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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements se
réunit aux fins de procéder à l'interpellation de la
députée de Maisonneuve, adressée au ministre des
Transports, sur le sujet suivant: Le dossier de Quebecair.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a deux
remplacements. M. Rochefort (Gouin) sera remplacé par M. Parent
(Bertrand) et M. Vaillancourt (Orford) sera remplacé par M. Maltais
(Saguenay).
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
secrétaire.
J'aimerais rappeler dès ce moment-ci aux membres de la commission
les règles concernant l'interpellation de ce matin. La
députée qui a demandé l'avis d'interpellation intervient
la première pendant dix minutes. Le ministre interpellé
intervient ensuite pendant dix minutes. Il y a subséquemment alternance
dans les interventions; un député du groupe de l'Opposition, M.
le ministre, un député du groupe formant le gouvernement, un
député du groupe de l'Opposition, le ministre, etc., cela, pour
des interventions de cinq minutes. À la fin, il y aura une intervention
de dix minutes de ta part du ministre et une de Mme la députée de
l'Opposition pe dix minutes également.
Après ces remarques préliminaires, je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Maisonneuve.
Exposé du sujet Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je ne vous cacherai pas
que j'ai la forte impression que, lors de l'intervention qui va suivre
immédiatement la mienne, l'on assiste à ce que j'appelle
déjà une tentative de détournement de discussion. Vous
savez que les détournements d'avion sont fortement
réprimés dans le monde mais que les détournements de
discussion sont toujours tolérés dans les Parlements.
Je vous dirai de quel type et pourquoi un détournement de
discussion. Certainement pour faire oublier d'abord la mauvaise affaire qui a
été réalisée dans le cas du dossier de Quebecair.
Une mauvaise affaire, ce qui est encore pire, d'un gouvernement qui se
dît "d'affaires". Une mauvaise affaire pour les régions, une
mauvaise affaire pour les employés, une mauvaise affaire pour les
Québécois; une bonne affaire pour certains, comme nous pourrons
le constater, je pense, durant cette interpellation.
Sur quoi sera tenté ce détournement de discussion? Je
pense qu'il faut s'attendre évidemment que cela soit fait sur le dos de
l'ancien gouvernement et c'est sur lui que l'on fera porter la faute. Il faut
constater que, le 3 décembre dernier, le procès de Quebecair,
qui, incidemment, n'était pas une entreprise du gouvernement
précédent, parce que Quebecair appartient au patrimoine
québécois depuis plus de 40 ans, était fini avant
même d'être entrepris. La preuve, c'est que le 3 décembre
dernier, le procès était terminé avant même que les
livres soient ouverts. Au banc des accusés, qui retrouvait-on? Une
compagnie, Quebecair, jugée coupable de compromis en vue de conspirer
pour avoir vu grand. Le reproche qu'on a fait à Quebecair est celui de
considérer que la rentabilité peut aller de pair avec le
développement, de penser, comme dans le rapport Glenn,
spécialiste réputé, renommé dans le monde
aérien, que la rentabilité de Quebecair passait par le
développement de ses activités et de ses lignes. C'est la
principale accusation contre Quebecair, M. le Président.
Sans doute, le ministre des Transports va-t-il essayer ce matin de nous
confondre -peut-être l'est-il lui-même d'abord - comme il l'a fait
depuis huit mois et demi maintenant en citant des chiffres qui, incidemment
d'ailleurs, se gonflent au fur et à mesure que les mois et le temps
passent. Selon les propos du ministre lors de sa tournée, c'était
une perte de près de 1 000 000 $ par mois qu'encourait pour le
gouvernement le maintien du service de Quebecair. Le ministre parlait de 12 000
000 $: 1 000 000 $ par mois qu'il en coûtait au gouvernement pour
renflouer le déficit de Quebecair. II a été abondamment
cité, M. le Président, et je ne sais pas que jamais il se soit
rétracté d'après ce que les journaux lui faisaient
affirmer.
M. le Président, l'extrait des états financiers
vérifiés de Quebecair, que l'on retrouve d'ailleurs dans l'offre
d'achat qui a été rendue publique, nous démontre que
le
montant total de la subvention gouvernementale a été de 2
300 000 $ en 1985, c'est-à-dire l'équivalent de la perte liquide
réelle.
M. le Président, la formule de subvention gouvernementale
était basée sur des pertes liquides et non sur les pertes
financières qui comprenaient évidemment l'amortissement. Il faut
voir que les états financiers vérifiés nous indiquent bien
que l'amortissement était de 7 621 000 $ et que l'amortissement n'est
pas une perte. Le montant de la subvention gouvernementale basée sur la
perte liquide réelle a été de 2 300 000 $. On peut
toujours penser qu'il y avait une crise de liquidité lorsque le
gouvernement a décidé, en avril, de changer complètement
la direction de Quebecair, mais les états vérifiés et
intégrés à l'offre d'achat pour 1985 nous
démontrent une subvention gouvernementale de 2 300 000 $.
Toute personne avisée qui s'est intéressée au
dossier sait par ailleurs qu'il y avait un problème structurel
réel auquel il fallait faire face et que la bonne santé du
transport aérien au Québec passe, passait et passera par des
projets de fusion.
Alors, M. le Président, c'est une sorte d'amnésie qui a
atteint le ministre puisque jamais il n'a parlé de ce projet d'entente
qui avait été conclu en août 1982 entre le ministre des
Transports de l'Ontario, James Snow, et le ministre des Transports du
Québec de l'époque, Michel Clair, projet d'entente à
l'effet de fusionner 50-50 un nouveau transporteur pour ces deux provinces
majeures du Canada.
Je n'ai jamais entendu, c'est peut-être une question
d'amnésie, le ministre nous dire - sans doute l'a-t-il oublié -
que cette entente n'a jamais pu être conclue puisque le ministre
libéral, Jean-Luc Pépin, qui détenait le pouvoir de
contrôler le transport interprovincial, a refusé
d'entériner cette entente entre ces deux provinces majeures.
Le ministre sollicite et obtient présentement l'appui de
l'Opposition pour défendre les intérêts du Québec
à l'égard des dossiers qui sont actuellement discutés
à Ottawa; je pense, en particulier, aux projets de loi C-18 et C-19. Je
pense qu'on est en bon droit de demander: où était-il? Où
était son parti? Où était l'Opposition de l'époque?
Pourquoi est-ce qu'il n'a jamais appuyé tous ces efforts, toutes ces
démarches en vue d'une fusion avec Nordair, mais par Quebecair et en
faveur de Quebecair?
M. le Président, on a des exemples. Pensons à Pacific
Western, compagnie du même niveau qu'a été la compagnie
Quebecair et qui a été propriété du gouvernement de
l'Alberta, compagnie propriété d'un gouvernement provincial
à 100 % comme l'a été Quebecair et qui vient,
récemment, de se porter acquéreur de CP Air parce que Pacific
Western a été soutenue d'une façon intelligente par son
gouvernement.
Il faut constater le gâchis dans lequel nous sommes actuellement
dans le dossier de Quebecair. II faut bien comprendre la nature de la
transaction, la nature de l'offre d'achat qui a été retenue par
le gouvernement. Je vais vous inviter simplement à reprendre ce qu'on
retrouve dans le mémoire soumis au Conseil des ministres en date du 29
juillet 1986. Ce n'est pas une interprétation que je fais de la nature
de cette transaction. Ce sont là les analyses faites par le ministre,
signées par lui-même et son collègue à la
Privatisation, la partie d'ailleurs confidentielle du mémoire,
discutée au Conseil des ministres et qui expose l'offre des
employés. Je lis exactement ceci! "Les employés se proposent
d'acheter Quebecair et de garder la compagnie dans sa forme actuelle".
Que dit-on a propos de l'offre des actionnaires de Nordair Metro dans ce
mémoire à la page 3? L'offre prévoit l'achat de Quebecair
en totalité pour ensuite procéder à la vente
d'activités et d'actifs à des tiers. On les
énumère: CP Air, Lavalin et Nationair.
Quelle est la nature de cette transaction retenue? Quel est la nature du
choix fait par le gouvernement? Il est évident que, à la lecture
même du mémoire qu'a eu à discuter le Conseil des ministre,
il s'est agi d'un démantèlement. C'est fondamentalement ce qui
fait la différence entre les deux offres qui se sont
présentées sur la table de travail du gouvernement. Le prix
d'achat devient inacceptable dans la mesure où la transaction ne
maintenait pas les activités, les routes, les emplois, dans la mesure
où, disent les spécialistes, l'achat n'était pas fait en
"going concern", dans la mesure où il n'y avait pas reconduction des
activités, mais bien démantèlement, disposition d'actifs
et cessation d'activités. On va le constater malheureusement. C'est sans
doute là une des pires catastrophes: la perte présentement de
près de 400 emplois.
M. le Président, je pense profondément que c'est dans la
nature de la transaction que l'on retrouve les choix qui ont été
faits: Faire petit, rabattre le caquet à ceux qui ont pensé que
la rentabilité passait par le développement, disposer des actifs,
des routes, des lignes, disposer des contrats de nolisement en faveur de
compagnies, mais, évidemment, et on pourra malheureusement le constater,
c'est le transfert d'emplois qui n'a pas suivi.
J'aurai l'occasion, au cours de cette interpellation, de revenir sur
chacun des engagements que le gouvernement a pris à l'occasion de
l'acceptation de cette offre d'achat à l'égard des
réqions, à l'égard des francophones et à
l'égard des emplois, et de lui demander où en est rendu le
dossier
présentement. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Je cède maintenant la parole
à M. le ministre.
Réponse du ministre M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Effectivement, je pense que la demande de ce débat du
vendredi tenu un mardi nous permettra d'étudier un certain nombre de
points sur la situation, peut-être pas à la satisfaction de Mme la
députée de Maisonneuve, mais nous avons des choses à dire
et nous les dirons, peu importe si cela frustre certains intervenants de
l'Opposition.
Il faut constater, et la population du Québec le constate, que
Quebecair n'est plus à la charge financière du gouvernement
depuis le 31 juillet 1986. La décision politique - politique, je dis
bien - en 1981, avant même 1982, de nationaliser Quebecair aura
coûté aux contribuables du Québec plus de 80 000 000 $ en
l'espace de cinq ans. Qu'en est-il maintenant de la situation de Quebecair
privatisée, par rapport au 30 juillet 1986, alors que Quebecair
était une société d'État? Quel est le tableau
réel du service aux régions? Quelles options s'offraient à
Quebecair pour se sortir du marasme financier dans lequel elle était
plongée au 30 juillet dernier?
II y a eu en effet, M. le Président, des rendez-vous
manqués et un en particulier. La meilleure option de Quebecair a
été volontairement éliminée par une décision
politique de votre gouvernement. Vous me parlez aujourd'hui de 1982, moi, je
vous parle de 1981. Si le rendez-vous de 1981 n'avait pas été
manqué, nous n'aurions pas besoin de parler et vous n'auriez pas besoin
d'évoquer, pour justifier vos décisions passées,
l'expérience de 1982. Pour une question purement politique, qui n'avait
rien à voir avec les services aux régions ou l'emploi, le
gouvernement est intervenu et a fait manquer à Quebecair le rendez-vous
de la rentabilité et de la réussite commerciale. À
l'époque, plusieurs ont dénoncé cette décision
insensée, la fusion Nordair-Quebecair tant de fois recherchée
devenait donc impossible.
Aujourd'hui, tous le reconnaissent, ce rendez-vous a été
manqué en effet. Les gens de l'industrie, les éditorialistes et
encore tout récemment I'éminence grise de ce gouvernement pendant
neuf ans, Louis Bernard, qui la semaine dernière répondait
à une question de Pierre Pascau qui était la suivante: "Vous avez
assisté d'autre part à la nationalisation de Quebecair et
maintenant vous voyez Quebecair qui a été vendue en entreprise
privée. Quelle réflexion faites-vous là-dessus?" M. Louis
Bernard de répondre, et je cite: "Je pense que le gouvernement l'a
nationalisée au fond pour faire en sorte de développer chez nous
un transporteur de deuxième niveau, c'est-à-dire un transporteur
régional. Il aurait fallu absolument que Quebecair se fonde avec Nordair
pour faire une compagnie de plus d'envergure. Quand cette opération a
avorté parce qu'on n'a pas pu s'entendre avec Nordair, c'était
évident que Quebecair n'avait plus sa place, même dans un plan
gouvernemental. Alors il fallait, soit faire ce que le gouvernement a fait
-donc ce que nous avons fait - soit démanteler Quebecair, comme
deuxième option. On ne pouvait pas rester avec Quebecair, telle qu'elle
était, parce que le gouvernement n'a pas réussi."
