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(Dix heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 100, Loi
sur les élections et les référendums dans les
municipalités.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Harel
(Maisonneuve) sera remplacée par M. Chevrette (Joliette). C'est tout.
Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
secrétaire. À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre,
s'il vous plaît!
Une voix: II y a peut-être un autre remplacement.
Une voix: Michel Gauthier.
M. Chevrette: M. Gauthier à la place de M. Brassard.
Amendement visant à exclure les policiers
(suite)
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
secrétaire. À l'ordre, s'il vous plaît! Au moment de
l'ajournement d'hier soir, nous avions reporté la décision
concernant la recevabilité de l'amendement à l'article 63,
deuxième alinéa, proposé par M. le député de
Jonquière.
En conformité de nos règles de procédure et de
l'article 197 qui dit: "Les amendements doivent concerner le même sujet
que la motion et ne peuvent aller à l'encontre de son principe. Ils ne
visent qu'à retrancher, ajouter ou remplacer des mots.", je
déclare recevable l'amendement proposé par M. le
député de Jonquière.
M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Je vous remercie, M. le Président. Voici
certains éléments, concernant cet article, à savoir
pourquoi j'ai demandé que les policiers d'une municipalité
deviennent inéligibles lorsqu'il y a élection, ce qui
amène ces problèmes particuliers que je veux mentionner. Hier
après-midi, j'avais eu l'occasion de faire la démonstration qu'il
y avait un certain nombre d'individus ou de groupes de personnes qui
étaient exclus de la fonction d'élu municipal. Il devait
certainement y avoir des raisons ou des éléments qui faisaient
qu'on puisse, hors de tout doute, se prononcer là-dessus.
On dit, à un certain endroit: le substitut du Procureur
général, les cadets et les membres de la Sûreté du
Québec, les juges des tribunaux, le Directeur général des
élections, les ministres du gouvernement du Canada, etc. Une des raisons
fondamentales qui empêche ces gens de postuler ces fonctions est
certainement parce que ces gens ont accès à des dossiers. Ils
savent ce qui va se passer et, en même temps, ils peuvent facilement
entrer en conflit d'intérêts à cause des postes qu'ils
occupent. Si c'est vrai pour la Sûreté du Québec et les
cadets de la Sûreté du Québec, it faudrait se le demander
pour les policiers municipaux.
Il faut voir ce qu'est un corps de police municipal et ce qu'est un
policier municipal. À mes yeux, c'est la Loi de police qui décrit
le mieux la fonction de policier municipal. Je me réfère
immédiatement à l'article 2 de la Loi de police qui dit: "Les
membres de la sûreté ainsi que les policiers municipaux - donc, ce
sont les deux - sont, dans tout le territoire du Québec, constables et
agents de la paix; il en est de même de tout constable spécial
dans le territoire pour lequel il est nommé, sous réserve
toutefois des restrictions contenues dans l'écrit constatant sa
nomination." C'est évident qu'un constable spécial est
nommé pour un certain temps. Immédiatement, on tient pour acquis
- je le disais hier et cela avait l'air de surprendre le procureur du
ministères des Affaires municipales - que les membres de la
sûreté ainsi que les policiers municipaux sont, dans tout le
territoire du Québec, constables et agents de la paix. Donc, cela donne
la juridiction.
À l'article 2.1 de cette même lot, "Aux fins de
déterminer la responsabilité civile à l'égard des
tiers, un membre de la sûreté, un policier municipal - on va
laisser toujours le constable spécial - ne cesse pas d'agir à
titre de préposé lorsqu'il agit en qualité d'agent de la
paix." C'est évident qu'il y a une présomption. "Le Procureur
général est, pour les fins du présent article,
réputé l'employeur d'un policier municipal qui agit en
qualité d'agent de la paix dans un territoire qui n'est pas soumis
à la
juridiction du corps de police de la municipalité qui l'emploie."
Il me semble que cela devient beaucoup plus clair au point de vue de la
juridiction. Non seulement il est agent de la paix, mais il est agent de la
municipalité. Dans l'article que l'on formule, on dit: II n'aura pas le
droit de se présenter juste dans la municipalité ou sur un
territoire où il a juridiction. On voit immédiatement que des
conflits d'intérêts peuvent être soulevés à
cause, justement, de la description qu'on fait du policier municipal.
À l'article 2.3, en fait, le directeur d'un corps de police est
responsable. Il est obligé de donner des informations. Donc, il pourrait
être appelé à donner des informations même à
une municipalité qui n'a pas de juridiction. Beaucoup
d'éléments font donc, au départ, que le policier municipal
est déjà astreint a une responsabilité par rapport
à cela. Évidemment, il y a la qualité qui lui donne droit
d'être policier municipal, comme pour la Sûreté du
Québec. Il n'y a aucun écart, ce sont exactement les mêmes
obligations, les mêmes qualités qui font qu'il doit être de
citoyenneté canadienne, être de bonnes moeurs, n'avoir jamais
été déclaré coupable, avoir subi avec succès
un examen médical, remplir les...
Une voix: ...
M. Dufour: Par les règlements de la commission. Oonc, la
Commission de police a juridiction sur les corps policiers municipaux et aussi
sur la Sûreté du Québec. Ce sont encore là des
éléments qui s'additionnent, qui font que le policier municipal
n'est pas tellement différent de l'agent de la Sûreté du
Québec.
Allons un peu plus loin: le serment que ces gens prêtent.
Rergardons dans la même loi, à l'article 4, c'est-à-dire
les addenda ou - comment appelle-t-on cela? - bon! les annexes A et B. Le
serment n'est pas tellement différent, à l'exception qu'il y en a
un dans une juridiction et l'autre est pour la Sûreté du
Québec, qui est un peu différent, parce que leur mission est
déjà un peu plus grande au départ.
Continuons à regarder cette loi parce que pour moi, c'est la loi
qui donne naissance à un corps de police qui nous permet de voir ce que
c'est et pourquoi on devrait l'exclure. "Tout corps de police municipal et
chacun de ses membres sont chargés de maintenir la paix, l'ordre et la
sécurité publique dans le territoire de la municipalité
pour laquelle est établi, ainsi que dans tout autre territoire sur
lequel cette municipalité a compétence, de prévenir le
crime ainsi que les infractions..." Quand va-t-on décider qu'il n'est
pas sur son territoire? Je peux vous donner des cas ou essayer de vous donner
quelques exemples. Je vais revenir pour les expliquer un peu plus longtemps,
mais je vais essayer de vous donner des exemples où cela pourrait
arriver.
Dans une municipalité, même s'il n'y a pas d'entente
intermunicipale, il pourrait arriver que le maire de la municipalité ou
les autorités de la municipalité, pour des circonstances
spéciales, fassent appel à des agents de la paix d'une autre
municipalité. Cela pourrait être une entente ponctuelle, au moment
où cela se produit mais si c'est dans des situations
appréhendées ou des problèmes, ils le pourraient. Â
ce moment-là, que ferait le policier qui n'est pas nécessairement
sous la juridiction de la municipalité, où il n'y a pas
d'entente, mais qui serait en fonction et qui devrait aller agir sur le
territoire de sa municipalité? Cela ne le mettrait-il pas en conflit
d'intérêts immédiat? Ne devrait-on pas le disqualifier
parce qu'il n'a pas affaire là? On risque qu'il refuse l'ordre de son
chef parce qu'il ne peut pas y aller. Donc, il y a des ententes qui peuvent se
produire, il y a des situations spéciales et cela pourrait causer un
certain problème.
Continuons à regarder la loi 72. Il y a encore la question que la
personne peut arrêter à vue parce qu'il y a des engagements de
comparaître. Est-ce qu'il va posséder des éléments?
Est-ce que cela pourrait arriver qu'il n'ait pas juridiction dans la
municipalité? Mais le fait qu'il occupe une fonction de policier, la
municipalité où il agit comme policier pourrait avoir des
problèmes avec un individu qui demeure dans la municipalité
où, lui, est conseiller municipal ou maire. Il pourrait amener à
comparaître ou à prendre des poursuites contre l'individu qui
ferait en sorte qu'il pourrait y avoir un conflit d'intérêts
quelque part. Cela pourrait se faire plus souvent que pour un individu
normal.
Il ne faut jamais oublier que le policier a accès à des
documents que les autres n'ont pas nécessairement.
L'article 75 est aussi révélateur, le Procureur
général réputé employeur: "Lorsqu'un policier
municipal agit en qualité d'agent de la paix dans un territoire qui
n'est pas soumis à la juridiction du corps de police de la
municipalité qui l'emploie, le Procureur qénéral est
réputé être son employeur pour les fins de la Loi sur les
accidents du travail et des maladies professionnelles. Toute difficulté
résultant de l'application du premier alinéa est
décidée exclusivement et en dernier ressort par la commission,
après enquête."
Donc, cet article veut dire quelque chose. Cela veut dire qu'un poticier
municipal qui agit en qualité d'aqent de la paix peut agir et agit, non
seulement il peut, mais il agit, dans un territoire qui n'est pas soumis
à la juridicition du corps de police de
la municipalité qui l'emploie, le Procureur général
est réputé être son employeur.
Le Procureur général a juridiction sur l'ensemble du
territoire du Québec, pas seulement sur une partie du territoire, et
l'article 75 est assez révélateur de ce que je dis.
En continuant toujours dans la même loi, l'article 95, si mes
arguments ne vous ont pas convaincu, où on parle de pouvoir d'urgence.
Et c'est arrivé... Je ne voudrais pas troubler le repas du ministre,
mais je voudrais au moins qu'il ait la décence d'écouter ce qu'on
a à dire. C'est la simple politesse.
À l'article 95, Pouvoirs d'urgence, commandement
général: "Le gouvernement peut, s'il est d'avis que la
santé ou la sécurité publique est en danger dans
l'ensemble ou dans toute partie du territoire du Québec, ordonner que le
directeur général de la sûreté ou que toute autre
personne qu'il désigne assume, sous l'autorité du Procureur
général et pour une période qu'il indique mais qui ne doit
pas excéder 30 jours à la fois, le commandement et la direction
de la sûreté et de tous les corps de police municipaux qu'il
mentionne, et de leurs membres."
Ce n'est pas possible cet article? Je peux vous rappeler les mesures de
guerre de regrettée mémoire où les corps de police de
l'ensemble des municipalités sont tombés sous la juridiction du
Procureur général du Québec. À ce moment-là,
je peux vous assurer, pour avoir vécu cette expérience, que ce
n'était pas le conseil municipal qui était à la tête
du corps de police, mais les ordres venaient du Procureur général
du Québec et les sanctions, les applications de la loi, venaient
toujours de la même place.
