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(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 100, Loi sur les élections et
les référendums dans les municipalités.
Avez-vous des remarques préliminaires, M. le ministre?
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Nous voilà donc
maintenant à l'étape de l'étude article par article du
projet de loi 100, Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités. Cette imposante
pièce de législation constitue le premier livre de la
révision amorcée depuis un certain temps déjà.
Ladite révision est inspirée des grands principes qui nous
guident dans cette démarche, soit la simplification, l'unification et la
modernisation.
Je tiens à rappeler que le projet de loi à l'étude,
tout en étant original et adapté au monde municipal, se veut
fidèle à nos institutions électorales actuelles. Les 889
articles qui constituent ce projet de loi devront être
étudiés avec l'à-propos et la
célérité nécessaires afin qu'ils puissent recevoir
l'aval de l'Assemblée nationale à la présente session.
Je suis d'avis que le représentant du parti de l'Opposition est,
comme moi, convaincu de la nécessité d'unir nos efforts afin de
donner au monde municipal un outil de démocratie qui est attendu depuis
fort longtemps. D'ailleurs, il convient de souligner que le projet de loi 100
est essentiellement la traduction des volontés du milieu. À ce
titre, les modifications qui y furent incorporées reflètent les
demandes qui nous ont été formulées tant par les
élus que par les fonctionnaires municipaux.
Sans plus tarder, M. le Président, j'invite les membres de cette
commission à l'étude détaillée de ce projet de loi
qui marque la première étape de l'ambitieux projet du futur Code
des municipalités du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière, est- ce que vous avez des remarques
préliminaires?
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui, M. le Président. Lors de mon exposé
à l'Assemblée nationale, jeudi dernier, j'avais soulevé
quelques interrogations concernant ce projet de loi. Une des interrogations les
plus importantes portait effectivement sur la position du leader parlementaire
du gouvernement, M. Gratton, le ministre du Revenu et responsable de la Loi
électorale, qui nous avait informés, par la voie de la presse,
que son collègue et lui avaient accepté d'enlever au Directeur
général des élections l'économie de la loi,
c'est-à-dire l'application de la loi. À ce moment-là le
ministre des Affaires municipales avait manifesté son accord concernant
le retrait, d'une part, au Directeur général des élections
et à la Commission de la représentation de toute l'application de
cette loi qui serait remise à la Commission municipale. D'autre part, il
avait dit qu'au cours de l'étude du projet de loi article par article on
procéderait à des amendements sûrement nombreux pour faire
cette transmission à la Commission municipale. Cela faisait l'objet
d'une interrogation doublée d'une appréhension par rapport
à ce changement. Je ne crois pas qu'il ait été
demandé par des administrateurs municipaux. Il a peut-être
été suggéré, par exemple, par des membres de
l'Assemblée nationale aux administrateurs municipaux qui n'ont pas vu
là nécessairement motif à discussion. Par contre, je suis
fondamentalement convaincu que c'est un point majeur qui est soulevé par
cette prise de position gouvernementale.
Quant à mot, en regardant et en examinant l'ensemble du projet de
loi, il est évident que ce projet de loi a été
préparé de longue date. Ce n'est pas le gouvernement actuel, ni
le ministre des Affaires municipales qui peuvent affirmer que c'est le fruit
uniquement de leurs recherches. Pour la bonne compréhension, on doit
affirmer que ce projet de loi origine, d'abord, de nombreuses études
préalables et que la commission Hébert a possiblement
été la plus avertie ou celle qui a fait le plus de recherches
quant à ce projet de loi. La commission Hébert a travaillé
durant de nombreuses années pour proposer la refonte des lois
municipales. Mais, avant de procéder
à cette refonte des lois municipales, il y avait sûrement
des pièces législatives autres à présenter dans la
suite logique des problèmes municipaux, puisqu'on doit régler,
d'abord, les problèmes importants. Ce projet de loi est sûrement
très important, mais il a fallu qu'on procède à d'autres
études ou à l'adoption d'autres projets de loi avant d'en arriver
à celui-ci.
Témoin le projet de loi sur l'aménagement et l'urbanisme
qui s'est concrétisé par la loi 125. C'était une
pièce législative importante qui, sans doute, devait être
prélable à la refonte des lois, puisqu'elle marque le
Québec non seulement par le début de l'application de ce projet
de loi, mais aussi parce qu'elle touche fondamentalement une bonne partie du
vécu ou de l'organisation territoriale et municipale. Donc, la loi 125 a
fait l'objet de nombreuses consultations et de nombreux travaux de la part des
parlementaires, mais aussi du monde municipal avant qu'elle soit en
application.
Il y a encore la Loi sur la fiscalité municipale qui était
aussi un préalable avant de procéder à la refonte des
lois. Encore une loi très marquante dans le monde municipal et qui a
aussi été donnée en exemple à beaucoup de
gouvernements, puisque cette loi a pour effet de donner ou de
concrétiser l'autonomie municipale dans une très large mesure. On
prend juste un exemple: actuellement, il y a 95 % des revenus municipaux
concernant la fiscalité qui viennent de sources autonomes, ce qui permet
aux municipalités dans leur fonctionnement, dans leurs décisions,
de pouvoir agir sans le concours ou sans être obligées
d'être à la remorque du gouvernement supérieur qui
s'appellerait le gouvernement du Québec. Donc, cette loi-là a
fait beaucoup pour responsabiliser le monde municipal. Par contre, après
un certain temps, après sept ou huit ans d'application de cette loi, on
est en droit de se poser certaines questions, à savoir si le temps ne
serait pas venu d'essayer de la bonifier ou de l'améliorer. Il n'y a pas
beaucoup de lois qui, après sept ou huit ans d'application, ne demandent
pas un certain nombre de modalités ou d'études
supplémentaires. Mais, encore là, on doit admettre que la
fiscalité municipale a certainement été une pièce
maîtresse dans l'échiquier municipal, mais aussi un
élément extrêmement important pour responsabiliser les
élus municipaux, tout en permettant aux citoyens de mieux se situer par
rapport à leurs élus municipaux. Donc, ce sont deux pièces
majeures.
Vient actuellement ce dossier qui s'appelle la refonte du Code
municipal, la Loi sur les cités et villes où plusieurs principes
sont en cause. À mes yeux, le ministère et le ministre ont
sûrement tenu compte de beaucoup de remarques que nous avons faites lors
de l'écoute de plusieurs intervenants qui sont venus nous dire de quelle
façon ils voyaient l'avant-projet de loi 100. Plusieurs groupes sont
venus nous dire leur point de vue par rapport à ce projet de loi et,
effectivement, il y a beaucoup d'éléments qui nous permettent de
voir, sinon de croire, qu'il y a beaucoup d'ajouts apportés par ce
nouveau projet de loi qui a été amendé à 300 ou
à 400 articles pour mieux rendre compte de la réalité.
Cependant, il y a encore des endroits où on doit s'interroger concernant
certains aspects de ce projet de loi.
Donc, au point de vue des élections -j'ai eu l'occasion de le
dire au début, mais je tiens à le répéter - il y a
définitivement un aspect important concernant l'application de cette loi
sur les élections qui veut permettre aux citoyens de mieux se
reconnaître au point de vue électoral, du fait que la loi qui est
devant vous ou qui est devant nous se rapproche, autant que faire se peut, de
la Loi électorale provinciale.
Il y a encore un aspect important à mes yeux, soit la partie de
loi oui touche les municipalités de 100 000 habitants et plus et qui
concernent les partis municipaux lors des élections. Ceci fera
qu'à l'avenir les partis qui auront obtenu le plus de votes pourront
nommer ou indiquer quelles sont les personnes qui devront agir comme
scrutateurs dans les bureaux de scrutin. C'est évident qu'une mesure
semblable, qui est vraiment la copte conforme de ce qui se passe au niveau
provincial, fait que les partis politiques municipaux sont favorisés ou
seront favorisés par cette mesure. Parce que Dieu sait que, lorsqu'on
contrôle un certain nombre d'aspects financiers dans la vie courante, on
tient aussi un certain nombre de personnes ou un certain nombre d'individus par
rapport à certaines actions. Je pense que ce serait faire abstraction de
toute logique si on ne soulevait pas cela.
Cela m'amène à dire que, pour les indépendants, il
n'y a pas grand-chose. Quelqu'un qui se serait présenté sous
l'étiquette indépendant lors d'une élection, à
l'élection suivante n'aurait pas la possibilité, même dans
les municipalités de 100 000 habitants et plus, de nommer son
scrutateur. On pourra me répondre: Bien oui, il est possible que le
greffier ou le président des élections puisse en tenir compte.
Mais, quand ce n'est pas écrit, je m'interroge, à ce
moment-là, sur l'application de la loi.
Si cet indépendant ne se présentait pas, qu'est-ce qui
arriverait? Il y a une autre interrogation. S'il ne se présente pas,
à ce moment-là, cela voudrait dire que ce serait le
deuxième qui a obtenu le plus de votes qui pourrait nommer le
scrutateur. S'il y en avait un troisième qui se présentait
à ce même siège, ce serait le troisième avec le plus
de votes. Donc, on voit que cette
mesure favorise, d'une façon certaine, les individus ou les
partis politiques municipaux. C'est une interrogation et qui devrait trouver,
à l'intérieur de l'étude article par article, de quelle
façon on pourrait appliquer cette particularité. (10 h 30)
En ce qui concerne les coûts pour permettre que les
élections aient lieu, il est évident qu'on part de quatorze ou
quinze jours pour tomber au 23 jour. Il y a une semaine supplémentaire
de rajoutée, ce qui veut dire que les municipalités vont
être administrées, pendant trois semaines, en ce qui concerne les
affaires courantes, juste par le maire. Donc, il y a un vide de trois semaines.
Je sais que cela peut représenter, jusqu'à un certain point, pour
un certain nombre de municipalités, certaines difficultés, le
fait qu'il y ait une période où le conseil ne peut pas
siéger. Cela veut dire que l'administration tombe sous la
responsabilité du maire comme tel. Jusqu'à maintenant, je ne
pense pas que je puisse trouver d'exemples où il y a eu des abus dans ce
sens-là. C'est une interrogation seulement que je formule. Je ne crois
pas que, jusqu'à maintenant, beaucoup de municipalités aient
abusé, durant la période préélectorale ou la
période où il y a eu un vide par rapport aux
élections.
Il y a certainement, par exemple, des points sur lesquels l'on pourrait
s'interroger: Si la municipalité était en grève, qu'est-ce
qui arriverait? Il y a des mesures d'urgence qui permettent que le maire puisse
prendre des décisions dans des temps difficiles ou complexes. Je pense
qu'il y a une certaine protection qui a été accordée
depuis quelques années; ce n'est pas depuis toujours, c'est depuis une
dizaine d'années, si ma mémoire est exacte, moins de dix ans,
où le maire a eu le droit... Assurément, c'est moins de dix
ans... Cela a été adopté à la suite d'une situation
d'urgence qui a existé, où le maire Guy Bélisle... Je ne
sais pas si c'est Deux-Montagnes. Non, c'est Saint-Eustache. Merci, M. le
ministre. Il y avait eu une situation d'urgence où le maire avait
été obligé de prendre des décisions. Ce
n'était pas dans le temps des élections, mais cela aurait pu se
produire. Et pour protéger les décisions du maire, la
Législature avait accepté d'adopter un projet de loi
privé, ce qui a donné suite, après cela, à
l'extension d'une autre loi qui fait que, dans des situations urgentes, te
maire peut agir.
Donc, au point de vue électoral, il y a à l'avenir
sûrement des façons de répondre à certaines
interrogations pour la collecte de fonds pour les élections. C'est
évident que, la période étant allongée, cela permet
à des candidats indépendants d'être favorisés
jusqu'à un certain point pour amasser les sommes d'argent
nécessaires.
On a augmenté de 50% les dépenses et je comprends
qu'à l'avenir cela se fera par règlements gouvernementaux ou par
décrets. Cela peut être considéré comme une
amélioration. Il s'agit seulement d'amender la loi au fur et à
mesure qu'on doit faire varier les coûts, surtout avec les hausses, de
temps en temps, qui ont été vertigineuses du coût de la
vie. Cela a donné comme résultat que les montants mis à la
disposition des gens qui briguaient des suffrages ne reflétaient pas la
réalité. Donc, je pense que c'est une amélioration dans ce
projet de loi. Par contre, au point de vue des quotes-parts ou des montants
d'argent que les gens vont donner, il n'y a pas eu d'augmentation. On sait
qu'avant c'était 100 % qui étaient accordés sans que la
personne puisse faire un chèque. À l'avenir, c'est encore 100 $.
Il me semble que, si on a accepté, d'une part, que le montant des
dépenses augmente de 50 %, c'est qu'on reconnaissait dans les faits que
l'argent avait moins de valeur. Cela veut dire, peut-être, que les 100 $
qui sont accordés valent moins aussi aujourd'hui qu'ils ne valaient lors
du dépôt du premier projet de loi qui permettait d'aller chercher
des fonds pour la tenue d'élections. Possiblement, à
l'intérieur de ce projet de loi, on pourra s'interroger sur ce
phénomène en disant: Si on peut augmenter les dépenses de
50 %, est-ce qu'on ne pourrait pas augmenter aussi les cotisations de 50 %? Il
me semble qu'il y aurait une concordance ou une cohérence par rapport
à ces deux points de vue.
Il y a aussi le point où on divise la municipalité en
districts électoraux. Il est évident que, pour une meilleure
compréhension ou pour une uniformisation de l'ensemble des mesures
électorales dans les municipalités, j'aurais pu, en tout cas
jusqu'à un certain point, penser ou être en lieu de croire
qu'à l'avenir les élections se dérouleraient tous les
quatre ans, pas nécessairement à la même date ou dans la
même année, mais aussi que cela se ferait en bloc. Je comprends
que les petites municipalités qui n'ont pas beaucoup de personnel
préfèrent encore aller en élections tous les deux ans. On
pourrait, à partir de ces prémisses, faire une discussion
à savoir pourquoi des gens craignent encore de nos jours qu'un conseil
municipal soit remplacé en bloc.
L'argumentation - je la donne pour ce qu'elle vaut - à mes yeux,
c'est que, lorsque dans de petites municipalités où tout le monde
se connaît bien, où tout le monde peut s'appeler par son nom,
où chaque individu sait ce que l'autre fait et, même assez
souvent, ce qu'il pense - on peut entendre: Je pourrais vous donner son
"pedigree" de a à z - ces gens peuvent craindre qu'il n'y ait un
remplacement en bloc du conseil municipal. Je dis: Si c'est le cas, si cela
arrivait ou était susceptible d'arriver, pourquoi pas? Cela voudrait
dire
que la situation aurait tellement empiré qu'il serait normal
qu'on remplace le conseil. Je n'ai pas d'objection fondamentale a ce point de
vue là. Certaines municipalités tiennent à ce que les
élections se fassent tous les deux ans. Ce serait beaucoup plus le cas
dans les grosses municipalités que dans les petites. Peut-être
que, lors de l'étude du projet de loi, on pourra cheminer par rapport
à ce point de vue qui concerne les élections municipales tous Ies
deux ans, parce qu'il y a des coûts à cela.
Le fait qu'il y ait des élections à tous les deux ans
exerce aussi une mainmise jusqu'à un certain point ou une mise en
tutelle de la part de certains élus. Je veux dire que, lorsqu'il n'y a
pas d'élection du maire, il y a certainement une très bonne
façon d'orienter le vote lors de cette élection. Peut-être
peut-on regarder, au point de vue démocratique, si c'est vraiment la
façon de tenir des élections, même si ce sont de petites
municipalités et même si je sais que cela pourrait heurter
certaines petites municipalités. Moi, ma prétention est la
suivante: le conseil étant bien en place, le maire étant bien
assis sur son siège, le fait qu'il y ait des élections au bout de
deux ans, ces élections, il peut les contrôler quelque peu,
à mes yeux, parce qu'étant en poste, il peut orienter des
décisions, il peut aussi orienter certains projets qui seraient
susceptibles de favoriser les uns par rapport aux autres. C'est certainement un
motif d'interrogation au point de vue municipal. Puisqu'on parle de
démocratie municipale, la démocratie municipale? on doit aussi la
traduire autant que possible dans des mots ou dans des phrases.
Quant à la question de déterminer les districts
électoraux des municipalités, il y a des marges de manoeuvre qui
restent. D'abord, on traite les municipalités différemment. 20
000 habitants, ça peut être six conseillers municipaux
jusqu'à huit; 20 000 à 50 000, huit à douze, ce qui fait
qu'il y a des marges assez grandes et je ne pense pas que ce soit
mathématique autant que ça que ces nombres soient là. 100
000 habitants, c'est dix et au plus seize. 50 000 à 100 000, c'est dix
à seize. Je connais des municipalités qui ont 58 000 habitants et
qui ont quatorze conseillers municipaux plus un élu. Il ne reste plus
beaucoup de marge de manoeuvre si la municipalité monte à 100 000
habitants. Il va rester deux conseillers municipaux à nommer pour les 40
000 habitants qui restent. Je pense que, là, il y a une marge de
manoeuvre très grande qui permet de dire, hors de tout doute, qu'il
faudrait que ce soit plus mathématique un peu que ça, si on veut
que les gens sachent à quoi s'en tenir et si on veut aussi que
l'application de ces articles ou de cette loi tienne compte vraiment de la
réalité.
Quand on parle de 100 000 à 250 000 habitants, quatorze à
vingt-quatre, il faudrait savoir à 100 000 habitants, c'est quoi
exactement et à 120 000, c'est quoi. On a peut-être des
municipalités actuellement qui ont atteint ces nombres-là. II y a
dix-neuf conseillers à la ville de Longueuil avec 124 000 habitants.
Donc, si vous montez à 250 000, il vous reste une marge de manoeuvre de
125 000 habitants et il aurait cinq conseillers pour les 125 000 habitants qui
restent. Cela veut dire que 125 000 habitants ont une représentation de
dix-neuf conseillers et que les 125 000 autres auraient droit à cinq
conseillers, si on prend l'économie de la loi et si on prend
l'application mathématique.
Cela me semble un peu spécial, parce que ça dépend
tantôt de la volonté des élus municipaux, tantôt de
la volonté du ministre. Donc, pour moi, il y a un vide quelque part qui
fait qu'on ne peut pas se baser là-dessus directement pour dire, hors de
tout doute, que c'est de cette façon-là.
On comprend qu'à l'Assemblée nationale, nous aussi, on a
une loi électorale et, comme on essaie de copier ou de calquer autant
que possible les décisions des unes par rapport aux autres, il faut
comprendre qu'à l'Assemblée nationale - on le sait - c'est 122
membres. On vient de prendre des décisions unanimes à
l'Assemblée nationale où cela va être 125 et il faut que
les comtés aient des proportions à peu près égales.
On peut jouer entre 25 %, en plus ou en moins.
C'était peut-être ma directive. Combien j'ai de temps
pour...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, vous avez déjà dépassé de
quelques minutes.
M. Dufour: Ce n'est pas une heure.
Le Secrétaire: C'est l'article 209. C'est vingt minutes
une fois. Après ça, c'est des consentements.
M. Bourbeau: On va prendre l'étude article par
article?
M. Dufour: D'accord. Non. Pourquoi je le disais? C'est parce que,
au départ, cela permet aussi au ministre de réfléchir,
à moins qu'il ne nous dise que l'étude article par article est
coulée dans le béton et qu'il n'y a rien à faire. Ces
remarques sont importantes. On n'a pas tenu ces discours morceau par morceau.
Je vous dis que, dans la question de la représentativité, il y a
des points qui font problème actuellement et où il y a du
clair-obscur, comme on dit. C'est évident que, si j'avais 20 minutes...
J'avais l'impression que j'avais une heure. J'essayais de couvrir un ensemble
de sujets.
Motion proposant la tenue de consultations
particulières
Je suis respectueux des règlements, mats, avant de terminer,
j'aurais une proposition pour une consultation particulière. Ma
proposition, c'est que la commission tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 100, la Loi sur les
élections et les référendums dans les
municipalités, des consultations particulières quant à
tous les articles dudit projet et qu'à cette fin elle entende la
Commission municipale du Québec, te Directeur général des
élections et la Commission de la représentation. J'aurais pu
faire trois motions, mais ce ne sont pas des mesures dilatoires; je les fais
donc dans un bloc. C'est volontaire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, votre motion est recevable. À partir de maintenant,
vous avez 30 minutes, en une occasion, pour exercer votre droit de parole.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Je ne sais pas si c'est une question de
règlement ou quoi, mais je voudrais simplement aviser le
président et le député qui est le porte-parole de
l'Opposition que, lorsqu'on arrivera à l'article 4, qui est le chapitre
III et qui concerne ce problème de la division du territoire aux fins
électorales, j'ai l'intention de demander à la commission de
suspendre pour l'instant l'étude des articles 4 à 41, puisque ces
articles font présentement l'objet d'une certaine réflexion, si
je puis dire, de la part du gouvernement.
Il me paraîtrait donc souhaitable de suspendre... Enfin, je vous
demande de suspendre l'étude des articles et probablement qu'on pourrait
aussi suspendre la discussion sur la proposition du député de
Jonquière. Au moment où nous reviendrons à l'étude
de ces articles, si le député veut toujours faire sa motion, il
pourra la faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, à la suite de la proposition de M. le ministre,
est-ce que vous maintenez toujours la motion que j'ai déclarée
recevable ou si vous la retirez?
M. Dufour: J'ai dit qu'il n'était pas question de faire
des mesures dilatoires. Si on veut en faire, il y a beaucoup d'espace dans ce
projet de loi, il y a plusieurs articles sur lesquels on peut discuter pendant
quelques minutes et même pendant des heures. J'aimerais savoir de la part
du ministre - et c'est peut-être ce qu'il me dit - sa réflexion
concernant le transfert de l'application de la loi. Vous me dites
présentement que l'étude n'est pas complétée de
votre part. Autrement dit, il n'y a pas de décision
d'arrêtée actuellement concernant le transfert de l'application de
la loi électorale municipale à la Commission municipale?
M. Bourbeau: Disons que le gouvernement n'a pas encore
statué de façon définitive sur cette question.
M. Oufour: Je suis bien prêt à prendre la parole du
ministre qui m'informe de ce fait-là et je suis convaincu que c'est le
cas. Si, dans le temps, on suspendait les articles 4 et 41, et qu'il survenait
un changement d'attitude du gouvernement ou une nouvelle décision par
rapport à ce qu'on connaît dans la loi... C'est cela qui arrive:
lorsqu'on est en train d'étudier une loi et qu'il se produit un
changement majeur, cela pertube toute l'étude et on n'a pas le temps de
la faire. Cela veut dire que cette motion par laquelle on voudrait recevoir la
Commission municipale, la Commission de la représentation et leurs
représentants, pourrait être débattue.
M. Bourbeau: Écoutez, je ne peux pas présumer de la
décision du gouvernement. Éventuellement, le gouvernement va
décider soit de conserver ces articles tels quels ou de les modifier.
Bien sûr, si j'ai demandé de les suspendre, c'est qu'il y a une
possibilité qu'ils soient modifiés. À ce moment-là,
quand on reviendra à l'étude des articles 4 à 41, s'il y a
des modifications, on déposera des papillons. Si le député
veut faire certaines motions à ce moment-là, on les recevra et on
débattra de leur recevabilité et de leur fond.
M. Dufour: M. le Président, mon problème, c'est:
est-ce qu'on peut faire des propositions préliminaires lors de
l'étude article par article? Si tout le monde est d'accord, je vais
l'accepter.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ce point, la commission
va suspendre ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 48)
(Reprise à 10 h 53)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux.
