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(Onze heures trente et une minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 40, Loi
modifiant la Loi sur la fiscalité municipale. M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un seul
remplacement, M. Desbiens (Dubuc), est remplacé par M. Perron
(Duplessis).
Projet de loi 40
Le Président (M. Saînt-Roch): Merci, M. le
secrétaire. Au moment de notre ajournement hier, nous étions
à l'article 0.1 en suspens et à l'article 25. J'appelle
maintenant le nouvel article 0.1. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: L'article 0.1, j'avais demandé justement de le
mettre de côté pour chercher certains renseignements. C'est
sûr que le temps est court entre le moment du dépôt de
l'amendement et celui de la recherche d'information. J'ai réussi tout de
même à rejoindre des personnes pour les consulter. J'aurais
beaucoup apprécié obtenir de la part du ministre plus de temps.
Je sais que l'amendement avait été préparé,
était prêt pour dépôt, ici, à la commission
parlementaire, mais en tout cas, j'espère que le ministre en prendra
bonne note pour le futur. Des lois aussi fondamentales touchant les
municipalités sont complexes, parce qu'il n'y a pas de loi sur la
fiscalité municipale qui sera jamais parfaite. Elles donneront toujours
lieu à contestation et il y aura toujours des sommes importantes en jeu.
J'aurais une question à poser concernant le point 0.1 pour fins
d'information. On sait actuellement que les piscines hors terre sont taxables;
avec cette loi, est-ce qu'elles vont continuer à être
taxables?
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Dans l'état actuel des choses, la
décision de considérer un bien meuble comme un immeuble par
destination est une décision qui est prise par l'évaluateur dans
le cadre de ses fonctions. L'évaluateur, d'une certaine manière,
je dirais, a la possibilité d'interpréter la loi à sa
façon à lui, selon son jugement à lui. L'évaluation
étant une science probabiliste, il n'est pas interdit de penser que
certains évaluateurs pourraient voir la situation différemment
des autres, mais le fait de considérer des biens meubles comme immeubles
par destination, lorsqu'ils sont placés à perpétuelle
demeure, de les considérer comme des immeubles alors qu'ils ne sont pas
attachés, cette décision des tribunaux a porté
essentiellement et seulement sur des biens ou des objets dans le monde du
commerce et non pas dans le domaine résidentiel. Donc, à notre
connaissance, il n'est pas arrivé que les tribunaux aient estimé
que les biens meubles placés par le propriétaire dans leur propre
résidence aient été considérés comme des
immeubles par destination même s'ils n'étaient pas
attachés.
Maintenant, il n'est pas impossible qu'à l'occasion, dans
certaines villes, certains évaluateurs aient considéré ces
objets comme des immeubles par nature, donc, faisant partie intégrante
de la bâtisse et qu'il n'y ait pas eu de plainte. Évidemment, cela
a pu passer, mais s'il y avait des plaintes à l'égard des
piscines hors terre, par exemple, on est d'avis ici que les tribunaux,
normalement, devraient considérer que ce n'est pas sujet à
évaluation.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Vous donnez une indication tellement forte que je ne
la reprendrai pas pour lui donner plus de poids.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On ne touche pas ici aux immeubles par nature;
l'objet de l'amendement est uniquement de traiter des meubles qui deviennent
des immeubles par destination. Il est possible que dans certaines
municipalités on considère les piscines hors terre comme des
immeubles par nature, au même titre que le terrain et la maison, et que,
dans ces cas, ce soit porté au rôle.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je vais vous parler du deuxième
élément attaché à cet article, les maisons mobiles.
Ce ne sont pas nécessairement des éléments attachés
à terre, elles peuvent partir; il s'agit d'installer les roues et on
peut partir. Comment les considérez-vous par rapport à cet
article?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La question du député est de savoir si
les maisons mobiles...
M. Dufour: ...demeurent taxables ou pas.
M. Bourbeau: Si elles sont considérées comme des
immeubles par nature ou des immeubles par destination.
M. Dufour: Selon la définition de l'article, ce n'est pas
attaché très fort.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau; Les maisons mobiles font l'objet de dispositions
particulières dans la Loi sur la fiscalité municipale, à
l'article 40. Je pourrais peut-être lire au député
l'article lui-même! "Si un bien, qui était une roulotte avant de
devenir un immeuble, et le terrain sur lequel il est placé
n'appartiennent pas au même propriétaire, chacun constitue une
unité d'évaluation distincte portée au rôle au nom
de son propriétaire". Évidemment, dans ces cas, on
considère que la maison mobile est un immeuble qui est porté au
rôle.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je me demande si cet article a la même valeur
que le premier. Je pense que je serais prêt à voter pour cet
article.
Le Président (M. Saint-Roch): Le nouvel article 0.1 est-il
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 25 laissé en suspens.
M. Dufour: Article 3.1.
Le Président (M. Saint-Roch): Non, 3.1 a été
adopté hier.
M. Dufour: D'accord, mais je vais être obligé de
dire quelque chose avant d'adopter la loi.
M. Bourbeau: Article 25, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui. Il y avait un papillon,
je crois, à l'article 25.
M. Bourbeau: L'article 25 du projet de loi 40 est modifié
par le remplacement, dans la première ligne, de "1 à 3" par "0.1
à 3.1".
C'est une modification technique et de concordance avec celles
introduites par les changements édictant les articles 0.1 à 3.1
du projet de loi 40. Elle vise à prévoir que ces dispositions ont
effet aux fins de tout exercice financier municipal à compter de celui
de 1987.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Dans l'article 25, on touche à l'article 3.1 et
je me demande si cela ne me permettrait pas de reposer une question ou des
questions par rapport à l'article 3.1, parce qu'on y touche un peu. M.
le ministre, vous savez comme hier j'étais réticent à
donner mon accord parce que je disais qu'ils étaient rattachés et
ce matin j'ai une question à poser, à savoir si c'est correct ou
pas.
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je pense que l'article 3.1 a déjà
été adopté. Il y a un menu législatif important...
Pardon?
M. Dufour: Vous en avez passé une petite vite, parce que
vous savez comment... Ce que je veux vous dire...
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous en sommes à l'article 25. M. le ministre.
M. Bourbeau: Également l'article 1, M. le
Président. Il y a un papillon à l'article 1.
Une voix: II a été adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: À cause du fait qu'on a ajouté un
article 0.1 avant l'article 1, cela fait en sorte que, maintenant que l'article
0.1 est adopté, on est obligé de toucher l'article 1 pour avoir
la logique dans la
construction de la loi.
M. Dufour: M. le Président, j'aurais une information.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je me rappelle qu'hier on avait dit: On va accepter
les articles 0.1 et 3.1, mais on va le faire sous réserve. J'avais deux
questions à poser et le ministre a l'air de ne pas vouloir me donner de
réponse concernant l'article 3.1. Il me demande s'il peut ajouter des
articles. Je ne sais pas si vous allez appliquer la même mesure. Si vous
appliquez la même mesure, je vais être obligé de dire que je
ne peux pas concourir à cela. Il me semble que cela allait bien, on ne
s'est pas pris aux cheveux. D'ailleurs, les deux on a une tendance à en
perdre. Je pense qu'on n'ira pas à...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je ne fais pas une guerre sur ce que je veux faire
présentement. Un papillon à l'article 1, c'est que, si on
n'adopte pas cela, la loi qu'on va adopter, la Loi modifiant la Loi sur la
fiscalité municipale, va contenir une certaine incohérence
à l'article 1. C'est uniquement de concordance ce que je veux proposer,
pour faire en sorte que le travail qu'on vient de faire ne soit pas
incohérent. Je n'en ferai pas une bataille. On peut toujours garder
cela, cela n'entraînera pas la nullité de la loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, j'avais deux questions
à poser sur l'article 3.1 et le ministre me les refuse carrément.
Cela ne prend pas une heure pour poser deux questions. Il ne veut pas qu'on en
pose malgré ce qui a été dit hier. Si on avait les notes
du feuilleton de la Chambre, je suis sûr qu'il y a une
particularité quelque part qui dit qu'on pouvait revenir poser une
question.
J'ai deux questions à poser et cela ne fonctionne pas. Il m'avait
dit, sur l'article 3.1, qu'on peut l'accepter, qu'il n'y a pas de
problème. Je n'avais pas eu d'information. Vous arrivez avec un
changement qui est difficile à prendre à première vue. Je
ne suis pas le bon Dieu, je ne peux pas voir d'un coup sec ce qui se passe et
j'ai demandé d'avoir des informations. Vous me demandez d'accepter
quelque chose pour que la loi ne soit pas incohérente et qu'on serait
bien fin si on acceptait. J'aimerais cela être fin, mais je voudrais en
retour que vous me donniez au moins la permission de vous poser deux questions
pour une meilleure compréhension et une meilleure information. Ce n'est
pas plus que cela.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est uniquement une question de principe. C'est
déjà assez long et pénible de passer à travers tous
les articles d'un projet de loi, une fois qu'on a accepté un projet de
loi, je n'ai pas d'objection à revenir sur une technicité, s'il y
a une virgule ou des choses comme cela, mais, sur le fond d'un article, avec le
temps qu'on a passé sur certains articles, si on est pour rouvrir le
débat sur le fond de l'article 3.1, on va passer la journée
dessus. Le député peut toujours poser ses questions...
M. Dufour: Je vais vous mettre au défi. Dans quatre
minutes, si on n'a pas vidé ce sujet, M. le ministre, on va sauter les
deux questions que j'ai à poser sur l'article 3.1.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que je pourrais dire au député
qu'il est maître de ses questions et j'entends être maître de
mes réponses?
M. Dufour: Vous allez voir, ce ne sont pas des questions qui vont
demander...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que je dois conclure
que...
M. Bourbeau: Quatre minutes, M. le Président, mais je
souligne au député que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière. (11 h 45)
M. Dufour: Dans l'article 3.1, dans l'amendement à 68.1,
je sais, par exemple, et c'est une information que j'avais, à l'article
0.1, il semblerait que les comptoirs dans les hôtels vont continuer
d'être taxés. Cela semble assez évident, selon les
réponses que j'ai. Par contre, dans les immeubles gouvernementaux, les
comptoirs qui semblent aussi de nature permanente, seraient enlevés par
cet article introduit à l'article 3.1. Cela aurait tendance, à
notre point de vue, à faire double taxation. Donc, le gouvernement ne
serait pas taxé exactement de la même façon que
l'entreprise privée.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le
ministre.
M. Bourbeau: Ce que je peux répondre au
député de Jonquière, c'est que la disposition que nous
avons introduite pour l'article 204 ne modifie en rien le statu quo. Autrement
dit, en vertu de la loi que nous étudions présentement à
l'égard des immeubles gouvernementaux, il n'y aura pas de modification
par rapport à ce qui se faisait jusqu'à maintenant. Ces meubles,
si je puis dire, ou comptoirs qui sont placés dans des hôpitaux
n'étaient pas portés au rôle jusqu'à maintenant et
ils ne le seront pas plus dans l'avenir.
M. Dufour: Sauf que, quand il y avait des laboratoires à
l'intérieur des écoles, cela aussi c'est du meuble meublant.
À mon sens, c'est un immeuble par nature. Ceux-là, est-ce qu'ils
étaient taxés avant?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre,
M. Bourbeau: Ce sont des immeubles par nature, ils vont
être taxés et ne seront pas exclus. Le gouvernement ne
reçoit pas de faveur à l'égard de ces immeubles par
nature. Ce sont des immeubles par destination qui n'étaient pas
portés au rôle avant et ils ne le seront pas plus en vertu de
l'amendement.
M. Dufour: En résumé, ce que vous me dites, c'est
qu'il n'y a pas de changement par rapport à ce que c'était
avant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Pour être très précis à
l'endroit du député, c'est sûr que, à l'article 204,
le gouvernement exclut plus de choses en ce qui le concerne que les entreprises
en général, en ce sens qu'il sera évident, à
l'égard du gouvernement, que ces meubles-là ne peuvent pas
être taxés. C'est spécifiquement indiqué. C'est pour
éviter l'effet des jugements rendus récemment, ces jugements
ayant eu pour effet de prétendre, incorrectement selon nous, que ces
objets-là pouvaient et devenaient des immeubles par destination. Nous
voulons nous assurer que, à l'égard des immeubles
gouvernementaux, cette interprétation ne prévaudra pas et nous
prenons des dispositions précises pour qu'il n'en soit pas ainsi. Je
répète au député que, jusqu'à maintenant,
cela n'avait jamais été porté au rôle, mais,
à cause des jugements, étant donné que ces jugements ont
laissé planer un doute ou un nuage sur le monde de l'évaluation
municipale, nous ne voulons pas que ce soit porté au rôle,
évidemment, puisque cela créerait des problèmes financiers
énormes au gouvernement et nous les excluons spécifiquement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Juste pour l'inscription au Journal des débats,
je m'étais renseigné auprès de l'Union des
municipalités du Québec pour savoir ce qu'ils pensaient de cet
article. Leur prétention était dans le sens que cela peut donner
une double taxation, une pour le privé et une pour le gouvernement;
question de principe et d'équité entre les contribuables et -
c'est l'information que j'ai - eux s'opposaient à cet article. Comme il
a été voté, on ne rouvrira pas l'article. C'est juste pour
les fins du Journal des débats.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. Est-ce qu'il y a
consentement pour rouvrir l'article 1?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Consentement.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 1 du projet de loi
40 est modifié par le remplacement de ce qui précède
l'article 11 de la Loi sur la fiscalité municipale par ce qui suits 1.
L'article 11 de cette loi est remplacé par le suivant - c'est par
concordance avec l'article 0.1 introduit au projet de loi 40.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je me demandais si tout était en ordre. Pour
moi c'était important de savoir ce que cela voulait dire.
M. Bourbeau: On vous attend depuis dix minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que...
M. Dufour: M. le ministre, je vais demander à celui qui
calcule le temps si ça fait dix minutes; je suis convaincu que cela ne
fait pas dix minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que l'article 1...
M. Dufour: Ce n'est pas grave, on va avoir des journées de
43 heures avec vous.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'article 1 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1
réouvert est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Tel qu'amendé?
M. Dufour: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant le
titre du projet de loi. Est-ce que le projet de loi 43, Loi modifiant la Loi
sur la fiscalité municipale, est adopté?
M. Dufour: Adopté.
M. Bourbeau: 40.
M. Dufour: J'ai compris 43.
Le Président (M. Saint-Roch}: Je m'excuse, si j*aï dit 43,
c'est 40. Est-ce que l'ensemble du projet de loi 40 est adopté?
M. Dufour: Adopté. M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'aurais besoin d'une motion
de renumérotation.
M. Bourbeau: Nous la faisons, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous allons suspendre nos
travaux quelques instants.
M. Dufour: Encore?
M. Bourbeau: Est-ce que le titre est adopté?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui. (Suspension de la
séance à 11 h 54)
(Reprise à 11 h 56)
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend maintenant ses travaux
pour procéder à l'étude du projet de loi 46, Loi modifiant
la Loi sur les travaux municipaux. M. le ministre.
Projet de loi 46
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai une grande nouvelle
à annoncer au porte-parole de l'Opposition. Nous n'avons aucun papillon
à l'égard de la loi 46.
M. Dufour: On va inscrire cela dans les...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: On va inscrire cela dans les annales. C'est bien juste
si cela ne fera pas partie de la période de questions de lundi
prochain.
Le Président (M. Saint-Roch): Dois-je conlure que
j'appelle maintenant l'article 1?
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 1 modifie
l'article 2 de la Loi sur les travaux municipaux afin de prévoir que le
montant d'une subvention gouvernementale accordée pour des travaux
muncipaux de construction ou d'amélioration est considéré
comme faisant partie des fonds généraux de la
municipalité, de telle sorte qu'elle n'ait pas à contracter un
emprunt ni à lever une taxe spéciale pour financer la partie du
coût des travaux couverte par la subvention.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Comme l'a dit le ministre, lorsqu'une
municipalité avait une subvention -là, cela devient technique, je
m'informe -elle ne pouvait pas prendre sa garantie à même les
fonds généraux. Si elle voulait faire des travaux, si le
trésorier voulait dire qu'il y avait de l'argent, même s'il y
avait des surplus dans la municipalité, il fallait qu'il fasse un
emprunt pour garantir...
M. Bourbeau: II fallait que la municipalité passe son
règlement d'emprunt comme si tous les fonds devaient être
empruntés et annule éventuellement la partie de l'emprunt qui
était couverte par la subvention.
M. Dufour: Est-ce que cela va changer les règlements
d'emprunt qu'on fait? Ces subventions peuvent être aussi pour des travaux
qui s'échelonnent sur une période de 20 ans. On nous obligeait,
auparavant, dans les règlements, à indiquer tout l'ensemble du
projet, et, ensuite dans un autre article, ou disait que les revenus provenant
d'autres sources seraient diminués de l'emprunt. Est-ce que c'est cela
que cela veut dire?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je m'excuse, je n'écoutais pas. Est-ce que
vous pourriez répéter?
M. Dufour: Avant, par exemple, on avait 1 000 000 $ de garantie
par le gouvernement pour un projet de règlement. C'était dans le
bon tempsl On disait, pour un règlement, par exemple, qui aurait pu
comporter des dépenses de 2 000 000 $, c'est facile de faire le calcul,
2 000 000 $
moins 1 000 000 $ qui provient du gouvernement, qu'on aurait pu
l'inclure dans le règlement et faire un règlement d'emprunt de 1
000 000 $. La façon de formuler cela était de
décréter un règlement de 2 000 000 $ et, ensuite, de dire
que toute subvention provenant d'un gouvernement ou d'autres sources irait en
diminution de l'emprunt. Est-ce que cela va changer?
Le Président (M. Saint-Roch: M. le ministre.
M. Bourbeau: Justement, c'est pour éviter d'avoir à
passer un règlement de 2 000 000 $. Dans un cas analogue, à
partir de maintenant, on pourrait ne passer qu'un règlement de 1 000 000
$.
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 2.
M. Bourbeau: L'article 2 modifie l'article 3 de la Loi sur les
travaux municipaux de façon concordante avec la modification introduite
par l'article 1 du projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: La corporation a une garantie d'une subvention
gouvernementale. On dit que, pour les règlements, c'est
considéré comme si elle l'avait déjà obtenue, parce
qu'on n'a pas besoin d'en tenir compte. Donc, la municipalité n'a pas
l'argent. Le trésorier ne pourrait pas écrire une lettre ou
donner un certificat disant que la municipalité a les fonds à la
suite de l'acceptation gouvernementale de la subvention qu'il donnera.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Présentement, non. Mais, à la suite de
l'adoption du présent projet de loi, ce sera oui.
M. Dufour: Ma question était pour après le
règlement. Je veux voir l'amélioration que cela va apporter.
D'accord, cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Article 3?
M. Bourbeau: L'article 3 prévoit que le projet de loi 46
entrera en vigueur à la date de sa sanction.
M. Dufour: C'est un gros changement, M. le ministre. Cela veut
dire quoi, cette affaire-là?
M. Bourbeau: Cela veut dire que...
M. Dufour: Y a-t-il quelqu'un de mal pris? (12 heures)
M. Bourbeau: M. le Président il y a plusieurs
municipalités qui sont en train de se financer pour des travaux
municipaux où il y a des subventions gouvernementales. C'est pour leur
permettre d'avoir à éviter de passer des règlements
d'emprunts plus élevés que la somme d'argent qui est requise et
qui devrait être déboursée par la municipalité
elle-même.
M. Dufour: Je pense que...
M. Bourbeau: Je dois ajouter que le problème se pose
présentement surtout dans le cadre du programme ReviCentre où il
y a des subventions importantes.
M. Dufour: Je comprends que le ministre enlève son
obligation que la loi vienne en vigueur trois ou quatre mois après
qu'elle a été adoptée parce que les municipalités
comprennent plus vite. Dans ces cas là il dit: on va pouvoir adopter
tout de suite. J'aimerais peut-être que vous réfléchissiez
là-dessus encore un peu, M. le ministre, pour qu'à l'avenir Ie3
lois soient approuvées pour sanctionner, surtout quand ce sont des
pouvoirs habilitants. Là c'est plus qu'un pouvoir habilitant c'est
presque une obligation; il y a des municipalités qui vont y recourir
immédiatement. Je suis favorable à ça.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'avais indiqué au député
précédemment que d'une façon générale on
donnait une période de transition mais qu'il y aurait, dans les lois
qu'on devait présenter, des cas où les projets entreraient en
vigueur le jour de leur sanction et c'est précisément le cas en
ce qui concerne le projet de loi 46.
M. Dufour: M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: La seule remarque c'est que je voudrais que les
municipalités puissent s'attendre au même comportement. Ils vont
être obligés de penser: c'est tout de suite, pas tout de suite? Ne
les rendons pas nerveuves, elles ont assez de problèmes comme ça.
Prenez une décision que vous pouvez maintenir tout le temps. Moi, je
vais être d'accord avec vous à 100 %. Moi aussi je crois à
l'économie municipale et je trouve que ces gens sont corrects. Et
règle générale ils sont très corrects, ce sont
même de très bons alliés pour l'économie du
Québec, pour les gouvernements, quels qu'ils soient. J'apprécie
leur travail. Vous m'avez amené tantôt qu'une loi n'est pas
adoptée et qu'une loi va être adoptée plus tard. À
un moment donné les municipalités n'ont pas tout ce qu'il faut.
Quelquefois elles reçoivent les lois bien longtemps après. J'ai
vécu cela d'être obligé de courir après des lois,
parce qu'on ne savait pas où elles étaient, elles étaient
perdues dans le paysage quelque part, on essayait de les trouver.C'est
complexe. Dans nos municipalités je peux vous dire qu'il y a du monde
qui se pose des questions à savoir si nous travaillons au Parlement. Il
y a des gens qui se posent ce genre de question. Qu'est-ce qu'on y fait? Quand
on est chez nous dans notre milieu, tout le monde sait sur quoi on travaille.
Qu'on fasse n'importe quoi tout le monde le sait. Nous sommes près
d'eux. Dès qu'on prend une distance, ils ne le savent plus. Pour les
municipalités facilitons-leur le même accès à
l'information, le plus rapidement possible. Je suis sûr que cela ne
changera pas fondamentalement la façon de procéder du
ministère et que cela ne lui fera pas de mal, excepté qu'ils vont
savoir que quand une loi est adoptée elle est adoptée et ils
seront prêts à l'appliquer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je prends très bonne
note des suggestions du député de Jonquière. Il y a
beaucoup de sagesse dans ses propos et d'expérience aussi, je dois dire.
Je peux lui assurer que nous allons prendre en considération ses
propositions pour voir s'il n'y aurait pas lieu d'amender notre façon de
procéder dans les mois et les années à venir.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Dufour: Pas trop. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch); J'appelle maintenant le titre du
projet de loi 46, loi modifiant la Loi sur les travaux municipaux. Est-il
adopté?
M. Dufour: Adopté.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le projet de loi
46 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous allons maintenant
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 4)
(Reprise à 12 h 6)
Projet de loi 48
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend maintenant ses travaux pour poursuivre
l'étude du projet de loi 48, Loi modifiant la Loi sur la
Société de transport de la rive sud de Montréal.
Une voix: Vous avez dit "poursuivre", mais c'est plutôt
"entreprendre".
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, même si la loi n'est
pas longue, vous n'êtes pas sans savoir l'intérêt que je
porte à la loi qui modifie la Loi sur la Société de
transport de la rive sud de Montréal. Afin de m'assurer que cette loi
puisse être adoptée ici, à la commission parlementaire,
dans les meilleurs délais, je me suis assuré qu'il n'y aurait pas
de papillons. Première bonne nouvelle.
Deuxièmement, pour ne pas retarder indûment l'adoption de
cette loi, je vais indiquer que je n'ai pas d'autres commentaires à
faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, y a-t-il des commentaires préliminaires?
M. Dufour: Peut-être que mon collègue de Terrebonne
voudrait faire des commentaires. Non?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, pas de commentaires?
M. Dufour: II n'y a pas de commentaires. Je pense qu'on est
prêt à l'étudier article par article, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 1.
M. Bourbeau: L'article 1, M. le Président, modifie
l'article 100 de la Loi sur la Société de transport de la rive
sud de
Montréal de façon concordante avec une modification
introduite en 1985 à la Loi sur la fiscalité municipale qui
enlevait le statut particulier des boisés.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais poser la question: Dans la loi sur la
société de transport, pourquoi parlait-on de boisés?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est aux fins de définir l'expression
"richesse foncière uniformisée". C'est dans le partage des
quotes-parts entre les municipalités participantes. Alors, la notion de
boisé est affectée.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 1 est-il
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 2.
M. Bourbeau: L'article 2, M. le Président, modifie
l'article 121 de la Loi sur la fiscalité municipale afin d'assujettir la
Société de transport de la rive sud de Montréal aux
mêmes règles en matière d'emprunt temporaire que les autres
organismes de transport et les autres organismes municipaux. Par
conséquent, la STRSM n'aura plus à faire approuver par le
ministre des Affaires municipales une résolution du comité
exécutif visant à décréter un emprunt temporaire
pour le paiement de dépenses d'administration courante.
Toutefois, les emprunts temporaires que le comité exécutif
pourra décréter pour le paiement total ou partiel des
dépenses effectuées en vertu d'un règlement d'emprunt dont
le terme excède un an devront recevoir l'approbation du ministre des
Affaires municipales lorsque le montant de l'emprunt temporaire excédera
90 % du montant approuvé par le règlement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Si je comprends bien, le pouvoir d'emprunt de la
Société de transport de la rive sud de Montréal est
garanti par l'ensemble des municipalités qui font partie de la
corporation. Cela va?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est exact.
M. Dufour: Pour les municipalités, oui? Les membres qui
font partie de la corporation de transport, ce sont des élus, que je
sache?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: II faudrait que le député
précise sa question. Il y a un comité exécutif...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Les membres de la corporation?
M. Bourbeau: II y a la commission et il y a le conseil. Dans le
conseil il y a des maires.
M. Dufour: La Société de transport...
M. Bourbeau: Il y a ce qu'on appelle le Conseil des maires qui
chapeaute la commission. Il y a également les commissaires, sauf erreur.
Je vais lire les articles au député: "Les affaires de la
société sont administrées par un conseil
d'administration." "Le conseil d'administration est composé des membres
suivants: 1° les maires des municipalités du territoire de la
société; 2° pour chaque municipalité, un
représentant par tranche de 40 000 habitants." Cela, c'est en plus des
maires. "Le conseil d'administration nomme le président parmi les maires
et le vice-président parmi ses membres."
J'avouerai au député que j'ai été membre de
cette commission jadis, mais que la loi a été modifiée. Je
crois que maintenant il y a un conseil d'administration formé des
maires, auxquels s'ajoutent certains autres membres qui sont des conseillers
municipaux dans les municipalités dont la population excède 40
000. Après cela, à partir de ce conseil d'administration est
formé un comité exécutif qui, lui, a remplacé les
anciens commissaires. Le comité exécutif prend les
décisions.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: II y a un seul point que je voulais demander et je ne
voulais embarrasser personne. Quand la corporation avait besoin d'aller sur le
marché des emprunts est-ce qu'il y avait une résolution qui
ouvrait à l'administrateur ou au directeur général la
possibilité d'emprunt ou si elle était obligée de
soumettre avant à son conseil d'administration des approbations? C'est
juste cela que je voudrais savoir, ce n'est pas plus que cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la réglementation est
la même et elle n'est pas été changée. Pour un
emprunt permanent, cela prend un règlement et pour des emprunts
temporaires cela prend une résolution du comité
exécutif.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour; Donc, après qu'elle est adoptée cette
résolution permet d'emprunter jusqu'à 90 % du montant
approuvé. Pourquoi ne peuvent-ils pas emprunter à 100 % sans
qu'il y ait approbation du ministre des Affaires municipales? À aller
jusqu'à 90 % il n'y a pas besoin d'approbation, si je comprends bien.
C'est la différence entre 90 % et 100 %; les 10 % donnent un pouvoir au
ministre des Affaires municipales.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que c'est la même
règle pour toutes les sociétés de transport ainsi que pour
toutes les municipalités. La limite est 90 %.
M, Dufour: ...permanent.
M. Bourbeau: Cela, ça prend le consentement du ministre
des Affaires municipales.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Écoutez, j'ai donné la réponse.
Est-ce qu'il y a une autre question?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Ce sont des règlements d'emprunt
d'immobilisation. Ce ne sont pas des règlements d'emprunt de
fonctionnement. C'est correct. C'est moi qui m'en allais sur une autre piste
que ce que l'article dit.
M. Bourbeau: M. le député de Jonquière sait
qu'une municipalité n'est pas censée emprunter pour ses
dépenses de fonctionnement. En général, c'est payé
à même le budget de l'année courante. Les emprunts sont
pour des fins d'immobilisations.
M- Dufour: Les municipalités peuvent emprunter
temporairement pour des dépenses courantes, à l'exception...
M. Bourbeau: Non pas sur des règlements d'emprunts, ce
sont des règlements...
M. Dufour: ...parce que c'est marqué... En fait dans les
règlements d'emprunt il y a toujours une résolution qui
accompagne le règlement qui dit qu'on peut emprunter jusqu'à 90 %
du montant. C'est la même chose, à l'exception que, moi, je n'ai
jamais demandé les 10 % de différence...
M. Bourbeau: Ah boni En résumé pour que tout le
monde s'entende...
M. Dufour: C'est moi, M. le ministre, qui allais plus loin et qui
allais sur une piste autre que ce qui est écrit. Je veux m'excuser.
M. Bourbeau: Bon, très bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté...
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 3.
M. Bourbeau: L'article 3 prévoit que la loi 48 entrera en
vigueur le jour de sa sanction.
M. Dufour: Même remarque que j'ai faite auparavant. Le
ministre a fait une ouverture et j'espère qu'il va en tenir compte.
M. Bourbeau: Même réponse, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous suspendons pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 15)
(Reprise à 12 h 18)
Projet de loi 49
Le Président (M. Saint-Roch): La commission reprend ses
travaux pour entreprendre l'étude du projet de loi 49, Loi modifiant la
Loi sur les villages nordiques et l'Administration régionale Kativik. M.
le ministre.
M. Bourbeau: Aucun commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je n'en ai pas.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 1.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 1 modifie
l'article 174 de la Loi sur les villages nordiques et l'Administration
régionale Kativik afin d'accorder à une municipalité de
village nordique le pouvoir de confier à un tiers l'exploitation d'un
système de collecte et d'évacuation des eaux usées.
Il s'agit encore d'une mesure qui vise à favoriser le
faire-faire, tel que le préconise le député de
Terrebonne.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, est-ce que c'est simplement pour
adapter cette loi à l'ensemble des lois concernant le faire-faire
municipal ou si vraiment il y a une ouverture, quelque part, permettant
à ces gens-là d'aller dans le faire-faire?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Cela fait partie de la nouvelle philosophie qui vise
à donner plus de latitude aux municipalités dans ce domaine. Les
villages nordiques étant considérés comme des
municipalités comme les autres au Québec - ils ont choisi ce
régime administratif - on leur accorde les mêmes pouvoirs que ceux
qui sont accordés à l'ensemble des municipalités du
Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Je présume que cela a été
demandé par le Conseil municipal de Kativik.
M. Bourbeau: Je ne saurais dire si ce point spécifique a
fait l'objet d'une demande précise de l'Administration régionale
Kativik, mais je peux indiquer au député que, d'une façon
générale, l'Administration régionale Kativik fait
continuellement des demandes au gouvernement pour jouir d'une plus grande
autonomie. Cela s'inscrit dans...
M. Blais: Laisseriez-vous entendre qu'ils n'auraient pas
demandé au ministre cette fois-là, et que vous avez pensé
à cela vous-même?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je m'excuse. Est-ce que vous voulez
répéter la question?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Je demande, vu que vous...
M. Bourbeau: Est-ce que vous pourriez répéter la
question sérieusement, s'il vous plaît, M. le
député?
M. Blais: Très sérieusement. J'aimerais avoir une
réponse aussi sérieuse. C'est la réponse que je n'ai pas
trouvé sérieuse. L'Administration régionale Kativik a
certainement, d'après moi, demandé au ministre de
présenter ce projet de loi; sinon vous auriez pondu cela vous-même
comme cela. Alors pourquoi ce village-là plutôt qu'un autre?
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saïnt-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: II ne s'agit pas d'un seul village. Dans les
régions nordiques, il y a treize villages et ces villages sont...
Une voix: ...
M. Bourbeau: Mais non... Cela couvre l'ensemble des villages et
l'administration régionale. Il y a treize villages plus une
administration régionale.
M. Blais: C'est marqué "région Kativik".
M. Bourbeau: On va l'expliquer. Il faudrait peut-être qu'on
amène,..
M. Blais: Non, non. Je veux simplement savoir si la
région...
M. Bourbeau: II faudrait peut-être amener le
député de Terrebonne lors de la prochaine tournée des
villages nordiques.
M. Blais: Ah non! J'ai trop d'ouvrage dans mon comté.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Mais c'est marqué: "Administration
régionale de Kativik", Je voudrais savoir si ce sont des gens
responsables de cette région qui ont demandé au ministre plus de
pouvoirs ou si c'est par générosité et condescendance
nordique que le ministre a réécrit cette loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: En réponse au député, je dirai
que les villages nordiques qui sont représentés par
l'administration régionale nordique font continuellement des demandes au
ministre des Affaires municipales pour un élargissement de leurs
pouvoirs.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Blais: C'est évasif comme réponse.
M. Dufour: Quand on dit "exploiter ou faire exploiter par un
tiers", est-ce que cela couvre seulement l'assainissement de l'eau ou si cela
couvre d'autres fonctions?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je dois indiquer au député que, dans
le Grand-Nord, au nord du 55e parallèle, on ne procède pas comme
dans nos régions en ce qui concerne les systèmes d'égout.
On n'a pas le même système d'égout qu'ici, comme dans le
comté de Terrebonne.
M. Blais: Les goûts ne sont pas les mêmes?
M. Bourbeau; Non, il n'y a pas en fait...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Bourbeau: II n'y a pas, dans le Grand-Nord
québécois, au nord du 55e parallèle, des tuyaux
d'égout dans la terre comme chez nous parce que le permafrost demeure en
permanence dans les terrains. Ce sont des formules différentes. Je ne
ferai pas de description détaillée au député, mais
il peut avoir une petite idée de ce que cela peut être. Dans ce
sens-là, la collecte, si je peux dire, de ces objets pourrait être
confiée à l'entreprise privée.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Je comprends très bien. De toute façon,
je tiens à dire au ministre que j'ai travaillé pendant sept ans
dans le Grand-Nord, de 1953 à 1960. Je connais beaucoup les us et
coutumes et aussi les contraintes de la construction. J'ai travaillé
quinze ans dans la construction. C'est pour cela que j'ai le verbe très
ouvrier. J'ai travaillé là. Je ne voudrais pas marteler le
ministre sur la construction dans ce coin-là, mais je connais
très bien le Grand-Nord pour y avoir oeuvré durant plusieurs
années. Ce n'est pas nécessaire de m'expliquer ce qu'est un tuyau
d'égout, j'en ai vu couler plusieurs, surtout pendant que je travaillais
dans le Grand-Nord.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président.
