Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M, Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend maintenant ses travaux
pour poursuivre sa consultation particulière sur Pavant-projet de loi
sur les perspectives. Est-ce que nous avons des remplaçants, ce matin,
M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Harel
(Maisonneuve) sera remplacée par M. Paré (Shefford); M. Rochefort
(Gouin) sera remplacé par M. Garon (Lévis); M. Vaillancourt
(Orford) sera remplacé par M. Assad (Papineau); M. Valiières
(Richmond) sera remplacé par M. Cusano (Viau).
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
secrétaire. Je demanderais maintenant au Regroupement pour un
Québec vert de prendre place. Ceci étant fait, je demanderais au
porte-parole de s'identifier et aussi d'identifier, pour l'information des
membres de la commission et du Journal des débats, les gens qui
l'accompagnent.
Regroupement pour un Québec vert
M. L'Italien (Gérald): Merci, M. le Président. Le
Regroupement pour un Québec vert a accepté de participer à
la commission. Tout notre monde est là ce matin. À ma gauche,
Michel Lauzon biolobiste, qui a travaillé au mémoire. À ma
droite, MM. Pierre Auger et Jacques Normandeau.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. L'Italien.
À partir de ce moment-ci, vous avez un maximum de vingt minutes pour
présenter votre mémoire.
M. L'Italien: C'est très bref, d'ailleurs. Je dois dire
que l'on préférerait privilégier les échanges
plutôt que la didactique.
Le Regroupement pour un Québec vert a accepté de bon
gré de se prêter à cet exercice de consultation que
représente cette commission parlementaire. Nous acceptons volontiers de
participer è cette séance parce que nous sommes convaincus du
discours que nous tenons. D'autre part, nous souhaitons vivement que notre
mémoire soit sérieusement pris en considération, d'autant
plus que notre intérêt ici, ceci dit sans prétention, vise
le patrimoine biophysique que nous léguerons à nos enfants.
Vous n'êtes pas sans savoir, M. le ministre, que| la science dite
officielle a souvent plus de réponses toutes faites et hautement
toxiques aux problèmes créés par les ravageurs) qu'une
réflexion ouverte et sage et une prévention toute minimale.
Nous sommes convaincus que votre projet de loi jest nourri de bonnes
intentions, même s'il constitue tout juste un projet. C'est, justement,
notre intention de vous souligner que vous devrez fortement bonifier ce projet
de loi, sinon il est inutile d'ajouter à la confusion que nous vivons
depuis trop longtemps. S'il faut patienter encore quelque temps pour avoir une
véritable politique de gestion des pesticides, nous croyons que cela est
préférable au rapiéçage et aux cas particuliers qui
font que, encore une fois, les gros consommateurs, tels les agriculteurs, le
ministère des| Transports, Hydro-Québec et le ministère de
l'Énerqie et des Ressources sont exclus du présent projet de
loi.
L'usage immodéré et abusif des pesticides doit non
seulement être sérieusement encadré dans une loi, mais
aussi fortement réglementé afin d'en décourager l'usage
à tout propos. Il faut des politiques de prévention et
d'éducation populaire, seules garantes d'un environnement sain et mieux
équilibré.
Trop longtemps, on a négligé les séquelles d'une
spécialisation de la production vivrière, par exemple, enencourageant la monoculture qui exclut, évidemment, la rotation des
cultures. Trop longtemps, on a ignoré que la monoculture engendre le
cycle infernal prédàteur-répresseur-intoxication pour que
vous ne teniez pas compte de cet élément écologique
fondamental. La future loi sur l'usage des pesticides doit inclure les usages
industriels qui se font et se feront en agriculture et en foresterie, pour ne
citer que ces deux secteurs.
Nous sommes conscients et au fait qu'un sérieux lobby
intéressé et mercantile tentera de vous convaincre qu'il vous
faut vous en remettre au plus voyant des utilisateurs (de pesticides,
c'est-a-dire M. Tout-le-Monde et sa pelouse. S'il faut intervenir dans la
vente, nous aimerions savoir s'il y aura intervention auprès des
fabricants, jces valeureux champions de l'arrosage. Votre projet de loi est
venu susciter des espoirs et des débats, et nous souhaitons ne pas
être déçus.
Sans plus tarder, je laisse la parole à
Michel Lauzon qui va présenter l'autre partie du mémoire.
Je souligne tout de suite que le chapitre II, en page 9, a été
remanié depuis le dépôt du mémoire. La version
finale parviendra au ministère d'ici quelques jours.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Lauzon.
M. Lauzon (Michel): M. le Président, membres de la
commission, je vais résumer les principaux éléments du
chapitre I du document qu'on a déposé. L'utilisation massive de
pesticides dans les écosystèmes agricoles, forestiers et urbains
inquiète sérieusement notre corporation, d'autant plus qu'on ne
cesse de découvrir les répercussions négatives qu'elle
engendre sur les diverses composantes de notre environnement, ainsi que sur la
santé de la population et des travailleurs.
Nous sommes d'avis qu'une loi portant sur les pesticides devrait avoir
comme prémisse la réduction de leur utilisation et devrait
contenir des dispositions relatives è l'atteinte de cet objectif. Les
problèmes liés à la santé humaine et à
l'environnement à la suite de l'utilisation des pesticides sont, de par
les motifs et la nature des interventions proposées par le
ministère de l'Environnement du Québec, suffisamment
sérieux pour que soient légiférées leur vente et
leur utilisation. Déjà huit provinces canadiennes sur dix ont agi
en ce sens et nous nous réjouissons qu'enfin le Québec se dote,
lui aussi, d'une loi en matière de pesticides.
Des connaissances scientifiques abondantes, mais incomplètes et
des pratiques hasardeuses paraissant être les causes fondamentales des
problèmes reliés à l'utilisation des pesticides inciteront
le ministère à proposer deux avenues de solution, soit la
recherche et le développement, ainsi que l'éducation.
En ce qui concerne les connaissances scientifiques incomplètes,
la courte histoire des pesticides nous démontre qu'à l'usage, au
fil du temps, après suffisamment d'études, la nocivité
d'un pesticide est mise à jour, nocivité qui, couplée
à de plus grandes exigences quant è la protection de notre
environnement, force les fabricants de pesticides à les retirer et
à en proposer de nouveaux dont l'innocuité ne semble pas remise
en cause, puisque les études sont incomplètes.
Le manque de connaissance est plutôt au niveau des
écosystèmes, des agents naturels de contrôle, de
l'aménagement ou de l'exploitation des ressources biologiques, de la
spécificité et de la rémanence des pesticides. Afin de
contrer des pertes économiques, le MENVIQ devrait privilégier le
recours à des moyens physiques et biologiques de prévention et
encourager les recherches qui permettent les méthodes, systèmes
ou stratégies de lutte biologique, selon les principes directeurs
énoncés dans le document d'appui à la
préconsultation, mais qu'on ne retrouve pas dans l'avant-projet de
loi.
Quant aux pratiques hasardeuses d'utilisation comme causes fondamentales
des problèmes reliés à l'utilisation des pesticides, nous
sommes d'avis qu'un maximum d'information doit être donnée aux
détaillants et aux utilisateurs afin que, lorsqu'elle est vraiment
nécessaire, l'utilisation des pesticides se fasse dans les conditions
les plus sécuritaires.
De plus, nous considérons qu'une campagne périodique de
sensibilisation de la population aux danqers de l'utilisation des pesticides
devrait être effectuée par l'intermédiaire des
médias. L'émission d'un certificat et de permis aux vendeurs et
aux utilisateurs ne réglera pas de façon satisfaisante les
problèmes de contamination de l'air, de l'eau, du sol et des organismes
vivants engendrés par l'emploi des pesticides.
D'autre part, l'article 5 du projet de loi, qui soustrait à
l'application de la loi les secteurs agricoles et forestiers, rend la loi
inopérante puisque plus de 85 % de l'utilisation des pesticides au
Québec se retrouvent dans ces secteurs d'intervention. Le gouvernement
doit donc inclure ces secteurs dans le contrôle des pesticides, sans quoi
le projet de loi n'aura été conçu que pour les
paysagistes, les pépiniéristes et les exterminateurs, ce qui est
nettement insuffisant.
Pourtant, un sondage réalisé par COGEM en 1981 indiquait
que près de la moitié des agriculteurs désirait recevoir
des informations supplémentaires sur les pesticides en
général et, plus spécialement, sur les avantages et les
désavantages des différents produits, ainsi que sur leur
utilisation pour chaque type de culture.
Nous sommes aussi d'avis que la vente des pesticides pour usage
domestique ne devrait être effectuée que par des
détaillants qui disposent d'une formation adéquate. De plus, ces
substances ne devraient jamais être disponibles dans les magasins
d'alimentation.
En ce qui a trait à la responsabilisation des intervenants, il
semble intéressant que ceux-ci soient partenaires dans
l'élaboration de "codes de pratiques professionnelles", mais il ne
faudrait pas que le gouvernement se dégage de ses responsabilités
au profit du secteur privé.
Si l'approche légale correspond à un échec, comme
on le dit dans le document d'appui à la préconsultation, c'est
que la loi n'est pas appliquée et/ou que les règlements sont
inopérants, ou les deux à la foix. Le gouvernement doit fixer un
cadre rigide quant à l'éthique professionnelle en matière
de pesticides.
De plus, le MENVIQ devrait lui-même
accréditer les programmes et cours de formation puisqu'il dispose
des éléments faisant office de contenu, tout comme le fait le
ministère de l'Énergie et des Ressources, par exemple.
Je laisse la parole à M. Normandeau pour le deuxième
chapitre.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Normandeau.
M. Normandeau (Jacques): M. le Président, MM. les membres
de la commission, à ce moment-ci, nous voudrions formuler quelques
commentaires et recommandations sur certains articles. Évidemment, on ne
passera pas les 102 articles en 20 minutes.
En concordance avec ce qui a été exposé
précédemment, concernant l'article 2, nous voudrions que cet
article soit rédigé de la façon suivante: "Le
présent projet de loi a pour objet de réduire l'usage des
pesticides afin de protéger les espèces vivantes, dont
l'être humain, de prévenir la détérioration de
l'environnement et de protéger la propriété et ce, en
atteignant un état d'utilisation minimale des pesticides dans les dix
années suivant la mise en application de la présente loi."
De plus, considérant que la toi devrait s'appliquer sans
discrimination, nous demandons que l'article 5 soit abrogé, car il
pourrait rendre caducs les articles 95, 96 et 101. À ce sujet, sur les
terrains de grande fertilité en foresterie, l'entretien devient une
activité indispensable, car la concurrence de la
végétation est beaucoup plus forte. Si aucune politique
rationnelle d'utilisation de produits chimiques homologués
n'était adoptée, le programme actuel de
régénération de la forêt du ministère de
l'Energie et des Ressources pourrait être remis en cause. Si l'on regarde
les prévisions en termes de plantation, de reboisement, etc. au fil des
années, on se rend compte que la superficie traitée suit une
courbe exponentielle et non pas une belle courbe linéaire. Donc, en
excluant, évidemment, le ministère de l'Énergie et des
Ressources, ainsi que la foresterie, d'ailleurs, du projet de loi, on se prive
d'un champ d'application extrêmement important.
À l'article 7, conséquemment à l'article 2, dans
une pespective de recherche de contrôle des pertes économiques,
nous voudrions proposer l'ajout de l'alinéa suivant, concernant les
pouvoirs du ministre responsable de l'application de la toi: "Le ministre doit
exécuter ou faire exécuter des recherches pouvant conduire
à l'élaboration de modes alternatifs de contrôle des
populations animales et végétales excluant l'emploi de
pesticides."
Concernant l'article 15, nous considérons aussi que la loi doit
être appliquée sans discrimination. En conséquence de quoi
les municipalités devraient aussi être soumises au second
alinéa.
En ce qui a trait aux articles 15, 21, 30 et 39, les dispositions de ces
articles permettent à une personne physique ne détenant pas de
certificat, mais agissant sous la responsabilité directe d'une personne
qui, elle, détient un certificat, d'effectuer des opérations
reliées à l'utilisation de pesticides, à la
récolté et la communication des renseignements reliés
à l'utilisation des pesticides. Nous estimons que ces dispositions
affaiblissent qrandement les possibilités de contrôle. Seuls les
détenteurs de certificats devraient être habilités à
effectuer ces opérations et de plus, ils devraient assumer la
responsabilité des dommages causés par leurs activités. Il
serait difficile pour le gérant d'un magasin à grande surface ou
d'une quincaillerie à grande surface, seul détenteur d'un
certificat, de pouvoir effectivement contrôler les activités de
tous les employés de cet endroit. Nous considérons aussi que les
données minimales devant être transmises au ministère de
l'Environnement du Québec devraient être définies dans la
loi et non dans d'éventuels règlements.
Concernant l'article 34, le renouvellement de Ia certification ne
devrait être effectué que lorsque le demandeur aura subi avec
succès un examen de contrôle. De plus, nous considérons que
la vente et l'utilisation d'un pesticide devraient être interdites
lorsque la dernière révision du certificat d'homologation date de
plus de quinze ans.
À l'article 53 - je vais seulement me permettre dej faire un bref
rappel - il est écrit que le ministre doit consulter le ministre des
Affaires municipales avant de procéder à la; délivrance de
toute ordonnance adressée à une municipalité. Les
municipalités étant avisées préalablement selon
l'article 50, nous considérons que l'article 53 doit être
abrogé. L'article 58 vise les droits d'appel lorsque des personnes sont
visées par une ordonnance; nous considérons que la
décision en cette matière, à l'article 58, devrait
être finale, et sans appel et ce àfin de ne pas affaiblir la
position du ministre. Cet article doit être abrogé.
À l'article 74, on dit que le ministre a le droit de nommer des
inspecteurs, ce qui est une procédure normale dans un texte de loi;
cependant, nous savons que l'efficacité d'une loi est reliée
à sa structure, mais aussi à son application. Nous voulons avoir
l'assurance qu'effectivement des inspecteurs en quantité i suffisante
seront nommés afin que cette loi soit appliquée et efficace.
 l'article 88 qui vise la vente de matériel ayant fait
l'objet de saisie avec, évidemment, l'accord de l'inspecteur, il nous
apparaît évident que du matériel ayant fait
l'objet d'une saisie, donc, à risque, ne devrait pas être
remis en circulation. Notre compréhension de la formulation actuelle de
cet article nous entraîne è recommander son abrogation.
Enfin, à l'article 100, deuxième alinéa, qui vise
la classification des pesticides, si nous faisons référence au
document d'appui à cet avant-projet de loi, la classification des
pesticides devrait contenir des critères additionnels qui viendraient
s'ajouter à la dose létale 50. Parmi ceux-ci, nous estimons qu'il
faudrait, entre autres, considérer la rémanence des produits, de
même que certains effets chroniques de ces produits.
Enfin, concernant les dispositions pénales, soit les articles 102
à 108, puisque certains systèmes semblent déjà
être efficaces, nous pensons qu'ils pourraient aussi être
appliqués aux utilisateurs et aux vendeurs de pesticides. Donc, en ce
qui a trait aux dispositions pénales, nous estimons qu'un système
de pointage de démérite pouvant entraîner la
révocation du permis ou du certificat, en sus des amendes
imposées, serait un moyen incitatif et efficace. La suspension
temporaire ou permanente serait fonction de la gravité des offenses,
ainsi que de leur fréquence. Je passe la parole à M.
L'Italien.
M. L'Italien: Cela termine, grosso modo, le mémoire, si
l'on veut. Alors, on demeure disponible pour répondre aux questions des
membres de la commission.
Le Président (M.Saint-Roch); Merci, M. L'Italien.
M. Lincoln: M. le Président, je remercie M. L'Italien et
les collègues de son groupe d'avoir bien voulu nous faire parvenir un
mémoire qu'ils ont étoffé aujourd'hui par une
présentation complémentaire. Naturellement, en ce qui concerne
les suggestions spécifiques sur les articles du projet de loi, il est
impossible pour nous de les considérer en détail aujourd'hui,
parce qu'il faudrait voir le mot à mot. Certaines choses ont
déjà été suggérées par d'autres
intervenants. Mais c'est sûr que nous allons les étudier avec le
plus grand sérieux et que nous les examinerons avec la plus grande
attention.
Pour ce qui est des questions spécifiques, mon collègue,
adjoint parlementaire, avait des questions d'ordre général que
lui avait suggérées spécifiquement votre mémoire.
Dans le fil de la discussion, je reviendrai plus tard sur des questions
spécifiques. Merci.
Le Président (M. saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Pontiac.
M. MiddLemiss: Merci, M. le Président. M. L'Italien, dans
votre mémoire, vous indiquez que vous reconnaissez les bonnes intentions
du ministère de l'Environnement dans l'avant-projet, mais que,
toutefois, vous auriez préféré une véritable
politique de gestion des pesticides. Est-ce que vous pourriez expliquer ce que
serait cette politique, d'une façon sommaire? Vous pourriez probablement
prendre énormément de temps. Mais, pour vous, quelle serait une
véritable politique de gestion des pesticides? (10 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): M. L'Italien.
M. L'Italien: Je vais laisser Michel Lauzon répondre
à cette partie-là.
M. Lauzon: La démonstration qu'on a essayé de faire
ce matin était, justement, en vue d'énumérer les
éléments essentiels qui devraient constituer des priorités
à l'intérieur du projet de loi; le projet de loi devrait,
premièrement, stipuler une volonté du gouvernement du
Québec de diminuer l'utilisation des pesticides sur le territoire
québécois. Cela fait partie de la pierre angulaire que devrait
contenir la loi.
M. MiddleMiss: D'accord, mais maintenant...
M. Lauzon: À ce moment-là, si on diminue
l'utilisation des pesticides, il faut les remplacer par autre chose. C'est
là qu'on suggère des dispositions par rapport à la loi. Il
faudra faire intensément de la recherche sur des modes alternatifs
d'utilisation des pesticides. Il n'y a pas de solution miracle, mais il y a
déjà des expériences pilotes qui démontrent qu'on
peut fortement diminuer l'utilisation des pesticides et avoir le même
rendement, tant dans le domaine agricole que forestier.
M. L'Italien: En fait, c'est un constat d'impuissance de la part
du ministère devant l'état de fait que les pesticides sont
consommés sur une grande échelle; M. Lincoln le rappelait
avant-hier. On constate qu'on ne peut pas vivre sans les pesticides. C'est un
acquis philosophique de société qu'on trouve absolument aberrant.
C'est refuser d'avance ce que la recherche pourrait apporter comme mode
alternatif de gestion du capital territoire, du territoire biophysique, que de
s'avouer vaincu devant des problèmes causés par les
prédateurs ou d'autres pestes. C'est un aveu d'impuissance à
notre époque, en plus, où on souligne, entre autres, que le
Québec est considérablement en retard sur tout le Canada au plan
de la gestion des pesticides. Je pense qu'il faut arrêter de se
péter les bretelles en disant qu'on est en avance technologiquement et
se rendre compte qu'on marque des retards considérables à
d'autres
plans. Je pense qu'il ne faut pas nécessairement mettre les
bouchées doubles, mais il faut vraiment en tenir compte et y aller avec
des propositions beaucoup plus concrètes et beaucoup plus
musclées que ce que contient le projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: Je pense que tout le monde est d'accord que,
malheureusement, on est en retard. On dit souvent: Rien ne sert de courir, il
faut partir à temps. Là, on part. On a l'avant-projet de loi et
le projet de loi sera présenté avec des modifications à la
suite des consultations. Est-ce que le début n'est pas d'éduquer
les gens? Une fois que les gens seront éduqués à
l'utilisation et aux conséquences, une fois que les utilisateurs de
pesticides seront plus sensibilisés aux effets nuisibles, dans un
premier temps... Est-ce que l'éducation n'est pas la chose la plus
importante pour que, éventuellement, on atteigne le but de la
réduction des pesticides en trouvant des méthodes
alternatives?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
L'Italien.
M. L'Italien: Dans une première partie, je vous
répondrai que c'est drôle comme l'éducation n'est pas aussi
versée vers les fabricants, parce qu'on vend des pesticides à
pleine page. Si vous regardez l'hebdomadaire La Terre de chez nous,
chaque année ils ont un nouveau produit et ils sont prêts à
le vendre aux agriculteurs. Allez-vous éduquer ces gens aussi?
Allez-vous restreindre la publicité'' Si on restreint la
publicité pour les enfants à la télévision, est-ce
que vous allez restreindre la publicité à pleine page des gros
fabricants? Eux ont intérêt à vendre des pesticides. On le
mentionne d'ailleurs, on sait que ce lobby existe. Je laisserai la
deuxième partie de la réponse à Michel Lauzon.
M. Lauzon: Au Regroupement pour un Québec vert, on
considère que l'éducation de la population sur l'utilisation des
pesticides est très importante pour la sécurité.
Maintenant, est-ce la question la plus importante? Non. Même si on disait
aux gens qu'on ferait mieux de ne pas en utiliser, allez voir un agriculteur
demain matin et dites-lui: Vous n'utiliserez plus de pesticides, il va vous
demander: Qu'est-ce que vous proposez? Allez-vous me subventionner pour la
perte de récoltes que je vais subir?
Donc, à ce moment-là, le plus important, ce à quoi
il faut donner priorité, c'est è la découverte des
solutions de rechange en plus d'amener de l'éducation et de la
formation. Mais la formation n'amènera pas la recherche.
L'éducation n'amènera pas la recherche. Il faut proposer autre
chose que l'utilisation massive de pesticides. Cela devrait être le
premier objectif de la loi: réduire et, si on veut réduire,
qu'est-ce qu'on propose? Il faut faire de la recherche pour proposer autre
Ensuite il faut éduquer les gens. Il faut même
éduquer la population. Il faut aller plus loin que ce que stipulent le
texte de loi et le document d'appui. Je pense qu'il faut y aller avec les
médias, la télévision, par exemple, au printemps, au mois
de mai, lorsque les gens veulent commencer à mettre des engrais sur leur
pelouse, lorsqu'ils veulent commencer à tuer leurs pissenlits. Je pense
qu'il faut dire aux gens: Lisez les étiquettes. Faites attention. Mettez
des gants. Portez des lunettes protectrices.
Je crois que le ministère de l'Environnement devrait avoir des
annonces à la télévision pour prévenir le
consommateur des dangers d'utilisation.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Lauzon. M.
ledéputé de Nicolet.
M. Richard: Messieurs, aux pages 9 et 10 de votre mémoire,
on constate que vous suggérez que le ministre exécute ou fasse
exécuter des recherches pouvant conduire à l'élaboration,
de modes alternatifs de contrôle des populations végétales
ou animales, modes de contrôle excluant l'emploi des pesticides.
Pourtant, on sait que, au nombre des méthodes alternatives, il y a
certains pesticides d'origine biologique qui sont effectivement
recommandés. Ne croyez-vous pas qu'il serait peut-être plus
logique et plus raisonnable de faire des recherches poussées, mais
contrôlées, en ce qui a trait è certains pesticides?
Une voix: Je vais laisser Michel Lauzon répondre.
M. Lauzon: Vous êtes monsieur?
M. Richard: Maurice Richard, député de
Nicolet.
M. Lauzon: M. le Président, M. Richard,
indépendamment du nom qu'il porte, c'est-a-dire biologique, la
philosophie d'intervention de l'insecticide biologique n'a rien d'une lutte
biologique contre un ravageur. C'est la même philosophie d'intervention,
c'est-à-dire que, lorsqu'il y a problème, lorsqu'il y a
catastrophe appréhendée, on arrose sur une grande superficie avec
un produit biologique qui, très souvent, a des adjuvants à
l'intérieur: xylène ou autre produit, chitinase, qui augmentent
de beaucoup son spectre d'efficacité, c'est-è-dire que les
espèces non cibles, les espèces qui ne devraient pas être
atteintes par le produit ie sont à cause d'additifs chimiques. Le
rôle de ces additifs chimiques est de former des gouttelettes. Ce sont
des huiles, bien souvent. Pour que le produit soit bien
pulvérisé, on a des additifs du type xylène ou, pour
augmenter l'efficacité d'un produit biologique, on va ajouter des
chitinases. La chitine est l'env" est l'enzyme. Chitinase veut dire un enzyme
qui détruit les enveloppes des organismes. À ce moment-là,
votre produit, votre insecticide qui est dit biologique, au lieu de toucher une
espèce cible, touche à l'ensemble des composantes qu'il y a dans
l'environnement. Donc, vous nuisez au système de contrôle naturel
qui est en place dans le milieu tant agricole que forestier, avec les
prédateurs, les parasites qui, finalement, arrivent à
contrôler une épidémie.
Comme tel, un insecticide biologique peut être employé, en
dernier ressort, dans des cas exceptionnels. Mais je ne crois pas que la
recherche doive strictement s'en aller vers la fabrication de pesticides dits
biologiques. Je ne crois pas que ce soit la solution. À court terme,
c'est peut-être une solution. Mais ce n'est pas une solution stable
à long terme.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Lauzon. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. J'ai lu avec
beaucoup d'intérêt votre mémoire. Je vais essayer, en une
minute ou deux, de résumer ce que je pense de la pensée qui a
fait que vous avez écrit un mémoire de cette qualité.
J'ai l'impression que c'est ceci: Vous dites que, jusqu'à
aujourd'hui, le gouvernement du Québec, depuis sa fondation, depuis
Jacques Cartier - pour ne pas faire de partisanerie - a laissé
tranquillement mourir le monde et se détériorer les terres
nourricières ici. Vous dites: Maintenant, voici arrivé le moment
d'un projet de loi tant attendu, et que nous voulons bien rédigé
et bien fait. Selon votre analyse - vous me direz si j'ai raison ou tort -
plutôt que d'être là pour que cessent éventuellement
la destruction des sols et l'empoisonnement tranquille de la population qui y
habite, on arrive avec un projet de loi qui rend sécuritaires les
utilisateurs provocateurs de ces deux choses néfastes: la destruction du
monde et des terres. Est-ce dans cet esprit que vous voyez venir notre loi?
Est-ce bien dans cet esprit que votre mémoire a été
écrit et est-ce que je vous comprends bien?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
L'Italien.
M. L'Italien: J'aurais pu préciser au début qui
était membre du Regroupement pour un Québec vert; cela regroupe
pas mal de monde, d'organismes et de préoccupations. Du fait qu'on
constate qu'on est obligé, comme je le disais tantôt, d'utiliser
des pesticides, c'est que déjà la situation s'est
détériorée. Si cette situation s'est
détériorée, cela a été enclenché par
des mécanismes, par des comportements de production, par exemple. On
dit, depuis longtemps, en foresterie, qu'on prépare une nouvelle
épidémie de tordeuses des bourgeons de l'épinette parce
qu'on fait l'enrésinement des forêts. Les feuillus sont
coupés à blanc comme les résineux et il faut donc
reboiser; mais on reboise strictement selon les besoins de l'industrie. On
pourra récolter un petit sapin dans vingt ans et même chose pour
l'épinette, juste pour faire du papier. On n'a plus de bois d'oeuvre
ici. Même si on le cache, il n'y en a plus.
Nous disons que ces comportements de répresseurs face à la
nature, on n'essaie jamais de composer avec. M. le député disait
tantôt qu'il fallait chercher d'autres produits biologiques de lutte et
de contrôle. C'est peut-être une autre question qu'il faut se
poser: Comment se fait-il qu'on soit rendu avec un tel problème? Comment
se fait-il qu'on en soit rendu là? On s'est débattu sur le projet
de loi 150 pour essayer de vous convaincre que les méthodes
d'intervention en forêt devaient être modifiées; on ne rase
pas à blanc un territoire sans que cela ait un impact
considérable sur la nappe phréatique, avec tous les
problèmes qui s'ensuivent.
Quand on dit, par exemple, que les pluies acides causent le
dépérissement des érablières, ce n'est pas
seulement cela; d'autres chercheurs ont d'autres hypothèses encore.
Souvent, on a fait de la monoculture, on a enlevé les autres types
d'arbres des érablières. Quand on est rendu à la
monoculture, nécessairement, on engendre des problèmes. Quand les
biologistes qui ne sont pas du côté du pouvoir et des vendeurs de
produits chimiques parlent, on a toujours l'air de tomber des nues; pourtant,
ce sont des vérités éternelles. Cela a toujours l'air
d'être une découverte quand on se fait dire cela, mais du fait
qu'on soit rendu là, nous autres, on dit: II faut tenir un discours
parce que personne ne le tient; tout le monde a peur. Il n'y a jamais personne
qui risque de s'avancer, qui veut s'avancer; tout le monde est toujours
compartimenté pour n'être pas d'accord avec l'exercice et les
pratiques quotidiennes qui se font. Nous autres, on dit: Il faut le tenir, le
discours. C'est çai Michel Lauzon veut ajouter quelque chose.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Lauzon.
M. Lauzon: L'allocution que vous avez présentée
tantôt, globalement, je crois comprendre que c'est l'esprit qu'on voulait
traduire par notre mémoire, sauf qu'on s'est dit: S'il y a un projet de
loi, si enfin le gouvernement a décidé de légiférer
là-dessus, tant qu'à légiférer, il faut
légiférer le plus possible, le mieux possible. Il ne faut pas que
la loi soit une façon de cautionner l'utilisation des pesticides,
surtout pas. Il ne faut pas se donner bonne conscience parce qu'on fait de
l'éducation auprès des gens, qu'on leur donne un permis et un
certificat pour continuer, après cela, l'utilisation des pesticides. Au
lieu d'utiliser X tonnes, on va utiliser deux fois plus de pesticides dans
quinze ans.
Puisque le constat est fait à partir des trois premiers chapitres
du document de préconsultation, lorsqu'on lit cela, on se dit: Ouais, il
y a un problème grave avec les pesticides, il y en a d'autres avec les
pluies acides et d'autres encore avec les rejets d'égouts et la mauvaise
gestion de nos ressources naturelles. Entre autres, il y a un problème
avec les pesticides comme produits toxiques; ce sont des poisons qu'on
libère dans l'environnement. On le constate à tous les niveaux de
la chatne alimentaire; même chez l'espèce humaine, on se rend
compte qu'il y a des résidus de produits toxiques dans l'organisme.
Donc, on se dit: On veut légiférer, mais on veut
légiférer et non pas seulement cautionner l'utilisation et
l'emploi des pesticides; on veut réduire l'utilisation et l'emploi des
pesticides. (10 h 45)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Merci de votre réponse. Je pense que
j'étais dans la bonne orientation. J'ai compris votre mémoire, je
crois. Vous dites que vous semblez être un peu anxieux et craintif devant
l'éventuelle législation qu'on est en train de préparer.
Vous dites: "S'il faut patienter encore quelque temps pour avoir une
véritable politique." Autrement dit, vous aimeriez qu'on attende un peu
plus pour avoir une vraie loi. C'est ce que vous dites à la page 2,
d'après ce que je comprends. Mais il faut vous consoler. Hier, M. le
ministre a dit que cela prendrait bien du temps à cause des rapports et
des mémoires; cela pourrait prendre peut-être encore un an avant
que cela vienne. Je pense que vous allez être écoutés, il
l'a dit hier. J'ai confiance, moi aussi. J'ai peut-être plus confiance
que vous. Vous dites, en conclusion que vous avez pris votre
responsabilité et que vous espérez que le ministre prendra la
sienne. J'ai bien l'impression qu'il va vous répondre qu'il va la
prendre sa responsabilité et on l'espère tous, on est ici pour
cela.
Je reviens à la charge. ÀA la page 4, paragraphe 3, vous
dites: "Nous sommes d'avis qu'une loi portant sur les pesticides devrait avoir
comme prémisse la réduction de leur utilisation et devrait
contenir des dispositions relatives à l'atteinte de cet objectif."
Reconnaissez-vous, comme moi je le crois, que dans cet avant-projet de loi il
n'y a rien" pour réduire quantitativement l'utilisation rationnelle des
pesticides, pour qu'on en vienne éventuellement à presque pas
d'utilisation si possible? Il ne faut tout de même pas penser qu'on est
capable de bannir cela demain matin. Cela serait irréaliste. Mais je
trouve qu'il n'y a rien dans cette loi qui ferait que la quantité de
pesticide serait décroissante au fil des années, pour en arriver
à un plus grand respect des êtres humains, de l'environnement et
de la nature elle-même. C'est ce que je comprends que vous dites
là. Je vous demande si c'est cela que vous dites.
M. L'Italien: Oui, monsieur, c'est exactement cela. D'ailleurs,
on est un peu surpris de cet avant-projet de loi. Considérant -ce qu'on
nous a déjà dit et le retard qui est accumulé quand
même par rapport à la gestion des pesticides, on aurait
préféré quelque chose de beaucoup plus
étoffé que cela. Je connais le MENVIQ depuis longtemps, il a des
ressources et il s des qens capables de parler, des gens capables
d'écrire aussi, pas seulement des avocats, voyons donc! C'est sûr
qu'il faut vraiment une politique de prévention et une politique de
réduction de l'usage des pesticides. C'est un pis-aller, un pesticide;
c'est sûr, cela. Mais il faut vraiment le dire que c'est un pis-aller. Il
faut vraiment le dire et insister là-dessus. À partir du moment
où on a constaté cela, on prend les moyens pour que cela diminue
et pour aller justement vers l'utilisation zéro.
M. Blais: Personnellement, je vais vous poser une question, je
pense que cela va être ma dernière! Le député de
Dubuc en aurait a vous poser. Ce n'est pas moi qui peux répondre aux
questions que vous posez dans ce mémoire! Je peux faire des pressions,
je suis dans l'opposition et je vais les faire avec plaisir, pour que dans
cette loi arrive un contrôle quantitatif des pesticides. L'Opposition va
faire ces pressions et je vous demande, en terminant, de continuer à les
faire. J'espère que vous avez d'autres moyens que cette commission parce
que, d'ici à ce que le projet de loi ne soit adopté,
j'espère quej vous ferez des pressions pour que, quantitativement, cette
loi trouve des solutions. J'espère que vous avez d'autres moyens.
M. L'Italien: Ce n'est pas seulement la quantité qui est
en question, on l'a mentionné. Il y a les ministères qui
utilisent
et recommandent souvent l'utilisation des pesticides. Quand les
agronomes arrivent à tour de bras et qu'ils recommandent tant d'engrais
chimiques et des pesticides et que c'est la même chose pour les
ingénieurs forestiers, il y a de l'éducation à faire
è l'intérieur même des ministères. Il y a des gens
qui sont allés trop à l'école, il faut qu'ils y
retournent, parce qu'ils ont complètement perdu les pédales. La
monoculture, ce n'est pas bon. C'est connu que la monoculture, ce n'est pas
bon.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Une question, je m'excuse, et c'est une classique que
je pose à ceux qui viennent. Est-ce que vous, comme certains groupes,
vous seriez d'accord pour qu'il y ait une taxe sur les pesticides pour faire de
l'éducation, de la prévention et de la recherche pour
éliminer les pesticides?
M. L'Italien: Si on surtaxe les cigarettes, on doit surtaxer ceux
qui les consomment et ceux qui consomment les pesticides. On a
déjà discuté de cela en comité et cela serait le
minimum que le ministre réussisse à avoir, une taxe sur l'usage
des pesticides.
M. Blais: Merci beaucoup. Je passe à mon confrère,
M. le député de Dubuc.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Avant-hier, les
représentants du Mouvement pour l'agriculture biologique nous disaient
qu'ils ne prévoyaient pas qu'on puisse arriver à vraiment faire
promouvoir la culture biologique avant 30 ans. Ils disaient: On donne ce
chiffre pour indiquer un ordre de grandeur; cela peut être 40 ou 50.
À ce moment-là, évidemment, ils prônent la
diminution et la disparition des pesticides en agriculture. Est-ce que vous
êtes de leur avis, soit qu'il y a une période de temps qui peut
être assez longue? Sinon, est-ce que vous avez des suggestions? Que le
projet de loi ait peut-être des mesures encore plus restrictives, plus
coercitives, cela semble votre objectif. Est-ce que vous auriez d'autres
suggestions qui permettraient d'accélérer le processus de
disparition?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
L'Italien.
M. L'Italien: Je vais laisser Michel Lauzon répondre
à votre question.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Lauzon.
M. Lauzon: Vous savez, le temps que cela peut prendre avant
d'adopter des modes alternatifs, même en agriculture biologique, cela
dépend toujours des efforts qu'on y consacre. Quand je parle d'efforts,
je parle d'efforts financiers, mais aussi en termes de ressources humaines. Si
on y va à petits pas, tranquillement, je crois que cela va prendre 30 ou
40 ans. Si on met le paquet, comme on le fait en recherche, pour trouver des
nouveaux pesticides, cela va prendre dix ans, j'en suis convaincu. II y a des
centaines de millions, pour ne pas dire des milliards, qu'on met au Canada pour
la recherche sur les pesticides, sous homologation, à Bio-Recherche,
à Montréal. Si tout ce fric était mis dans des moyens de
gestion différents autres que les pesticides, cela prendrait dix ou
quinze ans et on aurait nos alternatives. Sauf que cela prend des efforts
financiers impressionnants. Je pense qu'il faut le faire. On se doit de le
faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Dans votre esprit, ces efforts financiers devraient
venir du gouvernement.
M. Lauzon: La recherche, c'est le gouvernement surtout qui la
subventionne. L'entreprise la fait, mais pour vendre un produit de
consommation. À moins qu'il n'y ait des corporations qui voient le vent
tourner, qu'elles décident de s'en aller dans la lutte bioloqique et
qu'elles-mêmes fassent de la recherche, je pense que le gouvernement va
être obligé de prendre un certain leadership au début. S'il
faut que le vent tourne, le gouvernement va être obliqé de s'en
mêler. Quelles sont toutes les retombées médicales,
environnementales, sur la décontamination et sur la santé des
gens, toutes les retombées indirectes, tout l'argent que le gouvernement
va économiser au lieu d'encore réparer les pots cassés?
Cet argent qu'il aura investi en bloc pendant les dix premières
années, il va en être gagnant pour les 100 autres qui vont
suivre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Merci. À la page 4, de façon plus
précise, toujours dans la même avenue, vous mentionnez au
paragraphe 3 que la Loi sur les pesticides "devrait avoir comme prémisse
la réduction de leur utilisation." "Devrait avoir", donc vous juqez que
cette loi n'a pas cela comme prémisse. D'ailleurs, mon collègue
l'a déjà soulevé à quelques reprises. Est-ce bien
ce qu'on doit comprendre? Vous parlez "des dispositions relatives à
l'atteinte de cet objectif." Est-ce que vous pouvez préciser davantage
ces
dispositions, justement - en plus de la recherche que vous avez
mentionnée - dans la loi elle-même?
M. L'Italien: Les dispositions légales. Je vais laisser
Jacques Normandeau répondre.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Normandeau.
M. Normandeau: MM. les membres de la commission, lorsqu'on tente
de régler un problème, la première chose qu'on fait, on
analyse bien le problème. Je pense que le constat qui a
été fait l'a très bien été par rapport
à ce qui a été produit par le ministère de
l'Environnement. Ensuite, on se fixe un but. À la base, ce qui est faux,
c'est de fixer un but qui vise à régir. Régir, c'est bien.
