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(Onze heures trente minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements est
réunie ce matin aux fins de poursuivre l'étude article par
article du projet de loi 153, Loi modifiant la Loi sur la conservation et la
mise en valeur de la faune et la Loi sur les parcs.
Avant d'entreprendre nos travaux, est-ce que M, le secrétaire a
des changements quant à la composition des membres de la commission pour
aujourd'hui? M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Pour
l'étude du projet de loi 153 uniquement, M. Biais (Terrebonne) sera
remplacé par Mme Vermette (Marie-Victorin) et Mme Harel (Maisonneuve)
sera remplacée par M. Claveau (Ungava). Nous poursuivrons par la suite
nos travaux avec l'étude des projets de loi 121 et 144, projets de loi
du ministre des Transports.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a entente
entre les membres de la commission pour que des changements puissent être
faits au fur et à mesure qu'on changera les mandats de la commission? Il
y a des changements pour le projet de loi 153, mais il y aura d'autres
changements concernant la composition de notre commission lorsque nous
aborderons les autres projets de loi. Est-ce qu'il y a consentement?
Une voix: Consentement. Une voix: D'accord.
Le Président (M. Rochefort): Consentement.
Au moment de l'ajournement de nos travaux, nous étions rendus
à l'article 12. J'appelle l'article 12, M. le ministre.
Permis pour activité spéciale
(suite)
M. Picotte: Merci, M. le Président. J'ai eu l'occasion, je
pense, d'expliquer assez bien, vendredi soir dernier, toute la philosophie qui
nous animait à la présentation de cet article. J'ai eu l'occasion
de réfléchir en fin de semaine et j'ai eu aussi l'occasion de
discuter avec mes fonctionnaires qui m'ont dit qu'il n'était pas ou
qu'il n'allait pas être facilement possible d'apporter ou de
prévoir un règlement dans ce domaine puisqu'il s'agit des cas ad
hoc. À partir de ce moment-là, compte tenu des raisons que j'ai
évoquées, j'attends surtout ce que l'Opposition a à dire
là-dessus et, M. le Président, on verra, mais je ne vois vraiment
pas ce que je pourrais apporter de neuf ou d'éclairage nouveau face
à cet article.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, la présidence a pu se
rendre compte, vendredi soir, que le ministre, a été beaucoup
plus loquace, beaucoup plus volubile pour promouvoir la commercialisation du
gibier qu'il ne l'a été pour défendre l'article 8, qui
renverse la présomption de culpabilité à l'égard
des accusés ou des chasseurs pris en possession, la nuit tombée,
d'une arme et d'un projecteur. J'attendais justement ce matin, à la
suite de notre discussion de vendredi soir, pour voir comment le ministre
pourrait prévoir baliser une telle ouverture.
Le ministre lui-même, vendredi, a fait référence
à la SAQ. On sait maintenant - et ce, au grand dam des hôteliers,
des aubergistes, de tous ceux et celles qui vivent de ce commerce, de
l'activité hôtelière -comment, aujourd'hui, en tout temps,
n'importe quand, n'importe qui, d'une façon pratique, peut obtenir un
permis de 24 heures pour vendre de la boisson à peu près
n'importe où. Tout cela a commencé justement de la façon
dont le ministre veut commencer ici la vente ou la possibilité de
délivrer des permis à un nombre très limité pour
répondre à des besoins pressants des organismes qui veulent
se...
On pourrait reprendre le discours qu'a tenu le ministre sur l'article 12
ici. C'est sans doute un discours qui a été exactement ou
à peu près le même, semblable, lorsque est venu le temps de
modifier la loi sur les permis et la vente de boissons alcooliques à des
organismes d'oeuvres de charité, etc. Je ne reprendrai pas tout le
discours qui a duré une demi-heure. Quant à moi, si une telle
ouverture n'est pas réglementée, balisée, je crois qu'un
règlement serait la meilleure garantie pour au moins s'assurer que tout
cela atteigne bien l'objectif.
Le ministre nous dit bien que c'est pour un nombre très
limité. L'an passé une
cinquantaine d'organismes ont effectivement fait ce genre de party, de
brunch, de souper, de dîner en utilisant de la viande de gibier sauvage.
Dans cette optique, cela permettrait à ces organismes d'atteindre des
objectifs louables. C'est sûr en soi.
C'est un moyen nouveau et original pour un organisme de se procurer des
fonds pour exercer ces activités, sauf que si on considère qu'il
y a une possibilité, une ouverture dans la loi qui relève
strictement et uniquement de la décision du ministre pour accorder ou
refuser de tels permis temporaires pour l'utilisation de la viande d'orignal,
du caribou ou du saumon pour une activité de ce type, on doit
constater...
Je pourrais, si j'utilisais le même langage qu'a tenu le ministre
à l'Assemblée nationale lorsqu'on a fait l'étude du
principe du projet de loi, aller jusqu'à lui dire: II est en train,
d'une part, par une partie de ta loi... Un des principes de la loi est de
favoriser la lutte contre le braconnage par des amendes, des sanctions
pénales beaucoup plus sévères que celles qui existaient.
D'une part, il dit qu'il lutte contre le braconnage en augmentant les
pénalités. Il disait à l'Assemblée nationale que
ceux qui seraient contre cela seraient des braconniers ou à peu
près. Il nous assimilait à des braconniers parce qu'on
s'élevait contre les sanctions sévères qu'il propose dans
son projet de loi. Je pourrais très bien lui renvoyer la balle et dire
que cet article 12, sans aucune réglementation autre que sa
décision administrative, permet l'utilisation de viande de gibier ou du
poisson, du saumon par exemple. On vit actuellement le désastre sur la
rivière Saint-Jean. Cela nous rappelle que cette ressource au
Québec est deux fois moins importante, qu'elle est
surexploitée.
Par cette ouverture, il risque fort de répondre à
certaines demandes, encore une fois, qui peuvent être fort bien
intentionnées. Ce qu'il nous disait vendredi, c'est qu'il va falloir que
le groupe ou celui qui fait un party au caribou, à l'orignal ou au
saumon, reçoive ces produits de façon gratuite, sait qu'un
chasseur ou un pêcheur donne à l'association un animal ou une
partie de cet animal.
Évidemment, c'est bien beau, en théorie, mais on sait
qu'en pratique ce qui arrivera, c'est qu'il y en aura 50 alors que cela est
défendu. Il y a eu environ une cinquantaine de ces actions qui se sont
produites au Québec peut-être pendant la dernière
année, par des organismes. Il arrivera que des organismes... Et vous
savez combien on en a. Dans mon comté, il y en a peut-être 200 ou
300 de ces organismes. Ce sont des organismes de bienfaisance qui cherchent par
toutes sortes de moyens originaux et nouveaux à augmenter leurs revenus.
Tout cela est toujours dans un but très noble, mais cela va créer
nettement une pression sur le ministre et va l'amener... C'est exactement comme
celle qui avait été créée sur le ministre, le
ministre de la Justice, à l'époque. C'est encore lut, d'ailleurs,
je crois, qui accorde les permis de la SAQ pour des 24 heures. Cela va donc
créer une pression. Le ministre actuel, je n'en doute pas, courra
peut-être résister, mais cela va venir au cours des années:
pression par-dessus pression et demande pardessus demande de la part de groupes
un peu partout au Québec. Le ministre va être appelé
à relâcher graduellement, de façon qu'on se retrouvera avec
un nombre effarant de ces permis temporaires et exceptionnels pour des
organismes qui demandent des permis afin de pouvoir servir de la viande de
caribou ou du saumon.
À ce moment, on ne me fera pas croire que cela va toujours
être bénévole, les dons de caribou, les dons d'orignal, les
dons de chevreuil et les dons de saumon. On ne me fera pas croire que tout le
monde va se mettre à aller pêcher le saumon et aller tuer un
orignal pour le donner. Il y aura comme conséquence que ces organismes
feront appel à des braconniers. On sait comment cela est facile de
détourner des lois et encore plus facile quand il n'y a même pas
de règlement qui encadre très précisément une
activité. Tout le monde connaît des braconniers dans tous les
villages du Québec. Il sera alors très facile de faire appel
à un braconnier qu'on connaît bien et de s'arranger avec lui pour
qu'il nous le donne, mais on le repaie d'une autre façon. C'est une
ouverture, d'après moi, surtout si elle n'est pas
réglementée et encadrée de façon très
précise, très claire et de façon restrictive, je dirais,
M. le Président.
Le ministre, au départ, le fait avec un objectif très
valable, je le reconnais. Son objectif, au départ, est de pouvoir faire
cela, de répondre et d'empêcher ce qui se produit:
c'est-à-dire qu'il y ait illégalité comme cela se produit
présentement dans quelques cas. Il est très difficile - je suis
aussi d'accord avec son argumentation en ce sens -d'intervenir puisque ce sont
des organismes, évidemment, de faune, bien souvent, ou des organismes
charitables qui utilisent déjà ce procédé qui est
illégal. Il veut les légaliser et pouvoir les dénombrer.
C'est l'un de ses objectifs qu'il nous mentionnait de pouvoir savoir et suivre
ce qui se fait dans ce domaine. L'expérience est là et
très visible. Dans le domaine des permis d'alcool, c'est l'exemple
parfait. C'est trop semblable pour croire qu'à un moment ou l'autre,
sous des pressions répétées, un ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche n'aura plus la même intention que celle que
le ministre a en tête; soit d'accorder cela uniquement dans des
circonstances très exceptionnelles. Ce ministre pourrait être
moins résistant et moins fort que le ministre actuel.
Même dans son gouvernement, cela ne veut pas dire que le ministre
actuel du Loisir ne sera pas transféré à un moment
donné par le premier ministre à un autre poste
ministériel. On pourrait se retrouver avec un ministre du Loisir
beaucoup plus enclin justement à laisser aller. Comment va-t-il faire,
si par exemple le ministre du Loisir est en même temps président
de la campagne de financement du Parti libéral, pour organiser un souper
à l'orignal à 1000 $ le couvert? On voit cela, des soupers
à 1000 $ le couvert. Comment fera-t-il pour résister à une
telle demande? Voyez dans quelle position le ministre se place, s'il ne se
donne pas un cadre très sévère et très rigide. Je
ne crains pas pour le ministre actuel, mais pour les ministres... On ne sait
pas qui viendra après lui et on ne sait pas comment ils pourront se
conduire et jusqu'à quel point ils seront en mesure de résister
à des pressions de ce genre-là. C'est une ouverture, comme vous
le voyez, qui est très dangereuse parce que cela va entraîner
l'augmentation du braconnage très probablement, le braconnage
institutionnalisé de cette façon-là, M. le
Président.
Par sa loi 153, le ministre essaie de lutter contre le braconnage et il
donne en même temps une ouverture extraordinaire par cet article 12, tout
en ayant comme objectif - encore une fois, je crois que c'est fait
honnêtement - de pouvoir suivre cela de près et de le
réglementer lui-même. Mais ce n'est pas un règlement de
l'Assemblée nationale, ce sera sa propre volonté, ce seront ses
propres décisions administratives. II se place, et ses successeurs
particulièrement, dans une position très difficile.
Indirectement, il va créer une pression qui va inciter certaines
personnes, certains braconniers qui ne cherchent que toutes sortes d'ouvertures
de ce type, à exercer leurs activités. Sous des dehors
très honnêtes, très vertueux, ils vont se permettre du
braconnage. Ils vont tuer un orignal, ils vont en donner un quartier et le
reste, que vont-ils en faire? Si l'organisme bénévole n'a besoin
que d'un quartier d'orignal pour son brunch ou son méchoui,
qu'arrive-t-il du reste? Ils auront tué avec un permis du ministre et ce
sera du braconnage institutionnalisé, avec un permis; cela ressemble
beaucoup à cela.
Pour ce qui est du caribou, on en reparlera sûrement. Au prochain
budget, j'imaqine que le ministre va revenir certainement sur la
commercialisation du caribou. Certaines espèces sont très
exactement encadrées comme le loup ou le castor - c'est très bon
du castor. Pour le canard, je n'ai pas à l'esprit les chiffres, à
savoir quelle peut être la pression sur le canard comme tel, mais il
reste que des espèces sont vulnérables. Le saumon est
particulièrement très vulnérable parce qu'on a la
moitié des besoins pour faire une exploitation normale du saumon au
Québec. Pour ces raisons, M. le Président, je demande à
nouveau au ministre de songer à faire un règlement. S'il tient
vraiment à faire une ouverture en ce domaine, au moins qu'elle soit bien
encadrée,
Je peux y aller, oui?
Le Président (M. Rochefort): Cela va. Oui, il vous reste
une minute. C'est ce que je voulais vous indiquer, excusez-moi.
M. Desbiens: Ah bon! Je pensais que vous nous demandiez de...
Le Président (M. Rochefort): Ah!
Excusez-moi, M. le député.
M. Desbiens: Je ferais donc l'amendement suivant à
l'article 12, M. le Président. L'article 12 de ce projet de loi est
modifié par l'insertion, dans la deuxième ligne de l'article 70.1
et après le mot "détermine," des mots "par règlement".
Le Président (M. Rochefort): En avez-vous une copie, M. le
député?
M. Desbiens: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Votre amendement est
recevable et je vous demanderais de nous en faire la présentation, M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, je vais attendre, si vous le
permettez, que le ministre soit de retour avec nous.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que vous
préférez qu'on suspende durant quelques minutes, M. le
député? Vous voulez qu'on suspende?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Rochefort): On va suspendre pour quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 51)
(Reprise à 11 h 58)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons nos travaux. La parole est au député de
Dubuc qui avait déposé une motion d'amendement à l'article
12. M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Dans l'intervalle, M.
le ministre a pu discuter avec ses principaux conseillers concernant la
nécessité d'un règlement et il se rend aux raisons que
l'on a invoquées. Je
pense que c'est sage. Ce ne sont pas des craintes que l'on peut avoir
à ce moment-ci de la part du présent ministre, mais je pense
qu'à la longue... Je suis heureux, dans ce sens, que l'on ait ce
matin... Cela vient confirmer, je pense, notre action et la discussion
très sérieuse que l'on entend faire du projet de loi. Nos
objectifs, comme ceux du ministre, visent bien sûr à la protection
de la faune et à la lutte contre le braconnage. Je crois que te ministre
a manifesté l'intention de peut-être présenter un
amendement qui viendrait compléter le mien, ni plus ni moins. Je pense
que le mieux serait peut-être de retirer mon amendement pour lui
permettre de faire lui-même un amendement qui réponde exactement
à ses volontés.
Le Président (M. Rochefort): Pardon, M. le
député de Dubuc. Vous retirez votre amendement.
M. Desbiens: Je retire mon amendement.
Le Président (M. Rochefort): L'amendement est
retiré. M. le ministre.
M. Picotte: Merci, M. le Président. Je pense qu'il est
important que je fasse quelques commentaires. Le député, dans son
petit discours, a insisté sur la commercialisation. Il faut bien se dire
qu'il n'est pas question de commercialisation. C'est-à-dire qu'il faudra
que l'on me prouve la légalité de la provenance du gibier. Tout
le monde sait, au Québec, que l'on n'a pas le droit de vendre ce gibier.
Donc, si quelqu'un achète du gibier, c'est illégal. Si c'est
illégal, il ne peut y avoir de permis; c'est aussi simple que cela. Je
pense qu'il y avait ce mot qui était fort important et sur lequel M. le
député de Dubuc n'a pas insisté, mais il était
véridique.
Ce que je voudrais faire, M, le Président, compte tenu des
discussions que nous avons eues tantôt durant la suspension, cela serait
d'ajouter ceci comme papillon à l'article 12 du projet de loi 153: Aux
première et deuxième lignes de l'article 70.1, remplacer les mots
"aux conditions qu'il détermine" par les mots "dans les cas ou aux
conditions que le gouvernement détermine par règlement".
Le Président (M. Rochefort): Vous en avez une copie, M. le
ministre?
M. Picotte: Oui. Je pense que cela répond très
bien, M. le Président, aux inquiétudes qu'a soulevées le
député de Dubuc. Cela vient préciser certaines choses et
clarifier les situations qui existaient de toute façon et qui seront
clarifiées, le cas échéant, dans l'avenir.
M. Desbiens; Vous avez bien dit: "dans les cas ou aux
conditions"...
M. Picotte: Ou aux conditions devant être
déterminées par règlements; donc, les cas et les
conditions aussi devant être déterminés par...
M. Desbiens: N'est-ce pas "et" dans ce cas?
Le Président (M. Rochefort): Il me semble que cela
prendrait un "et".
M. Picotte: Parce qu'on me dit que cela ne peut pas être
à la fois des cas et des conditions, cela peut être soit des cas,
soit des conditions, ou les deux.
Le Président (M. Rochefort): En tout cas,
écoutez...
M. Desbiens: M. le Président, sur la discussion, pour
essayer de s'éclairer et pour s'entendre...
Le Président (M. Rochefort): Juste pour les fins...
M. Desbiens: Oui, excusez.
Le Président (M. Rochefort): ...du bon fonctionnement des
travaux de la commission, si je comprends bien, on permet une courte discussion
pour permettre de bien s'entendre sur le libellé de l'amendement et,
ensuite, on fera le débat. C'est cela?
M. Desbiens: Oui, d'accord.
Le Président (M. Rochefort): Écoutez, je suis
prêt à vous entendre encore quelques minutes.
M, Desbiens: Parce que si on dit: "dans les cas ou aux conditions que le
gouvernement détermine par règlement", je ne vois pas la
nécessité à ce moment... Cela voudrait dire... En tout
cas, c'est ce que je comprends. Je ne sais pas si c'est cela l'idée du
ministre. Mot, je comprends que dans les cas, dans certains cas donc, le
gouvernement ou le ministre - le gouvernement par décret, j'imagine -
pourrait décider d'accorder ces permis sans qu'il y ait de
règlement, sans que cela soit à l'intérieur d'un
règlement. Est-ce que je comprends bien? Si on dit: "ou" ou...
M. Picotte: Me Côté va vous donner
l'explication.
Le Président (M. Rochefort): Me Côté.
M. Côté (Gaétan): C'est un peu pour donner
plus de souplesse au pouvoir régle-
mentaire où le règlement pourrait dire: Dans tel cas, on
peut donner un permis; ou à telle condition, on peut donner un permis.
Dans d'autres circonstances, cela pourrait être: Dans tel cas et à
telle condition.
Une voix: ...les autochtones.
M. Desbiens: Mais c'est toujours à l'intérieur...
Les cas comme les conditions sont fixés par règlement.
M. Côté (Gaétan): C'est cela.
M. Desbiens: C'est bien clair, cela.
M. Picotte: C'est cela. C'est fixé par
règlement.
M. Côté (Gaétan): C'est comme cela qu'il faut
le comprendre.
M. Desbiens: Est-ce que la phrase est correcte? C'est ce que je
me pose toujours comme question.
Le Président (M. Rochefort): Je pense que l'amendement est
recevable et selon les discussions auxquelles je viens d'assister, il me semble
que oui. Si on parle de cas précis, ils devront être prévus
dans un règlement et, si on parle de conditions, celles-ci devront aussi
être prévues dans le règlement.
M. Picotte: Un exemple, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Oui, allez-y, M. le
ministre.
M. Picotte: L'exemple classique qu'il faut donner, je pense que
c'est dans le cas d'une tribu autochtone. Là, c'est un cas précis
et les conditions ne sont pas les mêmes. Les autochtones peuvent aller
chercher - c'est bien déterminé - tant de chevreuils ou tant de
caribous. Pour eux, on n'aura pas besoin de déterminer les conditions,
à savoir la provenance, etc., parce que cela leur est déjà
dévolu.
C'est un cas qui ne nécessite pas de conditions. Par contre, cela
pourrait être des conditions bien déterminées ou cela
pourrait être les deux. Alors, c'est en ce sens qu'on l'exprime et que
les cas et les conditions devront être édictés par
règlement.
Le Président (M. Rochefort): Juste une question, M. le
ministre. Dans les situations où l'on met dans le règlement des
cas précis et on ajoute les conditions qui doivent être remplies
pour que ces cas précis puissent se prévaloir de 70.1, est-ce que
de laisser simplement "ou" est suffisant?
M. Picotte: Le "ou" comprend le "et".
Le Président (M. Rochefort): Cela va, c'est recevable. M.
le ministre, vous voulez peut-être présenter votre amendement
vous-même?
M. Picotte: Non, on pourrait le lire, M. le Président.
Mais je pense que cela...
Le Président (M. Rochefort): Je relis l'amendement.
M. Desbiens: J'avais une question. D'accord, allez-y.
Lisez-le.
Le Président (M. Rochefort): II s'agit d'apporter un
amendement à l'article 12 qui vise à changer, aux première
et deuxième lignes de l'article 70.1, les mots "aux conditions qu'il
détermine" par les mots "dans les cas ou aux conditions que le
gouvernement détermine par règlement". M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Je n'ai pas de connaissances juridiques, sauf celles
que j'ai pu glaner un peu comme cela dans nos études de projet de loi.
Pour calmer toutes mes appréhensions, je pose la question. J'entends
dire en commission que le juge ou le tribunal, lorsque vient le temps de
déterminer ce que vaut une loi ou un règlement, utilise les
discussions qui ont pu avoir lieu. Non? C'est beaucoup plus théorique
que pratique ou cela n'existe même pas?
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que vous me posez une
question?
M. Desbiens: Je ne sais pas si vous êtes en mesure de me
répondre. Je sais que vous n'êtes pas avocat non plus.
Le Président (M. Rochefort): M. Côté.
M. Côté (Gaétan): D'après la
jurisprudence de la Cour suprême, les discussions qui ont lieu lors de
l'adoption d'un projet de loi ne peuvent pas être utilisées pour
en interpréter le sens.
Le Président (M. Rochefort): C'est bien ce que je
pensais.
M. Desbiens: Cela revient strictement aux tribunaux et selon
l'écriture même de la loi.
Le Président (M. Rochefort): Dit autrement, M. le
député, les juges disposent et appliquent les lois, non pas les
discours.
M. Desbiens: C'est l'inverse de ce que j'avais compris. Pour
calmer toutes mes appréhensions, si on mettait "et", quelle serait
vraiment la différence? On dirait "dans les cas et aux conditions",
pour
prendre l'exemple du ministre tantôt des autochtones.
M. Picotte: Pour répondre au député de
Dubuc, on me dit que si on mettait "et", dans les cas où on n'a pas
besoin de conditions, vous nous forceriez à mettre des conditions. Les
deux sont prévus par règlement. Autrement, on serait
obligé de mettre des conditions aux tribus autochtones et on se
trouverait devant un problème vraiment particulier où elles
pourraient nous dire: Nous n'avons pas besoin de conditions, parce que nos
conditions, nous les avions au préalable. On serait alors forcé
de leur refuser un permis et elles viendraient nous contester. Le
règlement est public, de toute façon. C'est à cause de
cela qu'on ne peut pas mettre "et". Autant les cas que les conditions sont
déterminés par règlement.
Me Côté me dit que le "ou" comprend le "et", et on ne peut
pas mettre "et" s'il y a "ou"; on ne peut pas indiquer cela parce que le "ou"
comprend le "et".
M. Desbiens: Et le "et" n'inclut pas le "ou".
M. Picotte: C'est cela. Voilà la difficulté que
nous avions. Je n'ai pas d'objection, comme je le disais, à utiliser un
amendement semblable à celui-là. Il me semble que, de ce
côté, on va pouvoir contrôler les situations alors qu'on ne
les contrôle pas présentement.
M. Desbiens Ce qui serait alors de l'intention du ministre - j'imagine
qu'il n'a pas encore eu le loisir de penser à cela. À la suite de
cet amendement, est-ce qu'il pense faire approuver son règlement, de la
façon habituelle par la présentation dans la Gazette
officielle et tout cela, ou si le ministre...
M. Picotte: C'est obligatoire.
M. Desbiens: C'est obligatoire, d'accord, mais je veux aller plus
loin. Ce qui n'est pas obligatoire et qui serait peut-être souhaitable,
c'est que le ministre fasse appel aux membres de la commission
là-dessus.
M. Picotte: Je ne veux pas m'engager là-dessus, M. le
Président. On verra les règlements qu'on peut déterminer
et, si on peut le faire après, on le fera. De toute façon, cela
paraît aussi dans la Gazette officielle, obligatoirement. Je pense
qu'il y a une bonne garantie là aussi.
M. Desbiens: Oui.
M. Picotte: On me dit même qu'avec la nouvelle loi
l'Assemblée nationale peut demander à examiner les
règlements qui ont été adoptés. À partir de
ce moment, je pense qu'on a certaines garanties.
Le Président (M. Rochefort): Les mécanismes ne sont pas
avec la bâtisse.
M. Desbiens: C'est dit tout simplement comme cela dans la loi,
présentement, sauf que la façon dont on procède ne nous
est pas encore indiquée.
Le Président (M. Rochefort): II n'y a encore rien de
déterminé.
M. Desbiens: En tout cas.
Le Président (M. Rochefort): Sur la même question, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Sur la même question, M. le ministre.
À cause des modifications qu'on apporte... Ce sont des
précisions, finalement. Vous avez déjà en tête
certains cas et certaines conditions, puisque vous en avez cité
quelques-uns, si je me souviens bien, vendredi dernier. Et vous en avez
cité encore quelques-uns. J'imagine que, pour aller dans le sens des
règlements, ce ne serait pas tellement compliqué de pouvoir les
apporter à la commission, où on pourrait se pencher
là-dessus pour voir exactement ce qui en est. Comme je vous l'ai dit au
tout début, je dois être de plus en plus compétente et
ferrée en matière de faune et de chasse. Il serait
peut-être intéressant qu'on puisse s'y pencher davantage.
M. Picotte: M. le Président...
Le Président (M. Rochefort): M, le ministre.
M. Picotte: Je pense que c'est un amendement qui arrive à
brûle-pourpoint...
Mme Vermette: Pas tout de suite, tout de suite.
M. Picotte: On n'a pas eu le temps, évidemment, de baliser
quoi que ce soit. La loi prévoit la façon dont on peut
procéder du côté des règlements. Nous allons
procéder selon les méthodes législatives que nous
connaissons. Maintenant, pour rassurer Mme la députée, je vais
répéter, encore une fois, uniquement ta dizaine de lignes que je
lisais: En pratique, l'émission d'un tel permis permettra de
contrôler ces activités puisque, avant d'émettre un permis,
il est évident que le ministre s'enquerra de la provenance du gibier ou
du poisson qui sera consommé et qu'il pourra ainsi vérifier s'il
a été acquis légalement.
En partant, cela veut dire ceci. Quelqu'un demande un permis et me
dit:
Nous avons l'intention d'acheter 200 saumons à tel endroit pour
faire un "party" au saumon. Cela va être refusé automatiquement
parce qu'on n'a pas le droit d'acheter de la viande sauvage. On n'a pas le
droit d'acheter du saumon. Maintenant, quelqu'un dit: On a une dizaine de
personnes qui sont revenues avec du saumon et qui ont décidé de
le donner, par exemple, à l'association des handicapés de telle
région et eux font un party à 100 $, 200 $, 300 $ le couvert pour
ramasser des fonds et on a 25, 30 ou 40 saumons. À partir de ce moment,
on pourra le vérifier. C'est uniquement cela. Cela doit être fait
d'une façon légale. On ne permettra pas que ce soit
illégal. Alors que, présentement, il y a des gens qui font du
commerce et ce n'est connu de personne. (12 h 15)
On le sait uniquement après que l'activité se fut tenue
ou, la plupart du temps, on s'en aperçoit au moment de l'activité
comme telle quand on publie ceci et cela. Les agents pourraient se retrouver
dans une situation, arriver en plein milieu d'une bouffe organisée pour
un organisme charitable et mettre tous les gens en état d'arrestation,
tous se trouvant dans l'illégalité parce qu'ils ont acheté
un billet. C'est uniquement cela. À partir de ce moment-là, il
faut bien savoir que cela a été acquis légalement. C'est
important. On pourra aussi exiger de connaître le nom des donateurs. Ce
ne sera pas tout de nous dire: Ce sont des gens qui nous ont donné cela.
Il faut savoir qui et d'où cela vient?
Dans le cas du saumon, c'est étiqueté, etc. Il faut au
moins poser certaines questions. Après avoir tout fait vérifier,
on vous donne l'autorisation. S'ils n'ont pas d'autorisation, illico,
dès qu'il y a une manifestation organisée sans permis, cela nous
permet d'aller l'arrêter immédiatement. Cela ne se fait pas
aujourd'hui. C'est loin d'ouvrir, on veut justement refermer la porte au
braconnage là-dessus, parce qu'on sait qu'il en existe. C'est uniquement
cela.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: En fait, je vais dans le même sens que le
ministre. En fin de compte, c'est pour fermer la porte au braconnage. Je me
pose encore d'autres questions, à savoir si cela va vraiment fermer la
porte au braconnage. D'une part, le troc existe toujours et on pourra
prédire la provenance pour qui et pourquoi. Il y a toujours des
possibilités: une carcasse pour autre chose, services rendus. Cela peut
exister très facilement et cela peut devenir la coutume très
facilement, d'une part. D'autre part, les quotas, vous allez me dire qu'il y a
des cas particuliers pour les handicapés qui seraient très
heureux d'ailleurs, alors qu'on vient de faire fermer l'îlot
Jean-Besré à Québec, mais ils n'auraient pas 300 $
à payer, cependant.
Indépendamment de cela, je me dis qu'il doit y avoir des quotas.
S'il y a une carcasse, ils n'ont besoin que du devant de l'orignal, il va
rester une autre partie de viande qui ne sera pas... Que va-t-il arriver avec
cette partie de viande non utilisée, finalement? Vont-ils la revendre?
Il se passe quoi, finalement, avec tout cela?
M. Picotte: Mme la députée, je comprends que vous
êtes très peu connaissante là-dessus, vous l'avez
avoué vous-même, mais il faudrait que vous sachiez ceci: Si vous
allez à la chasse, et que vous décidez de donner un quartier de
votre caribou, j'imagine que le reste du caribou, après votre don, vous
allez le garder pour vous. Je n'irai pas voir chez vous ce que vous en faites,
sauf si, à un moment donné, on a des plaintes que vous auriez
fait de la vente par la suite. Cela se passe comme cela pour tous les gens qui
ont tué un orignal, un caribou ou un chevreuil. On saura que Mme
Unetelle a voulu faire un don et qu'elle a donné une partie ou un
quartier de son caribou. L'autre partie, je présume qu'elle le garde
pour elle, qu'elle organise un party de famille, qu'elle le mange chez elle,
qu'elle en fait cadeau ou don à ses amis. Si, à un moment
donné, il y a une plainte disant qu'elle aurait vendu à quelqu'un
un morceau de cet animal, nos agents de conservation vont aller interroger Mme
X. Ils ne l'interrogeront pas sur le fait qu'elle a donné un quartier de
viande pour une oeuvre charitable, ils vont l'interroger parce qu'elle a fait
de la vente à quelqu'un d'autre dans son milieu, sur réception
d'une plainte.
Si on n'a jamais de plainte, elle pourra l'avoir vendu et on ne le saura
pas. Autrement dit, vous me demandez d'avoir des agents de conservation qui,
dès qu'un animal est abattu, vont suivre la personne à la trace -
celle qui l'a obtenu légalement avec son permis - pour voir si elle n'a
pas vendu une livre à son voisin ou autre chose. C'est un État
qui va fouiller dans les culottes de tout le monde et cela ne
m'intéresse pas. Que voulez-vous que je vous dise? Mais s'il y a des
plaintes ils vont agir sur plainte, que vous ayez fait un don ou pas.
Le fait d'avoir fait un don ne vous donne pas le droit de faire du
commerce et, si vous le faites avec d'autres et qu'il y a des plaintes, vous
serez sûrement interrogée. Si jamais on fait une
vérification et que c'est prouvé que vous en avez vendu, vous
allez vous retrouver devant les tribunaux. C'est tout simplement cela, mais je
ne peux pas le contrôler d'avance.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député d'Ungava.
M. Picotte: On ne peut surtout pas prévoir ces
choses-là dans les règlements.
Mme Vermette: Je voulais faire ressortir que le troc existe
énormément. C'est un commerce aussi. On peut faire un commerce
à cet effet, surtout pour des bonnes oeuvres. C'est très
facile.
M. Picotte: M. le Président, dans la loi, le troc, c'est
de la vente. La vente, c'est illégal; l'illégalité, c'est
puni quand on peut le vérifier.
Mme Vermette: On parle actuellement de règlements dans des
cas et des conditions. On parle de braconnage. Vous savez que dans le
braconnage on trouve facilement des moyens pour s'en sortir, à un moment
donné.
M. Picotte: La loi le définit. On n'a pas besoin de mettre
un règlement pour aller fouiller partout. Dans la loi, au chapitre I, il
y a des définitions. La définition de "vendre" c'est ceci:
"Céder ou offrir de céder, troquer, procurer à une autre
personne ou de permettre qu'elle se procure un animal, de la fourrure, du
poisson, moyennant un avantage promis ou obtenu."
Comment voulez-vous que je mette plus que cela là-dedans? Je ne
peux pas ajouter autre chose, tout est prévu. Qu'il l'ait changé
pour avoir de la fourrure ou qu'il l'ait changé pour avoir quoi que ce
soit, c'est du troc. Si c'est du troc, c'est de la vente et si c'est de la
vente, c'est punissable. À partir de ce moment, je fais confiance
à l'intelligence - et Dieu sait s'ils en ont - et au jugement - et Dieu
sait s'ils en ont - de mes agents de conservation.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava.
M. Picotte: À moins que vous ne pensiez que nos agents de
conservation n'ont pas de jugement et cela, c'est une autre paire de manches.
On fera ce débat ailleurs.
Mme Vermette: Loin de moi cette idée. Je ne voudrais pas
que vous me donniez des intentions que je n'ai absolument pas.
M. Picotte: Alors, j'imagine que...
Mme Vermette: Au contraire, je dis que, comme on parle de
braconnage, il est évident que c'est une question qui frise
l'illégalité et qu'on est dans un système de
récupération. On trouve souvent des bons moyens plus
sévères à côté pour pallier ce qu'on nous
donne par la loi, finalement.
M. Picotte: Si vous avez bien entendu la définition que je
viens de donner et si vous faites confiance au jugement de mes agents de
conservation, vous devriez être rassurée et dormir tranquille
pendant tout le temps dont vous avez besoin pour prendre du repos.
Mme Vermette: Une chance qu'on était là et
clairvoyant, M. le ministre, parce que, voyez-vous, il y a un amendement qui
vient d'être apporté.
M. Picotte: M. le Président, je regrette, je dois dire que
c'est moi qui ai offert cela au député de Dubuc vendredi soir en
quittant la commission. Je lui ai dit: Réfléchissez à
cela, je suis même prêt à envisager un règlement. Si
le député de Dubuc peut dire le contraire, qu'il le fasse
immédiatement.
M. Desbiens: Je peux dire que c'est vrai, sauf que la
première déclaration que le ministre a faite ce matin,
c'était pour dire qu'il n'y aurait pas de règlement.
M. Picotte: J'ai dit, M. le Président, que mes
collaborateurs trouvaient difficile de le faire. Après en avoir
discuté un peu ensemble en arrière tantôt, on en est venu
à la conclusion de cet amendement. Concernant cet amendement, on a
retiré celui de l'Opposition pour permettre celui-là qui fait
l'unanimité. Je me demande même si cela veut dire qu'on peut en
discuter encore pendant une heure.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Toujours sur
l'amendement.
M. Claveau: Toujours sur l'amendement, enfin cela...
J'écoute cela et j'ai l'impression que le ministre travaille en
fonction... Le projet de loi qu'on a entre les mains, l'article en question,
entre autres, est en fonction du citadin moyen qui va faire un petit tour en
forêt une fois de temps en temps. Il va peut-être faire un voyage
de pêche l'été avec une canne louée et un bateau
qu'il va louer de la base de plein air où il va aller. Il va
peut-être revenir avec trois brochets et huit dorés et,
finalement, il n'en mangera qu'un seul. Les autres, il va les donner parce que
c'est peut-être même quelqu'un qui n'aime pas le poisson et qui y
est allé juste pour le plaisir d'aller passer une fin de semaine en
plein air.
C'est dans ce sens que je vois cela et la même chose quant
à la chasse. C'est certain que la personne, quelle qu'elle soit, qui vit
loin du milieu forestier et qui met
800 $ au 1000 $ pour faire un voyaqe de chasse une fois par année
et aller chercher avec son ami son demi-orignal qui lui revient,
peut-être que son congélateur n'est pas assez grand pour placer
les deux quartiers et elle va peut-être juste prendre la fesse d'en
avant, le quartier d'en avant, c'est-à-dire l'épaule.
M. Picotte: L'épaule d'en arrière. Des voix:
Ha! Ha! Ha!
M. Claveau: L'épaule d'en arrière! Excusez le
lapsus, mais dans le fond, un orignal, c'est cinq quartiers; la tête
étant prise pour un quartier.
Il garde l'épaule parce qu'il aime mieux cela, ce n'est pas trop,
cela entre dans son congélateur et le reste, il va s'organiser avec un
organisme de bienfaisance ou avec la garderie du coin pour dire: On va vous
préparer un petit souper avec la fesse d'en arrière.
Dans ce cadre, l'article du projet de loi s'applique raisonnablement
bien et d'une façon assez facile. Par contre, là où je
n'arrive pas à suivre le raisonnement, c'est qu'il y a plus que cela.
D'ailleurs, c'est pour cela que les quotas sont plus élevés. J'ai
ici la liste en page 28 du guide Pêche, chasse et piégeage du 1er
avril 1984 au 31 mars 1986. Il va probablement y en avoir un autre qui va
sortir prochainement puisque celui-là n'est plus à jour. Il reste
que c'était la condition jusqu'à cette année.
Quelqu'un - et si le ministre n'en connaît pas, j'en connais - qui
vit à l'année dans les milieux forestiers, ou un agriculteur qui
est proche de la nature, a droit à toute une panoplie d'interventions,
de prélèvements d'animaux en forêt qui est assez
impressionnante. S'il fallait qu'il réussise à manger
lui-même tout ce à quoi il a droit, ce serait un drôle de
bon gourmet. Je pense que Gargantua serait, à côté de lui,
un ange gardien.
La possibilité qu'on a est énorme. À partir du
moment où on a donné des possibilités à des gens
qui aiment la viande sauvage et pour qui c'est peut-être leur seule
source de distraction, à toutes fins utiles - les pêcheurs et les
chasseurs ne sont pas tous des gens qui ont acheté une canne à 10
$ avec un petit moulinet et qui ont deux ou trois "holls" - je ne sais pas
comment on appelle ça en français-Une voix: ...vous êtes
meilleur en anglais.
M. Claveau: ...dans leur coffre à pêche. Ce n'est
pas seulement cela. Il y a des gens qui ont des équipements de
pêche énormes, des gens pour qui c'est leur première
activité, c'est leur plaisir de base et ils le font pour le plaisir.
Sauf qu'ils sont limités par les quotas. Du côté de la
pêche, quand tu as pris tes dix dorés, tu t'en retournes chez toi.
C'est la même chose du côté de la chasse.
Le même chasseur, celui qui aime cela, est équipé...
Un équipement, vous le payez une fois et, après cela, il est bon
pour longtemps. Une année, tu t'achètes une carabine, l'autre
année, tu en achètes une deuxième; tu t'achètes un
petit bateau, tu t'achètes un gros bateau, tu t'achètes un petit
moteur quinze forces, vingt forces ou deux forces pour aller trôler sur
la rivière. Avec le temps, tu as ton ski-doo, tu as ,un véhicule
à trois roues, tu as tout ce qu'il faut. Après sept ou huit ans
de ce régime, tu te retrouves avec un équipement pour la chasse
et la pêche qui est énorme et que, finalement, tu as
absorbé tranquillement, pas vite, dans ton budget annuel.
Une voix: À un moment donné, il est mieux
équipé que les agents de conservation.
M. Claveau: II est mieux équipé que les agents de
conservation. C'est la distraction d'un certain nombre de gens au
Québec, leur distraction principale: Quelqu'un qui finit son quart de
travail à 16 heures ou à 17 heures, prend un petit souper vite et
va passer la soirée sur le bord de la rivière ou sur un lac, ou
il va à la chasse à la perdrix ou voir ses collets pour le
lièvre. Cela n'existe peut-être pas au centre-ville de
Québec, mais cela existe ailleurs en province.
Toujours est-il que le chasseur expérimenté et
équipé, compétent et pour qui c'est la principale source
d'activité récréative, a droit, en tant qu'individu,
à un demi-orignal par année. Il a droit à un chevreuil par
année et, s'il se paie un petit voyage à l'île d'Anticosti,
il a droit à deux chevreuils. Pour ce qui est du caribou, s'il est
capable d'aller à Schefferville quelques fois par année - ce qui
n'est quand même pas rare chez les vrais bons chasseurs - il peut aller
chercher deux caribous au printemps et deux caribous à l'automne. Il a
droit à deux ours noirs par année: un ours au printemps, un ours
à l'automne. Cela commence à faire assez de viande s'il la mange
tout seul.
Une voix: De l'ours, ce n'est pas bon.
M. Claveau: C'est très bon, excellent. Il s'agit de le
dégraisser un peu. Lagopèdes: il a droit à dix par jour
avec une possession de trente, en tout, sans aucune limite annuelle. Quant
à la perdrix, la tétras des savanes, la perdrix grise, la
gélinotte huppée, etc., il peut aller en chercher cinq par jour
sans limite annuelle et il peut en posséder quinze en même temps.
Le lièvre, il peut aller en chercher cinq par jour, mais il n'a
aucune limite de prise annuelle ni aucune limite de possession. Tu peux
avoir cinq cents lièvres dans ton garage et personne ne va dire un mot
si tu es capable de prouver que tu les a pris en cent jours différents.
Les canards, tu peux aller t'en chercher six par jour avant le 15 octobre et,
à partir du 15 octobre, tu peux aller t'en chercher huit par jour. Cela
commence à en fairel
Si on regarde tout cela, dans l'hypothèse où on peut faire
des oeuvres de bienfaisance, etc., avec de là viande sauvage, à
l'intérieur même du cadre de la loi, quelqu'un peut aller chercher
passablement de viande sauvage qui peut servir à toutes sortes de fins.
Si j'applique ce que le ministre dit dans mon milieu en sachant que, du jour au
lendemain, cela devient possible, il risque d'y avoir passablement de demandes.
Beaucoup d'amateurs de chasse et de pêche qui y vont tous les jours, qui
sont limités par des quotas et des limites de possession à un
moment donné parce qu'ils ont de la difficulté à tout
manger, qui en donnent déjà à l'occasion à des
amis, ont une ouverture extraordinaire, ils pourront y aller à
volonté. À ce moment-là, le contrôle sur les prises
quotidiennes est drôlement handicapé; il devient strictement
théorique, d'autant plus que ce que ma collègue disait tout
à l'heure est tout à fait vrai. (12 h 30)
Je prends un exemple. Moi, j'ai un ami qui est mécanicien. Lui ne
va pas à la chasse, mais moi je suis bien équipé pour la
chasse. Je fais réparer ma voiture par lui. Je fais entretenir ma
voiture par lui à longueur d'année et je lui dis: À
l'automne, je t'amènerai une fesse d'orignal. Difficile à
calibrer, difficile de juger la valeur de la fesse d'orignal à la fin de
l'année. Mais pourquoi cela n'est-il pas possible? J'ai deux motoneiges
dans ma cour et un véhicule à trois roues et j'ai mon même
ami qui est mécanicien, il me les entretient tranquillement. À
toutes les fins de semaine, je vais à la pêche et je lui
ramène cinq à six dorés.
Le ministre ne peut pas me dire que ce ne sont pas des choses qui se
font déjà. Il ne peut pas me dire, non plus, que la façon
d'agir par rapport à ce qu'il prévoit là n'accentuera pas
cet état de fait, qui est déjà très difficilement
contrôlable. Moi, j'ai l'impression qu'on est en train, finalement,
d'ouvrir à volonté la chasse et la pêche parce que ce sera
toujours à la limite possible, étant donné qu'il n'y a pas
de contrôle d'une région à l'autre. Moi, si j'ai ma
limite... Supposons que je reste à Chapais. C'est là qu'est ma
résidence. Je suis allé à la pêche en fin de
semaine. J'ai mes dorés, j'ai mes brochets. Je suis allé à
la chasse. Je suis revenu avec mes perdrix, j'ai quelques lièvres qui
traînent dans mon congélateur. J'apprends qu'il y a une
association de la région de Montréal ou ici, à
Québec, qui serait intéressée à faire un repas
semblable. Moi, cela ne me coûte rien. Je le mets dans mon coffre
d'automobile et, en me rendant ici à Québec, je les amène
et ils font le repas.
