaines conditions ia
prescription peut être acquise au bout de 30 ans. Encore faut-il que la
possession soit de bonne foi, à titre de propriétaire, etc.
Alors, le squatter comme tel, tant qu'il n'a pas les titres de
propriété, ne peut pas vraiment prétendre à une
subdivision ou à une opération cadastrale, puisqu'il ne peut pas
prouver son droit de propriété. Mais, dès qu'il pourra le
faire, je pense que l'article pourra s'appliquer à lui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: L'opération cadastrale pourrait augmenter les
droits de l'individu propriétaire d'une construction
érigée sur un lot qui n'est pas... comment dire? On va essayer de
regarder cela. Si une propriété est érigée sur un
lot qui n'est pas nécessairement suffisamment grand, l'article... On
parle bien d'une opération cadastrale. Une opération cadastrale,
c'est d'abord l'élément qu'on fait, en principe, avant
d'ériger une construction. On va s'établir sur un lot qui est
délimité quelque part. C'est l'opération cadastrale. Ou on
fait du remembrement de terrains en disant qu'on va rajouter telle superficie
de terrain à ce lot pour en faire un lot; il doit y avoir un but quelque
part. Est-ce que cela va corriger la non-conformité une fois pour toutes
ou si on accepte, même avec cette opération de prolonger la
non-conformité? Cela ne viendrait pas nécessairement corriger
tous les problèmes qui seraient soulevés.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Pour pouvoir obtenir une subdivision, une
opération cadastrale, il faut être propriétaire du terrain.
Le squatter, je le répète, tant qu'il n'a pas les titres de
propriété, ne pourrait pas être admis en principe à
une subdivision ou à une opération cadastrale. Le fait de
subdiviser un terrain ou d'obtenir un numéro de subdivision de la part
des autorités, je ne pense pas que cela ajoute des droits de
propriété à qui que ce soit. Cela ne fait que placer sur
un plan, avec un numéro de lot bien défini, le terrain que
possède un individu.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Les deux premiers alinéas de l'article 256.2
s'appliquent même dans le cas où la construction est
détruite par un sinistre après la date applicable. Est-ce que
vous pourriez me donner quelques informations concernant cet article?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Si on reconnaît que quelqu'un peut avoir des
droits acquis dans les cas dont on a parlé précédemment,
si jamais, par exemple, il arrivait que la maison était détruite
par le feu on se dit à ce moment qu'on reconnaîtrait que le droit
acquis peut être maintenu et que la personne pourrait reconstruire son
immeuble dans les mêmes conditions, même si...
Comme je le disais, si un immeuble était détruit par le
feu, on continuerait quand même à permettre - on parle de
lotissement - l'opération cadastrale. La personne, à ce
moment-là, pourrait quand même lotir son lot, subdiviser son
terrain. Subséquemment, si elle veut reconstruire, elle fera une demande
de permis de construction.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Justement, c'est là le sens de ma question.
Elle va demander un permis de construction. Est-ce que la municipalité
sera obligée de lui émettre ce permis de construction?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le paragraphe dont on parle a trait au lotissement
et non pas à la construction. On ne parle que d'opération
cadastrale. Là, le député parle du permis de construction.
Cela ne fait pas l'objet du présent article. On m'avise que, dans le cas
d'un permis de construction, c'est la loi générale qui s'applique
et qu'il faudrait respecter, dans ces cas, les règlements en
vigueur.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: En fait, c'est clair, c'est l'opération
cadastrale qui est concernée, et je pense que c'est pour cela qu'il faut
faire attention de ne pas chevaucher. J'ai cru comprendre hier, au cours de vos
remarques préliminaires concernant le dépôt de cette loi,
qu'à un moment donné vous aviez parlé de reconstruction
quelque part. Je ne sais pas si j'ai bien compris, mais dans vos notes... En
tout cas, les droits acquis... On pourra peut-être y revenir à
l'article 256.3, puisqu'on décide d'étudier tout l'article avant
de se prononcer, on pourra le regarder en détail au complet. Il est 13
heures.
Le Président (M. Saint-Roch): Étant donné
qu'il est maintenant 13 heures, la commission de l'aménagement et des
équipements suspend ses travaux jusqu'à 15 heures. M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je ne sais pas si l'Opposition voudrait consentir
à terminer le projet de loi, il reste seulement deux articles. À
moins que l'Opposition n'ait des objections. Moi, je n'aurais pas d'objection
à ce qu'on prenne cinq, dix minutes pour finir, ce serait plus
facile.
M. Dufour: À mon sens, c'est le coeur de l'article. Moi,
j'aimerais qu'on reprenne à 15 heures. Cela ne prendra peut-être
pas beaucoup de temps. Cela ne rallongera pas nécessairement, mais je
pense qu'il est une heure...
M. Bourbeau: Ce que vous voulez.
M. Dufour: II est 13 heures, selon la nouvelle formule. Je vais
attendre à 15 heures pour recommencer.
Le Président (M. Saint-Roch): II n'y a pas de consentement...
M. Dufour: On va essayer d'être ici à 15 heures
exactement.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission suspend maintenant
ses travaux.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 13)
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend maintenant ses travaux
pour poursuivre l'étude du projet de loi 38.
Nous en étions à l'article 3, 256.2, au moment de notre
suspension.
Y a-t-il d'autres interventions sur l'article 256.2?
M. Dufour: En fait, je pense que, quand on a fini la discussion,
c'était sur le dernier paragraphe: "...où la construction est
détruite par un sinistre après la date applicable." Quand il y
avait des lots qui avaient des droits acquis on pouvait permettre une
opération cadastrale, mais ce n'est pas par l'article 256.2 qu'on leur
donnait plus de pouvoirs qu'ils n'en avaient avant. C'est seulement, et on
s'était bien entendu, pour pouvoir faire l'opération cadastrale.
S'il y a des droits acquis, cela va être un peu plus loin qu'on va les
trouver, pour la reconstruction, etc.
M. Bourbeau: Ce n'est pas là...
M. Dufour: Quand vous parlez, M. le ministre, du 30...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière...
M. Dufour: Aviez-vous une réponse à me donner
là-dessus?
M. Bourbeau: On ne parle pas de cela dans l'article 256.2.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Quand vous parlez du 30 novembre ou de la date qui
précède l'entrée en vigueur du règlement, cela
veut-il dire que c'est pour empêcher qu'il y ait un petit trou quelque
part? Pourquoi cette date plutôt qu'une autre date? Y avait-il un but
précis?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le
ministre.
M. Bourbeau: C'est la date d'entrée en vigueur de
l'article 256.1, le 30 novembre 1982.
M. Dufour: C'est pour tous les cas qui auraient pu se produire
depuis ce temps-là. Cela va pour l'article 256.2.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 256.2
est adopté?
M. Dufour: Vous n'aviez pas dit qu'on l'adopterait au complet, en
même temps? Je ne vois pas d'objection qu'on le fasse ainsi.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela nous faciliterait la
tâche, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 256,3.
M. Dufour: Le paragraphe 1 veut couvrir les besoins de la
municipalité. Il s'agit seulement de corporations publiques. Cela
pourrait être une commission scolaire, une municipalité, un
organisme du gouvernement. Est-ce que cela couvre aussi les mandants de ces
corporations-là? Les fins d'utilité publique, j'ai l'impression
que cela couvre plus grand que juste les besoins des organismes que je viens de
nommer. Je sais qu'il y a des compagnies, par exemple, pour les chemins de fer,
pour des droits de passage au point de vue électricité, elles ont
des droits d'expropriation, ces compagnies-là, si je ne me trompe pas.
Est-ce que ça couvre tous ces cas-là ou si c'est juste...
M. Bourbeau: Cela couvre tous ceux qui ont des pouvoirs
d'expropriation en vertu des lois existantes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour; Est-ce qu'il y a beaucoup de cas, à votre
connaissance, qui se sont produits et qui ont eu cet effet?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On m'indique que ces situations-là
surviennent la plupart du temps quand le ministère des Transports
exproprie des terrains pour des fins de construction de routes. Comme on en
construit un peu moins maintenant, cela arrive un peu moins sauvent que cela
n'arrivait avant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je vais me permettre de donner une information au
ministre. Assez souvent, dans les rangs, quand le ministère fait
l'entretien ou s'il décide de faire des routes et que ces terrains sont
dans la municipalité, cela arrive encore. Ce ne sont pas des
constructions tellement dispendieuses. Je suis convaincu que les
ministères font cela régulièrement, mais le cas se
produit. En tout cas, j'ai vécu le cas où on a eu une quinzaine
d'expropriations, dans ma municipalité, et on a été
obligé d'intervenir. On n'a pas réglé par une loi. On a
réglé à l'intérieur des lois. On a pu
réussir à concilier notre règlement d'urbanisme avec les
lois d'expropriation, etc. C'est sûr qu'il a fallu faire des recherches
et aussi que le ministère de la Voirie intervienne pour nous donner ce
pouvoir-là. Peut-être que ce sera plus facile avec cela. Avec une
loi générale, c'est toujours plus facile de régler ces
cas-là.
Cet article dépasse la portée de ce qu'on peut lire. Cela
veut dire qu'un terrain qui est affecté par une expropriation ou qui
perd des droits à cause de l'expropriation, ce terrain, même s'il
n'en avait pas, conserve -s'il avait des droits acquis, par exemple, il avait
un droit, mais ce n'est pas aussi reconnu que l'autre - ses mêmes droits
avec ces dispositions-là. Cela couvre tous ces cas. Quant aux terrains
qui n'étaient pas légalisés ou légalement corrects,
qui avaient des droits acquis ou des terrains qui perdent leur pouvoir parce
qu'il y a eu des expropriations, cela veut dire qu'ils conservent tous leurs
droits, sans exception.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On parle toujours d'une opération cadastrale.
C'est le droit de subdiviser, d'avoir un numéro de subdivision.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Oui, mais où en avons-nous parlé hier?
Est-ce que je me trompe ou il n'y a-t-il pas une autre loi qui a
été déposée hier pour protéger les droits
acquis?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: En cette matière d'opération
cadastrale, les droits acquis sont protégés, les droits acquis de
pouvoir faire une opération cadastrale. On ne parle que de cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Mais quand on parle, quand on fait une
opération cadastrale - un cadastre, c'est quelque chose de physique,
quelque chose qu'on voit - c'est en vue de faire des choses, de poser des
gestes. Une opération cadastrale, d'abord, c'est probablement pour
déterminer les droits de propriété, - déjà
c'est quelque chose -remembrer du terrain ou en démembrer, selon
l'action qu'on poursuit.
Quand on a ce permis, c'est pour faire quelque chose. À ce
moment-là, est-ce que le droit de cadastrer vous donne aussi le droit -
parce qu'il y a un droit acquis -d'implanter des propriétés.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Actuellement, on parle d'une opération
cadastrale. Cela veut dire que des gens qui verraient leur terrain
amputé par une expropriation ne perdraient pas leurs droits acquis
d'obtenir une subdivision, de faire une opération cadastrale, de faire
en sorte qu'ils puissent éventuellement obtenir un numéro de
subdivision propre à leur terrain.
Pour ce qui est des opérations autres que cadastrales,
c'est-à-dire la possibilité d'ériger des constructions sur
de tels lots, cela demeure sujet aux règlements municipaux comme les
autres propriétés dans la municipalité. On m'indique que,
de toute façon, la municipalité a toujours le droit de passer un
règlement qui porte sur la question des lots dérogatoires et que
la municipalité pourrait permettre dans ces cas-là, si elle passe
un règlement à cet effet, selon les termes et conditions que la
municipalité jugerait à propos de décréter, de
construire des immeubles.
Je pourrais peut-être vous lire l'article 113 de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, au paragraphe 19, qui dit: la
municipalité a le pouvoir de "régir, par zone, les conditions
particulières d'implantation applicables aux constructions et usages sur
les lots dérogatoires au règlement de lotissement et
protégés par des droits acquis". Cela répond à la
question du député, mais je souligne quand même que cela
n'est pas pertinent à l'article que nous étudions
présentement et, si possible, j'aimerais bien qu'on revienne à la
question des opérations cadastrales.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: En fait, la crainte, je ne sais pas où je l'ai
prise ni pourquoi je l'ai. Dans le fond, j'ai écouté
attentivement ce que vous aviez à dire hier. Je pensais qu'en dehors de
l'opération cadastrale, cela aurait eu pour effet, parce que vous avez
parlé de droits acquis, de prolonger à de l'application autre que
juste le fait de faire une opération cadastrale et d'obtenir un permis
pour le faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Si vous voulez vérifier, M. le
Président, mon discours de deuxième lecture; en aucun cas il n'a
été question de construction, c'était toujours des
questions de lotissement.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 256.3?
M. Bourbeau: Non, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: On dit au dernier alinéa de cet article 256.3:
"L'opération cadastrale doit, pour être permise, avoir comme
résultat la création d'un seul lot ou, lorsque le terrain est
compris dans plusieurs lots originaires, d'un seul lot par lot originaire."
Autrement dit, il ne peut pas y en avoir plus d'un par subdivision. Cela
veut dire "est compris dans plusieurs lots originaires", qu'il y a plusieurs
lots. Mais on dit: "d'un seul lot par lot originaire". On ne pourrait pas avoir
plus d'un lot par... Vous forcez le regroupement à ce moment, non?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que, s'il y a deux lots
originaires côte à côte et qu'un terrain de construction, un
lot d'un individu est à cheval sur la ligne de division entre les deux
lots originaires, il est impossible d'avoir un seul lot de subdivision parce
qu'on ne peut pas sortir d'un lot originaire. Une fois qu'on est dans un lot
originaire, on ne peut pas faire disparaître le lot originaire. Cela ne
pourrait s'appliquer que dans le cas où on serait à cheval sur la
ligne de division entre deux lots originaires. Alors, dans ce cas, la partie du
terrain qui est dans le lot originaire 1 va s'appeler 1-18, par exemple, et la
partie qui est dans le lot 2 va s'appeler 2, subdivision 42. Là, on
aurait deux lots de subdivision parce qu'on est sur deux lots originaires.
Mais, s'il arrivait qu'on soit sur un seul lot originaire et que ce soient des
parties de lots originaires, on ne peut avoir qu'un seul numéro de
subdivision.
M. Dufour: Je ne soulèverai pas de cas
hypothétiques parce que là-dedans je pense qu'on pourrait arriver
à des choses...
M. Bourbeau: Vous parlez à un notaire qui a
pratiqué pendant 21 ans, il ne faudrait pas...
M. Dufour: Vous pouvez peut-être m'envoyer votre facture.
Je ne sais pas.
M. Bourbeau: Je vais la garder en
délibéré.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 256.3? Est-ce que l'article 256.3 est
adopté.
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Dufour: Adopté. M. Bourbeau: Adopté.
Dispositions applicables aux villes de Laval et de
Mirabel
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 4.
M. Bourbeau: L'article 4 a pour objet de permettre à la
ville de Laval d'adopter un programme particulier d'urbanisme pour son
centre-ville malgré le fait que son schéma d'aménagement
soit en vigueur. L'adoption d'un tel programme particulier d'urbanisme
permettra à la ville de Laval d'avoir accès au programme
gouvernemental de subvention appelé ReviCentre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: L'explication à cela, c'est qu'afin de
pouvoir adopter un programme particulier d'urbanisme il faut que le
schéma ne soit pas en vigueur. Comme, dans le cas de la ville de Laval,
elle a déjà adopté son schéma d'aménagement,
cela l'empêchait de pouvoir adopter un PPU, un programme particulier
d'urbanisme. Vu qu'on ne voulait pas priver la ville de Laval de son droit, si
je peux dire, ou de sa volonté de participer au programme ReviCentre,
nous avons décidé de faire une exception ici dans le cas de la
ville de Laval.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière... Je m'excuse, M. le ministre.
M. Bourbeau: La même chose va se produire pour la ville de
Mirabel qui est l'autre municipalité qui forme elle-même une MRC.
C'est l'article suivant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Pour faire une relation, on peut essayer de poser la
question par rapport à l'article qui est devant nous. Dans le programme
ReviCentre, est-ce que toutes les municipalités se sont
conformées au programme? Dans la loi, c'était écrit, en ce
qui a trait aux programmes particuliers d'urbanisme, que le ministère
peut exiger, etc. Mais, dans tous les cas, je pense que cela n'a pas
été "peut", mais "a exigé" des programmes particuliers
d'urbanisme.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est une condition du programme ReviCentre que la
municipalité ait un programme particulier d'urbanisme.
M. Dufour: Quels auraient été, M. le ministre, les
problèmes qui auraient pu être soulevés en demandant un
programme particulier d'urbanisme pour une ville comme Laval qui adifficilement un centre? Ce n'est pas une ville comme une autre, la ville
de Laval, pour ceux qui connaissent cela un peu, mais je pense que vous
connaissez cela mieux que moi. Il y a plusieurs municipalités qui ont
été regroupées et le centre-ville est difficile à
identifier comme tel. Je crois que cela est reconnu un peu par tout le monde.
Quels auraient été les problèmes soulevés par
rapport à un programme particulier d'urbanisme, dans leur cas?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Dans le cas de Laval, on m'avise que la ville a un
plan d'urbanisme datant de 1976 qui avait pour objet de dégager un
centre-ville au milieu du territoire énorme que constituaient autrefois
les quatorze anciennes villes qui ont été fusionnées
à Laval en 1971, si j'ai bonne souvenance.
La politique de la nouvelle administration municipale n'est pas d'avoir
un seul centre-ville, mais de valoriser les anciens centres-villes de chacune
des anciennes villes, parce que chacune des villes avait son propre
centre-ville. Dans, ce sens, c'est selon l'esprit du programme ReviCentre qui
est de faire la revitalisation des centres-villes en voie de
dégradation. Dans ce sens, elle est admissible au programme
ReviCentre.
Mais comme elle a adopté son schéma d'aménagement,
à cause de la loi actuelle qui n'avait pas de plan particulier
d'urbanisme, elle ne pouvait pas être admissible au progamme ReviCentre,
d'où la nécessité, étant donné que l'ancien
gouvernement a reconnu à la ville de Laval un programme ReviCentre, de
faire en sorte que la loi puisse lui permettre d'y avoir accès.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: En fait, ce qui se passe à la ville de Laval,
c'est certainement un cas particulier qu'on ne peut même pas appliquer
à la ville de Montréal. Je pense qu'en dehors d'elle ReviCentre
ne pourrait pas s'appliquer de cette façon.
M. Bourbeau: À quelle situation?
M. Dufour: À la ville de Laval, comme c'est une ville
composée de petites municipalités - c'est encore le cas; il n'y a
pas de regroupement central - ce sont de petits programmes de revitalisation de
centres-villes. Si je comprends bien, ce programme s'applique à un
centre spécifique qu'on veut créer, qui est à créer
ou qui se crée ou est-ce qu'il s'applique à d'autres petites
municipalités où il y a des centres-villes déjà
existants?
M. Bourbeau: Le programme...
M. Dufour: Est-ce que c'est clair comme question? Il y a
plusieurs centres. Il y avait quatorze municipalités à
l'île Jésus; alors, je pourrais prétendre qu'il y avait
quatorze centres-villes. Ce serait peut-être exagéré. Il y
en avait moins que cela. La ville de Lavai, comme dit le ministre, à
partir de 1976 ou de 1971, a décidé de créer un
centre-ville. Je pense que cette volonté est connue. Cela s'est fait
publiquement. Où se situent l'hôtel de ville et le boulevard
Saint-Martin, ils ont l'air de vouloir faire des choses.
Concernant le centre-ville, est-ce que le plan de revitalisation
s'applique dans ce secteur-là ou dans le secteur de Sainte-Brigitte ou
quelque chose comme cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Non, le programme ReviCentre ayant été
adopté dans le but de faire de la revitalisation des vieux
centres-villes en voie de dégradation, il ne s'appliquerait pas à
ce qui est connu comme le futur centre-ville de Laval, qui est une
région neuve, si je peux dire. Alors, la ville de Laval a plutôt
identifié les anciens centres-villes des plus vieilles villes de son
territoire - je présume, je dis cela sous toute réserve - par
exemple, Laval-des-Rapides ou Chomedey ou Sainte-Rose possiblement. C'est
là que le programme particulier d'urbanisme va s'appliquer.
M. Dufour: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 5.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 5 est au
même effet que l'article 4 mais, cette fois-ci, à l'égard
de la ville de Mirabel.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je n'ai pas de question particulière sur
cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce que
l'article 6 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le titre du
projet de loi est adopté?
M. Dufour: Sur division, à cause de... Le
Président (M. Saint-Roch): Le titre? M. Dufour: Ah!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le titre du
projet de loi est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi amendé est adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté sur
division.
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 35)
(Reprise à 15 h 39)
Projet de loi 41
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux pour poursuivre avec le projet de loi
41, Loi modifiant la Loi sur la Communauté régionale de
l'Outaouais.
M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai
pas de remarques préliminaires. Je rne contenterai de faire des
remarques au fur et à mesure que nous étudierons les
différents articles.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: On a fait pas mal de remarques hier. II y a des
endroits sûrement où on aura à intervenir. Il y a
certainement un endroit où on va faire un amendement du
côté de l'Opposition. Je pense qu'on est prêt à
procéder à l'étude, article par article.
Nouveaux pouvoirs Assainissement des eaux
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière.
J'appelle maintenant l'article 1.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 1 modifie la Loi
sur la Communauté régionale de l'Outaouais en introduisant un
nouveau pouvoir qui permettra à la communauté de confier à
une tierce personne, autre que la Société
québécoise d'assainissement des eaux, l'exploitation d'un ouvrage
d'assainissement des eaux sans que ce soit dans le cadre d'un contrat
clé en main.
Dans l'état actuel du droit, la Communauté
régionale de l'Outaouais peut confier l'exploitation d'un ouvrage
d'assainissement des eaux, soit à la Société
québécoise d'assainissement des eaux, soit à un tiers dans
le cadre d'un contrat global clé en main où l'exploitation de
l'ouvrage ne serait qu'un aspect du contrat. Elle ne peut, cependant, confier
à un tiers seulement l'exploitation d'un tel ouvrage. C'est ce pouvoir
que pourra dorénavant exercer la communauté.
J'ajoute que nous avons l'intention de conférer ce pouvoir non
pas seulement à la Communauté régionale de l'Outaouais,
mais aux autres communautés urbaines et aux autres municipalités
du Québec également.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, comment peut-on expliquer que les
municipalités puissent donner des contrats à peu près pour
n'importe quoi dans leurs municipalités? Les municipalités le
font, et je me demande si c'est légal que de donner l'entretien de leurs
bâtisses à contrat pour autant qu'il y ait une entente avec le
syndicat ou qu'il n'y ait pas de syndicat. Là est toute la question sur
l'entretien des bâtisses. Ce sont des gens qui vont aller à
l'intérieur, qui vont faire des travaux, des petites réparations
ou de l'entretien général, et il n'y a pas de pouvoirs
spéciaux dans la loi pour dire cela.
Quand on parle d'assainissement des eaux, pourquoi cela serait-il
différent - je sais qu'il n'y a pas juste l'assainissement des eaux,
qu'il y a d'autres choses - dans ces cas-là que dans le cadre
général des travaux d'une ville? Par exemple, la ville peut
confier des contrats pour l'enlèvement de la neige, l'entretien des
rues, etc.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau; Évidemment, le député sait
autant que moi que les municipalités n'ont pas de pouvoirs, à
moins que le gouvernement ne leur en donne. La règle
générale veut que, s'il y a une zone grise, on présume que
les municipalités m'ont pas de pouvoir, le pouvoir résiduel, si
je puis dire, étant entre les mains du gouvernement. Ce n'est que dans
la mesure où les pouvoirs sont spécifiquement mentionnés
dans des lois que les municipalités obtiennent le droit de faire
certaines choses.
Dans le cas présent, on m'indique que les municipalités
n'ont pas, dans l'état actuel du droit, le pouvoir de confier
l'exploitation d'un ouvrage d'assainissement des eaux à un tiers, sauf
si ce tiers est celui qui a fait la construction, donc, si, dans le cadre du
contrat de construction, il était prévu qu'il aurait, en plus de
cela, l'exploitation, si c'était un ensemble, dans le même contrat
ou, encore, dans le cas de la SQAE, la Société
québécoise d'assainissement des eaux, qui, semble-t-il, a
toujours le pouvoir de faire l'exploitation.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Dans les cas que j'ai soulevés, M. le ministre,
est-ce que la loi donne explicitement ce pouvoir aux municipalités, par
exemple, dans les contrats d'entretien pour une municipalité,
l'entretien et l'exploitation? Là, on parle nommément de l'usine
d'assainissement, d'un ouvrage d'assainissement des eaux. On donne
l'entretien.
Une municipalité pourrait confier à une entreprise
privée l'entretien des lampadaires d'électricité. Il y a
un paquet de... Effectivement, cela se fait. Il n'y a pas beaucoup de
municipalités actuellement... Je pense qu'il y a même une
entreprise privée qui exploite un service d'incendie au profit d'une
municipalité. Est-ce que tous ces droits sont accordés par la
loi? Est-ce qu'il y a des lois spéciales?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Effectivement, le député parle du
pouvoir de confier à l'entreprise privée ou à des tiers
l'administration du service d'incendie. Cela a été donné
spécifiquement lors de l'adoption du projet de loi 45, au mois de juin
1985.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Mais pour l'entretien des routes ou des
bâtiments d'une municipalité, par exemple?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La nuance, c'est que les municipalités
peuvent faire faire certaines choses. Mais quand, dans le contrat de faire
faire, on aliène le pouvoir de la municipalité d'avoir un droit
de regard, par exemple, sur l'administration ou sur le contrat au jour le jour,
si je puis dire, cela devient vraiment une délégation de pouvoirs
en faveur d'un tiers. Cela, c'est sujet à des limites.
Évidemment, si la municipalité engage quelqu'un, par exemple,
pour faire le ménage des bureaux dans l'hôtel de ville, elle ale pouvoir de le faire parce que c'est un contrat selon lequel elle
continue à exercer un droit de regard. Mais quand il y a une
délégation totale de suivie la municipalité n'a pas un
droit de suite, si je puis dire, chez le sous-entrepreneur. C'est vraiment un
contrat donné à l'extérieur et sans droit de regard.
Là, cela prend des pouvoirs spécifiques.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: C'est une question que je me pose. Ce sont des travaux
extrêmement coûteux. Le gouvernement provincial a payé des
sommes importantes jusqu'à maintenant pour l'assainissement des eaux.
C'est un montant d'environ 80 %. Dans les usines, c'est un peu plus. Cela peut
être autour de 85 %, je pense, avec toutes les subventions qui viennent
d'un peu partout. C'est la municipalité qui devient le maître
d'oeuvre après. Il est certain qu'il faut que ces travaux soient remis
à quelqu'un. C'est donc à la municipalité.
Quand elle va donner un contrat, ce qui m'inquiète, c'est qu'il y
a un contrat d'exploitation. J'espère que la municipalité,
même si elle donne le contrat, va continuer à surveiller. Je ne
sais pas si j'ai bien compris vos paroles, mais il me semble que cela
dépasse un peu mon entendement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Quand on parle de la surveillance de l'exploitation
d'une usine d'assainissement des eaux, on parle d'un travail qui est
extrêmement compliqué, spécialisé et dont
l'expertise, ordinairement, n'est pas entre les mains des municipalités.
Même si la municipalité voulait envoyer son
secrétaire-trésorier pour vérifier comment se fait le
contrôle de l'assainissement des eaux, il est probable, surtout avec ce
que pense le député de Jonquière des qualifications de
certains secrétaires-trésoriers dans certaines
municipalités, entre parenthèses, il est bien passible, dis-je,
qu'on ne puisse pas faire une surveillance très adéquate.
Dans ces cas-là, on est obligé de s'en remettre à
des firmes extrêmement qualifiées ou, en tout cas, qui ont une
expertise absolument spéciale. La municipalité, à toutes
fins utiles, doit s'assurer que ces gens ont la compétence parce qu'elle
ne peut pas faire la vérification sur une base journalière ou
régulière. Cela devient donc vraiment un sous-contrat. Souvent,
c'est à la fin qu'on sait si cela a bien fonctionné ou non.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Autrement dit, si je comprends bien, vous donnez le
pouvoir de déléguer la responsabilité. Mais la
responsabilité finale, c'est la responsabilité d'un bon
propriétaire qui confie une gestion à quelqu'un. Est-ce que cela
veut dire que la municipalité n'a plus rien à faire
là-dedans? Quand vous donnez un contrat, qu'est-ce que vous donnez comme
pouvoirs? Vous donnez à l'entreprise le pouvoir de faire n'importe quoi,
puisque vous me dites que ce ne sont pas les
sécrétaires-trésoriers qui peuvent faire cela. Je pense,
par exemple, qu'il y a des chartes sur l'assainissement des eaux. Il y a de
l'interprétation qui peut se faire. Il y a des résultats
d'analyses qui peuvent se comparer. Il y a des normes. Si on dit qu'on peut
accepter telle chose... C'est pas mat mathématique. On n'a pas besoin
d'être un chimiste. Par exemple, si on vous dit qu'il y a tant de parties
par million de fluor que vous pouvez absorber dans l'eau potable, vous acceptez
les 10 %. Mais l'indice du PPM, vous l'envoyez à un laboratoire et ce
dernier vous retourne le papier. Il n'est pas nécessaire d'être un
expert. Peut-être pas un secrétaire-trésorier, mais un
autre dans la municipalité pourrait aller jusque-là. Est-ce que
cela veut dire, quand on confie cela à un tiers, que la
municipalité est complètement dégagée de sa
responsabilité et qu'elle peut donner tout son pouvoir? Et s'il y a des
plaintes, la municipalité peut dire: Non, je l'ai donnée, j'avais
le pouvoir de la confier, je l'ai confiée. C'est une bonne compagnie et
je n'ai plus rien à dire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je ne pense pas qu'en dernière analyse la
municipalité pourrait prétendre n'avoir aucune
responsabilité s'il y avait des problèmes, sauf que bien
sûr, comme elle a confié l'administration de l'usine è une
firme responsable et qualifiée, si elle était recherchée
en justice, elle pourrait toujours appeler en garantie la firme qui elle est
éminemment responsable.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: II y a un point que je soulevais hier à
l'Assemblée nationale, en ce sens qu'il y a des usines qui ont
été... Cela peut être le faire faire. Cela peut être
les municipalités qui l'ont fait. Je sais qu'aux États-Unis il y
a beaucoup d'usines qui ne fonctionnent pas au rendement pour lequel elles ont
été faites. Il y a une raison, ce n'est pas compliqué.
Tout le monde doit le comprendre et cela pourrait arriver aussi. Ce sont des
ouvrages pour lesquels on a reçu de très fortes subventions. Des
subventions très élevées ont permis de les bâtir.
C'est l'incitation majeure à le faire. Mais faire fonctionner ces
usines, les faire bien fonctionner, puis obtenir des résultats valables
avec une expertise raisonnable, c'est assez coûteux. Il ne faut pas se le
cacher. Je sais que l'Union des municipalités du Québec avait des
études qui démontraient que la municipalité va payer dans
20 ans, juste en opérations, le coût de l'implantation des usines.
C'est prévu et c'est très près de la vérité,
d'après le peu d'expérience que j'ai.
Donc, il faut s'éveiller immédiatement à ce
phénomène et, comme le gouvernement a beaucoup payé, il
faut voir que les usines fonctionnent bien et obtiennent beaucoup de rendement.
Ce n'est pas seulement une question d'avoir une belle usine située
quelque part, mais il faut qu'elle fonctionne, qu'elle rende un service et il
faut aussi que l'ensemble de la collectivité puisse profiter de ces
investissements, donc elle doit être bien gérée. Je ne sais
pas si c'est votre intention, mais j'espère qu'il y aura une attention
apportée à cela, même si cela permet à l'industrie
privée de développer son expertise et d'entrer dans ces
choses-là. Le ministère ne pourrait pas rester insensible ou
dire: La municipalité va arranger cela. Il y a un certain moyen. Je ne
sais pas quelle sorte de contrôle devrait être établi, mais
il y a certainement un endroit ou une place pour protéger ces
investissements.
Les gens qui vont avoir le contrat, peuvent aussi avoir tendance
à négliger les choses. Après que la municipalité a
donné l'opération, j'ai compris... J'ai rencontré beaucoup
de ces compagnies qui étaient prêtes à faire faire. Ce qui
est difficile, vous l'avez dit, et ce n'est pas mot qui vous l'ai fait dire,
c'est qu'il n'y a pas beaucoup de municipalités qui ont l'expertise
complète pour l'opération de cela et même pour la
surveillance. Il va falloir que quelqu'un trouve quelque part une façon
pour que ces ouvrages qui appartiennent au public ne se
détériorent pas et ne diminuent pas. Sur cela, je ne pense pas
aller plus loin; c'est seulement pour éveiller votre attention à
ces problèmes, parce qu'il y a des millions et des centaines de millions
en cause. Cela ne prend pas une grosse usine pour aller chercher 12 000 000 $
è 15 000 000 $ dès qu'il y a un investissement majeur. Il ne
faudrait pas se ramasser dans 15 ans ou 20 ans et recommencer tout cela en
disant: On a investi, mais c'est un gaspillage et cela n'a pas profité
aux fins pour lesquelles cela fut implanté. C'est ce que je voulais dire
pour l'instant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'aimerais dire un mot, M. le Président. En
ce qui concerne les usines d'assainissement des eaux, effectivement on est
allé très vite là-dedans et, moi aussi, je dois dire que
j'ai certaines appréhensions. J'espère qu'on n'est pas
allé trop vite et qu'on a pris le temps de s'assurer que la science est
allée aussi rapidement que les travaux des ingénieurs, des
constructeurs et la volonté des politiciens de l'époque.
Je ne veux pas faire de partisanerie politique avec cela, mais il semble
que des raisons quelconques aient poussé les gens à aller
très très vite là-dedans et on s'est beaucoup
bousculé à la porte, si je puis dire, pour tenter d'enclencher
tous ces programmes, avec le résultat que les ingénieurs, les
constructeurs et les municipalités étaient
débordés. En plus de cela, comme on avait mis une prime
d'accélération, on se trouvait à pousser encore plus sur
l'accélérateur et cela créait un goulot
d'étranglement où tout se retrouvait à la sortie.
Le nouveau gouvernement a décidé d'enlever cette
énorme pression sur les municipalités et de reporter la date
fatidique du 31 mars 1986, qui était la date limite pour pouvoir jouir
de la prime d'accélération. Nous avons également
décidé de diminuer la somme qui était rendue à
au-delà de 600 000 000 $, uniquement pour l'année 1986, qui avait
été prévue. Nous l'avons réduite à 500 000
000 $ et nous avons l'intention de diminuer le rythme annuel de
l'investissement de sorte qu'il faudra un peu plus de temps pour construire les
usines, mais nous avons des chances que cela se
fasse un peu mieux, car les gens seront moins pressés et ils
pourront prendre plus le temps pour faire les travaux de façon
ordonnée, tant les firmes d'ingénieurs-conseils que les
entrepreneurs en construction. Voilà pour ce qui a trait à la
construction des usines.
Quant à l'exploitation des usines, je dirais au
député que l'aspect strictement technique de l'exploitation
relève plus du ministère de l'Environnement que du
ministère des Affaires municipales. Nous allons certainement surveiller
l'aspect financier des municipalités, nous assurer que les
municipalités continueront d'avoir les moyens de faire face à
leurs obligations et nous demeurerons sûrement en contact avec le
ministre de l'Environnement pour nous assurer que les normes soient
respectées et que ces usines performent bien, comme elles sont
censées le faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je ne relèverai pas nécessairement le
bout qui pourrait sembler politique. Cela ne m'énerve pas plus que cela.
Des gens parfaits, cela n'existe pas. Je ne pense pas que, dans deux ou trois
ans... Quand vous aurez fait des choses, on pourra peut-être vous les
reprocher. Là, on vous reproche de nous l'avoir dit et de ne pas le
faire.
Ceci dit, quand on regarde ces usines, c'est vrai que moins d'argent
sera peut-être investi. Je pense que le ministre de l'Environnement a
beaucoup de choses à dire là-dessus. D'un autre
côté, les municipalités ont dit à plusieurs reprises
qu'elles aimeraient aussi avoir un guichet unique. Je pense que je ne diminue
pas le ministre des Affaires municipales en disant cela, mais les
municipalités ont dit à maintes reprises qu'elles aimeraient
avoir affaire à un seul ministre pour régler leurs
problèmes plutôt qu'à sept, huit ou dix.
On pourrait dire que c'est vrai que l'argent diminuera peut-être,
mais, d'un autre côté, il faudrait s'assurer que les
municipalités qui ont investi pour épurer leurs eaux, au moins
celles qui sont en amont - je pense qu'on doit dire celles qui sont en avant -
soient épurées pour qu'on puisse aller vers une épuration
globale et qu'on ne soit pas "poigné". On peut bien décider, par
exemple, que la municipalité X épure un cours d'eau Z, l'autre
municipalité située en avant ou en aval... Est-ce en aval ou en
amont, celles qui sont en avant?
M. Bourbeau: En avant, c'est amont, et, en bas, c'est aval.
M. Dufour: Bon, en amont. Celles qui sont situées en amont
se purifient aussi parce que cela ne donnerait rien de vouloir nettoyer ou
conserver propres des eaux par monts et par vaux, car l'eau se mélange.
Ce n'est pas comme... C'est compliqué.
En tout cas, je pense que c'est quand même important. II y a des
municipalités qui ont cru à l'assainissement des eaux et qui y
croient encore. Je pense que ces municipalités ont acheté ce
programme volontairement et qu'elles ont fonctionné là-dedans.
Elles avaient peut-être des incitations, mais, d'un autre
côté, je pense que la préoccupation environnementale est
une question importante pour elles. J'ai l'impression que nous avons, l'un
comme l'autre, avantage à transmettre le message pour que, le plus
rapidement possible, on trouve des profits à ces investissements. Si on
nettoie et si on met les eaux le plus propre possible ou en meilleur
état, on en profite tous ensemble. (16 heures)
M. Bourbeau: Je suis entièrement d'accord avec le
député de Jonquière, pour une fois.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 1? Est-ce que l'article 1 est adopt?
Des voix: Adopté.
Alimentation en eau potable
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 2
à 126.1.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 2 modifie la Loi
sur la Communauté régionale de l'Outaouais en introduisant de
nouveaux pouvoirs qui permettront à la communauté et aux
municipalités sur son territoire qui sont desservies par le
réseau d'alimentation en eau potable de convenir par entente du partage
des responsabilités relatives à cette matière.
Le nouvel article 126.1 de la Loi sur la Communauté
régionale de l'Outaouais permettra que l'entente puisse
déterminer les obligations de chaque partie à l'égard des
différents ouvrages d'alimentation en eau potable, les règles du
partage des dépenses, la partie du réseau qui est intermunicipale
et celle qui est municipale, la responsabilité de la communauté
à l'égard de la qualité de l'eau fournie par le
réseau, et prévoir toute autre fonction ou pouvoir de la
communauté ou d'une municipalité desservie en matière
d'alimentation en eau potable.
Ce pouvoir est libellé de façon suffisamment large pour
permettre à la communauté et aux municipalités sur son
territoire qui sont desservies par le réseau d'alimentation en eau
potable, de convenir parfaitement du partage de toutes et chacune des
obligations passées, actuelles et
futures. Il est prévu qu'une telle entente s'applique
malgré les règles prévues aux articles 113 à 120.1
de la Loi sur la Communauté régionale de l'Outaouais en
matière d'alimentation en eau potable.
