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(Dix heures trente-deux minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour poursuivre et exécuter le mandat
qui lui a été confié, soit de procéder, de 10
heures à 12 h 30 et après les affaires courantes jusqu'à
18 heures, à l'étude des projets de loi 219, 248, 258, 45 et
47.
Est-ce qu'il y a des remplaçants, M. le Président?
Le Secrétaire: Le secrétaire!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le secrétaire, je
m'excusel
Le Secrétaire: II n'y a aucun remplacement, M. le
Président.
Projet de loi 219
Le Président (M. Saint-Roch): Nous allons maintenant
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi d'intérêt privé 219, Loi modifiant la Loi concernant la
cité de Salaberry-de-Valleyfield.
Je demanderais à M. le maire d'identifier les gens qui sont
à la table et, dans un premier temps, nous allons vous donner quelques
minutes pour exposer la nature de votre projet de loi. Je ferai remarquer aux
membres de la commission que nous entendrons, dans un deuxième temps, un
intervenant. Après cela, nous procéderons à l'étude
du projet de loi. M. le maire.
M. Mooijekind (Mar-Tinus): M. le Président, c'est au nom
de la ville de Salaberry-de-Valleyfield, dans le comté de Beauharnois,
que je tiens à remercier la commission de nous avoir permis de vous
soumettre le projet de loi 219, Loi modifiant la Loi concernant la cité
de Salaberry-de-Valleyfield.
J'aimerais également remercier le député du
comté de Beauharnois, M. Serge Marcil, qui est présentement en
mission économique au Maroc, d'avoir proposé pour nous ce projet
de loi privé à l'Assemblée nationale.
J'aimerais nommer les personnes qui m'ont accompagné pour
présenter ce projet de loi. À ma droite, M. Gaétan Rousse,
directeur de la municipalité; à ma gauche, le procureur, Me
Michel Cantin; le directeur général de la municipalité de
Valleyfield, M. Robert Cyr. Je demanderais à notre procureur de vous
expliquer notre projet de loi privé.
Exposé du procureur de la ville M. Michel
Cantin
M. Cantin (Michel): M. le Président, le projet de loi 219
que vous avez devant la commission aujourd'hui concerne la
Société du port de Valleyfield qui a été
créée à la demande de la municipalité en 1968 aux
termes d'une loi d'intérêt privé.
La société a, entre autres, comme objet d'administrer les
biens meubles et immeubles du port de Valleyfield, biens qui appartiennent
à la municipalité, mais que la société a le mandat
d'administrer, ainsi que les installations portuaires qui ont été
construites par la ville, en partie à même des subventions
gouvernementales.
Actuellement, le conseil d'administration de la société
est composé de trois personnes: un président-directeur
général, ainsi que deux administrateurs. Cependant, comme les
actifs de la société appartiennent à la
municipalité et que la municipalité est également
responsable de tout déficit que pourrait créer la
société dans le cours de son administration, depuis plusieurs
années, le conseil municipal de la ville de Valleyfield a
désiqné deux membres de son conseil pour surveiller le bon
fonctionnement de la société. Cependant, ces membres du conseil
ne sièqent ou n'assistent à certaines réunions du conseil
d'administration de la société que sur une base d'observateurs et
ils n'ont aucun pouvoir réel.
Dans les circonstances, comme la municipalité est responsable des
dettes que peut créer la société, le projet de loi a comme
but essentiel ou comme fin d'augmenter à cinq le nombre de membres du
conseil d'administration de la société afin d'y incorporer ou d'y
inclure deux membres du conseil municipal de la ville. Essentiellement, le
projet de loi qui est devant la commission vise à ajouter au conseil
d'administration ces deux membres additionnels.
Par la même occasion, certains aménagements ont
été apportés au
fonctionnement du conseil d'administration. C'est un fonctionnement qui
a été calqué en bonne partie sur le fonctionnement d'un
conseil municipal qui est régi par la Loi sur les cités et villes
ou même d'un conseil d'administration d'une régie intermunicipale
qui est légalement régi par les dispositions de la Loi sur les
cités et villes.
Avant de terminer, M. le Président, j'aimerais simplement
souligner trois différences qui sont apportées par le projet de
loi. La première, c'est que le président de la
société, plutôt que d'être nommé par le
conseil municipal de la ville, le sera par les membres du conseil
d'administration qui, eux, éliront le président de la
société.
Le deuxième point que je voudrais soulever est le fait que
l'administrateur général étant un contractuel régi
par un contrat qui peut aller jusqu'à une période maximale de
cinq ans, la loi actuelle prévoit un droit d'appel devant la Commission
municipale. En fait, le projet de loi vise dans les circonstances à
faire disparaître ce droit d'appel. Je comprends, cependant, qu'un
amendement sera ajouté à la demande du ministère afin de
préserver, jusqu'à la fin du contrat actuel du
président-directeur général, ce droit d'appel qui existe
actuellement.
Le dernier point que j'aimerais souligner, c'est que, effectivement, de
façon à rendre conforme le bon fonctionnement de la
société, il y a une disposition dans la loi actuelle qui
prévoit que tout surplus qui n'est pas utilisé selon les trois
façons prévues à la loi doit être versé dans
le fonds industriel de la ville de Valleyfield, qui est constitué en
vertu de la Loi sur les fonds industriels. Or, cette Loi sur les fonds
industriels a été abrogée il y a deux ans et
remplacée par la Loi sur les immeubles industriels municipaux. Ceci fait
qu'il n'existe plus à la ville de Valleyfield un fonds industriel et,
par analogie, on aimerait que tout surplus soit versé dans le fonds
général de la ville comme le prévoit la Loi sur les
immeubles industriels municipaux.
Je souligne, finalement, M. le Président, que cette demande
d'ajouter au conseil d'administration de la société deux
élus municipaux s'inscrit un peu dans un processus qui existe depuis
quelques années. J'aimerais attirer l'attention de la commission sur ce
qui s'est passé à la Société de transport de la
ville de Laval où, lors de sa création, le conseil
d'administration était formé de trois personnes qui
n'étaient pas des élus municipaux. Or, en 1984, la loi a
été modifiée et a créé la
Société de transport de la ville Laval où, effectivement,
le conseil d'administration se compose de cinq personnes qui sont toutes des
élus municipaux.
Valleyfield ne désire pas, actuellement, que tous les membres du
conseil d'administration de la société soient des élus
municipaux, mais, dans les circonstances, comme elle est responsable du
déficit que peut occasionner l'administration de la
société et comme les biens que gère la
société appartiennent à la ville de Valleyfield, elle
demande d'avoir un droit de regard ou une voix au chapitre au conseil
d'administration de la société.
Maintenant, les membres ici présents de la ville de Valleyfield
sont, évidemment, disponibles pour répondre aux questions qui
pourraient être pertinentes.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. À
ce moment-ci, j'aimerais vous demander, s'il vous plaît, de vous retirer
et j'appellerai les intervenants, soit Me Jacques Laurent qui est censé
être accompagné par M. Guy Berthiaume. Pour le
bénéfice du Journal des débats, je demanderais à Me
Jacques Laurent de s'identifier et d'identifier la personne qui
l'accompagne.
Exposé du procureur de la Société
du port de Valleyfield
M. Jacques Laurent
M. Laurent (Jacques): Alors, mon nom est Jacques Laurent, je suis
avocat. Je suis accompagné de M. Guy Berthiaume qui est le
président administrateur général de la
Société du port de Valleyfield.
Mesdames et messieurs, je vais tenter d'être bref. Les questions
qui sont soulevées par le projet de loi d'intérêt
privé proposé par la municipalité de
Salaberry-de-Valleyfield sont plutôt d'ordre métaphysique que
juridique. La vraie problématique qui est soulevée par ce projet
de loi est la suivante: la Société du port de Valleyfield est une
corporation au sens du Code civil, créée effectivement par le
législateur, naturellement, à la demande de la ville de
Valleyfield. Depuis 1968, elle exploite les installations portuaires et elle a
connu depuis sa création un succès remarquable qui fait
qu'aujourd'hui elle se trouve dans une situation financière très
avantageuse. Elle est reconnue à travers le monde et on trouve ses
clients sur les cinq continents de la planète.
La société était administrée au tout
début par un administrateur et deux officiers de la ville de
Valleyfield, le gérant et le greffier de la ville qui étaient
assistés par le trésorier de la ville.
En 1971, le législateur a cru bon de modifier cette structure
pour accorder une plus grande autonomie à la société. La
loi de 1971 a fait en sorte que le conseil d'administration de cette
corporation soit composé, comme il l'est actuellement, de trois
administrateurs indépendants autonomes du conseil de ville, dont un est
le président. Ceci dure depuis 1971 et n'a pas empêché,
mais, au contraire, a permis à cette société de
prendre l'élan qu'elle connaît actuellement et de connaître
les succès qu'elle a connus.
Ces succès ont abouti en 1986 - je le souligne parce qu'il est
très important de le souligner - à une décision des deux
gouvernements supérieurs, le gouvernement du Québec et le
gouvernement du Canada, d'octroyer des subventions de 11 900 000 $ à la
Société du port de Valleyfieid pour la construction d'un terminal
en vrac. Les appels d'offres ont été publiés et les
travaux devraient débuter en 1987. Ces subventions de l'ordre de 10 000
000 $ par le ministre des Transports du Québec et de 1 900 000 $ par
l'Office canadien pour un renouveau industriel, l'OCRI, ont été
versées après des études considérables de
faisabilité et de rentabilité à cette
société dans le cadre de sa constitution actuelle, autonome,
autogérée et prospère.
Je souligne ici l'absence de plusieurs intervenants; comme le disait M.
le maire, le député et plusieurs des parties
intéressées à ce projet sont, par une coïncidence
malheureuse, en mission économique à l'extérieur du pays,
dont un des membres du conseil d'administration de la société, le
président de la Chambre de commerce de Valleyfieid et d'autres personnes
intéressées au développement économique de la
région.
La société, d'emblée, voit d'un mauvais oeil la
venue de deux élus au conseil d'administration - c'est là le vrai
problème auquel je référais - puisque c'est ouvrir la
porte à des situations de conflits d'intérêts pour les deux
élus, quels qu'ils soient d'ailleurs - ce n'est pas une question de
personnalités, c'est une question de difficulté de
confidentialité - et à des débats. Cela peut mettre en
péril le versement des subventions engagées par les gouvernements
supérieurs et cela peut mettre en péril l'élan et le
développement des affaires de cette société qui est unique
en son genre au Canada, sinon au monde. On va limiter cela au Canada
aujourd'hui. (10 h 45)
II n'est pas écrit, mesdames et messieurs, que les
sociétés importantes comme la Noranda, l'Alby chlorate, SKW,
Domtar, Domtex, PPG qui font affaire avec la Société du port de
Valleyfieid soient particulièrement intéressées à
faire des affaires avec une corporation qui soit contrôlée par des
élus.
Comme je le disais au début, ce projet de loi constitue pour la
société un retour en arrière qui pourrait mettre en
péril le développement de ses affaires. Je le
répète, en 1971, on lui a donné une autonomie qu'on
voudrait aujourd'hui lui retirer.
Pas moi personnellement, mais la société que je
représente estime que la ville de Salaberry-de-Valleyfield a
déjà un contrôle suffisant sur les affaires de la
société. C'est elle qui nomme les trois administrateurs et c'est
elle qui approuve le budget de la société d'année en
année. De plus, elle compte deux observateurs aux réunions. Pour
ces motifs et pour d'autres qui sont plus particuliers et qui concernent le
remplacement du président et des administrateurs et qui constituent,
quant à la société, des situations très
délicates on pourrait, par une loi adoptée par le
législateur, mettre fin, immédiatement après la sanction
de la loi, au mandat du président administrateur général
et des deux administrateurs et leur substituer d'autres administrateurs qui
pourraient être les élus. On pourrait se retrouver dans le
contexte actuel avec cinq élus au conseil d'administration, bien que
j'aie cru comprendre que ce n'était pas l'intention de la ville et qu'on
était prêt à apporter un amendement pour restreindre
à deux le nombre des élus au conseil d'administration.
Même à cela, M. le Président, mesdames et messieurs,
la société estime que ses succès répercutants
pourraient être mis en péril, si l'on modifiait sa structure. Il
n'y a rien qui commande une telle modification. Pour aller plus loin, je dirais
même que ces modifications ont été proposées sans
consultation avec la société et sans consultation d'ordre
général avec les intervenants du milieu.
En aparté, je soulignerai que le gouvernement du Canada, en 1982,
a amendé considérablement la Loi sur les ports nationaux.
Aujourd'hui, les ports locaux -ceux que l'on appelle ports locaux de
Montréal, Trois-Rivières, Québec, Sorel -sont
administrés par des représentants des milieux
intéressés et l'on n'y compte aucun élu. De la même
façon, pour répondre aux arguments de Me Cantin, j'ai
étudié une foule de lois du Québec, la Loi sur la
Société Inter-Port de Québec, la loi sur le port
ferroviaire de Baie-Comeau, la loi sur le parc de Mirabel - je vois ici
l'ancien maire de Bécancour - la loi sur le parc industriel du centre du
Québec, la loi sur la Société des Traversiers du
Québec, toutes des corporations intéressées au transport
maritime ou aérien. Dans ces lois, on ne retrouve aucune présence
d'élus, sauf à Mirabel où le maire siège d'office
au conseil d'administration.
Je crois qu'il faut faire une distinction - je terminerai
là-dessus - par rapport aux sociétés de transport dont Me
Cantin parlait, la Société de transport de Laval et celle de la
rive sud de Montréal. M. le ministre des Affaires municipales en sait
quelque chose. Effectivement, depuis 1984, elles sont administrées par
les maires, du côté de la rive sud, et par les élus de la
ville de Laval, du côté de Laval. Il faut faire une distinction
importante et facile à faire entre
une société de transport en commun et une corporation
à but lucratif, comme l'est la Société du port de
Valleyfietd, une société d'affaires. Elle est en affaires avec
des transporteurs maritimes. Elle ne fait pas affaires avec les citoyens.
Naturellement, elle rend de grands services à la municipalité,
puisqu'elle paie des taxes de toute nature et ceux qui y travaillent paient
aussi des taxes. Elle rend de grands services à la région, plus
que la ville elle-même d'ailleurs. Mais elle n'est pas au service de la
population, comme les sociétés de transport en commun de Laval et
de la rive sud le sont.
Cela étant dit, M. le Président, je vous remercie de
m'avoir écouté avec attention. M. Berthiaume et moi-même
sommes à votre disposition pour répondre à toute
question.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Laurent. Pour le bénéfice de l'organisation de nos travaux, je
vous demanderais, MM. Laurent et Berthiaume, s'il vous plaît, de prendre
place ici, à gauche, dans les deux derniers fauteuils et j'aimerais
appeler de nouveau les intervenants de la ville de Salaberry-de-Valleyfield
avant que nous poursuivions l'étude du projet.
Nous allons poursuivre. M. le ministre, est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires?
M. Bourbeau: Non. J'aimerais poser des questions, M. le
Président, à l'un ou l'autre groupe et peut-être aux
deux.
Le Président (M. Saint-Roch): Si vous me le permettez, M.
le ministre, dans ce cas-ci, est-ce que M. le député de
Jonquière a des remarques préliminaires?
M. Dufour: J'aurais juste deux remarques. D'abord, les travaux
ont commencé à 10 h 30 et je ne veux pas accepter la
"paternité" de ce retard comme membre de l'Opposition. De plus, je
voudrais souhaiter la bienvenue aux intervenants. C'est évident qu'on va
poser aussi certaines questions. Le ministre aura peut-être des questions
que nous serons intéressés à connaître. On
n'essaiera donc pas de retarder les travaux de la commission juste pour le
plaisir de le faire, si ce n'est pour avoir une meilleure vue d'ensemble. C'est
aussi une des rares fois où on voit des intervenants différents
venir s'exprimer sur un projet de loi privé depuis le 2 décembre.
Cela soulève donc peut-être un intérêt
supplémentaire, mais cela soulève surtout des questions
supplémentaires.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. Je vous ferai remarquer que c'est la
deuxième occasion parce que nous avions, lors du projet de loi 252, eu
certains intervenants.
M. le ministre.
Période de questions
M. Bourbeaui M. le Président,, j'aurais quelques questions
à poser à nos invités. Dans la structure actuelle, il y a
trois membres du conseil d'administration, il y a un président qui agit
comme administrateur général et deux administrateurs
nommés par résolution du conseil. Le président actuel, qui
est également l'administrateur général, a-t-il
été nommé par résolution du conseil?
M. Cantin: Oui.
M. Bourbeau: Oui, n'est-ce pas? Et les deux membres actuels ont
aussi été nommés par résolution du conseil.
M. Cantin: C'est exact.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez le pouvoir de remplacer
actuellement ces gens, d'après la loi actuelle? Si vous les nommez,
est-ce que vous pouvez les dénommer, autrement dit?
M. Cantin: Les deux administrateurs, M. le ministre, qui ne sont
pas l'administrateur générai, peuvent être remplacés
à tout moment par simple résolution du conseil. Maintenant, quant
au président-administrateur général, il a un droit d'appel
devant la Commission municipale du Québec en cas de destitution.
Cependant, son mandat peut varier entre un et cinq ans; donc, l'application de
l'appel à la Commission municipale n'est opérante que dans le
cadre de l'entente ou du contrat intervenu entre la ville et l'administrateur
général.
M. Bourbeau: Ce que j'ai de la difficulté à
comprendre, c'est qu'actuellement la municipalité contrôle
effectivement la société puisqu'elle nomme les trois membres du
conseil, dont deux peuvent être remplacés à volonté.
II me semble que, si la municipalité estime qu'elle n'a pas un
contrôle suffisant et qu'elle veut l'améliorer - je ne lui
suggère pas de le faire, remarquez - elle pourrait la semaine prochaine
passer une résolution et remplacer les membres actuels par d'autres, si
elle trouve que ces membres ne véhiculent pas la philosophie de la ville
concernant la société. J'ai de la difficulté à
comprendre pourquoi on doit ajouter encore deux autres membres pour,
semble-t-il, permettre à la ville d'exercer un meilleur contrôle,
puisqu'il m'apparaît que vous l'avez déjà, le
contrôle. Est-ce que vous pourriez répondre à cette
question?
Le Président (M. Saïnt-Roch): M.
Cantin.
M. Cantin: M. le ministre, en fait, c'est que les deux
administrateurs actuels sont, évidemment, des gens du milieu. Je pense
qu'actuellement il y a un notaire et un avocat qui sont des gens d'affaires de
la ville de Valleyfield et la ville veut conserver cette représentation
de l'extérieur du conseil municipal. C'est dans ce sens que, tout en
ayant l'avantage d'avoir des gens ou des compétences de
l'extérieur de l'hôtel de ville, le conseil désire en plus
que deux de ses membres siègent au conseil d'administration. Je
comprends exactement votre question. Ce n'est pas le contrôle de la
société que recherche le conseil municipal; c'est strictement
d'être en mesure de participer aux délibérations du conseil
d'administration, tout en laissant les gens qui sont en place, les gens qui
connaissent le domaine, administrer la société.
M. Bourbeau: Vous disiez tout à l'heure que, en fait, il y
a déjà deux conseillers municipaux qui sont affectés
à la surveillance de la société, possiblement dans un
comité du conseil, et qui assistent aux réunions à titre
d'observateurs. Est-ce que j'ai bien compris cela? Bon, alors, à ce
moment, est-ce que vous n'êtes pas en mesure de savoir ce qui se passe
exactement à la société, de surveiller les débats,
de porter un jugement sur la qualité de la gestion et à la
rigueur, si vous n'êtes pas satisfaits, éventuellement, de
remplacer ces membres?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire.
M. Mooijekind: Effectivement, il y a deux représentants du
conseil qui siègent en tant qu'observateurs à toutes les
réunions officielles de la Société du port, mais ils ne
sont pas convoqués pour les réunions spéciales, ils ne
sont pas convoqués pour des discussions de travail internes de la
société, ils ne sont que convoqués pour des
réunions programmées à l'avance. Si la
société doit prendre des décisions, ils
téléphonent, ils ont des réunions qui ne sont pas
officielles. Je pense que nous, la municipalité, ce que nous voulons,
c'est que les deux représentants de la municipalité, les deux
conseillers, aient le même droit et les mêmes privilèges
qu'une personne qui est déjà mandatée par le conseil
municipal, c'est-à-dire les deux commissaires que nous voulons conserver
en plus du directeur général qui est nommé par la
résolution du conseil pour un mandat qui varie entre un et cinq ans.
Je pense que notre volonté n'est pas d'éliminer des
personnes qui siègent en tant que commissaires de la
Société du port. Nous voulons renforcer cette position de la
municipalité, en ajoutant deux membres du conseil qui auraient un droit
de vote au même titre que les deux commissaires qui seraient
nommés à la Société du port.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y a quelque chose qui interdit dans la
loi actuelle au conseil municipal de Valleyfield de nommer en remplacement des
deux membres actuels deux membres du conseil municipal?
Mooijekind: II n'y a rien qui l'empêche, M. le ministre. Mais on
se priverait de deux personnes expérimentées dans le domaine,
soit un notaire et un avocat. Je pense qu'on n'a pas tous la même
vocation à ta municipalité. On n'est pas tous des avocats et on
n'est pas tous des notaires. À la municipalité, on a deux
personnes qui sont aptes à prendre la relève et à
être partie prenante au lieu d'être observateurs dans cette
corporation qui s'appelle la Société du port.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: En ce qui concerne la capacité des avocats de
bien administrer, je ne me prononcerais pas, mais en ce qui concerne les
notaires, je suis d'accord avec vous!