Donc le qouvernement, c'est votre gouvernement. De 1981 à 1986,
le gouvernement a dû injecter plus de 80 000 000 $ dans Quebecair. Jamais
la compagnie n'a pu atteindre sa rentabilité et les chiffres sont
là pour le prouver. En 1986, le déficit mensuel estimé,
lequel sera précisé dans les prochains jours, se situait à
un minimum - je le répète - de 1 000 000 $ par mois. Des pertes
annuelles d'exploitation chroniques, toujours plus élevées que
les pertes pressenties au budget, et ce, malgré les ventes d'actifs qui
venaient diminuer ces pertes d'exploitation. Encore au 31 décembre 1985,
vente d'avion d'un boeing 737.
La gestion de Quebecair, M. le Président, était
lamentable. Les rapports de Vézina et de Raymond, Chabot, Martin,
Paré le prouvent hors de tout doute. Les opérations quotidiennes
de gestion faisaient preuve d'une incurie administrative. Ce laisser-aller ne
pouvait qu'augmenter les coûts de fonctionnement. Quant aux
décisions administratives qui définissaient les orientations de
la compagnie, les faits réels nous obligent à admettre le fiasco.
À ce sujet, votre interventionnisme politique n'a absolument pas
amélioré les choses. Notre position comme parti politique
était claire: Quebecair devait être rentable, Quebecair pourrait
être rentable, à condition de la placer dans une situation
favorable, à condition qu'elle s'attache à desservir les
régions du Québec, en faisant appel à de jeunes
entrepreneurs du monde québécois de l'aviation. Nous
étions contre l'idée de subventionner des voyages nolisés
dans le Sud. Tant mieux si une compagnie contrôlée par des
Québécois peut le faire de façon rentable, mais ce
n'était pas la vocation de Quebecair. Utiliser des Boeing 737, aux
trois-quarts vides, sur les vols des régions parce que le Boeing
était nécessaire aux voyages à l'extérieur du
Québec ne signifiait pas, pour nous, un choix logique.
Certes le voyageur des régions était à l'aise, il
avait de la place, mais il payait son billet d'avion deux fois. Une fois
à
l'embarquement et l'autre fois par ses taxes et impôts. Quant
à ceux très nombreux qui ne prenaient jamais ou très
rarement l'avion, ils payaient pour les autres. Un minimum de 1 000 000 $ de
déficit par mois en 1986.
Le consensus populaire qui nous a placés à la tête
du gouvernement en décembre 1985 nous commandait d'agir. Nous avons
été élus pour gérer de façon responsable,
pour raffermir l'économie et stimuler l'"entrepreneurship". Peu importe
le choix des moyens, il fallait redresser la situation chez Quebecair. Trois
choix s'offraient au gouvernement du Québec. Il a donc fallu du courage
politique pour prendre ces décisions. Il aurait été
très certainement politiquement plus facile de tergiverser, comme vous
l'avez fait, avec Quebecair, de remettre les solutions, de justifier les
déficits. Les contribuables continueraient de payer et notre
gouvernement n'aurait sûrement pas eu la marge de manoeuvre
nécessaire pour participer financièrement au projet
présenté par la population d'Abibiti-Témiscamingue, en fin
de semaine, au sommet économique ou pour répondre favorablement
à la papeterie de Matane.
Trois solutions s'offraient donc à nous: le statu quo qui, pour
nous, était inacceptable; la liquidation qui, tout en rapportant
beaucoup plus d'argent au gouvernement, privait les régions du service
de Quebecair et faisait perdre au-delà de 900 emplois et,
troisièmement, la privatisation de Quebecair et le retrait
définitif du gouvernement du Québec. Nous avons donc choisi la
troisième solution.
Nous avons décidé de vendre Quebecair en opération,
c'est-à-dire avec les appareils, le personnel, les cédules
d'opération, actifs et passifs, à des intérêts
privés.
Le 19 janvier 1986, lorsque M. Bourassa a annoncé la
privatisation de Quebecair, nous savions que tout ne serait pas rose et simple.
Nous étions conscients que cela créerait certains remous. Mais
nous avons décidé de faire confiance à
l'"entrepreneurship" québécois, à cette
génération d'hommes et de femmes aguerris au sens des affaires et
trop fiers pour se contenter de faux symboles. Nous avons décidé
de remettre Quebecair à des Québécois qui, soucieux de
réussir, sont à la base même de notre économie.
Nous avons pris nos reponsabilités politiques en fixant les
objectifs suivants: Maintien d'un service adéquat aux régions;
maintien d'une base opérationnelle et d'un centre de décision au
Québec; maintien du plus grand nombre d'emplois possible et obtention
d'un prix raisonnable. Par ailleurs, le gouvernement voulait se retirer
totalement de Quebecair tout en s'assurant de la vitalité à long
terme du transporteur. Cependant, nous étions conscients que la
configuration de l'entreprise devrait inévitablement se transformer; le
statu quo était impossible, comme vous l'avez dit d'ailleurs. (10 h
30)
Nous avons donc fait appel à des gens, à des proposeurs et
deux groupes se sont présentés dans le sprint final, soit le
groupe communément appelé le groupe Parent, et le groupe Nordair
Metro. Nous avons donc décidé de retenir le groupe Leblanc, de
Nordair Metro, et nous avons très fortement choisi, dans la mesure
où vous avez effectivement les données, sur la base que vous avez
reconnue.
Qu'en est-il maintenant?
Des modifications, il faut le dire, étaient inévitables.
Les acheteurs avaient, quant à eux, un plan de redressement. Des mois
difficiles et très difficiles pour la nouvelle compagnie. Remettre la
compagnie sur pied, payer les dettes, modifier la flotte d'avions,
réduire les coûts, travailler avec plusieurs employés
déçus dont certains étaient totalement
révoltés. Une campagne de dénigrement menée par un
groupe d'individus et, il faut le dire, appuyée par l'Opposition.
En terminant, il importe maintenant de faire le point en toute
objectivité et de voir quels sont les problèmes. Où en
sommes-nous rendus aujourd'hui par rapport à nos objectifs et nos
engagements de départ? Quels ont été les gestes
posés et pourquoi?
Au cours de la prochaine heure et demie ou des deux prochaines heures
que nous vivrons, nous tenterons d'y répondre avec la meilleure
connaissance et le plus d'ouverture possible. Je demanderais aussi à Mme
la députée de Maisonneuve de répondre à certaines
questions également parce que je pense que la situation et la survie de
Quebecair l'exigent. Quels sont les intérêts que vous
défendez? Ceux de Quebecair et des régions ou certains
intérêts particuliers? Et pourquoi, tout en défendant votre
point de vue, avez-vous diffusé des informations totalement inexactes,
non pas seulement au sein des régions, mais aussi à
l'Assemblée nationale? Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Je
cède maintenant la parole à Mme la députée de
Maisonneuve.
Argumentation
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je veux simplement
d'abord rappeler au ministre que la mésentente lors de la fusion
Nordair-Quebecair avait tout à voir avec la promotion des francophones
et que si, par ailleurs, ce fut un rendez-vous gâché, il ne
fallait certainement pas gâcher l'avenir de la fiancée, puisque le
mariage n'avait pas eu lieu. Ce qui est lamentable, M. le Président,
c'est ce qui se passe maintenant.
Le ministre a dit: II nous fallait agir. Il a dit: Peu importe le choix
des moyens. Pourtant, comment peut-on penser obtenir un bon résultat
avec de mauvais moyens? Le moyen retenu est et a été un
déguisement de démantèlement. Le ministre dit avoir vendu
ou avoir accepté l'offre d'achat qui continuait des opérations,
en sachant pertinemment, tel que c'est indiqué d'ailleurs au
mémoire du Conseil des ministres, que ces opérations allaient
cesser, puisqu'il était entendu qu'une fois acceptée l'offre
d'achat, il y avait démantèlement d'activités. C'est donc
un à démantèlement déguisé que l'on a
assisté.
Alors, M. le Président, nous allons immédiatement examiner
la question du service aux régions. C'était là un des
engagements, un des quatre objectifs fondamentaux, disait le ministre des
Transports au moment où il rendait public son choix. C'était
assez édifiant d'ailleurs pour moi de relire les écrits dans
lesquels on retrouve ces engagements. Il y a la conférence de presse que
le ministre a donnée en juillet, une allocution qu'il a prononcée
et dans cette allocution il y a huit mois, le ministre disait que sa
responsabilité... je le cite: "Ma responsabilité consiste
à m'assurer que les régions puissent bénéficier
d'un service de transport aérien adéquat, voire même
renforcé." Je cite encore l'allocution qu'il a prononcée: "Le
gouvernement a voulu s'assurer que ce service serait non seulement maintenu,
mais amélioré."
M. le Président, il faut voir qu'on a assisté à un
changement de cap radical, il y a deux mois à peine, lors de la
tournée du ministre. Selon les déclarations qu'il faisait, sa
responsabilité morale consistait à s'assurer maintenant que le
service ne s'était pas détérioré. C'est là
l'essentiel des déclarations qu'il a faites au moment de sa
tournée, en ne prenant pas la responsabilité, comme ministre des
Transports et du Développement régional, de voir à
l'amélioration du service. Le ministre a dit ne plus viser
l'amélioration, mais, disait-il, vérifier si la situation ne
s'était pas empirée. C'est là le rôle historique
qu'il s'est donné.
Il faut voir, M. le Président, que Ses échos fusent de
toute part dans les régions et que la colère... Il y a des
manifestations. Pensons, par exemple, au préfet de comté des
îles-de-la-Madeieîne, M. Verdier, qui, lors de la tournée du
ministre, lui faisait savoir que non seulement, disait-il, on a reculé
par rapport au service qu'on avait avant la privatisation, mais les griefs sont
nombreux, les horaires, la fiabilité des appareils également,
l'augmentation du tarif cargo, c'est 90 % d'augmentation du tarif pour le
transport des biens périssables, à un point tel que le ministre a
été obligé de subventionner le transport routier de
Mont-Joli à Charlottetown, à
l'île-du-Prînce-Édouard, donc amener le Conseil du
trésor à subventionner ie transport routier pour que les biens
périssables soient acheminés à
l'Île-du-Prince-Édouard, pour ensuite être
transportés avec un transporteur aérien d'Ontario aux
Îles-de-la-Madeleine, parce que le tarif cargo de Quebecair avait
passé de 0,26 $ la livre, l'an dernier, avant la privatisation, à
0,47 $ la livre.
M. le Président, de Bonaventure à Val-d'Or, de Fermont
à Sept-tles, c'est un concert de protestations. J'ai moi-même
vérifié. Le ministre, l'an dernier, en septembre dernier, me
faisait part des représentations qu'il avait reçues de la Chambre
de commerce de Rimouski au moment où il avait fait une rencontre. Il va
certainement se rappeler l'intérêt qu'il avait eu à faire
part à la commission parlementaire des transports de ce que les gens
d'affaires lui avaient dit, savoir que l'aller et retour Rimouski-Toronto
s'élevait à 400 $. Le ministre était indigné.
M. le ministre, j'ai vérifé le tarif régulier en
semaine, parce que les hommes d'affaires voyagent particulièrement pour
faire des affaires durant la semaine. Le tarif régulier qui soulevait
votre protestation, votre indignation contre Quebecair l'an passé, qui
était de 400 $ Rimouski-Toronto, est maintenant exactement de 602 $. Il
n'est plus de Rimouski à Toronto, il est de Mont-Joli à Toronto.
Encore faut-il aux personnes de Rimouski se rendre à Mont-Joli.
M. le Président, ce sont là des chiffres
vérifiés, je dois vous le dire, je l'ai fait moi-même. Ce
sont là les tarifs réguliers aller et retour Rimouski-Toronto. Si
le ministre imagine qu'il y a matière à éloges sur les
tarifs pour le service aux régions, je dois vous dire qu'on peut
comprendre les protestations et l'indignation qui se manifestent dans les
régions.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Je cède maintenant la parole
à M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
suis un peu étonné de l'argumentation de Mme la
députée de Maisonneuve, ce matin. J'aurais pensé que ses
affirmations auraient pu être davantage étoffées et reposer
sur des choses un peu plus concrètes.