Qu'on ne vienne pas nous dire que le corps de police municipal n'a pas
sensiblement les mêmes obligations que la Sûreté du
Québec, à l'exception qu'à aucun endroit le gouvernement
ne s'engage à payer pour les services de la sûreté
municipale. Je pense que le problème auquel on a à faire face,
c'est la responsabilité.
L'article 97, c'est le temps où le Procureur
général du Québec peut accepter ou décider de
quelle façon, pendant combien de temps le corps de police va être
astreint à sa loi, à ses règlements ou à son
arrêté en conseil. Il y a beaucoup d'arguments qui militent ou qui
disent clairement que le policier municipal n'est pas tellement
différent de l'agent de la Sûreté du Québec.
Il y a un autre élément que je veux apporter. Regardons
donc ce qui se produit dans les faits. Il est évident qu'un policier
municipal, quant à moi, je peux parler par expérience, a les
mêmes sources de renseignement que la Sûreté du
Québec. Comment pourrait-on empêcher un individu ou un policier
qui est conseiller municipal qui n'est pas de la municipalité, d'avoir
accès à de l'information ou à des documents qui touchent
des gens de sa municipalité? Il est évident qu'avec les
systèmes informatiques qui existent, le policier qui veut prendre un
citoyen et lui dire qu'il a tort... Vous pouvez me dire que cela n'arrivera
pas, il n'arrive rien, il ne se fait pas d'enquêtes. Le policier suit une
automobile, il connaît le contribuable de la municipalité,
même s'il n'est pas en fonction, il pèse sur les pitons, il va
obtenir certaines informations que le commun des mortels n'a pas. Encore
là, cela va le mettre en conflit d'intérêts, aussi cela lui
donne un pouvoir qui n'existe pas ailleurs.
Regardons de quelle façon les citoyens se comportent avec la
police. Ce n'est jamais un contact ou une relation aussi facile que cela en a
l'air. Il est évident que si l'individu a quelque chose à se
reprocher, ou même s'il n'a rien à se reprocher vis-à-vis
de la police, il a toujours l'impression qu'il est considéré, en
partant, comme coupable par un policier. C'est presque instinctif que quelqu'un
agisse comme cela. La relation entre le citoyen et une personne en uniforme de
policier n'est pas une relation facile, comme d'un individu à un
autre.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait avoir le consentement du
ministre pour suspendre ledit article, parce que je dois aller à une
rencontre? Ma secrétaire vient de me demander. J'aimerais intervenir
là-dessus. Est-ce qu'on pourrait le mettre en suspens?
M. Bourbeau: Je l'aurais peut-être proposé
moi-même si j'avais le droit de parole, M. le Président,
après avoir fait valoir certains points de vue, mais si je ne
réussis pas à convaincre l'Opposition dans les deux
premières minutes, je vais demander d'en reporter l'étude.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, il y a consentement
pour...
Une voix: Merci, M. le ministre.
Suspension de la discussion sur l'amendement
Le Président (M. Saint-Roch): Nous suspendons la
discussion sur l'amendement à l'article 63 présenté par M.
le député de Jonquière. Par conséquent, l'article
63 est suspendu; j'appelle maintenant l'article 64. À l'article 64, M.
le ministre.
Reprise de l'étude détaillée
Candidat (suite)
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, j'y arrive, on est en
train de...
L'article 64 prévoit l'inéligibilité du chef du
parti ou du candidat indépendant à une élection
antérieure dont le rapport financier ou le rapport de défenses
électorales n'a pas été transmis dans les délais
fixés. Il s'agit donc d'une inéligibilité qui ne peut
prendre naissance que dans une municipalité assujettie aux dispositions
sur le contrôle du financement des partis et candidats et de leurs
dépenses électorales, c'est-à-dire en
général, dans une municipalité de 20 000 habitants ou
plus. Cependant, même si elle ne peut prendre naissance que dans une
telle municipalité, l'inéligibilité suit le chef de parti
ou l'ex-candidat indépendant dans quelque municipalité que ce
soit, et ce, tant que son rapport n'a pas été transmis.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a des interventions à l'article 64?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: À cet article, si un parti existe, même
si son chef a démissionné et que sa démission a
été acceptée par les membres, mais qu'il n'a pas
été remplacé, le chef continue à être
éligible. Si le parti existe et continue à exister, cette
personne garde les mêmes responsabilités. Autrement dit, quand il
y a une élection, le chef du parti se présente, il est battu, il
n'a pas présenté le rapport, il a démissionné, il
n'est plus là, mais on continue à le tenir responsable de ce qui
s'est passé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Deux situations peuvent se présenter: ou bien
le parti politique existe encore, ou il n'existe plus. Si le parti existe
encore, c'est le nouveau chef de parti qui devient inéligible
jusqu'à ce que le rapport soit fait; si le parti n'existe plus, c'est
donc le chef de l'ancien parti qui doit faire le rapport sous peine
d'être inéligible dans quelque élection que ce soit, dans
quelque municipalité que ce soit.
M. Dufour: Il y a des sanctions quand le rapport n'est pas soumis
dans tes délais prévus. On semble dire qu'il n'a pas
été transmis dans les délais prévus. Mais tant que
ce rapport n'est pas transmis, il y a un vide quelque part qui ne disqualifie
pas nécessairement...
M. Bourbeau: On va voir cela dans les articles
subséquents; il y a des sanctions de prévues, des amendes de
prévues.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufour: Mais, il n'y a pas juste... On parle de
l'élection, mais chaque année, un parti est censé
présenter son rapport.
M. Bourbeau: C'est exact.
M. Dufour: Ce qui pourrait le disqualifier, c'est juste ce qui
concerne l'élection antérieure. Est-ce qu'il serait
disqualifié aussi s'il ne présente pas son rapport de parti
chaque année? Il y a deux façons...
M. Bourbeau: Si le député lisait l'article comme il
faut, il venait, à la deuxième lignes "dont le rapport financier
ou le rapport de dépenses électorals". Ce sont deux rapports
différents. S'il y a une élection, c'est le rapport de
dépenses électorales. Si c'est le rapport annuel, c'est le
rapport financier.
M. Dufour: Je ne sais pas si... Peut-être n'ai-je pas la
même compréhension, mais c'est écrits "à une
élection antérieure dont le rapport financier ou te rapport de
dépenses électorales". Je ne sais pas si j'ai bien compris.
M. Bourbeau: Rien oui, c'est autre chose. Le chef de parti ou
celui qui a été candidat indépendant à une
élection antérieure, ces deux-là, ce sont les deux
postes... Ensuite, ce qu'ils doivent faire, c'est déposer un rapport
financier et un rapport de dépenses électorales. S'ils ne
déposent pas l'un ou l'autre, l'un et l'autre...
Une voix: D'après la grammaire française, le "dont"
se rapporte au parti...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article
Une voix: Non, cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 64 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 65.
M. Bourbeau: L'article 65 établit un nouveau motif
d'inéligibilité qui, lui aussi, ne
peut prendre naissance que dans une municipalité assujettie au
contrôle des dépenses électorales, mais qui suit la
personne frappée d'inéligibilité dans quelque
municipalité que ce soit. Il s'agit de l'inéligibilité
d'un candidat indépendant lors de l'élection antérieure
qui n'a pas acquitté toutes les dettes découlant de ses
dépenses électorales dans le délai fixé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Vous parlez des dettes qui sont contestées, qui
n'ont pas été acquittées, mais qui sont
considérées, j'imagine, comme si elles étaient
acquittées. Du point de vue de la loi, elles ne sont pas
acquittées, mais si ce sont des dettes contestées, à ce
moment-là, c'est traité comme si elles étaient en
cours.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Dans le cas des dettes qui ne sont pas reconnues par
un candidat ou qui sont contestées par un candidat, tout est suspendu.
Les dispositions sont suspendues jusqu'à ce qu'un jugement vienne
éventuellement déclarer quelle est la nature de ces dettes, si ce
sont vraiment des dettes qui sont dues ou si elles ne sont pas dues.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 65? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Un instant. II y a une période de quatre ans
dont la personne dispose pour régler ses dettes, Quatre ans après
l'élection. La première année, il a un certain temps. Il
peut y avoir une contestation même plus longue que quatre ans.
M. Bourbeau: La période de quatre ans n'a rien à
voir avec la dette elle-même ou la prescription de la dette ou le temps
que le candidat a pour la payer. C'est seulement l'inéligibilité
du candidat qui dure pendant quatre ans, soit assez longtemps pour faire en
sorte qu'il ne soit pas éligible à la prochaine
élection.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? (10 h 45)
M. Dufour: "Quatre ans à compter de son défaut."
Quand est constaté le défaut?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le candidat a un certain temps pour déposer
son rapport. On verra en tout cas plus loin dans le projet de loi, à
l'article 474, que la nouvelle loi impose à un candidat
indépendant d'avoir acquitté les dettes découlant de ses
dépenses électorales au plus tard le 31 décembre de
l'année qui suit l'année d'élection.
M. Dufour: Donc, cela fait cinq ans.
M. Bourbeau: Cette nouvelle obligation vise à
éviter de prolonger indûment la supervision qu'a le Directeur
général des élections des anciens candidats
indépendants et surtout de ceux qui n'ont pas été
élus, comme on le verra à l'article 402. Pour renforcer cette
obligation, l'article 65 établit une inéligibilité pour le
candidat indépendant qui fait défaut de la respecter. Cette
inéligibilité dure tant que n'a pas été transmis le
rapport financier constatant l'acquittement des dettes jusqu'à
concurrence de quatre ans après le défaut, de telle sorte que
dans la pire hypothèse la personne fautive est empêchée de
se porter candidate aux premières élections
régulières suivantes, dans quelque municipalité que ce
soit.
M. Dufour: Quelqu'un n'a pas déposé ce rapport
l'année avant l'élection ou dans le milieu de l'année, au
mois de septembre. Il est toujours supposé garder ses droits pour
être électeur et il a un certain nombre de conditions à
remplir. II n'a pas présenté son compte mais là, il
décide de se régulariser dans le milieu... Est-ce qu'on suit
bien, là? Non? Pour qu'un candidat soit éligible, il a un an du
mois de septembre de l'année précédant l'élection.
II n'est pas éligible au moment... Il n'a pas rempli son rapport,
à ce moment précis. Il laisse écouler deux mois. Au mois
de décembre, il décide de se qualifier, de payer ses dettes et de
régler son problème. Donc, il devient éligible selon...
son inéligibilité cesse le jour de la transmission du rapport
financier. Donc, il fait son rapport financier, il a tout payé ses
dettes et là il devient éligible. Est-ce qu'il peut? Est-ce qu'il
demeure éligible à ce moment-là ou s'il ne l'est pas?
M. Bourbeau: Pour prendre l'exemple du député, si
on est rendu au mois de novembre ou de décembre, l'élection est
déjà passée.