Tout à l'heure dans votre présentation, vous avez
parlé - je m'adresse à la partie qui représente la
Société du port de Valleyfield - de la possibilité que les
membres du conseil municipal soient en conflit d'intérêts. Est-ce
que vous pourriez préciser un peu ce que cela veut dire? Enfin, comment
cela pourrait-il se présenter?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Laurent.
M. Laurent: Merci, M. le Président. Je vous
répète que la société est une corporation au sens
du Code civil. Elle est mandataire et se retrouveraient dans cette corporation
deux élus, quels qu'ils soient, qui sont des élus de la
population, qui sont élus pour représenter les
intérêts de la ville de Valleyfield et qui, en même temps,
se retrouveraient au conseil d'administration d'une société qui
peut avoir des conflits d'intérêts avec la ville, qui peut avoir
des discussions avec la ville. Cela s'est vu. C'est une société
qui est au service non seulement de la ville, mais qui est au service de la
région et des transporteurs.
La grande partie de ses clients sont des étrangers,
naturellement, des transporteurs maritimes et les deux élus
administrateurs proposés pourraient, à mon humble avis, se
retrouver en conflit, par exemple, au
moment du budget. Le budget de la société doit être
approuvé. Depuis 1968, cela n'a pas été changé.
C'est un mécanisme assez peu réaliste, quant à nous. Mais
il est là. (11 heures)
D'ailleurs, j'ouvre une parenthèse. On aurait peut-être pu,
à cette étape du projet de loi, en profiter pour amender
certaines de ces dispositions, mais ce n'est pas le cas. La ville a
décidé de passer outre à cela. Donc, le budget de la
société est préparé par la société,
mais il est proposé ou présenté à la
municipalité. Celle-ci doit l'examiner, l'approuver et peut le modifier
selon la loi. Or, les deux élus pourraient se retrouver, comme membres
du conseil d'administration, à adopter un budget avec les autres
administrateurs et, au nom de la société, le renvoyer à la
municipalité et, là, se trouver en conflit.
Le conseil de ville pourrait, contre le gré de ces deux
conseillers ou contre le gré d'un des deux, je ne sais guère,
modifier ie budget, le renvoyer, en faire à sa guise. Voilà que
les deux élus se trouveraient, quant à moi, dans une situation
assez difficile. D'une part, ils proposent, comme partie, et, d'autre part, ils
reçoivent pour approbation ou modification.
Je les vois mal placés pour prendre des décisions qui
seraient à la fois loyales à la ville et à la
société. Ce n'est pas une question de malhonnêteté,
c'est une question d'avoir deux chapeaux, très souvent. Une
société à but lucratif est une corporation qui est faite
pour faire des sous et elle en a fait. Elle en a beaucoup et elle va en faire
encore plus. Jusqu'ici, elle a eu du succès. Depuis la modification
apportée en 1971, elle fonctionne comme une société
autonome de la ville et on comprend mal qu'aujourd'hui, alors qu'elle est en
plein succès, on veuille modifier sa structure et, je le
répète, mettre en péril, en particulier, les subventions
du gouvernement du Canada.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'aimerais que vous répondiez aux questions
sans commencer à faire un plaidoyer sur tous les autres arguments. On
reviendra aux autres arguments plus tard. Vous dites que ta
société est un organisme à but lucratif. Qui est
l'actionnaire de la société?
M. Laurent: II n'y a pas d'actionnaires, M. le ministre.
M. Bourbeau: II n'y a pas d'actionnaires. Alors, en cas de
dissolution de la société, à qui iraient les actifs?
M. Laurent: Oh! Il faudrait que je regarde la loi. À la
ville, M. le Président.
La ville est propriétaire des actifs, de tous les biens, M. le
ministre. C'est elle qui est responsable également de ses dettes. Je
l'indique.
M. Bourbeau: Bon. Si la ville est propriétaire de tous les
actifs et si, en cas de dissolution de la société, c'est la ville
qui hériterait de l'actif et du passif, et si la ville est
également responsable des déficits, comment pouvez-vous dire
qu'un mandataire de la ville serait en conflit d'intérêts en
s'assoyant à la table de la société? Il me semble qu'on ne
peut pas dire qu'il serait en conflit d'intérêts. Ce sont les
intérêts de la ville même qui sont en cause.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Laurent.
M. Laurent: Oui, merci, M. le Président. M. le ministre,
les intérêts de la Société du port ne sont pas
toujours les intérêts de la ville. Il y aura sûrement des
situations conflictuelles. La société pourra prendre une
direction qui serait contraire à celle de la ville parce qu'elle prendra
cette direction dans l'intérêt de sa propre corporation. Cela
pourrait aller à l'encontre, je ne dirais pas de la volonté mais
d'une philosophie ou d'une orientation de la municipalité où les
deux conseillers, quels qu'ils soient - ce n'est pas une question de
personnalités - seraient sûrement mal placés pour arbitrer
ces différends.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui. J'aimerais revenir à la question des
subventions. Vous avez insinué à une couple de reprises qu'il y a
possibilité, si on modifie la structure de la société, que
les subventions promises soient en péril, soit la subvention de 10 000
000 $ du gouvernement du Québec et celle de 1 900 000 $ du gouvernement
fédéral. Est-ce que vous avez des preuves additionnelles pour
étayer cette affirmation?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Laurent.
M. Laurent: Merci, M. le Président. Je suis informé
par le président, M. Berthiaume, qui est ici et qui pourra le confirmer,
que dans la convention avec l'OCRI, l'Office canadien pour un renouveau
industriel, cet organisme pourra à sa discrétion se retirer de
son engagement s'il y a changement à la direction de la
société. Là, on a un changement important. On change la
structure de la direction. Je ne veux pas réveiller les morts ni mettre
le feu aux poudres, au contraire, mais j'envisage cette possibilité.
Deuxièmement, M. le ministre, il y a
un article important dans ce projet de loi, l'article 3, à la
page 5, qui dit que tout surplus non affecté à payer Ies
déficits accumulés ou à constituer un fonds de
réserve par résolution du conseil de la ville ou à la
réalisation d'améliorations portuaires, donc, tout surplus non
affecté à l'un de ces trois objets, sur simple résolution
du conseil de la ville, sera versé au fonds général de la
ville.
Sans vouloir faire peur à qui que ce soit, il est possible que le
ministre des Transports du Québec ou le ministre du développement
régional du Canada, qui est responsable de l'OCRÏ, s'interrogent et
disent: Nous, nous vous donnons des subventions et nous ne voulons pas qu'elles
soient utiliser par les parcs, tes loisirs, les égouts de la ville de
Valleyfield; nous vous donnons cela pour les améliorations portuaires et
pour rien d'autre. Comme on a déjà un surplus substantiel et
qu'on en aura d'autres - je dis on, la société, jusqu'à
présent, a fait ses preuves - il est possible qu'un jour la ville dise:
Vous n'avez pas de déficit accumulé à payer; nous refusons
de constituer un fonds de réserve et nous refusons de subventionner
d'autres réalisations portuaires; il y a un surplus de tant de centaines
de milliers ou de millions de dollars, s'il vous plaît, versez-nous cela
sur simple résolution, c'est à nous.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'aimerais poser au maire de Valleyfield une
question au sujet de la crainte anticipée que les subventions provenant
des gouvernements fédéral et provincial puissent ne pas
être versées. Avez-vous des informations à ce sujet ou
avez-vous fait des gestes ou vous êtes-vous informé auprès
de ces gouvernements pour savoir quelle serait l'attitude des gouvernements
fédéral et provincial à l'égard des subventions,
s'il y avait une modification dans la structure de la
société?
M. Mooijekind: M. le ministre...
Le Président (M. Saint-Roch): M. .Mooijekind.
M. Mooijekind: ...je pense bien que le gouvernement du
Québec comme celui du Canada a signé une entente tripartite avec
la municipalité, impliquant le ministère des Transports, la
Société du port de Valleyfield et la ville. Je pense que c'est la
municipalité qui est garante et qui est responsable de cette subvention,
du remboursement de la participation de la municipalité, parce que
chaque subvention, autant du provincial que du fédéral a
été conditionnelle, à ce que nous, en tant que
municipalité, nous ajoutons 2 000 000 $ et plus.
Je pense que notre participation a été catégorique.
On a pris les devants, on a dit: On est prêt à faire ce
bout-là; on met les 2 000 000 $ qui sont des deniers publics, en
garantie de cette subvention qui est une entente tripartite avec le
gouvernement du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Mais, quand même, dans la convention que vous
avez signée, n'y a-t-il pas une clause, comme on l'affirme, disant que
toute modification à la structure de la société pourrait
remettre en cause les subventions?
M. Mooijekind: Aucune, M. le ministre.
M. Bourbeau: Écoutez là, une porte doit être
fermée ou ouverte. On ne peut pas affirmer deux choses
diamétralement opposées. Il va falloir qu'on exhibe la
convention.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Laurent.
M. Laurent: Si vous me le permettez, ce que dit M. le maire est
tout à fait exact. Je vous ai parlé de l'OCRI, c'est dans la
convention entre la Société du port et l'OCRÎ. Je n'ai pas
parlé du ministère des Transports du Québec. Je m'excuse
si je me suis mal expliqué.
M. Bourbeau: Alors, si je comprends bien, c'est uniquement la
subvention du gouvernement fédéral qui pourrait être remise
en cause et non pas celle du gouvernement du Québec?
M. Laurent: Bien pour l'OCRI, définitivement elle pourrait
être remise en cause. Je dis que le ministre des Transports pourrait
également dire: Écoutez, vous changez, mais cela, c'est une
supposition.
Mais, dans le cas de l'OCRI, c'est une réalité.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Berthiaume.
M. Berthiaume (Guy): En ce qui concerne le ministère de
l'Expansion industrielle régionale ou l'OCRI, c'est une subvention qui
est versée à la société. Alors, c'est une
convention entre la société et le gouvernement
fédéral qui a été signée. La ville
n'était pas signataire de cette convention; toutefois, elle devait
fournir, simplement, une résolution mentionnant qu'elle était
intéressée a financer jusqu'à concurrence de 2 500 000 $
la Société du
port pour la réalisation de ses travaux.
Toutefois, l'OCRI fait partie intégrante du protocole d'entente
qui fut signé entre le ministère des Transporta du Québec,
la Société du port conjointement avec la ville. D'où les
relations peuvent se faire: Qu'est-ce qu'il arriverait, par exemple, si l'OCRI
refusait de verser la subvention au port? Est-ce qu'automatiquement la
convention entre le ministère des Transports du Québec et la
Société du port, ainsi que la ville conjointement est nulle et
sans effet? Ce sont des questions auxquelles on aimerait répondre. On ne
le sait pas actuellement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que la subvention du gouvernement du
Québec, M. le maire, est conditionnelle au versement de la subvention du
fédéral?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire.
M. Mooijekind: Non, monsieur. Ce que l'on s'est engagé
à faire avec l'Office canadien pour un renouveau industriel, par
résolution du conseil, c'est combler tout déficit ou coût
excédentaire au projet de la Société du port,
c'est-à-dire la deuxième phase du terminal en vrac. On l'a fait
par une résolution du conseil d'administration, conformément aux
exigences des deux ministères.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La convention que vous avez signée avec le
gouvernement du Québec fait référence... On dit même
que la convention de l'OCRI avec la Société du port est
annexée à la vôtre ou enfin fait partie du document.
M. Mooijekind: Oui, monsieur.
M, Bourbeau: Mais il n'y a rien là-dedans qui dit que, si
le gouvernement fédéral ne verse pas sa subvention, le
Québec pourrait remettre la sienne en cause.
M. Mooijekind: Non, monsieur.
M. Bourbeau: Si je comprends bien, il y a deux subventions qui
sont affectées à ce projet: une qui vient du ministère des
Transports du Québec et qui est promise à l'intérieur
d'une convention avec la ville et une deuxième qui vient du gouvernement
fédéral, de l'OCRI, et qui origine d'une convention avec la
Société du port.
En ce qui concerne la deuxième subvention, celle du gouvernement
fédéral, il y aurait possibilité, je dis bien - je ne dis
pas que c'est une probabilité - que cette subvention puisse être
remise en cause. Êtes-vous d'accord avec cela, M. le maire?
M. Mooijekind: Que la participation du gouvernement
fédéral soit remise en cause?
M. Bourbeau: Qu'il y ait une clause dans la convention avec la
société qui fasse état de la possibilité que s'il y
a des modifications de la structure de la société, la subvention
puisse être remise en cause.
M. Mooijekind: Aucunement, M, le ministre. D'ailleurs, la raison
pour laquelle l'OCRI a considéré sa participation avec la
Société du port, c'est parce que comme municipalité on
s'est engagé à payer tout surplus au déficit.
C'était la condition de l'OCRI.
Dans le programme de l'OCRI, on a même défini les
priorités et on a déplacé certains projets au
détriment de celui-là.
M. Bourbeau: Est-ce que quelqu'un a la convention de l'OCRI? Il
semble y avoir deux versions différentes de l'interprétation d'un
même contrat. Alors, vous dites qu'il n'y a rien qui met en péril
la subvention du gouvernement fédéral s'il y a une modification
de ta structure de la société et l'avocat de l'autre partie dit
que oui, il y a une clause semblable dans la convention avec l'OCRI.
M. Cantin: Pardon, M. le ministre?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, M. Cantin.
M. Cantin: J'ai une copie du projet de cette convention avec le
ministère des Transports et, dans la version que j'ai ici, il n'est pas
question que la convention avec l'Office canadien pour un renouveau industriel
fasse partie de la convention avec le ministère des Transports. Ce n'est
qu'un "attendu" que je peux lire, si vous me le permettez.
M. Bourbeau: Vous ne répondez pas du tout à ma
question. Je ne me réfère pas du tout au document qui lie la
ville avec le ministère des Transports du Québec, je me
réfère à l'autre document qui traite de la subvention de
l'OCRI à la société. Alors, ce n'est pas le
même.
Dans l'autre document, on me dit qu'il y a une clause... Est-ce que je
pourrais voir le document? Est-ce qu'on pourrait en prendre connaissance?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Berthiaume?
M. Berthiaume: M. le Président, je n'ai pas le document
ici. C'est une clause standard de tous les protocoles de subvention de l'OCRI
face aux entreprises privées. En ce sens, que c'est normal pour eux,
lorsqu'ils versent une subvention, de s'assurer que pour tout changement dans
la direction, tout changement dans les actionnaires, etc., au préalable,
on se soit entendu avec l'Office canadien pour un renouveau industriel pour ces
transferts. Enfin, c'est une clause standard qui dégage à ce
moment-là le ministère de l'Expansion industrielle
régionale advenant tout changement ou prise de possession de
l'entreprise et tout ce qui pourra en découler.
Enfin, l'Office canadien pour un renouveau industriel considère
la société du port comme une entreprise privée à
but lucratif. D'ailleurs, si cela avait été autrement, on
n'aurait pas été subventionné par l'OCRI.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Là, on est dans une impasse. C'est
évident que l'on parle d'une subvention de 2 000 000 $ et il me semble
qu'avant de faire des modifications à la loi actuelle on aurait dû
se prémunir contre ce problème, obtenir de l'organisme
fédéral un document stipulant que le projet de loi que l'on
dépose ici ne mettrait pas en péril la subvention. Cela
m'apparaît un peu prématuré, si je puis dire, de vouloir
poser des gestes qui pourraient éventuellement donner lieu à une
remise en cause de la subvention du gouvernement fédéral.
M. le Président, pour l'instant, je cesse de poser des questions.
Peut-être que l'Opposition voudrait en poser quelques-unes. (11 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, j'aurais peut-être
aimé demander au maire s'il y a des emprunts actuellement que la
municipalité cautionne pour la Société du port.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire.
M. Mooijekind: Des emplois?
M. Dufour: Des emprunts. Actuellement avez-vous des emprunts qui
ont été effectués pour la Société du
port...
M. Mooijekind: Effectivement.
M. Dufour: ...qui ne sont pas remboursés?
M. Mooijekind: Oui.
M. Dufour: J'écoutais tout à l'heure le procureur
de ta Société du port qui disait qu'il y avait des surplus
à la société. Est-ce que la municipalité, à
même ces surplus, paie les montants empruntés?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire.
M. Mooijekind: Présentement, la société
rembourse les emprunts et les trois prochaines années sont
considérées comme déficitaires à cause du projet
d'expansion de la Société du port. Actuellement, les
remboursements du montant que la municipalité a engagé et qu'elle
a emprunté en son nom, sont faits par la Société du
port.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que vous pourriez me dire si, depuis le
début de la société ou de la corporation - il y a toujours
eu des emprunts, si j'ai bien compris - elle a toujours remboursé les
emprunts effectués?
M. Mooijekind: Oui, monsieur.
M. Dufour: Cela a toujours été le cas.
M. Mooijekind: Oui.
M. Dufour: Donc, il y a des surplus accumulés et la
façon d'en disposer, selon l'entente que vous avez et en supposant que
ces travaux se fassent, c'est par un nouvel emprunt d'environ 2 000 000 $ pour
continuer les travaux.
M. Mooijekind: C'est exact.
M. Dufour: Donc, cela laisse supposer que, encore là, la
Société du port serait appelée à combler ces
montants. Est-ce que, d'après vos informations, la société
est capable de rencontrer ses obligations nonobstant que vous ayez dit que la
société pourrait être déficitaire pour les trois
prochaines années?
M. Mooijekind: C'est effectivement le cas. C'est la
Société du port qui a présenté un pro forma pour
les trois prochaines années sur une base déficitaire
régulière. Je pense que c'est uniquement la quatrième
année, selon les états financiers qu'elle a
présentés, que cela va devenir rentable. Je pense que l'emprunt,
tel qu'il a été fait, avec les surplus accumulés, nous en
sommes garants et nous avons emprunté le montant nécessaire qui
était conditionnel aux différents paliers.
Le Président (M, Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que le procureur de la société
pourrait expliciter un peu plus la question des conflits
d'intérêts par rapport à des élus et à des
administrateurs nommés? Est-ce que ces administrateurs ont un code de
déontologie dans le fonctionnement de leur société? Est-ce
qu'ils ont à prêter serment? Cela se fait beaucoup dans les
corporations. Dans certaines corporations où on veut garder la
confidentialité, on exige un certain code d'honneur ou autre, indiquant
qu'on ne peut pas divulguer ce qui s'y passe.
Le problème qu'on a dans l'immédiat, c'est que si c'est
vrai que les élus municipaux peuvent avoir des conflits
d'intérêts, des individus qui oeuvrent dans la municipalité
peuvent en avoir aussi. Ils pourraient avoir des conflits
d'intérêts beaucoup plus graves que seulement voter des sommes
d'argent. Ils pourraient profiter de renseignements privilégiés
pour poser des actes. C'est toujours des suppositions. Je voudrais que vous
m'expliquiez cela davantage. C'est vous qui avez soulevé la question des
conflits d'intérêts. J'aimerais que vous expliquiez un peu plus ce
que vous pensez des conflits d'intérêts.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Laurent.
M. Laurent: Aux termes de sa loi constitutive, la
société est, je le répète, une corporation
mandataire de la ville. Or suivant les règles du mandat, je m'adresse
ici à toute l'assemblée, les administrateurs de la corporation
doivent être intègres, impartiaux et loyaux envers la
Société du port de Valleyfield. Je ne crois pas qu'ils
prêtent serment, mais leurs obligations d'intégrité,
d'impartialité et de loyauté sont envers la
société.
En même temps, ils doivent être intègres, loyaux et
impartiaux envers la ville. Là, les élus prêtent serment,
je crois. Tout au moins, il y a une obligation morale et légale
d'être intègre, impartial et loyal envers la ville.
Dans une situation, comme celle que je vous ai expliquée
tantôt, de budget ou dans une situation où les deux organismes, la
ville et la Société du port, pourraient avoir des vues
différentes, où se situeront les élus qui doivent
être loyaux à deux entités? Ils seront dans une situation
difficile.
Deuxièmement, sur le plan de la confidentialité des
décisions, des propos, des textes, des documents, etc., qui sont mis de
l'avant, qui sont mis sur la table de la société, il y a un
devoir de confidentialité naturellement qui incombe à tout
administrateur de corporation. Comment le conseiller municipal élu
pourra-t-il se prémunir contre les risques de commettre une imprudence,
de commettre une indiscrétion qui ne serait pas de mauvaise foi, mais
qui pourrait être inopportune et causer des embarras à la
société? C'est une entreprise qui fait des affaires avec des
transporteurs, etc. Il y a une possibilité de danger et c'est ce que
j'ai soulevé.
D'ailleurs, pour répondre encore plus exactement, M. le
député de Jonquière, prenons les sociétés,
les corporations d'État du Québec, il y en a plusieurs. Souvent,
elles ont été créées - je ne veux pas faire de
philosophie - justement pour les mettre à l'écart du
gouvernement. Rien que leurs administrateurs soient nommés par le
gouvernement du Québec ou du Canada, les membres de ces
sociétés qardent leur autonomie. On a voulu démarquer ces
sociétés du gouvernement parce qu'elles sont en affaires. Je
pense à Hydro-Québec, à la SGF, à toutes ces
sociétés qui font des affaires et dont les administrateurs sont
garants de la confidentialité des décisions, des discussions et
de tout ce qui est mis de l'avant par ces sociétés.