M. Dufour: Le mot "Kativik" est mentionné. Est-ce que vous
pourriez nous donner la signification de "Kativik", M. le ministre?
M. Bourbeau: On a un expert ici, M. le Président. Est-ce
qu'on peut nous traduire cela?
M. Blais: C'est la grande chanteuse Kati, une des
premières exploratrices de ce coin. Cela vient de la chanteuse Kati.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Bourbeau: Je peux donner au député la
signification.
Une voix: En inuktitut. M. Dufour: C'est bien bon. Une
voix: ...en inuktitut. M. Blais: Non, non.
M. Bourbeau: Sur la signification du mot "Kativik",
évidemment...
M. Dufour: Je ne suis pas plus avancé que
j'étais.
M. Bourbeau: ...en langage esquimau.
Une voix: Kativik, c'est une déformation d'un mot
inuktitut...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Mais selon l'anecdote que j'ai entendue personnellement
- je ne sais pas si elle est véridique ou historique - c'était
une grande chanteuse qui s'appelait Kati, celle qui, chez le peuple, le soir,
dansait le fandango, qui avait une grippe...
Une voix: Kativik.
M. Blais: C'est bien cela, Kati Viks; c'est cela. Elle avait un
concert à donner pour une bande esquimaude, une bande crie. Afin que son
cri soit meilleur, elle a demandé à un des autochtones d'aller
lui chercher du Vicks pour sa voix, pour se
frotter. L'autochtone ne parlant pas très bien le français
est allé voir le médecin et a dit: Kati Vicks. L'esquimau est
revenu avec du Vicks et le concert a eu lieu. Historiquement, afin qu'on se
rappelle cet incident, plaisant autant pour la chanteuse que pour la peuplade,
cela s'est appelé Kativik. C'est ce que j'ai su; est-ce vraiment
historique? C'est une autre chose.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Si je comprends bien, c'était pour sa
voix.
M. Blais: C'était pour sa voix.
M. Bourbeau: Je comprends, maintenant, pourquoi le ministre
délégué aux Mines a été nommé
responsable du Grand-Nord québécois et du SAGMAI.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que l'article 1 est adopté? Adopté. J'appelle
maintenant l'article 2.
M. Bourbeau: L'article 2 modifie l'article 400 de cette loi afin
de prévoir que l'Administration régionale Kativik, comme tout
autre organisme municipal, peut reporter au budget de l'année
financière suivante tout surplus ou déficit d'une année
financière antérieure.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Selon les explications que vous aviez données
lors du dépôt de la loi, en deuxième lecture, il semblerait
que, dans ces villages, on ne pouvait pas inscrire, comme dans la plupart des
municipalités, comme surplus ou déficit, le résultat de
leur année financière avant que le vérificateur, le
comptable passe leurs livres. C'est un peu cela.
À ce moment-ci, vous enlevez cette particularité qu'il y
avait dans la loi habilitante pour les villages nordiques et vous
décidez que cela va se passer autrement. C'est de cette façon
qu'on va procéder à l'avenir ou si je dois
répéter?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Actuellement, les surplus ou les déficits
d'une année financière, en vertu des lois existantes, sont
portés comme crédits ou débits de la deuxième
année qui suit. Les surplus de 1986 compteront sur le budget de 1988.
L'objet de l'amendement est de faire en sorte qu'ils soient
comptabilisés dans l'année qui suit, 1987 par exemple.
Plutôt que de reporter le surplus ou le déficit à la
deuxième année, on le reporte à l'année suivante,
comme pour toutes les autres municipalités.
M. Dufour: Cela veut dire que, pour la première
année, ils auront dans leur budget de l'argent supplémentaire.
C'est ce que cela veut dire?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Bien non, cela veut dire que le déficit d'une
année donnée devient la première dépense de
l'année suivante. Si c'est un surplus, cela devient le premier revenu de
l'année suivante.
M. Dufour: Oui mais, avant, cela se faisait durant la
deuxième année; comme vous le faites la première
année, ce qui est pour la deuxième année aura pour effet
d'augmenter, artificiellement peut-être, le budget de la première
année»
Le Président (M. Saint-Roch): M. te ministre.
M. Bourbeau: Je soulignerai simplement au député
que, comme ces muncipalités sont subventionnées à 100 %
par le gouvernement du Québec, on va ajuster la subvention en
conséquence, ceci étant le résultat de la convention de la
Baie James et du Nord québécois.
Le Président (M, Saint-Roch): L'article 2 est-il
adapté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 3.
M. Bourbeau: L'article 3 prévoit que le projet de loi 49
entre en vigueur le jour de sa sanction, tout cela pour faire plaisir au
député de Jonquière qui préfère cette
formule.
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 3 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le titre du
projet de loi 49, Loi modifiant la Loi sur les villages nordiques et
l'Administration régionale Kativik, est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi 49 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous suspendons quelques
instants,
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 12 h 35)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Projet de loi 50
La commission reprend ses travaux. La commission entreprend maintenant
l'étude du projet de loi 50, Loi modifiant la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal. M. le ministre.
M. Bourbeau: Il n'y a pas de commentaires sur les notes
introductives.
M. Dufour: On a presque envie de vous... adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Dufour: Non, on n'en fait pas.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 1.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 1 modifie
l'article 321 de la Loi de la Communauté urbaine de Montréal afin
de prévoir que le plan de compensation élaboré entre la
ville de Montréal et la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal pour régler le dossier du
transfert des biens du métro original puisse permettre le versement
d'une compensation par la ville de Montréal à la CTCUM.
Hier, lors de mon discours sur l'adoption du principe du projet de loi
en Chambre, j'ai donné les explications. Il s'agit simplement de
ratifier une entente intervenue entre la ville de Montréal et la STCUM,
selon laquelle une compensation doit être versée par la ville de
Montréal à la société de transport alors
qu'originalement il avait été prévu que ce serait
l'inverse qui serait fait.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que le ministre pourrait me donner
l'information. Pourquoi cela ne s'est pas produit comme prévu au
départ?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On m'indique que, lors de la construction du
métro, on avait procédé à l'achat ou à
l'expropriation de terrains nombreux afin de procéder aux travaux de
construction. Quand les travaux ont été terminés, il y a
certains de ces terrains qui étaient excédentaires et qui
n'étaient plus requis pour l'exploitation du réseau du
métro. Ces terrains avaient été payés avec les
fonds de la Société de transport de la Communauté urbaine
de Montréal. La ville de Montréal a décidé de
garder les terrains excédentaires pour elle aux alentours du
métro, de sorte que, dans la comptabilisation et la comptabilité,
il est advenu que, plutôt que de faire en sorte que ce soit la Commission
de transport de la Communauté urbaine de Montréal qui devait de
l'argent à la ville de Montréal, c'est l'inverse qui s'est
produit.
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 2.
M. Bourbeau: L'article 2 prévoit que l'article 1 a effet
depuis le 20 juin 1985, afin de donner un encadrement juridique valable au plan
de compensation déjà convenu entre la ville de Montréal et
la
Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que le ministère ou la Commission
municipale sont intervenus au sujet de ce terrain, de cette entente ou si cela
s'est fait après...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On m'indique que non. C'est une convention qui est
intervenue entre les trois organismes impliqués, soit la
Communauté urbaine de Montréal, la ville de Montréal et la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Ce que je remarque, c'est
qu'en principe, quand il y a des ententes, on les "implicite" ou on les
écrit. C'est arrivé dans d'autres lois qu'on l'écrive. On
fait allusion à une entente qui s'est passée à telle date
entre tel et tel. Là, on dit que c'est le 20 juin, mais on ne fait pas
de référence à l'entente qui a eu lieu entre les parties.
Est-ce que c'est correct ou non? Ou est-ce qu'on devrait faire allusion
à cette entente?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Dans la loi originale, à l'article 321, on
dit qu'au plus tard le 1er janvier 1986 la commission, la communauté et
la ville de Montréal doivent, entre autres, élaborer un plan
prévoyant la compensation et prévoyant le mode de remboursement,
etc. Ce plan devait faire l'objet d'un écrit, et, comme il avait
été prévu que la compensation devait se faire uniquement
dans une direction, soit de la commission de transport vers la ville de
Montréal, étant donné que les lois s'interprètent
restrictivement, on ne peut pas faire l'inverse. Aujourd'hui, comme c'est
l'inverse qui se produit, on ratifie la convention qui a été
signée en date du 20 juin 19B5.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je pourrais peut-être ajouter qu'on l'a
ratifiée implicitement en amendant l'article 321, en spécifiant
que le plan de compensation peut se faire non pas dans une seule direction mais
dans les deux sens.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, par l'adoption de ces articles, et
cela s'est produit à plusieurs reprises depuis le début de la
journée, il y a des effets rétroactifs dans les ratifications de
l'entente. Est-ce que cela va devenir une coutume courante? Il arrivera
à un moment donné que les municipalités vont faire des
choses qui, en principe, ne sont pas permises; elles se trouvent à
passer un peu où les lois ne leur donnent pas de permission. On signe
une entente et après on s'en vient voir le législateur et on lui
dit: Faites-le-nous. Ce qui va arriver, c'est qu'on va se ramasser avec
beaucoup de petites lois comme cela et que souvent et
régulièrement cela sera en fonction d'ententes qui ont
été faites "sur le bras" ou par écrit.
Je ne sais pas si on est en train de créer des
précédents, mais il me semble qu'on ouvre la porte assez grande,
surtout avec des grands ensembles. S'il s'était agi de petites
municipalités, je ne suis pas sûr qu'on n'aurait pas dit:
Attendez, vous arrangerez cela; on arrangera cela dans le temps. Mais là
il ne faudrait pas donner, non plus, plus de pouvoir ou qu'on leur donne plus
l'absolution.
Il n'y a pas de choses malhonnêtes dans cela. Cela n'est pas le
but de ce que je dis. C'est seulement pour rappeler qu'il me semble qu'on est
en train d'ouvrir des portes de plus en plus à un certain nombre de
municipalités importantes qui devraient tôt ou tard selon les
principes de base être traitées comme l'ensemble des
municipalités au Québec. Là on se met en frais par des
lois de leur donner des pouvoirs de décider d'avance; nous n'aurons
aucune marge de manoeuvre et nous n'aurons qu'à ratifier ce sur quoi
elles se sont entendues d'avance. C'est seulement cela que je veux rappeler. Il
n'y a pas motif à s'opposer à l'adoption de cet article. Je veux
rappeler au ministre que c'est une pratique qui semble se
généraliser et qui ne devrait pas, à mon point de vue, se
continuer ou s'accélérer. Il devrait y avoir un arrêt
quelque part pour dire aux municipalités qu'on ne passera pas notre
temps à légiférer pour ratifier des actes qu'elles ont
posés auparavant.
Normalement, il y a assez de possibilité et je pense qu'il y a
assez de souplesse dans votre approche au point de vue municipal actuellement
pour que les municipalités puissent venir - l'Opposition est très
ouverte de ce côté-là - pour que l'on puisse s'entendre et
que l'on trouve un modus vivendi afin que l'on n'ait pas à ratifier des
choses qui ont été faites précédemment ou qu'il
s'en fasse de moins en moins.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Sauf qu'il faut quand même être
pratique. On a beau avoir tous les principes que l'on veut, quand on est en
face d'une convention intervenue le 20 juin 1965, on ne peut quand même
pas, par une fiction de la loi, dire qu'elle a été...
M. Dufour: En 1965?
M. Bourbeau: En 1985. On ne peut quand même pas dire
qu'elle a été signée...
M. Dufour: On n'était pas là.
M. Bourbeau: ...ou qu'elle sera signée le 20 juin 1986,
puisqu'elle est déjà signée depuis un an. On doit quand
même, à la décharge de la ville de Montréal, de la
CUM et de la CTCUM, convenir qu'il était assez difficile en 1969 de
prévoir ce que réservait l'avenir. J'ai expliqué
tantôt ce qui s'est passé. C'était impossible à ce
moment-là de prévoir qu'une situation comme celle-là
se
présenterait et on n'a pas d'autre alternative, si on veut
être pragmatique, que de ratifier une décision prise, qui est
excellente et qui fait en sorte que l'on règle un contentieux qui date
de 17 ans. Sans vouloir violer les principes fondamentaux, il faut quand
même avoir les deux pieds sur la terre et voir que si une situation
existe et qu'elle est comme cela, il faut vivre avec.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Ce que le ministre dit résiste mal à
l'analyse. Je l'écoute parler et il dit que c'est depuis 1969. Vous ne
me ferez pas croire cela, et je ne vise pas Montréal en disant cela,
mais je voudrais que cette ville se comporte comme la plupart des
municipalités.
Cela n'est pas mauvais de le dire. Si les représentants de la
ville de Montréal étaient ici, je dirais la même chose. Je
veux que l'on traite le monde... Vous avez dit: C'est normal que l'on puisse
changer des choses. Mais cela aurait pu être normal aussi qu'ils voient
venir des choses. Vous ne me ferez pas croire que de 1969 à 1985 les
résidus de terrain ne devaient pas devenir une préoccupation
quelque part. Au lieu de faire une entente et de venir la ratifier un an
après, ils auraient pu le prévoir un an d'avance et la faire
ratifier avant. C'est seulement cela. On n'engagera pas de débat. Je ne
voudrais pas passer pour le "martyrologue" ou celui qui veut martyriser la
ville de Montréal. Je dis qu'ils devraient se comporter comme la plupart
des municipalités. C'est seulement une question de logique et ils
auraient pu penser, de 1969 à 1985, qu'il y avait des résidus de
terrain. (12 h 45)
C'était le sens de mon intervention. J'espère qu'on n'aura
pas à ratifier régulièrement des actions qui ont
été décidées par d'autres que nous et sans que ce
pouvoir ait été accordé. Voilà.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 2 est
adopté? M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, en terminant, je
réitère ce que j'ai dit à de nombreuses reprises au
député de Jonquière au cours des journées et des
semaines précédentes. Je formule le voeu qu'un jour, dans les
mois et les années à venir, nous n'ayons pas à avoir
à approuver une projet de loi privé venant de la ville de
Jonquière pour ratifier des opérations, des manquements ou des
erreurs qui auraient pu être faites sous l'administration du
député de Jonquière, parce qu'à ce
moment-là, on ressortira tous les propos du député pour
l'inciter à la tolérance.
M. Dufour: M. le Président, c'est quoi cette histoire de
vouloir ramener ce que j'ai fait dans la ville de Jonquière? Je le
répète, ce que j'ai fait, je l'ai fait de bonne foi, selon les
normes et les lois qui me permettaient de fonctionner. Il pourrait arriver que
les choses changent. Mais les choses que l'on peut prévoir dix ans
à l'avance, je ne pense pas qu'il s'en est fait. Je ne serais pas
malheureux du tout si la ville de Jonquière était obligée
de faire...
M. Bourbeau: Terrebonne, la plaine.
M. Dufour: ...ratifier ou changer des choses. Mais je vous dis
ceci: Cela n'est pas un comportement, à moins qu'il n'y ait des
changements. J'ai été là pendant 18 ans et le comportement
a toujours été en ce sens qu'on fonctionnait à
l'intérieur des lois. Avant de poser des gestes, on essayait de les
prévoir. C'est seulement cela qui s'est fait dans mon temps. S'il
arrivait quelque chose, il n'y aurait rien là.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le député n'arrête pas de jeter
les hauts cris chaque fois qu'une municipalité vient tenter de ratifier
des erreurs ou des omissions qui ont pu se faire de bonne foi. Tout ce que je
dis au député: Errare humanum est.
M. Dufour: M. le ministre, je n'ai pas fait mes "lettres"; c'est
probablement pour cela que je n'ai pas la même approche que vous. Je dois
voua dire une chose, c'est que j'ai toujours compris que les lois
étaient là pour être respectées. J'ai appris
à fonctionner à l'intérieur des lois. Une
municipalité, c'est une institution, donc pour moi c'est un organisme
excessivement important. On a intérêt, vous comme moi... Et cela
n'est pas de l'intransigeance, au contraire, c'est vraiment une façon de
voir tes choses et une philosophie que l'on doit appliquer et qui devrait
être appliquée. Quand vous nous dites qu'ils n'ont pas pu
prévoir, je vous retourne la balle en disant qu'ils auraient pu
prévoir parce qu'ils savaient qu'il y avait des surplus de terrain et
ils auraient pu demander la permission avant. On dit: Cela n'est pas le cas
d'une municipalité. Cela a été aussi le cas de la CRO, de
la Communauté urbaine de Québec et' d'autres
municipalités. On a intérêt des fois à regarder
comment on peut améliorer le fonctionnement de ces entités. C'est
aussi pour ne pas que les élus aient seulement à entériner
des actions qui ont été prises antérieurement. C'est
seulement cela. "Humane humanun est", comme on dit?
Des voix: Ha! Ha!
M. Blais: Voilà!
Une voix: Errare humanun est.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que l'article 2 est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Blais II va se faire dire: Perge quoi coepisti.
Des voix: Ha! Ha!
M. Blais: J'ai hâte qu'il dise: Ite, missa est.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce que
l'article 3 est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 3 prévoit
que le projet de loi 50 entrera en vigueur le jour de sa sanction.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce que le
titre du projet de loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi 50 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Dois-je conclure qu'il y a
entente entre les membres des deux côtés de la table pour
suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures?
Une voix: II ne reste que dix minutes, on n'a pas le temps.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements suspend ses travaux
jusqu'à 15 heures. Nous siégerons de 15 heures à 17
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
(Reprise à 15 h 23)
Projet de loi 67
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménage- ment et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour étudier le projet de loi 67, Loi
concernant la ville de Schefferville.
Avant le début de nos travaux sur ce projet de loi et pour
être conformes à la demande du président de
l'Assemblée nationale, est-ce qu'il y aurait consentement unanime que
nous suspendions nos travaux à 16 h 50 pour permettre aux membres de la
commission de se diriger à la réception offerte en l'honneur du
président de l'Italie?
M. Blais: On reprendra à quelle heure, M. le
Président?
Le Président (M. Saint-Roch): Pour être conformes
aux heures qui nous ont été données par
l'Assemblée, nous reprendrons nos travaux à 19 heures.
M. Blais: Jusqu'à quelle heure?
Le Président (M, Saint-Roch): Jusqu'à 22 h 30.
M. Dufour: On n'aura peut-être pas le goût de
fêter après ça.
Une voix: On recommence à 19 heures?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, de 19 heures à
22 h 30.
M. Bourbeau: À moins que ce ne soit déjà
fini?
Le Président (M. Saint-Roch): Écoutez, je donne
toujours le maximum.
M. Blais: C'est de la partisanerie, M. le Président; ce
que je ne comprends pas, c'est que vous présumez qu'on n'aura pas fini
avant 22 h 30.
Le Président (M. Saint-Roch): Non, c'est juste pour vous
donner une chance, je ne présume rien, M» le député
de Terrebonne, on peut continuer nos travaux et à 16 h 50 revenir avec
la question.
Mme Harel: Je suis plutôt tentée de croire que c'est
par perspicacité.
M. Blais: J'ai l'impression que Mme la députée de
Maisonneuve a raison.
Le Président (M. Saint-Roch): Dois-je en conclure qu'il y
a consentement?
M. Blais: La députée de Dorion ne semble pas
consentante.
Mme Trépanier: Je n'ai pas dit un mot. Le Président
(M. Saïnt-Roch): Nous
allons commencer maintenant nos travaux. Est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires, M. le ministre?
Remarques préliminaires
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, nous en sommes maintenant
à l'étude, en commission parlementaire, article par article du
projet de loi 67, Loi concernant la ville de Schefferville. Ce projet de loi a
pour but de mettre un terme è l'existence juridique de la ville de
Schefferville à une date qui sera fixée par le gouvernement. Il
prévoit que le territoire de la ville fera alors partie de la
municipalité régionale de comté de Caniapiscau. Il
prévoit en outre que les droits et obligations pouvant résulter
de l'administration de la ville pendant son existence seront assumés par
le ministre des Affaires municipales par l'entremise de la Commission
municipale du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Ce petit projet de loi qu'on a devant nous, qui a pour
effet dans son essence même de mettre fin à l'existence juridique
de la ville de Schefferville, demande certainement que nous, de l'Opposition,
nous réfléchissions un peu sur le sentiment d'appartenance que
les gens de Schefferville avaient pour leur municipalité. Je pense qu'il
est bon de répéter que c'est l'un des gestes les plus tristes que
les législateurs puissent faire que de mettre un terme à la vie
d'une municipalité qui a fait l'espoir de beaucoup de gens, même
d'un pays, lors de son ouverture. Je pense que la façon dont cette ville
est venue au monde, a créé un enthousiame certain à
travers la population du Québec, enthousiasme qui ne s'est pas
démenti jusqu'en 1982 alors que la crise économique mondiale a
touché cette partie du pays qui, je ne dois pas le cacher, tient au
coeur de beaucoup de Québécois. Cela marque un territoire
important et peut-être l'avenir du Québec, même si, à
première vue, certaines études auraient pu démontrer -
mais je pense que là-dessus, on pourrait discuter beaucoup -
pratiquement la fin des perspectives économiques à travers ce
pays.
Je pense que, à l'Opposition, on diffère un peu d'opinion.
Nous croyons que le Nord peut demeurer et doit demeurer ouvert, puisque cela
offre des perspectives nouvelles et que, selon ce qui arrive souvent, une
politique à long terme permettrait de voir à travers cette
démarche, peut-être, un avenir économique beaucoup plus
grand pour le
Québec. Ses sous-sols renferment des richesses naturelles
importantes, richesses naturelles confirmées par des études
géologiques, des études qui ont été
financées en grande partie par le gouvernement du Québec, dans
lesquelles a déjà été identifiée ou
constatée la présence de palladium, de nickel, de fer
évidemment, d'or, de platine -le platine est un métal qu'on ne
retrouve pas partout, c'est le métal le plus précieux qu'on
connaisse actuellement dans le monde -donc, des ressources qui pourraient se
révéler très importantes et qui exigeraient certainement
l'ouverture de bases dans le Nord. Déjà, on a devant nous un
endroit où on pourrait situer ces bases ou cette base.
Il faut comprendre que dans le règne animal, la façon de
marquer son territoire, c'est-à-dire la façon de
déterminer sa propriété, c'est le marquage, mais c'est
aussi l'occupation. Quand on examine ce qui se passe depuis quelques
années, on est en train de démissionner, ce qui fait que nous
pratiquons des politiques contraires à ce qui se fait ailleurs dans le
monde par des petits peuples et par des peuples qui croient aux sentiments de
leurs racines et qui croient aussi qu'à certains endroits, il est
important de se marquer et qu'il est important de s'enraciner dans des
milieux.
Quand on regarde aussi la façon dont on a procédé
pour annoncer la fermeture de Schefferville, fermeture qui a été
précédée d'une commission parlementaire de
l'ex-gouvernement, à Schefferville, commission parlementaire où
les gens de l'Opposition avaient accompagné les gens du gouvernement
pour écouter le point de vue des citoyens et aussi où il y avait,
par le canal de cette commission parlementaire, des gens qui ont fait miroiter
des possibilités d'ouverture ou de demeurer ouvert. C'est plus
l'Opposition d'alors que le gouvernement, bien sûr, qui, à ce
moment-là, disait par ses porte-parole, porte-parole qui sont devenus
très importants dans le gouvernement actuel, dont le ministre de
l'Énergie et des Ressources... Il disait qu'il ne faudrait pas rire du
monde, qu'il ne faudrait pas que ce qu'on vient de faire ici soit juste une
mise en scène. Il faudrait peut-être examiner cela
sérieusement. On est ici en tout cas pour s'assurer que le gouvernement
en place ne fasse pas de "show".
On a écouté ces gens-là. On a dit: II faudrait
faire une ouverture pour les jeunes. Pourquoi ne commencerait-on pas par
établir une politique d'emploi pour les jeunes à Schefferville?
Ce n'est pas nécessairement parce qu'il y a beaucoup de jeunes à
cet endroit, mais ce serait une bonne chose à faire. C'est à
partir de cela qu'on a décidé d'établir une politique pour
les jeunes dans le parti qui forme actuellement le gouvernement. Quand on
examine de quelle façon cette politique s'est articulée et,
surtout,
s'est concrétisée, je mets en doute fortement la
capacité d'ouverture, la capacité de mettre sur pied une
politique pour créer de l'emploi pour les jeunes...
On disait aussi qu'il ne faudrait pas se contenter d'exploiter les
richesses naturelles, les extraire et les emmener à l'extérieur.
Il faudrait qu'on pense vraiment à les raffiner sur place. Donc, on
était loin de fermer; on ouvrait, on agrandissait. Rien de trop beau! On
pouvait dire à peu près n'importe quoi, parce qu'on n'assumait
pas de responsabilités directes. Mais on a vite appris que la
réalité, quelquefois, change la nature des choses, change la
nature des discours. Par contre, je pense qu'elle ne peut pas changer le
nôtre, parce que nous, on croit fermement que le Nord doit avoir une
place au Québec et qu'il y a des façons de maintenir tes lieux
ouverts sans que cela coûte des fortunes.
Ce qu'on fait dans le projet de loi qu'on a devant nous, c'est surtout
une opération comptable. On dit qu'on va s'assurer qu'on ferme les
livres un peu partout, on va s'assurer qu'il n'y ait pas de coûts trop
directs, que personne ne va trop perdre. On ne dit pas nécessairement
comment on va faire, mais on dit qu'on va avoir un "melting pot" et on va
essayer de négocier et de trouver des méthodes pour que tout le
monde y trouve son compte. Je ne sais pas de quelle façon, parce qu'il
ne faut pas se fier aux déclarations qui ont été faites
jusqu'à maintenant.
Si on regarde le feuilleton de la Chambre, c'est loin d'être
sûr la façon dont on va compenser les gens qui vont être
obligés de payer, de vendre leur maison, leur propriété.
Au bout de tout cela, on dît qu'on va remettre cela au
fédéral et aux bandes indiennes. Donc, on va faire une nouvelle
réserve indienne. Et, en même temps, on n'est même pas
sûr que cela réponde aux besoins ou aux désirs de cette
population autochtone. On n'est même pas sûr que le
fédéral va embarquer dans le jeu. On dit qu'on va régler
tous les problèmes et qu'ensuite, on va négocier. On va fermer et
on négociera après. C'est un peu tout cela que ce projet de loi
nous apporte. Cette petite loi qui a créé beaucoup de drames chez
253 citoyens, une population blanche qui croit encore et qui pense pouvoir
vivre sans l'apport de la mine qui a donné naissance à leur
municipalité.
Ce qu'on vit à Schefferville pourrait être vécu dans
plusieurs municipalités au Québec, dans le sens que dans les
municipalités monoindustrielles, ce n'est pas la première fois
que cela arrive que l'industrie ferme. Si on regarde l'histoire c'est
arrivé, je pense, à La Tuque, où il y a déjà
eu des problèmes causés par l'industrie, mais il y avait une
population enracinée et qui a décidé de s'appartenir. Avec
le temps La Tuque est devenue une ville
II est certain que s'il n'y a pas de volonté politique, il est
impensable de continuer à faire vivre cette ville de Schefferville. S'il
n'y a plus de statut juridique, cela devient un territoire non organisé,
donc difficilement exploitable.
Les problèmes que ces gens ont vécu, ils nous l'ont dit
dans la pétition qu'ils ont déposée en Chambre par
l'entremise du député de Duplessis qui, au départ, a
été et est demeuré présent à toutes les
actions de ses concitoyens,, On doit lui savoir gré de tout le travail
qu'il a fait, reconnaître ses mérites, puisque
régulièrement il a gardé le contact avec ses concitoyens
pour bien les représenter. La pétition qu'ils ont
déposée devant nous contenait beaucoup d'éléments
qui nous permettaient de juger que c'étaient d'abord des gens
sérieux, qui croyaient à leur avenir et qui, au départ,
voulaient y demeureur.
Cette pétition fait appel à un certain nombre
d'éléments. D'abord, des éléments qui s'adressent,
bien sûr, au coeur, mais il y a également beaucoup
d'éléments qui s'adressent à l'esprit, c'est-à-dire
des éléments qu'on peut quantifier ou analyser. Un des gros
éléments forts de cette pétition, à mon avis, c'est
lorsque ces gens nous disent: On ne nous a pas entendus. On a appris cela par
la radio et on est sûrs... En tout cas, il n'y a aucun
élément qui nous permette de croire que l'étude a
été complètement faite.
Les propositions, ce serait tantôt de diminuer le tissu urbain de
la municipalité, c'est-à-dire rapetisser ou amoindrir les
coûts en éliminant un certain nombre de rues, ce qui veut dire
également qu'on élimine l'infrastructure; ramener les gens dans
le plus court espace possible pour diminuer les coûts, enlever ou
diminuer le corps policier, qui est également une possibilité de
diminuer les coûts, donc, de rationaliser les dépenses pour garder
cette ville ou cette municipalité ouverte. Ce que ces gens proposent
essentiellement, c'est ce qui se produit dans l'industrie
régulièrement. Si, chaque fois qu'il y a des déficits, les
industries décidaient de fermer, on n'aurait pas beaucoup d'industries
et il y aurait même beaucoup d'industries parmi les très fortes
industries qui seraient appelées à disparaître.
Qu'est-ce qu'on fait, normalement, lorsqu'une industrie est en
déficit ou est en danger de disparaître? D'abord, essentiellement,
on regarde là où il y a des coûts supplémentaires.
Assez souvent, on décide de changer la production. On décide de
diminuer le personnel pour que les coûts soient plus rentables. On
décide, de temps en temps, de moderniser et on essaie, avec ces mesures,
de faire vivre l'industrie et, souvent, ces industries finissent par vivre et
même parfois à prendre de l'expansion. C'est ce qu'on voit
actuellement à l'usine de GM, à Boisbriand, qui a pris des
mesures pour améliorer sa
rentabilité. C'est arrivé dans beaucoup de
coopératives. C'est arrivé dans les sociétés
d'État, excepté que, dans les sociétés
d'État, il y a lieu de décider, assez souvent, soit de
rationaliser les coûts, soit de décider de les liquider. Ce sont
des choix; ce ne sont pas nécessairement les meilleurs. Ce sont des
choix que le gouvernement se sent à l'aise de défendre, mais ce
sont des solutions de comptables. Pour moi, les solutions de comptables, ce ne
sont pas nécessairement des solutions gouvernementales, parce qu'un
gouvernement devrait dépasser un peu la perspective des chiffres,
même si les chiffres sont importants. Il y autre chose cependant, parce
que, si on voulait juste tenir les gens en disant: Vous avez de l'argent, vous
pouvez faire ce que vous voulez, ce n'est peut-être pas suffisant, parce
que le monde est à la recherche, assez souvent, de solutions
différentes et de milieux de vie différents.
Ces gens nous avaient également proposé, à travers
cette démarche, un moratoire de quelques mois pour essayer
d'étudier plus longtemps leur milieu de vie et, en même temps,
analyser les propositions qu'ils avaient mises sur la tabte pour leur permettre
de savoir quelle compensation ils auraient pour leur maison, combien cela
pourrait leur coûter pour administrer leur ville, etc. Ils n'ont pas eu
de réponse à cette demande.
Une autre alternative qu'ils offraient, c'était une commission
parlementaire où ils auraient été écoutés
pour que chacune de ces personnes puisse venir dire: Voici ce que je pense de
ce qui se passe et ce que je pense qu'on pourrait faire pour améliorer
ces circonstances, ou examiner ensemble et conclure, à la fin de tout ou
au milieu de la commission parlementaire, qu'il n'y a plus rien à faire,
si ce n'est d'accepter la décision gouvernementale qui a
décidé, dans un trait, d'annoncer, par la voie des journaux ou de
la radio, qu'à partir de maintenant Schefferville sera
fermée.
La population n'a pas été consultée, malgré
l'engagement du premier ministre concernant la fermeture, malgré les
démarches de cette population, qui a fait des pieds et des mains pour se
faire entendre à l'Assemblée nationale avec une pétition
et qui a suggéré différentes solutions et qui, quelle que
soit notre formation politique, veut nous obliger à regarder ou à
concentrer notre vision vers la porte du Nord. Schefferville aurait pu et
devrait être la porte du Nord, d'abord pour l'occupation du territoire,
les richesses de la fosse, du Labrador qui a déjà commencé
à donner des indices importants. Le ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones et
député d'Abitibi-Est, M. Savoie, a dit en commission
parlementaire, en réponse aux questions, qu'il était en
désaccord avec le ministre des Affaires municipales concernant la
fermeture de Schefferville parce qu'il trouvait qu'il y avait encore des
études et qu'il y avait des gens qui s'étaient engagés
è faire de la prospection et que, tôt ou tard, il y aurait des
chances que des compagnies ou des individus, à partir de
découvertes ou de prospections, ouvrent ces fosses pour une meilleure
utilisation et l'exploitation des richesses naturelles du sous-sol. Bien
sûr, l'aspect du tourisme, des chasseurs et de la pêche est
important et laisse des retombées économiques d'environ 15 000
000 $, ce qui donne de l'emploi à 150 à 200 personnes.
M. le Président, pour toutes ces raisons, je persiste à
dire que la fermeture de la ville de Schefferville est triste pour le
Québec et, en même temps, extrêmement triste pour ces
gens-là et que la solution proposée dans cette loi, c'est la mort
d'une ville alors qu'on aurait pu lui donner un souffle pour la faire continuer
afin que les gens qui y demeurent puissent continuer à y demeurer et,
surtout, pour permettre au Québec d'avoir une porte ou une base ouverte
sur le Nord. Merci, M. le Président, et comme je n'ai pas
complété mes 20 minutes, je pourrai revenir après que mes
collègues auront intervenu.
M. Bourbeau: II reste deux minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): Un instant, s'il vous
plaît!
Mme la députée de Maisonneuve, c'était strictement
une question de clarification de procédure pour l'organisation de nos
travaux.
M. Perron: À quel sujet?
Le Président (M. Saint-Roch): C'était au sujet des
temps de parole. Alors, pour les remarques préliminaires, on a
rappelé et on a clarifié que c'était l'article 209 qui
s'applique et qui signifie que, lorsqu'on est dans les remarques
préliminaires, chacun des membres de la commission peut s'exprimer
pendant 20 minutes une fois, mais on ne peut revenir s'il reste un
résidu de deux à trois minutes. Alors, c'était strictement
dans le but de clarifier et pour être sûr et certain. (15 h 45)
Une voix: Mais, peut-on déroger?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Question de règlement. Avec vous comme
président et avec monsieur comme secrétaire à la
surveillance aux règlements... Les commissions de cette année,
durant cette session, chaque fois, on avait droit à vingt minutes, bien
sûr, mais par étapes, comme bon nous semblait et comme bon cela se
présentait. Quelle est cette attitude changeante? Est-ce la
journée
pluvieuse?
Le Président (M. Saint-Roch): Non.
M. Bourbeau: ...préliminaires seront les remarques
introductives ou est-ce pour tous les intervenants?
Une voix: Non, c'est uniquement pour les...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne, cette remarque s'appliquait exclusivement aux remarques
préliminaires.
M. Bourbeau: Je n'ai pas d'objection à ce qu'on
déroge.
