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(Dix heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Rochefort): La commission de
l'aménagement et des équipements entreprend ses travaux ce matin
aux fins de tenir une consultation publique sur le projet de loi no 100
déposé par le ministre des Affaires municipales le 19 juin
dernier et qui porte le titre de Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités.
Avant d'amorcer nos travaux, je demanderais au secrétaire s'il y
a des remplacements de membres.
Le Secrétaire: Non, M. le Président, on ne m'a
signalé aucun remplacement.
Le Président (M. Rochefort): Aucun remplacement. Oui, M.
le député de Nicolet.
M. Richard: II y a effectivement un remplacement, celui de M.
Yvon Vallières par M. Rémy Poulin.
Le Président (M. Rochefort): M. Vallières
(Richmond) est remplacé par M. Poulin (Chauveau).
M. Richard: Exact.
Organisation des travaux
Le Président (M. Rochefort): Cela va? Un certain nombre de
décisions ont été prises par le comité directeur au
cours des dernières semaines quant à l'organisation des travaux
de cette commission et qui nécessitent d'être ratifiées par
les membres de la commission. En effet, le mandat n'avait pas été
formellement donné au comité directeur même si, dans les
faits, nous des deux formations politiques, nous étions entendus pour
faire en sorte que le comité directeur organise l'ensemble des travaux
entourant cette consultation.
Les décisions qui ont été prises sont les
suivantes. Il y a eu publication d'un avis public annonçant la tenue de
cette commission le 9 juillet 1986 à la Gazette officielle et
différents quotidiens du Québec. La date de dépôt
des mémoires a été prévue initialement pour le 20
août 1986 avec une extension limite jusqu'au 29 août dernier. La
date retenue des auditions est aujourd'hui, le 4 septembre, et demain, le 5
septembre, et, en suspens, à cause d'un problème d'horaire, le 16
septembre. On tentera de conclure cela d'ici la fin de nos travaux
d'aujourd'hui pour informer l'ensemble des membres de la date qui sera retenue
pour compléter les travaux dont nous avons reçu le mandat.
Vous avez aussi, en annexe, la liste des organismes et l'ordre de leur
audition pour les trois journées prévues de travaux de notre
commission. C'est dans les dossiers que nous vous avons remis avant l'ouverture
de nos travaux ce matin.
Je veux préciser aussi que le comité directeur a aussi
décidé d'entendre tous les organismes qui en avaient
manifesté le désir et qui ont respecté le délai du
29 août dernier quant au dépôt du mémoire au
Secrétariat des commissions parlementaires.
Y a-t-il un accord de l'ensemble des membres de cette commission pour
ratifier les décisions qui ont été prises par le
comité directeur quant à l'organisation de nos travaux?
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Rochefort): Cela va? Tout le monde est
d'accord? Parfait.
Finalement, je veux aussi souligner - et chacun des membres a
reçu copie de ces documents - que cinq corporations municipales ont
communiqué avec le secrétariat de notre commission non pas pour
demander à être entendues, mais pour nous faire connaître un
peu leur opinion par le biais de motions adoptées en conseil dans
chacune de ces municipalités. Il s'agit de la municipalité
régionale de comté du Granit, de la corporation municipale de
Sainte-Marguerite de Beauce-Nord, de la corporation municipale de Messine, de
la corporation municipale de Saint-Charles-de-Bourget et de la corporation
municipale de Chartierville.
Ces corporations municipales n'ont pas demandé à
être entendues, mais ont demandé que nous soyons saisis de
certaines recommandations ou de certains commentaires qu'elles voulaient nous
faire eu égard au projet de loi qui a été
déposé. C'est pour cette raison que le secrétaire de la
commission, M. Chouinard, a fait parvenir à tous les membres de la
commission copie de ces différentes résolutions pour que vous
soyez en mesure d'en prendre connaissance. La liste est dans le document que
nous vous avons remis ce matin et, au fur et à mesure que nous avons
reçu les résolutions, nous vous les avons fait parvenir à
vos bureaux.
L'ordre du jour de la séance
d'aujourd'hui est le suivant. Nous commencerons par les
déclarations d'ouverture du ministre et du critique de l'Opposition,
suivies de l'audition de l'Union des municipalités du Québec en
matinée. Cet après-midi, à 14 heures, nous entreprendrons
l'audition de la Corporation des officiers municipaux agréés du
Québec, l'audition de la Conférence des maires de la banlieue de
Montréal, l'audition de la ville de Laval et l'audition du Comité
pour la sauvegarde du boulevard Wallberg, à Dolbeau. En soirée,
nous attendrons les représentants du Rassemblement populaire de
Québec et les représentants de la Commission des droits de la
personne du Québec. Cela va? Est-ce qu'il y a des questions entourant
l'organisation des travaux de la journée d'aujourd'hui?
Sans plus tarder, j'inviterais M. le ministre des Affaires municipales
à nous livrer ses commentaires d'introduction. M. le ministre.
Déclaration d'ouverture M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Les principaux
intervenants du monde municipal, les élus municipaux, les associations
de fonctionnaires municipaux et les spécialistes de ce secteur du droit,
de même que le simple citoyen sont unanimes quand il s'agit de constater
la complexité et l'abondance de la législation qui gouverne la
vie municipale au Québec.
Les municipalités étant des émanations du
législateur québécois, elles n'ont que les pouvoirs et
n'exercent que les fonctions que celui-ci détermine et de la
façon dont il les détermine. D'où la
nécessité d'appuyer sur un texte de loi chacune des attributions
confiées aux municipalités et d'en préciser les
modalités d'application.
Les deux principales lois, soit le Code municipal et la Loi sur les
cités et villes, réglementent certains aspects fondamentaux de la
vie municipale, qu'il s'agisse de la constitution de la municipalité, de
son organisation administrative ou encore du mode d'élection de ceux qui
la gouvernent.
Ces deux pièces législatives, quoique très
importantes par leur contenu et par le nombre de municipalités
auxquelles elles s'appliquent, sont loin de donner une image fidèle du
droit applicable aux municipalités. Pour nous en convaincre, il suffit
de jeter un coup d'oeil en arrière afin de mieux apprécier
l'incidence de l'évolution de la société
québécoise sur la législation municipale.
À titre de première remarque, soulignons que le Code
municipal et la Loi sur les cités et villes n'ont pas été
révisés depuis leur adoption dans la première
moitié du siècle. Plusieurs dispositions sont devenues
inapplicables, soit par l'entrée en vigueur d'autres lois, soit qu'elles
soient simplement désuètes par suite des changements survenus
dans la société, soit que des pratiques administratives
différentes se soient développées à cause d'une loi
mal adaptée aux exigences d'une société en plein essor. Il
n'est donc pas surprenant de constater que plusieurs dispositions
législatives actuelles sont inappropriées. À titre
d'exemple, dans la Loi sur les cités et villes, il est encore
prévu que, le jour d'un scrutin, le président d'élection
peut exiger que lui soient remis tous les assommoirs, armes à feu,
épées ou autres armes offensives.
Dans un deuxième temps, nous pouvons observer que, depuis le
début des années soixante-dix, le régime municipal
québécois est en profonde mutation amenant l'adoption d'un nombre
important de lois majeures concernant divers aspects de la vie municipale,
notamment en matière de fiscalité,, d'aménagement et
d'urbanisme, de démocratie municipale, etc. Il faut ajouter à
cela la prolifération de chartes spéciales qui s'appliquent dans
plus de 250 municipalités avec le résultat que les lois
s'épaississent, se multiplient et deviennent sans cesse plus complexes
créant ainsi une véritable inflation législative.
De plus, la distinction qui existait à l'époque entre les
municipalités rurales et les villes recouvrait des
réalités économiques, géographiques et
démographiques fort différentes. Cette logique ne vaut plus
aujourd'hui. L'urbanisation, les changements démographiques, le
développement des banlieues, les regroupements de municipalités
ont rendu la distinction de plus en plus artificielle et, de nos jours, les
demandes se font de plus en plus nombreuses afin d'uniformiser les
règles applicables aux deux catégories de municipalités.
Conséquemment à cet état de fait, il devenait
évident que le gouvernement devait entreprendre une révision
complète de toutes les lois municipales. C'est en quelque sorte une
réponse logique au fait qu'il devenait non seulement de plus en plus
difficile de connaître avec certitude, mais aussi de modifier le droit
existant.
Un certain nombre de principes ont guidé notre ministère
dans cette première étape qui nous a conduits à
présenter, le 19 juin dernier, devant l'Assemblée nationale le
projet de loi 100 portant sur les élections et les
référendums dans les municipalités.
Cette révision a comme objectif premier l'adoption d'une seule
loi applicable à toutes les municipalités, y compris aux villes
de Montréal et de Québec. Mais cette nécessité
d'uniformiser ne signifie pas pour autant l'absence de distinctions. Ainsi, des
règles différentes sont prévues à la nouvelle loi
selon certaines catégories de
municipalités et ces règles varient en fonction de divers
critères fondés, par exemple, sur le nombre d'habitants.
Le deuxième grand objectif poursuivi est la simplification et
l'intégration des lois. Mentionnons simplement, pour illustrer cette
nécessité, l'existence d'une quarantaine de lois dont le ministre
des Affaires municipales a la responsabilité de l'application, en plus
du Code municipal, de la Loi sur les cités et villes et des chartes des
villes de Montréal et de Québec.
Un seul texte cohérent et structuré peut faciliter
grandement la compréhension et la consultation des règles
applicables par tous les intervenants du monde municipal, qu'il s'agisse des
élus municipaux, des fonctionnaires, des juges ou des simples
contribuables. La qualité même de l'administration municipale
dépend en partie de cette simplification ce qui nous conduit tout
naturellement à aborder le thème de la simplification
administrative. À ce chapitre, les procédures inutiles sont
retranchées et celles qui demeureront doivent être simples et
harmonieuses. Tout ceci afin de faciliter le cheminement des dossiers à
travers l'appareil administratif municipal et gouvernemental.
De plus, il nous paraissait primordial d'apporter une définition
nouvelle du rôle gouvernemental vis-à-vis des
municipalités. Alors qu'au début du siècle le
législateur était soucieux de contrôler et de surveiller de
façon efficace l'activité municipale, il nous faut aujourd'hui
faire primer la fonction "soutien et conseil" afin de favoriser une plus grande
autonomie locale. Dans cette veine, il nous semble logique de favoriser une
plus grande implication des citoyens dans la gestion municipale. En corollaire,
nous devons donc faciliter la connaissance et la compréhension par le
citoyen des lois et règlements afin qu'il puisse lui-même exercer
une surveillance adéquate de l'administration municipale. Les
contribuables seront en mesure d'exercer pleinement leur rôle pour autant
que les règles soient simples, claires et précises.
De même, le gouvernement a tenu compte, dans le choix des
solutions, de la capacité administrative des municipalités,
évitant des systèmes trop lourds et trop complexes dans les
municipalités de petite taille. Guidé par ces principes, c'est
dans cette foulée que le projet de loi 100 sur les élections et
les référendums dans les municipalités a vu le jour. Non
seulement ce projet a-t-il l'avantage de réunir dans une seule
pièce législative toutes les dispositions applicables en
matière d'élections et de référendums, mais, de
plus, il représente une réduction d'environ 73 % du nombre
d'articles de loi régissant ce domaine. En effet, dans les lois
actuelles, on dénombre près de 2300 articles permanents et 106
formules applicables en matière électorale et
référendaire. La nouvelle loi, pour sa part, contient 863
articles et ne retient aucune des 106 formules existantes.
D'autre part, le chapitre sur le financement des partis politiques,
représentant environ 150 articles, ne s'applique qu'aux
municipalités de 20 000 habitants et plus, soit environ 54
municipalités sur un total de 1507. Ajoutons à cela qu'un peu
plus de 200 dispositions sont des modifications de concordance apportées
à diverses lois et nécessaires à la mise en oeuvre de la
nouvelle loi.
Ce projet de loi est en quelque sorte le fruit de nombreuses
consultations et le résultat d'un échange incessant avec le
milieu municipal. Ainsi, depuis le début des travaux qui nous ont
conduits jusqu'à l'actuel projet de loi, nous avons toujours eu le souci
de rester à l'écoute du milieu municipal. Depuis
l'établissement des grands principes directeurs de cette
révision, en collaboration avec l'Union des municipalités du
Québec et l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec, nous avons évolué avec un
processus de consultation tantôt informel par l'organisation de
rencontres avec les élus, les partis d'opposition ou encore les
fonctionnaires municipaux, tantôt avec un processus plus formel par nos
échanges de points de vue avec les représentants des grandes
unions municipales dans le cadre de la table de concertation
Québec-municipalités.
De même, la collaboration des autres ministères et des
autres organismes gouvernementaux nous a été précieuse. Je
dois souligner ici l'aide appréciable du Directeur général
des élections qui nou3 a offert sa collaboration à titre d'expert
en matière électorale. Il a su nous conseiller à maintes
reprises afin que la nouvelle loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités se rapproche, dans
toute la mesure du possible, du modèle provincial.
Ainsi, nous avons toujours eu des échanges amicaux et
constructifs avec les personnes qui oeuvrent quotidiennement dans le monde
municipal et, tout au long du processus, beaucoup de suggestions sont venues du
milieu lui-même. Plusieurs de celles-ci ont été retenues,
comme vous avez pu le constater en prenant connaissance du projet de loi.
Aujourd'hui, de nouveau, le milieu municipal a été
invité à réagir et à donner son point de vue dans
le cadre de la présente commission parlementaire. En effet, il ne s'agit
pas de légiférer à l'insu des intéressés, et
les choix qui ont été faits dans le projet de loi doivent
être non seulement connus de tous, mais les personnes concernées
doivent, dans un processus démocratique et public, donner leur point de
vue sur les règles qui leur sont proposées
pour l'avenir. C'est cette transparence dans le processus
législatif qui nous permet d'être confiants dans le succès
que connaîtra l'application de cette nouvelle loi.
Sans entrer dans tous les détails que comporte un tel projet,
j'aimerais attirer l'attention sur un certain nombre de modifications
apportées au système actuel et susceptibles d'améliorer le
fonctionnement de la mécanique électorale et
référendaire municipale.
Dorénavant, les élections générales
municipales auront lieu tous les quatre ans, le premier dimanche de novembre,
sans toutefois imposer qu'elles se tiennent la même année dans
toutes les municipalités. Lors d'une élection
générale, tous les postes du conseil municipal devront être
ouverts aux candidatures. Au sein d'un conseil municipal, il ne pourra plus
désormais y avoir moins de six conseillers, sauf décision
contraire du ministre des Affaires municipales.
En ce qui concerne la division du territoire municipal aux fins
électorales, ce projet de loi permet aux municipalités dont le
territoire n'est pas divisé ou dont le territoire est divisé en
quartiers de conserver le statu quo. Cependant, toute municipalité qui,
à l'avenir, voudra diviser son territoire ou changer sa division
actuelle devra adopter le système des districts électoraux. De
plus, toute municipalité de 20 000 habitants ou plus et toute autre
municipalité actuellement obligée de diviser son territoire en
districts électoraux seront assujetties à cette obligation.
Ce projet de loi donne la qualité d'électeur à
toute personne physique qui est majeure, a la citoyenneté canadienne et
n'est frappée d'aucune incapacité de voter, et qui est
domiciliée, propriétaire d'immeuble ou occupant de place
d'affaires dans la municipalité depuis au moins douze mois le 1er
septembre de l'année de l'élection. Il prévoit
l'éligibilité à un poste de membre du conseil de tout
électeur qui est domicilié ou qui a une résidence dans la
municipalité depuis au moins douze mois le 1er septembre de
l'année de l'élection. Il réduit également la liste
actuelle des motifs d'inéligibilité.
Sur la question des inhabilités, ce projet de loi fait en sorte
qu'il ne soit plus nécessaire de s'adresser aux tribunaux pour faire
déclarer un élu municipal inhabile a exercer sa fonction si
l'inhabilité est incontestable comme lorsqu'elle découle d'une
nomination à une fonction incompatible ou d'une condamnation pour
infraction criminelle.
En ce qui concerne les procédures électorales, notons
brièvement que la révision de la liste électorale se fera
désormais après la période de mise en candidature et
seulement s'il doit y avoir un scrutin.
Au chapitre du financement des partis politiques et du contrôle
des dépenses électorales dans les municipalités de 20 000
habitants ou plus, le projet de loi prévoit qu'un parti dont plus de 20
% des revenus annuels seront constitués de dons anonymes devra verser
l'excédent à la municipalité.
En matière de référendums, ce projet de loi
préserve les dispositions des lois actuelles qui déterminent les
actes qui doivent être soumis à l'approbation des citoyens, qui
délimitent le territoire visé par le référendum et
qui établissent les exigences particulières quant au nombre de
votants ou de votes affirmatifs requis pour que l'acte soit
considéré comme approuvé. Cependant, il uniformise les
règles relatives aux qualités exigées pour qu'une personne
soit habile à voter lors d'un référendum, ainsi que les
règles générales de procédure
référendaire.
Ainsi, il prévoit qu'est habile à voter lors d'un
référendum toute personne qui est domiciliée sur le
territoire visé ou qui y est propriétaire d'immeuble ou occupant
de place d'affaires; dans le cas d'une personne physique, elle doit, de plus,
être majeure et de citoyenneté canadienne et ne pas être
frappée d'une incapacité de voter. Ce projet de loi fait en sorte
que le droit de se prononcer sur un règlement d'urbanisme ne soit plus
réservé aux seuls propriétaires et locataires et que le
droit de se prononcer sur un règlement d'emprunt ne soit plus
réservé aux seuls propriétaires. Il prévoit
également que la confection et la révision d'une liste
référendaire ne seront nécessaires que dans le cas
où un scrutin doit être tenu.
Enfin, le projet de loi apporte aux diverses lois qui régissent
le domaine municipal, dont plus d'une centaine de chartes particulières,
les modifications de concordance nécessaires à sa mise en oeuvre.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre.
Maintenant, je donne la parole au député de Jonquière. M.
le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Je voudrais d'abord, dans ma première remarque,
dire le plaisir qu'ont à se rencontrer après les vacances tous
les membres de l'Assemblée nationale. Il nous fait plaisir
également de rencontrer les personnes qui auront à
présenter leurs mémoires au cours de la journée.
Le 19 juin dernier, le projet de loi 100, Loi sur les élections
et les référendums dans les municipalités, a
été présenté par le ministre des Affaires
municipales. Ce projet de loi, dans une large mesure, ne fait que poursuivre le
travail amorcé sous le gouvernement précédent. En effet,
j'ai ici devant moi un communiqué de presse en date du 20 juin 1985 et
dont le titre est le
suivant: "Alain Marcoux dépose le projet de loi 60 sur les
élections et les référendums dans les
municipalités". Depuis quelques années, "le ministre des Affaires
municipales prépare, en collaboration avec ses principaux partenaires,
cette vaste refonte des lois municipales qui comprendra six parties et dont le
présent projet de loi constitue la première. Le ministre admettra
sûrement que les deuxième et troisième volets, qui portent
respectivement sur l'organisation territoriale et sur l'organisation
administrative, étaient déjà prêts lors de son
arrivée en poste.
L'Opposition appuie les grands principes de cette refonte et presse le
ministre des Affaires municipales de déposer, dans les plus brefs
délais, les projets nécessaires pour terminer cette
réforme. N'oublions pas que le changement de gouvernement a
déjà retardé d'un an et demi l'entrée en vigueur du
premier volet sur les élections dans tes municipalités, d'abord
prévu pour décembre dernier. Tout est prêt. Le monde
municipal attend cette réforme préparée de longue date et
nous demandons au ministre d'accélérer le rythme de sa mise en
application.
Quand on parle de refonte des lois municipales, il est bon de prendre un
certain recul dans le temps. Toute la démarche de la restructuration
générale du cadre légal du régime municipal date du
début des années soixante-dix. Mais, avant de refondre des lois,
il apparaissait important d'apporter certaines réformes. Ainsi, on se
rappellera que, de 1977 à 1980, le gouvernement a fait adopter par
l'Assemblée nationale toute une série de lois visant à
concrétiser, dans le monde municipal, des réformes portant sur la
fiscalité, l'aménagement et la démocratie municipale.
Quelques années auparavant, différentes commissions
avaient été créées; on a eu le rapport Lahaie, la
commission Castonguay sur l'urbanisme et la commission Hébert sur la
refonte des lois municipales existantes. Mais il n'y avait aucune
réforme à l'horizon, aucune vision globale de ce que devait
être le monde municipal. (10 h 45)
II a fallu près de trois ans de discussion entre le gouvernement
et ses principaux partenaires, c'est-à-dire les municipalités,
pour aboutir, en 1980, a une nouvelle vision du monde municipal qui se
résume en trois volets: les finances municipales, qui se résument
dans la loi 57, loi où il y aura des modifications à apporter;
les mécanismes de la démocratie municipale: la loi 105; le
partage des compétences entre le gouvernement et les
municipalités: la loi 125. Ces réformes enclenchées, il
devenait plus indiqué de procéder à la refonte des lois
municipales.
Le projet de loi 60, déposé l'an dernier par le
gouvernement précédent, enclenchait le processus
législatif de la vaste réforme en six parties des lois
municipales. Il avait été précédé d'un
avant-projet de loi, rendu public le 17 janvier 1985, qui avait fait l'objet de
consultations auprès des principaux intervenants du monde municipal,
dont l'Union des municipalités du Québec, l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec.
Le projet de loi 100, digne successeur à maints égards du
projet de loi 60 mort au feuilleton, reflète les grandes orientations
qui ont guidé la refonte de cette première partie des lois
municipales: la nécessité d'uniformiser le processus
électoral et référendaire; le souci d'adopter un
régime électoral municipal qui s'apparente au régime
électoral québécois; le besoin d'abolir des dispositions
législatives désuètes.
L'Opposition est satisfaite de constater que le projet de loi 100
respecte les grandes lignes du projet de loi 60 qui porte sur le même
sujet et qui avait été présenté à
l'Assemblée nationale le 20 juin 1985.
Il est évident que, malgré toutes les consultations
menées par le ministre et son prédécesseur, il reste des
ambiguïtés à lever, des doutes persistent sur la pertinence
de certains articles et des principes et modalités ne font pas
consensus.
Personnellement, je m'interroge sur les points suivants:
l'éligibilité des sous-ministres, du personnel politique des
ministres et des fonctionnaires municipaux à un poste de membre du
conseil de la municipalité (articles 60 et 61); la nomination des
scrutateurs et des secrétaires des bureaux de vote dans le cas où
un candidat indépendant a obtenu le plus grand nombre de votes à
la dernière élection, (articles 75 et 125); la durée de
résidence, depuis combien de temps - 12 mois selon le projet de loi 100,
24 mois selon la loi actuelle - un électeur doit-il demeurer dans une
municipalité pour être éligible à un poste de membre
du conseil de la municipalité, (article 59)? Une autre interrogation: Y
a-t-il lieu de défendre la publicité partisane dans un rayon de
un kilomètre d'un bureau de vote? II y a sûrement des
problèmes d'espace qui sont à prévoir en milieu urbain
(articles 287 et 545). Dans une élection partielle, cela voudrait dire
que la municipalité pourrait être parsemée d'affiches
publicitaires d'un candidat si la municipalité est assez grande
évidemment, mais dans un rayon de un kilomètre, cela voudrait
dire que dans une élection partielle les règles du jeu seraient
différentes de celles d'une élection générale.
L'article 518 stipule que le titre II de cette loi régit les
référendums facultatifs et les scrutins
référendaires qu'une loi générale ou
spéciale oblige à tenir. Or, la charte de Montréal et
celle de Québec ne contiennent aucune disposition qui concerne la tenue
de
référendums. Y a-t-il lieu de soumettre les villes de
Montréal et de Québec aux mécanismes des
référendums municipaux?
Depuis l'adoption de la loi 44 en juin 1979, la naissance des partis
politiques dans les municipalités de plus de 20 000 habitants a
modifié sensiblement la tenue des élections dans plusieurs villes
du Québec et a permis d'augmenter la participation des citoyens à
la vie politique municipale. En contrepartie, il est maintenant plus facile
dans une municipalité de réunir le niveau d'opposition
nécessaire pour avoir recours à un référendum.
L'article 548 concernant les référendums municipaux ne change pas
les nombres prévus à l'article 379 de la Loi sur les cités
et villes. Il y aurait peut-être lieu de modifier cette règle de
façon à la rendre proportionnelle à la taille des
populations concernées.
En ce qui a trait aux procédures électorales, le projet de
loi 100 cherche la plus grande harmonisation possible avec les règles
applicables lors des élections tenues en vertu de la Loi
électorale du Québec.
Une question aussi que je me pose, le projet de loi cherche presque
d'une façon systématique à établir surtout dans les
municipalités de 20 000 habitants et plus le régime des partis
politiques. En voulant que l'élection municipale devienne une copie
conforme de l'élection provinciale, on cherche par ce
phénomène à favoriser les partis politiques puisque ces
partis qui ont obtenu le plus grand nombre de voix auront le pouvoir de nommer
ou de suggérer des noms pour ceux qui travaillent dans des bureaux de
scrutin. Je me pose la question suivante par rapport à ce projet de loi:
Est-ce que le vécu que nous avons actuellement dans les partis
politiques municipaux nous permet de dire hors de tout doute que cette nouvelle
façon de procéder dans les municipalités n'aura pas
à subir des modifications avec le temps ou n'aura pas surtout à
tenir compte du phénomène des candidats indépendants?
Si on regarde le projet de loi, le parti municipal qui a obtenu le plus
grand nombre de voix pourra nommer certaines personnes dans des bureaux
électoraux comme travailleurs durant la période électorale
et les élections, tandis qu'on fait abstraction complètement du
candidat indépendant. Je ne vois nulle part, dans le projet de loi,
qu'on tienne compte des indépendants.
Assez souvent, l'indépendant qui sera élu n'aura pas le
pouvoir de nommer ces personnes si on n'en tient pas compte dans la loi. Cela
fait qu'un parti indépendant qui a seulement un candidat sur dix, douze
ou quinze conseillers municipaux pourrait avoir à nommer des gens dans
tous les bureaux de scrutin, tandis qu'on tiendrait compte de ceux qui ont
été élus dans le projet de loi qui nous est
proposé. À mon sens, on devrait regarder avec beaucoup
d'attention et de minutie les articles 75 et 125, à savoir si on doit
vraiment uniformiser ou copier les élections provinciales sur les
élections municipales. À mon sens, c'est un problème qui
se pose dans ces articles. À mon point de vue, si on doit changer la
loi, on devrait y aller avec beaucoup de minutie et peut-être aussi
admettre carrément que les élections municipales, ce ne sont pas
des élections provinciales. Plus on va aller dans le sens de
l'uniformisation, plus il y a un danger de perdre le caractère
spécifique des municipalités. En voulant trop uniformiser, on
peut en venir à perdre notre identité ou à perdre la
spécificité des municipalités.
Toutefois, le présent gouvernement a choisi de faire
disparaître les dispositions qui s'appliquent aux partis politiques
provinciaux et que le projet de loi 60 retenait à l'article 425, soit le
remboursement à l'électeur de 50 % de sa contribution
jusqu'à concurrence de 140 $. En fait, on n'en fait pas une question de
fond, mais l'Opposition voudrait bien connaître les arguments qui ont
conduit le ministre des Affaires municipales à ne pas retenir cette
proposition du gouvernement précédent.
Par ailleurs, le projet de loi 100 reconduit des dispositions
introduites en 1981 concernant le financement des partis politiques municipaux
et des candidats indépendants dont, entre autres, l'obligation de rendre
publiques les contributions de 100 $ et plus. De ce côté-là
aussi, cela devient une copie conforme de ce qui se passe au gouvernement
provincial. On permet, d'une part, que l'électeur contribuant à
un parti politique puisse augmenter ses cotisations de 50 %. Avant dans la loi
municipale, l'électeur ayant cette qualification pouvait donner 500 $;
le projet de loi permet d'aller jusqu'à 750 $. On permet aussi au
candidat d'augmenter ses dépenses dans une proportion semblable,
c'est-à-dire 50 % de ses dépenses générales
globales. La question que je me pose, c'est: Comment peut-on augmenter toutes
les participations ou toutes les augmentations de coûts, soit de
dépenses ou soit de participation aux élections, et ne pas faire
varier la contribution de 100 $? N'auralt-il pas été plus logique
de penser que les 100 $ auraient pu devenir 150 $ pulsqu'en augmentant le
coût des dépenses on admet, d'un côté, que le dollar
a perdu de sa valeur et qu'on donne plus d'argent pour faire des
élections? Les 100 $ étaient la norme minimale dans le temps,
d'abord, pour qu'à sa contribution par chèque on puisse
émettre un reçu et aussi pour que, en consultant la liste des
contribuables, on puisse connaître ceux qui ont donné de l'argent.
À ce moment-là, les 100 $ n'auraient-ils pas pu devenir 150 $?
S'il est vrai que cela ne vaut plus rien pour l'autre bout, les 100 $
valent
beaucoup moins dans ce cas-là. C'est seulement un sujet de
réflexion; peut-être qu'on pourra demander à des gens qui
viendront déposer des mémoires aujourd'hui ce qu'ils en
pensent.
On se rappellera que, au cours du printemps, le Directeur
général des élections a blâmé le Parti
libéral du Québec pour avoir fourni un rapport financier en se
moquant de l'esprit de l'article analogue de la Loi électorale et en
rendant, à toutes fins utiles impossible la consultation de sa liste de
souscripteurs. L'objectif visé par l'article 475 est clair: faciliter la
consultation de la liste des souscripteurs de plus de 100 $. C'est un objectif
d'assainissement des moeurs politiques. Le ministre est-il prêt à
considérer une formule prévoyant fournir des listes par districts
électoraux dans les municipalités de plus de 20 000 habitants?
J'aimerais connaître son opinion à ce sujet.
Le dernier point dont je voudrais parler dans mes remarques
préliminaires concerne la moralité publique des hommes et des
femmes qui désirent exercer ou exercent présentement la fonction
de membre d'un conseil municipal. Le projet de loi 100 constitue un
sérieux effort pour cerner les motifs d'inhabilité aux fonctions
de maire ou de conseiller.
Toutefois, l'Opposition a de sérieuses réserves sur
certains cas d'exception prévus à l'article 309 et surtout sur le
pouvoir inadmissible que se donne le ministre des Affaires municipales au
dixième alinéa de cet article 309 et à l'article 576.1 de
déterminer tout cas où l'article 308 ne s'applique pas.
L'article 308 dit ceci: "Est inhabile à exercer la fonction de
membre du conseil de toute municipalité la personne qui sciemment,
pendant la durée de son mandat de membre du conseil d'une
municipalité ou de membre d'un organisme municipal, a un
intérêt direct ou indirect dans un contrat avec la
municipalité ou l'organisme".
Que le présent ministre des Affaires municipales tienne à
se donner un pouvoir d'intervention ad hoc, faire du cas par cas est
très inquiétant. Il s'agit d'un droit nouveau tout simplement
inacceptable et nous allons nous opposer de toutes nos forces à ce
point. Je pense que c'est facile à comprendre: d'un côté,
on dit pourquoi quelqu'un est inhabile et, après cela, on se donne une
porte de sortie en disant: Oui, là, on pourrait le rendre habile. Je
pense qu'on n'a pas le choix, on ne peut pas être l'un et l'autre. Il
faut choisir quelque part et je pense que, dans le droit municipal - je dois
rejoindre le ministre à ce moment - on a tout intérêt
à simplifier et aussi à faire comprendre aux gens que les
élections, c'est important. Cela simplifie l'administration et, en
même temps, cela favorise la connaissance des lois. S'il y a des
principes qu'on met en cause et que cela devient du cas par cas, je me demande
si on atteindra les buts du ministre des Affaires municipales, à ce
moment c'est-à-dire une simplification administrative et aussi favoriser
la connaissance des lois en ayant des lois plus claires et plus
précises.
Nous nous interrogeons très sérieusement sur
l'alinéa 9 de l'article 309 qui prévoit que l'article 308 ne
s'applique pas quand "l'intérêt général de la
municipalité ou de l'organisme municipal exige que le contrat soit
conclu de préférence à tout autre". Qui sera juge de ces
cas? Le ministre des Affaires municipales? La Commission municipale? Cet
alinéa laisse trop de place à l'arbitraire et nous tenons
à exprimer nos réserves. S'il y a moins de lois, je ne voudrais
pas que le ministre ait tellement de décisions à prendre que tout
doive remonter à son bureau. Il faut simplifier les lois, mais il faut
aussi essayer, dans la mesure du possible, de simplifier le travail du ministre
des Affaires municipales. En tout cas, on a cette préoccupation.
L'alinéa 5 de ce même article nous semble imprécis
et même contradictoire par rapport au quatrième alinéa de
l'article 116 de la Loi sur les cités et villes. Le projet de loi 100
veut introduire la notion de "fourniture de services offerts de façon
générale par la municipalité", alors que la Loi sur les
cités et villes parle plutôt d'acceptation ou de
réquisition de services municipaux mis à la disposition des
contribuables suivant un tarif établi. On peut trouver un exemple de
cela dans la charte de la ville de Québec, à l'article 815 de la
loi 100, paragraphe d) de l'alinéa 4. Ce n'est pas l'article 815 de la
charte de la ville de Québec, par exemple. En tout cas, c'est dans la
loi, vous regarderez. Je reprends exactement les mêmes termes:
"acceptation ou la réquisition de services municipaux". En voulant
changer, on revient à une fourniture de services. Donc, cela va changer
partout et on va essayer de faire l'adaptation à ce moment.
Le dernier point que je tiens à soulever concerne le
deuxième alinéa de l'article 309 relatif aux conflits
d'intérêts. Il se lit comme suit: "l'intérêt de la
personne consiste dans la possession d'actions d'une compagnie qu'elle ne
contrôle pas et dont elle n'est ni un administrateur ni un officier".
Nous sommes en désaccord avec cet alinéa tel qu'écrit qui
ne tient pas compte de l'influence indue que peut exercer un individu
détenant 30 % à 40 % des actions d'une compagnie sans être
administrateur ni officier. Il ne la contrôle pas, mais peut se servir de
son influence pour exercer une forte pression sur les officiers municipaux ou
sur ses collègues.
On pourrait donner quelques exemples où de tels cas pourraient se
présenter. Je
pourrais prendre comme exemple quelqu'un qui aurait une entreprise de
construction d'habitations dans la municipalité. Deux actionnaires,
même sans posséder la majorité des actions, pourraient
facilement exercer un certain contrôle ou une certaine influence au sein
de son conseil municipal pour favoriser certaines décisions. (11
heures)
J'invite, d'ailleurs, le ministre à relire les directives
concernant les conflits d'intérêts que le premier ministre a rendu
publiques au début d'avril dernier. Ces directives contiennent des bons
points. Ainsi, elles font la distinction entre les sociétés
commerciales non incorporées, les compagnies privées et les
compagnies publiques. Afin d'éviter la collusion ou l'influence indue,
nous invitons le ministre des Affaires municipales à s'inspirer de ces
points. Il pourrait peut-être permettre un intérêt de 5 % du
capital-actions pour une compagnie privée, confier les
intérêts dans une compagnie publique à un mandataire sans
droit de regard.
Il y a deux autres points que je n'ai pas colligés dans mon petit
laïus de ce matin, mais que j'aimerais signaler, puisqu'ils me semblent
être des points d'intérêt dans le projet de loi. Dans le
projet de loi 100 - je peux l'identifier, c'est l'article 765, sous-article
6.3.6 où l'on parle de la ville de Québec - on parle de conflits
d'intérêts et d'un "intérêt tellement minime".
J'aimerais que le ministre puisse nous dire qu'est-ce qu'un
intérêt minime. Si on laisse cela au bon jugement - je comprends
que tout le monde a plein de bon jugement - c'est quoi un intérêt
minime par rapport à ce qui se passe dans la réalité? Cela
dépend de la taille des municipalités, de l'ampleur des budgets?
Si on laisse cela au bon jugement, cela laisse de la place pour l'arbitraire et
cela devient flou. Je me demande qui devra décider ce qu'est un
intérêt minime par rapport à des décisions ou
à des conflits d'intérêts.
Quant aux proportions concernant Ies référendums, il me
semble qu'il n'y a pas eu tellement d'efforts de recherche de faits par rapport
aux proportions de gens appelés à se prononcer par
référendum ou à demander un référendum. Par
exemple, le tiers jusqu'à 60 contribuables; ensuite, c'est 20 % entre 60
et 200. Il me semble que le tiers et 20 %, cela se ressemble. Il n'y a pas de
différence entre 59 et 60 propriétaires. J'ai l'impression que,
dans ce projet de loi, dans la question des proportions pour les
référendums, on pourrait faire un effort pour vraiment
différencier les proportions d'un groupe par rapport à un autre
groupe plus nombreux.
Voilà, M. le ministre, qui met fin à me8 remarques
préliminaires. Je présume que vous voudrez réagir
immédiatement à quelques points avant d'entendre les
représentations des municipalités du Québec, ou on le fera
au cours de l'étude article par article par rapport à l'ensemble
du projet. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Jonquière. Avant d'accorder la parole au
ministre s'il souhaite réagir, est-ce qu'il y a d'autres membres de la
commission qui souhaiteraient faire des commentaires d'introduction? Non. M. le
ministre, souhaitez-vous réagir aux propos du député de
Jonquière?
M. Bourbeau: Pas vraiment, M. le Président. Ma
compréhension de la situation, c'est que nous sommes ici pour
écouter les représentations des élus du monde municipal ou
des autres organismes qui veulent se faire entendre sur le projet de loi 100.
Nous avons pris bonne note des remarques du critique de l'Opposition. Je pense
que ce n'est pas le moment pour engager des débats entre le gouvernement
et l'Opposition sur le bien-fondé de chacun des articles du projet de
loi. Cela se fera peut-être dans les mêmes lieux, mais à un
autre moment.
Pour l'instant, quant à nous, nous serions prêts à
entendre les représentants de l'Union des municipalités du
Québec.
Le Président (M. Rochefort); D'accord, merci. Avant d'appeler les
membres de l'Union des municipalités du Québec, je voudrais
ajouter aux informations d'introduction que j'ai faites ce matin une
information que je dois livrer à chacun des membres de la commission.
J'ai eu une communication téléphonique avec le président
du comité exécutif de la ville de Montréal. La ville de
Montréal avait manifesté, au départ, son intention de
présenter un mémoire et d'être entendue par notre
commission. Or, le président du comité exécutif de la
ville de Montréal m'a fait part au téléphone du
désistement de la ville de Montréal. Il juge que, compte tenu des
élections municipales en cours, il serait extrêmement
délicat de venir commenter le processus électoral proposé
par le projet de loi 100, alors qu'ils sont à vivre un processus
électoral qui, à certains égards, est différent et,
à certains autres, semblable.
Toutefois, le président du comité exécutif de la
ville de Montréal m'a souligné qu'il est convaincu que le conseil
municipal qui suivra aura sûrement des commentaires à nous
transmettre et qu'il souhaitait qu'on soit en mesure de le recevoir avant que
le projet de loi connaisse une autre étape. C'est une information que je
voulais transmettre aux membres de la commission.
Auditions
Donc, sans plus tarder, j'inviterais
maintenant les représentants de l'Union des municipalités
du Québec à prendre place à l'avant pour la
présentation de leur mémoire. Pour les fins du Journal des
débats et pour les gens qui suivent nos travaux, M. le maire, je vous
demanderais de vous présenter et de présenter les gens qui vous
accompagnent.
Union des municipalités du
Québec
M. Desrosiers (Jean-Louis): M. le Président, M. le
ministre, Mmes et MM. les membres de la commission, vous devrez vous contenter,
malheureusement, du vice-président de l'Union des municipalités.
Notre président, M. Jean Pelletier, me charge de vous saluer tous. Il
aurait présenté le mémoire avec tellement d'emphase et
vous auriez eu tellement de plaisir à l'entendre. Mais vous devrez
accepter une voix de l'est du Québec, de Mont-Joli, pour vous
présenter ces choses.
Ceux qui m'accompagnent, M. le Président, sont les personnes
suivantes: M. Bernard Guindon, le premier à ma gauche, maire de
Plaisance, une municipalité régie par le Code municipal; son
voisin, encore à ma gauche, est quelqu'un de bien connu, semble-t-il,
dans la ville de Québec. Depuis qu'on voyage avec lui, tout le monde le
reconnaît au passage; je ne sais pas s'il aura envie de se
présenter dans la ville de Québec un jour: M. Ralph Mercier,
maire de Charlesbourg, une municipalité régie par la Loi sur les
cités et villes.
À ma droite, le conseiller juridique de l'Union des
municipalités du Québec, M. Marc Laperrière, et, non le
moindre, M. Jean-Paul Morency, vice-président du comité
exécutif de la ville de Québec. Mon nom est Jean-Louis
Desrosiers, je suis maire de la ville de Mont-Joli et vice-président de
l'Union des municipalités.
Le Président (M. Rochefort): Je vous souhaite à
tous, au nom des membres de la commission, la plus cordiale des bienvenues
parmi nous. Je vous demande donc de présenter votre mémoire.
Compte tenu de son volume, je pense que vous pouvez le lire sans
problème. Cela nous permettra de compléter l'audition de votre
organisme à l'intérieur du temps que nous avions
prévu.
M. Desrosiers: Nous tenons, M. le Président, à vous
remercier, ainsi que le ministre des Affaires municipales, pour avoir
convoqué cette commission et nous avoir permis de nous faire entendre.
Sans reprendre l'ensemble du mémoire, nous croyons, cependant, opportun
de rappeler la position de l'Union des municipalités du Québec
sur certains points qui méritent, à notre avis, une attention
particulière.
Quant à l'article 18, c'est le premier point dont je voudrais
traiter: opposition au projet de règlement divisant la
municipalité en districts. L'Union des municipalités du
Québec croit que le nombre d'oppositions devrait être
augmenté afin que la tenue d'une assemblée reflète plus
adéquatement la volonté populaire. Tel que stipulé dans le
projet de loi actuel, une minorité de citoyens pourrait obliger la
municipalité à tenir une assemblée publique aux frais de
l'ensemble des contribuables. Ainsi, par exemple, il serait tentant pour un
groupe de citoyens opposés au conseil municipal de chercher à se
faire du capital politique en organisant une apposition au projet de
règlement, exigeant alors la tenue d'une assemblée. Par exemple,
il suffirait, uniquement de 20 oppositions pour forcer la tenue de cette
assemblée dans une municipalité de 20 000 habitants. Ainsi, le
nombre d'oppositions reçues dans le délai fixé devrait
être égal ou supérieur à 100 dans le cas d'une
municipalité de moins de 20 000 habitants; 5 oppositions par tranche
complète de 1000 habitants, dans le cas d'une municipalité de 20
000 et plus, mais moins de 100 000 habitants; 500 dans le cas d'une
municipalité de 100 000 et plus.
Un commentaire sur l'article 49; le cens électoral. L'Union des
municipalités du Québec est en accord avec le projet de loi
concernant les conditions nécessaires pour être électeur
dans une municipalité.
Quant à l'article 59, le cens d'éligibilité,
l'Union des municipalités du Québec recommande le maintien du
statu quo quant au délai de résidence de 24 mois pour être
éligible au titre de candidat. Notre argumentation là-dessus est
simple. L'importance de la responsabilité de l'élu municipal face
à la collectivité locale exige quand même un minimum de
connaissance de la vie municipale locale. Cette exigence, bien loin
d'être contraire à la démocratie, est basée sur le
respect de celle-ci et de l'éiectorat.
Quant à l'inéligibilité, l'Union des
municipalités recommande d'inclure a la liste des postes ou des charges
inéligibles avec la charge d'élu - je ne voudrais pas qu'on le
prenne en mal, nous avons beaucoup d'estime pour ces gens - les sous-ministres
des deux gouvernements, ainsi que tout le personnel politique des
ministères. On pense que ces gens-là devraient être
soustraits aussi.
Quant aux fonctionnaires, l'article 61 du projet de loi énonce
certaines exceptions à l'inéligibilité des employés
ou fonctionnaires municipaux. Cette inéligibilité ne devrait
souffrir aucune exception afin de préserver l'harmonie et
l'efficacité administrative des municipalités. Toute
dérogation au principe d'inéligibilité des fonctionnaires
serait source de conflits d'intérêts nombreux entre les
employés qui chercheraient à accumuler du capital
politique au détriment d'une saine gestion municipale, tant avant
les élections qu'après celles-ci lorsqu'ils auront à
retourner au travail comme fonctionnaires municipaux- Les administrations
municipales, à cause de leur taille, font en sorte que les
employés municipaux sont souvent en contact avec les élus. La
situation risquerait de devenir intenable et d'envenimer le climat de toute
l'administration municipale.
Quant au personnel électoral, ce qui gouverne le travail partisan
du scrutateur et des secrétaires affectés aux bureaux de vote,
l'article 85 du projet de loi stipule que le scrutateur et le secrétaire
affectés à un bureau de vote établi lors du vote par
anticipation peuvent effectuer du travail de nature partisane entre la remise
de l'urne au président d'élection à la fin de ce vote et
le dépouillement le jour du scrutin,
L'UMQ est d'avis que l'impartialité du personnel électoral
ne doit souffrir aucune exception afin de préserver le mieux possible
l'intégrité et le bon déroulement de
l'élection.
Quant au tarif d'honoraires, à l'article 87, contrairement au
modèle de la loi provinciale, l'Union des municipalités est
d'accord avec le mode de fixation du tarif d'honoraires du personnel
électoral. Nous croyons, toutefois, et c'est là la
différence, que la détermination de ce tarif est un geste
essentiellement administratif et devrait être faite par résolution
et non par règlement comme dans la loi provinciale. Ceci serait
notamment plus conforme avec la proposition qu'on retrouve plus loin voulant
que le conseil puisse, le cas échéant, déléguer ce
pouvoir à un comité exécutif alors qu'on sait bien que le
comité exécutif, ne procède que par résolution.
Enfin, nous croyons que le pouvoir d'établir ce tarif devrait
appartenir d'office au comité exécutif, lorsqu'il en existe un,
et non lui être délégué par le conseil.
Quant aux listes électorales - nous sommes à l'article
110, révision de la liste -en vertu du projet de loi, la liste
électorale de la municipalité ou, selon le cas, du district
électoral ou du quartier, doit être révisée
lorsqu'un scrutin doit être tenu. Or, ce n'est qu'à la fin de la
période de candidature que le président d'élection peut
vraiment savoir si un scrutin doit être tenu.
Si - c'est là où le bât blesse - le président
d'élection devait attendre la fin de la mise en candidature, il
bénéficierait d'un très court laps de temps pour
réviser la liste. Si la suggestion du projet de loi est retenue, la
qualité des listes risquerait de s'en ressentir et la démocratie
municipale serait moins bien servie. De plus, l'expérience municipale
révèle que l'économie recherchée en ce faisant
serait totalement négligeable ou presque.
L'UMQ est d'avis que le président d'élection ne devrait
pas être obligé d'attendre à la fin de la période de
mise en candidature pour procéder à la révision de la
liste électorale.
Quant à la composition de la commission de révision
(article 124), encore là, on essaie de reprendre une disposition de la
loi provinciale. Le projet de loi stipule que la commission de révision
est automatiquement - ce mot est important -composée de trois
réviseurs nommés par le président. Puisqu'un tel nombre
risquerait d'entraîner un personnel important attaché à
cette tâche, notamment dans les municipalités de grande taille -
l'argument nous a été fourni par les grandes municipalités
- l'Union des municipalités est d'avis que le nombre des
réviseurs devrait être à la discrétion du
président d'élection et jusqu'à concurrence de trois.
Nous, nous faisons confiance au bon jugement.
Période de mise en candidature, article 150. L'UMQ est en accord
avec la proposition voulant que la période de mise en candidature se
termine le vingt-troisième jour précédant celui
fixé pour le scrutin. (11 h 15)
Dépôt pour garantir la candidature. Le projet de loi
supprime l'obligation de joindre à la déclaration de candidature
un dépôt pour garantir celle-ci. Au contraire, l'UMQ croit qu'il
faut non seulement le maintenir, mais l'augmenter. Cette caution n'a pas pour
but d'entraver la démocratie, mais bien plus de garantir le
sérieux d'une candidature et ce, pour le respect du processus
électoral, des autres candidats, des électeurs, de la
collectivité et des institutions qu'elle a choisi de se donner. Non
seulement on favorise de garder le dépôt, de l'augmenter un peu,
mais de plus, nous sommes d'avis que pour les mêmes motifs le nombre de
signatures nécessaires pour présenter sa candidature devrait
être augmenté. On pense que c'est une sagesse dans l'utilisation
de la démocratie.