Si on part de la situation, au moment où on a privatisé,
il y avait 111 dessertes quotidiennes effectuées par Quebecair et
Nordair Metro. L'engagement que le gouvernement a pris, lorsqu'on parlait
d'augmentation de la qualité du service, on devait tenir compte des
fréquences et des
destinations sans escale. Selon la proposition faite par les gens de
Nordair Metro, il y aurait 125 dessertes quotidiennes partout au Québec.
Qu'en est-il aujourd'hui, avant de répondre expressément à
chacun des cas qu'a soulevés Mme la députée de
Maisonneuve?
Qu'en est-il aujourd'hui ou qu'en sera-t-il au moment où les F-28
seront totalement en activité avec la nouvelle grille horaire du 26
avril? Ce qu'il faut comprendre, et la population est là pour le
comprendre, c'est que cela évolue. C'est une situation qui
évolue. Et si les gens de l'aviation n'étaient pas capables de
s'adapter à cette évolution de la demande du marché, il
n'y aurait pratiquement plus d'aviation. C'est ce que les gens font.
Je veux, dans la mesure où nos règles le permettent, le
déposer pour en faire un document officiel, afin qu'on puisse continuer
de suivre l'évolution, parce que j'imagine que ce n'est pas aujourd'hui
que Mme la députée de Maisonneuve va arrêter de se poser
des questions sur Quebecair, vu les bases qui l'animent, et je respecte les
bases sur lesquelles elle veut le juger. C'est son orientation à elle
qui est différente de la nôtre. Je pense que cela anime la
discussion.
Il y aura, au lieu de 125 liaisons quotidiennes, tel que prévu au
contrat, 152 liaisons quotidiennes. Il y avait des types d'avion qui
étaient prévus, Convair 580 à essentiellement Metroliner,
il y a maintenant des F-28. Il s'agit d'un avion beaucoup mieux adapté
à la desserte des régions et qui est accessible à peu
près partout sur le territoire du Québec, à quelques
exceptions près.
Donc, cette crise soudaine d'adrénaline vous a fait dire qu'on
venait de dilapider tout ce qu'il y avait de réactés dans
Quebecair et qu'on ne serait maintenant qu'en Convair 580 et en Metroliner.
Cela vient de se réajuster, puisque la compagnie s'est rendu compte
qu'à l'expérience, les gens seraient mieux servis par un avion de
capacité de 60 ou 80 places que par un avion de 40, 50 ou de 19 places
ou encore davantage par un avion de 120 places en termes d'économie.
Je vais donc, M. le Président, déposer le tableau des
dessertes qui sont là pour chacun des endroits. Ce tableau est officiel
et je le dépose.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous en acceptons ie
dépôt, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Cela peut répondre
à un certain nombre de questions. Donc, très nettement, il y a
une amélioration des dessertes partout au Québec. J'ai
effectivement pris soin d'aller vérifier sur la Basse et la
Moyenne-Côte-Nord. Il y avait trois, quatre sujets en discussion avec les
gens de la Basse et de la
Moyenne Côte-Nord, ceux que vous avez défendus avec
acharnement depuis le début. C'est là qu'on se pose la question:
Qui dé fendiez-vous à l'époque? Est-ce que
c'étaient des gens véritablement desservis ou certains syndicats
de la Côte-Nord? Dans ce sens, sur quatre sujets discutés à
Havre-Saint-Pierre, à Natashquan et à Blanc-Sablon, le sujet
Quebecair revenait au troisième niveau d'intérêt. Quelle a
été la réaction des gens? Ils ont très clairement
dit qu'effectivement il y a eu des problèmes d'adaptation,- des retards
dans les horaires et que le Convair 580 était plus confortable que le
DH-748 que vous avez maintenu en service.
Sur le plan du transport de passagers, les gens de la Basse et de la
Moyenne Côte-Nord considéraient qu'il y avait une meilleure
qualité de service. C'est en ce qui concerne le cargo et ie courrier
qu'il y avait des problèmes. II faut être capable de faire la
distinction parce que les gens, partout, s'en rendent compte.
Lorsque vous parlez du vol Rimouski-Toronto, pauvre vous, citez la
totalité de ce que j'ai dit. C'était scandaleux, 419 $ parce que,
pendant ce temps-là, vos concitoyens de Montréal en payaient 69 $
pour Montréal-Toronto. Les gens de Rimouski disaient qu'ils payaient les
billets de ceux de Montréal qui allaient vers Toronto. Ce n'était
pas la région qui était justifiée... La région
était justifiée, lorsque vous parlez des
Îles-de-la-Madeleine...
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): En conclusion, M. le
Président, les Îles-de-la-Madeleine, c'est un cas très
patent. Pourquoi avoir subventionné? Oui, effectivement, pour maintenir
une industrie de Mont-Joli dans sa desserte, non pas à quelqu'un de
l'Ontario, mais à un transporteur des Îles-de-la-Madeleine qui,
auparavant, lorsque vous aviez donné à Quebecair le mandat
d'augmenter ses revenus, avait fait en sorte de demander le même prix de
Mont-Joli aux Îles-de-la-Madeleine que de
l'Île-du-Prince-Édouard aux Îles-de-la-Madeleine. Alors que
cela devait coûter 0,44 $, il avait demandé 0,24 $, c'était
tout simplement cela; c'était le déficit. Le déficit de
Quebecair s'explique par des situations comme celle-là. On aura
l'occasion de vous en donner encore abondamment au cours de cette
discussion.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Je
cède maintenant la parole à un député
ministériel. J'aimerais attirer l'attention des membres de la commission
sur le fait que les temps de parole non utilisés ne sont pas cumulatifs.
Ils sont considérés comme perdus. Sur ce, je cède la
parole à
M. le député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. D'abord, je
devrais dire que je déplore un peu l'absence du ministre
délégué à la Privatisation parce que c'est un
dossier qu'il a mené de front avec son collègue des Transports.
Cependant, je suis assuré que les propos que je tiendrai lui seront
certainement véhiculés.
D'abord, en tant que responsable des dossiers sur la privatisation, j'ai
souvent dit, et je le répète ce matin, que la privatisation, en
soi, n'est pas un mai. Le fait de retourner au secteur privé certaines
activités menées, gérées par le gouvernement, tout
en n'étant pas un mal en soi, doit se faire d'une façon
très cohérente et à l'intérieur de certains
critères. Or, dans le cas de Quebecair, plusieurs de ces critères
n'ont pas été respectés. Je pense particulièrement
à la conservation des emplois. Lorsque le ministre nous donnait
tantôt les différents critères qui l'ont animé dans
le choix de faire la privatisation de Quebecair, il y en avait un relativement
large qui avait pour but essentiellement d'essayer de sauvegarder le plus
d'emplois possible. On voit là le manque de rigueur du gouvernement et
des ministres, autant celui des Transports que celui
délégué à la Privatisation; on aurait dû
exiger de conserver les emplois. Bien sûr, on me dira: Si on avait
conservé les emplois, au bout, on n'aurait probablement pas eu de
rentabilité. Sur cela, on reviendra dans quelques minutes.
À mon avis, la conservation des emplois est un critère
très important lorsqu'on veut faire une privatisation. Il ne faut pas
susciter, par le fait même, plusieurs mises à pied, comme cela a
été le cas: il y a eu près de 400 mises à pied
à Quebecair. L'autre critère est le contrôle
québécois. On sait ce qu'il est advenu par la suite des
différentes transactions reliant Nordair Métro, en passant par
Canadien Pacifique, Pacifie Western. L'aspect de la continuité, à
mon avis, est un critère très important: assurer la
continuité dans le service par rapport à ce qu'on avait avant.
(10 h 45)
Le ministre nous le mentionnait tantôt, et je ne veux pas discuter
à fond le montant de 12 000 Û00 $ de perte annuelle pour 1986,
sauf qu'on peut dire qu'au cours des dernières années, pour
reprendre les chiffres du ministre, 80 000 000 $ sur cinq ans, je pense qu'en
1986 la situation de Quebecair s'améliorait, quoiqu'il y avait encore
des pertes qui pourraient se situer quelque part entre 5 000 000 $ et 10 000
000 $. Lorsque le ministre nous dit que ce qui animait son gouvernement, ce qui
animait la décision du Conseil des ministres, était
particulièrement le fait de vouloir que Quebecair ne soit plus à
la charge de l'État. Je demanderais au ministre de vouloir
répondre à cette question, à savoir si cet esprit qui
l'anime dans le domaine du transport aérien est le même qui va
l'animer dans le domaine du transport en commun, par exemple, à
Montréal. On ne se gêne pas. Cela a été la
même chose pour les gouvernements antérieurs. Pour être
capable de subventionner du transport en commun, parce que c'est important - je
prends seulement la région de Montréal, puisque c'est une
région où j'ai eu à oeuvrer ces dernières
années - il en coûte, en termes de déficit et en termes
d'opération - déficit aussi- quant au métro -à
l'ensemble de la population du Québec, quelque 300 000 000 $ par
année. Si on prend tous les critères - bien sûr que le
nombre d'usagers n'est pas du tout le même - l'ampleur du déficit
n'est pas du tout le même.
Tout cela illustre le fait qu'il est un peu acquis dans nos moeurs que
le transport en commun, qu'il se fasse par autobus, qu'il se fasse par
métro ou qu'il se fasse par avion est un transport qui n'est pas
nécessairement rentable. L'esprit qui a animé le ministre, qui a
animé ce gouvernement, qui est l'aspect de la rentabilité,
à mon avis, est un esprit bien étroit. Je me permets de le dire,
parce que, venant du secteur privé, je pense que l'objectif ultime du
secteur privé est carrément de faire des profits. L'esprit qui
anime le gouvernement est d'être capable de donner des services, mais non
pas à n'importe quel prix. Je suis d'accord qu'on ne devait pas laisser
aller Quebecair dans des déficits qui allaient en croissant. Au
contraire, ils allaient en diminuant. Je pense que les modifications qui
avaient été apportées étaient des modifications qui
avaient été faites dans le bon sens. S'il en coûtait 5 000
000 $ par année, pour fins d'exemple, pour assurer le transport dans
toutes les régions, je pense qu'on ne peut pas dire que la facture
était grande pour l'ensemble des Québécois. Je pense que
l'esprit qu'il y a eu derrière cela était beaucoup plus
animé par une grande philosophie, celle de la retourner à
l'entreprise privée.
Je terminerai en disant que vous avez dit: Nous faisons confiance
à i'"entrepreneurship" québécois. Oui, je veux bien. Je
pense que l'"entrepreneurship" a été en grandissant ces
dernières années, mais il ne faut pas oublier que la mission du
gouvernement et la mission de l'entreprise privée sont deux missions
bien différentes. Ce que je reproche aux ministres, tant au ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation qu'au
ministre des Transports, dans ce dossier, c'est dans le suivi, dans la
façon dont les choses ont été faites. Je pense que le
ministre a aujourd'hui, en avril
1987, une responsabilité pour assurer que les engagements et les
promesses qui ont été faites dans ce dossier soient bel et bien
réalisés.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Bertrand. Je cède maintenant la parole à
M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
suis tout à fait d'accord avec la dernière affirmation du
député de Bertrand. À l'écouter, je me demande
pourquoi il n'est pas de notre côté. Avant de commencer, de
façon qu'il n'y ait pas de canards boiteux qui restent suspendus dans
les airs, comme certaines affirmations - j'ai déjà demandé
à Mme la députée de Maisonneuve de faire attention
à ce qu'elle propageait et à la qualité de l'information
qu'elle recevait - je vais me permettre, ce matin, de corriger sur-le-champ un
certain nombre d'affirmations qu'on a entendues précédemment.
Vous nous dites 632 $, Rimouski-Toronto?
Mme Harel: 602 $.
M. Côté (Charlesbourg): C'est faux. Ce n'est pas 602
$. Il y a un petit livre intitulé Airline Traffic Publishing Co., qui
indique exactement le tarif - page 303 - en vigueur depuis le 2 mars 1987:
Rimouski-Toronto, Quebecair, via Air Canada; 433 $, Quebecair, Canadien
Pacifiques 436 %. Ce sont des documents publics et officiels. Ce sont les prix
en vigueur depuis le 2 mars 1987. Ce n'est pas 602 $; pour qu'il ne reste rien
dans te décor qui soit des faussetés. Le livre est disponible, si
vous en voulez une copie, on l'a à côté.