Le Président (M. Saint-Roch): Mais, s'il y a consentement,
on peut déroger à cette pratique et revenir terminer les vingt
minutes.
M. Bourbeau: De toute façon, le député de
Jonquière avait parlé durant 19 minutes, 18 minutes et demie. Ce
n'est pas une minute et demie de différence... Les autres vont parler
chacun 20 minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, il y a consentement
qu'on puisse déroger à la règle dans les remarques
préliminaires.
M. Blais: Admettons que je parle 19 minutes, il me reste une
minute. Je veux avoir le droit de revenir parler durant ma minute en remarques
préliminaires.
M. Bourbeau: Sauf que, selon le règlement et selon ce que
dit le président, les remarques préliminaires font exception
à la règle générale. La règle
générale, c'est comme vous le dites. Les remarques
préliminaires, apparemment, ce serait différent. Mais, nous
consentons à ce que vous complétiez vos vingt minutes.
M. Blais: À ce que ce soit en bout.
M. Bourbeau: Oui, oui, pour les remarques
préliminaires.
M. Blais: On appelle cela style crotte de mouton. On en fait un
petit bout, on arrête, on en fait un autre petit bout et on recommence.
En termes littéraires, on appelle cela verbiage style crotte de mouton.
Si vous le permettez, j'aimerais beaucoup, M. le Président, si j'en fais
juste un bout, que je puisse revenir.
Le Président (M. Saint-Roch): Vu qu'il y a
consentement...
M. Blais: Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): ...nous
chronométrerons le temps.
M. Yves Blais
M. Blais: Je peux y aller, d'accord. M. le
Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: ...nous avons devant nous un projet d'une importance
capitale. Vu l'importance capitale de ce projet de loi, vous voyez, nous sommes
plusieurs de notre côté, ici, pour venir défendre ce projet
de loi et essayer le plus possible d'éclairer le gouvernement ainsi que
ses membres.
Il est fort possible que, après analyse, la fermeture soit
justifiée. Pour le moment, je n'en suis pas sûr et je ne le crois
pas. Cependant, si je lis le projet de loi, je me dis ceci. Si le gouvernement
veut fermer le pays du caribou, pourquoi ne le fait-il pas avec panache? Je
crois qu'actuellement, avec ce projet - on le voit venir avec ses gros sabots -
il serait préférable que, dans le pays du caribou, ce ne soit pas
avec ses gros sabots que l'on parle au monde, mais avec panache. Ce serait sous
cet angle, M. te Président, que j'aimerais essayer de jeter des
lumières révélatrices sur un ministre qui semble un petit
peu mal en point avec ce projet de loi.
Je le sens très mal à l'aise. Il a un rictus de
réticence qui lui cisèle la joue. On voit qu'il n'est pas
sûr de lui et qu'il tient à ce que des gens viennent ici, à
cette noble commission, lui dire certaines choses que, à cause de ses
nombreuses occupations, il ne sait pas sur cette ville de Schefferville.
Je suis un type qui ai travaillé dans les pays nordiques durant
plusieurs années. Je sais que les gens qui s'installent dans un pays
comme celui-là - et Schefferville est vraiment un de ces pays du nord...
D'abord, pour se rendre dans ces pays qui sont isolés de la grande vie
sociale du coeur du Québec, c'est un peu excentrique aux
activités, autant politiques, sociales, et culturelles -sont un peu
à l'extérieur de toute cette vie et de ce boum auxquels chaque
Québécois a droit. Cependant, certaines personnes décident
de s'isoler dans le Grand-Nord. Je lis que vous voulez fermer la section
blanche. Maintenant on est en été et je ne vois pas qu'il reste
de section blanche. La neige est fondue...
M. Bourbeau: Est-ce que le député me permettrait
une remarque?
M. Blais: Avec plaisir.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le député parie d'une région
excentrique. Je voudrais simplement faire remarquer au député
que, à certains égards, il est aussi un peu excentrique.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Blais: C'est vrai, c'est vrai.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Terrebonne.
M. Blais: C'était antiréglementaire, mais c'est
vrai, parce qu'on est tous un peu excentriques. D'ailleurs, un politicien, s'il
n'est pas excentrique, n'est pas politicien, car ce n'est pas normal
d'être un politicien. C'est une maladie qui s'attrape, on ne sait trop
comment, et qui nous laisse, on ne sait trop pourquoi. Cependant, pour y
entrer, cette piqûre que nous avons ne nous "désexcentrique" pas,
mais on l'est tous. Il faut avoir une petite dose de caractère
spécial pour être dans ce milieu et accepter, en plus, de faire
partie d'un cabinet. En plus d'être excentrique, il faut être
égocentrique aussi. Alors, il n'y a pas de problème, je comprends
très bien votre verbalité à ce sujet. Je le prends comme
un compliment parce que, plus on est excentrique en politique, plus les gens
nous remarquent et plU3 on a une chance de garder son comté. Dans mon
cas, c'est ce qui m'est arrivé. Je suis très heureux d'avoir
résisté à cette énorme vague libérale qui
est loin d'être libératrice, d'un rouge pourpre purpurin. Cette
vague purpurine, j'y ai résisté et j'en suis excentriquement
très content.
Revenons au coeur du sujet qui est l'isolement de ces gens. Comme je
vous le disais, M. le ministre... Je vois que vous m'écoutez avec
attention et que vous préparez des feuilles pour prendre des notes. Vous
savez, quand on s'isole dans un coin comme celui-là, il faut absolument
qu'au départ, nous soyons imbus d'une sorte d'esprit de sacrifice, parce
que, pour prendre racine dans ces pays nordiques où le froid fait foi
pendant huit à dix mois durant l'année, au minimum, au
départ, il faut avoir une certaine dose de renoncement. On s'installe,
on prend racine dans un endroit comme celui-là, on va travailler la
matière première nourricière aussi. Des gens qui demeurent
dans des lieux mieux nantis, mieux privilégiés dans tous les
domaines de la vie, doivent, au moins, avoir, au départ, une certaine
considération primaire, primordiale. À la source, on droit
regarder ces gens comme des gens un peu spéciaux, parce qu'ils se sont
isolés pour rendre service a une collectivité qui avait
l'usufruit d'un mieux-être collectif parce que non isolés. Cet
usufruit d'une meilleure vie, d'un meilleur entourage, nous qui vivons dans ce
milieu et qui sommes, en plus, des législateurs... Nous
légiférons actuellement. Nous sommes à
légiférer, nous mettons le sort de gens en jeu par les actes que
nous posons, par les paroles que nous prononçons et par les oreilles qui
écoutent.
De l'autre côté de la table, j'aimerais bien que vous
portiez des oreilles attentives aux propos que nous tenons de ce
côté-ci. Vous savez, dans la législation, il y a le
côté verbal, il y a le côté épistolaire, le
côté scribe, le côté dactylographié que l'on
voit; il y a le côté compréhension et il y a le
côté sérieux qu'on doit y mettre. Alors, ici, on a
décidé de vous sensibiliser. Je vous disais, hier soir, que vous
étiez sensibles. Mes flèches ne vous atteignaient pas parce que
vous êtes sensibles. Cependant, je vais essayer de vous cibler; je vais
essayer. Je voudrais absolument que vous portiez au moins une oreille - pour ne
pas dire les deux - attentive et que vous ayez un oeil de condescendance pour
ces gens, là-bas, qui, du fond de leur pays froid, vous implorent
d'avoir la chaleur intellectuelle de comprendre leurs problèmes. Ils ne
veulent pas que vous mettiez leurs renvendications sous congélateur. Je
voudrais absolument que vous ouvriez votre porte à la chaleur. Ouvrez la
porte à la chaleur! Il faudrait que vous ouvriez la porte à la
chaleur de la compréhension.
Ces gens-là, en plus de manquer d'un milieu ambiant normal,
autant du côté structurel, du côté éducatif...
Tous les gens, là-bas, ont une éducation importée, un
milieu ambiant presque "fictif", tout est reproduit. On disait: En Abitibi -
j'ai travaillé huit, neuf ans dans ces pays nordiques - c'est "phony".
C'est une espèce de truc, ce sont des villes truquées pour donner
une ambiance au moins d'un minimum vital à des gens qui s'isolent, par
leur travail et leur production, pour donner un mieux-être aux gens qui
sont dans les qrands centres, comme nous. C'est cela qui arrive: Pour nous
donner encore "un" plus-value.
Une voix: Une plus-value.
M. Blais: Une plus-value, oui, excusez-moi. Mais ce n'est pas cet
article-là que j'aimerais que vous remarquiez, ce sont les articles de
votre projet de loi qui ne sont pas bons pour les gens de là-bas,
plutôt que de remarquer l'article que je viens de vous dire qui
n'était pas du bon genrel
Ces gens, je les plains pour avoir travaillé dans ces milieux
très longtemps. Cela prend un renoncement intérieur pour
être là longtemps. On le fait par conviction pour rendre service
à la société; c'est pour cela qu'on le fait. Là,
tout de go, à cause d'un marché, à cause de circonstances
souvent indépendantes de la volonté... Ces gens ont fait des
sacrifices énormes pour s'implanter, pour prendre racines, se
bâtir
une maison à prix fort, très fort. Descendre un baril de
clous là-bas, cela ne coûte pas le même prix que de prendre
ce même baril de clous et le faire venir à "Saint-Foulard des
meumeu" près de Saint-Hyacinthe; c'est beaucoup plus loin, cela
coûte beaucoup plus cher! - Donc, se construire une maison, payer maison,
élever enfants, instruire, payer des taxes énormes - Bien
sûr, il y a de l'aide gouvernementale dans ces coins-là un peu
plus qu'ailleurs - et il reste quoi? Il reste à peu près 400
blancs, 253 votants, 151 enfants. Il reste à peine 400 personnes,
à peine; de la population blanche, à peine. Vous allez me dire:
Nommez-les. Non, je ne sais pas leur nom par coeur, je m'excuse. Il reste
à peine 400 personnes. Cela ne doit pas être si difficile de faire
des ententes de gré à gré avec ce monde, si fermeture est
nécessaire. Je ne suis pas convaincu de la nécessité
absolue de cette fermeture.
J'ai l'impression que c'est à étudier le problème
ici, à cette commission parlementaire, que nous verrons s'il y a
obligation. Quelles sont les prévisions. La réouverture de
nouvelles mines dont on nous parle, est-ce que c'est pour l'an prochain, dans
deux ans? Le ministre a fait allusion que cela irait en 1990. Même si
c'était en 1990, à la rigueur, avec un peu d'imagination, on
pourrait peut-être devancer? Est-ce que le jeu en vaut la chandelle de
fermer pour réouvrir dans deux ou trois ans? Je pense qu'au pays du
caribou, les gens doivent être traités avec plus de panache que
cela. J'ai l'impression que l'on doit regarder les investissements et les
sacrifices que ces gens ont faits avant -avec une loi faite ici en notre
quiétude parlementaire - de faire une loi qui vient d'un trait, par un
vote, éliminer les sacrifices de familles qui, depuis des années
y ont mis leur fortune. Tout leur labeur est installé dans des maisons.
C'est incroyable mais on le voit venir...
M. Bourbeau: Demandez le vote.
M. Blais: ...on le voit venir, ce vote négatif.
Cette loi porte en elle la négation de plusieurs décennies
d'efforts de certaines familles encore installées dans ce pays dur,
aride, grêle, rêche, rugueux, exigeant envers les habitants, qui
oeuvrent... Là, ils nous regardent, ils sont désoeuvrés de
nous voir aller. Ils sont un peu désabusés de voir avec quelle
désinvolture on regarde leur sort et comment, d'un trait comme cela, en
fin de session, comme des écoliers qui ont hâte d'avoir leur prix
de fin d'année, de retourner fêter la Saint-Jean... Je sais votre
esprit nationaliste. Vous avez très hâte que la session finisse
pour vous préparer de façon fébrile à fêter
la fête nationale du Québec, je le sens dans vos yeux! Je le sens.
C'est une senteur, ce nationalisme, qui ne peut mentir. On l'hume, on le
subodore à des milles. On subodore à des milles cette
fièvre nationaliste. Je vois, à l'autre bout, le jeune
député excessivement brillant qui prend des notes.
Immédiatement en disant "la Fête nationale des
Québécois", je l'ai vu se redresser sur son siège et se
mettre une note: Je commence immédiatement à m'y préparer.
(16 heures)
On sent la fébrilité chez-vous. Cependant, cette
fébrilité et cet amour du Québec qui vous tiennent
à peine assis sur vos sièges, de temps en temps vous fait lever.
J'aime cela quand cela vous fait lever. C'est à ces moments que je vous
aime. Mais là, actuellement, cela vous tient fébrilement assis
sur vos chaises comme d'habitude. Et bien, il faudrait que vous l'oubliiez un
seul moment pour penser à ces Québécois qui se sont
isolés, qui ont travaillé et qui travaillent encore et qui
attendent notre décision. Si vous voyez: Pensez, M. le ministre, aux
familles. M. le ministre, je veux que vous m'écoutiez. Vous parlerez
durant l'entracte. Vous n'avez pas le droit.
M. Bourbeau: Est-ce que c'est le premier acte, cela?
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourbeau: Qui pourrait me dire à quel acte on est?
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blais: Là, vous êtes actuellement à un
acte sérieux. C'est cet "acte" que vous avez déposé. C'est
un acte que je n'accepte pas. Vous posez un acte qui est inacceptable pour
toute une population et vous semblez prendre cela avec un espèce de brin
d'humour. Est-ce que vous vous êtes déjà rendu dans ces
terres arides?
M. Bourbeau: Absolument.
M. Blais: Vous y êtes déjà allé, M. le
ministre?
M. Bourbeau: J'y ai travaillé.
M. Blais: Vous y avez travaillé. Combien de temps?
M. Bourbeau: Quelques mois.
M. Blais: Ah! quelques mois. On peu aller au Groenland faire un
tour.
Une voix: Y êtes-vous allé, vous?
M. Blais: On peut aller au Groenland faire un tour. J'ai rien
contre le Groenland. On peut aller en excursion en Arctique. Mais cela ne veut
pas dire que si on rend en Arctique, on connaît l'Arctique. Mais moi,
j'ai regardé les articles de la loi, ils sont inacceptables pour le
moment.
M. Bourbeau: Le député va être à
l'article de la mort bientôt.
M. Blais: C'est fort possible. C'est cela. Vous voulez les faire
mourir, article par article, à petit feu, ces gens-là. C'est cela
que le ministre veut faire. Si ces articles étaient
élidés; mais non, ce sont des articles contractés,
égoïstement renfermés sur eux-mêmes. Ce sont des
articles qui n'ont aucune ouverture. Si on mettait l'élision au moins.
Il n'y a même pas d'élision. À mesure que vous parlez, on
se bloque à des hiatus et ce sont des articles de votre loi, la
mère l'Oye. Elle s'y rend la mère l'Oye dans le Nord. On la voit
passer. Elle est blanche. Elle est belle. Vous avez vu passer la mère
l'Oye? Là-bas, ils ont cette consolation. Mais c'est à peu
près la seule qu'ils ont, cette nature, mais elle-même qui se
déporte, comme les maisons, comme le bois, comme les accessoires, comme
les meubles meublants, comme ces zestes qui retiennent leurs murs aux grands
vents. C'est sûr. Vous semblez rigoler. Je ne peux pas comprendre. C'est
malheureux que cette commission ne soit pas télévisée.
.
Une voix: Oh! oui.
Des voix: Ha! Ha!
M. Blais: C'est vraiment malheureux. Pour voir l'hilarité
de l'autre côté de la Chambre quand on parle de choses aussi
sérieuses que la déportation miniature des Acadiens. En fait,
c'est cela. C'est d'aller chercher un groupe de personnes dans un endroit
où ils ont mis leur coeur, leurs racines, leur vie au dévouement
d'un peuple qui vit au chaud, à quelques centaines de milles plus bas.
Regardez comme mon confrère de Jonquière semble attristé
à la venue de cette loi. Il est attristé. Regardez le
député de Duplessis. Regardez la députée de
Maisonneuve.
M. Bourbeau: On ne l'a pas vue ce matin, elle.
M. Blais: Vous voyez que nous prenons cela au sérieux.
Nous sommes à quatre ici pour vous dire à huit ce que vous ne
comprenez pas à 16.
M. Bourbeau: S'il n'en restait qu'un, je serais
celui-là.
M. Blais: Et nous savons que c'est excessivement sérieux.
C'est pour cela que je demande avec insistance au ministre de regarder un peu
la documentation qui vous a été envoyée. Regardez.
Regardez de vos yeux et dans votre regard, mettez-y un peu de coeur. Que votre
nerf optique soit connecté à l'aorte de votre coeur pour voir les
belles choses que ces gens vous demandent. Si vous connectez votre nerf optique
à une autre section, je ne sais pas de quelle façon vous allez
traiter ce dossier, mais il ne faudrait pas qu'à la fin de ma
première participation...
M. Bourbeau: ...à mon endroit me touche.
M. Blais: ...je vous dise: Vous semblez connaître beaucoup
de dossiers, mais celui que vous connaissez le mieux, c'est celui de votre
chaise. Je ne voudrais pas vous dire cela. J'aimerais mieux vous dire que vous
connaissez bien les dossiers que vous avez devant vous et non derrière
vous. Le dossier de la chaise... Cela ne prend pas un effort intellectuel
très très fort pour contenter la vigueur de l'omoplate que nous
avons derrière nous. C'est l'homo sapiens en avant qui doit regarder les
articles qui sont devant lui.
Alors, M. le ministre, je vous souhaite qu'à la lumière
des quelques brèves interventions que nous aurons durant les semaines
qui viennent vous compreniez très bien que, s'il fallait - ce que je ne
crois pas encore que cette ville se ferme ou que nous devions fermer cette
ville, ce ne sera pas avec les sabots que nous ferons la route de ces gens,
mais, vu que c'est le pays du caribou, que ce soit avec tout le panache dont
vous êtes capable...
M. Bourbeau: Le caribou, cela se dit tucktuk en inuit.
M. Blais: Boubou-two, vous dites?
M. Bourbeau: Un caribou, c'est tucktuk.
M. Blais: Ah bon! J'ai compris boubou-two, excusez-moi. C'est
avec tout le panache dont vous êtes capable que j'aimerais que si on doit
l'adopter cette loi compensatrice de l'extirpation de gens d'un territoire
où ils ont droit de vivre, ce soit avec tout le panache dont vous
êtes capable que nous l'adoptions.
Si jamais vous mettez le panache dont je vous sais capable dans cette
loi, je suis persuadé que Mme la députée de Maisonneuve,
M. le député de Duplessis ainsi que le responsable du dossier, M.
le député de Jonquière,..
Le Président (M. Saint-Roch): En
conclusion, M. le député.
M. Blais: ...nous l'adopterons ensemble avec vous pour la plus
grande joie des gens et pour leur bénéfice surtout. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Terrebonne. Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je serai sans doute
plus sobre que mon prédécesseur, mais j'espère être
tout aussi éloquente. Je me situe en face de ce dossier un peu comme,
j'imagine, la très grande majorité de nos concitoyens qui suivent
de façon normale les informations, soit dans les médias
écrits ou à la télévision, et qui veulent
connaître le bien-fondé d'une décision comme celle qui fait
l'objet d'un projet de loi étudié à la fin de cette
session, comme s'il revêtait un caractère d'urgence.
Je me suis posé la question, M. le Président. Si nous
étions dans des rapports privés, s'il s'agissait de dossiers
entre individus qui sont dans une relation de contrat et si nous pouvions aller
devant les tribunaux pour que l'une ou l'autre des deux parties obtienne une
injonction, qu'est-ce qui serait plaidé, en l'occurrence et qu'est-ce
qui retiendrait l'attention d'un juge qui aurait à décider, en
vertu de ce qu'on sait être la balance des inconvénients?
Essentiellement, parce qu'on se retrouve devant un projet de loi avec une
décision gouvernementale, on sait bien que toute cette procédure
d'injonction est écartée, mais il n'en reste pas moins que le
test de la balance des inconvénients, celui utilisé par tout juge
qui se respecte pour évaluer la nécessité ou non
d'accorder une injonction, en l'occurrence, il me semble utile de le faire dans
le présent dossier.
Quel est l'inconvénient à ce que s'ouvre une
période de consultation où les gens concernés au premier
chef, non seulement ceux qui y habitent - on en a parlé - je ne les
connais pas bien et sans doute que mon collègue, le député
de Duplessis aura l'occasion d'en parler plus éloquemment et plus
abondamment... Je pense qu'une commission parlementaire permettrait d'entendre
des gens qui ont un projet pour le Grand-Nord.
Je pense, entre autres, à un M. Louis-Gonzague Langlois,
ingénieur et ex-directeur général de l'Association des
mines de métaux du Québec qui, dans le Soleil de la semaine
passée, le Soleil du 28 mai, écrivait un article très
fouillé, intitulé "La fermeture de Schefferville, un geste
coûteux et prématuré." Cela était la libre opinion
d'un ingénieur, auparavant directeur de l'Association des mines de
métaux du Québec, qui avait un point de vue sur cette question.
Il a donc pris le soin, comme citoyen, sans doute sans aucune
rémunération, ni en attendant aucun avantage, aucun
bénéfice personnel, et a voulu faire connaître à la
société québécoise son opinion sur cette question.
Il me semble que cela aurait été utile et ce serait toujours
utile de connaître de façon plus approfondie les
prétentions de M. Gonzague Langlois que cette fermeture allait avoir et
pouvait avoir, des conséquences finalement très
désavantageuses pour le développement du Grand-Nord. Tout
simplement, il donnait à entendre que ces 100 000 kilomètres
carrés de régions minéralisées allaient attendre
quelques décennies avant de connaître une exploitation plus
systématique, les explorateurs ne pouvant plus utiliser Schefferville
comme base de services proche de leurs opérations.
Il y a là quand même matière à
connaître les inconvénients, non pas seulement pour les
explorateurs mais pour la société québécoise, soit
qu'il n'y ait plus en place ces infrastructures à la porte de cette
fosse du Labrador qui en permet ou qui en facilite le développement. Il
serait intéressant de voir si les inconvénients sont
réels, s'ils sont fondés et s'ils seraient suffisants pour, par
exemple, envisager, contrairement au projet de loi, qu'il serait plus
avantageux de maintenir une activité que de la fermer.
II en va de même, par exemple, M. le Président, pour ce
point de vue qui n'a pas été entendu et qu'il serait pourtant
intéressant de connaître, celui du développement du
tourisme nordique.
On assiste de plus en plus, c'est maintenant bien connu des
spécialistes en tourisme, à un regain de tourisme nature. On sait
que non seulement bon nombre de nos concitoyens mais bon nombre de personnes
dans les sociétés industrialisées cherchent de
façon systématique à éviter les villes, à
s'éloigner le plus possible des grands centres urbains lorsqu'ils ont
l'occasion de prendre quelque temps de repos, quelque temps libre. Vu ce
tourisme nordique qui semble en croissance - en tout cas, qui connaît un
début de développement - n'aurait-il pas été ou ne
serait-il pas utile de connaître le point de vue certainement de ceux qui
font vivre des associations qui ont à coeur le développement de
ce tourisme nordique? II me semble, M. le Président, qu'il aurait pu
être intéressant de connaître les inconvénients qui
surviendront à la suite de la fermeture de cette porte du Labrador, de
cette porte de la région nordique. Il serait peut-être
intéressant de voir si les inconvénients sont à ce point
importants qu'ils pourraient justifier une reconsidération de ce qui est
pris comme un avantage,
puisqu'il n'y a pas un gouvernement qui prend une décision sans
penser que celle-ci est mieux fondée que celle de ne pas la prendre.
Donc, le gouvernement s'imagine que la fermeture de Schefferville est
fondée sur des considérations certainement rationnelles, des
considérations qu'il a mises dans la balance, des considérations
de compressions budgétaires, de coûts. Cette balance, M. le
Président, ne serait-il pas intéressant qu'on puisse voir si, de
l'autre côté, d'autres types de considérations autant pour
le développement du territoire québécois, le
développement ou la recherche dans les mines que pour le
développement du tourisme, le développement des pourvoiries,
parce que c'est un troisième point de vue qu'il aurait pu être
intéressant d'explorer. (16 h 15)
Est-ce que les pourvoyeurs du Nouveau-Québec n'ont pas quelque
chose à nous dire sur les inconvénients qui pourraient
résulter de la fermeture de cette infrastructure habitée, de
cette base d'opérations, aux portes du Grand-Nord, aux portes de cette
immense contrée qui est à peine connue encore?
M. le Président, je suis incapable, à ce moment, en cette
fin de session, de ne pas considérer que nous sommes dans une sorte de
tourbillon et que ce tourbillon, quand on est député
ministériel, nous atteint souvent à notre insu.
J'entendais le député d'Arthabaska parler en Chambre hier
des "j'aurais donc dû", en faisant la comparaison des jarrets noire de la
Beauce avec les "j'aurais donc dû" du Parti québécois. Mais
je me disais, en voyant les rires des députés
ministériels: À un moment, je suis convaincue qu'eux diront "si
j'avais su". Les "si j'avais su", malheureusement, viennent toujours trop tard,
parce que les leçons des uns ne servent pas nécessairement
à ceux qui leur succèdent.
Le "si j'avais su", notamment, ce n'est pas qu'un jeu parlementaire. Le
jeu de cette Assemblée ce n'est pas qu'un jeu où l'Opposition
s'oppose aux projets que le gouvernement propose et ce n'est pas qu'un jeu
où, finalement, on peut presque abdiquer notre responsabilité
à l'égard des projets de loi, abdiquer cette
responsabilité au profit d'une sorte de discipline de parti qui nous
ferait considérer qu'il faut s'associer inconditionnellement à ce
que propose notre gouvernement et rejeter inconditionnellement ce à quoi
s'oppose notre parti.
Je crois qu'il y a une responsabilité, quand on est
parlementaire, qui est finalement assez grande et qu'on perd facilement de vue,
parce que les conditions ne sont pas réunies pour que nous nous y
arrêtions. Effectivement, les conditions sont telles que les bousculades
du 15 mai au 20 juin ne nous permettent certainement pas d'assumer souvent
jusqu'au fond ces responsabilités que nous donnent nos concitoyens quand
ils nous élisent et quand ils pensent que chaque fois que nous votons,
c'est toujours en connaissance de cause.
Il faut constater que ce n'est pas toujours en connaissance de cause, M.
le Président. C'est ce qui m'a amenée, après quelques
années ici, à tirer la leçon suivante, une leçon
certainement importante: il ne faut légiférer que lorsqu'on est
absolument sûr qu'on ne peut pas faire autrement. En d'autres termes,
dans le doute, il faut s'abstenir. C'est quand on est vraiment certain... Je
peux vous dire que je vous fais vraiment des confidences: quand je suis
arrivée, il y a cinq ans, je m'imaginais qu'on était ici pour
légiférer le plus possible; tout à coup, au fil des
années, j'ai découvert que, sans doute, moins nous le faisions,
mieux s'en portait la société.
C'était là la philosophie exprimée en
décembre dernier lorsque le nouveau gouvernement s'est installé.
Mais au fil des semaines et des mois qui passent, on se rend compte qu'il y a
une sorte de tourmente qui les prend à leur tour: ils se mettent
à légiférer au point où on a un projet de loi
maintenant qui dit que le projet a pour but de mettre un terme à
l'existence juridique de la ville de Schefferville à une date qui sera
fixée par le gouvernement. Ce n'est même pas quelque chose
d'urgent. Ce n'est pas parce que c'est nécessaire pour la rentrée
des classes du mois de septembre. Ce n'est pas parce que c'est
nécessaire pour la programmation, par exemple, d'une
télévision comme Radio-Québec. C'est à une date qui
sera fixée par le gouvernement. On ne nous la donnera même pas,
cette date, durant cette commission parlementaire, ni durant ce débat
sur le projet de loi, parce que cette date est secrète, d'une certaine
façon.
M. Blais:C'est en l'an 3000.
Mme Harel: Je dis que si cette date n'est pas connue, c'est parce
que ce projet de loi n'est pas vraiment nécessaire à ce
moment-ci. Je suis un peu consternée, parce que je me méfie
beaucoup de ce que j'appelle les projets de loi des sous-ministres, lesquels
sont souvent des projets de loi qui ont une sorte de bien-fondé en soi,
mais qui, remis dans un contexte de société, deviennent
complètement absurdes.
Par exemple, M. le Président, on pourrait fort bien envisager que
des actuaires et des spécialistes soient amenés à faire
une étude sur la possibilité de fermer la Gaspésie neuf
mois par année, parce que cela serait plus rentable que de la garder
ouverte seulement trois mois.
Je ne dis pas que le gouvernement s'apprête à faire une
telle étude, mais je dis
que cette rationalité qui consiste à demander à des
spécialistes chevronnés de nous faire des études profondes
sur des questions qui, d'un certain point de vue, doivent plutôt trouver
réponse, non pas dans des études de coût, mais dans la
volonté politique ou le goût que l'on a comme
société que des choses se fassent ou ne se fassent pas.
Pensons-nous utile qu'il y ait une base d'opération pour l'exploration
minière, qu'il y ait une base d'opération pour le
développement du tourisme et des pourvoiries dans ces régions? Je
ne peux pas m'empêcher de penser que cette balance d'inconvénients
aurait intérêt à être sérieusement
examinée et à être, sans partisanerie politique,
explorée avant que l'on décide d'un côté de cette
Chambre, tout simplement parce qu'on a la majorité. Cela n'est pas
suffisant. C'est assez pour légiférer, mais cela ne rend pas une
loi légitime pour autant.
M. le Président, beaucoup de députés
ministériels seraient surpris d'imaginer ce qu'aurait été
la réaction de ceux des leurs qui étaient dans l'Opposition au
moment où nous étions au pouvoir si nous avions
présenté une telle loi. Pour avoir vécu dans cette
Assemblée pendant les cinq dernières années, j'imagine un
peu ce qu'aurait été cette fin de session avec une telle loi
simplement à la lumière de ce qu'elle fut déjà avec
un projet de loi qui s'appelait "la fusion de Baie-Comeau et de Hauterive".
J'avais vécu cette première fin de session en 1982, la
première vraie fin de session, puisque nous n'avions été
élus qu'en mai 1981. Alors, il n'y avait pas un menu législatif
suffisant en 1981 pour conduire à des "filibusters", mais, en 1982, cela
n'a pas été des jours, cela a été des semaines
d'interventions contre une fusion, non pas contre une fermeture. Il n'y avait
vraiment personne qui perdait dans cette opération de fusion, Sauf
éventuellement des taxes foncières que d'aucuns
considéraient pouvoir être augmentées par rapport à
ce qu'ils avaient déjà payé, mais il n'était pas
question de déplacer des populations, il n'était pas question de
faire perdre des emplois à des gens, de les retirer de ce milieu.
Je me souviens d'une entrevue avec des porte-parole de Schefferville qui
disaient: Oui, mais je suis né ici, j'y ai toujours vécu. Vous
rendez-vous compte de ce que cela aurait été un projet de loi
comme celui-là sans commission parlementaire pour entendre les gens
intéressés ou entendre ceux qui, dans la société,
ont quelque chose à dire sur ce que devrait être le
développement de cette région? Cela aurait été
absolument inimaginable, parce que dites-vous que, pour la fusion de
Baie-Comeau et de Hauterive, on a entendu plus encore sans exception et sans
dérogation tous ceux qui voulaient se faire entendre et le temps qu'ils
voulaient se faire entendre.
M. le Président, c'est ce que j'avais à dire. Je ne veux
pas me prononcer sur le bien-fondé, si c'est mieux ou pas de mener
Schefferville à une fermeture. Il y a des décisions qui sont
difficiles à prendre et je conçois qu'un gouvernement a à
les prendre. Il y a cette responsabilité qui lui est confiée par
une majorité de nos concitoyens qui, légitimement, peut l'amener
à prendre des décisions avec lesquelles il est possible que
l'Opposition ne soit pas d'accord, et je le conçois. Je ne peux pas,
à ce moment-ci, me prononcer sur la question de savoir si c'est
nécessairement fondé ou pas, mais je peux me prononcer sur le
fait que c'est absolument inadmissible que cette décision puisse
être prise sans qu'il y ait un débat très large sur des
choix qui n'ont pas encore été examinés et qui auraient pu
faire pencher la balance en sens inverse de ce que ce projet de loi nous
propose. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée. M. le député de Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais vous dire,
dès le début, que je trouve désolant, malgré tes
promesses qui ont été faites par ce gouvernement libéral,
autant de la part du ministre des Affaires municipales que du premier ministre
lui-même, en date du 20 mars, que cette annonce de la fermeture de la
ville de Schefferville, de la disparition de l'entité juridique de la
ville, soit faite non pas à la population de Schefferville directement,
mais par le biais des journaux et, en particulier, par le biais d'un journal
anglophone du Québec. Je trouve aussi désolant que le
procédé employé par le gouvernement libéral fut
celui de faire l'ensemble de cette démarche sans consultation
réelle avec la population de Schefferville. Ce n'est sûrement pas
une démarche comme celle-là qui démontre que ce
gouvernement a une façon de procéder en rapport avec la
transparence. Ce n'est sûrement pas, non plus, la transparence qui
étouffe ce gouvernement.
On l'a vu d'ailleurs dans plusieurs projets de loi où l'on s'est
entêté, de la part des gouvernementaux, à refuser
systématiquement d'entendre des mémoires. Fait à
remarquer, lorsqu'on regarde, par exemple, un projet de loi qui a
été présenté à la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation, sur la santé
des animaux, où on a entendu des mémoires quant à la
façon de nourrir les animaux. Je pense concrètement que les
attitudes employées de part et d'autre, autant par les fonctionnaires du
gouvernement que par le gouvernement lui-même, sont vraiment
déplorables. L'on se fout éperdument des
représentants et des représentantes de Schefferville, à
l'extérieur du conseil municipal, mis à part quelques personnes
demeurant à Schefferville.
M. le Président, cela me fait penser à ce que m'a dit le
directeur général des Naskapis, avant-hier, ce qui, d'ailleurs, a
été dit directement dans la pétition que j'ai eu
l'occasion de présenter à l'Assemblée nationale: il y a
une seule possibilité qui a été étudiée par
ce gouvernement libéral et c'est celle de la fermeture. On a
complètement dérogé à la façon
particulière de procéder et à la façon à
laquelle l'ancien gouvernement s'était engagé à
procéder face à la population de Schefferville et face à
moi-même, à savoir qu'avant qu'une décision soit prise sur
le fond, on consulterait les gens de Schefferville.
Je rappelle à mes collègues du gouvernement qui sont assis
en face de moi qu'en septembre 1985, lorsqu'un certain mémoire
administratif a été remis au ministre des Affaires municipales du
temps, M. Marcoux, mémoire que j'avais eu l'occasion d'étudier
avec le personnel de M. Marcoux, je peux vous assurer qu'à ce
moment-là, l'ancien ministre a demandé, et ce,
concrètement, à l'administration du ministère des Affaires
municipales, d'aller refaire ses devoirs, parce que ce n'était pas la
façon dont voulait fonctionner l'ancien gouvernement.