En faisant cela, par contre, ils m'ont incité à retourner
encore à la chasse et à la pêche faire des
prélèvements supplémentaires lorsque je retourne dans mon
milieu. C'est là que les limites... Je ne sais pas comment le ministre
va finir par les appliquer. S'il veut vider les lacs, s'il veut détruire
les rivières, les frayères, s'il veut faire en sorte que la
forêt se remplisse de chasseurs et de pêcheurs occasionnels et,
souvent, encore plus dangereux que ceux qu'on rencontre déjà
à l'occasion, il n'a qu'à faire cela parce que, par la bande, il
ouvre un commerce qui risque de se développer très rapidement
car, à partir du moment où on va permettre la consommation de
viande sauvage dans les organisations, vous allez avoir - comme a dit, tout
à l'heure, mon collègue de Dubuc -une vague énorme de gens
qui vont vouloir profiter de cela.
Il n'y a rien qui dit qu'il ne se développera pas par-dessous un
marché latéral qui va être passablement intéressant
et extrêmement difficile à contrôler. D'autant plus que je
n'ai pas fini parce qu'il y a toute une série d'animaux que l'on peut
prélever en forêt et pour lesquels Il n'y a pratiquement pas de
limite. On dit: Dans les zones où la chasse est permise, il n'y a aucune
limite de prise ni de possession. Actuellement, ce sont des espèces
auxquelles on ne touche pas beaucoup. Ce sont des espèces très
reconnues dans le milieu autochtone pour leur saveur, leur bon goût, leur
intérêt; ce sont des espèces comestibles. On parle, entre
autres, du porc-épic. On parle du pigeon sauvage. On parle du dindon
sauvage, du raton-laveur. Il y a toute une série d'animaux qui sont
très bons, très comestibles. Le porc-épic en est un
très bel exemple et on ne le chasse pas actuellement, mais ces animaux
risquent de devenir, par exemple, du jour au lendemain, surchassés parce
qu'un petit gueuleton de porc-épic, un repas à l'outarde ou
quelque chose de semblable, une petite entrée au porc-épic, ce
n'est pas mauvais.
C'est la situation dans laquelle on va se trouver, M. le ministre, et il
va se développer une vague. La première année, la
deuxième année, la troisième année, le temps de
votre mandat, peut-être que vous n'aurez pas le temps de voir venir la
vaque, mais ce sont ceux qui vont prendre votre relève par après
qui vont être poignés avec la foulée. Il faut penser pour
l'avenir, M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, je vais prendre quelques
instants en vous disant que ce sont vraiment les derniers instants que je
prends pour répondre parce que j'aurai tout dit ce que j'ai
à dire. Je pense qu'il y a bien des choses qui ont été
dites et auxquelles il faut absolument répliquer. On parle des animaux.
Je trouve cela drôle d'entendre le député - c'est vrai
qu'il n'était pas ici avant le 2 décembre 1985 - parler d'animaux
pourchassés. Notre toi, telle qu'elle existait... Savez-vous pourquoi le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche est obligé
d'amener une loi très dure avec des règlements bien précis
et avec des pénalités fortes en augmentant le nombre d'agents de
conservation et tout cela? Savez-vous pourquoi? Parce que, justement, il y
avait un laxisme épouvantable.
J'entendais, en dernier lieu, le député me dire: Des
animaux surchassés, avec une forme de permis semblable à cela.
C'est ce qui se passait. Quand je suis allé dans la région de
Sherbrooke passer une nuit avec des agents de conservation, parce que,
justement, on avait permis le "spotlight" -excusez l'expression et
l'anglicisme, communément appelé le "jack" - parce qu'on avait
permis la chasse de nuit, parce qu'on avait permis d'avoir des fusils
armés très près de soi pour être capable de tirer en
toutes circonstances, parce qu'on avait laissé diminuer le nombre
d'agents de conservation sur le territoire, là, c'est vrai qu'il y avait
des animaux surchassés. Ah! Mon Dieu! C'était
épouvantable! Il s'agit d'être allé voir cela pour le
savoir. Vous demanderez à votre collègue de Shefford qui est
allé y jeter un coup d'oeil. Il l'a dit lui-même dans son discours
de deuxième lecture: C'est inacceptable.
C'est curieux, on n'entendait pas ces gens-là, il y a un an, dire
que les animaux étaient surchassés, que les animaux pouvaient
être victimes de tueries épouvantables. Sous le prétexte
d'un permis possible, c'est la fin du monde, les animaux vont se faire
braconner parce qu'il va y avoir un contrôle sur les permis, alors qu'il
n'y en avait pas avant. Avant, il n'y avait pas de contrôle sur les
permis et il n'y avait même pas de contrôle parce que la loi ne
permettait pas d'être sévère et de contrôler quoi que
ce soit. Ce sont les gens de l'Opposition qui viennent me dire cela
après avoir fait en sorte, en 1983, que tout soit permis dans ce
domaine, après avoir allégé tellement la loi que tout
était permis.
J'ai bien apprécié et j'apprécie bien que le
député d'Ungava me fasse état du catalogue de Eaton dans
ses prévisions d'achat de cadeaux pour les fêtes, s'il est un
amateur de chasse et de pêche, et qu'il me dise, par la suite, que ces
gens-là sont mieux équipés que les agents de conservation;
c'est vrai, je l'accepte. On a pris le ministère dans un état
pitoyable. On n'avait même pas ce qu'il fallait comme radio dans nos
équipements. On a été obligé d'acheter des dizaines
d'automobiles, de renouveler la flotte d'automobiles en arrivant; c'est moi qui
ai signé le CT. On a été obligé de mettre de
l'argent pour l'achat de radios parce que les gens ne pouvaient pas se parler
d'un bord à l'autre d'une rivière. Aujourd'hui, ce
député de l'Opposition vient me dire: Ces gens sont mat
équipés. Ils ont été neuf ans là, à
ne pas les équiper, à laisser pourrir des situations. Je ne sais
pas comment vous réussissez à parler des deux côtés
de la bouche en même temps. C'est épouvantable! Vous allez vous
retrouver sûrement dans une situation désagréable. Vos
parents ne vous reconnaîtront pas à Noël, de ta façon
dont vous parlez là.
Quand le député me parle du nombre de personnes qui vont
chercher une quantité énorme d'animaux. Il ne faut se promener
bien loin dans le Québec pour que les chasseurs et les pêcheurs,
surtout les chasseurs, nous disent - je vais vous amener sur le terrain pour
entendre cela - que ce n'est pas tous les gens qui réussissent à
"frapper" quand ils vont à la chasse, avec un permis de chasse. S'il
fallait que tout le monde tue, avec les permis que l'on vend, ce serait
épouvantable. Il y a toujours un élément de chance. Pour
aller chercher autant de gibier, cela prend un élément de chance
premièrement. Deuxièmement, cela prend un gars qui ne fait
à peu près que cela, qui n'a que cela à faire.
On a parlé de régions tantôt. C'est vrai, en
région, on a un comité qui travaille là-dessus en vue de
coordonner cela, pour ne pas faire en sorte que quelqu'un tue du gibier dans
telle région, pour agencer les dates, afin d'être mieux
équilibrés là-dedans. Cela n'a pas été fait
depuis dix ans; on n'a même pas songé à cela. C'est vrai.
Ce sont toutes des choses que l'on est à corriger. Je trouve cela
curieux que des choses comme celles-là me soient rapportées par
un député de l'Opposition où à peu près tout
est à refaire.
Un autre problème. On me dit: Avec le permis, cela va être
épouvantable. Quand on ne parlait pas de règlement, cela
permettait au ministre de dire: II y en a eu assez maintenant. II y a eu cinq
"parties" charitables; il y en a eu assez, on arrête cela. Cela ne
satisfaisait pas l'Opposition, M. le Président, on a
décidé d'accepter un règlement. Vous savez ce que cela
veut dire, un règlement. Cela veut dire que tous ceux qui vont remplir
les conditions du règlement, on va leur donner un permis. Encore tout
à l'heure, on me disait: Faites donc des règlements, M. le
ministre, pour qu'il n'y ait pas d'abus. L'autre député qui a
pris la parole, pas bien longtemps après le porte-parole officiel de
l'Opposition qui a fait ses remarques, m'a dit: Cela revient à dire que
vous allez ouvrir la porte parce que, là, c'est sûr, avec un
règlement, tous ceux qui
vont demander un permis, on va être obligé de le leur
donner.
Mais quelle sorte de cohérence avez-vous? C'est cela que je tente
de vous expliquer. Ce n'est pas tellement compliqué. Je pense que les
exemples que vous avez donnés, M. le député, sont
nettement abusifs dans le sens que je n'ai pas vu beaucoup de
Québécois, à part les braconniers... Et c'est justement la
loi pour arrêter les braconniers le plus possible. Je n'ai pas vu
tellement de Québécois qui... d'abord, ils ont juste cela
à faire, aller se chercher des permis, aller se chercher du gibier, ils
font uniquement cela et si on fait du troc, c'est prévu dans la loi,
comme tout y est dit. Le député me semble avoir une forte
expérience de ce côté, quand il m'apporte des exemples.
J'ai drôlement l'impression qu'il connaît beaucoup de gens et cela
pourrait nous être utile, d'ailleurs. Tout citoyen, dans ces situations,
qui connaît des choses comme celles-là, - et encore plus un
législateur - a au moins la chance de dénoncer ces situations.
Comme vous me donnez des exemples que vous semblez connaître et comme, en
ce qui concerne les agents de conservation, il y en a plusieurs qui ne
travaillent pas et qui sont ici présentement, je pense que cela serait
un excellent temps à la fin de nos travaux, à 13 heures, pour
vous de leur donner des noms. Je pense qu'on ne demande pas mieux que cela.
Comme citoyen responsable, vous avez l'obligation, si jamais vous avez
connaissance de choses comme celles-là, de les dénoncer. Si
jamais vous n'en avez pas eu connaissance, à ce moment, cela veut dire
que vous parlez à travers votre chapeau, donc, je n'ai plus de temps
à perdre à discuter de cela, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, ceux qui font uniquement
cela, ce sont justement des braconniers.
M. Picotte: C'est pour cela qu'on veut les arrêter.
M. Desbiens: II faut cesser de parler des deux côtés
de la bouche en même temps, comme vous le dites si bien. Ce qui se
passait, c'était: Vous voulez lutter contre le braconnage, c'est le
passé, le gouvernement précédent n'a pas fait sa "job" et
s'est fait battre, c'est à vous de faire mieux. Ce que le ministre veut
combattre, c'est le braconnage. Alors, il faut éviter, au contraire, de
permettre de faire indirectement ce que vous ne voulez pas qui se fasse
directement. C'est votre objectif et on est d'accord avec cela. Ce que mes
collègues ont présenté à titre d'exemple, je pense
que cela illustre très bien justement les danqers qu'il y a. Un peu
plus, si le député d'Ungava n'arrêtait pas, je pense que je
voterais contre l'amendement.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Picotte: Il serait influencé.
M. Desbiens: Ce que je veux vous illustrer, M. le ministre, c'est
que vous dites: On va faire un règlement - et on est d'accord ensemble
sur cela - qui va cadrer exactement cette ouverture nouvelle qu'on fait dans la
loi de la faune. Mais ce règlement ne reviendra pas ici devant la
commission parlementaire. Nous n'aurons nas ici, comme députés, a
rediscuter de ce règlement. Contrairement, en tout cas, après une
lecture rapide, sauf erreur, de la loi sur la réglementation, il n'y
aucune ouverture à la présentation d'un règlement en
commission parlementaire pour étude, sauf un droit de désaveu qui
est dans toutes les lois.
Alors, ce qu'on veut vous Illustrer, c'est qu'on est d'accord pour qu'il
y ait un règlement, mais on veut que vous soyez bien convaincu de la
nécessité que cela soit bien cadré, bien balisé. On
essaie de vous le faire voir. C'est cela, je pense, l'objectif de mes
collègues et de moi-même. Dans ce règlement que vous allez
préparer avec vos fonctionnaires - ou que vous allez faire
préparer par vos fonctionnaires - qu'il soit bien prévu de faire
attention de ne pas ouvrir, ne pas faire d'ouverture justement à des
situations qui peuvent très bien se produire. Même si vous feignez
l'iqnorance, vous le savez, vous en connaissez très bien. Je suis bien
convaincu que vous en connaissez aussi, des braconniers, chez vous. Qui n'en
connaît pas? Et vous avez donc à être très
très prudent sur cette ouverture. Encore une fois, j'ai l'exemple
parfait. Il reste toujours le règlement sur la Société des
alcools qui a commencé de cette façon et qui, aujourd'hui, permet
à n'importe qui, n'importe où, n'importe quand d'avoir son permis
pour vendre de l'alcool. Ce ne sont pas justement des citoyens ordinaires -
c'est pire que l'alcool, c'est moins contrôlé, c'est plus
difficile à contrôler - qui vont faire cela s'il y a une pression
qui se crée et s'il y a une augmentation constante du nombre de ces
"parties", de ces brunchs et de ces méchouis. S'il y a une augmentation
constante, comme c'est à prévoir que sous les pressions il y ait
progressivement relâchement... Ce ne sont pas les citoyens ordinaires qui
vont aller chasser un orignal et qui vont le donner. Cela risque fort
d'être une ouverture justement au braconnage que vous voulez
éviter, ce avec quoi je suis d'accord. (12 h 45)
Ce qu'on vise par nos propos, c'est de vous mettre en garde, c'est de
faire en sorte
que vous soyez encore plus conscient dans ta préparation de votre
règlement, que vous mettiez de bonnes balises pour éviter des
ouvertures de ce genre. Je pense que c'est notre rôle de le faire comme
Opposition, de vous aider, de travailler avec vous à faire de cette loi
un accord. Même si je suis réticent, je ne suis pas fermé
à cette ouverture, mais pourvu qu'elle soit extrêmement bien
balisée. Je pense que l'objectif de nos propos, c'est de vous mettre en
garde pour qu'il y ait trop de balises plutôt que pas assez dans le
règlement que vous voudrez bien adopter. C'est là notre objectif.
Je pense que, si on ne te faisait pas, on ne remplirait pas notre devoir.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, puisque, du moins en paroles,
on semble tous désirer que cette loi soit adoptée le plus
rapidement possible et en vigueur pour être capables de contrer le
braconnage - du moins, c'est ce que j'entends de la part de tout le monde
autour de la table, car nous avons passé tout près d'une heure au
moins, vendredi soir, à l'article 12 - puisque cela va bientôt
faire une heure et trente que nous sommes encore à l'article 12 et
puisqu'il reste plusieurs articles et qu'on veut tous dans les meilleurs
délais, si possible tout de suite après les fêtes,
après l'adoption de la loi, contrer le braconnage, M. le
Président, je suis prêt à voter sur l'article 12 et
à faire avancer nos travaux à un rythme plus rapide. À ce
rythme, on sera arrivé à Noël sans avoir adopté le
projet de loi et, tout en disant devant le miroir qu'on est disposé
à détruire le braconnage, on aura permis qu'il se continue encore
un certain bout de temps, ce qui n'est pas mon objectif.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava.
M. Desbiens: M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, le ministre vient de parler
une fois de plus de nos paroles, de notre langage. Mais notre langage est
tellement beau, tellement bon et tellement bien, semble-t-il, qu'il est en
train de mettre en pratique, avant même que sa loi soit appliquée,
les mesures que j'ai proposées à l'Assemblée nationale en
deuxième lecture: faire une campagne d'information, éduquer,
augmenter le nombre des agents, leur donner de véritables moyens d'agir
contre le braconnage et ce, avant même, qu'on ait adopté la loi
153.
M. Picotte: M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: J'aurai eu l'occasion de mettre tout cela en vigueur
avant le discours de deuxième lecture, alors qu'il s'est passé
neuf ans sans qu'on s'en préoccupe. J'avais malheureusement
constaté bien avant qu'il y avait eu de l'inertie de ce
côté. Oue le député de Dubuc le constate
présentement, c'est déjà beau! Je l'en
félicite.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Juste une petite
réflexion sur l'un des propos, entre autres, qui a été
tenu par le ministre tout à l'heure à la suite de mon
intervention, quand il faisait référence au facteur de la chance
dans la chasse. Je ne sais pas si le ministre a déjà
survolé un troupeau de caribous, mais si vous allez à la chasse
au caribou et que vous ne revenez pas avec votre quota, ce n'est pas une
question de chance, n'est-ce pas? II faudrait peut-être chercher d'autres
facteurs. La même chose, si vous allez à la chasse au chevreuil
à l'île d'Anticosti.
En ce qui concerne, par exemple, la chasse à la perdrix blanche,
si le ministre n'a jamais chassé la perdrix blanche, je peux lui dire
que quand la perdrix blanche descend, ce n'est pas une question de chance de la
manquer non plus. Il faut chercher les problèmes ailleurs, parce qu'il
faut faire attention de ne pas marcher dessus avec des raquettes. S'il ne me
croit pas, je l'y amènerai.
M. Picotte: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Picotte: J'allais lui répondre.
Le Président (M. Rochefort): Oui. Je pense que le
député d'Ungava n'avait pas complété, M. le
ministre.
M. Claveau: Non, non. Ce sont là des exemples. Et il y a
plus que cela un peu. Écoutez, on parle de braconnage et tout cela. Moi,
je peux vous dire que ce n'est plus une question de braconnage, mais il y a des
gens, il y a des milieux pour lesquels la forêt, c'est la base de la
récréologie. Les gens sont toujours en forêt, puis ils sont
très bien armés, ils sont habiles, ils sont équipés
pour la chasse, la pêche, pour tout. Le fait d'une ouverture semblable,
c'est quasiment inciter au braconnage.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, je vais répondre
uniquement par trois chiffres là-dessus. Il y a 750 000 chasseurs au
Québec. Il y a au maximum 5000 chasseurs qui vont à la chasse au
caribou. À ce qu'on me dit, il y en a un peu moins à l'île
d'Anticosti. Donc, c'est une proportion d'environ 8000 sur 750 000. Je pense
bien que ce n'est pas comme cela qu'on va baser toute notre argumentation pour
finir par voter la loi.
M. Claveau: Les 750 000, ce sont les détenteurs de la
petite carte de la perdrix verte?
M. Picotte: Tous les détenteurs de permis de chasse, c'est
cela.
M. Claveau: II y en a plusieurs qui ne s'en ont jamais servi.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, effectivement, c'est
important qu'on se penche sur la nature des cas et conditions par
règlement parce que c'est pour une minorité qu'on adopte des
lois. On n'adopte jamais des lois pour une majorité. C'est pour la
minorité des gens qui sont délinquants et non pas pour ceux qui
observent vraiment les lois.
Dans ce cas-ci, actuellement, on a décelé beaucoup de
braconnage. Et, justement, parce qu'on avait fait des interprétations
beaucoup plus ouvertes et qu'on tenait compte du sens de la
responsabilité des individus, on s'est aperçu que cela
n'était pas suffisant de s'en tenir uniquement au sens de la
responsabilité des individus, qu'il fallait arriver avec un encadrement
beaucoup plus spécifique, beaucoup plus restreint parce que l'homme
étant ce qu'il est - cela inclut les femmes aussi - les individus
étant ce qu'ils sont, il y aura toujours des côtés plus
faibles. En général, ils se laisseront tenter par certaines
circonstances. Si on favorise certaines circonstances, on fait effectivement
appel à des sentiments qui ne sont peut-être pas les plus nobles
de l'être humain, mais qui sont ce qu'ils sont et il faut vivre avec. Il
faut se permettre de regarder et d'encadrer par des lois les plus applicables
tout en tenant compte du respect des libertés et des droits de chacun,
mais en tenant compte aussi du sens collectif pour notre
collectivité.
La forêt, je pense, est un patrimoine important. Il y a eu
beaucoup de dégâts. Il y a beaucoup de gens qui, actuellement, ne
savent pas utiliser ce qu'on met à leur disposition et, surtout, ce qui
est dans la nature. C'est dommage qu'il y ait des gens qui n'ont pas plus le
sens social, qui n'ont pas le sens du collectivisme plus
développé et qu'il faille en arriver à des lois assez
restrictives pour qu'on puisse arriver à des solutions qui favorisent la
sauvegarde de notre patrimoine et de notre écologie. Dans tout cela, il
y a une question d'écologie. Il y a des animaux qui sont en voie de
disparition. Là comme ailleurs, je pense qu'il faut se donner un
encadrement spécifique pour ne pas éteindre la race afin qu'on
puisse continuer à voir certaines espèces en toute liberté
dans nos forêts et continuer à les admirer aussi, pour la valeur
qu'elles peuvent apporter au plan purement esthétique en tant
qu'espèce animale, mais aussi parce qu'elles sont un apport important
pour l'équilibre de l'écologie. Je pense que c'est important.
C'est pour ces raisons aussi qu'on demande... Si les chasseurs peuvent se
permettre de vivre, il devrait y avoir une nécessité
d'établir certains quotas parce que, je vous le dis, cela devient une
façon comme une autre...
Je sais que je vais me répéter, mais, à un moment
donné, il y a sûrement des gens qui vont
bénéficier... Vous savez que c'est toujours pour de bons motifs
qu'on évoque toujours nos faits et gestes. Vous en êtes conscient.
Vous êtes le premier à nous avoir démontré que
c'était toujours dans un but de bonne action. Vous m'avez beaucoup
démontré que c'était pour les personnes handicapées
très souvent, des soupers-bénéfices. Donc, les gens sont
toujours vertueux pour justifier certains faits et gestes. Je me dis que c'est
important qu'on se penche et qu'on regarde aussi, quand on parle des cas et des
conditions par règlement, s'il n'y aurait pas nécessité de
regarder différentes autres options, notamment pour les quotas.
M. Picotte: M. le Président...
Le Président (M. Rochefort): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. M. le ministre, est-ce que vous
souhaitez prendre la parole?
M. Picotte: Non, M. le Président. Madame nous a
parlé d'établir certains quotas pour la chasse. Vu qu'on a
beaucoup de quotas d'établis partout et qu'on est en train de
réviser tout cela, je crois qu'on est sensibilisé au-delà
de tout ce qu'elle peut nous apporter. On va, dans certains cas, beaucoup plus
loin que ce qu'elle peut nous mentionner. Je n'ai pas d'autres commentaires
à faire sur son laïus.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Je pense qu'on a fait de
notre mieux pour sensibiliser le ministre et pour s'assurer que son
règlement soit le plus restrictif possible dans ce domaine. Je serais
prêt à voter.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que d'autres membres
de la commission veulent prendre la parole sur l'amendement? J'appelle donc le
vote sur l'amendement qui vise à remplacer, à l'article 70.1, les
mots "aux conditions qu'il détermine" par les mots "dans les cas ou aux
conditions que le gouvernement détermine par règlement". Est-ce
que cet amendement est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Est-ce que
l'article...
M. Desbiens: J'aurais une question, M. le Président. Je ne
sais pas si le ministre a pris... Dans cet article 70, on dit au
troisième alinéa: "La vente ainsi autorisée doit aussi
respecter les normes et conditions prévues à la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments (chapitre P-29)".
Est-ce que cela s'applique à l'article 70.1, de la façon dont on
apporte l'amendement à cet article?
M. Picotte: Voulez-vous répéter votre question,
s'il vous plaît?
M. Desbiens: Est-ce que la prévision de l'article 70 se
trouve aussi... On dit que cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 70... Je comprends que ce sera un nouvel article
renuméroté qui deviendra 71, probablement, 70.1
après...
M. Picotte: 70.1.
M. Desbiens: La prévision qu'il y a, quant aux normes sur
les produits agricoles, question de salubrité - c'est un article qui
existe pour la salubrité et l'hygiène publique - dans le cas de
vente autorisée de viande de gibier et de poisson, est-ce qu'il ne
serait pas bon, M. le ministre, de l'ajouter également après
l'article 70.1?
M. Picotte: M. le Président, je pense qu'on n'a pas besoin
de dire qu'il faut respecter les autres lois et les autres
règlements.
M. Desbiens: Alors, pourquoi ne biffez-vous pas l'article 70, si
c'est comme cela?
Une voix: C'est la loi sur la salubrité des aliments.
M. Desbiens: C'est la loi sur la salubrité des aliments.
C'est une loi sur la santé publique. Je pense que cela doit s'appliquer
aussi à l'article 70.1, de la même façon.
M. Picotte: On me dit que la commercialisation du poisson est une
chose et que c'est un autre article différent.
Le Président (M. Rochefort): Sur l'article 12...
M. Desbiens: Cela ne répond pas à...
Le Président (M. Rochefort): M. le député, je dois
vous informer que le temps qui vous a été alloué est
écoulé, à moins d'un consentement des membres de la
commission.
M. Desbiens: À moins qu'il n'y ait consentement. Un autre
peut intervenir, cela va revenir au même. Ce que je vise, c'est
m'assurer...
M. Picotte: Posez votre question, si vous pouvez le faire
rapidement.
Le Président (M. Rochefort): Y a-t-il consentement? M. le
ministre.
M. Desbiens: M. le ministre, ce que je veux savoir...
Le Président (M. Rochefort): Excusez-moi, M. le
député de Dubuc. M. le ministre, y a-t-il consentement?
M. Picotte: Oui.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: À l'article 70, il est question de vente
aussi. Quant à être autorisé, vous dites, à
l'article 70, que cela doit respecter les normes et conditions qui respectent
la santé publique. Ne devrait-on pas répéter le même
alinéa, après l'article 70.1 - cela sera de la vente au public -
pour s'assurer que cela soit conforme à la salubrité et aux lois
sur l'hygiène?
Le Président (M. Rochefort): M. le député de Dubuc,
je veux bien...
M. Desbiens: ...M. le ministre.
Le Président (M. Rochefort): ...mais il est 13 heures.
À moins qu'on n'ait...
M. Desbiens: ...s'il y a consentement.
Le Président (M. Rochefort): II n'y a pas de consentement?
Est-ce qu'il y a consentement, M. le ministre?
M. Picotte: Écoutez, si on peut
terminer cet article 12.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a
consentement, M. le député de Matapédia?
M. Paradis (Matapédia): Oui.
M. Picotte: Pour terminer l'article 12.
M. Paradis (Matapédia): Si ce n'est pas trop long.
Une voix: Ce ne sera pas très long, je ne le pense
pas.
M. Desbiens: Un autre argument. Vous dites, à l'article
70.1 Nonobstant les articles 69 et 70 en plus.
Une voix: C'est une question de concordance.
M. Desbiens: C'est juste une question de concordance. Si vous
dites "nonobstant", est-ce que cela ne voudrait pas dire: On peut la vendre
même si elle n'est pas bonne? Pas à ce point-là, mais vous
comprenez mon interrogation.
M. Picotte: Lisons l'article 70 ensemble, M. le Président,
"Nu! ne peut vendre, acheter ou offrir d'acheter du poisson d'une espèce
dont la vente est interdite par règlement." Allons à l'autre
paragraphe, pas le suivant, mais l'autre: "La vente ainsi autorisée doit
aussi respecter les normes et les conditions prévues à la Loi sur
les produits agricoles, les produits marins et les aliments (chapitre P-29)."
C'est la vente qu'on détermine selon les normes et conditions par
règlement. Mais, à partir de ce moment-là, ce sera bien
balisé. C'est ce qu'on va déterminer par les normes et les
règlements. Alors, cela ne touche pas l'article 12 comme tel parce
qu'à l'article 12 il n'est pas question de vente en aucune façon.
Ce n'est pas de la vente.
M. Desbiens: Et: "aux conditions qu'il détermine,
délivrer un permis autorisant la vente ou l'achat de poisson ou de chair
d'animal pour consommation sur place..."
Une voix: Quand il s'agit... M. Picotte: Allez donc.
Le Président (M. Rochefort): M. Bernier.
M. Bernier (Pierre): Quand il s'agit de l'aspect vente, il s'agit
d'une vente qui est préautorisée et qui, à ce
moment-là, est déjà soumise aux articles 69 et 70.
M. Desbiens: Les articles 69 et 70. C'est clair. D'accord.
Le Président (M. Rochefort): L'article 12, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 15 h 20)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux dans le cadre du mandat que l'Assemblée lui a confié
d'étudier article par article le projet de loi 153, Loi modifiant la Loi
sur la conservation et la mise en valeur de la faune et la Loi sur les
parcs.
Au moment de la suspension de nos travaux, nous venions de disposer de
l'article 12 tel qu'amendé. J'appelle l'article 13. M. le ministre.
Interdiction de possession
M. Picotte:: Merci, M, le Président. "L'article 71 de
cette loi est modifié par le remplacement des trois dernières
lignes du premier alinéa par ce qui suit: "en contravention à une
disposition des articles 27, 28, 30, 30.1, 31, 32, 34, 38, 39, 41, 42, 60 et
68, du premier alinéa des articles 56, 6° ou 70, du paragraphe
2° du premier alinéa de l'article 57 ou d'un règlement
adopté en vertu de l'article 56."
Cet amendement vise à corriger certaines lacunes de la loi. En
effet, l'article 71 de la loi prévoit l'interdiction de posséder
un animal, du poisson ou de ta fourrure obtenus en contravention de certaines
dispositions de la loi. Or, il y a lieu d'ajouter aux articles existants les
renvois aux articles 28, 30, 70 et 57, puisqu'il y a lieu d'interdire la
possession, premièrement, d'un animal qui a été
chassé dans son ravage, à l'article 28; deuxièmement, d'un
animal qui a été chassé ou piégé à
l'aide d'un objet ou d'un animal autre que ceux permis par le règlement,
c'est-à-dire à l'article 30; d'un animal qui a été
tué à partir d'un véhicule ou d'un aéronef, article
57, paragraphe 2 ; d'un poisson dont la vente est interdite, à l'article
70. Par concordance, le renvoi à l'article 30.1 prohibant la chasse du
gros gibier la nuit avec un projecteur est également ajouté
à la liste. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. Des
commentaires, M. le député de Dubuc?
M. Desbiens: M. le Président, "nul ne peut
posséder..." En vertu de l'article 70.1, évidemment, il a un
permis, donc il peut le posséder. C'est cela. Mais à l'article
30.2... Je vais mettre mes lunettes. Excusez-moi. Cela ne sera pas long.
L'article 30.2 a rapport à l'instrumentation et non pas au
gibier. Donc, cela n'a pas affaire là. D'accord. L'article 70...
Bon, M. le Président, cela va. Je pense que c'est complet.
Le Président (M. Rochefort): Pas de commentaire.
Adopté.
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): L'article 13 est
adopté. J'appelle l'article 14.
M. Picotte: "L'article 72 de cette loi est modifié par
l'addition, dans la première ligne, après le mot "transporte",
des mots "ou a en sa possession". L'article 72 de la loi prévoit
actuellement qu'une personne qui est en train de transporter un animal, du
poisson ou de la fourrure non apprêtée doit, à la demande
d'un agent ou d'un auxiliaire, s'identifier et en indiquer la provenance.
L'amendement proposé vise à assurer l'atteinte de l'objectif de
cet article. Ainsi, ce pouvoir des agents et des auxiliaires pourrait
également être exercé dans le cas où une personne
aurait en sa possession un animal, du poisson ou de la fourrure non
apprêtés même si elle n'est pas physiquement en train de se
déplacer.
Actuellement, un agent qui trouve un chasseur en possession d'un animal
ne peut lui demander de s'identifier et d'indiquer où il l'a
chassé, mais il peut le lui demander s'il se déplace. Il est
important de donner ce pouvoir aux agents dans le cas de possession, puisque
très souvent les gens sont en possession de gibier, sans
nécessairement le transporter lors de l'enquête.
Cette modification permettra aussi de contrer les fins finauds qui,
voyant un agent arriver, déposaient leur gibier et fumaient une
cigarette, bien assis contre un arbre et évitaient ainsi de
répondre aux agents puisqu'ils ne transportaient plus de gibier.
Cette modification permettrait également aux agents lors d'une
perquisition, par exemple, de demander d'où provient le gibier
trouvé dans le congélateur et leur donnera plus d'information
pour vérifier s'il s'agit de viande braconnée ou chassée
légalement.
En fait, ce qu'il faut comprendre ici, M. le Président, c'est que
quand un pêcheur, pour prendre cet exemple, voyait arriver un agent de
conservation et qu'il avait, soi- disant, du poisson en trop, il pouvait
très bien mettre le sac de poisson à côté d'un arbre
dans le bois et, les deux bras croisés, dire: Je ne sais pas, ce n'est
pas ma faute si ce poisson-là est dans le bois; ce n'est pas mon
problème; je n'ai rien à voir avec cela, etc. Il pouvait, en tout
temps, dès qu'il mettait le sac par terre, même s'il était
à côté de lui, dire tout simplement que cela ne lui
appartenait pas, qu'il était en train de griller une cigarette et,
à ce moment-là, les agents de conservation ne pouvaient continuer
de faire leur travail comme ils devaient le faire. C'est se donner un pouvoir
pour au moins faire en sorte que la personne s'identifie et identifie ses
prises, etc. Je pense que c'est tout à fait normal.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Unqava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Pour ce qui est de la
viande dans un congélateur, est-ce qu'il y a un certain temps où
la personne pourra revenir en arrière? L'agent de conservation
mène une enquête. Est-ce qu'on peut revenir longtemps en
arrière ou si c'est pour de la viande fraîchement
apprêtée? Est-ce qu'il y a des normes là-dessus? Je ne sais
pas, je peux aller à la chasse à l'orignal et avoir de la viande
dans mon congélateur pendant deux ans. Elle sera peut-être un peu
plus sèche que si elle était fraîche. Par exemple, du
poisson bien apprêté, bien congelé dans la glace, dans des
sacs, cela peut se conserver longtemps.
M. Picotte: On me dit que c'est l'individu qui doit justifier le
temps pendant lequel il l'a eue dans son congélateur. Il n'y a pas de
temps déterminé. Si les agents ont des doutes à ce sujet,
ils demandent tout simplement à la personne chez qui ils trouvent de la
viande dans un congélateur de leur dire combien de temps cela fait.
Après, s'ils ont une preuve à faire ils la font, sinon... C'est
évident que, quand le député d'Ungava me parle de deux
ans...
Une voix: Ce n'est plus "Canada approuvé".
M. Picotte: Non, ce n'est sûrement pas "Canada
approuvé", ni "Québec approuvé".
M. Claveau: Je suis peut-être allé un peu fort dans
le temps. J'ai une autre question. Est-ce que je peux avoir, dans mon
congélateur, de la viande qui m'aurait été donnée,
par exemple, par mon frère?
M. Picotte: Sûrement.
M. Claveau: À ce moment-là, cela devient difficile
d'en prouver vraiment la
provenance même si je n'ai pas de permis de chasse.
M. Picotte: C'est facile, à ce moment-là, de
démontrer que la viande vient de son frère. II dit que cela vient
de son frère et, s'il y a une enquête à faire, on la fait,
à moins que quelqu'un ne veuille pas identifier son frère. Si
jamais il dit qu'il est décédé, si cela fait trois ou
quatre fois qu'il fait décéder le même frère, on se
posera des questions en temps et lieu.
Une voix: ...listes électorales. Une voix: Pas pour
les votes.
M. Picotte: Quand on sera rendu dans le congélateur, c'est
parce qu'on va avoir perquisitionné et on va avoir de sérieux
doutes qu'il y a eu une infraction - il ne faut pas oublier cela - ou avoir eu
le mandat pour perquisitionner un congélateur. Je pense qu'il y a
là un sérieux doute.
M. Claveau: Je vais vous demander s'il faudra un mandat de
perquisition pour entrer dans la maison.
M. Picotte: Sûrement qu'il va falloir un mandat de
perquisition pour aller dans le congélateur.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cela va?
M. Claveau: On veut s'assurer qu'il n'y ait pas de trou dans le
projet de loi, sauf qu'à mon avis il y a des choses qui sont difficiles
à expliquer, surtout quand la viande est rendue dans le
congélateur. C'est toujours difficile, vous savez, de faire la
différence entre un orignal de 300 livres et un de 400 livres une fois
que le panache est disparu. À ce moment-là...
M. Picotte: Pour nous, s'il a été braconné,
même s'il pesait seulement cinq livres, c'est de trop.
M. Claveau: Je veux dire que c'est facile pour quelqu'un qui a
acheté de la viande dans ces conditions... Je fais des
hypothèses. Ce matin, le ministre a dit: Si je connais du monde... On
parle d'hypothèses pour essayer de faire en sorte que la loi soit
applicable. Je dis que c'est facile et, au contraire, c'est parce que je suis
contre le braconnage que je pose toutes ces questions. J'essaie de trouver tous
les moyens possibles et imaginables pour empêcher que le braconnage
puisse continuer. Je demande au ministre s'il a pensé, par exemple,
comment faire en sorte, précisément quand il y a de la viande
comme c'est le cas... Vous allez perquisitionner, oui, mais je vous dis que
c'est facile pour quelqu'un de se trouver une raison, par exemple, de dire que
c'est quelqu'un qui la lui a donnée, ou n'importe quoi. Jusqu'où
peut aller la démarche de l'enquête, finalement? Jusqu'à
quel point est-il possible de prouver que de la viande qui est dans un
congélateur est vraiment de la viande qui a été
braconnée ou non? Des donateurs, dans un milieu de chasse, c'est facile
à trouver, quand c'est nécessaire.
M. Picotte: M. le Président, je pense que cela va de soi.
Toutes les enquêtes peuvent être assez difficiles à
réaliser. À ce moment-là, si c'est son frère, il
s'agit d'aller enquêter sur son frère. On va avoir de
sérieux doutes avant de faire cela. Il n'y a personne qui va aller dans
une maison pour vérifier les congélateurs ou quoi que ce soit. On
arrive avec des cas précis parce que l'on a des doutes sérieux
et, à partir de ce moment-là, on bâtit une preuve. Il se
peut qu'il y ait des gens suffisamment fins finauds - comme j'ai employé
le terme - qui puissent déjouer la justice comme telle; c'est possible.
Il se peut aussi qu'il n'en soit pas ainsi.
Ce que l'on veut faire, c'est de permettre à l'agent de
conservation de faire son travail jusqu'au bout et que les gens puissent
identifier la provenance de la viande. J'espère que le
député a fait un lapsus tantôt, quand il a dit: Il peut y
avoir des gens qui ont acheté de la viande. S'ils ont acheté de
la viande, ils sont en état d'infraction. Ils n'ont pas te droit,
d'aucune façon. Même si elle est dans votre congélateur,
que ce n'est pas vous qui avez tué l'animal, vous n'avez pas le droit
d'acheter de la viande. Automatiquement, cela...
M. Claveau: Je n'ai pas fait un lapsus, M. le Président.
C'est justement cela que je voulais dire. Il peut y avoir des gens qui ont
acheté de la viande et qui, au moment d'une enquête, trouvent
quelqu'un qui leur aurait soi-disant donnée. Je vous le dis, on
établit des hypothèses pour faire en sorte que la loi soit
applicable.
M. Picotte: Dans toutes les hypothèses, M» le
Président, je vais toujours me fier à nos agents de conservation,
comme je l'ai si bien dit. On ne fait plus cela à la "mitaine"
maintenant. On n'en est plus à il y a 50, 60 ans où les gens ne
connaissaient pas trop cela. Nos agents ont suivi des cours de formation, etc.
Ils ont, de plus, de bonnes possibilités. On tente de les équiper
le mieux possible pour qu'ils soient capables de bâtir une bonne
enquête. Je pense qu'il faut se fier à ces gens-là. On ne
pourra pas prévoir tous les cas. Je suis persuadé, tel que je
connais mes agents de conservation, qu'ils vont faire leur devoir de la
meilleure façon,
avec ce que la loi leur permet.
Tout ce que l'on essaie de leur donner, ce sont des facilités
pour être capables de faire leur enquête. Alors qu'avant personne
ne pouvait indiquer la provenance du gibier -c'est d'ailleurs la
difficulté dans une enquête - maintenant, les gens devront en
indiquer la provenance. Si j'ai du gibier en ma possession dans mon
congélateur, je n'aurai aucune espèce d'inconvénient
à dire: J'ai eu ce morceau de viande de mon frère, de mon
beau-frère qui est allé à la chasse. À partir de
cela, je pense que ce sera vérifiable. Je ne vois pas pourquoi j'aurais
une objection è cela. Si, effectivement, je n'ai rien à cacher,
je n'aurai pas d'objection à cela. Ils peuvent venir fouiller dans mon
congélateur, chez nous, et je leur dirai où j'ai pris la viande
de gibier que j'ai dans mon congélateur; je n'ai aucune espèce
d'objection à cela. Si quelqu'un me l'a donnée et qu'il l'a
achetée et qu'au moment de l'enquête on découvre que c'est
une autre personne qui l'avait achetée et qui m'en a fait cadeau, la loi
va s'appliquer. Je n'ai rien à cacher et cela ne me dérangera pas
qu'ils viennent fouiller dans mon congélateur. Ils auront sans doute un
mandat, à ce moment-là, et ce sera fait de façon
sérieuse. Je pense que personne ne leur accordera un mandat s'ils
veulent aller voir dans les congélateurs et voir comment les gens se
comportent dans leur maison; je ne pense que ce soit cela. Je ne pense pas que
mes agents de conservation aient le temps de jouer à cela non plus.
M. Claveau: M. le Président, est-ce qu'il reste un recours
possible pour un individu qui refuserait de se plier à une telle
perquisition, par exemple?
M. Picotte: II y aurait un recours pénal, comme dans
n'importe quelle loi qui existe quand il y a un mandat de perquisition. Le juge
décidera si l'agent a agi de façon inconsidérée ou
s'il a agi de façon sérieuse.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: C'est par curiosité. Je ne sais pas si cela
concerne cet article ou non. En fin de compte, ma curiosité
s'étend à une propriété privée. J'ai une
propriété à Magog qui est complètement dans le
bois. Il y a plein de chevreuils. Ils viennent manger mes pommes et se nourrir
à mon point d'eau. À un moment donné, les chevreuils
viennent sur ma galerie et brisent mes affaires. Qu'est-ce que l'on fait avec
cela? À ce moment-là, est-ce que je peux...
M. Picotte: Vous n'avez pas le droit. Mme Vermette: Non,
mais cela peut être le soir. Est-ce qu'on a le droit de tirer sur eux?
Est-ce que, quand ils sont sur une propriété privée, on
peut faire ce que l'on veut?
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Picotte: Je vais satisfaire la curiosité de Mme la
députée. L'article 67 de notre loi dit ceci: "Une personne ou
celle qui lui prête..." Attendez un peu. Une personne ne peut
"détruire sa tanière - un animal - si elle est située sur
sa propriété ou sur une propriété dont ellea ta garde ou est chargée de l'entretien; lorsqu'elle peut
effaroucher cet animal ou l'empêcher de causer des
dégâts".
Si vous ne pouvez vous en libérer et que vous êtes capable
de démontrer que vous avez utilisé tous les moyens avant de
l'abattre, puisque c'était le dernier moyen, j'imagine qu'il ne serait
pas facile d'établir une preuve contre vous.
Mme Vermette: Non, cela me préoccupait, car cela m'arrive
régulièrement là-bas. C'est très beau. Je me
lève pour aller les voir, car ils viennent manger mes pommes et ils
viennent s'abreuver à mon point d'eau. Je pourrais vous dire que,
lorsqu'on monte le soir on les immobilise régulièrement avec les
phares de voiture, ils sont probablement dans un bon territoire où ils
ne sont pas tellement...
M. Picotte: Cela vous démontre une seule chose, et c'est
pour cela qu'on a discuté beaucoup sur l'article, c'est qu'un phare
d'automobile est suffisant pour traquer un animal. Quand on l'a traqué
et qu'on est braconnier, on peut le tirer facilement. Vous me donnez la plus
belle preuve pour faire disparaître l'histoire du "jack", comme on
l'appelle communément, du côté de la chasse. Je pense que
vous me donnez la preuve qu'il faut être intransigeant
là-dessus.
Une voix: Si vous avez un fusil à côté de
vous dans votre auto...
M. Picotte: II y a aussi ceci que j'avais oublié de vous
dire et que je vous dis: Si vous êtes forcée de tuer un animal
pour toutes sortes de raisons, après avoir essayé de
l'éloigner... C'est arrivé, il y a eu des cas où les gens
appelaient les aqents de conservation pour leur demander de venir constater
telle chose: généralement, lorsque les gens sont de bonne foi et
qu'ils n'ont pas eu le choix, ils n'hésitent jamais à communiquer
avec nos agents de conservation pour leur demander de venir constater ce qui
leur est arrivé, et que j'ai dû faire.
