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(Seize heures trente et une minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 100, Loi
sur les élections et les référendums dans les
municipalités. Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, un
remplacement; M. Paradis (Matapédia) sera remplacé par M.
Tremblay (Rimouski).
Électeur (suite)
Le Président (M. Saint-Roch): Merci M. le
secrétaire. Au moment de l'ajournement, hier soir, nous en étions
à l'article 56. J'appelle maintenant l'article 56. M. le ministre.
M. Bourbeau: L'article 56 établit la mesure de
publicité relative à l'inscription des copropriétaires et
des cooccupants. Il s'agit d'un avis public donné par le
président d'élection au plus tard le quarantième jour
avant celui du scrutin. Cet avis énonce les règles applicables et
invite les copropriétaires et les cooccupants à lui transmettre
une première ou une nouvelle procuration, le cas échéant.
À Montréal et à Québec, la publicité est
analogue.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 56? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Il y a rien dans cela qui pourrait permettre ou qui
pourrait exiger que ces avis ou ces renseignements soient donnés
directement aux gens concernés. Par exemple, j'imagine que le greffier
ou le président des élections connaît les gens avec leur
adresse. C'est un avis public, je comprends que c'est bien légal, c'est
accepté et acceptable, est-ce qu'il n'y aurait pas une
possibilité que ces gens soient avertis directement, soit par un
écrit ou... qui n'est pas nécessairement un avis public?
M. Bourbeau: Bien, écoutez.,.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: II n'y a rien qui empêche d'en faire plus que
le client n'en demande. Nous disons dans le projet de loi: Le président
d'élection doit donner un avis public. Si le président
d'élection veut prendre le téléphone et appeler tous ceux
ou, enfin, tous ceux qu'il pourrait retracer sur la liste et qui sont des
copropriétaires, libre à lui. Il peut aussi leur écrire
s'il le veut. Maintenant on a eu des représentations des organismes, la
COMAQ, la CCMQ, etc., à l'effet qu'on s'opposait à ce que le
gouvernement rende la tâche plus complexe encore en faisant obligation au
secrétaire d'élection de communiquer directement ou
personnellement avec les individus.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: On a parlé dans d'autres articles de la
procuration qui pourrait être un écrit conforme ou exigible selon
la loi, de la façon dont le ministère va pouvoir officialiser
cette formule ou cette procuration. Elle va être officielle. Donc dans
les jours... On dit: "...un avis public énonçant les
règles relatives à l'inscription... et... "ceux qui
désirent effectuer une première désignation ou remplacer
celle qui existe à lui transmettre la procuration dans le délai
fixé", Donc, cela suppose presque que la personne aurait la procuration
déjà en main.
M. Bourbeau: Non. Je présume que, si une personne
désire remplir une procuration et la faire parvenir, elle va s'informer
auprès du bureau du président pour avoir des formules et s'il ne
les a pas, on va lui en envoyer. Elle peut toujours venir les chercher. Je
présume qu'elles sont disponibles également à la
municipalité.
M. Dufour: Dans l'avis public, il y a un certain nombre de
règles qui sont établies ou sont écrites. Pourquoi dans
l'article est-on obligé de répéter: transmettre par
procuration? Est-ce qu'il n'y aurait pas toutes ces règles
écrites dans cet avis normalement? Pourquoi on revient à la
charge en disant: "à lui transmettre la procuration dans le délai
fixé"?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je voudrais que le député
précise sa question un peu.
M. Dufour: On dit que l'on doit avertir: "le quarantième
jour précédant celui fixé pour le scrutin, un avis public
énonçant les règles relatives à l'inscription des
copropriétaires et des cooccupants et invitant ceux qui désirent
effectuer une première désignation à remplacer celle qui
existe..." J'aurais pensé qu'on invitait les gens à suivre les
procédures qui sont écrites dans l'avis public. Au lieu de dire
cela, vous dites: "à lui transmettre la procuration dans le délai
fixé." Là, on revient avec le mot "procuration". J'imagine que
l'avis public va contenir toutes ces choses. On va dire: Cela s'adresse
à tel individu, à telle personne et il y a une procédure.
Normalement, l'avis public doit comprendre tout cela. Vous revenez à la
charge en disant: "à lut transmettre la procuration dans le délai
fixé," On aurait pu inscrire que, s'il désire effectuer une
première désignation pour remplacer celle qui existe, il doit
suivre la procédure contenue dans l'avis public.
M. Bourbeau: Nous sommes trois ici et nous ne comprenons pas le
sens de la question du député. Écoutez, je ne sais pas si
c'est très important. Il y a un avis public qui énonce les
règles. D'abord, l'avis doit énoncer les règles relatives
à l'inscription des copropriétaires et des occupants et l'avis
public conclut en invitant ceux qui veulent déléguer certains
d'entre eux, les copropriétaires, à le faire en transmettant la
procuration. Je ne vois pas ce que le député veut de plus; il me
semble que c'est clair.
M. Dufour: Vous avez un avis public. Dans l'avis public, vous
dites ce qui doit se produire, à qui s'adresse cet avis public
normalement, de quelle façon on doit procéder pour faire une
inscription ou une radiation. Donc, si l'avis public doit contenir tout cela,
ce que je me demande - la question est là - c'est pourquoi on est
obligé de revenir en disant: à transmettre la procuration. Cela
aurait pu se limiter à dire: à suivre les avis ou ce qui est dans
l'avis public. Cela ressemble à de ta redondance. J'imagine que, dans
l'avis, il sera écrit que pour ceux qui veulent s'inscrire, cela prend
une procuration qu'ils peuvent obtenir au bureau de la municipalité.
Mais là, au lieu de dire: à suivre les directives, vous revenez
à la charge en disant: il faut, en plus, que ce soit cela. Une
deuxième fois, c'est de la redondance.
M. Bourbeau: Le député a parfaitement raison. Tout
ce qu'il dit est vrai. On conclut, à la fin de l'avis public, en disant:
Quand vous aurez la procuration dans vos mains, en plus de cela, il faut la
transmettre au président.
M. Dufour: Comme cela, je serais en droit de penser que la
règle relative à l'inscription d'un propriétaire, il n'est
pas clair que ce soit une procuration de la façon dont c'est
écrit là. On parle de règles relatives à
l'inscription des copropriétaires. Des règles relatives, cela
veut dire quelque chose. Vous êtes obligé de revenir à la
charge pour dire: II faut remettre la procuration. C'est juste cela que je
prétends. En tout cas, cela me semblait clair. Ce n'est pas
nécessaire de réécrire dans la loi que c'est une
procuration. Ce qui est nécessaire c'est de suivre les directives qui
sont contenues dans l'avis public. Dans l'avis public, c'est écrit:
Quelqu'un qui veut s'inscrire, le fait par une procuration qu'il peut obtenir
au bureau du président d'élection. Cela me semblait clair ainsi.
Si ce n'est pas clair, on va l'écrire deux fois. On ne fera pas de drame
avec cela. J'appelle cela de "l'écriture deux fois". Au cas où
les gens ne comprennent pas, on donne un avis, on dit tout ce qu'il y a dedans
et dans la loi, en plus, on dit: II faut refaire cela encore demain. Donc,
l'avis public ne doit pas être clair parce qu'on est obligé de
revenir avec le texte.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 56?
M. Dufour: Non, j'ai dit ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 56 est
adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 57.
M. Bourbeau: L'article 57 pose le principe qu'une personne ne
peut être inscrite qu'une seule fois sur la liste électorale. Ce
principe est affirmé carrément dans les chartes de
Montréal et de Québec. Il sous-tend de plus les dispositions de
la Loi sur les cités et villes et du Code municipal du Québec
portant sur l'inscription à la liste.
M. Dufour: Puisque cet article est libellé de cette
façon, est-ce que cela oblige quelqu'un à faire la recherche pour
savoir s'il pourrait être inscrit deux fois au lieu d'une? Admettons
qu'à son insu, quelqu'un soit inscrit deux fois sur la liste
électorale, il va regarder son principal domicile, il va dire: Je
demeure à tel endroit... Mais s'il est propriétaire à un
autre endroit et que, pour une raison ou une autre, il est inscrit une
deuxième fois, est-ce que c'est à l'électeur de regarder
s'il est inscrit une deuxième
fois? Est-ce qu'il y a des sanctions s'il est inscrit deux fois,
même si, bien sûr, il n'a pas l'intention de voter deux fois?
Sinon, ce serait de la fraude.
M. Bourbeau: Une personne qui sait que son nom est inscrit deux
fois sur la liste électorale doit prendre l'initiative de demander que
son nom soit radié. Si elle ne le fait pas, il y a une infraction
prévue dans la loi à cet effet.
M. Dufour: Est-ce que vous pourriez me donner le libellé
d'un article semblable? Quelquefois, on dit: Si c'est de bonne foi ou quelque
chose comme cela...
M. Bourbeau: L'article 631, paragraphe 2: "Quiconque sachant
qu'il est inscrit sans droit sur la liste électorale ou
référendaire, ne fait pas les démarches raisonnables
nécessaires pour sa radiation." Cette personne commet une
infraction.
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 57 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 58.
M. Bourbeau: L'article 58 prévoit les règles qui
permettent le respect du principe de l'inscription unique sur la liste
électorale: Lorsqu'une personne a, le 1er septembre de l'année
d'élection, la qualité d'électeur à plusieurs
titres, il faut d'abord tenir compte d'une hiérarchie dans ces titres.