Il y avait beaucoup d'autres façons qu'on aurait pu employer pour
vraiment connaître, sur le fond, les autres possibilités qui
auraient pu être mises en place, soit comme étude, soit comme
discussion sur le fond, comme la question, par exemple, du
rétrécissement du tissu urbain, dont l'étude n'est
même pas terminée, même s'il y a eu des recommandations de
faites au cours de 1985. (16 h 30)
Il y a la question du service de police où l'ancien gouvernement,
pendant trois années consécutives, s'était engagé
à payer à 80 %, c'est-à-dire la première
année à 50 % et les deux autres années à 80 %. Dieu
sait comment l'ancien ministre de la Justice et l'ancien ministre des Affaires
municipales de l'ancien gouvernement ont fait des efforts pour diminuer
substantiellement les coûts qui impliquaient les déboursés
des résidents et des résidentes de Schefferville quant aux
propriétaires. Cette étude sur la police, que je sache, n'a pas
été terminée non plus, après l'avènement du
nouveau gouvernement libéral, le 2 décembre dernier.
Il y a aussi, bien sûr, plusieurs possibilités qui auraient
pu réduire substantiellement les coûts de l'administration
municipale, par exemple, par une modification à la loi, bien sûr,
par la mise en place d'une entité juridique blanche dans la ville de
Schefferville, où on aurait pu avoir un administrateur nommé par
le gouvernement pour une période donnée, afin d'administrer cet
emplacement blanc à la suite de la réfection du tissu urbain et
au rétrécissement de ce tissu urbain. Mais, cela n'a pas
été le cas, même si l'ancien gouvernement avait
commencé à faire ses devoirs en ce sens.
Les trois sujets que je viens de mentionner étaient
étroitement reliés, quant au coût de l'administration
générale de la ville de Schefferville, par une entente
Canada-Québec qui était en négociation depuis un an et
demi entre l'ancien gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral de M. Mulroney. Tout le monde sait que M. Mulroney est
actuellement premier ministre du Canada, mais aussi député du
comté de Manicouagan, qui couvre la ville de Schefferviile. À ce
sujet, il n'y a aucun effort qui a été fait dans le sens du
maintien de la ville de Schefferville dans les négociations avec le
gouvernement fédéral, mais c'est plutôt à l'inverse,
pour sa fermeture, en lançant la balle dans le camp du gouvernement
fédéral. C'est une chose que je trouve déplorable.
Si on avait ajouté ce quatrième élément
d'une entente Canada-Québec pour le maintien de l'administration
municipale à frais partagés, 50-50 par exemple ou 75-25, 75 par
les deux gouvernements et 25 par la population locale qui veut y demeurer... En
passant, lorsque je parle de la population locale, je voudrais inviter chacun
des membres de cette députation libérale à penser,
à bien y penser, que sur les 253 personnes adultes qui résident
à Schefferville actuellement, il y en a 44 qui sont des natifs et qui
veulent y demeurer. Je voudrais que vous portiez une attention toute
spéciale en ce sens que la population Naskapie, à la suite de
discussions que j'ai eues avec elle, non pas à partir de Québec
par téléphone, mais directement de Schefferville, à mon
bureau de Sept-Îles, et par une rencontre à Québec, cette
population ne veut pas le départ des blancs et ne veut même pas la
disparition de l'entité juridique de Schefferville, tant et aussi
longtemps que le gouvernement du Québec ne se sera pas assis avec ces
gens pour savoir de quelle façon on va procéder.
D'autre part, je vous inviterais, parce que vous ne connaissez
sûrement pas ce dossier - je parle, en particulier, à la
députée de Dorion à la suite de ce qu'elle a dit hier, que
tout était en place, que tout était en marche, etc., etc. -
à lire les quatorze lois qui ont donné suite, en 1978, à
l'entente de la Baie James du Nord québécois concernant les
Naskapis, où on est dans l'obligation légale de maintenir des
services de santé à cette population. D'autre part, je vous
invite à regarder aussi ce qu'il
y a comme entente de principe avec les Montagnais de Schefferville. La
population elle-même que j'ai eu l'occasion de rencontrer à deux
reprises... Je ne parle pas du conseil de bande, je ne vous parle pas du chef
de bande, parce que, lui... en élection et c'est cela qui
l'intéresse, mais je parle de la population, des hommes montagnais et
des femmes montagnaises. Jamais ce gouvernement n'a eu la décence - je
dis bien la décence, malgré que le ministre n'aime pas cela - de
la rencontrer, pas plus la population blanche que les autres populations.
Il y a un autre sujet dont vous n'êtes pas informés, et le
ministre l'est pourtant, parce que c'est sûr que ses fonctionnaires l'ont
informé. À Schefferville, savez-vous qu'actuellement, à
l'extérieur des deux réserves indiennes, soit celle de
Matimekosh, qui est une réserve montagnaise, et celle de
Kawawachikamach, qui est une réserve naskapie, il existe, dans le
secteur blanc, des gens qu'on appelle des métis, donc un mélange
de Blancs et d'Indiens, mais que ces personnes, au nombre d'environ 40 ne
peuvent, sans l'autorisation des conseils de bande, se rendre dans les
réserves en question. Avez-vous pensé à la façon
néfaste dont vous procédez actuellement par un projet de loi qui
arrive en pleine face, par les journaux et par la radio, à une
population non seulement de 253 Blancs, plus environ 150 jeunes, des petites
filles et des petits gars - vous savez ce que c'est - mais une population
amérindienne de près de 1000 personnes. Cela ne fait pas, comme
le ministre passe son temps à dire, 250 personnes. Ce n'est pas 250
Blancs et ce n'est pas 250 personnes. Ce n'est pas vrai. C'est 1400 personnes
qui sont touchées par cette fermeture qui va être adoptée
par décret au cours de l'été, je ne sais pas quand, je ne
sais pas comment, sinon par le biais d'un décret qui sera imposé
par ce gouvernement sur recommandation du ministre. Vous savez, on ne joue pas
avec des boulettes de fer. C'est du monde en vie dont on parle.
Je voudrais souligner certaines choses qui ont été dites
par le ministre dans son discours. Il l'a fait sous l'immunité
parlementaire. J'invite le ministre des Affaires municipales à dire ce
qu'il a dit en Chambre hier face à ma position, face à la
façon dont j'aurais travaillé pour imposer, pour m'ingérer
- parce qu'il a parlé d'ingérence - auprès de la
Commission des affaires municipales du Québec en rapport avec le dossier
de la tutelle de Schefferville. Je ne suis jamais intervenu en neuf ans et demi
auprès d'aucun des commissaires de la Commission des affaires
municipales, parce que je sais très bien que le pouvoir politique n'a
pas à s'ingérer dans des dossiers judiciaires pas plus que dans
des activités administratives de commissions quasi judiciaires. C'est
une mise au point que je voulais faire. Quant au reste, j'aurai l'occasion
à cette commission, avant de procéder à l'étude
article par article de ce projet, de revenir sur chacun des sujets, et je vais
vous en mentionner quelques-uns.
La députée de Dorion, hier, a parlé de la ville de
Gagnon. Il y a trois choses que je voudrais dire là-dessus.
Premièrement, en ce qui a trait à la décision qui a
été prise par Gagnon, vous avez tous et toutes oublié de
l'autre côté les seize contrats qui ont été
signés par l'ancien gouvernement libéral de 1970 à 1976,
qui nous a imposé, en 1977, les structures de trois actionnaires qui
étaient de l'extérieur. Il y avait même une compagnie qui
avait la gérance par rapport à un des contrats, le contrat no 14,
qui donnait la gérance lorsque cette compagnie ne détenait
seulement que 8 % des actions. Je vous invite, j'invite le ministre, j'invite
ses fonctionnaires politiques, j'invite le sous-ministre, j'invite chacun et
chacune des députés du Parti libéral à regarder ces
seize contrats, et, après, vous pourrez me parler du dossier de Gagnon.
La patate chaude qui nous a coûté 875 000 000 $ en l'espace de
sept ans, c'est vous autres qui nous l'avez imposée. Lorsqu'on parle du
dossier de Gagnon, on ne parle pas du dossier de Schefferville, n'oubliez pas
cela. Dans le dossier de Gagnon, jamais je n'ai été d'accord avec
la fermeture, parce que je respectais les voeux de la population qui, à
97 %, ne voulait pas sa fermeture. Le 19 août 1984 les actionnaires ont
décidé de la fermeture de la ville et le 19 septembre 1984 le
gouvernement a endossé la position de3 actionnaires. Le 11 octobre 1984
c'est le député de Duplessis - il n'a pas fait comme le ministre,
l'annoncer par les journaux - qui la veille de l'annonce officielle par les
actionnaires prévue pour le 12 à 14 heures est allé
rencontré 1200 personnes à Gagnon, dans l'église et qui
leur a dit que la ville fermait. Si vous voulez parler du reste en ce qui
concerne Gagnon par rapport à Schefferville, je peux vous en parler
longtemps.
Lorsque la population de Gagnon s'est dispersée au Québec,
saviez-vous que 97 % des résidents et des résidentes de Gagnon
n'étaient pas d'accord avec la fermeture, mais que 93 % des
résidents et des résidentes étaient en accord et
remerciaient même le gouvernement pour ce qu'il avait fait à ce
moment-là se rapportant aux primes de séparation, aux allocations
pour la recherche d'un emploi? Je vais vous en nommer que vous avez
oubliées. Il y a des députés hier et avant-hier qui ont
parlé en cette Chambre et moi je vais vous parler de choses qui doivent
être faites. La population actuelle de Schefferville n'est pas
informée du tout de quoi que ce soit de ce qu'il y a à faire face
aux résidents et résidentes de
Schefferville. N'oubliez pas, le programme de la mobilité
spéciale, savez-vous ce que c'est? Lorsque vous parlez des frais de
réinstallation, savez-vous ce que c'est? Lorsque vous parlez des frais
de prospection, lorsque vous parlez de la recherche de logement, lorsque vous
parlez du placement des employés, lorsque vous parlez de l'inscription
des travailleurs et des travailleuses, lorsque vous parlez de la
détaxation des primes de séparation, savez-vous de quoi vous
parlez?
J'en ai d'autres, j'ai une liste très exhaustive. Je vois le
ministre qui rit encore comme il le faisait hier à l'Assemblée
nationale. Je l'inviterais à faire attention à ses petits
sourires narquois. Je vais vous le dire honnêtement, lorsqu'on touche du
monde en vie et qu'on sourit comme il le fait actuellement... C'est parce que
cela ne paraît pas dans le Journal des débats, c'est pour
cela que je le dis. Je vois que ses collègues sont très
sérieux et très sérieuses, mais lui ne l'est pas par
exemple. Je vous dis, M. le Président...
M. Bourbeau: Je souris de l'attitude du député et
pas des paroles.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Duplessis.
M. Perron: Je vais continuer, M. le Président. Lorsqu'on
parie par exemple de la mobilité, est-ce qu'on a pensé aux tarifs
de chemin de fer, est-ce qu'on a pensé au montant qui était
dévolu à chacune des personnes, est-ce qu'on a pensé
à l'utilisation de ces montants, est-ce qu'on a pensé à la
réintégration dans un nouveau milieu, est-ce qu'on a pensé
à l'augmentation de maux, relatifs à la fermeture, pour les
hommes, les femmes et les enfants, lorsqu'on parle d'angoisse, d'alcoolisme, de
dépression etc. qui se répercuteront à cause du changement
de milieu? Est-ce qu'on a parlé des pertes de salaire, est-ce qu'on a
parlé des frais de transport pour les services, est-ce qu'on a
parlé de cessation d'emploi, d'exhumation? Allez donc voir dans le
dossier de Gagnon ce qui s'est passé. Il y a un paquet de choses que, de
votre côté, vous avez oubliées, un maudit paquet de choses
' que vous avez oubliées. En disant maudit, ce n'est pas
antiparlementaire, ce que je vous dis, c'est qu'il y a un bloc auquel vous
n'avez pas pensé du tout. Je vous inviterais à aller faire vos
devoirs, à aller regarder exactement ce que veut dire cette fermeture et
de quelle façon on doit procéder.
Il ne faut pas oublier que dans le cas de la ville de Gagnon - j'invite
aussi les députés libéraux et les députées
libérales a regarder cet aspect - le comité de reclassement qui a
été formé n'a pas été formé par un
Jos Bleau. Il a été formé par quelqu'un qui avait des
compétences dans ce milieu, M. Marcel Guilbert. Il savait où il
s'en allait, parce qu'il en avait vu d'autres. Ce n'était pas
nécessairement un péquiste, je regrette, contrairement à
ce que vient de dire le ministre. Par contre il y a une chose qu'il a faite, il
s'est organisé. Quand vous dites, M. le ministre, que c'est un
péquiste, savez-vous qui l'a recommandé? Ce sont les instances
qui ont recommandé M. Guilbert. Ils ont recommandé cinq noms
à l'ancien gouvernement, et de ces cinq noms celui-ci était en
priorité, il était du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il a fait ses
devoirs, il a fait son travail, M. le Président, pour votre
information.
Lorsqu'on regarde la formation du comité de reclassement de la
ville de Gagnon, j'inviterais le ministre à penser à organiser un
comité de reclassement comme celui-là, à ne pas faire les
choses à la va comme je te pousse. Il y a actuellement, dans la ville de
Gagnon, les signataires de la pétition qui ont élus des gens pour
tes représenter, des gens sur la coalition, vingt personnes qui
représentent les assistés sociaux, qui représentent les
pourvoyeurs. Il y a même une personne qui représente le conseil
municipal à l'encontre du maire actuel. Il y a des gens qui
représentent les instances sociales du milieu, les syndicats. Avez-vous
pensé comment cela doit être formé? M. le Président,
au cours de cette commission parlementaire, je vais vous dire, en passant, que
je vais y être au maximum pour être sûr que le gouvernement
fasse son travail, pour être sûr que le gouvernement prenne un
engagement ferme: d'abord de ne pas envoyer n'importe quel Jos Bleau à
Schefferville pour travailler au dossier de fermeture, si le gouvernement tient
vraiment à cette fermeture. Mais je crois qu'avant que ce projet de loi
soit adopté à l'Assemblée nationale...
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
député.
M. Perron: ...on devra le regarder. On a des choses à
demander, on a des choses à dire et on va les demander et on va les
dire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Matapédia.
M. Henri Paradis
M. Paradis (Matapédia): J'écoutais avec beaucoup
d'intérêt le député de Duplessis défendre les
intérêts de Schefferville. Je pense qu'il les a défendus
avec beaucoup de force et de courage. Je pense que c'est tout en son honneur et
on se doit de le féliciter. Mais, on peut aussi parler de l'origine de
la ville de Schefferville de la même façon
qu'on pourrait parler de l'origine de l'ex-ville de Gagnon Je pense que
ces villes ont été formées ou fondées pour
l'exploitation des ressources naturelles. C'est l'entreprise privée,
à cet égard, qui avait investi des sommes importantes pour
développer ces régions périphériques excentriques.
Aujourd'hui, on se retrouve face à une situation où ces
richesses, le pourquoi même du développement de ces villes...
Aujourd'hui, on se voit confronté au non-développement de ces
richesses naturelles. Les gens, les hommes et les femmes qui ont accepté
d'aller vivre dans ces régions y allaient dans un but bien
précis. C'est malheureux, bien sûr, pour les gens qui sont
nés là-bas, c'est leur coin de pays. On le conçoit
très bien. Mais il faut quand même revenir à des principes
fondamentaux.
Est-ce que le développement économique comme tel doit
passer par l'occupation du territoire? C'est cette question qu'il faut voir. Je
pense qu'on n'en est pas à occuper le territoire pour le plaisir
d'occuper le territoire sous un aspect de développement. Je pense qu'on
occupe un territoire parce qu'il y a un développement économique
possible. À cet égard, on n'a qu'à refaire l'historique du
Québec. Je vois l'ex-maire de Jonquière. C'est bien sûr que
le SaguenayLac-Saint-Jean s'est développé autour de la
forêt plus particulièrement et par la suite l'Alcan. Mais qu'on
retire ces grandes industries-là et on va se poser de sérieuses
questions, parce qu'il va y avoir un exode important de la population vers des
centres plus urbanisés où c'est plus possible de vivre
décemment et d'occuper un emploi plus rémunérateur, compte
tenu qu'il n'y aura plus d'emplois.
Il faut quand même se reporter au contexte de 1976 où il y
avait 3500 personnes à Schefferville. Aujourd'hui, on se retrouve avec
253 habitants - cela aura peut-être des retombées pour plus
d'habitants - mais strictement au niveau de la ville de Schefferville.
Je serai bref, M. le Président, mais vous me permettrez aussi de
parler de consultations. On a beaucoup évoqué cela du
côté de l'Opposition. J'aimerais dire que ces consultations ont
déjà été faites. Rappelez-vous, en 1983, on avait
consulté le Comité de citoyens de Schefferville, le Comité
organisateur d'emplois schefferviilois, la commission scolaire de
Scheffervillie, l'exécutif, même, du Parti québécois
de Duplessis, le syndicat des métallos et la ville de Schefferville. Je
pense que, quand on parle de gouvernement responsable, on peut dire aussi que
ces consultations étant faites, on se doit de passer à l'action
et de prendre une décision. C'est ce que le gouvernement libéral
s'apprête à faire.
J'aimerais rappeler au député de Duplessis, qui
défend énormément, avec acharnement, ce dossier, que
lui-même, en 1984, blâmait sévèrement le gouvernement
du Parti québécois pour son inaction depuis 1976, pour avoir
laissé aller aussi bien le développement que laisser tout aller
à l'abandon à Schefferville. Je cite; Le député de
Duplessis dénonce l'inertie gouvernementale. C'est en date du 18 octobre
1984. Il boudera l'Assemblée nationale. La banquette du
député de Duplessis à l'Assemblée nationale sera
souvent inoccupée au cours des prochains mois. C'est sûr qu'il n'a
pas réussi à convaincre son propre gouvernement d'essayer de
sauver Schefferville et il nous demande de le faire. Il faudrait
peut-être...
Le Président (M. Saînt-Roch): M. le député de
Matapédia, excusez-moi.
M. Perron: Juste une question d'information. Je pense que le
député confond Schefferville et Gagnon.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse...
M. Perron: En 1984, c'était sur le dossier de Gagnon.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Duplessis, excusez-moi, mais il est maintenant 16 h 50 et pour respecter notre
entente, la commission de l'aménagement et des équipements va
suspendre ses travaux jusqu'à 19 heures.
(Suspension de la séance à 16 h 50)
(Reprise à 19 h 17)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend ses travaux afin de poursuivre l'étude du projet de loi 67, Loi
concernant la ville de Schefferville. Au moment de notre suspension, la parole
était à M. le député de Matapédia. Il vous
reste 17 minutes, M. le député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Pour rappeler un peu le sujet dont
nous parlions à ce moment, j'en étais à dire que le
développement économique au Québec, historiquement, avait
été fait, c'est bien sûr, par l'appropriation du
développement du territoire, mais que, avant tout, c'était un
développement économique. Je disais donc qu'aussi bien l'ex-maire
de Jonquière que d'autres personnes ici qui vivent dans des
régions périphériques au Québec peuvent
s'apercevoir que ce développement s'est fait à partir de
richesses naturelles, que ce soit
au SaguenayLac-Saint-Jean ou ailleurs. Au
Saguenay--Lac-Saint-Jean, cela a commencé plus particulièrement
avec l'industrie forestière. Par la suite, il y a eu, évidemment,
l'avènement de l'Alcan. Chez nous, dans le Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie, cela a été, au départ, l'industrie
forestière. Par la suite, l'agriculture s'est greffée à
cela. L'industrie forestière a pris de plus en plus... Par la suite, les
gouvernements ont investi, de telle sorte que cela est devenu des
régions administratives de services également. Compte tenu des
richesses naturelles dont on parle dans le nord québécois,
Schefferville a été une des villes qu'on a
développées à partir du minerai de fer. Cela s'est fait
sous l'impulsion d'investissements privés.
Ce que je voulais dire par mon intervention avant le souper,
c'était tout simplement qu'en même temps que ce
développement s'est fait par les investissements privés, c'est
bien sûr que le gouvernement ou les différentes instances ont
été obligés de développer un certain nombre de
services. Mais il y a des gens qui y sont allés vivre et qui y ont
développé une vie et je respecte beaucoup cela. C'est bien
sûr qu'il y a des enfants qui sont venus au monde là et
présentement c'est devenu leur coin de pays. Ils y ont un attachement
important, sauf que c'est toujours la conséquence du
développement économique. C'est sur cela que je voudrais
insister.
Ce développement économique s'est aussi fait à
partir d'investissements privés. Je ne veux pas faire le procès
des différents gouvernements qui se sont succédé à
cette époque où on a été un peu passif dans ce
développement. Mais ce développement s'est quand même fait.
Les gens ou les familles qui ont décidé d'aller vivre dans ces
régions périphériques ou excentriques connaissaient
très bien la conséquence de ces investissements aussi. Ils
étaient un peu à la merci des marchés. Aujourd'hui, on se
retrouve face à ce phénomène. On ne peut exploiter le
Grand-Nord québécois aujourd'hui sur cette hypothèse,
compte tenu de la conjoncture mondiale qui fait que la concurrence est beaucoup
trop grande pour l'exploitation qu'on fait à Schefferville.
Je pense tout simplement, je le dis et je l'affirme, que les gens qui
ont décidé d'aller vivre à Schefferville pour des salaires
importants, considérant la moyenne québécoise ou
canadienne, ont accepté les mêmes risques et les mêmes
conséquences que les investisseurs qui y sont allés. Aujourd'hui,
on se retrouve face à une situation: Est-ce qu'on maintient les services
pour une population qui a quand même subi un exode important? Qu'on se
rappelle 1976, alors qu'il y avait 3500 personnes et, aujourd'hui, on se
retrouve avec une population de 253 personnes. Il y a une marge et on
s'aperçoit qu'il y a eu un exode important. À cet égard,
cela veut dire que la population même ou l'entité de
société ou de communauté en tant que telle n'existe plus
ou presque plus.
Je comprends très bien les 44 personnes qui vivent à
Schefferville et qui y sont nées, mais est-ce qu'on va la maintenir
impunément, sous prétexte d'une magnanimité envers les
populations, pour tout simplement se pavaner et dire que nous avons un
nationalisme et que nous occupons un territoire? Je pense qu'aucun peuple, ni
au Québec, ni au Canada ni ailleurs au monde ne s'est
développé sous le prétexte qu'on occupait un territoire.
Je pense que cela sous-tendait toujours des raisons économiques. C'est
là-dessus que mon argumentation se fonde.
Je dis tout simplement aux gens qui se sont amenés à
Schefferville il y a un certain temps, qu'il était prévisible
dans le temps, qu'il y aurait soit un épuisement des richesses
naturelles soit une conjoncture du marché amenant possiblement une
défection à l'égard de ces richesses. Aujourd'hui, on est
obligé de prendre nos responsabilités et de faire face à
la concurrence mondiale en ce qui concerne l'extraction du minerai de fer.
Évidemment, l'Opposition nous a accusés beaucoup de ne pas
avoir fait de consultations, mais des consultations ont été
faites aussi bien par le ministre que le ministère. Il y en avait de
faites aussi, rappelons-le-nous, en 1983, alors qu'à l'époque le
Parti québécois, qui était au pouvoir, avait fait toutes
les consultations; il avait même consulté l'exécutif du
Parti québécois du comté de Duplessis, pour savoir si on
gardait ou non la ville de Schefferville ouverte.
Je pense que ces consultations étant faites, le gouvernement
responsable, qui a été élu le 2 décembre, devait
passer à l'action. La loi dont nous discutons est la conséquence
normale de ces consultations de 1983 et, aujourd'hui, nous amène
à procéder à la fermeture de Schefferville. Je respecte
beaucoup le député de Duplessis qui défend aussi avec
acharnement, c'est normal, cette ville qui fait partie de son comté,
mais, aujourd'hui, on doit voir la réalité en face telle qu'elle
est. Je pense qu'on doit adopter le principe de la fermeture de Schefferville,
compte tenu du contexte mondial actuel, compte tenu aussi de la
fragilité de la communauté qui demeure à Schefferville. Il
faut relocaliser ces gens-là dans les meilleures conditions possible.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Matapédia. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires?
M. Bourbeau: II n'y en a pas d'autres. M. Dufour: J'ai un
trois minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, il vous reste trois minutes.
M. Francis Dufour
M. Dufour: J'aimerais compléter mes trois minutes, puisque
j'ai écouté avec beaucoup d'attention les remarques des
différents collègues qui se sont succédé depuis
l'ouverture de la commission. C'est évident que, à travers tout
cela, il y a en filigrane, même si on disait les plus beaux mots, c'est
sûr qu'il y a, d'abord et avant tout, des gens qui sont concernés.
C'est toute une population qui est concernée. C'est toute une page
d'histoire qu'on est en train de tourner, une page d'histoire qui a pris son
importance au fil des années, au fil des jours. C'est un tissage continu
d'individus, l'histoire de femmes et d'hommes du Québec qui ont cru au
développement du Nord, qui ont cru aussi à l'avenir dans cette
démarche. Cette population a été drôlement
frappée par la façon dont elle a appris la nouvelle et, en
même temps, ces gens-là ont subi certainement un choc important.
Ce choc est d'autant plus grand que cela s'est fait sans trop d'avertissements.
Effectivement, il n'y a jamais eu de décision définitive de
prise, même s'il y a eu une commission parlementaire en 1983. Il faut se
rappeler que la population a eu cette annonce par la voie des médias
d'information, et je ne crois pas que cela ait été remis. C'est
tellement vrai que, tantôt on entend dire des choses... on pourrait
parler de d'autres. Comme il nous reste du temps pour parler de ces
choses-là, je voudrais terminer mon intervention, M. le
Président, en présentant une motion.
Le Président (M. Saint-Roch): Allez-y. Une voix:
...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, avant de présenter votre motion, j'aimerais savoir
s'il y a d'autres remarques préliminaires. Nous pourrons revenir
après les remarques préliminaires.
M. Bourbeau: Si vous le voulez bien, M. le Président,
j'aimerais faire quelques remarques préliminaires.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. André Bourbeau M. Bourbeau: M. le Président,
avec l'arrêt des activités minières de la compagnie Iron
Ore du Canada à Scheffervilie, cette municipalité a vu, au cours
des dernières années, ses activités économiques et
sa population décroître de façon significative. À
toutes fins utiles, la ville de Scheffervilie, qui comprend 250 Blancs
approximativement, est devenue essentiellement une ville de services
principalement pour la communauté autochtone qui comprend maintenant
environ 900 personnes.
Le conseil municipal a déposé pour l'année 1986 un
projet de budget dont les dépenses s'élèvent à 3
712 052 $. Il faut souligner l'importance des subventions provenant
principalement du gouvernement du Québec, soit 868 254 $, et de la
compagnie Iron Ore qui assume 100 % du service de la dette, soit 1 904 418 $.
Même avec des subventions aussi importantes et le paiement de 43 % des
taxes par la compagnie Iron Ore, il s'ensuit que le compte de taxes pour la
propriété résidentielle moyenne passerait de 457 $ en 1985
à 1150 $ en 1986, soit une augmentation de 251 %, ce qui semble
inacceptable pour les contribuables dont plusieurs n'ont même pas
acquitté leur compte de taxes pour l'année 1984 et l'année
1985, malgré les pressions de la municipalité. À ce sujet,
j'aimerais dire qu'il n'y a que 20 % des contribuables qui ont payé
leurs comptes de taxes pour les années 1984 et 1985.
C'est pourquoi, en décembre dernier, le ministère des
Affaires municipales accordait à la ville de Scheffervilie un
délai. Ce délai a été tout d'abord accordé
jusqu'au 1er avril 1986 et, subséquemment, jusqu'au 1er juin 1986, pour
l'adoption de son budget. L'évaluation totale de la ville passait de 37
951 342 $ en 1985 à 3 558 945 $ en 1986. De plus, le nouveau rôle
d'évaluation, compte tenu des ventes, des démolitions et de la
baisse de la valeur des propriétés de l'Iron Ore Company, fait
passer la proportion des valeurs d'Iron Ore Company of Canada de 82 % à
43 % de la valeur totale des immeubles de Scheffervilie. À la suite
d'une entente avec le gouvernement, Iron Ore Company a accepté de payer
pour 1985 et 1986 le coût du service de la dette de la
municipalité. Pour les deux années, cette contribution
spéciale totalise 2 500 000 $. Au 31 décembre 1986, le solde de
la dette serait donc de 1 047 967 $.
En ce qui concerne le gouvernement, pour l'année
financière 1986-1987, plusieurs ministères ont déjà
prévu verser plus de 4 000 000 $ pour assurer différents services
dans la municipalité de Schefferville. De plus, s'il était
décidé de maintenir le compte de taxes moyen de 1986 au niveau de
celui de 1985, c'est-à-dire 457 $ par habitant en moyenne, il serait
nécessaire pour le gouvernement de verser une subvention de
500 000 $, afin d'équilibrer le budget et d'assumer la
responsabilité du solde de la dette, qui est de 1 047 967 $, comme je
l'ai dit tout à l'heure. (19 h 30)
Ainsi, globalement, les dépenses, pour le gouvernement du
Québec, au cours de l'année 1986-1987, pourraient s'élever
à près de 6 000 000 $, Pour les années
subséquentes, il y a lieu de prévoir des déboursés
de l'ordre de 4 500 000 $ annuellement, incluant de 600 000 $ à 1 000
000 $ de subvention d'équilibre budgétaire à la
municipalité.
Quelles sont les perspectives d'avenir? La poursuite de la
détérioration de la situation financière de la ville de
Schefferville et l'obligation de subventions massives pour en assurer la survie
nous amènent à devoir statuer sur sa viabilité à
moyen terme. La compagnie Iron Ore n'a plus, à toutes fins utiles,
aucune activité à Schefferville et elle n'entrevoit aucune
nouvelle activité dans un avenir prévisible, si bien que tout
immeuble actuellement en place ne pourrait être d'aucune utilité
advenant le redémarrage d'activités minières. Une
étude technique récente lui recommandait la démolition
immédiate de tous ses immbeubles et la compagnie Iron Ore nous a
avisés récemment que, quoi qu'il advienne, les bulldozers seront
à Schefferville d'ici à quelques semaines et que tous ses
immeubles seront rasés.
La position du ministère de l'Énergie et des Ressources
est identique. II indique que -je cite l'extrait d'une lettre - "toute
l'activité économique associée à l'exploitation des
ressources minérales dans la région desservie par la
municipalité de Schefferville devrait demeurer nulle pour l'avenir
prévisible."
Au cours du mois de janvier, le conseil municipal effectuait un sondage
auprès des citoyens de Schefferville afin de connaître leurs
intentions advenant une proposition d'indemnité de départ. Parmi
les 143 résidents qui ont été rejoints, 60 % seraient
prêts à quitter, alors que 15 % sont indécis.
Quelles sont les solutions possibles? M. le Président, nous avons
étudié toutes les solutions possibles. Une des solutions
consisterait à maintenir la municipalité telle qu'elle est
présentement. Cette solution implique globalement l'instauration d'un
régime spécial par lequel le gouvernement du Québec, une
fois établie la contribution minimale des résidents, aura
à combler annuellement un déficit d'opération des
activités municipales, en plus de continuer a donner des services
à la population par différents ministères, car les revenus
provenant de taxes locales, d'un niveau acceptable pour les résidents,
ne suffiront pas à défrayer le coût des services
dispensés par la municipalité. Cette solution requiert du
gouvernement du Québec des inve3tissments majeurs. Pour 1986-1987, en
plus du budget prévu de 4 200 000 $, le gouvernement pourrait être
obligé d'ajouter 1 600 000 $ à titre de subvention
spéciale d'équilibre budgétaire et pour le solde de la
dette. Pour les années subséquentes, en plus, des budgets
réguliers de 600 000 $ à 1 000 000 $ devront être
versés à la municipalité à titre d'équilibre
budgétaire.
L'autre solution que nous avons étudiée, c'est la
fermeture de la ville. Cette solution consiste essentiellement à cesser
toute activité municipale relevant du gouvernement du Québec,
à indemniser tous les résidents avec, comme base, les normes
ayant servi pour la ville de Gagnon et à démolir tout immeuble
qui n'aurait pas été vendu ou cédé au gouvernement
fédéral. Une évaluation sommaire établit le
coût de cette opération à 6 500 000 $. En ce qui a trait
aux centres de santé et aux écoles, des arrangements seront pris
avec le gouvernement fédéral afin que ces services demeurent,
s'ils sont requis, accessibles aux autochtones. Essentiellement, a la suite des
négociations avec le gouvernement fédéral, une partie du
territoire de la ville de Schefferville deviendrait réserve indienne
administrée par le gouvernement fédéral. La fourniture de
tous les services deviendrait alors la responsabilité du gouvernement
fédéral. L'aéroport demeurera opérationnel et la
liaison ferroviaire sera maintenue, de même que le fonctionnement du
barrage produisant de l'électricité. Cette solution règle
un problème dont le coût pour le Québec ne peut
qu'augmenter avec les années et constitue une économie nette
importante pour le gouvernement.
M. le Président, si le maintien de la municipalité
était retenu et si le projet de loi que nous avons devant nous
n'était pas adopté, les déboursés globaux
pourraient s'élever à 6 000 000 $ en 1986-1987 et, par la suite,
ils seraient d'environ 4 500 000 $ annuellement. De plus, des dépenses
d'immobilisation importantes doivent être envisagées pour les
prochaines années, et ce, pour maintenir à Schefferville une
population de 250 personnes.
Par contre, M. le Président, si la fermeture est
décrétée tel que nous le proposons, les
déboursés pour 1986-1987 pourraient être réduits
à environ 5 000 000 $. Quant au coût direct de fermeture
estimé à 6 500 000 $, il pourrait être réparti sur
les exercices financiers 1986-1987 et 1987-1988. Pour les années
subséquentes, les coûts pour le gouvernement du Québec
seraient réduits de façon très significative, la
municipalité ayant été fermée. Les coûts
reliés aux services de santé demeureront, en raison d'engagements
du gouvernement à l'égard des Naskapis. Toutefois, ils pourront
être sensiblement
réduits par rapport au coût annuel actuel de 2 200 000
$.
En conclusion, M. le Président, compte tenu que la situation
financière de la ville de Schefferville se détériore
continuellement et que les perspectives de développement
économique à moyen terme sont pratiquement nulles, compte tenu
que le gouvernement devra encourir annuellement des coûts additionnels
importants pour assurer la survie de la municipalité, compte tenu que la
compagnie Iron Ore, qui, vraisemblablement, pourrait avoir gain de cause dans
ses plaintes relativement à son évaluation foncière et
ainsi obliger la ville à lui rembourser environ 700 000 $, compte tenu
que cette compagnie est disposée à considérer un
règlement global pour l'ensemble du dossier advenant la fermeture de la
municipalité, compte tenu que les fonctionnaires fédéraux
consultés nous ont informés que la fermeture de ta ville ne
compromettrait pas l'existence des réserves amérindiennes,
montagnaise et naskapie, compte tenu qu'une partie importante de la population
souhaite quitter Schefferville en contrepartie d'une compensation du genre de
celle accordée aux résidents de Gagnon; compte tenu que la
fermeture de la ville constitue une économie nette importante à
moyen terme pour le gouvernement, le gouvernement du Québec a donc
décidé d'approuver le principe de modifier le statut du
territoire de la ville de Schefferville et c'est ainsi que nous avons
déposé pour adoption le projet de loi 67. Loi concernant la ville
de Schefferville, que j'invite tous les députés à voter
pour le mieux-être de la population du Québec.
