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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
est réunie, ce matin, aux fins de procéder à une
consultation et à l'étude détaillée du projet de
loi 137, Loi modifiant la Loi sur la Société d'habitation du
Québec.
Une entente est intervenue entre les membres de la commission pour que,
ce matin, nos travaux soient organisés autour d'une consultation
particulière de trois groupes directement intéressés et
concernés par le projet de loi. Ce sont le Front d'action populaire en
réaménagement urbain, le Conseil québécois de
l'habitation populaire et la Coordination nationale des groupes de ressources
techniques. Nous entendrons ces trois groupes selon l'horaire établi et
selon la formule retenue par les membres de la commission. C'est-à-dire,
20 minutes de présentation du groupe et 20 minutes accordées
à chacune de deux formations politiques d'interventions et de
discussions avec les groupes présents parmi nous. Par la suite,
après l'audition et les discussions avec les trois groupes, donc dans
l'après-midi, nous amorcerons l'étude détaillée du
projet de loi 137. C'est à ce moment-là que les porte-parole des
deux formations politiques, donc le ministre et le député de
Shefford, auront l'occasion de faire leur intervention préliminaire
à l'étude du projet de loi 137.
M. le secrétaire, avant que j'appelle le premier groupe,
avez-vous des modifications quant à la composition de notre commission
pour cette séance? M. le sécrétaire.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Bissonnet
(Jeanne-Mance) sera remplacé par Mme Bleau (Groulx), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean) sera remplacé par M. Paré (Shefford) pour
l'ensemble du mandat, l'étude détaillée comprise.
Le Président (M. Rochefort): D'accord.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'Islet) sera
remplacé par M. Laporte (Sainte-Marie), M. Vaillancourt (Orford) sera
remplacé par M. Forget (Prévost) et M. Vallières
(Richmond) sera remplacé par M. Leclerc (Taschereau).
Consultation
Le Président (M. Rochefort): Cela va. Je vous remercie.
Sans plus tarder, j'inviterais le premier groupe prévu à se
présenter à la table à l'avant. Il s'agit du Front
d'action populaire en réaménagement urbain.
Je vous souhaite la bienvenue parmi nous, à cette commission
parlementaire. Je vous demanderais, pour l'information des membres de la
commission de même que pour le Journal des débats, de vous
présenter et de nous présenter aussi les personnes qui vous
accompagnent.
FRAPRU
M. Saillant (François): Je m'appelle François
Saillant. Je suis coordonnateur du Front d'action populaire en
réaménagement urbain. Les gens qui m'accompagnent sont M. Bill
Clennett, du Comité logement occupe de Hull, Mme Thérèse
Stanhope, du Projet Saint-Charles à Montréal; M. Jacques Lacroix,
du Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur, à
Québec; M. Marc Savaria, de l'Atelier du logement communautaire des
Bois-Francs, à Drummondville et, finalement, M. Daniel Melançon,
du Groupe d'aménagement du logement populaire, de Joliette.
Le Président (M. Rochefort): Sans plus tarder, je vous
demanderais de nous faire la présentation de votre intervention.
M. Saillant: II y a aussi - j'oubliais quelqu'un - M.
André Fortier, du Comité de développement du loqement
social, de Sorel.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. Saillant.
M. Saillant: Je vais vous expliquer brièvement d'abord ce
qu'est le FRAPRU, question de situer notre intervention par la suite. Le FRAPRU
est un regroupement national sur le logement et la qualité de vie dans
les quartiers populaires du Québec. C'est un groupe qui existe depuis
1978 et qui s'est particulièrement impliqué dans la
défense des programmes sociaux en habitation, que ce soient les HLM, les
coopératives d'habitation ou, plus généralement, le
loqement sans but lucratif.
À ce titre, le FRAPRU, entre autres, a été le seul
groupe populaire du Québec à avoir été entendu lors
des consultations
privées tenues par le gouvernement fédéral lors de
l'adoption de son orientation nationale de la politique du logement. Le FRAPRU,
c'est un regroupement. Donc, c'est un regroupement qui est composé d'une
trentaine de groupes de citoyens et citoyennes à faible revenu dans les
villes de Montréal, de Québec, de Hull, de Drummondville, de
Joliette, de Trois-Rivières, de Sorel, de Laval, de Rimouski, de
Mont-Laurier, de Baie-Comeau, de Montréal-Nord, de l'Épiphanie
et, finalement, de Ville-Vanier près de Québec. J'ai l'impression
qu'il y a des députés qui reconnaissent leur coin
là-dedans.
Parmi ces groupes on retrouve, bien sûr, des groupes de ressources
techniques, des groupes qui travaillent à livrer des logements sociaux.
Mais on retrouve aussi et surtout des organismes qui représentent ceux
et celles qui vivent directement les problèmes de logement.
Il y a notamment dans le groupe du FRAPRU des gens qui se sont
donné pour tâche de regrouper les requérants de HLM, ceux
et celles que l'incurie gouvernementale oblige à attendre sur des listes
d'attente pendant cinq, dix ou quinze ans avant de pouvoir entrer dans un HLM.
On retrouve aussi, parmi les groupes du FRAPRU, des organismes qui
interviennent auprès de ceux et celles à qui le milieu a
décidé de consacrer une année internationale,
c'est-à-dire les itinérants, les sans-abri.
On retrouve enfin des comités du logement, des associations de
locataires, des comités de citoyens et citoyennes, des groupes de
résidents de logements municipaux, autant de gens, de groupes qui
représentent des populations qui ont à vivre avec les
problèmes de logement et qui ont à vivre aussi avec les
politiques gouvernementales qui doivent s'attaquer à ces
problèmes de logement. Cela situe un peu notre intervention.
Au mois de décembre dernier, quand on a pris connaissance du
projet de loi 137 Loi modifiant la Loi sur la Société
d'habitation du Québec, on a été assez inquiet. Il y a
deux articles, en particulier, dans ce projet de loi qui nous ont
inquiétés. Le premier, c'est l'article 21 qui abrogeait l'article
64 de la Loi sur la SHQ. Or, c'est notamment en fonction de cet article
qu'avait été adopté le règlement sur l'aide aux
logements populaires, coopératifs et sans but lucratif, le programme
Logipop. Derrière l'abrogation de cet article, on voyait se profiler
l'arrêt du programme Logipop, l'arrêt des subventions aux groupes
de ressources techniques, c'est surtout l'arrêt d'un programme
rachitique, mais qui représentait quand même la seule forme d'aide
du gouvernement du Québec en faveur du logement coopératif et
sans but lucratif qui a toujours été orienté vers les gens
dans le besoin, les gens à revenu faible et modéré.
À la lecture du projet de loi, nous avons également
été alarmés par l'article 36 qui modifiait la
définition des habitations à loyer modique. Pour nous, ce
changement de définition n'est pas qu'une question linquistique, mais
bel et bien une porte ouverte pour l'entrée en vigueur du
supplément au loyer ou, si vous préférez,
complément au loyer, cette nouvelle forme d'aide non pas aux locataires
dans le besoin, mais bel et bien aux propriétaires de logements vacants.
Depuis ce temps, on nous a affirmé que le projet de loi 137
n'était pas aussi dangereux que nous pouvions le croire, que l'abolition
de l'article 64 ne représentait pas nécessairement l'arrêt
du programme Logipop, qu'on changeait la définition d'un HLM non pas
pour y entrer des loqements du marché privé, mais bel et bien
pour y entrer des OSBL et des coopératives. La SHQ s'est même dite
prête à modifier les articles litigieux du projet de loi, question
de le rendre plus acceptable. Tant mieux si nous nous sommes trompés en
ce qui a trait à ces articles, quoique cela reste à prouver,
à notre avis.
Au-delà même de l'interprétation qu'on peut ou ne
peut pas donner au projet de loi 137, il y a une chose dont nous gommes
absoluments sûrs, c'est que nous sommes très inquiets non
seulement de ce projet de loi, mais de l'ensemble des politiques du
gouvernement libéral en matière d'habitation, d'où notre
réaction rapide et intempestive à ce projet de loi. Il faut dire
que le gouvernement libéral, à notre avis, n'a rien fait pour
nous rassurer, à commencer par l'abolition du ministère de
l'Habitation. Assez ironiquement, le gouvernement présente aujourd'hui
un projet de loi qui vise à réparer les pots cassés et
à faire en sorte que la SHQ devienne une espèce de
ministère, sauf que, dans un premier temps, on a aboli le
ministère de l'Habitation qui, d'après nous, était un
acquis.
Des négociations secrètes avec Ottawa - c'est le moins
qu'on puisse dire - ont suivi cette abolition par l'entente
fédérale-provinciale sur l'habitation où les citoyens ont
carrément été tenus à l'écart du
débat, avec le résultat que c'est le pire recul qu'a connu le
logement social au Québec, à peine plus de 3000 logements sociaux
étant livrés par les deux paliers de gouvernement en 1986 contre
10 000 à la fin des années soixante-dix.
Le gouvernement libéral ne fait rien non plus pour nous rassurer
quand il refuse de publier les résultats du travail de son
"comité des sages" - entre guillemets -formé il y a près
d'un an, sur lequel, d'ailleurs, il n'y avait aucun représentant des
gens à faible revenu. Quand il intervient à la pièce en
donnant des logements... On
pourrait donner des exemples. On pourrait parler de l'annonce pour le
moins prématurée de la levée du moratoire sur la
copropriété sans s'assurer que ce ne serait pas un vaste lancer
de spéculation. On pourrait aussi parler de l'entrée en vigueur
du PARCQ, un programme qui nous semble, en tout cas, au premier coup d'oeil, en
première analyse, avoir les mêmes conséquences pour les
gens, les locataires à faible revenu, que le programme Loginove et, pour
les petits propriétaires, des conséquences encore plus
graves.
Donc, tout ce qu'on a vu, c'est ce travail, c'est ce secret du
gouvernement, des mesures à la pièce, au lieu d'un
énoncé de politique clair qui serait soumis à une
consultation populaire, ce qu'on pense être en droit de s'attendre. Tout
ce que les groupes de citoyens ont à se mettre sous la dent,
actuellement, ce n'est pas une politique globale en matière de logement,
comme on en attend une depuis une bonne décennie, ce sont des rumeurs,
des bouts de politique et des déclarations du ministre Bourbeau.
Parmi ces rumeurs et déclarations, il y en a deux qui nous
inquiètent particulièrement, d'où notre réaction au
projet de loi 137, soit celle sur le supplément aux loyers et celle sur
les coopératives d'habitation. Attardons-nous d'abord sur le
supplément au loyer. On a pu lire, la semaine passée, dans les
journaux, que le ministre Bourbeau a fait des déclarations à la
presse, des entrevues annonçant qu'il pensait remplacer le programme
d'habitations à loyer modique pour famille par un programme de
supplément au loyer. Ce que cela signifie, selon notre
compréhension, c'est louer des logements vacants sur le marché
privé pour y faire entrer des gens qui sont sur les listes d'attente des
offices municipaux d'habitation.
Quant à nous, nous craignons l'introduction d'une telle formule
en remplacement d'une autre qui a fait ses preuves pour loger convenablement
des locataires à faible revenu quand le gouvernement se donnait la peine
de les construire dans des dimensions humaines et de qualité. Quand on
parle de dimension humaine, on parle de HLM de petite taille près des
services intégrés au quartier environnant, comme cela s'est fait,
par exemple, dans le quartier Saint-Sauveur, à Québec.
Quant au supplément au loyer, qui est une mesure
déjà appliquée ailleurs au Canada, il a
démontré ses carences, des carences beaucoup plus graves que le
programme HLM. Je vais m'attarder sur trois de ces carences. La première
est le taux d'inoccupation qui amène des propriétaires è
s'intéresser è ce programme. S'ils ont des logements libres, ils
sont bien sûr intéressés è les louer et le
gouvernement offre un débouché qui peut être
intéressant, mais c'est aussi ce taux d'inoccupation qui peut amener les
propriétaires à se retirer de ce programme. Quand les taux de
vacance se resserrent et qu'il y a moins de logements libres sur le
marché privé, quand les propriétaires pourraient louer
leurs logements à un prix supérieur à celui qui a
été entendu avec le gouvernement, il est invitant de ne pas
renouveler l'entente qui peut être de trois ou cinq ans. C'est d'ailleurs
ce qui est arrivé en Ontario où le nombre de compléments
de logements accordé a chuté de 10 816 à 9059 pour une
perte de 1557 logements en l'espace de deux ans entre 1978 et 1980; premier
problème.
Deuxième problème: Les logements loués par le
gouvernement à des propriétaires bâilleurs peuvent
être de mauvaise qualité, situés loin des services, etc.
Dans un rapport sur le supplément au loyer publié par la
Société canadienne d'hypothèques et de logement, on
écrivait: "Les logements loués en vertu du programme sont
habituellement des habitations difficiles à louer. Il est donc fort
possible que ces logements ne conviennent pas aux locataires aidés par
le programme en raison du manque d'espace ou de commodité, ou encore du
genre d'ensembles résidentiels ou de l'endroit où ils se
trouvent."
Troisième problème: II a été remarqué
que les bénéficiaires du programme de supplément au loyer
étaient étiquetés, difficilement acceptés par les
autres locataires de l'édifice ne recevant pas une telle aide et
même victimes de discrimination dans les endroits où un tel
programme a été appliqué. La SCHL tirait la conclusion
suivante en ]979: "Finalement, il semble impossible de parvenir à
l'intéqration des locataires subventionnés à
l'intérieur d'un ensemble locatif du secteur privé." Pas mal pour
une politique qui viserait à s'attaquer au problème des ghettos
d'après le ministre Bourbeau.
Outre ces défauts-là, nous voudrions attirer votre
attention sur deux autres points concernant le supplément au loyer. Le
premier, c'est qu'il ne contribuera pas à aider plus de locataires dans
le besoin. Ce qui sera donné en supplément au loyer sera
enlevé aux HLM, aux coopératives d'habitation et aux logements
sans but lucratif. La différence, c'est que les locataires seront moins
bien que dans les HLM et les coopératives et surtout n'auront pas la
même sécurité d'occupation.
Autre point, c'est que le coût du supplément au loyer
coûte moins cher que celui des HLM.
Dans une déclaration à la presse, la semaine
dernière, M. Bourbeau disait que le supplément au loyer
coûterait de 200 $ à 250 $ par mois par logement contre 500 $ par
mois pour les HLM. Le gouvernement
économiserait donc de 250 $ à 300 $ par mois en se servant
du marché privé plutôt qu'en construisant ses propres
logements.
M. Bourbeau oubliait de mentionner que le coût de 500 $ des HLM
comprenait la contribution financière des locataires. Le dernier rapport
de la Société d'habitatîon du Québec nous
révèle à ce sujet que la contribution moyenne des
locataires est de 188 $ contre 293 $ pour les subventions gouvernementales au
déficit d'exploitation des HLM. Ce n'est donc pas 500 $ que chaque
logement coûte au gouvernement, mais bien 290 $. Ce que le gouvernement
nous propose, donc, c'est de renoncer à être propriétaire
de ces logements pour devenir locataire d'un autre, tout cela pour 50 $
à 90 $ de moins par mois. On sait qu'au bout d'un certain nombre
d'années ce coût est épongé. N'est-ce pas le
même gouvernement qui veut inciter les locataires du Québec
à avoir accès à la propriété
résidentielle? C'est un bel exemple à donner.
Nous avons aussi entendu entre les branches que le gouvernement
s'apprêtait à couper dans son programme d'aide aux logements
coopératifs et sans but lucratif, ce qui aurait pour effet d'abolir les
subventions aux groupes de ressources techniques, ou du moins à
rationaliser sérieusement ce réseau-là, et d'abolir
également les subventions aux coops d'habitation ou du moins celles qui
ne sont pas jumelées à la contribution fédérale.
Pour employer le jargon de la SHQ, il y a actuellement deux programmes d'aide
aux logements coopératifs, le premier baptisé très
originalement Logipop catégorie 1, financé à 75 % par le
gouvernement fédéral et à 25 % par le Québec, et
Logipop catégorie 2, financé à 100 % par le provincial.
C'est ce dernier programme que le gouvernement voudrait, selon nos sources qui
sont sûres, abolir après l'avoir sérieusement amoché
en 1986, ce qui a résulté en une perte de 300 logements
coopératifs et aussi une perte de 3000 $ de subvention par logement,
d'où des hausses de loyer et une perte d'accessibilité à
ces logements.
Pourtant, les coopératives d'habitation ont amplement
démontré leur capacité de constituer une forme de
réponse au besoin de logements convenables à prix raisonnable. Il
y a quelques années à peine dans l'Est du Québec - c'est
une vision très large de l'Est du Québec; cela allait
jusqu'à Drummondvtlle et Joliette - 57 % des ménages
bénéficiaires gagnaient moins de 10 000 $ par année, 77 %
gagnaient moins de 15 000 $ et 90 % des bénéficiaires de
logements coopératifs gagnaient moins de 20 000 $ par année.
Quant aux coops de Montréal, 73,5 % des résidents de ces coops y
avaient des revenus inférieurs à 20 000 $ par année. Donc,
les logements coopératifs s'adressaient à des populations dans le
besoin.
(10 h 30)
De plus, les logements coopératifs ont toujours été
considérés comme étant des logements de bonne
qualité. Une évaluation de la SCHL a déjà
révélé que 90 % des bénéficiaires de ces
logements les trouvaient bons ou excellents. De plus - c'est une qualité
que, malheureusement, les HLM n'ont pas - les coops permettent un
contrôle à tous les niveaux des coopérateurs
résidents sur leurs conditions de logement et de vie.
Enfin, ces coops retirent une partie du stock de logements du
marché spéculatif, ce qui est loin d'être un tort quand on
connaît les ravages de la loi de la jungle dans le logement. Qu'on aille
demander l'avis aux locataires du Plateau Mont-Royal sur le marché
privé. Qu'on aille aussi demander l'avis des locataires de
Saint-Jean-Baptiste, à Québec - c'est juste à
côté - où la spéculation fait des ravages depuis des
années.
Le programme Logipop catégorie 2 est un programme rachitique qui
ne répondait pas vraiment aux besoins, mais ce qu'il faut, c'est ne pas
supprimer ce programme et, au contraire, le renforcer sérieusement de
façon qu'il soit pleinement accessible aux gens à faible revenu
et aussi de façon qu'il puisse répondre plus adéquatement
à l'ensemble des besoins qui sont exprimés. On calculait
l'année dernière qu'il y avait des besoins exprimés sur
papier d'à peu près 15 000 logements coopératifs au
Québec.
Quant à l'abolition possible des subventions aux groupes de
ressources techniques, il s'aqirait d'un recul important qui ne laisserait
présager rien de moins que l'abandon par le gouvernement de tout
rôle social en habitation. Depuis leur création en 1977, les GRT
ont montré qu'ils étaient à même non seulement
d'égaliser des logements de qualité, mais aussi de le faire en
conformité avec les volontés de la population, ce qui n'est
malheureusement pas la qualité première de l'appareil
administratif de la Société d'habitation du Québec.
En terminant, nous voulons demander au gouvernement de renoncer à
toute nouvelle coupure dans les HLM, les coopératives d'habitation et
les logements sans but lucratif. Nous voulons surtout lui demander de se donner
une véritable politique d'aide aux logements pour les faibles revenus.
Il y a du pain sur la planche quand on sait qu'il y a au Québec 520 000
ménages qui qaqnent moins de 15 000 $ par année et que ces
ménages consacrent en moyenne 40 % de leurs revenus au logement, les
plus durement touchés étant les personnes âgées,
bien sûr, les femmes seules, les familles monoparentales et les moins de
30 ans. Il y a du pain sur la planche aussi quand on pense aux 10 000
sans-abri, juste à Montréal, qui se retrouvent sans toit en cette
année internationale du logement des sans-abri.
Depuis des années et des années, des regroupements comme
le FRAPRU réclament le maintien et l'intensification de toute urgence
des programmes sociaux en habitation. Or, c'est dans ie sens contraire que le
gouvernement semble se diriger. Depuis des années et des années
aussi, il y a des groupes dans les quartiers, è Montréal,
à Québec, à Hull, à Sorel, et la liste est
interminable, qui réclament des HLM, des coops, des logements sans but
lucratif pour sauver leur quartier et leurs logements des mains des
spéculateurs. Encore récemment 85 groupes du Québec se
sont réunis en colloque à Montréal, dans un colloque pour
la survie des quartiers populaires et ont lancé un appel d'urgence au
gouvernement. Là aussi le gouvernement fait la sourde oreille.
Pourtant, ce n'est pas l'argent qui manque. Juste un petit rappel.
Pendant qu'on consacrait à Québec et à Ottawa 243 000 000
$ en dix ans pour le logement public, le gouvernement du Québec, en une
seule année, accordait 825 000 000 $ en abris fiscaux dans le domaine de
l'habitation. Qu'on fasse de 1987 une vraie année des sans-abri, mais
des sans-abri fiscaux, cette fois, et on n'aura plus è parler des gens
sans abri ou en difficulté au Québec.
Si le projet de loi 137 ne vise qu'à éliminer des articles
vétustes ou qu'à réparer les pots cassés par
l'abolition du ministère de l'Habitation, on ne s'y opposera pas. Encore
que nous voulons retrouver les amendements que la SHQ avait accepté
d'intégrer à ce projet de loi. Mais si jamais le projet de loi
137 vise a faciliter la tâche au gouvernement dans le démembrement
de ses politiques sociales en habitation, il peut s'attendre à
rencontrer une véritable opposition populaire. Nous ne voulons plus
reculer. Nous ne pouvons plus reculer. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie, M.
Saillant, de votre présentation. Avant de donner la parole au ministre,
vous me permettrez de vous rappeler une des règles de fonctionnement de
notre Assemblée qui veut qu'on ne manifeste ni pour ni contre les
interventions afin de susciter un bon climat quant au déroulement des
travaux. Or, je vous prierais, dans la mesure du possible, de collaborer avec
la présidence de la commission pour que nos travaux se déroulent
dans la sérénité. Sur ce, M. le ministre, à vous la
parole.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Je remercie le Front
d'action populaire en réaménagement urbain de sa
présentation. Cela ne veut pas dire nécessairement que je partage
tous les points de vue qui ont été exprimés. Au contraire,
je ne soucris pas à un grand nombre des arguments qui ont
été avancés. Je note cependant que le FRAPRU ne s'oppose
pas comme tel à la loi 137. J'ai remarqué dans les
déclarations du porte-parole du FRAPRU que, finalement, il ne semble pas
qu'il y ait de grosse objection à l'adoption de la loi. Je suis un peu
étonné, je dois dire, de la description apocalyptique que fait le
FRAPRU de la situation du logement au Québec.
Il faut voyager un peu dans le monde pour se rendre compte comment on
considère que le Québec est bien logé par rapport à
l'ensemble des sociétés, je dirais, même occidentales. Bien
sûr, nous avons au Québec un climat un peu plus rigoureux que dans
certains autres pays, quoique nous ne sommes pas les seuls dans cette
catégorie, mais on considère généralement que le
Québec est plutôt à l'avant-garde, sinon à la toute
avant-garde des pays occidentaux en matière de logement: de
qualité de logements et de quantité de logements. Je parle
évidemment des logements sociaux. Nous avons l'immense avantage d'avoir
sur le marché un approvisionnement suffisant dans le marché
privé de logements de bonne qualité. Nous avons un taux de
vacance qui tourne aux alentours de 2 % présentement et qui est
considéré comme très sain.
J'avais l'occasion, récemment, de faire une tournée
européenne de plusieurs pays qui ont des problèmes de logement,
notamment en France, en Angleterre et dans certains autres pays. Je peux vous
dire qu'on est revenu de là convaincu que nous sommes sur la bonne voie.
Un des gros avantages que nous avons au Québec, c'est justement que
l'entreprise privée est encore capable de construire des logements, de
les mettre à la disposition des locataires et que la
disponibilité de bon logement sur le marché fait en sorte de
maintenir les prix des logements à un niveau raisonnable. C'est de loin
préférable de voir le marché privé exercer cette
pression à la baisse, si je peux dire, sur le coût des loyers que
de tenter de le faire artificiellement par des contrôles gouvernementaux
qui font que, finalement, le gouvernement est obligé, quand il n'y a
plus de logements vacants, d'intervenir, massivement soit en en construisant
à ses frais et à son détriment financier, ou encore,
d'exercer des contrôles technocratiques tellement durs et tellement
onéreux à administrer que l'on se retrouve dans un état
à peu près totalitaire en cette matière.
Je peux dire qu'on nous envie un peu au Québec, quand on sait que
nous avons justement encore des entrepreneurs privés qui osent et qui
sont capables de construire des logements pour les mettre à la
disposition des locataires. Je ne vois pas que cette situation soit en mesure
de changer actuellement.
J'avais récemment l'occasion d'assister à une
conférence internationale sur l'habitation en Ontario, où l'un
des experts en présence a vanté le système
québécois
par rapport à celui de l'Ontario en ce qui concerne la question
de la Régie du logement. Il faisait remarquer que le système
québécois de la Régie du logement est de beaucoup
supérieur à celui de l'Ontario puisque, au Québec, on fait
davantage confiance à la capacité de négociations entre
les propriétaires et les locataires, è la capacité de
s'entendre, et ce n'est qu'à défaut d'une entente entre les
parties que le gouvernement intervient par une révision, si je peux
dire, du loyer. Cette méthode semble donner de bien meilleurs
résultats aux yeux des observateurs qu'un contrôle central, total
et bureaucratique.
Je note également que le FRAPRU prétend que,
présentement, il y aurait une baisse, des coupures en habitation dans
les politiques gouvernementales. Je cherche en vain ces coupures. Malgré
les compressions importantes que le gouvernement a appliquées l'an
dernier dans les budgets gouvernementaux, l'habitation n'a pas subi
sensiblement de diminution de budget. Qu'il s'agisse des HLM, nous construisons
présentement autant de HLM qu'il s'en construisait
précédemment, qu'il s'agisse de supplément au loyer, nous
avons même une augmentation des unités de supplément au
loyer par rapport aux années précédentes. Le programme de
rénovation d'habitation, le PARCQ, qui prend la relève de
Loginove et du programme fédéral PAREL a sensiblement le
même budget que les deux anciens programmes combinés de Loginove
et de PAREL.
Finalement, on parlait tout à l'heure des unités coops de
catégories 1 et 2; l'an dernier, au cours de l'année dans
laquelle nous sommes présentement encore, nous en avons fait 1000 en
tout: 400 et 600 dans les deux catégories, 1 et 2. L'année
précédente, il s'en était fait 600 en tout. C'est donc une
augmentation substantielle que nous avons connue au cours de l'année
courante par rapport à l'année précédente. Ce qu'il
adviendra l'an prochain, je ne saurais le dire, le budget n'est pas encore
voté. On doit reconnaître en toute franchise que le gouvernement
libéral n'a pas diminué les budgets en matière
d'habitation, au contraire.
Nous avons - il est vrai - signé une entente avec le gouvernement
fédéral, entente dont les négociations avaient
commencé sous l'ancien gouvernement et qui se sont terminées sous
le gouvernement libéral. Cette entente avec le gouvernement du Canada a
effectué un certain virage, si je peux dire, en matière de
philosophie d'habitation pour faire en sorte que, oorénavant, on se
préoccupe davantage des gens les plus démunis de notre
société. Je ne pense pas que cette philosophie puisse être
attaquée sérieusement par nos interlocuteurs. Il y a des fonds
disponibles pour l'habitation; les gouvernements ont de moins en moins de fonds
disponibles pour quoi que ce soit, puisqu'on essaie de comprimer les
dépenses des gouvernements, mais si on maintient des budqets en
habitation et on les maintient -et je signale que, en habitation, il n'y a pas
eu de compression - on doit tenter de plus en plus d'axer ces budgets vers les
populations les plus démunies, vers les gens qui ont des besoins
impérieux en matière de logement. C'est ce que nous tentons de
faire. Nous sommes très a l'aise, je pense, pour défendre, cette
politique. Je ne doute pas que les gens qui nous rendent visite aujourd'hui
partagent cette même philosophie et, si tel est le cas, je pense que nous
n'aurons pas de difficulté à nous entendre.
Je ne suis pas personnellement partisan d'une philosophie qui voudrait
faire en sorte de mettre à la disposition de qens qui gagnent plus de 30
000 $ ou 40 000 $ par année des logements aux frais du gouvernement. Si
tel était le cas, vous retrouveriez le ministre responsable de
l'habitation et tout le gouvernement sur la voie de ceux qui voudraient nous
forcer... vous nous verriez certainement nous opposer à une politique
semblable.
Je reviens à la question du supplément au loyer
privé. Je crois que le porte-parole a mal compris mes
déclarations ou a peut-être mal lu l'article du journal ou,
alors,, ce sont les journalistes qui les a mal rapportées; je ne sais
pas trop.
La vérité est la suivante. Actuellement, les nouvelles HLM
construites par le gouvernement coûtent à peu près 700 $
par mois au gouvernement. Les locataires paient un loyer qui est fonction de
leur revenu, de sorte que nous héritons du déficit
d'exploitation. Ce déficit, pour les nouveaux logements, est d'environ
570 $ par mois à Montréal et la moyenne québécoise
est de 500 $. Donc, 500 $ pour la moyenne québécoise et, à
Montréal, c'est 570 $.
Dans les HLM privées, nous estimons qu'en dirigeant ces familles
à faible revenu dans les logements vacants du secteur privé
locatif, il nous en coûterait, je disais, de 200 $ à 250 $ par
mois, plutôt 200 $ que 250 $. C'est donc dire que pour la même
somme d'arqent, les gouvernements pourraient loger des familles à faible
revenu pour 200 $ ou 250 $ plutôt que 500 $ ou 570 $, selon que c'est
à Québec ou à Montréal, donc de deux fois et demie
è trois fois moins cher.
Cela veut dire quoi? Cela veut dire qu'on pourrait loger deux à
trois fois plus de familles à faible revenu avec les mêmes sommes
d'argent en utilisant le supplément au loyer dans le secteur
privé ou, encore, qu'on pourrait économiser, si tant est que le
gouvernement voulait économiser de l'argent, on pourrait en faire autant
avec moins. (10 h 45)
Alors, je vois difficilement qu'on puisse
s'opposer à une politique semblable. Le gouvernement n'a pas pour
intention d'arrêter de construire des HLM ou, enfin, de s'impliquer dans
la construction. Mais je pense qu'il est temps qu'on regarde d'autres formules.
Quand on fait la même chose pendant quinze ans, il est possible
qu'à un moment donné, la conjoncture se soit modifiée avec
le temps et qu'il y ait lieu de s'adapter à des situations nouvelles.
C'est ce que nous tentons de faire.
Je pense qu'on nous blâmerait si, comme gouvernement, on
était figé dans le béton et qu'on faisait
éternellement toujours les mêmes choses sans même se
préoccuper de la conjoncture qui change. Nous avons maintenant à
la SHQ un département qui s'occupe de recherche et qui tente d'innover.
Nous allons continuer à le faire, surtout, comme vous l'avez
mentionné, que l'Ontario le fait depuis très longtemps et avec
beaucoup de succès, puisqu'il y a maintenant 15 000 unités de
suppléments au loyer dans le secteur privé. Au Québec,
nous n'en avons aucun.
Je pense, quant à moi, que c'est une bonne décision qui va
dans le sens d'améliorer la situation des gens à revenus
modiques. D'autre part, je peux vous assurer, pour calmer vos
appréhensions, que nous n'avons absolument pas l'intention de louer des
logements à des prix faramineux. Nous respecterons le prix du
marché aux endroits où nous louerons, nous ne ferons pas de
cadeau à qui que ce soit. Les contrats que nous signerons ne seront pas
à court terme, nous avons l'intention de signer des contrats de cinq
ans. Donc, une fois lié à la SHQ, un propriétaire ne
pourra pas se délier si la conjoncture évolue et flanquer
à la porte son locataire subventionné pour tenter de louer plus
cher, comme vous l'avez mentionné. Nous louerons des logements de bonne
qualité, nous ferons des inspections, il n'y aura pas de taudis mis
à la disposition des familles à faible revenu.
Il faudrait bien penser que la SHQ a une bonne expertise en habitation
et que nous ne sommes pas là pour louer des taudis dans des endroits
éloignés à des coûts faramineux, nous sommes
là pour défendre l'intérêt public et surtout le
confort de nos locataires et des gens les plus démunis de la
société.
Pour ce qui est des subventions que nous avons abolies, celles dont vous
parliez tout à l'heure, les subventions de capital à l'endroit
des coops, je n'ai aucune espèce de honte à avoir
cautionné l'abolition de ces subventions. Au début, le
gouvernement québécois donnait une subvention de 3000 $ par
unité de logement aux coops en sus des subventions
fédérales disponibles en vertu de l'article 56.1. Ma
compréhension, c'est que la subvention fédérale couvrait
la totalité des coûts de construction et que la subvention
québécoise s'ajoutait, au-delà des 100 % des coûts,
tellement qu'on m'a dit que ces sommes étaient mises dans des comptes de
banque par les récipiendaires pour fins futures. On peut se demander si
on a besoin de mettre de côté des sommes pour fins de
réparations futures quand, justement, il s'agit d'immeubles qui viennent
d'être rénovés, donc qui sont à l'état
neuf.
Je suis sûr que c'est idéal de pouvoir mettre 50 000 $ dans
un compte de banque au cas où le toit coulerait dans 10, 15 ou 20 ans ou
pour autres fins. Mais il faut quand même se dire qu'il y a des gens au
Québec qui sont sans abri et qui ont aussi besoin d'argent, qui ont
besoin d'être aidés. L'ancien gouvernement l'avait compris
puisqu'il avait réduit la subvention de 3000 $ à 1000 $ par
unité de logement. Quant à nous, nous avons cautionné la
décision de ne pas ajouter de subvention de la SHQ au-dessus de la
subvention du gouvernement fédéral puisque, en principe, elle
couvre les travaux en entier. Je pense que cette décision se
défend également très bien.
Pour ce qui est des unités pour les projets pilotes dans le
supplément au loyer dans le secteur privé, je peux vous rassurer,
ces unités ne seront pas prises à même le quota disponible
pour les coops et les OSBL. Il n'est pas question pour nous d'aller piger, si
je puis dire, dans la quantité d'unités disponibles pour les
coops et les organismes sans but lucratif au profit du supplément au
loyer qui serait mis à la disposition des familles à faible
revenu dans le secteur privé. Ce sont des nouvelles unités,
d'autres unités à part qui n'étaient pas disponibles pour
le secteur coopératif, de sorte qu'on peut calmer vos
appréhensions à ce sujet. Il n'est pas question d'enlever quelque
unité que ce soit aux coops et aux OSBL pour le projet pilote que nous
avons annoncé. Je peux vous assurer que pour l'année 1987, nous
aurons la même quantité d'unités de supplément au
loyer, soit 400, les 400 qui étaient disponibles pour les unités
de catégorie 1.
L'abolition de l'ancien ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur. La décision, comme vous le savez, a
été prise il y a un an par ie gouvernement libéral. Je
pense que cette décision se justifiait en ce sens que l'ancien
ministère chapeautait essentiellement trois choses: la protection du
consommateur, le bâtiment et l'habitation.
La protection du consommateur, à mon avis, ne loge pas uniquement
à l'enseigne de l'Habitation. On peut parler de la protection du
consommateur dans une foule d'autres secteurs de la société, on
peut protéger les consommateurs en matière d'achat d'automobile,
d'achat de meubles, d'achat de tout ce que vous voudrez. Il n'était pas
particulièrement évident que la protection du
consommateur devait résider avec l'habitation. Le premier
ministre a jugé que la protection du consommateur, que ce secteur serait
mieux défendu par le ministère de la Justice qui, lui, a une vue
plus périphérique, si je peux dire, de l'administration
gouvernementale qu'un ministère sectoriel comme l'Habitation.
Pour ce qui est du bâtiment, le bâtiment se préoccupe
d'inspection, de qualité de logement du côté de
l'inspection des plombiers, des électriciens, des corps de
métier. Le ministère du Travail a déjà une vocation
dans ce domaine et on peut fort bien prétendre que ce secteur peut aussi
bien être pris en charge par le ministère du Travail que par
l'Habitation; effectivement, c'est ce qu'il fait présentement et je
crois que cela ne crée pas de problème.
Le volet habitation comme tel, bien sûr, a été
récupéré par le ministre responsable. Nous avons fait une
analyse du module habitation de l'ancien ministère de l'Habitation et de
la Protection du consommateur. On se rappellera qu'il se faisait deux types de
recherche au gouvernement en matière d'habitation. L'ancien
ministère de l'Habitation, par son module habitation, faisait de la
recherche et s'était affairé principalement à la
confection du livre vert Se loger au Québec au cours de la
dernière ou des deux dernières années de l'ancien
gouvernement. La Société d'habitation du Québec a
également un module recherche, développement, évaluation
et normes qui est, en fait, une unité de recherche. Il se faisait donc
deux types de recherche au gouvernement, souvent en parallèle, le plus
sauvent ne se parlant pas, ne se consultant pas quand ils n'étaient pas
carrément en opposition. L'un faisait de la recherche appliquée,
si }e peux dire, la SHQ, l'autre, une recherche plutôt
théorique.
II nous a paru plus pratique et plus efficace d'unir les deux
unités de recherche dans un seul module; sur le plan de
l'efficacité, en tout cas, on y gagnera. Je me suis rendu à
l'évidence qu'il était préférable de verser
l'expertise gouvernementale en matière d'habitation à la SHQ pour
renforcer son unité de recherche. On peut donc dire aujourd'hui que la
SHQ est devenue le foyer principal et même unique de compétence en
matière d'habitation au Québec. Je pense que l'ensemble des
Québécois vont y gagner puisque nous avons une expertise accrue,
nous avons une unité de pensée et d'action à la SHQ. On
peut dire que la SHQ, à toutes fins utiles, est devenue le
ministère de l'Habitation du gouvernement du Québec et l'unique
bras du gouvernement en matière d'habitation.
Quant à moi, j'aimerais ajouter ceci. On sait qu'au
Québec, le gouvernement se limite à faire de l'habitation
sociale. Il n'est pas de la vocation du gouvernement de construire des centres
commerciaux ou de faire de l'habitation commerciale, notre vocation est de
faire de l'habitation sociale. Or, l'habitation sociale est faite en
très grande partie avec le concours des municipalités. Nos HLM
utilisent les Offices municipaux d'habitation pour gérer le
réseau des HLM, le PARCQ, ce programme de rénovation des
logements existants, s'applique aussi, avec le concours des
municipalités, de sorte qu'il y a un lien historique très
étroit entre l'habitation et les municipalités. En confiant au
ministre des Affaires municipales la responsabilité de l'habitation, je
crois qu'on a posé là un geste logique de saine administration
qui va dans le sens de maximiser les retombées économiques en
matière d'habitation tout en faisant en sorte que nous ayons un maximum
d'efficacité en matière d'habitation sociale au Québec.
C'est, je pense, ce que recherche la population québécoise et ce
qu'elle nous a demandé de faire en nous confiant la gestion des affaires
de l'État. Je pense que tout cela se fera dans le meilleur
intérêt des contribuantes et surtout dans le meilleur
intérêt des citoyens qui demandent à être mieux
logés et à meilleur compte. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre.
M. le député de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. Je souhaite la
bienvenue à nos intervenants et je vais essayer d'être plus rapide
parce que j'ai plus le goût de vous entendre que d'exprimer des
opinions.
Le Président (M. Rochefort): Je vous demanderais, s'il
vous plaît, de respecter les directives que je vous ai données
tantôt. Cela ajoutera au bon déroulement de nos travaux pour tout
le monde. M. le député.
M. Paré: Le but de faire venir des invités, c'est
surtout pour avoir leur idée. On a réussi à obtenir
seulement trois groupes pour une heure chacun. Je pense que le minimum, c'est
qu'on les écoute un peu. Je dois vous dire que je n'ai pas compris tout
à fait la même chose que M. le ministre, mais je veux quand
même intervenir sur certains points qui méritent des
précisions, à mon avis.
Le ministre considère que vous êtes d'accord avec la loi
137. Ce que j'ai compris, c'est que vous l'êtes à condition qu'il
y ait des modifications, à savoir des assurances que l'habitation sera
une priorité. Je n'en ai pas eu dans le discours du ministre. Si je ne
partage pas la totalité de vos commentaires, je dois vous dire que je
partage beaucoup d'inquiétudes que vous avez soulevées, par
contre. Parmi ces inquiétudes,
il y a l'abolition du ministère. Le ministre a beau terminer en
disant que la SHQ sera le ministère à l'avenir, pour avoir un
ministère, ça prend un ministre qui a la préoccupation de
défendre nos intérêts au Conseil des ministres; et la SHQ
ne pourra pas faire cela.
Donc, le ministre pourra être responsable de la
société, mais celle-ci sera responsable de l'habitation. Au
Conseil des ministres, il y aura la préoccupation de défendre
d'abord les affaires municipales. Quand il dit relativement à
l'ex-ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur que
ces deux secteurs n'allaient pas nécessairement ensemble, le fait de
s'occuper de protection du consommateur, ce qui est très important, soit
dit en passant, donnait quand même, à mon avis, plus de temps au
ministre de s'occuper presque à temps plein de l'habitation. C'est ce
qui est important pour un ministère, pour un gouvernement. On a une
préoccupation de l'habitation sociale ou on n'en a pas. Ce n'est pas par
le discours qu'on le prouve, mais par des gestes. Moi aussi, j'ai la même
préoccupation que vous au sujet de l'abolition du ministère.
Une deuxième idée que vous avez amenée, et je vais
vous faire parler là-dessus, c'est le manque de consultation.
Effectivement, on apprend par les journaux ce que le ministre dit; ou c'est mal
rapporté par les journalistes ou vous faites une mauvaise lecture. J'ai
fait la même que vous et, à mon avis, il a
répété la même chose, ce matin, que ce qu'on a lu.
Donc, cela n'apporte pas plus de garantie ou de sécurité face au
fait que, entre autres, le supplément au loyer sera
transféré puisqu'on nous annonce que ça va y aller. Donc,
ce n'est pas le journaliste qui a mal rapporté, c'est une confirmation
qu'on a là-dessus cet avant-midi.
On ne connaît pas de politique. C'est ce que je vais essayer de
savoir au cours des prochaines heures ou des prochaines journées en
commission, ici. On va faire le débat entre nous là-dessus, quand
on connaîtra au moins les attentes des groupes qu'on a le plaisir
d'entendre ici ce matin. C'est une inquiétude, parce que c'est vrai
qu'on a seulement des annonces à la pièce, maintenant, par des
déclarations. À mon avis, ce n'est pas la façon de
décider de l'avenir d'un secteur aussi important, qui touche tout le
monde, c'est-à-dire l'habitation.
Le ministre fait aussi des comparaisons en disant que la situation de
l'habitation au Québec est très bonne si on se compare. C'est
évident, sauf que si on est en Afrique on n'aura pas besoin non plus
d'isoler nos maisons. On peut faire toutes les comparaisons et on peut
même se citer en exemple, et tant mieux, mais est-ce parce que ça
va bien qu'on doive reculer? Je ne pense pas. Quand on se compare aussi avec
l'Ontario, le ministre en a parlé, il ne faudrait pas oublier qu'en
Ontario, on a beaucoup plus de HLM qu'au Québec et que si on a eu un
retard qui s'est accentué entre 1970 et 1976, et qu'on l'a
rétréci de 1976 à 1985, il ne faudrait pas commencer
à faire en sorte qu'il s'en bâtira encore davantage en Ontario et
que l'écart s'étendra davantage. Je pense qu'il faut faire
attention à ça aussi.
Le ministre dit qu'il n'y a pas de coupures, on peut dire des choses
là-dessus aussi, mais ce qu'il faut regarder, et j'ai hâte qu'on
regarde, qu'on étudie les crédits dans quelques semaines pour
voir s'il y en a eu ou s'il n'y en a pas eu. On dit qu'il n'y en a pas eu et
pourtant, quand on regarde les budgets, il y a une coupure de 35 000 000 $. Ce
n'est peut-être pas beaucoup pour le ministre, mais si on avait les 35
000 000 $ en HLM dans mon comté ou dans bien d'autres comtés, je
dois vous dire que je serais bien content. (11 heures)
Il y a une coupure effective dans les budgets de 35 000 000 $. Il n'y a
pas d'indexation, c'est déjà en soi une coupure parce que
l'inflation et le coût de la vie continue de s'accroître. Donc, on
n'indexe pas et on dit qu'il n'y a pas de coupure.
On dit aussi qu'on aide autant, sauf que, quand on met 70 000 000 $ dans
le PARCQ et qu'on le mettait avant pour 10 000 logements, mais qu'on le mettait
dans 108 municipalités, et maintenant le même budget pour 1500
municipalités, on coupe quelque part ou, en tout cas, on n'en donne pas
plus, alors qu'on veut aider plus de municipalités. On saupoudre tout
simplement. Si on a vraiment la volonté de rénover, on augmente
en fonction du nombre de qens qu'on veut aider et non pas le même budget,
mais pour dix et quinze fois plus de municipalités qui vont être
aidées. Il n'y a pas eu de coupure, pourtant PAAPR est disparu, un
programme d'accès à la propriété pour les
ménages moyens. Si ce n'est pas une coupure d'argent, c'est une coupure
de programme. Équerre est disparu. PARCQ et Logirente, on peut bien dire
qu'on les a conservés. C'est pour cela que je vous dis que j'ai
hâte, dans quelques semaines, d'étudier les crédits.
Logirente, j'ai l'impression qu'on est en train de pelleter le déficit
ou, en tout cas, de pelleter les coûts de Logirente à l'an
prochain. C'est une question que je vous poserai en commission, quand les
invités auront fait valoir leur point de vue.
Expliquez comment il se fait qu'un ministre qui se dit responsable n'a
pas présenté son mémoire à temps au Conseil des
ministres pour que les gens qui sont aussi, parmi les plus démunis... Ce
sont des
personnes de 60 ans et plus qui ont besoin d'aide au logement et elles
n'ont pas leur chèque comme d'habitude. Cela va probablement aller au
printemps, alors que les coûts d'électricité vont
déjà commencer à baisser. C'est impensable; donc, ce n'est
pas une coupure. J'ai hâte de voir si ce n'est pas une coupure. Ce sont
les crédits qui vont nous le dire et non pas le ministre. Je me fie
encore davantage aux chiffres.
Le programme PARCQ, c'est la même chose. On l'a annoncé il
y a une année. On a signé un protocole d'entente en mai. Il
devait être mis en oeuvre en juillet pour, finalement, l'être en
octobre et entrer en vigueur dans certaines villes, en décembre. Les
protocoles, au début de février, ne sont pas signés avec
toutes les municipalités. J'ai hâte de voir combien on va
dépenser. On nous annonçait, hier, dans un communiqué de
presse que c'est le même budget pour 1987-1988, pour l'année qui
commence en 1987, que pour 1986. Vous allez me dire qu'il n'y a pas de coupure
pour la prochaine année, sauf qu'il n'y a pas d'indexation. C'est le
même programme même s'il y a l'inflation. Finalement, il faut
s'attendre qu'on n'aidera pas plus. Si vous dites qu'il n'y a pas de coupure,
les chiffres disent autre chose.
Le ministre disait qu'il se verrait mal, comme ministre, en train
d'aider les gens qui gagnent 30 000 $ et plus. Je comprends, et moi aussi je
serais contre un programme universel semblable, sauf que ce que demandaient les
gens à l'audition du mémoire qui a été
présenté, c'est d'aider les plus démunis. On
s'inquiète aussi - j'ai vu cela dans un mémoire - entre autres,
pas seulement des plus démunis, mais des 15 000 $-25 000 $, les
ménages moyens qui ont aussi besoin d'être aidés pour
devenir propriétaires.
Un dernier point avant de passer aux questions. Quand vous dites que
vous êtes content d'avoir aboli les 3000 $ parce que c'était pour
être mis dans les coffres - on parle de la catégorie 2 de Logipop
- je peux vous dire que je serais d'accord avec vous à une condition:
que les 3000 $ ne s'en aillent pas dans les coffres du président du
Conseil du trésor pour autre chose si c'était consacré
à l'habitation, à la promotion de l'habitation coopérative
ou un appui encore plus important au niveau des GRT.
Je voudrais poser quelques questions à nos invités pour
continuer la discussion entre le ministre et moi au cours des jours qui vont
suivre, à la lumière de ce que vous allez nous demander. Vous
dites que vous vous inquiétez qu'il n'y ait pas d'orientation politique,
de politique d'habitation connue qu'on ait favorisée depuis une
année, donc c'est tout à la pièce. Par contre, on sait
très bien que des comités ont été mis sur pied:
comité conseil, comité d'évaluation sur Logipop,
comité d'évaluation sur Ses GRT. Tout comme le gouvernement
fédéral vous a consultés sur l'article 56.1 et sa
politique d'habitation, j'aimerais savoir si, au moins, par un de ces trois
comités, vous avez été consultés et si vous avez pu
exprimer vos opinions, vos avis et vos attentes à ces comités
d'étude sur le sujet qui était traité.
Le Président (M. Rochefort): M.
Saillant.
M. Saillant: La réponse è la question, c'est bref.
C'est non, c'est-à-dire qu'on n'a été entendu par aucun de
ces comités. On a déjà eu l'an dernier avec d'autres
groupes une rencontre, particulièrement avec Mme Trépanier, et M.
Bourbeau qui est venu un petit bout de temps, mais jamais dans un cadre formel
et jamais surtout - c'est sur cela qu'on veut... Jaser pour jaser, on peut bien
le faire, mais qu'on jase sur la base d'un document écrit, qu'on sache
où le gouvernement veut aller et, là-dessus, on pourra se
prononcer de façon beaucoup plus éclairée. Ce qui est
toujours arrivé dans le passé, c'est qu'il discute à
partir de rien. C'est comme si le gouvernement n'avait pas d'idée et
disait: Envoyez-m'en. Finalement, il ne les reprend jamais. Mais ce n'est
jamais ce que, lui, pense et c'est sur la base de ce qu'il pense, sur la base
d'un énoncé de politique claire qu'on pourrait se prononcer et on
n'a jamais eu l'occasion de faire cela.
M. Paré: Vous avez mentionné très rapidement
dans votre exposé tantôt le PARCQ. J'aimerais avoir vos
commentaires un peu plus élaborés là-dessus, ce sur quoi
il y aurait des modifications qui pourraient être apportées pour
favoriser davantage le logement social, les plus démunis.
M. Saillant: Puisqu'il n'y a personne d'autre, sur le PARCQ, il y
a trois volets. Il y a le programme pour propriétaires bailleurs,
c'est-à-dire le volet qui affecte directement les locataires. On a fait
des calculs là-dessus sur la base de formulaires ou de projets de
formulaires de la Société d'habitation du Québec. Ce que
nous révèlent ces calculs, c'est que les augmentations de loyer
qui suivraient l'application du PARCQ sont des augmentations de 30 % et de 40 %
des cas, donc des augmentations de loyer qui vont avoir pour effet de chasser
les locataires.
Donc, ce qu'on dit c'est qu'effectivement il y a certaines garanties
dans le PARCQ qui semblent meilleures que dans le programme Loginove, du point
de vue de la protection des locataires. Mais si, au départ, la loi du
programme et la façon de le faire marcher font en sorte qu'il y ait des
augmentations de 40 %, par exemple, c'est sûr qu'il y a un
problème là. Mais là-dessus, on voudrait qu'il y ait
amélioration.