Le Président (M. Saint Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je veux examiner la question du conflit
d'intérêts, parce que je pense que c'est important de le faire. Ce
que vous me dites, je le comprends bien, sauf que je pourrais vous dire, dans
un même souffle, que, par rapport à des conflits
d'intérêts, il se pourrait - c'est possible -qu'un administrateur
se présente à des élections municipales et profite de
toute l'information à laquelle il a eu accès pendant qu'il
était administrateur. Ce danger pourrait exister même en dehors.
Je ne vois pas -probablement pas plus que d'autres pourquoi des conflits
d'intérêts pourraient être aussi forts que cela. À
mon avis, ce n'est pas l'argument majeur qui empêcherait la formation de
cette corporation.
J'aurais peut-être une question à poser au ministre
concernant la corporation. Est-ce que vous avez eu un avis juridique concernant
la formation de la corporation, telle qu'elle nous est proposée? La
situation est la suivante: d'une part, il y a des élus et, d'autre part,
il y a des non-élus, selon ce qui est proposé par la ville de
Valleyfield.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Si l'Assemblée nationale adopte une loi
sanctionnant la présence de membres du conseil municipal à une
telle corporation, à ce moment-là, cela règle tous les
problèmes. Si, en vertu d'autres lois, cette présence pouvait
être remise en cause, interrogation, è partir du moment où
une loi
de l'Assemblée nationale dit que c'est comme cela, on ne pense
pas qu'il y aurait de problème.
M. Dufour: Le but de ma question est de souligner que cela
pourrait aussi ouvrir la porte à d'autres formes de corporations. Au
fond, le pouvoir d'administrer les biens d'une municipalité est
dévolu par le Parlement aux municipalités. Donc, c'est un pouvoir
délégué qui, normalement, ne peut pas être
délégué; il faut le faire par une loi. Regardons toutes
les formulations de corporations faites jusqu'à maintenant. Les
corporations intermunicipales de transport sont probablement le meilleur
exemple. Pour la plupart, elles sont composées d'élus seulement.
Donc, c'est un peu dans ce sens.
J'ai déjà entendu le président de la Commission
municipale, à un moment donné, s'élever contre le fait que
des élus pouvaient faire partie de corporations qui avaient des liens
avec une municipalité. Je n'ai pas lu tous ses écrits se
rapportant à cela, ni le fond de sa pensée par rapport à
cette action, mais je sais que le président de la Commission municipale
a déjà montré certaines réticences par rapport
à ce mixage d'élus et de non-élus dans les corporations.
Le procureur soulevait aussi tout à l'heure un peu la question du
conflit d'intérêts. C'est dans ce sens que je vous demandais si
vous aviez des informations que l'on n'a pas devant nous.
En continuant, j'ai l'impression que l'on a un problème de taille
du fait que, comme législateurs, on a à se prononcer sur un
projet de loi qui laisse un peu en suspens une possibilité de
subvention. Qu'elle soit appréhendée seulement, c'est
déjà une objection assez forte, à mon sens, pour
étudier le projet de loi d'une façon un peu plus
dégagée. Il me semble qu'on devrait au moins savoir ce qui est
écrit dans le contrat avant de pouvoir se prononcer clairement. Sans se
prononcer sur le fond de la loi, il me semble qu'on ferait preuve d'un peu de
légèreté si on adoptait cette loi-là article par
article au moment où on se parle, seulement après l'avoir
regardée superficiellement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je reconnais la sagesse du
député de l'Opposition. J'aimerais faire une proposition. Les
raisons en sont Ies suivantes. Étant donné qu'on n'a pas
prouvé, à moi et à ceux qui m'entourent ici, que la
subvention fédérale ne pourrait pas être remise en cause
advenant une modification dans la structure de la société, vu
aussi l'absence, pour des raisons sûrement très valables, de gens
qui auraient pu éclairer davantage la commission, étant
donné aussi que la ville conserve le pouvoir de modifier la composition
actuelle de la société, qu'elle pourrait nommer d'autres membres
si elle n'est pas satisfaite de la gestion actuelle, je proposerais qu'on
suspende l'étude du projet de loi pour consultation ultérieure.
Si jamais, sous peu -cela pourrait être dans les prochains jours ou dans
les prochaines semaines - on en venait à la conclusion que les
restrictions qu'on peut avoir sont levées, on pourrait reprendre
l'étude du projet de loi un peu plus tard.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'étude du projet de loi
219? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je serais peut-être d'accord pour suspendre
l'étude, mais peut-être pas pour aussi longtemps que le ministre
nous le propose parce que, dans mon esprit, on avait sûrement des
éléments pour nous permettre de nous prononcer sur la valeur ou
le bien-fondé de la loi. Sauf qu'il y a un élément
important qui, à mon sens, prédomine dans tout le plaidoyer qu'on
a entendu, c'est de savoir si la subvention du fédéral pourrait
vraiment être remise en cause en changeant la structure de la
société. J'aurais aimé que le ministre nous propose une
suspension d'une journée, de deux jours ou d'une semaine pour qu'on ait
tous les éléments. Effectivement, faire venir un projet de loi de
Valleyfield, il me semble que cela ne doit pas prendre beaucoup de temps, on ne
passe pas nécessairement par Quebecair pour aller plus vite, cela se
fait dans une journée en automobile et peut-être demain matin ou
cet après-midi, s'il était arrivé, ou ce soir, j'aurais
même été capable de faire un effort supplémentaire
pour l'étudier parce que cela ressemble à un enterrement de
première classe!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, serait-il possible de
s'enquérir auprès du ministère des Transports soit
fédéral ou provincial, de vérifier la problématique
de cette subvention et de reporter l'étude du projet de loi à (a
semaine prochaine, s'il y a lieu? Vous savez, M, le ministre, quand on
présente un projet de loi privé d'une municipalité, si on
manque notre coup à une session, c'est parfois reporté
très longtemps après. Je ne sais pas si vous pourriez faire
diligence. Je tiens à souligner que le député de
Beauharnois qui présente ce projet de loi est absent pour des raisons
économiques pour son comté de Beauharnois, en particulier pour la
ville de Valleyfield. Si vous pouviez reporter l'étude de ce projet de
loi à la semaine prochaine, je pense que cela serait
intéressant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je ne vois pas pourquoi on panique. Je n'ai pas dit
que le projet de loi était remis aux calendes grecques; j'ai
parlé des prochains jours ou des prochaines semaines. Cela peut
être les prochains jours, comme cela peut être les prochaines
semaines. Cela pourrait être la semaine prochaine si on constate que les
nuages qui planent au-dessus du projet de loi peuvent être
dissipés. Je suis avisé en dernière minute qu'il y a
même des doutes qui subsistent concernant la subvention du gouvernement
du Québec parce qu'on m'avise que, dans la convention avec la ville, on
allègue la subvention avec l'OCRI. Même le ministère des
Transports du Québec veut se donner le loisir de regarder à
nouveau la convention pour voir si, dans l'éventualité d'un
retrait de la subvention fédérale, il ne pourrait pas
également y avoir une remise en question de la convention avec la
ville.
Donc, tout cela fait en sorte qu'il m'apparaît que le projet de
loi est présenté prématurément. Nous allons faire
ces vérifications et, dans les prochains jours, on sera en mesure de
donner à la municipalité un point de vue un peu plus
éclairé sur la question.
Le Président (M. Saint-Roch): Consentement?
Une voix: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements suspend l'étude du projet
de loi 219, Loi concernant la cité de Salaberry-de-Valleyfield. Je
tiendrais, au nom de tous les membres de la commission, à vous
remercier, messieurs les intervenants et les membres de la municipalité
de Salaberry-de-Valleyfield. Je vous remercie.
M. Bissonnet: M. le Président, vous maintenez que
l'étude est en suspens.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui. Alors, la commission va
suspendre ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 31)
(Reprise à 11 h 46)
Projet de loi 248
Le Président (M. Richard): J'appelle le projet de loi 248,
Loi concernant la corporation municipale de la paroisse de
Saint-Élie-d'Orford, le parrain étant notre collègue, M.
Georges Vaillancourt, député d'Orford. M. Vaillancourt.
M. Vaillancourt: Merci, M-.le Président. Cela me fait
plaisir de souhaiter la plus cordiale des bienvenues au maire, M. Gingras, et
à son procureur. M. Gingras est maire de Saint-Élie-d'Orford
depuis bientôt neuf ans accomplis. Je tiens a vous dire qu'en ce qui
concerne l'erreur qui s'est glissée dans le temps, en 1976, M. Gingras
n'y était pas, ni l'équipe qui est là aujourd'hui, car M,
Gingras est maire depuis 1977.
Saint-Élie-d'Orford appartient au comté d'Orford depuis
1973 et j'ai l'honneur de le représenter depuis ce temps.
Saint-Élie-d'Orford est située à l'extrême nord du
comté d'Orford et a comme banlieue la ville de Sherbrooke!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Vaillancourt: M. le Président,
Saint-Élie-d'Orford comptait 2200 habitants en 1976. Aujourd'hui, sous
la gouverne de notre dynamique maire Ginqras, Saint-Élie a une
population d'environ 4000 habitants. Je tiens à le féliciter pour
l'administration de sa municipalité, car je peux vous dire que, depuis
qu'il est là, il a fait beaucoup de ménage. Je ne dis pas que
c'est dans le sens de mettre des personnes à pied, je veux dire dans
l'administration de sa municipalité.
C'est pour cette raison - il restait ce petit accrochage qu'il ne
pouvait pas réqler sur place - qu'il a décidé de se
présenter devant notre commission, la commission de l'aménagement
et des équipements aujourd'hui. Je tiens à vous dire que dans le
projet de loi 248 qui est présenté aujourd'hui on va certainement
légaliser une petite erreur qui s'est glissée en 1976 lors d'un
emprunt de 139 000 $.
Alors, je tiens à dire aux membres de la commission qu'il n'y a
aucun intervenant qui s'oppose à la légalisation de ce
règlement. Je demanderais que, pour les membres de la commission, M. le
maire ou son procureur explique ce projet de loi plus en détail.
Le Président (M. Richard): M. le maire.
M. Gingras (Richard): M. le Président, M. le ministre,
mesdames et messieurs. Je tiens à vous remercier de nous recevoir ce
matin en commission parlementaire afin de débattre de ce projet de loi
privé. Je tiens à remercier M. Vaillancourt de l'avoir
parrainé et d'avoir eu également des bonnes paroles à mon
endroit.
Sans plus tarder, j'inviterais le procureur de la municipalité de
Saint-Élie, Me Roland Veilleux, à vous faire un historique des
faits concernant ce projet de loi.
Le Président (M. Richard): Me Veilleux.
Exposé du procureur de la municipalité
M, Roland Veilleux
M. Veilleux (Roland): M. le Président, M. le ministre des
Affaires municipales, mesdames et messieurs les membres de la commission
parlementaire, M, le maire, mesdames et messieurs. J'ai préparé
un court historique des événements qui amènent la
corporation municipale de la paroisse de Saint-Élie-d'Orford à
s'adresser à l'Assemblée nationale afin d'obtenir d'elle
l'adoption d'un projet de loi d'intérêt privé visant un
règlement d'emprunt adopté en 1976.
Essentiellement, le projet de loi présentement à
l'étude vise à valider à toutes fins que de droit un
règlement d'emprunt adopté par Saint-Élie-d'Orford le 16
août 1976. Ce règlement voulait autoriser la municipalité
à construire en réqie un système d'aqueduc et
d'égout sanitaire et d'égouts pluviaux dans des rues connues
aujourd'hui comme étant les rues des Hirondelles, des Colibris et des
Geais. Il autorisait également à emprunter à cette fin une
somme de 139 000 $. Presque toute la procédure prescrite au Code
municipal et aux diverses lois connexes a été suivie pour la mise
en application du règlement, soit particulièrement un avis de
motion dûment donné le 14 juin 1976, l'adoption du
règlement 87A, adopté le 16 août 1976; le lendemain,
publication d'un avis public adressé aux
électeurs-propriétaires concernés les convoquant à
une assemblée d'approbation du règlement d'emprunt.
Effectivement, l'assemblée d'approbation du règlement d'emprunt a
été tenue le 8 septembre 1976 et les propriétaires
concernés n'ont pas fait valoir leur désaccord relativement
à ce projet de règlement. Par la suite, il y a eu un certificat
du secrétaire-trésorier de la municipalité de
l'époque - ce n'est plus le même aujourd'hui - attestant de tout
le processus d'adoption de ce règlement d'emprunt.
À la suite de ces étapes, le règlement d'emprunt
87A a été transmis aux autorités gouvernementales
concernées pour approbation définitive. Après un
échange de correspondance entre novembre 1976 et mai 1977, la
municipalité a constaté que la Commission municipale et le
ministre des Affaires municipales de l'époque ne voulaient pas approuver
le règlement. La difficulté résidait, selon une lettre
adressée à la municipalité par le secrétaire de la
Commission municipale le 13 mai 1977, dans le fait que les travaux et l'emprunt
visé au règlement 87A avaient entièrement
été effectués au moment où on demandait
l'autorisation.
À cette époque, les textes législatifs ne
prévoyaient pas spécifiquement que l'autorisation de la
Commission municipale et du ministre des Affaires municipales devait être
obtenue au préalable. Cependant, il existait une polémique en
jurisprudence et en doctrine à savoir si un règlement ou un
contrat qui devait être approuvé par les instances
supérieures pouvait l'être a posteriori.
En fait, le règlement 87A faisait suite à un premier
processus d'adoption d'un règlement d'emprunt enclenché en 1975,
soit le règlement 87. En effet, le 3 mars 1975, soit avant que les
travaux ne débutent et avant que l'emprunt ne soit effectué.
Saint-Elie-d'Orford avait adopté le règlement 87 ayant pour but
d'autoriser la municipalité à construire, toujours en
régie, le même système d'aqueduc et d'égout
sanitaire et pluvial sur les futures rues en question et ayant aussi pour but
d'autoriser la municipalité à emprunter les mêmes 139 000
$.
Pour une raison inconnue de tous il n'y eut à peu près
aucun suivi après l'adoption du règlement 87. Les seuls documents
existants ou découverts sont un avis public de consultation des
propriétaires concernés qui, selon toute apparence, a
été publié le 4 mars 1975 et une lettre du
ministère des Affaires municipales du 30 juillet 1975 demandant certains
renseignements additionnels. Ce sont les seuls documents qu'on a réussi
à découvrir concernant ce règlement 87. Alors, suivant les
dossiers municipaux, le règlement 87, dont l'objet était le
même que le règlement 87A, n'a pas été
approuvé par les électeurs propriétaires, par la
Commission municipale et par le ministre des Affaires municipales.
Toutefois, au cours de l'année 1975, les travaux
"autorisés" par ce règlement - le mot "autorisés", je
devrais le mettre entre guillemets puisque la légalité de
l'autorisation n'existait pas - ont été réalisés et
un emprunt a été contracté auprès de la Banque
Royale du Canada et ce, le 17 novembre 1975. Les sommes empruntées sur
billets, le 17 novembre 1975 ont été déboursées par
la Banque Royale du Canada. À la suite des procédures
avortées sur le règlement 87 et à la suite de la lettre
qu'adressait le secrétaire de la Commission municipale au
secrétaire-trésorier de Saint-Elie-d'Orford en 1977, aucune autre
mesure n'a été prise par l'ancienne administration
municipale.
En novembre 1977, une nouvelle administration municipale a
été appelée par les électeurs à diriger les
destinés de la municipalité. L'un des dossiers dont a
hérité la nouvelle administration municipale concernait le
règlement 87A. Le nouveau conseil a aussi hérité d'autres
dossiers complexes du même type dont particulièrement les
règlements 80 et 97, deux autres
règlements d'emprunt relatifs à la construction sur le
territoire de la municipalité de réseaux d'aqueduc et
d'éqout. Ces deux autres règlements d'emprunt comportaient
également des difficultés de nature juridique dans leur processus
d'adoption. C'est ce dont parlait, entre autres, M. le député
d'Orford concernant l'héritage des anciennes administrations.
De fait, Saint-Élie-d'Orford s'est vu signifier le 10 novembre
1980 une action pour le remboursement d'emprunts effectués auprès
de la Banque Royale du Canada et qui étaient relatifs à des
travaux de construction d'aqueduc et d'égout, en marge de ses
règlements 80, 87A et 97. La réclamation totalisait, au 9
novembre 1980, 1 011 214,29 $, soit 139 000 $ pour le règlement 87 ou
87A, 485 000 $ pour !e règlement 80 et 160 000 $ pour le
règlement 97. C'est uniquement au niveau du capital, la
différence étant les intérêts courus à ce
moment au 9 novembre 1980.
La nouvelle administration constatant les diverses
irrégularités survenues dans le passé,
particulièrement entre les années 1972 et 1976, décida de
contester la réclamation de la Banque Royale du Canada. Non seulement
décida-t-elle de contester cette réclamation, mais
également elle se porta demanderesse reconventionnelle pour
réclamer le remboursement de certaines sommes d'argent effectué
à l'égard des prêts consentis au cours des années.
Elle réclamait alors le remboursement de 187 543,46 $.
Essentiellement, la position des parties était la suivante.
D'abord, celle de la Banque Royale: les règlements d'emprunt et les
prêts consentis à Saint-Élie-d'Orford avaient
été faits en toute légalité; deuxièmement,
même si ces règlements et ces prêts n'avaient pas suivi le
processus légal prescrit, les prêts n'en étaient pas moins
légaux; troisièmement, même si tout le processus suivi
était illégal, Saint-Élie-d'Orford s'était enrichie
indûment au profit de la Banque Royale, de sorte que de toute
façon la banque avait le droit d'être indemnisée d'un
montant équivalent aux sommes avancées plus les
intérêts alors convenus dans les différents billets;
quatrièmement, si ces conventions de prêts sont nulles, à
tout le moins la Banque Royale a le droit d'être remboursée du
capital avancé par la banque à la municipalité, soit
à ce moment-là 784 000 $.
La position de Saint-Élie-d'Orford: Comme le processus prescrit
au Code municipal et aux lois connexes n'avait pas été suivi
quant à l'approbation des règlements, toutes les sommes
versées à la Banque Royale en raison des emprunts
contractés auprès d'elle avaient été
illégalement versées, de sorte que la municipalité avait
droit d'en être remboursée. D'autre part, les sommes
prétendument avancées par la Banque Royale n'avaient pas toutes
été avancées, d'où une analyse comptable fort
complexe.
À la suite des positions prises par les parties, l'enquête
a débuté dans le dossier et a duré plusieurs jours sans
qu'un jugement ne puisse intervenir. La cause a été
reportée pour continuation d'enquête et la cour a indiqué
aux parties d'examiner entre-temps la possibilité de s'entendre au moins
sur les chiffres. Par la suite, pour des raisons hors du contrôle des
parties, que ce soit la Banque Royale ou la municipalité de
Saint-Élie-d'Orford, le juge s'est récusé dans ce dossier
de sorte qu'il aurait fallu recommencer.
D'autre part, les parties, conscientes des difficultés à
surmonter, ont convenu d'examiner la possibilité d'un rèqlement
hors cours de tout litige les opposant l'une à l'autre. De fait, elles
ont conclu, le 18 octobre 1985, une transaction au sens du Code civil par
laquelle Saint-Élie-d'Orford paierait à la Banque Royale du
Canada, en règlement complet et final de toute la réclamation,
une somme de 335 000 $ échelonnée de la façon suivante:
200 000 $ ont été payés le 18 octobre 1985; 45 000 $ ont
été payés le 30 avril 1986 et deux autres versements rie
45 000 $ seront payés respectivement le 30 avril 1987 et le 30 avril
1988.
À ce moment, la municipalité avait dépensé,
pour toute cette aventure municipale et judiciaire, et ce à même
les fonds généraux de la municipalité, des sommes
considérables, soit au-delà de 70 000 $ pour des problèmes
qui ne concernaient que certains contribuables. En effet, chacun des
règlements litigieux concernait des améliorations locales dont le
coût devait, suivant ces règlements, être assumé par
les contribuables du secteur concerné. À la longue, il devenait
évident que l'ensemble des contribuables faisait les frais de
problèmes qui ne concernaient que certains d'entre eux.
Saint-Élie-d'Orford était consciente qu'elle avait
déjà dépensé au-delà de 70 000 $ pour une
cause qui n'avait, en fait, que débuté en première
instance et qui devait être reprise devant un autre juge. Elle
entrevoyait avec pessimisme les dépenses i encourir dans l'avenir pour
ce dossier pour avoir gain de cause, soit en première instance, en
appel, si ce n'est devant la Cour suprême. (12 heures)
La base du règlement à Saint-Élie-d'Orford
était la suivante. Saint-Élie-d'Orford a considéré
que les sommes avancées par la Banque Royale du Canada, à
l'égard du règlement 87A - celui dont on parle aujourd'hui -
pouvaient être dues, à tout le moins, en équité
puisque les travaux avaient été réalisés au profit
des contribuables concernés, que les sommes avaient
été
avancées et que les contribuables concernés, à
l'époque, étaient d'accord pour être taxés sur les
travaux à réaliser. D'autre part, certaines sommes
avancées par la Banque royale du Canada ne devaient pas, suivant la
municipalité, être remboursées puisque les contribuables
concernés n'avaient pas véritablement
bénéficié des travaux, particulièrement la somme
relative au règlement 97, d'où l'exclusion, dans le
règlement en cours, d'une somme totalisant un peu plus de 287 000 $.
Quant aux sommes supposément dues du chef du règlement 80,
totalisant 869 000 $, Saint-Élie-d'Orford considérait ne pas les
devoir puisqu'il s'agissait là de sommes avancées en sus d'un
premier règlement d'emprunt pour 1 000 000 $, le règlement 80.