Pour revenir aux énoncés du député de
Bertrand, il y a eu un certain nombre d'engagements quant aux emplois, et cela
a été très clair. Dans les deux offres, il y avait en
premier lieu celle du groupe Parent qui n'a jamais pu très bien situer
exactement combien d'employés seraient mis à pied dans la
rationalisation et surtout qui, alors que dans le groupe Leblanc, des
propositions de Nordair Metro, chacune des propositions du document
était très bien étayée, ce qui devait sauver ce qui
devait être perdu. Je pense que les documents qui ont été
rendus publics, que j'ai à côté de mot dans une valise,
témoignent très bien qu'on voulait donner accès à
l'information à tout le public.
Qu'en est-il aujourd'hui de cette problématique des emplois dans
tout le Québec et à Quebecair? D'abord, contrairement à ce
que nous avions véhiculé, compte tenu de la qualité de
l'information que nous fournissaient les gens à l'intérieur de
Quebecair, au 31 juillet 1986, au moment où on a privatisé, c'est
921emplois qu'il y avait. Perte d'emplois au 13 avril 1987s 385, incluant 126
démissions au 31 décembre 1986. Je vais vous déposer le
tableau si... Pertes d'emploi additionnelles prévues d'ici le 1er mai:
14, pour un total de 399. Donc, ce n'est pas très loin des chiffres que
vous avez évoqués tout à l'heure et pas très loin
non plus des chiffres évoqués au moment de la privatisation.
Des compagnies ayant embauché des employés de Quebecair.
Quebecair elle-même: 125; Nationairs 23; Hudson General: 7; Conifair: 28,
Lavalin: 9; CP Air: aucun. On ne cherche pas à le cacher, CP Air: aucun,
il y a donc de l'ouvrage à faire, et sur le marché du travail 78
pour 210.
Création d'emplois parmi les compagnies s'étant
engagées à créer des emplois. Nationair: 65, excluant les
emplois devant aller à Hudson General par suite du contrat d'entretien
de la flotte de Nationair lui ayant été accordé.
Prévisions d'octobre 1986, donc à une conférence de
presses 116; emplois effectivement créés à la fin d'avril
1987: 147; emplois occupés par d'autres employés que ceux de
Quebecair: 124. C'est un tableau que je pourrai vous donner; il sera disponible
pour votre bonne compréhension, de telle sorte qu'on en arrive aux
emplois occupés par d'autres employés que ceux de Quebecair: 158.
Il y aurait possiblement 189 chômeurs des employés de Quebecair,
Pour faire une conclusion en fin de compte,puisque les
règles ne nous permettent pas de faire une discussion comme on
l'aimerait bien, il y aurait quant à nous - je vais déposer le
tableau pour que vous puissiez en prendre connaissance - une différence
quant au nombre d'emplois qui serait négative présentement de
plus ou moins dix employés. Compte tenu du fait que la compagnie a
annoncé l'acquisition d'un troisième F-28, cela fera en sorte que
nous serons à peu près au point que la compagnie s'était
engagée à respecter au moment où le troisième F-28
sera en fonction. Donc, quant aux emplois, l'engagement pris par la compagnie
par rapport à ce qui est respecté aujourd'hui est à peu
près identique. Dans la mesure où nous réussissons
à faire faire à Canadien Pacifique ce qu'il avait promis, nous
serions dans une situation plus avantageuse en termes d'emplois sur te plan
numérique. M. le Président, je vais déposer te
document.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous acceptons le
dépôt, M. le ministre. Ce cède maintenant la parole au
député ministériel. Je cède maintenant la parole
à Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Je dots vous dire, M. le Président, que les
conseils de prudence que me donne le ministre, il aurait intérêt
à les appliquer dans les propos qu'il tient, ce matin, et il les a tenus
ici en Chambre. Je fais vérifier à l'instant même les
informations qui m'ont été communiquées par le service de
Quebecair. J'ai, moi-même, pour être bien certaine qu'il n'y avait
pas de dénégation possible, fait les vérifications
auprès des employés en me présentant comme une femme
d'affaires de Rimouski qui veut aller à Toronto.
M. le Président, moi non plus je ne suis pas
intéressée à laisser traîner de fausses
informations. Je pense que le ministre doit également être prudent
dans ses propos. Je lui rappelle qu'autant il fait maintenant l'éloge
des F-28, qu'il dit "mieux adaptés à la desserte des
régions, ces avions réactés que vient d'acquérir
Quebecair", autant il faisait de vive voix et par écrit l'éloge
des Convair, il n'y a pas cinq mois de cela. "Les Convair représentaient
les avions les mieux adaptés à la configuration régionale
du Québec, disait-il dans son allocution, étant un type d'avion
qui convient très bien au Québec." Je comprends que la situation
évolue. Je me demande quels sont les avions qui vont nous être
présentés dans quelque mois comme étant encore mieux
adaptés, étant entendu que même maintenant, il y a des
problèmes qui se présentent avec les F-28.
Le ministre le sait certainement. Il n'est certainement pas sans
être informé que ce sont des avions qui, malgré leurs 65
places, présentent des problèmes en raison de l'espace que doit
utiliser le carburant et surtout que ce sont des avions qui ont des
autorisations de faire un certain nombre d'atterrissages. Dans le jargon de ce
métier, on appelle cela "cycles". Le ministre sait que dans plus ou
moins deux ans et demi ou trois ans à peine, ce seront des avions qui ne
seront plus autorisés - à moins d'être profondément
modifiés dans leur structure -à fonctionner.
Ce n'est certainement pas la panacée qui se manifeste dans les
régions. Je rappelle au ministre que lorsqu'il a tenu ces propos
à Rimouski, concernant l'aller-retour Rimouski-Toronto, il nous dit
maintenant les avoir prononcés pour faire une comparaison du fait que le
tarif de Montréal à Toronto n'était que de 69 $, je lui
rappelle maintenant que la situation s'est empirée à
Montréal et à Rimouski.
La situation s'est empirée à Montréal, parce que le
tarif n'est plus de 69 $. La situation s'est empirée à Rimouski,
d'abord parce qu'il n'y a plus de vols de Rimouski à Québec, les
gens doivent aller à Mont-Joli et, de plus, le tarif n'est plus de 400 $
mais de 602 $.
J'aimerais également déposer un document concernant les
emplois. Avec votre permission, je vous demande le dépôt de
l'annexe 1, qui est l'annexe de l'offre d'achat, signée et
acceptée par le gouvernement, et qui porte comme titre "Total des
emplois par activité et compagnie", l'article 8.2.2, paragraphe 5 de
l'offre d'achat.
Dans cette annexe à l'offre d'achat, nous retrouvons un total de
862 emplois qui doivent être soit transférés aux
employés de Quebecair ou mis à la disposition des employés
de Quebecair. Il faut reconnaître, dans le document que le ministre vient
de déposer, qu'il y a finalement relativement peu d'employés de
Quebecair qui ont eu la chance de profiter des emplois dont il nous a fait
part. Prenons le cas des agents de bord qu'on appelle communément les
hôtesses de l'air. Les agents de bord étaient au nombre de 160, au
moment de la privatisation. Il en reste présentement à Quebecair
un total de 55. C'est donc le départ de 105 agents de bord, soit 60 %
des agents de bord qui ont dû quitter. Quant aux pilotes, la liste
d'ancienneté, au moment de la privatisation, comptait 110 pilotes.
Actuellement, il y a 65 pilotes qui sont toujours à l'emploi. C'est donc
le départ de 45 pilotes, soit un pourcentage de 40 %.
Si le ministre nous parle de l'emploi de contractuels dans une
entreprise de services et non des emplois qui sont offerts dans une compagnie
d'aviation à des agents de bord de Quebecair comme à n'importe
qui, puisque, finalement, ce sont des emplois pour lesquels il faut remplir une
formule de demande d'emploi par n'importe quel chômeur au Québec,
si ce sont là les garanties d'emploi que le ministre pensait
suffisantes, au moment où il a signé l'offre d'achat, je dois
vous dire que c'est extrêmement décevant. Nous allons avoir
l'occasion de revenir sur cette question des emplois, particulièrement
à l'égard des pilotes et de la promesse qui leur avait
été faite.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Nous allons autoriser le
dépôt de votre document. Sur ce, je cède maintenant la
parole à M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, ce
n'est pas un dépôt très impressionnant. Ce sont des
documents qui ont déjà été déposés
lors de la conférence de presse, le 31 juillet 1986. Il n'y a rien
d'étonnant là et il n'y a pas d'incompatibilité entre ce
qu'elle dépose maintenant et ce qui est déjà rendu public.
Alors, premièrement, on dépose un document public. (11
heures)
Deuxièmement, M. le Président, j'ai toujours fait
attention - autant que possible en tout cas - pour ne pas laisser croire que
tout allait bien. Évidemment, nous avons rendu une décision; nous
devons vivre avec notre décision. Peut-être qu'à certains
égards, elle avait des défauts; elle avait certainement des
qualités aussi puisque nous avons eu à choisir entre deux
propositions ou, on pourrait dire, une proposition et demie. C'est cela le
véritable jeu et probablement que, dans vos interventions ou dans vos
contacts, on ne vous a pas tout à fait tout dit. Aujourd'hui, nous
vivons avec ce que nous avons à vivre. On n'a jamais caché et,
d'ailleurs, à une question d'un journaliste à la
conférence de presse du 31 juillet au sujet des emplois, nous avons
très clairement dit que cette vente aurait des effets très
importants sur les agents de bord et sur les pilotes.
Finalement, ce qui arrive aujourd'hui, on n'a pas tenté de le
cacher. À la conférence de presse même du 31 juillet, on a
évoqué que cela aurait des effets, bien sûr, sur les
pilotes. Ce n'est pas pour rien d'ailleurs que dans son document d'analyse qui
m'avait été transmis, semble-t-il, signé par M. Parent et
rédigé par M. Dufour, il y avait une analyse. Il ne faut pas
recommencer le débat pour savoir qui l'a rédigé, mais cela
clarifie très bien la situation: il y avait un certain nombre de choses
qui étaient dites.
Lorsque l'on veut faire le débat des pilotes, je veux bien, mais
dans ce document-là, quand parle-t-on des régions? Mais non.
L'analyse qui en est faite quant aux deux possibilités, soit Air Canada
ou CP Air, en termes d'association ou de vente, est toujours faite en fonction
des avantages et des désavantages: des avantages pour les pilotes et des
désavantages pour les pilotes; des avantages pour le gouvernement, des
désavantages pour le gouvernement. Nulle part dans ce document, il n'est
question des régions. Il n'en est pas question. Ce n'était pas
important à l'époque. Aujourd'hui, on va tenter de nous faire
croire que tout ce beau monde-là veut défendre par-dessus tout
l'intérêt du citoyen de Blanc-Sablon, l'intérêt du
citoyen des îles-de-la-Madeleine ou l'intérêt du citoyen de
Gaspé. Je m'excuse. On n'a rien tenté de cacher, on a tout dit,
tout ce que nous avions, tout ce qu'il était possible de donner. Jamais
on n'a voulu cacher des données et on a toujours cru et toujours su
qu'il y aurait des difficultés très importantes. Lorsque j'ai dit
dans le discours du début qu'il aurait été beaucoup plus
facile pour nous de dire: Continuons d'injecter des sommes dans Quebecair,
probablement qu'on aurait pu être glorifiés par ceux qui
étaient des employés. Il n'y aurait pas eu des mises à
pied? C'est faux, complètement faux. La-dessus, peut-être que nous
aurons l'occasion d'y revenir, mais le rapport du président du
comité de vérification était très clair. Il
demandait depuis longtemps déjà un rajustement majeur de toute la
structure administrative et d'opération de Quebecair et signifiait
très nettement qu'il devrait y avoir des mises à pied pour
être capable de rentabiliser Quebecair.
Oui, effectivement, vous avez raison de dire que ceux qui ont
été les plus frappés, ce sont les agents de bord et les
pilotes. En cela, vous ne nous apprenez rien. Il n'y a rien de neuf.