Cela va peut-être favoriser la réduction ou l'utilisation, mais si
le législateur se fixe comme objectif de réduire plutôt que
de régir, c'est vraiment un objectif opérationnel par rapport
à toute la problématique des pesticides. On peut parler, disons,
d'une vision un peu caricaturale comme si, depuis Jacques Cartier, on avait
tué les gens avec des pesticides, mais le fait est que c'est un risque
qui est bien souvent inutile à l'heure actuelle. La mauvaise
utilisation, il est vrai, provient en partie d'une question de connaissances,
de savoir, mais elle est aussi reliée à la qualité
même des substances et des produits.
Vous aurez beau faire toute l'éducation que vous voulez, si vous
enlevez tous les feux de circulation de Québec, j'ai comme l'impression
que vous allez avoir énormément de difficulté en ce qui
concerne la circulation routière. C'est la même chose en ce qui
concerne les pesticides. L'éducation est un élément qui
est absolument essentiel, de la même façon qu'il aurait
été absolument inacceptable d'avoir un projet de loi relatif aux
permis et à la certification, etc., sans que l'élément
d'éducation soit là. Les extrêmes sont aussi nocifs les uns
que les autres.
Cependant, pour ce qui est des mesures qui devraient être
adoptées, par exemple, dans le cadre d'une loi concernant l'emploi,
l'utilisation et la vente des pesticides, je me permets de vous rappeler
qu'actuellement on discute énormément du retrait possible du
2,4-D comme arme de répression des ravageurs. Le 2,4-D est un phytocide,
un herbicide et il est utilisé depuis très longtemps. Ce n'est
que tout récemment qu'on s'est repenché sur les certificats
d'homologation de cette substance. Une des mesures, entre autres, est
d'éviter ou d'interdire la vente de pesticides dont le certificat date
de trop longtemps. La toxicologie évolue rapidement, mais,
malheureusement, plus lentement que la synthèse de nouveaux produits.
C'est un des moyens, entre autres.
Je pense que le législateur doit prendre une position ferme par
rapport à ceci et les moyens qui existent lorsqu'on vise un objectif
sont, évidemment, l'éducation et la recherche de nouveaux moyens
alternatifs. Comme on l'a souligné, la recherche des effets des
pesticides et la recherche sur les pesticides comme tels ne font que contribuer
à continuer l'utilisation. On utilisera de nouveaux pesticides, mais, de
toute façon, comme je vous l'ai dit, en toxicologie, on a toujours une
connaissance incomplète des substances et on préfère
réduire le risque.
Il y a deux politiques en gestion environnementale. Je m'excuse
d'utiliser ces termes: il y en a une qui s'appelle "no risk" et l'autre
'"acceptable risk". Le risque acceptable nécessite une analyse
coûts-bénéfices où il est difficile de chiffrer la
perte de jouissance d'un lieu, la perte de jouissance dé la vie, les
dommages faits aux individus, alors que, dans le "no risk" ou le risque
zéro,qui semble peut-être une espèce d'utopie, lorsqu'on se
fixe un objectif tel que celui-là, on a suffisamment d'imagination pour
trouver les moyens.
Il y en| a quelques-uns qui sont proposés ici dans les
recommandations que nous faisons par rapport au projet de loi. Il n'est pas
question d'enlever l'éducation, entre autres. C'est un excellent moyen.
On vise toujours à responsabiliser les individus pour qu'ils
acquièrent de plus en plus d'autonomie. La preuve en est qu'on a
maintenant des systèmes de consultation publique, ce qui aurait
été impensable il y a très longtemps ou même il n'y
a pas si longtemps que cela. Mais, parmi ces moyens, il faut se fixer des
moyens qui vont nous permettre d'être rigides et, justement, de punir
sévèrement les contrevenants. La certification et le permis sont
une chose, mais perdre son certificat et ne plus pouvoir épandre des
pesticides quand c'est notre source de revenus, notre bien, c'est au
départ un incitatif puissant de bien faire ce qu'on a à faire.
Actuellement, les solutions alternatives commencent à exister. Ce
sont des recherches qui bénéficient de fort peu d'appui
économique, mais si on investissait réellement au départ
dans le développement de ces alternatives, on pourrait sortir du cercle
des pesticides. C'est un moyen. Si déjà on part avec une certaine
philosophie, un but ou un objectif, les moyens vont venir facilement et la
gradation va se faire. Du jour au lendemain, on n'a pas réussi à
construire des avions, évidemment. Mais il y a une différence
entre partir avec quelque chose et continuer avec des dirigeables pendant 150
ou 200 ans; il y a une nuance entre les deux.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous
remercie, M. Normandeau. M. le ministre.
M. Lincoln: Est-ce qu'il me reste du temps?
Le Président (M. Saint-Roch): II vous reste environ une dizaine
de minutes, M. le ministre. (11 heures)
M. Lincoln: Tout d'abord, j'aurais voulu passer en revue
certaines des choses que vous avez dites pour nous éclairer sur certains
sujets très importants que vous avez abordés dans votre
mémoire et aussi dans vos commentaires. Premièrement, les
agriculteurs et sylvicuteurs, je pense qu'il en a été longuement
question, ici, depuis le début de ces audiences. L'article 5 n'exclut
pas du tout le sylvicuteur et l'agriculteur. Si vous voyez l'alinéa 2,
c'est la façon d'écrire juridiquement le texte pour dire qu'au
départ les sylvicuteurs et les agriculteurs ne sont pas inclus, mais le
deuxième alinéa donne les pouvoirs au ministre de les inclure
dans le projet de loi à n'importe quel moment. Le deuxième
alinéa de l'article 5 est en coordination avec l'article 95 qui donne
alors des pouvoirs de réglementation.
Avant-hier, il y a eu des représentants du monde agricole et du
monde forestier qui étaient ici pour exprimer leur point de vue. Tous
sont tout à fait au courant. En fait, on a eu déjà des
consultations intensives avec le milieu agricole et le milieu forestier depuis
longtemps. Tous savent qu'ils vont être inclus dans une
réglementation. Il y a même une date précise qui a
été discutée avec les agriculteurs en accord avec le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
pour qu'ils soient inclus progressivement. Il y a 42 000 agriculteurs qui sont
impliqués. Il était impossible de les soumettre à une loi
tout de suite, parce qu'il faudrait des programmes d'éducation, de
formation, de contrôle, d'inspection qu'il serait impossible pour nous de
réaliser d'un jour à l'autre.
C'est pourquoi nous avons donné un délai. La seule
province de tout le Canada qui, aujourd'hui, a un programme restreint pour les
agriculteurs, c'est la Colombie britannique. L'Ontario, qui a une loi depuis
1949, n'en a pas. En fait, nous serions, je crois, la seconde province à
établir quelque chose pour les agriculteurs lorsque cela va arriver. On
sera la deuxième qui aura quelque chose ici. Certains Etats des
Etats-Unis vont même très progressivement, parce que c'est un
domaine tellement vaste. C'est très beau de mettre cela dans les lois,
mais, après, vous pourriez venir me demander pourquoi vous avez mis cela
dans la loi, vous n'allez pas la renforcer. Il faut préparer le terrain,
il faut travailler avec ces gens qui sont tout à fait au courant qu'ils
vont être inclus dans la loi, qu'il y a une régle- mentation qui
se prépare, que les agriculteurs et les sylviculteurs vont être
soumis à la loi.
Dans le cas de la forêt, j'ai même signé une lettre
formelle qui a été contresignée par le ministre
délégué aux Forêts pour dire que le plus tôt
possible une politique et une réglementation sur les pesticides
s'appliquera au milieu forestier. Donc, la loi prévoit d'inclure ces
deux milieux et ils vont être inclus. Je vous en donne la garantie tout
à fait formelle. Tous sont au courant. En fait, l'industrie
forestière était ici hier et elle est tout à fait au
courant que cela va arriver.
Deuxièmement, j'aurais voulu aussi faire quelques remarques sur
certains articles que vous avez soulignés. Les employés de
magasins à rayons. En fait, nous les avons examinés
nous-mêmes; même avant la commission parlementaire, nous
réalisions qu'il y avait une lacune, à savoir que dans les
magasins à rayons il y aurait un manque de contrôle si seulement
une personne avait un permis. Nous examinons cela pour faire les rectifications
en ce sens. C'est certain qu'on prendra cela bien au sérieux. C'est
sûr qu'il y a une différence entre les toutes petites entreprises
et les qrosses. En tout cas, on va s'occuper de cela.
Pour ce qui est de l'article 53, il est en concordance avec l'article 30
de la Loi sur la qualité de l'environnement. La seule chose, c'est qu'il
y a une omission tout à fait involontaire qui s'y est qlissée.
L'article 30 est inclus dans la Loi sur la qualité de l'environnement
pour que le ministre des Affaires municipales, selon la loi municipale, soit
avisé dans les cas où il y aurait des dépenses
engendrées par une ordonnance soumise à une municipalité.
La concordance va être faite, c'est-à-dire que les mots qui ont
été omis involontairement dans l'article 53 vont être
inclus. Cela va être une concordance presque exacte avec la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Pour ce qui est du droit d'appel, toutes les lois qui sont soumises
à l'Assemblée nationale aujourd'hui doivent inclure des droits
d'appel. Aujourd'hui, on a la Charte des droits et libertés du
Québec et la Charte des droits et libertés de la personne
canadienne qui insistent pour la chose. Même si on ne le mettait pas de
façon constitutionnelle aujourd'hui, chaque personne a droit à un
appel et tout le système juridique du Québec aujourd'hui insiste
pour que ces droits soient inclus pour tout le monde.
Je pense qu'il y a une question sur les inspecteurs. Il y aura un groupe
d'inspecteurs restreint au début, parce que naturellement toutes ces
choses-là ne vont pas se faire... Nous aurions voulu le plus grand
nombre d'inspecteurs possible. Il y aura un nombre d'inspecteurs restreint au
départ, quelques-
uns, et on va en ajouter de plus en plus lorsque nous aurons les moyens
et lorsque le cadre s'élargira, lorsque les agriculteurs et le domaine
de la forêt devront entrer en jeu.
Je voulais aussi situer un point afin d'éviter tout malentendu,
parce que je ne suis pas sûr si je vous ai bien compris, M, L'Italien.
Vous avez semblé dire, dans les remarques que vous avez faites, que
l'usage des pesticides, c'est là, qu'il faut presque l'accepter. Ce que
j'ai dit très clairement au cours de cette session, c'est que l'objectif
fondamental, c'est de ne pas avoir de pesticides. Hier, par exemple, quand on a
eu des échanges avec M. Lafond, j'ai cité l'expérience
suisse dans la forêt - j'ai eu des rencontres avec M. de Coulon, de la
Suisse -pour démontrer que les Suisses se débrouillent sans
pesticides. C'est cela, l'objectif. Je partage toutes vos remarques à
100 %, Je pense que plusieurs intervenants ici, les agriculteurs biologiques,
Nature-Action hier, ont fait le point et nous sommes tout à fait
d'accord que c'est l'objectif ultime. Je pense qu'on ne se départage pas
du tout dans cette question.
Seulement, il faut admettre qu'aujourd'hui il y a des pesticides. On ne
peut pas vivre sans la réalité des choses. Quoiqu'on soit
obligé de les tolérer, il faut, d'accord, les réduire.
Nous allons regarder sérieusement l'idée, peut-être dans
l'objectif du projet de loi, d'inclure le mot "réduire" au lieu de
"régir". À l'article 7 qui donne au ministre, des pouvoirs
intensifs sur la recherche, on a fait la suggestion d'y ajouter des recherches
sur d'autres méthodes.
Nous allons considérer la chose avec beaucoup de sérieux
pour l'inclure. Mais c'est sûr qu'il y a une différence
fondamentale entre une loi et une politique. Vous-même, vous le constatez
dans votre mémoire. Vous parlez toujours de politique, vous ne parlez
pas de loi. Une loi donne des pouvoirs habilitants. On aurait pu faire un
projet de loi qui soit dix fois plus long que cela, mais cela ne contient pas
les éléments d'une politique.
Nous avons fait une esquisse de politique justement dans le document de
travail que vous avez cité. Le document de travail fait une esquisse de
politique et dit: Les moyens naturels, ce sont les moyens
privilégiés; les moyens biologiques sont les moyens secondaires.
La dernière et ultime ressource, c'est le pesticide. Nous l'avons redit.
Tous les gens du ministère le redisent tout le temps.
Vous avez parlé, par exemple, d'une publicité à la
télévision. Nous avons commencé en partie. II y a
déjà des programmes d'éducation
télévisés qui se font depuis au moins deux ans dans le
secteur. On va les étendre à d'autres. Mais, tout cela, on ne
peut pas le faire tout de suite sans les moyens. Il faut trouver de l'argent.
On va mettre le plus d'argent possible dans le domaine des pesticides. On va
créer un groupe qui. va maintenant s'occuper des pesticides.
On poursuit les mêmes objectifs que vous. Pour y arriver, nous
avons notre modèle. Je ne sais pas si vous avez lu le document du
Conseil consultatif de l'environnement recommandant une loi sur les pesticides.
Ses recommandations ont été suivies presque textuellement. Nous
avons suivi les recommandations de l'Organisation des Nations unies et de
l'OCDE sur le modèle à suivre pour une loi sur les pesticides.
Nous avons consulté presque toutes les provinces du Canada. Nous avons
consulté beaucoup d'états des États-Unis, le Wisconsin,
New York, etc., pour arriver à ce modèle, qui est une
première, étape. Je ne vous dis pas que c'est une étape
ultime. Je sais que, par exemple, M. Normandeau a parlé de
contrôle. C'est vrai. Maintenant, vous avez des pouvoirs d'injonction,
des pouvoirs d'ordonnance, des pouvoirs d'inspection. Nous avons même
à l'article 57 un pouvoir d'injonction basé sur un article qui
est des plus contraignants que je vous soumets, l'article 67 qui sera inclus
dans le domaine des pénalités!
En tout cas, tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on va lire vos
suggestions sur les articles avec le plus grand sérieux. On a les
mêmes objectifs que vous. Je ne pense pas que les objectifs dans ce
domaine soient exclusifs à un groupe ou à un autre. Il y en a des
quantités qui ont dit la même chose que vous et qui n'ont pas peur
de le dire. Moi, je n'ai pas peur de le dire et les gens du ministère
non plus. Il faut utiliser les moyens que nous avons aujourd'hui et,
l'idée même de l'avant-projet de loi, c'était d'indiquer
que nous n'avons pas la science infuse. On n'a pas dit que ce projet de loi
était définitif ou qu'il était idéal. On s'est
servi de tous les modèles que nous avions devant nous, de nombreux
modèles de partout, pour tenter d'arriver à quelque chose
aujourd'hui qui établirait un consensus. Il ne s'agit pas du tout d'une
loi qui refléterait un domaine idéal, c'est un point de
départ. Si on peut le bonifier avec vos suggestions ou d'autres
suggestions, c'est cela, l'idée d'une commission parlementaire, et
j'espère que vous accepterez qu'on regarde toutes les suggestions.
Le groupe qui vous suivra a fait un travail remarquable. Je ne sais pas
combien de suggestions il a faites, mais on les a suivies avec beaucoup
d'attention et j'espère qu'on va finir par avoir quelque chose de mieux
que ce qu'on avait au départ. C'est toujours pour cela l'idée
d'avoir une commission parlementaire. Si on savait qu'on a les réponses
complètes... Personnellement, nous avonsconsulté je ne sais
combien de personnes. Tout le monde se demande
jusqu'où aller dans le domaine des pesticides. En tout cas, on va
suivre ce que vous dites avec beaucoup d'intérêt. On va tenir
compte de vos suggestions par rapport aux articles. Si vous avez des questions
plus directes à me poser par rapport aux agriculteurs, sylviculteurs ou
autres, s'il reste du temps, je serai très heureux de vous
répondre. Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): II reste très peu de
temps, M. le ministre. Brièvement, s'il vous plaît!
M. L'Italien: Je vais laisser Jacques répondre, mais
j'aurais auparavant une question supplémentaire. M. le ministre a
mentionné que le ministère de l'Énergie et Ressources ou,
enfin, le ministère des Forêts avait probablement une politique
d'utilisation des pesticides. Ce qui reste encore dans l'ombre, c'est
Hydro-Québec qui fait l'entretien de ses lignes avec de puissants
phytocides. Le ministère des Transports n'a pas encore de politique
à ce sujet et est continuellement en chicane avec le ministère.
Cela demeure des points d'ombre,
M. Lincoln: M. L'Italien, vous avez dit dans votre mémoire
qu'Hydro-Québec avait été exemptée. J'avait
oublié cela; je suis content que vous en parliez. Vous verrez dans un
article de la loi, je pense que c'est Particle 6: "La présente loi lie
le gouvernement, ses ministères et les organismes qui en sont
mandataires." Il n'y a aucune raison pour laquelle Hydro-Québec ne
serait pas sujette à cette loi. Hydro-Québec est sujette à
cette loi et tous les organismes gouvernementaux, tous les ministères,
incluant le ministère des Transports, Aujourd'hui, il y a des
dispositions dans la Loi sur la qualité de l'environnement pour des
études d'impact par rapport aux pulvérisations aériennes
et aux pulvérisations dans le secteur hydroélectrique.
Hydro-Québec sera soumise è cette loi, comme le ministère
des Transports. Je suis tout à fait d'accord qu'on ne peut pas demander
à d'autres de faire ce que le gouvernement ne fait pas. C'est sûr
qu'il faudra que les gens s'y soumettent. Je ne peux pas vous dire que cela va
se faire comme par miracle au moment où cette loi sera adoptée,
ce n'est pas le cas. Cette loi est une loi habilitante qui prévoit des
règlements. Les règlements sont déjà en
préparation au ministère. Nous prévoyons qu'en juillet
nous en aurons une esquisse. Si la loi est adoptée au cours de la
présente session, au plus tard è l'automne - mais j'espère
que ce sera au cours de la présente session - d'ici septembre, nous
aurons la réglementation qui va élucider beaucoup de ces choses.
On ne peut pas tout inclure dans un projet de loi qui est soumis à une
réglementation basée sur le projet de loi. Je peux vous assurer
qu'Hydro-Québec, le ministère des Transports et tous les
ministères seront soumis à la loi. On va l'appliquer comme on le
fait, par exemple, pour la loi sur le tabac.
M. L'Italien: J'en prends bonne note.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais vous permettre une
dernière brève intervention, M. Normandeau.
M. Normandeau: M. le ministre, il est vrai qu'aux articles 95, 96
et 101, il est prévu des mesures spéciales concernant la
sylviculture et l'agriculture. J'ai un peu de réticence par rapport
à cette approche parce que, suivant mon expérience en
santé au travail, qui est une époque révolue où la
législation était divisée dans un tas de lois ou de
règlements, il nous était très difficile d'intervenir sur
la foi d'un règlement si les pouvoirs n'étaient pas donnés
dans une loi clairement stipulée et clairement écrite. À
l'heure actuelle, si l'agriculture et la foresterie bénéficiaient
d'un système spécial ou d'échéances
spéciales, peut-être que ce serait possible. Evidemment, avec tout
le volume qu'il y a à faire et les maigres ressources qui existent
à l'heure actuelle, ce serait difficile à réaliser. Mais
je pense que ce serait vraiment indiqué de donner des pouvoirs, une
force à une loi que d'inclure tous les individus, quitte à avoir,
par la suite, des mesures d'exception, parce qu'il est très difficile
d'agir sur un règlement plutôt que sur la loi. (11 h 15)
M. Lincoln: D'accord, mais la loi, dans l'esprit des
sylviculteurs, de toutes les associations de forestiers qui sont venues ici, de
toutes les associations, de toutes les grosses compagnies, de l'UPA, selon eux,
l'article 2 - en fait, ils le citent dans leurs mémoires - est l'article
habilitant qui fait qu'il soit inclus. C'est dit dedans. Toutefois, le
gouvernement peut déterminer, parmi ces dispositions, celles qui
s'appliquent à un agriculteur ou un sylviculteur qui utilise des
pesticides aux fins de son exploitation agricole ou sylvicole. C'est ça,
le pouvoir. Nous l'avons fait ainsi, parce que certaines choses ne
s'appliqueront pas. Par exemple, la CIP aura un permis d'un type
différent de celui que l'on donne à un vendeur individuel. Il est
évident que l'on ne pourra pas, par exemple, avoir des certificats dans
le domaine de la forêt qui s'appliqueront à chacune des personnes
travaillant dans ce secteur. Ce sera une circonstance différente. Il
faudra se baser sur ce qui est fait ailleurs, dans le domaine agricole - c'est
la même chose - ce qui est fait dans le cas des firmes familiales, etc.
C'est pourquoi on a mis cette disposition de cette façon.
Ces articles s'appliqueront à tous les
agriculteurs, à tous les sylviculteurs. Eux, ils sont très
au courant. En fait, ils citent cela dans leurs mémoires. Ils
réalisent que l'alinéa 2 est le pouvoir que la loi donne et qu'il
est inclus automatiquement. J'ai ce pouvoir, aujourd'hui, de l'inclure demain
matin si je veux.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre...
M. Normandeau: Au niveau de la loi...
M. Lincoln: Au niveau de la loi, oui. Si vous lisez
l'alinéa 2, c'est ce que cela dit, oui, au niveau de la loi. Sans cela,
on n'aurait pas pu faire de règlements. On ne peut pas faire de
règlements sans cela. C'est pourquoi l'article 5, paragraphe 2, est
essentiel pour habiliter l'article 95. Autrement, l'article 95 serait
inopérant. Il serait illégal.
M. Normandeau: À la lecture, cela nous paraissait le
contraire. L'article 5, justement, invalidait ou rendrait caducs...
M. Lincoln: Non, le premier...
M. Normandeau: ...les articles 95, 96 et 101.
M. Lincoln: Excusez-moi, je n'écris pas les lois. Mais la
façon d'écrire cette loi avait pour but de permettre que, au
départ, ces gens ne soient pas soumis immédiatement, mais que
l'on puisse les soumettre demain ou après-demain ou dans une
échéance que, moi, je choisirais. On a écrit, d'abord, que
les dispositions ne s'appliquent pas. Je dois dire que, selon moi, il aurait
été plus simple d'écrire que la loi s'applique, mais
qu'elle s'appliquera plus tard. Mais, c'est comme ça qu'ils
écrivent cela dans les lois, que voulez-vous? On dit, à
l'alinéa 2 qu'elles ne sont pas incluses au départ, mais que le
gouvernement peut déterminer celles qui s'appliquent à un
agriculteur. On peut déterminer que la loi s'applique
complètement et que trois articles ne s'appliqueront pas, mais ils sont
inclus. Je vous donne ma garantie formelle. C'est la garantie de tous les
juristes qui ont travaillé là-dessus, les conseillers juridiques
du comité de législation, ici. Eux, ils sont tout à fait
conscients que cela s'applique. Je crois que, hier, dans leur mémoire,
ils citaient cela, justement, pour dire: On ne voudrait pas être inclus
tout de suite, mais ils réalisent qu'on les inclut tout de suite.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse. L'horaire
chargé de notre commission m'oblige, malheureusement, à
intervenir et à interrompre cet échange de qualité. En
conclusion, M. le député de
Terrebonne, brièvement, s'il vous plaît!
M. Blais: Oui, très brièvement. Plusieurs personnes
passent ici pour venir nous lire des] mémoires et venir nous dire que,
malgré que le ministère avait devant lui les
réglementations et les lois de neuf autres provinces et de beaucoup de
lois à travers le monde, la synthèse n'est pas très
positive. Comme vous, je pense que c'est un peu un rapiéçage et
que nous allons, en écoutant les gens, essayer d'améliorer ce
costume rapiécé.
La nature, le sol, l'eau et l'air, ainsi que les humains qui en ont
l'usufruit, ont un besoin vital de défenseurs comme vous. Continuez
votre lutte. Je vous remercie d'être venus, car ce n'est pas avec cet
avant-projet de loi que votre bataille est réglée. Votre
bataille, je tiens à vous dire que je la fais mienne. Merci d'être
venus.
Le Président (M. Saint-Roch): Je tiens à vous
remercier, messieurs du Regroupement pour un Ouébéc vert, de la
qualité de votre intervention.
Je demanderais maintenant à la Société pour vaincre
la pollution de prendre place.
M. Green (Daniel): M. le Président, je serai prêt
quand vous le serez.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend maintenant ses travaux. M. Green, il nous
fait plaisir de vous voir participer aux travaux de cette commission.
J'aimerais vous rappeler que vous avez un maximum de vinqt minutes pour
présenter votre mémoire. Je vous cède la parole, M.
Green.
Société pour vaincre la
pollution
M. Green: Vu qu'il s'agit d'un avant-projet de loi et que, en
termes législatifs, un avant-projet de loi n'a pas comme tel une
entité législative, j'ai considéré ce document un
peu comme un livre blanc. Les discussions sérieuses et l'intention du
législateur seront considérées sérieusement lors de
la présentation du projet de loi. Nous considérons que ce
document est une ébauche et une tentative du ministère de
l'Environnement de nous montrer de façon officieuse à quoi
pourrait ressembler un véritable projet de loi sur des pesticides au
Québec, d'où notre méthode, si on veut, d'analyse article
par article ou, plutôt, concept par concept.
Premièrement, nous considérons la discussion à
savoir: si un projet de loi est nécessaire oui si un règlement
est nécessaire. Le législateur a décidé d'utiliser
la route du projet de loi Beaucoup de discussions se font pour savoir si
c'était une bonne idée. Si on regarde les lois à travers
le Canada, la plupart des autres provinces ont leur loi sur les pesticides.
Moi, je crois, d'après les
discussions que j'ai eues avec nos avocats-conseils, vu que le
Québec voulait se doter d'une loi d'utilisation, de vente et de gestion
des pesticides, qu'il fallait adopter une loi puisqu'il existait
déjà une loi fédérale, la Loi sur les produits
antiparasitaires. Ici, on voit des sections de la Loi sur les produits
antiparasitaires qui ont été simplement transférées
dans la Loi sur les pesticides. Comme de fait, un des articles à la fin
cite textuellement la loi fédérale sur les produits
antiparasitaires et dit que le règlement de cette loi est
réputé faire partie de la loi québécoise. Donc, je
pense que c'était plutôt une action législative
légaliste pour adopter un projet de loi.
Ce qui est aussi intéressant dans un projet de loi, c'est qu'il
permet la modification d'autres lois et une répartition de
l'administration de la loi. Peu importe la décision de ce gouvernement
de légiférer sur les pesticides, un fait reste: le
ministère de l'Environnement n'a pas, maintenant, les moyens d'appliquer
une réglementation sur les pesticides au Québec faute de
personnel, faute d'effectif. Je demande, et j'en fais une recommandation
même si elle n'est pas incluse dans notre mémoire, que cette loi
soit coadministrée par le ministère de l'Environnement et par le
ministère de la Santé et des Services sociaux. Si le
législateur décide de le faire, il pourra, d'un seul coup,
augmenter son pouvoir d'intervention. Le réseau des Affaires sociales au
Québec est tellement étendu que, d'un seul coup, le
ministère pourra augmenter son pouvoir d'inspection, de saisie et
d'intervention pour arrêter les usages abusifs des pesticides. Nous avons
vu que les médecins et les professionnels de la santé sont
très aptes à défendre l'intérêt des
Québécois et des Québécoises pour un environnement
sain. Ils l'ont fait, ils le font dans certains DSC, justement sur les
pesticides; je mentionne les DSC de Joliette, de Rimouski.
Sur d'autres points comme la salubrité des plages, on a vu que
les DSC ont été extrêmement actifs concernant la
santé publique. Une recommandation assez formelle que je fais au
gouvernement, c'est de voir si le gouvernement pourrait faire coadministrer la
loi. Il existe des précédents, la loi des contaminants du
fédéral et la nouvelle loi sur la protection de l'environnement
est une loi coadministrée par
Environnement-Santé-Bien-Être. Je crois qu'il y a une grande
volonté de la part du ministère des Affaires sociales
d'intervenir sur les pesticides. Évidemment, ce transfert ou cette
division de responsabilité peut uniquement se faire par un projet de
loi.
Concernant toute l'attitude ou l'intention, plutôt, du
gouvernement, M. le ministre, vous pouvez dire ce que vous voulez,
l'interprétation qu'on fait de la loi, et d'autres juristes aussi, c'est
que la loi est farcie de connotations qui nous disent que le gouvernement ne
veut pas intervenir pour forcer 80 % des utilisateurs de pesticides au
Québec à la certification et au permis. On pourrait faire des
interprétations du jour au lendemain, mais il reste qu'on écrit
une loi, qu'on doit utiliser un langage très économe. La loi est
farcie d'ambiguïtés qui seront un cauchemar à
interpréter par le législateur, et plus encore par le magistrat.
Si j'ai une recommandation à faire au législateur, c'est de dire
plus clairement que c'est inscrit. Si l'intention du législateur est de
soumettre les agriculteurs et les sylviculteurs à la loi, qu'il se
débarrasse de l'article 5, de l'article 95 et de l'article 96. Si
l'intention du législateur est de permettre à ses intervenants -
on parle de 40 000 agriculteurs au Québec - d'être capables
d'avoir le temps, le loisir de les former correctement, l'article 99 de la loi
vous le permet. L'article 99, pour vous montrer l'approche de ce que pourrait
être un texte de loi économique, dit très clairement que le
gouvernement peut fixer par règlement les catégories de
certificats et la date d'exigibilité des certificats. Tout est
là. Le gouvernement a le pouvoir discrétionnaire -même si
je n'aime pas trop donner à l'État des pouvoirs trop
discrétionnaires - le gouvernement a tous les pouvoirs, en vertu
l'article 99, de dire que les agriculteurs, que le certificat de
compétence pour l'agriculteur va être exigible. Nous, nous
proposons le printemps 1990. Cela vous donne beaucoup de temps pour former.
On comprend évidemment que le gouvernement du Québec,
nonobstant l'interprétation, la déclaration des utilisateurs des
pesticides: Oui, on reconnaît que nous allons devoir être
réglementés en ce qui concerne l'usage des pesticides. Nous vous
disons, de notre côté: la loi telle qu'elle est écrite,
exclut ou risque d'exclure ces utilisateurs. Vous, en tant que
législateurs, vous devrez décider qui a raison, les groupes qui
n'ont aucun intérêt à ce que les pesticides soient
utilisés ou les groupes qui ont un Intérêt à ce que
les pesticides soient utilisés, ou qui sont tout au moins pour le statu
quo. C'est votre choix. Vous avez deux opinions devant vous, c'est à
vous de choisir. Il est sûr que l'UPA est composée de membres qui
ont comme vertu d'être des libres penseurs: les agriculteurs du
Québec ne veulent pas se faire imposer quoi que ce soit par
l'État. C'est l'exemple type de la PME, indépendante. C'est
sûr que les agriculteurs ne veulent pas être
réglementés a outrance. On l'a vu dans d'autres dossiers
environnementaux. Par contre, je trouve que les agriculteurs sont en train de
se jouer un mauvais tour. Agriculture Canada reçoit, par exemple, un
avis comme on en a reçu la semaine dernière concernant
l'herbicide
2,4-D.
(11 h 30)
Conclusion, une conclusion assez alarmante: Le ministère
déclare que ce pesticide doit dorénavant être
considéré comme un cancérigène humain. Le 2,4-D est
utilisé partout au Québec. Alors, le ministère de
l'Agriculture a une décision à prendre. Il y a, au Québec,
au Canada, plusieurs agriculteurs - 200 000 ou 300 000 - qui utilisent le
2,4-D, d'après les statistiques. Donc, on signe l'arrêt de mort
pour environ 100 à 200 de ces agriculteurs en fonction du pourcentage
des probabilités de mortalité. Le législateur
fédéral se dit ceci: On est d'accord que, si le 2,4-D est
utilisé de façon sécuritaire, les risques pour
l'agriculteur, pour l'utilisateur, décroissent de façon
draconienne.
Agriculture Canada se pose une deuxième question: Est-ce que je
peux être satisfait de la façon dont les agriculteurs canadiens
sont capables et sont formés pour utiliser correctement le 2,4-D?
Réponse: Vu que la plupart des provinces canadiennes n'obligent pas la
certification des agriculteurs, ils disent non. Donc, les agriculteurs
canadiens ne sont pas formés pour utiliser le 2,4-D. Il y a un risque
pour cette population. Le ministre de l'Agriculture prend la recommandation du
ministère de la Santé nationale et du Bien-être social. On
demande l'interdiction du 2,4-D. Les agriculteurs viennent de perdre un outil
pour lutter contre les mauvaises herbes. Pourquoi? Parce que c'est leur faute.
Les agriculteurs devraient reconnaître que la certification, la preuve de
leur compétence pour utiliser un pesticide est une garantie pour
être capable d'utiliser un pesticide moyennement dangereux. Si
l'agriculteur peut démontrer à l'État qu'il est apte
à utiliser un pesticide de façon sécuritaire,
l'État va peut-être être moins pressé d'interdire un
pesticide qui risque de causer des dommages à sa santé. C'est un
point fondamental. On l'a vu avec l'alachlore et on va probablement le voir
avec le 2,4-D, et, évidemment, le Québec n'a absolument rien
à voir au niveau de l'homologation. Si le fédéral
décide d'interdire l'utilisation du 2,4-D, vous pouvez faire des
représentations, mais c'est le choix du fédéral
d'interdire l'utilisation ou les ventes d'un pesticide au pays.
On comprend que la certification immédiate des agriculteurs et
des sylviculteurs est impossible. On recommande le printemps 1990 comme date
cible. Ce n'est pas draconien. Mon grand-père me disait qu'il a conduit
pendant 25 ans sans permis de conduire et, quand le ministère de la
Voirie a décidé d'imposer des permis de conduire, il y a eu un
tollé de protestations. Par contre, on voit aujourd'hui que non
seulement le permis de conduire est obligatoire, mais, si j'écoute les
bruits qui courent au ministère des Transports, il est possible que tie
permis ne soit pas délivré à un demandeur a moins qu'il
ait suivi un cours reconnu par le ministère de l'Éducation et le
ministère des Transports.
Concernant le certificat du chasseur -il y a 30 000, 60 000 chasseurs au
Québec -chaque chasseur doit avoir son certificat qui prouve qu'il a
suivi un cours de maniement des armes à feu. Qui a donné ces
cours? La Fédération québécoise de la faune. Si le
gouvernement' était malin, il dirait à PUPA: Tous les
agriculteurs doivent être certifiés et c'est vous qui allez les
certifier; on va vous donner, à l'UPA, la "job" de la certification.
L'UPA va sauter sur cela et on devrait peut-être regarder ce que la
fédération a fait. La Fédération
québécoise de la faune a augmenté son membership et sa
pénétration dans les régions à la suite du
transfert du MLCP pour le cours de maniement des armes â feu. S'il y a
quelqu'un de l'UPA, ici, derrière moi, je lui recommanderais aussi de
voir l'expérience de la fédération concernant la
certification des chasseurs. Elle a augmenté son membership, et elle a
augmenté sa pénétration en régions, en confiant
à son organisation la formation de ses membres? C'est un moyen
magnifique et formidable que se donne une organisation de
pénétrer dans une région. Encore une fois, je pense que
l'UPA se joue un double mauvais tour parce qu'elle aurait une bonne occasion de
former elle-même ses membres.
Concernant l'article 6, le ministre l'a reconnu, je crois que c'est
important. Le gouvernement du Québec était évidemment
obligé de faire cela parce que la loi sur les produits antiparasitaires
a été modifiée et il y a un article qui dit que "this law
binds the Crown"; alors donc la loi fédérale l'a fait et le
Québec est obligé de le faire. Cela dit, le législateur va
devoir regarder toutes les lois des autres ministères pour voir s'il n'y
a pas une contradiction. Un exemple: J'ai cité dans mon mémoire
que dans la loi du ministère de l'Énergie et des Ressources un
article dit que le ministre peut protéger la forêt contre les
ravageurs en intervenant et en protégeant nos ressources
forestières, même sur un terrain privé!'
C'est-à-dire que si les députés qui sont devant moi ont un
chalet et qu'il y a des tondeuses dans les sapins et les épinettes, le
gouvernement a le droit d'arroser votre terrain à votre insu même
si vous vous y opposez, parce que le ministre a une raison d'État.
La raison d'État a toujours été une très
mauvaise école de démocratie et je crois qu'on doit permettre
à des individus de dire non à un arrosage. Voilà un
exemple dans la loi du ministère de l'Énergie et des Ressources
qui contredit un peu l'intention du législateur de laisser le citoyen
décider s'il veut on non être exposé à des
pesticides.
On dit évidemment que le ministère
veut étudier le problème des pesticides au Québec.
Je sais qu'Environnement Canada et Environnement Québec collaborent pour
faire cet excellent document, L'utilisation des pesticides au Québec,
publié en 1982, et je recommande au gouvernement de continuer à
publier des études comme cela qui nous démontrent la
quantité de pesticides utilisés au Québec. Je dois
admettre qu'il y a une augmentation d'utilisation d'à peu près 10
% par année. Par contre, un fait manque. Quand j'ai siégé,
le ministre de l'Environnement avait nommé un groupe de travail sur
l'assainissement des eaux et on s'est aperçu qu'Environnement
Québec n'avait rien en ce qui concerne les pesticides contemporains dans
nos eaux. On analyse le DDT, le dieldrin et les autres produits, mais ce sont
des produits qu'on n'utilise presque plus. Donc, le ministère de
l'Environnement manque de données sur les pesticides dans nos cours
d'eau actuellement. Le ministère va donc devoir se doter de
systèmes analytiques un peu plus sophitisqués pour aller analyser
les pesticides utilisés maintenant.
Concernant les arrosages aériens, les arrosages aquatiques et les
arrosages de pesticides de classe 2, donc dits de classe restreinte, je crois
que le ministère de l'Environnement devrait adopter un régime
beaucoup plus strict pour ces arrosages. Peu importe l'utilisateur, qu'il soit
agriculteur ou sylviculteur, je crois que les exigences de preuve de
compétence devraient être demandées immédiatement.
Même s'il s'agit d'un utilisateur agricole, s'il fait un arrosage
aérien ou s'il fait un arrosage de classe 2, il doit être
immédiatement assujetti à la loi parce que ces pesticides et
cette méthode d'arrosage sont trop dangereux pour qu'on attende. Cette
méthode doit donc être réglementée
immédiatement.
Dans le document, il y a un terme qui s'appelle la supervision
immédiate, c'est-à-dire que nul ne peut utiliser un pesticide
sans être sous la supervision immédiate d'un possesseur de
certificat. Encore une fois, un terme très vague. Le législateur
se nuit en adoptant un terme aussi vague que cela. Si l'intention du
législateur est d'assurer que toute utilisation de pesticide se fasse
d'une façon réglementée et sans nuire à
l'environnement et à la santé publique. Le législateur
devrait préciser ce qu'il veut dire par "supervision immédiate".