Ce3 sommes avaient été avancées en raison de travaux
à réaliser en extra. Notons que le règlement 80 avait
été dûment autorisé par les instances
concernées, sauf évidemment les extras. Le litige concernait
véritablement les extras. Or, comme il s'agissait d'extras, la question
était très litigieuse, d'où la possibilité
d'envisager verser à la Banque Royale du Canada une somme qui pourrait
la satisfaire dans le cadre d'un règlement hors cour.
Il n'existait pas et il n'existe pas encore de précédent
jurisprudentiel sur les conséquences d'une nullité de convention
de prêt en raison du défaut d'avoir obtenu au préalable les
autorisations des instances supérieures. Il en existe évidemment
en matière de services professionnels ou en matière de contrat
d'exécution de travaux, par exemple, mais il n'existe pas, comme tel, de
précédent sur les prêts. Étant donné qu'il
s'agissait d'une convention nulle, la municipalité pouvait
peut-être envisager la possibilité de faire en sorte que les
parties soient replacées dans le même état d'avant la
convention, donc que la banque reprenne les sommes d'argent qu'elle a
avancées. Il y avait donc un danger au-delà de 800 000 $.
Considérant les frais juridiques importants qu'une pareille cause
pouvait impliquer, considérant que toutes les dépenses à
être assumées par la municipalité pour cette poursuite
judiciaire devaient être assumées par l'ensemble des contribuables
de la municipalité, considérant toutefois que ce litige ne
concernait véritablement que certains contribuables, soit ceux
visés par les trois règlements d'emprunt, considérant le
danger d'être condamné à une somme supérieure
à 335 000 $ et pouvant même atteindre 1 400 000 $ au 18 octobre
1985 -et, si la cause avait duré quelques années, ajoutons
toujours les intérêts évidemment -considérant que
les travaux relatifs aux règlements 87A et 80 avaient été
réalisés au profit des contribuables et considérant que
cette poursuite diminuait grandement la marge de manoeuvre financière de
la municipalité, il fut convenu d'offrir à la Banque Royale du
Canada, pour régler ce litige, 335 000 $. Ce règlement avait
l'avantage d'assurer à Saint-Êtie-d'Orford de contrer une
condamnation potentielle d'au-delà de 1 500 000 $ qui aurait dû
être assumée par l'ensemble des contribuables de la
municipalité. La municipalité considère alors qu'il avait
été suffisant de faire assumer à l'ensemble des
contribuables tous les frais de ce procès totalisant déjà
70 000 $.
Suivant l'échéancier prévu, ce règlement
hors cour au montant de 335 000 $ doit évidemment être
assumé par l'ensemble des contribuables de la municipalité.
Toutefois, est inclus dans cette somme de 335 000 $ le prêt de 139 000 $
relatif à la réalisation des travaux d'aqueduc visé par le
règlement 87A. Sur tout le territoire de la municipalité
où de tels services sont implantés, seuls les
propriétaires concernés en paient le coût. Comme la
légalité du règlement 87A est douteuse, comme les gens,
à l'époque, étaient d'accord pour assumer les
dépenses relatives aux travaux les concernant, il s'avère que la
municipalité a besoin d'avoir la certitude juridique que le
rèqlement 87A est valide et en viqueur. Cette assurance lui permettra de
valider les taxes perçues dans le passé du chef de ce
rèqlement et lui permettra à l'avenir, et ce jusqu'à la
fin du règlement d'emprunt, soit le 31 décembre 1995, de
continuer à percevoir les sommes concernées. Si
l'illégalité du processus suivi en 1976 devait être
reconnue par une cour de justice, cela impliquerait que l'ensemble des
contribuables de Saint-Élie-d'Orford devraient rembourser les sommes
perçues illégalement des contribuables concernés, soit
au-delà de 80 000 $ à ce jour, et devraient, à l'avenir,
assumer le solde du règlement d'emprunt. II y aurait là
inéquité fiscale pour ceux qui paient déjà pour
leur propre réseau et pour ceux qui ne sont pas desservis et qui
devraient payer pour un réseau dont ils ne bénéficient
pas.
Ne pourrait-on pas dire que le ministre des Affaires municipales devrait
aujourd'hui approuver le règlement adopté en 1976? N'eût
été de l'adoption du chapitre 38 des lois de 1984,
peut-être pourrions-nous prétendre que le ministre des Affaires
municipales et la Commission municipale auraient pu encore aujourd'hui
approuver a posteriori ce règlement. Mais il y a une difficulté
juridique qui nous apparaît insurmontable. L'article 317, deuxième
alinéa, du chapitre 38 des lois de 1984 prescrit que, si une partie
seulement des formalités relatives aux approbations des
règlements d'emprunt a été accomplie lorsque cette loi est
entrée en vigueur, la procédure d'approbation et d'adoption se
continue conformément à la nouvelle loi. Or, le texte
législatif d'aujourd'hui parle maintenant d'une approbation
préalable.
D'autre part, nous pourrions peut-être prétendre devant une
cour de justice que Saint-Élie-d'Orford bénéficie de
droits acquis de sorte que l'ancien processus d'approbation pourrait continuer
de s'appliquer, ou encore prétendre que seul l'article 1061 du Code
municipal s'applique aux cas d'espèce de sorte que l'autorisation
préalable dont parle l'article 14.1 actuel du Code municipal ne
s'applique pas et que seule l'autorisation du ministre prévue à
l'article 1061 du Code municipal est suffisante et qu'elle pourrait être
accordée a posteriori.
Toutefois, le ministre des Affaires municipales, par l'entremise de son
contentieux, a toujours considéré qu'il était
juridiquement impossible pour le ministre d'approuver a posteriori un
règlement d'emprunt. D'autre part, même si le ministre approuvait
aujourd'hui ce règlement, Saint-Élie-d'Orford n'aurait pas la
certitude juridique que cette approbation est légale tant qu'une cour de
justice n'aurait pas confirmé qu'effectivement il est possible
aujourd'hui d'approuver a posteriori ce règlement. Vous comprendrez que
Saint-Élie-d'Orford a beaucoup de réticences à faire face
à de nouvelles procédures judiciaires qui risquent d'être
fort longues et coûteuses sans qu'il n'y ait véritablement de
grandes chances de succès. De plus, un tel débat judiciaire
devrait se faire encore aux frais de l'ensemble des contribuables, ce qui, en
toute équité fiscale, ne saurait se justifier étant
donné que le problème ne concerne toujours que certains
contribuables. Finalement, une saine gestion veut qu'un tel imbroglio juridique
se clarifie dans les meilleurs délais. Dans les circonstances, le projet
de loi 248 représente la seule solution pratique pour régler
définitivement tout débat. Cette loi aura pour effet de dissiper
tout doute sur la légalité du règlement 87A et quant au
pouvoir de la municipalité de faire assumer par les contribuables
concernés les prêts relatifs à cet emprunt de 139 000 $ et
ce, jusqu'au terme prévu, soit le 31 décembre 1995.
Nous tenons à vous remercier de l'attention que vous avez
apportée à la requête de la corporation municipale de
Saint-Élie-d'Orford. Nous avons pleinement confiance que notre
requête recevra toute l'attention qu'elle mérite et sera
agréée par cette commission parlementaire et par
l'Assemblée nationale. Merci.
Le Président (M. Richard): Merci, Me Veilleux. Selon votre
exposé, il est heureux que la cause n'ait pas encore duré
quelques années, vous aviez tout à fait raison. M. le
ministre.
M. Bourbeau: Le procureur a décrit le projet de loi et
fait état des circonstances qui en ont amené le
dépôt avec tellement d'éloquence que je ne reprendrai
certainement pas l'historique qui a conduit à la situation qui
prévaut présentement. Je dirai simplement que ce projet de loi a
pour objet premièrement de valider le règlement 87A et les
travaux qu'il décrétait, deuxièmement de valider l'emprunt
contracté en 1975 et qui a servi à payer ces travaux,
troisièmement de valider le remboursement de cet emprunt à
même le fonds général et quatrièmement, la taxe
spéciale de secteur depuis le début de son imposition
jusqu'à ce que le produit de cette taxe ait servi à rembourser au
complet au fonds général de la municipalité l'argent
versé pour éteindre la dette auprès du prêteur. Il
est regrettable, bien sûr, que ce projet de loi soit nécessaire
parce que la municipalité n'a pas respecté les procédures
du Code municipal concernant l'adoption et l'approbation des règlements
d'emprunt. Cependant, compte tenu des circonstances en l'espèce et du
fait que les travaux décrétés par le règlement no
87A ont été réalisés et que les citoyens
concernés bénéficient de ces travaux et ont
été taxés en conséquence, je ne m'oppose pas
à ce projet de loi.
Le Président (M, Richard): Le porte-parole officiel de
l'Opposition, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: C'est toujours aqréable de rencontrer les
ex-collègues avec qui j'ai eu le plaisir de travailler dans le
passé et qui ont démontré, comme le disait le
député d'Orford, beaucoup de compétence et de bonne
volonté dans leur travail. La seule chose à laquelle je ne peux
pas concourrir, et je pourrais peut-être me faire l'interprète du
sous-ministre, c'est de dire que Sherbrooke est la banlieue de
Saint-Élie-d'Orford. J'ai l'impression que le sous-ministre a
sursauté sur sa chaise. Cela étant dit, j'aurais peut-être
une ou deux questions à poser. Je félicite aussi le procureur de
tout l'exposé qu'il a fait. Il connaît sûrement très
bien sa cause. C'est un bon plaideur, il connaît très bien le
problème auquel il a à faire face. Ma question est la suivante.
À Saint-Élie-d'Orford, est-ce que c'est toujours par emprunts par
billets que vous procédez ou était-ce seulement pour ce
billet-là-?
M. Gingras: La procédure dans ce temps se faisait beaucoup
par emprunts temporaires sur billets. Après cela, on faisait des ventes
d'obligations. Comme M. Vaillancourt l'a dit, lorsque je suis arrivé
là en 1977, il y avait pour 4 000 000 % d'emprunts temporaires qui
n'avaient pas été mis sur vente d'obligations, et beaucoup
d'autres problèmes.
M. Dufour: Donc, c'est seulement le règlement 87A qui fait
litige, et les gens qui ont payé par taxe spéciale dans le
passé vont continuer à le faire jusqu'en 1995.
M. Gingras: Dans le moment, ils paient depuis 1976 et vont
continuer à payer jusqu'en 1995, soit 3,46 $ le pied linéaire
pour des travaux d'infrastructure.
M. Dufour: J'ai bien compris ce que le procureur a dit, mais je
veux m'assurer de nouveau. Est-ce qu'il y a des procédures d'un
propriétaire quelconque ou de la municipalité, actuellement
devant la cour, concernant ce projet de règlement?
M. Veilleux: Effectivement, il n'y a aucune procédure
judiciaire. Lorsqu'on lit attentivement le projet de loi article par article,
on constate qu'il n'y a pas la clause qu'on retrouve très souvent dans
ces types de projet de loi et qui stipule que le projet de loi n'affecte pas
les causes pendantes ou les jugements intervenus. Cependant, pour rassurer la
commission, on pourrait peut-être ajouter un amendement pour comprendre
une clause semblable, pour s'assurer, évidemment, que personne en
particulier ne soit lésé dans l'hypothèse où,
évidemment, il y avait eu une poursuite judiciaire qui avait
été entreprise en remboursement, par exemple, des sommes
versées dans le passé, ou en nullité du règlement,
pour cette personne spécifique. Alors, on pourrait peut-être
ajouter un article 3.1, par exemple, qui pourrait se lire comme suit: "La
présente loi n'affecte pas une cause pendante, une décision ou un
jugement rendu" et je vous suggère le 26 juillet 1986, qui est la date
de publication à la Gazette officielle de ce projet de loi
d'intérêt privé.
M. Dufour: Étant donné que je n'ai plus d'autres
questions, je vous remercie et je ne proposerai pas l'amendement que vous avez
suggéré.
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous avez d'autres
commentaires, M. le ministre?
M, Bourbeau: Non, M. le Président. Si vous voulez, on
pourrait procéder à l'adoption.
Étude détaillée
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 1. Est-ce
que l'article 1, tel que libellé, est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Bourbeau: D'accord, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Richard): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2.
M. Bourbeau: L'article 2 fait en sorte que l'emprunt temporaire
prolongé, contracté illégalement avant l'adoption du
règlement 87A pour payer le coût des travaux, soit
réputé avoir été fait en vertu de ce
règlement. Le principal effet de cette disposition est de valider la
taxe spéciale prélevée en vertu du règlement avant
que l'emprunt ait été remboursé à l'institution
prêteuse. En effet, la taxe ne pouvait normalement être
prélevée avant l'émission des obligations, ce qui n'a,
bien sûr, jamais été fait. Alors, on serait d'accord, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): L'article 2 est adopté?
J'appelle l'article 3.
M. Bourbeau: L'article 3 a pour but de légaliser le
remboursement de l'emprunt de 139 000 $, effectué à même le
fonds général de la municipalité. Il oblige la corporation
à rembourser le fonds général d'une somme
équivalente et, pour ce faire, à imposer la taxe spéciale
décrétée dans le règlement 87A pour le reste de la
période de remboursement prévue dans ce règlement.
Il s'agit d'une mesure exceptionnelle, puisque, habituellement, le
remboursement d'un emprunt pour une municipalité régie par le
Code municipal est assuré par la taxe spéciale qui doit
être décrétée spécialement à cette
fin. Dans le cas présent, la taxe spéciale sert à
rembourser le fonds général. Si je ne m'oppose pas à cette
mesure, c'est que le problème à régler est lui-même
exceptionnel. De plus, les contribuables, par la taxe spéciale, paient
pour des travaux dont ils bénéficient réellement.
Le Président (M. Richard): Est-ce que c'est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Article 3, adopté.
J'appelle donc l'article 4.
M. Bourbeau: M. le Président, nous avons un papillon
à l'article 4. J'aurais ici une modification à apporter. M. le
Président, ce serait l'article 3.1 du projet de loi.
Le Président (M. Richard): C'est donc un nouvel article,
qui deviendrait l'article 3.1. (12 h 15)
M. Bourbeau: Oui, qui se lirait comme suit: Le projet de loi 248
est modifié par l'insertion, après l'article 3, de l'article
suivant: "3.1 La présente loi n'affecte pas une cause pendante, une
décision ou un jugement rendu le 26 juillet 1986". Je pense qu'on a
distribué le projet de modification.
M. Veilleux: Comme je le mentionnais précédemment,
cet article n'était pas inclus dans le projet que vous aviez
initialement à l'étude, purement et simplement parce qu'il n'y
avait pas de poursuite. Il n'y avait pas de cause pendante et il n'y avait pas
de jugement rendu concernant ce règlement. La seule chose qu'il y avait,
c'était le règlement hors cour intervenu entre la Banque Royale
et Saint-Élie-d'Orford qui règle tout le litige. Alors, c'est
tout simplement pour cela. Je ne l'avais pas prévu, parce qu'il n'y en
avait pas.
Évidemment, s'il y en avait eu, j'aurais soit indiqué
qu'il y a une cause pendante dans mon exposé, tout en indiquant à
la commission que, pour telle ou telle raison, il conviendrait qu'elle affecte
la cause pendante; ou encore, si je n'avais pas voulu ou la municipalité
n'avait pas voulu qu'elle affecte la cause pendante, je l'aurais indiqué
dans le projet de loi. C'est technique comme tel mais c'est parce que, dans les
faits, il n'y pas de cause pendante.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez vérifié cela au
greffe de la cour ce matin?
M. Veilleux: Évidemment, je me fonde sur les
exposés de ma cliente et j'ose espérer que s'il y avait eu une
cause pendante j'aurais été mandaté pour défendre
la municipalité dans un tel litige.
M. Vaillancourt: Je ne comprends rien dans cela; d'après
le ministre, il y en a et, d'après vous, le procureur, il n'y en a
pas.
M. Veilleux: Non, il m'a demandé si j'avais
vérifié au greffe ce matin. Je n'ai pas vérifié au
greffe de la Cour supérieure du district de Saint-François ou par
le biais du greffe informatisé pour savoir s'il y a quelque part dans la
province de Québec une cause pendante concernant la municipalité
de Saint-Élie-d'Orford. Mais, à tout événement, je
pourrais ajouter ceci: S'il y avait eu, par hypothèse, aujourd'hui ou
hier, dépôt d'une cause, évidemment, elle ferait suite au
26 juillet 1986.
Si une cause avait été déposée avant le 26
juillet 1986, à coup sûr, elle aurait été
signifiée â la municipalité, puisque le Code de
procédure civile prescrit qu'un bref doit être signifié
dans les 60 jours de l'émission. On pourrait faire annuler le bref qui
n'a pas été signifié dans le délai prescrit. Alors,
par hypothèse, si cela arrivait, je suis persuadé que la
municipalité me mandaterait pour faire casser un bref semblable et la
personne devrait reprendre ses procédures et le bref serait
postérieur à la date pertinente.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Bourbeau: En fait, c'est cela. On sait qu'il n'y a pas eu de
cause enregistrée jusqu'à récemment, mais il n'y a rien
qui dit qu'en date d'aujourd'hui ou d'hier quelqu'un n'aurait pas pu tenter
d'inscrire une cause. Â ce moment, si on n'avait pas la modification que
nous proposons, théoriquement, il pourrait y avoir une cause pendante en
date d'aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle on suggère la
modification.
M. Veilleux: Nous n'avons pas d'objection, à tout
événement.
Le Président (M. Richard): Avez-vous des commentaires, M.
le député de Jonquière?
M. Dufour: M. le ministre, le 26 juillet, est-ce que c'est la date de
publication à la Gazette officielle?
M. Bourbeau: Oui, à la Gazette officielle.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on considère
que l'article 3.1 est adopté''
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle
l'article 4.
M. Bourbeau: Cet article indique le moment de l'entrée en
vigueur de la loi, M. le Président. On est d'accord.
Le Président (M. Richard): Cela fonctionne. C'est donc
adopté. J'appelle le préambule.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté. Le
titre du projet de loi est-il considéré comme adopté? Le
titre est adopté. La renumérotation du projet de loi est-elle
adoptée aussi?
Des voix: Adopté.
M. Bourbeau: Adopté. Je vous en fais motion, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci. C'est donc
adopté. Le projet de loi 248 est adopté, tel
qu'amendé.
M. Veilleux: Merci, M. le Président et M. le ministre.
Le Président (M. Richard): Merci de votre présence.
Je suspens, quelques secondes
seulement, pour la paperasserie. (Suspension de la séance
à 12 h 20)
(Reprise à 12 h 23)
Projet de loi 258
Le Président (M. Richard): Nous passons maintenant
à l'étude du projet de loi 258, Loi concernant le village de
Saint-Gédéon. Le parrain du projet de loi est M. Jean Audet,
député de Beauce-Nord.
M. Audet: Merci, M. le Président. D'abord, vous me
permettrez dans un premier temps de souhaiter la bienvenue aux gens de
Saint-Gédéon, particulièrement à monsieur...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Beauce-Nord.
M. Audet: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Richard): II y a une petite erreur
technique. Il nous manque un vétéran. Nous l'attendrons quelques
secondes.
M. Audet: D'accord.
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît! On récapitule. C'est le député de
Beauce-Nord, le parrain du projet de loi 258, qui a la parole.
M. Audet: Merci, M. le Président. Dans un premier temps,
vous me permettrez de souhaiter la bienvenue à l'ancien maire de
Jonquière, M. Dufour, qui est de retour parmi nous, et
particulièrement aux gens de Saint-Gédéon de Beauce qui
sont ici ce matin. Il y a, entre autres, le maire, M. Paul-Eugène
Quirion, M. Alain Pelchat, secrétaire-trésorier, et les
procureurs, MM. Mercier et Gaston Quirion. Bienvenue à tous.
Je voudrais remercier mon collègue de Beauce-Sud pour la
confiance qu'il me porte pour proposer ce projet de loi d'intérêt
privé. C'est un plaisir pour moi de le faire. Évidemment, je ne
pourrai pas parler de Saint-Gédéon avec toute la vigueur qu'avait
mon collègue d'Orford pour la municipalité dans son comté,
parce que Saint-Gédéon de Beauce n'a pas le privilège de
faire partie du beau comté de Beauce-Nord.
Toutefois, je sais que Saint-Gédéon de Beauce est reconnue
de plus en plus dans toute la province pour le succès d'une de ses
entreprises qui est Canam-Manac. Je pense que chacun d'entre nous connaît
très bien cette entreprise. Saint-Gédéon de Beauce est une
municipalité du comté de Beauce-Sud. La population est de 2000
habitants. Je voudrais souligner aussi le travail du maire. Je pense que le
maire fait un bon travail puisqu'il est là depuis une bonne dizaine
d'années.
Le projet de loi qui nous préoccupe aujourd'hui vise à
valider l'imposition et le prélèvement par le village de
Saint-Gédéon d'une compensation qui a servi, notamment, à
rembourser les emprunts décrétés par les règlements
50 et 50A du village. Merci.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député. M. le maire.
M. Quirion (Paul-Eugène): M. le Président, M. le
ministre, ainsi que tous ceux qui font partie de la commission parlementaire.
Je tiens à vous remercier très sincèrement du soutien que
vous nous avez fourni afin de nous rendre ici, ce matin, pour examiner avec
vous le projet de loi 258.
Soyez assurés que cela a fait une plume de plus à notre
chapeau parce qu'on n'avait jamais vu cela. Je pense qu'il est impressionnant
de venir à une commission parlementaire. Je tiens donc à
rétiérer mes félicitations à tous ceux qui la
composent.
