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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements poursuit
ses travaux ce matin aux fins de procéder à une consultation
générale portant sur le projet de loi 100, Loi sur les
élections et les référendums dans les
municipalités. Il s'agit de la troisième et dernière
séance de la commission eu égard à ce projet de loi.
Ce matin, nous recevrons, dans l'ordre, l'Union des municipalités
régionales de comté et des municipalités locales du
Québec Inc., suivie de la ville de Québec et, en
après-midi, après la période des affaires courantes
à l'Assemblée, nous recevrons l'Union des producteurs agricoles,
la Fédération des associations de propriétaires du canton
de Chertsey et la Fondation des sourds du Québec Inc.
Avant d'aller plus avant, je demanderais au secrétaire s'il y a
des modifications à la composition des membres de la commission pour
cette séance.
Le Secrétaire: Non, M. le Président, aucun
remplacement ne m'a été signalé.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. Donc, sans
plus tarder, je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec. Pour
les fins du Journal des débats, je vous demanderais de vous
identifier, de même que les personnes qui vous accompagnent, et, par la
suite, de prendre une période d'une vingtaine de minutes pour nous
présenter votre mémoire. Puis, un échange aura lieu entre
vous et les membres de la commission. M. Nicolet.
UMRC et des municipalités locales du
Québec Inc.
M. Nicolet (Roger): M. le Président, M. le ministre,
mesdames et messieurs les membres de la commission, tel que vous le
suggérez, je commence par les présentations: à ma droite,
Me Gaétane Martel qui est directrice du service de recherche de l'UMRCQ;
à ma gauche, M. Georges Fillion qui est premier vice-président de
l'union et moi-même, Roger Nicolet.
Les grands débats de la société
québécoise des dernières années ont malheureusement
mobilisé l'attention de tous au détriment d'une meilleure
perception de la vie de nos régions. L'incroyable richesse que
représente la diversité des sociétés
régionales du territoire québécois est malheureusement
négligée devant l'hypnose créée par la dynamique
d'un État aux réflexes monolithiques et centralisateurs.
Ce monde régional que le terme "rural" ne définit plus
adéquatement a vécu, bien sûr, depuis quelques
années les grands courants nationaux. Son originalité lui vient
des synthèses distinctes qu'il a réussi à faire dans cette
dynamique nationale en alliant des traditions locales très vivantes
à des perceptions originales alimentées par les contextes des
cadres particuliers de chaque région.
L'UMRCQ, qui se veut le porte-parole et le défenseur de ces
diversités, ne peut donc que s'inscrire en faux contre toute
démarche dont la dimension "uniformisation" prendrait
préséance sur tous les autres mérites auxquels elle
pourrait prétendre. L'uniformité est une négation totale
du droit à la différence. C'est aussi une négation du
droit des citoyens d'une communauté à déterminer, comme
ils le faisaient auparavant, un certain nombre de règles
démocratiques dans leur milieu. Bien que nous soyons prêts
d'emblée à admettre que la fonction publique peut plus facilement
quantifier, analyser et contrôler des situations uniformes, nous sommes
également parés à contester d'emblée la
prétention que l'uniformisation du système améliorera la
situation au niveau local.
Cette diversité des régimes est elle-même porteuse
d'histoire, de traditions et de culture que le monde municipal se refuse de
voir menacées dans leur stabilité, sinon dans leur existence
même.
Quant au projet de loi proprement dit, nos commentaires porteront sur
quelques points précis sur lesquels j'aimerais attirer votre attention.
La première question, bien sûr, est la périodicité
des élections. Il est, à notre avis, primordial que, dans les
petites municipalités, on puisse maintenir la faculté de choisir
la durée du mandat des membres du conseil municipal. En effet, ces
municipalités s'administrent à l'aide d'une fonction publique
rudimentaire. Des conseillers inexpérimentés ne peuvent donc pas
bénéficier du soutien d'une forte équipe de fonctionnaires
et il s'ensuit que ces municipalités ne peuvent qu'être
affectées
par un changement complet du conseil. Donc, il est important qu'une
continuité puisse être assurée au sein du conseil
municipal.
Dans ce contexte, nous croyons que l'on devrait maintenir un
système de rotation qui pallierait ce danger. En conséquence,
pour ces motifs, l'UMRCQ réitère sa position formulée lors
des différentes rencontres et dans des différents mémoires
présentés, à savoir que l'on conserve, pour les
municipalités de 5000 habitants et moins, la possibilité de
décider par règlement du conseil que les élections aient
lieu tous les deux ans avec un mandat d'une durée de quatre ans.
Le deuxième point qui retient notre attention est le droit de
poser sa candidature. Le ministère des Affaires municipales propose,
dans son projet de loi 100 sur les élections et les
référendums, que tout électeur de la municipalité
soit dorénavant éligible à un poste de membre du conseil
de celle-ci s'il est domicilié ou résident depuis douze mois au
1er septembre de l'année de l'élection
générale.
Tout en se disant d'accord pour que l'on réduise le délai
de domicile ou de résidence à douze mois, l'UMRCQ
réitère sa position voulant que le législateur conserve le
statu quo relativement aux qualités requises pour poser sa candidature
à un poste au sein du conseil municipal, soit une personne physique
majeure, citoyen canadien, propriétaire ou locataire ou son
conjoint.
Le personnel électoral. Le projet de loi sur les élections
et les référendums dans les municipalités stipule que, si
le président d'élection (d'office, le greffier ou le
secrétaire-trésorier) est dans l'incapacité d'agir, son
remplaçant est nommé par la Commission municipale.
Pour l'UMRCQ, l'autorisation de se retirer ou la nomination d'un nouveau
président ainsi que, le cas échéant, d'un président
adjoint doit demeurer la prérogative des membres du conseil municipal.
Les commentaires du ministère, à savoir que ces modifications
visent à augmenter l'efficacité de l'action du personnel
électoral, ne sont, à notre avis, nullement justifiés.
La liste électorale. Le projet de loi 100 prévoit que seul
un électeur pourrait désormais avoir droit d'être inscrit
sur la liste électorale en raison de la propriété d'un
immeuble ou de l'occupation d'une place d'affaires. Cette nouvelle règle
force donc les copropriétaires ou les occupants à
déterminer entre eux qui exercera le droit de vote. L'UMRCQ
suggère, pour sa part, que, dans le cas de copropriétaires en
copropriété divise, ces derniers bénéficient du
droit de vote. Dans le cas de copropriété indivise, le vote est
accordé seulement si ledit copropriétaire est
domicilié.
Finalement, le projet de loi prévoit que le président
d'élection fixe le délai dans lequel les copropriétaires
nomment celui qui sera habile à voter. L'UMRCQ suggère que le
délai soit fixé dans la loi.
L'intérêt pécuniaire particulier d'un membre du
conseil. Le premier document de travail proposait un nouveau régime
concernant les conflits d'intérêts et la perte du droit de
siéger pour les membres du conseil municipal.
L'UMRCQ, on 3'en souviendra, acceptait à l'époque un
relâchement des règles en vigueur actuellement. En effet, dans de
nombreuses petites municipalités du Québec, qui n'ont
accès qu'à un seul fournisseur de biens ou de services,
l'allégement proposé facilitait pour le moins l'administration
quotidienne ou évitait les recours à certains expédients
comme les prête-noms qui sont malheureusement encore utilisés.
Cependant, à la lecture de la dernière version du projet de loi
100, même si la règle générale veut que la
législation actuelle soit réappliquée, l'exception voulant
que, pour l'intérêt des contribuables, l'on puisse déroger
à la règle générale semble trop large, à
notre avis, et porte trop à interprétation.
Dans ce contexte, l'UMRCQ demande que, si aucun encadrement ou aucune
spécificité ne sont apportés dans le projet de loi, le
statu quo soit maintenu.
Le droit de vote au référendum. Dans le projet de
réforme, le droit de vote au référendum était,
à l'époque, assimilé au droit de vote lors de
l'élection des membres du conseil de la corporation. Maintenant, le
projet de loi 100 sur Ies élections et les référendums
dans les municipalités emprunte Ies mêmes dispositions des
premiers documents de travail.
Pour sa part, l'UMRCQ recommandait à l'époque, et elle
réitère aujourd'hui sa position, que le droit de vote, lors d'un
référendum relatif à un règlement d'emprunt, soit
réservé exclusivement aux propriétaires et aux locataires,
ainsi qu'à leurs conjoints seulement.
Il est généralement convenu de décrier l'absence de
contrôle du citoyen payeur de taxes sur les dérapages fiscaux des
appareils gouvernementaux des paliers supérieurs. Le caractère de
plus en plus diffus de l'imputabilité des élus n'est certes pas
étranger au désengagement d'un nombre croissant
d'électeurs. Seuls les gouvernements municipaux ont su maintenir,
à l'heure actuelle, une tradition de responsabilité fiscale qui
ne fait que rarement défaut. On reconnaîtra bien volontiers que
l'encadrement réglementaire et législatif du gouvernement y a
largement contribué. N'oublions pas, toutefois, que le dosage savant du
droit de vote aux référendums en est un élément
important. Le payeur de taxes, et seul le payeur de taxes foncières
municipales, peut et doit pouvoir remettre en question une
décision du conseil dont il n'approuve pas les incidences
fiscales. Cette notion de contrôle est tellement importante qu'elle est
devenue partie intégrante du droit de propriété
foncière. Et voici maintenant que l'on propose une réforme qui
fait fi de toute cette tradition éprouvée et établie. Le
gouvernement a-t-il vraiment pesé la portée du changement social
que le ministère des Affaires municipales entend instaurer en vertu
d'une simplification des procédures administratives? Pour l'UMRCQ, la
seule réponse possible est un rejet ferme de la formule actuelle incluse
dans le projet de loi.
Finalement, le tarif de rémunération du personnel
électoral. Les nouvelles dispositions du projet de loi 100
prévoient que le tarif de rémunération du personnel
électoral sera fixé par le ministre des Affaires municipales.
Cependant, la municipalité pourra y déroger. Les
dérogations à la hausse ne requerront aucune approbation.
Pour sa part, l'UMRCQ croit que la fixation d'un tarif de
rémunération du personnel électoral doit demeurer la
prérogative des membres du conseil de la municipalité. Cette
responsabilité relève, à notre avis, du palier municipal
et non du palier provincial.
Certaines municipalités ne bénéficient pas des
ressources financières nécessaires pour payer le tarif
gouvernemental. On doit donc leur laisser la possibilité de
déterminer elles-mêmes la rémunération des officiers
d'élection selon leurs disponibilités financières.
En conclusion, mesdames et messieurs les membres de la commission
parlementaire, nous voulons vous réitérer notre volonté
très ferme de collaborer avec le ministère des Affaires
municipales dans sa démarche complexe de fusion des deux grandes lois
municipales qu'il a entreprise. Cependant, nous nous permettons d'insister pour
que cette réforme se fasse dans le respect du monde régional que
nous représentons et de ses aspirations légitimes. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. Nicolet.
J'inviterais maintenant le ministre des Affaires municipales à
entreprendre la période d'échanges. M. le ministre.
M. Bourbeau; M. le Président, je remercie l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec Inc. pour sa contribution
extrêmement valable non seulement aux travaux de cette commission
parlementaire, mais également aux travaux en général que
mène le gouvernement, de concert avec les unions municipales, à
ta table Québec-municipalités.
Le projet de loi 100 que nous avons devant nous a été
élaboré à la suite de nombreuses consultations dont les
plus importantes et les plus suivies ont certes été celles qui
ont été menées par la table
Québec-municipalités au cours des derniers mois et je dirais
même au cours des dernières années. Nous en sommes à
la phase finale de consultation avant l'adoption éventuelle du projet de
loi par l'Assemblée nationale.
L'Union des municipalités régionales de comté et
des municipalités locales nous fait des représentations qui
portent sur des points très précis, mais, somme toute, sur peu de
points par rapport à l'ensemble du document. Je tiens donc pour acquis
qu'en ce qui concerne la majorité des articles du projet de loi,
puisqu'on n'en parle pas, l'Union des municipalités régionales de
comté est d'accord et que les points de divergence sont ceux qui sont
notés dans le document qui nous est soumis.
Je n'ai pas l'intention de reprendre une à une toutes les
rubriques du document qui a été déposé par l'Union
des municipalités régionales de comté, mais j'aimerais
peut-être revenir sur certains points dont, entre autres, la
périodicité des élections.
Bien sûr, dans le projet de loi, on parle d'élections tous
les quatre ans et on ne parle pas de la possibilité de faire en sorte
que ces élections puissent avoir lieu à une certaine
époque pour la moitié du conseil municipal et quatre ans plus
tard pour l'autre moitié. L'UMRCQ revient sur ce point en invoquant
l'argument de la continuité. Ce qui est évoqué dans les
documents gouvernementaux, c'est que, finalement, sur le terrain, on n'observe
peut-être pas autant qu'on semble vouloir le dire ce manque de
continuité. Dans bien des cas, on constate que les mandats des
conseillers municipaux durent et perdurent de longues années. Lors du
dernier congrès de l'UMRCQ, on a décerné des certificats
de longévité, de quart de siècle à de nombreux
maires qui siégeaient depuis au-delà de 25 ans.
Je me demande vraiment quelle est l'importance de cette objection par
rapport à l'objectif poursuivi par le gouvernement. Est-ce que vous
observez vraiment sur le terrain des revirements de situation à chaque
élection, de nombreux cas où des conseils municipaux sont
remplacés en entier? Est-ce que c'est un phénomène que
vous observez continuellement ou si ce sont plutôt des exceptions?
M. Nicolet: M. te ministre, d'abord, sur le premier point que
vous avez soulevé, je me dois effectivement de souligner notre accord
sur l'ensemble du projet de loi tel que présenté. Je voudrais que
ce soit très clair quant à cet aspect de votre intervention. Par
contre, cette question de périodicité des élections nous
préoccupe à différents titres. Peut-être que la
meilleure façon de l'illustrer, c'est de faire une brève
référence à l'évolution sociale que nous
vivons actuellement. Je crois que l'époque où les conseils
municipaux étaient enracinés tend à évoluer, tend
à changer. Votre ministère a contribué de façon
significative à sensibiliser la population, à intéresser
la population aux affaires municipales. On se retrouve de plus en plus avec une
implication du milieu, ce qui entraîne, forcément, un engagement
et une participation accrus de la population, une augmentation des mises en
candidature. (10 h 30)
Donc, la chose municipale, loin de demeurer statique dans les petites
municipalités, est devenue beaucoup plus attrayante et il y a beaucoup
plus d'engagement de la part de la population en général. C'est
peut-être dans cette perspective qu'il faut comprendre notre
préoccupation. Nous constatons de plus en plus que, dans des milieux
périphériques aux grands centres urbains, les milieux de
villégiature, etc., nous retrouvons de la part de l'électorat
beaucoup plus de volonté de s'associer, de participer à la vie
municipale. Dans cette optique, nous craignons vraiment ces ruptures de
continuité auxquelles nous faisons allusion dans notre texte.
II y a un autre phénomène qui est tout aussi important.
Dans une petite communauté, la vie sociale est beaucoup plus
étroitement liée entre les élus et la communauté,
de sorte que ce que la proposition législative apporterait, c'est une
polarisation accrue de la société dans laquelle se tient
l'élection. L'avantage de la périodicité ou du
régime de deux mandats en alternance est, à mon avis, de
permettre des transferts de pouvoir beaucoup plus harmonieux que lorsqu'on
polarise une petite communauté de 500 ou 600 votants autour d'une
élection événement cataclysmique, si je peux m'exprimer
ainsi. Les expériences qu'ont vécues les municipalités qui
ont eu recours au mandat de quatre ans n'ont pas été
particulièrement favorables en milieu rural.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez des statistiques sur le taux de
roulement des élus dans les municipalités qui représentent
le monde régional?
M. Nicolet: Je n'en ai pas ici, mais nous en avons à
l'union et je pourrai vous les faire parvenir.
M. Bourbeau: Est-ce que ces statistiques tendent à
démontrer que le taux de roulement est important et que cela
justifierait la proposition que vous faites?
M. Nicolet: Le taux de roulement est en évolution. Tout ce
que je prétends, c'est que nous assistons à une augmentation du
taux.
M. Bourbeau: L'autre point qui fait en sorte que ces
élections tous les quatre ans fassent partie du projet de loi, c'est
qu'on pensait qu'il y aurait une certaine économie d'échelle en
ne multipliant pas les échéances électorales. En
procédant comme on nous le suggère présentement, cela veut
dire que, tous les deux ans, la municipalité ou le village doit
enclencher un processus électoral. Cela veut dire qu'on sort d'une
élection, on fait un an et on commence déjà à
préparer l'élection suivante. Est-ce que ce n'est pas un facteur,
la multiplication des coûts, dont on doit tenir compte aussi? Même
si l'élection ne porte pas sur tous les postes à la
municipalité, il reste quand même qu'on doit mettre sur pied le
processus électoral avec le président d'élection, etc.
M. Nicolet: Je crois que tout ce que nous affirmons, M. le
ministre, c'est que c'est un choix qui devrait être laissé
à la communauté. Nous sommes entièrement d'accord pour que
la loi stipule le mandat de quatre ans comme étant la règle de
base. Tout ce que nous demandons, c'est que la loi permette aux
municipalités qui, par règlement, en prennent la décision
de tenir l'élection aux deux ans parce qu'elles auront jugé que,
quant à elles, les coûts encourus pour la tenue d'élection
aux deux ans sont inférieurs au dérangement qu'est susceptible de
provoquer un mandat de quatre ans uniforme.
M. Bourbeau: Bon, très bien. Je pense que nos points de
vue là-dessus sont expliqués. On tiendra sûrement compte du
vôtre.
Quant au droit de poser sa candidature, si je comprends bien votre
mémoire, vous voulez faire sauter le purgatoire de douze mois qu'on
impose aux électeurs pour avoir le droit de vote.
M. Nicolet: Non, La différence entre le texte de loi et le
statu quo, je crois que c'est simplement sur l'éligibilité des
dépendants, c'est-à-dire fils, fille, ami, "chum", etc., qui
peuvent habiter là qui, selon la règle actuelle, ne sont pas
éligibles et qui, avec la nouvelle règle, le deviendraient.
M. Bourbeau: Très bien. Sur la question de
l'intérêt pécuniaire d'un membre du conseil, vous avez
noté que la nouvelle version du projet de loi 100 a fait sauter la
notion qui existait dans la première version, qui permettait à
des membres d'un conseil municipal de se retrouver en position de conflit
d'intérêts, auquel cas on leur faisait obligation de
dénoncer leurs intérêts et de s'abstenir de voter.
Pouvez-vous expliquer un peu votre point de vue sur la question? Je
voudrais un peu plus de précisions. Je n'ai pas très bien saisi
en quoi la nouvelle version ne vous plaît pas et quels aspects de ce
texte vous aimeriez voir retirer.
M. Nicolet: Non, ce n'est pas à la déclaration
d'intérêts que nous en avons, M. le ministre; c'est plutôt
au contrat pour la fourniture d'un bien. C'est l'article...
Mme Martel (Gaétane): Les articles 308 et 309 du projet de
loi 100.
M. Bourbeau: Les articles 308 et 309.
M. Nicolet: C'est l'article 309. 9° "l'intérêt
général de la municipalité ou de l'organisme municipal
exige que le contrat soit conclu de préférence à tout
autre." La formulation nous apparaît tellement large qu'elle va
prêter à confusion et à interprétation, et à
interprétation par qui? On appréhende que ce soit source de
litige.
M. Bourbeau: Évidemment, il y a les deux extrêmes:
un extrême où il n'y a absolument aucune possibilité de
dérogation et un extrême où on déréglemente
complètement et où on permet les conflits d'intérêts
à tout le monde. Évidemment, on n'aime pas se retrouver dans les
extrêmes et on comprend que, dans certains cas, dont vous faites
état d'ailleurs, parfois il devient extrêmement difficile pour une
petite municipalité de s'approvisionner ailleurs qu'à l'endroit
qui est le seul en ville, si je puis dire - ou au village - susceptible
d'approvisionner la municipalité. S'il advient que le
propriétaire de cet établissement soit conseiller municipal,
à ce moment-là il est en conflit d'intérêts. Nous
avons énoncé, à l'article 309, une série
d'exceptions. Par exemple, un intérêt qui est acquis par
succession. C'est ce genre d'intérêt.
Il est possible qu'il y ait des cas frontières ou de zones grises
où on ne sache pas trop si, oui ou non, la personne pourrait ou ne
pourrait pas être dans une situation de conflit d'intérêts.
Évidemment, les tribunaux pourraient toujours éventuellement
trancher. Je pense bien qu'un conseiller municipal ou un maire qui croirait
être dans une situation possible de conflit d'intérêts
pourrait toujours préalablement obtenir une opinion juridique de ses
avocats pour statuer sur la question. Je dois avouer que ce n'est pas
très facile de tenter de trouver un juste milieu entre ce que nous
voulons faire et ce que nous pouvons faire. Vous recommandez de revenir
à la situation qui prévalait auparavant. On va tenir compte de
votre recommandation et l'examiner à tête reposée.
M. Nicolet: Merci.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que c'est tout pour
l'instant. Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie, M. le
ministre.
La parole est maintenant au député de Jonquière. M.
le député.
M. Dufour: Je vais également en profiter pour souhaiter la
bienvenue au président de l'UMRCQ, à son vice-président et
à sa directrice de recherche, Mme Martel. Je vais aussi souhaiter que
dans six mois vous existiez encore. Je pense que c'est important, d'abord pour
ce que vous représentez et aussi pour le travail que vous avez fait
concernant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Personnellement, en tout cas, je tiens à vous dire que je suis
heureux de vous rencontrer et je veux vous assurer de mon appui dans ce qui
s'annonce comme un travail ardu par rapport à la volonté
politique du ministre des Affaires municipales et du gouvernement actuel. Je
vous dis immédiatement qu'on va jouer notre rôle d'Opposition qui
n'est pas nécessairement de s'opposer, mais d'essayer de faire avancer
la société québécoise.
Je voudrais aussi vous dire qu'à première vue et, je
pense, à la vue complète de votre mémoire, il est certain
que vous plaidez pour l'autonomie municipale. Je pense qu'il y a une
cohérence certaine dans ce que vous dites aujourd'hui par rapport
à ce que vous avez dit dans le passé. Cela prouve qu'on doit
traiter les municipalités comme des institutions. Je constate qu'il y a
une continuité. À mon point de vue, c'est cela, vraiment, une
municipalité.
Je ne reviendrai pas sur les questions que le ministre vous a
posées. Il y a peut-être un point, par exemple, que je voudrais
soulever. Lorsque le ministre vous demande quel est le taux de roulement des
élus municipaux dans les petites municipalités, j'ai l'impression
qu'il veut vous faire travailler un peu. Si le ministre des Affaires
municipales ou son ministère n'a pas ces statistiques, je ne comprends
plus rien. Il me semble que c'est là faire preuve d'un manque de
connaissance du dossier complet et je n'accepte pas cela. Je ne vous donne pas
de conseils, M. le président, mais, personnellement, lorsqu'il vous
demande de donner le taux de roulement des élus municipaux dans les
petites municipalités, je trouve qu'il devrait y aller carrément
en disant: J'ai les statistiques, je peux les fournir. Je suis sûr qu'il
les possède autant que vous, sinon mieux.
Cela étant dit, je voudrais vous poser des questions sur le droit
- la période électorale, je pense que vous vous êtes assez
exprimé là-dessus - de poser sa candidature,
qu'on soit domicilié ou résident. Pourriez-vous
m'expliquer un peu plus votre position par rapport à cet article et
quels sont les dangers ou les problèmes qui, selon vous, pourraient
être causés aux municipalités?
M. Nicolet: Merci, M. Dufour, de votre intervention.
Essentiellement, ce que nous voulons souligner, c'est que la personne qui pose
sa candidature à une élection doit tendre à un engagement
profond et réel envers la communauté qu'elle prétend
servir. Quant à nous, la meilleure garantie est l'engagement de
permanence vis-à-vis de cette communauté que l'élection de
domicile représente.
Nous avons quelque appréhension de voir, pour des chicanes de
famille ou des incidents finalement fortuits qui n'ont rien à voir avec
les questions de fond débattues dans la communauté, des
candidatures fofolles, si je peux m'exprimer ainsi, de gens qui n'aspirent pas
vraiment à servir leurs concitoyens; tout ce qu'ils veulent, c'est
régler un problème vis-à-vis de l'élu qui est en
place.
M. Dufour: Je comprends que de plus en plus il y a des gens qui
vont résider dans les municipalités à caractère
rural. Je dis qu'il y a des cultivateurs et des gens qui cultivent ailleurs.
Donc, ils s'en vont d'une place à l'autre. Est-ce que vous avez
actuellement des problèmes à déterminer la
résidence d'un individu? Supposons, par exemple, que quelqu'un
réside dans une municipalité sept mois dans l'année.
Est-ce que vous avez actuellement des problèmes ou des mécanismes
qui vous permettent d'identifier clairement qui est un résident par
rapport à la loi actuelle?
M. Nicolet: Non. Je crois qu'effectivement ce que le
ministère voulait trancher une fois pour toutes par cet article, c'est,
justement, la question que vous soulevez, à savoir qu'il y a de
nombreuses contestations d'élection qui se sont débattues sur
cette notion de résidence. Je crois qu'actuellement la tendance
générale au niveau des élus municipaux, enfin ceux avec
lesquels j'ai échangé des propos sur la question, est de diret
Bon, on accepte tout simplement les candidatures de tous les soi-disant, les
fameuses gens de chalet que nous connaissons tous. (10 h 45)
Je pense qu'actuellement la tendance est effectivement vers un
élargissement et vers beaucoup plus de tolérance face à ce
phénomène social qui est, justement, l'implication du
résident d'ailleurs qui veut s'impliquer dans sa communauté
d'adoption. Là-dessus, je pense bien que le but que nous poursuivons
n'est pas d'éliminer ce genre de candidature, loin de là.
