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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements se
réunit, ce matin, afin de procéder à une interpellation du
député de Terrebonne, adressée au ministre de
l'Environnement, sur le sujet suivant: Les politiques de protection de
l'environnement du gouvernement libéral.
Je demande à M. le secrétaire s'il y a des remplacements
temporaires.
Le Secrétaire: Il n'y a aucun remplacement, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Avant de commencer
l'interpellation, je dois vous rappeler les règles. Le
député qui a donné l'avis d'interpellation, le
député de Terrebonne, intervient le premier, pendant dix minutes;
le ministre aura ensuite la parole pour une période de dix minutes. Par
la suite, ce sera l'alternance pour les interventions, un député
de l'Opposition, un député du groupe ministériel, pour
cinq minutes chacun. Vingt minutes avant la fin de la séance, le
président accorde un dernier temps de parole de dix minutes au ministre;
l'interpellant a ensuite droit à une réplique de dix minutes.
Je demande donc maintenant au député de Terrebonne de
faire son intervention préliminaire de dix minutes, s'il vous
plaît! M. le député de Terrebonne.
Exposé du sujet M. Yves Blais
M. Blais: Merci, M. le Président. Nous savons que, dans
notre système démocratique, l'Assemblée nationale est le
lieu où les grandes idées doivent être discutées.
Dans le contexte moderne, en 1987, l'environnement tient une place primordiale
parmi les préoccupations des gens. Donc, pour ce faire, on attend d'un
parti au pouvoir qu'il ait une philosophie claire sur l'environnement qui
représente la qualité de vie du peuple du Québec.
Bien sûr, nous formons l'Opposition depuis environ un an et demi
et nous avons été au pouvoir. Pendant que nous étions au
pouvoir, nous avons créé le ministère de l'Environnement,
en 1977. Nous avons posé beaucoup de gestes et beaucoup de jalons. Nous
avons, dans différents domaines, fait des choses extraordinaires pour le
peuple québécois. Durant ces neuf années, ayant
créé un ministère d'une importance capitale, puisque le
Québec accusait un retard de 20 à 25 ans sur beaucoup de pays au
plan de la qualité de l'environnement - nous étions les premiers
à nous occuper d'environnement au Québec - nous n'avons pas pu
tout réaliser, mais nous avons au moins mis en place des philosophies de
prévention et de réparation de la qualité de la vie et de
l'environnement du peuple québécois sur les points principaux qui
sont, bien sûr, cela va de soi: l'air, l'eau et le sol. C'est sûr
que ce sont ces trois mots qui doivent être la base de la philosophie
d'un gouvernement.
Vous me direz, et, dans certains domaines, à juste titre, que ce
n'est pas dans un an et demi qu'un gouvernement peut réaliser dans
l'environnement l'ensemble des programmes de prévention et de
réparation qu'il se doit de faire. Là-dessus, on en reparlera en
détail. Parlons ici en général. À regarder aller
les choses depuis que le nouveau gouvernement est au pouvoir, nous nous posons
des questions. Nous allons nous en poser et, à la fin, il y aura dix
minutes pour conclure, pour voir si on a eu des réponses.
Nous cherchons, et les grands agents qui surveillent l'environnement
à travers le Québec se posent des questions aussi sur la grande
philosophie du Parti libéral en matière de qualité de la
vie. Nous ne la voyons pas. Quelle est-elle? Quelles sont tes
échéances de chacun des énoncés de philosophie de
qualité de la vie du Parti libéral? Nous cherchons et nous ne
voyons pas.
Nous ne voyons rien d'autre que la continuation, plus ou moins ferme
cependant, des jalons de philosophie politique implantés par les
prédécesseurs. Si, encore, on la suivait de façon stricte,
ferme et non pas de façon pleutre, à ce moment-là, au
moins l'oeil que nous jetons sur l'étude de ce qui est fait depuis une
quinzaine de mois par le nouveau gouvernement, nous donnerait un peu de positif
à répondre. Cependant, sans passer pour un "Iimeux" - je ne veux
pas passer pour un "limeux" - je tiendrais à vous dire qu'en recherche,
en publicité et en inspection sur le terrain, il s'en fait si peu que,
en termes exacts, il ne se fait rien. En inspection, il n'y a pas d'inspecteur
pour
faire observer les lois. En publicité, nous laissons les gens se
démobiliser. Pourquoi? Il n'y a pas de publicité pour dire au
peuple québécois que l'environnement, la qualité de la
vie, c'est une chose d'une extrême importance. Rien en recherche non plus
pour remplacer les matières polluantes déversées par les
industries dans nos eaux, dans l'air et dans le sol.
Trois points majeurs. On ne voit rien, ni dans les crédits ni
dans les budgets, et si ce n'était que là. On pourrait jouer et
on pourrait dire: Eh bien, nous sommes en période difficile, ce qui est
faux; mais ce serait su moins une excuse. Mais non. Même dans les textes
et dans les énoncés, on ne voit même pas l'intention de
suppléer, de remplacer ou d'essayer de trouver des philosophies de
recherche, de publicité et de moyens d'inspection sur le terrain. Tout
laisserait croire que rien n'est mis en place, mais heureusement vous pouvez
continuer à travailler les jalons solides que nous avons mis en terre
pour baliser au moins une partie d'une philosophie inexistante actuellement,
mais une philosophie tellement solidement en place précédemment
que vous êtes obligés de continuer sur la même route
balisée par l'ancien gouvernement.
Vous avez continué - je dois vous en féliciter - beaucoup
de choses, peut-être pas au rythme qu'on aimerait, mais vous avez
continué des ententes avec les compagnies polluantes des eaux. Vous avez
continué des ententes avec des compagnies polluantes de l'air et je
tiens ici à mentionner Mines Noranda. Très heureux. II y a
longtemps qu'on discutait avec ces gens. Vous avez terminé. Il y a des
choses qu'un gouvernement commence et qu'un autre termine. Vous l'avez
terminé; cela a été long, mais je vous en
félicite.
Entente avec les compagnies détruisant les berges; il faut
continuer, mais là ça ne va pas vite. Entente avec tes villes sur
l'assainissement des eaux; là encore, ça ne va pas au rythme que
les gens et les responsables municipaux aimeraient. La continuation des
études sur la dépollution et l'assainissement rural: rien. Rien
n'est sorti encore sur ce volet, après le rapport Dagenais. On attend
toujours. L'UPA réclame.
À propos des sites d'enfouissement, vous savez qu'en 1978, au
Québec, il y avait 1500 sites d'ordures à ciel ouvert. Une
politique a été élaborée selon laquelle cela
devrait disparaître pour la qualité de la vie. Au départ du
Parti québécois, le 2 décembre 1985, 93 % de ces sites
étaient déjà des 3Ïtes d'enfouissement. Il en restait
environ 7 %. J'espère que cela a été réalisé
parce que, sur cette poussée à 93 % en l'espace de six ans,
c'était tout de même beaucoup. Mais, comme vous savez tous, encore
là, l'enfouissement c'est une situation provisoire et non une situation
temporaire que je sache. Les sites d'enfouissement sont une situation
provisoire. Et parce que c'est en soi une situation provisoire, il y a
certainement une philosophie de remplacement de ces sites d'enfouissement qui
doit être élaborée par un gouvernement en place.
On ne l'a pas vue, on n'en a pas entendu parler encore et, dans
certaines localités autour de Québec, Saînt-Joachim ou
Saint-Tite-des-Caps ou même un fjord de Saint-Honoré, il y a des
problèmes et on demande des agrandissements de lieux pour enfouir. Si le
ministre ou le ministère redonne des permissions d'agrandissement de ces
sites provisoires d'enfouissement, c'est donc dire qu'il avoue que d'ici les
quatre années qui viennent il n'y aura pas encore de philosophie pour
remplacer ces sites provisoires. J'espère que j'ai tort.
Eh bien! En gros, depuis une quinzaine de mois, tout en étant
honnête, je tiens à dire qu'il y a certaines philosophies du
gouvernement antérieur qui ont été poursuivies et ce n'est
que là, dans la poursuite des choses déjà engagées
par l'ancien gouvernement, qu'on voit des réalisations. Il n'y a
pas...
Le Président (M. Kehoe): ...il vous reste...
M. Blais: Je vais conclure en quinze secondes. Il n'y a pas de
philosophie de la qualité de la vie pour le peuple
québécois qui puisse se dégager des actes du gouvernement
libéral depuis quinze mois.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Terrebonne. Je demande au ministre de l'Environnement de faire son
intervention. M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, j'ai aussi été
critique de l'Opposition et j'ai critiqué le gouvernement lorsque
j'étais critique de l'Opposition.
Il y a toutefois une chose. Il faut que la critique soit nuancée,
constructive, intelligente et tienne compte des faits. Dire par exemple que
l'environnement, cela ne comptait pas au Québec avant la venue
miraculeuse du Parti québécois - que le peuple a remercié
de façon drastique le 2 décembre 1985 - ce serait vraiment
nié les faits.
La Loi sur la qualité de l'environnement, qui est le fondement,
la base de toute la politique environnementale au Québec et sur laquelle
toutes les politiques du ministère de l'Environnement sont
fondées, date de 1972. Je suppose que
le député de l'Opposition qui me fait face, aujourd'hui,
ne sait pas ou n'a pas lu la Loi sur la qualité de l'environnement pour
réaliser que cette loi a été créée par un
gouvernement libéral. Je ne sais pas s'il a entendu parler du Dr
Goldbloom qui est réputé avoir été le premier
à donner le pas au Québec en ce qui a trait à
l'environnement.
Très bientôt cette année, nous allons inaugurer la
première usine d'assainissement des eaux, l'usine de la CUM, qui va
tenir compte de presque 40 % de la polution de tout le territoire
québécois. Cela a été commencé à
l'époque du Dr Goldbloom. La Direction de l'aménagement des lacs
et cours d'eau a commencé durant cette époque également.
Tous les noyaux des départements se sont fusionnés.
Je dois féliciter le gouvernement du Parti
québécois d'avoir constitué un ministère. On s'en
félicite, mais dire tout le temps que toute la politique
environnementale du Québec a commencé avec le Parti
québécois, c'est nier l'existence même et tout le travail
du Dr Goldbloom et de ses collègues ainsi que de tous les gens du
ministère, incluant ceux qui ont créé la Loi sur la
qualité de l'environnement qui travaillent encore au ministère.
C'est dire que ces gens n'existaient pas et qu'ils n'ont rien fait au
Québec. Je connais beaucoup de ces gens qui travaillent encore
aujourd'hui au ministère, qui prendraient ombrage de ce qu'affirmait le
député en ce sens que rien ne s'était fait avant et que,
par miracle, le gouvernement du Parti québécois et M.
Léger sont arrivés sur la scène. Ce n'est pas du tout le
cas.
Une chose m'a frappé, lorsque je suis arrivé au
ministère de l'Environnement. Après avoir regardé tous les
dossiers, après avoir fait le tour du ministère, je me suis
demandé quelle est la philosophie, quel sont les objectifs, quelle est
la politique, quelle est la planification stratégique du
ministère? Je défie le député de l'Opposition qui,
sûrement, a des contacts avec mes prédécesseurs, M.
Ouellette et M. Léger, de me déposer aujourd'hui, de me trouver
un seul petit document qui démontrerait de façon claire quels
sont les objectifs, la politique, la planification stratégique du
ministère de l'Environnement depuis qu'il a été
créé. Il n'en trouvera pas, parce que cela n'existe pas. La
première chose que j'ai réalisée en arrivant au
ministère, c'est qu'il n'y avait aucune politique de l'environnement,
qu'il n'y avait aucun objectif de l'environnement, qu'il n'y avait aucune
philosophie centrale qui reliait des divisions comme l'eau, l'air, le sol et le
gros programme d'assainissement des eaux qui était le programme
central.
La première chose que j'ai observée, c'est justement le
manque de cette politique centrale. Et là, le député a le
toupet de me dire que cela existait. Eh bien, si cela existait, qu'il la
produise, qu'il la dépose ici! J'aurais bien voulu la lire parce que,
moi, je ne l'ai pas trouvée dans les cahiers ou les archives du
ministère. En bref, c'est pourquoi la première chose que j'ai
faite a été de demander au sous-ministre de rassembler tous les
cadres supérieurs du ministère dans un travail de planification
stratégique pour, justement, mettre d'avant les objectifs, la
philosophie et le plan d'avenir du ministère de l'Environnement et de
l'environnement au Québec. Je leur ai donné des indications
précises de ce que nous, au Québec, concevions comme
environnement: mettre en place des politiques qui favoriseraient de plus en
plus la conservation des ressources naturelles, la conservation du milieu, la
conservation pour arriver à une meilleure qualité de vie,
plutôt qu'un ministère axé sur lui-même, vers la
restauration et la réparation, ce qui a été le cas depuis
que le ministère est né, et cela, je le conçois pour des
raisons évidentes. Mais, en même temps, il manquait justement une
philosophie de conservation dans le ministère, il n'y avait aucun filon
qui rejoignait les différentes équipes du ministère et les
différentes directions. Si vous voulez une confirmation de cela, M. le
député, je vous ferai rencontrer le sous-ministre n'importe quand
et il vous dira la même chose, parce que lui aussi - il est arrivé
deux mois avant moi - a constaté exactement la même chose que
moi.
C'est pourquoi, depuis mon arrivée, des équipes d'environ
60 fonctionnaires du ministère, cadres et professionnels, se sont
rencontrées de façon systématique pour, justement,
préparer la philosophie du ministère et mettre sur pied une
politique, une planification stratéqique pour l'avenir. De notre
côté, le cabinet a fait la même chose. On s'est
rencontré ensuite pour mettre tout cela ensemble, on a donné au
Conseil consultatif de l'environnement, pour la première fois, ces
documents en lui disant: Penchez-vous là-dessus, donnez-nous votre son
de cloche, vous qui représentez les citoyens, afin que, après
neuf ou presque dix ans d'administration du Parti québécois, nous
ayons enfin une politique d'avenir pour l'environnement au Québec qui se
tiendrait autour de la philosophie de base de la conservation et qui
s'enchaînerait dans une politique cohérente de toute la question
environnementale, une politique qlobale et horizontale qui irait rejoindre les
autres ministères et la préoccupation environnementale dans tous
les secteurs de la vie socio-économique du Québec.
C'est la première fois que cela s'est fait, M. le
député. Ne me parlez pas de politique qui n'existe pas sous le
gouvernement libéral; cela n'existait pas chez vous, et c'est nous qui
allons l'instaurer et
bientôt, cette année, nous ferons la vulgarisation de ce
texte. Je sais que vous allez m'appeler M. Bientôt, mais M. Bientôt
produit les choses qu'il dit bientôt. Il les produit l'une après
l'autre. Vous avez avalé votre cravate chaque fois que quelque chose
s'est produit.