Très brièvement, sur le volet proprié-
taire occupant, il y a plusieurs problèmes. Le premier, c'est que
pour avoir droit à ce programme, et je sais que ce n'est pas juste la
politique du gouvernement du Québec mais c'est aussi la politique du
gouvernement fédéral, les critères d'admissibilité,
les seuils d'admissibilité à ce programme sont extrêmement
bas, de telle sorte qu'il faut être pauvre, il faut avoir à peu
près juste la peau sur les os pour pouvoir avoir droit à ce
programme. Par ailleurs, on ne donne pas d'aide. Par ailleurs, on donne une
aide maximale de 5000 $ par année. D'une part, on demande aux gens
d'être raide pauvres; d'autre part, on leur demande de fournir de
l'argent. Il me semble qu'il y a un problème qui va faire en sorte que
ce programme ne permettra pas l'amélioration de la qualité des
logements de ces petits propriétaires occupants, ce qui va avoir pour
effet d'amener ces propriétaires occupants à vendre. À qui
vont-ils vendre? Souvent à des propriétaires plus gros, à
des spéculateurs et à des locataires aussi de ces petits
propriétaires occupants, parce que c'est la situation dans bien des
quartiers, que ce soit à Pointe-Saint-Charles ou à Saint-Sauveur,
par exemple. Ce sont les locataires encore là qui vont payer en fin de
compte et ce sont les petits propriétaires qui ne pourront jamais avoir
des logements de qualité.
Donc, quant au PARCQ, c'est ce qu'on voyait comme problème. Il
nous semble qu'il y a bien des choses à faire pour améliorer ce
programme. D'ailleurs, en tout cas a priori, on a l'impression qu'il ne
fonctionnera pas.
M. Paré: Donc, vous êtes en train de m'expliquer
pourquoi on peut garder le même montant pour 1500 municipalités
que pour 108. C'est que, finalement, il ne pourra pas être mis en
application ou par très peu de gens finalement. C'est très
limité.
Je sais qu'on va probablement se revoir au mois d'avril ou au mois de
mai, concernant un autre dossier qui va être la levée du moratoire
sur la transformation des édifices en copropriété. Juste
un petit aparté là-dessus, parce qu'on parle de politique globale
d'habitation, ce matin, puisque c'est la création d'un nouveau
ministère finalement, tel que le ministre vient de le dire. Donc, on
peut parler de tout ce qui concerne l'habitation.
Ce que je veux savoir, ce ne sont pas vos commentaires sur la
levée du moratoire comme tel et des conséquences ou vos visions
là-dessus. Comme vous représentez des groupes de locataires, vous
avez parlé tantôt des quartiers les plus susceptibles d'être
touchés, Saint-Sauveur, Saint-Roch, Montréal, le Plateau
Mont-Royal, centre-sud, est-ce que le fait qu'on l'ait annoncé un an
d'avance, avec une annonce qu'il va y avoir une protection blindée pour
les locataires, a fait en sorte que plus de gens ont été
évincés ou à qui les propriétaires ont
demandé de quitter leur logement au cours des mois?
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Oui, M. le ministre, sur une
question de règlement.
M. Bourbeau: Nous avons des gens ici qui ont été
invités à venir nous rencontrer pour une consultation relative au
projet de loi 137. La question de la levée du moratoire, à ma
connaissance, ne fait absolument pas partie de ce qu'il y a dans le projet de
loi 137. Je veux bien qu'on ouvre un peu le débat sur des sujets qui
touchent à la loi 137 et qui sont connexes, mais si on commence à
ouvrir le grand débat sur la question de la levée du moratoire,
je ne pense pas qu'on rende service aux gens qui sont ici. Ils sont venus nous
voir pour nous dire comment on pourrait bonifier le projet de loi 137.
Quant à moi, je trouve que la question du député de
Shefford est tout à fait hors du sujet et qu'elle ne cadre absolument
pas avec les objets de la réunion d'aujourd'hui. Je m'oppose à ce
que cette question soit posée.
Le Président (M. Rochefort): Écoutez, sur la
question de règlement, dans un premier temps, je pense qu'il est
important de rappeler le mandat de la commission qui tient effectivement des
consultations particulières, ce matin, entourant le projet de loi 137.
II faut reconnaître que le projet de loi 137 est un projet de loi qui
encadre l'ensemble des questions d'habitation relevant du gouvernement du
Québec. Par définition, on l'a vu, et dans la présentation
du groupe, et dans votre intervention, et un peu dans celle du
député de Shefford, que c'est un débat assez large.
Deuxièmement, j'avoue que compte tenu qu'un des arguments qui a
été mis de l'avant jusqu'à maintenant et que finalement on
confiera à la Société d'habitation du Québec les
responsabilités qu'avait auparavant le ministère de l'Habitation
et que c'est là que se font les réflexions des travaux entourant
la levée du moratoire, mon Dieu! à partir du moment où les
mandats qui sont donnés à la société sont dans le
projet de loi 137, je pense qu'on n'est pas trop éloigné du
sujet. Finalement, on a accordé 20 minutes à chacun des groupes
parlementaires. Je pense qu'à l'intérieur de l'enveloppe,
l'important, c'est qu'on arrive au délai fixé par la commission
et que le plus possible on se colle aux préoccupations des groupes qui
sont devant nous, de même qu'aux sujets directement reliés au
projet de loi.
En ce sens, je pense qu'on peut
permettre une question à l'intérieur de cette enveloppe.
Évidemment, je pense que l'ensemble de l'intervention du
député de Shefford ne portera pas là-dessus. M. le
député.
M. Baril: Oui.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je ne partage pas votre point de vue. Il y a des
commissions parlementaires qui sont convoquées justement pour entendre
les groupes sur des sujets donnés. Là, à ce moment, on
peut s'exprimer sur un certain nombre de choses. Aujourd'hui, nous avons
convoqué les gens pour venir faire des représentations relatives
au projet de loi 137 que nous allons, par ailleurs, étudier
immédiatement après la visite de nos invités. Ce n'est pas
le type de commission parlementaire normal, où on demande à des
gens de venir s'exprimer sur des sujets donnés d'ordre
général. Je pense que c'est d'ordre particulier aujourd'hui. On
doit s'exprimer relativement au projet de loi 137. Lorsque j'ai eu des
discussions avec le député de Shefford, il a été
convenu que c'était dans ce cadre précis que se
dérouleraient les interventions.
Je ne ferais pas d'objection majeure si un de nos intervenants, à
un moment donné, faisait diversion, mais que la diversion vienne du
député lui-même qui est au courant des procédures,
qui connaît beaucoup plus que les gens qui ne sont pas des experts...
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...les règles parlementaires, là
vraiment, je trouve qu'on exagère.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford, sur la questions de règlement, brièvement, s'il vous
plaît.
M. Paré: Oui, M. le Président. Comme nos
invités sont ici pour se faire entendre et que je n'ai pas l'intention
qu'ils soient témoins de débats de procédure inutiles, je
vais poser une autre question. Sauf que je vais revenir sur ce sujet lors de
l'étude article par article ainsi que sur d'autres sujets. Vous lirez
les notes explicatives de votre projet de loi et vous allez vous apercevoir que
c'est un projet de loi global sur l'habitation. Je ne vois pas pourquoi il y a
des domaines spécifiques où les gens n'ont pas le droit de se
faire entendre et où on doit s'abstenir de parler de certains sujets. Si
les gens de la Société d'habitation du Québec n'ont plus
la chance de se faire entendre ensuite, parce que les discussions qu'on est en
train de faire, c'est la seule qu'on va faire pour qu'ensuite
peut-être... il y a des articles là-dessus, on va s'en apercevoir
en les étudiant, il pourrait y avoir des programmes abolis,
modifiés, améliorés ou annoncés sans même de
prépublication, sans même de discussion ici à
l'Assemblée nationale, je pense que s'il y a des messages à
passer, c'est maintenant qu'on doit le faire.
On a des préoccupations parce que quand je parle de levée
du moratoire, il va se lever plus tard. C'est l'inquiétude et les
déplacements des locataires actuellement qui me préoccupent.
C'est un sujet qu'on vit, que les gens subissent présentement, sur
lequel je veux discuter et non pas sur le genre de levée du moratoire
qu'on peut faire. Sauf que si cela fait défaut, le fait d'en parler, si
cela retarde les travaux, j'aime mieux passer à une autre question. Mon
autre question porterait...
M. Bourbeau: Sur la question de règlement.
M. Paré: Je suis dans mes 20 minutes.
Le Président (M. Rochefort): Écoutez, M. le
ministre. Si vous le permettez, moi je m'apprêtais à rendre une
décision. À partir du moment où le député de
Shefford me dit préférer passer à un autre sujet, je ne
rendrai pas de décision et nous allons passer à ce sujet.
M. Bourbeau: Je comprends, M. le Président, mais quand
même je tiens à apporter...
Le Président (M. Rochefort): Mais je vous ferai remarquer
qu'on est sur le temps du député de Shefford, et je pense qu'on
devrait permettre aux deux groupes parlementaires d'utiliser leurs 20
minutes.
M. Bourbeau: M. le Président, une précision de dix
secondes.
Le Président (M. Rochefort): Si vous voulez intervenir,
très brièvement, M. le ministre.
M. Bourbeau: Simplement pour dire que ce n'est pas parce qu'on ne
veut pas discuter de la levée du moratoire, mais vous savez que j'ai dit
qu'il y aurait une commission parlementaire qui porterait exclusivement
là-dessus, au mois de mai. Il me semble que c'est
préférable d'attendre à ce moment-là, alors que
tous les documents seront sur la table et on saura, au moins de la commission
parlementaire, quelles sont les intentions du gouvernement. Je pense que c'est
préférable de le faire alors, plutôt que dans le cas de
deux minutes où on pourrait poser une
question sans qu'on ait l'ensemble des renseignements. Voilà. (11
h 15)
Le Président (M. Rochefort): Compte tenu de la
décision du député de Shefford d'aborder une autre
question, je n'interviendrai pas sur la question. Je vous demanderais d'aborder
immédiatement cette question.
M. Paré: Oui. Malheureusement, étant donné
que votre temps s'achève et qu'on n'a pas eu la chance de vous entendre
beaucoup, j'aimerais, en conclusion, savoir quelles sont vos attentes en
matière d'habitation sociale pour qu'on en tienne compte lors de la
discussion article par article, de ce que vous désirez, de ce qui serait
utile pour les gens que vous représentez.
Le Président (M. Rochefort): Mme
Stanhope.
Mme Stanhope (Thérèse): J'aimerais intervenir
là-dessus, en fait, au nom des 360 familles qui m'ont mandatée
pour être ici aujourd'hui, des familles du quartier de Pointe
Saint-Charles. Je n'apprendrai rien à personne si je dis que c'est l'un
des quartiers les plus pauvres au Québec. En fait, M. le ministre, les
revenus ne sont ni de 30 000 $ ou de 40 000 $ dans mon quartier, mais ils se
situent aux alentours de 15 000 $ annuellement. Notre député, M.
Maximilien Polak, me disait justement hier qu'il avait été
sidéré de lire la série d'articles qui ont paru dans La
Presse sur la pauvreté. On faisait état que
l'espérance de vie dans notre quartier était d'environ dix ans de
moins que celle dans un quartier un peu plus aisé à
Montréal et non pas égale mais bien inférieure à
l'espérance de vie dans des pays sous-développés.
Cela dit, je ne viens pas ici pour vous apporter une image de
misérabilisme, au contraire. Les gens de Pointe Saint-Charles ont
prouvé depuis plusieurs années qu'ils sont capables d'intervenir
en matière d'habitation. En fait, notre quartier compte
déjà des coopératives. Bien qu'on vive une situation
critique du logement de par la spéculation et de par l'âge de
notre quartier, et con-séquemment des bâtiments, on se sent -je
pense qu'on l'a prouvé - encore capable d'intervenir et de prendre en
main nos conditions de logement. Pour cela, naturellement, ce qu'on veut vous
dire, M. le ministre - je parlais des 360 familles dont le revenu est
inférieur à 12 000 $ par année -c'est qu'il n'y ait pas de
coupure dans les programmes; non seulement cela, mais que le nombre
d'unités soit augmenté et tienne compte de la situation
socio-économique des gens à qui ils s'adressent. Je dis cela et,
de plus, ce qui nous inquiète, c'est la menace qu'il y a sur la survie
des groupes de ressources techniques parce que, pour réaliser nos
projets, nous avons aussi besoin de cette aide technique. Au cours de 1986, on
a pu réaliser dans notre quartier une cinquantaine d'unités de
logements coopératifs bien qu'on ait dû enterrer aussi des projets
parce que leur coût était trop élevé. Cela peut
paraître beaucoup à certains, sauf que cela répond à
moins de 10 % de nos besoins. Ce que je veux vous dire aujourd'hui, c'est qu'il
faut non seulement maintenir les programmes, mais les augmenter.
Le Président (M. Rochefort): Merci, madame. Si vous voulez
conclure très brièvement, parce que le temps alloué
à votre groupe et aux deux formations politiques est
écoulé.
M. Savaria (Marc): J'aimerais peut-être souligner l'aspect
du supplément au loyer parce que, quand même, cela va affecter les
gens les plus démunis, contrairement à ce que le ministre dit,
dans le sens suivant. Je dois rappeler au gouvernement qu'il n'y a eu aucune
consultation sur le supplément au revenu? il y a eu une consultation sur
l'allocation au logement et non sur le supplément au revenu, dans le cas
des années antérieures.
D'autre part, je m'inquiète énormément de la
liberté des gens, c'est-à-dire que les gens ont le droit de
choisir où ils veulent aller. Donc, si on prend ['allocation-logement,
par exemple, au moins les gens sont libres de choisir leur logement, ce qui ne
sera pas le cas avec le supplément au loyer privé, dans le sens
suivant, c'est que cela va nourrir davantage les gens qui sont aisés. Je
souligne quelques chiffres ici: 4 % des gros propriétaires au
Québec possèdent 53 % du marché locatif. Quand on sait
aussi que, dans la région de Québec, à Charlesbourg, dix
propriétaires possèdent 31 % du marché; à
Sainte-Foy, les cinq premiers gros propriétaires possèdent 19 %
du marché, à qui va aller le supplément au loyer
privé, comme dit le ministre? Au fait, c'est une politique qui va
favoriser les gens qui ont de très gros revenus, qui va abolir la
liberté de choisir des gens à faible revenu. C'est une politique
qui va augmenter la bureaucratie, qui va créer une série de
problèmes, comme mon confrère l'a évoqué. Dans ce
sens-là, nous demandons un moratoire, c'est-à-dire que, au
même titre qu'on a fait une consultation sur l'allocation-logement, il
faudrait revoir les choses quant au supplément du loyer
privé.
Dans ce sens, je réitère au nom des groupes,
conformément à notre proposition exprimée lors de notre
rencontre avec M. Bourbeau en mars dernier, une demande de moratoire d'au moins
un an sur cette question.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. Vu que le
temps mis à la disposition de votre groupe et des deux groupes
parlementaires est écoulé, je veux vous remercier de votre
présence parmi nous et, sans plus tarder, je voudrais appeler devant
nous le Conseil québécois de l'habitation populaire.
Je voudrais vous souhaiter la bienvenue parmi nous ce matin et pour
l'information des membres de la commission et de la Direction du Journal des
débats, je vous demanderais de vous identifier et d'identifier la
personne qui vous accompagne.
Conseil québécois de l'habitation
populaire
M. Lavoie (Gary): À ma gauche, vous avez Gilles Paquet,
qui est délégué au CQCH de Sherbrooke de la
Fédération des coopératives d'habitation et,
moi-même, Gary Lavoie, de la Fédération des
coopératives d'habitation de Québec, vice-président du
CQCH.
Le Président (M. Rochefort): Sans plus tarder, je vous
demanderais d'amorcer votre présentation en vous rappelant que vous avez
au plus vingt minutes pour le faire. Merci.
M. Lavoie: M. le Président, nous avons un document
à soumettre. Vous pardonnerez mon ignorance des procédures. Je
voudrais soumettre un mémoire. J'ai un texte ici en plusieurs
copies.
Le Président (M. Rochefort): II y a consentement des
membres de la commission? Oui. Alors, on va distribuer votre document aux
membres de la commission, mais vous pouvez commencer à en faire la
présentation immédiatement, s'il vous plaît.
M. Paquet (Gilles): Ma présentation se déroule en
trois points. D'abord, je voudrais vous présenter notre organisme, vous
situer le contexte dans lequel on dépose ce mémoire et,
finalement, vous faire un résumé ou une lecture en diagonale
commentée de notre mémoire.
Notre organisme, le Conseil québécois des
coopératives d'habitation, est un organisme sans but lucratif
fondé il y a plus d'un an. Il regroupe les cinq
fédérations régionales des coopératives
d'habitation existant au Québec. L'ensemble des coopératives
d'habitation du Québec ont mandaté, par le biais de leurs
fédérations régionales, notre organisme pour les
représenter.
Nous visons également à court terme, c'est-à-dire
cette année, à fonder une confédération qui
regrouperait les cinq fédérations qu'il y a sur le territoire
du
Québec. Le document que nous vous soumettons a été
rédigé en catastrophe. Nous avons été avisés
à la dernière minute du dépôt du projet de loi 137
et de son contenu. C'est une réaction des questionnements sur ce projet
de loi et cela amène aussi des discussions sur des articles qui
regardent l'ensemble de l'habitation, soit le moratoire sur la
divisibilité des logements locatifs, le supplément au loyer et le
développement des coopératives d'habitation.
Nous avons eu l'occasion, hier, de soumettre ce document au ministre en
présence de gens de la Société d'habitation du
Québec et nous avons discuté longuement des points techniques du
projet de loi 137. Nous nous intéressons davantage aux orientations du
gouvernement en matière d'habitation, plutôt qu'aux questions
techniques. C'est dans ce sens que nous déposons ce mémoire. Je
vous fais lecture de la page de présentation et, ensuite, d'un
résumé du contenu.
M. le ministre, le Conseil québécois de l'habitation
populaire a pris connaissance récemment du projet de loi 137. Nous
désirons porter à votre connaissance nos réactions et
notre questionnement face è ce projet de loi. Notre organisme regroupe
les cinq fédérations régionales et il a !e mandat de
représenter les coopératives d'habitation du Québec.
Or, nous n'avons pas été consultés dans plusieurs
dossiers récents d'importance capitale pour notre développements
Le comité d'étude en matière d'habitation,
l'évaluation des GRT, la définition par la SHQ de nouveaux
programmes pour les coopératives et, enfin, le projet de loi 137.
Pourtant, les coopératives d'habitation ont une contribution
positive à apporter. L'expérience et l'expertise
développées par notre regroupement nous le permettent. Nous
souhaitons, nous aussi, réaliser plus de logements coopératifs
avec tes mêmes enveloppes budgétaires. Nous souhaitons que l'aide
gouvernementale atteigne davantage les plus démunis de notre
société. Nous réclamons d'être partie prenante dans
l'élaboration des politiques et programmes qui affectent les
coopératives. Nous réclamons que le rapport du comité
d'étude en matière d'habitation et le rapport d'évaluation
des GRT soient rendus publics. Enfin, nous réclamons des garanties que
les coopératives d'habitation pourront continuer leur
développement et que le réseau actuel des GRT sera maintenu.
Veuillez croire en notre désir de coopération.
Notre document traite du projet de loi 137, de nos réactions et
surtout de nos interrogations face à ce projet. Il traite aussi du
supplément su loyer, de la copropriété et du
développement des coopératives.
Nos réactions au projet de loi 137. Les coopératives
d'habitation du Québec
s'inquiètent face aux effets possibles de l'adoption du projet de
loi 137, Premièrement, au niveau des pouvoirs de la SHQ, en abolissant
le ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur et en
confiant la responsabilité de l'habitation au ministère des
Affaires municipales, les pouvoirs du ministre et ceux de la SHQ sont
redéfinis. La SHQ devient davantage une société
d'État plus indépendante que jamais du gouvernement. Les
programmes de la SHQ n'auront plus à être approuvés par
règlement. Ce désir d'améliorer l'efficacité de la
prise de décision risque d'empêcher une bonne circulation
d'information. La consultation des gens du milieu risque d'être
entravée et les programmes ainsi produits ne pourront profiter de
l'expertise de ceux-ci. Que l'on pense au programme PARCQ, résultat d'un
manque de concertation. Il présente de grandes lacunes et s'avère
inefficace.
Nous devons définir un mécanisme de consultation. Nous en
avons soumis un en avril 1986, document qui s'intitule "Pour une concertation
d'un développement de l'habitation coopérative". J'ai
également ici des copies de ce document. La marge de manoeuvre de la SHQ
nous inquiète également. L'adoption du projet de loi risque de
donner à la SHQ la marge de manoeuvre nécessaire pour
décider si, oui ou non, elle souhaite poursuivre un programme d'aide.
Devant le peu de capacité de concertation de celle-ci, nous souhaitons
qu'elle n'acquière pas cette marge de manoeuvre et que la
décision demeure celle des élus du peuple.
La deuxième partie de notre document, c'est ce que nous
souhaitons en matière d'habitation. Premièrement, nous souhaitons
que le supplément au loyer soit réservé aux
coopératives et OSBL. Le gouvernement se propose d'établir un
programme de supplément au loyer à l'ensemble des logements
locatifs de façon progressive. Nous croyons qu'il y a là un
risque sérieux à faire courir aux locataires. Cette mesure
provoquera des pressions à la hausse sur les loyers. Celle-ci ne
pourrait être freinée ni par la vigilance du locataire, ni par la
Régie du logement, ni par l'effet régulateur de la
présence des coopératives et OSBL. Les locataires les plus
démunis ne pourraient garder confidentielle leur subvention de
supplément au loyer, pas plus qu'ils ne peuvent actuellement tenir
secret le fait qu'ils sont bénéficiaires d'aide sociale ou
d'assurance-chômage. La subvention au locataire sera connue du
propriétaire et elle sera transférée, en tout ou en
partie, en hausse de loyer. La Régie du logement ne pourra intervenir
que dans les cas où le locataire contestera effectivement la hausse de
loyer. Or, le locataire constatera, de fait, une baisse du montant net à
payer mensuellement lors de l'introduction du supplément au loyer
universel et n'aura pas intérêt à contester.
L'effet régulateur d'un secteur coopératif et un OSBL fort
ne pourra fonctionner que lorsque 15 % du marché locatif leur
appartiendra. Actuellement, cet effet n'existe que dans certains quartiers ou
certaines sous-régions où il y a forte concentration de
coopératives et OSBL. Le supplément au loyer universel encouraqe
la situation. L'effet inflationniste sur les loyers agira sur la valeur des
immeubles à logements. Lors de la revente de l'immeuble, un gain de
capital appréciable et non imposable sera réalisé. Le
nouvel acquéreur devra hausser le financement de l'immeuble occasionnant
des hausses de loyer à nouveau.
De plus, plusieurs problèmes de mise en application sont à
prévoir. Le taux de fraude pourrait être très
élevé; la méthode de calcul basée sur les revenus
de l'année précédente pourrait amener des subventions
è des gens qui viennent de se trouver un travail et l'inverse. Le
supplément au loyer universel est, de plus, contraire au désir de
prise en charge de son logement par le résident. Le supplément au
loyer devrait être strictement, uniquement, appliqué dans les
coopératives, les OSBL et les logements contrôlés par un
regroupement de coopératives. Dans ces organismes, la participation des
résidents ou le contrôle par des résidents garantit un
contrôle de l'effet sur la hausse des loyers. (11 h 50)
La copropriété divise. Nous souhaitons, nous, te maintien
du moratoire. Le moratoire sur la copropriété divise serait
levé le 1er juillet 1987, selon les indications que nous pouvons
posséder. Pourtant, ce moratoire avait été imposé
à la suite de problèmes inhérents à ce type de
tenure: un manque de réglementation de la vie en
copropriété, certaines pratiques des promoteurs, la protection de
l'acheteur et surtout la protection du locataire résident.
Protection des acheteurs et les pratiques des promoteurs. Face à
l'expertise technique du promoteur vendeur, l'acheteur nous paraît
désavantagé. Dès le départ d'un processus de vente
en copropriété, le rapport de forces techniques favorise le
vendeur. L'acheteur seul n'a pas la capacité de négocier son
acquisition en tenant compte des paramètres du marché immobilier
ou du rendement de son investissement. Chaque client acheteur est
approché individuellement et ne se trouve pas dans la position favorable
qu'il pourrait obtenir par un regroupement et une ressource technique
compétente.
La protection du locataire: Beaucoup de locataires seront
évincés, étant donné leur incapacité de
payer. La conversion des immeubles locatifs, c'est un projet pour les
promoteurs vendeurs qui se réalise au détriment des gens à
revenu plus modeste. Il n'y a pas de mécanisme qui puisse garantir
au locataire de demeurer dans son logement au même loyer.
Spéculation: Depuis l'annonce, par le ministre, que les
transactions immobilières sur les logements locatifs sont ralenties, les
propriétaires actuels attendent la levée du moratoire pour
réaliser un gain substantiel en revendant leur immeuble en
copropriété. La réalisation de ce gain de capital non
imposable se révélera une rente économique aux
propriétaires actuels. Le coût du logement sera stimulé
dans l'ensemble du secteur locatif par effet d'entraînement et la valeur
des immeubles connaîtra une croissance proportionnelle au loyer.
Ce que nous souhaitons dans le secteur du développement des
coopératives. Le développement d'un secteur coopératif
pourrait permettre, d'ici cinq à dix ans, la présence d'un
régulateur sur le marché de l'habitation locative. Cela se
révèle de plus une solution économique pour les
clientèles è revenu modeste et faible. Or, quelque 15 % des
locataires, soit environ 150 000 ménages, ont des problèmes
d'ordre financier pour se loger convenablement.
Enfin, près du tiers des locataires souhaitent vivre en coop,
soit quelque 350 000 ménages. Pour pouvoir poursuivre de façon
harmonieuse le développement des coopératives, il faut rassembler
les conditions suivantes: Premièrement, une volonté claire du
gouvernement de développer un secteur coopératif fort comme
régulateur du marché; deuxièmement, un programme
préparé en concertation et qui permet de réaliser des
projets coopératifs sans subvention de capital, sait par un
mécanisme de garantie de prêt et de prise en charge
décroissante de coût d'exploitation; troisièmement, le
maintien du réseau actuel des GRRT, les coops en développement
bénéficient de l'expertise et de l'efficacité de ces
derniers, c'est une formule gagnante qui est même utilisée dans
d'autres ministères; quatrièmement, le maintien d'un programme de
type supplément au loyer pour les coops et OSBL; cinquièmement,
des fédérations fortes agissant sur la représentation et
les services.
Vous avez, en annexe 1, un petit tableau qui présente les
différentes formes d'aide gouvernementale accordée dans le
secteur de l'habitation. La plus forte aide gouvernementale accordée,
c'est l'exonération d'impôt sur le gain en capital; ce n'est pas
une façon de canaliser l'aide gouvernementale vers les gens les plus
démunis. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je remercie le Conseil québécois de
l'habitation populaire pour sa présentation. Au cours de la
journée d'hier, il y a eu une longue réunion au cabinet du
ministre, à Montréal, où j'ai eu l'occasion de rencontrer
les intervenants, Mme la députée de Dorion a
présidé cette séance qui s'est prolongée sur une
période d'au-delà de deux heures ou deux heures trente.
Finalement, cette réunion a permis de dissiper la majorité des
doutes qui pouvait subsister sur la loi 137. Cela démontre, encore une
fois, la volonté du gouvernement de consulter les intervenants du
milieu.
Je sais qu'au mois de décembre, il y avait eu aussi des
consultations entre la SHQ et les groupes en question relativement è la
loi 137. Nous avons indiqué notre intention de rencontrer les
mêmes groupes au cours des prochains mois dans des séances de
consultation relatives, entre autres, à l'année des sans-abri et,
également, à ta question du programme Logipop.
Au sujet de la question dont on parle présentement, je pourrais
peut-être poser la première question. Quant à la loi 157
comme telle, est-ce qu'il y a encore, de votre part, des points qui demeurent
en suspens ou des zones grises ou si vous avez reçu, hier,
réponses à toutes les questions que vous avez posées.
M. Paquet: Au niveau technique, je pense que...
Le Président (M. Rochefort): ...M. le ministre?
M. Bourbeau: Je voulais dire des réponses satisfaisantes
aux questions que vous avez posées. Avez-vous eu des réponses
satisfaisantes, hier, aux questions relatives à la loi 137?
Le Président (M. Rochefort): M. Lavoie. M. Paquet:
M. Paquet.
Le Président (M. Rochefort): Excusez-moi.
M. Paquet: Au niveau technique, nous avons mieux compris le
projet de loi 137. Toutefois, nous n'avons pas eu les éclaircissements
que nous souhaitions obtenir quant à l'orientation du gouvernement face
au développement des coopératives et face è sa position au
niveau des programmes qui nous affectent.
M. Bourbeau: Bon, très bien: Évidemment, on
déborde de la loi 137. Je comprends que sur la loi 137 comme telle, il
n'y aurait pas de gros problèmes. Je comprends, selon le document que
vous nous avez fait parvenir, que pour l'essentiel on s'entend pour faire en
sorte que les efforts de tous ceux qui oeuvrent dans le monde de l'habitation
portent en priorité sur la qualité des logements ou le fait qu'on
veuille
apporter des solutions aux problèmes de logements qui sont subis
ou expérimentés par les groupes les plus démunis. Vous
êtes d'accord avec cette philosophie d'axer nos efforts sur ces
groupes-là en priorité, si je comprends bien. Dans ce
sens-là, je voudrais savoir comment on peut s'assurer que dans le
mécanisme qui prévaut lors de la sélection des
coopérateurs dans les coopératives, on donne justement la
préférence aux groupes les plus démunis.
M. Paquet: On a un programme au niveau fédéral,
l'ancien programme 56.1, maintenant un nouveau programme, l'hypothèque
indexée, on a les obligations à l'intérieur de conventions
au niveau fédéral pour admettre un minimum de gens à
faible revenu à l'intérieur des coopératives et nos
subventions à l'exploitation peuvent être retirées si ce
n'est pas le cas.
M. Bourbeau: Voulez-vous nous dire quel est ce minimum?
M. Paquet: Au niveau fédéral, c'est 30 %; 15 %
minimum et 30 % maximum.
M. Bourbeau: Doit-on comprendre que l'excédent de 70 % ou
de 85 $ n'est pas choisi parmi la clientèle des plus démunis,
mais parmi une clientèle autre?
M. Paquet: Dans le cas du programme fédéral, c'est
exact: mais ces gens-là ne bénéficient pas de subvention,
parce que le programme fédéral est un programme
d'hypothèque indexée. Donc, le paiement hypothécaire
augmente dans le temps, ce qui permet de transporter des dettes actuelles au
futur et cela permet aux gens de payer le loyer marchand.
M. Bourbeau: Dans les programmes qui sont livrés par la
Société d'habitation du Québec qui seraient d'habitation
sociale, je réfère entre autres aux HLM, par exemple, ce serait
la même chose pour le supplément au loyer dans le secteur
privé, on a des listes d'attente de gens qui font des demandes, à
l'égard desquels on fait une enquête pour savoir quel est
l'état de leurs revenus de façon à s'assurer que les gens
qui entrent dans nos HLM sont vraiment ceux qui en ont le plus besoin. Vous
savez qu'il existe des systèmes de points assez sophistiqués. On
tient compte d'une foule de facteurs, le principal étant l'état
des revenus de ces familles à faible revenu ou de ces personnes
âgées, de sorte qu'on peut dire que les gens qui accèdent
aux logements publics subventionnés dans le secteur des HLM sont
vraiment les plus démunis de la société. Est-ce que vous
pourriez nous dire quel système vous utilisez pour le choix de vos
coopérateurs dans les coopératives? Est-ce qu'il y a un semblable
système de sélection?
M. Paquet: Vous savez, les coopératives sont des
organisations privées, contrôlées par les membres. Les gens
définissent leurs priorités et leurs critères de
sélection. Dans toutes les coopératives, un certain nombre de
logements est réservé pour des gens à faible revenu. Parmi
les gens à revenu faible ou à revenu faible égal entre
eux, on choisit la personne qui nous apparaît la plus apte à
participer à un projet collectif de coopérative.
M. Bourbeau: Je comprends les objectifs du système
coopératif et l'entraide mutuelle, etc., sauf que quand on parle de
fonds publics qui sont mis à la disposition des groupes en question a
des conditions intéressantes ou même très
intéressantes, par exemple, à un taux d'intérêt de 5
% alors que le marché est à 9 %, il faut quand même
réaliser que c'est une subvention à même les fonds publics.
Est-ce que, par exemple, on pourrait penser que, dans les coopératives,
il y a des gens qui gagnent 35 000 $, 40 000 $ et 45 000 $? Je vous pose la
question parce que ce sont des remarques qu'on entend et des critiques qu'on
entend à l'occasion. Je profite de votre présence pour vous
permettre de nous éclairer un peu là-dessus.
M. Lavoie: Je voudrais répondre à cette question.
C'est évident que, dans certaines coopératives, on peut retrouver
des gens qui ont un revenu de 30 000 $, malgré que je n'en connais pas
beaucoup, mais il en existe. Ce sont souvent des gens qui ont participé
à des programmes coopératifs depuis cinq ans ou six ans, surtout
entre 1975 et 1980 où il y a eu beaucoup de développement de fait
au niveau des coopératives. Par la suite, ces gens-là ont
changé de statut, soit parce qu'ils ont trouvé du travail, soit
qu'ils ont monté dans ce qu'on peut appeler l'échelle sociale au
niveau des revenus, mais, en majorité, dans les coopératives, il
y a deux catégories de personnes qu'on retrouve. D'ailleurs, vous avez
un tableau en annexe du mémoire où on retrouve les proportions
des catégories de gens. Vous avez, pour la plupart, des gens qui gagnent
moins de 15 000 %. C'est un peu cette clientèle qu'on vise par le
supplément au loyer, les gens vraiment à faible revenu qu'on
pourrait retrouver autant à l'intérieur des HLM qu'à
l'intérieur des coopératives. Vous avez aussi l'autre
catégorie de gens qui sont des gens à revenu moyen qui sont
souvent les plus délaissés au niveau des programmes parce que,
premièrement, ils ne sont pas reconnus dans les programmes de HLM ou ils
ne sont pas reconnus dans les programmes sociaux en général.
Deuxièmement, ils ne peuvent pas
s'offrir un logement à un coût du marché qu'on
retrouve dans les différentes régions ou, surtout, ils ne peuvent
pas accéder à la propriété. Cette
clientèle-là est aussi touchée dans les
coopératives. Je ne pourrais pas vous dire les proportions. Toute
proportion gardée, il y en a une grande partie, aussi, parce qu'on est
limité par le supplément au loyer qui limite à 25 % du
nombre de locataires dans les coopératives. Je peux vous assurer que si
les programmes de supplément au loyer étaient plus
généreux, autant dans les programmes qui viennent de se terminer
que le programme intégré et un PARCQ, c'est à peu
près certain qu'on aurait une clientèle beaucoup plus large de
gens à faible revenu dans les coopératives.
Le Président (M. Rochefort): Si vous me le permettez, M.
le ministre. Je pense que vous avez fait référence à un
document qui n'est pas celui qui a été distribué aux
membres de la commission. J'imagine que j'ai le consentement des membres de la
commission pour que cet autre document soit aussi distribué puisque le
groupe qui est devant nous avait prévu le remettre aux membres de la
commission. D'accord? Si possible, on va en faire la distribution aux membres
de la commission. Si vous voulez poursuivre, M. le ministre.
M. Bourbeau: Je pense qu'on touche justement un des points
importants du débat, puisqu'on se préoccupe tous de la survie des
coopératives. On voudrait que l'État, le gouvernement, vienne en
aide de plus en plus à l'habitation, intervienne de plus en plus dans le
secteur de l'habitation. Cela devient, à un moment donné un choix
de société ou un choix politique de décider où
iront les fonds gouvernementaux. Est-ce qu'on va aller vers les citoyens
à revenu maximum, à revenu moyen, à revenu modeste ou vers
les plus démunis? (11 h 45)
Quant à nous, on a opté carrément pour les
clientèles les plus démunies. Je me demande jusqu'à quel
point on peut s'assurer que dans le sytème coopératif, justement,
ces clientèles s'y retrouvent et qu'on n'est pas en train - enfin, ce
n'est pas moi qui me pose la question; ce sont bien les gens -d'utiliser des
fonds publics pour venir en aide à des gens qui ne font pas partie de
ces catégories. Relativement au mécanisme de choix de vos
coopérants, je reformule ma question. Est-ce que vous ouvrez la porte,
dans vos coopératives, à l'ensemble des citoyens de la
communauté ou si c'est restreint à un certain groupe? Si oui,
comment procédez-vous pour choisir ce groupe? Est-ce que vous publiez
des annonces? Est-ce que vous notez des demandes? Est-ce que vous
vérifiez les revenus des qens qui font la demande? D'autre part, une
fois que les gens sont dans le système, si quelqu'un chez vous gagne la
Lotto 6/49, gaqne 1 000 000 $, par exemple, est-ce qu'il est exclu de la
coopérative ou s'il continue à demeurer dans un loyer de 300 $
par mois, alors que le loyer du marché est, disons, de 500 $ par mois?
C'est ce genre de questions qu'on se pose. J'aimerais vous entendre
là-dessus.
Le Président (M. Rochefort): M. Paquet.
M. Paquet: D'abord, historiquement, les coopératives
d'habitation ont toujours desservi des clientèles à revenu faible
et modeste. Vous avez notre annexe 2 à notre document. Au-delà de
80 % de notre clientèle gagne moins de 25 000 $ par année. Vous
voyez dans un tableau intitulé "Revenu des ménages" des
statistiques pour Montréal et l'Estrie.
Deuxièmement, nous souhaitons nous aussi - nous l'avons
déjà dit - aider au maximum les qens les plus démunis.
Nous souhaitons que l'aide aille vers les gens les plus démunis. C'est
évident que ce n'est pas toujours ce qui s'est produit dans le
passé, parce qu'il y a quand même un certain nombre de membres
dans nos coopératives, 20 %, qui gagnent au-delà de 25 000 $ par
année. II est cependant important que nous ayons une mixité des
clientèles à l'intérieur des coopératives. Dans les
coopératives, on a besoin de la force de travail des membres à
tous les niveaux. C'est important d'avoir des gens différents à
l'intérieur d'une coopérative.
Nous souhaitons que l'aide gouvernementale aide les gens à faible
revenu et que les gens qui ont un revenu plus élevé
bénéficient uniquement de l'avantage coopératif,
c'est-à-dire de l'absence de spéculation sur nos logements, de
l'absence de prise de profits sur nos logements et d'un bénéfice
que l'on peut retirer par notre participation individuelle à
l'intérieur d'une coopérative.
M. Bourbeau: Disons que c'est un des sujets qui créent
parfois des appréhensions, parce qu'on entend parler parfois de gens qui
demeurent dans les coopératives, des fonctionnaires, et qui gagnent 50
000 $, 60 000 $ par année, ou des professeurs d'université. Cela
étonne toujours, quand on fait des rencontres comme celles-là, de
réaliser que, finalement, il se peut que les fonds publics viennent en
aîde à des gens qui ne sont certainement pas dans la
catégorie des gens qui ne pourraient pas se débrouiller
seuls.
Je comprends toutefois les autres arguments que vous évoquez.
Maintenant, il reste encore un point. Il n'y a pas de mécanisme de
sortie dans la coopérative si le revenu d'un individu excède
disons
50 000 $ par année ou quelque chose comme cela, ou s'il y en
a.
M. Paquet: Il n'y a pas de mécanisme de sortie. Il y a un
mécanisme de hausse de loyer.
M. Bourbeau: Alors, vous vérifiez les revenus des membres
de la coopérative chaque année?
M. Paquet: Quand une coopérative a un programme de type
supplément au loyer ou aide de dernier recours dans l'ancien programme
de la SCHL, les revenus des gens sont vérifiés. On se doit de les
vérifier. Un expert-comptable, un comptable agréé en fin
d'année vérifie pour la Société d'habitation du
Québec, la Société canadienne d'hypothèques et de
logement si on gère bien et on contrôle bien les subventions en
fonction des revenus des gens.
M. Bourbeau: Je comprends bien. Mais est-ce que vous
vérifiez les revenus de ceux qui sont admissibles au programme de
supplément au loyer ou les revenus de tous les membres de la
coopérative?
M. Paquet: Ce qu'on vérifie, c'est dans le cadre du
programme de supplément au loyer.
M. Bourbeau: Donc, il n'y a pas de vérification faite
à l'égard des autres membres de la coopérative qui n'ont
pas accès au programme de supplément au loyer?
M. Paquet: Sans ces vérifications, on dessert à 80
% une clientèle à revenu faible.
M. Bourbeau: Je comprends très bien. Effectivement, je
comprends bien que vous avez 80 % de la clientèle qui gagnent moins de
20 000 $, je crois.
M. Paquet: 25 000 $.
M. Bourbeau: Tout à l'heure, vous avez abordé la
question du supplément au loyer. Vous avez évoqué la
question du choix. Vous avez plaidé pour le choix des individus quant
à l'endroit où ils pourraient ou devraient demeurer. Je dois
admettre que j'ai un peu de difficulté à comprendre le
bien-fondé de l'argument, parce que si ces individus décident
d'aller, par exemple, dans les HLM, le choix n'est pas non plus très
grand. Les HLM sont construits à un endroit donné et les gens qui
veulent faire une demande à l'Office municipal d'habitation pour
être admis éventuellement dans un HLM n'auront pas le choix du
HLM. Ils vont aller dans le HLM qui existe, qui est construit.
Vous construisez une coopérative. Si jamais vous devez admettre
quelqu'un éventuellement, il devra aller dans cette coopérative,
et il ne pourra pas dire: Je voudrais aller sur la rue suivante, s'il n'y a pas
de coopérative. Dans ce sens, avec un supplément au loyer dans le
secteur privé, le choix sera peut-être plus grand, parce qu'il y
aurait plusieurs choix. Il y aurait peut-être des logements qui
deviendront disponibles sur plusieurs rues et on pourra peut-être offrir
à la clientèle qui sera reconnue admissible un meilleur choix de
site de logement que dans les systèmes actuels.
En ce qui concerne le supplément au loyer, de toute façon,
vous avez fait état d'un manque de consultation. Je tiens quand
même à vous dire que nous sommes présentement en train de
planifier des projets pilotes en cette matière et il n'est pas question,
pour l'instant, d'instaurer un programme gouvernemental. Nous allons tester
dans le champ, si je peux dire, le projet en question. Si jamais les
résultats se révèlent satisfaisants, nous ferons une
évaluation du projet et possiblement qu'à ce moment, nous
pourrons consulter l'ensemble de ceux que cela intéresse avant de lancer
officiellement le gouvernement sur cette piste. C'est tout ce que j'avais
à dire pour l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Merci. Moi aussi, je vous remercie pour la
présentation de votre mémoire. Si je comprends bien
l'échange de vues que vous venez d'avoir, finalement, ce que vous
demandez, ce qui vous inquiète, c'est l'orientation politique
générale en fonction de la reconnaissance du secteur
coopératif. La philosophie coopérative, comme telle, a fait ses
preuves. En tout cas, s'il y a une place où elle a fait ses preuves,
c'est au Québec, dans d'autres secteurs. Je suis bien placé pour
le savoir. J'ai travaillé quinze ans chez Agropur, et c'était une
coopérative de petits producteurs agricoles qui est devenue un
géant dans l'agro-alimentaire, et les caisses populaires. On pouvait
déposer 0,10 $ quand on allait à l'école, mais si on qagne
1 000 000 $ à la loterie, on va encore le mettre à la caisse. Je
n'irai pas le mettre à la banque. C'est une philosophie, c'est un choix
qu'on fait. Ce que vous demandez, si je comprends bien, c'est qu'il y ait une
préoccupation de développement coopératif, pas juste de
maintenir les programmes, pas juste de faire en sorte de reconnaître
qu'il y en a, mais de les développer, reconnaître que le
système coopératif est important au niveau de l'habitation; parce
que c'est un choix de mode de vie. Ce qu'il y a de différent dans
l'habitation coopérative par rapport au reste, c'est qu'on ne va pas
juste se loger à côté de quelqu'un, c'est qu'on s'en va se
loger et
se prendre en main dans un lieu commun, avec d'autres.
Si on accepte cette philosophie comme étant importante pour les
Québécois qui n'ont pas d'autres programmes ou d'autres moyens
d'accéder à la propriété parce qu'on le fait en
groupe, cela peut être une étape pour autre chose. Cela peut
être aussi un choix où même si on s'en va là-dedans
parce qu'on n'a pas les moyens de devenir propriétaire d'un bungalow,
quand on est installé, même si on a les moyens d'avoir un
bungalow, on décide d'y rester parce que c'est un milieu de vie. Vous
voulez cette reconnaissance, mais de façon qui soit tangible,
c'est-à-dire le maintien des GRT, parce que cela prend quelqu'un pour en
faire la promotion»
Je regarde dans l'autre document que vous venez de nous distribuer, il y
a tout un chapitre qui parle d'une table de concertation où
participeraient le ministre des Affaires municipales, la Direction des
coopératives du ministère de l'Industrie et du Commerce, la
Société de développement coopératif, le Conseil
québécois d'habitation populaire. Je trouve que ce serait un bon
moyen de sensibiliser les gens impliqués et peut-être aussi d'en
faire la promotion autre que juste définir des programmes, d'en faire la
promotion, parce que ce que je trouve intéressant dans ce que vous avez
dit, c'est que non seulement les gens accèdent à la
propriété, se prennent en main, maïs que cela permet aussi
de garder les loyers bas. Là-desssus, j'aurais une question. Vous avez
parlé du supplément au loyer. Il est évident que les
démunis... Ce que vous demandez, ce n'est pas nécessairement de
l'aide pour toute la coopérative, pour ceux qui n'en ont pas besoin,
mais de permettre aux démunis de pouvoir habiter les
coopératives. Quel serait le pourcentage idéal, qui pour vous
serait souhaitable, de gens démunis admissibles au supplément au
loyer dans les coopératives?
M. Paquet: D'abord, il est vrai qu'une coopérative donne
un choix aux gens. Je vais profiter de votre question pour répondre
à celle de M. le ministre tantôt. On n'a pas prôné,
dans notre mémoire, la liberté de choix des logements; on a
prôné, nous, la liberté d'association, le choix que les
qens font quand ils viennent vivre dans une coopérative, c'est de
s'associer avec d'autres pour partager des dépenses et partager des
tâches.
Qaunt au développement, oui, ce que l'on souhaite, c'est un
programme qui permet d'aider les plus démunis, qui permet aux gens de se
loger convenablement à un coût raisonnable. On n'est pas d'accord
pour que des gens à revenu élevé soient
subventionnés à l'intérieur des coopératives. Nous
mêmes, des coopératives, dénonçons cet état
de fait quand on le voit. Cependant, rien n'empêche actuellement ni ne
contrôle cet effet. Nous souhaitons une clientèle mixte, une
clientèle d'environ 30 % à 40 % pour des logements
coopératifs subventionnés et 60 % à 70 % des gens qui
paient le plein montant d'un loyer. Par cela, nous voulons aider le plus de
gens démunis possible, dans le plus grand nombre de coopératives
possible. Parce que le secteur coopératif, par le biais de la
concurrence, c'est un bon frein à la hausse des loyers dans l'ensemble
du secteur. Il y a deux effets qu'on souhaite: aider des gens à faible
revenu directement par le biais des coopératives et avoir un impact sur
l'ensemble du marché du logement locatif au Québec par une
présence forte.
M. Paré: Si je comprends bien, vous êtes en train de
nous dire que les coopératives seraient la meilleure économie en
habitation sociale parce que, d'une part, on n'augmente pas les loyers pour le
plaisir de le faire, puisque c'est l'avantaqe d'aller dans une
coopérative, donc cela permet de maintenir une compétition au
secteur privé dans le milieu de l'habitation. Plus on en a, plus on
incite ou on désincite l'augmentation des loyers. C'est une
économie d'une autre façon pour le gouvernement, parce que le
supplément au loyer des coopératives est plus économique
que la construction des HLM. Est-ce que ce sont les...
M. Paquet: C'est exact.
M. Paré: ...avantages que vous voyez quant au
coût?
M. Paquet: Dans les coopératives, ce qui est
intéressant dans l'immeuble pour un promoteur privé, c'est
d'augmenter les loyers. La valeur d'un immeuble est directement reliée
aux loyers qu'on peut percevoir à l'intérieur de l'immeuble. Plus
les loyers sont hauts, plus c'est payant. Un propriétaire privé
force constamment pour trouver tous les trucs afin d'augmenter le loyer,
d'autant plus que, à ta revente, le gain de capital est non imposable.
Le fait qu'il soit non imposable, c'est une subvention qui ne va pas aux plus
démunis mais qui va aux plus fortunés. Le contrôle des
coûts dans une coopérative est différent. Dans une
coopérative, on cherche tous les trucs possibles pour ne pas que cela
coûte cher. La plupart des coopératives font elles-mêmes
leur conciergerie, une bonne partie de l'entretien, l'administration et, de
plus, on se regroupe; au lieu de se concurrencer, on se regroupe. En se
regroupant, on a un volume d'achat qu'on utilise. Les fédérations
régionales ont des "pools" d'achat dans les cinq régions
fédérées en habitation au Québec; on négocie
ensemble les assurances, l'huile à chauffage, les matériaux de
construction; on négocie tout en groupe. Ce
qui fait que, constamment, on cherche des trucs pour diminuer les
coûts. Donc, subventionner quelqu'un à faible revenu par le biais
d'une coopérative coûte moins cher que subventionner quelqu'un
à faible revenu par le biais d'un logement privé.
M. Paré: Tantôt, dans la présentation de
votre mémoire, vous parliez d'un objectif de 15 % du marché aux
mains des coopératives. J'aimerais savoir combien vous en avez
d'unités présentement et combien cela représente en
pourcentage. Pour atteindre cet objectif, cela voudrait dire la construction de
combien d'unités par année; sur un nombre d'années, ce
serait quoi en chiffres? Est-ce que cela a été calculé?
(12 heures)
M. Paquet: Actuellement, on est à 2 %, le secteur
coopératif et l'OSBL ensemble. S'il y a 1 000 000 de logements locatifs
au Québec, il y a 300 000 personnes qui désirent vivre dans des
coopératives, dans ces 1 000 000 de ménages, on en a pour
longtemps avant d'atteindre 15 % du marché locatif, bien sûr,
selon les années de construction également. Avec les taux
d'intérêt bas, actuellement, la construction, l'expansion est
très rapide. Il faudrait aussi que les coopératives et l'OSBL
puissent suivre le rythme, ce qui n'est pas le cas avec les programmes
actuels.
Nous pensons qu'en cinq ou dix ans, nous pouvons devenir un bon
régulateur du marché, en développant 2000 logements par
année dans l'ensemble du Québec ineluant, bien entendu, ce qui se
fait au fédéral.
M. Paré: Par contre, juste le maintien des programmes
actuels ou une baisse et le fait que 56,1 % aient été
changés et tout cela, c'est plus difficile maintenant et le taux
d'intérêt qui est très bas et qui permet une plus grande
construction privée, c'est-à-dire que le risque au cours de la
prochaine ou des prochaines années, si on fait juste maintenir les
programmes d'aide actuels aux coopératives et aux OSBL, cela veut dire
que les 2 % vont aller en diminuant...
Donc, cela veut dire que juste pour se maintenir, il faut absolument, si
on a une préoccupation d'aider ou de maintenir le système
coopératif, on ne peut pas se limiter à l'aide actuelle. Il faut
aller au-delà de cela.
M. Paquet: II faut s'ajuster à ce qui se passe dans
l'ensemble du marché. On ne peut pas se développer de
façon indépendante à ce qui se passe autour. Quand les
taux d'intérêt sont bas, le développement va rapidement sur
le marché privé. Il faut qu'on soit en mesure de pouvoir suivre.
Les budgets sont donnés en nombre d'unités et on n'a pas cette
capacité de s'ajuster à la conjoncture.
M. Paré: Je suis content que le projet de loi 137 n'ait
pas été voté en décembre pour nous permettre
l'échange de propos qu'on a ce matin et celui que vous avez eu hier,
sauf qu'hier, on n'était pas tous là parmi ceux qui sont ici ce
matin. Je suppose que les explications techniques ont surtout porté sur
les articles 21 et 36. Probablement - je vous pose la question - si cela a eu
lieu sur les articles 21 et 36, qu'on accepte de maintenir l'article 64 et
probablement qu'on accepte de dire que le supplément au loyer est
étendu seulement aux coopératives et aux organismes sans but
lucratif. Je ne sais pas si c'est cela qu'on vous a dit. Si c'est cela, est-ce
que cela vous satisfait?