M. Dufour: Je remarque aussi dans votre mémoire que vous
ne contestez pas, que vous semblez d'accord avec la loi qui est
déposée actuellement. Je voudrais vous demander, tout de
même, votre avis sur un aspect que vous ne touchez pas dans votre
mémoire. C'est la possibilité pour des employés de poser
leur candidature, sans être obligés, nécessairement, de
démissionner de leur poste. Vous qui avez une expérience
très grande du domaine municipal, si vous voyiez des gens - des
inspecteurs municipaux, des gens qui s'occupent de voirie ou autrement -poser
leur candidature, faire la campagne électorale et, après la
campagne électorale, se représenter à leur travail comme
si de rien n'était et dires Bonjour, M. le maire ou Mme la mairesse, on
est tous de bons amis et on oublie tout ce qui s'est passé dans la
campagne, comment voyez-vous cela, vous qui avez vécu dans ce
domaine?
M. Nicolet: Nous sommes, en tant qu'union, liés par une
résolution de congrès qui s'oppose à ce genre de pratique
et qui demande aux officiers municipaux qui se présentent de
démissionner de leur poste. Là-dessus, la position de l'union est
très claire.
M. Dufour: Est-ce que vous auriez la même attitude
vis-à-vis des pompiers volontaires?
M. Nicolet: Personnellement, non.
M. Dufour: Non. S'il y avait beaucoup de contestation dans une
élection, je prétends humblement que le problème qu'on
aurait à vivre serait pratiquement invivable. Cela veut dire que la
personne qui se présente, si elle n'est pas élue et qu'elle a
démissionné, à toutes fins utiles, c'est un droit qu'on
lui accorde et qu'on ne lui accorde pas. On ne devrait pas, à mon sens,
le lui accorder. C'est clair, dans mon esprit, qu'on ne devrait pas le lui
accorder parce qu'à ce moment cela soulève des problèmes
dans une municipalité qui vont perdurer et qui vont troubler
l'administration. On n'a pas besoin, à mon sens, de troubler la paix
dans nos municipalités, pour le plaisir de le faire.
Vous avez soulevé un point qui m'intéresse. Il est
proposé que le remplaçant du secrétaire-trésorier
soit nommé par la Commission municipale. Vous dites que cela doit
plutôt demeurer une prérogative du conseil. J'ai l'impression que
vous connaissez pas mal mieux votre monde que la Commission municipale et que
le gouvernement provincial. Je concours certainement avec ce point de vue que
vous soulevez.
Quant à la liste électorale, ce n'est pas la
première fois qu'on soulève le problème et il semble qu'il
y a de l'ambiguïté par rapport au droit de vote. Vous parlez des
copropriétés, soit indivises ou divises.
J'aimerais aussi que vous me donniez votre point de vue là-dessus
de façon plus précise que tout à l'heure.
M. Nicolet: Je pense que' nous avons tous vécu en petit
milieu rural l'expérience de citadins ou d'autres de l'extérieur
de la municipalité qui, conjointement, achetaient un bout de terre pour
quelques sous simplement pour être portés sur une liste
électorale. J'ai vu voter dans ma propre municipalité des
chasseurs qui arrivaient je ne sais d'où - personne ne les connaissait
-et qui avaient été parachutés là-dedans. Je crois
qu'étant donné les petites marges qui existent souvent entre le
candidat gagnant et le candidat défait, il y a trop de
possibilités d'organisation, de manipulations par le vote multiple que
détiennent des copropriétaires en copropriété
indivise sur des lots. Je crois que là-dessus le projet de loi va dans
le bon sens. Il nous apparaissait simplement qu'au niveau technique il y avait
des clarifications à apporter. C'est ce que nous avons relevé
dans notre mémoire.
M. Dufour: Je vous remercie. Vous avez aussi parlé de
conflits d'intérêts pécuniaires. J'avais déjà
soulevé ce sujet à cette commission. Il me semble que ce que vous
dites est rempli de bon sens, à savoir que, dans certaines
municipalités, il n'y a qu'un fournisseur unique et parfois le
deuxième fournisseur est assez loin de la municipalité.
Je suis au courant qu'il y a des gens qui ont déjà
été disqualifiés pour des cas semblables. Il me semble, en
tout cas, que le projet de loi devrait prévoir un certain nombre de
balises. Je comprends qu'on n'a pas besoin de loi pour faire des choses qui
sont claires comme de l'eau de roche. Je pense que l'attitude que le
législateur doit avoir, c'est d'essayer de trouver à
l'intérieur des lois des modalités qui permettent aux gens, en se
basant sur le réel, de tenir compte des problèmes qu'on rencontre
journellement dans certains cas. J'espère qu'on va trouver un certain
nombre de balises qui permettraient cela, parce que, parfois, il y a des
aberrations.
Je connais un cas, entre autres, dans la municipalité de
Sainte-Rose, où quelqu'un, hors de la connaissance du maire, a
manqué d'essence pour un appareil. L'autre poste d'essence le plus
près est à sept milles. Il va donc chercher de l'essence dans sa
municipalité chez le maire et celui-ci se fait disqualifier pour 3 $ ou
4 $ d'essence. À ce moment-là, l'intérêt
pécuniaire et le conflit d'intérêts où est-il?. Je
pense que le gros bon sens, c'est que cela coûte moins cher de faire le
plein dans la municipalité que d'aller à sept milles plus loin.
On aura beau vouloir prêcher la vertu, il me semble que, là, c'est
de la vertu poussée à l'extrême. Mais c'était
tellement drôle que les gens n'avaient même pas accepté
parce qu'il a été obligé de démissionner. Il a
été disqualifié. Sa femme s'est présentée et
elle a été élue mairesse à sa place. Cela veut dire
qu'il faut que les lois aillent avec les us et coutumes du milieu.
Je pense que, de ce côté, le point que vous soulevez est
intéressant. C'est évident que cela ne peut pas exister pour les
grosses municipalités, mais dans les petites municipalités, je
suis convaincu que vous avez raison. Aussi, dans l'article 309 - cela me
surprend que vous ne l'ayez pas soulevé, en tout cas, cela m'avait
frappé - on donne un certain nombre d'exceptions. À un moment
donné, an dit qu'il doit arriver telle chose ou telle autre pour qu'il
soit inhabile. À la fin, dans un petit article omnibus, on dit: "tout
autre cas déterminé par le ministre des Affaires municipales".
Pourquoi prendre toutes ces précautions? À l'article 309, on dit
dans neuf paragraphes ce qu'on ne doit pas faire et ce qui est dangereux et,
dans le dixième paragraphe, on dit que le ministre peut tout se
permettre. Je veux bien croire que les ministres - je ne parle pas du ministre
actuel; je parle des ministres des Affaires municipales en
général - sont des gens de jugement et de gros bon sens. Il me
semble, en tout cas, que cela laisse une latitude très grande, une marge
de manoeuvre qui font que l'élu ne pourra jamais savoir exactement
à quoi s'en tenir par rapport à ces principes de loi qui sont mis
de l'avant.
On ne peut pas dire neuf fois: Moi, je vous aime et je suis d'accord
avec vous autres et, à la dixième, dire: Je ne vous aime pas du
tout. J'oublie tout cela. C'est un peu cela. Pendant neuf articles, on dit
pourquoi on devrait faire attention. Je pense que c'est important, les conflits
d'intérêts. C'est pour cela que je trouve que le point que vous
soulevez est important en disant: Qu'il s'agisse d'un fournisseur ou autre
chose, il y a des cas particuliers pour les petites municipalités
où vraiment il n'y a pas de conflit d'intérêts. Cela
devrait être balisé.
Je pense qu'il y a des provinces qui nous ont donné l'exemple
là-dessus. Ce n'est pas parce que l'ancien gouvernement avait
pensé à des choses que cela n'est pas bon parce qu'on a
changé. Il ne faut pas changer pour changer. Il faut essayer
d'améliorer ou de bonifier. À mon point de vue, il ne faut pas
faire du narcissisme, non plus. Il ne faut pas penser qu'on est plus catholique
que le pape. Il faudrait trouver des balises où les gens pourraient se
retrouver.
Donc, cela va sur cela. Je voulais juste donner mon point de vue par
rapport à cet article, qui, il me semble, soulève beaucoup
d'intérêt et pas nécessairement des conflits.
Le droit de vote au référendum. Il me semblait que, dans
le Code municipal, dans les référendums, vous n'avez pas
encore...
Là, je m'excuse parce que, vous savez, on arrête de
siéger en commission parlementaire. On revient au bout d'un mois.
Parfois, c'est difficile de reprendre le fil de ce qu'on avait discuté
il y a un mois. Le droit de vote au référendum, vous dites que
cela devrait être réservé aux propriétaires, aux
locataires ou aux conjoints. Avant ou anciennement, c'était juste pour
des référendums, par exemple, qui relevaient de la loi 125 sur
l'aménagement et l'urbanisme.
M. Nicolet: Les règlements d'emprunt.
M. Dufour: Juste les règlements d'emprunt.
M. Nicolet: C'est un droit de vote sur l'ensemble des
référendums, tant les référendums sur des questions
financières que des référendums sur des questions de
zonage et d'aménagement. Les dispositions actuelles du Code municipal
définissent le cens électoral dans le cas de
référendums par la propriété, finalement. C'est la
propriété qui est le critère par lequel on a le droit de
vote ou non dans ce genre de référendums. Les corporations ont
encore le droit de vote dans ces référendums.
Ce que la loi propose, c'est une modification fondamentale de tout cet
équilibre social autour de qui, finalement, a un intérêt
quant à son droit de prendre position dans une question
pécuniaire. Je crois qu'on n'a pas mis assez l'accent sur toute cette
problématique. Est-ce qu'effectivement il est opportun pour des fins de
simplification administrative - à ce jour, je n'ai entendu aucun autre
argument en faveur des propositions qui sont dans le texte de loi de faire
exploser ce qui était un mécanisme consacré par la
tradition? Je ne veux pas vous faire un plaidoyer en faveur des corporations,
loin de moi cette idée, mais l'individu propriétaire, le
locataire en l'occurrence et son conjoint, on est bien prêt à le
reconnaître, ce sont des personnes qui ont un intérêt direct
et pécuniaire dans le résultat d'une prise de position ou d'une
contestation populaire sur une question qui engage les deniers publics.
Pourquoi diluer tout cela?
M. Dufour: Puisque vous me dites qu'au point de vue des emprunts
le droit de vote doit être réservé aux
propriétaires, aux locataires et aux conjoints, il y a une notion, tout
de même un peu plus grande. Auparavant, la loi disait carrément:
C'est le propriétaire de la bâtisse qui a un vote en nombre et en
valeur. Vous êtes prêts à ouvrir une perspective en disant:
les conjoints et les locataires. Donc, vous éliminez les enfants de 18
ans, soit ceux qui sont en âge de voter.
M. Nicolet: C'est cela. Le même groupe, c'est-à-dire
Ies gens qui vivent en périphérie de l'unité familiale
constituée par les deux époux.
M. Dufour: J'ai essayé de comprendre entièrement ce
que vous nous dites. Pourquoi êtes-vous prêts à
élargir la notion mais pas complètement? J'aimerais que vous me
disiez sur quoi vous vous appuyez pour exclure, par exemple, les jeunes qui ont
18 ans et qui demeurent dans la municipalité, si on élargit la
notion. Vous comprendrez bien que c'est pour fins de discussion; je ne vous dis
pas ma position par rapport à la vôtre.
M. Nicolet: Je vais simplement vous signaler un cas bien concret
qu'on a vécu, je crois, en Estrie, si ma mémoire est bonne,
à Rock-Forest, il n'y a pas si longtemps, où il y a eu des
décisions très controversées sur la construction d'une
aréna ou d'une patinoire. Une patinoire, cela engage des fonds publics,
donc cela a des répercussions directes sur le compte de taxes. II y a un
mouvement dans la population pour demander un référendum sur
cette décision. On assisterait, si la loi était adoptée de
cette façon, à une mobilisation de tous les usagers
éventuels de cette patinoire avec le résultat éventuel du
vote de gens qui ne participent pas aux incidences financières de la
décision qui va être prise et qui sont là uniquement,
finalement, pour encourager à la consommation quand le contrôle de
la bourse est ailleurs et devrait demeurer ailleurs.
M. Dufour: Cela va. Qu'est-ce qui arrive du personnel
électoral? Est-ce que vous trouvez que c'est onéreux de laisser
au ministre des Affaires municipales le soin de fixer le minimum? Anciennement,
si je comprends bien, le ministre des Affaires municipales ne fixait pas le
minimum.
M. Nicolet: Oui, c'est déjà ce qui se fait
actuellement. Sur cela, on aimerait qu'une évolution se fasse dans
l'autre sens, à savoir qu'on donne plus de liberté aux
municipalités de déterminer par elles-mêmes quels sont les
barèmes appropriés.
M. Dufour: En fait, si je comprends bien, vous allez plus loin
que la loi en disant: Le ministre ne devrait même pas avoir à le
fixer. Vous êtes assez grands pour le fixer vous-mêmes.
M. Nicolet: C'est cela. (11 heures)
M. Dufour: C'est clair. Quant au rôle du
secrétaire-trésorier - c'est eux qui l'ont dit - en fin de
mandat, dans votre mémoire, vous n'en parlez pas beaucoup. C'est dans
votre mémoire, mais vous ne parlez pas
beaucoup là-dessus. Je comprends qu'on a eu aussi l'Association
des secrétaires-trésoriers municipaux du Québec qui est
venue faire la démonstration qu'elle ne devait pas jouer le rôle
de juge et de police. J'aimerais entendre un élu municipal expliciter un
peu sur ce point de vue, que je ne suis pas loin de partager.
M. Nicolet: Comme vous le mentionnez, notre mémoire y fait
déjà référence. Nous jugeons qu'effectivement c'est
de charger inutilement le secrétaire-trésorier d'une
responsabilité dont il n'a que faire. Quant à nous, c'est une
modification qui n'est pas bénéfique et, donc, nous ne voyons pas
le bien-fondé de la modification proposée par le texte de
loi.
M. Dufour: Dans l'ensemble, on a assez bien couvert vos prises de
position par rapport au mémoire que vous nous avez
présenté. J'ai essayé de soulever un certain nombre
d'éléments sur l'éligibilité, le droit de se
présenter comme candidat aux élections. Les mandats, cela devient
pratiquement une question d'opinion jusqu'à un certain point; il y en a
autant qui sont pour que contre. Je ne sais pas comment... La loi pourra
prévoir si cela demeure semblable ou pas. La décision
n'appartient pas à l'Opposition, je l'ai bien compris. Parfois, il
s'agit de dire qu'on est pour quelque chose pour qu'on fasse le contraire; je
me demande si je ne devrais pas être contre tout ce que vous avez dit
pour que ce soit adopté. Quelquefois, c'est assez difficile d'apporter
des bonifications aux lois.
M. le président, M. le vice-président et madame, je
voudrais vous remercier au nom de l'Opposition. Il y aura sûrement encore
des questions, j'imagine. Je voudrais vous remercier, pour ma part, de la
façon dont vous avez répondu et surtout pour la qualité de
votre mémoire.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le député de
Nicolet.
M. Richard: M. Nicolet, vous avez, au départ, un nom qui
me plaît inévitablement puisque c'est le nom de mon comté.
Lorsque l'on parle de la durée des mandats, vous dites qu'on devrait
garder cela discrétionnaire par le pouvoir municipal local, à
savoir si nous aurons des mandats de deux ou de quatre ans. Est-ce, entre
autres, que vous prétendez qu'on aurait peut-être plus de
candidats ou de candidates, plus de disponibilité si les gens pouvaient
dire hypothétiquement: Pour nous, on va peut-être faire le test de
s'impliquer socialement pendant deux ans, tandis qu'un mandat de quatre ans est
peut-être un peu long dans le temps quant à notre volonté
de servir les gens? Est-ce, entre autres, cette préoccupation-là?
A-t-on, derrière cela, le but de dire qu'on aurait plus de
prétendants à venir travailler ou offrir leurs services au monde
municipal si on avait de courts mandats de deux ans?
M. Nicolet: Effectivement, ce que vous soulevez est un point de
vue qui a été avancé par nombre de nos membres.
Finalement, le texte que vous avez devant vous ne parle plus de mandats de deux
ans, parce qu'il s'est fait un consensus pour tâcher de préserver
ce qui nous paraissait essentiel dans tout cela et c'était, finalement,
la possibilité de décaler des mandats de quatre ans. Nous ne
demandons plus, dans le mémoire qui est devant vous, la
possibilité également de réduire le mandat à deux
ans. Tout ce que nous demandons, c'est le pouvoir habilitant aux
municipalités, par voie de règlement, de décaler la
moitié des mandats des membres du conseil.
Ce que vous soulevez a effectivement été mentionné
par de nombreuses municipalités lorsqu'on en a débattu en
assemblée générale lors d'un de nos congrès.
M. Richard: Mais, fondamentalement, vous dites que vous
êtes favorables à la durée de quatre années,
M. Nicolet: Le mémoire de l'union a pris position sur une
seule demande, finalement, c'est celle de pouvoir les décaler,
même si nous voyons dans certains milieux des avantages probablement
à permettre des mandats de deux ans. Mais notre demande ne porte pas
essentiellement sur cet aspect.
M. Richard: Merci.
Le Président (M. Rochefort): Cela va? Merci, M. le
député de Nicolet. Y a-t-il d'autres interventions? M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Gauvin: M. le Président, merci. MM. Nicolet et Fillion
et Mme Martel, je vous salue. À la page 13, vous dites qu'à
l'occasion du congrès annuel d'octobre 1984 on souhaitait que soit
exigé un dépôt de 50 $ de tout candidat à la mairie
ou à un poste de conseiller. Est-ce que 50 $, cela change beaucoup? Si
c'était 500 $, je dirais que ça peut être vrai. Est-ce
qu'il y a une raison?
M. Nicolet: Mme Robert qui a été paneliste lors du
fameux atelier pourra vous confirmer que cette demande était
l'aboutissement d'une discussion passablement houleuse dans la salle sur les
différentes méthodes à adopter ou à
préconiser pour éviter les candidatures farfelues. Je ne peux
pas vous dire pourquoi c'est 50 $. C'est la décision qui a
été retenue par l'atelier à l'époque et c'est
pourquoi cette proposition est présentée dans le mémoire
qui est ici devant vous aujourd'hui,
M. Gauvin: Une autre question. À un moment donné,
vous semblez suggérer que la possibilité soit donnée aux
municipalités d'avoir des élections alternées à
tous les deux ans pour un mandat de quatre ans. Je sais que plusieurs
municipalités, surtout dans les MRC voisines de ma région, ont
déjà adopté une élection en bloc pour quatre ans et
je pense qu'elles sont très satisfaites de l'expérience.
Je vous demanderais si les officiers municipaux ont influencé cet
argument, à savoir que les autres perdent peut-être un certain
revenu ou une activité de plus, par exemple.
M. Nicolet: Je puis voua assurer qu'il n'y a aucune prise de
position de la part des officiers municipaux là-dedans. Effectivement,
il y a des endroits où l'économie qui a pu être
réalisée par des mandats uniformes et généraux de
quatre ans a été jugée un élément important.
Par contre, je puis aussi vous dire qu'il y a des municipalités qui ont
adopté le mandat uniforme de quatre ans et qui le regrettent
maintenant.
C'est une réflexion, une analyse, finalement, de tous ces
mécanismes qui nous a menés en tant qu'union à prendre
cette position. En fait, cette position a été, du reste,
entérinée par toute une série de municipalités. On
a plusieurs centaines de résolutions de municipalités locales qui
appuient cette demande.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Une dernière
question, M. le ministre.
M. Bourbeau: Je voudrais revenir sur la question de la
périodicité des élections. Je dois avouer que c'est un
point qui devra être tranché et qui n'est pas très clair
dans l'esprit de personne, je pense bien, parce qu'il y a deux écoles de
pensée. On peut faire une très bonne preuve dans un sens comme
dans l'autre.
Si j'ai bien compris l'argument de fond qui sous-tend la position que
vous avancez, c'est qu'en faisant des élections tous les deux ans, on a
une partie du conseil municipal qui demeure pendant qu'une autre moitié
est en phase d'entraînement, à supposer qu'il ait des
modifications totales à tous les deux ans, afin que des équipes
sortent et que d'autres nouvelles arrivent.
Mais du point de vue de l'appareil des fonctionnaires de ces
municipalités dans le monde municipal régional - pour employer
votre expression, M. le président - est-ce que ça ne soumettrait
pas les fonctionnaires à des tâches additionnelles en ce sens que,
comme les personnels sont très réduits dans les plus petites
municipalités, cela augmenterait leur fardeau en les soumettant
continuellement soit à la préparation d'élections ou soit
à l'entraînement en devant donner des conseils, des cours à
des fonctionnaires nouvellement élus? Ils seraient continuellement en
période de rodage à l'endroit de certains membres du conseil
municipal* Est-ce que ce n'est pas un argument qui irait à l'encontre de
cette périodicité à tous les deux ans des élections
municipales?
M. Nicolet: Bien sûr, M. le ministre, c'est une
considération qui doit être faite. Mais je puis vous assurer que,
dans les milieux que nous représentons, la distinction entre le
législatif et l'exécutif est passablement brouillée. Vous
avez nombre de comités du conseil qui s'impliquent dans des tâches
de gestion du quotidien. Le fait de trancher brutalement dans une
continuité peut avoir des effets qui, pour certaines communautés,
en tout cas, sont jugés particulièrement difficiles.
Ce que nous demandons, finalement, est fort modeste. Nous demandons
simplement le libre choix ou la liberté, pour les communautés
concernées, de prendre ce genre de décisions elles-mêmes
plutôt que de les astreindre à une décision
législative. Pourquoi ne pas leur laisser ce libre arbitre? Finalement,
je pense que ce sont des décisions que les gens peuvent prendre en toute
connaissance de cause et en administrateurs responsables.
Le Président (M. Rochefort): Cela va. Pour ie mot de la
fin, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, il ne me reste qu'à
remercier les représentants de l'Union des municipalités
régionales de comté et des municipaltés locales de leur
contribution extrêmement valable au projet de loi 100.
Je ne sais pas si nous pourrons nous rendre à toutes et chacune
des demandes de l'union. Nous allons certainement revoir, dans les prochains
jours, chacun des points qui ont été mentionnés dans le
mémoire pour les tester avec nos propres arguments et pour voir s'il y a
moyen de faire la conciliation dans tout cela. J'espère que le produit
final ressemblera autant que possible à ce que souhaite le monde
municipal, tant urbain que régional. Finalement, j'espère que
tout cela se fera dans le plus grand intérêt des
municipalités du Québec.
Le Président (M. Rochefort); Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je croyais avoir donné la
note finale tout à l'heure, par rapport à ce que je
considérais comme une prise de position importante du monde municipal.
Je veux réitérer que j'espère avec les gens de ces
municipalités qu'elles vont continuer d'exister comme
municipalités régionales de comté après le 30 juin
1987. Je pense qu'on ne le dira jamais assez. J'ai assisté au dernier
congrès de l'UMRCQ. C'était impressionnant en nombre. J'ai vu des
gens qui mettent beaucoup d'espoir dans leur municipalité, mais qui
croient aussi, comme instrument de développement régional, en
leur municipalité régionale de comté. C'est donc une jeune
structure, mais à laquelle le monde municipal est très
attaché. Je comprends que cela est d'autant plus important pour les
petites municipalités. J'ai l'impression que, depuis six ans, on a fait
la preuve jusqu'à un certain point qu'il était possible de vivre
avec les grandes et les petites municipalités. Comme ce projet de loi a
un petit peu tendance à faire ces rapprochements, je m'en réjouis
parce que, effectivement, le monde municipal est un monde important. Comme je
l'ai dit, c'est une institution. Cela mérite aussi beaucoup d'attention.
On ne peut pas traiter les municipalités comme on traite Ies individus.
Il me semble qu'il y a vraiment là un caractère institutionnel.
On doit tenir compte de leur vécu, de leur valeur et aussi de ce
qu'elles représentent. En même temps, il ne faut pas les
bousculer, mais leur permettre d'évoluer à leur rythme. D'abord,
cela rend les municipalités plus heureuses, mais surtout leurs
citoyens.
Je vous remercie beaucoup, M. Nicolet, ainsi que les membres de votre
groupe.
Le Président (M. Rochefort): À mon tour, je veux
aussi remercier M. Nicolet, M. Fillion et Mme Martel pour leur contribution aux
travaux de la commission. Je suis certain que votre présence et le
mémoire que vous nous avez soumis auront fourni un éclairage
utile aux membres de la commission. Merci beaucoup de votre présence et
de votre collaboration.
Je vais suspendre les travaux de la commission pour quelques instants.
À moins que M. Nicolet n'ait quelques mots à ajouter en
conclusion.
M. Nicolet: M. le Président, tout ce que je peux ajouter,
ce sont des remerciements également pour l'attention que vous nous avez
portée, aussi pour les questions fort pertinentes sur la
problématique qui nous concerne. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Nous allons donc
suspendre pendant quelques minutes avant d'entendre les représentants de
la ville de Québec.
(Suspension de la séance à 11 h 15)
(Reprise à 11 h 30)
Le Président (M. Rochefort): Nous entendrons maintenant la ville
de Québec par la voix de son maire, à qui je souhaite la
bienvenue. M. Pelletier, pour les fins du Journal des débats, je
vous demanderais de présenter vos collaborateurs immédiats qui
prendront part à la commission et, par la suite, de nous
présenter votre mémoire, s'il vous plaît.
Ville de Québec
M. Pelletier (Jean): M. le Président, chers membres de la
commission, je suis accompagné de deux de mes collègues du
comité exécutif qui sont en arrière de moi, les
conseillers Morency et Gagnon, et ici, plus près de moi, j'ai la
batterie de nos "aviseurs": à mon extrême droite, M. Denis Boutin,
directeur du contentieux de la ville; entre lui et moi, M. Antoine Carrier,
greffier de la ville, qui occupe la charge de président
d'élection lorsqu'il en est question, et son adjoint, M. Pierre
Anger.
M. le Président, on a divisé notre travail en deux
parties: une partie très technique et une partie, disons, un peu plus
politique. Si vous n'aviez pas d'objection, je pourrais peut-être
demander à notre directeur du contentieux de vous faire les remarques
d'ordre technique qui sont plus longues, d'ailleurs, que les remarques d'ordre
politique et je pourrais compléter l'exposé de la ville en second
lieu.