C'était très clair déjà le 31 juillet, lorsqu'on a
fait la conférence de presse. On n'a pas tenté de le cacher. Vous
avez les documents de toute façon.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. N'ayant aucune intervention du côté ministériel,
je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M, le Président, pourquoi ne pas parler des
mécaniciens, alors? Le ministre dit avoir prévu des
difficultés pour les agents de bord et les pilotes. D'abord, il faut
constater qu'en ce qui concerne les pilotes, le ministre avait à leur
sujet eu les propos les plus encourageants. Je vais citer le ministre. Dans
l'allocution qu'il tenait à la suite de l'offre d'achat, il disait:
"J'ai le plaisir de vous annoncer aussi qu'à cette date, il n'y a aucun
pilote sur la liste de rappel de CP Air. Par conséquent, l'addition
d'appareils à la flotte de CP Air permettra de concrétiser
l'engagement de CP Air, soit l'embauche d'une proportion de pilotes
québécois correspondant à la population du Québec
au sein du Canada, tout en donnant une préférence
immédiate aux pilotes de Quebecair mis à pied à la suite
de la restructuration." Ce sont là, M. le ministre, des propos que vous
teniez au mois d'août dernier. Plus encore, dans le mémoire
présenté au Conseil des ministres, parmi les avantages de l'offre
d'achat des actionnaires de Nordair Metro, on parle de la priorité
d'embauché que CP Air se serait engagée à
réaliser.
J'aimerais, M, le Président, avec votre consentement,
déposer ici l'annexe H de l'offre d'achat parce que ce n'était
pas quand même indifférent à tout cela, puisque le
gouvernement a jugé bon d'introduire la lettre du président de CP
Air s'engageant à l'embauche de pilotes francophones. Parce qu'à
la lecture de la lettre du président de CP, on se dit: le ministre a
été d'un aveuglement naïf, il s'est fait passer un sapin
puisqu'il parle de prioriété d'embauché. La lettre du
président de CP, qui est évidemment rédigée en
anglais comme l'ensemble de la langue de travail à CP, ne
parle jamais des pilotes de Quebecair. Elle parle de pilotes
francophones qui pourraient être engagés. Il n'y a aucune
priorité d'embauché, au contraire. Quand le ministre me dit de
faire attention à ce que je peux diffuser comme information, je dois lui
dire qu'il aurait dû faire attention à ce moment, parce qu'il
parlait d'une préférence immédiate aux pilotes de
Quebecair mis à pied à la suite de la restructuration.
M. le Président, il faut d'abord constater qu'il n'y a pas un
seul pilote actuellement qui a été embauché par CP, non
seulement il n'y en a pas un seul, mais plus encore, avec la fusion de Nordair,
avec la fusion d'Eastern Provincial Airways, avec l'achat de CP par Pacific
Western, avez-vous idée où sont reculés les pilotes
francophones? Le ministre va peut-être tenter de prétendre que
c'est la CALPA, l'Association canadienne des pilotes de ligne, qui ferait de
l'obstruction. J'aimerais aussi déposer la correspondance
échangée avec la CALPA qui appuie les pilotes de Quebecair dans
leur réclamation juste et légitime de donner suite à cet
engagement du président de CP.
Cela vaut des fausses promesses pour les pilotes, mais des fausses
promesses pour les mécaniciens. Dans l'offre d'achat, on dît que
CP s'engage à embaucher 73 mécaniciens. On parle de nouveaux
emplois. Jusqu'à maintenant, M. le Président, il n'y a pas un
seul mécanicien qui a été embauché. Plus encore, il
faut se le rappeler, avec ces fusions d'Eastern, de Pacific Western et de
Nordair, avez-vous idée là où sont reculés ces
francophones derrière la liste de rappel de toutes ces compagnies
fusionnées?
M. le Président, il faut savoir que Nationair s'était
engagée à embaucher cinq équipages. Un équipage,
dans ce milieu, c'est essentiellement trois personnes dans le "cockpit": un
ingénieur de vol, un copilote et un commandant. Cinq équipages de
trois personnes, c'est quinze personnes. Nationair a embauché quinze
personnes. Elle a embauché huit copilotes, sept ingénieurs de
vol, pas un seul commandant, pas un seul commandant francophone.
M. le Président, ce sont des positions de copilote, aucun
commandant. Nationair avait, quelques semaines à peine avant de signer
cet engagement, pris le soin d'engager dix nouveaux commandants pilotes
d'Ontario unilingues anglophones, ce qui amène, depuis le mois de
janvier dernier, une directive réitérée par Nationair
à tout son personnel de ne converser, dans les entretiens privés
qu'ils ont entre eux. Il n'est même plus question de français dans
les airs avec les contrôleurs aériens, là, il est question
de langue de travail dans l'avion. On dit: Lorqu'il y a présence d'un
unilingue anglophone, la langue exclusive de travail doit être la langue
anglaise.
C'est dans ce contexte qu'on peut constater que les engagements du
gouvernement ne sont pas respectés, qu'ils ne sont pas respectés
à l'égard des mécaniciens, des agents de bord, des
pilotes. Je pense que la détérioration du service et
l'augmentation des tarifs pour le citoyen de Blanc-Sablon, qui nous
préoccupent, sont autant d'effets de conséquence que la
détérioration de l'emploi parmi les employés de Quebecair,
quels qu'ils soient.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Nous allons autoriser le
dépôt de vos deux documents: l'annexe H et la correspondance
mentionnée pour la CALPA. Sur ce, je cède maintenant la parole
à M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense que Mme la députée de Maisonneuve a abordé toute une
série de questions dans les mêmes cinq minutes. Effectivement,
à notre point de vue, il y avait, de la part de la compagnie CP Air, des
engagements que je ne nie pas du tout aujourd'hui, concernant deux volets
particuliers: premièrement, les pilotes et, deuxièmement, la
création de postes de mécanicien pour l'entretien des Boeing 737
à Montréal. Je pense que c'est à ce chapitre des
engagements qui étaient clairs à l'époque qu'aujourd'hui
vous pouvez taxer le ministre d'avoir été naïf ou de
s'être fait passer un sapin. Quant au libellé de la lettre, il
n'était peut-être pas très explicite. Ce qu'il faut savoir,
M. le Président, c'est quelles sont les négociations et la
discussion qu'il y a eu autour de cette lettre et tout ce que cela peut
comporter, avant d'avoir un engagement écrit. Dans ce sens, nous
considérons effectivement qu'il n'est pas respecté actuellement
en ce qui concerne les pilotes. Pour régler le problème des
pilotes et, finalement, toutes les relations avec la CALPA... Mme la
députée de Maisonneuve, étant une tacticienne politique
qui en a probablement vu d'autres, a voulu dire: Surtout, ne me servez pas
votre réponse habituelle de l'autorisation de la CALPA. L'autorisation
de la CALPA, cela me fait penser aux intentions de la FTQ de participer au
fonds de solidarité. Quand ce fut le temps de poser le geste très
clair, elle n'était pas là, la FTQ. Pour se promener, faire la
parade un peu partout dans les régions pour animer le monde et dire:
Vous avez une mauvaise qualité de service, et même, pour fournir
quelqu'un pour présider le comité, cela va bien. Mais quand
c'était le temps de dire à la FTQ: Vous allez embarquer
là-dedans, au fonds de solidarité, vous allez embarquer, c'est
clair: elle n'était pas là. Quand ce fut le temps de signer, elle
n'était pas là. On ne l'a pas vue.
C'est clair, c'est très clair, c'est un peu comme la CALPA.
Dans les discussions que j'ai eues -heureusement, je n'étais pas
seul - avec M. Carthy qui était alors président de CP Air, il a
effectivement été question de la possibilité d'engager des
pilotes du Québec, dans les semaines et les mois qui suivaient et c'est
la CALPA qui était prête à signer une lettre autorisant
que... Mais, tout l'aspect de l'ancienneté, parmi les pilotes de CP Air,
aurait été court-circuitée à ce moment-là si
on avait reconnu le nombre d'heures et d'années de service des pilotes
de Quebecair; c'est cela qui a fait défaut. Alors, que cette belle
grande association -parce que M. Parent en est le vice-président
canadien - signe une lettre autorisant et disant: Oui, on est bien pour cela,
écoutez, il faut voir, dans la pratique, ce que cela donne.
Dans le cas des mécaniciens, des 73 postes qui devaient
être créés à Montréal, effectivement, il n'y
en a pas de créés. C'est une situation à laquelle nous
travaillons actuellement. Ce qu'on me dit, c'est qu'en ce qui concerne les
mécaniciens de Montréal, il ne semble pas, selon les informations
que nous possédons - si vous en avez d'autres, quitte à nous les
transmettre ce matin -qu'il y en ait actuellement de disponibles en nombre
très important, s'il y avait cette création. De toute
façon, l'engagement était de créer à
Montréal 73 postes de mécanicien et si ceta vient s'ajouter
à la situation actuelle, tant mieux.
Vous avez parlé de Nationair. Effectivement, je pense qu'il y a
eu des problèmes très importants dans cette privatisation; c'est
clair. Cela a toujours été et c'est encore, je pense, un
problème de relations avec Nationair. Ce n'est pas moi qui vais tenter
de protéger... Je n'ai personne à protéger, ni de Nordair
Métro, ni de Quebecair, ni de Nationair, ni de CP Air dans cette
histoire. Ce que nous voulons, c'est tenter de respecter, non pas tenter, mais
faire respecter les liens contractuels qui nous lient avec ceux qui sont
devenus propriétaires. (11 h 15)
Vous avez terminé sur l'augmentation des tarifs pour
Blanc-Sablon. Donnez-moi donc l'augmentation des tarifs pour les passagers.
Donnez-moi cela, quant à faire une belle affirmation comme
celle-là, toute bien large. Outre les 3 % réguliers que toutes
les compagnies d'aviation ont exigés, saviez-vous qu'il n'y a pas eu
d'augmentation de tarif pour les passagers de la Basse et
Moyenne-Côte-Nord depuis 1983? Il n'y en a pas eu. Ce n'est pas de cela
que les gens se plaignent sur la Basse-Côte-Nord, parce que j'y suis
allé. Ils veulent plus de service, mais plus de service par rapport
à quoi? Par rapport à une situation qui a toujours
été là, soit avant la privatisation, soit après la
privatisation. Il y a une distinction très nette à faire entre
l'augmentation de la qualité de service que les gens veulent avoir, qui
est probablement légitime lorsqu'ils le demandent, et la situation
d'aujourd'hui qui est la même que nous vivions avant même que ce
soit privatisé. Il faut faire la distinction entre les choses.
Le Président (M. Saint-Roch)s Merci, M. le ministre. Je
cède maintenant la parole à un député
ministériel, le député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Je suis heureux... et
je remercie la députée de Maisonneuve qui nous donne l'occasion,
ce matin, de parler de nos régions. Je suis un peu surpris de voir que
Mme la députée de Maisonneuve n'a pas su attirer des
députés de régions de sa formation dans son dossier. Je
suis surpris également, je prends l'exemple du député de
Lac-Saint-Jean, comté desservi par Quebecair aussi, qui crie à
grands cris, aller-retour à l'Assemblée nationale pour les
régions, et je dirais une remarque de son leader parlementaire: Est-ce
qu'il a oublié de mettre ses culottes, ce matin, pour venir
défendre la région?
Je pense aussi aux autres députés du Parti
québécois qui auraient avantage à venir à
l'Assemblée nationale et à dire quels sont les problèmes
qu'ils rencontrent dans leur région. Je suis un député de
la formation ministérielle, je représente le comté de
Saguenay, dont la ville de Baie-Comeau est desservie par Quebecair. Lorsque le
gouvernement du Québec a précisé ses intentions de
privatiser Quebecair, je suis allé voir ceux qui prennent l'avion, pas
ceux qui gueulent sur la rue, qui crient à grands cris, ceux qui
prennent des billets d'avion régulièrement, c'est eux que j'ai
écoutés, c'est eux aussi que le président de Quebecair est
venu rencontrer. C'est eux aussi que le ministre responsable de Quebecair est
venu rencontrer. C'est bizarre, je n'ai pas eu la même réaction ou
je n'ai pas entendu les mêmes réactions que la
députée de Maisonneuve dans ma région.
Bien sûr, indépendamment du côté où on
se situe, il est important de regarder les gestes concrets qu'on pose. Pour
moi, dans la région de Baie-Comeau, la privatisation de Quebecair a
apporté d'abord un surplus de service, c'est-à-dire deux vols de
plus par jour, chose qu'on n'avait pas avec l'ancienne administration de
Quebecair qui coûtait énormément cher aux citoyens, aux
hommes d'affaires. Nous avons également eu l'occasion d'avoir une
diminution de tarif. Je pense que c'est très important pour les hommes
d'affaires dans la région. C'est drôle, on n'a pas entendu
l'Opposition crier
sur les toits que les tarifs avaient diminué de Québec
à Baie-Comeau, de Montréal à Baie-Comeau. C'est
drôle, personne ne nous l'a dit. Il a fallu quand même le
constater.