Quant au serment et à l'affirmation solennelle du candidat,
l'article 170, le projet de loi stipule que le candidat élu doit faire
le serment ou affirmer solennellement qu'il exercera sa fonction
conformément à la loi dans les 30 jours de la proclamation de son
élection. L'avis de l'UMQ est que ce délai de 30 jours
accordé aux nouveaux élus apparaît inutilement long. On n'a
pas été capables dans la vie courante, après consultation,
de voir pourquoi on voulait avoir 30 jours. Le statu quo devrait être
maintenu, soit de prêter serment dans les quinze jours de
l'élection ou à toute autre date prévue soit par une
charte ou par une autre loi si tel était le cas.
Concernant le vote par anticipation, à l'article 174, le projet
de toi stipule que le vote par anticipation doit être tenu le
septième jour ou, dans le cas d'une
municipalité de 100 000 habitants ou plus, les septième et
sixième jours précédant celui fixé pour le scrutin.
L'UMQ est d'avis que le vote par anticipation ne devrait se tenir qu'une
journée et que les municipalités devraient avoir la
discrétion de le fixer soit le septième ou le sixième jour
précédant celui fixé pour le scrutin. De plus, l'UMQ croit
que les municipalités de 100 000 habitants ou plus ne devraient pas
être tenues de procéder à deux journées de vote par
anticipation. L'expérience municipale démontre que le taux de
participation au vote par anticipation est plutôt faible pendant que les
coûts rattachés à cette élection sont relativement
élevés. Cette recommandation de l'UMQ provient
précisément de l'expertise qu'on a recueillie chez nos membres,
quoiqu'on n'en fait pas une question sine qua non.
Périodes de scrutin. L'Union des municipalités est
d'accord avec la proposition voulant que la période de scrutin commence
lors de l'ouverture des bureaux de vote à 9 heures et se termine lors de
leur fermeture à 19 heures, sous réserve de toute prolongation de
la période de scrutin prévue au projet de loi.
L'identification des électeurs, articles 216 et suivants. Dans
les cas d'ambiguïté quant à l'identité de
l'électeur, le projet de loi prévoit uniquement que
l'électeur doit prêter serment ou affirmer solennellement
être la personne désignée à la liste
électorale. Le scrutateur devrait pouvoir être habilité
à exiger une preuve d'identité de l'électeur dans les cas
qui soulèvent un doute raisonnable afin d'assurer un plus grand
sérieux au déroulement du vote. C'est ce qu'on demande d'ajouter,
et on l'a vécu ce matin en entrant. M. le maire de Charlesbourg a
été reconnu par la secrétaire qui nous a accueillis, alors
qu'à nous, on a demandé de fournir une preuve d'identité.
Alors, si on le fait si bien chez vous, mettez-le dans le projet de loi.
Motifs d'inhabilités, article 306, commission d'un acte
punissable d'un an d'emprisonnement ou plus. On attache beaucoup d'importance
à cela et on voudrait que vous soyez bien attentifs. Cet article stipule
que "la personne qui s'avoue ou est reconnue coupable, en vertu de quelque loi,
d'un acte qui, en vertu d'une loi du Parlement du Québec ou du Canada,
constitue un acte punissable d'un an d'emprisonnement ou plus", est inhabile
à exercer la fonction de membre du conseil de toute
municipalité.
On pense que cette inhabilité devrait viser non pas les actes
punissables d'un an d'emprisonnement - c'est là qu'est le hic de
l'affaire - mais plutôt la condamnation de plus d'un an. On pense que les
récentes modifications apportées au Code criminel militent en
faveur d'une telle proposition. La sentence donnée par un juge est un
bien meilleur indicateur de la gravité du crime que ne l'est le nombre
d'années d'emprisonnement spécifié au Code criminel pour
chaque acte visé. Donc, c'est le juge, et on pense qu'on marquerait des
points si on allait dans ce sens-là.
Conflits d'intérêts, articles 308 et 309. L'UMQ est
d'accord avec les dispositions régissant les conflits
d'intérêts. Toutefois, les exceptions prévues à
l'article 309 - je pense qu'il y en a neuf - peuvent parfois porter à
interprétation. Ainsi, un élu de bonne foi, croyant être
inclus à l'une des exceptions prévues par cet article, pourrait
se voir contester par quelqu'un qui n'aurait pas la même
interprétation. Pour cette raison, l'élu devrait pouvoir faire
confirmer l'exception par la Commission municipale afin d'éviter toute
poursuite. Il faudrait quand même qu'on ait quelqu'un quelque part qui
puisse trancher ces questions. La loi devrait alors spécifier que
l'élu, à qui la Commission municipale a confirmé qu'il
était visé par l'une des exceptions prévues à la
loi, est réputé ne pas être en conflit
d'intérêts quant à l'objet de la confirmation par la
Commission municipale. Nous, on pense qu'on marquerait ainsi encore des points
pour sauvegarder la démocratie municipale et l'intégrité
des personnes qui sont appelées à régir le bien
public.
Constatation d'inhabilité par le greffier ou le
secrétaire-trésorier (articles 324 et suivants). La
procédure établie aux articles 324 et suivants voulant que le
greffier ou le secrétaire-trésorier qui constate une cause
d'inhabilité doive en aviser le membre du conseil visé ne devrait
pas être retenue par le législateur. L'UMQ croit plutôt
qu'il n'appartient pas au greffier ni au secrétaire-trésorier de
constater que le mandat d'un membre du conseil prend fin pour cause
d'inhabilité.
Le fait de constater implique que le greffier ou le
secrétaire-trésorier aurait à évaluer certains
éléments de preuve. Est-ce son rôle? II ne s'agit plus d'un
acte administratif en tant que tel, mais d'un acte discrétionnaire.
Nous, on pense qu'on ne devrait pas aller dans ce sens. Une telle
procédure, en plus d'imposer aux officiers municipaux une tâche
difficile, risque de soulever plusieurs difficutés d'application et
plusieurs débats inutiles.
L'Union des municipalités du Québec est d'avis que
l'évaluation de l'inhabilité appartient à un tribunal,
à la demande de tout citoyen intéressé. Toutefois - et on
n'a pas trouvé la façon élégante de marier ces deux
choses, sachant bien que c'est peut-être difficile à marier - on
pense que le greffier et le secrétaire-trésorier devraient,
lorsqu'il est raisonnable de le constater - et je me fie à ceux qui
rédigent vos lois pour bien écrire cela - avoir le devoir
d'aviser le membre du conseil dans le cas où celui-ci se
place ou pourrait se placer dans une situation d'inhabilité. On
sait bien - et c'est l'argument qu'on utilise, mais on ne sait pas comment
l'écrire - que dans les municipalités, dans la vie municipale, le
dépositaire de notre loi, c'est le greffier; celui que les membres du
conseil consultent le plus souvent, c'est le greffier. On voudrait bien qu'il
continue à nous conseiller. On voudrait bien que vous trouviez une
façon de l'écrire. Mais on ne voudrait pas, ce faisant, amener le
greffier ou le secrétaire-trésorier à être un
élément de preuve devant le tribunal. C'est une
difficulté.
Élections partielles (article 339). Cet article stipule que le
conseil peut, lorsqu'un poste de membre du conseil d'une municipalité
devient vacant dans les douze mois précédant le jour fixé
pour le scrutin de la prochaine élection générale,
décréter qu'il doit être comblé par une
élection partielle.
La nuance, c'est que l'UMQ croit que le conseil ne devrait pas avoir le
pouvoir de procéder à une élection dans un tel cas. En
effet, même s'il s'agit d'un pouvoir, on est toujours à
l'intérieur de la dernière période de douze mois, il faut
bien s'entendre. Plus loin que douze mois, on est d'accord. En dedans de douze
mois, on pense qu'on devrait perdre ce pouvoir. La raison qu'on invoque est la
suivante: même s'il s'agit d'un pouvoir, il pourrait très bien y
avoir plusieurs pressions pour que la municipalité tienne une
élection partielle, et pas toujours des pressions qu'on pourrait juger
saines pour la démocratie. De plus, un conseil pourrait être
tenté de tenir une élection partielle simplement pour mieux
sonder l'opinion des électeurs sur l'élection
générale à venir. Cela aussi, on ne pense pas que c'est de
nature è améliorer la démocratie. Le fait de tenir deux
élections dans une même année, inutile de dire que cela
constitue une dépense inutile pour les contribuables d'une
municipalité et cela nous empêcherait de faire des surplus.
C'était une belle place pour le passer.
Dépenses électorales (article 465 pour les dons anonymes).
Là encore, je pense que c'est un point qui nous a chicotés
longtemps et on tient à bien vous le décrire. Le projet de loi
stipule que le représentant officiel d'un parti ou d'un candidat
indépendant autorisé dont plus de 20 % des revenus pour un
exercice financier sont constitués de dons anonymes recueillis au cours
de réunions ou de manifestations tenues à des fins politiques,
doit - et c'est le mot important -dans les 30 jours de la transmission du
rapport financier de cet exercice, remettre au trésorier un montant
équivalent à la partie de ces dons qui excède ce
pourcentage. Après, le trésorier verse cela dans le fonds
général de la municipalité. Tenez-vous bien, l'Union des
municipalités du
Québec est d'avis que le plafond de 20 % pour les dons anonymes
n'a pas sa raison d'être. Nous, on se demande, si on veut être
réaliste, si on doit donner suite à la proposition du projet de
loi. Et on pourra, lors de la période de questions tantôt, vous
expliquer davantage notre point de vue là-dessus.
Limitation des dépenses électorales, (article 465). Le
projet de loi, bien qu'il augmente la période électorale pour la
faire passer au 23ième jour avant l'élection, n'augmente pas la
limite admissible aux dépenses électorales, ce dont il
était question avant qu'on parle. Le projet de loi ne fait que reprendre
les limitations actuellement prévues par la loi.
L'Union des municipalités du Québec est d'avis que le
plafond des dépenses admissibles devrait être augmenté pour
tenir compte de l'augmentation du coût de la vie, ainsi que de
l'augmentation de la période électorale prévue par le
projet de loi. Vous remarquez qu'on a parlé d'argent et non pas de
prières parce qu'on sait très bien de quelle façon les
élections se font.
Aussi, pour des raisons de flexibilité, nous crayons que ce
plafond devrait être fixé par décret et non pas inscrit
dans la loi. C'est beaucoup plus flexible si on le fait par décret que
de toujours revenir dans le texte de loi pour savoir quel est le plafond.
Référendums. L'Union des municipalités du
Québec s'est toujours souciée de la qualité de la
démocratie, Ce souci nous amène à nous questionner
sérieusement sur le bien-fondé de la procédure du
référendum, procédure pourtant établie à
l'origine pour des raisons de saine démocratie. Ce qu'on a de la
difficulté à comprendre, c'est le volume de dépenses qu'on
fait quand on est à un palier de gouvernement par rapport à
l'autre; plus on est petit, plus on est assujetti au référendum.
Ce n'est pas écrit dans le document, mais on le pense quand
même.
En effet, l'expérience municipale démontre clairement que
cette procédure est souvent utilisée par des groupes
opposés aux conseils en place et désireux de se faire du capital
politique.
De plus, la participation au référendum est presque
toujours faible et attire généralement beaucoup plus les
opposants que les tenants du règlement. Ainsi, une poignée
d'opposants peuvent obliger la municipalité à retirer son
règlement au détriment de la population en général.
Nous, on pense qu'il y a matière à examen sérieux.
Nous croyons donc que l'ensemble de la procédure de
référendum et sa pertinence devraient être
réévaluées et actualisées plus
particulièrement en tenant compte des récentes orientations
législatives municipales.
Ainsi, le législateur a choisi, rappelons-le, de modifier la
règle régissant la
rémunération des élus en ne les astreignant plus
à la procédure référendaire, démontrant
ainsi un souci de simplicité administrative et de plus grande
responsabilisation des élus. Ce avec quoi, noua sommes parfaitement
d'accord. Les allégements apportés récemment par le
législateur concernant les règles financières municipales
sont aussi un autre exemple très particulier de cette tendance.
Les élus municipaux ont reçu un mandat de la population de
la même manière que les élus provinciaux et
fédéraux. Pourtant, les élus provinciaux et
fédéraux ne sont nullement soumis à une procédure
référendaire dans leur prise de décision. L'Union des
municipalités du Québec invite donc le gouvernement à une
réflexion plus poussée sur l'actualisation régissant les
règles du référendum.
L'UMQ tient à souligner que l'application de ces dispositions aux
municipalités de Montréal et Québec entraînerait
plusieurs grandes complications. Ils seront là pour vous expliquer en
détail de quelle façon, chez eux cela crée de
sérieux problèmes. En effet, il serait difficile pour ces
municipalités d'être assujetties aux dispositions du projet de loi
régissant les référendums. Ces municipalités ont
constamment à passer plusieurs règlements qui, au sens du projet
de loi, devraient être assujettis à la procédure
référendaire. Si tel était le cas, Montréal et
Québec seraient continuellement en référendum. Je ne sais
pas si cela serait mieux, il faudrait le demander aux maires de Québec
et Montréal. L'administration municipale serait considérablement
ralentie au détriment de la saine démocratie, de la saine
administration municipale.
En conclusion, nous vous remercions grandement, vous tous les membres de
cette commission, M. le Président, M. le ministre des Affaires
municipales, pour la tenue de cette commission. Nous espérons que nos
commentaires apporteront des lumières, seront accueillis favorablement.
Nous tenons a souligner notre disponibilité pour toute discussion
éventuelle. Je vous remercie.
Le Président (M. Rachefort): Je vous remercie, M.
Desrosiers. J'inviterais maintenant le ministre des Affaires municipales
à prendre la parole.
M. Bourbeau: M. le Président, un petit instant.
Le Président (M. Rochefort): Oui, M. le ministre. (11 h
30)
M. Bourbeau: M. le Président, je tiens à remercier
le vice-président de l'Union des municipalités du Québec
du mémoire qu'il nous a présenté et de la façon
tout à fait vivante dont il l'a fait. Je ne crois pas que ce soit
l'endroit ici pour commencer à discuter sur le fond de chacune des
positions. D'ailleurs, il y a plusieurs recommandations de l'Union des
municipalités qui m'apparaissent très pertinentes - la plupart le
sont - mais certaines pourraient rallier assez facilement l'adhésion du
gouvernement. Quant à moi, j'ai l'intention au cours des prochaines
semaines de réétudier le projet de loi à la lumière
des suggestions qui sont faites.
J'aurais quelques petites questions à poser aux membres de
l'Union des municipalités. En ce qui concerne le délai de
résidence, qui était de 24 mois, il a été raccourci
à 12 mois. On me dit que, lors des consultations à la table
Québec-municipalités, l'Union des municipalités du
Québec était d'accord avec le projet de raccourcir cela à
douze mois. Il semble que maintenant on est revenu à l'ancienne formule.
Est-ce qu'il y a un changement d'attitude? Est-ce les nouvelles
élections à la tête de l'association qui ont fait modifier
la position de l'Union des municipalités du Québec ou est-ce une
évolution de la pensée?
M. Desrosiers: M. le Président, M. le ministre des
Affaires municipales, la réponse va être très courte.
Lorsque le document de travail a été soumis à la
consultation finale du bureau de direction et de l'exécutif de l'Union
des municipalités du Québec, tout le monde est revenu en mettant
son grain de sel. Il y a eu cette affirmation de faite: Mon Dieu, on ne prive
pas grand monde, on sauvegarde la démocratie et on la sauvegarde bien,
si on garde le délai de 24 mois. La connaissance du milieu fait que
l'administrateur est souvent un meilleur administrateur de son propre milieu.
C'est uniquement cela, l'argument qui nous a été servi. Puisque
cela nous apparaissait plausible et nous semblait correspondre à notre
vécu de tous les jours, l'Union des municipalités du
Québec a dit: Nous allons revenir aux 24 mois, sans en faire un
iceberg.
M. Bourbeau: En ce qui concerne la révision de la liste
électorale, le point de vue qui a été avancé par
l'Union des municipalités du Québec est très pertinent
à savoir que, s'il y a effectivement une élection, cela peut
être très serré, le délai qui est accordé
pour préparer la liste électorale. D'autre part, l'intention du
gouvernement, c'était d'éviter des dépenses inutiles aux
municipalités. On pense particulièrement aux plus petites
municipalités où, dans un très grand nombre de cas, il
faut attendre la mise en candidature pour réaliser que, finalement, il
n'y aura pas d'élections. C'était le cas très
fréquemment dans la municipalité où j'ai été
conseiller municipal et maire. La plupart du
temps, il n'y avait pas d'élections soit au poste de maire, soit
à tous les postes de conseillers. Je sais que dans les plus petites
municipalités cela se fait encore plus souvent comme cela. On
déplorait donc d'être obligé de faire des dépenses
qui éventuellement s'avéraient inutiles. Je conçois, par
ailleurs, que les délais qui vont être assez courts entre la date
de la mise en candidature et l'élection ne permettront peut-être
pas d'avoir une qualité de liste électorale aussi bonne qu'on le
voudrait.
Si, par exemple, on décidait de rendre facultatif le droit pour
le greffier d'enclencher le processus de liste électorale, est-ce que
l'Union des municipalités du Québec serait satisfaite avec cela?
Autrement dit, on laisserait le conseil municipal libre de décider
d'enclencher le processus avant la date de la mise en candidature. Dans ce cas,
évidemment, s'il n'y avait pas d'élections, la
municipalité aurait des frais, mais elle aurait prévu ces
frais.
M. Desrosiers: J'ai envie de donner deux réponses. Une
première, c'est à votre première partie d'exposé.
Et je vois bien que je ne serai jamais ministre des Affaires municipales vu que
je dois me faire élire à chaque fois comme maire de Mont-Joli,
alors que c'est par acclamation qu'on arrive à faire des choses
semblables. Dans les petites municipalités aussi, on nous a dit: On
voudrait avoir une période plus longue. On pense que c'est cela qu'on
nous a dit comme message et c'est le message qu'on vous retransmet. Du point de
vue technique, l'offre que vous nous faites, j'ai envie de demander à Me
Laperrière si cela nous crée des problèmes.
M. Laperrière (Marc): Bien, voici, la question que vous
nous posez, on l'a posée exactement aux membres du comité. Comme
vou3 le savez, lorsqu'on consulte en comité, on réunit aussi bien
les élus et, lorsqu'il y a des questions techniques qui méritent
d'être étudiées, des fonctionnaires sont partie à
cette consultation. J'allais dire la plupart, mais je vais me corriger et je
vais dire la totalité de ceux qui étaient autour de la table avec
nous étaient d'avis que, si le président d'élection avait
cette liberté, il ressentirait une pression énorme d'attendre
à la dernière minute. En effet, si on a cette possibilité,
cela sera gênant de le faire avant et, si on arrive en fin de compte et
qu'il n'y a pas d'élection, on va avoir l'air un peu fou parce qu'on va
avoir fait une liste électorale qui aura coûté de l'argent
aux contribuables. Finalement, c'est une dépense minime, d'accord, mais
aux yeux des fonctionnaires qui étaient présents, il ressentirait
énormément de pression politique face à cela pour attendre
à la fin des mises en candidature.
M. Bourbeau: Je conçois que, si la responsabilité
de la décision était laissée au président
d'élection, ce problème-là se poserait, mais si on
laissait la responsabilité au conseil municipal de décider si,
oui ou non, il veut engager les dépenses de la confection d'une liste
avant la date de la fin des candidatures, à ce moment-là le
problème dont vous faites état ne serait-il pas
écarté?
M. Laperrière: Oui, allez donc.
M. Mercier (Ralph): Si on laisse la décision au conseil
municipal - c'est exactement ce que M. Laperrière mentionne - cela
laisse quand même une certaine interprétation politique. Si le
conseil prend la décision de ne pas le faire, cela peut être
quasiment interprété, en disant: Vous auriez dû le faire
et, s'il le fait, en disant: Vous n'auriez pas dû le faire. On met
jusqu'à un certain point le conseil municipal dans une mauvaise
situation. À notre avis, j'ai l'impression que cela serait nettement
plus sain que cela se retrouve carrément, par obligation, dans le texte
de loi, que cela relève peut-être du président
d'élection, mais que ce ne soit pas laissé, finalement, au bon
vouloir du conseil municipal de le faire ou pas.
M. Bourbeau: Évidemment, sur le terrain, très
souvent, je dirais dans 80 % des cas, on peut savoir longtemps d'avance si, oui
ou non, il va y avoir une élection parce que souvent les candidatures
s'annoncent des semaines à l'avance. À ce moment-là, cela
ne crée aucun problème, on pourrait très bien engager le
processus et, même si, subséquemment, il y avait des
désistements et qu'il y avait une élection par acclamation, le
conseil municipal serait justifié d'avoir engagé des
dépenses puisqu'il y avait des annonces de candidatures. Ce serait
uniquement dans les cas où il n'y aurait aucune annonce de candidature
à dix jours de la période limite, enfin, ou une seule annonce de
candidature que, possiblement, le conseil pourrait ne pas engager la
dépense et, plus tard, se justifier en disant: À dix jours des
élections, il y avait une seule candidature, donc le conseil
était justifié de ne pas faire de dépenses inutiles sur le
dos de la municipalité. Enfin, c'est une question
d'interprétation. Je prends note de votre point de vue et on verra ce
qu'on pourra faire, à moins que vous n'ayez d'autres remarques à
faire sur ce sujet.
M. Desrosiers: La seule remarque que je veux faire, c'est la
suivante: II me semble que la démocratie serait mieux servie si,
justement, c'était le président et non pas le conseil municipal,
avec la recommandation de l'UMQ. Il est sûr que, si on fait une
interprétation financière de cette opération,
là on peut avoir peut-être des avis partagés ou
différents. Mais au niveau de la démocratie, elle est bien servie
si on le fait. Peut-être qu'on paiera un peu plus cher, mais c'est
peut-être le prix qu'il faut payer pour avoir une saine
démocratie.
M. Bourbeau: Je vais sortir l'article 61 sur
l'inéligibilité à des postes de membres du conseil pour
les fonctionnaires. Vous voudriez que cette inéligibilité soit
totale et absolue. Il y a des gens qui ne sont pas vraiment des fonctionnaires
au plein sens du mot, par exempte, les pompiers volontaires. Un grand nombre de
municipalités ont des pompiers volontaires. Il pourrait arriver des cas
où ces gens-là voudraient solliciter des postes. Le fait
d'être absolument intransigeant dans l'exclusion de ces gens-là ne
pourrait-il pas empêcher justement des gens comme les pompiers
volontaires - je donne cela à titre d'exemple - d'accéder
à des postes de conseillers municipaux ou même de maire?
M. Desrosiers: Je fais un premier commentaire très court.
C'est d'abord une question de principe. On le met ou on ne le met pas. Quand on
le met, nécessairement, on va y aller peut-être un peu trop fort.
Mais le principe sera sauvegardé. Peut-être que Me
Laperrière pourrait faire un commentaire supplémentaire, parce
qu'on a eu de longues discussions sur l'article 61.
M. Laperrière: Merci bien. Évidemment, quand on lit
l'article 61, les exceptions sont minimes, sauf que les gens autour de la table
réunis en comité, ainsi que lors du conseil d'administration,
étaient tous d'accord pour dire que la porte était ouverte. Comme
M. Desrosiers vient de le souligner, c'est peut-être un endroit où
la porte ne devrait pas être ouverte.
M. Bourbeau: Sur la question de possibles conflits
d'intérêts, vous faites remarquer que l'élu municipal
pourrait se demander si, oui ou non, il est en conflit d'intérêts;
il pourrait être sur la corde raide, étant dans une zone grise. Et
vous recommandez qu'on fasse confirmer son droit à l'exception par une
déclaration de la Commission municipale.
Quant à moi, je trouve assez intéressante la suggestion.
Effectivement, ici même, à l'Assemblée nationale, les
députés ont recours à une procédure comme
celle-là dans un cas semblable, s'ils ont des doutes, en ayant recours
aux services du jurisconsulte de l'Assemblée nationale.
Est-ce qu'on pourrait avoir un jurisconsulte? Je ne sais pas, on me fait
voir qu'il y aurait des problèmes constitutionnels à accorder de
tels pouvoirs à la Commission municipale. Enfin, ce sont des choses
qu'on va vérifier. Mais je retiens votre préoccupation - que ce
soit la Commission municipale ou un autre qu'on trouve une formule pour tenter
de dédouaner les membres des conseils municipaux qui pourraient avoir
des questions à se poser, et j'espère qu'on pourra trouver une
formule.
M. Desrosiers: La recommandation, M. le ministre, si vous me le
permettez, en provenance des municipalités, en général,
était une préoccupation constante: Qui va nous dire qu'on est
correct ou non? C'est ce qu'on a voulu transmettre comme message. On vous
laisse le choix de trouver le moyen de le faire.
M. Bourbeau: Évidemment, au départ, ce serait
toujours plus facile d'aller devant la Cour supérieure et de demander un
jugement déclaratoire. Mais je conçois que c'est une
procédure qui peut être assez dispendieuse. Et ce n'est pas
toujours très agréable pour un conseiller municipal ou un maire
de se présenter devant la Cour supérieure pour demander qu'elle
l'avise sur sa légitimité.
On avait un autre point également. Concernant la question de
tenir ou de ne pas tenir une élection partielle dans les douze derniers
mois d'un mandat, je dois avouer que vous me surprenez un peu, M. le maire,
parce que vous demandez de ne pas avoir de pouvoirs; vous ne voulez pas que le
gouvernement vous accorde de pouvoirs supplémentaires. C'est
plutôt le langage inverse qu'on entend continuellement.
Je prends note de votre point de vue, tout en soulignant que, quand
même, ce n'était qu'un pouvoir habilitant et que la
municipalité n'est pas obligée de tenir une telle élection
dans les douze mois. Évidemment, cela peut, dans certains cas,
être utilisé pour sonder, comme vous le dites, les reins et les
coeurs des électeurs. Mais est-ce que ce n'est pas, justement, une des
facettes de la vie politique municipale que de faire de la politique et est-ce
qu'une élection n'est pas toujours un sondage, qu'elle soit partielle ou
générale?
M. Desrosiers: M. le Président et M. le ministre des
Affaires municipales, je vais vous confier un secret. Moi non plus, je
n'étais pas d'accord. Les autres, ceux qui étaient d'accord
à la table, ils vont vous expliquer pourquoi ils veulent cela;
là, je vais me revenger. J'ai perdu hier soir et je gagne ce matin. M.
Mercier, allez-y! Il ne s'attendait pas à cela!
M. Mercier: Écoutez, si on regarde, quand même,
l'ensemble des modifications à la loi, on change aussi quelque part,
finalement, la durée du mandat. Si on change la durée du mandat,
il faut se poser la
question, finalement, sur une période de douze mois, s'il ne peut
y avoir également une quantité d'interprétations, de part
et d'autre.
On ne pense pas que cela puisse priver d'une façon importante un
conseil municipal d'une représentation adéquate. Cela ne brime
pas la démocratie et, d'autre part, cela restreint jusqu'à un
certain point les dépenses qui sont inhérentes à une
élection. Et on peut très facilement se retrouver -vous
l'admettrez - avec deux élections dans une courte période de
temps.
Alors, on ne voit pas vraiment pourquoi on insérerait cela. Qu'on
laisse tes derniers douze mois, et que la décision ne revienne pas au
conseil municipal, qu'on ne soit pas mis dans une position - je ne dirais pas
conflictuelle -assez bizarre et vous comprenez pourquoi. (11 h 45)
M. Desrosiers: M. le ministre, si vous le permettez, j'aimerais
que Bernard Guindon, maire de Plaisance, fasse, lui aussi, un commentaire
là-dessus. Dans le projet de loi, on recommande quatre ans pour les
élections. Eux sont assujettis d'une façon différente. Us
peuvent aller jusqu'à quatre ans, mais il y a une certaine rotation. Ils
demandent qu'il y ait une possibilité de rotation, malgré ce qui
est proposé dans le projet de loi. Si tel était le cas, comment
allons-nous régler la question qui est posée? J'aimerais que
Bernard en parle, parce qu'on ferait des élections continuellement.
M. Guindon (Bernard): Mon intervention là-dessus, M. le
Président, M. le ministre, c'est simplement pour mentionner la dimension
discrétionnaire qui existe au niveau politique de décider de
faire une élection ou non, Je rejoins un peu mon collègue
là-dessus. Dans une petite municipalité, il y a beaucoup
d'interprétations qui sont faites d'un geste politique. Le conseil qui
ferait une élection partielle durant l'année d'une
élection, cela pourrait être interprété comme une
dépense, advenant le cas où le groupe en opposition ne serait pas
en accord sur le fait. S'il ne le fait pas, cela pourrait être
interprété comme un geste non démocratique. Il y a cette
ambiguïté. Il faudrait dire dans la loi: "il doit" ou il ne le fait
pas, enlever la dimension discrétionnaire, je pense, à ce
niveau.
M. Bourbeau: Bon. Très bien, je prends note de cela. Mais
je ne peux m'empêcher de sourire parce que ma compréhension de la
situation qui prévaut dans le monde municipal, c'est que le monde
municipal veut avoir plus de pouvoirs et une certaine autonomie, la plus large
mesure d'autonomie possible de faire ou de ne pas faire des choses. Ce que
j'entends, l'argument qu'on développe, c'est qu'on ne veut pas avoir de
choix à faire de façon à ne pas être
blâmé de quoi que ce soit. Si on le fait, on va être
blâmé, les gens vont porter des jugements et, si on décide
de ne pas le faire, on va aussi porter des jugements. À ce
moment-là, la recommandation, c'est que le gouvernement ne donne pas le
choix aux municipalités dans tous les cas. Si cette philosophie
s'installe partout, je n'ai pas d'objection, mais je vais peut-être
entendre des critiques du monde municipal, à savoir que, finalement, le
gouvernement s'arroge tous les pouvoirs et ne laisse aucune mesure d'autonomie
aux municipalités. Mais je ne veux pas pousser le débat plus loin
là-dessus. C'est peut-être un cas d'exception dans ce cas-ci.
M. Desrosiers: M. Guindon voudrait faire un commentaire
supplémentaire. Moi, je trouve que vous parlez bien, mais je voudrais
l'entendre.
M. Guindon: M. le Président, M. le ministre, on se
comprend peut-être mal. Si vous donnez le pouvoir à la
municipalité - je pense que c'est ce qu'on veut - il faudrait
peut-être mettre l'obligation de le faire par règlement de sorte
que cela soit fait a l'avance et non pas au moment de décider si c'est
fait ou non. Je pense qu'il y a cette interprétation. On en veut, des
pouvoirs, mais pour autant que le conseil ne peut pas être taxé
d'agir ad hoc d'une façon politique à court terme. C'est
peut-être cela qui nous embête, surtout dans une petite
localité.
M. Bourbeau: Autrement dit, si je comprends ce que vous me dites,
c'est qu'une municipalité en début de mandat pourrait dire: S'il
y avait au cours du mandat des conseillers qui démissionnaient dans les
douze mois, nous décidons dès maintenant qu'il y aura une
élection ou qu'il n'y aura pas d'élection et vous soumettriez
cela aux électeurs par voie de règlement. Plus tard, au cours du
mandat, cette municipalité pourrait toujours être soumise à
cette règle. Est-ce que c'est cela que vous me dites?
M. Guindon: C'est une interprétation, un avis personnel,
mais c'est pour enlever la dimension discrétionnaire ad hoc sur le
moment. Je pense que c'est cela qui est important dans notre intervention.
M. Bourbeau: Qu'est-ce qui arriverait si le conseiller municipal
ou le maire décédait deux mois avant l'élection? Est-ce
qu'on tiendrait l'élection quand même?
M. Guindon: Actuellement, il y a des dispositions...
M. Bourbeau: Je voulais dire une élection
générale, évidemment.
M. Guindon:: ...et cela va bien. Dans notre municipalité,
il y a eu une démission -non pas par décès - d'un
conseiller et on a terminé l'année sans ce conseiller et cela a
bien été. Il y avait un problème politique dans le
canevas. Le conseiller a décidé de démissionner et, ai je
peux me permettre l'expression, cela a allégé
l'atmosphère.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Guindon: À l'automne, on a procédé
à l'élection tel que prévu. Mais si cela avait
été plus d'une année avant, on aurait
procédé autrement. Si c'est le maire, c'est le promaire ou le
conseiller qui est délégué par le conseil. Je ne vois pas
de problème là-dedans, en ce qui me concerne.
M. Bourbeau: Cela va bien dans le cas où la
décision est de ne pas tenir d'élection dans les douze mois. Mais
si la municipalité ou le gouvernement, pour que l'habit fasse à
tout le monde, décidait qu'il y aura une élection dans les douze
derniers mois, cela va créer un problème dans le cas où il
y a une démission à la toute fin du mandat. Enfin, on prend note
de ces suggestions, de ces commentaires et on va en tenir compte.
Il y avait la question du dépôt pour garantir la
candidature; est-ce que I'UMQ a une petite idée de ce que pourrait
être le dépôt? Vous dites que non seulement on ne devrait
pas l'abolir, mais qu'on devrait l'augmenter. Avez-vous des suggestions
à faire sur ce que pourrait être le dépôt pour une
candidature?
M. Desrosiers: On aurait peut-être des suggestions à
faire, mais on pense qu'il serait peut-être oiseux de les faire. On dit:
C'est peu, ce qu'on a. Doit-on l'enlever? Nous répondons: Non, on
devrait même l'augmenter. Cela tiendrait compte des
réalités modernes. Il ne faudrait pas l'augmenter pour
empêcher les gens de se présenter, mais l'augmenter pour que ce
soit un peu plus significatif. Je n'attache pas d'importance au fait que ce
soit 75 $ ou 100 $. Le deuxième point, c'est le nombre de personnes qui
signent. Nous pensons que ces deux choses sont des gages qui assurent la
démocratie; elles signifient que les gens qui seront
présentés le seront par des personnes responsables. La personne
qui fait son dépôt pose un geste de responsabilité et nous
pensons que cela assure mieux la démocratie. On ne veut pas discuter du
montant, on vous laisse cela.
M. Bourbeau: Très bien. Pour ce qui est des dons anonymes,
on a mis un maximum de 20 % à ce qui pourrait être souscrit ou
perçu par un parti politique; l'excédent devra être
versé à la municipalité. Vous nous dites que non seulement
ce ne devrait pas être 20 %, que ce ne devrait pas être plus
élevé, mais qu'il ne devrait même pas y avoir de limite. Ne
pensez-vous pas qu'il pourrait y avoir un danger que l'on contourne l'esprit de
la Loi sur le financement des partis politiques en faisant en sorte que dans
certaines municipalités certains partis politiques, qui sont au pouvoir
depuis un certain temps, qui ont de bonnes relations avec certains gros
fournisseurs, pourraient être financés par des dons anonymes
jusqu'à concurrence de 60 % ou 80 % de leur budget? Est-ce qu'il n'y a
pas danger que la démocratie municipale en prenne un coup?
M. Desrosiers: Deux temps pour la réponse. Vous posez la
question de principe, mais avant on a tenu une discussion pratique. Cela se
passe comment? J'aimerais que M. le maire Mercier nous dise comment cela se
passe. Cela pourrait nous éclairer afin de savoir où on va.
M. Mercier: On tente, dans le fond, de stimuler davantage la
participation sur le plan municipal, sur le plan politique, sur le plan des
partis politiques, alors qu'il nous semble, finalement, que ce soit une mesure
qui va à l'inverse. On sait très bien - il faut quand même
être réaliste - que l'engouement pour les partis politiques n'est
pas nécessairement présent aujourd'hui. Cependant, et surtout si
on regarde cet aspect, le mode de financement des partis politiques municipaux
et celui des partis politiques fédéraux ou provinciaux sont
très différents. Il y a quand même des avantages sur le
plan provincial qui ne sont pas au plan municipal.
Très souvent, dans des rencontres politiques municipales, c'est
avec une espèce de motivation que beaucoup de personnes présentes
vont décider, de donner à un parti politique, de l'encourager, de
le favoriser ou de l'appuyer. Ce n'est pas nécessairement
général, quant à la souscription ou à
l'adhésion à un parti, et toujours aussi facile. Lorsqu'il y a
des rencontres politiques, je pense qu'il y a un engouement différent,
les gens vont contribuer davantage et souvent de façon anonyme. Si on
limite cela à 20 %, on dit carrément que c'est très
arbitraire dans le cadre des moyens de financement des partis politiques
municipaux, et cela ne devrait pas exister. Les mêmes conditions
n'existent pas pour les partis politiques municipaux et les partis politiques
provinciaux.
Je retiens un ajout mentionné tantôt, M. le
Président. II a été dit que la limite des reçus
pourrait être fixée à 150 $ plutôt qu'à 100 $.
Je pense que ce serait peut-être prudent parce que votre loi
prévoirait une augmentation de 500 $ à 750 $. Je pense qu'il
serait tout à fait concordant que l'on puisse s'ajuster sur ce plan.
Pour revenir au contenu de votre question, je pense qu'il serait
effectivement imprudent d'indiquer un pourcentage de dons anonymes. On se
demande pourquoi on le fait. On peut avoir des doutes, c'est bien sûr,
mais je pense qu'il y a aussi d'autres moyens d'arriver à ce que le
Directeur général des élections soit capable de trancher
les questions lorsque c'est nécessaire.
M. Bourbeau: Est-ce que l'UMQ a modifié son point de vue
sur ce sujet-là? On m'indique que dans des consultations
précédentes l'UMQ était plutôt favorable à ce
qu'on augmente le pourcentage, alors qu'il semble maintenant que vous soyez
plutôt pour annuler complètement tout plafond.
M. Laperrière: Si vous me le permettez, M. le
Président, ce qui se dégageait avant tout dans le mémoire
de l'UMQ - c'était le consensus à la table du conseil
d'administration de l'UMQ - c'était l'esprit de la question des dons
anonymes. Les membres du conseil d'administration étaient
entièrement en désaccord sur le fait de mentionner la question
des dons anonymes. On a déjà des règles régissant
le financement des partis politiques qui semblent bien fonctionner. Il peut
toujours y avoir des exceptions. Il peut toujours se présenter des cas
d'abus, mais l'ensemble des membres autour de la table trouvait que la question
des dons anonymes était un encadrement inutile au financement
actuel.
Quant à la rédaction, dans le mémoire on a
simplement stipulé qu'on préférait qu'ils soient
augmentés, mais l'esprit général qui se dégageait
autour de la table était que les dons anonymes ne recevaient pas
l'assentiment du conseil d'administration, d'où la position de M.
Desrosiers ce matin.
M. Desrosiers: Est-ce qu'on pourrait demander aussi à M.
Morency de faire un commentaire là-dessus? Je pense qu'il serait
intéressant d'entendre le point de vue du vice-président de la
ville de Québec.
M. Morency (Jean-Paul): Dans le financement des partis
politiques, vous pariiez tout à l'heure, M. le ministre, de compagnies
importantes qui peuvent avoir des relations avec des administrations qui sont
au pouvoir depuis plusieurs années. Je pense que cela peut se
contrôler et que cela se contrôle actuellement par la limite des
montants permis. Même si une compagnie est très importante et
qu'elle pourrait faire des dons très importants, on est tenu, lorsque
cela dépasse un certain montant, de donner la source des dons qui nous
sont faits en temps d'élection.
Je trouve que c'est enlever une certaine liberté, justement, aux
partis politiques. Je rejoins le maire de Charlesbourg lorsqu'il dit que les
règles ne sont pas les mêmes pour les partis politiques municipaux
et pour les partis politiques de niveau supérieur. C'est là, en
gros, l'opinion que je pourrais vous donner sur ce point-là.
Le Président (M. Rochefort): Juste un instant, M. le
ministre. M. Mercier veut ajouter quelque chose.
M. Mercier: M. le Président, il y a une autre chose sur
laquelle il faut se poser la question. Si c'est un moyen de financement pour
les partis politiques municipaux et, finalement, cela en est un, et si on
commence à indiquer un pourcentage là-dedans, il faudrait savoir
l'intérêt du contribuable à faire des dons, sachant,
finalement, que déjà au départ, s'il donne un dollar, la
majeure partie retournera aux fonds de la ville. Je pense que cela peut
même enlever totalement l'intérêt. Je n'ai, finalement, pas
l'impression que ce genre d'article est de nature à favoriser une
espèce d'activité importante pour les partis politiques
municipaux pour le financement et l'opération
générale.
M. Bourbeau: Le problème qui se pose, c'est que, dans
l'économie générale de la loi, ce sont seulement les
individus qui doivent souscrire aux partis politiques, d'autre part, comme vous
le dites, avec un plafond de 750 $. Les corporations n'ont pas le droit de
faire de souscription aux fonds électoraux des partis politiques. Or,
tout à l'heure, on a dit qu'il n'y avait pas de problème puisque
les règles de financement des partis politiques sont là pour
protéger l'intégrité du système. (12 heures)
II semble qu'il y ait une crainte à savoir que ces dons anonymes
sont, justement, une façon de contourner les règles de
financement des partis politiques en permettant à des groupes qui n'ont
pas le droit de souscrire à des partis politiques de le faire par le
biais de dons anonymes. Si les dons anonymes étaient restreints et qu'on
avait une preuve qu'ils sont restreints uniquement à des particuliers,
je pense qu'il n'y aurait pas de problème; on pourrait enlever tout
maximum. Mais si c'était utilisé - ce pourrait l'être, et
la rumeur veut que peut-être ce l'est à l'occasion - par des
corporations pour faire des dons à des partis politiques, à ce
moment-là cela se trouverait à être une façon de
contourner les règles de financement des partis politiques.
Les demandes sont venues pour tenter de limiter les dons anonymes parce
que, dans l'économie générale du droit, on doit donner le
nom des donateurs, on doit rendre publique la liste de ceux qui donnent. Dans
les dons anonymes, évidemment, il n'y a pas
de liste. Donc, il n'y a pas de liste de ceux qui donnent et,
deuxièmement, on ne peut pas, non plus, contrôler si ce sont ceux
des particuliers ou des corporations. De là l'hésitation, si je
puis dire, du gouvernement à laisser cette porte ouverte à
l'infini, avec le résultat qu'éventuellement on pourrait
carrément contourner la Loi sur le financement des partis politiques en
permettant à des partis politiques de se financer presque exclusivement
avec des dons anonymes.
M. Desrosiers: Avant de céder la parole à M.
Mercier, une brève question. Je vous ai écouté et je me
demande: Est-ce que ce sont les premiers 20 % de dons anonymes qui sont le plus
graves ou si c'est la deuxième tranche de 20 %?
M. Bourbeau: Effectivement...
M. Desrosiers: Les premiers, on ne sait pas qui. Les premiers 20
%, vous les permettez. Quand arrête-t-on? Je pense qu'on poursuit deux
objectifs.
M. Bourbeau: Vous avez bien raison. À ce moment-là,
je pense que, si on veut être logique, il faudrait ne pas les permettre
du tout.
M. Mercier: M. le Président, il y a peut-être un
autre élément aussi. Je vous le mentionnais tout à
l'heure, je pense qu'il y a quand même une espèce d'engouement
souvent dans une assemblée publique qui fait que des gens vont donner
à ce niveau alors qu'à d'autres moments ils vont peut-être
préférer moins le faire pour ne pas être identifiés.
Je pense que c'est aussi dans des cas d'identification de personnes qui sont
quand même présentes comme contribuables à ces
assemblées publiques et qui désirent apporter un don de
façon anonyme. Si on le faisait autrement, pour toutes sortes de
raisons, dont on peut, bien sûr, douter, du moins, par exemple
d'intérêts qui peuvent avoir des incidences futures sur les
relations avec les personnes dans le territoire, elles ne voudraient simplement
pas s'identifier. Je me pose vraiment la question encore une fois, à
savoir: De quelle façon, dans le fond, cela peut-il vraiment assainir le
fonctionnement des partis politiques municipaux? Je ne pense pas qu'il y ait de
raison majeure d'introduire cet élément, d'autant plus que le
Directeur général des élections a quand même aussi
des façons de procéder, une loi en main qu'il peut appliquer au
moment voulu s'il y a des interprétations de part et d'autre de
personnes dans le milieu.
M. Bourbeau: On va passer à un autre sujet, si vous n'avez
pas d'objection, et c'est un de mes derniers, sinon le dernier. C'est la
question des référendums qui pourraient être tenus ou ne
pas être tenus à Montréal ou à Québec.
L'objet du projet de loi, c'est de définir les règles qui
prévaudront lors des référendums et non pas d'instaurer
des référendums à Montréal ou à
Québec, en ce sens que le projet de loi 100 ne dit pas que les villes de
Montréal et Québec seront tenues de faire des
référendums. Il dit que, là où la loi exige qu'il y
ait des référendums, ils devront se tenir de la façon
suivante. Ce n'est que subséquemment, dans d'autres volets de la
réforme, qu'on sera appelés à savoir si dans certaines
municipalités il y aura des référendums ou s'il n'y en
aura pas. Si on veut être très logique, par exemple, on voit
qu'à Montréal il n'y a pas de référendum et
à Québec aussi. Par contre, Québec n'est pas la
deuxième ville du Québec en termes de population. Donc, on
pourrait fort bien concevoir, par exemple, que la ville de Laval, qui compte
plus de population que la ville de Québec, pourrait prétendre
à la même dérogation que la ville de Québec. Il
pourrait y en avoir d'autres aussi qui pourraient prétendre que
l'importance de leur population fait en sorte que, pour les mêmes raisons
que Québec, il ne devrait pas y avoir de référendum.
Là-dessus, il n'y a pas encore de décision de prise, à
savoir qui aura des référendums et qui n'en aura pas. Pour
l'instant, on présume que tout le monde en a, mais la loi n'oblige pas
dans sa formulation actuelle, même si elle était adoptée,
à tenir des référendums à Montréal ou
à Québec. C'est le statu quo pour l'instant à ce
sujet.
M. Desrosiers: Probablement que je me suis mal fait saisir, M. le
ministre, si j'ai donné cette impression. On savait que cela existait et
les villes de Montréal et de Québec ont dit: On en est
déjà soustrait pour telle et telle raison. C'est ce qu'on a
invoqué, pas plus.
Concernant le référendum comme tel, selon la prospective
dans laquelle on s'engage, on s'est posé plusieurs questions et on n'a
pas voulu arriver avec le livre de recettes en disant: On devrait faire ceci,
on devrait faire cela. On se dit: Quand fait-on des référendums?
Est-ce à l'intérieur des limites budgétaires municipales
qu'on administre déjà? Est-ce que cela aussi est assujetti
à un référendum? Est-ce à l'intérieur de
cela ou si c'est des dépenses qui sont extérieures à cela?
Il y a toute une série de questions et d'expériences qu'on a
vécues, qu'on a analysées hier soir et qu'on ne veut pas vous
soumettre ce matin. Le choix qu'on ferait sur cette question en particulier: un
comité pourrait être formé à la demande
gouvernementale auquel on accepterait de participer de grand coeur où on
aimerait expliciter ces différentes situations pour voir ce qu'on
devrait
ensemble suggérer pour le projet de loi.
M. Bourbeau: Très bien. Cela va être la fin de mes
questions pour l'instant parce que je vois que le temps passe. Ce que
j'aimerais dire, c'est que toutes les remarques qui ont été
faites par l'Union des municipalités, comme, d'ailleurs, par tous les
autres intervenants, vont être prises en sérieuse
considération. Nous allons regarder le projet de loi de nouveau à
la lueur de ces commentaires et, bien sûr, je ne pense pas que nous
soyons en mesure de donner satisfaction à tous les intervenants sur
chacune de leurs réclamations, mais nous allons tenter de prendre les
décisions qui vont aller dans le sens du meilleur intérêt
du monde municipal en général. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je pense bien qu'il y a eu beaucoup de discussions sur
certains articles. Je dois dire que j'ai beaucoup de plaisir à
reconnaître des ex-collègues à l'Union des
municipalités. J'aurais aussi quelques questions à poser dont une
immédiatement parce que le temps passe. Concernant
l'inéligibilité des fonctionnaires, à l'article 61, vous
dites - je suis prêt à partager votre idée assez rapidement
- que la loi ne devrait subir aucune exception et que les fonctionnaires
n'auraient pas le droit de se présenter aux élections
municipales. Est-ce que vous étendez ce droit aux autres
municipalités aussi parce qu'on sait que de plus en plus, les
employés municipaux ont tendance régulièrement - cela se
fait même chez les cadres - à aller demeurer à
l'extérieur de leur municipalité? Assez souvent et
régulièrement, on rencontre de ces gens qui sont devenus, par la
force des choses, conseillers municipaux ou maires des municipalités
voisines.