Très bientôt, nous allons déposer la politique du
ministère qui sers une politique cohérente et axée sur la
conservation de ressources naturelles. Pour la première fois, elle va
démontrer que l'environnement est une chose globale, elle va adresser la
question de l'environnement au sein du développement économique
et abordera les grands thèmes de l'environnement. Elle se penchera sur
toutes les dimensions environnementales plutôt que d'être une
conception en vase clos de secteurs qui travaillent, tels que l'environnement
de l'eau, l'environnement de l'air et l'environnement du sol, sans tenir compte
de l'environnement au sein de toute la problématique de la vie
socio-économique du Québec.
Vous avez parlé de trois secteurs; la publicité manquante,
les inspecteurs et la recherche. Pour ce qui est de la publicité, oui,
nous en faisons moins, et, délibérément. Je me souviens de
mes débats avec un de mes prédécesseurs, M. Léger,
qui avait le don de faire des pancartes. C'était le roi de (a pancarte,
le roi des affiches, le roi des macarons. Il allait se promener pendant le mois
de mai, mois de l'environnement et distribuait des affiches. Nous faisons moins
d'affiches et on agit. On règle des problèmes, on parle aux gens
et on fait de la sensibilisation auprès des milieux où la
sensibilisation doit se faire. On a fait de la sensibilisation dans les
écoles et je vous en parlerai tout à l'heure. On s'est servi du
mois de l'environnement pour prêcher la conservation par des actes
précis, par le fonds RRR qui a été commencé en mai
de l'année dernière.
Pour le prochain mois de l'environnement, nous avons un projet que je
vais annoncer bientôt et qui va faire de l'environnement quelque chose de
concret dans la vie des jeunes, au sujet de la question de sensibilisation. La
publicité, c'est bon quand il faut en faire. Par exemple, dans le cas
des non-fumeurs, nous avons fait de la publicité. Cela compte la
publicité, mais faire de ta publicité pour faire des affiches,
des placards et dépenser beaucoup d'argent, ce n'est pas du tout notre
philosophie. Ce n'est pas du tout la philosophie de notre gouvernement qui a
décidé de couper dans la publicité de moitié et
avec raison. (10 h 30)
Pour ce qui est des inspecteurs, vous dites qu'on a moins d'inspecteurs,
mais c'est nous qui avons instauré maintenant un programme sous M. Masse
en vue d'entraîner des gens pour qu'on ait beaucoup d'inspecteurs. Il y a
un programme actuellement où M. Masse travaille avec cinq inspecteurs
temporaires. Vous dites qu'il y a moins d'inspecteurs, mais je vous dis que
s'il y avait moins d'inspecteurs, maintenant il y aura plus d'inspecteurs que
jamais au ministère de l'Environnement.
Pour ce qui est de la recherche, c'est vrai que l'année
dernière notre budget s'est stabilisé sans augmentation par
rapport è 1985-1986. En 1986-1987, le budget est resté stable.
Cette année, on va mettre 25 % de plus dans la recherche. Il fallait
avoir un temps de recul, il fallait savoir ce qui se passait dans le
ministère avant d'aller mettre "folichonnement" de l'argent dans la
recherche. Maintenant que nous savons où nous allons, maintenant que
nous avons une politique de base sur l'environnement, maintenant que nous avons
des liens clairs, un plan d'avenir qui va nous démontrer où on
va, on va mettre de l'argent dans la recherche, 25 % de plus, ce qui ne s'est
jamais vu dans la recherche au Québec. C'est significatif.
On va faire de la recherche de concert avec les grands agents
industriels, gouvernementaux, fédéraux, municipaux, etc. C'est ce
qui va se faire. Je vais vous donner des détails tout à l'heure
aussitôt que j'en aurai l'occasion.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Je
cède la parole au député de l'Opposition, M. le
député de Terrebonne pour une période de cinq minutes.
M. Blais: Dans la nomenclature qui m'a été remise,
c'est un député ministériel qui devait parler.
Le Président (M. Kehoe): Vous êtes un
député péquiste. Le prochain intervenant, c'est un
député péquiste. La première période de cinq
minutes est à vous.
Argumentation
M. Yves Blais
M. Blais: D'accord, Cela me fait plaisir, je vais pouvoir dire
tout de suite que je suis content, considérant les trois questions
demandées, que bientôt on aura des inspecteurs, que bientôt
on aura de la recherche et que bientôt on aura de la publicité.
C'est agréable à entendre, mais c'est un refrain que j'ai entendu
à différentes reprises où on disait: Bientôt, on
aura des inspecteurs. Actuellement, on n'en a pas, mais il y a un groupe qui
est en train de s'organiser pour avoir des inspecteurs, bientôt on aura
de la recherche et bientôt on aura de la publicité.
Je suis bien content que bientôt on
aura de la publicité parce que c'est sain d'en avoir dans ce
domaine et c'est absolument nécessaire. C'est sûr qu'un programme
dans les écoles, comme celui de l'année passée, c'est
très fructueux et c'est bon. S'il y en a un autre cette année, on
va être complètement d'accord avec cela. Je tiens à dire
que ce n'est pas suffisant pour mobiliser une population pour le respect de la
qualité de la vie. Ce n'est pas suffisant. Il faut absolument autre
chose. Il faut des choses accrocheuses pour que la population se mobilise. Ce
n'est pas péjoratif de faire de la publicité pour défendre
une cause quelle qu'elle soit, et surtout l'environnement.
Dans un premier volet, parlons de l'assainissement des eaux au
Québec. Là, je vais être obligé de dire que c'est
encore nous qui avons lancé ce programme. Vous direz ce que vous voudrez
après. Ce programme d'assainissement des eaux comprend environ 900
municipalités et est évalué au départ à 4
700 000 000 $; mais avec l'inflation et le temps, il s'échelonnera vers
6 000 000 000 $. Si le rythme des investissements prévus par les
nouveaux dirigeants de l'État est maintenu, cela va coûter
beaucoup plus cher que 6 000 000 000 $, parce que le temps va être
échelonné. Cela va être tellement long à faire que
cela va toucher les 8 000 000 000 $.
M. le ministre, vous nous disiez à ce sujet» que vous aviez
annoncé que Québec investirait 1 400 000 000 $ au cours des trois
prochaines années pour maintenir le programme d'assainissement des eaux,
cela représente des investissements de 467 000 000 $ par année.
On avait dit, l'année passée, 500 000 000 $, cette année
450 000 000 $ et l'autre année 400 000 000 $. Vous savez que cela ne
change pas beaucoup le chiffre annoncé l'année passée.
C'est qu'avec l'inflation, c'est juste l'ajustement des choses
déjà annoncées ou à peu près. Ne me dites
pas que je ne sais pas calculer, c'est si près de la
réalité; je ne veux pas vous passer un sapin en disant cela.
À ce rythme, l'assainissement des eaux urbaines ne sera pas
complété avant 1997. Je sais que vous avez un
échéancier qui se termine en 1993, mais, au rythme des
investissements actuels, il sera impossible de le réaliser. C'est un
point et c'est à peu près le seul pour lequel vous avez, de
façon générale, félicité l'ancien
gouvernement. Comme le demande le rapport Dagenais, il faudrait injecter au
moins 550 000 000 $ par année, en argent de 1986 - il faudra donc
l'indexer - dans ce plan d'assainissement des eaux, si on veut finir en 1993,
1994 peut-être. Au rythme de 467 000 000 $, c'est une
impossibilité mathématique et actuarielle de réaliser ce
programme. C'est un programme de grande envergure et il faut absolument que le
ministre augmente les investissements dans ce domaine.
Vous êtes actuellement en présence d'un gouvernement qui
veut consulter. Dagenais est un consultant et j'aimerais beaucoup que ses
principales recommandations sur l'assainissement des eaux soient mises en
place, et cela représente 550 000 000 $ par année pour le bien du
peuple québécois.
Le Président (M. Kehoe): C'est dix minutes. Allez-vous
conclure, M. le député de Terrebonne? Bon. M. le ministre, s'il
vous ptaîtl
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, c'est tellement facile de
parler d'un budget, de choses qu'on n'a pas faites soi-même. Je veux
rappeler au député, s'il ne connaît pas ses chiffres, que
ce sont des programmes triennaux, qui sont budgétisés trois ans
à l'avance, et cela a été commencé sous le Parti
québécois. Il devrait savoir que c'est ainsi que cela a
été fait, la moyenne de ces projets s'étend sur trois ans.
Au cours des trois dernières années, le maximum qui a
été injecté en moyenne par le Parti
québécois, malgré la poussée de 1985,
l'année électorale où il a défoncé tous les
budgets pour donner des jobs à tout le monde, était de 400 000
000 $. Si on suit sa logique, si le Parti québécois avait
continué son programme, peut-être aurait-on attendu encore plus
longtemps.
Quand nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons constaté
que le budget de 450 000 000 $ pour la dernière année du Parti
québécois avait été défoncé de 40 %.
Ces gens avaient dépensé 720 000 000 $ au cours de l'année
électorale, alors que le Conseil du trésor avait chiffré
le budget à 450 000 000 Il1 faut faire une halte, vous êtes en
train de dépenser l'argent "folichonnement". Il y a eu des
dépassements de l'ordre de 40 % à 300 %, M. le
député. Si vous voulez des preuves à l'appui, je vais vous
les fournir. Cela a été un scandale monumental que de
dépasser un budget de 40 %. Nous ne pouvions pas nous permettre cela,
parce que le gouvernement a décidé d'assainir les finances
publiques, l'argent de tous les contribuables.
C'est pourquoi nous avons commandé le rapport Dagenais qui, en
passant, n'a fait l'objet d'aucune question de votre part au cours de la
période qui a suivi son dépôt. Il n'y a pas eu un seul
commentaire en profondeur de votre part sur le rapport Dagenais. Le rapport
Dagenais contient 40 recommandations; 27 sont déjà en vigueur.
Pour les autres, des rapports ont été soumis
au comité Dagenais. C'est vrai que M. Dagenais et son
comité ont recommandé 550 000 000 $, mais depuis ce temps, nous
nous sommes penchés très sérieusement sur le programme.
Nous avons été chercher 50 000 000 $ pour un programme qui
était déjà établi à 1 350 000 000 $ et qui
en est maintenant à 1 400 000 000 $.
De plus, nous allons axer ce programme sur une gestion beaucoup plus
systématique et saine. Tous les quatre mois, nous déposons au
Conseil du trésor un échéancier complet de tous les
projets, ce qui n'avait jamais été fait pour ce programme. Les
projets étaient comptés au boulier par le ministère.
Maintenant, ce sera complètement informatisé, le Conseil du
trésor pourra suivre chaque projet à la goutte. De plus, nous
avons axé le programme sur un projet de recherche. C'est pourquoi on
ajoute à la recherche cette année. Dans un seul projet de
recherche qui est aujourd'hui approuvé, nous allons économiser 30
% du coût des usines d'épuration lorsque cet équipement
sera installé. C'est ainsi qu'il faudra faire une meilleure gestion, une
meilleure recherche des méthodes alternatives, de meilleurs projets plus
efficaces afin que tes 467 000 000 $ que nous avons servent plus efficacement
pour réussir ce projet dans un délai raisonnable.
Ce qu'il faut faire, ce n'est pas dépenser plus d'argent
"folichonnement" comme vous l'avez fait, mais dépenser l'argent des
contribuables de façon efficace, ordonnée, intelligente, M. le
député. Je peux vous donner aujourd'hui les détails de
plusieurs projets où nous mettrons jusqu'à 30 000 000 $ par
projet parce qu'on prend le temps de réfléchir, de penser, de
calculer, d'ajouter des chiffres. Il faudra faire mieux avec l'argent que nous
avons.
Il y a une chose que vous n'avez pas dite aussi, c'est que, pour la
première fois, le Conseil du trésor a accepté notre
suggestion de ne pas périmer les sommes. Si vous regardez en
arrière, pendant votre administration, pour l'année 1983-1984,
vous verrez que vous aviez laissé sur la table près de 300 000
000 $ dans ce programme. Pour 1984-1985, vous avez laissé 100 000 000 $
sur la table. Maintenant, les projets ne sont plus périmés,
l'argent va circuler d'année en année et on pourra le
récupérer, c'est-à-dire que cet argent sera toujours
valable même si une grève arrête un projet et que l'argent
ne peut pas se dépenser. C'est une grosse victoire, un gros pas en avant
que vous n'avez pas souligné.
Je peux vous dire que le programme d'assainissement des eaux se porte de
façon excellente, efficace, ordonnée et appuyé sur la
recherche. Vous verrez quand on terminera, dans quelques années, que ce
sera un programme beaucoup mieux que vous ne l'avez commencé.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Je
cède maintenant la parole à la partie ministérielle. M. le
député de
Drummond.
M. Jean-Guy Saint-Roch
M. Saint-Roch: M. le Président, à la suite de
l'interpellation sur les politiques de protection dans le domaine de
l'environnement, permettez-moi de prendre quelques instants pour traiter d'un
programme majeur, celui de l'assainissement des eaux au Québec. II est
important de souligner l'absence de critique de la part du député
de Terrebonne et de l'Opposition à la suite du dépôt du
rapport et des recommandations du groupe de travail remi3 au ministre de
l'Environnement en octobre dernier.
À mon avis, il est impensable qu'une Opposition dite
sérieuse, et qui se targue d'être vigilante, n'ait émis
aucun commentaire sur les 40 recommandations du rapport Dagenais depuis six
mois. Faut-il conclure que ces silences éloquents, pour emprunter le
langage du député de Terrebonne, sont le signe d'un consentement
de l'approche des changements effectués par le ministre de
l'Environnement au cours des derniers mois? Les changements majeurs qui tendent
à rendre plus efficaces les réalisations du proqramme
d'assainissement des eaux dans le secteur urbain touchent trois volets:
l'implication des municipalités, une nouvelle gestion du programme et
une meilleure planification des investissements.
L'implication des municipalités: Depuis plusieurs années,
des représentants des milieux municipaux demandaient au gouvernement du
Québec d'être impliqués dès le début dans la
réalisation du programme d'assainissement des eaux. Ceux-ci ont toujours
eu une fin de non-recevoir de la part de l'ancien gouvernement qui, è la
suite d'études dites d'avant-projet, imposait aux municipalités
un programme souvent non conforme aux aspirations du milieu. Ces études
incomplètes définissaient le type de traitement et les
coûts d'investissement. L'expérience a démontré que
les municipalités acceptaient difficilement de se voir imposer sans
discussion ce type de procédé, et les prévisions des
déboursés qui, dans la très grande majorité des
cas, n'étaient pas conformes à la réalité. On a vu
des écarts d'investissement de 30 %, 40 %, 60 % et même de 300 %
entre les prévisions initiales et les coûts réels de la
réalisation. On ne peut sûrement pas qualifier cette façon
de faire de sérieuse si on considère les milliards de dollars
nécessaires pour réaliser ce programme essentiel pour la
dépollution de nos lacs et de nos cours d'eau.