Je prends l'avion très régulièrement pour me rendre
dans mon comté, sans doute beaucoup plus souvent qu'elle, malgré
les visites que Mme la députée de Maisonneuve fait sur la
Côte-Nord. Je pense que je suis plus en mesure de m'assurer que le
service est plus complet. Chez nous, cela s'est fait en douceur, cela s'est
fait avec les gens qui utilisent des services aériens. La Chambre de
commerce de Baie-Comeau, qui regroupe 393 membres, a quand même
donné son appui. Nous savions au départ qu'il y aurait des
ajustements à faire en cours de route. On ne peut s'attendre à un
changement aussi draconien du jour au lendemain sans qu'il n'y ait des
inconvénients. Bien sûr, il faut donner la chance au coureur. Or,
aussi longtemps que le coureur livre la marchandise qu'il avait prévue
dans sa programmation, dans ses plans, c'est une chose fort avantageuse
actuellement. Je ne parlerais pas au nom des autres régions, je
n'étais pas là. Je sais que des collègues de
différentes régions seront ici pour faire le point. Cependant,
j'aurais aimé que les personnes dont les régions sont
concernées soient ici pour nous le dire, non pour en faire un patrimoine
national mais bien une question de service. Quelqu'un qui utilise l'avion,
c'est parce que, d'abord et avant tout, il ne peut pas ou il n'a pas le temps
de prendre sa voiture. C'est une question de service. Un service, cela se paie
dans l'ordre des choses habituelles. Pour nous, cela a été une
question d'amélioration du service. Nous n'avons pas critiqué
l'ancien service de Quebecair, nous avons apprécié le nouveau
service qui nous a été donné. Nous avons aussi
apprécié fortement, les hommes d'affaires et ceux qui voyagent
avec Quebecair, la diminution des coûts. Ce que les gens ont le plus
apprécié, c'est qu'ils ne paient maintenant qu'une fois leur
billet; avant cela, ils le payaient deux fois, une fois à
l'entrée et une autre fois, par les taxes, comme le ministre l'a dit.
Les gens en régions ont apprécié cela.
Il faudrait peut-être aussi se poser une question, Mme la
députée de Maisonneuve, que vous avez oubliée de soumettre
au ministre: pourquoi avons-nous connu une situation aussi dramatique en
régions? Quelle a été l'administration de Quebecair qui
augmentait ses coûts d'année en année? Pourquoi aujourd'hui
a-t-on des diminutions, alors que dans le temps où Quebecair
était soutenue par le gouvernement du Québec, on avait des
augmentations continuelles et une diminution de vols? J'aimerais que le
ministre réponde à cette question. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je vais
essayer d'être bref pour donner la chance à ma collègue, la
députée de Maisonneuve, de répondre à certaines
questions. J'ai écouté le ministre depuis le début de
l'interpellation, soit depuis 10 heures, et j'ai un peu l'impression qu'il a la
conviction de posséder la vérité. Je pense que personne ne
la possède. J'aimerais demander au ministre qu'il fasse un peu comme son
collègue délégué aux Finances et à la
Privatisation qui avoue que des erreurs importantes ont été
faites dans le cas de la privatisation de Quebecair.
II y a quelques semaines, le ministre délégué aux
Finances et à la Privatisation, M. Fortier, reconnaissait que Quebecair
était une privatisation qui faisait problème, qu'il était
sans regret d'avoir cédé le transporteur aérien,
disait-il, à l'entreprise privée, en juillet dernier: "Si
c'était à refaire, je le ferais différemment." Cela
sous-tend quelque peu des paroles qui ont été laissées
aller par rapport à la volonté du gouvernement,
c'est-à-dire que je ne pense pas que le ministre des Transports, en
avril 1987, au moment où on se parle, est profondément convaincu
qu'il a fait tout ce qu'il avait à faire là-dedans.
J'aimerais aussi rappeler au ministre qu'un des principaux artisans qui
ont travaillé dans le cadre des privatisations il y a deux ou trois ans,
M. Jacques Gilbert, président de RCMP International, déclarait
lors d'un colloque très sérieux de l'ENAP, l'École
nationale d'administration publique, qui se tenait en mars dernier à
Montréal, à Québec et dans différentes
régions, qu'il n'était pas du tout d'accord avec la privatisation
de Quebecair, particulièrement, comme nous te disions, de la
façon dont elle s'était faite.
Je pense que le ministre aurait certainement avantage... Vous savez, on
peut se tirailler longtemps sur les chiffres, je pense que ma collègue,
la députée de Maisonneuve, a fait une bonne démonstration
en entrant dans les détails. C'est sûr que dans deux heures, on ne
réglera pas tout le cas de Quebecair, mais si, au moins, et tel est mon
voeu, le ministre était capable d'avoir un peu d'humilité et de
reconnaître qu'il y a eu des erreurs importantes... La plus belle preuve
est peut-être la démonstration un peu par l'absurde qu'il nous
faisait tantôt en nous disant que, dorénavant, Quebecair sera
desservie par de meilleurs appareils et que maintenant, on va s'en aller avec
des F-28. Il est en train de nous confirmer que ce que nous disons depuis
plusieurs mois, à savoir qu'on se doit de changer la qualité du
service, du type d'appareil et tout ce qui s'ensuit, est en
train de se réaliser. J'en suis fort aise. J'espère que
cela va se continuer dans ce sens-là.
Quant aux déclarations du député de Saguenay qui
disait: II y a des baisses de tarifs, le service est augmenté... Je lui
dis: Attention! Parce que ce n'est pas nécessairement le cas dans toutes
les régions. Je prends régulièrement Quebecair et Nordair
Metro pour venir à Québec et je peux vous dire qu'il y a
différents inconvénients qui se produisent
régulièrement. Je n'embarquerai pas là-dessus, je pense
que ma collègue va toucher particulièrement à l'aspect de
la sécurité qui a été un laisser-aller et qui
rejoint, je pense, l'ensemble des Québécois. M. le
Président, ce sera tout pour mon intervention pour l'instant.
Le Président (M. Saint-Roch): Je cède
maintenant la parole à M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, on
va en profiter pour régler un certain nombre de choses. J'ai
retracé l'individu dont parlait Mme la députée de
Maisonneuve quant aux 602 $. Cet individu part de Rimouski et se rend à
Montréal, il paie 162 $. Il peut faire une petite journée de
magasinage à Montréal et il décide d'aller faire un tour
à Toronto. Il reprend un avion de Montréal pour aller à
Toronto et il décide d'aller, comme il n'avait pas tout ce qu'il fallait
à Montréal, il y en avait un petit peu plus à Toronto, il
décide donc d'aller à Toronto et cela lui coûte 139 $. Cela
veut dire 301 $ multipliés par 2, cela fait 602 $. C'est votre individu,
ça; alors que l'individu, lui, qui achète un billet, qui part de
Rimouski mais qui n'arrête pas à Montréal, il s'en va
à Toronto - c'est de celui-là dont vous parliez - il fait donc
Rimouski -Toronto, cela lui coûte effectivement 438 $. C'est ça la
vérité.
L'affirmation du député de Bertrand est grosse,
très grosse quand il dit que te ministre des Transports dit
posséder la vérité. Je pense que vous arrivez un peu
tardivement dans le dossier pour avoir un jugement comme celui-là. J'ai
été un de ceux qui, dès le départ, a fait tout ce
qui était humainement possible de faire pour favoriser les
employés. C'est clair. À un point tel que lors du sommet de
l'Outaouais, le 9 mai 1986, j'avais rencontré antérieurement des
représentants des syndicats qui me disaient que c'était le bordel
dans Quebecair et qu'il fallait nécessairement en arriver à des
décisions quant au changement de l'administration. Je leur ai
demandé alors: Qui peut assurer la direction de Quebecair d'une
manière convenable? On m'a identifié une personne. Au conseil
d'administration du vendredi soir 9 mai, à Montréal, à
l'aéroport de Dorval, cette personne était nommée
présidente du conseil d'administration de Quebecair, directeur
général de Quebecair. Ils ont cheminé avec lui pendant une
partie de l'été.
On n'a pas fait tout ce qu'il fallait? Celui qui négociait au nom
du gouvernement pourrait vous relater toute une série d'aventures,
prendre des individus par le bras pour les amener chez Air Canada, leur
conseiller, leur suggérer fortement d'aller voir la FTQ. Il y en a des
exemples comme ça, si vous en voulez. On peut passer toute la
matinée là-dessus. Dire que je possède la
vérité, non, pas du tout. Au contraire. Il y a eu des
problèmes. Il y en a encore. Ce qu'on tente de faire, c'est de les
régler.
Tantôt, en vous admettant que CP Air n'avait pas respecté
des engagements au niveau des pilotes puis au niveau des mécaniciens, si
c'est ça la vérité et si je possède la
vérité, oui, je la possède la vérité, parce
que c'était ça. J'ai admis qu'il y avait des torts qu'il fallait
tenter de corriger.
Je pense que vous venez de me fournir une occasion en or en citant M.
Jacques Gilbert, de RCMP, qui disait que la privatisation de Quebecair
n'était pas nécessairement une bonne affaire ou, comme vous
l'avez cité. Je vais déposer, pour votre information et votre
bonne compréhension, un document intitulé "Commentaires à
la suite de la vérification des opérations et des états
financiers de l'exercice terminé le 31 décembre 1985 de
Quebecair", de Raymond, Chabot, Martin, Paré. M. Gilbert vient de
là, on se comprend bien. J'imagine qu'il est au courant de ce qui se
passe dans sa boîte, lui. Non, il n'est pas au courant? C'est son
problème, pas le mien. On en arrive à certains commentaires. Je
ne veux vous donner que quelques exemples et vous l'aurez par la suite. Vous
pourrez en faire ce que vous voulez.
Au paragraphe Revenus de billetterie: Aucune vérification
systématique des prix des billets vendus n'est effectuée lors du
traitement informatique. Les rapports d'inventaire de billets de Quebecair et
de billets flottants n'ont pas fait l'objet d'analyse au cours de
l'exercice.
Il y a de petits commentaires à côté qu'on va
passer. Mais on va vous donner de petits exemples comme ça. Il y en a un
catalogue complet.
Au chapitre des immobilisations: Il n'existe présentement aucun
auxiliaire des immobilisations. De plus, le système actuel ne permet pas
d'identifier facilement le détail et le coût des immobilisations
achetées et vendues.
La meilleure: Services Quebecair Inc.: Aucune conciliation de banque n'a
été effectuée au cours de l'exercice. Toutes les
dépenses relatives à un contrat sont
présentement imputées à un seul compte de
dépenses. Là, si vous en voulez, vous allez pouvoir vous amuser.
Peut-être, avec ça, qu'on pourrait vous permettre d'en envoyer une
copie à M. Gilbert, pour l'informer de ce qui se passe.
Donc, je le dépose, M. le Président. (11 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): Nous acceptons le
dépôt, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Deuxièmement, vous
avez un comité de vérification interne, auquel a participé
très brièvement le député de Bertrand, au niveau de
Quebecair. Ce n'est pas le ministre qui parle. Ce n'est pas celui qui,
dès le mois de décembre, avait décidé dans sa
tête de se débarrasser de Quebecair qui parle, ce sont des gens
nommés par votre gouvernement qui étaient là. Des noms
comme M. Vézina, le président de la Régie de
l'assurance-automobile, qui était directeur du comité de
l'éducation; Mme Denise Martin, qui est sûrement bien connue chez
vous, puisqu'elle a été une des principales collaboratrices du
chef de l'Opposition, cela doit être assez crédible j'imagine, et
M. Réjean Blais. Trois petites pages suffisent à vous en mettre
plein la vue quant à l'administration et c'est le vécu de
l'intérieur.
Êtes-vous en train de me signifier que je n'ai plus le temps, M.
le Président? Parfait. On y reviendra, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Je
cède maintenant la parole au député de
Matapédia.