Comme on le sait aussi, les MRC amènent un certain nombre de
tractations et de rencontres entre les municipalités. Est-ce que vous
étendez, dans votre esprit, cette inéligibilité aux autres
municipalités?
M. Desrosiers: La réponse, c'est oui.
M. Dufour: Je pense que cela me satisfait.
M. Desrosiers: Je ne sais pas si vous voulez faire un commentaire
supplémentaire. Faites-le donc.
M. Laperrière: Si vous le permettez, M. le
Président, M. le ministre, évidemment, je pense que le principe
vaut tout aussi bien, par exemple, pour une structure régionale
où un fonctionnaire a jusqu'à un certain point une influence sur
une des municipalités locales. Je pense que le point est excellent. Il
mérite d'être pris en considération. Là où on
peut tracer peut-être une limite, c'est où un simple fonctionnaire
d'une municipalité locale habite dans une autre municipalité
locale. Il n'a visiblement aucune influence sur l'autre municipalité et
il ne travaille pas vraiment avec l'autre administration municipale. Donc,
c'est peut-être là qu'il faudrait tracer la ligne simplement. On
peut toujours argumenter sur le point de vue des ententes intermunicipales,
mais, en ce qui concerne les MRC, je pense que c'est assez clair.
M. Dufour: Autrement dit... Oui.
M. Mercier: II faudrait, quand même, être prudent sur
une chose. Si vous avez un employé qui travaille dans une
municipalité, mais qui réside dans une autre et qui se
présente dans l'autre municipalité et, ensuite, va retravailler
dans l'autre, il peut quand même avoir accès, dans la ville
où, finalement, il ne serait pas élu, mais où il
travaille, à certaines informations qui le mettraient dans une situation
de conflit d'intérêts. Je pense que c'est quand même ce
qu'on prévoit ou, du moins, ce qu'on semble vouloir peut-être
prévoir, soit que cela peut mettre le fonctionnaire en situation
vraiment difficile. C'est pour cela, je pense, qu'il serait
préférable que soit exclu carrément l'ensemble des
fonctionnaires.
M. Dufour: Je pense que cela répond très bien
à la question et, personnellement, j'ai l'impression que vous voyez
juste en disant qu'il pourrait y avoir des conflits d'intérêts
rapidement puisqu'on change de chapeau. On pourrait se servir de cela comme
moyen de pression pour améliorer certaines choses.
Dans la section "Personnel électoral", la nomination des
scrutateurs et secrétaires, article 75 - je reviens un peu
là-dessus -vous dites: S'il y a un parti, oui; et, s'il n'y a pas de
parti, y penser - je pense que c'est un peu ce que vous dîtes - pour
nommer des scrutateurs ou nommer des gens comme personnel électoral. Ne
voyez-vous pas, à travers cette démarche, une copie conforme du
cens électoral provincial? Est-ce qu'on n'est pas à
provincialiser les élections municipales? Je ne sais pas si vous avez eu
le temps de réfléchir là-dessus ou si vous y avez juste
réagi sans y réfléchir,
M. Desrosiers: Encore là, M. le Président, la
réponse, c'est oui. À plusieurs reprises, même au cours de
la lecture du mémoire que j'ai faite, j'ai rappelé, chemin
faisant, que c'était toujours une copie de la loi provinciale. Mais
vouloir uniformiser jusque là, ce n'est pas nécessairement
mal.
Est-ce que l'uniformisation rencontre les objectifs qu'on poursuit?
Voilà ta bonne question.
Dans certains cas, il faudra rester distinct. C'est de cette
façon qu'on l'envisage. Oui à l'uniformisation, mais avec des
restrictions très distinctives afin qu'on puisse savoir à quel
palier on est, si on est au provincial ou au municipal.
M. Dufour: Vous recommandez dans un autre article que le parti
qui a le plus de votes recommande certaines personnes; et lorsqu'il n'y a pas
de parti, vous dites que c'est le président d'élection qui
pourrait nommer ces personnes. Je pense qu'il y a une disproportion
d'intérêt de l'un par rapport à l'autre. On sait ce que
cela veut dire, il ne faut pas jouer sur les mots: un parti qui a le droit de
nommer ou de suggérer des noms de scrutateurs, etc., cela l'avantage un
peu au plan politique. Je pense que, oui, cela le fait. S'il nomme un
secrétaire d'élection, cela peut aussi l'avantager parce qu'il y
a des coûts d'argent, il ne faut pas se le cacher, de ce
côté-là. L'indépendant n'a pas le droit de nommer,
selon la loi qu'on a devant nous. L'indépendant disparu, il n'y aurait
plus beaucoup de personnes là-dedans. Donc, on favorise carrément
le parti. Parce qu'au niveau provincial, il y a des choses différentes:
le maire est élu au scrutin universel, le président ou le premier
ministre est élu d'abord comme député. C'est la
différence fondamentale, je pense, qu'on a. C'est présidentiel un
peu de ce côté-là.
Si vous le permettez, si on accepte d'emblée que le parti qui a
le plus de votes puisse nommer ces personnes et l'autre, c'est le
président d'un parti, carrément, je dis qu'on atteint exactement
le candidat indépendant et on empêche probablement les
indépendants de se présenter, si ce n'est qu'en formant un parti.
Je ne vois pas ce qu'on a prouvé avec les partis pour le moment. J'ai
des doutes encore sur le bien-fondé des partis quand on regarde, dans
l'ensemble, ce qui se passe au niveau du Québec. Il y a des endroits
où le maire n'est pas au pouvoir. Cela n'a pas de bon sens, mais cela
existe dans plusieurs municipalités. On l'a vécu et cela a
causé des problèmes. Je pense que dans la région de
Québec on comprend que cela puisse s'y passer aussi. Cela se passe
également en régions.
En tout cas, personnellement, il y a une réflexion qu'on peut
peut-être laisser à votre discrétion, mais je
soulève l'hypothèse. Je comprends que vous ne pouvez pas
répondre au nom de tous les membres parce que vous ne les avez pas
consultés là-dessus.
M. Desrosiers: On va vous surprendre, M. le Président, on
va répondre au nom de tous les membres. C'est pour cela que c'est bon,
une commission parlementaire. Car ce qui vient d'être
énoncé, on n'y avait pas touché ou si peu, et
déjà on est d'accord. On pense que ce point devrait être
retenu et on donne notre opinion immédiatement. Ce que vous venez de
souligner, on pense que cela devrait être retenu. Nous, on ne l'avait pas
suffisamment étayé.
M. Dufour: J'ai une autre question. Cela va bien, je pense qu'on
sera bon pour s'en tenir à notre temps. Peut-être que mon
collègue ou d'autres personnes voudront poser des questions. Vous dites
que le pouvoir d'établir le tarif devrait appartenir d'office au
comité exécutif. Je ne suis pas tellement familier avec les
comités exécutifs dans les municipalités. Si je comprends
bien, te conseil municipal, s'il n'accepte pas le tarif du ministre des
Affaires municipales, peut fixer un tarif. Ce que vous proposez, c'est que
là où il y a un comité exécutif, le comité
exécutif établisse le tarif et que le conseil soit obligé
de l'entériner. Est-ce cela?
J'arrive à ma question. M. le maire de Charlesbourg ou M.
Morency, conseiller de la ville de Québec, pourront me donner des
réponses sur cela. Ce n'est pas juste une question de pouvoir. Au
municipal comme au provincial il y a aussi l'opposition. À titre
d'interrogation - cela va peut-être éclairer ma lanterne - est-ce
que le fait de pouvoir fixer la rémunération des personnes qui
travaillent pour la municipalité, n'a pas pour effet de favoriser le
parti au pouvoir, l'exécutif, parce que c'est le parti au pouvoir?
J'aimerais connaître un peu votre réaction. (12 h 15)
M. Desrosiers: M. Morency et M. Mercier.
M. Morency: Ce que nous recommandons, c'est de procéder
par résolution. En procédant par résolution, comme le
comité exécutif ne procède que par résolution,
à ce moment, nous disons: Où il existe un comité
exécutif, pourquoi ne pas donner tout simplement ce pouvoir au
comité exécutif qui déjà ne peut pas
dépasser au point de vue administratif... Les décisions qu'il
prend sont strictement par résolution. C'est la principale raison.
M. Mercier: M. le Président, cela peut être un
pouvoir qui soit complètement dévolu au comité
exécutif, où il y a une résolution, évidemment, de
faite, sans être soit soumis après au conseil municipal. Il reste
aussi l'autre façon de le faire: que ce soit soumis à
l'exécutif et ensuite au conseil municipal. Donc, cela devient à
nouveau sur la place publique et, s'il y a des éléments qui ne
sont peut-être pas favorables, comme vous pourriez peut-être le
prétendre, et qui
auraient tendance à favoriser le parti au pouvoir, j'ai
l'impression qu'en débat public cela deviendrait assez clair que les
choses se régleraient. D'abord, elles vont se régler probablement
avant que cela arrive là.
M. Desrosiers: M. Laperrière.
M. Laperrière: Si vous le permettez, quand on regarde les
lois générales, on constate que le comité exécutif,
tout doit lui être délégué par le conseil. Quand on
regarde les choses en pratique, toutefois, on constate que l'ensemble des
municipalités qui ont des comités exécutifs les ont par
voie de lois spéciales ou de chartes. Si l'on regarde dans ces chartes
ou dans ces lois spéciales, on constate que bien des pouvoirs dits
administratifs sont confiés d'office dans la charte. C'est un peu comme
un genre de constitution où on fait le partage des pouvoirs, si vous
voulez, et où l'on dit: Le comité exécutif exerce telle ou
telle fonction et le conseil telle autre fonction. Donc, ceux qui
étaient autour de la table et qui vivent les comités
exécutifs - et plus particulièrement qui se demandent si les
pouvoirs sont déjà tracés d'avance
énonçaient qu'un pouvoir qui semble administratif devrait,
lorsqu'il y a un comité exécutif, être d'office
accordé au comité exécutif. Évidemment, on
dépasse peut-être la question des livres. Dans la révision
des lois, on va peut-être arriver, dans un troisième volume,
à la question des comités exécutifs, mais c'était
le voeu exprimé par ceux qui vivent présentement les
comités exécutifs.
M. Dufour: Ah bon!
M. Desrosiers: M. Morency.
M. Morency: Si vous me le permettez, j'aimerais tout de
même ajouter, pour compléter ce que le maire de Charlesbourg
disait tout à l'heure, que, lorsque c'est au comité
exécutif, c'est tout de même public, parce que les
procès-verbaux des comités exécutifs sont disponibles.
C'est public et tout citoyen peut se le procurer en s'adressant au greffe de la
municipalité. Ce n'est pas en vase clos; c'est tout de même
public. Tout le monde peut obtenir le procès-verbal et discuter des
résolutions qui sont acceptées par le comité
exécutif.
M. Dufour: Je suis satisfait des réponses que j'ai. Mais
pourquoi demandez-vous que ce soit référé au comité
exécutif? Est-ce une question si importante ou qui va appeler tellement
de discussions que le conseil municipal ne pourrait pas en décider?
M. Mercier: À toutes fins utiles, il pourrait, mais, dans
le fond, comme le mentionnait mon collègue, M. Morency, si le conseil
municipal a déjà décidé ou a déjà
laissé savoir que cela ne pouvait être décidé par
l'exécutif, à ce niveau-là, les procès-verbaux sont
quand même publics. Combien de fois, finalement il y a un questionnement
aussi sur les contenus des procès-verbaux d'exécutifs! Donc, je
ne vois pas de problème, finalement, pour une espèce
d'interprétation qui va laisser savoir que le parti en place a
peut-être abusé de certains pouvoirs. S'il l'a fait pour une
raison quelconque, il est bien certain que, de toute façon, cela va
ressortir en public au conseil municipal. Je ne vois pas de problème
là-dessus.
M. Dufour: Pour la liste électorale, vous proposez
à l'article 102 que l'âge de l'électeur soit inscrit sur la
liste électorale pour une meilleure preuve d'identification. Vous devez
avoir une raison pour suggérer l'âge de l'électeur, mais on
sait, d'autre part, qu'obtenir l'âge de certaines personnes, c'est
difficile. Si on demande de l'inscrire, cela veut dire que le recenseur qui
n'obtiendrait pas un âge pourrait être en droit de faire radier la
personne. Même pour le sexe actuellement, c'est embêtant de le
faire inscrire. Je ne sais pas comment vous voyez cela, si vous maintenez
l'âge de l'électeur ou de l'électrice.
M. Desrosiers: Ce qu'on a demandé d'ajouter, c'est la
preuve et pas seulement le serment ou l'affirmation solennelle. On parle bien
du même article, n'est-ce pas? Le vécu de nos municipalités
est le suivant quand une personne âgée sort pour venir voter,
qu'elle est une résidente ancienne de la place et qu'on lui fait faire
une affirmation solennelle ou un serment, je pense que vous ne rendez pas
service à la démocratie.
Partout où on va présentement, les gens nous demandent
très facilement: Avez-vous une preuve d'identité? Une preuve,
cela peut être bien des choses. Cela peut être un témoignage
de l'autre personne qui dit: Moi, je ta cannais; cela peut être
très bien sa carte d'assurance-maladie. Il n'est pas question
d'âge, il est question de fournir une preuve de son identité. On
pense que d'avoir le choix entre les deux, cela évitera les esclandres
qu'on a connus tous et chacun dans des bureaux de votation où on faisait
assermenter quelqu'un. Si on demande tout bonnement, et cela se demande
partout: Avez-vous une preuve d'identité, les gens montrent leur preuve
d'identité et cela ne soulève aucun tollé. Nous ne nous
sommes pas senti offensés de nous faire demander, en entrant ce matin,
notre preuve d'identité et on se pensait bien connus.
M. Dufour: Mais si cela avait été votre âge,
peut-être que vous vous seriez sentis
offensés...
M. Desrosiers: On l'a demandé aussi. IL n'y a que le maire
de Charlesbourg qui n'a pas voulu le donner.
M. Merciers Ce n'est pas tout à fait exact, mais de toute
façon...
M. Morency: M. le Président, je...
M. Dufour: À l'article 125, la nomination des
réviseurs, ce sont les mêmes remarques qu'à l'article 75.
Oui.
Le Président (M. Rochefort): M. Morency, vous vouliez
ajouter quelque chose?
M. Morency; M. le Président, je voudrais simplement ajouter, si
vous le permettez, que, par rapport à l'âge, il est vrai que
certaines personnes sont quelquefois hésitantes. M. le maire de
Charlesbourg m'a précédé en spécifiant qu'à
l'entrée du parlement, nous devons donner notre date de naissance. Il
est entendu que certaines personnes sont quelquefois un peu plus difficiles
à convaincre dans ces cas-là. Mais je crois qu'une
élection est une chose importante et qu'il faut passer par-dessus cela
et avoir l'âge des électeurs lorsqu'ils sont inscrits sur la liste
électorale, tout simplement pour protéger la démocratie et
éviter que les gens ne puissent voter sous de fausses
représentations. Comme on n'a pas l'âge de la personne, cela veut
dire qu'une personne de 25 ou 30 ans peut se présenter dans un bureau de
votation pour voter au nom d'une personne de 60 ou de 70. Je pense qu'on
s'expose à cela en n'ayant pas l'âge.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Dufour: Je pense qu'on essaie d'avoir plusieurs points de vue
et j'essaie toujours de me tenir dans la limite de temps. Concernant la mise en
candidature, cela me surprend un peu de vous entendre dire que, oui, 23 jours,
c'est acceptable, 15 jours pour l'élection, oui, cela marche. Je me
souviens qu'on a eu de nombreuses discussions concernant la longueur de la
période de mise en candidature, parce que ce n'est pas la
première fois qu'on touche à cette partie. C'est peut-être
la première fois qu'on fait la refonte de ces lois, mais ce n'est pas la
première fois qu'on y touche.
Comme le maire seul demeure en fonction à la déclaration
de la mise en candidature, cela veut dire nécessairement que, pendant 23
jours avant la période électorale - même s'il y avait une
élection par acclamation - plus quinze jours pour s'assermenter en
supposant que tous ces délais soient prescrits, une municipalité,
quelle qu'elle soit, va fonctionner avec un maire seulement pendant 38 jours.
Je trouve assez long le temps où la responsabilité d'une
municipalité repose juste sur une personne. J'ai bien confiance aux
maires. Je trouve qu'ils sont bien bons. Mais 38 jours, selon la grosseur de la
municipalité où le maire a à assumer toute
l'administration municipale, je trouve que cela fait gros et pesant.
C'est pour cela qu'il y a quelques années, à l'UMQ que
vous représentez, il y avait eu beaucoup de discussions pour savoir de
quelle façon on pourrait permettre une période électorale
raisonnable qui tienne compte de la responsabilité des personnes en
place. Peut-être avez-vous révisé ces discussions? Je vous
le soumets juste comme réflexion, parce que j'ai bien l'impression que
ce n'est pas l'Opposition qui va changer toute la loi. Je me fie beaucoup aux
représentants municipaux pour qu'ils puissent apporter des
éléments qui confirment ce que je pense ou ce que l'Opposition
pense pour pouvoir faire évoluer la loi.
M. Desrosiers: Cela a été longuement discuté
et c'est une des raisons pour lesquelles on a demandé que le
délai pour l'assermentation soit ramené à quinze jours et
non pas à trente jours, parce qu'on aurait une période encore
beaucoup plus grande si on prolongeait ces choses, d'une part.
D'autre part, dans l'opération au point de vue des détails
techniques...
M. Lapenrière: Vous le permettez, M. le Président
et M. le ministre?
Le Président (M. Rochefort): Oui.
M. Laperrière: Lorsqu'on regarde la période, je
pense qu'on vise peut-être plus la question de fin du mandat que la
période électorale. Là où l'Union des
municipalités semblait d'accord sur la question de la période
électorale prévue au projet de loi, c'est dans la mesure
où vraiment les dépenses électorales seraient
ajustées en fonction. Les gens consultés se sont tous dit
d'accord pour dire: Oui, on peut l'augmenter. Sauf qu'il y aurait un
sérieux problème au niveau des dépenses électorales
si elles demeurent à ce niveau. C'est notre commentaire au niveau des
dépenses électorales.
Quant au fait que le maire est le seul à rester en poste, c'est
peut-être plus une question relative au mandat qu'il faudrait
peut-être réexaminer.
M. Dufour: Mais vous admettez avec moi que 38 jours, cela fait
long...
M. Laperrière: Cela mériterait peut-
Être une réflexion additionnelle.
M. Dufour: ...pour qu'une personne puisse prendre une
décision. On a beau regarder ce qui se passe dans les
municipalités, le maire est amené assez
régulièrement à prendre position et à prendre des
décisions. Sans cela, pourquoi exiger que les municipalités et
même les plus petites siègent au moins une fois par mois?
Même les plus petites municipalités doivent siéger une fois
par mois. Pendant la période électorale, elles ne
siégeront pas une fois par mois, parce qu'elles peuvent aller à
38 jours facilement. Je ne sais pas s'il y en a qui veulent réagir
là-dessus, mais moi, en tout cas...
M. Mercier: M. le Président, M. le ministre,
effectivement, je pense comme vous. Vous vous interrogez là-dessus et on
a eu la même interrogation autour de ta table. C'est quoi, finalement, la
solution idéale? Ce n'est peut-être pas toujours facile, mais il y
a peut-être quand même une question de pratique là-dedans
dont il faut tenir compte. On a pensé que, d'un côté, on se
retrouvait à 30 jours après la période d'élection,
la période d'assermentation; on a dit qu'on ramènerait cela
à 15 jours et 23 jours au début, cela nous semblait acceptable.
Mais il y a peut-être lieu d'approfondir cela davantage. Vous nous
soulignez des éléments qui sont à considérer. Je
pense qu'on a tenté, nous aussi, de les scruter. Mais il y a
peut-être aussi certains aspects qui nous échappent, malgré
tout.
M. Dufour: Ce que, moi, je prétends: Est-ce que, vraiment,
l'ancienne loi causait tellement de problèmes pour qu'on soit
obligé de la réviser? Peut-être que l'ancienne loi
était satisfaisante. Remarquez que je n'ai pas eu de plainte dans ce
sens. Il y a peut-être quelqu'un qui a décidé qu'il
faudrait changer cela parce qu'on fait des changements. Ce n'est
peut-être pas cela, l'idéal. Moi, je ne vois pas quelle
complication cela peut apporter, que cela soit 15 jours comme avant par rapport
è 23 jours. D'abord, la période électorale est plus longue
que la mise en candidature, il ne faut pas se le cacher. Cela apporte quoi,
qu'il y ait trois semaines? Le gars dit: Moi, je me promène dans ma
municipalité et je suis candidat à partir de maintenant. Je ne
suis pas convaincu que cela ajoute quelque chose. Dans une municipalité,
règle générale, le candidat est connu. Ce n'est pas parce
qu'on dit: La période électorale va durer trois semaines. Pour
réviser les lois électorales, il y a d'autres mécanismes
qui pourraient être utilisés; vous en avez suggérés,
d'ailleurs, et je trouve qu'ils sont intéressants. Ce n'est donc pas une
cause de problème. La question est de savoir si on doit prolonger ces
délais.
Si quelqu'un se présente comme maire dans une
municipalité, trois semaines avant, il doit le savoir. Ce n'est pas
parce qu'il a fait son dépôt, qu'il a signé et que le
greffier lui a dit: Tu es candidat à partir de maintenant qu'il se sent
plus candidat. Je pense qu'avec toute la publicité qui se fait un peu
partout, dans les municipalités aujourd'hui, les gens sont conscients de
l'élection municipale et je ne vois pas la nécessité
d'ajouter cette semaine supplémentaire, si ce n'est qu'on veut apporter
un certain changement. Je ne pense pas que cela bonifie la loi, ce sera
peut-être même une cause de problèmes avec le temps. La
semaine supplémentaire, on y goûte. Cela va donner un peu plus de
temps au maire pour qu'il puisse décider seul de ce qui va se passer,
surtout s'il s'en va et qu'il a décidé de faire des petits
changements. Il pourrait peut-être les faire.
En tout cas, je crois en l'honnêteté des gens, je crois que
les gens sont sincères dans leur position, mais il ne faudrait pas
laisser une trop grande ouverture.
M. Desrosiers: M. le Président, vous comprendrez qu'il y a
plusieurs aspects à cette question. D'une part, quand on a parlé
de prolonger la période électorale, il y avait un objectif. Ce
n'était pas pour augmenter le fardeau du maire qui va se retrouver seul
pendant 38 jours; c'était d'abord pour permettre de faire les listes
électorales et d'en faire la révision. On sait bien qu'en ce
faisant, on occasionne des dépenses supplémentaires. On a
réagi en disant: Si on le fait, faisons la deuxième étape,
celle d'augmenter la portion de ce côté. Le troisième point
est que nous avons un espace qu'il faut combler de 38 jours où seul le
maire sera l'officiant premier en charge de la municipalité. Je ne veux
pas m'amuser, mais il n'y a pas un maire qui ait porté plainte devant
l'UMQ, à savoir qu'il sera seul et qu'il n'aura pas de conseiller avec
lui. Cela nous intrigue un peu, cet aspect.
Ce que vous venez de souligner, avant de céder la parole à
M. Guindon, cela mérite réflexion. Cette période est
réelle dans le temps et, quand on la mesure en temps municipal, il y a
beaucoup de vie municipale qui se passe. N'est-ce pas trop? C'est une bonne
question, mais il faut tenir compte des autres facteurs qui influencent. (12 h
30)
M. Guindon: C'est simplement pour exprimer notre
inquiétude face au Code municipal parce que c'est nouveau pour nous
d'avoir un laps de temps où le conseil ne siégera pas.
Actuellement, avec les rotations de deux ans des conseils municipaux, il y a
trois conseillers une année et trois conseillers une autre année
qui sont en élection. Le conseil est toujours actif. Cependant, la
pratique nous amène à
reconnaître que les conseillers qui seront en élection dans
une semaine ou même dans deux semaines vont éviter de proposer, de
prendre des décisions ou de participer à une prise de
décision trop chaude. On est prêt à vivre cela, mais la
période de 38 jours nous paraît très longue pour une petite
corporation, parce qu'en passant on siège plus d'une fois par mois dans
les petites municipalités.
M. Dufour: Cela va. Je pense que cela donne une certaine
réflexion. Quant aux conflits d'intérêts, lorsque vous
proposez - on y avait pensé aussi dans notre cheminement la confirmation
par la Commission municipale, est-ce que vous considérez que celle-ci a
un droit irréversible dans sa décision? Elle agirait comme une
cour suprême en disant: Oui, vous êtes correct. Même si la
Commission municipale protège la personne, est-ce que, dans votre
esprit, cela ôte des droits d'aller plus loin à quelqu'un qui
contesterait?
M. Desrosters; Cela m'apparaît une question extrêmement
légaliste. La réponse serait la suivante. Pour nous, il est
important pour quelqu'un, quelque part, sans se rendre à la Cour
supérieure, d'obtenir un avis sur la question. Nous disons: Voulez-vous
- les législateurs - vous pencher sur cette question et nous dire qui va
faire telle chose? Vous amenez une deuxième question en disant: Si on le
fait faire par un intervenant, qui est la Commission municipale ou un autre,
est-ce que cela enlève tous les autres droits que possède la
personne? Il faudrait demander à l'avocat de répondre; ce n'est
plus au maire de répondre.
Je dis qu'il y a deux temps dans cela. 1. On recommande - et je pense
que tout le monde est d'accord - d'avoir un intervenant reconnu qui puisse nous
aider à trancher la question. Quant à la question des droits
supplémentaires de la personne, c'est une deuxième question.
M. Dufour: Vous avez un avocat parmi le groupe.
M. Laperrière: Si vous me le permettez, M. le
Président, ce que l'UMQ veut dans ce contexte, c'est que l'élu
n'ait pas un genre d'épée de Damoclès au-dessus de la
tête, qu'il pense être dans une situation qui n'est pas un conflit
d'intérêts et que le lendemain il se fasse contester. Je reconnais
qu'il peut effectivement y avoir un problème constitutionnel. La
Commission municipale était un moyen suggéré pour assurer
à l'élu une certaine sécurité. Je pense qu'on peut
quand même s'asseoir, si tous reconnaissent le principe de garantir
à l'élu une certaine sécurité, pour trouver un
moyen pour s'en assurer. On peut regarder cela dans le cadre constitutionnel
à la suite de l'objection soulevée tantôt.
M. Dufour: Cela va. Je pense qu'il y aura des motifs à
réflexion aussi là-dedans. Il y a les élections partielles
à l'article 339. Je comprends que vous dites: "Dans un an". Il semblait
y avoir - j'ai mal saisi - une distorsion dans les propos des gens qui
présentent le mémoire, à savoir que certains pourraient
être tentés de dire: On pourrait avoir des élections
à l'intérieur d'un an, que ce soit facultatif, et d'autres disent
non. La position officielle, c'est qu'il n'y en a pas.
Personnellement avec l'expérience que j'ai dans le domaine
municipal, j'ai l'impression que, si vous laissiez cela facultatif... C'est
peut-être la meilleure façon pour que le ministre accepte ce qui
est écrit dans le projet de loi. En tout cas, je vais vous dire mon
point de vue. Effectivement, si vous le laissez facultatif, qu'il y ait des
lois ou pas, chaque conseil municipal pourrait être accusé de
n'importe quoi et cela va sûrement soulever des contestations. Je suis
tenté de penser que vous ne devriez pas, en tout cas qu'on ne devrait
pas ouvrir la porte et que non seulement cela ne devrait pas être
facultatif, mais que cela serait obligatoire. Les élections, c'est
tellement important.
C'est l'une des grosses lois qui ont été
déposées avec 863 articles. Le ministre nous informait ce matin
qu'il y en avait 2000 et quelques centaines. On a voulu la rapetisser un peu,
mettre cela un peu plus clair et ne laisser que le bon. Si on commence à
laisser des ouvertures pour que les gens puissent jouer là-dedans un peu
n'importe comment, vous allez voir que, dans telle municipalité, ils ont
accepté d'avoir une élection et vous autres, vous n'en avez pas.
Êtes-vous moins démocratiques? Êtes-vous plus
démocratiques? C'est quoi, le mécanisme dans tout cela?
Êtes-vous plus politiques ou moins politiques? Êtes-vous plus
démocratiques ou moins démocratiques? Ce sont tous ces
phénomènes-là qu'on soulève par rapport à
cette question. Personnellement, je pensais qu'à un siège qui
devient vacant au cours de la dernière année, il ne devrait pas y
avoir d'élection. Il faudrait qu'il y ait une permission très
spéciale et il y a des coûts rattachés à cela. Je
pense que, pour la paix sociale dans une municipalité, ce n'est pas bon
de laisser un pouvoir facultatif dans une décision aussi importante qui
touche un bon nombre de citoyens et qui est surtout très émotive
à ce moment-là par rapport à ces élections. Ce sont
mes commentaires.
Concernant les dons anonymes, je voudrais y revenir et parler des 20 %.
Moi, je partage beaucoup l'avis du ministre à ce moment-ci, à
savoir que 20 % des dons anonymes, cela représente un plafond qui me
semble raisonnable, parce que précisément
ces dons pourraient représenter la part de gens qui ne veulent
pas s'identifier publiquement. On sait que la cagnotte, quand personne ne la
voit, cela peut se glisser n'importe comment. La loi électorale est
très claire au point de vue municipal: on ne veut pas que ce soit
d'autres gens que des individus qui ont le cens électoral qui puissent
faire leurs dons aux partis politiques ou aux indépendants qui se
présentent à une élection. Le danger, c'est qu'il y a des
corporations qui pourraient être aussi tentées d'aller placer dans
le chapeau ou dans la boîte - appelons cela comme on voudra -des dons
dont on ne sait pas la provenance. Je pense qu'à cet égard le
milieu municipal a avec nous, en tout cas, cette même
responsabilité d'être le plus transparent possible. J'ai
I'impression que, de ce côté-là, on fait beaucoup d'efforts
pour assainir les moeurs politiques, pour essayer que ce soit le plus
transparent possible et que les élections deviennent plus
démocratiques ou touchent l'ensemble de la population. Et, à mon
point de vue, le plafond de 20 %, c'est un plafond raisonnable.
Je comprends qu'il y a des gens qui vont dire: Oui, vous devriez
l'ouvrir un peu plus. Ce n'est pas parce que 20 % c'est le deuxième ou
le premier, comme M. le vice-président, maire de Mont-Joli, le disait
tout à l'heure. Ce n'est ni le premier, ni le deuxième. Mais on
dit: Que, pour 20 %, on accepte de ne pas connaître nécessairement
la source pure, limpide d'où cela provient, je pense que le
législateur fait preuve d'une certaine ouverture d'esprit.
Plus que cela. Il me semble que vous nous demandez beaucoup, à
nous qui avons, en tout cas, jusqu'à un certain point, la
responsabilité de garder une certaine uniformité, mais aussi une
certaine clarté dans nos positions, et surtout à nous, de
l'Opposition, qui avons fait tellement d'efforts pour assainir le climat
politique, d'aller plus loin que cela. Personnellement, je suis porté
à croire que le plafond de 20 % devrait demeurer. En tout cas, je
regarderai cela avec beaucoup de réserves, ou vous allez être
obligés de m'apporter beaucoup d'éléments pour qu'on
puisse défoncer ce plafond dans mon esprit.
Le Président (M. Rochefort): M.
Morency, oui.
M. Morency: Juste un mot sur les commentaires de M. le
député. Il dit: On tente de rendre les élections plus
démocratiques. Est-ce que dans votre esprit cela veut dire que les
élections passées n'étaient pas démocratiques? Moi,
je ne le pense pas. J'aimerais connaître votre opinion là-dessus.
Je me demande pourquoi plafonner une chose sur laquelle, d'après les
informations qu'on a, on n'a pas eu de preuve d'abus. S'il y en a eu, on
aimerait cela le savoir. S'il n'y a pas eu d'abus, pourquoi plafonner? Dernier
point que j'aurais, c'est que je pense qu'on doit respecter l'anonymat de ceux
qui veulent rester anonymes dans ce domaine.
M. Dufour: Je ne voudrais pas Jouer au puriste et je ne voudrais
pas, non plus, jouer au légaliste parce que je ne suis pas un
légaliste comme tel. Mais ils disent qu'il faut donner l'apparence de la
justice. Il faut aussi donner l'apparence de la clarté par rapport
à ce qui se passe. Vous dites: On n'a pas eu de plaintes. C'est bien
sûr que vous ne pouvez pas avoir eu de plaintes parce que ce n'est pas
possible de prouver quoi que ce soit. On fait une veillée pour obtenir
des fonds. Je comprends qu'il y a des gens qui sont très
spontanés. Ils vont dire: On ne veut pas être connus. On va vous
donner 500 $, mais on ne les donnera pas quand on sait que peut-être il y
a des gens qui vont le savoir. Mais, dans la salle, les gens ne le sauront pas.
On a réuni 200 personnes et on a ramassé 25 000 $. Cela fait pas
mal d'argent par têteï Pour des gens qui sont habitués
à aller rencontrer des gens pour qu'ils fassent des dons à des
partis, cela n'arrive pas comme cela. Il faut tordre un peu, des fois, les
bras. Spontanément, ces gens vont donner. On est en lieu de penser que
cela pourrait être d'autres personnes que les contribuables de la
municipalité. Personne ne peut empêcher, ce n'est pas
marqué dans la loi, que quelqu'un d'une autre municipalité aille
à un party organisé par un parti pour recueillir des fonds. Cela
pourrait facilement être une compagnie qui déciderait de donner.
En tout cas, je vous fais connaître mes appréhensions. Je pense
que le ministre en a exprimé un certain nombre. Je ne suis pas loin de
partager son idée par rapport à cela, si on veut vraiment
assainir les moeurs politiques, faire comprendre aux gens qu'ils doivent
s'impliquer, que ce n'est pas seulement une question d'argent, mais que c'est
aussi une question de philosophie, d'approche et de volonté de
développer des choses.
J'avais l'impression que 20 % des dons anonymes c'était un
montant... Il ne devrait peut-être pas y avoir du tout de dons anonymes,
mais, comme cela peut être acceptable, jusqu'à un certain point,
que l'on n'en sache pas la provenance, 20 %, ce n'est pas un gros montant par
rapport à l'ensemble. Je pense que, de ce côté-là,
c'est un effort louable d'essayer que les partis continuent à vivre,
mais aussi surtout de savoir d'où provient l'argent. Cela reste
important de savoir cela. Je pense que c'était le but visé des
caisses électorales, de savoir d'où l'argent provient.
Je vous dis où j'en suis dans ma réflexion. Je comprends
que vous ne partagez pas nécessairement la même idée et
je
n'essayais pas de vous convaincre. Je vous donne juste...
Une voix: Votre collègue a une question.
M. Dufour: Cela va. Cela irait pour mes questions. Je voudrais
vous remercier d'avoir présenté votre mémoire. Je trouve
que c'était très bien fait.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Jonquière. J'informe les membres de la
commission qu'on a dépassé l'heure normale pour siéger.
J'ai une demande d'une question du député de Dubuc. Est-ce qu'il
y a consentement des membres de la commission pour qu'on poursuive durant
quelques minutes pour permettre au député d'adresser sa question
à l'organisme qui est devant nous?
M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, je n'ai pas
d'objection, sauf que j'aimerais que les quinze minutes qu'on a prises de trop,
on puisse les décaler à la reprise de la séance.
Le Président (M. Rochefort): D'accord. Écoutez, on
s'entendra au moment de la suspension. Est-ce qu'il y a consentement pour une
question?
M. Bourbeau: C'est-à-dire si vous êtes d'accord
parce que je n'aurai pas assez de temps.
Le Président (M. Rochefort): Non, mais cela va. On verra
combien de temps il nous reste à reprendre et on le reprendra.
M. Bourbeau: Vous êtes d'accord avec le principe?
Le Président (M. Rochefort): Oui, oui, il n'y a pas de
problème là-dessus.
M. Bourbeau: Bon, très bien.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Il y a
peut-être eu quelques questions, mais il y en a une, en tout cas, qui
m'apparaît quand même importante à la page 3 de votre
mémoire. C'est sur l'inéligibilité - voilà, j'ai
passé dessus - à l'article 60 où vous recommandez
"d'inclure à la liste de postes ou de charges inéligibles avec la
charge d'élus, les sous-ministres des deux gouvernements, ainsi que tout
le personnel politique des ministères." Cela m'apparaît une
proposition importante et j'aimerais obtenir au moins quelques justifications.
Qu'est-ce qui vous a amenés à faire cette recommandation?
M. Desrosiers: Le commentaire qu'on peut faire, M. le
Président, crest le premier, c'est le plus important: ces
gens-là seraient en conflit d'intérêts. À cause de
cette règle, on demande de les exclure. Je ne sais pas si on peut faire
des commentaires plus élaborés.
M. Laperrière: Si vous le permettez, prenons tout
simplement, par exemple, le personnel politique des ministères. Advenant
leur candidature dans une municipalité, il se pourrait - puisque tout
à l'heure on donnait des exemples d'abus, en voici un autre - que le
personnel politique se présentant dans une municipalité essaye de
faire des pressions en disant: Pourriez-vous dans la municipalité faire
telle chose, favoriser la municipalité? Cela va se savoir d'une
façon ou d'une autre que je suis attaché au ministère et
que je suis influent et cela va m'aider probablement dans ma campagne.
Finalement, je pense que la situation de conflit d'intérêts existe
à ce niveau.
M. Desbiens: Évidemment, M. le Président, il reste
que, habituellement, cela ne se fait pas au niveau municipal. Bien sûr,
j'imagine qu'un sous-ministre, après avoir obtenu un congé sans
traitement, n'a pas la possibilité financière de faire cela.
Je trouve un peu difficile qu'on enlève, finalement, à des
citoyens, la possibilité de remplir une charge sociale, publique, au
niveau municipal. Qu'est-ce qui fait que, dans votre esprit, un attaché
politique qui siégerait parmi dix ou huit conseillers municipaux
pourrait influencer? Il peut essayer d'influencer - je sais que cela est
possible, que la possibilité existe - mais qu'il réussisse
à un contre huit ou dix, s'il s'agit vraiment d'un point
d'intérêt pour une population, à renverser une
décision ou une volonté du reste du conseil municipal, j'ai peine
à voir cela.
M. Laperrière: Si vous le permettez, tantôt sur les
dons anonymes, on invoquait l'apparence de justice. Je pense que pour les
mêmes motifs ici on pourrait aussi invoquer l'apparence de justice. Ce
que vous énoncez, finalement, c'est que ce sont des exceptions vraiment
minimes et probablement qu'elles le sont effectivement. C'est tout de
même pour une question d'apparence de justice qu'il faut tracer une ligne
à certains endroits. C'est ce qui a motivé l'Union des
municipalités du Québec à exiger d'inclure ces deux postes
à la liste.
M. Desbiens: Je vous remercie. Je demeure réticent, car,
s'il se présente et se fait élire, il a dû manifester aussi
une apparence d'honnêteté.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Dubuc. Sur ce, je voudrais remercier les
représentants de l'Union des municipalités du Québec de
leur présence parmi nous ce matin et de la participation constructive
qu'ils ont apportée à nos travaux. Peut-être que vous
voulez ajouter un mot, M. le vice-président, avant que l'on se
quitte.
M. Desrosiers: Le mot, c'est celui que le président
lui-même vous aurait dit, c'est: Grand merci de nous avoir reçus
et grand merci de tenir des commissions de ce genre. Cela permet de faire la
lumière sur des questions qui nous tiennent à coeur, autant de
votre côté que de notre côté. La preuve, c'est que
nous sommes réunis ici ensemble et que nous avons travaillé pas
mal fort. Nous nous rendons compte que ce que nous pensions faire comme
aboutissement final, c'est légèrement différent pour
l'Opposition, pour nous et pour le parti au pouvoir. Je crois que nous avons
fait un bon job. Pour cela, nous vous remercions beaucoup.
Le Président (M. Rochefort): Merci infiniment. Nous
suspendons nos travaux, tel qu'entendu tantôt, jusqu'à 14 h 20.
C'est cela? Alors, 14 h 20. Merci
(Suspension de la séance à 12 h 47)
(Reprise à 14 h 26)
Le Président (M. Rochefort): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux dans le
cadre de cette consultation générale que nous tenons sur le
projet de loi 100, Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités.
Corporation des officiers municipaux
agréés du Québec
J'appellerai dès maintenant le prochain intervenant, il s'agit de
la Corporation des officiers municipaux agréés du Québec.
Si vous vouiez prendre place à la table à l'avant, s'il vous
plaît.
Bonjour, bienvenue parmi nous, je vous demanderais, pour les fins du
Journal des débats et des membres de cette commission, de vous
identifier ainsi que les personnes qui vous accompagnent, s'il vous
plaît.
M. Guay (Maurice): M. le Président, mon nom est Maurice
Guay. Je suis président de la Corporation des officiers municipaux
agréés du Québec. À ma gauche, vous avez M. Jacques
Leblanc, deuxième vice-président de la corporation, et, à
ma droite, Mlle Marise Lavoie, secrétaire générale de la
corporation.
Le Président (M. Rochefort): Bienvenue parmi nous. Sans
plus tarder, je vous demanderais de nous présenter brièvement le
mémoire que vous nous avez déposé.
M. Guay: M. le Président, M. le ministre, MM. les membres
de la commission, nous allons être très brefs. Nous tenons tout
d'abord à vous remercier de nous avoir invités à
présenter notre court mémoire. Nous profitons aussi de la
circonstance pour remercier et féliciter les autorités
gouvernementales qui, par leur personnel, ont collaboré avec nous depuis
de nombreuses années et continuent encore à le faire.
La Corporation des officiers municipaux agréés du
Québec vous livre par le présent mémoire le contenu de ses
réflexions en regard du projet de loi 100 intitulé Loi sur les
élections et les référendums dans les
municipalités. Pour des raisons de bonne compréhension, les
observations qui y sont contenues sont énoncées en fonction de
l'ordre de présentation des articles du projet de loi.
La Corporation des officiers municipaux agréés du
Québec, dans le cadre du présent mémoire, n'a
désiré se pencher que sur les aspects administratifs et
techniques des articles de la loi, laissant aux élus le soin de formuler
les représentations voulues sur les articles à caractère
politique de la loi. Par ailleurs, la Corporation des officiers municipaux
ayant participé conjointement avec l'Union des municipalités du
Québec à l'étude du projet de loi 100, nous avons donc
évité de commenter les points sur lesquels nous sommes d'accord.
Dans cette optique, nous crayons qu'il était essentiel de n'attirer
votre attention que sur les aspects des articles cités. En
conséquence, nos commentaires portent sur les points suivants.
Délai de publication, article 16. La COMAQ se déclare d'accord
avec l'UMQ quant à l'augmentation du délai de dix jours en regard
de la parution de l'avis dans les journaux. De plus, la COMAQ tient à
souligner que l'aspect économique est également à
considérer. En effet, certaines municipalités, en raison du jour
de parution des journaux locaux hebdomadaires, devront avoir recours aux grands
quotidiens à des coûts très élevés. Par
conséquent, un délai de plus de dix jours serait de rigueur.
Cens électoral et qualités d'électeurs, article 49.
Afin de faciliter la préparation de la liste électorale, la COMAQ
suggère que les qualités exigées pour obtenir le statut
d'électeur devraient être semblables à celles qui sont
présentement en vigueur dans la Loi sur les cités et villes, a
l'exception cependant de la condition quant au domicile. La COMAQ
suggère donc que les qualités relatives au domicile de
l'électeur devraient être imposées à la date de la
parution de la publication de l'avis d'élection. Cette
modification retire le délai de douze mois de résidence
dans la municipalité.
Personnel électoral et nomination des scrutateurs et
secrétaires de bureaux de vote, article 75. En regard de cet article, la
COMAQ estime que le personnel électoral, pour la durée des
élections, doit se composer de personnes totalement neutres et
n'afficher aucune attache politique évidente. Aussi, le président
devrait être la seule personne apte à juger de la
compétence, de l'efficacité et de l'honnêteté de ce
personnel.
Tarif d'honoraires, article 87. La COMAQ est en principe d'accord avec
la proposition gouvernementale telle que rédigée.
Néanmoins, nous sommes toutefois d'avis que ce tarif devrait être
périodiquement ajusté selon le taux d'augmentation de l'indice
des prix à la consommation pour le Canada, déterminé par
Statistique Canada. D'ailleurs, cette formule est déjà en
application en ce qui concerne la rémunération des élus
tel qu'en font foi les articles 65 et suivants de la Loi sur les cités
et villes, et plus particulièrement l'article 65.4. Cet ajustement nous
paraît important, car il devient de plus en plus difficile de recruter du
personnel qualifié, expérimenté et compétent avec
les sommes présentement allouées. En outre, il est
suggéré que l'intervention ministérielle soit
réservée aux seuls cas où la municipalité veut
fixer des honoraires inférieurs à ceux prévus par le
tarif, ceci afin d'assurer une certaine cohérence dans la
rétribution du personnel électoral.
Nous passons maintenant à la page 5. Incapacité des
électeurs, article 227. Dans le cas où l'électeur est dans
l'incapacité de marquer lui-même son bulletin de vote, la COMAQ
fera part de ses appréhensions lors de l'audition en commission
parlementaire. Ici nous voulons souligner qu'advenant le cas où le
scrutateur et le greffier seraient tous deux appelés à
accompagner la personne pour aller voter vous devez reconnaître
qu'à ce moment il n'y aura plus personne pour surveiller la table, les
bulletins et la boîte de votation. Alors, il faudrait peut-être
trouver un moyen terme pour éviter que ces deux personnes soient
absentes en même temps.
Constatation d'inhabilité, articles 324 et suivants. Sur cette
question nous partageons la prise de position de l'UMQ. Par contre, dans
l'éventualité où la procédure décrite aux
articles 324 et suivants serait retenue, la COMAQ suggère que le
greffier ou le secrétaire-trésorier, saisi d'une telle situation,
soit dans l'obligation d'en faire part sous sceau confidentiel au Directeur
général des élections, qui devra entreprendre une
enquête nécessaire à cette fin. Dans sa rédaction
actuelle, le greffier ou le secrétaire-trésorier doit s'imposer
comme une instance judiciaire, ce qui, à notre avis, est inconciliable
avec la nature de ses fonctions. Nous vous remercions beaucoup.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie, M. le
président. J'inviterais maintenant M. le ministre à prendre la
parole.
M. Bourbeau: Cela ne sera pas long. Je remercie les gens de la
COMAQ de leur mémoire, que nous avons lu avec intérêt. Je
n'ai pas beaucoup d'observations à faire parce que, dans l'ensemble, la
COMAQ est pas mal d'accord avec le projet de loi. Sur bien des points, la COMAQ
se déclare d'accord avec la position qui a été prise par
l'Union des municipalités du Québec lorsqu'il y avait une
divergence avec le projet de loi. Il y a un point qui a retenu mon attention,
soit celui du travail partisan du scrutateur et des secrétaires
affectés aux bureaux de vote par anticipation. On nous dit
qu'après que leur travail est terminé ces gens-là ne
devraient plus avoir des activités de nature partisane jusqu'à ce
que le vote ait lieu ou après que le vote a eu lieu. Je voudrais faire
simplement une observation. La position que nous avons adoptée dans le
projet de loi est celle qui existe présentement en vertu de la loi
générale des élections au Québec. À partir
du moment où le scrutateur a remis son urne au président
d'élection, il peut avoir des activités de nature partisane. Je
ne sais pas si... Évidemment, dans le monde municipal, on veut
être plus catholique, si je puis dire, que sous le régime
provincial, mais c'est l'observation que je voulais faire. Je ne sais pas si
vous avez des réactions à ce sujet.
M. Guay: Disons que la réaction ne sera pas trop forte. On
ne veut pas être plus catholique que le gouvernement provincial. C'est
tout simplement que le scrutateur et le greffier qui travaillent dans un bureau
de vote par anticipation demeurent quand même jusqu'à la fermeture
des poils assujettis au personnel parce qu'ils doivent se présenter le
soir, faire la compilation de ces bulletins et remettre le rapport au
président d'élection. La seule suggestion que l'on vous fait est
qu'actuellement, dans les municipalités, nous tentons d'avoir la plus
grande neutralité possible de la part des gens qui y travaillent. On
n'est pas toujours assuré que c'est le cas, on n'est pas sûr non
plus que les gens ne feront pas de partisanerie politique. Mais si nous avions
dans la loi un article qui prévoit la neutralité en tout temps,
à partir de la date où ces gens sont engagés
jusqu'à la terminaison de l'élection, nous croyons que cela
pourrait rendre plus de services.