L'article 126.2 de cette loi, également introduit par le
présent projet de loi, précise qu'une entente visée
à l'article 126.1 ne pourra être modifiée que du
consentement de chaque partie signataire. Le second alinéa
prévoit que les municipalités parties à l'entente peuvent
y mettre fin d'un commun accord. Dans ce cas, le consentement de la
Communauté régionale de l'Outaouais n'est pas requis.
L'article 126.3 de la Loi sur la Communauté régionale de
l'Outaouais, édicté par l'article 2 du présent projet de
loi, prévoit que le mécanisme de conciliation et d'arbitrage
prévu dans la Loi sur les cités et villes pour régler les
conflits découlant des ententes intermunicipales s'applique, compte tenu
des adaptations nécessaires en cas de mésententes relatives
à l'interprétation ou à l'application d'une entente
visée à l'article 126.1.
Ce mécanisme sera également applicable lorsque les parties
désireront mettre fin à l'entente. Il est à noter que le
conciliateur dans le règlement d'une entente intermunicipale est une
personne nommée par le ministre des Affaires municipales alors que
l'arbitrage, le cas échéant, se fait par la Commission municipale
du Québec. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je suis conscient qu'à la Communauté
régionale de l'Outaouais il y a certains désaccords. Je ne sais
pas si cela apparaît mais, en tout cas, il y avait désaccord entre
des municipalités concernant l'alimentation et la distribution en eau
potable.
J'ai l'impression que ces mésententes ou ces différends
provenaient de la loi qui avait créé la Communauté
régionale de l'Outaouais. Est-ce exact, ce que je dis?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Évidemment, dans la loi initiale, on ne
savait pas exactement si cela fonctionnerait ou non. On pensait que cela
fonctionnerait, mais il y a eu des problèmes et on a apporté des
modifications. Tout le monde, lors des modifications, était d'avis ou
pensait que celles-ci feraient en sorte de rallier tous les responsables,
toutes les municipalités à ce qui avait été
apporté. Or, à l'usage, il s'est révélé que
les modifications qui avaient été apportées en 1983 ne
faisaient pas en sorte de rallier toutes les parties et que des divergences
continuaient à subsister entre les municipalités membres. C'est
là qu'est intervenue la médiation d'un des commissaires de ia
Commission municipale, M. Jérémie Giles, qui par ses bons offices
a finalement réussi à mettre les parties d'accord de sorte
qu'aujourd'hui sur cette question il semble que les municipalités soient
d'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Les amendements apportés à ce projet de
loi auraient pratiquement pu se régler dans le cadre d'ententes
intermunicipales. La Communauté régionale de l'Outaouais, il me
semble que c'est considéré comme une municipalité et les
municipalités à l'intérieur sont aussi des
municipalités. Il ne pouvait pas y avoir d'entente? Cela prend cette loi
pour être capable de légiférer?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Dans la Loi sur la Communauté
régionale de l'Outaouais, la façon dont s'articuleraient les
ententes sur ce sujet était déjà prévue. Alors,
forcément, il fallait procéder de cette façon.
J'ajouterais que, comme c'était prévu dans la Loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais, cela faisait en sorte que ne
pouvait pas s'appliquer la loi qui régit les ententes
intermunicipales.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Le député de Jonquière a fait
référence à la dispute qu'il y a eue entre
différentes municipalités faisant partie de la CRO concernant
spécifiquement des conduites maîtresses. Vous mentionnez dans vos
notes explicatives que le pouvoir est libellé de façon suffisante
pour mettre fin à ces chicanes ou à des interprétations
divergentes passées, actuelles et futures. Si je comprends bien, avec
cette loi, avec l'article que nous avons devant nous aujourd'hui, il y a
déjà une entente qui existe présentement en ce sens que,
maintenant, les parties en cause pourront -grâce à cet article -
faire d'autres ententes. Le problème est réglé une fois
pour toutes en ce qui concerne les disputes qui existaient entre les
différentes villes, soit les villes de Gatineau, Hull et Aylmer et, plus
particulièrement, entre les villes de Hull et de Gatineau.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: À la suite de la médiation de M.
Giles, une entente est intervenue qui a été signée le 18
septembre 1985 entre la CRO et les municipalités de son territoire.
Aujourd'hui, par un article un peu plus loin dans ce projet de loi, on ratifie
l'entente et on valide l'entente. Il semble que maintenant tout soit redevenu
au beau fixe.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Effectivement, c'est à la demande des
différentes municipalités que cet article a été
inclus dans le projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On m'avise que la CRO, les municipalités
n'avaient pas le pouvoir de passer une telle entente. La signature de cette
entente excédait les pouvoirs qu'avaient les parties contractantes. De
sorte que, si on ne validait pas aujourd'hui par un projet de loi l'entente
elle-même, une des parties éventuellement ou une tierce partie
aurait pu invoquer sa nullité. Alors, forcément, elle aurait
été inapplicable. On valide aujourd'hui l'entente en la ratifiant
par le projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Chapleau.
M. Kehoe: Ce à quoi je veux en venir, M. le ministre c'est
que toutes et chacune des municipalités impliquées dans cette
affaire ont fait la demande pour que l'article soit adopté. Elles ont
demandé le pouvoir, demandé que la loi soit changée pour
que l'entente qui est déjà signée soit
déclarée valide, et qu'il n'y ait pas de doute sur sa
légalité.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je ne sais pas s'il y a eu des demandes formelles de
la part des municipalités mais on me dit que, lorsque les
municipalités ont signé l'entente, elles savaient que ça
excédait leur pouvoir et qu'il faudrait ratifier l'entente par un projet
de loi. Cela leur a été dit. M. le sous-ministre ici me dit qu'il
était présent lors de la signature et que le ministre des
Affaires municipales de l'ancien gouvernement les avait avisés que cela
devrait être ratifié par un projet de loi spécial, enfin,
un projet de loi comme celui d'aujourd'hui, et que toutes les parties
étaient d'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Avec l'article 126.1 - la loi le dit - on ne parle pas
de l'entente prise à telle date. On dit: "...son réseau
d'alimentation en eau potable peuvent, par entente..." Mais on sait... Vous
nous informez que l'entente est déjà faite.
M. Bourbeau: Si le député veut...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...se référer à un article
subséquent. L'article 9 du projet de loi va apporter une réponse
à votre question. C'est l'article où on ratifie l'entente, le
protocole d'entente signé le 18 septembre 1985. On y viendra tout
à l'heure.
M. Dufour: D'accord. À l'article 126.2...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...on ratifie une entente qui a déjà
été signée. On va peut-être même être un
peu rétroactif. Je ne me scandalise pas. Je trouve que c'est mieux
d'entendre dire que les municipalités s'entendent plutôt qu'elles
se chicanent. Si, à l'article 126.2, malgré ce qu'on
ratifie...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière, est-ce que je dois conclure que l'article 126.1 est
adopté?
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. L'article
126.2.
M. Dufour: Je pense qu'on se comprend si le ministre veut me
laisser la chance de poser la question. Cela veut dire que, si on veut mettre
fin à l'entente, il faut que toutes les municipalités parties
à l'entente y mettent fin.
S'il y a des différends entre-temps, on aurait rétabli la
paix et le ménage en adoptant cette loi ou en faisant cette entente
où tout le monde était d'accord. Mais comme on sait que les
ententes sont fragiles, des fois, avec le temps, quelqu'un pense qu'il peut
être lésé. Il va demander de rouvrir et d'examiner et va
dire que ce n'est pas correct, ce qui s'est fait dans le temps.
Deux municipalités recommencent la chicane, comme on dit. Elle ne
sont pas heureuses et tout cela. Elles veulent améliorer l'entente ou
elles veulent faire certains changements. Mais, là, cela prend l'accord
unanime - un commun accord, cela veut dire unanime - pour mettre fin à
cette entente.
Est-ce qu'il y a d'autres prévisions ou provisions qui pourraient
exister qui permettraient à ces gens de revoir le
dossier? Est-ce qu'ils devront encore... Parce que je me souviens, quand
j'ai fait allusion tout à l'heure aux différends, j'en ai entendu
parier plusieurs fois. Je pense que dans la région de Hull ils devaient
en entendre parler aussi, parce que c'était l'objet de...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Évidemment, une fois que l'entente est
signée, c'est comme un contrat de mariage. Les parties sont liées
pour la durée de l'entente. Les divorces n'existent pas tellement,
à moins de subir les foudres des conséquences jucidiaires que
cela peut occasionner, dans le cas d'une mésinterpré-tation de
l'entente elle-même et non pas de nouvelles négociations. Mais si
on ne s'entend pas sur le sens de l'entente, sur l'interprétation de
l'entente, il peut y avoir un conciliateur nommé par le ministre des
Affaires municipales ou, si les parties décident de recourir à
l'arbitrage, ce serait la Commission municipale du Québec.
M. Dufour: C'est prévu dans l'entente?
M. Bourbeau: C'est l'article 2 du projet de loi qui introduit
l'article 126.3 et qui édicté ces choses.
M. Dufour: Vous parliez tout à l'heure de...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...la valeur des contrats de mariage. Vous parlez
comme un ancien notaire, mais je sais que vous ne pratiquez plus actuellement!
Cela a changé depuis votre temps.
M. Bourbeau: Je dois dire que j'en ai très peu
exécuté, d'ailleurs. J'ai fait ma pratique notariale seulement
pour des amis, M. le député. Je suis sûr que si vous me
l'aviez demandé j'en aurais exécuté un pour vous.
M. Dufour: II y avait tellement peu de choses à partager.
Je n'ai pas besoin d'un gros contrat!
Le Président (M. Saint-Roch): Dois-je conclure que cela
fait partie de l'article 126.2? M. le ministre.
M. Bourbeau: Je dois ajouter, M. le Président, que je
crois qu'au moment où j'ai été reçu notaire, de
toute façon, le député était déjà
marié. Alors, je n'aurais pas pu.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 126.2?
M. Dufour: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 126.2
est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufour: Adopté. (16 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): Article 126.3?
M. Dufour: Je pense qu'on a fait la discussion au
préalable.
M. Bourbeau: C'est le ministre qui prévoit, en
référence à la Loi sur les cités et villes, que
s'appliquerait la conciliation ou la médiation ou l'arbitrage, au cas
où... C'est selon le même principe que dans les ententes
intermunicipales.
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: On fait référence aux articles qui
régissent les ententes intermunicipales. C'est le mécanisme qui
s'applique dans ce cas-là.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Mais la Commission municipale donne un avis qui n'est
pas contestable, je pense?
M. Bourbeau: Quand c'est la Commission municipale, on parle
d'arbitrage. Dans un cas d'arbitrage, les décisions sont
obligatoires.
M. Dufour: Obligatoires et finales? M. Bourbeau: C'est
cela. M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 126.3
est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Élimination des déchets
Le Président (M. Saint-Roch): Article 3, paragraphe
128.0.1? M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 3 a pour objet
d'accorder à la Communauté
régionale de l'Outaouais de nouveaux pouvoirs en matière
d'exploitation d'un centre d'élimination des déchets. Ainsi, la
communauté pourra confier l'exploitation d'un centre
d'élimination des déchets à une personne ou confier
l'élimination des déchets à une personne qui
possède et exploite déjà un tel centre.
La communauté pourra également passer avec une personne un
contrat de type clé en main, relativement à un centre
d'élimination des déchets. On m'avise que ces articles ont
été insérés à la demande même de la
Communauté régionale de l'Outaouais. Cela s'inscrit, bien
sûr, dans la philosophie du "faire-faire" municipal.
Dans l'actuelle Loi sur la Communauté régionale de
l'Outaouais, à l'article 128 il est prévu que c'est la
communauté elle-même qui peut établir, posséder et
exploiter des centres d'élimination des déchets. En vertu des
amendements que nous apportons maintenant, cela pourrait être fait par
des tiers.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, c'est le seul article, je pense, qui
touche les municipalités, qui n'est pas inclus dans le Code municipal ou
la Loi sur les cités et villes. Dans les amendements que vous proposez
dans les autres projets de loi, on ne parle pas de l'élimination des
déchets comme telle. Je pense que c'est seulement dans ce projet de
loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Cela a fait l'objet d'une demande spécifique
de la part de la Communauté régionale de l'Outaouais. Il a
été jugé à propos d'accorder ces pouvoirs à
la communauté.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que cela suppose que la Communauté
régionale de l'Outaouais a actuellement un centre d'élimination
des déchets? Qu'est-ce qu'on entend par les mots "centre
d'élimination des déchets"? Je pourrais...
M. Bourbeau: Il y a le député de Chapleau qui est
ici et qui est expert en la matière...
M. Kehoe: Je pense que le député de Pontiac
pourrait le faire mieux.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Oui. Il y a un site d'enfouissement sanitaire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Pour toute la région. Justement, je voulais
poser une question au ministre. Ailleurs dans la province, est-ce que d'autres
municipalités ou d'autres communautés urbaines ont un pouvoir
semblable pour confier cela à une industrie privée? Est-ce que
c'est une nouvelle politique du gouvernement que vous mettez en place?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On m'avise que c'est le seul endroit où un
tel pouvoir a été accordé. Bien sûr, cela a
été fait à cause de l'importance particulière que
revêtent l'Outaouais et les Québécois dans... Je le dis
surtout pour faire plaisir aux députés de Chapleau et de Pontiac
qui sont ici.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: On parle de centre. Est-ce qu'on peut associer cela
à un site? Ou est-ce que le mot "centre" veut dire une bâtisse,
comme cela existe ici à Québec, à Limoilou?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait
répéter sa question, s'il vous plaît?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: J'essayais de déterminer si le mot "centre" est
accolé à une bâtisse qui fait de l'incinération, du
triage ou autre chose ou si un centre peut être un lieu où se fait
l'élimination des déchets. Éliminer ne veut pas dire
détruire, cela veut dire assez souvent faire disparaître des
déchets. Cela pourrait être de l'enfouissement sanitaire, du
compactage, du compostage ou de l'incinération comme telle. Mais, dans
mon esprit, un centre n'est pas nécessairement... Je me demande ce que
l'on veut dire, c'est juste pour cela; parce qu'on va avoir des
sous-questions.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La définition que vient de donner le
député est celle qui est visée ici par l'article. Ce n'est
pas nécessairement un édifice où on veut brûler des
déchets. Ce
peuvent être les autres opérations dont on vient de
parler.
M. Dufour: Puisque la communauté avait ce pouvoir exclusif
de faire l'élimination des déchets, il n'était pas
question de faire des ententes. Il était déjà prévu
dans la Loi sur la Communauté régionale de l'Outaouais que
celle-ci était responsable. Comment peut-on expliquer que la
municipalité ne pouvait pas faire ces ententes au nom de l'ensemble? En
vertu de la loi, la Communauté régionale de l'Outaouais est
considérée comme une municipalité au même titre que
les MRC sont considérées, par rapport à la loi, comme
étant des municipalités avec d'autres pouvoirs, mais comme des
municipalités.
Quand je regarde la Communauté régionale de l'Outaouais,
je me demande pourquoi on lui donne un pouvoir bien explicite et bien
déterminé dans la loi et que l'on n'a pas tendance à le
généraliser. Si la Communauté régionale de
l'Outaouais est considérée comme une municipalité, on
aurait pu dire: Les municipalités peuvent conclure des ententes pour
l'élimination des déchets, etc., avec un entrepreneur. Cela
s'applique à l'ensemble. Là, on a une loi particularisée
et, pour autant que je sache, on avait tendance, depuis quelques années,
à avoir le moins de lois particulières possible.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le pouvoir
d'exploiter des centres d'élimination de déchets ou des sites
d'enfouissement existe partout; les municipalités l'ont, les MRC l'ont,
etc. On parle toujours de confier à des tiers le pouvoir. Par voie
d'analogie, je pourrais parler des corps de pompiers dans les
municipalités. Toutes les municpalités ont le pouvoir, même
le devoir, d'avoir des forces qui assurent la lutte contre les incendies, mais
elles n'avaient pas, jusqu'à récemment, le pouvoir de le confier
à des tiers jusqu'à ce qu'on leur donne le pouvoir. Ici, c'est la
première fois, semble-t-il, que le gouvernement accorde à un
organisme, quel qu'il soit, le pouvoir de confier à un tiers
l'exploitation d'un centre d'élimination des déchets.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je sais qu'il y a un site d'enfouissement sanitaire,
je pense que c'est à Pont-Rouge, où le terrain appartient
à l'entreprise privée et où on fait de l'enfouissement de
déchets. C'est certainement par contrat que ces gens font cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: À ce moment, ce sont des sites qui
appartiennent à des particuliers et ces gens peuvent passer des contrats
avec des entreprises privées. Il y a des organismes, des industries, par
exemple, des commerces qui ont leur propre contrat pour les sites
d'enfouissement et qui envoient leurs déchets directement là sans
passer par la municipalité. Il y a des municipalités qui refusent
même, dans certains cas, de ramasser les déchets plus qu'une fois
par semaine. II y a des centres commerciaux qui font faire cela à tous
les jours. À ce moment, il faut qu'il y ait un contracteur privé,
indépendant qui va porter cela au site.
M. Dufour: Ce sont des municipalités qui vont avoir ces
déchets. Comme il y avait un dépotoir, il y a quelques
années, je ne sais pas s'il existe encore, à Lac-Saint-Charles.
Ce n'est pas de l'enfouissement, cela s'appelle du...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je n'avais pas terminé. Je disais que pour
ces sites privés il peut y avoir des clients privés et il peut y
avoir aussi des clients publics. Les municipalités, lorsqu'elles passent
des contrats pour l'élimination des déchets, voient possiblement
le contracteur utiliser ce site privé' aussi. Ce ne sont pas des sites
qui appartiennent aux municipalités, ce sont des sites qui appartiennent
à l'entreprise privée.
Ici, on parle des centres d'élimination de déchets qui...
La CRO aurait les pouvoirs de confier à des tiers l'exploitation de
centres d'élimination de déchets appartenant à la CRO.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: C'est juste la CRO, M. le ministre, qui a ce pouvoir
au moment où on se parle.
M. Bourbeau: Confié à des tiers.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 128.0.l
est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 128.0.2.
M. Bourbeau: C'est un peu par analogie avec ce qu'on a fait
précédemment. La communauté peut, relativement à un
des centres dont on vient de parler, passer un contrat du type clé en
main.
(16 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Le contrat clé en main, dont on a toujours
parlé jusqu'à maintenant, en tout cas, selon ma mémoire,
concernait des travaux ' d'assainissement des eaux. Je pense que cela n'a pas
dépassé beaucoup ce cadre. Il y a quelques municipalités
qui ont fait construire des arénas, je pense, par des particuliers ou
avec des plans fournis par des particuliers et qui leur donnaient la
bâtisse après. Ils avaient juste à payer les coûts
tels quels.
Quand on parle de ces bâtisses, de contrats clé en main,
assez souvent... Clé en main, cela veut dire qu'on construit la
bâtisse et qu'on l'exploite en même temps, ce n'est pas juste la
construire. Contrat clé en main, c'est ce que cela veut dire, si je
comprends bien. On construit la bâtisse et, une fois qu'elle est
construite, on donne la clé, c'est-à-dire que, durant la
construction, il y a une surveillance...
M. Bourbeau: C'est une notion qu'on emploie souvent dans la
construction, quand un particulier, un propriétaire donne à un
entrepreneur un contrat, lui remet les plans et lui dit: Tu construis et
vraiment tu le fais jusqu'à la dernière limite; je ne veux rien
avoir à faire pour la finition, ni aucun détail. Quand tu vas me
remettre les clés, tout va être terminé, c'est clé
en main. Je n'ai qu'à prendre la clé et à entrer dans
l'immeuble, tout est prêt. Alors, il n'y a pas de terrassement à
faire, tout est fini. C'est une notion qui indique que l'entrepreneur va plus
loin que de seulement faire le gros oeuvre, cela va jusqu'à
l'extrême limite de la finition, si je peux dire. C'est la notion qui est
employée dans la construction pour signifier les contrats "turnkey".
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je ne vois pas ce qu'il y a de changé. Il y a
plusieurs municipalités qui vont aller en appel de soumissions, qui vont
donner un contrat en disant: Vous avez telle et telle chose à faire et
c'est complété. Quand c'est fini, c'est fini. Je ne pense pas que
le contrat clé en main, actuellement, ajoute quelque chose, dans mon
esprit. J'ai l'impression qu'à venir jusqu'à maintenant les
municipalités avaient le droit, pour la construction, de donner des
contrats, que ce soient des contrats partiels ou morcelés... Pour un
certain nombre de contrats, c'est une façon de dire: On le donne.
Qu'est-ce que cela change de dire que c'est un contrat clé en main?
Pourquoi est-ce qu'on ajoute cette expression "clé en main"? Là,
on va être obligé de trouver une définition pour savoir ce
que cela veut dire. Je suis un peu embêté. Je pensais que
l'expression "clé en main" voulait dire non seulement construire une
bâtisse, mais aussi l'exploiter. On pourrait l'exploiter un an de
temps.
M. Bourbeau: J'aimerais répondre au
député.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: Tout à l'heure, on a parlé de la
définition classique de ce qu'était un contrat clé en
main. Je pense qu'ici, dans l'article 128.0.2, quand on parle d'un contrat du
type connu sous le nom de "contrat clé en main", cela correspond
à la définition que j'ai dite tout à l'heure. Mais le
député parle maintenant des contrats qui ont été
donnés dans le cadre du programme d'assainissement des eaux. Dans ces
cas-là, on a ajouté dans la loi une notion, à savoir que,
lorsque ces contrats seraient faits - ceux du programme d'assainissement des
eaux - l'expression "clé en main" inclurait en plus un contrat
d'exploitation pour une période de cinq ans. On a, si je peux dire,
étendu la définition du contrat clé en main pour qu'en
plus de la construction il y ait aussi l'exploitation pour une période
minimale de cinq ans.
Alors, dans le cas du programme d'assainissement des eaux, cela
comprenait également, par une fiction qui a été voulue,
l'exploitation pour au moins cinq ans. Ici, quand on parle de clé en
main, je pense que l'on retourne à la notion classique de ce qu'est un
contrat clé en main dont j'ai parlé tout à l'heure.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: J'accepte vos explications mais, suivant ce dont on
parle, les définitions pourraient vouloir dire des choses
différentes. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de trouver une
définition qui soit beaucoup plus précise? On ne se tromperait
pas dans les termes. Vous m'avez eu, dans le fond. J'approchais clé en
main avec ce que je savais concernant l'assainissement des eaux. Là,
vous me dites, pour les déchets, clé en main, cela ne veut pas
dire la même chose. Cela n'est pas expliqué dans le projet de loi
comme tel, à savoir que clé en main, c'est la définition
que M. le ministre des Affaires municipales vient de me donner. Ce n'est pas de
nature à éclaircir les lois beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que vous pourriez
répéter la question? J'ai été un peu
distrait.
M. Dufour: Je disais qu'on est en train de consacrer un terme
nouveau qui s'appelle le "contrat clé en main". Pour l'assainissement de
l'eau, on s'entend. Je disais: La personne va construire l'usine; elle va la
mettre en marche pendant un certain temps et vous me dites: Oui, c'est correct.
C'est la définition classique ou cela s'approche d'une définition
dont on est convenu à quelque part.
On vient avec une autre définition en ce sens que clé en
main, cela veut dire prendre un ouvrage, le construire, l'édifier et
l'ériger. En fin de compte, la personne peut entrer dedans en mettant la
clé, en disant: Je suis propriétaire et voici le chef-d'oeuvre
auquel j'ai pensé. Même si c'est un centre d'élimination
des déchets, cela pourrait être un chef-d'oeuvre. On a
été longtemps habitué, dans des lois à
caractère général, à avoir un certain nombre de
définitions au début des lois. Tel mot veut dire telle chose et
tel autre mot veut dire telle autre chose. Est-ce que ce n'est pas de nature a
mélanger les lois, si les termes ne veulent pas dire la même
chose?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On peut dire que l'expression "clé en main"
est assez bien connue dans le jargon. Comme je le disais tout à l'heure,
cela veut dire qu'on donne à une entreprise le soin de tout faire, y
compris les plans: (aux professionnels). Tout est confié et le
propriétaire peut partir en vacances; il ne s'en occupe plus et, en
revenant, c'est terminé.
Dans le cas de l'assainissement des eaux, la loi elle-même a
spécifié qu'en plus, pour les usines d'assainissement des eaux,
quand une municipalité en confierait l'exécution selon la formule
clé en main, automatiquement, il devrait y avoir une période d'au
moins cinq ans pour l'exploitation. On n'a pas changé la
définition, mais on a ajouté cette obligation.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Malgré l'article qui est là, qu'est-ce
qui aurait empêché la communauté de confier un contrat pour
construire une maison, une bâtisse ou un centre de déchets
clé en main, sans que ce soit écrit? Qui aurait pu empêcher
cela? Elle aurait pu, comme propriétaire municipal ou communautaire -
parce qu'on parle de la Communauté régionale de l'Outaouais -
à mon sens, aller en appel d'offres et expliquer ce qu'elle voulait et
en arriver à la conclusion: c'est clé en main.
Même si ce n'est pas dit dans la loi, quelle est la
nécessité d'écrire les mots "clé en main"? Est-ce
juste pour faire une image ou si cela rajoute quelque chose?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est là la différence. Si la
municipalité avait voulu procéder sans ces pouvoirs, elle
n'aurait pas pu le faire par la formule clé en main. Il aurait fallu
qu'elle engage des professionnels et fasse faire des plans, demande des
soumissions sur les plans et, après cela, fasse la surveillance des
travaux, etc. Elle aurait dû engager elle-même à chaque
stade de la construction, comme an le fait quand on fait construire une
aréna municipale, etc. À ce moment, cela n'aurait pas
été clé en main.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Mais, par exemple, on dit à l'article
précédent: La communauté peut conclure un contrat pour
l'exploitation d'un centre, etc. N'aurait-on pas pu dire de la
communauté, en élargissant cet article, qu'elle aurait pu
également faire construire un centre comme cela sans que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je pense que je peux faire la même
réponse que tout à l'heure. Il y a deux façons de
procéder. Il y a la façon classique que toutes les
municipalités doivent toujours observer qui consiste à faire
faire des plans, demander des soumissions, engager des professionnels. S'il y a
des équipements à acheter, il faut encore demander des
soumissions pour les équipements qui iraient à l'intérieur
des usines, un peu comme les usines de filtration.
Si, à un moment donné, vous voulez remplacer à
l'intérieur de l'usine un compresseur ou un transformateur, il faut
demander des soumissions à chaque fois qu'on fait une dépense.
Dans le cadre du contrat clé en main, c'est une formule
différente qui fait qu'on procède différemment. Si on veut
procéder selon la formule clé en main, il faut avoir les
pouvoirs. Et on ne les avaient pas ici.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Si la Communauté régionale de
l'Outaouais obtient ce pouvoir de faire construire avec clé en main,
est-ce que cela veut dire que les municipalités n'ont pas ce pouvoir de
faire construire clé en main? C'est plus général que juste
pour une
entreprise de déchets. Si c'est vrai pour l'élimination
des déchets, cela devrait être vrai pour d'autres choses.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Les municipalités n'ont pas ces pouvoirs.
M. Dufour: Donc les municipalités qui ont demandé,
à un moment donné, par appel d'offres un plan pour construire une
aréna ou d'autres éléments, ces municipalités
n'ayant pas participé si ce n'est pour étudier la qualité
de l'offre présentée et confier le contrat avec clé en
main, vous m'informez qu'actuellement elles n'ont pas le droit de faire
cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je suis obligé de référer
encore le député aux mêmes remarques que j'ai faites
précédemment: Les municipalités n'ont pas actuellement le
pouvoir de faire exécuter des travaux clé en main à
quelque usage que ce soit. On est en train de faire en sorte que, pour les
ouvrages d'assainissement des eaux, cela soit possible. On a un exemple ici
avec la CRO: et c'est le seul cas où on peut... Je m'excuse. On l'a
déjà pour l'assainissement des eaux et, là, on est en
train de le faire pour les déchets. Je m'excuse, je me suis
trompé de projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Une municipalité, c'est peut-être en
dehors du sujet, mais c'est toujours avec le contrat clé en main... Les
pouvoirs des municipalités, je pense qu'on a intérêt
à le savoir... Cela veut dire qu'une municipalité actuellement
qui aurait signé un contrat avec une compagnie privée pour
exploiter des loisirs à l'intérieur d'une municipalité
dans des bâtisses municipales n'aurait pas eu ce droit? C'est un contrat
d'exploitation, ce n'est pas un contrat de construction, c'est
différent.
M. Bourbeau: La différence est là. Là, on
parle toujours de clé en main, de construction de quelque chose,
où un entrepreneur bâtit et remet l'ouvrage avec la clé au
propriétaire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Tout ce que je peux dire, c'est que la loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais spécifie, aux articles
83.3 à 83.6, les pouvoirs qu'elle a dans le cas de contrats clé
en main en matière d'assainissement des eaux. Ces mêmes pouvoirs
vont s'appliquer, si je peux dire, mutadis mutandis aux pouvoirs qui sont
maintenant donnés d'exploiter et de faire exploiter un centre
d'élimination de déchets.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: On ne proposera pas d'amendement à cet article,
c'est évident. Il y a des municipalités qui devraient avoir
intérêt à savoir que cela ne se fait pas. J'ai l'impression
qu'il y en a quelques-unes qui ont déjà passé des contrats
comme cela, excepté que ce n'était pas écrit "clé
en main". Cela s'est fait sans mauvaise volonté parce que...
M. Bourbeau: On fera des projets de loi privés pour
corriger s'il le faut un jour, M. le maire.
M. Dufour: Honnêtement, M. le ministre, je peux vous avouer
candidement que je n'en ai pas fait mais je n'étais pas au courant qu'on
ne pouvait pas le faire. J'aurais pu le faire, puis... Je disais: Le faire
faire, je vois cela d'une façon tellement mitigée; je ne suis
peut-être pas enthousiaste pour cette formule à cause de
l'expérience qu'on a vécue surtout dans l'enlèvement de la
neige où j'ai eu un service qui n'était pas acceptable. Je m'en
vais toujours dans cela bien prudemment. J'apprends quand même, et je
connais des municipalités par exemple qui l'ont fait.
M. Bourbeau: Jonquière ne l'a pas fait. Vous êtes
sûr que nous n'aurons pas notre projet de loi privé de
Jonquière l'an prochain?
M. Dufour: Non. Je peux vous assurer de cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur 128.0.2.?
M. Dufour: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article
128.0.2. est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce que
l'article 3 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président CM. Saint-Roch): J'appelle maintenant l'article 4.
(16 h 45)
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 4 constitue une
disposition de concordance avec une modification apportée en 1985
à la Loi sur la fiscalité municipale qui avait pour objet de
faire disparaître le statut particulier à l'égard des
boisés. C'est exactement la même que ce matin. On avait un article
semblable dans le projet de loi précédant, le projet de loi
38.
M. Dufour: Vous faites référence à l'article
45 qui était sanctionné le 20 juin. C'était une fin de
session à ce moment. C'était une loi qui était un peu plus
consistante que celle qu'on a à étudier.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Dufour: Cela va.
M. Bourbeau: Adopté.
Honoraires des membres de la SAQ
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 5.
M. Bourbeau: À l'article 5 M. le Président, on
modifie l'article 204 de la Loi sur la Communauté régionale de
l'Outaouais, afin de prévoir que les membres de la Société
d'aménagement de l'Outaouais autres que le président-directeur
général ne reçoivent aucune rémunération.
Ils peuvent cependant se voir accorder une allocation de dépenses
applicable notamment au remboursement des frais de déplacement et des
autres dépenses qu'ils ont faites pour assister à une
assemblée de la société.
L'allocation de dépenses pourra également prévoir
la compensation du salaire perdu par un membre pour assister à une
assemblée. Quant au président-directeur général de
la société, il continuera de recevoir un traitement fixé
par le gouvernement et a être régi par les conditions de travail
également fixées par le gouvernement. Son engagement
diffère de celui de3 autres membres de la société,
puisqu'il doit s'occuper de sa fonction à plein temps.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je pense que j'avais informé le ministre, au
départ, qu'à cet article, il y avait un élément
surtout sur lequel je voulais parler. C'est exactement cet article, puisqu'il
faut se rappeler qu'à l'étude des crédits, on avait eu une
petite discussion concernant les jetons de présence. C'était
à la commission qui a eu lieu le 15 avril 1986. Cela touchait aux jetons
de présence des sociétés d'État.
À ce moment, la question qui avait été
soulevée, c'est qu'en abolissant les jetons de présence on
enlevait une certaine catégorie de personnes susceptibles de
siéger à ces comités. J'avais dit également que je
croyais au bénévolat mais que, quand ce sont des entreprises
gouvernementales, est-ce que les gens vont être disposés, par le
fait que c'est un gouvernement qui demande quelque chose, est-ce que les
individus vont faire la file d'attente à la porte pour aller faire
partie de ces comités? Il me semble que l'abolition des jetons de
présence a enlevé une certaine catégorie de personnes qui,
elles, ne travaillent pas seulement pour le bénévolat ou juste
pour les beaux yeux de l'État. Cette attitude du gouvernement
m'inquiète un peu quand il dit: On a aboli cela et on a fait une bonne
chose.
J'aimerais que vous m'expliquiez un peu quel est le principe qui
sous-tend cette décision par rapport aux sociétés
d'État. J'espère que le ministre ne se cache pas et regrette
d'avoir dit cela. Je ne pense pas; vous étiez bien correct. Moi, je
regarde votre réponse. Vous m'aviez dit: M. le député, il
me fait plaisir que vous abordiez cette question. Il y a deux types de gens
visés. À ceux qui font partie des conseils d'administration et
qui se réunissent dans une société d'État, disons,
une fois par mois ou l'équivalent ou une fois par deux mois, on a
demandé de le faire bénévolement, comme contribution a la
bonne gestion publique. Vous seriez surpris, M. le député. Il y a
beaucoup plus de gens qu'on ne le pense qui sont disposés à venir
donner de leur temps et de leur expérience pour aider au bon
fonctionnement des organismes parapublics et des sociétés
d'État. Ce sont ceux qui travaillent. Si, par exemple, un conseil
d'administration a un secrétaire ou qu'on demande des travaux d'un
professionnel, là, il y aura possibilité d'avoir des
dérogations. Mais c'est dans le cas où quelqu'un vient d'une
façon régulière faire des travaux qui lui sont
demandés. Là, c'est autre chose. Pour ce qui est de ceux qui
siégeront à des conseils d'administration, comme on le fait dans
une compagnie, on a demandé que cela soit à titre
bénévole. Maintenant, vous seriez surpris. Contrairement à
ce que vous pensez, nous constatons que la qualité des gens qui se
présentent et qui offrent leurs services pour siéger à des
conseils d'administration est probablement meilleure que ce qu'on avait, quand
il s'agissait de choisir des gens et de leur offrir de les payer 5000 $, 6000 $
ou 8000 $ par année. Maïs j'imagine que ceux qui allaient à
8000 $ devaient travailler très fort et que ce n'est pas dans n'importe
quel conseil d'administration.
Mais il y a des citoyens...
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit cela. Vous me citer hors contexte.
Je n'ai pas dit cela.
M. Dufour: Je citais à 100 %... Ah! le
petit bout! Ah oui...
M. Bourbeau: Oui, le petit bout...
M. Dufour: Je disais 5000 $ ou 6000 $, je vais vous donner le
contexte.
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement. Le député est en train de citer...
Le Président (M. Saint-Roch): Continuez.
M. Baurbeau: ...un texte que j'ai prononcé lors de
l'étude des crédits.
M. Dufour: C'est cela.
M. Bourbeau: Tout à coup, il sort de son texte, mais ne le
dit pas. Alors, comme ce qu'on dit présentement est enregistré au
Journal des débats, je demanderais au député que, quand il
arrête de me citer, de dire que c'est de son cru à lui, parce
qu'il y a des choses qu'il dit avec lesquelles je ne suis pas tout à
fait d'accord.
M. Dufour: Le seul point dont j'ai parlé et qui
était hors texte, c'est que ce devait être des gens qui
travaillaient dans des conseils plus gros ou qui travaillaient plus fort.
Voilà!
Je vais reprendre: "II s'agissait de choisir des gens et de leur offrir
de les payer 5000 $, 6000 $ ou 8000 $ par année. Il y a des citoyens
dans la société qui faisaient un peu carrière à
accumuler des directorats comme cela. Vous seriez surpris, M. le
député. II y a des gens qui se ramassaient un bon petit montant
d'argent comme "sideline": 5000 $ ici, 6000 $ là, 7000 $ là. Nous
avons trouvé et nous trouvons régulièrement des citoyens
qui sont tout à fait disposés à venir
bénévolement faire une contribution envers la
société. Les gens qu'on trouve sont d'une qualité tout
à fait exceptionnelle, je pense. Pour l'instant, en tout cas, en plus de
permettre une économie pour le gouvernement, je pense que cela permet
également à ces gens de venir là et d'avoir une attitude
tout à fait libre vis-à-vis du pouvoir public. Quand on demande
à un individu de venir siéger à Hydro-Québec ou
à la Société d'habitation du Québec et qu'on lui
dit qu'il ne sera pas rémunéré, je pense que cela lui
laisse beaucoup plus les coudées franches que si on lui dit qu'il aura
un salaire de base de 4000 $, plus 200 $ la séance. Si l'individu
ramasse 5000 $, 6000 $ ou 7000 $ par année, il y a peut-être des
individus qui vont être portés à être plus
conciliants et à se taire lorsqu'ils ne devraient pas le faire."
M. Bourbeau: ...pourrait dire mieux.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Ce que vous venez d'ajouter: "Ne pourrait dire
mieux..." C'est vous.
M. Baurbeau: Là, ce serait la fin de la citation.
M. Dufour: Voilà. Fin de la citation.
Je veux faire une autre petite citation. C'était dans
l'Actualité du mois de mai 1986 que le président du Conseil du
trésor disait cela. Ce n'est pas un titre. L'Actualité dit: "Ils
ne seront plus payés...". C'est la question qu'un journaliste pose
à M. Gobeil. Voici la réponse: "Ils vont être
remboursés de leurs dépenses. Le reste, c'est un service à
l'État qu'on va demander aux citoyens et citoyennes! Pour ce qui va en
rester, évidemment, parce qu'il va aussi y avoir élimination de
plusieurs de ces conseils, commissions et régies. Il y a des conseils
dont le budget est même plus élevé que celui de leur
ministère!"
À partir de ces deux énoncés de principes
gouvernementaux, parce que ce sont deux ministres qui parlent - ce n'est pas
n'importe qui...
M. Bourbeau: C'est cohérent quand même.
M. Dufour: Ah oui! C'est cohérent. Mais c'est parce que je
veux savoir si vous avez poussé la cohérence jusqu'au bout. Je
peux bien être cohérent au moment où je parle. Je pourrais
me trouver cohérent six mois après. Mais si je dévie
à ce que j'ai dit, je n'ai pas suivi la cohérence longtemps.
Je regarde le libellé de l'article qu'on a devant nous. Il a pour
effet de dire que "Les membres autres que le président-directeur
général ne reçoivent aucune rémunération.