C'est très très rare que cela aboutisse à une
cause. Les gens disent: Savez-vous, j'ai
dû le tuer parce qu'il m'embarrassait et parce que je n'ai pas
été capable de m'en défaire. Le viande est dans le
congélateur. Le "party" est organisé et tout cela. Ils ont
oublié ou ils n'ont pas pensé d'aviser l'agent de conservation.
Alors, on peut se permettre d'aller fouiller un peu, peut-être pas
d'aller importuner, mais d'aller fouiller. On peut avoir de sérieux
doutes. À ce moment-là, je pense qu'il faut faire confiance
à nos agents de conservation sur ces doutes.
M. Claveau: Si l'agent était dans le bois quand il a
téléphoné?
M. Picotte: Non, on a tout ce qu'il faut pour être capable
de laisser un message. Si la personne appelle la police et que la police ne
répond pas, elle va sûrement essayer à nouveau pas
longtemps après si elle est malprise. Je pense que ce n'est pas une
raison, d'autant plus qu'on a un bon équipement dans les postes et qu'on
l'améliore sans cesse. SOS braconnage est accessible 24 heures par jour.
Si une personne n'est pas capable de nous rejoindre avec tout cela, quand elle
n'a pas d'appel interurbain à payer, on a le droit de se poser des
questions et je pense qu'on peut se poser des questions dans des circonstances
semblables. Au moins, n'empêchez pas mes agents de se poser des
questions.
Mme Vermette: Une dernière question, M. le ministre.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée.
Mme Vermette: II doit sûrement y avoir, à
l'intérieur de la loi... Je ne la connais pas et vous allez
m'éclairer là-dessus. Sur une propriété
privée, est-ce qu'on peut faire ce qu'on veut avec ces animaux ou
sommes-nous soumis aux mêmes règles que l'ensemble des
chasseurs?
M. Picotte: Ce sont les mêmes règles que pour
l'ensemble des chasseurs.
Mme Vermette: Qui s'appliquent. Sauf s'il peut être une
cause de détérioration pour mon bien personnel, à ce
moment-là, je peux me défendre et l'abattre.
Une voix: Non, non, ils vont l'endormir et ils vont l'envoyer
ailleurs.
M. Picotte: II s'agit de faire la preuve au début qu'on
n'a pas pu s'en départir et en dernier ressort, s'il n'y a pas moyen, je
pense qu'en procédant à sa défense comme telle et en
appelant nos agents de conservation, c'est compris.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! Voulez-vous conclure, M. le ministre? Cela va? Y a-t-il d'autres
questions sur l'article 14? M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Pour compléter là-dessus, je dirais
tout simplement que je pense que cela vient boucher un bon trou, car il
était facile, finalement, pour un braconnier de s'en tirer avec ce
paragraphe. Mais cela montre aussi qu'on a raison d'être vigilant comme
Opposition - le ministre ne nous te reprochait pas mais presque ce matin - et
d'essayer de boucher tous les trous possibles. Si l'Opposition, dans le temps,
avait bloqué ce trou, on n'aurait pas besoin de le bloquer
aujourd'hui.
Cela dit, je suis prêt à voter, M. le Président.
M. Picotte: On pourrait, M. le Président, relever tout ce
qui s'est dit lors des amendements à la loi sur la faune en 1983. Puis
il y a un paquet de gens - j'ai vu cela l'autre fois; d'ailleurs, j'ai cela
dans mes notes - qui ont avisé mes prédécesseurs de dire
de ne pas faire cela, que ce serait épouvantable pour la loi. Mais on
voulait dans ce temps-là libéraliser, on voulait donner le plus
de possibilités possible, pas nécessairement aux braconniers,
parce que je ne voudrais pas être mal interprété, mais aux
citoyens. Cela a abouti à ce qu'on vit présentement. C'est pour
cela qu'il faut aller à l'autre bout complètement. C'est
malheureux qu'on n'ait pas trouvé le juste milieu dans le temps parce
qu'on aurait évité bien des choses.
M. Desbiens: C'est exactement dans le sens de nos interventions
sur l'article 12, ce matin, et la nécessité d'avoir un
règlement qui soit assez restrictif dans le domaine de la
"commercialisation" - entre guillemets -parce que je comprends que la
commercialisation n'est pas véritablement dans l'esprit du ministre.
Mais on voudrait s'assurer, comme Opposition, que le ministre prenne toutes les
précautions.
Pour moi, l'article 14... C'est correct?
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Rochefort: L'article 14 est
adopté. J'appelle donc l'article 15. M. le ministre.
Suppression de l'obligation de désigner les
territoires fauniques par règlement
M. Picotte: Oui, M. le Président. "L'article 85 de cette
loi est modifié par la suppression, dans la première ligne, des
mots
"par règlement".
Cet amendement a pour objet de supprimer l'obligation pour le
gouvernement de décrire des territoires fauniques par règlement.
Ce pouvoir sera plutôt exercé par décret du gouvernement.
De l'avis du bureau des règlements du ministère de la Justice -et
je répète bien: de l'avis du bureau des règlements du
ministère de la Justice - la description de territoire n'est pas en
elle-même de la nature d'un règlement. Ce procédé,
bien que nouveau dans la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune, n'est pas nouveau dans d'autres secteurs où l'État
gère les terres publiques.
Par exemple, la Loi sur les terres et forêts, chapitre T-9, permet
au gouvernement par lettres patentes de réserver des terres publiques
pour des fins particulières telles des quais, des palais de justice,
parcs ou jardins publics, hôtels de ville, centres hospitaliers,
cimetières, etc., à l'article 16. Cette loi prévoit aussi
le transfert de juridiction sur les terres publiques au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation ou au ministre de
l'Énergie et des Ressources par arrêté ministériel,
l'arrêté 2324.
Le projet de loi sur les terres domaniales, 1986, le projet de loi 102,
retient d'ailleurs ce procédé. Il prévoit que
l'affectation des terres publiques est faite par un plan élaboré
par le ministre de l'Énergie et des Ressources à l'article 17,
qui est approuvé par décret du gouvernement, l'article 18. C'est
donc par décret et non par règlement que le régime
d'exploration forestière est établi.
De même, le projet de loi sur les forêts énonce que
le ministre peut, par arrêté, à même les
réserves forestières, constituer des centres éducatifs
forestiers ou des forêts d'enseignement et de recherche, à
l'article 104 et à l'article 111, entre autres.
Les modifications proposées pour la désignation des
territoires fauniques ne sont donc pas des techniques inusitées dans un
tel domaine. Cette modification permettra d'alléger le processus de
désignation des territoires puisqu'il ne sera plus requis de faire une
prépublication.
Par ailleurs, les autres ministères intéressés,
plus particulièrement le ministère de l'Énergie et des
Ressources, pourront quand même intervenir puisque la description des
territoires se fera toujours par décision du Conseil des ministres.
De même, les municipalités régionales de
comté continueront d'être consultées puisque la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme (chapitre A-19.1, article 149)
édicté que le gouvernement doit faire part à la MRC de son
intention d'implanter un équipement ou une infrastructure ou de
réaliser des travaux. Il importe, par ailleurs, de souligner que tous
les décrets de désigna- tion seront publiés à la
Gazette officielle du Québec puisque l'article 31 du projet, qui
modifie l'article 164 de la loi, énonce que les décrets de
désignation de territoire entrent en vigueur à la date de leur
publication à la Gazette officielle du Québec ou à
toute date ultérieure qui y est indiquée. (15 h 45)
Ce changement impliquera une nouvelle manière de procéder
du ministère puisque, actuellement, les règlements
désignant les territoires sont également assortis de normes de
comportement. À l'avenir, la description des territoires se fera par
décret, tandis que les normes applicables à ce territoire
continueront d'être adoptées par règlement du
gouvernement.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Toute l'argumentation du ministre repose sur le
projet de loi 102 sur les terres publiques. D'ailleurs, c'est la nouvelle
dénomination qu'on donne. Au lieu de terre domaniale, on va parler de
terre publique à l'avenir.
M. Picotte: On dit que la nouvelle appellation sera "les terres
domaniales".
M. Desbiens: Ce sera "les terres domaniales".
M. Picotte: C'est cela.
M. Desbiens: Dans le projet de loi sur les terres publiques,
elles vont s'appeler "terres domaniales", d'accord.
M. Picotte: C'est ce qu'on me souligne, M. le
Président.
M. Desbiens: Je rappelle ici au ministre qu'il y a deux choses
là-dedans. Il y a d'abord la question de ce règlement particulier
et la réglementation générale.
Le projet de loi 102 auquel il fait allusion pour baser sa
décision a été soumis à l'Assemblée
nationale et il n'a même pas fait l'objet d'un appel en deuxième
lecture, c'est-à-dire en acceptation de principe, puisque, semble-t-il,
on a beaucoup de corrections à y apporter et le gouvernement aurait donc
décidé d'y apporter des corrections avant de le proposer de
nouveau pour adoption à l'Assemblée nationale.
À partir de ce moment-là, déjà, ne serait-il
pas sage que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche attende
que la loi elle-même, qui est à la base de sa modification, soit
adoptée par l'Assemblée nationale, quitte à revenir plus
tard, s'il le juge toujours à propos et nécessaire - surtout
nécessaire - pour enlever cette réglementation qui, comme tout
règlement, bien
sûr, je le conçois, n'est pas un "empêcheur" de
tourner en rond, car ce n'est pas vraiment autant que cela, j'imagine, dans
l'esprit du ministre, mais cela vient toujours retarder une décision.
C'est bien évident que cela oblige l'administration à certaines
démarches, à poser certains gestes ou à prendre certaines
décisions. Toutefois, c'est un peu le principe de base de la
démocratie et la démocratie est exigeante à cet
égard, car elle fait appel à la population directement. Cela
donne des barrières et des limites à des excès possibles
de la part de l'administration. C'est le but que recherche le
législateur par sa réglementation.
En principe, ce qui est reconnu par le rapport Scowen, c'est:
réglementez moins et mieux. Rien là-dedans - j'en parle tout de
suite, puisque cinq ou six articles de ce projet de loi enlèvent de la
réglementation... Aux pages 32 et suivantes - je ne ferai pas la lecture
de toutes ces pages - son collègue et le comité qui a mis sur
pied l'étude qu'ils ont faite, quand ils parlent de
réglementation, ne parlent pas d'enlever de la réglementation,
mais presque entièrement, au contraire, de faire appel aux citoyens et
d'impliquer davantage les intéressés - je prends là des
expressions - d'impliquer la population dans son ensemble dans la
préparation de la réglementation. Ils parlent du processus de
l'établissement de nos lois. Dans une période de session
intensive comme on l'est présentement, c'est difficile pour les membres
de l'Assemblée nationale eux-mêmes, et d'autant plus pour la
population, s'il n'y a pas une réglementation, dans les cas où
c'est nécessaire. S'il n'y a pas de réglementation qui vient
faire suite à cela et qui est publiée à la Gazette
officielle, donc qui est, théoriquement à tout le moins, et
sûrement pour les personnes les plus intéressées ou les
groupes les plus intéressés... Que la population elle-même
ou ces groupes puissent prendre conscience des règlements qui viennent
donner véritablement toute la force à une loi. Dans quelle mesure
cette réglementation va les toucher, tout cela est décrit et
expliqué. Le gouvernement lui-même a adopté une loi sur la
réglementation - il appelait cela la déréglementation -
qui, au fond, contredit, d'une certaine façon, tout ce que le ministre,
dans cinq ou six articles de ce projet de loi, essaie de faire.
Sur le fait, il n'y a pas de loi 102, quant à nous, qui existe au
moment où on se parle. Le ministre base beaucoup sa décision sur
cette loi 102 inexistante, qui va même sans doute être
retirée pour approfondissement par le gouvernement. Je proposerais au
ministre de tout simplement abroger l'article 15 de son projet de loi. J'en
fais motion, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que vous l'avez en
note? Est-ce qu'il y a des commentaires sur la recevabilité de la
motion?
M. Picotte: M. le Président, je n'ai pas de commentaire.
Je m'appuierai sur ce qui existe présentement pour dire le pourquoi.
Le Président (M. Rochefort): D'accord.
M. Picotte: Si jamais la motion est recevable, je dirai pourquoi
et je voterai contre, mais je n'ai pas d'autre commentaire à faire.
Le Président (M, Rochefort): M. le député de Dubuc,
j'ai pris connaissance de votre motion d'amendement. J'ai consulté les
précédents dans le recueil de jurisprudence des décisions
rendues à l'Assemblée et Je vous réfère à
l'article 197 de notre règlement qui stipule qu'un amendement ne peut
aller à l'encontre du principe de la motion principale, un amendement
n'ayant pour but que de retrancher, d'ajouter ou de remplacer des mots. La
doctrine de notre Assemblée, notamment le code Geoffrion à
l'article 566, de même que trois décisions rendues le à
juin 1986, le 13 juin 1985 et le 3 décembre 1975, vont dans le sens de
ne pas reconnaître la recevabilité d'une motion qui vise à
supprimer un article, dans la mesure où un amendement n'a pas pour but
de retrancher, d'ajouter ou de remplacer des mots, mais bien de biffer un
article.
Je vous réfère à l'article 566 de Geoffrion, dans
cette situation. Il y a aussi Beauchesne dans sa cinquième
édition, à la page 238. Ces deux auteurs nous amènent
à tirer la conclusion que, dans la mesure où on souhaite biffer
un article, les moyens que notre règlement met I la disposition d'un
député qui veut biffer un article, c'est de voter contre cet
article. En conséquence, je juge non recevable la proposition
d'amendement que vous avez déposée à l'article 15.
M, Desbiens: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question?
Le Président (M. Rochefort): Sûrement, M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Au début de vos remarques, vous avez
mentionné que si un amendement va à l'encontre de la proposition
principale...
Le Président (M. Rochefort); Du projet de loi, pas de
Particle.
M. Desbiens: Du projet de loi, c'est cela. Alors, je ne vois
pas... C'est cela. Ce que je voyais, c'est que le but de ce projet de loi est
de lutter contre le braconnage. C'est la proposition principale. Dans le
cas
présent, je ne vols pas que le fait d'enlever une
réglementation soit un moyen de lutter contre le braconnage.
M. Picotte: Question de règlement.
Le Président (M. Rochefort): Juste un instant, si vous le
permettez.
M. Desbiens: C'est une question que je pose.
Le Président (M. Rochefort): Oui, c'est cela. À
votre question, M. le député, c'est que là où nous
en sommes...
M. Picotte: Oui, allez-y.
Le Président (M. Rochefort): Si vous le permettez, je vais
répondre. Je pense que c'est plus une question qu'une question de
règlement que m'adresse le député de Dubuc. C'est une
question...
M. Picotte: M. le Président, je pense que le
député fait erreur quand il dit que le but de la loi est
d'éliminer le braconnage. Le but de la loi n'est pas d'éliminer
le braconnage. C'est la Loi modifiant la Loi sur la conservation et la mise en
valeur de la faune et la Loi sur les parcs. C'est cela, le but de la loi.
Évidemment, cela touche au braconnage et à tout ce qu'il y a
autour. La loi n'est pas pour éliminer le braconnage. C'est bien
inscrit, d'ailleurs, si vous avez votre projet de loi 153 devant vous - votre
recherchiste doit avoir cela - Loi modifiant la Loi sur la conservation et la
mise en valeur de la faune et la Loi sur les parcs. C'est cela, le titre de la
loi.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Habituellement, on reconnaît les objectifs et
les principes d'une loi en lisant les notes explicatives. Le ministre pourrait
peut-être lire les notes explicatives ou se les faire lire par son
sous-ministre. Ce projet de loi a pour but principal de favoriser la lutte
contre le braconnage; c'est la première phrase des notes et c'est tout
le discours que le ministre fait depuis deux semaines.
M. Picotte: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander...
Le Président (M. Rochefort): Oui, une dernière
intervention sur ma décision.
M. Picotte: Est-ce que je pourrais demander au
député, puisqu'il semble être capable de lire la
première ligne, de lire tout cela aussi.
M. Desbiens: Commencez par la première, M. le ministre.
Vous commencez par la troisième.
M. Picotte: Au deuxième paragraphe, c'est écrit:
"II prévoit également que la désignation des territoires
fauniques se fera par décret." C'est bien écrit là-dedans.
Il faut lire tout cela, il faut lire toutes les notes explicatives et pas
seulement ce qui fait son affaire.
Le Président (M. Rochefort): Bon. Je me sens...
M. Picotte: De toute façon, M. le Président, je
pense que votre décision a été rendue.
Le Président (M. Rochefort): C'est pour cela que je ne
croyais pas que ce soit utile qu'on développe longuement. Ce qu'il faut
saisir, M. le député de Dubuc, c'est que, d'une part, il y a plus
d'un principe dans le projet de loi 153 que nous étudions
présentement et que, d'autre part, la motion principale au moment
où nous étudions l'article 15, c'est l'article 15 lui-même.
En conséquence, je vous réitère trois décisions de
mes prédécesseurs, certaines plus récentes, d'autres un
peu plus lointaines, mais toutes les trois fondées sur Geoffrion et
Beauchesne et je réitère les dispositions de l'article 197 qui
stipulent clairement qu'un amendement n'a pour but que de remplacer, d'ajouter
ou de retrancher des mots à une motion principale. Vu que votre
proposition vise à biffer l'article, le moyen réglementaire que
vous avez à votre disposition pour biffer cet article, c'est de voter
contre l'article 15. Sur ce, nous poursuivons l'étude de l'article 15 et
nous n'avons pas d'amendement sur la table.
M. Desbiens: M. le Président. Le Président (M.
Rochefort): Oui.
M. Desbiens: Je me rends à votre décision que je
respecte entièrement. Je sais qu'on est à l'étude de ce
bill omnibus, mais cela ne fait rien... Mon collègue, je pense, a
demandé la parole.
Le Président (M. Rochefort): Oui, M. le
député d'Ungava. (16 heures)
M. Claveau: Merci, M. le Président. L'autre
possibilité, c'est de convaincre le ministre que son article est
peut-être un peu prématuré par rapport au contexte dans
lequel on vit actuellement. La loi sur les terres qui doit être
déposée mais qu'on ne connaît pas encore - à toutes
fins utiles, on en connaît seulement le numéro - la loi 102 qui
nous a été annoncée prévoit d'une façon
générale la distribution des terres entres tes
différents modes d'utilisation. Actuellement, on est en train de
débattre dans une autre salle tout ce qui regarde la question de la loi
sur les forêts avec les modalités d'intervention en milieu
forestier, entre autres. Il y a la loi sur les mines qui s'en vient. Elle est
déjà déposée et elle va probablement être
discutée. Du moins, il va y avoir une commission parlementaire dans le
courant de l'hiver. Il y a la loi sur les terres. Tout cela va ensemble. La loi
sur les terres prévoit, entre autres, la légalisation ou va
rendre obligatoire l'utilisation des différentes parties du territoire
du Québec sur la base d'un plan d'affectation des terres, dans lequel on
va retrouver les terres qui vont être du domaine forestier pour
exploitation, les terres qui vont être utilisées à des fins
minières, les terres qui vont être utilisées à des
besoins de bassins hydroélectriques, les terres qui vont être
utilisées à des fins de récréologie ou de
protection de la faune, etc., etc., etc. Alors, les différentes
façons d'utiliser les terres devraient normalement découler du
plan d'affectation qui deviendra légal à partir du moment
où on aura adopté la loi sur les terres, duquel plan
d'affectation va découler le manuel des modalités d'intervention
en milieu forestier.
Quand on parle du manuel d'intervention en milieu forestier,
étant donné que la faune est généralement aussi
très liée au milieu forestier... Les différentes
façons d'exploiter le milieu forestier seront, par le biais de ce
manuel, orientées sur les modalités d'intervention. Ceci va faire
que les différents intervenants du milieu forestier, quels qu'ils
soient, que ce soit des intervenants dans le domaine minier, dans le domaine de
la récréologie, dans le domaine des pourvoiries, dans le domaine
des préleveurs de matière ligneuse pour le besoin de l'industrie
forestière quelles que soient les raisons, vont devoir se
référer à ces modalités d'intervention qui ne sont
pas légales. Dans le moment, elles ne sont que des
éléments directeurs, des principes que l'on peut se permettre de
suggérer aux utilisateurs. Mais elles vont devenir applicables
légalement à partir du moment où le plan d'affectation va
être lui-même fondu dans la loi. Il va apparaître juste au
moment où la loi sur les terres va être déposée et
adoptée.
À partir du moment où le ministre modifie son approche par
rapport à la pratique actuelle, on prétend qu'il va au-devant des
coups et qu'il va probablement un peu vite par rapport à ce qui risque
de découler ou ce qu'il présume qui sera adopté au moment
de ta discussion article par article et de l'adoption du projet de loi 102 sur
la gestion des terres. Il nous semblerait de bon aloi que te ministre ne touche
pas à ce point-là dans le moment à tout ce qui regarde la
façon de décréter que des territoires sont exclusivement
pour la faune et d'attendre de voir ce qui va se passer avec la question des
terres, quitte ensuite à déposer un petit projet de loi qui
viendra compléter ce qu'on a actuellement et qui viendra faire des
concordances avec ce qu'on aura adopté au moment de la discussion sur
l'utilisation générale des sols au Québec afin de savoir
si tel ou tel territoire va être utilisé strictement pour des
questions de faune, si un autre territoire peut être utilisé d'une
façon conjointe et non concurentielle entre les besoins de la faune et
l'exploitation forestière, si des territoires qui ont déjà
été déboisés pourraient être recyclés
à autre chose au moment de leur reboisement ou parallèlement
à leur reboisement ou des choses semblables.
À ce moment-ci, nous prétendons qu'il est vraiment
prématuré de vouloir introduire une nouvelle façon de
fonctionner alors que la façon présente a fait ses preuves.
Probablement que ce n'est pas demain matin que le ministre va avoir à
décréter de nouveaux territoires ou aura à réserver
des territoires pour des fins strictement fauniques. Il n'y a vraiment pas
urgence. Il n'y a rien dans le moment. Et tant qu'on ne connaîtra pas les
nouvelles modalités, les nouvelles façons de faire qui vont
être mises en place par la toi sur les terres, il n'y a vraiment aucune
urgence pour que le ministre introduise au moment où on se parle, un
article pareil qu'il sera peut-être même obligé d'amender
dans quelques mois pour que ce soit en concordance avec un projet de loi qui
n'est pas encore adopté et dont on ne connaît pas encore les
modalités si ce n'est peut-être uniquement sur ta base de
soupçons ou d'une présumée interprétation. Mais
tant que ce n'est pas fondu dans la loi, après la discussion
parlementaire normale, le ministre aurait tout intérêt à le
retirer ou, du moins, à le mettre en suspens jusqu'à ce moment.
Après cela, il pourrait faire un article qui serait complet, qui irait
en concordance avec les plans d'affectation des terres qui seront fondus dans
la loi au moment de l'adoption de la loi 102. À ce moment-là, les
modalités d'intervention s'appliqueront en conséquence.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: Je pense que le député d'Ungava a
mêlé plusieurs choses dans son boniment et je pense qu'il a
parlé à travers son chapeau.
M. Claveau: Ah! C'est une opinion.
M. Picotte: Carrément. 3e vais le lui démontrer. Il
se peut qu'il ne soit pas au
courant de ce qui existe ailleurs mais, en tout cas, je vais lui
démontrer - c'est bien écrit noir sur blanc - ce qu'il y a dans
les lois existantes. D'abord, j'ai dit au tout début que, de l'avis du
bureau des règlements du ministère de la Justice - nous avons
consulté le ministère de la Justice - la description de
territoires fauniques n'est pas, en elle-même, de la nature d'un
règlement.
Deuxièmement, quand le député d'Ungava me dit qu'on
se base sur des lois qui ne sont pas adoptées, je regrette. S'il allait
vérifier la Loi sur les terres et forêts, à la section II,
la présente Loi sur les terres et forêts en vigueur - pas celle
qui s'en vient, pas celle qui viendra - on dit très bien ceci: "Le
gouvernement peut cependant, lorsqu'il le juge dans l'intérêt
public, autoriser aux conditions qu'il stipule la cession de droits de surface
sur des terrains sujets à la Loi sur les mines mais non compris dans une
concession minière. La vente des terres publiques et des droits de
surface autorisée en vertu des dispositions du présent article
peut être faite par lettres patentes ou par acte notarié." Au
ministère de l'Énergie et des Ressources, non seulement ce n'est
pas fait par décret, mais ce peut être fait par lettre patente, ce
qui est encore beaucoup moins formaliste qu'un décret, vous en
conviendrez.
Dans la Loi sur les terres publiques agricoles, entre autres, il est
dît ceci: "Le ministre peut, par avis, assujettir à la
présente loi une terre mise sous son autorité en vertu d'une
autre loi. Il peut également soustraire au régime de la
présente loi une terre non concédée pour l'assujettir
à une autre loi dont il a l'administration." Cela se fait encore une
fois par décret. Cela se fait dans la politique des terres publiques
agricoles, cela se fait du côté des terres et forêts et des
mines. Je ne vois pas ce qui arrive de nouveau dans le portrait
là-dessus. Alors que d'autres lois le font, nous disons, au niveau de la
loi sur la conservation de la faune, que nous le ferons maintenant. C'est ce
qui est dit.
Comme nous avons, en plus, l'opinion du ministère de la Justice
qui dit que la description de territoires n'est pas en elle-même de la
nature d'un règlement, le gouvernement choisit d'y aller par
décret. On ne fait rien de neuf, ce ne sont pas des lois qui viendront
en l'an 2000, ce ne sont pas des lois à être adoptées, ce
sont des lois existantes, tout simplement.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Cela me fait plaisir d'entendre dire par le ministre
qu'il y a quand même de bonnes choses dans les anciennes lois. Mais il
reste que l'argumentation du ministre se fait à partir de lois
déjà en voie d'être modifiées ou dont la
modification a été annoncée. À ce moment, nous, de
notre formation, disons au ministre: Pourquoi ne pas attendre que ce soit fait?
Après, il amènera des éléments de concordance. Il
n'y a rien qui nous dit que ce qu'il vient de nous lire sera maintenu dans les
lois qui ont déjà été annoncées. Il y a
probablement d'autres modalités qui vont apparaître, on ne le sait
pas, et, de toute façon, on ne peut pas présumer du contenu d'une
loi dont on ne connaît que le numéro.
C'est là-dessus que nous prétendons qu'il n'y a vraiment
pas urqence. Il serait intéressant de voir de quelle façon, par
exemple... Je pose une question au ministre: Est-ce que la loi sur les terres
aura prépondérance sur la loi sur la faune au moment de fixer
l'utilisation des sols ou des parties de forêt pour l'utilisation stricte
de la gestion faunique ou strictement pour la ressource faunique? Est-ce que ce
sera fixé par la loi sur les terres ou si ce sera toujours fixé
par la loi sur la faune? Si c'est la loi sur les terres qui le fixe, le
ministre n'a pas à décréter dans la loi sur la faune la
façon dont il va le faire.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: Je pense que la logique du député
d'Ungava est complètement absente. Je lui donne deux exemples pour lui
démontrer que c'est faisable et que cela existe et il me dit: Le
ministre devrait comprendre qu'il s'est fait de bonnes choses
antérieurement. Les mêmes bonnes choses qui existent dans ces
lois, il ne les considère pas comme des bonnes choses dans la loi sur la
conservation de la faune. Il se dit défenseur de la conservation de la
faune et il ne les considère même pas. Vous voyez l'illogisme
complet. Évidemment, quand on parle pour parler, il y a des illogismes
qui se promènent à gauche et à droite et je dois les
relever.
Deuxièmement, je pense que j'ai fait allusion au projet de loi
150 sur les forêts qui est en train d'être étudié.
Les articles dont il est fait mention sont déjà adoptés.
On vient d'aller vérifier et on me dit que ces articles ont
déjà été adoptés dans la Loi sur les
forêts. Le projet de loi n'est pas encore adopté, mais on est
rendu plus loin et on a voté pour ces articles. On n'utilisera pas ces
articles pour me dire que cela n'a pas de bon sens, si déjà,
là-bas, on les a adoptés. J'imagine que l'Opposition devait
être là. Autrement, la loi n'aurait pas été
étudiée article par article au moment où l'on se parle. Je
pense que cela résume ce que j'ai à vous dire là-dessus.
Cela se fait ailleurs, cela va se faire là et cela va se faire avec la
loi sur la conservation de la faune.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: J'aimerais apporter une petite précision. De
toute façon, la population sait comme nous que le ministre est
habitué d'entendre ce qu'il veut bien entendre. Alors, ses
interprétations restent siennes. Cela ne veut pas dire qu'on les
endosse. D'un autre côté, dans la Loi sur les forêts, le
ministre me permettra de dire que la réglementation qui est
adoptée l'est strictement en fonction de l'utilisation de la gestion de
la matière ligneuse. Dans la Loi sur les forêts - le ministre
lui-même me l'a dit - le fond de terrain, ce n'était pas son
problème. Son problème à lui était la gestion des
arbres. La réglementation qui a été faite dans ce projet
de loi l'a été en fonction de l'utilisation des arbres. Mais le
fond de terrain n'est pas son problème. C'est la loi sur les terres qui
le détermine. Cela a été bien précisé. Je
demanderais au ministre d'aller vérifier auprès de son
collègue.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: Nous, ce qui nous intéresse ici, ce sont les
animaux et la chasse. On ne va pas plus loin. Je pense que c'est ce qui nous
intéresse. Si le ministre délégué aux Forêts
s'occupe de la gestion des arbres, nous nous occupons de la gestion des
animaux. Ce n'est pas plus compliqué que cela. Quelle différence
cela fait-il? On est dans des domaines différents. Voyons donc!
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Effectivement. Mais l'article en question est en
fonction de l'utilisation de la gestion des terres puisque c'est pour
déterminer des portions de terre du domaine public. On ne parle pas des
animaux qu'il y a sur les terres, on parle des terres, tandis que, dans la Loi
sur les forêts, comme l'a stipulé et précisé le
ministre lui-même, il n'a jamais été question de
déterminer des portions de terre. On a dit: Ou bien on utilisera ou on
fera du prélèvement d'arbres. C'est la loi sur les terres qui va
déterminer cela. Nous, on va gérer les arbres qui seront sur ces
territoires, qui seront déterminés par la loi sur les terres.
Dans le moment, l'article en question est bel et bien en fonction, non pas de
gérer le nombre de têtes d'orignaux, de chevreuils et de poissons
dans les rivières sur le territoire, mais en fonction de
déterminer des limites territoriales sur lesquelles on va agir. Si on
suit la logique du ministre délégué aux Forêts, cela
relève de la loi sur les terres et non pas de celle sur la forêt
ou la faune ou les mines. Dans ce cadre, je pense que mon interprétation
est tout à fait logique et que le ministre aurait avantage à
s'enquérir de la problématique auprès du ministre
responsable des terres, c'est-à-dire le ministre de l'Énergie et
des Ressources.
M. Picotte: M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: C'est pénible, mais on va le faire quand
même. On va relire ensemble la loi actuelle à l'article 85. Je
pense que le député oublie carrément de la lire. Il ne
sait pas de quoi il parle. Écoutez, vous allez le savoir. Arrêtez
de parler, vous ne comprendrez pas plus: "Le gouvernement peut, par
règlement, aux fins de développer l'utilisation des ressources
fauniques" - ce n'est pas écrit de vendre des terres, c'est écrit
"désigner et délimiter des parties de terres domaniales". Ce
n'est pas vendre des terres. On ne fait pas cela chez nous. C'est
désigner et délimiter. Ce n'est pas très compliqué.
La seule chose qu'on supprime là-dedans, c'est les deux mots "par
règlement". Cela ne change rien, voyons donc! Lisez donc tout cela,
mettez cela ensemble et vous allez être capable d'en saisir toute
l'ampleur et vous ne viendrez pas nous dire carrément des choses qui ne
tiennent pas debout.
M. Claveau: Est-ce que le ministre peut me dire si c'est la loi
sur les terres qui régit les plans d'affectation des terres dans
lesquels on va retrouver, entre autres, les terres qui seront
désignées comme étant des territoires ou des parties de
territoire domanial pour des raisons fauniques'' Est-ce que c'est bel et bien
la loi sur les terres par le biais du plan d'affectation des terres
légalisé dans cette loi qui va être responsable de cela ou
si c'est le ministre qui va faire ce qu'il va vouloir en dehors du plan
d'affectation qui aura été décrété par son
autre collègue.
M. Picotte: C'est la Loi sur les terres du domaine public qui
n'est pas encore adoptée qui détermine cela, sauf que, dans la
loi 150 déjà adoptée sur les forêts, c'était
tel quel à l'article 104, c'est adopté: "Pour favoriser
l'éducation du public à la conservation du milieu forestier, le
milieu peut, à même les réserves forestières,
constituer des centres éducatifs forestiers". À même les
réserves forestières! Est-ce clair? Nous autres, ce sont des
réserves fauniques à la place des réserves
forestières. (16 h 15)
M. Claveau: II n'y a pas de notion territoriale,
là-dessus, M. le ministre.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava...
M. Picotte: Arrêtez donc!
M. Claveau: De toute façon, je vous dirai que le
projet...
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Claveau: ...sur les forêts est loin d'être rendu
à l'article 106...
Le Président (M. Rochefort): S'il vous plaît, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: ...et le ministre aurait avantage à aller
vérifier.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava, je vous demanderais de laisser le ministre compléter sa
réponse. Par la suite, je vous reconnaîtrai comme je l'ai fait
jusqu'à maintenant. M. le ministre, si vous voulez compléter.
M. Picotte: M. le Président, j'ai dit ce que j'avais
à dire.
Le Président (M. Rochefort): Voulez-vous la parole, M. le
député d'Ungava?
M. Claveau: Je dirai au ministre, dans un premier temps, que
l'étude article par article de la Loi sur les forêts, s'il veut
aller vérifier, est loin d'être rendue à l'article 106;
dans un deuxième temps, à l'article 106, qu'il vient de
mentionner, il n'y a aucune référence à des superficies
géographiques territoriales, c'est une référence par
rapport à la masse ou au volume des bois à gérer ou de ce
qui existe au-dessus de la terre, mais il n'y a aucune notion
géographique territoriale, alors que, dans ce qu'on discute ici à
l'article 15, qui modifie l'article 85, on fait référence
à la délimitation des parties de territoire, c'est une notion
géographique et territoriale.
M. Picotte: M. le Président...
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: ...je vais rappeler le député à
la bonne loi, je parle de la loi 150, Loi sur les forêts, et je parle de
l'article 104. Lui, il me parle de l'article 106; il peut bien être
mêlé.
M. Claveau: C'est l'article 104 de la Loi sur les forêts.
L'étude du projet de loi, au moment où on se parle, doit
être rendue à l'article 55 ou 60. J'y vais justement d'ailleurs,
vous allez m'excuser, parce que j'ai une intervention à faire
là-dessus.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc, toujours à l'article 15. M. Picotte: Pour autant
que...
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Desbiens: J'aimerais ajouter...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc, article 15. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Desbiens: J'aimerais essayer de faire comprendre au ministre
ce que mon collèque avait commencé à lui dire. Il y a une
loi-cadre, le projet de loi 102 sur les terres du domaine public - c'est comme
cela qu'on va les appeler, non pas les terres domaniales -qui a
été proposé et qui vise à la répartition et
à l'utilisation des terres du domaine public au Québec à
des fins parfois fauniques, parfois de matières ligneuses. Pour les
matières ligneuses, c'est le projet de loi 150 qui en fait foi; dans le
domaine faunique, ce sera le ministre. Et c'est justement cela, il se donne le
pouvoir, à lui seul, de déterminer cela. C'est contre cela qu'on
en a.
Ce que nous voulons, c'est que la répartition de ces terres
publiques, qui doivent être utilisées pour des fins fauniques, -
et il y en a beaucoup, il y en a suffisamment d'intéressés au
Québec à tout cela - se fasse en public et que la population, les
associations et les groupes aient la possibilité d'intervenir. Le
ministre dit: Non, on n'en veut pas, on ne veut pas que la population
intervienne là-dedans, je veux faire cela tout seul. Je ne peux pas
proposer d'amendement, M. le Président, vous me l'avez dit, c'est
contraire à son article 15, mais est-ce que je peux proposer autre chose
pour essayer d'obtenir un entre-deux à cela, pour permettre au moins aux
membres de l'Assemblée nationale d'avoir droit de regard sur ce que le
ministre va décider dans ses décrets?
Motion d'amendement proposant de
déposer
le projet de décret devant la
commission
de l'aménagement et des
équipements
Je propose l'amendement suivant, M. le Président: Que l'article
85 de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune soit
modifié par l'addition, après le premier alinéa, des deux
alinéas suivants: "Le projet de décret - parce que c'est un
décret qu'il va faire - est déposé devant la commission de
l'aménagement et des équipements. Il peut être
adopté à l'expiration des trente jours suivant le
dépôt du rapport de cette commission devant l'Assemblée
nationale. "Le gouvernement peut modifier le
projet de décret et doit alors, dans ce cas, publier le
décret à la Gazette officielle du Québec."
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que vous avez une
copie de votre amendement, M. le député?
M. Desbiens: Oui, M, le Président.
Le Président (M, Rochefort): Un instant, juste une
seconde.
M. Picotte: M. le Président, avant de faire des remarques,
je voudrais dire qu'effectivement, j'avais eu une mauvaise information
tantôt étant donné que je ne suis pas à l'autre
commission et qu'effectivement ils ne sont pas rendus encore à l'article
du projet de loi 150 auquel j'ai référé.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. Cela
dit, est-ce que quelqu'un soulève la question de la recevabilité
de l'amendement?
M. Desbiens: Pas de commentaire.
Le Président (M. Rochefort): Juste un instant, je vais
consulter l'article 85. Donc, je reçois la proposition d'amendement du
député de Dubuc à l'article 15 qui vise à ajouter
un article 15.1 qui se lirait comme suit: "L'article 85 de la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune est modifié par
l'addition, après le premier alinéa, des deux alinéas
suivants: "Le projet de décret est déposé devant la
commission de l'aménagement et des équipements. II peut
être adopté à l'expiration des 30 jours suivant le
dépôt du rapport de cette commission devant l'Assemblée
nationale. "Le gouvernement peut modifier le projet de décret et doit
alors, dans ce cas, publier le décret à la Gazette officielle
du Québec."
M. le député de Dubuc, je vous reconnais sur la
présentation de votre amendement.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: M. le Président, vous aurez compris que je
n'ajouterai pas grand-chose à l'argumentation puisqu'on avait
commencé à la faire justement avec le ministre et mes
collègues. Je rappellerai encore que dans le rapport qui a
été à l'origine et qui a fait l'objet d'une loi du
gouvernement actuel sur la réglementation, on dit bien qu'il existe
à leur égard, c'est-à-dire à l'égard des
règlements en général, des enquêtes, des sondages et
des publications, toute la préparation nécessaire pour
vérifier l'acceptabilité des projets, qu'il y a un processus qui
existe déjà et qui a été façonné, on
le sait, par les traditions parlementaires. Il dit textuellement: "Celles-ci
-c'est-à-dire les traditions parlementaires -toutefois, ne sont pas
figées dans le ciment, loin de là. L'utilisation qu'on a faite
depuis une quinzaine d'années des commissions parlementaires et la
récente réforme apportée aux règlements de
l'Assemblée nationale en constituent une preuve tangible. Il
n'empêche, qu'aussi bien au niveau du gouvernement lors de leur
préparation qu'au niveau de leurs assemblées lors de leur
adoption, on ne procède pas actuellement à une analyse
suffisamment approfondie de leur impact."
À partir de ce moment, je dis que si cela doit être
strictement un ministre qui décide - cela peut être
nécessaire dans certains cas, je ne nie pas cela - si en toutes
circonstances il faut toujours que ce soit le ministre, donc la machine
administrative qui décide de la façon dont une loi sera
appliquée et quelles seront les balises entières de cette loi, il
peut très bien arriver - cela a été aussi noté dans
ce rapport Scowen - que finalement une loi soit complètement
défigurée par la réglementation. Si personne, nulle part,
n'a la possibilité d'intervenir, sauf par le droit de désaveu
qu'on retrouve dans la Loi sur la réglementation - cela est sujet
à la réglementation régulière de l'Assemblée
nationale les citoyens risquent de se retrouver devant des lois qui,
finalement, auraient été discutées et
décidées par les députés à
l'Assemblée nationale ayant à l'esprit certains objectifs
très précis.
Les citoyens se retrouveront donc en fin de compte avec des
règlements qui viendront défigurer les objectifs de départ
d'une loi. Le ministre dit non. Il a dît tantôt qu'il ne voulait
pas remettre le mot "règlement" dans son article 85; il ne veut pas
laisser le mot "règlement". Alors je lui demande, par la proposition que
je fais, de faire un bout de chemin comme on dit, un compromis, et de
présenter au moins à ses collègues ici et à
l'ensemble des députés de l'Assemblée nationale, les
projets; dans le cas suivant, de désigner et de délimiter les
parties des terres domaniales, de le présenter au moins devant la
commission qui aura donc la possibilité d'obtenir des informations de la
part du ministre et de faire ses remarques s'il y a lieu. Si le décret
du ministre est adopté par la commission de l'aménagement et des
équipements, d'une part, cela donnera au ministre et au gouvernement
beaucoup plus de force dans l'application de son décret. Cela
permettrait aussi à la démocratie de s'exercer d'une façon
certaine, minimale en tout cas. C'est avec cet objectif que nous faisons cette
proposition d'amendement à l'article 85.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, brièvement. D'abord,
je pense qu'il faut dissiper une confusion du député, ce n'est
pas un décret du ministre, c'est un décret du gouvernement. Il y
a une différence entre un décret d'un seul homme et un
décret de l'ensemble du gouvernement...
M. Desbiens: Un instant...
M. Picotte: ...du Conseil des ministres, il faut préciser
cela. Mon but en procédant ainsi, en biffant les mots "par
règlement", est de raccourcir les délais de la mise en oeuvre du
déclubage des territoires fauniques, M. le Président. La mesure
que j'apporte n'innove pas, finalement, parce que j'ai pu démontrer que
cela se faisait dans d'autres domaines; je voterai contre l'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Quelqu'un d'autre? M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Mme la députée a demandé la
parole avant moi.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de Marie-Victorin, cela va. Par la suite, ce sera M. le député
d'Ungava et M. le député de Oubuc aussi. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Pour aller dans le
sens de mon collègue de Dubuc, je m'explique mal pourquoi on
enlève "par règlement" dans le projet de loi. D'une part, je
trouve que cela devient très restrictif; cela restreint le rôle
que doivent jouer les parlementaires. Je ne vois pas pourquoi. En fin de compte
"par règlement" c'est beaucoup plus visible, c'est la transparence.
À mon avis, c'est un choix de gouvernement que de fonctionner par
décret. C'est un gouvernement qui, ma foi, met des bâillons
dès que l'opinion publique veut se manifester. C'est comme si,
finalement, le droit de parole devenait de plus en plus difficile à
exercer dans l'enceinte parlementaire et que seuls maintenant les ministres
pouvaient décider des orientations et de l'avenir des différents
secteurs économiques, quelle que soit leur nature, ici dans notre
gouvernement.
Je trouve malsain pour nos institutions de commencer ces règles
de procédure. On incluait "par règlement"; les règles du
jeu étaient donc définies au vu et au su de tous. C'est beaucoup
plus démocratique. Ce qui est important pour nous, en tant
qu'Opposition, c'est que la démocratie puisse encore régner ici
au Parlement. C'est pourquoi mon collègue a présenté un
amendement. Je voterai pour parce que je considère qu'il est important
que la transparence demeure la règle d'or à l'intérieur du
Parlement et qu'il faut qu'on continue de procéder en ce sens. On en a
parlé de plus en plus - cela vient de votre gouvernement - du rôle
que doivent jouer les parlementaires. Actuellement, je ne vois pas comment les
parlementaires pourront jouer pleinement leur rôle d'une façon
éclairée. Je pense que cela devient abusif que de fonctionner
toujours par décret et que cela devient un club sélect qui peut
uniquement orienter les destinées de l'ensemble d'une population. (16 h
30)
On ne peut pas accepter qu'on aille dans ce sens. Cela devient
limitatif, restrictif et dangereux pour l'avenir de nos moeurs politiques. Je
trouve qu'il faut faire en sorte qu'on remette dans notre règle
parlementaire, qu'on maintienne des règlements qui permettent à
l'ensemble de la population et à l'ensemble des parlementaires de jouer
convenablement leur rôle.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, avez-vous un
commentaire? M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Si le ministre n'a pas
de commentaire, j'aurais une question à lui poser, étant
donné que j'endosse à 100 % ce qui a été dit par
mes deux collègues qui m'ont précédé. Je pense
qu'il est de bon aloi de faire en sorte -surtout quand on parle de
l'utilisation territoriale - que cela ne se fasse pas presque en catimini et
qu'on apprenne par un communiqué émanant du Conseil des ministres
qu'un territoire a été changé ou que la vocation d'un
territoire a été modifiée sans que personne n'en ait eu
connaissance. Cela me semble un peu spécial, mais de toute façon,
le ministre a des exemples qui lui permettent d'appuyer son argumentation.