M. Bourbeau: Pour ce qui est du reste du rapport, je pense que
c'est assez clair, la
position de la COMAQ est connue. Noua allons non seulement en prendre
connaissance, mais nous allons vérifier et comparer vos remarques et
commentaires avec ceux des autres intervenants et avec nos propres
réflexions. Au cours des prochaines semaines, nous prendrons des
décisions définitives à ce sujet, au sujet des points
soulevés. En ce sens, nous allons revoir tous les points qui ont
été soulevés afin de voir s'il y aurait
nécessité ou avantage à modifier le projet de loi dans le
sens que vous indiquez. Il est possible et même probable que dans
certains cas nous nous rendions à vos suggestions. Dans d'autres cas,
possiblement que ce ne sera pas la même chose. Je pense que c'est une
contribution extrêmement intéressante et pour laquelle nous vous
remercions.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière, maintenant.
M. Dufour: Je viens de prendre connaissance du rapport; si j'ai
bien compris, vous l'avez déposé seulement dans la journée
d'hier.
M. Guay: Non, nous l'avons déposé vendredi
dernier.
M. Dufour: Nous ne l'avons eu qu'hier. Il y a eu un petit
décalage, mais on ne s'accrochera pas dans les fleurs du tapis. Moi
aussi, je voudrais vous souhaiter la bienvenue. Je suis toujours heureux de
travailler avec des organismes à caractère municipal.
J'ai regardé votre délai de publication, ce doit
être une technicité pas trop grave. Vous parlez de dix jours, mais
à la fin vous dites: "Par conséquent, un délai de plus de
dix jours serait de rigueur". Mais je pense que vous vous en tenez à dix
jours, n'est-ce pas?
M. Guay: Nous trouvons que la période de dix jours n'est
pas assez longue; il faudrait la prolonger. Nous disons; Un délai de
plus de dix jours.
M. Dufour: La loi, vous l'interprétez comment? On dit:
À partir de l'adoption du règlement, vous avez dix jours pour la
publication. Est-ce exact? Dans les dix jours qui suivent?
M. Guay: Me permettez-vous de vérifier?
M. Dufour: L'article 16, le règlement concernant les
élections, dit; "Dans les dix jours de l'adoption du projet de
règlement, le greffier ou secrétaire trésorier publie,
dans un journal diffusé sur le territoire de la municipalité, un
avis qui contient..." etc. Il faut que ce soit à l'intérieur des
dix jours. Je comprends que cela veut dire dix jours complets. De la
façon que vous vous exprimez, je ne pense pas que l'Union des
municipalités ait dit le contraire. Elle parlait de dix jours. Elle
était d'accord avec ce qui était écrit dans le projet de
loi si je ne me trompe pas.
M. Guay: Nous ne sommes pas d'accord.
M. Dufour: Elle disait que l'avis devait être
augmenté...
M. Guay: C'est cela.
M. Dufour: Pourquoi nous dites-vous que cela devrait être
augmenté jusqu'à dix jours? Le règlement est écrit.
Avant qu'il ne soit adopté, j'imagine que comme
secrétaire-trésorier, secrétaire tout court ou greffier
vous avez déjà pris des contacts avec le journal local ou
autrement pour faire la publication. Pourquoi les dix jours devraient-ils
être augmentés à votre avis?
M. Guay: Ce que vous venez de mentionner, à savoir qu'on
prend des arrangements au préalable, malheureusement je ne l'ai jamais
vécu moi-même, je ne peux pas vous dire si certaines
municipalités le font. Ma position personnelle est que jamais je ne
prends d'arrangement avec un journal à moins que la résolution
ait été adoptée officiellement par le conseil.
M. Dufour: J'ai vécu l'expérience où tout
est fait sauf qu'il faut que ce soit entériné par le conseil
municipal avant la publication. Il n'y a pas de gros accrocs au plan juridique.
Si vous me dites que vous attendez que tout soit fait en supposant que... Dix
jours, d'après votre expérience, ce n'est pas assez long.
M. Guay: À titre d'exemple très clair, dans ma
municipalité nous avons une assemblée du conseil le lundi soir.
Je dois remettre l'avis public deux jours avant sa parution. L'hebdomadaire
circule le mercredi. Je dois donc donner le texte de mon avis public le lundi,
avant même que le conseil n'ait ratifié le projet de
règlement. Je ne peux pas le faire. Dès que le conseil a pris
position, j'envoie mon avis public au journal et il ne paraît que neuf
jours après. C'est une limite de temps qui nous semble un peu
serrée. C'est une légère technicité mais je pense
qu'on devrait s'y pencher.
M. Dufour: À l'article 75, concernant le personnel
électoral, il semble que votre position rejoigne ce que j'exprimais ce
matin, à savoir que le président seul devrait nommer le personnel
électoral. C'est ce qui est
contenu actuellement dans la loi. M. Guay: Actuellement, oui.
M. Dufour: Je pense que, dans la loi actuelle, le texte dit que
le président d'élection a le droit de nommer ou doit nommer les
gens qui sont attachés à son personnel durant les
élections.
Vous autres, dans cette recommandation, qui ne rejoint pas
nécessairement celle de l'Union des municipalités, vous
êtes un peu différents. L'Union des municipalités dit: Le
parti pourrait nommer et, après le parti, ce sera le président.
Qu'est-ce que vous voyez comme problème par rapport à cela?
M. Guay: Nous voyons comme problème ce qu'on a
mentionné tout à l'heure. Nous ne sommes pas un organisme
provincial. Nous n'avons peut-être pas les mêmes façons de
procéder. Nous sommes conscients que le président
d'élection, qui est responsable de tout le personnel électoral,
devrait être la seule personne habilitée à choisir son
personnel. Il ne faut quand même pas oublier que d'être
président d'élection c'est une responsabilité assez
pesante.
Le Président (M. Rochefort): Si M. le député
de Jonquière me le permet. Où recrutez-vous ces gens-là
lorsqu'ils ne vous sont pas recommandés par une formation politique?
M. Guay: Nous les recrutons par voie d'appel d'offres, par la
voie des journaux...
Le Président (M. Rochefort): Dans les journaux,
M. Guay: ...ou par la connaissance que nous avons de ces
gens-là dans notre milieu.
Le Président (M. Rochefort): Mais vous recevez tout de
même, à l'occasion, des suggestions des formations politiques des
candidats?
M. Guay: Moi, je n'ai pas de formation politique.
Le Président (M. Rochefort): Je parle des candidats. Je ne
parle pas des formations politiques, mais des candidats.
M. Guay: Les candidats chez moi, en tout cas, et j'ai
travaillé aussi à la ville de Verdun pendant 24 ans, nous n'avons
jamais reçu de pressions pour le choix de notre personnel.
Le Président (M. Rochefort): Merci.
M. Dufour: Règle générale, selon mon
entendement, si des gens s'adressent à des candidats et leur disent: Va
te rapporter au président d'élection et, s'il veut te choisir, il
te prendra... Dans mon esprit, j'ai l'impression que le président
d'élection est assez jaloux de ses prérogatives de nomination,
surtout qu'il acquiert une certaine habitude de fonctionner avec des gens, et
ces gens-là connaissent déjà tout le rouage. Donc, il y a
moins de "turnover", pourrait-on dire, chez ce personnel. Ils deviennent
habitués à leur quartier, ils connaissent leur monde. J'ai
l'impression que cela sauve beaucoup...
M. Guay: C'est notre petit péché d'être
jaloux de nos prérogatives.
M. Dufour: Je n'ai pas d'objection à cela. Quand vous
parlez du travail partisan du scrutateur et des secrétaires
affectés aux bureaux de vote, on parle d'impartialité du
personnel électoral. Mais ce personnel qui s'appelle le scrutateur et le
secrétaire travaillerait, par exemple, dans un bureau. Je comprends que
la journée du vote il faut qu'ils soient impartiaux, il n'y a aucun
doute. La personne va travailler dans un bureau temporaire, bureau qui doit
siéger une semaine, sept jours ou six jours avant la date prévue
pour le vote pour l'ensemble des citoyens. Vous dites qu'ils ne peuvent pas
faire de travail partisan. J'essaie de comprendre que la personne qui est
scrutateur la journée spéciale pourrait, entre les deux
périodes, redevenir partisane quelque part.
M. Guay: Ce que j'ai mentionné, tout à l'heure,
c'est que cette personne demeurait dans notre personnel électoral
jusqu'à la clôture officielle de l'élection qui se fait la
semaine d'après parce que ce n'est que ce soir-là qu'elle
présente son rapport.
M. Dufour: Je pensais que la loi disait à peu près
cela. Vous le répétez et vous dites que vous êtes d'accord
avec ce qui est déjà prévu dans la loi. Pour ce qui est
prévu dans la loi... (14 h 45)
M. Guay: C'est que la loi prévoit que les travailleurs
dans les bureaux de vote par anticipation auraient le droit d'en faire. Nous
soutenons le contraire.
M. Dufour: Vous ne voulez pas qu'ils reviennent. Il y a bien
sûr les tarifs d'honoraires. Est-ce que vous demandez que ce soit
automatique et que chaque année il y ait un ajustement?
M. Guay: Un ajustement automatique à chaque année,
exactement.
M. Dufour: Selon le coût de la vie?
M. Guay: Selon le coût de la vie.
M. Dufour: D'accord. Période de mise "en candidature. Vous
dites: "La proposition -c'est l'article 150 - gouvernementale voulant que la
période de mise en candidature se termine le 27e jour
précédant celui fixé pour le scrutin répond
adéquatement aux voeux de la COMAQ." C'est un voeu pieux ou un voeu que
vous aviez exprimé par rapport à cette loi? Pendant les 23 jours
de mise en candidature, plus quinze jours pour l'assermentation, le maire
demeure seul en fonction et décide seul pendant 38 jours de
l'administration de la municipalité. Le maire pourrait aller assez loin.
Il faut penser que les élections ont lieu au mois de novembre. Si vous
me dites: II y a une raison fondamentale pour laquelle on a ajouté une
semaine ou neuf jours à la période de mise en candidature...
Actuellement, c'est quinze jours. On monte cela à 23 jours. Est-ce qu'il
y a une raison fondamentale sur laquelle vous vous appuyez pour dire: Oui, cela
répond à nos voeux? Est-ce parce que c'est écrit dans la
nouvelle loi que cela doit prendre 23 jours?
M. Guay: II y a peut-être une petite anomalie. Vous me
parlez de l'article 150. Je regarde l'article 150 dans la loi qui parle de 23
jours.
M. Dufour: La mise en candidature se termine le 23e jour
précédant celui fixé pour le scrutin. Le 23e jour
précédent, si J'ai compris, c'est qu'à deux heures de
l'après-midi il y a des candidats qui sont déclarés
candidats à l'élection?
M. Guay: C'est cela.
M. Dufour: À ce moment les conseillers municipaux ne sont
plus conseillers?
M. Guay: C'est exact.
M. Dufour: Le maire seul demeure en fonction. Donc, cela veut
dire 23 jours plus 15 jours, puisqu'après une élection il y a 15
jours pour se faire assermenter. Cela veut dire une période de 38 jours
où le contrôle de la municipalité est directement sous la
responsabilité du maire. Si c'est bon pour 38 jours, si on voulait
prolonger, cela pourrait être bon presque à l'année. Ce
serait peut-être exagéré, mais je pense que pour aller bien
carrément sur cela... Vous dites dans votre mémoire que cela
répond adéquatement aux voeux de la COMAQ.
M. Guay: Ah bon! Je saisis maintenant votre question et je vais
tenter d'y répondre le plus clairement possible. Nous croyons que durant
la période électorale il est normal qu'il y ait une certaine
continuité par le maire parce qu'autrement il n'y aurait pas
d'administration possible. D'un autre côté, nous sommes d'opinion
- celle-ci peut ou ne peut pas être partagée - que, les
conseillers n'étant plus membres du conseil et n'ayant plus
possibilité d'avoir de séances du conseil, cela pourrait
éventuellement - je pèse chacun de mes mots - leur permettre de
passer à des actes qui pourraient les favoriser aux yeux du public. Nous
ne croyons pas, par contre, que la période de 38 jours à laquelle
vous référez soit tellement longue qu'elle empêche
l'administration efficace d'une municipalité.
M. Dufour: Si je peux continuer un peu mon investigation, avant
c'était une semaine, dans les 8 jours où on pouvait être
assermenté, plus 15 jours. Cela faisait 21 ou 22 jours.
M. Guay: Environ.
M. Dufour: Là, on remonte à 38 jours. Je me
souviens que cela a fait l'objet de longues et de nombreuses discussions, en ce
sens... Grosso modo, cela fait 38 jours. Avant, c'était 15 jours plus
une semaine, ce qui faisait 22 jours ou 23 jours.
M. Guay: M. Dufour, est-ce qu'il n'y aurait pas aussi lieu de se
poser la question à savoir que le conseil ne pouvait plus siéger
à partir du moment où il y avait le vote par anticipation, ce qui
faisait déjà un mois complet?
M. Dufour: C'est-à-dire, non. Il y avait 15 jours de
période électorale, à partir de la mise en candidature, et
le monde pouvait voter par anticipation une semaine avant le jour fixé
pour le scrutin.
M. Guay: D'accord.
M. Dufour: Donc, cela ne rallongeait pas le temps.
M. Guay: Parfait.
M. Dufour: À mon point de vue, le problème qui se
pose c'est qu'on rallonge le temps. Il faut comprendre que l'élection a
lieu au mois de novembre, et le mois de novembre c'est la période
budgétaire. Si le maire reste seul en fonction... On ne peut pas
paralyser les services de la ville, je crois que tout le monde comprend cela
autour de la table. Le maire est en fonction, donc il y a certaines
orientations budgétaires qui se donnent. Il y a une élection qui
a toujours lieu en novembre. Ce n'est pas le fait que quelqu'un soit
déclaré officiellement candidat qui lui donne plus de
qualités pour l'élection. Je pense bien que, la plupart du temps,
quelqu'un a décidé normalement trois
semaines avant qu'il se présenterait comme maire ou comme
conseiller municipal; des fois il a décidé cela une année
à l'avance, des fois plus. Donc, ce n'est pas parce qu'il a
été accepté officiellement comme candidat que cela lui
donne des qualités supplémentaires pour se présenter. Il y
a une période de temps où la municipalité doit continuer.
Je ne dis pas que les conseillers devraient avoir le droit de siéger
durant cette période, mais je dis qu'on a tout intérêt
à ce que cette période où il n'y a pas de conseil
officiellement élu soit raccourcie le plus possible. L'ancienne loi,
à moins que vous me donniez des faits précis, n'a pas
causé préjudice aux municipalités. En tout cas, je vous
dis honnêtement que, dans tous les contacts et toutes les choses que j'ai
eu à manoeuvrer avec les municipalités, je n'ai pas vu ce
problème-là.
On vient de décider qu'on ajoute sept jours et une autre semaine,
etc.
M. Guay: Si on revient aux périodes, M. le
député de Jonquière...
M. Dufour: D'accord.
M. Guay: ...et si ma compréhension de la loi actuelle est
bonne, nous avons l'élection le 2 novembre cette année, avec la
loi actuelle.
M. Dufour: C'est cela.
M. Guay: Les conseillers ont 15 jours pour être
assermentés, cela donne 17 jours: 15 jours plus les deux premiers jours
de novembre, cela donne 17. La semaine de vote par anticipation, cela fait 24
jours et la fin de la mise en candidature, c'est une autre semaine à
l'avance, ce qui fait 31 jours. On demande une autre semaine, ce qui donne les
38 jours dont vous parlez.
Il y a aussi une autre raison: il faut avoir préparé des
élections pour savoir qu'une semaine pour faire faire l'impression des
bulletins, préparer les boîtes électorales et recruter en
dernier lieu le personnel... Tant qu'on ne sait pas si une élection aura
lieu, on ne peut pas recruter notre personnel. Comme argument
supplémentaire, nous calculons que, pour les administrateurs, cette
période de sept jours nous permettrait de mieux se préparer.
Actuellement, vous avez exactement une semaine pour faire imprimer vos
bulletins, préparer vos boîtes, commander votre matériel,
préparer vos salles...
M. Dufour: Si j'ai bien compris, ce que vous nous proposez, c'est
bien plus pour le bien-être des secrétaires-trésoriers,
avec tout le respect que je leur dois, plutôt que pour la
démocratie comme telle. Vous ne me dites pas qu'il y a eu un
empêchement de voter par rapport à cela, vous ne me dites pas que
les élections n'ont pas été correctes, vous dites: Cela
nous bouscule un peu plus... Faire plus avec moins. Là, on va faire
moins avec plus ou on va faire exactement pareil. En tout cas...
Personnellement, je vous dis carrément que la période où
le maire est seul pour tenir les rênes de la municipalité me
semble longue pour une personne seule. Il me semble aussi que, durant cette
période, beaucoup d'orientations pourraient être données
soit au point de vue budgétaire ou autrement. On n'a pas
intérêt à prolonger les délais; dans mon esprit, on
a intérêt à ce que le conseil se mette en place au plus
vite parce que chaque fois qu'on retarde l'adoption du budget, parce qu'il peut
y avoir des changements, cela a aussi pour effet d'entraîner des
coûts. Cela dérange, mais il y a des coûts importants.
Personnellement, je serais porté à croire que d'exiger...
À moins que vous me disiez bien carrément qu'un changement global
devrait se produire et que cette semaine-là est absolument
nécessaire, je ne serais pas trop tenté d'aller là
justement en fonction de la nécessité qu'il y ait un conseil en
place au plus vite. Cela me semble répondre beaucoup plus au point de
vue électoral, selon mes propres critères.
II y a aussi motif d'inhabilité. À l'article 324, vous
dites: Dans le cas où la procédure décrite aux articles
324 et suivants serait retenue, la COMAQ suggère que le greffier soit
dans l'obligation de faire part, sous sceau confidentiel... Pensez-vous que
cela change quoi que ce soit si vous le faites confidentiel ou pas? Il y a un
principe de base que je veux retenir ou examiner avec vous. Que cela se fasse
sous sceau confidentiel ou ouvertement, vous êtes rendu à la
même position. Du fait que vous allez être soupçonné
d'avoir donné un avis même confidentiel, et de la façon
dont le Directeur général des élections ou son
représentant va poser des questions ou va se comporter, pensez-vous que
le secrétaire-trésorier va pouvoir être bien à
l'aise vis-à-vis de sa démarche, même si elle est faite
sous le sceau de la confidentialité? Juste le fait que vous allez le
faire?
M. Guay: Ce que nous pensons est très clair. Ce que nous
pensons, c'est que l'article 324 ne devrait même pas être
là. Car nous ne voulons pas être des préfets de discipline.
Nous ne voulons pas être des chiens de garde, nous, les
secrétaires-trésoriers et les greffiers. Nous ne croyons pas que
c'est notre responsabilité de prendre action et de dire: Un membre d'un
conseil, en vertu de telle ou telle chose, n'est plus habile à voter.
Nous sommes des employés municipaux. Nous devons répondre au
conseil municipal et nous ne croyons pas que ce soit notre rôle. Ce que
nous disons, c'est que, si vous gardez ce texte dans la loi, au moins
pour nous protéger d'une certaine façon ne nous demandez
pas de le faire ouvertement.
Si nous sommes saisis d'un jugement quelconque qui rend quelqu'un
inhabile à voter, ce ne sera pas à nous de le présenter au
conseil. On l'enverra tout simplement au Directeur général des
élections qui, lui, prendra action. Mais je pense que c'est beaucoup
demander à des employés municipaux d'agir presque comme
juges.
M. Dufour: Autrement dit, vous partagez un peu l'avis que
j'émets que, même sous le sceau confidentiel, vous n'êtes
pas è l'abri d'être accusé ou d'être
considéré comme la personne qui va faire ces oeuvres comportant
dénonciation.
M. Guay: Absolument.
M. Dufour: Je pense que là-dessus vous avez répondu
à un certain nombre de questions que j'avais.
Vous ne vous prononcez pas sur le financement des partis politiques et
je comprends que vous avez laissé la partie politique de
côté. Vous vous êtes plutôt attachés à
votre travail à vous. C'est bien cela?
M. Leblanc (Jacques): On ne veut pas se faire reprocher de faire
de la politique.
M. Dufour: Les greffiers sont des gens de grande
discrétion. Je voudrais vous remercier aussi de votre mémoire. Je
ne sais pas s'il y a d'autres...
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais avoir une
précision au sujet de l'article 49 concernant la qualité
d'électeur. Dans le projet de loi, on dit que pour être
électeur il y a deux conditions essentielles: être majeur et
citoyen canadien, et évidemment ne pas être interdit, en cure
fermée, ou sous la compétence du curateur ou frappé
d'incapacité. Après cela, on dit: pourvu qu'on remplisse l'une
des trois conditions suivantes depuis douze mois: soit être
domicilié sur le territoire de la municipalité, soit être
propriétaire d'un immeuble, soit être occupant d'une place
d'affaires.
C'est le projet de loi que nous présentons actuellement et c'est
également la situation qui prévaut dans le régime actuel,
à quelques virgules près. Dans votre mémoire, vous parlez
du cens électoral et, afin de faciliter la préparation de la
liste électorale, vous suggérez que les qualités
exigées pour obtenir le statut d'électeur devraient être
semblables à celles qui sont présentement en vigueur dans la Loi
sur les cités et villes. Selon nous, c'est à peu près
semblable à ce qui existe présentement.
Deuxièmement, vous nous dites: à l'exception du domicile.
Vous dites que les qualités relatives au domicile devraient être
imposées à la date de la parution de la publication de l'avis
d'élection. Évidemment, dans le projet de loi, on dit qu'il faut
être domicilié depuis au moins douze mois et propriétaire
depuis au moins douze mois, etc. Alors, la deuxième question que je
voudrais vous poser, c'est en quoi le fait d'avoir un domicile uniquement
à partir de la date de la parution de la publication de l'avis
d'élection, cela va faciliter la préparation de listes
électorales?
M. Leblanc: C'est votre première question?
M. Bourbeau: Non, la première, c'est plutôt une
remarque en ce sens que vous semblez dire que la proposition n'est pas
semblable au régime actuel alors que, selon nous, elle l'est, à
l'exception... (15 heures)
M. Leblanc: D'accord. La seule différence que nous
suggérons au régime actuel, c'est la question des douze mois de
domicile. Si on fait faire une énumération, on est assuré
d'avoir le renseignement voulu sur la formule. C'est écrit comme cela.
Sî on pose la question suivante à une personne: "Depuis quand
résidez-vous dans la municipalité?" Et si elle répond: "Le
1er septembre", il y a des énumérateurs qui ne demanderont pas:
pour 1985, 1984, 1983 ou 1982? Déjà là, ce serait, je
pense, faciliter la tâche que de dire: Si tu demeures ici depuis le 1er
septembre, tu es éligible. Mais ce n'est pas tellement l'argument de
base que nous avons pour faire changer cette date. C'est une petite
amélioration à la préparation de la liste. Le plus gros
argument - et il faut l'avoir vécu, nous l'avons déjà
mentionné à maintes reprises -c'est que nous avons des
difficultés à expliquer à une personne arrivée dans
la municipalité le 2 février 1986 qu'elle aurait le droit de
voter s'il y avait un référendum en août parce qu'elle
était inscrite au rôle lors de l'adoption du règlement.
Maintenant, je prépare ma liste électorale. Ce monsieur va
venir me voir dans quelques semaines et va me dire: Mon nom ne paraît pas
sur la liste électorale. Je lui réponds: Non, tu n'as pas le
droit de voter. Tu n'a pas le droit de voter, parce que cela ne fait pas un an
que tu es dans la municipalité. Oui, mais j'ai voté au
référendum, j'ai payé des taxes pour l'année 1986.
Ce sont des arguments qu'on entend à chaque élection qui font
qu'on a une bataille, qu'on doit être entouré de nos avocats pour
expliquer la loi. Mais quelqu'un qui n'est pas familier avec la loi tient
toujours mordicus au fait qu'il paie des taxes, qu'il est dans la
province depuis telle période, qu'on lui refuse le droit de voter
et qu'on lui enlève le droit de voter dans la ville qu'il vient de
quitter. Si vous n'avez jamais vécu cette expérience, je vous
invite à venir la vivre. Vous allez voir que ce n'est pas facile. En
démocratie, nous croyons qu'une personne qui est domiciliée
à une date donnée sur un territoire, qui a une
propriété, qui paie des taxes - probablement payées en
partie, mais quand même payées - il est difficile de tenter de lui
expliquer qu'elle n'a pas le droit de vote... J'irais même jusqu'à
dire qu'un des arguments qu'on nous sert souvent, c'est que la personne ne
connaît pas les candidats. Laissez-moi vous dire que même des gens
qui résident dans une municipalité depuis 50 ans ne connaissent
pas plus les candidats. À toutes fins utiles, ce serait plus
honnête, plus logique pour la personne qui réside dans la
municipalité d'avoir le droit de vote. Je ne parle pas d'être
éligible, d'être candidat, mais d'avoir le droit de voter pour le
candidat de son choix. De la même façon, qu'une personne qui part
d'un comté pour aller dans un autre ne perd pas son droit de vote au
provincial, on pense que cela devrait être étendu aux
élections dans les municipalités.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est un point de vue extrêmement
intéressant. Les renseignements que vous nous donnez, les arguments que
vous développez méritent d'être pris en
considération. Évidemment, cela avait déjà
été discuté lors des rencontres précédentes
avec les unions municipales, mais nous allons refaire la réflexion sur
ce sujet et, éventuellement, on décidera s'il y a lieu de
modifier ou non l'article. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres questions de la part des membres de la commission? Je
vous remercie, M. Guay, ainsi que les gens qui vous accompagnent, pour votre
témoignage devant la commission de l'aménagement et des
équipements.
M. Guay: Nous vous remercions beaucoup et nous vous assurons,
encore une fois, de toute notre collaboration.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci.
Conférence des maires de la banlieue de
Montréal
J'inviterais maintenant les membres de la Conférence des maires
de la banlieue de Montréal à prendre place. Aux fins
d'enregistrement, est-ce qu'on pourrait procéder à
l'identification, s'il vous plaît?
Mme Laurin (Yolande): Oui. Mon nom est Yolande Laurin. Je suis
directrice générale de la Conférence des maires de la
banlieue de Montréal. Je suis accompagnée de Mme Louise
Bérubé, conseillère municipale et membre du comité
exécutif de la ville de LaSalle.
M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les membres de la
commission, la Conférence des maires vous remercie de lui donner
l'occasion d'intervenir dans le cadre de la consultation générale
sur le projet de loi 100. Une consultation auprès des villes nous a
permis de constater que le projet de loi 100, lequel marque la première
étape du processus de révision des lois municipales et refond ou
revoit toutes les dispositions des lois municipales actuelles qui traitent des
élections et des référendums dans les
municipalités, apporte en général des correctifs dans le
sens des demandes déjà faites par les villes. Nous remarquons
toutefois que l'article 548 concernant le scrutin référendaire
apporte une modification au texte plutôt qu'une modification
fondamentale.
Dans son mémoire soumis en juin 1986 à la commission
d'étude sur les municipalités, la conférence souligne
qu'il y aurait lieu que soit modifié l'article 379 de la Loi des
cités et villes relativement à l'enregistrement des personnes
habiles à voter sur les règlements. Les villes de LaSalle et de
Verdun ont également déposé des requêtes devant la
commission Parizeau, lesquelles vont dans le sens de l'intervention de la
conférence. La conférence soumet donc à votre commission
les textes déposés devant la commission Parizeau en juin
1986.
Enregistrement des personnes habiles à voter. Il y aurait lieu
que soit modifié l'article 379 de la Loi des cités et villes
relatif à l'enregistrement des personnes habiles à voter sur les
règlements et qui s'énonce comme suit: "379. À la fin de
la seconde journée d'enregistrement, le règlement est
réputé avoir reçu l'approbation des personnes habiles
à voter, à moins que le nombre de3 personnes enregistrées
ne soit a) d'au moins la majorité, si les personnes habiles à
voter sont 25 ou moins; b) d'au moins 13, plus 10 % du nombre des personnes
habiles à voter en excédant des 25 premières, lorsque ces
personnes sont plus de 25; c) d'au moins 500 si le nombre des personne habiles
à voter est de 5000 ou plus (chapitre 66, A-13, 1975)."
Tel que stipulé à la loi, nous croyons que des
écarts importants surviennent entre le pourcentage de population qui
peut s'opposer à un règlement selon que la ville concernée
est de grande ou de petite taille. De là, un déséquilibre
qui pourrait être défavorable à la municipalité de
grande taille et qui vient fausser l'objectif de la loi.
Quant au pourcentage requis pour
équilibrer la représentativité de la population des
villes entre elles, nous laissons au législateur le soin de le proposer.
Nous soumettons ci-après les textes présentés à cet
égard à la commission Parizeau par les villes de Verdun et
LaSalle. Pour la ville de Verdun, je vous lis un extrait du mémoire:
"L'article 379 de la Loi sur les cités et villes devrait être
modifié en ce qui concerne le nombre de personnes enregistrées
lors de la tenue de registre pour l'approbation de règlements. Ainsi,
nous suggérons que le nombre de personnes enregistrées pour les
villes où le nombre de personnes habiles à voter est de 5000 ou
plus soit porté de 500 à 5 % du nombre de personnes habiles
à voter. "Nous constatons que l'administration de notre ville - on parle
de la ville de Verdun -devient de plus en plus difficile dû à
l'application de l'article 379. Si 10 % des personnes habiles à voter
est nécessaire pour une ville de moins de 5000 personnes, nous croyons
que le nombre proposé de 5 % du nombre de personnes habiles à
voter serait plus équitable."
Maintenant, en ce qui concerne le mémoire de la ville de LaSalle,
je vais laisser la parole à Mme Bérubé, qui est
conseillère municipale à LaSalle.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme
Bérubé.
Mme Bérubé (Louise): C'est un extrait de notre
mémoire à la commission Parizeau. "Politisation des instruments
de consultation en matière de règlement d'emprunt. La Loi des
cités et villes prévoit qu'en matière de règlements
d'emprunt les citoyens doivent être consultés. En effet, une
première étape vise l'enregistrement de 500 citoyens qui
s'opposeraient à un emprunt. Une fois ce niveau atteint, le conseil doit
ou bien abandonner le projet de règlement ou bien tenir un
référendum. Ce ressort profondément démocratique de
notre législation municipale est précieux et il faut le
conserver. "Toutefois, la naissance des partis politiques municipaux n'a pas
seulement modifié la tenue des élections; dans beaucoup de
villes, elle a jeté les bases d'une animation politique continuelle qui
ne s'arrête pas après la période électorale. Dans
ces villes, il y a un parti au pouvoir un autre dans l'opposition, et autour de
ces élus gravitent des militants actifs qui contribuent à
l'animation politique du milieu. Le recours à la procédure
d'enregistrement n'est donc plus seulement spontané; il prend souvent la
forme d'une opposition systématique continuelle, et parfois, cela
devient de la propagande partisane. Jusque-là, nous n'avons pas
d'objection: ce phénomène fait partie des règles du jeu.
"Un élément important de cette pratique est toutefois
préoccupant. En effet, la loi n'a pas relativisé en fonction de
la taille des villes le niveau d'opposition nécessaire avant d'avoir
recours à un référendum. Ainsi, à LaSalie, 500
signatures représentent environ l/144e de la population, soit 7 % de la
population. Dans une ville dont la population se chiffre à 25 000
personnes, par exemple, 500 signataires représentent 2 % de la
population,"
Cela signifie concrètement que 0,7 % de la population lasalloise
pourrait, si tel était son désir, bloquer systématiquement
toute proposition d'acquisition de biens ou de réalisation de travaux.
Nous utilisons le terme "bloquer", car les coûts de la tenue d'un seul
référendum à LaSalie sont évalués à
environ 150 000 $. Ils sont donc prohibitifs, sauf lors du débat sur un
projet de la plus haute importance ou d'une urgence exceptionnelle pour la
municipalité. "Chez nous, et sans vouloir reprendre un débat sur
cette question ici, nous avons vécu une situation semblable au sujet
d'un règlement visant la création d'un fonds industriel.
L'opposition que nous avons rencontrée alors nous a forcés
à devenir plus imaginatifs. La solution que nous avons
élaborée par notre règlement sur le paiement des
coûts de subdivision en terrains nous a alors permis de contourner cet
écueil tout en ralentissant nos investissements dans nos parcs et
terrains de jeu." Je ne voudrais pas rentrer dans les détails ici. Je
pourrais aussi, à la période des questions, fournir un autre
exemple plus récent. "Cet exemple illustratif nous incite à
croire que cette règle de consultation des citoyens devrait sans doute
être revue de façon à tenir en considération la
taille des populations concernées. En effet, il ne faudrait pas que les
administrations municipales cherchent sans cesse des moyens d'éviter de
consulter les citoyens. C'est pourtant là que réside le danger de
cette procédure. "Nous demandons donc à la commission d'inclure
dans ses recommandations une demande de révision de cette question au
gouvernement, afin que la loi ne perde pas de sa signification à cause
de son retard sur l'évolution du débat politique municipal. On
pourrait dire que permettre et favoriser l'éclosion de partis politiques
c'est souhaitable, c'est une chose réalisée, c'est bien, mais il
faudrait aussi se préoccuper des conséquences. "Quant à
nous, nous pensons qu'une pondération du type de 2 % de la population
totale ou bien 3 % des électeurs inscrits serait de nature à
conserver cette pratique tout en redonnant aux citoyens des petites villes un
contrôle plus grand des décisions de leur conseil. "Après
tout, en matière de consultation
des électeurs, rappelons-nous que le gouvernement du
Québec n'a pas reconnu un droit d'initiative aux citoyens
québécois dans le cadre de sa Loi sur la consultation populaire.
Nous sommes prêts et heureux de vivre avec une telle mesure, mais pas au
prix de la paralysie de l'administration municipale." Je vous remercie. Je
redonne la parole à Mme Laurin.
Mme Laurin: En guise de conclusion, en ce qui concerne le
pourcentage de signataires requis, la ville de LaSalle propose comme
adéquate une représentation de 2 % de la population ou 3 % des
électeurs inscrits. Quant à elle, la ville de Verdun propose 5 %
des électeurs inscrits. Pour ce qui est de la Conférence des
maires de la banlieue de Montréal, cette dernière laisse au
législateur le soin de déterminer le pourcentage de population
requis pour équilibrer la représentation.
En définitive, il reste donc à votre commission à
trancher la question et à déterminer à quel niveau doit se
situer le pourcentage. Il est surtout important que votre commission
reconnaisse le principe de la nécessité d'ajuster à la
taille de ta municipalité le nombre de demandes requis pour qu'un
scrutin référendaire soit tenu.
C'est là le mémoire tel qu'il a été
présenté à votre commission. Hier, presque à la
dernière minute, le maire de Dollard-des-Ormeaux me demandait s'il
était possible d'apporter deux points additionnels à ce
mémoire. Est-ce que vous me le permettez?
Le Président (M. Rochefort): Oui, sûrement.
Mme Laurin: L'un de ces deux points rejoint l'intervention de M.
Guay, de la COMAQ. Le maire Janiszewski - et là je vous souligne quand
même qu'il n'y a pas eu de consultation auprès des
municipalités de la conférence des maires il s'agit donc de
Dollard-des-Ormeaux... À l'article 150, où il est dit que la
déclaration de candidature est, sous peine de rejet, produite au bureau
du président d'élection, aux jours et heures d'ouverture du
bureau, du 34e au 23e jours précédant celui fixé pour le
scrutin, la proposition du maire de Dollard-des-Ormeaux était de
modifier 23e par 30e. Je pense que vous avez déjà apporté
toutes les modifications. Le maire de Dollard-des-Ormeaux apportait comme
argument la question des coûts. Advenant des élections par
acclamation, cela augmentait les coûts de préparation et de tout,
ce que M. Guay soulignait tout à l'heure. (15 h 15)
Comme deuxième point, à Procédures
électorales, chapitre VI, section III, Déclaration de
candidature, n'apparaît plus l'obligation pour le candidat de verser un
dépôt de 50 $. La proposition du maire de Dollard-des-Ormeaux
serait de - il est donc présumé que les 50 $ c'est gratuit
maintenant - hausser ce montant de 50 $; plutôt que l'enlever, le
doubler, le hausser à 100 $ pour assurer le sérieux des
candidatures. Il donnait l'exemple que 20 ou 30 étudiants ou autres
personnes pourraient se présenter sans le moindre sérieux,
pourraient présenter leur candidature, parce qu'il n'y a pas de
responsabilité, il n'y a pas d'argent à déposer.
Ce sont les deux points supplémentaires que je voulais apporter.
Merci, M. le Président et les membres de la commission, de votre bonne
attention.
Le Président (M. Rochefort): Merci de votre
présentation. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la question des
référendums, l'obligation de tenir un référendum et
le nombre de signatures requises lors de la procédure d'enregistrement
pour obliger une municipalité à tenir un
référendum, il semble que cela fait l'objet de beaucoup de
préoccupations dans le monde municipal. On en a entendu parler ce matin.
Aujourd'hui il y a la Conférence des maires de la banlieue de
Montréal qui en traite presque en exclusivité dans son
mémoire. Je crois que tout à l'heure le mémoire suivant,
celui de la ville de Laval, en traitera également. Je pense que nous
allons devoir nous pencher de nouveau sur cette question. Il semble qu'il y ait
une certaine injustice, si je puis dire, à l'endroit des
municipalités de plus forte taille qui sont traitées sur le
même pied que les plus petites municipalités, ce qui les oblige
à l'occasion à devoir tenir des référendums
onéreux ou encore à retirer des règlements lorsqu'un
nombre d'électeurs signent la procédure d'enregistrement.
L'argument qu'on nous sert, à savoir qu'il devrait y avoir un
pourcentage minimum d'électeurs pour obliger une municipalité
à tenir un référendum, je pense que c'est un argument qui
se défend bien. Car dans une petite municipalité, si 500, cela
signifie, je ne sais pas, 5 % des électeurs, dans une grosse
municipalité, cela peut signifier 0,5 % et, à ce
moment-là, il y a deux poids deux mesures. Cette politique
pénalise les grosses municipalités et peut entraver la bonne
marche de l'administration municipale dans le cas où une toute petite
opposition voudrait faire de l'obstruction systématique.
Loin de moi l'idée de vouloir empêcher l'opposition de se
manifester, mais faut-il encore qu'elle puisse faire la preuve d'une certaine
légitimité. S'il y a vraiment, dans une municipalité, une
opposition à un règlement d'emprunt ou à un autre
règlement et que cette mesure est importante, on devrait normalement
être capable de faire la preuve
au départ, a priori, de l'importance de cette opposition pour
forcer la municipalité à entreprendre toutes les
procédures du référendum et les frais que cela occasionne
è la collectivité.
De toute façon, nous prenons bonne note des commentaires de la
Conférence des maires de la banlieue de Montréal, qui s'ajoutent
aux autres commentaires que nous avons reçus à ce sujet ou que
nous recevrons, parce qu'on a pu prendre connaissance des mémoires qui
s'en viennent. Je peux indiquer que c'est mon intention de revoir d'une
façon très sérieuse et très attentive ces
articles-là pour tenter d'amener un meilleur équilibre à
ce sujet. Je vous remercie de votre participation.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je n'ai pas de question à poser directement aux
représentants des municipalités. Je pense que leur mémoire
est assez clair. Mais vu que le ministre a avancé une hypothèse
de travail pour les référendums par rapport à ceux qui
veulent s'opposer... Vous parlez de regarder le nombre. Oui, il y a
peut-être possibilité de le regarder, mais il ne faut pas que
cette demande en vienne à ce que ce sait vraiment un
référendum; sans cela on va se demander si la procédure
qu'on a établie comme référendum... Dans le fond, il y a
peut-être une piste ou un élément qu'on pourrait examiner
par rapport à une opposition à des règlements. On accepte
légalement, dans la loi, que des gens qui viennent signer devant une
personne mandatée par la municipalité - le greffier ou un
représentant - agissent comme des personnes qui ont l'autorité de
le faire et que cela exprime vraiment leur opinion.
Il y a un certain coût pour la municipalité, mais il n'y a
qu'une personne qui est assise dans son bureau qui reçoit ces gens.
Quand il en arrive un certain nombre, elle fait son certificat, elle dit: Il y
a 500 personnes, ou 400 personnes qui sont venues s'opposer à tel
règlement et cela justifie une action plus grande de la
municipalité. Est-ce qu'on ne pourrait pas - et je le donne comme
élément de piste - examiner la possibilité où les
référendums - parce que, si on fait déplacer du monde pour
venir signer en grand nombre, cela devient déjà une action aussi
complexe que d'aller voter... C'est un vote en fait que la personne exerce et
cela ne coûte pas tellement cher à la municipalité: il n'y
a pas les énumérateurs, il n'y a pas trois personnes pour
surveiller, etc.
Je comprends aussi que pour les municipalités les
référendums sont très coûteux. Il peut y avoir une
opposition systématique, pas toujours, assez souvent ou
régulièrement, animée par d'autres préoccupations
que l'intérêt commun ou l'intérêt public. Dieu sait
que c'est même difficile de déterminer ce qu'est
l'intérêt public ou l'intérêt commun, même en
jugeant extérieurement des actions qui se posent dans les
municipalités.
On pourrait peut-être aussi, pour autant que vous êtes
prêts à regarder le système d'opposition à des
règlements, examiner un peu plus loin si le référendum
comme tel est encore un instrument valable ou s'il n'y a pas moyen de trouver
des pendants à tout cela. Quand on regarde la municipalité de
LaSalle qui s'en va dans un règlement, à 150 000 $, c'est
dispendieux. J'ai l'impression que la ville de Laval va venir nous tenir
à peu près le même discours en augmentant les chiffres par
dix peut-être. Cela s'en va comme cela dans l'ensemble des
municipalités. Ce qui fait que les gens peuvent être tenus en
otage en disant: Si vous vous opposez, on va vous faire un
référendum et vous allez vous faire organiser quand même;
on va vous passer celui-là. II y a d'autres méthodes dans la loi
qui permettent de passer différemment. D'ailleurs, la ville de LaSalle
nous le suggère, c'est légal, mais cela dit qu'elle a
changé un peu la façon de procéder tout en respectant la
loi.
Je pense que c'est un beau sujet de réflexion que vous amenez
là. Cela me préoccupe beaucoup puisque, quand il y a des
périodes de perturbation dans les municipalités, on n'a jamais
intérêt à les laisser durer longtemps. C'est assez rare
aujourd'hui que les municipalités, systématiquement, vont
commander des référendums, à cause des coûts
prohibitifs. Il y a peut-être d'autres façons d'avoir une
expression d'opinion des citoyens sans que ce soit vraiment sous forme de
référendum ou d'élection. J'admets qu'au point de vue
électoral il y a des facettes de la démocratie qui sont
importantes à préserver. Quand cela vient de l'intérieur
d'un mandat qui a été confié déjà - surtout
que cela se fait à tous les quatre ans; donc, ce ne sont pas des gens
qui sont tombés comme cela dans une municipalité; ce sont des
gens qui sont connus, qui se sont présentés avec un programme
assez souvent - et, en même temps, lorsqu'on voit les coûts
prohibitifs, cela peut, d'une part, brimer le droit de l'ensemble des citoyens
d'être administrés ou d'obtenir ce qu'ils croient juste pour leur
municipalité.
Je pense que c'est une piste intéressante. En tout cas, moi je
vous dis honnêtement que, si cela préoccupe le ministre, tant
mieux. Je pense qu'on peut cheminer dans un dossier comme cela.
Personnellement, je trouve que quand on met des nombres c'est toujours
arbitraire. Â moins qu'on dise c'est 50 % plus 1 c'est toujours de
l'arbitraire, et on a intérêt à
faciliter la tâche des élus municipaux pour mieux
administrer leurs municipalités. Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Jonquière. Oui, Mme Bérubé.
Mme Bérubé: Je voudrais attirer votre attention -
vous le savez sans doute - sur le fait que c'est dans les plus grandes villes
qu'il y a le plus de partis politiques. On a une double "injustice", entre
guillemets: il y a plus de partis politiques dans les grandes villes et un
moins grand nombre de personnes peuvent stopper des actions municipales.
Même si vous ne l'avez pas demandé, j'aimerais vous citer
le deuxième exemple que je voulais inclure dans le texte, mais que j'ai
gardé plutôt pour après. Récemment, avec
l'incitation de certains gouvernements, è différents niveaux,
à la politique du faire-faire, nous avons été
obligés d'ouvrir un registre pour la construction et la location
clé en main de nos ateliers municipaux. Malgré que les ateliers
actuels sont désuets, dangereux et même onéreux à
exploiter actuellement, 1,4 % des citoyens ont réussi à stopper
ce projet, et nous sommes dans une impasse à ce niveau. Et ce, je te
répète, malgré toute l'insistance ou l'incitation à
aller dans le faire-faire.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie de votre
témoignage et de votre participation è notre commission.
Maintenant, on m'informe que les représentants de la ville de
Laval ne sont pas encore parmi nous puisqu'ils avaient une rencontre avec un
membre du gouvernement, ce midi, à Laval même. Si vous êtes
d'accord, on va passer immédiatement au groupe suivant. J'inviterais
donc le Comité pour la sauvegarde du boulevard Wallberg à prendre
place à la table à l'avant, s'il vous plaît.
Comité pour la sauvegarde
du boulevard
Wallberg
Bienvenue parmi nous. Pour les fins du Journal des débats et pour
l'information des membres de la commission, je vous demanderais de vous
identifier, s'il vous plaît.
M. Pelchat (Bruno): Bruno Pelchat, ex-conseiller à la
ville de Dolbeau.
M. Trottier (Denis): Denis Trottier, ex-conseiller à la
ville de Dolbeau.
Le Président (M. Rochefort); D'accord. Je vous demanderais
de nous présenter brièvement votre mémoire. Par la suite,
un court échange aura lieu avec le ministre et le député
de Jonquière.
M. Pelchat: M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM.
les commissaires, nous sommes très heureux d'être ici pour vous
présenter notre mémoire.
Pour nous, le mémoire du Comité pour la sauvegarde du
boulevard Wallberg est un exemple que nous croyons probant de la
nécessité d'une modification à la Loi sur les
élections et les référendums dans les
municipalités.
Pour faire un bref résumé de la situation, disons que
Dolbeau est une municipalité de 9000 habitants située au
Lac-Saint-Jean et dont l'économie est basée essentiellement sur
l'exploitation forestière et la transformation. Le principal employeur
est la compagnie Domtar. La structure urbaine de Dolbeau est, je dirais, assez
particulière parce que c'est une municipalité qui est jeune et
qui a été bâtie sur un plan d'urbanisme qui est très
rare dans notre secteur, ce qui fait que Dolbeau a une organisation spatiale
très structurée. Le boulevard Wallberg est l'artère
principale qui traverse la municipalité d'un bout à l'autre.
Cela nous amène à parler plus particulièrement du
dossier qui nous intéresse. Il y a environ un an, le conseil municipal
annonçait un projet dans lequel on prévoyait la fermeture du
boulevard Wallberg à la circulation automobile afin d'y construire,
à même l'espace de circulation, un centre commercial. On a
préparé le PPU et on l'a passé durant l'été.
Ensuite, il y a eu une période électorale au cours de laquelle le
maire de la municipalité a pris un ton rassurant en disant qu'il allait
y avoir consultation sur la fermeture du boulevard Wallberg et a prié
tous ceux qui s'y opposaient de ne pas en faire un débat
électoral. Quand même, les gens n'ont pas cru le maire dans ses
dires, et tout de suite les gens ont cru bon de faire circuler une
pétition. Ils ont récolté 2500 noms de personnes qui
s'opposaient à la fermeture du boulevard Wallberg. Les élections
sont arrivées. Nous avons été deux conseillers élus
qui étaient contre la fermeture du boulevard Wallberg. Malgré
cela, le maire n'a pas tenu sa parole quand il disait qu'il allait consulter.
Le 9 décembre suivant les élections, le conseil de ville adoptait
un protocole d'entente se liant avec la firme Courbec et du même coup,
mettait d'avant le projet.