Le ministre de l'Environnement propose
donc une formule qui implique dès le début les
municipalités dans la réalisation du programme d'assainissement
des eaux. Une première convention dite de principe sera signée
entre le gouvernement et les municipalités en vue d'effectuer toutes les
études préliminaires au lieu de seulement effectuer des
études dites d'avant-projet. Ces études plus poussées
permettront de déterminer avec plus de justesse les types
d'équipements nécessaires au programme d'assainissement des eaux,
et définiront ainsi de façon plus précise le niveau
d'investissement exigé. Désormais, cet exercice se fera en
collaboration avec les municipalités. (10 h 45)
Deuxième volet: Une nouvelle gestion du programme. Le rapport du
groupe de travail dont l'Opposition semble accepter les recommandations, si on
se base sur les commentaires inexistants du député de Terrebonne,
souligne que les élus municipaux considéraient qu'il y avait
beaucoup trop d'intervenants dans le déroulement des projets
occasionnant ainsi des retards de réalisation et amplifiant la
complexité des actions, début de l'année 1987, le ministre
de l'Environnement proposait une nouvelle approche de gestion impliquant un
nouveau partage des responsabilités entre le ministère de
l'Environnement et la Société québécoise
d'assainissement des eaux. Cette approche simplifie le déroulement du
programme, car le ministre de l'Environnement fixe les objectifs de
dépollution, définit les projets, effectue le contrôle
budgétaire et se charge du suivi et du contrôle de
l'activité des usines après la mise en marche. Pour sa part, la
Société québécoise d'assainissement des eaux voit
à la gérance des projets, au financement et au suivi des
activités durant la période de garantie des travaux. Il s'agit
là d'un autre exemple, M. le Président, du souci du gouvernement
d'être à l'écoute du milieu et d'agir de façon
efficace.
Le troisième volet, une meilleure planification des
investissements. M. le Président, les investissements majeurs
qu'entraîne la réalisation d'un programme d'une aussi grande
envergure, 6 000 000 000 $, nécessitent de la part d'un gouvernement
responsable une planification sérieuse basée sur sa
capacité de payer et surtout sur sa volonté de voir un jour les
lacs et les cours d'eau dépollués, pour être en mesure de
répondre aux besoins des usagers en alimentation en eau potable, en eau
pour la baignade et pour des activités récréatives et pour
maintenir des milieux aquatiques équilibrés qui assurent aux
ressources biologiques une évolution normale.
Le Québec avait un programme d'assainissement des eaux que l'on
peut qualifier d'instable au cours des dernières années, si on se
base sur les niveaux des investissements consentis: 164 000 000 $ en 1983-1984,
305 000 000 % en 1984-1985 et, quoique cela puisse paraître, une somme de
708 000 000 $ en 1985-1986, soit l'année des élections. Quelle
coïncidence!
Ce n'est pas la réalisation du programme de dépollution
des eaux qui est importante, mais soudainement une course à la prime. En
effet, l'ancien gouvernement avait institué une prime fixe dans le
temps, soit le 31 mars 1986. Donc, pour les travaux réalisés dans
les municipalités après cette date, ces dernières ne
pouvaient bénéficier de cette prime. Maintenant, M. le
Président, la prime a été ramenée à trois
ans. Les niveaux des investissements alloués démontrent hors de
tout doute l'Importance qu'accorde le gouvernement à la
concrétisation du programme...
Le Président (M. Kehoe): Pour conclure, il vous reste dix
secondes.
M. Saint-Roch: Je conclus, M. te Président, en disant que
la nouvelle application de ta prime de participation à trois ans permet
aux municipalités de mieux planifier la réalisation du programme
et cela en tenant compte des deux facteurs de valeur primordiale, soit la
capacité de payer de notre gouvernement et surtout la volonté de
le réaliser en accord avec celle du milieu.
Le Président (M. Kehoe); Un député de l'Opposition,
M. le député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. J'ai toujours
été dans ma vie un homme d'une politesse particulière et
je suis reconnu comme tel. J'accepte difficilement, M. le Président, de
me faire dire que l'Opposition a des propos inintelligents. Je n'aime pas ces
mots-là. Je n'utilise pas cela, mais passons. Je félicite le
recherchiste qui a écrit votre texte; vous avez dû l'apprendre par
coeur. Cela paraît mieux quand on ne lit pas.
M. le ministre m'a dit: Sur le rapport Dagenais, l'Opposition,
quelle honte, virgule -et de s'exclamer - aucune question en Chambre! Il y a eu
deux questions précises posées sur le rapport Dagenais, une le 29
octobre 1986 vous demandant si vous accepteriez le rythme des investissements
proposés par le rapport Dagenais - c'est au moins une question - et une
deuxième, le 13 novembre, sur le système d'attribution des
contrats, si le rapport Dagenais influencerait la façon dont vous la
faites.
Je tiens à vous dire qu'à ces deux questions, il y a eu
des réponses d'une telle faiblesse, pour ne pas employer d'autres mots -
malgré qu'il n'ait pas été tendre avec moi
sur le rapport Dagenais - que nous n'avons pas cru bon de notre
côté de questionner le vide. C'est pour cela qu'il n'y a eu que
deux questions.
Passons maintenant à un autre dossier. Faisons-le en deux volets,
en deux sections. Le fleuve Saint-Laurent, le volet industriel de
l'assainissement des eaux. Nous avions commencé depuis quelques
années, avant que vous arriviez, à discuter avec les principaux
pollueurs du fleuve. Vous avez réalisé trois ententes.
Félicitations pour le bien des Québécois; j'en suis
très heureux. Très heureux. Cependant, pour l'information de ceux
qui nous écoutent, je tiens à dire que coule sur une distance de
700 kilomètres, de Cornwall à l'estuaire, le Saint-Laurent au
Québec, et beaucoup de compagnies sur les rives y déversent leurs
eaux polluantes. Trois mille kilomètres de rives.
Les deux cinquièmes des Québécois dépendent
de ces mêmes rives pour leur eau potable; 57 usines polluantes jetaient
directement dans le fleuve, en 1983, 110 000 tonnes métriques de
déchets toxiques. Il y a trois compagnies avec lesquelles vous avez
signé des ententes. Félicitations! Félicitations d'avoir
complété ce qu'on avait commencé. Cependant, le rythme
n'est pas effarant. Les ententes ne sont pas galopantes.
Vous dites qu'on ne tient pas beaucoup compte du rapport Oagenais de ce
côté-ci mais, quand on est dans l'Opposition, ce n'est pas nous
qui appliquons les politiques. C'est quand on est au pouvoir. Ce rapport
préconise à la recommandation 22 de la page 21 - comme dit votre
chef, c'est facile à retenir, 21, 22; 62, 65; 21, 22 - que le
ministère désigne un nombre suffisant de personnes couvrant
chacune certains secteurs de l'industrie afin d'activer les discussions
conduisant à des ententes. Si nous ne sommes pas vîtes à
poser des questions, nous en avons posé une le 29 octobre sur le rapport
Dagenais. J'aimerais bien que vous me disiez quelle est la batterie
d'inspecteurs qui se sont lancés pour rencontrer les 1255 compagnies
polluantes le long du fleuve, et me dire à quel rythme - vu que de votre
côté apparemment cela se fait de façon intelligente et non
de ce côté-ci - vous avez appliqué le nombre d'inspecteurs
recommandé par M. Dagenais. Ce' n'est qu'une question. Il y en a
beaucoup sur le rapport Dagenais.
Le Président (M. Kehoe): ...cela compte.
M. Blais: Oui. Quel est le rythme selon lequel vous mettez en
application ce rapport Dagenais surtout du côté des inspecteurs?
Vous m'avez dit au tout début: Bientôt. C'est quand cela,
bientôt?
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Le petit show est commencé, M. le
Président. On s'en va crescendo. Je m'excuse si j'ai dit au
député qu'il n'y avait pas eu de questions qui avaient
été posées. C'est vrai. Il y a eu deux questions...
M. Blais: Avalez votre cravate.
M. Lincoln: Oui, j'avale ma cravate. II y a eu deux questions sur
les trois nombreuses questions que le député a posées
pendant toute cette session de l'automne. Cela est vrai. Mais ce qui m'a
étonné, et c'est pourquoi j'ai fait la remarque, c'est qu'au
sujet d'un rapport de cette envergure, qui a pris des mois de travail, huit
personnes travaillant d'arrache-pied pour produire le rapport, j'aurais pu
croire qu'il y aurait eu au moins une expression beaucoup plus
étoffée de la part de l'Opposition pour commenter ce rapport en
profondeur, pas de petites questions sur deux sujets, dont l'un très
banal concernant le rapport, mais rien sur l'esquisse totale du rapport, sur
les objectifs, sur les grands principes, sur les grandes lignes de fond de ce
rapport...
Aujourd'hui, on vient parler d'assainissement industriel et on me
demande: Comment se fait-il que vous n'ayez pas déjà mis cela en
place? Le député de l'Opposition me parle de trois ententes qui
ont été signées. Je vais lui rappeler, moi, qu'il y a 70
ententes qui ont été complétées l'année
dernière, des programmes d'assainissement industriel qui ont
totalisé des fonds contribués par l'industrie elle-même de
78 000 000 $.
Je suppose que les trois ententes dont il parle sont NL Chem, Tioxide,
Tembec. Bientôt, QIT va signer. Mais ce ne sont pas là des
ententes ordinaires. Ce sont les deux compagnies les plus polluantes sur tout
le Saint-Laurent, depuis la frontière de l'Ontario jusqu'au golfe.
Depuis la venue du ministère, dont le député de
l'Opposition se targue tellement, le ministère de l'Environnement et le
ministre avait négocié avec ces compagnies, et ces compagnies
avaient envoyé les deux ministres, MM. Ouellette et Léger,
paître. C'est nous qui avons dû négocier ferme avec elles.
C'est nous qui avons signé ces ententes avec NL Chem et Tioxide. Je
crois que c'est un grand pas en avant qui a été signalé
par tous les journalistes, tous les éditoriaux, comme une grande
première au Québec. Parce que, pour la première fais dans
ce genre d'industrie, la bioxyde de titane, nous sommes en avance sur l'Europe,
nous sommes en avance sur les États-Unis. Ce programme que nous avons
signé va permettre la recherche sur le recyclage des acides forts, ce
qui va faire en sorte qu'au lieu que ces
acides forts soient neutralisés et produisent des montagnes de
gypse, comme c'est te cas aux États-Unis, comme c'est le cas ailleurs
où cette politique de neutralisation est utilisée, on
évitera cela. Ces acides seront recyclés par le système de
l'usine; des milliers de tonnes d'acide qui sont déversées dans
le Saint-Laurent par ces industries pourront être maintenant
recyclées dans les entreprises. De plus, ce projet pilote va devenir une
première pour l'exportation au Québec. On pourra exporter ce
projet ailleurs.
Bientôt, nous allons signer une entente - je sais que le
député dit, bientôt, mais j'ai des lettres dans mon dossier
à cet effet -avec deux grosses entreprises parmi les cinq plus
polluantes du Saint-Laurent au Québec. À la suite du rapport
Oagenais, on a mis en place notre programme industriel. On a formé des
équipes de travail qui s'occupent de l'assainissement industriel, qui se
penchent sur toute la question de la recherche sur l'assainissement industriel.
Nous avons des projets de recherche qui se font, aujourd'hui, sur les
métaux lourds qui représentent 41 % de toute la pollution
industrielle au Québec. Cette recherche permettra, encore une fois, le
recyclage des métaux lourds au sein des industries. Au ministère,
nous avons commencé une banque de données sur les influents
industriels pour qu'au lieu de trouver des méthodes de neutralisation
onéreuses, les mêmes déchets industriels qui sont
rejetés par une industrie puissent servir à une autre dans ses
procédés. Nous allons ouvrir une banque d'influents industriels.
Nous avons déjà mis en place un système d'ordinateurs par
lequel il y aura échange de données entre les industries en ce
qui a trait à leurs déchets industriels.
Le domaine de l'assainissement industriel est celui où nous
faisons le plus grand progrès au Québec, par rapport à ce
qui a été fait avant, on était au point mort. Notre
sous-ministre rencontre une industrie différente chaque mois.
Le Président (M. Kehoe): Un instant: II vous reste dix
minutes pour conclure, dix secondes.
M. Lincoln: J'ai rencontré moi-même toutes (es
grandes associations industrielles et je peux vous dire, M. le
député, que nous avons fait des pas en avant, des pas de
géant comparés aux pas de tortue que vous aviez faits, alors que
des gens comme NL Chem et Tioxide se moquaient de vous et refusaient de se
mettre au pas.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre.
Maintenant, la parole est à un député de la partie
ministérielle, Mme la députée de Dorion.
Mme Violette Trépanier
Mme Trépanier: M. le Président, après un an
et quatre mois d'administration libérale, nous avons l'occasion ce
matin, au cours de l'interpellation sur la politique de notre gouvernement en
matière d'environnement, de faire le bilan de cette administration.
Lorsqu'on parle d'assainissement, M. le Président, on parle d'une
politique de nettoyage et de protection de l'environnement qui nous permettra
de léguer aux générations futures de l'eau propre, un air
sain et un paysage naturel.
On sait que les produits toxiques de notre société moderne
dite civilisée peuvent tuer. Tous connaissent Tchernobyl et Bhopal.
Cependant, j'aimerais souligner ce matin que si 2500 Indiens sont morts
à Bhopal, presque le triple de ce nombre meurt, ici, au Québec et
ce, chaque année, d'un fléau qui, à toutes fins utiles, a
été ignoré pendant neuf ans sous l'administration du Parti
québécois.
En 1982, M. le Président, soit en plein milieu du règne du
Parti québécois, les statistiques démontrent qu'environ
7400 personnes sont mortes à cause du tabagisme. Qu'a fait le ministre
de l'Environnement de l'époque? De beaux discours, des articles dans tes
journaux, des études, bref, strictement rien de concret. Depuis le 2
décembre 1985, le critique de l'Opposition ne cesse de dire que notre
gouvernement ne bouge pas, qu'il tergiverse, qu'il est faiblard, pour utiliser
une expression du député de Terrebonne.
M. ie Président, rien ne pourrait être plus loin de la
vérité dans le dossier sur le tabac. En déposant à
l'Assemblée nationale, l'hiver dernier, le projet de toi 84, Loi sur ta
protection des non-fumeurs dans certains lieux publics, le ministre de
l'Environnement a lancé un signal clair en ce sens que, pour nous au
Parti libéral, l'environnement est pris au sérieux et qu'il n'est
pas question de se laisser dompter par les grosses multinationales qui polluent
notre environnement. En adoptant le projet de loi 84, nous avons fait ce que
l'Opposition n'a jamais osé faire. Nous nous sommes tenus debout et nous
avons adopté ta première loi du genre au Canada entier dans le
but de réduire te nombre de ces 7400 cas de décès annuels
causés par te tabagisme. Voilà une volonté d'agir, toute
nouvelle d'ailleurs, puisqu'il ne s'est rien fait durant tes neuf
dernières années et ce, malgré les avis du conseil
consultatif et les belles paroles des ministres précédents. (11
heures)
Notre gouvernement a su, par la loi sur la protection des non-fumeurs,
établir un consensus social concernant l'utilisation du tabac. Sauf de
rares exceptions, cette loi est appliquée, respectée et
même applaudie. Pourquoi, M. le Président? Parce que cette
loi donne des droits aux non-fumeurs et, en même temps, elle
respecte la volonté de ceux qui désirent fumer, également
parce que le ministre de l'Environnement a sans cesse répéter que
cette loi se voulait plus incitative que coercitive et, enfin, parce que nous
avons consulté et écouté le public de sorte
qu'effectivement, nous avons traduit une volonté sociale en une mesure
législative respectée de tous. Voilà un autre
élément de la politique libérale. Nous
légiférons en fonction des désirs de la population et en
consultation avec elle.