Le Président (M. Ssint-Roch): Merci, M. le ministre. Y
a-t-il d'autres remarques préliminaires? M. le député de
Jonquière.
Motion proposant la tenue de consultations et
l'audition du conseil de Schefferville
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, j'aurais une motion à
présenter qui se lirait comme suit: Que la commission tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 67, Loi
concernant la ville de Schefferville, des consultations particulières
quant à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin
elle entende le conseil municipal de Schefferville.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, conformément à nos règles de
procédure, la motion est recevable en vertu de l'article 244,
deuxième paragraphe. La motion de forme est de 30 minutes pour l'auteur
et de 10 minutes pour chacun des intervenants en une intervention. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, j'ai un article ici devant moi
intitulé: Le dernier souffle de Schefferville. Dans cet article, on dit
que le projet de loi 67 concerne la fermeture de Schefferville et cette loi
consiste à abolir le statut juridique de municipalité et le
remplacer par celui de réserve indienne.
En d'autres mots, le gouvernement québécois veut refiler
sa note au gouvernement fédéral, et ce, sans régler aucun
problème quant à la situation socio-économique de notre
localité nordique. Les difficultés administratives et
économiques que nous traversons seront tout simplement offertes
gracieusement au conseil de bande montagnais et au ministère des
Affaires indiennes et du Nord canadien. De plus, il apparaît
évident que le gouvernement du Québec a l'intention ferme
d'adopter le projet de loi 67 sans consultation de la population
scheffervilloise, qui revendique légitimement ce droit
démocratique. Ce même gouvernement s'attend également
à bénéficier d'une aubaine en nous mettant à la
porte, puisque, curieusement, l'évaluation foncière actuelle de
nos propriétés ne vaut maintenant qu'un cinquième du
rôle de 1985. Il y a là sujet à réflexion et il va
sans dire que le commerçant propriétaire crie au scandale dans
toute cette affaire.
De toute évidence, les compensations immobilières qui vont
nous être imposées seront nettement insuffisantes pour permettre
de nous rebâtir une vie ailleurs. Ajoutons à cela les emplois que
nous allons perdre et des garanties de reclassement dérisoires et
constatez l'avenir que l'on nous réserve. On peut également
ajouter que les compagnies d'exploration minière qui intensifient leurs
prospections dans la fosse du Labrador vont se retrouver bientôt avec de
sérieux problèmes. La main-d'oeuvre non spécialisée
qu'elles peuvent retrouver à Schefferville et qui diminue de beaucoup
leur coût d'exploitation aura bientôt disparu. Quand ces compagnies
ont décidé d'investir 3 000 000 $, en 1986, à
Schefferville, c'est qu'elles connaissaient le niveau de service qui
prévaut actuellement, mais ce que leur réserve l'avenir risque
fort de les décevoir. Leurs investissements s'avéreront-ils
rentables? Le ministre des Affaires municipales, par sa décision,
veut-il saboter les investissements dans le Moyen-Nord québécois?
Est-ce là la politique d'un gouvernement qui dit centrer ses efforts sur
l'encouragement à la libre entreprise? N'y aura-t-il pas lieu de penser
que Québec prend des décisions prématurées quant
à cette irréaliste fermeture? II faut noter également que
la région de Schefferville accueillera, en 1986, près de 5000
chasseurs et pêcheurs. Le projet de loi 67 risque de perturber
considérablement ce marché de 8 000 000 $ direct en
retombées
économiques au Québec. Est-ce là encore un
encouragement aux investissements privés?
Devant ces faits, la population de Schefferville a senti le besoin de se
regrouper et de faire face aux décisions qui se prennent sur son dos.
C'est ainsi que la coalition des résidents de Schefferville a
été formée le 17 mai dernier, en assemblée
publique. Des représentants des groupes oeuvrant dans le milieu ont
été élus par la population, les commerçants, les
pourvoyeurs, les transporteurs aériens, les organismes à but non
lucratif, les femmes, l'association du taxi, les services essentiels, les
chômeurs, les syndicats, la SDT, Norbec, etc., etc. Donc, la
première démarche a été de faire signer une
requête; cela continue.
En même temps, ces gens demandaient un moratoire ou une commission
parlementaire afin de venir parler. C'était François Durette, le
président de la coalition des résidents de Schefferville. Ces
gens avaient affaire, à mon sens, à un conseil municipal, lequel
était perçu par les citoyens, à travers sa
démarche, comme des gens qui ne s'occupaient pas de leur affaire, comme
des gens qui étaient d'accord pour débâtir ou
éliminer leur ville. Ce conseil municipal a donné cette
perception, car, d'abord, il était pris pour prendre des
décisions. Certainement, il y avait panique chez ces gens-là,
puisque les seuls choix qu'on voulait leur laisser ou qu'on leur montrait,
c'était que leur ville était appelée à
disparaître et qu'il n'y avait aucune porte de sortie.
Quand les gens ont décidé de former cette coalition, le
conseil municipal a voulu se reprendre en main. Le maire de Schefferville, M.
Yvan Bélanger, a eu une autre vision des choses. Pourquoi? Parce qu'il a
senti dans cette démarche qui avait été faite, où
il a été laissé pratiquement seul, qu'un groupe lui
donnait son appui, à lui et à son conseil municipal. Cela lui a
permis de faire certaines constatations. Cela lui a permis aussi, dans le fond,
de jouer le rôle qu'il a à jouer, puisque le maire est
effectivement la personne responsable, en ce qui concerne la
municipalité, le maire et son conseil, c'est évident. Ce sont ces
personnes qui ont la charge de l'avenir, du déroulement, du
fonctionnement de quelque activité que ce soit dans la
municipalité, tout en ayant comme responsabilité première
le bien-être, le mieux-être de ses résidents.
Donc, le maire en vient à la constatation qu'il y a six facteurs
qui ont compromis l'avenir de la ville. D'abord, c'est le refus de l'Iron Ore
Company d'assumer la plus grande partie du fardeau fiscal de la
municipalité. On comprend qu'en fermant son industrie, la compagnie Iron
Ore a pensé que son rôle social vis-à-vis de la
municipalité se terminait. C'est pourquoi elle a voulu se soustraire
à ses obligations - pas ne soustraire dans le sens de ne pas acquitter
ses dettes, mais en laissant, par rapport aux citoyens, les résidus de
sa dette.
Donc, la compagnie Iron Ore refuse s'assumer la plus grande partie du
fardeau fiscal de la municipalité. Cedit fardeau fiscal, c'est la dette
par rapport à l'évaluation. Je pense qu'on peut constater
rapidement que la fermeture de la ville a fait baisser la valeur des
propriétés et ce serait probablement difficile d'aller chercher
les mêmes emprunts avec une diminution d'évaluation comme il s'en
est produit une depuis l'annonce de la fermeture de Schefferville. (19 h
45)
Donc, la compagnie Iron Ore refuse la plus grande partie du fardeau
fiscal de la municipalité. Là aussi, il y a peut-être le
refus de la majorité des citoyens d'acquitter leur compte de taxes. Vous
devez comprendre que ces gens, en ayant l'épée de Damoclès
au-dessus de la tête, ne sont pas dans une position délirante de
plaisir d'aller payer leurs taxes en sachant que ces services sont
appelés à disparaître et que tout ce qui se passe ne fait
que produire un choc sur ces citoyens en leur annonçant de façon
brutale que cette municipalité doit arrêter de fonctionner. Ces
citoyens qui n'acquittent pas leurs comptes de taxes, si on prend l'histoire de
Schefferville pour les années passées, on constaterait
sûrement facilement que c'étaient d'excellents contribuables,
qu'ils ont toujours payé leurs taxes, mais payer leurs taxes en ne
sachant plus ce que valait leur propriété, ce qui adviendrait de
leur propriété, ce qui adviendrait aussi de leur avenir, on
constate que c'est à partir de ce moment-là que les gens ont
refusé de payer leurs comptes de taxes.
Cela a pour effet, par rapport au conseil municipal, qu'on tire
certaines conclusions, soit que les gens doivent être complètement
désintéressés. Cette rencontre des gens par rapport au
conseil municipal les fait regarder ce qui se passe et, en même temps,
les fait se prendre en main, à ce moment-là. Le refus du
gouvernement du Québec de resserrer le tissu urbain de Schefferville
pour réduire les coûts. J'ai eu l'occasion, à quelques
reprises, de soulever la possibilité de diminuer le tissu urbain. En
définitive, ce qui se produit dans une municipalité, cela
pourrait se produire par rapport à l'industrie. Les industries qui sont
en difficulté financière ont toujours d'abord à faire une
analyse succinte de leurs problèmes et doivent se remettre en question.
Qu'est-ce qu'elles font premièrement? Elles regardent ou examinent s'il
y a moyen de réduire les coûts. C'est toujours la première
constatation que l'entreprise fait. S'il y a augmentation ou s'il y a du
gaspillage, s'il y a trop de dépenses, cette entreprise a à
éliminer tout ce qui est
motif à gaspillage...
Je ne sais pas si on pourrait arrêter les petits conciliabules en
dehors, cela me dérange!
M. Bourbeau: M. le Président, une question de
règlement. Pour le Journal des Débats, j'aimerais quand
même spécifier que les conciliabules dont parlait le
député étaient du côté de l'Opposition et non
pas du côté ministériel.
M. Dufour: C'était moitié-moitié, parce
qu'il y avait aussi quelqu'un du gouvernement. Je pense que j'ai vu sans voir.
J'ai constaté.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Donc, M. le Président, quand les industries
sont en difficulté financière elles ont le devoir et la
responsabilité et elles font toujours les mêmes actions parce
qu'elles veulent diminuer leurs dépenses. Pour diminuer leurs
dépenses, il faut toujours regarder s'il y a du gaspillage ou si les
bâtisses sont trop grandes pour leurs besoins, si elles ont trop de
personnes. Ce sont effectivement toujours les mêmes constatations. Un des
phénomènes qui peut le mieux illustrer ma pensée, c'est
certainement ce qui s'est produit à Boisbriand, et il y a d'autres
conglomérats mondiaux qui ont pris ces mêmes décisions. Je
pourrais parler de certaines industries dans ma région, et ce sont des
multinationales - par exemple l'Alcan - qui passent exactement par les
mêmes transes ou les mêmes fonctionnements que les
municipalités pourraient ou auraient dû suivre. Quand on examine
ce qui se passe à l'Alcan actuellement, c'est une diminution de
personnel, une rationalisation des coûts, et l'efficacité qui doit
augmenter.
Donc, pour une municipalité comme Schefferville, de quelle
façon aurait-ii fallu procéder pour diminuer les coûts. On
aurait d'abord dû s'assurer que les services qu'on donnait à la
population n'étaient pas trop grands pour la population qui recevait ces
services.
Schefferville a déjà donné asile à 3500
personnes. Il y a lieu de penser que cette population étant
diminuée de 3500 à 250 personnes, une des premières
actions à prendre c'était d'abord de resserrer le tissu urbain.
Resserrer le tissu urbain aurait dû vouloir dire ou cela doit dire
rapetisser ou diminuer le nombre de rues ou de longueur de rues à
entretenir. Cela veut dire diminuer les services de l'aqueduc et des
égouts, cela veut dire aussi diminuer le personnel, cela veut dire
diminuer les services de machinerie et effectivement, procéder à
une réduction des coûts dans l'ensemble de la municipalité.
Cela aurait pu vouloir dire aussi diminuer le service policier. Donc, des
diminutions de coût importantes qui auraient donné une meilleure
image des coûts pour administrer une municipalité.
Est-ce que le conseil municipal a eu le choix de procéder de
cette façon par rapport à laisser aller les choses comme on s'en
rend compte actuellement? C'est là toute la question. Parce que cette
étude n'a pas été faite et c'est là qu'on constate
que les citoyens ont vu qu'on aurait certainement dû examiner de
façon raisonnable, d'une façon précise ce que cela aurait
pu vouloir dire. Est-ce que cela aurait pu être une diminution des
coûts de fonctionnement de la municipalité comme telle.
En définitive, c'est un peu les constatations que le conseil
municipal a faites; c'est le constat par rapport à cette fermeture. Mais
lorsqu'ils ont vu que beaucoup de gens s'étaient réunis, qu'il y
avait une espèce de coalition des citoyens de Schefferville, le conseil
municipal a voulu et a manifesté le désir d'agir comme un conseil
municipal, c'est-à-dire comme celui qui est responsable des lois et des
intérêts de tous les Scheffervillois.
Cette demande ou cette constatation par ce conseil peut se traduire par
un nouvel enthousiasme, un nouveau souffle qui aurait permis à cette
municipalité d'examiner d'une façon beaucoup plus calme les
perspectives d'avenues de sa municipalité. Le conseil municipal s'est
rappelé qu'en 1983 il y avait eu dans sa municipalité une
commission parlementaire, une commission parlementaire qui a suscité de
l'espoir parmi ces gens, une commission parlementaire à laquelle des
gens ont assisté et ont participé, une commission parlementaire
dans laquelle il y avait des gens de l'Opposition qui sont devenus des
personnages importants dans le nouveau gouvernement depuis le 2 décembre
1985.
Se basant sur cela, te conseil municipal a voulu se reprendre en main et
se rappeler ce qui s'est passé lors de la commission parlementaire qui a
eu lieu à Schefferville.
Quels étaient les discours de ces gens lorsqu'ils étaient
avec les personnes de Schefferville. Je pense et je fais allusion à
l'intervention du ministre des Affaires municipales qui nous a dit que le
ministre de l'Énergie et des Ressources avait constaté que
Schefferville n'avait pas d'avenir. Mais qu'est-ce qui a fait que ce ministre a
changé son langage aussi rapidement?
En 1983, à Schefferville, c'était la même personne
avec le même jugement -mais il y avait une différence, il faut
croire - qui disait qu'il y avait des décisions qui pourraient
être intéressantes par rapport à Schefferville. Je pourrais
lire ses déclarations au complet, mais je me contenterais de les
résumer.,
Il disait: II ne faudrait pas que cette commission parlementaire soit de
la
fumisterie. Il ne faudrait pas qu'on fasse un spectacle pour ces gens.
Nous, de la commission parlementaire, on est des gens sérieux et il faut
s'assurer que les gens voient des choses sérieuses, qu'ils votent que,
nous, dans l'Opposition, on est gardien du troupeau et également du
sérieux du gouvernement du Parti québécois. On va
s'assurer que ce qu'on fait et ce qui se passe, cela va être pour
vous.
Effectivement, il y a eu une commission. Les députés de
l'Opposition du temps ont pu intervenir. Il y avait des préoccupations.
On disait: Vous savez, il faudrait regarder s'il n'y a pas d'avenir pour les
jeunes dans le Nord. Il faudrait s'occuper des jeunes. Je me
réfère au feuilleton de la commission. C'est M. Ciaccia; c'est le
ministre de l'Énergie et des Ressources qui est en poste actuellement
qui disait: II faudrait regarder pour développer de l'emploi pour les
jeunes.
Je ne sais pas s'il est parti avec l'enthousiasme du moment. Il a dit:
II faudrait, par exemple, que cela se fasse sur place. Il n'a pas dit: On va
développer de l'emploi pour nos jeunes en fermant la municipalité
et en s'en allant à l'extérieur. Il a dit: II faudrait que cela
se fasse sur place et non seulement on ne devrait pas fermer le village, mais
il faudrait qu'on prenne le matériel et qu'on le traite sur place.
Donc, ce n'est pas une fermeture, c'est une ouverture qu'on proposait.
C'est probablement là-dessus que le gouvernement libéral a
décidé - parce qu'il a vu que cela "poignait" - qu'il devait
avoir une politique pour les jeunes, une politique d'emploi. C'est probablement
à partir de cela, parce que cela commence quelque part. Il y a toujours
un commencement partout.
Donc, le gouvernement s'est fait élire en disant: On va avoir une
politique pour les jeunes et nous, on sait comment cela se travaille, des
jeunes. On va vous donner de l'avenir. Il faut que vous ayez confiance au
Québec et surtout à nous. Cela fait sept mois que ce gouvernement
est en place. Lorsqu'on regarde ce qui s'est produit pour les jeunes,
malheureusement, on est obligé de constater un échec sur toute la
ligne.
Je pense que nos jeunes n'ont pas pris de l'enthousiasme. La seule chose
qu'on voit, c'est que, malheureusement, leur avenir est compromis et que cela
ne va pas plus vite que cela allait. Ce n'est pas juste avec des paroles...
Lorsque j'ai dit à la Chambre: Vous savez, créer de l'emploi, ce
n'est pas facile. Il ne faut pas juste le créer, il faut maintenir
l'emploi.
Il y a des gens qui ont pris cela à la légère, mais
cela ne faisait tellement peu de temps qu'ils étaient élus,
qu'à ce moment-là, je parlais peut-être comme un
précurseur. Ce n'était pas comme cela que je voulais le dire et
je constate qu'après sept mois - j'espère que ces gens
comprennent le même message - créer de l'emploi, ce n'est pas une
chose facile. Cela demande de l'imagination, de la constance, de la
cohérence et de la volonté.
Il faut absolument qu'on ait une politique. Comme il n'y en a pas, il ne
s'est rien passé et à Schefferville, on a dit à nos
jeunes: Vous aurez de l'emploi. Imaginez-vous l'enthousiasme qui a
été semé à ce moment. Il ne faut pas se le cacher;
en 1983, c'était au plus fort de la crise mondiale. On ne peut pas dire
que le ministre actuel, qui était dans l'Opposition, n'avait pas vu ce
qui se passait. D'abord, il avait d'excellentes relations avec les gens
d'affaires. Il marchait à coups de téléphone. Donc, il
était capable de communiquer avec tout le monde pour savoir ce qui se
passait.
Il est certain qu'il parlait d'une façon éclairée,
excepté que cela a perdu de la lumière en cours de route.
Effectivement, c'est ce qui a été dit dans le coin de
Schefferville: Malheureusement, on n'a rien pour vous, les jeunes. Ce qu'on a
laissé miroiter, c'est tombé. (20 heures)
Dans ce temps-là également, il disait: II faudrait avoir
un "task force". Je ne sais pas si vous savez ce que cela veut dire, mais il
paraît que ce sont des places pour des gens d'affaires; des gens de
"business" peuvent se ramasser pour faire un "task force". Vous savez, le monde
ordinaire ne fait pas de "task force", le monde ordinaire fait des rencontres
de travail, un peu comme cela. Donc, ce même ministre disait qu'il aurait
fallu, qu'il faudrait que ce gouvernement qui est en place ait un officier, un
employé ou un haut fonctionnaire - et cela, c'est nouveau, on sort un
grand mot, cela va peut-être faire plaisir à mon collègue
de Terrebonne - plénipotentiaire.
M. Blais: Ah oui...
M. Dufour: Cela se place bien dans la conversation, cela fait
bien. Cela veut dire qu'il y avait un délégué, une
espèce d'ambassadeur.
M. Middlemiss: Excusez-moi, je ne veux pas déranger...
Lorsque le député de Jonquière parle du ministre, de quel
ministre parle-t-il?
M. Dufour: J'ai parlé du ministre actuel de
l'Énergie et des Ressources, M. Ciaccia. Je l'avais nommé tout
à l'heure, je pense bien que...
M. Middlemiss: Je pensais que vous faisiez
référence au ministre des Affaires municipales. Il n'était
pas là, le ministre n'était pas à Schefferville.
M. Blais: II n'est pas nécessaire de faire une
investigation: Monsieur CIA-CIA, c'est connu. La CIA c'est très
connu.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jonquière, sur la motion,
s'il vous plaît!
M. Dufour: Donc, à cette commission parlementaire le
conseil municipal s'est rappelé, vis-à-vis de l'enthousiasme de
ses citoyens, qu'il pourrait y avoir des choses nouvelles, qu'il pourrait se
produire des choses. Cela leur a pris... Cela leur a donné une
façon de se reprendre en main. C'est ce qui s'est produit et ce conseil
municipal a décidé... Il s'agit de regarder ce que ces gens ont
dit. On va regarder cela un peu. Ils disent et c'est le conseil municipal qui
parte: Plutôt que de voir Schefferville passer sous les bulldozers comme
cela s'est fait à Gagnon, je préfère un maintien de la
ville quitte, à ce que son statut juridique soit modifié. C'est
ce qu'a conclu le maire. Cela laisse supposer que ce conseil municipal n'avait
pas tout dit au moment où on avait fait certains sondages. C'est curieux
qu'on se base sur des sondages alors que les sondages ont toujours
été contestés. Je me souviens, je n'étais pas
nécessairement au Parlement mais je lisais un peu partout,
j'écoutais ce qui se disait auparavant et on disait: On ne peut pas
conduire une population par des sondages. Si on devait faire quelque chose, ce
serait au moins d'aller voir sur place et d'aller regarder ce qu'ils ont
à dire. Donc, on se base sur un sondage pour affirmer que tous les gens
sont d'accord pour qu'on fasse cette chose.
On se rappelle, on regarde ou on examine la prise de position et les
paroles que le maire a dites: Plutôt que de voir Schefferville passer
sous les bulldozers comme ce fut le cas à Gagnon, je
préfère un maintien de la ville quitte à ce que son statut
juridique soit modifié. Que propose-ton depuis le début ou
qu'est-ce que je propose dans l'amendement ou dans la motion que je vous ai
présenté M. le Président? C'est que ces gens-là, ce
conseil municipal qui est composé d'un maire et de six conseillers
municipaux, viennent nous dire ce qu'ils pensent de la fermeture de leur
municipalité, comment ils voient l'avenir de leur municipalité,
comment ils auraient pu arriver à diminuer ou à rationaliser les
coûts, comment ils auraient pu être les leaders de leur
communauté. C'est un peu cela qui n'a pas été dit.
Je regrette beaucoup que ces gens ne soient pas venus ou ne puissent pas
venir ici pour le dire dans leurs mots à eux, mots de gens qui sont
enracinés dans des milieux, qui ont été mêlés
à leur milieu, qui ont vécu toutes les étapes et tout le
cheminement de cette municipalité, qui ont participé à des
décisions nombreuses non seulement dans leur propre conseil, mais en
même temps avec leurs citoyens. C'est important quelquefois
d'écouter ce que les gens ont à dire, surtout les gens qui ont la
responsabilité de diriger ces villages. Ils ne peuvent pas se fier
nécessairement à l'entraide intermunicipale parce qu'ils sont
loin des autres. Ils doivent donc ne compter que sur leurs propres
capacités, leur propre pouvoir pour essayer de régler des
problèmes.
J'ai rencontré souvent des gens ou de ces maires de villages
nordiques, je dis souvent mais c'est quelques-uns et quelquefois parce qu'ils
ont toujours le problème des distances. Dans les fonctions que j'ai
exercées, j'ai eu l'occasion et j'ai eu le plaisir de rencontrer ces
gens qui ont une grande philosophie, qui sont habitués de voir les
choses sous un autre angle que nous. D'abord, la distance, pour eux, c'est un
phénomène; ce n'est pas un handicap permanent, dans leur
façon de voir les choses. Ces gens sont aussi habitués à
réfléchir, à penser. Ils ne sont pas conditionnés
par les mêmes problèmes que nous avons ici. Ils ne vivent pas
nécessairement au même rythme que les gens des villes, villes dans
lesquelles nous vivons actuellement. Et où il y a des surplus - je ne
dirais pas des surplus de population, car il n'y a pas tellement de grandes
villes, ici au Québec - de circulation où le monde semble
pressé de vouloir rattraper le temps qu'il ne rattrapera jamais. Le
temps qu'ils ont, ils ne l'ont plus déjà.
C'est, à mon sens, ce qu'il aurait été important
d'entendre dire par ces gens qui ont dirigé leur municipalité,
qui en ont aussi fait un succès et qui ne sont pas la cause, non plus,
des problèmes actuels. Ces gens, chaque jour, ont voulu poser leur
pierre, bâtir leur communauté, aller aussi vers le
développement, en tenant compte des besoins de leur population. Ce qu'on
leur a proposé, c'est la disparition de leur village. Je comprends
facilement ce qui a pu arriver... J'ai vécu dans des endroits où
il y a eu des exodes d'une partie de la population d'un village. Par exemple,
le village de Saint-Jean-Vianney est disparu en une nuit de mal 1971 ou 1972 et
ces gens ont été complètement effacés de la surface
du globe, il n'y a pas si longtemps.
Mais, cela revient toujours à mon propos selon lequel il est
important de marquer les endroits où on demeure. Pour ces
gens-là, indépendamment de ce que disait le député
ou gouvernement tout à l'heure, il est important de marquer. C'est
tellement vrai que, de ces gens de Saint-Jean-Vianney, une partie est
retournée sur les lieux. Cela démontre facilement l'importance
que les gens accordent, l'attachement et l'enracinement qu'ils ont,
règle générale, pour leur milieu.
Donc, on voit que ces gens auraient eu intérêt et nous
aurions eu intérêt à écouter le maire et son conseil
municipal nous dire comment ils voyaient cela, comment ils acceptaient cela et
quelles auraient été les solutions qu'on aurait pu essayer de
trouver ensemble. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que vous vouliez parler?
M. Blais: Oui.
M. Bourbeau: Cela m'est égal. Je peux peut-être
parler maintenant.
M. Blais: J'en ai pour dix minutes. M. Bourbeau: Bon,
allez-y.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci, M. le ministre. M. le ministre, vous savez comme
moi que la plupart des Québécois ne connaissent pas la
fricassée. Peu d'entre nous avons visité le continent. Alors,
c'est pour cela que je dis: Peu de nous avons été en Afrique et
nous ne connaissons pas l'Afrique assez.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: Cependant, nous avons l'occasion de recevoir ici des
étudiants d'Afrique. J'ai discuté la semaine passée avec
l'un de ces étudiants d'Afrique, car, sachant pertinemment, en toute
humilité, que je ne connais pas l'Afrique assez, j'ai absolument voulu
la connaître plus et davantage, même si j'ai voyagé en
Algérie. Ah oui! Je suis allé en Algérie, je suis
allé... Ah! J'ai bien aimé cela. Beau pays, beau pays. Je suis
allé aussi...
Une voix: Avez-vous fait aussi le tour de l'île
d'Orléans?
M. Bourbeau: Est-ce là que vous l'avez
rencontré?
M. Blais: Non, je suis allé dans une ville où il y
a justement une succursale du poulet Saint-Hubert, à "Toutatandegou".
C'est en Afrique. C'est une ville d'Afrique qui s'appelle "Toutatandegou" et
où il y a une succursale du Saint-Hubert. Sérieusement, M. le
ministre, j'ai reçu un étudiant d'Afrique, tout
dernièrement, qui me disait que, en Afrique, il y avait également
ce problème de fermeture de villes.
Ce jeune étudiant est un M. Conrad Moujan ou Claude Moujan, c'est
un M. Moujan, mais, pour les besoins de la cause, disons C. Moujan. Ce monsieur
C. Moujan me parlait des problèmes qu'ils avaient en Afrique et il
venait ici pour regarder si, chez nous ou dans notre façon de nous
occuper de fermetures de ville, il pouvait trouver une façon un peu plus
humaine, un peu plus, disons moderne, de fermer des villes. Mais quand C.
Moujan prend d'eux l'exemple, j'ai l'impression qu'il se trompe. La
façon dont la pétition a été faite, on sait que ce
n'est pas à toutes les questions un exemple à prendre. Je vous
dis bien, M. le ministre, que ce jeune étudiant africain qui est venu me
voir pour que je connaisse plus l'Afrique, comme je vous disais, M. C. Moujan,
lui quand il regarde la façon dont on a agi, il se rend compte que
vraiment on n'a pas la manière réelle de poser des actes. Quand
C. Moujan prend d'eux l'exemple, je crois que cet étudiant se trompe.
Nous devons, nous, faire de notre mieux pour qu'il ramène dans son pays
des choses un peu plus palpables. Ces choses un peu plus palpables, ce n'est
pas dans la façon dont vous traitez les deux gros arguments qu'ils vous
ont donnés, ce n'est pas de la façon dont vous les traitez qu'il
va pouvoir aller en Afrique et brasser de grosses affaires. Quand C. Moujan
prend d'eux...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blais: Je suis persuadé que... Il ne s'agit que de
lire. Ils disent: "Considérant que le gouvernement du Québec n'a
consulté que certains membres du conseil municipal en vue d'en arriver
à une telle décision"... C'est pourquoi je voudrais, pour rester
pertinent, que le conseil vienne ici. Et je vous l'ai déjà dit,
M. le ministre: il y a devant nous des chaises vides qui voudraient boucher des
trous de votre loi. Il ne s'agirait que d'emmener des gens, oui, je l'ai
déjà dit, pour nous conseiller afin qu'on sache, que nous
sachions si c'est vrai que le gouvernement que vous représentez ce soir
n'a consulté que quelques personnes du conseil municipal.
Je prends bonne note que plusieurs d'entre vous avez une attirance
spéciale pour ce jeune étudiant et les recherches qu'il fait. Je
sais que l'argumentation que ce jeune fait intéresse plusieurs d'entre
vous. J'en suis persuadé. II est ici pour quelques jours encore et si,
pour le bénéfice des sciences africaines, il y en a qui voulaient
absolument rencontrer ce jeune étudiant, je suis prêt à lui
dire que des gens d'en face aimeraient regarder les arguments que lui... Parce
que vous savez qu'en Afrique ils ferment des villes parce que le désert
gagne tranquillement, ils sont obligés de déménager.
Vous
êtes au courant, même si on ne connaît pas l'Afrique
assez on dit, les ti-youppis en Éthiopie ils ont des problèmes et
il faut être sympatique aux ti-youppis. Personnellement j'ai
participé à plusieurs courses pour venir en aide à ceux
qui souffrent de diète et j'ai l'impression que c'est toujours un beau
geste à poser. Alors, M. le ministre, je réclame de vous, de
votre autorité que vous demandiez au conseil municipal de Schefferville
de se présenter devant nous. On peut attendre quelques jours, cela peut
être même la semaine prochaine, car la date où la loi
viendra en vigueur, comme j'ai bien remarqué...
M. Bourbeau: Vous faites des liaisons dangereuses, M. le
député.
M. Blais: Pardon?
M. Bourbeau: Vous faites des liaisons dangereuses, M. le
député.
M. Blais: Elle m'a échappé, c'est quoi. Une
voix: La loi "viendra-z-en" vigueur.
M. Blais: Excusez-moi, j'ai mis une s à un endroit
où il n'en fallait pas.
Le Président (M. Saint-Roch): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blais: La ville de Schefferville cesse d'exister à
compter de la date déterminée par le gouvernement, c'est donc dit
qu'on pourra attendre - on a le temps de faire venir le conseil de ville,
même si c'était la semaine prochaine ou dans deux semaines, ou
entre les deux fêtes nationales, celle du Québec et celle du
Canada, on pourrait entre les deux recevoir le conseil et examiner si la
pétition qui a été signée par, on m'a dît, 98
% de la population». (20 h 15)
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: 98 % de la population a signé cette
pétition. C'est beaucoup de monde, c'est vraiment beaucoup de monde.
M. Bourbeau: Là, il y en a 60 % qui voulaient partir. On
ne comprend pas trop.
M. Blais Non, mais il y a 98 % des gens qui ont signé la
pétition et, dans cette pétition, ils disent que le gouvernement
du Québec n'a consulté que certains membres du conseil municipal.
Je ne sais pas, il faudrait qu'il consulte tous les membres. Tous les membres
doivent être consultés dans un tel cas, parce que c'est la vie du
conseil entier. Je crois que le gouvernement devrait suivre, afin que les
citoyens et les citoyennes de cette ville, même si on devait la fermer...
Je n'ai pas encore assez d'éclairage pour savoir si on doit fermer cette
ville ou si on doit la laisser ouverte. C'est pour cela que je pose beaucoup de
questions durant cette commission parlementaire.
Une voix: Cela vous en prend, de la lumière.
M. Blais: Personnellement, je crois... Mon confrère est un
ancien maire et vous aussi, M, le ministre, vous avez "maire" une secousse. Je
m'excuse, vous avez été maire pendant longtemps vous aussi,
m'a-t-on dit. Vous êtes deux maires. Le sous-ministre était maire.
Vous avez...
M. Bourbeau: Ex-maire.
M. Blais: ...un maire à Nicolet, vous avez des conseillers
municipaux. M. Vaillancourt a déjà été maire et
vous aussi, monsieur. Bon. Écoutez...
M. Bourbeau: II y a Mme Trépanier qui est mère de
famille aussi.
M. Blais: Ah bon! Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: Mais ce n'est pas tout à fait la même
occupation. Il demeure qu'il y a beaucoup de gens ici qui connaissent la chose
municipale et ils savent quelle importance on doit, comme élus, à
Québec, accorder au conseil municipal. J'aimerais beaucoup que le
conseil municipal vienne ici pour deux choses: connaître son opinion,
voir si ce qu'on en dit est réel et, en même temps, contenter mon
jeune étudiant, voir si, quand C. Moujan prend d'eux des leçons,
c'est pour voir si c'est vrai que prendre d'eux des leçons, c'est une
bonne chose. Quant à moi, je crois que, quand C. Moujan prend d'eux des
leçons, il se trompe. Merci beaucoup, M. le Président,
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Terrebonne, M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Une voix: II
faut le faire. M. Denis Perron
M. Perron: Nul doute que vous comprendrez, après les
interventions que j'ai faites se rapportant au conseil municipal de
Schefferville, qui est le point d'appui du gouvernement actuel concernant le
projet de loi que nous avons devant nous, soit le projet de loi 67 concernant
la ville de Schefferville,
vous comprendrez pourquoi j'appuie la population .de Schefferville et
que cela ne remonte pas à hier matin, ni à il y a trois ou six
mois. Je crois qu'il est nécessaire que nous entendions devant cette
commission les membres du conseil municipal de Schefferville afin que ces
derniers puissent clarifier certains points dont je vais vous parler.
Dans un premier temps, M. le Président, une lettre m'était
adressée -laquelle j'ai transmise au ministre des Affaires municipales
du temps, M. Alain Marcoux - et signée par M. Alain Dumont, pour la
population de Schefferville, qui me transmettait une pétition
signée par 90 % de la population et qui se lisait comme suit... Je
demanderais aux membres du gouvernement d'apporter une attention toute
spéciale aux deux lettres que je vais vous lire consécutivement:
"Schefferville, le 26 février 1985. M. Denis Perron,
député de Duplessis. Nous vous faisons parvenir cette
pétition pour les raisons suivantes: nous trouvons que, depuis un an, le
conseil municipal actuel n'a rien donné de positif pour les citoyens de
Schefferville. Nous trouvons qu'ils travaillent pour leurs besoins personnels.