M. le député de Jonquière, quant au point de
règlement, à l'article 244 de notre règlement, il est dit:
"Avant d'entreprendre
l'étude détaillée, la commission peut
décider de tenir des consultations particulières dans le cadre de
son mandat." Or, il a déjà été statué
à l'intérieur de trois autres commissions parlementaires, soit
celle de l'économie et du travail des 2 et 8 décembre 1986 et la
commission du budget et de l'administration, que l'époque
privilégiée pour statuer sur la tenue de consultations est
à ce moment-ci, soit dans le bloc des remarques préliminaires.
Alors, la commission se doit de statuer à ce moment-ci si nous tiendrons
des consultations et non lorsque nous serons en cours d'étude du projet,
après que nous aurons débuté l'étude de l'article
1. Et ceci se situe dans les traditions et les décisions rendues
précédemment.
Y a-t-il d'autres remarques à ce moment-ci?
M. Dufour: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...avec ce que vous venez de me dire là, une
chose est certaine, c'est que le responsable de l'application de la loi sur la
réforme électorale, Pierre-F. Côté, n'a pas eu
à présenter de mémoire; la Commission de la
représentation, non plus. Donc, ce sont deux organismes qui, même
dans l'état actuel des choses, auraient pu être entendus dans
certains domaines, mais aussi pour certaines questions.
Quant à la Commission municipale, il est évident que c'est
un point flou pour le moment. Même si c'est flou, il y aurait
certainement avantage, à mon point de vue, à les écouter.
Ce serait peut-être aussi de nature à éclairer non
seulement l'Opposition, mais aussi le gouvernement, considérant les
études en cours.
Je comprends que, si on retarde et qu'on ne fait pas ces motions
préliminaires, on n'aura jamais l'occasion de les entendre et seul le
gouvernement pourra nous dire ce qu'il a entendu, ce qu'il a bien voulu
écouter et ce qu'il a bien voulu retenir par rapport à tout cela.
Donc, vous comprendrez, M. le Président, qu'avec la meilleure
volonté du monde je me sens un peu brimé, même si on
suspend les articles 4 à 41, que je ne puisse pas présenter cette
motion préliminaire qui, à mes yeux, est importante.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, je m'excuse, mais d'après la décision, votre
motion est recevable à ce moment-ci pour le débat.
M. Dufour: Mais j'explique pourquoi je ne peux pas la
retirer.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous avez la parole, M. le
député de Jonquière.
Alors, à partir de ce moment-ci, M. le député de
Jonquière, pour la bonne marche de nos travaux, vous aurez 30 minutes
pour défendre la recevabilité de votre motion.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Donc, on a devant nous un projet de loi qui,
effectivement, a pour but de refondre le Code municipal et la Loi sur les
cités et villes concernant les élections municipales. Il faut
comprendre que, dans l'ensemble, ce projet de loi bonifie et améliore un
certain nombres d'articles et répond aussi à des voeux des
conseils municipaux qui ont demandé à maintes reprises de
régler leurs problèmes dans les municipalités.
Cependant, je dois retenir que, pour ces changements-là et depuis
quelques années, l'application de la loi est faite par le Directeur
général des élections. C'est évident qu'au
début, il y avait une question de familiarisation avec la façon
d'appliquer la loi; il y avait aussi la familiarisation en ce qui concerne la
division de la municipalité en districts électoraux, il y avait
des problèmes de formation des gens qui font respecter la loi il y avait
aussi toutes les relations à établir avec les
municipalités par le président local des élections. Ce qui
fait que cela a pu représenter un travail assez important du Directeur
général des élections et de la Commission de la
représentation pour mettre en application cette loi qui apportait des
changements majeurs dans le fonctionnement des municipalités ou dans le
fonctionnement par rapport aux élections. Il y a toute la question du
financement des partis politiques qui a amené la Commission de la
représentation à étudier, ce qui fait qu'il y a eu des
augmentations du travail du Directeur général des
élections.
 mes yeux, après un certain nombre d'années
d'application de cette loi, il serait peut-être bon de savoir, de la part
de celui ou de ceux qui appliquent la loi, quels sont les problèmes
qu'ils ont rencontrés, de quelle façon ils les ont
contournés ou réglés et pourquoi on devrait maintenir ce
système, qui, à mes yeux, représente des avantages, c'est
évident. On parle d'uniformisation des lois. Donc, si c'est la
même personne qui applique les lois électorales, que ce soit
provinciale ou municipale il y a un avantage certain à ce qu'elle
conserve ces mêmes prérogatives qui sont de nature à mieux
situer les citoyens dans le processus électoral.
À ce que je sache, les municipalités ou les
électeurs, dans l'ensemble, n'ont pas fait de représentation pour
que cette responsabilité de l'application de la Loi électorale
soit soustraite au Directeur général des élections.
M. Bourbeau: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre sur une
question de règlement.
M. Bourbeau: J'écoute parler le député de
l'Opposition et je ne pense pas que ce soit pertinent au débat parce que
celui-ci appréhende certaines choses qui ne sont pas la
réalité. On a un projet de loi qui maintient le statu quo. Le
Directeur général des élections, d'après le projet
de loi qu'on a devant nous, aux articles 4 et 41, continue à exercer le
même rôle qu'il a toujours exercé. Je ne vois pas pourquoi
on discuterait de menace appréhendée de modification d'une loi
alors que, selon toute évidence, le projet de loi qu'on a devant nous
maintient le statu quo.
Si, plus tard, au cours de l'étude du projet de loi, il arrivait
que le gouvernement dépose des amendements qui modifieraient le statu
quo, je comprends qu'on pourrait tenir le genre de discours que tient le
député et là le discours serait pertinent.
Présentement, je pense que le discours n'est pas pertinent et je
demanderais à la présidence d'en tenir compte.
M. Dufour: Bon! M. le Président, je ne sais pas si je dois
plaider, mais...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...je dois juste faire remarquer que, lorsqu'on a
étudié l'avant-projet de loi 100, à aucun moment
l'Opposition, comme le parti ministériel, n'a demandé d'entendre
te Directeur général des élections pour avoir des
éclaircissements sur cette loi. Le but de ma motion, c'est d'amener le
Directeur général des élections à venir nous dire
ce qu'il rencontre dans l'application de la loi. Il est évident que cela
pourrait être pour un problème appréhendé; mais,
même si on n'appréhende pas de problème, on pourrait avoir
le goût et le désir d'entendre la version du Directeur
général des élections.
M. Bourbeau: M. le Président, sur...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...la même question de règlement. Je
signalerai que, lorsque nous avons tenu une commission parlementaire,
générale et non pas particulière, le Directeur
général des élections a choisi de ne pas se
présenter devant ladite commission. Je pense que déjà,
comme on dit, il a fait son lit.
Deuxièmement, je signale que le Directeur général
des élections a été consulté à toutes les
étapes dans la préparation de ce projet de loi. Il nous a fait
connaître ses idées sur une foule d'articles et nous avons tenu
compte de son opinion à toutes les étapes. Donc, il
m'apparaît que les consultations nécessaires ont été
faites auprès du Directeur général des
élections.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: J'aurais peut-être juste un point à
ajouter. Il est possible que le ministre ait eu ces consultations
particulières, il est possible aussi que le Directeur
général des élections ait dit: Non, je n'ai pas
l'intention d'intervenir en commission parlementaire, mais cela ne rassure pas
plus l'Opposition, parce que nous n'avons pas eu accès à ces
consultations.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, j'ai déclaré votre motion recevable dans son
libellé actuel, qui est celui-ci: Que la commission tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 100, Loi
sur les élections et les référendums dans les
municipalités, des consultations particulières quant à
tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende la
Commission municipale du Québec, le Directeur général des
élections et la Commission de la représentation.
Or, je vous demanderais, M. le député de Jonquière,
de vous en tenir au libellé de votre motion et à sa pertinence.
Vous avez la parole, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Il est évident que j'espère être
capable de faire mon laïus ou mon discours dans son ensemble concernant ce
projet de loi, puisque nous, comme Opposition, nous n'avons pas eu la chance de
parler avec le Directeur général des élections. Je pense
qu'il est normal qu'on ne l'ait pas fait jusqu'à maintenant.
Il est évident que les municipalités, pour
enchaîner, n'ont jamais demandé que cette responsabilité
leur soit enlevée; elles n'ont pas laissé voir, dans tous les
mémoires, quelque point que ce soit qui nous ait indiqué qu'il y
avait des problèmes avec le Directeur général des
élections concernant l'application des lois, le financement des partis
politiques, etc. Donc, il serait bienvenu, à mon point de vue, à
ce moment précis, au début de l'étude du projet de loi,
qu'on ait la chance de rencontrer le Directeur général des
élections, afin qu'il puisse nous informer de ce qui cause des
problèmes et de ce qui n'en cause pas dans l'application de ladite loi,
nous dire quel est le temps qu'il consacre à l'application de cette loi
et, en même temps, avec les
changements proposés, nous mentionner s'il entrevoit des
problèmes particuliers. C'est pour cela que je tiens beaucoup à
ce qu'on puisse l'entendre, connaissant son expérience, concernant aussi
non pas ses directives, mais sa façon d'appliquer la loi jusqu'à
maintenant.
Il est évident que, lorsque l'on demande au Directeur
général des élections ce qui se passe avec sa loi, il va
venir le faire en commission parlementaire, mais cela reste toujours un
problème difficile à aborder, car il devient un peu comme la
caution, dès l'application d'une loi, il se situe au-desesus
sûrement des élus au moment où il agit comme Directeur
général des élections et est responsable devant
l'Assemblée nationale. C'est ce qui a pour effet de donner un
caractère de neutralité très grande à cet individu
et aussi une responsabilité extrêmement importante
vis-à-vis de ces lois.
En ce qui nous concerne - on l'espère -il pourrait aussi nous
donner les applications... Par exemple, on a de la difficulté à
comprendre ce qui touche la représentativité. D'une part, on
applique la loi provinciale avec des normes précises. II y a quelques
exceptions, mais très rares, où ces normes ne sont pas
respectées. Examinons la latitude ou l'élasticité qu'il y
a dans la représentation concernant certaines municipalités ou
concernant l'ensemble des municipalités. On pourrait se demander
pourquoi le mandat du président ou du Directeur général
des élections est aussi différent par rapport à
l'application de la loi provinciale. Il y a une question
d'élasticité là-dedans et aussi une question de
représentativité. On aurait possiblement intérêt
à ce que le Directeur général des élections vienne
nous donner son point de vue concernant ces points particuliers qu'on touche,
soit le nombre de conseillers par rapport au nombre d'électeurs, parce
que, à ce moment-là, comme responsable de la loi, il a aussi
à appliquer cette particularité. Comme il y a une
élasticité certaine, il doit appliquer ce que le conseil
municipal a adopté ou ce que le législateur a donné comme
permission et, à ce moment, cela ne fait pas une
représentativité égale; d'une municipalité à
l'autre, il pourrait y avoir des changements excessivement importants.
Donc, le Directeur général des élections pourrait
venir nous dire quels sont les points qui, selon lui, seraient non pas à
privilégier, mais qui pourraient certainement nous orienter.
Quant à la question du financement des partis politiques, c'est
évident qu'il y a eu des explications de données entre le
gouvernement et le Directeur général des élections. Mais
quant à nous qui formons l'Opposition, à venir jusqu'à
maintenant, on n'a pas eu d'informations, le Directeur générai
des élections n'est pas venu nous donner des informations concernant ces
cas particuliers.
Il y a la question des relations entre le Directeur
général des élections et les responsables, les
présidents d'élection municipaux. Donc, encore là, est-ce
que le fait de parler avec le Directeur général des
élections pourrait amener certains changements, certaines
améliorations qui ont pu échapper, à venir jusqu'à
maintenant, au gouvernement? À ce moment, cela se pourrait
sûrement, à travers des échanges, qu'on puisse trouver une
solution.
La présence de partis politiques dans les municipalités.
Sont-ils bien balisés? Est-ce qu'ils sont bien circonscrits dans la loi?
Encore là, le Directeur général des élections
pourrait sûrement donner un point de vue qui est susceptible d'être
intéressant concernant la fiscalité, les coûts, les
montants d'argent ou l'application des dépenses électorales.
Comment voit-il cela? Moi, je n'ai pas eu de discussions avec le Directeur
général des élections qui me permettent de croire que ce
qu'on présente, c'est la version unique et la seule version acceptable
dans ce projet de loi.
Donc, il y a beaucoup de points qui font que le Directeur
général des élections ou la Commission de la
représentation électorale pourrait amener des
éléments différents et importants qui nous permettraient
de mieux voir peut-être, les problèmes appréhendés
ou ceux que soulevait le ministre, tout à l'heure, à savoir que
cela pourrait être changé et aller d'un endroit à un autre.
II y a des questions fondamentales. Le personnel qui est à la
disposition du Directeur général des élections est-il
suffisant pour bien faire son travail? Est-ce qu'il n'y a pas assez de travail?
Est-ce qu'il y a trop de travail par rapport à l'application de ces
lois? Ce sont des points importants. Il faut se poser la question fondamentale:
Est-ce que la Commission municipale, elle, a du travail? En a-t-elle
suffisamment? En a-t-elle trop? Est-ce qu'on doit lui en ajouter ou lui en
enlever? Est-ce que le but visé - c'est cela, l'appréhension de
l'Opposition - n'est pas d'enlever au Directeur général des
élections et à la Commission de la représentation
électorale une responsabilité pour la transférer à
la Commission municipale - sans qu'il n'y ait aucune économie
financière - mais qui aurait pour effet de diminuer la force ou
l'importance du Directeur général des élections ou de la
Commission de ta repésentation électorale? Cela nne semble des
points fondamentaux.
Si le Directeur généra! des élections vient nous
dire que, dans la mesure où il est concerné, où la
commission est concernée, il est capable d'appliquer cette loi de
façon raisonnable, de façon responsable, de façon que
chacun y trouve son compte, soit.
Autrement, si on vient nous dire qu'il y a eu des problèmes
majeurs entre différents intervenants, à ce moment-là, je
pense bien qu'on sera obligé de les examiner d'une façon
très précise.
Si vouloir transférer à la Commission municipale une
responsabilité qui existe à un autre palier n'a, comme
résultat pratique, que de l'enlever à un groupe et de la
transférer à l'autre, à ce moment-là, je pense
qu'on n'atteint pas le but visé et surtout, on fait mentir ou on fait
dire le contraire de ce qui existe dans les notes explicatives. Je pense que,
même en discutant - c'est pourquoi on insiste là-dessus - lorsque
l'on parle de la loi ou de l'application de la Loi électorale comme
telle et qu'on regarde les notes explicatives, on voit très bien que:
"En ce qui a trait aux procédures électorales, ce projet de loi
assure la plus grande harmonisation possible, compte tenu des exigences du
contexte municipal, avec les règles applicables lors des
élections provinciales en vertu de la Loi électorale du
Québec."
À un autre endroit, notamment, on parle de la révision de
la liste électorale: "En ce qui concerne le financement des partis
politiques municipaux et le contrôle des dépenses
électorales dans les municipalités de 20 000 habitants ou plus,
ce projet de loi reprend, avec plusieurs modifications techniques visant
l'harmonisation des règles aux paliers provincial et municipal, les
dispositions de la toi actuelle."
Donc, il y a deux paragragphes dans les notes explicatives de ce projet
de loi sur les élections et les référendums dans les
municipalités qui parlent d'harmonisation entre les différents
paliers de gouvernement, qu'il s'appelle, d'une part, gouvernement provincial
ou, d'autre part, gouvernement municipal. Si on veut parler d'harmonisation, il
faudrait s'interroger sérieusement, à savoir pourquoi on voudrait
retirer l'application des lois qui touchent justement une harmonisation qui est
déjà faite non seulement dans les textes, mais aussi dans la
pratique. Déjà, au moment où on se parle, le directeur
général ou la Commission de la représentation
électorale applique ces deux lois. Comme on veut aller plus loin dans
l'harmonisation, si on veut enlever à un pour donner à l'autre,
à ce moment-là, je ne vois plus de quelle façon on
pourrait avoir... On pourrait peut-être avoir l'harmonisation dans les
textes ou dans les écrits, mais pas l'harmonisation dans l'application
parce que le même personnage ou le même groupe qui applique les
mêmes lois a des chances de les harmoniser beaucoup plus.
Actuellement, le ministre nous informe qu'il est en intenses
discussions. Je ne vois pas de quelle façon on pourrait
décemment, normalement - c'est écrit dans ce projet de loi -
même en discuter. Il me semble que, à la face même...
L'argument que j'apporte est l'argument que le ministre lui-même a
entériné puisqu'il a déposé ce projet de loi. Dans
tes notes explicatives où il est dit clairement que ce projet de loi a
pour objet d'harmoniser le plus possible non seulement les lois, mais aussi
l'application de ces lois, je ne vois pas comment on pourrait amener d'autres
intervenants dans ce dossier-là, à moins qu'il n'y ait des choses
que nous ne pouvons pas comprendre. (11 h 15)
Et c'est là l'interrogation majeure qu'on peut se poser. Est-ce
qu'on ne veut pas diminuer la présence ou la force contenue dans la loi
de la représentation électorale et la responsabilité du
Directeur général des élections?
Il y a une chose certaine. Cela prend un groupe et une organisation pour
appliquer la loi. Donc, il faut que ça prenne un organisme responsable.
Actuellement, on a un organisme responsable qui s'appelle la Commission de la
représentation électorale et un Directeur général
des élections.
Si on veut aller dans un autre domaine, à ce moment-là, on
a le droit de s'interroger et on a le droit, même, d'affirmer, hors de
tout doute, que le but visé, ce n'est pas de corriger l'application de
la loi qui est mat faite, c'est d'en enlever au Directeur général
des élections la responsabilité. À ce moment-là, de
là l'importance que l'Opposition trouve à vouloir écouter
ces gens-là nous dire ce qu'ils pensent et ce qu'il en est de
l'application de cette loi-là.
Si c'est juste pour enlever des gens à un endroit pour en mettre
ailleurs, j'aimerais que la Commission municipale, par exempte, vienne me dire
si elle a complété ses mandats et si rien n'est en retard.
À ce moment-là, il y a deux questions qu'on pourra se poser.
Est-ce qu'il y a trop de personnel? Donc, il y a une raison s'il y a trop de
personnel. On peut en enlever.
C'est sûr que c'est difficile, parce qu'il y a aussi la cour qui
peut avoir à se prononcer là-dedans. On a vécu un cas
dernièrement. Il y a aussi qu'on n'est pas obligé de remplacer
les commissaires quand ils s'en vont. S'ils n'ont pas assez de travail, on peut
s'interroger si on n'en a pas de trop. Si on en a trop, quelles sont les
mesures qu'on doit prendre?
Si la Commission municipale, dans l'application de sa loi remplit toutes
ses fonctions, qu'elle les remplit bien, qu'elle n'a plus de temps libre et
qu'on lui redonne un travail supplémentaire, à ce
moment-là, à faire plus avec moins, je ne pense pas qu'on va
réussir. Les ressources humaines ont des limites. Cela voudrait dire
qu'il va falloir ajouter des commissaires à la Commission municipale et
du personnel.
Donc, il n'y a pas beaucoup d'économie.
On prend des gens qui travaillent à l'application de la loi ou
qui travaillent à la Commission de la représentation
électorale et on leur dit: Vous allez travailler à la Commission
municipale.
Donc, on voit bien clairement que cette discussion-là ne peut pas
tenir. À sa face même, elle présente des lacunes et des
faiblesses. C'est difficilement soutenable pour le ministre qui écrit
dans les notes explicatives de sa loi que le but visé, c'est
d'harmoniser le plus possible le financement. C'est d'harmoniser aussi quant
à l'application de la toi.
C'est aussi harmoniser en vue de la tenue des élections. Cela va
être difficilement soutenable qu'en transférant la
responsabilité de l'application et de la surveillance à un autre
groupe, même s'il a beaucoup de respect pour la Commission municipale...
Cela va être difficile non seulement à soutenir, mais à
prouver que les objectifs visés seront atteints. À moins qu'on ne
nous dise clairement que ce qui a été écrit dans les notes
explicatives, l'était juste pour remplir, qu'il était
nécessaire qu'on écrive quelque chose.
Je pense que cela veut dire des choses. Je pense que, à venir
jusqu'à maintenant, ça semble répondre à des
critères, du moins quand on regarde ce qui est écrit par rapport
au contenu de la loi. Je pense que oui. Quelqu'un peut écrire ça
raisonnablement. Quelqu'un qui connaît le déroulement des
élections provinciales, qui connaît le mouvement des lois
municipales dans le passé et les buts visés peut dire: Oui.
Je pense que personne ne conte pas de mensonges là-dedans.
J'espère que le ministre a lu ses notes explicatives. Celui qui les a
écrites, en tout cas, a voulu cerner la loi et si on fait la
comparaison, cela se tient.
Si on change des choses aussi fondamentales que de demander à
l'un l'application de la loi et sa surveillance à un autre, à ce
moment-là, j'estime qu'on va frapper justement à
côté. En ce qui concerne tout ce qui a été
écrit, il faudra changer les notes explicatives, parce qu'à ce
moment-là... À moins que cela ne nous dérange pas de
passer pour des gens qui manquent de cohérence, qui manquent de
sérieux.
Il y a donc certainement des raisons évidentes et importantes
pour lesquelles l'Opposition demande que le Directeur général des
élections, la Commission de la représentation électorale
et même la Commission municipale du Québec viennent nous dire de
quoi il s'agit et de quelle façon ils entendent ou votent ce projet de
loi. Est-ce qu'ils voient comment ils peuvent appliquer le projet de loi? Quels
sont les problèmes qu'ils ont vécus? Quels sont les points qui
pourraient être bonifiés, selon eux? Je comprends que le
gouvernement peut nous dire ce qu'il entend par la mise en vigueur de ce projet
de loi ou ce qu'il entend faire dans l'avenir. Moi, je ne vois pas - et c'est
là que cela devient inquiétant - je ne vois pas de quelle
façon... Le ministre nous informe qu'il ne sait pas encore ce qui va
arriver. Cela commence à me chicoter un peu. Cela veut-il dire que le
ministre, à la suite des pressions de ses collègues, ne peut pas
dire: Mes déclarations, je suis assez grand pour les faire
moi-même, quand il y aura des déclarations. On va arrêter de
mettre tout le monde municipal dans l'inquiétude. Ce n'est pas
drôle. On a étudié un projet de toi et, je prends mes
collègues à témoins, on a reçu une quinzaine de
groupes importants pour savoir ce qu'ils pensaient de l'avant-projet de loi. On
a pris presque un an pour le réécrire. On a apporté 350
amendements. Le projet de loi est déposé. Entre-temps, il y a
quelqu'un, qui ne s'appelle pas le ministre des Affaires municipales, qui
déclare sur la place publique qu'il est possible qu'on en poursuive
l'étude et qu'on change des points dans le projet de loi. Mais ça
n'a pas de bon sens!
Ce n'est pas pour rien que le monde municipal est inquiet. Il ne sait
pas ce qui va se passer. II sait qu'il n'y a personne de responsable. Personne
ne soutient les dossiers des affaires municipales actuellement. Il faut se
poser cette question. C'est fondamental. On a étudié ce projet de
loi pendant des jours. Il y a encore quelqu'un qui peut décider au
gouvernement que ce n'est pas ce qu'on va étudier. On a apporté
350 amendements et on peut nous apporter encore des amendements fondamentaux.