Le Président (M. Rochefort): C'est à votre guise,
M. le maire. J'inviterais immédiatement M. Boutin à nous
présenter la partie technique. M. Boutin.
M. Boutin (Denis): D'accord. Il y a un texte qui a
été remis aux membres de la commission qui fait état de
ces commentaires techniques. On les qualifie de techniques et ils le sont
vraiment. Je voudrais que vous perceviez cela comme des commentaires en
provenance d'un président d'élection qui, dans le quotidien des
opérations, doit vivre avec un texte de loi et avec ses
imprécisions ou ses difficultés d'interprétation. C'est
sur la mécanique de la tenue d'une élection qu'on veut vous
entretenir.
Un grand principe qu'on veut véhiculer par ces commentaires,
c'est que le président d'élection c'est l'officier
électoral numéro 1. Tous ses gestes doivent être empreints
de la plus totale impartialité tant en raison de la nature même du
travail que du fait qu'il va continuer à vivre avec les personnes qui
sont élues pour les quatre ans à venir, à titre de
greffier.
Pour cette raison, la loi qui lui impose ou qui lui prescrit l'ensemble
des procédures
qu'il doit suivre devrait lui donner des directives fermes et
précises sur la nature des procédures, sur la forme que doivent
prendre ces procédures, sur les délais qui doivent être
respectés de façon ferme par le président
d'élection, et la loi doit comprendre le moins de discrétion
possible pour le président d'élection. S'il y avait lieu
d'insérer des discrétions pour le président
d'élection à raison des disparités de population qui
existent, par exemple, d'une municipalité à l'autre dans la
province, des guides devraient être donnés au président
d'élection sur la façon d'exercer sa discrétion ou, s'il y
a des objectifs à atteindre, en exerçant cette
discrétion.
De façon générale, en reprenant ces principes, on
constate qu'il n'y a pas de section de définitions, dans la loi. Au fur
et à mesure où on procède à l'examen de la loi, on
recherche ou on ressent le besoin que certains termes soient définis. Il
y aura lieu, je pense, de regrouper un certain nombre de termes et de les
définir de façon précise au début de la loi.
Un peu partout, et on va les souligner en passant, des
discrétions sont accordées au président d'élection.
Comme je vous l'ai dit, on devrait les supprimer dans la mesure du possible.
Les échéanciers devraient être fermes. Et ce qui est
présentement absent de la Loi électorale, les formules, les
documents devant être utilisés dans le cadre de l'élection
devraient être soit en annexe à la loi, soit prescrits par
règlement et être uniformes d'une municipalité à
l'autre.
Je n'ai pas l'intention de repasser et de faire une lecture fastidieuse
de l'ensemble de nos commentaires techniques. Je vais les passer rapidement
à vol d'oiseau seulement pour attirer votre attention même pas sur
la totalité, mais sur quelques-uns d'entre eux.
À la section II du chapitre III où on parle de la division
du territoire pour fins électorales, on a l'article 12 qui traite du
nombre d'électeurs qui doit être compris dans un district en
prescrivant le nombre type avec des écarts types de 15 % pour une
population d'une certaine quantité et de 25 % pour d'autres. On se
réfère, à ce moment, au nombre d'électeurs.
Rappelons-nous qu'à ce moment on n'est pas en période
électorale, il n'y a pas de liste électorale. Il faudrait que la
loi précise qu'on se réfère à des électeurs
apparaissant sur la dernière liste électorale utilisée,
c'est-à-dire celle d'il y a trois ans dans les municipalités qui
ont des élections à tous les quatre ans ou celle d'il y a deux
ans lorsqu'on parle d'autres types de municipalité, mais préciser
à quels électeurs on fait allusion.
Un peu plus loin, dans ce même chapitre, on parle de l'adoption
des ces districts électoraux par règlement du conseil municipal.
Je prétends que certains articles devraient être repris pour que
le processus d'adoption de ces règlements fasse référence
au processus d'adoption des règlements existants dans chacune des
municipalités concernées. Le processus d'adoption des
règlements varie présentement dans la province; qu'on soit
à Montréal, è Québec ou dans une
municipalité régie par la Loi sur les cités et villes, ce
n'est pas tout à fait la même procédure. Par exemple,
à Québec, on serait inconfortable avec un processus d'adoption
des règlements par résolution tel que prescrit ici. II faudrait
se référer de façon générale au processus
d'adoption des règlements existants dans la municipalité
concernée.
À l'article 17, on prévoit un mécanisme par lequel
les électeurs qui désirent s'opposer à un découpage
électoral font parvenir des oppositions au greffier ou au
secrétaire-trésorier de la municipalité. Ce sont ces
oppositions, selon leur nombre, qui enclenchent ultérieurement un
mécanisme de contestation. On dit tout simplement que tout
électeur peut, dans les quinze jours, faire connaître son
opposition en envoyant un avis. Nous prétendons que le document ou que
la loi devrait prescrire la façon d'établir la qualité
d'électeur. À ce moment-là, nous ne sommes pas en
période électorale; nous nous situons à peu près un
an avant la période électorale. Il n'y a pas de liste
électorale en vigueur, il y a celle qu'on a utilisée trois ans
auparavant et celle qu'on établira dans un an. Il faudrait prescrire
à qui on s'adresse et qui sont les gens qui ont le droit de s'opposer
parce qu'on doit les compter pour enclencher ultérieurement un
mécanisme de contestation.
Je passe immédiatement au chapitre V concernant les parties
à une élection. On commence par les électeurs. Pour
éviter toute confusion quant à l'interprétation, cet
article devrait être révisé de façon similaire
à celui qui énonce la qualité de candidat et je fais plus
particulièrement allusion au problème de la date à
laquelle l'électeur doit avoir acquis domicile ou la citoyenneté
canadienne, etc. À cet égard, l'article 59 est
rédigé de façon beaucoup plus claire. On intègre
dans le même article à partir de quelle date on doit avoir
été résident de la ville, soit une période de douze
mois.
En ce qui concerne les électeurs copropriétaires ou
cooceupants d'un immeuble, la loi prévoit un mécanisme de
procuration. La loi est cependant silencieuse sur la forme de cette
procuration. Il serait souhaitable, à notre avis, que la procuration
soit standardisée et fasse partie des formules prescrites par la loi ou
les règlements de façon à éviter que le
président d'élection ait à se prononcer sur chaque
document pour connaître la validité de la procuration, la
façon dont elle est faite, la façon dont elle est
rédigée. Ayons des procurations standards prescrites par la loi,
on va éviter tous ces
problèmes.
À notre avis, il faudrait également prescrire une date
limite d'entrée des procurations pour que le représentant
nommé soit inscrit sur la liste électorale. Cette date limite
n'apparaît pas dans la loi présentement. Finalement, pour
éviter toute confusion, à notre avis, il n'est pas souhaitable
que les procurations faites par des copropriétaires soient valides d'une
élection à l'autre ou jusqu'à ce qu'elles soient
remplacées. Les procurations devraient être valides pour une
élection seulement et, à l'élection suivante, on
recommence. Cela va éviter tous les problèmes de mutation
immobilière ou de copropriétaires qui vendent leurs
intérêts, et les problèmes de contestation de procuration.
Recommençons chaque année, c'est un mécanisme qui n'est
pas très compliqué et qui va éviter de nombreux
problèmes d'interprétation et de fonctionnement au
président d'électioa
Je poursuis plus loin, à la section 111, où on parle de
façon précise du personnel électoral. Je ferai deux
remarques générales avant d'entrer dans le détail
concernant le personnel électoral; cela sous-tend l'ensemble de nos
remarques. Les personnes qui font le recensement, les gens qui agissent comme
scrutateurs, secrétaires du bureau, les gens qui agissent comme
réviseurs de liste, les gens qui travaillent au bureau du
dépôt, bref, tout le personnel électoral qui travaille dans
le quotidien du processus, à notre avis, ce devraient être des
électeurs de la municipalité.
Deuxième commentaire général, lorsque des fonctions
doivent être remplies par plus d'une personne, comme lors du recensement
où deux personnes doivent faire ensemble du porte-à-porte, lors
de la tenue du scrutin où il y a un scrutateur et un secrétaire,
c'est toujours le président d'élection qui nomme ces personnes,
mais on devrait introduire de façon systématique, lorsque
plusieurs personnes remplissent une fonction, le principe des listes
suggérées par les partis politiques ayant fait élire des
candidats lors de la dernière élection. Encore une fois, pour
éviter au président d'être placé dans la situation
de devoir choisir des personnes qui vont travailler en représentant un
parti plutôt qu'un autre, proposons des listes.
En ce qui concerne les mandataires des candidats, il y a plusieurs types
de mandataires de candidats qui peuvent travailler pendant la période
électorale et, surtout, la journée du scrutin. Je pense aux
représentants assis à la table de scrutin, je pense... J'ai
seulement à l'esprit le terme un peu folklorique de "runner de
poll"...
Une voix: Le releveur de votes.
M. Boutin: Le releveur de votes - je m'excuse - qui est
également un mandataire de candidat qui fonctionne au moyen d'une
procuration. Et la loi introduit un nouveau représentant de candidat qui
travaillerait avec le préposé au maintien de l'ordre et à
l'information dans le local dans lequel il y a plusieurs sections de vote. Une
remarque générale à l'égard de ces mandataires des
candidats. Rappelons-nous que ces gens-là ne font pas partie, à
strictement parler, du personnel électoral, du personnel du
président d'élection. À mon avis, ils sont là pour
voir à ce que les prescriptions de la loi soient appliquées
intégralement. La loi devrait prescrire de façon ferme et
définir de façon serrée quels sont les droits de ces
représentants pour éviter que, dans la pratique et le quotidien
des choses, il y ait des manoeuvres qu'on vit tous les jours qui visent
à retarder le vote, à empêcher le déroulement normal
du vote. Ce sont des problèmes opérationnels qu'on vit chaque
jour de scrutin. La loi devrait prescrire quels sont les droits de ces
gens-là de façon précise pour faire en sorte que,
lorsqu'ils agissent, ils le fassent à l'intérieur de la loi et,
lorsqu'ils agissent en dehors de la loi, le président d'élection
puisse intervenir en sachant sur quoi se baser. Ce qui a
particulièrement attiré notre attention, c'est que, le nouveau
représentant qui va travailler avec le préposé au maintien
de l'ordre et à l'information n'étant pas du personnel du
président d'élection, il ne peut pas l'assister dans son travail.
Est-ce qu'il va se contenter de le regarder faire? À quel moment
pourra-t-il intervenir pour demander au préposé au maintien de
l'ordre de faire quelque chose ou de s'abstenir de faire quelque chose? La loi
devrait être précise à cet égard.
En ce qui concerne la confection de la liste électorale, la loi
devrait indiquer de façon précise la date à laquelle doit
se faire le recensement. Présentement, la loi dit que le recensement
doit se faire entre le 1er septembre et le 30e jour précédant la
date du scrutin. Pour deux raisons, on devrait être plus précis et
parler d'une semaine donnée. D'abord, encore une fois, pour
éviter que le président d'élection soit taxé
d'avoir favorisé tel ou tel groupe en plaçant la date de
recensement dans la première semaine plutôt que dans la
troisième et vice versa; deuxièmement, si on introduit dans nos
moeurs électorales que la période de recensement est toujours du
40e au 45e jour précédant la date du scrutin, cela va être
la même date ou la même semaine de recensement pour Québec,
Sainte-Foy, Sillery, Val-Bélair et pour toutes les municipalités
de la région. Cela va devenir de commune renommée que c'est cette
date et vous n'aurez pas dans les journaux un avis du président
d'élection de la ville de Québec disant que c'est la semaine
commençant le 10 et un avis du président d'élection de la
ville de Sillery disant que le recensement,
quant à lui, commence le 15, pour mêler la population.
Faisons cela de façon standard, tout le monde la même semaine,
cela va être beaucoup plus simple.
Les articles 101 et suivants parlent de la confection de la liste
électorale et demandent d'inscrire les noms sur la liste
électorale en fonction de la situation des immeubles par voie de
circulation, rang et autres secteurs, selon l'ordre des numéros des
immeubles et, dans le cas des lots vacants, leur identification apparaît
par les numéros cadastraux. Rappelons-nous la procédure actuelle,
du moins celle qui est vécue à la ville de Québec: la
liste électorale est en deux parties distinctes qui sont, en fin de
processus, assemblées pour constituer une seule liste. Une
première est composée des personnes domiciliées dans ta
ville; cela, c'est le fruit du travail des recenseurs qui passent de porte en
porte et qui recueillent le nom des gens. Cette liste est faite par ordre de
numéros de portes, effectivement, et de numéros d'appartements.
La deuxième liste est faite à partir d'un travail
réalisé par le président d'élection et renferme les
noms des propriétaires non domiciliés qui ont un immeuble dans la
ville, en fait, les gens qui ont droit de vote, mais à un titre autre
que celui d'être domicilié dans la ville. En pratique, ces deux
listes sont brochées l'une avec l'autre. (11 h 45)
S'il faut, pour se conformer à la loi, intercaler à
l'intérieur d'une seule liste ces deux listes-là, vous venez de
compliquer singulièrement la tâche du président
d'élection qui, à toutes fins utiles, devra retranscrire une
autre fois la liste électorale à partir de deux listes
distinctes. Rappelons-nous que la première liste est
dactylographiée par les recenseurs qui sont passés de porte en
porte et que le travail du président consiste en une vérification
et un ajustement de cela. Si on lui donne comme tâche de fabriquer une
nouvelle liste à partir de deux listes, on vient d'ajouter une somme
importante de travail à ce qui existe déjà.
La loi prévoit que disparaissent les mentions d'âge et de
profession apparaissant sur la liste électorale. À tout le moins,
l'âge, pour les scrutateurs qui ont la liste électorale devant eux
et pour les représentants autour de la table, constitue un indice prima
facie qui nous permet de discerner la qualité de l'électeur. Avec
la disparition de cet indice, on ne l'a plus comme indice. Je vous
suggère qu'à tout le moins l'original qui sert pour le
président d'élection et le scrutateur devrait faire état
de l'âge. Nous sommes entièrement d'accord pour que toute liste
distribuée ou publiée fasse abstention de ces mentions.
Les dispositions concernant la révision de la liste
électorale prescrivent que le président d'élection peut
publier ou distribuer des listes électorales. Encore là, on pense
qu'il ne devrait pas y avoir de discrétion donnée au
président. C'est une question à être débattue au
mérite de la publicité qu'on donne à la liste
électorale, mais, une fois qu'une décision sera prise à
cet égard, elle devrait être non discrétionnaire pour le
président, c'est-à-dire qu'on lui interdira de la distribuer ou
qu'on l'obligera à distribuer la liste électorale.
En ce qui concerne les heures et dates d'ouverture des bureaux de
dépôt, un commentaire très pratique. Présentement,
la loi prévoit que, du 20e au 15e jour précédant le
scrutin, les bureaux de dépôt doivent être ouverts. Nous
considérons que cette période est trop près du jour du
scrutin et que, pour faciliter la fabrication ou la mise à jour finale
des listes électorales et leur impression par la suite, on devrait
avancer cette période de bureaux de dépôt d'une semaine,
c'est-à-dire la fixer du 27e au 22e jour précédant le
scrutin.
On est rendu à la section qui commence par les articles 112 et
suivants, En ce qui concerne les personnes qui devraient travailler aux bureaux
de dépôt, nous vous suggérons encore une fois - on est
à l'article 116 - que la loi devrait donner au président
d'élection l'obligation de nommer un certain nombre de personnes
prescrit par la loi, et non pas laisser cela à son entière
discrétion, encore une fois, et que ces personnes devraient être
nommées à partir de listes fournies par les partis
politiques.
Les commentaires sont les mêmes en ce qui concerne les
réviseurs qui agissent à la suite des bureaux de
dépôt. Les réviseurs devraient être nommés
à partir de noms suggérés par les partis politiques,
encore une fois pour éviter que le président d'élection
soit taxé de partialité. De plus, présentement, la loi
prévoit que le président d'élection nomme le
président de la commission de révision. Dans la charte de la
ville de Québec, nous avons un mécanisme qui prévoit que
ce sont les réviseurs eux-mêmes, à la première
séance, qui choisissent parmi eux la personne qui sera président.
Je pense que cette solution devrait être retenue et étendue. Cela
évite au président d'élection de devoir choisir la
personne qui a été suggérée par un parti ou par
l'autre qui sera président. Laissons ces gens-là décider
entre eux de la personne qui sera président.
À l'article 159, on arrive au moment des déclarations de
candidature. On a inséré qu'au moment de la déclaration de
candidature la personne qui se présente doit produire une pièce
d'identité. Dans notre système législatif ou dans le monde
dans lequel on vit présentement, il n'y a pas encore de pièce
d'identité officielle. Il faudrait peut-être prescrire ce qu'on
entend par pièce d'identité pour qu'on ne nous arrive pas avec
une carte de l'association
locale des Kiwanis ou quelque chose du genre. Dans la mesure où
on veut donner cette obligation d'avoir un document identifiant, prescrivons
à quel document on veut donner un caractère officiel. Nous
pensons également qu'au moment du dépôt d'une
déclaration de candidature, cette déclaration devrait être
accompagnée d'une déclaration du candidat, une déclaration
assermentée, affirmant qu'il n'est pas inéligible en vertu des
prescriptions de la loi. Le président d'élection devra se
prononcer sur-le-champ sur l'admissibilité ou non de la
déclaration de candidature. Par exemple, un membre de la
Sûreté du Québec, à moins qu'il n'arrive en uniforme
déposer son bulletin de candidature, ce n'est pas évident,
à la lecture même ou à la face même du bulletin de
présentation. Le président d'élection doit sur-le-champ
porter un jugement là-dessus. Il n'a pas à faire enquête
sur le moment, mais rendons-lui la tâche facile, simplifions-lui la
tâche et exigeons du candidat qu'il déclare dès ce
moment-là qu'il n'est pas inéligible au sens de la loi et le
greffier ne pourra pas être placé dans l'eau bouillante. Je le
sais qu'il est membre de la Sûreté du Québec, mais cela
n'apparaît pas dans le document, etc., ce qui place les présidents
d'élection dans l'eau bouillante à chaque fois.
Nous poursuivons un peu plus loin avec le scrutin et l'avis de scrutin.
À l'article 173, on donne encore une fois une discrétion au
président d'élection de distribuer les cartes de rappel. Les
cartes de rappel, ce sont les petites cartes qui sont envoyées quelques
jours précédant l'élection indiquant à
l'électeur qu'il peut voter à telle section de vote qui est
située à tel endroit dans telle école, dans tel
soubassement d'église, etc. Qu'on donne l'obligation au président
d'élection et non pas la faculté de le faire. Son obligation
première étant de favoriser le vote, nous pensons que c'est une
obligation qui devrait lui être imposée et non pas laissée
à la discrétion du président.
La procédure de vote par anticipation énoncée
à l'article 181 prévoit que les personnes qui votent par
anticipation doivent apposer leur signature dans un registre et y indiquer les
raisons pour lesquelles elles désirent se prévaloir de la
faculté de voter par anticipation. Nous vous soulignons que cette
procédure, bien que louable, est lourde et onéreuse en temps. On
pourrait atteindre les mêmes buts, les mêmes objectifs, en donnant
l'obligation au scrutateur de s'assurer, en posant les questions
appropriées, que la personne qui se présente devant lui remplit
les conditions pour voter par anticipation et de faire lui-même les
inscriptions au registre. Dans la pratique, je pense qu'on vient de couper par
cinq ou six le temps requis pour qu'une personne vote par anticipation. Les
scrutateurs connaissant la procédure, connaissant les questions à
poser, cela va être mené rondement alors que l'électeur qui
vient voter pour la première fois, à qui on mettra un registre
devant le visage sur lequel il devra énoncer les raisons pour
lesquelles... Comme il ne connaît pas la façon de verbaliser cela,
on va perdre, je pense, un temps précieux à cet égard et
notre objectif sera atteint quand même si c'est le scrutateur qui
s'assure que la personne a les qualités requises.
Sur le matériel nécessaire pour le vote, nous avons deux
commentaires vraiment très mécaniques. Dans les
municipalités, ce sont des doubles élections. Dans la même
boîte se retrouvent des bulletins pour la charge de maire et des
bulletins pour la charge de conseiller. Dans tous les cas où il y a des
élections générales, la loi prescrit que les bulletins
doivent être blancs avec un masque noir ou un cercle noir. Nous vous
suggérons que la loi devrait prévoir que les bulletins soient de
couleur différente pour l'élection à la charge de maire et
l'élection à la charge de conseiller. Le dépouillement du
scrutin se ferait beaucoup plus facilement.
En ce qui concerne les urnes, la loi prévoit que les urnes sont
remises scellées au scrutateur au moins une heure avant le scrutin. Nous
vous soumettons une pratique qu'on vit à la ville de Québec
depuis plusieurs élections générales. En tout cas, on peut
peut-être généraliser notre expérience ou en faire
bénéficier les autres, si vous le jugez à propos. Les
scrutateurs et greffiers de bureau de scrutin reçoivent une formation
dans la semaine qui précède le jour de l'élection. Nous
avons pris l'habitude, à la suite de ces cours de formation, de remettre
immédiatement au président d'élection la boîte
électorale, l'urne de scrutin qui contient à ce moment tous les
documents et toutes les instructions dont il aura besoin le jour du scrutin
sauf, évidemment, les bulletins et la liste. Ces documents leur sont
remis le matin même par le préposé au maintien de l'ordre
et à l'information lorsqu'ils arrivent à l'école ou au
sous-sol de la salle paroissiale en question.
Cela a pour grand effet bénéfique de leur permettre, dans
les deux ou trois jours qu'ils ont entre le moment où ils
reçoivent la boîte et le moment où ils doivent travailler
pour le scrutin, de prendre connaissance du document, de relire leurs
instructions, de lire le cahier électoral dans lequel ils vont devoir
faire des dizaines d'inscriptions, de regarder les formules de procuration,
bref, de les familiariser avec leur "job", ce qui fait que quand ils arrivent
au moment de l'élection ils savent comment cela fonctionne. Le vote ou
la sécurité du vote est préservée. Les bulletins de
vote ne sont remis que dans les minutes qui précèdent l'ouverture
du scrutin par les préposés au maintien de l'ordre et
à
l'information, qui eux-mêmes les ont recueillis te matin
même du scrutin au bureau du président. La sécurité
de notre processus est quand même étanche, mais cela permet
d'assurer une meilleure formation des scrutateurs.
À l'article 208, on parle des formalités préalables
à l'ouverture des bureaux de vote. À notre avis, il y aurait lieu
de prévoir un mécanisme permettant - ce mécanisme existe
dans la charte de la ville de Québec, du moins dans la Loi sur les
cités et villes, je ne peux pas vous le dire de mémoire - au
scrutateur, séance tenante, dans le cas où un greffier ne se
présente pas, de nommer immédiatement une personne autre pour
l'assister dans ses fonctions le jour du scrutin. À chaque
élection générale, nous avons besoin de ce pouvoir. Il se
produit des défections de dernière minute et il doit y avoir des
remplacements de dernière minute.
En ce qui concerne le déroulement du scrutin, à l'article
211, la toi insère une différence entre les heures de scrutin au
niveau municipal et les heures de scrutin au niveau provincial. Nous vous
suggérons, par souci d'homogénéité et pour
créer le moins de confusion possible dans l'esprit des électeurs,
que ces heures devraient être uniformes.
À l'article 218 est indiqué le droit aux
représentants des candidats de faire objection et de demander le serment
d'un électeur afin que celui-ci puisse se prévaloir de son droit
de vote. Afin d'éviter des situations difficiles qu'on a
déjà vécues dans le passé et que sûrement
plusieurs présidents d'élection ont vécues, la loi devrait
prescrire quels sont les motifs qui peuvent être allégués
par un représentant pour exiger le serment de l'électeur. Je
conviens que ces motifs peuvent être génériques, mais on ne
devrait pas donner carte blanche pour exiger un serment tous azimuts et pour
quelque raison que ce soit. En accordant le droit aux représentants
d'exiger le serment, la loi devrait leur donner des balises, à savoir
dans quelle mesure et pour quels objectifs ils peuvent exercer ce droit.
À l'article 222, encore une fois, c'est vraiment un
détail, un détail de procédure. Il faudrait obliger le
scrutateur à plier le bulletin de vote avant de le remettre à
l'électeur. Vous n'avez pas idée dans quel état reviennent
les bulletins de vote quand ils sortent de l'isoloir. S'il est plié par
le scrutateur avant qu'il le remette à l'électeur, il va revenir
plié de la même façon, ce qui n'est pas le cas quand on le
remet non plié.
L'article 225 prévoit une procédure qui, à ma
connaissance, est nouvelle, du moins en ce qui concerne la ville de
Québec. L'article 225 prévoit que lorsque le scrutateur se rend
compte, au moment où l'électeur lui montre le billet de vote
avant de le glisser dans l'urne, que les initiales apparaissant à
l'endos du billet ne sont pas les siennes ou qu'elles sont absentes, il peut
immédiatement arrêter le processus, reprendre ce billet et
établir une espèce de petit procès-verbal de ce qui s'est
passé. Nous pensons que ce n'est pas à ce moment qu'il faut
régler ce problème. La loi permet déjà plus loin,
à l'article 236, au scrutateur, lorsque te dépouillement du vote
s'effectue et qu'il constate qu'il y a des bulletins dans l'urne qui n'ont pas
d'initiales, mais qu'il est convaincu, compte tenu du nombre de bulletins qu'il
a donnés et de la comptabilité qu'il fait à la fin, que
c'est par omission, de remplir un document pour valider tout cela. Nous pensons
que c'est à ce moment qu'il faut régler ces problèmes et
non pas lorsque l'électeur se présente. Cela se passe en une
fraction de seconde. On va bloquer le processus électoral et on n'ajoute
rien de neuf, rien de nouveau comme protection. (12 heures)
L'article 226 prévoit que le scrutateur doit remettre un nouveau
bulletin à l'électeur qui, par inadvertance, a mal marqué
ou détérioré son bulletin. Je suis entièrement
d'accord avec le principe. Cependant, le scrutateur devrait remettre ce nouveau
bulletin uniquement sur remise du bulletin détérioré ou
maculé; qu'il soit déchiré en mille miettes, cela nous
importe peu, mais que ce soit sur remise de l'ancien bulletin.