Par ordre décroissant, on retrouve les qualités de
domicilié, de propriétaire unique d'immeuble, d'occupant unique
de place d'affaires, de copropriétaire et de cooccupant. Ensuite, en
supposant que la qualité à retenir est celle de
propriétaire ou d'occupant unique et que la personne est
propriétaire de plusieurs immeubles, ou occupant de plusieurs places
d'affaires, il faut tenir compte de l'immeuble ou de la place d'affaires qui a
la plus grande valeur foncière ou locative, selon le cas. Le
système de la hiérarchie existe déjà dans les lois
actuelles et l'article 58 le reprend avec plus de précision.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: De quelle façon un électeur va-t-il
pouvoir suivre ces directives? Quelqu'un demeure dans une municipalité
ou il n'y demeure pas... Supposons qu'il est propriétaire unique d'un
immeuble et occupe une place d'affaires... J'imagine que la personne va
consulter la liste électorale, va voir qu'elle est inscrite d'une
façon. Elle va dire; Cela marche, j'ai l'assurance d'être inscrit,
mon droit de vote est 'bien respecté...
M. Bourbeau: À ce moment-là, on
réfère à l'article 631.2 qui stipule qu'"un
électeur qui sait qu'il est inscrit plus d'une fois sur la liste
électorale a l'obligation de voir à la radiation de son nom." Il
va dire: Je suis inscrit deux fois sur la liste électorale, il va
consulter et le directeur du scrutin va lui dire: À quel titre
êtes-vous inscrit? S'il dit: Je suis inscrit à titre de personne
domiciliée et de copropriétaire indivis, le directeur du scrutin
va le référer à l'article 58 et va lui dire: Faites radier
votre qualité de copropriétaire indivis.
M. Dufour: Cela, c'est dans le cas où il est inscrit deux
fois. Mais s'il est inscrit seulement une fois? Prenons le cas
hypothétique mais qui pourrait être réel: la personne ne
demeure pas dans la municipalité, est propriétaire unique d'un
immeuble et occupe une place d'affaires. Quand elle va recevoir la liste
électorale, elle va examiner... Elle peut être inscrite à
deux places ou à une seule place. Une fois qu'elle se voit inscrite,
elle se dit: Mon droit a été respecté, je suis correct,
même si je ne suis pas en ordre par rapport à cela... Je ne sais
pas de quelle façon les gens vont pouvoir se renseigner à
l'avenir. Le directeur du scrutin, lui, va le savoir qu'il faut qu'il soit
inscrit avec cette gradation... Mais la personne ne le sait pas, elle sera
satisfaite. Est-ce c'est juste en cas de litige? Pourquoi est-ce que c'est
écrit? (16 h 45)
M. Bourbeau: En théorie, si un individu est inscrit une
fois sur la liste électorale, mais qu'il devrait l'être deux fois,
il devrait se faire inscrire sur la liste électorale avec sa
qualité principale, si je peux dire, la qualité qui est la plus
haute dans la hiérarchie et se faire radier à l'égard de
la qualité inférieure de la hiérarchie. Maintenant, de
toute façon, c'est au président d'élection à
considérer ces choses. Si le président d'élection voit
qu'un individu n'est pas inscrit correctement ou est inscrit deux fois, il peut
prendre les initiatives appropriées.
M. Dufour: Ce qui m'embête un peu, c'est pourquoi il y a un
ordre de priorité. C'est un même droit de vote. La personne a le
même droit de vote qu'une autre, qu'elle soit à un titre ou
à un autre. Vous hiérarchisez la priorité en disant: no 1,
no 2, no 3, no 4 jusqu'à 5. Y a-t-il une raison?
M. Bourbeau: D'abord, en premier lieu, cela découle d'une
certaine tradition dans l'économie de nos lois. Deuxièmement,
on
pourrait dire qu'il est plus important pour un individu de voter en
fonction de son titre de personne domiciliée, par exemple, qu'en
fonction de son titre de propriétaire d'un loi vacant ou quelque chose
comme ça.
M. Dufour: Comme il n'y a plus de valeur foncière
rattachée à un vote - je pense que c'est pour le
référendum que la notion de valeur foncière a
été enlevée. Je ne fais pas erreur en disant cela?
M. Bourbeau: Le référendum?
M. Dufour: Oui. ...le référendum n'a plus de valeur
foncière d'attachée.
M. Bourbeau: Exact.
M. Dufour: Peut-être que je peux accepter l'argument de la
tradition. À mon point de vue, c'est un voeu pieux, parce qu'il n'y a
rien d'attaché à la notion de valeur. Autrement dit, quelqu'un
peut aller voter parce qu'il a son droit. Il peut y aller comme
propriétaire ou autrement. Mais ça ne donne pas, comme
anciennement, un droit spécifique à quelqu'un qui a une valeur
d'attachée sur des référendums. Cela étant dit,
cela va.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y a une question?
M. Dufour: Non, non, c'était juste...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 58?
M. Dufour: Non, non.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 58 est
adopté? Adopté, M. le député de
Jonquière?
M. Dufour: Oui, oui.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 59.
M. Bourbeau: L'article 59 établit l'étendue du
droit de vote à ta personne inscrite sur la liste électorale dans
une municipalité dont le territoire est divisé en districts ou en
quartiers. Elle a le droit de voter pour un candidat au poste de maire et pour
un candidat au poste de conseiller du district ou du quartier. S'il y a
plusieurs postes de conseillers de quartier, elle peut donner un vote pour un
candidat à chacun de ces postes. Cette règle correspond à
la situation actuelle même si la Loi sur les cités et villes
souffre d'imprécision sur ce point.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: II me semble qu'hier on a eu une petite discussion.
"Se compose du maire et des conseillers", on a le même libellé.
Chacun des postes de maire et de conseiller. C'est évident qu'on ne
pourra pas faire une bataille bien longue là-dessus. Mais on aurait pu
trouver une façon beaucoup plus facile pour le commun des mortels de
lire. En fait, on aurait pu dire que la personne a le droit de voter pour le
poste de maire, et chacun des postes de conseillers. Mais comme c'est
libellé comme cela et il semble qu'il faut respecter la tradition et que
les droits on ne peut pas changer grand-chose là-dedans. II faut les
accepter telles qu'elles sont écrites ou à peu près. Il y
a juste ça.
M. Bourbeau: Les experts en législation me disent que
c'est très bon comme ça, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Est-ce que l'article 59 est adopté''
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 60.
M. Bourbeau: L'article 60 établit l'étendue du
droit de vote de la personne inscrite sur la liste électorale d'une
municipalité dont le territoire n'est divisé ni en districts, ni
en quartiers. Elle a le droit de voter pour un candidat au poste de maire et
à chacun des postes de conseillers de la municipalité. Cette
règle correspond à la situation actuelle.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions a l'article 60? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: En fait il n'y a aucune disposition dans ta loi
actuellement qui va obliger à diviser la municipalité.
M. Bourbeau: En quartiers?
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: Oui. Pour les municipalités de 20 000
habitants et plus.
M. Dufour: Mais dans les municipalités de population
moindre il n'y aura pas cette obligation?
M. Bourbeau: Non. Pour les municipalités de 20 000
habitants et moins, la municipalité peut, si elle le désire
décider
d'être divisée en quartiers, mais on ne peut pas
l'obliger.
M. Dufour: C'est-à-dire que vous ne voulez pas, et non
vous ne pouvez pas.
M. Bourbeau: Non, nous ne voulons pas l'obliger.
M. Dufour: J'aime mieux cela parce qu'à ce
moment-là cela voudrait dire que vous... Mais ils doivent les
numéroter les conseillers, par exemple?
M. Bourbeau: C'est exact.
M. Dufour: Est-ce que vous avez une raison fondamentale de ne pas
exiger que même une petite municipalité soit divisée en
quartiers? Est-ce à cause des coûts, des problèmes que cela
représente?
M. Bourbeau: Évidemment quand on parle de districts
électoraux, cela veut dire que chaque conseiller municipal voit la
quantité d'électeurs qui l'élit réduite, par
rapport à la situation qui existe quand toute la municipalité
vote. Si on prend une municipalité de 12 000 habitants, qu'on la
sépare en 6 quartiers, cela ne ferait que 2000 électeurs par
conseiller municipal. Cela commence à faire des petits corps
électoraux. À un moment donné, cela devrait même
être un peu gênant de voir des conseillers élus par si peu
de monde. Le gouvernement a estimé qu'à partir de 20 000
habitants, cela devenait important et il a mis dans la loi qu'il y aurait
nécessairement des quartiers. Moins de 20 000 habitants cela devient de
moins en moins important. Cela gradue avec la population, il fallait
arrêter quelque part. D'autre part je signale que cela ne fait que
reconduire la situation actuelle.
M. Dufour: Je comprends qu'on ne fait pas de grandes innovations
dans ce dossier concernant la division par quartiers, mais, comme il est
possible que la municipalité le fasse, peut-être qu'il y a
d'autres raisons. En tout cas, les arguments que vous m'apportez pour maintenir
le statu quo ne me convainquent pas tellement puisque la municipalité de
moins de 10 000 habitants peut aussi diviser. D'après les arguments que
vous donnez, ils ne devraient jamais diviser parce que ce serait gênant
d'être élu par 1000 ou 1500 électeurs du quartier. Je
comprends qu'on ne veuille pas bousculer... Les gens sont habitués
à une chose, on va filer comme cela. J'accepte cela bien mieux comme
tradition que par fondement ou par argument supplémentaire. Cela va.
M. Bourbeau: II faut arrêter quelque part. De toute
façon, on ne pourrait pas descendre infiniment dans la population. On a
arrêté à 20 000 parce que c'était la tradition mais
on aurait pu arrêter à 18 000.