Le ministre, lui, dit qu'il n'est pas encore branché.
J'ai de la misère à "acheter" ça, moi. Je pense
qu'il est important de dire qu'il faut qu'il y ait quelqu'un dans le monde
municipal qui fasse "sa job". On ne peut vivre comme ça
indéfiniment. Il y a des gens qui vont s'interroger. Je m'interroge. Ce
n'est pas pour rien qu'on voit des écrits sur la place publique disant
que des gens s'interrogent. C'est la première fois que je vois cela dans
25 ans de vie municipale. J'ai fait à peu près 25 ans de vie
municipale. J'ai regardé ce qui s'est passé dans ce dossier. Je
n'ai jamais vu quelqu'un qui ne peut pas dire: Ton trouî Ça se
dit, ça.
Moi, en tout cas, quand je présentais un dossier à la
municipalité, ce n'étaient pas les conseillers qui parlaient
à ma place. Quand ils parlaient à ma place, ils prenaient leurs
responsabilités. Ma décision n'était pas la leur.
C'était celle du conseil municipal et du maire. Il y avait donc une
ligne hiérarchique et une ligne de responsabilités. Actuellement,
je n'en vois pas. On a étudié cela pendant des jours. On a pris
des mois pour le réécrire. On l'a devant nous et ce n'est pas
encore sûr que ce sera cela. Est-ce que cela va arrêter? Sans
ça, je ne saurai plus où on va.
Je pense que le monde a le droit de se poser des questions. J'ai aussi
le droit de poser des questions. Non seulement ai-je le droit, mais j'exige
qu'on ait des réponses et que le ministre dise une fois pour toutes que
c'est lui le ministre des Affaires municipales et qu'il dise aussi au ministre
du Revenu: Ton trou! C'est le temps que ça se fasse, cette
affaire-là. Sans ça, il n'y aura jamais d'ordre et les
municipalités vont comprendre qu'elles n'ont pas de ministre. Elles vont
aller ailleurs pour poser leurs questions. C'est comme ça qu'on
détruit l'autorité et que les gens ne savent plus où ils
vont.
Donc, j'insiste là-dessus pour qu'on puisse entendre la
Commission de la représentation électorale. Mais j'insiste encore
plus pour dire au ministre des Affaires municipales de dire aux autres
d'arrêter de parler en son nom et qu'il y ait un ministre des Affaires
municipales qui parle au nom des affaires municipales. Cela va mettre de
l'ordre dans le système. Les gens vont arrêter d'être
inquiets et on va vivre normalement.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la motion de M. le député de
Jonquière?
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, quelques mots seulement pour
rassurer le député de Jonquière, pour lui dire qu'il y a
un seul ministre qui parle au nom du monde municipal. Évidemment, il
parle moins longtemps et moins souvent que le député de
Jonquière, mais cela ne veut pas dire qu'il n'est pas pour autant actif
dans le milieu. Je l'ai dit tout à l'heure: Le Directeur
général des élections, dans un premier temps, n'a pas cru
à propos de venir faire entendre son point de vue, lorsque nous avons
convoqué les différents intervenants lors de la consultation
générale qui a porté sur l'étude du projet de loi
100 précisément.
D'autre part, le Directeur général des élections a
fait connaître son point de vue sur la question dont parle le
député de Jonquière lorsqu'il a été entendu
par la commission qui discutait de l'abolition de la Commission de la
représentation électorale, au palier provincial. Il a
informé cette commission de son point de vue sur te projet de confier
les districts municipaux électoraux à la Commission municipale du
Québec. Donc, je pense que le point de vue du Directeur
général des élections a été entendu lors de
cette commission parlementaire. On sait ce qu'il pense de la question. Le
convoquer de nouveau, à mon avis, serait redondant et n'aurait pour
effet que de faire perdre le temps de la commission puisqu'on connaît
déjà son point de vue sur cette question.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je salue les
membres de la commission avec joie. C'est curieux que, dans notre
système parlementaire, on soit obligé de poser les mêmes
gestes de façon répétitive ou de tenir les mêmes
discours. Personnellement, je déplore que nous ayons ici aujourd'hui
à recommencer une bataille au nom de la saine démocratie, de la
bonne entente et des communications modernes.
Les affaires municipales, bien sûr, me tiennent à coeur,
quoique ce ne soit pas mon dossier, mais je m'en réfère aux
opinions du député de Jonquière qui est un savant
collègue dans le domaine pour venir l'épauler dans sa lutte
contre le gouvernement. Il me disait dans ses termes à lui, de
façon très percutante: À semer la confusion, on
récolte la division et l'indécision. Tout le noeud de sa bataille
aujourd'hui pour recevoir des gens pour venir nous éclairer sur ce
projet de loi, qui ne sera peut-être pas le dernier et qui n'est
peut-être, encore, qu'un avant-projet de loi, selon l'étude faite
par le député de Jonquière... on est obligé de
revenir à la tâche pour demander au ministre, comme il le disait
si bien en terminant: Est-ce encore là semer la confusion pour
récolter la division et l'indécision?
C'est pourquoi il serait nécessaire pour camper ce projet de loi,
s'il est final, si les 350 amendements apportés au projet initial sont
valeureux, dignes d'un projet final et non pas un autre brouillon ou un
brouillon secondaire, de deuxième ordre, s'il est final, il semblerait
que les gens qui vont travailler avec ce projet de loi au moins soient ici en
consultation pour nous donner leur opinion sur ce nouvel ancien projet de loi.
C'est la simple démocratie qui l'exige, c'est le droit parlementaire qui
nous l'impose par devoir et ce serait, d'après nous, l'obligation
gouvernementale d'agir ainsi.
On demande, dans une motion, que la commission tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 100, Loi
sur les élections et les référendums dans les
municipalités, des consultations particulières quant à
tous les articles dudit projet de loi et qu'à cet effet elle entende -
et surtout elle écoute - la Commission municipale du Québec, le
Directeur général des élections et la Commission de la
représentation électorale.
Ce projet de toi est en soi, pour les municipalités, un des
projets de loi majeurs, M. le ministre, que vous aurez à
présenter durant votre court mandat. Il est impressionnant par son
épaisseur, il est
impressionnant par le nombre d'articles qu'il y a, mais, selon notre
critique des affaires municipales, le contenant est très large, mais le
contenu est très ténu.
M. Bourbeau: Je suis content que le député se
dissocie de l'opinion du critique...
M. Blais: Ah! Absolument pas.
Mo Bourbeau: ...parce que, s'il cite le critique...
M. Blais: Nous sommes solidaires, M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est à M. le député de Terrebonne.
(11 h 30)
M. Blais: C'est un projet de loi qui, par son titre et par les
conséquences qu'il devrait entraîner, est majeur. Il est
très impressionnant par son épaisseur, mais il est très
décevant par son contenu. Autrement dit, le "conteneur" est plus
valeureux que le contenu. Ce sont les paroles mêmes du critique des
Affaires municipales que je reprends. Il m'a expliqué pendant plusieurs
heures ce projet de loi qu'il a étudié de fond en comble et j'en
suis venu à cette conclusion. Je ne peux faire autrement, M. le
ministre, que d'épauler celui qui, pendant un quart de siècle,
s'est servi des lois municipales pour gérer sa ville de Jonquière
- noble ville qu'il a si bien représenté et qu'il
représente aujourd'hui à l'Assemblée nationale - et cet
homme sait ce qu'il dit lorsqu'il demande que la Commission municipale du
Québec vienne devant nous.
Ce n'est pas drôle quand on lit dans un préambules "Ce
projet de loi marque la première étape du processus...", quand on
sait que ce projet de loi - c'est la première ligne: "Ce projet de loi
marque la première étape du processus..." - résulte d'un
avant-projet de loi qui a nécessité 350 amendements. Et l'on
vient dire à la première ligne: C'est la première
étape d'un processus. Est-ce qu'on s'attend à avoir 350, 400, 500
ou 1000 amendements, si ceci, ce volumineux rapport - c'est un rapport, ce
n'est pas une loi - est la première étape d'un processus? Cela
veut donc dire qu'on veut encore le changer de fond en comble, si je comprends
ce qui est écrit.
Si on veut encore une fois le chambarder, eh bien, les gens qui vont
subir ces chambardements se doivent d'être avec nous. Ils doivent nous
donner leur opinion sur les chambardements prévisibles,
prévisibles dans sa lecture même, à la première
ligne: "Ce projet de loi marque la première étape..." Si c'est
une première étape, c'est donc dire qu'il y en a une
deuxième. Où est cette deuxième? Dans un autre projet de
loi ou dans la modification de celui-ci où l'on avertit les gens
à l'avance de s'armer, parce qu'il y aura de gros changements à
apporter? Notre critique nous dit que ce n'est pas le ministre des Affaires
municipales qui en parle sur la place publique, mais d'autres de ses
collègues qui critiquent déjà ce projet de loi non
adopté. Il y a confusion au sein des gens qui ont la
responsabilité des choses municipales à travers le Québec.
La "res publica" est en émoi. Encore une fois, il semble y avoir
dualité de pensée. Le plateau de la balance, on ne sait pas de
quel côté il va tomber.
Voilà, en fait, l'indécision dans laquelle nous sommes.
Nous sommes anxieux, au sens français et primaire du mot, devant ce
projet de loi. Nous sommes anxieux parce que nous ' ne savons pas à quoi
nous attendre. Vu qu'en Chambre il y a un manque flagrant de reconnaissance de
la démocratie à l'égard de l'Opposition, on essaie, ici,
en commission parlementaire, de suppléer à ce manque
démocratique de la Chambre, pour que d'autres élus ou d'autres
personnes nommées à certains postes à l'extérieur
de l'Assemblée nationale et qui sont directement liées au
fonctionnement des affaires municipales, viennent nous dire leur idée ou
leur appui. Si c'est un appui, tant mieux pour l'ensemble de la
députation. Mais il est très rare qu'on arrive avec un projet de
loi où on y greffe, à la volée, 350 amendements avant de
le représenter et, à moins d'être un phénix,
personne ne peut dire que c'est la perfection. Quand on est un
législateur responsable, comme le dit très bien le critique des
Affaires municipales, on ne refuse rien pour améliorer notre projet de
loi, sinon...
M. Bourbeau: On a accepté 350 amendements.
M. Blais: Oui. Cela me fait plaisir que le ministre
m'interrompe.
M. Bourbeau: Cela prouve...
M. Blais: II n'a pas la voix désagréable ce matin.
Il a pris sa douche, il a l'air en forme.
M. Bourbeau: Cela prouve notre ouverture d'esprit. On a
accepté 350 amendements.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est au député de Terrebonne.
M. Bourbeau: Je comprends que le député veuille
tuer le temps, mais vraiment...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre,
s'il vous plaîtl M. le député de Terrebonne, vous
avez la parole.
M. Blais: Alors, le ministre nous dit qu'il a apporté 350
amendements, mais c'est vrai. Cela fait quasiment un par jour au coure de la
dernière année. Cela fait un an environ qu'on l'a vu. Il en a
apporté un par jour. Si cela faisait deux ans, on en aurait 750. C'est
de cela que j'ai peur. Les 350 amendements apportés ne sont pas
nécessairement ceux que les gens vous ont demandés. C'est pour
cela qu'on aimerait que ces responsables viennent nous voir. C'est avec grande
joie que nous allons coopérer avec ceux que vous ferez venir et avec
vous-même pour donner à ce projet de loi toute la valeur, la
saveur et la beauté législative qu'il se doit d'avoir.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Terrebonne. Je cède maintenant la parole
à M. le député de Dubuc pour dix minutes.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Mon intervention ne
sera pas très longue. Si, comme je viens de l'entendre du ministre, on
était ici pour tuer le temps - c'est bien sûr qu'on a des choses
plus importantes à faire -on aurait pu le faire aussi de façon
différente. On aurait très bien pu présenter, par exemple,
trois motions différentes: une pour faire siéger la Commission
municipale, une autre, plus tard, pour faire siéger le Directeur
général des élections et une troisième, enfin, pour
demander de faire siéger la Commission de la représentation. Cela
aurait été une façon de tuer le temps, comme le ministre
le suppose.
Au contraire, mon collègue critique, le député de
Jonquière, a présenté une seule et unique motion parce
qu'il a jugé que c'était la façon de faire perdre le moins
de temps possible aux membres de la commission. C'est un projet de loi d'une
extrême importance. C'est un projet de loi qui est attendu aussi depuis
longtemps, on en est conscient. C'est un projet de loi aussi qui est en
préparation depuis longtemps, avant même que le ministre ne soit
là. On sait que c'est un projet de loi qui portait le numéro 60,
je pense, quand il a été présenté par notre
ex-collègue, le député de Rimouski.
C'est un projet de loi qui a fait l'objet d'études. Je suis bien
d'accord que cela a fait l'objet de rencontres, d'études et de
consultations auprès des municipalités, des unions tout au cours
de sa préparation. Il a fait l'objet aussi, l'automne dernier, de
certaines consultations avec des organismes, comme l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec, la
ville de Québec, l'Union des producteurs agricoles, la
Fédération des associations de propriétaires du
canton de Jersey, la Fondation des sourds du Québec, la Corporation des
secrétaires municipaux du Québec, le Conseil central de
Montréal, l'Union des municipalités, la Corporation des officiers
municipaux agréés du Québec, la Conférence des
maires de banlieues de Montréal, le Comité de la sauvegarde du
boulevard Walberg de Dolbeau, la ville de Laval, te Rassemblement populaire de
Québec, la Commission des droits de la personne du Québec.
On constate que ces organismes, M. le Président - vous le
constatez comme mai -sont des groupes intéressés au premier titre
à ce projet de loi. Il y a une autre catégorie de gens qui auront
à vivre et, d'une certaine façon, à voir à
l'application de ce projet de loi. Malgré toutes ces consultations qui
ont été menées par le ministre et son
prédécesseur, malgré qu'il y ait eu cette commission
parlementaire l'automne dernier, on sait qu'il reste encore des
ambiguïtés à lever, il y a des doutes qui persistent sur la
pertinence de certains articles et même sur certains principes et
modalités, comme le soulignait mon collègue de Jonquière.
La meilleure preuve de cela, c'est que le ministre nous dit ce matin: J'ai 350
amendements. Il arrive avec une pile - cela a huit ou neuf pouces de haut -
d'amendements à apporter au projet de loi 100. S'il apporte des
amendements, c'est qu'il a constaté - et il le dit lui-même - que,
sur certains points, son lit n'est même pas encore fait.
Pour ceux et celles qui auront à vivre avec ce projet de loi,
à l'appliquer et, comme la Commission municipale, à aller dans
les municipalités aider à l'application de ce projet de loi,
à la bonne marche de cette loi, une fois qu'elle sera adoptée, il
me semble que la meilleure façon d'éviter que dans cette loi il y
ait des trous ou des choses qui ne concordent pas vraiment, ce serait justement
de les recevoir. Ce sont des serviteurs de l'état qui ont sûrement
déjà étudié le projet de loi en fonction de la
spécificité du travail qu'ils ont à faire dans tout le
processus démocratique. À ce moment-là, il me semble que
ce serait utile au ministre, mais surtout à ceux et celles qui auront
à vivre avec ce projet de loi.
Pour ces raisons, M, le Président, j'appuie la demande et la
motion du député de Jonquière, à savoir que la
commission de l'aménagement et des équipements tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 100, Loi
sur les élections et les référendums dans les
municipalités, des consultations particulières sur tous les
articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende, d'une
façon spéciale et spécifiée - les trois sont
mentionnés dans la motion afin qu'on ne perde pas de temps et que l'on
puisse procéder le plus rapidement possible - ces groupes: la
Commission
municipale du Québec, le Directeur général des
élections... On sait que cette partie de la réforme du Code
municipal porte sur la démocratie. Je pense que le Directeur
général des élections y est touché d'une
façon particulière, c'est-à-dire son travail et l'esprit
dans lequel on veut qu'il l'exécute. Tout cela est touché
là-dedans. Est-ce que ce sont les meilleures façons de le faire,
selon lui avec toute l'expérience qu'il a acquise au cours des
années? Est-ce que, vraiment, ce sur quoi l'on va voter, sans doute ou,
encore, que l'on va étudier article par article, c'est la meilleure
façon? Est-ce que c'est cela qui va assurer une véritable
démocratie dans le monde municipal? Je pense qu'il est important de le
savoir et qu'un homme éclairé, qui a l'expérience, puisse
nous le dire et nous confirmer si c'est correct. Il pourrait nous dire s'il y
aurait lieu d'agir de telle ou telle façon, laquelle serait, à la
suite de l'expérience vécue, sans doute plus favorable et plus
propice à l'exercice d'une saine démocratie au Québec. Il
en est de même pour la Commission de la représentation
électorale.
Il serait, quant à nous, très important que ces trois
organismes, ou leurs représentants, donnent un éclairage à
tous les membres de la commission. Tant qu'à proposer une réforme
de l'ampleur de celle qui est engagée depuis des années
maintenant, et qui se concrétise de plus en plus par le projet de loi
100, entre autres, qu'on se donne toutes les chances possibles de la faire. On
sait qu'une loi n'est jamais parfaite de toute façon, mais qu'on la
fasse au moins en évitant le plus possible d'erreurs. Alors, pour cela,
il faut se donner tous les moyens possibles et utiliser toutes les ressources
humaines que l'on a à l'intérieur de la fonction publique afin de
donner à la démocratie municipale toute l'ampleur que l'on veut
bien. Je pense que, sincèrement, des deux côtés, on a
l'intention d'apporter une loi qui soit la meilleure possible afin qu'elle
serve les intérêts de la démocratie au Québec, dans
le monde municipal.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, j'appuie la motion de
mon collègue, le député de Jonquière.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Dubuc. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur la
motion de M. le député de Jonquière? Est-ce que la motion
de M. le député de Jonquière est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, M. le
secrétaire.
M. Bourbeau: Je ne tiens pas à voter, mais si vous voulez
voter, on peut le faire.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, nous allons... M. le
secrétaire, si vous voulez enregistrer le vote, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire: M. Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Camden, (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Middlemiss (Pontiac)?
M. Middlemiss: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet)?
M. Richard: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Saint-Roch?
(11 h 45)
Le Président (M. Saint-Roch): Abstention, M. le
secrétaire. Alors, la motion est rejetée. S'il n'y a pas d'autres
motions préliminaires, j'appellerais maintenant l'article 1.
Étude détaillée Élections
municipales
M. Bourbeau: M. le Président, l'article l'établit
le champ d'application de la partie de la loi traitant des élections
municipales. Cette partie s'applique à toutes les municipalités
où les membres du conseil sont élus directement par les citoyens
à l'exception des municipalités créées à la
suite de la signature des conventions avec les inuit, les Cris et les Naskapis
en 1975 et 1978 qui demeurent régies par les dispositions
électorales conformes à ces conventions. Des exemples de
municipalités où les membres du conseil ne sont pas élus
directement par les citoyens: les municipalités régionales de
comté, les municipalités constituées en vertu de la Loi
sur l'organisation municipale de certains territoires, la municipalité
de la Baie-James et la municipalité de la Côte-Nord du golfe
Saint-Laurent.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: J'aimerais savoir, puisqu'on
parle de municipalités régionales de comté, les
communautés urbaines, vous n'en parlez pas?
M. Bourbeau: C'est parce qu'il n'y a pas d'élection. C'est
parce qu'il n'y a pas d'élection dans les communautés
urbaines.
M. Dufour: Dans les municipalités régionales de
comté non plus?
M. Bourbeau: Non plus.
M. Dufour: Mais vous en parlez: "Le présent titre
s'applique à toute municipalité, sauf à une
municipalité régionale de comté..."
M. Bourbeau: La différence, c'est que, d'une certaine
façon une MRC, c'est une municipalité. On considère qu'une
municipalité régionale de comté, c'est assimilé
à une municipalité, donc, on l'exclut, alors qu'une
communauté urbaine, ce n'est pas une municipalité.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Quand vous dites qu'une municipalité
régionale de comté, c'est une municipalité... La
municipalité régionale de Laval, comment la
considérez-vous par rapport à cette loi?
M. Bourbeau: La municipalité de Laval se qualifie aux deux
titres, d'une certaine façon. Laval est une municipalité, donc,
elle fait partie de celles où il y a des élections, et elle est
également une municipalité régionale de comté
où il n'y a pas d'élection. Alors...
Une voix: Donc, cela s'applique à Laval en tant que
municipalité locale.
M. Bourbeau: C'est cela. En tant que MRC, elle est exclue, mais,
en tant que municipalité ordinaire, le projet de loi s'applique à
la municipalité de Laval.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 2.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 2 traite de la
périodicité des élections municipales. D'abord, il pose la
règle générale. Dans une municipalité, une
élection doit être tenue tous les quatre ans, et lors de celle-ci,
tous les postes au conseil doivent être mis en jeu. Ensuite, l'article 2
établit l'exception: dans une municipalité où est en
vigueur un règlement en ce sens, la veille de l'entrée en vigueur
du projet de loi, une élection doit être tenue tous les deux ans;
lors de celle-ci, la moitié des postes de conseillers sont remis en jeu,
ainsi que, une fois sur deux, le poste de maire. Chaque poste est ainsi ouvert
aux candidatures une fois tous les quatre ans. L'article 868 précisera
quelles municipalités peuvent se prévaloir de l'exception et de
quelle façon. Contentons-nous ici de dire que seules les
municipalités régies par le Code municipal du Québec et
qui n'ont pas déjà opté pour le système de
l'élection en bloc de tous les membres du conseil pourront choisir le
système du renouvellement par moitié du conseil. Cette exception
est mise à la disposition des municipalités qui
préfèrent éviter tout risque d'élection en bloc
d'un conseil formé entièrement de néophytes.
Enfin, l'article 2 clarifie certaines notions. D'une part, il
définit comme étant une élection régulière
l'ensemble des procédures qui, tous les quatre ans ou deux ans, selon le
cas, mènent à la proclamation d'élus aux postes mis en
jeu. Une telle définition a deux utilités. La première est
de permettre la distinction entre l'élection et le scrutin. Il y a
élection dès que les procédures sont entamées, soit
par l'avis d'élections, même si tous les postes sont
comblés sans opposition, donc sans qu'il y ait scrutin,
c'est-à-dire votation.
La seconde utilité de la définition est de distinguer
l'élection régulière de l'élection partielle. Cette
dernière est l'élection qui survient entre deux élections
quadriennales ou biennales, à la suite de la fin
prématurée du mandat d'un membre du conseil. Elle est partielle,
même si elle vise a combler tous les postes au conseil à la suite
d'une démission en bloc puisque les élus ne le seront que pour
une partie du mandat normal qui s'écoule entre deux élections
régulières.
D'autre part, l'article 2 précise que seule l'élection
régulière où tous les postes de membres du conseil sont
ouverts aux candidatures peut être qualifiée d'élection
générale. Cette distinction est notamment utile dans le cas de la
division en districts électoraux. Seule une municipalité
où doit se dérouler une élection générale
peut diviser son territoire en districts électoraux,
Parmi les différences principales apportées par l'article
2 par rapport aux lois actuelles, il faut souligner le caractère
supplétif de l'élection générale. Toute
municipalité qui n'a pas opté, avant même l'entrée
en vigueur du projet de loi, pour un système de renouvellement par
moitié du conseil est automatiquement assujettie au régime du
renouvellement en bloc. Ainsi, même pour les municipalités rurales
régies par le Code municipal du Québec, il ne sera
plus question d'élection annuelle où la moitié ou
le tiers des postes du conseil sont remis en jeu. Cette diminution du nombre
d'élections périodiques permettra une économie pour les
municipalités touchées. On peut également espérer
que la fréquence moins élevée de l'événement
électoral incitera les électeurs à y accorder une
importance accrue. Signalons également que les mandats de deux ou trois
ans, que l'on retrouve actuellement dans plusieurs municipalités
rurales, disparaissent. Même dans les municipalités qui se
prévaudront de l'exception et qui tiendront des élections
biennales, les mandats seront de quatre ans. Cette durée est optimale
pour qu'un élu donne sa pleine mesure, compte tenu de la période
de familiarisation qu'il doit traverser au cours des premiers mois où il
occupe son poste.