Cependant le gouvernement peut fixer pour ces membres une allocation de
dépenses applicable notamment au remboursement des frais de
déplacement et des autres dépenses engagées pour assister
à une assemblée de la société et, le cas
échéant, pour compenser la perte de salaire découlant de
la présence d'un membre à une telle assemblée."
Jusqu'à maintenant, M. le ministre, quand on regarde la
façon dont les conseils d'administration se sont comportés...
Quand on parle de conseils d'administration, on ne parle pas seulement de
conseils d'administration de sociétés d'État provinciales.
Cela peut être aussi des conseils de corporations municipales ou
scolaires, comme on les appelle, où des gens vont siéger. Je sais
que les législateurs, jusqu'à maintenant, ont
hésité très longuement à payer des pertes de
salaire qui ont
découlé d'une présence à un conseil
d'administration. La façon qu'on avait trouvée jusqu'à
maintenant était de récompenser jusqu'à un certain point,
parce que récompenser peut vouloir dire aussi un montant d'argent
donné pour un travail accompli; on avait donc trouvé cette
formule qui était équitable, à mon point de vue, et qui
était égale pour tout le monde. Je n'ai pas cité tout
à l'heure tout ce qui a été dit lors de la discussion
qu'on a eue à l'occasion de l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Affaires municipales, mais je pense
qu'on va peut-être finir par relever cela parce que j'imagine qu'on
n'aura pas à intervenir une seule fois là-dessus.
J'imagine, M. le ministre, que vous avez évolué par
rapport à la position que vous aviez lors de l'étude des
crédits puisque, dans le temps, vous disiez: On ne paie pas parce qu'il
y a beaucoup de bénévoles. Est-ce que vous allez continuer
à prétendre que ces gens-là sont bénévoles
s'ils ne perdent aucun salaire pour rester à des assemblées?
N'est-ce pas seulement un changement de travail? J'ai l'impression que l'on
devrait enlever le mot "bénévole" si un individu gagne 200 $ par
jour, par exemple 100 $ le matin et 100 $ l'après-midi, lorsqu'il
travaille pour sa compagnie, son industrie ou pour lui. Mais il est
convoqué à un conseil d'administration, en l'occurrence, la CRO.
Donc, il va assister à leur travail. Â ce moment-là, la
personne ne perd pas de travail. Quand vous compensez la perte de salaire au
moment où elle agit, elle ne peut pas être bénévole,
parce qu'elle ne fait que changer de travail. Comment pourriez-vous qualifier
ces gens-là qui font seulement changer de chapeau mais qui travaillent?
Pourquoi pourraient-ils prétendre se faire appeler
bénévoles? Que je sache, des bénévoles sont des
gens qui font une action autre que ce qu'ils font régulièrement.
Si je travaille pour la Croix-Rouge et que je suis payé pour faire mon
travail à la Croix-Rouge, je ne peux pas prétendre au moment
où je travaille pour la Croix-Rouge être un
bénévole. Tous ceux qui travaillent pour la Croix-Rouge et qui ne
sont pas rémunérés peuvent prétendre qu'ils sont
bénévoles. Mais comment pourriez-vous prétendre ou
continuer de dire que les gens des conseils d'administration qui sont
compensés pour leur perte de salaire sont des bénévoles?
De plus, comment peut-on arrêter... Parce qu'il y a beaucoup de conseils
d'administration. Je n'ai pas l'impression qu'il y a beaucoup d'endroits... En
tout cas, c'est une nouvelle notion que vous introduisez par le biais des lois.
Cela paraissait bien de dire: À l'avenir, ce seront tous des
bénévoles. Personne ne sera rémunéré. Que
l'on paie des dépenses, cela ne me scandalise pas. Que l'on paie les
frais réels, cela n'est pas scandalisant. Mais lorsque l'on dit: On va
compenser les pertes de salaires, comment va-t-on être capable de traiter
tous ces gens-là sur le même pied? II y en a qui vont gagner 400 $
par jour, d'autres 300 $ par jour, d'autres 150 $ par jour. Quelle est
l'équité dans tout cela? Ce sont tous des gens qui s'en vont
à un conseil d'administration, qui vont donner de leur temps et qui,
à mon sens, commencent à changer ou à déplacer ce
que l'on avait discuté au début, lors de l'étude des
crédits budgétaires.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je tiens à dire au
député de Jonquière que sa première question, il y
a environ 20 minutes, sur le sujet, c'était: Est-ce que j'ai
évolué depuis? M. le Président, j'ai écouté
attentivement ce que j'ai dit à l'étude des crédits et je
dois dire que je n'ai pas évolué du tout depuis et je suis
content de voir que ma pensée là-dessus n'a pas glissé. Ce
que j'ai dit lors de l'étude des crédits est encore tout à
fait exact aujourd'hui et je vois qu'il y a beaucoup de cohérence
d'ailleurs avec mon collègue, le président du Conseil du
trésor qui lui aussi a soutenu les mêmes propos. Le principe
général qu'a voulu le gouvernement, c'est que ces
postes-là soient bénévoles, donc
non-rémunérés. Mais on a prévu des
modalités, soit qu'il y aura des remboursements pour les
dépenses, les allocations de dépenses, les déplacements,
etc. Bien sûr, on demande aux gens de ne pas être payés, de
ne pas être rémunérés, mais s'ils effectuent des
dépenses on est bien d'accord pour les rembourser.
Pour ce qui est du remboursement du salaire, je suis
étonné de ce que dit le député, parce que si ma
mémoire est fidèle, c'est lui-même lors de l'étude
des crédits qui a soulevé le point au sujet des salaires. Il
m'avait dit: C'est bien beau ne pas travailler, de ne pas être
rémunéré. C'est beau pour les gens riches qui
siègent à une grosse société, mais l'individu qui
part de loin et qui vient assister à une séance d'un conseil
d'administration et qui perd du salaire, il n'a pas les moyens de siéger
à des conseils d'administration, de sorte qu'on va recruter uniquement
des gens qui sont en moyens, et qui demeurent dans les grandes villes. Ce ne
sont peut-être pas ses paroles exactes, mais ça tournait autour de
cela. C'est justement ce que nous avons prévu, ici. Quand un individu
est à salaire, parfois son employeur va le laisser assister à une
assemblée sans le pénaliser au point de vue salaire, sans lui en
retirer. S'il arrivait, par hasard, qu'un employeur décide de
pénaliser son employé en raison du fait qu'il doive assister
à une assemblée de conseil d'administration, là, on
prévoit la possibilité de rembourser ce salaire. C'est le
député de
Jonquière, lui-même, qui l'avait soulevé, si ma
mémoire est fidèle, lors de l'étude des crédits. En
général, j'ai une assez bonne mémoire pour ces
choses-là, et je suis convaincu qu'on va retrouver cela quelque part.
Personnellement, je trouvais que la remarque du député
était pertinente. Aujourd'hui, on retrouve dans le texte de loi
justement une exception dans le cas où il faudrait compenser la perte de
salaire d'un tel membre qui viendrait assister à une
assemblée.
Je voudrais ajouter, pour le bénéfice du
député, qu'on parle toujours de la SAO et non de la CRO.
L'article en question permet de prévoir ce régime pour les
membres de la Société d'aménagement de l'Outaouais, qui
est une filiale de la CRO, qui dépend de la CRO. (17 heures)
II y a un autre point. Je tiens à dire au député de
Jonquière que j'ai personnellement rencontré les nouveaux membres
du conseil d'administration de la SAO, récemment. Je les ai même
rencontrés à deux reprises. Je suis heureux de faire rapport que
ces gens-là, même s'ils ne sont pas
rémunérés, dénotent un dynamisme et un
intérêt tout à fait remarquables. Ce sont des gens issus du
milieu de l'Outaouais, qui ont à coeur la survie et le
développement de la société, qui ont à coeur,
également, la promotion économique de leur région et qui
ont décidé de se donner corps et âme, si je peux dire, au
salut de la SAO et qui, actuellement, nous laissent penser que la SAO, sous
leur administration - c'est un nouveau conseil d'administration - va
connaître un développement, un dynamisme qu'elle n'a
peut-être jamais connu dans le passé avec un conseil
d'administration payé. Ces gens-là vont s'asseoir à la
table du conseil d'administration, non pas pour les honoraires qu'ils vont en
retirer, puisqu'ils n'en retirent pas, mais avec le souci de contribuer au
développement de leur région.
Je voudrais aussi signaler au député, quand on parle des
jetons de présence, que le gouvernement n'a pas aboli seulement les
jetons de présence. Il y a beaucoup de sociétés d'Etat qui
payaient, en plus, un salaire de base à leurs membres. Il ne s'agit pas
seulement de 200 $ par jour ou de 100 $ la séance. Il y a plusieurs
sociétés d'État qui donnaient un salaire de base, plus un
jeton de présence pour les membres du conseil d'administration, de sorte
que cela pouvait faire des montants assez intéressants après un
certain nombre d'années. C'est ce genre de choses auquel nous avons mis
fin.
En général, on remarque - je termine là-dessus -
que la qualité des gens qui ont accepté de siéger aux
conseils d'administration d'organismes gouvernementaux, depuis que cette
directive a été émise, n'est pas inférieure
à celle qui existait précédemment. Je me permettrais
même de dire qu'à mon avis elle est supérieure, pour les
raisons que j'ai indiquées lors de l'étude des crédits et
que le député a si bien lues, tout à l'heure.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais rappeler que le ministre est plus
politicien que moi. J'ai cité le texte, mot à mot. Lui ne l'a pas
cité et j'ai de la misère à retrouver, à travers la
discussion qu'on a eue, les paroles qu'il m'a prêtées. J'ai
parlé des gens qui perdaient leur salaire. Je n'ai pas dit qu'on devait
le payer ou pas. J'ai dit que quand ils avaient des jetons de présence,
les jetons de présence permettaient de traiter tout le monde sur un pied
d'égalité. Je n'ai jamais dit qu'on devrait à nouveau
payer un salaire. J'ai dit qu'ils perdent du salaire, mais je n'ai pas
donné la réponse. Je n'ai pas dit: Vous devriez rembourser le
salaire. Vous êtes plus subtil que je peux l'être. Je n'y suis pas
allé de cette façon, j'y suis allé beaucoup plus
directement, j'ai abordé le problème à sa face
même.
Cela m'a frappé. Je ne suis pas et je n'ai jamais
été un collecteur de jetons de présence. J'ai juste
exprimé qu'on traitait tout le monde au vu et au su, également,
sur le même pied, tandis que là, on fait des particularités
et je dis que ce ne sont plus des bénévoles. Ce sont des gens qui
ne perdent rien et cela ne leur coûte rien. Au lieu de faire leur travail
- parce qu'ils le font sur leurs heures de travail - ils font un autre genre de
travail et ils ne perdent pas un sou. Au moment où ils font cela, ils ne
sont pas bénévoles. Ils font leur travail comme avant,
excepté qu'au lieu de travailler pour leur travail, ils font autre
chose, mais c'est aux mêmes heures. Donc, je ne vois pas ce qu'on a
à gagner. On pourrait continuer à dire que j'aurais
demandé que ces gens soient payés, je n'ai jamais demandé
cela. J'ai dit: En ce qui concerne les gens qui sont à
l'extérieur et qui vont venir travailler à des conseils
d'administration à Québec, ce n'est pas la première fois
qu'on voit ces choses. Elles vont se produire de plus en plus, j'ai
l'impression, parce que vous êtes en train de changer un paquet de
règles du jeu. Cela a l'air anodin au départ, c'est facile
à appliquer. On dit: On prend des bénévoles. On se rend
compte, à un moment donné, que le bénévole, il peut
prendre des petits contrats. Il pourrait faire des petites jobs à
travers cela, mais dès que cela change de nom, il met l'autre chapeau
pour qu'on lui dise: On va te payer pour ton contrat. On pourrait soulever
cette question. On la soulèvera peut-être.
On voit que c'est difficile de maintenir un langage de
bénévolat par rapport à des
sociétés, parce que cela change les règles du jeu,
et cela les change beaucoup. Une personne ordinaire qui n'a pas de salaire -les
femmes, les chômeurs ou des étudiants -va faire partie d'un
conseil d'administration. Elle dit: Lui ne perd pas d'argent, mais, moi, comme
je ne suis pas payé, je ne sais pas. On ne peut pas lui couper son aide
sociale, donc, on ne pourra pas lui enlever son montant d'argent, mais je ne
pense pas qu'il y avait beaucoup d'assistés sociaux aux conseils
d'administration. Je le donne juste à titre indicatif. Mais il aurait pu
y avoir des femmes au foyer, par exemple, qui fassent partie de certains
conseils d'administration qui, elles, auraient pu penser que leur travail
méritait quelque chose.
Supposons qu'elle engage quelqu'un pour la remplacer à la maison.
Elle veut être bénévole. Elle a des enfants. C'est
difficile à évaluer ce que cela vaut. Est-ce que c'est juste une
gardienne d'enfants qu'elle va prendre? Si elle prend plus que cela? Parce
qu'il faut que le ménage soit fait, également. Donc, cela lui
prend deux personnes au lieu d'une. Comment allez-vous concilier... Cette
personne n'a pas perdu de salaire, elle a déboursé» Comment
allez-vous, à l'intérieur de ce projet de loi... En fait, c'est
le principe dont je vais discuter, parce que, si c'était juste ce projet
de loi, cela tomberait là. Mais je sais, par exemple, qu'un projet de
loi qui s'en vient qui s'appelle le projet de loi 65 et qui a le même
article et libellé. Cela veut dire que, de plus en plus, parce qu'on
veut changer des choses, on va avoir à légiférer.
Pourtant, on ne devait plus légiférer. On devait en faire de
moins en moins et, là, on en fait de plus en plus. On fait du droit
nouveau et on ajoute des choses.
On regarde tout cela. Je dois dire qu'il y a quelque chose
là-dedans. Je pense que cela peut arriver qu'en début de mandat
vous ayez pris des décisions qui étaient
prématurées et qui ne tenaient pas compte de tout les faits. Vous
savez, quand on est dans l'Opposition, on voit des choses et, quand on est
à l'autre bout, on voit autre chose. Si on n'avait pas parlé de
Schefferville, je n'aurais pas parlé une heure voilà deux ans sur
l'attitude que vous aviez, parce qu'à ce moment-là les bons
étaient d'un côté, les méchants de l'autre. Cela
change vite. Je ne suis pas sûr que... Cela m'affecte, parce que, dans le
fond, je me dis: On a presque culpabilisé les gens qui,
légalement ou normalement, travaillaient à des conseils
d'administration, qui avaient des jetons de présence. Il aurait pu y
avoir des corrections là-dessus, bravo!
Je ne sais pas qui je défends quand je fais cela. Il s'agit d'une
question de principe pour dire qu'il n'y avait pas de mal là-dedans. Je
ne vois pas cela avec les mêmes yeux que vous. Est-ce que c'est moi qui
suis correct ou bien vous? Pourquoi la vérité serait-elle juste
d'un bord? Il me semble qu'en ce qui concerne les conseils d'administration,
l'État, c'est vrai qu'il est mal pris financièrement, mais vous
m'avez dit hier que c'était moins pire qu'au fédéral.
Donc, on a déjà à gagner quelque chose.
Qu'est-ce qui était si scandaleux que cela de demander presque la
charité à du monde pour venir travailler, pour venir nous sortir
du guêpier et de la misère noire? Venez nous aider et on ne vous
paiera pas pour le faire, mais, par contre, vous ne perdrez plus rien. Je ne
sais pas. On couvre une partie et il y a une partie que vous ne couvrirez pas:
la femme au foyer qui va dépenser de l'argent, les autres
dépenses engagées pour assister à l'assemblée...
Savez-vous que vous ouvrez des portes tout le temps. Quelqu'un peut
l'interpréter de n'importe quelle façon? Vous allez avoir besoin
de moyens de contrôle partout.
M. Bourbeau: C'est le député de Laporte, de la...
porte...
M. Dufour: Ha! Ha! Ha! Je ne dirai pas ce que Duplessis avait dit
à un journaliste Laporte. J'ai entendu raconter parce que je
n'étais pas là. J'aurais pu assister à cela, mais je
n'étais pas là.
Vous ouvrez tout de même des portes à certains abus qui
pourraient venir. De ce côté-là, il faut être
prudent. C'est dans ce sens-là que j'insiste ou que je reviens à
la charge en disant que, si vous acceptez de payer un salaire, à mes
yeux, il y a une certaine forme de discrimination qui pourrait se créer
par l'introduction de cet article dans cette loi spécifique pour la
Communauté régionale de l'Outaouais. Cela risque de se multiplier
dans d'autres lois sur lesquelles on aura à se prononcer. Je vous le
prédis et je vois d'avance qu'il y a des changements, qu'il y a des
problèmes qui vont se poser. Ce ne seront peut-être pas des
problèmes pour vous autres, tant que cela ne viendra pas à
exploser quelque part, mais il y en aura.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Manifestement, le député de
Jonquière et moi, sur ce point-là, on n'est pas du même
avis et la discussion qui avait eu lieu lors de l'étude des
crédits se reproduit aujourd'hui. Je ne veux pas reprendre la discussion
là-dessus. Tout ce que je dirai quand même au
député, c'est que jamais je n'ai prétendu que la situation
précédente était scandaleuse. En aucun cas, je n'ai dit
que les gens qui, précédemment, touchaient des
bénéfices, des émoluments constituaient des objets de
scandale public, pas du tout. Jamais, je ne me serais permis
de dire des choses comme cela.
Je pense simplement que le nouveau gouvernement a une philosophie
différente. En ce qui concerne les salaires, on n'a pas voulu
pénaliser les petites gens, celles qui sont peut-être les moins
bien rémunérées de la société et qui gagnent
un salaire par rapport à d'autres personnes qui, elles, sont è
leur propre compte et qui pourraient avoir des revenus plus
élevés. Il faut quand même penser que très souvent,
ces assemblées ont lieu le soir et, dans ces cas-là, même
la personne salariée ne serait pas remboursée, puisque ce serait
en dehors de ses heures de travail. Si jamais, c'était pendant la
période de travail et qu'en plus son employeur la pénalisait en
lui retirant du salaire, là, il y a possibilité de la
rembourser.
Maintenant, M. le Président, je ne prétends pas que le
gouvernement est sans faille et qu'il ne puisse pas se tromper; je conviens
avec le député que tout ce qui est humain est faillible. Si
jamais, plus tard, on réalise qu'on a fait des erreurs, soit dans
d'autres domaines ou dans celui-ci - en tout cas, dans celui-ci je compte sur
l'appui du député de Jonquière. Je sais qu'il sera
très facile de revenir en arrière puisqu'il est partisan d'une
autre théorie que la nôtre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Chapleau.
M. Kehoe: M. le Président, je suis sûr, qu'au
nouveau conseil d'administration de la SAO, il n'y a pas un membre,
actuellement, qui va bénéficier d'une allocation pour perte de
salaire. Je connais les personnes qui sont nommées là et il n'y
en a pas une retirant un salaire qui va bénéficier de cette
provision.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
Motion proposant d'amender l'article 5
M. Dufour: C'est sûr que chaque fois que je vais parler
d'un article, si le ministre me dit: On verra, on étudiera après,
cela m'inquiète un peu, surtout parce qu'à ce moment-là,
il va peut-être revenir sur sa décision et que cela va me faire
pas mal de choses à dire.
Concernant cet article - le député de Chapleau vient de me
libérer d'un gros poids sur la conscience - j'aurais, M. le
Président, un amendement à proposer: "Le troisième
alinéa de l'article 5 du projet de loi 41 Loi modifiant la Loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais, est modifié par la
suppression dans la cinquième ligne des mots "et, le cas
échéant, pour compenser la perte de salaire découlant de
la présence d'un membre à une telle assemblée"."
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait relire
son amendement?
M. Dufour: Je l'ai déposé.
M. Bourbeau: Voulez-vous le relire? (17 h 15)
M. Dufour: Je vais le relire. L'amendement se lirait comme suit:
Le troisième alinéa de l'article 5 du projet de loi 41, Loi
modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme est modifié par
la suppression dans la cinquième ligne des mots "et, le cas
échéant, pour compenser la perte de salaire découlant de
la présence d'un membre à une telle assemblée".
M. Bourbeau: M. le Président, l'amendement est irrecevable
parce que ce n'est pas la bonne loi. On étudie présentement la
Loi modifiant la Loi sur la Communauté régionale de l'Outaouais
et non pas sur la Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière. Le titre de la loi n'est pas exact. Ici, il faudrait qu'il
soit corrigé. C'est écrit: Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. Le projet de loi, c'est la Loi modifiant
la Loi sur la Communauté régionale de l'Outaouais.
M. Dufour: Est-ce que vous l'acceptez comme cela ou si on doit le
corriger?
Une voix: Vous pouvez le corriger.
M. Bourbeau: II s'agit de mettre: Loi modifiant la Loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement a
été corrigé et il est maintenant recevable. M. le
ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais simplement faire
une mise au point pour les fins du Journal des débats. Tout à
l'heure, lors d'une intervention précédente, j'ai indiqué
que la Société d'aménagement de l'Outaouais était
une filiale de la Communauté régionale de l'Outaouais. Il semble
que ce ne soit pas une filiale. Bien que la SAO ait été
créée en vertu de la Loi sur la Communauté
régionale de l'Outaouais, elle n'est pas à proprement parler
considérée comme une filiale. Je voulais faire cette mise au
point.
Pour ce qui est de l'amendement proposé par le
député de Jonquière, je dois lui dire que je ne puis
consentir à son amendement puisque la modification est le
résultat d'une décision du Conseil des ministres qui a
émis des directives à ce sujet. Si je consentais à un
amendement
comme cela, j'irais moi-même à l'encontre d'une
décision gouvernementale et qui fait partie de la politique du
gouvernement du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je comprends la réticence du ministre, puisque
c'est une volonté gouvernementale. Je suis obligé de dire que cet
amendement ne résulte pas non plus d'un caprice ou de la malice que je
pourrais avoir envers l'attitude gouvernementale en ce qui touche la
société ou les membres qui travaillaient dans des
sociétés ou des corporations. Il faut bien se rappeler que,
depuis toujours, il y a eu de la part des législateurs certaines
réticences à vouloir -cela existe encore de nos jours - donner
compensation à des gens pour leur salaire. On a rencontré ces cas
surtout au municipal et au scolaire où, régulièrement, des
gens se sont privés de représenter leur municipalité ou
leur commission scolaire à des activités et à des
congrès, parce que, justement, la perte de salaire n'était pas
couverte pour leur permettre ces activités. L'attitude a toujours
été la même: Vous êtes élus; vous avez -
n'appelons pas cela des "jetons de présence" malgré qu'on
pourrait faire le rapprochement - des petits montants qui permettent de vaquer
à vos occupations, mais vous n'avez pas le droit d'avoir des montants
couvrant les salaires. Peut-être le législateur montrait-il une
certaine sagesse dans cette décision parce que, selon la personne qui
pourrait faire exactement le même travail et selon son salaire, cela
pourrait amener des gens ou la corporation ou la municipalité à
payer des prix élevés pour certaines personnes - vous me direz
qu'elles sont probablement beaucoup plus compétentes - et des prix moins
élevés pour d'autres personnes.
L'ouverture qu'on fait sur le paiement ou la compensation de salaire
d'un membre d'un conseil d'administration, me semble une porte très
grande à des abus qu'on pourrait avoir.
Déjà, dans sa prise de position, c'était
peut-être là l'aspect de la question et peut-être le
problème qui a été soulevé, c'est qu'on voulait se
démarquer d'une administration qui a peut-être fait certaines
erreurs. Je pense qu'on pourra toujours porter des jugements, mais
difficilement des jugements de valeur après une élection. Je
pense que quelque gouvernement que ce soit qui remplace un autre, ne porte
jamais de jugement de valeur pour déterminer si les attitudes ou les
décisions prises par ce gouvernement étaient les décisions
correctes sur toute la ligne.
À mes yeux, il y a une chose certaine, c'est que la
création ou la marche d'un conseil d'administration, depuis toujours,
surtout lorsque cela devient gouvernemental, et cela n'a pas commencé
dans les dix dernières années, a commencé bien avant-Ce
n'est pas fait seulement par le gouvernement, mais même par des
compagnies qui acceptent de rémunérer leurs administrateurs par
des jetons de présence. Il s'agit de prendre un gros conglomérat,
les grosses corporations où ces gens sont rémunérés
par des jetons de présence.
Il est vrai que ce gouvernement dit: On va abolir les jetons de
présence, il n'y en aura plus. C'est peut-être vrai en partie,
parce que je sais qu'il y a encore des sociétés d'Etat qui ont
des jetons de présence et aussi des sommes prévues pour ceux qui
siègent aux conseils d'administration. Ce n'est pas parce qu'il y a une
volonté exprimée par les ministres pour qu'on enlève cela,
que cela a été automatiquement enlevé. Je pense que ces
corporations sont assurées de cette façon de procéder,
parce qu'il y a des lois habilitantes leur permettant de le faire. Donc, il y a
plusieurs sociétés d'Etat, même actuellement, qui
continuent à rémunérer des personnes pour occuper ces
fonctions.
Si, par hasard, on n'acceptait pas l'amendement qui est proposé,
il faudrait s'examiner et regarder quelles seraient les conséquences que
cela pourrait amener en appliquant ces principes. Il faudrait se demander si
les MRC peuvent être des corporations. Ce n'est pas le gouvernement qui,
par le biais de cette loi, rémunère les gens qui travaillent pour
la corporation, la Communauté de l'Outaouais ou la SAO, ce n'est pas
nécessairement l'État qui paie les jetons ou les
rémunérations de ces gens.
Qu'est-ce qu'il adviendrait à une municipalité
régionale de comté où les gens ont des jetons de
présence pour agir, mais qui, parfois, perdent du salaire, bien qu'il y
ait une compensation quelque part, si la corporation n'avait pas le droit de
rembourser les salaires? Comment est-ce que cela pourrait arriver dans des
commissions scolaires où des gens voudraient assister à des
congrès, donc, une activité qui est apparente, à une
présence nécessaire d'un individu à une action ou à
un événement?
Tout cela pour dire qu'à mes yeux c'est vraiment un changement de
cap important dans ce qu'on a toujours connu et dans ce qu'on a toujours
vécu. La question qu'on peut se poser: Est-ce que cela ne coûtera
pas plus cher que ce que cela coûtait antérieurement, sans que le
public ait plus de transparence, sans que le public puisse porter un jugement
de valeur sur ce qui se passe? Qu'est-ce qu'on a à cacher? Qu'est-ce qui
dérangeait tellement le monde de savoir que quelqu'un qui travaillait
pour l'Office du développement ou le MAPAQ ou la SEPA ou à peu
près n'importe quel organisme gouvernemental
avait un jeton de présence de 150 $ ou de 100 $ par jour?
C'est sûr qu'on a parlé tantôt des 5000 $ et des 8000
$, mais je n'en ai pas connu, ce n'était pas de mes amis et ce ne sont
pas nécessairement mes "churns". Je ne sais pas qui gagnait cela, mais,
dans l'ensemble, si des gens assistaient au conseil de corporation, assez
souvent de façon temporaire, recevaient 150 $, tout le monde savait que
cette personne, qui venait travailler bénévolement - et j'insiste
pour dire qu'il continuait à être bénévole -
à ce conseil d'administration recevait 150 $ pour sa présence et
le travail et le dévouement qu'il apportait à la cause de
l'État. Cela me semble clair, cela établit les règles du
jeu et cela établit que tout le monde autour de la même table est
traité sur le même pied.
En introduisant cet article ou ce changement dans l'opération des
conseils d'administration, on amène des éléments nouveaux
qui font qu'on ne le saura plus. Il y a déjà des
éléments qui sont moins clairs `à mes yeux, dans le sens
que la personne qui va travailler dans un organisme pourrait avoir une
compensation dans son salaire comme ne pas avoir de compensation. De savoir
qu'il y a des gens qui vont être obligés de payer, ce sont des
dépenses indirectes, on va être obligés d'introduire la
notion de dépenses indirectes causées par... Comment fait-on pour
dire hors de tout doute que ce sont vraiment des dépenses
créées par cela?
Que l'on regarde ce qui se passe assez régulièrement
où on donne des dépenses réelles. Il y a des gens qui ont
passé et trouvé des méthodes pour corriger ces
choses-là, parce que les dépenses réelles aujourd'hui,
cela veut dire quoi? Je peux vous donner les expériences que j'ai
vécues, puis je ne serai pas gêné de le dire, parce que je
ne l'ai pas fait, mais quelqu'un peut le faire. Vous allez manger à un
restaurant -il n'y a personne ici autour de la table qui n'est pas au courant
de cela - et vous voulez recevoir un reçu: Combien votre reçu,
monsieur? Vous vous faites demander cela régulièrement. Je ne
pense pas dévoiler des choses. De quelle date voulez-vous avoir votre
reçu, monsieur ou madame? J'imagine que, si les gens me posent ces
questions, ils doivent les poser à d'autres. La date, je dis aujourd'hui
et au montant que j'ai payé.
Donc, il y a des organismes qui ont décidé de ne pas
s'embarrasser de cela. À ce moment-là, ils disent: Si vous faites
telle action, on va vous donner tant par jour. Si vous voulez manger des hot
dogs, vous allez manger des hot dogs et si vous voulez manger un bon repas,
vous le mangerez. Si vous voulez faire des extravagances, vous paierez pour
cela. Mais il y a un certain nombre d'organismes qui doivent avoir aussi un
certain vécu, une certaine expérience et une certaine
connaissance des gens pour savoir que des fois c'est mieux d'établir des
barèmes. Tout le monde embarque dans le barème et cela
règle un paquet de problèmes. Moi, j'ai toujours
pensé.
Il ne faut pas obliger les gens à tortiller et à triturer
des dossiers pour essayer de trouver leur profit. C'est beaucoup plus clair et
plus juste et cela fait des sociétés mieux organisées. Si
on dit: Vous allez siéger au conseil d'administration, vous avez droit
à 100 $ ou 150 $ et si vous allez coucher à l'hôtel, vous
apporterez votre reçu. À l'hôtel, c'est facile de
contrôler. Mais un repas, un déjeuner de 6,50 $, on ne le
contrôle pas. C'est rare qu'une facture est détaillée au
complet. C'est vrai pour pas mal de choses. En introduisant des articles comme
cela, on est en train de changer un certain nombre de règles du jeu pour
essayer de dire que c'est exact quand on a dit qu'on allait avoir seulement des
bénévoles, des vrais bénévoles. Malgré tout,
il y a des gens qui tantôt sont bénévoles, puis
tantôt sont payés pour leurs services.
Quand quelqu'un commence-t-il à être bénévole
et finit-il d'être bénévole? Cela me rappelle un de mes
amis qui disait: La définition d'un bénévole, c'est
quelqu'un qui travaille à l'ombre et qui en sort brûlé. Un
bénévole, c'est quelqu'un que personne ne connaît, c'est
quelqu'un qui se dévoue beaucoup puis qui, quand il sort de là,
est épuisé. C'est la formulation de cela. Ceux dont on parle
actuellement et qui peuvent travailler à un conseil d'administration de
la nature de ceux dont on parle, ce sont les grands bénévoles,
probablement avec un grand B. Ils pourraient faire autre chose, parce que ces
gens-là... J'ai pensé au départ que c'étaient
vraiment des gens qui avaient les moyens qui pouvaient être
bénévoles, mais là on ouvre la porte en disant: Tout le
monde peut venir, parce qu'on va payer votre salaire. Mais ce n'est pas juste
cela. Ce n'est pas seulement une question de salaire, il y a la question des
dépenses que l'on va payer: les frais directs et les frais indirects,
parce que cela va être dur à contrôler. (17 h 30)
Je ne sais pas si on ne va pas plus loin. Si on considère toutes
les implications de cet article qui fait que cela va s'adresser non seulement
à ces gens, cela va aller plus loin. Cela aura tendance à se
prolonger et tout le monde sera touché par ces portes qu'on va ouvrir.
Tout le monde va vouloir calquer et aller dans le tracé ou dans la
lignée que le gouvernement démontre par la volonté du
Conseil des ministres d'établir à l'avenir que les gens ne
perdront plus de salaire.
Il n'y a donc plus rien qui empêche quelqu'un d'aller
siéger à un conseil d'administration. Mais quel est le
salaire?
Est-ce que c'est le salaire de quelqu'un qui travaille à l'heure,
qui travaille à la semaine ou qui travaille à contrat? Là,
on va ouvrir une autre porte pour savoir comment on déterminera le
salaire d'un individu. Cela pourrait être un individu qui dit: Moi, je
travaille à mon compte et quand je me déplace pour venir
siéger, je perds mon salaire. Non. Vous ne perdez pas de salaire; vous
perdez des contrats. Ah bon! Mais comment va-t-on établir ce salaire?
Est-ce que ce seront les taux du gouvernement qui sont acceptés pour les
corporations, en disant que c'est tant l'heure ou tant l'acte, si c'est un
notaire qui est appelé. S'il dit: Je ne peux pas faire de contrat, parce
que vous m'avez demandé de venir siéger, vous lui direz: Vous
travaillerez ce soir. Il vous dira: J'ai aussi droit à mon repos. J'ai
le droit de travailler. C'était mon salaire. Normalement, j'ai le temps
de préparer tant de contrats.
Comment va-t-on établir son salaire? Il est certain que si on
parle de salaire à quelqu'un qui travaille dans une compagnie où
il y a des frais fixes qui sont établis, ce sera facile. Mais il sera
difficile de l'établir pour un professionnel. Si on n'est pas capable de
l'établir et qu'on l'établit dans le sens de dires Ben oui, mais
vous allez venir comme bénévole. Tantôt, vous ne serez
peut-être plus bénévole, parce qu'on va vous demander une
expertise un peu plus grande. On va vous demander de faire autre chose.
Je dis; Un instant! Faisons attention, parce que la perte de salaire
n'est pas facile à établir. Ce n'est pas aussi facile que cela en
a l'air. Si ce sont seulement ceux qui ont un salaire fixe... Les autres ont
aussi le droit. Ils vont être obligés d'être
bénévoles mais ce seront seulement les gens qui ont un salaire
fixe qui pourront agir dans les corporations. Encore là, cela me semble
une action nouvelle par rapport à une décision différente
qu'on a.
Où est la transparence dans cette décision? On a souvent
entendu dire que ce qu'on ferait à l'avenir serait transparent et que
tout le monde pourrait comprendre ce qu'on fait. Comment la population
pourrait-elle connaître le prix pour un conseil d'administration, si on
ne le sait pas nous-mêmes. On va le savoir è la fin de
l'année. Il n'y a pas de nom là-dedans. Mais la personne pourra
toujours dire: Vous savez, j'ai été bénévole. Si le
conseil d'administration a décidé qu'il siégeait toujours
le jour et que l'individu travaille tous les jours, il ne perdra pas un cent.
Comment sera-t-il considéré comme bénévole
puisqu'il n'aura rien perdu? Au lieu de travailler à son bureau
situé sur telle rue, il sera allé siéger à un autre
bureau situé sur telle autre rue.
Il pourra dire à tout le monde: Vous savez, je suis un
bénévole parce que je siège au conseil d'une corporation
d'État. Je ne l'aurais pas considéré comme cela. Je suis
loin de penser que c'est comme cela. Ce n'est pas de la transparence aussi
transparente qu'on le voudrait. Cela me semble un peu beaucoup
atténué par la portée de cet article.
Lors de l'adoption des crédits du ministère des Affaires
municipales, on a parlé d'un bénévole, mais ce
n'était pas un bénévole au même titre que ce qui
nous est proposé actuellement. C'est pourquoi je doute beaucoup et que
j'ai moins le goût d'accepter d'emblée une décision qui
ferait que ces gens-là, en permettant à qui que ce soit de dire
qu'il est bénévole mais qui, à mes yeux, n'en est pas un -
je pense que je l'ai démontré tout à l'heure par ce que
j'ai dit - on pourrait dire: Nous sommes des bénévoles qui
travaillent pour sauver l'État. Je ne vois pas cela comme cela. Je
trouve que cette particularité qu'on veut insérer va faire
rapidement des petits. Je pense que ce n'est pas ce qu'on recherchait.
Même si beaucoup de personnes pensent que c'est la formulation exacte qui
va donner ces réponses-là, cela va être difficile
d'application. Cela va être difficile, à l'avenir, de dire qu'on a
de3 bénévoles. On ne saura pas comment ils s'appellent. Est-ce
que ce sera avec un grand b, un petit b, un moyen b? B-l, B-2, B-3. Je ne sais
pas. Si je ne sais pas, il y en a d'autres qui ne le sauront pas non plus.
Je pense que ce n'est pas cela qu'on recherchait. Ce n'est pas cela qui
est arrivé, au départ. Le but du mandat du gouvernement actuel:
À l'avenir, on a des bénévoles qui vont venir travailler
et on en a beaucoup de bénévoles. Beaucoup de
bénévoles viendront siéger à nos conseils
d'administration. Il semblerait, particulièrement dans ce dossier, que
ces gens qu'on prévoit rémunérer au cas où ils
perdraient du salaire n'ont pas demandé cela. Il n'est pas question
qu'ils ne perdent pas de salaire. Ils sont prêts à le faire. On va
introduire une clause qui nous permettrait de les payer, même s'ils n'en
ont pas le goût, s'ils ne l'ont pas demandé. Ils ne sont
même pas en danger de le faire. On va au devant des coups. Cela me
dérange. Cela me dérange et c'est dans ce sens-là que je
trouve que mon amendement est acceptable. Il devrait être accepté,
et il devrait, aussi, être réexaminé, en fonction de ce que
je dis, en fonction de la vision, également, que ce gouvernement avait
de la transparence et de son administration. Je pense que ce n'est pas
gênant de dire à tout le monde: II y a des gens qui viennent
travailler, qui viennent nous aider. On est prêt à leur donner.
C'est cela qu'on leur donne. Ce n'est pas autre chose, c'est cela. Comme c'est
là, on ne saura même pas, au départ, ce que cela
coûte un conseil d'administration, combien cela coûtera à la
fin de l'année, parce qu'il
y a une incertitude, il y a un point qui n'est pas clarifié.
À travers cette démarche, je pense que cela a changé la
décision qui avait été prise au départ, à
l'effet qu'il y aurait des bénévoles. Quand je me rappelle ce que
le ministre des Affaires municipales a dit, cela ne me semble plus être
ce que le ministre nous a dit lors de l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Affaires municipales.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: En ce qui me concerne, l'amendement est recevable et
on est prêt a l'adopter.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement qui
se lit comme ceci: "Le troisième alinéa de l'article 5 du projet
de loi 41 Loi modifiant la Loi sur la Communauté régionale de
l'Outaouais est modifié par la suppression dans la cinquième
ligne des mots "et, le cas échéant, pour compenser la perte de
salaire découlant de la présence d'un membre à une telle
assemblée", est adopté?
M. Dufour: J'appelle le vote nominal.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Oui?
Le Président (M- Saint-Roch): Le vote nominal est
appelé. M. le secrétaire, si vous voulez procéder.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme
Bélanger (Mégantic-Compton)?
M. Bourbeau: C'est un vote sur quoi au juste, sur l'amendement du
député?
Le Président (M. Saint-Roch): Sur l'amendement de M. le
député de Jonquière.
M. Bourbeau: Je m'excuse. Je pensais qu'on votait sur l'article
même.
Le Président (M. Saint-Roch): Non. M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: Sur l'amendement. Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
Mme Bélanger: Contre.
Le Secrétaire: M. Bissonnnet (Jeanne-Mance)?