M. Paquet: Ce qu'on nous a dit hier, c'est que l'abolition de
l'article 64 n'empêchait pas les programmes de subvention aux
coopératives et aux OSBL. On nous a dit que c'était l'article 93
ou 94 qui permettait de donner de telles subventions.
M. Paré: C'est tout à fait vrai sur le plan
très technique si on dit que, maintenant, l'article 3 va permettre
à la société de présenter tous les programmes
qu'elle va juqer utiles au développement de l'habitation au
Québec, sauf que l'article 3 ne met pas, comme l'article 64, une
obligation sur le principe de l'habitation coopérative. Est-ce que
j'interprète bien l'article 64 actuel qui serait une obligation de
principe pour le ministre responsable de l'Habitation de reconnaître le
secteur de l'habitation coopérative?
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais poser une petite
question au député pour clarifier le cas; c'est important. Le
député a dit: une obligation à l'article 64. L'article 64
dit: "La société peut" et non pas "doit". Donc, il n'y a pas
d'obligation à l'article 64. Je veux quand même le souligner.
M. Paré: D'accord. Il n'y a pas d'obligation avec "peut".
C'est évident que "peut" laisse entendre qu'elle ne peut pas. Mais qu'il
y ait un article dans un projet de loi qui insiste sur une forme d'habitation,
cela reconnaît le principe et, normalement, si on reconnaît le
principe, pour quelle raison y aurait-il un article semblable dans un projet de
loi qui serait là? On dit que le législateur n'a pas à
admettre d'article inutile dans un projet de loi. Donc, "peut" veut dire qu'il
y a une volonté de le faire et, si on enlève cet article, je dois
vous dire que nous allons certainement proposer, si nous ne vous l'avons pas
promis, une modification pour le conserver.
Nous sommes d'accord avec la reconnaissance, au moins, du principe. S'il
y a la volonté, c'est la seule place dans le
projet de loi où on peut vraiment manifester cette
volonté.
Ce qu'on a fait hier, si je comprends bien, c'est un dialogue sur
l'explication technique, à savoir que cela n'a pas de valeur
légale, mais il n'y a pas eu de parole donnée à savoir
qu'on était prêt à retirer l'article 64. Est-ce que c'est
la base de la discussion ou si on accepterait de maintenir l'article 64 selon
les discussions que vous avez eues hier?
M. Paquet: On nous a dit, hier, que cela n'affectait pas la
possibilité pour la SHQ de faire des programmes aux coopératives.
On nous a dit aussi que le gouvernement était intéressé
à continuer de faire des programmes pour les coopératives. On a
eu l'occasion de manifester notre insatisfaction au fait qu'on n'a pas
été consulté dans les grands dossiers qui nous concernent.
On nous a dit qu'à l'avenir, on nous consulterait. Même que
l'article 3 du projet de loi donne à la SHQ l'obligation de nous
consulter ou de consulter les groupes concernés.
M. Paré: L'obligation; il peut consulter les groupes. Si
l'article 64 n'oblige pas, c'est qu'on reconnaît qu'il y a un secteur qui
doit être retiré de l'article 3, qui n'est plus important ou, en
tout cas, auquel le gouvernement doit tenir compte. J'ai l'impression qu'en
retirant le principe que le secteur coopératif en habitation est
important, on perd une garantie. De ce côté-là, on
demandera que l'article 64 soit maintenu en fonction de ce qu'il était
prêt à nous donner à la veille de la fin de la session.
Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais je vous pose la
question même si c'est un cas précis, parce que c'est un cas qui a
été soulevé fin décembre et début janvier.
C'est la vente par un organisme sans but lucratif, Logisque, de complexes aussi
importants que Parc Cloverdale et Jardins Lasalle à l'entreprise
privée. C'est une première. Il s'agit de 735 maisons qui passent
du secteur OSBL à l'entreprise privée. Est-ce que vous êtes
au courant de ce dossier? Est-ce que cette première vous inquiète
pour les organismes semblables qui existent déjà?
M. Paquet: On est au courant du dossier, mais pas en profondeur.
Les gens des GRT pourront vous éclairer de façon plus
précise. Évidemment, cela nous inquiète qu'un organisme
sans but lucratif puisse vendre à profit un ensemble de logements qui
étaient destinés à des gens à revenu modeste. De
notre côté, on veut analyser cela et contacter les gens de la
Société canadienne d'hypothèques et de logement puisqu'il
semble que c'est un de ses dossiers.
M. Paré: Au cours des échanqes de propos que nous
aurons dans les prochains jours, on va certainement en discuter pour
prévenir. Si on ne peut pas corriger des gestes passés
légaux, semble-t-il, au moins, qu'on prévienne ce genre de choses
puisqu'on voit maintenant que c'est possible, que c'est faisable.
Dans la deuxième partie du mémoire que vous nous avez
présenté ce matin, il est question de la levée du
moratoire. Je n'ai pas l'intention de revenir sur le fond, je n'ai surtout pas
l'intention de recommencer un débat de procédure, mais je
n'aurais qu'une question à vous poser. Il y a des locataires actuels qui
veulent le demeurer et il y a des qens qui ne peuvent pas devenir
propriétaires. Une des façons de devenir propriétaire,
pour les gens qui seront touchés par la levée du moratoire, si
cela a lieu, pourrait être par des coopératives, et
peut-être juste par cela. Vous êtes contre la levée du
moratoire, mais s'il y a levée du moratoire, est-ce que vous allez
demander un programme qui permettrait aux locataires actuels de devenir
propriétaires par le truchement du canal que vous défendez,
c'est-à-dire la coopérative?
M. Paquet: Pour nous, une forme coopérative, c'est une
forme de propriété indivise. Déjà, actuellement, on
peut acquérir des immeubles et devenir propriétaire de
façon collective. En somme, la levée du moratoire ne crée
pas de potentiel nouveau pour les coopératives d'habitation. Que le
moratoire soit levé, pour les coopératives, cela ne nous affecte
pas. Les gens qui sont affectés, ce sont ceux qui demeurent dans ces
logements actuellement qui risquent d'être expulsés de leur
logement.
M. Paré: Sauf que les qens, à l'heure actuelle,
n'ont pas la préoccupation de devenir sociétaires d'une
coopérative dans un immeuble comme cela puisqu'ils sont locataires. Ils
se sentent en sécurité jusqu'à ce que cela leur arrive. Je
ne sais pas de quelle façon on pourrait... Probablement que c'est par un
programme. Il faudrait qu'il soit conditionnel - là, on va tomber sur le
moratoire et je ne le voudrais pas - à un programme
d'accessibilité à la propriété pour les locataires.
Parmi cela, il devrait y avoir un volet coopératif pour ceux qui ne
veulent pas devenir propriétaires uniques comme tels, mais à
l'intérieur d'un groupe. Je ne veux pas engager de discussion
là-dessus, on en reparlera au mois de mai, mais je pense que l'une des
façons de permettre aux gens de demeurer chez eux, malgré des
revenus insuffisants pour devenir propriétaires, c'est la formule
coopérative ou OSBL. Bon, c'était plutôt un
commentaire.
Il ne reste qu'une minute? S'il ne reste qu'une minute, je vais vous
remercier et
vous dire que j'espère que vous allez venir compléter le
point de vue que vous avez exprimé sur la deuxième partie,
justement, la levée du moratoire au mois d'avril ou de mai. Je vous
remercie, on va prendre bonne note de vos commentaires lors de l'étude
article par article du projet de loi.
Le Président (M. Rochefort): Sur ce, M. le ministre,
brièvement, s'il vous plaît.
M. Bourbeau:; Je n'ai pas épuisé mon temps
encore?
Le Président (M. Rochefort): II vous restait une minute
trente secondes, à peu près.
M. Bourbeau: Très bien. Je ferai un court commentaire,
puisque cela fait deux ou trois fois qu'on parle de la levée du
moratoire. J'aimerais préciser, sans entrer dans le débat, que
quand nous allons publier, au cours des prochaines semaines, l'intention
gouvernementale, les conditions qui pourraient se rattacher à la
levée du moratoire, les gens vont réaliser qu'il n'est absolument
pas question de favoriser l'éviction des locataires. Au contraire, nous
avons l'intention de resserrer d'une façon importante le droit des
locataires d'être maintenus dans les lieux, qu'il y ait levée du
moratoire ou non, de façon à empêcher justement qu'il y ait
des évictions de locataires, ce qui se produit présentement.
Dans le système actuel, il y a des évictions de
locataires, vous le savez; il y a toutes sortes de façons de contourner
le moratoire. Nous avons l'intention de resserrer la protection des locataires.
J'aimerais que tous ceux qui parlent de la levée du moratoire attendent
de voir les garanties que le gouvernement va accorder aux locataires avant de
se prononcer sur le fond du dossier.
Une question, rapidement, une précision que je voudrais vous
demander. Tout à l'heure, vous nous avez dit que les
coopérateurs, dont les revenus augmentent en cours d'année ou
d'une année à l'autre, paient éventuellement des loyers
plus importants. C'est ce que vous avez dit, je crois.
M. Paquet: Oui.
M. Bourbeau: Comment pouvez-vous leur demander de payer un loyer
plus important si vous ne contrôlez pas leur revenu? Parce que vous avez
dit que vous ne contrôlez pas le revenu des coopérateurs autres
que ceux qui sont inscrits au supplément de loyer. Comment pouvez-vous
augmenter leur loyer si vous ne contrôlez pas leur revenu?
Le Président (M. Rochefort): Briève- ment, s'il
vous plaît.
M. Paquet: Ils n'ont plus accès au supplément au
loyer.
M. Bourbeau: Les autres qui n'avaient pas accès au
supplément au loyer dont les revenus augmentent sensiblement, comment
leur loyer peut-il augmenter?
M. Paquet: Le loyer de ceux-là n'augmente pas. Le
programme d'aide aux gens à faible revenu à l'intérieur
des coopératives d'habitation, c'est le programme supplément au
loyer. Les autres programmes dont les coopératives ont
bénéficié, ce sont des programmes de stimulation de la
rénovation, de stimulation de la construction en période de
conjoncture économique où les taux d'intérêt
étaient plus élevés et où il fallait aussi
stimuler, trouver un marché pour les constructeurs, le marché de
la rénovation. On a été un outil de livraison de programme
au niveau de la rénovation et de la construction de logements et aussi
un outil de livraison de programme au niveau de supplément au loyer.
Le Président (M. Rochefort): En conclusion, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je comprends que ce sont uniquement ceux qui avaient
le supplément au loyer; au moment où ils sortent du
supplément au loyer, ils subissent une augmentation de loyer,
d'après ce que vous dites, parce que leur revenu a augmenté. Je
veux simplement terminer en disant ce qu'on vous a déjà dit hier.
Ce n'est pas l'intention du gouvernement de cesser de s'intéresser au
mouvement coopératif en matière d'habitation et de couper les
programmes actuels de supplément au loyer, qui font en sorte de tenter
de venir en aide à l'habitation en général par le biais
des coopératives. Bien sûr, nous allons réviser les
programmes, comme d'ailleurs tous les autres programmes, pour en mesurer
l'efficience à la lumière des principes que nous avons mis de
l'avant, surtout lors de la signature de l'entente Canada-Québec; mais
je peux vous assurer qu'il n'y a pas, dans la machine gouvernementale
actuellement, une intention cachée de mettre une hache dans les
coopératives ou dans les GRT. Je pense qu'on peut dire que pour
l'essentiel, nous avons l'intention de continuer à peu près sur
la même voie que précédemment, sous réserve d'une
réévaluation, évaluation des programmes et de l'efficience
des programmes présentement existants. (12 h 15)
Le Président (M. Rochefort): Sur ces mots, je remercie le
Conseil québécois de l'habitation populaire de sa participation
aux travaux de notre commission, ce matin. Sans
plus tarder, je voudrais inviter la Coordination nationale des groupes
de ressources techniques à prendre place devant nous.
Vous aviez un mot? Oui, rapidement, s'il vous plaît.
M. Lavoie: Je voudrais conclure sur ce que le ministre avait
donné comme information, à savoir qu'un mandat a
été donné à la SHQ de faire la révision des
programmes qui existent. Ce qu'on veut amener comme élément c'est
que... Vous avez dit qu'il y aurait des consultations auprès des
différents intervenants, par la suite. Nous aimerions pouvoir participer
à cette révision au niveau du programme et non pas être
consultés après que le programme sera complété et
expérimenté sur le terrain. Là-dessus, on voudrait
déclarer qu'un comité existe présentement au niveau du
conseil québécois, en collaboration avec la coordination des GRT,
pour élaborer un programme qui sera terminé au mois d'avril. On
va l'élaborer ensemble. C'est dans cet esprit qu'on demande que la SHQ
et le ministre de l'Habitation nous consultent pendant l'année qui
vient.
Coordination nationale des groupes de ressources
techniques
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie.
J'invite donc la Coordination nationale des groupes de ressources
techniques à prendre place à la table des membres.
Bienvenue parmi nous, ce matin. Pour l'information des membres de la
commission, je vous demanderais de vous présenter et, par la suite, de
nous faire la présentation de vos commentaires sur le projet de loi
137.
M. Martel (André): C'est moi qui vais agir comme
porte-parole. Je m'appelle André Martel, du Conseil des ressources
alternatives en habitation, un groupe membre de la Coordination nationale des
groupes de ressources techniques. À ma gauche, M. Jean-Jacques
Bohémier, du GRT de Rosemont, qui représente également la
table des GRT de Montréal, elle-même membre de la coordination
nationale. À ma droite, M. Paul Ouellet, du GRT Action-habitation de
Québec, membre du Conseil des ressources alternatives, ce conseil est
membre de la coordination; M. Roger Michaud, du GRT de Rimouski,
également membre du Conseil des ressources alternatives; et Mme Chantal
Thiboutot, du GRT de Pointe Saint-Charles, qui est membre de la table des GRT
de Montréal. Malheureusement, il nous manque une représentante ce
matin, Mme Danielle Cécile, du Comité de développement de
la Montérégie.
Avant d'aborder les éléments qu'on veut présenter,
je voudrais revenir sur la question des clientèles et la capacité
des coopératives et des organismes sans but lucratif à rejoindre
les ménages a faible revenu. Je dois vous dire que, cette année,
le programme Logipop de catégorie 1 permet et oblige les
coopératives et les OSBL à rejoindre 100 % des ménages
à faible revenu, c'est-à-dire ceux qui correspondent à la
notion de besoins impérieux. La majorité de ces logements seront
faits en coop cette année. Donc, c'est tout à fait
intéressant. Le programme Logipop de catégorie 2 permet de
rejoindre 40 % des ménages sous Je seuil de la pauvreté,
c'est-à-dire correspondant à la nation de besoins
impérieux. Je peux vous assurer que si ce pourcentage était
haussé en termes de supplément au loyer, on irait en chercher
davantage. Comme on est limité à 40 % des unités de
logements, on se conforme à cela, mais si le pourcentage était
plus élevé, on pourrait faire davantage.
D'autre part, en ce qui concerne le programme de coopératives
fédéral, le programme qu'on identifie plus couramment par les
lettres PHI, nous avons négocié, nous, la coordination nationale,
en 1986, pour les projets réalisés jusqu'à maintenant,
c'est-à-dire achat-rénovation, afin que le nombre de
suppléments au loyer puisse atteindre 60 % par projet. Nous avons obtenu
satisfaction à cet égard.
D'autre part, en ce qui concerne la construction neuve, on demandait
également de rehausser le pourcentage maximal possible, mais cela n'a
pas été possible. On n'a pas renoncé. Cela n'a pas
été possible, pourquoi? Parce que le programme PHI est un
programme canadien, donc qui s'applique dans l'ensemble du Canada, et au Canada
anglais, on fait surtout de la construction neuve. Dans ce sens-là, je
crois que si la Société canadienne d'hypothèques et de
logement avait accordé un statut particulier au Québec pour la
construction neuve, c'est-à-dire nous donner plus de suppléments
au loyer, je pense qu'elle se serait sentie dans l'obligation de faire un peu
la même chose qu'avec le Canada anglais. Elle nous a accordé en
achat-rénovation parce que c'est une particularité du
Québec. Je tiens à dire que si M. Rourbeau voulait amener te
gouvernement fédéral à augmenter le nombre de
suppléments au loyer dans la construction neuve pour les programmes de
coop-PHI, on le suivrait. On poursuit encore des démarches dans ce
domaine. Je pourrais dire ceci aussi à M. Bourbeau. Vous parlez du
supplément au loyer sur le marché privé. Si vous voulez
tenter l'expérience, même nous vous le suggérons fortement,
de supplément au loyer tel que vous le proposez pour le marché
privé mais avec les coops-PHI, en plus de ce qu'il y a
déjà dans les coops-PHI, je pense qu'on serait d'accord pour
réaliser cette expérience et hausser le nombre de
suppléments au loyer de cette façon dans les
coopératives. Voilà pour ce premier point.
Je voudrais apporter quelques précisions concernant les groupes
de ressources techniques, dans un premier temps. Les groupes de ressources
techniques existent, c'est-à-dire le programme qui a créé
les groupes de ressources techniques, le programme Logipop existe depuis dix
ans et il existe plusieurs groupes de ressources techniques au Québec
qui ont dix années d'expérience. On compte présentement 38
groupes de ressources techniques sur l'ensemble du territoire
québécois.
D'autre part, les groupes de ressources techniques sont aussi, et c'est
extrêmement important, d'origine locale, c'est-à-dire issus du
milieu où ils fonctionnent. C'est extrêmement important, quand on
développe des projets à caractère social, d'être en
contact avec les organismes du milieu qui oeuvrent aussi dans ce secteur. Cela
nous donne un avantage certain là-dessus.
Je dois dire aussi que les groupes de ressources techniques ont
été créés pour livrer du logement populaire, comme
on dit au Québec, mais du logement populaire au sens de logement social.
C'est sous forme de coop et OSBL, principalement et particulièrement
pour les ménages dont les revenus sont en-deçà de 25 000 $
par année.
Autre élément qu'il est aussi important de préciser
et je pense qu'on n'insiste jamais suffisamment. Il y a des groupes de
ressources techniques partout au Québec, dans toutes les régions
du Québec. Cela va de la Gaspésie à l'Abitibi, en passant
par les grands centres, le Saguenay-Lac-Saint-Jean en allant vers l'Estrie et,
bien sûr, Montréal et Québec. Cela a permis de
réaliser depuis les débuts du programme Logipop, depuis la
création des GRT, presque 15 000 logements coopératifs ou sans
but lucratif dans toutes les régions du Québec. Cela
m'apparaît extrêmement important. On a fait
bénéficier toutes les régions du Québec finalement
de coopératives d'habitation, donc de logements à
caractère social.
D'autre part, pour réaliser leur travail, je pense que c'est
aussi important de le préciser, les GRT ont développé une
expertise dans le domaine de l'habitation, une expertise qui est bien
adaptée aux diverses régions; c'est important de préciser
"aux diverses régions", parce que l'expertise n'est plus uniquement
concentrée dans les grands centres. Elle est disponible partout à
travers le Québec. Elle est donc très près des
ménages locataires et particulièrement des ménages
locataires à revenu faible et modéré.
En ce sens, pour ce qui est de la coordination nationale, on convient
qu'il est important de protéger cette expertise, qui s'est
développée au cours des dix dernières années et qui
s'est accumulée au niveau des
GRT, et de s'attarder à couvrir aussi les secteurs ou les parties
de régions où, présentement, on n'atteint pas encore la
population. On pense que cette protection et le développement de
l'expertise doivent se faire évidemment par l'intensification de
programmes, je répète, qui doivent s'adresser aux plus
démunis. On pense aussi aux ménages à revenu dit
modéré, c'est-à-dire entre 15 000 $ ou 25 000 $ par
année.
On pense aussi que les groupes de ressources techniques, compte tenu de
l'expertise qu'ils ont développée dans le domaine de
l'habitation, pourraient se voir octroyer d'autres mandats compatibles avec ce
qu'ils font et qui seront compatibles aussi avec la mission ajoutée
à la société d'habitation, avec la modification qu'apporte
le projet de loi 137. Je pense entre autres à la question de mandat de
recherche. Les GRT peuvent accomplir des mandats de recherche sur le
développement de formules ou au niveau de la construction,
particulièrement. Aussi, mandats de recherche au niveau des
statistiques. Ils peuvent travailler très bien avec les statistiques des
municipalités réqionales de comté, celles qui en
possèdent, les MRC, etc. À ce niveau, il y a donc lieu de voir
à apporter aux groupes de ressources techniques et à
élargir aux groupes de ressources techniques le mandat qu'ils ont
présentement.
Je dois rappeler brièvement qu'au Québec, les trois quarts
des ménages locataires ont des revenus inférieurs à 25 000
$. Je me base sur la statistique de 1981, c'est la seule à laquelle nous
avons accès présentement. Environ 50 % des ménages de
locataires au Québec ont des revenus inférieurs à 15 000
$. Pour l'essentiel, les groupes de ressources techniques travaillent pour
cette population. Nous pensons que la formule coop-OSBL est intéressante
aussi pour ces ménages, en ce sens qu'ils sont amenés
eux-mêmes à se former pour apprendre à gérer ces
organisations, ce qui a des effets sociaux à d'autres niveaux aussi.
Je pourrais préciser également que nous produisons des
coops d'habitation, des OSBL, mais les groupes de ressources techniques sont
capables également de cibler des clientèles très
particulières. Par exemple, des chambreurs, des personnes
handicapées, des ex-psychiatrisés, des personnes
âgées et aussi des sans-abri. Non seulement on est capable de les
cibler et de les identifier, on le fait d'ailleurs avec d'autres organismes qui
sont plus proches de ces clientèles, mais le fait qu'on soit issu du
milieu, qu'on soit bien implanté dans le milieu permet aux GRT non
seulement de produire du logement, mais aussi d'organiser des services pour
assister ces populations qui ont, en plus du logement, besoin d'un certain
nombre d'autres services
sociaux. L'implantation dans le milieu des groupes de ressources
techniques permet particulièrement de travailler avec ces
clientèles.
Depuis dix ans, les groupes de ressources techniques ont produit 15 000
logements coopératifs. Je l'ai précisé tout à
l'heure mBis je le rappelle ici.
Concernant le projet de loi 137, puisque c'est particulièrement
ce qui nous amène ici, et plus précisément l'article 21
qui abolit l'article 64 qui constitue les organismes sans but lucratif et la
modification qui est apportée à l'article 1662 du Code civil
concernant l'expression "logement à loyer modique"... Dans l'article 64,
quand on regarde le projet de loi 137, on voit qu'il est abrogé,
après on vérifie avec la loi de la société, c'est
là qu'on a constaté ce que voulait dire l'abolition de l'article
64. Après, en constatant à l'aide des règlements de la
société que le programme Logipop est constitué aussi en
vertu de l'article 64, pas uniquement en vertu de cet article-là, mais
que cet article constitue aussi le programme Logipop, au mois de
décembre, lorsque nous avons pris connaissance de cela, on s'est dit:
Quelque chose est en train de changer et nous n'avons pas été
consultés sur cette question. C'est trop important pour le laisser
passer. Nous sommes donc intervenus.
D'autre part, c'est un peu la même chose avec l'article 1662 du
Code civil qui est modifié concernant l'expression "logement â
loyer modique" où on pouvait lire que l'expression "logement à
loyer modique" était étendue à tout autre immeuble. Pour
nous, c'était totalement inacceptable, on avait dans la tête votre
programme de supplément au loyer sur le marché privé, ce
qu'on constate aujourd'hui, c'est que cet article-là, la modification de
l'article 1662, ne permettait pas de faire le programme de supplément au
loyer sur le marché privé, mais vous pouvez le faire de toute
façon par d'autres voies. (12 h 30)
Ce que nous avons demandé à ce moment, c'est que l'article
16.62 soit modifié pour se lire à peu près comme suit: Et
tout autre immeuble sans but lucratif, c'est-à-dire les
coopératives d'habitation et les organismes sans but lucratif. Donc, ce
sont les éléments qui nous ont amenés è contester
le projet de loi 137.
Ce qu'il faut préciser aussi, ce qu'on contestait dans le projet
de loi 137, c'est le fait que nous ne le connaissions pas et nous ne
connaissons pas exactement non plus les orientations du gouvernement en
matière de politique à l'habitation. L'interprétation que
nous avons faite, à ce moment, du projet de loi 137 nous portait
à croire que vous apportiez des modifications importantes quant aux
programmes et nous pensions qu'il fallait agir pour que ces modifications ne
soient pas apportées sans qu'il y ait de consultation.
Donc, je pense que la contestation du projet de loi 137 est
particulièrement reliée à cet élément. Il
faudrait préciser aussi qu'il y a tout un contexte depuis un an qui
s'est créé au Québec autour de l'habitation. D'une part,
l'avenir du programme Lopipop, le programme est mis en évaluation, on ne
sait pas encore exactement ce qui va se produire avec cela.
D'autre part, il y a le budget au niveau provincial qui va être
présenté, on parle de compressions budgétaires dans tous
les secteurs. On ne sait pas comment exactement vous allez réagir
à cela et ce que vous allez faire concernant l'habitation.
En ce qui concerne les groupes de ressources techniques, ils ont tous
été renouvelés au mois d'octobre, je crois, jusqu'au 30
juin. Donc, l'avenir pour nous est bouché au 30 juin. Il y avait
matière à inquiétude là-dessus.
De plus, il y a aussi le comité-conseil sur l'habitation que vous
avez constitué au printemps dernier pour faire faire une
réflexion concernant l'habitation au Québec. Je pourrais rappeler
qu'on ne s'y trouvait pas, le secteur social n'y était pas
représenté. On ne connaît pas non plus le rapport... On n'a
pas encore eu copie. Je ne crois pas qu'il y ait de rapport, de toute
façon, de produit concernant ce point. Il y a aussi toute la question du
supplément au loyer sur le marché privé qui s'est
ajouté dans les derniers jours.
Donc, tous ces éléments nous font penser qu'il y a quand
même des changements quant à l'habitation sociale au Québec
et dans la façon du gouvernement d'intervenir quant à
l'habitation sociale. Nous considérions que, au mois de décembre,
nous devions être consultés sur cela et on pensait que le projet
de loi 137 remettait des choses importantes en question là-dessus.
Ce qu'on constate aujourd'hui, c'est qu'il ne semble pas que le projet
de loi 137 apporte ces modifications quant à la politique à
l'habitation, mais ce qui demeure aujourd'hui, c'est que nous ne connaissons
toujours pas ces orientations. Nous voulons connaître l'orientation du
gouvernement en matière d'habitation et nous pensons que c'est à
la suite de cela que le gouvernement peut mettre de l'avant des programmes pour
traduire ces orientations et non pas faire l'inverse comme cela paraît se
produire présentement.
Pour terminer, je rappelle que nous voulons, en ce qui a trait au
secteur coopératif, un programme accessible aux ménages gagnant
moins de 25 000 $ par année, et une propension à rejoindre le
plus possible les ménages les plus démunis, évidemment, il
faut que ces coûts de location soient abordables pour les
ménages.
Pour conclure assez rapidement, on
parlait tout à l'heure d'un congrès qui s'est tenu en
Ontario où on disait que le Québec, avec sa Régie du
logement, était en avance. Le gouvernement ontarien a amorcé un
programme de développement de logements par organismes sans but lucratif
sous forme de coopérative et qui compte 3000 unités de logement
par année. Si, dans le passé, le Québec a
été à l'avant-garde en amorçant lui-même...
je pense que c'est une des premières provinces canadiennes qui a
lancé elle-même un programme de coopératives d'habitation
sans but lucratif à partir de son propre argent. Aujourd'hui on est en
train de se faire doubler par l'Ontario et on prend souvent l'Ontario comme
échelle de référence. Ce sont les principaux
éléments que nous voulions apporter.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie de votre
présentation. M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Cela me fait plaisir de
revoir encore aujourd'hui, pour la deuxième journée de suite, M.
Martel et les gens de la Coordination nationale des groupes de ressources
techniques. Les propos qu'il a tenus sont très pertinents. J'aimerais
faire quelques commentaires et poser une ou deux questions.
Je conçois qu'au-delà de la loi 317, c'est l'avenir
même du secteur coopératif et le rôle qu'auront à
jouer les GRT dans l'avenir qui est au centre des préoccupations de nos
interlocuteurs. Je peux dire qu'il est normal qu'il y ait une certaine
incertitude ou insécurité, si je peux dire, dans le milieu
puisque nous sommes un nouveau gouvernement qui est effectivement en train de
réfléchir sur les orientations que nous prendrons en
matière d'habitation. Je crois qu'on se scandaliserait si un nouveau
gouvernement ne se posait pas de questions et ne s'arrêtait pas pour
faire le point sur un sujet aussi important. Je pense que c'est un
réflexe qui est tout à fait normal et même souhaitable.
Nous avons formé un comité-conseil qui a regardé
l'ensemble de ces choses-là. On nous dit que le milieu des
coopératives et des GRT n'était pas représenté. Il
y avait quand même autour de la table une expertise dans ce domaine. Il y
avait des gens qui représentaient le Mouvement coopératif
Desjardins, par exemple, qui a une solide expérience en matière
d'habitation. Il y avait des gens qui sont des chercheurs en matière
d'habitation. Je cite entre autres Mme Francine Dansereau, qui est connue comme
étant une des personnes les plus qualifiées dans le domaine de la
recherche en matière d'habitation du côté social, et une
foule d'autres personnes aussi qui sont connues comme étant très
actives dans le milieu de l'habitation sociale. Bien sûr, cela ne faisait
pas l'affaire de tout le monde. Je conçois qu'il y a beaucoup de gens
qui auraient aimé faire partie du comité, mais nous avons
jugé bon de restreindre le comité à quelques personnes
seulement.
Les travaux du comité font présentement l'objet
d'évaluation à la SHQ. Au ministère, nous avons
l'intention, au cours des prochains mois, de rendre publique une politique
d'habitation qui sera soumise au gouvernement pour approbation. Je pense que
cela sera la première fois depuis de très nombreuses
années qu'un qouvernement québécois fera connaître
publiquement ses intentions, sa politique en matière d'habitation, et je
pense que c'est une bonne nouvelle que j'annonce ce matin.
Bien sûr, avant que tout cela soit connu, nous sommes
présentement en train de réévaluer une foule de choses.
Cette évaluation crée de l'insécurité un peu
partout. Les mandats des GRT ont été renouvelés jusqu'au
30 juin. Donc, là encore, insécurité. Mais ce n'est pas
fait dans le but, justement, de créer de l'insécurité.
C'est justement fait dans le but de ne pas poser des gestes à court
terme qui seraient prématurés par rapport aux intentions du
gouvernement. Je peux simplement dire que d'une façon
générale - je l'ai dit tout à l'heure - nous n'avons pas
l'intention de faire un virage spectaculaire en matière d'habitation
dans ie sens de quitter complètement le secteur des coopératives,
et de s'orienter dans une autre direction. Je pense que les coopératives
ont joué un rôle essentiel au cours des dernières
années en matière d'habitation. Elles ont permis à un
grand nombre de ménages québécois de se loger
convenablement à des coûts intéressants pour eux. Nous
avons pu profiter des avantages des proqrammes gouvernementaux, surtout en
provenance du gouvernement fédéral, des programmes qui
étaient très avantageux. Je dois dire que n'eût
été de l'intervention des GRT, il est probable que le
Québec n'aurait pas pu profiter de sa part de la manne
fédérale. Dans ce sens, les GRT ont joué un rôle
très précieux en matière d'habitation.
Le gouvernement fédéral a maintenant un nouveau programme,
le programme PHI qui continue l'ancien programme 56-1 en réduisant
l'intérêt sur les emprunts à un taux d'intérêt
qui est sensiblement moindre que les taux normaux, ce qui a pour
conséquence de faire baisser les loyers. Les GRT s'affairent
également dans ce domaine. Je trouve que c'est tout à fait
souhaitable qu'ils le fassent. Je pense que si les GRT devaient
disparaître, ce serait malheureux pour le Québec parce que nous
nous retrouverions dans la même situation qu'il y a quelques
années où il ne semblait pas possible de pouvoir profiter des
subventions du gouvernement fédéral au maximum.
Je pense que dans la mesure où il y a de l'argent disponible pour
les coopératives, il faut aller le chercher et les GRT m'apparaissent le
véhicule tout à fait qualifié pour jouer ce rôle.
Maintenant, est-ce que le gouvernement va continuer à subventionner les
GRT, comme il le fait maintenant? Est-ce qu'il va les subventionner de la
même manière? Est-ce qu'il va subventionner le même nombre
de GRT? Est-ce qu'on a besoin d'autant de GRT? Tout cela fait l'objet d'une
étude présentement. Je pense que nous arriverons très
bientôt à des conclusions. Mais pour l'essentiel, je ne vois pas
de virage spectaculaire ou de changement important.
Vous pariiez d'un rôle futur différent pour les GRT. Autre
question qu'on doit se poser: Est-ce qu'on pourrait trouver d'autres mandats
pour les GRT? C'est une question intéressante qui a été
évoquée d'ailleurs ce matin, je pense, par un autre groupe,
peut-être par vous, je ne me souviens pas tellement. Il y aurait
peut-être d'autres activités que les GRT pourraient exercer. Par
exemple, lors de la levée du moratoire, il y aura des locataires
è revenu modeste qui auront probablement besoin d'expertise pour se
reconnaître dans le dédale de la réglementation et des
lois. Possiblement que les GRT pourraient jouer un rôle de conseil envers
ces locataires à revenu modeste pour les aider à se retrouver
dans ce système, soit pour consolider leur décision de ne pas
accéder à la propriété ou donc de demeurer dans les
lieux pour les sécuriser et les aider à faire valoir leurs droits
ou alternativement pour les aider à profiter de la levée du
moratoire pour accéder à la propriété. Là
encore, il y a la possibilité d'une expertise. Je ne ferme pas la porte
à la possibilité d'une collaboration avec les GRT dans ce
sens.
Bref, je pense que l'avenir n'est pas aussi gris que certains peuvent le
penser. Ce n'est pas parce que le gouvernement est présentement en train
de réfléchir qu'on doit nécessairement penser que cette
réflexion va aboutir éventuellement à des conclusions qui
seraient néfastes pour le mouvement coopératif et pour les
GRT.
Écoutez, pour l'instant, je préférerais laisser
à l'Opposition le loisir de poser des questions. Puisqu'il me reste du
temps, je me réserve la possibilité de revenir à la fin
avec une ou deux questions. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre.
M. le député de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. Je vous remercie
aussi de la présentation de votre mémoire. Juste quelques
commentaires à la suite de ceux du ministre. À vous entendre, on
a l'impression qu'on commence à s'occuper d'habitation, puisque vous
dites qu'enfin il va y avoir une politique de l'habitation.
Je vais vous dire ceci. Vous n'avez pas écouté la
présentation du mémoire. On a dit qu'au moins le Québec
avait été le premier à se donner un programme pour
l'habitation coopérative. On a fait des choses. On s'est donné un
ministère de l'Habitation que vous venez d'abolir ou que vous êtes
sur le point d'abolir avec le projet de loi 137. Cela fait une drôle de
politique quand on commence par couper la tête du ministre. Vous oubliez
aussi Se loger au Québec qui a résulté de la consultation
de tout le monde, de tous les intervenants en habitation au Québec et
qui a accouché non pas d'une souris, mais d'une orientation et de
recommandations qui devaient être mis en application et qui ne l'ont
malheureusement pas toutes été. (12 h 45)
Donc, il y a eu beaucoup de choses de faites. Nous aurions
espéré qu'avec la venue du nouveau gouvernement, qui semblait
avoir toutes les solutions à tous les problèmes, la
première chose qu'il aurait faite en arrivant au pouvoir aurait
été de mettre des choses en place et non pas de commencer des
comités d'étude en cabinet privé par des sages qui sont
plus ou moins sages. Je dois vous dire que je trouve cela un peu spécial
d'entendre les commentaires que vous avez faits, où vous dites qu'il y a
des comités et en énumérez plusieurs. Ce comité,
sans consultation, sans échanqe de vues ouvert avec le milieu, vous
êtes en train de nous annoncer une politique rie l'habitation pour, plus
tard, dans quelques semaines. Je mettrais plutôt quelques mois, parce que
si l'on se fie aux annonces que vous avez faites au cours de la première
année, cela a toujours été deux ou trois fois plus long
que prévu. Vous nous annoncez une politique de l'habitation sans
consultation, je trouve cela inquiétant, par un petit groupe qui devait
remettre son rapport en juin 1986. Vous nous dites que vous êtes
seulement en train de l'étudier. Si vous êtes en train
d'étudier le rapport de ce comité d'experts, comment se fait-il
que vous soyez en train déjà de poser des gestes?
Vous êtes en étude, vous étudiez en même temps
le rapport du comité d'étude, vous annoncez une grande politique
et vous présentez un projet de loi, mais normalement, on devrait
attendre pour poser ces gestes que la politique sait connue. C'est cela qui
inquiète le milieu et avec raison. Il n'y a pas d'orientation, il n'y a
pas de consultation et on nous annonce des choses à venir. On va
l'apprendre, cela va être fait. Je pense que cela n'est pas la
façon de faire, en tout cas, ce n'est pas la façon dont les gens
s'étaient habitués, au cours des dernières années;
il y avait des tables de concertation régionales et il y avait des
sommets nationaux, sectoriaux et régionaux. On consultait les
gens. Maintenant, on ne consulte plus. J'ai écouté les
éléments de crainte qui ont été apportés par
la Coordination nationale des GRT. Ce sont des éléments
drôlement inquiétants. Je vais les répéter, cela
vaut la peine, parce que si j'étais à sa place, je dois vous dire
que je serais heureux d'être ici aujourd'hui, non pas
nécessairement heureux de la réponse, puisque j'ai l'impression
que vous n'avez sécurisé personne. Il y a une étude sur
Logipop qui se déroule. Si on évalue, c'est qu'il y a des
dangers. On est en train d'étudier, mais on ne consulte pas. En ce qui
concerne l'évaluation des GRT, le rapport était censé
être sur votre bureau, le 15 décembre. Vous avez le rapport, il
n'est pas public, on ne sait pas où on s'en va, mais vous avez le
rapport. Le renouvellement des contrats avec les GRT, cela se termine le 30
juin 1987. Je ne trouve pas cela sécurisant. Si mon employeur me disait
cela, je dois vous dire que je me poserais des questions. On arrête tous
les contrats à la même date en ne sachant pas où on s'en
va. Il y a eu la privatisation, j'en ai parlé tantôt et on va
revenir sur le parc Cloverdale.
Une voix: ...
M. Paré: Non, justement je suis content que vous le disiez
et je suis content que vous passiez la réflexion, même si ce n'est
pas votre droit de parole. Vous vous en lavez les mains, cela ne vous regarde
pas, c'est le gouvernement fédéral, sauf, que... Bien oui, c'est
ce qu'il m'a dit au téléphone et c'est ce qu'il vient de me
répéter: ce n'est pas nous. Sauf que, s'il y avait un ministre
responsable qui s'occupait de l'habitation globale, en général,
au Québec quand les citoyens comme les gens de la ville de La Salle et
de Pierrefonds où 2100 citoyens se ramassent avec un nouveau
propriétaire qui leur annonce une grosse augmentation de loyer... Vous
allez me dire: II y a la Régie du logement. Oui, il y a la Régie
du logement, sauf qu'on voit aussi qu'il y a des gens d'expulsés pour
des travaux majeurs. Il y a toutes sortes de façons et vous l'avez
reconnu vous aussi. Malgré le moratoire, on réussit è
déloger des dizaines, des centaines et des milliers de citoyens. Donc,
la loi actuelle est pleine de trous, mais vous dites que, dans ce cas, vous
vous en lavez les mains. Pourtant la privatisation fait en sorte qu'un
organisme à but non lucratif, si on veut le défendre, il faut
s'occuper de ce dossier comme des autres. Si ce sont des subventions
fédérales qui les avaient mis sur pied, il y a des groupes de GRT
qui s'étaient impliqués dans cela, il y a une coopérative
qui était sur pied pour se porter acquéreur. Le domaine des
coopératives, c'est du domaine provincial, donc, du domaine
québécois et cela nous concerne. En plus, vous avez
annoncé dans les journaux et vous nous reparlez ce matin du
supplément au loyer qui va aller à l'entreprise privée.
C'est aussi inquiétant pour des gens qui avaient l'exclusivité.
Tous ces éléments de crainte, je les comprends et je les partage
avec les gens qui sont ici. Tout cela a été annoncé et
tout cela est encore à l'étude dans des comités qui vous
ont remis leur rapport et vous allez annoncer une politique. Je vais vous le
dire et retourner la question à nos invités. Est-ce que sur
l'étude de Loqipop, l'évaluation des GRT, le
comité-conseil, la fin de vos contrats... est-ce que, hier,
c'était votre première rencontre et votre première
consultation avec le ministre"'
M. Martel: C'est la première rencontre qu'on a eue
où on abordé avec la société, de façon
officielle, ces questions. On a déjà discuté avec d'autres
membres de la société, mais ce n'était pas de façon
officielle.
M. Paré: Je vous remercie. Même si je trouve un peu
spéciale une seule consultation à la veille d'une commission
parlementaire, je vais dire que je suis heureux que la loi n'ait pas
été votée à la toute fin de la saison en
décembre. Sinon, il n'y aurait pas eu de consultation du tout. Cela veut
dire que l'enclenchement du processus mis en place par le projet de loi 137,
pour ce qui est des programmes, des modifications, des changements sans
réglementation serait en cours; ce serait en train de s'élaborer
et on apprendrait cela par communiqué dans les journaux, content ou
non.
Donc, je trouve que la consultation manque énormément et
ce n'est pas la première fois que j'entends cela. Chez tous les groupes
qui sont passés ce matin, une chose qu'on peut constater, c'est le
manque de consultation. On a seulement trois heures, malheureusement. Mais, au
moins, cela permet de ressortir... C'est pour cela que je vous dis:
Attendez-vous, au cours des prochaines journées, d'avoir des questions
sur les craintes exprimées par les gens, parce que c'est la seule
occasion qu'on a de pouvoir le faire.
Lors de votre rencontre, hier, avec le ministre des Affaires
municipales, est-ce que vous avez eu - je pose la question en connaissant
presque la réponse en fonction de ce que je viens d'entendre, mais je
vous la pose quand même - une lueur d'espoir ou une certaine garantie
que, au-delà du 30 juin 1987, il y aura quelque chose de garanti pour
les groupes de GRT?
M. Martel: Ce que le ministre nous a dit là-dessus, c'est
un peu ce qu'il a présenté ce matin, en ce sens qu'il n'avait pas
l'intention de mettre la hache dans le réseau des groupes de ressources
techniques
ou dans le programme de coopératives. Toutefois, c'est sûr
que ce qu'on attend, ce qu'on veut voir, c'est ce qui va se passer exactement.
C'est plus cette réponse qui nous intéresse. La réponse
finale, on ne la possède pas.
M. Ouellet (Paul): On peut aussi indiquer qu'on a une
réponse d'ordre général sur le fait que le réseau
ne serait pas démoli. C'est clair aussi qu'il y a quand même des
urgences. Si on pense qu'il y a une possibilité d'appel d'offres sur
Logipop 1 dans des délais assez courts au printemps, il est d'autant
plus important de connaître assez rapidement aussi les perspectives de
maintien du réseau, ce qui permettra de soutenir le réseau en
regard de la livraison des unités qui sont à venir, parce que
c'est une situation d'insécurité à laquelle le ministre a
fait référence. Pour prendre la peine d'y faire
référence, c'est une situation qui est donc réelle.
Elle n'est pas basée seulement sur des intentions psychologiques.
Elle est basée sur des situations financières; elle est
basée sur du personnel, sur des emplois, sur une expertise à
garder qui permet de réaliser des nouveaux projets. Dans certains cas,
cette situation financière ne peut pas s'étirer
indéfiniment.
En ce sens-là, la réponse générale nous a
été donnée hier et rappelée ce matin. Mais je pense
que c'est impartant de souligner qu'en regard des appels d'offres qui viennent,
connaître les intentions en rapport avec le soutien au groupe de
ressources techniques et à son réseau, c'est d'une importance
capitale pour connaître la capacité de livraison de chacun des GRT
dans chaque région. Cela doit être très important. La
première réponse à donner, d'une part, c'est que nous
sommes opposés à la levée du moratoire pour des raisons
qui ont déjà été exprimées par d'autres
groupes avant nous. Nous trouvons que c'est un terrain extrêmement
glissant et qui met en danger la situation des ménages locataires. C'est
le premier élément.
Maintenant, au niveau de la capacité des groupes de ressources
techniques à remplir le mandat qui leur est actuellement confié
et à remplir de nouveaux mandats reliés à l'habitation
comme des mandats de recherche, d'évaluation, etc., il n'y a aucun
problème là-dessus. Présentement, le réseau est
sous-utilisé, il recèle une expertise et un potentiel loin
d'être utilisés, et ce, dans toutes les régions du
Québec.
Un autre élément à préciser, quand on parle
de l'évaluation des groupes de ressources techniques, on laisse planer
toute la question de la rationalisation du réseau. La façon dont
on aborde la question, c'est plutôt de dire: Écoutez, le
réseau est capable de livrer l'ensemble des programmes actuellement
présents. Il faut s'y appuyer davantage pour livrer ces programmes et
d'autres programmes qui concernent les ménages à faible revenu et
accorder à ce réseau des mandats, par exemple, sur l'avenir de la
société concernant, je pense bien, la recherche, les
statistiques, l'adaptation des logements pour personnes handicapées. On
a déjà développé une expertise à ce niveau,
c'est extrêmement important. Ce sont des mandats qu'on peut
réaliser.
Je voudrais ajouter autre chose par rapport à ce que M. le
ministre disait tout à l'heure. II était d'accord avec notre
travail, finalement, de livrer le programme fédéral PHI, c'est un
travail qu'on fait. Il y a des modifications, comme j'ai précisé
tout à l'heure, qui doivent être apportées au PHI pour le
rendre plus accessible à la clientèle des ménages
locataires du Québec qui sont de petits ménages à revenu
plutôt faible et modéré, d'une part. D'autre part, il faut
que le gouvernement du Québec maintienne son propre programme de
développement des coopératives d'habitation parce que c'est un
programme - la catégorie 1, mais aussi la catégorie 2 - qui est
particulièrement accessible aux régions, hors des centres urbains
comme Québec ou Montréal. Cela, c'est extrêmement
important.
M. Paré: Vous avez parlé dans votre mémoire
de l'article 23. Cela a aussi fait partie de vos discussions avec les gens de
la société et M. le ministre. Si je comprends bien votre
position, vous demandez le retrait de l'article 21? Si je me trompe, vous me le
direz, mais si c'est cela, est-ce que cela a été
accepté?
M. Martel: Sur la question de l'article 21, nous ne sommes pas
juristes. On nous a donné des explications sur l'effet de l'article 21.
Pour préciser pour tout le monde, c'est l'article qui abolit l'article
64, programme d'organismes sans but lucratif. On nous dit que l'article 64 est
un article désuet, etc., et qu'en soi, si cet article n'était pas
là, le programme Logipop aurait quand même été
constitué en vertu d'autres articles. Ce qui importe à ce
stade-ci - c'est pour cela qu'on insiste beaucoup plus là-dessus - c'est
de connaître les orientations du ministre, les intentions du ministre au
niveau d'un programme de développement des coopératives
d'habitation qui nous garantit, finalement, que cela va se poursuivre. Le
ministre nous donne des indications, mais il précise quand même
que c'est sous évaluation. C'est cette question qui nous
préoccupe le plus.
Si M. le ministre nous assure qu'il y aura un programme de
développement des coopératives d'habitation, si c'est un groupe
de ressources techniques et qu'on le voit concrètement par des
programmes, cela va aller. Dans un premier temps, on se dit
qu'on est créé en vertu de l'article 64. Je vous rappelle
que nous ne sommes pas juristes et que nous devons nous fier aux
interprétations qu'on a pu obtenir à cet égard.
Sur l'article 1672, concernant la question de logements à loyer
modique, on a obtenu satisfaction à notre demande, c'est-à-dire
de préciser qu'il s'agit de tout autre immeuble sans but lucratif. Cela
nous convient, mais il reste que le danger qu'on avait vu dans la formulation
de la modification de l'article 1662 au mois de décembre, c'était
celui de voir apparaître le supplément au loyer sur le
marché privé. Cela n'apparaît pas en vertu de l'article
1662 du Code civil, cela apparaît quand même dans le programme de
supplément au loyer en vertu d'autres articles. Notre inquiétude
sur le supplément au loyer sur le marché privé est
toujours là. Sur la question de l'article 1662, on a obtenu
satisfaction, si le papillon est inscrit, bien sûr, dans le projet de
loi. Il devrait, je pense bien.
M. Paré: Vous parlez d'une satisfaction sur toute la
ligne, M. le ministre. Oui, ce pourrait être sur toute la ligne si on
donne des garanties. À la lecture du projet de loi 137, si on maintient
l'article 21 et qu'on retire l'article 64 de la loi actuelle, cela veut dire
qu'il n'y a plus de volonté exprimée sur le principe du logement
coopératif. C'est grâce à cela que vous avez
été créé, vous l'avez dit tantôt. On peut
bien dire qu'on peut tout se permettre par l'article 3; effectivement, on peut
tout se permettre, y compris au cours des mois et des années à
venir, ne plus considérer les programmes Logipop et les autres
programmes.
Vous allez me dire qu'il n'est pas nécessaire d'avoir une
ceinture et des bretelles quand nos pantalons sont serrés; on peut
penser cela. Quand une loi est passée et qu'on va vivre dans un secteur
aussi important que l'habitation, on a le droit d'avoir des garanties, on a le
droit d'avoir des assurances. À l'heure actuelle, dans ce domaine, la
seule assurance qu'on a, même si c'est "peut" qui est écrit et non
pas "doit", on sait ce que cela veut dire, sans être juriste. Au moins,
il y a la reconnaissance du principe. Là-dessus, le débat va
sûrement reprendre et continuer au cours des prochaines heures.
Une autre question. Vous avez dit qu'au cours des dix dernières
années, vous avez contribué à la mise en place de 15 000
logements, coops et OSBL. Cela ne veut pas dire que c'est la totalité.
Est-ce la totalité des coopératives existantes?
M. Martel: Les informations nous viennent du rapport annuel de la
société d'habitation, 1985, et on a ajouté la production
de ce qu'on fait présentement, 1986-1987. Cela tourne autour de 15 000
unités de logement. Je voudrais préciser une chose qui me
paraît importante: Les subventions de fonctionnement qui sont
versées aux GRT plus la prime à la productivité, cela
représente environ 1000 $ par unité de logement produit. Ce n'est
pas cher et c'est un service qui a été dispensé à
travers le Québec.
Un autre élément aussi: Quand on regarde le programme GRT,
si on pense à ce que cela a coûté en 1985, par rapport aux
dépenses totales de la Société d'habitation du
Québec, cela représente 0,78 %. Le programme Logipop dans son
entier, c'est 3,25 % ou 3,50 %, c'est quand même peu sur un budget de 320
000 000 $ en 1985. À mon avis, c'est très efficace aussi.
M. Paré: Comme je dois compléter, je vais terminer
en demandant ceci au ministre. Avec les chiffres qui viennent de nous
être donnés, devant l'importance du secteur coopératif,
est-ce que vous êtes prêt, afin de ne pas avoir de
difficulté lorsqu'on arrivera à ces articles, lors de
l'étude du projet de loi 137, à garantir la survie, le
financement des GRT après le 30 juin 1987?
Le Président (M. Rochefort): Avant de donner la parole au
ministre, je comprends qu'il y a consentement des membres de la commission pour
que nous dépassions 13 heures, compte tenu des ententes intervenues
quant au temps accordé aux différents groupes. Cela va?