Enfin, il faut préciser que l'article 2 n'a pas pour effet
d'Instaurer une année d'élection municipale à
l'échelle de tout te Québec. Les élections
régulières n'auront pas lieu la même année dans
toutes les municipalités puisque l'article 870 prévoit que la
première élection régulière, selon le projet de
loi, se tiendra dans une municipalité donnée l'année
où la prochaine élection régulière au poste de
maire est déjà prévue en vertu de la loi actuelle.
Voilà!
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: En fait, le ministre, dans ses explications, nous
donne toutes les raisons pour lesquelles on devrait favoriser les
élections en bloc. Mais il dit: Nonobstant cela, on va garder cela tous
les deux ans. Il parle d'économie. Il parle aussi de
l'intérêt que les gens ont à aller, pourraient avoir
à aller voter quand il s'agit d'une élection en bloc. Il dit
aussi que ce sont certainement des municipalités régies par le
Code municipal, pour la plupart, à ce que je sache, qui sont
touchées par cela.
Donc, on donne toutes les raisons du monde pour démontrer que
l'élection en bloc est certainement une façon de favoriser la
démocratie. C'est une façon aussi de diminuer les coûts.
Quand on parle de néophytes, pour empêcher qu'un néophyte
puisse être là... Dans une petite municipalité, quelqu'un
qui n'est pas intéressé à la municipalité, je
serais bien surpris qu'il ait des chances de se faire élire, parce que,
les gens se connaissant tous, ils vont exiger, au moins, que ces gens soient
près de leur municipalité quand ils vont se présenter et
surtout quand ils seront appelés à voter pour eux, pour les
placer à ces postes de responsables. Donc, je suis un peu surpris
d'entendre, d'abord, les explications qui nous sont données par le
ministre et, deuxièmement, l'application qu'il en fait. C'est important
de retenir ça. On peut avoir les mêmes prémisses, mais on
ne peut pas avoir les mêmes conclusions. Cela fait un peu spécial
d'entendre ça.
Moi, je vous ai dit tout à l'heure, au départ, que les
élections tous les quatre ans, à mon point de vue, constituaient
un avantage. Mais, si des élections tous les deux ans, peuvent permettre
d'avoir un certain contrôle... Cela aussi, c'est une façon d'aller
à la démocratie. Moi, je vous dis que des élections tous
les deux ans, lorsqu'il n'y a pas d'élections à la mairie
signifient qu'à toutes fins utiles, le maire peut faire élire
à peu près qui il veut. Il s'agit qu'il décide quelles
seront les priorités pour l'année qui s'en vient. Il aura aussi
le temps de les faire connaître. Le maire est écouté aussi
en dehors des périodes électorales; à ce moment-là,
cela lui donne un poids supplémentaire. Je me demande si le ministre
n'aurait pas dû... Je comprends qu'il va me répondre que son
affaire est bien démocratique et qu'il écoute le monde, mais je
me demande, encore là, si le ministre n'a pas manqué d'un petit
peu de courage pour dire au monde: Les élections municipales seront tous
les quatre ans. Pas nécessairement la même année ou
à la même date, mais qu'il dise que c'est tous les quatre ans. Si
on est prêt, dans une municipalité, à changer l'ensemble
des postes des élus municipaux, qu'on le fasse, cela presse, surtout
dans les petites municipalités où tout le monde se connaît.
Je ne peux pas croire qu'un conseil municipal ignore les dangers qui sont
prévus en disant: II faut conserver le mode rotatif. J'ai de la
difficulté à croire que ce mode rotatif est là pour
favoriser les citoyens. J'ai beaucoup de difficulté à croire
cela, pour avoir vécu l'expérience des deux, des élections
en bloc et des élections tous les deux ans. À toutes fins utiles,
l'élection en bloc est vraiment l'élection où on peut
amener le plus de gens à exercer leur droit de vote. Cela soulève
plus d'intérêt. Encore là, cela respecte mieux la
démocratie. Dans ses arguments, le ministre nous le dit. II ne les dit
pas tous, mais il en donne suffisamment pour voir cela.
Quand il y a des élections tous les deux ans, cela fait que tout
le monde est en élection. En réalité, la
municipalité est tout le temps en élection. Pourquoi pas, avec
ces changements, avec ce projet de loi qui a pour but d'harmoniser et
d'améliorer la situation, pourquoi n'a-t-on pas fait le pas
allègrement? Je ne pense pas qu'il y aurait eu une marche sur le
parlement. Je pense aussi que les municipalités auraient accepté
facilement de se plier à ces exigences. Cela aurait aussi
entraîné une meilleure compréhension de l'ensemble des
lois. Si on parle d'harmonisation, il ne s'agit pas d'harmoniser en dents de
scie. Quand c'est possible, on harmonise; si ce n'est pas
possible, on laisse cela tel quel.
Mais j'ai l'impression que les élections en bloc... Regardons la
tendance depuis toujours, on a tendance, dans les municipalités
actuellement, d'aller de plus en plus vers des élections en bloc. C'est
un cheminement qui se fait lentement. On aurait pu donner une petite
poussée pour que cela aille un petit peu plus vite et pour régler
les problèmes une fois pour toutes, mais le ministre a choisi d'aller
très lentement pour ne pas faire de vagues. Cela a l'air que c'est une
spécialité du gouvernement, il ne veut pas faire de vagues. On
éteint les feux de temps en temps. Je trouve que, de ce
côté-là... En tout cas personnellement, j'aurais
pensé que le ministre aurait pu prendre une décision. Quand on
veut faire des choses et qu'on veut uniformiser certaines attitudes ou
certaines responsabilités, les lois sont là pour cela. On change
une loi, on fait une loi majeure, mais on va encore demeurer avec des points
flous et un petit peu... C'est très difficile de parler du droit
municipal, qu'il est pareil un peu partout. Ce n'est pas le point majeur, bien
sûr, de ce projet de loi, mais il aurait été de nature,
tout de même, à éclairer et à donner une
volonté et une orientation aux citoyens en disant: C'est de cette
façon qu'on va se conduire à l'avenir.
Je trouve un peu curieux qu'on n'ait pas décidé, avec les
prémisses ou avec les arguments qu'on a donnés, que les
élections se feraient, à l'avenir, tous les quatre ans en bloc.
J'ai l'impression que cela n'aurait pas fait une très grosse vague au
Québec. On aurait su que les élections se font tous les quatre
ans au Québec, et pas tous les deux ans. Cela diminue les coûts.
C'est une question de rationaliser la démarche, c'est une façon
de favoriser la démocratie. C'est aussi une façon de
responsabiliser les citoyens, car les citoyens auront des choix à faire.
C'est aussi vraiment le respect complet de la démocratie. Si les
citoyens décident qu'ils doivent remplacer tout le conseil, j'ai
l'impression qu'ils seront à ce moment-là en plein droit de le
faire et qu'ils devront surtout le faire, parce que c'est cela être un
citoyen responsable, c'est prendre des décisions qui concernent la
municipalité et, actuellement, en conservant le problème des
élections à tous les deux ans - cela entraîne des
coûts - il y a peut-être une façon de diminuer l'application
de la démocratie. J'insiste pour dire que l'année où le
maire n'est pas en élection il peut intervenir facilement dans le
processus électoral. Cela n'est pas illégal, bien sûr, mais
cela ne permet pas à la démocratie de s'appliquer à 100 %.
(12 heures)
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 2?
M. Bourbeau: Seulement pour dire, M. le Président, qu'il
est impossible de plaire à tout le monde et à son père.
Nous avons pensé ici qu'il fallait avoir une règle
générale applicable à tout le monde. C'est ce que nous
avons édicté. Nous avons fait sauter une foule d'exceptions ou de
régimes différents. Toutefois lors de la commission
parlementaire, l'Union des municipalités régionales de
comté nous a fait part de la situation particulière de certaines
municipalités dans les comtés, dans les régions du
Québec et dans les secteurs ruraux qui, pour des raisons qui leur sont
particulières, ont opté pour le régime alternatif. Nous
avons choisi de respecter la volonté de ces municipalités qui,
volontairement, avaient opté pour ce système. Mais nous avons
tenu à baliser cette autorisation, à la restreindre à ceux
qui, pour employer l'expression, auraient une sorte de droit acquis en la
matière. Bref, nous entrouvrons la porte, mais d'une façon
extrêmement modérée à l'égard des
municipalités qui pratiquent déjà cette façon de
faire les choses. Encore là, nous exigeons que ces municipalités
réitèrent leur intention, leur décision de continuer
à faire les choses selon la mode biennale, en leur imposant l'obligation
d'adopter un règlement avant le 30 septembre 1987, pour bien
spécifier qu'elles désirent continuer selon la méthode
biennale. Finalement, on peut dire que, d'une façon
générale, c'est la règle de l'élection tous les
quatre ans qui va prévaloir dans la très grande majorité
du Québec et que nous sommes assez souples, comme gouvernement, pour
reconnaître certains droits acquis et la situation particulière de
certaines municipalités rurales au Québec dont nous respectons la
tradition.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres inverventions sur l'article 2? Est-ce que l'article 2
est adopté?
M. Dufour: II faut faire attention, par exemple, car à
force d'avoir du respect pour tout le monde on pourrait perdre le respect de
tout le monde.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 3.
M. Bourbeau: L'article 3 prévoit que s'il doit y avoir
scrutin lors d'une élection régulière il doit être
tenu le 1er dimanche de novembre. Ainsi, il ne sera plus possible de tenir le
scrutin le 1er lundi de novembre, comme les municipalités peuvent
actuelle-
ment le prescrire par règlement, ni un dimanche ultérieur
de novembre, comme à Montréal et Québec, ni un dimanche de
l'été, comme dans certaines municipalités dites de
villégiature. L'avantage du scrutin la même date est de permettre
une meilleure publicité et de créer un véritable
événement susceptible d'augmenter la participation des
électeurs. Le premier dimanche de novembre est une date qui permet de
dresser la liste électorale et de tenir le scrutin à une
époque où les électeurs sont présents dans leur
municipalité.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Peut-être une question d'éclaircissement.
Actuellement, les dates de scrutin peuvent être, dans certains cas, le
lundi s'il y a un règlement dans ce sens. Ce n'est pas juste sur simple
résolution, c'est vraiment sur règlement?
M. Bourbeau: Sur règlement, oui.
M. Dufour: Règlement. Cela veut-il dire qu'à partir
de l'adoption de cette loi il n'y aura plus d'exception? Cela va être le
lundi, y compris pour Montréal et Québec"?
M. Bourbeau: C'est cela. C'est le premier dimanche de novembre
pour tout le monde.
M. Dufour: Avez-vous examiné, M. le ministre, les impacts
quant à la nouvelle loi électorale scolaire qui fait qu'il y a
des élections quinze jours après... Est-ce le troisième
dimanche de novembre?
M. Bourbeau: Est-ce que le député peut
préciser le sens de sa question?
M. Dufour: Si je ne me trompe pas... Je vais m'avancer sur le
terrain tranquillement... D'avance, je vous dis que je ne connais pas
très bien le nouveau processus. Il me semble qu'au niveau scolaire il a
été accepté qu'à l'avenir les élections
scolaires dans une municipalité auront lieu le troisième dimanche
de novembre, je pense. Si c'est trois ou quatre ans, il y a des moments
où cela va se chevaucher de temps en temps. Je ne suis pas certain que
quelqu'un ait fait une étude là-dessus. Cela va arriver dans des
élections, parce que c'est à tous les trois ans encore au niveau
scolaire, qu'il va y avoir des élections la même année, le
même mois dans la municipalité au point de vue scolaire.
Ma question est: Quels sont les impacts par rapport à cela? Je ne
pense pas que l'on puisse le changer ici. Je soulève plutôt une
interrogation. S'il y a un impact, cela a-t-il été
examiné?
M. Bourbeau: On me dit que cette étude-là avait
été faite dans le temps, lors des études
préliminaires au projet de loi, et qu'on n'a pas fait une nouvelle
étude récemment.
M. Dufour: J'ai l'impression qu'on aura à regarder cela un
jour, peut-être pas à l'occasion de ce projet de loi, mais le
secteur scolaire aura à l'examiner un jour pour ne pas que, dans la
même année, dans le même mois, il y ait deux
élections, parce que cela va certainement causer un problème.
Tout le monde sera en pérfode électorale en même temps.
M. Bourbeau: On me dit que c'était la volonté
gouvernementale de tenter de faire en sorte que les élections aient lieu
à peu près à la même époque dans les deux
systèmes, de façon à augmenter la publicité ou
l'intérêt, la notoriété, si je peux dire, des
événements, de façon à stimuler
l'intérêt des électeurs.
M. Dufour: Au point de vue pratique, M. le ministre, vous devez
bien comprendre ce que je comprends, n'est-ce pas?
M. Bourbeau: Ce ne sont pas les mêmes candidats,
mats...
M. Dufour: À l'exception que cela fera... En tout cas, on
verra ce que cela va donner... Dans ma municipalité, justement cette
année, les deux élections vont se produire à peu
près en même temps.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions à l'article 3? Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 4.
M. Bourbeau: M. le Président, avec le consentement de la
commission, je demanderais de suspendre pour l'instant l'étude des
articles 4 à 41, soit tout le chapitre III intitulé Division du
territoire aux fins électorales. On reviendra plus tard, si la
commission est d'accord, à l'étude de ces articles.
Le Président (M. Saint-Roch): Consentement?
M. Dufour: Oui, oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, les articles 4
à 40 inclusivement...
M. Bourbeau: À 41 inclusivement.
Le Président (M. Saint-Roch): À 41 inclusivement
sont maintenant suspendus. J'appelle l'article 42.
Composition du conseil
M. Bourbeau: L'article 42 prévoit, comme la loi actuelle,
que le conseil des municipalités dont le territoire est divisé en
districts électoraux se compose du maire et d'un conseiller par
district. C'est cette règle qui assure un poids égal au vote de
chaque électeur, peu importe le district dans lequel il est compris.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des interventions?
M. le député de Jonquiè-re?
M. Dufour: On parle des municipalités de 20 000 habitants
ou plus et, dans le deuxième alinéa, on voit: il en est de
même de toute autre municipalité au 31 décembre. Donc, cela
va plus loin que la municipalité de 20 000 habitants ou plus... Oh,
excusez-moi, j'étais en train de prendre une note en même
temps.
La façon dont c'est rédigé - peut-être que je
ne suis pas correct, mais je vais... "Le conseil d'une municipalité dont
le territoire est divisé en districts électoraux se compose du
maire et d'un conseiller pour chaque district électoral." Le mot "et"
entre "maire et d'un conseiller", si on le lit littérairement ou
littéralement, le maire est conseiller pour chaque district
électoral, c'est-à-dire que l'on pourrait avoir un maire puis un
conseiller à chaque district? Je trouvais que cela n'avait pas d'allure,
mais regardez comment c'est écrit.
M. Bourbeau: On doit interpréter l'article selon le sens
le plus probable qu'il devrait avoir, il faudrait regarder les règles
d'interprétation... On me signale que, si on avait voulu suivre la
pensée du député de Jonquière, on aurait dit: se
compose d'un maire et d'un conseiller pour chaque district électoral.
Là, on dit: se compose du maire... Le conseil de la municipalité
"se compose du maire et d'un conseiller pour chaque district électoral".
Je pense que le législateur n'est pas sensé dire des choses qui
n'ont pas d'allure. Je pense qu'en lisant l'article on comprend que c'est cela
que cela veut dire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre ne doit pas prétendre que je ne
comprends pas ce qu'il veut dire. Je dis qu'au point de vue de la
phraséologie cela aurait pu être écrit différemment
et cela aurait été plus clair.
C'est juste cela que je disais.
Le Président (M, Saint-Roch): Est-ce qu'il y a une autre
interprétation de l'article 42?
M. Dufour: C'est évident qu'il aurait pu être
écrit différemment et dire la même chose. Je sais de quoi
on parle et je sais ce que cela veut dire. Il aurait pu être écrit
différemment et il aurait été plus clair pour tout le
monde. Les lois ont la particularité que cela prend presque des avocats
pour comprendre quelque chose. C'est le problème avec les lois. On peut
vulgariser quand c'est possible, il aurait pu y avoir une virgule et cela
aurait été encore plus clair. Je l'avais juste souligné,
je ne ferai pas d'amendement là-dessus. II aurait pu être
écrit différemment, avoir le même sens et cela aurait pu
être plus clair pour tout le monde.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interprétations? M. le ministre.
M. Bourbeau: Tout ce que je pourrais dire, M. le
Président, c'est que, si le député veut faire de la
sémantique, il n'est pas question en français de mettre une
virgule avant le mot "et". Ce n'est pas français. Je pense que, quand on
l'écrit comme il est écrit, c'est du bon français et cela
veut dire ce que cela veut dire. Maintenant, je concède que le
député peut avoir une interprétation différente,
c'est possible.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interprétations? Est-ce que l'article 42 est adopté?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 43.
M. Bourbeau: L'article 43 préserve la situation actuelle.
Pour les municipalités dont le territoire est divisé en quartier,
tant qu'elles conservent le statu quo quant à cette division, leur
conseil continue d'être composé du maire et du nombre de
conseillers prévu pour chaque quartier par les dispositions actuelles
pertinentes.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 43? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: On parle de quartiers et de districts
électoraux. Y a-t-il un lexique, un glossaire quelque part qui donnerait
des explications? On parle de districts, on parle de quartiers
électoraux, on pourrait bien dire que cela veut dire la même
chose. Cela veut-il dire la même chose?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La distinction qu'on doit faire ici, c'est que le
district c'est ce qui est formellement connu en vertu des lois nouvelles. C'est
la répartition géographique qui est faite en vertu de la loi et
qui est déterminée par la Commission de la représentation
d'une façon très scientifique dans les municipalités de 20
000 et plus ou dans les municipalités de moins de 20 000 qui choisissent
d'être divisées en districts.
Le quartier, cela s'applique dans les municipalités de moins de
20 000 et cela suit la tradition qui fait que c'est le conseil municipal qui
détermine les quartiers. Sur le plan géographique, je
présume que cela a moins de rigueur scientifique comme division que la
division des districts électoraux telle qu'on ta connaît pour les
municipalités de 20 000 et plus.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Quand on parle de lettres patentes, règlement
ou tout autre acte juridique, est-ce que ce pourrait être un autre acte
juridique, qui ne serait pas des lettres patentes ou des règlements, qui
régirait la municipalité? (12 h 15)
M. Bourbeau: Cela pourrait être...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...une ordonnance ou une résolution, cela
dépend du genre de municipalité.
M. Dufour: Ou résolution.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je n'ai pas d'exemple particulier à l'esprit.
C'est une clause qui a été introduite pour couvrir toute autre
situation qui pourrait se présenter et qui pourrait survenir, par
exemple, au cas où une municipalité aurait obtenu dans ses
lettres patentes le pouvoir de le faire par résolution.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Dufour: En fait, il y a encore des municipalités qui
ont plus d'un représentant par quartier, c'est pour cela que vous
marquez le "nombre de conseillers prévu pour chaque quartier..."
M. Bourbeau: On me signale qu'il y en a encore quelques-unes,
oui. M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 43 est-il
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adapté. J'appelle
maintenant l'article 44.
M. Bourbeau: L'article 44 uniformise la situation pour les
municipalités dont le territoire n'est divisé ni en district ni
en quartier. Leur conseil se compose du maire et de six conseillers. C'est donc
la généralisation de la situation applicable en vertu du Code
municipal du Québec à l'immense majorité des
municipalités du Québec.
Les municipalités particulièrement affectées par
l'article 44 sont les villes minières qui, en vertu de la Loi sur les
villes minières, ont un conseil formé du maire et de quatre
conseillers. L'article 44 permet de corriger la situation où une ville
comme Chibougamau, avec plus de 10 000 habitants, n'a que quatre conseillers
alors que des centaines de municipalités moins populeuses ont six
conseillers.
Il faut noter que la généralisation de la règle de
six conseillers n'aurait pas pour effet de provoquer des élections
partielles le lendemain de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi
puisque l'article 872 ne rend obligatoire l'augmentation du nombre de postes
qu'à compter de la première élection
régulière tenue en vertu de la nouvelle loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-ii des
interventions'
M. Dufour: Est-ce que cela...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière...
M. Dufour: ...fait suite à des demandes des
municipalités ou si c'est au point de vue de l'uniformisation ou si
c'est le ministère qui.. .?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: En fait, on me signale que c'est le statu quo pour
la très grande majorité des municipalités. La mesure vient
du fait que ie ministère tend évidemment à uniformiser
autant que possible, simplifier, standardiser les lois et cette mesure va dans
ce sens-là.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Les municipalités qui ont quatre conseillers
vont être obligées, à partir de la prochaine
élection, d'augmenter à six.
M. Bourbeau: C'est exact.
M. Dufour: Est-ce que cette règle pourrait souffrir
exception?
M. Bourbeau: Oui, à l'article suivant, l'article 45, le
député va noter des exceptions.
M. Dufour: Est-ce que, à la demande d'un conseil, cela
pourrait être moins de six?
Oui?
M. Bourbeau: Si le député lit l'article qui suit,
l'article 45, c'est exactement le sens de l'article qui suit.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 44? L'article 44 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 45.
M. Bourbeau: L'article 45 introduit une nouvelle mesure de
souplesse, notamment pour tes très petites municipalités en
permettant au ministre des Affaires municipales de fixer, sur demande, un
nombre de conseillers inférieur ou supérieur à six pour
les municipalités dont le territoire n'est pas divisé aux fins
électorales. Cet article est un peu le pendant de l'article 10 qui
permet au ministre, sur demande, d'autoriser une municipalité à
diviser son territoire en un nombre de districts inférieur au minimum ou
supérieur au maximum. Évidemment, nous avons suspendu l'article
10, mais on y viendra éventuellement.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des interventions,
M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Oui, à l'article 45, moi, je comprends
facilement que vous pouvez le fixer inférieur à six, mais
supérieur à six... Après avoir entendu vos explications,
cela veut dire que c'est pour de petites municipalités dans l'ensemble.
Celles-ci peuvent être régies différemment que quand c'est
une municipalité assez grosse ou assez populeuse. Quand vous parlez d'un
nombre supérieur à six, il me semble qu'à ce
moment-là il y a d'autres critères qui devraient s'appliquer qui
permettraient de le faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je soulignale au député qu'il ne
s'agit pas uniquement de petites municipalités. Ce sont toutes les
municipalités dont le territoire n'est pas divisé. Cela veut dire
que ça peut être une municipalité de 19 000 de population.
Toutes les municipalités en bas de 20 000 ne sont pas obligées de
diviser leur territoire en districts électoraux.
Alors, ça pourrait être une municipalité d'une
population quand même assez importante.