J'ai donné des exemples: 100 mètres, 200 mètres,
radiotéléphone, un applicateur certifié pour 200 ou 300
applicateurs non certifiés. Il faudrait établir un ratio,
établir des normes beaucoup plus strictes en ce qui concerne la
supervision immédiate.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Green, malheureusement je
dois vous demander de conclure.
M. Green: Oui, je vais conclure. Très souvent, on voit
dans les textes législatifs un pouvoir discrétionnaire
laissé au ministre. Le ministre peut faire ceci, peut faire cela. On
comprend l'intention du législateur de laisser quand même une
discrétion au ministre. C'est démocratiquement acceptable, sauf
en cas d'urgence. Je crois que le ministre va avoir l'obligation d'intervenir
en cas d'urgence. C'est pourquoi je demande, par exemple, à l'article 51
que le pouvoir du ministre soit presque obligatoire. Si le ministre
lui-même dit qu'il y a urgence, il doit intervenir. Je crois que
l'État devrait être aussi responsable que les utilisateurs.
L'État est là pour nous protéger et il doit intervenir
s'il voit qu'il y a un problème. Pour conclure, je suis au courant que
le ministre va inclure les articles 116 et 118. Dans mon mémoire, j'ai
transformé ces articles et je les ai mis à la sauce pesticide.
D'accord? Je recommande au légisteur de les utiliser textuellement
à la suite de la décision du ministre, quand on va
présenter le projet de loi.
Quant à la réglementation, il y a évidemment des
points très précis. Nous demandons que le projet de
règlement soit déposé avec le projet de loi. Je vous dis
tout de suite que, s'il n'y a pas de projet de règlement lors du
dépôt du projet de loi et si la commission se penche sur le projet
de loi, je ne vais pas venir. Moi, je vais seulement discuter de ce projet de
loi s'il y a des règlements. Comme me dit un ami avocat: La loi, c'est
le tronc, mais les règlements, ce sont les feuilles et les branches. Il
nous faut cela pour voir ce qu'est véritablement l'intention du
législateur.
Il faut augmenter les dispositions pénales de façon au
moins équivalente à la Loi sur la qualité de
l'environnement et je réfère le ministre à la Loi sur la
protection de l'environnement du fédéral. Il s'agit quand
même de contaminants et peut-être le ministre pourrait-il regarder
la loi fédérale et utiliser les dispositions pénales
prévues dans la loi fédérale quand il y a vraiment abus.
Voilà, je vous invite à lire mon mémoire avec le projet de
loi à côté de vous parce que c'est article par article. Je
suis prêt à recevoir vos questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Green. M. le
ministre.
M. Lincoln: M. Green, nous travaillons ensemble depuis pas mal
d'années maintenant. Je dois vous dire, et je le dis en pesant mes mots,
qu'après avoir examiné tous les mémoires qui nous ont
été soumis, je dois vous féliciter - parce que je sais que
vous n'avez pas une grosse équipe de travail - pour la qualité du
mémoire que vous avez produit. Je pense que, de tous les
mémoires
- les autres intervenants ne m'en voudront pas de l'exprimer ainsi -
c'est le mémoire qui a été le plus loin dans une
étude exhaustive du projet de loi. Cela nous a été
très très bénéfique. Cela a été un
travail vraiment remarquable, considérant les moyens que vous avez
à votre disposition. C'est une étude soignée, une
étude réfléchie et, comme je l'ai dit, exhaustive. J'ai
aussi considéré que chacune de vos remarques sur le projet de loi
était très objective. (11 h 45)
En fait, de tous les mémoires que nous avons reçus, parce
que lui s'adressait spécifiquement aux articles de la loi et à
presque tous les articles, nous en avons fait une étude un peu
spéciale en ce sens qu'il touchait à presque tous les articles du
projet de loi pour voir comment on allait pouvoir vous dire, aujourd'hui, dans
quelques minutes... On ne peut pas se pencher sur tout ce que vous avez
dit.
Alors, je voudrais vous le dire en deux parties. Premièrement, je
pourrais vous dire, au départ, que certaines suggestions sont contenues
dans d'autres mémoires et que certaines sont nouvelles dans votre
mémoire. Je peux vous dire qu'on les a considérées. On
peut vous dire et vous confirmer qu'il y a là des choses qu'on va
considérer très positivement ou d'autres qui sont acceptables
aujourd'hui. Il y en a d'autres qu'on étudiera, naturellement, parce que
ces choses-là demandent du temps et de la réflexion, comme vous
le savez.
Avant de passer au côté spécifique, je voudrais vous
dire, par rapport aux agriculteurs ou sylviculteurs, que ce sont nos
conseillers juridiques, le comité législatif, plusieurs
comités juridiques qui nous ont suggéré d'écrire
cela ainsi, étant donné qu'au départ nous ne voulions pas
inclure ces catégories. Mais on prend bonne note de votre suggestion par
rapport à l'article 99. En tout cas, je peux vous dire que c'est dans
l'esprit des conseillers juridiques et de ces corporations qui sont tout
à fait au courant que le projet de loi s'applique à eux. En fait,
avec l'UPA, nous avons eu des négociations; enfin, nous avons eu des
représentations assez continues de l'UPA, qui est le représentant
clé du monde agricole, aujourd'hui.
Au départ, comme vous le savez - vous avez siégé
vous-mêmes au comité de l'assainissement des eaux - l'UPA ne veut
rien savoir d'une loi sur les pesticides. En fait, votre suggestion pour le
printemps 1990, c'est la suggestion que nous avons proposée
nous-mêmes: janvier 1990. D'abord, elle avait accepté. Dans son
mémoire, elle dit que c'est trop court. Mais c'est une affaire à
négocier. Mais, en tout cas, sur janvier 1990, on se trouve
d'accord.
Pour la question de la formation, c'est exactement la conclusion que
nous avons faite nous-mêmes. Si nous mettons l'UPA elle-même
responsable de la formation à la certification, ce sera la même
chose qui se passera avec la fédération de la chasse, etc.
À ce moment-là, nous avons suggéré cela à
l'UPA fortement. L'UPA avait accepté le principe et l'idée
d'emblée. Mais, dans son mémoire, elle s'est retranchée en
disant: Non, on préférerait que ce soit le ministère de
l'éducation et les ministères de l'Environnement et de
l'Agriculture qui y participent. Le ministre de l'Agriculture était
là. Il a déploré, il a regretté que l'UPA ait pris
cette position, mais je crois qu'eux, ils voient cela comme une affaire
d'argent. Cela va leur coûter de l'argent. Je pense qu'on va y revenir
abondamment, parce que nous pensons que c'est la façon la plus
sûre de les responsabiliser plus directement auprès de leurs
membres. En tout cas, je trouve l'idée très valable et je suis
tout à fait d'accord là-dessus.
J'ai bien aimé vos remarques sur la question des 2,4-D. C'est
évident ce que vous dites. Par rapport à l'eau potable, c'est
vrai. Comme vous le savez, nous avons commencé un programme
d'étude sur les micropolluants qui incluent aujourd'hui les vieux
pesticides. On va commencer par cela. Mais c'est sûrement l'objectif et
c'est sûr qu'il faut aller vers les pesticides contemporainsi
Une dernière remarque générale. Quant à la
question de l'accès à l'information, on est certainement d'accord
avec vous. Nous avons constaté que vous avez répété
les dispositions exactes de la Loi sur la qualité de l'environnement. De
toute façon, on va écrire la loi de façon à
dissiper tout malentendu. Nos avis juridiques nous indiquaient clairement que
la Loi sur la qualité de l'environnement impliquait que les pesticides
sont des contaminants. Mais on va préciser que les pesticides sont des
contaminants, afin de faire la juxtaposition. On écrira la loi de
façon qu'il y ait une correspondance avec la Loi sur la qualité
de l'environnement, que les deux s'appliquent d'une façon
complémentaire et indépendante, afin qu'on soit très bien
situé et que tous les pouvoirs de la Loi sur la qualité de
l'environnement s'appliquent in toto.
Pour ce oui est des choses que nous trouvons très valables et
acceptables, pour la question de la supervision immédiate, il y a des
précédents pour expliquer ce qu'est la supervision
immédiate dans les lois. Par exemple, elle a été
interprétée en droit professionnel comme quelque chose qui a
trait au milieu du travail lui-même. Mais nous trouvons votre suggestion
très intéressante de faire une définition en fonction du
ratio d'applicateurs. On va y revenir avec il vous de façon
spécifique pour savoir exactement comment vous balisez cela. Si on peut
l'incorporer pour rendre la
loi plus efficace, certainement qu'on va la considérer avec
beaucoup de sérieux.
Pour ce qui est de l'assurance-responsabilité civile, il est de
notre intention de l'inclure dans la réglementation, bien sûr. En
ce qui concerne l'attention particulière accordée aux
utilisateurs et vendeurs de pesticides de classe 2, on pourra le faire par une
certification pour tout ce qui est de la classe 2 et ne pas faire mention de la
supervision immédiate dans ce cas. On va considérer cela
très sérieusement.
Vous avez suggéré, pour l'article 30, d'exiger que sur les
lieux d'entreposage de grossistes, il y ait une personne qualifiée. Nous
sommes d'accord là-dessus. Il y a d'autres suggestions qui ont
été faites et on va certainement inclure les grossistes. Quant
à publier dans les journaux la liste des suspensions et
révocations de permis ou de certificats, ce sera considéré
très sérieusement. On pense qu'on se servira des associations
avec lesquelles on transige pour inclure cela dans les codes de bonne pratique,
comme cela se fait dans les codes professionnels.
Le droit à l'accès à l'information, j'en ai
parlé. Pour ce qui est des taxes sur les pesticides, beaucoup
d'intervenants en ont parlé. C'est peut-être la suggestion qui
revient le plus souvent et ce sera aussi examiné sérieusement.
Naturellement, c'est un cadre beaucoup plus large que le cadre dont je suis
responsable. La délégation aux municipalités, nous en
avons discuté. Personnellement, j'aurais voulu faire une
délégation aux municipalités, inclure cela dans la loi,
mais, au premier abord, les municipalités nous ont dit: Tenez la
commission parlementaire et on verra les réactions. On négocie
avec le monde municipal et j'espère qu'il sera d'accord pour
l'inclure.
La promotion et la recherche de méthodes alternatives, nous
allons spécifiquement mentionner cela dans la loi. Pour ce qui est d'un
réseau de surveillance, vous avez beaucoup parlé d'intensifier
les réseaux en place. Là aussi, on va revenir pour essayer
d'approfondir les suggestions que vous faites là-dessus.
Ce sont les choses que je pouvais vous dire. On va les analyser
très positivement. Pour ce qui est de la réglementation, je suis
tout à fait d'accord avec vous que produire un projet de loi
définitif sans une réglementation, c'est vraiment produire, comme
vous le dites, un corps sans coeur. La clé, c'est toute la
réglementation. Je peux vous assurer qu'aujourd'hui, une
réglementation est en voie de préparation. Lorsqu'elle sera au
stade où on pourra la publier, naturellement, elle sera l'objet de
consultations intensives et elle sera produite afin que les gens sachent
exactement quelle sera la réglementation en concordance avec le
dépôt du projet de loi, ou même avant. Alors, ce sera
fait.
Malheureusement, le temps me manque. Je dois vous féliciter
encore une fois, c'est un mémoire - je le dis sans exagérer, je
pense - assez exceptionnel et on va le considérer de façon
très sérieuse. Le dernier point que je vais soulever, c'est la
nouvelle recommandation que vous faites ici, soit la coadministration entre le
MENVIQ et le MAS. C'est sûr que tout ce qui va bonifier notre projet de
loi, nous sommes disposés à le faire. Si cela avait
été figé dans le ciment, on n'aurait pas produit un
avant-projet de loi. C'est une suggestion tout à fait nouvelle, on n'y
avait pas pensé du tout. On va la regarder, on va la soupeser, on va en
discuter. On verra, au sein du ministère, avec tout l'appareil
gouvernemental, ce qui peut être fait. Il y a certainement beaucoup
d'avantages à s'associer à un ministère beaucoup plus
puissant que nous, surtout financièrement, et avec de vastes effectifs.
On va certainement prendre cela au sérieux.
Merci beaucoup d'être venus ici nous donner vos idées. On
gardera certainement le contact pour avoir les détails de vos
suggestions.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Bien sûr,
comme le ministre, je vous félicite pour la qualité de ce
mémoire. L'analyse article par article, c'est vrai que c'est un travail
très bien fait. J'avais cependant une réticence quant à
l'introduction. Je trouvais qu'elle souffrait d'un paupérisme
décevant.
Une voix: D'un quoi?
M. Blais: D'un paupérisme décevant. Cependant, avec
votre présentation verbale qui était lucide, claire, intelligente
et surtout intelligible, cela me réconcilie un peu avec le fait que vous
n'ayez pas voulu, par écrit, faire une appréciation
générale. Vous disiez que vous vouliez attendre le projet de loi
lui-même. Vous avez le droit de le faire. Cependant, votre
présentation verbale m'a permis de saisir que vous aviez beaucoup de
restrictions dans l'ensemble.
C'est le député de Jonquière qui va vous poser les
principales questions sur votre mémoire. Cependant, de façon
classique - j'y reviendrai peut-être à la fin - je me dois de
poser la question classique suivante: Seriez-vous d'accord pour que, comme
plusieurs groupes qui ont présenté des mémoires, pour
l'éducation, la publicité et la recherche, il y ait une taxe
directe sur les pesticides pour financer ces trois points d'une importance
capitale? En deuxième lieu, croyez-vous que, même si le projet de
loi n'est pas encore
finalisé, et vous avez le droit de réserver votre
interprétation quand arrivera le projet final, actuellement, dans son
essence, cet avant-projet de loi subodore que les quantités de
pesticides utilisées pourront être défavorisées par
cet avant-projet de loi?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Green.
M. Green: Première question concernant une taxe. Cela fait
des années que je rêve d'avoir un système fiscal qui
pourrait dire: Chaque gramme de déchet toxique utilisé et chaque
gramme de pesticide déversé sera taxé. Et cette taxe irait
dans un fonds pour favoriser soit le nettoyage, les alternatives, le recyclage.
Cela fait des années que j'en rêve. La SVP a proposé une
taxe spéciale pour les producteurs de produits chimiques à
être versée dans un fonds monétaire d'intervention sur les
sites. Alors, sur ta question des taxes spéciales, j'en suis. Mais j'ai
tellement eu une fin de non-recevoir du gouvernement -M. Blais, je vous dirai
des deux gouvernements: celui d'avant et l'actuel - sur cette proposition. Les
échos que j'ai entendus sont que, au Québec et au Canada, et
peut-être même dans le Commonwealth, des taxes spéciales ou
des taxes versées dans un fonds spécial n'existent pas. Tout va
dans le trou noir qu'on appelle le fonds consolidé du Québec.
Donc, cela me fait rire que l'on parle de taxes sur ceci, de taxes sur
la cigarette et de taxes olympiques. Non. Il n'y a pas un compte de banque
où le gouvernement doit prendre le 0,0009 $ sur chaque gallon de
pesticide vendu et le mettre dans un compte qui ne peut être
utilisé que pour favoriser les alternatives.
Si le législateur veut changer le système fiscal
québécois pour permettre cela, j'ai beaucoup de propositions de
taxes spéciales à lui proposer: une taxe spéciale sur les
déchets industriels, une taxe sur les pesticides. Cela peut même
être une taxe sur la coupe forestière, une taxe spéciale
qui irait au reboisement, par exemple. Il y a beaucoup d'exemples. On m'a
toujours dit: Le problème, c'est le régime fiscal canadien. On a
même proposé cela, récemment, au ministre
fédéral de l'Environnement. Il nous a dit exactement la
même chose.
Donc, je serais d'accord. Par contre, je ne voudrais pas que cette taxe
serve à payer les arrosages que le MER fait contre la tordeuse. Que le
gouvernement me garantisse que l'argent provenant de cette taxe spéciale
sur les pesticides ira dans un fonds spécial utilisé seulement
pour les alternatives, je serai d'accord.
Pourriez-vous me rappeler votre deuxième question, s'il vous
plaît?
M. Blais: Est-ce que cet avant-projet de loi...
M. Green: Oui, d'accord...
M. Blais: ...sur la quantité réelle...
M. Green: Lors des discussions sur les modifications ,de la Loi
sur les contaminants de l'environnement du Canada, on s'est dit: Est-ce que
cette loi va réduire l'utilisation des contaminants au Canada? C'est
toujours la question qu'on se pose. Oui, mais à long terme. (12
heures)
Alors, entre vous et moi, ce qui est intéressant avec ce projet
de loi, c'est que, plus on légifère et plus on contrôle,
plus, évidemment, ça coûte cher, et, plus ça
coûte cher, plus l'alternative non pesticide est intéressante. Un
applicateur, qui est un gars ou une fille en vacances du cégep et qui
s'improvise applicateur ne va plus être capable de faire cela. Il ne va
pas non plus demander 5 % l'heure, il va demander un tarif professionnel:
excusez-moi, je suis un applicateur de pesticides formé, c'est 25 $
l'heure. Alors, ça va coûter un peu plus cher. W.H. Perron qui
engage un étudiant pour s'occuper de son magasin de pesticides ne va
plus être capable de faire cela, il va être obligé de le
payer plus cher. Il ne va plus être capable de garder les pesticides sous
le comptoir, il va être obligé de les garder dans une salle
équipée de gicleurs contre le feu. Tranquillement et subtilement,
chaque fois que le législateur légifère sur un
contaminant, ce contaminant devient plus difficile à utiliser et plus
cher. La loi du marché s'occupe du reste.
Si un utilisateur de pesticides, un agriculteur peut utiliser un produit
ou une méthode pour 'se protéger contre un ennemi nuisible, un
produit ou une méthode qui lui coûte moins. cher,
évidemment, il va l'adopter. Si une compagnie de pesticides vient vous
dire que cette loi va lui coûter plus cher, votre objectif est
partiellement atteint.
M. Blais: Merci de vos réponses. J'en aurais 500 à
sous poser, vous êtes tellement intéressant. Je vais passer la
parole au député de Jonquière.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je ne pense pas faire de redondance en disant que le
rapport est intéressant. Il y a peut-être des points, par exemple,
qui soulèvent des interrogations; peut-être trois points que je
vais prendre l'un après l'autre. Est-ce que dans ce projet de loi, M.
Green, il y a des forces que vous pouvez déceler?
M. Green: Est-ce qu'il y a des...
M. Dufour: Est-ce qu'il y a des forces que vous pouvez
déceler? Par exemple, est-ce que le projet de loi, à vos yeux,
était nécessaire?
M. Green: S'il était nécessaire? M. Dufour:
Oui.
M. Green: Oui, il fallait une loi québécoise sur
les pesticides. Effectivement, je le crois. Nous étions la seule
province canadienne à ne pas en avoir et je pense que cela pourra nous
aider. Aussi, vu l'utilisation du pesticide... Le pesticide est un
étrange contaminant. On l'utilise justement parce que c'est un biocide,
contrairement aux autres éléments polluants. Je peux, à la
rigueur, comprendre pourquoi le législateur voulait se doter de quelque
chose en particulier qui s'appelle loi ou règlement sur les
pesticides.
Je crois que, si on permet au citoyen le même droit d'appel - je
l'ai recommandé à une commission sur les pesticides au
Québec - que les utilisateurs, le débat sur les pesticides va
commencer au Québec. Le projet de loi est un outil intéressant
pour permettre ce débat, si le législateur veut que le
débat se fasse et si le législateur permet ou inclut dans sa loi
des modalités pour que les victimes interviennent. C'est pourquoi je
demande que le droit d'appel soit à double sens. Quelqu'un
possédant un certificat et qui se fait refuser un permis a un droit
d'appel; par contre, moi, je dois aussi avoir un droit d'appel concernant
l'émission d'un permis à telle compagnie.
Si le législateur permet le droit d'appel à double sens,
je pense que la Loi sur les pesticides sera un outil qui permettra un
débat sur les pesticides. Dans toutes les provinces canadiennes -
Nouveau-Brunswick, Ontario, Colombie britannique - cette commission sur les
pesticides était une tribune pour débattre des pesticides qui a
aidé les provinces à évoluer dans l'utilisation des
pesticides. Exemple: l'Ontario a été l'une des premières
provinces à défendre l'utilisation du 2,4,5-T. Évidemment,
les rumeurs voulaient que le 2,4,5-T interdit en Ontario soit vendu à
Hydro-Québec ici, mais ce sont des rumeurs, je n'en ai pas de preuve.
Par contre, cela permet un débat. Un forum, un débat, si la loi
le permet, je pense que les méfaits des pesticides seront connus du
public, on va en discuter. Si le projet de loi nous donne cela, ce sera un pas
dans la bonne direction, oui.
M. Dufour: Je vais aller immédiatement au droit d'appel,
parce qu'il y a peut-être d'autres questions que j'aurais aimé
soulever en premier, mais, comme vous nous amenez sur cette question, je
comprends aussi que la plupart des gens vont favoriser un tribunal
administratif pour régler leurs problèmes. Cela se
présente chaque fois. Il y a aussi des montants d'argent
inhérents à la mise sur pied d'un tribunal administratif. Je
pense bien, connaissant votre réalisme quant à tout le projet,
que vous ne devez pas nécessairement penser que ce tribunal
administratif va être mis sur pied dans l'immédiat.
M. Green: Le tribunal pourrait être mis sur pied
rapidement. Il y a beaucoup d'exemples au Québec: la Régie de
l'électricité et du gaz, la Commission des transports du
Québec, le Bureau des audiences publiques, la Régie des services
publics. Évidemment, toutes ces commissions coûtent cher. Je sais
que, lors de l'élection de ce gouvernement, on a entendu, comme de fait,
des rumeurs selon lesquelles on abolirait certains tribunaux quasi judiciaires
ou commissions. Mais on parle de la gestion de substances dangereuses, on a
quelquefois des discussions très techniques. Ayant siéqé
à quelques audiences en cour provinciale et en Cour supérieure
dans les dossiers environnementaux, laissez-moi vous dire que je ne suis pas
très impressionné du quotient environnemental de la plupart des
magistrats au Québec.
La question que je me pose est la suivante: Est-ce que l'appareil
juridique, tel qu'on le connaît actuellement, est apte à bien
gérer, par l'intermédiaire de nos tribunaux, les appels, les
discussions sur tes pesticides? Je ne le crois pas. Je pense qu'il y aurait
lieu d'avoir effectivement, comme les autres provinces, une commission. Les
autres provinces, le Nouveau-Brunswick, l'Ontario, la Colombie britannique, ont
une commission. La commission ne doit pas siéger continuellement. Elle
peut siéger de façon ad hoc ou temporaire quand il y a une
demande d'appel. Elle peut être composée à la rigueur de
personnes de la communauté ou de la région, peu importe. Elle n'a
pas besoin d'avoir une grosse structure. Je crois qu'on pourrait
développer une structure assez flexible dans la formation d'une
commission. Par contre, une chose dont je suis sûr: ce n'est pas par la
Cour provinciale qu'on va avoir ce débat. La Cour provinciale est
déjà très occupée, je me demande où pourrait
être située, dans le rôle, une demande de modification de
permis. Je crois qu'un tribunal administratif serait plus rapide, pourrait agir
en plus grande connaissance de cause et pourrait être le lieu d'un
débat beaucoup plus intéressant que la structure et le
décorum d'une salle de cour.
M. Dufour: Le ministère de l'Environnement est un jeune
ministère. Il n'a pas un vécu tellement grand et Dieu sait si
cela prend de la volonté politique, qu'on ne décèle pas
nécessairement tout le temps, à
première vue, et on se rend compte des problèmes qu'il
affronte sur le terrain régulièrement. Vous suggérez de
faire une coadministration avec les Affaires sociales, mais c'est un
ministère qui est structuré structurant, qui a des montants
d'argent extraordinaires, mais qui a aussi ses problèmes. Comment
voyez-vous cette possibilité de faire cette administration tout en
tenant compte des objectifs qu'on poursuit? Il faut admettre qu'aujourd'hui
c'est la Loi sur les pesticides qui est la loi la plus importante, comme cela
pourrait être tantôt une loi qui touche à un autre domaine,
à d'autres commissions parlementaires.
M. Green: Je crois que le législateur a
déclaré ceci à l'article 2: protéger
l'environnement et protéger l'homme et ses biens. Dans toute la loi, on
parle de la santé publique. Lors de la création du
ministère de l'Environnement, il y avait la Loi sur l'hygiène
publique du Québec et le ministère a pris de cette loi des
sections et en a laissé au ministère des Affaires sociales,
maintenant connu sous le nom de ministère de la Santé et des
Services sociaux. On a remarqué, au cours des années, une
certaine maturation en ce qui concerne le lien que l'appareil médical
fait entre santé et environnement. Les études du Dr Barbeau, feu
le Dr Barbeau, sur la maladie de Parkinson, dans le sud-ouest du Québec:
le Dr Barbeau semblait dire qu'il y a une relation entre l'utilisation des
pesticides organo-phosphates des carbamates qui ont des effets neurotoxiques,
et la maladie de Parkinson. Le lien entre le syndrome urénique et
hémolytique à Rivière-du-Loup et les arrosages contre la
tordeuse. Le syndrome de Reye, qui a tué beaucoup d'enfants au
Nouveau-Brunswick. On s'est aperçu qu'au Nouveau-Brunswick,
c'était le ministère de la Santé qui intervenait
concernant le problème des pesticides plutôt que le
ministère de l'Environnement. Je ne vois pas une incompatibilité
logique de demander au ministère de la Santé et des Services
sociaux de coadministrer la loi.
Pratiquement, sur le terrain, cela fonctionne un peu ainsi. Un
applicateur verse un pesticide sur des champs de maïs avec un avion. Il
vente. Le vent pousse le nuage de pesticides vers un village. De jeunes enfants
développent de l'asthme, de l'urticaire, des convulsions. On ne sait pas
ce qui se passe. Le directeur du DSC, un médecin, est averti. Le
médecin utilise ses pouvoirs en vertu de la loi, même un pouvoir
d'inspecteur et il ordonne en fonction des pouvoirs de saisie de la loi: Je
saisis votre avion, je saisis vos pesticides; vous allez à l'encontre de
l'objectif de la loi qui est de protéger l'homme et ses biens; c'est un
usage abusif des pesticides; je vous interdis de faire cela.
Un intervenant de plus pour protéger l'environnement ne ferait
pas de mal. Marcel Léger disait- quand je dis Marcel Léger, je
sens les murs vibrer dans cette enceinte sacrée - qu'il faut 6 000 000
d'inspecteurs au Québec.j Je vous suggère d'en donner
peut-être 200 ou 300 autres en demandant au ministère de la
Santé et des Services sociaux des médecins des hygiénistes
et d'avoir aussi le pouvoir d'inspection et d'application de la loi quand il y
a risque pour la santé publique, ce qui est le rôle du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Finalement, je
donne un outil de plus. Administrativement, est-ce que cela sera un cauchemar?
Peut-être que oui, peut-être que non. C'est sûr qu'il y
aurait des arrangements à faire. J'ai parlé au Dr Lajoie, qui
est, je pense, le représentant de l'association des DSC du Québec
et il semblait aimer l'idée. Il lui semblait quel l'idée
était séduisante. Je pense que le gouvernement devrait l'explorer
et voir si, d'un coup, avec un mot, le ministre de l'Environnement et le
ministre de là Santé et des Services sociaux administrent la loi
en vertu de dispositions transitoires, l'article 119: "...est chargé de
l'application de la présente loi". Ce serait très bien et il y a
les précédents canadiens de la Loi sur les contaminants de
l'environnement où c'est le ministre de l'Environnement et le ministre
de la Santé nationale qui s'occupent d'administrer, les
contaminants.
M. Dufour: Je vais laisser la parole au porte-parole officiel de
notre formation pour vous remercier, à moins qu'il n'y ait d'autres
questions. Je veux vous remercier et je peux vous dire que non seulement vous
avez répondu à des questions, mais que vous en avez
suscitées beaucoup d'autres.
M. Green: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député del Jonquière. En conclusion, M. le ministre.
M. Lincoln: Le temps a passé, malheureusement, mais
très constructivement, je pense. Nous avons appris des choses. M. Green,
nous vous remercions d'être venu et de nous avoir présenté
votre mémoire qui sera étudié, comme je l'ai dit
déjà, avec le plus grand sérieux. Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Green.
M. Green: Est-ce que je pourrais ajouter une note informelle?
Quand j'ai lu le projet de loi, ma première réaction a
été d'être très fâché. Mais je me suis
dit qu'on pouvait prendre le projet de loi, le couper en petits morceaux et
l'épandre sur les terrains affectés par les insectes au
Québec. Chaque insecte pourrait lire une section du projet de
loi et il trouverait cela tellement drôle que l'insecte pourrait
mourir sur le champ. Plus besoin d'arroser avec des pesticides au
Québec!
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Green. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Sur ces paroles de confettis jetés dans la
nature, je vous remercie et vous félicite pour la compétence
traditionnelle de vos présentations et de vos mémoires.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Green, au nom de tous les
membres de cette commission, je tiens à vous remercier pour la
qualité de votre présentation et la commission de
l'aménagement et des équipements suspend maintenant ses travaux
jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 16)
(Reprise à 14 h 16)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre la consultation particulière
portant sur l'avant-projet de loi sur les pesticides. À ce moment-ci,
j'aimerais faire part aux membres de la commission qu'il y a un changement
à l'horaire de nos travaux. La session qui était prévue ce
soir de 20 heures à 21 heures pour entendre l'Ordre des chimistes est
reportée à 18 heures. Nous allons entendre l'Ordre des chimistes
de 18 heures à 19 heures ou avant, s'il y avait lieu, suivant le
déroulement de nos travaux.
À ce moment-ci, j'aimerais inviter les gens du Service d'aide au
consommateur à venir prendre place, s'il vous plaît, devant la
commission.
Je demanderais au porte-parole du Service d'aide au consommateur de
s'identifier, s'il vous plaît, et d'identifier les gens qui
l'accompagnent.
Service d'aide au consommateur
Mme Plamondon (Madeleine): Mon nom est Madeleine Plamondon. Je
suis présidente du Service d'aide au consommateur. C'est Mario
Saint-Pierre, recherchiste, qui m'accompagne.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous vous souhaitons la
bienvenue, Mme Plamondon. À partir de ce moment-ci, j'aimerais vous
rappeler que vous avez jusqu'à un maximum de 20 minutes pour faire
entendre aux membres de la commission votre mémoire. Je vous cède
la parole.
Mme Plamondon: J'aimerais d'abord commencer par présenter
un peu ce qu'est le Service d'aide aux consommateurs. C'est la première
fois qu'on vient en commission parlementaire sur l'environnement et nous
voulons vous dire un peu quelle est notre préoccupation. Le Service
d'aide au consommateur est un organisme à but non lucratif qui
fête ses treize ans d'existence aujourd'hui.
Une voix: Bonne fête!
Mme Plamondon: Merci. Nos objectifs sont de renseigner les gens
et les conseiller dans leurs choix pour les produits et les services en
consommation. Nous voulons aussi intervenir devant tout organisme privé
ou public quand l'intérêt du consommateur est là. Dans
l'évolution du Service d'aide au consommateur, on a vite vu, dans les
premières années, qu'on ne peut pas dissocier la santé et
l'environnement de la consommation, ce qui fait que la banque de données
du Service d'aide au consommateur, qui est dans les deux langues, qui est
informatisée et qui est disponible dans tout le Canada par une ligne
centrée dans les deux langues, a aussi un gros secteur qui touche
l'environnement. Évidemment, les pesticides sont une petite partie de
l'environnement, parce qu'on en a aussi sur 18 contaminants, et c'est le plus
gros secteur dans notre banque de données. Ce n'est pas la plus grosse
partie de la banque de données, mais, comme secteur, c'est la plus
grosse partie.
À deux reprises, le ministère de l'Environnement a
subventionné pour étoffer la recherche, pour bâtir la
banque de données et on a eu aussi des projets de mois de
l'environnement, dont un spécialement sur les pesticides. On ne peut
pas, comme je l'ai dit, dissocier l'environnement de la consommation. Chaque
fois qu'on voit dans les journaux, parce que I'input de notre banque de
données... Évidemment, il y a les revues
spécialisées, mais il y a aussi tous les journaux à
travers le Canada et on reçoit le sommaire des périodiques du
monde entier, ce qui nous donne une vue globale du monde de la consommation et
de l'environnement et qui nous permet de nous apercevoir que les pesticides
causent un préjudice grave à tous les consommateurs où
qu'ils soient et, particulièrement, on le sait, dans le tiers monde
où tout ce qui ne passe pas dans les pays industrialisés est
"dompé", si on peut dire, et mal utilisé.
Mais, si on se rapproche un peu plus de notre région, on vous a
parlé ce matin - je pense que Daniel Green et d'autres vous l'ont dit -
des accidents qui sont survenus et des inquiétudes, autant du DSC de
Rimouski que d'autres endroits. Mais, dans ma région, dans la
région de la Mauricie, au coeur du
Québec, il y a des choses qui ne sont jamais parues dans les
journaux.
Je vais vous en donner quelques exemples. Cela vous dira pourquoi on
intervient aussi avec un mémoire sur les pesticides auquel on aurait
voulu pouvoir consacrer plus de temps, mais étant donné que c'est
un des secteurs d'activité du Service d'aide au consommateur, on a
préféré venir avec ce qu'on a plutôt que de ne pas
venir du tout.
L'aldicarbe, qui est un pesticide utilisé dans les champs de
patates, s'il est utilisé plusieurs années de suite, comporte un
danger de contamination pour les nappes souterraines. Dans notre région,
des résidents de Mont-Carmel, de Saint-Léonard-d'Aston -il y en a
aussi à Sainte-Thècle - ne peuvent plus utiliser leurs sources
d'eau.
On sait que l'aldicarbe est fait par Union Carbide et qu'Union Carbide
n'est pas un modèle pour la protection de l'environnement. Union Carbide
a même proposé à un cultivateur de lui fournir à vie
de l'eau embouteillée parce que l'eau n'est plus utilisable sur son
terrain. C'est pour vous dire que les répétitions d'aldicarbe,
même si chaque application est faite de la bonne façon, font que
cela se retrouve dans les nappes souterraines.
Une autre chose qui est arrivée et qui nous fait intervenir,
c'est qu'en consommation vous vous en allez dans des grands magasins où
on peut se servir tout seul. Les deux organismes qui nous ont
précédés ce matin l'ont mentionné. On
s'inquiète de la façon avec laquelle on peut si facilement aller
chercher de la mort en vente libre.
D'abord, je vais prendre un exemple de ma région et cela non
plus, ce n'est pas su dans le moment. Dans la région de Saint-Didace, il
y a quelqu'un qui a acheté sept poches de roténone pour faire
mourir les poissons dans un ruisseau pour pouvoir, après, ensemencer une
espèce en particulier. Évidemment, un ruisseau, ça coule,
et c'est le cultivateur de la terre voisine qui a déposé une
plainte parce que ses animaux s'abreuvaient dans ce ruisseau.
Cela veut dire que n'importe qui, n'importe quand, peut aller acheter
n'importe quoi et empoisonner qui il veut. On ne vit pas, dans le moment, des
temps de terrorisme au Québec, mais avez-vous pensé avec quelle
facilité n'importe quel poison pourrait se retrouver dans toute l'eau
potable au Québec tellement c'est facile d'aller acheter n'importe quel
pesticide.
On a procédé article par article; cela dénote nos
préoccupations. Ce n'est pas poussé comme le mémoire de
Daniel de SVP. J'aurais aimé y consacrer autant de temps que lui et
j'approuve ce qu'il vous a dit, mais j'aimerais vous dire, avant que Mario
commence, pourquoi, nous, on est si préoccupés. Dans le tiers
monde, il y a une personne qui meurt toutes les minutes empoisonnée par
les pesticides parce que l'industrie et tous ceux qui l'exploitent se foutent
de la façon dont on les utilise. Ils veulent cela par mesure de
prévention, avant qu'une mauvaise herbe pousse et avant même qu'il
y ait quoi que ce soit, n'importe où. On le fait par prévention.
C'est un peu comme si, comme consommateur, on prenait trois aspirines par jour
pour prévenir les maux de tête. C'est un peu comme si on utilisait
tous les médicaments en vente libre pour éviter d'avoir les
maladies rattachées à ces médicaments. Vous vous imaginez
quel cocktail cela peut faire dans l'organisme. C'est la même chose avec
les pesticides. On se retrouve avec une conjugaison de pesticides par mesure de
prévention. Avant même qu'il n'y ait une mauvaise herbe au
printemps, on met des pesticides, au cas où il arriverait quelque
chose.
On retrouve cela avec le poulet. Je vous donnerai] cet exemple,
même s'il ne s'agit pas de pesticides. Le poulet qui sort de sa coquille
commence à manger de la moulée où il y a des hormones, des
antibiotiques. Avant même qu'il soit malade, on prévoit toutes les
maladies. Vous pouvez vous imaginer ce que ce serait si on nourissait les
êtres humains aux antibiotiques à la naissance juste au cas. On
est en train de faire cela avec tous les pesticides qui se retrouvent dans
notre organisme et qui sont utilisés soi-disant par mesure de
prévention.
On désire aussi - vous l'aurez remarqué dans le
mémoire - élargir le réseau d'émission dej
certificats pour couvrir les agriculteurs. On est d'accord avec les autres
orqanismes qui nous ont précédés. Au Québec, 85 %
des utilisateurs de pesticides sont des agriculteurs. On a aussi inclus les
détaillants, les vendeurs de machinerie qui iront avec ces pesticides et
qui diront aux gens comment les utiliser.
Une chose qui n'est pas incluse dans notre mémoire et que l'on
mentionnera tout de suite, c'est qu'il devrait y avoir non seulement une
formation donnée aux agriculteurs, mais des modes d'emploi plus clairs.
Parce que j'ai su, de quelqu'un du ministère de l'Environnement, qu'un
litre et un gallon, pour certains agriculteurs, c'est la même chose.
Donc, les quantités varient considérablement. Il devrait
également y avoir des instructions très claires sur les mesures
à prendre pour utiliser des pesticides pour ne pas qu'on se retrouve
avec des gens qui, de bonne foi, vont utiliser des pesticides, mais vont quand
même mal les utiliser.
Je laisse Mario vous donner...