M. Dufour: Non, non, ce n'est pas ce que j'ai dit. Regardons ce
qu'on a accepté comme quelqu'un qui a le sens électoral et les
qualités qu'il doit avoir pour se présenter. Un certain nombre de
critères le rendent éligible pour l'élection. Il faut,
pour un certain temps, une qualité continue de douze mois. Ce que
j'essaie de regarder...
M. Bourbeau: Mais ça, c'est la qualité
d'électeur, cela n'a rien à voir avec les dépenses
électorales.
M. Dufour: Pour se présenter, il ne faut pas qu'il y ait
une cause pendante...
M. Bourbeau: Écoutez! Il faut essayer de simplifier
ça. Pour pouvoir être candidat, il faut qu'il soit un
électeur d'abord et il faut qu'il ait son délai de
résidence. C'est une chose.
Pour ce qui est de l'inéligibilité dont parle le
député, il n'est pas nécessaire qu'il soit éigible
depuis douze mois... Il faut que son inéligibilité ne soit pas
là au moment de la votation. Il peut avoir cessé d'être
inéligible un mois avant la votation pourvu qu'au moment de la votation
il ne soit pas inéligible depuis le moment de la déclaration de
candidature. Oui, effectivement, parce qu'à ce moment-là...
M. Dufour: Je pense que cela répond à ma question
et que c'est clair.
M. Bourbeau: II ne faudrait pas qu'il ne soit pas
inéligible au moment de la déclaration de candidature et au
moment de l'élection.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 65 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 66.
M. Bourbeau: L'article 66 établit clairement un principe
qui est implicite dans les lois actuelles. Une personne qui est inhabile
à exercer une charge élective municipale est inéligible
à cette charge. Cette affirmation peut sembler une tautologie, mais n'en
est pas une si on distingue bien les notions d'inéligibilité et
d'inhabilité. L'inéligibilité, comme le laisse deviner
l'étymologie, est l'état d'une personne qui n'a pas les
qualités pour être élue à un poste.
L'inéligibilité ne se conçoit donc que dans un contexte
électoral. La question de l'éligibilité et de
l'inéligibilité d'une personne ne se pose que lorsqu'elle
présente sa déclaration de candidature à une
élection et lorsqu'elle reçoit les votes des électeurs. Il
y a donc un contexte temporel au contexte de l'inéligibilité.
C'est une notion liée à une période électorale.
C'est pour cela d'ailleurs que les dispositions relatives à
l'inéligibilité se retrouvent dans la section portant sur le
candidat du chapitre concernant les parties à une élection.
Par contre, l'inhabilité à une fonction est l'état
d'une personne qui n'a pas le droit d'exercer cette fonction. Cette privation
de droit n'a aucune connotation électorale. La question de savoir si une
personne a le droit d'exercer une fonction peut se poser en tout temps, y
compris pendant que cette personne l'exerce. C'est pourquoi dans la nouvelle
loi, les dispositions relatives à l'inhabilité se retrouvent au
chapitre IX, après toutes les dispositions ayant un caractère
électoral et avant celles sur le mandat des membres du conseil, parce
que l'inhabilité est un des motifs qui peuvent empêcher une
personne de commencer son mandat d'élu municipal ou encore mettre fin
prématurément à ce mandat. C'est pourquoi également
la nouvelle loi ne rapatrie pas tous les motifs d'inhabilité et en
laisse un certain nombre dans des lois actuelles parce que ces motifs n'ont
aucune connotation électorale et sont plutôt l'accessoire de
dispositions portant sur des aspects particuliers de l'administration
municipale. On peut penser, par exemple, à l'inhabilité
prévue comme sanction contre les membres d'un conseil municipal qui
dérogent sciemment aux règles des soumissions publiques pour
l'adjudication des contrats.
L'article 66 dit qu'une personne qui n'a pas le droit d'exercer une
charge de membre du conseil et qui, en conséquence, est susceptible de
se faire déposséder de sa charge, perd en même temps le
droit d'essayer de se faire élire à cette charge. L'article 66
transpose dans un contexte électoral un concept qui, normalement, est
indépendant de ce contexte.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Dufour: L'inéligibilité...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...qui est constatée ou
énumérée dans cet article, en fait, d'abord, c'est
l'individu qui doit s'éclairer par rapport à cela? Est-ce que ces
motifs d'inéiigibilité peuvent être constatés
autrement que par celui... Le président de l'élection, celui qui
reçoit la mise en candidature, selon ces motifs, peut-il refuser la
candidature de quelqu'un à sa face même?
M. Bourbeau: On a modifié le projet de loi par rapport au
projet de loi original. Dans le nouveau projet de loi, on a enlevé cette
discrétion au président d'élection. Maintenant, ce dernier
regarde si les formules sont bien remplies, si tout est en ordre apparent sur
les formules et ne porte pas de jugement sur l'éligibilité ou sur
l'inéligibilité d'un candidat.
M. Dufour: Donc, cela demeure comme c'était aupravant.
Cela veut dire que ce sont des procédures civiles normales qui font que
quelqu'un peut être disqualifié autrement. C'est à la
discrétion de la personne elle-même.
M. Bourbeau: Oui. Un électeur qui estime qu'un candidat
est inéligible peut prendre les mesures qui s'imposent pour le faire
confirmer par la cour.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Est-ce que l'article 66 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 67.
M. Bourbeau: L'article 67 empêche une personne de se porter
candidate à la fois dans deux municipalités ou de se porter
candidate dans une, alors qu'elle a déjà été
élue ou qu'elle occupe déjà un poste de membre du conseil
dans une autre.
Une personne élue dans une municipalité mais qui a
laissé écouler le délai de 30 jours pour prêter son
serment et devenir membre du conseil de celle-ci peut cependant se porter
candidate dans une. autre municipalité. Cette omission constitue en
effet l'équivalent d'une démission.
L'article 67 rend également inéligible à un poste
de membre du conseil la personne qui occupe déjà un autre poste
au sein du même conseil lorsque ce dernier poste n'est pas ouvert aux
candidatures lors de l'élection régulière en cours.
Ainsi, le titulaire d'un poste non en jeu qui désire se porter
à un poste en jeu devra d'abord démissionner du premier. Il ne
pourra jouer sur les deux tableaux en conservant son poste actuel, au cas
où il perdrait l'élection au poste qu'il convoite. Cette
règle peut sembler nouvelle, mais une interprétation de la Loi
sur les cités et villes pourrait aller dans le même sens.
La différence entre les lois actuelles vient du fait que ces
dernières disent simplement que nul ne peut simultanément
être membre de plus d'un conseil municipal. Cela laisse entendre qu'une
personne pourrait se porter candidate à un deuxième poste, mais
que, le cas échéant, elle devrait choisir de n'en occuper qu'un
seul. Ce choix ne doit pas être permis entre deux organismes d'un
même palier contrairement à ce qui se passe dans le cas où
une personne aspire au poste d'élu municipal et de député,
parce qu'elle peut entraîner des coûts inutiles pour l'une ou
l'autre des municipalités qui doit tenir une élection partielle
pour remplacer la personne qui refuse le mandat donné par les
électeurs.
On verra à l'article 342 qui suit que, lors d'une élection
partielle, une personne qui occupe déjà un autre poste au sein du
conseil ne peut se porter candidate au poste vacant sans démissionner au
préalable.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Dans la dernière explication, je comprends
qu'il n'y a pas là une élection à l'intérieur des
membres du conseil. Quelqu'un pourrait être dans un conseil et se
présenter, mais ce n'est pas l'article. On pourra en parler plus tard.
On pourrait dire: J'aspire ou je pense que je pourrais être le maire,
puis il y a l'élection à l'interne du conseil. Il y a des cas
prévus comme cela dans la loi, n'est-ce pas?
Si je comprends bien cet article, ce qui se passait auparavant, c'est
qu'il y avait assez souvent des élections, le maire
décédait ou démissionnait et, lorsqu'une élection
était déclarée et que des membres du conseil aspiraient
à être maire... Je connais un cas où c'est arrivé.
II se présentait comme maire, il ne démissionnait pas de son
poste et, quand il avait perdu ses élections, parce que cela arrivait
parfois que deux ou trois conseillers municipaux se présentaient comme
maire demeuraient comme maire et cela pouvait soulever des conflits
ensuite.
M. Bourbeau: Pas comme maire, comme conseillers. Ils demeuraient
comme conseillers.
M. Dufour: Ils demeuraient comme conseillers. Donc, ils sont
battus par le maire qui est élu. Ils peuvent faire de l'opposition
systématique par rapport à cette personne parce qu'ils ont
toujours droit au même poste.
M. Bourbeau: II n'y a pas seulement la question de l'opposition
systématique qu'ils pourraient faire au maire. Il y aussi la question
des dépenses inutiles causées à la municipalité qui
doit faire des élections partielles en cascade, en série,
après cela.
M. Dufour: Oui. Cela va peut-être demander quelques
explications. Quand il y a une ouverture pour une poste de maire dans une
municipalité. Je pense que c'est ce qui est le plus facile à
comprendre. Il y a une déclaration d'élection. Le greffier dit
qu'à telle date il y aura une élection. Et il obligé, dans
les 40 jours, il a un certain temps où il doit déterminer la date
des élections.
Le conseiller municipal qui démissionne, qui milite pour le poste
- j'imagine que vous devez l'avoir examiné - les calendriers, les
échéanciers qui font que le poste de conseiller devient ouvert
aussi en même temps, est-ce que cela veut dire que les élections
devraient normalement avoir lieu à la même date pour le poste de
conseiller de celui qui a démissionné et le poste de maire?
Est-ce qu'il y a des problèmes par
rapport à cela, parce qu'il me semble que cela pourrait... (11
heures)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Effectivement, l'objectif est de faire en sorte que
si un conseiller municipal veut se porter candidat au poste de maire, il doive
démissionner avant. S'il ne le faisait pas et qu'il était
élu maire, on devrait faire une autre élection
subséquemment pour remplacer l'ancien conseiller qui a été
élu maire. Ce dont parle le député ne concerne pas
l'article 67. On verra plus tard dans le projet de loi qu'on a prévu des
façons pour faire en sorte qu'il n'y ait qu'une seule élection
à ce moment-là, et au poste de maire et au poste de conseiller,
de façon à éviter d'avoir deux élections, l'une
après l'autre.
M. Dufour: Si vous me dites que c'est traité dans un autre
article, on n'en discutera plus ici, on en discutera au moment précis
où cela viendra. J'avais l'idée que quelqu'un va attendre le jour
de la mise en nomination. Le conseiller dit: Je démissionne, je vais me
présenter à la mairie. La mise en candidature, c'est comme une
élection régulière. Il a le droit de se présenter
jusqu'à la fermeture des mises en candidature. À ce
moment-là, comment le greffier ou le président de
l'élection peuvent-ils fonctionner? Vous me dites qu'il y a un article
qui prévoit cela.