M. Bissonneti Contre.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufourî Pour.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'IsIet)? -'
M. Gauvin: Contre.
Le Secrétaire: M. Kehoe (Chapleau)?
M. Kehoe: Contre.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet)?
M. Richard: Contre.
Le Secrétaire: Mme Trépanier (Dorion)?
Mme Trépanier: Contre.
Le Secrétaire: M. Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Je suis contre.
Le Secrétaire: 7 contre, 1 pour.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
rejeté.
J'appelle maintenant l'article 5. M, le député de
Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, j'avais encore un peu de temps
pour m'exprimer par rapport à cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, il vous reste deux
minutes, M. le député de Jonquière.
Reprise de l'étude
M. Dufour: C'est cela. Je regrette beaucoup que la motion ou
l'amendement ait été rejeté parce que ce que j'ai dit
demeure, c'est écrit. On aura un jour à revoir ces textes,
possiblement. Tout à l'heure, contrairement à ce que le ministre
des Affaires municipales me disait concernant ce que j'avais dit lors de
l'étude des crédits budgétaires, je n'ai pas
retrouvé ce qu'il me rappelait. Je pense bien qu'en gros il peut
toujours chercher de l'interprétation, mais quand je l'ai cité,
c'était du mot à mot. Donc, ce n'est pas pareil du tout. J'invite
le ministre à relire ces discussions même si on pense que,
lorsqu'on est une grosse "gang" autour de quelque chose, on est tellement
grand, on est tellement puissant et on est tellement fort qu'il n'est pas
nécessaire d'écouter trop trop ce que les autres ont à
dire. On passe le bulldozer et on n'accepte pas d'amendement sur des articles
qui, à mon sens, sont fondamentaux et nouveaux. De ce côté,
c'est ce que je croyais qu'on devait apporter comme changement à cet
article.
M. le Président, j'aurais un autre
amendement à proposer concernant cet article. J'aurais comme
amendement à proposer: Que la commission de l'aménagement et des
équipements fasse une consultation particulière des membres des
conseils d'administration des sociétés d'État, des
organismes gouvernementaux et para-gouvernementaux, mais spécifiquement
ce que je demanderais, c'est que la société dont on parle ici, on
puisse l'entendre en commission.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est un amendement à
quel article au juste? Est-ce que c'est à l'article 5, cet amendement?
Nous sommes à l'article 5, M. le Président. Je vous signale qu'il
n'y a pas d'amendement possible.
M. Dufour: On va attendre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, l'amendement est irrecevable, considérant l'article
244, deuxième paragraphe, de notre règlement qui dit: "Avant
d'entreprendre l'étude détaillée, la commission peut
décider de tenir des consultations particulières dans le cadre de
son mandat." Or, c'est à ce moment que cet amendement aurait dû
être présenté.
J'appelle maintenant l'article 5. Est-ce que l'article 5 est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 6.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 6 constitue une
disposition corollaire à l'amendement introduit par l'article 5 du
projet de loi en ce qu'il prévoit que le remplaçant d'un membre
reçoit également, pendant la durée de son mandat
temporaire, l'allocation de dépenses applicable au membre qu'il
remplace.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière. (17 h 45)
M. Dufour: M. le Président, c'est un article de
concordance qui a pour effet de rétribuer le membre, non seulement les
traitements mais aussi, selon ce que couvre cet article, les frais de
déplacement applicables pour un remboursement et les autres
dépenses engagées pour assister aux réunions de la
société. C'est ce que cet article couvre.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Peut-on suspendre l'étude de l'article 6 pour
quelques instants et passer à l'article 7? On pourrait revenir à
l'article 6 après. On aurait peut-être un papillon à
introduire.
Le Président (M. Saint-Roch): Êtes-vous d'accord, M.
le député de Jonquière?
M. Dufour: Bien ouil Je collabore quand c'est le temps.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 6 est suspendu.
J'appelle l'article 7.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 7 prévoit
que l'article 2 du projet de loi a effet depuis le 18 septembre 1985. Cet effet
rétroactif vise à encadrer juridiquement le protocole d'entente
qui a été signé le 18 septembre 1985 entre la
Communauté régionale de l'Outaouais et les municipalités
de son territoire qui sont desservies par le réseau d'alimentation en
eau potable de la communauté.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: On a discuté assez longuement de la
portée des articles concernant l'entente qui a eu lieu entre plusieurs
municipalités de la Communauté régionale de l'Outaouais,
entente qui a aussi été signée volontairement par les
parties. Cet article a pour effet d'encadrer ce protocole-là. Donc, je
n'ai rien à dire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 8.
M. Bourbeau: L'article 8 constitue une disposition transitoire
qui prévoit que le nouveau régime relatif à la
rémunération des membres de la Société
d'aménagement de l'Outaouais s'applique a compter de la date
d'entrée en vigueur de la présente loi.
M. le Président, j'aimerais déposer un papillon qui
concerne l'article 8.
M. Dufour: Est-ce que je peux poser une question, M. le ministre?
Là, vous parlez de l'article 8 qui parle des articles 204 et 206.
L'article 6 est suspendu et, dans l'article 6, on parle de l'article 204. Si on
adopte l'article 8 et que l'article 6 est en suspens, comment peut-on jouer
avec cela? Je ne suis pas un légiste, mais...
M. Bourbeau: On pourrait peut-être suspendre
également l'article 8 et on y
reviendra tout à l'heure en même temps que l'article 6.
Êtes-vous d'accord?
Le Président (M. Saint-Roch): Êtes-vous d'accord
pour suspendre l'article 8?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 8 est suspendu.
J'appelle maintenant l'article 9.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 9 constitue
également une disposition transitoire qui a pour objet de bien
préciser que, juridiquement, le protocole d'entente en matière
d'alimentation en eau potable intervenu entre les villes de Aylmer, Buckingham,
Gatineau, Hull et Masson et la Communauté régionale de
l'Outaouais le 18 septembre 1985 constitue depuis cette date une entente au
sens du nouvel article 126.1 de la Loi sur la Communauté
régionale de l'Outaouais qu'édicté l'article 2 du
présent projet de loi.
Alors, c'est pour ratifier le protocole d'entente signé le 18
septembre 1985. On en a fait état à quelques reprises
précédemment au cours de l'étude du présent projet
de loi.
M. Dufour: L'article 9 couvre exactement l'ensemble des
municipalités où il y avait eu fusion en 1975, si je ne me trompe
pas, le 1er janvier, à l'exception de la ville de Aylmer. La ville de
Buckingham était déjà fusionnée à ce
moment-là... Oui, oui, ils peuvent le dire.
M. Bourbeau: Est-ce que vous parlez de la fusion de la ville de
Gatineau?
M. Dufour: Il y a eu des fusions à ce moment-là. Il
y a Aylmer qui n'a pas été fusionnée. La ville de
Buckingham était fusionnée.
M. Kehoe: La ville de Gatineau était fusionnée. La
ville de Buckingham était déjà fusionnée, puis elle
fut "défusionnée" par après.
M. Dufour: Est-ce que tous les problèmes inhérents
à la "défusion" de Buckingham sont réglés au moment
où on se parle?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Dufour: Est-ce que légalement, le gouvernement a permis
le "défusionnement" de Buckingham?
M. Bourbeau: Vous voulez dire un dégroupement?
M. Dufour: Un dégroupement ou "défusionnement", je
ne sais pas si...
M. Bourbeau: La loi a permis un dégroupement, vous
dites?
M. Dufour: Oui, oui. Buckingham, bien oui!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Chapleau.
M. Kehoe: Il y avait un regroupement de Buckingham, Masson,
Notre-Dame-de-la-Salette, plusieurs municipalités dont je ne me rapelle
pas le nombre, en 1978-1979. Il y a eu un dégroupement, je ne sais trop
en quelle année?
M. Dufour: Pour la fusion, c'était en 1975.
M. Kehoe: En 1975, justement. Par la suite, il y a eu un
dégroupement des municipalités de Buckingham, Masson,
Notre-Dame-de-la-Salette. Ce que je sais, c'est que tous les problèmes
légaux sont réglés.
Le Président (M, Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Le but de ma question était de savoir si des
problèmes auraient pu découler, qu'il y aurait eu des choses
juridiques non complétées, etc.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'article 9? Est-ce que l'article 9 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant l'article 10.
Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on pourrait revenir à l'article 6
avant de faire l'article 10, si vous n'avez pas d'objection?
Le Président (M. Saint-Roch): Si vous
préférez. Je rappelle maintenant l'article 6.
M. Bourbeau: J'aimerais proposer une modification à
l'article 6 qui se lit comme suit. L'article 6 du projet de loi 41 est
modifié par le remplacement dans la troisième ligne et
après le mot "additionnel", du mot "ou" par le mot "par".
L'article se lirait comme suit: "L'article 206 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans les sixième et septième
lignes, des mots "qui fixe ses honoraires, allocations, traitement ou
traitement additionnel" par "et elle a droit à l'allocation de
dépenses fixée en vertu du cinquième alinéa de
l'article 204."
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est recevable.
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: L'article 6 que vous nous rappelez, c'est que cet
article s'applique aux membres des commissions seulement.
Le Président (M, Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Au membre du conseil d'administration de la
Société d'aménagement de l'Outaouais qui remplacerait un
autre membre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: D'accord. Le président-directeur
général n'est pas touché dans cet article?
M. Bourbeau: Non, le président-directeur
général est à temps plein et il a un traitement, un
salaire.
M. Dufour: Si j'ai bien compris, bien sûr, c'est toujours
l'article dans lequel on paierait des honoraires. C'est toujours l'article
qu'on vient d'adopter tout à l'heure sur division où il est dit:
"Les membres autres que le président-directeur général ne
reçoivent aucune rémunération. Cependant, le gouvernement
peut fixer pour ces membres une allocation de dépenses applicable
notamment au remboursement des frais de déplacement et des autres
dépenses engagées pour assister à une assemblée de
la société et, le cas échéant, pour compenser la
perte de salaire découlant de la présence d'un membre à
une telle assemblée."
Vous comprendrez qu'à la lecture de cet article, c'est difficile
pour moi de me rallier d'emblée à un article qu'on vient de voter
sur division pour des raisons qui sont évidentes et qui ont pour effet
d'ouvrir la porte à de nouvelles façons de procéder et qui
sont loin d'être aussi transparentes que celles qu'on connaît et
qui pourraient donner aussi ouverture à de l'abus. Ce n'est
peut-être pas le cas au moment où on se parle, mais connaissant la
nature humaine pour ce qu'elle est, sachant aussi qu'il y a toujours des
possibilités de perdre avec le temps cette volonté extraordinaire
et magnifique qu'on avait au début d'un mandat de vouloir être
absolument transparents, que tout le monde soit traité également
et que tout le monde sache d'une façon évidente de quelle
façon on se comportait, je prétends qu'au contraire cette
façon de procéder, en changeant les règles du jeu,
ôte de la transparence à ces conseils d'administration et
Ôte de l'évidence.
Ces dépenses sont difficilement évaluables au début
de l'année. Si, dans un conseil d'administration, vous avez des gens qui
gagnent un montant X par année et que, par hasard, ils
démissionnent durant l'année et qu'on est obligé de tous
les remplacer, cela pourrait changer les règles du jeu au point de vue
de l'administration. Cela pourrait être des coûts différents
et s'ils ont besoin de se réunir régulièrement ou souvent,
cela pourrait être de nature à augmenter les coûts,
puisqu'on ne sait pas d'avance ce que cela pourrait apporter. Cela pourrait
aussi, par l'adoption de cet article, amener des administrateurs à se
poser des questions à savoir si on doit changer les heures de rencontre.
Cela va causer des problèmes. On pourrait peut-être, d'une
façon volontaire, décider qu'à l'avenir on va
siéger durant les heures de travail, puisqu'on ne perd pas de salaire et
on porte en plus le titre honorable de bénévole pour accomplir
son travail. C'est une belle récompense supplémentaire que
quelqu'un pourrait se donner, dont il pourrait se gratifier, puisqu'il
travaille pour une société d'État.
Je comprends qu'au départ c'était un but louable d'avoir
des gens qui, bénévolement, décidaient de travailler pour
l'État; ils venaient au secours de l'État, c'étaient des
sauveurs. Mais c'est rapide comme changement de philosophie d'amener des
éléments nouveaux. II n'y a pas qu'un gouvernement qui avait agi
de cette façon. C'est qu'on change des procédures qui ont
été adoptées, des règles du jeu qui ont toujours
existé selon lesquelles on devait dire publiquement à tout le
monde; Vous savez, les gens qui viennent travailler pour nous ont droit
à un montant d'argent fixe pour travailler, pour venir faire profiter la
corporation de leur compétence. C'était aussi clair à mes
yeux -et je fais peut-être une affirmation gratuite, mais en tout cas -
que les membres bénévoles, même s'ils avaient une
rémunération contre des jetons de présence, ces
gens-là n'avaient pas le droit d'exercer leur fonction et d'avoir des
contrats de leur corporation en même temps, parce que cela aurait pu
soulever un conflit d'intérêts à ce moment-là.
Je doute que la personne qui était présente à un
conseil d'administration, personne ayant un jeton de présence pour faire
profiter cette corporation de sa compétence, aurait pu profiter en
même temps d'un contrat, ce qui n'est pas le cas actuellement. Autrement
dît, ces personnes qui vont travailler à des corporations, qui
n'ont plus de jetons de présence, mais pour qui toutes les
dépenses sont payées, peuvent, tout en étant membres de la
corporation, obtenir des contrats de cette même corporation et être
payées pour faire ces travaux-là. C'est un changement majeur qui
est apporté et je pense que ce serait difficilement acceptable de se
rallier à cet
article qui entraîne le même travers, la même
façon de procéder que ce qu'on vient d'accepter
précédemment et qui a pour objet d'amener une nouvelle
façon de procéder et qui a pour effet de changer les
règles du jeu et qui traite les gens différemment.
M. Bourbeau: Une question de règlement, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je m'excuse d'interrompre le député de
Jonquière. Le temps s'écoule. J'aimerais simplement souligner -
question du règlement - que si on continue comme maintenant, il y a une
loi municipale très importante qui risque de ne pas être
adoptée. Je voudrais simplement souligner au député de
Jonquière qu'en parlant comme il le fait, pendant des demi-heures,
pendant des 20 minutes, toujours sur le même point, c'est-à-dire
la question des honoraires que pourraient avoir ou ne pas avoir les membres des
conseils d'administration des sociétés d'État, il est en
train, indirectement, de faire en sorte que la loi municipale qu'on veut faire
adopter ne puisse pas être adoptée. Je ne veux pas nier au
député de Jonquière son droit de parole de 20 minutes sur
chaque amendement, chaque sous-amendement ou chaque article mais, chose
certaine, il devra porter la responsabilité, éventuellement, de
l'adoption ou de la non-adoption d'une loi municipale très importante.
Je tenais à le souligner pour que ce soit inscrit au Journal des
débats. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): II est maintenant 18 heures.
M. le député de Jonquière, il vous restera treize minutes
à la reprise de nos travaux sur l'amendement à l'article 6. La
commission de l'aménagement et des équipements suspend maintenant
ses travaux.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
(Reprise à 20 h 17)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaîtî
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux afin de poursuivre l'étude du projet de loi 41,
Loi modifiant la Loi sur la Communauté régionale de
l'Outaouais.
Lors de la suspension, nous en étions à l'amendement
à l'article 6 et la parole était à M. le
député de Jonquière.
Il vous reste treize minutes, M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je comprends que le ministre a profité de la
fin de la séance pour rappeler qu'il y aurait peut-être des
projets de loi paralysés à la suite des prises de position de
l'Opposition concernant ces projets de loi. Il voulait me tenir un peu coupable
de tout cela. Je ne sais pas si c'était pertinent au débat. Je ne
sais même pas s'il avait le droit de le faire parce que j'étais
à faire mon intervention.
Ceci étant dit, je vais continuer mon intervention. Je vais
essayer de prouver un peu plus ce que j'ai avancé avant le souper
c'est-à-dire qu'il y a d'autres commissions qui ont siégé
aussi, il y a eu d'autres débats concernant les jetons de
présence. Contrairement à ce qui est proposé par le
Conseil des ministres à l'effet d'enlever les jetons de présence,
donc une décision gouvernementale... Au moment où l'Opposition
l'a appris, par bribes, chacun de son côté et sans qu'on se
consulte, c'est drôle comme les membres de ces commissions étant
du même parti ont réagi de la même façon. Je voudrais
vous rappeler la position de quelqu'un qui est excessivement compétent
dans le parti au pouvoir et qui est habitué de bâtonner assez
fortement ou assez vertement l'Opposition, ce qu'il ne se privait pas de faire
lorsqu'il était dans l'Opposition. Donc, d'une façon ou de
l'autre, le ministre de l'Éducation est égal à
lui-même. M. Ryan bâtonne assez souvent l'Opposition depuis qu'il
est au pouvoir, mais aussi quand il était dans l'Opposition. Il n'a pas
changé nécessairement dans le contexte où il évolue
et dans lequel aussi il s'exprime.
La question des jetons de présence est aussi venue lors de
l'étude des crédits budgétaires et à ce
moment-là, mon collègue de Laviolette, M. Jolivet, interrogeait
le ministre en lui demandant s'il était d'accord. Il disait à ce
moment-là: Je crois donc comprendre qu'il est d'accord pour le retrait
des jetons de présence aux personnes qui siègent aux organismes
gouvernementaux dont, en particulier, le Conseil supérieur de
l'Éducation et les autres comités consultatifs, comme le Conseil
des collèges ou le Conseil des universités. Est-ce qu'on poserait
cette question également pour des gens qui sont membres d'organismes
d'écoles privées? Donc, la question était: Est-ce que la
décision du Conseil des ministres de faire disparaître les jetons
de présence a été signifiée au Conseil
supérieur de l'éducation et aux organismes consultatifs qui
gravitent autour du Conseil supérieur de l'éducation? Cette
citation est du 22 avril dernier, afin d'être bien sûr. "M. Ryan:
Je vais vous raconter ce qui s'est passé. Le Conseil exécutif a
effectivement décidé il y a à peu près deux mois
que, dorénavant, la participation de citoyens qui sont invités
à siéger à des
organismes gouvernementaux se ferait à titre
bénévole et gratuit. C'est la règle générale
qui a été établie. Maintenant, il a été
prévu, lors de l'adoption de cette nouvelle discipline, que les
ministères comprenant des organismes consultatifs où des
problèmes particuliers se poseraient, auraient l'occasion de
présenter un mémoire au Conseil du trésor, afin d'obtenir
une exemption totale ou partielle suivant les cas. "Alors, dans les discussions
que nous avons eues, j'ai fait valoir les problèmes particuliers qui se
posent au Conseil supérieur de l'éducation, à nos deux
comités confessionnels. J'ai fait valoir que, suivant les statistiques
que j'avais obtenues, le taux de participation aux travaux du Conseil
supérieur de l'éducation avait été, l'an dernier,
d'à peu près 20 jours par année, je crois. J'ai fait
valoir que, parmi les personnes qui participent au Conseil supérieur de
l'éducation, il y en a qui sont déjà des professionnels de
l'éducation et qui touchent leur rémunération de leur
employeur, cela peut être des cégeps, des commissions scolaires ou
d'autres organismes publics et, dans ces cas-là, il y a effectivement un
problème de double rémunération. Mais, il y a d'autres cas
où ce sont des mères de famille, où ce sont des citoyens
de revenus et de condition modestes dont l'apport est spécialement
désiré à cause de cela. "Je me suis permis de faire valoir
le cas de ma femme, qui a siégé pendant sept ans au Conseil
supérieur de l'éducation. Il n'y avait pas de
rémunération à ce moment-là, on payait juste les
dépenses, mais à cette époque plus prospère, elle
avait un mari qui travaillait dans un journal et qui pouvait volontiers offrir
cette collaboration à l'État. Mais elle avait d'autres
collègues qui n'étaient pas capables de payer ces dépenses
seuls, surtout quand on pense à une participation de 15 à 20
jours par année. "Alors, on a compris cela au Conseil des ministres et
on a chargé les ministres qui avaient des problèmes particuliers
de communiquer avec leurs organismes consultatifs pour les inviter à
soumettre leurs représentations. Nous avons communiqué avec le
président du Conseil supérieur de l'éducation, lequel a
répondu à mon invitation en m'adressant, ces jours derniers, des
représentations concernant Ies membres du conseil et de ses deux
comités confessionnels et je compte étudier ces
représentations dans les jours prochains et, ensuite, faire les
représentations appropriées auprès du Conseil
exécutif. Je suis absolument opposé à l'application
littérale d'une telle règle. Dans le cas d'un organisme comme le
Conseil supérieur de l'éducation et de ses comités
confessionnels, je l'ai fait valoir avec l'énergie dont je suis parfois
capable auprès de mes collègues. "Maintenant, je vous donne juste
une information complémentaire. J'avais également demandé
qu'on fasse des consultations auprès des organismes qui relèvent
du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science et, de
ce côté, la réponse est différente. Au Conseil des
universités, ce sont pratiquement tous des universitaires, des
professionnels ou des hommes d'affaires qui en font partie. La réponse
de ces gens-là a été qu'ils sont plutôt
indifférents et que, par conséquent, ils ne tiennent pas du tout
à ce qu'on maintienne la politique de la rémunération. Les
réponses vont varier suivant les organismes. Dans le cas que vous avez
soulevé, celui du Conseil supérieur de l'éducation et de
ses deux comités, nous entendons faire en sorte qu'ils soient
traités suivant leur réalité propre qui n'est pas celle
d'autres organismes de l'État."
Je saute un bout, c'est la fin de la citation et je regarde ce que M.
Ryan dit un peu plus loin: Je trouve que les questions sont pertinentes. C'est
toujours sur le débat du paiement des jetons.
Donc, on se rend compte facilement, M. le ministre,
qu'immédiatement, en adoptant cette politique, vous êtes incapable
d'en faire une règle générale et que, déjà,
on prévoit des cas particuliers qui pourraient être de nature
à changer ou à différencier les règles du jeu selon
l'endroit où on est, selon la force du ministre, selon la position d'un
organisme par rapport à un autre et selon aussi la valeur de
l'organisme. Il y a toutes sortes de si. Il y a un contexte qui fait que c'est
difficilement acceptable ou applicable, sans qu'il y ait des changements
quelque part, sans que le ministre soit obligé de faire du cas par
cas.
Je pense que, dans un organisme aussi important que le gouvernement, on
a intérêt à mettre des règles du jeu claires pour
l'ensemble des partenaires, pour l'ensemble des gens qui participent à
son fonctionnement. À ce moment-là, j'ai l'impression qu'on
s'enlève une pression sur le dos. On ferme la porte à toute
critique qui pourrait être soulevée, puisqu'en faisant une
règle générale et non du cas par cas, des cas
particuliers, même si cela dépend des groupes, cela sera de nature
à éclairer et à éclaircir le paysage de cette
question. À mon avis, elle va devenir de plus en plus
controversée parce que je pense qu'à ce jour, nous avons
déjà changé les règles du jeu jusqu'à un
certain point. Nous serons obligés de prévoir d'autres
règles dans les lois. Ces règles vont faire boule de neige. Elles
vont continuer à s'établir partout et, selon l'organisme, si on
est obligés de faire du cas par cas et selon les décisions qu'on
aura à vivre, je persiste à croire que les changements qui sont
proposés vont nous amener dans des situations telles, si l'on a
peut-être voulu récupérer de l'argent,
qu'effectivement cela devrait augmenter les coûts. À la
longue, cela ne récompensera absolument personne. Les organismes qui
siégeaient le soir vont penser à siéger le jour. Comme les
salaires vont être payés, cela pourrait être une incitation
ou une tentation très nette pour que ces gens siègent en plein
jour plutôt que de travailler le soir et de conserver leur titre de
bénévole.
M. le ministre, il faudra peut-être déterminer qu'il y a
des bénévoles qui ne sont pas bénévoles et qu'il y
a des bénévoles qui sont bénévoles. Je ne sais pas
comment on va s'en sortir, mais je pense qu'on est en train d'enlever à
ce terme: bénévole, toute sa saveur, toute sa valeur, tout ce que
cela représente aux yeux de l'ensemble de la population. On sera
peut-être obligés d'inventer un autre nom, dans nos
municipalités, pour dire à des gens, lorsqu'ils font du travail
bénévole, je ne sais pas comment on pourra vous appeler. Il
faudra trouver un autre nom pour leur montrer qu'ils sont vraiment des
bénévoles. Des bénévoles gouvernementaux, je ne
sais pas si ce sera la BG ou...
En même temps, je pense que ceia va continuer à causer
certains problèmes. Il est sûr que ce n'est pas la position
gouvernementale proprement dite qui nous dit: Nous, nous pouvons être
d'accord avec ce que vous dites. C'est bien sûr! C'est normal que le
gouvernement n'entende pas ou entende difficilement, qu'on ne puisse pas parier
trop, même que le parti au pouvoir ne parle pas beaucoup
là-dessus. C'est le propre d'un gouvernement que de ne pas trop parler.
Vous savez, quand on parle, parfois cela revient contre nous. Parfois, on cite
des discours qui ont été faits, on retourne dans les papiers et
on regarde ce qu'un a dit par rapport à l'autre. Déjà, on
sent chez une personne qui a tout de même une crédibilité
certaine... Le ministre de l'Éducation dit: On ne peut pas appliquer
cela littéralement. On est obligé déjà au
départ d'apporter des changements à notre politique. On est
obligé de faire du cas par cas. Je n'appelle pas cela de la rigueur;
j'appelle cela, comme on a taxé souvent des décisions d'autres
gouvernements, du laxisme, de la facilité, et surtout de l'ouverture
à la critique.
Je pense que si cela fatigue l'autre côté de
m'écouter, on pourra lui permettre de se fermer les yeux et même
de se mettre des ouates dans les oreilles, cela ne me dérange pas du
tout, parce qu'on dit: C'est écrit au Journal des débats.
Une voix: J'ai du renfort ce soir.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, il est présentement
20 h 30, nous sommes toujours aujourd'hui - je dis ceia pour qu'on puisse le
savoir - le 12 juin. Nous sommes en commission parlementaire depuis midi,
aujourd'hui. Nous avons comme menu législatif treize lois à
examiner et je signale que l'Opposition, dans les négociations qui ont
eu lieu, a consenti à laisser tomber six lois. Nous en avions 19 au menu
législatif et, lors des négociations, nous avons consenti
à en laisser tomber six. Il reste treize projets de loi à
étudier en commission parlementaire; nous en avons étudié
un depuis midi, aujourd'hui, et il est 20 h 30. (20 h 30)
Nous écoutons depuis environ trois heures le député
de Jonquière, qui nous fait un "filibuster" sur un point, sur une
question qui a trait à la décision du gouvernement de demander
aux individus qui siègent aux conseils d'administration des
sociétés d'Etat, des régies, etc., de ne pas percevoir de
traitements ou de jetons de présence. Le gouvernement a
décidé, comme politique gouvernementale, de ne pas accepter de
payer des jetons de présence ou des salaires aux gens qui siègent
aux différents conseils d'administration. On peut être d'accord
avec la mesure, on peut ne pas être d'accord; manifestement, le
député de Jonquière n'est pas d'accord. C'est son
privilège, c'est son droit que je ne lui conteste pas. Cependant, dans
le cas qui nous concerne ici, nous avons des lois à caractère
municipal à voter. Il y a des lois qui sont très importantes, qui
doivent venir éventuellement ou qui ne viendront peut-être pas, je
ne le sais pas, parce qu'au rythme où on est parti il ne semble pas
qu'on va pouvoir se rendre très loin. Je cite, entre autres, la Loi sur
les cités et villes qu'on doit amender, le Code municipal, la Loi sur la
fiscalité municipale, la Loi sur les travaux municipaux...
M. Blais: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: J'aimerais que vous demandiez à l'intervenant,
qui est le ministre, de citer l'article ou l'amendement dont il parle; c'est
pour la pertinence du débat.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...je reconnais que le député de
Terrebonne a raison. Je vais immédiatement terminer mon intervention et
soulever moi-même une question de règlement.
M. le Président, j'interviens sur une
question de règlement. Là, je pense que je suis
très pertinent parce que je veux simplement signaler à la
présidence, ainsi qu'au député de Jonquière,
certaines choses. Nous avons un menu législatif qui, maintenant,
contient treize lois; il y en avait dix-neuf, il en reste treize. Le
député de Jonquière a choisi, manifestement - je pense que
c'est évident - de "filibuster", autrement dit, de faire de
l'obstruction sur le projet de loi que nous étudions
présentement, c'est-à-dire le projet de loi 41, la Loi modifiant
la Loi sur la Communauté régionale de l'Outaouais. Le seul point
sur lequel il parle depuis bientôt trois heures, c'est son objection
à ce que le gouvernement interdise les traitements et les allocations
aux membres des conseils d'administration.
Je répète que le député de Jonquière
a le droit de s'opposer à la mesure. Cependant, ce faisant, il met en
péril tout le menu législatif du gouvernement. Je signalerai au
député de Jonquière que cela fait maintenant un an que le
gouvernement du Québec n'a pas adopté...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre...
M. Bourbeau: ...une seule loi en matière...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre...
M. Bourbeau: ...municipale.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre...
M. Blais: M. le Président, je sais que vous n'êtes
pas capable de me donner la parole sur une question de règlement quand
quelqu'un a déjà...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne...
M. Blais: ...soulevé une question de règlement. Je
le sais, mais encore faut-il que vous vous rendiez compte que ce n'est pas une
question de règlement, c'est un discours sur les positions que chacun
des partis prend. M. le Président, je vous demanderais d'avertir le
ministre qu'il ne parle pas sur une question de règlement.
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question de
règlement...
M. Blais: II a une très belle voix, mais ce n'est pas une
question de règlement.
M. Bourbeau: ...soulevée par le député de
Terrebonne, au contraire, je soutiens que le point sur lequel j'interviens
présentement est un point de règlement; cela porte sur les
travaux...
M. Blais Quel article, M. le ministre?
M. Bourbeau: ...de la commission. Dans ce sens-là...
M. Blais: Quel numéro?
M. Bourbeau: ...un député peut parler sur les
travaux de l'Assemblée...
M. Blais: Après la période de questions en
Chambre.
M. Bourbeau: ...de la commission.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blais: Après la période de questions en
Chambre.
M. Bourbeau: Non, c'est prévu dans le règlement
qu'on peut s'exprimer sur les travaux de la commission.
M. Blais:: À quel article, M. le Président?
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'ai entendu les revendications des deux côtés. Nous
avons...
M. Bourbeau: M. le Président, je vous signale que je n'ai
pas terminé ma question de règlement.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, sur une question de
règlement, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question de
règlement, j'étais en train de dire - et je vais terminer...
M. Blais: M. le Président, quel numéro de notre
règlement permet au ministre de nous parler d'une question de
règlement? S'il vous plaît!
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que le
député de Terrebonne peut nous dire quel numéro du
règlement interdit ce que je suis en train de faire présentement?
Alors, dites-le donc, M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Un instant.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je vais rappeler les articles de notre code de procédure.
À l'article 39, pour une violation du règlement: "Un
député peut, à tout moment, signaler une violation du
règlement. Il doit le faire avec diligence, en mentionnant l'article du
règlement qu'il
invoque et en limitant son exposé strictement au point
soulevé."
M. Blais: Quel article...
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le ministre.
J'ai accepté des questions de règlement des gens des deux
côtés de la table, sans qu'il y ait mention de l'article qui
était violé. Pour la bonne marche de nos travaux, je demanderai
aux députés des deux côtés de cette table de
respecter l'article 39.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): J'aimerais aussi demander
aux membres des deux côtés de cette table de revenir à
l'amendement sur lequel on était en discussion, soit l'article 6.
M. Bourbeau: Je regrette, mais je n'ai pas encore terminé
ma question de règlement et je pense avoir le droit en vertu de nos
règlements de faire le genre d'intervention que je fais qui est de
nature à améliorer la marche des travaux de la commission. Mais
je suis convaincu, M. le Président, que quelque part dans le
règlement... Je peux vous poser une question de directive: Est-ce que le
président pourrait m'indiquer, parce que je n'ai pas mon
règlement avec moi, quel est le numéro du règlement qui
permet de faire ce que je suis en train de faire?
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais suspendre pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 37)
(Reprise à 20 h 39)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Voici. Je pense que j'ai été clair en citant l'article 39
de nos règles de procédure qui stipule qu'un député
peut intervenir en tout temps, mais en citant l'article qui a été
violé.
Deuxièmement, j'aimerais rappeler aux députés des
deux côtés de la table que depuis le début de nos travaux,
nous sommes ici pour exécuter un mandat qui nous a été
confié par l'Assemblée nationale, soit d'étudier des
projets de loi article par article.
Je tiens à rappeler aussi aux députés des deux
côtés de la table qu'on a des règles de procédure
qui décrivent clairement la manière de faire les choses au cours
de notre commission. Si je prends l'article 245, le temps de parole dont
disposent les membres de la commission sur les amendements et les
sous-amendements est de 20 minutes. À tout instant, cet article 245 a
été respecté depuis le début de nos travaux.
À ce moment-ci, j'aimerais signaler à tous les
députés que nous en sommes à l'amendement à
l'article 6 et j'aimerais, pour la bonne marche de nos travaux et pour
exécuter le mandat qui nous a été confié, que nous
revenions à l'amendement de l'article 6.
M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement. Depuis 3 heures, vous avez permis au député de
Jonquière de prendre la parole sur un même sujet, et ce, sans
l'interrompre. Vous l'avez laissé parler continuellement et à de
très nombreuses reprises, au cours de cette période-là, il
a divagué... Je vais retirer le mot "divagué" tout de suite. Je
le retire. Il a divergé sur -je pense que le député de
Jonquière est un peu plus heureux de ce mot-là - des parties qui
étaient absolument non pertinentes au 3ujet et nous ne l'avons pas
interrompu. Nous ne l'avons pas interrompu parce que nous pensions que
c'était dans l'intérêt de la commission de ne pas susciter
de débat. Ce que je veux dire, en vertu du règlement, c'est que
la tolérance que le Président a eue à l'égard du
député de Jonquière, manifestement, ne semble pas
s'appliquer au parti gouvernemental. Je vais terminer là-dessus, parce
que vous ne semblez pas être trop sympathique à ma question de
règlement. Mais je dirai simplement ceci: Si le député de
Jonquière n'est pas d'accord avec la question en discussion, c'est
l'article 6 - en disant cela, je pense que je suis très pertinent, parce
que je réfère à l'article 6 -c'est son droit de ne pas
être d'accord sur l'article 6 ou l'amendement que nous apportons à
l'article 6. Je ne nie pas que le député de Jonquière
puisse, quand il veut, s'opposer à l'amendement de l'article 6 et
à la substance de l'amendement de l'article 6. Cependant, je l'ai dit au
député, il n'est pas en mon pouvoir, même si je voulais
être complaisant envers lui, de modifier l'article 6 ou de donner suite
à ses demandes, puisqu'il s'agit d'une décision du Conseil des
ministres et qu'un ministre ne peut pas la renverser unilatéralement
à une table de commission parlementaire. Donc, c'est physiquement
impossible, même si le député voulait en parler pendant
deux jours, je n'ai pas le pouvoir de consentir à l'amendement. Donc,
cela règle la question.
Ce que je dirai, cependant, c'est que le député de
Jonquière a une bonne réputation, a été maire
pendant de nombreuses années et président de l'Union des
municipalités du Québec. Il est considéré comme un
homme sérieux. Il était considéré comme un homme
sérieux dans le milieu. Actuellement, le
député est en train de mettre en péril toute la
législation municipale alors qu'il n'y a pas eu une seule loi
adoptée par le Parlement du Québec depuis un an en matière
de législation municipale et que les unions de municipalités et
les municipalités réclament à grands cris des amendements.
Je trouve malheureux qu'un homme sérieux comme le député
de Jonquière se permette pendant trois heures de parler pour perdre du
temps sur une question qui n'a absolument pas d'importance et qu'on ne peut pas
changer de toute façon,
Je trouve, M. le Président, que c'est malheureux. J'espère
que le député de Jonquière va s'amender dans les
prochaines minutes.
M. Dufour: II s'adresse à moi directement.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Dufour: Je soulève un point d'ordre. Je pense que quand
il parle il doit s'adresser au président. Je ne sais pas quel est ce
numéro de l'article. Je ne pense pas qu'il doive s'adresser au
député de Jonquière comme tel concernant son comportement.
Je ne pense pas que je mette en danger qui que ce soit, je ne suis pas un gars
armé. Je pense que je suis un type qui fait son travail au meilleur de
sa connaissance, je suis un député. Je ne suis plus
président de l'Union des municipalités, je ne suis plus maire non
plus et je ne pense pas que j'aie gardé le même chapeau. Je viens
travailler au meilleur de ma connaissance pour qu'on avance. Mais je n'ai pas
juste à décider des questions municipales. Si j'ai parlé
de ces choses, c'est parce que je considère que cela a une importance
qui dépasse ce cadre.
En tout cas, j'aurai à y revenir parce qu'on va parler de
l'amendement. Je ne sais pas si mon collègue veut intervenir?
Une voix: ...mon droit de parole, s'il vous plaît.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous ai entendu. Y a-t-ii
d'autres interventions sur l'amendement à l'article 6? M. le
député de Terrebonne.
M. Blais M. le Président, je vous remercie beaucoup. Je
tiendrais à dire que la position que vient d'adopter, pour cet
amendement, le député de Jonquière n'est pas une position
personnelle mais une position du parti, de l'Opposition. Nous nous opposons
à cette façon de procéder pour payer les gens, à
cette nouvelle façon que vous amenez.
J'ai toujours passé pour un type qui était constructif et
je suis là pour vous aider. Je viens ici pour vous aider pour que les
projets qui concernent les municipalités soient plus
étoffés, beaucoup mieux montés et beaucoup plus productifs
pour l'ensemble des citoyens et des citoyennes. Nous sommes ici comme soutien
au parti gouvernemental. Nous sommes ici pour vous aider et nous sommes
excessivement sincères. Ceux qui me connaissent depuis quelques
années, de l'autre côté, connaissent ma
sincérité à ce sujet. Je ne voudrais pas non plus, en
laissant passer un article comme celui-là de la façon dont il est
rédigé, je ne voudrais pas que cet article... Ce n'est pas
bonifié. S'il sort tout nu comme il est là, dans cet article de
loi, il faudrait absolument l'habiller un peu parce que là, il est
indécent. Alors, je suis ici pour vous aider à mettre un costume
de décence à cet article que vous voulez sortir comme cela. (20 h
45)
Vous vous en allez Gros-Jean comme devant avec un article qui n'a pas
l'habillement qui lui convient ou qui lui siérait si vous l'aviez
regardé d'un peu plus près. Ce n'est pas une sculpture que vous
présentez au monde. Alors, je suis ici parce que: Si vous laissez sortir
cet article comme il est écrit, votre image va être
obstruée. Il va y avoir un peu de brume autour et on va sentir des
odeurs de marécage autour de votre statue. Je ne voudrais pas... Que
j'aimerais, M. le ministre, que vous compreniez les bonnes intentions que nous
avons de ce côté-ci. Je ne suis pas...
Une voix: Comme il est bon!
M. Blais: Écoutez, je suis bon, mais je ne suis pas
bonasse, alors arrêtez de me le dire.
M. le ministre...
Une voix: De ta vraie comédieï
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Terrebonne.
Une voix: ...là, on s'amuse.