M. Lincoln: M. le Président, est-ce que je pourrais faire
une suggestion à Mme Plamondon et, M. Saint-Pierre? On a vingt
minutes pour chaque mémoire et it vous reste environ huit ou neuf
minutes, selon l'horaire. Je sais que vous avez fait pas mal de travail sur des
suggestions spécifiques concernant les articles. Je sais que dans notre
cas et aussi le cas du service de la recherche du critique de l'Opposition,
nous avons fait une grille d'analyse de toutes les recommandations, par
exemple, sur chaque mémoire. J'ai une grille d'analyse de chacun de ces
articles. Ce que je voulais vous suggérer c'est qu'il n'est pas
nécessaire de lire chacune des recommandations en détail, parce
que nous les avons annotées et analysées. Je sais que le service
de la recherche du critique de l'Opposition a fait la même chose. Or, si
vous voulez faire une synthèse, cela vous laissera peut-être plus
de temps pour le faire dans le temps qui vous est alloué. C'est libre
à vous de choisir. Si vous commencez à lire cela en
détail, vous n'aurez pas assez de temps. Enfin, c'est libre à
vous. C'est une suggestion que je vous fais. Je voulais vous dire que toutes
les suggestions que vous avez faites concernant les articles ont
été annotées. On pourrait ensuite les commenter et vous
dire...
Mme Plamondon: D'accord. Mario, si tu veux résumer?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Saint-Pierre.
M. Saint-Pierre (Mario): Un des points majeurs de notre
mémoire, c'est que nous voulons élargir le système de
permis et de certificats aux agriculteurs et aux sylviculteurs parce que,
justement, ils représentent 85 % des utilisateurs.
Ensuite, nous voulons coordonner les recherches qui sont faites par les
ministères et organismes du gouvernement sur les problèmes
environnementaux reliés à l'usage des pesticides et sur les
solutions de rechange possibles.
Nous désirons aussi que la publication et la diffusion des
informations, des études et des enquêtes soient faites le plus
largement possible.
À la section des permis, nous proposons que le titulaire d'un
permis d'une catégorie déterminée doive tenir les
registres d'achat, de vente ou d'utilisation et que, par réglementation,
les renseignements suivants soient inclus: le nom, l'adresse et le
numéro de permis du vendeur, le nom, l'adresse et le numéro de
permis de l'acheteur, le nom, le numéro d'enregistrement et la
quantité des pesticides vendue ou achetée et la date de la
transaction. C'est un peu le même type de renseignements que nous voulons
retrouver dans les registres d'utilisation.
Au sujet des permis temporaires, nous voulons aussi qu'ils soient
effectifs pour ceux qui s'adonnent à la vente et non seulement à
l'utilisation.
Dans la section des certificats, nous voulons que les gens qui donnent
des renseignements sur l'utilisation des pesticides à la
clientèle d'un détaillant, qui offrent ou dispensent des services
reliés à la vente en gros de pesticides, soient inclus dans le
mécanisme des certificats.
Toujours concernant les certificats, par rapport à l'article 38,
nous désirons que les détaillants titulaires d'un certificat
affichent à un endroit bien en vue et publient à chaque place
d'affaires ou établissement leur certificat, que les titulaires de
certificats qui exécutent des travaux de nature technique reliés
à l'utilisation des pesticides le présentent à la demande
d'un inspecteur.
J'essaie d'aller au plus important. Quant aux ordonnances, a l'article
47, nous désirons inclure - il y en a toute une série -le
dépôt, la distribution, l'élimination, l'entreposage, le
transport, le recyclage, l'étiquetage et les contenants des pesticides.
Nous désirons aussi modifier cet article pour l'élarqir; il se
lirait comme suit: "...s'il est susceptible d'en résulter un danger pour
la vie, la santé, la sécurité, le bien-être ou le
confort de l'être humain ou un dommage à la qualité du sol,
de l'air, de la végétation, de la faune et des biens." Nous
apportons des précisions à ce niveau. Nous souhaitons que les
ordonnances s'appliquent dans les situations où des cas d'urgence sont
soupçonnés de survenir. (14 h 30)
Les mesures conservatoires ne doivent pas seulement s'appliquer en cas
de dommages immédiats; les dommages à long terme et à
court terme doivent être évités. Si un dommage est
susceptible d'être provoqué, il doit être
évité.
À la section des injonctions, nous considérons que nul ne
peut émettre, déposer, dégager ou rejeter ni permettre
l'émission, le dépôt, le dégagement ou le rejet dans
l'environnement d'un pesticide contrairement aux méthodes, normes et
procédés - ici, nous précisons - reconnus par les normes
fixées par règlement du gouvernement. C'est une nuance
importante.
Toujours sur les injonctions: Dans le cas où le gouvernement, ses
ministres ou ses sociétés d'État s'avéreraient de
mauvais utilisateurs de pesticides, un citoyen doit avoir la possibilité
de viser une de ces parties par le droit à l'injonction.
Quant à l'inspection, la saisie et la confiscation, les
pesticides fabriqués et l'équipement doivent pouvoir être
inspectés, saisis et confisqués. D'ailleurs, le Service d'aide au
consommateur s'inquiète de la possible nocivité des choses
saisies périssables et qui, selon le projet de loi, peuvent être
revendues.
Au chapitre VI, quant à la réglementation, nous
considérons comme essentiel
que soient établies des règles précises en ce qui
concerne l'épandage, l'approbation préalable des projets
d'arrosage, l'évaluation préalable de l'impact environnemental de
telles pratiques, l'émission de quotas évalués en fonction
de la capacité d'absorption de chaque milieu récepteur de
pesticides.
Ensuite, à la section des dispositions pénales, nous
constatons que les amendes ne s'appliquent pas dans le cas où les normes
d'utilisation ou d'épandage ne sont pas respectées. Les amendes
visent uniquement ceux qui contreviennent aux ordonnances ou au système
d'autorisation d'utilisation ou de vente. Devons-nous conclure que
l'avant-projet de loi est plus sensible aux droits des pollueurs qu'envers les
défenseurs de l'environnement? En gros, c'est notre mémoire.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Saint-Pierre. S'il
n'y a pas d'autres commentaires, M. le ministre.
M. Lincoln: M. Saint-Pierre et Mme Plamondon, merci beaucoup
d'être venus témoigner ici et surtout de nous avoir soumis un
mémoire qui, pour un organisme sans but lucratif, demande de la patience
et beaucoup de temps bénévole pour étudier le projet de
loi. Nous qui avons des équipes pour le faire, nous savons ce que c'est
que de faire ce genre de travail avec une petite équipe de
bénévoles. Donc, nous vous remercions tout
particulièrement d'être venus témoigner. Peut-être
devrais-je commencer par dire: M. Saint-Pierre, non, nous ne passons pas le
pollueur avant celui qui aime prévenir l'environnement. Je pense que
nous tous, quoique nous soyons des gens du gouvernement de part et d'autre, du
côté de l'Opposition, comme du côté
ministériel, nous avons les mêmes objectifs en vue. Ce n'est pas
du tout l'idée. Le phénomène de produire un projet de loi,
c'est d'indiquer qu'on veut restreindre. Ici, on a parlé de régir
et de réduire les pesticides, on a dit qu'on allait prendre cela en
considération, mais on poursuit certainement les mêmes objectifs.
Vous avez fait beaucoup de recommandations sur les articles. Je voudrais situer
très brièvement, dans le temps qui nous est alloué,
quelques-unes des constatations que vous avez faites et vous indiquer certaines
choses par rapport aux plus importantes notions que vous avez
présentées ici. D'abord, pour le redire encore une fois: les
agriculteurs et les sylviculteurs seront certainement inclus dans une
disposition du projet de loi. C'est sûr qu'une réglementation sera
incluse pour eux selon l'article 95 et l'habilitation qu'on a au
deuxième alinéa de l'article 5. C'est sûr, les agriculteurs
le savent et les sylviculteurs le savent. Officiellement, c'est l'engagement
formel que la loi nous permet de faire et ils vont être inclus, mais pas
au départ parce que cela prend beaucoup plus de temps dans des secteurs
tellement vastes. Même M. Green, comme vous t'avez entendu ce matin, a
suggéré une date, le printemps 1990, qui allait un peu plus loin
que la date que nous nous étions fixée, soit janvier 1990, pour
les agriculteurs. Pour les sylviculteurs, cela se fera bien avant parce que
nous avons déjà une entente avec le ministre
délégué aux Forêts pour produire le plus tôt
possible d'abord une politique qui sera suivie d'une réglementation sur
les pesticides. En fait, le milieu forestier voulait que ce soit
identifié même avant avril de cette année. Je ne sais pas
si on pourra y arriver, mais, en tout cas, ce sera le plus tôt possible.
Le premier pas, c'est d'abord de faire la loi et de l'adopter.
Vous avez parlé des autres ministères. Les autres
ministères sont soumis à la loi, en vertu de l'article 6. Donc,
tout ce qui s'applique à un citoyen s'applique aussi aux
ministères et aux organismes gouvernementaux. II n'y a pas de traitement
de faveur dans la loi; ils sont traités de la même façon
que tous les autres.
Plusieurs de vos recommandations ont trait à certaines choses -
en fait, vous le dites vous-même - qui vont apparaître dans la
réglementation éventuelle: par exemple l'adresse, les permis,
l'étiquetage, etc. Ce sont des choses qui n'apparaissent pas dans le
projet de Ioi parce que, normalement, ce ne sont pas dès détails
qui sont inclus dans un projet de loi. C'est pourquoi le projet de loi habilite
le gouvemement et le ministre à produire une réglementation
afférente selon les secteurs et les conditions des secteurs. Je
répète ce que j'ai dit en réponse à M. Green qui,
tout à l'heure, me disait: Une loi sans réglementation, cela ne
vaut rien; il faut étudier les deux ensemble. Je vous donne un
engagement formel que, aussitôt que le projet de réglementation
auquel on travaille présentement sera prêt, il va aller en
prépublicaïion afin qu'il y ait une consultation relativement
à cette réglementation sans laquelle le projet de loi est inerte.
Ainsi, vous saurez exactement ce qu'il y aura dans cette réglementation
et ce que vous mentionnez, nous en prenons bonne note car c'est le genre de
choses qui sera inclus dans les dispositions de la réglementation.
Pour ce qui est de la section pénale, des pénalités
de la loi, vous dites avec raison... Cela nous a été
souligné; on l'avait remarqué, en fait, avant même de venir
ici et c'est pourquoi j'avais dit, au tout début de la commission, que
l'article 67 que vous retrouvez au chapitre de l'injonction l'article 67 du
projet de loi si vous l'avez devant vous - va être aussi inclus dans le
chapitre des pénalités. C'est-à-dire que cela va
répondre à votre dernière remarque. Il n'est pas du tout
question d'essayer... C'est
sûr qu'on l'avait mis dans le chapitre de l'injonction, mais il
devait aussi être dans le chapitre pénal qui contrôle toutes
les amendes: "Nul ne peut émettre..." Cela va être inclus, je vous
donne mon engagement.
Je n'ai pas de questions formelles pour vous. Il y a eu tellement de
questions par rapport aux choses que vous avez apportées. Je voulais
vous donner ces confirmations sur les points les plus importants que vous avez
apportés. Mon collègue va vous poser une ou deux questions pour
finir notre temps avant que le critique de l'Opposition ne prenne la parole.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Mme Plamondon, M. Mario St-Pierre, vous êtes ici
à cause de votre sincérité à défendre la
cause environnementale qui vous a poussés à écrire ce
mémoire et à venir le défendre. Je vous félicite
parce que vous êtes des bénévoles. D'autant plus que, Mme
Plamondon, vous nous avez donné une série d'exemples qui nous
démontraient certains gestes irresponsables qui sont posés et qui
sont très représentatifs de la réalité
blâmable un peu partout au Québec. Et ceci, pour faire part de vos
inquiétudes et, indirectement, pour nous dire que le projet de loi que
nous sommes enfin en train d'étudier doit être assez
sévère, quand même, pour que, à l'avenir, les
exemples que vous nous avez donnés ne soient plus possibles. Vous avez
aussi parlé de la guerre aux pesticides préventifs dont
l'innocuité n'est pas prouvée et je vais vous poser, à
vous et à votre partenaire, les deux mêmes questions classiques
qui sont importantes. Premièrement, vous représentez un service
aux consommateurs. Des gens d'un autre service pour la protection du
consommateur sont venus et je leur ai posé la question aussi.
Seriez-vous pour une taxe sur les produits toxiques ou les pesticides afin que
la recherche, l'éducation et la prévention soient
financées par cette taxe? De plus, vous avez parlé dans votre
introduction de l'usage restrictif que vous aimeriez que l'on fasse de certains
pesticides. Voici la deuxième question qui est classique aussi: Ce
projet de loi, d'après moi, n'est pas assez sévère et j'y
vois a peine une façon d'empêcher quantitativement les pesticides
d'être utilisés. J'aimerais avoir votre opinion sur ces deux
questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme
Plamondon.
Mme Plamondon: En réponse à votre première
question, je trouve que le consommateur québécois est
surtaxé. Ce n'est certainement pas moi qui vais vous suggérer de
le taxer davantage. C'est certain que pour tous ceux qui sont tenus
responsables dans l'environnement de mal utiliser les pesticides, de les
produire ou de prendre cela comme première mesure avant de regarder des
solutions de rechange, il devrait y avoir des contributions de la part de ces
industries. Cela devrait être acquis parce que les solutions de rechange
qui vont venir ne seront pas financées à même une taxe
spéciale. Je ne crois pas, moi, que la taxe spéciale que vous
suggérez ou qui pourrait être suggérée va être
un incitatif assez fort, contrairement à ce que pensent ceux qui m'ont
précédé, pour pouvoir empêcher l'utilisation de
pesticides. Le lobbying de l'industrie, la production et la rentabilité
d'une culture vont faire que les gens vont vouloir en utiliser, un peu comme on
a augmenté les taxes sur l'essence et le transport en commun, dans
certaines villes, on a encore de la misère à le faire utiliser.
Il doit y avoir une promotion pour l'utiliser, même si les taxes sur
l'essence ont monté de façon faramineuse.
Je suis contre une taxe supplémentaire pour les agriculteurs ou
pour n'importe qui utilise les pesticides. Comme Daniel Green l'a dit: Les
taxes s'en vont dans un trou noir et sont utilisées ailleurs. Je serais
pour des dommages-intérêts exemplaires, par exemple. Je pense
à Union Carbide. Comment allez-vous laisser passer une affaire comme
celle-là? Comment allez-vous laisser passer que quelqu'un fait un
produit, le met sur le marché légalement, il est utilisé
par les agriculteurs et l'agriculteur perd sa principale source d'eau? Comment
laissez-vous passer cela? Est-ce que c'est en taxant l'agriculteur que vous
allez lui redonner son eau? II devrait y avoir des
dommages-intérêts exemplaires vis-à-vis des grosses
compagnies qui s'en sauvent trop facilement. Qu'est-ce qu'ils peuvent bien vous
dire en secret pour que vous approuviez tous ces produits? Comment cela se
fait-il? Comment vous sentiriez-vous si c'était votre terrain, que vous
ne pourriez plus vous abreuver à ces sources et qu'on vous offrait comme
compensation des bouteilles d'eau à vie? C'est quoi pour les descendants
après? Comment réagissez-vous vis-à-vis de cela? J'aurais
le goût de vous en poser des questions.
M. Blais: Allez-y.
Mme Plamondon: Comment réagiriez-vous? Qu'est-ce que vous
feriez si vous étiez celui à qui Union Carbide a proposé
de l'eau embouteillée à vie? Allez-y.
M. Lincoln: Je suis disposé à répondre.
M. Blais: L'Opposition, le pouvoir ou les deux?
Mme Plamondon: Pardon?
M. Blais: L'Opposition, le pouvoir ou les deux?
Mme Plamondon: Les deux.
M. Blais: On vous donne préséance.
M. Lincoln: Je suis très heureux de vous répondre.
Je ne défendrai certainement pas Union Carbide ou n'importe quelle
compagnie qui nous propose de l'eau à vie. En fait, dans beaucoup de
discours que j'ai faits è l'AQTE ou ailleurs, j'ai dit que je trouve
cela très très triste, sur le territoire du Québec
où 20 % de notre masse est composée d'eau, que nous soyons
obligés, même dans une infime proportion, de boire de l'eau
embouteillée et après cela, d'avoir les contenants en plastique
qui détruisent l'atmosphère. Je trouve cela inacceptable. Certes,
du côté de l'Opposition comme de notre côté, la
recherche que nous faisons, notre objectif éventuel est qu'il n'y ait
pas de pesticides dans l'atmosphère.
Aujourd'hui, on est obligés de les tolérer, mais, comme
vous le savez, madame, l'homologation, la mise en marché des pesticides,
l'importation des produits, les contrôles sur les fabricants
dépendent de la loi antiparasitaire du ministère
fédéral. Jusqu'ici, il y avait très très peu de
connexions entre le ministère fédéral de l'Agriculture,
qui en a la responsabilité, et le ministère de la Santé et
de l'Environnement fédéral. Je sors d'une rencontre avec le
ministre ontarien de l'Environnement où on a justement parlé de
cette question. Ce que nous voulons, nous, c'est de l'information sur la
toxicité des produits. Cette information, c'est le fédéral
qui l'a. C'est le fédéral qui la contrôle. Cela a
été très difficile pour les provinces de l'obtenir. (14 h
45)
Nous sommes en train de mettre les pressions les plus actives pour
l'obtenir. C'est cela, un des gros problèmes. On n'est pas partie
à l'homologation dans les provinces. On ne sait pas ce qui se fait,
parce que ce n'est pas nous qui avons les pouvoirs d'homologuer et c'est
pourquoi il faut qu'on fasse des pressions ensemble dans toutes les provinces,
toutes les organisations, sur le système d'homologation et de revue des
pesticides homologués.
Malheureusement, le temps me manque, mais je voudrais bien vous dire
toutes les mesures qui ont été prises de la part du gouvernement
du Québec avec les autres provinces pour essayer de... Mais avec ce que
vous dites par rapport à l'eau embouteillée, je ne ne peux pas
être plus d'accord.
Mais ce n'est certainement pas de ce côté-ci ou de l'autre,
je le sais, qu'on va essayer d'absoudre une compagnie ou une autre qui essaie
de nous dire: Allez boire de l'eau embouteillée; c'est ce qu'on tient
dans les magasins. C'est la dernière solution possible.
Mme Plamondon: Mais quelle sorte de mesures allez-vous prendre
vis-à-vis des compagnies qui les produisent quand même Car c'est
mis sur le marché, c'est utilisé par les agriculteurs. Quelle
sorte de mesures allez-vous prendre? Est-ce que les amendes seront assez
mordantes pour pouvoir les empêcher?
Souvent les amendes, dans des lois, ce sont simplement des permis
additionnels. Si je regarde le domaine de la consommation, la publicité
trompeuse, on peut poursuivre Distribution aux consommateurs et aboutir avec
une amende de 1000 $. Ils se foutent de l'amende!'! C'est presque un incitatif
à recommencer!
Il va falloir que les amendes soient vraiment exemplaires, parce que
vous allez vous retrouver avec un système qui ne fonctionnera pas. Il va
y avoir beaucoup de gens mis à l'amende, mais cela va être payant
pour les compagnies quand même.
M. Blais: Je vais vous donner une réponse très
courte.
M. Lincoln: Oui, d'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Personnellement, vous me demandez ce que je ferais
devant les grands pollueurs. Tout simplement, si j'étais ministre, quand
je présenterais un projet de loi, je mettrais ce qu'il faut pour
écraser ces meurtriers de notre environnement. Un point, c'est tout.
M. Lincoln: Mme Plamondon, je n'ai pas envie de vous chanter la
pomme; je ne suis pas ici pour le faire. C'est très beau de dire: Bon,
je vais fermer Union Carbide; je vais fermer Pfizer; je vais fermer toutes les
compagnies qui produisent des pesticides. Tout d'abord comme je vous l'ai dit,
l'homoloqation de tous les produits chimiques par rapport aux pesticides, les
produits parasitaires, dépend de la constitution du Canada, du
gouvernement fédéral.
C'est là où il faut mettre les pressions d'abord, parcel
que c'est là qu'est le pouvoir. Je ne peux pas vous dire que nous avons
les pouvoirs que nous n'avons pas. Nous ne les avons pas. Mais seulement ce
qu'il faut... Vous allez dire d'aller les chercher. C'est bien amusant Allez
chercher les pouvoirs, c'est ce qu'ils disent. Mais c'est ce que je vous
disais. Si M. le député de Dubuc avait écouté ce
que j'avais dit d'abord! Si le
député avait écouté, pour !a première
fois, nous avons fait une réunion au mois de janvier où toutes
les provinces du Canada se sont assises ensemble, avec les trois ministres
fédéraux impliqués dans l'homologation des pesticides.
Nous avons adopté une résolution demandant formellement, sous
cinq chapitres, au gouvernement fédéral de participer beaucoup
plus activement à l'homologation.
Donc, ce que nous avons fait, c'est beaucoup plus que ce qui a
été fait jusqu'à présent. C'est pourquoi
aujourd'hui, je me suis assis avec le ministre de l'Ontario pour discuter des
pressions qu'on peut faire sur le gouvernement fédéral en ce
sens. Mais vous dire aujourd'hui qu'on peut fermer ces compagnies ou les mettre
à l'amende, etc., le point, c'est ceci: Légalement, ces
compagnies ont le droit de produire certains produits chimiques d'après
des critères.
Si les critères ne sont pas assez forts, il faut faire des lois
pour les empêcher. Dans ce projet de loi, nous nous donnons des pouvoirs
de bannir des pesticides au Québec. Nous nous donnons plus de pouvoirs
qu'on n'en a jamais eu. Vous parlez des amendes. Il y a une section pour les
amendes. Ce projet de loi prévoit des injonctions, des ordonnances du
ministre, des amendes. Cela prévoit des choses. Il va y avoir une
réglementation. On va avoir un système de permis, de
certificats.
Au moins, il faut commencer quelque part. Je sais que,
idéalement, on voudrait qu'on n'ait pas de pesticides dans
l'atmosphère. Je sais que, idéalement, on voudrait que toutes les
compagnies qui produisent des produits chimiques soient fermées. Demain
matin, je voudrais être la personne qui vit dans un endroit où
5000 ou 6000 employés travaillent dans ces compagnies qui produisent des
produits légalement.
Il faut vivre dans la réalité. Je suis un
idéaliste, oui. Je suis un écologiste, oui; un
environnementaliste, oui. Mais il faut des points de départ
réalistes. Entre l'idéal et la réalité, il y a des
pas à faire. Il faut essayer de les faire petit à petit. Au
moins, on a commencé. On a fait une loi. On n'avait pas de loi; on
n'avait pas de permis; on n'avait pas de certificat; on n'avait rien.
Maintenant, nous aurons quelque chose, nous aurons un instrument de
départ. Comme je vous le dis, il faut travailler ensemble pour mettre de
la pression là où le produit est homologué. C'est tout ce
que je peux vous promettre aujourd'hui.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme
Plamondon.
Mme Plamondon: Merci. Quand vous parlez d'emplois à
préserver dans l'industrie des pesticides, je suis un peu
réfractaire à cet argument parce que je vis dans une ville,
Shawinigan, où on a connu la pollution et où on a des industries
chimiques. On a connu la pollution. Quand on parlait publiquement
d'empêcher la pollution, on nous disait: Cela va faire perdre des
emplois. Il y a quatre usines qui sont fermées. Quand cela n'a plus
été rentable, les compagnies s'en sont allées et nous ont
laissé le dépotoir, elles ont laissé leur pollution. Une
compagnie, quand ce n'est plus rentable, elle s'en va, elle se fout des gens.
Il ne faut pas prendre comme argument les emplois seulement, c'est du chantage
que les compagnies peuvent faire pour continuer à produire, à
amener des pesticides et à polluer l'environnement.
C'est clair que cela doit être une préoccupation
économique pour vous et pour moi aussi. Je trouve que c'est dommage,
mais ça ne doit pas être un argument qui nous tient comme une
épée de Damoclès. On dit: Si vous nous faites fermer, il y
aura moins d'emplois, et il y a déjà une récession
économique. Je n'accepte pas cet argument parce que j'ai connu cela
à Shawinigan, et je ne le prends pas.
Il y a une autre chose qui m'inquiète aussi et dont je voudrais
vous parler. Vous nous avez parlé de 1990. Qu'est-ce qui va arriver des
grands magasins comme Canadian Tire où on peut acheter à
volonté tous les pesticides? Qu'arrive-t-il? Est-ce que vous allez faire
quelque chose?
M. Lincoln: Quand j'ai parlé de 1990, j'ai parlé
des agriculteurs. La loi s'appliquera à Canadian Tire et aux vendeurs
dès le moment où il y aura une réglementation. Je n'ai pas
parlé de 1990 pour Canadian Tire.
De plus, je pense que j'ai parlé aussi franchement que je l'ai pu
sur la question. Je n'ai jamais dit que les emplois sont prioritaires à
la santé et à la qualité de vie des citoyens. J'ai dit
qu'on vit dans un monde réel, on ne vit pas dans un monde idéal.
Aujourd'hui, on pourrait aller partout au Québec et fermer chaque grosse
industrie polluante. Je pourrais vous en donner des exemples longs comme
ça. Ne croyez pas que j'accepte cette situation. Cette année,
nous avons signé des accords avec deux compagnies, Dioxyde et N L Chem
qui ont envoyé des milliers de tonnes d'acide dans le Saint-Laurent.
Nous avons dit à ces compagnies qu'elles seraient
pénalisées, c'est-à-dire qu'elles devraient fournir 50 00n
000 $ pour dépolluer d'ici 1991. Nous avons signé un accord avec
la compagnie QIT qui pollue depuis des années au Québec, et la
compagnie va liquider 40 000 000 $ pour dépolluer. C'est ce qu'il
faut.
Je sais que la qualité de vie passe avant, mais, en même
temps, si demain matin, par exemple, un gouvernement disait: On ferme Noranda,
il faut aussi tenir compte de ceci: Est-ce qu'on ferme les deux villes
de Rouyn et Noranda tout de suite? Qu'arrive-t-il de toutes ces
infrastructures? Qu'est-ce qui arrive des villes? II faut être
réaliste. Il faut mettre de la pression sur les industriels, leur dire
franchement ce que vous avez dit et ce que je vous dis aujourd'hui pour qu'ils
dépolluent et qu'ils nettoient leur industrie. C'est ce qu'il faut faire
de plus en plus. La réponse n'est pas de dire: Bon, il y a des
industries qui polluent parce qu'à ce moment-là il faudrait tout
fermer. II faudrait fermer General Motors, il faudrait fermer Hyundai, il
faudrait cesser tout ce qu'on fait. Ce qu'il faut, c'est faire de l'industrie
propre et convaincre les industriels que l'environnement est essentiel au
développement économique.
Je crois que les emplois doivent être préservés dans
un environnement économique sain qui passe par un environnement
économique, écologique et environnemental. Cela n'arrivera pas
demain matin et c'est pourquoi je veux vous dire que je ne peux pas vous
promettre de solutions instantanées. S'il y en avait, les autres
gouvernements les auraient adoptées. J'aurai une rencontre avec le
ministre de l'Environnement de l'Ontario qui a une loi sur les pesticides
depuis 1947, depuis 40 ans, et les agriculteurs n'y sont même pas encore
inclus. Ils sont en train de travailler pour faire un système. Nous, on
parle de 1990, c'est déjà quelque chose.
Ce n'est pas facile. C'est facile de le dire, mais c'est très
difficile de le faire, il y a tellement de circonstances. Mais il faut avoir un
objectif. Je suis content de savoir qu'on partage exactement le même
objectif. Je sais que vous voudriez y arriver plus vite que moi parce que je
n'ai pas les moyens d'y arriver. Il faut de l'argent, il faut des taxes. Si on
avait voulu avoir 20 inspecteurs dans les pesticides... L'Ontario a aujourd'hui
41 inspecteurs de l'environnement. Ici, on en a un et on en aura bientôt
trois. On n'a pas les moyens, que voulez-vous? C'est cela, la
réalité. On essaie d'agir le plus vite possible.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Je vous trouvais intéressante. On pourrait
passer l'après-midi avec vous. C'est sûr. Je ne suggère pas
que l'on ferme les compagnies. Ce n'est pas ce que je veux dire. Je pense qu'il
y a différents endroits et différents intervenants. Les
différents intervenants doivent prendre leurs responsabilités,
autant les consommateurs, madame, que les gouvernements et que les compagnies.
Je pense qu'il va falloir, de votre côté, en tant que
représentants des consommateurs, que vous vous disiez: S'il y a un prix
à payer pour un environnement sain, on doit être prêt
à le faire.
Deuxièmement, au sujet des compagnies, il faut leur enseigner que
protéger des profits à court terme, comme plusieurs de ces
compagnies le font, au détriment de l'environnement et de la
santé des individus ce n'est pas rentable à long terme. C'est
destructeur de l'humanité et de la nature humaine.
Les gouvernements doivent de plus en plus prendre leurs
responsabilités propres, eux aussi. Par exemple, en Ontario, ils ont
même emprisonné le président d'une qrande compagnie. nls
n'ont pas demandé la permission à nOttawa. Je ne dis pas que je
suis d'accord pour emprisonner tous les présidents den compagnies qui
font tort à la nature humaine, à ta santé, qui ne
respectent rien. Ce n'est pas ce que je dis. Mais on voit qu'il y en a qui sont
un peu plus aptes à prendre leurs responsabilités. C'est dans ce
sens. Les responsabilités doivent être prises aux trois endroits
pour que la nature soit respectée autant dans le sol, dans l'air que
dans l'eau. C'est nous, les humains, qui avons l'usufruit de cette nature et
c'est nous qui la détruisons par un manque de rationalisation!! de nos
gestes ou une cupidité maladive de profits immédiats de certains
gros producteurs. C'est ainsi que les choses vont mal.
Là, le gouvernement arrive avec un avant-projet de loi qui manque
un peu de muscle. Il en manque. On est là pour se le dire. On n'est pas
ici pour se "partisaner". C'est très dangereux, quand on discute avec
quelqu'un qui nous présente un mémoire, que, d'un
côté ou de l'autre, on dise des choses partisanes qui
dépassent un peu notre esprit ou ce qu'on veut dire. Ce n'est pas
ça. On ne veut pas vous faire assister à un débat
partisan.
II est vrai aussi, et je tiens à vous le dire, que c'est beaucoup
plus facile quand on est un groupe de pression comme le vôtre ou qu'on
est dans l'Opposition, comme moi, de critiquer ceux qui ont la
responsabilité que lorsque l'on a à la mettre vraiment en
application de façon directe. C'est beaucoup moins courageux dans
l'Opposition de dire ce qu'il faut faire que de le dire quand on est au
pouvoir. Ca aussi, il faut qu'on l'admette. Mais tous ensemble, c'est pour cela
que l'on reçoit des gens ici, c'est pour cela que vous êtes venus.
C'est votre sincérité qui vous a amenés nous voir. Je vous
remercie personnellement d'être venus. La leçon que vous nous avez
servie ou ce qu'on s'est mutuellement dit, j'espère que cela va servir
à l'amélioration de ce projet de loi. J'aimerais qu'il ait un peu
plus d'étoffe, un peu plus de muscle, un peu plus de
sévérité.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme
Plamondon.
Mme Plamondon: J'aimerais poser une question à M.
Lincoln. Dans votre réunion avec les autres provinces, est-ce qu'il a
été
question de libre-échange? Est-ce qu'il a été
question, advenant le cas où des produits seraient refusés dans
un pays et acceptés dans l'autre, de la façon dont ils
circuleront? C'est une autre des préoccupations de notre groupe en
consommation. Est-ce que vous avez prévu, dans vos discussions avec le
groupe de travail - c'est ma deuxième question - faire des
opérations-témoins, un peu comme en protection du consommateur''
On prend une région et on va aller voir de quelle façon les
pesticides sont utilisés et on fait un exemple. Est-ce que vous avez
prévu des façons de procéder comme celles-là? Un
peu pour mettre les gens sur leurs gardes et qu'ils se disent: Ça
pourrait nous arriver que des inspecteurs qui ne se nomment pas viennent
regarder de quelle façon cela se passe. Un peu comme il y a
opération-témoin pour les réparations d'autos et de
télévisions dans le domaine de la consommation dans votre
gouvernement, à l'Office de la protection du consommateur.
Est-ce que vous avez prévu, aussi dans le Protégez-vous et
dans d'autres journaux et revues qui sont lus par les consommateurs, de faire
des mises en garde pour que les consommateurs fassent attention dans la
manipulation? Est-ce qu'il y a des choses comme cela qui ont été
discutées? (15 heures)
M. Lincoln: II y a beaucoup de questions dans votre question.
Principalement, pour commencer par la dernière, tout ce que je peux vous
dire, c'est que, lorsque le projet de loi sera adopté - c'est
l'étape à laquelle on travaille - il y a tout un système
de communication, d'information et de sensibilisation du public qui va se faire
en même temps que le projet de loi sera lancé dans le public;
l'information sera faite dans le secteur. On a déjà
commencé à travailler avec les différentes associations
qui contrôlent ces secteurs: l'horticulture, l'extermination, les
agriculteurs, les sylviculteurs, etc. Il va y avoir beaucoup de
dissémination, d'information par le biais des médias. Cela, c'est
une partie de la campagne; naturellement, cela va se faire lorsqu'il y aura un
projet de loi pour l'appuyer. C'est le point central et il faut d'abord passer
par là.
Lorsque les provinces ont rencontré le gouvernement
fédéral, le sujet portait spécifiquement sur les
pesticides. Cette rencontre avait été mise de l'avant par le
Conseil canadien des ministres des Ressources et de l'Environnement duquel tous
les ministres de l'Environnement, fédéral et provinciaux, sont
membres automatiquement. Les points qu'on a soulignés à M. Wise,
le ministre de l'Agriculture, par une résolution établie par
toutes les provinces unanimement sont les suivants: 1. Les difficultés
des provinces d'obtenir de l'information du ministre fédéral de
l'Agriculture relativement aux pesticides homologués. Ces
difficultés empêchent les provinces de prendre les
décisions appropriées lorsqu'il s'agit de permettre l'usage d'un
pesticide en vertu d'une loi provinciale. Nous voulons une plus grande
information directement aux provinces, surtout sur la toxicité de ces
produits, information qu'eux seuls ont. 2. Une implication insuffisante des
préoccupations de la santé et de l'environnement dans la gestion
des pesticides au niveau fédéral. On demande que les deux autres
ministres soient impliqués de la façon la plus active. Les deux
autres ministres, M. Epp et M. McMillan, ont participé à cette
rencontre et acceptent cette suggestion. 3. La réévaluation de
tous les pesticides déjà sur le marché. 4. Le besoin
d'assurer un suivi et une surveillance écologique des pesticides
utilisés. 5. Le besoin d'assurer une formation adéquate pour les
utilisateurs de pesticides. 6. L'homoloqation temporaire des pesticides,
c'est-à-dire qu'il y a tout un système d'homologation qu'il faut
contrôler pour les pesticides qui sont en train d'être
testés, etc. Nous voulons qu'ils soient contrôlés beaucoup
plus sévèrement.
Le ministère fédéral de la Santé et le
ministère de l'Environnement sont prêts à collaborer de
très près à la réalisation de ces choses le plus
tôt possible. M. Wise a pris l'engagement de reqarder cela. Une lettre
signée par toutes les provinces sera acheminée par le conseil
canadien pour confirmer ces choses au gouvernement fédéral. C'est
là où tout naît et c'est là où il faut que
les pressions se fassent d'abord parce que nous n'avons pas de pouvoir
d'homologation; nous n'avons pas, non plus, de pouvoir d'importation et de
contrôle des pesticides à leur naissance. Tout ce qu'on a, c'est
le pouvoir de contrôler la distribution et la vente sur notre
territoire.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: C'est pour dire merci, le temps est
écoulé des deux côtés. Je vous remercie, madame. Je
suis content que vous soyez venue, je le répète. Vous nous avez
un peu sensibilisés par vos fresques qui ont frappé notre esprit,
on aurait juré que vous parliez en couleur, parce que vous parliez bien.
Je vous remercie d'être venue, madame, et je vous félicite du
bénévolat que vous faites pour la cause de l'humanité.
Merci beaucoup!
M. Lincoln: Merci beaucoup, Mme Plamondon, surtout pour votre
conviction dans vos arguments; c'est ce qui compte surtout.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme
Plamondon, je tiens à vous remercier de la qualité de
votre intervention et de votre apport aux travaux de cette commission.
Je demanderais maintenant au Groupe de travail sur les pesticides de
prendre place devant la commission. Je demanderais au porte-parole du Groupe de
travail sur les pesticides de s'identifier et d'identifier les personnes qui
l'accompagnent.
Groupe de travail sur les pesticides
M. Brodeur (Jules): Mon nom est Jules Brodeur; je suis
accompagné de la présidente du groupe, à ma gauche, Mme
Esther Goldenberg. J'ai également avec moi des collègues: M.
Perry Anderson, M. Gaston Chevalier et M. Pierre Lajoie.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Brodeur.
J'aimerais vous rappeler que vous avez maintenant jusqu'à un maximum de
20 minutes pour présenter votre mémoire et votre organisme aux
membres de cette commission. Je vous cède maintenant la parole.
M. Brodeur: Je vous remercie. J'aimerais d'abord vous
présenter très brièvement notre groupe de travail.
Celui-ci a été créé en 1985 par un groupe de
citoyens de la région de Montréal à la suite d'une prise
de conscience des risques reliés à l'utilisation des pesticides.
Notre groupe ne s'oppose pas de façon irréductible à
l'utilisation des pesticides. Il prône plutôt un recours rationnel
à ces agents chimiques ainsi que l'emploi de méthodes
différentes de lutte contre les insectes et autres organismes dits
nuisibles. Le principal moyen d'action du groupe de travail est l'information
et l'éducation du grand public, mais aussi des professionnels comme par
exemple les médecins qui sont appelés à traiter les cas
d'intoxication aux pesticides. Pour atteindre ses objectifs, le groupe de
travail s'est adjoint un certain nombre de scientifiques
québécois qui possèdent des compétences diverses
dans le domaine des pesticides et, avec leur collaboration, le groupe de
travail a déjà des réalisations intéressantes, dont
un colloque sur les pesticides à l'intention du grand public, des
dépliants d'information sur l'utilisation des pesticides. Nous avons
avec nous des comptes rendus du symposium que nous avons tenu l'an dernier et
il nous fera plaisir d'en laisser des copies à l'intention des membres
de la commission.
L'avant-projet de loi sur les pesticides a été
passé en revue par les consultants du groupe de travail et nous appuyons
les principes guides de cette loi dans ses éléments qui visent
à classifier les pesticides en fonction des risques d'utilisation,
à vérifier la compétence des utilisateurs et des vendeurs,
et à contrôler la vente et l'utilisation des pesticides. Nous
aimerions toutefois formuler un certain nombre de commentaires et soumettre un
certain nombre de recommandations à l'intention de la commission.
Étant bien conscients par ailleurs que certains des commentaires que
nous ferons s'appliquent davantage à la réglementation qu'au
projet de loi lui-même, nous les mentionnons quand même et,
à l'invitation qui a déjà été faite par M.
le ministre, je ne lirai pas le mémoire que nous avons
préparé mais j'insisterai davantage sur les points
principaux.