Il reste une chose, c'est qu'en fonction du plan d'affectation... Je
reviens à l'importance du plan d'affectation, puisque c'est quelque
chose qui est invoqué spécifiquement dans la loi 102 qui va
déterminer l'utilisation de tous les autres. Ce ne sera pas au ministre
sectoriel à déterminer: Je vais faire cela sur tel territoire. Il
va falloir que cela se fasse en concordance avec les besoins des
différents autres utilisateurs et c'est le plan d'affectation qui fait
cela.
À partir du moment où la loi 102 va fixer, va
légaliser l'application d'un plan
global d'affectation de l'ensemble des terres du domaine public
forestier et non forestier, quelle est l'urgence que te ministre peut invoquer,
au moment où on se parle, pour pouvoir faire accepter quelque chose au
Conseil des ministres qui viendrait compléter ce qui est
déjà actuellement, avant qu'un tel plan d'affectation soit mis en
place?
Est-ce que le ministre a des territoires qu'il est pressé de voir
réserver pour des utilisations fauniques qui ferait en sorte que, pour
les quelques mois qui restent avant que le plan d'affectation devienne
légal, il sente le besoin de modifier une façon de
procéder qui existe depuis déjà plusieurs années et
qui a fait ses preuves?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: Que je sache, M. le Président, cette loi va
déterminer les zones d'exploitation forestière comme telles. En
ce qui me concerne, je n'ai pas l'intention de prendre plus de temps pour
démêler le député d'Ungava dans tout ce processus.
Il pourra lire abondamment à ce sujet et il aura sa réponse.
M. Claveau: M. le Président.
Le Président CM. Rochefort): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: La réponse que le ministre vient de me faire
est dans la ligne de l'ensemble des réponses qu'on a de ce gouvernement
depuis un certain temps. Le ministre essaie de noyer le poisson. Les animaux
vivent en forêt et près des arbres. La loi sur l'utilisation des
matières ligneuses ou la loi sur les forêts qui va gérer
là où va se faire l'exploitation forestière est
nécessairement en concurrence avec la loi sur la faune, à moins
qu'on ne s'entende des deux côtés pour savoir ce qu'on fait sur un
territoire donné.
Les arbres que le ministre veut protéger pour pouvoir conserver
sa faune, je suppose, sont des arbres qui sont sûrement convoités
par l'industrie forestière. Cela risque, à un moment ou l'autre,
de devenir des lieux d'exploitation forestière duquel les troupeaux vont
avoir à se sauver à la course s'ils ne veulent pas passer en
dessous de la bûcheuse. C'est ce qui va se passer.
Alors, comment le ministre peut-il dire que l'autre va gérer la
forêt et, lui, les animaux? La forêt et les animaux, c'est le
même territoire et il va falloir qu'il y ait un plan global qui soit
fixé par un responsable unique qui va faire en sorte qu'à partir
de tel endroit sur tel territoire, on ne bûche plus, c'est pour les
animaux et l'autre bord de la rivière, c'est du bûché et
à partir de la petite butte là-bas, cela va être
réservé pour la faune, etc.
Si cela ne marche comme cela, j'ai hâte de voir le ministre qui va
arriver et qui va dire: Sur ce territoire, on protège cela pour la faune
et un mois avant, le ministre délégué aux Forêts
aura donné des permis d'intervention pour enlever les arbres. J'ai
hâte de voir comment cela va marcher si ce n'est pas le plan
d'affectation qui a priorité sur les deux. On sait que le plan
d'affectation découle de la loi sur les terres et non pas de la loi sur
la faune, de la Loi sur les forêts et de la Loi sur les mines.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, ce ne sera pas long. Je vais
référer uniquement le député à une
conférence de presse qui a été donnée il y a
déjà quelques mois par des collègues, le ministre de
l'Environnement, le ministre délégué aux Forêts et
moi-même sur le Guide des modalités d'exploitation
forestière où tout cela est prévu. Alors, il a juste
à regarder cela et il va trouver sa réponse. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Roehefort): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, le Guide des modalités
d'intervention en milieu forestier que le ministre vient de donner - je vais
donner le vrai nom, c'est comme cela que cela s'appelle - est applicable pour
autant que le plan d'affectation va déterminer quel genre d'intervention
qui va se faire dans tel et tel milieu a été rendu légal.
II sera légalisé par l'application de la loi 102. Jusqu'à
ce moment-là il s'agit de principes directeurs que l'on suqgère,
mais qui ne sont pas fondus dans la loi et qu'on n'est pas obligé de
respecter.
C'est le plan d'affectation qui fera en sorte que les modalités
d'intervention en milieu forestier s'appliqueront en fonction des affectations
que l'on aura données en tel ou tel milieu. Le noeud du problème,
ce n'est pas le manuel d'intervention, mais le plan d'affectation des terres.
Il ne faudrait pas essayer de noyer le poisson là-dedans.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M, Picotte: M. le Président, il est bien important de dire au
député que depuis le 2 décembre 1985, il y a eu un
changement de gouvernement. Il n'est plus à l'époque où le
ministre de l'Agriculture, le ministre de l'Environnement et le ministre
délégué aux Forêts, de même que le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche se chicanaient pour savoir qui
gagnait. Chez nous, les ministres se partent et cela sera fait dans la
collaboration et cela répond aux interrogations du
député. Chez nous on se parle, heureusement.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava, toujours.
M. Claveau: C'est bien. Ce que le ministre vient de dire confirme
ce que je disais tout à l'heure. De toute façon, nous n'en sommes
pas plus convaincus que cela, parce qu'il existait, entre autres, des
mécanismes très précis de consultations et de discussions
interministérielles sous l'ancien gouvernement qui ont été
abolis depuis le 2 décembre 1985. Toujours est-il que pour que les
ministres se parlent, il faut qu'ils s'entendent sur des modalités, sur
l'utilisation des territoires que l'on définira en fonction d'un plan
global. Ce n'est pas chaque ministre qui pourra décider à sa
guise, par le biais de règlements, de décrets ministériels
ou autrement, ce qu'il veut faire sur ce territoire. Je prétends
qu'à partir du moment où le plan d'affectation qui
relèvera de la loi 102, donc du ministre de l'Énergie et des
Ressources, sera mis en vigueur, ce sera le ministre de l'Énergie et des
Ressources qui aura le dernier mot sur l'utilisation des terres et qu'à
partir de ce moment-là, il est prématuré pour le ministre
de vouloir modifier immédiatement l'article de loi en question, parce
que de toute façon, à partir du moment où la loi 102 sera
en vigueur, c'est la loi 102 qui va le faire. Si le ministre prétend ou
a une urgence de modifier tout de suite une façon de fonctionner qui a
fait ses preuves avec le temps, c'est probablement parce qu'il a quelque chose
derrière la tête et qu'il y a de petits territoires qu'il aimerait
bien voir protégés rapidement, sans que trop de monde s'en rende
compte avant que la loi sur les terres soit mise en vigueur.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, je dirai simplement qu'il y a
un article qui prévoit dans le projet de loi 102 que le plan est
approuvé par le gouvernement et j'estime que contrairement à ce
que l'on a déjà vécu, le gouvernement n'ignorera pas ce
qu'il a décidé par décret au préalable, si jamais
c'est ce qui se produit.
M. le Président, je n'ai pas d'autres commentaires à
faire.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: L'article que le ministre vient de nous lire, M. le
Président, a prédominance sur l'article en question et donc c'est
cet article-là de la loi sur les terres qui va s'appliquer et non pas
son article sur la gestion de la faune.
En ce sens-là, la loi sur la gestion de la faune, à cet
article-là, devient désuète. Donc il n'y a aucun
empressement à la modifier au moment où on se parle.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: Pas de commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Oui. J'ai deux remarques: la première pour
dire que le ministre ne nous apporte aucune argumentation, aucune raison pour
justifier son intention de faire disparaître la réglementation.
Deuxièmement, si le ministre lit bien la proposition d'amendement que je
fais, il constatera -parce qu'il y aura certainement des discussions entre le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et le
ministère des Forêts, et aussi l'Environnement même si ce
n'est pas l'affectation comme telle - à un moment donné, certains
conflits, certaines difficultés à ajuster les violons comme on
dit.
Ce que nous proposons comme modifications lui laisse quand même
beaucoup plus de liberté. Qu'il passe son décret, ce
décret vient devant la commission et cela peut devenir pour lui un appui
que peuvent lui donner les membres de la commission de l'aménagement et
des équipements s'il y a, dans certains cas, des conflits sur
l'utilisation des terres du domaine public entre son ministère et le
ministère des Forêts.
J'aimerais bien que le ministre se penche plus sérieusement sur
la proposition que je fais là et qu'il dise vraiment comment il peut
voir que ce n'est pas un moyen terme entre une réglementation qu'il
trouve trop sévère ou trop difficile d'application et l'ignorance
complète de la population et même des membres de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: J'ai eu l'occasion, M. le Président, de faire
mes commentaires sur l'amendement qui a été apporté. Je
répète que plus les intervenants parlent, plus j'ai le goût
de voter contre l'amendement. Ce n'est sûrement pas avec l'attitude de
certains députés de cette commission que j'ai le goût
d'amener cela à la commission de l'aménagement, M. le
Président. Je voterai contre l'amendement et mes commentaires sont
déjà inscrits au Journal des débats. On n'aura
qu'à les relire.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que j'ai d'autres
intervenants sur cette motion d'amendement? M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens; M. le Président, ce que je comprends, c'est
que le ministre, premièrement, je commence à voir pourquoi il
fait disparaître le mot "règlement" partout dans sa loi, c'est une
attitude personnelle. Il a beaucoup de difficulté, semble-t-il, à
subir quelque contradiction que ce soit ou même quelque suggestion que ce
soit. C'est ce qu'il vient de nous dire presque littéralement. À
ce moment, je ne vois pas pourquoi il ne suit pas l'exemple de ses
collègues. Cet amendement, ce texte existe déjà dans nos
lois. Ce texte, ce n'est pas un amendement nouveau que nous avons
créé. Cela a été voté par son
collègue, au ministère des Transports, M. Côté, au
mois de juin dernier, dans la loi 19 sur l'assurance automobile.
Je trouve que cela a été entre la réglementation
pure et simple qui, parfois, cause des problèmes à
l'administration dans certains cas... Cela, on est prêt à
l'admettre. Votre collègue du ministère des Transports a
trouvé une formule qui est heureuse, qui permet un moyen terme, dans
certaines circonstances, entre une réglementation parfois trop longue,
trop compliquée et trop lourde à administrer et un moyen
différent plus souple et plus rapide d'exécution. Je ne comprends
pas le ministre de ne pas vouloir introduire cela lui aussi, suivre l'exemple
de son collègue des Transports ici.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: C'est une question de choix, M. le Président.
Si cet amendement est valable, parce que certains collègues ont choisi
cette avenue, l'article que j'apporte est aussi valable, puisque j'ai des
références à d'autres lois identiques et j'ai choisi cette
façon de procéder.
Le Président (M. Rochefort): D'autres interventions? Mme
la députée de Marie-Victorin, voulez-vous prendre la parole?
Mme Vermette: Oui, M. le Président. J'aurais aimé
entendre certains membres de l'aile ministérielle pour savoir ce qu'ils
pensent de cela. D'autant plus que l'amendement proposé a
déjà été soumis dans une autre commission, comme
l'a mentionné mon collègue de Dubuc, en ce qui a trait au
ministère des Transports et qui, à notre avis, est un moyen
terme, un genre de compromis entre une réglementation peut-être
excessive dans certains cas, où on veut l'alléger, permettre
justement de fonctionner ou de donner certains autres modes de fonctionnement.
(16 h 45)
J'aurais aimé entendre certains commentaires à ce sujet -
peut-être que cela pourrait aider aussi votre ministre à ce niveau
- et voir, votre esprit de solidarité, en fin compte,
l'homogénéité de votre gouvernement.
M. Picotte: M. le Président, je préfère la
solidarité de certains de mes collègues sur l'amendement
apporté avec les explications que nous avons données que la
solidarité d'autres collègues qui, à toutes fins utiles,
parlent sans savoir exactement de quoi ils parlent et prennent du temps. Entre
les deux, je préfère la solidarité de ce
côté-ci. C'était un commentaire que je voulais
apporter.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Je ne disconviens pas que le ministre aime les
solidarités muettes, mais il y a une solidarité qu'il pourrait
manifester lui-même à l'égard de la vtce-première
ministre. On nous a dit, lors du premier message d'ouverture de ce gouvernement
qui a été lu à l'Assemblée nationale par la
vice-première ministre, que les lois ne seraient plus adoptées
à la vapeur, que les lois de ce gouvernement seraient des lois
démocratiques. Également une solidarité avec son leader
à l'Assemblée nationale qui s'exprimait dans le même sens.
Je pense que sa solidarité pourrait se manifester à
l'égard de son whip aussi. Si le ministre veut prendre plus de temps
pour regarder l'amendement que je lui propose, en discuter avec son leader, son
whip ou ses fonctionnaires, je pourrais peut-être même
suggérer qu'on suspende l'étude de l'amendement et qu'on passe
à d'autres articles pour qu'on ne retarde pas indûment
l'étude du projet de loi, quitte à y revenir plus tard lorsque
vous aurez discuté de cela avec vos colègues.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: En ce qui me concerne, je suis disposé
à voter immédiatement.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur la motion d'amendement?
M. Desbiens: II ne me reste plus qu'à constater que le
ministre veut son pouvoir absolu et que, évidemment, on va se prononcer
contre. À moins que mes collègues aient d'autres interventions,
on va demander un vote enregistré.
Le Président (M. Rochefort): Vous voulez un vote
enregistré? Nous procédons donc au vote sur l'amendement à
l'article 15 qui se lit comme suit: "L'article 85 de la Loi sur la conservation
et la mise en valeur de la faune est modifié par l'addition,
après le premier alinéa, des deux alinéas suivants: "Le
projet de décret est déposé devant la commission de
l'aménagement et des équipements. Il peut être
adopté à l'expiration des trente jours suivant le
dépôt du rapport de cette commission devant l'Assemblée
nationale. "Le gouvernement peut modifier le projet de décret et doit
alors, dans ce cas, publier le décret à la Gazette officielle
du Québec."
J'appelle le vote.
Le Secrétaire: Pour ou contre la motion. Mme
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M.
Bradet (Charlevoix), M. Doyon (Louis-Hébert).
M. Doyon: Contre.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'Islet). M.
Middlemiss (Pontiac).
M. Middlemiss: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Matapédia).
M. Paradis (Matapédia): Contre.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet). M. Saint-Roch
(Drummond).
M. Saint-Roch: Contre.
Le Secrétaire: Mme Trépanier (Dorion).
Mme Trépanier: Contre.
Le Secrétaire: M. Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt: Contre.
Le Secrétaire: M. Vallières (Richmond). M, Picotte
(Maskinongé).
M. Picotte: Contre.
Le Secrétaire: Mme Vermette (Marie-Victorin).
Mme Vermette: Pour.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean). M. Desbiens
(Dubuc).
M. Desbiens: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière). M. Claveau
(Ungava).
M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: M. Rochefort (Gouin).
Le Président (M. Rochefort): Abstention.
Le Secrétaire: Sept contre, trois pour.
Le Président (M. Rochefort): Et une abstention.
Le Secrétaire: Et une abstention.
Le Président (M. Rochefort): La motion d'amendement est
rejetée. Je reviens donc à l'article 15. Y a-t-il d'autres
commentaires? Êtes-vous prêts à passer au vote? M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, c'est bien évident
que devant l'attitude du ministre, je pense qu'il serait inutile d'essayer de
lui démontrer qu'il fait fausse route, en tout cas quant aux valeurs
démocratiques qu'on essaie de défendre ici. On va voter
également à l'article 85, sur division.
Le Président (M. Rochefort): J'appelle l'article 15.
Est-ce que l'article 15 est adopté?
M. Desbiens: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Adopté sur division.
J'appelle l'article 16. M. le ministre.
Droits exclusifs de piégeage
M. Picotte: L'article 86 de cette loi est modifié par
l'addition de l'alinéa suivant: "II peut aussi donner à bail des
droits exclusifs de piégeage dans une zone d'exploitation
contrôlée ou dans une réserve faunique."
Cet amendement a pour objet d'autoriser le ministre à donner des
baux de droits exclusifs de piégeage dans les ZEC ou dans les
réserves fauniques. Actuellement, de tels baux ne peuvent être
donnés que dans les terres domaniales décrites à cette
fin. Â noter que le piégeage est déjà permis dans
les ZEC et les réserves fauniques. Les piégeurs ne peuvent
cependant le faire qu'en vertu d'un permis renouvelable annuellement et
l'amendement proposé permettra une meilleure planification de cette
activité, puisque des baux d'une durée supérieure à
un an pourront être octroyés aux piégeurs, à
l'instar de ce qui se fait dans les autres parties du territoire.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de Dubuc?
M. le député d'Ungava.
M. Claveau: J'aimerais savoir l'intérêt de cette
modification.
M. Picotte: Je viens de vous le dire, l'intérêt
c'est de le donner à plus long terme, comme cela se fait ailleurs, au
lieu de le faire sur une période d'un an. Jusqu'à maintenant, on
le faisait sur une période d'un an. C'est cela, l'intérêt;
c'est comme on le fait ailleurs, tout simplement. Il n'y a pas d'autre
intérêt que cela.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava, toujours.
M. Claveau: Je suppose qu'en conséquence il va y avoir une
modification aussi dans les contrôles à faire en
conséquence?
M. Picotte: II va sûrement y avoir une discussion avec les
gens des ZEC, d'abord, parce que les gens des ZEC sont sur les territoires. Les
gens des ZEC, après des discussions que j'ai eues dernièrement -
mon attaché politique a eu une discussion précisément avec
le président de l'association des ZEC - se disent favorables â
cela et on va faire tout simplement ce qui existe ailleurs, c'est le seul et
unique but.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava, toujours.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a une limite de temps prévue
pour ces nouveaux permis? Est-ce indéfini? Cinq ans, trois ans, huit
ans?
M. Picotte: Actuellement, ce sont des baux de neuf ans.
M. Claveau: Neuf ans. Actuellement, il se fait du
piégeage, du trappage par les autochtones sur les réserves.
M. Picotte: Du castor, je pense, entre autres. C'est dans les
réserves à castor, à ce qu'on me dit, mais cela n'a rien
à voir, ce n'est pas la même chose.
M. Claveau: On parle de la réserve Ashuapmouchouan, on est
dans le parc de Chibougamau. Il y a des familles montagnaises qui trappent
à l'année dans la réserve. Est-ce que ce genre de bail qui
va être sur une longue période ne risque pas d'entrer directement
en conflit avec les intérêts économiques des autochtones
qui trappent déjà là?
M. Picotte: Les baux que nous allons donner n'iront pas à
rencontre des droits des autochtones. Les autochtones ont des droits et nous
les respectons.
M. Claveau: L'actuel bail d'un an, tel que donné, permet
le piégeage de certaines catégories d'animaux sur une courte
période et peut facilement être adaptable, par exemple, à
des zones, des secteurs où, pour une raison ou une autre, on se retrouve
avec une augmentation ou un surplus de la population de cet animal. Cela fait
en sorte de pouvoir profiter de ce surplus ou de rééquilibrer
éventuellement les choses dans un secteur donné.
Est-ce que le fait de le mettre sur neuf ans, d'une claque - vous me
pardonnerez l'expression - ne peut pas avoir un effet contraire, un effet de
diminution ou de presque liquidation d'une population donnée sur un
territoire précis?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: D'abord, M. le Président, je pense que je dois
corriger encore une fois le député d'Ungava, ce ne sont pas des
baux d'un an qui se donnent présentement, ce sont des permis.
M. Claveau: Des permis, excusez-rnoi.
M. Picotte: On parle de baux alors que c'étaient des
permis qui existaient.
M. Claveau: J'en conviens, M. le ministre.
M. Picotte: C'était fait sur unité de
piégeage, donc, beaucoup plus petit. Pour répondre à ce
que le député me demande, cela n'aura pas d'effet comme tel
puisque nous surveillons la situation. Toutes les fois que nous donnons des
baux, on pourrait poser ta même question, on pourrait le demander au
sujet des ZEC où cela se fait déjà. On tient compte de la
ressource chaque fois qu'on procède soit par baux ou par permis.
M. Claveau: La différence est que le permis actuel donne
l'occasion d'un contrôle annuel précis. Advenant la diminution
d'une population donnée, on peut simplement ne pas renouveler le permis
et cela finit là. Pour une gestion étalée sur neuf ans,
pour certaines classes d'animaux, cela peut en fait être beaucoup plus
difficile d'assurer une gestion, un suivi - j'oserais dire - presque quotidien
de la fluctuation de la population de cet animal en particulier sur le
territoire.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Picotte: D'abord, il y a deux choses. À chaque
année, même si quelqu'un a un bail, il doit faire rapport de ce
qu'il prend.
M. Claveau: Vous m'avez corrigé tout à
l'heure.
M. Picotte: Non, non, dans le bail de neuf ans.
M. Claveau: D'accord.
M. Picotte: En ce qui concerne ceux qui ont des baux de neuf ans,
ils font rapport à tous les ans quand même. Celui qui a un permis,
au bout d'un an, on lui renouvelle ou pas. Mais celui qui a un bail, à
tous les ans, il doit faire rapport. S'il ne fait pas rapport dans un an, on
casse son bail.
Deuxièmement, si la ressource vient en danger, par voie de
réglementation on peut à n'importe quel temps à la fin de
l'année, dire: Un instant! On modifie certaines choses à cause de
la réglementation qui nous permet d'agir ainsi.
Troisièmement, l'importance d'y aller sur neuf ans, c'est parce
que cela nous permet non seulement un meilleur contrôle, mais aussi celui
qui a un bail de neuf ans... Il y a une différence entre celui qui a un
bail de neuf ans et celui qui a un permis d'un an. Celui qui a un permis d'un
an peut arriver avec l'idée de dire: Comme je peux avoir uniquement un
permis d'un an, durant cette année, comme je ne suis pas certain que je
vais être renouvelé l'année prochaine, je vais utiliser et
je vais prendre tout ce que j'ai à prendre sur le territoire. À
ce moment-là, cela devient difficile de surveillance en dedans d'un an.
Tandis que s'il a un bail de neuf ans, il sait qu'il doit protéger la
ressource, parce que à quoi cela lui servirait-il d'avoir un bail de
neuf ans s'il ne fait pas attention à la ressource.
Généralement, c'est ce que nous avons constaté. Cela a ces
trois effets entre autres. Mais on peut, è n'importe quel temps, par
voie de réglementation, à la fin d'une année, quand il
fait son rapport -comme il est tenu de faire un rapport -modifier certaines
choses s'il y a lieu pour ce qui est de la ressource.
M. Claveau: D'accord. J'aurais peut-être encore une couple
de petites questions. Premièrement, est-ce que - je demande une
réponse du ministre - il est possible ou prévisible que quelqu'un
qui a un bail de neuf ans décide d'exploiter son bail pendant un an ou
deux, d'en tirer le maximum et après cela de laisser tomber tout
simplement, de laisser le territoire libre et impénétrable par
quelqu'un d'autre pendant le reste du temps?
Deuxièmement, est-ce que le ministre se garde la
possibilité, par exemple, après deux ans ou trois ans ou
même après un an, lors du renouvellement annuel, de casser le bail
en question si les critères ne sont pas respectés? Peut-on
interdire carrément à quelqu'un, tout en lui laissant son bail,
éventuellement, de trapper telle ou telle sorte d'animal parce qu'il n'y
en a plus suffisamment?
M. Picotte: Je répète au député
d'Unqava que la réglementation nous permet d'interdire si la ressource
est menacée... Oui, je l'ai dit. Je vous ai parlé tantôt de
la réglementation qui nous permet de faire à peu près
n'importe quoi. Si la ressource est menacée, on peut carrément
lui dire: Tu n'as plus droit à cette ressource. Si, effectivement, on se
rend compte après un an... L'exemple que me donne le
député est le suivant: Si on se rend compte au premier rapport,
après un an, que vraiment le piégeur a abusé, on va lui
retirer son permis. On va tout simplement faire en sorte de ne pas renouveler
son bail. On va casser le bail. Le règlement va nous donner ce droit. Il
n'y a aucun changement entre quelqu'un qui aurait un bail de neuf ans et qui,
la première année, abuse et celui qui a un permis d'un an et qui,
au bout de la première année, a abusé, d'après ce
que l'on constate. On est au même niveau. Alors, à partir de ce
moment-là, on l'arrêtera tout simplement. La réglementation
nous permettra de faire cela.
M. Claveau: Une autre question avant de laisser la parole
à mes collègues. Est-ce que tous les baux qui vont se donner,
tous les permis et toutes les façons d'intervenir vont se donner sur la
base d'un bail de neuf ans où s'il va y avoir des permis à court
terme ou des baux moins longs? Cela peut arriver, par exemple, que quelqu'un
soit intéressé à avoir un permis pour opérer
pendant un an parce qu'une année cela l'intéresse. Il n'y a rien
qui dit qu'il sera dans le territoire ou qu'il restera par là. Prenons
l'exemple d'un professeur qui serait transféré quelque part dans
une zone où il y a du gibier et qui sait qu'il sera là un an ou
deux. Est-ce qu'il sera obligé de se soumettre aux conditions d'un bail
de neuf ans lui aussi où s'il pourra juste avoir un permis pour
piéger pendant six mois ou un an? (17 heures)
M. Picotte: On va continuer d'avoir ce que nous possédons
déjà. Pour un terrain de piégeage, c'est un bail de neuf
ans; pour une unité de piégeage, c'est un permis d'un an. Il va
continuer d'y avoir les deux, sauf que cela va nous permettre de pouvoir donner
des baux, à l'endroit qu'on a indiqué tantôt, dans les ZEC.
C'est cela qui va nous permettre de le faire. Si quelqu'un voulait l'avoir pour
un an ou voulait utiliser uniquement une unité de piégeage, tout
simplement on a cette catégorie. La différence, c'est que
quelqu'un qui voulait avoir un bail dans une ZEC ne pouvait pas l'obtenir
tandis que, là, il pourra l'obtenir si on le juge à propos.
Par règlement, on pourra, si la ressource vient à
être en périt ou quoi que ce soit, retirer certaines
espèces au niveau du piégeage. C'est tout ce que cela change et
cela existe partout ailleurs dans les ZEC. C'est la seule chose.
M. Claveau: Cela ne s'applique pas sur les territoires
conventionnés.
M. Picotte: On respecte les ententes signées sur les
territoires conventionnés.
M. Claveau: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de Marie-Victoria.
Mme Vermette: J'aurais besoin de connaître certaines
réponses additionnelles pour mieux saisir toute la dimension de droit
exclusif de piégeage. À un endroit donné, il y aune catégorie. Est-ce que ce sont toutes les espèces
d'animaux qui sont sur un terrain donné ou si c'est une
catégorie, une espèce en particulier?
M. Picotte: D'abord, on doit vous dire que c'est
spécifié que ces animaux sont des animaux à
piégeage et pas d'autre chose qu'à piégeage. À
partir de là, dans un territoire donné, tout animal qui est
déterminé être un animal à piégeage, il est
possible qu'il soit piégé par celui qui aura un bail, et il a le
droit exclusif de le piéger.
Mme Vermette: D'accord. Il y a différents pièges.
Il y a différentes espèces. J'imagine qu'il doit y avoir une
réglementation par rapport à cela.
M. Picotte: Tous les types de pièqes sont prévus
par règlement et ce qu'on veut faire dans les prochains mois, c'est
d'avoir une réglementation avec des pièges dits pièges
plus humanitaires, plus rapides, permettant de faire moins souffrir les animaux
si jamais il y a lieu de penser à cela. On veut s'orienter vers un
piégeage beaucoup plus humanitaire, mais c'est prévu par
règlement.
Mme Vermette: En fait, il n'y a pas de quotas. De toute
façon, ce que vous regardez qui est important... Oui, il y a des
quotas.
M. Picotte: II y a des quotas comme dans n'importe quoi. Tout ce
qu'on a chez nous, c'est contingenté, c'est par quotas.
Mme Vermette: Dans une saison ou dans une période
donnée, ils ont droit à tant de pièges...
M. Picotte: Cela dépend de l'espèce. Cela
dépend de la quantité qu'on a pu relever. Ceia dépend,
évidemment, d'une foule de choses, mais selon l'espèce, il y a
des quotas.
Mme Vermette: Est-ce que cela rentre dans le rôle des
agents de conservation...
M. Picotte: Des agents de conservation...
Mme Vermette: ...lorsque certaines personnes qui peuvent avoir
des droits d'exploitation, de piégeage, ne font pas attention aux
animaux? J'imagine que cela arrive souvent, fréquemment, que... C'est
peut-être parce que, où j'habite, j'ai vu cela souvent. Je me suis
promenée dans mon bois à moi et il y avait des mauvais
pièges. A un moment donné, je voyais des lièvres qui
étaient plus ou moins amochés. J'en ai vu plusieurs. J'ai vu des
carcasses dans mon bois. C'est pour cela que je vous demande si,
effectivement...
M. Picotte: M. le Président, les agents de conservation
surveillent les piégeurs comme ils surveillent les chasseurs, les
pêcheurs et ils éliminent les abus. Ils surveillent pour voir s'il
y a du braconnage qui se fait et si le piégeur respecte son permis.
Mme Vermette: Ils doivent répondre. C'est comme un
trappeur. En fin de compte, les gens qui font cela, ce sont des trappeurs. J'ai
à l'idée les gens qui vont à la chasse au collet, la
chasse au lièvre, ou des trucs comme ceux-là. J'imagine que c'est
beaucoup plus vaste comme espèce.
M. Picotte: Piégeurs et trappeurs sont synonymes.
Mme Vermette: Je vais m'en souvenir. Vous avez parlé de
terrain exclusif avec un bail de neuf ans. Quelles sont les dimensions d'un
terrain comparativement à une unité de terrain pour lequel des
gens ont un bail d'un an?
M. Picotte: Les unités de piégeage sont beaucoup
plus petites et les baux de neuf ans sont plus grands, sauf qu'on n'a pas des
dimensions plus précises. Cela dépend, évidemment, des
territoires. C'est relativement standard, mais cela dépend un peu du
territoire et de la ressource. C'est généralement et relativement
assez standard.
Mme Vermette: Est-ce que vous donnez ces permis à des gens
dont c'est le principal gagne-pain ou si n'importe qui peut avoir cela?
M. Picotte: On sait que les trappeurs et les piégeurs
vivent du commerce de la
fourrure entre autres. C'est une partie du gagne-pain des trappeurs et
des piégeurs. On me dit que les baux sur les terrains ou sur les
unités de piégeage se font beaucoup plus sur une base
professionnelle, c'est-à-dire les gens sont des trappeurs professionnels
et des piégeurs professionnels. C'est un peu comme cela que c'est
délimité, c'est-à-dire qu'on ne donne pas
généralement... Quelqu'un qui arrive et qui demande un permis de
trappeur ou de piégeur, on vérifie si effectivement il en est un.
Il y a une autre dimension que j'ai oublié de mentionner. Il y a aussi
des zones libres. Le citoyen ordinaire peut aller faire du trappage ou du
piégeage en zones libres.
Mme Vermette: Une dernière question. Normalement, les
trappeurs font cela pour la fourrure de l'animal. Est-ce que la viande qui
reste pourrait être vendue une fois qu'ils ont...
M. Picotte: La viande sauvage n'est jamais
commercialisée.
Mme Vermette: O'aucune nature.
Le Président (M. Rochefort): Cela va-t-il? M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. On a beaucoup
parlé de notion du temps. Je ne vois rien qui est en relation avec le
temps, c'est déjà dans le règlement qui existe, la
question du temps, de baux etc. Ce sont des notions qui sont déjà
décidées et qui existent. La distinction que je vois dans la
proposition du projet de loi, c'est d'ajouter finalement ce qui était
déjà accordé pour les droits de pêche ou de
piégeage sur la totalité ou sur une partie des terres domaniales
visées à l'article 85. On dit: II peut aussi donner à bail
des droits exclusifs de piégeage dans une zone d'exploitation
contrôlée. L'exploitation contrôlée, c'est
déjà sur les terres domaniales? Pourquoi faut-il ajouter cela
maintenant? Pourquoi cette précision?
M. Picotte: On dit que c'est uniquement parce que dans la loi on
ne pouvait pas donner de baux. C'étaient des unités de
piégeage et des permis pour un an. La loi ne le mentionnait pas.
M. Desbiens: M. le ministre, si on lit d'article 86 tel qu'il
est: "Le ministre peut donner à bail des droits exclusifs de chasse, de
pêche ou de piégeage sur la totalité ou une partie des
terres domaniales..."
M. Picotte: Visées à l'article 85. L'article 85
concerne les pouvoiries.
M. Desbiens: L'article 85 vise les pourvoiries seulement?
M. Picotte: Oui. On me dit que cela touche uniquement les
pourvoiries.
M. Desbiens: Ici, donc, on ajoute pour les ZEC. L'article 86
touchait l'ensemble des terres domaniales ou strictement les... Ce n'est pas
les ZEC, parce qu'on l'ajoute.
M. Picotte: C'est cela. C'est une partie des terres domaniales
visées à l'article 85.
M. Desbiens: L'article 85, c'est pour les pourvoiries:
M. Picotte: L'article 85 c'était les pouvoiries.
M. Desbiens: Ici, ce sont les pouvoiries aussi. Cela touche les
pourvoiries aussi. Vous voulez étendre cela à une ZEC.
M. Picotte: Aux ZEC. C'est cela. M. Desbiens: Vous avez
dit...
M. Picotte: Et aux réserves fauniques à ce qu'on me
dit.
M. Desbiens: D'accord, les réserves fauniques. C'est donc
les ZEC. Tantôt vous disiez que vous alliez en parler ou consulter ou
discuter avec les ZEC. Vous en avez parlé à la
Fédération des ZEC tout simplement?
M. Pîcotte: On en a parlé au président de la
Fédération des ZEC qui est à la table de concertation
instituée par le ministère et Il nous a dit que sa
fédération était d'accord avec cet article. II
était d'accord pour donner des baux de neuf ans à
l'intérieur des ZEC.
M. Desbiens: Il n'est pas question de temps là-dedans,
c'est que la politique soit étendue finalement aux ZEC, que ce qui
existe déjà comme politique soit étendu aux ZEC; il n'y a
pas de modification au temps; ce n'est pas une modification du temps. C'est
étendu aux ZEC et aux réserves fauniques.
M. Picotte: C'est cela. Avant, on donnait des unités dans
les ZEC; les unités, c'est un permis d'un an.
M. Desbiens: Les unités étaient déjà
acceptées dans les ZEC.
M. Picotte: Out, on délivre des permis d'un an. Mais en
disant "bail" maintenant, comme un bail a un durée de neuf ans, cela
permet d'avoir dans les ZËC des baux exclusifs de piégeage qui vont
durer neuf
ans,
M. Desbiens: Le ministre me rassurerait davantage s'il avait eu
un avis des ZEC. Il me parle du président des ZEC, mais on sait,
après les trois expériences pilotes qu'il a vécues
concernant la chasse à l'orignal que la Fédération des ZEC
avait dit oui au début, mais on s'est aperçu que les ZEC ne
disaient plus la même chose. J'espère que...
M. Picotte: Effectivement, les ZEC... J'étais allé
là, j'étais... Ce dont le député parle, je peux lui
en parler pendant un bout de temps parce que j'étais justement au
congrès des ZEC quand cela a été demandé par tout
le monde et, effectivement, les expériences pilotes se sont faites dans
les trois ZEC.
M. Desbiens: Oui, mais on a vu qu'une foule de ZEC se sont
élevées contre cela.
M. Picotte: Non, mais le problème... Ce qu'il faut que
vous compreniez, c'est que, quand on a une fédération de ZEC, on
a ies administrateurs des ZEC qui sont là. Les conseils d'administration
des ZEC viennent et demandent des choses et ils retournent par la suite
à leur assemblée générale et ils expliquent ce
qu'ils ont décidé. Quelquefois, ils sont mandatés avant
d'aller à la fédération pour discuter de certaines choses,
d'autres fois ils n'ont pas nécessairement été
mandatés ou d'autres fois les gens prétendent que ce n'est pas
tout à fait l'objet pour lequel ils ont été
mandatés et sur lequel il se sont prononcés lors de leur
congrès général. Cela avait été
demandé lors du congrès général et finalement, les
expériences pilotes se sont faites dans les trois ZEC et tout le monde
semble bien s'en porter. J'ai hâte cependant d'en avoir les
résultats bientôt, mais cela semble être des
résultats très positifs.
Il peut arriver évidemment - vous le savez comme moi - qu'un
syndicat fasse une assemblée générale et se prononce en
disant: On refuse ou on accepte telle proposition. Quand on retourne devant
l'assemblée générale, 10 %, 20 %, 30 %, 40 % et 50 % des
gens peuvent s'élever contre cela, mais il reste que si on attend
d'avoir l'unité parfaite et l'accord de tout le monde pour faire des
choses: II est normal que cela puisse être adopté à 60 %,
70 %, 75 % ou 80 %, mais c'est rarement à 100 % dans n'importe quel
domaine.
M. Desbiens: Le président des ZEC avec d'autres fait
partie de la... Comment appelez-vous cela? La table de...
M. Picotte: La table de concertation. M. Desbiens: La table de
concertation.
C'est là qu'il a été consulté.
M. Picotte: C'est là qu'on l'a consulté.
M. Desbiens: Ce n'est même pas le conseil d'administration
de la fédération, mais le président comme membre de la
table de concertation.
M. Picotte: II nous a assurés avoir consulté et il
nous a donné cette réponse-là.
M. Desbiens: Espérons que c'est comme cela que les ZEC le
veulent, mais je n'aî pas d'indication... J'aurais aimé que le
ministre puisse donner une indication sur la volonté des ZEC que ce
système soit introduit.
II y a un autre point là-dessus. On parle de réserves
fauniques et des ZEC. On sait qu'il y a au moins - on peut dire au minimum -
une certaine controverse entre les trappeurs piégeurs et certains blancs
et autochtones... Il y a certaines rivalités ou discussions de
territoires. Je me souviens de la région, par exemple, des
Attikameks-Montagnais dans votre coin. Est-ce cet article qui est touché
par cela? Ce n'est pas cela? (17 h 15)
M. Picotte: Non, cela n'a aucun rapport. Inutile de vous dire
qu'on ne donnera pas des droits de piégeage à des individus en
territoire conventionné où il y a déjà des
autochtones qui ont des droits et où il y a des réserves à
castors; il n'y a pas de piégeage, évidemment, par les
Blancs.
M. Desbiens: D'accord, je prends Chibougamau-Chapais. Si mon
collègue était là, puisqu'on est là-dessus... Je ne
m'attarderai pas là-dessus, cela ne fait pas partie de l'article. En ce
qui concerne la partie qui était exclue, l'ancienne réserve
à Chibougamau, il y a une partie qui a été enlevée.
Est-ce que c'est déclaré réserve à castors
actuellement?
M. Picotte: On me dit que les réserves à castors
datent d'avant cela. Alors, cela ne devrait pas être...
M. Desbiens: Mais sur ce territoire en particulier?
M. Picotte: Non,
Mme Vermette: Je ne sais pas si j'ai bien...
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: ...saisi. Je n'ai peut-être pas tout à
fait écouté aussi. Est-ce que dans les ZEC, c'est la
première fois qu'il se donne des baux de neuf ans? C'est la
première fois.
M. Picotte: Oui.
Mme Vermette: C'est une nouveauté. Antérieurement,
c'était des unités d'un an.
M. Picotte: On se donne ce droit, madame, parce que auparavant,
il n'était pas possible de le faire. C'est la raison de l'amendement. On
aurait laissé la loi telle qu'elle est là si on avait eu cette
permission. On n'avait pas cette permission, on avait des unités de
piégeage qui duraient uniquement un an, un permis d'un an, point final,
à la iigne. Parce qu'on ne l'avait pas, on ajoute cela.
Mme Vermette: J'ai une question additionnelle à ce
moment-là. Est-ce que c'est parce qu'il y a eu des pressions à
cet effet, que cela empêchait les trappeurs d'avoir une continuité
dans leur activité ou que cela nuisait à leur commerce ou
quoi?
M. Picotte: Cela causait des problèmes à la fois
aux ZEC et aux piégeurs, dans le sens qu'il n'y avait pas de
continuité pour le piégeur et, deuxièmement, les ZEC
voyaient arriver un piégeur à l'intérieur de leur
territoire et ce n'était jamais le même à chaque
année ou cela pouvait n'être jamais le même à chaque
année. Alors, cela causait des problèmes autant d'un
côté comme de l'autre. C'est pour cela que tout le monde s'est un
peu rallié à cette proposition.
Mme Vermette: Le permis est toujours pour une personne. Si
quelqu'un ne peut pas y aller, est-ce qu'il peut le donner à quelqu'un
d'autre? Je prends une PME. On pourrait faire un genre de je ne sais pas
et...
M. Picotte: Le piégeur peut avoir une aide, point final.
Mais le permis n'est pas transférable, pas plus que votre permis de
pêche ou votre permis de chasse ne peut être prêté
à quelqu'un d'autre.
Mme Vermette: Cela peut devenir une forme d'exploitation vu que
c'est le gagne-pain pour une personne. Donc, si elle ne peut pas pour cause de
maladie - il peut lui arriver n'importe quoi - il se passe quoi à ce
moment-là? Ce n'est pas transférable. II perd son...
M. Picotte: Il renonce à son droit et nous le donnons
à un autre.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: J'ai assisté à un colloque
régional la semaine dernière sur les ZEC au
Saguenay-Lac-Saint-Jean et il y a une proposition qui va venir au
congrès régional de la Fédération des ZEC, les
SACERF. On parlait justement de piégeurs et d'aide-piégeurs.
Une des remarques que j'ai entendues des participants au colloque, c'est
que les ZEC voulaient obtenir qu'il y ait détermination du nom... Il
semble qu'actuellement, le nom du piégeur est transmis aux ZEC,
remarquez que les ZEC -c'est ce qui a été exprimé pendant
le colloque - sont positives face aux piégeurs, elles ont
manifesté une attitude positive, mais elles aimeraient - je crois que
cela n'existe pas présentement - que le nom de l'aide-piégeur
soit aussi déterminé, soit précisé, à la ZEC
pour qu'elle sache à qui elle a affaire.
M. Picotte: M. le Président, je pense que je vais
participer encore pour une deuxième année cette année
à leur assemblée générale. J'ai déjà
confirmé ma présence et si on a des demandes à faire au
ministre, comme toujours, c'est avec beaucoup d'attention que nous essaierons
d'y donner suite si cela ne cause pas de problèmes particuliers. Mais je
ne pense pas. Si cela vient améliorer la situation, on n'aura rien
contre cela, loin de là.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a d'autre
chose sur l'article 16?
M. Desbiens: M. le Président, je suis inquiet quand le
ministre me dit qu'il a vérifié avec le président qui a
exprimé une opinion. Probablement qu'il est au courant, bien sûr,
sauf qu'une erreur, cela se produit, comme on l'a vu, dans le cas de la chasse
aux orignaux. On va l'adopter, M. le Président, mais sur division.
Le Président (M. Rochefort): Donc, l'article 16 est
adopté sur division?
M. Picotte: M. le Président, est-ce que je peux demander
une suspension d'une minute, s'il vous plaît?
Le Président (M. Rochefort): Sûrement, on va
suspendre pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 20)
(Reprise à 17 h 23)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission poursuit ses travaux. Nous en étions à
l'article 16...
Pourvoiries
M. Picotte: L'article 17, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): ...qui était
adopté. J'avais appelé l'article 17 et il y a un papillon, M. le
ministre.