M. Henri Paradis
M. Paradis (Matapédia); Merci, M, le Président. Que
de paroles pour Quebecair! Il faut se rappeler dans quel contexte on a
vécu Quebecair. À partir du rendez-vous historique de 1981, c'est
là que le problème commence véritablement. Si ce
gouvernement, qui était à l'époque le gouvernement du
Parti québécois, avait finalement pu s'entendre avec Nordair, on
n'aurait pas eu à vivre toute cette privatisation qu'on a connue pendant
les seize ou dix-sept derniers mois.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que strictement par dogmatisme, on a
voulu garder Quebecair sous sa tutelle, avec les résultats qu'on a
connus dans le passé. Mme la députée de Maîsonneuve
disait tout à l'heure que c'était une mauvaise affaire pour les
Québécois qu'on ait privatisé Quebecair. C'est une
mauvaise affaire qu'on se soit débarrassé d'un fardeau de 100 000
000 $. C'est une mauvaise affaire que Quebecair n'aille plus à Boston ou
à Toronto avec cinq, six ou sept personnes, parce que ce sont les
régions qui payaient la facture.
Alors, il faut se poser un certain nombre de questions et voir la
privatisation de Quebecair dans toute cette perspective-là. Le choix
était de privatiser. Même Louis Bernard, qui était quand
même un personnage important dans le gouvernement du Parti
québécois, l'a dit récemment: Oui, il fallait privatiser
ou se débarrasser de Quebecair pour en faire véritablement un
transporteur de deuxième niveau, comme il devait être. Tout de
suite après la privatisation, on demandait aux acquéreurs: Voici
ce que vous avez dit dans votre offre et mettez-le en application le lendemain.
Comme si, du jour au lendemain, on exigeait des investisseurs privés -
parce que ce sont eux qui payaient maintenant le déficit et la facture -
de mettre en place tous les changements qui auraient dû être faits
à Quebecair, à cause de l'incurie de l'administration
précédente.
Au moment où on se parle, Quebecair a fait des changements
substantiels dans la compagnie, de telle sorte que les régions puissent,
en ce qui nous concerne, aussi bien à Baie-Comeau, comme mon
collègue le disait tout à l'heure, qu'à Mont-Joli... On a
eu des changements substantiels qui donnent un service beaucoup plus
adéquat pour les hommes d'affaires de la région. On a des vols
supplémentaires et quand on parle de qualité de service, il faut
en parler des vols supplémentaires. Le service, ce n'est pas
véritablement le type d'appareil qu'on utilise, de la même
façon qu'une voiture. Même si on ne se promène pas en
Cadillac, on peut se promener en Chevrolet, mais s'il y a trois voyages par
jour, le service est beaucoup plus adéquat.
Le ministre disait tout à l'heure aussi que c'était
beaucoup plus intéressant de payer son billet une seule fois. Je le
disais lors d'une motion du mercredi et je vais le répéter: C'est
très intéressant. Payer son billet pour voyager en avion, c'est
suffisant, on n'a pas à le payer une deuxième fois en taxes et en
impôts. À cet égard, c'est un changement important pour
ceux qui utilisent le service aérien.
Je vais vous conter une anecdote. Cela me rappelle lorsqu'on
était à Baie-Comeau récemment. On a quitté la
piste, parce que la piste était glacée et enneigée, puis
quelqu'un me faisait la réflexion: Regardez ce que vous avez fait avec
Quebecair. Je lui ai tout simplement répondu qu'on n'avait pas
privatisé le temps. Cela m'apparaît important. On était
à bord d'un F-28 et on a quitté la piste. Je pense que le fait de
quitter la piste n'avait rien à voir avec la privatisation de Quebecair,
mais avec toutes sortes de déclarations insidieuses que certaines
personnes font pour essayer de garder ce dossier le plus chaud possible, pour
je ne sais pas quelle considération, on essaie de dire n'importe
quoi.
Je vous dis simplement que, concernant
Quebecair, on a assumé nos responsabilités, nous l'avons
privatisée. Ce sont trois Québécois qui en assument la
direction, qui ont fait des changements importants dans la structure de la
compagnie et nous espérons qu'ils pourront, le plus rapidement possible,
livrer la marchandise et qu'on aura un transporteur véritablement de
deuxième niveau, un transporteur régional qui pourra desservir
toutes les régions du Québec et de la meilleure façon
possible.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Matapédia. Je cède maintenant la parole
à Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je dois vous dire
qu'avec l'intervention du député de Matapédia, on a
nagé en plein surréalisme. Le député de
Matapédia fait état d'un déficit de 100 000 000 $.
L'investissement de 80 000 000 $ du gouvernement, dont parlait le ministre, au
début de cette interpellation, est devenu le déficit de 100 000
000 $ dans la bouche du député de Matapédia.
Le gouvernement s'est porté acquéreur, en 1983, de 100 %
des actions, mais c'est par dogmatisme qu'il y a eu un rendez-vous
manqué en 1981 entre Quebecair et Nordair et ainsi de suite.
Toronto-Montréal était une des lignes avec le plus haut taux de
fréquentation, la plus rentable. Bostons il faut savoir combien tout le
milieu touristique de Québec a protesté avec la cessation des
vols Québec-Boston, en évaluant à plusieurs millions de
dollars les pertes encourues pour l'industrie hôtelière de
Québec.
M. le Président, là je préférerais qu'on
revienne aux propos du ministre. Il a semblé dire, à un moment
donné, que c'était la faute du gouvernement
précédent, mais cela a été aussi la faute de la
direction. Il n'a pas nommé M. Léger, mais j'imagine qu'il y
faisait allusion. Il oublie de dire qu'à un moment donné, ici
dans cette Chambre, il a dit que c'était la faute des employés et
là maintenant on commence à laisser entendre que c'est la faute
de l'Opposition. Là ce sont les propos tenus par le député
de Matapédia, s'il y a de l'inquiétude et parfois même de
l'anxiété dans les régions et chez les employés,
cela va devenir la faute de l'Opposition.
M. le Président, j'aimerais que le ministre nous indique comment
il entend faire respecter aux nouveaux acquéreurs les engagements qu'ils
ont pris lors de l'offre d'achat. Le ministre a dit dans une intervention
précédente: J'entends faire respecter les liens contractuels avec
ceux qui sont devenus propriétaires. Évidemment, il y a là
un euphémisme, et je ne pense pas que les actionnaires de Nordair Metro
soient encore, au sens juridique du terme, des propriétaires.
Le ministre, avant de faire la clôture de la transaction, comme le
lui demandait l'Association des qens de l'air du Québec réunie en
congrès la fin de semaine dernière et qui exigeait du ministre
qu'il n'y ait pas de clôture de ta transaction tant et aussi longtemps
que toutes les conditions posées au contrat n'aient été
respectées...
Je demande au ministre: Comment entend-il faire respecter... J'entends
déposer, avec votre consentement, les engagements que les actionnaires
ont pris à l'égard notamment des lignes aériennes Canadien
Pacifique et du transfert de Toronto-Vancouver vers Montréal de
l'entretien des appareils 737 utilisés dans l'Est du Canada. Donc, il
s'agit là d'un engagement ferme qu'on retrouve dans l'offre d'achat.
M. le Président, une parenthèse pour vous dire que, s'il
n'y a pas encore eu de transfert de l'entretien des appareils, il y a
malheureusement des appareils qui ont été vendus à CP Air.
Les médias d'information ont largement fait écho de cette vente
intervenue l'automne dernier pour un coût total, en dollars canadiens, de
32 000 000 $ de deux appareils 737 de Quebecair à CP Air et que CP a
revendus, dans un contrat de vente de location... un mois à peine plus
tard, pour la somme de 35 000 000 $.
Les cadeaux, M. le Président, il faut constater que les nouveaux
acquéreurs avaient un peu de "loose", puisqu'ils ont laissé cette
possible transaction avantageuse à CP plutôt que d'en profiter
eux-mêmes.
Un deuxième engagement - on en a suffisamment parlé pour
que je n'y revienne pas - c'est celui de CP de s'engager à embaucher une
proportion de pilotes québécois correspondant à la
population du Québec au sein du Canada.
Troisième engagement, rapatriement par Nationair à Dorval
de l'entretien de ces appareils, lequel entretien se faisait
présentement aux États-Unis et à Toronto.
Quatrième engagement, l'engagement de Conifair à investir
3 000 000 $ pour la construction d'un hangar à l'aéroport de
Québec. Cet engagement permettait à Conifair de
bénéficier d'un tranfert de l'entretien des CL-215 à
Québec. Qu'en est-il de cet investissement de 3 000 000 $ auquel s'est
engagé Conifair pour la construction du hangar à
Québec?
M. le Président, je pense que c'est sur ces liens contractuels
que l'on entend que le ministre fasse maintenant respecter ce qui a
été signé dans cette offre d'achat.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela clôt maintenant
le débat. J'aimerais rappeler aux membres de cette commission...
M. Côté (Charlesbourg): M. le
Président, je ne peux pa3 répondre?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, nous en
sommes maintenant à la conclusion. Alors, j'aimerais rappeler à
ce moment-ci que M. le ministre aura dix minutes de temps de parole pour
conclure, suivi d'un droit de réplique de Mme la députée
de Maisonneuve de dix minutes. M. le ministre, en conclusion. Vous avez
maintenant dix minutes.
Conclusions M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
regrette que ce soit un débat trop bref. Malheureusement, la formule ne
nous permet pas nécessairement de faire tout l'éclairage sur le
dossier que nous aurions bien voulu faire. J'ai dit, au début, qu'il y
avait eu des rendez-vous manqués par Quebecair et, effectivement, il y
en a eu dont le plus important qui a été mentionné: cette
fusion possible de Nordair et de Quebecair. On sait maintenant que les
tiraillements internes du cabinet de l'époque entre M. Landry et M.
Parizeau ont fait en sorte que M. Parizeau s'est fait passer un sapin par M.
Landry. Cela a été un premier rendez-vous manqué.
M. le Président, on a évoqué toute une série
de choses 'qui méritent d'être corrigées. Lorsque j'ai dit
à Mme la députée de Maisonneuve de, bien sûr, faire
attention à ce qu'elle véhiculait comme information, j'avais,
frais à la mémoire, un certain nombre de choses qu'elle a
elle-même parrainées ou qu'elle a dites en cette Chambre et qui
font foi de la mauvaise information qui lui a été transmise,
finalement.
Ce petit document remis à toutes les communautés locales
de la Basse-Côte-Nord et de la Moyenne-Côte-Nord, aux gens des MRC,
a abusé de leur bonne foi en ce sens que ce document était un
tissu de faussetés, premièrement. Deuxièmement, il faudra
se rappeler que, effectivement, lorsque vous êtes intervenue sur la vente
des Boeing 737 en cette Chambre, vous aviez mêlé des dollars
canadiens et des dollars américains, et à ce grand
étonnement de cette grande question... C'est très clair dans le
Journal des débats, vous avez mêlé des dollars canadiens et
des dollars américains pour revenir, par la suite, dire à la
population: Oui, effectivement, c'était 32 000 000 $, avec tout le
charme dont vous êtes capable et de la manière dont vous
êtes capable de le faire. C'était effectivement 32 000 000 $ que
les appareils avaient été vendus, soit le prix de
l'évaluation... Un mois plus tard, on a dit: C'est extraordinaire, il y
a eu un profit de 3 000 000 $ par la compagnie CP Air parce qu'elle a vendu les
appareils 35 000 000 $. Ce que vous avez oublié de dire, c'est que c'est
un financement d'avions, de la même manière que vous avez
financé Quebecair, à l'époque, avec les HS-748 par une
passe administrative que bien des gens ne comprennent pas encore aujourd'hui ou
ont de la misère à démêler. Nous dire que c'est un
cadeau, bien voyons donc! Jos Public qui écoute cela va bien comprendre,
quant aux 65 % des actions détenues par Dutil, par Racicot et par
Leblanc dans Nordair Métro, que ces derniers auraient
décidé de faire un cadeau à Quebecair et à CP Air
aussi important que celui-là, de 1 000 000 $, en ce qui les concerne.
Voyons donc! C'est de l'argumentation qui ne résiste pas à
l'analyse.
M. le Président, on a effectivement décidé de
privatiser Quebecair. Nous avons suivi une formule qui était très
claire et qui a été limpide tout au long de la discussion.
Rappelez-vous les propositions d'abord de M. Léger, ensuite, de M.