En ce qui concerne les articles 7.1 et 7.2 au chapitre des pouvoirs du
ministre, on y voit que le ministre a les pouvoirs de faire effectuer des
recherches, de coordonner ces recherches, d'exécuter des études
et des enquêtes. Le groupe de travail est d'avis qu'une loi de
l'importance de celle qui est maintenant proposée doit se donner des
outils pour objectiver le degré de contamination de l'environnement et
éventuellement aussi pour objectiver l'impact de la loi sur la
qualité de l'environnement. La façon de procéder à
cette objectivation consiste à mettre sur pied un réseau de
surveillance de la qualité de l'environnement. Un réseau qui
s'intéresse non seulement; aux effets des pesticides sur la santé
de l'humain, mais aussi sur les divers éléments de
l'écosystème. C'est pourquoi le groupe de travail recommande que
la loi contienne des dispositions engageant expressément le ministre
à mettre sur pied un réseau de surveillance de la qualité
de l'environnement dont les activités seraient centrées
principalement sur la recherche de la persistance des pesticides dans
l'environnement physique et chez les organismes qui y vivent.
Au chapitre III, concernant l'octroi de permis, nous 'avions, comme
plusieurs autres groupes sans doute, déploré l'absence dans la
loi de dispositions touchant tes agriculteurs et les sylviculteurs. Nous avons
déjà eu, lors de la présentation précédente,
de la part de M. le ministre, une réponse à cette remarque. Nous
la reformulons et il nous semble tout à fait normal que les agriculteurs
et les sylviculteurs soient soumis à cette loi.
En ce qui concerne la durée du permis, considérant le fait
que les concepts changent et que les règles de pratique évoluent,
nous sommes d'avis que la durée de validité d'un permis devrait
être relativement courte, même très courte dans certains
cas, une année, dans le cas d'utilisation pour l'extermination et
l'entretien paysager. Dans le cas de l'utilisation en aqriculture et en
sylviculture, la durée pourrait être plus lonque.
Concernant l'octroi de certificats de compétence, nous nous
interrogeons sur la portée de l'article 30.4° qui précise
qu'aucun
certificat ne sera requis de celui qui exécute des travaux de
nature technique reliés a l'utilisation des pesticides ou qui donne des
renseignements s'ill exerce ses activités sous la supervision
immédiate d'une personne physique elle-même titulaire d'un
certificat. Nous nous posons des questions, à savoir s'il sera possible,
dans les faits, d'assurer que ta personne détenant le certificat pourra
superviser son employé de façon immédiate, comme le
demande le projet de loi.
Concernant la durée du certificat, nous n'avons pas, bien
sûr, de suggestion précise à faire, sauf une recommandation
qui va dans le sens de l'obligation de la recertification, c'est-à-dire
de la réévaluation périodique de la compétence.
Cette réévaluation devrait tenir compte d'au moins deux
éléments: d'abord qu'il y ait évidence que le
détenteur du certificat a effectivement pratiqué sa profession ou
son métier de façon continue pendant la durée de son
certificat et, deuxièmement, qu'il y ait aussi évidence qu'il a
maintenu ses connaissances à jour vraisemblablement par des
démarches de type éducation permanente.
En ce qui a trait à la classification des pesticides - nous en
sommes maintenant à la réglementation - le groupe de travail
insiste avec vigueur pour que celle-ci soit souple, qu'elle soit ouverte et
basée sur un ensemble de critères qui ne tiennent pas compte
uniquement de la toxicité absolue du pesticide, mais également
d'autres critères dont l'un des plus importants, à notre avis,
est la persistance dans l'environnement. Nous disons très simplement et
nous insistons sur ceci; cette classification devrait être ouverte; elle
devrait être souple pour pouvoir procéder à des mutations
à l'intérieur de la classification.
Le groupe de travail est d'avis qu'il est absolument important qu'il y
ait un comité "aviseur" qui assiste le ministre. L'existence de ce
comité "aviseur" ne semble pas visée par le projet de loi. Ce
comité devrait être très représentatif et devrait
inclure des représentants des ministères concernés, des
représentants des associations professionnelles d'utilisateurs de
pesticides et aussi des membres du grand public qui auront manifesté un
intérêt éclairé pour les questions de santé
publique et de protection de l'environnement.
En relation avec les articles 100.3 et 100.6 , le groupe de travail
aimerait soumettre quelques recommandations pertinentes à la
réglementation, laquelle touche les lieux de vente des pesticides. Nous
affirmons qu'aucun pesticide ne devrait être vendu sous quelque forme que
ce soit dans un lieu où se vendent également des aliments. Nous
disons que tes pesticides qui sont vendus sous forme concentrée ne
devraient être vendus qu'en des endroits où l'on trouve une
personne possédant un certificat. (15 h 15)
Comme nous sommes un groupe oeuvrant de façon plus qrande en
milieu urbain, nous formulons également une recommandation qui a trait
à l'information à donner au public à la suite de
l'utilisation des pesticides dans les endroits publics, par exemple dans les
parcs, et même autour des résidences privées. Je pense ici
à cette activité qui consiste en l'arrosage des pelouses, que
cela soit dans les endroits publics ou les endroits privés. Il serait
fort utile qu'à l'intention du public des informations soient transmises
de façon très visible, sous forme de piquets d'avertissement, qui
aviseraient de l'usaqe très récent de pesticides, qui
identifieraient les pesticides et qui identifieraient également la
durée de l'affichage à cette fin. Pour éviter qu'il y ait
disparité dans les signes ou les piquets d'avertissement, nous
suggérons que cette partie de la réglementation soit sous
contrôle provincial. Enfin, nous nous intéressons également
au chapitre des dispositions pénales. Il est possible qu'en raison de la
dévaluation du dollar les montants déjà prévus
à la loi deviennent, après quelques années, ridiculement
minimes. Donc, nous suggérons très simplement qu'il y ait,
quelque part dans la loi, un texte donnant un peu plus de dents à ces
dispositions pénales et qu'au moins ces dispositions pénales
soient indexées au niveau de ta valeur actuelle du dollar.
Le groupe de travail remercie la commission de l'aménagement et
des équipements pour l'invitation qui nous a été faite
d'exprimer notre opinion relativement à l'avant-projet de loi sur les
pesticides.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Brodeur. M. le ministre.
M. Lincoln: Dr Brodeur, je voudrais tout d'abord vous remercier
de venir ici témoigner et vous dire de continuer le travail que votre
groupe a entrepris depuis plusieurs mois déjà et même plus,
pour sensibiliser le public, le gouvernement et tous les intervenants sur la
question des pesticides. Je dois témoiqner publiquement ici, puisque
l'occasion m'en est donnée, et féliciter Mme Goldenberg d'avoir
eu l'idée et l'initiative de réunir un groupe de personnes
travaillant en science environnementale qui est vraiment un panel des plus
prestigieux qui puisse se trouver n'importe où au Canada. J'ai eu
l'occasion de travailler avec vous depuis un bout de temps, de participer
à votre colloque à Montréal où vous tous ici, et
aussi le Dr Hill qui ne peut pas être ici aujourd'hui, ainsi que le Dr
Nantel, aviez fait des représentations vraiment étonnantes. Je me
souviens surtout de celle du Dr Hill, une personne de réputation
mondiale
reconnue dans le domaine des moyens naturels et des méthodes
alternatives aux pesticides. Je vous félicite donc, Mme Goldenberg,
d'avoir pris l'initiative de réunir un groupe tellement talentueux et
prestigieux dont la connaissance et l'expertise appuient toute votre
démarche. C'est pourquoi, naturellement, votre mémoire est pris
avec beaucoup de sérieux parce que je sais que les personnes qui vous
accompagnent aujourd'hui, le Dr Brodeur, les personnes qui ne sont pas ici
comme les Drs Ecobichon, Hill et Nantel et vous autres avez des
expériences vécues que vous voulez transmettre au gouvernement du
Québec, Dans ce sens, je voudrais répondre brièvement -
dans le temps que nous avons -aux questions que vous avez soulevées.
J'essaierai de vous répondre de la façon la plus explicite
possible.
Vous avez, par exemple, fait référence, de même que
chacun des intervenants, à la question des agriculteurs et des
sylviculteurs. Je ne veux pas reprendre ce que vous avez peut-être
déjà entendu lorsque M. Green a parlé et les autres aussi.
Je peux vous donner l'engagement formel que, selon tous les juristes du
gouvernement, sont officiellement inclus, dans l'alinéa 2 de l'article 5
et dans l'article 95 du projet qui prévoit la réglementation
éventuelle, les agriculteurs et les sylviculteurs. On peut les inclure,
on va les inclure. Ils ont déjà été avisés
en conséquence.
L'idée était de ne pas les inclure au départ vu la
dimension immense du projet dans le cas de l'agriculture spécialement.
Le projet de réglementation sur l'agriculture sera pour 1990; quant aux
sylviculteurs, cela va être bien avant cela. Pour ce qui est du
réseau de surveillance, M. Green, de la Société pour
vaincre la pollution, avait fait la même recommandation que nous allons
certainement examiner. Pour ce qui est de la durée de validité
d'un permis, là aussi, nous nous prenons cela en considération.
Il y a beaucoup de gens qui ont demandé des permis renouvelables pour
une période de temps, selon le type de produit. Nous allons
considérer toute cette question et elle va être traitée,
naturellement, dans la réglementation à suivre. Comme je l'ai
cité, la réglementation va être prépubliée et
va faire l'objet d'une consultation auprès de votre groupe et
auprès des autres groupes qui ont comparu ici et tous les intervenants
qui sont impliqués.
Pour ce qui est de la question de supervision immédiate,
là aussi il y a eu beaucoup de remarques et certaines suggestions
pratiques. Par exemple, celle de la Société pour vaincre la
pollution concernant le ratio de personnes, selon le volume de pesticides
vendus et utilisés. Nous regardons toute cette question. Je peux vous
assurer que, par exemple, dans la question des magasins à rayons, nous
avons réalisé qu'il faudra renforcer la loi pour qu'elle soit
beaucoup plus précise et élargie afin de permettre de
réaliser une supervision beaucoup plus effective et peut-être un
système de certificats qui va aller beaucoup plus loin que ce qui
était prévu initialement. En tout cas, cette question va
être prise très très au sérieux et revue avec le
concours des organisations qui ont fait des suggestions pratiques pour arriver
à une méthode plus|efficace de supervision.
Pour ce qui est de la réglementation, oui nous avons les pouvoirs
dans la loi de reclassifier des produits et nous les avons automatiquement par
la réglementation elle-même. II y aura des classifications de
départ qui vont être surtout basées sur l'homologation
fédérale. Nous allons avoir cinq classifications. Certaines
provinces comme l'Ontario en ont six. Généralement, cela varie de
quatre à six. Nous allons avoir cinq classifications. Nous pourrons, par
règlement, changer les classifications d'après les
expériences ultérieures du vécu de ces produits. Nous
aurons automatiquement le pouvoir de changer la réglementation et
changer la classification de ces produits.
Votre recommandation principale - je pense que vous serez d'accord que
c'est là que vous avez mis le plus d'accent d'instituer unît
comité "aviseur" revient dans je ne sais combien de mémoires.
Vous avez entendu parler d'un genre de tribunal en plus d'un comité
"aviseur", comme l'a suggéré M. Green, ce matin. Certains, ont
suggéré un conseil consultatif. Je sais qu'au moins trois
provinces ont des comités "aviseurs". Nous allons étudier cette
question de très très près, à savoir quelle forme
ce comité voudrait prendre, et si ce serait un comité formel ou
informel. On va regarder toute cette question de très près et
nous allons étudier toutes les suggestions qui nous ont
été faites en çe sens dans les mémoires.
Nous prenons aussi bien à coeur votre recommandation que les
pesticides ne devraient pas être vendus dans les mêmes
étalaqes que les aliments ou aux mêmes endroits que les aliments.
Cela coule tellement de source. C'est le genre de choses qu'on va
établir dans la réglementation? et votre remarque est
certainement très appropriée.
C'est la même chose pour la question des piquets d'avertissement.
Nous allons prévoir ces méthodes ou bien dans la
réglementation ou bien dans les codes de pratiques qui vont
s'établir dans les secteurs clés. Il va y avoir des codes de
pratiques, un peu comme le Code des professions, avec tous les qrands secteurs.
Là, dans ces codes de pratiques, on va avoir des critères et des
normes qui vont être établis et où les organisations
çoncernées, par exemple, la FIHOQ et l'ASEQ, etc., vont s'engager
dans
un accord formel avec Je ministère à suivre ces normes. Ce
sers une des choses qui vont être considérées de plus
près.
Pour l'indexation des pénalités, c'est quelque chose qui
semble logique, Je suis entièrement d'accord avec vous que,
malheureusement, pour cette question, ii n'y a aucun mécanisme
d'indexation prévu juridiquement aujourd'hui au Québec et, en
fait, dans aucune province du Canada, je pense. La loi pourrait toujours
être modifiée pour indexer les montants prévus si ceux-ci
deviennent désuets. Mais il n'y a pas de mécanisme automatique.
Je ne pense pas -en fait, c'est l'opinion de nos conseillers -que ce serait
permis par le ministère de la Justice et le comité
législatif. Nous allons regarder si c'est possible, mais je ne le crois
pas, parce que cela poserait des complications et des précédents
peut-être très difficiles par rapport au système
judiciaire, parce qu'il faudrait que le système judiciaire tienne compte
presque à tous les jours de l'indexation. Cela pourrait créer des
précédents pour toutes sortes de cas, considérant que des
milliers de causes sont vécues tous les jours. Alors, cela poserait des
problèmes administratifs graves. C'est pourquoi ce n'est pas inclus
automatiquement dans les lois. Mais, en tout cas, on prend acte de cela et on
va voir ce qui en est.
Si vous avez des questions à nous poser, je serais aise d'essayer
de vous répondre. Entre-temps, j'ai essayé de toucher aux points
principaux que vous avez touchés. On continuera de travailler de
très près avec vous, sachant, comme je vous l'avais dit
auparavant, l'importance de la représentation de votre groupe,, Si
jamais on forme un comité "aviseur", vous pouvez être sûr
qu'on va essayer de puiser dans vos rangs. Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je vous
remercie beaucoup d'être le, moi aussi. Dans la tradition, cela fait
pratiquement un cliché au début, mais c'est sincère quand
même, d'une fois à l'autre. Vous êtes un petit groupe qui
vous battez contre les fabricants en gros. Ce n'est pas direct; vous
n'êtes en guerre contre personne, mais vous êtes contre la
tradition en cours de l'emploi abusif de pesticides ou contre la
publicité, souvent, à cause de laquelle les gens ne pensent pas
des pesticides ce qu'ils devraient en penser.
Mais des petits groupes comme cela sont, bien sûr, absolument
nécessaires dans une société. Mais il ne faut pas se
décourager si on vous compare à une crevette qui s'attaquerait
à un requin. C'est bien sûr. L'Opposition se sent comme une
espèce d'hippocampe devant la baleine qui est le pouvoir aussi. Alors,
je me sens exactement dans la même position. Cela ne fait que vous
honorer d'avoir travaillé et d'avoir formé ce groupe-là,
parce que vous savez que, étant très peu nombreux, on est souvent
moins écouté. Mais, vous voyez, aujourd'hui vous êtes
là et on vous écoute avec plaisir et avec délice.
Dans votre lutte pour faire comprendre ce que sont les pesticides aux
Québécois, vous avez dit à la page 1 de votre
mémoire: "Ainsi, le 13 avril 1986, le groupe a tenu, au Victoria Hall de
Westmount, un colloque à l'intention du grand public, intitulé
"Les pesticides, le public et le gouvernement". C'est extraordinaire comme
colloque. Mais je ne vois nulle part quels seraient è peu près
les petits résultats de ce colloque et quel a été le
résultat du public devant ce gouvernement ou des pesticides devant le
public. Quel a été le résultat de ce petit colloque?
Le Président (M. Saint-Roch): Dr Brodeur. (15 h 70)
M. Brodeur: Merci. Comme je vous l'indiquais, nous avons ici des
copies de ce colloque pour chacun de vous et il me fera plaisir de les
déposer immédiatement.
M. Blais: Cela nous ferait plaisir, si M. le Président le
permet.
M. Brodeur: Nous en avons des copies immédiatement.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que c'est le
symposium du Groupe de travail sur les pesticides?
M. Brodeur: C'est exact. M. Blais: Je ne l'ai pas eu.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le secrétaire me
dit que cela a été déposé. Nous ferons parvenir une
copie aux membres.
M. Blais: C'est gentil. Je m'excuse de cette question redondante
mais tout le monde était censé avoir reçu cette copie.
Personnellement, je ne l'ai pas reçue et, vu que le temps de ia
commission est très précieux, j'en prends copie et je le lirai
moi-même. Je suis persuadé que c'est un document très
riche. Si vous voulez le résumer pendant une minute ou deux, ça
me fera plaisir.
M. Brodeur: J'ai eu le plaisir non pas de présenter une
communication à ce colloque mais des collègues qui sont à
cette table et d'autres qui n'y sont pas y ont participé et le texte de
leur conférence y est consigné. J'ai eu le plaisir
d'écrire
l'introduction. Si vous me le permettez, je vais la lire, c'est
très court.
J'y disais: Le Groupe de travail sur les pesticides a choisi un titre
des plus appropriés pour son premier symposium public - le titre est
bien celui que vous avez mentionné - ce titre souligne en effet avec
beaucoup d'à-propos l'importance du rôle que le grand public - et
nous faisons partie du grand public - peut exercer dans la prise de
décision scientifique et/ou politique sur des sujets qui le touchent de
près. Voilà donc que des personnes qui font partie du grand
public invitent d'autres personnes - parce que c'est cela qui s'est
passé - elles aussi du grand public à entendre des scientifiques
ainsi que le ministre de l'Environnement leur parler des pesticides. Ces
personnes veulent savoir, de la bouche même de ceux qui sont
appelés à formuler des avis et à prendre des
décisions, ce qu'ils pensent des pesticides, de leur utilisation, des
risques encourus, des bénéfices recherchés et des
solutions envisagées.
J'ajoutais que moi-même, issu du milieu scientifique, je ne
pouvais m'empêcher de penser que ces gens du grand public ont raison de
chercher à savoir. Après tout, ce sont eux qui seront les
bénéficiaires ou les victimes des effets des pesticides.
J'ajoutais en terminant: Savoir - nous avons tous le droit de savoir, comme
membres du public -signifie posséder des outils pour infléchir
des décisions dans la direction que suggère un jugement
éclairé.
M. Blais: Merci. Je sais que vous avez assisté à la
présentation d'autres mémoires, mais je me dois, très
brièvement, de vous poser deux questions que je pose à tous les
groupes. Est-ce que vous êtes d'accord avec une taxe pour la recherche et
la publicité sur les pesticides? Vous avez certainement entendu cette
question à plusieurs reprises. Deuxièmement, une question
classique que je pose à tous tes groupes aussi: Trouvez-vous que ce
projet de loi s'attaque réellement à la quantité de
pesticides utilisée ou si, comme je le crois, il ne s'attaque
qu'à la sécurité de ceux qui manipulent les
pesticides?
Le Président (M. Saint-Roch): Dr
Brodeur.
M. Brodeur: À la question de la taxe, je répondrai
oui, mais j'aimerais apporter une distinction: pas nécessairement une
taxe à l'utilisation ou à la consommation, mais peut-être
une taxe à la pollution. Il serait peut-être intéressant,
à ce chapitre, de consulter ce que nos voisins américains ont
fait à cet égard, c'est-à-dire taxer davantage la
pollution que la consommation comme telle. Je réponds oui, bien
sûr, d'autant plus qu'une taxe de cette nature pourrait
générer des fonds oui, eux, pourraient être utilisés
à des fins de "monitoring", de surveillance environnementale, ce sur
quoi nous nous permettons à insister à nouveau. Je ne sais pas si
mes collègues veulent ajouter quelque chose là-dessus.
Quant à la quantité, si le projet de loi s'attaque
à essence même du problème, je crois très
sincèrement que le projet de loi est un pas considérable vers une
amélioration de la situation. C'est un pas de géant qui sera
franchi en l'espace de quelques mois, sinon de quelques années. C'est
certain que nous avons manifesté - et nous l'avons dit dans notre
mémoire - notre satisfaction du dépôt de la loi. Nous avons
soulevé quelques points qui témoiqnent que nous pensons qu'il y a
place à l'amélioration et nous les avons signalés.
M. Blais: Dr Brodeur, à 15 h 30, après environ
quinze heures de discussions sérieuses, je vais vous poser une question
de façon badine, mais qui est appuyée par un raisonnement
sérieux. Au haut de votre paqe 4, on jurerait que vous avez écrit
un paragraphe pour plaire aux fonctionnaires. Je vous le dis de façon
badine pour nous dérider un peu: La durée de validité d'un
permis devrait être courte (une année) pour des utilisations
telles que l'extermination et l'entretien paysager; dans le cas des
cultivateurs, cela pourrait s'étendre à trois ans. Avec cela,
vous faites plaisir aux fonctionnaires parce que si on renouvelle à
chaque année pour la plupart des gens et aux trois ans pour les
cultivateurs, comme il y a 47 000 cultivateurs, on aura besoin de toute une
armée de fonctionnaires, en fait.
À la page précédente - et cela aussi, c'est correct
on lit: "Le groupe de travail recommande donc que la loi contienne des
dispositions enqageant le ministre à mettre sur pied un réseau de
surveillance de la qualité de l'environnement". D'une part, le ministre
a répondu tantôt au groupe qui vous a précédé
qu'il ne croyait pas avoir dans ses crédits des il sommes pour
répondre aux besoins minimums d'inspecteurs. Là, vous demandez
qu'à tous les ans un permis soit émis. Je suis persuadé
que cela ne sera pas acceptable à cause de la paperasse que cela
enqendre. Je ne crois pas que ce soit vraiment une t recommandation que, moi,
je retiendrais. Et, si je me devais de la retenir, quels sont vos arguments
pour m'en convaincre?
M. Brodeur: J'ai déjà mentionné ces
arguments. Ils s'appuient sur la rapidité avec laquelle, dans certains
domaines, les concepts d'utilisation, de mode et de règles de pratique
évoluent dans le domaine de la lutte contre les substances nuisibles,
particulièrement dans le domaine de l'entretien paysager; je parle de
l'épandage, par
exemple, sur les pelouses. Donc, si l'on tient compte de la
rapidité avec laquelle certains concepts changent effectivement, il nous
semble que, les modes changeant, on doit avoir dans la loi des
mécanismes qui permettent de s'ajuster à ces changements et pour
permettre à ceux qui ont la responsabilité de faire de la vente
ou de l'épandage d'être au courant.
Nous avons, bien sûr, dans un élan d'enthousiasme,
proposé une période d'une année. Disons que c'est une
échelle de grandeur. Nous voulions surtout souligner le fait que, dans
le cas d'utilisations où les concepts, les règles de pratique
changent, il serait important de penser avoir des durées de permis qui
soient plus courtes que dans des domaines où les traditions durent plus
longtemps.
M. Blais: En ce qui me concerne, cette réponse m'explique
un peu plus votre idée. Je vous remercie. Je n'ai pas d'autres
questions, parce que je trouve votre mémoire très clair. Il est
très limpide en soi et les explications que vous m'avez données
me donnent satisfaction. Merci d'être là.
M. Chevalier (Gaston): Je voudrais peut-être ajouter, si
vous me le permettez, qu'en ce qui concerne ce type de sociétés
qui assurent les arrosages des pelouses en ville ou en banlieue il s'agit
d'emplois saisonniers et, souvent, le personnel change d'une saison à
l'autre. Ce sont souvent des étudiants ou des gens qui sont
engagés sur la base d'une saison. Alors je pense qu'il est important
qu'il y ait une réactualisation du permis qui soit faite à chaque
année.
M. Blais: Vous supposez d'avance que le permis serait
donné à la compagnie et non à la personne?
M. Chevalier: II serait...
M. Blais: Si on change d'employés, la personne ne l'a pas
son certificat.
M. Chevalier: Non, le permis serait accordé à la
compagnie. Mais en raison de la rapidité, comme le disait le Dr Brodeur,
des procédures, des pratiques concernant, par exemple, la
toxicité des différents produits, je pense qu'il serait bon que
la compagnie soit avisée à chaque année des modifications
des dossiers toxicologiques, par exemple, qui évoluent très
rapidement et que le personnel, par conséquent, en soit...
M. Blais: Je m'excuse, je sors ma loi. À l'article 18, si
je me rappelle bien, pour répondre à votre question on dit: "Une
société ou une personne morale qui est titulaire d'un permis doit
informer le ministre de toute fusion, vente ou cession de la
société ou de la personne morale. Elle doit aussi aviser le
ministre de toute modification de la raison sociale." Ce n'est pas à la
compagnie, c'est à la personne qui détient le certificat.
Même en cas de vente, si la vente se fait... D'une année à
l'autre, cela peut arriver, si c'est périodique ou sporadique comme
fonctionnement; je le sais, j'en ai dans mon comté, des arroseurs.
Heureusement, je n'ai pas eu trop de bébés qui en ont subi les
conséquences. En fait, il y a des arroseurs, de ce temps-ci, à
qui on donne des permis n'importe comment. C'est bon que cette loi arrive.
J'aimerais que ce soit le ministre qui me donne une explication
là-dessus. Normalement, on n'est pas supposé faire cela devant
vous autres, je m'excuse. Si vous me le permettez, M. le ministre, ce sera la
première que je vous pose. Pour éclaircir la question et aussi
pour éclairer ma lanterne, qui semble faiblarde à cette heure-ci?
je ne sais pas pourquoi, il est pourtant tôt. D'après moi, le
certificat doit être donné à la personne et la compagnie
doit être détentrice d'un permis opérationnel. Si on change
de personne, la personne qui reviendrait dans cette compagnie, si c'est un
étudiant, devrait avoir un certificat d'utilisation. Donc, elle est
compétente même si les méthodes d'épandage changent?
Je ne sais pas. Je m'excuse, je ne pensais pas...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Le permis sera émis à la compagnie
lorsque la compagnie aura accepté toutes les normes de pratique, aura
respecté toutes les exigences du code de pratique et la
réglementation. Il y a un permis qui est émis à la
compagnie et des certificats individuels aux applicateurs. C'est bien cela.
Vous parlez du renouvellement du permis et du certificat pour une
période courte. Le permis est à la compagnie et le certificat est
à l'individu.
M. Brodeur: Nous avions également insisté sur la
durée du certificat, ta durée de validité du certificat et
surtout sur la nécessité de réévaluer
périodement la compétence. Nous aimerions, bien sûr,
être informés qu'il y aura éventuellement un
mécanisme de certification périodique, toujours compte tenu,
comme nous l'invoquions il y a quelques moments, du changement des concepts,
des règles de pratique et ainsi de suite.
M. Blais: Merci, je comprends beaucoup mieux maintenant. Merci de
m'avoir éclairé.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Terrebonne. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? M. le ministre, est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Lincoln: Brièvement, je voudrais remercier le Dr
Brodeur et tous ses collègues qui sont venus ici de tout ce que vous
avez fait jusqu'à présent. Je me suis rappelé, lorsque le
député de Terrebonne vous a questionné sur le symposium,
que le symposium a donné le départ à l'engagement d'un
projet de loi qui allait suivre. C'est là que toute cette affaire a
commencé. C'est peut-être à cause de l'implication de votre
groupe de travail, des pressions que vous avez faîtes au ministère
pour qu'on ait un forum de départ pour sensibiliser le public. Je me
souviens du succès de votre symposium.
Mrs Goldenberg, I would like to thank you, to congratulate you on your
efforts to date. I hope you just keep them up and carry on for a long time.
Merci beaucoup.
M. Blais: Thank you very much, Madam!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne, avez-vous des remarques de conclusion?
M. Blais: Je remercie ceux qui sont là, ainsi que madame;
merci beaucoup d'être venus, vous m'avez bien éclairé.
Le Président (M. Saint-Roch): Or
Brodeur ainsi que les membres du Groupe de travail sur les pesticides,
je vous remercie pour la qualité de votre intervention et votre apport
aux travaux de cette commission.
À ce moment-ci, je demanderais aux membres de l'Association des
biologistes du Québec de prendre place, s'il vous plaît. (15 h
45)
À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
maintenant ses travaux et je demanderai au porte-parole de l'Association des
biologistes du Québec de s'identifier et de bien vouloir aussi
identifier les personnes qui l'accompagnent.
Association des biologistes du Québec
M. Beaumont (Jean-Pierre): Bonjour. Jean-Pierre Beaumont,
président de l'Association des biologistes du Québec. À
mes côtés, Mme Edith Smeesters, M. Joseph Valéro.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Beaumont. Je tiens è vous rappeler que vous avez jusqu'à un
maximum de vingt minutes pour présenter votre mémoire. Je vous
cède maintenant la parole.
M. Beaumont: Parfait. Bonjour, M. le ministre, M. le
Président, membres de la commission. L'Association des biologistes
du
Québec regroupe des professionnels de la biologie au
Québec oeuvrant dans des domaines aussi divers que l'enseignement, la
gestion des ressources biologiques et de l'environnement, la biotechnologie, la
toxicologie et la santé environnementale. Sensibilisés et
informés, ils se sont regroupés en association pour assurer,
entre autres, la diffusion de l'information scientifique, se prononcer face aux
problèmes sociaux à caractère scientifique et promouvoir
de façon générale la biologie dans l'intérêt
du public.
L'ABQ est heureuse de l'occasion qui lui est offerte par la commission
de l'aménagement et des équipements de faire part de son avis sur
l'avant-projet de loi sur les pesticides. Notre participation a pour but de
souligner certains aspects particuliers à notre champ d'action
professionnel et de sensibiliser la population en général
à la problématique ides pesticides. Ces substances doivent
être régies dans le cadre d'une gestion globale de
l'environnement. Cet aspect est important puisque l'objet principal de cet
avant projet de loi est de régir l'usage des pesticides afin de
prévenir la détérioration de l'environnement et de
protéger les espèces vivantes, l'homme et ses biens.
L'ABQ s'intéresse, d'ailleurs, depuis plusieurs années
à la problématique des substances toxiques. Entre autres, ses
membres ont senti la nécessité de former un comité
spécial sur cette question dès novembre 1984. En novembre 1985,
notre congrès annuel portait sur "Les substances toxiques, de
l'environnement à l'homme." D'ailleurs, les comptes-rendus de ce
congrès sont disponibles depuis peu dans la collection "Environnementj
et géologie", dont c'est le troisième ouvrage. De plus, nous
avons pris position sur le projet de pulvérisation aérienne
d'insecticides contre la tordeuse des bourgeons de l'épinette.
Nous tenons à adresser nos félicitations au
ministère de l'Environnement du Québec pour la qualité de
la présentation du problème des pesticides dans le document de
travail remis lors de la préconsultation du 25 novembre 1986. Dans ce
document, il est bien clair que nous nous trouvons devant un état de
fait malheureux: l'usage des pesticides s'est généralisé
et cela engendre des problèmes graves de pollution et de santé.
D'après l'actuelle Loi sur la qualité de l'environnement,
les pesticides devraient être bannis. C'est, évidemment,
impossible sans changer les habitudes de toute la population et cela ne peut
pas se faire du jour au lendemain. Nous croyons que le ministère devrait
situer la Loi sur les pesticides par rapport à la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Cela dit, nous approuvons dans les grandes lignes le plan d'action du
ministère:
la classification des pesticides, l'éducation des intervenants et
le contrôle de la vente et de l'utilisation. Cette démarche nous
paraît logique dans la mesure où elle vise l'élimination
des produits les plus toxiques, la réduction globale de leur usage
à long terme et le contrôle des abus actuels. Nous aimerions
élaborer sur ces trois points saillants.
La classification des pesticides. C'est un élément
essentiel è définir et nous constatons que le MENVIQ
s'apprête à établir une classification plus précise
que celle d'Agriculture Canada. Cependant, il nous semble que les
critères de toxicité actuels sont inadéquats étant
donné que, chaque année, des produits d'utilisation courante et
même domestique doivent être bannis parce qu'un risque majeur pour
l'environnement, la santé ou les deux, a été mis en
évidence. Il serait, d'ailleurs, souhaitable de publier la liste de ces
produits en indiquant les raisons qui ont motivé leur retrait.
D'après le document de travail du MENVIQ et les informations
recueillies auprès d'Agriculture Canada, la distinction entre les
classes est basée principalement sur la question de concentration des
produits. Ainsi, un même composé peut se trouver à la fois
en classe commerciale et domestique en fonction de sa dilution. Il est possible
que la toxicité se trouve ainsi réduite, mais il n'en va pas de
même de la toxicité chronique, autant sur les espèces
animales que végétales.
La classification devrait être basée sur des
critères de toxicité qui tiennent compte des effets à
court et à long termes. Des tests devraient être effectués
sur les espèces les plus susceptibles de mettre en évidence une
toxicité, soit aiguë, soit chronique, et sur un ensemble
d'espèces afin d'obtenir des évidences supplémentaires
nous assurant une protection efficace des écosystèmes. Ils
seraient faits aux frais des fabricants, réalisés avant la mise
en marché des produits et les résultats contrôlés
par le gouvernement. Un compendium des pesticides devrait être
disponible, à prix abordable, pour toute personne
intéressée.
Par ailleurs, il est inadmissible qu'un produit prohibé puisse
encore être écoulé auprès des consommateurs
jusqu'à épuisement des stocks. Il devrait être
retourné au fabricant et éliminé de façon
sécuritaire. C'est pourquoi tous les intervenants devraient recevoir une
formation relative à toutes les catégories de pesticides.
Concernant l'éducation des intervenants, nous sommes très
heureux de constater l'importance accordée à l'éducation
des utilisateurs de pesticides. Il est bien reconnu qu'une grande part des
dommages causés par les pesticides est due à une mauvaise
utilisation et au manque d'information sur les méthodes de
prévention ou de contrôle nature! des parasites. L'Association des
biologistes du Québec est désireuse de collaborer avec le
ministère à l'élaboration du contenu de son programme
d'éducation et à sa diffusion. Nous aimerions, cependant,
insister sur l'importance de l'éducation pour tous les groupes
d'intervenants: grossistes, détaillants, applicateurs commerciaux ou
privés, agriculteurs, sylviculteurs et utilisateurs domestiques.
Les agriculteurs et sylviculteurs devraient certainement être
inclus dans le processus de formation dans leur propre intérêt et
celui de l'environnement étant donné les quantités
importantes de pesticides qu'ils utilisent. Ils devraient comprendre les
avantages qui peuvent être obtenus non seulement è la suite d'une
utilisation rationnelle des pesticides, mais aussi à la suite d'une
gestion écologique des terres agricoles. La lutte chimique intensive est
intimement liée à une mauvaise exploitation agricole. Une
agriculture qui justifie sa rentabilité sans tenir compte de l'avenir et
qui calcule froidement le bilan des mortalités et des maladies graves
qu'elle entraîne n'est ni logique ni souhaitable. Si une agriculture
écologique occasionne parfois une augmentation des coûts de
production à cause de la maîn-d'oeuvre, de rotations ou d'autres
pratiques, il faut considérer que c'est un investissement pour
protéger la santé et les intérêts des
générations futures. C'est pourquoi nous considérons que
l'enseignement des principes et des techniques de l'agriculture biologique
devrait être obligatoire dans toutes les écoles d'agronomie et de
technologie agricole et sa pratique devrait être encouragée par
des campagnes d'information appropriées.
L'utilisateur domestique bénéficierait également
d'une campagne d'éducation axée sur les dangers reliés aux
pesticides et sur les autres possibilités d'éliminer ou de
limiter un parasite. Il ne suffit pas de réduire l'usage des pesticides,
mais d'inculquer des méthodes écologiques qui vont permettre de
réduire notre dépendance vis-à-vis des pesticides.
La société devrait absolument diminuer sa
dépendance vis-à-vis des pesticides afin de réduire leur
production globale et leur utilisation. Les risques chroniques, de même
que des catastrophes de l'ampleur de celles qui ont eu lieu à Bhopal et
à Bâle seraient ainsi réduits.
La popularité croissante des services d'épandage pour les
arbres et les pelouses devient très inquiétante pour la
santé des citadins et leur environnement parce qu'il semble que les
pesticides soient répandus en plus grande quantité par
unité de surface en milieu urbain qu'en milieu agricole. L'usage
croissant et incontrôlé des pesticides en milieu urbain pose des
problèmes particulièrement sérieux reliés à
la densité
de la population et à la concentration des produits dans un
même site.
Au niveau du contrôle de la vente et de l'utilisation, les bilans
de vente et d'utilisation des pesticides permettront certainement d'obtenir des
statistiques intéressantes et procureront une meilleure
évaluation du problème au Québec. Cependant, il est assez
inquiétant et surprenant de lire que le ministère ne
prévoit pas élaborer, à court terme, une
réglementation détaillée concernant les normes de diverses
pratiques reliées à l'usage des pesticides, en particulier les
normes d'application. Il nous semble difficile d'éduquer
adéquatement les applicateurs de pesticides sans une définition
préalable des normes.
Pour ce qui est de l'avant-projet de loi, dans l'ensemble, il constitue
un pas dans la bonne direction. Il faut, cependant, spécifier que ce pas
intervient tardivement et qu'il est loin d'avoir l'ampleur souhaitable pour
réduire substantiellement et contrôler efficacement l'usage des
pesticides. L'ABQ note, en outre, l'absence d'une base sérieuse
permettant une gestion globale de l'environnement et signale que plusieurs
articles seront inopérants tant que les règlements n'auront pas
été adoptés, ce qui devrait se faire rapidement. En
attendant, différents articles devraient être modifiés afin
que la loi soit plus efficace.
Chacun sait que ce sont les agriculteurs et les sylviculteurs qui
utilisent le plus de pesticides à l'échelle de la province et
qu'ils sont, par conséquent, les plus exposés aux dangers
potentiels que présentent ces substances. Il est donc absolument
indispensable qu'ils soient soumis aux dispositions de la loi, sinon elle
n'aurait plus qu'une faible valeur intrinsèque.
Il n'est pas admissible qu'une personne ou une entreprise puisse vendre
des pesticides au détail, même si cela est exceptionnel, sans
posséder un permis de vente et la compétence requise. (16
heures)
Les grossistes devraient recevoir une formation
élémentaire sur la sécurité lors de la manipulation
et l'entreposage des pesticides, afin d'éviter les accidents graves pour
eux-mêmes et l'environnement.
Il est évident que tous les citoyens ne peuvent pas
posséder un permis ou un certificat avant d'utiliser, sur leurs biens,
des pesticides. Cependant, il serait bien important que ces utilisateurs
prennent conscience de leurs responsabilités et connaissent les
règles de sécurité que le vendeur devrait leur fournir,
qu'ils suivent le mode d'emploi imprimé sur l'étiquette et qu'ils
ne dépassent pas les limites de leur propriété.
Il est capital de définir, par règlement, des normes bien
claires pour l'utilisation, le i transport, la distribution,
l'élimination des pesticides avec l'entrée en vigueur de la loi.
Ces normes et règlements devraient être élaborés le
plus rapidement possible pour rendre opérante la Loi sur les pesticides.