À l'article 227, on prévoit deux façons d'assister
un électeur qui n'est pas capable de voter par ses propres moyens. L'une
de ces deux façons, la deuxième, prévoit que
l'électeur se dirige derrière l'isoloir - il faudrait que je
relise - en compagnie d'un autre électeur et du scrutateur et du
greffier. Je vous souligne qu'il ne reste plus personne du personnel du
président d'élection pour surveiller la boîte. Un seul des
deux devrait se rendre derrière l'isoloir pour assister cet
électeur.
Sur le dépouillement et le recensement des votes - je ralentis
à peine - on donne au scrutateur l'obligation de remettre le
relevé dans une enveloppe, de remplir un autre document qui s'appelle le
relevé du dépouillement. Les notes sont suffisantes
là-dessus. À notre avis, c'est inutile et cela va juste causer de
la confusion dans l'esprit du scrutateur.
À l'article 280, l'on donne au président d'élection
l'obligation de fixer une date pour un nouveau scrutin lorsqu'il y a absence de
candidat, lorsqu'il y a décès ou lorsqu'il y a retrait d'un
candidat. Nous n'avons pas compris cette discrétion qui est
donnée au président d'élection. On lui donne la
discrétion de fixer la date du scrutin au quatrième ou au
cinquième dimanche qui suit la publication du nouvel avis. On n'a pas
compris pourquoi la discrétion. On considère,
encore une fois, que cette discrétion ne devrait pas être
souhaitable.
Dans le chapitre suivant concernant la déontologie
électorale, à la section II, on interdit à tout le
personnel électoral et à tout le monde qui touche de près
le déroulement du scrutin de manifester son appui à un candidat,
à une équipe, etc., sauf qu'on a oublié d'interdire
également de manifester son appui ou son opposition aux idées ou
opinions que professe un candidat indépendant, un parti ou une
équipe, ce qui est souvent tout aussi important qu'un appui au candidat
lui-même.
Au chapitre X, concernant le mandat des membres du conseil, là on
sort un peu du travail du président d'élection, puisque les
personnes sont déjà élues, pour entrer dans le travail du
greffier qui va se poursuivre dans les quatre années qui vont suivre.
L'article 321 de la loi prévoit que le défaut de participation
d'un membre du conseil à une séance peut, lorsque cela
s'accumule, entraîner une perte d'habilité à siéger.
La loi parle de défaut de participation à une séance et
non pas d'absence à une séance. Est-ce que le législateur
a voulu traiter du degré de participation des conseillers lors des
séances de conseil? Si c'est cela, c'est une nouvelle notion dans notre
esprit. Si ce n'est pas cela, on devrait parler d'absence plutôt que de
défaut de participation.
L'article suivant érige le greffier de la municipalité en
une espèce de préfet de discipline et en initiateur des sanctions
devant être imposées aux membres du conseil qui ne remplissent pas
leurs fonctions prescrites par la loi en l'obligeant, lorsqu'il constate qu'un
élu a perdu l'habilité, à lui donner un avis et à
signifier un avis public de cet événement. Nous vous soulignons
que c'est ériger le greffier en un préfet de discipline qui
sanctionne les gestes des élus, ce qui n'est pas le rôle d'un
greffier de municipalité. Le greffier de la municipalité peut et
a l'obligation de constater la présence ou l'absence des élus au
moment des séances du conseil, mais pas au-delà de cela. Ce n'est
pas le greffier qui devrait être l'élément
déclencheur du processus de sanction. Le greffier va ramasser les faits.
Laissons ce droit à l'ensemble des citoyens.
Au chapitre XII, on traite des congés sans
rémunération auxquels ont droit les employés qui
désirent se présenter à une élection. Je n'entends
pas m'engager ici sur la question des employés municipaux. On va en
traiter à un autre niveau. C'est simplement une question de
mécanique. On parle de congé sans rémunération. Mes
confrères qui sont plus spécialisés que moi en
matière de droit du travail me disent que c'est une expression qui n'a
pas de réalité juridique. On devrait parler plutôt de
congé sans solde. D'autre part, la loi devrait préciser que
l'employé qui est en congé sans solde ou sans
rémunération ne bénéficie pas non plus des
avantages qui s'ajoutent à sa rémunération, mais qui ne
sont pas des avantages sociaux. La loi telle que rédigée pourrait
prêter à interprétation et dire que les avantages qui
s'ajoutent à la rémunération, tels que automobile fournie,
logement fourni, abonnement à des clubs sociaux, doivent continuer
d'être fournis à l'employé. Je ne crois pas que ce soit
là l'esprit de la loi.
Finalement, en ce qui concerne les employeurs qui ont des
employés qui démissionnent pour se présenter à une
élection et qui ont droit à un congé sans solde pour
remplir leurs fonctions, il serait sage, à notre avis, pour
protéger ces employeurs, de prescrire que l'employé qui
désire réintégrer sa fonction doive au préalable
donner un préavis à son employeur d'une durée
déterminée par la loi. En l'absence d'un tel préavis, si
l'employé élu peut revenir à une semaine d'avis ou
à un jour d'avis, vous allez causer des problèmes importants de
recrutement, de personnel supplémentaire qui remplace cette personne au
sein de l'entreprise. C'est difficile de faire du recrutement en disant
à un employé qu'on engage de façon temporaire
théoriquement pour une période de quatre ans - qu'on peut devoir
le déplacer à une journée d'avis. Il faudrait faire un
ajustement à cet égard.
Je termine ici les remarques... Un instant! Une toute dernière
remarque qui s'applique aux dispositions transitoires et qui, je pense, a son
importance parce que des élections partielles, cela existe toujours. On
en vit une présentement à la ville de Québec et c'est
susceptible d'arriver dans n'importe quelle municipalité de la province.
La loi prévoit que les procédures qui, le 30 juin, ont
été commencées conformément à une
disposition modifiée sont continuées suivant la nouvelle. Je
comprends que pour une vacance qui surviendrait avant le 30 juin 1987 les
procédures électorales seraient commencées suivant
l'ancienne loi et, en plein milieu de la procédure électorale, on
continuerait suivant les nouvelles procédures. Voyant un risque de
confusion, d'interprétation ou de difficulté, nous vous
suggérons que les vacances qui surviendront avant le 30 juin 1987 le
soient suivant l'ancienne loi et les vacances survenant après, suivant
la nouvelle loi. Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. Boutin. M. le
maire.
M. Pelletier: M. le Président, les remarques que notre
directeur du contentieux vient de vous faire sont des remarques d'ordre
technique préparées par les techniciens du vote à
l'hôtel de ville, sur la
base à la fois des dispositions spéciales que contenait
cette partie de notre charte qui concerne les élections et du
vécu que ces gens connaissent mieux que nous. Nous n'avons pas cru,
comme élus, devoir intervenir sur le choix de ces commentaires ni sur
leur analyse.
Ce que j'ai à ajouter, ici, relève davantage des
élus. D'abord, au chapitre I, je comprends que le champ d'application
concerne la ville de Québec. Pour nous, c'est un changement important
puisque les dispositions de la Loi électorale concernant la ville de
Québec étaient jusqu'à maintenant contenues dans sa charte
particulière. Nous n'avons aucune objection à ce que la ville de
Québec soit soumise à la loi générale gouvernant
les élections au niveau municipal et je ne voudrais pas par là
indiquer que nous serions automatiquement d'accord pour que la charte de la
ville de Québec comme telle disparaisse dans la refonte
éventuelle des autres lois municipales. Je me permets de faire cette
remarque pour ne pas qu'il y ait de mauvaise interprétation sur notre
attitude à cet égard.
Le chapitre II, Époque de l'élection
générale. Je vous souligne que Québec et Montréal,
pour des raisons, j'imagine, d'ordre historique, ont de tout temps connu une
date d'élection municipale différente des autres
municipalités au Québec. Je comprends que l'intention, c'est de
mettre tout le monde à la même date. En soi, je n'ai pas
d'objection de principe. La seule chose qui me surprend, c'est que, quand on
dit que des candidats peuvent être candidats â une élection
sans être des résidents, on ouvre la porte à ce que des
gens de l'extérieur des frontières d'une municipalité se
mêlent de l'élection dans cette municipalité. Je souligne
que lorsqu'on fait cela, on dit aussi que les organisateurs politiques suivent
les candidats et il arrive qu'à ce moment les équipes
électorales se constituent aussi forcément de personnes qui
viennent d'en dehors, du lieu de résidence du candidat et non pas de la
ville où l'élection se produit. Il y a là, il me semble,
une difficulté d'application. Si toutes les élections se font la
même journée, alors, on va avoir peut-être de la
difficulté en ce qui a trait au recrutement du personnel
électoral, à moins que l'on fasse droit à la suggestion
qui vous a été faite tout à l'heure, que tous les
représentants politiques au scrutin aient qualité
d'électeur. Mais, si les représentants doivent avoir
qualité d'électeur, est-ce qu'on ne devrait pas avoir la
même logique par rapport au candidat? Personnellement, je me pose de
sévères questions sur le droit qui est donné à
quelqu'un d'être candidat dans une municipalité où il n'a
pas feu et lieu. Je me dis qu'on a assez de difficultés parfois, dans
une ville, à prendre un résident de la ville et à le
rendre candidat dans un quartier où il n'habite pas, si, au surplus,
c'est quelqu'un d'en dehors, je trouve que ça ne correspond pas à
la philosophie saine de la bonne représentativité qu'on doit
chercher chez un candidat.
Chapitre III, Division du territoire aux fins électorales.
Section III, Procédure de division en districts électoraux. Nous
sommes d'avis que le mécanisme d'opposition prévu aux articles 21
et suivants est laborieux et l'opposition devant la Commission de la
représentation n'est pas en vérité un appel, mais bien une
remise en question de la décision prise au conseil municipal. Cette
remise en question pourrait amener des situations injustes. À titre
d'exemple, disons qu'une vaste majorité de citoyens pourrait s'opposer
à la description d'un disctrict électoral devant le conseil
municipal et celui-ci lui donnerait raison. Par la suite, devant la Commission
de la représentation, une minorité insatisfaite de la
décision du conseil pourrait présenter une nouvelle opposition et
la commission renverser la décision du conseil au profit d'une
minorité déjà entendue. Il devrait s'agir d'un appel pour
les opposants ayant déjà manifesté leur opposition devant
le conseil ou, à tout le moins, le nombre d'opposants requis devant la
commission devrait être plus grand que celui qui s'est
présenté devant le conseil municipal, sinon cela ne sert à
rien de donner au conseil municipal des pouvoirs de décision
après audition si, pour n'importe laquelle raison, il peut se faire
renverser par à peu près n'importe qui. Par ailleurs, il pourrait
être souhaitable de penser également à établir des
critères pour permettre l'appel. Ainsi un appel ne pourrait être
possible, par exemple, que dans le cas où une municipalité
excède les normes établies à l'article 12 de la loi.
En ce qui concerne l'article 59 qui traite des candidats dans le
chapitre V, le projet de loi stipule que les personnes qui ne sont pas
domiciliées dans la ville peuvent à certaines conditions
être candidats à une élection municipale. Si ce principe
est reconnu, personnellement, j'opine à croire qu'il ne devrait pas
l'être, mais si jamais il était reconnu il faudrait à tout
le moins préciser la signification de l'expression "avoir une
résidence sur le territoire de la municipalité depuis au moins
douze mois". Qu'est-ce que cela veut dire? Est-ce que cela veut dire avoir un
"4x4" de pêche sur le bord d'un lac?
Concernant l'article 317, je souligne qu'il n'y a pas de date fixe
d'entrée en fonction des membres du conseil. Pour nous, ce serait un
grand changement parce que dans notre charte - et nous nous en trouvons
très bien - l'entrée en fonction des nouveaux élus
à la suite d'une élection générale est toujours
fixée au 1er décembre. Cela permet donc aux nouveaux élus
d'avoir le temps de
s'organiser. On doit faire des nominations au conseil exécutif,
on doit prévoir la représentation de la ville à la
commission de transport de la communauté urbaine, au conseil de la
communauté urbaine et au comité exécutif de la
communauté urbaine. Il y a une foule de comités permanents
à organiser. À toutes fins utiles, cela donne au nouveau maire ou
au maire reconduit avec une équipe modifiée le temps de relancer
la machine et de procéder aux consultations nécessaires. (12 h
15)
J'ai toujours trouvé que cette pratique qu'on avait dans le monde
municipal, que chacun prend son siège à la minute où il
est déclaré élu après s'être fait assermenter
en vitesse, était une procédure un peu hâtive et non
civilisée. Je soumets que cette pratique que nous avons vécue et
que nous vivons encore à la ville de Québec d'avoir une date fixe
d'entrée en fonction des nouveaux élus est une pratique saine qui
permet à tout le monde de s'organiser autrement que dans le tumulte et
le brouhaha. Chacun a le temps de quitter son bureau et l'autre de s'y
installer.
Cela dit, je passe à l'article 318 qui est un peu relié
à cela également. Le conseil est dissous 23 jours avant
l'élection et seul le maire demeure en fonction. Il y a quelques
années, la charte de la ville de Québec a été
amendée justement pour permettre que le conseil reste en fonction
jusqu'au 30 novembre, comprenant que le conseil ne pourrait siéger que
sur des questions de routine ou des questions d'urgence; il n'y a jamais eu
d'abus de ce côté-là. Mais il n'y a pas de vacance
politique, il n'y a pas d'intérim entre deux régimes et nous
trouvons que c'est une situation saine dont nous avons fait notre profit et qui
pourrait être étendue à toutes les municipalités du
Québec.
Dans la section qui concerne l'élection partielle ou la
cooptation, à l'article 340, le vote prépondérant du
président est source de problème. Par exemple, dans un conseil de
20 membres où il y a un poste vacant, chaque parti ayant chacun dix
représentants, le parti qui assumerait la présidence perdrait la
possibilité de coopter un des membres de son parti. Je pense qu'il y a
là un ajustement à faire sur le texte prévu au projet de
loi.
À l'article 346, ne faudrait-il pas permettre à une
personne qui occupe un poste au sein du même conseil d'être
admissible lors d'une élection au poste de maire? En effet, lors d'une
élection partielle, un conseiller qui se présente à la
mairie devra obligatoirement démissionner de son poste et cette
obligation aura comme effet de créer un nouveau poste vacant au sein du
conseil. Est-ce qu'on ne pourrait pas permettre à un membre du conseil
d'être candidat à la mairie? S'il est élu, il devra
démissionner avant de prêter serment comme maire; s'il est battu,
il pourra continuer son mandat, pour lequel il a été quand
même régulièrement élu. À ce
moment-là, cela ne créerait pas une seconde vacance à
combler.
Au chapitre XII, section I, article 351 qui concerne le congé
sans rémunération, je note qu'un employé de la
municipalité ne pourrait se prévaloir de cet article, puisqu'il
est inadmissible par l'effet de la loi. En fait, cela protège mal un
employé qui se présente et qui serait battu. Un fonctionnaire
provincial qui veut se présenter aux élections peut avoir un
congé pour le faire et, s'il est battu, réintégrer son
emploi. Pourquoi serait-ce différent sur le plan municipal?
L'article 360 concerne la divulgation des intérêts
pécuniaires des membres du conseil. Votre projet de loi ne
prévoit que la divulgation des intérêts dans les compagnies
susceptibles de faire des transactions avec la municipalité. Quelqu'un
qui est actionnaire d'une banque sait-il si cette banque est susceptible de
transiger avec la municipalité? II s'agit là de l'introduction
d'un élément d'interprétation qu'il n'est pas souhaitable,
selon nous, d'insérer dans la loi. À tout le moins, il faudrait
préciser s'il s'agit de marché non seulement avec la
municipalité, mais également avec ses organismes. Il y a une
foule de corporations qui dépendent de la ville, qui prolongent, au
fond, l'action de la ville. Je pense que cela devrait être couvert par
les intérêts pécuniaires. Nous rejoignons en ce sens les
commentaires déjà formulés au chapitre des motifs
d'inhabilité.
Voilà ce que nous avions à ajouter, sauf deux petits
points pour terminer. Je pense que le montant des dépenses
électorales autorisées et celui des contributions
électorales que la loi permet à un électeur de faire
devraient être déterminés par décret du Conseil des
ministres quant au quantum. Quand c'est inscrit directement dans la loi, cela
crée une lourdeur qui empêche d'adapter les choses de façon
utile. Je sais que ces barèmes, par exemple, n'avaient pas
été changés durant une période de cinq ans au
moment où on a connu des périodes inflationnistes folles, au
moment où le service des postes a augmenté
considérablement ses frais, ce qui a complètement changé
la situation. Il1 me semble que le législateur, qui inscrit des
principes, devrait permettre au Conseil des ministres de pouvoir, par
décret, ajuster le quantum lorsqu'il le juge utile. On ne devrait pas
geler cela dans la loi.
Enfin, M. le ministre des Affaires municipales a été
témoin d'un petit problème dont la mort récente d'un
collègue au conseil municipal nous a fait prendre conscience: c'est que,
selon les délais prévus actuellement dans les lois, on peut en
arriver à des aberrations. On a failli être obligé de
tenir une élection partielle à Québec le 4 janvier,
avec un vote préalable le 28 décembre, ce qui me serait apparu
absolument inacceptable démocratiquement. On a fini par trouver un moyen
de s'en sortir, mais je pense qu'il devrait y avoir une soupape dans la loi qui
permettrait au ministère des Affaires municipales d'intervenir, par
décret, pour faire en sorte qu'on n'ait pas une élection le
lendemain de Noël ou la veille de la Saint-Jean-Baptiste.
Quand on a des lois trop serrées où il n'y a jamais
possibilité de déroger pour cause et suivant un mécanisme
prévu dans la loi, on s'expose, à un moment donné, en
toute bonne foi, à se retrouver dans des situations aberrantes qui ne
favorisent pas l'expression du vote des citoyens. Voilà, M. le
Président, ce que nous avions à communiquer à votre
commission ce matin. J'espère que nos propos ont pu vous être
utiles.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie, M.
Pelletier, des propos et de la contribution très importante que vous
venez de fournir à la commission.
J'inviterais maintenant M. le ministre à amorcer les
échanges avec les représentants de la ville de Québec. M.
le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, étant donné
qu'on doit suspendre nos travaux dans environ cinq minutes, mes remarques
seront très brèves.
Le Président (M. Rochefort): Si vous me le permettez, M.
le ministre, on peut peut-être disposer de cette question maintenant.
J'avais cru comprendre implicitement - je reconnais qu'il n'y a pas eu
d'entente formelle à cet égard - qu'on tenterait de
compléter l'audition des représentants de la ville de
Québec avant la suspension du dîner pour éviter de leur
imposer de revenir ici vers 15 h 30 après la période des affaires
courantes. J'aimerais avoir la position des membres de la commission à
cet égard.
M. Bourbeau: M. le Président, je le regrette aussi, cela
n'a pas fait l'objet d'une discussion préalable. J'avais pris des
engagements à 12 h 45 à mon bureau. Je ne pourrai pas rester
beaucoup plus tard que peut-être cinq ou dix minutes. C'est le maximum
que je peux donner pour autant que je suis concerné parce que des gens
m'attendent. J'ai une autre entrevue à 14 heures aussi.
Le Président (M. Rochefort): Nous serons en Chambre
à 14 heures.
M. Bourbeau: Donc, à 14 heures on a une
échéance obligatoire. De toute façon, je vais tenter d'y
aller rapidement. Si cela déborde de quelques minutes je pourrai quitter
avant la fin de la séance.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, je veux bien, c'est
clair quant à votre position, mais, quant aux autres membres de la
commission, qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'on poursuit après 12 h 30
pour libérer les gens de la ville de Québec avant l'heure du
lunch ou est-ce qu'on poursuivra à 15 h 30 les discussions avec les
représentants de la ville de Québec? Je pense que cela doit tenir
compte aussi du temps que vous envisagez consacrer aux questions et aux
échanges que vous voulez avoir avec les représentants de la ville
de Québec.
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Un peu comme le ministre,
j'ai un engagement à 12 h 30 aussi. Considérant l'importance
d'une délégation comme celle de la ville de Québec, je ne
voudrais pas qu'on l'expédie rapidement. Ils nous ont fait valoir des
choses importantes et je suis sûr que le ministre, de même que le
représentant de l'Opposition, ont des choses à discuter.
Personnellement, je devrai partir à 12 h 30, malheureusement, et je ne
voudrais pas que cela serve de prétexte ou de raison pour liquider la
présentation qui nous a été faite par la ville de
Québec.
Le Président (M. Rochefort): M. le maire, est-ce que vous
êtes disponible pour revenir vers 15 heures ou 15 h 15?
M. Pelletier: M. le ministre, nous nous rendrons disponibles.
Le Président (M. Rochefort): Compte tenu de cela, j'ai
presque le goût de vous suggérer qu'on fasse tous les
échanges d'un seul bloc plutôt que d'en faire cinq minutes
maintenant et reprendre après cela. Non?
M. Bourbeau: Ce que je vous suggérerais, c'est qu'on
commence et s'il arrivait que cela se fasse rapidement... Je n'ai pas beaucoup
de questions. C'est tellement limpide et tellement clair que je ne
prépare pas de questions. L'Opposition en a peut-être beaucoup, je
ne le sais pas. On pourra voir. Si, à 12 h 40, on n'a pas
terminé, on pourrait...
Le Président (M. Rochefort): On jugera. Parfait. M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je serais un peu d'accord avec le maire de la ville
de Québec en ce qui concerne les plafonds de dépenses qui
pourraient être modifiés par décret plutôt que dans
la loi. Cela m'apparaît une solution
très logique qui éviterait d'avoir à rouvrir la loi
continuellement à chaque fois que l'inflation se ferait sentir.
M. Pelletier: ...électorales aussi. Vous seriez d'accord
là-dessus.
M. Bourbeau: Le pendant, oui. La question d'un conseiller
municipal qui doit ou devrait démissionner pour se porter candidat
à la mairie, j'admets que c'est un point de vue très
défendable, d'autant plus que, quand un maire ou un conseiller veut
porter sa candidature à une élection provinciale, on ne l'oblige
pas à démissionner avant son élection. Plusieurs d'entre
nous ici avons joui de ce bénéfice. Disons que c'est un point
qu'on va regarder attentivement dans les prochains jours.
Pour ce qui est de l'autre question, du problème dont vous avez
été la victime très récemment, d'avoir à
faire des élections dans le temps de Noël ou à des dates
inopportunes, comme la Saint-Jean-Baptiste ou la Saint-Michel ou d'autres dates
semblables, on m'avise que l'article 343 du projet de loi, vraisemblablement,
pourrait régler ce problème. On dit: "Le président
d'élection doit, dans les 30 jours de l'avis de la vacance ou de la
décision du conseil de la combler par une élection partielle,
selon le cas, fixer le scrutin un dimanche. "Le ministre des Affaires
municipales peut, sur demande du président d'élection, lui
accorder un délai supplémentaire ou lui permettre de changer le
dimanche fixé pour le scrutin et de donner en conséquence un
nouvel avis d'élection. Dans le second cas, le ministre prescrit les
adaptations à apporter aux règles applicables à
l'élection partielle." Je crois que cela pourrait régler le
problème.
Pour ce qui est des autres remarques qui ont été faites
par la ville de Québec, eh bien, on en prend note. Tout cela va faire
l'objet, dans les jours prochains, d'une étude attentive de la part du
ministère et du ministre pour voir dans quelle mesure on peut adapter le
projet de loi au point de vue de la ville de Québec. Dans les prochaines
semaines, lorsque la commission parlementaire commencera à faire
l'étude article par article du projet de loi, s'il y a lieu de faire des
amendements, on le fera par voie de papillon, comme on dit dans le jargon.
M. Pelletier: M. le ministre, je veux vous assurer aussi de la
disponibilité de nos gens de l'hôtel de ville pour des rencontres
avec vos légistes, si jugées utiles.
M. Bourbeau: Très bien. On vous remercie beaucoup de cette
offre de collaboration.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: En tout cas, pour ma part, j'aurais été
prêt à continuer le débat jusqu'à 13 heures parce
que, dans l'Opposition, on est probablement plus à l'écoute, on
demeure plus longtemps à l'écoute des gens. Par contre, cela peut
nous donner le plaisir de rencontrer deux fois la ville de Québec dans
la même journée, ce qui est drôlement un avantage.
Je suis un peu mal à l'aise aussi, après l'affirmation du
ministre voulant que c'est limpide et qu'il a tout compris. Je sens qu'il y a
des informations qui me manquent et j'aimerais échanger un peu plus
longtemps. Je ne voudrais pas que le travail qui a été fait par
la ville de Québec, autant par son conseil municipal que par le
président d'élection, devienne lettre morte. C'est évident
que l'Opposition ne rédige pas les lois. On peut essayer de les
bonifier, mais on veut aussi les bien comprendre.
C'est une remarque, M. le ministre, que j'aurais pu me dispenser de
faire parce que j'ai l'impression que vous allez peut-être être
obligé de refaire vos devoirs à bien des places. L'Opposition n'a
certainement pas de leçons à recevoir de ce côté.
(12 h 30)
Je voudrais m'adresser spécifiquement à M. le maire et au
président d'élection concernant le personnel électoral
où il est question - et c'est une nouvelle procédure -que les
partis politiques nomment des représentants qui seront choisis par le
président d'élection lors de la journée du vote ou les
recenseurs. Il me semble que c'est une pratique qui vient de l'élection
provinciale parce qu'au provincial, c'est de cette façon-là.
Je comprends que, pour la ville de Québec, il n'y a pas trop de
problème, c'est évident, puisqu'il y a des partis politiques,
mais, comme les partis politiques n'existent pas dans l'ensemble du
Québec, maintenez-vous que cela devrait être comme cela et que
c'est une position applicable pour un certain nombre de municipalités
selon leur grosseur, mais pas nécessairement pour l'ensemble des villes
du Québec? Comme cela, on uniformise ou on force la mise en place de
partis politiques dans l'ensemble du Québec. Je ne pense pas que ce
soit... La ville de Québec ne me donne pas cette impression, ou elle ne
me l'a pas donnée dans le passé, qu'on devrait être tous
des copies conformes de l'un à l'autre, surtout connaissant le maire
comme je le connais.