M. Picotte: Oui, M. le Président. "L'article 93 de cette
loi est modifié: 1° par le remplacement de la première ligne
du premier alinéa par ce qui suit: "93. Lors de l'annulation ou du non
renouvellement d'un bail en vertu de l'article 90 ou"; 2° par le
remplacement de la première ligne du deuxième alinéa par
ce qui suit: "Le locataire dont le bail est annulé ou non
renouvelé ne conserve que son droit." Le papillon se lit comme suit:
"À la fin de la première ligne du premier alinéa de
l'article 93 modifié par le paragraphe 1° de l'article 17, ajouter
après le mot "ou", le mot "lorsque"." Cet amendement a pour objet de
combler une lacune de la loi en ajoutant au cas d'annulation les cas de
non-renouvellement d'un bail tout simplement. En effet, cet article 93 vise les
cas d'acquisition d'un territoire sous bail par un nouveau locataire et renvoie
à l'article 90 qui touche tant un cas d'annulation qu'un cas de
non-renouvellement.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! S'il y a des caucus qui doivent se tenir, je vous prierais de les
tenir en dehors de cette salle. M. le ministre, si vous voulez poursuivre.
M. Picotte: L'amendement proposé ne vise donc qu'à
combler une lacune et à rendre l'article 93 concordant avec l'article
90. Le papillon est de nature technique. Dans les statuts de 1983, la
première ligne de l'article 93 contient aussi le mot "lorsque".
Le Président (M. Rochefort): Sur le papillon? Est-ce que le
papillon est adopté?
M. Desbiens: C'est technique. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): L'amendement à
l'article 17 est adopté. L'article 17, tel qu'amendé?
M. Desbiens; L'article 17 comme tel est le non-renouvellement d'un bail.
Le ministre dit que c'est de concordance avec les articles 90, 91. C'est
cela?
M. Picotte: C'est cela.
M. Desbiens: C'est là où apparaît
déjà la mention de non-renouvellement de bail.
M. Picotte: Lorsque. C'est cela.
M. Desbiens: Lorsque. Est-ce qu'il y a annuellement beaucoup de
cas de détenteurs de baux qui ne remplissent pas les conditions de leur
bail?
M. Picotte: On me dît que chaque année, ils doivent
faire des rapports. On les surveille. Si, à un moment donné, des
conditions ne sont pas respectées, on retire le bail. Par exemple, celui
qui possède un bail, qui fait du braconnage et qui est non seulement
accusé, mais trouvé coupable de braconnage, par la loi, c'est un
cas où l'on dit: Vous ne pouvez pas faire de braconnage quand vous avez
un bail, on lui retire son bail.
M. Desbiens: Je comprends. Évidemment, il est pris en
infraction, par la loi. Si le piégeur fait un rapport annuel et qu'il
est dit dans son bail: Tu dois tuer dix ou vingt castors - je ne sais trop -
s'il en tue quinze, 25 ou qu'il en tue trop, est-ce qu'il y a des limites
imposées? Est-ce qu'il y a un minimum ou un maximum?
M. Picotte: Le problème, c'est que noua sommes rendus dans
les pourvoiries maintenant; c'est là la difficulté. Cet article
couvre le domaine des pourvoiries. C'est le transfert d'un bail de pourvoirie.
Écoutez, M. le Président, on est parti tantôt...
M. Desbiens: Mais, rapidement, quand même.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! On va pousuivre avec M. le ministre. Tout de suite après,
je vous reconnais, M. le député de Dubuc.
M. Picotte: ...de l'article 86. Quand on a adopté
l'article 16, avant d'arriver à l'article 17, on faisait
référence à l'article 86 du projet de loi initial, de la
Loi sur la conservation de la faune. Maintenant, ce que l'on amende, les
articles 87, 88, 89, 90, 91... on n'y touche pas. On arrive à la loi
actuelle, à l'article 93. Alors, on est dans le domaine des
pourvoiries.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
Dubuc.
M, Desbiens: Rapidement, s'il y avait consentement, M. le ministre, vous
pourriez répondre à cela. Est-ce que, à ta suite de
quelques rapports d'échantillons, vous allez faire des
vérifications?
M. Picotte: Vous revenez...
M. Desbiens: J'en reviens toujours à ma question. Si vous
ne voulez pas répondre, vous êtes libre parce que l'on est...
M. Picotte: Sur le piégeage. M. Desbiens: ...sur le
piégeage.
M. Picotte: Du côté des piégeurs et des
trappeurs, on retire beaucoup de baux, chaque année.
M. Desbiens: Tantôt, c'était pour les
pourvoiries.
M. Picotte: Oui, c'était pour tes pourvoiries parce que
l'on était rendu là. Du côté des piégeurs et
des trappeurs, on retire beaucoup de baux par année. Quand ils font leur
rapport annuel, on se rend compte qu'ils n'ont pas satisfait à certaines
exigences du bail et, à ce moment-là, on le leur retire.
M. Desbiens: Est-ce qu'aux environs, vous allez faire quelques
vérifications parfois?
M. Picotte: Le bureau régional. M, Desbiens: Le bureau
régional.
M. Picotte: Ils font leur rapport au bureau régional et ce
dernier fait des vérifications.
M. Desbiens: II fait des vérifications sur les
rapports.
M. Picotte: C'est cela.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. On parle des
pourvoiries, voilà un sujet très intéressant. Est-ce que,
par exemple, pour un pourvoyeur, le fait de ne pas respecter le nombre de lits
auquel il a droit dans un campement ou de faire des campements
supplémentaires sans permis, sans numéro de permis, cela peut
être une raison pour lui retirer son droit?
M. Picotte: Cela n'a aucun rapport, M. le Président, en ce
qui concerne le nombre de lits. Tout ce qu'on fait, c'est que tout nouveau
bâtiment dans une pourvoirie doit faire l'objet d'une approbation du
ministère.
M. Claveau: On parle du nombre de lits parce que les pourvoyeurs
- quand je dis le nombre de lits c'est peut-être à cause d'une
façon de parler qu'on a dans le milieu - ont droit à tant de
locataires, tant de places. Par exemple, on a le droit à un camp pour
six chasseurs sur tel lac en particulier, qu'il s'agisse d'un concessionnaire
ou autre. En faisant des inspections, j'ai eu personnellement connaissance de
cas où un pourvoyeur qui était supposé d'avoir un
campement pour recevoir sur place, quatre personnes à la fois,
était installé pour recevoir dix personnes. Son permis disait
quatre personnes. Qu'est-ce qu'on peut faire dans un tel cas? Est-ce que c'est
une raison suffisante pour lui retirer son permis?
M. Picotte: Ils sont toujours, même dans le cas d'une
pourvoirie, limités par des quotas, comme on dit. S'il a le droit
d'abattre six orignaux pour un nombre donné, même s'ils
étaient douze dans le camp, à ce moment il a droit à six
orignaux.
M. Claveau: À moins que je ne m'abuse, M. le ministre, les
campements de pourvoyeurs sur les lacs sont toujours déterminés
en fonction du nombre de places pour recevoir des gens. Vous avez un permis qui
vous donne droit à quatre couchettes, si l'on peut dire, ou à six
ou à huit afin qu'il n'y ait pas plus de chasseurs en même temps
sur le même lac. Il arrive des cas, j'en ai encore à la
mémoire que j'ai moi-même identifiés il n'y a pas si
longtemps, quelques mois à peine, où on a un pourvoyeur qui est
censé, prenons l'exemple, avoir sur son permis six places dans un
campement précis et quand on arrive sur place il y a souvent deux
campements, un à un bout du lac et l'autre à l'autre bout; il y
en a un qui a un numéro et l'autre qui n'a pas de numéro. Quand
on fait le total il y a douze places au lieu d'y en avoir six.
À moins que je ne me trompe et à moins que je ne comprenne
pas, il me semble que le permis est en fonction du nombre d'individus qu'on
peut recevoir en même temps sur un site donné.
M. Picotte: Vous allez d'abord me préciser, M. le
député, s'il s'agît d'un pourvoyeur permissionnaire ou d'un
pourvoyeur concessionnaire, parce que c'est différent.
M. Claveau: Dans le cas présent, c'est un permissionnaire.
Je pourrais également vous donner le nom du lac.
M. Picotte: Généralement, quand c'est un
permissionnaire c'est pour un endroit et pour un équipement.
M. Claveau: Quand un permissionnaire utilise, par exemple, deux
endroits différents sur un lac alors que son permis lui donne droit
à un endroit, il pourrait se voir retirer son permis?
M. Picotte: On lui retire son permis s'il n'est pas... Si on a
des plaintes, on vérifie et s'il n'est pas conforme, on lui retire son
permis. Faites une plainte puisque vous en connaissez. Faites-nous une plainte
et on va aller vérifier le permis.
M. Claveau: De toute façon, je peux vous dire que dans le
cas présent, à la suite de plaintes, le site a été
inspecté et il fonctionne toujours.
M. Picotte: Faites-nous une plainte écrite et on ira voir
cela.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je me pose bien des questions. Je me demande quelle
sorte de pourvoirie et quel genre de pourvoirie il existe pour ces
permissionnaires?
M. Claveau: Les Oblats de Marie-Immaculée.
Mme Vermette: Sérieusement, indépendamment des jeux
de mots, il y a combien de sortes de pourvoiries? En existe-t-il plus qu'une?
Est-ce que c'est comme les ordres?
M. Picotte: Mme la députée, vous en conviendrez,
rendu à cette heure comme mon sous-ministre a beaucoup plus de patience
que moi d'accumulée, je vais lui demander de vous répondre.
M. Bernier: II existe deux sortes de pourvoiries, les pourvoiries
concessionnaires, c'est-à-dire celles qui ont des territoires
désignés par le gouvernement sur lesquels elles ont des droits
exclusifs de chasse et de pêche. Cela veut dire que personne ne peut
aller à la chasse ou à la pêche sur leur territoire sans
passer par le pourvoyeur. C'est ce qu'on appelle les pourvoyeurs
concessionnaires.
Il y a également les pourvoyeurs permissionnaires qui, eux, n'ont
qu'un site d'hébergement, offrent de l'hébergement sans avoir de
territoire où il y a des droits exclusifs. À eux, on donne un
permis de pourvoirie, mais pour offrir uniquement de l'hébergement. Vous
pouvez aller là, comme visiteur ordinaire, sans que la personne puisse
vous empêcher d'y aller, mais si vous voulez avoir de
l'hébergement, vous allez chez ce pourvoyeur.
Mme Vermette: De sorte qu'il peut y avoir deux permis: un permis
d'exploitation et un permis pour le territoire comme tel, pour permettre...
M. Bernier: Ceux qui sont concessionnaires ont un bail pour le
territoire et un permis pour la pourvoirie. Ceux qui sont permissionnaires
n'ont qu'un permis.
Mme Vermette: N'ont qu'un permis; c'est cela que je comprenais.
D'accord.
Le Président (M. Rochefort): M. le député d'Ungava.
Excusez-moi, poursuivez Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je me demandais si ces gens sont soumis à
des normes de l'environnement. C'est très important, cela fait partie de
l'équilibre aquatique ou de l'équilibre de la nature. Pour les
déchets et tout cela, est-ce qu'ils sont soumis à des
règles très rigoureuses de l'environnement? C'est important de
maintenir nos lacs et nos eaux...
M. Picotte: Les pourvoyeurs sont soumis à la loi sur
l'environnement comme tout autre citoyen. D'ailleurs, quand on aura
terminé l'étude de cette loi, il y aura l'autre loi sur
l'hôtellerie qui relève de mon autre ministère et on va
justement inclure, dans les normes des pourvoiries au même titre que des
hôtels et autre chose, des règlements. C'est comme ça.
Mme Vermette: Actuellement, ce n'est pas ce qui existe?
M. Picotte: Les normes du côté de
l'hôtellerie? Non, ce n'est pas ce qui existe, mais du côté
de l'environnement, la pourvoirie est obligée de respecter
l'environnement comme n'importe quel autre citoyen.
Mme Vermette: Est-ce qu'actuellement, celui qui ne
répondrait pas aux normes de l'environnement pourrait se faire enlever
son permis?
M. Picotte: C'est le ministère de l'Environnement,
à ce moment-là, qui le poursuit.
Mme Vermette: Mais qui est-ce qui contrôle, à ce
moment-là?
M. Picotte: Ce sont des plaintes acheminées qui
amènent des vérifications.
Mme Vermette: Disons qu'un agent de conservation
s'aperçoit que l'eau commence à être polluée, qu'il
commence à y avoir des problèmes, les poissons sont en train de
mourir etc., est-ce que ce sont les agents de conservation qui doivent
déposer la plainte?
M. Picotte: Je pense que les aqents de conservation ne vont pas
se jeter à l'eau et vérifier cela. S'ils constatent des choses,
ils font rapport, mais ce n'est pas dans les attributions d'un agent de
conservation, je ne pense pas.
Mme Vermette: En fait, le terme "agent de conservation" veut dire
conserver une qualité de vie acceptable. Cela suppose
cet aspect aussi quant à moi. II n'est pas seulement l'agent qui
donne des billets d'infraction, II peut avoir aussi un rôle au niveau de
la qualité de vie pour maintenir l'équilibre biologique de la
nature.
M. Picotte: On a des biologistes qui s'occupent de maintenir
l'équilibre biologique de la nature, on en a plusieurs au
ministère. L'article 17 de la loi dit ceci: "Un agent de conservation de
la faune doit sans délai faire rapport par écrit..."
C'est un agent de conservation de la faune. C'est comme cela que
ça s'appelle, de la faune.
Le Président (M. Rochefort): Cela va?
Mme Vermette: Je trouvais cela important. Pour tout ce qui peut
représenter des irritants au niveau de l'environnement, tout ce qui
touche à la propreté des lieux, finalement, est-ce qu'il y a des
mesures appropriées?
M. Picotte: Ce sont des inspecteurs de l'Environnement qui font
cela.
M. Desbiens: Sur la question de ma collègue...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Les biologistes du ministère, est-ce qu'ils
font le tour du territoire en vérifiant la qualité des eaux, par
exemple? Ils vont faire un rapport qui aura des suites, j'imagine?
M. Picotte: On en a dans toutes les régions. Des
biologistes font le tour du territoire et nous font des recommandations ou des
rapports dans certains cas. Le ministère, lorsqu'il en est saisi, essaie
d'apporter des corrections dans la mesure de ses capacités.
Mme Vermette: Quant aux prix, cela varie d'un endroit à
l'autre ou... Comment cela fonctionne-t-il, les pourvoiries, quand les gens
veulent y aller? Est-ce un libre marché ou s'il y a des quotas, des
planchers... Il y a des plafonds, il doit y avoir des planchers et des
plafonds, j'imagine, et des murs.
M. Picotte: Les pourvoiries fonctionnent en libre entreprise sur
le territoire. Nous allons, par ta Loi sur l'hôtellerie - je vous l'ai
mentionné - les classifier. En les classifiant, celui ou celle qui
voudra utiliser ce service de pourvoirie saura s'il s'agit d'une pourvoirie de
luxe ou s'il s'agit d'une pourvoirie de telle autre catégorie. Il
décidera s'il veut aller dans une pourvoirie de luxe ou une pourvoirie
où on offre moins de services à de meilleurs coût3. Mais
c'est de la libre entreprise.
Mme Vermette: Est-ce qu'il y a des heures spéciales
où l'on peut passer? J'avais des amis qui devaient se rendre à
une barrière parce qu'après telle heure, c'était
fermé et ils ne pouvaient plus se promener sur un territoire.
M. Picotte: Dans les réserves et dans les ZEC, il y a des
barrières et des heures établies. Je ne peux pas vous donner les
heures de chacun des endroits mais, dans les réserves et dans les ZEC,
il y a des barrières et des heures. Dans les pourvoit des,
évidemment, si vous marchez, il y a des gens qui surveillent et
j'imagine que quelqu'un qui arrive à 22 h 30 ou 23 heures le soir peut
se rendre à la pourvoirie.
Mme Vermette: Cela va faire deux sortes de règlements, il
y en a qui seront soumis à des règles plus sévères
que d'autres, tout dépendant qui va exploiter la pourvoirie.
M. Picotte: C'est déjà prévu dans la
loi.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. À la suite de
la réponse intéressante, d'ailleurs, du sous-ministre tout
à l'heure, une question m'est venue. On sait que les pourvoyeurs
concessionnaires sont généralement installés au bord d'un
lac où ils fonctionnent pendant de nombreuses années avec un
droit d'exclusivité d'utilisation de ce territoire. Or, il arrive
à l'occasion que les captures diminuent avec le temps. Les poissons
rapetissent, il y a de moins en moins d'orignaux; c'est un
phénomène tout à fait normal d'ailleurs quand on fait un
prélèvement continu sur un secteur donné.
Je connais des cas où, avec le temps, le pourvoyeur
concessionnaire a établi son camp principal sur sa concession et va se
chercher des permis pour utiliser d'autres lacs où il devient
permissionnaire, donc, sans droit d'exclusivité. En fait, n'importe quel
citoyen peut aller sur le lac, sauf qu'il est le seul à pouvoir
organiser des voyages par le biais d'une pourvoirie sur ces lacs. Le citoyen
peut y aller. À moins qu'il y ait deux ou trois concessionnaires sur le
même lac; là, vous avez raison. Quand il y a un concessionnaire,
généralement, c'est assez difficile qu'il y en ait un
deuxième, à moins que le lac le justifie.
C'est beaucoup plus facile d'être permissionnaire que d'être
concessionnaire sur un lac. Est-ce que cette démarche ne fait pas en
sorte que les pourvoyeurs, par
exemple, peuvent utiliser leur camp principal, leur concession de deux
façons différentes: soit la vider le plus rapidement possible et
aller chercher des permis ailleurs ou la garder pour en faire une espèce
de zone protégée vraiment intéressante pour certaines
catégories de chasseurs et de pêcheurs? Les autres, on les envoie
sur des lacs où ils sont permissionnaires. De cette façon, cela
fausse peut-être un peu la démarche sur l'utilisation des
pourvoiries. J'ai l'impression, en tout cas, que c'est assez facile pour un
pourvoyeur, je ne dirais pas d'épuiser le bassin de sa concession, mais
du moins de l'entamer passablement et, après cela, d'aller chercher des
permis pour fonctionner comme permissionnaire sur d'autres lacs. (17 h 45)
M. Picotte: M. le Président, ce qu'on connaît par
tradition chez nous, c'est le contraire, ce sont des permissionnaires qui
veulent devenir concessionnaires. Il faut comprendre tout cela. On fonctionne
toujours par une saine gestion de la faune. Généralement, le
pourvoyeur qui est là a des investissements. II y a X milliers de
dollars d'investissements. C'est à peu près comme si vous me
parliez d'un individu qui mange son capital et qui ne surveille pas son
capital. La saine gestion de la faune veut qu'on puisse utiliser les
intérêts, le cheptel, sans toucher à son capital sinon, en
l'espace de trois, quatre ou cinq ans, l'individu qui a un investissement de
200 000 $, 300 000 $, 400 000 $, cela va valoir quoi s'il n'a plus
d'animaux?
Qui va aller à la chasse ou à la pêche chez un
concessionnaire, chez un permissionnaire ou dans une pourvoirie où il
n'y a pas de poisson, il n'y a pas de chair d'animal, où il n'y a rien
à prendre? À qui va-t-il vendre cela"? À supposer qu'il
l'ait utilisé au maximum durant les trois premières
années, son capital investi vaut quoi par la suite, 200 000 $ ou 300 000
$? Il va devoir le donner. Personne ne va vouloir aller sur ce territoire.
Donc, il protège, il veut protéger, il fait le maximum pour
protéger sa ressource, parce que c'est son revenu, son gagne-pain. Ce
sont les sommes qu'il met là-dedans. Souventefois, je pense qu'il faut
savoir ce que c'est, quand on va sur le terrain, les gens ont des
investissements de 200 000 $, 300 000 $, 400 000 $. On a une pourvoirie qu'on a
mise en vente justement à l'île d'Anticosti et on a fait
l'inventaire. On a demandé un minimum de 575 000 $ parce qu'il y a un
inventaire pour ce montant. Pensez-vous que quelqu'un arriverait là en
payant 500 000 $, 600 000 $ ou 700 000 $ et dirait: on va se
dépêcher à abattre les chevreuils, on va tout prendre ce
qu'il y a là? Le lendemain, il vend cela à qui? Cela vaut
combien? Personne ne gère la faune comme cela. D'ailleurs, on n'est pas
intéressé. Le pourvoyeur fait attention à cela comme
à la prunelle de ses yeux dans la majorité des cas. Si vous me
dites qu'il y en a des mauvais, oui, il y a de mauvais députés.
J'en connais d'ailleurs, j'en connais de plus en plus, comme c'est parti. Il y
a de mauvais députés et il y a de bons députés.
C'est comme cela dans toute la société. Qu'il y ait de mauvais
pourvoyeurs, c'est possible et on essaie de les éliminer mais ce ne sont
pas tous dé mauvais pourvoyeurs'.
M. Claveau: Merci. J'apprécie beaucoup les remarques du
ministre et ses exemples pertinents. Je peux vous dire que le contraire est
vrai aussi, il y a passablement de pourvoyeurs qui sont concessionnaires et qui
essaient d'avoir des permissions pour aller sur d'autres lacs en dehors de leur
concession. Cela dit, est-ce qu'il est normal qu'un permissionnaire aille
s'établir sur un lac,se bâtisse, commence avec un petit campement,
souvent une tente, se fasse une fosse septique à côté et
tranquillement, pas vite, s'installe sans que cela ne paraisse trop? Une fois
que tout est fait, il y a quelqu'un qui vient le dénoncer. Il dit: II y
a un permissionnaire sur ce lac qui n'a pas à être là.
Finalement, il y a enquête et on dit: Le plus facile, c'est de lui donner
un numéro et de lui permettre d'agir de façon légale.
Comme cela, on n'aura pas besoin de le déranger.
M. Picotte: Quand vous me parlez de cela, M. le
député, je pense que vous faîtes référence
aux squatters. Ceux-ci relèvent du ministère de l'Énergie
et des Ressources et il y aura très bientôt quelque chose
d'annoncé dans ce sens. Alors, vous parlez d'un squatter et cela ne
relève pas de nous.
M. Claveau: J'ai encore en ma possession des exemples concrets de
pourvoyeurs enregistrés, concessionnaires sur des tacs qui vont
s'établir sur d'autres lacs comme permissionnaires mais qui deviennent
permissionnaires juste après que le campement est fait. Et on dit:
Plutôt que de les déloger, on va légaliser leur
situation.
M. Picotte: J'invite le député à nous donner
des cas précis, M. le Président. On va vérifier et on lui
donnera une réponse.
M. Claveau: On s'en reparlera, si le ministre veut.
M. Picotte: Très bien. Mes fonctionnaires sont ici. Ils
sont à votre disposition à 18 heures pour prendre tous les cas
que vous avez à nous dénoncer.
Le Président (M. Rochefort): Y a-t-il d'autres
interventions à l'article 17? M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Une question en passant. La rivière
Saint-Jean est un club privé; ce n'est pas une pourvoirie?
M. Picotte: Pardon?
M. Desbiens: La rivière Saint-Jean est un club
privé; ce n'est pas une pourvoirie?
M. Picotte: La rivière est de propriété
privée.
M. Desbiens: Le fonds de la rivière appartenait à
Price? Non? D'accord. En tout cas, ce n'est pas une pourvoirie.
Les cas soulevés par mon collègue d'Ungava, ceux qui
peuvent se produire, je pense que je suis d'accord avec le ministre que cela va
être beaucoup plus pour préserver une ressource dans beaucoup de
pourvoiries afin d'en tirer le meilleur bénéfice possible. C'est
pour cela que mes questions reviennent en sens inverse sur l'autre pendant.
Est-ce que dans une pourvoirie vous êtes en mesure de vérifier,
par exemple... D'abord, il y a des réglementations. Ils ont droit
à tant d'invités, il y a tant de personnes qui peuvent être
là, qui peuvent y aller. Ce sont des invités comme on dit.
Non?
M. Picotte: Quand on donne un bail, le mot le dit, on donne un
bail à un pourvoyeur. Il y a des conditions prévues au bail. Cela
est indiqué là-dedans. Finalement, on vérifie de temps
à autre. Parfois quand on a des plaintes, on va vérifier
davantage si les conditions du bail sont respectées.
M. Desbiens: Sans qu'il y ait nécessairement de plaintes
formulées au ministère, j'imagine que le ministère fait
quand même certaines vérifications sur l'application des
règlements.
M. Picotte: Entre autres, cet été, toutes les
pourvoiries ont été visitées dans le cadre de la
classification. Nos gens sont allés vérifier pour voir si les
clauses du bail étaient respectées. On le fait. Nos agents de
conservation font ce travail sur le territoire.
M. Desbiens: ...ce travail? Ou si vous avez engagé des
équipes spéciales?
M. Picotte: Pour cet été, pour la
catégorisation, c'est l'équipe du ministère du Tourisme
qui a fait cela.
M. Desbiens: C'est une équipe du ministère du
Tourisme qui a été engagée spécialement à
cette fin.
M. Picotte: En collaboration avec le ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche.
M. Desbiens: Les deux ensemble. Ils ont fait le tour du
Québec et ont essayé de déterminer, enfin, le
comportement.
M. Picotte: Certaines catégorisations.
M. Desbiens: De classer les pourvoiries. Un pourvoyeur,
lui-même propriétaire, a droit à un certain nombre de ses
invités à lui, très personnels. Je ne sais pas, moi.
J'invite mon frère, j'invite ma soeur, mon "chum". Une invitation
très personnelle qui n'est pas payée.
M. Picotte: On me dit que le bail prévoit
généralement 10 %.
M. Desbiens: C'est 10 %. M. Picotte: C'est ça.
M. Desbiens: Ce pourcentage, d'après l'expérience
vécue, ne paraît-il pas beaucoup? Lorsque le pourvoyeur invite
comme cela, s'il a de la place pour 100 pêcheurs au cours de son
été, et qu'il en invite 10 %, il invite 10 pêcheurs, est-ce
que les prises de ces pêcheurs sont comptabilisées ou seulement
celles du propriétaire?
M. Picotte: Écoutez, la réglementation
générale s'applique à tout le monde. Quand vous me dites
10 %, cela est-il trop ou pas assez? Le pourvoyeur est là pour faire de
l'argent. Il peut bien inviter 90 % de son monde sur le bras, mais je ne sais
pas ce qu'il va faire à la fin de l'année. Que voulez-vous? Les
10 % nous apparaissent suffisants. Généralement, le pourvoyeur
est là pour faire des affaires. Voyez-vous le pourvoyeur qui invite la
majorité de sa clientèle et dit: Vous êtes mes
invités? Je ne sais pas comment il va faire pour équilibrer son
bilan à la fin de l'année. Il va sûrement avoir un
comptable qui va lui dire: Diminue tes invitations. Sois moins chaleureux. Il
va sûrement y avoir quelqu'un qui va lui dire cela. C'est une
entreprise.
M. Desbiens: Je ne suis pas inquiet.
M. Picotte: Si vous aviez un restaurant, M. le
député, est-ce que vous inviteriez tous les députés
de l'Assemblée nationale à aller manger chez vous
régulièrement, en disant: Je suis un de ceux qui vous invitent et
je veux être chaleureux. Voyons donc!
M. Desbiens: Certains députés, oui. Les ministres,
je ne sais pas trop.
M. Picotte: De toute façon, dès que les repas
dépassent 35 $, on ne peut pas l'accepter.
M. Desbiens: Peut-être le ministre des Loisirs. M. le
ministre, je me rends compte, quand même, que je suis peut-être un
peu trop tôt là-dessus. À l'article 99, on va parler
beaucoup plus de cela. Cela est lié aux baux et aux pourvoiries. Je vais
peut-être reprendre la discussion. Je vais peut-être plutôt
attendre qu'on soit rendu là pour continuer.
Le Président (M. Rochefort): On est toujours à
l'article 17. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui. J'aimerais avoir la différence entre un
club privé et une pourvoine. Pour un club privé, tout appartient
- le terrain, le lac - à l'entreprise privée comme telle pour un
club. C'est strictement social. Une pourvoine, c'est moins social, c'est
beaucoup plus en fonction de la trappe à ce niveau, plus pour une page
commerciale ou je ne sais pas, pour un trappeur...
M. Picotte: M. le Président, je dois dire à Mme la
députée qu'on n'a pas de nouveaux clubs privés sur le
territoire depuis le temps où on a abolit les clubs privés. Ceux
qui sont là sont restés là avec ce que l'ancien
gouvernement leur a accordé, point final, à la ligne. Il n'y en a
pas de nouveaux.
Mme Vermette: Non, ce n'était pas cela, je ne voulais par
faire un traquenard. C'était tout simplement pour mon information, pour
voir la nuance. Je pensais que les clubs privés, c'était
strictement pour le plaisir. Sur les pourvoiries, c'est autre chose. C'est une
autre catégorie, finalement. C'était les nuances que je voulais
apporter.
M. Picotte: Sur les terres publiques, il n'y a plus de clubs
privés et même dans les pourvoiries, je pense que les gens y vont
pour leur plaisir?
Mme Vermette: Non, je pensais que c'était strictement des
gens comme des trappeurs ou des gens qui voulaient vraiment...
Le Président (M. Rochefort): Cela dispose de l'article 17,
tel qu'amendé? Est-ce que l'article 17, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Desbiens: Oui, une dernière question.
Le Président (M. Rochefort): Une dernière question,
M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Cela sera fait pour l'article 19 également.
Quand on parle d'une pourvoirie permissionnaire, dans le cas d'une pourvoirie
installée dans une ZEC, va-t-on pouvoir aller pêcher sur les lacs
de la ZEC?
M. Picotte: C'est un trapppeur dans une ZEC, il n'y a pas de
pourvoyeurs dans les ZEC.
M. Desbiens: Ah! Allons souper, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Alors, l'article 17 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Desbiens: Adopté.
M. Picotte: Oui, adopté. Je ne suis pas certain, M. le
Président, qu'il faille aller souper. Il faudrait peut-être faire
venir un lunch et permettre à nos trois amis de se faire donner un bon
cours, en soupant, sur la balance du projet de loi pour qu'ils puissent faire
la différence entre une ZEC, une pourvoirie, etc.
Une voix: Je pensais qu'on aurait eu un menu spécial?
Le Président (M. Rochefort): Bon, bon, si vous le
permettez, est-ce qu'on suspend maintenant ou on appelle l'article 18? On
suspend? Il reste deux minutes, on n'aura pas le temps.
M. Picotte: L'article 18 est très court, M. le
Président, je ne sais pas si l'Opposition...
Le Président (M. Rochefort): Êtes-vous en mesure de
disposer de l'article 18? Oui, alors M. le ministre, j'appelle l'article
18.
M. Picotte: C'est à l'instar de la modification
apportée à l'article 93... "L'article 95 de cette loi est
modifié par le remplacement du deuxième alinéa par ce qui
suit: "Lorsque le ministre ou le nouveau locataire ne se porte pas
acquéreur des bâtiments, le locataire dont le bail est
annulé ou non renouvelé doit, dans un délai d'un an de la
date de l'annulation ou du non-renouvellement du bail, démolir ou
enlever ses bâtiments à défaut de quoi le ministre peut en
assurer l'enlèvement ou la démolition aux frais de ce locataire".
Et à l'instar la modification apportée à l'article 93:
L'amendement proposé ne vise qu'à corriger une lacune dans
l'article 95 en ajoutant les cas de non-renouvellement de bail.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'article 18 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté. C'est de concordance, comme
l'autre.
Le Président (M. Rochefort): Alors,
l'article 18 est adopté et sur ce, nous suspendons nos travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 14)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi
153, Loi modifiant la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune
et la Loi sur les parcs.
Baux et droits exclusifs
Au moment de notre suspension, nous avions adopté l'article 18.
J'appelle donc maintenant l'article 19.
M. Picotte: Merci, M. le Président. "L'article 97 de cette
loi est modifié: 1° par la suppression des paragraphes 1°,
2°, 4° et 5°; 2° par le remplacement du paragraphe 3° par
le suivant: "3° la valeur maximale des constructions ou
améliorations que le titulaire d'un bail de droits exclusifs de
piégeage peut faire;"."
Cet amendement a pour objet de supprimer plusieurs des pouvoirs
réglementaires qui régissent les baux de droits exclusifs. En
pratique, ces pouvoirs réglementaires sont peu utilisés et il
apparaît préférable de préciser ces conditions dans
le bail lui-même. Seul le pouvoir de déterminer la valeur maximale
des constructions des piégeurs est retenu principalement parce qu'il est
requis aux fins de l'application de l'article 95 de la loi. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Dubuc.
M. Dufour: Les catégories de baux dont il est question ici
sont, entre autres les pourvoiries... et quels autres*?
M. Picotte: À la fois les pourvoyeurs et les
piégeurs.
M. Dufour: Pourvoyeurs et piégeurs. Je ne sais pas si j'en
ai échappé un bout mais quelle est l'idée d'enlever tout
cela de la réglementation?
M. Picotte: Maintenant on a des baux dans lesquels on met toutes
les conditions. À partir de ce moment-là, comme des baux existent
avec des conditions plus précises et qu'il y a des conditions
inhérentes à chaque bail, ce n'est plus nécessaire d'avoir
une réglementation à cet effet.
M. Dufour: C'est-à-dire que les condi- tions qui sont
prévues aux paragraphes 1°, 2°, 4° et 5° sont
imprimées, ni plus ni moins, dans les baux? Ce sont des baux standards
qui sont utilisés et qui contiennent déjà toutes ces
conditions que le locataire signe?
M. Picotte: Exact.
M. Desbiens: Si c'est vrai pour les paragraphes 1°, 2°
4° et 5°, pourquoi 3° lui... c'est parce qu'à ce paragraphe
cela va être différent pour chaque?
M. Picotte: C'est pour les piégeurs. "La valeur maximale
des constructions ou améliorations que le titulaire d'un bail de droits
exclusifs de piégeage peut faire", en fait, cela a trait à la
construction justement que les piégeurs font sur le terrain. Comme ce
sont des baux qu'on peut révoquer facilement et qu'on peut modifier ou
changer de place, on ne veut pas qu'il y ait des constructions, et qu'ils nous
disent par la suite: M. le ministre, vous nous aviez donné cela, on a
construit et ce n'est plus déménageable, maintenant vous devez
nous reconnaître un droit. Alors, il faut suivre cela de près et
ne pas permettre qu'il y ait des constructions. Quand on est en pourvoirie
évidemment, il se fait des constructions et si on retire un bail, il
arrive une transaction où la personne qui va acheter d'un pourvoyeur, va
acheter l'équipement, va acheter les bâtiments qui sont sur le
terrain. Dans le domaine du piégeage, évidemment on veut que cela
soit moins bien au niveau du terrain on veut avoir moins d'investissements et
contrôler ces investissements comme tels pour que l'individu ne nous dise
pas: Vous ne pouvez plus me sortir de là carrément, parce que
j'ai 100 000 $ et je ne suis plus capable de sortir de là. Pour cette
catégorie, il faut, je pense, se garder cette porte de sortie,
c'est-à-dire fixer la valeur maximale des constructions ou
améliorations que le titulaire d'un bail de droit exclusif de
piégeage peut faire.
M. Desbiens: Seulement, les piégeurs sont
déjà sujets à une espèce de réglementation
de ce genre, il me semble?
M. Picotte: Oui, c'est cela. Le règlement qui existe
présentement, c'est qu'ils n'ont pas le droit de faire des
bâtiments de plus de 4000 $.
M. Desbiens: C'est cela.
M. Picotte: En ce qui regarde le piégeage, on parle d'abri
finalement beaucoup plus que de construction, comme on le fait pour les
pourvoyeurs, c'est un abri et cela ne doit pas dépasser 4000 $.
M. Desbiens: Pour un piégeur, un abri? M. Picotte: Pour un
piégeur, oui.
M. Desbiens: S'il va à 4000 $, il va avoir un bel
abri.
M. Picotte: 4000 $, au coût des matériaux, non, ce
n'est pas... Il y a des gens qui construisaient des chalets beaucoup plus chers
que cela et quand arrivait le temps de dire: Bon! à cause de la
ressource ou è cause d'une foule de choses, on est obligé de te
retirer ton droit de piégeur, il disait: écoutez, moi j'ai
dépensé 25 000 $, 30 000 $ ou 40 000 $, le gouvernement devrait
m'exproprier, alors que c'est un droit qu'il avait tout simplement. On est
obligé de fixer une valeur maximale pour ne pas faire dépenser
indûment le propriétaire. II sait évidemment qu'il peut
être appelé à se faire retirer son permis ou son
unité de piégeage si jamais il y a des problèmes de
ressources ou des problèmes quelconques qui surviennent.
M. Desbiens: Les normes et conditions qui sont inscrites
déjà dans le bail - je reviens à l, 2, 4, 5 - vous les
faites sauter. Ces baux sont fixés. Si vous avez à les modifier,
ce n'est pas impossible d'imaginer que vous les modifiez; question de
durée, par exemple, et le mode de calcul du loyer, cela va être
appelé à être modifié de temps à autre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Dans le règlement, on est obligé de
formuler une règle générale. Tandis que maintenant, en y
allant à l'intérieur des baux comme cela, c'est qu'on va tenir
compte, d'abord, des régions, des différentes valeurs qui peuvent
exister au niveau de chacune des régions du territoire comme tel, de
l'accessibilité, etc. On va devoir en tenir compte. En fait, cela va
aller avec l'offre et la demande. Il va de soi qu'on va pouvoir le fixer, alors
que par règlement, on était obligé de fixer un taux et on
n'avait pas de jeu. On disait: Dans telle région, c'est moins
fréquenté ou il y a moins de demandes. On ne pouvait pas tenir
compte de cela parce que c'était dans les règlements. Dans le
bail, on va pouvoir en tenir compte maintenant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: De quelle façon? Allez-vous établir
une grille au ministère?
M. Picotte: Un bail par rapport à tel autre ne sera pas
nécessairement le même. Au point de vue du loyer, on pourra
prévoir une indexation X, etc. On y va par appel d'offres en plus, dans
tous les cas. En y allant par appel d'offres, cela va avec l'offre et la
demande.
M. Desbiens: Vous y allez par appel d'offres.
M. Picotte: Au niveau des pourvoiries, en fait, c'est ce qui
passe. On va par appel d'offres. On en a un appel d'offres présentement
à l'île d'Anticosti. Ce qu'on a fait, on a déterminé
les coûts et on a dit: Nous allons en appel d'offres. Le minimum pour
lequel quelqu'un pourra soumissionner, c'est 575 000 $. Cela est le minimum. On
l'a fixé. Si on avait un règlement qui disait: Une pourvoirie,
c'est 432 000 $, on serait pris à 432 000 $, alors que c'est
différent, si on signe un bail avec quelqu'un pour une pourvoirie
à l'île d'Anticosti, comparativement à un autre endroit qui
pourrait être situé en Mauricie au Saguenay-Lac-Saint-Jean ou en
Abitibi. Il y a des conditions différentes, c'est pour cela que ce sera
inscrit à l'intérieur du bail.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: J'ai de la difficulté à relier le fait
que vous ayez un bail qui semblait passe-partout, standard, et que, finalement,
il y ait tellement de types, de catégories, de conditions de transfert,
d'obtention ou de renouvellement, sur !a durée et tout cela. Je ne vois
plus tellement ce qui va rester de standard dans tout cela. C'est donc que vous
allez avoir des qrilles peut-être sur chacun des articles. II y en a qui
vont s'appliquer et il y aura des conditions de toute nature qui sont
déjà prévues là et peut-être d'autres. Il y
en a peut-être d'autres même que vous avez en vue et qui seront
différentes. Votre bail standard, où est-il, finalement?
M. Picotte: Je viens de vous dire que c'est un bail qu'on fait
avec les différents intervenants selon les régions pour se
permettre une certaine souplesse à l'intérieur des territoires.
Selon le territoire, l'endroit, la région et la valeur, c'est l'offre et
la demande.
M. Desbiens: À 5, par exemple, on parle des
critères servant à la fixation d'une indemnité
versée en vertu de la présente section. Est-ce lorsque vous
enlevez un bail, que ne renouvelez pas un bail ou lors d'un transfert d'un
pourvoyeur à un autre...
M. Picotte: ...servant à la fixation d'une
indemnité versée en vertu de la présente section. Me
Côté me dit que cela n'existe pas. II n'y a pas de
règlement qui fixe des critères.
M. Desbiens: II n'y en a pas? M. Picotte: Non.
M. Desbiens: C'était là par parure. Cela n'a jamais
servi.
M. Picotte: C'était là et cela n'a jamais
été utilisé. Il n'y a pas de règlement qui fixe des
critères.
M. Desbiens: Les types ou catégories de bâtiments et
constructions qui ne peuvent faire l'objet d'une indemnité... Est-ce que
l'article 4 servait?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Me Côté, si vous le permettez M. le
Président, va donner une explication juridique.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté.
M. Côté (Gaétan): Actuellement, la loi
prévoit que c'est par règlement qu'on peut fixer l'ensemble de
toutes ces conditions ou normes. En pratique, on est obligé dans les
baux de prévoir certaines conditions plus particulières qui
peuvent être applicables à chacun des baux. C'est toujours un peu
délicat, juridiquement, d'ajouter des conditions supplémentaires
à celles qui peuvent être prévues par règlement,
puisque te législateur a dit que cela devait être par
règlement sauf qu'en pratique, on a toujours besoin d'ajouter certaines
conditions pour tenir compte des diverses situations.
M. Desbiens: Mais qu'est-ce qui se passe quand vous êtes
obligés d'ajouter certaines prescriptions qui ne sont pas prévues
à la réglementation?
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté.
M. Côté (Gaétan): Étant donné
que ce sont des baux et que c'est un contrat privé entre le
ministère et un individu, on se prévaut de ce sytème de
baux pour prévoir les conditions. Évidemment, le locataire n'est
pas obligé d'accepter les conditions, il n'est pas obligé de
signer un bail avec le gouvernement.
M. Desbiens: Ce qui n'était pas prévu dans le
règlement qui existait, c'est le ministre qui l'ajoutait.
M. Côté (Gaétan): C'est cela. En pratique,
les baux contiennent davantage de conditions qu'il en existe dans les
règlements.
M. Desbiens: En vertu d'un décret ou était-ce
simplement une décision administrative?
M. Côté (Gaétan): Ce sont des
décisions administratives.
M. Desbiens: Ce sont des décisions administratives qui
étaient autorisées. C'est donc dire qu'on confie, c'est encore un
peu ce que l'on a vu à l'article 15 et qui a été
corrigé à l'article 12, c'est-à-dire qu'on enlève
une partie du règlement. Je n'arrive pas à voir une raison
importante qui justifie cela autrement que de dire que c'est...
M. Picotte: M. le Président, je pense que c'est facile
à comprendre. Dans toutes ces transactions, ce sont des discussions qui
se font de partie à partie, de territoire à territoire, de
régions différentes par rapport à d'autres régions.
On prend un bail, on s'entend, on édicté des normes à
respecter. C'est la même chose que si l'on parlait de la Régie du
logement... Je pense qu'il y a des baux qui interviennent entre des locateurs
et des locataires. Ils ne sont pas tous uniformes; c'est selon les
régions, selon les endroits. C'est exactement le même
procédé que nous employons. On ne peut pas déterminer par
règlement que pour telle pourvoirie c'est X dollars, parce qu'elles
n'ont pas la même valeur d'un endroit à l'autre. Il n'y a pas de
flexibilité. Cela va nous permettre d'aller... D'autant plus qu'on va en
appel d'offres dans tous les cas, c'est le jeu de l'offre et de la demande et
c'est la raison pour laquelle on procède ainsi. C'est la même
chose que lorsque j'ai répondu au député que, dans le
cinquième paragraphe, les critères servant à la fixation
d'une indemnité versée en vertu de la présente section,
cela n'existe pas. C'est un règlement qui n'existe pas. (20 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: M. le ministre dit beaucoup que cela se fait par
appel d'offres, mais les appels d'offres faits pour accorder les pourvoiries,
c'est aussi une mesure administrative. Ce n'est pas dans la loi ni dans aucune
réglementation, non?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: C'est régi, en vertu de la Loi sur
l'administration financière, par des règlements?
M. Desbiens: Vous dites que vous ne pourriez pas comme ministre
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche accorder un bail de location de
territoire de chasse et de pêche ou de piégeage sans passer par
cette procédure prévue à la Loi sur l'administration
financière?
M. Picotte: M. le Président, au gouvernement dès
que c'est une transaction de plus de 5000 $, il faut procéder comme
cela. Alors, il n'y a pas beaucoup de pourvoirie au Québec où on
signe un bail en bas de 5000 $.
M. Desbiens: Voua me disiez que le paragraphe 5° n'a jamais
servi, ou presque pas.
M. Picotte: Le paragraphe 5° n'a jamais été
utilisé.