M. Bourbeau: M. le député a sûrement vu, aux
articles 342 et suivants, qu'on a prévu ces problèmes lors d'une
élection partielle. L'article qui règle cela, c'est l'article
339. On le verra un peu plus tard dans la journée.
M. Dufour: J'avais souligné l'article 342, mais...
M. Bourbeau: On le verra un peu plus tard cet après-midi,
M. le Président.
M. Dufour: Vous êtes optimiste.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie de vos
paroles encourageantes. M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
à l'article 67?
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 67 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Personnel électoral
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 68.
M. Bourbeau: L'article 68 énumère les personnes que
l'on désigne par l'expression "personnel électoral". Cette
énumération s'inspire de la Loi électorale du
Québec. Elle comprend toutes les personnes qui jouent un rôle non
partisan au service de la municipalité dans le cadre des
procédures électorales. Les articles qui suivent
démontreront dans quelle mesure cette énumération
correspond au groupe de personnes que les lois actuelles désignent sous
le nom d"'officiers d'élection".
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Le recenseur fait partie du personnel électoral
de la municipalité, mais au moment où il fait le recensement,
j'imagine; il ne garde pas ce titre indéfiniment.
M. Bourbeau: Cela s'applique à tout le monde. Tous ceux
qui sont nommés là, c'est la fonction qu'ils occupent au moment
de l'élection ou du recensement.
M. Dufour: Ce que j'essaie de comprendre, c'est que le recenseur,
normalement, agit pas mal longtemps avant l'élection. Normalement, il
fait les listes électorales, etc. Une fois que c'est fait, il n'agit
plus comme recenseur.
M. Bourbeau: II est inéligible au moment où il est
recenseur. Quand il n'est plus recenseur, il redevient éligible.
M. Dufour: D'accord. Cela va.
M. Bourbeau: La même chose pour les autres.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il a d'autres
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Mais est-ce que cela ne serait pas plus clair si on
trouvait une phraséologie pour dire que c'est lorsqu'ils agissent comme
tel? Ici on dit: "requiert les services à titre temporaire". Il pourrait
les retenir temporairement, mais cela ne leur donne pas la qualité de
faire partie du personnel électoral tout le temps de la période
électorale.
M. Bourbeau: L'article dit: "le personnel électoral de la
municipalité". Cela implique nécessairement que c'est du
personnel qui est au travail pendant l'élection, dans la période
électorale.
M. Dufour: Oui, mais par exemple, la personne qui agit comme
recenseur n'est pas recenseur tout le temps de l'élection. Un
aide-enquêteur d'une commission de révision pourrait être
enquêteur pendant que le bureau de révision siège, et quand
le bureau de révision aura terminé son travail, il n'en fera plus
partie. Le président d'élection pourrait requérir une ou
deux personnes d'une façon temporaire au moment où il les
requiert et le temps qu'il les requiert et après cela... Est-ce que
c'est clair que c'est comme cela, de la façon dont c'est
écrit?
M. Bourbeau: Oui, c'est exactement cela. Le temps où ils
sont en fonction, ils sont inéligibles. C'est durant la période
électorale, mais cela ne veut pas dire que chacun d'entre eux est
inéligible pendant toute la période électorale. Ils sont
inéligibles durant la période où ils sont en fonction. On
verra plus loin, dans les articles qui concernent le personnel électoral
à quel moment commencent leurs fonctions et à quel moment elles
se terminent. J'imagine que le député a lu tout cela et qu'il est
certainement au courant des articles qui suivent.
M. Dufour: Je l'ai lu, mais je ne l'ai pas appris par coeur. Vous
admettrez que cela prend quelques heures seulement pour lire, pour une
compréhension du projet comme tel. On l'a eu il n'y a pas tellement
longtemps, et il a été tellement chambardé et
changé, qu'il ne faudrait pas se surprendre qu'on n'ait pas retenu
l'ensemble. Ce n'est pas mon métier d'apprendre des lois comme telles,
mais d'examiner s'il y a des éléments...
M. Bourbeau: Juste lire les articles qui suivent, les dix
articles suivants. Je présume que le député prévoit
qu'on va adopter au moins dix articles par jour. Peut-être qu'on pourrait
lire les dix suivants, le matin, avant de commencer.
M. Dufour: Je pense bien que le ministre n'a pas à tracer
mon agenda, ni à me donner d'ordre de travail, je suis assez grand
garçon pour le faire. Je l'ai toujours fait et je le ferai de la
façon que je l'entends. C'est sûr que si vous voulez prendre cette
responsabilité, vous allez peut-être la prendre, mais j'ai le
droit de la refuser. La CSST refuserait ce danger de travail, surtout venant de
vous, j'aurais un peu peur de cela.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaîtl Je voudrais qu'on revienne à la pertinence de l'article
68.
M. Dufour: J'aimerais rappeler au ministre que s'il ne veut pas
se faire arroser, qu'il n'arrose pas. Je pense qu'il faudrait lui dire
cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M, le député
de Jonquière, est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article
68?
M. Dufour: II faudrait lui dire qu'il modère ses...
Il y a un autre point que je voudrais soulever. Dans la Loi
électorale du Québec, on dit: "Les membres du personnel
électoral sont choisis parmi les personnes ayant les qualités
d'électeur." Cela n'a pas été retenu. Est-ce qu'il y a un
problème particulier?
M. Bourbeau: Évidemment, la problématique n'est pas
la même dans une élection provinciale que dans une élection
municipale. Dans une élection provinciale, cela s'applique à tout
le territoire du Québec. Ici, c'est limité au territoire des
municipalités, et il y a des personnes qui ne sont pas admissibles
à voter, que le président d'élection a avantage à
prendre parmi son personnel électoral. Par exemple, des employés
de la municipalité qui n'ont pas le droit de vote. On sait que dans la
plupart des municipalités, le président d'élection
souhaite et, en général, utilise souvent du personnel de la
municipalité qui est particulièrement bien informé de ces
questions. C'est la raison pour laquelle on a choisi d'agir comme cela.
M. Dufour: Comme l'intention du ministre est louable, est-ce
qu'il ne serait pas possible ou pensable d'ajouter ou d'éclaircir, en
disant: Oui, le personnel électoral, en tout cas, tel qu'il est
défini, mais qui est au service de la municipalité. À ce
moment-là, cela vaudrait dire que quelqu'un pourrait aller chercher des
gens de l'extérieur, même s'ils ne sont pas au service de la
municipalité. Est-ce qu'on veut couvrir un fait très
précis? Je comprends que la ville de Québec, pour autant que je
me souvienne, quand elle est venue en commission parlementaire, a parlé
de cet article en disant qu'elle voulait utiliser son personnel à elle -
cela, ça va - mais elle pourrait aussi aller ailleurs. Selon le
libellé de l'article, elle pourrait aller chercher des gens de n'importe
où.
M. Bourbeau: Si le greffier de la municipalité, par
exemple, qui est président d'élection, n'est pas domicilié
dans la municipalité.
M. Dufour: II est au service de la municipalité?
M. Bourbeau: Ah, au service de la municipalité, oui. Cela
va. Vous voudriez restreindre à la municipalité même le
bassin
de personnel électoral dans lequel on peut choisir. C'est une
façon de voir les choses. Nous, on a pensé que, dans les petites
municipalités ou dans les municipalités qui sont très
rapprochées les unes des autres, le président d'élection
pourrait, à l'occasion, trouver préférable d'aller
chercher quelques personnes à l'extérieur; c'est un point de vue
qui se défend. Nous, on a choisi d'élargir l'assiette pour donner
un peu plus de liberté au président d'élection,
M. Dufour: En fait, le seul organisme qui a fait des
représentations dans ce sens, c'est la ville de Québec, pour
autant que je me rappelle.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On a eu des représentations dans le
même sens d'autres organismes comme la COMAQ et la Corporation des
secrétaires municipaux du Québec, qui ont demandé de
donner au président d'élection le maximum de latitude possible
pour pouvoir constituer son personnel électoral. On a jugé bon de
donner suite à ces recommandations qu'on trouvait finalement
souhaitables.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: II faudrait peut-être rappeler qu'en date du 23
octobre 1986, dans le Journal des débats relatant la commission
parlementaire, Me Boutin - Denis Boutin, j'imagine - procureur de la ville de
Québec disait: "Je poursuis plus loin, à la section 111 où
on parle de façon précise du personnel électoral. Je ferai
deux remarques générales avant d'entrer dans le détail
concernant le personnel électoral; cela sous-tend l'ensemble de nos
remarques. Les personnes qui font le recensement, les gens qui agissent comme
scrutateurs, secrétaires du bureau, les gens qui agissent comme
réviseurs de listes, les gens qui travaillent au bureau du
dépôt, bref, tout le personnel électoral qui travaille dans
le quotidien du processus, à notre avis, ce devraient être des
électeurs de la municipalité." Le deuxième commentaire, je
vais l'apprendre en même temps que je vais le lire. Je ne sais pas s'il y
a des choses qui sont en opposition; si c'est le cas, on réglera le
problème facilement. "Deuxième commentaire général,
lorsque des fonctions doivent être remplies par plus d'une personne,
comme lors du recensement où deux personnes doivent faire ensemble du
porte à porte, lors de la tenue du scrutin où il y a un
scrutateur et un secrétaire, c'est toujours le président
d'élection qui nomme ces personnes, mais on devra introduire de
façon systématique, lorsque plusieurs personnes remplissent une
fonction, le principe des listes suggérées par les partis
politiques..." Cela a affaire à l'autre action que vous avez
acceptée pour les 100 000 habitants, en plus. "En ce qui concerne tes
mandataires des candidats, il y a plusieurs types de mandataires de candidats
qui peuvent travailler pendant la période électorale et, surtout,
la journée du scrutin." Non.
Tout ce que je retiens par rapport à cela, c'est que dans le
bureau de dépôt, tout le personnel électoral qui travaille
dans le quotidien du processus, à notre avis, ce devraient être
des électeurs de la municipalité.
Une voix: C'est la ville de Québec.
M. Dufour: Cela, c'est pour la ville de Québec. Je pensais
que c'était elle qui était venue défendre le principe
d'aller piger un peu partout pour du personnel. C'est un choix, comme vous avez
dit. Je voulais juste mentionner qu'il y a d'autres façons de voir le
problème.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le ministre.