Je voudrais remercier particulièrement M. Jean Audet, qui est
député de Beauce-Nord. Comme il l'a si bien expliqué tout
à l'heure, il a bien voulu parrainer notre projet de loi avec
dévouement et jusqu'au bout. Je le remercie très
sincèrement. Je voudrais, avant de céder la parole,
présenter, à ma qauche, le secrétaire-trésorier, M.
Pierre-Alain Pelchat, et à ma droite, notre procureur, Me Gérard
Parent, auquel je cède la parole immédiatement sur le projet de
loi.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le maire. Me
Parent.
Exposé du procureur de la municipalité
M. Gérard Parent
M. Parent (Gérard): M. le Président, je serai
très brief car je sais que vous êtes surchargé. En janvier
1974 la corporation municipale de Saint-Gédéon adopte son
règlement no 50 pour la construction d'un réseau d'aqueduc et par
conséquent l'emprunt d'une somme de 410 000 $ pour le financement de la
construction. Mai 1974, adoption d'un règlement additionnel qui porte le
no 50A pour financer un coût excédentaire des travaux, alors un
emprunt additionnel de 168 000 $. Les deux règlements comportent un
article 11. Le règlement no 50, à son article 11 prévoit
une imposition sur tous les biens-fonds imposables le long du réseau et
le règlement no 50A prévoit une imposition sur tous les
biens-fonds imposables de la municipalité. Alors, la corporation, au
moment de préparer son rôle de perception, se retrouve devant une
situation ambiguë; il faudrait préparer deux rôles de
perception.
La corporation décide donc d'adopter un amendement à ces
deux règlements 50 et 50A qui, eux, avaient reçu toutes les
approbations appropriées et adopte un amendement à ces
règlements qui n'est pas numéroté et qui prévoit
l'imposition d'une compensation annuelle pour faire face aux coûts et, si
nécessaire, une taxe spéciale. Cet amendement-là ne
reçoit pas l'approbation du ministre et n'est pas non plus soumis
à l'approbation des électeurs. Cependant, chaque année
depuis 1975 la corporation municipale a prélevé une compensation
en se fondant sur des règlements qui ont été
adoptés annuellement et cette compensation prélevée
annuellement a servi à effectuer les remboursements des
règlements d'emprunt, tant en capital qu'en intérêt.
Tout va bien jusqu'en 1985, alors qu'elle reçoit d'un
contribuable un avis, à savoir que leur règlement ne serait pas
valable. Alors on se penche vivement sur le règlement et on constate les
vices qui existent au départ. Cela continue, et en 1985 on
régularise la situation pour l'avenir; donc, en 1986, il n'y a pas de
problème. Au début de 1986, la corporation municipale
reçoit une mise en demeure d'un contribuable qui demande remboursement.
La corporation municipale est confrontée avec un problème assez
épineux, parce que tous les citoyens ont le même droit. Elle
décide donc de convoquer une assemblée spéciale et le 12
juillet 1986 - vous allez retrouver à cette date-là la date de
rétroactivité de notre projet de loi - la corporation municipale
adopte deux résolutions, l'une décidant de demander l'adoption
d'un projet de loi pour régulariser la situation et une autre pour
mandater des procureurs afin de le faire. Les conseillers sont tous
présents et il y a un vote unanime sur ces deux résolutions.
Quelques jours plus tard un des conseillers donne sa démission et la
municipalité se voit signifier une action par six contribuables qui
réclament le remboursement des taxes; les uns pour l'année 1985
et une année avant et d'autre3 pour les années 1981 à 1985
en se basant sur l'article 2262 du Code civil qui prévoit une
rétroactivité de cinq ans pour le droit de se faire rembourser
des taxes payées par erreur ou par... Comme je vous l'ai dit, l'un des
conseillers a démissionné et a poursuivi la corporation
municipale avec cinq autres contribuables pendant la période qui a
précédé la présentation et après la
résolution adoptée par le conseil.
Le Président (M. Richard): Juste un instant, s'il vous
plaît.
M. Dufour: Questions de privilège. On a déjà
dépassé l'heure. Malheureusement, on ne pourra pas... Je sais que
c'est désagréable pour les gens qui présentent le projet
de loi, mais j'étais ici à 10 heures... Si je veux m'excuser, ce
sera de cette façon. J'aimerais que l'on continue les travaux
après. Beauce-Nord, ce n'est pas la fin du monde. Même si l'on
retarde ces gens, je ne pense pas que cela puisse les incommoder tant que cela.
Cela va leur donner l'occasion de manger au Parlementaire, probablement.
Une voix: Continuer après pour...
M. Dufour: Pour étudier le projet de loi. J'ai une
rencontre à 12 h 30. Après l'ordre de la Chambre, après
les affaires courantes, on reviendra.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Beauce-Nord, pour continuer après l'ordonnance que l'on avait
jusqu'à 12 h 30, cela prend le consentement unanime. Puisque nous
n'avons pas le consentement unanime, nous reportons donc les travaux
après la période de questions, cet après-midi, au
même endroit. Merci, à cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 42)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 258, Loi
concernant le village de Saint-Gédéon. A l'ajournement, nous en
étions aux remarques préliminaires de M. le maire. M. le maire,
je vous cède la parole.
M. Quirion (Paul-Eugène): Je vais donner la parole
à notre procureur, Me Gérard Parent, qui avait commencé
à vous expliquer notre projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Parent,
M. Parent (Gérard): M. le Président, je ne
répéterai pas ce que j'ai dit cet avant-midi, mais je vais quand
même faire un court résumé de l'exposé que je vous
ai fait.
La corporation municipale de Saint-Gédéon a perçu
des sommes d'argent au moyen d'une compensation pour des services, au lieu
d'une taxe spéciale, comme prévu à ses règlements.
Tous les contribuables de la corporation ont payé la compensation sans
contester de quelque façon que ce soit, de 1975 à 1985, alors que
l'irrégularité a été constatée et
corrigée pour l'avenir.
Le 12 juillet 1986, la corporation a adopté une résolution
demandant que la situation soit corriqée par un projet de loi. Autrement
dit, elle demandait la présentation d'une loi privée.
Le 21 août 1986, six citoyens se sont regroupés et ont
intenté une poursuite. Je pense que c'est important de le souligner
à cause de la date à laquelle on demande que la loi
rétroagisse. Ils ont intenté une action contre la corporation,
demandant le remboursement de taxes s'étendant des années 1981
à 1985 inclusivement. L'action allègue particulièrement,
au paragraphe 11 de la déclaration faite par les demandeurs, que l'aveu
de la corporation, dans sa résolution, constitue lui-même la base
de leurs procédures.
Je pense qu'il est peut-être important de vous lire cette
allégation parce que cela vous montre un peu dans quelle situation une
corporation publique est placée lorsqu'elle doit procéder par
résolution pour demander un projet de loi correctif d'une situation qui
est illégale. Le paragraphe 11 dit ceci: "La défenderesse areconnu par ailleurs que le mode de perception des taxes pour payer les
annuités des emprunts faits en vertu des règlements 50 et 50A
n'était pas celui prévu par le Code municipal et autres lois
régissant ladite corporation et que cette façon de
procéder était dérogatoire aux dispositions dudit code, le
tout tel qu'il appert plus amplement des deux résolutions
adoptées le 12 juillet 1986 et produites en liasses." En se basant sur
la décision de la corporation de demander un projet de loi pour
rectifier la situation, on poursuit la municipalité.
Ce que je vous soumets, c'est que la corporation n'a aucune
possibilité de publier sa décision à la Gazette
officielle avant d'adopter d'abord une résolution qui constitue sa
décision. Comme la corporation est un corps public et que sa
résolution est publique, qu'elle était connue des personnes qui
ont pris l'initiative de poursuivre et qu'elles basent même leur
poursuite sur cette décision, la corporation municipale demande à
cette Assemblée de faire rétroagir la loi à la date de sa
résolution, soit le 12 juillet 1986, afin d'éviter une situation
qui deviendrait inéquitable pour les autres contribuables qui, eux, ont
payé, en respectant la décision de la corporation municipale.
Il faut bien comprendre qu'à compter du 12 juillet tous les
contribuables étaient parfaitement au courant de la situation
d'illégalité et pouvaient prendre des procédures. Or,
parce que certains l'ont fait, peuvent-ils être avantagés?
À notre avis, le projet de loi devrait, s'il est accepté par
cette Assemblée, rétroagir à la date du 12 juillet, alors
que la publication à la Gazette officielle s'est faite le 13
septembre. C'est un peu la situation particulière que l'on vous demande
de ratifier par votre décision, si jamais vous accordez le projet de loi
à la corporation. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires? Non? Alors j'appelle maintenant messieurs les
intervenants, Marcel Deblois, accompagné de M. Jean-Claude Mercier et de
M. Gaston Quirion.
Alors, pour les besoins du Journal des débats, auriez-vous
l'amabilité de vous identifier, s'il vous plaît?
M. Deblois (Marcel): Marcel Deblois, procureur des
intervenants.
M. Mercier (Jean-Claude): Jean-Claude Mercier,
Saint-Gédéon de Beauce-Sud.
M. Quirion (Gaston): Gaston Quirion.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. M. Deblois?
Exposé du procureur des intervenants
M. Marcel Deblois
M. Deblois: Merci. Pour résumer les faits, d'abord je veux
déposer le mémoire que nous avons préparé. Je ne le
lirai pas au complet, mais vous pourrez en prendre connaissance et surtout vous
référer aux annexes.
Pour résumer la situation présente, il faut bien
comprendre que d'abord le règlement no 50 a été
adopté...
Le Président (M. Saint-Roch): M. Deblois, je vais me
permettre de vous arrêter à ce moment-ci et je vais autoriser la
distribution du document que vous avez en votre possession.
M. le secrétaire, si vous voulez procéder?
M. Deblois, vous pouvez continuer.
M. Deblois: Alors, au tout début, le règlement no
50 a été adopté par la corporation municipale. Ce
règlement concerne un emprunt de 410 000 $ pour l'exécution de
travaux d'eau et d'égout. Spécifiquement, au paragraphe 11, il
est prévu qu'il sera prélevé sur tous les biens-fonds
imposables le long du réseau... Déjà, au règlement
50, il y a une restriction qui s'applique aux contribuables dont les
biens-fonds sont situés le long du réseau en question.
Déjà là il y a une limite quant aux personnes à qui
on peut demander un paiement de taxes.
Quelques mois plus tard, dans un règlement additionnel, le
règlement no 50A, on change la portée de la restriction qu'il y
avait antérieurement quant aux contribuables qui doivent payer les taxes
imposées. Au paragraphe 11 du règlement 50A on dit: II est par le
présent règlement imposé et il sera prélevé,
chaque année, sur tous les
biens-fonds imposables situés dans la municipalité...
À ce moment, on partait d'un groupe restrictif par rapport au
règlement 50 et on élargissait â l'ensemble des
citoyens-propriétaires l'application du mode de paiement de ces
emprunts. En réalité, dans les faits, cela ne s'est pas
passé comme cela. Ces règlements n'ont jamais été
appliqués quant au mode de perception des sommes d'argent. Qu'est-ce
qu'on a fait quelques mois plus tard? Le 3 février 1975, on a
adopté un règlement qui changeait le mode de perception ou le
mode d'imposition des règlements 50 et 50A. Au règlement du 3
février 1975, on dit maintenant: II est par le présent
règlement imposé et il sera prélevé de tous les
usagers de ces services... Alors, on vient encore de changer dans un
troisième temps les personnes qui doivent payer et de qui doivent
être prélevées des sommes d'argent. Dès cette
période de 1975, il est bien évident que les usagers
étaient encore plus limités que dans les deux autres cas. On
restreignait le nombre de personnes qui devaient payer des sommes d'argent. Le
nombre de personnes étant plus petit, les sommes d'argent étaient
plus élevées à payer. Déjè là il y a
tout de suite eu contestation de ce mode d'imposition. Je vous dis que cela a
commencé tout de suite parce que c'est bien évident que les
personnes qui devaient payer se sont aperçues qu'elles étaient en
moins grand nombre.
Au cours des années, il est vrai que tout le monde a payé.
On disait aux contribuables que c'était la loi. En 1982, des conseillers
nouveaux arrivaient au conseil municipal; on a découvert ce fait et on
demandait toujours en vertu de quelle loi ou de quel mode d'imposition on
taxait de façon arbitraire. La taxation était arbitraire puisque
non imposée selon un rôle d'évaluation. Cela a toujours
été refusé. On disait toujours que c'étaient les
règlements 50 et 50A, jusqu'à ce qu'un conseiller, de sa propre
initiative et de l'initiative de son avocat, découvre finalement qu'il y
avait un règlement en date du 3 février 1975.
Ce règlement du 3 février 1975, il a été
découvert encore par le procureur à l'époque, que ce
règlement ne satisfaisait pas aux exigences du Code municipal. En fait,
ce règlement du 3 février 1975 n'avait jamais été
autorisé ou sanctionné par le ministre des Affaires municipales.
Ce qui fait, naturellement, l'imbroglio d'aujourd'hui, c'est que pendant dix
ans on a taxé d'après un règlement illégal. Le
règlement du 3 février 1975 est illégal, c'est reconnu par
tout le monde. Les personnes qui administraient, à ce moment, le
savaient pertinemment. Pour l'adoption des règlements 50 et 50A, elles
avaient procédé selon un processus judiciaire ou administratif
reconnu, mais elles ne l'ont pas fait pour le règlement du 13
février; elles n'ont pas rendu publique la décision de la
Commission municipale du Québec de ne pas entériner ce
règlement.
Les intervenants sont cependant conscients qu'il peut y avoir un
imbroglio juridique quant à l'application de tous ces règlements,
dont un est illégal. Ce n'est pas l'intention des intervenants de
s'opposer à ce projet de loi privé. Cependant, nous avons des
amendements à apporter au projet de loi.
Il faudrait d'abord, au paragraphe 1 du projet de loi, pour lui donner
un sens juridique véritable et pour corriger la lacune du faux
règlement de février 1975, faire référence à
ce règlement. Alors, ce que nous vous suggérons au paragraphe 1,
c'est de dire: la compensation imposée et prélevée "en
vertu du règlement du 3 février 1975". Il faudrait
préciser cela parce que cela a toujours été fait dans les
faits et en droit. Depuis douze ans, cela a toujours été
imposé en vertu du règlement du 3 février 1975. Alors,
pour bonifier l'état de fait créé depuis douze ans, il
faudrait au moins en faire allusion à ce règlement, puisque c'est
sur ce règlement qu'était basée la perception des sommes,
la compensation imposée et prélevée. À tout le
moins, il faut rendre légal le règlement de 1975.
Quant à l'article 2 du projet de loi, nous avons encore des
amendements à y apporter. L'amendement porte sur la
rétroactivité que l'on veut donner au projet de loi. Il est bien
évident qu'une résolution dressée par un conseil - on fait
allusion à la résolution du 12 juillet 1986 qui demande de
présenter un projet de loi privé - ne crée pas de droit en
soi. Ce n'est pas une résolution qui crée un droit.
D'ailleurs, pourquoi y a-t-il des avis publics dans les journaux et
pourquoi y a-t-il publication à la Gazette officielle? C'est
justement pour faire connaître un projet de loi et permettre à des
intervenants de se présentés et de faire valoir leurs droits ou,
è tout le moins, constester. Quant à l'avis de publication dans
les journaux, il ne contient pas cet article 2 qui, à notre avis, est
très important. Alors, le 12 juillet ne réfère à
aucun droit acquis ou perdu juridiquement. Le processus législatif ne
peut pas intervenir dans le processus judiciaire.
Dès le 25 août - je vais préciser parce que Me
Parent a dit le 21 août 1986, c'est la date de la déclaration,
mais le timbre judiciaire de la cour est en date du 25 août 1986 - six
contribuables ont déposé auprès de la Cour provinciale du
district de Beauce une action en réclamation des sommes payées au
cours des cinq dernières années, en alléguant
l'illégalité du règlement. Alors, nous prétendons -
ce que la charte québécoise prévoit, ce que l'article 12
de la Loi d'interprétation prévoit, ce que le juge Pigeon nous
enseigne dans son Traité de rédaction et d'interprétation
des lois - que la
loi ne peut pas être rétroactive à des droits acquis
par le processus judiciaire. L'article 12 de la Loi d'interprétation
précise même qu'une loi abrogée - on parle d'une loi
abrogée, ce qui est encore plus important que dans le cas actuel - ne
peut pas affecter des droits judiciaires de causes pendantes devant les
tribunaux. A fortiori, une loi ne peut pas être rétroactive par un
amendement ou une bonification, comme dans notre cas.
Nous alléguons que l'article 2 doit être amendé de
façon que la lecture se fasse ainsi. D'abord, je dois préciser
que le 12 juillet il n'y avait pas de cause pendante, il n'y avait pas de
décision ou de jugement rendu. Cela ne nous donne rien d'écrire
cela puisque cela n'existait pas. Si l'on veut donner une portée
à la loi - parce que la loi doit dire quelque chose, il faut qu'elle ait
un sens - il faudrait plutôt lire: La présente loi n'affecte pas
une cause pendante, une décision ou un jugement rendu le 26 août
1986. C'est essentiel. Je veux simplement répéter une
dernière fois que le pouvoir législatif ne peut pas intervenir
dans un processus judiciaire de façon rétroactive, alors qu'une
cause est déjà pendante.
Quant au mode choisi par la municipalité, je veux simplement
terminer en rappelant une directive de M. le ministre André Bourbeau, du
4 septembre 1986, adressée aux maires des municipalités, qui
rappelait ceci: Quant aux demandes de projets de loi privés visant
à régulariser des situations illégales, il peut être
parfois nécessaire d'y avoir recours. Je tiens toutefois à vous
souligner ma réticence à ratifier après coup des gestes
illégaux et je vous invite à appliquer les lois dans leur
intégralité.
Ce que je comprends du point de vue du ministre, sans
l'interpréter, c'est qu'on ne peut pas bonifier des actes
illégaux qui ont perduré pendant des années en se
présentant devant le Parlement, devant l'Assemblée nationale pour
dire: rétroactivement, bonifiez tous les actes illégaux que l'on
connaissait, mais que l'on a appliqués quand même. (16 heures)
Nous serons disponibles pour des questions. Nous vous remercions.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Deblois. Pour la bonne marche de nos travaux, avant de passer à M. le
ministre j'aimerais, si possible, que deux des intervenants puissent rester et
que deux membres de la municipalité se joignent à nous. On
pourrait poursuivre nos travaux dans l'ordre. Merci. M. le ministre.
Période de questions
M. Bourbeau: M. le Président, je dois dire que dans ce
cas-ci les faits sont assez clairs. On a une situation où, bien
sûr, un conseil municipal a erré dans la façon de
prévoir le remboursement des travaux qui ont été
effectués. Le ministre des Affaires municipales a toujours une
réticence, je l'ai écrit et je le dis toujours, à venir
par la suite réparer des situations qui ne sont pas parfaitement
légales, sauf qu'il y a des cas où il faut le faire puisque, si
on ne le fait pas, on continue à perpétuer une situation
extrêmement ambiguë et parfois dangereuse pour l'équilibre
des finances de la municipalité concernée. Ce cas-ci est un de
ces cas où on nous demande de valider rétroactivement une
situation de fait. Nous avons jugé qu'il fallait le faire dans ce
cas-ci. Le seul point d'interrogation est la question de la
rétroactivité. Est-ce qu'on va faire en sorte que le projet de
loi prenne effet à compter du 12 juillet, date où la
municipalité a fait connaître son intention de s'adresser a la
Législature pour corriger la situation, ou est-ce qu'on va
considérer le projet de loi à une date subséquente? Je
n'ai pas de question à poser aux gens qui sont ici. Je pense que le
problème est posé et c'est aux membres de la commission de
décider, article par article, comment on va traiter l'article 2. J'ai
l'intention tout à l'heure, quand on sera à l'article 2, de faire
connaître la position gouvernementale.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Si on reqarde l'argumentation qui nous a
été présentée concernant le projet de loi, il
semblerait d'abord qu'il y a un règlement qui dit que la taxe est
prélevée sur l'ensemble des biens-fonds des contribuables,
l'autre règlement dit qu'on devra avoir une taxe spéciale et le
conseil a décidé qu'il y avait une taxe spéciale. Il avait
levé une taxe spéciale, il avait imposé une taxe de
secteur pour payer l'ensemble des deux règlements.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Parent.
M. Parent (Gérard): Avec votre permission, M. le
Président, je voudrais préciser que ce n'est pas tout à
fait cela. Le règlement 50 prévoyait l'imposition d'une taxe
spéciale sur tous les biens-fonds le long du réseau. Le
règlement 50A prévoyait une taxe spéciale sur tous les
biens-fonds imposables de la municipalité. Cela créait un
imbroglio, parce qu'il s'agissait de deux règlements
complémentaires. La corporation municipale a adopté un autre
règlement, qui n'en est pas un, parce qu'il n'a jamais reçu les
approbations requises. Ce projet, si on peut l'appeler ainsi, prévoyait
le prélèvement d'une compensation. Alors, la compensation est
là, si on veut, pour financer le coût du
service de l'administration, etc. S'il y a des surplus,
évidemment, cela va, mais, c'est en excédent, habituellement, de
la taxe spéciale. Alors, dans le cas actuel, on n'a pas
prélevé de taxe spéciale telle que prévue aux
règlements 50 et 50A. On a prélevé une compensation qui a
été suffisante, cependant, pour honorer les obligations. La
compensation a été prélevée des usagers. Je ne sais
pas si je me suis bien exprimé ou bien expliqué. Alors, il n'y a
pas eu de taxe spéciale.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Si je me fie aux annexes qu'on a devant nous, la
Commission municipale du Québec a siégé à
Saint-Gédéon le 13 novembre 1982.