C'est à partir de ce moment que le Comité pour la
sauvegarde du boulevard Wallberg s'est mis en branle. Le comité a
accompli plusieurs actions, depuis le mois de décembre dernier, que je
vais résumer brièvement. On a fait une vente de macarons
promotionnels portant sur la fermeture du boulevard Wallberg. On en a vendu
2500. On a demandé, selon l'article 351 de la Loi sur les cités
et villes, au conseil de ville de tenir un référendum sur la
question de la
fermeture du boulevard, ce que le conseil de ville nous a refusé
avant même de recevoir notre demande. Selon les rumeurs qu'ils avaient
eues, ils savaient que nous allions présenter une demande et ils ont
refusé avant même d'avoir la demande. (15 h 30)
Face à cela, il y a eu une démarche parallèle. Dans
leur projet de construction, la ville devait prendre une partie de terrain qui
appartenait à la fabrique Sainte-Thérèse-d'Avila de
Dolbeau. Le curé de l'endroit a cru bon, après consultation, de
faire un référendum auprès de ses paroissiens afin de leur
demander si oui ou non la fabrique devait céder des terrains à la
ville de Dolbeau pour le projet. Il y a 1000 personnes qui sont venues voter au
référendum de la fabrique. De ceux-là il y en a 95 % qui
ont donné leur avis comme étant contre la vente de terrains
à la ville. Ensuite on a organisé une manifestation sur le
boulevard Wallberg: 1600 personnes sont venues marcher contre la fermeture de
l'artère principale. Je crois que dans notre municipalité
c'était quelque chose d'extrêmement rare. Moi, je n'avais jamais
vu de ma vie une manifestation de cette envergure. Cela a été
vraiment impressionnant.
À la suite de cela on a décidé nous-mêmes
d'organiser un référendum face au refus du conseil de ville. On a
trouvé un président d'élection, un président de
scrutin qui était un ancien greffier de la municipalité de
Chibougamau, une personne intègre qui a assermenté les
scrutateurs. On s'est servi de la liste électorale dont on
s'était servi pour les élections de novembre. Le résultat
de ce référendum: 2838 personnes sont venues voter, donc, 52,47 %
de la population ayant droit de vote; de ceux-là, 2676 ont voté
contre la fermeture du boulevard Wallberg, soit une proportion de 94,2 %.
Autour de cela le maire avait fait des annonces à la radio comme
de quoi les gens ne devaient pas aller voter, que c'était illégal
et que c'était un référendum partisan. En plus, il en a
profité pour faire de la propagande sur le projet, etc. Nous, face
à tous les refus du conseil de répondre à notre demande de
référendum, on n'a vu qu'une solution, c'est-à-dire
démissionner et provoquer, avec les élections partielles, une
élection référendaire en invitant les conseillers en place
qui étaient pour le projet, n'importe quel promoteur du projet qui
voulait le défendre à venir se présenter contre nous aux
élections. Je vais laisser la parole à mon confrère qui va
continuer.
M. Trottier: Ce qui est démontré dans cela c'est
qu'il est clair que le conseil de ville n'a pas l'accord de la population pour
exécuter le projet et il continue quand même. C'est dans ce sens
qu'on a présenté nos recommandations. On a fait une demande
auprès du ministre, M. Bourbeau, pour essayer d'intervenir. Semble-t-il
que tout est légal et qu'on ne peut pas intervenir. Je comprends que
c'est difficile d'intervenir dans cela, sauf qu'on se dit que c'est parce que
la loi actuelle ne prévoit pas que les citoyens peuvent avoir des
pouvoirs. Je crois que la loi est trop molle.
On voudrait féliciter les auteurs concernant certains points qui
nous apparaissent extrêmement importants dans la loi actuelle:
l'élargissement du droit de vote à l'ensemble des citoyens
remplissant les conditions d'électeurs pour la tenue de
référendums; la révision de la liste électorale
après la période de la mise en candidature; l'obligation pour les
employeurs d'accorder des congés sans rémunération
à leurs employés qui veulent se lancer en politique; l'obligation
de remettre les dons anonymes à la municipalité lorsqu'ils
dépassent 20 % des financements des candidats. Ces points sont
extrêmement positifs et on les appuie grandement, sauf, qu'il nous
apparaît qu'il y a des points qui ont été laissés
pour compte ou pas assez précisés. Parmi ceux-là il y a
les conflits d'intérêts. Je crois que cela devrait être un
peu plus précisé. Je sais que c'est toujours difficile ces
choses, mais je crois qu'il faudrait que ce soit précisé.
Il y a aussi les allocations des élus. Présentement, dans
les petites municipalités, les allocations sont relativement peu
élevées. On s'aperçoit que de plus en plus la tâche
est presque aussi grande que dans une grande municipalité, et cela fait
en sorte qu'il y a peu de gens qui peuvent se payer, je dirais, le poste de
maire. Actuellement ce qu'on constate bien souvent c'est que, pour pouvoir
être maire dans une petite municipalité, il faut être, soit
riche, soit retraité ou soit "tabletté". Il faudrait qu'on fasse
des efforts dans ce sens. Aussi en ce qui concerne l'information et les
pouvoirs des citoyens on devrait rendre obligatoire la publication à
l'avance dans les médias des ordres du jour des assemblées du
conseil afin que cela favorise la participation des citoyens.
Présentement, chez nous il arrive parfois que les journalistes ne soient
même pas invités aux assemblées du conseil, et encore hier
soir on a refusé de donner l'ordre du jour à l'avance. Je crois
que c'est un minimum de démocratie qui devrait exister. On dit aussi de
favoriser des périodes de questions plus longues. Chez nous on limite
cela à quinze minutes. Je sais que c'est du recours des
municipalités de décider du nombre de minutes. Je crois que le
ministère des Affaires municipales devrait peut-être favoriser une
période plus longue et aussi favoriser que la période de
questions soit faite avant que les décisions soient prises. Chez nous
les questions se posent après les décisions et cela ne sert
absolument à rien.
Je crois que les citoyens devraient pouvoir poser leurs questions avant
que les décisions soient prises. On demande aussi de prolonger les
délais qui permettent aux citoyens de s'opposer à une
décision. On demande de permettre aux citoyens de faire le report d'un
point à l'ordre du jour à une assemblée subséquente
lorsque c'est vraiment important. On demande aussi l'obligation d'annoncer les
assemblées spéciales et de les fixer à des heures
raisonnables pour permettre aux citoyens d'y assister. Chez nous, on a eu trois
assemblées spéciales en deux jours en plein été,
des assemblées à 16 h 30 de l'après-midi et à 11 h
30 du matin lorsque c'étaient des points vraiment criants; je pense que
ce n'est pas correct de faire cela si on veut attirer les gens vers la
politique municipale et si on veut que les citoyens participent à la
démocratie.
On voudrait aussi avoir l'obligation de faire distribuer à chaque
domicile un extrait de la liste électorale, parce que c'est souvent la
seule façon que les gens ont de savoir s'ils sont inscrits sur la liste
électorale. On demande aussi l'obligation de faire parvenir un avis
personnel à chaque citoyen lorsqu'il y a une modification du zonage dans
son secteur. Chez nous, il est arrivé des cas où des citoyens se
sont aperçus qu'ils avaient changé de zonage, que leur garage
était rendu dans une zone agricole sans qu'ils n'aient été
mis au courant. Ces points-là ne sont pas fondamentaux, ce sont des
points secondaires.
Le point fondamental qu'on est venu développer ici, c'est qu'on
voudrait qu'il soit inscrit dans la loi que les citoyens puissent demander un
référendum et l'obtenir à chaque fois qu'ils le
désirent à condition qu'il y ait un nombre suffisant
d'électeurs; à ce moment-là, on fait
référence à l'article 548 du projet de loi qui dit que,
entre autres, dans une municipalité de 5000 électeurs il faudrait
environ 500 personnes pour pouvoir demander un référendum.
Présentement, dans la loi, on parle beaucoup de
référendum, de scrutin consultatif, mais je pense qu'il faudrait
vraiment préciser que, sur toute question - qu'elle engage des emprunts
ou pas - que les citoyens jugent impartante, ceux-ci pourraient demander un
référendum. Je pense que ce serait cela la démocratie.
Aussi, on demande, en deuxième lieu, que le conseil de ville soit
obligé de respecter cette décision. Chez nous, il est manifeste
que le conseil de ville va aller à l'encontre de la population et, cela,
je pense que c'est aberrant.
Par ailleurs, on voudrait faire ajouter à cela une
possibilité de tenir des référendums intermunicipaux ou
interrégionaux sur des points importants. Présentement, aucun
mécanisme ne fait en sorte qu'il pourrait y avoir des scrutins sur une
base régionale, par exemple. Il pourrait y avoir un mécanisme qui
serait fait à partir des municipalités qui pourrait faire en
sorte qu'on pourrait décider d'un problème qui serait vraiment
d'intérêt régional ou même provincial.
Pour nous, la possibilité pour les citoyens d'obtenir un
référendum avec l'obligation pour la ville de le respecter est la
pierre angulaire que nous devons ajouter pour favoriser l'évolution de
notre système démocratique. Qui plus est, nous croyons que les
citoyens pourraient même demander et obtenir la démission des
membres de leur conseil et ce, même en cours de mandat, si cela leur
semblait nécessaire. Par le biais d'un tel article, nous croyons que la
démocratie pourrait pleinement s'exercer et que la population pourrait
en faire un usage adéquat, ne déclenchant pas inutilement la
tenue de référendums, sachant très bien que c'est
elle-même qui devrait en assumer les conséquences et les frais.
Enfin, nous croyons que l'introduction de ces référendums
permettrait de diminuer les interventions que font les citoyens et les
organismes auprès du ministère des Affaires municipales. À
ce moment-là, cela permettrait de régler les problèmes
là où ils sont. Chez nous, on n'aurait plus besoin de
téléphoner au ministre ou d'essayer d'intervenir et dire au
ministre: Écoutez, cela ne marche pas. Si on pouvait régler les
problèmes chez nous, le ministre aurait peut-être beaucoup plus de
latitude pour régler des problèmes plus importants que ceux de
Dolbeau.
Enfin, nous espérons que ces commentaires pourront amener des
modifications intéressantes à la loi et faire en sorte que les
citoyens soient plus en mesure de maîtriser leur destinée
collective. On vous remercie beaucoup et on est prêt à
répondre à vos questions.
Le Président (M. Rochefort): Merci de votre
présentation. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, on a ici un cas un peu
particulier d'un groupe de citoyens qui s'est opposé et s'oppose
à un projet particulier dans une municipalité au Québec et
qui, à partir d'une expérience vécue récemment,
commente le projet de loi que nous avons présentement et fait des
recommandations.
Je ne peux pas prendre la parole à ce moment-ci sans revenir sur
le cas dont on a parlé puisque, en temps que ministre des Affaires
municipales, j'ai été saisi du problème du boulevard
Wallberg à Dolbeau. Ce qui s'est produit dans ce cas-là, c'est
que nous avons un conseil municipal dûment élu, qui a pris une
décision conforme à la loi qui existe présentement au
Québec et qui a respecté chacun des articles des lois existantes
et les principes qui prévalent présentement, mais qui semble ne
pas avoir fait l'unanimité - c'est le moins qu'on puisse
dire - avec cette décision-là.
On m'a demandé d'intervenir. Je vais me permettre de lire la
lettre que j'ai fait parvenir aux gens, puisqu'elle est courte, et cela va
peut-être donner le point de vue du gouvernement au sujet de ce
problème.
C'était un mémoire qui m'avait été
envoyé par le Comité pour la sauvegarde du boulevard Wallberg et
j'ai simplement dit: Permettez-moi tout d'abord de vous dire que, tant en ce
qui concerne les fonctionnaires du ministère des Affaires municipales
que les attachés politiques de mon cabinet, le projet ReviCentre - parce
que c'était dans le cadre du projet ReviCentre - de la ville de Dolbeau
a toujours fait et continue de faire l'objet d'une attention constante. Oe
nombreuses heures ont été consacrées à en faire
l'analyse et le suivi approprié, ce qui me permet d'avoir une vue
d'ensemble assez juste de la situation.
Quant à l'intervention ministérielle que vous croyez
nécessaire dans ce dossier, à ce moment, je me permets de vous
référer à une lettre qui avait été
envoyée précédemment par un sous-ministre associé
et qui donnait la position du ministère. La lettre dit ceci: "La ville
de Oolbeau a rencontré à ce jour toutes les obligations
législatives, normatives et administratives s'appliquant au projet de
revitalisation du centre-ville. Sur ce plan, donc, le gouvernement n'a aucune
raison d'intervenir. "Quant au concept même retenu par la ville et
concrétisé dans la proposition de la firme Courbec - celle dont
on parlait là-dedans - nous nous devons de constater qu'il s'agit d'un
choix politique local, dont la responsabilité première revient au
conseil municipal. Tout en étant conscient que certains puissent
être en désaccord avec le choix arrêté, il serait
inopportun pour le gouvernement de se substituer aux autorités en place
à moins de circonstances exceptionnelles."
On concluait en disant: "Votre intérêt pour
l'aménagement de votre ville mérite le plus grand respect. Nous
vous encourageons à poursuivre vos démarches par le biais des
mécanismes normaux auprès de ceux qui ont à prendre des
décisions dans ce dossier. À notre sens, la démocratie
municipale sera mieux servie de cette façon que par une intervention
extérieure."
C'est là, en gros, la position que nous avons adoptée dans
ce dossier. Évidemment, ce qui se pose, c'est un principe fondamental
à savoir quelle est l'étendue de l'autonomie municipale en ce qui
concerne la gestion des municipalités.
Vous défendez un point de vue qui, en somme, est en ce sens que
les citoyens - je suis toujours assez perplexe quand on parle des citoyens
parce que j'aime bien savoir qui ils sont, qui les représente et quelle
est la légitimité de ceux qui les représentent - auraient
le droit en cours d'un mandat de demander fréquemment à un
conseil municipal de soumettre par voie de référendum ses
décisions à l'approbation des électeurs.
Évidemment, il y a ceux qui prétendent qu'un conseil municipal
est élu démocratiquement pour gouverner et que, s'il doit
continuellement retourner aux électeurs pour faire approuver chacun de
ses gestes, il ne remplit pas son mandat, et qu'on pourrait même penser
que c'est un peu un geste de lâcheté d'un conseil municipal de ne
pas prendre ses responsabilités et de se délester toujours sur le
dos des électeurs pour leur dire: Est-ce qu'on devrait faire cela ou
est-ce qu'on ne devrait pas faire cela?
Il y a des électeurs qui pourraient dire: Écoutez, nous
avons élu le conseil municipal pour gouverner. Nous ne sommes pas
intéressés à être consultés à toutes
les semaines ou à tous les mois pour les décisions que vous avez
à prendre. Prenez vos responsabilités et, quant à nous,
nous vous jugerons dans quatre ans. C'est la position que prennent plusieurs.
Il y a ceux qui disent: Les électeurs ne feront pas confiance au conseil
municipal, et nous voulons le mettre un peu en tutelle et nous assurer que,
continuellement au cours du mandat, nous pourrons être en mesure de
vérifier le bien-fondé des décisions qui seront
prises.
Je pense qu'on a les deux positions extrêmes. La loi actuelle se
situe à mi-chemin et le projet de loi aussi, entre ces deux positions,
en ce sens qu'on tient pour acquis qu'un conseil municipal élu
démocratiquement représente les citoyens et qu'il a le devoir
d'administrer la municipalité et de prendre ses responsabilités,
et que ce n'est que dans des cas exceptionnels qui engagent d'une façon
importante le crédit de la municipalité pour plusieurs
années ou dans d'autres cas tout à fait importants qu'on doive
recourir exceptionnellement au scrutin par voie de référendum si
certaines conditions se réalisent. (15 h 45)
Alors, je pense que c'est à peu près la position du projet
de loi. C'est ce qui justifie ce projet de loi. Quant à moi, j'appuyerai
la position que je viens d'énoncer et qui est véhiculée
par le projet de loi. Cela ne concordera probablement pas avec la philosophie
que viennent d'exposer les gens qui nous visitent présentement. Je ne
serais certainement pas prêt à ouvrir la porte, si je puis dire,
au référendum continuel ou très fréquent, ce qui
aurait pour conséquence de paralyser d'une certaine façon
l'administration des villes et aussi de la rendre beaucoup plus lourde et
beaucoup plus dispendieuse. Je pense que tes citoyens qui ne sont pas
satisfaits des décisions que prennent les autorités municipales
ont une très bonne façon de le leur faire savoir: c'est, bien
sûr, en exerçant leur droit de
vote aussi souvent que la loi le permet et certainement tous les quatre
ans, de toute façon. Cela dit, cela ne nous empêchera pas de
relire attentivement votre mémoire. Si, à la lecture et à
la relecture du mémoire, nous devenons un peu plus convaincus de la
justesse de votre position, je peux vous assurer que nous n'hésiterons
pas à faire les correctifs qui s'imposent dans le projet de loi.
Le Président (M. Rachefort): Merci, M. le ministre.
Voulez-vous ajouter quelque chose?
M. Trottier: Oui, M. le ministre. Je voudrais bien me faire
comprendre. Il ne s'agit pas pour nous cet après-midi de
démontrer que la municipalité a fait des choses illégales.
Ce qu'on dit, c'est qu'en supposant que tout est légal il faudrait aller
plus loin dans la loi. Car, finalement, on croit être en mesure de
démontrer que, lorsqu'il y a plus de la moitié de la population
qui vient voter à un référendum et qu'il y en a 95 % qui
s'opposent à cela, je pense que c'est clair que le maire n'a pas de
mandat là-dessus. Je pense que, si on veut vraiment favoriser
l'institution municipale - on dit que les citoyens ne participent pas au niveau
municipal, les élections municipales sont plus ou moins suivies -
à ce moment-là, il faut qu'on leur donne les moyens. Sans cela,
cela veut dire qu'on ne donnera jamais aux citoyens le pouvoir auquel ils ont
droit. Moi, je ne partage pas votre avis concernant le fait que cela va
coûter cher, qu'il va y en avoir souvent.
Même, je dirais que, dans une municipalité, est-ce que vous
croyez que le fait de fermer la "main", la rue principale, ce n'est pas un
sujet suffisamment important pour que les citoyens puissent se prononcer
là-dessus? Ce n'est pas une tondeuse à gazon. En supposant
qu'à Québec on voudrait fermer la rue Saint-Jean ou une
artère vraiment importante, je pense que les citoyens du quartier, ou
même ceux de la ville, pourraient se prononcer là-dessus. Si on ne
donne pas aux citoyens le pouvoir de décider... Ce sont eux qui en sont
les actionnaires, qui paient les taxes. S'il y a des référendums
trop souvent, ne soyez pas inquiet, ils vont se tanner à un moment
donné. Moi, je suis certain que, du simple fait que cela coûte de
l'argent, que cela bloque l'administration, il n'y en aura pas aussi souvent
que cela. Il ne faut pas oublier que, dans les autres pays, il y aura de plus
en plus souvent des référendums sur des questions importantes et
fondamentales. Je suis certain que les citoyens n'abuseront pas de cela. Dans
une municipalité comme Dolbeau, il faudrait qu'il y ait 500 personnes
qui acceptent de demander le référendum; c'est quand même
important. Quand je dis que cela va amener des coûts... À Dolbeau,
on a offert de payer le coût du référendum. Cela n'aurait
pas coûté un sou. La municipalité a refusé. Je pense
qu'il y a vraiment une absence de volonté. Il me semble que, dans les
cas importants, il faudrait que la loi permette cela. Sinon, cela veut dire
qu'on ne reconnaît pas aux citoyens la capacité de pouvoir
décider ce qui va se passer dans leur milieu.
Le Président (M. Rachefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais ajouter autre
chose. Je ne voudrais pas qu'on pense qu'on ne tiendra pas compte des
recommandations qui sont faites par le groupe. J'aimerais simplement souligner
ceci: la majorité des recommandations que vous faites ne sont pas
pertinentes au projet de loi que nous déposons aujourd'hui. Elles feront
l'objet d'études subséquentes, lors des livres III et IV de la
Refonte des lois municipales. Par exemple, dans votre document, vous parlez des
conflits d'intérêts. Cela fait partie du présent projet de
loi et on en traite. Allocation des élus, cela fera l'objet de
considérations et d'études lors du livre III. Information et
pouvoir des citoyens: rendre obligatoire la publication à l'avance dans
les médias des ordres du jour, ce sera dans le livre III; je ne dis pas
qu'on va retenir vos suggestions, mais on va en faire l'étude au livre
ni. La même chose pour le point suivant: la période de questions
plus longue. La même chose pour le suivant: les délais pour
s'opposer à une décision, le report d'un point à l'ordre
du jour, tout cela fera l'objet d'une étude subséquente.
L'obligation d'annoncer les assemblées spéciales: la même
chose. L'obligation de faire parvenir un avis personnel à chaque citoyen
fera l'objet du livre IV de la refonte. Je ne dis pas que nous n'en tiendrons
pas compte ni même qu'éventuellement cela ne pourrait pas
être retenu, mais la majorité de vos recommandations ne font pas
l'objet de l'étude que nous faisons présentement.
M. Trottien Le point principal qu'on vous a mentionné
c'est vraiment les référendums. Je pense que, si nous avons
vraiment un système démocratique, nous devons évoluer
là-dedans et remettre le pouvoir aux citoyens; c'est le rôle des
politiciens.
M. Bourbeau: Je reviens une dernière fois. Vous parlez de
remettre le pouvoir aux citoyens. Moi, je ne peux pas accepter cette formule.
Car tous les maires, tous ceux qui ont siégé comme maire ont
toujours vu des gens se lever dans les conseils municipaux pour parler au nom
des citoyens. Je pense
que cela se produit partout, cela se voit continuellement. Or il est
très difficile d'identifier la légitimité de ceux qui
parlent au nom des citoyens. Vous prétendez que vous représentez
quelques milliers de personnes. Vous avez tenu un référendum,
mais il n'a pas été tenu dans le cadre des lois actuelles; c'est
un référendum volontaire, et rien ne peut assurer que la
méthodologie suivie était parfaite. Je ne dis pas qu'elle ne
l'était pas, je ne veux pas porter de jugement. Mais, si on commence
à tenir des référendums organisés par des
"citoyens", entre guillemets qu'on conclut, à la suite de ces
référendums, à la justesse ou non d'une cause, je pense
que l'on s'éloigne pas mal des méthodes scientifiques et cela
peut donner lieu encore à beaucoup plus d'arbitraire que les
problèmes que vous dénoncez présentement.
Je pense que les citoyens d'une municipalité sont
représentés par leur conseil municipal démocratiquement
élu. Je reconnais comme interlocuteurs valables, en tant que ministre,
les conseils municipaux. Maintenant, cela ne veut pas dire que je ne suis pas
intéressé a entendre le point de vue de groupes de citoyens, mais
je ne peux pas admettre qu'un groupe de citoyens qui se présente
à la table ici représente les citoyens d'une municipalité.
Les citoyens, personne d'autre que le conseil municipal ne les
représente. Maintenant, des groupes peuvent faire entendre des points de
vue différents, et vous en êtes un. D'après ce que vous
dites, votre groupe est important; je présume qu'il l'est. Mais rien ne
nous dit qu'il ne pourrait pas y avoir, demain, un autre groupe de citoyens de
Dolbeau qui prétendrait être aussi important que vous et qui
tiendrait un langage contraire ou différent.
Je vous incite, démocratiquement, en tout cas, à faire
valoir votre point de vue au conseil municipal et à tirer les
conclusions qui s'imposent si vous jugez que le conseil municipal n'est pas
représentatif du point de vue des citoyens.
M. Trottien Nous, nous aurions souhaité qu'il y ait
vraiment une consultation faite par la ville. À ce moment-là, on
aurait su combien de citoyens étaient favorables et combien
étaient contre. Je pense que c'est cela l'essentiel: que l'on donne des
outils aux citoyens afin que l'on puisse vérifier les argumentations de
chacun. À ce moment-là, je pense que cela aurait
été très clair. La présente loi ne nous le permet
pas.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je n'ai pas tellement de remarques à faire
concernant un problème particulier touchant un endroit précis
dans la région du Lac-Saint-Jean, C'est vrai qu'on peut remettre en
cause beaucoup de facettes de ce conflit, mais je pense qu'à un certain
temps et à certains endroits on vit toutes sortes de conflits.
Tantôt cela touche une municipalité, tantôt cela peut en
toucher une autre, dépendant de quel côté de la
clôture on est. Cela peut sembler parfois frustrant, démoralisant
pour les citoyens; par contre, cela permet aussi à des citoyens de
pouvoir se rencontrer pour un peu mieux comprendre tous ces conflits que l'on a
à vivre ensemble. Parfois, c'est pour le meilleur et pour le pire. On ne
choisit pas nécessairement le conflit, on choisit l'endroit où
l'on demeure et on vit avec.
Il y aurait peut-être quelques questions que je voudrais poser,
même si M. le ministre dit que ce n'est pas relié directement au
projet de loi 100. J'ai toujours pensé qu'un conseil municipal pouvait
procéder par règlement et passer à côté des
normes fixées par la loi. Vous nous dites qu'il faudrait augmenter cela.
Est-ce que la municipalité de Dolbeau s'est prévalue de cette
modalité de la loi qui permet à un conseil municipal de fixer des
allocations plus élevées que ce que la loi générale
fixe?
M. Trottier: Nous, nous avons l'impression qu'il y a un maximum
qu'on ne peut pas dépasser sans se tromper. De plus, on voudrait qu'il
soit vraiment reconnu que le poste de conseiller ou de maire mérite un
traitement qui pourrait être fixé d'une manière
peut-être un peu plus générale, dans toute la province, ce
qui pourrait faire en sorte que ce serait... Sans cela, c'est toujours
difficile! telle municipalité un peu plus, l'autre un peu moins, etc. Je
pense qu'établir des normes au niveau provincial cela pourrait
être intéressant.
M. Dufour: Sauf que vous transférez peut-être un peu
le problème. Vous nous dites d'un côté qu'il faut que la
population ait plus de place pour s'impliquer. Je pense que le fait que le
conseil municipal soit obligé d'adopter son propre règlement pour
fixer le salaire de ses élus fait que... C'est vrai que les citoyens
n'ont pas le droit de vote mais ils ont le droit, par exemple, de faire des
pressions ou de parler à leurs élus pour leur dire s'ils vont
trop ou pas assez loin. Si c'est fixé dans la loi les citoyens sont
complètement écartés. Je voulais juste vous dire cela.
Vous pourriez le faire. Si le conseil municipal décide de se donner un
salaire plus élevé, il peut le faire. Je pense que vous
êtes couverts. C'est sûr que rendre obligatoire la publication
à l'avance dans les médias des ordres du jour de
l'assemblée, cela peut toujours se faire, mais il arrive toujours des
points qui doivent être ajoutés à la dernière
seconde pour aller plus vite.
Je pense que dans tout ce que vous
avez soumis il y a sûrement des points à réflexion
pour peut-être une autre partie de la loi. En ce qui me concerne,
à moins que vous ne me disiez clairement que le processus municipal n'a
pas été suivi ou que la loi n'a pas été
respectée, ce serait difficile... En étant vraiment responsables
des positions qu'on a à défendre, il serait difficile pour nous
de dire qu'à Dolbeau il devrait y avoir une solution qui fasse qu'on
l'applique à tout le monde dans la province de Québec. Si vous
pouvez nous dire que des processus n'ont pas été suivis ou ont
été mal suivis, je pense qu'il y a peut-être d'autres
tables qu'ici pour pouvoir le soulever; mais si tout le processus a
été suivi au vu et au su de la population - je pense que cela a
été commenté très largement sur la place publique -
les gens qui ont pris la décision auront certainement à
répondre de leurs actes vis-à-vis de leurs commettants.
M. Trottier: Si vous me le permettez, M. le député,
lorsque le Parti québécois a décidé de tenir un
référendum quand on parlait de faire l'indépendance, on a
promis aux gens de tenir un référendum, de les consulter sur
cette question-là, de ne pas agir unilatéralement. On avait dit:
On est élu et ensuite on tiendra un référendum pour
décider définitivement de l'avenir du Québec, car c'est
une question importante. Pour nous, la fermeture du boulevard Wallberg,
à notre échelle, au niveau de la municipalité, c'est aussi
important que l'indépendance du Québec au niveau national.
Le maire avait promis de consulter les gens. Il ne l'a jamais fait et
présentement la loi qui existe ne l'oblige pas à le faire. C'est
dans ce sens-là que nous disons qu'il faudrait vraiment qu'il y ait un
mécanisme qui fasse en sorte que les gens puissent être
consultés, car pour eux ce sont des promesses, que les citoyens puissent
décider. On nous a promis une consultation, elle n'a pas eu lieu. C'est
sur une question fondamentale et c'est pour cela qu'on voudrait que ce soit
fixé que, lorsqu'un nombre minimum de citoyens demandent un
référendum, ce soit une possibilité réelle. Sinon,
cela veut dire qu'un conseil de ville peut être élu avec un mandat
X et faire exactement le contraire le lendemain matin.
M. Dufour: C'est un bon outil de réflexion même pour
le parti au pouvoir, à savoir s'ils vont respecter à 100 % tout
ce qu'ils ont promis.
Je voudrais vous remercier. Quand on regarde le dossier, il est
complexe, il a été très largement discuté. Des gens
devront sûrement, un jour ou l'autre, répondre de leurs actes, et
s'ils n'ont pas bien agi la population leur fera savoir. Je comprends que c'est
peut-être une position très importante pour la municipalité
de Dolbeau, mais j'espère que celle-ci continuera de progresser et
trouvera sa voie ou la meilleure manière de vivre avec ses citoyens. Si
j'avais quelque chose à ajouter par rapport à cela, je ne pense
pas qu'on puisse régler un problème particulier et le
généraliser. Si, tantôt, on est obligé de
régler tous les problèmes avec des référendums, je
me demanderais pourquoi on a des élus, pourquoi ce ne seraient pas des
fonctionnaires qui garderaient le flambeau et qui soumettraient chaque
décision à la population. Il me semble qu'il y a quelque chose
qui ne s'arrête pas quelque part. Je demande qu'un jour au l'autre on
puisse s'en reparler quelque part pour essayer de trouver s'il y a moyen de
cheminer ensemble sur un dossier semblable. (16 heures)
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Jonquière.
Je vous remercie. Si vous voulez conclure.
M. Trottier: Je vous dirais que, dans l'histoire de la
démocratie, il y a eu des temps où on disait que les femmes
n'avaient pas besoin de voter, que ce n'était pas nécessaire, que
cela n'avait pas de bon sens. Il y a eu des temps où on disait que le
roi suffisait pour prendre les décisions. Si on veut évoluer,
donner un référendum aux citoyens lorsqu'ils le demandent, sur
des questions importantes, c'est vraiment agir, c'est vraiment faire avancer la
démocratie. Et c'est ce qu'on est venu vous demander cet
après-midi.
Le Président (M. Rochefort): Nous vous remercions de votre
présence parmi nous.
J'inviterais maintenant les représentants de la ville de Laval
à prendre place à la table, s'il vous plaît!
Bienvenue, M. le maire. Pour le Journal des débats, je
vous demanderais de présenter les gens qui vous accompagnent et
vous-même...
Ville de Laval
M. Lefebvre (Claude): M. le Président, M. le ministre,
madame et messieurs les membres. Je suis Claude Lefebvre, le maire de la ville
de Laval. À ma droite, M. Marc Perron, directeur général
de la ville de Laval et, à ma gauche, M. Bourcier, à la fois
greffier et président des élections. Tous les deux ont une longue
expérience de la procédure électorale pour l'avoir
vécue. Quant à moi, de façon directe et indirecte, j'en ai
depuis un certain nombre d'années.
Le Président (M. Rochefort): Bienvenue parmi nous, M.
Bourcier et M. Perron.
Sans plus tarder, je vous demanderais de nous présenter votre
mémoire et, ensuite, une discussion s'engagera avec les membres
de la commission.
M. Lefebvre (Claude): Vous avez déjà le texte. Nous
allons exprimer deux points de vue. Le premier que je veux moi-même
exprimer est un point de vue politique, c'est-à-dire l'aspect politique
de l'élection ou du référendum. Il se situe à deux
niveaux. Le premier touche le cas du remplacement d'un maire ou d'un conseiller
municipal à la suite d'une vacance au conseil. Dans les douze mois qui
précèdent une élection, le conseil peut opter de remplacer
un conseiller municipal ou tout simplement opter de laisser le siège
vacant. Dans le cas du maire, il y a, selon l'ancienne loi et l'actuelle
proposition que vous faites, une nomination parmi les membres du conseil.
Cependant, si cette vacance survient plus de douze mois avant...
Immédiatement, pour faire taire toute rumeur qui pourrait circuler tant
dans la ville de Laval qu'ailleurs au Québec, le maire de Laval a
l'intention de conserver son siège pendant au moins les trois prochaines
années et les trois mois qui lui restent» sinon renouveler,
même faire renouveler son mandat si la population le veut. Ce n'est donc
pas d'un point de vue personnel; c'est bien plus d'un point de vue
économique et pratique...
Je souligne dans le mémoire que, très souvent, une mesure
législative qui peut s'appliquer facilement, qui n'a pas de grande
conséquence pécuniaire pour une municipalité - petite,
moyenne ou un peu plus que moyenne - peut avoir une grande influence .
pécuniaire dans une grande municipalité. Ainsi, que ce soit par
décès, par démission, par changement de vocation ou
maladie, si le maire de la ville de Laval - le cas s'applique encore d'une
façon plus frappante à Montréal - doit être
remplacé, la procédure que vous avez établie, c'est un
recours. Vous appelez cela une élection "partielle". Je l'ai mis entre
guillemets dans mon mémoire parce qu'il n'y a vraiment rien de partiel
là-dedans; c'est toute la population qui est appelée à
voter, et tout ce qu'on peut économiser finalement, ce sont les
bulletins de vote des candidats à l'échevinage.
II faut également prendre en considération la
vitalité des partis politiques. Face à cette nouvelle loi, les
partis politiques se sont formés et sont actuellement bien aguerris. On
ne doit donc pas penser que, dans les villes où il y a des partis
municipaux, les élections par acclamation vont survenir. Je ne le pense
pas; il faudra au moins qu'un maire ait fait la preuve pendant quatre mandats
d'affilée qu'il est imbattable avant que quelqu'un pense qu'on ne puisse
pas l'essayer. A Laval, cela coûterait 1 500 000 $; à peu
près 1 000 000 $ en frais d'élections, et 500 000 $ s'il y a
trois partis. S'il n'y en a que deux - on calculait cela tantôt en s'en
venant - ce sont des dépenses électorales de plus de 500 000 $
qui sont consenties - on en rembourse déjà la moitié -
plus le fait qu'une bonne partie du personnel de l'hôtel de ville doit,
à ce moment-là, se pencher sur tout le processus. Et on a autre
chose à faire que cela. Il me semble que les conseillers municipaux -
dans le cas de l'élection d'un maire, dans le cas d'une vacance - qui
représentent quand même l'ensemble de la population, tous
ensemble, pourraient être considérés comme des grands
électeurs. Là, ils ont un choix. Plutôt que de piger dans
le budget municipal, chez nous, par exemple, 1 250 000 $ ou 1 500 000 $ dans
une année, ils pourraient agir comme grands électeurs et,
à la majorité des deux tiers, procéder à
l'élection d'un maire avec une mise en candidature tout à fait
normale. Si le conseil ne peut pas y arriver, dégager cette
majorité, à ce moment ils ont recours à l'élection.
Mais au moins ils auront pu, ils auront eu cette possibilité de
remplacer le maire par un processus tout à fait démocratique sans
dépenser l'argent de ta municipalité. En tout cas, 1 500 000 $
chez nous, cela veut dire un minimum de deux centres communautaires, qui sont
très en demande. C'est une des premières constatations.
On pourrait également le faire pour le remplacement d'un
conseiller municipal avec une mise en nomination que les gens du conseil...
Vous savez, si un maire, avec l'article 52 et les articles suivants, et
finalement le pouvoir qu'il détient comme chef d'un parti politique...
moi je pense qu'il a besoin d'une majorité. C'est d'ailleurs très
rare qu'un maire n'a pas cette majorité; c'est arrivé à
quelques occasions; il faut évidemment faire des compromis à ce
moment. Mais la véritable situation, c'est une situation où vous
détenez le pouvoir et où, pour l'exercer, vous avez une
majorité. C'est la règle parlementaire. Or, à mon sens, si
les deux tiers se prononcent pour l'élection d'une personne, cela
pourrait constituer un processus aussi démocratique que le processus que
vous retenez actuellement. Encore une fois, je vous le donne à titre de
suggestion, cela pourrait être économique.
La deuxième intervention que je voudrais faire, c'est au niveau
des référendums. Il y a ce souci, depuis fort longtemps, de
toujours avoir recours à la notion de propriété quand on
s'en vient en droit municipal. On l'a conservé. Il a été
un temps où il n'y avait que les électeurs propriétaires
qui avaient le droit de vote. On a ajouté les conjoints par la suite.
Finalement, on a ajouté les enfants. Maintenant, le locataire a pu
voter. On étend. Finalement, on arrive à la procédure du
référendum. Aujourd'hui, vous abandonnez totalement ou à
peu près cette notion: ÎI s'agit d'être
domicilié, d'avoir domicile pour pouvoir voter.
Cela veut dire que tous ceux qui sont inscrits normalement sur la liste
électorale peuvent demander un référendum et ont le droit
de s'inscrire au registre. Encore une fois, c'est une activité qui est
coûteuse. Vous n'avez pas de remboursement des dépenses
électorales, mais vous allez chercher quand même chez nous encore
une fois 1 000 000 $. Il faut peut-être se demander, dans notre folklore
politique québécois, qu'est-ce qu'on a connu au Québec
comme référendum? J'entendais... Je n'ai pas compris toute la
conversation de mes prédécesseurs, mais on semble y apporter une
grande importance, mais est-ce que le référendum demandé
n'est pas, très souvent, plutôt une bataille politique à
saveur très locale, un moyen d'empêcher une administration de
procéder?
Je viens de vivre une expérience et ce n'est surtout pas pour me
débarrasser de ce genre d'expérience. Cependant, quand un geste a
été voté par 24 élus sur 25 et qu'on est
obligé d'aller, avec l'obligation d'aller chercher 500 personnes
lorsqu'il y en a 200 000 qui ont le droit de vote, cela veut dire que 0,25 % de
la population peut forcer un référendum de 1 000 000 $. J'ai
utilisé... je le pensais du moins quand, avec un certain humour, j'ai
dit: "C'est la queue qui mène le chien", et cela ne m'apparaît pas
normal. De la même façon qu'on doit respecter la démocratie
et donner à un certain nombre de personnes le droit de s'exprimer,
respecter le droit à l'opposition, il ne faut pas non plus qu'on
permette un abus de ce droit, parce que l'abus de droit vient souvent à
long terme détruire le droit et amène le négatif. À
ce moment, c'est la didacture qui s'impose, puisqu'il n'y a pas d'autre moyen
de s'en sortir.
Je pense que si on exigeait qu'au moins 10 % de ceux qui sont
appelés à voter se prononcent contre, cela créerait une
certaine obligation. Bien sûr, il y a un mécanisme. Comment
peut-il s'enregistrer de personnes dans une journée? Je ne sais pas.
S'il y en a 1000 qui s'enregistrent dans deux jours, on a récemment fait
la preuve qu'on pouvait en enregistrer 1500; on n'a qu'à ouvrir d'autres
registres et cela ira tout simplement plus vite. À ce moment, qu'on
ouvre pour deux journées additionnelles, mais qu'on aille chercher au
moins un minimum de personnes. Car déjà le processus
d'élection, ou le processus de votation dans une municipalité est
suffisamment complexe... S'il fallait qu'à l'Assemblée nationale
ici vous preniez les mêmes droits que vous nous imposez, si le premier
ministre décède ou si vous adoptez une loi que 0,25 % de la
population ne veut pas et que vous êtes obligés de recourir
à un référendum, vous allez comprendre qu'on n'aboutira
pas bien vite à des solutions.
Il y a une chose, et cela avait été manifesté lors
d'un congrès de l'Union des municipalités, c'était dit:
"Élus pour décider". À partir du moment où il y a
une élection municipale ou une élection législative, nous
sommes élus pour décider. On a présenté un
programme, on y va et c'est là-dessus qu'on sera jugé. C'est
d'ailleurs ce que je fais remarquer constamment à mes fonctionnaires. Il
y a au moins une différence entre nous autres, c'est que la population
peut nous indiquer la voie beaucoup plus rapidement. Eux, ils n'ont pas
à répondre de la même façon. C'est pourquoi,
d'ailleurs, les fonctionnaires... Monsieur a déjà passé
quatre maires, il s'apprête à en passer un cinquième,
peut-être.
Je vous dis qu'en ce qui concerne le référendum, je pense
qu'on devait amener... Vous élargissez le principe. D'un
côté, vous doublez le nombre de personnes qui peuvent s'inscrire
au registre et de l'autre côté vous n'augmentez pas cette
proportion des gens qui sont appelés et on peut en faire des abus.
Vous me direz: On pourrait demander pour la ville de Laval un pouvoir
spécial. J'abonde dans le sens qu'on doit tenter autant que possible de
faire une loi qui s'applique partout, mais il existe sans doute des exceptions.
J'ai déjà été échevin dans une petite
municipalité, il y a trente ans, et la technique du
référendum était la technique des gens qui voulaient le
pouvoir l'année suivante. On était même parvenu à
avoir des élections à l'époque à toutes les
années et c'était un mandat de deux ans, trois échevins.
Le maire était défait une année et l'année suivante
c'étaient les trois autres. Finalement, on passait notre temps en
élections et en référendums. C'était notre sport.
Remarquez que la municipalité de Duvernay, à l'époque,
était toute petite. Cela meublait les conversations, c'était gai
dans les soirées, mais il y a quand même autre chose à
faire que cela quand on veut bâtir une ville, quand on veut bâtir
une province et un pays. C'est à peu près les remarques.
Quant aux partis politiques - en même temps, je suis chef d'un
parti politique - à l'article 367 de votre projet de loi, vous
étendez maintenant la période électorale à 34
jours. Je ne sais pas si vous vous êtes rendu compte de la
difficulté. Même si, par générosité, vous
avez augmenté les allocations de dépenses, cela crée des
difficultés.
J'ai coutume de dire d'une façon très franche les choses.
Chez nous quand on fait une élection, cela coûte toujours pas loin
de 500 000 $. La difficulté qu'on a pour se conformer à la loi,
c'est quand vous avez des panneaux publicitaires - je comprends que cela ne se
fait pas partout - il s'agit de savoir combien de jours cela a
été publié
avant la période électorale et combien après et la
distribution de dépliants, d'un journal ou ces choses-là,
toujours calculer ce nombre de jours. En la prolongeant, vous venez d'augmenter
automatiquement les sommes imputables à la période
électorale. Donc, en 21 jours," on pouvait s'en accommoder et y arriver.
Je vous assure que si je faisais la même élection que celle du
mois de novembre dernier, avec 34 jours, je ne pourrais pas y arriver.
Est-ce qu'on veut par là minimiser cette phase d'information au
niveau des partis politiques? Non. Si vous avez créé des partis
politiques, donnez-leur les moyens d'exercer véritablement, leurs
pouvoirs et les fonds qu'ils peuvent ramasser légitimement. De toute
façon, cela fait de meilleures campagnes électorales, et surtout
ils ne seront pas toujours à se poser la question à savoir si je
ne dépenserai pas 5 $ ou 10 $ ou 1000 $ qui vont me disqualifier.
Cette période de 34 jours - à moins qu'il n'y ait une
idée bien précise que je suis prêt à entendre - peut
nous créer certaines difficultés. Quant aux augmentations, je
pense qu'avec le rajustement que vous avez fait, cela nous place dans une
situation plus confortable, mais en étendant la période de 34
jours, vous venez complètement de tout couper cela. C'est à peu
près les remarques que j'avais à faire au niveau politique.
Maintenant, j'ai à mes côtés M. Ronald Bourcier qui
vit, lui, les affres et qui voit une campagne électorale d'un oeil tout
à fait différents c'est-à-dire l'oeil d'un
président d'élection.
M. Bourcier (Ronald): Mon analyse du projet de loi s'est
plutôt orientée vers les chapitres VI et subséquents qui
traitent de la procédure électorale.
Je peux dire, avant de faire quelques commentaires, que le projet de loi
tel que présenté est une grosse amélioration sur tous les
projets de loi avec lesquels j'ai été obligé de vivre et
que j'ai dû supporter depuis 1961 en tant que président
d'élection. II reste quand même, quant à la révision
de la liste électorale, qu'à l'article 110 en particulier, on
donne le pouvoir facultatif de la réviser ou de ne pas la
réviser. Il ne faudrait pas oublier, en laissant ce pouvoir facultatif,
que c'est la même liste qui va devoir nous servir de base pendant les
années subséquentes pour toutes les formes de consultation,
référendaires ou autres. Alors, ne pas la réviser à
ce stade-là, c'est reporter le problème à plus tard,
c'est-à-dire au premier règlement d'emprunt ou au premier
règlement de zonage qui devra subir une consultation. (16 h 15)
Ma deuxième remarque se rapporte à
l'échéancier prévu pour la révision de la liste
électorale, soit la période des sessions des bureaux de
dépôt ainsi que de la commission de révision. Je constate,
en me faisant un échéancier hypothétique, que cette
démarche se terminerait l'avant-veille de mon vote par anticipation avec
l'obligation par le président d'élection de remettre aux partis
politiques une liste électorale tout à fait corrigée. Ce
délai est trop court étant donné qu'il ne faut pas oublier
qu'à Laval, on a une liste électorale de plus de 200 000
électeurs et plus de 950 sections de vote, ce qui est à peu
près l'équivalent de cinq comtés provinciaux. Or, je
calcule que cette période de révision devrait être
reportée dans le temps afin de nous permettre de pouvoir remettre aux
partis politiques, à la fin de la période de dépôts
pour les demandes de mises en candidature, une liste électorale
terminée et revisée. C'est à peu près tous les
défauts que j'ai pu trouver au projet de loi sur le plan du
mécanisme.
M. Lefebvre (Claude): II y en avait un dont on a discuté
ensemble si vous le permettez, M. le Président, c'était la
façon de procéder aux inscriptions et aux radiations. C'est une
chose qui me préoccupe constamment. On n'est jamais parfait. Il nous
arrive toujours... Et pour ceux qui ont vécu cela - il y a quelques
maires ici - il n'y a rien qui me fait plus de peine que de voir un
contribuable qui nous arrive avec son compte de taxes et qui réside dans
la municipalité depuis quinze ans et qui réalise que son nom
n'est pas sur la liste électorale et qu'il n'y a aucun moyen de le faire
voter. Évidemment la phrase qu'on nous lance - et c'est toujours te
parti au pouvoir qui est responsable - c'est de dire: Quand vous nous envoyez
un compte de taxes, vous trouvez le moyen de nous rejoindre. Mon Dieu! que vous
connaissez donc notre nom et notre adresse. Puis, quand il s'agit de voter, on
n'est pas sur la liste. Cela doit être frustrant. Remarquez que je ne
l'ai jamais expérimenté, mais cela doit être très
frustrant. J'en ai d'ailleurs rencontré un en 1981 qui avait un compte
de taxes de 15 000 $ et qui n'avait pas le droit de vote. J'imagine qu'il avait
le goût de s'exprimer cette journée-la.
Il y a peut-être eu des abus. Anciennement, on pouvait la
journée même, en tout cas pour les électeurs, ceux qui
avaient une preuve formelle de leur droit de vote, on pouvait les inscrire. Le
président d'élections avait ce pouvoir. Il ne peut plus le faire.
Également, une des choses, c'est qu'on dit aujourd'hui! Si vous voulez
radier ou inscrire quelqu'un qui a été omis, c'est lui qui doit
se présenter. Imaginez une ville de 25 milles de long dans le quartier
Saint-François, au bout, vous avez un bon propriétaire, tiens,
prenons les Lavigueur qui ont gagné le million et qui sont nos nouveaux
citoyens» qu'on a omis. Là, vous lui dites: Si vous
voulez voter, vous devez aller vous inscrire à l'hôtel de
ville. Lui, contribuable, va être obligé de se déplacer
pour s'inscire, c'est lui ou son parent. Alors que vous avez gratuitement
actuellement un système qui marche. Les partis politiques ont des
démarcheurs. Vous en avez au moins dix. On a 24 districts
électoraux, on a au moins 240 à 250 personnes par parti. S'il y
en a deux, cela en donne 500, qui font des vérifications de porte
à porte. Vous pouvez demander au président d'élection,
c'est l'aide la plus efficace et la plus économique qu'on puisse
trouver. L'inscription peut se faire sur demande de n'importe quel citoyen,
alors que là, d'après le nouveau texte, c'est le citoyen
lui-même ou un de ses parents qui devra faire l'inscription. Je vais
même plus loin, je vais dire: Si la journée même de
l'élection, on se rend compte que quelqu'un a été omis et
qu'il est capable d'en faire la preuve, il me semble que le fardeau de prouver
pour empêcher quelqu'un de voter devrait plutôt appartenir a celui
qui veut défendre de voter qu'à celui qui a un droit de vote. Le
droit se présume, la bonne foi se présume. Quelqu'un qui arrive
avec un compte de taxes et qui n'est pas inscrit, et qu'on se rend compte que
c'est une omission, pourquoi n'aurait-il pas le droit de vote?