M. Bourbeau: Effectivement, M. le Président, on aurait pu
faire t'un ou l'autre. Nous, on a préféré cette formule,
mais cela n'empêche pas de choisir tous les membres du personnel
électoral dans la municipalité, si le président
d'élection estime qu'il y a assez de gens qualifiés pour le
faire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 68 est
adopté?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 69. (11 h 15)
M. Bourbeau: L'article 69 empêche d'être membre du
personnel électoral toute personne condamnée pour manoeuvre
électorale frauduleuse. Cette inhabilité dure cinq ans
après la condamnation. L'article 69 concorde avec l'article 53 qui
prévoit l'incapacité de voter de la personne condamnée
pour une telle manoeuvre. Il reprend la règle prévue par la Loi
électorale du Québec et copiée par la charte de la ville
de Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Dufour: "L'inhabilité dure cinq ans à compter du
jour où le jugement de culpabilité est passé en force de
chose
jugée." On parle beaucoup de pardon à plusieurs articles.
On ne met pas la notion de pardon parce que, là, il n'est pas question
de pardon. Cela veut dire que, pendant cinq ans, il ne peut rien faire.
J'admets que c'est important. Avez-vous un article omnibus?
M. Bourbeau: Oui. Si le député veut regarder
l'article...
M. Dufour: D'accord. C'est cela que je veux dire. Je veux dire
qu'il y en a qui sont...
M. Bourbeau: L'article 651 dit: "L'inhabilité ou
l'incapacité de voter causée par un jugement de
culpabilité cesse lorsque la personne visée par le jugement
obtient un pardon ou une libération conditionnelle."
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufour: Non, cela me semble un article très excessif,
mais je pense que les moeurs acceptent ou les moeurs électorales font
que le processus est un processus judiciaire. On ne peut pas s'opposer à
cela. Bien sûr, quelqu'un pourrait aller faire le recensement. Je vois
bien que quelqu'un aurait un problème avec la loi, mais ce ne sont pas
toujours des cas extraordinaires. Des gens pourraient le faire et on pourrait
le reprendre ailleurs, mais je pense que les moeurs électorales ou ta
Loi électorale reconnaît que la fraude est inacceptable. Â
ce moment-là, cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 69 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président. M. Dufour:
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 70.
M. Bourbeau: L'article 70 prévoit que le poste de
président d'élection de la municipalité est rempli par son
greffier ou son secrétaire-trésorier. En cela, l'article 70 ne
fait que répéter les lois actuelles. II prévoit qu'en cas
d'empêchement d'agir du greffier ou du secrétaire-trésorier
ou de son refus d'agir, autorisé par la Commission municipale du
Québec, ou de vacance de son poste, son adjoint est d'office
président d'élection. Sur ce point, il innove, sauf par rapport
à la charte de la ville de Québec, en permettant d'éviter
une nomination ad hoc.
S'il n'y a pas d'adjoint, si ce poste est vacant ou si l'adjoint est
empêché d'agir, la personne qui doit agir comme président
d'élection à la place du greffier ou du
secrétaire-trésorier est désignée par la
Commission municipale du Québec. Sur ce point, l'article 70
s'inspire de la Loi sur les cités et villes qui empêche le
greffier de refuser d'agir comme président d'élection sans
l'autorisation de la Commission municipale qui désigne alors son
remplaçant. Il opère un changement fondamental par rapport au
Code municipal du Québec qui, dans un premier temps, permet au conseil
de désigner un président autre que le
secrétaire-trésorier si ce dernier a manifesté son
intention de ne pas agir comme tel et, dans un second temps, permet au maire de
nommer un nouveau président si le secrétaire-trésorier ou
son remplaçant désigné par le conseil refuse ou est
incapable d'agir comme tel. On juge que l'apparence d'impartialité du
président d'élection sera mieux préservée. Sa
nomination relève de la Commission municipale plutôt que du
conseil sortant ou du maire sortant. À noter qu'à Québec,
c'est le juge en chef de la Cour municipale qui nomme alors le président
d'élection.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Auparavant, c'était le conseil municipal qui
nommait le président d'élection. Il pouvait confirmer que le
greffier ou l'adjoint devenait le président d'élection.
Là, on transfère la responsabilité à la Commission
municipale. Je trouve qu'à ce moment-là, c'est presque
s'ingérer dans un processus qui appartient à la
municipalité. On ne fait pas beaucoup confiance aux municipalités
en leur enlevant le pouvoir de nommer le président d'élection, si
ce n'est pas le greffier. Normalement, les municipalités le nomment et,
si les municipalités veulent procéder autrement, on ne les en
empêchera pas, mais cela leur donnerait au moins la latitude de le faire
ou de ne pas le faire. Pourquoi un conseil qui est en fonction, qui a toute la
crédibilité, qui agit normalement, serait-il empêché
de pouvoir nommer son président d'élection et devrait se
rapporter à la Commission municipale? Cela ressemble un peu à une
tutelle, à mon point de vue. Pourquoi la Commission municipale
serait-elle mieux habilitée ou connaîtrait-elle mieux le
processus? Pourquoi est-ce qu'on décide que toutes les
municipalités seront obligées de passer dans le même moule
et dans la même ligne de pensée? Il me semble que c'est une
décision ou une orientation excessive. Je voudrais avoir beaucoup plus
d'explications à savoir pourquoi on a fait telle chose, pourquoi c'est
comme ça plutôt que comme avant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je voudrais corriger ce que le député
de Jonquière a dit tout à l'heure, au tout début de son
allocution. Ce n'est pas le conseil municipal qui nomme actuellement le
président d'élection. C'est la loi qui dit actuellement que c'est
le secrétaire-trésorier ou le greffier. Dans la Loi sur les
cités et villes, si le greffier veut démissionner de son poste,
c'est la Commission municipale qui doit l'autoriser à
démissionner et qui nomme le remplaçant alors que, dans le Code
municipal, si le secrétaire-trésorier décide de refuser le
poste, c'est le conseil municipal qui nomme actuellement le remplaçant
ou, à défaut, si le remplaçant démissionne aussi,
ça peut être le maire sortant qui fait la nomination.
Nous avons jugé qu'il n'était pas souhaitable de permettre
à un conseil municipal ou même à un maire de nommer un
président d'élection pour ne pas les mettre dans une situation
où ils seraient taxés de partialité. C'est pour ça
qu'on a décidé de procéder tel que prévu à
l'article 70.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Ce que j'ai de la difficulté à
comprendre, c'est que parfois vous avez une attitude très conciliante,
à un autre moment, vous avez peur des conflits. C'est quoi, cette
histoire-là? J'essaie de suivre votre raisonnement et j'ai bien de la
difficulté. C'est compliquée Serait-ce que votre affaire n'est
pas claire? Il me semble que dans une municipalité le greffier pourrait
être, d'office, président d'élection ou son adjoint si le
président n'y est pas... Pourquoi ne donnerait-on pas le choix au
conseil de décider? Les municipalités se plaignent d'être
pratiquement toujours en tutelle. Là, vous enlevez même la
latitude de le faire. Si elles décident de nommer quelqu'un après
que le greffier... Ce sera pour de bonnes raisons puisque, si on dit: sont,
d'office, le greffier ou l'assistant, à ce moment-là ce sont de
bonnes raisons. Si elles donnent de bonnes raisons, le conseil municipal
examinera les raisons et aura à porter un jugement si le greffier ne
peut pas parce qu'il est malade... Je connais justement un greffier qui ne
pourra pas être président d'élection pour cause de maladie.
Donc, cela peut être son assistant. Mais, si le conseil avait à
recourir à une personne de l'extérieur, pourquoi est-ce qu'on ne
ferait pas confiance au conseil pour aller chercher une personne à
l'extérieur si les personnes déjà nommées d'office
ne peuvent pas agir?
Je comprends que la ville de Québec décide des choses.
Mais, toutes les municipalités ne peuvent pas copier sous le principe
que la ville de Québec a fait telle chose, qu'elle le nomme et qu'elle a
choisi cette façon-là. La ville de Québec est une des
rares villes au Québec qui a décidé que le
découpage des quartiers électoraux soit fait par la Loi sur la
représentation électorale, la Commission de la
représentation électorale. Donc, de là l'importance de
garder une latitude à une municipalité. Si une
municipalité ne veut pas avoir de latitude, elle peut le faire, mais
faisons donc attention. Essayons de donner aux municipalités une
certaine marge de manoeuvre. Sans ça, on les tient en tutelle et on les
oblige à prendre des positions où elles sont toujours à !a
merci... Elles ne sont jamais grandes, les municipalités, de la
façon dont on les traite. Il me semble que ce gouvernement devrait
comprendre ça rapide, rapide, rapide, rapide. Ils ont dit: On va faire
moins de réglementation, on va déréglementer certaines
choses. C'est un point précis où on peut permettre à un
conseil municipal, après que le greffier nommé d'office ou son
assistant si l'autre ne peut pas agir, vis-à-vis de ces faits de laisser
le choix à la municipalité soit de nommer ou de demander à
la Commission municipale du Québec de nommer à sa place. À
ce moment-là, il me semble que la municipalité est assez grande
pour faire ça. Si la municipalité est prête à
prendre le risque de passer pour partiale ou pas correcte, on verra, mais il
faudrait au moins donner le bénéfice du doute.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Écoutez, là! On doit comprendre qu'on
est en train de faire une refonte des lois électorales et qu'on se
retrouve, à chaque article, avec des dispositions qui sont dans la Loi
sur les cités et villes, des dispositions du Code municipal ou des
dispositions de chartes privées et, parfois, ces dispositions ne sont
pas compatibles, ne sont pas les mêmes. Comme on fait un travail de
refonte et qu'on tente de simplifier les lois municipales, on doit
nécessairement choisir.
On avait deux modèles à choisir: le modèle de la
Loi sur les cités et villes ou le modèle du Code municipal. Dans
la Loi sur les cités et villes qui comprend toutes les
municipalités du Québec, y compris la ville de Jonquière,
il est dit qu'en cas de refus du greffier, c'est la Commission municipale qui
nomme le substitut. Cela fonctionne très bien et l'Union des
municipalités du Québec est très satisfaite de ce
système.
Dans le cas des municipalités soumises au Code municipal, c'est
une autre procédure. C'est le conseil municipal qui procède. Bien
sûr, les municipalités régies par ce code semblent
satisfaites de ce système aussi.
Nous, nous avions à faire un choix pour
que la solution soit la plus équitable possible pour l'ensemble
des électeurs et qu'elle mette à l'abri le conseil municipal, les
échevins et le maire de toute possibilité d'être
accusés de partialité. Le député de
Jonquière dit: Si le conseil municipal décide de faire des
nommmations, il prendra ce risque et il vivra avec. Il vivra possiblement avec,
sauf que si l'élection a lieu à la suite des agissements d'un
président d'élection partial, le conseil municipal sera
élu et, fort possiblement, ce sera une élection sujette à
caution, parce que certains pourront dire que le président
d'élection n'était pas impartial. À ce moment-là,
ce n'est pas dans le meilleur intérêt de la démocratie.