Une voix: Oui.
M. Dufour: C'est bien cela? C'est plus tard que cela qu'elle a
siégé, la commission. Un instant! C'est le 11 février
1983. Elle a siégé en 1983 et la décision a
été rendue en 1983. C'est cela?
Une voix: Oui.
M. Dufour: Cette décision de la Commission municipale
concernait... Est-ce que cela concernait... On parlait des règlements 50
et 50A à ce moment. II y a quelque chose dans cela et la Commission
municipale n'a pas voulu se prononcer, si j'ai bien compris.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Deblois.
M. Deblois Merci. À ce moment, la corporation avait
demandé à la Commission municipale, parce qu'on avait
constaté l'imbroglio, une taxe spéciale au pied linéaire.
On avait encore changé de mode de perception et la Commission municipale
a refusé ce nouveau mode.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Si j'ai bien compris, M. le Président, il y
avait les deux règlements 50 et 50A qui sont venus devant la Commission
municipale.
M. Deblois: Oui.
M. Dufour: Au sujet de ces deux règlements et de la
Commission municipale... Je vois des signes négatifs à des
places. Je ne sais pas si ce sont des gens qui veulent me donner des
informations, je suis bien prêt à les prendre. Que ce soit une
partie ou l'autre, remarquez bien, je veux juste essayer de
m'éctairer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, je vais reconnaître, dans un premier temps, M. le
maire Quirion, et dans un deuxième temps, M. Gaston Quirion, comme
intervenant, M. le maire Quirion.
M. Quirion (Paul-Eugène): Je voudrais tout d'abord, M. le
Président, vous apporter un peu plus d'éclaircissement sur la
situation, parce qu'elle me semble un peu ambiguë. Quand les
règlements ont été décrétés pour
payer la dette... II s'agit d'un réseau d'aqueduc ainsi que d'un
réservoir qui a été mis en marche en 1974, ou fin 1974,
début 1975. Le règlement 50 devait suffire pour faire
entièrement tous les travaux. Mais en cours de route, selon les
évaluations, les chiffres ont changé et c'est là que le
règlement 50A est venu s'ajouter. Je pense que c'est très clair;
il y a eu deux rèqlements qui concernaient la même dépense
pour régler les problèmes d'eau à
Saint-Gédéon. Le règlement 50 - je n'étais pas
maire dans le temps - faisait que seulement ceux situés le long du
réseau étaient assujettis à payer la dette. Quand on s'est
réveillé au conseil, à l'hôtel de ville, et qu'on a
vu que seules 25 à 30 personnes avaient à payer 410 000 $, on
s'est dit: C'est impossible de faire cela. On ne peut pas faire cela, cela
crée des préjudices épouvantables pour ces personnes. Le
règlement 50A, encore avant que je ne sois là, a au moins
été fait sur l'ensemble de tous les biens imposables. Cela avait
déjà plus d'allure. On a modifié les articles 11 parce
qu'on était mal à l'aise avec cela. Je vous avoue franchement et
honnêtement que quand je suis devenu maire, la première
année, je ne savais pas ce que je sais aujourd'hui. Si nous avons fait
fausse route, ce n'est pas de mauvaise foi. On a fait du mieux qu'on pouvait,
en bon père de famille. Ce n'est pas en 1985, c'est en 1982 qu'on s'est
aperçu qu'on faisait fausse route. Là nous avons commencé
à faire des démarches au pied linéaire, comme cela a
été dit tout à l'heure par M. l'avocat Deblois. Un
règlement a été présenté, il y a eu des
intervenants, la Commission municipale est venue siéger chez nous et
elle l'a renversé. Ils ont dit qu'ils ne pouvaient pas l'accepter. Nous
avons continué à faire des démarches parce que nous
savions que nous n'étions pas dans la légalité, que le
Code municipal ne nous permettait pas de payer une dette par une taxe de
compensation. Nous avons continué nos démarches. Nous avons
retenu les services d'un bureau d'avocats à Québec. Nous avons
descendu nos documents, rèqlements, etc., que nous leur avons
présentés. Nous leur avons dit: Trouvez-nous la solution la plus
propice, la plus juste pour tous les
contribuables. C'est là que nous sommes arrivés en 1985
avec le règlement pour l'évaluation. Depuis ce temps, en 1986
nous avons fonctionné en bonne et due forme. C'est un règlement
qui a été adopté ici à l'Assemblée
nationale, et nous avons fonctionné ainsi depuis ce moment.
Le Président (M. Saînt-Roch): Je vous remercie, M.
le maire.
M. Dufour: J'ai une question à poser a M. le maire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: En 1983, est-ce que vous étiez maire de
Saint-Gédéon?
M. Quirion (Paul-Eugène): Oui.
M. Dufour: À la page 2 du texte de la Commission
municipale je lis: "La Commission municipale du Québec avait suspendu sa
décision pour permettre à la municipalité de consulter son
avocat. Cette dernière a choisi de ne pas le faire." C'est après
cela qu'on a la sentence. "La Commission municipale du Québec ne peut
pas accorder son approbation au règlement 100-82 de la corporation du
village de Saint-Gédéon de Beauce." À ce moment-là,
le jugement de la Commission municipale vous avait dit... J'ai bien
l'impression, je sais à peu près comment ils travaillent.
D'ailleurs je pense qu'on a ici un honorable membre de la commission, non? Il
lui ressemble. Il pourrait y en avoir un. Je pourrais peut-être le
nommer. Je sais que M. le ministre est très large dans ses
interprétations ou dans ses décisions.
Une voix: II a les connaissances suffisantes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Voilàî Espérons-le. Les membres de
la Commission municipale, dans ces règlements, sont très
particuliers et méticuleux et j'ai déjà eu connaissance
que, lorsqu'ils siègent sur des questions semblables, ils prennent
beaucoup de précautions. La Commission municipale dit qu'elle ne veut
pas accorder son approbation. Elle vous avait conseillé de consulter
votre conseiller juridique.
M. Quirion (Paul-Eugène): Exactement. Et cela a
été soumis au conseil municipal et nous, comme nous avions fait
le processus pour un règlement au pied linéaire et qu'on
demandait à la commission de juger, je pense que, s'il y avait de
l'information à prendre, c'était à la Commission
municipale de prendre les informations voulues avec tous les documents qu'ils
possédaient avant de rendre le jugement. Et ils l'ont rendu le jugement.
Nous, nous avons pensé que ce n'était pas à nous de leur
donner la réponse. Notre conseiller juridique nous a dit que la
commission devait rendre un jugement et elle l'a rendu.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Peut-être en consultant, M. le maire... À
partir de la décision le 11 février 1983 - nous sommes au 27
novembre 1986 - il y a une période de trois ans. Dans cette
période de temps, qu'est-ce qu'il s'est passé au juste? À
ce moment-là, j'imagine que les gens en ont pris de plus en plus
connaissance. Cela a dû se faire publiquement, parce que
Saint-Gédéon, c'est une place...
M. Quirion (Paul-Eugène): Oui, nos assemblées sont
même télévisées.
M. Dufour: Donc, il y a une bonne information, qui circule. Les
gens autour de cela devaient être très attentifs. Ils devaient
faire des pressions pour connaître ce qui se passe dans un conseil
municipal. Alors, ce que vous avez vu par rapport à cela, vous
étiez là...
M. Guirion (Paul-Eugène): Nous, le sens qu'on a vu, c'est
qu'on a dit: On va se mettre en loi le plus rapidement possible. Après
que la taxe au pied linéaire fut refusée par le jugement
apporté par la Commission municipale, on a transporté tous nos
papiers à notre firme d'avocats et on a dit: Analysez-nous une situation
favorable, tout en étant légale. Et c'est en 1984 qu'on a
commencé le processus et le règlement, on l'a adopté au
cours de 1985. Il a été adopté ici par le ministre
à la commission municipale et après cela on a imposé, en
1986, tout le monde sur le même pied, à l'évaluation. Donc,
nous sommes en loi pour 1986.
Le processus de temps a été pour trouver la position la
plus adéquate pour l'ensemble des contribuables de
Saint-Gédéon.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le maire. M.
Mercier.
M. Mercier: Oui, si vous permettez, je vous remercie, M. le
Président. J'ai été échevin de 1981 à 1985
et, si vous me donnez quelques minutes, je reprendrais au début. M. le
maire affirme que les règlements 50 et 50A ont été
adoptés en 1974. Je crois qu'il était présent, il
était échevin, donc, il était au courant de la
légalité, etc.
Le 3 février 1975 lors de la résolution - je l'appelle
ainsi parce qu'elle n'a jamais été adoptée par les
Affaires municipales -M. Quirion était maire, donc, il était au
courant de la loi. Sûrement, à ce moment on dérogeait, on
ne voulait pas accepter cette résolution. Puis, en 1981, je suis
arrivé comme échevin et je me posais la question suivante:
Dois-je aller là, cela fait six ans qu'on fait payer la dette par
l'usager? Je lisais dans le code, je ne trouvais pas ce mode de taxation.
Alors, j'en arrive à demander pourquoi on n'applique pas les
règlements 50 et 50A à la table du conseil. On me dits C'est
parfaitement légal, le secrétaire est ici, en 1975, on a fait
venir un vérificateur des Affaires municipales. Tout est légal
dans notre municipalité. (16 h 15)
Je ne connaissais pas le règlement fantôme et je ne savais
pas que la résolution du 3 février 1975 existait. Tout
était légal. Dans le Code municipal, je ne trouvais pas le mode
de taxation pour payer une dette, un règlement d'emprunt. Je ne trouvais
pas cela. Seul l'usager doit la payer. J'ai essayé d'implanter le pied
linéaire à la commission et on l'a refusé tout
simplement.
À la suite de cela, j'ai recommandé au conseil, et j'ai
continué en 1983 en disant: On va écrire au ministère des
Affaires municipales comme quoi on n'applique pas encore les règlements
50 et 50A. Ils sont légaux. On ne les applique pas. J'ai dit: Est-ce que
vous me donnez la permission... Il y a une résolution en annexe de notre
mémoire disant qu'on va informer la population des trois modes de
taxation qui existent. Ensuite, on fera un référendum et on
n'aura pas besoin de se battre et de dépenser des 5000 $ et des 10 000
$. La population décidera quel mode elle veut. La résolution fait
partie des annexes. On me dit oui et je le fais annoncer durant trois semaines.
À la veille de faire la présentation sur notre
télévision communautaire, on m'appelle à l'hôtel de
ville, le conseil au complet, avec un contribuable X: Si tu fais ton
émission... Nous cherchions de l'eau près de la rivière.
On ne trouve pas d'eau. On doit aller chez ce contribuable X. Tu prives la
population d'eau à Saint-Gédéon si tu fais ton
émission. J'ai dit: Laissez-moi 30 secondes. Il y a des limites. Je n'ai
pas fait mon émission. La population n'a pas pu être
informée sur les trois modes. Le lundi matin, on continuait à
chercher de l'eau au même endroit. J'étais encore échevin
et j'ai dit: II y a des limites, il ne reste plus qu'un moyen. J'envoie une
lettre et je ne paie plus dans l'illégalité en 1985. Si je
n'avais pas fait cela, je crois qu'on serait encore dans
l'illégalité. Là, on ne pouvait rien me faire. C'est
pourquoi nous sommes ici aujourd'hui.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Deblois.
M. Deblois: II y a d'autres contribuables qui n'ont pas
payé leurs taxes pour trouver une solution. Alors, à la question
de M. le député de Jonquière, lorsque vous nous avez
demandé tout à l'heure si la population était au courant
s'il y avait eu des actes de posés, oui, il y avait eu des actes. Les
personnes avaient arrêté de payer leurs taxes. C'est pour cela que
ce projet de loi est ici parce que des personnes refusaient de payer sur un
règlement illégal. C'est cela qui s'est passé.
Simplement pour revenir sur la rétroactivité, je veux vous
préciser que les sommes en jeu devant la Cour provinciale totalisent la
somme de 8200 $, ce qui ne représente pas un montant qui pourrait
créer une situation d'impasse auprès de la corporation.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Mercier.
M. Mercier: Je vous remercie. L'avocat Dion, si je ne me trompe
pas, affirmait auparavant dans sa déclaration qu'il n'y avait pas eu de
contestation. Le 25 février - c'est encore dans les annexes - il y a
environ 130 contribuables qui sont venus déposer à la table de
notre conseil: On n'en veut plus de cela. Faites un référendum,
faites quelque chose. Le 25 février 1975. Un mois avant ma petite
émission que je n'ai pu faire - c'est dans les annexes, cela a
été déposé à notre table du conseil - car on
m'a empêché de faire l'émission, il restait seulement un
moyen. On ne paie plus dans l'illégalité. Je crois qu'on l'a fait
de bonne foi. Je ne suis pas contre les règlements 50 et 50A,
c'était légal, mais on ne les appliquait pas. On ne voulait pas
les appliquer.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Mercier. Est-ce qu'il y a d'autres questions de la part des membres de la
commission?
M. Dufour: Oui, sur la ligne...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M, Dufour: Sur la ligne d'eau qui est parrallèle ou qui suit
certains terrains, est-ce qu'il y a eu beaucoup de constructions qui ont
été amenées par rapport i ce service qui a
été installé à Saint-Gédéon?
J'imagine que cela n'est pas dans un rang. Cela doit être dans le village
comme tel. Donc, il y a eu des contribuables qui se sont installés
là au fur et à mesure.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire Quirion.
M. Quirion (Paul-Eugène): Sur le boulevard comme tel, il y
en a eu qui se sont ajoutés par la suite. Mais, en 1975, le
règlement à l'article 11 disait explicitement: Ceux qui sont le
long du réseau... Il y avait seulement des propriétaires de
terrain parce qu'il n'y avait pas de constructions. On a passé le
réseau d'aqueduc, cette année-là, et la route de
contournement est venue par la suite. Il n'y avait donc pas beaucoup de
constructions dans le secteur du haut, côté nord.
Côté sud, il y en avait quelques-unes, mais cela s'est
ajouté par la suite durant les années 1978, 1980 et plus
tard.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Qui était propriétaire des terrains le
long de cette ligne d'aqueduc et d'égout?
M. Quirion (Paul-Eugène): II y avait plusieurs
propriétaires. J'ai dit tout à l'heure qu'il y avait de 25
à 30 propriétaires.
M. Dufour: Est-ce que la taxe que vous préleviez
était en fonction de la valeur des terrains?
M. Quirion (Paul-Eugène): Oui.
M. Dufour: Ce qui veut dire qu'au début, lorsqu'il n'y
avait pas de propriétés, ces terrains n'étaient pas
évalués très fort.
M. Quirion (Paul-Eugène): Pas très fort.
M. Dufour: Les propriétaires des terrains ne payaient pas
beaucoup de taxes.
M. Quirion (Paul-Eugène): Exactement.
M. Dufour: C'est cela que cela veut dire. Cela veut dire que le
règlement, au lieu d'être placé sur la superficie de
terrain, était par rapport à l'évaluation. Comme il n'y a
pas de constructions, il y a des gens qui... Je pense que cela ne serait pas
une erreur de dire que les propriétaires des terrains, eux, ont
profité d'une baisse de taxe importante. Cela a donné une
plus-value très importante aussi aux terrains de ces
propriétaires. Il y a une question que je me pose à ce moment-ci.
Comment le conseil municipal a-t-il pu appliquer un règlement qui,
à mes yeux, semble en partie discriminatoire? D'une part, les gens qui
ont des maisons paient plus d'évaluation. Le service était
disponible pour les terrains, qu'il y ait une propriété ou pas.
Il y a des gens qui en ont profité. Je ne sais pas comment
interpréter cela. Je ne sais pas si M. le ministre a une explication
pour cela. Mais cela m'intrigue un peu. Il y a peut-être des gens qui
sont là et qui peuvent me l'expliquer, mais cela ne me semble pas la
procédure habituelle. Normalement, dans des investissements, les taxes
spéciales sont basées sur les terrains beaucoup plus que sur la
valeur de la propriété, pour l'implantation de services, pour
l'immobilisation. Quand on donne le service, il faut en prendre ou ne pas en
prendre. C'est un autre point.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Deblois.
M. Deblois: C'était encore plus restrictif puisque
c'était les utilisateurs. Les lots vacants n'étaient pas
imposés. C'était simplement les utilisateurs, M. le
député. C'est encore plus restrictif.
M. Quirion (Paul-Eugène): C'est cela. C'était
simple...
M. Deblois: C'est essentiellement cela qui constituait la
discrimination. Que peut-on imposer à un utilisateur et en vertu de
quelles normes objectives? En plus, il n'y avait pas de compteurs d'eau chez
les utilisateurs. Alors, tout devenait discriminatoire et arbitraire.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Parent.
M. Parent (Gérard): M. le Président, je pense bien
que c'est difficile de défendre la façon dont le
prélèvement s'est fait. On n'est pas ici parce qu'il était
légal. On est ici, justement, parce qu'il n'était pas conforme
à la loi. On dit qu'il n'est conforme à la loi que depuis 1986.
Alors, il est bien évident - on l'a admis tout de suite au départ
- que c'est une compensation qui a été prélevée et
la compensation est chargée pour le service d'eau. Ce sont donc les
usagers, comme le dit mon confrère, qui ont supporté les
coûts de remboursement du règlement tel qu'il était
appliqué. Mais ces usagers-là, si le règlement comportait
une injustice grave, ont des recours qui sont prévus par la loi. C'est
pour cela que je vous ai mentionné que ces règlements ont
toutefois, même s'ils n'étaient pas conformes à la loi,
été respectés, ils ont été
agréés par les contribuables qui ne les ont pas attaqués
devant les tribunaux. On ne prétend pas qu'ils étaient
équitables, corrects, etc., mais les contribuables les ont
acceptés. On vous demande aujourd'hui un correctif à cette
situation illégale. On vous dit que cela a été
accepté comme tel par les contribuables qui ne l'ont pas attaqué
avec les moyens de justice à leur disposition, on vous demande de
rectifier la situation pour éviter que la municipalité tombe dans
le chaos. Mais on n'est pas ici pour prétendre le contraire de ce que
dit mon confrère, que c'était légal. Si cela avait
été légal, on ne serait pas
venus vous voir.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je comprends l'argumentation du procureur, mais il
demeure pour moi que vous n'auriez pas bougé ou que le conseil municipal
n'aurait pas bougé s'il n'y avait pas eu des gens qui avaient dit que ce
n'est pas correct. C'est une rare fois où... Cela me frappe un peu.
Comment a-t-on pu prendre ce règlement? Je comprends la
préoccupation du maire, d'autre part. Il dit! On a administré en
bon père de famille. Il a dit: Cela n'avait pas de bon sens de mettre
une si grosse taxe sur une si petite partie de la population. Cela l'aurait
probablement étouffée, puis égorgée.
Je comprends cette préoccupation. D'un autre côté,
on n'avait pas utilisé tous les recours que l'on aurait pu pour se faire
payer le remboursement par un plus grand nombre. Légalement, on peut
peut-être le faire, mais, au point de vue de là justice, c'est
difficilement défendable que l'on ait autant de différence. Des
terrains où il n'y a pas de services, cela ne vaut pas cher. Cela vaut
cher quand? Quand il y a des gens qui disent: On veut les acheter, on en a
besoin et c'est nécessaire pour nous, ou que l'État, autant le
fédéral, le provincial que le municipal, décide d'amener
des services municipaux ou des services publics, soit un hôpital ou un
pont. Tout cela fait que la valeur des terrains change très rapidement.
Il y a des gens qui en profitent, mais accidentellement, tandis que là
c'est presque volontairement que l'on donne une plus-value. Je ne dis pas que
c'est de mauvaise foi, je ne veux pas que vous pensiez un instant que je
prête des intentions à quelqu'un, mais, si on regarde cela
globalement et très lucidement, on se dit: Pourquoi cela arrive-t-il des
choses comme celles-là? Il y a des gens qui s'étaient
opposés et qui disaient que cela n'avait pas de bon sens. Même sur
le bien-fonds, on a le droit de se poser des questions.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire Quirion.
M. Quirion (Paul-Eugène): M. le Président, il reste
tout de même que c'est sûr que ces grands et vastes terrains qui
longeaient le réseau ont pris de la valeur à certains endroits,
pas partout, parce que si vous connaissiez notre village en entier vous verriez
que le tuyau d'amenée, le "main", comme on dit en bon canadien, a
passé et que cela n'a pas favorisé tous les terrains. Cela nous a
prouvé une fois de plus que cela semblait discriminatoire, parce que le
jugement que la commission a porté était discriminatoire envers
ces cinq ou six personnes qui détenaient de grandes longueurs de
terrains. Cela prouve qu'on a peut-être été maladroit,
parce qu'on n'était pas aussi perfectionnés auprès du Code
municipal qu'aujourd'hui, mais il reste quand même que la Commission
municipale a donné droit à ceux qui prétendaient qu'il y
avait des longueurs de terrains qui ne prenaient pas de valeur aux yeux du
village, dans un secteur comme dans l'autre... Le jugement de la commission a
une certaine valeur parce qu'ils ont refusé le pied linéaire dont
on parle.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le maire. M.
Mercier.