M. Dufour: Ce que j'ai dit, est dit. Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 60 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Adopté.
Candidat
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 61.
M. Bourbeau: L'article 61 définît
l'éligibilité d'une personne à un poste de membre du
conseil d'une municipalité. L'éligibilité repose sur la
combinaison de deux éléments. D'abord la personne doit avoir le
droit d'être inscrite sur la liste électorale, notamment
être un électeur de la municipalité le 1er septembre de
l'année de l'élection régulière.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 61?
M. Bourbeau: J'ai un deuxième élément, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Cela implique qu'elle doit être majeure, de
citoyenneté canadienne, capable d'exercer ses droits civiques et avoir
un lien, depuis au moins douze mois, avec le territoire de la
municipalité. Ensuite, il faut que ce lien avec le territoire soit d'une
nature particulière. Il faut que la personne ait son domicile ou une
résidence sur le territoire depuis au moins douze mois, le 1er septembre
de l'année de l'élection régulière. N'est donc pas
admissible une personne dont la qualité d'électeur est
basée sur la propriété d'un immeuble où elle ne
réside pas ou sur l'occupation d'une place d'affaires, à moins
qu'elle n'ait, par ailleurs, une résidence depuis plus de douze mois
dans le territoire.
On exige donc du candidat une connaissance minimaie de la vie
quotidienne de la municipalité et le sentiment d'appartenance que
produit le fait d'habiter le territoire de façon
régulière. Voilà.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: En fait, le droit de se présenter à une
élection, c'est vraiment le
domicile. Il faut que ce soit un droit attaché à un
logement; qu'elle y demeure continuellement ou non ou durant des
périodes plus ou moins longues, il faut qu'elle ait au moins une
résidence sur laquelle elle peut placer son nom.
Quelqu'un qui aurait une résidence dont il est le
propriétaire, mais qui demeure à logement... Le domicile comme
tel, est-ce que cela détermine... Quelqu'un pourrait avoir un logement
dans une municipalité où il n'habite pas
régulièrement, mais il le paie; il y reste une fois par semaine
ou une semaine par mois, par exemple, il n'y réside pas de façon
continue, il ne demeure pas dans la municipalité, cela fait plus de
douze mois. Est-ce que le fait qu'il a une inscription comme locataire dans une
municipalité lui donne le droit?
M. Bourbeau: Premièrement, il faut qu'il soit un
électeur; cela veut dire qu'il doit être majeur, de
citoyenneté canadienne et capable d'exercer ses droits civiques.
Deuxièmement, il faut qu'il soit un résident de la
municipalité depuis au moins douze mois avant le 1er septembre.
Maintenant, il est dit dans l'article "réside, de façon continue
ou non". Alors, je pense que l'article dit ce qu'il dit.
M. Dufour: Pour bien comprendre, un étudiant qui demeure
en logement environ dix mois - il peut aussi garder son logement durant
l'été - donc il réside d'une façon non continue,
mais il est majeur, citoyen canadien... D'après cet article, il aurait
droit d'être candidat.
M. Bourbeau: La question de domicile est importante. Pour
être électeur, il faut être domicilié....
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: ...ou propriétaire ou occupant. Alors, si
l'individu, qui veut se présenter à une élection, a la
qualité d'électeur, en plus de cela, à partir de ce
moment-là, il doit également avoir une résidence sur le
territoire depuis au moins douze mois avant le 1er septembre de
l'année.
M. Dufour: La réponse, quant à l'étudiant,
c'est qu'il pourrait se présenter. Il est résident... à
logement... Vous ne dites pas "oui", je l'attends! (17 heures)
M. Bourbeau: J'aimerais peut-être préciser au
député de Jonquière... Tout tourne autour d'une notion de
domicile. Si l'électeur est domicilié, à ce
moment-là il n'y a pas de problème, c'est automatique, il est
également résident, car le domicile implique
nécessairement la résidence. Mais, s'il est électeur et
non domicilié, à ce moment-là il doit, en plus de ses
qualités d'être majeur, de citoyenneté canadienne et en
possession de ses droits civiques, il doit aussi avoir une résidence sur
le territoire, depuis au moins douze mois. Cela implique la notion juridique de
distinction entre la résidence et le domicile dont on a parlé ce
matin.
Une voix: Ce matin? M. Bourbeau: Ah! Hier.
M. Dufour: Quelqu'un pourrait avoir une résidence et ne
pas l'habiter. Est-ce possible?
M. Bourbeau: II peut avoir une résidence et ne pas
être domicilié dans un endroit.
M. Dufour: Ne pas y être domicilié. Donc, à
ce moment-là, il est disqualifié.
M. Bourbeau: Non. M. Dufour: Non?
M. Bourbeau: Cela dépend. Si c'est un électeur non
domicilié, il peut être candidat si, en plus de cela, il a une
résidence qu'il habite, d'une façon continuelle ou non, dans le
territoire depuis douze mois avant le 1er septembre de l'année
d'élection.
M. Dufour: Cela va.
M. Bourbeau: C'est bien,,
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 61 est
adopté?
M. Dufour: Adopté. M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 62.
M. Bourbeau: L'article 62 établit la liste des
inéligibilités à tout poste d'élu, dans quelque
municipalité que ce sait, qui sont justifiées par l'occupation
d'un poste incompatible.
M. Dufour: Est-ce la seule explication? J'attendais autre
chose.
Au paragraphe 4, "les fonctionnaires autres que les salariés au
sens du Code du travail, du ministère des Affaires municipales..."
Est-ce relié ensemble?
M. Bourbeau: Oui, oui.
M. Dufour: "...et de tout autre
ministère qui sont affectés de façon permanente par
le ministère des Affaires municipales".
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: II a été un temps où des gens qui
travaillaient, je pense, pour le ministère des Transports... C'est
enlevé. Vous avez pu ramasser ce qui était éligible ou
non.
M. Bourbeau: On en a enlevé afin de favoriser le plus
grand accès possible aux charges municipales.
M. Dufour: Est-ce qu'il y a des changements par rapport à
l'ancienne loi?
M. Bourbeau: Oui, des fonctionnaires qui n'étaient pas
éligibles sous l'ancienne loi vont le devenir à partir de
maintenant. Est-ce que M. le député veut savoir lesquels?
M. Dufour: Oui, s'il vous plaît.
M. Bourbeau: Les membres et les fonctionnaires cadres des
ministères de l'Environnement et des Transports, de la
Société d'habitation du Québec, de la Commission de
police, de la Commission de la protection du territoire agricole, de la
Régie du logement, de la Commission des transports, de la Régie
des services publics, de la Régie de l'électricité et du
gaz.
M. Dufour: Est-ce pour se conformer à l'article 92 de la
Charte des droits de la personne? Il y en a un maudit paquet.
M. Bourbeau: On a estimé que ces gens-là avaient
des postes qui étaient tellement éloignés des fonctions
municipales que, finalement, cela ne pouvait pas créer de
problèmes de conflits quelconques.
M. Dufour: Vous me les avez nommés, mais je n'ai pas la
liste devant moi. Je pense, par exemple, au ministère de l'Environnement
qui s'implique de plus en plus dans l'environnement. Peut-être que
lorsque la première loi a été faite, on les a mis ou on
les a enlevés. C'était peut-être onéreux ou un peu
exagéré, mais plus cela va, plus le ministère de
l'Environnement s'implique dans les municipalités. Prenons juste la
protection des rives et cours d'eau, etc., où les municipalités
sont impliquées. Un fonctionnaire peut certainement être
très bien placé pour orienter ou pour aussi prendre des
décisions concernant la municipalité. C'est évident qu'il
peut y avoir des conflits d'intérêt assez
régulièrement. C'est le cas de l'environnement. Quand il y a des
tractations, des négociations avec la Société
québécoise d'assainissement des eaux, il y a plusieurs
démarches à travers cela et si c'est un fonctionnaire qui occupe
un poste important, il peut d'une certaine façon... Quand il y a des
accrocs à la Loi sur l'environnement, encore là, le fonctionnaire
doit voir ce qui se passe sur le terrain.
Jusqu'à quel point les renseignements que cette personne pourrait
avoir, soit simplement qu'elle les possède, soit qu'elle peut les
orienter, peut-on les lui enlever? Ils font partie de son action et de son
travail. C'est un ministère qui a de plus en plus de relations avec les
municipalités. Je pense qu'on ne peut pas se le cacher. Quand on parle
de fosse septique, de qualité de l'air, qualité de l'eau, un
employé du ministère de l'Environnement pourrait avoir
drôlement de bonnes informations, il pourrait faire des pressions
à cause du poste qu'il occupe au ministère de l'Environnement.
C'est pour un cas. Il y en a peut-être d'autres... Vous avez
enlevé les...
M. Bourbeau: II fallait arrêter quelque part. Comme on
avait comme objectif de favoriser le plus possible là démocratie
municipale et l'accès aux charges municipales, on a jugé bon
d'enlever toute une série de fonctionnaires qui n'étaient pas
directement reliés aux affaires municipales. Si jamais ils se trouvaient
en conflit d'intérêts, il y a un article plus loin qui s'occupe
d'eux. Finalement, si on voit qu'à l'usage cela crée des
problèmes, on pourra toujours revenir plus tard et apporter des
modifications.
M. Dufour: Je voudrais soulever un point quand même. Que
quelqu'un soit en conflit d'intérêts ou pas, il faut qu'il y ait
une mesure. II faut que quelqu'un conteste. Quelqu'un peut avoir le plus beau
conflit dans sa vie et dire je ne suis pas en conflit d'intérêts.