Quand c'est le temps de prendre des décisions positives pour les
citoyens, ils trouvent toujours le moyen de les rendre négatives. 90 %
de la population a exprimé son appui de façon tangible en signant
la pétition ci-jointe; les 10 % restants sont contre cette prise de
position. "C'est alors que nous demandons - la population de Schefferville - la
démission immédiate du conseil municipal pour une tutelle
gouvernementale. Espérant que notre démarche sera prise en
considération, veuillez agréer, M. le député,
l'expression de mes sentiments les meilleurs."
J'ai en main - sûrement que le ministre en a une copie - une copie
de la pétition qui a été signée par les 186
personnes en question, pétition qui est datée du 26
février.
En date du 27 mars de ta même année, 1985, une autre
lettre, celle-ci recommandée, qui provenait du même signataire, au
nom de la population de Schefferville; elle se lisait comme suit: "M. le
député, nous voua faisons parvenir une deuxième
pétition. Comme vous pouvez le constater, la population de Schefferville
réitérait sa position en exigeant la démission du conseil
municipal actuel. Quatre-vingt-dix pour cent de la population a encore
exprimé son appui en signant une deuxième fois cette
pétition. Nous voulons que cette pétition soit prise en
considération pour que nous puissions savoir si nous aurons votre appui
concernant notre première demande de tutelle."
À ce moment-là, comme j'avais parlé, entre les deux
pétitions, à M. Dumont, j'ai répondu à ce dernier
le 25 avril, à la suite de discussions que j'ai eues avec le ministre
des Affaires municipales de l'époque: "J'ai pris connaissance de votre
dernier envoi daté du 27 mars et reçu, à mon bureau de
comté, par voie du courrier enregistré le 15 avril -vous voyez,
le courrier, ce n'est pas facile -en regard du sujet cité en rubrique.
"Je suis toujours en contact avec mon collègue Alain Marcoux, ministre
des Affaires municipales, et je maintiens la demande que je lui ai faite,
à savoir la mise en tutelle de la ville de Schefferville. Tout comme la
majorité de la population, je souhaite que le dossier se règle
dans les prochaines semaines. C'est dans ce sens que je poursuis mes
démarches. "Je vous prie de croire, M. Dumont, à l'expression de
mes salutations les meilleures."
Dans la même période, le président de l'Association
des gens d'affaires de Schefferville a fait parvenir une lettre à M.
Marcoux, dont j'ai copie. Je pense qu'il est intéressant d'en prendre
connaissance. À ce moment-là, le président du
Comité des gens d'affaires et propriétaires de Schefferville Inc.
était M. Laurent Canuel. Ce comité avait été
créé en 1982 à la suite de l'annonce de fermeture des
installations minières de la ville de Schefferville, ce qui avait
été fait par IOC, en date du 3 novembre 1982. Cette lettre
était du 26 mars 1985. "Nous, le Comité des gens d'affaires et
propriétaires de Schefferville, demandons par la présente
à votre ministère de bien vouloir mettre de l'ordre dans le
brouhaha qui se passe actuellement au conseil municipal de Schefferville, car
il nous semble que ledit conseil est inactif, et ce, suite à certains
événements qui se sont produits récemment, dont: "1°
une pétition a été signée par 90 % de la population
de Schefferville contre le conseil municipal, suite à leur
décision d'augmenter leur salaire et à des dons accordés
à qui mieux mieux; "2° nous savons que plusieurs projets de l'Office
de planification et de développement du Québec sont
déjà en route et quelques-uns à venir et, dans le moment,
personne n'est qualifié au bureau du conseil pour patronner ces projets;
"3° le 13 mars dernier, une assemblée municipale devait avoir lieu,
le conseil avait quorum avec 50 personnes assistant de la population. Un
échevin et le maire de la ville ont décidé d'annuler
l'assemblée immédiatement après la prière, et ce,
pour aucune raison valable; les deux autres échevins et le
secrétaire-trésorier de Schefferville n'étaient nullement
au courant de la manigance qui s'est faite lors de cette assemblée. "Le
lendemain de ladite assemblée, le secrétaire-trésorier a
été congédié, escorté
par la police municipale, et ce, en plus, sans aucun préavis -
c'est grave. Deux autres personnes ont été
congédiées le même jour, sans préavis. Une de ces
personnes travaillait pour un projet du gouvernement du Québec, donc,
aucunement en rapport avec le conseil municipal. Lesdits congédiements
ont été faits sur décision du maire et d'un
échevin, toujours les mêmes personnes, sans consultation avec les
autres échevins. Ceci prouve donc qu'il n'y a aucun accord entre les
membres du conseil municipal, ce qui s'avère catastrophique pour la
ville de Schefferville, en ce moment." Et cela se termine. M. le
Président, d'abord, il y a des choses en rapport avec le conseil
municipal actuel, même si ce dernier a été élu par
la population, antérieurement aux deux pétitions
concernées et antérieurement à celles qui ont
été déposées à l'Assemblée
nationale.
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement. Je pense que sur une motion...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...comme celle qu'a déposée le
député de Jonquière, il faut qu'on s'en tienne à la
pertinence. Or, la motion du député de Jonquière nous
demande de convoquer le conseil municipal de Schefferville afin de l'entendre.
Donc, on présume que le conseil municipal, si on le convoque et s'il
vient ici, comprend des gens qui sont susceptibles d'être entendus et
d'apporter des solutions au problème. Or, le député est en
train de plaider depuis dix minutes non seulement l'incompétence du
conseil municipal, mais plus que cela. Il met même en question sa
légitimité. En quoi le discours du député de
Duplessis peut-il être cohérent ou pertinent à la
proposition du député de Jonquière, puisque si on doit
convoquer le conseil municipal, il ne faudrait pas quand même le traiter
d'incompétent? À ce moment-là, s'il est
incompétent, cela ne nous donne absolument rien de le convoquer, M. le
Président; c'est absolument hors de propos. Je suggère
respectueusement...
M. Dufour: J'aimerais invoquer le règlement.
M. Bourbeau: ...que les propos du député de
Duplessis vont absolument à l'encontre de la pertinence et je
demanderais au président de le rappeler à l'ordre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Jonquière, sur la question de règlement soulevée.
M. Dufour: Oui, sur la question de règlement. D'abord, il
faut penser qu'il y a une résolution. Le député essaie de
démontrer ce qu'il croit. Je pense que le débat est assez large
pour être capable de rattacher... Je suis convaincu que mon
collègue de Duplessis va le faire.
Quant au point soulevé par le ministre des Affaires municipales,
c'est plutôt dans son droit de réplique qu'il devrait nous donner
ces arguments, à mon point de vue.
M. Bourbeau: C'est important, la pertinence du débat.
M. Perron: Sur la question de règlement, M, le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Duplessis, sur la question de règlement, brièvement.
M. Perron: D'abord, si, du côté de l'Opposition,
nous sommes intéressés à entendre les membres du conseil
municipal de la ville de Schefferville, c'est pour deux raisons. La
première, c'est pour connaître ce qui s'est passé depuis
les deux dernières années. La deuxième qui est aussi
très importante, c'est pour connaître leur opinion fondamentale se
rapportant à la fermeture de leur ville et pour connaître, de la
part de ces gens, la raison pour laquelle ils ont endossé et ont
travaillé main dans la main avec les membres du gouvernement actuel,
face à la fermeture de leur ville.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Duplessis, dois-je en conclure, par le style de votre intervention, que vous
poursuivez sur le débat de la motion du conseil municipal de
Schefferville? Vous aviez demandé la parole sur une question de
règlement.
M. Perron: J'ai soulevé une question de règlement.
Sur la question de règlement, je voulais donner les deux raisons
montrant que j'étais à l'intérieur de la discussion;
j'étais donc dans la pertinence du débat.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Duplessis, je pense qu'avec toute l'expérience parlementaire que l'on
vous reconnaît, je vais vous céder à nouveau la parole pour
continuer le débat sur l'avis de convoquer le conseil municipal de
Schefferville. Il vous reste deux minutes et quinze secondes, M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Il y a d'ailleurs, dans
la loi actuelle, des choses qui touchent de très près l'actuel
conseil municipal et la MRC de Caniapiscau.
Lorsque l'on lit, par exemple, l'article 1: "La ville de Schefferville
cesse d'exister à compter de la date déterminée par le
gouvernement", on ne connaît pas la date. Je veux connaître
l'opinion du conseil
municipal actuel en rapport avec cette date en question, en rapport avec
le fait que la ville doit cesser d'exister à compter de telle date.
Lorsque, à l'article 2, on dit: "...un territoire non
érigé en municipalité locale et fait partie de la
municipalité régionale de comté de Caniapiscau" - c'est la
MRC, cela - est-ce que le ministre et le gouvernement, par le biais de
fonctionnaires dans le milieu politique, ont discuté avec le
préfet de Caniapiscau, M. Robin Bélanger qui est maire de la
ville de Fermont?
Par exemple, lorsqu'on dit: "Les documents de la ville sont
déposés, à compter de la même date, au bureau de la
municipalité régionale de comté", est-ce qu'on a
discuté de cela avec le préfet de la MRC?
À l'article 4, lorsqu'on dit: "Le ministre des Affaires
municipales est autorisé à acquérir, de gré
à gré ou par expropriation, tous les immeubles situés dans
le territoire de la ville de Schefferville"... Ce sont toutes des questions que
l'on voudrait poser aux membres du conseil municipal. J'espère que les
cinq membres seront là, à ce moment-là, si jamais les
membres du gouvernement décident d'entendre le conseil municipal de
Schefferville.
Motion de sous-amendement proposant d'entendre la
Coalition des résidents
En terminant, M. le Président, j'aimerais apporter une motion de
sous-amendement qui est la suivante. La motion pour consultations
particulières est amendée, en ajoutant les mots suivants à
la fin de cette motion: "...la Coalition des résidents et
résidentes de Schefferville." (20 h 30)
M. Kehoe: ...
M. Perron: Êtes-vous membre de la commission?
M. Kehoe: Oui, je suis membre.
M. Perron: Bon, d'accord. Il y a une place là.
M. Kehoe: Non, je suis bien ici.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre s'il vous
plaît!
Est-ce qu'on pourrait avoir copie de votre motion, M. le
député?
Nous allons suspendre les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 30)
(Reprise à 20 h 37)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux.
L'amendement apporté par M. le député de Duplessis
se lit comme suit: "La motion pour consultations particulières est
amendée en ajoutant à la fin de cette motion les termes suivants:
La Coalition des résidents et résidentes de Schefferville." Cet
amendement est recevable.
M. le député de Duplessis, vous avez 30 minutes sur
l'amendement.
Mme Trépanier: Ce n'est pas 40 minutes.
M. Perron: Merci, M. le Président.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président. Question
de règlement. En vertu de l'article 212, j'aimerais poser une question
au député de Duplessis.
Le Président (M. Saint-Roch): Un instant, M. le
député de Matapédia. Sur quel article?
M. Paradis (Matapédia): Je m'excuse, sur l'article
213.
Le Président (M. Saint-Roch: L'article 213 dit: "Tout
député peut demander la permission de poser une question au
député qui vient de terminer son intervention. La question et la
réponse doivent être brèves." Permission est
accordée?
M. Perron: Oui, M. le Président.
M. Paradis (Matapédia): Je voudrais savoir pourquoi le
député de Duplessis vu le peu d'objectivité de sa prise de
position concernant le conseil municipal de Schefferville tient tant à
les entendre en commission, vu que dans cette optique il est juge et
partie?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, si vous me le permettez, face
à la question que vient de poser le député de
Matapédia et membre du gouvernement libéral, j'ai l'intention de
revenir et d'expliquer plus à fond cette question un peu plus tard dans
nos débats. Cela ne pourra pas être ce soir, mais ce pourrait
être lundi dans la journée. Vous allez peut-être comprendre
autre chose. Lorsque le député dit que je suis juge et partie, je
ne le crois pas, parce que la fonction que j'ai eue lors des trois
dernières
élections générales cela a été de
défendre la population et non pas les conseils municipaux.
Comprenez-vous? J'ai été élu par le peuple...
M. Paradis (Matapédla); J'ai droit à une seule
question, M. le député...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plattl
M. Perron: M. le Président, j'ai été
élu par le peuple et je travaille pour le peuple...
Le Président (M. Saint-Roch): La réponse doit être
brève.
M. Perron: ...et par le peuple.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le député de Duplessis, sur
l'amendement.
M. Denis Perron
M. Perrons Merci, M. le Président. Tout le monde comprend
pourquoi l'Opposition a présenté cette motion pour entendre la
Coalition des résidents et des résidentes de Schefferville. J'ai
eu l'occasion, à l'Assemblée nationale, à la demande de
cette coalition, de déposer une pétition collective des
résidents et résidentes de Schefferville qui avait une vingtaine
de considérants et quelque six recommandations. Si ces membres de la
coalition et signataires de la pétition ont décidé de se
former un conseil d'administration appelé la Coalition des
résidents et résidentes de Schefferville, ce n'est pas parce
qu'on voulait prendre une décision du jour au lendemain, à savoir
c'est oui ou non; les résidents et résidentes étaient
prêts et prêtes à partir. Il y en a qui sont effectivement
intéressés à partir, selon les conditions émises
par le gouvernement du Québec, mais c'est une minorité.
Cependant, il y a aussi cette majorité de gens qui veulent rester, mais
en connaissant les conditions établies par ce gouvernement. À
l'intérieur de cette majorité se trouve un groupe de personnes
qui sont natives de Schefferville; on les appelle effectivement les natifs. Ils
ont un représentant à l'intérieur du conseil
d'administration de la coalition. Ces gens ne sont pas du tout
intéressés à partir de Schefferville, peu importent les
conditions. C'est ce que ces derniers m'ont exprimé lorsque je les ai
rencontrés dernièrement, lors de mon passage dans cette ville
nordique.
M. le Président, si je reviens à la Coalition des
résidents et résidentes de Schefferville et si on reprend
quelques considérants - je n'ai pas l'intention de les reprendre tous et
chacun - se rapportant à la pétition elle-même,
j'espère que les membres du gouvernement vont comprendre
l'intérêt fondamental que porte cette coalition quant à son
avenir et quant à l'avenir de sa ville. Si je m'attache au
considérant A qui dit que le gouvernement du Québec a pris la
décision de fermer la section blanche de la ville de Schefferville sans
consultation avec la population, c'est que ces derniers, c'est-à-dire
les membres de la coalition, de par le mandat qui a été
donné par les signataires de la pétition, sont très clairs
sur la question de consultation. Lorsqu'on parle de consultation, cette
dernière fut effectuée par des représentants du
gouvernement au niveau administratif seulement et ces représentants
administratifs n'ont pas rencontré l'ensemble de la population avant que
la décision soit annoncée par le biais d'un journal anglophone ou
encore avant que le ministre ait déposé son projet de loi 67
à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire la Loi concernant la
ville de Schefferville.
De plus, si on prend le deuxième considérant, le
considérant B, ce sont ces gens, les signataires de la pétition,
qui ont confirmé par la pétition elle-même que le
gouvernement du Québec n'a consulté que certains membres du
conseil municipal en vue d'en arriver à une telle décision. Je
tiens pour acquis que, lorsque des gens de bonne foi signent une telle
pétition, je me dois aussi, de bonne foi, de les représenter
à l'Assemblée nationale, surtout à la suite d'une
décision radicale et unilatérale prise par le gouvernement
libéral élu le 2 décembre dernier.
Je continue plus loin. À l'élément D, on dit dans
le considérant que le gouvernement n'a déposé aucun
document se rapportant a la réduction des dépenses municipales
comme le rétrécissement du tissu urbain, l'abolition du corps de
police et la diminution des coûts administratifs de la ville de
Schefferville. Nul doute que ces personnes qui, en majorité, se rendent
à presque toutes les assemblées du conseil municipal, ont
trouvé vraiment curieux, par exemple, ce qui s'est passé au cours
du mois de janvier, vers la mi-janvier, lorsque le conseil municipal, avec tous
les problèmes administratifs et financiers que comportait la ville de
Schefferville, a décidé de se voter une augmentation de 10 %. Le
maire a actuellement un salaire de 26 400 $.
Une voix: De Schefferville?
M. Perron: À Schefferville. Et il venait d'obtenir une
augmentation, à compter du 1er janvier, de l'ordre de 2400 $.
Une voix: II a 26 000 $?
M. Perron: II avait 24 000 $ antérieurement et il est
rendu à 26 400 $.
M. Dufour: J'aimerais que vous...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Duplessis.
M. Perron: Ce n'est pas le seul facteur qui a fait en sorte que
les pétitions que j'ai mentionnées tantôt... J'en ai
reçu une autre, en passant, aujourd'hui. Elle vient des jeunes. J'aurai
l'occasion, d'ici la fin du débat, de discuter de cette question des
jeunes. Elle vient surtout des natifs, des 44 personnes dont je parlais tout
à l'heure. Je pense qu'il serait important que chaque membre du Parti
libéral en face de nous regarde attentivement la pétition que je
suis en train de décortiquer - si vous en voulez une copie, je peux vous
en donner une, il n'y a aucun problème là - la pétition de
mars et d'avril 1985, ainsi que la pétition qui vient de m'être
transmise et que j'ai reçue en date d'aujourd'hui, c'est-à-dire
le 13 juin 1986, qui vient des travailleurs et travailleuses de Schefferville,
les jeunes.
Comme j'aurai l'occasion d'en parler ultérieurement, je vais m'en
tenir à la pétition qui a été déposée
à l'Assemblée nationale. Lorsqu'on dit, par exemple, dans la
pétition, à l'élément E, que la population n'est
pas informée concrètement du rôle d'évaluation qui
sera choisi pour indemniser les propriétaires résidents et non
résidents, je voudrais vous expliquer et expliquer à chaque
membre de cette commission que, le 1er janvier 1982, un rôle
d'évaluation a été mis en application. Lorsque la
minière IOC a annoncé sa fermeture, le 3 novembre 1982, vous
comprendrez qu'à ce moment le rôle d'évaluation au plan
commercial s'est mis à chuter, mais le rôle est demeuré le
même au cours des années qui ont suivi.
En juillet 1985, la ville a décidé, de par la loi, de
procéder à un nouveau rôle d'évaluation, mais, comme
les résidents et les résidentes de Schefferville qui sont
propriétaires et qui demeurent là... D'autres sont toujours
propriétaires, mais ils sont partis à l'extérieur; ils
demeurent sur la Côte-Sud, dans la région de Québec, dans
la région de Montréal ou encore dans la région de
Sept-Îles ou de Port-Cartier, ils sont toujours propriétaires. Ces
gens se demandent aussi de quelle façon ils seront indemnisés.
Est-ce que ce sera en fonction du rôle d'évaluation de 1982?
Est-ce que ce sera en fonction du rôle d'évaluation de 1985,
lorsqu'ils ont payé leurs taxes, pour ceux et celles qui les ont
payées? C'est vrai qu'il y en a qui ont des taxes foncières
à payer. Il y en a qui ne les ont pas payées. Il y en a d'autres
qui les ont payées, pourtant.
Il y a le nouveau rôle qui est arrivé. Je peux vous en
donner les plus beaux exemples. Je vais vous donner l'exemple suivant: Un
entrepreneur de Schefferville a vu son entreprise évaluée
à 134 000 $. Avec le nouveau rôle qui a été
confectionné, à la suite de la décision de juillet de l'an
dernier, c'est-à-dire le rôle de 1986, ses
propriétés tombent à 22 000 $.
Ces gens ne savent pas de quelle façon ils seront
indemnisés, de quel rôle on se servira. J'aimerais bien que le
ministre puisse répondre à cette question au cours de nos
débats. Lorsqu'on voit une autre entreprise dans l'hôtellerie dont
le rôle d'évaluation est de 566 000 $ tomber à 79 000 $,
imaginez-vous ce que cela peut comporter! Commercialement parlant, cette
même entreprise a des valeurs d'environ 1 400 000 $, directement à
Schefferville.
Regardez, par exemple, le cas des propriétés des
pourvoyeurs qui sont propriétaires de résidences pour accommoder
les chasseurs, parce que l'hôtel n'est pas assez grand pour accommoder
tous les chasseurs, même s'il est en même temps pourvoyeur. Comment
cette pourvoirie qui est propriétaire d'unités de logements
près de l'aéroport de Schefferville sera-t-elle
indemnisée?
Ce sont toutes ces questions que se posent les gens de Schefferville,
incluant les membres de la coalition. Ce n'est pas pour rien qu'on voudrait
entendre les représentants de la Coalition des résidents et des
résidentes de Schefferville. Lorsqu'on remonte plus loin, jusqu'en 1983,
il y avait une évaluation des demandes formelles faites à
l'ancien gouvernement, j'en conviens, en rapport avec la décision prise
à ce moment par IOC de fermer ses installations minières. Les
demandes qui avaient été faites dans le temps - le dossier de
Gagnon n'avait pas été réglé - ont
été effectivement refusées par l'ancien gouvernement. Les
gens qui sont partis à cause du rôle d'évaluation et qui
ont fait faillite, etc., n'ont pas été remboursés, c'est
vrai, je le concède, j'en conviens, mais vous pouvez être
assurés d'une chose: Lorsque la question de la ville de Gagnon est
arrivée, l'expérience de la demi-fermeture de Schefferville m'a
permis d'aider énormément la population de Gagnon à
obtenir gain de cause dans la majorité des cas qui nous touchent
actuellement dans la question de Schefferville.
Je peux vous assurer que je connais le dossier de Gagnon à fond
et je vais faire tout en mon pouvoir pour aider la population de Schefferville
à arriver à avoir gain de cause. Lorsque Mme la
députée de Oorion disait que les gens de Schefferville seraient
indemnisés en fonction des indemnisations qui avaient été
données à Gagnon, je suis parfaitement d'accord avec elle pour
ceux et celles qui veulent partir. Mais que fera-t-on de ceux et de celles qui
veulent rester? La coalition s'est également engagée à
défendre le dossier de ceux et de celles qui veulent rester.
Lorsqu'on va plus loin dans les
considérants et qu'on parle des services essentiels, il y a
beaucoup de gens qui sont portés à penser aux services essentiels
pour les Blancs de Schefferville. Or, il ne faut pas oublier que les services
essentiels sont actuellement donnés par les Blancs à
Schefferville mais qu'il y a également une population de Métis,
une population de Naskapis, une population mpntagnaise qui
bénéficient des programmes de services essentiels, autant dans le
domaine de la santé que dans le domaine de l'éducation.
Encore là, même les Montagnais et les Naskapis - ils ne
sont pas membres de la coalition, en passant - que la coalition a
invités à être membres, sont intéressés
à savoir exactement ce qui se passe dans le fond. Lorsque j'ai appris,
cet après-midi, au représentant des Naskapis, le gérant
général des Naskapis, M. Paul Wilkinson, que M. Arsenault
connaît sûrement, qu'il n'y avait pas de commission parlementaire
en rapport avec le projet de loi 67, il a été très surpris
de cela. Il s'attendait à ce qu'il y en ait une. Il m'a posé la
question: À quand, la commission parlementaire? Lorsque je lui ai
répondu qu'il n'y avait pas de commission parlementaire jusqu'à
maintenant, c'était toute la surprise du monde pour lui.
C'est la même chose en ce qui concerne les Montagnais. Je peux
vous dire que chez les Montagnais, il y a quelques problèmes qui se
glissent actuellement. Je le concéderais au ministre s'il voulait me
dire exactement la même chose. Les Montagnais sont actuellement en
élections è Schefferville. Comme il y a des élections au
niveau du conseil de bande, ni l'un ni l'autre des groupes qui
présentent des candidats à la chefferie du conseil de bande ne
veut se prononcer en rapport avec l'avenir de Schefferville. Mais la population
elle-même veut tout de même entendre...
M. Bourbeau: Est-ce que le député de Duplessis est
candidat?
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Duplessis.
M. Perron: Non. Je suis déjà élu, M. le
Président, jusqu'aux prochaines élections et j'entends y rester
pour faire mon travail de député, comme d'ailleurs je sais
très bien que le ministre des Affaires municipales va faire son travail
de député dans son comté autant que son travail de
ministre. On n'est pas toujours d'accord avec lui, mais il reste qu'il arrive
des fois où on est d'accord.
Sur cette question de la loi 67, sur cette question de la Coalition des
résidents et résidentes de Schefferville, M. le Président,
je sais que vous attendiez que je revienne à la pertinence du
débat, je peux vous assurer que je suis très inquiet quant
à la décision qui sera prise par les membres du
Parti libéral en rapport avec ce sous-amendement que j'ai
présenté. Bien sûr, il y a toute la question de la chasse
et de la pêche. La pêche au saumon, la pêche à la
truite, le "char" (le saumon de l'Arctique) ainsi que la chasse au caribou, qui
intéresse énormément les résidents et les
résidentes de Schefferville. Il y a peut-être des gens ici qui ne
sont pas informés. Mais je vais informer les membres de cette commission
que depuis plusieurs années les résidents et les
résidentes de Schefferville ont des droits acquis depuis le printemps
1976 selon lesquels chaque résident majeur avait le droit à un
caribou, a droit aujourd'hui à deux caribous par année pour
pouvoir se nourrir.
La même chose, même un peu moins, que les autochtones
actuellement. Pour les autochtones ce n'est pas une loi, c'est la loi de la
nature pour eux. Ces résidents qui veulent demeurer à
Schefferville et qui vont rester è Schefferville se demandent ce qui va
arriver en rapport avec cela. Ceux et celles qui doivent partir à cause
de ce droit acquis se demandent aussi s'ils vont pouvoir retourner à
Schefferville et garder ce droit acquis. Ce serait à vous, les membres
du gouvernement, de les informer sur cette question et en particulier le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Je veux bien comprendre
qu'il y a peut-être quelques membres du Parti libéral qui se sont
rendus à Schefferville, qui ont déjà vu cela, le ministre
en parlait tout à l'heure, mais j'inviterais le ministre, au moins en ce
qui le concerne, puisque c'est lui qui parraine cette loi, d'y aller
lui-même, ou d'envoyer un des membres de son cabinet. Son adjoint
parlementaire pourrait y aller. Je parle au niveau politique. M. Arsenault est
un administrateur, il ne travaille pas au niveau politique. Les gens qu'ils
veulent rencontrer là-bas, ce sont les gens qui décident; qui
décident, c'est vrai, en fonction de recommandations de fonctionnaires
du gouvernement du Québec et c'est normal, mais le pouvoir politique
n'est pas obligé d'accepter toutes les recommandations que les
fonctionnaires font. Dans ce cas-là, je pense que c'est ce qui est
arrivé.
M. le Président, si on se donne la peine, de l'autre
côté, si les gens d'en face se donnent la peine de regarder
attentivement chacun des considérants de cette pétition, vous
allez comprendre pourquoi, en date du 17 mai dernier - cela ne fait pas
longtemps, cela ne fait pas un mois - les gens qui avaient appris par les
journaux, la radio ou la télévision qu'un projet de loi avait
été déposé à l'Assemblée nationale,
Us veulent connaître le pour et le contre avant de prendre la
décision de partir ou de rester. Ils veulent savoir exactement à
quoi s'en tenir avant de prendre la décision. Je l'ai dit tout à
l'heure, il y en a qui veulent partir, il y en a qui veulent rester. Qu'est-ce
qu'on
fera exactement pour ceux et celles qui veulent partir? Qu'est-ce qu'on
fera exactement pour ceux et celles qui veulent rester? Il y a un
commerçant de Schefferville qui est membre même du conseil
d'administration. C'est une des raisons pour laquelle on veut l'entendre.
Il y a 20 organismes qui sont représentés dans la
coalition. Les natifs, les marchands, c'est-à-dire les
commerçants, les pourvoyeurs, les syndicats, les femmes, etc. Je pense
que cela vaut la peine qu'on les écoute. Cela vaut la peine que cette
commission parlementaire démontre de l'intérêt pour ces
gens en les faisant venir ici à Québec. On ne demande pas que la
commission aille là-bas. Ils sont prêts à venir ici. Qu'ils
viennent ici, à Québec, pour se faire entendre, pour expliquer
leur position et se faire entendre du gouvernement sur chacun des points qui
les inquiètent. (21 heures)
Je peux vous assurer que, connaissant très bien le dossier de la
ville de Gagnon et ce que la population a vécu comme incertitude avant
la décision des actionnaires qui a été endossée par
le gouvernement, je sais dans quelle position se trouvent ces hommes et ces
femmes de Schefferville, ces familles de Schefferville. Je ne dis pas cela pour
faire du bla-bla, je dis cela pour vous expliquer combien il est
nécessaire que, comme êtres humains nous-mêmes, on
écoute d'autres êtres humains qui veulent nous parler, qui veulent
savoir, sur le fond, de quelle façon le gouvernement du Québec va
les traiter.
Si vous me le permettez, M. le Président, je vais terminer sur
cette motion, quitte à reprendre le temps qu'il me reste, je crois, la
prochaine fois. On me dit que non. Alors, je ne le reprendrai pas, M. le
Président. On aura autre chose à dire à ce
moment-là.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Perron: Je respecte votre décision, M. le
Président. Vous avez marqué un point.
En terminant, M. le Président, je voudrais inviter aussi les
membres du gouvernement à regarder attentivement les revendications, les
six revendications qui sont faites de leur part, qui viennent des signataires
de la pétition, pétition qui, soit dit en passant, a
été endossée unanimement à l'assemblée
publique qui a été tenue à Schefferville. Que je sache, ni
l'un ni l'une d'entre vous n'avez tenu d'assemblée publique à
Schefferville. Je l'ai fait. Ni l'un ni l'autre d'entre vous n'avez tenu, comme
politiciens... Je parle de politiciens...
Une voix: On le fait dans nos comtés. M. Perron: Oui, mais
vous êtes impliqués dans le dossier. On le fait dans nos
comtés, écoutez... Il y a moyen, et je l'ai fait avec des
ministres de l'ancien gouvernement, je suis allé rencontrer des gens
à l'extérieur de leurs comtés respectifs. Vous êtes
capables de faire cela exactement. Vous êtes capables d'aller rencontrer
les gens de la coalition pour discuter avec eux, les hommes et les femmes de
cette coalition. Vous êtes capables de vous rendre là et de le
faire. Mais, comme vous ne voulez pas le faire, ayez au moins la
responsabilité nécessaire comme politiciens et politiciennes
d'accepter le sous-amendement qu'on vient de proposer. Si vous ne voulez pas
accepter que les membres du conseil municipal viennent ici, au moins, acceptez
cela, parce que ce sont les gens qui sont vraiment intéressés. Ce
n'est pas le conseil municipal, ce sont surtout ces gens-là qui sont
intéressés parce que ce sont eux qui vivent dans le milieu, ce
sont eux qui sont des natifs.
J'invite encore une fois et, de grâce, j'invite
l'Opposition...
Une voix: Le gouvernement.
M. Perron: Non, l'Opposition, à maintenir les positions
qu'elle a actuellement et j'invite aussi les membres du gouvernement à
faire en sorte que les choses se fassent dans le respect de chacun et chacune.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Duplessis. La raison pour laquelle j'ai fait non d'un
signe de tête, M. le député de Duplessis, c'est strictement
en vertu de l'article 209 qui dit qu'un député peut s'exprimer
une seule fois sur une même question.
M. Perron: Parfait, M. le Président!
Le Président (M. Saint-Roch): Je voulais simplement
clarifier.
M. Perron: D'ailleurs, j'ai respecté votre
décision, et même votre signe de tête qui ne paraissait pas
au Journal des débats.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous en remercie, M. le
député de Duplessis. M. le député...
Une voix: ...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le sous-ministre, sur
l'amendement.
Des voix: M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
Des voix: Ha! Ha!
M. Bourbeau: M. le Président, vous venez de me donner une
promotion.
M. le Président, le député de Duplessis vient de
proposer un amendement à la...
M. Perron: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait une minute?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député...
M. Perron: Pour des raisons personnelles que le ministre
connaît, je voudrais aviser les membres de la commission que je dois
prendre l'avion à 22 h 55 pour retourner à Sept-îles, et
ce, pour une raison personnelle que le ministre connaît.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Duplessis, nous vous souhaitons un bon voyage et une bonne fin de semaine.
M. Perron: Il y en a qui vont être contents que je parte,
M. le Président.
M. Bourbeau: M. le Président.
Une voix: Mais non, on va s'ennuyer.
M. Bourbeau: Le député de Duplessis...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...peut faire confiance au député de
Terrebonne qui est ici et au député de Jonquière.
M. Blais: Et à vous-même.
M. Bourbeau: Je suis convaincu qu'ils vont remplir le temps
jusqu'à minuit sans aucun problème.
M. Blais: Mais on est persuadé que... Une voix:
Jusqu'à 22 h 30.
Le Président (M. Saint-Roch): Jusqu'à 22 h 30, M.
le ministre.
M. Bourbeau: Jusqu'à 22 h 30. Ah bon!
M. Blais: ...quand ils vont vous voir arriver, ils vont
être encore plus contents que ceux qui vous voient partir.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Ils n'auront aucune difficulté à aller
d'amendements en sous-amendements et faire en sorte qu'à 22 h 30, M. le
Président, à l'ajournement, nous n'ayons pas encore
commencé l'étude de l'article 1 du projet de loi. Mais j'ai
confiance quand même que l'Opposition va, finalement, se ranger à
nos opinions et finir par comprendre, si jamais elle peut écouter un peu
nos arguments, l'importance d'adopter le projet de loi concernant la ville de
Schefferville, projet de loi qui fait en sorte de permettre au gouvernement de
régler un problème épineux vieux de quatre ans et qui date
d'une époque où le gouvernement n'était pas celui du
gouvernement du Parti libéral, mais bien du gouvernement du Parti
québécois. M. le Président, on nous demande de rencontrer
des gens d'une coalition. Il faut se demander qui ils sont, ces gens, et ce
qu'ils veulent. On prétend qu'il y a, dans cette coalition des gens de
Schefferville, qui formeraient 80 % de la population et que cette coalition
serait donc plus représentative des citoyens que le conseil municipal
qui, également, doit être consulté et qu'on nous demande
également de rencontrer en vertu de l'amendement. Nous avons donc une
motion de forme qui demande de rencontrer les membres du conseil municipal et
un amendement qui nous demande de rencontrer une coalition de citoyens qui,
semble-t-il, serait également représentative des contribuables de
Schefferville, des citoyens de Schefferville.
M. le Président, quant à mot, c'est un peu la même
chose, la motion et l'amendement puisque, dans les deux cas, ils nous demandent
de rencontrer des gens qui représentent les citoyens de Schefferville.
Ce qu'il faut se demander, c'est: Y a-t-il vraiment lieu de renconter les deux?
Si on rencontrait, par exemple, le conseil municipal, cela ne serait-il pas
suffisant? Je serais porté à dire oui, mais le
député de Duplessis nous a fait une démonstration
éloquente selon laquelle le conseil municipal, selon lui, n'avait pas la
compétence voulue et même la légitimité voulue. Il a
même disqualifié le conseil municipal par ses propros,
M. le Président, je me dis que, si le conseil municipal est
disqualifié par les propos du député de Duplessis,
à plus forte raison une coalition qui n'a même pas la
légitimité, qui n'a pas été démocratiquement
élue. D'ailleurs, je regrette que le député de Duplessis
ne soit plus ici parce que j'aurais aimé lui dire que je
soupçonne fortement que l'âme dirigeante de la coalition soit
justement le député de Duplessis.