M. Pelletier: M. le député, il est clair que nous
ne revendiquons pas pour tout le monde la culotte qui nous convient. Je n'ai
aucune objection à ce qu'il y ait des accommodements pour des situations
autres que la nôtre, mais il reste que, chez nous, le
vécu des élections depuis 1965 fait que ce système
est, à toutes fins utiles, en vigueur, rend service, est jugé
équitable, équilibré et bon. Il ne faudrait pas que la loi
ne nous permette pas de continuer une bonne pratique simplement parce qu'elle
ne convient pas à tout le monde.
Ceci dit, M. le président d'élection ferait
peut-être une remarque d'ordre technique; il n'y a pas que des partis
prévus par la loi, il y a des regroupements de candidats aussi. Et je le
laisse...
M. Carrier (Antoine): M. le Président et M. le
député de Jonquière, c'est une pratique, effectivement,
comme M. le maire de Québec vient de le dire, qui est établie et
avec laquelle on vit d'une façon correcte. L'entente, c'est que les
partis politiques nous fournissent des noms. Nous suivons effectivement les
recommandations qui nous sont faites. Cela ne nous cause pas de
problèmes. Je pense que vous avez fait une suggestion tantôt. Si
ces dispositions-là ne s'appliquaient pas d'une façon uniforme
dans toute la province, la loi pourrait prévoir que ces dispositions,
pour des municipalités de 75 000, 100 000 habitants ou plus ou dans une
catégorie donnée, puissent s'appliquer.
M. Dufour: Je comprends vos explications et je comprends
certainement qu'un certain nombre de municipalités, d'une taille
certaine, font qu'on puisse prendre cette procédure-là et cela
semble acquis dans l'ensemble du Québec. Qu'on parle de Montréal,
Québec, Longueuil, Laval, il y a des partis politiques qui y sont
implantés.
En dessous de cette norme de 100 000 habitants - cela pourrait
être 80 000 - quand on regarde la situation dans le Québec, il n'y
a pas de parti politique partout. Ma crainte ou l'objection ou la remarque que
je fais, c'est qu'à ce moment-là cela oblige presque
automatiquement à créer des équipes ou des partis.
Il est loin d'être prouvé hors de tout doute que, dans
l'ensemble du Québec, les partis politiques ont amené des choses
différentes. Je peux nommer des cas où cela a causé
quelques problèmes.
Il y a aussi le cas où quelqu'un a été élu
comme indépendant, qui a donc reçu le plus grand nombre de votes,
qui n'aurait pas le droit de nommer son représentant, selon... Il n'y a
pas d'équipe là, il devient indépendant. Il y a un certain
nombre... En tout cas, j'accepte que vous appliquiez vos remarques pour la
ville de Québec et probablement pour des villes plus populeuses.
M. Pelletier: M. le député connaît ma
théorie...
M. Dufour: D'accord.
M. Pelletier: ...déjà bien connue du
prêt-à-porter versus le taillé sur mesure.
M. Dufour: Voilà. Et je vous félicite de votre
ouverture d'esprit de ce côté et j'espère que le ministre
en tiendra compte.
Quant aux questions techniques, je ne vous cache pas que cela a
été jusqu'à maintenant le mémoire qui a le plus
tenu compte d'éléments à l'intérieur de la loi.
J'ai l'impression qu'on devra sûrement en tenir compte pour la
rédaction finale de la loi. Même si elle a beaucoup d'articles, il
faudra sûrement tenir compte de votre expérience et de votre
vécu. Personnellement, je ne peux que vous féliciter de tout ce
travail de bénédictin parce qu'effectivement ce n'est pas une loi
qui est le "fun". C'est une loi plutôt rebutante et ça prend des
gens qui veulent vraiment améliorer ce qui se passe à travers la
démarche des élections.
J'aimerais parler un peu du côté politique. M. le maire
nous disait qu'en période d'élection le fait qu'il y ait des
dates uniformes, pour l'ensemble du Québec, cela pouvait causer un
certain nombre de problèmes pour le recrutement du personnel
électoral durant la journée de l'élection.
M. Pelletier; M. le député, ce qui arrive, c'est que, si
toutes les élections ont lieu la même journée la même
année, c'est un gros changement. On a évité ça au
Québec. Les élections ont lieu, certaines une année,
d'autres l'autre, etc. Dans les environs de Québec, les deux plus
grandes municipalités ont la même année, à tous les
quatre ans. Le mandat tombe la même année. Alors, il n'y a pas
l'ombre d'un doute qu'il y a des gens intéressés aux
élections de Québec qui demeurent à Sillery ou à
Sainte-Foy. Si les élections ont lieu la même date, cela peut
créer certains problèmes. Je ne dis pas qu'il ne faudra pas vivre
avec cela. Je serais prêt à accepter la même date, mais je
voudrais qu'il y ait une concordance. Si c'est la même date et que chacun
fait ses élections chez soi, que les représentants
électoraux soient des électeurs d'une ville qui agissent dans une
ville et que les candidats soient aussi la même chose. Sinon, il semble
qu'on introduit deux poids, deux mesures, suivant qu'on parle des candidats ou
des organisations électorales. Je ne comprends pas pourquoi.
M. Dufour: II y a un point qui a déjà fait l'objet
de discussions à un autre endroit. Ce sont les dates fixes pour
l'entrée en fonction des conseils municipaux. On sait qu'il y a un
décalage et que seul le maire demeure en fonction. C'est la loi
générale actuelle qui gouverne l'ensemble du Québec,
à l'exception de votre municipalité et probablement quelques
autres qui sont plus
populeuses. Normalement, lors de la mise en candidature, le maire en
fonction garde le droit de vote, c'est-à-dire son titre jusqu'à
l'assermentation de son successeur. Automatiquement, les conseillers municipaux
n'occupent plus leurs fonctions de conseillers jusqu'à ce que
l'élection et l'assermentation aient lieu. C'est la loi
générale sur les cités et villes.
À Québec, vous avez un statut particulier en ce sens que
vous maintenez les conseillers en fonction jusqu'à la date de
l'investiture du nouveau conseil. Vous revendiquez ce même droit à
l'avenir.
M. Pelletier: M. le député, je ne pense pas que le
conseil de ville ait jamais siégé comme tel entre
l'élection et la prise en charge de la nouvelle administration
élue. Légalement, nous aurions pu le faire. Je pense que la
décence fait qu'on ne doit pas le faire, à moins qu'il y ait
urgence ou qu'il y ait des questions de routine qui ne puissent pas souffrir de
délais. Mais je trouve cette possibilité civilisée. Ce
n'est pas parce qu'on a un droit qu'on en abuse, mais si, à un moment
donné, une circonstance le justifie, il n'y a pas de vacuum.
Est-ce qu'on doit mettre une date fixe disant que c'est tant de jours
après l'élection ou après la proclamation des
résultats que les élus entrent en fonction? Personnellement, je
peux dire que j'ai trouvé très utile, en particulier quand j'ai
occupé mes fonctions pour la première fois, en 1977, d'avoir une
douzaine de jours, si je me souviens bien, pour organiser l'ensemble de la
prise en charge de l'administration par l'équipe nouvellement
élue: équilibrer la représentation des quartiers au
comité exécutif, à la communauté urbaine, à
la commission de transport; discuter avec les autres maires de la région
des postes qu'il y avait à pourvoir; voir à l'organisation et
à la mise sur pied des comités permanents du conseil de ville.
Bref, faire un peu - je ne me prends pas pour un autre - mais faire un peu ce
qu'un chef de parti qui va devenir premier ministre fait avant d'entrer en
fonction, il prépare son équipe.
Je veux vous souligner qu'à la ville de Québec il n'y a
pas qu'un maire et un . conseil. Il y a un maire et un comité
exécutif. Le comité exécutif, c'est l'équivalent du
gouvernement, si vous voulez, dans une ville. Si le conseil n'existe plus 23
jours avant l'élection, ça veut dire que, à moins qu'on le
prévoie, il n'y a plus de comité exécutif, il n'y a plus
rien. Je vous avoue que je trouve cela un peu long et que ce n'est pas correct.
Nos procès-verbaux de décisions à l'exécutif sont
une chose publique. Les réunions du conseil sont des réunions
publiques. Je pense que nous aurions une vigilance populaire et des
médias qui nous rappelleraient à l'ordre si nous abusions des
pouvoirs que nous avons mais qui peuvent s'avérer très utiles, si
jamais quelque chose survenait.
M. Dufour: Ce que je voulais faire ressortir, c'est surtout que
c'est un statut bien particulier pour la ville de Québec. Quand cela
avait été discuté pour l'ensemble des
municipalités, on avait essayé de trouver la période la
moins longue pour qu'il n'y ait pas ce vide où il n'y avait qu'une seule
personne en fonction.
M. Pelletier: Mais là vous avez 23 jours.
M. Dufour: Oui, je sais qu'on a ajouté une semaine par
rapport à ce qui existait avant.
M. Pelletier: Je vous avoue que je trouve cela long un peu.
M. Dufour: D'ailleurs, je l'ai soulevé à la
commission parlementaire de ce jour.
M. Pelletier: II y a quelques années, nous avons eu
l'oreille heureuse de l'Assemblée nationale pour obtenir ce statut qui
nous convient bien et dont, je pense, on n'a abusé en aucune
façon. On ne voudrait pas faire les frais d'une normalisation
décidée tout à coup et qui nous ferait reculer. On ne veut
peut-être pas avancer mais, au moins, on veut garder ce qu'on a
acquis.
M. Dufour: Je voudrais soulever un point.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière, étant donné que vous voulez aborder d'autres
sujets et que l'on m'indique qu'il y a aussi des députés
ministériels qui auront des questions, toujours avec l'accord de M. le
maire, nous allons suspendre maintenant nos travaux pour nous retrouver
immédiatement après la période des affaires courantes;
donc vers 15 h 15, ici, si cela vous convient.
M. Pelletier: À 15 h 15?
Le Président (M. Rochefort): Environ. Enfin, dès
que la période des affaires courantes sera complétée
à l'Assemblée.
M. Pelletier: On va ouvrir nos téléviseurs dans nos
bureaux, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci de votre
disponibilité. Donc, nous suspendons les travaux jusqu'à
immédiatement après la période des affaires courantes.
(Suspension de la séance à 12 h 42)
(Reprise à 15 h 31)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît1.
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux dans le cadre de la consultation entourant le projet de loi 100.
Nous reprenons là où nous nous sommes laissés à la
suspension avant le dîner, c'est-à-dire aux échanges de
vues des membres de la commission avec le maire de Québec et avec ses
collaborateurs relativement au mémoire qu'ils nous ont
présenté cet avant-midi.
Lorsque nous avons suspendu nos travaux, la parole était au
député de Jonquière et j'ai une autre demande
d'intervention. Alors, nous allons poursuivre avec les questions du
député de Jonquière, suivies des interventions des autres
membres de la commission. M. le député.
M. Dufour: Merci, M. le Président. Il est évident
que j'aurais aimé complété la période de questions
pour libérer la ville de Québec et ses officiers avant le
dîner. J'avais aussi décidé de me discipliner et
d'être aussi bref que possible dans mes questions. Mais, comme ils sont
ici cet après-midi, j'aimerais aller un peu plus à fond dans les
questions. On pourra les prendre selon l'ordre des éléments qui
nous ont été fournis par la délégation.
Je comprends que M. Carrier, qui est le directeur du scrutin, nous
suggérait un guide permettant à celui qui dirige, au directeur du
scrutin, d'être moins discrétionnaire dans ses actions. D'abord,
j'aimerais savoir de sa part s'il peut voir cela dans la loi - je ne le crois
pas - et, s'il le voit, comment il verrait son utilisation, car j'imagine qu'il
y aurait aussi des correctifs à apporter ou que cela devrait être
bonifié. De quelle façon ce guide pourrait-il avoir une certaine
valeur légale s'il n'est pas inscrit dans la loi comme telle?
Une voix: Je ne comprends pas la question.
M. Dufour: Vous avez parlé d'un guide pour celui qui
aurait à prendre les décisions lors des élections, pour
que ses actions ou ses décisions soient le moins discrétionnaires
possible. Il serait mis à la disposition de l'officier pour lui indiquer
dans quel barème il pourrait prendre ses décisions.
M. Carrier: C'est cela. M. le député de
Jonquière, on a dit tantôt, si vous me le permettez, que la loi
donne au directeur du scrutin des "guide-lines", des limites à
l'intérieur de la loi qui nous permettraient d'agir dans certaines
semaines précises à l'intérieur des activités
électorales. Si, par exemple, vous fixez le scrutin à X jours,
que le recensement ait lieu à telle période précise d'un
calendrier électoral donné et non pas de donner au directeur du
scrutin la liberté de fixer ce recensement quand bon lui semblerait. Ce
serait le même raisonnement pour toutes les autres périodes, que
ce soit lorsqu'on parle de période de bureau de dépôt ou de
la révision, qu'on sache exactement à quoi s'en tenir quant
à ces activités électorales.
Il y a des municipalités dont la population n'est pas très
grande et cela permet au directeur du scrutin de faire une élection pas
trop compliquée et rapide. Mais, lorsqu'on tombe dans une
municipalité de la grandeur de celle de Québec où vous
retrouvez 118 000 personnes sur une liste électorale, à ce
moment-là, cela commence à faire du volume et, pour un meilleur
fonctionnement, il serait préférable que les diverses
activités électorales soient strictement fixées dans la
loi.
M. Dufour: Je vous remercie. Au début de votre
mémoire - et on voit cela dans plusieurs lois - vous parlez d'une
nomenclature de définitions. Vous en parlez et je voudrais aussi
l'attacher à d'autres précisions que vous avez apportées,
comme à l'article 12 où vous demandez: À quels
électeurs s'adresse-t-on?
Est-ce que la définition que vous entendez pourrait
déterminer assez sensiblement qui sont les électeurs? Parce que,
si je regarde dans la loi, vous semblez beaucoup préoccupés par
le cens électoral et par le cens de l'électeur. Il y a des
définitions qui ne sont probablement pas en opposition, mais qui ne sont
pas nécessairement concordantes, du mot à mot. Cela pourrait
créer un conflit. Je pense qu'il y a deux articles quelque part
où on parle d'électeurs. On pourrait avoir deux listes
électorales. Est-ce que le fait que vous ameniez une nomenclature ou une
définition au début de la loi serait de nature, dans votre esprit
et selon votre grande expérience, à éliminer ces
problèmes, qui sont réels à mon point de vue?
M. Carrier: Je pense que, dans une loi publique, si on laisse le
moins possible d'interprétation à des gens qui ont à
l'appliquer, il y a moins de conflits possibles. Ma théorie
là-dessus est que, lorsqu'on vérifie le texte de la Loi
électorale du Québec, vous avez des définitions qui,
effectivement, placent le débat et placent le statut de telle
catégorie de personnes; on définit des termes, on sait à
quoi s'en tenir, alors que dans cette loi on n'a pas de définitions. On
nous a dit que c'est facile, qu'on peut référer à d'autres
lois et qu'on va prendre des définitions d'autres lois pour les
appliquer à celle-ci. Dans la mesure où il n'y a pas de
problème, ça va bien, mais d'après
l'expérience qu'on a, lorsqu'on a à appliquer une loi
d'intérêt public, je pense que ce serait "préférable
que des définitions soient placées dans la loi de façon
que tout le monde s'entende sur le sens des mots qui sont employés, des
expressions qui sont employées et de la catégorie de personnes
qui est visée pour telle activité,
M. Dufour: Je trouve que vos explications sont très
pertinentes. Vous parlez aussi des documents ayant trait aux élections.
Il me semble qu'on trouvait dans les autres lois, justement, le genre de
questions qui devaient être posées dans un
référendum, le format, et, actuellement, dans cette loi, on ne
les voit pas. Vous pouvez peut-être renchérir par rapport à
votre document. Personnellement, je trouve que c'est pertinent. L'annexe fait
aussi partie de la loi. Si vous voulez détailler un peu
là-dessus, je serais heureux de vous entendre.
M. Carrier: Voici. C'est qu'un des principes de la loi est de
créer l'uniformité. On a dit à plusieurs reprises dans le
passé qu'il y avait des lois qui s'appliquaient à
différentes personnes. Là, on arrive avec un projet de loi
électoral qui va s'appliquer à la province au complet. Pourquoi,
en s'appuyant sur le principe de l'uniformité, ne pourrait-on pas avoir,
effectivement, un certain nombre de dispositions qui s'appliqueraient à
tout le monde également? Je pense d'une façon plus
particulière aux formules. C'est un problème qui peut
paraître banal, mais lorsqu'on a des formules dans la loi, je pense que
cela évite effectivement des problèmes.
M. Dufour: Ça va. À l'article 150 ou 159, vous
parliez d'une pièce d'identité. Est-ce que vous avez une
idée de ce que pourrait être une pièce d'identité
dans le domaine électoral municipal? On pourrait faire une suggestion au
législateur. On comprend que la photo a déjà
été discutée, la carte d'identité officielle qui
existe dans d'autres pays, que ce soit le passeport ou autre chose, mais dans
votre esprit, quelle pourrait être...
M. Carrier: Cela pourrait être le permis de conduire, cela
pourrait être la carte-soleil, cela pourrait être toute autre forme
de carte d'identité que la loi pourrait prescrire. Par exemple, le
certificat de naissance donné par le palais de justice.
M. Dufour: Vous ne suggérez donc pas une pièce
d'identité avec photo, tel que cela aurait pu être.
M. Carrier: Cela va loin.
M. Boutin: Si vous me le permettez, M. le Président,
à l'égard de cette pièce d'identité, c'est une
nouveauté dans notre système législatif. Comme je l'ai dit
ce matin, on n'a pas de pièce d'identité qui ait une valeur
légale officielle chez nous. Dans la mesure où vous retiendriez
la suggestion qu'on vous fait à l'égard de l'article suivant,
l'article 162, d'accompagner le dépôt de déclaration de
candidature d'un affidavit du candidat disant qu'il répond à
toutes les normes d'éligibilité, ce ne serait pas tellement
compliqué de demander au candidat, également, de déclarer
son identité et son adresse sous affidavit ou sous serment. Je
perçois mal les objectifs poursuivis par le législateur avec
cette notion d'identité qu'on veut affirmer avec une carte séance
tenante.
M. Dufour: J'y arrivais justement... Vous voulez renchérir
ou continuer? Oui.
M. Carrier: Juste une précision additionnelle. Dans le
bulletin de présentation actuel pour la ville de Québec, les
candidats doivent déclarer s'ils ont le cens d'éligibilité
ou non. Cela existe, c'est une disposition de la loi, une disposition de la
charte de la ville.
M. Dufour: ...
M. Carrier: C'est le candidat qui dit: Moi, je suis
éligible. On constate effectivement si la formalité a
été remplie et c'est lui qui prend la responsabilité de
dire: Moi, je suis éligible, j'ai le cens d'éligibilité
pour être candidat à la charge de maire ou de conseiller, et c'est
lui qui en assume pleinement la responsabilité.
M. Dufour: Le falt-il sous serment?
M. Carrier: Oui. C'est déclaré solennellement ou
affirmé.
M, Dufour: Oui, j'en venais justement à cette
question.
M. Carrier: Ah oui!
M. Dufour: Qu'est-ce que cela changerait, l'assermentation,
à savoir qu'il est éligible à se présenter...
M. Boutin: C'est que, présentement, avec l'article tel que
rédigé, le président d'élection, lorsqu'il
reçoit... "Le président d'élection doit sur-le-champ
recevoir la déclaration de candidature qui est complète et
accompagnée des documents requis lorsque, à leur face même,
la déclaration et les documents ne relèvent aucune
illégalité, notamment en ce qui concerne
l'éligibilité du candidat." Le président d'élection
qui reçoit cela n'a rien pour fonder son jugement, il ne peut pas faire
enquête sur place et ce n'est pas sa responsabilité de dire: Vous,
monsieur,
je vous connais, vous travaillez pour tel employeur ou tel
ministère et vous n'êtes pas éligible, alors que, le
deuxième candidat, il ne le connaît pas et il ne peut pas porter
ce jugement. Il doit porter son jugement à la face même des
documents sur lesquels il n'a aucun renseignement pour se former une opinion
quant à l'éligibilité du candidat. Faisons faire cette
affirmation par le candidat lui-même qui se mouille à ce
moment-là plutôt que de donner la responsabilité au
président d'agir comme un censeur sur un document qui ne contient pas
suffisamment de faits pour baser son jugement.
M. Dufour: À l'article 324, voua parlez d'un greffier, et
non d'un préfet de discipline - on l'a retrouvé dans plusieurs
mémoires. On trouve donc une cohérence et aussi un appui tangible
de la part de tous ceux qui nous ont présenté des mémoires
à cet effet. Je pense que vous frappez dans le mille lorsque vous dites
cela. Je ne serais pas heureux d'être greffier et d'être
obligé de faire le préfet de mon patron quelque part dans le
chemin. De ce côté-là, cela va.
Vous parlez, à un autre endroit, à l'article 55, d'un
candidat - je ne le sais pas, je voudrais seulement le faire préciser
-non résident, qui a une résidence dans la municipalité
pendant douze mois. Il est propriétaire d'une résidence dans la
municipalité et cet individu aurait le droit de se présenter
à une charge municipale selon la loi, telle qu'elle est
rédigée actuellement. Peut-être que le maire de
Québec pourrait me répondre là-dessus parce que c'est un
peu un aspect politique.
Une voix: Oui.
M. Dufour: Le résident, qui est propriétaire dans
votre municipalité ou dans votre belle ville de Québec, qui a une
propriété depuis douze mois, dans le futur ou à partir de
l'adoption de cette loi, aura le droit de se présenter à
l'élection municipale. Comment voyez-vous cela?
M. Pelletier: Je l'ai dit un peu ce matin, M. le
député. Je n'aurais pas d'objection à ce qu'il vote, mais
le fait qu'il ne demeure pas, qu'il n'ait pas feu et lieu, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, devrait l'empêcher d'être
candidat. Personnellement, je pense que... Je ne sais pas trop, je verrais mal
que le maire de Montréal demeure à Québec ou à
Mont-Joli.
M. Dufour: Vous aviez une maison à Québec...
M. Pelletier: Pour être un élu municipal, il faut
vraiment demeurer là où on exerce son mandat d'élu. C'est
mon opinion personnelle. Qu'on ait le droit de voter par rapport à une
propriété qu'on a, même si on n'est pas résident,
pas d'objection. Je pense que c'est l'équité, mais, pour avoir un
mandat, je ne sais pas... J'ai envie de demander aux honorables membres de
cette commission s'ils se sentiraient à l'aise d'être
députés au Québec et d'être résidents en
Ontario.
M. Dufour: ...
Le Président (M. Rochefort): Je me permettrai au moins de
vous dire, M, le maire, que ce temps-là est fini.
M. Pelletier: Bien. Je ne vois pas pourquoi vous le
ressusciteriez au niveau municipal, M, le Président.
Le Président (M. Rochefort): Je suis bien d'accord avec
vous.
M. Dufour: Ah oui! Mais il faut prendre la loi qui est devant
nous. L'UMRCQ, par l'intermédiaire de son président, ce matin,
nous a dit sensiblement la même chose, mais vous vous privez probablement
de très bons conseillers, M. le maire. (15 h 45)
M. Pelletier: Qu'est-ce que vous voulez, un jour ils verront que
Québec est une assez belle ville pour avoir envie d'y venir demeurer, M.
le député.
M. Dufour: C'est une belle chose. Il y a peut-être deux
autres points que je vaudrais regarder avec vous, c'est à l'article 309
où l'on parle de conflit d'intérêts. Votre mémoire
n'y fait pas nécessairement allusion. Cela me préoccupe un peu et
je vais vous dire pourquoi. C'est qu'on parle des conflits
d'intérêts. Est-ce que vous avez la loi? La manière dont
vous l'avez étudiée, j'ai l'impression que vous l'avez
regardée et examinée également. Je veux avoir votre
perception.
M. Pelletier: Je n'ai pas regardé cela sur le plan
technique. Peut-être que les conseillers voudront dire quelque chose.
M. Dufour: Non, mais c'est parce que je pensais que
c'était un plan politique parce que les conflits
d'intérêts, cela peut être technique, mais c'est aussi
très politique.
M. Pelletier: Personnellement, je vous avoue que je ne suis pas
très libéral là-dedans; je suis assez conservateur. Je
pense que si on veut qu'il y ait dans le public une crédibilité
qui ne soit pas mise en cause à l'égard des élus, on est
mieux d'être plus sévère que moins par rapport aux conflits
d'intérêts. C'est la même chose que j'avais à
l'esprit, M. le député, quand ce matin par
exemple, parlant des déclarations d'intérêt, je
m'opposais à ce que ce soit limité au susceptible de provoquer un
conflit. Qu'est-ce qui est ou n'est pas susceptible? Vous entrez dans une
règle d'interprétation qui ne risque que de créer des
problèmes. La situation actuelle est limpide. Je ne vois pas pourquoi
elle ne pourrait pas durer. On a fini par s'y habituer, pourquoi
changerait-on?
M. Dufour: Je l'avais soulevé et j'ai continué
à le soulever dans le sens que je me demande si ce n'était pas
une latitude trop grande qu'on a faite au ministre des Affaires municipales,
puisque, dans neuf paragraphes, on dit: Ce n'est pas possible, il y a un
conflit d'intérêts, et, au dixième, on dit: Tout autre cas
déterminé par le ministre des Affaires municipales.
M. Pelletier: Écoutez.
M. Dufour: On prend la peine de faire une nomenclature de neuf
articles et à la fin on dit: N'importe quoi. Je comprends que vous
n'êtes pas libéral de ce côté et je suis
d'accord.
M. Pelletier: II reste qu'il y a toujours une opinion publique
qui est vigilante à cet égard et ce n'est pas parce qu'on donne
un pouvoir au ministre qu'on doit lui créer le procès d'intention
préalable qu'il va mal l'exercer. Comme vous, M. le
député, depuis que je suis maire, j'ai eu affaires à
plusieurs ministre des Affaires municipales et je vous avoue que je n'aurais
pas la prétention de dire qu'aucun d'entre eux avait un mauvais
jugement.