Par exemple, il y a des offices municipaux d'habitation dans les
municipalités. Quelqu'un accepte de travailler comme directeur
général de l'office municipal d'habitation et dit à tout
le monde, j'ai un avis qui dit que je ne suis pas en conflit
d'intérêts. J'ai des doutes concernant cela. Il est fonctionnaire
d'un côté - l'office municipal c'est nommé souvent par la
municipalité - et la personne occupe un poste et dit: "moi je ne suis
pas en conflit d'intérêts". Il dit cela à tout le monde, je
trouve cela correct. J'ai des restrictions mentales... Je ne suis pas dans ma
municipalité...
M, Bourbeau: C'est un poste rémunéré ce que le
député veut dire?
M. Dufour: Oui, il est conseiller municipal. Il a
décidé d'accepter un poste de
directeur de l'office municipal d'habitation de sa municipalité
et il dit à tout le monde qu'il n'a pas de conflit
d'intérêts. Je suis bien là-dedans. Cela me
dérangerait... Ce n'est pas ma municipalité. J'ai des gens qui
sont là, ils font leur travail. S'ils disent qu'il n'est pas correct,
ils feront leur affaire. Cela a passé comme du beurre dans la
poêle... C'est sûr, il y a toujours la question de conflit mais il
faut que quelqu'un le prouve et j'ai vu des gens disqualifiés où
l'on disait qu'il y avait conflit et en fait il n'y en avait pas. Cela a
passé comme cela.
M. Bourbeau: Un fonctionnaire du ministère de
l'Environnement qui serait conseiller municipal ne pourrait pas vraiment
être en conflit d'intérêts parce qu'il n'aurait pas un
intérêt personnel à ce qu'une mesure soit adoptée.
Tout ce qu'il pourrait faire c'est favoriser peut-être les relations
entre le ministère en question et sa municipalité. Cela pourrait
aider la municipalité mais cela n'aiderait pas le fonctionnaire.
M. Dufour: Oui, mais là, le conflit, on l'attend parce
qu'en fait l'individu jouit d'un avantage particulier, spécial pour
garder son poste ou favoriser son poste. En fin de compte, quand quelqu'un se
présente, il dit; je présente un programme, je pense bien que ce
sera correct. S'il a des ficelles, il dit cela va aller plus vite à des
places, c'est certain. Donc, c'est certain que ce n'est pas un avantage qui va
lui permettre de mettre de l'argent dans ses poches. Ce n'est pas un avantage
monétaire que j'identifie. C'est un intérêt qui peut
être différent de ce qui se passe. Il pourrait, jusqu'à un
certain point, vis-à-vis de certains rapports qui lui sont
présentés, les mettre en-dessous de la pile ou de ne pas en tenir
compte. C'est dans ce sens-là.
Remarquez bien qu'à la longue, cela pourrait jouer contre le
ministère aussi. Il peut perdre la crédibilité. II peut en
donner mais lorsqu'on appréhende un problème, je pense que c'est
au moins notre rôle de le soulever et de dire: Ce n'est peut-être
pas correct d'accepter que ces gens-là aillent là. Par exemple,
la Commission sur la protection du territoire agricole, avec tous les
problèmes et les conflits qu'il y a actuellement, qu'on enlève
cela, Dieu sait qu'il n'y a pas beaucoup de municipalités qui n'ont pas
certains petits conflits avec la CPTA. Vous me dites: Ils vont avoir le droit
de se présenter. J'espère qu'il va y avoir des
municipalités qui vont aller chercher des gens qui font partie de la
CPTA pour les intégrer à un conseil de municipalité pour
régler les problèmes au plus sacrant. Cela va sauter.
La Régie du logement, cela ne me dérange pas trop. C'est
sûr que la Commission de transport... Cela se peut... mais les contacts
sont moins continus. Encore là, je me pose des questions. Les
problèmes que je soulève, c'est vraiment l'Environnement. II me
semble que c'est un point très spécifique où
l'Environnement, de plus en plus, est en contact continu. Par exemple, dans
l'enfouissement sanitaire ou dans la disposition des déchets ou des
ordures ménagères, Dieu sait si l'Environnement à des
choses à dire là-dedans. Le réseau de l'aqueduc aussi et
les réseaux d'égout sont presque continuellement en relation.
Celui-là, je le trouve un peu trop près...
M. Bourbeau: II y a aussi la Loi sur la fonction publique qui
interdit certaines choses à un fonctionnaire et qui fait en sorte que
celui-ci doit faire attention aux gestes qu'il pose. Je rappelle au
député qu'il y a un article, plus loin dans la loi, qui traite
également des cas de ceux qui pourraient être en conflit
d'intérêts ou qui pourraient faire des malversations.
M. Dufour: Mais là, on va toujours faire la preuve. Il me
semble que lorsqu'on ouvre une porte, on peut l'ouvrir à moitié
comme on peut l'ouvrir toute grande. Là, on part d'une porte
fermée et on l'ouvre à la grandeur. On aurait pu, avec le temps,
suivre l'évolution. Cette loi change actuellement. On donne des
possibilités beaucoup plus grandes que ce qui existait auparavant. On
aurait pu décider pour un certain nombre, pas pour l'ensemble. En fait,
on aurait dû dires Exclure et tous les autres ont le droit. C'est un peu
cela qu'on fait, mais à mes yeux, pour l'Environnement... Remarquez bien
que je n'ai rien contre l'Environnement. Je trouve que c'est un
ministère important et qu'il a des choses à faire. Pour les
municipalités, c'est tellement important que c'est de ce
côté que j'aurais pensé que vous n'auriez pas donné
la permission de se présenter à des postes. Je ne sais pas, au
point de vue de ta démocratie, si on fait de bien gros accrocs. Mais il
y a des choix à faire dans la société et l'environnement,
à mes yeux, est justement un secteur très près de la
municipalité. À chaque jour, il a à se prononcer sur des
problèmes qui sont susceptibles d'exister ou qui existent.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article
M. Dufour: Je pense que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: J'aurais presque le goût, à cette
heure-ci, de présenter un amendement pour que les gens du
ministère de l'Environ-
nement ne soient pas éligibies. (17 h 15)
Amendement visant à exclure les fonctionnaires
de l'Environnement
On pourrait ajouter après l'alinéa 7 de l'article 62:
8° les fonctionnaires du ministère de l'Environnement sont
considérés comme inéligibles.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, l'amendement est
recevable, M. le député de Jonquière. Est-ce que vous
voulez utiliser votre droit de parole de 30 minutes?
Une voix: 20 minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): De 20 minutes, je
m'excuse.
M. Dufour: J'aurais aimé mieux...
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous cède la
parole, M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, j'aurais aimé mieux que
le ministre des Affaires municipales se rende à l'évidence ou
accepte les arguments que j'avais présentés pour déclarer
que oui, on pouvait exclure les employés du ministère de
l'Environnement. Cela m'aurait d'abord empêché de faire ce
discours et, en plus, cela aurait été plus facile, parce
qu'à mes yeux, il y a beaucoup de raisons qui font qu'un employé
du ministère de l'Environnement devrait être inéligible
à occuper un poste de membre du conseil de la municipalité,
même s'il avait le droit d'être inscrit sur la liste
électorale. Pourquoi? C'est que le ministère de l'Environnement,
de plus en plus, est en contact direct avec les municipalités. Qu'on
regarde ce qui se passe depuis quelques années, depuis que ce
ministère a été mis sur pied, et on voit tous les jours
des interventions continues et parfois beaucoup plus fréquentes et
beaucoup plus visibles que celles du ministre des Affaires municipales dans la
vie des conseils municipaux.
Je peux prendre à témoin toutes les mesures qui ont
été mises en place, d'abord, pour favoriser un meilleur
environnement et une meilleure qualité de vie pour l'ensemble des
citoyens. Le ministère de l'Environnement intervient sur la
qualité de l'air; donc, il peut intervenir en ce qui concerne
l'industrie, les citoyens, aussi des inspections concernant la qualité
de l'air. Un deuxième endroit où le ministère de
l'Environnement peut intervenir, c'est sur la qualité de l'eau. Qu'on
prenne comme exemple les fosses septiques, où le ministère de
l'Environnement exige des certificats pour que les citoyens se conforment
à un certain nombre de mesures, ou de directives, ou de
réglementations du ministère de l'Environnement.
La protection des rives est un autre domaine où le
ministère de l'Environnement intervient régulièrement dans
toutes les municipalités. La plupart des municipalités au
Québec ont des cours d'eau. Donc, c'est normal que le ministère
de l'Environnement intervienne, puisque chaque fois que la municipalité
ou un contribuable veut intervenir le long d'un cours d'eau, il est astreint
à un certain nombre de mesures ou de réglementations qui obligent
les citoyens à s'y conformer.
Qu'on prenne un autre exemple: les terres inondables. Encore là
le ministère de l'Environnement intervient directement dans la vie des
citoyens et doit leur dire oui ou non, même en allant au-dessus des
règles du conseil municipal. Donc, ce sont des interventions
précises et directes chaque jour avec les citoyens. Il me semble que
c'est drôlement important.
Il y a la qualité aussi des systèmes d'égout ou
d'épuration et rien ne nous dit qu'un jour le ministère n'aura
pas des mesures de contrôle pour les usines d'épuration ou
d'assainissement de l'eau. Encore là, l'employé ou le cadre qui
travaille au ministère de l'Environnement pourrait, à partir de
son travail, de sa fonction, intervenir sur ce qui se passe à
l'intérieur de sa municipalité.