Il est essentiel, que le ministre conclue des ententes avec les
municipalités, comme le mentionnait l'article 7,5°, pour juger de la
plupart des cas qui découlent de l'évidence même:
dépassement des limites d'un terrain, vaporisation de pesticides par
temps venteux, élimination de pesticides dans un égout,
vérification d'un permis.
Les citoyens doivent aussi avoir les moyens d'intervenir en cour pour
protéger leurs intérêts, leur santé et leur
environnement.
La procédure de l'article 53 nous semble un peu lourde lorsqu'il
s'agit de protéger un patrimoine qui appartient autant à la
province qu'à une municipalité.
En guise de conclusion, tous !es pesticides devraient être soumis
è des tests de toxicité qui démontrent leurs effets
à court et à long termes sur la santé et l'environnement.
Les pesticides prohibés devraient être retournés aux
fabricants. Les résidus de pesticides devraient être
retournés aux détaillants et, ensuite, au fabricant. Dans les
deux! cas, le fabricant devrait les éliminer d'après les normes
du MENVIQ.
La classification des pesticides existants devrait être
remaniée en collaboration avec Agriculture Canada en fonction des
critères de toxicité mentionnés plus haut et en tenant
compté des effets synergiques et environnementaux.
Les pesticides de la classe 1 devraient être soumis d une
surveillance gouvernementale très sévère. S'ils sont aussi
néfastes pour la santé et l'environnement, il devrait y avoir
très peu de raisons pour les utiliser encore, même par des
personnes très compétentes. Un compendium de tous les pesticides
devrait être accessible à un prix abordable pour toute personne
intéressée.
Dans le milieu urbain, plusieurs pesticides ne devraient pas être
appliqués sur une grande échelle en raison de leur
toxicité aiguë particulièrement élevée.
Au plan de l'éducation, toutes les catégories
d'utilisateurs, excepté l'utilisateur domestique, devraient suivre un
cours et obtenir un certificat avant d'utiliser un pesticide de n'importe
quelle classe. Des cours d'agriculture écologique devraient être
obligatoires dans toutes les institutions d'agronomie et de technologie
agricole. Une campagne de sensibilisation devrait être orientée
vers lès utilisateurs domestiques afin de leur apprendre les notions
d'écologie pertinentes au contrôle des ravageurs, les dangers
reliés à l'utilisation des pesticides, les méthodes
préventives et naturelles qui permettent d'éviter ou de diminuer
l'usaqe des pesticides, les exigences de la loi en
matière d'application et d'élimination des pesticides.
Au plan de ia recherche, il faudrait encourager davantage, la recherche
de méthodes alternatives. Il faudrait aussi encourager la recherche sur
l'impact social et environnemental réel de l'utilisation des
pesticides.
En agriculture biologique, il faudrait développer la production
agricole écologique.
Au niveau des règlements, des règlements sur l'utilisation
sécuritaire des pesticides devraient faire l'objet de consultations
auprès de divers intervenants. À notre avis, ces
règlements devraient comprendre les articles suivants: respect de la
propriété privée; normes précises d'après
les conditions météorologiques
(le vent, la température) et le milieu (habitations, sources
d'eau potable, lacs); signalisation d'un terrain traité au moyen d'un
panneau "danger" avec mention du temps de réintégration au
besoin; service d'inspection chargé d'évaluer le respect des
normes de vente, d'entreposage et d'utilisation des pesticides; des mesures
pénales bien claires applicables par les autorités
municipales.
L'étiquetage. L'étiquetage des pesticides est à
revoir complètement. On devrait pouvoir lire clairement la formulation
complète, le mode d'emploi sécuritaire et les premiers soins
à donner en cas d'absorption. Le symbole "poison" devrait être
plus évident et de plus, être affiché dans les commerces
au-dessus des étalages de pesticides.
Pour la protection des consommateurs, les détaillants devraient
proposer à tout acheteur de pesticides une brochure sur l'utilisation
sécuritaire de ces produits et le matériel de protection requis.
Dans les magasins d'alimentation, le consommateur devrait savoir quels produits
ont été utilisés pour la culture des légumes qu'il
achète. Cela devrait être indiqué sur les emballages ou sur
les rayons, tout comme c'est exigé pour les aliments
préparés.
Au niveau des pénalités, les pénalités
concernant les diverses infractions à la loi devraient être au
moins aussi élevées que dans la Loi sur la qualité de
l'environnement. On juge que la Loi sur les pesticides devra comprendre les
articles de la Loi sur la qualité de l'environnement se
référant à l'accès è l'information du
citoyen et, entre autres, on veut que l'article 116 soit restreint par des
contraintes d'étendue, de quantité et de type de pesticides.
Nous vous remercions encore de nous avoir permis de nous exprimer.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Beaumont. M. le ministre.
M. Lincoln: Bienvenue, M. Beaumont,
Mme Smeesters et M. Valéro. Mme Smeesters, vous êtes ici
pour la deuxième fois, cela m'a doublement convaincu. M. Beaumont,
j'espère que la prochaine fois que vous viendrez ici, on pourra
s'adresser à vous comme au président de l'ordre.
M. Beaumont: On l'espère!
M. Lincoln: C'est un voeu. Naturellement, votre association et
ses membres représentent un des grands espoirs de changement dans le
monde; les biologistes travaillent très activement à des
solutions de rechange aux produits chimiques. Nous accordons encore plus
d'attention à ce que vous avez à dire, a cause de tout le
passé de votre organisme, de votre expérience, de votre avenir
dans ce domaine et de tout ce que vous faites dans te milieu de
l'éducation et ailleurs pour la protection de l'environnement.
Votre mémoire a été lu, étudié,
analysé avec beaucoup de soin, comme les autres. C'est le travail que
nous avons eu à faire depuis qu'on l'a reçu. Ce que nous
remarquons - je suis sûr qu'on le soulignera du côté de
l'Opposition - c'est que certaines des constatations qu'on y retrouve se
retrouvent également dans beaucoup de mémoires. Je ne vais pas
insister et aller dans les détails, mais je voudrais passer en revue
quelques-unes des choses que vous avez dites, surtout celles où vous
vous détachez un peu, où vous avez des choses additionnelles ou
différentes à nous dire. Peut-être que vous pourriez nous
demander des précisions là-dessus.
Si je comprends bien, vous dites que vous êtes d'accord avec les
grandes lignes du projet, la classification, l'éducation, le
contrôle, mais vous dites qu'il n'est pas question d'exclure les
agriculteurs et les sylviculteurs. Comme je l'ai souligné, il est tout
à fait de l'intention et c'est un engagement formel du gouvernement
d'inclure ces secteurs. Vous dites aussi qu'il faudrait situer la Loi sur les
pesticides par rapport à la Loi sur la qualité de
l'environnement. Là aussi, j'ai précisé que nous ferons
des modifications de concordance pour établir très clairement que
la Loi sur la qualité de l'environnement s'applique tout à fait
indépendamment de cette loi et que tous les pouvoirs qui y sont ne
seront aucunement diminués par la Loi sur les pesticides. Afin de ne
laisser aucune équivoque, nous allons le préciser dans trois
sections qui établiront très clairement que les dispositions sur
l'information contenues dans la Loi sur la qualité de l'environnement,
le fait que les pesticides sont un contaminant, ce qui fait donc une
juxtaposition, seront inclus dans cette loi.
Pour ce qui est de la classification, vous en avez parlé beaucoup
et nous retenons ce que vous dites; on va étudier
cela de très près. Toute la question de la classification,
comme vous le savez, apparaîtra dans la réglementation et la
réglementation, comme je l'ai souligné à d'autres
intervenants, aussitôt qu'elle sera prête - elle sera
publiée sans doute vers la fin de l'été, au début
du printemps - sera prépubliée afin que ce soit un
élément de consultation avec les groupes. Nous réalisons
que les règlements sont peut-être plus importants que la loi qui
les habilite elle-même, parce que c'est l'essence de la chose.
Vous avez suggéré plusieurs choses très
intéressantes pour nous, par exemple, des cours d'agriculture
écologique obligatoires. Naturellement, ce n'est pas de notre ressort en
tant que ministère de l'Environnement, mais on va passer le message. On
va transmettre le message à notre collègue de l'Agriculture,
surtout, et de l'Éducation.
Vous parlez aussi beaucoup de la recherche et des méthodes
alternatives. Là, nous nous sommes mis d'accord, à l'article 7,
pour inscrire ceci formellement dans la loi là où on parle du
secteur de la recherche. Les grossistes seront inclus. Je pense que j'ai
confirmé cela à Mme Smeesters hier. C'était une de ses
recommandations. Il y aura une campagne d'information et de sensibilisation
assez vaste qui va se faire. Mais, naturellement, on ne veut pas la faire
maintenant, parce qu'on ne sait pas exactement ce que sera le projet de loi, ce
que sera la réglementation. Aussitôt qu'on sera prêt et que
tout cela sera terminé, la première chose qui sera
enclenchée sera une grande campagne d'information et de sensibilisation
par rapport à la loi et à la réglementation qui sera
suivie d'ententes sur les codes de pratique avec les grands secteurs
d'utilisation où, à ce moment-là, tous ces critères
d'éducation, des critères plus détaillés, seront
précisés.
Vous avez parlé de l'article 53. Là aussi, j'avais
précisé que l'article 53 était purement un article de
concordance avec l'article 30 de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Excepté que, par omission, on avait laissé des
mots se rapportant aux dépenses municipales. Le sens était de
faire concorder cela avec le Code municipal. Cela sera corrigé.
C'était une omission tout à fait involontaire.
Vous parlez beaucoup de critères de classification. Ce matin,
j'expliquais à un intervenant que nous travaillons de très
près avec le gouvernement fédéral pour être beaucoup
plus impliqués au niveau de l'homologation. C'est cela la clé. Il
y a des informations plus ou moins confidentielles et des statistiques, au
début de l'homologation du produit, qui ne sont pas connues des
provinces aujourd'hui. Sans cela, il nous manque un outil de travail presque
essentiel. C'est là que nous essayons de faire des pressions. Nous avons
déjà fait des demandes officielles qui seront suivies d'une
lettre au ministre de l'Agriculture de la part de toutes les provinces pour
avoir une participation beaucoup plus active surtout en ce qui concerne
l'information que le fédéral possède et que nous !ne
n'avons pas aujourd'hui. Cela nous aidera davantage pour le contrôle et
la classification, naturellement.
La réglementation et les codes de pratique toucheront à
toute la question de l'utilisation. Je ne sais pas ce qu'on prévoit pour
la question de l'affichage par rapport aux usages domestiques, etc., mais on a
pris bonne note ''de vos recommandations, des recommandations du groupe de Mme
Smeesters et de beaucoup d'autres sur cette question qui revient souvent.
Sur la question de l'étiquetaqe et de l'étalage, vous et
le groupe précédent, vous l'avez vu, avez produit des
recommandations qui seront étudiées pour la réglementation
qui va suivre. Est-ce que vous auriez des questions à poser?
M. Beaumont: J'aurais peut-être deux questions, mais je
pense que vous en avez peut-être déjà discuté avec
d'autres intervenants. Cette fameuse Loi sur les pesticides et ses
règlements, c'est prévu pour quand?
M. Lincoln: Ce qui arrive, c'est que nous avons uni avant-projet
de loi. Moi, mon grand espoir,c'est que cette session-ci, qui commence le 10
mars, soit la session au cours de laquelle nous puissions introduire et
déposer le projet de loi refait...
M. Beaumont: D'accord.
M. Lincoln: ...qui sera sujet à des discussions lors d'une
commission parlementaire, etc.
M. Beaumont: Donc, le...
M. Lincoln: Mais ce n'est pas certain, parce que, d'après
le cadre législatif actuel, si, par exemple, il y avait une grande
différence entre l'avant-projet de loi et le projet de loi qui allait
être déposé définitivement,' s'il y avait 50, 60 ou
90 amendements, le Comité de législation ne le permettrait
jamais. II dira que l'avant-projet de loi et le projet de loi qu'on a
déposé ne sont pas du tout la même chose. Il faut alors
refaire le mécanisme de le soumettre aux comités
interministériels, etc. À ce moment-là, cela voudrait dire
qu'on le déposerait à ''l'automne. Si on le dépose
à l'automne, cela sera adopté - nous l'espérons - au cours
de la session d'automne. J'espère que ce sera lors de la session
d'été. Mais si c'est impossible, le plus tard sera l'année
1987, dans tous les cas. Nous espérons que ce sera pendant
l'été, parce que si c'est adopté pendant
l'été, les règlements pourront
être effectifs pour l'automne 1987. Il y aura déjà
une saison de manquée en 1987, mais au moins on aura cela pour le reste
de 1987 et à partir de 1988. (16 h 15)
Si, par exemple, la loi était adoptée è l'automne,
si on pouvait l'adopter au début de la session, à ce
moment-là, pour le règlement, ça prend une soixantainte de
jours, il faut compter que la réglementation serait là... Puisque
nous voulons aller en prépublication du règlement et faire une
consultation sur le règlement, cela demande un mois à six
semaines pour faire cela. On préfère parler de deux, trois ou
quatre semaines et avoir quelque chose qui représente un consensus
plutôt que d'adopter un règlement dont personne ne veut.
D'ailleurs, on préfère consulter les gens et savoir que cela
représente un genre de consensus. Si c'est plus long, ce sera plus long,
qu'est-ce qu'on peut faire?
M. Beaumont: L'autre question, c'était au sujet des
budgets qui pourraient être associés à un tel projet de loi
pour la recherche, etc.
M. Lincoln: Le budget prévu au départ... Je sais
que, pour vous, ça ne paraîtra pas assez, ça ne
paraît jamais assez, mais c'est déjà quelque chose, c'est
un début. Vous devez connaître M. Saint-Jean qui travaille presque
à 100 % sur les pesticides; on a déjà une équipe
qui ne fait que ça. Le budget qu'on va soumettre est un budget nouveau,
de l'argent neuf, 1 200 000 $ pour commencer, pour nous permettre d'avoir une
petite équipe d'inspecteurs, pour nous permettre d'avoir un cadre de
communication, de recherche, tout l'équipement, le suivi de ta
réglementation, les permis, la classification et tout le reste.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme
Smeesters.
Mme Smeesters (Edith): J'avais une question au sujet de l'article
9 - nous l'avons mentionné tout à l'heure - sur les cas
exceptionnels. Qu'est-ce que c'est, ces gens qui vendent des pesticides "de
façon exceptionnelle"? Qui visez-vous avec cela?
M. Lincoln: Vous avez, par exemple, dans le cadre de
l'agriculture - c'est ce qui a été visé principalement,
mais ce n'est pas nécessairement cela - deux agriculteurs qui ont des
fermes voisines et qui se passent certains produits. Ce n'est pas une vente
commerciale. La vente commerciale, c'est quelque chose de
répétitif. Là, on parle d'une vente exceptionnelle, d'une
façon unique. Un jour, c'est un incident unique, pour des raisons, par
exemple, de maladie d'une personne, il n'a pas les produits, il passe donc
à la ferme avoisinante, quelque chose comme ça. Techniquement, il
faudrait qu'il ait un permis de vente. Ce sont les cas exceptionnels dont on
parle.
Il nous a été souligné par un groupement qui est
venu ici qu'il y a des ventes par ce qu'on appelle des "farmer dealers" ou
quelque chose comme ça, c'est le terme utilisé dans ce milieu.
C'est une espèce de vente plus ou moins officielle, mais qui
représente un très grand volume, 20 %. Là, nous avons dit:
Ce n'est pas exceptionnel parce que ça se fait de façon
régulière et répétée; ces gens vont
être assujettis à un permis. Tout ce qu'on veut éviter ici,
c'est que si, une fois, dans une circonstance exceptionnelle, quelqu'un passe
un produit à un autre sans le faire de façon
répétitive, il soit obligé d'être reconnu comme un
vendeur par la loi. C'est cela, le sens de cet article. S'il faut le baliser
plus, on le fera. C'était cela, l'idée.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Valéro.
M. Valéro (Joseph): M. le ministre, je pense que
l'homologation des pesticides est la pierre angulaire de tout règlement.
Concernant ta qualité, les tests, les exigences requises pour
l'homologation des pesticides, comment le ministère de l'Environnement
du Québec pourrait-il intervenir auprès du gouvernement
fédéral pour garantir la validité de ses tests?
Très souvent, un produit est homologué, tout le monde est fort
heureux, on le met en vente et, au bout de trois ou quatre ans, on se rend
compte que ce produit peut être cancérigène,
tératogène ou mutagène. Je sais bien que le
ministère de l'Environnement du Québec a peu d'influence dans le
domaine, mais est-ce qu'il est possible de prévoir dans la loi un
dispositif ou un recours permettant à votre ministère
d'intervenir à ce niveau?
M. Lincoln: D'après le système constitutionnel
actuel, nous ne pouvons pas être impliqués de façon
législative dans l'homologation, c'est clair. Pourtant, nous avons une
disposition - j'ai oublié le numéro de l'article, c'est 90
quelque chose - qui nous donne des pouvoirs de bannir des pesticides, d'en
interdire la distribution, c'est assez vaste, mais c'est a posteriori,
malheureusement.
À priori, voici ce que nous pouvons faire de plus efficace. Je
l'ai indiqué ailleurs et je n'ai pas envie de répéter tout
ce que j'ai dit ce matin; j'ai lu la lettre à M. Wise et je pourrai vous
donner une copie de ce que nous avons indiqué. Au lieu de le faire
individuellement, les provinces ont décidé de travailler par
l'entrernise du conseil des ressources et des ministères de
l'Environnement. Par une circonstance très
fortuite, cette année, le Québec a la présidence de
ce conseil. Je suis président du conseil, je peux arranger les
réunions. J'ai convoqué une réunion en janvier et la
plupart des provinces étaient là. Nous avons demandé aux
trois ministres fédéraux de venir, nous avons adopté une
résolution et nous voulons maintenant entrer dans le processus de
l'homologation. Légalement, on n'en a pas le droit, mais ils ont
accepté notre demande de façon très ouverte. Surtout le
ministre fédéral de la Santé, M. Epp, est très
intéressé è ce que les provinces participent, surtout le
ministre de l'Environnement. Eux-mêmes cherchent un petit filon pour
entrer dans le système parce que vous savez que c'est
contrôlé par le ministère de l'Agriculture.
Formellement, nous avons demandé au ministre de l'Agriculture, au
nom de toutes les provinces canadiennes et des territoires, d'être
beaucoup mieux informés sur l'homologation et aussi d'avoir un
système de réévaluation des pesticides en cours beaucoup
plus efficace et d'y impliquer les deux autres ministères de la
Santé et de l'Environnement, qui meurent d'envie d'être
impliqués. Eux, ils peuvent se servir de nous, les provinces, comme
instrument de pression et nous de même. C'est à ce niveau qu'on
peut travailler.
Le Président (M.
Saint-Roch): M.
Valéro.
M. Valéro: En ce qui concerne les stocks de produits qui
sont bannis parce que toxiques, allez-vous établir une politique pour
les éliminer ou les réexpédier aux compagnies qui les
produisent ou si les gens vont pouvoir continuer à les écouler
comme si de rien n'était?
M. Lincoln: Je l'ai dit à Mme Smeesters hier - je pense
qu'elle nous avait posé la question là-dessus ou son
mémoire y faisait référence - on ne parle pas des
déchets dangereux dans une grande limite parce que c'est une autre
affaire. Nous sommes en train de travailler sur les BPC. Comme vous le savez,
il y a une politique qui vise l'élimination graduelle de tous les
toxiques émis par les usines, mais on ne parle pas de cela. Pour les
petites quantités domestiques, que les gens gardent chez eux, oui, une
politique est en train d'être établie actuellement au
ministère et on travaille aussi de près avec les autres
provinces; l'Ontario travaille aussi de pair sur cela. C'est une des grandes
questions aujourd'hui: Qu'est-ce qu'un individu fait avec tous les pesticides
qu'il a? Des critères seront aussi adoptés pour les agriculteurs
et on assurera un suivi des produits, le recyclage, le nettoyage des
contenants, etc. C'est déjà commencé su ministère
de l'Agriculture, mais, là aussi, c'est suivi de près.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Moi, aussi,
comme toujours, je vous remercie d'être là. Vous êtes, en
fait, les cerveaux de l'espoir de la solution de rechange. Le fait que vous y
êtes démontre que vous avez le coeur de le devenir de façon
percutante, c'est d'autant plus valeureux que vous soyez venus. À vous
aussi, avant de passer le dossier au député de Dubuc, je vais
vous poser les deux mêmes questions classiques, bien que ce soit encore
plus difficile de vous les poser, à cause de votre groupé. Avec
l'Association des consommateurs, il y avait une espèce
d'incompatibilité parce qu'ils sont là pour protéger les
prix au consommateur. Pour vous, c'est doublement une incompatibilité
parce que, si je vous demande si une taxe devrait être exigée,
normalement, on devrait s'attendre que vous répondiez: On aimerait mieux
ne pas en parler parce que c'est à nous que ça va rapporter,
ça va revaloriser notre profession si on se sert des biologistes pour
remplacer les pesticides.
Mais je vous pose quand même la question: Est-ce que vous
êtes favorables à une taxe pour favoriser la recherche,
l'éducation et une publicité saine pour des produits de
remplacement des pesticides toxiques? Est ce que vous croyez que ce projet de
loi vise, dans son essence et dans son esprit, une utilisation en
quantité moindre de produits toxiques?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Beaumont.
M. Beaumont: À la première question sur la taxe,
évidemment, l'Association des biologistes ne s'est pas penchée
spécifiquement sur cet aspect; on n'a donc pas statué dans notre
mémoire sur cette question. Cependant, nous savons, selon des sondages
parus l'année passée, que l'ensemble de la population semble
prête à payer un certain montant supplémentaire pour
assurer la protection de l'environnement. À ce sujet, l'Association des
biologistes du Québec considère qu'il est intéressant de
chercher à réduire la consommation de produits qui peuvent
polluer notre environnement, en faisant prendre conscience aux utilisateurs
qu'effectivement ce sont des polluants ou des contaminants.À ce moment,
l'idée d'imposer une taxe, qui serait clairement identifiée,
pourrait être envisagée. Par exemple, il faudrait que le but et
les retombées de cette taxe soient orientés, comme vous l'avez
dit, peut-être sur la recherche de méthodes alternatives et sur la
sensibilisation du grand public à une réduction de
l'utilisation des pesticides et particulièrement ceux qui sont
toxiques, etc.
M. Blais: Pour les sept minutes qui restent, je passerai la
parole à mon confrère de Dubuc.
M. Beaumont: Mais la deuxième partie de votre question?
Vous avez deux questions. J'ai répondu à la première. La
deuxième question...
M. Blais: Ce serait plus cohérent, excusez-moi.
M. Beaumont: Pauvre vous!
M. Blais: Une chance que vous êtes là pour
compenser.
M. Beaumont: Pour la deuxième question, je pense que notre
mémoire est clair. L'article 5 de notre mémoire dit que le projet
de loi "constitue un pas dans la bonne direction", mais "qu'il est loin d'avoir
l'ampleur souhaitable pour réduire substantiellement et contrôler
efficacement l'usage des pesticides". Par contre, nous sommes conscients que
chercher à sensibiliser et à éduquer les utilisateurs et
la population dans son ensemble, c'est déjà effectivement quelque
chose qui devrait amener une certaine réduction de l'utilisation. Nous
pensons qu'effectivement cela peut avoir son impact. En lisant notre
mémoire, je pense que vous avez vu qu'on a mis beaucoup
d'éléments qui doivent aussi être ajoutés à
ce projet de loi, toujours dans le but d'en arriver à une gestion
globale de notre environnement.
M. Blais: Merci beaucoup. M. Beaumont: Parfait.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Évidemment,
notre temps est limité. Par ailleurs, votre mémoire est
très clair et très précis. Cela nous permet de nous faire
une idée assez exacte de vos propositions et de vos remarques sur
l'avant-projet de loi. Cependant, l'éducation, c'est quand même de
la répétition. Alors, j'aimerais vous faire répéter
certaines de vos positions. Auparavant, toutefois, vous dites, à la page
2, que changer toutes les habitudes d'une population, cela ne peut pas se faire
du jour au lendemain. Un peu plus loin dans la même page, vous dites: "La
réduction globale de leur usage à long terme, etc."
Évidemment, ce sont des choses plus ou moins à long terme:
modifier ou développer des méthodes alternatives à
l'utilisation des pesticides; c'est quelque chose qui peut être plus ou
moins long. Le mouvement pour l'agriculture biologique nous avait parlé
d'une trentaine d'années peut-être et même il
précisait que lorsqu'on dit 30 ans, c'est peut-être 40 ans ou 50
ans, c'est une échelle. Par ailleurs, le Regroupement pour un
Québec vert, ce matin, disait: Cela dépend de la volonté
politique. Cela pourrait aussi peut-être prendre seulement dix ans si on
prenait les moyens. Alors, lorsque vous parlez de plus ou moins long terme,
où vous situez-vous par rapport à ces deux "extrêmes",
entre guillemets?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Beaumont.
M. Beaumont: Nous n'avons vraiment pas mis de périodes
fixes. C'est un fait que, si le gouvernement du Québec investit beaucoup
d'argent et met une réglementation stylique encadrant l'utilisation des
pesticides et si, en ce qui concerne sa campagne de sensibilisation, il montre
aux citoyens que peut-être on n'a pas besoin de ces produits pour avoir
un gazon vert ou des choses de ce genre-là, si on enlève
certaines idées peut-être préconçues, on pourrait en
arriver probablement à une réduction plus rapidement. Mais,
effectivement, il y a un gros travail à faire et aussi, les
méthodes doivent être changées en ce qui a trait aux
produits et tout cela. Il ne faut pas oublier que, dans les pesticides, il y a
aussi des produits qui sont probablement moins nocifs et l'idée que ces
produits sont nécessaires... Il faut se donner un certain temps pour
amener ce changement d'idée; je ne peux pas vous dire de période,
cinq ou dix ans.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Valéro.
M. Valéro: Est-ce que je pourrais faire un commentaire? Je
crois qu'il est toujours difficile d'établir une date limite et une
période. Il est essentiel que ce programme d'éducation commence
le plus rapidement possible, que tous les moyens soient mis en oeuvre afin que
la population soit sensibilisée au problème. Si les gens
commencent à comprendre qu'il n'est pas nécessaire qu'une pomme
soit bien rouge, bien ronde et bien lustrée pour être bonne ou
qu'un pissenlit est très bon en salade au lieu de s'en
débarrasser avec un herbicide, le changement de mentalité va se
faire seul. C'est une question de mentalité. Mais il faut que les
ministères s'impliquent rapidement. Il ne s'agit pas de prévoir
réussir dans dix ans, c'est maintenant que les programmes doivent
commencer à être réalisés. Il est sûr que, de
toute façon, toute la population ne peut pas changer de mentalité
en l'espace de dix ans. Si la majorité peut changer en deux ou en
cinq ans, tant mieux pour nous, tant mieux pour l'environnement!
Je voudrais faire un commentaire concernant l'imposition d'une taxe si
vous le permettez. Beaucoup ont parlé d'imposition de taxes, mais on
oublie que des insecticides biologiques sont déjà sur le
marché et qu'ils ne sont pas subventionnés. Lorsque les
consommateurs demandent un insecticide biologique, il est tellement cher que
personne ne peut l'acheter. Je me demande s'il ne serait pas possible d'imposer
une taxe proportionnelle à la toxicité et, au besoin, de
subventionner des produits qui ne sont pas toxiques et les méthodes
alternatives, comme l'agriculture écologique. Pour quelles raisons une
taxe imposée sur des produits toxiques ne pourrait-elle pas être
utilisée pour subventionner des produits non toxiques ou des solutions
de rechange?
M. Desbiens: Ou pour rendre le prix du produit toxique assez
élevé que l'autre puisse le concurrencer.
Une autre question sur l'idée qui a été
avancée aussi par un autre groupe. Vous faites d'ailleurs le
rapprochement, comme tout le monde, entre pollution et santé, bien
sûr. Il y a un groupe ce matin qui a parlé de permettre aux
médecins et au ministère de la Santé et des Services
sociaux conjointement - je ne me souviens pas de l'article de la loi qui serait
touché - de s'impliquer directement dans l'administration de la loi. Que
pensez-vous d'une telle suggestion?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Beaumont.
M. Beaumont: Oui. C'est un aspect qui serait à examiner
plus en profondeur. J'aimerais laisser la chance au ministère de
l'Environnement de gérer le plus complètement possible la Loi sur
les pesticides, de voir à des modalités d'intervention avec les
autres ministères. Je laisserais la loi telle qu'elle est à ce
sujet.
M. Desbiens: Est-ce que je peux y aller encore un peu, M. le
Président? Deux petites courtes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Valéro: Est-ce que je peux faire un commentaire?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Valéro.
M. Valéro: II est essentiel qu'Environnement Québec
soit le responsable de cette loi, mais est-il possible que le ministère
de la Santé et des Services sociaux s'implique dans l'homologation des
pesticides? II serait intéressant de demander avis aux médecins
parce que ce sont eux qui sont responsables de la santé, humaine. S'il
participe au processus d'homologation, les tests seront bien meilleurs bien
plus précis.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Deux brèves questions pour terminer parce que
mon temps est déjà écoulé. Je vous remercie, M. le
Président. À la page 9, à 6.5, sur l'éducation,
vous mentionnez que des cours d'agriculture écologique devraient
être obligatoires. L'ABQ a-t-elle déjà fait des
représentations quelconques auprès des autorités
gouvernementales ou pédagogiques à ce sujet?
M. Beaumont: À ma connaissance, non, mais on en parle
ouvertement aujourd'hui.
M. Desbiens: Je remarque, en terminant, votre suggestion qui
m'apparaît très intéressante concernant l'emballage des
produits, des légumes par exemple, achetés où, comme vous
le signalez, on devrait indiquer au consommateur les produits toxiques qui ont
été utilisés pour la culture de ces légumes.
Je vous remercie beaucoup. J'aurais eu peut-être d'autres
questions, mais le temps est limité.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Beaumont.
M. Desbiens: Vous avez une commandite à faire.
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M.
Beaumont.
M. Beaumont: Ce n'est pas une commandite. Tout à l'heure,
j'ai apporté ici seulement un document, le compte rendu de notre
congrès. On l'a reçu il y a moins de deux semaines. Je le
dépose à la commission. M. le ministre de l'Environnement, vous
allez en avoir une copie.
M. Desbiens: Est-ce que c'est "Environnement et
Géologie"?
M. Blais: Est-ce que l'Opposition va en recevoir une copie
aussi?
M. Beaumont: On va penser à vous. M. Blais: C'est
mon rêve.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, en
conclusion.
M. Beaumont: Je vous dis, par exemple,
que le nombre de copies est très limité. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous nous donnez encore
quelques instants, M. Beaumont.
M. Beaumont: Oui, excusez-moi.
M. Desbiens: Est-ce que c'est "Environnement et
Géologie"?
M. Beaumont: C'est dans la collection "Environnement et
Géologie". C'est Je troisième volume.
M. Desbiens: Dans la collection.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Beaumont. M. le
ministre, en conclusion.
M. Lincoln: M. Beaumont, je vous remercie beaucoup d'être
venu. J'ai le plus grand respect pour votre association. J'espère que le
voeu que cela aille plus loin comme code professionnel sera exaucé
bientôt. Je suis tout à fait d'accord là-dessus.
J'espère aussi que nous allons continuer â travailler ensemble aux
objectifs que nous recherchons. Je suis très très conscient que
le projet de loi que nous avons déposé n'est pas la solution
finale. Je ne pense pas qu'on puisse le regarder comme cela. C'est une
étape. C'est un grand départ, je crois. Le fait même de
l'avoir va créer un effet d'entraînement. Tout ce qui sera
ajouté à cela, la réglementation, les codes de bonne
pratique, c'est là que vous aurez beaucoup d'influence à nous
aider à les composer, à les travailler. Cela va beaucoup aider
à le rendre le plus perfectionné possible.
Pour répondre à M. Valéro, nous avons
déjà une entente, le ministère de l'Environnement et le
ministère de la Santé, qui inclut une très grande section
sur les pesticides. Malheureusement, au niveau de l'homologation, comme je vous
l'ai dit, on ne peut pas travailler directement, mais indirectement parce que
nous n'avons pas les pouvoirs. C'est en voie d'être fait de façon
active.
Nous vous remercions beaucoup de votre collaboration, de votre
mémoire bien présenté et bien expliqué ici. Merci
d'être venus.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: La tradition veut que l'Opposition remercie les gens et
c'est avec grand plaisir que je le fais. Je suis content que vous soyez
toujours dans la lutte pour essayer de combattre ce cancer qu'est la
toxicité. Merci d'être là et continuez votre bon travail.
On a besoin de gens comme vous.
M. Beaumont: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Beaumont et les membres
de l'Association des biologistes du Québec, j'aimerais vous remercier au
nom de tous les membres de la commission pour votre apport à nos
travaux.
Sur ce, la commission va suspendre pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 35)
(Reprise à 16 h 50)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend maintenant ses travaux. Je demanderais
à l'Ordre des agronomes du Québec de prendre place devant la
commission, s'il vous plaît. Je demanderais maintenant au porte-parole de
bien vouloir s'identifier et d'identifier les membres qui l'accompagnent.
Ordre des agronomes du Québec
M. Laguë (Paul): Mon nom est Paul Laguë. Je suis
président de l'Ordre des agronomes du Québec. Je suis
accompagné, à ma droite, de M. Alphonse Lapointe, directeur
général, et, à ma gauche immédiate, de Daniel
Savoie et Michel Tremblay, tous deux agronomes et membres du comité des
antiparasitaires.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
président. Sur ceci, je vous rappelle que vous avez maintenant vingt
minutes au maximum pour faire part de votre mémoire aux membres de la
commission. Je vous cède maintenant la parole.
M. Laguë: Merci, M. le Président. M. le ministre et
MM. les membres de la commission, nous vous remercions de nous offrir
l'occasion de discuter avec vous de l'avant-projet de loi sur les pesticides.
Nous sommes confiants que ce premier partage des contributions de l'Ordre des
agronomes du Québec à la promulgation d'une loi qui,
soulignons-le, est souhaitée par la grande majorité de la
population sera le fondement d'une collaboration encore plus étroite
entre l'Ordre des agronomes du Québec et les ministères
impliqués dans le contrôle des pesticides. Avant d'exposer le sens
de notre mémoire, où nous examinons la concordance de la
législation proposée en regard des objectifs visés,
objectifs d'ailleurs que nous jugeons louables et souhaitables, nous voulons
faire quelques mises au point importantes afin d'éliminer toute
ambiguïté dans la discussion.
Dans la première section du chapitre 1 de l'avant-projet de loi,
le législateur propose une définition du mot "pesticide" qui
diffère substantiellement de celle contenue dans la Loi sur les produits
antiparasitaires adoptée par le Parlement canadien, en septembre 1982.
Pour faciliter la compréhension et prévenir les
interprétations différentes, qui ouvrent la porte aux abus, nous
recommandons d'utiliser l'expression "produits antiparasitaires" plutôt
que "pesticides" et également de revoir et de compléter la
définition proposée dans l'avant-projet de loi, afin d'inclure
les produits régulateurs de croissance.
Selon les notes explicatives inscrites au préambule du projet de
loi, il importe d'établir une distinction entre l'information
scientifique pertinente à l'utilisation d'un produit antiparasitaire -
on parle à ce moment des paramètres culturaux, de la lutte
intégrée, des seuils de tolérance, des seuils
économiques, de la protection du milieu physique et des espèces
vivantes - et des renseignements techniques sur la manipulation
sécuritaire de ces produits.
À partir de ces énoncés, nous suggérons de
remplacer l'expression "renseignements sur l'utilisation des pesticides" par
"renseignements sur la manipulation sécuritaire des produits
antiparasitaires". Cela couvre tous les aspects tant pour l'utilisateur que
pour l'environnement et les aliments produits.
Dans la rédaction de notre mémoire, nous avons
cherché un point d'équilibre entre des mesures
législatives pour assurer la protection des êtres vivants et de
l'environnement, et les intérêts souvent divergents des
intervenants dans la vente, l'utilisation et la manipulation sécuritaire
des produits antiparasitaires.
Notre mémoire a été basé, si vous voulez,
sur une consultation assez large auprès d'agronomes. Comme vous allez le
voir un peu plus tard, nous essayons de définir ce qu'est un agronome
afin de vous montrer notre champ d'exercice et c'est ce à quoi nous
sommes utilisés dans le domaine agricole. Quand nous parlons de
vulgarisation scientifique, ici, nous parlons vraiment de transfert
technologique. C'est dans ce sens qu'il faudrait le voir.
Dans le premier paragraphe des commentaires généraux
à la quatrième ligne, il y a une erreur dans le traitement de
textes. La phrase se lit: "On sait, en effet, que la présence des
produits antiparasitaires, tant en milieu urbain qu'en milieu rural - il
faudrait écrire "suscite" au lieu de "rendu possible" - suscite
actuellement plus d'inquiétude que la plupart des autres questions
sociales. Cependant, leur présence n'a pas encore suscité le
moindre consensus sur la façon dont il faudrait gérer leur
usage."
Dans le mémoire, nous citons ensuite une série d'extraits
du document d'information publié par le ministère de
l'Environnement, le 6 novembre, où l'on fait part des dangers de
contamination dans l'utilisation des produits antiparasitaires. On parle des
résidus dans les aliments. Il ne faut pas oublier, aujourd'hui, qu'un
agriculteur lpeut nourrir jusqu'à 100 personnes. Alors, c'est
très important, à ce moment, que cette personne soit bien
entourée et bien encadrée. Il y aussi des accidents qui sont dus
à de mauvais rangements et des accidents de parcours dans l'utilisation
et qui, la plupart du temps, amènent des conséquences
néfastes à l'environnement beaucoup plus en général
qu'une utilisation rationnelle. Il y a aussi des applications qui ont
résulté en la contamination des sources d'eau, de l'air et du
sol. Si les problèmes sont réels et sérieux, nous croyons
en l'importance de les confiner et d'en réduire l'impact au minimum.
C'est pour cela que, dans l'avant-projet de loi, nous voudrions voir
insérer le concept de la gestion intégrale des pesticides, soit
à court ou à moyen terme, plutôt que d'avoir une gestion
partielle des pesticides; que, du moins, la loi, dans son cadre, maintienne
cette unité.
L'analyse du projet de loi permet de constater que son emprise est
limitée, qu'elle laisse une large place à la
réglementation. Il est peut-être sage de la part du gouvernement
de fonctionner de cette façon-là et il le fait dans un premier
temps. Mais, comme je l'ai mentionné tantôt, je crois qu'il est
très important d'inclure, dans la loi-cadre, la gestion intégrale
de façon qu'il soit facile de préparer la mise en place graduelle
des diverses facettes des contrôles dans l'utilisation rationnelle des
antiparasitaires.