Je pense que défranchiser un électeur... J'aime mieux
quant à moi - c'est peut-être le système judiciaire qui m'a
amené à cela -qu'il y en ait dix qui n'ont pas le droit de vote
qui votent que d'empêcher deux personnes qui ont le droit de voter de
vraiment exercer leur droit de vote. Vous savez le maximum qu'on va obtenir,
c'est de 50 % à 55 %. On laisse dans la loi... Par exemple, on a une
foule de "polls" chez nous de propriétaires non résidents. Encore
cette vieille notion de propriété, toujours omniprésente
dans le Code municipal, et qui n'est pas présente au niveau provincial
ni au niveau fédéral. Mais on a des bureaux de scrutin complets
où notre greffier et notre scrutateur sont là à ne rien
faire de la journée. S'il y a des représentants, c'est seulement
parce qu'on a peur qu'on "pacte" les bureaux de scrutin; ces gens-là ne
viennent pas voter.
On m'indique que nous avons 40 bureaux de gens de l'extérieur, et
on va recueillir peut-être 120 à 125 votes dans ces 40 bureaux.
Cela n'a pas véritablement de sens. Le domicile est beaucoup plus
important; la notion de résidence est beaucoup plus importante.
Vous savez que lorsqu'on a subdivisé les terres, pour ceux qui
connaissent la ville de Laval et bien d'autres municipalités d'ailleurs,
on a subdivisé cela en grande partie en lots de 25, 30 et 50 pieds et on
vendait cela. Là, vous en retrouvez en Europe et un peu partout aux
États-Unis, ces gens-là ne viennent pas voter. La loi nous oblige
à les inscrire et à tenir un bureau de scrutin ouvert pour eux.
C'est de l'argent gaspillé. Encore une fois, j'aime autant mettre cela
là, mais ne pas priver ceux qui ont véritablement le droit de
vote et qui veulent s'exprimer et vivre une vie politique à
l'intérieur de la municipalité, ne pas les priver du droit de
l'exercer ce droit-là.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie de votre
présentation. J'inviterais maintenant M. le ministre à vous
adresser quelques questions ou commentaires.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est un honneur pour la
commission de recevoir à sa table aujourd'hui le maire de la
deuxième plus grosse ville du Québec, et j'emploie le mot
"grosse" à dessein pour ne pas insulter le maire de Québec qui,
lui, prétend que sa ville est la deuxième plus "importante".
M. Lefebvre (Claude): Quant à moi, je le lui
concède avec bonhommie.
M. Bourbeau: Je note, d'après ce que nous dit le maire de
Laval, qu'il est un expert du folklore québécois en
matière d'élections et de référendums et qu'il a
une très vaste expérience et depuis longtemps des
référendums et des élections. Possiblement qu'on pourrait
demander à nos fonctionnaires, lorsqu'on reverra le projet de loi,
d'aller prendre des conseils auprès du maire sur l'art
d'améliorer le projet de loi sur les référendums. Je pense
que c'est ce qu'il vient faire aujourd'hui.
Votre mémoire porte essentiellement sur deux problèmes:
l'élection du maire qui quitte en coure de mandat et l'obligation de
tenir un référendum. En ce qui concerne le premier point, lorsque
le maire quitte son poste à l'extérieur des douze mois, plusieurs
situations peuvent se présenter: Un maire peut démissionner, un
maire peut décéder, un maire peut être victime d'un putsch
et devoir partir...
M. Lefebvre (Claude): ...ou encore se faire élire à
l'Assemblée nationale.
M. Bourbeau: ...ou se faire élire à
l'Assemblée nationale. Vous nous dites qu'il ne devrait pas y avoir
automatiquement une élection générale - qu'on appelle une
élection partielle, mais que vous avez probablement raison d'appeler une
élection générale - pour élire le maire, mais qu'on
devrait, dans un premier temps, tenter de voir si on ne pourrait pas
dégager au conseil municipal une majorité des deux-tiers des
votes parmi les conseillers municipaux; et si on réussissait à
dégager cette majorité-là, à ce moment-là,
on pourrait élire un maire et on n'aurait pas besoin d'avoir recours
à l'élection générale qui, selon votre
déclaration, dans une ville
comme Laval, pourrait coûter environ 1 500 000 $.
J'ai une question: Le maire qui pourrait être élu... En
fait, je trouve assez intéressante votre suggestion: c'est original et
c'est un point de vue qui se défend très bien. Dans votre esprit,
un conseil municipal qui serait appelé à élire un maire en
cours de mandat devrait-il se contenter de l'élire à partir des
conseillers municipaux en poste ou si on pourrait choisir le maire partout dans
la communauté, dans la ville?
M. Lefebvre (Claude): C'est cela la différence dans la
présentation que je fais: avant douze mois, le pouvoir du conseil se
limite à choisir parmi ses membres; alors que dans la période qui
serait supérieure à douze mois, c'est une mise en candidature qui
pourrait avoir lieu. À ce moment-là, à cause de l'article
336 qui vient jouer, cela ne peut pas être un membre, il est non
éligible. Il faudrait que, pour se présenter, si un membre du
conseil, disons un échevin, veut se présenter, il
démissionne de son poste avant de présenter sa candidature
auprès du président d'élection. Cela indique donc qu'il
devrait au préalable s'assurer un appui de ses collègues du
conseil. Si le conseil ne veut vraiment pas dégager cette
majorité des deux tiers, il sera responsable du budget qu'il vient
d'engager, puisqu'il vient de poser un geste positif pour engager un
budget.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on pourrait...
M. Lefebvre (Claude): Donc, cela pourrait être une personne
de l'extérieur, une personne qui ne fait pas partie du conseil mais que
les gens croient être une personne qui pourrait bien représenter
la municipalité. En fait, la proposition, c'est un collège
électoral. Les conseillers municipaux deviennent de grands
électeurs au sens de la loi aux États-Unis.
M. Bourbeau: Essayons de penser à un scénario
où il y aurait un maire en place depuis de nombreuses années,
lequel déciderait de se retirer mais qui, à cause de sa grande
réputation, vaudrait assurer la succession de quelqu'un d'autre. Il
déciderait de se représenter à une élection, se
ferait réélire et, le mois suivant, démissionnerait. Le
conseil municipal qui serait composé de membres de son parti politique
irait chercher dans la population un individu qui se ferait élire maire
en début de mandat. On verrait quelqu'un qui n'est pas connu de la
population, enfin qui ne s'est jamais présenté comme candidat
à une élection, que la population pourrait ignorer - ce pourrait
être un pur inconnu - qui serait, un mois après une
élection générale, propulsé à la mairie
d'une municipalité pour quatre ans. Est-ce que cela ne pourrait pas
donner lieu à des critiques de la part des électeurs qui
diraient: Si on avait su, on n'aurait peut-être pas voté pour cet
individu?
M. Lefebvre (Claude): Vous avez raison, cela demeure une
hypothèse. Mais il faut quand même compter, je pense, sur le
sérieux de la personne qui, en premier lieu, se présente à
la mairie. On ne devient pas chef de parti et maire d'une ville lorsqu'on n'est
pas sérieux. En tout cas, je ne le pense pas. Le degré de
connaissance au niveau de la population, je peux vous rassurer: trois mois
avant l'élection, il n'y avait pas plus de 1,5 % de la population qui me
connaissait. J'ai quand même persévéré, à bon
droit, me direz-vous, mais peut-être plutôt par chance que par
droit. Cependant, pour les conseillers, je vous accorde que c'est quasiment une
élection présidentielle au niveau municipal. C'est un fait que le
candidat à la mairie, selon l'expression québécoise,
charrie un peu le vote des membres de son conseil dans plusieurs cas, pas
toujours mais, dans bien des cas, c'est une réalité. La
publicité est d'ailleurs axée là-dessus. On le vit
présentement à Montréal, on va le vivre ailleurs, c'est un
fait.
Cependant, les conseillers doivent s'assurer que leur prochain poney va
être également bon pour la prochaine élection. C'est
peut-être la grosse police d'assurance que vous avez. S'ils vont chercher
quelqu'un qui n'a pas l'envergure ou le charisme voulu ou qui ne saura pas
diriger la municipalité de la bonne façon, ils viennent de signer
leur ticket de non-retour à la prochaine élection, puisqu'ils
devront faire équipe avec lui è la prochaine élection.
Surtout avec les partis politiques, c'est mieux structuré. Vous savez,
il y a de l'argent qui se dépense. Strictement avec le budget, la
nouvelle loi qui a été votée même pour le parti de
l'Opposition, s'il y a un indépendant - vous avez dû lire les
journaux - ce monsieur pourra dépenser durant l'année 32 000 $
pour lui seul. Le chef de l'Opposition, chez nous, actuellement, a 62 000 $ et
il a droit à quelque 80 000 $ pour des frais de recherche. C'est
quasiment aussi bien que n'importe quel député de
l'Assemblée nationale, je pense.
Voyez-vous, avec un parti politique, cela a changé de beaucoup
l'approche électorale. De penser qu'on pourrait... Comptant sur la
popularité qu'avait le maire de Laval en 1985, j'aurais pu dire:
J'embarque et je me retire au bout d'un an et je fais passer M. Untel à
ma place, parce que j'ai 23 sur 24. Bien sûr! Mais, est-ce que vous
pensez que la population va élire quelqu'un qui n'a pas plus le sens des
responsabilités que cela? Elle va se faire prendre une fois, rnais elle
ne se fera pas prendre très souvent. Je pense que
l'expérience vécue au Québec - je peux en
témoigner pour mes confrères maires des autres
municipalités - a été plutôt contraire. Lorsque M.
Drapeau a dit qu'il se serait peut-être représenté mais il
n'était pas sûr que sa santé lui permette de faire plus de
trois ans ou pas tout à fait trois ans, au bout de douze mois, vous le
remplacez mais au bout de treize mois, vous venez de payer une élection
aussi. Est-ce qu'on ne peut pas faire confiance à des gens qui ont
été élus par la majorité de la population? C'est
une question de confiance. Parce que l'autre processus... Ou, encore une fois,
comme je l'ai suggéré à la gérance, peut-être
prendre une police d'assurance de 1 500 000 $ sur la vie du maire. (16 h
30)
Pourquoi peut-on permettre partout à des gens de se
présenter et de quitter leur emploi pour le faire? Parce que la loi
défend d'occuper un double poste. M. Ricard, qui s'est
présenté au fédéral et qui a été
élu, a dû donner sa démission environ 14 mois avant, et il
a fallu procéder à une élection. Si j'avais
été intéressé de me présenter au
fédéral, n'ai-je pas les mêmes droits que les autres
individus de la province de Québec? Pour accéder à quelque
chose de bien légitime, j'avais quand même la contrainte de me
dire: Si je prends cette décision, si je suis élu, cela va
coûter 1 500 000 $ à mes concitoyens. Cela ne m'apparaît pas
normal. Vous comprendrez qu'une personne responsable ne peut pas
démissionner en cours de mandat pour se présenter à
l'Assemblée nationale ou au gouvernement fédéral. Cela ne
me paraît pas juste, on est privé.
Vous allez me dire: Choisis entre le municipal et le provincial. De
toute évidence, il y en a qui l'ont fait. Je ne sais pas si c'est avec
regret ou non. M. le député de Jonquière, c'était
pour vous.
M. Dufour: ...je regrette...
M. Lefebvre (Claude): On se connaît bien, on aime bien
badiner ensemble.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: En tant qu'ancien maire ayant
démissionné en cours de mandat...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Rochefort): Voulez-vous passer votre
droit de parole?
M. Bourbeau: ...j'aimerais poser une question au maire de Laval,
par simple curiosité. Vous avez dit tout à l'heure que vous avez
40 bureaux de scrutin composés de gens venant de l'extérieur. En
général, il y a à peu près 250 à 300
personnes par bureau; cela veut dire que vous avez de 10 000 à 12 000
électeurs qui ne résident pas dans ta municipalité. Est-ce
que tous ces électeurs sont regroupés à l'intérieur
des mêmes bureaux de scrutin ou s'ils sont disséminés
à travers tous les bureaux?
M. Lefebvre (Claude): On essaie de les regrouper autant que
possible. Il y en a évidemment dans chacun des bureaux de scrutin mais,
autant que possible, on les regroupe. Je sais que vous connaissez un peu la
ville de Laval professionnellement. Quand vous entrez dans l'ancienne partie
qu'on appelle la Grande Côte, Roma Gardens et Italia Gardens, on a
subdivisé les terrains. Bien sûr, dans ces quartiers, on va
ajouter un nombre d'électeurs; même sur la carte
électorale, cela ne nous rend pas la chose facile, il faut
subdiviser.
Dans Auteuil, également dans les quartiers du centre, près
de l'autoroute des Laurentides, vous avez bien des regroupements de terrains
où des programmes de remembrement sont en cours. Il y a des milliers de
terrains qui appartiennent à toute sorte de personnes. On tente d'en
faire autant que possible des "polls" extérieurs, c'est plus facile
à contrôler.
M. Bourbeau: Un autre point de votre mémoire, c'est la
question des référendums et l'obligation qui est faite aux
municipalités de convoquer un référendum, d'en appeler un,
si un nombre suffisant d'électeurs le requiert par voie d'inscription au
registre. Vous faites valoir que dans la ville de Laval le nombre maximum de
500 personnes, vous faites en sorte qu'une proportion - je crois que c'est .025
% des électeurs - peut obliger la municipalité soit à
retirer un règlement ou encore à tenir un
référendum, ce qui est assez onéreux pour la
municipalité. Ce point a été soulevé à
quelques reprises déjà au cours de la journée, depuis ce
matin. Cet après-midi, il l'a été par la Conférence
des maires de banlieue de la ville de Montréal. Je pense qu'il y a
effectivement un problème pour les grosses municipalités et j'ai
déjà indiqué précédemment que j'ai
l'intention de revoir ce point-là et de tenter de faire en sorte
d'obliger les opposants à démontrer la légitimité
de leur cause ou à démontrer qu'ils sont vraiment
représentatifs d'une partie - je ne dirais pas importante - de la
population, afin d'éviter justement qu'un petit groupe utilise cette
méthode pour faire ce que vous appelez et ce que plusieurs ont
appelé "de l'obstruction systématique".
Dans votre mémoire vous parlez d'un pourcentage de 10 % des
électeurs inscrits. Ce chiffre apparaît un peu haut. Nous avons eu
aujourd'hui la ville de Verdun qui parlait de 5 % et celle de La Salle qui
parlait de 2 %. Est-ce que vous tenez beaucoup à
votre chiffre de 10 % ou est-ce que vous considéreriez un autre
chiffre inférieur? Autrement dit, quelle serait la limite
inférieure que la ville de Laval considérerait comme raisonnable
dans les circonstances?
M. Lefebvre (Claude): Remarquez que je n'ai pas de chiffre
précis en tête. J'essaie simplement de vous dire que c'est bien
sûr que l'opposition a le droit d'exister et qu'elle doit se manifester.
Finalement, cette demande de référendum, c'est un pouvoir de
surveillance qui est déjà exercé par le ministre des
Affaires municipales.
Vous avez également la Commission municipale du Québec.
Pour exercer ce pouvoir de surveillance, il faut vraiment quelque chose de
valable: Est-ce 10 %, 5 %? Ce que je vous demande c'est de ne pas agir en
fonction de l'opposition, mais bien en fonction du pouvoir. On n'a pas
d'avantage -je m'excuse, M. le député de Jonquière -
à traiter avec l'Opposition. Si j'avais été dans sa ville
à l'époque, j'aurais traité avec le maire et le pouvoir,
pas avec l'opposition. C'est la même chose au gouvernement; autrement ce
sont les choses virées à l'envers.
Vous concevez que 1200 personnes se sont opposées. J'en ai
rencontré, j'ai demandé: Pourquoi as-tu voté contre? Il
m'a répondu: Maurice m'a appelé, c'est un de mes "chums", je suis
allé voter. Il s'est juste inscrit. Vous n'avez pas le temps, si c'est
un règlement, d'informer suffisamment la population de la
conséquence... Et même là, juste l'attrait politique, le
jeu politique... Ramasser 500 personnes à Laval: donnez-moi une heure et
mon organisation va vous sortir cela. On a 7000 membres dans le parti. C'est un
jeu d'enfant. Mais quel est le pourcentage grâce auquel je serai
convaincu et les gens seront convaincus que ce n'est pas la queue qui
mène le chien? Est-ce qu'on tolérerait que 5 % d'objectants dans
le droit, des compagnies... C'est juste l'obligation de s'inscrire au registre,
mais cette obligation en amène une autre où vous pouvez voter un
règlement de 750 000 $. Et, de fait, c'était un règlement
de 2 000 000 $, et pour valider ce règlement de 2 000 000 $, il a fallu
que j'aie recours à un référendum de 1 000 000 $.
Trouvez-moi la logique du geste des gens s'ils me disent: Je ne m'oppose pas,
je demande que la population soit consultée.
On peut faire des travaux de 100 000 000 $ en assainissement et cela
n'est pas contesté, mais on arrive sur un projet qui peut donner un
certain éclairage à la municipalité, ou encore dans les
six mois qui précèdent une élection on réunit 500
personnes, et plus rien ne marche, vous venez de bloquer l'appareil.
Jusqu'à quel point doit-on demander, de la part des opposants,
quel nombre doit-on demander? Ce n'est pas un vote, ce n'est pas un
règlement de zonage où on demande juste aux gens aux alentours,
c'est l'ensemble de la ville. Par la loi, vous dites que tout électeur,
toute personne domiciliée, papa, maman et les enfants de plus de 16 ans,
ont le droit... C'est bien facile. Rendez ce droit d'objection suffisamment
difficile à exercer, et cela jusqu'au point où on ne puisse plus
avoir cet abus de droit, qu'on puisse contrôler l'abus de droit.
M. le ministre, je pense que vous en avez vécu des
référendums. Plusieurs maires viennent vous parler de
référendums. Dans l'histoire politique j'en ai vécu un par
mois pendant deux ans, et cela n'a rien changé au bout parce que quand
l'élection s'est tenue on s'est tous fait réélire, mais
que reste-t-il au bout de cela? C'est un gaspillage d'argent, c'est un
gaspillage d'énergie. C'est susciter des passions qui n'ont pas leur
raison d'être.
Si vous mettez 5 %, remarquez que 5 % à la ville de Laval, cela
vous donne déjà 10 000 personnes. En tout cas, le chef de
l'Opposition va devoir travailler un peu plus fort. À 2 %, 4000, je
pense que s'il donne un bon coup il va y aller. M. le ministre, à 5 % je
réglerais.
Le Président (M. Rochefort): Il y aura séance de
signature de l'entente après la commission.
M. Bourbeau: M. le Président, ma question au maire de
Laval était uniquement pour tenter de sonder le terrain. Je pense que
sur les principes, nous sommes d'accord qu'il y a une certaine injustice
créée. En ce qui concerne les modalités, au cours des
prochaines semaines, on verra comment faire pour maintenir une situation juste
et équitable entre, d'une part, le droit des municipalités de
fonctionner normalement sans trop d'obstruction et le droit de l'opposition de
surveiller les administrations municipales et dans certains cas de pouvoir
être consultée.
M. le maire, MM. les membres de Laval, on vous remercie de votre
contribution. Votre mémoire est extrêmement intéressant et
il est même coloré à certains égards. Je pense que
c'est une contribution très valable aux travaux de cette commission.
Merci.
M. Lefebvre (Claude): M. le Président, M. le ministre, je
vous remercie de nous avoir entendus. Peut-être me permettriez-vous juste
deux ou trois commentaires?
Le Président (M. Rochefort): M. le maire, si c'étaient des
commentaires de conclusion, on devrait peut-être permettre au
député de Jonquière d'adresser un certain nombre de
questions. C'est un autre membre
de votre confrérie, un ex-membre.
M. Dufour: Même si on ne traite pas... Ne pas avoir connu
le maire de Laval, je serais un peu mai à l'aise en disant: On ne traite
pas avec l'opposition. Je me sens bien à l'aise parce que l'opposition,
c'est souvent le pouvoir.
Des voix: Oh! Oh!
M. Lefebvre (Claude): ...
M. Dufour: M. le maire de Laval, je peux vous dire que je suis
heureux de vous rencontrer aujourd'hui. On aurait pu se rencontrer dans
d'autres circonstances, mais il demeure que cela rappelle la bonne
période et surtout de bons souvenirs.
Je voudrais revenir, M. le maire, à ce que vous disiez lorsque
vous suggériez qu'on puisse élire un maire à travers un
parti politique qui pourrait venir de l'extérieur du conseil, si j'ai
bien compris. Vous disiez: Si, en cas de décès du maire, on
pouvait avoir une période de probation ou de mise en candidature, le
collège électoral des conseillera dûment élus
pourrait à ce moment-là élire cette personne. Vous dites
qu'il y a un collège électoral, mais le collège
électoral est aussi, puisqu'il y a des partis politiques,
conditionné assez régulièrement - et c'est souvent - par
les partis politiques. J'aurais peur que vous étendiez cela en dehors du
conseil municipal. Personnellement, je verrais peut-être, à
l'intérieur du conseil, des gens qui sont déjà
élus, qui ont déjà été élus, qui
pourraient prétendre jouer ce rôle pendant un certain temps.
Puisqu'on parle de façon générale, je pense bien que la
ville de Laval... C'est cela le problème. Quand on parle des grosses
municipalités par rapport aux petites, ce n'est pas le même
phénomène qui va jouer. Ce sont les mêmes règles du
jeu, mais c'est tellement disproportionné au point de vue
monétaire.
Vous parlez de 1 500 000 $; c'est beaucoup d'argent. En tout cas, pour
la plupart des municipalités du Québec, ce serait beaucoup
d'argent. On peut dire que cette proposition que vous avez avancée, si
c'était parmi les conseillers élus, à ce moment-là
le processus n'est pas tellement grave puisque le maire étant choisi
parmi les conseillers - c'est simplement à titre d'exploration - il
pourrait y avoir une élection de conseiller à un poste comme tel
et, à ce moment-là, cela change complètement l'aspect
monétaire. Mais, au départ, cela permet à des gens qui ont
déjà été élus au moins une fois et envers
qui les gens ont moins d'appréhension parce qu'ils ont eu le temps
d'agir à quelques reprises soit comme maire suppléant, soit
à l'intérieur d'un parti, soit s'être prononcés...
Les gens les connaissent un peu mieux. Je trouve que la proposition pourrait
être examinée sûrement par les grosses
municipalités.
M. Lefebvre (Claude): En fait, ce que vous proposez, M. Dufour,
c'est la charte originale de Laval qui le prévoyait.
M. Dufour: Vous vous inscriviez... (16 h 45)
M. Lefebvre (Claude): Non. C'est-à-dire que je le faisais
et c'était bien plus par souci de dire... Si c'est un collège
électoral, essayons de choisir la meilleure personne disponible et il se
peut qu'elle se trouve à l'extérieur du conseil. C'est bien
sûr que parmi les membres du conseil, si vous voulez le résumer
là, je n'y vois pas d'objection. J'essayais de trouver une
méthode de dire où vraiment il y a quand même une
possibilité pour le conseil de procéder à une
élection comme grand électeur. S'ils ne le veulent pas, de
recourir à la population en dernier lieu. Si vous pensez qu'un
conseiller municipal qui a 15 à 20 ans d'expérience pourrait
accomplir la fonction de maire. D'ailleurs, la charte de la ville de Laval, en
1965, prévoyait justement cette chose, où on remplaçait le
maire par une décision du conseil. D'ailleurs, les conseillers
étaient également remplacés par décision du
conseil. On a eu, je pense, trois cas de décès qui ont
été remplacés par vote du conseil.
M. Dufour: Est-ce que cette charte existe encore?
M. Lefebvre (Claude): Non. Elle a été
modifiée à un moment donné par la loi
générale qui est venue enlever ce pouvoir à la ville de
Laval qui ne l'a pas redemandé.
M. Dufour: Elle n'est pas appliquée. En tout cas, il y a
peut-être aussi... Vous m'avez répondu tout à l'heure que
vous avez eu beaucoup de référendums. C'est vrai qu'il y a
quelqu'un qui tout à l'heure a ouvert une piste qui pourrait s'explorer,
à savoir que si d'une part... Il y a une démarche tout de
même pour une personne qui va signer un registre. C'est une
démarche presque aussi importante, à mon point de vue en tout
cas, que pour la personne qui va voter. Cette personne qui a signé le
registre, à mon sens, va aussi aller voter. D'une façon ou de
l'autre, elle est déjà compromise ou commise par rapport à
une démarche.
Je me demandais si, vis-à-vis des référendums, vous
avez réglé le cas à Laval, vous en avez faits pendant deux
ans et vous n'en faites plus.
M. Lefebvre (Claude): Non, ce n'est pas de la ville de Laval que
je parlais. Je parlais de l'ancienne ville de Duvernay.
M. Dufour: Ah! c'est dan9 une autre municipalité. Â
Laval, actuellement, est-ce que vous avez beaucoup de
référendums?
M. Lefebvre (Claude): On ne peut pas y aller en
référendum.
M. Dufour: Vous ne pouvez pas y aller.
M. Lefebvre (Claude): J'en ai eu une demande» On pourrait
même en faire d'autres. On n'y va pas pour une raison fort simple,
pensez-vous qu'on va dépenser 1 000 000 $ pour savoir qui a raison?
M. Dufour: Ce qui veut dire que chaque fois que voua avez une
demande de référendum, vous n'y allez pas
systématiquement. Vous oubliez le projet?
M. Lefebvre (Claude): Vous voyez, le dernier règlement,
c'était 2 200 000 $, à peu près cela, incluant les frais
de financement, etc., et cela coûtait 1 000 000 $ pour faire un
référendum plus... Vous allez comprendre que si j'embarque dans
un référendum, ce n'est pas pour le perdre. Je vais mettre des
efforts sur ces choses. On a suffisamment d'ouvrage à faire, on n'a pas
le temps de s'occuper de cela. On laisse tomber.
M. Dufour: Donc à ce moment...
M. Lefebvre (Claude): On laisse tomber.
M. Dufour: Vous laissez tomber le projet.
M. Lefebvre (Claude): C'est cela.
M. Dufour: M. le ministre, je pense qu'on n'a pas... Vous avez
sûrement un problème qui mérite d'être exploré
plus longuement.
M. Lefebvre (Claude): En fait, vous savez, M. le
député de Jonquière, est-ce que vous pourriez
considérer qu'un maire est élu vraiment légitimement s'il
y avait 5 % ou 10 % de la population qui se prononçait à un
moment donné? C'est un peu cela.
M. Dufour: Je pense que... Je ne répondrai pas à la
question ou je vais peut-être répondre d'une façon
indirecte. C'est évident qu'un maire et un conseil municipal sont
élus pour gouverner, pour décider. Je ne peux pas changer de
chapeau demain matin en disant: Ce n'est plus vrai cette question.
M. Lefebvre (Claude): Même pour l'élection d'un
maire, si vous me permettez un autre argument qui me revient à la
pensée. Il est arrivé que des premiers ministres disparaissent,
décèdent, et on les a remplacés. Pourtant, il me semble
qu'un premier ministre, c'est plus important qu'un maire, et vous avez
trouvé un processus parfaitement démocratique pour le faire. En
fait, ce sont des grands électeurs jusqu'à un certain point.
M. Dufour: À l'exception que ce n'est pas le même
régime, le provincial et le municipal.
M. Lefebvre (Claude): Sauf que vous remarquez que la loi, de plus
en plus, nous amène au régime des élus provinciaux.
M. Dufour: Je peux vous dire une chose. J'ai une réflexion
que j'ai faite ce matin justement à ce sujet. Est-ce qu'on doit
nécessairement provincialiser le municipal ou lui donner ses
particularités? Il y a un prix quand on veut ressembler à tout le
monde. Cela va. Je vous remercie. Je vous réitère le plaisir que
j'ai de vous rencontrer.
M. Lefebvre (Claude): Moi aussi.
Le Président (M. Rocnefort): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le maire, je pense que vous aviez
quelques notes de conclusion à nous faire.
M. Lefebvre (Claude): Dans la lettre que j'avais envoyée,
qui accompagnait mon mémoire, je mentionne également les points
qui n'ont pas été touchés. Évidemment, les
représentations que j'ai faites ne s'adressent qu'au contenu du projet
de loi 100, mais je souhaitais une très prochaine loi pour traiter d'un
problème qui... C'est toujours un peu gênant d'en parler parce
qu'on est en cause. C'est la question de la rémunération, des
fonds de retraite et de ces choses. Disons qu'après une période
de huit ans comme maire à temps plein, là je parle pour les
maires à temps plein, qui doivent quitter leur profession... Et on a eu
l'exemple chez nous de M. Tétreault qui était avocat et qui a
dû revenir à sa profession, mais qui n'a pas pu revenir à
cette profession. Nous avons eu l'exemple du Dr Paiement qui m'a
précédé et qui n'est pas revenu à sa
profession.
Pour combien de temps vais-je durer? Le plus longtemps possible, bien
sûr, mais il reste qu'il va arriver un moment... Comment pourrais-je
retourner à ma profession d'avocat? Je dois vous dire que cela va
certainement prendre un temps, sans compter tous les enjeux politiques qui
viennent se greffer: ceux qui faisaient affaires avec vous, si c'est le parti
d'Opposition qui a gagné, ils seront moins aptes à faire affaires
avec vous. Ce sont tous des petits jeux, vous les connaissez, vous avez ce
sentiment, ce pif politique. À mon sens, on devrait y voir, un peu comme
on y voit à l'Assemblée
nationale, en disant: Est-ce qu'on va payer un an?
Question des fonds de retraite. C'est bien sûr qu'il ne faut pas
attendre après cela pour vivre, mais je ne pense pas déshonorant
d'en parler. En tout cas, personnellement, à l'âge de 60 ans,
après huit ans de travail -je pense que j'y mets mon coeur, j'y mets mon
temps - j'aurai droit à la grosse pension, selon les chiffres actuels,
à une pension de 7200 $ par année. C'est bien sûr que je ne
compte pas là-dessus pour vivre et je ne viens pas quêter. Mais,
si je regarde la situation qui est faite à d'autres maires, je pense -
je ne veux pas défendre sa cause, il est bien capable de la
défendre tout seul: M. Drapeau et plusieurs autres maires aussi -que
c'est un peu dérisoire. Si je le calcule, cela donne à peu
près 1,5 % par année de service et on n'a pas de garantie
d'emploi; personne ne nous a encore syndiqué, et il n'y a pas de liste
d'ancienneté chez nous. Cela donne 1,5 %. Et vos travailleurs chez vous
ont toujours 2 %. Cela m'apparaît illogique.
Cependant, il y avait déjà une formule qui existait quand
on voulait attirer des gens dans la haute fonction publique. On leur donnait
pendant un certain nombre d'années une pension
accélérée, dans le cas des sous-ministres en particulier.
Je pense qu'on devrait réviser cette chose-là, y penser
sérieusement. Ce qu'on donnait par exemple, c'était
l'équivalent de 4 % par année, pendant un certain nombre
d'années. Si vous prenez un maire qui aurait 4 % pendant huit ou douze
ans et mettez un maximum de 60 %, il reste que M. Drapeau pourrait retirer
à peu près 60 %, 65 % ou 70 % de sa pension, ce qui n'est pas
différent de ce qu'un honnête employé retire quand il a
travaillé. Pourquoi devrait-on traiter différemment les
élus? Là, je ne parle pas pour moi, parce que je serais juste
dans ma cinquième année. Mais, quand je regarde un
collègue qui a passé 25 ans de sa vie là - je ne parlerai
pas de mendicité, mais peut-être pas... Il faut y penser
sérieusement.
Au niveau de la rémunération également, c'est la
même chose. Il n'y a aucune différence qui est faite à
l'intérieur de la loi entre un maire à plein temps et un maire...
Comment peut-on savoir si un maire est à plein temps? Peut-être
pas par un chiffre de population, mais je pense que dans les faits, en tout
cas, les gens du milieu se connaissent là-dessus. C'est toujours
très difficile.
Par votre règle d'un tiers, deux tiers, trois tiers, si vous
voulez avoir un salaire qui a de l'allure pour un maire à plein temps et
des membres du comité exécutif à plein temps, cela fait un
salaire qui n'a pas d'allure pour des conseillers municipaux qui viennent une
ou deux fois par mois. Je ne vous conterai pas de mensonges, un conseiller
municipal à la ville de Laval a moins d'ouvrage à faire qu'un
conseiller municipal dans une petite municipalité, parce que le
conseiller d'une petite municipalité c'est un membre du comité
exécutif. Cela ne se réflète pas dans la loi. Il faudrait
peut-être penser dans les cas de permanence à la règle un,
deux, trois, quatre. Parce que pour augmenter le salaire du maire, si je suis
obligé d'augmenter tous les conseillers municipaux, cela vient juste
multiplier le problème, et à ce moment-là, par mesure
d'économie, vous ne le faites pas. Vous êtes au salaire minimum
tout le temps, et parfois vous tombez en bas du salaire minimum, comme cela va
tomber chez nous.
C'est bien sur que quant à moi, je n'aime pas bien parler de
cela; j'ai trop d'orgueil. Mais là, j'ai pilé un peu sur mon
orgueil pour en glisser un mot au ministre, et je pense qu'il vous appartient
de peut-être fixer dans la loi des barèmes qui feront
qu'automatiquement... Je n'aimerais pas être obligé de me voter
plus que la loi me permet, que le minimum que la loi me permet. Quand j'ai
regardé - j'ai lu la Presse comme vous autres - quand j'ai
regardé cela, j'ai dit: "Coudons, tu as l'air d'un enfant pauvre." Et il
y en a bien d'autres qui sont également dans la même situation. On
a bien autre chose à faire que de se battre pour cela.
Je vous raconte une anecdote en passant. La première année
on s'est voté une légère augmentation. Dans un centre
commercial, il y a un de mes citoyens, supporteur en plus, qui était
membre de mon parti et qui est venu m'engueuler devant le monde. Vous savez
que, quand quelqu'un engueule un maire, tout le monde se réunit autour -
pour les augmentations de salaire qu'on venait de se voter, de 4 % alors que le
coût de la vie avait augmenté de 11 % -j'ai pris 0,25 $, je lui ai
donné et j'ai dit: "Garde le change". Car cela lui coûtait
exactement 0,20 $. Pourtant, il y a des municipalités voisines qui
paient 1,31 $ depuis ce temps. C'est difficile.
Peut-être qu'en établissant une règle, dire que
quand c'est à plein temps le maire peut gagner quatre fois le salaire
d'un conseiller municipal, il n'y aurait plus de problème. Mais la
règle du un, deux, trois est assortie à ce moment-là...
Moi, je vous dis: Un, deux, trois et quatre, allons-y donc! Je sais que ce
n'est pas dans le projet de loi 100. Peut-être que ce sera dans le projet
de loi 101.
Le Président (M. Rochefort): C'est un numéro
populaire pour faire des lois.
M. Lefebvre (Claude): D'ailleurs, M. le député de
Jonquière, vous parliez de l'Opposition. La politique a ce vilain
défaut de finir éventuellement par ramener au pouvoir les gens de
l'Opposition, ce que les
gens du pouvoir veulent contester pendant le plus grand temps
possible.
Le Président (M. Rochefort): M, le maire, M. le greffier,
M. le directeur...
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais...
Le Président (M. Rochefort): Oui.
M. Bourbeau: À la suite des remarques du maire, est-ce que
je pourrais dire quelques mots? Ce ne sera pas très long.
Le Président (M. Rochefort): Oui, allez-y, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Le maire de Laval vient de soulever un autre point
qui mérite quand même une certaine réaction de la part du
ministre des Affaires municipales. Le maire de Laval dans sa lettre de
transmission avait parlé de ces deux points: le problème de la
rémunération des élus et de leur fonds de retraite. Bien
sûr, cela ne fait pas l'objet du projet de loi ici, c'est pour cela qu'on
n'en parlera pas très longtemps, sauf qu'il y a lieu de souligner
qu'effectivement je félicite le maire d'avoir - si je peux dire - le
courage de parler de ce problème parce que ce n'est pas très
populaire que d'avoir à plaider sa propre cause. En fait, ce n'est pas
tellement sa propre cause qu'il plaide que celle de tous les maires et de tous
les élus du Québec. J'aimerais seulement signaler ou
déclarer que j'ai déjà demandé aux hauts
fonctionnaires du ministère de s'occuper de ce problème en
priorité. Nous sommes en train de revoir, si je peux dire, la
façon de procéder pour tenter de régler le problème
des fonds de retraite dans les meilleurs délais.
En ce qui concerne le problème de la rémunération
des élus, c'est aussi un problème que je considère
important. Je pense que les élus municipaux ont droit à une juste
rémunération. II est fort possible qu'actuellement il y ait des
injustices - c'est peut-être même probable - à l'endroit de
certains en ce qu'ils ne sont pas suffisamment rémunérés
et probablement que d'autres le sont trop. Je peux simplement indiquer que
c'est mon intention ferme de me préoccuper de ces deux problèmes
à court terme. J'aimerais penser que d'ici à quelques mois on
sera en mesure de commencer à apporter des solutions è ces deux
problèmes.
En ce qui concerne la ville de Montréal - vous avez parlé
tout à l'heure de la ville de Montréal - je crois qu'ils ont
l'intention de déposer un projet de loi privé que possiblement
nous pourrions accueillir favorablement. Merci.
M. Lefebvre (Claude): C'est moi qui vous remercie, M. le
ministre.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le maire, M. le
greffier, M. le directeur général, de votre présence parmi
nous et de votre contribution positive et constructive à nos travaux.
Merci. J'inviterais maintenant les représentants du Rassemblement
populaire de Québec à se présenter à la table des
témoins, s'il vous plaît. On ne veut pas perdre de temps. On prend
de l'avance. Si vous permettez, avant d'entreprendre on va suspendre deux
minutes...
(Suspension de la séance à 16 h 59)
(Reprise à 17 h 8)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend ses travaux. Nous avons devant nous les représentants du
Rassemblement populaire de Québec à qui je souhaite la bienvenue.
Je vous demanderais, pour le Journal des débats et pour le bon
fonctionnement de la commission de vous présenter, s'il vous
plaît, de même que la personne qui vous accompagne.
Rassemblement populaire de Québec
Mme Lacroix (Lise): Mon nom est Lise Lacroix. Je suis
présidente du Rassemblement populaire; à ma droite, vous avez Me
Gilles Grenier qui est le rédacteur du mémoire et membre du
Rassemblement.
Le Président (M. Rochefort): Bienvenue parmi nous. Sans
plus tarder, je vous demanderais de nous présenter le mémoire que
vous nous avez soumis.
Mme Lacroix: M. le Président, M. le ministre, mesdames et
messieurs les membres de la commission, pour le Rassemblement populaire, le
projet de loi 100 revêt une importance considérable. En effet,
pour nous, ce projet de loi s'inscrit dans une volonté gouvernementale
de réformer l'ensemble du droit du secteur municipal et manifeste une
volonté certaine d'améliorer le système électoral
en place. Né il y a une dizaine d'années, le Rassemblement
populaire de Québec a comme objectif fondamental dans son programme de
promouvoir l'exercice d'une saine et réelle démocratie
municipale. Or, dans ce sens-là, on se réjouit de la
préoccupation de l'actuel gouvernement quant à la révision
du droit électoral dans le secteur municipal.
Nous tenons donc à exprimer notre satisfaction de voir ce dossier
progresser et à assurer notre appui au gouvernement quant
à ce projet de loi qui cherche à favoriser une meilleure
expression du vote de la population. À ce titre-là, nous
souhaitons que l'Assemblée nationale du Québec soit saisie le
plus rapidement passible du résultat de vos travaux et que soit
achevé le processus d'adoption de ce projet de loi.
Les principaux principes, je dirais, qui nous guident dans le
mémoire que nous vous présentons aujourd'hui sont les suivants.
D'une part, pour nous, l'exercice d'une démocratie en milieu municipal
demande que les règles du processus électoral soient claires,
cohérentes, qu'elles favorisent l'expression démocratique du plus
grand nombre de façon à rassurer la population sur
l'honnêteté du scrutin lui-même et des représentants
qui seront élus et qu'elles conduisent à la représentation
la plus juste possible des intérêts souvent divergents qui
composent la société.
Avant de vous faire des propositions ou des commentaires sur un certain
nombre d'articles, nous voudrions vous faire un certain nombre de commentaires
généraux qui témoignent de ce que nous trouvons positif
contrairement à ce qu'on pense en général d'un parti
d'opposition qu'on qualifie toujours de "criticailleux" ou de "chiâleux".
Nous avons un certain nombre d'éléments positifs à vous
exposer quant à ce projet de loi.
Dans un premier temps, nous trouvons qu'il est écrit de
façon claire et facile à comprendre, les articles sont explicites
sans être longs, et on y trouve un souci d'accessibilité dans la
rédaction législative qui mérite d'être
relevé. Il constitue aussi pour nous un réel effort dans le sens
d'une plus grande cohérence des lois électorales et cet effort se
manifeste pour nous de trois manières. D'une part, le regroupement dans
une seule loi de l'ensemble des règles régissant Ies
élections et les référendums dans les
municipalités, d'autre part, l'adoption d'un mécanisme
électoral commun à toutes les municipalités du
Québec et, troisièmement, l'adoption de règles
électorales au niveau municipal qui se rapprochent des règles
sanctionnées dans la Loi sur les élections de 1984.
Pour nous, ce souci d'uniformisation des lois électorales nous
semble susceptible de permettre à tous les intervenants de devenir plus
familiers avec une façon uniforme de procéder, et cela, partout
au Québec. De plus, les imprécisions inévitables des
textes de loi pourront plus facilement être clarifiées puisque les
directives et opinions du Directeur général des élections,
la tradition et les interprétations judiciaires pourront être
appliquées à tous les niveaux.
Nous allons passer maintenant à la revue d'un certain nombre
d'articles du projet de loi sur lesquels nous avons des commentaires.
Là-dessus, je vais laisser la parole à mon collègue, Me
Grenier.
M. Grenier (Gilles): J'ai la partie un peu plus négative
du mémoire à vous présenter, c'est-à-dire
qu'après les louanges et l'appui qu'on vous apporte, on voudrait
signaler ce qui me semble être quelques lacunes, bien normales à
ce stade-ci du processus, qui pourraient, je pense, être facilement
corrigées sauf, peut-être, quelques petites questions qu'on a
gardées pour la fin du mémoire.
On a parlé de concordance, de cohérence dans les lois et
on vous a expliqué qu'il était important pour nous qu'il y ait
une certaine cohérence, entre autres avec le palier provincial. Je
rejoins un peu M. Francis Dufour dans l'une de ses interrogations
là-dessus. Je donne un exemple de concordance qu'il pourrait être
facile, à notre avis, de corriger: il s'agit de l'heure d'ouverture des
bureaux de scrutin, à l'article 211, qui est différente de celle
du niveau provincial. On se demande pourquoi. Et il nous semble qu'à ce
titre on pourrait facilement, sans rien bouleverser, aller un peu plus loin
dans le sens de cette cohérence. Notre mémoire contient
également d'autres exemples de ce type que je ne répéterai
pas aujourd'hui, mais j'invite la commission à les lire de façon
à assurer le plus possible quant à nous, quant au
déroulement du scrutin, un processus électoral semblable aux
niveaux provincial et municipal.
Les principaux points que nous voudrions aborder commandent cependant
des principes un peu plus importants. Les articles 49 et 56, par exemple. Nous
avons conservé dans le projet de loi 100 le vote des personnes qui ne
sont pas nécessairement des personnes physiques, qui résident sur
le territoire de la municipalité. On sait qu'au niveau provincial, pour
toutes sortes de raisons qui tiennent à la nature de la
géographie, il n'y a que les personnes physiques qui votent. On pose la
question à cette commission parlementaire: Pourquoi conserver au niveau
municipal le vote de places d'affaires, de personnes qui sont en affaires, ou
de locataires qui ne résident pas sur le territoire de la
municipalité? Nous pensons que le processus électoral
évolue vers ce qu'on appelle au niveau municipal le concept de la
valeur, qui était très présent dans nos lois il y a
quelques années, vers un concept davantage rattaché à la
personne comme élément de qualification du vote. Dans ce sens, on
aimerait que la commission parlementaire retienne la suggestion d'aller encore
un peu plus loin dans le sens de la disparition d'une sorte de cens
électoral qui se rapproche de la personne et de la personne qui
réside sur un territoire, car c'est elle qui, en premier lieu, est
intéressée à l'aménagement, au développement
de cette
municipalité. Cela a également l'avantage de clarifier,
parce qu'on sait qu'à chaque élection, il y a toujours une annexe
supplémentaire. Et on sait qu'en général, les gens ne
votent peut-être pas nécessairement beaucoup. Ce n'est pas, je
pense, une suggestion qui 9oit tellement révolutionnaire que de
continuer dans le sens d'un accent davantage mis sur la personne plutôt
que sur la valeur.
L'autre point sur lequel on voudrait insister, c'est l'article 68, qu'on
mentionne à la page 7 de notre mémoire, qui dit que le greffier
ou le secrétaire d'élection, le
secrétaire-trésorier est d'office directeur du scrutin. Nous
comprenons fort bien le souci du gouvernement actuel ou de tout autre
gouvernement qui serait à votre place de réaliser des
économies et de respecter une certaine tradition, puisque c'est comme
cela que cela se faisait. Toutefois, puisqu'on profite d'une réforme de
cette envergure, nous pensons que le processus électoral doit être
le plus possible, en autant que c'est humainement possible, exempt de toute
inference qui prête flanc à certaines critiques concernant
l'impartialité. Or, le fait de désigner d'office, comme directeur
de scrutin, une personne qui oeuvre généralement avec les
élus, qui, dans les plus petites municipalités, est fort bien
connue comme greffier, puisqu'il rencontre régulièrement des gens
pour leur compte de taxes ou d'autres questions, est susceptible - je
pèse mes mots parce que cela ne veut pas dire qu'il y a des
problèmes majeurs - de prêter le flanc à cette règle
de l'impartialité. L'apparence de l'impartialité est souvent
aussi importante en droit que l'impartialité elle-même.
Nous avons choisi un moyen terme, conscients des problèmes
pratiques que cela pourrait causer dans de plus petites municipalités.
Nous faisons la suggestion dans notre mémoire que pour les villes les
plus importantes - nous retenions le chiffre de 100 000 car il semble
correspondre à une norme véhiculée
généralement dans la loi -pour les villes de 100 000 habitants et
plus, un mode différent de nomination du directeur de scrutin pourrait
être choisi et nous faisons la suggestion de se rattacher à un
organisme qui devient une institution chez nous, le bureau du directeur
général du scrutin.
L'autre point qui nous semble fort important est celui du chapitre de la
confection de la liste électorale. On voulait rappeler à cette
commission qu'à la dernière élection municipale, il y
avait eu ici, à Québec, un problème qui s'était
posé par la tenue assez rapprochée dans le temps des deux
élections provinciales et municipales, la nôtre ayant eu lieu le
17 novembre. Évidemment, il y avait eu deux équipes de recenseurs
et beaucoup de personnes ont cru qu'elles étaient inscrites sur la liste
électorale municipale - alors qu'elles ne l'étaient pas - parce
qu'une personne était venue chez elle. Peut-être est-ce vice versa
au provincial mais je n'ai pas eu è le vérifier; étant
candidat municipal à l'époque, je me suis davantage
préoccupé de mon élection.
Ce problème pourrait être facilement corrigé, parce
qu'il n'arrive pas si souvent que des élections soient conjointes, en
inscrivant dans un article ajouté au projet de loi des pouvoirs
supplémentaires au directeur général de scrutin de
décider de ne tenir qu'un recensement, quitte à ce qu'il y ait
sur les fiches d'inscription un casier supplémentaire de
résidence, ce dont on n'a pas besoin pour le provincial.