M. Dufour: C'est que je suis obligé de suivre aussi le
raisonnement que vous me donnez. À 44, ce n'est pas écrit que
c'est pour les villes minières. Vous m'avez parlé de villes
minières. Vous avez dit: Cela, c'est surtout pour des villes
minières, comme Chibougamau. Elles ne sont pas divisées à
des fins électorales.
Mais vous me dites après que ce n'est pas nécessairement
pour ça. Moi, je voudrais être capable de vous suivre un peu.
Là, il me semble que ce n'est pa3 la même chose qu'à...
À 44 et 45, je pense bien qu'on parle d'une municipalité. On
parle de la composition du conseil, en tout cas, dans le titre et j'ai
même écrit à côté: villes minières.
Pour en bas de six, je comprends que ça prend une permission
spéciale. Mais en haut de huit, si je regarde à d'autres
articles, on nous dit à quel endroit on peut en avoir huit, six, dix,
douze, quatorze.
M. Bourbeau: Je pense qu'il y a là une confusion. Il y a
deux cas qui se présentent: soit que la municipalité est
divisée en districts soit qu'elle ne l'est pas. Si elle est
divisée en districts...
Le député vient de dire qu'il y a des normes
d'établies pour le nombre de conseillers et que ça va avec la
population. Quand la municipalité n'est pas divisée en districts
électoraux, soit lorsqu'elle a moins de 20 000 de population, elle n'est
pas obligée d'être divisée en districts électoraux
et, là, c'est l'article 44 qui s'applique.
La règle générale dit que le conseil des
municipalités dont le territoire n'est pas divisé aux fins
électorales se compose d'un maire et de six conseillers. Ça,
c'est la règle générale. L'article 45, lui, établit
la possibilité de déroger à la règle
générale sur demande de la municipalité. Sur sa demande,
le ministre peut consentir à ce qu'il y ait moins de six conseillers ou
plus de six conseillers.
M. Dufour: Est-ce que le ministre pourrait... Je vais bien que
c'est écrit "sur demande d'une municipalité". S'il n'y avait pas
de demande de la municipalité, mais si
des citoyens avaient le goût de dire qu'il n'y a pas suffisamment
de conseillers pour administrer les affaires de la municipalité, est-ce
que le ministre pourrait, de sa propre initiative, décider?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Non, je pense qu'il faut intrepréter la loi
telle qu'elle est écrite. On me dit que le s'il n'y a pas de demande, on
doit en conclure que le ministre ne peut pas.
M. Dufour: D'accord. Vous le publiez. Vous lui donnez un sens
restrictif, comme on interprète normalement les lois municipales.
Avez-vous examiné la possibilité où ça pourrait
être différent?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau; On a examiné toutes les possibilités dans les
discussions nombreuses que nous avons eues sur tous les projets de loi. Dans ce
cas-ci, on a retenu la formulation qui est là comme étant celle
qui est la plus respectueuse, également, parmi toutes les demandes qu'on
a reçues, il n'y en a jamais eu d'autres qui nous sont parvenues que
celles - c'est une suggestion, en fait -qui font état de cette
possibilité: "sur demande d'une municipalité".
Alors, nous avons retenu cette façon de faire qui veut que le
ministre puisse consentir à une dérogation à la
règle générale, mais uniquement sur demande de la
municipalité concernée.
M. Dufour: Est-ce qu'on a examiné des cas où il y
aurait une chute de population très forte, rapide? Cela a dû
arriver dans des coins? Cela arrive des fois que la population diminue et on
garde toujours te même nombre de conseillers. Est-ce qu'à ce
moment la latitude demeure au conseil, au ministre ou s'il n'y a plus rien qui
se produit?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: L'article 45 continue de s'appliquer. Si le conseil
municipal fait la demande au ministre, le ministre peut diminuer le nombre de
conseillers municipaux, mais la demande doit venir du conseil municipal.
M. Dufour: Dans tous les cas? M. Bourbeau: Dans tous les cas.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufour: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 45 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Article 46?
M. Bourbeau: L'article 46 oblige les municipalités dont le
territoire n'est divisé ni en districts ni en quartiers à
numéroter leurs postes de conseillers. II oblige également celles
dont un quartier comprend plus d'un poste de conseiller à
numéroter ces postes. Ainsi, il ne serait plus possible, comme cela
l'est actuellement en vertu du Code municipal du Québec, d'avoir un
système où un électeur doit voter sur un même
bulletin pour six conseillers. Un tel système aurait exigé la
mise en place de toute une série de règles parallèles
concernant, notamment, le contenu du bulletin de vote et la façon de
voter, de dépouiller les votes, de résoudre les
égalités entre candidats et de proclamer les candidats
élus.
Le système de postes numérotés en plus d'être
plus conforme au mode de scrutin uninominal à un tour, utilisé
aux paliers fédéral et provincial, permet une meilleure
définition des choix et des enjeux présentés à
l'électeur.
Pour éviter tout vide juridique au cas où il faudrait
procéder au remplacement d'un conseiller dès le lendemain de
l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, l'article 46 prévoit que
les postes de conseillers seront numérotés en fonction de l'ordre
alphabétique des noms de leur titulaire, à la veille de cette
entrée en vigueur, tant que la municipalité n'aura pas
procédé à une numérotation en bonne et due forme.
Évidemment, si les postes sont déjà
numérotés conformément à la loi actuelle, cette
numérotation demeure valide en vertu de l'article 883, qui
protège les règlements et résolutions déjà
adoptés.
M. Dufour: II y a seulement un point que j'aimerais soulever.
C'est le troisième, qui dit: "Tant que le conseil ne l'a pas
numéroté, chacun de ces postes porte un numéro selon
l'ordre alphabétique des noms des conseillers en fonction le 31
décembre." Il y a plusieurs endroits dans le projet de loi où on
parle de tirages. S'il y avait deux conseillers qui portent le même nom,
on prendrait l'ordre alphabétique et on leur donnerait 1 et 1 a?
Pourquoi n'avez-vous pas retenu la même formulation? Dans le domaine
municipal, je pense que la plupart des gens savent que, quand il y a
quelque
chose à régler, ils tirent cela au sort. Us règlent
ça comme ça. Moi, j'aurais trouvé cela plus facile si cela
avait été par tirage au sort. Cela n'aurait mélangé
personne.
Je sais, pour avoir administré des municipalités, que le
tirage au sort semble contenter tout le monde et que, quand ce n'est pas cela,
cela dérange. Même les numéros de siège... Quand on
veut placer des gens sur des sièges, ils veulent tirer cela au sort.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le conseil municipal peut se réunir et
adopter une résolution. Il peut aussi faire un tirage au sort. Mais cela
ne prend pas plus de temps de faire une résolution que de
procéder par tirage au sort. Alors, il est aussi bien de faire une
résolution, de les numéroter par résolution plutôt
que de faire un tirage au sort.
M. Dufour: Mais, tout de même, cela aurait
été conséquent avec plusieurs articles qui existent dans
ce projet de loi où on parle de tirage au sort. Cela n'aurait pas
été plus compliqué. Je parle au point de vue pratique. Je
ne ferai pas une bataille bien longue là-dessus, mais c'est seulement
pour donner bien humblement l'opinion de ce que je connais. Je dis que c'est
plus facile quand les règles sont claires. On ne se chicane pas quand
les règles sont bien écrites. Cela ne cause pas tellement de
dommages ou de problèmes. Laissez-le comme ça et je vais vivre
avec cela. Il n'y a pas de problème. Les autres vont probablement vivre
avec cela aussi, mais, à deux ou trois endroits dans le projet de loi,
on parle de tirage au sort. Il est certain que, si c'est trop demander de le
corriger, laissez-le comme ça et je vais vivre avec. Cela finit
là.
M. Bourbeau: Évidemment, il y a bien des formules qui
auraient pu être adoptées. Je le concède au
député de Jonquière. On aurait pu faire un tirage au sort.
On aurait pu prendre l'ordre alphabétique des noms et des
prénoms. On a choisi, cette fois-ci, l'ordre alphabétique. Une
autre fois, on prendra le tirage au sort. Mais je pense que ce qui compte,
c'est d'en arriver à un résultat rapidement. C'est une formule
aussi bonne qu'une autre.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 46 est
adopté?
M. Dufour: J'ai bien l'impression qu'on parle pour parler.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il est
adopté, M. le député?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Comme il est
12 h 30, à moins d'un consentement unanime, la commission ajourne ses
travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 20 h 14)
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements entreprend maintenant ses
travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 100. À ce
moment-ci on aurait besoin d'un consentement de la commission pour remplacer M.
le député de Bertrand et lui donner le privilège...
M. Dufour: Remplacer le député de
Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Saint-Roch): ...pour permettre...
M. Dufour: Par le député de Bertrand.
Le Président (M. Saint-Roch): Par M. le
député de Bertrand.
M. Dufour: Voilà.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Bourbeau: M. le Président, quelques mots simplement.
Nous n'avons pas d'objection à ce que le député de
Bertrand remplace le député de Lac-Saint-Jean. J'ai eu l'occasion
de faire mes premières armes à titre de maire en même temps
que le député de Bertrand, il y a quelques années. Nous
avons été élus en même temps, le même jour, je
pense, dans des municipalités différentes. Je comprends que
depuis ce temps-là il s'est amélioré pas mal. En
conséquence, je pense que c'est une addition importante à
l'équipe de l'Opposition et que nous saluons avec beaucoup de
bonheur.
Le Président (M. Saint-Roch): J'en conclus que nous avons
consentement.
M. Parent (Bertrand): J'admire l'ouverture d'esprit du ministre.
Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Bertrand. Ceci étant dit, j'appelle maintenant
l'article 47.
M. Bourbeau: Je voulais dire autre chose. Nous comptons sur sa
collaboration pour tempérer les humeurs du député de
Jonquière, M. le Président.
Parties à une élection
Électeur
Le Président (M. Saint-Roch): S! les membres de la
commission n'ont pas d'objection, j'appellerai maintenant l'article 47.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 47 définit
la qualité d'électeur municipal. Cette qualité comporte
quatre éléments. Les trois premiers sont inhérents
à la personne et la personne doit être majeure, de
citoyenneté canadienne et capable d'exercer ses droits civiques, ce qui
se traduit par quatre conditions négatives: ne pas être interdite,
ni en cure fermée, ni sous la protection du Curateur public, ni
frappée d'une incapacité de voter prévue par la nouvelle
loi. Il résulte de ces trois premiers éléments que seule
une personne physique peut être un électeur municipal. Le
quatrième élément n'est pas inhérent à la
personne, il fait plutôt référence au lien qui unit la
personne au territoire de la municipalité. La personne doit remplir
l'une ou l'autre des conditions suivantes depuis douze mois: 1° être
domiciliée sur le territoire de la municipalité au sens des ,
articles 48 à 50, 2° être propriétaire d'un immeuble
situé sur ce territoire, au sens de la Loi sur la fiscalité
municipale, 3° être occupant d'une place d'affaires située sur
ce territoire, au sens de la Loi sur la fiscalité municipale.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a des interventions à l'article 47? M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Si je comprends bien on parle d'électeur, c'est
aussi ce qui, tantôt, va donner le cens électoral à
quelqu'un qui va vouloir se présenter. Je pense qu'il est important de
dire cela comme prérequis.
M. Bourbeau: Vous voulez dire: vouloir être candidat
à une élection?
M. Dufour: C'est cela. À partir de la qualité
d'électeur, on va pouvoir déterminer le cens électoral. Je
vais poser ma question et cela va peut-être éclaircir ce que j'ai
dans l'idée. Quelqu'un de citoyenneté canadienne, qui est
domicilié sur le territoire d'une municipalité, mais qui n'est
pas de citoyenneté canadienne depuis un an, est-ce que cela pourrait...
Est-ce qu'il y a des dispositions rattachées à cela?
Peut-être que je passe au cens électoral. C'est probablement dans
un autre endroit.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Les qualités qui sont inhérentes
à la personne, soit être majeur, de citoyenneté canadienne
et capable d'exercer ses droits civiques, doivent être présentes
au moment de la votation et non pas un an ou douze mois avant la votation.
Le Préaident (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: On parle du cens du propriétaire d'un immeuble
situé sur le territoire. II y a des propriétés indivises
ou en copropriété jusqu'à un certain point. À ce
moment-là, si ce sont des groupes, c'est une personne. Si quelqu'un est
propriétaire avec d'autres son cens d'électeur il va l'avoir
juste par personne déléguée?
M. Bourbeau: Si un immeuble est la propriété
conjointe de plusieurs électeurs, il y a des articles qu'on va voir tout
à l'heure qui prévoient justement que dans ce cas les
copropriétaires doivent nommer l'un d'entre eux pour exercer le droit de
vote.
M. Dufour: Est-ce que, dans l'ensemble de cet article, il y a des
changements apportés par rapport à ce qui existait
auparavant?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Les principales différences avec les lois
actuelles sont tes suivantes: premièrement, pour se qualifier
grâce à la propriété d'un immeuble, il n'est plus
nécessaire d'être inscrit comme propriétaire au rôle
d'évaluation. La nouvelle loi relègue le rôle
d'évaluation au rang d'instrument de travail permettant de retracer la
majorité des électeurs propriétaires, mais elle ne fait
pas de l'inscription au rôle une condition sine qua non pour être
électeur. Ainsi, une personne qui rencontre tes conditions pour
être un propriétaire d'immeuble au sens de la Loi sur ta
fiscalité municipale ne sera plus privée de sa qualité
d'électeur en raison d'un oubli ou d'un retard de l'évaluateur.
Inversement, une personne qui n'est plus propriétaire ne conserverait
pas artificiellement le droit d'électeur du fait que l'évaluateur
n'ait pas encore rayé son nom du rôle. Pour se qualifier
grâce â une place d'affaires, il n'est plus nécessaire d'en
être locataire en bonne et due forme. La nouvelle loi parle plutôt
d'un occupant de place d'affaires, c'est-à-dire toute personne qui,
à quelque titre que ce soit, exerce dans une place d'affaires une
activité qui est de nature à donner lieu à une taxe
d'affaires selon la Loi sur la fiscalité municipale.
Ainsi, par exemple, une personne qui exerce son activité dans une
place d'affaires depuis douze mois, dont onze comme locataire et un comme
propriétaire, aura la qualité d'électeur alors qu'elle ne
l'aurait pas selon les lois actuelles.
Troisièmement, la qualité d'électeur est
dissociée du droit d'être inscrit sur la liste électorale
comme le fait la Loi électorale du Québec, Ainsi, la
qualité d'électeur n'est plus liée à la
période électorale et peut être appréciée
à tout moment de l'année. Ceci est particulièrement utile
lorsque la loi accorde un droit autre que celui de voter à un
électeur, comme par exemple celui d'intenter un recours ou celui de
contribuer à un parti politique.
Finalement, les définitions particulières du domicile
contenues dans les chartes de Montréal et de Québec ne sont pas
reprises. Par le biais des articles 48 et 50 - je suis toujours dans les
différences, M. le Président - qui reprennent le concept de
personne domiciliée au sens de la Loi électorale du
Québec, l'article 47 permet l'uniformisation de cette notion aux fins
électorales provinciale et municipale, ce qui permet l'utilisation des
listes électorales provinciales comme outil de travail.
M. Dufour: ...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Bourbeau: Je peux conclure, M. le Président, si M. le
député de Jonquière le veut. Toujours au sujet des
différences avec les lois actuelles, contrairement à la charte de
la ville de Québec, l'article 47 n'exige pas que les meubles ou la place
d'affaires aient une valeur foncière ou locative minimale. C'est un
vestige du cens électoral proprement dit fondé sur la richesse.
Par contre, il exige que la propriété de l'immeuble ou
l'occupation de la place d'affaires ait duré au moins douze mois,
contrairement à la charte.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: On sait qu'une place d'affaires, ce n'est pas
relié non plus à la taxe. Une place d'affaires, c'est un bureau,
c'est un endroit où quelqu'un exerce un métier ou un travail.
Quelqu'un qui serait dans un bureau - je vais vous donner un exemple - un
député, par exemple, qui aurait un bureau dans une
municipalité voisine, il ne paie pas de taxe d'affaires, mais il occupe
une place d'affaires. Est-ce que cette personne, d'après cet article,
serait un électeur par rapport à cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Dans ce cas-là le député
n'aurait pas le droit de vote, parce qu'un bureau de député n'est
pas considéré comme une place d'affaires.
M. Dufour: Mais la définition d'une place d'affaires
est-elle reliée à la fiscalité municipale où il y a
des taxes d'affaires? Une place d'affaires peut être une place pour faire
des affaires, cela peut être une place où il y a des
échanges ou des services. Â ce moment-là, ce n'est pas
relié aux coûts de la taxation ou de l'évaluation que la
personne a à payer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Quelle est la question exactement?
M. Dufour: La question est: La place d'affaires comme telle,
est-ce que c'est relié à la notion de taxes? Il y a une taxe
d'affaires, mais je comprends qu'il y a de petites municipalités
où il y a des bureaux où il n'y a pas de taxe d'affaires
d'imposée. Donc, il y a des montants d'imposés, c'est une taxe
sur un métier ou autres.
M. Bourbeau: C'est que ta taxe d'affaires, la municipalité
n'est pas obligée de l'imposer. La Loi sur la fiscalité
municipale dit, à l'article 232, que la municipalité peut imposer
une taxe d'affaires. Donc, elle pourrait fort bien ne pas imposer de taxe
d'affaires et ne pas enlever le droit de vote aux occupants; les occupants
auraient quand même le droit de vote. Donc, il ne peut pas y avoir de
lien de cause à effet entre la taxe d'affaires et le droit de vote.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je l'ai dit: II n'y a pas de lien entre la taxe
d'affaires qui est imposée ou non et le droit de voter. Cependant, le
droit de vote, on peut dire que la définition de la place d'affaires est
contenue dans la Loi sur la fiscalité municipale. C'est quelqu'un qui
pourrait payer une taxe d'affaires, qui n'en paie pas nécessairement
s'il n'y en a pas d'imposée, mais qui est susceptible de payer une taxe
d'affaires. L'occupant d'une place d'affaires est susceptible de payer des
taxes d'affaires.
M. Dufour: II y a une personne quelque part qui pourrait
être déléguée comme l'administrateur des biens d'une
corporation qui occupe une place. Est-ce que cette corporation pourrait avoir
quelqu'un qui a le
cens électoral, selon les principes de cette loi?
M. Bourbeau: Vous parlez d'une corporation avec une charte en
vertu de la première partie de la Loi sur les compagnies.
M. Dufour: C'est cela, oui.
M. Bourbeau: La corporation elle-même, qui est l'occupant,
n'a pas de droit de vote; cela prend une personne physique. Donc, si c'est une
corporation qui est l'occupant de la place d'affaires, elle n'a pas de droit de
vote. Si c'est un particulier qui est l'occupant, donc, qui fait des affaires
en son nom propre ou, je présume, au nom de ce qu'on appelle une raison
sociale, une société non incorporée, à ce
moment-là... Par exemple, si M. X fait des affaires sous la raison
sociale Y, cette personne est l'occupant; c'est une personne physique, donc,
elle aurait le droit de vote.
M. Dufour: D'accord. Je vais continuer à poser mes
questions. Un notaire, qui exercerait son métier ou sa profession en
plusieurs endroits - j'en connais qui ont des bureaux à deux ou trois
endroits différents -donc, il occupe une place d'affaires. C'est une
personne physique. Elle est susceptible... Mais elle peut, dans une même
municipalité régionale de comté - cela va éclaircir
encore plus - avoir trois ou quatre places d'affaires. À ce
moment-là, est-ce qu'elle a quatre droits, quatre cens
d'électeur?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je pense que je vais répondre ceci à
ta question du député et à d'autres qui pourraient venir
par la suite: Un individu, qui aurait une place d'affaires dans plusieurs
municipalités, aurait le droit de vote dans chaque municipalité,
pourvu qu'il ait sa place d'affaires depuis au moins douze mois avant la date
de l'élection. Également, un individu, qui aurait un ou des
immeubles dans plusieurs municipalités, aurait un droit de vote en tant
que propriétaire d'un immeuble dans plusieurs municipalités,
à condition qu'il ait été propriétaire de son
immeuble pendant au moins douze mois aussi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, sur la question des
entreprises, la plupart des édifices ou des immeubles industriels
appartiennent à des entreprises. Or, les entreprises comme telles,
même par délégation, ne peuvent pas avoir de droit de
vote.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Dans une élection, non; la qualité
d'électeur est attachée à une personne. Dans un
référendum, on le verra plus tard, elles pourront voter.
M. Parent (Bertrand): Cela ne change pas avec actuellement,
c'est-à-dire qu'actuellement ce n'est pas permissible, mais cela l'est
lorsqu'on a une résolution de l'entreprise ou de la compagnie pour
être capable d'exercer; cela fonctionne pour le référendum.
Là-dessus, c'est le statu quo. On se comprend bien? (20 h 30)
M. Bourbeau: Exactement.
M. Parent (Bertrand): Deuxièmement, vous avez
mentionné tantôt la possibilité qu'une personne pourrait
remplir l'une des troi9 conditions pendant dix mois et une autre pendant deux
mois, pour compléter les douze mois, si je comprends bien. De la
façon dont le premier paragraphe de l'article 47 est libellé,
j'ai l'impression que lorsqu'on dits "doit remplir l'une des trois conditions",
il n'en remplirait pas une des trois complètement pendant une
période de douze mois. Il peut arriver que l'on soit domicilié
sur le territoire pour une période de dix mois et être
propriétaire de l'immeuble pour une période de deux mois, et
suivant les trois conditions mentionnées, combiner les douze mois. Mais
de la façon que c'est libellé actuellement et de par l'exemple
que le ministre a donné tantôt, j'ai un peu l'impression qu'on ne
pourrait pas, puisqu'on dit que l'une des trois conditions est une
période de douze mois.
M. Bourbeau: Le député a raison, en ce sens qu'on
ne peut pas combiner, pour faire douze mois, une période de dix mois
où un individu serait domicilié dans la municipalité et
une période de deux mois où il y serait propriétaire mais
non domicilié. Cela ne donnerait pas le droit d'électeur.
L'exemple que j'employais tout à l'heure avait trait au
troisième élément, si vous voulez, celui qui traite de la
question de...
M. Dufour: ...qui parle d'une place d'affaires.
M. Bourbeau: ...l'occupant d'une place d'affaires. Là, si
on est propriétaire pendant dix mois et locataire pendant deux mois,
cela fait douze mois et cela entraîne le droit de vote, le droit
d'électeur, ce qui n'est pas le cas si on combine la qualité de
domicilié et de propriétaire.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Est-ce
qu'une association qui serait considérée comme
étant l'occupant d'une place d'affaires, par exemple, un club Optimiste
ou une association de lutte contre le cancer, une association à but non
lucratif, pourrait, contrairement à une compagnie sur la partie 1A,
être admissible pour être un électeur au sens de la loi?
M. Bourbeau: Je pense qu'on va donner la même
réponse que tout à l'heure. Si c'est une corporation - parce que
la plupart des organismes comme ça sont des corporations au sens de la
troisième partie de la Loi sur les compagnies - une compagnie ou une
corporation à but non lucratif, c'est une personne morale et elle n'a
pas le droit de vote.
Si ce sont des individus regroupés ensemble, mais que l'organisme
n'a pas de personnalité morale, donc, n'est pas une corporation ou une
compagnie, mais une raison sociale, un "partnership", comme on le dit en
anglais, ou une société non incorporée, à ce
moment-là, ce sont des individus qui font affaire ensemble et l'un
d'entre eux pourrait être désigné par les autres pour avoir
le droit de vote.