Le Président (M- Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaîtl M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Je vous remercie, M. le Président, mais je tiens
à vous dire que j'ai une intervention à faire. Je vais
écouter avec silence les gens qui auront à en faire une de
l'autre côté, qu'ils viennent de la scène ou qu'ils fassent
des mises en scène, je ne veux pas qu'ils fassent de scènes ici
quand on parle. Vous avez droit à votre temps de parole, j'ai droit au
mien. Je suis ici pour vous aider, alors laissez-moi la chance de vous
aider.
Mme Bélanger: Parlez, là!
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blais: Merci, Mme la députée de
Mégantic-Compton. Elle, elle comprend. Je savais que je trouverais
refuge sur un banc de l'autre côté. J'en étais
persuadé et je saute sur ce fauteuil qui me tend les bras, M. le
Président.
Des voix: Ha! ha!
M. Blais: Je vous remercie de m'aider. Alors, parlez à
votre droite pendant que je vais m'adresser au ministre. Arrangez-vous pour que
le député qui est le deuxième à votre droite soit
intéressé à autre chose qu'à ce que je dis, parce
que je voudrais être productif pour le ministre.
Alors, je ne veux pas être un iconoclaste de votre image. C'est
tout simplement cela. Parce que des iconoclastes politiques, il en traîne
assez; surtout que votre loi est pusillanime. Elle est pusillanime. Alors, une
loi pusillanime, mal habillée, mal vêtue qu'on nous
présente comme cela... Vous savez qu'à 20 h 45, ce n'est pas une
heure indue, il y a des gens qui nous écoutent. Il y a des gens qui
savent ce qui se passe ici.
Mais, M. le Président, avez-vous déjà vu un article
de loi aussi pusillanime que celui-là? Non. Si je m'écoutais, je
ferais une scène et je deviendrais purpurin, je vous le jure. Je
deviendrais purpurin.
Une voix: C'est quoi, cela?
M. Blais: Purpurin, c'est la couleur des fauteuils ici. C'est
cela.
Personnellement, je ne voudrais pas laisser aller cet article-là
comme il est, M. le Président. Voulez-vous, s'il vous plaît?
Surtout que le président du Conseil du trésor, au mois de mai,
dans une revue, L'Actualité, qui est très connue... Je suis
persuadé que vous êtes au courant de l'actualité et que
vous lisez même L'Actualité. Il a dit que les jetons de
présence étaient terminés. On enlève d'une main et
on donne de l'autre: c'est ce que vous voulez faire. Il va y avoir une
compensation pour le salaire des gens qui y assistent. Une compensation de
salaire, de perte de salaire, pour les gens qui y assistent! Est-ce qu'on va
être obligé de regarder le rapport d'impôt de ces
gens-là et seront-ils obligés d'apporter leur T-4 quand ils
assistent à une assemblée? Ils vont dire: Cette semaine, je fais
103 $ l'heure et si je suis ici deux heures, donnez-moi 206,39 $. Voyons donc!
C'est de la démence. Qui peut avoir pensé à une chose
comme cela, sinon une politique écrite sur une flèche
lancée par hasard dans les forêts du Texas?
Cela n'a pas de sens, M. le Président.
Il n'y a pas de fond dans cette affaire. Il n'y a pas de fond. Vous
êtes sans cible. Votre flèche n'arrivera pas sur une cible parce
que vous êtes sans cible. Vous êtes sans cible, on ne peut pas vous
atteindre. On ne peut pas vous atteindre, vous êtes sans cible. Mais je
voudrais, même si vous êtes sans cible, que vous soyez sensible
à ce que je dis. C'est deux façons. C'est comme "Aux âmes
bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années." Mais
dans votre cas, vous écrivez l'avaleur avec l'apostrophe. On voit tout
disparaître. Cela s'écrit en deux mots. C'est "la valeur", sans
"1" apostrophe. Alors, il faut que vous soyez sensible à ce qu'on dit et
non sans cible pour les flèches qu'on vous envoie. C'est deux
façons d'écrire sensible. Je suis ici pour vous aider. Je
voudrais donc que vous m'écoutiez.
Une voix: On ne fait que ça.
M. Blais: Vous m'entendez, mais vous ne m'écoutez pas.
Vous m'entendez, mais vous ne m'écoutez pas! M. le ministre, si vous
décidez, - vous dites que vous n'avez pas le pouvoir de le faire? Vous
avez certainement le pouvoir de changer cela - si vou3 changez cela - je vous
donne une chance - nous allons adapter cela comme ça. Et pour les lois
que vous avez à faire adopter ce soir, demandez à mon
confrère, je vous jure que nous allons être productifs. Nous
sommes ensemble ici pour le bien de la collectivité, pour vous aider
à conserver l'image - c'est une image que vous ne méritez pas -
que vous avez projetée dans la population et qui est encore assez bonne.
Je suis content qu'elle soit encore assez bonne. Il faut que cela dure un peu,
parce qu'il faut que cela baisse avant les élections, mais elle va
bien.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blais: Un peu de sérieux, M. le ministre. Votre image
baisse, mais pas au rythme que je voudrais. Vous savez que le meilleur
gouvernement que le Québec ait connu, c'est le gouvernement de Jean
Lesage. Vous savez cela, j'espère? C'est te gouvernement de Jean Lesage
qui a été le meilleur. Le premier fut le nôtre, mais le
meilleur de tous, à part le nôtre, c'est le gouvernement de Jean
Lesage. Dans cette loi-là, on ne voit pas que vous descendez de Jean
Lesage, ou plutôt, on voit que vous descendez de lui, vous ne remontez
pas. Vous descendez vraiment de Lesage. J'aimerais vous donner des idées
pour qu'on sente que vous montez de Jean Lesage, que vous remontez de lui, le
meilleur gouvernement qu'on ait jamais eu. Là, on sent la descente. Vous
êtes dans la pente descendante de la
noblesse des législateurs. J'aimerais bien que vous mettiez les
freins. Mon confrère et moi, nous sommes prêts à continuer
ce projet de loi, parce que je crois que c'est presque inutile, malgré
nos arguments de classe et de valeur, car il semblerait, M. le ministre, que
vous ne vouliez rien changer. Nous allons être obligés,
malgré nous, de laisser aller cet article qui va être
néfaste pour votre image. Vous aurez été les provocateurs
de votre chute dans la descente de popularité, par une loi arbitraire,
qui protège les riches. Les gens qui ont un gros salaire vont avoir une
grande compensation pour être des bénévoles payés
dans vos associations et les gens un peu moins bien nantis auront une
compensation un peu plus basse.
Vous savez, ce ne sont pas toujours les choses les plus longues qui sont
tes plus remarquées. Ce ne sont pas toujours les choses les plus longues
qui sont les mieux remarquées. Ce ne sont pas toujours les gens qui sont
les plus grands qu'on remarque dans une société. Pensez à
Napoléon. Pensez à René Lévesque. C'étaient
des gens très courts, mais je suis persuadé quand vous regardez
devant vous, nous ne sommes pas à la télévision, mais ce
ne sont pas toujours les choses les plus longues qui sont les mieux
remarquées. Faites attention, M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: La pertinence, M. le Président.
M. Blais: L'article est court. C'est pertinent. Je voudrais qu'on
le raccourcisse encore. Je dis M. le ministre que votre article est trop long.
Je voudrais que vous en coupiez un bout. Cela va être remarqué. Il
n'y a rien de spécial dans ça. C'est pertinent. C'est très
pertinent. C'est l'article 5, et je voudrais qu'il devienne quatre et demi. Je
voudrais que vous en otiez un morceau. Le morceau que vous compensez selon la
perte de salaire. On ne perdra pas plus de temps avec cet article-là,
n'est-ce pas mon cher confrère? J'aimerais bien que vous me disiez, dans
une minute, si vous condescendez à faire un petit changement? Sinon,
pour le bien de la loi, on sera obligé d'y aller de façon
productive.
Je crois m'être exprimé de façon assez claire. Je
pense que c'est tout ce que j'ai à dire sur cet article-là. Je
suis heureux d'avoir été écouté avec autant de
gentillesse et je suis heureux que le sourire vous soit revenu. Vous me
sembliez très très tendu, il y a quelques minutes. Mes vingt
minutes ne sont pas finies.
En conclusion, je vois un rictus de complaisance sur votre figure
attendrie, maintenant. Elle est moins récalcitrante et
rébarbative qu'à mon arrivée. Que tous de l'autre
côté de la table en soient loués et, s'il est possible,
commençons et procédons. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, sur
l'amendement à l'article 6.
M. Bourbeain M. le Président, c'est avec plaisir que nous
avons accueilli le spectacle très rafraîchissant du
député de Terrebonne qui nous a un peu reposé, je dois
dire, de ce que nous avait fait endurer depuis trois heures le
député de Jonquière. Je dois dire qu'il y une similitude
entre les deux. Les deux sont venus pour faire perdre le temps de la commission
parlementaire, mais je dois dire que "filibuster" pour "filibuster", je
préfère le style du député de Terrebonne au style
du député de Jonquière. Au moins, avec le
député de Terrebonne, M. le Président, le temps passe un
peu plus vite qu'avec le député de Jonquière.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaîtl J'aimerais qu'à partir de ce moment-ci et pour la bonne
marche de nos travaux futurs, dans la période qui nous a
été confiée pour accomplir notre mandat, nous nous en
tenions à l'article 211 et que nous revenions, s'il vous plaît,
à l'amendement à l'article 6.
M. Bourbeau: M. le Président, toujours au sujet de
l'amendement à l'article 6, je pense bien qu'on peut prendre une minute
ou deux, puisque l'Opposition a pris un peu plus que cela au cours des trois ou
quatre dernières heures. Nous aussi, M. le Président, nous
aimerions étudier l'amendement à l'article 6, mais c'est depuis
à peu près 17 heures cet après-midi que nous attendons de
faire adopter l'article 6 et le député ne nous parle que de sa
marotte, soit le traitement additionnel que ne devraient pas recevoir les gens
qui siègent aux organismes gouvernementaux ou aux sociétés
d'Etat. C'est ce dont traite l'article 6, et vous admettrez que mon propos est
très pertinent et je ne voudrais quand même pas que vous
m'interrompiez alors que je parie de l'article 6.
Ce qui est malheureux dans tout ça, c'est qu'à 21 heures,
nous sommes toujours à l'article 6 du même projet de loi 41, Loi
modifiant la Loi sur la Communauté régionale de l'Outaouais.
C'est seulement le deuxième projet de loi que nous étudions
depuis midi, et, au rythme où nous progressons, à moins que
l'Opposition ne décide d'être un peu sérieuse, nous nous en
allons littéralement à la catastrophe et le monde municipal devra
attendre l'automne prochain avant d'avoir un minimum de lois. Je trouve cela un
peu malheureux. L'article 6, quant à moi, ne revêt pas vraiment
une
importance telle qu'on doive en parler pendant trois heures. Quand on
relira, demain ou après demain, les propos qu'ont tenus les
députés de l'Opposition, soit le député de
Jonquière, soit le député de Terrebonne sur l'article 6,
on comprendra quel était le véritable objectif de l'Opposition et
je ne pense pas que le monde municipal sera très fier de voir de quelle
façon l'Opposition se moque littéralement des lois municipales,
face au minimum de sérieux que doit avoir un député
lorsqu'il accepte le mandat de servir ses électeurs.
Ceci étant dit, M. le Président, je veux croire que les
paroles qu'a prononcées le député de Terrebonne sont une
indication que l'Opposition aurait peut-être cessé son obstruction
systématique et quant à moi, si l'Opposition est prête
à voter ou à prendre une décision concernant l'article 6,
de notre côté, je pense qu'on est prêt à
l'adopter.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'article 6 est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Dufour: Sur division.
M. Baurbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 6
amendé est adopté?
M. Dufour: Avant de l'adopter, M. le Président, j'aurais
aimer revenir sur l'article. Je pense que les propos du ministre sont des
propos de professeur d'école, d'inspecteur et de personne qui veut
donner des leçons à tout le monde et je peux lui dire, au
départ, que je n'ai pas de leçon à recevoir du ministre
des Affaires municipales. Je suis ici comme critique de l'Opposition
officielle. Je suis ici comme député. Tant que j'exercerai cette
fonction, je n'accepterai pas qu'un ministre vienne me faire la leçon
comme il l'a fait tout à l'heure. Il n'a pas le droit de faire
ça. Quand il était dans l'Opposition, il a fait son travail comme
il a voulu, comme il l'a entendu. Quand il vient nous accuser de faire des
"filibusters" après trois heures de travail, cela ne le regarde pas. On
va faire notre job comme on doit la faire et la job d'une Opposition
responsable c'est de la faire de la manière qu'elle l'entend. Quand il
était dans l'Opposition, il a fait sa job comme il a voulu. Je me suis
informé auprès d'autres collègues qui ont travaillé
avec lui et je pense qu'à ce moment-là, il faisait ce qu'il avait
à faire. Ce que je lui dis: La paixl On va faire notre job. Il prendra
le temps qu'il faut, il a beau être pressé, pas pressé; mon
temps est aussi précieux que le sien. Je suis député. Je
suis critique de l'Opposition. Le monde municipal jugera selon ce qu'il doit
juger. J'attendrai pas le bon plaisir du ministre. Je ne ferai pas de
complaisance à son endroit pour essayer d'avoir quoi que ce soit. (21
heures)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Dufour: Vous allez vous apercevoir que je ne suis pas un
mouton.
Le Président (M. Saint-Roch): J'aimerais qu'on en
revienne... À l'ordre, s'il vous plaît! Nous en sommes à
l'article 6. Est-ce que l'article 6, tel qu'amendé, est
adopté^
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Je rappelle l'article 8.
À l'intention de M. le député de Terrebonne, avant la
suspension des travaux, les articles 7 et 9 avaient été
adoptés. Les articles 6 et 8 avaient été mis en suspens.
Alors, je rappelle l'article 8.
M. Bourbeau: L'article 8 constitue une disposition transitoire
qui prévoit que le nouveau régime relatif à la
rémunération des membres de la Société
d'aménagement de l'Outaouais s'applique à compter de la date
d'entrée en vigueur de la présente loi. M. le Président,
j'aimerais introduire un papillon...
Une voix: Adopté.
M. Bourbeau: ...une modification à l'article 8, tel qu'il
apparaît présentement...
Une voix: Adopté, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, il est adopté par
l'Opposition, mais non pas par le gouvernement. Or, cela prend deux partis pour
l'adopter.
M. Blais: Dépêchez-vous!
M. Bourbeau: La modification que je voudrais apporter à
l'article 8 est la suivante. Article 8: L'article 8 du projet de loi 41 est
modifié par le remplacement, dans la troisième ligne, de "1er
septembre 1986" par "(la date de sanction de la présente loi)". M. le
Président, la raison de cet amendement, c'est de rendre l'article 8 de
concordance avec l'article 10 où on va également introduire une
modification tout à l'heure et c'est surtout pour donner suite à
la demande de la ville d'Aylmer qui attend la sanction de la présente
loi pour faire des travaux municipaux, travaux qui sont jugés urgents et
importants par ladite ville.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement à l'article 8?
M. Dufour: En fait, vous décidez au départ, au lieu
de vous référer à l'article 10, de répéter
deux fois le même article. Au lieu de vous référer à
l'article 10, vous dites: Selon la loi qui porte tel numéro...
M. Bourbeau: Non. M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La justification de cet amendement est la suivante:
Plutôt que de faire en sorte que les articles entrent en vigueur le 1er
septembre 1986, notre intention est de faire en sorte que ta mise en vigueur
soit préalable au 1er septembre 1986, soit aussitôt que la
présente loi aura été sanctionnée. La même
chose s'appliquera tout à l'heure à l'égard de l'article
10.
M. Dufour: Je ferai une remarque. On est habitué d'avoir
des amendements même si les lois n'ont pas beaucoup d'articles. C'est le
même stratagème qui est commencé depuis le début de
l'étude des projets de loi et même des projets de loi
privés, même si on nous dit que c'est écrit par les
procureurs des municipalités ou des gens qui demandent des projets de
loi privés. On se rend compte que c'est le même stratagème:
on nous arrive avec des amendements. Il y a déjà trois papillons
dans cette loi qui a dix articles. Si ce n'est pas un record, c'est une grosse
moyenne. Comme on veut moins légiférer à l'avenir,
peut-être que cela va diminuer. On va laisser aller les choses. Ce
n'était peut-être pas préparé.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'article 8 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M, Saint-Roch): Adopté. J'appelle maintenant
l'article 10.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Il y a aussi un papillon à
l'article 10.
M. Bourbeau: C'est cela, M. le Président. À
l'article 10, nous avons un amendement qui se lit comme suit: L'article 10 du
projet de loi 41 est modifié par le remplacement de, entre guillemets,
"1er septembre 1986" par, entre guillemets, ouvrons une parenthèse et ce
sera "(la date de la sanction de la présente loi)", fermez la
parenthèse et fermez les guillemets.
M. le Président, cet amendement est dans le même sens que
l'amendement que nous avons inclus à l'article 8 et également
pour les mêmes raisons.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des interventions
sur l'amendement à l'article 10?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement à
l'article 10 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 10 amendé
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le titre du projet de loi
41, Loi modifiant la Loi sur la communauté régionale de
l'Outaouais est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le projet de loi
amendé est-il adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission va suspendre
ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 7)
(Reprise à 21 h 13)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Projet de loi 43
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux pour procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 43, Loi modifiant la Loi sur la
Communauté urbaine de Montréal. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas de remarques
préliminaires à faire à ce moment-ci. Je ferai des
remarques lorsque nous arriverons à l'étude des articles du
projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: On n'aura pas de remarques. Ce serait juste pour faire
mentir le ministre ou lui donner raison, si je commençais à
parler sur un projet de loi, parce qu'il a parlé de treize projets de
loi. Je ne sais pas comment dire, c'est tellement une mini-loi qu'on ne peut
pas en parler longtemps. Si vous voulez appeler tes articles, vous allez
voir qu'on va les passer vite - mais ce n'est pas pour faire plaisir au
ministre. Je voudrais qu'il s'enlève cela de la tête.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Surtout, qu'il ne pense pas cela.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 1.
M. Bourbeau: Je prends note des bonnes dispositions du
député de Jonquière et je signale que l'article 1
insère, dans la Loi sur la Communauté urbaine de Montréal,
un pouvoir qui permettra à celle-ci de confier à une personne
autre que la Société québécoise de l'assainissement
des eaux un contrat d'exploitation d'un ouvrage d'assainissement des eaux
usées sur son territoire. Cette disposition est du même ordre que
celle introduite dans la loi des deux autres communautés et sera
également inscrite dans la Loi sur les cités et villes et dans le
Code municipal.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 1?
M. Dufaur: La seule remarque, c'est que je ne veux pas mettre en
danger la vie des municipalités du Québec. Je suis prêt
à voter, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Ssint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 2.
M. Bourbeau: L'article 2 constitue une disposition de concordance
avec un amendement apporté en 1985 à la Loi sur la
fiscalité municipale, qui faisait disparaître le régime
particulier applicable aux boisés.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 3.
M. Dufour: L'article 3 indique que le projet de loi 43 entrera en
vigueur le 1er septembre 1986.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Pourquoi la date du 1er septembre? On est le 12 juin.
C'est quoi, ça?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est que les municipalités, dans ce cas-ci
la communauté urbaine de Montréal, ont besoin d'une certaine
période de temps pour prendre connaissance du projet de loi,
après qu'il aura été adopté, pour l'assimiler et
pour faire en sorte de mettre en place les dispositions qui leur permettront de
s'y conformer. Nous préférons, lorsqu'il n'y a pas d'urgence
grave, accorder aux municipalités une période de deux à
trois mois avant l'entrée en vigueur de la loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je ne comprends pas trop. C'est sûr que le
ministre doit avoir des renseignements beaucoup supérieurs à ceux
que je possède lorsqu'il dit: il faut qu'ils assimilent la loi. À
moins qu'il y ait une loi que je ne connaisse pas, il y a deux articles. C'est
une question de donner un pouvoir: Elles peuvent ou elles ne peuvent pas; elles
ne sont pas obligées. La communauté peut conclure un contrat avec
une personne autre que la société. Pour l'autre, on supprime le
mot "boisé". Je ne vois pas. Je ne suis pas convaincu du
bien-fondé de ce qu'il dit. Il m'a parlé tout à l'heure
qu'on mettait en danger les municipalités du Québec et que tous
les maires seraient contre moi. Il a alors ameuté contre moi tous les
maires du Québec; là, je suis assez malheureux, je ne comprends
plus rien, je suis tout en sueur. Il faudrait que le ministre m'explique ce
qu'il veut dire. Il y a peut-être quelque chose de caché, je ne le
sais pas.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est une politique générale que nous
avons adoptée de prévoir une période de transition entre
l'adoption de la loi et sa mise en vigueur. D'une façon
générale, nous allons procéder comme cela.
Tout à l'heure, dans le projet de loi précédent que
nous avons étudié, le projet de loi 41, nous avions
également, à l'article 10, cette date du 1er septembre 1986.
Mais, par une modification, nous avons avancé cette date pour la raison
que j'ai donnée tout à l'heure, à cause d'une urgence qui
concernait le ville d'Aylmer. N'eût été cette urgence, nous
avions également dans le projet de loi 41, concernant la
Communauté régionale de l'Outaouais, ladite date du 1er
septembre
1986 et le député va la retrouver dans d'autres projets de
loi également.
M. Dufour: C'est justement, on est aussi bien de faire la
discussion...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: ...sur un petit projet de loi comme cela. Quand bien
même on prendrait 20 minutes, je ne pourrai pas être accusé
de mettre la province à feu et à sang.
Le point fondamental de tout cela, c'est qu'on peut avoir une loi...
Est-ce que c'est pour faire la différence avec d'autres gouvernements?
Est-ce pour distinguer la position du ministère des Affaires municipales
concernant les lois? En principe, ce qu'on connaît, c'est qu'une loi est
adoptée et les municipalités ou les gens qui sont
concernés s'en servent quand ils sentent le besoin de s'en servir.
Qu'est-ce que cela va changer si, par exemple, le 1er septembre 1986 la
communauté décide de prendre la loi et de la regarder... pour les
boisés, ils n'auront pas le choix, mais pour l'autre qu'est-ce que cela
peut leur faire?
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Si cela avait pour effet de faire
accélérer les travaux de la commission, je serais prêt
à accepter un amendement de la part du député de
Jonquière, s'il voulait faire en sorte que la date de la mise en vigueur
de la loi soit une date plus rapprochée que le 1er septembre 1986.
M. Dufour: Je pense que le ministre a mal...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: ...compris mon intervention. Ce n'est pas dans la
façon ou pour retarder ou pour avoir un avantage supplémentaire.
Ce n'est pas en ce sens. Je comprends que vous n'êtes pas trop
attaché à ce qui est écrit dans le projet de loi. Je pense
qu'il m'est important de savoir pourquoi cela est écrit, quel est te but
visé là-dedans. Cela ne me dérange pas tellement, mais la
seule chose, c'est que je suis surpris de voir qu'on donne trois mois, tandis
que, d'habitude, règle générale, on écrit: la
présente loi est en vigueur lorsque sanctionnée. C'est tout.
Une voix: C'est vrai.
M. Dufour: À la date de la sanction.
Cela ne me dérange pas plus que cela. M. Bourbeau: M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'essaie de répondre du mieux que je peux au
député de Jonquière en lui disant que nous essayons, dans
la mesure du possible, de donner aux municipalités une période de
transition ou de réflexion ou d'assimilation entre la date de l'adoption
de la loi et sa mise en vigueur, de façon à leur permettre de
prendre connaissance des lois, de les comprendre, de se préparer en
conséquence. J'admets volontiers que, dans le cas du projet de loi 43 et
du projet de loi 44 qui suit, ils ne sont pas trop longs ni trop
compliqués et que cela ne prend pas un cours classique ni
l'érudition du député de Terrebonne pour assimiler ces
projets de loi.
Dans ces conditions, notre technique de prévoir une
période de transition, évidemment, n'est pas tellement
essentielle. Mais, comme nous tentons de le faire d'une façon
générale, sauf pour des cas particuliers, nous l'avons fait dans
le cas présent. Mais, je le dis au député que c'est
uniquement pour permettre une période d'assimilation dans le cas des
projets qui sont un peu plus importants. Mais, nous ne le faisons pas dans tous
les cas. Il arrive parfois que nous ne puissions le faire dans des situations
plus urgentes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Lorsque c'est nécessaire, on peut comprendre le
point de vue que vous exprimez voulant qu'on peut donner une certaine
période d'adaptation pour mieux comprendre et mieux assimiler
malgré que... Oui, je pense que cela peut s'accepter jusqu'à un
certain point. Il y a des lois un peu plus complexes.
Dans le cas où c'est sur une base volontaire, c'est-à-dire
une loi habilitante qui permet d'exercer ou non un pouvoir, je le comprends
plus difficilement. Mais, si c'est une question de technique, si vous voulez
adopter un modus vivendi parce que c'est mieux comme cela, je ne sais pas ce
que cela apporte de plus, mais je ne fais pas plus d'opposition que cela
personnellement. Cela ne me dérange pas.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce
que le titre du projet de loi, Loi modifiant la Loi sur la
Communauté urbaine de Montréal est adopté?
M. Dufaur: Adopté.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi est adopté?
M. Dufour: Adopté. M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch); Nous suspendons pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 21)
(Reprise à 21 h 23)
Projet de loi 44
Le Président (M, Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend ses travaux pour procéder à l'étude du projet de
loi 44, Loi modifiant la Loi sur la Communauté urbaine de Québec.
M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai aucune remarque
préliminaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
remarques préliminaires?
M. Dufour: II n'y a pas de remarque.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 1.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 1 introduit un
nouveau pouvoir dans la Loi de la Communauté urbaine de Québec
qui permettra à la communauté de confier à un tiers autre
que la Société québécoise d'assainissement des eaux
un contrat d'exploitation d'un ouvrage d'assainissement des eaux usées.
Cette modification s'inscrit dans le même contexte que celle
apportée dans les lois des deux autres communautés et dans les
lois municipales générales.
M. Dufour: Ça va, c'est l'article 1?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui. Est-ce que l'article 1
est adopté?
M. Blais: Un instant, s'il vous plaîti Je veux regarder
s'ils sont vraiment tous les deux pareils.
M. Dufour: Oui, oui, c'est pareil.
M. Blais: Mais les trous n'arrivent pas vis-à-vis...
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 2.
M. Bourbeau: Avec le député de Jonquière, on
s'ennuie, mais avec le député de Terrebonne on s'amuse, M. le
Président. L'article 2...
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 2.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 2 constitue une
disposition de concordance avec un amendement apporté en 1985 à
la Loi sur la fiscalité municipale qui avait pour objet de faire
disparaître le statut particulier relatif aux boisés.
M. Dufour: Je n'ai aucun commentaire particulier si ce n'est que
peut-être qu'avec le député de Jonquière on
s'ennuyait et qu'avec le député de Terrebonne on s'amusait, mais
avec le ministre on ne sait pas où on estl Vendu!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M, Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 3.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 3 prévoit
que le projet de loi 44 entrera en vigueur le premier septembre 1986 - et ce
sont les mêmes explications, M. le député de
Jonquière, que pour le projet de loi 43.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, je suis malheureusement
arrivé en retard à cette session et je sais que mon
confrère de Jonquière a vraiment fait son possible pour que nous
comprenions bien les lois qui sont adoptées. Mais quand je suis
arrivé, j'ai cru entendre un vague reproche du ministre à mon
confrère de Jonquière sur une façon d'agir qu'il disait
retardatrice de l'opération en cours de l'approbation de la loi que vous
voulez voir adopter, comme de raison.
Je vois que, pour quelques minutes de discussion pour la meilleure
compréhension de l'Opposition, vous vous éleviez et même on
sentait l'ire dans vos yeux lorsque je suis arrivé. Vous, avec le
pouvoir qui vous est investi par l'élection au cabinet comme ministre
des Affaires municipales, vous retardez l'application de cette loi au 1er
septembre. Je me dois presque... Je ne vous demanderai pas des excuses,
ce serait exagéré dans le système parlementaire dans
lequel on vit, mais au moins je veux vous faire remarquer que les quelques
minutes que mon confrère voulait prendre pour qu'on comprenne mieux les
lois ne sont rien...
M. Bourbeau: Non pas les quelques minutes mais les quelques
heures...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blais: ...à comparer aux mois, aux mois pendant
lesquels vous empêchez l'usufruit de la loi par les municipalités.
Vous empêchez l'usufruit de cette loi par les municipalités et
elles en jouiront moins vite que nous ne l'aurions voulu.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Terrebonne.
M. Dufour: Oui, c'est sûr que, si on
s'attardait».
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: ...à toutes les paroles qui sont dites autour
de la table, il y a des fois où on s'apercevrait que les mots
dépassent la pensée. Quand le ministre tout à l'heure a
dit qu'il adoptait les lois pour que les gens puissent les absorber, quand on
connaît les compétences des gens qui sont à la
Communauté urbaine de Montréal et de Québec, il me semble
que c'est un peu leur faire injure que de dire qu'on va déposer des lois
pendant trois ou quatre mois avant que ces gens comprennent, surtout avec tous
les moyens de communication dont le ministre s'est doté pour renseigner
toutes les municipalités su Québec pour que tous les
trésoriers et secrétaires soient compétents. Il n'y a plus
rien... Tout va bien. On ferme les prisons, on est rendu qu'on ferme les
prisons. On est devenu bon parce qu'on a changé des choses. Bravo! En
tout cas, cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 3 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le titre du projet de loi:
Loi modifiant la Loi sur la communauté urbaine de Québec est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le projet de loi dans son
entier est-il adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous suspendons pour
quelques secondes.
(Suspension de la séance à 21 h 29)
(Reprise à 21 h 31)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
Projet de loi 40
La commission reprend maintenant ses travaux pour poursuivre
l'étude du projet de loi 40, Loi modifiant la Loi sur la
fiscalité municipale.
M. Dufour: Est-ce que M. le ministre pourrait identifier les
personnes qui sont assises à la table?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que je dois présenter les gens qui
m'accompagnent?
Le Président (M. Saint-Roch): Non.
M. Bourbeau: M. le Président, à la demande du
critique de l'Opposition, il me fait plaisir de présenter les gens qui
sont à la table ici et qui ne sont pas députés.
Alors, à ma droite, le sous-ministre des Affaires municipales, Me
Jacques O'Bready, à ma gauche, Me Jules Brière, un avocat de la
pratique privée, spécialiste en matière de
législation.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a des commentaires préliminaires?
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas de commentaires
d'ordre général sur le projet de loi, mais j'ai une modification
à présenter avant l'article 1. J'aimerais présenter
l'article 0.1 qui se lit comme suit: "Le projet de loi 40 est modifié
par l'insertion, avant l'article 1, du Suivant...". Est-ce que cela a
été distribué? Alors, l'article 0.1: "L'article 1 de la
Loi sur la fiscalité municipale (Lois refondues du Québec,
chapitre F-2.1) est modifié par le remplacement, dans la deuxième
ligne de la définition du mot "immeuble", des mots "placé
à perpétuelle demeure par n'importe qui sur ou dans" par les mots
"attaché à perpétuelle demeure par n'importe qui
à".
M. Blais: Est-ce que c'est un ajout?
M. Bourbeau: C'est une modification. M. le Président, pour
le bénéfice du député de Terrebonne, j'aimerais
ajouter que cette modification vise à modifier la définition du
mot "immeuble" pour prévoir qu'un objet mobilier n'est un immeuble au
sens de cette loi que s'il a été attaché à
perpétuelle demeure à un immeuble par nature et non simplement
placé sur ou dans un tel immeuble. On favorisera ainsi la
nécessité d'un lien physique pour qualifier d'immeubles les
objets qui se trouvent dans un immeuble.
Cette modification va de pair avec le papillon que nous
présenterons pour édicter l'article 68.1 de la Loi sur la
fiscalité municipale.
M. Dufour: M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Conquière.
M. Dufour: II y a peut-être des gens qui vont trouver cela
drôle, mais je trouve que cela a une grande importance et c'est
là-dessus qu'on veut enlever certainement les ustensiles, etc., pour les
hôtels. Mais quelqu'un qui n'a pas entendu parler de cela, il ne sait pas
trop ce que cela veut dire. Je pense qu'on a vécu assez de
problèmes avec les lois sur la fiscalité ou les lois sur
l'évaluation foncière pour être très attentifs
à ce qui se passe. J'invite même les gens du gouvernement à
essayer de suivre et à nous aider parce que je pense que là
aussi, ils représentent des contribuables à part entière
et ils doivent être attentifs pour savoir de quelle façon cela va
les toucher.
Ma question est que, depuis toujours, les évaluateurs ont
évalué les... Comment pourrais-je dire? J'appelle cela les
tablettes, mais cela ne marcherait pas là. Ce n'est peut-être pas
le mot français.
Une voix: Par tablettes, qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Dufour: Ce qui est attaché à la bâtisse.
Les présentoirs qui sont attachés, fixés à la
bâtisse. À ma connaissance, cela a toujours été
taxé. Vous avez les laboratoires où il y a des comptoirs qui sont
attachés aussi à ces bâtisses et qui ont toujours
été évalués. Il y a beaucoup d'argent
d'impliqué dans cela et, peut-être qu'en enlevant juste ce qu'on
vise à enlever comme tel, il y a plusieurs millions qui viennent de
prendre le bord. J'aimerais qu'on ait le plus d'explications possible
concernant cet article.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je veux bien donner au député de
Jonquière les explications requises. On sait que, d'une façon
générale, les municipalités se financent en très
grande partie par la taxe foncière, la taxe que les municipalités
imposent sur les immeubles dans la municipalité. Pour y arriver on
confectionne un rôle d'évaluation sur lequel sont portés
les immeubles. Or, traditionnellement, tout le monde sait qu'un immeuble, c'est
soit un terrain, soit un bâtiment.
M. le Président, en plus des terrains et des bâtiments, la
loi avait toujours prévu que pouvaient être
considérés comme des immeubles des biens meubles qui
étaient rattachés à l'immeuble d'une façon fixe. On
employait toujours les termes "fixés à fer et à clous".
C'était une façon de faire en sorte que les biens, qui
étaient des meubles au départ, des objets, devenaient par
destination du propriétaire des immeubles. Subséquemment, la
jurisprudence et aussi certains textes de loi sont allés un peu plus
loin et ont également prévu que des meubles qui y étaient
placés dans l'immeuble, des objets qui étaient placés dans
l'immeuble, qui étaient placés par le propriétaire et qui
étaient essentiels aux activités qui étaient menées
dans l'immeuble pouvaient également, par une fiction de la loi, par ce
qu'on a appelé un lien intellectuel, devenir des immeubles par
destination, de sorte qu'au fur et à mesure qu'a progressé la
jurisprudence, les cours de justice en sont venues à décider que
devenaient des immeubles par destination également ces objets qui
étaient placés à perpétuelle demeure par les
propriétaires. On a récemment, lors de jugements prononcés
par le Bureau de révision de l'évaluation foncière,
décidé que des objets tels, dans les hôtels: les couteaux,
fourchettes, cuillers, taies d'oreillers, draps, pouvaient, en vertu de cette
fiction, de ce lien intellectuel, si je peux dire, être
considérés comme des immeubles par destination et,
forcément, par voie de conséquence, être portés au
rôle d'évaluation des municipalités.
On peut comprendre que cette mesure a créé tout un
traumatisme dans la population et chez les gens d'affaires, spécialement
dans les milieux visés, les milieux touristiques où on craint
que, si cette philosophie prévaut, les municipalités en viennent
éventuellement à porter au rôle d'évaluation et
à taxer non seulement les objets que je viens de mentionner, mais
d'autres séries d'objets qui pourraient être, dans les bureaux,
des dactylos, des pupitres, des lits dans les hôpitaux, des pupitres dans
les écoles, enfin, toute une série d'objets qui, manifestement,
dans l'intention du législateur, ne devaient pas être soumis
à la taxe foncière.
Je pense qu'il faut retourner à l'intention du législateur
qui n'a jamais voulu, lors de la réforme de la fiscalité
municipale, soumettre à l'évaluation municipale des objets
mobiliers. Le but de
l'amendement que nous présentons est justement de replacer la
législation dans l'état où elle aurait dû être
originellement, avant que la jurisprudence ne l'interprète
différemment, de faire en sorte que ne soient pas
considérés comme des immeubles et, donc, ne soient pas
portés au rôle d'évaluation des objets mobiliers que le
législateur n'a jamais considérés comme étant des
immeubles.
M. le Président, j'aimerais, pour le bénéfice de
l'Assemblée, citer un extrait d'un télégramme que nous
avons reçu hier et qui est signé par M. Jean Pelletier,
président de l'Union des municipalités du Québec, dans
lequel l'Union des municipalités dit ceci: En matière
d'évaluation foncière, nous donnerions notre accord à un
retour à la situation antérieure au jugement de Shawinigan,
où les biens rattachés intellectuellement à un immeuble
comme la literie ou la coutellerie d'un hôtel ne seraient pas
portés au rôle. Nous reconnaissons que la première
recommandation ci-haut représente un gain -parce que, dans le
télégramme, on parlait du projet de loi dont on parlera tout
à l'heure -et la seconde - celle dont je parle - une perte pour les
municipalités. Nous consentons aux 2 pour demeurer fidèles au
principe convenu lors de la réforme de 1979. C'est signé Jean
Pelletier, président de l'Union des municipalités du
Québec.
M. le Président, pour compléter l'information au sujet de
ce papillon dont nous parlons, je voudrais également citer l'extrait
d'un autre télégramme que nous recevons en date d'aujourd'hui -
il vient d'être reçu en fait - et qui dit: M. le ministre,
j'aimerais porter à votre attention la position du bureau de direction -
le télégramme précédent était personnel au
président, celui-ci la position du bureau de direction - de l'Union des
municipalités du Québec, relativement à l'amendement
prévu sur l'évaluation des biens meubles. Conformément au
télégramme que je vous ai transmis le 10 juin, les membres du
bureau de direction sont favorables à l'objectif de ne pas porter au
rôle d'évaluation les biens rattachés intellectuellement
à un immeuble comme la literie ou la coutellerie. À cet
égard, l'article 1 du projet de loi nous apparaît conforme
à l'objectif recherché en ce qu'il retient la notion
d'attachement à un immeuble par nature.
Alors, voici, M. le Président, c'est ce que le
télégramme signé par M. Jean Pelletier, président
du bureau, dit à l'égard du papillon que nous introduisons
présentement au projet de loi modifiant la Loi sur la fiscalité
municipale.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que le ministre.. Je trouve cela bien qu'il y
ait des télégrammes, on peut les citer, on pourrait aussi citer
des points qui pourraient être contre. Je trouve curieux que l'Union des
municipalités pourrait se prononcer sur la valeur de l'amendement qui
nous est présenté par l'article 0.I. Nous on vient de savoir
qu'il y a un amendement. On l'a eu, hier, à l'Assemblée, il n'a
pas été déposé, on n'a pas fait de grandes
recherches. Je l'ai ce soir. Maintenant, vous me dites que l'Union des
municipalités se prononce sur l'amendement tel quel. On va aller
travailler avec l'Union des municipalités, on va avoir les nouvelles
plus vite. Ma question c'est: Est-ce que vous savez combien cela ôte
d'évaluation, cette loi que vous faites? Combien de municipalités
ont exagéré, combien d'évaluateurs ont
décidé. Il faut faire attention; il a des points... Je comprends
que les couteaux et les fourchettes. Il y a juste à un endroit,
d'après moi, où cela a été contesté. Je
pense qu'il y a une ville qui l'a imposé, c'est Shawinigan.