Que dire des gens qui croient que la loi 84 est une loi bidon?
J'aimerais vous livrer quelques chiffres, lesquels se veulent très
éloquents en ce qui a trait au nombre d'endroits et de lieux au
Québec directement touchés par cette loi: 1500 lieux dans les
organismes gouvernementaux sont touchés, 600 dans les
sociétés d'État, 3530 dans les écoles,
cégeps et universités, 839 dans les établissements de
santé et de services sociaux, 1500 dans les municipalités, 1500
et plus dans les transports publics, 8750 autres dans des lieux divers. Le
tout, pour un total de 18 219 lieux directement visés au Québec.
Voilà un pas énorme pour réduire ce fléau qu'est le
tabagisme. Voilà un pas énorme accompli dans le respect de tous.
Voilà un pas qui permet au Québec d'assumer son leadership
à travers le Canada et qui démontre notre volonté d'agir
pour nettoyer notre environnement. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Merci, Mme la
députée. Je cède maintenant la parole à un
député péquiste, soit au député de
Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci, M. le Président. Nous reviendrons
tantôt au bilan très prodigieux de législation depuis
quatorze mois en environnement. Je tiens à dire que, de la façon
dont on entend les intervenants de l'autre côté - qui a bien fait
son possible, je l'en félicite - on jurerait que ces personnes sont
contre la presse, parce que reprocher à l'ancien gouvernement d'avoir
publié des articles dans les journaux, tout de même... Pensez-vous
que, actuellement, votre ministre est contre les articles dans les journaux?
J'ai bien l'impression que non, surtout pas hier.
Parlons de la politique des rives, Berges neuves. La politique des rives
est un énoncé qui a été fait en juin 1986. On
cherche des énoncés politiques pour voir la philosophie de la
qualité de la vie; cette philosophie au cette politique qui est
annoncée, c'est un "flop" total, monumental. Deuxièmement, quant
au programme Berges neuves aussi, il y a un non-respect des
municipalités et des engagements précédents.
Parlons de la politique. Le ministre de l'Environnement rendait publique
en juin 1986 une politique de protection des milieux riverains qui
établissaient, selon les milieux concernés, des bandes de
protection, variant entre 3 et 30 mètres de long, des lacs et des cours
d'eau. Eh bien, le ministre a été et est toujours la silencieuse
et docile victime d'une guerre de juridiction ministérielle. De
là, le mot - entre guillemets - énoncé par la
députée de Dorion, "faiblard".
Premièrement, le ministre délégué aux
Forêts a préparé un Guide de modalités
d'intervention en milieu forestier. Deuxièmement, le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche est à préparer une loi
sur la protection des habitats. Troisièmement, le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation entend instituer ses
propres règles en matière de protection des rives en milieu
agricole. Quatrièmement, les MRC, par la loi 125, sont en train de
terminer la préparation d'un schéma d'aménagement
définissant les modes d'utilisation sur le territoire, sans se soucier
des désirs du ministre de l'Environnement. Devant ce fractionnement des
pouvoirs, il semble que le ministre ait abandonné ses
prérogatives environnementales sur l'ensemble du territoire
québécois. Dans ce domaine important, là non plus, on ne
sent pas la colonne vertébrale - j'allais dire verte et "drab" - c'est
plutôt une colonne verte et "drab" et non pas une colonne
vertébrale. îl faut que le tout se tienne. II y a effritement.
Bien sûr, côté début d'un mandat, chacun des
ministres qui vous entourent essaie de se mettre le nez pour avoir un peu plus
de couverture dans les journaux, comme on dit, mais la responsabilité de
l'environnement au Québec, et que je suis donc d'accord avec vous sur
cela, devrait être le vôtre.
Dans la deuxième section de Berges neuves, beaucoup de
municipalités avaient signé, avaient commencé les travaux
avant votre arrivée au pouvoir. Eh bien, vous avez décidé
de couper Berges neuves. C'est très important: 34 municipalités.
Il y avait des demandes de 324 000 $. Les travaux étaient
commencés à bien des endroits. Pour n'en nommer que
quelques-unes, de toutes petites villes: Tracy, Saint-Michel-des-Saints,
Léry, Laterrière, Saint-Anne-des-Monts, Magog, Vaudreuil,
Bedford, Dubuisson, Saint-Donat, Sainte-Agathe-des-Monts, Brébeuf,
Saint-Louis, Labelle, Sorel. Toutes des villes qui avaient des ententes de
faites, mais encore là, est-ce une philosophie de protection des rives
et des berges quand, dès l'arrivée, on coupe et pour justifier
une coupure draconnienne comme il a été fait, l'abolition de ce
plan, on arrive en juin et on dit qu'on établit une politique des rives?
Parce qu'on n'a pas de politique de berges et de rives, doit-on laisser
l'ensemble du cabinet
démantibuler cette politique, en prenant à qui mieux mieux
les responsabilités sur cela? Encore là, absence totale de
politique de protection des rives et des berges.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le
député. J'invite le ministre à répliquer, s'il vous
plaît!
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Merci, M. le Président. Je vais m'axer sur les
faits; c'est ce qui m'intéresse, les faits et les actions, et non pas
les grosses paroles. C'est la marque de commerce du Parti
québécois, du député de l'Opposition et de mes deux
prédécesseurs, je veux dire: beaucoup de paroles. Pour ce qui est
de Berges neuves, rapidement, c'est un programme qui a été
instauré par le ministère de l'Environnement, 168 000 000 $ qu'on
n'avait pas. II fallait assainir l'argent public au Québec. Il fallait
assainir les dépenses publiques. Je vais très
catégoriquement dire ici, comme je l'ai dit partout: On n'avait pas les
moyens de faire Berges neuves. C'était un programme de nettoyage. Ce
n'était pas un programme de protection des rives; c'était un
programme d'aménagement et de nettoyage. C'était beaucoup trop
cher pour les moyens que le gouvernement du Québec avait avant. Il y
avait beaucoup trop d'autres priorités. Ce qu'il fallait, c'était
de protéger les rives. Il ne fallait pas aller aménager les
rives.
Je veux vous dire, M. le député, que, contrairement
à ce que vous dites, on a respecté toutes les ententes
signées dans Berges neuves, excepté dans deux cas où deux
municipalités n'ont pas voulu se soumettre aux conditions de l'entente,
Saint-Luc en étant une, et j'oublie le nom de l'autre. Mais dans toutes
les autres municipalités qui avaient signé des ententes
formelles, le gouvernement les a respectées totalement. Pour le
programme Berges neuves, je voudrais vous montrer aussi la liste avant les
élections. C'est devenu un petit programme qui a aussi commencé
à s'en aller dans le décor pour produire des emplois ici et
là. On ne croit pas à ce genre de politique; Berges neuves
était vraiment un gadget politique. Nous voulons faire une protection de
conservation des rives. Pour vous qui parlez de la protection des rives c'est
sous le régime du Parti québécois qu'a eu lieu le saccage
des marées de Kamouraska, qu'a eu lieu le saccage d'une partie du lac
Saint-Pierre, que vous, comme politique, alliez détruire les rapides de
Lachine. Je me souviens être venu discuter une fois en interpellation
avec le ministre Léger pour lui dire: Implantez-vous dans cette affaire.
Ne laissez pas le ministère de l'Énergie et des Ressources et les
autres ministères prendre des décisions pour vous.
S'il y a eu des ministères faiblards, cela a été
ces deux ministères qui se faisaient écraser par le
ministère de l'Agriculture à tout coup, qui n'avaient pas le
courage de déposer une politique sur les pesticides, qui n'avaient pas
le courage de déposer une politique sur les rives. Je me souviens avoir
discuté avec l'ex-ministre Ouellette. Ce dernier a laissé le
monde municipal déposer, je pense, la loi 6. L'ex-ministre Marcoux a
déposé la loi 6 pour donner des pouvoirs à la
municipalité, sans qu'il y ait une politique environnementale sur les
rives, comme le recommande le Conseil consultatif de l'environnement depuis
1978 ou 1979.
M. le député, mercredi, au Conseil des ministres, il y a
eu une décision que je vais annoncer. C'est une décision ferme du
Conseil des ministres qui va déclarer, pour la première fois,
dans cette Loi sur la qualité de l'environnement, que le ministre de
l'Environnement est responsable de toute la politique des rives, du littoral et
des plaines inondables au Québec.
Vous, vous dites que c'est mauvais que le ministère de
l'Agriculture s'occupe d'une bande de protection de trois mètres. Trois
mètres, c'est beaucoup plus que zéro mètre. Tout ce que
faisait votre ministère de l'Agriculture, c'était de saccager
tous les marais comme il a fait à Kamouraska. Notre ministère de
l'Agriculture va mettre de l'argent dans Sol-Plus pour protéger la bande
riveraine dans le milieu agricole, et je m'en réjouis. Le ministre
délégué aux Forêts va faire la même chose dans
le milieu forestier et je m'en réjouis. Le ministère de
l'Environnement va s'occuper de toute la bande de villégiature et de la
bande urbaine, comme c'était le cas dans le projet du ministre de
l'Environnement sous votre gouvernement, règlement qui avait
été préparé par la Direction de
l'aménagement des lacs et cours d'eau, et on va le suivre.
Pour la première fois au Québec, nous avons maintenant une
politique intégrée de la protection des rives qui va être
sous l'éqide du ministre de l'Environnement. Vous pouvez jouer du
violon, parce que c'est vrai. Cela, vous ne l'avez jamais fait. Tout ce que
vous avez fait, c'était de faire des politiques en vue de faire des
projets hydroélectriques dans les rapides de Lachine, et vous venez me
dire que vous vouliez protéger les rives. Est-ce que vous avez
été voir les marais de Kamouraska pour me dire s'il en reste?
Est-ce que vous avez été voir ce que vous avez fait au !ac
Saint-Pierre? Est-ce que vous savez ce qui a été fait aux
îles de Mingan? Le fédéral a dû s'impliquer, acheter
parce que vous tergiversiez depuis des années.
Nous, nous allons protéger les rives au Québec. Cela va
être sous l'égide du ministre de l'Environnement. Il y aura un
amendement bientôt à la Loi sur la qualité de
l'environnement qui, j'espère, va être
adopté cet été. En plus, il y aura des ajustements
dans la loi 125 sur l'aménagement et l'urbanisme, pour déclarer
très clairement que c'est le ministre de l'Environnement qui va
être le responsable et que, pour la première fois au
Québec, après neuf années de tergiversation et
d'écrasement de ces deux ministres faiblards que vous aviez, par le
ministre de l'Agriculture, le ministre des Affaires municipales et le ministre
de l'Energie et des Ressources, l'environnement va se tenir debout au
Québec.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. C'est le
tour d'un député de la partie ministérielle. Mme la
députée de Mégantic-Compton.
Mme Madeleine Bélanger
Mme Bélanger: Merci, M. le Président. Le Parti
québécois a toujours prétendu être le parti
écologiste au Québec, le parti vert. De plus, ce parti a toujours
allégué que le Parti libéral n'avait aucune conscience
environnementale. Ce sont des paroles faciles, voire des affirmations
gratuites, et un dossier de l'actualité l'illustre bien.
Il est vrai qu'il est toujours plus facile de parler que d'agir. La
preuve est devant nous. Le député de Terrebonne a peut-être
la . parole facile, mais si on fait le bilan des réalisations de son
parti dans le dossier des pesticides, on est en mesure de réaliser que
ce dossier est vide.
Le 15 juillet 1980, le Conseil consultatif de l'environnement fait
parvenir au ministre un avis intitulé: Propositions d'un contrôle
des pesticides au Québec. Le ministre de l'époque le
reçoit, prononce de belles paroles et le dossier est
tabletté.
En avril 1982, nouvel avis du conseil, cette fois-ci intitulé:
Avis concernant le projet d'une nouvelle stratégie
fédérale contre les ravageurs. Que se passe-t-il? Rien!
Voilà qu'aujourd'hui le Québec se distingue par le fait
que nous sommes la seule province ou État en Amérique du Nord qui
n'a aucun contrôle sur les pesticides. Cette malencontreuse situation
découle du fait que l'ancien gouvernement en était un de grands
parleurs et de petits faiseurs.
Nous, au Parti libéral, avons aboli l'État-spectacle.
C'est peut-être moins excitant, mais au moins on aura bientôt, soit
40 ans après l'Ontario, une loi sur les pesticides, et dans ce domaine,
nous ne serons plus sur un pied d'égalité avec le tiers monde.
(11 h 15)
J'aimerais vous entretenir quelques instants de notre politique sur les
pesticides; politique qui, soit dit en passant, tient compte des avis du
conseil consultatif, ce même conseil, ignoré par l'ancienne
administration
Sur ce point, je pourrais citer textuellement l'avis du Conseil
consultatif de l'environnement, préparé en février
dernier, qui dît, à la page 3: "Aussi, le conseil est satisfait de
constater que l'actuel ministre de l'Environnement répond favorablement
à son premier avis." Le conseil remarque également que cet
avant-projet de loi contient l'ensemble des recommandations contenues dans son
avis de 1980. Cette situation nous laisse croire que le ministre de
l'Environnement a bien fait ses devoirs. La politique sur les pesticides que
nous proposons est axée sur l'éducation et c'est ce que le
conseil consultatif avait demandé.
Le conseil voulait qu'on instaure un système de classification,
c'est ce que nous faisons. Il insistait sur un meilleur programme de
connaissances et de recherche et sur le développement du milieu
intégré contre les parasites. Nous prenons cette recommandation
à coeur. Conscients du fait que 85 % des pesticides sont utilisés
en agriculture et dans le plus grand respect pour le monde agricole, nous
préparons, en consultation constante avec le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et l'Union des
producteurs agricoles, des politiques sur les pesticides en milieu agricole. Ce
secteur sera couvert par une réglementation spéciale qui tiendra
compte des particularités du monde agricole.
Dans le milieu urbain, la prolifération des compagnies
applicatrices de pesticides sur les pelouses nous amène à
regarder cette activité de très près. Aussi, ce secteur
sera un des premiers à être régi par un code de bonne
pratique dont les modalités font actuellement l'objet de
négociations entre les parties impliquées. Nous espérons
que ce code sera en vigueur l'été prochain.
En conclusion, M. le Président, il est important de noter deux
choses. Premièrement, le gouvernement agit là où l'ancien
gouvernement n'avait pas le courage d'agir. Deuxièmement, nous agissons
dans le plus grand respect de la démocratie. Nous avons pris
connaissance des recommandations du conseil consultatif. À l'automne
1986, nous avons tenu de vastes consultations privées et publiques.