Enfin, M. le Président, je pense que ta population de
Schefferville a été amplement consultée. Je pense que
c'est le point important qu'on doit retenir de ces deux motions. Ces motions
visent à faire en sorte d'élargir la consultation si cela est
possible. Or, M. le Président, qu'y a-t-il eu comme consultation au
sujet du dossier de Schefferville? J'aimerais faire état des
consultations qui ont eu lieu.
Au cours de la dernière année, de nombreuses rencontres se
sont tenues entre des représentants du ministère des Affaires
muncipales et le conseil municipal formé du maire et des quatre
conseillers. Au cours de l'été 1985, du printemps 1985, de
l'automne, de nombreuses rencontres ont eu lieu entre le conseil municipal et
des représentants du ministère des Affaires municipales. Dans la
plupart de ces rencontres, presque tous les membres du conseil municipal
étaient présents. À quelques reprises, il y a eu des
exceptions.
M. le Président, lors de la première semaine de
décembre, tout le conseil municipal a rencontré le sous-ministre
associé au ministère des Affaires municipales en charge du
dossier. Subséquemment, de nombreuses rencontres ont eu lieu
régulièrement avec M. Jacques Belleau, un fonctionnaire du
ministère des Affaires municipales, qui a rencontré des
fonctionnaires de la ville de Schefferville et les membres du conseil
municipal. Au mois de mars, le ministre des Affaires municipales a
rencontré, avec des hauts fonctionnaires, le maire de Schefferville, ici
même, à Québec. Subséquemment, des
représentants des citoyens - enfin qui se prétendaient
représenter les citoyens - et qui représentaient également
l'association des pourvoyeurs sont venus au ministère et ont
rencontré le sous-ministre adjoint et des membres de mon cabinet
politique. Vous comprendrez, M. le Président, que c'est toujours
difficile de savoir si les gens qui se présentent sont vraiment les gens
les plus représentatifs. Quand quelqu'un se présente et
prétend représenter les citoyens, on tient pour acquis que son
mandat est véridique, mais, en dehors du conseil municipal, il n'y a
personne qui représente les citoyens d'une façon absolument
légale et démocratique. C'est pour cela que j'ai toujours, quant
à moi, prétendu que je préférais traiter avec un
conseil municipal démocratiquement élu plutôt qu'avec des
gens qui prétendent représenter les citoyens. En tant qu'ancien
maire - et je sais que les anciens maires ici présents auront
probablement eu les mêmes expériences - on voit toujours dans les
assemblées de conseils municipaux des gens se lever, qui
prétendent parler au nom des citoyens. J'en ai vu plusieurs dans les
assemblées de conseil municipal et lors de la période de
questions à la fin des assemblées de conseil municipal, des gens
qui se lèvent et qui disent: Je représente les citoyens. Parfois
ils sont seuls, parfois ils sont quelques-uns et on se demande toujours
exactement quelle est l'importance de cette représentation et combien de
citoyens ces gens-là représentent en fait.
M. le Président, le 12 mai, le conseil municipal au complet a
rencontré le sous-ministre adjoint aux Affaires municipales qui a
informé le conseil municipal qui l'a renseigné. Le soir du 12
mai, la population de Schefferville a été convoquée
à une assemblée où, encore là, le sous-ministre
adjoint a répondu à toutes les questions et donné toutes
les informations qui ont été requises de la part de la population
de Schefferville. Le 13 mai, le sous-ministre adjoint en charge du dossier au
ministère a rencontré les membres des conseils de bande des
Naskapis et des Montagnais. J'ai parlé, lors de mon allocution sur
l'adoption du principe, d'autres consultations qui ont eu lieu avec d'autres
intervenants dans le dossier, notamment les représentants de la
compagnie Iron Ore, les représentants du gouvernement
fédéral. Bref, M. le Président, je pense qu'il y a eu dans
le dossier de Schefferville beaucoup de consultations, quoi qu'en pensent
certains auteurs. Dans son allocution, le député tout à
l'heure a fait état de la population et s'est fait le défenseur
des jeunes. J'ai ici des statistiques qui émanent du ministère de
l'Éducation du Québec, direction générale de la
Côte-Nord où on fait état de la clientèle des
jeunes. Je vais vous donner quelques statistiques: au niveau primaire; il y a
actuellement à Schefferville chez les francophones entre huit et douze
jeunes qui fréquentent les écoles primaires et chez les
anglophones entre cinq et dix. On m'a dit également qu'il y a des
élèves qui fréquentent les écoles
secondaires...
M. Blais: ...
M. Bourbeau: C'est parce que c'est entre. Je présume que
pour l'Opposition cela va être dix et pour le parti gouvernemental cela
va être cinq. D'après les documents que j'ai ici, on m'indique que
le fait que le nombre ne soit pas très précis, soit entre huit et
douze et entre cinq et dix, c'est que cela peut varier selon les années,
les arrivées et les départs des familles, les statistiques prises
en début et en fin d'année. Je n'ai pas les statistiques pour le
niveau secondaire parce qu'il n'y a pas d'école secondaire à
Schefferville et les étudiants doivent étudier en dehors. Il y a
lieu de penser que les chiffres doivent être à peu près
semblables. On ne parle donc pas de population énorme et de
déplacements qui pourraient affecter des centaines et des centaines de
jeunes.
Pourquoi le gouvernement tient-il à adopter maintenant le projet
de loi sur la ville de Schefferville? Si nous nous rendions à la demande
de l'Opposition de convoquer soit la supposée coalition dont on parle ou
le conseil municipal, cela veut dire que ces gens devraient être entendus
au cours de la semaine qui vient, la semaine prochaine. Or, M. le
Président, vous savez que l'Assemblée nationale doit terminer ses
travaux à la fin de la semaine prochaine et tout le monde
sait que si nous devions retarder l'étude du projet de loi
jusqu'à une date qui serait subséquente à la rencontre que
nous pourrions avoir avec ces groupes, à toutes fins utiles, cela
voudrait dire le report de l'adoption du projet de loi à l'automne. Le
report de l'adoption du projet de loi à l'automne signifie, à
toutes fins utiles, que toute l'opération relative à
Schefferville devrait être remise d'une année parce qu'il serait
très difficile d'enclencher le processus d'acquisition des maisons et de
déménagement des citoyens à l'automne. Je peux vous dire,
pour avoir moi-même travaillé à Schefferville il y a
quelques années, qu'à partir du mois de septembre, c'est
déjà l'hiver qui s'installe. Je me souviens très bien
d'une tempête de neige le 4 août de l'année où j'ai
travaillé à Schefferville.
M. Blais: II y avait de la neige en quatre roues?
M. Bourbeau: Le 4 août.
M. Blais: La fête des cultivateurs.
M. Bourbeau: Pas le quatre roues, le 4 août.
M. Blais; 4 août, c'est la fête des cultivateurs.
M. Bourbeau: Oui, le 4 août, si on a des tempêtes de
neige au début du mois d'août, M. le Président, c'est bien
évident que toute l'opération Schefferville serait
déplacée ou reportée d'une année, ce qui ferait
peut-être l'affaire des députés de l'Opposition mais qui
coûterait au gouvernement des sommes importantes. Pour toutes ces
raisons, bien que nous ayons beaucoup de sympathie pour la thèse
soutenue par te député de Duplessis, nous pensons que la
coalition, les citoyens de Schefferville, le conseil municipal ont
été amplement entendus et consultés par le gouvernement et
qu'en définitive, le temps de réfléchir est terminé
et il faut maintenant passer aux actes. C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, je souhaiterais que la commission parlementaire rejette,
évidemment, l'amendement du député de Duplessis, rejette
également la motion, et qu'enfin elle puisse s'attaquer à
l'article 1 du projet de loi sur la ville de Schefferville. (21 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne, sur l'amendement.
M. Blais: Exact.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous avez la parole, M. le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, je n'ai jamais vu, quelles que
soient les qualités d'un directeur, d'un ministre ou d'un
supérieur, quelqu'un avoir une espèce de science infuse, comme
une espèce de don. On doit consulter, rencontrer et voir pour se faire
conseiller, orienter, prendre des décisions. Personne n'a un don. Vous
êtes peut-être digne d'un don...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: ...mais je suis persuadé que vous n'avez pas de
don plus que d'autres. C'est pour cela que j'aimerais beaucoup que vous
acceptiez que nous rencontrions la coalition. Il y a, vous me dites, des
Français, des Anglais, c'est à peu près réparti
égal. Eh bien, à l'heure qu'il est là, comme on dirait
cyniquement, voici venir la noirceur, "here comes the black nun"...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Terrebonne.
M. Blais: ...malgré que la noirceur vienne, j'ai
essayé de tenter de vous éclairer pour vous dire que personne, en
fait, n'a un don. Et si on n'a pas de don dans la vie, bien, il faut demander
à d'autres de venir nous éclairer. Voilà!
Alors, je suis pour cette motion apportée par mes deux
confrères - un en motion principale, l'autre en motion d'amendement. Je
ne reviendrai pas sur les dires de mon étudiant de tout à
l'heure, bien sûr; mais vous dites que le député de
Duplessis met presque en doute la légitimité du conseil
municipale II a peut-être eu des paroles douteuses, mais, vous, vous
dites d'un air assez curieux: Mais, cette coalition, qui sont-ils? Sont-ce des
gens du Québec? Sont-ce des Québécois? Certainement que ce
sont des Québécois qui habitent un territoire un peu plus
éloigné, mais s'ils arrivent ici, ces gens-là, nous allons
les regarder arriver. Il ne faudrait pas qu'ils disent, en nous regardant:
D'où sors-je? Qu'entends-je? Qu'audié-je? Il faudrait que, ces
gens-là, nous les recevions, nous les accueillions avec toute la
décence qui est due à des gens qui viennent du Nord. Ces gens du
Nord, comme je le disais tantôt, qui ont sacrifié beaucoup pour
que les gens du Sud vivent mieux, je crois que c'est nous qui avons dans nos
mains le sort de leur ville. Nous devrions les recevoir, les entendre; pas
juste les entendre, les comprendre et les écouter. Parce qu'entendre,
c'est si simplel Quand la cloche sonne au clocher du village, bien sûr,
certaines personnes l'entendent. Mais qui l'écoute vraiment pour devenir
le coeur
contrit?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: Très peu de gensi Ces gens, qui entendent, ne
comprennent pas tous le message. J'aimerais beaucoup que ces gens de la
coalition viennent. Ils pourraient même amener avec eux quelques caribous
vivants qui seraient des chefs de file du troupeau, que vous pourriez exercer
à traverser les barrages sans tomber à l'eau. Cela ferait une
création d'emplois! Je suis persuadé que l'idée, M. le
ministre, vous la trouvez bonne. J'en parlais à l'entracte avec vous,
vous m'avez dit que vous trouviez que c'était une très bonne
idée et que vous aviez même un chef qui fait des recettes au cari.
Il nous a dit qu'il ne pouvait pas le manger quand le cari était trop
chaud. Quand le cari bout, il ne le mange pas. Il attend qu'il soit un peu
moins chaud parce que cela brûle la langue. La recette est une recette
qui pourrait attirer beaucoup de touristes, parce que c'est une viande
délectable. Tout le monde sait que le cari, c'est bien connu, le poulet
au cari - non pas dans le sens de policier - est très savoureux et
beaucoup apprécié des gens du Nord.
Personnellement, j'ai l'impression que vous devriez recevoir cette
coalition; elle vous éclairerait, M. le ministre. Je vous vois l'oreille
tendue, le crayon alerte, l'oeil vif, tout prêt à recevoir les
conseils de ces gens. Il s'agit de leur payer leur passage, M. le ministre,
tout simplement. On devrait le faire. Il y a des gens qui prennent cela de
façon un peu hilarante, les phrases de demandes, les suppliques que je
vous fais. Il y en a qui le prennent avec une certaine hilarité. Ce
n'est pas de cette façon, je crois, que nous allons mutuellement nous
renseigner pour que les gens concernés par ce projet de loi soient
traités de la façon dont ils doivent l'être.
Nous crayons, de notre côté, que ce projet de loi, à
cause des conséquences négatives qu'il amène à la
population nordique, n'est pas assez positif pour ces gens que nous
déracinons. Encore faut-il que nous connaissions ce que c'est que des
racines. Il faut avoir, à l'intérieur de soi, dans ses tripes,
des racines vivaces pour connaître les conséquences d'un
déracinement éventuel ou présumé. Cela n'est pas
encore fait, la date n'est pas encore déterminée. Cela peut
être en l'an 2500; on ne sait pas encore, ce n'est pas encore
écrit. C'est peut-être juste une frime du ministre pour,
justement, se faire éclairer sur des positions qui devraient être
prises, on ne sait dans quelle décennie. Que les gens qui nous entendent
croient, par exemple, que cela se fasse dans dix ans, je pense que cela va se
faire plus vite que cela. Il faudrait absolument, à ce moment-là,
M. le ministre...
M. le ministre, je vous vois prendre des notes, encore.
M. Bourbeau: C'est pour ma réplique.
M. Blais: Dans ces notes, j'espère que vous tenez bonne
note des notes que vous prenez quand je vous dis de noter parce que mon
discours est dans la note. J'aimerais bien, M. le ministre, que vous envisagiez
de recevoir ces gens et de leur poser plusieurs questions considérant...
J'espère que, avec eux, ils n'auront pas une personne qui, à
toutes les trente ou quarante secondes, sortira un son, une histoire
d'onomatopée: comme? ou quoi? ou qui? ou comment? ou pourquoi? Vous
savez, il y a des gens, on dirait, qu'ils ne parlent qu'en onomatopées.
Je ne sais pas si ce sont des gens qui...
Une voix: À quoi qui?
M. Blais: Vous entendez, il y a de3 ouistitis ou il y a des "sac
à qui", je ne sais pas quoi, en tout cas.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Terrebonne.
M. Blais: C'est ce que je voulais vous dire... toujours des
onomatopées qui arrivent. Pardon? Expliquer ce que c'est qu'une
onomatopée? Ce sont des sons qui ressemblent à des bruits
caverneux. Ce sont des bruits caverneux qui ressemblent à des sons. Au
lieu de dire "un rapport", par exemple, on dit: Le son du porc par l'auteur, au
lieu de dire un rot. De la façon dont les onomatopées me
frappent, depuis quelque temps, venant de vous, il me semble toujours que c'est
un son de cette façon.
M. le ministre, j'aimerais beaucoup que vous fassiez venir ces gens
parce qu'ils méritent d'être entendus. Je suis persuadé que
vous aimeriez beaucoup être renseigné. Tout renseignement,
d'où qu'il vienne, est, pour chacun d'entre nous, une façon de
faire son bagage intellectuel et quand vient le temps de l'exposer en public,
plus son bagage est plein plus il est facile de déballer son sac. Je
suis persuadé que vous voulez que votre sac soit le plus plein possible,
parce que dans trois ans, lorsque l'élection arrivera, vous aimeriez
bien qu'il sait très beau à présenter à la
population. Sur cela, M. le Président, je remets la parole à qui
de droit.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Terrebonne. M. le député de
Jonquière.
M. Francis Dufour M. Dufour: M. le Président,
j'écoutais...
Le Président (M. Saint-Roch): Sur l'amendement, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, oui. Bien sûr. J'ai écouté
avec attention les propos du ministre des Affaires municipales...
M. Bourbeau: Vous n'avez pas écouté le
député de Terrebonne?
M. Dufour: Vous avez demandé qu'on vous écoute
d'une façon très attentive; donc je l'ai fait. Je vous ai
écouté, M. le ministre. Je vais vous démontrer que non
seulement je vous ai écouté mais je vais vous dire pourquoi je ne
peux partager votre idée. Je pense que vous devriez le comprendre assez
facilement.
Vous nous avez dit à la fin de votre intervention: Vous savez, on
ne peut pas écouter ces gens parce qu'on les a assez consultés.
Il faut se rappeler que lorsqu'on parle de consultation, le parti actuellement
au pouvoir est chatouilleux sur la façon de consulter et surtout sur la
façon de ne pas consulter. Il faut se rappeler que ces gens, il n'y a
pas si longtemps, étaient dans l'Opposition. Ils ont vécu des
commissions parlementaires où ils ont discuté avec
différentes personnes: 200 heures pour une, 160 heures pour l'autre.
Lorsqu'on dit 200 heures, il n'y avait pas eu de motion d'arrêt de la
commission. A 160 heures, il y a eu une motion. On s'était
offusqué parce qu'on n'avait pas assez consulté; jamais assez
consulté. Lorsque l'Opposition actuelle demande une consultation
élargie, on dit: On ne devrait pas; cela va plus vite quand on fait cela
entre nous. C'est certain que les perspectives que le ministre nous montre par
ses consultations, elles n'ont pas la même valeur que des consultations
proposées et vues en commission parlementaire. Quant aux consultations
particulières que le ministre nous dit avoir eues avec les intervenants,
ce sont des consultations informelles où ces gens n'entrevoyaient aucune
ouverture pour leur avenir ou la survie de leur municipalité. J'imagine
que ces consultations ou ce qui a été fait entre le ministre et
certains intervenants, c'était: Comment pourraient-ils s'en sortir?
Qu'est-ce qui a été prévu pour eux? C'était
plutôt des questions qu'une méthode opérationnelle,
à savoir ce qu'il advient de nos besoins et comment se comportera notre
municipalité avec la fermeture de Schefferville.
C'est évident qu'il n'y a pas beaucoup de jeunes à
Schefferville. On ne prétend pas qu'il y ait 250 jeunes sur 250
personnes. C'est normal qu'il y ait huit à douze jeunes au primaire ou
cinq à dix, parce qu'on a vidé la municipalité de
Schefferville pour envoyer les gens à l'extérieur. On n'est pas
en montant, on est en descendant. Il ne nous apprend rien en disant qu'il n'y a
pas beaucoup de jeunes à Schefferville. Qu'on rencontre le maire en
privé, qu'on rencontre des représentants de citoyens, des
pourvoyeurs, encore là, toujours dans une perspective de fermeture, cela
n'apportera pas d'éléments nouveaux sur ce que nous demandons ou
ce sur quoi nous insistons, soit que les gens de Schefferville,
c'est-à-dire l'association ou la coalition, aient une commission
parlementaire pour venir nous présenter leurs doléances.
Il s'agit de regarder avec quelle minutie et quelle attention ces gens
ont préparé leur pétition présentée par leur
député à l'Assemblée nationale. Cette
pétition a été présentée à
l'Assemblée nationale d'une façon assez difficile parce que cela
avait fait sourire beaucoup de députés. Il demeure qu'on parlait
de la fermeture d'une municipalité. On parlait d'un problème
fondamental que tes gens avaient à vivre. Par cette pétition, la
population nous informe de quelle façon elle voudrait nous amener des
suggestions, des idées pour savoir ce qui pourrait advenir de
Schefferville, si on devrait la fermer. (21 h 30)
II y a des propositions intéressantes. Premièrement, un
moratoire de six mois, un moratoire où on peut explorer, analyser et
voir toutes les avenues. C'est important, à mon sens, d'avoir cette
perspective et une expérience que ces gens-là ont vécue.
C'est une bonne partie des citoyens qui font partie de la coalition, donc, ce
sont des gens qui ont eu le temps de réfléchir depuis cette
annonce ou depuis les difficultés que vit leur municipalité.
Il me semble que c'est important que l'on s'arrête et que l'on
réfléchisse là-dessus. C'est vrai ce que le ministre nous
disait tout à l'heure que pour certains, pour des maires et des
conseillers municipaux, beaucoup de personnes peuvent se prétendre
être les porte-parole officiels de leur municipalité. Par contre,
ce n'est pas tous les jours que l'on assiste à une fermeture d'une
municipalité. Même si un maire ou un ministre avait la
prétention de croire que ces gens-là ne représentent pas
l'ensemble de la population, le moins que l'on puisse dire, c'est que ces
gens-là représentent leur propre intérêt au moins,
s'ils ne représentent pas l'ensemble des intérêts de la
collectivité. Il faut toujours comprendre et admettre aussi que
l'ensemble des intérêts individuels finissent par être les
intérêts de la collectivité. Donc, s'il n'y a pas beaucoup
de monde à Schefferville et qu'il y a autant d'intervenants qui font
partie de cette coalition, il y a tout lieu de penser que l'ensemble de la
municipalité y est représenté et cela ajoute à la
première proposition que l'on a faite, à savoir que, oui, le
conseil devrait être rencontré.
Deuxièmement, on devrait rencontrer
l'association de la coalition pour que ces gens viennent nous
pèsenter- leurs doléances, leurs perspectives ou l'ouverture
qu'ils ont par rapport à leur municipalité. La deuxième
ouverture que ces gens-là nous proposent, c'est surtout une commission
parlementaire où ils pourront venir nous dire pourquoi ils veulent ou ne
veulent pas que leur municipalité ferme.
Qu'est-ce qui devrait être fait pour eux? Est-ce qu'on apensé, par exemple, faire des comités de reclassement pour le
travail? Que disent ces gens-là? On accepterait peut-être de
partir, à la condition qu'on ait un emploi ou une maison. Est-ce que le
gouvernement a mis tout en oeuvre pour situer ces gens-là dans le temps?
Cela n'est pas juste de dire: Vous ne perdrez pas d'argent. On vient de briser
l'avenir auquel ils croyaient. On les déplace, c'est la volonté
gouvernementale. Ne devrait-on pas les écouter pour savoir comment ils
voient cette perspective? Ces gens-là ont été
habitués de vivre dans le Nord et s'en viennent un peu plus vers la
civilisation. Donc, à ce moment-là, n'y aurait-il pas lieu de
leur demander ce qu'ils pensent de ces actions entreprises envers eux? Est-ce
que ce qui est si important... Je le pense aussi. On parle de prime de
séparation de ces gens-là. S'ils décident de s'en aller,
est-ce que ces primes de séparation vont être taxables? Il faut se
souvenir qu'en commission parlementaire il y a des députés de
l'Opposition du temps, qui actuellement sont au gouvernement et font partie du
gouvernement du Parti libéral, qui avaient dit à - ce
moment-là: II faudrait qu'il y ait des négociations
d'engagées avec le gouvernement fédéral pour que ces
primes de séparation ne soient pas amputées ou que l'impôt
les affecte le moins longtemps possible. On sait bien qu'avoir un montant
global, cela fait un impôt assez important qui peut être
pressuré. Donc, cela n'a pas été fait; on n'a pas
donné de réponse et le même gouvernement qui était
impatient et qui nous posait ces questions n'a pas donné suite,
justement, à ce questionnement qu'il avait pour les gens de
Schefferville. En ce temps-là, les gens de Schefferville étaient
intéressants parce qu'ils représentaient probablement un
élément dans la stratégie de prendre le pouvoir. Il faut
le dire carrément. Ils sont de moins en moins intéressants et on
les a laissés s'essouffler et s'asphyxier et, en même temps, il ne
nous reste plus qu'à faire le travail d'un fossoyeur, à fermer la
clé et à dire que c'est fini.
M. le Président, c'est comme cela qu'on est en train de vivre la
fermeture de Schefferville. On a oublié un élément
important et ce sont les citoyens. Est-ce une question de nombre? Est-ce un,
dix ou quinze? Je ne tomberai pas dans certains travers de ce qui se passe
actuellement. M. le Président, je demande toujours que vous mainteniez
l'ordre. En terminant mon exposé, je persiste à dire que
l'amendement devant vous permettrait, si le parti ou si le gouvernement qui est
au pouvoir l'acceptait, de rencontrer ces gens pour savoir ce qu'ils ont
à dire et de quelle façon ils voient leur avenir.
Motion de sous-amendement proposant d'entendre
l'AMMQ
En terminant, j'aurais un sous-amendement à la proposition qui
est devant nous. Ce sous-amendement a pour but toujours la consultation
particulière, en ajoutant les termes suivants: L'Association des mines
de métaux du Québec.
Une voix: Allez-vous répéter la manoeuvre cinquante
fois?
M. Dufour: Je ne le sais pas, si vous êtes
fatigués.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît:
M. Bourbeau: M. le Président, question de règlement
avant que vous ne preniez votre décision.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui.
M. Bourbeau: Je voudrais plaider sur la motion d'amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Nous serions d'accord pour accepter le
sous-amendement à la condition que le premier interlocuteur soit le
député de Terrebonne.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre. Je pense que
le règlement... À l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix: II y en a qui veulent se payer un "show"!
M. Dufour: Qu'il ne pense pas qu'on va se mettre à
genoux!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
Une voix: Lui, il est drôle au moins.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, je dois vous
rappeler que l'auteur a 30 minutes pour plaider le sous-amendement. Le
sous-amendement est recevable et je cède maintenant la parole au
député de Jonquière sur le sous-amendement.
M. Blais C'est cela.
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, lorsqu'on considère
pourquoi je fais ce sous-amendement, cela nous amène à regarder
vers le Nord, porte ouverte au développement économique. Je pense
que c'est une perspective qu'on s'est refusé, depuis le début,
à analyser d'une façon précise et d'une façon
pratique et surtout avec une vision d'avenir non seulement à court
terme, mais surtout à moyen et à long termes.
L'Association des mines de métaux du Québec regroupe des
gens qui ont pour fonction de travailler au développement des ressources
naturelles. Ces richesses ont toujours été des
éléments essentiels du développement économique du
Québec. J'en veux pour preuve tous les efforts que les gouvernements
supérieurs, que ce soit le fédéral ou le provincial, ont
attachés au développement des réserves minières du
Québec. Ces métaux sont aussi très en demande et
très recherchés par les pays étrangers et Us permettent la
création d'emplois et, en même temps, de rendre service à
la société, dans le système moderne dans lequel on
vit.
Ces gens qui ont ces fonctions ont certainement entrevu, dans les
démarches faites par les gouvernements supérieurs...
Déjà, on peut même affirmer que le gouvernement du
Québec, dans les cinq dernières années, a investi
au-delà de 12 000 000 $ pour la prospection minière au
Québec dont les principales actions sont ailées vers la fosse du
Labrador. Cette fosse du Labrador permet de dire actuellement, à la fin
de ce plan quinquennal de recherche de métaux dans ce coin de pays, ou a
laissé entrevoir un certain nombre d'éléments
intéressants qui, déjà, pointent vers l'avenir et, en
même temps, nous démontrent qu'il y a des chances pour que ces
ressources deviennent exploitables.
Quels sont ces métaux importants qu'on peut identifier
actuellement? Il y a le palladium, le platine, l'or et le nickel. Ce sont des
métaux qu'on ne retrouve pas partout au pays. Qu'il s'agisse de penser
au platine. Le platine est plus cher, vaut plus cher que l'or. C'est plus rare
que l'or. C'est un métal blanc extrêmement important qui est pas
mal moins dévalué que l'or. Pourquoi ne base-t-on pas les
réserves monétaires des pays sur le platine plutôt que sur
l'or? C'est parce que c'est un métal trop rare pour qu'on puisse en
garder des réserves importantes et, en même temps, il doit
être utilisé surtout pour des recherches scientifiques, dans les
laboratoires et ailleurs. Donc, le platine est un élément
impartant.
Qu'est-ce qui fait que ces gens-là ont une importance capitale
dans une consultation? M. le Président, le ministre
délégué aux Mines, qui répondait à une
question de mon collègue à l'Assemblée nationale, disait
qu'il en était à la cinquième année de la
réalisation d'un plan quinquennal. Il disait en plus, en réponse
à cette question, qu'il y aurait probablement un autre plan de recherche
qui se ferait dans la fosse de l'Ungava, mais aussi et surtout dans la fosse du
Nord, c'est-à-dire que cela touche aussi Schefferville. IL
prévoyait donc déjà à ce moment-là qu'il y
aurait quatorze permis d'exploration à la suite des travaux de
recherche. Comme il y avait seulement quatre ou six mois qu'il était au
pouvoir, qu'il avait tellement de bons contacts et que Cambior n'était
pas encore sur pied, il disait qu'il allait y avoir un plan d'action et
probablement pour le budget 1987-1988, en ce qui concerne la fosse du Labrador,
et lorsque nous aurons déterminé le rôle futur de SOQUEM on
pourra peut-être y apporter certains ajouts.
Un peu plus loin, ce même ministre délégué
aux Mines et aux Ressources informait la Chambre qu'il n'était pas
d'accord avec le ministre des Affaires municipales, et je voudrais vous citer
ses propres paroles: "Effectivement, il y a eu quelques rencontres avec M.
Bourbeau - il parlait du ministre des Affaires municipales actuel - des
rencontres sommaires et non officielles concernant l'avenir de
Schefferville. On m'a expliqué les coûts qu'exigeait la
continuation des opérations de cette municipalité et on m'a
expliqué également que peu de gens y demeuraient. Je lui ai fait
part de l'activité au point de vue de la recherche de l'or à
l'ouest de Schefferville, je lui ai fait part également qu'il y a
effectivement une période de cinq à huit ans entre la
découverte d'un gisement et sa mise en exploitation effective. Alors,
pour le moment, nous ne nous entendons pas pour intervenir ou démontrer
une volonté ferme de maintenir l'infrastructure de 5chefferville en
attendant une découverte d'or." C'étaient là les propos du
ministre délégué aux Mines concernant l'avenir,
l'ouverture ou la continuité de Schefferville.
Je pense qu'on se base sur des gens qui sont encore en fonction, des
gens qui sont en pleine possession de l'autorité, qui sont donc capables
d'influencer ou d'influer sur les décisions, qui ne sont pas
définitives à mon sens, décisions qui nous permettraient
surtout c'est la demande de l'Opposition d'essayer d'avoir le plus
d'information possible. Donc, l'audition de ces gens sur l'exploration de la
fosse du Labrador nous permettrait de nous informer à savoir s'il y a
des chances que cela devienne important et aussi intéressant pour le
Québec. Probablement aussi que ces gens-là pourraient nous tenir
ce langage selon lequel, chaque fois que des mines s'ouvrent sur des
distances très grandes, on a besoin au mains d'une infrastructure
minimale. On a proposé une infrastructure minimale, ou on en a
parlé en d'autres circonstances, ce soir: c'est probablement les
diminuer, resserrer le tissu urbain, mais garder un minimum pour que, si un
jour on découvre ou on voit des choses intéressantes qui
s'ouvrent devant nous, on puisse en profiter sans être obligé de
redécouvrir le monde, sans qu'on soit obligés de refaire tout ce
qui a été fait dans le passé. Il s'agit surtout de
conserver ce qui est conservable. (21 h 45)
II y a donc des gens qui ont été frappés par
rapport à cela. Quant à la mine ou a l'ouverture de la fosse du
Labrador, on peut s'appuyer sur les propos de M. Louis de Gonzague Langlois qui
est ingénieur et exdirecteur général de l'Association des
mines de métaux du Québec. Cela va directement dans le sens de ce
que j'ai dit ou dans le sens du sous-amendement que j'ai
présenté. Ce monsieur que, malheureusement, je ne connais pas
mais qui semble avoir une compétence certaine, a surtout mis des efforts
pour réfléchir sur la fermeture de Schefferville. II s'agit, par
exemple, de regarder les commentaires et l'article qu'il a écrit pour se
rendre compte - je n'ai pas besoin d'étudier la situation longtemps pour
m'en apercevoir - que cet individu a certainement des qualifications pour se
prononcer ou, au moins, pour permettre à des politiciens ou à des
gens de responsabilité de réfléchir un peu sur ce qui est
en train de se passer. Donc, il nous informe que ce qu'il avait appris au
départ, c'est que le gouvernement québécois songeait
sérieusement à faire disparaître
Schefferville, à moins que le gouvernement fédéral
ne décide d'y établir une réserve indienne.
Dans le fond, tout d'un coup, on dit: On va fermer et on va
transférer un certain nombre d'actifs au fédéral. On est
pressé d'aller transférer ce qu'on possède au
fédéral. Ce n'est pas une économie de coût à
zéro. Il faut penser que l'argent des contribuables au
fédéral, comme au provincial et comme au municipal, il porte un
nom quelque part. L'argent du Québec vient d'un citoyen du
Québec, que le citoyen soit situé à n'importe quel endroit
au Québec. Donc, c'est un transfert de dépenses à un
endroit ou à un autre et ce n'est pas la trouvaille du siècle par
rapport à ce qu'on vit là.
Alors, lorsque le ministre nous dit: On va rationaliser les
dépenses, bien oui, pour le gouvernement du Québec, mais sans
savoir si le fédéral est intéressé, parce qu'il
faut toujours se rappeler également la déclaration du ministre
qui dit: On ferme et, après cela, on négocie. C'est
négocier les deux mains attachées; que je sache, et il n'y a pas
de pouvoir de négociation. Le fédéral sera placé
pour dire: Vous avez pris votre décision, gardez les petits et
arrangez-vous.
Je reviens toujours à ce type qui fait partie de l'Association
des mines de métaux du Québec - donc, il va dans le sens de mon
sous-amendement - qui disait: La concrétisation d'un tel projet serait
extrêmement regrettable, puisqu'elle pourrait retarder l'exploitation des
richesses minérales de la fosse du Labrador pendant plusieurs
décennies. Donc, quand on va à la découverte des mines, ce
n'est pas juste pour un an ou deux, c'est pour des temps assez longs. On
pourrait réfléchir tout haut et se demander si, lorsqu'on a
ouvert des mines dans le passé, on a mis les efforts suffisants pour
conserver toutes ces implantations d'infrastructure. Mais, avant de les mettre,
est-ce qu'on est capable de décider au départ d'explorer et
d'aller voir ce qu'il y a à faire pour maintenir ces valeurs en
opération?
Je pense qu'il est assez réaliste et c'est lui qui qualifie
Schefferville de véritable porte d'entrée de la fosse du
Labrador: Cette formation géologique d'une largeur moyenne de 100
kilomètres se prolonge sur au-delà de 1000 kilomètres - ce
n'est pas petit, on parle du Nord. C'est pour cela qu'on parle de le marquer et
d'essayer de l'habiter, de savoir qu'on est quelque part. C'est important.
Cette bande de roches sédimentaires et volcaniques qui débute au
lac Manicouagan se dirige d'abord vers le nord-est en englobant les
dépôts de minérai de fer du lac Jeannine - donc, Gagnon -
du lac Fire, du mont Wright et des lacs Wabush et Carol. L'accident
géologique prend ensuite la direction franc nord jusqu'à la baie
d'Ungava. C'est sur cette dernière longitude qu'on retrouve les
dépôts de terre du lac Knob et, bien entendu, la ville de
Schefferville à quelque 300 kilomètres au nord de Labrador City.
Cette bande de roches sédimentaires reprend ensuite le long de la baie
d'Ungava, direction nord, pour réapparaître sur la terre ferme
à la hauteur de la baie Wakeham où elle s'oriente vers l'ouest en
traversant la pointe du Nouveau-Québec pour se perdre dans la baie
d'Hudson.
On sait, depuis très longtemps, que cette région d'environ
100 000 kilomètres carrés renferme une minéralisation
aussi nombreuse que diversifiée - ce n'est pas n'importe qui dit cela,
c'est quelqu'un dont le métier est d'analyser la valeur des
dépôts minéraux. J'ai déjà mentionné
les dépôts de minerai de fer de plusieurs milliards de
tonnes...