M. Desbiens: Les paragraphes 1°, 2° et 4° ont
été utilisés. Ce n'est pas la première fois que
vous y allez par appel d'offres. Donc est-ce par appel d'offres que la location
des pourvoiries, des territoires pour pourvotrie s'est toujours faite?
M. Picotte: Donnez donc votre réponse.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Bernier.
M. Picotte: Vous étiez là avant mot.
M. Bernier: II y a deux catégories d'exercices qui se sont
faits au cours des dernières années, soit carrément en
appel d'offres, donc on l'oublie, soit selon le processus selon lequel un
citoyen acquérait un certain nombre d'équipements chalets, etc. -
c'est le cas qui a été soulevé par le député
d'Ungava ce matin - le dernier, étant situé sur un territoire
donné et ayant déjà une certaine connaissance du
territoire, demandait qu'on lui accorde un permis de pourvoyeur à droit
exclusif. Donc les deux ont été pratiqués jusqu'à
maintenant selon l'état de la situation et l'état de la tenue des
bâtiments qui s'y retrouvaient.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Pouvez-vous nous indiquer si l'appel d'offres est la
procédure courante? La situation que vous venez d'expliquer peut
représenter des cas plutôt exceptionnels. C'est quand même
une procédure qui est quelquefois employée?
Dans l'exemple que mon collègue, le député
d'Ungava, vous soumettait cet après-midi, il semblerait, selon ce qu'il
a rapporté, que le ministère s'est retrouvé devant une
espèce de fait accompli. Il s'était installé et il avait
érigé des bâtiments. Donc, à ce moment-là,
cela voudrait dire que si quelqu'un tenait absolument à avoir une
pourvoirie et qu'il ne réussissait pas à l'avoir par appel
d'offres, il pourrait l'avoir finalement en s'implantant lui-même, un peu
comme un squatter.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: On me dit que cela se faisait occasionnellement et
que c'est pour cela qu'on va en appel d'offres, pour éviter cela, pour
éviter une situation de fait. C'est un peu comme lorsque vous demandiez
le pourcentage tantôt, on me dit que ces dernières années
avant moi, autrement dît, ce qui se faisait c'est qu'à peu
près 60 % des transactions étaient effectués comme cela.
Quelqu'un achetait la pourvoirie d'un autre et demandait au gouvernement de lui
renouveler son bail, un peu comme on le fait à la Régie des
alcools. Quelqu'un achète un dépanneur ou achète un
hôtel et retourne devant la régie pour faire une demande de
permis. Habituellement son achat est conditionnel - on sait comment cela se
passe - son achat est conditionnel à ce qu'il obtienne le permis en
question. Alors, chez nous 60 % des transactions, ces dernières
années, s'effectuaient de cette manière. Quelqu'un allait acheter
une pourvoirie à la condition d'obtenir le bail du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Ce que nous faisons maintenant et ce
que nous disons, c'est que nous voulons procéder par appel d'offres,
l'offre et la demande. Ce qui n'empêchera aucunement un citoyen d'acheter
une pourvoirie quelque part. Cela sera sujet à ce qui s'est toujours
fait, c'est-à-dire une demande chez-nous pour qu'un bail lui soit
délivré. Nous l'étudierons selon les normes
établies.
M. Desbiens: S'il y a un transfert de bail d'un
propriétaire à un autre, est-ce que cela pourra continuer de se
faire de la même façon ou si, dès que quelqu'un va mettre
fin à son bail en voulant s'en défaire en le vendant, cela devra
aussi aller par appel d'offres?
M. Picotte: C'est déjà prévu d'ailleurs dans
les baux actuels. Avant de faire un transfert ou quoi que ce soit, on est
obligé d'en demander l'autorisation au ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche.
M. Desbiens: Dans chaque bail qui est signé?
M. Picotte: C'est cela. C'est pour cela que la forme la plus
pratique c'est celle du bail. C'est la forme qui intervient, parce qu'on peut
mettre des choses à l'intérieur. Selon l'endroit, la
région, etc., on peut s'ajuster en fonction de la région ou d'une
foule de critères.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Mais cela pourrait se faire
avec la réglementation telle qu'elle était là
puisque vous dites que cela s'est fait dans 60 % des cas cette
année.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Ce qu'on veut faire, M. le Président, c'est en
fonction des nouveaux sites fauniques. Je vous donne un exemple. Il peut y
avoir une pourvoirie qui désire s'installer quelque part où
l'activité principale est la pêche. Nous, on sait
déjà qu'il n'y a pas ou à peu près pas de
possibilité de faire de chasse. À partir de ce moment-là,
on va faire un bail en conséquence et non pas utiliser le
règlement qui dit: Une pourvoirie, c'est telle chose ou tant de dollars
pour le loyer. Si on sait que cette pourvoirie va pouvoir fonctionner
uniquement avec la pêche et non pas avoir des activités de chasse,
il va falloir, à ce moment-là, ne pas lui demander la même
chose qu'une pourvoirie qui fonctionne à la fois pour des
activités de chasse et des activités de pêche. Alors, cela
va nous donner de la souplesse. C'est dans ce sens qu'on dit qu'on y va
à l'intérieur d'un bail. Dans un bail, on tient compte de toutes
ces considérations et on va en appel d'offres. À ce
moment-là, les gens connaissent tout ce qu'il y a dans le bail et ils
soumissionnent tel qu'ils doivent le faire.
M. Desbiens: Ce serait peut-être intéressant
à ce moment-ci... Combien y a-t-il de pourvoiries au Québec?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: II faut se souvenir qu'il y en a deux sortes. Il y en
a 168 à droit exclusif pour une surface de 15 000 kilomètres
carrés. C'est communément appelé les concessionnaires. Il
y a 340 permissionnaires, c'est-à-dire ceux qui n'ont aucun droit
exclusif et où tout citoyen a accès au territoire, la pourvoirie
étant alors uniquement un point de service.
M. Desbiens: Il y a plus de permissionnaires. Vous avez
annoncé que vous auriez une nouvelle politique d'ici quelques mois,
semble-t-il, sur les pourvoiries et qu'il y aurait une véritable
politique des pourvoiries, d'après ce que j'ai lu, et qu'entre temps,
vous alliez régler les problèmes en suspens. Quelle est la nature
des problèmes qui se posent actuellement?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Le problème est très simple, M. le
Président. Aussi curieusement que cela puisse paraître, le
qouvernement du Québec ne savait pas, ne connaissait pas les
territoires. Autrement dit, on avait fait les ZEC que vous connaissez si bien,
on avait oublié de faire ce qu'on appelle les ZAC, les zones
d'aménagement contrôlé. Donc, on ne connaissait pas
l'aménagement. Il y avait des pourvoiries qui oeuvraient sur le
territoire et, là, il y avait des pourvoyeurs qui arrivaient au
ministère et qui disaient: Écoutez, moi avec ce que j'ai
présentement, ce n'est pas viable mon territoire. Pour être
viable, il faudrait que vous m'agrandissiez de X milles ou encore il faudrait
que vous me donniez trois lacs qui sont au sud présentement de mes
limites, de ma pour-voirie et, là, je pourrais être viable
économiquement et offrir un service à la population.
Alors, ce que le ministère faisait, il allait vérifier
à savoir si les trois lacs que convoitait une pourvoirie X
étaient libres. Il allait voir cela et il disait: Il y en a deux sur
trois qui appartiennent à la pourvoirie d'à côté. On
ne pouvait pas tasser d'aucune façon. Les gens disaient: Bon, pour
rendre cela viable, peut-être que si on enlevait les deux lacs qui
appartiennent à la pourvoirie d'à côté et qu'on les
donnait à celle-là, on pourrait donner à l'autre
pourvoirie au nord trois autres lacs à peu près d'égale
dimension pour lui permettre d'être viable elle aussi et, là, on
jouait tout simplement à tasser Pierre pour en donner à Paul et
tasser Paul pour en donner à Jacques, etc. On jouait comme cela sur le
territoire.
Moi, quand je suis arrivé et que j'ai commencé à
prendre connaissance des demandes et qu'il fallait changer à peu
près tout le monde ou qu'il fallait modifier le territoire de tout le
monde, je me suis dit: un instant, cela ne se fera pas comme cela. On ne
connaît pas notre territoire. Ils ont dit: Non, on ne connaît pas
le territoire. On ne le connaît pas, on va Je connaître. On va
commencer par connaître notre territoire. Donc, j'ai émis un
moratoire jusqu'au mois de janvier et, j'ai dit: Faisons au moins le
découpage du territoire et examinons ce qui peut être fait et ce
qui ne peut pas être fait et, en même temps, examinons s'il n'y a
pas d'autres territoires qu'on pourrait ouvrir au public, soit par ZEC, soit
par pourvoirie ou soit de n'importe quelle façon. De ce
côté, les fonctionnaires vont travailler sur ce projet. Au mois de
janvier, on va me fournir tout ce qu'il faut pour bien connaître mon
territoire et, on pourra, dans le cas des nouvelles pourvoiries...
Ce qui s'applique là va s'appliquer dans le cas des nouvelles
pourvoiries on va aller avec des baux pour régler le problème de
ceux qui sont en suspens. C'est justement ce à quoi vous faites
allusion. Il y a des demandes au ministère qui sont latentes et que les
qens attendent à savoir si c'est
possible d'avoir les trois lacs que j'ai demandés pour rendre
viable ma pourvoi rie. Là, on va connaître le territoire et on va
savoir. Autrement, on puait carrément à déshabiller
Ti-Pierre pour habiller Ti-Paul.
En fin de compte, on en avait toujours un qui n'était jamais
satisfait. Là, on arrivait à déjouer dans d'autres
territoires. Ce n'était pas vivable. J'ai émis un moratoire d'un
an. J'ai dit: On va connaître le territoire et, après cela, on
décidera ce qu'on doit faire pour régler le cas de ceux qui ont
fait des demandes, si on peut ou si on ne peut pas les régler. On le
leur dira, à ce moment-là, quand on connaîtra le territoire
et nous allons aller en appel d'offres pour de nouvelles demandes s'il y a des
territoires disponibles. C'est ce que nous sommes en train de faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: S'il y a des problèmes pour ces quelque 508
pourvoyeurs à droits exclusifs ou permissionnaires - cela inclut le
"et"; le "ou" inclut le "et" - est-ce que cela est vraiment considérable
comme nombre?
M. Picotte: Je pense qu'il faut dire que, sur les 340 pourvoiries
permissionnaires qui offrent des services, c'est moins un problème pour
elles. Ce n'est pas d'elles tellement que nous viennent Ies problèmes,
c'est du côté des 168 pourvoyeurs qui détiennent des droits
exclusifs. Si eux ont un territoire et que cela ne permet pas de
répondre adéquatement à la demande et si, en plus de cela,
ils peuvent être en péril parce qu'il y a un manque de territoire,
c'est eux qui nous demandent de se réajuster. Les autres, ils offrent
des services sur le terrain surtout. Alors, c'est moins
problématique.
M. Desbiens: Sur ces 163 pourvoyeurs à droits exclusifs,
est-ce une proportion importante qui se retrouve dans une telle situation?
M. Picotte: On me dit qu'environ une trentaine de pourvoyeurs sur
168 demandent des réajustements.
M. Desbiens: C'est surtout évidemment sans doute pour des
agrandissements, j'imagine.
M. Picotte: Ce sont des agrandissements, mais il y a des
modifications aussi. Il y a des problèmes d'ordre technique. Il y a des
agrandissements et des problèmes d'ordre technique à
régler. Un exemple: L'autre fois, quelqu'un m'a expliqué qu'il y
avait une pourvoirie comme cela qui était à un endroit
entrecoupée par une ZEC et qu'il y avait trois lacs qui n'étaient
pas accessibles via la ZEC et qui étaient accessibles via la pourvoirie,
mais, qui n'appartenaient pas à la pourvoirie. Les lacs étaient
à l'intérieur du territoire de la ZEC. On me parlait souvent de
gens qui pouvaient aller là pour des fins de braconnage. On disait:
comme la ZEC ne peut pas donner de services ou qu'on ne peut pas utiliser ces
trois lacs à cause d'un manque de chemins j'imagine, qu'il n'y avait pas
de communication, et que par la pourvoirie il y avait une communication qui
pouvait s'effectuer, les gens de la pourvoirie me disaient: si vous modifiiez
notre bail et que vous nous ajoutez ces trois lacs, cela nous permettrait de
donner du service additionnel, cela permettrait d'utiliser les lacs, de les
contrôler, etc. À ce moment-là, il s'agit carrément
de les sortir de la ZEC pour les inclure dans la pourvoirie.
II y a des problèmes semblables à celui-ci et cela en est
un. C'est un des problèmes qu'on nous a soulignés.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Evidemment vous tenez la même politique entre
pourvoines; j'imagine que cela va être la même politique aussi de
pourvoiries à ZEC, selon l'exemple que vous fournissez. Vous enlevez
trois lacs à la ZEC, j'imagine que la ZEC ne doit pas être
très intéressée à laisser aller des lacs.
M. Picotte: Dans ce cas précis, la ZEC est
intéressée parce qu'elle ne les utilise pas, elle n'est pas
capable de s'en servir.
M. Desbiens: Elle ne les utilise pas du tout, elle en a
suffisamment pour ses besoins.
M. Picotte: Elle ne les utilise pas, elle n'est pas capable de
s'en servir.
Une voix: Pouvez-vous suspendre la commission, je voudrais parler
à Hubert et à M. Picotte.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, la commission suspend
ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 47)
(Reprise à 21 h 14)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend maintenant ses travaux. M. le ministre.
M. Pîcotte: Merci, M. le Président. Je
pense que pour les fins de la discussion on va suspendre, si vous le
permettez, les articles 19, 20, 22 et 26 et on va poursuivre l'étude du
projet de loi. Il devrait y avoir une reformulation d'un article en particulier
et on reviendra par la suite.
Le Président (M. Saint-Roch): Très bien, M. le
ministre. Les articles 19, 20, 22 et 26 sont maintenant en suspens. J'appelle
l'article 21 et nous avons un papillon.
Pouvoirs du gouvernement à l'égard des
ZEC
M. Picotte: "L'article 110 de cette loi est modifié par
l'addition, à la fin, de l'alinéa suivant: "Le montant maximum
des droits exigibles qui peut être déterminé en vertu du
présent article peut varier selon les catégories de personnes,
l'activité pratiquée ou l'espèce faunique
recherchée."
Remplacer la dernière ligne de l'alinéa nouveau par ce qui
suit: "Selon l'activité pratiquée, selon l'espèce faunique
recherchée ou selon l'endroit où l'activité de chasse, de
pêche ou de piégeage est pratiquée."
Le papillon proposé est pour assurer une concordance avec ce qui
est proposé aux articles 121 et 125 de la loi, les articles 25 et 27 du
projet où il est prévu que la tarification peut aussi varier
selon l'endroit où l'activité est pratiquée. L'article 110
de la loi octroie au gouvernement un pouvoir réglementaire à
l'égard des zones d'exploitation contrôlée. L'amendement
proposé a pour objet d'assouplir l'exercice de ce pouvoir
réglementaire en prévoyant que les droits exigibles qui peuvent
être fixés peuvent varier selon les catégories de
personnes, soit des personnes âgées, des jeunes, des
résidents ou des non-résidents, selon l'activité
pratiquée, soit la chasse, le piégeage, la cueillette de fruits,
les randonnées pédestres, les excursions en canot, etc., selon
l'espèce faunique recherchée et, enfin, selon l'endroit où
l'activité est pratiquée, soit un bon lac contre un mauvais lac,
ou une bonne passe à saumons contre une mauvaise passe à
saumons.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des interventions
sur l'amendement? M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: C'est le gouvernement qui peut déterminer
cela et confier, autrement dit, ce pouvoir aux ZEC, c'est cela? C'est ce qui
arrive dans le cas présent, c'est le but, l'objet de cet article 110? Le
pouvoir du gouvernement à l'égard des ZEC, il transfert...
Comment appelle-t-on cela? II remet ses...
M. Picotte: Cela s'applique aux ZEC par voie de règlement,
selon diverses catégories.
M. Desbiens: Mais est-ce que c'est un pouvoir que vous
déléguez - c'est ce que je cherchais - aux ZEC
M. Picotte: C'est un pouvoir de recommandation des ZEC que je
dois accepter.
M. Desbiens: C'est une recommandation des ZEC au ministre; il
l'inclut dans la loi afin que ces ZEC puissent aqir légalement.
M. Picotte: II faut que cela soit prévu dans l'entente que
je signe avec les ZEC.
M. Desbiens: C'est pour légaliser leurs décisions?
C'est cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: En fait, vous conservez l'article au complet et vous
rajoutez l'alinéa que vous nous avez lu. Qu'est-ce que vous changez en
disant que le montant des... Vous dites à la fin du paragraphe 6:
"...les montants maximums fixés par règlement, le montant des
droits exigibles pour circuler sur le territoire et pour la pratique de toute
activité." Cela n'était pas assez spécifique pour couvrir
tout cela? II me semble qu'une activité... On parle de forêts et
de zones récréatives.
M. Picotte: En fait, on me dit que l'activité, c'est la
pêche à la truite; c'est cela que veut dire "activité". Ce
que l'on ajoute à cela, c'est la pêche à la truite, mais
à tel endroit par rapport à tel autre endroit. Cela ne veut pas
dire nécessairement que cela va être le même genre, la
même tarification. On parle, dans la loi actuelle, de l'accès au
territoire et de la pratique de toute activité. On disait: La pratique
de l'activité de pêche à la truite et, là, on
précise, selon les endroits. Il y a des endroits où la
pêche à la truite est peut-être moins attirante qu'à
d'autres. On retrouve cela, d'ailleurs, dans les réserves; des lacs sont
convoités. Quand les gens appellent pour des réservations, ils
veulent avoir tel ou tel lac en particulier. Et tel autre lac ne sera pas
convoité étant donné, justement, qu'il y a une moins bonne
qualité de pêche ou...
M. Desbiens: À ce moment-là, y a-t-il une
tarification différente?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Bernier.
M. Bernier: Vous permettez, M. !e
ministre? À ce moment-là, il pourrait y avoir, selon la
recommandation et l'accord que le ministre fournirait à cette
recommandation des gestionnaires de ZEC, une souplesse. Donc, une variation,
une modulation pourrait intervenir,
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: De quelle façon introduisez-vous, par votre
article... Vous parlez de chasse, de pêche et de piégeage; vous
parlez de trois activités. De quelle façon réussissez-vous
à intercaler ces trois activités sans venir en contradiction avec
l'article qui avait été fait avant? Est-ce que vous avez une
définition qui dit qu'une activité, c'est de la pêche
à la truite? Comment appelez-vous tes autres activités, comme le
piégeage ou la chasse?
M. Bernier: Si vous permettez, la notion d'activité,
c'est... Pour nous, dans l'économie générale actuelle de
nos lois, une activité, c'est la pêche; une activité, c'est
la chasse; une activité, c'est le piégeage. Une activité,
cela peut être aussi, dans nos réserves, la villégiature.
C'est l'activité. On souhaite qualifier l'activité en fonction de
l'endroit où cela se déroule, avoir la possibilité de la
qualifier et la tarifier en fonction de l'endroit où cela se
déroule, en fonction de la qualité de l'expérience
d'activité qu'on peut présumer avoir à tel endroit
plutôt qu'à tel autre.
M. Picotte: C'est cela.
M. Dufour: J'avais l'impression que l'article qui était
là auparavant résumait bien ce que vous voulez m'expliquer
là ou ce que je voyais. La pratique de "toute activité", pour
moi, cela comprenait les trois activités que vous avez
mentionnées. Mais vous trouvez que c'est mieux de les déterminer
ou de les quantifier ou de...
M. Picotte: Sauf qu'il y en a de moins bonnes, et on dit qu'il
faut se donner cette marge-là, c'est-à-dire qu'on permet qu'ils
nous recommandent, à cause des endroits qui sont peut-être moins
bons, de faire une tarification différente. Ils vont nous recommander
cela, et le ministre doit accepter une recommandation.
M. Desbiens: Est-ce vrai? Vous avez mentionné la
villégiature, mais c'est seulement pour les parcs et réserves.
Dans les zones, il n'est pas question encore de villégiature.
M. Picotte: C'est cela; c'est exact. Mme Vermette: J'ai seulement
une autre...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: ...question par rapport aux activités. Il
doit y avoir des endroits où il y a des activités mixtes,
c'est-à-dire qu'il peut y avoir de la chasse et de la pêche, et,
à un moment donné, c'est bon pour la chasse, mais très
mauvais pour la pêche, mais cela peut être... Alors, les tarifs
sont faits en fonction de l'activité et non pas de l'endroit,
finalement. Je veux dire qu'il y a un lien de cause à effet,
mais....
M. Picotte: Les tarifs pourraient être faits en fonction de
cela dans les ZEC. Ce n'est pas sûr que les conseils d'administration des
ZEC nous proposent de l'utiliser. Le conseil d'administration d'une ZEC peut
dire: Pour nous, le tarif, c'est X, point final, à la lignel On donne
cette possibilité d'avoir des tarifs différents. Il s'agira que
te conseil d'administration en fasse la recommandation au ministre, et celui-ci
pourra accepter cette recommandation. C'est cela que ça vient faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: C'est le ministre qui accepte les recommandations de
tarification des ZEC pour chaque activité.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Une question pour mon information. Comment faites-vous
pour déterminer les types de moteurs permis pour les embarcations ou en
prohiber certains types? Sur un lac, je comprends que le Québec a
juridîcation, mais, sur les rivières navigables, comment
faites-vous pour décider cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Notre règlement s'inscrit à
l'intérieur du pouvoir de réglementation de la ZEC. On n'ira pas
s'inscrire en réglementation dans le fleuve Saint-Laurent ou dans le
fjord du Saguenay.
M. Dufour: Pour les affluents... Les rivières qui sont les
affluents du Saguenay, il y en a quelques-unes. En principe, le lac
Kénogami qui se jette dans la rivière aux Sables et, ensuite,
dans le Saguenay...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: On confie des responsabilités aux ZEC parce
que c'est dans le domaine de nos compétences provinciales. On ne va pas
confier une responsablité qui ne relève pas de notre
compétence.
M. Dufour: Oui, mais...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je me rappelle que le gouvernement
fédéral était venu en région pour consulter les
municipalités. J'avais demandé un certain pouvoir - je ne sais
pas, c'est peut-être le gouvernement provincial, remarquez bien - mais je
me souviens que, comme nous avons une rivière qui traverse la ville, on
avait demandé d'avoir le droit de prohiber toute embarcation à
moteur, et on nous a dit que c'était de juridication
fédérale. Je pense que les rivières qui sont navigables au
Québec sont aussi de juridication fédérale. Ce qui est
marqué là ne reflète pas nécessairement la
réalité à 100 %. Remarquez bien que c'est comme toute loi,
tant qu'elle n'est pas contestée, elle est bonne.
M. Picotte: La navigation, M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre. (21 h
30)
M. Picotte: ...c'est de juridiction fédérale, alors
on ne peut pas aller réglementer de ce côté-là. On
réglemente du côté de nos territoires là où
on a la compétence de le faire. Dans le cas présent, on donne
cela aux ZEC, on demande aux ZEC de le faire puisqu'on transmet notre
compétence aux ZEC.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Parce que "navigation", ça ne peut pas
nécessairement se relier à une catégorie
d'embarcation.
M. Picotte: Ça dépend du plan d'eau, etc.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? Cela va. Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 21 tel
qu'amendé est adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 23.
Activités de mise en valeur de la faune
M. Picotte: "L'article 1)8 de cette loi est modifié par le
remplacement du deuxième alinéa par le suivant: "II peut en
outre, aux conditions qu'il détermine par contrat avec la personne,
l'association ou l'organisme intéressé, l'autoriser à
organiser des activités ou à fournir des services pour des fins
de mise en valeur ou d'utilisation de la faune dans une réserve
faunique."
Cet amendement a pour objet de combler une lacune de la loi en
prévoyant que le ministre puisse contracter non seulement avec une
personne physique, mais aussi avec une personne morale. En effet, l'article 118
permet au ministre d'autoriser une personne à organiser des
activités ou à fournir des services dans une réserve
faunique.
L'objet de cette modification est de bien préciser qu'une
personne morale ou une association peut aussi organiser des activités ou
fournir des services. Cette modification est requise par concordance avec
d'autres dispositions de la loi, soit les articles 109, 120 et 126, qui
permettent au ministre d'autoriser l'exploitation d'un commerce par une
personne, association ou organisme intéressé dans une ZEC, dans
une réserve faunique ou dans un refuge faunique. Comme la loi
prévoit, dans le cas d'un commerce, que le ministre puisse contracter
non seulement avec une personne, mais aussi avec une association ou un
organisme et que cette précision n'existe pas à l'article 118, on
doit donc interpréter l'article 118 restrictivement, soit qu'il ne
s'applique qu'aux personnes physiques. Or, dans les faits, rien ne justifie
cette distinction. À noter qu'une justification de même nature
sera proposée à l'article 127 de la loi actuelle, l'article 28 du
projet de loi que nous étudions.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Cela veut dire que, par exemple, dans une
réserve faunique... L'été dernier, vous avez confié
à l'intérieur de réserves fauniques - je ne sais pas si ce
soit toutes ou certaines réserves fauniques - la gestion des
équipements du ministère. Est-ce que cela couvre ce genre de
situation?
M. Picotte: C'est uniquement dans le but d'enlever
l'ambiguïté entre une personne physique et une personne morale.
C'est uniquement cela.
M. Desbiens: Aussi bien un individu qu'une corporation
légalement constituée.
M. Picotte: C'est cela, Exemple: une association, un groupe dans
une municipalité, association de loisirs qui voudrait...
M. Desbiens: Ou même une compagnie privée?
M. Picotte; C'est cela. C'est pour uniquement enlever cette
ambiguïté.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je voulais simplement savoir: ...des services pour
des fins de mise en valeur ou d'utilisation de la faune... Cela veut dire quoi
"la mise en valeur de la faune", finalement? L'utilisation, je le sais, mais la
mise en valeur?
M. Picotte: L'ensemencement, par exemple, c'est une façon
d'améliorer la faune. Quelqu'un qui voudrait s'occuper des habitats,
c'est de l'amélioration de la faune. C'est dans ce sens-là que
c'est mentionné.
Mme Vermette: À ce moment-là, qu'est-ce qui arrive
si c'est une corporation, une personne morale? Elle s'occupe, mais il arrive
quoi, finalement? Est-ce qu'elle en tire des profits? Les avantages reviennent
à la personne ou cela tient le patrimoine, cela fait quoi?
M. Picotte: S'il y a des avantages, oui. On me dit que les
avantages seraient de l'ordre suivant: Par exemple, si on donnait à un
club 4-H le soin d'aménager le ravage de chevreuils dans la
réserve X, les avantages que pourraient en retirer le club 4-H seraient
d'ordre éducatif.
Mme Vermette: C'est parce que je ne voyais pas. C'est de la mise
en valeur. Ce n'est pas tout à fait... C'est l'amélioration d'un
lieu. Mais la mise en valeur, pour moi, c'est comme une mise augmentée.
Ta valeur ou ton capital doit augmenter l'état des lieux.
M. Picotte: Le concept de mise en valeur chez nous, c'est tout ce
qui permet à la faune de s'épanouir.
Mme Vermette: Je peux faire une plantation d'arbres de Noël.
Disons que je vais dans un endroit et que je décide de faire de
l'ensemencement d'arbres, Je prends un carré de territoire. Il va
arriver quoi avec cette plantation d'arbres de Noël? Cela va être
parti...
M. Picotte: À certains endroits, cela pourrait être
positif et à d'autres endroits, cela pourrait être négatif
selon l'habitat qui est là.
Mme Vermette: Est-ce qu'il a une place où elle ne peut pas
pousser et une autre place où elle peut pousser?
M. Picotte: Non.
Mme Vermette: Je veux dire par rapport à...
M. Picotte: La faune peut consommer ou ne pas consommer. Alors,
il faut tenir compte de cela.
Mme Vermette: Oui, mais est-ce à dire que c'est
considéré comme étant une amélioration des lieux,
donc que c'est l'amélioration des lieux? Mais s'il y a une valeur
à aller chercher, une plus-valeur, comme cela dans l'exploitation
d'arbres de Noël, à qui cela revient-il? Est-ce que c'est
exploitable, premièrement? Est-ce que cela pourrait être possible
à ce moment?
M. Picotte: C'est une mise en valeur tout simplement et non pas
une exploitation. Alors, cela ne peut pas être pour lui.
Mme Vermette: Cela appartient au patrimoine?
M. Picotte: C'est cela.
Mme Vermette: Cela appartient au lieu comme tel.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il a d'autres
interventions à l'article 23?
M. Desbiens: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Je voulais profiter de la circonstance de cet
article pour poser la question au ministre sur les résultats de
l'opération de l'été dernier dans le cas de ses...
M. Picotte: Nous saurons cela au mois d'avril, M. le
Président. Nous sommes en train d'évaluer tout cela et d'examiner
cela. Alors, à l'étude des crédits, ce sera un beau sujet
à discuter.
M. Desbiens: Bon. M. le ministre disait au début qu'il
nous donnerait toute l'information qu'on demanderait, mais c'est dans le temps
qu'il choisit,
Mme Vermette: C'est toujours dans le temps. C'est comme les
clairvoyants.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 23?
M. Desbiens: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 23 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 24.
M. Picotte: "Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 120, du suivant: "120.1 Le ministre peut, dans une
réserve faunique, déterminer le nombre maximum de personnes qui
peuvent chasser, pêcher ou piéger sur les parties du territoire
qu'il indique." Cet amendement donne au ministre le pouvoir de faire du
contingentement dans une réserve faunique.
Il s'agit de légaliser une situation existante, puisque, de fait,
dans les réserves fauniques, l'accès est limité pour
préserver le renouvellement de la ressource faunique.
M. Desbiens: C'est exactement ce que j'allais poser comme
question. Cela existe déjà, il me semble, par règlement
uniquement ou même pas.
M. Picotte: Sauf qu'on n'avait pas d'assise juridique.
M. Desbiens: Vous le faisiez sans avoir le droit. C'était
suivi, parce que les gens acceptaient de le suivre.
M. Picotte: C'est cela. On le faisait par des mesures
administratives, mais on n'avait pas d'assise juridique. Là, on va en
avoir une.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Par l'exploitation d'un commerce, entend-on les
lieux où l'on permet aux gens d'aller se restaurer et tout cela? C'est
quoi, un commerce?
M. Picotte: Ce n'est pas dans cet article, M. le
Président.
Mme Vermette: Non, excusez. Je suis à l'article 120.
M. Desbiens: Oui, c'est juste, mais c'est la loi telle qu'elle
est actuellement.
Mme Vermette: Oui, c'est cela.
M. Desbiens: ...de paragraphe. C'est dans une réserve?
M. Picotte: ...dans une réserve?
Mme Vermette: L'exploitation d'un commerce, en fin de compte,
c'est...
M. Picotte: Cela fait longtemps qu'on l'a adopté, M. le
Président.
M. Desbiens: Non, c'est l'article 120, selon la loi actuelle. On
parle de la loi actuelle.
Mme Vermette: L'article 120.
M. Desbiens: Le premier alinéa.
M. Picotte: ...dans la réserve faunique des Laurentides,
Châtelaine, entre autres, l'exploitation d'un restaurant.
Mme Vermette: II n'y en a pas beaucoup d'exploitations de cet
ordre-là, dans les réserves.
M. Picotte: On me dit qu'il y en a quelques-unes, mais il n'y en
a pas beaucoup. C'est une question de services à un moment donné,
dans certains cas.
Mme Vermette: Je me demande si cela va devenir plus en demandes,
vu que l'on veut améliorer toutes les conditions et les pourvoiries.
Est-ce que cela pourrait être à l'intérieur pour permettre
de donner des...
M. Picotte: Les pourvoiries ont déjà leurs
services. Elles ont un service de cafétéria, un service de lunch,
un service de restaurant, mais là c'est complètement autre
chose.
Mme Vermette: Les différentes étapes que l'on
retrouve à travers les parcs, quand on s'en va vers Chicoutimi, par
exemple?
M. Picotte: C'est cela.
Mme Vermette: L'Étape dans le parc des Laurentides, dans
ce coin-là.
M. Picotte: Il y a des cas qui justifient cela carrément
et il y en a d'autres qui ne le justifient pas.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: L'Étape, c'est par appel d'offres. Les
restaurants comme Châtelaine, l'ancien restaurant qui a été
reconstruit,
L'Étape, la grosse bâtisse au bord de l'eau...
M. Picotte: Je ne me souviens pas s'il y a eu appel d'offres au
moment où cela a été donné. Si cela avait
été le ministre actuel, cela aurait été fait par
appel d'offres.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il
d'autres interventions à l'article 24? M. Desbiens: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 24 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 25.
Pouvoirs du gouvernement à l'égard d'une
réserve faunique
M. Picotte: "L'article 121 de cette loi est modifié: 1 par
le remplacement du paragraphe 1° par le suivant: "1° déterminer
les conditions auxquelles les activités de chasse, de pêche ou de
piégeage sont permises et fixer, selon les catégories de
personnes, selon l'activité pratiquée, selon l'espèce
faunique recherchée ou selon l'endroit où l'activité de
chasse, de pêche ou de piégeage est pratiquée, le montant
des droits exigibles pour la pratique de ces activités ou les
prohiber;"; "2° par l'addition, à la fin du paragraphe 3°, des
mots "selon les catégories de personnes"."
Cet amendement donnera plus de souplesse au gouvernement tors de
l'adoption des règlements applicables aux réserves fauniques en
lut permettant de fixer les droits exigibles en fonction des catégories
de personnes, de l'activité pratiquée, de l'espèce
faunique recherchée ou de l'endroit où l'activité est
exercée. De même, le montant des droits exigibles pour circuler
dans une réserve pourra varier selon les catégories de
personnes.
M. Desbiens: C'est en concordance avec l'article 121, n'est-ce
pas?
M. Picotte: C'est cela.
M. Desbiens: Le texte est semblable, cela m'a l'air.
M. Picotte: Oui.
Mme Vermette: Est-ce que la catégorie de personnes
était décrite à l'article 121?
M. Picotte: C'est la même chose, c'est la même
catégorie de personnes. J'ai fait référence à ce
moment-là aux personnes âgées, aux jeunes, etc. C'est un
article de concordance.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Est-ce que cela touche les chalets dans les
réserves?
M. Picotte: Dans la location des chalets dans les
réserves, il y a eu une modification apportée pour 1987 - 1986
même, peut-être déjà, non? - concernant la location
des chalets et l'inclusion ou l'exclusion, tout dépend comment on veut
le prendre. Autrefois on disait: II peut y avoir...
M. Desbiens: II y avait une location de chalets et les enfants de
14 ans et moins qui accompagnaient les parents ne payaient pas de droits et,
depuis l'an passé, c'est nouveau - je n'ai pas le document sous la main,
je l'ai regardé très rapidement ce matin -maintenant, ce sera
pour les enfants de six ans et moins. Est-ce que cela vous situe?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, (21 h 45)
M. Picotte: C'est une nouvelle tarification, M. le
Président.
M. Desbiens: Je comprends que c'est une nouvelle tarification,
mais une nouvelle tarification qui va causer certains problèmes quant
aux exigences pécuniaires surtout pour les familles. Est-ce que c'est
dans les objectifs du ministre d'éliminer les familles de ces
équipements?
M. Picotte: M. le Président, je pense que c'est tout
à fait normal. Nous jugeons que les enfants de six ans et moins n'ont
pas à payer et que ceux qui ont six ans et plus ont une tarification. Je
ne sais pas quelle est cette tarification - je ne le sais pas par coeur - mais
c'est une tarification qui nous semble raisonnable.
En plus, on me dit que le problème qu'il y avait
là-dedans, c'est que les gens arrivaient avec leurs neveux, leurs
nièces, etc. C'était très difficile à
contrôler, premièrement. Deuxièmement, c'était de
s'ajuster aussi avec le secteur privé.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Quant aux catégories de personnes,
tantôt M. le ministre a dit que cela pouvait être des personnes
âgées, des jeunes ou des familles. Est-ce qu'il y a des
règles spécifiques à chaque catégorie ou quoi? Si
des enfants vont chasser, est-ce qu'il y a des règles spécifiques
pour eux?
M. Picotte: Présentement, on n'a pas de pouvoir pour faire
ce genre de chose. Maintenant, on se donne le pouvoir de faire cette
catégorisation.
Mme Vermette: Cela veut dire qu'actuellement chaque
catégorie...
M. Picotte: Une décision administrative.
Mme Vermette: ...va répondre à des
règlements spécifiques pour pratiquer l'activité qu'elle
veut pratiquer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Actuellement, avec la législation qu'on a, on
doit faire payer tout le monde, que ce soit une personne handicapée, une
personne âgée, une jeune personne ou une personne adulte; alors
qu'avec cela nous allons pouvoir faire différentes
catégories.
Mme Vermette: Cela veut dire que la catégorisation, c'est
pour déterminer des prix. C'est tout simplement cela. Ce n'est pas en ce
qui concerne l'activité ou pour répondre à des
règlements en fonction de l'âge ou en fonction...
M. Picotte: On ne dira pas, par exemple, que les gens de 65 ans
et plus peuvent aller dans la réserve, mais qu'ils n'ont pas le droit de
pêcher. Cela va être uniquement pour ce qui est de la tarification
qu'on va dire: Si vous avez votre carte de membre de l'âge d'or, comme
cela se fait dans le transport ou dans d'autres domaines, c'est un prix
spécial de X. Cela va nous permettre d'avoir une tarification
spécifique par catégorie.
Mme Vermette: D'accord. Maintenant, pourquoi faire des taux par
catégorie quant aux familles et non pas avoir un prix familial tout
simplement?
M. Picotte: Le règlement va nous permettre de faire cela
aussi.
Mme Vermette: Cela va être un prix par famille, par
exemple, pour une famille, c'est tant.
M. Picotte: Le règlement va nous permettre de le
faire.
Mme Vermette: Est-ce que c'est cela que vous vous proposez de
faire aussi en ce qui concerne les familles?
M. Picotte: J'envisage cela sérieusement, mais à ce
stade-ci, je n'ai pas pris ma décision parce que je n'ai pas encore
discuté...
Mme Vermette: Vous allez le faire si vous continuez à
faire un très bon ministre des politiques familiales.
M. Picotte: Je vais commencer par être bien sûr que
la loi va être adoptée. Vous comprendrez que je ne ferai pas un
plan à l'avance, si toutefois la loi n'était pas adoptée.
Je n'ai pas l'habitude de travailler dans le vide ou sans savoir exactement ce
qui se passe. Quand cela sera adopté, j'envisage sérieusement
être capable de faire des catégories du genre que vous me
soulignez.
Mme Vermette: Est-ce qu'il y a beaucoup de familles qui utilisent
tes camps actuellement, qui vont dans les parcs, dans les réserves?
M. Picotte: On n'a pas de statistiques là-dessus au moment
où on se parle. On pourra répondre à tout cela lors de
l'étude des crédits.
Mme Vermette: Est-ce qu'il y a des endroits plus prisés
que d'autres, c'est-à-dire des endroits où les gens
préfèrent se rendre plutôt que d'autres?
M. Picotte: Comme partout; je l'ai souligné tantôt
et c'est pour cela qu'on se donne le droit d'imposer des tarifications
différentes, qu'on donne différentes fourchettes quant aux
coûts. Il y a des endroits qui sont moins fréquentés parce
qu'il y a moins de poissons. Il y a moins de gens qui sont attirés par
des lacs qui sont moins bons comparativement à des lacs qui sont
meilleurs. C'est comme cela sur tout le territoire.
Mme Vermette: En moyenne, quels sont les endroits les plus
fréquentés actuellement? Y a-t-il des moyennes
d'établies?
M. Picotte: La réserve faunique des Laurentides est
très fréquentée, la réserve faunique Mastigouche
est très fréquentée, la réserve de Portneuf est
assez fréquentée aussi.
Mme Vermette: Cela représente à peu près
combien de camps? Approximativement, je ne vous demande pas...
M. Picotte: Nous n'avons pas l'information et je
préfère ne pas donner une information qui pourrait ne pas se
révéler vraie. Nous avons publié une brochure, on pourra
vous en acheminer un exemplaire.
Mme Vermette: Je sais que vous faîtes cela
régulièrement chaque année: quand arrive la saison, les
gens peuvent choisir les endroits où ils veulent aller. Certaines
familles, quand elles veulent avoir l'assurance d'avoir un endroit, choisissent
un endroit un peu moins populaire que certains autres, j'imagine, pour avoir
l'assurance de pouvoir y aller.
Combien cela représente-t-il de
revenus? Est-ce que cela représente un bon revenu?
M. Picotte: M. le Président, je n'ai pas non plus ces
statistiques comme telles, mais ce sont tous des renseignements qu'on pourrait
donner lors de l'étude des crédits, au mois d'avril.
Mme Vermette: Ce sont des choses que vous prendrez en
considération lorsque vous établirez des moyennes, j'imagine,
vous irez par catégories, tout cela...
M. Picotte: Naturellement.
Mme Vermette: De toute façon, ce ne sont pas les
mêmes clientèles parce que la pêche, ce n'est pas en
même temps que la chasse.
M. Picotte: C'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 25?
M. Desbiens: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: En fait, je reviens à mon cas de
tantôt. En 1985-1986, la réglementation était
envoyée aux citoyens qui demandaient des services d'hébergement.
La capacité d'hébergement varie de deux à quatorze
adultes, une personne de 14 ans et plus étant considérée
comme un adulte. Cela veut dire que si c'était un chalet de six
personnes et que la famille voulait amener un ou deux enfants avec elle, elle
pouvait loger ces deux enfants de moins de 14 ans dans le chalet sans qu'il en
coûte un sou et il en coûtait 24 $ par jour, 144 $ pour les six
adultes, même s'ils étaient huit en tout. Maintenant, la
capacité maximale inclut les enfants de 6 à 14 ans. C'est dans
une lettre envoyée aux clients en date du 24 novembre 1986.
Cela veut dire que ça ne rapportera rien de plus au
ministère, puisque pour six personnes c'est 144 $, et les parents ne
pourront pas y aller à raison de six adultes et deux enfants, il faudra
qu'ils aillent à raison de quatre adultes et deux enfants. Cela veut
dire que le père de famille paiera 48 $ de plus s'il a deux enfants. Je
ne vois pas ce que ça donne d'avoir modifié cela de cette
façon puisque cela ne rapporte théoriquement rien de plus au
ministère, si je comprends bien, mais cela va coûter davantage
à la famille.
Cela revient à dire que le ministère interdit, si c'est un
chalet de six personnes, de loger plus que six personnes à
l'intérieur.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: On me souligne qu'il y a eu des abus. Bien souvent,
il y avait six adultes et six enfants qui couchaient à terre. Il y avait
une question de sécurité et je pense qu'il faut tenir compte de
tout cela. C'est la raison pour laquelle nous avons apporté cette
modification.
M. Desbiens: Évidemment, ce n'est pas ici qu'on doit
régler cela. Ce serait lors de l'étude des crédits sans
doute, mais il reste que vous devriez peut-être vérifier... Passer
de 14 à 6 ans. En tout cas, tout à coup... Dans un chalet, on
peut coucher facilement deux ou trois enfants... On s'accommode assez
facilement de conditions qui ne sont pas idéales quand on va en
forêt et que... La question de sécurité est sans doute un
motif valable, mais jusqu'à quel point cela peut-il influencer... Est-ce
que le ministre ne pourrait pas immédiatement jeter un nouveau coup
d'oeil sur cette modification, parce que les réservations se font
à ce temps-ci de l'année?
M. Picotte: M. le Président, j'ai mentionné que
c'était une question de sécurité. Je veux ajouter que
c'est aussi une question de bien-être, de mieux-être des gens. Il y
a des gens qui arrivaient dans ces chalets et qui disaient: Cela n'a pas de bon
sens. On emmène nos enfanta et on n'est pas capable de les loger nulle
part, ils sont obligés de coucher par terre, etc. Ils faisaient des
plaintes ou des gorges chaudes. A partir de ce moment-là, un chalet pour
six personnes est un chalet pour six personnes, et on considère cela de
cette façon. Évidemment, tant qu'il n'arrive rien, il n'y a pas
de problème. S'il y avait un feu ou quoi que ce soit et qu'à
cause d'un nombre supplémentaire de personnes, il y eut un
problème, on blâmerait le ministre d'avoir laissé
héberger douze personnes dans un droit pour six personnes. Tant qu'il
n'y a pas de problème, évidemment, personne ne s'interroge.