Le Président (M. Kehoe): Merci, madame, votre temps est
malheureusement écoulé. Voulez-vous conclure?
Mme Bélanger: Je vais conclure en 30 secondes. À
l'automne de 1986, nous avons tenu de vastes consultations privées et
publiques, qui nous ont permis de rencontrer plusieurs centaines de personnes
représentant tous les secteurs touchés par les pesticides. Cet
hiver, nous avons invité plus de 50 organismes à déposer
un mémoire sur l'avant-projet de loi et à venir témoigner
en
commission parlementaire. Nous espérons donc déposer, ce
printemps, un projet de loi bonifié des recommandations qui nous ont
été faites. Enfin, la réglementation édictée
en vertu de la loi fera elle-même l'objet d'une consultation. Merci.
Le Président (M. Kehoe): Merci, madame. Je cède la
parole à un député de l'Opposition, le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci, M. le Président. J'ai
écouté avec une attention fébrile, j'étais tout
ouïe, j'avais le tympan comme un vibrateur en écoutant quelqu'un
que j'aimerais beaucoup appeler l'actuel ministre de l'Environnement, mais qui
s'est fait encore, et à plusieurs reprises depuis le tout début,
l'incantatrice des supposées erreurs du PQ.
Vous n'êtes pas l'incantatrice ou celte qui fait les inventaires
des supposées erreurs des gouvernements précédents. On est
ici pour savoir ce que vous - qui, j'espère, deviendrez bientôt
ministre de l'Environnement et prendrez votre rôle au sérieux
-avez fait et ce que vous voulez faire.
Ceux qui nous regardent et nous écoutent ne veulent pas que
continuellement une kyrielle de litanies très souvent inaudibles vienne
nous rappeler les supposées erreurs des gouvernements
précédents. Quand allez-vous réellement prendre le
pouvoir? Nous sommes ici pour vous demander, en tant que personne responsable
qui avez le pouvoir entre Ies mains, qu'est-ce que vous avez fait, qu'est-ce
que vous voulez faire et qu'est-ce que vous ferez? Quelles sont les politiques
qui sous-tendent vos actions et vos pensées? Un gouvernement doit avoir
des pensées. Un gouvernement, ça pense, ça ne fait pas que
dépenser. C'est ce qu'on est venu vous demander. Est-ce que vous
dépensez ou est-ce que vous pensez aussi? Là, je suis
fatigué! Cela fait six ou sept intervenants consécutifs qui
viennent nous rappeler, comme une kyrielle inaudible, les litanies des
supposées erreurs des gouvernements antérieurs.
Une simple remarque pour essayer de replacer les choses et qu'on
revienne au sérieux du sujet. On vous demande quelle est votre
philosophie. C'est ce qu'on est venu voir. Et enfin, à la fin, en
conclusion, si on n'en a pas perçu, si on n'en a pas vu ni entendu, on
tirera les conclusions qui s'imposent dans les circonstances.
Parlons d'un cas très particulier: la consultation publique et
démocratique. Il semblerait que - les journaux en parlent souvent,
beaucoup, avec connaissance de cause et avec des dossiers étoffés
- le ministre de l'Environnement muselle l'information et la participation
démocratique à la gestion de l'environnement. Pour couper court,
je vais vous donner cinq ou six cas. Premièrement, devant le BAPE,
lorsque le ministre invite le BAPE à intervenir dans un dossier comme
celui de la ligne de transport électrique Radisson-Nicolet-Des Cantons,
il se rend coupable de détournement de procédure constituant une
fraude à la loi en restreignant le mandat d'étude du bureau,
décision que le décret que je l'entends déjà
invoquer ne l'oblige nullement à prendre. Le décret ne dit pas
quel est le mandat du BAPE. Le décret dit: un corridor à suivre.
Il ne dit même pas l'emplacement de la ligne à l'intérieur
de ce corridor. Il peut même jouer à l'intérieur du
corridor parce qu'il est très large.
Deuxièmement, c'est le ministre de l'Énergie et des
Ressources qui se substitue au ministre de l'Environnement en déclarant,
le 12 janvier, que le projet d'une ligne sous-fluviale devra faire l'objet
d'autres audiences ne pouvant, selon lui, s'inscrire dans la consultation que
menait alors le BAPE. C'est à M. Lincoln et non à M. Ciaccia de
déterminer le mandat du BAPE.
Troisièmement, à la commission parlementaire qui
étudiait le plan de développement d'Hydro-Québec
dernièrement, le ministre de l'Énergie et des Ressources annonce
qu'un nouveau mécanisme sera conçu pour permettre aux citoyens de
s'exprimer sur la construction de lignes de transport. M. le ministre de
l'Environnement n'a pas sursauté. Créer une autre institution
parallèle pendant que la première - le BAPE - qui est celle qui a
la conscience du public, qui est bien connue, est laissée pour compte.
Pas de réaction.
Quatrièmement, dans le cas, des citoyens réclament avec le
fédéral... Aucun dossier fédéral n'est passé
au RAPE, autant les vois à basse altitude, les F-18 au Lac-Saint-Jean
que l'aéroport de Saint-Jean-sur-le-Riehelieu.
Ensuite: La Loi sur la qualité de l'environnement fait
l'objet...
Le Président (M. Kehoe): Pour conclure, il vous reste cinq
secondes.
M. Blais: Oui, je conclus dans 30 secondes, je vous remercie. La
Loi sur la qualité de l'environnement fait obligation au ministre
d'accorder à tout citoyen un examen public de tout projet à moins
que les motifs de sa requête ne soient frivoles. Le ministre retarde
indûment et volontairement. Le ministre Lincoln diminue chaque
année aussi les crédits du BAPE de 12,7 % et 5 % cette
année. Donc, six points qui montrent que la démocratie est
muselée, l'information et le sens de la gestion démocratique de
l'environnement semblent être brimés par le nouveau ministre de
l'Environnement.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le
député.
M. le ministre.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Comme je te disais tout à l'heure, le
crescendo arrive: les actes d'indignation, les grandes paroles, toutes des
paroles vides. Je vais revenir sur la question de la politique du
ministère très bientôt. J'y reviendrai quand j'aurai dix
minutes et, si j'avais plus de temps, j'aurais bien voulu en parler beaucoup
plus en profondeur. Quand je suis arrivé, je n'ai trouvé aucune
politique au ministère. Une politique est établie maintenant,
axée sur la conservation. Je vais en parler plus profondément
tout à l'heure, lors de mes dix minutes.
Pour ce qui est du BAPE, ii faut que le député de
l'Opposition ait un grand culot pour nous dire qu'on devrait prendre le
décret gouvernemental adopté par son gouvernement deux fois en
1985, basé sur des contrats de vente d'électricité ferme
aux Américains d'ici 1990. Je vais citer ce décret qu'il n'a pas
lu: En avril 1985, autoriser Hydro-Québec à réaliser
l'avant-projet, approuver l'axe retenu par HydroQuébec entre le poste
Radisson et un point situé au sud de Hervey-Jonction au croisement des
lignes 735 kV Jacques-Cartier-Duvernay. Où était son ministre de
l'Environnement? Pourquoi n'a-t-il pas refusé d'accepter cela? En juin
1985, le décret devant le Conseil des ministres et, là, il
confirme de façon tout à fait claire qu'il faudra retourner,
approuver l'action par Hydro-Québec du point situé exactement sur
le même axe.
C'est ce gouvernement-là qui s mis le BAPE dans le pétrin
parce qu'il y avait un contrat d'électricité ferme d'ici 1990, Le
Conseil des ministres a fait fi de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Le ministre de l'Environnement d'alors, M. Ouellette, n'a rien
fait. Il était au Conseil des ministres, lui. Comment se fait-il qu'il
n'ait pas défendu ce décret? Maintenant, vous venez nous dire que
nous, on devrait prendre les décrets qui ont été
adoptés par le gouvernement du Québec, basé sur un contrat
d'exportation ferme en 1990, et faire fi de tout cela, vous qui n'avez jamais
eu le courage de vos actes. Votre ministre de l'Environnement n'a jamais eu le
courage de parler fort au Conseil des ministres et de défendre des
politiques comme celle-là, et vous venez nous dire que c'est nous qui
devrions avoir changé les choses, comme on change toutes les choses,
pour vous qui étiez tellement coupables pendant une administration
où le ministre de l'Environnement n'a jamais pu rien faire pour se tenir
debout.
Ce qui est arrivé avec le BAPE, c'est que nous étions pris
avec deux décrets gouvernementaux qui nous forçaient d'être
dans un corridor, dans le sens d'un contrat d'exportation ferme avec les
Américains d'ici 1990. J'ai donné des instructions. J'ai
donné au BAPE, qui demandait aussi à HydroQuébec de
déposer toutes les études pour justifier un corridor alternatif,
le mandat d'examiner toute la question du tracé du corridor que le
gouvernement du Parti québécois avait adopté deux fois en
1985.
L'autonomie du BAPE n'est nullement en danger; bien au contraire.
Aussitôt que le rapport Gobeil a été situé, j'ai
été le premier à dire que le BAPE était
intouchable. J'ai des rapports des plus constants, des plus fréquents,
des plus cordiaux et des plus constructifs avec le président et les
membres du BAPE. Le travail du BAPE continue comme il a toujours
été; c'est un appareil autonome, indépendant, qui fait son
travail. Le rapport concernant la ligne 6 d'Hydro-Québec sera
déposé le 8 avril. Il sera rendu public presque
immédiatement. Tout le travail des organismes qui relèvent de la
Loi sur la qualité de l'environnement se fera de la façon la plus
autonome, la plus indépendante possible par rapport au gouvernement. Je
peux vous dire que ces questions de décrets formels du gouvernement qui
passent à travers les politiques de l'environnement, cela ne se fera pas
sans que moi, je dise quelque chose, ce que le ministre Ouellette n'a jamais eu
le courage de dire. Maintenant, le député vient me dire, vient
m'accuser d'être le fautif dans cette affaire.
Pour ce qui est de la politique d'accès à l'information
des citoyens, je peux vous dire que je rencontre les citoyens
fréquemment. Je rencontre les organismes environnementaux
fréquemment. Je rencontre le président de la Coalition des
mouvements environnementaux fréquemment et de façon tout à
fait constructive. On travaille avec eux. On travaille tant avec les mouvements
environnementaux et industriels, que tous les grands intervenants dans le
dossier de l'environnement. Il n'y a jamais eu autant de contacts entre le
ministère et les intervenants de la société, du monde
socio-économique au Québec et du monde environnemental. De notre
côté, on réalise que l'environnement, ce n'est pas
l'affaire d'un ministère. Un ministère de 1200 à 1300
personnes, et même 24 000 personnes, ce ne sera jamais assez. Il n'y aura
jamais assez d'argent pour faire le travail environnemental. Il faut travailler
avec les citoyens. II faut travailler avec les grands intervenants de la
société pour qu'ils jouent leur râle dans un mouvement
constructif et collectif.
Le Président (M. Kehoe): En conclusion, M. le
ministre.
M. Lincoln: En conclusion, je dirai au député
d'aller lire le décret et me dire comment nous avons failli dans ce cas.
Bien au contraire, nous avons défendu les prérogatives du BAPE
dans tous ses dossiers, et je continuerai à le faire bien mieux que
l'ont fait mes prédécesseurs.
Le Président (M. Kehoe): Nous allons donner la parole
à un député ministériel, le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Charles Messier
M. Messier: Merci, M. le Président. Je vous pose la
question suivante. Si vous trouvez longue la période de quatorze ans...
Vous me faites signe que oui. Je pose la question parce que, quatorze ans,
c'est le temps que cela a pris à la compagnie Tioxide pour polluer le
fleuve Saint-Laurent, alors que l'on étudiait le problème de
l'assainissement de ses affluents industriels et qu'on négociait une
entente. Je dis "négociait", M. le Président, mais la
réalité en est tout autrement car, en fait, le gouvernement du
Parti québécois en était arrivé à une
impasse si grave que c'est à peine si les parties se parlaient. Pendant
tout ce temps, la compagnie rejetait à chaque jour 200 tonnes d'acide
sulfurique dan3 le fleuve. Oui, j'ai bien dit, 200 tonnes d'acide par jour. Et
ce n'est pas tout. De plus, elle déversait quotidiennement treize tonnes
de fer, neuf tonnes de vanadium, d'aluminium, de titane et de magnésium
ainsi que 200 kilogrammes de métaux lourds et ce, par jour, pendant 14
ans. L'ancien ministre de l'Environnement ne faisait absolument rien. Le fleuve
Saint-Laurent, berceau de notre Québec, mourait. (11 h 30)
Or, le 2 décembre 1985, un vent nouveau, frais, a soufflé
à travers la province, et voilà que neuf mois plus tard, une
entente historique est conclue. La compagnie Tioxide accepta un programme de
dépollution. Par surcroît, en même temps, une autre
industrie aux abords du fleuve, la compagnie NL Chem, oeuvrant dans le
même domaine que Tioxide, rejetant les mêmes polluants au fleuve, a
signé elle aussi une entente semblable. Un pas de géant
était accompli vers le nettoyage des cours d'eau les plus
célèbres du Québec et du Canada entier, car les compagnies
nettoieront 85 % de leur pollution. En 1991, le gouvernement discutera avec ces
compagnies des résultats de ce travail et envisagera la
possibilité de nettoyer les derniers 15 %.
Ces deux ententes, M. le Président, symbolisent la volonté
la plus ferme du Parti libéral de faire de l'environnement une de nos
préoccupations principales. Fini le saccage de nos rivières et
lacs, fini la destruction de notre environnement. Non seulement ces ententes
démontrent une volonté ferme d'agir mais, de plus, elles mettent
en relief des différences fondamentales de notre politique
environnementale par rapport à celle de l'ancien gouvernement.
Le gouvernement libéral n'a pas eu peur de s'asseoir à la
même table pour discuter avec ces pollueurs. Notre gouvernement est
conscient qu'il faut se parler face à face pour en venir à
réaliser des choses. C'est en ouvrant un dialogue avec ces pollueurs,
tout en maintenant une volonté ferme et une préoccupation
environnementale, qu'en neuf mois, nous avons fait ce que le gouvernement
précédent n'avait pas été capable de faire en neuf
ans de pouvoir.
De plus, cette entente prévoit des dépenses d'environ 52
000 000 $ sans aucune subvention de l'État. Voilà un autre point
qui marque la différence entre ces deux gouvernements. Peut-on douter
que si l'ancien gouvernement avait eu à conclure une entente, il n'y
aurait pas eu d'argent de l'état impliqué? J'ai de sérieux
doutes.
M. le Président, le clou de cette entente est en fait que le
résultat de ces investissements privés ne sera pas seulement
l'assainissement du fleuve, mais aussi le développement d'une
technologie de recyclage des acides qui sera une première mondiale. Si,
pendant neuf ans, nous avons été à la remorque des autres,
nous serons maintenant à l'avant-garde partout au monde en ce qui a
trait à l'industrie du bioxyde de titane, oui, les premiers.