Il y a des endroits où l'officier du ministère de
l'Environnement est en possession de renseignements qu'un citoyen ordinaire n'a
pas. Je veux m'expliquer. Il y a des compagnies, par exemple, qui
travaillent... il y a de grosses compagnies... Je vais nommer ma
municipalité qui s'appelle la municipalité de Jonquière,
où le ministère de l'Environnement a un certain nombre de
contrôles pour inspecter ou surveiller la qualité de l'air. Donc,
la personne est en possession de renseignements que le commun des mortels n'a
pas. Il pourrait, à un moment donné, utiliser ces renseignements,
qui pourraient jouer en faveur de la municipalité, qui pourraient jouer
aussi en sa défaveur, mais qui le mettraient dans une situation de
conflit assez grande et assez importante. Il me semble que vis-à-vis des
compagnies cela pourrait être un service assez fort.
Un autre point que je veux soulever, c'est, bien sûr, la question
de l'élimination des ordures ménagères. Dans beaucoup
d'endroits, il y a effectivement un problème d'élimination des
ordures. Encore là, le ministère de l'Environnement est souvent
placé en conflit d'intérêts parce qu'il a à
décider ou à déterminer la qualité des sols et la
qualité de la nappe phréatique d'une municipalité par
rapport à une autre ou d'un endroit par rapport à un autre. Il
pourrait
être placé dans une position conflictuelle par rapport
à l'ensemble. Ce n'est pas de nature à favoriser ou à
améliorer les relations des citoyens par rapport à certains
ministères, surtout les ministères qui portent à
controverse et qui touchent directement le citoyen. Que l'on parle tantôt
de la loi que le ministère de l'Environnement va faire appliquer, des
subventions qui pourraient être données à des cultivateurs,
cela pourrait encore Être un autre conflit potentiel.
Donc, il y a un certain nombre d'éléments qu'on est
capable d'identifier actuellement. Parlons de l'avant-projet de loi sur les
pesticides que le ministère de l'Environnement nous a donné en
consultation dernièrement, qui va être bientôt
présenté sous forme de loi... D'ailleurs, je vous prends à
témoin, M. le Président. On a rencontré des gens qui sont
venus nous parler de la loi sur les pesticides. Ils nous ont
présenté des mémoires et nous ont parlé de ce qui
pourrait arriver dans une municipalité où les pesticides sont
épandus trop près des citoyens, l'arrosage des pelouses, etc. Il
y a un paquet d'éléments qui font que l'employé du
ministère de l'Environnement, à mon avis, se place dans une
situation conflictuelle. C'est pour un ministère bien ordonné. Il
y a d'autres ministères qu'on pourrait peut-être accepter parce
qu'ils ne sont pas en conflit ou en relations aussi soutenues, aussi continues
que le ministère de l'Environnement. Quand on examine cela sous toutes
ses facettes, il n'y a pas beaucoup de points où un employé ou
une personne qui travaille dans le domaine de l'environnement ne vient pas en
conflit avec la municipalité ou n'est pas susceptible de venir en
conflit avec la municipalité.
Il faut avoir vécu sur le terrain comme je l'ai fait pendant de
nombreuses années pour connaître l'attitude des
municipalités ou le nombre de problèmes découlant de la
présence ou de l'absence du ministère de l'Environnement sur des
territoires. Auparavant, on pouvait dire que le ministère de
l'Environnement touchait une municipalité; cela ne pouvait pas
être trop grave. Mais, cause des municipalités régionales
de comté, à cause de l'étendue des territoires
affectés, l'employé du ministère de l'Environnement,
à mes yeux, représente un élément de nature
à amener des conflits continus, réguliers, sur une base de jours,
d'heures et presque de minutes.
Qu'est-ce qui peut arriver dans des situations d'urgence où te
ministère de l'Environnement intervient avec une directive ou qu'il est
obligé de se prononcer, d'exiger qu'il se passe quelque chose?
L'employé est pris avec sa propre directive. Tantôt, il est la
personne qui exige, qui impose parce que le ministère de l'Environnement
passe par des individus. Le ministère de l'Environnement, c'est une
personne morale, mais il passe par des gens. Les gens qui appliquent la
réglementation, les directives et les lois dans des régions ou
dans des municipalités sont des employés du ministère de
l'Environnement. On demande à ces gens de faire preuve d'un
angélisme qui, à mes yeux, n'est pas possible, n'est pas
atteignable. On doit penser que l'homme, étant ce qu'il est, l'individu
étant ce qu'il est, il pourrait être tenté de se servir de
sa fonction, de son poste, pour soit oublier, soit omettre, soit pour passer
à côté volontairement. C'est évident qu'il y a
toujours moyen de dire: II va être pris quelque part à cause de
son attitude. Il pourrait être accusé, il pourrait être
brassé. Mais, dans les faits, il ne faut pas donner seulement
l'apparence qu'on est juste et correct. II faut aussi que la justice
s'applique, comme il faut que les ministères, sur te parcours de leur
action, puissent aussi donner l'apparence et l'assurance que la justice est
appliquée et que tout te monde est traité de la même
façon.
Qu'est-ce qui arriverait à des gens qui se rendraient compte...
On pourrait penser que l'individu qui est en possession de certaines
informations, qui, en même temps, ne les applique pas ou ne le dit pas...
Est-ce qu'il ne pourrait pas plaider l'ignorance? Il est employé par le
ministère de l'Environnement. Il pourrait, pour une raison ou pour une
autre, passer par-dessus la directive ou l'oublier, ce qui amènerait une
injustice flagrante et ferait un conflit. Il faut prouver qu'il y a un conflit
d'intérêts.
Il y a des coûts à cela. Si un individu dans une
municipalité constate que l'employé n'est pas correct, il va
être obligé de prendre des mesures. Il devra se présenter
devant la cour. Ce n'est pas tout le monde qui va faire cela. Je vous ai
donné comme exemple, tout à l'heure, un conflit qui, à mes
yeux, est réel! Un individu qui décide qu'il peut travailler pour
la municipalité et qui n'est pas en conflit d'intérêts...
Je peux vous donner plusieurs exemples de gens qui ont été en
conflit d'intérêts... mais il faut passer par la cour... Est-ce
que tes gens vont toujours être obligés de passer par la cour pour
faire confirmer s'il y a conflit ou non'' La personne pourra toujours plaider:
J'étais peut-être en conflit dans cette décision, mats dans
les autres, je ne suis pas en conflit d'intérêts. Comment va-t-on
décider cela?
Tantôt, si le ministre de l'Environnement décide que les
cultivateurs auront des subventions pour régler des problèmes
d'égouttement de leur terre dans des ruisseaux ou dans des
rivières, la personne qui travaille à l'Environnement, en
région, sera drôlement bien placée dans sa
municipalité. Elle n'est pas en conflit d'intérêts, elle
aide ses concitoyens, ses électeurs potentiels, elle va être le
distributeur, le dispensateur des subventions dans sa municipalité. La
municipalité qui a
un problème à savoir si elle aura des bassins de
décantation ou une usine d'assainissement de l'eau, la personne est
drôlement bien placée pour faire des pressions, pour orienter la
décision en disant: La solution acceptable, c'est l'usine de traitement,
Cela pourrait être le contraire, cela pourrait être aussi l'autre
position, soit les bassins de décantation. La même personne
pourrait dire, entre nous, qu'au sujet de la qualité de l'eau, il n'y a
pas tellement de problèmes. Un rapport peut être perdu en chemin,
cela peut arriver. Il y a d'autres domaines où, en tout cas, il y a des
dangers potentiels...
Encore là, j'insiste pour dire que ce sont des dangers continus.
Un employé du ministère de l'Environnement, de nos jours -je ne
parle pas d'il y a cinq ou dix ans - de plus en plus, va devenir en conflit
d'intérêts entre son travail et sa municipalité non
seulement à cause de ce qui existe, mais à cause des lois
futures. Je donne comme exemple la loi sur les pesticides qui va être
appliquée. L'employé sera en mesure d'intervenir directement. Il
le fera ou il ne le fera pas, mais il bénéficiera de
renseignements que les autres n'ont pas... Je parle d'une compagnie comme Alcan
où l'employé du ministère a toutes les normes de pollution
de l'air qui se fait dans la municipalité. S'il voulait s'en servir, il
aurait du plaisir là-dedans... Donc, il pourrait intervenir directement
dans la vie de la municipalité. Il y a des citoyens qui ont des
problèmes avec la pollution. Encore là, le ministère a son
mot à dire.
Il y a les fosses septiques, les dépotoirs, les
incinérateurs... la nappe phréatique, il y a un ensemble de
décisions qui font que ces gens-là, continuellement, sont et vont
devenir de plus en plus en conflit d'intérêts au point de vue
municipal. C'est pour cela que j'insiste sur le fait que ces employés
devraient être exclus, ne devraient pas être éligibles. Il
ne faut pas seulement dire qu'on favorise la démocratie, il faut surtout
que cela paraisse que c'est de la démocratie. Pour mot, cela les met
dans une position de force par rapport à d'autres conseillers et,
même s'ils ne profitaient pas de ces avantages pour en retirer de
l'argent directement, leur position en obtiendrait pour la municipalité,
ce qui les mettrait en meilleure posture pour maintenir leur poste de
conseiller ou de maire - cela va les faire durer plus longtemps - mais Dieu
sait le cheminement que ces gens-là pourraient prendre à cause de
la nature de leur travail.
Ce n'est pas seulement un danger potentiel mais, à mes yeux,
c'est un danger réel. Rappelons-nous ce qui se passe dans tes MRC.
Rappelons-nous toutes les interventions directes de l'Environnement, que ce
soit dans les terres inondables, dans des endroits où il y a des
constructions, où il peut y avoir des glissements de terrain, etc. Il
n'y a presque pas de place où l'Environnement n'a pas à
faire.