Dès qu'il survient un problème, on blâme le ministre.
Alors, lorsque c'est un chalet pour six personnes, on dit qu'il doit y avoir
six personnes à l'intérieur du chalet.
M. Desbiens: Le ministre, évidemment, prend un exemple
extrême pour démontrer qu'il a raison mais...
M. Picotte: Si vous êtes prêt à me garantir
qu'il n'y aura jamais de feu nulle part, il n'y a pas de problème.
M. Desbiens: C'était une situation acceptée depuis
longtemps par certaines familles à faibles ou a moyens revenus... Ce
sont ceux-là qui vont en souffrir le plus.
S'ils vont passer deux jours dans les chalets du ministère,
à 24 $ par jour, avec deux enfants, cela représente 100 $ de
plus, ce qui va peut-être les empêcher de pouvoir profiter des
services que le ministère offre dans les parcs et les réserves.
C'est dans ce sens que la personne en question qualifie cela d'antifamilial
pour les gens à faibles et à moyens revenus. Ceux qui veulent
absolument être à l'aise, c'est parce qu'ils ont les moyens, je
suppose, de pouvoir s'installer avec leurs enfants et de les coucher chacun
dans leur lit, ils paieront, ceux qui ont les moyens de le faire.
C'était un service qui était plus accessible pour les gens
è faibles et à moyens revenus. C'est dans ce sens que je soumets
la question au ministre. Si le ministre ne veut pas se pencher là-dessus
immédiatement, on y reviendra lors de l'étude des
crédits.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que cela conclut les
interventions?
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui. Je veux seulement savoir... On dit que le
ministre peut aussi prohiber ces activités. Dans quelles circonstances
peut-il les prohiber? On dit: "...le montant des droits exigibles pour la
pratique de ces activités ou les prohiber." Dans quelles
circonstances?
M. Picotte: Je n'avais pas compris la question de la
députée; on vient de me la répéter. On prohibe les
activités quand on est convaincu que le cheptel est en danger. Si le
cheptel est en danger dans une région donnée, en ce qui a trait
à la chasse, on dit tout simplement: On ne fait pas de chasse cette
année dans cet endroit. Je pense que c'est une question de
préserver la ressource faunique. (22 heures)
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions à l'article 25? L'article 25 est-il adopté?
M. Desbiens: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 2?; nous avons un papillon à l'article 2?.
Pouvoirs du gouvernement à l'égard d'un
refuge faunique
M. Picotte: L'article 125 de cette loi est modifié:
"1° par le remplacement du paragraphe 1° par le suivant: "1°
déterminer les conditions auxquelles les activités de chasse, de
pêche ou de piégeage sont permises, fixer, selon les
catégories de personnes, selon l'activité pratiquée, selon
l'espèce faunique recherchée ou selon l'endroit où
l'activité de chasse, de pêche ou de piégeage est
pratiquée, le montant des droits exigibles pour la pratique de ces
activités ou les prohiber; "2° par l'addition, à la fin du
paragraphe 2°, des mots "selon les catégories de personnes".
Le papillon se lit comme suit: Dans la deuxième ligne du nouveau
paragraphe 1°, remplacer la virgule, après le mot "permise", par le
mot "et".
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
M. Desbiens: On peut disposer du papillon, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'on peut disposer
de l'amendement? Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Desbiens: Je ne sais pas.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, remplacer la virgule
par le mot "et".
M. Desbiens: Je ne sais pas.
Mme Vermette: Attendez, on va vérifier cela.
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
adopté. Nous y allons maintenant avec l'article 2?.
M. Picotte: En fait, cet amendement a pour effet de donner plus
de souplesse aux pouvoirs réglementaires dans les refuqes fauniques; il
permet de fixer le montant des droits exigibles en fonction des
catégories de personnes, de l'activité pratiquée, de
l'espèce faunique recherchée ou de l'endroit où
l'activité est exercée. Il permet également de fixer des
droits d'accès différents selon les catégories de
personnes. Cela touche les refuges fauniques, si je comprends bien, et cela
fait la même chose que l'article...
M. Desbiens: Les articles 21 et 25. M. Picotte: C'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Est-ce que cela veut dire que, selon les
catégories de personnes, cela pouvait se faire quand même? Cela ne
pouvait pas se faire selon les catégories de personnes.
M. Picotte: Cela ne pouvait pas se faire; autrefois, nous devions
exiger le même
prix è tout le monde, que ce soit un jeune, un adulte, une
personne de l'âge d'or ou un handicapé. Maintenant, cela va nous
permettre d'établir des taux différents selon les
catégories et nous permettre même, si on le juge à propos,
d'établir un tarif familial, comme on l'a mentionné tantôt,
ce qu'on n'avait pas le droit de faire avec l'ancienne formulation.
M. Desbiens: C'est la même réserve que je pourrais
faire concernant le cas que je vous ai soumis tantôt, finalement. Cela
vous donne le droit de le faire et selon les catégories de personnes,
sauf que je vous présente la même demande, de le faire de
façon à ne pénaliser personne, à permettre au plus
grand nombre de Québécois et de Québécoise possible
de profiter de ces équipements.
M. Picotte: On verra.
M. Desbiens: Je sais cela, ouaisl
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions à l'article 2?? Est-ce que l'article 2?...
M. Picotte: Comme le disait souvent mon
prédécesseur: On verra "ben"i
Le Président (M. Saint-Roch): Je reviens à
l'article 2?. Est-ce que l'article 2? tel qu'amendé est
adopté?
Mme Vermette: Adopté. M. Desbiens:
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 28.
M. Desbiens: Avec la même réserve que
tantôt.
M. Picotte: "L'article 12? de cette loi est modifié par le
remplacement du deuxième alinéa par le suivant: "Le ministre peut
en outre, aux conditions qu'il détermine par contrat avec la personne,
l'association ou l'organisme intéressé, l'autoriser à
organiser des activités ou à fournir des services pour des fins
de mise en valeur ou d'utilisation de l'habitat de la faune. "Cet amendement
vise à corriger une lacune de la loi et il prévoit que le
ministre peut contracter non seulement avec une personne, mais aussi avec une
association ou un organisme pour organiser des activités ou fournir des
services pour des fins de mise en valeur ou d'utilisation de t'habitât de
la faune dans un refuge faunique."
On a discuté abondamment tantôt là-dessus, M. le
Président. C'est exactement la même chose, c'est pour se permettre
de passer des contrats avec des personnes morales.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: C'est ce que j'essayais de... Quand on parle de
personnes, la personne, c'est l'individu comme tel. Ce n'est pas la personne
morale. La personne morale, c'est l'association ou l'organisme.
M. Picotte: C'est cela.
Mme Vermette: C'est bien cela. D'accord. Alors, ils peuvent
organiser des activités. Dans quel cadre seront organisées les
activités?
M. Picotte: Dans un refuge faunique. On mentionnait tantôt
un club 4-H, Cela peut s'appliquer à l'intérieur d'un refuge
faunique. Ce qu'on a vu tantôt, c'est à l'intérieur d'une
réserve et, là, c'est un refuge faunique.
Mme Vermette: Ce sont des activités, je pourrais presque
dire, scientifiques au club 4-H. En fin de compte, c'est un peu
l'écologie, l'étude de la faune ou de la flore.
M. Picotte: Toutes sortes d'activités.
Mme Vermette: Est-ce qu'il pourrait y avoir d'autres genres
d'activités, d'organisations? Utiliser les lieux, je ne sais pas, pour
les fêtes de la Saint-Jean, quelque part, dans la nature. Est-ce qu'un
groupe pourrait utiliser ces chalets pour pouvoir...
M, Picotte: Généralement, quand ce sont les
fêtes de la Saint-Jean, on est en pleine saison de la pêche et tout
est réservé. Cela devient difficile de demander aux gens de
sortir pour aller fêter la Saint-Jean.
Mme Vermette: Une organisation a différentes fins.
M. Picotte: Tout est possible.
Mme Vermette: Cela ouvre la porte à tous les
éventails, à toutes les possibilités d'activités.
Organiser des activités, c'est ce que cela veut dire?
M. Picotte: À condition qu'on l'accepte évidemment,
qu'on soit capable de démontrer que c'est faisable et que c'est
compatible avec la gestion de la faune. Comme on est dans un refuge faunique,
il y aura sûrement beaucoup moins de choses qui vont se passer là
que si on est dans une réserve»
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce
qu'il y a d'autres interventions à l'article 28? Mme la
députée de Marie-Victorin,
Mme Vermette: Ce pourrait être une organisation, comme les
bases de plein air, où des moniteurs amènent parfois des gens
pour faire l'étude des sentiers ou des trucs comme cela. Est-ce que cela
pourrait aller à la rigueur?
M. Picotte: Cela pourrait être, entre autres, comme
activité, une base de plein air qui obtienne une concession pour aller
dans un refuge faunique examiner une héronnière. Ce pourrait
être cela.
Mme Vermette: Dans les périodes creuses ou en dehors des
périodes de chasse ou de pêche, cela pourrait être
utilisé à ces fins.
M. Picotte: C'est de l'interprétation de la nature.
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants à l'article 28? Est-ce que l'article 28 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 29.
Pouvoirs de réglementation
M. Picotte: L'article 162 de cette loi est modifié: 1°
par la suppression du paragraphe 1?°; 2° par l'addition, à la
fin, du paragraphe suivant: "25° déterminer, aux fins de l'article
1?1.1, les espèces de poissons ou d'animaux qui sont vulnérables
ou menacées."
Cet amendement a pour objet d'ajuster le pouvoir réglementaire.
D'une part, il abroge le paragraphe 1? qui permettait de définir ce
qu'était la nuit. Ce pouvoir est devenu inutile puisque la nuit est
maintenant définie dans la loi elle-même. C'est ce dont on a
discuté au début de nos travaux. D'autre part, la modification
proposée au paragraphe 25° permettra au gouvernement de
déterminer les espèces de poissons ou d'animaux qui sont
vulnérables ou menacées aux fins de la nouvelle sanction
introduite à l'article 1?1.1 de cette loi.
Cet article prévoit une sanction plus lourde lorsque
l'espèce faunique à l'égard de laquelle une infraction a
été commise en était une d'une espèce
vulnérable ou menacée. D'après les études du
Comité sur le statut des espèces menacées de disparition
au Canada, de celles du Comité pour la sauvegarde des espèces
menacées du Québec et du groupe de travail pour la protection des
habitats, les espèces visées seraient les suivantes. En danger de
disparition, catégorie mammifère: baleine boréale, cougar
de l'Est, baleine noire et béluga. Dans les espèces
menacées: caribou des bois des Maritimes, de la Gaspésie,
béluga et chouette des terriers.
Une voix: Pardon?
M. Picotte: Chouette des terriers. Dans la catégorie
oiseaux: courlis esquimau, fauvette de Kirkland, faucon pèlerin et
pluvier siffleur. Dans les espèces menacées: pinson de Henslow,
pigrièche migratrice, faucon pèlerin, sterne rosée et
pélican blanc. Du côté des poissons, en danger de
disparition: le bar rayé. Du côté des reptiles, en danger
de disparition, la tortue luth... La vitesse à peu près à
laquelle nous étudions le projet de loi. Ce sont les espèces en
danger de disparition et les espèces menacées.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Dufour: Le béluga m'intéresse de façon
particulière en ce sens que...
M. Picotte: Je ne peux pas vous dire à quelle vitesse ils
se reproduisent... Je n'ai pas ces détails et le nombre de pattes de
chacun peut être déterminé, mais...
M. Desbiens: Le nombre de queues?
M. Picotte: Le nombre de queues aussi. On fera appel à nos
spécialistes du côté de la queue.
M. Desbiens: Avez-vous les statistiques récentes sur le
béluga?
M. Picotte: M. Harvey, avez-vous les statistiques?
M. Desbiens: Sur le béluga.
M. Harvey (Bernard): Dans quel sens?
M. Desbiens: Le béluga, c'est la baleine bleue?
M. Picotte: Un mammifère?
M. Desbiens: C'est la baleine blanche qui vient...
M. Harvey: Le béluga, c'est la petite baleine blanche,
oui.
M. Desbiens: ...dans l'estuaire du Saguenay.
M. Harvey: C'est cela.
M. Desbiens: Elles sont en danger, c'est
tout ce que l'on sait et je suis bien d'accord pour les
protéger.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: II parlait des baleines blanches. Est-ce que ce
sont elles que les gens vont voir un peu partout avec les bateaux?
M. Picotte: Non pas un peu partout, mais dans un coin
donné, oui.
Une voix: Au Saguenay. M. Picotte: Au Saguenay.
Mme Vermette: Oui, là où il y a des baleines, au
Saguenay, dans ce coin-là.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: J'imagine que les biologistes suivent cela de
très près.
M. Picotte: Le biologiste le fait à la journée
longue.
M. Desbiens: II court après, à la journée
longue? Les répercussions des bateaux...
M. Picotte: Plus on va les protéger, M. le
Président, plus ils vont arrêter de les suivre et on va pouvoir
s'occuper d'autres choses aussi.
M. Desbiens: Quelle est la meilleure façon de les
protéger que vous avez inventoriée? On voit très souvent
qu'il y en a qui pensent que la circulation nautique autour est un danger
pour...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Ce que l'on fait, avec le projet de loi, c'est
interdire la chasse, le piégeage et la capture d'un animal parmi les
espèces qui ont été mentionnées.
Mme Vermette: On ne voit pas à leur reproduction d'une
façon systématique. Non. Il y a parfois des études de
reproduction et on les met dans des situations privilégiées pour
favoriser, justement, la reproduction. Cela ne va pas jusque-là
actuellement?? Ce sont plutôt des moyens palliatifs pour
empêcher la chasse ou la pêche?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Harvey.
M. Harvey: C'est plutôt la chasse que la pêche au
béluga.
Mme Vermette: Quand on parle d'espèces vulnérables,
que signifie "vulnérables" par rapport à "en voie de disparition
ou menacées'"? C'est quoi'?
M, Picotte: Quand on parle d'espèces vulnérables,
ce sont celles qui sont soit en danger de disparition ou menacées. C'est
pour cela que l'on dit qu'elles sont vulnérables.
Mme Vermette: Les deux sont là: elles sont
vulnérables ou menacées. Alors, je pensais qu'il y avait une
nuance.
M. Picotte: On me dit que "vulnérables", c'est moins fort
que "menacées".
Mme Vermette: Qui pourraient être en voie, à un
moment donné, d'extinction, mais qui ne sont pas encore menacées
tout à fait, mais sont juste sur le "no-man's-land", le "borderline",
c'est ce que l'on veut dire?
M. Desbiens: Qui pourraient être un jour
menacées.
M. Picotte: II faut commencer à penser à
protéger celles qui sont vulnérables et il faut protéger
hors de tout doute celles qui sont menacées.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Dans les cas où les espèces sont
vulnérables, quels sont les moyens qu'on déploie pour que,
justement, cela ne tombe pas dans l'autre versant, c'est-à-dire qu'elles
deviennent menacées.
M. Picotte: Le seul moyen, Mme la députée, parce
qu'on protège la faune comme telle, c'est d'empêcher la chasse, le
piégeage, la capture. Ce sont nos moyens.
Mme Vermette: Est-ce que cela devient comme certains territoires
parfois considérés comme sanctuaires? Quand on dit qu'un endroit
devient sanctuaire, la chasse y est interdite, ou quoi que ce soit, à
ces endroits. (22 h 15)
M. Picotte: Tout ce qu'on dit dans le projet de loi, c'est que
ceux qui ne se préoccupent pas de ces espèces, qui les tuent ou
les capturent ou quoi que ce soit, ils vont être punis par la loi d'une
façon sévère. C'est ce que nous disons. Par contre, on
participe à des études. Quand on parle de la baleine ou quand on
parle de certains mammifères qui circulent et qui ont un périple,
qui vont hors Québec et qui reviennent, à ce moment, on collabore
avec
le gouvernement fédéral sur certaines études pour
en connaître la provenance. On ne peut pas aller plus loin que de punir
sévèrement ceux qui...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Dans les espèces que vous avez
nommées, comme le faucon pèlerin, il y a certaines
espèces, en tout cas, où c'est clairement identifié
qu'elles sont en voie de disparition. C'est très rare, maintenant, un
faucon pèlerin. On met des bagues justement pour vérifier le
nombre qui part et qui revient. Est-ce que cela fait partie des
préoccupations, finalement, pour les espèces menacées en
général?
M. Picotte: Excusez le terme anglais, mais on me dit qu'on fait
du "monitoring" du nombre.
Mme Vermette: C'est maintenir... "Monitoring", c'est comme un
son. Ils émettent des sons et on enregistre cela. Est-ce que c'est
cela?
M. Picotte: On surveille l'évolution du nombre dans chaque
espèce.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 29?
Mme Vermette: Non. C'est parce que, là, je deviens
curieuse. Je vais arrêter parce que je trouve cela très
intéressant.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci,
Mme la députée de Marie-Victorin. Est-ce que l'article 29
est adopté?
M. Desbiens: Oui, l'article 29 est adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 30.
M. Picotte: "L'article 163 de cette loi est remplacé par
le suivant: "163. Tout projet de règlement élaboré en
vertu de la présente loi, à l'exception d'un projet
élaboré en vertu du chapitre V ou du paragraphe 19 de l'article
162, est publié par le gouvernement à la Gazette officielle du
Québec avec avis qu'à l'expiration d'une période d'au
moins 45 jours suivant cette publication, il sera soumis au gouvernement, avec
ou sans modifications, en vue de son adoption."
Cet amendement modifie la disposition prévoyant la
prépublication des projets de règlement. La modification
proposée vise à ajuster la loi sur la conservation de la faune au
nouveau délai prévu par la loi sur les règlements, soit
une prépublication d'au moins 45 jours plutôt que de 60 jours
telle qu'actuellement prévue.
II vise aussi à supprimer les exceptions à la
prépublication dans les cas des articles 111 et 122 puisque la
désignation des refuges fauniques et des réserves fauniques se
fera par décret, ce qui les soustrait automatiquement à la
nécessité d'une prépublication.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 30?
M. Desbiens: En vertu du chapitre V... On dit: En vertu des
articles 111 et 122 du chapitre V. Ce doivent être des choses qu'on a
modifiées, je suppose. Est-ce que c'est cela?
Le Président (M. Saint-Roch): Nous sommes maintenant
à l'article 30, M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Oui, c'est ça. On se trouve à
l'article 30 qui serait relié aux articles 111 et 122, donc, à 22
et 26 qui ne sont pas encore adoptés. Maintenant, ce sera
quoi? Vous ajoutez: "avec ou sans modifications" au
règlement. Après cela, vous passez de 60 jours à 45 jours
pour la période de publication. Vous enlevez les articles 111 et 122.
C'est tout le chapitre V, tout ce qui peut être élaboré en
vertu du chapitre V au complet. Le reste, c'est la même chose. Les trois
modifications, c'est ça?
M. Picotte: Ce que l'on fait là-dedans, c'est que l'on
applique les délais prévus par la loi sur les règlements
qui dit maintenant qu'au lieu d'être 60 jours, c'est 45 jours; c'est
uniquement cela.
M. Desbiens: Avec ou sans modifications...
M. Picotte: C'est cela.
M. Desbiens: ...pour les parties concernées de la loi.
M. Picotte: Oui.
M. Desbiens: Tout ce qui est touché...
M. Picotte: Par règlement.
M. Desbiens: De toute façon, même s'il n'y avait pas
entente sur les articles 111 et 122, le chapitre V inclut cela.
M. Picotte: C'est cela.
M. Desbiens: Donc, on pourrait l'adopter.
Mme Vermette: Je voudrais juste
demander...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: En fin de compte, on rétrécit les
délais.
M. Picotte: On s'ajuste à la loi sur les
règlements.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 30 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 31. Nous avons un papillon.
M. Desbiens: L'article 31?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui.
M. Picotte: M. le Président, je pense que l'on va
suspendre l'article 31 parce que c'est de concordance avec les autres articles
que l'on a suspendus. Non? Cela peut aller? Oui? Suspendons cet article
jusqu'à ce que l'on ait étudié les autres articles.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article et le papillon
à l'article 31 sont suspendus. J'appelle l'article 32. Nous avons un
papillon.
Infractions et peines
M. Picotte: "L'article 165 de cette loi, modifié par
l'article 25 du chapitre 58 des lois de 1986, est remplacé par le
suivant: "165 Quiconque contrevient: "1° à l'égard du gros
gibier, à une disposition des articles 30, 38, 59 ou 6? ou d'un
règlement adopté en vertu du paragraphe 4° ou 5° de
l'article 56; "2° à l'égard de poissons ou d'animaux autres
que le gros gibier, à une disposition de l'article 2?, du premier
alinéa de l'article 56, du paragraphe 2° de l'article 5?, du premier
alinéa de l'article 69, de l'article ?1 ou d'un règlement
adopté en vertu des paragraphes 1,2 ou 3° de l'article 56; "3°
à une disposition des articles 30.2, 42, 43, 46, 48, 49, 50, 52, 53, 55,
?2, 99 ou 101 ou du paragraphe 1° ou 3° de l'article 5?; "commet une
infraction et est passible, du paiement frais pour une première
infraction, d'une amende d'au moins 400 $ et d'au plus 1200 % et, pour toute
récidive dans les trois ans de la condamnation pour une infraction
à la même disposition, d'une amende d'au moins 1200 $ et d'au plus
3600 $. "Dans le cas d'une récidive, le juge peut en outre condamner le
contrevenant à un emprisonnement d'au plus 90 jours."
Le papillon: Dans la deuxième ligne du paragraphe 2° du
premier alinéa, ajouter, après le chiffre "2?", ce qui suit: "ou
30.1."
Le papillon a pour effet de corriger un oubli qui s'était
glissé, en ajoutant le renvoi à l'article 30.1: "La chasse de
nuit du petit gibier sera passible d'une amende moyenne." Cet amendement
introduit quatre catégories de modifications: 1° il augmente les
sanctions; 2° il prolonge la durée de la récidive de deux
è trois ans; 3° il change certaines infractions de catégorie:
a) en transférant à l'infraction lourde deux infractions
relatives au gros gibier, l'action de tirer du gros gibier à partir d'un
véhicule et la possession illégale de gros gibier; b) en
transférant à l'infraction moyenne deux infractions relatives au
petit gibier et deux infractions plus techniques: le fait d'avoir une arme
à feu chargée dans un véhicule ou un aéronef,
l'action de tirer du petit gibier à partir d'un véhicule, la
possession illégale du petit gibier, le refus de s'identifier et
d'indiquer la provenance du gibier transporté; 4° il introduit
à cet article les trois nouvelles infractions proposées: la
chasse de nuit, l'utilisation d'un projecteur pour déceler la
présence d'un animal, le transport d'une arme ailleurs que dans un
étui ou le coffre d'un véhicule.
Dans le cas de récidive. Dans l'ensemble des lois du
Québec, on considère qu'il y une récidive lorsqu'une
deuxième infraction est commise dans les deux ans d'une première
condamnation. Le projet innove en prévoyant une récidive dans les
trois ans. Cet allongement peut se justifier par le caractère ponctuel
de l'activité de chasse et surtout par la volonté de punir plus
sévèrement les récidivistes en prolongeant la durée
de la récidive.
Les infractions ont changé de catégorie. L'augmentation de
la sanction dans le cas de possession de gibier chassé
illégalement traduit la volonté du ministère de punir plus
sévèrement non seulement les braconniers, mais aussi leurs
complices après le fait, soit ceux qui achètent du gibier
braconné. La loi prévoit actuellement que le fait de tirer du
gros gibier à partir d'un véhicule est une infraction moyenne et,
à partir d'un aéronef, une infraction lourde.
Le projet de loi abandonne cette distinction et traitera de la
même façon, soit en infraction lourde, toute infraction relative
à la chasse à partir d'un véhicule ou d'un
aéronef.
Ce sont là les explications, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: II y a une première question qui me vient
toute de suite. Vous
avez un papillon à l'article 32.
M. Picotte: Oui. C'est dans la deuxième ligne du
paragraphe 2° du premier alinéa, ajouter après le chiffre
"2?", ce qui suit "ou 30.1". Ce papillon a pour effet de corriger un oubli qui
s'était glissé en ajoutant le renvoi de l'article 30.1,
c'est-à-dire que la chasse de nuit du petit gibier sera passible d'une
amende moyenne.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement? M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: C'est pour petit gibier de nuit. C'est l'affaire de
nuit. C'est pour cela qu'on retrouve 30.1...
M. Picotte: C'est un petit gibier de nuit.
M. Desbiens: ...à 32 ici et qu'on le retrouve aussi
à l'article 34. L'article 30.1 est à l'article 34 aussi.
M. Picotte: Dans le cas du gros gibier à l'article 34.
M. Desbiens: Pour le gros gibier. À l'article 30.1, je
croyais qu'il s'agissait strictement du gros gibier. D'ailleurs, quel avantage
peut-il y avoir à chasser le petit gibier la nuit? À l'article
30.1, on dit que "nul ne peut chasser le gros gibier la nuit avec un
projecteur. Une personne en possession la nuit d'un projecteur et d'une arme
à feu chargée ou d'une arbalète et d'un arc armés
dans un endroit fréquenté par le gros gibier est, en l'absence de
toute preuve contraire, présumée être en possession de ce
projecteur et cet arme, arbalète ou arc pour chasser."
Je ne sais pas, mais il me semble qu'il ne devrait pas y avoir de
papillon là. Ce n'est pas pour le petit gibier, c'est pour le gros.
M. Picotte: Oui, mais c'est pour dissuader la manoeuvre où
quelqu'un nous dirait par exemple: Écoutez, moi, je suis ici... Il est
là parce qu'il y a présence de gros gibier, mais il dit:
Écoutez, moi, je suis ici pour chasser le petit gibier. Donc, cela n'a
rien à voir avec le gros gibier. Alors, à ce moment, si on ne le
prévoit pas, il va dire qu'il est là pour chasser du petit
gibier.
M. Desbiens: Votre objectif, c'est d'éviter qu'il chasse
le gros gibier?
M. Picotte: Il n'y a rien qui empêcherait de trouver
quelqu'un, qui est en pleine nuit dans un arrondissement où il y a du
gros gibier, en possession de petit gibier qu'il a chassé ou qu'il a
braconné.
M. Desbiens: Si vous le trouvez la nuit avec un projecteur et une
arme, à l'article 30.1, on a présumé qu'il est là
pour chasser le gros gibier. Donc, moi, je trouve que vous ouvrez une porte. Il
va se dire: Moi, je suis ici pour chasser le petit gibier, pas le gros.
M. Picotte: II le défend là. C'est cela.
M. Desbiens: Il défend le petit.
M. Picotte: Le petit et le gros gibier.
M. Desbiens: Oui, c'est très bien mais, lui, à
choisir entre 4500 $ d'amende et 3000 $, il va dire: Je chassais le petit.
M. Desbiens: Cela va dépendre de l'arme qu'il va avoir en
sa possession. Si, justement, il a une arme pour tuer le gros gibier et qu'il
s'en va à la chasse au petit gibier, j'ai drôlement l'impression
que les agents de conservation... L'arme et la sorte de permis.
Une voix: II leur coupe le cou.
M. Picotte: L'arme et la sorte de permis aussi.
M. Desbiens: Évidemment, la sorte de permis. S'il a un
permis pour le petit gibier seulement. Mais, en tout cas, je reste
sceptique.
M. Picotte: Autrement dit, on ne veut pas se faire dire qu'il
était là pour chasser le petit gibier et qu'il est justement dans
un environnement où il y a du gros gibier. Cela serait trop facile, ce
serait une passoire.
M. Desbiens: Là, il sera pris. S'il diît le petit
gibier, en tout cas, il est pris pareil, sauf que cela va lui coûter
moins cher. (22 h 30)
M. Picotte: Un peu moins cher; cela nous semble
équitable.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: À l'article 32, quand vous arrivez aux amendes,
il me semble que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, si vous me permettez, peut-on nettoyer l'amendement?
L'amendement a-t-il été...?
M. Dufour: Le papillon.
Le Président (M. Saint-Roch): La papillon ou l'amendement.
Remplacer l'article 2? par ce qui suit: "ou 30.1".
M, Desbiens: En tout cas, comme le ministre voudra, c'est lui qui
va avoir' à appliquer cela. Si cela ne va pas, il proposera d'autres
amendements une autre année.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est-il
adopté? M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Je trouve que c'est un trou. Ou il est
présumé chasser le gros gibier ou il ne l'est pas. Avez-vous
déjà vu des cas de gars qui chassent la perdrix en pleine nuit?
Oui?
M. Picotte: Oui. L'article ne dit pas qu'il chasse le gros
gibier, mais dans un endroit fréquenté par le gros gibier.
M. Desbiens: II est présumé chasser le gros
gibier.
M. Picotte: C'est cela.
M. Desbiens: C'est bien cela qu'on dit. Là, vous lui
ouvrez la porte pour dire: Je suis présumé, mais je ne chassais
pas le gros gibier, je chassais le petit.
M. Picotte: Parce qu'il a un permis seulement pour le petit
gibier?
M. Desbiens: J'imagine que ces gens doivent traîner tous
les permis qu'il leur faut pour se sortir du trou. Ce ne doit pas être le
même coût. En tout cas, je vous fais ces
réserves-là.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est-il
adopté?
M. Desbiens: On a décidé qu'il chassait...
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est-il
adopté? M. le député de Jon-quière.
M. Dufour: Je vais vous donner un exemple près de
Lac-Bouchette où les gens pouvaient débarquer du train de
voyageurs et le camp où ils allaient était à environ trois
milles. L'endroit où la personne débarquait du... La personne
pouvait voyager, mais comme c'était infesté d'ours je n'y serais
certainement pas allé sans arme et sans éclairage. En tout cas,
je ne sais pas de quelle façon cette personne aurait pu être
prise; il y avait des pièges à ours à Tannée
longue. Comment auriez-vous interprété cela, M. le ministre, par
rapport à votre article?
M. Desbiens: II y a beaucoup de camps dans ce coin-là,
à part cela.
M. Dufour: Cela arrive.
M. Picotte: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Je l'ai mentionné, on fait un choix. On n'est
pas, à cause d'un cas précis, bien limité, pour
s'empêcher de déceler des braconniers dans tout le Québec
à cause de cela. Il y aura toujours des cas particuliers. On
espère que nos agents de conservation auront le jugement
nécessaire et le discernement - je n'en doute pas - pour être
capables de l'évaluer. Il n'y a pas d'autre solution que
celle-là.
Une voix: Ce sont des cas limites. M. Picotte: C'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est-il
adopté?
M. Desbiens: Oui, M. le Président. Le Président (M.
Saint-Roch): Adopté?
M. Desbiens: Oui, oui. Le ministre ira le débattre en
cour.
M. Picotte: C'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous revenons maintenant
à l'article 32. Y a-t-il des interventions à l'article 32?
M. Desbiens: À l'article 12, M. le Président, il y
a toute la question de l'ampleur des sanctions que j'ai déjà
soumise au ministre. Comme je lui ai dit lors de l'étude du principe de
la loi, je suis et je demeure convaincu que ce sont bien plus les
décisions qu'il a prises, et pour lesquelles je le félicite, de
se lancer dans une campagne d'information et d'éducation, d'augmenter le
nombre des agents, de leur donner tous les moyens qu'il faut, que l'ampleur des
sanctions. S'il juge malgré tout que cela en prend... Je suis d'accord
que cela prend des sanctions, c'est sûr, mais de cette ampleur! Je
rappelle ce que je disais aussi dans mon discours lors de l'étude du
principe, c'est l'espèce de débalancement qu'il y a avec
certaines autres lois pour des infractions. Je rappelle l'exemple que j'ai
cité: voie de fait, dans le Code criminel, sur une personne, un
être humain, c'est 2000 $ d'amende et six mois de prison. Ici, pour avoir
voulu chasser le gros gibier ou être trouvé en possession d'une
arme à feu dans le bois, un projecteur, il peut avoir, en
récidive, jusqu'à... C'est là que les 13 500 $
s'appliquent? Non, c'est celui de 3600 $. Mais c'est quand même 3600 $.
C'est cette espèce de débalancement
que...
M. Picotte: Je pense qu'il faut que le député se
souvienne bien ce que c'est. C'est entre 1200 $ et 3600 $.
M. Desbiens: Entre 1200 $ et 3600 $.
M. Picotte: Le juge qui donne 1200 $ donne 1200 $. J'imagine que
lorsqu'on donnera le maximum, c'est parce que cela sera sans doute des
incorrigibles ou qu'on sera en mesure de faire la preuve que c'est vraiment
odieux.
Une voix: Le code de la route est moins odieux que cela.
M. Picotte: Oui, c'est possible.
M. Desbiens: Dépasser un autobus scolaire...
M. Picotte: Le code de la route n'a pas la même chance.
Vous savez, il y a bien plus de chances qu'un individu, au Québec, qui
est toujours sur la route se fasse arrêter plus souvent que quelqu'un qui
décide d'aller braconner et qui va dans le bois. Je pense que ce n'est
pas la même ampleur. De toute façon, pour ceux qui sont
scandalisés par mes amendes, vous avez pu remarquer, d'abord, qu'on
n'est pas la province qui innove dans ce domaine, il y a d'autres provinces au
Canada qui ont des amendes beaucoup plus substantielles que celles-là.
On voyait dernièrement que le gouvernement fédéral voulait
modifier la loi sur la faune pour aller jusqu'à 150 000 $ d'amende dan9
le cas du braconnage. Alors, je vous assure que je ne suis pas trop
gêné avec mes petits 13 500 $ dans le cas de récidive. On
parle de cas de récidive. En plus, on ne parle pas de cas ordinaires. On
parle de quelqu'un qui se fait prendre à quelques reprises. C'est de la
récidive. Je ne suis pas gêné si je compare cela avec ce
qui se passe dans d'autres provinces canadiennes...
M. Desbiens: Son deuxième orignal lui coûte 13 500
$.
M. Picotte: ...et avec ce que le gouvernement
fédéral veut faire comme amendement. Je suis persuadé, M.
le député, que j'ai besoin de tout ça. Trop fort ne casse
pas. J'ai besoin de tout cela pour donner un coup de barre pour enrayer le
braconnage qui est épidémique au Québec. J'ai besoin
à la fois des amendes sévères; j'ai besoin à la
fois d'une bonne campagne d'information et d'éducation; j'ai besoin
d'avoir des agents additionnels au service de la faune. C'est tout cela que je
fais.
M. Desbiens: M. le Président, avant de passer la parole
à ma collègue, je reste toutefois convaincu que, oui, il faut des
sanctions. Elles doivent être proportionnées. S'il y a une
amélioration par rapport au braconnage au Québec, je pense que
cette amélioration proviendra beaucoup plus des autres mesures que le
ministre a mises en marche déjà. Il n'avait pas besoin de la loi
153 pour faire cela. Je reviens surtout là-dessus. C'est qu'il y a un
débalancement. Quand il nous donne l'exemple de 150 000 $ que le
ministre fédéral a annoncé, il faut bien voir à
quelle sorte d'animaux cela s'adresse aussi. C'est d'abord dans des parcs et
des réserves. C'est 20 000 $ pour un faucon qui est en voie de
disparition complète. Il me semble que les 150 000 $ sont pour la
capture de certains trophées, mais cela s'adresse à que! animal
déjà? Je pense que c'est le boeuf ou le mouflon. Est-ce possible?
C'est pour la tête d'un mouflon dans un parc national. Quelqu'un qui
braconne peut aller se chercher 50 000 $, comme le ministre le disait. Il peut
vendre cela 50 000 $ sur le marché noir. Alors, qu'il y ait une amende
de 150 000 $ pour une espèce en voie de disparition comme cela, à
l'intérieur d'un parc national en plus... Je comprends que 150 000 $,
c'est beaucoup d'argent, mais en tout cas, si c'est nécessaire pour
sauvegarder une espèce... Là, c'est pour la chasse
régulière de gibier, celui dont la chasse est permise durant
certaines périodes, en tout cas. Mes remarques sont faites
là-dessus. On ne se battra pas là-dessus à n'en plus
finir, mais ces remarques restent les mêmes. Ma conviction n'est pas
changée.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Desbiens: J'aurai une autre question. Mes collègues
vont intervenir et je reviendrai plus tard.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: En fait, j'écoute beaucoup le ministre qui nous
dit que ça lui prend toutes ces amendes pour pouvoir contrôler, en
s'appuyant sur le code de la route qu'on a étudié la semaine
passée où les amendes sont moins élevées. En fait,
pour le code de la route, cela dépend de la philosophie et de l'approche
qu'on a par rapport à une action qu'on veut faire. Dans le cas de la
route, c'est évident qu'on peut prendre plus de monde car les gens sont
plus souvent sur la route, sauf que le but d'émettre des amendes ou de
faire des règlements, ce n'est pas seulement de prendre le monde, c'est
d'espérer que les gens deviennent suffisamment éduqués
pour empêcher que ces faits ne se produisent.
Une des meilleures façons d'empêcher que cela ne se
produise régulièrement, c'est la présence de corps
policiers sur la route, comme c'est la présence d'agents de conservation
dans le milieu. À ce moment-là, j'ai l'impression qu'on va
peut-être en prendre moins, mais on va atteindre le but qu'on recherche,
c'est-à-dire empêcher le braconnage et le pillage dans les
forêts. Je pense qu'il n'y a pas de gêne, on peut employer les
mêmes mots que le ministre emploie. Qu'est-ce qu'on cherche avec les
amendes extrêmes dont on parle? On cherche, à mes yeux,
des actions punitives au lieu d'actions qui puissent améliorer la
qualité de vie, qui puissent améliorer aussi l'attitude des gens
et leur comportement.
On part de petites amendes. Évidemment, il y a des amendes de
1000 $; ce n'est peut-être pas suffisant, mais de 1200 $ à 3600 $,
c'est quelque chose. Il ne faudrait pas que la personne soit obligée de
payer 3600 $. Dieu sait s'il y a des gens qui ne sont pas respectueux de la
nature! Vous savez, il y a des gens qui auront le moyen de payer ces amendes.
Ils vont peut-être se le permettre et dire: Nous autres, cela ne nous
fait rien. On va le faire. Mais il y a des gens qu'on connaît et qui
veulent arrondir leur fin de mois. C'est à réprimer, ce n'est pas
acceptable de faire cela. Mais que voulez-vous? Le
Québécois c'est ça, c'est le gars qui amène cela au
bord de la barrière. Il est prêt à faire ce qui n'est pas
correct.
Mais des amendes aussi élevées, c'est de nature non pas
à dissuader les gens, mais à les amener à être
encore plus radicaux par rapport à des actions semblables. Cela ne les
empêchera peut-être pas de le faire, mais ils vont le faire encore
plus ou sur une plus grande échelle. Je pense que le but qu'on cherche,
c'est d'empêcher les gens par des amendes aussi élevées.
Mais cela aura peut-être l'effet contraire. Quand on est intransigeant
dans des règlements ou des lois, cela amène souvent une action
plus radicale de l'autre côté. Ce n'est pas nécessairement
ce qu'on recherche. On a pensé ajuster les amendes par rapport à
ce qui existait. Je pense que oui, je pense que l'Opposition serait prête
à accepter cela, mais pas à aller aussi loin.
Il faut penser que l'automobiliste, quand il est arrêté ce
n'est pas pour rien. Ce n'est pas seulement par caprice qu'on propose un code
de la route, c'est parce qu'il y a un danger pour la vie des autres, pas pour
la vie des animaux. Je crois bien que les animaux, c'est important, mais pas
autant que la vie des citoyens du Québec. En ce sens, je pense que le
ministre pourrait certainement concourir à ce qu'on puisse accepter, en
baissant un peu les amendes. Ce qui ne l'empêcherait pas de faire
respecter sa loi, en ajoutant sûrement des agents de conservation, en
incitant et en éduquant plus les gens au respect de la faune.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de... Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je porte encore une jupe. En fait, pour corroborer
un peu les dires de mes deux...
Une voix: Tu n'écoutes pas même si tu fais
semblant.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: C'est cela. J'allais corroborer les dires de mes
deux collègues.
M. Picotte: Vous auriez pu commencer de cette façon.
Mme Vermette: Bien, voyez-vous, je ne voulais pas que vous en
perdiez.
M. Picotte: Avec vous, il n'y a rien d'impossible.
J'écoute et je n'écoute pas toujours.
Mme Vermette: Non, M. le ministre...
M. Picotte: Comme vous m'aviez dit que vous ne connaissiez pas
bien cela, vous me permettrez de sauter quelques phrases.
Mme Vermette: Je pourrais vous dire par contre que, de plus en
plus, c'est comme au début d'une forêt, on commence à y
pénétrer sur la pointe des pieds et, à un moment
donné, on s'apprivoise. Plus on y va, plus on s'aperçoit que le
climat est assez accueillant et on finit par se défendre et comprendre
ce qui se passe à l'intérieur de la forêt.
M. Picotte: Allez, soyez à l'aise,
pénétrez.
Mme Vermette: Pardon?
M. Picotte: Soyez à l'aise, pénétrez.
Mme Vermette: Dans la forêt?
M. Picotte: Certainement. (22 h 45)
Mme Vermette: II y a toutes sortes de sauvages. À ce
moment-ci, au sujet des amendes, j'écoutais mes collègues parler
et je me disais: Mon doux! Ici, au Québec, quand on regarde l'espace, le
territoire, qui est vraiment un territoire de forêt, où les colons
étaient vraiment des trappeurs et ce sont nos ancêtres, c'est
vraiment la trappe, ce qui a fait notre réputation depuis les
débuts de la colonie. Il y a toute une pratique qui s'est
développée. Je ne parle pas en tant que citadine, parce que c'est
vrai que cela n'a jamais été vraiment une des
préoccupations. Mais je parle pour l'ensemble des gens qui sont
habitués d'habiter un vaste territoire de chasse ou de pêche; cela
fait partie de leur patrimoine, cela fait partie de leur acquis. C'est
culturel. Cela fait partie de la culture; cela fait partie du folklore
même.
Effectivement, on a toujours été reconnu comme
étant un peu délinquant. On a de la difficulté à
faire respecter nos lois. Mais je ne crois pas que c'est par des sommes
phénoménales en ce qui concerne les contraventions qu'on puisse
arriver à développer des comportements beaucoup plus adultes,
beaucoup plus responsables. Il faut faire des nuances.
On a parlé tantôt d'espèces vraiment
menacées, en voie de disparition. À mon avis, pour ces questions,
c'est beaucoup plus important d'être plus sévère dans nos
prises de position. Mais en ce qui concerne une activité qui
était presque considérée comme étant une
façon de se nourrir et qui faisait partie de la tradition, à mon
avis, il faut y aller avec certaines réserves. Il faut punir les
coupables, ceux qui le font d'une façon éhontée sans tenir
compte de ceux qui sont respectueux des lois et des règlements.
Par contre, je ne sais pas si cela va apporter les effets qu'on
recherche. Je ne sais pas si on peut dire que c'est pour rejoindre les
très gros braconniers. J'imagine que pour eux, les très gros
braconniers, pour ce que cela peut rapporter, je ne connais pas la dimension ou
la proportion que cela peut avoir comme incitatif à la
réprobation de certains gestes. Je suis toujours un peu
réfractaire à ce genre d'action.
J'aime beaucoup votre première orientation, M. le ministre, quand
vous parliez d'éducation. Je pense que cela s'inscrit pour les
tout-petits, quand on est jeune, le respect de la nature, le respect des
animaux et le respect de notre patrimoine faunique. Je pense que cela
développe des gestes plus responsables et beaucoup plus adultes. Cela
permet aux gens de pouvoir pratiquer leurs sports et de ne pas se sentir
continuellement brimés dans leur liberté.
Je regarde les lois et, plus on s'en va, on est tellement conservateur
dans ces lois, tellement restrictif, que je me dis: Mon doux! À un
moment donné, on va se sentir brimé dans nos libertés les
plus fondamentales. Vous savez fort bien, comme moi, que d'après nos
racines, d'après nos sources, nous sommes de bons colons qui ont
vécu de la trappe et de la chasse depuis le tout début de la
colonie. Cela fait partie de notre culture et cela fait partie de ce qui fait
qu'un bon Québécois est ce qu'il est.
Une voix: Un coureur des bois.
Mme Vermette: Un coureur des bois. C'est vraiment cela qui fait
qu'on a toujours été délinquant jusqu'à un certain
point; et cet esprit d'indépendance et d'autonomie.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée.