Sans nous présenter, si vous le voulez, ou vouloir nous vanter en
tant qu'agronomes, il serait peut-être bon de faire une mise au point et
de savoir ce que fait un agronome, quelle formation il reçoit, tout
simplement pour, au moins, informer le législateur de ce à quoi
sert l'argent du contribuable dans la dispensation du financement universitaire
et, plus particulièrement, des facultés d'agriculture.
II est évident que, étant une corporation professionnelle,
nous avons un champ d'exercice exclusif d'après la loi que nous avons.
Notre champ exclusif porte essentiellement sur la communication et la
vulgarisation Comme je le mentionnais tantôt, la vulgarisation, c'est le
transfert des technologies, c'est l'analyse des problèmes qu'un
producteur peut avoir avec des recommandations spécifiques pour
résoudre ces problèmes. On parle donc ici de communiquer de
vulgariser et d'expérimenter les principes, les lois et les
procédés de la culture des plantes agricoles, de l'élevage
des animaux de ferme, etc. On vous donne
ensuite ce que nous entendons aussi par la culture - si vous le voulez -
des plantes. C'est très complexe parce qu'on parle des façons
culturales, on parle des contrôles de lutte intégrée, on
parle de l'éradication des plantes nuisibles, de la
génétique et de l'utilisation de produits antiparasitaires, si
c'est nécessaire*
Ces pratiques sont basées normalement sur des connaissances
scientifiques que l'agronome a acquises durant sa formation universitaire et
cela comprend tout le volet qu'on décrit et qu'on pourrait
présenter, en sommaire, comme une biologie, si vous le voulez,
appliquée, dans un but bien précis de production, soit de
production animale soit de production végétale.
L'agronome reçoit donc, en général, une formation
qui englobe toutes ces connaissances et il lui revient, si vous le voulez,
l'utilisation rationnelle des produits antiparasitaires. On ne parle pas
d'utilisation sécuritaire ici, on parle d'utilisation rationnelle.
Dans les facultés d'agriculture, il y a eu
énormément de modifications apportées au cours des
années avec le développement de la recherche, des nouvelles
techniques. Les professeurs qui y travaillent sont des personnes
compétentes et qui, normalement, visent à la productivité
agricole. La productivité agricole, c'est toujours quelque chose qui
vise la plus haute rentabilité possible, en ce sens que, si on peut
utiliser moins d'antiparasitaires - c'est ce que nous allons viser - et s'il y
a d'autres moyens, ce sont ces moyens qui seront recommandés.
Il y a non seulement les facultés d'agriculture dans ce
réseau, mais il y a aussi des agronomes qui travaillent dans les
stations de recherche, il ne faut pas les négliger non plus; nous en
avons de très bonnes qui essaient de développer davantage
l'utilisation d'alternatives et de contrôler autant que possible
l'utilisation d'antiparasitaires.
Nous avons également été impliqués dans
diverses organisations face à l'utilisation des antiparasitaires, nous
avons eu un colloque, nous avons fait parvenir, dans le passé, des
documents aux ministères concernés.
Se basant sur nos connaissances, se basant sur notre champ d'exercice et
sur notre expérience, l'agronome est évidemment un intervenant
essentiel dans le processus visant à instaurer une gestion rationnelle
des produits antiparasitaires et en diminuer graduellement l'usage par
l'application d'une nouvelle technologie. C'est pourquoi l'Ordre des agronomes
veut collaborer avec le ministère de l'Environnement et celui de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation à la mise en
oeuvre des programmes qui permettront d'atteindre les objectifs visés
par le législateur.
Nous parlons ensuite de la formation que le ministère de
l'Environnement propose dans son avant-projet de loi; nous sommes conscients et
heureux de la voir incluse. Je crois que c'est un bon vent de purification, si
vous le voulez, qui va exister; peut-être qu'on trouve que le vent n'est
peut-être pas assez fort encore, il reste quand même que c'est un
bon pas dans cette direction.
La dispensation de l'information est nécessaire et plus cette
information est pertinente et fiable, plus tout le monde pourra en profiter. Il
reste cependant que, lorsque la formation sera donnée, il faudrait que
le ministère de l'Environnement confie un rôle important aux
facultés d'agriculture afin de puiser aux compétences qui y sont
présentes. (17 heures)
Un autre aspect sur la formation: II faudrait prendre soin
d'éviter de donner l'impression aux vendeurs, aux personnes qui sont
détenteurs de certificats qu'elles ont la compétence
nécessaire pour l'utilisation rationnelle des antiparasitaires, en ce
sens que ces personnes pourraient avoir l'impression qu'elles ont des
connaissances pour déterminer le pourquoi, le quand et le comment de
l'application.
En instaurant un système de permis et de certificats
obligatoires, le MENVIQ établit une mesure préventive qui lui
assure un bon mécanisme de surveillance de la distribution et de la
vente des produits antiparasitaires, mais ne permet pas d'exercer un
contrôle sur les quantités de produits ni sur la pertinence de
leur usage, tant en milieu urbain, agricole ou forestier.
Nous sommes conscients que l'approche progressive dans l'application de
la loi est la meilleure situation parce qu'il y aura probablement des
changements apportés. Nous sommes d'accord et nous appuyons cet aspect.
Mais nous voudrions, comme nous l'avons mentionné dans une
première étape, que la loi-cadre contienne toutes les
informations nécessaires avec un échéancier
peut-être d'application pour que cela soit plus facile à utiliser
dans l'avenir.
Quant aux codes de bonne pratique, évidemment ce sont des codes
qui seront établis et qui seront basés sur la loi. Ils permettent
aussi la gestion intégrale dans les pratiques agricoles. C'est un aspect
sur lequel il faudra être vigilant et qui devra faire partie, si vous
voulez de la gestion intégrale des produits antiparasitaires. Cependant,
comme je l'ai mentionné antérieurement, si les certificats qu'on
donne dans les codes de bonne pratique sont des certificats sur la manutention
sécuritaire tant pour l'utilisateur que pour l'environnement, il ne
faudra pas que l'utilisateur ait l'impression qu'il connaît tout ce qu'il
y a à connaître sur l'utilisation de ces produits.
Nous avons fourni un extrait ici qui
provient du doyen de la Faculté d'agriculture de
l'Université de Guelph en Ontario et qui parle si vous voulez des "plant
doctors", les docteurs en plantes. C'est un système qui existe
déjà et qu'il faudrait peut-être développer
davantage.
Pour assurer une gestion efficace, le code de bonne pratique devra donc
s'appuyer sur une évaluation professionnelle du milieu et des conditions
d'utilisation en relation avec la toxicité des produits utilisés.
Cette évaluation ponctuelle exige une formation scientifique comme celle
que nous avons décrite au chapitre V de ce mémoire.
Ce mode de gestion intégrale va présenter plusieurs
avantages:
II va renforcer la loi et faciliter son application;
II va facilititer à l'État, sans coût additionnel,
une surveillance constante et précise de l'utilisation de tous les
produits antiparasitaires qui présentent un danger pour la santé
humaine, les êtres vivants ou l'environnement;
II va garantir à l'utilisateur un achat judicieux, souvent plus
économique et un usage plus sécuritaire;
Il va aussi assurer à la population une plus grande
fiabilité du cycle et des méthodes de vente et d'utilisation des
produits antiparasitaires partout au Québec.
Dans le rôle des intervenants nous voyons différentes
personnes impliquées. On sait que déjà plusieurs
ministères sont impliqués. Nous voudrions quand même qu'on
puisse donner certains rôles à l'Office des professions du
Québec en ce sens et également aux corporations professionnelles
qui sont concernées. Et, il y en a plus d'une.
Comme il a été mentionné lors de
présentations antérieures - je le mentionne ici brièvement
- nous voulons avoir un comité "aviseur" pour assister le ministre dans
l'élaboration des règlements et des modalités. Nous
demeurons disponibles pour une consultation ultérieure, une
collaboration très étroite.
Nous vous listons ici la série de recommandations que nous avons
faites et les principales sont:
D'inclure dans la loi le principe d'une gestion intégrale des
produits parasitaires;
De reconnaître la compétence de l'agronome pour la mise en
oeuvre d'une gestion intégrale des produits antiparasitaires;
De prévoir dans la loi l'obligation pour le vendeur de fournir la
preuve d'une recommandation émise par un professionnel pour tout produit
antiparasitaire présentant un risque élevé;
D'aller chercher des personnes, d'associer les groupes comme l'Office
des professions du Québec et d'autres corporations pour assister, si
vous voulez, le ministère dans l'établissement de la loi et de la
réglementation;
De prévoir aussi un comité "aviseur".
Il y avait aussi d'autres recommandations qu'on pourrait dire que nous
avons omises ou que nous n'avons pas écrites au mémoire parce
qu'elles étaient évidentes. Nous allons parler ici de lutte
intégrée, de réseau de dépistage. Il faudrait y
mettre beaucoup d'accent dans ce sens-là afin d'être plus propice
dans les recommandations et la détection des maladies afin que
l'utilisation des produits tantiparasitaires devienne moins dangereuse pour
l'environnement.
En deux mots, pour protéger et pour obtenir la visée que
le ministère de l'Environnement se donne, il faut parler de gestion
intégrale des pesticides non seulement à l'intérieur du
grand concept de l'agriculture, mais aussi de la sylviculture -ce n'est pas
notre domaine, mais il faut y aller quand même - et également du
milieu urbain, où on cultive des plantes horticoles.
Nous espérons que cette première étape en sera une
de collaboration avec le ministère de l'Environnement. Je vous remercie,
messieurs.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
président. M. le ministre.
M. Lincoln: M. Laguë, merci à vous comme à
tous les autres intervenants. C'est ce que nous faisons d'abord et avec raison
parce que vous avez pris la peine et mis beaucoup de temps à attendre
ici et vous présenter pour venir nous dire des choses qui, dans le cadre
de votre rôle, sont, à bien des sens, différentes des
recommandations que d'autres ont faites. Dans ce sens-là, elles sont
nouvelles et demandent une nouvelle attention.
J'ai remarqué dans votre mémoire une ou deux choses
principales que vous avez mentionnées et sur lesquelles je voudrais vous
questionner. Par exemple, l'utilisation du mot "pesticide". Vous êtes le
seul intervenant a avoir suggéré qu'on emploie le terme "produit
antiparasitaire" pour la bonne raison que ce terme est déjà
utilisé dans la loi fédérale ce qui me semble une
très bonne raison. La raison pour laquelle nous nous sommes servis du
terme "pesticide" c'est que ce terme est déjà celui
employé dans la Loi sur la qualité de l'environnement et dans la
réglementation. C'est par une concordance entre les deux lois et, pour
nous, la Loi sur la qualité de l'environnement, c'est la loi-cadre.
C'est la raison pour laquelle nous, avons préféré et nous
préférons utiliser le mot "pesticide"; autrement, cela
créerait des problèmes. II faudrait changer le mot "pesticide"
pour "produit antiparasitaire" dans la Loi sur la qualité de
l'environnement. Éventuellement, il faudra que cela se fasse, mais, pour
le moment, c'est la raison. C'est à cause de la concordance et c'est
cela que nous avons fait.
Vous avez aussi soulevé la question de la gestion
intégrale. Je veux vous demander en ce sens-là ce que vous
entendez exactement par gestion intégrale. Est-ce que vous parlez de
lutte intégrée en recherchant d'abord des moyens alternatifs avec
l'objectif ultime des moyens naturels et l'objectif d'utiliser de moins en
moins de pesticides en se servant de tous les moyens possibles? Vous avez
cité le dépistage en agriculture. Est-ce que vous parlez de
gestion intégrale comme on parle de lutte intégrée dans le
domaine des pesticides ou si c'est quelque chose de plus vaste? Pouvez-vous
nous expliquer ce que vous aviez en vue lorsque vous avez parlé de
gestion intégrale?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Laguë.
M. Laguë: Merci. La lutte intégrée, comme vous
l'avez mentionné, je pense que vous en aviez une très bonne
définition. La gestion intégrale couvre d'autres aspects encore
plus larges. Vous allez parler d'une loi et de mécanismes qui vont
contrôler la vente et aussi l'utilisation de ces produits. De quelle
façon cela va-t-il se produire exactement? Différentes
modalités pourraient être élaborées. On parle de
gestion intégrale en ce sens que, dans un plan de culture agronomique
qu'un producteur obtient, il y aura différentes façons d'aborder
les problèmes auxquels il aura à faire face. Il y en a qui sont
prévisibles un an à l'avance; il y en a d'autres qui sont
prévisibles quatre, cinq ou six jours à l'avance, selon les
maladies ou selon le parasite que vous contrôlez. Je vais vous donner un
exemple de ce qui est prévisible un an à l'avance. Un producteur
agricole a eu telle et telle mauvaise herbe dans ses cultures, cette
année. On sait que les graines vont rester dans le sol et,
l'année prochaine, les graines vont germer. À ce
moment-là, ce genre de choses est prévisible. C'est
peut-être plus difficile quand c'est une maladie. Évidemment,
c'est assez difficile de prévoir les maladies un an à l'avance.
C'est pour cela que les réseaux de dépistage vont entrer en ligne
de compte et lorsque l'information sur le développement de l'organisme
ou des conditions a été favorable, à ce moment, on
pourrait avoir une décision qui sera prise et une recommandation qui
sera faite pour l'utilisation des produits. La gestion intégrale, si
vous voulez, cela s'insère dans les plans de culture et cela
s'insère exactement aussi pour le contrôle de la vente et de
l'utilisation du produit.
M. Lincoln: Je voudrais faire une suggestion. Comme vous le
savez, nous avons produit un document de travail qui vous a été
envoyé. Dans ce document de travail -j'aurais pu vous donner la
référence - il y a la politique globale du ministère qui
est insérée où on parle de lutte intégrée
comme étant le principe. Si vous voulez faire valoir votre notion afin
qu'on l'étudie plus à fond, peut-être que vous auriez pu
nous laisser savoir quelque chose à son sujet qui l'explicite plus parce
que, dans votre mémoire, vous en parlez sans définir vraiment et
là je réalise que c'est difficile en quelques mots de le saisir
tout è fait. Si vous pouviez expliciter cela et nous expliquer
exactement jusqu'où va votre gestion intégrale afin que nous
puissions la considérer dans la préparation d'une politique qui
va appuyer la loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Laguë.
M. Lague": Voulez-vous que je vous donne la définition
immédiatement?
M. Lincoln: Non, non. M. Laguë: Non, d'accord.
M, Lincoln: Non. Ce que je veux vous suggérer, c'est que
vous puissiez élaborer un peu plus pour nous et envoyer cela au
ministère ou à moi-même puisqu'on est en train
d'ébaucher tout ce travail. Il y a une chose qu'il est important que
nous sachions à propos de l'article 40 de la loi. Vous avez fait des
remarques à propos de l'article 40 de la loi. Je sais qu'en vertu de
votre loi constituante de l'Ordre des agronomes vous avez une réserve de
jeunes qens qui ont l'exclusivité de vulgariser là science
agronomique dans votre loi. Jusqu'où s'étend cette
réserve? Avez-vous une interprétation de cette réserve,
dans votre ordre, dont vous pourriez nous parler pour nous dire jusqu'où
cela va?
M. Laguë: Le terme "vulgariser", comme je l'ai défini
tantôt, ce n'est pas d'empêcher quelqu'un qui diffuserait de
l'information générale comme un journaliste, par exemple, qui
assisterait à une conférence médicale et qui en
rapporterait les délibérations. Si vous prenez cela dans le
même sens, un journaliste qui assisterait à une conférence
agricole pouvait rapporter ce qui a été dit, et il fait de la
vulgarisation. À ce moment, il n'entre pas dans notre champ d'exercice.
Le terme "vulgarisation" va plus loin que cela. Le terme "vulgarisation", c'est
vraiment, si vous voulez, mettre à la portée du producteur
agricole les dernières connaissances. Aussi, lorsqu'on parle de cela,
à ce moment, c'est que nous allons faire les analyses nécessaires
auprès du producteur pour analyser les problèmes qu'il rencontre
et lui faire des recommandations. C'est ce que nous appelons
"vulgarisation".
M. Lincoln: Vous avez parlé des
facultés d'agriculture et de les associer aux mouvements de
formation. Je puis vous assurer que c'est presque automatique. C'est la chose
indiquée, nous allons le faire. Le ministère de l'Agriculture
travaille de très près dans toute cette affaire. Alors, il est
sûr qu'il faut impliquer de plus près les facultés
d'agriculture. Dans ce sens, il y a un agronome qui représentait un des
groupes, hier ou avant-hier, qui a attesté ici que, lorsqu'il a fait son
cours, il n'y avait aucun cours sur l'écologie ou sur l'agriculture
biologique, par exemple. C'est lui qui a eu à demander de façon
volontaire ces cours qui existaient, mais il n'y avait rien, c'était
facultatif plutôt qu'obligatoire. Est-ce que, dans ce sens, vous
êtes d'accord que dans votre ordre à vous, pour devenir agronome,
il faudrait avoir obligatoirement des cours en écologie et surtout en
agriculture biologique?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Laguë.
M. Laguë: D'une façon obligatoire,
présentement, si vous voulez, si vous le regardez tel quel,
peut-être pas. Qu'est-ce qui va arriver? Dans la formation de l'agronome,
je vous ai mentionné tantôt que tout vise à la
profitabilité de l'entreprise. Je ne parle pas de production maximum. On
parle de profitabilité. À ce moment, vous regardez les choix qui
vont coûter te moins cher, d'accord? II est vrai - et je pense que je
cannais l'agronome auquel vous faites référence - que, lorsque
cette personne a suivi son cours, cela n'existait pas. Il y a 10, 15 ou 20 ans,
on avait très peu conscience, si vous voulez, des effets
secondaires...
M. Lincoln: Maintenant, vous dites? Cela existe maintenant? (17 h
15)
M. Laguë: Non, je parle de l'agronome qui est venu ici et
auquel vous faisiez référence il y a quelques minutes.
M. Blais Daniel Vanier.
M. Laguë: Pardon?
M. Blais: Daniel Vanier.
M. Laguë: Daniel Vanier. Alors, les cours n'existaient pas
à ce moment-là. Ils commencent a y en avoir. Ils ne sont pas
obligatoires, mais il y en a. Le Collège Macdonald...
M. Lincoln: Ne pensez-vous pas qu'ils devraient devenir
obligatoires? Si vous parlez de votre ordre comme étant impliqué
de façon presque première dans les méthodes de
remplacement, dans les alternatives, est-ce que ces cours ne devraient pas
devenir obligatoires plutôt que facultatifs? C'était ce qu'il
soulignait, que les cours étaient facultatifs. Ils étaient
disponibles, mais par exemple, s'il. avait eu le choix, il aurait pu ne pas
suivre ce cours. Il aurait pu suivre un autre cours que celui-là.
M. Laguë: D'accord. L'ordre verrait d'un très bon
oeil qu'ils deviennent obligatoires. Le problème, comme je le vis dans
le milieu universitaire, devient plus difficile un peu lorsque vous les rendez
obligatoires. Vous faites alors des changements dans les programmes. Vous
êtes très au courant des difficultés qu'on rencontre
à changer les programmes. Mais je crois qu'à courte
échéance c'est un aspect qui sera de plus en plus enseigné
à l'intérieur. Il n'est peut-être pas nécessaire
qu'ils deviennent obligatoires pour tous les agronomes, parce que
d'après nos codes de déontologie l'agronome pratique dans son
champ de connaissance. Alors, celui qui est en zootechnie, par exemple, n'ira
pas pratiquer dans le champ de la phytologie.
Il reste, quand même que, pour les personnes qui iraient dans
certains programmes donnant ouverture au permis d'exercice, ces cours
pourraient devenir obligatoires, Cela serait très bienvenu. L'ordre
serait très content de le faire, de pousser sur cela.
M. Lincoln: J'ai une dernière question avant de passer la
parole à mes collègues. Je pense que c'est une question
très importante de votre mémoire et c'est toute la question de la
prescription pour les pesticides. Vous avez suggéré un
système de prescription en faisant référence, par exemple,
à une personne qui achète des médicaments. II faudrait
pratiquement qu'une personne ait une prescription, une recommandation, un
papier quelconque d'un ordre. Est-ce que pour vous cela fera partie de votre
rôle? Quel est le système que vous préconisez,
brièvement, sans rentrer dans les détails? Qu'est-ce que vous
aviez en vue lorsque vous avez recommandé cela?
M. Laguë: Lorsque je vous ai parlé de gestion
intégrale tantôt, j'ai bien dit que cela s'insérait dans un
plan de culture. Il ne faudrait pas voir et pressentir ici que nous voulons
avoir, un système de prescription fait comme celui d'un médecin
à un patient. Comme je l'ai mentionné tantôt, il y a toute
une série de produits et de façons culturales qui peuvent!
être prévisibles d'année en année. Cela
s'insérera dans un programme de culture, à ce moment-là.
D'autre part, si l'on parle de prescriptions, assez souvent on parle de contact
immédiat et de visibilité. J'ai mentionné tantôt
qu'avec les réseaux de dépistage, s'il y a ce qu'on appelle des
"scouts" à différents endroits et des moniteurs pour nous donner
les éléments nécessaires pour développer ce qui
arrive
dans tel secteur, si on connaît les variétés du
producteur, les genres de traitement qu'elles ont reçus auparavant, les
types de sol qu'il a - ce sont toutes des connaissances agricoles essentielles
- à ce moment-là, il pourrait y avoir le conseil du professionnel
qui entrerait en ligne de compte. La prescription ne pourrait pas être,
si vous le voulez, sur papier, mais elle pourrait être faite, par
exemple, par des moyens de télédiffusion ou de
télécommunication, aujourd'hui, qui sont très rapides, par
exemple comme Codaphone.
M. Lincoln: J'ai une dernière brève question avant
de céder la parole. Vous avez suggéré un comité
"aviseur". Je pense que chacun des groupements a suggéré une
forme de comité "aviseur". Par exemple, je connais un des comités
"aviseurs" provinciaux qui est très élaboré, qui
coûte beaucoup d'argent. Il va dans le sens de la loi. C'est
appuyé par des honoraires, beaucoup de dépenses parce que, quand
vous avez un conseil semblable, cela coûte de l'argent. Est-ce que vous
et les membres de votre ordre seriez prêts en tant qu'organisme à
participer à un comité "aviseur" composé de
bénévoles, au lieu d'un comité "aviseur" qui recevrait des
honoraires?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Laguë.
M. Laguë: M. le ministre, je peux vous répondre que
du moins les membres qui sont dans la corporation seront heureux de pouvoir
collaborer d'une façon bénévole sans
arrière-pensée.
M. Lincoln: Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup. Merci beaucoup à l'Ordre des
agronomes du Québec d'être là. Le ministre m'a
enlevé plusieurs questions que j'ai trouvé bien posées et
vous avez vous-même dans votre exposé, en ne lisant pas de
façon systhématique votre texte, répondu à
plusieurs de mes questions. Je vous félicite parce que vous avez
certainement prévu' d'avance les questions qu'on vous poserait.
Cependant, j'en ai une qui est un peu une colle, mais je suis persuadé
que vous avez vous aussi le sens de l'humour. Je lis à un endroit,
à la page 6, "l'agronome est le seul professionnel dont la formation
englobe cet ensemble de connaissances". Donc, par déduction, ce sont les
seuls qui pourraient être les grands manitous de toute cette
connaissance. Cela fait un peu "nombriliste" entre guillemets, et fait penser
au syllogisme... Ensuite, vous dites que ce sont les seuls qui ont la formation
pour pouvoir prendre toutes ces décisions. J'avais justement pris en
note le nom de l'agronome qui est venu. J'ai dit Daniel Vanier tantôt;
c'est Robert Marcotte, je m'étais trompé de note. Il disait que
les agronomes ne suivaient pas pour la plupart des cours facultatifs sur les
pesticides. Je regardais cela et je pensais un peu au syllogisme... Vous donnez
un exemple de l'Université de Guelph plutôt que de trouver un
exemple valable d'une université québécoise pour
défendre votre point. Donc, cela fait chercher ailleurs. Cela me fait
penser au syllogisme suivant: Si la banane est jaune, la banane est mûre;
or, les Chinois sont jaunes, les Chinois sont mûrs. C'est un syllogisme
qui pèche par son essence, dans son énoncé. C'est M. le
ministre qui m'a glissé cela en coulisse tantôt. Cela me tentait
beaucoup de le répéter ici parce qu'après quelques
heures...
M. Lincoln: Ce n'est pas du tout le cas, je m'excuse.
M. Blais: ...où on a été derrière nos
bureaux à écouter des choses excessivement sérieuses il
m'a demandé de glisser un petit brin d'humour. C'est pour ce faire que
je viens de glisser ce syllogisme qu'il a composé, ce matin, apparemment
en se brossant les dents. Je voulais vous demander pourquoi - et ceci avec
toute la noblesse que je reconnais à votre profession et surtout depuis
les dix dernières années avec le progrès que l'agriculture
a fait au Québec... Vous y êtes pour beaucoup, il n'y a pas que
notre programme comme gouvernement quand nous étions au pouvoir qui a
fait que l'agriculture a monté en flèche du côté
autosuffisance, et vous étiez les instruments no 1. Pourquoi l'agronome
serait-il le seul professionnel compétent pour l'utilisation rationnelle
des pesticides? Pourquoi dites-vous cela dans... Vous éliminez les
cultivateurs, qui, à cause de leur expérience, savent, je crois,
les éléments essentiels de leur métier pour faire
l'utilisation...
Le Président (M. Saint-Roch): M. Laguë.
M. Laguë: M. le député, la première des
choses, si les Chinois sont mûrs, vous ne m'accoterez pas au pied du
mur?
M. Blais: Je vous disais cela en murmure derrière
vous.
M. Laguë: Non, non d'accord. La personne que nous citons est
une personne d'autorité. Ce n'est pas parce qu'elle est doyen, c'est
quand même une personne qui travaille en phytologle à
l'Université de Guelph, en Ontario. On les cite puisque cela fait quand
même longtemps qu'ils ont un "Pesticide Act" là-bas. Ils sont en
avance sur nous à certains points de vue.
On disait tantôt qu'il y a très peu d'agronomes qui
suivaient les cours en pesticides. Je me porte carrément contre cette
affirmation. C'est peut-être vrai que peu d'agronomes suivent le cours,
mais ce ne sont pas tous les agronomes qui travaillent en phytologie. Beaucoup
travaillent en agroéconomie, beaucoup travaillent en zootechnie. Alors,
ceux-là ne prennent pas les cours. Même en zootechnie, on donne
des cours pertinents aux animaux. D'accord?
L'essence, si vous vouiez, de votre question, je l'ai peut-être
oubliée..
M. Blais: L'essence, c'est à la page... Regardons-la
ensemble a la page 6.
M. Laguë: D'accord. C'est seul l'agronome, d'accord.
M. Blais: L'agronome est le seul professionnel. Je vous disais,
entre guillemets, que cela faisait un peu nombriliste, égocentrique et
introverti. Je n'ai peut-être pas dit cela, mais...
M. Laguë: C'est le seul professionnel en agriculture qui ait
cette formation. Il ne faut pas se leurrer. Je ne peux pas parler pour les
autres ordres professionnels, si vous voulez, où les produits sont
utilisés. Nous parlons ici de l'Ordre des agronomes du Québec. Je
ne suis pas pour faire des recommandations pour qu'une autre corporation fasse
un peu la même chose parce qu'elles ont les mêmes connaissances et
les mêmes prérogatives.
Donc, lorsque je parle de notre domaine, je parle de notre domaine. De
ce côté, c'est la seule personne capable de faire le discernement
nécessaire. Le producteur agricole a des connaissances, c'est vrai, mais
le producteur agricole n'a pas toutes les connaissances. Il ne connaît
pas toutes les propriétés des espèces, des
variétés qu'il utilise d'année en année. Cela
change aussi, la génétique des plantes. Les conditions
météorologiques, le cultivateur n'est quand même pas
météorologue. Il n'est pas capable d'identifier tous les
insectes, il n'est pas capable de faire toute l'analyse de tous les facteurs
qui viennent avec tout cela. Il ne sait pas l'influence que les cultures qu'il
a faites l'année d'avant auront sur l'année suivante. C'est pour
cela que c'est un domaine très complexe et qu'il faut un professionnel.
D'ailleurs, notre association est quand même formée depuis 1937.
Cela fait longtemps que le législateur a reconnu que la personne
compétente en agriculture, c'était l'agronome. Peut-être
que je me regarde le nombril, mais...
M. Blais: Non, non, mais, vous savez, je l'ai mis entre
guillemets. On vous demande beaucoup, vous êtes un peu les
députés des cultivateurs et, comme les députés,
ici, on demande beaucoup de ces gens-là, je sais qu'on demande beaucoup
de vous.
À la page 7, il y a un paragraphe qui me plaît beaucoup; il
y en a beaucoup de paragraphes,, mais là de façon
particulière. Je ne lirai pas toute la phase 1 de la formation, mais
prenons le dernier paragraphe parce qu'on sait dans quel contexte il est
cité: "En instaurant un système de permis et de certificat
obligatoire, le MENVIQ établit une mesure préventive qui lui
assure un mécanisme de surveillance de la distribution et de la vente
des produits antiparasitaires, mais ne permet pas d'exercer un contrôle
sur les quantités de produits ni sur la pertinence de leur usage..."
Je reviens à cette question classique et au groupe d'aqronomes,
cette question est d'une importance capitable pour l'avant-projet de loi que
nous faisons. Vous dites ici que permis et certificat ne contrôlent pas
la quantité des produits. Désireriez-vous que cette loi
contrôle de façon quantitative les pesticides pour en assurer la
diminution au cours des décennies qui viennent?
M. Laguë: Ce n'est pas dans ce sens-là qu'il faut le
voir. De toute façon, la diminution de la quantité va se faire
automatiquement par les recherches que nous faisons et par les nouvelles
applications de lutte intéqrée, si vous voulez. On s'en va vers
une diminution de l'utilisation de ces produits. Non seulement on va vers une
diminution, mais on s'en va aussi vers des produits beaucoup moins nocifs et
beaucoup moins résiduels. Les certificats et les permis disent
exactement ce que nous voyons, c'est que cela va permettre, si vous voulez, un
mécanisme de surveillance, mais cela ne dira pas au ministère
quelle quantité a été appliquée dans tel acrage.
À ce moment-là, ce n'est pas un contrôle quantitif
légal, vous allez confier le contrôle quantitatif à un
professionnelqui, lui, a à rendre compte de ses actes à sa
profession par les comités de discipline et par les comités
d'inspection professionnelle.
M. Blais: D'accord. Je vous pose la deuxième question
classique que j'ai posée à tous ceux qui sont venus:
Êtes-vous en faveur d'une taxe où qu'elle soit, surtout sur les
pesticides, pour favoriser une publicité, une recherche et une
éducation de la population devant ces produits?
M. Laguë: L'ordre, en tant qu'organisme - je vais parler au
nom de plusieurs personnes - ne verrait pas d'un mauvais oeil une certaine
forme de taxation en s'assurant, cependant, que cette taxation soit bien
marquée, qu'elle soit levée et dirigée vers les buts pour
lesquels on l'aura levée. Ce
serait ma réponse.
M. Blais: Je vous remercie parce que je n'ai pas eu le temps...
M. Green nous disait: On envoie tout cela dans le fonds consolidé, et
c'est vrai, mais il demeure qu'il y a des exemples dans le passé: la
taxe sur les cigarettes dont une partie fixe va au déficit olympique. Il
est entendu que tout l'argent va dans le fonds consolidé, mais, si cette
partie ne répond plus au budget prévu pour la chose à
laquelle on l'avait prévu, on augmente; cela se fait très bien.
Ce n'est qu'une défaite. Quand on dit que cela va dans un fonds, c'est
une défaite pour ne pas la lever. Je ne vous dis pas que je suis en
faveur d'une taxe. J'ai demandé à chaque intervenant s'il
était, oui ou non, en faveur d'une taxe; la plupart, l'extrême
majorité a répondu oui.
Je vous remercie et je suis content que vous soyez venus. Les agronomes
sont des gens qui sont les directeurs, en fait, de ceux qui nourrissent le
monde entier. Vous avez une profession très noble. Je suis content que
vous vous soyez déplacés pour venir témoigner ici. Je suis
content que vous ayez fait un mémoire de classe parce que cette loi est
très importante. Merci beaucoup.
M. Laguë: Cela m'a fait plaisir. (17 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: M. Laguë, en mon nom ainsi qu'au nom de mes
collègues du côté ministériel, je voudrais vous
remercier très sincèrement de vous être
déplacé, de nous avoir apporté des notions novatrices,
différentes des autres, des points de vue qui ont ajouté au
débat, c'est sûr, et qui ont ajouté è notre
compréhension de ce que vous vouliez véhiculer. Je suis surtout
heureux de votre confirmation tellement promptes sans même hésiter
une minute, vous avez dit que vous seriez prêts, dans votre ordre,
à nous fournir des ressources au sein de tout comité "aviseur"
qui pourrait siéger à titre bénévole. Je pense que
les comités sont beaucoup plus valables de cette façon et je vous
en suis particulièrement reconnaissant. Je pense que cela a
été un débat riche, même incluant les syllogismes
sur les bananes mûres, soit dit en passant, puisque c'est
enregistré. J'en nie tout à fait la paternité, parce que
je n'ai pas l'imagination aussi fertile.
M. Blais: On va éplucher cela pour voir si c'est vrai.
M. Lincoln: Merci beaucoup, M. Laguë, ainsi que vos
collègues. On va continuer à travailler ensemble avec les
mêmes objectifs que nous partageons, je le sais, de toute part ici.
Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
M. Laguë, dans un premier temps, permettez-moi de vous
féliciter pour la qualité de votre mémoire et de votre
présentation aux membres de cette commission, et, dans un
deuxième temps, de féliciter l'Ordre des agronomes pour son 50e
anniversaire de fondation cette année. Je vous souhaite, à l'aube
de l'an 2000, 50 années de prospérité.
M. Laguë: Je vous remercie beaucoup. Est-ce que vous me
laisseriez corriger une erreur qui a circulé cet après-midi? En
tant que professeur en production avicole, je ne peux pas laisser la passer, vu
que c'est enregistré. On a mentionné à un moment
donné que les poussins recevaient des antibiotiques, des hormones et
toutes sortes de choses dès leur naissance, avant même qu'il y ait
maladie. Cela fait 24 ans que des hormones n'ont pas été
données aux poulets.
M. Lincoln: Je m'excuse, M. Laguë. Cela m'a
échappé.
Une voix: C'est Mme Plamondon.
M. Laguë: C'est Mme Plamondon qui a soulevé ce
point-là cet après-midi.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Laguë: Je voulais simplement faire une mise au point. Le
poulet que nous mangeons n'est pas contaminé par les antibiotiques. Les
antibiotiques que nous donnons sont régis. Ils le sont d'une
façon préventive, pour prévenir la diarrhée chez le
petit poussin, tout simplement pour qu'on ait à manger un oiseau qui
soit plus sain, à la fin.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Laguë.
Je demanderais maintenant aux gens de l'Ordre des chimistes de prendre
place devant les membres de la commission.
Je demanderais au porte-parole de l'Ordre des chimistes de s'identifier
et de bien vouloir identifier, pour les fins du Journal des débats
et pour les membres de la commission, les personnes qui l'accompagnent.
Ordre des chimistes du Québec
M. Delvin (Edgar): D'accord. Je suis Edgar Delvin,
président de l'Ordre des chimistes et, aujourd'hui, je suis
accompagné de Mme Lise Boulé qui remplace M. Lester Fowley qui
n'a malheureusement pu venir; elle est membre du comité de
l'environnement. M. Réal Laliberté, à ma gauche
immédiate, est le directeur administratif de
l'ordre. À ma droite immédiate, M. Antoine Fournier est le
vice-président aux relations publiques et M. Yvon Pépin, à
l'extrême droite, est le président du comité de
santé et de sécurité de l'Ordre des chimistes.
M. le ministre, M. le Président, MM. les membres de la
commission, je vous remercie de nous avoir permis de venir ici aujourd'hui afin
de présenter notre point de vue. Étant donné que notre
mémoire a déjà été lu par vous tous, je me
contenterai en quelques minutes de souligner, à l'aide d'exemples, si
possible - mol-même ou les gens qui m'accompagnent - les points saillants
de nos recommandations.
Notre mémoire souligne, d'une part, que les inspecteurs doivent
avoir une formation adéquate et correspondant aux responsabilités
qui leur sont données; deuxièmement, qu'un comité
"aviseur" soit formé pour la préparation de la
réglementation et la définition des normes et des méthodes
qui seront appliquées dans le cadre de cette loi; troisièmement,
que rien dans cette loi ne devrait gêner l'exercice de leur profession
par nos membres; - nous verrons pourquoi plus tard - que la santé et la
sécurité des utilisateurs devraient être assurées et
que des fonds pour la recherche de solutions de rechange soient
débloqués à court terme, afin d'obtenir un environnement
plus sain dans les années futures. Donc, les quatre ou cinq points que
je vous ai mentionnés ne sont pas une surprise pour vous, étant
donné qu'ils ont déjà été repris par bon
nombre d'intervenants aujourd'hui.
Les objectifs visés par la loi sont, tel que nous le comprenons,
de réglementer la vente et l'utilisation des pesticides, d'avoir un
effet dissuasif sur l'usage excessif et de pénaliser les contrevenants.
Or, d'après nous, les exclusions qui sont présentes dans la loi
pour l'obtention d'un permis affaiblissent cette argumentation. Ainsi, à
l'article 9, troisième alinéa, cela nous semble contradictoire
à l'esprit de la loi. En effet, les agriculteurs et les sylviculteurs
sont de grands utilisateurs de ces produits toxiques. Or, ils sont exclus de la
loi. Par ailleurs, à l'article 15, troisième alinéa, un
permis est délivré à toute personne qui fournira une
déclaration attestant que des travaux de nature technique seront
effectués par une personne détenant un certificat, ou par une
personne physique agissant sous la supervision immédiate du titulaire du
certificat.
Nous voudrions savoir ce que le législateur entend par
supervision immédiate, d'une part. Aussi, nous voudrions soulever le
problème du certificat qui, à mon sens, est peut-être
employé dans un sens trop large. Cet article nous semble donc difficile
à appliquer tel qu'il est présentement et devrait probablement
être remanié d'une certaine façon. Est-ce à dire que
l'application de pesticides se fera dans le cadre de cette supervision
immédiate? Est-ce à dire que l'application de pesticides se fera
sous la supervision constante par un détenteur de permis? On se pose la
question: Comment cela pourra-t-il vraiment se réaliser si on ne veut
pas mettre la moitié de la population qui vérifie l'autre
moitié de la population?
De plus, il faudra bien définir ultérieurement quelles
seront les qualités des personnes qui auront droit à un permis.