Je termine en disant: Qu'est-ce qui arriverait si, par exemple, le
président de l'élection décédait ou se retirait
après la date de la présentation des candidats? Là, le
conseil municipal n'est plus en place, les conseillers ne sont plus là;
il n'y a plus de conseil municipal, il ne reste qu'un maire. C'est le maire
sortant, candidat à une élection qui, à trois semaines de
la date de l'élection, serait pris pour nommer un président
d'élection alors que la lutte électorale bat son plein. Cela n'a
pas de bon sens. À ce moment-là, le maire serait dans une
position intenable. Ou bien c'est un homme d'honneur et il dit: Moi, je ne veux
pas me retrouver dans une situation semblable et me faire accuser d'avoir
nommé un partisan au poste de président d'élection; ou
bien c'est un homme qui ne s'en fait pas avec ces problèmes et il nomme
quelqu'un qui lui est favorable, et cela crée des problèmes de
crédibilité.
On a choisi, je pense, la solution qui nous apparaît, dans les
circonstances, la plus équitable, qui est celle qui prévaut
actuellement dans l'ensemble des municipalités membres de l'Union des
municipalités du Québec - dont la ville de Jonquière - et
qui semble satisfaire toutes ces municipalités. C'est notre choix et
nous pensons que c'est un bon choix. J'admets que le député de
Jonquière peut penser différemment.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je ne pense pas que, dans les propos du ministre, je
décèle un élément de bonne volonté qui me
permette de croire qu'il fait cela... Il fait peut-être cela pour narguer
et c'est peut-être ainsi qu'on doit prendre cela. Il dit: Actuellement,
il y a deux façons de procéder: 1. la Loi sur tes cités et
villes et, 2. le Code municipal. Les deux façons s'appliquent
actuellement, au moment où on se parle.
Je suggérerais qu'on garde les deux façons, mais dans un
même mouvement: 1. c'est le président de l'élection, il
l'est d'office, c'est le secrétaire-trésorier, le greffier ou son
adjoint; 2. s'ils ne peuvent pas, pour de bonnes raisons, à ce
moment-là, le conseil pourrait avoir le choix: soit de le nommer, soit
de demander à la Commission municipale du Québec. Dans les
exemples que le ministre m'a donnés, s'il y avait un décès
dans ce processus, je ne pense pas qu'un maire pourrait dire carrément:
Je vais le nommer. Ce n'est pas cela qu'il ferait; je ne le pense pas.
M. Bourbeau: II pourrait le faire. (11 h 30)
M. Dufour: Oui, il pourrait le faire, mais, comme on vit cette
expérience depuis un certain temps, on voit comment cela se passe.
Est-ce que c'est arrivé souvent, un cas comme celui dont vous parlez?
Est-ce que c'est arrivé qu'il y ait eu un décès et que le
maire ait décidé dans le Code municipal... Si vous me dites qu'il
y a eu des cas semblables, vous êtes capable de me les citer. À ce
moment-là, je peux bien penser comme vous. Je vous ai donné des
cas. Quand je vous parle de certains cas, j'essaie toujours de faire des
références à des choses possibles, qui sont
arrivées et, souvent, que je peux identifier clairement. Mais, si c'est
arrivé dans le passé, je ne pense pas que cela ait causé
des problèmes majeurs, comme vous l'avez mentionné. Vous avez
dit: Cela fonctionne bien des deux côtés. Si cela fonctionne bien,
je regarde et... C'est sûr que l'Union des municipalités du
Québec peut avoir dit: Oui, cela a bien de l'allure. Si l'UMRCQ dit la
même chose: Cela a bien du bon sens comment on fonctionne. Puis vous
dites qu'on doit faire un choix. Bien non, il y a des places où vous
refusez de faire des choix. La preuve, vous êtes encore en période
de réflexion. Vous ne savez pas si la loi va être appliquée
par la Commission municipale ou si elle sera appliquée après un
an et demi de réflexion. Vous n'êtes pas encore sûr de ce
que vous allez faire.
Puis, là, vous avez décidé d'un coup sec. Je ne
comprends plus rien. Vous décidez quand cela fait votre affaire ou quand
vos fonctionnaires ont dit que c'est cela la formule. J'ai l'impression que...
Non, vous ne m'aurez pas comme cela, C'est évident qu'on peut vivre de
la manière que vous dites, mais je prétends qu'avec tout ce que
je cannais dans le vécu municipal, y compris l'Union des
municipalités du Québec, je peux parler même de ce que j'ai
déjà vécu dans le temps, c'est qu'il y a toujours... Et
même le président actuel de l'Union des municipalité dit:
Arrêtez donc de garder les municipalités en tutelle. On est des
grands garçons. On n'a pas besoin d'avoir les mêmes culottes pour
tout le monde. Je peux vous en donner un paquet de cela et cela fait des
années que cela se dit.
Je vous le dis bien simplement sans aucune animosité. Je sais que
vous vous
l'êtes fait dire différemment parfois. Laissez donc les
culottes des municipalités. Laissez-les donc prendre leurs
responsabilités. C'est ce que je dis. Je ne fais que dire ce que toutes
les municipalités du Québec disent quand on leur fait prendre
conscience, quand elles voient ce qui se passes On est assez grands
garçons pour décider nous-mêmes, arrêtez donc de nous
tenir en tutelle et arrêtez donc de nous dire "ne faites pas ceci et ne
faites pas cela." Vous allez en avoir des choses comme cela. Vous êtes en
réflexion. Vous réfléchissez longtemps. C'est seulement
eux qui réfléchissent, vous n'avez peut-être pas le temps
de réfléchir. Mais, prenez donc ceux qui ont le temps de
réfléchir. II y a des municipalités actuellement qui sont
en période de réflexion qui vont vous dire tantôt:
Laissez-nous donc aller un peu.
Vous avez lu le rapport Parizeau. Qu'est-ce qu'il vous dit, le rapport?
Les municipalités... Il dit: Laissez-les donc aller les
municipalités, arrêtez donc de les considérer comme des
gros méchants qui vont briser tous les processus. Là-dedans, ce
n'est pas un drame. Bien sûr que vous pouvez faire cela, mais je
prétends et je continue et je persiste à dire que vous ne mettez
pas les municipalités devant un choix. Vous décidez pour les
municipalités, et, pour elles, le grand frère, le maître,
le tuteur, le chef de classe et le chef d'orchestre, ce n'est pas le ministre
des Affaires municipales, c'est la Commission municipale du
Québec» Elle va décider pour tout le monde.
Donc, je fais appel à votre bon sens. Vous pouvez laisser cela
comme cela. Je vous dis d'avance, je ne fais que vous dire, par rapport
à mon vécu et ce que je connais des municipalités, que je
pense que vous auriez pu, et cela n'aurait pas été une grande
concession de votre part, garder les deux processus dans un même souffle
sans que vous ayez perdu le souffle.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Dufour: Ce n'est pas plus grave que cela.
M. Bourbeau: Le député de Jonquière a
parfaitement raison. On aurait fort bien pu garder les deux systèmes, un
dans les municipalités de tutelle qui sont régies par la Loi sur
les cités et villes, un système différent dans les
municipalités assujetties au Code municipal.
Dans la même pensée, on aurait pu également garder
des dates d'élection différentes. On aurait pu garder
également, comme cela se fait présentement, des modes
d'élection différents, on aurait pu faire en sorte que, dans les
municipalités qui élisent actuellement des conseils tous les ans,
tous les deux ans, tous les trois ans, on aurait pu tout garder cela. On aurait
pu garder tout ce qu'il y a de disparate actuellement dans le monde municipal,
mais c'est pour cela qu'on fait une refonte, pour une simplification. On essaie
de simplifier les lois municipales.
J'espère que le député de Jonquière va se
rendre compte que le travail qu'on fait actuellement est un travail de
simplification, une refonte pour tenter de rendre cela simple et... C'est
à la demande du monde municipal qu'on le fait. Ce n'est pas facile de
prendre des situations qui sont différentes partout et tenter de
simplifier cela.
C'est bien sûr que, si on simplifie, on va enlever des
possibilités. C'est cela que le monde municipal veut. C'est cela qu'il
nous demande. Les lois municipales sont trop compliquées. Elles sont
différentes partout. Il n'y a pas deux systèmes qui se
ressemblent. Il y a des villages qui élisent d'une certaine
façon, d'autres, d'une autre façon, des municipalités, des
chartes particulières. C'est une cacophonie, un cafouillage
monumental.
On essaie de faire un travail de simplification, de rationalisation, et
on doit faire des choix. On ne fait pas ces choix d'une façon
arbitraire. On les fait après consultation. On a consulté tout ce
qu'on pouvait consulter dans le monde municipal: les associations
d'élus, les associations de fonctionnaires. On a tout consulté.
 la suite de toutes ces consultations, y compris l'Opposition, y compris
les membres de la commission ici, car on a fait une commission parlementaire,
on a fait des choix qui nous apparaissent les plus judicieux, les plus
équitables.
Dans le cas présent, on a pensé, et je le
répète, que c'est préférable de ne pas imposer
à un maire sortant ou à un conseil municipal sortant l'obligation
de nommer le président d'élection parce que cela met le maire
sortant dans une position vulnérable de nommer le président
d'élection. Je sais que le député de Jonquière est
très sensible à ces arguments, mais il n'écoute pas. En ce
moment, j'ai dit tout ce que j'avais à dire et je pense que notre
argumentation est bonne.
M. Dufour: Je comprends que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...le ministre me dit qu'on veut simplifier, on veut
éclairer. Je suis d'accord avec lui. Je marche là-dedans,
à l'exception... Puis, il dit: il faut uniformiser. Ce n'est pas vrai.
Vous avez deux discours. Les discours ne se défendent pas. Je ne sais
pas de quelle façon vous allez convaincre le
monde municipal de ce que vous venez de dire quand vous me dites que
vous voulez simplifier. Bien non. Vous refusez de simplifier parce que vous ne
mettez pas de barème. On a dit: On va vous en parler à certains
articles... du nombre de conseillers, par exemple. Vous ne simplifiez rien. Les
élections tous les deux ans, rotatifs et pas rotatifs, vous ne
simplifiez rien. Vous "baptêmez" ce que vous avez dit; vous continuez
à garder le même, vous ratifiez. Oui, oui. Vous leur donnez les
fonds baptismaux pour leur dire: C'est comme ça que ça va
marcher. Vous vous gardez un paquet de latitudes dans la toi où le
ministre peut décider: Bon, si c'est pas de même, ça va
être comme ça. Il y a beaucoup d'endroits où c'est flou.