M. Bourbeau: Cela dépend, on n'est pas pour aller
jusqu'à 13 h 30, il faudrait quand même qu'on s'entende.
Le Président (M. Rochefort): Non, M. le ministre, on n'ira
pas jusqu'à 13 h 30, on a jusqu'à 13 h 12 pour remplir le mandat
qui a été convenu entre vous et le député de
Shefford. Je vous donne justement la parole pour les douze prochaines minutes
parce que c'est le temps qu'il vous reste.
M. Bourbeau: Je vous signale, M. le Président, que nous
étions ici à 10 heures pile.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, si vous
voulez souligner le fait que je suis arrivé en retard, je vous dirai que
j'ai la conviction profonde d'avoir du temps en banque quant au nombre de
minutes et d'heures que, moi, j'ai attendu les membres de la commission, qu'ils
soient du côté ministériel ou du côté de
l'Opposition, depuis que je préside cette commission. Sur cela, il vous
reste onze minutes.
M. Bourbeau: C'est drôle, M. le
Président, je ne vous entends pas protester à la suite des
applaudissements. Aux occasions précédentes, vous aviez
protesté.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Rochefort): Je peux le faire, mais vous
comprendrez que chaque fois que je soulève une question de
règlement, c'est sur le temps de l'intervenant.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourbeau: M. le Président, je suis toujours surpris de
voir avec quelle aisance le député de Shefford mélange
tout, tente de ramener à son avantage des situations qui ne le sont
manifestement pas. Tout à l'heure, il nous faisait reproche d'avoir un
comité-conseil qui avait fait des consultations. Je lui ai dit qu'on
était en train d'étudier avant de décider. Il nous disait
qu'on procédait à l'envers. Si un gouvernement a
procédé à l'envers, c'est bien le gouvernement qui nous a
précédés. On a annoncé des décisions et on a
fait les études après. L'expropriation de l'amiante, par exemple,
l'annonce de la privatisation des succursales de la Société des
alcools, les décisions annoncées sur le coin de la table et,
ensuite, on a fait les études pour se rendre compte que ce n'est pas
rentable. Pour une fois qu'on a un gouvernement qui prend son temps, qui
réfléchit, qui étudie, qui consulte et qui décide
après coup et non pas avant, je trouve que le député de
Shefford est vraiment confus.
Je trouve également étrange de le voir poser des questions
alors qu'on sent qu'il tente d'ouvrir certaines petites plaies, de mettre un
petit peu de sel ou de vinaigre dessus pour voir s'il n'y aurait pas une faille
où le gouvernement pourrait être blâmé. Il sollicite
le blâme de la part des gens qui viennent ici à l'endroit du
gouvernement. Je dois avouer que c'est une façon de procéder qui
est un peu étrange et il met les gens qui sont là dans une
position très délicate leur demandant: est-ce que, par hasard, le
gouvernement ne vous aurait pas donné insatisfaction hier?
Ce que je pourrais dire, de toute façon, au sujet du débat
en question, de tout ce dont on parle présentement, c'est qu'on a
parlé tout à l'heure de supplément au loyer. Le
député de Shefford semble s'inscrire en faux contre cette
politique gouvernementale. Tout ce que je peux lui dire, c'est que j'ai eu
l'occasion hier de rassurer la ville de Granby dans le comté de Shefford
qui demandait justement au ministre de venir en aide aux logements
privés. Je les ai rassurés dans une lettre dont je pourrai vous
envoyer copie, M. le député. Je vous suggérerais de
consulter vos commettants avant de vous avancer trop loin dans ce
dossier-là. Effectivement, le gouvernement avait l'intention de faire un
projet pilote dans le supplément au loyer privé.
Sur un autre point, puisqu'on revient toujours au même
problème fondamental de l'avenir des coopératives, des GRT et de
la remise en question que le gouvernement fait de toutes ses politiques
d'habitation, il faut bien comprendre que l'habitation en
général, c'est une question d'argent. Quand il y a de l'argent,
on fait de l'habitation et, quand il n'y a pas d'argent, on ne fait pas
d'habitation, que ce soit dans le secteur coopératif ou dans le secteur
privé. Chaque fois que le gouvernement intervient dans le secteur de
l'habitation, il y a des sommes en cause qui sont prises à même
les fonds publics. C'est vrai pour le gouvernement du Québec et c'est
vrai pour le gouvernement fédéral. Si on réussit à
faire des habitations, soit coopératives ou sociales en
général, c'est qu'il y a quelque part quelqu'un qui réduit
le loyer à partir d'un coût de départ à un montant
moindre. C'était vrai pour la 56.1 où on réduisait
sensiblement le loyer parce que le taux d'intérêt était
réduit à 2 %, c'est vrai pour le PHI, le programme
fédéral où l'intérêt est réduit aux
alentours de 5 % à peu près. C'est, bien sûr, 4 % ou 5 % en
bas du marché, cela peut équivaloir à une réduction
mensuelle de loyer de 100 $, 150 $ ou 200 $. C'est donc intéressant et
dans la mesure où ces fonds sont disponibles, il y a des qens
intéressés à se former en coopérative, il y a des
GRT qui sont intéressés à les aider et nous sommes
intéressés à voir cela se produire aussi. Dans la mesure
où les fonds continueront à être disponibles, je ne vois
pas pourquoi on ne continuerait pas à en profiter et pourquoi on
n'encouragerait pas les gens à se former en coopératives et les
GRT à les aider.
À une question tout à l'heure, le représentant de
la coordination nationale, M. Martel, nous disait finalement que ce
n'était pas tellement le projet de loi lui-même qui le
dérangeait plutôt que l'intention gouvernementale, que l'article
21 qui abolit l'article 64 dans la mesure où on serait assuré que
ça n'a pas tellement d'importance que ça passe par l'article 64
ou par l'article 21, tout ce que je pourrais dire, c'est que si on veut des
assurances, je peux en donner effectivement à savoir que le gouvernement
continuera è appuyer le logement social coopératif. Nous avons
l'intention de demander des propositions dès le mois de mars pour
Logipop 1. En ce qui concerne Loqipop 2, nous allons poursuivre les
consultations, mais c'est notre intention également de demander des
propositions un peu plus tard. Pour ce qui est du soutien aux GRT, nous avons
l'intention, malgré l'évaluation en cours, de
continuer à travailler avec les GRT et à les soutenir.
Est-ce que ce sera la même forme de soutien que présentement? Cela
reste à voir, mais nous allons certainement continuer à apporter
une certaine forme de soutien aux GRT. Si cela répond, j'espère
que cela répond aux appréhensions des groupes de GRT qui sont
présentement devant nous et, si c'est le cas, je pense qu'on n'aura plus
de problème avec l'article 21 puisque c'était l'essentiel des
préoccupations des gens qui sont devant nous. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Sur ce, je veux remercier la
Coordination nationale des groupes de ressources techniques de sa
présence devant nous ce matin et rappeler aux membres de la commission
que nous reprendrons nos travaux à 15 heures, aux fins d'entreprendre
l'étude détaillée article par article du projet de loi
137.
Je suspends les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 11)
(Reprise à 15 h 23)
Projet de loi 137
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend maintenant ses travaux
pour poursuivre l'étude article par article du projet de loi 137, Loi
modifiant la Loi sur la Société d'habitation du
Québec.
Tel que le veut la procédure des travaux de notre commission, je
vais céder la parole à M. le ministre pour vingt minutes, qui
sera suivi de M. le député de Shefford, comme critique officiel,
pour vingt minutes. M. le ministre,
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Nous attaquons
l'étude article par article du projet de loi 137 qui est la Loi
modifiant la Loi sur la Société d'habitation du Québec. Je
crois qu'il est coutumier de faire certaines remarques de type
préliminaire. Alors, je vais les faire avec votre permission, M. le
Président.
Le début des travaux de notre commission parlementaire
reflète les principes de transparence, de consultation et de
collaboration que l'on retrouve dans le projet de loi 137 modifiant la Loi sur
la Société d'habitation du Québec. Les politiques en
matière d'habitation mobilisent, en effet, beaucoup d'énergie:
d'abord, en raison du caractère essentiel des besoins auxquels elles
cherchent à répondre et, ensuite, par le grand nombre de
personnes qu'elles touchent. Les différents paliers de gouvernement y
consacrent des ressources importantes et de nombreux groupes et associations y
trouvent leur raison d'être.
Comme dans la plupart des autres secteurs d'intervention, les
gouvernements doivent faire face à des demandes qui dépassent
largement leurs moyens. Ils peuvent cependant, en dépit des contraintes,
chercher à mieux harmoniser leurs interventions et à en
accroître l'impact en s'associant avec les personnes oeuvrant à
l'intérieur d'organismes sans but lucratif ou de coopératives et
avec les investisseurs du secteur privé.
Dans ce contexte où les ressources budgétaires se font
plus rares, cette collaboration doit impérativement s'intensifier afin,
d'une part, que les objectifs et les priorités gouvernementales soient
mieux définis et, d'autre part, que leur mise en oeuvre soit plus
efficace. C'est dans cet esprit que fut négociée avec le
gouvernement fédéral la nouvelle entente-cadre sur l'habitation
sociale et que se sont intensifiés les échanges avec les offices
municipaux d'habitation et les autres partenaires de ta Société
d'habitation du Québec.
Ces échanges ont largement inspiré la rédaction du
projet de loi 137 et plusieurs rencontres, notamment en décembre dernier
et encore tout récemment, avec des GRT, des coopératives et des
associations de locataires m'ont apporté un éclairage
précieux quant à l'évolution que devraient prendre nos
programmes.
Nous avons ainsi entrepris de réadapter les structures
d'intervention de la Société d'habitation du Québec pour
donner suite au mandat élargi qui lui revenait à la suite de la
disparition du ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur.
En simplifiant les structures et en octroyant à la
Société d'habitation du Québec plus rie souplesse au
niveau des types et des modes d'intervention et plus de responsabilités
quant à son financement, nous souhaitons précisément en
faire un partenaire de premier choix. Dorénavant, l'essentiel des
initiatives gouvernementales en matière d'habitation transitera par la
SHQ et, en confiant au ministre des Affaires municipales la
responsabilité de la loi, le gouvernement pourra ainsi mieux profiter de
l'implication des municipalités dans la réalisation de certains
programmes.
L'État, on le sait, ne peut garantir à chacun le logement
de son choix. La responsabilité première à cet
égard appartient aux individus qui ont à se donner un logement
correspondant à leurs goûts, leurs besoins et leurs revenus. Dans
un rapport d'offre et de demande, on devient locataire, propriétaire ou
locateur et le rôle de l'État y est, somme toute, accessoire,
sauf dans les cas où il doit intervenir pour améliorer la
situation du logement des plus démunis. Là, son intervention
s'impose et s'imposera sans doute de plus en plus, puisque leur nombre va
s'accroissant. Certes, en prenant parti en leur faveur, le gouvernement peut
sembler abandonner à leur sort d'autres segments de la population, tels
les locataires souhaitant acquérir une maison, les familles ayant
plusieurs enfants, les rentiers en santé ou les coopérants
nantis. Mais il reste beaucoup à faire, notamment, pour offrir un
logement convenable aux plus démunis qui ne peuvent se loger
décemment; pour donner ce supplément d'aide à ceux dont
les revenus de pension sont démesurément amputés par le
prix de leur loyer; pour appuyer les efforts de ceux qui, tout en étant
en perte d'autonomie, souhaitent conserver le maximum d'indépendance;
pour accroître la salubrité, l'hygiène, la
sécurité et le confort des logements délabrés, tout
en évitant qu'ils deviennent trop onéreux pour les ménages
à faible revenu.
Ainsi, au-delà de l'ambition que nous avons d'améliorer la
qualité du stock de logements au Québec, de faciliter les
rapports propriétaires-locataires, de favoriser l'accès à
la propriété, de freiner l'inflation dans le coût du
logement, de stimuler les investissements ou de promouvoir un meilleur
aménagement du territoire, il y a une question d'équité
sociale qui prime. En effet, la recherche d'une plus grande
égalité des chances passe par l'amélioration des
conditions de vie de base et le logement se situe, avec la santé, parmi
les plus importantes.
L'État a entrepris de restreindre ses propres dépenses
pour mieux soutenir le dynamisme de l'économie, créer des emplois
et ajouter aux marges de manoeuvre des contribuables, plutôt que
d'alourdir leur fardeau. Il met ainsi à profit une conjoncture
économique favorable pour activer indirectement le processus de
création de la richesse, tout en réservant ses ressources pour
remplir le plus efficacement possible sa mission sociale.
On peut toujours juger que les efforts de rationalisation auraient
dû toucher d'autres secteurs moins prioritaires que l'habitation, mais ce
serait oublier que les efforts de rationalisation vont plus loin que les
simples compressions. Ils imposent un exercice de réévaluation
des programmes et, s'ils entraînent la disparition des plus inutiles, ils
garantissent en même temps la survie des programmes valables et forcent
l'imagination et l'initiative pour combler les besoins qui subsistent à
travers de nouvelles solutions.
Le projet de loi 137 s'inscrit donc en partie en continuité avec
certaines des orientations définies antérieurement, mais aussi
dans la foulée d'un processus de réévaluation auquel je
souhaite donner une permanence.
Il s'agit, en effet, pour nous d'être à même de nous
adapter à la fois à la conjoncture économique, è la
spécificité de la situation des différentes
localités du Québec et à la disparité des besoins
des ménages. Nous sommes donc résolus à maintenir une
gamme d'options quant aux moyens que nous nous réservons pour agir et
nous espérons que les modifications apportées par ce projet de
loi accroîtront la performance du gouvernement et de ses principaux
partenaires. Je suis ouvert aux suggestions susceptibles de bonifier
valablement les moyens qu'ensemble nous estimons utiles à la poursuite
de nos objectifs. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je suis heureux
qu'on ait une première occasion de pouvoir échanger sur le
domaine de l'habitation en général. Juste quelques petites
remarques sur ce que j'ai entendu parce que j'avais l'impression de rêver
un peu quand le ministre a dit, quant au projet de loi devant nous, que toute
la politique de l'habitation avait fait l'objet de beaucoup de consultations et
d'échanges, en donnant l'exemple des GRT et des représentants des
coopératives et des OSBL. Je dois vous dire que cela me faisait sourire
passablement, quand on sait que l'arrivée de la loi 137 a
été pour tout le monde une surprise, sans consultation. La seule
consultation qu'il y a eue effectivement, c'est un échange, hier,
à la veille de la commission parlementaire, tel que les qens l'ont
exprimé cet avant-midi. Il ne faudrait donc pas essayer de tromper tout
le monde en faisant croire que ce qui s'en vient fait partie des
échanges multiples qui ont eu lieu dans tout le Québec, avec tous
les intervenants.
De toute façon, le ministre nous annonçait ce matin une
politique de l'habitation pour bientôt. La surprise, tout le monde l'a
eue ici, ce matin, par l'annonce d'une politique de l'habitation. Que je sache,
cela n'a pas encore fait partie d'un large débat ou d'un larqe
consensus. Par contre, j'espère qu'on aura l'occasion d'échanger
là-dessus d'ici là. La première occasion qu'on a de parler
de la politique de l'habitation avec un grand "H", c'est aujourd'hui. Quand je
dis avec un grand "H", c'est dans le sens de ce que veut dire l'habitation au
Québec, c'est-à-dire la construction et le logement. Cela
concerne tout le monde et des qrands secteurs de développement
économique.
On peut dire que cela coûte cher, investir dans le logement social
ou dans la construction de HLM, comme dans des
programmes de rénovation, etc., sauf qu'on doit être
capables aussi, comme administrateurs gouvernementaux, de savoir ce qu'est une
dépense et ce qu'est un investissement. On avait des exemples ce matin,
des chiffres qui nous étaient donnés démontrant que ce
qu'on investit dans un groupe nous revient bien moins cher que ce qu'on
investit dans d'autres groupes. Il faut faire cette comparaison et, pour
être capable de la faire, il faut revenir aux premières paroles du
ministre, cet après-midi, soit consultation et transparence. On n'en a
pas vu jusqu'à maintenant, c'est plutôt de l'incertitude. Les gens
ne sont pas partis plus rassurés qu'ils ne l'étaient et on n'a
pas eu non plus beaucoup d'information sur des gens qui
réfléchissent en cachette.
Pour accélérer l'étude article par article, je vais
vous poser plusieurs questions dans le préambule, M. le ministre. Si
j'ai des réponses, ce sont des sujets sur lesquels on ne reviendra
probablement pas lors de l'étude article par article, mais j'en aurai
plusieurs. Quand je parle de l'habitation avec un grand "H", c'est parce que
c'est un secteur très important au Québec. Je pense que vous
êtes bien conscient de ça et vous êtes d'accord avec
ça. La raison pour laquelle nous sommes contre le principe du projet de
loi 137, donc le projet de loi comme tel, ce n'est certainement pas à
cause de la compétence ou de l'expertise des gens de la
Société d'habitation du Québec; celle-ci est reconnue. On
sait l'énorme travail que ces gens-là ont fait, on connaît
leur compétence, leur capacité de s'adapter et de faire vite. On
a vu cela dans des projets comme Corvée-habitation ou d'autres. Ces
gens-là sont toujours présents quand il s'agit d'habitation, mais
c'est un secteur important et si l'économie tourne assez bien au
Québec on sait que c'est en très grande partie grâce
à ce secteur. Si la reprise a été
accélérée au Québec, c'est grâce à
l'habitation parce que des programmes ont été mis en place, ce
qui a permis de stimuler la construction, donc, tous les secteurs directement
ou indirectement rattachés à la construction d'habitations.
L'habitation, c'est un peu comme le dicton, qui est vrai, qui dit que la
seule chose qui soit stable, c'est le changement. Cela est vrai. En habitation,
si quelque chose change, les habitudes de la population du Québec
changent souvent aussi radicalement et rapidement. Dans les années
soixante-dix, il y a eu une vogue: les gens partaient des villes pour s'en
aller en banlieue. Il faut s'adapter. Maintenant, il y a un mouvement à
l'inverse: les gens partent plutôt des villes périphériques
pour venir dans les centres-villes. C'est ce qui crée les mouvements
pour la revitalisation des centres-villes, de se rapprocher des besoins faisant
en sorte qu'on veuille ravoir des condominiums dans les quartiers populaires
parce qu'il y a de la vie, parce qu'on revient dans des milieux qui sont actifs
et vivants. Oui, il y a des changements.
Un autre changement - on va y revenir lors de l'étude article par
article - c'est la construction dans toutes les municipalités du
Québec, en tout cas dans les municipalités moyennes et grandes,
la construction en très grande quantité de centres d'accueil
privés. Pourquoi? Parce que les gens se regroupent. C'est aussi par
groupes d'âqe. Il y a beaucoup de changements.
Donc, ce qu'on a dit et qu'on répète, c'est qu'il y a
là du boulot à temps plein pour un ministre responsable qui veut
faire valoir tout le secteur de l'habitation au Conseil des ministres. Et il y
a des qens qui l'ont dit. Vous allez me dire que l'Association des
entrepreneurs en construction, dans un télégramme, a dit que
c'est un pas dans la bonne direction. C'est bien sûr qu'ils vont
préférer qu'il y ait un interlocuteur comme la SHQ plutôt
que d'avoir ce qu'on connaît depuis un an, un ministère qui existe
et qui n'existe pas, et plus d'incertitude. Donc, le moindre pas dans la bonne
direction, c'est mieux que ce qu'on a là, sauf que cela
n'enlèvera pas l'ambiguïté, et c'est là notre
crainte. Cela n'enlèvera pas la difficulté pour les gens du
secteur de l'habitation de pouvoir se référer rapidement à
un seul intervenant. Cela va demeurer comme c'était depuis le 2
décembre 1985, c'est-à-dire que les gens qui ont des choses
à régler dans le domaine de la construction, concernant la
Commission du bâtiment, iront voir le ministre du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Quand il va s'agir des
articles qui se rapportent aux plans de garantie, par exemple, donc de
protection du consommateur, on devra s'adresser au ministre de la Justice.
Quand il s'agira des courtiers en immeubles, on devra encore s'adresser au
ministre de la Justice. Quand il sera question d'habitation, on s'adressera au
ministre des Affaires municipales ou bien -j'espère qu'on va
réussir à l'éclaircir cela au cours des prochaines heures
- à la Société d'habitation du Québec. Je ne pense
pas qu'on facilite les choses, à moins d'être bien clair et bien
précis. J'espère que ce sera très clair quand on va sortir
d'ici.
Le secteur de l'habitation est important. Par contre, cela n'a pas
empêché des coupures de 35 000 000 $ au dernier budget, M. le
ministre. Et cela n'a pas empêché la construction. C'est
évident, on est dans une période de relance et, surtout, de taux
d'intérêt très bas. Tant mieux! On applaudit à cela
et on est bien content. Si la construction va bien, cela ne veut pas dire que
l'habitation va si bien. Il faut faire attention à cela. Vous avez vu ce
matin des gens qui sont venus exprimer des craintes, et
avec raison. Je ne vous dis pas - et je le leur ai dit aussi - que je
partage toute l'argumentation qu'ils ont développée ce matin,
sauf qu'ils ont des craintes, des incertitudes qu'ils ont essayé
d'exprimer ce matin en vue d'avoir des réponses. Je pense que ce
n'était pas tout à fait satisfaisant.
C'est ce que je désire, avoir des réponses à
certaines questions. Parmi ces questions - j'y viens dès maintenant -
entre autres, il y a un programme qui s'appelle Logirente. On sait que les
formules ont été distribuées et qu'on avait jusqu'à
il y a trois jours pour envoyer les formules. J'aimerais savoir comment il se
fait qu'il y ait ce retard? À quoi est-il dû? On sait que le
ministre du Revenu ne peut pas envoyer les formules et émettre les
chèques ou faire quoi que ce soit tant et aussi longtemps qu'il n'y a
pas un mémoire de présenté par le ministre responsable de
l'Habitation au Conseil des ministres. Pourquoi ce retard à la
présentation du mémoire? Quelle en est la raison? Est-ce que
c'est parce qu'on étudie le maintien ou l'abandon du programme? Quelle
est la raison qui a fait en sorte que cela a été si long?
Le Président (M. Richard); Excusez-moi, M. le
député. Est-ce que vous posez une question à M. le
ministre actuellement?
M. Paré: Oui.
Le Président (M. Richard): C'est parce que. si on est
encore à l'étape des remarques préliminaires, on devrait
peut-être terminer les remarques préliminaires et, par la suite,
passer à l'étape des questions.
M. Paré: Je n'ai pas d'objection. Ce que je disais...
Le Président (M. Richard): Remarquez que, si vous
désirez faire cela dans ce sens, je n'ai aucune objection si tout le
monde est d'accord, sauf que votre propre collègue a demandé une
intervention,
M. Blais: M. le Président, je n'ai aucune objection
à ce que...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: ...le responsable du dossier pose les questions qu'il
veut, mais je ne voudrais quand même pas qu'on passe pardessus des
remarques préliminaires que j'aimerais beaucoup faire avant de
commencer. Je ne voudrais pas être brimé de ce
côté.
M. Bourbeau: Je suis d'accord avec vous, M. le Président,
que ce n'est pas le temps de commencer à s'interroger l'un et l'autre.
On fait nos remarques préliminaires. Après cela, on arrivera aux
articles.
M. Paré: Je n'ai pas d'objection. M. le Président,
si vous remarquez ce que j'ai dit au début de mon intervention, j'avais
l'intention de poser une foule de questions dans mes remarques
préliminaires de façon à accélérer les
travaux d'étude article par article. Si vous me dites que vous aimez
mieux que je ne pose pas de questions, je vais toucher tous les mêmes
dossiers.
Le Président (M. Richard): Non, non, non. Non, M. le
député. C'est de façon qu'il n'y ait pas un
échange. Que vous posiez des questions et que M. le ministre y
réponde par la suite dans un ensemble, je pense que cela va de soi, il
n'y a aucun problème. Je croyais que vous posiez des questions dans le
sens que vous faisiez une pause et attendiez que M. le ministre y
réponde.
M. Paré: Ah! absolument pas! J'avais dit, et je le
répète, que j'avais une foule de questions à poser,
toujours dans les commentaires préliminaires, parce qu'on n'est toujours
pas à l'article 1. Je pose des questions, le ministre pourra, toujours,
dans les commentaires préliminaires, répondre a ces questions. Ce
sont des sujets qu'on pourra...
Le Président (M. Richard): Dans un bloc.
M. Paré: Dans un bloc.
Le Président (M. Richard): Parfait.
M. Paré: Et cela permettra d'éviter de poser ces
questions lorsqu'on sera rendu aux articles du projet de loi.
Le Président (M. Richard): Parfait, M. le
député.
M. Paré: Donc, une des préoccupations que j'ai,
c'est de savoir comment il se fait que le programme Loqirente soit
retardé. Est-ce une question budgétaire qui fait en sorte, comme
je le disais ce matin, que finalement on ne le dépensera pas au budget
de cette année pour ne pas dépasser le déficit
prévu globalement? Est-ce qu'on aurait remis en cause le programme comme
tel? Est-ce qu'on peut espérer qu'il va être poursuivi, parce
qu'il est très important pour les personnes touchées qui sont
parmi les plus démunies de la société et qui en ont
besoin? C'est moi qui veux savoir cela. La question que je me pose, à
laquelle je veux avoir réponse, concerne ce programme précis
qu'est Logirente.
Il y a un autre dossier qui a été annoncé au cours
de l'année, PARCQ. On a
su qu'il y avait eu une entente fédérale le 6 janvier
1985; l'entente de principe a été signée seulement au mois
de mai, si je me rappelle bien. Finalement, c'est une mise en oeuvre qui devait
être faite en juillet. Cela est allé au 1er octobre. Cela veut
dire que cela a commencé dans une période qui n'est pas
nécessairement propice à la rénovation des maisons. Comme
on sait que le budget de la Société d'habitation du Québec
se termine le 31 décembre de chaque année, un mois après,
on devrait être en mesure de savoir si on a dépensé au
cours de l'année -quand on sait à quel moment c'est arrivé
-les 70 000 000 $ qui étaient prévus en rénovations dans
le cadre du PARCQ ou si c'est encore un montant qui va être amené
pour diminuer le déficit.
Toujours dans le cadre du PARCQ, vous avez répondu à une
question, à une période de questions en décembre,
lorsqu'on a dénoncé le fait qu'on ait intégré au
PARCQ l'aide aux personnes handicapées dans le sens qu'on les
pénalisait. Puisqu'on enlève l'universalité de ce
programme, on diminue considérablement le montant qu'on peut donner
à chacun. On enlève aux personnes handicapées le comptoir
unique qu'était l'Office des personnes handicapées du
Québec et on perd aussi l'expertise des gens de ce milieu pour aider des
personnes handicapées du Québec. En décembre, à une
période de questions, je demandais au ministre, s'il reconnaissait que,
finalement, on pénalisait les personnes handicapées du
Québec. La réponse a été qu'il y avait des
discussions avec la ministre des Affaires sociales concernant une entente
possible pour essayer de rendre ce programme plus généreux pour
les personnes handicapées ou plus conforme à ce que les gens
avaient connu. Depuis ce temps, moi, je n'ai pas eu connaissance, en tout cas,
d'une entente rendue publique ou d'une annonce pour aider davantage les
personnes handicapées en ce qui concerne l'aménagement de leur
maison à cause de leur handicap. C'est une deuxième question.
La troisième, j'ai eu une réponse partielle ce matin, mais
j'aimerais y revenir quand même. C'est le fameux comité conseil
mis sur pied le 19 mars 1985 qui devait rendre son rapport au cours du mois de
juin de la même année. C'est le 19 mars 1986, plutôt, et il
devait rendre son rapport en juin 1986. Ce matin, ce que le ministre a dit,
c'est que ce rapport était à l'étude. Mot, j'aimerais
savoir si les modifications qu'apporte le projet de loi 137 font partie des
recommandations qui ont été apportées par ce comité
conseil. La décision d'amener une politique de l'habitation dans
quelques semaines découle-t-elle des recommandations du
comité-conseil? Comme vous disiez au début que vous ne demandiez
pas mieux que beaucoup de consultation et beaucoup de transparence, ne
pourriez-vous pas déposer, de façon qu'on puisse en discuter -
non seulement nous, mais l'ensemble du monde de l'habitation et du logement -
le fameux rapport du comité-conseil? (15 h 45)
Parmi les autres dossiers sur lesquels on attend des réponses -
c'est pour cela que je vous pose les questions, pour ne pas revenir sur des cas
spécifiques lors de l'étude article par article - il y a Milton
Park. À la suite de questions posées au mois de décembre
et surtout à une rencontre qu'on avait eue avec vous, M. le ministre,
les responsables de la Société d'habitation du Québec et
moi, on a su que la Société d'habitation du Québec donnait
jusqu'au 31 décembre 1986 aux coopératives et aux OSRL de Milton
Park pour faire des offres d'achat conformes, formelles afin d'être
admissibles à la subvention de Logipop de 3000 $. À ce
moment-là, on m'avait dit qu'on étudierait au cours de janvier
les offres d'achat et qu'on était pour décider si elles
étaient conformes, légales et recevables. Si elles
l'étaient, on verrait à donner la subvention et si elles ne
l'étaient pas, la subvention de Logipop était perdue. J'aimerais
savoir si, tel que promis lors de cette rencontre, l'étude des offres
d'achat a été effectuée en janvier et si le ministre est
en mesure de nous dire aujourd'hui si ces offres d'achat sont conformes.
Une autre question... Probablement que mes 20 minutes achèvent,
malheureusement.
Le Président (M. Richard): Cinq minutes.
M. Paré: Cinq minutes. Une dernière question: Le
ministre va-t-il accepter qu'on puisse discuter sa politique de l'habitation?
Sera-t-elle annoncée comme les autres décisions depuis une
année? Pourra-t-on en discuter? Sera-t-elle déposée sous
forme de document de travail, de livre blanc ou de livre vert ou si ce sera une
annonce formelle de politique sur laquelle les gens n'auront que de
l'information, mais pas de consultation ni de discussion possible? J'aimerais
être informé à savoir s'il faut s'attendre à une
consultation sur une politique de l'habitation ou s'il faut s'attendre
seulement à une annonce de politique de l'habitation.
Je vous dis tout de suite qu'au cours du débat article par
article, j'aurai certainement au moins deux demandes. L'une, je vous l'ai
exprimée ce matin et je vous la rappelle: c'est le maintien de l'article
64 de la loi actuelle, c'est-à-dire le retrait de l'article 21 du projet
de loi 137. J'ai dit ce matin les raisons pour lesquelles nous y tenions de ce
côté-ci. Vous vous rappellerez aussi que cela faisait partie d'un
papillon que vous étiez prêt à déposer en
décembre dernier. Vous allez me dire: Vous avez refusé
que la loi soit adoptée en décembre; donc, ce qui tenait
è ce moment-là ne tient plus. Je pense que si, de bonne foi, on
acceptait ce papillon en décembre, ce n'est pas vrai que deux mois plus
tard, parce que la loi est retardée, les justifications de ce papillon
ont perdu leur signification maintenant. Le fait de reporter l'étude de
deux mois nous a permis justement la fameuse consultation et la transparence
dont vous nous parliez, c'est-à-dire la rencontre d'hier et
d'aujourd'hui avec des groupes intéressés.
Une deuxième demande que je vais vous faire au cours de
l'étude, c'est le maintien du paragraphe f de l'article 86 de la loi
actuelle sur la réglementation, parce que, pour répondre à
ce que vous avez dit au début de votre intervention, nous voulons de la
transparence. Pour avoir de la transparence, il faut avoir une
réglementation qui permette d'être avisé de ce qui s'en
vient et qui permette aux gens d'en discuter. Si on a vraiment de la
volonté, de la transparence, de la consultation, de la participation, de
la collaboration avec les gens, cela va être le temps de le prouver
losqu'on va étudier cet article pour permettre qu'il y ait, encore une
fois, une réglementation.
Je pense que c'est essentiel qu'on puisse en discuter et, comme je le
disais aussi ce matin, ce n'est pas seulement par la parole qu'on prouve qu'on
veut la concertation et la transparence. C'est par les gestes qu'on pose. Les
meilleurs gestes qu'on puisse poser aujourd'hui pour que les intervenants en
matière d'habitation et de construction se sentent impliqués et
sentent qu'ils vont être consultés de temps en temps, c'est
d'amener certains amendements qui donnent ouverture et place à cette
consultation, à des annonces de lois ou de projets, mais qu'on peut
discuter, plutôt que d'avoir seulement des annonces officielles, par
communiqué, où on est informé que c'est une
réalité à partir de maintenant et non plus une
volonté sur laquelle on peut s'entendre.
Cela complète mes notes préliminaires, M. le
Président. Après les interventions de mes collègues, si
j'ai des réponses là-dessus, ce sont des sujets qui seront
éliminés; sinon, je reporterai cela à l'étude
article par article. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Shefford. À ce moment-ci, pour le
bénéfice de l'aide à la présidence, j'ai M. le
député de Terrebonne qui a demandé la parole pour des
remarques préliminaires. II y a des questions qui ont été
adressées à M. le ministre. Est-ce qu'on est d'accord que M. le
député de Terrebonne fasse des remarques préliminaires
dans un premier temps et que M. le ministre pourra répondre
après? Cela va comme ça. M. le député de
Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Ce matin, j'ai
assisté aux débats, sauf à la troisième partie;
j'ai assisté aux interventions des deux premiers intervenants. J'ai
trouvé très curieux la façon dont le premier intervenant a
été reçu, surtout quand on lit son nom, M. François
Saillant, pour le Front d'action populaire en réaménagement
urbain. J'ai l'impression que le ministre n'a pas compris les faits saillants
de son rapport.
J'ai regardé ce rapport de façon exhaustive et je me suis
rendu compte qu'on a reproché au ministre ce matin, de façon
très claire, une sorte de manque de philosophie du logement qui se
dessinait chez le Parti libéral depuis la nomination de ce nouveau
ministre qui se départit petit à petit de ses
responsabilités.
Le ministre disait: Au Québec, si on se compare aux autres, on se
sent nanti du côté logement et je me dois de dire qu'il a raison,
Pourquoi? Parce que cela faisait dix ans que nous étions là.
Donc, actuellement, la situation est très bonne, parce que nous sommes
rendus, à 61 %, des couples propriétaires au Québec. Nous
étions la dernière province de la Confédération,
juste avant Terre-Neuve, et maintenant nous sommes la province qui est au
premier rang quant aux couples propriétaires de maison et ceci, à
cause d'une philosophie de soutien à la population d'une province, aux
Québécois et aux Québécoises, une philosophie
faisant en sorte que, des locataires que nous étions en majorité,
nous passons à des propriétaires. Il faut d'abord être
propriétaire de son chez-soi pour devenir mentalement
propriétaire de son territoire. On est souverain dans sa maison avant
d'être souverain dans son pays. C'est une mentalité que nous avons
tenté de développer et qui, je l'affirme ici, est une philosophie
qui sous-tendait celle du Parti québécois, et elle a porté
ses fruits.
On vous dit: Vous n'avez pas de philosophie. Je vous dirai par la suite
que vous en avez une. On dit que vous n'avez pas de philosophie. Nous,
qu'avons-nous fait? Nous avons créé le programme d'accès
à la propriété pour tous les gens qui n'avaient pas de
logement, qui étaient mariés et qui avaient un enfant en bas de
douze ans; c'est une philosophie du logement. Deuxièmement,
Corvée-habitation. Pour la première fois dans l'histoire, le
patronat, les agents des finances, les entrepreneurs, les syndicats se sont
liés pour qu'en même temps nous développions des logements
qui devenaient des besoins sociaux pour des propriétaires privés
ou pour des coopératives. Donc, philosophie du logement, logements
coopératifs. Au cours des dix années du Parti
québécois, des gestes ont été posés, des
gestes concrets, matériels, palpables, visibles,
vénfiables sur le terrain et vérifiables aussi dans les
résultats obtenus, autant du côté de la comptabilité
monétaire que du côté de la comptabilité des
logements au prorata de la population. C'est important, une philosophie du
logement. C'est pourquoi le ministre dit, aujourd'hui, que le Québec se
compare à d'autres provinces et d'autres pays de l'Occident. On est
nanti, oui, parce qu'on sort de neuf années de gouvernement du Parti
québécois qui avait une philosophie du logement.
Deuxièmement, philosophie de la construction, philosophie de la
rénovation des logements en place par Loginove, par les programmes
Équerre. Des centaines de millions ont été
dépensés avec des programmes très avantageux pour
protéger les gens dont le gousset était moins fort, ceux qui
avaient de petits revenus, ceux qui avaient besoin de la richesse collective
pour être plus productifs par la suite parce que mieux logé, on a
de meilleures intentions et on peut mieux travailler.
Troisièmement, philosophie du logement dans les logements
sociaux, les HLM. De 1976 à 1985, c'est bien connu, on est passé
de 27 000 logements sociaux au Québec a 55 000. Cela a doublé
sous la gouverne du Parti québécois. C'est vrai, M. le ministre,
que nous sommes très nantis au Québec actuellement. C'est vrai,
M. le ministre, que nous avons eu jusqu'à maintenant une politique de
protection du moins nanti, des gens à faible revenu, des ménages
qui n'avaient pas encore eu de propriété, ceux qui avaient une
maison ancestrale mais qui était démodée, qui n'avait pas
les commodités du modernisme nécessaire a l'épanouissement
d'une famille en devenir ou d'une famille déjà en place.
Rénovations, logements sociaux pour ies personnes âgées et
le respect d'une nation envers les personnes âgées, c'est le signe
de maturité d'un peuple. Tout cela faisait partie de la philosophie du
Parti québécois en matière de logement.
Ce matin, on est venu nous dire qu'on avait peur que cette philosophie,
qui sous-tendait une réalisation économique très forte
avec des avantages sociaux au nom de la justice, trouve un frein, trouve une
barrière avec l'arrivée au pouvoir du Parti libéral.
J'espère que non. J'ai crainte aussi è l'intérieur de moi,
j'ai les mêmes appréhensions. On disait, on sous-tendait, à
l'arrivée du Parti libéral: Un gouvernement de business. Respect
du gros bonnet plutôt que respect du petit budget ou du petit gousset. La
politique du gros bonnet. Je regarde de l'autre côté et ces
défenseurs, je les reconnais. De ce côté-ci, on
défendait les gens les moins nantis.
Une philosophie comme celle-là, qui a l'air de ne pas en
être une... On vous accusait ce matin de ne pas avoir de philosophie de
développement du logement. Le fait d'avoir une philosophie qui consiste
à ne pas en avoir, c'est la pire des philosophies qui puissent exister
sur un territoire comme le nôtre. Je vous ai déjà
expliqué, pendant quelques minutes, ta philosophie du
développement du logement que nous avions. Je recommence.
Nous avons développé au Québec une philosophie pour
faire passer les locataires à propriétaires. Nous sommes la
province numéro 1; 61 % des couples sont maintenant propriétaires
au Québec, alors que nous étions les derniers. Pourquoi? À
cause de l'accès à la propriété, à cause de
Corvée-habitation. C'est d'une importance capitale. En plus d'être
un supplétif à la compétence de l'entreprise privée
qui, en période de crise, n'avait pas les reins assez forts pour
ériqer et pour bâtir, le gouvernement est venu lui donner un coup
de pouce tout en posant un geste social, en fait, un geste constructif et de
développement économique. Si ce n'est pas là tout un pan
d'une philosophie du logement, je ne sais pas ce qu'est une philosophie du
développement. Je vous dis que vous avez une philosophie qui consiste
à ne pas avoir de philosophie du loqement et c'est la pire des
philosophies qu'on puisse avoir puisqu'elle fait que les plus gros, encore,
l'emportent. Ne pas en avoir une, c'est la pire des philosophies, cela cache la
philosophie du businessman. C'est ce que vous avez dit que vous êtes.
Ils sont venus nous dire ce matin que la SHQ regroupe des gens
compétents, est un organisme de premier plan. J'ai beaucoup de respect
pour les gens qui y sont, ce sont des techniciens d'une haute
compétence, qui ont développé une expertise brillante, on
l'a vu sur le terrain. Cependant, ce n'est pas à eux è
développer une politique du loqement; une politique du logement est
développée par le parti au pouvoir. Je ne vois pas pourquoi on se
départirait, quand on est au pouvoir, d'un temps philosophique qu'on se
doit de prendre au nom de la démocratie qui nous a élus. Cela,
ils ne l'acceptent pas et ils sont venus nous le dire ce matin. Ils sont venus
nous dire ce matin que le ministre devrait continuer à augmenter le
pourcentage des propriétaires au Québec, autant pour les
particuliers que pour les coopérants et les couples, même si nous
sommes à 61 %. Ils ont bien dit ce matin qu'encore 520 000 couples
n'avaient pas de maison ou étaient locataires, environ 30 000
étaient sans abri. Ils sont venus vous dire, M. le ministre, que
Logirente est une très bonne chose, que vous avez peut-être
l'intention de l'augmenter et qu'ils sont et que nous sommes aussi
derrière vous si vous voulez augmenter Logirente. C'est une bonne chose.
(16 heures)
Vous savez, vous ne pouvez pas n'avoir, dans votre pot de mayonnaise,
que de
mauvaises cuillerées. En général, je ne la sens pas
très bonne. Si vous voulez vraiment augmenter Logirente on va vous
appuyer là-dessus, il n'y a aucun problème. Évidemment,
continuer les réparations, mais accessibles, pas comme on nous disait ce
matin. Il n'y a que les squelettes économiques qui seront capables de
bâtir quelque chose, écoutez! Une fois rendu squelette on ne veut
plus habiter nulle part. Il faut quand même laisser un peu la chance
à ceux qui manquent de souffle de reprendre le souffle économique
par une aide palpable, qu'on est capable d'atteindre, qui n'est pas
inatteignable dans le temps ou dans les obligations que vous créez.
Dans les logements sociaux pour les démunis ou les personnes
âgées, ils sont venus vous dire de continuer. Il y a au
Québec, même si nous sommes nantis, il faut le reconnaître,
encore des sans-abri. Ils nous parlaient de 10 000 ce matin. Ils nous parlaient
aussi de beaucoup de gens qui font des sacrifices énormes pour continuer
à habiter leur maison et qui auraient besoin du soutien de
l'état. Ils sont venus vous dire tout ça ce matin, M. le
ministre.
De notre côté, nous vous disons que nous sommes prêts
à appuyer une politique du logement. Nous n'avons pas peur de la SHQ,
pas du tout. C'est un organisme de premier plan. C'est l'Hydro-Québec de
l'édification de bâtiments. C'est un organisme très valable
mais ce n'est pas à un organisme parallèle au gouvernement
à développer une politique du logement. C'est faux! On peut les
rendre consultatifs pour présenter au ministre différentes
philosophies du logement, mais ce sera toujours le ministre responsable de
l'Habitation, qu'il en porte le nom ou pas, qui en aura la
responsabilité et il se doit d'approuver ou même d'entreprendre.
Il devrait commencer. D'ailleurs, contrairement à l'initiation, il se
départit de ses responsabilités et il passera certainement,
même après un an à la tête de ce ministère,
pour un ministre qui manque de souffle et qui ne veut pas soutenir... Vous
manquez de souffle parce que vous ne voulez pas prendre vos
responsabilités. Vous vous dégonflez, donc, vous manquez de
souffle. Vous ne voulez pas protéger les pauvres au Québec, tes
moins nantis en ayant une politique de soutien.
M. le Président, ce sont les remarques préliminaires que
je voulais faire. Je tiens à vous dire que nous avons un responsable du
logement et de l'habitation de notre côté et qu'il vous suit de
très près. Au mois de décembre il a, à lui seul,
tenu tête à 99 députés de l'autre côté.
Nous avons à peine eu le temps de le soutenir, mais sachez que le projet
de loi 137 n'a pas été adopté avant Noël. M. le
ministre, je tiens à vous dire que cet homme est un homme à
craindre et qu'il va s'imposer pour défendre les moins nantis au
Québec et, de notre côté, nous allons le soutenir. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Terrebonne.
M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Ce matin on n'a pas eu tellement le temps d'intervenir
puisque le temps consacré aux groupes était très
restreint. J'avais le goût, à quelques occasions en tout cas,
durant les exposés, d'intervenir, ce que je me permettrai de faire dans
le préambule ou avant l'étude article par article de ce projet de
loi.
Lorsqu'on assiste avec beaucoup d'attention, comme on l'a fait ce matin,
aux prises de position de ces différents groupes, on peut se rendre
compte qu'on a fait la démonstration de la nécessité
d'avoir un ministère ou un ministre de l'habitation. En écoutant
les prises de position des groupes, en écoutant attentivement les
questions posées par le ministre, il me semble qu'on n'a pas
été très loin dans la démarche avant de
décider d'abord qu'on abolissait le ministère de l'habitation. Ce
n'est pas la première fois qu'on assiste à un démembrement
de cette sorte. Il faut se rappeler ce qui s'est passé dans d'autres
dossiers lorsque les personnes responsables ont pris action, ont
décidé par la suite de passer à la négociation ou
à des tractations, ce qui fait qu'il y a des lois encore en suspens, pas
appliquées parce qu'on n'a pas pris le temps qu'il faut.
Contrairement aux affirmations que le ministre a faites ce matin, on
peut dire que le gouvernement précédent décidait et
agissait aussi. On e eu droit à certaines affirmations, par exemple.
C'est la première fois qu'un ministère ou un ministre se penche,
examine la possibilité de donner ses orientations au point de vue de
l'habiîtation. Je ne sais pas si j'ai dormi tout le temps que j'ai
été maire de la ville de Jonquière, mais il me semble
qu'avec le gouvernement précédent il y a eu un certain nombre de
politiques mises de l'avant qui nous ont permis de faire de grands pas dans
l'amélioration du loqement, que ce soit du logement locatif, du logement
de propriétaire occupant, la remise en valeur du patrimoine, la
restauration de quartiers comme dans la revitalisation des centres-villes,
Corvée-habitation, possibilité pour les municipalités de
faire confectionner des banques de terrains. Tout cela pour dire que je suis
presque tombé de mon siège quand j'ai entendu le ministre dire
qu'il n'y avait pas de politique de l'habitation, c'étaient des
politiques ponctuelles. Je m'inscris en faux par rapport à ce qui se
passait antérieurement. Je peux être d'accord avec les gens
qui sont ici et qui se montrent inquiets de ce qui se passe. Quand on
remet en question, quand on étudie tout ce qui se passe dans un domaine
particulier, les groupes concernés ont le droit d'être inquiets et
je pense qu'ils ont été très clairs là-dessus.
Une cause d'inquiétude de ces groupes était le fait
qu'avant de venir en commission parlementaire publique ils passaient à
la confesse à la Société d'habitation et au ministre. Il
me semble qu'on vient un peu brimer les droits de s'exprimer de ces
gens-là. On sait bien que ces gens-là ont une inquiétude
aujourd'hui. Il y a des gens qui dépendent de certaines politiques
gouvernementales pour gagner leur vie. En faisant ces rencontres au
préalable, cela a pour effet de débalancer ces groupes-là,
ce qui fait que le porte-parole de l'Opposition a voulu faire ressortir ces
éléments. Ce qui me frappe, c'est que c'est vrai qu'on les
mettait dans l'embarras en leur posant des questions auxquelles ils ont
répondu le plus franchement possible, mais qui avaient été
cuisinées un peu auparavant.
Le ministre dit: Non, on n'enlèvera pas tout, mais on va
peut-être changer des choses; on va remettre en question des choses; ne
soyez pas inquiets; c'est moi qui vous le dis. Si j'étais dans la peau
de ces gens-là, je serais réellement inquiet car chaque fois
qu'on passe à l'étude de dossiers ou de cas, du cas par cas,
c'est dangereux. Ayant travaillé avec des groupes de ressources
techniques - je ne pense pas que la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean
soit différente des autres régions du Québec - je peux
donner le témoignage que ces gens-là sont vraiment responsables
et qualifiés. J'ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec eux
quand j'exerçais des fonctions antérieures parce que ce sont des
gens qui ont fait la preuve qu'ils étaient capables de mener des
dossiers à terme.
II est vrai que les logements coopératifs peuvent, à un
certain moment, faire une disproportion ou donner un avantage plus grand aux
locataires de ces immeubles; il ne faut pas se le cacher. Au début, ce
sont des gens qui ont été passés au crible et qui ont
aussi été passés point par point avant qu'ils aient
accès à ces logements. Leur état financier, leur
état de vie s'est certainement amélioré au cours des
années, ce qui fait qu'il y a des éléments qui peuvent
échapper, qui font qu'ils ne paient pas suffisamment, ayant des loyers
moins élevés. Il y a peut-être moyen de pallier à
ces carences. Cependant, ce n'est pas en éliminant les logements
locatifs. Je vous le dis, c'est probablement, et c'est normal de le faire...
Ces gens-là ont réussi dans des coopératives. Je peux vous
dire que ce sont des gens qui sont pas mal plus impliqués et pas mal
plus engagés dans la société, considérant la
responsabilité qu'ils ont en allant dans ces loqements. Cela les oblige
d'abord à être responsables de leur logement, de participer
à la vie d'une communauté et, en même temps, à
l'entretien. Ces gens-là ne ramassent pas de capital, contrairement au
propriétaire occupant qui ramasse une capitalisation en payant son
logement. Il y a peut-être moyen de pallier à certaines carences
de ces programmes dont on ne prétend pas qu'ils soient parfaits. Je vous
passe un papier; pour la ville que j'ai représentée comme maire,
j'étais fier de ces gens-là qui avaient réussi.
Il y a un élément qu'ils n'ont pas fait ressortir ce matin
et sûrement que, pour la municipalité, cela n'a pas
été soulevé. Ces gens-là paient des taxes comme
tout le monde, ce que les HLM ne font pas. Cela n'a pas été
nécessairement très ressorti ce matin. Quand on regarde au point
de vue de l'utilisation, il n'y a pas de remise de 10 %. C'est ce que je veux
bien dire, on ne paie pas de déficit de 10 %. Ces gens-là qui
demeurent dans des logements coopératifs utilisent des terrains,
rationalisent l'utilisation du sol. Dieu sait si on a des difficultés
à obtenir - je parle surtout en dehors de Montréal et de
Québec - que les gens s'établissent, qu'ils ne soient pas
nécessairement juste les propriétaires de maison unifamiliale
genre bungalow. Cela a des coûts sociaux, les bunqalows, dans une
municipalité. Cela a pour effet d'augmenter les coûts des
services. Lorsqu'il y a des loqements de type coopératif,
régulièrement et toujours, ce sont des logements où il y a
plusieurs familles qui demeurent ensemble sur un terrain beaucoup moins grand
que si on les "extensionnait" dans des bungalows séparés. Tout
cela pour dire qu'il n'y a aucune raison de mettre en danger...
En tout cas, je voudrais rappeler au ministre que les GRT, les groupes
de ressources techniques, sont importants. Il ne faudrait pas leur donner une
pitance en disant: Vous allez travailler parce qu'on va vous en donner; on va
vous donner autre chose; on va disperser vos efforts; on peut vous faire perdre
vos connaissances et vous allez marcher juste selon notre volonté, en
les tenant ainsi sans les rassurer sur leur devenir et sur leur avenir. Je
pense que c'est important de le faire, d'autant plus que ces gens-là
sont fortement impliqués et ont réussi - ce que l'entreprise
privée n'a pas réussi à mon point de vue - à
resituer des gens d'une façon responsable, à réutiliser
des bâtiments qui, sans eux, n'auraient pas été
utilisés. Donc, on devrait être heureux que ces gens-là
soient encore prêts et disposés à rendre service à
la collectivité parce que c'est un choix de demeurer dans des logements
coopératifs.