Une voix: J'entends des choses, ici, qu'on n'entendra pas...
M. Dufour: ...exploité dans la première partie de
la fosse. Il faut aussi - vous voyez,
cela confirme ce que j'ai dit tout à l'heure, ce que d'autres
personnes ont dit - ajouter les riches dépôts de nickel et de
cuivre appartenant à la société Falconbridge, Ce n'est pas
n'importe qui, Falconbridge. Elle pourrait remplacer Iron Ore si, à un
moment donné, elle était intéressée à aller
développer dans le coin. Des compagnies comme Falconbridge pourraient
prendre la relève facilement dans les environs de la baie de Wakeham et
sensiblement au même endroit. L'important dépôt d'amiante -
lui, a moins d'avenir, pour le moment, et nous espérons que cela se
situera et que les gens comprendront que l'amiante n'est pas dommageable,
surtout avec toute l'expertise que les Québécois ont
développée au sujet de ce minerai avant la nationalisation de
l'Asbestos Corporation. Ils disent que les géologues - c'est
confirmé aussi par le ministre Savoie - ont aussi relevé de
nombreuses indications de minéralisations diverses dans les autres
parties de la fosse incluant l'or, le cuivre, le zinc, le nickel, le niobium,
le zirconium... Savez-vous qu'il y a juste une mine de niobium au Québec
actuellement? C'est la deuxième plus grosse mine dans le monde, le
niobium.
M. Bourbeau: Question de règlement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Pour accélérer les travaux de la
commission, est-ce que le député de Jonquière accepterait
de faire des photocopies de l'article qu'il lit depuis dix minutes et de nous
en envoyer une photocopie?
M. Dufour: Monsieur, je vous demande de rappeler au ministre
qu'il enfreint le règlement. Ce n'est pas une question...
M. Bourbeau: On pourrait le lire à tête
reposée au cours de la fin de semaine, M. le Président.
M. Dufour: J'ai le droit de faire l'intervention que je veux, de
la manière que je veux et cela ne le regarde pas.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourbeau: On pourrait réfléchir plus longuement
sur l'article, M. le Président. Il me semble que ce serait...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourbeau: On pourrait faire une lecture en profondeur, tandis
que, là...
M. Dufour: Le niobium, le zirconium...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jonquière.
M. Dufour: ...le béryllium...
M. Bourbeau: Avez-vous dit le librium?
M. Dufour: M. le ministre, j'ai encore toutes mes fonctions et
tous mes éléments. Je fonctionne très bien. Ne vous en
faites pas.
Une voix: Ses réflexes.
M. Bourbeau: Pas de valium, hein?
M. Dufour: M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dufour: Je pense que, là, le ministre...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dufour: ...s'il veut jouer la comédie, il y a
peut-être des places, mais pas ici.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jonquière.
M. Dufour: On ne veut pas qu'il profite de l'heure... S'il est
fatigué, je comprends, c'est juste qu'on a le droit d'avoir les
mêmes fatigues, sauf qu'il y a des gens qui veulent peut-être
prendre cela au sérieux, ce qui se passe ici, ce soir.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Sur le sous-amendement.
M. Dufour: Donc, il y a plusieurs projets d'exploration qui ont
été faits dans le coin et je pense qu'en permettant à ces
gens de venir nous donner leur point de vue, cela nous permettrait de confirmer
ou de dire de quelle façon on fonctionne avec cela. Je ne pense pas
qu'il y ait beaucoup de gens dans les mines. Même si le ministre nous a
dit qu'il a vécu pendant quelque temps à Schefferville, je ne
pense pas que cela lui donne une expertise suffisante pour dire qu'il peut se
prononcer sur la fosse du Labrador, à savoir ce qu'on fait avec le
réseau minier, etc. Il sait peut-être comment fonctionne la
Bourse, mais je ne pense pas qu'il connaisse le réseau minier, sur
place, ce qu'il peut y avoir dans ce coin-là.
Il y a eu trop peu d'exploration dans ce coin-là. Il y a aussi le
travail ou les plans que le gouvernement provincial a mis sur pied pour faire
ces recherches. On est déjà
capable d'identifier quelles sont les richesses qui sont dans ce
sous-sol, quel intérêt on pourrait y porter. Il ne faudrait pas
qu'avec le temps on regrette des gestes qui, à mon sens, semblent
prématurés dans le temps, surtout avec ces éléments
qui semblent, en tout cas, rester ou demeurer latents sans qu'on ait des
réponses au moment où on se parle.
Il faut reconnaître aussi et confirmer que les richesses
naturelles sont importantes. Il s'agit de penser à tout le commerce qui
se fait entre le Japon et le Manitoba, par exemple, pour aller chercher des
richesses naturelles. Ce sont des pays qui ont besoin de ressources naturelles
pour fonctionner.
Ce qu'on pense qui, aujourd'hui, n'est pas bon, qu'est-ce qui nous dit
que, demain, ce ne sera pas correct? Des mines d'or ont été
fermées, ont rouvert parce que, précisément, l'or est venu
à un prix raisonnable qui a fait que ces mines ont été de
nouveau exploitées. Ce qui est vrai pour l'or est vrai pour d'autres
dossiers. Pour le moment, le fer, d'accord, il n'y a pas tellement... On ne
peut pas voir d'avenir. C'est pour cela que je parle de politique à
courte, moyenne ou longue vue ou distance. C'est dans ce sens-là qu'on a
à examiner ou à voir, nous autres, l'intérêt de la
population.
Un travail de base a été fait par des gens. Des gens sont
allés explorer au départ. C'est cela qui a permis l'ouverture au
Nord. Aujourd'hui, pour les mêmes raisons, on dit: C'est fini; il n'y a
plus rien à faire. On aurait intérêt, M. le
Président, à faire venir des gens qui ont cette expertise, qui
ont vécu. Ce ne sont pas tous les gens qui sont prêts à
devenir des mineurs. C'est un travail dur et qui demande des efforts. Mais il y
a tout de même des gens qui, pour gagner leur vie, y trouvent de
l'intérêt. Il y a surtout aussi des financiers pour qui c'est
intéressant d'exploiter ces richesses, pour faire fructifier leurs
avoirs.
Il y a toujours eu au Québec des gens intéressés
à aller voir ce qu'il y avait dans nos sous-sols. Ces gens-là ont
fini par découvrir et ouvrir. Cela a aussi donné de la place pour
l'ouverture du Québec. Quand on parle de toute la Côte-Nord comme
telle, cela a toujours été les richesses naturelles qui ont fait
que notre pays ou notre province s'est développé. C'est
l'histoire de toutes les régions du Québec. Elles ont
été ouvertes à la civilisation avec les richesses
naturelles et on a toujours suivi les grands axes de communication pour que ces
ressources puissent donner naissance à des municipalités, des
bourgades, des bourgs, des villages, des municipalités, des villes.
C'est comme cela et c'est important. Si le territoire était plus
habité, il y aurait plus de monde au Québec et c'est
évident que la situation économique serait possiblement meilleure
puisqu'il y aurait plus de consommateurs, plus d'utilisateurs. C'est dans ce
sens-là que ces richesses revêtent à mes yeux une
importance capitale puisqu'il y a eu beaucoup d'argent d'investi et cela serait
malheureux que cet argent ne profite pas à 100 % de l'ensemble des
Québécois.
Quand on parle de la ville de Schefferville, on peut penser que cette
municipalité appartient surtout à une compagnie, mais quand on
parle de ressources minières, quand on parle de l'exploitation de mines,
on parle de travail. Ce gouvernement devrait être sensible à la
création d'entreprises. Lorsqu'on parle de mines, on n'invente rien. On
sait que cela prend des bras, des gens, des cerveaux. Cela prend des gens pour
travailler et en même temps pour essayer de développer ces
richesses qui font que le Québec se porterait mieux.
M. le Président, c'est dans ce sens-là que l'on a
demandé et que l'on insiste pour écouter ces gens-là qui
viennent nous dire comment ils entrevoient la porte du Nord et comment ils
voient l'exploitation de la fosse du Labrador qui pourrait et devrait
nécessairement déboucher sur des ouvertures beaucoup plus grandes
de développement économique dans le milieu.
En plus, il y a des éléments sur lesquels on peut se
pencher puisque c'est à Schefferville que l'exploration des zones
aurifères est la plus étendue au Canada. Donc, cela n'est pas un
endroit petit, c'est surtout un endroit où il y a beaucoup d'espace et
où on a intérêt à bien jalonner et à bien
voir les développements qui se font là. Cela n'est pas juste,
bien sûr, à Schefferville que se fait l'exploitation
minière. Le ministre délégué aux Mines et aux
Affaires autochtones, M. Savoie, a deux titres, mais il y en a un qui est
oublié, celui des Affaires autochtones, et je ne sais pas s'il lui
restera, parce qu'à ce moment-là je ne sais pas quels seraient
les intérêts que l'on pourrait avoir à fonctionner avec ces
gens-là. Mais ce n'est pas seulement à Schefferville qu'il y a
des mines en recherche; il s'agit d'aller voir en Abitibi pour savoir toute la
recrudescence ou tout l'intérêt qui a été
développé autour de la recherche des mines au pays.
Donc, c'est difficile d'affirmer qu'il n'y a pas d'avenir dans ce
coin-là. Pratiquement et actuellement en Abitibi, toutes les terres
jalonnées... Il s'agit d'aller en Abitibi pour savoir quels sont les
endroits où les gens ont pris des claims. C'est un peu partout, c'est
même à l'intérieur des municipalités. Donc, encore
là, on se rend compte que cette recrudescence qu'il y a en Abitibi s'est
aussi faite à Schefferville et on peut facilement affirmer que c'est la
zone la plus étendue au Québec. Quelles sont les
sociétés qui font ces explorations à Schefferville? Ils
appellent cela le tandem Vior-Mazarin. Il s'agit
d'assurer la haute main sur cette propriété étendue
en pleine toundra, sur 590 kilomètres carrés, au nord-ouest de
Schefferville. (22 heures)
Une voix: C'est où cela?
M. Dufour: C'est là justement où des équipes
géologiques du ministère québécois de l'Energie et
des Ressources ont trouvé de l'or l'an dernier.
Une voix: Là, il pousse de l'ail des bois, c'est
effrayant.
M. Dufour: Voici ce qu'ils disent: Sur 30 échantillons de
surface prélevés par le ministère de l'Énergie et
des Ressources en 1985, 24 contenaient de l'or. Parmi ces échantillons,
trois titraient 0,6, 0,3 et 0,2 once à la tonne en or. Ce n'est pas moi
qui le dis, mais c'est très fort comme l'a commenté le
président de Mazarin qui siège également au conseil
d'administration de Vior.
Je me demande s'il n'y aurait pas quelqu'un qui pourrait aller
travailler bénévolement à la compagnie qu'on est en train
d'implanter, Cambior. Cela pourrait être cela. M. le Président, il
est intéressant de voir qu'on parle de sujets qui concernent l'avenir du
Québec et de voir ceux qui sont présentement au gouvernement et
qui étaient tellement intéressés au développement
du Québec avant les élections. On a entendu pendant une campagne
électorale qui a duré deux mois et je pourrais dire pendant neuf
ans - c'était presque le chemin de Damas -que le développement
économique, c'était ce qui était le plus important chez
nous. On l'a tellement entendu. II n'y a pas un député du
gouvernement qui n'a pas fait un discours sur la situation économique.
C'étaient tous de grands experts. C'étaient tous des gens qui
avaient une volonté de développer le Québec et de
régler les problèmes des Québécois et des
Québécoises. M. le Président, on a découvert une
chose depuis ce temps. C'est bien plus un gouvernement de comptables qu'un
gouvernement d'innovateurs et de développement.
M. le Président, j'entends des sons à chaque fois que je
parle qui viennent du gouvernement...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre s'il vous
plaît!
M. Dufour: Je pense que si ces sons pouvaient être
intégrés, si c'était sur cassette, si vous entendiez ce
que j'entends, et les sons que j'entends viennent de l'autre
côté...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre s'il vous
plaît!
M. Dufour: Quand je regarde l'attitude des gens d'en face, pour
eux, cela doit les fatiguer.
M. Blais: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne. Question de règlement.
M. Blais M. le Président, je crois que, par respect pour
l'intervention de mon confrère, qui s'évertue à essayer de
défendre son point de vue tandis que de l'autre côté on
l'interrompt de façon continue par des onomatopées comme celles
qu'on vient d'entendre, c'est à vous, je crois, d'arrêter
l'émission de ces sons loufoques qui viennent d'un profond
caverneux.
M. Bourbeau: Vous êtes pusillanime, M. le
député.
M. Dufour: M. le Président, j'espère que je n'aurai
pas à vous demander de faire...
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le
député...
M. Dufour: ...respecter l'ordre de nouveau. On a encore 25
minutes de commission.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le
député...
M. Dufour: On va vous "toffer". Ne vous en faites pas.
Le Président (M. Dufour): M. le député de
Jonquière, s'il vous plaît! Sur une question de règlement
soulevée par M. le député de Terrebonne, j'aimerais
rappeler aux membres de cette commission que l'article 36 du règlement
dit qu'"aucun député ne peut interrompre celui qui a la parole,
sauf pour faire un rappel au règlement, signaler le défaut de
quorum ou attirer l'attention sur une autre violation de droit ou de
privilège". Pour la bonne marche de nos travaux, j'aimerais que les
membres de cette commission respectent l'article 36.
M. Bourbeau: Bien, M. le Président. M. Blais Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, il vous reste cinq minutes.
M. Dufour: Je cherche à démontrer l'importance des
ressources naturelles ou l'importance des gens qui travaillent à les
développer. Pour moi, c'est la source
d'emploi potentielle qui existe vers la fosse du Labrador. C'est en ce
sens qu'on demande d'écouter les gens. Cela peut être
intéressant pour l'Oppposition, mais cela peut être et cela
devrait être intéressant surtout pour le gouvernement qui est au
pouvoir actuellement. Je dis et je maintiens que ce gouvernement, durant la
période électorale, a parlé du développement
économique du Québec. Il a parlé de la création
d'emplois. Il a parlé de rationaliser la démarche
économique du Québec. Il a parlé de l'ouverture vers le
monde, du maintien de ces emplois.
M. Le Président, tout ce que j'ai dit ce soir se rapporte
à l'emploi. Est-ce que le discours qu'on avait avant le 2
décembre était un discours pour charmer ou pour démontrer
à la galerie qu'on connaissait cela. Au Québec, il y a eu un
slogan qui disait que, nous, on connaissait cela.
M. le Président, je vous rappelle ce que vous avez dit tout
à l'heure. Vous devriez en nommer quelques-uns.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre s'il vous
plaît! M. le député de Jonquière. À l'ordre
s'il vous plaît!
M. Dufour: Ces gens qui avaient un naturel ou un coeur
extrêmement porté à l'expansion pour vouloir créer
des emplois ont oublié dans six mois que, l'emploi, c'était
important au Québec. Ils ont oublié tous leurs projets de
développement de l'emploi. On pose des questions et on n'a pas de
réponse. Ces gens qui viennent d'être élus se comportent
comme des propriétaires. Je leur prédis, que ce ne sera pas pour
trop longtemps. Ils auront la leçon qu'ils méritent. D'abord, il
y a leur façon de se comporter, la façon dont ils oublient leurs
promesses, la façon dont ils entendent l'Opposition. Ils ont
oublié rapidement que l'Opposition faisait un travail de base dans notre
démocratie, que c'était pour essayer de faire avancer des
dossiers et essayer de donner une voix à ceux qui n'en ont pas. Donnez
une voix à ceux qui n'en ont pas, c'est justement de les écouter,
de demander par l'Opposition officielle que ces gens viennent nous informer,
viennent nous dire en long et en large ce à quoi ils croient, donner
leur expertise, nous démontrer d'une façon hors de tout doute
comment ils voient ces choses, quelles sont les difficultés qu'ils
éprouvent, quelles seront les difficultés auxquelles ils auront
à faire face si cette municipalité n'est pas maintenue en
activité même si c'est une activité moins grande que celle
désirée, au moins qu'il y en ait un minimum.
On aurait tout intérêt, à mon point de vue, à
vouloir aider et écouter ces gens-là. Qu'on les fasse venir ou
qu'on aille les rencontrer, peu importe. Je pense qu'on aurait
intérêt à les écouter pour qu'ils puissent nous dire
ou nous démontrer ou, en tout cas, essayer de nous convaincre à
savoir pourquoi la fosse du Labrador est une porte ouverte sur l'avenir,
pourquoi la fosse du Labrador est importante pour le développement
économique du Québec, mais aussi et surtout pour que les
parlementaires ou l'ensemble des parlementaires puissent savoir ou comprendre
vraiment les problèmes que ces gens éprouvent, les
problèmes qu'ils ont éprouvés, de quelle façon on
pourrait conserver au moins un minimum d'infrastructure pour permettre à
cet enracinement qu'ils avaient de demeurer et surtout de continuer à
avoir de l'espoir dans les Québécois et les
Québécoises, ne pas juste dire: On travaille pour un petit
nombre, un individu ou quelques individus. Je pense que le nombre est peu
important, c'est surtout qu'on ait cette volonté politique
d'écouter ces gens quel que soit leur nombre.
Une voix: Très bien!
M. Dufour: Vous êtes pas mal sauvage, entre vous et
moi.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Merci, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je n'ai pas dit que vous étiez un Indien, j'ai
dit que vous étiez sauvage.
Une voix: On continue.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Moi aussi, je fais mon intervention sur ce sujet.
Une voix: Vous, vous ne parlez pas du tout!
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Ce n'est pas lui qui gueule, ce n'est pas le
député de Terrebonne qui gueule.
Le Président (M. Saint-Roch): Non, je vous cède la
parole, M. le député.
M. Blais: II me semble que vous devriez rappeler à l'ordre
ceux qui gueulent et non pas celui qui est à parler. M. le
Président, comme disait le grand fabuliste: Bêchez, bêchez,
il en restera toujours quelque chose, c'est dans le fond que nous trouvons la
vérité. Bêchez, bêchez c'est le fond qui manque le
moins, disait-il.
Une voix: Qui ça? Nous ne sommes pas
d'accord.
M. Blais: C'était quelqu'un qui avait un fond.
M. Dufour: M. le Président, je vous dis une chose. Si
ça continue, je vais faire une plainte à qui de droit parce que
je trouve que voua ne maintenez pas l'ordre et je pense qu'il se passe des
choses qui ne sont pas correctes. On ne respecte pas ceux qui parlent quand on
entend toujours parler, quand on entend toujours des sons sans arrêt
lorsqu'on parle. Je pense que vous devriez les nommer. Dans le
règlement, il y a une place où on dit que vous pouvez les mettre
dehors, ces gens-là.
M. Bourbeau: Question de règlement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Dufour: Quel sauvage!
Une voix: Langage parlementaire, s'il vous plaît!
M. Bourbeau: Sur l'intervention du député de
Jonquière.
Le Présidait (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Bourbeau: Je n'accepte pas que le député de
Jonquière mette en doute la compétence et l'impartialité
du président. Le député de Jonquière devrait savoir
qu'il y a dans le code de procédure, dans le règlement des
façons de faire. S'il veut mettre en doute ou en cause
l'objectivité du président, il doit présenter une motion
à cette fin. C'est la seule façon de le faire. On a eu
récemment, à l'Assemblée nationale, un cas semblable et le
député de Jonquière sait fort bien comment cela s'est
terminé. Le député de Jonquière peut faire toutes
les plaintes qu'il veut, il y a ici, dans cette Assemblée, des
députés des deux côtés de la table, si je peux dire,
qui, au cours de la soirée, au cours de la journée, ont à
l'occasion fait des commentaires. Il y en a eu autant du côté de
l'Opposition que du côté du gouvernement et le
député de Jonquière devrait faire très attention
avant de faire des interventions à l'endroit de la présidence
comme celle qu'il vient de faire présentement. Je le mets en garde.
M. Dufour: M. le Président, je peux lancer le défi
de réécouter tout ce qui s'est dit ici pour savoir de quelle
façon je me suis comporté par rapport aux interventions qui se
sont faites des deux côtés.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Encore une fois, j'aimerais revenir
à l'article 39 de notre règlement qui dit: "Un
député peut, à tout moment, signaler une violation de
règlement. Il doit le faire avec diligence, en mentionnant l'article du
règlement qu'il invoque et en limitant son exposé strictement au
point soulevé".
J'aimerais aussi rappeler aux membres de la commission l'article 32 qui
concerne le décorum; "Les députés doivent observer le
règlement et contribuer au maintien du décorum de
l'Assemblée".
Ceci étant dit, je vous recède la parole, M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Alors, je commence mon intervention.
Le Président (M. Saint-Roch): S'il vous plaît, M. le
député.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Comme disait le
grand fabuliste: Bêchez, bêchez, c'est le fond qui manque le moins.
Dans le Nord, nous pouvons dire que le Nord du Québec a bonne mine parce
que, autant les compagnies exploratrices de nos richesses naturelles
souterraines et autant les gouvernements, par les travailleurs qui y sont,
trouvent très facilement leur dû dans ces excavations. Ce n'est
pas comme excaver une carie, excaver une mine. Ce n'est pas ce qu'on appelle un
travail de dentiste ni d'indépendantiste. C'est un travail de
connaisseur qui va dans les souterrains chercher dans le ventre de la terre la
richesse qui fait notre bonheur. C'est cela un exploitant de mine. C'est
extraire des entrailles de la terre ce qu'elle a de meilleur pour ceux qui
vivent autour de cette terre.
Si on regarde cela, cette motion pour faire venir les
spécialistes des mines est de bon aloi, M. le Président. Elle est
de bon aloi et ce, pour deux choses. Ces spécialistes des mines
pourraient nous dire, premièrement, que le gouvernement pourrait
investir dans Schefferville de sorte que la ville reste ouverte à cause
des exploitations minières en devenir. Pourquoi le gouvernement pourrai
t-il se permettre de faire de tels investissements? Si on se rappelle...
Prenons les années 1965 à 1985; dans le Nord, il y a eu 9 000 000
000 $ d'exploitation dont 33 % de ces sommes ont été
versées en taxes au gouvernement. Cela veut dire 2 300 000 000 $ ou 2
400 000 000 $ à peu près en taxes, en redevances au gouvernement.
Ne serait-il pas un peu raisonnable que ces travailleurs nordiques, ceux qui
ont creusé l'Arctique, reçoivent un complément au nom
qu'ils ont fait au Nord, pour l'Arctique qu'ils ont creusé? II me
semble
Nouveau-Québec".
Je vous garantis, M. le Président - il me reste encore quinze
secondes - qu'il m'est agréable de vous avoir présenté
cette motion. J'espère que vous la prendrez avec tout le sérieux
que son libellé présuppose.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M, le
député de Terrebonne. Nous allons suspendre durant 30
secondes.
(Suspension de la séance à 22 h 22)
(Reprise à 22 h 23)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Terrebonne, concernant votre
sous-amendement, je ne peux le recevoir.
M. Blais: Est-ce qu'on peut se faire expliquer votre
décision?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Ah! Que vous êtes gentil!
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question de
règlement. Je pense que, d'après notre règlement, la
décision du président ne peut pas être
contestée.
M. Blais: II ne l'a pas rendue!
M. Bourbeau: Elle est rendue, certain, elle vient d'être
rendue. Je pense qu'il n'y a pas d'appel de la décision du
président, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je crois que je n'ai pas
besoin de vous rappeler le règlement, M. le député de
Terrebonne. Cela doit être très bref.
M. Blais: Certainement. Il me reste seulement cinq minutes avant
qu'on termine, alors je ne peux pas être long. M. le Président, je
suis persuadé que vous êtes un nouveau président et depuis
que vous êtes à ce siège je regarde vos agissements et vos
dires et je suis loin de contredire ce que, de façon
générale, vous osez nous interdire. Cependant, je voudrais bien
que cette fois vous ne me donniez pas une réponse qui me ferait, moi,
maudire. Parce que je crois que cette motion est peut-être fausse dans
son libellé, mais si on demandait un petit moment de suspension on
pourrait peut-être regarder afin de la libeller de façon
différente. À votre air, j'ai cru voir que vous vous
apprêtiez - je ne peux pas présumer de vos intentions parce que
j'usurperais un pouvoir qui n'est qu'à vous et loin de moi
l'égocentricité de m'accrocher à vos pouvoirs pour les
accaparer... Ce serait un péché de lèse-majesté.
Dieu m'en garde! Quoique, n'étant pas royaliste, je ne fais pas de
péché de lèse-majesté. Mais...
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. ledéputé de Terrebonne.
M. Blais: J'arrive au point, j'arrive au point, M. le
Président, soyez gentil. Virgule. Cela dit, en présumant que vous
pourriez éventuellement considérer cette motion, qui est un
sous-amendement à un amendement qui a été
sous-amendé; est déclarée irrecevable. J'aimerais qu'avant
vous écoutiez ce que j'aurais à dire sur ce sujet pour permettre
que vous le trouviez acceptable. Je vous demande tout simplement là la
permission de vous dire les arguments qui défendraient mon amendement
avant que vous preniez votre décision; simplement ce petit bout que je
viens de faire, pour vous demander la permission de parler pour ne pas que vous
refusiez cet amendement. Je ne sais pas si j'ai été clair. Mais
si je n'ai pas été clair, je vais le dire en d'autres mots.
J'aimerais vous demander ceci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Si jamais vous êtes prêt à prendre
votre décision là-dessus, avant que de la prendre, j'aurais juste
quelques mots à dire pour éclairer, peut-être - je sais que
vous êtes très limpide, très lucide - votre
décision.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne, sur votre demande de réquisition, je vais vous rappeler
l'article 40 de notre règlement. Le président peut autoriser
quelques remarques à l'occasion d'un rappel au règlement. Elles
doivent se limiter à l'article invoqué et aux points
soulevés sur la recevabilité et d'une façon brève,
s'il vous plaît, M. le député de Terrebonnel
M. Blais: Alors, vous me le permettezl
Le Président (M. Saint-Roch): Brièvement.
M. Blais: Vous êtes gentil. J'aimerais bien voir le
règlement, s'il vous plaît!
M. Bourbeau: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Blais: Non, je lui ai demandé la permission et il me
l'accorde!
que le sujet se prête bien à la chose. Vous avez le
complément, l'Arctique et nous, nous étudions le sujet pour leur
donner un attribut pour le travail qu'ils ont fait. La phrase est
complète, M. le Président. Il me semble que l'on devrait regarder
cela de façon précise.
M. Kehoe: Ce n'est pas moi. Je n'ai rien dit. (22 h 15)
M. Blais: Regardons le montant total de la compilation atteint
dans les vingt dernières années en redevances au gouvernement:
près de 3 000 000 000 $. Si on pense aux quelque 600 travailleurs, si on
ajoute à cela les quelque 600 travailleurs qui faisaient des boulettes
à Pointe-Noire dans le temps. Je sais que le parti ministériel
trouve emballant tout creusage qu'on lui met sur la main. Alors, c'est encore
plus emballant dans le Grand-Nord parce que les richesses même plus
profondes sont plus denses et plus rentables. On parlait du platine, ce n'est
pas un blond, c'est un métal précieux qui vaut l'or, beaucoup
plus que l'or, comme les askarels sont aux toxiques beaucoup plus dangereux que
les BCP. C'est cela, plus un trou est profond, plus la saveur monte et plus
nous pouvons développer nos richesses. C'est ce qu'on disait. C'est dans
la profondeur, aussi, autant des esprits que de la terre, qu'on trouve la
richesse. Quand on fouille au fond de soi, on voit des richesses des fois
insoupçonnées. On ne cultive pas toujours nos capacités.
Il en est de même du Grand-Nord. Un des grands spécialistes, qui
n'est pas mon jeune étudiant de tantôt - il y a d'autres
spécialistes au Québec - disait; Nous avons un immense pays et
nous ne savons pas encore ce qu'il cache. C'est fantastique, la région
du Nord. Si nous pouvions la ratisser d'un bout à l'autre, comme on l'a
fait en Afrique du Sud, par exemple, l'économie du Québec
changerait d'allure. Le potentiel est là. Il s'agit d'avoir de l'argent
pour l'explorer; l'exploration constitue la clé du développement
minier et du développement tout court. C'est sous la première
couche terrestre que peut se trouver notre richesse.
Donc, ces gens-là qui connaissent le Nord, ce Nord nourricier, ce
Nord en devenir, ce Nord qui, dans le passé, a fourni à la caisse
des gouvernements des sommes fabuleuses, ce Nord que nous connaissons mal, ce
Nord que nous devrions mieux connaître nous tend Ies bras et
Schefferville est l'un des doigts de ces bras qui se tendent à nous. Il
faudrait le prendre comme il se doit, comme il se "doigt"; Schefferville, c'est
l'un de ces doigts de la main du Nord qui se tend à nous. Il ne faudrait
pas que nous négligions nos obligations envers cette ville. Ah! il y en
a qui trouvent cela très drôle!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: On a des devoirs dans la vie et chaque groupe de
citoyens a des devoirs. Il y a des actions qui doivent être prises.
Une voix: Platine?
M. Blais: II faut absolument que nou3 prenions nos
responsabilités. Je suis persuadé, M. le Président, que
vous avez lu cet article "Une porte ouverte sur l'avenir". Vous l'avez
certainement lu, cet article. Je ne vous le lirai pas. Vous le connaissez par
coeur. Mais, une porte ouverte sur l'avenir... Écoutez, le passé
pour du monde, normalement, est garant de l'avenir si on s'occupe bien du
présent. C'est sûr! Il faudrait que... Le présent, pour
nous, c'est ce petit projet de loi, tout anodin, une petite feuille au vent qui
voltige et qui virevolte; ce n'est que cela, un projet de loi, une petite
feuille de papier virevoltante, qui virevolte! Mais que de contenu et que de
conséquences! Si les mots imprimés sur cette feuille ne sont pa3
les mots que nous attendons - m, o, t, s --M -O -T -S, si les mots - m, o, t, s
- ne sont pas les bons, cela peut donner des maux - m, a, u, x - à tout
l'ensemble d'une population.
Alors, je me sens très concerné par ce projet et, je vous
l'ai dit au tout début de cette commission parlementaire, je suis un
type qui ai travaillé dans le Nord pendant huit ans, dans le Grand-Nord.
J'étais un travailleur de la construction; cela se voit dans mon
vocabulaire. J'ai des arguments frappants comme eux: le marteau. Quand je parle
du Nord, je le défends avec des arguments frappants, M. le
Président. Pourquoi? Parce que je l'ai connu, ce Nord. J'ai
goûté à sa froidure. Elle est motivatrice d'une production
que d'autres régions ne donnent pas à l'être humain. Oh! il
reste seulement une minute. Mon Dieu que cela passe vite quand on parle avec
coeur d'une chose!
M. Bourbeau: Une demi-minute.
M. Blais: Avant de terminer et afin que nous ayons le temps voulu
et que nous donnions le temps, autant à l'Opposition qu'à la
partie gouvernementale, de s'exprimer sur le sujet - je ne voudrais pas
immédiatement que nous tombions à l'article 1 - je ferai une
motion d'amendement.
M. Bourbeau: Vous usez le procédé. Une voix: Y
a-t-il autre chose?
M. Blais: "La motion pour consultations particulières est
à nouveau sous-amendée en ajoutant à la fin de cette
motion les termes suivants: L'Association des pourvoyeurs du
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que le
député de Terrebonne s'est amplement expliqué sur la
question de règlement, sur l'opportunité. Il a plaidé avec
beaucoup d'éloquence, je le concède, sur l'opportunité
pour vous d'accepter son sous-amendement. Je pense que le temps est venu de
rendre votre décision, M. le Président. Quant a nous, nous allons
nous soumettre à la décision que vous allez rendre.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne, brièvement, s'il vous
plaît!
M. Blais: Très brièvement. Est-ce que je dois
comprendre de votre intervention, malgré l'intervention du ministre, que
vous m'avez accordé la permission de parler de la recevabilité ou
bien si c'est votre parole contre la parole du ministre qui dit que vous ne
m'accordez pas cette permission de parler sur l'amendement que j'aimerais
défendre? Tout ce temps-là, je n'ai pas le droit d'en parler
parce que vous ne me dites pas oui et lui me dit que vous devriez me dire non.
Pendant ce temps-là, les secondes filent, M. le Président, et je
n'aurai peut-être même pas le temps, ce soir, de parler de
l'argumentation pour défendre mon amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Terrebonne, je vous donne la permission de vous exprimer brièvement sur
la recevabilité de votre "sous-sous-amende-ment".
M. Blais: Vous êtes d'une extrême gentillesse, je
n'en attendais pas plus de vous.
Le Président (M. Saint-Roch): Brièvement, M. le
député, brièvement.
M. Blais: Donc, vous me donnez quoi, une minute, une minute et
demie?
Le Président (M. Saint-Roch): Très
brièvement, M. le député de Terrebonne.
M. Blais C'est une minute et demie qu'on a. La motion se lit comme
suit... Voulez-vous me donner la motion pour que je la lise en entier parce
que, autrement, c'est assez difficile. Vous l'avez dans son entier. Il faut la
reprendre du début pour justifier cet ajout. Alors, il faut que je
reprenne du début pour voir si l'ajout est ajoutable. Comment
voulez-vous que je la lise si je ne l'ai pas? Voilà, d'accord. Je vous
remercie beaucoup de me la donner. Peu s'en fallut que je
l'échappasse.
Voici, messieurs. La motion principale se lit comme suit: "Que la
commission tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée
du projet de loi 67, Loi concernant la ville de Schefferville, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet et qu'à cette fin, elle entende le conseil municipal de
Schefferville." Cela, c'est la motion principale. On vient l'amender ensuite,
M. le Président. J'essaie d'aller très très vite pour
qu'on ait le temps d'en parler ce soir: Que la motion pour consultations
particulières soit amendée en ajoutant, cette fois-ci, la
Coalition des résidents et résidentes de Schefferville. Vous
voyez, c'est la même ville chaque fois. Donc, cet amendement a
été jugé recevable. Ensuite, on est arrivé avec un
autre amendement - non, pas celui-là - qui est l'amendement 1.5. Je
m'excuse, M. le Président, l'heure est terminée, je dois
m'arrêter, alors...
M. Middlemiss: M. le Président, on va donner notre
consentement pour continuer jusqu'à 23 heures.
M. Blais: Je vous demanderais de continuer demain,
maintenant.
Une voix: Lundi.
M. Blais: Lundi. On ne peut pas. La Chambre m'a dit
d'arrêter à 22 h 30.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Terrebonne, je vous ai entendu sur
la recevabilité de votre...
M. Blais: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Saint-Roch): J'avais clairement
exprimé que c'était brièvement. Alors, à la reprise
des travaux, lundi matin, je rendrai ma décision sur la
recevabilité de votre "sous-sous-amendement".
M. Middlemiss: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: On donnerait notre consentement pour continuer si
l'Opposition est d'accord.
M. Biais: Si vous saviez comme Schefferville me tient à
coeur. Je continuerais toute la nuit...
M. Middlemiss: D'accord, on y val
M. Blais: ...mais la Chambre nous a ordonné de finir
à 22 h 30. Devant le président, toujours, je m'incline.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
ajourne donc ses travaux à lundi matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 30)