(17 h 30)
Je prédis encore plus: De plus en plus, ils vont avoir de
l'espace pour manoeuvrer dans les municipalités, parce que, comme on est
parti là, il n'y a pas un schéma d'aménagement qui va
résister. L'environnement, c'est son discours. II est plus important que
tout le reste. La CPTA, c'est plus important, l'UPA c'est plus important que
tout le reste. Tout le monde a le même discours. Moi, je vous dis qu'il y
a une chose: il y a une municipalité, il y a des citoyens et c'est
important que, quand on ouvre une loi, qu'on soit plus prudent qu'imprudent. Il
me semble, en tout cas, qu'on manifeste une certaine imprudence en ouvrant la
porte aussi grande que cela.
Je ne prendrai pas mes 20 minutes, car je pense avoir donné
suffisamment d'arguments pour que le ministre puisse - s'il a encore le
goût d'écouter - s'il pouvait être convaincu, accepter,
parce qu'il aurait pu sauver tout ça s'il m'avait dit: Oui, cela a de
l'allure, cela a du bon sens. Il aurait fait preuve, en tout cas, non pas
d'ouverture d'esprit, mais au moins de bon jugement dans une question qui
intéresse les citoyens et qui va causer tantôt problème
à certaines municipalités.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'amendement de M. le député de
Jonquière? M. le ministre.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Brièvement, M. le Président. J'y ai
pensé. J'ai pensé à considérer favorablement la
motion du député de Jonquière. Après mûre
réflexion, il m'est apparu que ce n'est pas une bonne solution pour deux
raisons. Premièrement, ça créerait des
inéquités envers les autres types de fonctionnaires par le fait
que les fonctionnaires de l'Environnement se verraient brimés par
rapport aux autres fonctionnaires, qui, eux, auraient le droit de solliciter
des postes de conseillers municipaux et les fonctionnaires de l'Environnement,
eux, n'auraient pas le droit. On pourrait dire finalement que dans certaines
municipalités au Québec, les fonctionnaires de l'Agriculture, par
exemple, seraient plus en mesure de se retrouver dans la position dont parle le
député de Jonquière plutôt que des fonctionnaires de
l'Environnement.
Dans une autre municipalité qui serait particulièrement
active dans le domaine de la restauration des logements, on pourrait dire qu'un
fonctionnaire de la Société d'habitation du Québec serait
encore plus en conflit - si le député veut employer l'expression
- qu'un fonctionnaire de
l'Environnement, et ainsi de suite. Finalement, M. le Président,
c'est un peu à la demande de l'Association des cadres supérieurs
du gouvernement que nous avons donné droit à la demande de cet
organisme, au nom des fonctionnaires, de permettre aux fonctionnaires,
justement, de jouer un rôle important dans les municipalités, de
permettre aux municipalités de pouvoir bénéficier de
l'expertise évidente de ces gens.
La deuxième raison pour laquelle je ne peux pas accepter la
demande du député de Jonquière, c'est que je ne vois pas
vraiment où est le problème. Moi, si j'avais à constituer
de nouveau un conseil municipal, aujourd'hui, en tant que maire où
j'avais le choix dans une équipe, j'essaierais de prendre les individus
les plus compétents et aussi, si possible, ceux qui ont les meilleurs
contacts dans la population, dans la société et je pense que les
électeurs aussi accepteraient de voter favorablement pour une
équipe constituée de gens compétents et ayant des
connaissances et des relations dans la société parce que,
souvent, quand on a des relations, des amitiés, des connaissances, cela
permet de faire accélérer les dossiers. C'est connu de tout le
monde. C'est connu dans le secteur privé. C'est connu dans le secteur
public.
Il n'y a pas, là-dedans, de scandale quand on connaît
très bien une personne, cela va être plus facile de faire avancer
les dossiers. Moi, je pense que, quand un fonctionnaire a des connaissances
dans un ministère donné, qu'il peut indiquer à la
municipalité à qui acheminer le dossier plutôt que de le
laisser traîner dans ta poussière pendant quelques semaines. Cela
est à l'avantage de la municipalité et non pas à
l'avantage du fonctionnaire. S'il y a dans la proposition un avantage
conféré à quelqu'un, ce n'est pas au conseiller, ce n'est
pas au fonctionnaire. C'est plutôt à la municipalité. Tant
mieux si les municipalités du Québec peuvent
bénéficier de la compétence des fonctionnaires pour faire
avancer davantage leurs dossiers. Moi, finalement, je ne vois pas de
problème énorme à cela, M. le Président, et c'est
la raison pour laquelle je ne pense pas qu'on doive donner droit à la
motion du député de Jonquière.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: On n'a peut-être pas le même sens de
l'éthique. Je n'ai pas dit de ne pas employer des gens
compétents. J'ai dit que des gens qui travaillent dans les
ministères... Un ministère n'est pas une corporation
privée, que je sache, c'est un organisme publie. À ce moment
là, mettons tous les employés du ministère de
l'Environnement, nommons-les échevins ou maire, ça va
régler le problème. Ils vont être compétents, bien
sûr, et on va nommer tous les autres organismes, un gars du Transport et
tantôt, là, c'est le "wide open bar": tout le monde se sert. Ce
n'est pas comme cela que je l'avais compris. Des gens peuvent être
qualifiés, pas nécessairement en environnement, ils pourraient
être qualifiés d'autres façons et connaître
l'environnement. J'ai passé ma vie dans des laboratoires et je sais ce
qu'est l'environnement, je sais ce qu'est la pollution. J'avais des
renseignements, à un moment donné, qui auraient pu servir contre
la compagnie si j'avais voulu m'en servir, bien sûr. On avait des
éléments que d'autres n'avaient pas, qui ne faisaient pas. Mais
c'était un cas qui pouvait arriver sur des milliers de jours. Cela peut
tomber sur n'importe qui ou n'importe quoi par accident. Mais, là, on le
met en possibilité de conflits continuels, on favorise des
municipalités par rapport à d'autres, car les règles du
jeu ne sont pas toutes pareilles. Il n'y aura pas nécessairement des
gens de l'Environnement dans toutes les municipalités et les
règles du jeu vont favoriser des gens par rapport aux autres. Tant
qu'à avoir des compétences, c'est évident que tout le
monde est pour avoir des compétences dans les conseils municipaux. Mais
ce n'est pas seulement cela qui compte. Il y a aussi d'autres règles du
jeu et, à mes yeux, la décision est que... Je vous le
prédis, un jour vous aurez des problèmes avec cela, je vous le
rappellerai, car je vais vivre assez vieux pour vous le dire»
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce que l'amendement
proposé par M. le député de Jonquière d'ajouter un
alinéa qui se lit comme suit: "8 les fonctionnaires du ministère
de l'Environnement" est adopté?
M. Dufour: Adopté.
M. Bourbeau: Rejeté.
Le Président (M. Saint-Roch): Rejeté?
M. Bourbeau: Rejeté, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est donc
rejeté. Est-ce que l'article 62 est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Sur division.
Reprise de l'étude
détaillée
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 63.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article
63 établit la liste des inéligibilités au poste de
membre du conseil d'une municipalité donnée justifiées par
l'occupation d'un poste incompatible compte tenu des liens unissant le
titulaire de ce poste à cette municipalité.
M. Dufour: Au deuxième alinéa: "les policiers d'une
autre municipalité, d'une communauté urbaine ou régionale
ou d'une régie intermunicipale qui ont compétence sur tout ou
partie du territoire de la municipalité". À l'article 62,
adopté sur division, vous avez parlé des cadets et des membres de
la Sûreté du Québec. Le ministre est-il prêt à
reconnaître que les membres d'un corps policier municipal ont juridiction
aussi dans l'ensemble du territoire du Québec et que le Procureur
général peut les obliger à prendre action ou à
appliquer la loi n'importe où dans le territoire du Québec? C'est
déjà arrivé. Pourquoi ces gens-là conservent-ils ce
droit et demeurent-ils éligibles?
M. Bourbeau: Lesquels?
M. Dufour: Je pensais que je parlais tout seul je ne le sais pas.
"2° les policiers d'une autre municipalité, d'une communauté
urbaine ou régionale ou d'une régie intermunicipale qui ont
compétence sur tout ou partie du territoire de la
municipalité;".
M. Bourbeau: L'article 63 dit qu'un policier d'une autre
municipalité, d'une communauté urbaine ou régionale ou
d'une régie qui ont compétence en tout ou en partie sur le
territoire de la municipalité sont inéligibles. Le
député voudrait qu'ils soient inéligibles sur tous les
territoires de toutes les municipalités du Québec.
M. Dufour: C'est le sens de ma question.
M. Bourbeau: Le député prétend que ce3
policiers municipaux ont juridiction sur l'ensemble du territoire du
Québec. D'où le député tient-il ses
informations?
M. Dufour: Sur la vitesse automobile...
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait...
M. Dufour: Un policier municipal peut-il arrêter à
vue quelqu'un qui fait un excès de vitesse? J'aimerais qu'on me le dise.
Oui?
M. Bourbeau: À l'intérieur du territoire de la
municipalité?
M. Dufour: Même en dehors.
M. Bourbeau: Un citoyen aussi peut faire une arrestation
privée en cas de crime.
M. Dufour: D'abord, un policier doit faire respecter la loi. Il
n'est pas indiqué dans son serment qu'il fait juste respecter la loi
municipale, il fait respecter la loi. S'il est en charge, il est en fonction 24
heures par jour, 7 jours par semaine. Il n'est pas juste en fonction dans la
municipalité et aux heures que le conseil détermine. C'est 24
heures par jour, 7 jours par semaine. Est-ce un droit de la police?