Filiatreault, puis de M, Parent, des associations très pénibles,
et du bout des doigts, en termes d'association avec Air Canada, dans le but de
faire une proposition qui pourrait venir sur la table et, encore là,
très tardivement, pas très bien attachée quant au plan de
redressement de Quebecair, compte tenu de la volonté de ceux qui,
à l'époque, menaient la discussion pour l'acquisition, soit les
pilotes. Les autorités d'Air Canada savaient fort bien qu'avec ce plan
de redressement, Quebecair ne se serait jamais redressée, ne
détenant que 30 % ou 35 % des actions, comme c'était
précisé à l'époque. (11 h 45)
M. le Président, la qestion de Quebecair était
épouvantable. Vous l'avez toléré, vous l'avez
cautionné tout le temps que vous avez été au gouvernement.
Vous avez cautionné à partir du moment où en 1981 vous
êtes intervenus. Le rapport de la RCMP est très clair, il est
public maintenant. Le rapport de M. Vézina que je vais déposer,
M. le Président, nous disait ceci dans sa conclusion, et c'est au mois
de février 1981: "Enfin, des mesures efficaces de redressement doivent
être prises immédiatement: Compression sensible de l'effectif,
renégociation de la dette à long terme déjà
souligné au moment de l'étude du budget de 1985, révision
du calcul des prix de revient afin de permettre de dégager un portrait
réel de la rentabilité de chacune des routes et des
activités - Comment pouvez-vous nous dire aujourd'hui que des routes
étaient rentables? Comment pouvez-vous nous le dire, alors que
même le comité de vérification de Quebecair ne le savait
pas? -un portrait réel de la rentabilité de chacune des routes et
des activités, diminution des inventaires et disposition des
équipements non utilisés, sensibilisation,
information et motivation des employés."
J'ai encore frais à la mémoire des rencontres que j'ai
eues avec des employés de Quebecair qui appelaient le siège
social de Quebecair le "Kremlin", parce que les décisions se prenaient
là-bas par les gens du marketing, par d'autres personnes qui n'avaient
pas les intérêts des gens des régions du Québec.
Venir nous dire aujourd'hui que la qualité du service en régions,
qui était la première priorité dans les priorités
que nous nous étions données, n'est pas respectée, je
pense que la conclusion s'impose. Il y a, bien sûr, eu des ajustements,
il y a de l'évolution. On a parlé tantôt de Convair 580 et
c'est clair, on a dit à l'époque que c'était bon, mais il
y a encore quelque chose de meilleur, ce sont les F-28. Pourquoi ne pas
améliorer la situation et tenter de continuer de l'améliorer en
ce qui concerne le service aux régions? Cent cinquante-deux dessertes
quotidiennes par rapport à 125 dessertes, tel l'engagement pris au
moment de la vente, c'est tout à fait à l'image de ce qu'on
s'attendait. Il reste un certain nombre de problèmes à
régler qui vont se régler.
La conclusion en ce qui concerne les emplois, il reste du travail
à faire. Globalement, en ce qui concerne les pertes d'emplois, on peut
justifier, à plus ou moins dix, un certain nombre de chiffres. Il reste
des dossiers à régler comme ceux de l'attitude de Canadien
Pacifique en ce qui concerne l'embauche des pilotes. Il reste, comme vous
l'avez si bien souligné, les mécaniciens, l'entretien qui avait
été promis de Boeing 737. Nous y travaillons et nous allons
continuer.
Finalement, ce qui est très clair, c'est que le gouvernement a
fait confiance à l'"entrepreneurship" québécois. Des gens
du Québec, des francophones du Québec, Leblanc, Dutil, Racicot
qui eux-mêmes ont confiance à des gens nouvelle
génération, qui ont le sens de l'entrepreneurship en ce qui
concerne le Québec et qui, veulent faire quelque chose, réaliser
quelque chose de grand et qui dans une lettre adressée aux
employés le 9 avril dernier, à tous les employés de
Quebecair, contrairement à ce qui est véhiculé à
l'intérieur par certaines personnes qui ont des objectifs
différents que de maintenir Quebecair en vie, ont affirmé
clairement que Quebecair était là pour demeurer et survivre
maintenant que la crise était passée. Qu'est-ce qu'il nous reste
comme moyens pour faire en sorte que nous nous assurions que les engagements
pris soient respectés? C'est clair, le contrat. Le contrat
lui-même. Il est très surprenant d'entendre, aujourd'hui, nous
dire: Qu'est-ce que vous attendez pour faire respecter le contrat, alors que
vous êtes la personne qui avez animé tout le monde au
Québec pour vous apposer devant la Commission canadienne des transports,
pour continuer devant le cabinet fédéral afin de tenter de
bloquer systématiquement la conclusion de la transaction? Il est clair
que sur le plan juridique, les gens seront propriétaires au moment
où ce contrat sera fait et que nous allons nous assurer, dans la phase
finale des négociations, qui ne saurait tarder, de faire en sorte que
les données du contrat soient respectées. Voilà M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Je
cède maintenant la parole à Mme la députée de
Maisonneuve, en réplique pour dix minutes.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je pense que la
transaction des deux Boeing 737 est une bonne illustration du
procédé que le ministre utilise pour discréditer
l'Opposition. Ainsi, le ministre nous disait que j'aurais confondu le montant
de la transaction, soit en argent canadien ou américain. Je rappelle au
ministre - c'est un bon exemple - que c'est une question que je lui ai
posée en Chambre. C'est son incapacité de répondre
à la question et la confusion entretenue par des réponses
contradictoires des porte-parole de CP qui ont entretenu la confusion... Si le
ministre en est à confondre question et réponse, voyez dans quel
glissement on est.
M. le Président, je pense que quiconque s'intéresse
sérieusement au développement du Québec et de ses
régions et au développement de l'ensemble de
l'aéronautique au Québec ne peut rester indifférent face
à cette question, face au dossier de Quebecair et face à cette
situation de démantèlement. On va se rappeler que c'est en
juillet dernier, au milieu des vacances d'été, que le
gouvernement a choisi d'annoncer son choix en faveur de l'offre d'achat des
actionnaires de Nordair Metro, compagnie concurrente affiliée à
Nordair et à CP Air. Le gouvernement rejetait l'offre faite par les
employés de Quebecair, de concert avec Air Canada et le Fonds de
solidarité des travailleurs et travailleuses du Québec.
Aujourd'hui, nous avons toutes les raisons de croire, M. le
Président, que cette privatisation s'est faite de façon
improvisée. Nous avons tenté à maintes reprises d'obtenir
des documents stratégiques qui ont amené ce choix de la part du
gouvernement. Nous sommes allés jusque devant la Commission
d'accès à l'information pour obtenir ces informations que le
gouvernement nous a refusées.
M. le Président, pour le nouveau gouvernement libéral, il
fallait à tout prix appliquer sa nouvelle doctrine de privatisation:
Vendre à rabais pour justifier l'acharnement qu'il avait
démontré dans le passé à l'égard de
Quebecair. Pourtant, des
leçons de l'étranger auraient pu être tirées
sur des privatisations réussies. Je pense en particulier à un
exemple éloquent qui nous a été donné, celui de
Pacific Western Airline, d'une privatisation sagement et prudemment
réalisée qui a donné d'excellents résultats.
Imaginez que Pacific Western, auparavant propriété du
gouvernement de l'Alberta, est devenu acquéreur de CP Air. De taille
comparable à Quebecair, Pacific Western, qui était un
transporteur régional de deuxième niveau qui a été
la propriété du gouvernement de l'Alberta, s'est engagé
sur la voie de la privatisation en émettant des actions dans le public,
mais le gouvernement de l'Alberta s'était assuré
préalablement, par voie législative, qu'aucun actionnaire ne
pouvait détenir plus de 4 % des actions et prendre le
contrôle.
M. le Président, il y a également d'autres cas. Je pense
à British Airways, en Angleterre, le pays du paradis de la
privatisation, qui a été un cas semblable à celui de
Pacifie Western. Le gouvernement libéral a voulu s'attaquer à
Quebecair et en a fait le procès, l'a mis au banc des accusés
comme symbole du gouvernement précédent pour rabattre le caquet,
comme on dit en québécois, à ceux qui visaient
prétendument trop haut. Et pourtant, Quebecair n'a jamais
été la créature du Parti québécois, je le
répète, c'est une compagnie aérienne au service des
francophones, oui, au service des régions, qui a fêté cette
année son 40e anniversaire et qui fait partie du patrimoine
québécois au même titre qu'Hydro-Québec ou n'importe
quelle autre compagnie dont nous sommes fiers.
M. le Président, les nouveaux acquéreurs qui sont les
actionnaires de Nordair Metro se sont fait remettre les clés de
l'entreprise avant même que la transaction ne soit
complétée, puisque le transfert de contrôle n'est pas
encore réalisé présentement, n'étant pas encore
entériné par la Commission canadienne des transports.
M. le Président, on a fait écho dans cette salle, ici
même ce matin, à des protestations qui sont venues des
régions. Le ministre, encore une fois par une sorte de glissement,
voudrait nous faire croire que les régions ont été
indûment amenées à s'opposer devant la Commission
canadienne des transports. Je lui rappellerai que, depuis l'automne dernier,
aucun des 58 organismes: chambre de commerce, municipalités
régionales de comté, municipalités, la liste est
impressionnante, de toutes les régions du Québec, de l'Abibiti
à la Côte-Nord au Saguenay--Lac-Saint-Jean, aux
Îles-de-la-Madeleine, aucun organisme ne s'est désisté de
son apposition; plus encore, l'ensemble des organismes qui sont dirigés
par des personnes qui ont de la crédibilité et qui se font
l'écho des revendications de leur milieu ont une opposition ferme. C'est
surtout une revendication unanime dans tout le Québec pour des audiences
publiques pour faire entendre le point de vue des régions sur cette
transaction.
Le gouvernement avait à démontrer qu'il a fait respecter
ses engagements concernant les emplois, ses engagements envers les
régions, ses engagements à l'égard de la promotion des
francophones. Neuf mois ont passé depuis cette transaction. L'on peut
constater que loin d'avoir servi les intérêts du Québec,
c'est une chorale dans tout le Québec qui s'intensifie de jour en jour,
compte tenu des conséquences qui sont vécues. Je pense à
Sept-Îles, en particulier, avec la perte des emplois là-bas,
compte tenu de la cessation des opérations d'entretien dans les hangars,
je pense aussi à l'ensemble des régions pour conclure,
finalement, qu'au chapitre des pertes d'emplois, le bilan est catastrophique.
C'est à un maximum de mises à pied que les nouveaux
acquéreurs se sont employés. C'est ta perte d'emplois lucratifs,
difficiles à retrouver pour des pilotes, des ingénieurs, des
appariteurs, des agents de bord, des hôtesses de l'air,
expérimentés pour la plupart, dans la force de l'âge, sans
parler des démissions et des renonciations aux droits acquis qui ont
été exigées pour postuler des emplois dans d'autres
compagnies.
Donc, nous sommes d'accord, nous du Parti québécois, pour
que des entrepreneurs d'ici puissent faire leur marque dans le domaine
aérien comme dans toute autre activité économique, mais
à la condition, bien sûr, de servir d'abord les
intérêts et les besoins de tous les Québécois et les
Québécoises. Évidemment, comme le notait
l'éditorialiste du Devoir, M. Paul-André Comeau, qui posait une
question de fond qu'il nous faut résoudre comme société,
à savoir l'inadéquation entre l'étroitesse du bassin de
population et l'énormité des territoires à desservir
pensons seulement aux 600 milles de côte le long de la Basse et de la
Moyenne-Côte-Nord, pour 12 villages et un peu plus de 8000 habitants - la
question cruciale reste posée: Est-il possible de desservir le
Québec en respectant les seules lois du marché? La
rentabilité dont parle le ministre, à quel prix? Au mépris
des populations des régions éloignées, au mépris
des emplois.
Nous avons demandé au gouvernement de convoquer une commission
parlementaire pour que les personnes concernées puissent se faire
entendre. Le ministre prétend parler en leur nom. Moi, je parle en leur
nom également en disant le contraire. Une commission parlementaire
pourrait nous permettre de les écouter. Nous continuons à
réclamer la convocation de cette commission parlementaire afin de faire
toute la lumière sur la transaction, ses conséquences sur le
service aux régions, la présence des francophones dans l'aviation
et le nombre
d'employés mis à pied. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Saintc-Roch): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve.
La commission, ayant rempli son mandat, ajourne maintenant ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 11 h 59)