Le ministre a aussi affirmé que c'était une question
d'argent. II faut qu'il y ait les ressources disponibles pour faire de
l'habitation. Je pensais que cela répondait... Le ministre l'a
dit, il a fait cette affirmation. Il a dit: On fait du logement quand on a de
l'argent disponible. Je pensais qu'il y avait 3 000 000 000 $ de déficit
au Québec, 34 000 000 000 $ au fédéral. C'était pas
mal de déficit. Il n'y a pas d'argent disponible. Mais ce n'est pas
cela! On a de l'argent disponible quand on ne fait pas de déficit, quand
on a de l'argent de trop. Ce n'est pas cela.
Je pense que la politique de l'habitation, c'est une politique et c'est
un choix de société. C'est aussi une action pour aider les gens.
Les plus démunis, oui, mais pas seulement eux. Il y a des cas, et je
vais le prédire... Le fait que la plupart des programmes aient
été refondus dans un seul, soit le programme PARCQ, fait qu'il y
a beaucoup de gens qui n'ont pas accès à ce programme. C'est
juste pour rire. Les gens qui ont 15 000 $ de revenus, qui ont moins que 15 000
$ de revenus et qui sont propriétaires d'une maison, ce sont des
pauvres. Dans l'état actuel ou dans le milieu où on vit, ces gens
coupent sur le nécessaire pour pouvoir garder leur
propriété. Ils crèvent. Ce n'est pas vrai, quand on dit
qu'on n'a pas coupé le budget. Bien non! Mais il y a moins de gens qui
ont accès à ces budgets. Donc, on obtient d'une autre
façon ce qu'on n'a pas voulu faire directement. Si on avait dit aux
gens: Oui, il y a les mêmes budgets avec la même possibilité
et le même accès... Mais 15 000 $! J'ai fait une petite
enquête dans mon coin et il y a beaucoup de gens; la plupart n'y ont pas
accès. Ils lâchent. Pas d'argent. Et c'est 5000 $. Imaginez-vous
quelqu'un qui a une réparation de 8000 $ et qui gagne 15 000 $ par
année. Qu'est-ce qu'il fait? Je pense qu'il faut regarder ce qui arrive
au point de vue pratique.
À toutes fins utiles, la personne, l'individu, la famille dit:
Non, on ne va pas participer à ces programmes parce qu'on va crever. Une
exigence fondamentale, c'est que ces gens-là doivent, s'ils veulent
avoir accès à ces programmes, se rendre conformes à toutes
les lois existantes, que cela concerne la salubrité, etc. Tout cela fait
qu'immédiatement on est obligé de dire: Non, il n'y a
peut-être pas eu de programmes coupés, il n'y a pas eu
d'indexation. Le programme n'est pas coupé. Le ministre peut avoir
partiellement raison mais, à toutes fins utiles, les gens n'iront pas
à ce programme et c'est le résultat des enquêtes que j'ai
faites où j'ai demandé à des responsables d'habitations
dans une municipalité en particulier ce qui arrivait. Ils ont dit: Les
gens demandent et quand on leur dit que cela ne fonctionne pas... Une famille
monoparentale, une personne qui a un logement et qui gagne autour de 18 000 $
à 20 000 $, je ne pense pas qu'elle soit riche.
En tout cas, ce sont de faux riches, à mon point de vue.
Ces gens qui vont aller faire toute une confession
générale et toutes les démarches pour avoir accès
à des subventions qui sont remboursables, incidemment, à quelques
reprises, à quelques endroits, ou partielles, maximum 5000 $, à
ce moment la personne se retourne et dit: Je n'embarque pas là-dedans.
Peut-être que le budget global n'a pas diminué mais, quand on
regardera à la fin de l'année, probablement que l'argent ne sera
pas tout dépensé. Une des raisons fondamentales sera justement
parce que le programme n'a pas été adapté et qu'il y a un
programme qui a été mis sur pied sans consultation. Je pense que
les autres nous ont dit carrément: II n'y a pas eu de consultation, il
n'y a pas de consultation et on devrait en faire. Quand on reqarde les
questions qui ont été posées ce matin, cela prouve qu'il
n'y a pas eu de consultation. Quand on demande comment on fonctionne dans des
coopératives, comment les gens sont reçus là-dedans, de
quelle façon on choisit les gens, à moins qu'on ne veuille
dépenser ou tuer du temps, il me semble que ce sont des questions
auxquelles on aurait dû avoir réponse avant même de les
poser. On a justement la collaboration de ces gens qui nous offrent d'aller
à des tables, qui nous offrent leur expertise pour essayer de faire
avancer la société. (16 h 15)
Qu'on ne vienne pas nous dire qu'on a de l'argent disponible. Je dis
carrément qu'il n'y a pas d'argent disponible pour faire du logement. Si
on veut répondre à des besoins, aux nécessités des
citoyens, je dis oui à une politique de l'habitation, mais à une
vraie politique de l'habitation, pas à une politique de morceau par
morceau. Une politique, pendant qu'on l'étudie et qu'on prend des
décisions et que déjà on commence à donner nos
couleurs, il ne faut pas oublier que le gouvernement qui a remplacé le
précédent, le gouvernement actuel, a eu le temps de
préparer des programmes. Il avait réponse à tout avant les
élections. Même durant la campagne électorale il avait des
réponses. On se rend compte que, là comme ailleurs, là
comme dans d'autres endroits, il n'a pas tellement de réponses parce
qu'on va être encore dans la politique de l'hésitation, on va
être encore dans la politique de la recherche de solutions. C'est la
même philosophie qui préside à la plupart des lois; on
noircit un dossier, on noircit un tableau en disant que tout va mal, que tout
est compliqué et que tout est à l'envers et, nous autres, on va
changer cela. Là, on fait notre petite recherche. On inquiète
tout le monde pour arriver au bout peut-être et accoucher d'une souris,
mais peut-être qu'il ne faudrait pas accoucher d'un monstre.
Je pense que c'est cela, le projet de loi qu'on a devant nous. C'est
qu'on a aboli le ministère de l'habitation qui, à mes yeux, avait
fait ses preuves. Moi, je pense que ce matin on ne sait même pas pourquoi
il y a eu consultation. Le livre vert doit être je ne sais où. Il
y avait un livre vert intitulé Se loger au Québec. Ce
livre est parti. On recommence au complet. On a écouté tous ces
groupes et ce qu'ils avaient à dire. À partir de cette politique,
on pourrait aller chercher des bribes, aller chercher des
éléments pour faire une politique de l'habitation. On ne sent pas
cette volonté et je dis encore oui à une politique pour aider les
plus démunis; oui à une véritable politique de
l'habitation parce que, dans la politique de l'habitation, on touche les
familles. C'est important, ce que les gens sont venus nous dire ce matin, qu'il
y a des quartiers au Québec qui ont dix ans de moins de vie que d'autres
quartiers favorisés.
Je pense que, comme Québécois, cela poigne quelque part,
à moins qu'on ne soit des gens sans aucune facette. On peut bien pleurer
sur le sort de l'Afrique et les problèmes des autres, mais au
Québec, en 1987, il y a encore des gens qui ont dix ans de moins
d'espérance de vie dans une société qui s'est dite
gavée pendant des années, où il y avait de l'argent. Ce
n'est pas juste une question d'argent. Il y a une question de philosophie et
d'approche. Je dis encore une fois: La politique de l'habitation, avoir un
toit, c'est un toit. On ne commande pas un logement. Tout le monde au
Québec devrait avoir le droit à un logement. C'est de nature
à favoriser les familles. Selon l'action qu'on pose envers les autres,
je pense que c'est cela une société civilisée, cela donne
certainement plus de valeur à notre société quand on
s'occupe des plus démunis.
Je pense que la politique de l'habitation fait vraiment partie des
éléments moteurs comme le droit à l'emploi, comme le droit
de vivre dans une société organisée et une
société humaine, une société qui veut avancer
aussi. Le Québec a été un exemple pour plusieurs au point
de vue de l'habitation. Je pense qu'on devrait continuer. Pour une
société, ce sont certainement des objectifs louables. Ce sont des
objectifs qui peuvent être atteints, qui ont été atteints
dans le passé. Je pense qu'on devrait se dépêcher de dire
et d'affirmer qu'il n'y a pas que les gens qu'on a choisis qui sont
connaissants dans les dossiers, il y a des gens qui ont des expertises sur le
plancher. Ces gens-là devraient aussi faire partie d'une consultation.
À chaque fois qu'on fait une consultation et qu'on décide des
personnes qui doivent être là-dedans - je ne dis pas
décider nom par nom - je pense qu'on fait fausse route.
On a eu des groupes ce matin qui nous ont donné toutes les
garanties possibles, des groupes organisés, des qroupes responsables et
des groupes qui ont des expériences pertinentes et qui ont vraiment
à coeur de faire avancer le dossier de l'habitation au Québec. Je
pense que le ministre aurait tout intérêt à aller chercher
ces gens-là pour faire avancer ce dossier et, surtout, pour faire mieux
accepter la politique qu'il s'apprête à mettre de l'avant. Il n'y
en avait pas de politique, mais je pense que c'est avec les groupes qu'on doit
aller chercher cette expertise. Je crois bien à l'expertise des qroupes
Desjardins - bien oui! - comme prêteurs, mais il n'y a pas seulement les
groupes Desjardins qui ont de l'expertise. La preuve, ce matin, on l'a eue et
j'ai été impressionné très certainement. Ils ne
sont pas ici, donc, je ne vais pas chercher cela pour envoyer des fleurs, mais
je trouve que ces groupes, ayant l'expérience d'avoir parlé avec
beaucoup de promoteurs dans l'habitation, n'ont pas de leçon à
recevoir de ces gens-là. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. À ce moment-ci, des questions
avaient été soulevées par M. le député de
Shefford. M. le ministre.
M. Bourbeau: Un genre de réplique, si je comprends bien,
sur...
Le Président (M. Saint-Roch): Non, cela entre dans les
limites d'une discussion générale avant de passer à
l'étude article par article...
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): ...s'il y a consentement
mutuel. Consentement? M. le ministre.
M. André Bourbeau (réplique)
M. Bourbeau: M. le Président, je suis heureux de voir
qu'il y a consentement parce que cela va peut-être permettre de calmer
les appréhensions de l'Opposition et de faire en sorte qu'on puisse
terminer l'étude du projet de loi 137 à 18 heures, selon le voeu
exprimé par le député de Terrebonne
précédemment qui, semble-t-il, avait des engagements
impérieux ce soir.
On fait grand état d'une politique de l'habitation. Le
gouvernement a-t-il une politique de l'habitation? En aura-t-il une?
Pourra-t-il se doter d'une politique de l'habitation? J'aimerais simplement
souligner, pour le député de Terrebonne, que s'il avait lu le
moindrement - de même que ses collègues - le projet de loi 137 il
verrait que ce n'est pas la Société d'habitation du Québec
qui est chargée d'élaborer une politique de l'habitation en vertu
de la loi 137 ou aux termes de la loi 137. L'article 2,
paragraphe 1.1, dit bien: "Le ministre - en l'occurrence le ministre des
Affaires municipales responsable de l'Habitation -élabore et propose au
gouvernement des politiques relatives à l'habitation; il en dirige et
coordonne l'application." Donc, c'est clair. C'est de nature à rassurer
l'Opposition et tous ceux qui pourraient avoir des appréhensions. Ce
n'est pas la SHQ qui va élaborer des politiques d'habitation ni les
proposer, c'est le ministre responsable.
Également, au paragraphe 1.2, on dit: "II - le ministre - peut
notamment établir, en collaboration avec les ministères, les
organismes gouvernementaux ou municipaux, les groupes ou individus
intéressés - donc, avec l'ensemble des gens qui
s'intéressent à la chose - les besoins, les priorités et
les objectifs pour tous les secteurs de l'habitation au Québec." Tous
les secteurs, cela comprend tous les secteurs, y compris bien sûr le
secteur des coopératives. Donc, le projet de loi lui-même
répond aux questions. Comme disent les avocats: "res ipsa loquitur", la
chose parle par elle-même, le projet de loi parle par lui-même;
c'est la meilleure réponse qu'on puisse donner.
Le gouvernement actuel a-t-il raison de vouloir se doter d'une politique
de l'habitation? M. le Président, je vous signale que le gouvernement du
Parti québécois a été là pendant neuf ans
et, pendant tout ce temps, il n'a pas trouvé le temps de se doter d'une
politique de l'habitation. On a fait grand état du défunt, feu le
ministère de l'habitation, mais il a fallu cinq ans au gouvernement
précédent avant de juger bon de mettre un ministère sur
pied. À ce moment-là seulement, on a commencé à se
demander si on pourrait éventuellement réfléchir sur une
politique de l'habitation. On a fait de nombreuses consultations, on a
rédigé un livre vert, on s'est affairé pendant deux ans
à rédiger un livre vert, même pas un livre blanc. On
était trop timide, on s'est contenté d'un livre vert et on a fait
une consultation avant, pendant et après le livre vert. On a
consulté longuement et jamais le gouvernement n'a eu le temps
d'accoucher d'une politique de l'habitation après neuf ans d'exercice du
pouvoir. Aujourd'hui, on fait des problèmes ou des remarques
désobligeantes à l'endroit du ministre parce que, après un
an seulement, il annonce qu'il veut se doter d'une politique de l'habitation.
On dits On devrait recommencer les palabres et les consultations a ce
moment-là.
M. le Président, nous nous inscrivons dans la suite de ce qu'a
fait le précédent gouvernement. C'est une évolution qui a
été commencée avant nous. Nous avons consulté le
livre vert. C'est un document qui, à bien des égards, renferme
une mine de renseignements et nous n'avons pas l'intention de le mettre de
côté. D'ailleurs, je le dis fréquemment. Je m'inspire
très souvent des renseignements et des données que contient le
livre vert. Loin de moi l'idée ou l'intention de mettre de
côté ce qui aurait été valablement fait avant nous.
Au contraire, nous bâtissons à partir d'une foule de
données, dont le livre vert Se loger au Québec. Nous ne sommes
pas un gouvernement qui va se perdre encore pendant des années en
colloques, en conciliabules, en tables rondes, en réunions, en
mini-sommets ou en sommets sur une politique de l'habitation. Tout cela a
été fait. Tous les gens qui devaient être consultés
l'ont été ad nauseam. Je pense que, maintenant, ce serait ne pas
faire un geste de responsabilité, ce serait ne pas aqir comme un
gouvernement responsable que de faire comme le gouvernement
précédent, de palabrer pendant neuf ans sur la possibilité
ou non d'accoucher d'une politique de l'habitation.
Le gouvernement précédent n'avait donc pas de politique de
l'habitation. Il avait des programmes conjoncturels. Il a réagi par
rapport à la conjoncture. Quand la crise économique est
arrivée, il a réagi par des programmes. Que ce soit
Corvée-habitation, Équerre ou PAAPR, ce sont des programmes
conjoncturels qui n'avaient rien à voir avec une politique de
l'habitation.
Ils avaient peut-être leur raison d'être au moment où
ils ont été mis en vigueur, mais on avait également
l'obligation comme gouvernement responsable d'y mettre fin. L'ancien
gouvernement l'avait reconnu avant l'arrivée du gouvernement
libéral en mettant fin à Corvée-habitation et l'ancien
gouvernement aurait également mis fin aux deux autres programmes, en
tout cas, certainement au programme Équerre, n'eussent été
les élections qui étaient en vue. Ce n'était pas
électoralement rentable que de mettre fin à un programme en
période électorale.
Toujours est-il que les évaluations qui avaient été
faites préalablement à la période électorale
indiquaient clairement qu'il fallait mettre fin à ces programmes
conjoncturels qui coûtaient très cher au gouvernement, quelque
chose comme 50 000 000 $ dans le cas de PAAPR et peut-être 35 000 000 $
dans le cas d'Équerre et peut-être plus. Je n'ai pas les chiffres
devant moi.
Ces programmes n'étaient pas ciblés. Ce n'étaient
pas des programmes raffinés. On ne faisait pas la distinction entre les
gens à l'aise et les gens démunis, de sorte que tout le monde
avait accès aux proqrammes, même ceux qui gagnaient 30 000 $, 40
000 $ ou 50 000 $ par année. Dans le cas d'Équerre, je n'invente
pas moi-même les mots, mais certains observateurs ont prétendu que
c'était un programme pour bricoleurs à l'aise. Je ne veux pas
prétendre que le programme n'avait aucune espèce de vertu. Mais
on sait quand même que 88 % des gens qui en ont profité ont
déclaré que, de toute façon, ils auraient fait les
mêmes
travaux avec ou sans programme.
Donc, sans vouloir condamner ces programmes, je pense qu'il était
urgent d'y mettre fin et je crois que nous avons eu raison de le faire, puisque
dans l'année qui a suivi l'abolition des programmes, les mises en
chantier ont été plus importantes que jamais, au Québec,
depuis l'année 1976 qui était l'année record, la
dernière année du gouvernement Bourassa, alors qu'on avait eu 67
000 mises en chantier. L'année dernière, en 1986, après
l'abolition d'Équerre et de PAAPR, on a eu 60 000 mises en chantier, ce
qui était considérablement plus important qu'au cours des
années précédentes.
Donc, au sujet de cette fameuse politique de l'habitation que nous
voulons proposer éventuellement, je peux assurer quand même cette
commission que nous n'avons pas l'intention de tout remettre en cause. La
politique dont nous accoucherons éventuellement ne fera pas un virage
à 360 degrés en matière d'habitation. Nous allons
continuer à diriger nos efforts vers les éléments les plus
démunis de notre société. Je peux dire que notre objectif
est de faire en sorte d'atteindre une plus grande efficience dans la gestion
des programmes, améliorer leur rentabilité, améliorer le
rapport coûts-bénéfices des programmes d'habitation au
Québec. (16 h 30)
Quant aux orientations ou aux politiques en matière d'habitation,
nous continuerons la démarche qui a été commencée,
nous partirons de ce qui existe présentement, des consultations que nous
avons eues, des documents qui sont au dossier, du livre vert, des
recommandations du comité-conseil sur l'habitation. Tous ces
éléments nous permettront, je l'espère, au cours des
prochaines semaines, de proposer au gouvernement une politique de l'habitation
pour les mois et les années à venir.
Pour ce qui concerne certaines observations qui ont été
faites par mes collègues d'en face, notamment le député de
Jonquière qui parlait des taxes municipales, je peux vous dire que,
contrairement à ce qu'il a affirmé tout à l'heure, les HLM
aussi paient des taxes foncières au Québec et des taxes
municipales. Je peux lui dire que, pour l'année courante, elles en
paient pour 40 000 000 $ par la Société d'habitation du
Québec.
M. Dufout: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Roehefort): M. le ministre...
M. Dufour: Je ne sais pas si vous avez écouté toute
mon intervention, mais...
Le Président (M. Rochefort): M. le député,
en vertu de l'article 212, vous pourrez faire cela après l'exposé
du ministre.
M. Dufour: D'accord.
Le Président (M- Rochefort): Je vous reconnaîtrai
après. M. le ministre.
M. Bourbeau: Si j'ai mal compris les paroles du
député, je m'excuse, je dirai simplement que les HLM, au
Québec, génèrent environ 40 000 000 % de taxes
foncières payées aux municipalités du Québec. Je
reconnais que les municipalités contribuent au déficit
d'exploitation des HLM dans une proportion de 10 %, le gouvernement du
Québec, quant à lui, contribuant environ 30 % et le gouvernement
fédéral, l'excédent. C'est peut-être 35 %, en
moyenne, pour le qouvernement du Québec pour les HLM.
Le programme PARCQ a fait l'objet de deux interventions: une du
député de Shefford et une du député de
Jonquière. Il s'agit d'un budget de 70 000 000 $ pour l'année
1987. On se souvient qu'au cours des années précédentes il
y avait deux programmes en vigueur: le programme québécois
Loginove et le programme fédéral PAREL. Ces programmes ont vu la
fin de leurs activités au 30 septembre 1986 et le programme PARCQ a pris
le relais à compter du 1er octobre jusqu'au 31 décembre 1986. Le
programme PAREL, qui était administré par la
Société canadienne d'hypothèques et de logement, avait
utilisé tous les crédits au 30 septembre, les crédits pour
les neuf premiers mois de l'année, et le programme Loginove avait
également épuisé ses crédits. Pour les trois
derniers mois de l'année, soit du 1er octobre au 31 décembre, je
peux vous assurer que la partie descrédits non utilisée avant le
1er octohre a été allouée au PARCQ et engagée en
totalité au 31 décembre 1986.
Le programme PARCQ, comme vous le savez, comporte des subventions
maximales de 5000 $ è l'égard des propriétaires occupants
et une somme allant jusqu'à 7000 $ pour les propriétaires
bailleurs. En ce qui concerne les propriétaires occupants, bien
sûr, la subvention est au maximum, 5000 $, quand on s'adresse aux
clientèles les plus démunies, et on parle de gens qui peuvent
gagner aussi peu que 13 000 $ par année, ce qui prouve que, vraiment,
nous voulons nous adresser aux clientèles les plus démunies,
celles qui ont les besoins les plus criants dans notre société.
Je pense que ce programme est mieux ciblé que les
précédents en ce sens que, parmi tous ceux qui ont des besoins en
matière de logement, on ne peut pas nier que ceux qui gagnent 13 000 $
par année ont des besoins plus impérieux que ceux qui gagnent 23
000 $ ou 30 000 $. À choisir parmi les gens qui ont
des besoins de logement, quant à moi, j'aime mieux choisir ceux
qui gagnent 13 O00 $ que ceux qui en gagnent 30 000 $.
Au Québec, précédemment, sous le programme
Loginove, il n'y avait que 102 municipalités qui pouvaient jouir du
programme de restauration de logements existants, Nous avons choisi d'ouvrir le
programme à l'ensemble des municipalités du Québec de
façon à ne pas faire de discrimination. Je crois qu'on serait
malvenu de nous le reprocher.
En ce qui concerne Logirente, on tente de blâmer le gouvernement
d'un retard dans l'envoi des chèques aux bénéficiaires.
Pour les années précédentes, pour 1984-198% les premiers
chèques avaient pu être transmis au mois de décembre ou en
janvier. J'ai ici des tableaux et je pense que le député de
Shefford n'a pas trop à pavoiser. Sur les quelque 30 000
bénéficiaires du programme Logirente pour l'année 1985,
à la fin de janvier 1985, il n'y avait que 2800
bénéficiaires sur les 30 000 qui avaient reçu leur
chèque; on n'avait donc pas fait beaucoup mieux que le gouvernement
actuel. L'année précédente, c'était 4900 sur le
nombre. II est faux de prétendre que le gouvernement
précédent avait fait en sorte que tous les
bénéficiaires de Logirente puissent jouir de leur chèque
pour Noël 1984 ou Noël 1985.
Pour l'année courante, nous tentons de faire en sorte que les
chèques parviennent dans les meilleurs délais possible. Je peux
dire que les chèques seront vraisemblablement mallés au cours du
mois courant, le mois de février. Nous avons - et c'est probablement
l'une des raisons du délai - en collaboration avec la SHQ et le Conseil
du trésor, cherché à établir les paramètres
les plus réalistes possibles, particulièrement en ce qui a trait
aux revenus que reçoivent les personnes âgées et au
coût du loyer qu'elles ont à assumer. Je pourrais dire qu'au cours
des années précédentes le programme n'a atteint son rythme
de croisière, les quelque 28 000 ou 30 000 bénéficiaires
n'ont été rejoints qu'au mois de mai ou juin. Je ne dis pas qu'on
n'a pas commencé avant, on a commencé avant, mais ce n'est que
vers les mois d'avril et mai que la plupart des bénéficiaires ont
reçu leur chèque. Je ne crois pas que ce soit différent
cette année. Il y a peut-être eu 2000 ou 3000
bénéficiaires qui, l'année dernière ou il y a deux
ans, ont reçu leur chèque en janvier et un tout petit nombre en
décembre, mais pour ce qui est du gros des bénéficiaires
ils auront reçu leur chèque au cours de la présente
année à peu près à la même époque
qu'au cours des années précédentes.
Je pense que c'est l'essentiel de ce que je pouvais vous dire en ce qui
concerne Logirente. Je peux également dire au député de
Shefford - et le rassurer - qu'il n'a pas raison d'apeurer la population avec
Logirente et de toujours revenir en tentant de faire croire à la
population que le gouvernement se propose sinon de mettre fin à
Logirente, du moins d'en diminuer les bénéfices. Au contraire,
s'il y a eu des délais, c'est peut-être justement parce que nous
avons tenté, avec le Conseil du trésor, de voir è la
possibilité d'augmenter ou d'améliorer le progrmme.
Effectivement, nous avons annoncé une majoration de I'aide
financière, une indexation récemment. L'indexation, si le
député a pris la peine de regarder, dans certains cas, dans la
plupart des cas, cela va jusqu'à 4,8 % d'augmentation, ce qui est
supérieur è l'indice d'augmentation du coût de la vie.
Le comité-conseîl a remis son rapport au ministre vers la
fin de l'année 1985. J'ai dit au député que ce document
fait présentement l'objet d'une étude et d'une analyse, il fait
partie des documents sur lesquels nous travaillons présentement pour
établir une politique de l'habitation. En temps et lieu, nous verrons
s'il y a lieu ou non de rendre le document public.
Pour ce qui est du dossier de Milton Park, j'ai ici quelques notes. Je
pourrais peut-être répondre au député. Nous avons
reçu les demandes des gens qui sont intéressés par ce
dossier et le député sait que le programme de subventions s'est
terminé le 31 décembre 1986. Les demandes qu'on nous a faites
pour verser la subvention sont conditionnelles, bien sûr, à ce que
la documentation qui nous a été soumise réponde aux
objectifs et aux critères du règlement en viqueur à la
SHQ. Nous avons demandé des opinions juridiques tant à nos
conseillers juridiques internes qu'à des consultants de
l'extérieur, vu l'importance des montants en cause. Nous avons
l'intention de rencontrer les groupes concernés aussitôt que la
SHQ aura statué sur la recevabilité des demandes qui nous ont
été faites.
Finalement, je crois qu'on a touché également tout
à l'heure, dans le cadre du PARCQ, le volet des personnes
handicapées. Je peux dire au député que dans le PARCQ on
prévoit une allocation additionnelle de 5000 $ à l'égard
des bénéficiaires du programme qui seraient handicapés. De
plus, l'échelle des revenus pour les bénéficiaires est
modifiée en ce sens que, plutôt que d'avoir une échelle qui
va de 23 000 $ de revenu à 13 000 $, on a une échelle qui va de
33 000 $ à 23 000 $. C'est donc dire que la subvention du PARCQ est
pleine et entière à 23 000 $ et qu'elle décroît
jusqu'à 33 000 $. En plus, on a la subvention additionnelle de 5000 $
pour les personnes handicapées. Évidemment, cette subvention
additionnelle leur permettra d'adapter les logements aux besoins
spécifiques de ces personnes-là.
J'ajoute que des consultations sont présentement en cours avec
l'Office des personnes handicapées du Québec pour
améliorer l'efficience du programme et l'efficience de l'aide aux
handicapés par une plus grande coordination à l'intérieur
du gouvernement entre les divers organismes concernés par la question
des personnes handicapées.
J'ai tenté, M. le Président, de répondre au
meilleur de ma connaissance aux préoccupations du député
de Shefford. J'espère que ces réponses lui permettront de
procéder dans les meilleurs délais possible à
l'étude et à l'adoption de l'article 1 du projet de loi 137.
Le Président (M. Rochefort): Avant d'appeler l'article 1,
j'avais une demande du député de Jonquière en vertu de
l'article 212. Est-ce que vous la maintenez, M. le député?
M. Dufour: Si mon collègue est prêt à prendre
la parole, je n'ai pas d'objection à revenir après.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Deux petites choses. Étant donné
que le ministre a cité en partie le rapport du comité-conseil, en
vertu de l'article 214 je demanderais au ministre s'il est prêt à
déposer le rapport.
M. Bourbeau: Je crois que j'ai dit tout à l'heure au
député que le rapport fait présentement l'objet d'une
étude à la SHQ et au gouvernement. Cela fait partie d'un des
documents sur lesquels nous travaillons présentement et que nous
étudions pour, éventuellement, proposer une politique de
l'habitation. Quand cet exercice sera terminé, nous verrons s'il y a
lieu, oui ou non, de déposer ce document et peut-être beaucoup
d'autres documents sur lesquels nous travaillons présentement.
M. Paré: Une autre petite question. Dans la
dernière réponse que vous m'avez donnée concernant le
PARCQ, volet personnes handicapées, vous m'avez décrit le
programme qu'on connaît très bien mais vous ne m'avez pas
parlé de nouveaux amendements. Les manifestations qui ont eu lieu en
décembre portaient justement là-dessus. Les gens demandaient d'en
avoir plus. Ma question de tantôt était la suivante: À la
suite de ces manifestations et de ces demandes et en réponse à
une question que je vous avais posée à l'Assemblée
nationale à savoir si vous étiez prêt à en donner
davantage vous m'aviez dit que vous étiez en discussion avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux pour voir de quelle
façon on pouvait en donner davantage aux personnes handicapées.
Est-ce qu'il y a eu échanqe avec le ministère, est-ce qu'il y a
eu entente et est-ce que vous êtes en mesure d'annoncer quelque chose
pour répondre favorablement et positivement à la demande des
associations de personnes handicapées du Québec?
M. Bourbeau: Actuellement, le PARCQ s'ajoute, si je puis dire,
aux programmes qui existent à l'Office des personnes handicapées
du Québec. Ce n'est pas un programme qui remplace l'action de l'Office
des personnes handicapées du Québec. Il s'agit donc d'un ajout.
Il y a actuellement au moins deux endroits au gouvernement où on
s'occupe de mieux loger ou d'améliorer l'habitat des personnes
handicapées. Ce que nous tentons de faire actuellement, c'est de voir,
avec l'Office des personnes handicapées du Québec, s'il n'y
aurait pas lieu de mieux harmoniser nos actions communes de façon
è améliorer le service à la clientèle.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Paré: Je me rends compte que c'est inutile de
poursuivre la discussion là-dessus, sauf que je me rends compte aussi
qu'il n'y a pas eu, tel que promis en décembre, discussion avec la
ministre de la Santé et des Services sociaux pour donner davantage aux
personnes handicapées. (16 h 45)
Quand vous dites que PARCQ s'ajoute à ce que donne l'Office des
personnes handicapées, je dis oui, globalement, au niveau des autres
services, sauf que l'office a transféré ce qui concerne
l'habitation des personnes handicapées au PARCQ. C'est cela qui a
été contesté en décembre. Ce que vous me dites,
vous me répétez la même chose qui est
dénoncée par les gens du milieu. La réponse était
facile en décembre, en disant: On va s'asseoir et on va essayer de
trouver quelque chose. Là, vous me répondez: On n'a pas besoin de
trouver autre chose puisque l'office en donne déjà une partie;
nous en donnons une partie; cela s'ajoute à la rénovation; donc,
pour les personnes handicapées, c'est 5000 $ de plus que s'ils font
rénover leur maison. Les gens avaient plus avant et on a coupé.
Vous aviez laissé entendre que vous étiez prêt à
regarder pour en donner plus. Je déduis de votre réponse que vous
n'êtes plus prêt à donner plus. Vous dites qu'ils en ont
assez.
M. Bourbeau: Écoutez! Le député de Shefford,
manifestement, est mal informé sur la question des handicapés.
Autrefois, quand il y avait le programme Loginove et le programme PAREL, il y
avait des sommes d'argent pour les personnes handicapées.
PARCQ, qui est le regroupement de ces deux programmes, contient des
montants supérieurs aux anciens programmes. Donc, on fera plus avec
PARCQ qu'on ne faisait avec les anciens programmes. C'est déjà
une amélioration.
Pour ce qui est de l'Office des personnes handicapées du
Québec, il continue le même travail, la même action
qu'auparavant. Quand le député dit que je n'ai pas répondu
à sa question, il n'a vraiment pas compris ce que je lui ai dit tout
à l'heure. Je lui ai dit qu'il y a présentement des
négociations en cours ou des discussions. Nous tentons d'harmoniser nos
politiques avec celles de l'office. Donc, il y a effectivement entre ma
collègue et moi, entre son ministère, la SHQ et le ministre des
Affaires municipales, des tractations, des discussions dans le but justement
d'améliorer l'efficience des programmes destinés aux personnes
handicapées. Il n'est pas exact de dire que je n'ai pas répondu
à la question. J'y ai répondu tout à l'heure dans le sens
que souhaite le député, d'ailleurs, et dans le sens de ce que je
lui avais déjà répondu au mois de décembre. Ces
discussions se poursuivent et, entre-temps, les deux organismes continuent
à servir la clientèle des personnes handicapées, tel que
je l'ai décrit précédemment.
Le Président (M. Rochefort): M. le député,
est-ce que cela va?
Est-ce que cela complète, M. le député de
Jonquière?
M. Dufour: J'aurais pu continuer sur ie volet du PARCQ pour les
handicapés, mais on se fait répondre par l'office qu'ils n'ont
pas d'argent. Le programme n'est pas aboli, mats s'ils n'ont pas d'argent
à mettre à leur disposition le programme est fictif. En tout cas,
c'est ce que j'ai cru comprendre. Des gens à qui j'ai affaire m'ont dit:
Faites une demande à l'OPHQ. On le fait et ils nous disent: On n'a pas
d'argent. On leur dit; Est-ce que vous êtes capables de les inscrire en
priorité puisque vous pouvez donner votre parole que vous allez... On ne
peut pas parce qu'il n'y a pas d'argent de disponible. Je ne sais pas si je le
comprends bien, mais j'ai l'impression que c'est ce qui se passe actuellement
avec le volet du PARCQ pour les handicapés. Est-ce que je comprends bien
que c'est comme ça? Il y a les 5000 $ que vous avez dans votre
programme, oui. Quand des personnes viennent pour les handicapés
à l'OPHQ, à Drummondville, on leur dit: On n'a pas d'argent. Le
programme n'est pas aboli. Je suis d'accord avec vous et on pourrait faire un
grand débat là-dessus. Le programme existe mais, s'il n'y a pas
d'argent, qu'est-ce qu'on fait? C'est là le problème,
d'après moi.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: II est possible qu'au moment où on se parle -
on est en fin d'année - les crédits soient épuisés
dans un programme. Vous savez que le gouvernement a des enveloppes
fermées pour ces programmes. C'est le cas de PARCQ. C'est le cas de la
majorité des programmes. Des programmes ouverts, il y en a très
peu. Le seul que nous administrions, c'est Logirente qui est un programme
ouvert. S'il n'y a plus de fonds présentement dans ce programme, le
budget s'en vient et probablement que dans un mois ou deux - je l'espère
bien - de nouveaux crédits seront mis à la disposition des
personnes handicapées par l'intermédiaire de l'Office des
personnes handicapées du Québec. PARCQ continuera
évidemment avec son volet pour personnes handicapées. Nous
espérons qu'il y en aura suffisamment pour tout le monde.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Cela me permet de dire que mon collègue n'a pas
tout à fait tort d'insister en disant qu'il y a peut-être le
programme, mais, dans le fond, c'est le résultat qui compte, c'est ce
que la personne peut toucher du bout des doigts. Ce sont des cas qu'on a eu
à soulever. Ce n'est pas seulement ce mois-ci qu'il manque de fonds.
Cela a commencé au début de décembre. C'est là
qu'on a commencé à avoir des pressions et que les gens ont
commencé à se présenter et à insister.
Je voudrais simplement reprendre deux ou trois points que ie ministre a
soulevés dans son exposé quand il nous a dit que c'était
une année record de logements. Je n'ai pas les statistiques devant moi.
On peut lui concéder qu'il y a eu 60 000 logements, mais il faudrait
peut-être lui répéter que le dollar a pris de la valeur.
Cela ne dépend peut-être pas du gouvernement actuel, du
gouvernement du Québec si l'argent a pris de la valeur et si
l'intérêt a baissé. Il ne faudrait pas s'attribuer tous les
mérites. S'il y a 60 000 logements, ce ne sont pas juste vos politiques
incitatrices et votre présence rassurante qui ont fait qu'il y a 60 000
logements. On en parlera peut-être en 1987, s'il y en a 60 000, par
exemple, avec les décisions que vous avez prises. On pourra
peut-être en reparler au début de 1988, à savoir si vous
atteignez vos objectifs. Si je lis aussi ce qui se passe dans les journaux de
constructeurs d'habitations, je ne sais pas ce qu'ils disent. Dans la
région de Québec, ils parlent de diminution et ils parlent de la
diminution partout au Québec. À moins que ces qens ne veuillent
nous dire que cela pourrait être pire et que cela va être mieux
après, comme on est habitué de l'entendre dire depuis un
an; cela va bien mal et après cela, comme par hasard, cela va bien. Il y
a des accidents de parcours qui font que...
Je voudrais peut-être aussi reprendre, lorsque je disais tout
à l'heure que les HLM... J'ai bien repris ce que j'avais dit. J'avais
dit que les HLM paient des taxes, mais le fait que les municipalités
contribuent au déficit, ces taxes sont moins productives que les taxes
aux coopératives. Je pense que, là-dessus, il n'y a pas de
contribution de la municipalité, si ce n'est quelques contributions qui
seraient dans le coût des terrains, etc. Mais c'est une contribution
juste dans un montant. Elle ne se répète pas. Si on prend vos
chiffres, 500 $ de déficit par mois, sur un an, cela fait 6000 $; 10 %,
c'est 600 $. Les taxes au Québec, en tout cas en proportion, ce doit
être autour de 1000 $ par maison dans l'ensemble du Québec. C'est
à peu près cela. Ce qui veut dire que ces taxes rapportent 400 $
au lieu de rapporter 1000 $. Donc, cela a un avantage certain pour les
municipalités, sans vouloir en faire un débat de fond.
Je vous dis que, pour une municipalité, les coopératives
d'habitations - du moins celles que je connais - sont considérées
comme des actifs importants à cause justement de l'implication de ces
gens. Ils ont mis en valeur des terrains, des édifices qui, sans cela,
n'auraient peut-être pas été
récupérés. Je pense qu'il faut leur accorder au moins ce
mérite de se pencher sur le problème et d'être des bons
intervenants dans les dossiers de l'habitation.
C'est peut-être vrai qu'il n'y a pas une politique globale
écrite, dans le sens que vous le dites, il n'y a pas eu de politique. Je
comprends que les décisions sur les coopératives, si vous appelez
cela un programme d'aide au logement, Logipop, etc., ce sont tous des
programmes ponctuels et on n'aura jamais de politique de l'habitation.
Qu'est-ce que c'est, une politique? Cela se transcrit et cela s'inscrit dans
une démarche globale. Je persiste à dire que, si l'ancien
gouvernement n'avait pas une politique complète sur l'habitation, il
avait d'excellents éléments et je trouverais désastreux et
malheureux que le ministre, à vouloir se démarquer de l'ancien
gouvernement, mette tous ces programmes de côté.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député. M. le ministre, vous avez des commentaires? Pas de
commentaire? Alors, cela complète l'étape des remarques
préliminaires. J'appelle l'article 1. M. le ministre.
Étude détaillée
M. Bourbeau: M. le Président, la modification à cet
article découle de l'abolition du ministère de l'Habitation et de
la Protection du consommateur et du transfert au ministre des Affaires
municipales de la responsabilité de l'habitation.
Le Président (M. Rochefort): Des commentaires? M. le
député de Shefford.
M. Paré: Ce n'est peut-être pas un article qui est
très long en soi, sauf qu'il en dit long, comme vient de le dire le
ministre. Effectivement, c'est la reconnaissance qu'il n'y a plus de
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur au
Québec, puisque cela veut dire qu'effectivement l'habitation
relève maintenant du ministre des Affaires municipales.
Je dois vous dire, M. le ministre, et vous êtes sûrement au
courant, puisque depuis un an vous en assumez la responsabilité totale
et entière, qu'aux Affaires municipales il y a place pour une personne
à temps plein pour ce qui est d'être au service des quelque 1500
municipalités du Québec. De toutes les orientations qu'on doit se
donner, les programmes qu'on doit établir, les rencontres qu'on doit
avoir, la consultation qu'on doit faire avec les unions des
municipalités du Québec, l'Union des municipalités
régionales de comté, le ministère des Affaires municipales
est un ministère très important. Je dois vous dire que cela prend
quelqu'un à temps plein.
Qu'on vienne ajouter aux responsabilités du ministre des Affaires
municipales l'habitation, moi, j'ai peur que cela l'amène justement
à en négliger un des deux, ou les deux. Entre autres, ce n'est
pas juste moi qui le dis. Quand je vous disais tantôt, au début de
mon intervention, dans les notes préliminaires, qu'il faut voir
l'habitation avec un grand "H", l'habitation, c'est tout ce qui concerne la
construction, le logement, l'habitation sociale. C'est au congrès de
l'APCHQ, en novembre dernier... Vous allez dire que je me répète.
Oui, je me répète parce que c'est la seule occasion qu'on a
vraiment d'échanger et on va prendre le temps de le faire. Oui, vous me
l'avez dit, je vous l'ai dit en deuxième lecture et je vais le
répéter, même s'il y a eu un télégramme par
la suite pour dire qu'on acceptait cela à condition que vous fassiez en
sorte que ce soit une priorité, l'habitation.
Sauf que vous n'allez certainement pas faire une priorité en
même temps de l'habitation et des affaires municipales. Vous pouvez me
dire que oui, mais les journées se limitent pour tout le monde è
24 heures. Moi, je dis: II y a place pour deux personnes pour diriger ces deux
ministères. M. Gianchetti disait au congrès de l'APCHQ -cela ne
date pas d'un an, cela date de deux mois seulement - "Pour garantir à
long terme un développement continu et harmonieux de l'habitation, nous
croyons à la
nécessité d'un seul intervenant. C'est pourquoi nous
demandons la réinstauration d'un ministère de l'Habitation." Ce
sont les gens de la construction qui disent cela. Eux veulent un seul
intervenant. Ce sont les gens de la construction. On s'est fait dire ce matin
par les gens du logement, qui protègent les plus démunis,
exactement la même affaire parce que s'il y avait un ministre à
temps plein on pourrait peut-être le rencontrer plus souvent. On pourrait
peut-être discuter, on pourrait peut-être connaître un peu
plus les orientations. II ne sait pas ce qui se passe.
L'article 1, ce qu'il vient dire, c'est que finalement il n'y a plus de
ministère de l'Habitation. Il y a un ministre des Affaires municipales
qui va devoir s'occuper de l'habitation. C'est une de ses
responsabilités. On ne donne pas toute la place qu'on devrait au secteur
de l'habitation. C'est là-dessus qu'on en a spécialement. Ce
n'est pas contre la Société d'habitation du Québec. On l'a
dit et on le répète, ce sont d'excellents intervenants dans le
milieu qui ont fait leurs preuves et ils vont pouvoir davantage donner leur
appui et de l'aide au ministre. Sauf que c'est au niveau du Conseil des
ministres, au niveau de l'importance qu'on donne au secteur qu'il est important
d'avoir un intervenant à temps plein.
Les gens du milieu l'ont dit. Peu importe qu'un télégramme
ait suivi le dépôt du projet de loi pour dire qu'on est prêt
à condition qu'on en fasse une priorité, moi, je vous dis: La
meilleure façon de prouver qu'on donne une priorité à un
secteur, c'est de faire en sorte qu'on ait un ministre. Quand vous disiez
tantôt qu'il n'y avait pas de politique sous l'ancien gouvernement, il y
a eu des gestes de posés parce qu'il y avait des orientations. Les
programmes sont issus parce qu'il y avait une volonté d'aider le milieu.
C'est à la suite de la demande du milieu qu'il y a eu la création
du ministère de l'Habitation. On était allé au-delà
de juste se donner une politique. On s'était donné une personne
è temps plein responsable du secteur de l'habitation.
Je trouve que c'était un très très bon
départ. Vous avez ajouté, et j'en suis fier, que la politique que
vous allez amener, c'est un peu, pas mal, beaucoup la suite de ce qui avait
déjà été fait. Malheureusement, on reconnaît
cela. Cela, au moins, cela me console un peu d'entendre cela. Mais comment
pouvez-vous - quelques questions très rapidement - justifier l'abandon
de ce ministère? Le fait qu'il n'y ait pas un ministère
responsable de ce secteur, est-ce que vous croyez que c'est un secteur qui ne
mérite pas un ministre à temps plein, ayant comme
préoccupation de défendre tout le secteur au niveau du Conseil
des ministres, contrairement a ce qu'en pensent les gens du domaine de la
construction? Compte tenu de cet article 1, quel va être le rôle de
la Loi sur le ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur, puisqu'on ne l'a pas abrogée?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Étant donné, M. le Président,
que vous-même avez été ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur avant celui qui vous parle, je n'oserai pas trop
entrer sur ce terrain glissant, sur cette pente savonneuse rie faire des
comparaisons entre l'application que mettait l'ancien ministre à
s'occuper du ministère et le zèle que le ministre actuel peut
déployer par rapport à l'habitation. (17 heures)
Ce que je pourrais dire, cependant, c'est que je crois que le ministre
actuel est aussi près de l'habitation et de la Société
d'habitation du Québec que l'ancien ministre. Je crois qu'il rencontre
les fonctionnaires de la haute direction aussi souvent que l'ancien ministre et
qu'il se tient au courant des dossiers autant que l'ancien ministre. Cela
veut-il dire que le ministre a plus de temps libre que l'ancien ministre? Je ne
le sais pas. Peut-être trouve-t-il plus de temps, peut-être qu'il
ne prend pas le temps d'aller manger le matin ou le midi, qu'il passe tout son
temps au bureau. On y met une bonne quantité de temps, tellement que des
gens du ministère des Affaires municipales prétendent qu'il est
ministre de l'Habitation et responsable des Affaires municipales et non pas
ministre des Affaires municipales et responsable de l'Habitation. De toute
façon, je ne crois pas négliger ni l'une ni l'autre de mes
fonctions.
Pour ce qui est de M. Richard Gianchetti, dont vous citiez les propos
tout à l'heure, le député de Shefford sait que M.
Gianchetti a modifié son opinion sur la question subséquemment et
qu'il a fait parvenir un téléqramme lors de l'étude de
principe du projet de loi, télégramme dans lequel il modifiait
sensiblement ses propos et se déclarait satisfait du contenu du projet
de loi 137.
En ce qui concerne la fragmentation des dossiers au sein des trois
ministères, plutôt que de les avoir concentrés au sein d'un
seul ministère comme précédemment, loin d'être
inquiétante, comme le prétend le député de
Shefford, cette fragmentation démontre plutôt le souci du
gouvernement de couvrir tous les aspects du champ de l'habitation en utilisant
l'expertise requise là où elle se trouve, soit à la SHQ,
soit au ministère de ta Justice ou au ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
De plus, cette fragmentation est de nature à éviter des
situations de conflit d'intérêts, peut-être pas
nécessairement de
conflit d'intérêts, mais où divers groupes
pourraient être en situation conflictuelle. Par exemple, il n'est pas
évident qu'un même ministre serait plus en mesure de
protéger les intérêts des constructeurs d'habitations, de
leurs employés et des consommateurs, qui sont parfois contradictoires,
que trois ministres différents qui sont plus particulièrement
chargés de veiller sur chacun de ces groupes. On sait que, par exemple,
lorsqu'il s'agit de procéder à la vente d'une résidence
unifamiliale, il n'est pas évident que celui qui protège le
vendeur peut également protéger aussi bien l'acquéreur,
puisque ces deux parties sont parfois en situation conflictuelle. D'ailleurs,
le ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur, dont
l'Opposition considère l'abolition comme catastrophique, n'a
été créé que le 18 juin 1981 et le
député de Shefford ne saurait prétendre que le
gouvernement de 1976 à 1981 n'a pas été attentif au
secteur de l'habitation; enfin, je ne pense pas qu'il veuille prétendre
cela. Je n'en veux pour preuve que la mise en oeuvre de programmes comme
Logipop, mis en oeuvre en mai 1977, Logirente en août 1980, Loginov en
mars 1981 et même PAAPR qui, bien qu'en vigueur à partir du 25 mai
1981, a toutefois été élaboré avant la
création du ministère de l'Habitation, C'est donc dire que,
même avant la création du défunt ministère de
l'Habitation, il se faisait de l'habitation au Québec et que ce n'est
pas la création d'un ministère ou son abolition qui fait en sorte
que le Québec fait de l'habitation ou n'en fait pas.
Quant à nous, je pense avoir dit précédemment que
je suis confiant que la Société d'habitation du Québec,
qui maintenant regroupe la totalité de la responsabilité en
matière d'habitation au Québec, saura tirer son épingle du
jeu et faire en sorte que le secteur de l'habitation continue à
être une priorité pour le gouvernement pour que tous ceux qui ont
des problèmes en matière d'habitation soient aussi bien servis,
sinon mieux, avec la formule actuelle qu'avec la formule bicéphale qui
prévalait précédemment. C'est tout pour l'instant, M. le
Président. Si jamais il y a d'autres...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Paré:J'ose espérer que vous avez raison et que
vous ne vous trompez pas, parce que c'est le secteur de l'habitation qui va en
écoper et je ne voudrais pas cela. Sauf que, si vous me dites qu'il va y
avoir un meilleur service, on est à même de constater depuis un an
que la fameuse Commission du bâtiment est toujours inopérante.
Vous allez me dire que cela ne vous regarde pas et que vous êtes
responsable de l'habitation, mais c'est une réalité. Il y a un
des ministres qui ne l'a pas mise en application. Donc, les gens travaillent
tout simplement sur la structure, mais pour l'autre ministre, c'est plus ou
moins important; ce n'est pas son secteur comme tel.
Le ministre de la Justice nous avait promis officiellement et
publiquement à l'Assemblée nationale que les plans de garantie de
maisons neuves et les plans de garantie de la rénovation seraient mis en
vigueur fin décembre, début janvier. On est rendu au début
de février, pas d'annonce dans ce sens-là. Pourquoi? Ou c'est
sorti et on ne l'a pas su, parce que ce n'était pas assez important ou
cela ne l'est pas. Donc, on n'a pas tenu parole, parce que, pour le ministre de
la Justice, ce n'est pas sa préoccupation, l'habitation.
Le ministre nous dit qu'il ne prend pas le temps de manger pour se
rendre à la SHQ. Je n'ai pas de misère a le croire. Je l'ai vu
manger du chocolat tantôt. C'est parce que probablement qu'il n'a pas eu
le temps de dîner. C'est ce que je disais d'ailleurs, tantôt. Il ne
faut pas demander plus à une personne que ce qu'on est capable de faire
comme individu; on est des êtres humains. Peut-être que, s'il avait
été à temps plein là-dessus, la commission
parlementaire sur la levée du moratoire qui devait se tenir ces
jours-ci, on aurait pu la tenir. S'il s'était occupé à
temps plein de l'habitation, il aurait eu le temps de préparer tous ses
mémoires et de faire ses consultations et on serait peut-être
prêt; on serait peut-être rendu à une autre
étape.
Je reconnais votre bonne volonté et j'espère que vous ne
vous trompez pas parce que, si vous vous trompez, ce n'est pas
nécessairement vous qui allez être pénalisé, mais
c'est tout le secteur de l'habitation, autant ceux qui sont
propriétaires que ceux qui sont constructeurs ou qui sont
locataires.
C'est pour cela que nous aurions préféré - on vous
le dit - que vous soyez à temps plein dans un ou l'autre. Ce n'est pas
la volonté qouvernementale. On va certainement être obligé
d'accepter cela. Mais vous dites que vous êtes un ministre à temps
plein; vous dites qu'il y a une politique de l'habitation qui s'en vient. Donc,
vous devez avoir des priorités. Vous devez avoir des principes
directeurs. Il doit y avoir quelque chose qui guide votre démarche dans
le secteur de l'habitation. Quelles sont les grandes orientations de
l'habitation pour vous au Québec?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je répondrai deux
choses au député. Première-
ment, le ministre est à temps plein et dans les affaires
municipales et dans l'habitation. J'espère que cela va le rassurer.
Deuxièmement, en ce qui concerne les grandes orientations et la
politique du gouvernement en matière d'habitation, je demande au
député d'attendre encore quelques semaines. Nous, nous avons
attendu pendant neuf ans sous l'ancien régime et nous n'en avons pas eu.