Vous avez le droit. Vous vous gardez pas mal de marge de manoeuvre.
Je trouve que dans cet article particulier - je ne parle pas à
travers mon chapeau - je vais vous parler de la consultation
générale qui a eu lieu sur le projet de loi 100, le vendredi 5
septembre. Pierre Pétrin, c'est quelqu'un qui est habilité
à parler. Qu'est-ce que faisait M. Pétrin? Il était
président de la Corporation des secrétaires municipaux du
Québec. Ce n'est pas un "nono", ça. On va regarder ce qu'il dit:
"Nous parlons ensuite de l'article 68, qui donne te pouvoir..." Là il a
changé de numéro. On parle de l'ancien projet. Je pense que vous
n'aviez même pas lu l'ancien projet: "Nous parlons ensuite de l'article
68, qui donne le pouvoir à la Commission municipale de nommer un
président d'élection en remplacement de celui qui se
désisterait de ses fonctions ou qui décéderait ou serait
malade. Nous nous opposons, à l'instar sans doute de ce que feront les
élus, à ce rôle qui pourrait être dévolu
à la Commission municipale d'intervenir dans le milieu local en nommant
elle-même un président d'élection. Nous considérons
que c'est là le mérite des élus qui sont en place."
Cela n'est pas bête. Ce ne sont pas des gens qui sont loin des
administrateurs municipaux. Ils sont prêts à leur faire confiance.
Ces gens auraient bien pu dire: ôtez-leur ça parce que ça
n'a pas de bon sens. Ce seraient vos fonctionnaires qui pourraient vous dire ce
que vous devriez faire ou pas faire. Ils vous enlèveraient
peut-être des choses. Mais là eux autres disent: Cela a du bon
sens. On travaille avec les élus et on considère que ce sont des
gens adultes et que ce sont des gens responsables.
Là vous nous dites: Non. On va unifier. Dans cet article vous
avez décidé la bonne, l'autorité. Là je
décide; je choisis. Dans les autres, quand je vais vous dire: Qu'est-ce
que vous avez décidé? Non, là ce sont les fonctionnaires
qui ont pensé cela. Cela va être quoi? J'ai hâte que le
ministre des Affaires municipales commence à décider de temps en
temps et dise: C'est correct. Vous avez dit que c'était ça? Je
vais vous en faire une affaire. Vous avez dit que c'était comme
ça? Je vais accepter et dire que c'est comme ça. Vous n'allez
pas, par exemple, selon le désir et le voeu des municipalités. Je
vais vous le rappeler tout le temps de la commission où vous ne prendrez
pas de décision, où vous allez vous garder des pouvoirs un peu
flous. C'est comme on voit dans plusieurs articles.
Vous avez décidé que vous prenez votre affaire
exprès. Vous avez décidé: l'Opposition - vous étiez
majoritaires - je vais lui passer sur le corps. Moi, je vous ai fait un pari
hier. Je vous ai dit que ce n'est pas sorti du bois, votre loi. On ne la
sortira pas vite. Vous parlez du mois de juin. Vous allez voir que le ministre
des Affaires municipales, je vais l'occuper. S'il ne veut pas travailler, moi,
je me charge de le faire travailler. Je vais le tenir quelque part. Il va faire
son travail sur un maudit temps et vous allez voir que de ce côté,
je vais tenir tête longtemps parce que vous n'êtes pas correct. Si
vous me disiez: Bien oui, on a pris des décisions, vous n'avez pas pris
de décision nulle part. Mais là vous avez décidé
que vous en prenez une et que c'était la bonne.
Quand les corporations vous disent: Cela aurait du bon sens de laisser
ça comme ça, cela n'aurait pas coûté cher, cela ne
demande pas deux articles. Vous auriez pu dire: le greffier ou
secrétaire-trésorier de la municipalité est, d'office, le
président d'élection de celle-ci. En cas de refus d'agir, le
conseil municipal peut nommer un président d'élection, ou la
Commission municipale. Le conseil ou la Commission municipale. Là vous
auriez rempli, vous auriez laissé la marge de manoeuvre. Je pense que
les municipalités ne vous demandaient pas plus ni moins que cela. Donc,
ce n'est pas la fin du monde. Ce n'est pas à deux mots ou à cinq
mots dans la loi, à l'épaisseur qu'elle a, ce n'est pas en y
mettant un peu plus qu'on permettrait de garder un peu de latitude. Ce n'est
pas seulement une question d'éclaircissement. C'est de laisser de la
latitude un peu au conseil municipal. Vous avez décidé que dans
ce cas vous n'en laissiez pas. Vous ne faites peut-être pas confiance aux
élus municipaux? Vous avez peur d'eux? Non. Ils ne sont pas si
méchants que cela. Ils sont aussi responsables que nous.
J'écoutais ce matin le président de l'Union des
municipalités qui disait qu'il n'y a pas d'élus à trois ou
quatre niveaux dans la société. Les qens qui sont élus
devant les électeurs répondent des actes pour lesquels ils ont
été élus. À ce moment-là, il n'est pas
question de poser de jugement sur le numéro un, le numéro deux,
le numéro trois, il n'y a pas de niveau, ni de différence entre
électeurs. Ils doivent être considérés comme tels.
Si le ministre ne
veut pas se rendre...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
inverventions?
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Sur le sujet, c'est bien sûr que nous devons
prendre des décisions. Le député dit que nous avons
choisi. Oui, nous avons choisi. Nous avions deux systèmes, nous ne
voulons pas multiplier les systèmes. Il y en a un qui est actuellement
utilisé par l'ensemble des municipalités du Québec qui
sont représentées par l'Union des municipalités du
Québec et l'autre système est celui qui prévaut en vertu
du Code municipal. Nous avons pensé et nous pensons encore que le
système le plus équitable consiste à enlever au maire
sortant et aux conseillers municipaux sortant la charge d'avoir à
choisir. En pleine campagne électorale - je souligne au
député - le député veut qu'on demande à un
maire sortant, qui est candidat, de nommer le président
d'élection. Vous voulez qu'on demande à un conseil municipal, en
pleine campagne électorale, de nommer un président
d'élection. Nous pensons - et c'est notre décision, notre choix -
qu'il est préférable de prendre l'autre système qui
prévaut dans toutes les municipalités actuellement régies
par la Loi sur les cités et villes, dont la ville de Jonquière,
je te répète, qui consiste à dire que si le
président d'élection se désiste, il est
préférable de faire nommer le représentant par un
organisme neutre, qui n'a pas d'intérêt dans une campagne
électorale. C'est au nom de cette neutralité, de cette
impartialité que nous avons choisi une des deux solutions qui consiste
à éviter de demander à un candidat à une
élection de nommer le président d'élection. Je suis
prêt à aller sur la place publique et défendre ce point de
vue qu'il est préférable que le président
d'élection ne soit pas nommé par un candidat à une
élection. Maintenant, si le député de Jonquière
veut faire une bataille là-dessus, je n'ai pas d'objection. On peut
même suspendre l'article s'il veut. Si le député de
Jonquière n'arrête pas, c'est la deuxième fois qu'il nous
menace de chloroformer la commission parlementaire jusqu'à la fin parce
qu'on n'est pas d'accord avec lui. C'est notre devoir en tant que gouvernement
de prendre des décisions. On a pris des décisions. Si le
député de Jonquière présente des amendements qui
nous paraissent améliorer la situation, je n'ai aucune objection
à les accepter, M. le Président. Contrairement à ce que le
député dit, dans le passé, j'ai souvent accepté les
amendements du député de Jonquière. Que le
député de Jonquière regarde les commissions parlementaires
précédentes, il va se rendre compte que le ministre a souvent
accepté ses amendements. Je peux dire, d'expérience, que j'ai vu
des ministres qui n'ont jamais accepté un seul amendement dans le
passé. Si le député de Jonquière pense que dans ce
cas-ci sa solution est meilleure, je ne peux pas l'empêcher de le penser.
Nous pensons que la solution qui est avancée ici est celle qui
protège le mieux les électeurs. Je dis au député
que s'il a des amendements à apporter qui sont de nature à
améliorer le texte, je n'ai aucune objection à les
considérer et les adopter. Je l'ai fait souvent dans le passée Le
député ne semble pas s'en souvenir.
Dans le cas présent, il ne nous apparaît pas que la
modification proposée est meilleure parce qu'elle permettrait encore
à un maire sortant, qui déciderait de profiter de cet article, de
nommer un président d'élection à deux semaines des
élections alors qu'on serait en plein milieu d'une campagne et ce maire
serait lui-même un candidat. Cela nous apparaît illogique et
dangereux même. Le député de Jonquière peut penser
autrement, je le reconnais, mais c'est une décision que nous avons prise
et je suis très à l'aise avec le texte que nous avons devant
nous.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Dans un premier temps,
je veux dire au ministre que je ne pense pas que les élus municipaux du
Québec sont des gens qui font passer en tout temps leurs
intérêts électoraux avant les intérêts de
leurs citoyens et qu'il y a du monde honnête aussi dans le monde
municipal au Québec, y compris en matière électorale. Je
suis un peu déçu d'entendre ce jugement général
porté par le ministre sans aucune nuance sur le monde municipal quant
à ses moeurs et ses pratiques électorales.
Cela dit, je dirai au ministre que si son raisonnement de bonne foi est
vraiment d'éviter qu'un conseil municipal intervienne en cours de
campagne électorale dans la nomination d'un nouveau président
d'élection, dois-je lui rappeler que le texte de l'article 70 ne fait
pas référence à une période ou à une autre?
En conséquence, il devrait peut-être ajuster l'article de son
projet de loi au discours qu'il vient de nous tenir. (11 h 45)
M. Bourbeau: M. le Président, effectivement, l'article 71
ne fait pas référence à une période
particulière.
M. Rochefort: Je parle de l'article 70, excusez-moi, je suis
encore à l'article 70.
M. Bourbeau: L'article 70 ne fait pas référence
à une période particulière, mais le plus incluant le
moins, si on acceptait l'amendement du député de
Jonquière, il s'ensuivrait automatiquement que pendant une campagne
électorale... C'est là, en général, que sont
créés les problèmes dont on parle.
M. Rochefort: Pas toujours.
M. Bourbeau: Et un président d'élection, en
général, n'a de la notoriété que pendant une
période électorale. Si le président d'élection
décédait pendant une période électorale, refusait
d'agir ou était incapable d'agir, c'est là que le problème
se poserait. Si un président d'élection démissionne
à deux ans de l'élection, ce n'est pas un gros problème,
mais pendant la période électorale, c'est là que le
problème se pose, et c'est là que cela nous concerne.