M. Parent (Bertrand): Donc, une entreprise ou un immeuble qui
appartiendrait à une société en commandite de plus en plus
populaire pourrait avoir, au sens que vous me le donnez, le droit de vote.
M. Bourbeau: Oui, si c'est une société en
commandite. On me dit que oui.
M. Parent (Bertrand): Vous conviendrez qu'entre une entreprise,
une corporation légalement constituée et la société
en commandite, j'ai de la difficulté à voir pourquoi on fait la
différence et pourquoi on permettrait aux sociétés en
commandite d'avoir un représentant, soit par résolution ou par
une formule quelconque, pour aller voter comme représentant de personnes
si on ne le permet pas dans le cas des compagnies. J'ai de la misère
à faire la différence.
M. Bourbeau: Je pense que la notion fondamentale, c'est la notion
de la personnalité de l'électeur. Si c'est un individu, une
personne physique, il a le droit de vote s'il est seul. S'il y en a plusieurs,
un d'entre eux a le droit de vote, étant délégué
par tes autres. Si c'est une personne morale, corporation ou compagnie,
à ce moment-là, le droit de vote n'existe pas. Elle n'a pas la
qualité d'électeur. Je pense que la nuance est là. La
frontière entre les deux se situe à cet endroit-là.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 47? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Si quelqu'un était domicilié,
était locataire d'une maison mais n'y demeurait pas à plein
temps... Il y a des gens qui vont demeurer dans un endroit tout en ayant,
ailleurs, un logis principal. Il ont un logement à l'extérieur
dans une municipalité. Est-ce que du fait qu'un logement est
enregistré à son nom pour un an -il n'est pas propriétaire
du logement nécessairement, il serait locataire pour un an dans un
logement, il aurait un bail, etc. - il est considéré comme
domicilié sur le territoire de la municipalité?
M. Bourbeau: Je pense qu'on aura la réponse à la
question dans les articles suivants. Cela tourne autour de la notion juridique
du domicile, un domicile étant l'endroit où est... C'est le
domicile au sens du Code civil. Alors, la principale place d'affaires de
quelqu'un, lié à l'intention d'en faire son principal
établissement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): La notion de douze mois, au
préalable, est-elle rattachée -ce qui n'est pas le cas
actuellement - à la date de l'élection?
Généralement, on parle d'une date qui est arrêtée;
par exemple, si les élections sont au mois de novembre de chaque
année, on parlait du 1er septembre actuellement, si ma mémoire
est bonne. Est-ce que cela demeure? Est-ce que les douze mois font
référence à une date très précise du
calendrier - parce que c'est bien important et qu'il y a beaucoup de mutations
à un moment donné - non en fonction de la date des
élections?
M. Bourbeau: On va voir ces réponses un peu plus loin.
Peut-être qu'on pourrait procéder parce que tout cela est compris
dans les articles suivants. C'est que les douze mois comptent à partir
du 1er septembre de l'année où a lieu l'élection. C'est
l'article 54 dans ce cas-là.
M. Parent (Bertrand): Dans le cas de l'article 53, quand on fait
référence à l'incapacité, on ne fait aucune
référence à une incapacité physique. On parle
beaucoup plus de l'aspect d'être reconnu coupable. Ce n'est pas une
incapacité physique à ce moment-là.
M. Bourbeau: Mais il ne faudrait quand même pas sauter des
articles. Là, on est rendu à l'article 53.
M. Parent (Bertrand): Non, c'est parce qu'on y fait
référence, M. le ministre, dans le paragraphe. On dit
l'"incapacité de voter, prévue à l'article 53." C'est
parce qu'on y faisait référence.
M. Bourbeau: D'accord. Je reconnais que c'est cela, oui. Quelle
est la question? Est-ce qu'il y a une question?
M. Parent (Bertrand): Oui, la question était: quand on
vérifie l'article 53, on s'aperçoit que cette incapacité
n'est pas une incapacité physique, il n'y a pas de
référence à une incapacité physique d'une personne.
On ne le mentionne pas ici.
M. Bourbeau: Vous avez tout à fait raison. Vous avez
très bien compris.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 47?
M. Parent (Bertrand): Si on se comprend, cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 47 est
adopté? Adopté. Article 48?
M. Bourbeau: L'article 48 pose la règle de base quant au
concept de la personne domiciliée. Le domicile d'une personne aux fins
de la qualité d'électeur municipal est le même que son
domicile aux fins de l'exercice de ses droits civils. Le Code civil dit sur ce
point que le domicile d'une personne est au lieu où elle a son principal
établissement. La jurisprudence a développé toutes sortes
de critères pour déterminer ce qu'est le principal
établissement d'une personne et pour préciser dans quelles
circonstances une personne est censée avoir changé son principal
établissement et non simplement avoir adopté une résidence
secondaire.
C'est en raison de ces critères sévères que le
deuxième alinéa de l'article 48 prend la peine de dire: Une
personne, ayant quitté son principal établissement au
Québec depuis plus d'un an, est réputée avoir
changé de domicile sans qu'il soit nécessaire de prouver qu'elle
a établi son principal établissement à l'étranger.
Cette définition est identique à celle prévue par la Loi
électorale du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 48? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Autrement dit, pour la municipalité, lorsque
vient le temps de déterminer le cens électoral,
c'est-à-dire la qualité d'électeur pour un individu, si
elle a des preuves, oui. Il faut qu'elle ait une certaine preuve ou, en tout
cas, une certaine assurance que la personne a quitté cet
établissement depuis au moins un an.
Est-ce cela que cela veut dire? "Une personne qui a quitté son
principal établissement au Québec depuis plus d'un an est
réputée avoir changé de domicile." Qui va nous dire si
elle a quitté son domicile ou pas? Une personne peut dire: Moi, cela
fait un an que je suis partie et cela ne fait pas un an; elle a
déménagé ailleurs dans ta municipalité. Je me
demande pourquoi c'est écrit comme cela. Quel est le but de cela?
M. Bourbeau: C'est la même question qui se pose dans toute
élection. Premièrement, les recenseurs, lorsqu'ils vont se
présenter chez cette personne ne la recenseront pas; elle n'est pas
là si elle a quitté le Québec depuis un an. Maintenant, si
elle réussit à se faire inscrire quand même sur les listes
électorales parce qu'elle était sur d'anciennes listes et que son
nom apparaît là, elle peut être enlevée des listes
lors de la révision sur toute demande d'un voisin. Finalement, lors du
vote, les représentants des candidats peuvent toujours identifier cette
personne et affirmer qu'elle n'est pas domiciliée.
Le même problème peut se poser dans une élection
provinciale; une personne peut être inscrite sur les listes
n'étant pas citoyenne canadienne. On a des gens, parfois, qui demeurent
et qui sont inscrits sur les listes. Je présume qu'à l'occasion
il en passe, des gens qui votent sans avoir le droit de vote. C'est quand
même, je présume, une situation exceptionnelle.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Oisons que, sur une période d'un an, une
personne était domiciliée un an auparavant, par exemple, le 1er
septembre de l'année précédente, et part pendant huit ou
dix mois; donc, personne ne peut dire qu'elle n'a pas habité là
pendant huit ou neuf mois, elle est allée à l'extérieur,
elle revient. On fait les listes électorales. Est-ce que quelqu'un
pourrait, par rapport au libellé de cet article, dire: Elle n'a pas
demeuré tout le temps à cet endroit? Comment ferait-elle pour
prouver sa qualité d'électeur à ce moment?
M. Bourbeau: Si la personne était domiciliée dans
la municipalité le 1er septembre de l'année du vote et qu'elle y
était également le 1er septembre de l'année
précédente, si je comprends bien, entre les deux années,
elle est disparue pendant sept ou huit mois; à ce moment, elle est
présumée domiciliée dans la municipalité. Le fait
d'être là le 1er septembre de l'année, il y a une
présomption. C'est la personne qui exige sa radiation de la liste
électorale qui doit prouver qu'elle a perdu sa qualité
d'électeur.
Pour perdre sa qualité d'électeur, il faut d'abord avoir
changé de domicile, ce qui ne semble pas être le cas, prima facie,
ici
et, deuxièmement, il faut qu'elle prouve qu'en plus de cela elle
avait l'intention de changer de domicile d'une façon permanente,
d'établir son domicile ailleurs. Il y a deux conditions au changement de
domicile: il faut avoir son principal établissement dans un endroit et
l'intention, c'est important, d'y faire la principale place de ses
affaires.
Je pense que c'est une grosse côte à remonter de la part de
la personne qui voudrait faire radier. Il faudrait qu'elle prouve que vraiment
elle a perdu ses qualités de personne domiciliée dans le sens que
je viens d'indiquer.
M. Dufour: II se pourrait qu'une personne qui demeure dans la
municipalité change de place en cours d'année d'élection,
en supposant que les élections aient lieu à la même date,
et n'ait pas le droit de voter ni à un endroit ni à un autre. Par
exemple, une personne demeurerait à Saint-Hubert jusqu'à
l'année précédente; dans le milieu de l'année, elle
change de place, elle va à Brassard et les élections s'adonnent
à être la même date; d'après moi, elle n'aurait pas
le droit de voter ni à un endroit ni à l'autre. Est-ce ça?
(20 h 45)
M. Bourbeau: Absolument. Elle aurait perdu son droit de vote dans
la première municipalité parce qu'elle n'y était pas le
1er septembre de l'année du vote et, dans la deuxième
municipalité, elle était là le 1er septembre, mais pas
depuis douze mois.
Pour revenir à la question précédente du
député, je voudrais simplement signaler qu'un individu qui part
en voyage autour du monde pendant huit mois, par exemple, peut ne pas avoir
été présent pendant huit mois, ou onze mois même,
entre le 1er septembre de l'année du vote et celui de l'année
précédente, mais il n'a pas pour autant perdu sa qualité
de domicilié à l'endroit où il demeure.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Selon les explications que le ministre
vient de nous donner, et vu qu'il y a de plus en plus de mouvements à
l'intérieur des ménages - des couples se séparent ou
vivent un bout de l'année à un endroit ou à un autre -
j'ai un peu l'impression que de moins en moins de gens seront habiles à
se classer comme électeurs puisqu'ils n'auront pas été,
dans l'année de l'élection, douze mois à la même
place. Est-ce qu'on est conscients de cela?
M. Bourbeau: Je ne vois pas en quoi cela change la situation
actuelle. Dans la situation actuelle aussi, cela prend une résidence de
douze mois. Quelqu'un qui déménage en cours d'année perd
sa qualité d'électeur dans son ancienne municipalité.
M. Parent (Bertrand): Je ne pense pas qu'il y ait de changement
dans la loi actuelle avec cet article; c'est ce que vous me confirmez. Mais,
dans le fond, on voudrait quand même conserver la capacité de
l'électeur pour autant qu'il demeure au Québec. De la
façon dont la loi est faite, il me semble que, tant qu'à y
apporter une modification ou tant qu'à la refaire, il y aurait lieu de
prévoir cela. J'imagine que le but du gouvernement et du ministre n'est
pas d'empêcher les gens de voter dans le comté dans lequel on va
les classer. Même s'ils ont été au Québec au cours
des douze derniers mois qui ont précédé l'élection,
on les exclut comme étant des électeurs habiles à partir
de cela. C'est la personne physique qui devrait être
considérée, à mon avis, comme un électeur.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je dirai au député de Bertrand que,
heureusement, il n'a pas siégé lorsque l'Union des
municipalités du Québec est venue ici, car ce qu'elle voulait
avoir, c'est 24 mois de résidence pour avoir le cens d'électeur.
Nous avons réduit cela à 12 mois. On invoque la raison que, pour
pouvoir exercer son vote d'une façon judicieuse, il est bon qu'un
électeur ait eu le temps de se familiariser un peu avec l'administration
municipale, avec sa municipalité, et de connaître un peu les
problèmes et les individus qui briguent les suffrages; dans ce
cas-là, il est sage d'avoir été résident pendant au
moins douze mois. Ce sont les arguments qu'on nous servait et on nous les
servait en nous demandant de mettre 24 mois. On a choisi de se limiter à
12 mois.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Parent (Bertrand): C'est un moindre mal, mais cela ne
règle pas le problème.
Une dernière question, si vous le permettez et si mon
collègue le permet.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Quand on dit: sauf ceux qui sont à
l'extérieur du Québec pour le compte du gouvernement du
Québec, est-ce que ce sont ceux qui travaillent directement pour le
compte du gouvernement du Québec ou, par exemple, pour une
société d'État du gouvernement du Québec? Une
personne qui serait à l'extérieur pour le compte
d'Hydro-Québec pourrait-elle être considérée
à ce moment-là? Je ne vois pas pourquoi, si on le fait pour un
fonctionnaire
du gouvernement du Québec, on ne te ferait pas pour des
sociétés d'État.
M. Dufour: Hydro-Québec.
M. Bourbeau: On me signale que cette notion est la même que
celle qui existe dans la Loi électorale du Québec. Alors, la
réponse au député est la même que s'il posait la
question au Directeur général des élections pour la Loi
électorale du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Concernant la notion de domicile pour la
qualité d'électeur et le cens pour le droit de se
présenter ou la représentativité à un poste, je
pense que ce sont deux notions différentes. Je ne sais pas si on doit
exiger qu'une personne demeure un an dans un endroit pour qu'elle ait le droit
de vote. Je me demande si un changement majeur n'est pas apporté dans
cette loi relativement au droit de vote, à moins que... À mon
point de vue, il me semble en tout cas que la qualité d'électeur
n'a pas besoin que quelqu'un demeure un an dans un endroit pour avoir le droit
de voter. Afin de se qualifier pour un poste électoral, on doit exiger
que la personne soit domiciliée pendant un certain nombre de mois. Mais
pour voter...
M. Bourbeau: Évidemment, c'est un point de vue qui peut
être défendable mais cela pourrait créer de sérieux
problèmes. S'il n'y a aucune période de résidence
exigée, à ce moment-là qui serait l'électeur? La
personne qui se présente dans la municipalité le jour du vote et
qui dit: Moi, j'occupe une place sur le trottoir au no X et je veux voter? Il
faudrait quand même qu'une personne fasse la preuve qu'elle a un
intérêt dans la municipalité, qu'elle a des hardes quelque
part. A ce moment-là, on pourrait faire voter n'importe qui, toute
personne qui est de passage dans la municipalité le jour du vote. Les
honnêtes travailleurs d'élections de la ville de Jacques-Cartier
pourraient peut-être voter.
M. Dufour: Quand quelqu'un demeure dans un endroit où il a
élu domicile, il a un intérêt certain. Il est
évident que quelqu'un pourrait être là seulement quand on
fait le recensement, trois ou quatre mois auparavant. En ce qui a trait
à quelqu'un qui réside là, des gens peuvent demander de le
destituer s'il ne demeure plus là après un mois. Je pense que les
gens autour pourraient donner une réponse assez rapidement
Par exemple, quand quelqu'un devient propriétaire d'un immeuble,
il a un intérêt certain dans la municipalité. Pourquoi
doit-il être propriétaire pendant un an avant d'avoir la
qualité d'électeur? Si on examine cela sérieusement au
point de vue électoral, la personne qui devient propriétaire a
des frais attachés à ce droit à payer. La plupart du
temps, il y a les frais de notaires, les frais de recherche... Il y a des
montants d'argent impliqués. Je ne pense pas que quelqu'un deviendrait
propriétaire seulement pour le plaisir de dire: Je vais aller voter. Il
en faudrait plusieurs qui fassent cela. Ce serait coûteux pour un vote.
Il y a plusieurs piastres d'attachées à cela.
Quand l'immeuble est enregistré, la personne qui l'a
acheté, je vous le dis, n'a pas fait une opération fictive. C'est
une opération qui, dans les faits, peut se suivre. La personne est
propriétaire d'un immeuble lorsque les recenseurs ont fait les
inscriptions. À ce moment-ci, je parle du droit de vote. Je ne parle pas
du principe de pouvoir se présenter à un poste. C'est très
différent à mes yeux. C'est pour quelqu'un qui est
propriétaire. Quelqu'un qui est occupant d'une place d'affaires, je ne
vois pas quelqu'un qui pourrait dire: Parce qu'on veut obtenir le droit de
vote, on va s'organiser un groupe pour avoir toutes les places d'affaires
quelque part. D'abord, cela prendrait des immeubles vides. II serait surprenant
qu'il y ait 50 ou 100 places d'affaires vides d'un coup sec et que les gens
iraient louer cela. Cela ferait encore cher pour avoir le droit d'aller
voter.
Je me demande, et c'est juste pour m'éclairer, si c'était
vraiment comme cela dans l'ancienne loi. Je me demande cela, moi.
M. Bourbeau: Je pense qu'il pourrait y avoir des
problèmes. Prenez, par exemple, le cas où une conciergerie de 200
logements se construirait dans la ville de Jonquière et qu'elle est
à peine complétée. Les locataires n'ont pas encore
aménagé et, tout à coup, le candidat à la mairie
fait venir 200 personnes de la ville voisine et leur fait signer chacune un
bail qui entre en vigueur la veille ou le jour même du vote. Ces 200
personnes se présentent et disent: Voici, nous sommes locataires. Nous
avons signé un bail. Le candidat aurait les votes de 200 personnes,
celui de leur famille, probablement, qui ne seraient pas domicilées dans
la municipalité depuis plus d'une journée ou d'une semaine, qui
n'auraient peut-être même jamais emménagé dans la
municipalité. Je pense que cela prend nécessairement une
période minimale. Il faut une certaine période de recul pour nous
donner le temps de constater si c'est sérieux ou non, si la
résidence est réelle ou non.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Qu'est-ce que l'article 48 apporte de
différent et de nouveau par rapport à ce qui existe
actuellement?
M. Bourbeau: L'article 47 ou l'article 48?
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 48.
M. Parent (Bertrand): L'article 47 a été
adopté tantôt.
M. Bourbeau: D'accord. C'est parce que j'étais revenu...
En quoi il est différent du droit actuel? La question du
député est à savoir en quoi l'article 48 est
différent de ce qui existe présentement, dans la loi municipale
ou dans la Loi électorale du Québec?
M. Parent (Bertrand): Dans la Loi électorale du
Québec.
M. Bourbeau: C'est la même chose que dans la Loi
électorale du Québec.
M. Parent (Bertrand): Dans la loi municipale...
M. Bourbeau: On me dit que, dans la loi actuelle, il n'y a pas de
définition du domicile; donc, on se reporte au Code civil du
Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 48?
M. Dufour: Ce qui est nouveau, je pense...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Bourbeau: Ce qui est nouveau, c'est le deuxième
paragraphe de L'article 48, qui n'est pas dans la loi actuelle, mais qui est
dans la loi provinciale.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Est-ce que l'article 48 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 49.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 49 prévoit,
comme la Loi électorale du Québec, qu'un détenu conserve
son domicile malgré sa détention.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 49? M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Qu'est-ce qui arriverait à un détenu qui
n'est pas emprisonné dans sa municipalité? Il a un droit de vote,
mais est-ce que, dans la loi, vous prévoyez que cette personne peut
exercer son droit?
M. Bourbeau: II a droit de vote. S'il se présente au
bureau de vote, on va le lui donner.
M. Dufour: Est-ce que le ministre de la Justice ou le directeur
du centre de détention est obligé de lui donner une permission
afin qu'il puisse exercer son droit de vote?
M. Bourbeau: II n'y a rien de prévu dans ce sens.
M. Dufour: En fait, mon interrogation est celle-ci: En conservant
son domicile, cela veut dire qu'on attache son cens électoral; cela ne
veut pas dire qu'on favorise son droit de vote.
M. Bourbeau: On ne l'empêche pas.
M. Dufour: II est dans le trou, il ne peut pas...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 49?
M. Dufour: L'idée de cela...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...je pense que c'est de favoriser la
démocratie, bien sûr, mais quelle est l'idée qui se
dégage dans ce que vous y apportez? Est-ce que cela existait
auparavant?
M. Bourbeau: Dans l'actuelle Loi électorale, il n'est pas
du tout question des détenus. C'est du droit nouveau sur le plan
municipal. Mais, dans la loi provinciale, les dispositions sont les mêmes
que celles que l'on a présentement.
M. Dufour: Dans la loi provinciale, il y a tout de même des
dispositions qui permettent aux détenus de voter.
M. Bourbeau: C'est cela.
M. Dufour: Cela favorise aussi le vote
du détenu, même s'il est emprisonné je ne sais pas
où... pas bien bien loin, à Orsainvilte.
Une voix: À Drummondville. M. Dufour; Oui.
Le Président (M. Saint-Rach): C'est
fédéral.
M. Dufour: II pourrait voter pour un député qui se
présente dans le comté de Drummond, j'imagine. Au point de vue
municipal, cette notion continue, mais je ne sais pas pourquoi on la met...
Est-ce que cela donne quelque chose de plus?
M. Bourbeau: C'est plus facile au provincial, l'élection a
lieu le même jour dans tout le Québec.
M. Dufour: Bien oui.
M. Bourbeau: On organise une élection à
l'intérieur du pénitencier et tout le monde vote. Tout est
organisé. Une élection municipale, cela alieu à
chaque année. Il y a des années où cela arrive dans une
municipalité... À chaque année... Ce serait assez
compliqué. Il faudrait que, dans chaque prison, le directeur demande:
Dans quelle municipalité êtes-vous domicilié? Dans
Bertrand. Bon, on va voir s'il y a des élections dans Bertrand cette
année. Non, c'est l'an prochain. Dans Jonquière, oui; donc, le
gars de Jonquière pourrait voter. Cela deviendrait assez
compliqué d'une année à l'autre. Alors, on se contente de
donner le droit de vote aux détenus en espérant qu'ils se
présenteront pour voter le jour du vote.
M. Dufour: On le met en conserve!
M. Bourbeau: Quoiqu'ils sortent les fins de semaine, les
libérations conditionnelles...
M. Dufour: II n'y est pas longtemps.
M. Parent (Bertrand): On leur donne le droit de vote...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): ...au municipal comme au provincial. Mais,
si on ne les organise pas pour qu'ils puissent voter... II va falloir qu'il y
ait des mesures si vous l'insérez au niveau municipal. Je comprends que
cela peut être complexe. La personne, qui est détenue à
Orsainville, s'il faut qu'elle aille voter aux élections municipales de
ta ville de Longueuil dans un mois, comment vont-ils la faire sortir? Cela ne
donne rien de l'insérer là si on ne donne pas la
facilité.
Effectivement, à chaque année, il va toujours y avoir,
dans les prisons, des élections municipales... (21 heures)
M. Bourbeau: C'est une façon de voir les choses. Disons
qu'étant donné ce que j'ai dit tout à l'heure...
M. Parent (Bertrand): Écoutez, M. le ministre, on ne le
sait pas. Mais, là, ils en sont peut-être privés, ces
gens-là.
M. Bourbeau: Écoutez, il est possible que les directeurs
de prison acceptent les demandes des détenus de les placer en
libération conditionnelle pour un jour de vote. C'est une raison qui
pourrait être valable et, effectivement, ça aiderait
peut-être les détenus à avoir une journée de
congé le jour du vote dans leur municipalité. C'est possible.
Pour l'instant, on n'a pas prévu de mesures spéciales à
cause des problèmes administratifs dont j'ai parlé
tantôt.
Je vais ajouter un...
Le Président (M. Saint-Roch): II reste une minute.