M. Bourbeau: M. le député fait-il allusion
uniquement au Code de la sécurité routière?
M. Dufour: Le Code de la sécurité routière,
c'est un point.
M. Bourbeau: Est-ce que le député peut me citer
l'article du Code de la sécurité routière?
M. Dufour: Pas de mémoire, je l'ai vu quelque part. Un
policier, vous l'admettrez avec moi, quand il fait son serment pour agir comme
policier, c'est 24 heures par jour, 7 jours par semaine.
M. Bourbeau: On ne parle pas du temps, on parle du lieu.
M. Dufour: Donc, il est toujours en fonction.
M. Bourbeau: On parle de sa compétence territoriale. Mes
conseillers me disent ici qu'un policier n'a compétence, en dehors du
territoire de la municipalité où il travaille, qu'uniquement dans
les questions de crime, d'infraction criminelle. Même les particuliers
ont le droit de procéder à des arrestations dans les cas de
crime...
M. Dufour: Le Procureur général du Québec
peut avoir autorité sur un corps policier municipal. Dans le temps des
mesures de guerre, rappelons-nous le, le Procureur général
était le chef de police de l'ensemble du Québec, en 1970.
M. Bourbeau: C'est une question qui ne concerne pas vraiment les
affaires municipales, cela concerne la Loi du Procureur général.
On n'a pas d'experts ici dans ce domaine-là. Peut-être qu'on
pourrait suspendre l'article et aller voir dans les autres lois du gouvernement
quelle est la compétence extra-territoriale des policiers.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: De toute façon, même si par hasard un
policier avait l'occasion, une fois par année ou une fois dans sa vie,
de procéder à une arrestation en vertu des
pouvoirs spéciaux qui lui seraient accordés en cas
d'infraction criminelle, on ne voit pas en quoi cela pourrait le rendre
inéligible comme maire ou comme conseiller municipal dans la
municipalité où il réside. Le problème est
théorique et ne nous semble pas suffisamment important pour justifier
l'inéligibilité d'un policier dans une municipalité autre
que celle où il travaille au demeure.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: On parle du policier, il faudrait peut-être se
rappeler que c'est un travail très particulier, très
spécialisé que quelqu'un a à faire. Si les officiers ou
les policiers de la Sûreté du Québec ne sont pas
éligibles à des postes, j'ai l'impression que, dans le cas de la
sûreté municipale, le policier municipal qui lui aussi a les
mêmes prétentions, les mêmes responsabilités ou
sensiblement les mêmes ou le même genre de travail, peut, justement
à cause de la permission dans la loi, obtenir un poste qui pourrait
présenter certains conflits d'intérêts. Il faut
connaître un peu la structure policière et la façon dont
elle fonctionne. Je pense bien qu'il faut examiner dans le détail ce qui
est le travail d'un policier. Le policier n'intervient pas quand ça va
bien, mais quand ça va mal. Donc, il a une spécialisation
d'intervenir toujours en situation de conflit, situation de problème.
(17 h 45)
Regardons clairement ce qui peut se passer. Quelqu'un n'est pas
officier, il n'est pas policier dans sa municipalité. Il peut se
présenter dans une autre municipalité. Dans les faits, il
pourrait, à cause de la nature de son travail, jouir de certains
avantages que les conseillers n'ont pas parce qu'ils ont accès à
des dossiers. Les policiers ont accès à des dossiers auxquels le
citoyen n'a pas accès. Je prends à témoin ce qui se passe
du point de vue - je ne sais jamais comment le dire - de l'accès aux
dossiers quand ils arrêtent quelqu'un à vue ou avec le
numéro de la plaque d'immatriculation de l'automobile. Est-ce SEDAQ que
ça s'appelle? Je ne sais pas trop le nom. N'y a-t-il pas quelqu'un qui
le sait? C'est quand on a accès à l'information, quand on
arrête quelqu'un; ou enfin, on ne l'arrête pas mais... Le policier
peut, avec le numéro d'immatriculation, obtenir un paquet de
renseignements sur un individu.
Une voix: CRPQ.
M. Dufour: CRPQ, voilà. C'est le nom que je cherchais. Le
centre de renseignements de la Sûreté du Québec donne au
policier municipal accès à ces codes. Donc, il possède
l'information sur un citoyen qu'un citoyen n'a pas. Qu'est-ce qu'il peut en
faire ou pas, c'est une autre histoire. Mais, l'accès à
l'information, c'est quelque chose. L'accès pour des gens à
savoir ce qui se passe chez un individu, cela a fait l'objet de beaux
procès et cela a causé pas mal de problèmes. Il a un
avantage marqué par rapport à un citoyen ordinaire. Je pense que
c'est un élément important qu'il faut retenir. Quelqu'un qui veut
s'en servir peut le faire n'importe quel temps. Si le policier veut, il pitonne
et il va chercher le renseignement. Il sait qu'à tel citoyen, s'il n'est
pas d'accord avec lui, il pourrait dire: Écoutez un peu -par
téléphone ou autrement; je n'ai pas d'intention, je fais juste
constater ce qui pourrait arriver - vous savez qu'il y a des choses qui ne sont
pas réglées à telle place, on peut peut-être
regarder ce qui se passe dans votre affaire.
Cela donne un avantage marqué. Du point de vue de la convention
collective, ça pourrait être aussi un autre élément
important. Comme on sait que ces gens marchent par comparaison, ils le
pourraient, jusqu'à un certain point. On ne dit pas qu'il a le droit de
se présenter dans une municipalité où il n'y a pas de
corps policier. Il a le droit de se présenter dans une
municipalité autre. Il pourrait y avoir un corps policier, donc, des
relations très tenues à cause de son travail entre lui et le
corps policier. Cela pourrait amener encore d'autres échanges
d'informations que le conseiller ordinaire n'a pas. Encore là, il y a
possibilité de conflit et conflit réel.
Vous parlez de conflits appréhendés, mais ce sont des
conflits réels. Les syndicats marchent toujours par convention
collective, par comparaison. Ces comparaisons, il va les faire. Il a juste
à s'avantager ou à avantager la municipalité dans laquelle
il est conseiller. Je ne dis pas qu'il va le faire mais il pourrait le faire.
Quand arrive le temps d'une négociation il pourrait dire: Telle
municipalité a tel montant d'argent, tels avantages. Pourquoi nous
autres ne pourrait-on pas les avoir dans l'autre municipalité? C'est un
des problèmes que les municipalités vivent
régulièrement dans les conventions collectives. Il s'agit juste
de voir ce qui se passe à l'UMQ depuis des années. Ils se
plaignent de la façon dont cela se passe. Je l'ai vu dans d'autres lois;
être roi et maître en même temps, dans le fond, on applique
la loi et on est la loi.
Il y a eu certaines discussions où le policier avait accès
et où on traitait, justement, des problèmes des corps policiers.
Le policier, parce qu'il était conseiller municipal, pouvait y assister.
Donc, il n'y avait pas grand huis clos dans cela ni grande décision non
plus. Ne cherchons pas pourquoi c'est difficile de faire avancer les dossiers.
C'est qu'effectivement, j'admets avec tout le monde que le corps policier est
une forme
de travail différente de celle de l'ensemble de ta population.
Pourquoi est-ce difficile de faire avancer des dossiers quand ils ne veulent
pas que ça avance? On pourrait se poser la question. On ne donne pas la
réponse. Mais pourquoi un problème qui concerne le corps policier
est-il aussi difficile à régler? Il doit y avoir certaines
raisons.
Ces gens possèdent le "pedigree" de tout le monde. On va leur
permettre d'obtenir des postes électifs et on va prétendre qu'il
n'y a pas de conflit potentiel. Je m'inscris en faux. Ils ont des instruments,
une autorité, une force qu'aucun autre conseiller municipal n'a. C'est
vrai de ce côté-ci et je le maintiens. Regardons ce qui se passe
dans les faits et nous aurons la réponse. Pour un policier, obtenir des
renseignements confidentiels sur un individu, c'est très facile. Si son
dossier est vivant ou mort, il peut le savoir aussi.
Il y a un certain nombre d'éléments qui font qu'on va
hésiter à prendre des mesures contre quelqu'un qui est policier.
J'ai eu connaissance, dans des endroits, que cela a été
très difficile à vivre. Ce n'étaient pas des conseillers
municipaux. Dans des conventions collectives, ils ont des mesures de pression
assez dures et assez fortes.
Pour un citoyen qui aurait un policier comme conseiller municipal dans
sa municipalité, qui le voit agir d'une façon à son
travail et différemment dans sa fonction de conseiller, il pourrait
s'interroger. Je pense que l'exemple, à ce moment-là, ne serait
pas trop fort. Le conseiller municipal qui contesterait son autorité
à cause de son travail policier dans une autre municipalité que
la sienne, comment pourrait-il fonctionner dans sa municipalité? Il n'y
a pas de corps policier. Ils ont tous les droits. Je trouverais cela un peu
difficile. Je pense que le contact, par exemple, ou les relations entre les
citoyens et ce conseiller seraient plus difficiles.
Une voix: ...
M. Dufour: Oui. Forcément, obligatoirement, elles doivent
être excellentes. Sans cela, cela pourrait causer des problèmes.
Donc, ce n'est pas encore... Il s'agissait juste de savoir si le ministre a
réfléchit, là-dessus, s'il y réfléchit
davantage. Je n'ai pas encore fait ma proposition.
Le Président (M. Saint-Roch): Non. Vous étiez
encore dans les limites de votre droit de parole sur l'article 63, M. le
député.