À travers le monde, les lois antipollution deviennent de plus en
plus sévères. À cause d'une technologie
développée chez nous, à la suite d'une entente
environnementale conclue par notre gouvernement, le ministre de l'Environnement
aura provoqué non seulement le nettoyage du Saint-Laurent mais aussi le
développement d'une technologie qui pourrait être exportée
à l'étranger par des Québécois et ce, en
créant des emplois et de la prospérité ici.
Par ces faits et gestes, nous pouvons conclure que, pour le gouvernement
libéral, l'environnement et l'économie ne sont pas incompatibles.
Par des exemples semblables, nous espérons démontrer aux
industries du Québec qu'il est dans l'intérêt de tous les
partenaires de notre société de nettoyer notre environnement. Ce
que nous avons amorcé avec Tioxide, NL Chem, nous l'appliquerons
également à QIT-Fer et Titane, à Expro, etc.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'on peut conclure?
M. Messier: Oui, M. le Président. Afin de redonner aux
Québécois un Saint-Laurent dont ils seront fiers, voilà
une politique environnementale saine axée sur la
prospérité et le bon sens.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le
député. Je cède la parole au député de
l'Opposition. M. le député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci, M. te Président. Je tiens à
répondre immédiatement au député de
Saint-Hyacinthe. Nous n'avions, nous, comme gouvernement, et je n'en ai pas
comme Opposition non plus, aucune objection à ce qu'il y ait une aide
gouvernementale pour la réparation de la pollution des eaux
industrielles et une aide aux compagnies. 11 peut y en avoir une.
D'ailleurs, le rapport Dagenais, qui semble être la bible de
l'autre côté, même si on ne s'en sert pas beaucoup,
recommande qu'il y ait une aide gouvernementale comme incitatif à la
dépollution. II y a deux compagnies avec lesquelles vous avez
signé; je vous ai félicités pour cela au début.
Mais il en reste 1275, et on ne m'a pas répondu à savoir si on
allait nommer des inspecteurs et des gens pour aller discuter avec elles, des
conciliateurs nouveaux. Il n'y en a pas. Il y en a juste quelques-uns. Eh bien!
Avec 1275, s'il n'y a pas d'incitatif, personne ne peut faire croire au peuple
québécois que toutes ces compagnies le feront bon gré mal
gré, à moins de faire un décret et une loi matraque avec
des amendes complètement loufoques dans certains cas. Ce n'est pas: Vive
notre beau Saint-Laurent, en signant avec deux compagnies. Pensez-vous que les
gens vont vous croire? Quand même! C'est beau d'avoir fait un
commencement. Pensez-vous que dans trois ou quatre ans, s'il n'y en a presque
pas qui ont signé, ces compagnies vont se mettre à regretter?
Cela va être un désincitatif aux autres compagnies pour signer.
Voyons donc! Il faut être réaliste dans la vie.
Revenons maintenant aux dérogations aux lois et aux
règlements par le nouveau ministre depuis le début de son mandat:
les études d'impact, les règlements sur les déchets
dangereux, les règlements sur la pollution, la tordeuse, les
épandages, les eaux de baignade. Le Québec a su se munir d'un
appareil législatif et réglementaire visant à gérer
l'environnement. Il a un appareil législatif pour surveiller
l'environnement et le gérer. Rien n'autorise, aujourd'hui, à ce
que ces outils ne soient pas appliqués faute de moyens ou de ressources
ou ne soient pas respectés, le laxisme des autorités
gouvernementales se révélant inacceptable. La dérogation
abonde toutefois, actuellement. La loi et les règlements sont devenus de
véritables passoires.
Premièrement, les études d'impact pour les promoteurs
fédéraux. Pour le champ de tir des F-18, ministère absent;
vol à basse altitude sur la Côte-Nord et au Nouveau-Québec,
ministère du Québec absent; aéroport de
Saint-Jean-sur-le-Richelieu, ministère de l'Environnement du
Québec absent. Pour la marina de l'île Saint-Hélène,
il y a un an et demi, la ville avait demandé l'autorisation. La ville a
procédé à 50 000 mètres de remplissage sans en
avoir reçu la permission du ministre de l'Environnement. Y a-t-il
poursuite? Qu'est-ce que le ministre va faire? Bien sûr, le responsable
de la ville dît que dans cette baie, ce n'est pas le fleuve, il n'a pas
de permission à demander. Vous l'avez lu comme moi. Vous l'avez entendu
comme moi. Comment se fait-il qu'il ait demandé une permission, d'une
part et que, d'autre part, il dise qu'il n'a pas à en demander
après l'avoir demandée. Il y a quelque chose de loufoque.
Laissée à l'abandon, ta machine pour gérer l'environnement
tourne seule, à vide, sans huile et sans surveillance.
Armagh, remplissaqe - tout dernièrement, j'ai posé une
question là-dessus en Chambre - où on a sur plus de 300
mètres fait du dragage. Ensuite, les ateliers de nettoyage. Il n'y a
aucun inspecteur. Vous savez, quand on ne fait pas respecter la qualité
de la vie et les lois qui sont votées par ce Parlement sous
prétexte qu'on n'a pas d'argent, c'est impossible, impensable,
inopérant. L'incinérateur Décom aussi, tordeuse,
I'épandage, le fénitrothion 65 % de contenant, un décret
â la sauvette, passé à la noirceur du "bunker" à un
moment où cela faisait l'affaire; la Loi sur les mines, les eaux de
baignade où on est obligé de se rétracter après,
etc.
En fait, en conclusion, les dérogations à la loi sont
nombreuses et il faut absolument que notre contexte de gérance de
l'environnement soit mieux respecté.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Terrebonne. M. le ministre.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, c'est malheureux. Dans cinq
minutes, il a fait une espèce de salade russe de toutes sortes de
choses. J'espère qu'il ne pense pas que dans cinq minutes, je puisse
répondre à tous les arguments qu'il a apportés en
vrac.
On pourrait raconter tout ce qui s'est passé au Québec
pendant quarante ans et dire: II y a toutes sortes de dérogations. On
n'a pas inventé toutes ces choses-là. Nous sommes arrivés
au pouvoir le 2 décembre 1985. S'il veut que je retire des dossiers tout
ce qu'il y a eu de dérogation à l'environnement de 1978 à
1985, je vais lui fournir un bouquin grand comme cela. C'est impossible pour
nous de suivre tout ce qui se passe dans l'environnement. Je suis sûr que
les gens qui nous écoutent aujourd'hui veulent qu'avec les ressources
financières que nous avons, nous puissions nous assurer de faire un
suivi, un travail consciencieux. Et c'est ce
que les gens demandent. Ils ne demandent pas que nous puissions
résoudre en une année tous les problèmes de
l'environnement qui nous ont été laissés; c'est
impossible. S'il fallait additionner tous les problèmes qui nous ont
été laissés, j'aurais besoin de beaucoup plus de cinq
minutes pour passer cela en revue.
Mais seulement pour vous montrer la démagogie du
député de... Il dit qu'on n'a pas été
présent dans le cas du champ de tir F-18. Cela, en passant, a
commencé bien avant que nous soyons élus. Le ministre des
Relations internationales a été sur place et il a
rencontré tous les intervenants. Il est en négociation maintenant
avec le gouvernement fédéral pour une commission mixte qui va
s'assurer de faire cela; tous les ministères du gouvernement qui sont
impliqués travaillent activement sur ce dossier. Il n'y a rien. II n'y a
eu aucune décision du gouvernement fédéral.
Pour ce qui est de l'aéroport de Saint-Jean, je soulignerais au
député que le gouvernement fédéral a
accepté, pour la première fois dans l'histoire du Québec,
un comité de travail qui se penche sur toute la question de la politique
d'audiences publiques et d'études d'impact par rapport aux projets
fédéraux sur le territoire du Québec. Cela n'a jamais
été fait auparavant au Québec. C'est la première
fois que le ministre de l'Environnement accepte de faire une telle commission
qui siège aujourd'hui.
Je vais lire une lettre au député pour lui en boucher un
coin. Il dit tellement de choses folichonnes en cinq minutes qu'on ne peut pas
répondre à toutes. Mais je vais répondre à une
seule chose pour montrer qu'il n'est pas crédible, qu'il raconte toutes
sortes de choses qui n'ont aucune substance. Je vais lire une lettre du Bureau
fédéral d'examen des évaluations environnementales par
rapport à l'aéroport de Saint-Jean: "Comme vous, nous avons
été surpris des récents articles dans Le Devoir
concernant ce projet. Depuis, nous avons obtenu l'assurance de Transports
Canada - c'est une lettre du 19 mars 1987 - qu'aucune décision ne serait
prise concernant l'avenir du projet et son évaluation environnementale
sans que nous en soyons informés au préalable. De plus, je puis
vous assurer que le dossier de Saint-Jean est présentement
discuté au plus haut niveau à Transports Canada et j'ai bon
espoir que d'ici quelques jours, des éléments nouveaux
éclaireront notre recherche d'une solution acceptable." Donc, aucune
décision ne sera prise sans que nous soyons impliqués. Il y a un
comité de travail qui, comme je l'ai dit, pour la première fois,
s'occupe de toute la question des impacts environnementaux et des projets
fédéraux au Québec, ce qui ne s'est jamais produit
avant.
Pour ce qui est de la rivière Armagh, l'autre jour, le
député m'a questionné en
Chambre et j'ai bien expliqué qu'aussitôt qu'on a appris
qu'il y avait eu une infraction, le ministère a envoyé une mise
en demeure à la municipalité et aux autorités
concernées à la MRC. On suit ce dossier avec la plus grande
vigueur. On a dit qu'on allait entreprendre dès poursuites contre les
fautifs, mais au moins, il faut avoir des preuves. Que voulait-il qu'on fasse?
Qu'on sache à l'avance que quelqu'un a fait du dragage au-delà de
la loi. Est-ce qu'on aurait pu deviner cela? Est-ce qu'on fait une surveillance
de tout le territoire du Québec avant que les choses n'arrivent? Il faut
être raisonnable. On ne peut pas savoir, nous, avant que cela se passe,
ce qui va arriver. Mais, dans la mesure du possible, dans la mesure de nos
moyens, nous prenons des actions aussitôt que quelque chose arrive. Dans
le cas de la marina de l'île Sainte-Hélène, nous avons agi
tout de suite. Aussitôt que l'information m'a été
donnée, j'ai été les rencontrer. J'ai
téléphoné à M. Fainstat, le président du
comité exécutif de Montréal, et j'ai fait stopper les
travaux tout de suite. J'ai rencontré les gens de la marina de
l'île Sainte-Hélène, je leur ai dit que le ministère
s'opposerait farouchement à toute construction additionnelle, et ces
remblais ont stoppé tout de suite.
Nous ne pouvons faire quelque chose que lorsqu'on est avisé. Le
député voudrait qu'on ait des inspecteurs. D'accord, moi,
j'aurais voulu plus d'inspecteurs. On a plus d'inspecteurs maintenant qu'on en
avait avant. M. Gilles Masse est en train d'entraîner des inspecteurs; et
pour tout cela, il faut les ressources humaines, les ressources
financières. Combien d'inspecteurs y avait-il quand vous étiez au
pouvoir? Combien de choses avez-vous stoppées par les inspecteurs? On a
au moins plus d'inspecteurs que vous en aviez, c'est déjà un
départ.
Le Président (M. Kehoe): Pour conclure en cinq secondes,
M. le ministre.
M. Lincoln: Cinq minutes?
Le Président (M. Kehoe): Cinq secondes.
M. Lincoln: Ah! en cinq secondes, tout ce que je vais dire, c'est
que si les députés apportent toutes sortes de choses en vrac en
cinq minutes, c'est sûr que je ne pourrai pas leur répondre en
détail. S'ils veulent prendre une de ces questions, je les mets au
défi de prendre une de ces questions afin que je puisse leur
répondre en profondeur. Posez-moi des questions à fond sur une de
ces questions et je vous répondrai. Ne prenez pas 20 sujets à la
fois, espérant que je vais pouvoir répondre à 20 sujets en
cinq minutes. Mais si vous prenez une question, je vais vous
répondre.
(11 h 45)
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Je passe
la parole à un député de la partie ministérielle,
le député de Lotbinière.
M. Lewis Camden
M. Camden: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
prendre la parole dans le cadre de cette interpellation sur les politiques
environnementales.
M. le Président, il nous a été permis à
plusieurs reprises d'entendre dans cette Chambre le député de
Terrebonne qualifier le député de Nelligan, de ministre du
"bientôt". Eh! bien, je peux vous dire aujourd'hui que le ministre assume
avec détermination son rôle, qu'il a déjà pris avec
une sérieuse avance sur ses prédécesseurs. II effectue son
travail à un rythme de croisière qui étourdit à
l'occasion le critique de l'environnement, et qui doit le laisser bouche
bée plus souvent qu'il tente de le laisser croire.
Le 6 février 1985, le gouvernement péquiste a
adopté te règlement qui modifiait te règlement sur la
qualité de l'atmosphère pour combattre les précipitations
acides. Après l'adoption, le ministre de l'Environnement du temps n'a
rien fait de concret pour assurer que les objectifs de réduction de 50 %
des émanations de la fonderie Noranda soient atteints d'ici 1990. C'est
fort louable, M. le Président, d'adopter une réglementation pour
réduire les émissions, mais il faut assurer l'application de
cette réglementation.
L'ancien gouvernement, parlait fort pour ne rien faire. Il a
laissé sur les tablettes la question d'application de cette
réglementation. Nous avons dû attendre l'arrivée du
député de Nelligan pour prendre en main ce dossier. Le ministre
assume ses responsabilités avec la volonté qu'on lui
connaît. Il faut dire qu'il a fallu un changement de gouvernement pour en
arriver à obliger un grand pollueur industriel comme la fonderie Noranda
à s'asseoir à la table des négociations, et le convaincre
de réduire ses émanations d'anhydride sulfureux. Les
négociations ont été longues et ardues. Il y a eu plus de
30 réunions et le ministre a consacré quelque 200 heures pour
arriver à une entente de financement tripartite pour exiger du temps,
mais on a abouti à des résultats concrets et significatifs.
M. le Président, le 20 mars, les gouvernements du Canada et du
Québec et la compagnie Noranda Inc., ont signé une entente
tripartite qui établit les modalités de financement qui
assureront la réalisation d'un projet permettant à la fonderie de
cuivre de Rouyn-Noranda de réduire de 50 % à compter de 1990, le
niveau de ses émissions d'anhydride sulfureux.
Cette entente conclue par te gouvernement fédéral et le
gouvernement libéral fait en sorte que le Québec est la
première province à avoir obtenu des sommes significatives du
gouvernement fédéral pour combattre les pluies acides. Le
porte-parole de l'Opposition nous a accusés d'avoir une production
environnementale pas très rose. Nous, de la formation
ministérielle en cette Chambre, considérons que des ententes
comme celle de la Noranda démontrent notre détermination de faire
ce que le Parti québécois n'a jamais pu faire.