M. Dufour: Je prétends que je ne m'adresse pas à
celui-là, je m'adresse à tous les ministres des Affaires
municipales.
M. Pelletier: Voilà!
M. Dufour: Ce n'est pas tout à fait pareil. Effectivement,
je trouve qu'on est très parcimonieux. On est très descriptif de
ce qui pourrait être de nature à causer des conflits
d'intérêts dans neuf paragraphes et dans le dixième on se
laisse une porte assez grande ouverte par rapport à cela.
Il y avait un autre cas où on parlait de contrat avec des
intermédiaires dans la municipalité. On sait que dans des
municipalités, quelqu'un pourrait avoir des actions par
l'intermédiaire de frères ou de parents. C'est très
facile. Il peut y avoir une compagnie à deux personnes. À ce
moment, cela pourrait être susceptible de créer des conflits
d'intérêts. Ce n'est pas nécessairement les mêmes
conflits qui existent dans des très petites municipalités
où tout le monde se connaît, où tout le monde est presque
dans la même cour.
Donc, cela va pour cette partie de question. Il y a un dernier point que
je voulais soulever, c'est l'élection d'un conseiller où vous
disiez, ce matin, que vous accepteriez, M. le maire, qu'il ne soit pas
obligé de démissionner pour se présenter à la
mairie. C'est sûr que l'intention du législateur, au moment
où cette loi a été adoptée, est excellente à
mon point de vue, à l'exception de ce dont on se rend compte dans le
vécu et contrairement à ce que M. le ministre a semblé
dire que cela pourrait être acceptable jusqu'à un certain point
puisque cela se fait au provincial ou au fédéral. Le
député, quand il ne démissionne pas mais s'il n'est pas
élu, n'est pas en conflit direct, en face à face.
Je connais un cas, par exemple, dans une municipalité où
il y a deux conseillers qui se sont présentés à la mairie
et its ont été défaits par quelqu'un de l'extérieur
du conseil. Je ne suis pas prêt à dire que cela crée un
climat bien vivable et correct. C'est potable, mais vous voyez la situation de
conflit parce que la personne n'a pas eu à démissionner. Elle
s'est présentéej mais elle n'a pas été élue.
Pour le reste du mandat, ils ont à s'affronter
régulièrement ou à discuter de problèmes concernant
la municipalité.
C'est de ce côté-là que la loi devrait
prévoir qu'il doit démissionner. Il pourrait peut-être y
avoir une démission et l'obligation qu'il le dise avant la mise en
nomination. Il devrait peut-être y avoir un mécanisme pour ne pas
qu'il y ait une double élection.
M. Pelletier: Moi, je vous avoue que les fonctions
électives, qu'elles soient pour une commission scolaire, une
municipalité, ou pour l'Assemblée nationale ou la Chambre des
communes, ce sont tous des mandats d'ordre public qui sont donnés et qui
ont, je dirais, le même caractère. Il n'y a pas des mandats
inférieurs et des mandats supérieurs. Il y a des mandats
différents. Finalement, c'est le même citoyen qui confie à
quelqu'un de son choix telle responsabilité ou telle autre selon le
niveau où cela se passe. Mais, je dirais qu'il y a une même
noblesse de mandat et si, en conclusion, on adopte cela, pourquoi les
règles sont-elles à ce point différentes d'un niveau
à l'autre? Pourquoi un élu peut-il se présenter
député sans laisser son premier mandat à un niveau et pas
à un autre? Pourquoi?
Vous savez, la vie politique fait qu'il y a des adversaires qui sont
élus à la même élection et qui se retrouvent face
à face. J'en vois devant moi. C'est cela la démocratie. Pourquoi
ne pas la permettre?
M. Dufour: Vous n'avez pas d'adversaire à vous?
M. Pelletier: Moi, je regrette, j'essaie de raisonner comme si
c'était... On ne raisonne pas en fonction, à mon sens, de son
égoïsme politique personnel quand on légifère. Je
suis convaincu que c'est cette pensée qui vous anime tous.
Des voix: Ha! Ha!
M. Dufour: Oui, à l'exception, M. le maire... Moi, je n'ai
même pas pensé à rire parce que je trouve que c'est
tellement normal ce qui se dit là. On est habitué à se
parler comme cela entre nous. Quand vous parlez de différences de
mandat, je comprends cela. C'est justement parce qu'il y a une
différence de mandat que cela me semblait, en tout cas à
première vue, moins dommageable ou moins préjudiciable que la
personne n'ait pas à démissionner quand cela concerne un autre
mandat dans un autre endroit; tandis que vous pouvez avoir des gens qui ont
travaillé sous une administration municipale pendant un certain temps.
Ce ne sont pas les mêmes régimes. Je ne dis pas qu'il y a des
électeurs inférieurs et qu'il y a des élus
inférieurs; au contraire. Il y a tout de même des
différences. Les élections provinciales ne sont pas des
élections municipales. Je pense que c'est la différence
fondamentale.
M. Pelletier: Écoutez, M. le député, je ne
vaudrais pas faire allusion à un parti plus qu'à un autre, parce
que la situation à laquelle je veux faire allusion, tous les partis
l'ont vécue. Quand il y a eu des députés qui se sont
combattus les uns tes autres pour devenir chef du parti, est-ce qu'ils ont
été obligés de démissionner parce qu'ils n'avaient
pas été élus?
M. Bourbeau: C'est une question de temps.
Des voix: Ha! Ha!
M. Dufour: Non, je ne vois pas...
M. Pelletier: Si un conseiller veut devenir maire, c'est comme
l'équivalent d'un député qui veut devenir chef de parti.
Il y a une certaine analogie qu'on peut faire à mon sens. Pourquoi le
forcer à démissionner?
M. Dufour: En tout cas, il faudrait qu'à
l'intérieur de la même formation ou de la même
idéologie, on accepte des règles du jeu. Et c'est prévu
comme cela.
M. Pelletier: Laissez donc la démocratie s'exprimer
elle-même. Pourquoi essayer de l'emboîter dans un desiderata?
Laissez donc faire, cela va se régler tout seul.
M. Dufour: Je peux juste vous dire, M. le maire, qu'on ne
discutera pas plus longtemps de cela parce qu'on peut avoir chacun notre
opinion à ce sujet.
M. Pelletier: J'ai beaucoup de respect pour vous, M. le
député, vous le savez.
M. Dufour: Bon, il y a une chose certaine, c'est que par rapport
à cela, on peut peut-être laisser faire la démocratie. On
ne peut pas non plus... Si on prend ce qui a été exprimé
ce matin, il y a des places où c'est demandé très
fortement d'avoir un cadre très rigide, d'avoir des normes bien rigides.
Je regardais le vécu. Vous savez, il y a des gens qui vivent avec des
partis politiques dans des municipalités et il y a des places où
il n'y en a pas. Je ne suis pas prêt à donner la
bénédiction aux partis politiques en disant que c'est ce qui a
sauvé la démocratie municipale. En tout cas, ce n'est pas mon
avis. Cela n'a pas nécessairement sauvé la démocratie, les
partis politiques. Je ne parle pas des villes de Montréal et de
Québec, je parle de l'ensemble des municipalités au
Québec.
J'ai autant d'exemples des torts et du bien que cela a causés.
C'est une question d'opinion, une question politique. J'avançais
l'idée selon laquelle, dans une élection municipale, il peut
arriver quelqu'un qui n'est pas membre du conseil et qui a des idées
très différentes qui sont acceptées par la population et
que c'est dans le cours d'un mandat, que ce n'est pas à une
élection générale, après, cela pouvait poser
certains problèmes. Mais si vous me dîtes qu'il n'y a rien
là...
M. Pelletier: M. le député, je vais prendre un mot
à la mode en France, je suis pour la cohabitation.
M. Dufour: Alors, cela va. M. le maire, ainsi que les membres de
votre groupe, je tiendrais à vous remercier très
sincèrement. Je reconnais chez vous le sens, de la
continuité.
M. Pelletier: Je vous remercie, M. le député, vous
me faîtes plaisir. M. le Président, il y a juste sur un article
que j'avais fait un oubli. Est-ce que vous me permettriez d'ajouter...
Le Président (M. Rochefort): Oui, sûrement.
M. Pelletier: ...juste ceci? C'est l'article 159 qui
prévoit que l'obligation de déposer une certaine somme d'argent
avec une déclaration de candidature serait supprimée. Nous ne
croyons pas que le dépôt devrait être supprimé. Le
dépôt n'est pas là pour manifester la richesse ou l'absence
de
richesse. Il est là pour qualifier simplement les gens
sérieux et empêcher une foule de candidatures farfelues qui,
simplement parce qu'elles se manifestent de façon farfelue,
amènent des dépenses publiques qui sont sans rapport avec la
farce que certaines personnes veulent jouer. Une candidature sérieuse
à la mairie de Québec va certainement trouver facilement les 500
$ de dépôt.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Drummond et vice-président de la commission.
M. Saint-Roch: Ma question s'adresserait à M. le maire ou
à celui qui s'occupe du côté technique. Il semble, à
la lecture du mémoire, que, lorsqu'on parle des réviseurs, des
recenseurs, des secrétaires ou de tout cet appareillage servant à
l'élection, la qualité d'électeur revienne constamment et
que vous demandez cet ajout à l'article de loi. Est-ce que cela a
créé un problème dans le passé, ce manque de
clarification? M. le maire y a touché brièvement ce matin
concernant les élus, mais on remarque la même chose du
côté de l'appareil administratif.
M. Carrier: Si vous me le permettez. Actuellement, dans la charte
de la ville de Québec, on prévoit pour certains types de
personnes que le président engage pour les fins d'élections que
ces personnes aient les qualités d'électeurs. Alors, sur la base
de ce principe, on a dit: Si certains l'ont et certains ne l'ont pas, pourquoi
ne pas le demander à tout le monde?
M. Saint-Roch: Cela va, merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le ministre,
à qui je me permettrai pour détendre l'atmosphère et
mettre un peu d'humour ici comme ailleurs...
M. Bourbeau: Oh, cela est dangereux! Le Président (M.
Rochefort): Je dirai...
M. Bourbeau: Oh, l'humour du député de
Gouinï
Le Président (M. Rochefort): ...que, lorsqu'il a fait
allusion aux gens qui sont dans des courses à la direction,
j'espère qu'il ne faisait pas allusion au ministre du Commerce
extérieur. M. le ministre.
M. Bourbeau: Bon! C'était de l'humour
hermétique.
Le Président (M. Rochefort): Mais clair.
M. Bourbeau: M. le Président, seulement quelques remarques
à la suite des derniers propos. Personnellement, je serais assez enclin
à être d'accord avec le maire de Québec lorsqu'il parle des
conseillers qui se portent candidats à la mairie et qui doivent
démissionner. Je crois qu'effectivement - je crois l'avoir
déjà mentionné - cela réapparaîtrait assez
normal de ne pas les forcer à démissionner en vertu des principes
sacro-saints qu'évoquait le maire de Québec, et les mêmes
règles qui prévalent à un niveau de gouvernement devraient
prévaloir dans les autres. Aussi, je note que la plupart d'entre nous
avons joui de ce privilège lorsque nous avons sollicité notre
candidature, le député de Jonquière en premier et mes
collègues ici, lors des élections provinciales.
Il y a un autre point en ce qui concerne la résidence.
Effectivement, le maire de Québec s'est posé des questions
longuement sur l'opportunité de permettre à des gens qui ne sont
pas domiciliés dans une municipalité de se porter candidats.
L'article 59 permet une telle candidature à quelqu'un qui a une
résidence et on pourrait penser que quelqu'un pourrait avoir une
résidence et ne pas l'habiter ou l'habiter très peu
fréquemment. Le Directeur général des élections
nous a proposé une modification qui irait dans le sens de remplacer
l'expression "a une résidence" par l'expression "qui réside au
moins une partie de l'année de façon habituelle". Je ne sais pas
si cela serait suffisant. Il faudrait peut-être, pour être en
mesure de contrôler, ajouter un certain nombre de mois, mais... (16
heures)
M. Pelletier: C'est cela, quelle est la longueur de la
partie.
M. Bourbeau: Oui. Nous allons regarder ce point afin de voir s'il
n'y aurait pas moyen de faire comme dans le cas de l'impôt sur le revenu,
de dire que cela prend au moins six mois et un jour, ou quelque chose comme
cela. Cela permettra peut-être ainsi au député de
Jonquière, qui vient de s'acheter un condominium à Québec,
un jour, de solliciter la candidature à la ville de Québec...
M. Pelletier: II devra démissionner comme
député pour faire acte de candidature.
M. Dufour: Je vais engager le ministre des Affaires municipales
comme organisateur.
Des voix: Ha! Ha!
M. Bourbeau: De cette façon, on fera des heureux partout,
y compris le maire de Québec.
M. Pelletier: M. le ministre, est-ce que je pourrais faire un
commentaire?
M. Bourbeau: Oui.
M. Pelletier: Il me semble, pour de plus petites
municipalités, que l'idée qu'un nonrésident à
longueur d'année puisse occuper une charge municipale, cela se
défend peut-être. Je n'ai pas examiné le mémoire de
l'UMRCQ, mais j'imagine que, peut-être, dans son monde à elle,
cela se défendrait plus. Mais, passé une certaine taille,
à tout le moins, je trouve que cela ne se défend pas. C'est pour
cela que j'ai employé dans mes propos ce matin l'expression, pour
éviter la question du domicile et de 50 affaires, je reviens toujours
à la vieille expression "feu et lieu".
M. Bourbeau: Effectivement, vous avez raison. L'une des raisons
sous-jacentes à l'insertion de cette clause, c'est pour tenter de
pallier le problème des petites municipalités où il y a
des villégiateurs et où on n'a peut-être pas un bassin de
population assez grand pour fournir des candidats en nombre suffisant. On
pourrait peut-être inclure là-dedans une clause désignant
un certain nombre d'habitants, 5000 habitants et plus, ou quelque chose comme
cela, et, dans les municipalités plus importantes, on pourrait exiger
qu'on ait une résidence permanente ou quasi permanente. Cela va, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cela va? M. le
député de Jonquière, peut-être une dernière
question, compte tenu...
M. Dufour: Non, pas une question, mais une information. Dans le
droit de poser sa candidature, dans le mémoire de l'UMRCQ, on n'est pas
plus d'accord que quelqu'un puisse se présenter s'il ne réside
pas directement dans la municipalité.
M. Pelletier: Je n'avais pas vu le mémoire.
M. Dufour: Je pense que ce que vous défendez, cela peut
ressembler à l'autonomie municipale.
Le Président (M. Rochefort): M. le maire, MM. les membres
du conseil municipal, ainsi que MM. les administrateurs de la ville de
Québec, je tiens à vous remercier de votre participation, de
votre grande disponibilité et de la contribution que vous avez
apportée aux travaux de notre commission dans le cadre du mandat qui
nous a été confié.
M. Pelletier: Je vous remercie beaucoup de votre accueil, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci.
M. Pelletier: M. le ministre.
Le Président (M. Rochefort): J'appelle maintenant l'Union
des producteurs agricoles et je l'invite à prendre place à la
table devant nous.
M. Proulx, je tiens à vous souhaiter la bienvenue à cette
commission. Pour les fins du Journal des débats, je vous
demanderais de nous présenter la personne qui vous accompagne et de
prendre de 15 à 20 minutes pour faire la présentation de votre
mémoire. Par la suite, un échange aura lieu avec les membres de
la commission.
Union des producteurs agricoles du
Québec
M. Proulx (Jacques): Merci, M. le Président. La personne
qui m'accompagne est M. Michel Lord, conseiller juridique à l'Union des
producteurs agricoles.
Le Président (M. Rochefort): Bonjour.
M. Proulx: Dans un premier temps, je tiens à vous
remercier de nous accueillir aujourd'hui et d'entendre notre point de vue
concernant le projet de loi 100. À titre de représentante des 50
000 producteurs et productrices agricoles du Québec, l'UPA
s'intéresse, comme vous pouvez le constater, à tout ce qui touche
de près ou de loin au domaine agricole et forestier, ainsi qu'au monde
rural en général. Vous comprendrez notre intérêt
pour le projet de loi 100 sur les élections et les
référendums dans les municipalités actuellement à
l'étude à l'Assemblée nationale. L'UPA n'entend cependant
pas se livrer à une critique en profondeur du projet de loi. Son
intervention se limitera à quelques grands principes, de même
qu'à un nombre restreint d'éléments ponctuels.
Les deux lois maîtresses qui régissent les administrations
locales datent toutes deux de plus d'un demi-siècle. Au fil des ans,
dans les dernières décennies en particulier, elles ont
été bien sûr à de multiples reprises
amendées, modifiées, rapiécées et de3 dizaines de
lois de toutes sortes s'y sont greffées, de sorte que le droit municipal
est devenu un véritable casse-tête où seuls quelques
spécialistes peuvent prétendre pouvoir s'y retrouver.
Il ne faudrait pas oublier que ce secteur du droit est pourtant encore
généralement l'affaire des gens ordinaires: ceux et celles qui
administrent les municipalités du Québec ne sont pas toujours
bardés de diplômes universitaires et, comme tout le monde le sait,
leur fonction publique est plus que rudimentaire. La chose municipale est
devenue extrêmement complexe, même dans les plus petites
municipalités, depuis l'avènement des municipalités
régionales de comté. Il faut faire en sorte que ce droit
redevienne
accessible, compréhensible, le plus simple possible.
En outre, contrairement à une perception largement
répandue, c'est un secteur particulièrement important de notre
droit. C'est, en effet, lui qui régit le milieu de vie des citoyens et
des citoyennes. Et ce droit est en pleine expansion, de plus en plus
omniprésent dans la vie de tous les jours, avec des champs
d'intervention qui se multiplient et s'élargissent sans cesse. Un bon
ménage s'impose pour que chacun et chacune puisse y voir un peu plus
clair.
L'UPA accueille donc favorablement le projet de loi 100 qui marque la
première phase d'un vaste effort de modernisation des lois municipales.
Tout en jugeant heureux qu'on se soit d'abord attaqué à
l'appareil démocratique et à son fonctionnement, nous
espérons que le reste de la réforme suivra et sera rapidement
complété.
Nous sommes également en accord avec la formule qui a
été retenue par le législateur; un cadre législatif
unique qui ne tient plus compte de la désuète distinction entre
les municipalités de ville et les municipalités rurales, mais qui
prévoit plutôt des règles particulières en fonction
de la taille des municipalités. Cela nous semble la voie à
suivre.
S'il est une chose à reprocher à ce projet de loi, c'est
son volume: 640 articles pour le seul volet électoral et
référendaire, c'est beaucoup, surtout quand on sait que quatre,
cinq ou six autres volets seront intégrés au futur Code
municipal. Nous voulons bien croire que c'est le mieux que le légiste
puisse faire et, en conséquence, nous sommes donc prêts à
nous y résigner.
L'UPA a fort peu de choses à dire relativement aux nouvelles
dispositions concernant les élections. Sans en avoir fait une
étude détaillée, nous souscrivons
généralement aux quelques réformes proposées,
à la simplification des règles régissant la qualité
d'électeur et l'éligibilité notamment. Nous reconnaissons
en outre qu'il y a sans doute avantage à ce que la procédure
électorale municipale se rapproche le plus possible de celle existant au
palier provincial.
D'autre part, sans prendre formellement position à ce sujet, nous
considérons que l'obligation de procéder à des
élections en bloc risque de créer certaines complications dans
les petites municipalités si le phénomène des
équipes devait se développer en particulier. Dans bien des cas,
si une nouvelle équipe totalement inexpérimentée se
retrouvait au pouvoir, le secrétaire-trésorier serait le seul
à pouvoir assurer une certaine continuité dans la gestion des
affaires de la municipalité.
Nous croyons donc qu'il faudrait être extrêmement attentif
aux points de vue qui seront exprimés à ce sujet. Tout en
maintenant le principe général des élections en bloc
à tous les quatre ans, il y aurait peut-être lieu de
prévoir des exemptions pour permettre aux petites municipalités
qui en exprimeront le désir de conserver le système à
rotation sur trois ans. Bien que faisant obstacle à la constitution
d'équipes, ce système présente l'avantage de favoriser la
permanence et la continuité.
Par ailleurs, malgré cette bonification générale
des règles électorales municipales, on peut se demander si les
citoyens et citoyennes s'intéresseront davantage à la chose
publique municipale. Le phénomène est bien connu: les
Québécois et Québécoises boudent massivement ce
premier palier du gouvernement. Quand on constate l'importance grandissante de
ses administrations, il faut espérer que cette attitude changera. C'est
cependant une chose qu'on comprend que la loi ne peut imposer.
Le projet de loi 100 propose, d'autre part, d'introduire un certain
nombre de réformes tout à fait majeures dans les règles
régissant les référendums et les mécanismes
connexes d'approbation populaire.
L'idée centrale est d'élargir à tous les
électeurs et électrices les droits d'opposition et de vote. Comme
il est difficile d'être contre la vertu, il faut sans doute souscrire
à ces nouvelles règles qui visent et devraient permettre une plus
grande démocratie, une démocratie améliorée. Mais
nous le disons bien franchement, les inquiétudes sont grandes chez les
agriculteurs et les agricultrices. C'est le cas, notamment, en matière
d'aménagement du territoire. Les municipalités du Québec
vivent et vivront, dans les années qui viennent, une période tout
à fait marquante. Elles devront toutes, en effet, avec les
municipalités régionales de comté, décider des
grandes règles qui gouverneront l'utilisation et l'aménagement de
leur territoire.
Le projet de loi 100 propose d'étendre à toutes et
à tous le droit d'en décider et c'est sans doute juste et normal.
Bien que consciente que cette réforme aura pour effet de diluer le poids
électoral des agriculteurs et des agricultrices, l'UPA est prête
à y souscrire à la condition, cependant, qu'il soit bien clair et
précisé que la protection du territoire agricole et que le droit
de pratiquer l'agriculture en zone verte ne peuvent être limités,
restreints ou affectés par la réglementation des administrations
locales. Cette dernière position en surprendra sans doute plusieurs;
certains la jugeront même carrément antidémocratique. C'est
pourtant là un vieux principe: la réglementation municipale est
subordonnée aux lois du Parlement.
Ce qu'il faut en outre savoir - et l'expérience passée est
riche d'enseignements à ce sujet - c'est que la tentation est toujours
grande de gruger sans cesse dans le territoire agricole, dans les bons sols
arables.
De même, on cherche de plus en plus, par toutes sortes de moyens,
par la réglementation émanant des MRC notamment, à
refouler l'agriculture, à la reculer, et celle reposant sur des
exploitations animales en particulier. C'est une inéluctable
réalité: l'agriculture doit plus que jamais être
protégée.
Nous voudrions profiter de l'occasion qui nous est fournie pour
dénoncer de nouveau une règle qui nous apparaît tout
à fait antidémocratique et qui est pourtant maintenue pour ne pas
dire renforcée par le projet de loi 100: la fameuse règle des 75
%.
Comme on le sait, en matière de règlement d'emprunt,
dès que 75 % ou plus des coûts sont assumés par les
bénéficiaires des travaux ou par un groupe restreint de citoyens
ou de citoyennes, seuls ces derniers ont le droit d'en décider. Les
incidences fiscales peuvent pourtant être considérables pour le
reste des contribuables et ils n'ont absolument aucun mot à dire. Pour
une plus grande équité, nous considérons que les principes
suivants devraient plutôt être retenus: lorsque les travaux ou des
équipements ne profiteront qu'à un groupe déterminé
de citoyens et de citoyennes, seuls ces derniers devraient en assumer le
coût; lorsqu'une municipalité décide de faire assumer une
partie des coûts de ces travaux par l'ensemble de la municipalité,
tous les contribuables devraient avoir le droit de se prononcer,
indépendamment du pourcentage porté à leur charge.
En définitive, en outre d'être la première
étape d'une modernisation depuis longtemps souhaitée de la loi
municipale dans son ensemble, nous considérons que le projet de loi 100
marque un pas positif en vue de l'amélioration du fonctionnement
démocratique des administrations locales québécoises. Nous
jugeons cependant qu'un certain nombre de correctifs devraient y être
apportés, au point de vue des règles référendaires
en particulière Mais il ne faudrait pas croire que cette modernisation
des règles électorales et référendaires
réglera, à elle seule et d'un coup, le grave problème de
l'indifférence chronique de la population face à son
administration locale. Le défi qui restera sans doute le plus grand sera
de convaincre les citoyens et les citoyennes qu'ils et qu'elles doivent
s'intéresser davantage et participer davantage à l'administration
de leur municipalité.
Ce sont les quelques réflexions qu'on voulait faire devant la
commission. Nous sommes disponibles pour répondre aux questions, s'il y
en a.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Proulx. M. le
ministre. (16 h 15)
M. Bourbeau: Oui. Je remercie l'Union des producteurs agricoles
de l'intérêt qu'elle porte au projet de loi 100. Vous ne touchez
pas, dans votre mémoire, un grand nombre d'articles. Mes commentaires
seront forcément plutôt brefs. J'aimerais quand même
apporter certaines précisions. Vous notez, dans votre mémoire,
qu'un effort important a été fait de comprimer plusieurs lois en
une seule et vous déplorez qu'il subsiste encore 640 articles. J'ai
l'impression que vous avez une version précédente.
Une voix: C'est qu'ils ne tiennent pas compte des articles qui
modifient d'autres lois.
M. Bourbeau: Bon, d'accord, 640 articles pour la loi même
et, avec les modifications, finalement, ce serait au-dessus de 800 articles. Je
vous signalerais quand même que les lois actuelles qui sont
remplacées par celle-là faisaient un total de 2300 articles.
C'est donc un effort quand même important de rationalisation.