Quelles seront leurs codifications? L'obtention d'un permis, par la voie d'un
examen soumis par le ministère, ne devrait pas laisser croire aux gens
qui obtiennent les permis qu'ils ont, à toutes fins utiles, les
connaissances universelles dans le domaine. Comme on l'a déjà
souligné, c'est un domaine très complexe et les certificats qui
seront délivres seront probablement délivrés dans un
cadre, j'imagine, un peu plus restrictif quej[ce que l'on prévoit dans
la loi. Ceci est d'autant plus important, car les personnes qui auront le
permis devront interpréter les dangers des substances toxiques qui vont
être utilisées en agronomie.
Finalement, nous croyons que restreindre la" loi è des classes de
pesticides ouvre la porte à un manque de contrôle. Ici, je
m'explique! En effet, si les pesticides sont classifiés comme c'est
indiqué dans la loi, il serait facile de fabriquer - ceci,
naturellement, c'est un aspect qui appartient proprement aux chimistes - des
produits dont l'action pourrait être la même, mais qui, par des
modifications structurales ou des modifications de molécules, ne
tomberaient pas nécessairement dans la même classe. Donc, la
fabrication analogue de ces produits en industrie est chose courante. Elle
pourrait, à ce moment, produire un remplacement ou une modification de
la structure et permettre, à ce moment, d'obtenir des pesticides actifs,
mais qui seraient complètement hors de la classification. Non seulement
au niveau de l'utilisation, mais aussi au niveau de la fabrication de ces
pesticides, un mécanisme devrait être inclus, à mon sens,
dans la loi. Cet aspect de la fabrication est important car la quantité
de matériel utilisé pour la fabrication de ces matériaux
ou de ces substances est énorme. À notre sens, la fabrication
fait partie intégrante de l'utilisation.
Nous soulignons dans notre mémoire que toute
réglementation rendant la loi applicable devra se faire de concert avec
des gens versés en la matière. Nous soulignons aussi qu'il faudra
agir avec beaucoup de circonspection. Nous sommes convaincus que les chimistes
et les autres professionnels devront être présents lors de la
rédaction de la réglementation.
Un autre aspect très important que nous soulignons dans notre
mémoire est la
formation des inspecteurs. En effet, ces personnes seront
confrontées quotidiennement à des problèmes complexes
auxquels elles seront appelées à donner une réponse
rapide. Ainsi, ces gens auront à faire face à des
problèmes de mélange de produits, à des résidus de
produits toxiques utilisés en série dans le même
équipement. Se surajouteront à ces problèmes des
problèmes de contenant, d'entreposage, d'élimination de produits
toxiques.
La loi donne aux inspecteurs énormément de pouvoirs et je
me réfère à l'article 78 où il est dit que: "Tout
inspecteur peut, dans l'exercice de ses fonctions: "1°
pénétrer, à toute heure raisonnable, dans tout lieu ou
endroit dans lesquels des pesticides sont ou devraient être
utilisés ou vendus, en conformité de la présente loi et
des règlements, et en faire l'inspection; il peut examiner les produits
qui s'y trouvent, en prélever gratuitement des échantillons,
installer des appareils de mesure, procéder à des analyses,
examiner les registres ou tout autre document et en prendre un extrait ou une
copie;"
II faut donc que les inspecteurs qui, selon la loi, pourront être
cités comme témoins de la couronne aient des compétences
nécessaires pour justifier les accusations qui pourraient être
éventuellement portées contre les utilisateurs.
L'élaboration de dossiers techniques exige des connaissances
suffisantes. C'est pourquoi, dans notre mémoire, en page 5, nous
soulignons que, si l'inspecteur est un technicien ou a une compétence
équivalente à celui-ci ou, à plus forte raison moindre, et
qu'en contre-preuve un chimiste est amené à découdre
l'argumentation du technicien ou la procédure qu'il a utilisée,
le but de la loi ne sera pas atteint et la protection du public en
souffrira.
De plus, l'article 5 de notre loi nous fait une obligation de surveiller
ce qui se fait en chimie. Il se lit ainsi: "Les fins de la corporation sont: a)
d'exercer une surveillance générale sur l'exercice de la chimie
professionnelle." C'est dans ce contexte que nous disons que les travaux
concernant la détection, le dosage ou l'identification des pesticides
exigée par cette loi relèvent de l'exercice de la chimie. C'est
pourquoi l'ordre intervient et demande que soit créé un contexte
pour que ces tâches soient effectuées selon les normes reconnues.
Nous y demandons aussi que l'encadrement des inspecteurs se fasse par des
chimistes pour tout ce qui concerne l'exercice de la chimie ou de notre
profession.
En corollaire à ce qui vient d'être dit, je tiens à
souligner, comme nous l'avons fait dans notre mémoire, que l'analyse, la
détection, l'identification de substances complexes requièrent la
présence de chimistes. Nous avons souligné qu'un encadrement
professionnel est indispensable à l'application de la loi. Nous
insistons donc pour demander qu'en aucune façon la loi ne puisse
gêner l'exercice de la profession par nos membres, d'autant plus qu'un
chimiste pourrait être appelé è témoigner et, s'il
n'est pas exclu de la loi, il pourrait être incapable de le faire parce
qu'il n'a pas eu accès aux produits dont il avait besoin pour faire ses
propres analyses.
En matière de santé et de sécurité, il est
notoire que bon nombre d'usagers n'utilisent pas les précautions
nécessaires. Les malaises dont souffrent les utilisateurs de ces
produits sont nombreux. Il est utile de rappeler l'incident survenu à
Pierrefonds, l'an dernier, où des enfants à proximité d'un
site d'utilisation d'herbicides vaporisés ont failli être
intoxiqués. Quoi qu'il en soit, cet incident met quand même en
relief l'urgence d'une telle action. II ne faut pas attendre qu'il y ait
vraiment des accidents pour agir. Donc, une prudence est de rigueur dans
l'utilisation de ces produits et c'est pourquoi, dans notre mémoire, en
page 9, nous demandons avec insistance que des normes de sécurité
soient établies afin de protéger le public, d'une part, et aussi
l'utilisateur qui fait naturellement partie de ce public.
Nous croyons fermement en l'utilité d'une période de
formation telle que cela a déjà été
présenté dans la loi. Elle peut être récurrente,
mais elle doit être envisagée. Nous abondons dans cette voie. M.
Pépin, qui est à ma droite, pourrait élaborer plus tard.
(17 h 45)
Nous voulons aussi que des fonds de recherche soient affectés
à la recherche de solutions de rechange. En effet, les pesticides tels
que nous les avons, nous les utilisons. Entre deux maux, on choisit le moindre.
Cela doit être considéré comme une étape
transitoire, et des substances moins nocives devront être
utilisées si nous voulons continuer à utiliser de tels herbicides
ou pesticides dans une agriculture de haute densité.
En terminant, il faut réaliser que l'aspect polluant des
pesticides revêt plusieurs formes. D'une part, certains de ces produits
restent dans le sol pour une longue période. Donc, ils risquent
graduellement d'être entraînés vers les eaux souterraines,
donc, vers la nappe phréatique, en plus d'aller dans les
rivières. D'autre part, ils sont susceptibles de se concentrer dans la
chaîne alimentaire. Je cite ici en exemple le cas maintenant
célèbre du DDT qui, quoique étant très efficace, a
été éliminé du marché parce qu'il se
retrouvait à un moment donné dans la chaîne alimentaire et
entre autres dans le lait maternel. D'autres exemples pourraient être
donnés. Ainsi, les herbicides qui sont utilisés dans la culture
du maïs, qui demeurent assez longtemps dans le
sol et qui, année après année, peuvent revenir lors
de la culture du maïs et à ce moment se retrouver dans les
aliments. La même chose pourrait se produire en ce qui concerne la
viande. Si les animaux broutent des fourrages qui contiennent des herbicides,
il est certain qu'ils pourraient se concentrer et que nous en écopions
pour notre santé. En plus de ces aspects, il faut considérer la
transformation de ces produits en substances qui peuvent être aussi,
sinon plus toxiques, que les substances mêmes et qui se retrouveront donc
en circulation.
Toutes ces raisons militent en faveur d'une loi où les
professionnels ayant compétence en la matière auront leur place.
Ceci conclut notre présentation. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Delvin. M. le
ministre.
M. Lincoln: Merci beaucoup, M. le président, pour votre
présentation et du soin que vous y avez apporté, comme du reste
tous les intervenants qui sont venus ici. Nous vous remercions de nous apporter
des notions qui nous permettront de bonifier le projet de loi. C'est cela, le
sens de l'audience. Vous avez fait plusieurs remarques qui demandent à
être explicitées. Avant de vous demander de le faire,
peut-être que j'aurais voulu vous souligner, encore une fois, que les
agriculteurs et les sylviculteurs sont certainement prévus dans la loi.
Ils seront inclus dans la loi. C'est le mécanisme prévu par les
légistes qui ont préparé le projet de loi pour signifier
que l'inclusion va se faire dans le cas des sylviculteurs à une date un
peu ultérieure, cette année sans doute, et les agriculteurs d'ici
à 1990.
Vous avez fait plusieurs remarques; d'abord, sur la compétence
des inspecteurs. Je pense que vous êtes le premier intervenant et le seul
jusqu'ici à avoir fait des remarques relatives à la
compétence des inspecteurs. Nous les prenons bien au sérieux.
Nous allons les examiner de près parce qu'il est évident que, si
les inspecteurs contrôlent un élément dans
l'atmosphère qu'ils vont aller surveiller et inspecter, il faut qu'ils
sachent de quoi il s'agit. II va de soi que ces inspecteurs devront avoir les
connaissances approfondies pour pouvoir évaluer les risques, les dangers
et les délits. En ce sens, vous nous suggérez quelqu'un qui a au
moins un DEC en chimie. Je ne sais pas si telle sera la recommandation. En tout
cas, on en a pris bonne note. On peut vous assurer que les inspecteurs qui
travailleront en ce domaine seront tous des gens qui auront une expertise
très claire et très approfondie de ce sujet. Ils vont être
formés et ils vont travailler avec des équipes du
ministère . qui sont spécialisées dans ce domaine. Vous
avez aussi parlé d'un comité "aviseur". Dans votre cas, c'est un
peu différent du comité "aviseur" qui a été
suggéré par d'autres intervenants, quoique plusieurs aient
suggéré un comité "aviseur". Dans votre cas, j'ai compris
que c'était un comité "aviseur" qui travaillerait dès
maintenant pour aider le ministère à faire la
réglementation. C'est une idée très intéressante.
Comme vous le savez, nous comptons travailler et nous avons déjà
travaillé en consultation avec tous les groupes. Beaucoup de groupes qui
sont venus ici pourraient nous apporter des éclairages et de l'aide afin
de constituer le projet de loi. Pour le projet de réglementation, nous
allons faire une consultation aussi. Par rapport au projet du comité
"aviseur" - vous m'avez entendu poser la question à l'Ordre des
agronomes du Québec - vous avez demandé que, si on formait un
comité "aviseur", un membre de votre ordre y soit inclus. Ce qui me
semble être très logique dans ce cas. Votre ordre serait-il
prêt à considérer une participation à titre
bénévole considérant que nous du gouvernement, nous ne
voulons pas d'appareils qui, quand ils sont constitués deviennent
très lourds, deviennent très bureaucratiques parce que cela
devient coûteux, cela fait des rapports officiels, etc.? Un comité
"aviseur" composé de bénévoles, selon nous, est encore
plus valable parce que ce sont des gens vraiment concernés qui vont y
travailler. Êtes-vous prêts a considérer cette notion?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Delvin.
M. Delvin: Vous avez posé la même question aux
agronomes, et je vous ferai la même réponse: Oui, nous avons fait
cette recommandation sans arrière-pensée et nous sommes
prêts à collaborer de quelque façon que ce soit avec le
ministère, c'est clair.
M. Lincoln: C'est-à-dire que vous seriez prêts
à travailler de façon bénévole?
M. Delvin: Certainement, oui.
M. Lincoln: Vous avez apporté une notion qui, je le
comprends, doit beaucoup vous préoccuper: selon l'alinéa 6 de
l'article 100, vous semblez penser que la rédaction de ce texte pourrait
porter atteinte à votre droit professionnel d'exercer
complètement votre profession. Quant à nous, le sens et la
préparation de cette loi nous indiquent que -j'ai vérifié
cela encore avec l'un de nos légistes qui a travaillé au projet
de loi - il n'y a aucune interprétation, d'aucune façon, qui
puisse dire que cela pourrait enfreindre votre droit d'exercer votre profession
en totalité. Puisque vous l'avez apporté, il est sûr - un
homme sérieux comme vous - que vous aviez des raisons. Vous avez
cité l'alinéa 6° de l'article 100, le paragraphe qui
donne les pouvoirs de réglementation. À la page 8 de votre
mémoire, vous dites: "L'alinéa 6° de l'article 100
définit le pouvoir du gouvernement de régir, limiter ou prohiber
le dépôt ou la distribution..." Après avoir
développé cela, vous dites: "L'ordre demande d'ajouter en
début de loi un article qui précise que rien dans cette loi ou la
réglementation ne peut empêcher un chimiste d'exercer sa
profession." Je voulais vous demander ce que vous croyez qui existe dans cet
article qui pourrait vous empêcher d'exercer votre profession, compte
tenu que tout ce qu'on veut, nous, c'est d'avoir des certificats qui sont
appliqués à certains utilisateurs de pesticides, des vendeurs,
des grossistes vendeurs etc., les applicateurs et les utilisateurs.
C'est-à-dire que, si un chimiste professionnel est un vendeur de
pesticides, un utilisateur ou un agriculteur qui se sert de pesticides,
là, il serait soumis à un certificat, mais celui qui ne l'est pas
n'est nullement inclus dans la loi ou contrôlé par la loi. C'est
pourquoi je voulais savoir quelle est la relation que vous faites entre les
deux.
M. Delvin: En fait, à l'alinéa 6° de l'article
100, on dit que le gouvernement a le pouvoir de régir, limiter ou
prohiber la distribution, par exemple, ou le traitement de tout pesticide,
contenant ou la vente de tout pesticide. C'est-à-dire, que si des
chimistes voulaient se procurer des pesticides pour en faire l'analyse sans
avoir besoin d'un certificat... Il faut mettre ceci en relation avec
l'obtention d'un certificat qui, lui, est délivré par le ministre
à la suite d'un examen. Nous avons vu là une possibilité
que, en fait, le chimiste qui voudrait se procurer des produits chimiques, ou
avoir des pesticides en sa possession pour des fins d'analyse ou d'expertise,
devrait éventuellement passer un examen, avoir un certificat pour
pouvoir posséder ces produits chez lui. À ce moment-là,
ceci est une entrave. On considère que ce serait une entrave à
notre profession que des chimistes qui, en fait, finalement, fabriquent et
contrôlent ce genre de produits, doivent éventuellement avoir un
certificat pour pouvoir en obtenir. Dans ce cas-là, c'est une double
allégeance ou un double contrôle sur la compétence des
chimistes. C'est simplement cela.
M. Lincoln; Enfin, nous allons vérifier si, de
façon tout à fait imprévue, cela pourrait impliquer ce que
vous dites. J'ai vérifié avec notre légiste-conseil ici
présent qui travaille sur le projet de loi et il n'y a pas la moindre
possibilité. Au contraire, c'est le vendeur ou l'applicateur qui vous
vendrait les pesticides, mais vous êtes au même titre que n'importe
qui. Si vous vous en servez en laboratoire, vous n'aurez pas besoin d'un examen
ou d'un certificat pour vous en servir. C'est très clair. Le fait est
que la réglementation qui va découler de l'article 100 ne peut
pas aller plus loin que la loi elle-même. C'est aussi clair. Lorsque la
réglementation sera émise, vous pourrez la consulter. De toute
façon, nous prenons note de ce que vous dites et nous allons faire une
double vérification. Mais, selon nos juristes, il est impossible
d'interpréter la loi pour dire que, dans les circonstances que vous avez
décrites, vous serez soumis à un certificat ou à un
contrôle de la loi; aucunement.
M. Delvin: En fait, c'était simplement une
vérification que nous voulions.
M. Lincoln: Oui.
M. Delvin: Donc, si c'est fait, cela nous satisfait.
M. Lincoln: On va faire une double vérification, mais,
à ce stade-ci, cela semble très catégorique que ce n'est
pas le cas.
M. Delvin: D'accord.
M. Lincoln: Avant de donner la parole à mon
collègue, est-ce que vous avez des questions spécifiques à
me poser afin d'élucider quelques points qui vous
préoccuperaient?
M. Delvin: Peut-être pas une question, mais surtout un
commentaire concernant le recyclage et l'élimination des pesticides.
Nous avons d'ailleurs souligné dans notre mémoire que ce contexte
est différent et nous voudrions savoir si le ministère de
l'Environnement aura une loi en accord avec le règlement sur les
déchets dangereux, qu'il y ait une concordance entre les deux. Lorsqu'on
parle de recyclage et d'élimination de pesticides, ces substances
doivent être considérées comme dangereuses ou toxiques et
devraient donc être gérées de la même
façon.
M. Lincoln: Oui, c'est le cas. Lorsque la réglementation
sera faite, toute la question de la réglementation sur les
déchets dangereux et les matières dangereuses sera
examinée afin qu'il y ait une concordance et une
complémentarité. C'est le cas.
M. Delvin: Outre les recommandations que nous avons faites, il y
a aussi l'aspect de l'étiquetage qui nous est particulièrement
sensible. L'ordre a déjà fait des représentations dans ce
sens lors de la Semaine de la santé et de la sécurité, qui
était organisée par la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, il n'y a pas très longtemps. M.
Antoine Fournier avait d'ailleurs fait une présentation à cet
effet. Nous voudrions savoir ce qui est
envisagé dans le cadre de l'étiquetage des produits
pesticides. Nous pensons que certains de ceux-ci, ceux qui sont vendus dans le
commerce, sont particulièrement peu explicites ou, en fait,
l'étiquetage est fait de telle façon qu'on a beaucoup de
difficulté à les lire. M. Fournier pourrait enchaîner
là-dessus.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Fournier.
M. Fournier (Antoine): L'étiquetage doit être
repensé. Si les pesticides pouvaient parler, ils diraient sans doute
à l'humain: Pour le bien-être de l'humain, je détruis les
organismes que tu considères indésirables, mais, en même
temps, je m'attaque à ta santé. Malheureusement, on ne peut pas
connaître le langage complet des pesticides et la majorité des
utilisateurs, tels les agriculteurs et les sylviculteurs, connaissent peu le
langage des pesticides, c'est-à-dire les effets sur les organes vitaux
pour la santé. On devrait présenter aux utilisateurs des fiches
techniques ou encore un étiquetage bien structuré en mettant
l'accent sur les principaux et les plus inquiétants problèmes de
santé pouvant être causés par les pesticides et aussi un
étiquetage avec une présentation imagée des
précautions qu'il faut prendre lorsqu'on les manipule et lorsqu'on fait
de l'épandage. On est parvenu, il y a quelques années, à
inscrire sur un paquet de cigarettes que le danger croît à
l'usage; il en est de même pour les pesticides. (18 heures)
Une étude récente de M. Michel Fournier, de
l'Université du Québec à Montréal, faisait
ressortir que le contact répété avec des insectides
pouvait affecter le système immunitaire et la résistance aux
infections bactériennes et virales. Je pense que la meilleure
façon de faire connaître aux grands utilisateurs les
problèmes des pesticides pour la santé, c'est d'avoir un
étiquetage très bien structuré et repensé.
Il y a un autre élément que je voudrais demander à
M. le ministre. Quand on considère la loi sur l'élimination des
déchets dangereux, il y a un manifeste qui doit être
présenté. Est-ce qu'on prévoit, pour les grands
utilisateurs de pesticides, qu'il puisse y avoir un manifeste avec des points
précis tels que le type de pesticide utilisé, la quantité
utilisée, la date, le lieu, les conditions climatiques et les conditions
météorologiques? Je vais indiquer pourquoi.
Récemment, en Italie, l'automne dernier, il y a eu un
épandage de pesticides dans les terrains en culture. À la suite
de cet épandage, il y a eu une pluie diluvienne de telle sorte que c'est
le fleuve Pô qui a récolté les pesticides. En plus d'avoir
fait un épandage inutile, on a amélioré sensiblement la
pollution du Pô. Je ne vous en cache pas la réalité. Si on
considère aussi un autre phénomène, si les
Américains parviennent à exporter les pluies acides par la
nature, je pense que dans un épandage il est fort possible, si le vent
est présent, que des champs voisins où il pourrait y avoir des
animaux en train de se nourrir puissent absorber ce pesticide sous sa forme
originale. On sait quel bon nombre de pesticides se décomposent
après un certain nombre de jours ou de semaines. Mais, à ce
moment, compte tenu des conditions climatiques, il est fort probable que ces
pesticides apparaissent dans la chaîne alimentaire. Aussi, je demande au
ministre s'il y aurait un manifeste...
M. Lincoln: Là, vous m'embrouillez dans vos questions.
J'en ai deux.
M. Fournier: Oui.
M. Lincoln: II y a d'abord l'étiquetage. Il y a la
question du manifeste.
M. Fournier: Je veux compléter en disant pourquoi un
manifeste pourrait être utile. Cela permettrait de suivre l'état
de la qualité de l'eau, par exemple pour les eaux souterraines fou les
rivières qui sont à proximité. Et si l'on suivait
l'état de l'eau, cela pourrait amener le ministre à imposer des
interdits Ià certaines classes de pesticides qui sont à
proximité des rivières et surtout de celles qui vont servir
à la consommation d'eau courante, d'eau potable pour l'humain. C'est en
ce sens qu'un manifeste pourrait être utile pour un suivi
ultérieur et pour protéger nécessairement l'environnement
et l'écosystème.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: D'abord, pour ce qui est de l'étiquetage.
Votre recommandation suit le fil de l'idée de plusieurs intervenants qui
ont parlé de l'étiquetage et de l'étalage. Je voudrais
vous expliquer que l'étiquetage comme tel, tous les barèmes et
les critères qui ont un étiquetage réglementaire et
obligatoire, d'après la loi, dépendent du gouvernement
fédéral. Nous, nous n'avons pas le droit de regard; par exemple,
nous ne pouvons dire à un fabricant de pesticides, de produits
antiparasitaires. Il faut que vous mettiez telle chose sur l'étiquette.
Tout cela est contrôlé par le fédéral. En fait,
l'exemple que vous avez donné sur le tabac est typique. La mention, tant
aux États-Unis qu'au Canada, dépend du fédéral et
c'est le fédéral par le ministère de la Santé et du
Bien-être social qui a insisté et qui a
légiféré pour que cette mention soit mise sur les cartons
de cigarettes.
L'étiquetage de base dépend de la loi
fédérale sur les anti parasitaires, parce que toute la question
de la fabrication, de l'autorisation de fabriquer un produit et de son
homologation est une responsabilité clairement fédérale.
Ce que nous nous pouvons faire, ce que nous avons le droit de faire, c'est,
sans changer les bases de cette loi sur lesquelles nous n'avons pas droit de
regard, aller plus loin en demandant d'ajouter des choses, par exemple. Il y a
certaines suggestions pratiques et concrètes qui ont été
faites ici, par exemple, avoir un étalage séparé pour les
produits parasitaires et les produits non parasitaires, avoir une section du
magasin qui dirait: produits poisons, etc., ou poison; avoir des affiches
graphiques, avoir des renseignements additionnels sur certains contenants,
surtout sur certains contenants de pesticides de classes plus restreintes, etc.
Nous allons examiner cela de très près et voir comment cela peut
être fait. Est-ce que cela se fera dans la réglementation ou dans
les codes de pratique qui seront élaborés avec les secteurs
définis parce que certaines considérations s'appliquent à
certains secteurs et ne s'appliquent pas à d'autres? Ces questions, nous
allons les étudier de très près, entre autres, la position
sur l'étiquetage, l'étalage. Nous allons prendre cela en
considération et, dans la mesure où ce sera possible pour nous
d'aller plus loin que le fédéral, nous allons l'examiner de
très près et travailler avec les intervenants afin d'arriver
à une solution. Je pense que l'idée est très bonne.
Pour ce qui est de l'épandage et du manifeste, ce qui arrive,
c'est qu'il faut distinguer quand vous parlez de la réglementation sur
les déchets dangereux qui demande un manifeste. C'est quand le produit
est devenu un déchet. C'est la conséquence du produit, la fin du
produit, quand il est devenu un déchet. Qu'est-ce qu'on fait avec cela?
Je ne sais pas si c'est de cela dont vous parliez qui est jeté à
la rivière ou du pesticide lui-même. Comment allons-nous
contrôler le pesticide? C'est par l'article 67 du projet de loi qui sera
maintenant inclus sous le chapitre des dispositions pénales. C'est comme
cela que nous allons le contrôler.
Si quelqu'un a des pesticides qu'il peut utiliser légalement,
qu'il les utilise dans le cadre de la loi, qu'il détienne un certificat
de compétence et que sa compagnie possède un permis. À ce
moment-là, l'obligation qui est faite, ce n'est pas un manifeste
à chaque épandage, parce qu'il serait impossible de
contrôler cela. On va demander dans la loi des bilans, des registres.
C'est de cette façon qu'on va pouvoir contrôler la chose. Ce sera
par un manifeste du même type que le manifeste pour les déchets
dangereux.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Fournier.
M. Fournier: Est-ce que, par exemple, cette quantité qui
sera utilisée va être la source des vendeurs ou des
utilisateurs?
M. Lincoln: D'abord, le vendeur sera obligé de
détenir un certificat de compétence et sa compagnie un permis,
c'est-à-dire qu'il y aura des vendeurs autorisés qui auront
à tenir des registres. L'utilisateur, prenons le cas d'un agriculteur,
lui aussi devra détenir un certificat de compétence. Si, par
exemple, il allait émettre dans l'atmosphère une matière
dangereuse, à ce moment-là, il sera soumis... Excusez, un
instantl
D'abord, suivant l'article 22, le titulaire d'un permis d'une
catégorie déterminée doit tenir des registres, conserver
les pièces justificatives et transmettre au ministre les états
des transactions prévues par rèqlement. En plus, à
l'article 67, vous pouvez voir qu'il y a presque une prohibition. C'est un
devoir pour la personne, d'après la loi, sous les injonctions, à
l'article 67 qui dit: Nul ne peut émettre dans l'atmosphère,
etc., qui puisse être dommageable aux voisins. Nous allons prendre cette
même disposition que nous allons inclure au chapitre VII des dispositions
pénales, à la page 23, c'est-à-dire qu'il y aura un
mécanisme de contrôle. C'est le mécanisme prévu pour
les pesticides.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Delvin.
M. Delvin: Oui. Je voudrais poser une autre question, pas
nécessairement pour ce qui est de l'utilisation des pesticides, mais de
la fabrication des pesticides. Je voudrais savoir si le législateur
entrevoit, soit dans cette loi ou dans une loi ultérieure, une loi qui
régirait en quelque sorte la fabrication. Si on fait
référence à des problèmes, certains nous viennent
en mémoire, en particulier ceux de Bhopal où on faisait, en fait,
des carbamates, qui sont des pesticides aussi, et où il y a eu un
accident assez dramatique. Je ne voudrais pas lever ce spectre ici. C'est
peut-être excessif, mais il faudrait éventuellement voir, si on
développe une industrie de fabrication, à réglementer
cette industrie de façon qu'il n'y ait pas de problèmes qui
surgissent, peut-être pas maintenant, mais dans dix ans ou des choses
comme cela.
M. Lincoln: II y a deux choses différentes. D'abord, si
vous parlez d'une industrie comme Norsk Hydro qui s'implante ici à
côté de Trois-Rivières, à Bécancour, ou de
n'importe quelle autre industrie, cela pourrait être une industrie de
produits chimiques ou de pesticides. Cette industrie, dans les cas où il
y a des impacts
environnementaux, est obligée de faire une étude d'impact
environnementale très exhaustive et obtenir une autorisation du
ministère avant même de commencer. Dans le cas des industries que
je cite, pour n'importe quel investissement au Québec d'ordre majeur
ayant un impact environnemental sérieux, elles ne peuvent s'implanter
sans un certificat d'autorisation du ministère après des
études exhaustives environnementales qui prévoient justement la
prévention d'accidents ou d'émissions dans l'atmosphère,
dans le sol ou dans les rivières, C'est une chose.
Par rapport aux produits qu'elles produisent elles-mêmes, prenons
le cas de Merck Frosst, de Pfizer ou de Sandoz ou de n'importe quelle industrie
qui pourrait produire des produits antiparasitaires ou des pesticides. Nous
n'avons aucun droit de regard sur le contenu de cette fabrication parce que
l'autorisation de fabriquer, l'homologation du produit est clairement de
juridiction fédérale. La juridiction du Québec commence au
niveau de la distribution, de la vente du produit et de l'application du
produit. Là, nous pouvons intervenir, c'est le seul stade.
Tout ce que nous pouvons faire, c'est d'exercer des pressions
auprès du fédéral pour être plus impliqués
indirectement dans le processus d'homologation afin de savoir ce qui se passe.
Le gros problème, c'est qu'on ne sait pas ce qu'ils savent. Ils ont
toutes sortes de renseignements en ce qui a trait à l'homologation avant
que le produit ne soit homologué, mais ils ne veulent pas nous
transmettre cela parce que cela reste confidentiel. Ils ont peur, en diffusant
cela aux provinces, que tout le monde sache et en fasse un usage dont ils
n'auront pas le contrôle. Nous voulons être impliqués afin
de savoir ce qu'il en est. Lorsqu'on saura ce qu'il en est, on sera mieux
informés. Nous n'avons pas droit de regard sur cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Pépin, je crois
que vous aviez une question.
M. Pépin (Yvon): Sur la question de l'étiquetage,
je suis d'accord avec le ministre lorsqu'il dit que le fédéral a
juridiction sur les produits qu'on considère comme "grand public". Si
l'on considère que les pesticides utilisés par les agriculteurs
et les sylviculteurs le sont dans le cadre de leur travail, je pense qu'on
pourrait regarder l'utilisation de ces pesticides comme étant à
l'intérieur de la Loi sur la santé et la sécurité
du travail. Je sais qu'il y a des projets de loi sur l'étiquetage des
substances dangereuses mises dans les mains des travailleurs.
M. Lincoln: Oui, je suis d'accord avec vous.
M, Pépin: Dans ce sens, on pourrait réglementer
l'étiquetage.
M. Lincoln: Dans ce sens, oui.
M. Pépin: C'est dans ce sens, je pense, que l'Ordre des
chimistes voyait l'intervention.
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Pépin. M.
le député de Terrebonne.
M. Blais: La tradition veut, même si vous êtes le
dernier groupe de la journée, que je vous dise un gros merci d'y
être. Je veux aussi donner une appréciation de votre
mémoire: il est très complet en soi bien que restreint, mais il
parle beaucoup. Plutôt que de lire votre mémoire, vous avez
parlé sur le sujet et cela a été très instructif.
Je vous ai laissé parler plus longtemps que normalement l'on fait avec
M. le ministre parce qu'il posait exactement les questions que j'aurais
voùlu vous poser. Alors, pendant ce temps, je me reposais.
Au monsieur qui est un peu poète et qui voulait faire parler des
pesticides, tantôt, sur l'étiquetage, j'aimerais lui dire que,
compétence aimerait bien parler. Il y a très peu de
compétence provinciale dans le domaine de l'étiquetage, sauf par
une échappatoire législative, mais l'étiquetage
lui-même, je crois, bien que de bon aloi, même pour la cigarette
que vous voulez valable, je ne crois pas que cela convainque qui que ce soit et
cela n'influence pas beaucoup. Compétence nous dirait que nous avons
compétence, si elle pouvait parler, comme vous l'avez dit tantôt,
dans le domaine de la publicité et dans le domaine de
l'éducation. Ce sont deux arguments, je crois, qui plaideraient pour ce
que vous voulez défendre encore plus fort que l'étiquetage.
J'ai bien l'impression que je vais tomber à ma question
classique. En plus de la recherche, de la publicité et de
l'éducation, à cause du but que vous poursuivez, seriez-vous en
faveur d'une certaine taxe, directe ou indirecte, sur les produits toxiques
pour favoriser la recherche, la publicité) et l'éducation
constructive? (I8 h 15)
Deuxième question classique, qui va être un peu plus longue
que d'habitude. En conclusion, vous dites: "En guise de conclusion, nous
ajoutons que tout pesticide répandu dans l'environnement risque fort,
à un moment! ou l'autre, de se retrouver dans l'eau que nous buvons,
dans les aliments que nous consommons ou dans l'air que nous respirons, que ce
soit sous forme du produit d'origine où d'un produit transformé.
Chaque épandage doit être perçu comme un risque
calculé. Il nous revient à tous de voir à
réduire ces risques. La qualité de la vie en dépend."
Voici la deuxième classique sur la quantité de pesticides
répandus dans la nature: Croyez-vous que cet avant-projet de loi
contrôle suffisamment, je ne dirai pas ce beau risque, plutôt ce
risque néfaste, mais calculé quand même, surtout que vous
êtes, d'après votre métier, porteurs de beaucoup de
solutions de rechange à ces produits toxiques?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Delvin.
M. Delvin: À la première question, personne n'est
contre la vertu. Il est certain que si une taxe...
M. Blais: Voulez-vous dire que la taxe est une vertu?
M. Delvin: Non, non, attendez une minute.
M. Blais: Ah bon!
M. Delvin: Nous sommes tous pour la recherche de voies nouvelles
et ainsi de suite. La taxe, c'est une chose à laquelle nous n'avions pas
pensé, comme beaucoup d'entre nous qui sommes venus ici. Il appartient
su gouvernement de penser aux taxes et non aux contribuables. Je dois vous dire
qu'il serait peut-être difficile de faire de cette loi... Pardon? Oui, de
la mettre en application. Taxerait-on les gens qui les vendent ou ceux qui les
utilisent? On pourrait envisager une taxe comme celle-là, mais c'est le
contribuable, d'une façon ou d'une autre, qui va en hériter. Il
est au bout de la chaîne, il est au bout de la chaîne alimentaire
et il est au bout de la chaîne des taxes aussi. On a là un point
en commun.
Quant à savoir si la loi vise à réduire les
risques, je pense que c'est un pas dans la bonne direction, oui,
peut-être avec les aménagements que nous et d'autres avons
proposés et qui, d'ailleurs, semblent être déjà en
bonne voie. Je crois que cette loi pourra, à court terme, d'une
façon immédiate, disons, dans les années qui viennent,
déjà réduire ces risques. Il faut cependant
réaliser une chose, c'est que ces risques demeureront tant que le
deuxième volet que nous présentons, c'est-à-dire les voies
de rechange, ne sera pas vraiment mis en application. Que les moyens soient mis
à notre disposition ou à la disposition des gens qui travaillent
dans ce domaine pour trouver les voies de changement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne, je m'excuse, mais je crois que M. Pépin a un
complément de réponse.
M. Blais Allez-y, M. Pépin.
M. Pépin: Merci. J'aimerais intervenir parce qu'on parle
de diminuer les risques dans la loi, mais il faudrait bien s'entendre sur les
risques, vis-à-vis de qui. On parle beaucoup de l'agriculteur et du
sylviculteur, mais j'en viens à l'article 2 de la loi et, si on regarde
l'énumération de ceux qu'on veut protéger, je pense qu'on
a nommé les mauvaises personnes au début: "La présente loi
a pour objet de régir l'usage des pesticides afin de prévenir la
détérioration de l'environnement et de protéger les
espèces vivantes, l'homme et ses biens." Je pense qu'on aurait dû
inverser et lire plutôt: "afin de protéger l'homme, les
espèces vivantes et prévenir la détérioration de
leur environnement." Je comprends que l'environnement est important, mais
à quoi sert de protéger l'environnement si l'homme y perd la
santé et quelquefois la vie? Donc, il ne faudrait pas mettre les choses
à l'envers.
Je comprends que le ministère de l'Environnement veut
protéger son environnement, mais le but primordial du projet de loi est
de permettre à l'homme de survivre dans son environnement. Si on veut
permettre à l'agriculteur et au sylviculteur de survivre dans
l'épandage de pesticides, il n'y a qu'une façon de le faire,
c'est par la formation. C'est pour cela qu'on a dénoncé un peu la
supervision immédiate, comme beaucoup d'autres, parce qu'on pense qu'il
est presque impossible de superviser de façon efficace,
immédiatement, l'agriculteur qui va épandre des pesticides,
à moins que la moitié de la population ne surveille l'autre
moitié. II va falloir passer par la formation. C'est une grosse
tâche, une tâche de longue haleine, mais ce n'est pas parce que
c'est une grosse tâche qu'il ne faut pas commencer immédiatement.
Le but primordial du projet de loi, c'est la formation et l'information des
utilisateurs. À quoi cela sert-il de donner des permis ou de former des
gens pour la vente quand c'est l'utilisateur qui est en cause, que c'est lui
qui s'intoxique et qui intoxique son milieu? Son milieu, ce peut être sa
famille, ses enfants. Plusieurs de mes collègues de travail pourraient
témoiqner de ces cas pathétiques où l'agriculteur, lors de
l'épandage des presticides empoisonne sa famille et ses enfants, en plus
de s'empoisonner lui-même. J'insiste donc pour que la formation et
l'information soient le but primordial pour améliorer la situation et
l'utilisation de ces produits.
M. Blais: Je vous remercie, vous deux. Je n'ai pas d'autres
questions. Je vous remercie parce que cela a été tellement bien
fait entre vous et le pouvoir que l'Opposition
en a été presque éblouie. Je voudrais vous dire
cependant que, dans ce réalisme d'un jeudi à 18 h 17, à
cause de ses nombreuses préoccupations, le législateur a souvent
le verbe haut, mais le productif bas. Je vous demanderais de nous surveiller,
de continuer à nous surveiller et à nous aiguillonner. C'est bon
d'avoir des gens qui nous surveillent et vous êtes certainement
intéressés parce que vous vous êtes déplacés
pour venir ici présenter un mémoire, ce que vous avez fait avec
beaucoup de brio. Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Terrebonne. M. le ministre, en conclusion.
M. Lincoln: Je m'associe à mon collègue de
l'Opposition pour vous remercier bien sincèrement de la qualité
de votre intervention ici aujourd'hui. Je pense que les remarques concluantes
ont très bien résumé la philosophie qui vous anime. Nous
vous sommes très reconnaissants d'être venus, d'avoir pris le
temps de présenter votre mémoire et de nous l'expliquer.
L'entrevue d'aujourd'hui est une première étape. On va continuer
à travailler ensemble et à nous associer à vous et aux
autres intervenants pour que, finalement, nous puissions avoir quelque chose
qui soit un pas en avant. Merci beaucoup.
Le Président (M. Saînt-Roch): M. le
président, au nom de tous les membres de la commission, nous tenons
à vous féliciter et à vous remercier de votre apport
à nos travaux.
J'aimerais maintenant attirer l'attention des membres de la commission
que nous allons ajourner nos travaux au mardi 24 février 1987, à
dix heures. Le lieu de la réunion sera ici, a la salle du Conseil
législatif. Sur ce, bonne soirée et bonne semaine.
(Fin de la séance à 18 h 23)