Le ministre, lorsqu'il était dans l'Opposition, disait du Parti
québécois qu'il était un parti non grata pour aller
chercher à Ottawa la juste part qui lui revenait. Le porte-parole de
l'Opposition a dit la même chose du ministre.
M. le Président, on ne peut qualifier le député de
Nelligan de personne non grata au fédéral comme ses
prédécesseurs ministres péquistes, puisqu'il a
déjà réussi, après seulement un an, à
obtenir quelque 41 600 000 $ pour ce projet, soit la construction de l'usine
d'acide sutfurique à Noranda.
Les coûts d'investissement de la nouvelle usine estimés
à 125 000 000 % seront partagés en parts égales, par
chacun des deux ordres de gouvernement et par la compagnie.
La contribution des deux gouvernements permettra le maintien dans la
région d'environ 6000 emplois reliés directement ou indirectement
aux opérations de la fonderie. Les travaux de construction devraient, en
période de pointe, créer 265 personnes-années de travail
sur une période de trois ans.
Une fois en exploitation, l'usine et ses services auxiliaires fourniront
directement ou indirectement de l'emploi permanent à 55 personnes. Le
projet, et je termine là-dessus, M. le Président, que
s'apprête à réaliser Noranda Inc., est d'une importance
capitale pour la protection de l'environnement dans l'Est du Canada.
La nouvelle usine d'acide sulfurique sera conçue pour
éliminer 96 % de l'anhydride sulfureux contenu dans les gaz de
production provenant du réacteur de la fonderie.
Par ce projet, le gouvernement libéral démontre sa
volonté de mettre en oeuvre un programme de lutte contre les pluies
acides. II démontre aussi qu'il est possible d'assurer la protection de
l'environnement sans porter atteinte au développement économique
et vice versa. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Lotbinière. Maintenant je cède la parole au
député péquiste de Terrebonne.
M. Blais: Avant de commencer mon intervention, j'ai une question
de règlement. Est-ce qu'on peut demander au ministre de déposer
la lettre du bureau de l'évaluation fédérale de
l'aéroport de Saint-Jean pour en
avoir une copie?
Le Président (M. Kehoe): S'il juge à propos, il a
le loisir de décider s'il...
M. Blais: C'est ce que je demande.
Le Président (M. Kehoe): ...la déposer ou non.
M. Lincoln: Je la déposerai en Chambre en temps et
lieu.
M. Blais: Est-ce que je peux poser une question? En temps et
lieu, c'est quand?
M. Lincoln: Quand je le jugerai à propos. La lettre est
là.
M. Blais: Quand vous le jugerez à propos, c'est quand?
M. Lincoln: Je vais vous le faire savoir quand je le jugerai
à propos.
M. Blais: Vous allez le savoir quand?
M. Lincoln: Je vais vous le faire savoir en temps et lieu.
Le Président (M. Kehoe): Cela ne se discute pas durant
cette procédure, M. le député.
M. Yves Blais
M. Blais: Oui, mais une question de règlement, cela se
demande. Vous êtes gentil.
Je me suis rendu compte encore que M. le ministre de l'Environnement me
donnait certains qualificatifs comme folichon. Tantôt, j'ai donné
plusieurs exemples de dérogation; ce sont des exemples. C'était
pour étayer un principe selon lequel il y avait beaucoup de
dérogations actuellement. Les exemples ne servaient que d'appui au
principe lui-même. Ce n'est pas folichon que de donner plusieurs exemples
comme je l'ai fait tantôt. Le principe de dérogation est une chose
inacceptable.
C'est sûr que, quand on est ministre, on est toujours responsable
de tout ce qui se passe concernant l'environnement. Il y a toujours des failles
et c'est humain. Mais ces failles qui existent, que ce soit les journalistess
qui les relèvent ou l'Opposition, ce n'est pas folichon. Avant la fin,
je trouverai peut-être des qualificatifs, moi aussi, si cela
continue.
Prenons un autre thème comme le bilan législatif de quinze
mois de l'environnement. Que c'est squelettîquel Ah mon Dieu! On a
présenté le projet de loi 70, qui était là pour
brimer l'information, on le laisse au feuilleton, on ne le sort pas parce qu'il
y a trop de contestation. La Loi sur la protection des non-fumeurs dans
certains lieux publics est une loi par laquelle le ministre se départit
complètement de sa responsabilité d'une façon
générale, et l'avant-projet de loi sur les pesticides est, en
fait, une sorte de brouillon presque inacceptable dans son essence.
La loi 84 a des intentions très louables. Cependant, le ministre,
qui se départit presque complètement de ses
responsabilités en les refilant aux municipalités, ouvre la porte
à une multitude de règlements contradictoires au Québec
qui, dans beaucoup de cas, seront probablement inapplicables. On te sent
déjà dans les hôpitaux, et on le sent à beaucoup
d'endroits.
Ensuite, il y a la Loi sur les pesticides, qui a fait l'objet d'une
commission parlementaire. C'est incroyable, quand on regarde cet avant-projet
de loi: il protège plutôt les fabricants de pesticides. Rien dans
cette loi ne favorise ni directement, ni indirectement, ni
circonstanciellement, ni par quelques artifices qu'on puisse essayer de trouver
entre les lignes, une diminution de l'utilisation des pesticides. C'est un code
de sécurité direct pour les utilisateurs. Encore là, cela
ne touche qu'environ 10 % des utilisateurs, parce que les agriculteurs et les
sylviculteurs, qui utilisent 85 % de ces pesticides, en sont exclus. De plus,
on viendra exempter certains produits par règlement. Donc, outre les
agriculteurs, les sylviculteurs et ceux qui seront soustraits par les
règlements, il y en a à peu près 10 %; mais cela ne vise
pas une diminution pour la protection réelle de la qualité de la
vie, pour la sécurité physique de l'utilisateur, autant le
vendeur que le manipulateur. Mais on ne regarde pas les conséquences de
l'utilisation en aucune façon, ni la diminution du nombre de gallons ou
de tonnes de pesticides. C'est un projet de loi qui ne favorise aucunement la
recherche de remplacements. Il n'y a rien non plus dans la publicité
pour prévenir les gens que l'utilisation est énorme.
En gros, quelles sont les lois qu'on a présentées en
quinze mois? Une loi 70 que l'on dépose et qu'on retire après
s'être heurté à un mur de Berlin, la Loi sur la protection
des non-fumeurs dans certains lieux publics qui devient inapplicable sur te
territoire, et un avant-projet de loi sur les pesticides qui a valu
d'être décrié par à peu près tous ceux qui
sont venus. L'intention est louable et l'intention avouée, très
belle; mais l'intention réelle, elle est inexistante. Donc, des projets
de loi mal préparés, squelettiques, d'autant plus que le projet
de loi sur les pesticides était presque prêt à être
présenté quand vous êtes arrivés au pouvoir. Il
était sur les tablettes, presque prêt...
M, Lincoln: ...
M. Blais: Cependant, vous avez extirpé son essence qui
touchait l'utilisation et la modération dans l'utilisation. Donc, avant
de le priver de son essence, vous auriez dû le présenter comme il
était prévu au début.
Le Président (M. Kehoe): II vous reste six secondes, M. le
député.
M. Blais: Six secondes? Eh bien, c'est un squelette
législatif qui cherche, malgré sa situation physique, à
cacher encore des choses à la population. C'est le résumé
des lois actuelles.
Le Président (M. Kehoe): La réplique
de M. le ministre est de dix minutes.
Conclusions M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, je regrette d'avoir seulement
dix minutes parce que le député a dit des choses bien graves.
D'abord, il a dit qu'on cachait des choses à la population. Je vais
passer très brièvement sur le projet de loi sur les pesticides
parce que le temps va manquer. Ledit projet était justement sur les
tablettes et les fonctionnaires qui s'occupaient de la loi sur les pesticides
étaient aussi sur tes tablettes. Si vous allez leur parler, ils vous
diront pourquoi vous n'avez jamais eu le courage d'adopter un projet de loi sur
les pesticides. C'est parce que le ministre de l'Agriculture menait tout dans
votre gouvernement et il mène toujours tout dans votre formation
fracturée. C'est lui, justement, qui écrasait le ministre de
l'Environnement et qui disait: Pas de loi sur les pesticides! Et le projet de
loi et les fonctionnaires qui s'en occupaient étaient sur les tablettes,
monsieur. Je peux vous dire qu'on donnait de petites jobs dans le coin à
ces fonctionnaires justement pour que ce projet de loi ne soit jamais
adopté. Et vous avez le culot de nous dire que nous avons manqué
de courage et qu'on a une loi qui ne se tient pas debout? Au moins, c'est une
loi, c'est mieux que ce qu'on avait avant, qui était zéro.
C'était le seul gouvernement dans toute l'Amérique du Nord qui ne
pouvait même pas dire qu'il avait un projet de loi. Maintenant, nous
avons un projet de loi. Nous avons écouté les gens en commission
parlementaire et, en fait, ce n'est pas vrai que tous les gens ont dit que
cette loi ne se tenait pas debout. Si vous voulez aller revoir les
mémoires, vous verrez qu'au moins la moitié sinon plus a dit:
Oui, c'est un projet très valable mais il y a des choses à
corriger et nous les avons corrigées. Nous irons devant le Parlement et
s'il faut les corriger encore, on le fera.
Pour ce qui est de la lot sur le tabac, on vous a cité des
chiffres pour dire que ca ne s'applique pas. Il faut vraiment être
démagogue, il faut ne pas avoir visité les écoles au
Québec, il faut ne pas avoir visité l'Assemblée nationale
ici, les caucus des députés et les salles publiques pour dire que
cette loi-là ne tient pas debout. Au moins, on a eu le courage d'adopter
un projet de loi que vous n'avez jamais eu le courage d'adopter pendant que
vous étiez au pouvoir. M. Léger faisait de grands discours. Moi,
dans l'Opposition, je lui demandais: Qu'est-ce que vous allez faire? Vous avez
parlé d'une politique de l'environnement. Où était votre
politique de l'environnement? Je vais vous dire quelle politique de
l'environnement nous allons instaurer. C'est une politique qui sera
basée sur la conservation d'abord et sur la restauration et la
réparation en second lieu, au lieu de l'inverse qui se produit
aujourd'hui. Le ministère de l'Environnement ne sera plus l'intervenant
principal - on ne peut pas tout faire par l'entremise d'un ministère -
et les citoyens seront impliqués. Qu'est-ce que vous avez fait pour tes
citoyens? Allez demander aux gens de ta FAPEL ce que vous faisiez avec eux.
Allez demander aux gens des mouvements environnementaux ce qu'il arrive de
leurs subventions. Les inspecteurs municipaux, la FAPEL, vous coupiez les
subventions d'année en année. Pour la première fois
à notre ministère, nous avons donné un contrat à
des citoyens pour faire ce que le ministère faisait. Nous avons
économisé 75 000 $ dans le projet et, en plus, on a
impliqué beaucoup plus de citoyens qu'avant. On va passer d'abord par
les citoyens. On va passer par les associations. On va passer par les
groupements industriels parce qu'eux, doivent faire l'environnement avant le
ministère. Le ministère ne peut pas suffire à tout le
monde. On va s'occuper d'un environnement intégré,
intégré dans tout le ministère, intégré dans
toute la société. Nous allons le faire par la sensibilisation,
l'éducation dans les écoles. Pour la première fois, nous
commençons dans les écoles des programmes intensifs, en
collaboration avec le ministère de l'Agriculture et le ministère
de l'Éducation. Pour la première fais dans ce gouvernement,
aujourd'hui, le ministère te l'Environnement parle aux autres
ministères. Ça, c'est une politique. On a une politique par
laquelle on a des ententes avec le ministère de ta Santé et des
Services sociaux, avec le ministère de l'Agriculture, avec les
ministères connexes avec qui on travaille au lieu de travailler en
opposition, comme c'était le cas avant alors que le ministre de
l'Environnement en place se faisait toujours écraser. La politique que
nous allons accomplir, c'est une politique de conservation en nous servant de
tous les intervenants dans le milieu. Et ce sera un
grand pas en avant, je peux vous l'assurer. Cette politique, je vous le
dis, arrivera bientôt. On va la publier et vous pourrez la lire, lire
toutes ses pages. C'est quelque chose qu'on n'a jamais eu avant. Vous
dénigrez ce que nous avons fait. Vous dites qu'on cache des choses aux
citoyens, qu'on ne s'occupe pas de la réglementation et des lois.
Peut-être qu'il faudrait voir aussi ce qu'on a fait pendant un an. Dans
le domaine de l'assainissement des eaux, justement, le rapport Dagenais, c'est
une étape importante que vous, en neuf ans, n'avez jamais pensé
faire. Vous défonciez tous les budgets. Il n'y avait aucune politique de
gestion. Les budgets étaient défoncés de 300 %. Pour la
première fois, on a une politique d'assainissement des eaux au
Québec qui va se tenir debout. (12 heures)
Dans le domaine de l'assainissement de l'air, vous pouvez dire: Ah oui,
on avait commencé à négocier avec Noranda. Mais je peux
vous dire que j'ai négocié avec Noranda, à Québec,
à Toronto, à Noranda, partout, à Montréal,
continuellement, des appels téléphoniques, des
négociations difficiles. Au moins, j'ai fait quelque chose. Je suis
allé chercher de l'argent du fédéral. J'ai réussi.
Vous avez beau dire: Ah oui, c'était sûr; cela a été
près de réussir. Mais vous n'avez pas réussi. Si vous
voulez le savoir, demandez aux gens de Noranda, demandez aux gens du
fédéral comment cela a abouti. Vous vous moquez de la loi sur les
non-fumeurs. Tout le monde dit, incluant des chroniqueurs de bon aloi comme
Lysiane Gagnon, que la loi pour les non-fumeurs, c'est une bonne chose pour le
Québec. C'est la première loi du genre en Amérique du
Nord. C'est bien beau de trouver des failles et dire: Ah oui, vous auriez
dû inclure les municipalités. Allez demander aux
municipalités ce qu'elles pensent. Elles pensent que c'est une
très bonne loi.
Quant à l'assainissement des sols, on a fait des pas de
géant dans le contrôle des déchets dangereux au
Québec. Le groupe GERLED a été valorisé comme
jamais avant. Il y a maintenant 66 sites qui sont en état de
réparation au Québec. On travaille sur un grand nombre de sites,
300 sites, incluant 66 sites catégorisés. Il ne faut pas dire
qu'il n'y a rien qui se fait. On a valorisé ce travail comme jamais
avant. On a établi une politique de recyclage des sols contaminés
au Québec qui n'existait pas avant. Cela s'est fait durant notre mandat.
On a établi une politique de BPC qui a été publiée.
Ce n'est pas bientôt, cela a déjà été fait.
On avait un entrepôt qui devait être en place à Tracy.
Malheureusement, ce n'est pas arrivé mais cela va arriver dans une autre
ville. C'est sûr. On a une politique de dix ans de retrait des BPC au
Québec.
Et qu'est-ce que vous avez fait pendant que vous étiez là?