Un autre point: Vous vous préoccupez manifestement de
démocratie municipale et vous vous élevez contre le fait que,
dans la réglementation actuelle, dès que 75 % ou plus de travaux
d'amélioration locale sont destinés à un secteur en
particulier, seuls les électeurs de ce secteur-là aient droit de
vote, même si une proportion pouvant aller jusqu'à 25 % est
facturée à l'ensemble de la population. Je voudrais simplement
vous signaler que ces problèmes-là ne font pas partie du projet
de loi actuel, mais feront partie d'autres volets subséquents de la
réforme. Je n'ai donc pas l'intention d'en traiter aujourd'hui et
j'espère qu'on aura l'occasion de vous revoir subséquemment pour
discuter de ces problèmes.
En page 4 de votre mémoire, vous parlez de l'époque des
élections et vous dites: "Tout en maintenant le principe
général des élections en bloc à tous les quatre
ans, il y aurait peut-être lieu de prévoir des exemptions pour
permettre aux petites municipalités qui en exprimeront le désir
de conserver le système à rotation sur trois ans." Une autre
proposition nous a été faite par l'Union des municipalités
régionales de comté visant à maintenir les mandats de
quatre ans, mais à séparer le conseil municipal en deux groupes,
dont un premier groupe serait élu, disons, en 1986 et la deuxième
moitié en 1988. Les deux groupes seraient quand même toujours
élus pour des mandats de quatre ans de sorte qu'à tous les deux
ans une élection partielle aurait lieu. Supposons un conseil municipal
où il y a six conseillers: trois conseillers seraient élus en
1986 et trois conseillers plus le maire en 1988; en fait, c'est une formule qui
existe déjà. De cette façon, on prétend qu'on
pourrait pallier le problème que vous mentionnez au paragraphe
précédent de la
page 4 où le secrétaire-trésorier se retrouve avec
l'obligation d'assurer seul la continuité. Selon cette
formule-là, évidemment, il y aurait toujours la moitié du
conseil municipal qui serait rodée au moment d'une élection.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de cette formule-là de l'UMRCQ et
si elle vous semblerait tout aussi acceptable que celle dont vous parlez
vous-même.
M. Proulx: Absolument, M. le ministre, il s'agissait pour nous de
souligner d'une façon quelconque, quel que soit le processus, que nous
considérons qu'il serait peut-être dangereux de... Ce n'est pas la
même situation qui existe dans les municipalités rurales, si on
veut. Je pense qu'on l'a exprimé clairement dans cela. Cette
façon nous conviendrait très bien. Il s'agit d'essayer de trouver
une mécanique quelconque ou une façon de fonctionner où il
n'y a pas d'élections en bloc parce qu'on peut se retrouver rapidement -
et je pense que vous l'avez souligné, vous le reconnaissez
vous-même - ... Je ne pense pas que cela permettrait... Même si
cela peut arriver exceptionnellement, on a une administration qui, pendant
plusieurs mois, va être faite presque uniquement par une personne qui
n'est pas élue. Quelle que soit la formule, c'était surtout pour
souligner l'importance, pour nous, d'avoir des élections par
périodes, si on veut, non pas en bloc. La formule à tous les deux
ans, par exemple, pour une partie du conseil nous convient très
bien.
M. Bourbeau: Vous parlez également dans votre
mémoire de la question de la protection de la zone verte et des
inquiétudes par rapport à de possibles modifications à
cette zone. Je ne pense pas vraiment que, dans le projet de loi, on s'attaque
à la zone verte; je pense que vous le faites en parlant de la possible
dilution du poids électoral des agriculteurs et des agricultrices. Je
peux vous dire que je suis sensible à vos remarques et, en tant
qu'agriculteur moi-même et ayant ma carte du ministère de
l'Agriculture, je vais porter très attention à vos remarques.
Merci.
M. Proulx: Vous avez fait deux interventions, M. le ministre,
disant que la présente étude ne porte pas directement... La
règle du 75-25, c'est bien évident qu'elle ne porte pas
directement sur cela, sauf qu'on parle de référendums dans les
modifications et que cela touche les référendums. Autant votre
dernière question... Il y a une partie des remarques qu'on fait
là. En fait, il y a le référendum à
l'intérieur de cela. Quand on parle de la règle du 75-25, an n'a
pas le droit de participer aux référendums. Ce n'est pas
corrigé à l'heure actuelle.
M. Bourbeau: Un référendum municipal qui serait
tenu ne pourrait pas modifier la zone verte dans une municipalité du
Québec, même si ce référendum était
positif.
M. Proulx: Excusez, la première partie de votre question
ou de votre commentaire...
M. Bourbeau: Je dis qu'un référendum qui serait
soumis aux électeurs d'une municipalité rurale ne pourrait pas
modifier l'étendue de la zone verte ou diminuer l'étendue de la
zone verte.
M. Proulx: Un référendum par rapport au
règlement? Si on décide d'adopter des règlements? À
l'heure actuelle, on a à subir, par exemple, certaines
municipalités qui font du zonage de production. Si on décide de
faire un référendum, la règle du 75-25 ne jouera pas, je
suis d'accord avec vous, mais, peut-être qu'il n'y a pas directement de
rapport avec le zonage agricole, sauf qu'en voulant souligner la question du
75-25, je pense qu'il est important de souligner qu'en ne participant pas au
référendum, il y a toutes sortes de moyens pour arriver à
ses fins, à un moment donné, et on a à le subir
constamment, et particulièrement ces dernières années.
Pour nous, les propositions qui sont mises de l'avant à l'heure
actuelle, même si elles ne sont pas directement reliées au zonage,
elles sont reliées quand même à des
référendums qu'on va avoir, par exemple, face à des
règlements d'emprunt, et ainsi de suite. C'est là-dessus surtout
qu'on a voulu insister. Pareil comme dans le passé, on ne corrige
absolument rien dans ce domaine. Aussitôt qu'on fait jouer la
règle du 75-25, assez souvent, les producteurs et les productrices vont
avoir porté une charge assez lourde de cette partie sans pouvoir se
prononcer.
Nous, on accepte très bien ailleurs qu'on élargisse le
droit de vote à tous tes citoyens et citoyennes pour n'importe quoi,
qu'il y ait de la valeur ou qu'il n'y en ait pas. On sait très bien que,
particulièrement dans les municipalités rurales, les
évaluations des agriculteurs sont, à cause des étendues de
terre, très élevées et qu'ils ont à assumer une
grande partie de la taxation. On fait un bout de chemin, mais on voudrait bien
que de l'autre côté on en fasse un autre bout également et
qu'on ne joue pas trop avec la règle du 75-25. Quand on décide de
nous en faire payer, même si c'était juste 25 %, on devrait nous
donner le droit de vote. À l'heure actuelle, on est exclu, on a
été exclu dans le passé et on continue, dans les
propositions qui sont faites, à être exclu.
M. Bourbeau: M. le Président, je comprends très
bien le point de vue du président de l'UPA. Lorsque nous en arriverons
à discuter d'un autre volet de la
réforme où ces choses seront concernées,
j'espère que l'UPA sera de retour et qu'on pourra, à ce moment,
entrer dans un débat de fond sur l'opportunité de maintenir ou
non la règle du 75-25 qui prévaut lors des règlements
d'emprunt.
M. Proulx: Si vous me permettez une question, par ignorance,
mais... Au moment où vous allez arriver au niveau de la taxation, des
règlements, si vous la maintenez, on va être exactement dans la
même position. Vous ne modifierez pas à nouveau les
règlements de référendums, vous aurez la
possibilité de revenir si vous décidez de la garder, par exemple.
Advenant le cas où vous décidez de garder la règle du
75-25, allez-vous pouvoir revenir modifier les règlements que vous
modifiez à l'heure actuelle sur les référendums?
M. Bourbeau: Évidemment, on peut toujours modifier
subséquemment ce qu'on a fait: les lois peuvent toujours être
changées. Actuellement, le volet 1 de la réforme traite de la
procédure référendaire seulement et non du contenu des
référendums. Éventuellement, quand on sera rendu à
décider des règlements que peuvent adopter les
municipalités et les règles relatives à l'adoption de ces
règlements, c'est là qu'on pourra discuter de la question et de
l'opportunité de maintenir la norme de 75-25 ou de ne pas la
maintenir.
M. Proulx: Mais pourquoi, du même coup} ne pas faire une
modification. Vous êtes en train de modifier les règlements des
référendums. Quand même à l'heure actuelle, on
élimine et on propose qu'on est d'accord avec la question de la valeur
du vote. Il me semble que cela aurait été très simple de
faire le ménage comme il faut. On parle d'équité, alors
faisons l'équité sur toute la longueur. C'est un peu cela que je
voulais.
M. Bourbeau: Ce qui arrive, c'est que maintenant on décide
comment vont se faire les référendums. Quelles vont être
les procédures en vigueur lors de la tenue d'un
référendum? Plus tard, on va décider quels sujets vont
être soumis lors d'un référendum. Aujourd'hui, on commence
par décider du véhicule, de la façon de faire des
référendums. On fait de la procédure aujourd'hui. Plus
tard, on ira dans le contenu et on dira: Dans tel cas, il y aura un
référendum et, dans tel cas, il n'y en aura pas. C'est là
qu'on pourra décider. II va peut-être y avoir, à plusieurs
reprises au cours de l'étude de la refonte, des cas qui seraient
possiblement soumis au référendum. Ce seront toujours des
référendums en vertu de la loi 100 qu'on aura adoptée
aujourd'hui.
M. Proulx: Justement, c'est ce que je vous dis. Si par hasard
vous décidez que ta règle du 75-25 reste, on sera soumis au
changement au référendum que vous allez apporter, que vous allez
adopter.
M. Bourbeau: Oui, mais il faut quand même savoir comment
vont se faire les référendums. Si un jour on décide que
telle mesure doit être soumise au référendum, encore
faut-il qu'on ait déeidé comment vont se tenir les
référendums. Aujourd'hui on dit: Les référendums
vont se tenir de telle façon. Plus tard, on décidera quels sont
les sujets qui seront soumis è la procédure de
référendum.
M. le Président, je crois bien que je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: En souhaitant la bienvenue aux représentants de
l'UPA et à son président en particulier, je constate qu'il doit
se sentir beaucoup plus à l'aise qu'à la commission parlementaire
qui s'est tenue sur les forêts et qu'il doit être heureux de se
faire entendre.
Ceci étant dit, je voudrais peut-être revenir un peu aux
élections où, dans quelques paragraphes, vous exprimez votre
crainte par rapport aux élections qui se font par rotation. Il y a
certainement des positions qui sont différentes. On est pour ou on est
contre. Globalement, des administrateurs municipaux peuvent en favoriser un par
rapport à l'autre, mais je pense qu'il y a du bon et du mauvais dans les
uns et dans les autres.
Mais dans une petite municipalité en particulier, comment
pourrait-on justifier un changement radical de tous les représentants
municipaux dans un endroit où tout le monde se connaît pour
arriver à un changement complet d'un seul coup? Ne pensez-vous pas
à ce moment que les gens, qui se connaissent les uns les autres, les uns
par rapport aux autres, qui le feraient, n'auraient pas de motifs suffisants
pour le faire et que la population ne pourrait pas accepter de vivre avec cela?
ïl faut penser que, dans une petite municipalité, peu de budgets
dépassent les quelques millions. Je pense qu'avec quelques millions
à administrer, cela commence à être de grosses
municipalités. J'en connais beaucoup plus qui ont 300 000 $ à
administrer et les décisions administratives ne sont pas tellement
grosses. C'est toujours relatif. Je connais des conseils municipaux qui, pour
25 000 $, discutent longtemps. Ils ont raison probablement. Remarquez bien que
c'est une question de relativité ce que je dis. Mais est-ce que vous
pourriez m'expliquer plus clairement quelles sont les craintes que vous
manifestez par rapport à
une élection par rotation?
M. Proulx: Par rotation, vous voulez dire en bloc?
M. Dufour: En bloc, par rapport à la rotation.
M. Proulx: Nous autres, on préconise, en tout cas, on
favorise - on n'en fait pas un drame; je pense que cela ne sera pas un drame -
mais il reste qu'on favorise de ne pas avoir d'élection en bloc. On
favorise davantage qu'il y en ait par deux partis aux quatre ans quand
même, mais aux deux ans la moitié du conseil municipal,
c'est-à-dire trois et quatre. (16 h 30)
De plus en plus et dans un assez grand nombre de nos
municipalités rurales on retrouve davantage de propriétaires
non-résidents que de propriétaires résidents. C'est un
problème. C'est un problème et je ne dirais pas qu'il se produit
bien bien souvent un changement draconien mais il reste quand même que
cela se produit. Pour nous, cela peut causer des problèmes assez
importants aux résidents ou aux gens qui gagnent leur vie sur place et
qui ont quand même à supporter quotidiennement, en fait, toutes
ces décisions qui peuvent se prendre. Je pense que c'est un exemple
qu'on peut donner. Il y a énormément de nos municipalités
rurales à l'heure actuelle qui, sans être majoritaires... Dans la
grande majorité de nos municipalités rurales, il y a quand
même un nombre assez important de propriétaires ou de
résidents que je pourrais appeler à temps partiel. C'est dans ce
sens qu'on l'exprime. Il pourrait y avoir assez facilement, dans certains cas,
une espèce de monopolisation ou une raison subtile même ou des
raisons qui n'en sont presque pas qui pourraient se regrouper et produire ces
situations. Nous disons que le support des conseillers ou des administrateurs
municipaux n'est pas tellement grand.
Écoutez, on ne peut pas mettre plus de support que de budget, ou
des coûts de support plus grands que ce qu'il y a de budget. Je suis
d'accord avec vous quand vous dites qu'il y a des municipalités qui ont
des budgets de 300 000 $ ou 400 000 $; mais des budgets plus bas que cela, il y
en a un grand nombre. C'est bien évident que le support est restreint.
À partir de là, si on veut être bien démocrate, je
ne suis pas certain qu'on joue tellement en faveur de la démocratie en
mettant, pour un bon bout de temps, l'administration entre les mains du
secrétaire-trésorier qui représente, la plupart du temps,
la continuité. Je crois qu'il y a un certain danger d'amener de la
manipulation.
M. Dufour: D'accord, je vous remercie. Il y a peut-être un
autre point que je voudrais soulever. Quand vous parlez des
référendums, vous dites: "Les municipalités du
Québec vivent et vivront, dans les années qui viennent, une
période tout à fait marquante: elles devront toutes en effet,
avec les municipalités régionales de comté -donc, je
m'aperçois que vous êtes prêts à faire un certain
mariage avec les municipalités régionales de comté -
décider des grandes règles qui gouvernent l'utilisation et
l'aménagement de leur territoire. Le projet de loi 100 propose
d'étendre à toutes et à tous ce droit d'en
décider...". Tout de suite après cette définition ou cette
prise de position quant à votre volonté de vous intégrer
ou d'accepter de travailler en parfaite harmonie ou en harmonie globale avec
les municipalités régionales de comté, au paragraphe
suivant, vous ajoutez: "Bien que consciente que cette réforme aura pour
effet de diluer le poids électoral des agricultrices et des
agriculteurs, l'Union des producteurs agricoles est prête à y
souscrire à la condition cependant qu'il soit bien clair et
précisé que la protection du territoire agricole et que le droit
de pratiquer l'agriculture en zone verte ne peuvent être limités,
restreints ou affectés par la réglementation des administrations
locales." Là, j'ai l'impression que ce paragraphe a beaucoup plus
rapport à la Loi sur la protection du territoire agricole qu'aux lois
des municipalités. Actuellement, il n'y a pas beaucoup de
municipalités qui peuvent aller gruger le territoire agricole sans une
décision de la Commission de protection du territoire agricole.
M. Proulx: Il reste quand même qu'à l'heure
actuelle, on a un peu partout la question des zones tampons, etc. Ils ont le
droit de décider certaines choses quant à cela.
M. Dufour: Cela a été négocié.
M. Proulx: Ils ont certains droits; ils n'ont pas à
demander la permission à la Commission de protection du territoire
agricole. Ils ont le droit d'établir des zones tampons qui excluent en
particulier les productions animales. On le vit à l'heure actuelle dans
un assez grand nombre de municipalités où on établit une
zone tampon de 1000, 1200, 1300 ou 1500 mètres.
M. Dufour: Dans ces territoires, le cultivateur peut pratiquer
l'agriculture.
M. Proulx: II peut pratiquer l'agriculture.
M. Dufour: La zone tampon est établie avec l'assentiment
de la Commission de protection du territoire agricole.
M. Proulx: On lui laisse pratiquer l'agriculture à
condition qu'il ne fasse aucun mouvement, qu'il ne grossisse pas et qu'il ne
prenne pas d'expansion. On le limite à ce qu'il a au moment où il
s'établit. S'il a 25 vaches laitières, par exemple, il n'est pas
question qu'il en ait une 26ième. S'il élève 4000 porcs,
il n'est pas question qu'il élève 4001 porcs, il n'est pas
question qu'il agrandisse pour en élever plus, et ainsi de suite. C'est
ce que cela veut dire. C'est bien certain que la zone verte est
protégée. C'est bien évident. C'est une façon
subtile, en fait, de passer à côté, mais c'est ce qui se
passe à l'heure actuelle. Je pourrais vous nommer plusieurs
municipalités.
M. Dufour: Je comprends que l'UPA manifeste une certaine
réticence par rapport à la protection de ces territoires
agricoles. Mais vous admettrez avec moi que ce n'est pas seulement vrai pour la
zone verte. C'est vrai aussi pour les quotas de lait. C'est vrai pour les
quotas de production animale. Le cultivateur actuellement, que je sache, est
contingenté dans certaines décisions et avec votre accord.
M. Proulx: Oui.
M. Dufour: Est-ce que vous pensez que ce qui est demandé,
c'est simplement parce que c'est demandé par vous autres que c'est
acceptable? Je vais essayer de vous en faire parler un peu plus parce que vous
m'instruisez en même temps.
M. Proulx: Ce n'est absolument pas la même chose.
M. Dufour: Non?
M. Proulx: Le contingentement des productions, c'est une question
d'offre et de demande. C'est une question de marché. C'est
complètement différent que d'éliminer subtilement le droit
de prendre de l'expansion.
M. Dufour: Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...je ne voudrais pas interrompre les savants propos
du député de Jonquière et du président de l'UPA,
mais je note qu'il est déjà 16 h 40. On est en pleine agriculture
présentement et je me demande si on ne pourrait pas revenir au projet de
loi 100 afin de pouvoir terminer nos travaux à temps aujourd'hui.
M. Dufour: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je n'ai pas de difficulté à revenir
à la discussion, mais si le ministre avait suivi le sens de mes propos,
il aurait compris que je n'étais pas sorti du sujet. Je demandais: par
comparaison est-ce normal que vous acceptiez des contingentements de
production. Et je faisais la comparaison avec la terre. À ce
moment-là, j'ai l'impression que j'étais correct. Je vous invite
à suivre notre discussion. Je ne pense pas que je dépasse le
mandat qu'on a qui est celui d'étudier le projet de loi 100, d'entendre
le mémoire qui nous a été présenté et de
poser des questions là-dessus.
M. Proulx: D'ailleurs, simplement pour clore ma réponse,
le contingentement de production n'empêche pas de produire. Il
empêche de produire à un prix qui est reconnu, mais il
n'empêche pas de produire. Avec la zone tampon, par exemple, vous
empêchez de prendre de l'expansion et de produire. C'est bien
différent. Il n'y a pas de comparaison possible.
M. Dufour: Cela va. Vous parlez de la fameuse règle des 75
%. Que je sache, c'est une nouvelle règle qui va s'appliquer. Elle
n'était pas appliquée anciennement. Pour autant que ma
mémoire est fidèle, la règle des 75 %, c'est une nouvelle
loi, c'est un nouveau droit. Quand vous dites que la fameuse règle
n'existait pas avant, donc c'est une nouvelle loi qui a été
introduite et je comprends que vous manifestiez une certaine crainte. Mais
cette crainte existe aussi chez les autres personnes dans la
municipalité qui auront à faire les frais des règlements
d'emprunt. Mais c'est bon que vous ayez soulevé cette question.
M. Proulx: Écoutez! Elle n'est pas nouvelle. Elle existe
et elle a été appliquée.
Une voix: Je ne me rappelle pas si elle a été
appliquée.
M. Proulx: Je ne vois pas quelle comparaison on peut faire avec
d'autres gens. On nous exclut. On nous enlève le droit de vote à
partir de la règle de 75-25.
Une voix: C'est par quartier.
M. Dufour: C'est parce que cette règle-là ne
s'applique pas seulement aux agriculteurs. Dans une municipalité...
M. Proulx: Ah non.
M. Dufour: ...ce sera des quartiers.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M, Bourbeau: Cette règle-là, elle est en vigueur
depuis un temps immémorial, j'oserais dire - on n'a pas la date - depuis
que le député de Jonquière a été élu
maire de Jonquière. La règle existe depuis toujours. Ce sont les
règlements d'emprunt pour l'amélioration locale.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je ne pense pas qu'on l'ait appliquée. En tout
cas, je reviendrai à un autre moment. Je vais essayer de trouver mes
sources, parce que je ne me rappelle pas qu'on l'ait appliquée quelque
part.
M. Bourbeau: C'est une règle qui dit que, quand on fait
des...
M. Dufour: Mais il n'y a plus tellement de
référendums, M. le ministre, actuellement, en tout cas dans nos
municipalités. C'est sûr que ces règles, on les regarde
quand on est poigne avec un référendum; on regarde ce qui se
passe.
M. Bourbeau: Cela ne veut pas dire qu'elle n'existe pas.
M. Dufour: Mais non. Cela peut exister. Je suis prêt
à ce que vous nous donniez les renseignements. Si j'avais autant de gens
autour de moi, ne vous en faites pas, la loi serait mieux écrite.
M. Bourbeau: Elle serait mieux faite? M. Dufour: Je peux
vous dire cela.
M. Bourbeau: Alors, pouvez-vous nous dire en quoi elle est mal
faite?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Boni D'accord. Pour ma part, on a
complété le dossier. C'est sûr que ce sont des grands
principes de base que vous avez soulignés. Je trouve que c'est une
préoccupation qui vous honore. Je voudrais vous remercier pour la
présentation de votre mémoire.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière.
M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques pour conclure?
M. Bourbeau: Non, M. le Président. C'est uniquement pour
remercier les représentants de l'Union des producteurs agricoles et les
inviter à venir nous rencontrer à nouveau lorsque nous aurons
d'autres volets de la refonte, plus précisément lorsqu'il sera
temps de discuter des emprunts et de la façon d'en répartir le
paiement.
M. Proulx: Moi aussi, je vous remercie de nous avoir
reçus, mais...
Le Président (M. Saint-Roch): M. Proulx.
M. Proulx: ...je reste quand même sceptique sur la question
des référendums par rapport aux 75-25, M. le ministre. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je tiendrais, M. Proulx,
à vous remercier, au nom des membres de cette commission, d'avoir
apporté l'éclairage du monde agricole sur la réforme et
particulièrement le projet de loi. Je vous remercie.
Je demanderais maintenant à la Fédération des
associations de propriétaires du canton de Chertsey de prendre place,
s'il vous plaît. Or, pour les fins du Journal des débats,
est-ce qu'on pourrait procéder à l'identification, s'il vous
plaît?
Une voix: Je n'ai pas compris. Excusez-moi.
Le Président (M. Saint-Roch): J'aimerais qu'on
procède à l'identification de vos porte-parole.
Fédération des associations de
propriétaires du canton de Chertsey
M. Sirard (Laurier): D'accord, Mon nom est Laurier Sirard. Je
suis président de la Fédération des associations de
propriétaires. J'ai ici à ma gauche M. Jean-Jacques Lebrun qui
est secrétaire de la fédération.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Sirard. Je vous
accorderai quelques minutes pour expliquer le contenu de votre
mémoire.
M. Sirard: M. le ministre et MM, les députés, on
n'est pas tellement habitué à ces commissions, mais on va essayer
de faire cela le mieux possible.
Vous trouverez ci-jointe une pétition des membres - il y avait
une pétition avec notre projet qui comprenait - elle n'est pas
écrite là - environ 617 noms - des associations de
propriétaires du canton de Chertsey ainsi qu'une résolution de la
MRC d'Argenteuil appuyant notre demande pour le changement de date des
élections municipales afin que ces élections se tiennent le
dimanche précédant immédiatement la fête du Travail,
et ceci pour les raisons suivantes: Le mois de novembre n'est pas souhaitable
à
cause, entre autres, de l'arrivée des premières
tempêtes de neige et du cortège d'inconvénients qu'elles
entraînent, par exemple, les pannes d'électricité, les
routes glissantes et le froid. On a pu constater, d'ailleurs, la faible
participation aux élections scolaires pour les mêmes raisons: un
taux de 8 % à 9 %.
Deuxièmement, les personnes âgées ou
handicapées éprouvent beaucoup de difficulté à
remplir leur devoir de citoyen dans les conditions
énumérées plus haut.
La grande majorité des résidents estivants en profitent
pour aller fermer leur chalet à la fête du Travail. Ils seraient
donc sur place en grand nombre pour exercer leur droit de vote.
Quatrième motif très important pour la vie municipale et
la gestion des deniers publics, les nouveaux élus en novembre sont mal
ou très peu préparés pour l'adoption d'un nouveau budget,
lequel, selon la loi, doit être adopté en décembre.
Pour toutes ces raisons et bien d'autres, la Fédération
des associations de propriétaires du canton de Chertsey soutient sans
réserve depuis 1976 que les élections municipales devraient
être tenues en septembre, le dimanche précédant
immédiatement la fête du Travail.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. Sirard.
M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le projet de loi 100 que
nous avons devant nous indique que les élections doivent se tenir le
premier dimanche de novembre et ce, pour toutes les municipalités. Nous
avons devant nous une demande de la Fédération des associations
de propriétaires du canton de Chertsey voulant que les élections
se tiennent le dimanche qui précède immédiatement la
fête du Travail.
Je ne crois pas qu'à ce moment-ci le gouvernement soit
disposé a donner suite à la demande des gens qui nous font
l'honneur de venir nous présenter leur point de vue. Je dirais qu'il y a
des arguments qui militent en faveur de conserver la date du mois de novembre.
Je me permettrai de vous en donner quelques-uns.
On en a plusieurs. Je vais tenter de faire un tri dans tout cela.