L'autre remarque que nous avions à faire sur la confection de la
liste électorale, c'est l'aspect un peu laconique du projet de loi 100
sur le sujet par rapport à ce qu'on a constaté dans la loi
électorale provinciale qui, elle, sur ce sujet, est beaucoup plus
explicite, qui va dans les détails. On s'est demandé pourquoi. Il
n'y a certainement pas de problème de rédaction ou à
trouver des mécanismes puisque les mécanismes provinciaux sont
facilement transposables. Je donne des exemples: On ne dit pas comment seront
choisis les recenseurs alors que dans les premières parties du projet de
loi, on dit que le jour du scrutin, le greffier, le directeur du bureau de
scrutin sera choisi par suggestion du parti majoritaire et du parti
minoritaire. On fait la même chose au provincial pour le recensement et
on omet de le faire dans le chapitre concernant la confection de la liste
électorale.
Nous suggérons donc à cette commission de transposer, pour
autant que cela soit passible et en faisant les adaptations nécessaires
dans le texte, cette mécanique qui est bien rodée au provincial
et qui, dans les faits, au moins ici à Québec, se ressemble assez
en tout cas pour que cela ne crée pas un bouleversement, afin
qu'à l'avenir la mécanique de recensement étant la
même aux deux paliers, il y ait encore davantage de cohérence, de
simplification du processus.
Nous avons également attiré votre attention sur l'article
112 du projet de loi parce que cet article laisse au directeur du scrutin la
possibilité, la faculté de faire distribuer à chaque
domicile la liste électorale une fois le recensement
complété. Nous aimerions qu'il y ait une obligation. C'est ce qui
existe au provincial, il y a obligation d'envoyer la liste électorale du
bureau de scrutin à tous les électeurs; c'est notre premier
choix. Nous nous sommes dit toutefois que s'il y avait des problèmes de
coût - ce qui est possible, on ne les a pas analysés - il y avait
au moins la possibilité d'envoyer un avis personnel d'inscription. Cela
n'a pas tous les avantages des listes
électorales, puisqu'on n'envoie pas d'avis d'inscription à
ceux qui n'y sont pas et le processus est justement pour alerter ceux qui n'y
seraient pas, mais au moins ceux qui le sont auraient la sécurité
d'y être. Un avis personnel d'inscription avec évidemment une
certaine information quant au processus de révision des listes. Si on
apprend que quelqu'un n'a pas été inscrit, on aurait une certaine
information comme cela se fait avec la liste électorale au niveau
provincial.
L'autre point sur lequel je voudrais attirer rapidement l'attention,
c'est l'article 146 qui concerne le colistier pour les villes de 500 000
personnes et plus. Là, je rejoins une interrogation de tout à
l'heure du député de Jonquière à savoir qu'il nous
semble que l'on devrait davantage se rapprocher d'un processus électoral
qui ressemble davantage à ce qui se passe au niveau provincial de sorte
que notre position en tant que parti dans le programme, c'est de
suggérer un régime parlementaire également pour le niveau
municipal. On n'en est pas rendu à suggérer le régime
présidentiel au niveau provincial.
Toutefois, si la réforme d'un régime parlementaire au
niveau municipal se révélait impossible dans le cadre de ce
projet de loi, à cette étape-ci, il nous semble évidemment
que la solution du colistier est un pis-aller acceptable dans la mesure
où elle permet, dans les villes les plus importantes, de structurer
à la longue une opposition. Nous sommes bien placés pour vous le
dire: à chaque élection municipale nous avons
l'inconvénient de voir décapiter notre parti. Nous avions un
conseiller qui avait siégé cinq ans à la ville de
Québec, M. Pierre Mainguy, qui avait fait un excellent travail. Nous
l'avons choisi comme porte-parole à la mairie et, à cause du
régime présidentiel, M. Pelletier a gagné et M. Mainguy
n'est plus conseiller et évidemment pas à la mairie, de sorte que
nous avons écarté, je pense, de la scène municipale, un
homme qui avait fait ses preuves, qui avait déjà cinq
années d'expérience et qui pouvait aider autour de lui à
structurer une opposition.
Donc, les colistiers devraient, quant à nous, être
étendus à tout le moins aux villes de 100 000 habitants et plus
qui incluraient Laval, peut-être au grand déplaisir de mon
prédécesseur. Quant à nous, nous pensons également
que Québec serait inclus.
Une petite remarque qui vaut pour l'article 287 et qui vaut
également pour l'article 454. C'est que, dans un très grand souci
de démocratie dans ce projet de loi, on a dit, ce avec quoi nous sommes
d'accord bien sûr, que lors d'un scrutin il ne pouvait pas y avoir de
manifestation partisane dans un bureau de vote. Nous sommes entièrement
d'accord avec cela. On prend la peine de définir qu'un bureau de scrutin
se définit comme tous les lieux qui s'étendent dans un rayon d'un
kilomètre d'un bureau de scrutin.
Si vous faites un calcul, je pense que toute la ville de Québec,
le jour du scrutin, est un bureau de scrutin. Je pense que tout le territoire
habité du Québec, à l'exception peut-être de
quelques rangs dans les campagnes, est un territoire habité du
Québec. Un kilomètre de rayon dans une ville comme
Montréal, Laval, Québec et même Dolbeau au Lac-Saint-Jean,
cela couvre tout le territoire.
Nous pensons que ce luxe de précision -parce que je suis d'accord
qu'une loi doit être précise et claire - semblable
entraînera d'autres inconvénients parce qu'on sait tous, on fait
de la politique, que le jour du scrutin est important pour faire sortir le vote
et qu'il y a des machines électorales en marche sur le terrain pour
appeler, téléphoner. Mes maisons téléphoniques
étaient évidemment dans le bureau de scrutin à la
dernière élection.
Je pense que la loi provinciale qui est relativement floue, puisqu'elle
ne définit pas, est suffisamment claire pour laisser au directeur de
scrutin de chaque circonscription, donc de chaque ville, la possibilité
de prendre une décision relativement circonstanciée à
telle école. Nous avons réfléchi quelque temps entre nous
pour vous suggérer une balise, mais je pense que c'est très
difficile, puisqu'il y a des écoles qui ont des cours beaucoup plus
grandes que d'autres, des centres d'accueil qui n'ont pas de cour. Donc, de
suggérer 200 ou 300 mètres, ce sera toujours de la foutaise. Je
pense que c'est un cas où il n'est pas dramatique de laisser à un
directeur de scrutin le soin de prendre une décision s'il survient un
événement.
Je passe les autres remarques. J'en arrive à ce que je vais
appeler des oublis peut-être ou des oublis volontaires dans le projet,
c'est le remboursement des contributions à un parti politique
autorisé. Il existe au Québec depuis maintenant quelques
années une certaine pratique, au niveau provincial, de financement des
partis politiques, qui a fait ses preuves, je pense, non sans heurt parfois,
non sans luxe de précision ou d'imprécision, bien sûr, mais
une mécanique qui est en train de se roder, qui fait ses preuves et qui
commande d'ailleurs comme exigence de participation un degré qui nous
semble souhaitable même au niveau municipal.
Cette possibilité de contribuer existe également au niveau
municipal mais nous avons l'inconvénient, bien sûr, de ne pas
pouvoir offrir en prime une partie de retour d'impôt à ceux qui
veulent bien contribuer. Nous pensons que cette pratique devrait être
élargie, et la suggestion que nous faisons c'est d'amender les lois du
revenu, les lois de l'impôt ou la loi en conséquence, de
façon qu'il y ait une partie de la contribution... Nous suggérons
évidemment la
même proportion qu'au niveau provincial, toutes proportions
gardées, puisque c'est 750 $ qui est prévu dans le projet et 3000
$ pour l'autre. Je n'ai pas fait les calculs mathématiques, mais qu'une
proportionnelle en ce sens soit conservée de façon que nous
puissions déduire, nous aussi, de notre rapport d'impôt une partie
de notre contribution politique au niveau municipal.
L'autre chapitre qui nous tient à coeur, c'est celui des
référendums. Nous ne nous sommes pas tellement attardés
à examiner la structure ou la façon dont se fait le
référendum pour la bonne raison que Québec n'en a jamais
eu, n'en a pas de référendum et que le projet de loi que nous
avons devant nous ne nous en donne pas beaucoup plus. On nous donne certains
référendums facultatifs, décidés à la seule
instance du maire en place, puisque la charte de la ville de Québec est
totalement muette sur la question. Nous faisons le souhait et la suggestion,
bien sûr, que cette commission s'aventure sur le terrain de doter
Québec d'un outil éminemment démocratique, avec quelques
inconvénients dont on pourrait peut-être parler au moment des
questions et qui ont été avancés par le maire de Laval,
mais un outil éminemment démocratique, qui mérite sans
doute d'être balisé mais qui mérite surtout comme principe
d'être inscrit autant pour la ville de Québec que pour les autres
villes de la province de Québec.
Pour terminer, nous avons à peine voulu relancer un débat
qui a déjà fait couler beaucoup d'encre... c'est le mode de
scrutin. Nous avons dans notre programme un mode proportionnel, qui est
très discutable, qui est à discuter, mais c'est une forme de
proportionnelle qui existe. Au niveau provincial, il y a eu beaucoup de
débats qui n'ont pas forcément encore abouti. Nous n'oserions pas
prétendre, suggérer que, dans le projet de loi 100, soit mise une
forme quelconque de proportionnelle, mais nous voudrions profiter de l'occasion
pour inviter le parti maintenant en place qui occupe la position dominante
à ne pas se gêner à reprendre un certain débat au
niveau provincial. Nous y participerons volontiers sachant que si jamais vous
transformez en une quelconque proportionnelle le mode de scrutin au niveau
provincial, il y aura des répercussions chez nous.
C'étaient les quelques remarques qu'on voulait vous faire. Dans
l'ensemble, cela nous apparaît un projet de loi qui doit être
adapté et on espère que les recommandations qu'on vient de vous
faire seront également incorporées.
Merci de nous avoir entendus.
Le Président (M. Rochefort): Merci beaucoup. M. le
ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est un mémoire qui
est très intéressant, très fouillé et très
pertinent, je dois dire. Nous allons certainement, au cours des prochains jours
et des prochaines semaines, étudier encore davantage les suggestions qui
sont présentées par le Rassemblement populaire.
Pour le moment, je n'ai pas beaucoup de questions à poser, parce
que les sujets qui sont traités le sont d'une façon assez claire.
Il y a la question du remboursement des contributions à un parti
politique autorisé. La première version, la version du projet de
loi qui avait été présentée par l'ancien
gouvernement contenait des clauses qui traitaient de ce problème, et on
avait prévu que les municipalités devraient rembourser
elles-mêmes une proportion des contributions des citoyens et des partis
politiques autorisés ou même des candidats indépendants, je
crois. C'étaient des remboursements en espèces, car on ne pouvait
pas le faire par voie de crédits d'impôt, parce que les
locataires, évidemment, ne paient pas de taxes foncières
directement., Nous n'avons pas retenu cette suggestion et le nouveau projet de
loi ne contient pas ces clauses-là. Vous suggérez de revenir avec
des clauses semblables, mais, cette fois-ci, en transférant les
coûts des crédits au niveau provincial. Vous savez que ce n'est
pas actuellement la philosophie du gouvernement d'accepter des
responsabilités additionnelles. Je dirais même que la tendance est
plutôt inverse. Je ne pense pas que je puisse facilement convaincre le
ministre des Finances d'amender les lois fiscales de façon à
permettre aux contribuables de déduire de leur rapport d'impôt
provincial les contributions aux partis politiques municipaux, à moins
que le monde municipal n'accepte de rouvrir, si je puis dire, la réforme
de la fiscalité municipale au complet, auquel cas on pourrait
peut-être penser à annuler certains "en lieu" de taxes sur les
immeubles gouvernementaux. (17 h 30)
Pour ce qui est des référendums, vous touchez un point
sensible. Évidemment, la ville de Québec a toujours soutenu
qu'elle était dans une situation particulière à cause de
son rôle historique et de sa spécificité. Vous tenez un
langage différent en nous disant que la ville de Québec est une
ville comme les autres et qu'elle devrait être assujettie aux
référendums comme les autres. Je présume que, si jamais
vous êtes élu maire de Québec ou conseiller, possiblement
que vous pourriez changer de langage et venir nous convaincre que Québec
est une ville différente des autres. De toute façon, nous prenons
acte de l'argumentation que vous développez. Il y a un point
intéressant là-dedans. Entre la ville de Québec et la
ville de Montréal, au point de vue de la population se situe la ville de
Laval qui était là avant vous, la ville de Laval,
évidemment,
ayant plus de population que la ville de Québec. Vous nous dites:
On devrait soumettre la ville de Québec au référendum
comme la ville de Laval. L'argument semble bon. Possiblement qu'on pourrait
entendre la ville de Laval nous dire: Si c'est bon pour la ville de
Québec de ne pas avoir de référendum, cela pourrait
Être bon pour la ville de Laval aussi. On va réfléchir
à tout cela au cours des prochains jours, des prochaines semaines non
seulement quant à la question des référendums et des
remboursements, mais quant à tous les autres points soulevés dans
votre mémoire. Je suis convaincu que si nous ne retenons pas toutes et
chacune de vos recommandations, au moins elles auront été
étudiées d'une façon très sérieuse.
Merci.
M. Grenier: Si vous me permettez... Le Président (M.
Rochefort): Oui.
M. Grenier: ... M. le ministre, je ne pensais pas, en disant que
Québec pourrait être soumise aux référendums comme
les autres villes que cela équivalait à dire de façon
générale que Québec était une ville comme les
autres. C'était uniquement sur le point du référendum et
de la démocratie. Je suis très conscient que si le maire de la
ville de Laval était entendu, il pourrait sans doute dire que ce qui a
été bon pour Québec de ne pas avoir de
référendum démocratique est bon pour lui. Je m'excuse,
mais au plan de la philosophie, je suis diamétralement opposé
à cela. Je ne dis pas que les référendums doivent
être tous azimuts et être faciles ou trop faciles d'accès.
Là-dessus, je suis son langage, mais être privé de tout
référendum est une tout autre situation.
M. Bourbeau: Je pense que le point de vue a été
bien saisi. On va réfléchir là-dessus.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je veux féliciter les auteurs du rapport pour
la clarté de leur exposé. Nonobstant ce préambule,
j'aimerais peut-être poser des questions sur les articles 49 et 56
où vous maintenez qu'on devrait amener de plus en plus la réforme
dans le sens que l'électeur municipal devrait avoir juste le statut de
résident, point. En tout cas, pour un nouveau résident de la
ville de Québec, je trouve qu'aux taxes qu'ils m'imputent, le moins que
je puisse faire c'est d'avoir le droit de voter au moment où il y aura
une élection. Personnellement, je pense cela. Je suis
propriétaire à Québec. Il me semble que c'est normal que
je puisse voter parce que je paie le compte de taxes.
La seule façon que j'aurai de m'exprimer sera le jour du vote
probablement. Je n'ai pas l'intention de faire de l'animation dans la ville de
Québec a savoir si on doit changer de maire ou pas. Je me dis: Au moins,
dans ce sens...
La façon que vous libellez votre article, vous enlèveriez
cette notion. Autrement dit, le contribuable qui est propriétaire, la
personne qui paie ses taxes d'affaires, vous élimineriez cela.
Mme Lacroix: Les propriétaires non résidents.
M. Grenier: Non résidents. Mme Lacroix: Non
résidents.
M. Dufour: Quelqu'un ici à Québec qui est
propriétaire de son logement. C'est quoi être résident?
Est-ce que c'est demeurer... C'est quoi la résidence principale par
rapport à sa résidence secondaire?
M. Grenier: II y a là-dessus beaucoup de
précédents, M. le député. Par exemple, quelqu'un
qui habiterait l'Ontario, qui occuperait une place d'affaires au Québec
-cela existe peut-être - n'a pas non plus le droit de voter à
l'élection provinciale. Un résident des États-Unis qui est
près de la frontière canadienne n'a pas plus le droit à
l'élection fédérale. Quant à la notion de
résidence, la notion de domicile, en droit, il y a beaucoup de
définitions qui ont été données, entre autres, dans
la Loi sur l'impôt où on parle évidemment de la
moitié plus un en compte des journées de résidence.
Comment font les vérificateurs d'impôt pour vérifier la
véracité, c'est une toute autre question? Il y a des
définitions qui sont faciles à trouver et qui existent dans nos
lois ou dans la jurisprudence.
Quant à la mécanique de contrôle, c'est autre chose.
C'est l'avènement des partis politiques qui vont essayer de
contrôler s'il y a eu tricherie ou non lors du recensement. Il y aura
encore probablement des gens qui passeront dans les maillons du filet, mais
à cela, on n'y peut rien. On essaie de mettre des lois les plus claires
possible avec des principes qui se tiennent, au provincial ou au municipal,
avec une ressemblance la plus grande possible, parce qu'on constate que le
projet de loi 100 favorise l'émergence, parce qu'il n'existe pas encore
beaucoup de partis politiques municipaux, M. le député, mais on
constate que le projet de loi 100 la favorise. Nous sommes d'accord avec cette
démarche, et c'est dans ce sens que notre mémoire a
été construit. C'est dans ce sens-là, également,
qu'on parle de la cohérence au niveau provincial. Dans la mesure
où on veut favoriser l'émergence de partis municipaux à
Chicoutimi où à Jonquière, pour prendre un
exemple que vous connaissez bien, je pense que nous devrions nous
aboucher davantage au niveau provincial.
Quant à la définition de la résidence, cela ne me
crée pas beaucoup d'inquiétudes. Je suis convaincu que les
avocats du ministère des Affaires municipales donneront d'excellentes
suggestions à M. le ministre.
M. Dufour: Mais, on est vraiment en période de
démocratie. Je ne voudrais pas laisser juste aux avocats le soin de
déterminer cette question.
J'aurais peut-être une sous-question. En fait, pour avoir le droit
de vote, au cens électoral, il faut que vous soyez citoyen canadien. Si
c'est un résident des États-Unis, même s'il est
propriétaire dans la ville de Québec, je n'ai pas l'impression
qu'il va influencer tellement le vote. Je serais bien surpris qu'il parte de
New York pour venir voter à Québec à moins qu'il sente que
c'est la capitale non seulement nationale, mais la capitale encore beaucoup
plus grande, mondiale.
Pensez-vous qu'à travers le fait de donner le cens
électoral à ceux qui ont des places d'affaires, à ceux qui
paient des taxes, qui sont propriétaires, cela influence ou cela peut
changer vraiment l'orientation ou la politique d'une municipalité? La
question est bien précise: Est-ce qu'il y a suffisamment de
non-résidents propriétaires ou qui sont propriétaires soit
d'une bâtisse ou qui ont une place d'affaires, ce qui aurait pour effet
de changer le résultat du vote global, ce qui aurait pour effet de
brimer ou de changer le vote de l'ensemble des citoyens de la
municipalité?
M. Grenier; Si j'étais de Fossambault-sur-le-Lac, je
répondrais oui, car, quand les élections se tiennent et qu'il y a
beaucoup de chalets, il y a probablement deux fois plus d'habitants qui sont
inscrits qu'à Fossambault-sur-le-Lac. Évidemment, Québec,
Montréal, Laval, nous sommes un peu à l'abri.
M. Dufour: Même encore là, je doute que les gens de
l'extérieur viennent changer tout l'aspect électoral local. Moi,
j'ai compris...
M. Grenier: C'est arrivé à
Fossambault-sur-le-Lac?
M. Dufour: Non, non, j'ai compris que vous défendiez la
proposition du Rassemblement populaire, donc d'un parti politique dans la ville
de Québec.
M. Grenier: Oui, c'est exact.
M. Dufour: J'ai essayé de la regarder un peu sous cet
angle-là. Parce que
Fossambault-sur-le-Lac, j'imagine qu'ils viendront se défendre,
qu'ils viendront dire ce qu'ils ont à dire.
M. Grenier: C'est près de chez nous, je pourrais y avoir
un chalet. Ce que je veux dire, M. le député, c'est
qu'évidemment on le voyait d'abord sous un angle de-cohérence
avec la loi provinciale. C'est le premier angle qui nous a guidés. Le
deuxième, c'est qu'on avait constaté que sur le plan historique,
au niveau municipal, une espèce de sens des valeurs était
très amoindrie. C'est une deuxième démarche qui nous
guidait. La troisième démarche, c'est qu'évidemment,
puisqu'on quitte le sens des valeurs et qu'on en arrive à la notion de
personne qui habite un territoire, nous pensons que ceux qui y vivent, ne
serait-ce qu'une année avant l'élection comme cela existe
maintenant - ce sont quand même des gens qui y habitent - ce sont ces
personnes qui devraient avoir, elles seules, le droit de décider de
l'orientation.
Maintenant, quel est l'impact électoral de ces gens-là en
nombre? Je n'ai pas fait d'étude, mais c'est bien évident que,
jusqu'à présent, il n'y a pas eu d'impact majeur. Dans trois ans,
dans une élection plus corsée, cela pourrait peut-être,
éventuellement, être un élément important quand cela
se joue à
I % ou 2 % du vote.
Mme Lacroix: Je voudrais ajouter là-dessus, M. le
député, que la question, nous nous la sommes posée aussi.
Effectivement, ce qu'on s'est dit, c'est qu'au niveau de la
municipalité, cela n'avait peut-être pas un impact majeur sur
l'élection du maire, par exemple, mais, dans certains districts, alors
que souvent l'élection entre les deux candidats conseillers d'un parti
ou de l'autre est très controversée - nous, cela nous est
arrivé aux dernières élections - seulement quelques votes
sont en jeu et peuvent permettre que cette possibilité fasse changer le
sort du scrutin. Or, dans un parti, si je nous prends, par exemple, comme parti
d'opposition à Québec, on a 40 % du vote et seulement trois
représentants au conseil municipal. Je pense que, pour nous, c'est une
mesure importante qui se situe dans le sens de faciliter l'expression du vote
ou permettre, je dirais, pour les endroits où le vote serait plus
controversé, de mettre toutes les chances de notre bord.
M. Dufour: Si je comprends bien, cela a de l'importance pour vous
autres, mais pour la personne qui paie aussi des taxes à la ville de
Québec, cela doit avoir une petite importance d'avoir un par rapport
à l'autre.
II y a des notions un peu spéciales et différentes. Je
crois bien que, par rapport à ce que vous avancez là, c'est
certain qu'il y a toute la notion de ce qui existe dans le
passé et dans le présent. C'est un chambardement assez
grand par rapport à ce qui existe.
À l'article 68, vous demandez que le président
d'élection automatiquement soit nommé par le Directeur
général des élections du Québec pour les villes de
100 000 habitants et plus. Est-ce que vous avez, dans votre recherche, les
villes de 100 000 habitants? Je pense que la ville de Laval c'est le greffier
qui est le président d'élection, mais dans les autres
municipalités comme Montréal, Québec, Longueuil - qui sont
à peu près les trois villes au-dessus de 100 000 - qui est le
président d'élection?
Mme Lacroix: À Québec, c'est le greffier. Ailleurs,
je ne le sais pas. Ici à Québec, c'est le greffier.
M. Dufour: D'accord. Merci.
Le Président (M. Rochefort): M. le député,
je peux vous dire qu'à Montréal ce sont des ex-fonctionnaires
municipaux qui sont présidents du scrutin dans les districts et que
c'est le secrétaire général de la municipalité qui
est président d'élection.
Mme Lacroix; M. Dufour, ce qu'on voudrait peut-être ajouter
sur l'article 68 c'est que, si la délégation au directeur
général des élections pour nommer le président
d'élection dans Québec, le directeur de scrutin, n'est pas
réalisable, ce qu'on pourrait faire c'est utiliser la formule qui est
utilisée à l'Assemblée nationale, où c'est
l'Assemblée nationale aux trois quarts des personnes présentes
qui choisit le directeur général des élections. Donc, ce
que nous voulons préserver dans ce choix c'est une apparence de
neutralité. Pour nous ce point est très important. Nous avons
fait des consultations auprès de gens qui exercent, qui ont
exercé concrètement ce travail, et il est relativement facile
pour une personne en place, je dirais, d'influencer par différents choix
discrétionnaires le choix des électeurs. Nous, dans ce sens, nous
disons; le directeur général du scrutin, qui aurait toutes les
garanties de neutralité, serait préférable dans le
déroulement du scrutin municipal.
M. Grenier: Si vous me permettez une autre suggestion qui
pourrait être faite et qu'on n'a pas écrite et qui pourrait
être avancée... Le conseil municipal procède donc au vote -
un peu comme le dit ma collègue, pour être plus clair - d'un
directeur de scrutin qui soit désigné aux deux tiers par exemple
du conseil de ville en place. Évidemment, lorsque le conseil est
monolithique et n'a pas d'opposition, cela revient au même, vous allez me
dire, mais advenant le cas où on serait rendu à une opposition
supposons à Québec de onze à dix, cela pourrait être
important; la personne choisie pourrait être...
M. Dufour: Le point de suspension que je pourrais avoir dans la
tête, au moment où vous me dites cela, c'est que dans les faits
qu'on connaît, il y a beaucoup d'élections au Québec
actuellement et je n'ai pas senti - à moins que des gens veuillent me
donner la preuve du contraire - que le greffier n'a pas joué son
rôle correctement ou que la façon dont il l'a joué a
été vraiment critiquée. Dans I'ensemble, puisqu'on peut
lire ce qui se passe au Québec et qu'on essaie de se tenir au courant le
plus possible de ce qui se passe, il me semble que ce rôle n'est pas mis
en jeu ni en contestation quelque part. S'il y a des critiques, elles sont
excessivement minimes à mon point de vue parce que, connaissant les
trésoriers et les regardant agir, ce sont des gens qui n'aiment pas
jouer tellement avec la politique; en règle générale ce
sont des gens qui se mêlent de leur affaire. Ils fonctionnent et sont
près du pouvoir politique, mais d'un autre côté, ils sont
très respectueux en tout cas dans des domaines où ils ne veulent
pas... D'ailleurs, la Corporation des officiers municipaux nous a dit: Nous ne
voulons pas être des juges ni même des semblants de juges pour les
élus. Prenez d'autres méthodes pour contrôler, mais nous ne
voudrions pas faire partie de cette règle-là. Quand vous me dites
cela, je comprends que vous voulez avoir une espèce de
neutralité, mais une neutralité qui pourrait, par contre,
être contrée par une plus grande politisation de tout le
débat. Le jour où le conseil municipal aura le droit de nommer ou
nommera quelqu'un comme président d'élection, cela pourrait
justement avoir un effet contraire de ce qu'on recherche. Il ne faut pas penser
que chaque fois, en politique, il faut la règle de l'unanimité.
De temps en temps il faut qu'il y ait la règle du décideur. Quand
les règles sont claires et s'appliquent pour tout le monde, la
démocratie peut jouer son rôle quand même, pas autant que
chaque citoyen le voudrait bien. La démocratie pourrait être
très morcelée ou être celle de chaque individu dans une
municipalité. (17 h 45)
Vous avez donné votre point de vue par rapport à cela, je
n'irai pas plus loin dans mes questions à moins que vous ayez des choses
à ajouter.
À l'article 112, l'avis personnel d'inscription, c'est la
même chose qui existe quand les gouvernements provincial et
fédérai nous envoient un petit papier. Vous n'avez pas
calculé si cela pourrait occasionner des coûts
supplémentaires ou autrement. Mais il y a un problème: celui qui
n'est pas inscrit ne le reçoit pas.
M. Grenier: C'est cela. C'est
l'obligation qui était notre interrogation et on donnait une
méthode qui était peut-être moins chère.
M. Dufour: Le principe du colistier. J'ai déjà eu
l'occasion d'en discuter beaucoup parce que l'ex-gouvernement avait
apporté justement cette nouvelle philosophie du colistier, mais ce
n'était pas seulement pour les villes de 100 000 habitants,
c'était pour toutes les municipalités du Québec. Je me
rappelle qu'il y a eu une bataille assez farouche là-dessus et que le
gouvernement avait reculé par rapport aux colistiers comme tels.
Vous nous dites que cette règle, de la façon qu'elle est
appliquée actuellement, nous a coûté la tête de
quelqu'un qui a été là pendant cinq ans. Mais il est vrai
aussi que quelqu'un qui se présente et qui n'est pas colistier et qui se
fait planter dans une élection avec des gens de dix, douze ans
d'ancienneté dans un conseil municipal, je ne pense pas qu'on puisse
protéger cette règle. Le fait d'être colistier... Je vais
vous dire bien honnêtement, quand tu ne peux pas entrer par la porte d'en
avant, c'est difficile d'entrer par la porte d'en arrière. En tout cas,
cela me mettrait mal à l'aise d'avoir deux sortes de chapeaux dans une
élection. Au point de vue démocratique, je ne suis pas sûr
que le discours soit correct dans le sens que le colistier se présente
avec quoi? Qu'est-ce qui lui donne son...? Vous protégez votre parti.
L'argument que vous m'avez donné est un argument de parti. Vous dites:
Le fait que le colistier ne s'est pas présenté dans un quartier
ou s'est fait planter, cela nous a dérangés.
Mme Lacroix: Ce n'est pas cela qu'on dit. Notre position
première, c'est de dire: Le maire devrait être élu d'abord
comme conseiller dans un district. Si cela n'est pas possible - je ne pense pas
que cela ait été envisagé encore par cette commission -
pour nous, le concept du colistier est préférable à rien
du tout, c'est-à-dire à ce qu'on a présentement. Ce qu'on
a présentement équivaut au fait que le candidat à la
mairie, qui était - ou même dans l'avenir, on ne fera pas de
personnalité - ou qui peut être un candidat important dans
l'histoire d'un parti, nous disons, parce qu'il n'y a pas de formule
transitoire entre un régime parlementaire total et ce que j'appelle rien
du tout: Le colistier, c'est un pis-aller à l'absence de régime
parlementaire. Le régime actuel favorise ce qu'on appelle chez nous des
positions présidentielles où il y a une accumulation excessive de
pouvoirs entre les mains d'une personne ou d'un comité très
réduit.
M. Dufour: Comme ancien maire, ce n'est pas mauvais.
Mme Lacroix: Pardon?
M. Dufour: Comme ancien maire, ce n'est pas mauvais d'avoir un
peu de pouvoir.
Mme Lacroix: Ha! Ha! Ha! M. Dufour: II me semble que...
Mme Lacroix: Vous savez, M. le député, on n'est pas
contre le pouvoir mais les abus de pouvoir, on trouve toujours cela plus
difficile.
M. Dufour: Je comprends que vous vivez des problèmes
particuliers. Personnellement, le phénomène du colistier... Le
problème des partis politiques non plus, on n'a pas fait la preuve
actuellement que cela a fait avancer le Québec beaucoup plus rapidement.
Moi, je vais vous dire bien honnêtement, je mets encore en doute
jusqu'à un certain point l'avenir des partis politiques municipaux. On
se paie une opposition régulièrement. C'est peut-être
difficile dans une municipalité d'avancer avec des partis politiques. Il
y a une opposition systématique. Il faut absolument... Dans des petites
municipalités de 25 000 habitants, cela devient assez coûteux
quelquefois. Ce qu'on attend de ce qui se dit... Cela arrive aussi que les
partis ne sont pas au pouvoir, le maire n'est pa3 au pouvoir, cela arrive.
Mme Lacroix: Lorsqu'une opposition représente 40 % de la
population, cela finit par faire du monde.
M. Dufour: On le vit actuellement et on endure notre mal.
Mme Lacroix: Ha! Ha! Ha!
M. Dufour: J'espère que cela ne sera pas pour longtemps.
En tout cas, il faut le faire. C'est intéressant tout de même. Je
pense qu'on fait juste explorer ce que vous avez dans l'idée. Il y a
l'article 287 où vous parlez du bureau de vote à un
kilomètre. Ce que j'exprimais durant la journée, c'est qu'un
kilomètre, dans le temps d'une élection partielle, cela pourrait
faire que les règles ne s'appliquent pas au même titre que
lorsqu'il y a une élection générale dans une
municipalité. C'est une autre sorte de phénomène, et je
pense qu'on n'est pas bien loin de la même idée selon laquelle je
ne sais pas qui va pouvoir faire appliquer ce règlement d'un
kilomètre, surtout qu'en élection, le monde est cachottier. Je
suis surpris que vous ne parliez pas, dans l'article 10, de l'article 309. Vous
nous dites dans ce paragraphe que celui qui a un contrat avec la
municipalité, vous seriez content si c'était enlevé. Mais
vous ne nous avez pas dit ce que vous pensiez, par exemple, de tout autre
cas déterminé par le ministre des Affaires municipales. Il
me semble que...
Mme Lacroix: Le paragraphe 10.
M. Dufour: C'est cela, le paragraphe 10.
M. Grenier: La réponse qu'on pourrait apporter, M. Dufour,
si vous me permettez.
M. Dufour: Oui.
M. Grenier: Le paragraphe 9 dit que l'article 308 ne s'applique
pas - c'est l'article des conflits d'intérêts dans le domaine
municipal quand il y a des contrats - lorsqu'il est d'intérêt pour
la municipalité que ce contrat soit conclu avec tel conseiller.
Évidemment, on ne sait pas qui va décider que c'est de
l'intérêt de la municipalité. Cela peut amener certains
problèmes. On s'est dit que le paragraphe 10, qui donne
évidemment au ministre des Affaires municipales un pouvoir
discrétionnaire, au moins, le donne à quelqu'un qui n'est pas
dans la municipalité. Il sera comptable d'une autre manière, les
journalistes les surveillent plus, l'Opposition va peut-être poser des
questions. La garantie, en tout cas, d'une décision que c'est
l'intérêt de telle municipalité, que ce soit Québec
ou ailleurs, que tel contrat soit nécessairement passé avec un
conseiller, au moins, cela reviendra à une autorité qui est
à l'extérieur de la municipalité. Il y aura un juge qui ne
sera pas partie. II peut arriver effectivement que des contrats... soient
passés avec le conseiller; mais que ce soit le conseil municipal
lui-même qui décide, je trouve cela délicat.
M. Dufour: J'ai présenté une version de l'article
309. Ce n'est pas parole d'évangile, mais je pense qu'on soulève
certains conflits d'intérêts qui pourraient faire l'objet de
critiques un peu plus précises. Nous pensons, par exemple, que
même si un propriétaire de compagnie n'est pas majoritaire, une
compagnie de construction où deux frères font affaires, il n'est
pas l'unique propriétaire mais possède 30 % des parts, cela
pourrait jouer sur la municipalité et ce pourrait être un conflit
d'intérêts. Ce n'est pas la question d'avoir nécessairement
50 % plus 1, mais ce sont les intérêts à travers cela. Dans
l'article 308, on dit qu'il n'est pas habile. Dans l'article 309, on dit
où cela ne s'applique pas. J'ai l'impression que le 310, c'est donner
beaucoup de latitude à quelqu'un; à l'article 308, il y a des
notions différentes de la loi générale.
Ceci étant dit, à moins que vous n'ayez des choses
à ajouter par rapport à cela...
M. Grenier: Sur les conflits d'intérêts, quant
à la position de principe, je pense qu'on n'est pas loin de la
vôtre, mais on ne l'a pas décortiquée.
M. Dufour: D'accord. Sur le remboursement à un parti
politique, je sais que dans l'ex-projet de loi 60 il y avait une contribution,
mais elle venait de la municipalité. Je n'ai pas l'impression qu'elle
aurait été populaire dans les conseils municipaux du
Québec.
Il y a la liste unique, je pense, qui a été
soulignée quelque part. La liste électorale unique. En 1974, il y
avait eu une recherche et aussi une prise de position du Parti
québécois qui voulait une liste unique. On a vécu toutes
sortes de problèmes à travers cela. Une liste unique voudrait
peut-être dire au départ une carte obligatoire, une carte
d'identité obligatoire au Québec. Cette
éventualité, que je sache, n'est pas populaire, et l'idée
n'a pas non plus été avancée; si elle l'a
été, personne n'a repris le flambeau. Je comprends qu'il y ait
une difficulté de liste électorale unique, et je ne pense pas que
ce soit facile. Je sais, par exemple - je ne parle pas au nom de l'Union des
municipalités - qu'il y a au moins une union qui s'est beaucoup
préoccupée de cela, et cela a sûrement fait l'objet de
rencontres afin de savoir si une liste unique serait souhaitable. En principe,
ce pourrait être souhaitable mais, en pratique, ce n'est pas si
facile.
M. Grenier: La suggestion que l'on fait dans le projet de loi
concerne des circonstances exceptionnelles alors qu'il y a des scrutins
rapprochés, comme cela a été le cas lors des
dernières élections provinciale et municipale à
Québec les 17 novembre et 2 décembre. Notre suggestion
était uniquement dans ce cas-là.
M. Dufour: Vous soulevez aussi la question des proportionnelles.
 la grâce de Dieu! Là-dessus, je voudrais voua remercier de
vos réponses à mes questions.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Jonquière. Je voudrais remercier les
représentants du Rassemblement populaire de Québec de leur
participation à nos travaux.
M. le député de Matapédia avait une question.
M. Paradis (Matapédia): Oui, je serai bref. C'est
simplement pour revenir sur les articles 49 et 56 où on remet en cause
les propriétaires non résidents. De quelle façon
pourraient-ils se faire représenter advenant un changement de zonage?
Hypothétiquement, prenons l'exemple de la rue Saint-Jean qui pourrait
voir sa vocation changer sur une décision unilatérale d'un
conseil municipal, et
ces gens-là n'auraient pas le droit de vote pour se
protéger finalement.
M. Grenier: Il n'est pas interdit de songer qu'il y ait un
régime électoral un peu différent quant à la
qualification de l'électeur pour le vote dans le choix des
représentants et, par exemple, dans des référendums qui
porteraient sur les dépenses. Cette situation existe déjà
dans la Loi sur les cités et villes où on a maintenant
enlevé tout vote de valeur pour le choix du maire et des conseillers
mais on a conservé un vote de valeur dans le cas par exemple d'un
référendum de fusion à Rouyn-Noranda. Dans la
dernière loi il y avait un vote différent du vote des
représentants dans la Loi sur les cités et villes. Cette
différence existe déjà dans la Loi sur les cités et
villes. Il n'est donc pas interdit d'aller dans cette voie quant à des
questions spécifiques de règlement d'emprunt qui affecteraient
par exemple la rue Saint-Jean, des commerces qui y sont situés et
où ce seraient tous des gens de Sainte-Foy. On peut penser par exemple
à un règlement à Saint-Romuald qui augmenterait la taxe
foncière de façon substantielle. Quand on sait qu'à
Saint-Romuald 80 % de la taxe foncière est payée par une
entreprise, il est peut-être normal qu'elle ait un vote dans certaines
circonstances et on n'est pas opposé à cela. On aimerait y
réfléchir si jamais vous allez dans cette voie-là, mais il
n'est pas interdit de le penser. Cela existe déjà dans la Loi sur
les cités et villes.
M. Paradis (Matapédia): Mon interrogation concernait ce
point parce que souventefois dans les municipalités... Vous soulevez le
cas de Saint-Romuald, - c'est très pertinent - où c'est Ultramar
qui paie finalement la facture, mais dorénavant n'aurait pas le droit de
vote. La distinction m'apparaît importante.
Le Président (M. Rochefort): Cela va? Merci, M. le
député de Matapédia.
Je vous remercie de votre participation à nos travaux. Sur ce,
nous suspendons nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 13)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux afin de poursuivre sa consultation générale sur le
projet de loi 100, Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités.
Avant d'accueillir les intervenants ce soir, je voudrais soumettre deux
questions à la commission. Dans un premier temps, on sait que nous
siégerons demain dans la matinée pour poursuivre nos travaux,
mais qu'il reste une troisième journée à prévoir
à notre horaire pour terminer le mandat qui nous a été
confié par l'Assemblée. Une date a été
proposée par le ministre et entérinée par le critique de
l'Opposition, qui nécessite une ratification de la commission, qui
serait celle du 23 octobre prochain, à compter de 10 heures. Est-ce
qu'il y a accord des membres de la commission? Cela va? Oui, cela va? Donc, il
y a accord.
Deuxièmement, je veux... Oui, M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: II y a une commission qui va siéger le 23
octobre, notre commission de l'aménagement.
Le Président (M. Rochefort): 23 septembre.
M. Vaillancourt: Le 23 septembre.
Le Président (M. Rochefort): Le 23 septembre, on fait des
engagements financiers.
M. VaUlancourt: Vous dites le 23 octobre.
Le Président (M. Rochefort): Le 23 octobre.
M. Vaillancourt: D'accord.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cela va?
Des voix: 1986.
Le Président (M. Rochefort): 1986, nous rappelle le
ministre des Affaires municipales. D'accord.
Deuxièmement, je voudrais vous soumettre une recommandation du
comité directeur quant à la situation suivante. Le groupe
Présent Sainte-Foy, qui est un des partis d'opposition au conseil
municipal de Sainte-Foy, demande à dépasser le délai du 29
août dernier pour soumettre son mémoire pour présentation
à la séance du 23 octobre. Je vous rappelle que la
décision que le comité directeur avait prise et que vous avez
ratifiée ce matin était de faire en sorte que tous les groupes ne
puissent pas dépasser le 29 août dernier pour présenter
copie de leur mémoire à notre commission. Le groupe
Présent Sainte-Foy n'a pas encore présenté de
mémoire à notre commission et demande la possibilité de
nous présenter son mémoire d'ici le 23 octobre et de participer
à nos consultations à la séance du 23 octobre. Je vous
souligne que le comité
directeur recommande de ne pas accueillir cette demande, étant
donné que nous avons exigé de tous les autres groupes qu'ils
respectent le délai du 29 août dernier et que nous
considérons qu'il s'agirait là d'un précédent qui
pourrait, à l'occasion, porter préjudice aux travaux de la
commission dans d'autres mandats que l'Assemblée pourrait lui confier.
J'aimerais savoir s'il y a des opposants à cette recommandation du
comité directeur de la commission. Cela va? Donc, la commission
entérine cette recommandation du comité directeur. Merci.
Maintenant, j'inviterais les représentants de la Commission des
droits de la personne du Québec à se présenter devant nous
et, pour les fins du Journal des débats et le bon fonctionnement
de notre commission, je vous demanderais de vous identifier.
Commission des droits de la personne du
Québec
M. Lachapelle (Jacques): Bonsoir. Jacques Lachapelle,
président de la Commission des droits de la personne. J'ai avec moi M.
Haïlou Wolde Giorghis, qui est directeur de la recherche à la
Commission des droits de la personne.
Le Président (M. Rochefort): Bienvenue parmi nous. Sans
plus tarder, je vous demanderais de nous présenter le
résumé de votre mémoire.
M. Lachapelle: D'abord, je voudrais vous remercier de ces mots de
bienvenue et de nous recevoir ce soir pour entendre les quelques propos de la
Commission des droits de la personne sur ce projet de loi 100. Je me permets de
rappeler que nous avons déjà eu l'occasion de soumettre certains
de ces commentaires, entre autres, au niveau de la Loi électorale
provinciale, puisque ce sont à peu près les mêmes principes
qui, finalement, se retrouvent dans les deux textes de loi.
Les commentaires que nous avions faits sur un premier projet de loi qui
avait été déposé ont fait l'objet de commentaires
de la commission et, dans ce nouveau texte de loi, le projet de loi 100, on
constate que certaines des recommandations qu'on avait faites ont
été intégrées. Entre autres, on y lisait qu'il y
avait une clause "nonobstant". On avait exclu carrément la charte.
Probablement que les légistes étaient un peu inquiets de voir une
loi qui venait chambarder comme cela un régime électoral. Alors,
on avait exclu carrément la charte. On a rétabli les choses parce
que nous avions indiqué à ce moment qu'il n'était pas
acceptable d'exclure la charte. On a donc corrigé la loi. On n'exclut
plus la charte.
Il y a également un autre amendement concernant les femmes
mariées; les femmes mariées séparées de fait
devaient indiquer la dernière résidence familiale: je pense bien
que ce n'était pas nécessaire. On a également fait les
corrections. Sur ce chapitre, nous sommes bien satisfaits.
Je me permettrai donc de vous lire les quelques commentaires que nous
vous avons fait parvenir. La commission tient d'abord à souligner les
effets positifs qu'entraîneront l'uniformisation et la simplification des
lois municipales, notamment à l'égard de l'exercice des droits
politiques reconnus par la charte. La reconnaissance de l'universalité
du droit de vote lors des référendums municipaux en est un
exemple.
Rappelons qu'il est du devoir de la Commission des droits de la
personne, devoir inscrit dans la Charte des droits et libertés de la
personne, de promouvoir les principes reconnus dans cette charte, notamment par
l'analyse des lois du Québec qui pourraient lui être contraires,
et de faire au gouvernement les recommandations appropriées.
Les processus électoral et référendaire constituent
des rouages essentiels d'une société démocratique. Ce
sont, en effet, pour les citoyens, des moyens de choisir leurs
représentants tant pour administrer les biens publics que pour faire
valoir certaines questions les concernant directement.
Le régime électoral et référendaire touche
à plusieurs des droits mentionnés dans la Charte des droits et
libertés de la personne. Qu'il suffise de mentionner les libertés
d'opinion et d'expression, le droit à l'égalité, sans
discrimination, notamment pour les personnes handicapées et le droit de
se porter candidat à une élection et celui d'y voter, pour
constater l'importance de la reconnaissance des droits et libertés de la
personne en matière d'élection et de
référendum.
C'est dans ce cadre et dans cet esprit que la commission a
procédé à l'analyse du projet de loi 100.
Le premier point que nous aimerions toucher traite des
incapacités de voter et de se porter candidat. Premièrement, pour
ce qui est des personnes handicapées, outre les conditions relatives au
domicile ou à la propriété, les articles 49 et 520 du
projet de loi prévoient des conditions de base qui confèrent
à une personne la qualité d'électeur. Il s'agit de
conditions relatives à la majorité, à la
citoyenneté canadienne et à la capacité d'une personne.
Cette dernière condition exclut les personnes qui sont interdites, en
cure fermée suivant la Loi sur la protection du malade mental, sous la
compétence du Curateur public ou encore qui sont frappées d'une
incapacité de voter prévue par la présente loi.
L'article 22 de la Charte des droits et libertés de la personne
stipule: "Toute personne légalement habilitée et qualifiée
a droit de se porter candidat lors d'une élection et a droit d'y voter."
Les articles
49 et 520 du projet de loi reproduisent les conditions relatives
è la capacité des personnes se trouvant dans la Loi
électorale. Ces dispositions nous apparaissent trop englobantes et
visent, entre autres, des personnes ayant un handicap mental.
Qu'on se place sous l'empire de l'actuel projet de loi ou de la Loi
électorale, on se trouve devant la situation où des personnes
ayant un handicap mental sont déclarées ne pas avoir la
qualité d'électeur. Certes, l'article' 22 de la charte ne
confère le droit de vote qu'à une personne légalement
habilitée et qualifiée. Ce droit n'est donc pas absolu puisque la
loi peut énoncer des critères qui déterminent les
personnes habilitées et qualifiées qui pourront exercer ce droit
de vote. Toutefois, ces critères ne pourront être fondés
sur l'un des motifs énumérés à l'article 10, soit
la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l'orientation sexuelle,
l'état civil, l'âge, sauf, bien sûr, dans la mesure
prévue par la loi, la religion, les convictions politiques, la langue,
l'origine ethnique ou nationale, la condition sociale, le handicap ou
l'utilisation d'un moyen pour pallier ce handicap.
S'il est indéniable qu'une personne incapable de comprendre la
portée de son acte lorsqu'elle vote ne devrait pas pouvoir voter, nous
croyons que certaines personnes faisant partie des catégories justement
énumérées à la Loi électorale sont capables
de voter. Ainsi, en serait-il de certaines personnes en cure fermée ou
sous la juridiction du Curateur public. Ces personnes sont
protégées parce qu'elles sont susceptibles de mettre en danger
leur santé, leur sécurité ou celles d'autrui ou encore
parce qu'elles sont incapables d'administrer leurs biens. Les motifs pour
lesquels ces personnes sont protégées ne sont pas
nécessairement liés à la capacité qu'elles peuvent
avoir de s'exprimer au moyen de leur vote.
En 1978, la commission dans ses recommandations d'amendements à
la Loi électorale avait émis le commentaire suivant: "Quant
à celles qui sont privées de l'administration de leurs biens, on
peut s'interroger sur l'opportunité de les priver aussi du droit de
vote. Y-a-t-il forcément une adéquation entre le fait de ne
pouvoir gérer ses biens et l'incapacité de poser un jugement
éclairé sur les personnes qui devraient exercer le pouvoir
politique?''
Récemment, la commission émettait des commentaires au
même effet relativement à la nouvelle Loi électorale.