Québec, peut-être, dernièrement. Mais à
Québec, il y a une autre "game" là. Il faut comprendre que ce
n'est pas tout a fait pareil. Je sais qu'on retire en masse d'un bout, de
l'autre bord... Lui, il peut faire du "bargaining". Je me mets à la
place des petites municipalités. Elles ne l'ont pas, elles ne
l'appliquent pas. Cet article présente des dangers d'enlever des choses
qui, actuellement, pourraient donner lieu à une évaluation.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre. (21 h 45)
M. Bourbeau: M. le Président, la mesure que nous
introduisons présentement est, jusqu'à un certain point, une
mesure préventive en ce sens qu'il n'y a pas beaucoup de
municipalités au Québec qui, jusqu'à présent, ont
commencé à porter au rôle d'évaluation les objets
mobiliers dont on parle. On doit dire, de toute façon, que les jugements
de cour qui ont fait en sorte, d'une certaine façon, de modifier ou de
tronquer l'intention du législateur, sont des jugements récents.
Le jugement de Shawinigan, par exemple, que j'ai devant moi, est un jugement
qui date du 6 février 1985. Ce ne sont quand même pas des
jugements qui sont très vieux et on me dit que, selon les informations
qu'on a, il y aurait deux municipalités qui auraient porté au
rôle d'évaluation ces objets dans les hôtels, soit la
municipalité de Shawinigan et la Communauté urbaine de
Québec. À Québec, il s'agirait d'une évaluation
d'environ 10 000 000 $. Nous intervenons justement à ce moment-ci pour
éviter que les municipalités ne commencent, avec les rôles
d'évaluation qui sont présentement en préparation,
à porter au rôle d'évaluation les
couteaux, les fourchettes, etc., ce qui aurait pour effet,
évidemment, de créer beaucoup de perturbation dans
l'économie, de nuire beaucoup au tourisme et de fausser, d'une
façon générale, l'intention du législateur
exprimée lors de la réforme de la fiscalité
municipale.
Maintenant, j'aimerais également souligner, pour le
bénéfice de l'Opposition, que si on admettait que les
municipalités peuvent taxer ces biens, on serait la seule province au
Canada à taxer les biens meubles et même, à ce qu'on me
dit, probablement la seule juridiction en Amérique du Nord, à
porter au rôle d'évaluation des objets mobiliers de ce type. Je
pense que cela nous mettrait dans une situation concurrentielle
défavorable sur le plan de l'économie et il n'est certainement
pas dans l'intérêt de l'économie du Québec d'agir
ainsi. C'est pourquoi, d'ailleurs, l'Union des municipalités du
Québec, dans une position très raisonnable, qui est même
contraire à ses intérêts pécuniaires, s'est
déclarée d'accord avec la mesure que nous introduisons
présentement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je me demande à quelle date le bureau de
direction a siégé. C'est probablement une conférence
téléphonique. En tout cas! Mais ce n'est pas là le but de
ma question.
M. Bourbeau: En date d'aujourd'hui, M. le Président.
M. Dufour: D'accord. Je comprends les appréhensions ou la
volonté expresse du ministre de vouloir enlever des choses qui
pourraient se perpétuer ou aller plus loin. Je suis d'accord avec ce que
vous dites que cela n'a pas de bon sens de taxer les fourchettes, les couteaux,
les draps et les lits. Cela se promène assez bien. Mais je sais que
l'article proposé, effectivement, n'a pas été soumis
à la consultation de tout le monde. Cela veut dire: le maire de
Québec... J'ai eu le même télégramme, je sais
comment il est libellé. Il dit d'une part et de l'autre. Quand on sait
ce qui se passe dans les deux places... En tout cas, lui, ce n'est pas si pire.
Mais est-ce qu'on a par exemple... Vous m'avez répondu tout à
l'heure que vous ne saviez pas combien cela enlevait des rôles
d'évaluation, en dehors des fourchettes, des couteaux, des nappes et des
tables ou de certains éléments; ça va. Mais je vous dis
que j'ai l'impression, pour en avoir discuté déjà, que cet
article va plus loin que cela. Cela enlève, par exemple, dans des
laboratoires - je sais qu'il y en a dans des laboratoires, j'ai
travaillé là-dedans - des comptoirs qui sont perpétuels,
et en adoptant cet article, j'ai l'impression que vous les enlevez. Dans des
commerces où il y a des présentoirs qui sont attachés aux
murs, cela a toujours été considéré comme de
l'immeuble. Avec cet article, vous enlevez cela.
Je n'aurais pas d'objection, M. le ministre, à ce qu'on dise dans
un article -les affaires qui sont farfelues, on est capable de les identifier
immédiatement - qu'on enlève cela. Comme vous avez dit depuis le
début qu'on étudie des lois aujourd'hui, que vous étiez
d'une grande compréhension et que vous pouviez changer et revenir
à la charge, pourquoi ne prendrait-on pas le temps de digérer,
dans le sens qu'on pourrait essayer de nommer les articles qui vous semblent
farfelus et dire qu'on proposera un amendement à l'automne. Je vous
assure d'avance que quand on aura fait une consultation - je ne dirais pas une
commission parlementaire - mais une consultation par rapport aux
évaluateurs et à certaines municipalités... Je n'ai aucune
expertise de ce que vous me dites là. Si je l'avais eue la semaine
dernière, j'aurais certainement fait quelques contacts pour savoir ce
que cela représente. Ce dont j'ai peur, c'est de passer pour quelqu'un
qui n'est pas au courant de son dossier. Cela m'énerve, parce que je
sais ce que cela veut dire changer des lois d'évaluation. Vous aussi
vous le savez, vous avez vécu des expériences malheureuses et
difficiles. Par exemple, se faire dire qu'une industrie vaut 57 000 000 $
quand, en même temps, on investit 76 000 000 $ pour des cheminées
sur la bâtisse, j'ai trouvé cela "tough". C'est presque
irréaliste. Cela n'a pas de bon sens. Mais la cour dit que cela a du bon
sens. On est pris comme cela.
Cet article, en apparence, semble anodin. J'ai l'impression - en tout
cas, j'aimerais cela - qu'on pourrait faire un peu de consultation
auprès des municipalités pour voir comment elles sont
touchées, parce que cela peut changer le système fiscal. Je
comprends que l'article 16 est de nature à bonifier certaines choses,
mais ce n'est pas pour toutes les municipalités et au même titre.
Cela pourrait représenter peu de chose pour des municipalités,
parce qu'il y en a qui n'ont aucune taxe d'affaires. J'aimerais que vous
mettiez cet article en consultation, si ma demande ne semble pas impensable ou
irréalisable.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: II est bien évident que si on pouvait passer
encore plusieurs mois en consultations... Consulter, c'est toujours
préférable. Cependant, la mesure que nous introduisons ici a un
caractère d'urgence en ce sens que les jugements qui ont perturbé
-
si je puis dire - le domaine de l'évaluation, sont des jugements
récents qui ont fait en sorte de créer une consternation dans le
monde des affaires. On nous fait valoir que si on ne procède pas
rapidement à une clarification de la définition des mots
"immeuble par destination" dans ces cas, il est à prévoir que
dans les prochains rôles d'évaluation qui sont présentement
en confection, plusieurs évaluateurs, à la lumière de ces
jugements, vont décider de porter au rôle d'évaluation les
objets dont on parle. Les municipalités du Québec qui auraient
avantage normalement à voir leur évaluation gonflée par
ces montants se rendent compte que ce ne serait pas responsable de leur part
d'ouvrir une porte semblable . et de permettre une telle perturbation.
Afin de parer au plus urgent et de ne pas, surtout, nuire à
l'industrie touristique, entre autres, qui serait perturbée d'une
façon importante par ces surévalutions massives et qui la
rendrait encore davantage non-concurrentielle, pour ces raisons, on nous a
demandé d'agir avec célérité.
Cela n'a pas été facile de trouver la façon de
corriger l'anomalie. Cela a fait l'objet de discussions nombreuses et
intensives au cours des dernières semaines et au cours des derniers
jours, je dirais, entre les experts du ministère des Affaires
municipales et les experts du monde municipal. Entre autres, quant à
l'Union des municipalités du Québec qui est vraiment celle qui
est la plus visée, parce que ce sont les municipalités les plus
importantes qui sont confrontées avec ce problème, elle a
consulté ses évaluateurs-conseils, la CUQ, les évaluateurs
de la CUM et de Laval. Également, il y a un comité interne
à l'Union des municipalités du Québec qui s'est
penché sur le problème au cours des derniers jours et des
dernières semaines, ainsi que les avocats des groupes concernés.
Après de nombreuses séances intensives de négociations,
après qu'on ait changé le libellé à de nombreuses
reprises, tous les intervenants se sont entendus sur un libellé qui est
celui que nous présentons aujourd'hui.
Bien sûr, comme en toute autre chose semblable, il y a toujours un
élément de risque. Comment les tribunaux
interpréteront-ils le nouvel article? Personne ne le sait. Parfois, les
tribunaux rendent des jugements qui paraissent surprenants pour le commun des
mortels. On ne peut pas prévoir quelle sera l'interprétation des
tribunaux, mais je pense que si jamais plus tard il y a un procès et
qu'on se réfère aux notes et aux commentaires qui sont
exprimés aujourd'hui à la commission parlementaire, on tentera de
déterminer l'intention du législateur qui est justement de ne pas
soumettre a l'évaluation foncière les objets dont on a
parlé tout à l'heure. Nous pensons, M. le Président, que
le libellé que nous avons devant nous présentement est le
meilleur, dans les circonstances, et nous espérons qu'il permettra
d'apporter un juste équilibre entre ce qu'est un bien meuble et ce
qu'est un bien immeuble, dans la Loi sur l'évaluation
foncière.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Si vous voulez y aller, allez- y.
M. Dufour: Depuis combien de temps...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: L'amendement à l'article que vous nous
présentez ce soir, depuis combien de temps est-il en consultation? Tel
que libellé, ce qu'on a ici...
M. Bourbeau: M. le député...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, les consultations ont
commencé à ce sujet à peine quelques mois après le
jugement dont on a parlé tantôt. Le jugement a été
rendu en février 1985. Les consultations ont commencé au cours du
mois de mai 1985, plus précisément lors du dépôt du
projet de loi 45, l'an dernier, à l'Assemblée nationale,
où on a retiré éventuellement ces articles parce qu'on n'a
pas pu s'entendre entre Ie3 parties. Les consultations ont continué
subséquemment. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, de
nombreuses formules ont été présentées. On a
cherché des façons d'aborder la solution à ce
problème-là et, au cours des dernières semaines, on a
activé, si je puis dire, les travaux. On a mis au point des formules et,
depuis quelques jours, on était rendu à une ou à deux
clauses seulement et on avait deux hypothèses. Finalement, au cours des
dernières 24 heures, l'ensemble des avocats et des parties se sont
entendus sur le texte qui est devant nous.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais Je sais pertinemment que vous avez un conseiller de grande
classe et je me fie beaucoup à lui. Je suis persuadé qu'il a
beaucoup cherché pour trouver. Vu que nous sommes la seule province,
comme vous dites, qui a subi des jugements, depuis un certain temps, dans ce
domaine, cela voudrait donc laisser supposer que les autres provinces ont
déjà des lois qui permettent de donner la définition
réelle du mot
"immeuble" pour ne pas avoir de problème devant les juges, ou que
le problème ne s'est jamais présenté devant une cour, dans
les autres provinces. Dans l'un ou l'autre des cas, ce n'est pas la même
façon d'interpréter l'amendement que vous apportez. Si, ailleurs,
ces choses sont présentées en cour et qu'on n'est jamais
allé jusqu'à accepter de considérer comme meubles des
fourchettes, des couteaux, des cuillères, des lits et des
téléviseurs, dans un hôtel... Je trouve cela un peu fou,
mais il faut appeler les choses par leur nom, c'est à un point tel que
s'il y avait des herses pour tenir les murs, on pourrait peut-être
considérer une herse comme immeuble, comme des esprits dans les murs des
maisons hantées, des hôtels hantés, et des esprits dans les
murs pour les tenir... Je sais que vous n'irez pas jusque-là, mais il
demeure que si, après avoir consulté les définitions de ce
qu'est un immeuble dans les lois des neuf autres provinces, vous arrivez avec
cet amendement, si c'est à la suite de cela, on peut présumer
qu'il est bien rédigé. Si, dans ces autres provinces il y a eu
des attaques au mot "immeuble" devant la Cour, comme on en a subi au
Québec, ce serait automatique; si vous vous êtes fié aux
autres provinces, on peut se fier à ce qui est libellé ici.
Est-ce que c'est le cas, ou si c'est au Québec seulement qu'on a mis en
cause la définition du mot "immeuble"?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, ce qu'on veut faire, en
fait, c'est enlever les couteaux, les fourchettes...
M. Blais: Je le sais.
M. Bourbeau: ...et les assiettes de l'assiette fiscale. Pour
répondre plus sérieusement au député de
Terrebonne...
M. Blais: C'est une bonne bolle... à soupe. (22
heures)
M. Bourbeau: ...dans un langage qu'il comprend bien, je lui dirai
que le problème ne se pose pas dans les autres provinces. Dans les
autres provinces, c'est le gouvernement qui fait les rôles
d'évaluation alors qu'ici, au Québec, on a un système
décentralisé où ce sont les évaluateurs qui sont
les maîtres des rôles d'évaluation. Si une situation
analogue à celle qu'on vit ici présentement se présentait
dans une autre province, qu'un jugement de cour venait déclarer qu'une
cuiller est un immeuble par destination, on pourrait très facilement,
par une directive administrative, corriger la situation, de sorte que le
problème serait réglé automatiquement.
M. Blais: Mais ce n'est pas...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: ...seulement dans le domaine... Au Québec, dans
le domaine agricole, on considère les semences et les fertilisants comme
une immobilisation. Cela ressemble beaucoup au couteau et à la
fourchette dont vous parlez pour les immeubles. C'est considéré
comme tel dans nos lois, on en a étudié une dernièrement.
C'est parce que c'est moins clair. Je comprends ce que vous voulez dire par
"attaché à perpétuelle demeure"; c'est comme quelqu'un qui
est dans son tombeau, il est attaché à perpétuelle
demeure, c'est sûr. C'est la même chose pour une tablette qui fait
partie d'une structure, c'est attaché à perpétuelle
demeure. Ce n'est pas quelque chose qui peut porter à un contrat de
séparation. Alors, attachées à perpétuelle demeure,
ce sont les tablettes, pas les couteaux.
Vous avez dit tout récemment: Il y a des juges qui ont dit que
les couteaux, les fourchettes, les lits, les téléviseurs
faisaient partie de l'immeuble d'un hôtel, par exemple, parce qu'il n'y
aurait pas d'hôtel s'il n'y avait pas de fourchettes, de couteaux, de
téléviseurs et de lits. Indirectement, en gros, je ne suis pas
pour passer la nuit à lire le jugement ici. En gros, c'est cela qui a
été sorti en février 1985.
Vous essayez d'éclairer les juges de sorte qu'ils ne nous
arrivent pas avec un jugement aussi farfelu que celui-là; c'est cela que
vous voulez dire. Mon confrère a peur que les municipalités,
l'Union des municipalités, les intéressées...
Une voix: Les municipalités.
M. Blais: ...n'aient pas été assez
consultées à ce sujet. Premièrement, pas assez de
consultation, à moins que vous n'ayez en votre possession de nombreux
documents nous prouvant une consultation assez vaste sur le territoire;
deuxièmement, les municipalités, en gros, leurs
représentants sont d'accord. Il n'y a aucune province qui a ces
problèmes. Eh bien! je suis persuadé que le critique en
matière municipale, qui est le député de Jonquière,
selon ce que vous lui répondrez, a une attitude à prendre que je
ne peux pas prendre moi-même.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le problème, c'est
que, dans un cas comme celui-ci, on ne peut pas consulter vraiment grand monde
dans le monde municipal autre que les très grosses municipalités.
Il s'agit d'un sujet tellement complexe et tellement
spécialisé que, finalement, il y a assez peu de
municipalités qui ont les compétences sur place, à
l'intérieur de la municipalité pour, disons, étudier
sérieusement et donner des avis éclairés sur ces sujets.
IL n'y a, en fait, que les grosses municipalités, les communautés
urbaines et les grosses villes qui ont un personnel suffisamment important pour
être en mesure de se prononcer d'une façon rapide et
éclairée. Bien sûr, si on allait voir les
municipalités rurales, elles n'ont pas d'évaluateur comme tel et
il serait assez difficile de les consulter.
Nous avons consulté les plus grosses municipalités et les
plus grosses communautés urbaines, celles qui, vraiment, ont l'occasion
d'avoir la meilleure expertise.
M. Dufour: Est-ce que je pourrais demander au ministre...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...vu que l'article du projet de loi nous arrive comme
cela, à la dernière minute... On ne passera sûrement pas
à travers tous les projets de loi ce soir. Pour ne pas continuer la
discussion parce que je manque d'éléments, est-ce que vous
pourriez accepter de suspendre cet article d'ici à demain
après-midi afin qu'on puisse donner notre avis là-dessus?
J'aurais certaines consultations à faire, je pense que cela ne met pas
en danger le projet de loi comme tel; mais, concernant cet article, est-ce que
vous pourriez accepter de le mettre de côté, ne pas
l'adopter»..
Une voix: On y reviendra.
M. Dufour: ...et ce pour d'ici à demain
aprè3-midi?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, pour bien indiquer que nous
voulons montrer un maximum d'ouverture à l'Opposition, je veux bien
suspendre l'adoption de cet article pour l'instant. Le député me
demande jusqu'à demain après-midi. Disons que nous allons
reporter l'adoption de l'article à plus tard. Cela pourrait être
au cours de la soirée. Cela pourrait être demain. Tout va
dépendre de l'attitude de l'Opposition. Si on est rendu à
l'article 3 demain après-midi à 16 heures, évidemment,
là on pourra en reparler. Pour l'instant, disons que nous sommes
d'accord pour le reporter.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais rassurer le ministre. Vu que cet article
vient tout juste de nous arriver, j'aimerais avoir quelques consultations. Il
est bien entendu qu'à l'heure qu'il est, il serait difficile pour moi de
trouver des consultants. Je ne pense pas qu'il y ait urgence nationale. Dans la
journée de demain, il devrait y avoir une place en quelque part pour que
nous puissions donner notre avis là-dessus.
Où il y a des articles de fond où je pense qu'il y a des
choses à chercher, on est mieux d'être bien renseigné. M.
le ministre, je ne peux changer d'attitude, je vais chercher le maximum
d'informations comme le maximum de bonification. Lorsque les articles ne posent
pas de problèmes, et on l'a démontré tantôt, on y
va.
M. Bourbeau: M. le Président, disons que l'attitude du
député de Jonquière s'étant de beaucoup
améliorée depuis une heure ou deux...
M. Dufour: Bien, voyons!
M. Bourbeau: ...je consens donc à suspendre pour l'instant
l'adoption de l'article mais je réserve mon droit de le
réintroduire en tout temps.
Le Président (M. Saint-Roch): Dois-je entendre que le
nouvel article 0.1 est en suspendu?
M. Bourbeau:: Suspendu,
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 1. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 1 modifie
l'article 11 de la Loi sur la fiscalité municipale qui traite du mode
supplétif de répartition des dépenses encourues en
matière d'évaluation foncière. L'amendement propose une
répartition proportionnelle au potentiel fiscal de chaque corporation
municipale plutôt que simplement proportionnelle au montant total des
valeurs inscrites au rôle de chaque corporation.
Par conséquent, on tiendra compte, au moment de la
répartition, non seulement des immeubles portés au rôle qui
rapportent une taxe foncière ou d'affaires mais également de ceux
pour lequel ou lesquels le revenu foncier ou d'affaires est payé sous
forme de compensation ou est autrement redistribué.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, cet article touche les
municipalités au point de vue de l'indice de richesse. Des
municipalités vont être obligées d'intégrer dans les
valeurs imposables la valeur des maisons d'enseignement et des réseaux.
Je pense que
c'est ce que cela veut dire. Avant de continuer, je vais attendre que
vous me disiez oui ou non.
M. Bourbeau: Est-ce que vous pourriez répéter la
question.
M. Dufour: Si je comprends bien on prend un certain nombre
d'éléments pour établir l'indice de richesse des
municipalités. Donc, par cet article, vous introduisez la notion que des
bâtisses d'enseignement... Cela réfère à l'article
10; il y a les maisons d'enseignement, les bâtisses gouvernementales et
tout ce qu'il y a à l'intérieur de la municipalité. Elles
sont intégrées pour trouver l'indice de richesse des
municipalités. C'est en ce sens? C'est toute l'évaluation de la
municipalité. Avant, vous aviez des valeurs qui étaient
considérées comme non... Est-ce que ces bâtisses
étaient intégrées avant? Elles ne l'étaient
pas.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Avant l'amendement que nous apportons
présentement, on ne procédait qu'en prenant en
considération la valeur des immeubles autres que les immeubles
gouvernementaux pour lesquels des "en lieu" de taxes sont payés. Avec la
nouvelle façon de procéder, on va prendre comme base non
seulement ces immeubles mais tous les autres immeubles sur lesquels le
gouvernement paie des "en lieu" de taxes.
M. Dufour: Est-ce qu'on peut savoir du ministre ce que cela
représente un peu, en gros, pour certaines municipalités? Est-ce
que vous pouvez nous donner des informations, par exemple, sur la ville de
Montréal, sur certaines villes? Je suis sûr que vous l'avez...
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je n'ai pas l'information devant moi mais je peux
dire au député que le gouvernement paie 519 000 000 $ d"'en lieu"
de taxes présentement. Donc, cela donne une idée un peu de ces 3
000 000 000 $ de taxes qui sont payées aux municipalités.
M. Blais: 3 000 000 000 $ de taxes payées aux
municipalités? Non.
M. Dufour: L'évaluation.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Cela veut dire que les municipalités
perçoivent en tout 3 000 000 000 $ dont 519 000 000 $ sont des "en lieu"
de taxes et le solde, les taxes autres que celles qui sont payées par le
gouvernement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Dans l'article, on voit bien que cela fait
référence à des communautés, j'imagine, les MRC et
des choses semblables. Est-ce qu'à travers cet article il n'y aurait pas
un but auquel on pourrait penser, que, lorsqu'il y a une dépense des
MRC, par exemple, pour engager certaines dépenses, si on se base sur le
potentiel fiscal des municipalités, cela a pour effet d'augmenter leur
quote-part? Si la municipalité est plus riche, elle va payer plus
à sa communauté. C'est vrai pour les communautés urbaines,
c'est vrai pour les municipalités régionales de comté et
c'est vrai...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le potentiel fiscal, c'est
le maximum que les municipalités pourraient aller chercher en taxes
foncières ou en taxes d'affaires, si les municipalités
exerçaient le pouvoir qu'elles ont d'aller chercher toutes les taxes.
Cela comprend évidemment toutes les taxes, les "en lieu" de taxes
également que paie le gouvernement du Québec, cela comprend la
totalité, l'éventail complet du potentiel fiscal des
municipalités.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je sais aussi que, des fois, le gouvernement pose des
gestes, qu'il y a des "en lieu" qui sont donnés... Comment expliquer
cela? Je vais citer un exemple, parce qu'il faut que je l'illustre avec quelque
chose, pas nécessairement les mots pour le dire exactement. Je sais
qu'au gouvernement, des ministères vont donner des subventions
basées sur le potentiel fiscal des municipalités, sur l'indice de
richesse, mais l'indice de richesse, c'est aussi tous ces
éléments. L'élément que vous introduisez, est-ce
qu'il peut servir à autre chose qu'à payer la quote-part d'une
municipalité dans un groupe de municipalités? Si vous l'amenez
là, cela pourrait la mener ailleurs aussi. (22 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, ce dont il est question
présentement, c'est la
répartition des dépenses encourues pour la
préparation des rôles d'évaluation. C'est cela? On pourrait
utiliser plusieurs formules pour répartir, mais on estime que la formule
la plus équitable est celle du potentiel fiscal qui tient compte,
dis-je, du - le mot le dit -potentiel maximum fiscal des municipalités.
C'est ce qu'elle pourrait aller chercher, si elles exerçaient au complet
leurs prérogatives. Maintenant, je pense que c'est une formule reconnue
comme équitable et c'est la meilleure qu'on ait trouvée
jusqu'à présent. Si M. le député de Terrebonne veut
en suggérer une autre, cela nous ferait plaisir de l'entendre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Je voudrais vous poser une question. Je ne connais pas
beaucoup de choses à la "res municipale", mais cela demeure quand
même que, je comprends que dans les villes maintenant où il y a
des édifices municipaux, ils vont être compris dans toute
l'évaluation. Ils ne seront pas mis de côté. Donc, dans
l'indice de richesse... Supposons que je veux un PAIRA pour une de mes villes -
je sais que vous êtes très juste dans votre attribution. Supposons
qu'une ville de mon comté qui s'appelle La Plaine demanderait, par
hasard, un PAIRA. Il y a un indice de richesse qui est calculé. Vu que
vous avez beaucoup d'édifices qui appartiennent au Québec dans La
Plaine, dans leur indice de richesse, cela n'était pas compté
avant. Avec cela, cela veut-il dire que tous les bureaux et les édifices
du gouvernement du Québec qui seraient dans cette ville seraient
comptés dorénavant pour calculer leur indice de richesse? Au lieu
d'avoir 71, comme j'étais supposé avoir et que vous m'avez
refusé parce que vous n'aviez pas le droit de le faire, est-ce que,
présentement, cela tomberait à 65, par exemple? C'est cela que je
veux savoir.
M. Bourbeau: M. le Président, il n'y a aucune relation
entre l'indice de richesse et le potentiel fiscal. Ce sont deux notions
différentes.
M. Blais: Cela prouve que je ne comprenais pas.
M. Bourbeau: Je pense que, pour le député de
Terrebonne, il n'y a aucune espèce de différence. Il s'agit de
trouver une formule de répartition. Supposons que dans la magnifique
ville de La Plaine, comté de Terrebonne, il y ait des édifices
sur lesquels le gouvernement paie des compensations de taxes. Possiblement que,
dans une autre municipalité à côté, il y a
également des édifices semblables; de sorte que sur l'ensemble du
territoire du Québec, on devrait avoir une répartition juste et
équitable de la même façon. Je pense que le
député de Terrebonne est en mesure de comprendre cela. Il semble
comprendre, il semble opiner de la tête.
M. Blais: Oui, j'opine du bonnet, mais je bois de l'eau.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: D'accord. Avant de passer au vote, ma seule remarque
est que je regarde la notion nouvelle qui est ajustée et qui est
entrée là-dedans. Je comprends que c'est pour faire
l'évaluation, mais il faut aussi essayer de comprendre que cela sert
pour cela et qu'il y a des chances que cela puisse s'étendre à
d'autres domaines.,
M. Bourbeau: Qui sait?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est une formule comme une autre. On pense qu'elle
est assez bonne et si jamais des municipalités, lors de la signature
d'ententes intermunicipales, décidaient d'utiliser cette formule pour
répartir les charges, libre à elles de le faire.
M. Dufour: Si c'est libre, cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 1 est-il
adopté?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 2.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 2 constitue une
disposition de concordance avec la modification apportée à la Loi
sur la fiscalité municipale par l'article 3.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 2 est-il
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 3.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais apporter une
modification à l'article 3. Alors, l'article 3 du projet de lui 40 est
modifié par l'insertion, à la troisième ligne de l'article
48 de la Loi sur la fiscalité municipale et après les mots
"totale des", du mot "autres"."
M. Dufour: Comment liriez-vous cela si vous n'ôtiez pas ce
que vous voulez enlever?
Ce serait...
M. Bourbeau: Je pourrais peut-être lire l'article au
complet.
M. Dufour: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: "La valeur inscrite au rôle d'un terrain
visé à l'article 47 est établie par la multiplication de
sa superficie par le taux résultant de la division de
l'évaluation totale des autres terrains inscrits au rôle à
la date de son dépôt par la superficie totale du territoire de la
corporation municipale à cette date."
Je suis convaincu que le député de Terrebonne a absolument
compris et qu'il pourrait nous expliquer cela.
M. le Président, cette modification vise à rendre
techniquement possible la détermination du taux suivant lequel sera
évalué un terrain qui forme l'assiette de la voie ferrée.
On est en matière de voie ferrée, ici. Elle précise que la
valeur de ce terrain n'est pas prise en considération lors du calcul du
taux à partir de l'évaluation totale des autres terrains inscrits
au rôle.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: De la façon que je comprends, c'est que vous
prenez l'ensemble des terrains d'une municipalité, que ce soit des
terrains vacants, des terrains vagues...
M. Blais: C'est le cas du convoi qu'on voit, qu'on ne voit pas
parce qu'on...
M. Dufour: Comment évalue-t-on tout cela? Vous faites une
médiane à travers cela ou un taux moyen que vous appliquez?
M. Bourbeau: Je peux donner des explications additionnelles au
député de Jonquière. Il sait peut-être qu'à
la suite des évaluations qui avaient été faites au cours
des dernières années, concernant les voies ferrées ou les
terrains adjacents aux voies ferrées, il y avait eu de très
nombreuses contestations par les compagnies de chemin de fer. II y a
effectivement 37 000 causes devant le Bureau de révision de
l'évaluation foncière, des causes qui ont été
amenées par les compagnies de voie ferrée. Il s'agissait de
trouver une façon d'évaluer honorablement et équitablement
les terrains appartenant à la compagnie de chemin de fer. Autrefois, on
tentait de trouver l'évaluation en prenant les terrains qui
étaient dans le voisinage des voies ferrées. Mais
évidemment, cela variait beaucoup d'une région à l'autre,
d'un endroit à l'autre.
Alors, le compromis qui a été trouvé, c'est de
trouver la valeur moyenne de tous les terrains portés au rôle
d'évaluation de la municipalité. On fera la valeur moyenne de
tous les terrains d'une municipalité et cette valeur moyenne des
terrains sera la valeur qui sera appliquée pour les terrains, pour les
emprises des voies ferrées. Cette solution est acceptable, semble-t-il,
aux compagnies de chemin de fer et cela permettra de régler d'un seul
coup 37 000 causes au Bureau de révision de l'évaluation
foncière.
M. Dufour: Cela vaut vraiment la peine de voter pour.
M. Bourbeau: Et ceci fera économiser beaucoup d'argent au
gouvernement du Québec. Je suis bien convaincu que l'Opposition va
applaudir à cette mesure.
M. Dufour: II y a un point qui me "chicote" un peu.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Le ministre doit être au courant de ce
problème ou le service d'évaluation foncière doit
être au courant de cela. Il y a des municipalités qui sont
propriétaires de terrains industriels et qui les vendent en bas du prix
du marché. Je pense qu'on ne peut pas ignorer cela. Il y a des valeurs
dans les parcs industriels qui sont vendues en bas du prix du marché
courant. Les municipalités vont vendre des terrains à 0,15 $ le
pied, par exemple. On sait bien qu'aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Si vous
achetez un terrain d'un particulier, cela n'existe pas, à moins que ce
soit à Saint-Clin-Clin-de-l'Épouvante ou quelque chose comme
cela. Je n'ai pas l'impression qu'on trouvera ces terrains dans des
municipalités normales où il n'y a pas, non plus, de parc
industriel qui a été payé par l'ensemble des contribuables
et qui a joui de subventions qui ont permis d'établir certains services
à des coûts très bas.
Il semblerait - c'est une hypothèse ou des choses que j'ai
entendu dire - que cela a pour effet, assez souvent, de baisser la valeur
industrielle de l'ensemble des terrains d'une municipalité parce que
l'évaluateur est obligé de baser ses évaluations sur les
ventes qui ont lieu dans la municipalité. Cela pourrait baisser les
coûts. Il y a des municipalités qui ont pas mal de terrains
industriels sur leur territoire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, d'après ce que je
connais de l'évaluation, si je me souviens bien, quand un
évaluateur fait une
analyse des transactions afin d'établir la valeur des terrains,
il analyse plusieurs ventes, de très nombreuses ventes d'ailleurs, pour
voir quel est le prix de vente. Quand une vente semble ne pas
représenter, a priori, la valeur marchande, les évaluateurs
écartent systématiquement ces ventes. Il arrive parfois, par
exemple, que les immeubles se vendent et l'évaluateur, a priori, voit
qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas bien, qu'il semble y avoir eu des
considérations spéciales qui ont fait que le prix de vente est
inférieur à la valeur marchande. À ce moment-là, on
rejette ces ventes comme étant non significatives et on n'en tient pas
compte. Je peux peut-être lire au député de
Jonquière l'article 43 de la Loi sur la fiscalité municipale qui
traite de la valeur réelle et qui dit: "La valeur réelle d'une
unité d'évaluation est sa valeur d'échange sur un
marché libre et ouvert à la concurrence, soit le prix le plus
probable qui peut être payé lors d'une vente de gré
à gré dans les conditions suivantes: 1° le vendeur et
l'acheteur désirent respectivement vendre et acheter l'unité
d'évaluation, mais n'y sont pas obligés; et 2° Le vendeur et
l'acheteur sont raisonnablement informés de l'état de
l'unité d'évaluation, de l'utilisation qui peut le plus
probablement en être faite et des conditions du marché
immobilier." À partir du moment où une vente ne respecte pas ces
conditions, l'évaluateur doit rejeter cette vente comme étant non
significative.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: La conclusion de ces questions, avant que mon
collègue veuille continuer, est qu'il est évident, par exemple,
que les terrains sur lesquels passe un chemin de fer, sont les meilleurs
terrains, à peu près, dans les municipalités. Ce sont
toujours des terrains où il n'y a pas de pente, etc. C'e3t mieux que
c'était, en prenant une moyenne... Cela pressure beaucoup les
municipalités et les inconvénients qui sont causés par un
chemin de fer, c'est quelque chose. Cela coupe des terrains, etc. C'est
sûrement une amélioration par rapport à ce qui existait
dans le passé, excepté que ce n'est pas nécessairement la
valeur réelle de ces terrains s'ils avaient été vendus
dans des conditions normales. Mais j'admets avec vous que cela peut être
de nature à enlever un paquet de contestations, un paquet de causes en
cour.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Avant d'en arriver à la proposition que nous
avons devant nous, nous avons contrôlé les effets de cette loi sur
la valeur de toutes les voies ferrées au Québec. Les deux unions
municipales l'ont fait et elles ont donné leur accord a ce projet
d'article 3 comme étant la meilleure solution dans les
circonstances.
M. Dufour: Sur la même longueur d'onde, M. le ministre, je
dis que c'est probablement une amélioration.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'article 3 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 3 tel
qu'amendé est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 4.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai un amendement, si vous
le voulez bien, à l'article 3.1. Permettez-vous, M. le
Président?
M. Dufour: Si vous distribuiez les amendements un peu plus vite,
on irait peut-être un peu plus vite. Amenez-nous les donc tous.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, avant que les amendements
soient distribués à l'Opposition, pour le bénéfice
du Journal des débats, j'aimerais donner une note explicative que je
n'ai pas donnée tout à l'heure sur l'article 3 et qui permettrait
peut-être de mieux comprendre. L'article 3 remplace la formule actuelle
de calcul du taux moyen des terrains qui servent à évaluer les
terrains formant l'assiette d'une voie ferrée de façon que ce
taux représente l'évaluation totale des terrains portés au
rôle par rapport à la superficie totale du territoire de la
municipalité. Cette formule d'évaluation sera plus facile
à respecter et laissera place à moins d'éléments
sujets à interprétation que la formule actuelle. En fait, M. le
Président, c'est l'équivalent de ce que j'ai dit tout à
l'heure, mais c'est dit de façon plus formelle. Ceci s'appliquait
à l'article 3 que nous venons d'adopter.
Maintenant, M. le Président, j'aimerais introduire une
modification et proposer l'adoption de l'article 3.1 qui se lirait comme suit:
Le projet de loi 40 est modifié par l'insertion, après l'article
3, du suivant: 3.1. Cette loi est modifiée par l'insertion après
l'article 68 du suivant: "68.1. Un objet mobilier attaché a
perpétuelle demeure à un
immeuble par nature visé aux paragraphes 1, 1.2, 2.1, 13, 14, 15,
16 ou 17 de l'article 204 n'est porté au rôle que dans la
proportion suivant laquelle il a pour objet de fournir un service à cet
immeuble par nature." (22 h 30)
M. le Président, cette modification prévoit qu'un objet
mobilier attaché à perpétuelle demeure à un
immeuble par nature et visé à l'article 204, qui
énumère les immeubles exempts de la taxe foncière, n'est
inscrit au rôle que s'il a pour fonction de fournir un service à
l'immeuble par nature. D'autre part, elle prévoit que si cet objet
mobilier attaché à perpétuelle demeure à un
immeuble par nature n'a que partiellement cette fonction de fournir un service
à l'immeuble par nature, il n'est évalué que pour la
proportion de sa valeur correspondant aux services fournis à l'immeuble
par nature.
L'article 204 dont il est fait mention ici, c'est l'article qui traite
des immeubles qui appartiennent au gouvernement, aux commissions scolaires, aux
hôpitaux et sur lesquels des "en lieu" de taxes sont payés.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: C'est aussi en référence à
l'amendement 0.1 qui est présentement suspendu que vous avez
essayé d'introduire.
M. Bourbeau: C'est un corollaire à l'autre article en ce
sens qu'à l'égard des immeubles du gouvernement, ceux sur
lesquels le gouvernement paie des "en lieu" de taxes, on stipule que les objets
mobiliers qui y sont situés ne seront inscrits au rôle
d'évaluation que dans la mesure où ces objets mobiliers
fournissent un service à l'immeuble par nature. Exemple, une fournaise
qui fournit un service à l'immeuble lui-même et non pas un service
à l'activité qui y est exercée.
Un autre exemple, dans une salle d'opération, une table
d'opération qui serait même fixée au sol par des clous ne
serait pas un immeuble par destination en vertu de cet article. De même
dans les écoles, un pupitre qui est un objet mobilier et qui serait
fixé par des clous dans le plancher pourrait devenir un immeuble par
destination, en vertu de cet article; il ne serait pas sujet à
l'évaluation foncière.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, dans un hôpital, il y a des
laboratoires. Il y a à l'intérieur des comptoirs qui servent et
ils sont attachés à la bâtisse. Est-ce qu'on enlève
l'évaluation de ces meubles meublants? Parce que cela me semble
important que ce soit après la bâtisse.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Les pupitres dans les écoles, les lits, les
tables d'opération ne sont pas portés au rôle
d'évaluation présentement. Mais, à cause de l'incertitude
créée par le jugement ou les jugements dont on parlait
tantôt, nous voulons nous assurer que les objets dont je viens de parler,
qui sont dans les immeubles gouvernementaux et qui ne fournissent pas un
service à l'immeuble, ne seront pas portés au rôle
d'évaluation.
M. Dufour: Vous avez des experts à côté de
vous. Je vous pose la question directement. Est-ce que les meubles qui ne
peuvent pas se transporter... Je comprends qu'un pupitre on peut le prendre et
le changer de place, même s'il est cloué au plancher, on
l'enlève et on le met ailleurs. Dans des écoles, on sait qu'il y
a des activités qui sont nécessaires et qu'à
l'intérieur d'une bâtisse on a des besoins qui doivent être
comblés par certains meubles qui en fait sont pris, non seulement
attachés avec des clous... C'est comme une armoire dans une maison. Une
armoire dans une maison est évaluée, que je sache. Elle est
attachée, elle fait partie de la maison. S'il n'y a plus d'armoire, il
n'y a plus de maison. En fait, c'est le sens de la question que je vous pose.