M. Mercier: Ce matin, M. le maire disait que nous avions les
aciers Canam de Saint-Gédéon, etc. On avait de 1973 à 1979
les 2 % de la taxe de vente et, moi, comme contribuable, je regardais et les
rues s'ouvraient: eau, égouts posés gratuitement. On me donnait
comme raison, quand j'allais à la table du conseil: on déborde
d'argent. En 1979, on arrête cela. On perd la taxe de 2 %. Là,
c'est aux frais des contribuables s'ils veulent s'ouvrir une rue. De 1975
à 1979, on débordait d'argent, mais ces sommes d'argent
n'auraient-elles pas pu servir à diminuer notre dette qui était
pour 30 ans? Là, elle est encore pour 20 ans, parce qu'on l'a
renouvelée en 1985. N'auraient-elles pas pu servir au lieu de...?
Le Président (M. Saint-Roch): J'accepte votre commentaire
à ce moment-ci, M. Mercier. Y a-t-il d'autres questions avant de
poursuivre l'étude?
M. Dufour: Oui. Je voudrais continuer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce qu'il y a des qens qui, après avoir
acheté des terrains dans le secteur, auraient réagi fortement
dans le sens qu'ils n'étaient pas au courant qu'il y avait une taxe
spéciale? J'admets que les résidents du secteur devaient
être au courant, mais est-ce qu'il y a de nouveaux résidents qui
auraient pu d'une façon ou de l'autre arriver à s'opposer ou
à réagir fortement par rapport à cette taxe? J'ai
vécu cela assez régulièrement. Les gens ne savaient pas
qu'il y avait des taxes de secteur et cela se faisait à certains
endroits. Cela réagissait fortement à ce moment-là.
Avez-vous vécu cela, M. le maire?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire Quirion. (16 h 30)
M. Quirion (Paul-Eugène): Moi, d'après ce que je
sais en ce moment, je ne pense pas que le conseil ait jamais
débordé
d'argent, comme le dit M. Mercier. La taxe de vente de 2 % a
contribué à abaisser la taxe pour la municipalité parce
que cela venait réajuster fortement notre budget. C'est clair, on ne
débordait pas d'argent, sauf que la taxe était moins forte; c'est
une correction que je voulais apporter.
Deuxièmement, en ce qui concerne les terrains, quand on a
adopté ces règlements en 1974-1975, je n'étais pas maire.
II reste quand même qu'en 1974-1975 la population ne suivait pas d'aussi
près les séances du conseil municipal qu'aujourd'hui. On
siégeait devant trois ou quatre personnes. Je serais bien en peine
d'essayer de faire adapter le même règlement 50 dans la
municipalité de Saint-Gédéon avec les gens qui sont
à l'écoute de la télévision et qui sont au courant
des lois - ils suivent aussi la période de questions de
l'Assemblée nationale - un règlement où seuls 25 à
30 contribuables sont destinés à payer 25 %, 30 % ou 40 % de la
dette de 410 000 $. Je suis persuadé que les contribuables d'alors ne
s'occupaient pas de leurs affaires. C'est sûr. Le conseil leur proposait
un règlement et tout était adopté, il n'y avait personne
pour le contester. La moitié du temps, on siégeait avec les
membres du conseil, point.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
maire. M. le ministre.
M. Bourbeau: Actuellement, le règlement est imposé
selon la formule du pied linéaire?
M. Quirion (Paul-Eugène): En 1986? M. Bourbeau:
Oui.
M. Quirion (Paul-Eugène): Selon l'évaluation.
M. Bourbeau: L'évaluation foncière? M. Quirion
(Paul-Eugène): Oui.
M. Bourbeau: Le premier des deux règlements, celui qui
était de 410 000 $ à l'origine...
M. Quirion (Paul-Eugène): Le règlement 50.
M. Bourbeau: ...à combien de personnes est-il
imposé aujourd'hui, à peu près?
M. Quirion (Paul-Eugène): Le règlement 50,
aujourd'hui?
M. Bourbeau: Au début, qu'aviez-vous dit?
M. Quirion (Paul-Eugène): Au début, je dirais qu'il
y en avait environ 25 ou 30, mais aujourd'hui il y en a peut-être 75.
M. Bourbeau: Parce que d'autres gens se sont installés
dans le coin.
M. Quirion (Paul-Eugène): Ils se sont construit et ainsi
de suite.
M. Bourbeau: Donc, c'est moins onéreux maintenant que ce
ne l'était pour ces gens.
M. Quirion (Paul-Eugène): Oui, exactement, parce qu'on n'a
pas appliqué le règlement comme tel.
M. Bourbeau: M. le Président, je serais prêt
à procéder à l'étude du projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Êtes-vous d'accord, M.
le député de Jonquière?
M. Dufour: Si j'ai bien compris, les intervenants et même
les opposants ou ceux qui voulaient demander des informations
supplémentaires ne s'opposaient pas au règlement comme tel.
Une voix: Non, absolument pas.
M. Dufour: II faut comprendre la bonne foi de ces gens qui, eux
aussi, cherchent une solution légale, mais pas nécessairement
légaliste, dans le sens où il y a des lois qui pourraient
être perdues à la suite de cette décision. Je pense que, si
l'on n'a pas d'autres éléments à nous apporter, on va
étudier le projet de loi tel que proposé.
J'aurais peut-être une petite question avant, vu que l'on s'entend
avec le ministre pour procéder. Vous avez parlé de suggestions
que vous faisiez par rapport à la compensation, à l'article 2, au
point de vue des causes pendantes, etc. Est-ce que c'était écrit
dans votre mémoire, comme argumentation?
M. Deblois: Non, peut-être pas de façon aussi
précise. Finalement, j'ai remplacé un confrère qui devait
être ici aujourd'hui. J'ai découvert la doctrine qui explique tout
le processus du droit administratif, l'intervention du législatif dans
le judiciaire. Comme le disent l'article 12 de la Loi d'interprétation,
l'article 24 de la charte et aussi la rédaction et
l'interprétation des lois, et sans émettre d'opinion, sans ouvrir
de débat ou d'argumentation juridique, ma conclusion, c'est que, avec
tout le respect que j'ai, vous ne pouvez pas priver des citoyens de leurs
droits devant les tribunaux. Des déclarations, des brefs d'assignation
sont déjà déposés devant les tribunaux. Vous ne
pouvez pas dire à ces personnes: Je vous interdis d'aller plaider, je
vous relève de vos droits acquis. En fait, c'est une argumentation
très importante, très sérieuse,
je pense. Ce serait un précédent non seulement canadien,
maïs dans tout notre système britannique. Ce serait un
précédent dangereux que de dire: Je prive des citoyens de leurs
recours devant les tribunaux. À ma connaissance, selon les recherches
que j'ai faites, je n'ai jamais vu cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Deblois. J'appelle maintenant l'article 1. M, le ministre.
Étude détaillée
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 1 valide la
compensation imposée et prélevée de 1975 à 1985,
dont une partie a illégalement servi à payer le remboursement de
l'emprunt décrété par Ie3 deux règlements
visés. Alors, nous, nous serions d'accord avec l'article 1.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Malgré la prétention des intervenants
qui disaient qu'on pourrait avoir une formulation plus précise, vous ne
l'avez pas retenue.
M. Bourbeau: De ce côté, nos légistes nous
disent que c'est parfaitement suffisant, la façon dont c'est
rédigé.
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saînt-Roch): L'article 1 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 2. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article a pour but de
protéger les causes pendantes, les décisions ou jugements rendus
au 12 juillet 1986. Cette date correspond à celle où le conseil
municipal du village de Saint-Gédéon a annoncé
publiquement son intention de s'adresser à l'Assemblée nationale
pour corriger la situation. Évidemment, cela cause un problème,
aujourd'hui, en ce sens que certaines des personnes qui se sont
présentées devant nous ont intérêt à ce que
la rétroactivité ne se fasse pas au 12 juillet 1986, mais
à une date plus récente, de façon à protéger
les causes qui ont été introduites après le 12 juillet
1986.
Il s'agit ici d'une question de principe, parce qu'une situation comme
celle-là se présente assez régulièrement maintenant
devant la commission. On est régulièrement requis d'intervenir
par voie législative pour corriger des erreurs ou des situations qui se
sont produites dans le passé dans plusieurs municipalités
où des secrétaires-trésoriers ou des conseils municipaux
ont de bonne foi posé des gestes qui n'étaient pas parfaitement
légaux.
Ce qui se produit, c'est qu'à un moment donné un greffier
nouvellement engagé par la municipalité découvre que des
règlements existants n'ont pas été valablement
exécutés ou adoptés, ou d'autres individus font une
découverte semblable. Souvent, c'est a l'occasion d'une nouvelle
élection ou de la nomination d'un avocat qui travaille pour la
municipalité, ou encore d'un secrétaire-trésorier. La
municipalité se voit alors dans l'obligation de demander au gouvernement
de corriger une situation qui existe. À partir du moment où la
municipalité veut se présenter devant l'Assemblée
nationale pour corriger une situation, elle doit adopter une résolution.
Au moment où la résolution est adoptée, elle devient
publique. Évidemment, tant que la municipalité n'a pas
publié à la Gazette officielle sa résolution ou sa
décision, il y a une période qui se passe où toute
personne peut se présenter en cour et introduire une cause, une action
judiciaire. Donc, si on admet le principe que la rétroactivité ne
doit aller que jusqu'au moment où la publication a lieu à la
Gazette officielle, on ouvre la porte à toute une série de
poursuites judiciaires qui pourraient être entreprises par tous les
citoyens qui voudraient échapper à l'objet du projet de loi.
Évidemment, cela serait de nature à créer des injustices
pour l'ensemble des contribuables, puisque les plus astucieux d'entre eux ou
ceux qui sont les plus à même de se procurer des avocats
rapidement pourraient se glisser par la fente, si je peux dire, et
échapper à la règle générale stipulant que
le règlement en question sera validé rétroactivement et
que tous les contribuables devront y concourir d'une façon
proportionnelle.
Alors, le gouvernement est placé devant une situation assez
difficile. Est-ce qu'on fait en sorte que la rétroactivité aille
jusqu'au moment où la décision de la municipalité a
été publiée à la Gazette officielle ou
est-ce que cela va rétroagir à la date où le conseil
municipal a ouvert son jeu? Je pense qu'en toute justice, en toute
équité, on doit étendre la rétroactivité
jusqu'à la date où le conseil municipal a fait connaître
publiquement son intention d'aller devant la Législature, parce que, si
on fait autrement, on va créer régulièrement des
injustices, des inéquités, et on va permettre à certaines
personnes d'échapper aux correctifs qu'on veut apporter et, en
conséquence, on va faire en sorte que les citoyens ne paieront pas tous
des montants égaux.
Dans le cas présent, on sait que des travaux ont
été exécutés qui ont profité en partie
à des citoyens et à l'ensemble de la municipalité aussi,
d'une certaine façon. On sait que ces travaux ont coûté des
sous. La
municipalité a dû emprunter pour financer Ies travaux. On
sait qu'il y a une certaine forme de taxation qui a été
perçue pendant un certain temps. En fin de compte, on ne peut pas dire
qu'il y a eu des malversations comme telles en ce sens que des gens auraient
été injustement traités. Ce qui s'est produit, c'est qu'on
n'a pas suivi la procédure et que, possiblement, certaines personnes ont
payé plus, d'autres ont payé moins. Peut-être même
que des requérants dans des causes actuelles ont payé moins que
ce qu'ils paieraient en vertu de la nouvelle façon. Toujours est-il
qu'on ne peut pas réécrire l'histoire. C'est une situation de
fait qu'on constate et aujourd'hui on est ici pour la corriger et pour faire en
sorte que dans l'avenir, cela va se passer d'une façon correcte et on le
sait puisque la municipalité a déjà corrigé la
situation.
Dans les circonstances, en toute justice et en toute
équité, nous pensons que la rétroactivité doit
aller jusqu'au moment où la municipalité a publiquement, par voie
de résolution, fait connaître sa décision. La politique que
nous allons suivre dans l'avenir est celle que nous allons appliquer dans le
cas présent.
M. le Président, pour ces raisons, je proposerais que l'article 2
soit adopté tel que rédigé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Avant d'accepter la proposition, j'aurais
peut-être quelques questions à poser au ministre. On a
adopté plusieurs lois d'intérêt privé depuis le 2,
le 9 ou le 12 décembre, soit depuis l'arrivée du nouveau
gouvernement et, à chaque fois, on a parlé de causes pendantes
à la date de la publication à la Gazette officielle. Je
trouve que le ministre a une argumentation qui est très libérale,
dans le sens qu'elle est très ouverte. Mais avant d'applaudir, M. le
ministre, on pourrait peut-être se poser quelques questions.
Supposons que le conseil décide d'aller devant la loi. On sait
que le législateur n'est peut-être pas aussi rapide que ceux qui
passent des résolutions municipales. Supposons que le conseil municipal
de Saint-Gédéon ait passé sa résolution et
supposons que cela ait pris deux ans avant de venir ici ou que cela ne vienne
pas du tout; que faites-vous en attendant? Là, c'est bien, la loi a
suivi son cours et elle est présentée pas trop longtemps
après. Mais j'ai déjà vu des lois qui ont
été retardées. Ce n'est pas parce qu'un conseil municipal
a passé une résolution qu'il se légalise. En tout cas,
à mes yeux, il me semble qu'il y a une certaine faiblesse dans
l'argumentation. Le conseil dit: Je dénonce mon règlement qui
n'est pas bon et il se lave les mains et tout cela. Il dit: Le ministre va
peut-être me dire dans deux ou trois ans que ce que j'ai
décidé était bon.
Savez-vous que je trouve qu'on ouvre une porte excessivement grande qui
peut donner lieu à des abus et qui fait qu'à toutes fins utiles
les individus, les citoyens vont être lésés. Je pense que
c'est une ouverture très grande qui est en train de se faire là.
Je trouve que l'énoncé que vous faites est très
généreux et qu'il peut être acceptable jusqu'à un
certain point. Mais je me pose des questions si vous me dites qu'à
partir de maintenant le conseil municipal est plus fort que le
législateur. S'il décide qu'il a dénoncé la
situation qu'il vient s'en laver les mains et qu'il vient de bloquer tout le
monde, à ce moment-là, qui va être capable de contester
dans une municipalité? Il n'y a plus rien. Il me semble que c'est une
espèce de négation vis-à-vis du citoyen si vous acceptez
cela pour l'ensemble. Si vous le faites dans un cas particulier, c'est
peut-être acceptable jusqu'à un certain point et encore, avec
beaucoup de réserve. Là, il n'y a pas de millions en cause: c'est
8000 $. Regardons très froidement la situation. Supposons que le conseil
ait passé sa résolution, mais que nous n'ayons pas la loi devant
nous, que se passe-t-il? Si vous ouvrez cette porte, les conseils municipaux
vont savoir ce qui se passe au point de vue du Code municipal et ce que cela
veut dire. On vient de remplumer le monde municipal pas mal fort. Ils sont
probablement plus forts que nous parce que nous sommes obligés d'adopter
des lois, nous, pour changer des choses à l'Assemblée nationale.
Mais, eux vont passer une résolution pourvu qu'ils aient la
majorité. Une résolution n'a pas besoin d'être unanime.
Donc, ils ont passé une résolution et ils disent: Un instant!
Vous n'avez pas contesté. On passe une résolution et on dit: Si
ce n'est pas correct, on s'en va à Québec pour régler
cela. Cela peut durer deux ans, trois ans, quatre ans, il n'y a pas de
problème. C'est du bon monde. Ils le savent, on vient de le leur
dire.
Personnellement, je ne suis pas prêt à dire que je vais
donner l'absolution et que c'est bien correct parce qu'ils ont
décidé qu'ils viendraient à Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre. (16 h
45)
M. Bourbeau: Le député de Jonquière a droit
à son opinion. Je ne veux pas lui imposer de voter contre sa conscience.
S'il trouve que sa conscience ne lui permet pas, s'il veut protéger des
causes pendantes qui ont été introduites après que la
municipalité a fait savoir qu'il y avait un problème et qu'elle
allait s'adresser à la Législature, c'est son privilège de
voter comme il veut. Tout ce que je dis, c'est que c'est une
question de principe. Ce ne sont pas les montants en cause, qu'ils
soient de 8000 $ ou de 800 000 $, qu'il faut regarder, c'est le principe. Or,
le député de Jonquière dit: Oui, mais les gens vont
prendre une action et le conseil municipal peut traîner cela
indéfiniment. Il ne peut traîner indéfiniment, M. le
Président, parce que, s'il traîne trop, des jugements seront
rendus. Alors, il sera trop tard. Il est bien sûr que, s'il y avait eu
des jugements, si les causes avaient été entendues et que les
choses avaient été jugées, on ne
légiférerait pas à l'encontre de jugements
prononcés. Ce n'est donc pas un vrai problème pour les
municipalités qui décident ou qui annoncent leur intention de se
présenter devant la Législature alors qu'il n'y a pas de cause
pendante. Si subséquemment on introduit des causes avant que ce soit
publié et avant même que l'Assemblée nationale entende le
projet de loi, ces municipalités devront faire diligence si elles ne
veulent pas que les jugements de cour viennent précéder
l'adoption de la loi.
Dans le cas présent, nous avons une municipalité qui a
annoncé publiquement son intention de se présenter devant la
Législature pour corriger des illégalités qu'elle a
constatées et elle l'a annoncé publiquement. Nous avons des
citoyens qui immédiatement ont décidé de prendre des
procédures judiciaires après l'annonce de la municipalité
et aujourd'hui un projet de loi tend à valider la situation. Nous, nous
décidons d'avoir une attitude qui est équitable, je pense, envers
l'ensemble des citoyens. La politique que j'ai annoncée tout à
l'heure est généreuse, elle est équitable aussi. Elle ne
tient pas compte des intérêts particuliers de certaines personnes
qui sont sûrement de bonne foi, je ne le nie pas, mais elle tient compte
de l'intérêt de l'ensemble de la population et, entre autres, du
village de Saint-Gédéon. Si, dans d'autres cas, on n'a pas
rétroagi aussi loin, c'est parce qu'il n'y avait pas d'action pendante.
Donc, cela ne créait aucun problème. Dans des cas semblables,
dorénavant j'ai l'intention de proposer la même politique que
maintenant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire Quirion.
M. Quirion (Paul-Eugène): Oui, je voudrais
peut-être...
M. Bourbeau: Une question de règlement, M. le
Président. C'est terminé. On est en train de faire l'étude
article par article. On n'est pas pour commencer à avoir des
interventions de la salle à chaque article.
Le Président (M. Saint-Roch): Je prends votre question de
règlement en délibéré, M. le ministre. M. le
ministre, sur la question de règlement, je pense qu'il est, de
tradition, reconnu dans des commissions qu'un intervenant peut parler pour
éclairer brièvement un point sur l'article en question, sans
susciter toutefois de débat. Très brièvement, M. le maire
Quirion.
M. Quirion (Paul-Eugène): Je voudrais peut-être
apporter un élément nouveau. Si les citoyens qui voulaient se
prévaloir de leurs droits étaient au courant depuis 1982 et 1983
et qu'ils ne l'ont pas fait avant qu'on adopte notre résolution, je
pense que cela prouve très clairement que, si on n'avait pas
parlé de projet de loi privé, ils n'auraient pas pris d'action
contre la municipalité. Ils auraient pu prendre des actions contre la
municipalité depuis 1981, 1982 et 1983. Ils ne l'ont pas fait. Ils nous
ont demandé de nous mettre en loi et c'est ce qu'on veut faire. On a
avoué que nos règlements n'étaient pas justes. On a
dévoilé notre jeu de carte. Si on joue aux cartes et que j'ai
trois as et que l'autre a trois rois, c'est facile pour celui qui a trois as de
battre l'autre. C'est facile. Il est clair et précis que, quand ils ont
posé le geste et quand on a joué notre jeu, on a dit: On va
passer par une loi privée.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
maire. M. Mercier, avec tes mêmes prérequis, très
brièvement, s'il vous plaît.
M. Mercier: Très brièvement, en 1985, le conseil
municipal de Saint-Gédéon a reçu de plusieurs
contribuables un avis disant qu'ils ne payaient plus leur eau, c'est avant le
projet de loi privé qui dit "le 12 juillet 1986". Je suis un de
ceux-là.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Mercier. Y a-t-il d'autres interventions de la part des membres de la
commission? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: J'aimerais dire au ministre que je ne me sens pas
coupable à toutes les fois. Chaque fois qu'on n'est pas de son avis, il
nous culpabilise. Il dit: M. le député de Jonquière, vous
n'êtes pas bien qénéreux, pas bien ouvert. J'en ai
déjà vu, des lois et des règlements, et je ne pense pas
que je vais me laisser brimer de ce côté-là, même si
le ministre veut que je me sente coupable. Ce n'est pas parce que cela concerne
Saint-Gédéon que je vous en ai parlé, M. le ministre.
C'est que vous avez dit qu'à l'avenir cela pourrait être une
politique qui s'applique à tout le monde en général. Un
instantl C'est là que j'ai parlé. Je n'ai pas parlé de
Saint-Gédéon à ce moment-là, je pense que vous
pourriez peut-être relire ce que j'ai dit avant de dire que je ne suis
pas correct. Je ne veux pas que vous fassiez
cela. Cela arrive parfois que je ne vous trouve pas correct. Je vous le
dis et je ne me gêne pas. Seulement, à ce sujet, j'ai posé
des questions. Vous arrivez avec des amendements.