Je pense que si le député attend encore quelques semaines ou, au
plus, deux ou peut-être trois mois, au maximum, il aura réponse
è sa question.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Paré: En tout cas, je dois vous dire que
j'espère que vous allez en faire autant en neuf ans que l'ancien
gouvernement en a fait pour l'habitation parce qu'on pourrait faire des
comparaisons. On vous disait que, de 1970 à 1976, cela a
été plutôt un ralentissement au niveau du logement comme
tel. Mes collègues donnaient des chiffres tantôt pour les HLM. Il
s'en est fait beaucoup plus sous l'ancien gouvernement.
Pour ce qui concerne les programmes, il y en a eu huit qui ont
été mis sur pied alors que, depuis le 2 décembre, c'est
plutôt l'abolition des programmes qu'on voit au lieu de la
création de nouveaux programmes. On disait de vous, d'ailleurs, dans
Urba, en février 1986, "Accès à la
propriété": Faciliter l'accès à la
propriété lui tient particulièrement è coeur. Je ne
sais pas si c'est une question de temps, mais le geste que vous avez
posé a été d'abolir le programme d'accès à
la propriété. Comme je vous le disais - je le
répète - on peut tenir les plus beaux discours, on évalue
l'intérêt d'un gouvernement ou d'un ministre pour un secteur non
pas en fonction de ce que la personne dit, mais en fonction des gestes
posés.
C'est là-dessus que nous avons des craintes et nous vous les
soumettons. Comme je vous le disais, je vous ai rapporté plusieurs
exemples comme cela, parce que c'est la seule chance qu'on a jusqu'à je
ne sais quand de faire le tour de l'habitation et on y tient. Heureusement,
cela va aller assez vite. Puisqu'il va y avoir l'étude des
crédits bientôt, on aura d'autres occasions, mais c'est la
première où on peut vraiment faire le tour des dossiers.
C'était une de vos préoccupations en février 1986,
l'accès à la propriété résidentielle. Vous
disiez à ce moment-là que cela vous tenait à coeur.
J'espère que c'est encore le cas. Vous avez fait une longue
déclaration, je ne me souviens pas quand, à savoir que la
levée du moratoire se ferait è la condition qu'il y ait un
programme d'accès à la propriété. Je pourrais le
retrouver, je sais que j'ai vu cela...
M. Bourbeau: Essayez de le retrouver parce que ce sont des propos
qui ne sont pas les miens.
M. Paré: Si vous me donnez le temps, je vous le
retrouverai. Vous avez dit que vous étiez prêt à lever le
moratoire à la condition qu'on puisse permettre aux gens
d'accéder à la propriété.
M. Bourbeau: Voilà qui est totalement différent de
ce que vous avez dit tout à l'heure. Vous parliez d'un programme
d'accès et, maintenant, vous dites que la levée du moratoire va
faciliter l'accès. Ce sont deux choses différentes. Le programme
comme tel, un programme d'accès à la propriété,
c'est autre chose.
Si vous me permettez quelques mots, le député a raison de
dire que l'accès à la propriété est une
priorité pour le ministre responsable. C'était vrai au mois de
février 1986 et c'est encore plus vrai au mois de février 1987.
La décision annoncée de lever le moratoire qui interdit la
conversion des immeubles locatifs en copropriétés a pour objet
principal rie permettre l'accès à la propriété aux
locataires, principalement aux locataires à revenu modeste. C'est donc
une façon concrète et pratique de mettre en oeuvre le principe
dont je parlais et que vous avez cité tout è l'heure.
Pour ce qui est de l'abolition de l'ancien programme,
présumément le programme d'accès à la
propriété qui s'appelait PAAPR, sans vouloir le démolir,
je peux dire que, d'une certaine façon, il n'avait pas tellement atteint
ses objectifs. C'est un programme conjoncturel qui visait, entre autres,
à tenter de relancer la construction domiciliaire et à stimuler
l'économie. Or, 78 % des bénéficiaires n'ont pas
utilisé le programme pour des maisons neuves, mais pour des maisons
usagées. Il avait également un volet nataliste, comme vous le
savez, des subventions en capital. L'évaluation du programme faite avant
même l'arrivée du nouveau gouvernement, donc une évaluation
très objective, je présume, a indiqué qu'il n'a eu aucune
influence sur la natalité en ce sens que les gens qui ont euaccès au programme n'ont pas eu un taux de natalité plus fort
que ceux qui n'ont pas eu accès au programme. Le taux de natalité
était le même à l'intérieur du programme comme
à l'extérieur. On peut donc en conclure que les gens ont pris la
subvention et ont fait les mêmes enfants, en même nombre que s'ils
n'avaient pas eu la subvention.
Finalement, nous avons mis fin à ce programme puisque
c'était un programme conjoncturel et que la conjoncture
économique était bien meilleure. Je pense que la mesure qui vise
è lever le moratoire sur la copropriété va vraiment
permettre, je
l'espère, l'accès à la propriété pour
des ménages à revenu modeste. Je n'ai jamais dit que la
levée du moratoire était conditionnelle à la mise sur pied
d'un programme. Tant mieux si on peut avoir en plus un programme parce qu'on
pourra permettre à plus de gens à revenu encore plus modeste
d'accéder à la propriété, mais la mesure en soi est
un incitatif à l'accès à la propriété, je
pense.
M. Paré: Juste quelques précisions sur ce que
voulait dire le PAAPR. Quand vous dites que c'était un programme pour la
relance de la construction pendant la crise économique, je voudrais
juste pour rappeler que ce n'est pas cela. Le programme d'accès à
la propriété faisait partie d'un engagement électoral de
1981 dans le but de favoriser la propriété chez les
Québécois et, comme l'a dit mon collègue de Terrebonne
tantôt, cela a permis à une majorité de
Québécois - il parlait de 61 % tout à l'heure - de passer
de locataires à propriétaires. Le but, c'était
l'accès à la propriété, non pas la relance
économique. Pour tous les citoyens, un des meilleurs investissements,
sinon le meilleur -si on peut en faire d'autres par la suite, tant mieux - ou
le premier gros investissement, c'est l'habitation, avoir son chez-soi. Le but
du programme n'était pas la relance de la construction comme telle, ce
sont d'autres programmes qui se sont rajoutés pendant la crise;
celui-là, c'était un engagement électoral pour permettre
aux Québécois de devenir propriétaires. Je voulais
apporter ce petit commentaire.
Le Président (M. Rochefort): D'autres commentaires? M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Quand on dit que le ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur est remplacé par le ministre des Affaires
municipales, est-ce qu'il y a des statistiques ou des faits précis sur
lesquels vous vous êtes appuyé pour prendre cette décision?
Vous abolissez pour aller vers un autre domaine et vous dites que ce sera
meilleur puisque ce sera le ministre de la Justice qui, à l'avenir,
s'occupera de ce dossier.
M. Bourbeau: Je pense que la décision d'abolir l'ancien
ministère et de diriger ses composantes vers le ministre de la Justice,
pour la protection du consommateur, vers le ministre du Travail pour le
bâtiment et vers le ministre des Affaires municipales pour le volet
habitation, c'est une décision politique qui a été prise
par le premier ministre lors de la formation de son cabinet. Je pense avoir
amplement détaillé tout à l'heure les raisons qui ont
justifié cette décision. (17 h 15)
M. Dufour: C'est justement pour cela que je revenais à la
charge, parce que vous aviez l'air de dire que la justice va être mieux
servie si cela change d'endroit pour l'appliquer.
M. Bourbeau: Pour la protection du consommateur, oui.
M. Dufour: Bien oui, que le consommateur serait mieux
protégé parce que ça change de personne. Est-ce que la
Régie du logement demeure encore sous la responsabilité du
ministre des Affaires municipales?
M. Bourbeau: La Régie du logement est un orqanisme qui
dépend directement du ministre des Affaires municipales.
M. Dufour: Le point que vous avez souligné concernant la
protection du consommateur, ne croyez-vous pas que ce pourrait être aussi
un autre phénomène qui pourrait se produire? Vous êtes
impliqué dans l'habitation et, quand vient le temps pour le consommateur
- parce que c'est un consommateur - de discuter de son logement, vous
intervenez encore dans ce dossier.
M. Bourbeau: Je pense que le raisonnement est différent
dans le cas de la Régie du logement. La Régie du logement ne
traite que de questions de logement; en ce sens, cela concerne directement le
ministre responsable de l'habitation, le ministre des Affaires municipales.
Pour ce qui est de la protection du consommateur, ce que j'ai dit, c'est: Quand
on veut protéger le consommateur en général, avec un grand
"C", on ne parle pas uniquement d'habitation. Un acheteur de maison est un
consommateur, un acheteur de véhicule automobile aussi est un
consommateur, un acheteur de vêtements est un consommateur, un acheteur
de nourriture est un consommateur. Je disais qu'il n'est pas logique que la
protection du consommateur loge à l'enseigne de l'habitation, alors
qu'un grand nombre d'autres facettes de notre société concernent
également le consommateur.
Pourquoi prétendre que le consommateur doive être
protégé par le ministre responsable de l'habitation? Les gens qui
achètent des automobiles n'ont rien à voir avec l'habitation. Le
ministère de l'Habitation est un ministère sectoriel par rapport
à la protection du consommateur. Le ministre de la Justice est
probablement, est certainement mieux placé pour voir à la
défense de l'ensemble des consommateurs de notre
société.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: II y a aussi un autre point
concernant le Code du bâtiment. Je sais que le ministère de
l'habitation a fait beaucoup de démarches, beaucoup de travail; je
corrobore les affirmations du député de Shefford lorsqu'il dit
qu'il semblait y avoir une urgence et en même temps une action assez
importante, que ce soit une étude, une recommandation ou une
acceptation, par rapport à tout ce qui se passe dans le Code du
bâtiment. Il y a des conflits de juridiction ou de cheminement, de
responsabilités de l'un par rapport à l'autre. La
sécurité entre en ligne de compte et tout cela.
Ce qui est actuellement inquiétant - je pense que c'est une
inquiétude fondée - c'est que si personne... En abolissant le
ministère, on enlève des responsabilités à
quelqu'un qui est vraiment préoccupé. Le ministre peut bien me
dire qu'il est à temps complet sous les deux chapeaux, il n'y a que 24
heures dans une journée et j'espère qu'il a le temps de dormir
quelque peu et de manger, sinon le ministre ne sera pas l'un et l'autre, il
sera ni l'un ni l'autre. Pour diriger un ministère, le ministre doit
être en santé.
M. Bourbeau: Le député n'a pas compris.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, vous allez permettre
au député de poursuivre son intervention.
M. Bourbeau: C'est une petite remarque très gentille.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que le
député le permet?
M. Bourbeau: Ce que le député n'a pas compris,
c'est que le ministre est Gémeaux, il peut donc travailler aux deux
dossiers en même temps.
M. Dufour: Je ne pensais pas qu'on tirait la bonne aventure
à cette commission, je pensais qu'on était dans les faits
pratiques.
Le Président (M. Rochefort): Je connais bien les
Gémeaux, M. le ministre. Généralement, on dit plutôt
qu'ils ont deux personnalités.
M. Bourbeau: Une pour l'habitation et l'autre pour les affaires
municipales, c'est normal.
M. Dufour: Oui, oui, mais le ministre nous dit tout le temps
qu'il faut faire attention pour ne pas être bicéphale, ne pas
être à deux endroits en même temps, et il s'évertue
depuis le matin à me dire qu'il est partout et qu'il n'est nulle part.
C'est un peu ma réaction par rapport à cela. Si personne n'est
responsable d'un dossier aussi important que celui de l'habitation... On sait
que cela a de l'importance, mais pas juste au point de vue des impacts sociaux,
il y a beaucoup d'impacts économiques aussi. Le gouvernement
précédent a compris cela. On doit en tenir compte. Ce n'est pas
juste une action sociale qu'on pose, il y a une action économique et,
comme c'est un gouvernement de business, je dis: Mettons les priorités
où elles sont et situons-les.
C'est aussi une question monétaire et, en élevant purement
et simplement ou en abolissant un ministère comme tel, j'ai peur que les
inquiétudes actuellement en cours ne continuent et, en même temps,
soient fondées. Qu'on soit inquiet, je pense que c'est un peu normal.
Quelqu'un qui fonctionne peut toujours avoir un certain nombre
d'inquiétudes ou de questions, mais il faut surtout que ce ne soit pas
fondé. Actuellement, je suis un peu de l'avis du porte-parole de
l'Opposition. Je suis un peu inquiet dans les faits. Quand on bouge, il y a
toujours des événements qui peuvent survenir mais, actuellement,
j'ai peur que les inquiétudes qui ont été
manifestées depuis le début, depuis le dépôt du
projet de loi et depuis l'attitude qu'on connaît, soient fondées.
On le paiera le prix tous ensemble à ce moment-là et ce n'est pas
ce qu'on recherche, pour notre part.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Au sujet de la protection du consommateur dont on
parlait tout à l'heure et dont on faisait un qrand état parce
qu'on prétend qu'elle était mieux servie sous l'ancien
régime que sous le nouveau, du moins pour ce qui concerne l'habitation,
je ferai remarquer au député de Jonquière que les articles
de la Loi sur la protection du consommateur qui concernent l'habitation n'ont
jamais été mis en vigueur lorsque cette loi relevait du
ministère de l'Habitation, En conséquence, on peut tirer des
conclusions sur l'importance qu'on accordait à ces
articles-là.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Ce qu'on essaie de faire ressortir, M. le
Président, c'est que c'est évident que lorsqu'un ministre n'est
préoccupé que par l'habitation, c'est plus facile pour les
intervenants de le rencontrer. J'ai vu des cas précis où il y a
eu des demandes et des actions. Les intervenants sont venus nous dire ce matin
que s'il n'y a pas de ministère, s'il n'y a pas de ministre, ça
nous dérange. Je suis convaincu que le ministre des Affaires municipales
a une moyenne "job" à faire. Il y a 1500 municipalités; à
moins que vous ne mettiez
tout à l'étude et ne répondiez jamais... De temps
en temps, vous étudiez, mais j'espère que de temps en temps vous
donnez des réponses. C'est le phénomène qu'on remet en
cause, le temps dont une personne responsable va disposer.
La préoccupation du Code du bâtiment, par exemple, je sais
que le ministère de l'habitation a fait de grandes démarches dans
le passé pour essayer de trouver un modus vivendi à travers cette
action-là et quelqu'un s'en préoccupait. Cela fait plus d'un an
que vous êtes en fonction et ces dossiers ont été
transférés. Quand auront-ils leur aboutissement? J'ai
l'impression que ce ne sera pas de sitôt.
Quand vous me dites que vous étudiez, vous ne pensez pas que ce
sont des études où le ministre est absent? Les études sont
données à tout le monde, mais le ministre ne participe pas.
Qu'est-ce que cela donne comme politique au bout? C'est la question qu'on se
pose. On ne dit pas que vous ne faites pas votre job, que vous ne faites pas
votre possible mais on dit que dans les faits, ce n'est pas possible que le
ministre des Affaires municipales ait autant et puisse réunir tous ces
intervenants pour le faire. Ce qu'ils sont venus nous dire ce matin se
confirme. On dit que c'est un état de fait et on ne met pas ça en
doute. Vous n'avez pas le temps et vous ne l'aurez pas. Il y a un danger, c'est
que vous ne serez pas un bon ministre des Affaires municipales ou un bon
ministre responsable de l'Habitation parce que vous n'aurez pas de temps
à y consacrer. C'est vrai que c'est une décision politique, on ne
peut pas le nier.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'avais dit, lors de mes
remarques préliminaires, que je tenterais de répondre à
toutes les interrogations des députés de Shefford, de
Jonquière et de Terrebonne. J'ai tenté de le faire au meilleur de
ma connaissance et j'ai l'impression qu'à peu près tout a
été dit là-dessus quant à nous.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Juste un petit commentaire sur ce dont on vient
de parler concernant l'Office de la protection du consommateur. Il no faudrait
pas oublier deux choses. C'est vrai que l'Office de la protection du
consommateur a la charge de plus d'un secteur, de plus que l'habitation, sauf
qu'il ne faudrait pas oublier que jusqu'à cette année cela a
toujours été le premier dossier; là où il y avait
le plus de problèmes, c'était en habitation.
Quand vous dites que sous l'ancien gouvernement les articles sur la
protection du consommateur, les plans de garantie de maisons neuves et de
rénovation n'ont pas été mis en vigueur, ces articles
relèvent de la loi 57 qui a été adoptée en juin
1985 pour être mise en application durant les mois suivants et vous savez
ce qui est arrivé dans les mois suivants.
Le Président (M. Rochefort): D'autres commentaires
à l'article 1? Est-ce que cet article est adopté? Sur
division.
J'appelle l'article 2. M. le ministre.
Pouvoirs du ministre
M. Bourbeau: M. le Président, cette section
transfère au ministre des Affaires municipales la responsabilité
d'élaborer - je dis bien au ministre des Affaires municipales, et non
pas à la Société d'habitation du Québec - et de
proposer au gouvernement des politiques en matière d'habitation et d'en
diriger et coordonner l'application. Le libellé reproduit l'article 7 de
la Loi sur le ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur en ce qui concerne l'habitation ainsi que le deuxième
paragraphe de l'article 8 de la même loi concernant
l'établissement des besoins, des priorités et des objectifs pour
tous les secteurs de l'habitation au Québec.
L'article 1.3, quant à lui, charge aussi le ministre des Affaires
municipales de l'application des lois concernant l'habitation,
c'est-à-dire celle visant à promouvoir la construction
domiciliaire, Loi sur la Régie du logement, etc.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Paré: Oui.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Paré: À l'article 2, on dit que "le ministre
élabore et propose au gouvernement des politiques relatives à
l'habitation; il en dirige ou coordonne l'application". On ne peut pas
être contre cela. Cela prend un ministre responsable, même si ce
n'est pas à temps plein. Là-dessus, je suis tout à fait
d'accord.
L'article 1.2: "II peut notamment établir, en collaboration avec
les ministères, les organismes gouvernementaux ou municipaux, les
groupes ou individus intéressés, les besoins, les
priorités et les objectifs pour tous les secteurs de l'habitation au
Québec." J'espère que, dans ce cas-ci, le passé ne sera
pas garant de l'avenir, parce que tout ce dont on discute depuis un an dans le
domaine de l'habitation,
cela s'est fait surtout par petits groupes, par comités-conseils
formés de non élus siégeant à huis clos.
J'espère que cela sera plus ouvert, comme vous le disiez au début
de votre intervention, dans vos notes préliminaires, plus ouvert, plus
de consultation, beaucoup plus de transparence, spécialement si vous
nous annoncez une politique de l'habitation.
Le projet de loi devrait être voté avant le
dépôt de votre politique de l'habitation. Cela veut dire que cela
vous donne tous les pouvoirs et cela va exactement dans le sens dont vous
parlez, sauf qu'il faudrait que tes mots signifient aussi des gestes. Nous
espérons, lorsque la loi sera votée, que vous utiliserez
l'article 1.2 pour consulter les gens, pour avoir beaucoup de transparence,
pour que les gens connaissent un peu... En fonction de ce que vous avez dit
tantôt aussi, je dois vous dire que c'est un peu inquiétant. Vous
avez dit: II y a eu suffisamment de consultation; on a tous les documents; on a
des rapports et, là-dessus, on est capable d'aller de l'avant.
À l'article 1.2, vous dites que vous allez chercher la
collaboration, sauf qu'on dit bien: "II peut notamment." J'espère que
vous allez le prendre dans le sens positif et que vous allez le faire. C'est
important que les gens soient impliqués dans le domaine de l'habitation.
Vous savez les craintes qui ont été exprimées lorsque des
programmes sont donnés goutte à goutte, à la pièce,
dans les journaux, dans des déclarations. C'est cela qui crée,
finalement, cette crainte et cette incertitude. Ce n'est pas le fait qu'il y
ait une politique qui s'en vienne qui est inquiétant, c'est qu'on ne la
connaisse pas et qu'entre-temps il y ait des déclarations. Quand vous
parlez de collaboration avec le milieu, entre autres avec les
ministères, je ne sais pas si vous avez déjà eu des
échanges ou si vous pouvez faire vos commentaires là-dessus, mais
il y a déjà de vos collègues députés ou
ministres qui devraient être consultés ou avec qui vous pourriez
échanger.
Je ne sais pas ce que vous pensez de la déclaration du
député de Montmorency à l'effet de proposer un
régime d'épargne-réparations. Je ne parle pas sur le fond.
Je ne vous dis pas que je suis pour ou contre, je viens de le voir, sauf que
c'est maintenant au ministre du Revenu et à son adjoint parlementaire de
faire des suggestions, des recommandations. Je ne sais pas si vous avez eu le
temps de discuter ou d'évaluer une telle proposition, mais c'est
là où on s'aperçoit qu'il faudrait que toutes les
idées soient concentrées, à un moment donné, pour
aller de l'avant, pour venir en aide à l'habitation. C'est un sujet,
l'épargne-réparations, et j'espère qu'il y aura discussion
et qu'on pourra donner notre point de vue là-dessus.
(17 h 30)
Dans les commentaires que vous avez aussi émis concernant les
HLM, le virage important que vous suggérez, cela fait partie des
pouvoirs que vous avez, en collaboration et tout cela. Vous dites qu'à
partir de maintenant on devrait aller plus dans les familles, on devrait aller
dans le secteur privé avec le supplément au loyer, avec
l'allocation de logement. Vous avez dit ce matin que je ne devrais pas parler
contre cela. Je ne parle pas contre. Ce que je demande, c'est de
connaître un peu. Je ne peux être ni pour ni contre quelque chose
dont je ne connais pas le contenu, ni même l'orientation. C'est une
idée qui est lancée pour qu'on puisse en discuter - je suis tout
à fait d'accord - et même exprimer son avis sauf que, lorsqu'on
dit qu'on devrait être pour les familles, pour ce qui est de l'entreprise
privée, c'est bon d'écouter les commentaires de ceux qui, dans
les organismes à but non lucratif, pensent le contraire, avec de
l'argumentation. Ce que j'ai défendu ce matin, c'est l'argumentation des
gens de façon qu'on en tienne compte dans la décision qu'on va
prendre.
En disant que les HLM devraient être plutôt pour les
personnes de 65 ans et plus, je ne sais pas si on vous a mal
interprété ou si j'ai mal lu: à 65 ans et plus, donc,
surtout pour les personnes âgées, avec certains services...,
Est-ce que vous avez eu l'occasion d'en discuter quand même avec votre
collègue, la ministre de la Santé et des Services sociaux?
À ce moment, ce n'est pas qu'on va en parallèle ou qu'on
chevauche, mais je pense qu'on implique. Là-dessus, je pense que c'est
une politique qui mérite d'être considérée et
étudiée. Cela va dans le sens du maintien à domicile, le
domicile devenant une institution, d'une certaine façon, mais ce n'est
pas l'institution du centre d'accueil ou du centre hospitalier de soins
prolongés tel qu'on le connaît. Mais lorsqu'on entre
là-dedans, dans un virage ou une philosophie qui est sociale dans le
sens du ministère de la Santé et des Services sociaux et non pas
dans le sens du logement social, parce qu'on parle presque de centres d'accueil
pour la personne autonome et la personne qui doit aller en centre d'accueil, je
pense que cela mérite un échange.
Je ne sais pas si vous avez eu des échanges avec votre
collègue, la ministre de la Santé et des Services sociaux. Quant
au premier cas, si cela vous tente - M. Séguin, député de
Montmagny...
Une voix: De Montmorency.
M. Paré: ...député de Montmorency,
excusez-moi - de passer des commentaires sur le régime
d'épargne-réparations... Ce ne sont pas vos déclarations,
je comprends très bien que vous ne vouliez pas le faire
maintenant, mais sur les déclarations que vous avez faites je
pense qu'on a le droit d'avoir des éclaircissements quant à
l'avenir des HLM. C'est important qu'on soit sensibilisé à cela,
qu'on puisse être informé un peu du genre d'orientation que vous
avez puisque la loi 137 est une loi globale en matière d'habitation.
C'est pour cela que je pense que cela nous permet d'avoir des
éclaircissements sur un secteur aussi important que la construction et
l'orientation qu'on va donner aux HLM dans l'avenir, de même que les HLM
et le supplément au loyer ou allocation de logement.
Je ne pourrais pas vous dire que je suis pour ou contre l'allocation de
logement ou d'aller vers le secteur privé en ce qui concerne le
supplément au loyer. Il faut savoir comment on va choisir les maisons,
comment cela va être attribué, à partir de quels
critères le choix va se faire. Cela prend des normes, cela prend des
règlements qui doivent être connus. L'article soulève des
questions pour des groupes qui sont concernés. Ceux qui étaient
ici ce matin, cela ne soulève pas seulement des questions, mais des
inquiétudes. Je pense que cela mérite des
éclaircissements.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, on en a déjà
pas mal parlé ce matin. Je n'ai pas d'objection à poursuivre la
discussion par ailleurs très intéressante sur ce sujet. Je
comprends les frustrations du ministre, mais il devrait quand même
comprendre qu'il n'est pas toujours possible de donner la totalité de
l'information quand on parle de projets qui sont en préparation. On a,
par exemple, des projets pilotes qui sont en préparation pour la
question du supplément au loyer dans le secteur privé. Si c'est
un projet pilote, c'est donc une forme de consultation. Nous allons faire un
test dans le marché pour voir comment ce projet, cette façon de
faire va pouvoir s'articuler et quels pourraient être les
résultats. Quand on aura fait le projet pilote, on en fera
l'évaluation et on sera en mesure de faire des recommandations et
possiblement d'en discuter avec tous les intéressés à la
lumière des données que nous aurons recueillies.
Je peux dire au député que, présentement, j'ai
l'intention de soumettre au Conseil des ministres dans les prochaines semaines
un mémoire recommandant la mise en place du projet dont on parle. Je
peux dire que déjà la Société d'habitation du
Québec possède le pouvoir de mettre sur pied ce programme et
qu'on a même les fonds dans les budgets existants. Donc,
théoriquement, on pourrait aller de l'avant avec le projet pilote sans
même passer par le Conseil des ministres. Je pense qu'il est normal que
le Conseil des ministres statue sur ce projet pilote.
Comment va-t-il s'articuler dans la réalité de tous les
jours? Essentiellement, ce que nous proposons, c'est de choisir un certain
nombre de municipalités, selon des critères qui seront
déterminés parmi celles qui ont les besoins les plus criants en
matière d'habitation pour les familles à faible revenu. Les
offices municipaux de ces municipalités verront à
l'administration du proqramme. Nous choisirons la clientèle à
partir des listes d'attente des offices municipaux. Ce seront donc les
clientèles les plus démunies qui seront visées. Les
logements feront l'objet d'inspection par les inspecteurs de la
Société d'habitation du Québec, de façon à
s'assurer que ces logements seront salubres et en bon état.
Des baux seront signés selon les formules normales, mais ce
seront des contrats de cinq ans. Nous vérifierons à chaque
année les revenus des locataires, comme nous le faisons
présentement. Si les revenus d'un locataire sont modifiés d'une
année à l'autre, le montant de la rente sera ajusté en
conséquence. Si, à un moment donné, il advenait qu'un
locataire ait des revenus, que le ménage ait des revenus
supérieurs qui font en sorte qu'il n'a plus droit à la rente,
là, le locataire aura le choix de demeurer dans les lieux et de payer
lui-même la totalité du loyer ou, s'il veut quitter, nous
remplacerons le locataire par un autre locataire que nous aurons sur nos listes
d'attente.
Voilà en gros, je pense, la mécanique proposée.
Pour le reste, je pense que je vous en ai parlé amplement ce matin. Je
ne voudrais pas redire tout ce que j'ai déjà dit, mais si le
député a des points particuliers qu'il veut faire expliciter je
suis bien disposé à le faire.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Paré: Merci, M. le ministre. Ce sont des
éclaircissements que je trouve intéressants et importants. Un
point où c'est encore un peu nébuleux, c'est quant au choix des
emplacements des bâtisses. Je trouve correct qu'on procède en
fonction de la liste d'attente des HLM dans les municipalités. Je pense
qu'il faut donner un choix à un moment donné. Normalement, il
faut se baser sur quelque chose d'existant. C'est correct. Vous dites que vous
allez passer par les offices municipaux d'hahitation. Cela aussi, je trouve
cela très intéressant et correct. Sauf que le choix va se faire
et il doit y avoir des règlements, des critères; quels sont-ils?
Par appel d'offres? Par choix de quartier? Est-ce qu'on va y aller pour essayer
de garder... Quand je parle de choix de quartier, c'est en essayant de garder
la
même proximité, les mêmes avantages qu'on essaie de
donner lorsqu'on décide de se trouver un terrain pour bâtir un
HLM. Est-ce que cela va être des critères de services ou seulement
des critères d'offres, là où il y a beaucoup de logements
vacants?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Quand on aura identifié les
municipalités qui ont les besoins les plus criants et qui ont l'appareil
administratif capable de gérer le programme, les offices municipaux
d'habitation, la SHQ, conjointement avec l'office municipal, va tenter
d'identifier les quartiers où sont les besoins les plus impérieux
en matière de logements, de façon à ne pas
déraciner les gens autant que possible. Là, des annonces seront
faites dans les journaux locaux indiquant que l'office municipal recherche des
logements. On spécifiera quel type de logement, la grandeur: deux
chambres, une chambre, un "bachelor", etc. On demandera de faire des
propositions et quand ces propositions seront reçues, l'office municipal
indiquera à la SHQ où sont situées les propositions. La
SHQ fera des visites. On fera la visite des logements. On aura des
critères, des normes pour évaluer ces logements.
Finalement, une décision sera prise par la SHQ sur les logements
qui seront retenus. Bien sûr, on tentera de louer les logements qui
seront de meilleure qualité et au meilleur prix forcément, de
façon à améliorer l'efficience du programme.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Je vais reprendre un petit commentaire de ce
matin. Vous disiez que vous aviez écrit à la ville de Granby
concernant ce projet pilote. Je dois vous dire que je ne suis absolument pas
contre. Puisque c'est un projet pilote, on peut baser notre réflexion et
notre décision sur des projets à partir de cela. Si la
décision est prise d'en avoir de toute façon, même si on
n'a pas eu la chance d'en discuter avant aujourd'hui, je n'ai pas d'objection
à ce que je puisse suivre de près le projet pilote.
M. Bourbeau: ...l'affaire de Granby peut-être.
M. Paré: L'invitation est lancée pour Granby en
tout cas. Si vous voulez un projet pilote, c'est un milieu propice aux
expériences et è la qualité de vie dans l'habitation.
J'ose espérer que jusqu'à ce qu'on ait mis sur pied un projet
pilote et qu'on ait les résultats pour voir comment cela fonctionne
quant à l'acceptation et aux projets de HLM, on va continuer les projets
qui sont enclenchés pour les demandes de l'Office municipal d'habitation
en ce qui concerne les HLM aussi pour les familles. Cela ne veut pas dire qu'en
attendant on va aller dans le sens de l'orientation que vous avez
manifestée dans un article de journal: que le supplément au loyer
va aller pour les familles et que les HLM seraient plus pour les personnes
âgées. Là où les besoins des familles se font encore
sentir et qu'il y a des demandes de HLM pour les familles dans des
municipalités, on va aller de l'avant quand même dans ce
sens-là en attendant de connaître les résultats de
l'expérience qu'on veut tenter.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Pour l'instant, il n'est pas question
d'arrêter de construire des HLM pour les familles; d'ailleurs, on vient
d'annoncer cette semaine une nouvelle programmation de 1500 unités
où 60 % de ces unités sont pour des familles à faible
revenu, donc la majorité, environ 900 unités sur 1500 seront pour
des familles à faible revenu. Pour l'avenir, l'ensemble fera l'objet
d'études dans les prochains mois. Cela fait quand même quinze ans
au Québec qu'on fait des HLM, d'une certaine façon, en vertu
d'une situation qui existait au début des années soixante-dix. La
société évolue, les besoins évoluent, les familles
ne sont plus ce qu'elles étaient; les personnes vivent de plus en plus
vieilles et des phénomènes nouveaux font surface et se
présentent.
Le problème, par exemple, de la perte d'autonomie chez les
personnes figées est plus aigu maintenant qu'autrefois, puisque les gens
vivent plus vieux. On doit s'adapter à ces nouvelles situations et se
poser des questions à savoir si, vraiment, on doit continuer
indéfiniment à faire exactement ce qu'on fait depuis quinze ans
en matière de logements pour tes personnes âgées. N'y
a-t-il pas d'autres façons de faire? Ne doit-on pas construire
différemment pour l'avenir? Doit-on ne faire que construire? Ne peut-on
pas utiliser des programmes comme Logirente davantage ou des programmes comme
le supplément au loyer dans le secteur privé, ce que nous
proposons présentement? Ou devrait-on faire un amalgame de tout cela
dans une politique gouvernementale? Je pense que tout cela fait partie
présentement... Je ne dis pas que je le pense, je sais, je vous affirme
que tout cela fait partie de nos réflexions, de nos
préoccupations et, en temps et lieu, nous annoncerons une politique
globale du gouvernement qui reflétera, je pense, la situation
présente du logement et les problèmes de logement au
Québec.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député de Shefford.
M. Paré: À l'article 2, 1.3, on dit: "II est
également chargé de l'application des lois concernant
l'habitation." Pouvez-vous énumérer la liste des lois qui sont
concernées par l'article 1.3?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui. La Loi visant à promouvoir la
construction domiciliaire, la
Loi sur la Régie du logement et, bien sur, la Loi sur la
Société d'habitation du Québec.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je regarde dans l'ancienne loi du ministère de
l'Habitation et de la Protection du consommateur. Elle parlait de la loi de la
construction, la Régie du loyer, la SHQ. Il y avait dans l'ancienne loi
la sécurité dans les bâtiments et les lieux publics.
Je peux vous dire que la sécurité la concerne
peut-être si la construction et la sécurité concernent le
ministère du Travail. Mais il y a la loi de sécurité pour
l'incendie, par exemple, qui est importante. Si vous me parlez de la
construction, de la Régie du logement et de la SHQ, je ne vois pas la
protection pour l'incendie dans les lieux publics. L'ancienne loi, ce
n'était pas pour rien que c'était écrit là.
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait
préciser sa question?
M. Dufour: Quand on parle des articles 1.1, 1.2 et 1.3, à
l'article 1.3, on dit: "II est également chargé de l'application
des lois concernant l'habitation". Dans l'ancienne loi, il y avait à la
section II, "Fonctions et pouvoirs du ministre". On disait qu'il était
chargé de l'application des lois concernant l'habitation. C'est du mot
à mot. C'est l'article 7, "Fonctions et pouvoirs du ministre" de la loi
du ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur.
Est-ce que vous me suivez? C'était écrit "La protection du
consommateur". Je comprends que vous l'avez enlevé. Le courtage
immobilier, cela peut être la protection du consommateur. La
sécurité dans les bâtiments et dans les lieux publics...
(17 h 45)
M. Bourbeau: C'est transféré au ministère du
Travail.
M. Dufour: Oui, mais quand vous parlez, par exemple, de la
protection contre les incendies, c'est la sécurité.
M. Bourbeau: On me dit que cela ferait partie des
responsabilités du ministre des Affaires municipales où nous
avons une direction générale de la protection contre les
incendies, de prévention des incendies.
M. Dufour: Oui, mais de quelle façon est-ce que vous vous
l'appropriez, la protection contre les incendies dans votre ministère?
Si c'est le ministère du Travail qui s'occupe de la
sécurité, ce n'est pas écrit: En excluant la
sécurité par rapport aux incendies.
M. Bourbeau: Ce n'est pas la même chose. Au
ministère des Affaires municipales, nous avons la DGPI, la Direction
générale de la prévention des incendies qui est une
direction générale du ministère et qui s'occupe de
prévention des incendies au Québec. Ici, dans l'ancienne loi,
vous avez les responsabilités de l'ancien ministère.
C'était la sécurité dans les bâtiments. Mais c'est
autre chose que la protection contre les incendies. De toute façon, la
prévention des incendies fait partie des responsabilités du
ministre des Affaires muncipales.
Cela a toujours été comme ça depuis un temps
immémorial, alors que la sécurité dans les bâtiments
faisait partie des responsabilités de l'ancien ministre de l'Habitation
et de ta Protection du consommateur. Cela a été versé au
ministère du Travail et dans les responsabilités du ministre du
Travail.
Le député sait fort bien, pour avoir été
maire, que la protection contre les incendies, c'est la responsabilité
des municipalités. Donc, en tant que ministre des Affaires municipales,
il est normal que le ministre des Affaires municipales ait la
responsabilité des corps de pompiers.
M. Dufour: Disons que pour appliquer ou faire ce travail, une
municipalité devait être habilitée par loi ou par le
gouvernement, parce que la loi de la protection contre l'incendie, je pense
bien que si une municipalité n'avait pas le pouvoir
délégué par le ministère, elle ne pourrait pas le
faire. Il faut être conscient de cela. Ce qui était prévu
avant, c'était surtout en rapport avec le Code du bâtiment.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cela dispose de
l'article 2?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): L'article 2 est
adopté. Article 3.
M. Bourbeau: La Société d'habitation du
Québec ne traduit pas les responsabilités et les fonctions qui
lui sont effectivement dévolues depuis le 13 décembre 1985.
En
effet, l'abolition du ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur a élargi le rôle de la
Société d'habitation du Québec, notamment en ce qui
concerne les avis sur les besoins, les priorités, les objectifs de tous
les secteurs de l'habitation, de recherche, d'études, d'enquêtes
ou d'inventaires sur les besoins ou les conditions d'habitation de la
population et d'interventions auprès des organismes privés ou
publics impliqués dans l'habitation.
Ce nouveau rôle se justifie par l'expertise de la
Société d'habitation du Québec en matière
d'habitation. Le mandat et les objets de la société doivent
être modifiés pour tenir compte de ce nouveau rôle, de
même que de la désuétude de programmes
spécifiquement prévus à la loi et de leur remplacement par
des programmes comportant des interventions nouvelles, notamment auprès
des citoyens. On retrouve donc à l'article 3 la consolidation des
pouvoirs de la Société d'habitation du Québec en vertu de
sa loi actuelle et les fonctions de l'ancien ministère de l'Habitation
et de la Protection du consommateur qui n'ont pas été
attribuées au ministre lui-même. La mise en oeuvre de programmes
par la Société d'habitation du Québec demeure soumise
à l'autorisation du gouvernement à qui il appartient de juger de
l'opportunité de tel ou tel programme dans le cadre de ses politiques
globales.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Oui, M. le Président. L'article 3
élargit les responsabilités de la Société
d'habitation du Québec. C'est important, je le disais tantôt et je
le répète. C'est de bon aloi de reconnaître qu'il y a
beaucoup d'expertise dans ce secteur de la Société d'habitation
du Québec. Elle peut mettre en oeuvre des projets, faire des
études et remplir les mandats qu'on lui donne.
Voici ma première question au ministre, pour faciliter la
compréhension des intervenants, moi le premier. Étant
donné que, parmi les pouvoirs donnés à la
société, on retrouve "stimuler le développement et la
concertation des initiatives publiques et privées en matière
d'habitation", pour prendre un exemple, lorsqu'on doit donner des avis sur des
programmes ou des problèmes, à qui s'adresse-t-on? Au ministre ou
à la Société d'habitation du Québec?
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait...
M. Paré: Oui. Si on a des commentaires à faire sur
un programme existant ou un programme en préparation, à qui
doit-on s'adresser, au ministre ou à la Société
d'habitation du Québec, comme intervenant?
M. Bourbeau: Je pense que si le député a des
questions à poser en matière d'habitation, il peut les poser au
ministre. La Société d'habitation du Québec est là
pour répondre aux citoyens aussi. Elle a un service de communication,
d'information à la clientèle et le député et les
citoyens peuvent aussi bien s'adresser à la SHQ qu'au ministre
lui-même. Le ministre lui-même, évidemment, est moins bien
équipé pour répondre à toutes les questions de la
population, mais si c'est le député de Shefford qui pose des
questions le ministre se fera un plaisir de lui répondre personnellement
et de traiter en priorité ses demandes.
M. Paré: Si c'est le député de Shefford,
oui, mais où j'essaie d'être très clair, c'est quand ce
sont des intervenants, quand ce sont des associations, quand ce sont des
groupes, à cause du pouvoir que se garde le ministre, à cause des
pouvoirs et des responsabilités qu'on donne à la
Société d'habitation du Québec. Là, vous êtes
en train de me dire que ce n'est pas tranché au couteau et qu'on peut
aller autant à l'un qu'à l'autre. Pour un groupe qui a à
soumettre un projet de programme... C'est un exemple. Il peut arriver qu'il y
ait des problèmes dans un coin qui apparaissent à un moment
donné. On s'adresse à qui?
M. Bourbeau: À la Société d'habitation du
Québec, c'est elle qui s'occupe de la livraison des programmes. Le
ministre n'intervient pas dans l'administration journalière de la
Société d'habitation du Québec. Cependant, si on a besoin
d'information, le ministre, surtout en ce qui concerne les
députés, comme il est de coutume qu'on traite avec les ministres
ou avec le cabinet, on peut très bien véhiculer les demandes des
députés auprès de la SHQ, mais la SHQ elle-même peut
répondre aux intervenants du milieu.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Paré: Dans l'application des proqrammes, il y en a un
qui a été mis en application depuis quelques mois, le PARCQ. Il
relève de la Société d'habitation du Québec qui
doit s'occuper de la totalité de ce programme sur le territoire
québécois avec les municipalités. Vous êtes
certainement conscient qu'il y a des problèmes dans certains coins du
Québec, un, entre autres, dont j'ai été mis au courant,
où des municipalités ne s'entendent pas avec la
société pour signer le protocole d'entente. Je vais vous donner
le cas, ce sera plus clair. Soyons direct, je prends la MRC
Val-Saint-François où les municipalités demandent de
signer le protocole d'entente
individuellement - je crois que c'est 22 municipalités -
d'être chacune responsable sur leur territoire de la mise en application
du programme PARCQ.
Je sais et je ne conteste pas la volonté de la
Société d'habitation du Québec d'essayer
d'économiser non seulement pour la société, mais pour
l'ensemble des municipalités en essayant de faire des regroupements par
des ententes intermunicipales, des regroupements de municipalités ou ce
qui est proposé à la MRC. Mais si, après discussion, les
municipalités sont prêtes à en assumer le coût et
désirent avoir leur propre autonomie quant à l'application comme
telle du PARCQ, non seulement sur le principe, mais sur le cas précis,
puisque je l'ai mentionné, est-ce qu'on est prêt à aller de
l'avant et à signer avec les municipalités pour leur donner la
charge et la responsabilité qu'elles demandent?
M. Bourbeau: Je suis content de la question du
député. Je voudrais être très clair
là-dessus. Le PARCQ est destiné à être
administré par les municipalités locales. C'est lle principe de
base. On respecte l'autonomie municipale. Quand une municipalité veut
administrer ou livrer le PARCQ, il n'y a aucun problème. La SHQ va
signer une entente avec elle. Si les municipalités souhaitent se
regrouper et confier à la MRC le soin de gérer le programme,
à ce moment, il n'y a aucun problème à faire en sorte que
la MRC s'occupe de l'administration du programme. À ce moment, on exige
une résolution de chaque municipalité déléguant
à la MRC la responsabilité de la gestion du programme.
Je pense que c'est très clair. Si la MRC ne veut pas livrer le
programme, elle n'est pas intéressée, là, il y a d'autres
possibilités qui s'offrent à nous. Par exemple, il pourrait y
avoir des ententes intermunicipales, deux ou trois municipalités
pourraient signer une entente intermunicipale et la SHQ pourrait traiter avec
ce groupe de municipalités en respectant l'entente intermunicipale. Il
faut bien comprendre qu'il y a quand même plus de 1500
municipalités au Québec. Certaines sont très petites. La
moitié des municipalités au Québec ont un employé
seulement et, parfois, c'est un employé à mi-temps et plusieurs
d'entre elles ne sont vraiment pas équipées pour administrer un
programme comme le PARCQ. Si, par exemple, dans une municipalité, il y a
cinq unités seulement qui sont à louer parce que c'est une petite
municipalité, cela ne vaut peut-être pas la peine de mettre sur
pied un appareil administratif pour gérer le PARCQ. Dans ces
conditions-là, il peut arriver souvent que la MRC soit en meilleure
position, ayant un inspecteur à sa disposition, pour gérer le
programme.
C'est une question pratique. Il s'agit de voir comment on peut le plus
pratiquement possible administrer le PARCQ et nous nous adaptons à
toutes les situations, mais en respectant, au départ, l'autonomie
municipale-
M. Paré: Si je prends l'exemple de Val
Saint-François, en espérant ne pas me tromper sur le nombre de
municipalités, si les 22 municipalités étant bien
informées des coûts et des responsabilités que cela
implique de prendre en charge le programme, si les 22 municipalités
signent une résolution comme quoi chacune d'entre elles veut avoir la
responsabilité et que la MRC adopte une résolution, elle, comme
quoi elle n'en veut pas et qu'elle appuie la demande des 22
municipalités, peut-on s'attendre qu'automatiquement on signe ce
protocole d'entente avec les 22 municipalités?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, il s'agit manifestement de petites
municipalités, je crois bien. Certaines d'entre elles auront plus de
facilité â livrer le programme que d'autres, mais il n'y a aucun
problème. Dans un cas comme celui-là, la SHQ signerait une
entente avec chacune des 22 municipalités. On pourrait avoir des doutes
quant à la possibilité de certaines de ces municipalités
de livrer le programme et de respecter les coûts. Quand même, il y
a des coûts inhérents au programme. Les coûts d'inspection,
par exemple. Si un inspecteur est engagé et qu'il n'a que trois
immeubles à inspecter ou quatre, on paie un montant forfaitaire par
dossier et c'est terminé. Si l'inspecteur doit travailler pendant six
mois et a quatre dossiers à 600 $ le dossier, pour tout te dossier,
c'est un individu qui ne fera peut-être pas une grosse année, des
gros revenus. Il faudrait voir si, pratiquement, elles pourront y arriver. Sur
le plan des principes, il n'y a pas de problème. Nous
privilégions la municipalité s'il y a conflit, si je puis dire,
entre la municipalité et la MRC.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Paré: J'ai aussi une crainte en vertu de l'article 3.
C'est sur les pouvoirs de directives que se donne le ministre concernant les
orientations et les activités de la SHQ. C'est vrai qu'on ne peut pas
être contre le fait que le ministre puisse intervenir sur les
orientations et les activités de la Société d'habitation
du Québec puisqu'il est ministre responsable. Là où c'est
un peu plus matière à critique ou à inquiétude,
c'est quand on évite d'obtenir l'approbation de l'Assemblée
nationale. Je ne sais pas si je
fais une mauvaise lecture du projet de loi comme tel, mais je pense que
le ministre se donne des pouvoirs de directives où la seule chose qu'il
aura à faire, finalement, c'est de les soumettre à
l'Assemblée nationale après coup.
M. Bourbeau: Écoutez! Le député est è
l'article 3.4 sur les directives. Effectivement, l'article 3.4 autorise le
ministre à donner des directives à la Société
d'habitation du Québec sur ses objectifs et son orientation de
façon è s'assurer que celle-ci applique les politiques retenues
par le gouvernement. Comme il s'agit d'une procédure exceptionnelle, la
loi prévoit que ces directives doivent être préalablement
approuvées par le gouvernement et déposées à
l'Assemblée nationale. Je signale au député de Shefford
qu'on retrouve ce pouvoir de directives dans la loi constitutive de plusieurs
organismes ou sociétés. Le député est au courant
puisqu'on lui a produit la copie de toutes ces lois, d'ailleurs, où se
retrouve ce même pouvoir de directives. Je pourrais citer, notamment, et
ce n'est pas exhaustif, la Loi sur la Société immobilière
du Québec, à l'article 138, la Loi sur la Régie de
l'assurance-maladie, à l'article 32, la Loi sur la Société
de développement industriel, à l'article 32.1, etc.
Je ne dirai pas la majorité, mais un très grand nombre de
lois qui ont été adoptées par l'ancien gouvernement
contiennent exactement les mêmes pouvoirs de directives et dans aucune de
ces lois il n'est question de soumettre ces directives à l'approbation
de l'Assemblée nationale. C'est un devoir qui appartient au
gouvernement, je pense, de prendre ses responsabilités en matière
de politiques. Le gouvernement approuve ces directives et ces directives sont
subséquemment déposées à l'Assemblée
nationale. Je pense que c'est la bonne façon de faire les choses.
Le Président (M. Rochefort): Sur ces bonnes paroles, il
est 18 heures. Nous allons...
M. Bourbeau: L'article 3 est-il adopté? Est-ce que
l'article 3...
M. Paré: Non, j'aimerais y revenir.
Le Président (M. Rochefort): Donc, nous suspendons nos
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 9)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux dans le cadre de l'étude article par article du projet de
loi 137, Loi modifiant la Loi sur la Société d'habitation du
Québec. Nous en étions à l'article 3 lors de la suspension
de nos travaux. La parole était, je crois bien, au député
de Shefford. M. le député.
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. À ce
moment-ci, à l'article 3 du projet de loi 137, j'aurais un amendement
à apporter qui se lirait comme suit.
Le Président (M. Rochefort): En avez-vous une copie, M. le
député?
M. Paré: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Je vous écoute, M. le
député, pendant qu'on en fait la distribution.
Motion d'amendement proposant que
le ministre rende publics les avis
et études de la société
M. Paré: Je vais vous faire la lecture de l'amendement qui
est demandé. Le nouvel article 3 de la Loi sur la Société
d'habitation du Québec, tel qu'introduit par l'article 3 du projet de
loi 137, Loi modifiant la Loi sur la Société d'habitation du
Québec, est modifié par l'ajout, après le premier
alinéa, du texte suivant "le ministre est tenu de rendre publics dans un
délai raisonnable les avis, les études que lui transmet la
société".
Je n'ai pas besoin, je pense, d'expliquer très longtemps les
raisons qui font qu'on présente cette demande. Cela va exactement dans
le sens exprimé par le ministre dans son intervention durant la
séance de cet après-midi. Il est tout fier, comme ministre de
l'Habitation, d'être transparent, d'être à l'écoute
des gens, d'être bien informé par l'écoute des gens. Si on
veut écouter les gens, il faut aussi leur fournir toute l'information
qu'il a lui-même.
Le Président (M. Rochefort): M. le député,
juste avant votre présentation, personne ne soulève la question
de la recevabilité?
M. Bourbeau: On peut vous poser la question, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Si vous me posez la question,
moi, je la juge recevable.
M. Bourbeau: Bon.
Le Président (M. Rochefort): M. le député,
on vous écoute.
M. Paré: Je m'excuse, M. le Président, mais
j'étais tellement certain qu'elle était recevable que
j'étais déjà lancé dans l'explication. Comme je le
disais, cela va exactement dans le sens exprimé par te ministre
lui-même cet après-midi, une question de transparence: Rendre
publiques des études qui sont financées à même les
fonds publics par une société d'État dans un secteur aussi
important que l'habitation. Je ne vois pas comment le ministre pourrait dire
non à une telle demande. C'est pour cela que je n'ai pas besoin de
parler plus longtemps. J'attends que le ministre me dise oui.
M. Bourbeau: Est-ce que la parole est à moi?
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que vous aviez
complété, M. le député?