M. Picotte: M. le Président, on aura beau faire toutes les
comparaisons avec le début de la colonie, on n'avait pas les mêmes
techniques, les mêmes sortes d'arbres. Je ne suis pas gêné
du tout, mais d'aucune façon, de brimer la liberté d'un
braconnier qui ne respecte même pas le patrimoine des
Québécois et des Québécoises. Quand on sait qu'un
orignal braconné coûte à l'Etat entre 5000 $ et 8000 $ et
qu'on se met à parler d'amendes de 1200 $ à 3600 $ dans le cas de
récidive, je pense que ce n'est pas exagéré qu'un
braconnier défraie la moitié de ce qu'a coûté
à l'État le fruit de son braconnage.
Deuxièmement, M. le Président, je ne suis pas encore
gêné, parce que j'ai ici un mot qui nous mentionne qu'en
Saskatchewan, entre autres, pour une première infraction, c'est 25 000
$. "In May of 1986, the maximum fine for trafficking in wildlife was raised to
25 000 $."
Mme Vermette: Est-ce qu'on peut avoir la traduction
simultanée?
M. Picotte: Avec la possibilité de deux ans de
prison...
Le Président (M. Saint-Roch): "Wildlife", c'est toute la
nature sauvage.
M. Picotte: "Wildlife", c'est toute la nature sauvage.
Le Président (M. Saint-Roch): Toute infraction de
braconnage contre des animaux vivant en milieu sauvage, c'est 25 000 $.
M. Picotte: Toute infraction de braconnage, "wildlife", c'est 25
000 $ avec un maximum de deux ans de prison, M. le Président. C'est ce
qui existe ailleurs. Je pense qu'il faut se conscientiser en ce sens que c'est
un patrimoine faunique qui, malheureusement, trop souvent, est... Vous savez,
il y a des gens qui se vantent d'avoir braconné entre 50 et 60 orignaux
- c'est public - dans l'année. On ne sera jamais assez punitif et
dissuasif pour ces gens. Tant mieux si, effectivement, notre éducation
vient à bout de convaincre cette personne. Avant d'arriver à
parfaire son éducation comme cela devrait être, je pense qu'il
faut à tout prix prendre des mesures exemplaires. C'est cela que fait le
projet de loi, c'est
d'avoir des mesures exemplaires.
C'est bien évident que si j'avais 1200 agents de conservation,
peut-être que je serais moins porté à avoir des amendes
moins sévères. Qu'est-ce que vous voulez? On doit se rendre
à l'évidence qu'en 19?6 il y avait 500 agents de conservation au
Québec. En 1985, il y avait environ 300 agents de conservation au
Québec. On veut essayer et je pense qu'on va réussir à
monter cela à 500. Compte tenu des années, on devrait en avoir
beaucoup plus que cela. La conjoncture budgétaire ne nous permet pas
d'en engager jusqu'à 800 ou 900. D'ici ce temps, cela prend une bonne
campagne d'éducation, cela a été annoncé, et il
faut au moins revenir au même nombre d'agents de conservation qu'il y
avait il y a dix ans.
Je pense que ce n'est pas un luxe ni une exagération. Il y a un
effort de fait de ce côté, c'est de mettre des amendes
dissuasives, c'est ce que je tente de faire et je dois vous dire que je ne suis
pas gêné de cela et je maintiens ma position.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 32? M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Le ministre a droit à son opinion
là-dessus. La philosophie, de notre côté, est
différente. On continue, et on est convaincu que les meilleures mesures
que le ministre va prendre pour combattre le braconnage, ce sont celles qu'il a
déjà annoncées à ce moment-ci. Ajoutez à
cela des infractions, encore une fois... J'arrive à une question:
Qu'est-ce que cela rapporte à un braconnier de vendre un
orignal? Est-ce qu'il y a des statistiques
là-dessus? Est-ce que c'est connu? Comment peuvent-ils vendre
un orignal comme cela?
M. Picotte: Cela devient bien difficile à dire. C'est du
marché noir.
M. Desbiens: C'est bien difficile à évaluer. Cela
dépend de la grosseur, cela dépend de bien des choses. C'est du
marché noir.
M, Picotte: S'il y a 300 livres de viande, en supposant qu'il
vende...
M. Desbiens: J'imagine qu'ils ne peuvent pas vendre cela
tellement plus cher qu'un boeuf.
M. Picotte: S'ils vendaient seulement cela 1 $ la livre, pour 300
livres de viande, c'est 300 $.
M. Desbiens: II va vendre cela au prix du boeuf, cela doit
être plus cher que cela.
M. Picotte: Je fixe un minimum. On me dit que, d'après
certaines enquêtes, une fesse d'orignal, on vend cela sur le
marché noir 500 $. Comme le député d'Ungava parlait des
fesses d'en avant et des épaules d'en arrière, il y a quatre
quartiers, on parle d'environ 2000 $. Je crois que 1200 $ de
pénalité, ce n'est pas trop exagéré.
M. Desbiens: Environ 2000 $.
M. Picotte: C'est ce que te député d'Ungava disait.
C'était une erreur. Compte tenu qu'un orignal peut rapporter 2000 $ et
qu'on a 1200 $ d'amende, c'est bien sûr qu'il va peut-être
continuer à rire un peu de nous.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 32?
M. Desbiens: Dans un cas de récidive, est-ce que les
amendes...
M. Picotte: Plus vous me donnez d'exemples, j'ai même envie
d'apporter un papillon pour remonter cela.
M. Desbiens: Vous avez le droit, M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: C'est votre droit le plus strict. Cela, ce sont des
amendes strictement à l'égard du gibier. Est-ce que c'est la
même chose concernant le poisson?
M. Picotte: Oui.
M. Desbiens: Le poisson aussi. Dans le cas des infractions
commises, par exemple, à l'intérieur des ZEC, les ZEC engagent
des agents de conservation auxiliaires et ce sont les mêmes
pénalités, mais est-ce que le ministre a envisagé, par
exemple, comme son collègue du ministère des Transports en ce qui
concerne le code de la route, de laisser les amendes aux ZEC?
M. Picotte: Envisagé quoi, dites-vous?
M. Desbiens: Les infractions commises dans les ZEC, est-ce que le
ministre a envisagé de faire comme le ministre des Transports et de
laisser l'argent des amendes aux ZEC?
M. Picotte: Non, M. le Président.
M. Desbiens: Vous êtes moins généreux que le
ministre des Transports.
M. Picotte: C'est ça.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Dans le fond, je pense qu'on va revenir un peu... On
ne passera peut-être pas la nuit là-dessus. Quand je regarde vos
propres paroles, dans la Presse du 11 septembre, vous disiez, à ce
moment-là: "Le braconnage est une maladie contagieuse et des amendes
mêmes fortes ne règlent pas toujours le problème. Lorsque
le braconnier n'est pas capable de payer, on le condamne à des travaux
communautaires." C'est encore beau que ce ne soient pas des travaux en
forêt, Donc 3600 $ de travaux communautaires, le gars va travailler,
ça va lui donner une "job". Là, on va régler... Bien oui,
mais la municipalité...
Une voix: ...
M. Dufour: ...dans le fond... Il faut regarder la façon
dont les gens vivent c'est vrai. La députée de Marie-Victorin
parlait tout à l'heure des gens qui vivent en forêt. Nous, on
connaît ça, il n'y a pas une municipalité qui n'a pas de
forêt près de la ville; de temps en temps, il s'échappe un
orignal, il vient en pleine ville. Je ne sais pas s'il vient magasiner, c'est
peut-être à cause du Père Noël, mais on voit cela.
M. Picotte: C'est un apport économique.
M. Dufour: II vient parfois des orignaux dans nos villes en plein
été, et il y a du monde, et il y a des espaces. Vous connaissez
la région où vous êtes, cela doit se produire aussi parce
que ce n'est pas la moins pourvue en gibier. Je sais que c'est une bonne
région pour le gibier.
C'est évident. On dit qu'il y a beaucoup de problèmes qui
sont causés, il y a des braconniers, mais il reste encore du gibier, et
il ne faut pas le laisser aller. Je pense qu'il y a des mesures correctives qui
se prennent au fur et à mesure, et on réussit à conserver
un certain cheptel qui permet que ce soit encore intéressant pour des
gens d'aller à la chasse ou à la pêche. Je trouve que,
malgré les abus qui se sont produits, on réussit à s'en
sauver. Vous avez une volonté peut-être plus grande de contrer ces
points. J'ai l'impression qu'il y a moyen de le faire en ajoutant des agents,
en augmentant les amendes peut-être pas autant que vous le montrez, parce
que je vous prédis que ce sera difficile. Même si vous avez
l'appui de tous les gens qui écrivent dans la presse sportive pour dire
que ce n'est pas assez, je peux vous raconter le cas d'un type qui était
juge - je ne vous le nommerai pas - et qui était, bien sûr, contre
le braconnage, mais il s'était fait prendre par accident avec 800
truites, en descendant d'avion. Ce n'était pas correct, mais ça
arrive.
Je connais aussi le cas d'un cultivateur... Pensez-vous qu'il a
pensé qu'il faisait du braconnage? Il se réveille un matin et il
y a un orignal sur sa terre. Il dit: Qu'est-ce qui arrive là? Le gars
n'a pas pensé: Est-ce que c'est correct ou pas? Il a sorti son fusil et
il a "planté" l'orignal. Cela se fait. Vous arrivez et vous dites:
Qu'est-ce que vous avez fait là? 1200 $ ou 3600 $ d'amende. Dans le
fond, il y a des gens qui n'y ont pas toujours pensé. Savez-vous ce que
c'est, quelqu'un qui a la fièvre du "buck", comme on dit? Les gens
partent à la chasse et ils ne voient plus clair. Je pourrais vous en
raconter, j'ai entendu conter beaucoup d'histoires de chasse et de pêche.
Je ne suis jamais allé à la chasse, pour votre information, mais
j'ai vu des gens... Il y en a qui ont de l'Indien. Je connais un cas où
des garçons avaient presque peur de leur père lorsqu'il avait
tué un orignal à cause de la façon dont il se comportait.
C'était une espèce de fièvre qui s'emparait de lui. Je
vous dis carrément qu'avec des agents de conservation un peu plus
nombreux sur le territoire, avec des amendes ajustées, en
considérant aussi ce qui se passe dans le Code de la
sécurité routière où il peut y avoir du danger pour
la vie des citoyens...
Justement, le député de Matapédia a assisté
à la commission qui étudiait le code de la route et on n'a pas eu
ce montant d'amende. Moi, je vous dis: C'est évident que vous pouvez
prendre les lois et décider ce que vous voudrez mais je vous dis
honnêtement, avec le peu d'expérience que j'ai dans ces domaines,
que je trouve le montant de l'amende très élevé par
rapport à ce qui existait auparavant.
M. Paradis (Matapédia): M, le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Je vis aussi dans une
région où on fait beaucoup de braconnage, où on fait
beaucoup de chasse et de pêche. Il y a même des villages où,
si tu n'es pas braconnier, tu n'es pas un bon citoyen. C'est pour vous dire
à quel point cela a pu se développer et que cela peut être
contagieux, comme le ministre le disait. À cet égard, si on
veut... Comme le disait si bien votre collègue, le député
d'Ungava, ce matin, avec toutes les possibilités pour la chasse
aujourd'hui d'assouvir l'instinct de tueur qui peut exister chez certains de
nos concitoyens, il y a mille et une façons d'assouvir ce besoin, que ce
soit en allant à l'île d'Anticosti, que ce soit en allant dans des
pourvoiries de toutes sortes. Il nous a expliqué en long et en large de
quelle façon un chasseur pouvait se prévaloir des droits de faire
de la chasse légalement en quantité
et en qualité. Je dis simplement que, si on veut continuer
à faire de la chasse et de la pêche, et continuer à en
faire pour un bon bout de temps et non pas, à courte vue, d'assouvir
l'instinct que peuvent avoir développé certains de nos
concitoyens, je pense qu'on doit réglementer sévèrement
cette chasse et cette pêche. Compte tenu des amendes qui peuvent
être plus ou moins élevées, c'est relatif, selon le point
de vue où on se place, je pense que la crainte d'avoir une amende est le
début de la sagesse. À cet égard, nous ne pouvons que
soutenir tel que libellé l'article 32 du projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Tout ce que je peux dire, c'est que je
préfère... Nous amendons la loi présentement, nous y
incluons ces articles. Si dans huit mois, dix mois, un an, nous en arrivons
à conscientiser les Québécois et les
Québécois sur le problème du braconnage, si nous changeons
la mentalité et améliorons l'éducation des
Québécois et des Québécoises vis-à-vis de la
protection du patrimoine faunique, il y aura toujours moyen de revenir et de
diminuer le montant des amendes. Pour l'instant, je suis persuadé que
j'ai besoin de tout cela pour être capable de donner rapidement un coup
de barre et de changer cette mentalité. C'est la raison pour laquelle je
le propose dans mon projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui. N'aurait-il pas mieux valu attendre
l'étude en cours sur le profil socio-économique des braconniers
par l'école de criminologie de l'Université de
Montréal?
M. Picotte: Mme la députée, on a attendu une foule
de choses depuis dix ans. Depuis dix ans, on a dit: Il faut ouvrir les
territoires aux Québécois et aux Québécoises, cela
appartient aux Québécois et aux Québécoises. On
croit que les Québécois et les Québécoises sont
plus conscientisés, sont plus adultes. C'est le discours qu'on a entendu
depuis dix ans. On a dit: Il faut faire en sorte d'être plus permissif.
On a été plus permissif aussi. En 1983, on a rendu la loi
beaucoup moins sévère et on a dit: Les Québécois et
les Québécoises sont capables de comprendre que c'est un
patrimoine qu'ils doivent conserver tant au point de vue économique
qu'à tous les autres points de vue. J'ai entendu une foule de gens dire:
Tout le monde va vouloir que leurs petits-enfants et leurs
arrière-petits-enfants voient un orignal dans le bois plutôt qu'en
photo.
On a fait toute cette discussion. On en est arrivé à une
épidémie, à un surplus de braconnage. C'est pour cela que
vous me voyez présentement prendre des mesures sévères.
Quand on sera certain que les Québécois et les
Québécoises seront conscientisés à ce sujet, on
verra si on doit diminuer la sévérité de la loi. Mais,
pour l'instant, je reste convaincu que c'est nécessaire et je vais
prendre les moyens nécessaires pour faire adopter ces mesures devant la
Chambre si...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je reviens avec le profil socio-économique
que peut représenter le braconnier pour savoir s'il n'y a pas une
relation de cause à effet. Ce sont peut-être des gens qui sont
sans emploi aussi et cela serait peut-être important de leur créer
des emplois. Peut-être qu'ils n'auront pas...
Une voix: Ils n'ont pas quorum.
Mme Vermette: Est-ce pour le quorum ou est-ce un vote?
Une voix: C'est un vote? Des voix: C'est un vote?
Une voix: Je ne pense pas que ce soit pour un vote.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui. La cloche sonne
maintenant appelant les parlementaires pour un vote. La commission de
l'aménagement va suspendre ses travaux jusqu'à la fin du
vote.
(Suspension de la séance à 23 h 6)
(Reprise à 23 h 29)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend maintenant ses travaux. Au moment de la
suspension, nous en étions à l'article 32 tel qu'amendé.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article 32?
Mme Vermette: À un moment donné, j'avais
posé une question au ministre. Il a peut-être des connaissances
sur certains points, mais en ce qui concerne la personne humaine ou le
comportement humain, il y a peut-être des personnes qui ont plus de
connaissances ou, en tout cas, qui s'attardent davantage au comportement
humain. C'est à ce sujet que je m'adressais au ministre vu qu'il y avait
une étude qui a été entreprise par le département
de criminologie de
l'Université de Montréal sur le profil
socio-économique des braconniers, pour expliquer justement ce
comportement. Je me demande, vu les circonstances et surtout dans les
régions où cela fait partie d'une tradition, de la culture des
gens que de chasser, si finalement il n'y a pas des liens, d'une part, entre le
sous-emploi dans ces régions et le braconnage, d'autre part. On n'a pas
fait ces liens.
Je me demandais, dans un deuxième point, comment les juges
réagissaient face à cela, lorsqu'ils ont devant eux des
braconniers? N'ont-ils pas déjà une idée tout à
fait préconçue par rapport à ces braconniers? Est-ce que
ces gens auront un jugement des plus neutres en ce qui les concerne parce,
déjà, on tend à démontrer que ces gens sont presque
des criminels ou, en tout cas, sont des criminels et qu'il faudrait vraiment
leur donner des peines très sévères? J'ai l'impression que
c'est presque un incitatif à ce que ces gens soient perçus avec
beaucoup d'intolérance de la part des gens qui auront à les
juger.
Or, ce sont des points d'interrogation qui sont restés en
suspens. Je ne sais pas si, finalement, avec les sanctions qu'on est en train
d'établir, cela va réhabiliter l'image que l'on peut se faire du
braconnier. Effectivement, sont-ils si criminels que cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Pour répondre à un
certain nombre de ces interrogations, il faudrait peut-être se demander
aussi comment il se fait que nos braconniers ou nos chasseurs qui vont sur les
territoires gérés par une autre province, telle le
Nouveau-Brunswick, observent les lois. Ne se disent-ils pas que les mesures
sont très coercitives et les punitions beaucoup plus lourdes? Ils
respectent la loi. Mais, quand ils arrivent sur le territoire du Québec,
ils se sentent plus libres et font du braconnage beaucoup plus ouvertement. Il
faut vivre en région pour s'apercevoir à quel point c'est
vrai.
Chez nous, on peut aller chasser aussi bien au Nouveau-Brunswick qu'au
Québec. C'est courant d'entendre cela dans les histoires de chasse: II
ne faut pas aller au Nouveau-Brunswick la nuit. Il faut faire attention, on va
se faire saisir notre "jeep". On va se faire saisir nos carabines. On risque
même la prison. Ils respectent la loi parce qu'elle est coercitive. On
arrive au Québec, on est plus souple, on est plus "lousse" et on ne
respecte pas la loi. Je maintiens ce que je disais tout à l'heure: si la
crainte peut être le début de la sagesse, en même temps
qu'une période d'éducation que l'on aura à faire, je pense
que l'on pourra éventuellement changer les moeurs de nos chasseurs.
Mme Vermette: Vous me faites penser à l'époque
où...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: ...en Nouvelle-France, vers 183?, Arthur Buies
s'élevait énormément contre de tels discours où la
religion avait une incidence très forte et où, finalement, la
règle à suivre, c'était l'intransigeance. Un tel discours
me fait frémir un peu. Cela me fait penser un peu à ce genre
d'attitude.
M. Paradis (Matapédia): Ce n'est pas tellement
intransigeant, si vous voulez préserver le patrimoine du
Québec.
Une voix: ...la révolution.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc. À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaîtî M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: J'attendais que mon collègue ait
terminé. M. le Président, j'ai une remarque à faire
d'abord sur l'intervention de notre collègue de Matapédia, sa
dernière remarque concernant les frontières, le fait d'aller
chasser à l'extérieur. Si on se fait prendre au
Nouveau-Brunswick, il y a l'existence d'une peine nécessaire. Cela ne
sert à rien de... On n'a jamais été contre cela, au
contraire. Est-ce que c'est le fait que la peine existe ou si c'est le fait
d'être sûr de se faire prendre? Une très récente
enquête qui a été publiée il y a quelques jours,
quelques semaines tout au plus, a été faîte par le Bureau
des assurances du Canada concernant les accidents d'automobiles, la loi sur la
sécurité routière, le code, les pénalités,
etc. Elle tirait comme conclusion que ce n'est justement pas la
sévérité de la peine qui empêche un automobiliste
d'outrepasser un règlement, c'est la chance de ne pas se faire prendre.
S'il ne le fait pas, encore là, ce n'est pas l'importance ou l'ampleur
de la sanction qui l'arrête, c'est aussi bien le fait que la peine existe
elle-même et qu'il y a une possibilité de se faire prendre. C'est
comme un enfant, c'est exactement pareil. On est de grands enfants, à
cet égard.
Je voudrais poser une question sur laquelle le ministre est revenu
tantôt. Il y a dix ans, il y avait combien de chasseurs et de
pêcheurs? Avez-vous cette statistique en mémoire?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: On ne connaît pas par
coeur ces statistiques, on pourra les émettre en temps et
lieu.
M. Desbiens: II reste qu'on peut être d'accord pour dire
qu'il y avait beaucoup moins de chasseurs et de pêcheurs.
M. Picotte: II y en avait beaucoup moins et il y avait plus
d'agents de conservation et c'est le contraire qui s'est produit: Plus le
nombre de chasseurs a augmenté, plus le gouvernement a diminué
les agents de conservation. C'est un non-sens.
M. Desbiens: Sur les statistiques des agents de conservation, il
va falloir que le ministre s'arrête un jour pour savoir exactement
combien il y en a. Il a dît encore l'autre jour qu'il y en avait 464,
sans compter les 50 du ministère de l'Agriculture, dont il parle dans
son discours.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: II n'y a rien de sorcier d'avoir des chiffres
différents. Si le député lisait bien ce que je dis, il
verrait que les chiffres ne sont pas différents. Quand je parte d'agents
de conservation, je parle occasionnellement, dans certains cas, des agents de
conservation qui oeuvrent sur le territoire. À d'autres moments, je
parle des agents de conservation qui sont sur le territoire plus le personnel
d'encadrement, c'est un autre chiffre, c'est bien évident, mais les 30,
40 ou 50 personnes qui encadrent, qui travaillent dans les bureaux sont
considérées comme agents de conservation parce qu'elles ont le
titre d'agent de conservation, mais elles ne vont pas faire de patrouille sur
le territoire. C'est exactement ce que je dis. Il n'y a rien de
différent entre les chiffres, il n'y a rien d'inhérent à
cela.
Occasionnellement, je parle des agents de conservation dans leur
totalité et, à d'autres moments, dépendamment des
questions qui me sont posées par les journalistes, je dis qu'il y en a X
sur le territoire à faire des enquêtes et de la patrouille. Il n'y
a rien là-dedans qui puisse être préjudiciable, il n'y a
rien là-dedans qui ne soit pas vrai. La différence, c'est qu'il
faut changer la perspective dépendamment de la question posée au
ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: C'est sans doute vrai que le ministre peut justifier
la série de chiffres différents qu'il nous donne, mais pourvu que
l'on compare toujours les mêmes choses. Quand il a dit qu'il y avait 500
agents de conservation, est-ce qu'il voulait dire que ce n'était que des
agents de conservation qui agissent sur le territoire ou si cela incluait aussi
les cadres? Il a dit qu'en 19?6 il y avait 500 agents. Qu'est-ce que cela veut
dire, 500 agents à ce moment-là, et 464 plus 50, soit 514
aujourd'hui? C'est juste pour pouvoir comparer des choses. On ne peut comparer
des tomates et des bananes; il s'agit de comparer les mêmes choses.
D'une année à l'autre, selon les officiers mêmes du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, depuis dix ans,
le taux de braconnage n'a pas tellement augmenté et n'a pas tellement
varié. S'il y a deux fois plus de chasseurs et de pêcheurs, cela
veut dire qu'il y a eu une amélioration. Ce que le ministre a dit
tantôt, en mentionnant qu'on a ouvert les territoires aux
Québécois et qu'ils se sont mal conduits, selon lui, s'il y a eu
je ne sais trop combien de chasseurs de plus - 50 % ou 100 % - s'il n'y a pas
plus de braconnage, d'une année à l'autre, la situation s'est
quand même améliorée. Il y a eu une amélioration
quelque part et une éducation s'est faite progressivement. Je pense que
les ZEC, entre autres, ont été des éléments
très positifs en ce sens.
J'aurais deux autres points. Je pose encore une question au ministre. Il
nous a dit, évidemment, que son projet de loi a été soumis
au contentieux du ministère de la Justice - c'est bien cela - mais
concernant l'importance des amendes, le ministre n'a fait aucune remarque sur
la distinction entre une amende pour infraction au Code de la
sécurité routière - ce sont des exemples que je
mentionnais - de 200 $ ou 300 % pour doubler un autobus scolaire, une amende de
2000 $ au Code criminel et une amende de 3600 $ pour tuer un orignal. Il n'a
fait aucune remarque sur - comment appelle-t-il cela? - l'économie des
lois.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, je dirai au
député de Dubuc qu'il y a eu des questions de posées par
le ministère de la Justice et qu'il a fallu démontrer
l'importance de la situation pour qu'il accepte cela. Il a fallu
démontrer l'importance de la situation. Quand le député de
Dubuc dit qu'il n'y a pas plus de braconnage, je pense qu'il n'y a jamais
personne qui lui a dit cela. Ce qu'on lui a dit, c'est qu'il y a plus de
braconnage qu'avant, sauf que les infractions constatées par nos agents
de conservation n'ont pas augmenté parce qu'ils n'avaient pas de pouvoir
entre les mains pour ce faire. La loi a été tellement
diluée en 1983 qu'ils n'avaient plus de pouvoir pour constater des
infractions. Ils n'avaient même pas le droit d'aller perquisitionner. Ils
n'avaient même
pas le droit d'aller vérifier dans un coffre d'auto pour voir
s'il y avait du gibier, s'il y avait du braconnage. C'était la loi. Ils
n'avaient pas le droit de faire cela. C'est bien sûr qu'ils
n'étaient pas capables de faire de preuve. N'étant pas capables
de faire de preuve, ils laissaient passer les braconniers.
Je vous ai dit et je vous ai répété qu'on a
dénombré durant une période de trois mois, dans la seule
région de l'Estrie, au moins ?00 chevreuils braconnés. On a
dénombré ?00 chevreuils braconnés dans une petite
région, aux frontières des États-Unis, du Vermont. Dans
une seule petite région, on a dénombré ?00 chevreuils
braconnés en l'espace de trois mois. Et on dit qu'il n'y a pas de
braconnage. Sauf qu'il n'y avait pas moyen de faire de causes, c'est bien
évident, parce qu'on ne défendait pas l'utilisation du "jack", du
fameux "spotlight"; excusez l'expression, mais c'est ainsi qu'on l'appelle. Je
vous ai dit de quelle façon c'était organisé. Dans la
première auto, il y avait le conducteur et deux personnes assises en
arrière qui, avec des "jack", éclairaient le gibier. Donc, on ne
pouvait pas les arrêter car ils avaient des "spots", mais pas de
carabine. Dans la deuxième auto qui suivait, ils n'avaient pas de
"spot", ils avaient des carabines et tiraient. Et dans la troisième auto
qui suivait un peu plus loin, on ramassait le gibier. Organisés comme
cela, l'agent de conservation n'avait pas les outils nécessaires pour
faire des causes.
C'est pour cela, M. le Président, qu'on dit qu'il n'y a pas eu
plus d'infractions commises qui ont été acheminées, parce
que les agents de conservation ne pouvaient pas constater d'infractions. On n'a
pas dit qu'il n'y avait pas de braconnage. Il y avait beaucoup plus de
braconnage organisé. La preuve, c'est que les agents de conservation ont
mis des mois à essayer de faire des efforts pour le démontrer.
Vous avez vu les réseaux qui ont été dernièrement
démantelés où tout le monde trouve cela
épouvantable, où on trouve des quantités énormes de
viande. Prenez seulement le cas de deux ou trois personnes qui procèdent
de cette façon-là, qui ont des quantités énormes de
viande et qui la vendent - on a parlé tantôt d'un minimum
d'environ 5 $ - à un prix minimal de 5 $. Croyez-vous que mon amende qui
est de 1500 $ ou 2000 $ va faire en sorte que ces gens-là vont
être pénalisés? Voyons donc! Croyez-vous cela? Le
réseau de braconnage, les braconniers qu'on vise sur le territoire, ce
ne sont pas des gens qui arrivent à une barrière avec seize
truites alors qu'ils ont la possibilité d'en avoir quinze et qu'ils
peuvent s'être trompés en comptant. Ce n'est pas cela qu'on veut
combattre. Ce sont des réseaux organisés qui existent en
quantité, on le sait. C'est cela qu'on veut démontrer, pas autre
chose et pas moins que cela.
M. le Président, je pense que c'est facile à comprendre.
Comme je vous le disais tantôt, on ne fait même pas oeuvre de
pionnier en matière d'amendes. La Saskatchewan est beaucoup plus
punitive en matière d'amendes. Du côté des
États-Unis, le Maine est exemplaire, beaucoup plus que nous, et on y
protège la faune. Et pour le Québécois, justement - je
pense que le député de Matapédia en a fait part
tantôt à juste titre - qui s'en va chasser dans le Maine,
qu'est-ce qui se passe? Il suit la loi. Il la connaît et il s'en
inquiète avant d'y aller, parce qu'il ne veut pas se faire prendre,
parce que c'est épouvantable ce qu'il peut avoir comme amende et comme
punition. On parlait du code de la route, tout le monde sait cela. Les gens
s'en vont aux États-Unis en auto. Par exemple, - et je ne suis pas
certain encore que ce sera suffisant - avant que le gouvernement modifie le
fameux code de la route, dès que les gens arrivaient en Ontario, vous
les voyiez changer complètement de kilométrage parce qu'ils
avaient peur de se faire prendre et ils avaient peur des amendes. (23 h 45)
Le gars qui est aux États-Unis, qui s'en va à Miami, on
sait très bien ce qu'il fait. De quoi a-t-il peur? D'abord, il est
obligé de payer sur le champ. Il est obligé de faire 50, 60 et
100 kilomètres parfois pour aller voir un juge de paix et être
condamné directement. Je vous assure que le même
Québécois, qui ne respecte pas les lois au Québec,
respecte les lois quand il est dans le Maine, respecte les lois quand il est au
Nouveau-Brunswick, respecte les lois quand il arrive en Ontario. C'est tout
cela qu'on veut se donner. Je vous dis bien honnêtement -parlez-en tant
que vous voudrez - que je ne changerai pas un iota de ce qui est là
parce que je suis persuadé, avec tout ce que je sais, que j'en ai
besoin.
Libre à vous. Si vous ne voulez pas qu'on adopte le projet de
loi, on ne l'adoptera pas. On continuera après les fêtes au mois
de janvier, au mois de février, au mois de mars, pas de problème.
Nous allons donner aux agents de conservation les outils nécessaires
pour faire une bonne "job" pour protéger le patrimoine faunique. Tout le
monde me dit qu'il faut l'adopter dans les meilleurs délais. On
l'adoptera à la vitesse que le Parlement voudra l'adopter. Je suis
prêt à l'adopter le plus rapidement possible, point final.
M. Desbiens: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: Le ministre nous a entraînés dans les
comparaisons avec le système routier aussi. L'endroit au monde où
il y a le moins de contraventions et la plus
grande sécurité sur les routes, c'est en Allemagne
où la loi est très permissive, mais où l'éducation
de la population s'est faite. C'est pour cela que je reviens. Il peut bien
garder ses principes de répression. Je dis que c'est toujours la
responsabilisation des citoyens qui est la meilleure éducation, la
meilleure façon de faire respecter les mesures qu'on veut faire
respecter. Le ministre en a fait la preuve lui-même. Il nous a dit
tantôt qu'il y a eu des opérations ces derniers mois. J'en ai vu
passer une foule sur mon bureau où il a pu appliquer la loi. Pourtant,
les amendes étaient encore à 500 $, 200 $ et à 1000 $.
C'est ailleurs, donc, que s'est fait le travail.
Il y a un autre point que je voudrais soulever. Il y a la question de la
répétition, au petit gibier, au gros gibier. Il y a la question
de la récidive, d'accord, les peines augmentent. Dans le cas
d'espèces rares, d'espèces en voie de disparition,
d'espèces menacées, cela double encore. Donc, cela veut dire que
ce serait 2? 000 $ au lieu de 13 500 $. Dans le cas des espèces
menacées, cela doit être très élevé. Il faut
que cela vaille le coup, comme la mesure fédérale qui dit: 150
000 $ pour une tête de mouflon. Si le gars en tire 50 000 $ de profit et
que c'est une espèce menacée en plus, je suis d'accord que la
peine soit en conséquence.
Si, après une récidive, le juge lui impose 13 500 $, comme
le braconnier n'est pas le gars qui s'en va travailler au ministère du
Loisir tous les matins - on ne connaît pas son profil, comme l'a dit ma
collègue tantôt, mais on le connaîtra un jour puisque le
ministre a décidé de faire une étude dans ce sens avec
l'université - c'est sans doute quelqu'un qui n'a pas un revenu
très élevé. Entre payer 13 500 $ et, après une
récidive, probablement un autre 13 500 $, à un moment
donné, qu'est-ce qu'il va faire? Il va prendre le bord de la prison.
Qu'est-ce qui va arriver, à un moment donné, avec tout cela? Les
travaux compensatoires, il y a des limites à cela, etc. On sait que
c'est déjà débordé. Qu'est-ce qu'ils vont en faire?
Ils vont les pendre?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, la loi va s'appliquer.
Quelqu'un qui est condamné par la justice et qui ne paie pas ses
amendes, qu'est-ce qui se passe par la suite? On va saisir ses biens. Il y aura
des travaux compensatoires. Finalement, la justice va s'appliquer tout
simplement. C'est ça qui va se passer. Quand on va saisir ses biens,
j'imagine que cela va faire un peu plus mal. S'il faut saisir le camion de la
personne qui va braconner, peut-être que ça va... J'ai
drôlement l'impression... De toute façon, la loi va s'appliquer
purement et simplement.
M. Desbiens: M. le Président...
Le Président (M, Saint-Roch); M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: On a essayé de faire valoir au ministre ce
qu'on croyait être les meilleures façons. Je suis d'accord en
partie, sauf sur l'ampleur des sanctions à être imposées.
C'est lui qui aura à l'appliquer. Il pourra se rendre compte, au fil des
mois et des années, j'imagine, du bien-fondé ou pas de ce qu'il
tient absolument à mettre en pratique. Vous êtes prêt
à voter? Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 32 tel
qu'amendé est adopté?
M. Desbiens: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 33.
M. Picotte: "L'article 166 de cette loi, modifié par
l'article 26 du chapitre 58 des lois de 1986, est remplacé par le
suivant: "166. Quiconque contrevient: "1° à l'égard de
poissons ou d'animaux autres que le gros gibier, à une disposition de
l'article 30, 34, 38 ou 6?; "2° à une disposition de l'article 26,
39, 41, 45 ou 68 ou d'un règlement adopté en vertu de l'article
29; "commet une infraction et est passible, en outre du paiement des frais,
pour une première infraction, d'une amende d'au moins 200 $ et d'au plus
600 $ et, pour toute récidive dans les 3 ans de la condamnation pour une
infraction à la même disposition, d'une amende d'au moins 600 $ et
d'au plus 1800 $."
L'amendement a pour objet d'augmenter les sanctions lors d'une
première infraction et d'introduire une sanction en cas de
récidive. Dans la loi actuelle on parlait de 125 % maintenant on parle
de 200 $; un maximum de 425 $ dans ta loi actuelle et un maximum de 600 $ dans
le projet que nous étudions. Pour la récidive, il n'y a rien dans
la loi actuelle comme amende. Avec l'amendement proposé, c'est de 600 $
à 1800 %. Également, l'infraction pour possession illégale
de petit gibier a été transformée en infraction moyenne,
soit sous l'article 165.
En ce qui concerne les commentaires, M. le Président, ce sont les
mêmes commentaires que nous avons précisés à
l'article précédent et aux articles suivants quand nous
établirons des cas semblables à cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M, le député de
Dubuc.
M. Desbiens: La différence est strictement pour ce qui
concerne les pénalités, l'ampleur des sanctions, c'est cela?
M. Picotte: C'est cela.
M. Desbiens: Strictement. Maintenant, je me demande quelles sont
les catégories de gros gibier qui sont considérées. Est-ce
que c'est écrit quelque part dans la loi? C'est au début de la
loi?
M. Picotte: Oui. C'est défini dans la loi.
M. Desbiens: Dans les définitions?
M. Picotte: Le gros gibier, M. le Président, c'est
l'orignal, l'ours, le cerf de Virginie, le caribou et le boeuf musqué, y
compris leur genre, leur espèce et leurs sous-espèces.
M. Dufour: Vous êtes allé vite. Est-ce un
"cervelé" ou un cervidé?
M. Picotte: Le cerf de Virginie.
M. Dufour: J'ai compris un "cervelé".
Une voix: Écervelé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Écoutez, M. le Président, je pense
qu'on ne recommencera pas la même discussion. Je ne sais pas si mes
collègues ont des questions à poser ou des remarques à
faire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 33? Est-ce que l'article 33 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 34.
M. Picotte: Article 34. "L'article 16? de cette loi,
modifié par l'article 2? du chapitre 58 des lois de 1986, est
remplacé par le suivant: "16?. Quiconque contrevient: "1° à
l'égard du gros gibier, à une disposition de l'article 2?, 28,
30.1, 34 ou 60, du premier alinéa de l'article 56, du paragraphe 2°
de l'article 5?, du premier alinéa de l'article 69, de l'article ?1 ou
d'un règlement adopté en vertu du paragraphe 1 , 2° ou 3°
de l'article 56; "2° à une disposition de l'article 31 ou 32, du
troisième alinéa de l'article 4?, du premier alinéa de
l'article ?0, de l'article 1?6 ou d'un règlement adopté en vertu
du paragraphe 1° ou 3° de l'article ?3; "commet une infraction et est
passible, en outre du paiement des frais, pour une première infraction,
d'une amende d'au moins 1500 $ et d'au plus 4500 $. "Dans le cas d'une
récidive dans les 3 ans de la condamnation pour une infraction à
la même disposition, le contrevenant est passible, en outre du paiement
des frais, d'une amende d'au moins 4500 $ et d'au plus 13 500 $ et le juge peut
en outre le condamner à un emprisonnement d'au plus un an; "Pour
l'application de la peine prévue en cas de récidive à
l'égard du gros gibier, une condamnation antérieure pour une
infraction à l'un ou l'autre des articles 2?, 28, 31, 32 ou 60 ou du
paragraphe 2° de l'article 5? constitue une première
infraction."
Les amendements proposés à cet article visent trois
objectifs. Ils augmentent les sanctions. Dans la première loi,
c'était comme première infraction 1050 $. C'est maintenant 1500 $
soit 450 $ de plus. II y avait un maximum de 3150 $ dans la loi actuelle; dans
la loi que nous proposons, 4500 $. Récidive: 3150 $ à 5250 $ dans
la loi actuelle; dans l'amendement proposé, je pense, le maximum passe
de 4500 $ à 13 500 $. Alors, le minimum passe de 3150 $ à 4500 $
et le maximum passe de 4500 $ à 13 500 $, et j'ai bien dit dans les cas
de récidives. Il prolonge la durée de récidive de deux
à trois ans. Il crée une présomption de
récidive.
Le projet de loi retient six infractions qui seront
présumées une récidive l'une par rapport à l'autre,
soit la chasse avec un véhicule, un aéronef ou une embarcation,
à l'article 2?; la chasse ou l'action de déranger le gros gibier
dans son ravage à l'article 28; l'usage d'un dispositif pour chasser
à l'article 31; l'usage d'un poison ou d'une autre substance pour
chasser ou piéger, à l'article 32; la capture de gros gibier avec
un piège, à l'article 60 et l'action de tirer à partir
d'un véhicule ou d'un aéronef, à l'article 51, 2°.
Présomption de récidive: cette notion implique qu'une
personne qui commet une infraction donnée et qui a déjà
commis une autre infraction identifiée dans la loi sera punie comme si
elle avait commis une deuxième infraction. Un exemple de la
présomption de récidive serait le cas d'une personne qui commet
une première infraction en chassant dans un ravage et qui, dans les
trois ans de cette condamnation, est trouvée coupable d'avoir
chassé la nuit. Cela, c'est la notion de récidive. Elle sera
alors punie, dans ce deuxième cas, comme si c'était la
deuxième fois qu'elle chassait la nuit.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Cela voudrait donc dire que si quelqu'un est pris
pour une infraction à l'article 2?, il doit subir les peines
prévues et s'il est pris ensuite, je ne sais pas, l'année
suivante pour une infraction à l'article 28, cela devient une
récidive.
M. Picotte: C'est une récidive, si c'est fait en moins de
trois ans... Condamné, pas seulement pris...
M. Desbiens: D'accord. M. Picotte: ...condamné.
M. Desbiens: Pour chacun des articles, donc, peu importe l'un ou
l'autre, ils s'ajoutent l'un à l'autre. Quand on parle d'une infraction
à la même disposition, donc, c'est chacun des articles
mentionnés au premier paragraphe, deuxième paragraphe...
Une voix: C'est cela.
M. Desbiens: Vous ne trouvez pas que dans "une infraction
à la même disposition", le mot "disposition", c'est comme cela
qu'il se définit? "À la même disposition", c'est bizarre.
Je vais prendre l'article 30.1 parce que je sais que c'est la chasse la nuit
avec un réflecteur, c'est-à-dire trouvé avec un
réflecteur et un fusil, la nuit. Il me semble que c'est une
disposition?
M. Picotte: Cela n'est pas visé dans la
présomption.
M. Desbiens: J'ai pris cela comme exemple. Bien oui, l'article
30.1, premièrement, l'article 16?, premièrement...
M. Picotte: La récidive ne s'applique qu'au dernier
alinéa, c'est-à-dire la présomption de
récidive.
M. Desbiens: Au dernier alinéa... Le premier
alinéa, cela va jusqu'à "commet une infraction"? Le paragraphe ou
l'alinéa? C'est quoi votre alinéa? Je comprends que c'est
l'article 16?: "Quiconque contrevient"... jusqu'à "4500 $", n'est-ce pas
le premier alinéa?
M. Côté (Gaétan): Il pourrait y avoir
récidive à tous les articles qui sont aux paragraphes 1° et
2° du premier alinéa, mais pour la présomption de
récidive, c'est seulement à l'égard de certains articles
nommément identifiés au dernier alinéa.
M. Desbiens: Au dernier alinéa, alors les articles 2?, 28,
31, 32, 60... J'avais pris cela à titre d'exemple.
M. Côté (Gaétan): En d'autres mots, par
exemple, l'article 30.1, si une personne chasse de nuit avec un projecteur une
fois et qu'on la reprend une deuxième fois, à ce
moment-là, ce serait l'amende en cas de récidive.
M. Desbiens: Ce serait l'amende...
M. Côté (Gaétan): En cas de récidive,
c'est-à-dire de 4500 $ à 13 500 $.
M. Desbiens: Je comprends moins, là. Vous dites que 30.1,
cela ne s'applique pas à une récidive. Vous dites que les
récidives s'appliquent au dernier alinéa.
M. Côté (Gaétan): La présomption de
récidive s'applique seulement dans le cas de six articles.
M. Desbiens: Vous allez me faire un petit cours de droit:
Qu'est-ce que la présomption de récidive?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Dubuc, je m'excuse. Il est maintenant minuit, j'ai besoin d'un consentement
pour poursuivre les travaux de la commission.
M. Desbiens: Si on pouvait aller plus loin, on pourrait bien
continuer, sauf qu'on ne finira "jamais ce soir, de toute façon.
M. Picotte: On peut terminer cet article-là.
M. Desbiens: On peut peut-être terminer, cela ne me fait
rien. Mais qu'est-ce que la présomption? II y a une distinction
entre...
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, il y a consentement?
Je m'excuse, M. le député de Dubuc. Y a-t-il consentement pour
terminer l'article 34?
M. Desbiens: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Consentement. Me
Côté.
M. Côté (Gaétan): Si je prends un exemple de
chasser avec un véhicule, si je suis condamné une première
fois pour avoir chassé avec un véhicule, l'amende va être
de 1500 $ à 4500 $. Si dans les trois années de cette
condamnation je suis encore, une deuxième fois, condamné pour
avoir chassé avec un véhicule, là ce sera une
récidive et l'amende sera de 4500 $ à 13 500 $. La
présomption de récidive veut dire: si une fois vous chassez avec
un véhicule en 1986 et qu'en 198? vous êtes condamné pour
avoir chassé dans un ravage, on va vous punir
comme si c'était la deuxième fois que vous chassiez dans
un ravage.
M. Desbiens: Cela veut dire... M. Côté
(Gaétan): C'est cela.
M. Desbiens: C'est comme si c'était la même
infraction.
M. Côté (Gaétan): C'est cela. Vous êtes
présumé avoir fait une deuxième infraction alors que c'est
la première fois que vous faites ce type d'infraction. Et les
infractions qui ont été retenues, ce sont les infractions les
plus graves.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 34?
M. Desbiens: Toutes nos remarques précédentes
concernant, évidemment, l'ampleur des sanctions valent toujours et on va
l'adopter sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, l'article 34 est
adopté sur division. J'aurais besoin d'un autre consentement pour
continuer. Il n'y a aucun consentement. La commission de l'aménagement
et de3 équipements ajourne maintenant ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 2)