L'élection en novembre, entre autres, permet un recensement des
personnes domiciliées qui est fait au moment où les gens sont
revenus de vacances ou, à défaut de recensement municipal, permet
l'utilisation des données du recensement provincial qui doit être
fait chaque année à la même époque.
Évidemment, il n'est pas toujours fait chaque année, mais, quand
il l'est, il peut être utilisé. (16 h 45)
Maintenant, on permet également le recrutement du personnel
électoral revenu de vacances. Peut-être que dans les petites
municipalités c'est moins important, mais, lorsqu'on doit faire des
élections en plein milieu des vacances, en période de vacances,
dans certaines municipalités, il est plus difficile de recruter des gens
pour travailler comme personnel électoral. Également, le fait
que, si les élections avaient lieu le dimanche qui précède
la fête du Travail -c'est la demande - les nouveaux élus auraient
à administrer la municipalité pendant plusieurs mois et à
gérer un budget qui aurait été voté par l'ancien
conseil municipal, ce qui n'est pas souhaitable. On préfère
toujours que les nouveaux élus puissent le plus rapidement possible
mettre en vigueur leurs propres politiques et faire adopter leurs propres
budgets.
Dans le cas des municipalités de villégiature, et ce sont
les vôtres - ce sont les seules où l'argument de l'absence des
électeurs en vacances ne vaut pas - cela permet de donner plus de poids
aux électeurs domiciliés, qui sont les résidents
permanents dans le sens de l'objectif qui est poursuivi par le projet de
loi.
Finalement, je pense que ce ne serait pas normal que le gouvernement
vous dise à ce moment-ci: Oui, nous allons considérer votre point
de vue et nous allons modifier la loi. Ce n'est pas présentement
l'intention du gouvernement de modifier la loi pour permettre des
élections au mois d'août ou au début de septembre.
Maintenant, cela ne vous empêche pas de faire valoir votre point de vue
et de tenter de continuer de nous faire valoir vos arguments. Si jamais vous
apportiez des faits nouveaux auxquels nous n'aurions pas pensé, je ne
ferme pas la porte définitivement. On est toujours
intéressé à connaître les arguments qui pourraient
être avancés.
M. Sirard: Même la municipalité, si vous me le
permettez, était d'accord là-dessus et elle a déjà
adopté une résolution municipale à cet effet. D'ailleurs,
vous aviez aussi une résolution qu'on vous a envoyée avec le
mémoire de la MRC d'Argenteuil qui était d'accord
là-dessus. Ce n'est pas juste le fruit de notre imagination. Vous parlez
de vacances. Les vacances, ce n'est plus juillet. Les vacances, c'est juillet
pour les employés de la construction, d'accord. Mais ce n'est plus
juillet, les vacances. Il y a du monde en vacances toute l'année. Si on
parle de vacances, vous avez du monde six mois par année en vacances,
à différentes époques. Je pense que l'histoire des
vacances... C'est bien pénible pour des gens qui sont obligés de
faire 50 ou 75 kilomètres pour aller voter quand vous avez de 15
à 20 pouces de neige de tombés. Cette époque, c'est
l'époque des premières tempêtes et on a vu une
élection municipale à Chertsey - pas ailleurs, à
Chertsey et Saînt-Donat - où il était tombé
à peu près seize pouces de neige et, comme par hasard, à
ce moment, les employés municipaux ont décidé que les
charrues ne fonctionnaient pas. En même temps, comme par hasard, il y a
eu une panne d'électricité. Les gens qui étaient pris dans
leur chalet, je vous garantis que ce n'était pas comique. Le gars qui va
là pour voter et qui amène sa famille, une panne
d'électricité de 36 heures, c'est vraiment pas comique.
M. Bourbeau: Au sujet de la possibilité de ces
élections à la fin d'août, c'est vrai que les vacances ont
lieu en juillet, mais la période de recensement, de préparation
de la liste électorale, aurait justement lieu au mois de juillet, au
moment où tout le monde est en vacances, puisqu'on doit préparer
la liste électorale le deuxième mois avant l'élection.
Cela mettrait exactement la date de préparation des listes ou du
recensement au moment où on serait en pleine période de vacances
de la construction.
M. Sirard: Est-ce que c'est immuable que la liste doive
être préparée cette date? C'est plus facile d'avancer une
liste que de tuer du monde sur la route, écoutez!
M. Bourbeau: Écoutez, nous tentons présentement
d'avoir des règles un peu uniformes dans tout le Québec et ces
règles sont que la confection des listes électorales doit se
tenir à une époque qui précède les élections
de tant de semaines, de tant de jours. Les règles que nous avons
édictées, justement, font qu'on se retrouverait avec une
confection de liste électorale, un recensement au moment où tout
le monde serait en vacances.
D'autre part, si on commence à permettre à certaines
municipalités où il y a un certain élément de
villégiature de tenir des élections à une autre
période, on revient à l'anarchie. Quelles seraient les
municipalités qui auraient droit à ce régime
spécial? Combien de villégiateurs avons-nous besoin pour nous
qualifier? Dans le temps, certaines municipalités ne seraient pas
considérées comme étant de villégiature, mais avec
le temps elles pourraient le devenir. Finalement, on se retrouverait dans une
situation un peu anarchique et c'est justement ce qu'on tente d'éviter
avec le projet de loi.
M. Sirard: M., le ministre, vous me permettrez de ne pas
être tout à fait d'accord avec vous. Pensez-vous qu'il est mieux
d'avoir des situations anarchiques comme ce qui s'est passé à
Saint-Calixte où les gens ne peuvent pas voter et où le taux de
taxation est tellement déraisonnable qu'on se lance par les
fenêtres? Comme élément de parlementarisme, on repassera,
n'est-ce pas? Ces situations surviennent dans ces municipalités à
cause des abus. Bien des gens qui sont élus là n'ont pas de
contrôle. Dans une municipalité comme Chertsey, il y a 350
familles et 7500 estivants. Cela vous donne une idée. Aucun des
estivants ne s'est fait élire, comme je l'entendais tantôt, au
conseil municipal. Ce n'est pas cela du tout; c'est une question d'avoir une
saine gestion municipale.
M. Bourbeau: Je fais confiance quand même au bon jugement
des gens. S'il y a 7000 estivants et 350 résidents permanents et que les
résidents permanents ne sont pas capables de faire une saine gestion et
briment les droits, si je peux dire, des villégiateurs, je suis bien
convaincu que ceux-ci vont faire un effort pour remonter à leur chalet
une journée dans le mois de novembre et aller régler le cas une
fois pour toutes. Je douterais qu'on se laisse brimer pendant des années
et des années sans s'en occuper. Je tiens pour acquis que les gens vont
s'occuper de leurs affaires...
M. Sirard: Présentement, vous avez le cas d'Entrelacs.
M. Bourbeau: ...et que, si le taux devient trop exorbitant, ils
vont faire les efforts qu'il faut pour aller voter et pour régler la
situation.
M. Sirard: J'abonderais dans votre sens, M. le ministre, si les
municipalités avaient une limitation du taux de taxation. Pendant qu'on
coupe des ouvriers de 20 % de leur salaire, il y a des municipalités qui
décrètent des augmentations de taxes de 15 % à 30 %. Il y
a quelque chose qui ne marche pas quelque part.
M. Bourbeau: Dans toutes les municipalités du
Québec où les conseillers municipaux n'administrent pas
correctement selon le point de vue des électeurs, les électeurs
ont toujours la possibilité de changer le conseil.
M. Sirard: Mais de payer d'abord.
M. Bourbeau: Cela se fait tant au niveau municipal que
provincial.
M. Sirard: À tous les quatre ans.
M. Bourbeau: Oui, à tous les quatre ans, bien sûr.
C'est pour cela qu'il faut s'occuper de ses affaires et s'assurer que,
lorsqu'on élit quelqu'un, il soit compétent et fera un bon
travail pendant quatre ans.
M. Sirard: Dans les grandes municipalités, je comprends
cela. À Québec, à Montréal, dans les grandes
cités et villes,
c'est une autre paire de bottes, le potentiel est plus grand. Mais dans
les petites municipalités, vous savez, quand on a 350 résidents,
le potentiel est pas mal réduit; on ne peut demander de miracle à
personne. Il y a cela, c'est tout un nouveau problème.
M. Bourbeau: Oui, mais, en vertu du projet de loi, le bassin de
citoyens éligibles aux charges ne sera pas restreint aux 350
résidents permanents. Alors, on pourrait très bien concevoir que
des gens qui sont des propriétaires et des villégiateurs
pourraient se faire élire comme membres du conseil municipal.
M. Sirard: C'est peu probable, vous savez, parce qu'il y a quand
même des règles strictes, le type doit être aux
assemblées. S'il a 100 kilomètres à faire pour aller voter
et pour aller faire son assemblée municipale, c'est peu probable.
M. Bourbeau: II y a parfois des gens qui sont à la
retraite et qui ont le temps de se déplacer.
Le Président (M. Saint-Roch): D'autres questions, M. le
ministre?
M. Sirardî C'est à part les assemblées
spéciales, M. le ministre. Dans certaines municipalités,
j'assiste aux assemblées spéciales.
Le Président (M. Saint-Roch); M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Auparavant, j'aurais une question à poser au
ministre. Il vient de nous informer qu'à l'avenir le projet de loi ne
changera pas pour les non-résidents; donc, ils vont avoir le droit de se
présenter. Il me semble que ce n'est pas le propos qui a
été tenu par le groupe précédent, les gens de la
ville de Québec. Le maire de Québec disait textuellement qu'il
voyait mal que des gens, même s'ils étaient propriétaires
dans sa municipalité pendant douze mois, aient le droit de se
présenter comme conseiller ou maire de la municipalité.
M. Bourbeau: M. le député a bonne mémoire;
il se souviendra qu'à la fin des propos avec le maire de Québec
j'avais évoqué la possibilité de faire une distinction
entre les municipalités les plus petites et les plus grandes et qu'on
pourrait, pour les municipalités plus petites, disons de 5000 personnes
et moins, voir quelle est la population et faire un régime
différent en ce qui concerne les non-résidents.
M. Dufour: Cela étant dit, je vous remercie. Je ne
reprendrai pas les mêmes questions que M. le ministre. Vous avez
échangé assez longuement et j'ai suivi avec intérêt
vos discussions.
Je voudrais peut-être juste revenir à un point de votre
mémoire où vous mentionnez, dans votre premier paragraphe, au
point 1: "Le mois de novembre n'est pas souhaitable." Par la suite, on lit
à la dernière phrase: "On a pu constater, d'ailleurs, la faible
participation aux élections scolaires pour ces mêmes raisons."
M. Sirard: À Montréal.
M. Dufour: II y a des élections scolaires en automne,
à Montréal, et cela empêche le monde d'aller voter?
M. Sirard: Les gens ne votent pas. La participation...
M. Dufour: Vous rattachez cela à la température. Si
on regarde ailleurs, en province, toutes les élections municipales ont
lieu au mois de juin.
M. Sirard: Lors des élections municipales, ce sont des
personnes d'un certain âge ou d'un âge certain qui vont voter. Ce
n'est pas le petit gars de 15 ou 16 ans qui va aller voter. Ces personnes,
quand c'est glissant dans les rues ou qu'il y a de la neige, ne vont tout
simplement pas voter. Les pourcentages sont là. Tout le monde
connaît la faible participation des gens lors d'élections
scolaires.
M. Dufour: Ce n'est sûrement pas dû aux causes que
vous soulevez parce que les gens votent aux niveaux fédéral,
provincial, municipal et scolaire, et le nombre d'électeurs est
différent dans chaque cas. Les pourcentages sont différents. J'ai
de la misère à comprendre quand vous dites: II y a une faible
participation au niveau scolaire. Si c'est dans la ville de Montréal, je
ne pense pas que cela cause tellement de problèmes.
En régions ou en dehors de Montréal, c'est au mois de
juin. Il y a 10 %, 20 %, 30 %. Je suis d'accord avec vous que le taux de
participation n'est pas fort, mais ce n'est pas à cause de la
température. Il y a sûrement d'autres causes que celle-là.
Je ne les connais pas nécessairement, mais vous ne me les donnez pas,
non plus.
M. Sirard: D'après l'enquête qu'on a faite, ce
serait une des grosses causes. Je ne dis pas que c'est la seule, mais ce serait
une des causes.
M. Dufour: J'ai écouté votre intervention avec
intérêt et j'ai également écouté les
questions du ministre. Je peux vous dire que c'est le seul mémoire qui
fait état d'un changement de date pour les élections municipales
dans toute la province.
Donc, je verrais mal comment on pourrait donner suite à vos
doléances si vous n'avez pas plus d'appuis que cela. Il faudrait que
cela soit un peu plus fort que cela. Peut-être que vous avez de bonnes
raisons, mais elles sont tellement rares que vous ne nous avez pas convaincus.
L'UMRCQ n'est pas venue, non plus, présenter une demande dans ce
sens.
M. Sirard: Est-ce qu'elle l'a su?
M. Dufour: On l'a rencontrée ce matin et personne n'a
parlé de changer la date. J'ai connu des élections municipales en
plein mois de février, c'était plus difficile qu'au mois de
novembre. Le mois de novembre, c'est sûr que ce n'est pas un mois
idéal. Par contre, si on regarde l'année 1986, il n'y aurait
pratiquement pas eu de jour intéressant pour aller voter.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Sirard, est-ce qu'il y
aurait un mot de la fin?
M. Sirard: Non, je vous remercie infiniment de nous avoir
entendus à la commission, M. le ministre et MM. les
députés.
Le Président (M. Saint-Roch); M. le ministre, est-ce qu'il
y a un mot de la fin?
M. Bourbeau: C'est simplement pour remercier les gens du canton
de Chertsey de leur contribution et leur dire qu'ils sont toujours les
bienvenus à la commission parlementaire. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Sirard et M. Lebrun, je
vous remercie de votre intervention devant la commission de
l'aménagement et de l'équipement.
J'aimerais maintenant inviter la Fondation des sourds du Québec
Inc. à prendre place, s'il vous plaît.
Fondation des sourds du Québec Inc.
Mme Landry (Dominique): Bonjour!
Le Président (M. Saint-Roch): Bonjour! Pour le
bénéfice du Journal des débats, est-ce qu'on pourrait
procéder à l'identification, s'il vous plaît?
Mme Landry: Oui, je suis Dominique Landry, responsable des
relations publiques et des communications à la Fondation des sourds du
Québec. M. Gaston Forgues est le président, Mme Marthe Maheux est
la vice-présidente et son interprète est Diane Demers.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. On va vous
accorder une dizaine de minutes.
M. Dufour: Mme Demers?
Mme Landry: Diane Demers, interprète.
M. Dufour: Diane Demers, merci.
Le Président (M. Saint-Roch): On va vous accorder une
dizaine de minutes pour faire votre intervention. S'il vous
plaîtî
Mme Landry: M. Forgues va prendre la parole.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Forgues. (17 heures)
M. Forgues (Gaston): La Fondation des sourds du Québec,
consciente des multiples difficultés qu'engendre la surdité au
niveau des communications, a voulu par ce court mémoire sensibiliser
cette commission à la nécessité d'inclure dans votre
projet de loi 100 un règlement qui obligerait les municipalités
à inclure, dans leurs programmes de publicité ou d'information au
public en général, la présence d'interprètes
gestuels qui permettraient aux 50 000 sourds du Québec de comprendre et
de faire leur libre choix sur la façon dont ils veulent voter.
C'est en résumé ce qu'on vous présente. Vous pouvez
constater de visu que l'interprétation est une chose absolument
nécessaire dans la surdité. Souvent, on tient pour acquis que les
sourds lisent sur les lèvres ou nous comprennent. Malheureusement, cela
n'est pas le cas. Nous devons leur fournir ces interprètes afin qu'ils
puissent faire leur choix en tant que citoyen lors des élections et des
référendums. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Forgues. M. le ministre.
M. Bourbeau: Je crois que c'est la première fois qu'une
demande semblable nous est faite. Je dois dire que nous n'avons pas
envisagé à ce jour la possibilité de dispositions
spéciales à l'endroit des sourds. Dans votre esprit, quelle forme
prendraient ces dispositions? Pourriez-vous expliquer un peu cela?
M. Forgues: Certainement. Cela pourrait prendre la forme
d'interprétation simultanée dans les vignettes que vous voyez
à la télévision lors des débats de
l'Assemblée nationale. C'est aussi simple que cela; en fait, il s'agit
d'exprimer les idées des intervenants pour les sourds à travers
ces vignettes.
M. Bourbeau: Vous parlez des débats à
l'Assemblée nationale, je pense. Vous dites: À la
télévision, lors des débats à l'Assemblée
nationale?
M. Forgues: Oui, je vous donne un exemple. Cela existe, on voit
à la télévision, lors de débats, une petite
vignette où une personne parle le langage des sourds qui est le langage
des signes.
M. Bourbeau: Oui, à la rigueur, cela pourrait s'organiser
pour les débats à l'Assemblée nationale qui sont
télévisés et qui sont bien structurés. Mais, en
campagne électorale, disons dans le canton de Chertsey où les
candidats aux postes de conseiller et de maire se présentent dans les
assemblées publiques, cela deviendrait extrêmement
compliqué de prévoir et de trouver même des
interprètes visuels. On les appelle des interprètes gestuels, je
crois.
M. Forgues: Des interprètes gestuels.
M. Bourbeau: Gestuels, oui. D'abord, il faudrait savoir si, dans
cette communauté, il y a des gens affectés de surdité et,
deuxièmement, si on peut trouver un interprète gestuel.
Écoutez, je ne suis pas du tout fermé à toute suggestion
qui pourrait être mise en pratique. Le problème, c'est qu'il faut
que cela soit pratique. Si vous vouliez communiquer avec les fonctionnaires du
ministère des Affaires municipales et faire connaître votre point
de vue sur la question ou toute suggestion que vous pourriez apporter, nous,
dans la mesure où cela serait possible et pratique de le faire, nous
aimerions, bien sûr, faciliter l'exercice des droits démocratiques
à la majorité sinon la totalité des citoyens.
M. Forgues: II est bien évident, M. le ministre, que ce
que nous tentons de faire, c'est rendre les médias électroniques
comme la télévision accessibles aux sourds. C'est vers cela que
ce genre de proposition tend, rendre les informations qui sont visuelles
pratiques pour les sourds pour qu'ils puissent les comprendre. On mentionne
dans notre mémoire, évidemment, que l'idéal serait d'avoir
des interprètes lors des visites dans les maisons et toutes ces
choses-là, mais il reste que l'information complète sur les
objets d'un référendum est souvent vue à la
télévision, souvent expliquée par les partisans ou
non-partisans des référendums et que le sourd, tout de
même, subit une influence directe soit de ne pas voter, d'aucunement
exercer son droit de citoyen ou bien subit l'influence d'un bord et de l'autre,
purement et simplement. Donc, c'est un droit à l'information.
M. Bourbeau: Je conçois qu'à la rigueur, dans les
grandes villes comme
Montréal, Québec ou les villes où il y a des
réseaux de télévision, on pourrait éventuellement
dénicher des interprètes gestuels qui pourraient
s'exécuter pendant toute réclame ou tout débat. Le
problème, c'est qu'il y a au Québec 1511 municipalités,
dont 1475 probablement sont de petites municipalités de moins de 20 000
de population qui n'ont pas de télévision à leur
disposition, où les campagnes électorales ne comportent aucune
présence des candidats à la télévision. Pour qu'un
interprète gestuel puisse travailler, il faut qu'il y ait la
télévision. Cela ne peut pas se faire à la radio, bien
sûr. Cela ne pourrait pratiquement avoir lieu que dans les très
grandes villes du Québec et, encore là, uniquement dans les
occasions où les candidats pourraient se présenter à la
télévision. Remarquez que les maires, les conseillers et les
politiciens, dans la plupart des cas, adorent se pointer à la
télévision et ne demanderaient pas mieux que d'avoir l'occasion
de le faire à chaque élection, dans tous les villages et toutes
les villes du Québec, mais, en pratique, c'est quand même
très peu d'hommes et de femmes politiques qui peuvent
régulièrement faire valoir leurs points de vue et leur programme
électoral à la télévision. Cela cause un
très sérieux problème sur le plan pratique.
M. Forgues: Oui, mais je voudrais dire aussi que dans la province
existent - comme vous le savez probablement - deux centres d'accueil, un
à Montréal pour la région et un à Québec qui
est suprarégional, qui ont ces interprètes pour faciliter
l'interprétation dans les régions. Donc, en ce qui concerne les
assemblées publiques et en ce qui touche les grands thèmes - on
commence par les municipalités, évidemment - on voudrait avoir
à la grandeur de la province une information, c'est tout.
M. Bourbeau: Je pense que, sur le plan des principes, il y a une
très grande ouverture de notre côté. Il s'agit de voir
comment notre volonté d'élargir au maximum l'éventail de
ceux qui peuvent exercer le droit de vote peut se concilier avec la
réalité, avec des faits. Je vous répète que ce qui
pourrait être fait, c'est que votre organisme communique avec les
fonctionnaires du ministère des Affaires municipales et les rencontre
pour tenter de voir de quelle façon on pourrait faciliter aux gens
atteints de surdité l'exercice de leur droit de vote aux
élections municipales.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais, au moins, vous souhaiter la bienvenue. Je
peux vous dire aussi que je comprends l'embarras du ministre par rapport
à vos demandes. J'ai
l'impression que les malentendants ont des difficultés à
s'organiser. C'est vraiment le problème fondamental que vous vivez. Pour
moi, qui ai été maire de la ville de Jonquière, on avait
trouvé une solution par rapport aux malentendants en ce sens qu'on leur
avait construit, avec l'aide du milieu, une bâtisse qu'on avait mise
à leur disposition, ce qui fait que les malentendants se sont
regroupés d'une façon régionale dans le milieu et dans
Jonquière.
Donc, ce sont des gens qui vivent - je comprends toutes leurs
difficultés parce que j'ai eu beaucoup de contacts avec ces gens -des
problèmes de relations les uns par rapport aux autres. On pense des fois
que, parce que quelqu'un parle anglais et que l'autre parle français, il
y a des problèmes, mais il y en a d'autres différents, surtout
pour des gens qui sont malentendants.
Donc, ce problème que j'ai vécu, on l'a rencontré
moins souvent dans un milieu comme chez nous, par exemple, où ils sont
regroupés et où, de temps en temps, régulièrement,
ils ont des activités auxquelles ils nous invitent et où on peut
leur parler. Leur parler, c'est beaucoup dire. On échange avec des
gestes un peu partout sans connaître vraiment tous les signes, mais ils
sont assez gentils quand même pour nous fournir des interprètes.
Il y a des gens qui s'occupent d'eux et qui agissent comme
interprètes.
Lorsqu'il y a des élections - en tout cas, dans mon cas, cela
s'est toujours passé ainsi - on les rencontre et on discute avec eux.
J'ai l'impression qu'il y avait à ce moment-là une certaine
information. C'est évident que, si on veut toucher l'ensemble des
malentendants dans l'ensemble des municipalités du Québec lors
d'élections - il y a 1200 municipalités au Québec - ce
serait probablement très difficile.
Je pense qu'une des façons de pallier ce problème, ce
serait certainement d'avoir de l'information écrite. Ce pourrait
être aussi de demander que le ministère de la Santé et des
Services sociaux vous fournisse des moyens pour vous regrouper, faire des vies
de groupe. Je pense que c'est drôlement important, surtout dans le cas
des malentendants, surtout ceux qui n'ont jamais entendu, parce que ces
derniers ont des difficultés réelles d'adaptation à leur
milieu. J'ai compris et j'ai accepté de les comprendre parce que j'ai eu
à les rencontrer souvent et à échanger avec eux. Dans les
contacts avec ces gens-Ià, une fois la glace brisée, ils sont
très volubiles, pas nécessairement en parlant, mais
"gestuellement" parlant. Ils nous font comprendre rapidement qu'on est sur la
même longueur d'onde.
Je suis convaincu que ce que vous demandez, ce sera probablement
extrêmement difficile de l'obtenir, mais j'ai l'impression tout de
même que les organismes gouvernementaux pourraient vous aider à
organiser une certaine vie communautaire dans des lieux très
précis qui seraient de nature à faciliter une meilleure
compréhension de ce qui se passe et aussi une meilleure participation de
ces gens-là au milieu. Ceux-ci sont, dans bien des cas, de grands actifs
pour notre société. Je connais de ces gens-là qui sont
très autonomes, qui gagnent leur vie et qui fonctionnement d'une
façon bien correcte dans n'importe quoi. Ils sont vraiment un actif pour
notre société. Il ne reste qu'à sensibiliser les
"bien-entendants" à comprendre mieux ceux qui ont ce handicap.
M. Forgues: Vous avez dit tout à l'heure que les sourds
ont beaucoup de difficulté à s'organiser. Vous avez cité
l'exemple de Jonquière, que je connais bien. La fondation existe depuis
deux ans seulement. Elle a été créée ici à
Québec et compte maintenant deux points de service, Montréal et
Québec. Je voudrais vous dire que la présentation de ce
mémoire sert tout de même à quelque chose, c'est, à
vous montrer, à vous les décideurs, ce qu'est la surdité.
Malheureusement, comme vous l'avez dit, c'est inconnu. C'est une
première tentative et on reviendra vous voir, je l'espère.
M. Dufour: Je voudrais, en terminant, vous remercier et vous
encourager à continuer. J'ai l'impression que, dans une
société, il va falloir s'en occuper. Plus une
société est civilisée, plus on doit s'occuper des gens qui
sont défavorisés. Je vous remercie. Je ne sais pas si le ministre
a...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, avez-vous
des remarques pour conclure?
M. Bourbeau: Non. Je veux simplement remercier nos visiteurs et
leur souhaiter bonne chance.
Des voix: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je remercie les
représentants de la Fondation des sourds du Québec Inc. d'avoir
donné un éclairage complètement nouveau à la
commission de l'aménagement et des équipements lors de
l'étude du projet de loi 100. Je vous remercie de votre
participation.
M. Forgues: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Ceci termine le mandat
confié à la commission de l'aménagement et des
équipements de procéder à une consultation
générale portant sur le projet de loi 100, Loi sur les
élections
et les référendums dans les municipalités.
La commission de l'aménagement et des équipements ajourne
donc ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 14)