M. Paré: Oui. J'avais complété en disant que
c'était simplement une question de transparence et que j'étais
certain que le ministre accepterait cela.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, nous sommes aussi
transparents qu'on peut l'être. Le député ne pense pas
sérieusement que le ministre va accepter son amendement. Je veux bien
faire des efforts de transparence pour plaire au député de
Shefford, mais de deux choses l'une: ou bien les documents dont il est
question, soit les avis ou les études sont de nature publique et,
à ce moment, il n'y a aucun problème à les rendre
publiques, la loi sur l'accès aux documents des organismes publics
traite de cette question-là et accorde tous les droits au public en
général d'être informé et de recevoir copie de ces
documents, ou bien les documents ont un caractère confidentiel, et il
n'est pas dans l'intérêt public de les rendre accessibles de
façon générale. Probablement même que, dans certains
cas, je n'aurai même pas le droit de les rendre publics. Il arrive
souvent que la Société d'habitation du Québec doive aviser
le ministre sur des sujets qui sont contentieux et où il n'est pas dans
l'intérêt public de rendre ces avis disponibles à la
population en général. Je pense que la meilleure façon
d'atteindre l'objectif recherché par le député de Shefford
est de s'en remettre à la loi sur l'accès aux documents des
organismes publics qui détermine justement les cas où les
documents peuvent être rendus publics et ceux où ils ne peuvent
pas l'être. En conséquence, je ne peux malheureusement pas
accéder à la demande du député de recevoir son
amendement.
Le Président (M. Rochefort): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Paré: Oui.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Je ne comprends pas tellement que le ministre
refuse puisque sa collègue, la ministre des Affaires culturelles,
vice-première ministre, était tout à fait d'accord dans
son projet de loi 140 qui a été déposé. L'article
188.1 du projet de loi 140 qui se lisait comme suit: "Le ministre est tenu de
rendre publics dans un délai raisonnable les avis, les constatations,
les conclusions ainsi que les études et les recherches que lui transmet
le haut comité." Si c'était correct pour les Affaires
culturelles, si c'était correct pour la ministre des Affaires
culturelles, si c'était correct pour la vice-première ministre
dans un domaine qui est important, les affaires culturelles, pourquoi cela ne
l'est-il pas dans un domaine qui est aussi important, l'habitation?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que le
député peut me dire à quelle époque, à
quelle date, ce projet de loi est devenu loi?
M. Paré: Ce projet de loi est toujours demeuré un
projet heureusement pour la société québécoise. Par
contre...
Une voix: Il est encore au feuilleton.
M. Paré: Il est encore au feuilleton, premièrement.
Deuxièmement, peu importe qu'il soit voté ou pas, ce qu'on sait,
c'est que la personne qui a présenté ce projet de loi est
ministre, au même Conseil des ministres que vous, et elle est
vice-première ministre. Ce projet de loi a été
déposé; il est au feuilleton. Qu'il ait été
voté ou pas, ce qu'on sait, c'est qu'il n'a pas été
rejeté ou refusé à cause de cet article. Ce qu'on sait, ce
n'est pas une demande de l'Opposition; c'était dans le projet de loi
comme tel, donc proposé par une collègue de votre
gouvernement.
M. Bourbeau: Est-ce que le député de Shefford peut
me nommer les lois qui ont été adoptées sous l'ancien
gouvernement où une clause comme celle-là était
incluse?
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Paré: Vous pouvez toujours faire
référence à l'ex-gouvernement. Je vous demande
d'être constant et conséquent avec ie gouvernement présent.
Cela vient de votre vice-première ministre. C'est un projet de loi qui a
été déposé à la même session que celle
qui a vu le dépôt du projet de loi 137 dont on discute
présentement. Si c'était bon pour un projet de loi, pourquoi cela
ne l'est-il pas dans une... Est-ce que la ministre des Affaires culturelles est
plus transparente et plus prête à consulter ou à faire
valoir son point de vue? Je ne le sais pas; la réponse vous appartient,
sauf que si c'est acceptable pour l'un, cela l'est aussi pour l'autre.
M. Bourbeau: Écoutez! Premièrement, le
député s'appuie sur un projet de loi qui a été
retiré. La ministre a annoncé récemment qu'elle retirait
le projet de loi 140. Donc, c'est facile d'en parler; c'est une loi qui ne
verra jamais le jour. La ministre a annoncé son retrait. Le
député de Shefford n'est même pas capable de me nommer une
seule loi votée par son gouvernement où une clause semblable
était incluse. Si c'était une tradition parlementaire d'inclure
une clause comme celle-là, on pourrait le regarder. Je dis au
député qu'il y a une autre façon d'atteindre le même
objectif. C'est de s'en remettre à la loi 65 qui permet l'accès
aux documents publics. Cette loi détermine dans quel cas les citoyens
peuvent avoir accès aux documents publics et dans quel cas la
confidentialité des documents est protégée. Il me semble
que c'est une bien meilleure façon d'atteindre l'objectif que recherche
le député de Shefford.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Paré: Vous pourriez reqarder, M. le ministre, la loi
101 en ce qui concerne l'Office de la langue française. Vous pourriez
regarder la Loi sur la qualité de l'environnement en ce qui concerne le
Conseil consultatif de l'environnement. Vous pourriez regarder aussi en ce qui
concerne le conseil consultatif de la justice.
M. Bourbeau: Je peux bien le regarder, mais qu'est-ce que cela va
donner?
M. Paré: Cela va répondre à la question ou
à l'argumentation que vous avez soulevée, à savoir que
c'est un précédent et que cela n'existe pas ailleurs.
M. Bourbeau: Écoutez! On n'a pas devant nous ces
lois-là. Je ne suis pas convaincu que, dans ces lois-là, la
clause est la même que ce que vous dites. Les circonstances peuvent
être différentes. La nomenclature des documents peut être
différente. C'est facile de lancer cela comme ça, tout à
coup, alors que personne n'a sous le nez le texte de loi. La loi sur
l'accès à l'information dont on parle est une loi qui a
été votée par l'ancien gouvernement du Parti
québécois. Je présume que si elle a été
votée par le gouvernement du Parti québécois, elle doit
être jugée suffisante par les membres du Parti
québécois. Je ne vois pas pourquoi on ferait double emploi et
reprendrait dans une loi particulière des dispositions qui existent
déjà dans une loi générale qui, justement, est
destinée à assurer l'accès par le public aux documents
gouvernementaux, documents publics, enfin qui devraient l'être.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Paré: Oui. Je pourrais recommencer ce que je dis depuis
le début. On est en train de créer une société
d'état. On donne des pouvoirs ministériels à une
société qui a fait ses preuves, je suis d'accord, mais quand
même qui est une société qui va décider de
programmes, qui va décider de projets, une société qui est
quand même administrée par des non élus et qui vit avec des
fonds publics. Vous dites aussi, vous l'avez dit, vous l'avez
répété plusieurs fois, que vous voulez que ce soit
transparent, que ce soit ouvert. Vous voulez des consultations. Si on veut
qu'il y ait des consultations, il faut permettre à tout le monde d'avoir
de l'information. Si vous voulez que ce soit transparent, je pense qu'il n'y a
pas de crainte è rendre publics des documents qui sont issus grâce
à des fonds publics.
Ce n'est pas un précédent, comme je vous l'ai dit. Je vous
ai donné des exemples. En tout cas, si vous ne faites pas les
recherches, je pense que l'on est prêt à les faire pour vous
amener la preuve, si vous avez besoin de la lire. Ce n'est pas un
précédent. Si cela s'est fait ailleurs, c'est probablement que la
transparence ne faisait pas peur et l'information non plus. Quand vous dites:
Le projet de loi 140 n'a pas été voté, c'est facile d'en
discuter. Sauf que je vais encore reprendre la même argumentation que je
tenais il y a quelques minutes. Le projet de loi 140 n'a pas été
voté, il est au feuilieton. Sauf qu'il a été amené
par une de vos collègues.
Cet article qui est le même n'est pas venu à la suite d'un
amendement demandé par l'Opposition. II est venu de la volonté de
quelqu'un qui est membre du Conseil des ministres dont vous faites partie.
C'était bon dans un projet de loi en ce qui concerne les affaires
culturelles, le projet de loi 140, pourquoi cela ne l'est-il pas dans le projet
de loi 137 qui concerne l'habitation? Deux secteurs importants, à mon
avis, qui méritent qu'on puisse en discuter. La population doit en
être informée. Je vais répéter, moi aussi, ce que
j'ai dit, vous l'avez répété souvent:
La transparence, la clarté, cela se dit, cela se prouve. Cela se
prouve, entre autres. Vous tiendrez les plus beaux discours que vous voudrez au
début, au milieu ou à la fin de séances sur la
transparence, lorsque vient le temps d'avoir des amendements qui la prouvent,
qui vont dans ce sens et qu'on refuse les amendements, il va falloir mettre en
doute, si vous, vous la mettez en doute quand je vous dis que cela existe
déjà, je vais être obligé de mettre en doute, dis-je
votre volonté, votre détermination d'être transparent au
niveau de l'habitation.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, de deux choses l'une: ou
bien les documents dont on parle sont des documents qui peuvent être
rendus publics parce qu'ils sont d'intérêt public, à ce
moment, tout individu peut en avoir accès en vertu de la loi 65, ou bien
ce sont des documents confidentiels et à moins que le
député souffre de voyeurrisme, je pense qu'il ne nous demandera
pas de rendre publics des documents de nature confidentielle. Pourquoi
devrais-je m,engager à rendre publics tous les documents sans
distinction, quand certains avis que je recevrais ou que je recevrai seront de
nature confidentielle? Ceux-là même, si la loi disait que je
devrais les rendre publics, je pourrais, dans certains cas, être sujet
à des poursuites judiciaires si je les rendais publics.
Donc, il n'y a pas d'intérêt dans une loi comme celle-ci
à obliger sans distinction le ministre à rendre publics tous les
documents qui pourraient lui passer entre les mains. Je pense qu'il est bien
mieux de s'en remettre à une loi qui, elle, est faite sur mesure pour ce
genre de situation et qui prévoit les cas où les documents
doivent être rendus publics, parce qu'ils sont de nature publique, et les
cas où ils ne doivent pas être rendus publics, parce que le fait
de les rendre publics pourrait créer des préjudices.
Remettons-nous à la loi qui fait la doctrine, si je peux dire, en cette
matière, la loi qui est spécifique à ce sujet et, à
ce moment, on n'aura pas de problème.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: C'est vrai que le ministre peut toujours s'aviser en
disant: II faut considérer que la loi sur l'accès à
l'information permet de voir les documents et d'en prendre connaissance. Mais
le problème qu'on a et qu'on a vécu en commission parlementaire,
on doit s'en rappeler, c'était la commission du budget et de
l'administration où on a demandé au ministre certaines
informations. Le ministre a refusé en disant: Ce n'est pas
d'intérêt public, etc. Cela fait quinze mois que cette chose ou
cette décision traîne. Une loi qu'on est en train d'adopter.
Même si le document public nous parviendrait, il aurait certainement
perdu de son acuité ou de son intérêt jusqu'à un
certain point.
Moi je pense que vis-à-vis de la demande, de la proposition, ou
de l'amendement, le ministre pourrait, au lieu de parler de la loi sur
l'accès è l'information, arriver à un compromis à
savoir, à moins d'un avis contraire, dans un délai raisonnable...
cela vous donne le temps de porter un jugement. Même s'il y a la loi sur
l'accès à l'information, et même si vous vous engagez, j'ai
des doutes qu'on pourrait exiger rie vous que vous déposiez un document
que vous jugeriez contraire à l'intérêt public ou qui
mettrait en danqer certaines politiques ou certains jugements par rapport
à l'ensemble d'un projet ou d'une étude déposée.
À ce moment-là, c'est évident que si vous nous dites
d'aller à la Commission d'accès à l'information, on va
toujours être à la Commission d'accès à
l'information pour obtenir des informations. En plus, il y a un danger, si
c'est vraiment une information qui est d'intérêt public, qu'elle
ne soit pas mise à la disposition soit des groupes concernés ou
de l'Opposition, parce que les gens ne s'en préoccuperont pas.
Je suis d'accord avec la proposition qui est sur la table. On pourrait
émettre des documents, des avis ou des études, et c'est
payé avec l'arqent des contribuables. Cela ne doit pas toujours
être des études qui mettent en danger l'intérêt et la
sécurité publique, jamais je ne croirai. Il peut y avoir des
études mises à la disposition de personnes qui pourraient en
faire un usage cohérent, conséquent, valable et de nature
à faire avancer des dossiers. Vous nous parlez de la loi sur
l'accès à l'information, on va passer notre temps à la
Commission d'accès à l'information. Je pense qu'on a trop souvent
recours aux tribunaux pour régler nos problèmes.
Je pense qu'il pourrait y avoir un geste de bonne foi vis-à-vis
de l'Opposition en disant que c'est acceptable, peut-être avec certaines
modifications que vous jugerez bonnes, et on aura un jugement à porter
à savoir si c'est acceptable ou pas. J'ai l'impression que vous pourriez
être moins hermétique en disant: Ce qu'on fait, c'est parfait et
il n'y a plus rien à faire. On a déjà vu des projets de
loi qui avaient 200, 300 amendements. D'ailleurs, il y aura des consultations
concernant la loi 100 et vous avez dit vous-même qu'il y aurait au moins
300 amendements apportés en plus des autres qu'on apportera en cours de
route. 150 amendements au Code de la sécurité routière,
c'est quelque chose, il faut le faire. Regardez la loi 92, il y a au moins
75
amendements. Je pense que les ministres ont fait leur travail, ils ont
écouté ce que l'Opposition avait à dire, ses prises de
position, et on en est venu à la conclusion que l'Opposition avait
aidé le gouvernement en bonifiant des lois.
Par rapport à cela, je ne pense pas que la demande devienne
excessive, peut-être pas pour tous les documents, ce n'est pas pensable,
ce n'est pas possible, mais il y a peut-être un compromis quelque part
que le ministre pourrait faire pour prouver sa bonne foi et sa
collaboration.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas une attitude
hermétique à l'endroit d'une bonification que pourrait apporter
l'Opposition au projet de loi. Je dis simplement que dans ce cas-ci, il ne
m'apparaît pas souhaitable de consentir à cet amendement. Je
respecte l'opinion de l'Opposition, mais il me semble qu'il y a deux
écoles de pensée qui sont irréconciliables et, à
main point de vue, j'ai dit tout ce que j'avais à dire sur le sujet.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Shefford.
M. Parés Une dernière petite remarque. Quand le
ministre dit qu'on peut toujours demander à la Commission d'accès
à l'information, je suis d'accord, mais il faut savoir si telle
étude ou tel avis existe. On n'a pas le moyen de le savoir. Pour le
savoir, il faut avoir des informations et on ne les a pas. Je me dis: Oui, je
suis bien d'accord, si on savait, au moins, si on était informé
que telle étude, que l'avis existe, on pourrait demander à la
commission qui pourrait juger, sauf que rien ne dit qu'on doit être au
moins informé que telle étude, tel avis, telle recommandation
existent.
Dans l'amendement suggéré, on dit: "Le ministre est tenu
de rendre publics, dans un délai raisonnable", le temps de voir si
l'intérêt public est en jeu. Vous savez que si vous n'avez pas
d'argument qui vous en empêche, vous n'êtes pas obligé, mais
on dit bien "les avis et les études que lui transmet la
société". Je pense que si la vice-première ministre
trouvait que c'était correct de le faire, on trouve aussi que ce serait
correct de le faire ici.
Le Président (M. Rochefort): Pas d'autres interventions?
Est-ce que cette motion d'amendement du député de Shefford est
adoptée? Donc, la motion est rejetée.
La motion d'amendement du député de Shefford est
rejetée. Nous revenons donc à l'article 3 tel que
présenté par le ministre. Y a-t-il d'autres commentaires,
d'autres interventions?
M. Paré: M. le Président, j'aurais un amendement
à l'article 3.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que vous en avez une
copie, M.le député?
M. Paré: Je peux vous trouver cela tout de suite. (20 h
30)
Le Président (M. Rochefort): Cela va nous rendre bien
heureux. Nous vous écoutons, M. le député.
Motion d'amendement proposant que la mise en oeuvre
d'un programme
de la société fasse l'objet d'un
règlement du gouvernement
M. Paré: L'amendement se lit comme suit: Le nouvel article
3 de la Loi sur la Société d'habitation du Québec, tel
qu'introduit par l'article 3 du projet de loi 137, Loi modifiant la Loi sur la
Société d'habitation du Québec, est modifié par
l'ajout, après le dernier alinéa, du texte suivant: "La mise en
oeuvre d'un programme de la société doit faire l'objet d'un
règlement du gouvernement précisant les normes selon lesquelles
une aide à la société peut être octroyée en
vertu dudit règlement."
Le Président (M. Rochefort): Des commentaires sur la
recevabilité?
M. Bourbeau: M. le Président, on aimerait connaître
votre point de vue sur la question.
Le Président (M. Rochefort): Oui. La pratique que j'essaie
de respecter, c'est de permettre aux intervenants qui veulent plaider de le
faire avant que je rende ma décision puisque, une fois qu'elle sera
rendue, elle n'est pas "at large".
M. Bourbeau: M. le Président, pour plaider, il faut
être avocat; je ne sais pas s'il y a des avocats qui veulent plaider.
Le Président (M. Rochefort): Non, c'est vrai, il y a plus
de notaires que d'avocats autour de la table. Compte tenu que personne ne
soulève la question de la recevabilité, je vais rendre ma
décision. Quant à moi, cette motion d'amendement est recevable.
Je vous demanderais, M. le député, de nous en faire la
présentation.
M. Bourbeau: On s'en doutait.
M. Paré: Merci, M. le Président. Je dois vous dire
que moi, j'en étais convaincu. On l'a préparé parce qu'on
y croyait, mais on l'a aussi préparé pour qu'il soit recevable.
À mon avis, non seulement, l'amendement est recevable mais, à mon
avis, il devrait être acceptée. C'est une question de
régle-
mentation. On ne demande rien de nouveau, on demande la poursuite de ce
qui existe déjà. C'est comme cela que se passe la
réglementation quand on présente un nouveau programme. Quand on
veut, je vais devoir rappeler des exemples que j'ai utilisés
tantôt... c'est une question de transparence, c'est une question de
clarté, c'est une question d'information envers la population. Si on
présente de nouveaux programmes, je pense qu'il est tout à fait
normal, comme cela fonctionne dans notre système démocratique,
qu'il y ait une réglementation qui soit discutée, que les gens
puissent savoir de quoi on parle, qu'il y ait une réglementation qui
s'applique aussi de façon que les programmes soient dans un cadre
défini, clair et précis auquel tout le monde peut
référer, autant le ministre, la Société
d'habitation du Québec, les utilisateurs, le citoyen en
général et ceux qui ont appliqué les lois, les
législateurs, entre autres.
Donc, je pense que la réglementation fait partie des normes qu'on
connaît de fonctionnement dans notre système. C'était comme
cela jusqu'à maintenant et je ne vois pas pourquoi, maintenant, on veut
changer cela. Je trouve que ce n'est pas correct et c'est pour cela que tout ce
qu'on demande, c'est la continuité de ce qui existe. En plus, s'il n'y a
pas de réglementation comme telle, cela veut dire qu'à notre
avis, iI n'y a pas d'encadrement légal, cela ne repose plus sur des
assises juridiques. À notre avis, tout programme, pour avoir une valeur
légale, doit absolument avoir une réglementation; sinon, il peut
être contesté.
Je pense, M. le ministre, que c'est une protection pour le citoyen, mais
c'est aussi une protection pour la Société d'habitation du
Québec et pour le ministère d'avoir une réglementation
précise pour ne pas risquer d'être contestés. Parce que la
réglementation vient donner des règles, des balises, des normes
très précises qui expliquent l'acceptation, le refus ou les
raisons d'un refus d'un programme pour un citoyen, une municipalité ou
un organisme. Je pense qu'on ne peut pas aller en dehors de ça. La
réglementation est indispensable. Donc, si on donne des pouvoirs plus
larges, des pouvoirs d'élaborer et de mettre en place des programmes
à la Société d'habitation du Québec, je suis bien
d'accord. Je le disais tantôt, ils ont l'expertise, les qualités
et les capacités pour être capables de le faire, mais au moins
qu'on soit informé de la façon dont cela s'applique. La
façon dont cela s'applique, ce n'est pas juste de l'information
donnée comme ça mais ça, prend quelque chose de
légal, de reconnu, et c'est la réglementation. Sinon, si ce n'est
pas une réglementation, est-ce qu'on ne s'en va pas plutôt vers
l'arbitraire? Je ne pense pas que ce soit ce qu'on recherche, en tout cas,
j'espère que non.
Je suis d'accord avec des pouvoirs accrus, sauf que je voudrais bien que
les nouveaux programmes reposent sur une assise, sur une base légale
reconnue et respectée par tout le monde. Selon les programmes qui
existent à l'heure actuelle, cela se fait sur une base
réglementaire. On demande donc la continuité de ce qui existe
déjà.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je regrette encore de devoir
décevoir le député de Shefford. On pourrait
procéder, comme il le dit, par voie réglementaire. C'est une
avenue qui serait possible mais non praticable sur le plan de la bonne gestion
des fonds publics. Je m'explique. Nous gérons des programmes qui
comportent des sommes substantielles et nous avons parfois à nous
ajuster assez rapidement à la conjoncture économique. II peut
arriver parfois que les variations de taux d'intérêt fassent en
sorte que le gouvernement doive rapidement modifier des programmes, s'ajuster,
les annuler ou faire des modifications.
Par exemple, si nous avions des programmes qui stipulent des taux
d'intérêt -je donne comme exemple l'ancien programme
Corvée-habitation qui stipulait des taux d'intérêt
précis à un moment donné - si les taux
d'intérêt augmentent ou chutent rapidement, il peut arriver qu'il
y ait des répercussions très importantes au niveau des
programmes, en ce sens qu'on peut avoir tout à coup une ruée de
demandes sur un programme parce que les taux deviendraient extrêmement
avantageux pour le public et outrageusement désavantageux pour le
gouvernement, ou l'inverse. Dans ces cas-là, si on doit procéder
par voie de règlement, avec tous les délais que cela implique, la
préparation, les avis, la prépublication, etc., on en a pour
quatre ou cinq mois avant que le rèqlement n'entre en vigueur. On
pourrait donc se retrouver devant une situation absolument désastreuse
pour le gouvernement.
Nous avons choisi une autre méthode qui est, à mon avis,
aussi respectueuse de la démocratie, celle qui est proposée
à l'article 3, paragraphe 6, qui dit que la société
prépare et met en oeuvre, avec l'autorisation du gouvernement, les
programmes lui permettant d'atteindre ses objets. Donc, le gouvernement doit
statuer sur les orientations et sur les programmes d'une façon
générale. Quant aux modalités du programme, quant aux
paramètres, aux conditions, à l'aspect normatif, on passe par le
Conseil du trésor qui fait l'analyse et vise les projets de la
Société d'habitation du Québec. Je pense que la
façon de procéder est tout à fait correcte. Elle est
certainement beaucoup plus efficace que la façon
que propose le député de Shefford. Je dois dire que cette
façon de procéder nous permet, entre autres, à l'occasion,
de ne pas perdre des fonds fédéraux en pouvant s'ajuster
rapidement è la conjoncture.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Paré: Je dois dire M. le Président, que je suis
un peu surpris qu'on soit intéressé, ce soir, è la
rapidité et a l'efficacité quand cela a pris autant de temps pour
l'entente fédérale, alors que l'entente de principe date de
déjà tellement longtemps quand on prend l'exemple du PARCQ. Je le
disais tantôt et je le répète, ce n'est pas une nouvelle
façon de faire qu'on apporte, c'est la continuité de ce qui
existe déjà. C'est la pratique existante présentement. Je
ne pense pas que cela ait nui ou retardé quoi que ce soit, mais cela a
au moins permis aux citoyens d'être informés, de savoir ce qui se
passait en regardant la Gazetteofficielle. Maintenant, on ne le
fera plus. Je dois dire que c'est de l'arbitraire. C'est tout à fait le
contraire de la transparence. Même nous, les élus, on ne pourra
pas y référer. C'est une question de gestionnaires. On donne des
pouvoirs et Us pourront faire à leur guise sans même que cela
passe à la Gazette officielle, sans qu'on soit informé. Je
dis que cela frise l'arbitraire et cela m'inquiète. Ce n'est pas cela
qu'on veut. Ce qu'on demande, ce n'est pas mission impossible. L'exemple, c'est
PARCQ; on l'apprend par les journaux. On ne connaît pas les normes. Je
veux bien que les municipalités soient informées, mais le citoyen
se sent lésé; il n'est pas capable de retrouver ses droits
à la Gazette officielle, parce qu'on ne les retrouve pas dans le
décret 1673-86. On parle de tout le reste, des autres programmes, volet
du programme de logements sans but lucratif, le programme de logements sans but
lucratif pour autochtones en milieu urbain, te programme de supplément
au loyer, le programme de logements pour ruraux et autochtones. On ne retrouve
pas PARCQ. Pourtant, cela touche plusieurs citoyens. On devrait être
capable de référer à une réglementation
précise et savoir si, oui ou non, on est admissible et en vertu de
quelles normes. Cela existait et cela devrait continuer à exister.
À mon avis, c'est d'autant plus nécessaire, indispensable et
essentiel quand on sait que dans le projet de ici 137 qu'on étudie
présentement, en plus on demande de retirer des paragraphes de l'article
86, les paragraphes a, c, f, i. Entre autres, le paragraphe f, je le lis; je
pense que cela vaut la peine: L'article 86, la Société
d'habitation du Québec, paragraphe f, déterminer les normes en
vertu desquelles elle accorde une subvention. Donc, on ne veut pas de
réglementation et, en plus, on enlève l'obligation de
déterminer des normes en vertu desquelles elle accorde une subvention.
Comment cela va-t-il se faire? Comment les citoyens vont-ils être
avisés? À l'intérieur de quelles balises, de quels
règlements, de quelles normes va-t-on jouer? Je vous dis que c'est
l'arbitraire, alors qu'actuellement, c'est une pratique reconnue. C'est une
pratique à laquelle on est habitué, avec laquelle on fonctionne,
La société repose sur des règlements. Les lois apportent
un principe établi, une ligne directrice. Un programme apporte une aide
quelconque, mais tout cela est régi par une réglementation.
Là, on dit: Pas de réglementation; on n'a pas besoin
d'émettre de réglementation; on n'a pas besoin de passer cela
à la Gazette officielle et, en plus, on n'a pas besoin de
déterminer des normes en vertu desquelles elle accorde même une
subvention. Je vous dis que c'est inquiétant. Je vais vous le retourner
en question, je vous disais qu'on ne retrouve pas à la Gazette
officielle, sur le décret 1673-86 du 12 novembre 1986, la
réglementation se rapportant au programme d'amélioration
résidentielle Canada-Québec, PARCQ. Présentement, sur
quelle base juridique PARCQ repose-t-il?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le député sait qu'en vertu de la loi
qui stipule qu'on doit publier les règlements, il y a également
des articles qui disent qu'on peut obtenir une dispense de publication des
règlements dans le cas où il y a urgence de procéder. Dans
le cas du PARCQ, comme dans certains autres cas récemment, on a obtenu
du Conseil des ministres dispense de publication à la Gazette
officielle parce que si on avait passé par le processus de
prépublication dont je parlais tout à l'heure, on aurait perdu 18
000 000 $ de fonds fédéraux parce qu'on aurait été
obligé de retarder la mise en vigueur du programme pendant quatre ou
cinq mois. Pour des fins d'économie et d'aide, je dirais, pour ne pas
pénaliser les Québécois qui n'auraient pas eu accès
au programme de restauration pendant x mois, on a utilisé la
possiblité qui existe dans la loi de ne pas avoir à passer par le
processus de publication à la Gazette officielle. (20 h 45)
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Paré: M. le ministre, si dans le PARCQ il y a un
règlement qui n'est pas passé à la Gazette officielle,
et vous ne m'avez pas répondu sur quelle base juridique reposent les
critères à l'heure actuelle de PARCQ puisque cela n'a pas
passé au
Conseil des ministres, mais en tout cas, à la Gazette
officielle... cela repose sur quelle base juridique, je ne le sais pas,
j'aimerais le savoir. Mais si vous avez pu envoyer aux municipalités du
Québec les règlements en novembre, pour quelle raison ce
n'était pas possible de le passer au Conseil des ministres et suivre le
cheminement?
M. Bourbeau: Je pense que c'est ce que j'ai dit tout à
l'heure. C'est qu'il n'y a pas eu de prépublicatîon du
règlement sur le PARCQ. La prépublication, c'est le processus qui
prend un temps assez important. Une fois que le règlement a
été adopté par le Conseil des ministres, il a fait l'objet
d'une publication à la Gazette officielle.
M. Paré: Donc, vous êtes en train de me dire que
juridiquement, vous êtes sans danger. Cela repose sur des bases
valables.
M. Bourbeau: C'est ce que me confirment mes conseillers
juridiques.
M. Paré: Vous dites que le règlement comme tel a
fait l'objet d'une publication à la Gazette officielle du
Québec.
M. Bourbeau: Écoutez, je ne l'ai pas publié
moi-même, mais les gens qui m'accompagnent, qui sont en charge de ces
choses, m'affirment qu'il a été publié à la
Gazette officielle.
M. Paré: Je dois vous dire que j'aimerais cela si on
pouvait me dire à quel moment, parce que moi, je ne me rappelle pas
l'avoir vu. C'est possible que je l'aie manqué. Il s'en passe tellement
à la Gazette officielle, sauf qu'habituellement on les suit et je
ne me rappelle pas l'avoir vu, pour être très honnête.
M. Bourbeau: Écoutez, je ne suis pas un expert de la
plomberie dans ces choses. On me dit que dès qu'un règlement a
été adopté par le Conseil des ministres, il doit
nécessairement être publié dans les 30 jours et que cette
publication est assurée par l'appareil gouvernemental, par
l'Éditeur officiel du gouvernement. On n'a pas fait une
vérification récente, mais selon nous, il a dû être
publié. Je ne peux pas dire au député que,
personnellement, j'ai vérifié pour m'assurer que le
règlement a été publié, mais je tiens pour acquis
qu'il l'a été. Si le député prétend qu'il ne
l'a pas été, alors on va aller aux nouvelles et on
vérifiera.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Paré: Moi aussi, c'est évident que je vais faire
des vérifications. Comme je vous le dis, c'est possible que je ne l'aie
pas vu, mais j'en doute parce qu'on les suit aussi, on connaît les
procédures et on sait que cela doit être déposé.
Vous me dites que c'est passé au Conseil des ministres, normalement, en
novembre. Cela aurait dû être en décembre. On ne l'a pas vu.
Vous ne pouvez pas non plus nous fournir de date. Mais on va certainement faire
les recherches.
Là, par exemple, où je trouve qu'elle c'est de plus en
plus inacceptable la façon dont vous êtes en train de
procéder, c'est que vous nous dites - vous pouvez utiliser
l'argumentaiton qu'on aurait perdu 18 000 000 $, "on aurait", on ne les a pas
perdus - que, de toute façon, il y a une dispense possible. Donc, dans
la loi, à l'heure actuelle, c'est possible d'éviter des
délais lorsque c'est jugé nécessaire. Vous l'avez
utilisé. Elle a dû être utilisée à beaucoup
d'autres moments, la dispense. Mais ce n'est pas parce qu'à un certain
moment on doit exiger une dispense qu'on peut se permettre de changer un
principe, cela veut dire qu'à l'avenir, même plus besoin de
dispense, on peut sauter tant qu'on veut.
Peut-être en charriant, allez-vous me dire, sauf que si ce n'est
pas dans la loi comme telle, si on n'a plus l'obligation d'émettre un
règlement sur un projet et si je ne le vois pas comme il faut,
dites-le-moi, mais moi, je vous dis que cela m'inquiète. Il faudrait
être très prudent là-dedans. Si on donne à la
société plus de pouvoirs d'émettre des programmes, de
donner des subventions, sans que cela repose sur une réglementation, et
qu'en plus, on enlève l'article à 86, paragraphe f, le soin de
déterminer des normes en vertu desquelles elle accorde une subvention,
cela va être accordé à qui? Cela va être
accordé comment? On va pouvoir contester de quelle façon si le
citoyen se sent lésé. En vertu d'une norme qui n'est plus
nécessaire et en vertu d'un règlement qui est obligatoire.
Moi, en tout cas, j'aimerais qu'on m'explique. Sinon, je dis que c'est
comme je disais tantôt, arbitraire et inquiétant.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Tout ce que je peux dire au député,
c'est que la façon de procéder que nous suggérons
maintenant est la façon normale dans les ministères où
l'on procède de cette façon. On a des programmes qui sont
normés et, après cela, on évolue à
l'intérieur de ces programmes. Je pense qu'autrefois, dans l'appareil
gouvernemental, il était coutumier de procéder par
règlement, mais à ce moment-là, il n'y avait pas
l'appareil très lourd de prépublicatîon qu'on a maintenant
avec un long délai.
Depuis les années soixante-dix, une nouvelle loi, la Loi sur
l'administration financière, a fait en sorte de modifier les
règles du jeu et, dorénavant, si les programmes sont
normés comme c'est le cas dans bien des programmes, on peut
procéder comme font les ministères. Les paramètres, les
conditions sont soumises au Conseil du trésor et approuvées. On
procède de cette façon. Nous demandons simplement de
procéder comme on procède dans un grand nombre de cas comme, par
exemple, le PAIRA du ministère des Affaires municipales. C'est un
exemple tout à fait clair de la façon de procéder du
gouvernement dans ces cas.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour:M. le ministre, quand vous dites qu'il n'y aura pas de
normes spécifiques dans le PAIRA pour l'attribution des subventions, que
je sache, il y a un certain nombre d'éléments qui font que la
municipalité est admissible ou non. La preuve, c'est qu'elles ne
reçoivent pas 100 %, elles reçoivent 50 %, 60 %, selon l'indice
de richesse. Un certain nombre de facteurs font que les municipalités
sont admissibles ou non à ce programme. Pendant longtemps,
c'était "paiera, paiera pas", ce n'était pas PAIRA,
c'était paiera pas. On l'a vu à plusieurs reprises, je sais que
cela prenait tant de personnes dans un rang, par exemple, etc., etc. Donc, il y
avait des normes. L'information que vous donnez au député de
Shefford, est-ce qu'elle est...
M. Bourbeau: C'est exact, il y a des normes, sauf qu'elles ne
sont pas adoptées par règlement, elles sont adoptées par
décision du Conseil du trésor. Une fois que les normes sont
adoptées, elles sont rendues publiques et le ministère agit
à l'intérieur de ces normes, il n'a pas besoin de publier un
règlement chaque fois.
M. Dufour: L'inquiétude qui est manifestée, je
comprends que le PAIRA est un gros programme, un programme qui touche les
municipalités, donc des gens qui, normalement, suivent les dossiers, et
c'est normal. C'est une entreprise assez importante. Ce dont on parle
actuellement, ce sont des programmes qui s'adressent à des individus, ce
qui fait que ces programmes sont suivis à la trace et à la
lettre. Je pense que l'argument que vous avez donné vous-même,
c'est que vous pouvez passer à côté s'il y a urgence. La
façon dont vous procédez actuellement, c'est que tous les
programmes sont urgents parce que vous ne voulez pas, ou la
société ne sera pas astreinte à se plier à une
certaine réglementation à savoir qu'elle doit procéder de
telle façon. Disons qu'on tient pour acquis que ce sont tous des
programmes urgents et on enlève des contraintes.
C'est évident que vous voulez faire avancer les dossiers le plus
rapidement possible, on est d'accord avec cela, on ne veut pas mettre de
bâton dans les roues, mais vous avez une autre méthode en cas
d'urgence. Comme c'est une société, le ministre devrait
être encore plus exigeant, beaucoup plus prudent dans tout ce qui va
être avancé dans cette société, il a
intérêt è ce que tout soit fait au grand jour. Je pense que
c'est une forme de protection qu'on lui offre, c'est une forme de garantie,
autant pour le ministre que pour l'ensemble des citoyens.
C'est évident qu'il y a des proqrammes qui s'adressent à
des individus. On a peut-être besoin de plus de transparence, plus de
visibilité, peut-être, parce que ce n'est pas un principe de base
que j'émets là par rapport aux municipalités qui, elles,
sont au fait, et c'est facile pour elles de communiquer directement avec
l'appareil administratif. Le fait que vous disiez que vous pouvez passer
à côté de ce qui est écrit ici, ça doit
être normé ou pas, cela pourrait être fait a posteriori,
c'est-à-dire que vous le publiez après. Vous devriez au moins
donner la chance ou l'apparence... Pour dire que ce qu'on fait est correct, il
faut donner l'apparence que c'est correct. Cela ne me semble pas une demande
excessive par rapport à ce qu'on parle, parce qu'il s'agit de grosses
sommes d'argent. Vous, comme nous, êtes intéressé à
ce que les gens se retrouvent dans l'appareil. On reçoit toutes sortes
de lettres de toutes sortes de ministères, et il y a des gens qui ne
comprennent pas ce qui se passe. II me semble que cela va dans votre logique
è savoir que cela va être transférable et cela va
être plus vite.
M. Bourbeau: La façon dont on veut procéder, c'est d'abord
d'obtenir des normes du Conseil du trésor. Il y a CT-normes qui est
passé par le Conseil du trésor et un décret du Conseil des
ministres est publié à la Gazette officielle. Je ne vois pas
pourquoi on s'en fait. L'Opposition, qui, semble-t-il, fait une lecture assidue
de la Gazette officielle, va voir publié à la Gazette
officielle le décret gouvernemental et elle n'aura qu'à
demander une copie du CT-normes pour obtenir les normes du programme. Il n'y a
pas de problème. La SHQ publie régulièrement les normes
dans ses dépliants de façon que les usagers des programmes
sachent exactement ce qui en est. Quand on dit qu'on ne veut pas publier les
normes, on les publie, on les publie dans nos publications. Je pense qu'on est
en train de faire une tempête dans un verre d'eau. Ce qu'on nous demande
de faire, c'est de procéder par voie de prépublication de
règlement. Je n'aurais pas objection à le faire s'il n'y avait
pas, en perspective, des problèmes à l'horizon en ce qui concerne
la capacité de
la SHQ de se tourner de bord, pour employer cette expression, dans des
cas d'urgence.
C'est arrivé, au printemps dernier, qu'il a fallu mettre fin
è un programme rapidement parce que la conjoncture avait
évolué d'une façon très rapide. S'il avait fallu
procéder par cette voie, on se serait retrouvé, quatre mois plus
tard, peut-être, avec un déficit de 25 000 000 $ dans le programme
parce que les conditions ont évolué et qu'on ne pouvait pas
prendre des décisions rapides. On a besoin, étant donné la
masse financière qu'on gère, d'avoir une certaine souplesse. On
joue avec des millions, des dizaines de millions de dollars; on ne peut pas
s'astreindre à un carcan tel qu'à l'occasion on pourrait se
retrouver dans le trou pour 20 000 000 $ dans un programme.
M. Dufour: M. le Président...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: ...c'est sûr que le ministre prend toujours une
position extrême pour justifier ses décisions. Comme le
médecin qui, de temps en temps, est obligé de couper une jambe
parce que quelqu'un a le diabète; est-ce qu'il va couper une jambe
chaque fois que quelqu'un va aller le voir pour le diabète? Au
contraire, il va regarder et dire: Parfois on le fait et d'autres fois on ne le
fait pas.
Là, vous prenez un cas extrême où il y a eu urgence
et où, effectivement, personne n'a été lésé
parce que vous aviez le moyen de passer à côté. Vous aviez
le moyen de le faire.
M. Bourbeau: On veut le conserver, aussi.
M. Dufour: Oui, mais vous n'êtes pas obligé d'en
faire une règle générale. Vous partez avec une exception
et vous en faites une règle générale comme si
c'étaient toujours des cas extrêmes; ce n'est pas vrai, que ce
sont toujours des situations extrêmes. Ce ne sont pas toujours des
questions de vie ou de mort, il n'y a pas toujours 50 000 000 $ à perdre
ou à gagner dans chaque décision que vous prenez. Sinon,
recréez votre ministère au plus sacrant parce qu'on va perdre de
l'argent et vous allez être un mauvais décideur par rapport
à ce que vous dites. Si c'est vrai que c'est aussi important, on va
avoir besoin d'un ministre à plein temps, juste pour cela, qui ne fera
rien d'autre.
Il y a toujours un cas extrême, un cas limite, c'est
évident, mais vous avez le moyen de passer à côté.
Pourquoi le donner à la Société d'habitation? Parce que
vous pensez qu'elle va faire un meilleur job qu'un ministre; je pense bien que
c'est cela. C'est ce que vous dites, dans le fond. Vous ne l'avez pas
écrit, mais il faut bien en déduire quelque chose. Votre premier
ministre a décidé qu'un ministre, ce n'était pas bon pour
l'habitation, qu'il pouvait prendre un deuxième job et que la
Société d'habitation le remplacerait. Quand on donne des
responsabilités à une société, il faut certaines
garanties. Il faut examiner ce qui se passe, il faut regarder sur le terrain ce
qui est possible et ce qui ne l'est pas. On ne pose pas de conditions, on ne
déclare pas que c'est toujours le cas extrême qui va
décider; sans cela, ce ne serait plus vivable.
Bien sûr, parfois des gens se font tuer en automobile, mais on ne
doit pas enlever les automobiles à tout le monde. De temps en temps, il
y a un accident, mais c'est toujours un accident. On ne mettra plus personne au
monde, il y a du monde qui meurt. Ce sont des accidents aussi. Partir du cas
extrême, ce n'est pas de cette façon qu'on vit dans une
société qui se veut réglementée jusqu'à un
certain point. Vous dites que, normalement, c'est comme cela que ça se
passe; quand il y a un cas extrême, voici la réponse. C'est pour
cela, les mesures d'urqence. On parle de cela pour toutes les facettes de la
société. II y a des feux rouges dans les villes, dans les
municipalités. Qu'est-ce qui se passe quand il y a de qrandes parades?
Ils prennent des policiers et ils les remplacent. Vous allez me dire qu'un
policier, ce n'est pas une lumière, mais il reste que le policier
remplace la lumière pour le temps que... Un règlement dit que
c'est comme ça qu'on circule et dans des cas extrêmes il y a
d'autres façons. (21 heures)
M. Bourbeau): Je n'ai pas dit qu'un policier ce n'est pas une
lumière, c'est le député de Jonquière qui dit
ça.
M. Dufour: Non, non, vous en ferez ce que vous voudrez, des choux
et des raves, mais je vous dis ce qui se passe. Le règlement dit qu'il y
a toujours une lumière et vous devriez la respecter. Quand il y a un
événement spécifique, vous prenez d'autres méthodes
pour que le règlement ne s'applique pas. Le règlement de
déneigement dans la ville de Québec, c'est encore des situations
d'urgence. Ils ne partent pas de la situation d'urgence pour en faire une
règle générale régulièrement et tout le
temps. Dans votre cas, vous êtes toujours avec le cas extrême. Vous
dites: On ne peut pas faire autrement parce que ça se produit. Bien oui,
c'est pour ça qu'on a besoin des règlements et c'est pour
ça qu'on a besoin des balises et des normes, c'est parce qu'il y a des
cas extrêmes et des cas réguliers. Pour les cas réguliers,
il y a une façon de procéder et quand il y a des cas
extrêmes, vous nous avez dit: On peut obtenir dispense. Je trouve que
c'est normal. Il faudrait que vous
agissiez comme ça, autrement vous arriverez toujours aux cas
extrêmes. On ne sera jamais plus capable d'obtenir quoi que ce soit.
M. Bourbeau: Le député de Jonquière n'a
vraiment pas compris de quoi on parle. La question...
M. Dufour: Il n'y a que vous qui comprenez autour de la
table.
M. Bourbeau: Non, non, il n'a vraiment pas compris. La question
de la prépublication des règlements, c'est une question dont on
peut parler qui fait en sorte que quand on s'engage dans cette voie, ii faut y
rester. Si on décide d'aller par voie réglementaire, on doit
prendre la technique de prépublication des règlements. On est
alors pris dans un carcan. Une fois qu'on est dedans, on ne peut pas changer de
régime. C'est comme le régime fédéral, quand on est
dedans, c'est pas mal compliqué d'en sortir.
M. Dufour: Même quand on revient les mains vides.
M. Bourbeau: Je dirais au député de
Jonquière que quand on fait la gestion des fonds publics, ii faut
justement prévoir les cas extrêmes. Ce n'est pas être
déraisonnable de le faire. En dedans d'une année d'exercice de
responsabilités du ministère de l'Habitation, j'ai vécu
une fois déjà un cas extrême qui s'est
présenté, où on a dû agir rapidement. Si on n'avait
pas eu la possibilité de le faire, si on avait été
enfermé dans le carcan réglementaire, on était cuit. Le
député dit qu'on devrait ne pas prévoir ces cas-là.
Moi, je dis qu'au contraire, quand on est responsable et qu'on fait la gestion
des fonds publics, il faut prévoir les cas extrêmes. C'est comme,
par voie d'analogie, les ceintures de sécurité dans les
automobiles qui ne sont utiles que dans les cas extrêmes, mais quand cela
se produit, on est drôlement content de les avoir. C'est la même
chose, ce ne serait pas raisonnable et prudent de ne pas prévoir des
ceintures de sécurité dans une voiture. Aujourd'hui, je pense que
c'est convenu. C'est la même chose ici.
Je dis que pour la bonne gestion des fonds publics, on a besoin de plus
de souplesse que le régime qui serait proposé de la voie
réglementaire. Ce que nous proposons, c'est un régime qui est
l'équivalent, qui donne la même publicité, qui permet aux
gens d'avoir les normes s'ils veulent les avoir et qui nous permet à
nous de pouvoir prendre des décisions plus rapidement. Je signale que
sous l'ancien gouvernement, quand existait l'ancien ministère de
l'Habitation et de la Protection du consommateur, il n'y avait pas l'obligation
de procéder par voie réglementaire parce que les
ministères ne procèdent pas comme ça. Je ne vois pas
pourquoi on serait tenu aujourd'hui à une formule, à un carcan
beaucoup plus lourd pour pouvoir gérer l'habitation que ce que faisait
l'ancien gouvernement avec son ancien ministère.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Oui. J'ai l'impression de rêver, de faire
un cauchemar en écoutant le ministre. Je trouve que ça n'a pas de
bon sens, ce que je viens d'entendre. On n'a pas besoin d'être avocat ou
légaliste pour être inquiet de ce qui vient d'être dit. Le
ministre dit qu'il ne faut pas garder la procédure habituelle parce
qu'en cas d'extrêmes, c'est compliqué. C'est rendu qu'on va
changer une norme, une façon de procéder parce qu'il peut y avoir
des cas spéciaux. Depuis quand une loi est basée en fonction des
exceptions? Je serais inquiet s'il n'y avait pas de moyens en cas d'exceptions
extrêmes de passer à côté, mais vous l'avez dit
vous-même, la dispense est là quand c'est nécessaire.
Là, vous êtes en train de dire, et c'est inacceptable, que parce
qu'il y a des cas extrêmes, parce qu'il peut y avoir des exceptions, des
urgences, on va enlever les règlements et la procédure. Finie la
prépublication. Votre transparence vient d'être peinte en noir
avec un mur de briques. Ça n'a pas de bon sens, c'est inadmissible. Cela
voudrait dire que, demain, la Société d'habitation du
Québec décide de changer Logipop, pas de prépublication,
pas d'avis, pas de discussion, merci, bonjour la visite, vous êtes
repartis chacun chez vous. Vous serez devant un fait accompli. Vous n'aurez
qu'à crier dans les journaux, à réagir et à ne pas
être content. C'est aussi simple que cela. Ce qu'on change ici, c'est un
danger démocratiquement. Ce n'est pas un danger juste en termes
d'habitation. A mon avis, c'est un danger pour l'ensemble du système
démocratique et ce sera un exemple ensuite, et les autres
ministères feront la même chose. Plus d'avis, allons-y, changeons
la norme, parce qu'il y a des exceptions. Ou je le vois mal, mais si je ne le
vois pas mal, je suis inquiet. Je ne peux pas faire autrement qu'être
contre cela, surtout après l'explication que vient de donner le
ministre. On n'est pas pour garder la procédure habituelle. On n'est pas
pour faire en sorte qu'il y aura prépublication des règlements
pour en discuter et permettre aux intervenants de savoir ce qui s'en vient.
Non, plus de prépublication, plus de réglementation; seulement un
décret. Les normes sont décidées par la
Société d'habitation du Québec, soumises au ministre,
soumises au Conseil des ministres, retournées et annoncées: c'est
en application; c'est un fait accompli; vous n'avez rien d'autre à
faire. Quand le ministre dit: Oui, mais on peut voir dans les
décrets. Si la réglementation n'est pas dans les décrets,
c'est tellement large qu'on peut comprendre le grand principe, mais cela ne
nous donne pas l'application. Sur quelle réglementation cela
repose-t-il? C'est inquiétant. En plus, c'est quinze jours en retard.
C'est la procédure qui est comme cela. On ne la changera pas non plus.
Il faut se donner le temps. Le public qui va voir un texte
réglementaire, il en a pour quinze jours avant de le connaître, un
décret.
D'une façon ou de l'autre, c'est inacceptable. C'est d'autant
plus inacceptable que je vous le disais parce qu'en plus on veut retirer - cela
viendra dans un article un peu plus loin - le paragraphe f de l'article 86.
Donc, on se donne tous les pouvoirs de faire tous les programmes sans
discussion. C'était beau le discours qu'on a entendu cet
après-midi sur la transparence, l'ouverture, mais c'est comme si on
voulait maintenant, dans le domaine de l'habitation - j'espère que cela
ne viendra pas dans tous les autres ministères - administrer des
programmes et on va en annoncer. Ce sera juste des cas extrêmes et des
urgences. Pourtant, ce n'est pas ce que vous nous avez dit, M. le ministre.
C'est une crainte que j'ai que je vous soumets. Ce n'est pas cela que vous nous
avez dit tantôt. Vous nous avez dit qu'enfin on aurait une politique
d'habitation. Habituellement, une politique d'habitation, c'est de
prévoir les choses. C'est d'avoir une orientation. C'est de planifier
des choses. Normalement, quand on planifie, on exempte les urgences, les
exceptions, les cas d'extrême urgence qui obligent à passer
pardessus une façon de procéder, reconnue, conventionnelle et
appréciée par tout le monde. Tout le monde sait qu'il y a une
réglementation quand un programme est établi. Maintenant on dit:
Plus de ministre de l'Habitation, c'est une société
d'État; plus de réglementation, ce sera annoncé. En plus,
cela va passer sur quoi? Comment cela sera-t-il appliqué s'il n'y a pas
de réglementation? Sur de l'arbitraire, sur du discrétionnaire?
Qui aura droit? Qui pourra contester et en vertu de quoi? Si c'est cela que
vous êtes en train de nous passer, je dois vous dire que je ne trouve pas
cela plaisant; je trouve cela inquiétant. Si ce n'est pas cela,
expliquez-moi autre chose; je vais dormir plus tranquille. Mais si c'est cela,
je dois vous dire que c'est inacceptable.
M. Bourbeau: Je vais essayer, M. le Président, une
dernière fois d'expliquer au député ce qu'est la gestion
des fonds publics et comment on doit être capable de s'ajuster à
la conjoncture rapidement. Il y a des décisions gouvernementales qui se
prêtent facilement à la procédure des
règlements.
Par exemple, nous sommes en train de préparer un règlement
sur la sélection des locataires dans les HLM. Voilà un geste
administratif qui va faire l'objet d'une prépublication de tous les
avis, d'une publication et on en a pour plusieurs mois avant que ce
règlement ne soit en vigueur. C'est normal. Cela ne nous dérange
pas. On prendra le temps qu'il faut. L'avenir du Québec n'est pas
accroché après cela, si je puis dire.
Dans le cas de la gestion coutumière ou régulière
des programmes de la SHQ, cela demande une souplesse telle qu'on ne peut pas
s'astreindre à un carcan semblable à celui qui nous serait
imposé si on prenait la voie réqlementaire. Je signale au
député que, dans tous les ministères, on ne procède
pas de cette façon. Dès qu'on a des programmes normés, on
procède par voie de CT-normes avec publication à la Gazette
officielle et, à ce moment-là, ceux qui veulent avoir
accès aux normes peuvent obtenir le CT-normes. Le résultat est le
même, mais la souplesse est différente.