Dans un hôpital, est-ce qu'il y a seulement les quatre murs, les
planchers, les plafonds, les escaliers qui sont évalués ou s'il y
a des choses à l'intérieur qui nous disent que c'est un
hôpital...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Évidemment, c'est la distinction fondamentale
entre un immeuble par destination et un immeuble par nature. Si ce dont on
parle fait partie intégrante de l'immeuble, cela fait corps avec
l'immeuble, c'est un immeuble, que ce soit même un immeuble par nature,
à ce moment-là, qui ne fera pas l'objet de ce dont on parle
présentement.
Ici, on parle vraiment d'objets mobiliers qui seraient fixés
à l'immeuble à fer et à clous, attachés à
l'immeuble, et qui ne seraient pas des objets qui auraient pour fonction de
fournir un service à l'immeuble. Par exemple, une fournaise ou... Je
donne la fournaise parce que c'est le meilleur exemple. On pourrait avoir autre
chose. Ces objets mobiliers ne seront pas considérés comme des
immeubles par destination, ne seront pas portés au rôle en vertu
de l'amendement que nous apportons présentement.
M. Blais Ce n'est pas amovible à ce moment-là?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Vous parlez de la fournaise. La fournaise qui est
à l'intérieur de l'hôpital qui fournit le chauffage
à l'hôpital - j'essaie de comprendre ce que vous dites - cela fait
partie de l'immeuble?
M. Bourbeau: Pardon?
M. Dufour: La fournaise qui donne la chaleur, les conduits,
bon... tout cela est attaché, cela fait partie de l'immeuble?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La fournaise comme telle est un objet mobilier. Qn
l'apporte et on la met là. Mais à partir du moment où elle
est incorporée à l'immeuble, où elle est attachée
à fer et à clous, enfin où elle est attachée, elle
devient un immeuble par destination. Comme elle rend un service à
l'immeuble, elle fournit un service à l'immeuble lui-même,
à l'immeuble par nature, elle est sujette au rôle
d'évaluation.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufours Cela devient plus clair. Quand on parle après cela des
comptoirs qui servent, par exemple, dans certaines salles. Dans les
hôpitaux, il y a des comptoirs qui sont à perpétuelle
demeure où cela sert à... Par exemple, dans les laboratoires,
parfois les comptoirs sont dans le centre de l'appartement. Ils ne sont pas
nécessairement attachés après les murs. Ces comptoirs font
partie, à mon sens, de l'immeuble. Les comptoirs qui sont autour
pourraient être associés au mot "armoire". Quand je vous demande
cela, ce n'est pas par caprice. Je connais des endroits où il y a
beaucoup de ces comptoirs-là, qui effectivement font partie de la
bâtisse. Sans cela, la bâtisse ne remplira pas la fonction pour
laquelle elle a été mise en place.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: En ce qui concerne les comptoirs, ils n'ont jamais
été portés au rôle jusqu'à maintenant. Donc,
il n'y a pas de problème jusqu'à maintenant, sauf qu'à
cause des jugements dont on parle qui ont eu pour effet de modifier un peu le
portrait et d'apporter un nuage, si je peux dire, sur la définition de
ce que peut être un immeuble par destination, nous avons
préféré préciser qu'en ce qui concerne ces
choses-là, elles seraient exclues de l'évaluation
foncière.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres intervenants sur
l'article 3.1? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Le ministre accepterait-il de suspendre avec l'autre?
Si on a une explication pour les... Quand j'aurai obtenu les informations, cela
va s'attacher ensemble.
M. Bourbeau: Je n'ai pas d'objection à suspendre mais au
rythme où on va, si on suspend un article sur deux, on va se retrouver
à la fin du...
M. Dufours Quand il arrive, M. le ministre... je voudrais, par exemple,
qu'on s'entende bien, ce n'est pas... Si les explications que j'obtiens nous
satisfont, cela ne prendra pas six mois à adopter. Je pense qu'on a fait
la discussion, vous nous avez donné des informations. On pourrait...
C'est juste une question de cohérence. On a accepté de suspendre
un article et là on le suspend. Quand cela va arriver, pour reprendre
cela, on va se prononcer. Vous allez voir, cela ne prend pas de temps à
voter quand on est d'accord.
M. Bourbeau: Je n'aurais pas d'objection, en principe, mais tout
à l'heure il s'agissait d'un papillon qui définissait, qui
amenait une nouvelle définition à ce qui est un immeuble par
destination. Ici, il s'agit de s'assurer que, dans les immeubles
gouvernementaux, ne soient portés au rôle que les meubles qui
fournissent un service. Je pense que c'est très clair et je ne vois pas
pourquoi on veut retarder encore l'approbation de cet article. Dans ces
immeubles gouvernementaux, tout ce qui est meuble va être exclu à
l'exception des meubles, des objets mobiliers qui fournissent un service
à l'immeuble. Il me semble que c'est clair.
M. Dufour: Je voudrais juste dire au ministre que c'est
probablement par déformation professionnelle parce que j'ai
travaillé assez fort sur la Loi sur l'évaluation foncière
et la réforme de la fiscalité municipale. On a mis beaucoup
d'heures et beaucoup de jours là-dedans. On était vraiment des
bénévoles, on a fait cela, on a regardé ce qui se passait
dans cette loi, et malgré toute l'attention qu'on a apportée
à cela, il y a eu des choses qui se sont faites ou qui ont
été écrites qui ne sont pas nécessairement à
100 %. C'est ce qui explique la prudence que j'ai à travers ça;
ce n'est pas plus que ça.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez objection à ce qu'on
l'approuve maintenant?
Le député comprendra que le gouvernement paie des montants
importants. On paie 519 000 000 $ en "en lieu" de taxes, et le gouvernement ne
veut pas se trouver devant une situation où les municipalités, ou
les évaluateurs plutôt, décideraient de porter au
rôle toute une série de biens meubles, comme les pupitres dans les
écoles, les lits dans les hôpitaux, les tables d'opération.
On pourrait avoir à subir des évaluations qui monteraient
à des centaines de millions de dollars ou je ne sais pas combien de
millions. On veut être sûr que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais Mais cela n'ajoute rien à l'évaluation
actuelle.
M. Bourbeau: Actuellement c'est...
M. Blais: C'est au cas où des fois le jugement serait
interprété de telle sorte que le gouvernement serait
obligé d'avoir une augmentation sensible des redevances aux
municipalités, ce que le ministre veut absolument empêcher, au cas
où l'interprétation du jugement de 1985 s'appliquerait au
gouvernement. J'ai bien compris.
M. Bourbeau: Exactement ça. Ces objets n'ont jamais
été portés au rôle d'évaluation
jusqu'à maintenant, sauf qu'il y a un nuage qui plane depuis le
jugement, lequel pourrait faire en sorte que tout à coup on ouvre les
vannes, si je peux dire, et là tout embarque sur les rôles
d'évaluation. On veut se protéger, c'est tout.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le nouvel article
3.1 est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Dufour: Cela nous fait plaisir, on le laisse.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 4.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 4 précise
que le ministre des Affaires municipales a le droit de déposer une
plainte devant le Bureau de révision de l'évaluation
foncière dans les 60 jours de la réception d'une demande de
compensation si elle est reçue après le dernier jour de
février, alors que le ministre n'a pas reçu dans le délai
opportun un avis d'évaluation relatif à l'immeuble à
l'égard duquel la compensation est exigée.
Cette modification réglera le problème qu'occasionne pour
le ministre l'attitude de plusieurs municipalités qui croient à
tort que la formule de demande de compensation qu'elles adressent au ministre
tient lieu d'avis d'évaluation. Je pense que dans le discours de
deuxième lecture hier j'ai expliqué...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais Est-ce que vous avez d'autres papillons à
apporter à cette loi? Est-ce que cela serait possible, si vous en avez
d'autres, que nous les recevions tous immédiatement pour nous
préparer à les mieux traiter.
M. Bourbeau: Je croyais qu'on les avait distribués, tout
à l'heure je l'avais demandé...
M. Blais On le fait à la miette, mon cher ministre.
M. Bourbeau: On m'avait mal compris. Alors je demande tout de
suite qu'on les distribue. Mais pour l'article 4 ici, il n'y a pas de
modification, M. le député de Terrebonne.
Le Président (M. Saînt-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 4?
M. Dufour: II n'y a pas d'amendement apporté à cet
article. C'est justement une digression cela. J'ai été un peu
dérangé, je pense que le ministre parlait, je m'excuse. En fait
ce que vous voulez avoir c'est vraiment un délai de 60 jours pour
pouvoir formuler votre plainte? C'est ça?
M. Bourbeau: Exactement.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 5.
M. Bourbeau: L'article 5 a pour objet de prévoir que le
ministre des Affaires municipales doit être informé par le Bureau
de révision de l'évaluation foncière de toute plainte dont
l'effet, si elle était accueillie, serait d'obliger le gouvernement
à payer une compensation tenant lieu de taxes, ou une subvention
à l'égard de l'immeuble visé par la plainte. La
disposition nouvelle accorde dans ce cas un droit d'intervention au ministre
afin qu'il puisse, s'il y a lieu, faire les représentations
nécessaires.
M. le Président, je pense que c'est assez évident que, si
le gouvernement doit être éventuellement pris pour payer, il doit
au moins avoir l'occasion de se défendre. La façon dont cela
fonctionne présentement, le
gouvernement n'est pas avisé ni le ministre des Affaires
municipales d'une contestation qui pourrait éventuellement faire en
sorte que le gouvernement aurait à payer. Nous vouions simplement
pouvoir, si nous sommes pris pour payer éventuellement, avoir au moins
l'occasion de faire valoir notre point de vue. On s'est fait prendre
récemment dans une cause - cela a coûté pas mal d'argent au
gouvernement - où nous avons simplement reçu le jugement et la
facture.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Quand vous nous dites... (22 h 45)
M. Bourbeau: C'est un édifice qui s'appelle la Champenoise
ici à Québec où, à l'intérieur d'une
résidence pour personnes âgées, il y avait une section
d'une dizaine d'unités, très peu d'unités, qui
était occupée comme un centre d'accueil au sens de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et le bureau de
révision a jugé que tout l'immeuble au complet - même s'il
n'y avait que 10 unités sur 200, le reste étant des logements
ordinaires - parce qu'il y avait ces 10 unités qui étaient
reconnues par la loi, tout l'immeuble devenait exempt de taxes, de sorte que le
gouvernement a reçu une facture pour la totalité des taxes
foncières de l'immeuble et a été obligé de payer.
Le gouvernement prétend que, s'il n'y a que 10 unités qui sont
reconnues par la loi sur 200, par exemple, on ne devrait pas payer plus que
10/200 des taxes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Conquière.
M. Dufour: Le bureau d'évaluation, c'est le BREF. Qui est
le responsable du bureau? Est-ce que c'est le ministre des Affaires
municipales?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que le Bureau de révision
de l'évaluation foncière, effectivement, dépend du
ministre des Affaires municipales.
M. Dufour: Cela prend une loi pour exiger du bureau qu'il vous
informe. Vous n'auriez pas pu, par une note interne, sous votre
autorité, par un arrêté en conseil, je ne sais quoi, par un
autre moyen exiger qu'il vous fasse parvenir cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je signalerai au député que le Bureau
de révision de l'évaluation foncière est un tribunal quasi
judiciaire et que le ministre des Affaires municipales ne peut pas lui donner
de directive, parce que ce serait de l'ingérence dans l'administration
des tribunaux.
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 5 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 6.
M. Bourbeau: L'article 6 constitue une disposition de concordance
avec la modification introduite dans la Loi sur la fiscalité municipale
par l'article 3.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 6 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 7.
M. Bourbeau: L'article 7 constitue une disposition de concordance
qui a pour objet de charger l'évaluateur de modifier le rôle pour
donner suite à une décision de la Commission municipale du
Québec qui révoque une reconnaissance accordée en vertu du
paragraphe 10 de l'article 204 de la Loi sur la fiscalité municipale ou
en vertu de l'article 203.1 de cette loi.
Le Président (M. Saint-Roch); M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: C'est l'article où des organismes veulent avoir
des exemptions de taxes.
M. Bourbeau: Les taxes d'affaires.
M. Dufour: Non, c'est l'exemption de taxes purement et
simplement.
M. Bourbeau: Les taxes foncières, effectivement.
M. Dufour: De plus en plus, on assiste à une demande
presque effarante. C'est presque la course. En tout cas, je ne sais pas si cela
a changé depuis un an, mais il me semble que de plus en plus les
organismes vont à la Commission municipale pour obtenir ...
M. Bourbeau: Je ne pourrais pas dire au député si
le nombre a augmenté, mais la loi prévoit que les organismes qui
veulent être exemptés s'adressent à la Commission
municipale.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Comme il commence à y en avoir pas mal... Si
vous regardez, par exemple, le rapport annuel de la Commission municipale, il
commence à y avoir un nombre d'organismes important. De plus en plus il
y a ces organismes qui font appel à la Commission municipale pour
être exemptés de taxes. Je me demande si, à la longue, ces
organismes ne feront pas qu'il y ait beaucoup d'évaluations qui vont
être enlevées sur les rôles d'évaluation.
M. Bourbeau: Évidemment, cela dépend de ce que veut
le législateur. Dans la loi actuelle, sont exemptés des taxes
foncières les organismes culturels, charitables. Je peux donner la
nomenclature au député.
M. Dufour: C'est l'article 10, je pense, de la Commission
municipale.
M. Bourbeau: Les organismes qui sont utilisés sans but
lucratif principalement à des fins culturelles - ce qui va
intéresser le député de Terrebonne - scientifiques,
récréatives, charitables ou sociales. Évidemment, si on
veut modifier ces critères, cela pourrait avoir pour effet de permettre
aux municipalités d'augmenter les revenus de taxes, mais, par contre,
cela pourrait avoir pour effet de susciter des critiques dans le monde
culturel, dans le monde scientifique, dans le monde récréatif,
dans le monde charitable et dans le monde social.
M. Dufour: À la longue, M. le ministre...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...il commence à y avoir beaucoup de... Je sais
qu'il y en a qui se sont fait ajouter avec le temps. Ce ne sont pas les
municipalités qui ont accordé ce droit-là. Le
législateur a pensé qu'il devrait apporter des modifications qui
permettraient d'inscrire certains immeubles pour les buts que vous avez
mentionnés tout à l'heure, pour avoir des exemptions de taxes.
Mais je me demande si, à la longue, ce ne sera pas de nature à
augmenter les coûts. Je vais vous dire le fond de ma pensée. Un
organisme pourrait demander une exemption de taxes et quand c'est
accordé, c'est l'ensemble des contribuables qui paient le manque
à gagner de la municipalité. C'est évident qu'ils ont
besoin de tant d'argent pour administrer. S'ils ne l'ont pas d'un
côté, ils vont le chercher ailleurs. C'est cette remarque que je
fais. J'ai l'impression qu'à la longue, on va peut-être être
obligés de réfléchir un peu plus sur cela. Cette
réflexion, je ne pense pas qu'on la fasse ce soir, mais je pense
qu'à la longue, on va être obligés de la faire. Cela ne
m'énerve pas quand vous dites: Ce sont des subventions
déguisées. La plupart de ces organismes-là, en plus, ont
des subventions de leurs municipalités, ils en ont des gouvernements et
il en ont d'un peu partout. Dans le fond, ils paient tout partout. Il y a juste
une place où ils ne sont pas capables de payer; c'est leurs taxes. Le
gouvernement ne remet pas les taxes de vente à ces organismes parce que,
quand ils font des espèces de commerce, un peu toutes sortes de choses,
il peut se produire que ces organismes aient des activités avec une
certaine rentabilité.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: II reste quand même que le gouvernement vient
en aide aux organismes charitables en leur permettant d'émettre des
reçus pour fins d'impôt, des choses comme celles-là.
M. Dufour: On dit la même chose. Mais ils viennent le
chercher par en arrière.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 8.
M. Bourbeau: L'article 8 étend à la décision
de la Commission municipale du Québec de révoquer la
reconnaissance, les règles applicables à la prise d'effet de la
reconnaissance.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Dufour: Adopté. M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 9.
M. Bourbeau: L'article 9 constitue une disposition de concordance
avec les modifications apportées par l'article 3 à la Loi sur la
fiscalité municipale. Cela concerne toujours les voies ferrées,
M. le Président, ou les terrains.
M. Dufour: C'est de la concordance. M. Bourbeau: Oui.
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 10.
M. Bourbeau: L'article 10 modifie les critères suivant
lesquels un immeuble devient exempt de taxes foncières pour faire
l'objet d'une compensation gouvernementale tenant lieu de taxes. Les
critères actuels veulent que l'immeuble appartienne à la couronne
ou à une institution du réseau de l'éducation ou des
affaires sociales et soit utilisé à des fins propres au
gouvernement ou à une telle institution. L'amendement proposé
fera en sorte que seul le critère de l'appartenance de l'immeuble sera
maintenu.
Premièrement, le paragraphe 1 retranche la dernière partie
du paragraphe 1 de l'article 204 pour faire en sorte que l'immeuble appartenant
à la couronne du Québec ou à la Société
immobilière du Québec devienne exempt par son seul
caractère d'appartenance. La modification fait en sorte que,
dorénavant, le gouvernement versera des compensations pour un immeuble
qui lui appartient, mais qui est administré ou géré par
une autre société qui est un mandataire de la couronne, puisqu'un
tel immeuble sera exempt de toute taxe foncière.
Deuxièmement, le paragraphe 2 modifie le paragraphe 14 de
l'article 204 pour faire en sorte que le critère d'appartenance soit le
seul critère suivant lequel sera considérée l'exemption de
taxes d'un immeuble du réseau des affaires sociales.
Finalement, troisièmement, les paragraphes 3 et 4 ont
également pour objet de faire en sorte que seul le critère
d'appartenance soit considéré en matière d'exemption de
taxes à l'égard des immeubles du réseau de
l'éducation.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Ce n'est pas pour rétrécir, cela ouvre
plus grand ce qui était avant. On va y aller.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 11.
M. Bourbeau: L'article 11 a pour objet de faire en sorte que la
présomption d'accord d'une corporation municipale consultée, qui
ne donne pas son avis dans les 90 jours, s'applique également au cas de
révocation de reconnaissance.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: C'est bien l'article 204.2?
M. Bourbeau: Pour le bénéfice du
député de Jonquière, je pourrais dire que, quand la
Commission municipale donne une exemption de taxes, elle envoie un avis
à la municipalité et la municipalité a un certain nombre
de jours pour donner son accord. Si elle ne réagit pas, elle est
présumée avoir accepté, et cela se fait dans les deux
sens: et pour la reconnaissance, et pour la révocation.
M. Dufour: Mais c'est toujours la Commission municipale qui a le
dernier mot dans la décision?
M. Bourbeau: Oui, mais après avoir consulté la
municipalité.
M. Dufour: Oui, oui, je sais comment on procède.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. Dufour: Cela va. M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 12.
M. Bourbeau: L'article 12 constitue une disposition de
concordance avec la modification apportée par le paragraphe 1 de
l'article 10 et fait en sorte qu'une société mandataire de la
couronne n'ait pas à payer les taxes à titre de locataire d'un
immeuble qui appartient à la couronne ou à la
Société immobilière du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: La bâtisse appartient en principe au
gouvernement ou à une société mandataire. Est-ce qu'elle
est responsable pour l'ensemble?
M. Bourbeau: Qui?
M. Dufour: S'il y a une partie d'une bâtisse... En fait,
c'est toujours au point de
vue de l'évaluation ou du paiement des taxes. On est toujours
dans ces articles, ce n'est pas seulement une question de définition.
C'est un immeuble non imposable, on en parle. Si vous enlevez ces mots, il
pourrait arriver qu'un autre organisme occupe cette bâtisse. C'est un peu
ce que cela veut dire, cela va?
M. Bourbeau: À des fins administratives, il est
jugé préférable que le gouvernement paie les "en lieu" de
taxes sur tout l'immeuble même si une partie de l'immeuble, est
occupée par un autre locataire qu'une société du
gouvernement, une société de la couronne ou un mandataire.
M. Dufour: Supposons que le tiers de la bâtisse est
occupé par un organisme autre que gouvernemental, qu'est-ce qui
arriverait? Supposons que le gouvernement est propriétaire d'une
bâtisse et qu'un tiers de la bâtisse ne sert pas à son
propre usage, qu'il loue des bureaux à un autre organisme ou quelque
chose comme cela, comment cela se passerait-il pour le paiement?
M. Bourbeau: Le gouvernement va payer la totalité des "en
lieu" de taxes sur l'immeuble à la municipalité, mais on va
récupérer la taxe du locataire qui n'est pas gouvernemental dans
les baux, dans le loyer du locataire, comme le fait un propriétaire
privé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: J'ai une question sur une expression que je ne
comprends pas: "...ou qu'une société qui est mandataire de la
couronne du chef du Québec". Cela veut dire quoi? Je n'ai jamais vu
cela, cette expression: "la couronne du chef du Québec".
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On me dit que c'est pour la distinguer de la
couronne du chef du Canada.
M. Blais: Mais c'est quoi, la couronne du chef du
Québec?
M. Bourbeau: C'est une expression... M. Blais: C'est cela
que je veux savoir.
M. Bourbeau: ... consacrée qui est employée
généralement dans les textes de loi.
M. Blais: On voit la couronne, mais le chef de la couronne...
M. Dufour: Le chef de la couronne, c'est cela.
M. Blais: Le chef de la couronne, oui, mais pas la couronne du
chef. Peut-être qu'en droit on rencontre souvent cette expression.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Dans les textes de loi...
M. Blais: Oui, c'est ce que je veux savoir.
M. Bourbeau: ... on rencontre très souvent l'expression
"du chef du Québec".
M. Blais: II n'y a rien de drôle là-dedans, je ne
suis pas avocat et je n'en ai pas honte, c'est une maladie comme une autre,
être avocat.
M. Bourbeau: Moi non plus, je ne suis pas avocat, M. le
député de Terrebonne, et je n'en ai pas honte non plus. Je vous
signale cependant que dans les textes de loi on rencontre très souvent
l'expression "du chef du Québec" ou du "chef de la couronne du
Canada".
M. Blais: La couronne du chef?
M. Bourbeau: Ce n'est pas la couronne du chef.
M. Blais: Bien oui, c'est marqué "la couronne du
chef".
M. Bourbeau: C'est "la couronne du chef du Québec", ce
n'est pas la même chose.
M. Blais: En tout cas...
M. Bourbeau: On ne parle pas du chef du gouvernement du
Québec.
M. Blais: ... c'est une expression consacrée...
M. Bourbeau: Une clause de style, M. le député. (23
heures)
M. Blais: Gardons-le comme tel et vivent les mots ancestrauxl Je
ne pourrais pas dire: "Vive la couronne!" Ce n'est pas mon style.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle
l'article 13.
M. Bourbeau: L'article 13 a également pour objet
d'appliquer, en matière de révocation et de reconnaissance, les
règles applicables à l'égard de la date de prise de fait
d'une reconnaissance. Cette date ne peut être antérieure au
début de l'exercice financier au cours duquel la demande de
reconnaissance et de révocation est faite ou au cours duquel la
révocation est prononcée lorsque la commission agit de son propre
chef. Il s'agît du propre chef de la commission.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: On sait que, lorsque l'organisme demande une
exemption, cela dure longtemps, somme toute, c'est permanent. Parfois, cela
s'applique au milieu de l'année ou vers la fin de l'année.
J'imagine que c'est proportionnel. Est-ce que cela s'applique à partir
du moment où l'organisme l'a demandé? Dans les grandes
municipalités, cela ne dérange pas tellement, mais je pense aux
petites municipalités. Est-ce que c'est à la date de la demande
ou à la date où la commission prononce le décret?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: À compter de la date... On me dit que c'est
la date de la demande de reconnaissance. C'est dit dans l'article 209.1.
M. Dufour: Est-ce que vous pouvez me donner l'information
à savoir combien il y a de temps 'entre la demande et le jugement?
Est-ce que, parfois, il peut y avoir une période assez longue?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Nous n'avons pas avec nous, à cette table,
les représentants de la Commission municipale et je ne pourrais pas
répondre à cette question; je pourrais, par contre, prendre avis
de la question et donner la réponse au député demain ou
après-demain.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: En attendant d'avoir la réponse, est-ce qu'il
ne serait pas logique que ces exemptions soient effectives à partir du
moment de la décision plutôt qu'au moment de la demande?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est un point de vue qui se défend. L'autre
point de vue, c'est que, si un organisme prétend avoir droit à
une exemption et que la Commission municipale lui donne raison, on peut tenir
pour acquis que l'organisme avait raison de demander l'exemption puisqu'elle y
avait droit à partir du moment où elle a fait la demande.
M. Dufour: D'un autre côté, la municipalité
n'est jamais gagnante dans tout cela. Il faut bien comprendre cela. La
municipalité prépare son budget en fonction des revenus
prévisibles, puisqu'elle administre en bon père de famille. Il y
a une demande qui est faite le 3 janvier de l'année courante, la
décision sera rendue le 30 décembre et la municipalité
sera obligée de rembourser pour toute l'année. C'est juste dans
ce sens. Je serais porté à être plus sévère,
je serais porté à dire que la municipalité devrait donner
l'exemption l'année suivant le jugement de la Commission municipale. Je
ne serais même pas porté à le donner immédiatement
parce que, plus les revenus sont stables dans une municipalité, plus
c'est facile au point de vue administratif. Ceci étant dit, je n'ai pas
d'objection majeure à cet article.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 14.
M. Bourbeau: L'article 14 a un double objet. D'abord, il vise
à permettre au gouvernement d'exempter de toute taxe foncière
municipale et scolaire un immeuble appartenant à un organisme
international non gouvernemental. D'autre part, il a pour objet
d'étendre l'exemption possible de taxes non seulement aux taxes
foncières, mais également aux taxes personnelles ainsi qu'aux
compensations municipales. Cet article a enfin pour objet de permettre au
gouvernement de s'engager à verser à la corporation municipale ou
à la commission scolaire une somme tenant lieu de toute taxe ou
compensation dont il a exempté un immeuble ou une personne qui
l'occupe.
Il s'agit là d'une mesure qui a été annoncée
par le ministre des Finances lors du budget du mois de décembre dernier
et qui a pour objet de favoriser l'implantation, chez nous, d'organismes
internationaux non gouvernementaux.
M. Dufour: S'agit-il des consulats?
M. Bourbeau: Non. Il s'agit d'organismes
internationaux non gouvernementaux.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Tout immeuble d'un gouvernement étranger, cela
pourrait être un consulat. Je sais que les consulats ne paient pas de
taxes à Québec.
M. Bourbeau: Non. Les consulats sont considérés
comme des immeubles gouvernementaux. Il s'agit d'immeubles non gouvernementaux,
des immeubles appartenant à des organismes internationaux non...
M. Blais Le Centre bancaire international.
M. Bourbeau: Non. L'IATA, par exemple, ou des organismes comme
ceux-là qui ont une vocation internationale mais qui ne sont pas
gouvernementaux. L'objectif est de tenter d'attirer chez nous l'implantation de
ces sièges sociaux et de ces organismes. Si mon information est bonne,
l'Ontario actuellement exempte ces organismes des taxes foncières.
M. Blais: L'UNESCO, n'importe quoi du genre, c'est cela?
M. Dufour: Si je lis bien là...
M. Bourbeau: Oui. Tout ce qui n'est pas gouvernemental.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ..."Tout immeuble d'un gouvernement étranger",
un immeuble d'un gouvernement étranger, ce n'est pas un organisme.
M. Bourbeau: Ceux-là sont déjà
exemptés. La mesure qu'on propose présentement vise à
étendre aux immeubles internationaux non gouvernementaux les mêmes
privilèges qui sont accordés aux immeubles internationaux
gouvernementaux.
M. Dufour: Par exemple, si une banque de France, comme le
Crédit lyonnais venait s'installer ici, est-ce qu'elle serait
exemptée?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Non. Les banques sont des organismes privés.
Ce ne sont pas...
M. Blais: Le Crédit lyonnais, c'est
nationalisé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On m'avise qu'un organisme comme la banque dont
parle le député de Terrebonne, le Crédit lyonnais,
étant une banque d'affaires, ne serait pas admissible à ce
crédit.
M. Blais: Même si c'est nationalisé...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: ...en France. Disons qu'une banque de France
nationalisée vient s'installer ici. Pour s'installer ici, il faut
qu'elle ait une charte. En ayant une charte à but lucratif ou non, cela
devient une compagnie, donc, ce n'est pas une entreprise gouvernementale. Je
pense que c'est ce que vous voulez dire.
M. Bourbeau: Oui. Le...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Dans le texte ici, le député de
Terrebonne remarquera qu'il y a le mot "international". Or, cela veut dire que
l'organisme en question fonctionne dans plusieurs pays et est un
organisme...
M. Blais: Cela en prend deux pour être international.
M. Bourbeau: Et cela s'applique ici à des
organismes...
M. Blais: Donc, la France et le Canada ou le Québec. Cela
dépend de ce que vous prenez comme pays. Cela en ferait trois. Bon! Le
Crédit lyonnais qui s'en vient ici, cela en fait deux. C'est donc
international dès qu'on passe la frontière.
M. Bourbeau: L'intention du législateur n'est pas
d'inclure les banques là-dedans ou les organismes qui font des...
M. Blais: D'accord. Merci. C'est ce que je voulais savoir.
M. Bourbeau: Ce sera inscrit au Journal des débats, M. le
député.
M. Blais: C'est parce que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: ...pour le centre bancaire, au début, vous
m'avez dit oui. Alors, je suis allé aux banques. C'est-à-dire que
vous avez opiné du bonnet. Le centre bancaire s'en vient probablement
à Montréal - on ne sait
jamais - et ce serait oui. C'est pour cela que je suis tombé dans
les banques après.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La question du député est
hypothétique, évidemment. II va falloir qu'on vérifie les
statuts du Centre banquier international et à ce moment-là, une
décision sera prise.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que...
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: J'aurais une autre question. D'abord, la
première condition pourrait être faite. Vous pourriez remplir...
Selon l'article, le gouvernement peut exempter.
M. Bourbeau: C'est cela.
M. Dufour: Au deuxième paragraphe, il peut aussi payer
dans la mesure qu'il détermine. Vous pourriez avoir le premier morceau
de l'article et le deuxième, ne pas le...
Une voix: C'est la politique...
M. Dufour: Ce n'est pas écrit dans la loi.
M. Bourbeau: Je pense bien...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...qu'on peut dire sans se tromper que si le
gouvernement décide d'exempter d'une part le corollaire, c'est qu'il va
payer la compensation.
M. Dufour: Mais vous n'auriez pas la volonté ou le
désir d'inscrire "doit"?
M. Bourbeau: D'inscrire quoi?
M. Dufour: Je sais que chaque fois qu'il y a des lois, c'est
toujours le mot "peut". Le gouvernement s'oblige bien rarement par une loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Effectivement, je pense que le gouvernement veut se
réserver le loisir de considérer chaque cas au mérite et
de voir si oui ou non l'organisme dont on réclame l'exemption tombe dans
la catégorie de ceux qui auraient droit à l'exemption.
M. Dufour: C'est parce que je sais que les organismes...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...qui représentent les municipalités
sont toujours très chatouilleux sur l'article où il est inscrit
"peut" et ils voudraient qu'on inscrive "doit". Je me rends compte que le
ministre n'est pas prêt... Il est peut-être prêt à
accepter les avis de ces organismes quand cela va bien, mais quand ils
demandent des choses qui vont un peu plus loin, il n'est pas prêt
à embarquer tout à fait.
M. Bourbeau: Dans le mesure...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...où le mot "peut" est utilisé dans
les deux paragraphes, c'est la même chose. Si on avait "doit" dans le
premier et "peut" dans le deuxième, ce serait injuste pour les
municipalités parce que le gouvernement pourrait exempter certains
organismes internationaux et se réserver le droit de ne pas payer la
compensation. Mais dans le cas présent, le gouvernement peut exempter et
peut payer. Alors, on peut tenir pour acquis que s'il décide d'exempter,
il va payer.
M, Dufour: Je ne vois pas de... Je suis prêt à
voter.
Le Président (M. Saint-Roch); Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Dufour: Adopté. M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 15.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais apporter...
Le Président (M. Saint-Roch): II y a un papillon à
l'article 15.
M. Bourbeau: ...une modification à l'article 15.
L'article 15 du projet de loi 40 est modifié par le remplacement
dans les deuxième et troisième lignes du troisième
alinéa de l'article 211 de la Loi sur la fiscalité municipale des
mots "adopte le règlement d'imposition de" par le mot "impose".
L'article 15 modifie l'article 211 de la Loi sur la fiscalité municipale
pour y introduire une formule d'indexation du plafond au-delà duquel ne
peut être établie
la valeur imposable par hectare d'un terrain utilisé comme
parcours de golf et dont la superficie est de 20 hectares ou plus.
Cette formule d'indexation prévoit que le plafond est
augmenté ou diminué d'un pourcentage qui correspond au taux
d'augmentation ou de diminution de la valeur moyenne des terrains inscrits au
rôle lors de son dépôt par rapport à la valeur
moyenne des terrains inscrits au rôle de l'exercice
précédent lors de son dépôt. Il appartiendra au
conseil de la corporation municipale d'officialiser ce pourcentage et le
montant du nouveau plafond en même temps qu'elle imposera la taxe
foncière générale.
En ce qui concerne la modification que nous apportons à l'article
15, M. le Président, le mot "règlement" est imprécis pour
désigner le mode d'imposition de la taxe foncière
générale puisque celle-ci, suivant l'article 989 du Code
municipal, peut être imposée par résolution.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Quand vous parlez de la valeur du terrain, est-ce que
vous prenez la même formule que pour les chemins de fer?
Je vais répéter ma question: Est-ce que vous prenez la
même formule... Il ne semble pas que vous preniez la même formule
pour fixer la valeur du terrain que celle pour les chemins de fer, même
si on parle d'une valeur moyenne de terrain.
Le Président (M. Saint-Rach): M. le ministre. (23 h 15)
M. Bourbeau: Dans le cas des terrains de golf, on prend la
totalité des terrains de la municipalité et leur valeur et on
calcule d'une année à l'autre l'augmentation en pourcentage de la
valeur. Alors que pour ce qui est des voies ferrées, on prend l'ensemble
de la valeur des terrains de la municipalité divisé par le nombre
de pieds carrés et cela fait la valeur moyenne par pied carré des
terrains.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, fondamentalement, je ne sais
pas si c'est parce que l'heure avance, mais il me semble que j'ai de la
difficulté à ...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est parce que dans le cas des terrains de golf, on
cherche le pourcentage d'augmentation de la valeur d'une année à
l'autre. Ce pourcentage est appliqué pour faire augmenter le plafond
d'une année à l'autre de la valeur des terrains de golf pour des
fins d'évaluation.
Dans le cas des voies ferrées, il s'agissait de trouver la valeur
moyenne au pied carré des terrains pour des fins
d'évaluation.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Peut-être que cela n'a pas de cause à
effet. Je pose la question parce que vous avez des experts à
côté de vous. Il y a un maximum de 2500 $ qui... Le terrain de
golf, il y a encore...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: II y avait un maximum autrefois de 2500 $. Vu qu'il
était fixe, chaque fois qu'une année passait, à cause de
l'inflation, le privilège accordé aux terrains de golf augmentait
d'année en année, puisque le seuil était fixe, À
partir de maintenant, le montant du seuil ou du plafond, si vous voulez, va
être indexé annuellement pour suivre l'augmentation du coût
de la vie sans être obligé de revenir devant l'Assemblée
nationale pour augmenter le plafond.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: II n'y aura plus de plafond à ce que je
comprends. Est-ce que le plafond de 2500 $ continue ou s'il fluctue d'un
endroit à un autre?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le plafond de 2500 $ est le plafond qui est
fixé maintenant. À partir de maintenant, ce plafond va être
indexé annuellement selon la formule qui est mentionnée à
l'article 15. Par exemple, s'il y a une augmentation d'évaluation totale
de 2 % dans la municipalité, le plafond va augmenter de 2 %.
M. Dufour: Donc, à l'avenir il pourrait arriver que le
plafond ne soit pas égal pour l'ensemble des terrains de golf du
Québec?
M. Bourbeau: Oui, cela pourrait différer d'un terrain de
golf à un autre s'ils ne sont pas situés dans la même
municipalité.
M. Dufour: Serait-il possible que cela baisse?
M. Bourbeau: Oui, cela pourrait baisser si la valeur moyenne des
terrains baisse.
M. Dufour: Est-ce que cela représente
des augmentations de coût importantes pour les terrains de
golf?
M. Bourbeau: Étant donné que c'est
évalué à 2500 $ l'hectare et étant donné que
les terrains de golf dans les municipalités du Québec il n'y en a
pas légions, je n'ai pas l'impression que cela va faire une grande
différence d'une année à l'autre sur les revenus de taxes
de la municipalité.
M. Dufour: Je veux juste dire ceci au ministre. Lorsqu'on a
étudié la Lot sur la fiscalité municipale - il y a des
gens autour ici qui doivent se le rappeler - il y a eu pas mal de
représentations au sujet des terrains de golf. On aurait pensé
qu'il y avait beaucoup de terrains de golf au Québec. C'est dans ce sens
que je vais juste poser...
M. Bourbeau: J'ai l'impression qu'il y a beaucoup plus de
golfeurs que de terrains de golf.
M. Dufour: C'est presque une vérité de La Palisse.
D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'article 15 est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 15 tel
qu'amendé est adopté?
Me Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 16.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 16 modifie
l'article 232 de la Loi sur la fiscalité municipale en précisant
que les activités énumérées au premier
alinéa sont assujetties à la taxe d'affaires, qu'elles soient
exercées à des fins lucratives ou non.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que le ministre peut nous informer de ce que
cela couvre, nous donner une énumération des
éléments que peut couvrir cette particularité dans le
projet de loi?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je pense qu'il faut retourner à l'intention
du législateur lors de la réforme de la fiscalité
municipale en 1979 alors que le législateur entendait soumettre à
la taxe d'affaires les activités économiques ou administratives
en matière de finances, de commerce, d'industrie et de service et
l'exercice d'un métier, d'un art ou d'une profession. Tout cela devait
donner lieu à l'assujettissement à la taxe d'affaires sans
égard au fait que cette activité soit lucrative ou non.
Cependant, une décision finale de la Cour d'appel, lors d'une cause qui
impliquait l'Union des employés de commerce contre la ville de
Québec, venait restreindre considérablement cette
interprétation en décidant que ces activités
n'étaient pas assujetties à la taxe d'affaires ou ne
l'étaient plutôt que dans la mesure où elles
s'exerçaient à des fins lucratives. Cette décision de la
Cour d'appel statua sur le pourvoi contre un jugement de la Cour municipale de
la ville de Québec, rendu le 11 mars 1983 en faveur de la ville de
Québec qui réclamait, de la part de l'Union des employés
de commerce, le paiement d'une taxe d'affaires. Il venait en quelque sorte
mettre fin à un débat engagé depuis la mise en vigueur de
la nouvelle loi sur la fiscalité municipale. En effet, depuis la
réforme en cette matière, deux écoles de pensée
avaient vu le jour concernant l'interprétation donnée à
l'article 232. La première prétendait que, par un libellé
différent de l'ancien pouvoir municipal en la matière, le
législateur avait manifestement voulu que le paiement de la taxe
d'affaires puisse être exigé de toute personne qui exerçait
une activité visée à l'article 232, même si cette
activité ne possédait aucun caractère
rémunérateur. La seconde école de pensée ne voyait
pas dans le changement du libellé de l'article 232 une intention
manifeste du législateur de faire de la taxe d'affaires une taxe
à l'activité qui n'est pas associée d'une intention de
gain ou de profit.