Cela arrive parfois que vous ne savez pas tout. Ce matin on a
refusé un projet de loi privé. Vous savez pourquoi. Il y a
quelqu'un qui n'a pas fait son travail. II n'est pas allé voir ce qui se
passait en réalité; on ne savait pas ce qui se passait. On a
découvert les éléments parce qu'il y avait deux parties;
on était convaincu qu'il n'y avait pas de problème dans la loi de
Saiaberry-de-Valleyfield. Vous savez cela, M. le ministre? Je ne voulais pas en
parler, mais vous nous le dites carrément.
Dans cette question-là, vous avez l'air de tout savoir. Le
problème est réglé. C'est drôle, il me semble que
j'ai appris des choses. Peut-être que vous en savez plus, mais moi je
veux savoir ce qui se passe. Je n'ai personne à protéger, mais
j'essaie de voir si on ne crée pas de précédent au point
de vue municipal et si on travaille en fonction du bien commun et aussi en
fonction de la protection de tout le monde, autant les municipalités que
les contribuables. Je suis convaincu, je suis pertinemment au courant que les
municipalités n'aiment pas se faire poursuivre. Je trouve que c'est
l'argent de tout le monde et on n'a pas intérêt, non plus,
à ce qu'il y ait toujours des batailles juridiques dans les
municipalités; cela ne créé pas un bon climat.
Règle générale -heureusement, avec le nombre de
municipalités qu'on a au Québec - cela se passe bien. La plupart
font un ménage heureux. Cela arrive qu'il y ait des problèmes
juridiques qui se règlent parce que les contribuables décident de
ne pas contester. Ils disent: On va prendre notre pilule et on va arranger
cela. Ou bien il y a des gens qui contestent, il y a des gens qui ne sont pas
d'accord et qui disent: On ne peut pas accepter cela. On ne peut pas vivre dans
l'illégalité. Ce n'est pas un problème de deux jours,
c'est un problème qui dure longtemps.
Vous m'amenez le raisonnement qu'à l'avenir ce sera toujours
comme cela. Supposons que vous me dites que pour la politique
générale à l'avenir, c'est oublié, qu'on va parler
seulement du cas de Saint-Gédéon; c'est une autre histoire. Le
cas de Saint-Gédéon, à mon point de vue, est
peut-être un cas qui peut ouvrir sur d'autres décisions, mais il
va falloir que vous l'écriviez, que vous le disiez à tout le
monde qu'à l'avenir, au Québec, quand quelqu'un sera dans
l'illégalité, à la minute où il l'aura
dénoncée publiquement, il n'y a plus personne qui aura le droit
de parler. C'est fini. Le ministre comme tel aime tout le monde, mais supposons
qu'il n'aimerait pas un conseil municipal, il pourrait bien dire: Je vais les
laisser attendre parce qu'ils vont se faire poursuivre et ceux que je ne hais
pas trop, pas que je hais, mais que j'aime un peu plus, je vais régler
leur problème un peu plus vite. C'est un peu cela. Je trouve que cela
peut ouvrir la porte à des abus. C'est pour cela que, concernant cet
article, j'aurais un amendement qui se lirait comme suit: À la
deuxième ligne de l'article 2 du projet de loi 258, les mots "le 12
juillet 1986" sont remplacés par "le 13 septembre 1986".
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est recevable.
M. le ministre.
M. Deblois: M. le Président, est-ce que je peux faire un
commentaire sur l'amendement'
Le Président (M. Saint-Roch): M. Oeblois, oui, je vais
accepter un bref commentaire sur l'amendement.
M. Deblois: Je veux simplement qu'on se réfère
à ce matin dans le cas du projet de loi privé de
Saint-Élie-d'Orford. La même commission a fait porter la
rétroactivité à la date de la publication à la
Gazette officielle, ce matin même. C'était
déjà un précédent. C'est le même
précédent cet après-midi que ce matin. Ce matin, M. le
ministre a bien demandé aux parties s'il y avait des actions qui avaient
été déposées, si on avait vérifié au
greffe s'il y avait eu des dépôts d'actions, s'il y avait des
actions pendantes. On a précisé: selon la date de la publication
à la Gazette officielle. Alors, nous sommes exactement dans la
même situation que ce matin. Je vous demande la même
équité, la même décision.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Deblois. M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est la raison pour laquelle on a
vérifié ce matin. S'il y avait eu des causes pendantes dans le
cas dont on parlait ce matin, on aurait fait la même chose que
maintenant; on aurait fait porter la rétroactivité à la
date où la municipalité avait annoncé publiquement son
intention de se présenter devant l'Assemblée nationale. Or, ce
matin on nous a assurés qu'il n'y avait pas de cause pendante et c'est
la raison pour laquelle nous n'avions pas été obligés de
mettre la rétroactivité jusqu'à la date de la
résolution du conseil municipal.
M. le Président, j'ai énoncé la position du
gouvernement précédemment. Alors, nous sommes prêts
à voter là-dessus.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, y a-t-il une intervention sur l'amendement?
M. Dufour: J'ai expliqué assez clairement ce à quoi
je m'attendais. C'est bien sûr qu'on n'a pas souvent de vote sur les
amendements. C'est assez rare que sur des projets de loi privés on ait
un vote divisé, en règle générale, parce que cela
concerne des lois qui en fin de compte, sont de nature à régler
des problèmes. Mais si le remède appliqué est plus grand
que la maladie que quelqu'un supporte, il faut parfois dire les choses
clairement. Pourquoi je fais l'amendement? C'est parce qu'au fond il y a eu des
lacunes et qu'elles ont été perpétuées pendant de
nombreuses années. S'il y a eu une forme de discrimination ou de
problème qui a été soulevé
régulièrement et avec beaucoup de vigueur de la part des
citoyens, c'est, il me semble, qu'on n'a pas pris les bonnes méthodes.
Ce n'est pas parce qu'un conseil s'accuse publiquement d'avoir fait quelque
chose qu'il peut avoir le pardon automatiquement. Autrement, il n'y, aurait
personne dans les prisons au Québec. On dirait: Je m'accuse et ensuite
on s'en irait. Quand on va au confessionnal, on trouve moyen de nous donner une
pénitence. Donc, pour moi, c'est une forme de pénitence pour
empêcher à l'avenir qu'il n'y ait des gens qui agissent ainsi pour
que les lois soient de plus en plus respectées. Plus cela va, il semble
qu'il y a des ouvertures qui se font et nous devons légiférer de
plus en plus sous forme de projets de loi privés plutôt que sous
forme de projets de loi publics. Donc, à ce moment-là, c'est
vraiment pour moi un avertissement.
C'est dans ce sens-là que mon amendement était proposes
pour dire aux conseils municipaux que les lois sont là pour tout le
monde et qu'elles doivent être respectées, d'autant plus que les
conseils sont jusqu'à un certain point les garants de la loi pour la
population. À mes yeux, cela revêt une importance certaine. Pour
moi, quand il n'y a jamais de sanctions, que vous fassiez la loi que vous
voulez, il y aura toujours des gens qui vont récidiver et qui vont
tomber dans le même panneau.
Si on veut, que des administrateurs soient à l'écoute,
qu'ils voient des choses et qu'on ait des administrateurs de plus en plus
compétents, il faut de temps en temps qu'il y ait des sanctions quelque
part pour que l'on dise: On ne s'est pas juste fait juste accuser et on n'a pas
eu la bénédiction nécessairement. On a peut-être eu
une bénédiction parce que la loi est assez ouverte de ce
côté-là, mais en même temps on a un petit coût
à payer. Que les gens soient aussi conscients que la loi s'applique
autant pour les conseils municipaux que pour les individus, de la même
façon et avec la même rigueur, mais aussi avec la même
largeur d'esprit.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai fait connaître la
politique générale que nous entendons suivre à l'avenir
à ce sujet; je veux simplement préciser que la
rétroactivité va jusqu'à la date où la
municipalité a fait connaître publiquement son intention de
s'adresser à l'Assemblée nationale pour corriger une situation
illégale. Si par hasard la publication à la Gazette
officielle se faisait à une date antérieure à
l'adoption d'une résolution par un conseil municipal, bien sûr,
à ce moment-là la rétroactivité serait à la
première des deux dates, soit à celle de la publication à
la Gazette officielle.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Est-ce que l'amendement proposé par M. le député
de Jonquière à l'article 2 et qui se lit comme ceci: qu'à
la deuxième ligne de l'article 2 du projet de loi 258 les mots "le 12
juillet 1986" soient remplacés par les mots "le 13 septembre 1986" est
adopté?
M. Bourbeau: Rejeté, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est donc
rejeté.
J'appelle maintenant pour adoption l'article 2. Est-il
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufour: Avant de voter, je voudrais demander à M. le
ministre, s'il va écrire sa nouvelle politique et la faire
connaître publiquement aux municipalités. C'est important. Il faut
que tout le monde le sache. Il va falloir qu'à l'avenir les citoyens
sachent qu'il y a deux façons d'appliquer une politique et qu'il faut
faire attention. Les membres du conseil municipal, quand ils vont se lever, ce
seront eux, les "boss". Cela va être vrai. Vous m'avez déjà
accusé d'avoir de l'autorité parfois, mais je n'appelle plus cela
de l'autorité, vous donnez tout, "le paquet avec".
Je voudrais savoir si vous allez vous engager pour l'avenir, parce que
c'est une politique que vous établissez. Donc, est-ce que les conseils
municipaux et en même temps la population vont être informés
de cette nouvelle politique que vous avez annoncée cet
après-midi?
Le Président (M. Saint-Roch); M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, on a voté sur
l'article, je crois. Est-ce qu'on a voté?
Le Président (M. Saint-Roch): Non, pas encore.
C'était l'intervention du député de Jonquière.
M. Dufour: Je veux poser une question avant de voter.
M. Bourbeau: Je ne demande pas le droit de parole, j'ai dit ce
que j'avais à dire.
M. Dufour: Vous n'avez pas demandé de répondre mais
je vous ai posé une question. Vous avez dit à l'Assemblée
nationale, cet après-midi, que vous vouliez répondre quand vous
aviez les réponses. J'ai compris que quelquefois, lorsque je vous ai
posé des questions, vous aviez les réponses et vous ne me
répondiez pas. Là, je vous pose la question, à savoir si
c'est ce que vous avez dit tout à l'heure qu'à l'avenir, à
la suite de ce projet de loi vous établissiez une nouvelle politique. Je
pose la question à nouveau et clairement: Est-ce que les conseils
municipaux vont être informés de la nouvelle politique que vous
allez établir concernant les projets de loi privés ou concernant
certaines anomalies qu'on peut découvrir dans un règlement? Il me
semble que c'est clair.
M. Bourbeau: Je compte sur le député de
Jonquière pour les aviser.
M. Dufour: Oui, mais ce n'est pas moi qui suis ministre. Si
j'étais le ministre, je vous répondrais et vous ne
répondez pas. Je pense que vous ne respectez pas l'Opposition quand vous
faites cela. Vous ne respectez pas les gens qui sont ici, non plus. Il me
semble que c'est clair: quand on établit une politique et qu'on est en
autorité, on n'est pas gêné de le dire. Vous devriez le
dire.
M, Bourbeau: M. le Président, je ne peux pas le dire mieux
que je viens de le dire. Cela fait une demi-heure que j'en parle. Est-ce que le
député est sourd?
M. Dufour: Est-ce que vous allez les informer?
M. Bourbeau: Le député pourrait peut-être le
faire.
M. Dufour: Faites attention, vous savez que vous ne pouvez pas
rire des infirmités des autres. Vous pourriez devenir sourd aussi. J'ai
l'impression que vous êtes sourd des fois. Vous me dites que je suis
sourd, cela se peut, mais ne riez pas de mon infirmité si je le
suis.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M, Dufour: Est-ce que vous allez informer les
municipalités?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne suis pas à la
barre des témoins. Je dis ce que je veux. J'ai dit au
député que la politique qui serait suivie par le gouvernement ici
à l'Assemblée nationale en ce qui concerne les affaires
municipales, c'est de rétroagir à la date où le conseil
municipal a fait valoir son intention. Point. Je n'ai pas d'explications
à donner au député sur la conduite que je vais suivre
à l'avenir. Cela me regarde, je ferai comme bon me semblera.
Le Président (M. Saint-Roch): À ce moment-ci, M. le
député de Jonquière, j'aimerais...
M. Dufour: Je suis obligé de dire quand même au
ministre qu'il nous a dit qu'il était pour établir une politique.
Une politique, on ne fait pas cela à une commission parlementaire; on
avertit les gens, on leur dit qu'il y a une nouvelle politique qui vient de
s'établir. On essaiera d'informer, on fera le travail s'il n'est fait
ailleurs.
M. Bourbeau: On compte sur vous.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ce, j'appelle maintenant
pour adoption l'article 2. Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Dufour: Sur division.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 3. Est-ce que l'article 3 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Maintenant,
le préambule du projet de loi 258 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant le titre du projet de loi. Projet de loi 258, Loi concernant le
village de Saint-Gédéon. Est-ce que le titre du projet de loi est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi 258 est adopté?
M. Dufour: Sur division. M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Je remercie autant messieurs
Ies intervenants municipaux que les citoyens de la
municipalité de Saint-Gédéon d'avoir
contribué à éclairer les travaux de la commission. La
commission suspend maintenant ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 3)
(Reprise à 17 h 6)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour procéder à l'étude
détaillée du projet de loi public 45, Loi modifiant la Loi
autorisant les municipalités à percevoir un droit sur les
mutations immobilières.
M. le ministre, est-ce qu'il y a des remarques préliminaires?
Projet de loi 45
M» Bourbeau: M. le Président, les deux projets de
loi qu'on étudiera maintenant, soit 45 et 47, sont des projets de loi de
concordance qui ne font que clarifier une situation qui avait été
créée par l'adoption de projets de loi précédents.
Vraiment, il n'y a pas un grand discours à faire là-dessus.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Jonquière, est-ce qu'il y a des
remarques préliminaires?
M. Dufour: Je comprends, à entendre le ministre, que nous
ne sommes pas à l'Assemblée nationale. Il me semble que ses mots
étaient plus sévères que cela à l'Assemblée
nationale. Il disait que c'était une erreur de l'ancien gouvernement. Il
aimait bien cela. Il n'a pas fait grand-chose jusqu'à maintenant. Il n'a
pas eu la chance de faire trop d'erreurs. Peut-être cela va-t-il lui
arriver un jour? On se chargera de le lui dire.
M. Bourbeau: Je compte sur vous.
M. Dufour: Vous pouvez compter sur moi. J'ai une bonne
mémoire normalement. Il est sûr que cet article a pour effet de
vouloir faire de la concordance avec d'autres lois qui ont été
adoptées. Je ne pense pas qu'on puisse parler des heures, pas plus qu'on
ne l'a fait à l'Assemblée nationale sur ces lois. Il reste que
c'est une loi qui n'est pas nécessairement très consistante. Il y
a deux lois au lieu d'une. C'est bien sûr qu'on va faire nos devoirs et
qu'on va essayer, pas nécessairement de les bonifier, parce que je ne
pense pas qu'on apporte bien des amendements, à moins qu'on ne veuille
faire de l'obstruction systématique, ce qui n'est pas mon fort, ce qui
n'est pas, non plus, dans mes objectifs.
Donc, à partir de ce moment-là, je suis prêt
à procéder à l'étude de la loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière.
J'appelle maintenant l'article 1. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 1 modifie
l'article 15 de la Loi autorisant les municipalités à percevoir
un droit sur les mutations immobilières afin d'assurer la concordance de
textes nécessaire depuis la modification apportée en 1985 par le
chapitre 27 qui faisait disparaître de la Loi sur la fiscalité
municipale le régime spécial relatif aux boisés.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Cette loi est adoptée actuellement. Depuis
quelle année fonctionnait-on de cette façon, à savoir que
les boisés devaient être normalement détaxés?
C'était pour l'année 1985?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Depuis 1985, me dit-on, mais cela s'appliquait
à partir de l'année financière 1986 des
municipalités.
M. Dufour: Donc, il n'y a pas eu de retard par rapport à
l'application de ce principe. Je pense qu'il faut sûrement se
féliciter de parler de remboursement de taxes. Pour les
municipalités, c'est important. Le ministre doit être au courant
que, pour les producteurs forestiers, il y a un certain nombre de cas qui font
problème dans beaucoup de municipalités au Québec,
concernant des industries qui ont des valeurs» des immobilisations en
forêt, et qui, depuis un certain nombre d'années, refusent de
payer des taxes par rapport à cela. M. le ministre, en ce qui concerne
cet article, est-ce que vous avez l'intention un jour de regarder ce
problème? Est-ce qu'il a déjà été
soulevé? Cela concerne aussi les boisés, cela concerne la
production forestière dans son ensemble. C'est dans ce sens que je vous
demande de regarder cela.
M. Bourbeau: À ma connaissance, je n'ai pas
été saisi de ce problème.
M. Dufour: Vous n'avez pas été saisi de ce
problème?
M. Bourbeau: À ma connaissance, non. M. Dufour:
J'en prends bonne note. Je
vous ferai parvenir les textes se rapportant à cela.
M. Bourbeau: Cela me fera plaisir.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 2.
M. Bourbeau: L'article 2 modifie l'article 17 de cette même
loi, aux mêmes fins que l'article 1.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Pour ce qui est de l'article 2, cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 2 est-il
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 3.
M. Bourbeau: L'article 3 modifie par ses paragraphes 1° et
2° l'article 21 de cette loi, aux mêmes fins que l'article 1.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je regardais si j'avais l'article 21. Est-ce que vous
l'adoptez tout d'un bloc ou bien paragraphe par paragraphe?
Le Président (M. Saint-Roch): C'est à votre
discrétion, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je voulais juste poser la question.
M. Bourbeau: Tout d'un bloc. C'est deux fols les mêmes
mots, "ou comme un boisé", une fois dans le premier alinéa et une
fois dans le quatrième alinéa.
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 3 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 4.
M. Bourbeau: L'article 4 prévoit que la Loi modifiant la
Loi autorisant les municipalités à percevoir un droit sur les
mutations immobilières entrera en vigueur le jour de sa sanction.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: J'avais juste une remarque à faire
peut-être. Pour l'ensemble de la loi, cette bonification apportée
a été d'abord et avant tout proposée par le gouvernement
précédent. Je pense que c'est remettre les choses dans leur juste
perspective. On a fait tellement de mauvaises choses; il me semble que
celle-là n'est pas si pire. On pourrait, au moins, accepter une bonne
partie de la paternité, même si on n'en est pas le parrain.
Le Président (M. Saint-Roch): Dois-je en conclure que
l'article 4 est adopté, M. le député de
Jonquière?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je vais accepter les deux parties du discours du
député, à savoir qu'ils ont fait pas mal de mauvaises
choses et qu'ils font une bonne chose aujourd'hui.
M. Dufour: J'aurais été surpris si vous n'aviez pas
été assez magnanime pour accepter tout ce que j'avais dit.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ce, est-ce que le titre
du projet de loi 45, Loi modifiant la Loi autorisant les municipalités
à percevoir un droit sur les mutations immobilières, est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi 45 est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous allons suspendre la
séance pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 13)
(Reprise à 17 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend maintenant ses travaux pour procéder a
l'étude détaillée du projet de loi 47, Loi modifiant la
Loi favorisant le regroupement des municipalités.
M. le ministre, est-ce qu'il y a des remarques préliminaires?
Projet de loi 47
M. Bourbeau: M, le Président, je n'ai pas de remarques
préliminaires. C'est essentiellement le même type de projet de loi
que celui que nous venons d'adopter, le projet de loi 45.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: J'aurais peut-être une question à poser
au ministre. Il répondra s'il a la réponse. C'est peut-être
bien complexe. Si j'ai bien compris, dans la loi, il y a des compagnies
privées qui ont des terres de la couronne sous bail, pour
L'exploitation. Est-ce qu'elles payent des taxes? Si elles les paient, cela
veut dire qu'elles auraient le droit de les réclamer au gouvernement.
Est-ce qu'elles réclament des taxes au gouvernement en vertu de ces
lois?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On est loin un peu des affaires municipales. On
parle d'une loi concernant le regroupement des municipalités, mais on
m'indique que ce sont des producteurs forestiers détenant un certificat
de producteur forestier délivré par le ministre
délégué aux Forêts qui ont droit au
remboursement.
M. Dufour: On s'informera peut-être à une autre
place.
M. Bourbeau: On est là pour répondre à des
questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 est
adopté? M. le ministre.
M. Bourbeau: L'article 1, M. le Président, modifie
l'article 10 de la Loi favorisant le regroupement des municipalités afin
d'assurer la concordance de textes nécessaire depuis la modification
apportée en 1985 par le chapitre 27 qui faisait disparaître de la
Lot sur la fiscalité municipale le régime spécial relatif
aux boisés.
M. Dufour: Je ne redonnerai pas la chance au ministre de me
refaire un discours de 17 minutes. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 1 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 2.
M. Bourbeau: M. le Président, si le député
le veut, on peut toujours commencer, mais je dirais que l'article 2
prévoit que la Loi modifiant la Loi favorisant le regroupement des
municipalités entre en vigueur te jour de sa sanction.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 2,
M...
M. Dufour: Vous pourriez me répéter la date, s'il
vous plaît?
M. Bourbeau: Le jour de sa sanction.
M. Dufour: D'accord. Je pensais que vous aviez mis une date.
Le Président (M. Saïnt-Roch): Est-ce que l'article 2
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le titre du
projet de loi 47, Loi modifiant la Loi favorisant le regroupement des
municipalités, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le projet de loi
47 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements, ayant maintenant achevé
son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 17)