Je rappellerai au député, à titre d'exemple, que
dans le programme Corvée-habitation, on a dû en deux ans modifier
19 fois le programme par voie de décret gouvernemental. S'il avait fallu
à ce moment-là procéder comme le suggère le
député, cela aurait été une calamité
absolue, les partenaires auraient abandonné rapidement le programme et
on aurait eu des désastres, si je peux dire, sur le plan administratif,
des échecs. Cela aurait été vraiment catastrophique.
C'est comme cela dans la gestion coutumière des programmes de la
Société d'habitation du Québec. Il faudrait que le
député se mette le nez là-dedans un peu plus longtemps
pour comprendre ce dont il s'agit. Je pense qu'il arrêterait
immédiatement de plaider comme il le fait sur des principes qui sont
peut-être extraordinaires, mais qui ne s'appliquent pas dans la gestion
coutumière de programmes tels que ceux que gère la
Société d'habitation du Québec.
Le Président (M. Rochefort): M. le
député.
M. Paré: À écouter le ministre, tout ce qui
se passe à la Société d'habitation du Québec, on
serait dans une urgence à Maisonneuve ou à Notre-Dame à
Montréal.
Une voix: Ce ne serait pas drôle.
M. Paré: C'est incroyable, parce que ce sont toutes des
urgences. Pourtant, quand c'était le temps de Logirente, l'urgence,
n'était pas trop urgente. Quand cela a été le temps de
PARCQ, l'entente de mise en oeuvre était supposée être en
juillet et c'est allé au mois d'octobre pour l'urgence.
L'année qui vient de s'écouler ne répond pas du
tout à ce que vous venez d'exprimer, à mon avis. Tout est urgent
et pourtant tout est en retard. Quand vous avez pris Corvée-habitation
comme exemple, c'est la preuve qu'il y a moyen de passer à
côté quand il y a urgence réelle.
S'il y a moyen d'avoir des exceptions, il y a moyen d'avoir dispense, il
y a moyen de s'entendre. Sauf qu'on revienne, et je vais me
répéter là-dessus, dire que parce qu'il y a des cas
extrêmes, parce qu'il y a des exceptions et parce qu'il y a des urgences,
il faut changer la norme ou il faut ne pas prévoir une
réglementation qui permet aux gens d'être informés, d'en
discuter, de prévoir et d'échanger des vues, si c'est ce qu'on
veut le dialogue...
Là, je vais vous dire, je reviens à ce que j'ai dit
tantôt, je n'admets pas qu'on légifère par les exceptions
au lieu d'avoir une réglementation correcte, mais qui tient compte qu'il
peut y avoir des exceptions. Je me rends compte aussi, vous avez raison, il y a
deux divergences ici ce soir qui sont inconciliables, j'ai bien
l'impression.
Tout ce qu'on peut faire si on continue, on va répéter les
mêmes choses qu'on a dites, c'est évident, sauf que je maintiens,
à mon avis, que ce qu'on est en train de faire ce n'est pas correct et
c'est de l'arbitraire malheureusement. Là-dessus, je vais laisser la
parole à mon collègue.
Le Président (M. Rochefort): Juste avant de vous donner la
parole, M. le député...
M. Dufour: J'accepte difficilement que...
Le Président (M. Rochefort): M. le député,
juste avant de vous donner la parole...
M. Dufour: Ah bon!
Le Président (M. Rochefort): ...je vais me permettre deux
questions au ministre, je n'en ai pas abusé jusqu'à maintenant,
deux questions commentaires au fond.
Premièrement, quand vous disiez tantôt que lorsque le
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur existait,
il n'était pas soumis aux règles auxquelles on voudrait soumettre
la société. Je voudrais vous rappeler qu'à ce moment, le
ministère ne livrait aucun programme donc, les programmes qui
étaient sous la responsabilité de ce ministre suivaient la
procédure puisqu'ils étaient livrés par la
société donc, suivaient la procédure réglementaire
dont nous parlons.
Deuxièmement, quand vous parlez de Corvée-habitation, sauf
erreur évidemment, je n'ai pas été là pour les
dix-neuf et je ne les ai pas appris par coeur non plus, ce n'était pas
les critères d'admissibilité, mais beaucoup plus certaines
modalités d'application qui ont été l'objet de nombreux
décrets gouvernementaux. Quant aux règles d'admissibilité,
quant aux critères d'application, je n'ai pas le sentiment que cela ait
connu beaucoup de décisions qui ont évolué dans le temps,
mis à part les ajustements des taux d'intérêt, mais qui au
fond, eux, suivaient plus le cours normal. M. le ministre.
M. Bourbeau: Je n'étais pas en place, à ce moment.
On me dit que l'ancien ministère de l'Habitation, s'il avait eu à
gérer des programmes, il pouvait en qérer d'après
ses...
Le Président (M. Rochefort): En fait, ce que je vous dis, c'est
qu'il n'en a pas géré. (21 h 15)
M. Bourbeau: S'il avait eu à en gérer, il n'aurait
pas été sujet à ces chinoiseries, si je peux dire. C'est
ce que je disais tout à l'heure. L'ancien ministère
n'était pas sujet à ce carcan.
Deuxièmement, pour ce qui est de votre autre question, on me dit
qu'en ce qui concerne les normes qui existaient à ce moment-là,
effectivement, ce n'étaient pas des règlements dans le sens qu'on
le voit aujourd'hui. Malgré cela, c'est extrêmement
compliqué. C'était le Conseil du trésor uniquement qui se
prononçait à ce moment-là et cela allait au Conseil des
ministres après. Cela a fait l'objet de décisions beaucoup plus
rapides, parce qu'on n'avait pas à passer par le carcan qui existe
présentement. D'ailleurs, cela n'existait pas à ce
moment-là. C'est depuis le 1er septembre 1986, je crois, que la nouvelle
réglementation est en vigueur. En conséquence, on n'était
pas astreint au carcan qui nous serait imposé si, à partir de
maintenant, on procédait de cette façon.
Le Président (M. Rochefort): Plus on en parle, plus ma
mémoire revient, M. le ministre. Je vous rappellerai que je comprends,
dans le cas de Corvée-habitation, que c'est une loi de
l'Assemblée nationale du Québec. C'était bien plus fort
qu'un règlement. Tout le corps de Corvée-habitation a
été voté non pas par règlement
prépublié, publié et adopté, mais tout le corps,
toute l'essence même de Corvée-habitation a fait l'objet d'une loi
du Parlement du Québec. Oui, j'imagine qu'après cela, on peut
peut-être se permettre d'avoir une certaine souplesse dans les
règlements. Ce que je veux dire, je ne veux pas débattre du fond
de la question avec vous, Je veux juste dire que les deux
références auxquelles vous faites, quant à moi... Et je
vous répète que pour l'ancien ministère, vous donnez
raison à ce que j'ai dit. L'argumentation que
vous développez ne s'applique pas, parce que dans les faits,
même si oui, le ministère aurait pu gérer des programmes,
il ne les a pas gérés. Il les a fait gérer par la
société; donc, ce qui faisait automatiquement en sorte qu'il
s'astreignait à la procédure de prépublication et de
publication pour adoption finale des règlements. On s'est astreint a ce
régime qui était celui qui existait à l'époque.
Donc, au minimum, quant à ces deux références, vous ne me
convainquez pas, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je regrette, je ne suis pas
d'accord avec vous. L'ancien ministère ne s'astreignait pas à la
prépubiication. Cela n'existait pas à ce moment-là.
Le Président (M. Rochefort): Bien oui, il y avait des
prépublications à l'époque.
M. Bourbeau: Non, cela n'existait pas. C'est devenu en vigueur le
1er septembre 1986. Je regrette, mais vous faites erreur, M. le
Président.
Deuxièmement, ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est que
l'ancien ministère n'était pas sujet... En tout cas, ce que j'ai
dit, c'est que l'ancien ministère lorsqu'il existait - j'ai la note
devant moi - n'était pas sujet à cette réglementation. Je
n'ai pas dit qu'il faisait des programmes, mais s'il en avait faits, il
n'était pas sujet è cette réglementation. C'est ce que
j'ai dit et vous ne démentez pas ce que j'ai dit d'ailleurs. C'est
cela.
Le Président (M. Rochefort): Je vous dirai juste un
dernier commentaire en ce qui me concerne. Si ce qu'on nous dit est vrai, que
la règle de la prépublication obligatoire date du 1er
février 1986...
M. Bourbeau:1er septembre 1986.
Le Président (M. Rochefort): ...1er septembre 1986,
n'êtes-vous pas en train d'aller à l'encontre de ce que votre
propre gouvernement a mis en place?
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais juste ajouter un commentaire au sujet de
ce qu'a dit le ministre. On pourrait être franchement déplaisant
et lui dire... Il envoie le député de Shefford lui dire: Allez
donc apprendre à faire de l'administration, vous n'en avez jamais fait.
Il ne peut pas me dire cela. Ce sont ces propres paroles. Vous n'avez rien
compris. Il me semble que j'ai travaillé assez longtemps avec le public
pour dire au ministre que j'ai compris que lui ne comprenait pas. Il avait une
façon de comprendre les choses que les autres ne comprennent pas. On n'a
rien inventé. On vous dit: Soyez donc transparent. Soyez donc
cohérent dans ce que vous dites. Vous parlez de fonds publics, il y a
une méthode pour administrer cela. Vous parlez d'une habitude
coutumière, il y a une autre façon de procéder. Voyons
donc! J'en ai déjà vu de l'argent passer. J'en ai
déjà administré de l'argent. Vous devez l'avoir fait. Vous
ne nous montrerez pas cela. Vous avez été dans l'Opposition et
vous vous êtes engagé sur des programmes. Vous aviez toutes les
réponses. Vous n'avez plus une maudite réponse. II ne faut pas
s'être cassé la tête. Vous en cherchez des réponses.
Vous voulez vous démarquer de ce qui s'est fait dans le passé. Je
pense qu'il n'y a pas juste du mauvais qui s'est fait. Je pense qu'il y a des
choses qui sont correctes. On vous dit que quand c'est une
société, vous donnez le pouvoir à une
société. Pourquoi n'acceptez-vous pas qu'elle soit astreint
à un certain nombre de règles? Depuis quand
délègue-t-on à quelqu'un un pouvoir et qu'on lui donne
tous les pouvoirs? Ce n'est pas comme cela qu'on doit fonctionner. Des fonds
publics, c'est toujours des fonds publics. Cela a beau être dans
l'administration courante comme dans l'administration spéciale et
regardez dans toutes les formes d'administration qui se font il y a des mesures
spéciales quand il y a des conditions spéciales et il y a des
actions spéciales à faire. Ce n'est pas sorcier. Je n'invente
rien en disant cela. Cela se fait toujours comme cela. Vous ne voulez pas vous
astreindre et vous ne voulez astreindre personne et à vous entendre
parler ce sont toujours des situations d'urgence. On ne peut pas fonctionner
par des situations d'urgence. Ce n'est pas ainsi que cela se passe dans la vie.
C'est fatigant d'avoir des comptes à rendre, c'est évident. C'est
fatigant de penser d'avance. Cela va vous obliger à avoir une politique
probablement et cela va obliger la société à être
plus cohérente et à penser d'avance et à ne pas toujours
penser à la dernière minute. Quand il y a des situations
spéciales, je comprends cela, il n'y a pas quelqu'un ici de l'Opposition
qui ne comprenne pas cela. Je suis convaincu que, de votre côté,
il y a peut-être juste vous qui ne comprenez pas. Je suis certain que les
députés comprennent cela lorsqu'on parle de questions où
il faut informer la population et quand on dit comment le faire. On dit en
plus, quand il y a des situations où cela n'est pas possible, pensez
donc autrement. Pourquoi essayez-vous de nous donner des leçons à
savoir comment on administre les fonds publics? Les gens ici sont responsables
et ils en ont vu des choses. Je pense que ce sont tous des gens responsables et
qui voient comment cela se passe. Il y a des mesures quand on administre pas
comme il faut. Ce n'est pas en disant: Vous savez, il y a une
loi, vous prendrez cette loi. Il y a d'autres méthodes qui sont
comme ça et faites-nous confiance. On va où avec cela è
faire confiance. Faire confiance à tout le monde, il y en a un gang, en
tout cas, qui se fait organiser, parce qu'il fait trop confiance. De temps en
temps, dans le public, c'est cela. Sur les fonds publics, cela a une
contrainte, c'est de rendre des comptes. Rendre des comptes, c'est s'organiser
pour que les gens voient cela et c'est toujours fatigant et ce n'est pas son
affaire ce soir. Je vais vous rappeler des principes de base. Quand on
administre les fonds publics, on est des propriétaires, mais on est des
locataires qui se comportent comme des propriétaires, il faut faire
attention. Il y a des limites è ce comportement. Vous n'avez pas tous
les droits. Il y a du monde qui va vous le rappeler quotidiennement. Une
façon de se le rappeler tout ensemble, c'est quand on adopte des projets
de loi; c'est de prendre des mesures pour que le public soit bien
informé et pour que les actions soient faites au vu et au su, c'est pour
cela qu'il y a la Gazette officielle, et de la parapublication. C'est
évident que cela prend du temps, cela cause des contraintes et c'est
fatigant. Si on avait juste à se réglementer, pour nous, on n'a
pas besoin de livre. Je ne pense pas que quelqu'un publie un livre pour savoir
quand il veut arriver dans sa vie personnelle, il doit avoir son budget s'il
l'a, il y a des contraintes et il a à rendre des comptes avec qui il a
fait affaire dans son budget; mais en dehors de cela, il n'a pas d'affaire
à personne.Ce sont ses fonds personnels, ce ne sont pas des fonds
publics. Dans les fonds publics, il n'y a pas beaucoup de marge de manoeuvre.
Je pense qu'on n'a pas le choix. Il faut rendre des comptes. La façon de
rendre des comptes, c'est justement en informant le public pour qui il fait le
cheminement. Ce n'est pas en disant: Vous n'avez rien compris et il y a juste
moi qui comprends. On a beau chercher cette thèse, vous allez la
démontrer, mais ce n'est pas si clair que cela. J'ai vu dans les
dossiers avec vous et je n'ai pas compris encore. Les résultats qui se
sont produits, c'est ce qu'on a dit. L'Opposition ne fait pas juste une
apposition pour faire de la procédure et empêcher que le projet de
loi soit adopté. On a un devoir, je pense, de s'assurer que le public
ait son mot à dire. Quand on regarde de la façon qu'on est
consulté c'est: Faites-nous confiance, on va consulter. Vous l'avez dit
et vous l'avez répété. On a reçu des groupes et il
n'y en a pas un qui a dit avoir été consulté. C'est rare
qu'on voit cela, avant une commission parlementaire, de rencontrer les groupes
parce qu'on pourrait se dire pas mal de choses sur cela. Cela ressemble
à des tordages de bras quelque part. Une consultation, ce n'est pas de
même pour moi. J'ai déjà vu des commissions parlementaires
faire venir deux fois la même municipalité et des fois la
retourner parce qu'on ne sait pas où on va. Je pense qu'il y a un
respect à avoir envers les autres. Le respect, souvent, c'est de dire ce
qu'on fait et de quelle façon on le fait, pour qui on le fait et comment
on le fait. L'amendement que nous avons, c'est justement dans ce sens qu'on le
fait. On ne veut pas empêcher, bien sûr, la société
de faire le travail qu'elle a à faire. On veut surtout que les gens
à qui s'adressent les programmes soient bien informés et mieux
informés.
Le Président (M. Rochefort): Y a-t-il d'autres
commentaires, M. le député de Shefford? Il vous reste une minute
sur l'amendement.
M. Paré: Bon. Je vais tout simplement conclure. J'ai
l'impression que l'intention du ministre, c'est de se soustraire à la
prépublication des règlements pour éviter tout
débat public quand il va changer des programmes, contrairement à
ce qu'il a laissé entendre. Donc, il pourra modifier, changer, faire
n'importe quoi sur des modifications de programmes existants. La seule chose
qui arrivera, c'est qu'il y aura décret. Donc, tous les gens seront
devant un fait accompli; donc pas de contestation possible, c'est facile. Ce
n'est pas ce que j'appelle une politique d'ouverture et de transparence.
Là-dessus, M. le Président, je demande un vote
enregistré.
Le Président (M. Rochefort): Avant qu'on procède au
vote, y a-t-il d'autres membres de la commission qui veulent intervenir? Pas
d'autres membres de la commission, donc nous allons mettre aux voix la motion
d'amendement du député de Shefford qui se lit comme suit: "Le
nouvel article 3 de la Loi sur la Société d'habitation du
Québec, tel qu'introduit par l'article 3 du projet de loi 137 modifiant
la Loi sur la Société d'habitation du Québec est
modifié par l'ajout, après le dernier alinéa du texte
suivant: "La mise en oeuvre d'un programme de la société doit
faire l'objet d'un règlement du gouvernement précisant les normes
selon lesquelles une aide de la société peut être
octroyée en vertu dudit programme." Donc, M. le secrétaire, je
vous demanderais de faire l'appel nominal des députés.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), Mme Bleau (Groulx), M. Blais (Terrebonne), M. Bradet
(Charlevoix), M. Paré (Shefford), pour ou contre l'amendement?
M. Paré: Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc).
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Doyon (Louis-Hébert), M. Dufour
(Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Laporte (Sainte-Marie)?
M. Laporte: Contre.
Le Secrétaire: Mme Harel (Maisonneuve), M. Middlemiss
(Pontiac), M. Paradis (Matapédia)?
M. Paradis (Matapédia): Contre.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet)?
M. Richard: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Saint-Roch (Drummond)?
M. Saint-Roch: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: Mme Trépanier (Dorion)?
Mme Trépanier:! Contre.
Le Secrétaire: M. Rochefort (Gouin)?
M. Rochefort: Abstention.
Le Secrétaire: Six contre, trois pour et une
abstention.
Le Président (M. Rochefort): Donc, l'amendement du
député de Shefford est rejeté et nous revenons au
débat sur l'article 3. D'autres interventions?
M. Paré: Oui, juste une...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Shefford.
M. Paré: ...petite. J'aimerais que le ministre me dise
quelle est la portée concrète de l'article 3.5 du projet de loi
137 quant à l'application des articles 24, 25, 33 et 34 de la Loi sur
l'administration financière dans le cas de la SHQ.
M. Bourbeau: Est-ce que je peux prendre avis de la question?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Bourbeau: Ce ne sera pas long, M. le Président, on est
en train de réfléchir.
Le Président (M. Rochefort): Pas de problème.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je vais tenter de répondre à la
question du député de Shefford en disant ceci: L'article 3.5
concerne l'application à la Société d'habitation du
Québec de certains articles de la Loi sur l'administration
financière et les pouvoirs du Conseil du trésor d'adopter des
dispositions particulières pour la société. En
conséquence, le Conseil du trésor continuera è exercer
à l'égard de la Société d'habitation du
Québec les pouvoirs du gouvernement en ce qui concerne
l'élaboration et l'application de la politique administrative
générale et a réglementer les dépenses et les
engagements financiers de la société, son système de
comptabilité, les conditions de ses appels d'offres, de l'adjudication
de ses contrats, la gestion de son personnel et l'administration de ses revenus
et recettes, mais en les adaptant aux besoins particuliers de la
société lorsque requis. (21 h 30)
Enfin, cet article soumet la société aux règlements
concernant la promesse et l'octroi de subvention sauf si l'octroi ou la
promesse de subvention est effectué conformément à des
normes approuvées par le Conseil du trésor. Cet article est
nécessaire, parce qu'en vertu d'autres dispositions du projet de loi, la
société sera financée par une subvention
d'équilibre budgétaire qui, en principe, la soustrait à la
réglementation gouvernementale, telle qu'elle existe actuellement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: On a fait le même débat que tout à
l'heure. Tout à l'heure, on a dit qu'on ne pouvait pas prévoir
des cas extrêmes, des cas différents. Là, au paragraphe
3.5, on dit une chose et on dit: Oui, mais dans le cas contraire, on pourrait
faire d'autre chose. C'est cela, la cohérence. On regarde l'article. Il
dit: Les deuxième et troisième alinéas s'appliquent
à la société. Tout de suite après, il
prévoit une condition où cela ne s'applique pas: "Toutefois, le
Conseil du trésor peut par règlement".
C'est cela qu'on appelle quelque chose
de clair, je comprends que le ministre sait lire, mais je pense que si
on lui avait demandé de l'expliquer en termes simples pour que tout le
monde le comprenne, je ne suis pas trop sûr que cela aurait
été si clair que cela. Mais cela fait juste rappeler qu'on prend
la lecture qu'on veut bien faire et on décide ce qu'on veut faire, parce
qu'on pense qu'on a le pouvoir éternel. C'est un peu cela l'attitude du
ministre que je dénonce. C'est la façon dont il se comporte.
Depuis tantôt, il se donne raison. Il se donne toujours raison.
Nous ne pouvons pas avoir raison, nous. Il faut se plier à son
jugement et à sa bonne volonté. Il n'en manifeste pas souvent.
Alors, cela veut dire qu'il a choisi la politique du bulldozer. Il passe au
travers tout le monde. Il vivra avec les conséquences que cela comporte.
Ce n'est pas éternel non plus, ses...
Le Président (M. Saint-Roch): D'autres commentaires, M. le
ministre?
M. Bourbeau: L'article 3.5 dit quoi? Il dit que les articles qui
sont nommés de la Loi sur l'administration financière
s'appliquent à la Société d'habitation du Québec.
Si on veut déroger è ces articles, le Conseil du trésor
peut nous autoriser à déroger. Mais alors, là, cela prend
un règlement, justement ce que vous voulez, qui comportera des
prépublications, des préavis, des publications
éventuelles, etc., de sorte que dès qu'il y aura une
dérogation, l'Opposition et le public en général sont
absolumenet avisés de la dérogation. Ce sera fait selon ce que
souhaite les députés de Jonquière et de Shefford. Je ne
vois pas pourquoi, à ce moment-là, on en fait un plat.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Un dernier petit commentaire. Justement, si on
trouve acceptable et admissible qu'on passe par prépublication et par
réglementation pour faire des changements au niveau de l'administration,
il me semble que cela devrait être encore bien plus normal et acceptable
quand cela concerne des programmes de la SHQ, parce que cela concerne
directement le citoyen qui doit être informé et informé de
ce qui s'en vient, pas nécessairement informé de ce qui est
décidé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Comme je le disais tout à l'heure au
député, sans reprendre la discussion de tout à l'heure,
quand on parle de l'administration des programmes eux-mêmes, là,
cela demande une souplesse qui est telle qu'on ne peut pas s'enfermer dans le
carcan " dont on parle depuis tout à l'heure.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires à l'article 3? Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Paré: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. J'appelle
maintenant l'article 4.
M. Bourbeau: M. le Président, à l'article, il
s'agit d'une reformulation de l'article 4 actuel qui ne change pas la nature de
la société. En raison de son statut d'agent de la couronne, les
biens de la société sont insaisissables. Il n'y a pas avantage
à permettre l'exécution des obligations de la
société sur ces biens eu égard à ses
activités dans le domaine de la construction.
La possibilité d'enregistrer un privilèqe de constructeur
ou de fournisseur de matériaux contre un immeuble de la SHQ obligerait,
en effet, celle-ci à effectuer un lourd travail de vérification.
Cependant, il pourrait être utile que la SHQ puisse renoncer à
cette immunité pour permettre le financement d'un projet particulier en
accordant une garantie hypothécaire. L'article 4.1 prévoit donc
que la société peut renoncer à l'insaisissabilité
de ses biens avec l'autorisation du gouvernement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré:Pas de problème pour celui-ci, puisque
c'est un privilège courant, M. le Président,
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires è l'article 4? Est-ce que l'article 4 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 5.
M. Bourbeau: L'article 5. La SHQ est actuellement formée
de cinq membres nommés par le gouvernement, dont deux le sont pour une
période de dix ans. Le président de la société est
choisi parmi ces deux membres par le gouvernement. Les trois autres membres
sont nommés par le gouvernement parmi les fonctionnaires du gouvernement
ou d'un agent de la couronne pour le terme qu'il détermine.
Dans l'état actuel du droit, seuls les deux membres non
fonctionnaires doivent
s'occuper exclusivement du travail de la société et des
devoirs de leur fonction. Il est aussi possible au gouvernement de nommer des
membres adjoints à la société, membres qui ne participent
cependant pas aux prises de décisions.
Cette structure administrative est désuète et ne
correspond plus à la réalité. Tenant compte des nouvelles
responsabilités de la société et des modifications
relatives à son fonctionnement administratif, les articles 6, 6.1 et 6.2
prévoient donc que la société est administrée par
un conseil d'administration composé d'au plus neuf membres nommés
pour au plus cinq ans qui demeureront en fonction, malgré l'expiration
de leur mandat, jusqu'à ce qu'ils aient été
remplacés ou nommés de nouveau parmi lesquels le gouvernement
choisit un président et un vice-président du conseil.
L'article 7 de la loi quant à lui applique à la
société... Ah! on est rendu à l'article 6. Excusez-moi.
Voilà!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
commentaires à l'article 5?
M. Paré: Certainement, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Vous allez vous douter qu'on va avoir à
peu près les mêmes commentaires que ceux qu'on a tenus sur le
débat en deuxième lecture, parce que ce qu'introduit finalement
l'article 5, c'est un retour déguisé des jetons de
présence qui ont été dénoncés. On a fait un
beau discours là-dessus, je me rappelle, au printemps où
finalement on disait que c'était du bénévolat qu'on
voulait pour les gens qui s'impliquaient dans les conseils d'administration. On
s'est aperçu, par exemple, au cours de certains débats, qu'on
ramène, de façon déguisée, de façon
discrète, de façon cachée des jetons de présence.
On les ramène dans un projet de loi, par exemple, relativement à
la Société d'aménagement de l'Outaouais, cela va vous
rappeler des souvenirs, M. le ministre.
Donc, finalement, ce sont les jetons de présence qui reviennent.
Le discours fait au printemps laissait entendre que les gens donnaient de leur
temps pour la société en général pour les gens du
Québec et pour le développement. C'était beau, cela
passait bien, sauf qu'on s'aperçoit qu'à toutes les fois qu'il y
a un projet de loi qui concerne une société d'État, on
touche à autre chose. Là, on ramène les jetons de
présence.
Nous avons dit que, sur le principe des jetons de présence, on
n'est pas contre. Ce qu'on demande c'est que ce soit frais, clair,
précis et qu'on le sache. Je ne vois pas pourquoi on dirait une chose et
on ferait l'autre. C'est cela qu'on dénonce. Jetons de présence,
si vous voulez que ce soit comme cela que cela fonctionne...
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que le
député est hors sujet.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le député est en train de faire un
discours qui a trait à l'article 7. Présentement, on est à
l'article 6 et je ne vois pas en quoi les jetons de présence... Les
rémunérations des membres, c'est à l'article 7. Est-ce
qu'on pourrait...
M. Paré: On est à l'article 5 du projet de loi.
M. Bourbeau: L'article 5, effectivement. Les jetons de
présence...
Une voix: On parle du nouvel article 7. C'est lui qui est hors
sujet.
M. Bourbeau: À moins que je ne fasse erreur, l'article 7
est aussi compris.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 7 est compris dans
l'article 5.
M. Bourbeau: Ah non! Je m'excuse, M. le député,
vous n'êtes pas hors sujet.
M. Paré: Cela me fait plaisir de pouvoir continuer, cela
me surprenait aussi.
Donc, je comprends que ce soit agaçant si on veut les ramener de
façon déguisée. Je vais revenir là-dessus. Je vous
dis qu'on n'est pas contre les jetons de présence. On est contre la
façon dont vous les ramenez. Si c'est cela qu'on veut, on le
précise tout simplement. On n'a pas besoin de s'en cacher. Ce qu'on ne
veut pas, c'est que ce soit sous une forme aussi discrétionnaire, aussi
peu transparente. On ramène les jetons de présence, qu'on les
définisse. J'ai une question tout de suite: Quel est le type de
remboursement des dépenses auquel auront droit les membres du conseil
d'administration? Est-ce que cela inclut la compensation du salaire, entre
autres, pour les journées passées à siéger, comme
c'était le cas de la Société d'aménagement de
l'Outaouais, dans la loi 41?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le député est très
méfiant. Si le député lisait l'article 7, il est
indiqué: "Les membres du conseil d'administration ne sont pas
rémunérés". Déjà, au départ, le
discours que tient le député de Shefford semble différer
un peu du texte du projet de loi. Il y a cependant des
exceptions. L'exception, c'est justement ce qui est mentionné
dans le décret du Conseil des ministres relativement à la
rémunération des membres. Il n'y a pas de
rémunération, mais il y a une exception prévue dans le
décret - le député a dû en prendre connaissance, je
présume - qui fait que quand un individu a à s'absenter de son
travail, un travail rémunéré pour lequel il retire un
salaire, à ce moment-là il y a possibilité que ce salaire
lui soit remboursé s'il peut faire la preuve qu'en assistant à
l'assemblée du conseil d'administration il perd effectivement un
salaire, que son employeur le prive de son salaire.
C'était pour éviter les critiques que nous faisait
l'Opposition en ce sens que nous aurions pu nommer à des conseils
d'administration que des gens qui auraient eu des revenus importants, qui
auraient été des entrepreneurs à leur compte et qui
n'étaient pas rémunérés à l'heure, donc qui
ne perdaient pas de salaire ou de gains en venant bénévolement
siéger à des conseils d'administration. Or, en demandant à
un travailleur, par exemple, à taux horaire de siéger à un
conseil d'administration, on pourrait le priver de son gagne-pain. Nous avons
trouvé qu'il serait déraisonnable de demander à un
travailleur de sacrifier une demi-journée de son temps, d'être
pénalisé en ne gagnant pas de salaire pendant cette
période alors que d'autres individus, des fonctionnaires, par exemple,
ou des gens qui travaillent pour des grosses compagnies ou qui ont des postes
de cadre, eux, pourraient le faire sans être
pénalisés,,
La directive gouvernementale vise justement à protéger les
travailleurs contre la perte de salaire, mais il doit y avoir preuve que le
salaire a été perdu. Ce n'est pas automatique. Il faut que le
membre du conseil d'administration pénalisé fasse la preuve qu'en
venant assister à la séance du conseil d'administration, son
employeur lui retire effectivement son salaire pour la période de temps
non travaillée. Dans ces cas-là, la directive permet que le
membre soit rémunéré pour les heures de salaire perdues.
Je pense que c'est tout à fait raisonnable et cela va dans le sens de
protéger les intérêts du petit travailleur.
Pour ce qui est des dépenses, c'est la clause normale des
dépenses qui sont faites dans l'exercice des fonctions. Exemple: les
frais de voyage. Si on nomme, par exemple, comme membre du conseil
d'administration un individu de Jonqulère ou du Saguenay, du
Lac-Saint-Jean, il est normal que si cet individu doit se déplacer pour
venir à une assemblée du conseil d'administration à
Québec on lui rembourse ses frais de déplacements ses frais de
séjour. C'est de cela dont il s'agit ici quand on parle des
dépenses effectuées dans l'exercice des fonctions.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je me souviens de la première discussion qu'on
a eue concernant les jetons de présence. C'est évident que cela a
été à la commission de l'aménagement et des
équipements qu'il y a eu la première discussion sur les jetons de
présence et concernant les conseils d'administration. À ce
moment-là, à entendre parler le ministre devant nous, le monde
faisait la queue et attendait pour s'inscrire à des conseils
d'administration. Tout le monde voulait être dans un conseil
d'administration. J'ai essayé de lui rappeler qu'il y avait des
problèmes qui pouvaient surgir. Il en a tenu compte, mais il ne l'a pas
dit par exemple. Quand on a fait la discussion, c'était parfait. Tout le
monde attendait. Tout le monde était prêt à se garocher
parce qu'on avait un nouveau Parlement. Grand bénévolat! On a
décelé, par exemple, dans ce grand bénévolat, qu'il
y a peut-être des gens qui avaient quelques intérêts autour
de cela.
Encore là, ce n'est pas aussi transparent qu'on voudrait bien le
dire. Avant, quelle était la coutume, la pratique établie? Les
gens qui allaient siéger à des conseils d'administration avaient
des jetons de présence fixes. Donc, il n'y avait pas de discrimination.
La personne savait qu'au départ il n'y avait pas de remboursement de
salaire. Il y avait un montant de dépenses fixe. Si c'était 200 $
par jour, c'était 200 $ par jour. Mais je pense que dans ce
temps-là, c'était 100 $ par jour si je me rappelle bien.
C'était connu, c'était au vu et au su de tout le monde. Il n'y
avait pas de petits administrateurs, pas de moyens administrateurs. Tous les
gens qui acceptaient de siéger à un conseil d'administration
recevaient un montant fixe. Tout le monde le savait.
Le danger de la discrimination dans cela, c'est que c'est vrai que
quelqu'un va venir et celui qui a le gros salaire va aller chercher plus. C'est
peut-être justice que de le payer, sauf que la mère de famille ou
la personne qui peut avoir aussi des choses à dire et qui peut rendre de
grands services à la société, pour elle, c'est zéro
cenne. Ou elle va dire: Écoutez un peu, j'ai fait garder mon enfant;
pourriez-vous me donner 10,00 $ pour ma journée? Moi, je ne suis pas
trop trop fervent de cela. On donne des façons aux gens d'essayer de
trouver des méthodes pour contourner afin d'arriver aux mêmes
fins. (21 h 45)
II peut arriver, aussi, que les gens qui siège à un
conseil d'administration aient d'autres intérêts. On dit: Nous
faisons cela bénévolement. Mais on peut se donner des contrats
par cela, les gens peuvent trouver des méthodes pour se faire payer. On
a vu
des gens former une compagnie dans laquelle l'individu n'est pas
rémunéré, mais la compagnie a de beaux contrats. Je ne
suis pas jaloux de ces gens, je dis seulement: Pourquoi ne pas revenir à
un système où tout le monde se comprenait? Tout le monde savait
à quoi s'en tenir. Il me semble que c'est clair. Le ministre de
l'Éducation a dit non à l'absence de jetons de présence.
On ne peut pas vivre comme cela. Vous, vous ne le dites pas, vous le dites dans
la loi: On peut payer, selon les conditions et selon ce qu'ils demandent,
à peu près. Cela prend des preuves. C'est quoi, cette affaire?
Pourquoi exiger une démarche aussi complexe, vous qui voulez avoir des
démarches limpides, rapides, claires et sans embûche, où
tout le monde est au courant? Pas de "tatillonnage". C'est vous qui le dites,
ce n'est pas nous qui avons dit cela: C'est fini, le temps de faire des
règlements et des lois; on va faire cela très clair et on va
aller vite et vite.
Dans la question de la rémunération, je vous dis qu'encore
là vous n'avez pas fait la découverte du siècle. Vous
n'êtes pas encore, à la façon près, aussi
transparents que vous avez bien voulu nous le dire au printemps. Je me souviens
de cela, c'est-à-dire que c'était à l'automne
passé, cela a été dans les premières discussions
que nous avons eues où vous disiez que les gens à des conseils
d'administration, c'était fini... On allait épargner 7 000 000 $.
Je voudrais bien savoir si on a économisé quelque chose et
combien. Vous devez avoir quelqu'un qui calcule quelque part. Il doit y avoir
une règle, quelque part, pour additionner cela, combien cela a
épargné d'argent. Mais comme les gens sont tellement
généreux, personne ne doit réclamer cela. On doit
être prêt à dépenser et à perdre son salaire
parce que, pour rendre service à un gouvernement qui était aussi
malpris et aussi endetté, il faut absolument qu'il y ait des gens qui se
sacrifient en donnant de leur temps pour faire avancer ce projet de
société qu'on a et couper à peu près tout le monde,
en donnant de la misère aux plus faibles et aux plus démunis.
C'est cela qu'on vit.
Je dis: Reconnaissons donc que la première décision qui a
été prise, c'était de la poudre aux yeux. C'était
une façon de dire aux gens: Vous savez, cela a changé quelque
part, au cours des années. Peut-être que c'est cela, faire de
l'administration et apprendre à faire de l'administration. C'est
peut-être refaire ses classes, faire ses devoirs lentement et cheminer
tranquillement pour arriver à des conclusions, avec le temps, qu'on est
revenu comme avant parce que c'était la bonne décision.
C'était une bonne méthode. Tout le monde le savait, quand
quelqu'un allait siéger à un conseil d'administration, on savait
que cela donnait tant. S'il siégeait une journée, ou deux
demi-journées, cela donnait tant. C'était fini.
Personne ne se sentait fautif et personne ne se demandait: Moi, est-ce
que je vais demander mon salaire ou non ou est-ce que je vais demander la
permission? C'est gênant. Avez-vous pensé qu'à un conseil
d'administration il peut y avoir un gros et un petit, un gars que la compagnie
paie et un autre que la compagnie ne paie pas. Là, ces gens sont
obligés de dire: Vous savez, on est obligé de donner une preuve
comme quoi on perd son argent. Je suis obligé de trouver cela. L'autre
dit: Non, non, ne prouve pas cela, il y a d'autres façons de se faire
récompenser et de se faire payer. Il y a toutes sortes de
façons.
Cela n'est pas si vrai que cela que les gens courent les postes tant que
cela, surtout les non-rémunérés. Il ne faut pas se faire
d'illusions. Quand cela court trop fort, il faudrait se poser des questions sur
leurs intentions. Ce n'est pas vrai que tout le monde est si
généreux que cela. D'ailleurs, je n'accepte pas cela parce que ce
n'est pas correct. J'ai été le premier a faire la discussion sur
les jetons de présence parce que je trouvais et je trouve encore que
c'est de la poudre aux yeux qu'on a donnée au monde en disant: Nous
avons changé notre façon d'administrer, cela va aller beaucoup
mieux comme cela. On n'économise rien, les montants d'argent qu'on
épargne, on est en train de les reprendre d'une autre façon.
C'est difficile à contrôler. C'est difficile de savoir ce que cela
a coûté. J'aimerais savoir, si possible, combien cela a
économisé parmi tous ces programmes, peut-être pas pour la
première année. Pour la première année on part
toujours avec... Il1 y a beaucoup d'éléments, c'est
peut-être positif. Avec le temps, au bout d'un an ou deux... Cela ne fait
pas un an qu'on a adopté une politique. Cela commence déjà
à - être attaqué fortement et il y en a qui n'ont jamais
voulu se plier. Il y a des ministres qui ont vu clair dans cela. Ils ont dit:
Cela ne marche pas comme cela, ce n'est pas de même. Les gens, on doit
les payer. Il y a même des ministres qui ont fait augmenter des gens et
ils ont dit: Cela n'a pas de bon sens. Ils travaillent pour rien, ces gens. On
a vu cette petite loi spéciale il n'y a pas tellement longtemps, avant
l'ajournement des fêtes, pour payer plus cher dans l'Éducation. On
a été obligé de payer plus cher. Ils trouvaient que cela
n'avait pas de bon sens et que les gens n'avaient pas le droit de donner leur
temps comme cela. Vous comprendrez de quelle façon nous faisons la
représentation. Effectivement, ce qui nous a été dit au
printemps, ce n'est plus vrai. Comme il y a des choses qui nous ont
été dites depuis le début de la commission qui ne seront
plus vraies dans six mots ou dans un an, probablement, ou elles seront
tellement vraies que ce qu'on a dit se produira et cela causera des
désenchantements où des gens s'opposeront et n'accepteront
pas les positions qui ont été prises.
En ce qui concerne les jetons de présence, quant à moi, je
n'y trouve rien de scandaleux au même titre que, lorsqu'on
délègue quelqu'un, on n'envoie pas quêter des gens qui se
comportent en riches; on n'envoie pas un quêteux en cadillac, cela ne
marche pas. On leur dit exactement ce qui en est et on dit aux gens qui veulent
travailler pour la société d'habitation que ce n'est pas une
corporation pauvre; elle n'a pas d'argent, mais elle n'est pas pauvre. On passe
à côté des lois générales pour leur donner
des pouvoirs. Elle devrait avoir le moyen de rémunérer au moins
son conseil d'administration. Je trouve que ce serait juste et raisonnable, je
ne trouverais pas cela déraisonnable qu'elle le paie, mais qu'elle le
dise clairement: C'est comme cela que ça va se passer pour la
société d'habitation. Comme Hydro-Québec, ce n'est pas une
société pauvre, Cambior n'est pas une société
pauvre non plus. On peut amener comme cela beaucoup d'éléments
pour dire qu'il est évident que... Si c'était pour la
Saint-Vincent-de-Paul, je comprendrais mal, mais comme ce n'est pas le
gouvernement qui administre ces choses-là, il n'y a pas de jeton de
présence. Dans un cas comme cela, cela ne m'aurait pas
scandalisé, j'aurais trouvé que le ministre revenait à des
justes proportions, à une juste réalité, la vraie
réalité.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Y a-t-il d'autres commentaires?
M. Paré: J'aurais un amendement, M. le Président.
L'amendement...
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des commentaires
sur la recevabilité?
M. Dufour: Non, il n'y en a pas.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est recevable.
M. le député de Shefford.
Motion d'amendement proposant que le
gouvernement fixe les traitements,
honoraires, allocations et indemnités
des membres du conseil d'administration
M. Roger Paré
M. Paré: L'amendement est finalement que le nouvel article
7 de la Loi sur la Société d'habitation du Québec, tel que
proposé par l'article 5 du projet de loi 137, Loi modifiant la Loi sur '
la Société d'habitation du Québec, soit remplacé
par le texte suivant: "Le gouvernement fixe les traitements, les honoraires ou
les allocations des membres du conseil d'administration ainsi que les
indemnités auxquelles ils ont droit." Vous me dites que c'est recevable,
M. le Président. J'écoutais le ministre tantôt expliquer...
Son premier commentaire, en lisant le début de l'article 7,
était: "Les membres du conseil d'administration ne sont pas
rémunérés - mais tout de suite après la virgule -
sauf dans les cas, aux conditions et dans la mesure que peut déterminer
le gouvernement." Là, il expliquait que c'était en fonction des
revenus des gens; donc, cela veut dire discrimination et administration plus
compliquée parce que ce n'est pas la même chose pour tout le
monde, si je comprends bien. Pourquoi ne se donne-t-on pas une façon
d'avoir une administration qui soit simplifiée par quelque chose de
déjà connu, déjà établi d'avance, une norme
standard, une norme acceptée et qu'on trouverait ici dans le projet de
loi? Et le contrôle sera aussi facilité.
On dit qu'on veut simplifier les choses, je suis d'accord avec cela, le
plus possible. Si tous et chacun sont différents et qu'on doit amener
des papiers... Je sais que vous êtes ministre, mais vous avez
été aussi député pendant quelques années.
Vous savez comment les reçus sont achalants et de prouver qu'on est
allé là et faire nos comptes de dépenses et tout cela. Si
on demande à des gens d'être à un conseil d'administration
d'une société comme la Société d'habitation du
Québec, à qui on donne plus de pouvoirs, qui est l'une de nos
sociétés d'État, qui est un fleuron, je pense, pour le
gouvernement québécois, je ne pense pas que les gens à qui
on demande de faire partie d'un conseil d'administration doivent être
obligés de ramasser un reçu d'essence, de prouver qu'ils sont
venus, d'amener un talon de chèque de paie pour montrer combien ils
qagnent. Je ne sais pas comment le contrôle va se faire, mais ce qu'on
vous demande, c'est moins d'administration, un contrôle simplifié.
L'article ne dit pas qu'ils ne sont pas payés, l'article dit: Ils ne le
sont pas sauf dans les cas... Cela veut dire qu'ils vont l'être. Mais, au
moins, qu'on le simplifie.
On disait tantôt qu'on n'est pas contre les jetons de
présence, on n'est pas contre -mon collègue de Jonquière
vient de l'exprimer - on est loin d'être contre ces gens-là, on
les embauche d'une certaine façon, on leur demande leurs services parce
que ce sont des gens compétents; donc, ils s'en viennent travailler pour
l'État, ils s'en viennent faire avancer des choses. Si on les nomme
là, c'est parce qu'ils sont compétents; donc, qu'on le
reconnaisse d'une façon ou d'une autre, mais qu'on reconnaisse aussi
qu'on n'a pas à leur amener des tracasseries administratives. Je ne
pense que cela fasse partie des obligations ou n'es
contraintes qu'on doit leur imposer. Ce qu'on veut, c'est leur
idée, leurs points de vue sur des choses qu'on leur soumet en conseil
d'administration.
Je dois dire que je ne trouve pas correcte l'explication que donnait M.
le ministre tantôt, parce qu'on va faire des classes pour la même
fonction. Les gens à qui on demande d'avoir le même rôle, si
on les a choisis, peu importe le milieu d'où ils viennent, c'est qu'ils
sont compétents. Ce sont des gens qui ont la capacité,
l'expérience et les connaissances pour être capables de prendre
des décisions, donner des conseils, fixer des orientations. Donc, ce
sont des gens d'égale valeur, je suppose, si on les prend pour
être au même conseil d'administration, peut-être avec des
expériences variées ou différentes et des connaissances
différentes.
On a tous des expériences différentes et des acquis aussi
qui ne sont pas nécessairement semblables. Mais, pour un même
conseil d'administration, ce sont des gens qui ont la capacité et la
valeur d'être reconnus de façon égalitaire, à mon
avis. On ne peut pas dire à quelqu'un qui va être assis
près d'un autre: Toi, tu vas être payé 400 $ et l'autre
à côté, parce qu'il a peut-être un emploi moins
payant - c'est peut-être quelqu'un qui travaille pour un organisme
bénévole ou d'un GRT où ils sont moins payés ou
tout autre groupe - et on va lui dire: Tu vas être payé 50 $, 75
$, 100 $ ou 200 $, pas la même chose que l'autre à
côté qui va passer les mêmes heures, faire le même
déplacement pour discuter d'un même sujet.
Je pense que, là-dessus, ce ne sont pas des classes
différentes pour un conseil d'administration qu'on demande. Ce sont des
gens de même classe en ce qui concerne ce qu'ils vont faire, puisqu'ils
vont avoir à faire les mêmes tâches, la même fonction,
prendre les mêmes décisions et participer aux mêmes
discussions. Donc, le fait qu'on les unisse pour prendre des décisions
ne doit pas faire en sorte qu'on les divise en matière de
rémunération, à mon avis. Ce qu'on propose là, ce
n'est pas non plus quelque chose de nouveau. C'est une clause qui est
classique, qu'on pourrait retrouver dans d'autres sociétés. Entre
autres, on la retrouve dans la Loi sur Hydro-Québec.
Mon collègue de Jonquière disait tantôt qu'on va
avoir dans l'habitation le pendant de ce qu'on a dans l'énergie, la
Société d'habitation du Québec et Hydro-Québec; si
op reconnaît que c'est important comme société, qu'ils ont
un rôle important à jouer, qu'on reconnaisse au moins pour les
administrateurs une clause qui soit similaire.
Donc, on ne demande rien de nouveau. C'est quelque chose d'acquis dans
des sociétés qui ont fait leurs preuves. On retrouve la
même chose - vous allez me dire que j'ai pris une très grosse
société pour comparer; c'est "La Société" avec un
grand "L" et un grand "S" - en prenant HydroQuébec. Mais on pourrait
aller voir aussi la Loi sur les musées nationaux. C'est plus petit.
C'est dans un autre secteur, mais on a jugé que cela valait la peine
quand même de reconnaître cet article au chapitre de la
rémunération des gens du conseil d'administration.
Qu'on aille donc clairement, qu'on soit transparent, qu'on simplifie. Ce
qu'on vous demande là, c'est un article, finalement. C'est un texte tout
à fait classique qu'on utilise ailleurs. Je vous ai donné des
exemples. Donc, au lieu d'être un article qui porte à confusion,
qui permet d'être critiqué et qui fait en sorte que ce sera
peut-être oui, peut-être non, égalitaire, si ce n'est pas
égalitaire, je ne suis pas sûr que c'est justice pour ce qui est
des mêmes gens qui sont assis à la même table, parce que
même s'ils n'ont pas le même salaire pour leur emploi
régulier on leur demande d'accomplir la même fonction.
Donc, il y a une question de justice et d'équité
là-dedans. En plus, si les gens ont la même chose, on pourra
critiquer, parce que, là, on ne tient pas compte de normes que le
ministre nous a expliquées tantôt. Cela, c'est s'ils ne l'ont pas
et s'ils l'ont, cela porte toujours à critique, un article comme cela,
qui permet au gouvernement de décider en disant qu'on ne paie pas et on
paie. C'est ce que nous disait le ministre tantôt.
Il y a une foule d'organismes comme cela. Donc, ce qu'on vous demande,
c'est d'appliquer à la Société d'habitation du
Québec ce qu'on applique déjà à la Caisse de
dépôt, ce qu'on applique à Hydro-Québec, ce qu'on
applique à la Loi sur les musées nationaux, à d'autres
organismes du même gouvernement. Si on reconnaît cela pour les
autres, je pense qu'on devrait le reconnaître aussi pour la
Société d'habitation du Québec.
Je pense, M. le ministre, que vous devriez accepter cela. C'est normal
que le gouvernement fixe les traitements, les honoraires, les allocations des
membres du conseil d'administration de même que les indemnités
auxquelles ils ont droit. Nous, on pense que c'est une façon plus juste,
plus égalitaire de reconnaître le travail des qens du conseil
d'administration. C'est moins discrétionnaire, c'est moins caché,
c'est moins compliqué tant sur le plan administratif que sur le plan de
la compréhension pour l'ensemble de la population.
Je ne sais pas si vous avez des commentaires, M. le ministre, mais
j'aimerais, comme il ne nous reste qu'une minute, avant de terminer, que vous
nous disiez que vous avez au moins accepté un amendement dans ceux qui
ont été proposés ce soir alors que, comme je viens de
vous
l'expliquer, il n'apporte rien de nouveau et il met la
Société d'habitation du Québec, quant à cet
article, sur un pied d'égalité avec d'autres
sociétés qui sont aussi des fleurons des sociétés
d'État québécoises.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais bien faire
plaisir au député de Shefford, mais il me passe des commandes
impossibles. Là décision de ne pas payer des jetons de
présence est une décision du Conseil des ministres et ce n'est
certainement pas le ministre des Affaires municipales responsable de
l'Habitation qui peut aller à l'encontre de cette directive
gouvernementale.
Je dirais simplement que la proposition qui est devant nous et qui vise
à faire en sorte que les membres du conseil d'administration soient
payés, qu'on leur paie des jetons de présence, part d'une
philosophie qui n'est pas celle que véhicule présentement le
gouvernement du Québec. Nous pensons qu'il existe dans la
société des gens qui sont parfaitement qualifiés et qui
acceptent de servir bénévolement la collectivité à
des conseils d'administration de façon à faire profiter la
société de leur expérience à titre
bénévole. Nous avons procédé jusqu'à ce jour
à quelques nominations et nous n'avons pas eu de difficulté
à trouver des gens compétents pour ce faire.
Le député trouve, quant à lui, qu'on devrait les
rémunérer. C'est une conception qui est différente de
celle que nous avons. Je ne la partage pas. Je pense que le
bénévolat existe encore, dans la société et qu'il y
a moyen de trouver des gens qui accepteront de faire ce travail.
Maintenant, je ne peux pas convertir le député à
cette cause. Si le député pense que cela n'existe pas dans la
société, des gens qui sont disposés à rendre ce
service à la collectivité, forcément je ne peux pas l'en
convaincre, sauf que je pense que c'est possible, on le fait, on trouve des
gens. Je pense que la décision gouvernementale, je ne peux rien faire
pour la changer, ce n'est pas la décision du ministre, c'est la
décision du gouvernement. Même si je disais oui au
député aujourd'hui, j'irais à l'encontre de la
décision du Conseil des ministres.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Étant arrivé à 22 heures, à moins d'un consentement
unanime... J'ai besoin d'un consentement pour...
M. Paré: On continuera demain matin. Le
Président (M. Saint-Roch): N'ayant pas de consentement, la
commission va suspendre maintenant ses travaux jusqu'à 10 heures demain.
J'attire l'attention des membres de la commission sur le fait que nous nous
réunirons ici, dans la même salle.
(Suspension de la séance à 22 h 4)