M. Bourbeau: ...renseignement additionnel pour l'Opposition. Si
on n'avait pas cette disposition qu'un détenu conserve son domicile
malgré sa détention, cela voudrait dire qu'en vertu des
dispositions du Code civil sur le domicile qui disent qu'un individu acquiert
un nouveau domicile si c'est son principal établissement et qu'il y
reste suffisamment longtemps on pourrait éventuellement, sur une longue
période de temps, dire qu'il a établi un nouveau domicile.
Il a peut-être perdu l'ancien domicile, donc, il en acquis un
nouveau. Cela veut dire qu'à la longue - on nous a
représenté cela dans le monde municipal - surtout pour ce qui est
des pénitenciers où les gens demeurent très longtemps,
comme par exemple dans le cas de sentences à vie ou l'équivalent,
il pourrait y avoir 300 ou 400 personnes qui ont établi domicile dans
une prison.
À ce moment-là, il y a des conseillers municipaux qui
pourraient se vanter d'avoir été élus par des prisonniers
ou battus par des prisonniers ou, si un maire avait été
élu par 50 ou 100 votes, on pourrait faire la preuve que c'est le vote
des prisonniers qui a fait la différence.
Alors, ça pourrait créer des problèmes d'image, je
présume. Un maire dans l'opposition pourrait dire: Bien, vous, c'est les
prisonniers qui vous ont élu. Cet argument nous a été
servi par le monde municipal. C'est pour ça qu'on a inscrit à
l'article 49 qu'un détenu conserve son domicile d'origine, malgré
sa détention.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 49? Est-ce que l'article 49 est
adopté?
M. Dufour: Adopté sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 50.
M. Bourbeau: L'article 50 traite du cas spécial des
personnes qui résident de façon habituelle ailleurs qu'à
leur domicile, soit pour leur travail ou leurs études, soit parce
qu'elles sont accueillies dans un centre hospitalier ou un centre d'accueil.
Ces personnes ont le droit de choisir d'être considérées
comme domiciliées, soit à leur domicile réel, soit
à leur résidence spéciale.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Quelqu'un qui demeure dans un centre hospitalier n'est
pas nécessairement là à demeure. Un centre hospitalier, au
sens de la loi, c'est un hôpital. Quelqu'un est malade. Il peut
être malade deux mois, trois mois. Je pense qu'à ce
moment-là il y a une question qui se pose: Cette personne doit
certainement être à l'hôpital au moment où on dresse
la liste électorale. C'est cela? C'est correct de dire ça,
là?
M. Bourbeau: Pardon, en disant quoi?
M. Dufour: Quelqu'un est à l'hôpital, est
hospitalisé durant la compilation de la liste électorale. Donc,
à ce moment-là, son domicile pourrait être
considéré... Est-ce que c'est dans ce sens-là que le
domicile est considéré être un centre hospitalier?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je pense que la question ne se pose pas comme vient
de le faire le député de Jonquière, parce qu'il ne faut
pas oublier que la période de douze mois est toujours obligatoire.
Alors, ça s'appliquerait dans le cas de ce qu'on peut appeler des
malades chroniques, par exemple, qui demeurent dans des hôpitaux. Je peux
vous signaler qu'à l'hôpital Charles-LeMoyne il y en a au moins
une centaine à longueur d'année; dans un centre d'accueil, les
gens y demeurent pendant plusieurs années aussi. A ce moment, lorsque
l'énumérateur se présente et la personne qui est là
lui dit: Je suis ici depuis plus de douze mois, je ne vois pas le jour
où je vais en sortir à court terme, elle fait la demande de voir
son domicile modifié. C'est dans ces cas où une personne ferait
le choix de modifier son domicile que s'appliquerait l'article 50.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui. Lorsqu'on insère la notion de
centre hospitalier et centre d'accueil, n'y aurait-il pas lieu de l'avoir un
peu plus large dans le sens que les foyers... Parce qu'on vise
particulièrement une clientèle, on comprend dans quel sens. Je
pense qu'on demeure limitatif en mettant "centre hospitalier ou centre
d'accueil" de façon très spécifique. Il y aurait
peut-être lieu de rajouter "et toute autre institution du même
genre". Je pense, particulièrement, à des foyers qui ne sont pas
nécessairement des centres d'accueil ou pas nécessairement des
centres hospitaliers et qui visent la même clientèle.
M. Dufour: II y a des foyers pour personnes
âgées.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: L'expression "centre d'accueil" doit être
interprétée dans un sens large. Ce n'est pas
nécessairement restreint à des centres d'accueil normés ou
subventionnés par le gouvernement du Québec. On me signale
également que ces expressions sont les mêmes qu'on retrouve dans
la Loi électorale du Québec. Cela a été un peu
copié - si je peux dire - de la Loi électorale du
Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je comprends très bien, sauf que,
dans la Loi électorale du Québec, il n'est pas sûr qu'il
n'y a pas lieu de faire des éclaircissements ou des clarifications,
parce qu'il y a quelques années on a vu la notion apparaître. Si
on le mettait au sens... J'imagine qu'il y a une référence dans
la loi sur les affaires sociales, où on pourrait se
référer aux types d'établissement parce qu'on vise des
types d'établissement très particuliers.
Si on transpose de la Loi électorale ici, et on l'insère
ici je comprends bien, mais cela me semble être déjà
dépassé, même si le ministre nous dit qu'on ne veut pas se
restreindre juste à cela. Il y a quand même la question des
équivalents des foyers qui existent maintenant et qui pourrait toucher
à des gens.
M. Bourbeau: À quoi le député de Bertrand
fait-il allusion principalement quand
il...
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, entre le centre hospitalier
et le centre d'accueil, il y a des foyers transitoires parce qu'il n'y a plus
de place dans les centres d'accueil. Cela fonctionne sous ce nom. Cela porte
différents noms, mais c'est essentiellement des centres d'accueil tout
en n'en étant pas, mais ils sont appelés des foyers. Ce sont des
maisons de transition pour les personnes malades, personnes âgées
et qui, je suis sûr, seraient incluses là-dedans, sauf que, dans
le but de ne pas avoir de confusion, je me demande s'il n'y a pas lieu de
l'élargir avec un terme quelconque. Je vous le propose dans le but de ne
pas être restrictif.
M. Bourbeau: Cela porte le nom de foyers, mais ce sont des
centres d'accueil où les gens demeurent temporairement.
M. Parent (Bertrand): Temporairement, ils peuvent être
là pour une période de six mois. Ils peuvent être là
au même titre qu'ils peuvent être à l'intérieur d'un
centre d'accueil.
M. Bourbeau: Si c'est six mois, évidemment la question ne
se pose pas. Cela prend douze mois de résidence pour...
M. Parent (Bertrand): Oui, mais ils peuvent aussi être
là plus longtemps que cela, c'est ce que je veux dire.
M. Bourbeau: J'ai l'impression que ces foyers sont des centres
d'accueil au sens large du mot et que cela ne créera pas de
problème. Si jamais la Loi électorale du Québec
était modifiée dans te sens que dit le député, on
pourrait s'adapter, s'ajuster. J'hésiterais à faire office de
pionnier dans ce sens puisqu'on a quand même collé un peu à
la nomenclature de la loi provinciale.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: "Une personne est réputée choisir
d'être considérée comme domiciliée au lieu où
elle réside plutôt qu'au lieu de son domicile réel
lorsqu'elle présente une demande en ce sens lors de la révision
de la liste électorale ou référendaire." Donc, il n'est
pas nécessaire que la personne soit là depuis un an. Elle
pourrait être en foyer depuis quatre mois, elle pourrait avoir
résidé dans la municipalité durant même dix mois et,
pour une raison ou pour une autre, elle est à l'hôpital ou dans un
centre hospitalier. La liste électorale est faite. On présente
une demande lors de la révision de la liste électorale. La
révision ne se fait pas un an avant l'élection, mais durant la
période électorale. Donc, la personne n'est pas
nécessairement résidente là depuis très longtemps;
elle peut décider cela et elle pourrait ne pas y être longtemps.
Elle pourrait, un ou deux mois après, quinze jours ou une semaine
après l'élection, changer d'endroit, mais elle a
décidé qu'elle exercerait son droit de vote dans ce
lieu-là.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je peux dire que te député fait
allusion au cas où le centre hospitalier serait dans la même
municipalité que le domicile de l'électeur. À ce
moment-là, la personne a le droit de vote et, si elle choisit de voter
dans un autre district que celui de son domicile réel, c'est le choix
qu'elle peut faire.
M. Dufour: J'ai l'impression que c'est aussi rattaché
à la notion d'exercer son droit de vote, ce qui veut dire que, si on
permet à des gens de se considérer comme domiciliés ou de
demander d'être domiciliés à un endroit plutôt
qu'à un autre, un centre d'accueil, un hôpital ou un centre
hospitalier, à ce moment-là il pourrait y avoir des bureaux de
vote dans ces endroits comme tels. Sans cela, si la personne est capable de
sortir du centre hospitalier pour aller voter -les municipalités ne sont
pas aussi grandes que cela - cela veut dire que la personne pourrait aller
voter dans un autre endroit-On n'aurait pas besoin d'Indiquer cela si on
n'avait pas l'idée implicite d'installer des bureaux de vote près
ou très près de ces lieux-là.
Le Président (M. Saînt-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je m'excuse. Est-ce que le député peut
reformuler sa question?
M. Dufour: Bon. On veut donner le choix à la personne
d'être domiciliée là où elle le veut par rapport
à l'économie de la loi comme telle. Cela suppose que le
législateur a l'intention de permettre à ces gens de voter sur
les lieux comme tels. Sans cela, quel avantage y aurait-il pour les gens qui
ont conservé leur domicile, mais qui, d'une façon temporaire,
demeurent dans un endroit qui s'appelle un centre d'accueil ou autre? Si c'est
à cause d'une maladie qu'une personne est à l'hôpital, on
lui donne le choix d'être considérée comme étant
domiciliée à cet endroit. Mais, si an lui donne le choix
d'être électeur, cela veut dire qu'il faut aussi lui donner le
droit de voter, et ce serait faux si le bureau de votation était
à un quart de mille ou à un demi-mille de l'endroit où la
personne est hospitalisée.
Ii me semble que quelque chose là-dedans doit se...
M. Bourbeau: S! la personne décide qu'elle veut voter dans
un autre bureau de scrutin que celui de l'endroit où elle réside,
elle fait la demande, lors de la révision, de changer de section de
vote. À ce moment-là, si la section de vote est dans
l'hôpital ou dans un centre d'accueil, elle peut voter à l'endroit
où elle est hospitalisée. Ce sera peut-être dans une
école au coin de la rue, près de l'hôpital.
M. Dufour: Oui, mais le jour où la personne peut
décider cela, on peut changer complètement le sens du vote. Je
vais revenir à la même chose que vous m'avez dite tout à
l'heure. Si une centaine de personnes demeurant dans le quartier no 6, disons,
sont hospitalisées et qu'elles décident de voter dans le quartier
no 9 parce que l'hôpital est dans le quartier no 9... Ces gens-là
sont autonomes, donc ils peuvent sortir. Cela veut dire qu'ils peuvent sortir
pour aller voter si le bureau de vote n'est pas dans l'hôpital
même. Il n'y a pas de raison pour que ces gens-là votent dans le
quartier de l'hôpital, car ils sont capables de se déplacer pour
aller voter ailleurs. C'est une question de dire... Je pourrais dire qu'il a
été élu par des malades. Tantôt, vous ne vouliez pas
que ce soit par des... Ha! Ha!
M. Bourbeau: C'est la même chose si vous avez une
université dans votre comté -prenons Louis-Hébert - et si
les étudiants votent tous dans le même comté. On pourrait
dire qu'un député a été élu par les
étudiants. C'est la même chose. (21 h 15)
M. Dufour: C'est différent...
M. Bourbeau: En ce sens que les étudiants ne sont pas des
"malades", voulez-vous dire?
M. Dufour: Oui, il y a peut-être de cela, c'est un point.
Cela ne veut pas dire qu'ils ne le sont pas non plus, parfois. Je pense bien
qu'on ne pourra pas aller aussi loin que cela. On s'en va sur un terrain
glissant.
Au point de vue de la Loi électorale provinciale, ii y a un
changement majeur. Toutes Ies élections se font en même temps. Il
y a aussi la question des partis politiques. Il n'y a rien qui ressemble moins
à un parti politique municipal qu'un autre parti politique municipal.
Ils ne véhiculent pas les mêmes choses, c'est très
localisé. C'est évident que cela favorise sûrement le droit
de vote, à l'exception d'une personne qui séjourne dans un centre
hospitalier. Il faut qu'il y ait des raisons. Cela veut dire que c'est une
personne malade qui ne peut donc pas se déplacer facilement. À la
minute où elle peut se déplacer, elle peut voter dans n'importe
quel quartier. Si elle ne peut pas se déplacer, il faut absolument que
le vote se fasse dans l'hôpital même. Je ne sais pas ce que cela
change.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 50? M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui. Dans le cas des étudiants qui,
par exemple, sont sur le campus universitaire, on dit, au premier paragraphe,
qu'ils auront le choix: "...peut être considérée comme
domiciliée soit sur le territoire où se trouve son domicile
réel, soit sur celui où elle réside aux fins de son
travail ou de ses études." Qui va déterminer où ces
étudiants seront enregistrés?
M. Bourbeau: À ce moment-là, c'est le
troisième alinéa qui s'applique. Ces personnes qui choisissent
d'être inscrites au lieu où elles résident, à
l'endroit, dans la localité où elles étudient, doivent se
présenter et faire une demande, lors de la révision, pour
être inscrites dans la municipalité où elles
étudient.
M. Parent (Bertrand): De cette façon, avec ce choix, on
est assuré qu'il n'y aura pas duplication.
M. Bourbeau: C'est la même chose que lors d'une
élection provinciale. Une personne qui exerce son droit de vote, s'il y
a deux élections, le même jour, dans deux municipalités,
l'une à l'endroit où elle réside et l'autre à
l'endroit où se trouve son domicile réel... À ce
moment-là, évidemment, l'étudiant qui choisit de voter
à l'endroit où il réside se présente au bureau de
révision et fait inscrire son nom sur la liste des votants. S'il a
conservé son domicile d'origine, par exemple, chez ses parents, rien ne
lui interdirait de voter aussi à l'élection municipale où
se trouve son domicile réel. Je signale qu'au point de vue municipal il
n'y a pas de problème à ce qu'un individu vote à deux
endroits puisqu'il n'y a pas de lien entre les deux municipalités, il
n'y a pas d'injustice causée à un parti, par exemple, comme cela
pourrait se produire au niveau provincial où l'élection a lieu
partout en même temps.
M. Parent (Bertrand): Donc, an se comprend bien.
L'étudiant qui demeure sur un campus universitaire pourra s'inscrire -
je ne sais pas - à l'adresse de l'Université de Montréal
et aller voter aux élections de Montréal et, s'il demeure
à Jonquière, il pourra, la même année, aller voter
à Jonquière.
M. Bourbeau: S'il peut se déplacer assez rapidement pour y
aller, oui.
M. Dufour: Mais ce ne sera pas la même année.
M. Parent (Bertrand): Oui, parce que ce n'est pas le même
dimanche,, Montréal...
M. Dufour: Oui, ce sera le même dimanche. Cela va
être réglé. Ce sera tout la même chose.
M. Bourbeau: Avec la nouvelle loi, toutes les élections
auront lieu à la même date.
M. Parent (Bertrand): À toutes fins utiles, c'est ce que
cela veut dire.
M. Bourbeau: Oui. Tout à l'heure, on a aussi parlé
de quelqu'un qui serait propriétaire de plusieurs immeubles dans
plusieurs municipalités. On a dit qu'il pouvait voter à chaque
endroit. Un occupant de place d'affaires ou un avocat qui aurait des
succursales dans plusieurs municipalités, étant occupant,
pourrait voter dans plusieurs municipalités le même jour.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: J'aimerais soulever un dernier point. J'essaie de
trouver le cens ou la qualité d'électeur d'une personne qui
demeure à l'hôpital, mais pas d'une façon permanente. Je
comprends que quelqu'un qui entre dans un centre d'accueil, c'est un lieu pour
y demeurer. Le centre hospitalier, selon votre définition... Est-ce
qu'un hôpital est un centre hospitalier? Bon. Quelqu'un qui serait
à l'hôpital, mais pas d'une façon permanente, pourquoi lui
permettrait-on de se qualifier comme électeur? S'il se qualifie, cela
signifie qu'il a l'intention d'aller voter. S'il a l'intention d'aller voter -
et, selon les explications, je pense qu'il est raisonnable de penser cela - il
pourrait y avoir un bureau de scrutin ou un endroit pour voter à
l'hôpital, mais il pourrait ne pas y en avoir. Cela pourrait être
un petit hôpital de 15, 20 ou 30 personnes et il ne serait pas
nécessaire qu'il y ait un bureau. Pourquoi lui donnerait-on la
possibilité de s'inscrire dans ce secteur comme votant? Il est en
possession de ses moyens, il est dans une résidence temporaire, en
principe, il demeure dans la municipalité, dans un établissement
principal. Pourquoi lui permettrait-on de s'inscrire? Je vois qu'on va
compliquer un peu le travail des personnes. Il sera compliqué de savoir
où est la personne, si elle est inscrite ou non. Il y a des recherches
à faire là-dedans. Je me demande si on rajoute quelque chose.
Elle conserverait son...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que le député fait allusion
à un cas où l'individu qui est à l'hôpital demeure
dans la même municipalité de l'hôpital, son domicile
réel, ou dans une autre municipalité?
M. Dufour: Bon. Si un individu est hospitalisé dans la
même municipalité, à ce moment-là, je pense que sa
qualité d'électeur devrait être dans le lieu où il a
sa résidence principale, à mon point de vue, car il n'est pas
hospitalisé'de façon permanente, à moins qu'il ne soit
dans un hôpital pour malades chroniques. Normalement, quand quelqu'un
entre dans un hôpital pour malades chroniques, il n'en ressort pas.
M. Bourbeau: Évidemment, des municipalités sont
très petites et d'autres sont très grandes. Des
municipalités peuvent faire des kilomètres et des
kilomètres de long, peut-être que les plus grandes au
Québec ont... On me dit que certaines municipalités comme
Gaspé ont des dizaines et des vingtaines de kilomètres de long.
Il peut y avoir un hôpital à une extrémité de la
municipalité...
M. Dufour: Gaspé pourrait être un exemple, mais il
n'y en a pas beaucoup.
M. Bourbeau: ...et l'individu étant hospitalisé, il
pourrait très bien en sortir et aller voter assez près, à
un coin de rue ou deux, mais cela créerait possiblement des
problèmes s'il va voter à des kilomètres et à des
kilomètres.
Je ne pense pas qu'il y ait de gros problèmes avec cela. Je ne
vois pas que des préjudices soient causés à qui que ce
soit, car le vote exprimé par une personne malade a autant de valeur
qu'un autre et cette personne...
M. Dufour: Dans la discussion, je ne voudrais pas que vous
m'ameniez sur un terrain où je ne suis pas allé du tout. Je n'ai
pas dit que le vote d'une personne malade ne valait pas le vote d'une personne
en santé. La discussion n'est pas là.
M. Bourbeau: Je n'ai pas dit cela non plus.
M. Dufour: Non, mais vous l'avancez et je ne voudrais pas prendre
vos paroles. Je parle d'une personne hospitalisée, mais seulement de
façon temporaire. Cette clause lui donne un pouvoir
supplémentaire, bien sûr. Cela lui donne le pouvoir ou le droit
d'être enregistrée à un endroit autre que son
domicile habituel, lequel, à mes yeux, est très
temporaire, parce que, dans le fond, elle va revenir demeurer à son
domicile principal, mais elle va avoir voté pour une autre personne.
Est-ce qu'on ne devrait pas dire que quelqu'un qui est hospitalisé ou
qui demeure dans un centre d'accueil de façon permanente et qui jouit
des droits accordés ailleurs, c'est correct? Mais, la personne
hospitalisée, cela pourrait être une cause d'embêtement pour
les gens qui travaillent aux listes électorales, même pour le
directeur des élections, car il devra s'assurer que cette personne n'est
pas inscrite à deux endroits et, à partir de là, les gens
vont se demander où elle est. Les gens qui travaillent dans les
élections sont habitués de dire: Elle demeure à tel
endroit, on leur répondra: Mais non, elle est à
l'hôpital.
M. Bourbeau: Je ne crois pas que ce soit un gros problème
pour le président des élections parce que, de toute façon,
le changement à la liste électorale se fera à l'occasion
d'une demande au bureau de révision. Donc, l'attention du
réviseur sera attiré sur ce cas et cela passera avec tous les
autres cas de révision. Ce ne sera pas un travail supplémentaire
extraordinaire puisque cela passera dans le moulin à viande de la
révision. De toute façon, on ne pense pas qu'il y aura beaucoup
de cas de gens qui, étant malades temporairement, quelques semaines,
prendront la peine de se faire changer de bureau de scrutin et de passer en
révision pour une demande. Cela vaudrait peut-être plus pour les
gens qui sont dans un centre hospitalier, qui, étant malades chroniques,
demeurent là pendant des années.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 50?
M. Dufour: Je pense bien que c'est une question de choix, de
décider... Je serais porté à croire que cela pourrait
être un certain travail. Il ne faut pas oublier qu'il y a des
municipalités qui ont autant de votants que dans les comtés
provinciaux ou fédéraux; donc, il y a beaucoup de monde. Dans ces
comtés, il peut y avoir aussi des hôpitaux de 300 ou de 500 lits,
ce qui augmente la recherche. On peut le laisser comme cela, mais je continue
quand même à prétendre, sans faire une opposition formelle,
et c'est une suggestion, que, si la personne s'inscrit en qualité
d'électeur et qu'elle est hospitalisée temporairement, on devrait
purement et simplement, pour ne pas... L'année d'ensuite, cela veut dire
une correction à la liste électorale. La personne qui s'est
inscrite, quand on va faire une révision, sera encore inscrite au
même endroit. Je trouve que c'est de nature à compliquer la
confection d'une liste électorale parce que cette personne sera toujours
inscrite après. Cela veut dire qu'il va falloir la faire radier et faire
un nouveau changement. C'est en ce sens que cela peut représenter
quelques difficultés pour le président des élections.
C'est plus difficile à contrôler, cela.
Le Président (M, Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufour: La seule chose que je comprends, c'est que le ministre
ne fait pas ses propres observations, ses propres amendements. Il semble assez
immuable dans ses décisions. J'ai de la difficulté à
comprendre cela. J'ai travaillé avec d'autres ministre? un peu plus
réceptifs. Je comprends qu'il est bien conseillé, mais on peut
toujours dire qu'il y a des gens qui ont de l'expérience aussi sur le
terrain. II devrait en profiter parfois pour bonifier et améliorer ses
lois. Je trouve qu'il a une attitude un peu difficile à vivre.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je dirais, par souci d'équité envers
les gens qui, au ministère, ont travaillé sur ce projet de loi
depuis 1981, on en est je ne sais pas à quelle version du projet de loi,
il a passé par toutes les commissions parlementaires, les groupes de
travail, il a été tamisé, retamisé. Le
député a admis, soit qu'on a tenu compte d'un très grand
nombre de ses propres observations lors de la commission parlementaire. On a
fait quelque chose comme 350 amendements et je pense que ce n'est pas tout
à fait correct de la part du député de dire qu'on ne tient
pas compte des observations de l'Opposition; on en a beaucoup tenu compte
jusqu'à maintenant. Je pense que l'article 50 est un article qui
pourrait quand même être encore amendé. Le
député a reconnu tout à l'heure que c'était une
façon de faire les choses différente de celle qu'il
préconiserait, mais que celle-là n'était pas plus mauvaise
pour autant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: II ne faut pas dire que, du fait qu'il a
été étudié autrement, il n'est pas bonifiable. Bien
sûr, quand on fait des remarques, c'est sur l'ensemble du projet de loi.