La notion d'incapacité est en voie d'être modifiée
dans le cadre de la révision du Code civil. Encore à
l'étape de la présentation, le projet de loi 20 portant
réforme au Code civil du Québec du droit des personnes, des
successions et des biens propose une nouvelle approche de la notion de
capacité. Les régimes de protection du majeur qui y sont
prévus ne peuvent s'appliquer qu'à la suite d'une décision
d'un tribunal. Nous croyons que cette approche devrait être
privilégiée dans le cas de l'exercice du droit de vote.
En conséquence, nous recommandons que la Loi sur les
élections et les référendums dans les municipalités
établisse une concordance avec les règles sur la capacité
prévue dans le Code civil.
Le deuxième point touche les modalités d'exercice du droit
de vote par les détenus. L'article 49 du présent projet de loi
accorde implicitement le droit de vote aux détenus puisqu'en vertu de la
Loi électorale ils conservent leur domicile malgré leur
détention. Toutefois, à la différence de la Loi
électorale du Québec, le projet de loi ne contient aucune
disposition concernant les modalités d'exercice de ce droit de vote. II
serait donc souhaitable de prévoir une telle disposition ou encore de se
référer tout simplement aux dispositions de la Loi
électorale afin de préciser la procédure permettant
l'exercice de ce droit de vote par les détenus.
Le droit de se porter candidat pour les fonctionnaires et les
employés municipaux. L'article 58 du projet de loi prévoit: "Sont
également inéligibles à un poste de membre du conseil de
la municipalité: 1) les fonctionnaires ou employés de celle-ci, a
l'exception de ceux qui fournissent leurs services pour combattre les incendies
sur une base ponctuelle ou qui sont communément désignés
sous le nom de pompiers volontaires et à l'exception des personnes qui
ne sont qu'assimilées par la loi à des fonctionnaires ou à
des employés de la municipalité."
Le fait de rendre inéligible à un poste de membre du
conseil de la municipalité une personne en raison des fonctions qu'elle
occupe peut se justifier pour diverses raisons. Ainsi,
l'inéligibilité des juges des tribunaux judiciaires peut trouver
son fondement dans le principe de la séparation des pouvoirs; celle des
cadres et hauts dirigeants du ministère des Affaires municipales ou de
la Commission municipale du Québec peut se justifier par le souci
d'assurer une indépendance aux institutions municipales locales par
rapport aux institutions municipales provinciales.
Cependant, lorsqu'on rend inéligibles tous les fonctionnaires et
employés d'une municipalité, du commis de bureau au directeur
général de la municipalité, la justification nous semble
plus difficile à soutenir. Si l'on considère le cas de grandes
municipalités comme Laval ou Québec, l'exclusion vise des
centaines et même des milliers de personnes.
Il serait fort souhaitable que, tel que le prévoyait la version
préliminaire du projet de loi, les employés et fonctionnaires
d'une
municipalité puissent se porter candidats lors d'une
élection municipale.
Le travail partisan. Les articles 288 et 289 du projet de loi traitent
de la question du travail partisan des fonctionnaires et des employés en
ces termes. Article 288: "Un fonctionnaire ou un employé d'une
municipalité ne peut se livrer à un travail de nature partisane
relativement à une élection à un poste de membre du
conseil de la municipalité. Cette prohibition s'étend à
toute association représentant les intérêts de ces
fonctionnaires ou de ces employés."
Article 289. "Ne constitue pas un travail de nature partisane le fait
d'assister à une réunion politique, de verser une contribution
à un parti ou à un candidat indépendant autorisé ou
d'être membre d'un parti. "Le premier alinéa ne s'applique pas au
greffier ou au secrétaire-trésorier de la municipalité ni,
pendant qu'il est membre de son personnel électoral, a tout autre
fonctionnaire ou employé de celle-ci."
De ces deux articles, il apparaît que tous les employés
d'une municipalité, de même qu'une association les
représentant doivent s'abstenir de se livrer à un travail
partisan, sauf pour ce qui est énuméré à l'article
289. Dans une étude sur le règlement sur l'éthique et la
discipline dans la fonction publique, intitulée "Liberté
politique des fonctionnaires", la commission, en réponse à une
demande du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec,
considérait que l'obligation faite aux fonctionnaires de s'abstenir de
toute activité politique en période électorale
était contraire à l'esprit de la charte. Même si, depuis,
la Loi sur la fonction publique comporte à son article 103 une
série d'exceptions qui sont celles de l'article 289 du projet de loi,
les limites imposées à la liberté d'expression des
fonctionnaires nous apparaissent encore excessives.
Nous disions alors: "Rappelons les trois motifs qui justifient le
gouvernement de restreindre les libertés fondamentales: que tout citoyen
reçoive les services gouvernementaux en toute égalité, que
les employés aient le droit de travailler sans coercition politique et
que les promotions soient fondées sur la compétence et non sur la
participation politique. Nous estimons que, si un employé n'a aucun
contact avec le public dans son travail professionnel et ne fait usage d'aucune
intimidation pour amener d'autres employés à participer à
son action politique, on peut se demander pourquoi on l'empêcherait...
Nous ne soulevons pas ici un faux problème. La jurisprudence
citée affirme que des congédiements ont été
effectués pour de telles raisons et que les personnes affectées
ne faisaient pas partie des cadres supérieurs."
Il est évident qu'un fonctionnaire doive s'abstenir de faire du
travail partisan lorsqu'il est dans l'exercice de ses fonctions. Les
fonctionnaires devraient être à l'abri de pressions indues en vue
de leur faire faire du travail partisan. Il serait toutefois
préférable d'interdire ces pratiques plutôt que d'interdire
aux fonctionnaires de faire du travail partisan. À cet égard,
l'introduction dans le projet de loi d'une disposition créant une
infraction en cas d'intimidation ou de pressions indues serait souhaitable.
De plus, rien ne nous semble justifier la même interdiciton faite
aux associations représentant les intérêts des
fonctionnaires et employés des municipalités. Les personnes
morales sont titulaires des libertés d'expression et d'opinion et,
encore là, il serait possible de créer une infraction dans le cas
où une telle association exercerait des pressions sur ses membres pour
les inciter à faire du travail partisan.
Nous estimons donc que l'interdiction faite aux fonctionnaires et
employés des municipalités, de même qu'aux associations les
représentant de faire du travail partisan lors d'une élection
n'est pas justifiée en ce qu'elle limite la liberté d'expression
d'une façon disproportionnée compte tenu de l'objectif
visé. (20 h 30)
Enfin, nous aimerions vous entretenir des dépenses
électorales. Le contrôle des dépenses électorales et
du financement des partis politiques repose sur des fondements
démocratiques légitimes. En effet, il est d'intérêt
public que les partis politiques soient soustraits au contrôle de
puissances économiques occultes et que seuls les véritables
électeurs puissent influer sur cet aspect de la vie politique.
Toutefois, un contrôle trop sévère, notamment dans le cas
des dépenses électorales, peut avoir un effet négatif sur
les droits et libertés de la personne.
Ce problème n'est pas hypothétique. Lors de la campagne
électorale d'avril 1981, deux organismes syndicaux et un regroupement
antinucléaire ont été poursuivis et condamnés pour
avoir illégalement fait ou autorisé des dépenses
électorales. Dans l'affaire des syndicats, une annonce publiée
dans les journaux et traitant des coupures projetées par le gouvernement
dans le secteur de l'éducation et qui visait à sensibiliser la
population sur les effets probables de ces coupures fut jugée contraire
à la Loi régissant le financement des partis politiques.
Dans l'autre affaire, un regroupement antinucléaire avait
distribué un dépliant dans lequel il dénonçait les
dangers de l'implantation de centrales nucléaires au Québec et
affirmait qu'un vote pour un certain candidat qui avait publiquement pris
position en faveur de l'énergie nucléaire était un vote
favorable au nucléaire. Il
invitait la population a interroger tous les candidats sur cette
question. Il a aussi été condamné en vertu de la Loi
régissant le financement des partis politiques.
On peut aussi penser à la dernière élection
générale au Québec où la publicité relative
à la vente d'un livre a été interdite parce que son auteur
était candidat, où des messages faisant état de
revendications du SPGQ et des pharmaciens ont été
également interdits, ou même un débat politique entre les
deux principaux chefs de parti n'a pu avoir lieu. Dans tous ces cas, les frais
encourus étaient considérés comme des dépenses
électorales.
Les articles 443 et suivants du projet de loi traitent des
dépenses électorales. C'est à l'article 444 que l'on
retrouve la définition générale des dépenses
électorales: "Sont des dépenses électorales les frais
engagés pendant la période électorale pour "1°
favoriser ou défavoriser, directement ou indirectement,
l'élection d'un candidat ou celle d'un parti; "2° diffuser ou
combattre le programme ou la politique d'un candidat ou d'un parti; "3°
approuver ou désapprouver des mesures préconisées ou
combattues par un candidat ou un parti; "4° approuver ou
désapprouver des actes accomplis ou proposés par un parti, un
candidat ou par leurs partisans."
L'article 443 précise, à l'égard des
dépenses électorales, la notion de candidat. "Aux fins de la
présente section, est assimilée à un candidat la personne
qui devient subséquemment candidat ou qui est susceptible de le
devenir." Ces définitions sont les mêmes que celles que l'on
retrouvait dans la Loi régissant le financement des partis politiques,
loi abrogée, mais dont les dispositions relatives aux dépenses
électorales se trouvent maintenant dans la Loi électorale.
Dans un document intitulé "La définition des
dépenses électorales dans la Loi régissant le financement
des partis politiques et les libertés d'expression et d'opinion", la
commission considérait qu'une telle définition, parce que trop
englobante, entravait inutilement la limite des libertés d'expression et
d'opinion: "Entre la définition qui ne couvre pas du tout les
dépenses publicitaires en période électorale, celle qui ne
vise que l'appui ou l'opposition à un candidat ou à un parti et
celle de la loi québécoise qui vise tout ce qui touche ou
pourrait toucher de près ou de loin une question d'intérêt
public, les conséquences, au niveau de la liberté d'expression
sont très différentes les unes des autres. D'une part, le fait de
n'avoir aucune réglementation des dépenses électorales
indépendantes laisserait les électeurs à la merci d'un
fort battage publicitaire orienté en fonction des intérêts
des personnes ou des organisations qui ont les moyens de se le permettre.
D'autre part, une réglementation si stricte qu'elle ne permet plus aucun
débat public en dehors des partis politiques ou des candidats viendrait
bâillonner tous les autres intervenants qui n'ont pas choisi la
plate-forte électorale, La recherche d'une solution intermédiaire
qui permettrait la réalisation d'une égalité des chances
entre les candidats et les partis politiques, sans ingérence d'un
pouvoir financier occulte, et ceux qui ont choisi de défendre certains
points de vue sans favoriser un parti ou un candidat, peut s'avérer fort
complexe. Cependant, les moyens nécessaires doivent être mis en
oeuvre pour modifier la loi actuelle afin que le droit fondamental à la
liberté d'expression et d'opinion soit respecté."
Une solution possible consisterait à créer une infraction
en cas de dépenses non autorisées résultant d'une entente
entre le candidat ou parti et la personne ou le groupement qui a fait ces
dépenses. La création d'une telle infraction aurait pour effet
d'éviter que les dépenses électorales ne puissent se faire
de façon détournée, tout en laissant la possibilité
aux personnes qui désirent exprimer leur opinion de le faire sans
contrevenir à la loi.
Enfin, j'aimerais vous signaler un élément qui
n'apparaît pas dans le mémoire. Nous avons eu, à la
Commission des droits de la personne, tout récemment, en période
électorale je crois, une plainte d'une personne handicapée qui ne
pouvait quitter son domicile pour aller voter. Elle nous demandait si la charte
pouvait protéger ses droits et lui permettre de voter. Bien sûr,
il n'y avait aucune disposition électorale qui permettait à cette
personne de voter. Tout comme on a déjà prévu ou on entend
prévoir dans la Loi électorale provinciale certaines
possibilités de vote par procuration, nous croyons que, dans le cas des
personnes atteintes vraiment de maladie qui ne peuvent quitter leur domicile,
on devrait pouvoir leur permettre d'exprimer leur vote par anticipation ou au
moyen d'un système de procuration. D'ailleurs, je crois que la Loi
électorale fédérale a une disposition qui permet ce genre
de vote par procuration. Il nous apparaîtrait que, même pour une
personne qui ne peut sortir de son domicile et qui en fait la
démonstration, on devrait lui permettre de voter, de la même
manière qu'on permet à des détenus qui sont en prison
d'exercer leur droit de vote.
Finalement, la commission fait les recommandations suivantes:
Considérant les recommandations déjà faites au
gouvernement par la Commission des droits de la personne en vue de favoriser le
respect des droits fondamentaux dans les processus électoral et
référendaire;
Considérant que les lois du Québec doivent être
conformes à la Charte des droits et
libertés de la personne;
Considérant les droits et libertés reconnus aux articles
3, 10 et 22 de la Charte des droits et libertés de la personne;
La commission vous fait les recommandations suivantes:
Que la qualité d'électeur soit établie en
concordance avec les règles sur la capacité dans le Code
civil.
Que le projet de loi comporte des dispositions relatives aux
modalités d'exercice du droit de vote par les détenus.
Que le projet de loi reconnaisse aux fonctionnaires et employés
d'une municipalité le droit de se porter candidat à une
élection municipale.
Que les dispositions traitant du travail partisan des fonctionnaires et
employés d'une municipalité soient remplacées par une
disposition interdisant: a) aux fonctionnaires et employés de faire du
travail partisan alors qu'ils sont dans l'exercice de leurs fonctions; b) aux
cadres, fonctionnaires et employés d'exercer des pressions pour qu'une
personne fasse du travail partisan; c) à l'employeur, à un
candidat ou à une association représentant les fonctionnaires ou
employés d'exercer des pressions sur ceux-ci afin qu'ils fassent du
travail partisan.
Que la définition des dépenses électorales soit
révisée afin que des groupements ou des personnes ne
désirant appuyer ou combattre aucun candidat ou parti puissent exprimer
leurs opinions en période électorale, à moins qu'il n'y
ait eu connivence entre ces personnes et un candidat ou un parti pour effectuer
une dépense.
On pourrait en ajouter une autre qui serait que, pour les personnes qui
ne peuvent quitter leur domicile pour des raisons de maladie, on puisse
établir une procédure de vote par procuration ou autre mode de
scrutin.
C'étaient les commentaires de la Commission des droits de la
personne. Je vous remercie de votre attention et je suis disposé
à répondre à vos questions, si c'est possible.
Le Président (M. Rochefort: Je vous remercie de votre
présentation, M. Lachapelle.
M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est un mémoire
très intéressant qui, évidemment, diffère
sensiblement de ceux qu'on a vus jusqu'ici puisque nous n'avons pas devant nous
quelqu'un qui est impliqué d'une façon continuelle dans la
gestion municipale ou dans les affaires municipales. C'est un point de vue qui
est totalement différent. J'avais une remarque ou deux. D'abord, sur le
plan pratique, comment voyez-vous qu'une municipalité pourrait organiser
le vote des détenus? Sur le plan provincial, on peut penser qu'on
organise dans chaque endroit de détention un bureau de scrutin et que
ces votes sont comptabilisés à cet endroit pour l'ensemble du
territoire, je présume. Quand on parle d'une municipalité, n'y
a-t-il pas des problèmes de logistique?
M. Lachapelle: Oui. Écoutez, je n'ai pas
étudié la question de manière très approfondie. Je
me souviens que, quand j'étais au ministère de la Justice, cette
question avait déjà été étudiée pour
savoir comment on réaliserait le vote des détenus. Au niveau
provincial, c'est peut-être facile de faire un recensement. Il faudrait
prévoir que, lorsqu'il y a une élection dans une
municipalité, les détenus fassent eux-mêmes connaître
leur intérêt à voter et indiquent, si tel est le cas, leur
intention pour qu'on fasse parvenir au directeur de la prison des bulletins de
vote pour leur permettre de faire voter ces personnes et qu'ils soient
retournés ensuite au secrétaire de la municipalité. Je ne
vois pas que ce problème soit d'une complexité incroyable. Il y a
un petit problème logistique. Mais, à la condition que les
détenus fassent eux-mêmes connaître leur intention de vote,
il m'apparaît qu'on devrait le réaliser.
M. Bourbeau: Vu de cette façon-là,
évidemment...
M. Lachapelle: Vous savez, cette question avait
déjà été soulevée aussi par le Solliciteur
général du Canada lors des dernières élections
provinciales au Québec où, dans les prisons
fédérales, semble-t-il, on avait une grande complication à
faire voter les détenus. Il y a eu un jugement à l'époque,
quelque part avant le début de décembre, avant les
élections, qui a ordonné au Solliciteur général du
Canada de permettre ce vote. De ce que j'ai compris, ils avaient réussi
à s'organiser.
M. Bourbeau: L'autre point sur lequel je voudrais vous interroger
traite de ce dont vous parlez au début de la page 8 de votre
mémoire. Vous proposez "l'introduction dans le projet de loi d'une
disposition créant une infraction en cas d'intimidation ou de pressions
indues" sur un fonctionnaire municipal.
A l'article 619 du projet de loi, on a un texte qui se lit comme suit:
"Commet une infraction "1° le fonctionnaire, l'employé ou
l'association qui contrevient sciemment à l'article 288; "2° la
personne qui sciemment use d'intimidation, de menaces ou de sanctions pour
amener un fonctionnaire, un employé ou
une association à contrevenir à l'article 288 ou pour le
punir de son refus d'y contrevenir."
L'article 288, quant à lui, dit: "Un fonctionnaire ou un
employé d'une municipalité ne peut se livrer à un travail
de nature partisane relativement à une élection à un poste
de membre du conseil de la municipalité. Cette prohibition
s'étend à toute association représentant les
intérêts de ces fonctionnaires ou de ces employés." Est-ce
que cela ne règle pas le problème dont vous parliez?
M. Lachapelle: J'ai l'impression, à la lecture de cet
article, qu'il faudrait peut-être en voir l'application, voir s'il couvre
cet aspect. Je pense qu'effectivement il le couvrirait.
M. Bourbeau: Tant mieux, on a même anticipé.
M. Lachapelle: Vous avez même anticipé. Ou vous
l'avez corrigé lorsqu'on vous a fait ces commentaires, parce que je ne
crois pas qu'il apparaissait dans le premier document qui avait
été soumis antérieurement.
M. Bourbeau: Quand vous recommandez à la page 11 "que la
qualité d'électeur soit établie en concordance avec les
règles sur la capacité dans le Code civil", est-ce que vous
parlez des règles nouvelles dans le nouveau projet de loi?
M. Lachapelle; Dans le projet de loi 20. Évidemment, on
anticipe un peu. On espère toujours que ce projet de loi va revenir. On
imagine. Il est revenu à peu près à quatre ou cinq
reprises, je pense, et a été reporté chaque fois. Il
semble bien que le ministre de la Justice ait l'intention de le faire
voter.
M. Bourbeau: Merci beaucoup. Quant à nous, je pense que
cela va être tout pour l'instant.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Dans votre premier point, vous demandez que la
qualité d'électeur soit établie en concordance avec les
règles sur la capacité du Code civil. Je pense qu'on comprend que
ce projet de loi n'a pas été adopté. Il a
été présenté à la première reprise.
Je pense qu'il y a un point où vous insistez beaucoup. Moi, cela me
chicote parce qu'on a écouté beaucoup de mémoires
aujourd'hui. Je me demande si ce n'est pas quelque chose qui sonne faux quand
vous dites: II faudrait permettre aux employés d'une municipalité
de faire du travail partisan et de se présenter. Je ne sais pas. Il me
semble que cela va à l'encontre de ce qui se passe actuellement dans le
droit parlementaire comme dans l'administration provinciale, dans
l'ensemble.
Je pense qu'il faut être réaliste en disant: Est-ce que la
Commission des droits de la personne a fait une sortie quelconque quelque part
sur ce qui se passait au gouvernement provincial? Il y a des gens qui sont
nommés de façon un peu spéciale à des postes. Ils
sont remplacés. Ils sont changés de place, etc. Cela doit
être rattaché à quelque chose quelque part. Là, vous
nous dites, vous autres: Le municipal, ce n'est pas pareil "pantoute". Eux
autres, ils sont au-dessus de tout soupçon. Les employés ont le
droit de se défendre avec des conditions de travail, avec des syndicats.
Ils ont le droit d'écoeurer tout le monde. Ils ont le droit de se
présenter en assemblée publique et de venir, comme
syndiqués, sous le couvert d'un président de syndicat, dire
à peu près n'importe quoi, tenir n'importe quel discours. Ils ont
le droit de faire la grève quelque part. (20 h 45)
Ils sont protégés d'autres façons devant les
tribunaux d'arbitrage parce qu'eux autres ils sont attachés avec des
décisions. En plus de cela, vous dites: On ne va pas assez loin. Il
faudrait que les employés aient le droit aussi de faire du travail de
nature partisane. Ils pourraient dire n'importe quoi à la population.
Ils sont très près. Ils ont accès à des documents,
à des dossiers un peu particuliers dans la municipalité. Ils ont
le droit de s'emparer de cela. Ils le font pareil, remarquez bien. Je pense que
la loi ne pourra jamais empêcher ce qui se passe indirectement. Je pense
que tout le monde n'est pas naïf à ce point. Mais le permettre
ouvertement, dire carrément: Allez-y! il me semble qu'on fait preuve un
peu d'angélisme. Pensez-vous que dans une municipalité où
il y a un maire qui se fait élire ou un conseil municipal, et que les
employés Ies ont brassés un peu, ont travaillé d'une
façon partisane pour les faire battre, etc., te maire, bon
garçon, va dire: Oui, c'est correct? La loi nous dit: Ne nous touches
pas. On sait qu'il y a toutes sortes de façons de pénaliser
quelqu'un, pas juste dire: Je ne t'aime pas, ne pas lui parler... Il y a
d'autres façons aussi.
La Commission des droits de la personne du Québec est
allée un petit peu loin dans cela en disant: Donnez donc ta chance
à tout le monde. Prenez-vous les élus municipaux pour des anges?
Ce sont des gens qui sont élus. Ce sont des gens qui, en principe, ont
tous les défauts et toutes les qualités de leurs citoyens.
Verriz-vous cela? Demain matin, ils accepteraient que tout le monde aille jouer
dans leur,.. Ces gens-là vont se présenter, ils vont
peut-être se faire
élire, vont négocier à l'intérieur d'un
conseil municipal, en supposant qu'ils prennent la majorité, les
conditions de travail, ils vont améliorer les conditions de travail de
la classe ouvrière - ils pourraient avoir cela comme principe ou
améliorer la condition des professionnels de la municipalité ou
la condition des cadres.
Mais quelqu'un qui paie au bout, il va dire: Oui, cela n'arrivera pas
souvent, ce n'est pas possible. Bien non! Donner une ouverture semblable...
Pour avoir vécu ces expériences - j'ai été 22 ans
dans le domaine municipal - j'ai l'impression que, oui, c'est possible. J'avais
dit à un moment donné à un juge: Pourquoi vous n'acceptez
pas qu'on offre un verre de boisson durant une période
électorale? C'était un juge qui était excessivement
compétent, qui a été pendant de nombreuses années
président de tout ce qui se passait au point de vue électoral au
Québec. Pourquoi ne permettez-vous pas des régalades, il n'y a
rien là? Moi, je peux payer un verre de boisson à quelqu'un dans
ma vie normale, et durant les élections on n'a plus le droit? Bien, vous
savez, il a dit: On le sait que cela se fait, mais, s'il fallait qu'on le
permette, cela serait de la folie furieuse. Donc, il y a la loi, l'esprit de la
loi et l'apparence. Dans tout cela, il faisait son jugement et je trouve, avec
le temps, que c'est un gars qui est un grand sage, malgré tout. J'admets
que la loi pourrait prêcher des choses radicales, dire: Ne te tires pas
à l'eau si tu ne sais pas nager. Si tu tombes à l'eau, il va bien
falloir que tu gigotes pour t'en sortir. Donc, il y avait de la sagesse
à travers cela.
Dans votre proposition, à moins que vous me disiez que je suis
dans l'erreur complètement, j'ai l'impression que permettre un travail
partisan, le droit de se présenter à des gens qui,
déjà, assez souvent, jouissent de meilleures conditions que
l'ensemble des citoyens de leur municipalité... Il ne faut pas se le
cacher, les employés municipaux ce ne sont pas des gens qui sont
brimés, ce ne sont pas des gens qui sont malheureux. Regardez les
conditions de travail de ces gens. Assez souvent, ils ont de meilleures
conditions de travail que les élus. Régulièrement, ils ont
de meilleures conditions que même des gens qui sont dans l'entreprise
dans leur municipalité. Et vous dites: II y a des centaines de milliers
de personnes de brimées. Un instant! Quand vous additionnez tout le
monde, cela fait gros et cela fait peur. Prenons-les par municipalité.
Il y a des municipalités qui ont huit employés. Ils ont de 100
à 1000 électeurs, donc c'est 8 sur 1000, c'est un dixième
de 1 %. Si vous prenez 60 000 habitants, 400 employés et 40 000 voteurs,
c'est un dixième, c'est 10 %. Ce sont des centaines de milliers si vous
les additionnez, mais en les prenant morceau par morceau...
Enlevez Montréal, Québec, Longueuil, Laval et quelques
grosses municipalités, vous allez voir que les employés
municipaux ne sont pas nombreux. Il y a beaucoup de municipalités qui
ont huit employés, six employés. Pourquoi vous leur permettriez?
Permettriez-vous que moi j'aille jouer dans vos dossiers? J'ai
décidé que, moi, j'ai la vérité et je vais aller
"déranger" tout le monde?
Il me semble que c'est un organisme qui a été nommé
par le gouvernement et qui est maintenu. Il a un travail à faire. Mais
quand vous entrez dans les positions en ce sens qu'on ne va pas assez loin dans
l'expression de la liberté... La liberté individuelle, à
mon sens, cela ne doit pas brimer la liberté de la collectivité.
Personnellement, de ce point de vue, j'ai l'impression que vous brimez la
collectivité par rapport à des individus qui peuvent être
une collectivité en nombre mais qui est beaucoup moins grande que
l'ensemble d'une municipalité.
Le Président (M. Rochefort): M.
Lachapelle.
M. Lachapelle: D'abord, je me permets de rétablir
certaines choses. Vous dites que la commission va trop loin. Ce n'est pas la
commission qui va trop loin. Tout ce que la commission fait, c'est qu'elle
interprète la Charte des droits et libertés de la personne qui
est cette loi fondamentale du Québec et qui est également cette
loi qui, depuis le 1er janvier, a prépondérance sur toutes les
autres lois. Cette Charte des droits et des libertés de la personne
soutient, entre autres, qu'on doit donner le plus d'espace possible à la
liberté d'expression et de faire connaître publiquement ses
convictions politiques, même si cela peut créer certaines
difficultés dans une municipalité. On est bien conscient de la
dimension que vous avez soulignée tantôt, soit que, bien
sûr, dans une municipalité cela peut créer certains
heurts.
Vous avez ajouté une remarque extrêmement
intéressante quand vous avez dit: On sait que de toute façon cela
se fait, alors pourquoi ne pas permettre que cela se fasse publiquement et que
cette liberté d'expression se fasse de façon très ouverte?
Vous avez fait une comparaison que je ne suis pas prêt à admettre
quand vous parlez de payer un verre. La Commission des droits de la personne
n'est jamais allée jusque-là et on n'a jamais prétendu que
la Charte des droits et libertés allait jusque dans ces dimensions et
que la liberté d'expression allait jusque-là. Quant à
nous, le principe fondamental qui ressort, c'est qu'on doit permettre la plus
grande liberté d'expression possible. Bien sûr, il faudrait bien
comprendre que la liberté d'expression s'arrête là
où commence la liberté des autres. Cela ne veut pas dire que,
même si
les employés sont bien traités dans une
municipalité, ils n'auraient pas le droit de faire certains commentaires
sur l'administration municipale qu'ils connaissent bien. Je suis bien conscient
que ce n'est pas tout le monde qui peut partager le point de vue de la Charte
des droits et libertés de la personne et de la Commission des droits de
la personne. Je suis très respectueux de votre opinion mais, quant
à nous, nous croyons que la liberté d'expression est
extrêmement importante dans une société et dans une
démocratie comme la nôtre.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je vais accepter et je vais respecter aussi votre
opinion mais n'oublions pas une chose, c'est qu'on peut bien prêcher la
liberté d'expression mais je ne suis pas prêt à
prêcher le chaos et la mésentente sociale pour donner de la
liberté quelque part. Je crois que cette loi a ouvert des portes et
permet à des gens... Qu'on regarde tous les résultats de ceux qui
sont venus nous parler aujourd'hui, les gens qui sont en contact direct avec
leurs employés; eux, ils veulent protéger la paix sociale et ils
veulent que cela fonctionne correctement. Mais si vous me disiez: Nous avons
dénoncé, nous disons ce qui se passe actuellement au gouvernement
provincial, cela n'a pas d'allure, cela n'a pas de bon sens, toutes ces
nominations». Pourquoi y-a-t-il des nominations? Vous ne m'avez pas
répondu. Je ne vous demande même pas de répondre. Mais,
moi, j'ai le droit de m'interroger par rapport à cela. Il paraît
qu'on est rendu à 300 et on en a oublié quelques-unes
probablement à travers ces nominations, depuis huit mois. Ce n'est pas
un scandale en soi. Il y en a qui en ont profité, il y en a qui se sont
fait "déplanter" et puis après! Que voulez-vous! Cela a l'air que
c'est reconnu dans nos moeurs. Mais pourquoi cela se fait-il? II doit y avoir
une raison fondamentale quelque part. La protection de l'individu, qu'est-ce
que cela fait? Il y a eu une liberté quelque part mais cela se paie. Il
y a un coût quelque part. Si vous voulez que ce coût se transporte
aux municipalités et que tout le monde finisse par se regarder avec de
la suspicion et surtout dans les petites municipalités de 800
électeurs et où tout le monde se connaît par son petit nom
et où on va en avoir quatre ou cinq qui vont travailler pour la partie
adverse et où le gars va se faire élire, vous allez voir que cela
va être le "fun" tantôt. En tout cas, je trouve que cela
créerait un climat invivable dans une petite municipalité. On
sait comment cela se passe. Si quelqu'un a mal au ventre, tout le monde est
malade. Dans une petite municipalité, c'est de même que cela se
passe. S'il y a huit personnes qui perdent leur emploi, c'est un drame
national. On ne voit peut-être pas cela à Montréal
malgré qu'on commence à crier à des places. Cela leur fait
mal aussi à eux autres. C'est cela que je dis. Cela me semble un peu de
l'angélisme par rapport à ce qu'on a été
habitués de vivre et de voir, ce qui se passe. Je ne veux pas brimer qui
que ce soit. Tous ces employés ont d'autres canaux pour intervenir et
pour protéger ce qu'ils croient juste et raisonnable. Ils ont choisi de
travailler pour les municipalités. Est-ce qu'on peut être roi et
valet en même temps? Peut-être. C'est peut-être votre
idéal et peut-être que c'est la façon de concevoir les
choses, mais je ne le vois pas comme cela, c'est-à-dire que j'ai choisi
quelque part. J'ai choisi de faire une "job". Je ne peux pas être membre
d'un syndicat et, en même temps, actionnaire majoritaire d'une compagnie.
Je ne peux pas être président de la compagnie et être
président du syndicat en même temps. Alors, j'ai choisi quelque
part, et ces gens-là qui ont décidé de travailler pour la
municipalité, je leur dis: C'est du bien bon monde, ils font du bon
travail, et, moi, je veux les garder près de moi, et je pense que les
municipalités veulent les garder près d'elles. Une façon
de les garder près d'elles, c'est justement que ces gens-là
fassent leur travail comme il faut et ne fassent pas nécessairement de
politique. C'est de cette façon que je voyais cela.
II y a peut-être un autre point, mais je vais peut-être le
perdre. Je vais peut-être passer la parole à quelqu'un qui voulait
parler tout à l'heure? je pense que le président voulait
intervenir.
Le Président (M. Rochefort): Non, après vous.
M. Dufour: Je vais me retrouver quelque part. Ah oui! Vous dites
que les gens en curatelle, qui n'administrent pas leurs biens, devraient avoir
le droit de vote, parce que vous avez décidé, vous autres, que le
droit de vote... Vous attachez beaucoup d'importance au droit de vote. Je ne
voudrais pas vous prendre en contradiction, mais il me semble que vous ne
m'avez pas transmis votre cheminement de pensée comme il faut, il y a un
bout que je n'ai pas compris. Vous dites que les gens qui sont sous la
juridiction du Curateur public, qui ne sont pas capables d'administrer leurs
biens, qui ne sont pas des malades mentaux, mais qui ne sont pas responsables
trop trop, il faudrait qu'ils aient le droit de vote. Il y a des raisons pour
que quelqu'un soit en curatelle, qu'il fasse administrer ses biens, qu'il ne
soit pas responsable et qu'il puisse être un danger pour les autres comme
pour lui. Mais voter, ce n'est pas un danger; ce gars-là peut voter. Il
faut que quelqu'un
prenne une décision. Qui aura le droit de vote pour eux? Est-ce
eux personnellement? De quelle façon vont-ils cheminer ou est-ce le
curateur qui va convaincre la personne de voter selon ce qu'il pense, lui? En
tout cas, je n'ai pas été capable de saisir comment on
pourrait... On entendait d'autres versions aujourd'hui et on disait: La
personne qui est propriétaire quelque part, mais qui n'y réside
pas, ne devrait pas voter. Lui, c'est sa place, le gars est censé avoir
un bon jugement, il serait censé avoir le droit de vote. Certains
groupes sont venus nous dire aujourd'hui: Eux autres, il ne faudrait
peut-être pas qu'ils votent. Là, vous nous dites: Les gens qui ont
des incapacités à plusieurs endroits parce qu'ils sont sous la
Curatelle publique, on pourrait leur donner le droit de vote. Vous avez
décidé je ne sais pas quoi, je ne sais pas qui décide
cela. Est-ce le médecin? Est-ce vous autres? Il aurait le droit de vote
quand même. Je ne saisis pas trop cette partie de votre mémoire.
C'était le deuxième point que je voulais soulever.
Le Président (M. Rochefort): M.
Lachapelle.
M. Lachapelle: Sur cette question, nous avons voulu
réitérer les principes qu'on va retrouver dans des amendements -
enfin si c'est voté par l'Assemblée nationale - qui existent
actuellement dans le projet de loi 20 et dans le nouveau Code civil, à
savoir qu'on ne doit pas brimer une personne de ses droits sauf si
véritablement un juge a pris connaissance de sa capacité. Si un
juge constate qu'une personne qui est envoyée en cure fermée peut
quand même - et c'est pour cela, on insiste sur le fait que c'est un
tribunal qui devrait le faire... Un tribunal pourrait estimer qu'une personne
envoyée en cure fermée puisse exercer son droit de vote. De la
même manière, on pourrait dire qu'une personne devrait être
mise sous la Curatelle publique pour toutes sortes de raisons, mais le juge
pourrait estimer que cette personne peut également exercer son droit de
vote; le juge pourrait indiquer à ce moment-là que la personne
peut encore continuer à exercer son droit de vote.
Ce que l'on dit, c'est que, dans une société, le nombre de
personnes qui peut exercer son droit de vote doit être le plus
élevé possible. Évidemment, on ne parle pas pour la
majorité. La Commission des droits de la personne vient défendre
ici le droit des minorités, le droit de quelques personnes. On a dit
tantôt: Mais ce n'est pas grave, cela fait seulement trois ou quatre
fonctionnaires dans une municipalité, ce qui est important c'est que
l'ensemble puisse voter, puisse exprimer son opinion. Nous autres, on dit: Non!
Il faut que chacune des personnes, prise individuellement, puisse exercer son
droit de vote. Quand on enlève le droit de vote à une personne,
c'est un acte extrêmement grave, et on devrait porter grande attention
quand on enlève ce droit de vote. Quand un juge envoie une personne en
cure fermée, ce n'est pas compliqué, il a tout simplement
à examiner les questions qui lui sont soumises et à dire: Oui.
Bien que cette personne soit en cure fermée, soit envoyée sous la
Curatelle publique, elle pourra aussi continuer à exercer son droit de
vote. (21 heures)
Vous nous dites: Vous en faites une question extrêmement
importante. Bien oui, c'est cela que l'Assemblée nationale a voté
un jour. L'Assemblée nationale a voté un jour que toute personne
a droit de vote et a droit de se porter candidat. C'est un principe reconnu
dans la société québécoise. On ne l'a pas
inventé, on le retrouve dans une charte des droits et libertés;
et on dit effectivement qu'avant d'enlever le droit de vote à une
personne il faudrait faire attention parce qu'on estime qu'une
société démocratique, c'est important. C'est cela la base
sur laquelle repose l'argumentation de la commission. L'autre base, c'est le
nouveau code civil, qui va venir également dire qu'on ne doit pas
enlever inutilement des droits à une personne. On ne doit les enlever
qu'après avoir véritablement scruté et s'être
assuré que cette personne n'a pas le droit de vote, n'a pas le droit
d'administrer ses biens. Cela nous semble des principes dont la
société québécoise s'est dotée et est en
train de se doter également par un nouveau code civil.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière, cela va?
J'aimerais aborder avec vous la question des dépenses
électorales. Vous partez du principe qui est celui prévu à
la Charte des droits et libertés de la personne, qui est celui de la
liberté pleine et entière d'expression, pour nous dire que,
finalement, au chapitre des dépenses électorales, tant au point
de vue municipal qu'au niveau provincial, on ne devrait pas restreindre le
droit d'intervention, donc le droit d'expression de différents groupes
de notre société dans le débat électoral. C'est ce
que vous nous dites.
Moi, je suis extrêmement favorable à l'ouverture, à
la liberté d'expression de tous et chacun, à la
possibilité de participation au processus électoral du plus grand
nombre d'individus et de groupes. Mais, en même temps, je ne peux aborder
ces questions de façon théorique et d'une façon qui
ignorerait le passé, l'histoire du Québec en matière de
dépenses électorales. Ce n'est pas pour rien qu'un jour un
gouvernement libéral, celui de Jean Lesage, a décidé de
limiter, de plafonner les montants que les différentes formations
politiques de même que les différents candidats et candidates aux
élections pouvaient dépenser, de façon à
assurer dans la mesure du possible par une préoccupation
démocratique une certaine équité quant à la chance
au coureur, quant au droit et à la possibilité de faire valoir
ses opinions, ses idées comme candidat et comme candidate, comme
formation politique pour que tous, au départ, soient sur un pied
d'égalité pour se présenter devant l'électorat.
J'ai de la difficulté à concilier mes deux préoccupations:
le principe de la liberté d'expression - principe fondamental dans nos
lois électorales et qui n'est pas fondé sur de la théorie
politique mais sur une pratique, sur des traditions, sur un passé
récent qu'a le Québec en matière de moeurs
électorales - et, en même temps, cette préoccupation de
donner le plus possible la possibilité à tous et à chacun,
comme individu et comme groupe, de participer au processus électoral.
J'avoue que, lorsque je prends connaissance de votre recommandation et, encore
plus, lorsque je prends connaissance des faits concrets qui se sont
déroulés en 1985 ou en 1981 et que vous citez pour venir appuyer
votre recommandation, j'ai de la difficulté à vous suivre et
à voir comment vous ne rejetez pas carrément du revers de la
main, au nom de la liberté d'expression de tous, le grand principe
d'équité entre les individus, entre les candidats et candidates
et entre les formations politiques dans le processus électoral.
J'aimerais que vous essayiez de me démêler cela, s'il vous
plaît.
M. Lachapelle: Vous avez mentionné tout à l'heure
qu'il fallait essayer de s'articuler le plus possible sur des cas concrets. On
vous a soumis deux cas.
Le Président (M. Rochefort): ...
M. Lachapelle: Je pense que le texte est quand même... Ces
groupes qui ont dit: Nous aimerions manifester contre une personne, qui sont
apolitiques tout à fait -c'est-à-dire qu'ils ne sont pas
apolitiques parce qu'ils font de la politique en disant cela - mais ils ne font
pas partie d'un groupe partisan... Je peux continuer?
Le Président (M. Rochefort): Qui, allez-y, poursuivez.
M. Lachapelle: Ils ne font pas partie d'un groupe partisan et
disent: Nous, dans une période électorale, on a quelque chose
à dire à la population. On n'est pas d'accord avec les
idées émises par ce parti. Nous ne sommes pas de ce parti mais
nous aimerions le dire à la population. Nous disons que, s'il y a un
temps dans la vie d'une population où on doit exprimer ses idées,
c'est bien dans une période électorale. Là-dessus, je suis
tout à fait d'accord avec les opinions que vous émettiez
tantôt voulant que les dépenses électorales soient
véritablement balisées. On ne peut se permettre... Justement, au
sujet de cette règle de l'équité que vous mentionniez
tantôt, il faut qu'il y ait un partage juste de ces montants qui sont
octroyés aux partis.
D'autre part, on pense que des droits sont brimés, car il y a des
personnes qui, lors d'une campagne électorale, veulent indiquer
l'opinion contraire et faire connaître leurs idées sur des
opinions émises par un parti politique. Ce qui est malheureux, c'est
qu'on dit: Si vous voulez faire connaître vos opinions, vous allez vous
inscrire dans un parti. On se demande s'il n'y aurait pas possibilité
que l'on puisse le faire autrement.
Je dois vous avouer qu'il est complexe de trouver une solution. Je pense
que vous l'avez mentionné tantôt: on est effectivement pris entre
deux principes. Comment, maintenant, réussir à trouver la ligne
de démarcation qui ferait qu'il n'y aurait pas cette connivence avec un
parti politique, simplement pour susciter un débat, pour susciter des
influences indues à l'intérieur d'un parti? Nous sommes tout
à fait d'accord pour dire que la question n'est pas facile. Il y aurait
sûrement moyen de trouver des agréments qui permettraient,
même si on ne fait pas partie d'un parti politique, d'émettre ses
opinions. Encore une fois, s'il y a une occasion pour manifester son accord ou
son désaccord avec un programme, c'est bien lors d'une campagne
électorale.
Le Président (M. Rochefort): Je me permets de solliciter votre
éclairage sur cette question parce que, de toute évidence,
à l'automne ou au printemps prochain, cette question va revenir, non pas
par l'intermédiaire d'un projet de loi sur les élections
municipales mais par l'intermédiaire d'un projet de loi annoncé
par le gouvernement quant à une réorientation sur des balises
à apporter notamment au chapitre des dépenses et du financement
des campagnes électorales. Je vous dis que j'ai de la difficulté
à concilier les deux principes. Et, entre les deux principes, compte
tenu de notre passé, compte tenu de notre histoire très
récente, de nos moeurs électorales, je considère qu'il
faut protéger l'équité entre les hommes et les femmes qui
se portent candidats et entre les formations politiques qui se
présentent devant l'électorat. Les exemples que vous citez, quant
à moi, donnent justement raison à cette primauté du
principe d'équité sur le principe de la liberté
d'expression.
Vous faites allusion à l'Association des pharmaciens du
Québec qui, déçue de l'allure des négociations avec
le gouvernement, décide d'intervenir en pleine campagne
électorale pour orienter dans la mesure du possible, pour influencer la
population, donc le corps électoral que constitue l'ensemble des
Québécois et des Québécoises, dans un certain sens
plutôt que dans un autre. Où est l'équité? Que
devient notre principe de plafond des dépenses électorales?
Vous faites allusion à un candidat, non
pas à un groupe qui n'est pas partie prenante à une
campagne électorale, mais à quelqu'un qui est candidat à
une élection, donc, qui a tout le champ permis par la Loi
électorale pour faire valoir ses opinions et qui, de plus, tenterait
d'utiliser un livre qui ne serait pas couvert par les dépenses
électorales pour poursuivre la promotion de sa personne, de ses
idées et de ses orientations politiques. Vous ajoutez un groupe
écologiste qui tente d'intervenir contre un candidat en particulier,
parce que ce candidat précis a pris des positions favorables au
nucléaire. Vous faites allusion à la Centrale de l'enseignement
du Québec à l'occasion des négociations de 1982, vous
faites allusion, en 1985, au Syndicat de professionnels du gouvernement du
Québec.
Je me dis que les exemples très concrets et très justes
que vous apportez pour, je crois, appuyer votre thèse, quant à
moi, démontrent jusqu'à quel point on voit maintenant la
primauté du grand principe d'équité entre les candidats et
les candidates et les formations politiques au-delà de celui de la
grande liberté d'expression qui, de toute façon, est possible par
l'expression du droit de vote des individus et par la participation au
processus électoral qui est pleine et entière pour tous ceux et
toutes celles qui veulent y participer. Je vous répète, on ne
parle pas d'il y a 300 ou 400 ans. Si, un jour, le gouvernement Lesage est
arrivé avec l'idée de plafonner les dépenses
électorales, c'est parce qu'on se retrouvait dans des situations
où ceux qui réussissaient à se faire élire
étaient des gens qui contrôlaient la haute finance, et les
citoyens qui n'étaient pas parmi les mieux nantis de notre
société n'étaient pas en mesure de se faire élire,
même pas députés, on parle même de candidats et de
candidates à une convention d'une formation politique. Le seul
commentaire que je veux vous faire au moment où on se parle, c'est de
dire: Poursuivez votre réflexion, je suis extrêmement sensible et
préoccupé par la question que vous soulevez ce soir, mais
poursuivez votre réflexion et apportez-nous, dans la mesure du possible,
je le souhaite du fond du coeur, des solutions qui nous permettent de concilier
les deux principes, parce que, jusqu'à ce jour, tous ceux qui sont
intervenus sur cette question, à mes yeux, n'ont pas réussi
à trouver - ils n'ont, au fond, que soulevé le problème -
d'éléments concrets qui nous permettent d'intégrer les
deux principes.
Comment allez-vous, comme Commission des droits de la personne, comment
le Directeur général des élections ou un tribunal pourra
interpréter que tel groupe est intervenu à partir de
préoccupations exclusivement personnelles et non pas dans un vaste plan
qui visait à faire en sorte qu'on dépasse le plafond des
dépenses électorales? Je vous avoue que je ne vois pas du tout
comment un juge pourrait faire pour trouver cela. Je ne vois absolument pas
comment le Directeur général des élections pourrait y
arriver, pas plus que la Commission des droits de la personne.
M. Lachapelle: Je comprends que votre préoccupation, c'est
beaucoup plus une question pratique finalement. Je comprends que vous admettiez
avec moi que dans une période électorale le principe mis de
l'avant, c'est que chacun puisse s'exprimer, même s'il n'est pas dans un
parti politique, qu'il puisse donner son opinion. Finalement, ce qui est le
plus difficile, c'est de tracer et de trouver le moyen qui nous permettrait
justement que cette expression d'opinion ne soit pas faite de connivence ou de
manière à contourner la loi sur les dépenses
électorales, de manière à ajouter des dépenses
électorales qui serviraient à un parti plutôt qu'à
un autre. Finalement, c'est là votre préoccupation.
Le Président (M. Rochefort): Oui, ma préoccupation,
c'est de ne pas trouver un deuxième niveau de dépenses
électorales parce que, si on peut trouver des groupes qui disent que le
gouvernement n'aurait pas dû faire ceci ou cela, il est aussi possible de
trouver des groupes qui diront, mon Dieu, que le gouvernement a
été très bon ou que l'Opposition a fait un très bon
travail dans tel ou tel dossier. Là, on se retrouve avec un
deuxième niveau de dépenses électorales, qui n'est pas
contrôlé et auquel n'ont absolument aucun accès les jeunes
partis politiques et les candidats et candidates les moins connus.
M. Lachapelle: Je comprends qu'au niveau des principes on
s'entend. Si on arrivait d'ici quelque temps avec une réponse ou une
solution, cela vous serait agréable.
Le Président (M. Rochefort):
Absolument, mais je vous dis tout de suite que d'ici ce temps-là,
quant à moi, la primauté de l'équité entre les
candidats, les candidates et les formations politiques doit primer sur le
principe auquel je souscris totalement, la liberté d'expression qui,
finalement, n'a pas été brimée à ce point depuis
que le gouvernement Lesage a décidé, dans les années
soixante, de limiter les dépenses électorales. Merci. Est-ce
qu'il y a d'autres membres de la commission qui veulent intervenir? Cela
va?
Au nom des membres de la commission, je tiens à vous remercier,
M. Lachapelie et M. le directeur de la recherche de la Commission des droits de
la personne du Québec, pour votre participation constructive à
nos travaux. Sur ce, nous ajournons nos travaux jusqu'à demain matin 10
heures.
(Fin de la séance à 21 h 15)