Je discutais avec M. Ouellette et surtout avec M. Léger. Il y avait deux
entrepôts au Québec qui étaient un scandale: À
Shawinigan-Sud et à Saint-Basile. Là, vous ne trahissiez pas la
population? Vous ne cachiez pas des choses? Il y avait des BPC parmi la
population, et c'est nous, le Parti libéral, qui avons appliqué
des règlements, et qui avons forcé le propriétaire
à restaurer ces sites de façon sécuritaire pour la
première fois depuis que nous sommes arrivés. C'est depuis neuf
ans que je me battais avec les deux intervenants.
On va instaurer une politique de conservation. On va instaurer pour la
première fois au Québec une politique intégrée de
la protection des rives dans tout le territoire québécois. Les
rives, le littoral, les plaines inondables, où cela n'a jamais
été fait. Cela a été passé au Conseil des
ministres mercredi. Oui, c'est cela. Je m'en réjouis. Je m'en
félicite. Bientôt, je vais l'annoncer. Oui, bientôt, mais la
politique est acceptée par le gouvernement du Québec.
On a une politique sur le recyclage des pneus. Qu'avez-vous fait pendant
des années à Saint-Amabie? Qu'avez-vous fait des montagnes de
pneus? C'est nous qui avons résolu ce problème. Qu'avez-vous fait
pour le recyclage de tous les déchets dans ta société? On
fait un travail immense dans le recyclage. Nous avons commencé un
programme de la Fondation 3R pour montrer le recyclage dans les écoles,
l'année dernière. Nous avons valorisé le programme de
Victoriaville pour le rendre un programme industriel. Nous travaillons avec la
Régie tntermunicipale de Montréal pour instaurer la collecte, le
tri, à Montréal, la collecte sélective, le système
de contrôle et de transformation des déchets. Il y a plus de
recherche qui se fait dans ce domaine que jamais avant au Québec.
Nous faisons aujourd'hui du travail systématique pour arriver a
la transformation des déchets. La transformation des déchets est
la meilleure utilisation des ressources naturelles. C'est cela que nous allons
faire. Nous allons continuer à travailler dans ce secteur parce que tout
notre travail va être axé sur la recherche. C'est pourquoi cette
année nous mettons 25 % de plus dans la recherche.
Si vous voulez connaître certains projets de recherche, je vous
cite, par exemple, la valorisation des boues d'usines d'épuration, un
projet qui est déjà instauré comme projet pilote qui va
réduire le débit de ces boues de 60 % et qui va réduire le
coût des usines d'épuration de 30 % en moyenne. Ce sont des choses
auxquelles on travaille.
Comme je vous l'avais dit, on travaille à un projet de recyclage
des métaux lourds qui représentent 41 % de la pollution
industrielle au Québec. Pour le recyclage de
ces métaux lourds, c'est là aussi un projet actif
maintenant, avec un projet pilote qui est presque en train de marcher. C'est
là où le ministère va mettre ses efforts, pas seulement en
donnant des petites subventions de recherche comme vous le faisiez, vous, pour
plaire à celui-ci et à celui-là. Ce n'est pas ce que l'on
va faire, on va faire de la recherche en impliquant le ministère, pour
les sommes d'argent concernées, comme on l'a fait dans le programme du
pressoir rotatif pour les boues d'usines d'épuration, avec le
gouvernement fédéral, avec le monde municipal, avec le monde
industriel, l'industrie privée et le ministère travaillant
ensemble. C'est la seule façon dont nous allons réussir. On a
établi un projet de recherche de valorisation des boues agricoles
à la Communauté urbaine de l'Outaouais maintenant. Là
aussi, c'est un projet conjoint de la Communauté urbaine de l'Outaouais,
du gouvernement fédéral, du gouvernement du Québec, des
municipalités et du monde industriel. Voilà ce que l'on va faire.
Je pourrais vous citer tous les projets de recherche qui sont maintenant en
action au ministère, plutôt que de dire que l'on ne fait rien au
ministère, qu'on est faiblard. Qui était plus faiblard que vos
ministres qui se laissaient attraper? Je vous ai déjà cité
les marées de Kamouraska, les rapides de Lachine et la loi 6, lademande de protection des rives, tous les rapports du conseil consultatif
qui sont restés sur les tablettes avec les pauvres fonctionnaires qui
n'étaient pas valorisés, parce que le ministère de
l'Agriculture ne voulait pas telle chose ou le ministère de
l'énergie ne voulait pas telle autre chose, et le ministère de
l'Environnement se faisait toujours battre.
Nous allons lancer le projet Saint-Laurent. Je travaille avec le
ministère fédéral et je vais gagner cette bataille, M. le
député. Le projet Saint-Laurent sera l'exemplification de la
politique du ministère, de la conservation de nos ressources naturelles,
conservation de Peau, du sol et de l'air. Une exemplification du projet
écologique au Québec, incluant les îles, incluant les
projets d'un fleuve et d'un parc que vous n'avez jamais voulu
reconnaître, que vous n'avez jamais voulu reconnaître pour une
affaire de politique avec le gouvernement fédéral. On va
travailler avec le gouvernement fédéral, avec le monde municipal,
avec les industries, avec les citoyens pour valoriser l'écologie au
Québec.
Le ministre de l'Environnement se tient debout comme jamais auparavant
et va de l'avant au lieu de rester sur les tablettes avec les
fonctionnaires.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Le mot de
la fin par l'appelant.
M. Blais: J'ai combien de minutes pour être
égal?
Le Président (M. Kehoe): Dix minutes 25. Le mot de la fin
par le député de Terrebonne, l'appelant.
M. Blais: Mon temps va commencer là?
Le Président (M. Kehoe): Oui.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci, M. le Président. Vous avez passé
quelques minutes de vos dix minutes vingt-cinq secondes à parler de
certaines de vos réalisations, je vous en félicite. Si vous aviez
fait cela pendant une heure, on aurait peut-être été mieux
renseignés, plutôt que de dire qu'on vous posait des questions
à la queue leu leu. Vous avez quand même été pendant
cette dernière conclusion très accusateur, un incsntateur des
choses qui n'ont pas été faites et le critique des anciens
gouvernements, en parlant cependant de quelques réalisations pour
lesquelles je vous félicite.
Je tiens à vous dire que votre ministère est un nain. Un
naîn est toujours grand sur les épaules d'un géant. Avec ce
qui a été fait avant, les quelques réalisations
lilliputiennes que vous avez faites semblent très grandes, si on les
regarde d'en haut; mais c'est à cause des réalisations qui ont
été faites avant. Donc, je le répète, un nain est
toujours grand sur les épaules d'un géant. J'aimerais que vous
arrêtiez d'être accusateur et incantateur de ce qui n'a pas
été fait, mais plutôt le vendeur des choses que vous avez
probablement faites.
Cependant, je tiens à dire que ce n'est pas la personne qui tient
le poste de ministre que je blâme, mais la faiblesse dans laquelle le
gouvernement la laisse oeuvrer. Le Conseil du trésor semble plutôt
fesse-mathieu et, quand on regarde la philosophie, cela fait un peu baudruche.
Cependant, la philosophie réelle, et non la philosophie avouée de
ce ministère nous fait penser cecit Premièrement, une orientation
de partisanerie devant le dollar et devant ceux qui en ont beaucoup, de sorte
que le profit plus gros et pollué à court terme est monnaie
courante. Malgré certaines signatures, vous pouvez être sûr
que la philosophie d'ensemble est celle qui va triompher et qui va donner du
négatif dans votre ministère.
L'enrichissement aux dépens de la nature, de l'air et de l'eau,
et surtout aux dépens des êtres vivants et des humains, ne peut
être qu'une conséquence de la philosophie qui sous-tend le
gouvernement en place, malgré quelques exceptions dont vous . pouvez
vous honorer et dont je vous félicite; mais à la longue, cela ne
peut faire autrement que de donner du négatif, par l'encouragement
à outrance du système de
l'exploitation non réfléchie des humains et de la nature,
des richesses naturelles, que cause par le fait même votre parti,
malgré quelques soubresauts sporadiques qui préparent quand
même un avenir meilleur. De cela, je vous féliciterai
toujours.
La philosophie qui le sous-tend va donner la mort des profits à
long terme des compagnies parce qu'un profit trop gros aujourd'hui
pollué donnera la mort d'un profit éventuel des grandes
compagnies. La faillite totale de la qualité de la vie en
découlera, la perte de la récréologie pour les humains qui
habitent la terre. Petit à petit, cette philosophie du protecteur du
dollar va amener la disparition de l'eau potable ou son acquisition à un
prix presque inabordable, la dégénérescence de nos
forêts, de la faune et de la flore et, en fait, il n'y aura plus de place
pour une vie normale si la philosophie qui sous-tend le parti au pouvoir ne
change pas. La désinformation, la faiblesse, l'irrespect des lois en
place et on s'en va vers une dérogation totale.
Je tiens à dire ceci: Le député qui a parlé
avant moi, a parlé des relations avec le fédéral et le
ministre a dit qu'il discutait avec le fédéral sur la
dépollution du fleuve. J'espère que vous allez réussir.
Cependant, M. le ministre, les propos qu'a tenus votre homologue, M. McMillan,
ne semblent pas tellement encourageants. Concernant l'assainissement des eaux,
il vous a répondu: Pa3 un souf Pas un soul Concernant la
dépollution du fleuve, il ne semblait pas très très avide
de signer des ententes non plus, malgré qu'il ait versé des
millions à la province voisine pour dépolluer son bout de fleuve.
Oui, je crois, malgré la signature de Noranda, qu'il faut qu'il y en
ait... s'il paie une partie du bien-être social et une partie des soins,
le fédéral, il y a encore de l'assurance-chômage au
Québec. Mais, de façon générale, les plans
canadiens, fussent-ils d'assainissement des eaux ou de protection de
l'environnement, sont basés sur la province maîtresse qui est
l'Ontario et quand l'Ontario semble avoir moins besoin, les plans tombent.
Ce n'est ni le Parti québécois, ni le Parti
libéral, ni quelque parti que ce soit qui est persona non grata à
Ottawa, c'est Québec qui est persona non grata à Ottawa et vous
en avez subi l'affront dernièrement en vous faisant dire: Pas un sou!
L'Ontario a fini son assainissement des eaux en 1979 à 83 % ou 85 %.
Dès que l'Ontario eut terminé, ils ont coupé le plan parce
que Québec commençait le sien. Que quelqu'un vienne faire croire
que ce n'est pas étudié pour que le Québec soit toujours
perdant dans cette Confédération! Jamais on ne me le fera
accroire. Québec et non le Parti libéral. Vous nous disiez que
c'était nous qui étions non grata à Ottawa. Vous nous le
disiez. Ah! mon Dieu, avec un petit sourire.
Vous avez le tour d'ailleurs, vous avez une figure un peu taquine. Vous
avez le ton un peu vibrant qui donne aux tympans un air d'hilarité.
Cependant, vous êtes au pouvoir maintenant et lorsque le ministre
McMillan du Canada vous dit: M. le ministre de l'Environnement du
Québec, vous êtes persona non grata vous aussi; pas un sou pour
vos municipalités. Et de dire: Allons-y; on le fera tout seul; on va
continuer tout seul.
Mais où est l'échiné des revendications que vous
aviez durant les campagnes électorales? Où est l'échine
que vous aviez quand vous étiez de ce côté-ci pour
revendiquer au nom du Québec? Comment se fait-il qu'une fois de l'autre
côté, dès qu'il s'agit du fédéral, vous
faites patte d'ours et patte de velours? Qu'est-ce qui se passe? Où
sont, dans vos entrailles, les revendications de la province à laquelle
vous appartenez? Nous avons droit à ce montant d'argent, nous aussi. 16
2/3 % de 6 000 000 000 $, comme ce que l'Ontario a reçu, cela fait
près de 900 000 000 $ pour le Québec. Est-ce qu'on a le devoir,
le droit ou le pouvoir de se passer de 900 000 000 $? Pas un mot! Pas un
traître mot!
Je tiens à vous dire, M. le ministre, que je ne laisserai pas
tomber ce dossier et il y aura des crédits et vous allez en entendre
parler, fut-ce en anglais si cela va mieux, dans toutes les langues du monde,
en latin, en grec, en français, dans toutes les langues.
M. Lincoln: Pas de racisme. Je comprends le français. Pas
de ces remarques-là, monsieur. Pas de ces remarques-là.
M. Blais: M. le Président, voulez-vous dire...
M. Lincoln: Je comprends très bien le français. Je
m'excuse.
M. Blais: Donnez-lui une valium ou demandez-lui de respecter mon
droit de parole.
Le Président (M. Kehoe): Oui, continuez.
M. Lincoln: Non, M. le Président. Je n'accepte pas de
telles remarques. Il n'a pas besoin de me parler en anglais. Je parle toujours
en français à l'Assemblée nationale. Je comprends toutes
les paroles du député. Je ne veux pas de ces
remarques-là.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre, M. le Président, je ne veux pas
dire qu'il ne parle pas anglais. Je sais qu'il le parle très bien.
Je veux dire que je parlerai la langue qu'il faut pour me faire
comprendre parce que, peut-être qu'à Ottawa, on ne comprendrait
pas beaucoup. C'est ce que je veux dire.
M. Lincoln: Ah bon. D'accord.
M. Blais: Vous savez que je n'ai aucun racisme en moi. J'aime
tout le monde même les adversaires qui sont en face, et je fais mon
devoir. Je crois que mon devoir d'élu en cette Assemblée
nationale, c'est de défendre les intérêts primaires de la
nation. Nous payons des taxes à ce gouvernement d'Ottawa et nous nous
devons par devoir d'aller chercher notre dû. Comme la grosse province
voisine a eu son dû, nous nous devons d'aller chercher le nôtre. Je
n'accepte pas que le ministre actuel démissionne avant de commencer la
bataille là-dessus. Nous avons demandé, à
différentes reprises, 10 % seulement. On a eu un refus
catégorique de la part d'Ottawa dans le dossier de l'assainissement des
eaux. Croyez-vous qu'il est de bon aloi et de bonne politique d'abandonner ce
dossier? Jamais. En gros, faillite dans les relations avec Ottawa, faillite
dans la dépollution, parce que trop axée sur le profit à
court terme. Je vous dis, M. le ministre, dans tous les projets positifs que
vous aurez, que je vous aiderai à les défendre et quand vous
obtiendrez une victoire, je vous en féliciterai. Mais il ne semble pas
que les victoires soient très nombreuses dans les années qui
viennent, parce que c'est complètement absent de philosophie qui
sous-tend la protection du peuple québécois.
M. le Président, je tiens à vous dire, en concluant, que
j'aurais bien aimé connaître un peu la philosophie qui sous-tend
la politique du ministère de l'Environnement, mais j'ai eu droit
à des incantations pendant deux heures. Je retiens qu'il n'y a pas de
politique sur l'environnement au Parti libéral. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Terrebonne. La commission, ayant rempli son mandat, je déclare les
travaux ajournés sine die.
(Fin de la séance à 12 h 17)