Je ne retire aucun mot de ce que j'ai dit. Je peux tout de même dire
qu'il est vrai, même si on a fait tout cela, que le ministre est encore
en réflexion sur certaines parties des éléments et qu'il
n'est pas décidé, malgré tous les avis qu'il a eus. Il y a
un certain nombre d'articles qu'on a
suspendus parce que le ministre n'est pas branché. Qu'à
Particle 50 on ait dit: I! pourrait y avoir telle chose plutôt qu'une
autre, je pense que ce n'est pas un crime de lèse-majesté, je ne
le pense pas.
M. Bourbeau: ...la grande flexibilité du ministre?
M. Dufour: Je pense que c'est une question d'attitude. On peut
accepter que quelqu'un soit souple à certains moments et, aussi, rigide
à d'autres. Mais c'est une question d'évaluation et il faut vivre
avec cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 50? Est-ce que l'article 50 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufour: Sur division. (21 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 51.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 51 apporte une
précision technique visant à clarifier le moment où une
personne est censée devenir propriétaire de son immeuble. Aux
fins de la qualité d'électeur municipal par le renvoi aux
règles d'opposabilité aux tiers des actes translatifs de
propriété contenus dans le Code civil, l'article 51 fait en sorte
que, dans l'immense majorité des cas, c'est l'enregistrement du titre de
propriété qui fait d'une personne le propriétaire de
l'immeuble et cela confirme la pratique généralement suivie par
les présidents d'élections.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des interventions
à l'article 51?
M. Dufour: Si je comprends bien, l'article 51 est
complètement nouveau par rapport à ce qui existait.
C'était pour répondre aux demandes des secrétaires
municipaux? Ce n'était pas dans l'avant-projet de loi?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est effectivement à la demande de la
Corporation des secrétaires municipaux du Québec qu'on a
précisé ces choses-là dans la loi actuelle. Dans
l'ancienne loi, il n'y avait absolument rien de précisé à
ce sujet-là.
M. Dufour: En fait, c'est pour démontrer si quelqu'un est
propriétaire ou non d'un immeuble. Si quelqu'un a des doutes par rapport
à cela, comment peut-il...? Cet article-là nous dit ce que nous
devons retenir pour le déclarer propriétaire? Est-ce dans ce
sens-là?
M. Bourbeau: Je dirais au député qu'il y a
plusieurs façons d'être propriétaire. On peut avoir une
offre d'achat acceptée. On peut avoir un acte de vente signé,
mais non enregistré. II y a des gens qui signent des actes de vente
devant notaire. Ce n'est pas enregistré avant cinq ou dix ans parfois
et, à ce moment-là, à l'index aux immeubles, ce n'est pas
cette personne qui apparaît comme propriétaire, c'est une autre.
Alors, pour savoir à quoi s'en tenir, la référence, c'est
l'enregistrement d'un titre de propriété. C'est là qu'est
porté à l'attention du public le fait que quelqu'un est devenu
propriétaire et c'est à ce moment-là que c'est opposable
aux tiers. Le tiers qui, de bonne foi, ne voit pas que, à l'index aux
immeubles, une personne est propriétaire ne peut pas le savoir parce que
c'est un acte qui, à toutes fins utiles, est secret tant qu'il n'est pas
enregistré. Alors, la norme choisie ici, de déterminer que c'est
l'enregistrement du titre de propriété, fait en sorte que les
tiers savent à quoi s'en tenir.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Dufour: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 51 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 52. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 52 établit
les conditions primordiales à l'exercice du droit de vote d'une personne
ayant la qualité d'électeur, soit être inscrite sur la
liste électorale et être capable d'exercer ses droits
civiques.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: À l'article 47, on a déterminé
qui avait le droit de vote, qu'il faut être en possession de tous ses
moyens. C'est ce que cela veut dire?
M. Bourbeau: Oui, être capable d'exercer ses droits
civiques.
M. Dufour: On ajoute les mot3 "ni frappé d'une
incapacité de voter" ou quelqu'un qui a fait une fraude
électorale.
M. Bourbeau: C'est exact, M. le Président.
M. Dufour: Le fait qu'elle a la qualité d'électeur,
qui peut déterminer que cette personne-là, au vu et au su, est
correcte et a le droit de voter? Quelqu'un pourrait être interné
en cure fermée, mais quelqu'un pourrait l'avoir fait enregistrer parce
qu'il ne l'était pas quand cela s'est passé; il n'était
pas sous la curatelle, etc. Quand viendra le temps d'exercer son droit de vote
comme tel, comment pourra-t-on le déterminer?
M. Bourbeau: Si une personne n'est pas interdite ou des choses
comme ça? Bien, il est très facile... La liste des interdits est
publiée chaque mois par la Cour supérieure. Alors, on peut se la
procurer en demandant au protonotaire de faire parvenir ta liste des interdits.
Elle est postée chaque mois à tous les notaires
pratiquants...
M. Dufour: La liste dont vous me parlez...
M. Bourbeau: ...et j'avais coutume de la scruter chaque mois pour
voir si mon nom n'y apparaissait pas.
M. Dufour: Ce sont ceux-là qui sont visés par la
Loi sur la curatelle publique. C'est de ceux-là que vous me parlez, la
protection du malade mental. Si une personne est internée pour maladie
mentale mais qu'elle n'est pas dangereuse, quelqu'un pourrait dire: Je vais
aller la chercher pour la faire voter. C'est-à-dire qu'on rencontre des
gens qui, des fois... En tout cas, ça arrive des fois que je rencontre
des gens dont je dis: Ils ont l'air correct, mais, de la façon dont ils
parlent, ils ne sont pas corrects. Cela arrive des fois, ça.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, c'est sûr que, si
tous ces gens-là étaient en prison ou hospitalisés, il y
en aurait peut-être moins qu'on pense dans les rues. Mais ce que je peux
dire au député, c'est que les candidats ont des organisateurs, en
général, qui surveillent ce genre de choses. Ils se procurent les
listes électorales et ils peuvent se procurer également la liste
des interdits. S'ils ont des doutes sur la capacité de voter d'un
électeur, il y a toutes sortes de moyens de le vérifier. En
dernière analyse, on peut, au moment du vote, demander d'assermenter un
électeur qui se présente et dont on pense qu'il n'aurait pas la
capacité de voter.
M. Dufour: Ces règles-là qui prévalent,
c'est la même chose au provincial?
M. Bourbeau: Ce sont les mêmes règles que le
provincial.
M. Dufour: C'est une copie conforme. Le Président (M.
Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 52 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 53.
M. Bourbeau: L'article 53 précise dans quel cas une
personne est frappée d'une incapacité de voter prévue par
la nouvelle loi et perd ainsi la qualité d'électeur. Il s'agit du
cas où la personne s'est avouée ou a été reconnue
coupable d'une manoeuvre électorale frauduleuse au sens de la nouvelle
loi ou au sens de la Loi électorale du Québec.
La manoeuvre électorale frauduleuse au sens de la nouvelle loi
est définie à l'article 645. Cet article renvoie à
différentes infractions prévues par la nouvelle loi. La notion de
manoeuvre électorale frauduleuse est essentiellement la même en
vertu de la Loi électorale du Québec, compte tenu de la
différence de niveau. L'incapacité de voter provoquée par
la manoeuvre électorale frauduleuse s'inspire de la Loi
électorale du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 53? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Cette incapacité de voter ou cette infraction
est toujours reconnue devant un juge, ce n'est jamais... Même si
quelqu'un disait: J'ai fait une infraction, s'il n'a pas eu de condamnation...
Il faut qu'il y ait une condamnation.
M. Bourbeau: II faut qu'il y ait un jugement.
M. Dufour: C'est ça. Il faut qu'il y ait un jugement. Bon.
C'est la bonne chose. L'article 645 de la Loi électorale... On a ici la
Loi électorale, mais on ne semble pas avoir l'article, celle qui a
été amendée en 1984. Il devait y en avoir une autre que
ça.
M. Bourbeau: Je m'excuse. Je n'écoutais pas.
M. Dufour: On a la Loi électorale, te projet de loi 19 de
1984, mais il doit y avoir une loi différente de celle-là,
c'est-à-dire que c'est elle qui doit compléter l'autre loi, parce
que l'article 645, on ne l'a pas.
M. Bourbeau: C'est l'article 645 du présent projet de loi.
Les manoeuvres électorales frauduleuses sont au chapitre III
du présent projet de loi: sous le titre IV, chapitre III,
Manoeuvre électorale frauduleuse. Dans la Loi électorale du
Québec, cela correspond à l'article 510.
Une voix: C'est cela. C'est bien marqué.
M. Bourbeau: Je signale au député que c'est
marqué: constituant une manoeuvre électorale frauduleuse au sens
de l'article 645 ou de la Loi électorale du Québec C'est pourquoi
le mot "ou" est très important.
M. Dufour: On vient de découvrir le bon sens.
M. Bourbeaus Au sens de l'article 645 du présent projet de loi ou
encore au sens de la Loi électorale du Québec. Là, on fait
référence à l'article 510 de la Loi électorale du
Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 53? M. te député de
Jonquièrec
M. Dufour: Le fait de ne pas dépasser les dépenses
électorales, est-ce que c'est considéré comme une
manoeuvre frauduleuse?
M. Bourbeau: Le fait de quoi?
M. Dufour: Le fait de faire des dépenses
supplémentaires, ce n'est pas... Quand on parle de manoeuvre
électorale frauduleuse, c'est quand quelqu'un va essayer de fausser te
sens du vote...
M. Bourbeau: II faut avoir été condamné par
jugement. Il faut que cela ait été vraiment frauduleux. Il ne
faut pas qu'il soit considéré comme une erreur qu'il n'ait pas
été condamné. Il faut qu'il y ait eu une accusation et un
jugement.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufour: Non, cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 53 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Article 54?
M. Bourbeau: M. le Président, dans son premier
alinéa, l'article 54 prévoit la règle de base permettant
de déterminer quelles personnes ayant la quatité
d'électeurs ont le droit d'être inscrites sur la liste
électorale et pourront ainsi exercer leur droit de vote. Ont le droit
d'être ainsi inscrites les personnes qui ont la qualité
d'électeurs le 1er septembre de l'année d'élection
réqulière. Pour une élection partielle, il faudrait voir
l'article 341.
C'est donc dire que pourront être inscrites sur la liste
électorale Ies personnes qui, le 1er septembre précédant
l'élection régulière, sont majeures, ont la
citoyenneté canadienne, ont la capacité d'exercer leurs droits
civiques et sont depuis au moins douze mois soit domiciliées, soit
propriétaires d'immeubles, soit occupantes de places d'affaires sur le
territoire de la municipalité. La date de référence du 1er
septembre permet à ceux qui confectionnent la liste électorale de
se baser sur une situation connue et non sur une situation hypothétique
dont ils devraient présumer l'existence à une date
postérieure à celle de la confection de la liste, par exemple,
à la date du scrutin.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Mais cela ne change pas l'article 50. Là, vous
avez parlé du cens, de la qualité d'électeur selon
l'article 47 dans vos explications, mais à l'article 50, une personne a
te droit d'être également inscrite sur la liste, même si...
II faut qu'elle ait la qualité d'électeur, c'est évident,
mais elle peut être domiciliée temporairement dans un centre
hospitalier.
M. Bourbeau: Exact. (21 h 45)
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 54? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Pour désigner la personne qui occupe la place
d'affaires ou le copropriétaire, le cooccupant d'un endroit ou d'un
immeuble... Il y a des règles qui s'appliquent. Ce ne sont pas toutes
des compagnies, cela peut être une propriété qui appartient
à plusieurs propriétaires et il faut en déterminer un. Il
n'y a rien qui force à nommer quelqu'un qui serait responsable ou qui
pourrait avoir le vote. Il faut qu'il y ait une entente entre les individus.
Quelqu'un pourrait dire: Je veux voter pour la bâtisse, mais ils ne
veulent nommer personne. Cela veut dire que cette propriété
n'aurait pas d'électeur.
M. Bourbeau: S'il apparaît plus d'un nom comme étant
propriétaire ou occupant, il est nécessaire qu'un document soit
produit de la part de tous ces gens nommant l'un d'entre eux comme ayant le
droit de vote. Si ce document ou un document semblable n'est pas produit, le
droit de vote ne peut pas être exercé.
M. Dufour: Cela doit certainement
présenter des problèmes.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Est-ce que l'article 54 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 55.
M. Bourbeau: L'article 55 prévoit de quelle façon
doit être désigné le copropriétaire ou le cooccupant
qui aura le droit d'être inscrit sur la liste électorale. Les
copropriétaires ou cooccupants qui ont la qualité
d'électeurs au 1er septembre de l'année d'élection
désignent parmi eux une personne qui n'a pas le droit d'être
inscrite prioritairement à un autre titre sur la liste
électorale. Les règles relatives à la priorité
d'inscription se trouvent à l'article 58. Ainsi, par exemple, les
copropriétaires n'ont pas intérêt à désigner
une personne qui est domiciliée ailleurs dans la municipalité,
car elle sera inscrite sur la liste au regard de son domicile, plutôt
qu'au regard de l'immeuble dont elle est copropriétaire. La
désignation se fait au moyen d'une procuration signée par la
majorité des copropriétaires ou des cooccupants. La procuration
demeure valide tant qu'elle n'est pas remplacée. Donc, c'est la
responsabilité des copropriétaires ou des cooccupants de veiller
à ce que la personne désignée soit toujours un
électeur apte à être inscrit et rencontre toujours leur
approbation majoritaire. Un système de procuration existe
déjà à Montréal et à Québec. Ces
modalités sont plus rigides que celles du système proposé
par l'article 55 quant à l'attestation de l'authenticité des
signatures. Il est moins précis quant aux qualités exigées
de la personne désignée.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Autrement dit, quelqu'un qui a déjà la
qualité d'électeur, à un titre ou à un autre dans
la municipalité, n'a pas avantage, dans un temps, dans une question ou
une élection, à se faire désigner comme
électeur?
M. Bourbeau: Si l'individu en question a déjà le
droit de vote dans la municipalité, si les copropriétaires le
désignent pour voter en tant que copropriétaire, à ce
moment-là, il perd son droit de vote. Il ne peut pas voter deux fois.
Les copropriétaires ont intérêt à désigner
quelqu'un d'autre qui n'aurait pas le droit de vote autrement.
M. Dufour: Cela serait le même cens...
M. Bourbeau: Le même?
M. Dufour: Cela serait la même particularité pour un
référendum?
M. Bourbeau: C'est le même système qui s'applique
à un référendum, sauf que, si le référendum
a lieu uniquement dans un quartier, dans une section de la municipalité,
il faut adapter les règles au quartier dans lequel se tient le
référendum.
M. Dufour: Peut-être un point qui m'est un peu moins
familier: quand il y a plusieurs propriétaires dans une bâtisse,
elle est inscrite au rôle d'évaluation. Elle n'est pas
nécessairement inscrite à chaque individu.
M. Bourbeau: Vous parlez de...
M. Dufour: Il y a une inscription au rôle
d'évaluation. La propriété X appartient à huit
personnes, par exemple. Elles sont copropriétaires ou cooccupants. Le
nom de chaque individu qui est copropriétaire n'est pas
nécessairement inscrit à la municipalité. On envoie le
compte de taxes à une adresse.
M. Bourbeau: II faut être très prudent quand on
emploie le mot copropriétaire. Si on parle d'indivision, à ce
moment-là, effectivement, il peut y avoir plusieurs noms. Normalement,
il devrait y avoir tous les noms au rôle d'évaluation. Parfois, il
peut arriver qu'on mette Francis Dufour et al, pour sauver de la place, mais,
à ce moment-là, le secrétaire d'élection devrait
retourner à l'évaluateur et demander qu'on lui communique tous
les noms de ceux qui sont propriétaires en indivision. S'il s'agit de
copropriété divise, le problème ne se pose pas puisque
chacun des copropriétaires a son propre numéro de lot, donc, est
un propriétaire en soi.
M. Dufour: Vous êtes venu presque au devant de la
deuxième question que je voulais poser. Comment peut-on
déterminer que la personne qui est désignée est
réellement copropriétaire de la bâtisse? Parce que ce n'est
pas juste nommer quelqu'un... Un administrateur d'un immeuble ne pourrait pas
être désigné. Selon l'article de cette loi, cela prend
quelqu'un qui est partie prenante.
M. Bourbeau: À la propriété.
M. Dufour: Qui est partie prenante à la
propriété, mais il n'est pas non plus question que ce soit
égal ou pas. Quelqu'un pourrait avoir 90% de la bâtisse, chacun
des autres 1%.
M. Bourbeau: Oui. Je pense que l'on peut dire que, si vous avez
trois propriétaires, un 90% indivis et les deux
autres 5% indivis, chacun d'entre eux peut être
désigné par les deux autres comme étant celui qui aura le
droit de vote, toujours quand c'est en indivision.
M. Dufour: Mais toujours aussi déterminé en
fonction des individus. Sur la procuration, j'imagine que chaque individu doit
signer ou donner son droit, ou si c'est...
M. Bourbeau: II faut qu'une majorité d'entre eux
signent.
M. Dufour: Bon. Qu'ils déterminent la personne qui a droit
de vote. Est-ce que cette procuration va être déterminée ou
définie quelque part, par réglementation ou autrement, ou si
c'est: "Nous autorisons Untel" et, par la suite, suit la liste des noms? Est-ce
qu'il y a une formule statutaire de prévue pour cela?
M. Bourbeau: En vertu de la réglementation, le
gouvernement va pouvoir prescrire une formule qui devra être
utilisée, lors des élections, aux fins de ces procurations.
M. Dufour: Ces procurations devront avoir un caractère
uniforme pour conserver... D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 55?
M. Dufour: À la dernière ligne, on voit: "Ce
dernier transmet la procuration, le cas échéant, à la
commission de révision compétente." C'est bien le
président d'élection qui doit recevoir cette procuration; elle ne
pourrait pas être remise, d'après le libellé de l'article,
directement à la commission de révision?
M. Bourbeau; Par exemple, si les copropriétaires arrivaient trop
tard, après le 35e jour, ils pourraient se présenter chez le
président d'élection avec une procuration en disant: Voici, nous
voulons une modification sur la liste électorale, voici la procuration,
elle est en bonne et due forme. Ils pourraient obtenir la modification à
la liste électorale chez le président d'élection.
M. Dufour: Oui. Un électeur, pour réviser le
rôle, pourrait aller au bureau de révision et demander - pas
nécessairement en passant par le président d'élection -
d'être inscrit sur la liste. Dans ce cas-ci, il semblerait qu'il faut
nécessairement et obligatoirement qu'il passe par le président
d'élection.
M. Bourbeau: Excusez-moi. Quelle est la question? Excusez-moi,
j'écoutais quelqu'un près de moi qui me donnait des
précisions. Est-ce que le député pourrait reprendre sa
question?
M. Dufour: C'est extrêmement intéressant.
M. Bourbeau: Ces choses-là sont très
compliquées et, comme le député pose parfois des questions
très fouillées, cela demande évidemment que le ministre
vérifie auprès de ses adjoints.
M. Dufour: En période électorale, quelqu'un va se
présenter directement au bureau de révision et demander de faire
corriger l'inscription. Il n'est donc pas obligé de passer par le
président d'élection. Dans ce cas-ci, il semblerait,
d'après le libellé, qu'il faut qu'il passe nécessairement
et obligatoirement par le président. Y a-t-il une raison à cela?
S'il y en a une, j'aimerais la connaître. S'il n'y a pas de raison, je ne
vois pas pourquoi on écrit cela.
M. Bourbeau: II faut qu'elle soit reçue en premier lieu
par le président d'élection. C'est cela qui lui donne sa
validité. Cela ne pourrait pas aller directement au bureau de
révision parce que cela doit demeurer chez le président
d'élection, étant donné qu'elle demeure valide tant
qu'elle n'est pas remplacée. Alors, la procuration doit être
maintenue et conservée par le président d'élection
indéfiniment, si je puis dire, et c'est pour cela qu'il doit passer par
le président d'élection en premier lieu.
M. Dufour: Mais le président d'élection, comme le
bureau de révision... Là, c'est une question de droit de
propriété, ce n'est pas comme le cens électoral, purement
et simplement. J'imagine qu'il y a d'autres choses à regarder, il y a le
rôle d'évaluation, il y a un certain nombre
d'éléments pour s'assurer de la véracité de ce que
la personne dit, mais cela pourrait être le bureau de révision ou
le président d'élection parce que l'un ou l'autre aura à
examiner avec le greffier ou avec le trésorier de la municipalité
la qualité d'électeur. Je ne pense pas que même le
président d'élection accepte cette procuration en disant... Il va
regarder sur la liste si cela correspond ou pas.
M. Bourbeau: II va évidemment regarder si les mandants
sont des copropriétaires et si le mandataire est également un
copropriétaire. S'ils le sont tous et si c'est la majorité des
copropriétaires ou des cooccupants qui ont donné la procuration,
à ce moment-là, il va l'accepter. Il ne faut pas oublier que la
procuration doit être transmise au président d'élection au
plus tard le 35e jour précédant le jour du scrutin,
donc, bien avant la période de la révision.
M. Dufour: Est-ce qu'on va obtenir... La question des
étapes des élections, on voit cela parfois par calendrier ou
autrement. Avez-vous l'intention, à un certain moment, de
déposer... Telle étape, par exemple, le bureau, la liste, comme
on le fait dans le temps des élections. Le greffier a toujours ces
cahiers à sa disposition.
M. Bourbeau: ...le cheminement critique?
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: On le fera éventuellement quand la loi sera
adoptée pour le bénéfice des municipalités, mais on
n'en a pas une avec nous ici.
M. Dufour: Vous n'en avez pas? Vous devez avoir basé vos
écrits sur quelque chose. Il doit bien y avoir un document quelque part
sur lequel les gens ont travaillé. Je comprends, par exemple, que ce
n'est pas la liste permanente et finale. C'est surtout celle qui pourrait
être donnée aux municipalités quand la loi sera
adoptée. Cela pourrait être un document à déposer,
un document d'étude.
M. Bourbeau: Étant donné que le légiste qui
a travaillé sur la loi est un ordinateur vivant, il n'avait pas besoin
de faire de tableaux, il avait tout dans la tête.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 55 est
adopté?
Une voix: Adopté.
M- Dufour: Oui, cela va être...
Le Président (M. Saint-Roch): Comme il est près de
10 heures...
M. Dufour: Ou une "ordinatrice" vivante.
Le Président (M. Saint-Roch): Comme il est près de
10 heures maintenant, est-ce qu'on peut finaliser pour demain soir? Y a-t-il eu
une entente pour ne pas siéger jeudi soir?
M. Dufour: Jeudi soir? Ah! oui, j'en ai parlé avec le
ministre au début.
M. Bourbeau: Étant donné que c'est le
congrès de l'Union des municipalités et que le
député de Jonquière et moi-même aurons beaucoup
à faire ce soir-là, on a convenu, si les membres de la commission
sont d'accord, de ne pas travailler ce soir-là.
M. Dufour: Pour la qualité de la loi qui est devant nous,
pour lui conserver sa qualité. Pour conserver la qualité de la
loi qui est devant nous.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie de cette
clarification. Il est maintenant 22 heures, la commission de
l'aménagement et des équipements ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 22 h 1)