Toutefois, à l'analyse des décisions rendues par les
tribunaux de première instance avant le 22 mai 1985, on pouvait
constater que la majorité d'entre elles favorisait la première
école de pensée, soit celle préconisant une
interprétation élargie de l'assiette fiscale en matière de
taxe d'affaires. Cette interprétation souhaitée de l'article 232,
lors de l'adoption de la réforme, était consacrée,
jusqu'à la décision de la Cour d'appel, par un courant
jurisprudentiel majoritaire que vient rétablir de façon
déclaratoire l'amendement apporté par l'article 16 du projet de
loi.
Maintenant, j'aimerais signaler aux députés de
l'Opposition que l'effet rétroactif de cette disposition
déclaratoire ne sera pas opposable aux jugements rendus ni aux causes
pendantes à la date de la présentation du présent projet
de loi. Cependant, comme on le constatera lors de l'étude de l'article
27, la protection contre l'effet rétroactif n'englobe pas les causes
pendantes instituées par le gouvernement, ses ministères ou ses
organismes. Donc, à l'égard du gouvernement,
des ministères ou des organismes, le gouvernement accepte de se
soumettre à l'interprétation et de payer la taxe d'affaires.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que cet article pourrait couvrir les caisses
populaires?
M. Bourbeau: Non, M. le Président. Les caisses populaires
ne sont pas visées par cet article.
M. Dufour: Ça va. De quelle façon n'est-ce pas
couvert par cet article?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Dufour: C'est par la Loi sur les coopératives ou par un
autre article de la loi, je pense.
M. Bourbeau: En vertu des lois constitutives des caisses
populaires, il est dit qu'elles ne sont pas sujettes à la taxe
d'affaires. Je vais peut-être corriger un peu ce que je viens de dire.
L'article 128 de la Loi sur les coopératives dit que l'activité
d'une coopérative, avec ses membres, ne constitue pas l'exploitation
d'un commerce ou d'un moyen de profit. Dans la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit, à l'article 77...
M. Dufour: ...
M. Bourbeau: Je n'ai pas terminé, M. le
député, je suis en train de lire. Ces activités
coopératives ne sont pas réputées constituer
l'exploitation d'un commerce, d'un établissement financier ou d'un moyen
de profit. Maintenant...
M. Blais: C'est olographe, on pourrait peut-être en avoir
une copie.
M. Bourbeau: La Loi sur les syndicats coopératifs,
l'article 6.
M. Dufour: Vous parlez des?
M. Bourbeau: La Loi sur les syndicats coopératifs...
M. Dufour: Ils seraient exemptés?
M. Bourbeau: À l'article 6, on dit: Ces activités
coopératives ne sont pas réputées constituer
l'exploitation d'un commerce, d'un établissement financier ou d'un moyen
de profit. En conséquence, les organismes dont on vient de parler et qui
dépendent de la Loi sur les coopératives, de la Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit et de la Loi sur les syndicats
coopératifs ne sont pas assujettis à la taxe d'affaires.
M. Blais D'accord. M. le ministre...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: ...comme tout le monde, je lis vos déclarations
et je vous suis à l'oeil. Vous avez fait une déclaration au
Soleil le 12 juin, parmi vos nombreuses déclarations, et dans celle-ci,
vous disiez: "Le ministre - le ministre veut dire vous - a raconté
qu'une association patronale de Montréal et le syndicat de Québec
avait réussi à convaincre les tribunaux qu'ils constituaient un
organisme sans but lucratif et qu'ils devaient, en conséquence,
être exemptés de la taxe foncière, et ils ont
été exemptés." Vous ajoutez: "L'impact d'une telle
interprétation des tribunaux pourrait priver la ville de Québec
de 17 000 000 $ en taxes, Montréal de 9 500 000 $ et Sainte-Foy de 4 000
000 $." Cela ne veut pas dire qu'elles le sont actuellement, mais c'est en
prévision que vous amenez cela.
C'était le préambule de ma question principale. En
question principale, M. le ministre, pourriez-vous me dire - pour une fois,
j'aimerais bien que vous répondiez à la question - si l'Âge
d'or, l'AFEAS et différentes associations vraiment à but non
lucratif comme celles-là seront désormais obligées de
payer la taxe d'affaires? Est-ce que c'est ça?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'aimerais référer le
député de Terrebonne à l'article 204, paragraphe 10 de la
loi dont on a parlé tout à l'heure, et dire que n'est pas sujet
à la taxe d'affaires "un organisme qui est à l'usage du public et
utilisé sans but lucratif principalement à des fins culturelles,
scientifiques, récréatives, charitables ou sociales", ou
encore...
M. Blais: Exempté.
M. Bourbeau: Exempté... ou encore une institution ou un
organisme qui est "un organisme de charité enregistré aux fins de
la Loi sur les impôts pour y faire la charité ou pour y exercer
des activités administratives dans la poursuite de cet objectif."
M. Dufour: Ils peuvent se faire exempter par...
M. Blais: C'est ce qui existe actuellement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Cet amendement que vous apportez ne change rien
à leur affaire.
M» Bourbeau: Non, absolument rien.
M. Blais: Est-ce qu'une ville a le droit? Un
théâtre? Un théâtre c'est une compagnie sans butlucratif - je ne parle pas d'un cinéma, je parle d'un
théâtre - est-ce que c'est à l'intérieur?
M. Bourbeau: Écoutez, si le théâtre en
question...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...fait une demande à la commission
municipale pour être exempté et qu'il est reconnu comme
exerçant "des activités culturelles...
M. Blais: Oui, c'est cela.
M. Bourbeau: ...scientifiques, récréatives,
charitables ou sociales".
M. Blais: Un théâtre. Pas un théâtre
d'été. Le Théâtre du Nouveau Monde, n'importe quel
théâtre; ce sont des compagnies sans but lucratif. Je ne connais
pas de théâtre à but lucratif.
M. Bourbeau; Écoutez...
M. Blais: II n'y en a pas. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas qui
font d'argent, mais il n'y a aucun théâtre sans but lucratif.
M. Bourbeau: Mais le Patriote est assez lucratif, je crois?
M. Blais: Pardon?
M. Bourbeau: La boite a chansons. Le Patriote était assez
lucrative, je crois?
M. Blais: Oui, mais c'est l'exception. Je ne veux pas parler de
moi. Je n'ai jamais eu de subvention, non plus. Je parle des
théâtres normaux. Le Patriote n'a jamais eu de subvention. On peut
en parler une heure si vous voulez?
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit un mot, M. le Président. Je
ne sais pa3 pourquoi le député de Terrebonne...
M. Blais: Non, mais vous m'avez regardé avec un oeil de
porc frais de fort près.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: Je tiens à dire que je n'en ai jamais eu. Le
Centre culturel populaire. Le Patriote en a eu. C'est une autre chose.
M. Bourbeau: Le centre...
M. Blais: Une compagnie à but non lucratif, le TNM...
M. Bourbeau: Le centre populaire quoi?
M. Blais: ...le Théâtre du Nouveau Monde...
M. Bourbeau: Le centre populaire Le Patriote.
M. Blais: Pardon?
M. Bourbeau: Le centre populaire Le Patriote en a eu, vous
dites?
M. Blais: Oui, jadis. C'est une autre affaire.
M. Bourbeau: Dans lequel le député de Terrebonne
était intéressé.
M. Blais: Voulez-vous qu'on en parle? On a jusqu'à minuit
pour en parler. Vous pouvez en parler si vous voulez.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourbeau: Je pense qu'il est préférable de
revenir à l'article 204, paragraphe 10...
M. Blais: C'est cela que je voudrais faire.
M. Dufour: On va lever la... M. Bourbeau: ...M. le
Président.
M. Blais Le Théâtre du Nouveau Monde, par exemple,
c'est une entreprise sans but lucratif. D'accord? Bon. Tous les
théâtres sont des entreprises à but non lucratif.
M. Bourbeau: Je prends la parole du député. Si le
député dit que c'est sans but lucratif et que c'est à des
fins culturelles, possiblement que la commission municipale les exemptera.
M. Blais: Ils ne peuvent pas, avec ce projet de loi, avoir une
taxe d'affaires?
M. Bourbeau: Non, M. le Président. Il n'y a aucune...
M. Blais: D'accord, je vous crois sur parole.
M. Bourbeau: Je tiens à dire au député qu'il
n'y a aucune modification, avec la loi actuelle, à la situation...
M. Blais: Je vous crois. Question complémentaire.
M. Bourbeau; ...qui existait présentement.
M. Blais: Question complémentaire. Je vous crois.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Question complémentaire. Combien va rapporter
cette mesure, ces nouvelles façons d'aller chercher de l'argent pour les
municipalités, selon votre évaluation? (23 h 30)
M. Bourbeau: Je tiens à souligner au député
que cette mesure que nous introduisons n'apporte pas de nouveaux revenus aux
municipalités par rapport à la situation antérieure, parce
que l'intention du législateur en 1979-1980 était de soumettre
ces organismes à la taxe d'affaires. Ils ont été
taxés depuis la réforme de la fiscalité municipale par les
municipalités qui ont bien voulu les taxer. Les municipalités ne
sont pas obligées de les taxer. Récemment, le 22 mai 1985, un
jugement de la Cour d'appel est tout a coup venu interpréter la loi
d'une façon qui n'avait pas été prévue par le
législateur et qui a eu pour effet de faire en sorte que
dorénavant des organismes pourraient s'exempter de payer la taxe
d'affaires en vertu de l'interprétation étonnante qu'en a faite
la Cour d'appel. Étonnante par rapport à l'intention du
législateur. La mesure que nous présentons présentement
est plutôt une mesure préventive - un peu comme tout à
l'heure dans l'autre cas dont nous parlions - visant à tenter
d'empêcher dorénavant un grand nombre d'organismes
d'échapper à la taxe d'affaires, contrairement à
l'intention originale du législateur.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Je suis content de vos explications, je vous le dis. Je
suis venu siéger ce soir ici pour cet article. J'avais peur que vous
apportiez la matraque dans le domaine culturel. Je suis d'une certaine
appréhension devant un "businessman" maintenant. Je suis venu voir et je
suis très content que vous soyez des petits Rockefeller et que vous
vouliez laisser la culture bien aller, cela me fait plaisir.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Si le député de Terrebonne connaissait
mieux le député de Laporte il saurait que le député
de Laporte est très intéressé par les affaires culturelles
et il est même actif dans le domaine culturel. Je pourrai lui expliquer
cela après la séance.
M. Blais: Avec plaisir.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 16 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président. M. Dufour:
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 17.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 17 a pour objet de
préciser que les activités d'une personne n'ont plus à
être qualifiées de normales pour que cette personne soit
exemptée de la taxe d'affaires lorsque ses immeubles
bénéficient d'une exemption de taxes foncières en vertu de
l'article 204.
Cette modification constitue un corollaire à celle introduite
à l'égard de l'impôt foncier municipal.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 17 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 18.
M. Bourbeau: L'article 18 introduit une nouvelle disposition pour
prévoir que les règles relatives au remboursement des taxes
foncières à la suite d'une modification du rôle
d'évaluation s'appliquent compte tenu des adaptations nécessaires
lorsque la modification indique qu'un immeuble assujetti à la surtaxe
sur les terrains vagues a cessé de remplir les conditions pour
être ainsi assujetti. Lorsque le changement de statut de l'immeuble
survient après le premier jour d'un mois il est censé survenir le
premier jour du mois qui suit.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que cela représente des montants
énormes d'après vos recherches, M. le ministre? Je comprends le
but visé.
M. Bourbeau: Je ne peux pas dire que cela représente des
montants énormes, mais c'est par mesure d'équité parce que
les municipalités n'hésitent pas à envoyer des
comptes de taxes sur des immeubles construits dès après la
fin de la construction, même au milieu d'une année fiscale, alors
que, dans le cas des terrains, les remboursements n'avaient pas lieu avant la
fin de l'année.
M. Dufour: Est-ce qu'il y avait plusieurs cas et plusieurs
plaintes?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On me dit que c'est surtout dans la région de
Montréal que ces cas se sont présentés. Ce n'est pas qu'il
y en a tellement mais c'est une question de justice.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 18 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch}: J'appelle maintenant
l'article 19.
M. Botirbeau: Le paragraphe 1 de l'article 19 modifie l'article
255 de la Loi sur la fiscalité municipale pour prévoir que les
activités de la couronne, de la Société immobilière
du Québec et de la Société de la Place des Arts de
Montréal n'ont plus è être qualifiées de normales
pour donner lieu à une compensation gouvernementale tenant lieu de taxe
d'affaires.
Cette modification constitue également un corollaire de celle
introduite à l'article 204 prévoyant le maintien d'un seul
critère d'exemption, soit le critère d'appartenance.
Le paragraphe 2, quant à lui, ne constitue qu'une disposition
technique visant à corriger une erreur introduite en 1984 par la Loi sur
la Société immobilière du Québec. En effet, en
reprenant cet alinéa l'article 73 du chapitre 40 des Lois du
Québec de 1983 omettait de réécrire les mots "municipales
et à la totalité des taxes d'affaires" après le mot
"foncières".
Le paragraphe 3 comme corollaire aux modifications introduites à
l'article 204 précise que la compensation versée par le
gouvernement l'est en fonction de la propriété de l'immeuble. Par
conséquent, les immeubles d'une commission scolaire feront l'objet d'une
compensation tenant lieu de taxe même s'ils ne sont pas utilisés
par elle-même, par une institution d'enseignement ou par un
établissement du réseau des affaires sociales.
De même, les immeubles d'une institution d'enseignement
privé, primaire ou secondaire, feront l'objet d'une compensation tenant
lieu de taxe même si elle n'est pas utilisée aux fins d'un tel
enseignement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: J'aurais une question, M. le ministre. À
l'alinéa 2, que le mot "foncières" n'ait pas été
inclus dans la loi, qu'est-ce que cela avait pour effet? Est-ce que cet oubli a
causé des problèmes?
M. Bourbeau: Ce n'est pas le mot "foncières" qui
n'était pas écrit.
M. Dufour: "municipales"?
M. Bourbeau: On avait laissé tomber par erreur
"municipales et à la totalité des taxes d'affaires." Nous les
avions échappés. -
M. Dufour: Est-ce que effectivement cela a causé
préjudice?
M. Bourbeau: C'est parce que le mot "foncières"
n'était pas qualifié et cela laissait planer un doute et cela
avait pour effet de ne pas couvrir la taxe d'affaires.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: D'accord. Par rapport au paragraphe 3, est-ce qu'une
école primaire qui serait désaffectée - elle pourrait
être en très bon état - la première ou la
deuxième année, où il n'y aurait pas d'activités,
ou il y aurait une activité autre ou elle serait partiellement
occupée, serait assujettie?
M. Bourbeau: Étant donné qu'on ne retient
dorénavant que le critère d'appartenance, de
propriété, on paiera les compensations sur l'école
primaire ou secondaire non occupée. Même si elle n'est pas
occupée.
M. Dufour: Mais, le fait qu'elle ne soit pas occupée,
est-ce que cela change l'évaluation de la bâtisse? Elle a
l'appartenance gouvernementale. Le fait qu'elle ne soit pas occupée elle
peut avoir moins de valeur.
M. Bourbeau: En effet. C'est la même règle qui
s'applique que pour un autre contribuable. Si c'est un immeuble qui est
désaffecté, sa valeur économique en est affectée et
donc diminuée.
M. Dufour: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 19 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufourt Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 20.
M. Bourbeau: M. le Président, le paragraphe 1 de l'article
20 n'introduit qu'une disposition de concordance avec une modification
apportée en 1985 par le chapitre 27 en ce qui concerne un boisé.
Le paragraphe 2 modifie le paragraphe 7 de l'article 262 de la Loi sur la
fiscalité municipale pour permettre au gouvernement d'établir le
calcul du potentiel fiscal moyen des municipalités du Québec aux
fins de l'application du régime de péréquation à
partir des données de plusieurs municipalités et non de toutes.
Dans l'état actuel du droit, il semble que toutes les données des
corporations municipales devraient être obtenues et prises en
considération pour établir le potentiel fiscal moyen des
corporations municipales du Québec. En pratique cela s'avère une
opération comptable è peu près irréalisable.
Irréalisable, puisque quatre municipalités sont en pratique
inopérantes et ne produisent pas de rapport financier. Le nouveau
pouvoir accordé par la présente modification permettra donc au
gouvernement d'établir par règlement un nombre minimal de
corporations dont les données seront considérées aux fins
du calcul de ce potentiel fiscal moyen sans qu'il y ait nécessité
d'avoir en main les données financières de toutes les
corporations municipales du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que M. le ministre peut m'informer si le nombre
minimal de corporations va être fixé par règlement ou si
c'est interne. Comment allez-vous fixer le nombre minimal?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Par règlement, M. le Président.
M. Dufour: Par un règlement qui sera publié et dont
on pourra prendre connaissance.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, on m'indique que le
règlement va être rédigé de telle façon qu'il
va représenter la situation de 98 % de la population du Québec.
Le nombre de municipalités sera suffisant pour représenter 98 %
de la population du
Québec.
M. Dufour: Quand vous dites 98 % de la population, cela veut dire
probablement pas nécessairement 98 % des municipalités?
M. Bourbeau: Le nombre de municipalités suffisant pour
représenter 98 % de la population du Québec. Cela pourrait
théoriquement ne pas comprendre la ville de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que cela voudrait dire, M. le ministre, que, si
une année, par hasard... Il faudrait que vous pleuriez, M. le ministre,
quand on prononce le mot Schefferville.
M. Bourbeau: Ce n'est pas moi qui ris, c'est le
député de Terrebonne. il a la bouche fendue jusqu'aux
oreilles.
M. Dufour: Je vous ai vu. Cela ne sera pas enregistré,
mais je vous ai vu.
M. Bourbeau: Est-ce que je peux dire une chose? Je ris moins que
le député de Jonquière et le député de
Terrebonne.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que les discussions sont finies sur l'article 20?
M. Dufour: 98 % de la population... Supposons, par exemple, que,
pour une raison ou une autre, et est-ce que vous allez l'expliquer dans les
règlements, que Montréal ne serait pas incluse. Vous n'atteindrez
jamais 98 %, je vous le prédis. Sur quoi vous baseriez-vous à ce
moment-là? Cela serait du...
M. Bourbeau: Actuellement, nous attendons d'avoir 100 %. La loi
dit que c'est 100 %. Alors, c'est difficile à cause de quelques
retardataires. Même s'il y avait deux ou trois petits retardataires
à gauche et à droite, on pourrait quand même atteindre
assez facilement les 98 % de sorte que cela permettrait de faire le travail
plus rapidement.
M. Dufour: Si, dans le règlement, vous dites que vous
allez avoir 98 % de la population, il n'y a pas un gros risque.
M. Bourbeau: C'est cela.
Le Président (M- Saint-Roch): Est-ce que l'article 20 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle
l'article 21.
M. Bourbeau: M. le Préaident, l'article 21 modifie
l'article 505.1 de la Loi sur la fiscalité municipale afin de
prévoir que l'exercice financier ultime pour lequel le premier
rôle d'évaluation de nouvelle génération doit
être fait est celui de 19BB. En vertu de la loi actuelle, le 15 septembre
1985 constituait la date ultime du dépôt du rôle pour
l'exercice de 1986 d'où la rétroactivité de cette
disposition au 15 septembre 1985, comme nous le verrons plus loin à
l'article 29 du présent projet de loi.
M. Dufour: Est-ce bien l'article 21 qu'on étudie? Il n'y a
pas de papillon?
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 21.
M. Bourbeau: De la Loi sur la fiscalité municipale.
M. Dufour: C'est écrit du millésime "1986" par le
millésime "1988". Il n'y a que cela que vous changeriez? Par le
millésime "1988".
M. Bourbeau: Cela s'applique à la Communauté
urbaine de Québec et à la Communauté urbaine de
Montréal à qui on accorde un délai supplémentaire
de deux ans.
M, Dufour: Combien de fois a-t-on accordé des prolongations
à Montréal et Québec?
M. Bourbeau: C'est la première fois sous le présent
gouvernement et cela s'est fait deux fois sous l'ancien gouvernement. Cela fait
donc trois fois en tout.
M. Dufour: Est-ce que vous êtes capable de me donner
l'analyse assez exacte, la raison pour laquelle elles n'ont jamais atteint les
buts que la loi leur avait fixés? Est-ce qu'il y a eu du "boudage" ou
est-ce qu'elles ont étiré le temps?
M. Bourbeau: Elles ont "filibusté" le gouvernement, M. le
Président!
M. Dufour: Et, maintenant, elles vont être plus fines avec
vous?
M. Bourbeau: Jusqu'à présent, elles ont
étiré le temps.
M. Dufour: C'est quatre ans. Celles qui se sont pliées
à la loi, elles ont servi de cobayes. Il y en a à qui cela a
coûté cher. Elles ont voulu suivre la loi, la respecter.
"Filibuster" le gouvernement, j'accepte cela difficilement. Il y en a
peut-être qui ont dit que cela coûtait trop cher et qui n'ont pas
voulu se rendre aux désirs ou à ce qui est écrit dans la
loi, qui se sont dit: On est assez gros. Mais il y a des municipalités
qui ont tout de même respecté la loi, qui l'ont appliquée.
Elles sont allées en cour et elles se sont fait brasser. Est-ce à
cause de cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, les municipalités qui
ont respecté la loi ont bénéficié des subventions
gouvernementales du programme PAIRE. Les deux communautés dont on parle
présentement, la CUM et la CUQ, ont perdu les subventions parce qu'elles
n'ont pas respecté la loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Elles n'ont jamais eu un sou.
M. Bourbeau: Une partie. M. Dufour: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je corrige ce que j'ai dit, M. le Président.
Les municipalités n'ont pas eu la totalité des subventions, elles
en ont eu une partie. Elles n'ont pas eu toute la subvention parce qu'elles
n'ont pas respecté la loi, les dates. Dans le cas de la ville de
Montréal, on m'indique que la ville de Montréal a perdu 6 000 000
$ de subventions. Pas la ville de Montréal, mais ta Communauté
urbaine de Montréal.
M. Dufour: Ah bon! C'est du bon monde quand même. Les
villes n'en font pas, ce sont les communautés urbaines.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
M. Bourbeau: Je m'excuse auprès du député de
cette imprécision. Étant donné qu'il est minuit moins
quart, M. le Président, parfois...
M. Dufour: J'aurais quand même une petite réticence
à cet égard.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Une petite affaire, ce n'est pas grand-chose. Est-ce
que le ministre n'aurait pas pu penser de fixer un délai à 1987
au lieu de 1988, quitte à se réserver le droit de donner la
permission? Je pense que, pour l'ensemble du Québec, on n'a pas
donné
nécessairement - je parle comme un député
-l'exemple à l'ensemble de la population. On ne peut pas faire de
l'amnistie à tous les coups. Personnellement, je trouve que cela devrait
être suivi de près. Les lois sont pour tout le monde.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...on aurait pu, bien sûr, donner un
délai uniquement jusqu'en 1987, mais on m'indique qu'à la
Communauté urbaine de Montréal, ils ont des problèmes
d'informatique qui font en sorte qu'on est assuré qu'ils ne pourraient
pas se conformer à la loi en 1987. Alors, aussi bien être
réaliste et leur donner deux ans. On pense que, dans ce cas-là,
ils pourront probablement se conformer à la loi.
M. Dufour: Espérons qu'on n'aura pas en s'en reparler dans
deux ans.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
M. Bourbeau: Si on est encore là, M. le Président.
Adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 22.
M. Dufour: Je trouve que vous êtes pessimiste. Je n'ai pas
d'objection.
M. Bourbeau: À l'article 22, M. le Président,
j'aimerais introduire, avec la complaisance et ta permission de l'Opposition,
une modification. "L'article 22 du projet de loi 40 est remplacé par le
suivant: "L'article 507 de cette loi est modifié par le remplacement du
deuxième alinéa par le suivant: "Le règlement
adopté en vertu du paragraphe 1 de l'article 263 ne s'applique pas
à un rôle antérieur au premier rôle de nouvelle
génération d'une corporation municipale."
Cette modification, M. le Président, vise à assurer la
concordance de l'article 507 de la Loi sur la fiscalité municipale avec
la modification visant les articles 48 à 54 de cette loi qu'introduit
l'article 3 du projet de loi, qui fait disparaître la notion
d'unité de voisinage.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Vous dites que vous ne voulez pas que cela s'applique
antérieurement au premier rôle de nouvelle
génération. Est-ce qu'il y a des effets rétroactifs qui
pourraient toucher la fiscalité?
M. Bourbeau: Je n'en vois pas, M. le Président.
M. Dufour: Mais, il y a certainement...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...une idée de vouloir l'impliquer à
partir de. S'il n'y a pas d'affaire et s'il n'y a pas de coût, je ne vois
pas pourquoi l'on arrête quelque part dans le temps.
Montréal n'en a même pas un.
M. Bourbeau: M. le Président, ces dispositions
s'appliquent au nouveau rôle d'évaluation et ne pourraient pas
s'appliquer aux anciens rôles d'évaluation puisque c'est la
nouvelle façon de faire maintenant qui prévaut et...
M. Dufour: Donc, Montréal est exemptée?
Montréal et Québec sont exemptées?
M. Bourbeau: Quelle est la question au juste? Exempté de
quoi?
M. Dufour: Cela ne s'applique pas au rôle antérieur
au premier rôle de nouvelle génération. Donc, on ne peut
pas appliquer cet article à Montréal et Québec s'ils n'ont
pas de rôle de nouvelle génération. C'est cela que
ça voudrait dire? C'est compliqué.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission va suspendre
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 23 h 50)
(Reprise à 23 h 52)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La question du député de
Jonquière portait sur les rôles d'évaluation de la
Communauté urbaine de Montréal. Pour répondre à sa
question, je peux lui dire que le règlement adopté en vertu de
l'article 1 du paragraphe 263 et qui a trait aux rôles de nouvelle
génération ne s'applique pas à la
Communauté urbaine de Montréal.
M. Dufour: Autant que je comprenne, ce sont des articles de
concordance.
M. Bourbeau: Et les notions d'unité de voisinage qui
étaient utilisées à l'égard des voies
ferrées, forcément, puisqu'on a aboli cette façon
d'évaluer, le reste de l'ancien paragraphe est donc disparu.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'article 22 est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 22
amendé est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 23.
M. Bourbeau: L'article 23 constitue une disposition de
concordance au même titre que le paragraphe 1 de l'article 20 du
présent projet de loi.
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roeh): L'article 23 est
adopté. J'appelle l'article 24.
M. Bourbeau: L'article 24 a pour objet de reconduire pour une
autre année le privilège d'une corporation municipale
régie par le Code municipal d'imposer une taxe d'affaires sous forme de
permis d'affaires. On se rappellera que ce privilège avait
également été reconduit l'an dernier par le chapitre 27
des Lois de 1985.
M. Dufour: M. le ministre, c'est leur voeu, on ne peut
s'opposer.
M. Bourbeau: Pardon?
M. Dufour: Si c'est leur voeu, on ne peut les empêcher.
J'ai l'impression qu'ils peuvent perdre quelques dollars en cours de
route.
M. Bourbeau: Pour quelques dollars de moins.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 24 est
adopté.
M. Dufour: Adopté.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 25. Il y
a un papillon? Une voix: Non.
M. Bourbeau: L'article 25 a pour objet de prévoir que
certaines dispositions législatives adoptées par le
présent projet de loi prennent effet aux fins de tout exercice financier
municipal à compter de celui de 1987. Les dispositions dont la prise
d'effet est ainsi reportée ont un caractère fiscal qui ne
permettrait pas l'entrée en vigueur immédiatement sans chambarder
l'administration financière de la municipalité.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: II est entendu qu'il y a toujours l'article 01 qui est
en suspens. Est-ce que vous le rattachez avec cela?
M. Bourbeau: Oui.
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: À moins qu'on ait le temps d'adopter
l'article 01 à la fin de la séance.
M. Dufour: Ce que j'ai demandé, c'est d'essayer de
retarder l'article 01 à plus tard pour essayer de faire de la
consultation. Quand j'ai demandé cela, il était
déjà dix heures.
M. Bourbeau: Étant donné les...
M. Dufour: II y a des gens que j'aimerais rejoindre et leur poser
la question directement. C'est ce que j'ai essayé de vous faire
comprendre. J'ai peut-être mal expliqué mon point de vue. Je
voulais prendre quelques informations pour bien m'assurer que c'est conforme.
Si cela est conforme, cela ne retardera pas le processus; on va être
avancé. Je vous promets qu'on va être avancé. On va
l'attacher avec l'autre. Ce n'est pas long voter, voyez-vous: on les accepte.
Va-t-on le suspendre?
M. Bourbeau: Je dois vous avouer que c'est moins long maintenant
que cela ne l'était à 17 heures ou 18 heures.
M. Dufour: Cela dépend de ce qui est en jeu, M. le
ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 25 est
en suspens?
M. Bourbeau: L'article 25 est adopté. On n'a pas
déposé l'amendement, alors on va adopter cet article.
M. Blais: On peut rouvrir pour un
amendement éventuel. Est-ce cela, M. le Président?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, c'est en plein cela, M.
le député de Terrebonne.
M. Bourbeau: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On peut le suspendre ou on peut l'adopter, quitte
à le rouvrir après. On laisse cela au choix des membres de
l'Opposition.
M. Dufour: On va le suspendre. Cela va être moins
compliqué.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 25 est en suspens.
J'appelle maintenant l'article 26.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 26 constitue une
disposition transitoire qui a pour objet de permettre que le décret
adopté par le gouvernement en vertu de l'article 210 de la Loi sur la
fiscalité municipale édicté par l'article 14 du
présent projet de loi en vue d'exempter des taxes municipales ou
scolaires un immeuble d'un gouvernement étranger ou d'un organisme
international non gouvernemental, puisse prendre effet de façon
rétroactive le 1er janvier 1986.
M. Blais: Rétroactive?
Le Président (M. Saint-Roch> M. le député de
Jonquière.
M. Dufaur: C'est parce qu'ils vont le payer. C'est payé
différemment. Cela ne nous fait pas mal. Un édifice
gouvernemental s'implante et peut être exempté, vu que cela prend
une mesure fiscale. J'imagine qu'il y en a peut-être eu cette
année, je ne sais pas.
M. Bourbeau: Non gouvernemental, international...
M. Dufour: International ou...
M. Bourbeau: Non gouvernemental.
M. Dufour: J'ai bien compris.
M. Bourbeau: Avec une compensation du gouvernement.
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 26 est
adopté?
M. Blais: Un instant!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Bourbeau: Oui, M. le député de Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre, j'ai très bien compris moi
aussi. Mais je voudrais savoir pourquoi c'est rétroactif au 1er janvier?
Cela veut dire qu'il y a des institutions qui sont déjà
installées que vous voulez exempter. Qui sont-elles?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Écoutez, c'est une demande qui nous est
parvenue des milieux communautaires ou d'affaires, spécialement de la
région de Montréal, disons-le, où on espère attirer
des organismes internationaux du genre IATA... On a parlé tantôt
de i'UNESCO...
M. Blais: Oui, d'accord, on en a parlé, mais vous le
rendez rétroactif au 1er janvier 1986. Cela voudrait donc dire qu'il y
en qui sont déjà installés et qui sont susceptibles
d'avoir payé des taxes ou d'être sur le point de. Alors, vous leur
mettez: rétroactif au 1er janvier 1986. Cela concerne qui?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, c'est parce que nous sommes des gens de parole
comme gouvernement. Dans le budget du mois de décembre 1985, le
gouvernement avait annoncé cette mesure. Vu qu'on n'avait pas eu
l'occasion d'adopter le projet de loi avant aujourd'hui et que cela a
été promis en décembre 1985, on a jugé bon de le
mettre en vigueur à partir du 1er janvier 1986.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: C'est une concordance avec le budget,
M. Bourbeau: Voilà!
M. Blais: Ah! Si vous m'aviez dit cela, M. le ministre, je me
serais tu bien avant.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 26 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
M. Blais: Avec enthousiasme.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle
maintenant l'article 27.
M. Bourbeau: M. le Président, à l'article 27,
j'aimerais introduire avec la permission de l'Opposition un amendement qui se
lirait comme suit: "L'article 27 du projet de loi 40 est modifié par le
remplacement du deuxième alinéa par le suivant: "Cependant,
l'effet déclaratoire prévu au premier alinéa
s'étend à une cause pendante dans laquelle le gouvernement, un de
ses ministères ou un organisme gouvernemental au sens de l'article 4 de
la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels (Lois refondues du Québec,
chapitre A-2.1) est plaignant, demandeur ou requérant en première
instance." (Minuit)
Cette modification vise à englober un organisme comme la CSST qui
n'est ni un organisme gouvernemental au sens usuel ni une société
d'État mais qui est un organisme indépendant du gouvernement
suivant une décision de la Cour d'appel de 1982 qui fait actuellement
jurisprudence. La définition de l'article 4 de la Loi sur l'accès
aux documents des organismes publics couvre dans sa définition
d'organismes gouvernemental un organisme comme la CSST.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...quelqu'un voudrait demander des renseignements pour
savoir comment il est évalué? Je ne comprends pas, je ne suis pas
familier avec ça.
M. Bourbeau: En ce qui concerne la taxe d'affaires - on parle
toujours de la taxe d'affaires - on a décidé... Je m'excuse. Les
organismes du gouvernement qui avaient fait des plaintes pour être
exemptés de la taxe d'affaires à cause des jugements qui ont
été rendus qui permettaient, semble-t-il, è certains
organismes de ne pas payer de taxe d'affaires, le gouvernement a
décidé d'être un bon contribuable et de renoncer à
ces causes. Étant donné qu'on protège les causes
pendantes, tous ces organismes auraient pu être exemptés des
dispositions de la loi et ne pas payer la taxe d'affaires puisque les causes
sont pendantes. Nous avons décidé de faire en sorte qu'à
l'égard du gouvernement, les causes pendantes ne seront pas
protégées et que la taxe d'affaires sera payée. Pour les
autres organismes qui auraient été assez astucieux pour prendre
des actions judiciaires, nous protégeons les causes pendantes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Au sens de l'article 4 de la Loi sur l'accès
aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels, c'est cette partie là que je suis un peu... Je ne sais pas
où ça va.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est uniquement parce que dans cet article on
trouve une définition de ce qu'est un organisme public et on se
réfère à cet article pour définir un organisme
public plutôt que de répéter.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'article 27 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 27
amendé est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Étant donné
qu'il est maintenant minuit, j'aurais besoin d'un consentement pour continuer
nos travaux. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Bourbeau: Je veux bien consentir, M. le Président il
reste trois articles.
M. Dufour: On pourrait les adopter, mais il faut revenir quand
même.
M. Blais: II y a d'autres lois aussi à adopter. On va
être obligé de siéger pour d'autres lois.
M. Bourbeau: Étant donné qu'on a presque fini, il
me semble que cela clarifierait...
M. Dufour: On va dormir moins longtemps, on va dormir vite. Ce
n'est pas plus grave que ça.
M. Blais: Article 28 adopté, article 29 adopté,
article 30 adopté.
Le Président (M. Saint-Roch); J'appelle maintenant l'article
28.
Des voix: Adopté.
M. Dufour: S'il y a des explications, j'aimerais les avoir. Je
vous ai dit que je vais travailler...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Bourbeau: C'est le député de Terrebonne qui
montre une certaine impatience et je veux simplement, M. le Président,
ne pas le contrarier mais avec sa permission...
M. Blais M. le Président, je vous prie de conseiller au
ministre de continuer comme ça parce que s'il me contrarie j'ai droit
à vingt minutes et avec le consentement qu'on vient de donner il
vaudrait mieux ne pas trop me contrarier.
M. Bourbeau: On en a eu une démonstration très
éloquente tout au cours de la soirée.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Le 14 mars 1984. On n'avait pas fait
référence tout à l'heure à la date quand on a
adopté cet article 19. Ça fait référence à
l'article 19 qui était adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: L'article 28 précise que la modification
apportée par le paragraphe 2 de l'article 19 du présent projet de
loi a effet à compter du 14 mars 1984, date d'entrée en vigueur
de l'article 73 du chapitre 40 des lois de 1983 qui modifiait le premier
alinéa de l'article 255 de la Loi sur la fiscalité
municipale.
M. Dufour: II ne faudrait pas prolonger indûment.
Adopté. L'article 29 c'est...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 28 est
adopté, je m'excuse?
M. Blais: Est-ce qu'on ne pourrait pas faire un amendement pour
savoir à quelle heure, le 14, c'était effectif, ou si, comme
ça, légalement, cela va?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, cela va comme ça.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 29.
M. Bourbeau: L'article 29 indique que l'article 21 du
présent projet de loi a effet, rétroactivement, à compter
du 15 septembre 1985, afin de balayer le défaut qui résultait du
retard d'une municipaiité qui n'avait pas déposé le
premier rôle d'une nouvelle génération, pour cette
date.
M. Dufour: Ce n'est pas une, mais deux municipalités, au
moins? Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 29 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 30.
M. Bourbeau: L'article 30 prévoit que le projet de loi 40
entrera en vigueur le 1er septembre 1986. Ce délai de quelques mois
permettra aux municipalités de prendre une raisonnable connaissance des
modifications que le présent projet de loi apporte en matière de
fiscalité municipale, et j'ajouterais que si les municipalités
veulent également lire le Journal des débats, cela va leur
prendre au moins deux mois à en faire la lecture, étant
donné le temps qu'a pris la commission parlementaire pour adopter le
projet de loi 40.
M. Dufour: Elle n'est pas finie, non plus. La loi 40 - j'aimerais
faire une remarque au ministre - n'a pas été si longue que cela.
Il ne faudrait pas penser que les administrateurs municipaux les lisent en
bégayant. Cela ne peut prendre deux mois pour lire ce qui est là.
Il me semble que ce n'est pas correct que le ministre dise... Cela a bien
été. Je pense que ce sont des paroles qui dépassent sa
pensée, et ça lui enlève tout son mérite.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, pour aider la présidence, est-ce que l'article 30
est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que je dois conclure
que nous passons à un autre projet de loi, ou...
M. Bourbeau: Peut-être qu'on pourrait revenir à
l'article 01 et que l'Opposition serait portée à faire un bon
mouvement et terminer l'étude du projet de loi, maintenant?
M. Dufour: M. le ministre, je ne pense pas que je l'aie fait par
caprice. J'avais demandé de pouvoir examiner cet article. Je vous le
dis. Je veux consulter. Il y a des gens déjà que je peux
consulter. Je vais vous promettre qu'au début de la séance,
demain, cela va passer rapidement.
M. Bourbeau: Je prends la parole du député de
Jonquière, selon laquelle, au début de la séance, demain,
cela devrait passer rapidement.
M. Dufour; Si j'ai des explications qui me satisfont, ça va
aller.
Le Président (M. Saint-Roch): La présidence vous souhaite
bonne nuit et ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 8)