M. Dufour: J'étais encore dans mes limites. C'est mon
dernier parce que je n'ai pas d'amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 63?
M. Dufour: Je n'ai pas fait d'amendement encore.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 63?
M. Dufour: Est-ce que je suis en droit de penser que le ministre
pourrait évoluer dans le sens de mes explications.
M. Bourbeau: Non. M. le Président, on a discuté
longuement avec les fonctionnaires et on est d'avis que la rédaction,
telle qu'elle existe ici présentement, est la meilleure dans les
circonstances.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je pensais qu'un ministre, parfais, de temps en temps,
cela travaillait différemment, que cela pouvait... que ce
n'étaient pas les fonctionnaires qui décidaient. Je pensais qu'un
ministre, de temps en temps, écoutait la voix de la raison et aussi la
voix de l'expérience. Non, il me répond: Mes fonctionnaires ont
dit cela et, quand ce ne sont pas les fonctionnaires: Les autres ministres
m'ont dit quoi faire. À ce moment-là, je me pose de
sérieuses questions. Qu'est-ce que c'est, la volonté politique?
Qu'est-ce que c'est, le changement? Un ministre qui est à la merci ou
qui décide... Les fonctionnaires font tout, il n'y a pas besoin de
ministre. Amenez-moi vos fonctionnaires, je vais travailler avec eux et je vais
leur dire quoi faire ou ils vont me dire quoi faire. Au moins, je vais avoir
compris quelque chose.
Je ne comprends pas une attitude aussi cavalière et aussi
"je-m'en-foute" que vous avez là. Je ne comprends pas cela. Ne vous
surprenez pas si les gens ne peuvent pas avoir confiance en vous. Vous allez
leur répondre: Ce sont les fonctionnaires qui m'ont soufflé dans
les oreilles et qui m'ont dit quoi dire! Voyons! Vous n'êtes pas
sérieux quand vous faites des choses semblables. Je vais les prendre,
mes droits de parole. On va s'amuser. Vous avez plusieurs articles? Je vous
passe le plus beau "party" que vous allez avoir de votre vie. Vous allez voir
que je vais en mettre, du temps là-dedans. Je vais vous amuser. Vous
avez l'air de vouloir vous amuser. Vous avez du temps, comme ministre. C'est
vrai, vous ne faites pas grand-chose, vous ne faites pas votre travail. Je vais
vous en trouver du travail, moi. Quand on vous donne des faits et des
éléments, vous êtes sourd. Il n'y a rien de plus sourd que
quelqu'un qui entend et qui ne veut pas comprendre. Je trouve que ce n'est
pas acceptable de la part d'un élu. Vous ne respectez pas... Je
vais vous répéter ce que je vous ai déjà dit.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, je m'excuse. J'admets que dans les débats de nos
travaux en commission parlementaire, on accepte une certaine
libéralité tant dans les propos que dans les sujets. J'aimerais
bien humblement vous rappeler, M. le député de Jonquière,
que nous en étions à Particle 63. J'aimerais vous écouter
sur l'article 63.
M. Dufour: II a dit que les fonctionnaires lui avaient dit quoi
faire. Je réponds que les fonctionnaires, c'est correct, je
respecte...
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement. Le député de Jonquière est en train
d'induire la commission en erreur. Je ne sais pas si le député de
Jonquière a des oreilles pour entendre, M. le Président, mais ce
n'est pas ce que je lui ai dit. J'ai dit au député de
Jonquière et aux membres de la commission que j'avais consulté
mes fonctionnaires. C'est autre chose. Consulter des gens, c'est une chose et
prendre des instructions, comme le dit le député de
Jonquière, c'est autre chose. Je sais que le député de
Jonquière n'est pas très fort sur les nuances, M. le
Président. Je veux être tolérant et je vais tenter de
l'être dans la mesure du possible. Je sais que le député de
Jonquière est complexé.
M. Dufour: Ah oui?
M. Bourbeau: II n'aime pas tellement venir siéger à
l'Opposition, cela le fatigue et le dérange. La seule façon dont
il puisse exercer une certaine autorité, si je peux dire, c'est de venir
faire perdre le temps de la commission. C'est connu, tout le monde le sait;
tout le Parlement le sait, d'ailleurs, des deux côtés. Les
députés du Parti québécois, comme ceux du Parti
libéral, savent très bien ce que peut faire le
député de Jonquière. Il peut parler, M. le
Président...
M. Dufour: Point d'ordre pour point d'ordre, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourbeau: ...et tout ce qu'il peut faire, c'est parler.
M. Dufour: M. le Président, point d'ordre pour point
d'ordre.
M. Bourbeau: Cela étant dit, M. le Président, j'ai
fait ta nuance et j'espère que le député de
Jonquière va en tenir compte.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
J'aimerais maintenant qu'on revienne à l'article 63. M. le
député de Jonquière, est-ce que vous avez d'autres
interventions à l'article 63?
Amendement visant à exclure les
policiers
M. Dufour: En tout cas, je pense que, tolérance pour
tolérance, je n'ai pas d'ordre à recevoir du ministre des
Affaires municipales, c'est officiel et c'est clair de ce
côté-là. Je dis qu'il y a, dans cet article, des
éléments qui font qu'il y a un conflit réel à
appréhender. Quand on nous dit qu'on veut adopter des lois pour apporter
des changements et des améliorations, il faudrait en faire de temps en
temps. Il faudrait accepter d'apporter des changements dans les lois. Ce n'est
pas coulé dans le béton. Il n'est pas défendu de penser et
de réfléchir de temps en temps et d'apporter des changements
à une loi. Là-dessus, je vais déposer mon amendement: Le
deuxième paragraphe de l'article 63 est remplacé par le suivant:
"2° les policiers d'une municipalité, d'une communauté
urbaine ou régionale ou d'une régie intermunicipale sont
inéligibles".
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur la recevabilité de l'amendement?
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que la commission serait d'accord pour que je
laisse la parole ici au fonctionnaire, qui pourrait donner un point technique?
Oui? Très bien.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, M. le ministre...
M. Dufour: Peut-être que le papier a été
mêlé quelque part. C'est que le deuxième alinéa de
l'article 63 est modifié par la suppression du mot "autre", à la
première ligne, et par la suppression des mots "qui ont
compétence sur tout ou partie du territoire de la
municipalité".
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que vous le retirez,
M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Non, c'était le nouveau libellé qu'il
pourrait y avoir.
Le Président (M. Saint-Roch): À ce moment-ci, M. le
député de Jonquière, M. le ministre demande la permission
et le consentement de la commission pour céder la
parole à son fonctionnaire.
M. Bourbeau: M. André Carrier, directeur de la
législation, qui va apporter des précisions.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Dufour: Oui, il a deux minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): II y a consentement.
M. Carrier, je vous cède maintenant la parole.
M. Carrier (André): Le problème qu'il peut y avoir
à apporter un tel amendement à cet article, c'est que, si vous
regardez le début de l'article 63, il s'agit d'une
inéligibilité liée à une municipalité en
particulier. Un tel amendement ne pourrait être apporté que soit
à l'article 62, qui a déjà été adopté
et qui traite d'une inéligibilité applicable dans tout le
territoire du Québec, soit dans un article distinct qui, lui,
s'appliquerait dans tout le Québec et non pas dans un article qui
commence en disant: "Sont également inéligibles è un poste
de membre du conseil de la municipalité". II faut absolument que le
paragraphe dont on parle et auquel on veut apporter un amendement continue de
parler d'une municipalité. Là, l'amendement proposé vise
à enlever justement toute référence à toute
municipalité en parlant uniquement des policiers d'une
municipalité et d'une communauté urbaine régionale ou
d'une régie intermunicipale. À ce moment-là, quelle est la
municipalité dont on parle au début de l'article 63 si on apporte
l'amendement? Je pense que l'amendement, s'il doit être fait, devrait
être fait soit par un nouvel article inséré, soit en
rouvrant l'article 62.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la recevabilité?
M. Dufour: II est déjà 17 h 59. Je n'ai pas le
goût de plaider bien fort. J'ai juste le goût de vous dire que vous
ne pourrez pas prendre votre décision même si on continue pour une
minute, jusqu'à 18 heures.
II est évident qu'au point de vue technique, je trouverais cela
bébête de se servir de technicités pour empêcher
l'Opposition de faire valoir ses droits. À ce moment-là, je pense
que l'amendement que j'apporte est, à mes yeux, pour traiter d'une
action et ce n'est pas spontané, parce que cela faisait longtemps que
j'avais souligné cet article dans mon cahier. Moi, j'avais lu et conclu
que c'est là qu'on devait l'apporter. Le spécialiste dit: Bon,
cela aurait dû être à l'article 62, il a été
adopté sur division, ou cela pourrait être à un autre
article. Je veux bien qu'on discute l'article 63 mais comment puis-je faire
pour intégrer cet amendement? Je pense, en tout cas, qu'on pourra
plaider à nouveau, on pourra continuer notre plaidoirie à la
prochaine assemblée.
Le Président (M. Saint-Roch): II est maintenant 18 heures.
Je m'excuse, M. le député de Jonquière. Il est maintenant
18 heures, à moins d'un consentement unanime, la commission va ajourner
ses travaux à 10 heures demain matin et au début de nos travaux,
nous rendrons une décision sur la recevabilité de votre
amendement.
M. Dufour: On aura peut-être aussi à revenir sur la
recevabilité.
Le Président (M. Saint-Roch): Si c'est nécessaire.
Alors la commission ajourne ses travaux à 10 heures demain matin.
(Fin de la séance à 18 h 1)