M. Rochefort: M. le Président, d'une part...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: ...quand le ministre me parle de l'amendement du
député de Jonquière, sauf erreur, il n'y a pas encore
d'amendement qui a été déposé. Deuxièmement,
je ne parie pas d'une situation qui se produirait deux ans à l'avance
parce qu'on aurait le temps non pas de changer ie président
d'élection mais de changer le greffier ou le
secrétaire-trésorier. Mais il pourrait très bien se
produire une situation où, pour des raisons personnelles, des raisons de
santé, des raisons professionnelles, à l'amorce, en voyant venir
une campagne électorale municipale, un greffier ou un
secrétaire-trésorier ne souhaiterait pas être
président d'élection, tout en souhaitant conserver ses fonctions
de greffier ou de secrétaire-trésorier de la municipalité.
Dans ce cas, je pense qu'on ne peut prétendre qu'un conseil municipal
serait, pour une aussi longue période, dans une situation,
potentiellement, de conflit d'intérêts en matière
électorale.
On peut peut-être suivre le raisonnement du ministre pour la
période strictement couverte par les propos qu'il nous a tenus
tantôt, c'est-à-dire une fois que le scrutin est en cours, qu'on a
amorcé le processus de "dressage" de la liste électorale, et le
reste et le reste, mais je pense qu'avant ce moment-là - et j'irais
même plus loin que le député de Jonquière
là-dessus - ce n'est pas ne pas faire confiance au monde municipal,
c'est retirer au monde municipal un pouvoir qui est le sien en propre, si on
pose un geste, si un article comme 70 demeure tel quel et couvre donc les
périodes en dehors de la période électorale couverte au
sens de la loi électorale municipale.
D'autre part, M. le Président, je dois attirer l'attention du
ministre, quand je l'aurai...
M. Bourbeau: M. le Président...
M. Rochefort: J'étais en train de compléter, si
vous me le permettez. Je dois attirer l'attention du ministre, là aussi,
sur une question de cohérence avec le dernier alinéa de l'article
70. Je pense que si le ministre veut que ce soit la Commission municipale du
Québec qui intervienne ailleurs dans l'article 70, lorsqu'il y a un
problème de président d'élection pour, nous a-t-il
expliqué, des raisons de neutralité municipale, dois-je lui dire
que je souhaiterais qu'au minimum, a fortiori, dans une situation où on
ne pourrait prévoir totalement qui pourrait, localement, donc
municipalement, prendre la décision, que ce soit la Commission
municipale du Québec et non pas le ministre des Affaires municipales. Il
pourrait, lui aussi, avoir des intérêts électoraux,
partisans dans l'élection d'une municipalité qui connaîtra
la première élection de son histoire après avoir
été constituée.
Si la Commission municipale du Québec est celle qui doit
intervenir dans trois situations qui nous sont décrites aux premier,
deuxième et quatrième alinéas de l'article 70, comment se
fait-il que, tout à coup, rendu au cinquième alinéa, on
est dans une situation où on ne peut pas prétendre que le
conseil, qui n'existe pas, pourrait décider? Tout à coup, c'est
le ministre des Affaires municipales. Je ne sais pas si le ministre a vu venir
des situations où on va constituer des municipalités
prochainement et dans lesquelles il a le goût de s'impliquer
personnellement, mais je ne vois vraiment pas comment il se fait que, tout
à coup, ce serait lui qui apparaîtrait et qui s'exposerait
à des tentations partisanes ou électoralistes.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je serais disposé à enlever totalement
le cinquième paragraphe de l'article 70. Je n'ai absolument pas
d'objection parce que le ministre des Affaires municipales n'a pas l'intention
d'intervenir de façon partisane dans quelque élection que ce
soit.
Pour ce qui est du débat de fond dont on parle depuis le
début, je voudrais quand même rappeler une chose, en dehors des
propos un peu démagogiques qu'a tenus le député de Gouin
par rapport à...
M. Rochefort: Si le ministre veut
commencer à qualifier mes propos, je ne voudrais pas être
pris pour qualifier ses gestes.
M. Bourbeau: ...l'idée que le gouvernement ou le ministre
se fait du monde municipal et de la confiance qu'il entretient à
l'égard de celui-ci. Je tiens quand même à expliquer et
à dire que ce dont on parle ici, c'est du problème d'un
président d'élection. Donc, cela se limite à la
période électorale. Un greffier, par exemple, ou un
secrétaire-trésorier qui voudrait démissionner de son
poste au sein du conseil municipal ou qui s'en irait, pourrait être
remplacé par le conseil municipal en dehors de la période
électorale avant que celle-ci ne commence. Il ne s'agit ici que du cas
de la nomination d'un président d'élection, donc, d'un
événement qui se situe aux alentours de la période
électorale et non pas pendant tout le terme d'un conseil municipal. Il
ne faut donc pas agrandir, si je puis dire, le problème et
l'étendre à toute la vie municipale proprement dite. On parle
uniquement d'événements qui se produisent au moment où
commence une période électorale et où on doit nommer un
président d'élection. La loi dit que c'est le
secrétaire-trésorier ou le greffier qui agit comme
président d'élection, ce qui est normal et se produit
actuellement, d'ailleurs, partout dans le monde municipal. Le problème
dont on discute ici ne se pose qu'au moment où l'un ou l'autre du
greffier ou du secrétaire-trésorier décide de refuser le
poste de président d'élection. On est d'ailleurs
déjà en période électorale ou sur le point de
commencer une période électorale. C'est pour cela que nous
estimons que l'impartialité dont on doit entourer ces gestes et ces
nominations exige qu'on soit extrêmement prudent et qu'on se
réfère à la Commission municipale, comme cela se fait
d'ailleurs actuellement dans le cas de toutes les municipalités qui sont
soumises à la Loi sur les cités et villes.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Juste un commentaire sur la réponse du
ministre. Je veux lui préciser que je comprends le discours qu'il nous
tient. Excusez-moi, mais ce n'est pas ce que je lis dans le texte de loi qui
est devant nous. On y dit: Le greffier ou secrétaire-trésorier de
la municipalité est président d'office de celle-ci et ne peut
refuser d'agir comme tel qu'avec l'autorisation de la Commission municipale...
Je me souviens d'une situation où quelqu'un ne voulait pas
démissionner comme greffier ou secrétaire-trésorier mais
préférait ne pas présider un scrutin pour des raisons
médicales, personnelles ou même d'ordre professionnel, et il l'a
demandé avant le déclenchement du processus électoral, et
donc, pas dans la période que les propos du ministre semblent vouloir
couvrir...
M. Bourbeau: M. le Président, dans la période
électorale ou Immédiatement avant, les périodes qui
s'approchent de la période électorale.
M. Rochefort: Oui, oui, mais le...
M. Bourbeau: J'ai fait la distinction tout à l'heure.
M. Rochefort: Oui, mais, M. le ministre, c'est quoi, la
période qui s'approche de la période électorale? Qui va
juger de cela?
M. Bourbeau: Les quelques semaines qui
précèdent.
M. Rochefort: Oui mais, je pense que, compte tenu que personne ne
peut identifier quelle est "la période qui s'approche de", on devrait le
préciser. Si le ministre est sérieux dans ses propos, son texte
de loi devrait être conforme aux propos qu'il nous tient et stipuler
qu'à partir soit de la période électorale soit des 30
jours précédant le déclenchement de la période
électorale, si un secrétaire-trésorier ou un greffier pour
des raisons x, y, z ne souhaite pas ou désire ne pas présider un
scrutin, il y a un processus x, y, z qui s'enclenche, mais, si ce n'est pas au
cours de cette période, ce sont les élus municipaux qui ont le
pouvoir qui leur est confirmé déjà de nommer le
président du scrutin. Je ne vois vraiment pas comment on peut faire,
parce que je me souviens qu'il y a eu des situations, notamment dans des villes
importantes du Québec, où le greffier, longtemps à
l'avance, a manifesté son intention de ne pas présider au
scrutin, tout en voulant conserver ses fonctions de greffier de la
municipalité. C'est vraiment un pouvoir qu'on retire au monde
municipal.
M. Bourbeau: II y a un autre point dont on doit parler. Il peut
arriver des cas où le greffier ou le secrétaire-trésorier
subit des pressions pour se retirer et la Commission municipale, lorsqu'elle
fait son enquête pour décider si elle accepte ou non le
désistement du greffier ou du secrétaire-trésorier, doit
vérifier ces choses-là. C'est pour cela que nous pensons que la
Commission municipale du Québec est beaucoup mieux placée, pour
savoir si des cas semblables se sont produits ou se produisent, que le conseil
municipal lui-même ou le maire qui sont parties, si je peux dire, au
débat et parties à l'élection.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Le discours que le ministre me tient me fait penser
à des électeurs ou à des journalistes de médias
d'information qui, quand tu poses un geste trois semaines après une
campagne électorale, te disent: Quel geste électoraliste
préparant ta prochaine élection! C'est un peu dire qu'un
politicien ou une politicienne, cela fait toujours des élections et est
toujours en train de faire de l'électoralisme. À ce
titre-là, on est aussi bien de dire que le monde municipal ne devrait
surtout pas, en aucun moment, participer au choix du greffier ou du
secrétaire-trésorier parce que implicitement, il deviendra un
jour président du scrutin.
M. Bourbeau: ...c'est automatique. Le greffier et le
secrétaire-trésorier sont...
M. Rochefort: Bien, voyons donc, c'est automatique. Un jour, il
faut bien...
M. Baurbeau: ...automatiquement président
d'élection.
M. Rochefort: Mais qui engage un greffier ou un
secrétaire...
M. Bourbeau: Ah, ça, c'est autre chose.
M. Rochefort: C'est cela que je suis en train de vous dire.
M. Bourbeau: Ça, c'est autre chose.
M. Rochefort: Soyez attentif un petit peu. C'est cela que je vous
dis. On est en train de dire, dans le fond, que jamais un conseil municipal
devrait s'impliquer dans l'embauche d'un secrétaire-trésorier ou
d'un greffier parce qu'on sait très bien que, quand on l'embauche,
automatiquement il va devenir président d'élection. À
partir de quand fait-on de l'électoralisme et à partir de quand
est-on protégé, ou censé ne pas en faire? M. le
Président, je ne peux pas accepter un tel discours de la part du
ministre des Affaires municipales. Le discours qu'il nous tient, c'est de dire
que le monde municipal, c'est trop dangereux qu'il pose des gestes
électoralistes. Je lui dis: Qu'il pousse sa logique à terme et en
toute cohérence et qu'il dise que le greffier ou le
secrétaire-trésorier de toute municipalité du
Québec est nommé d'office par la Commission municipale du
Québec. C'est là où nous mène le discours qu'il
nous tient. Il dit: Oui, mais un jour, il pourrait peut-être se produire
que, même un an à l'avance, un secrétaire-trésorier
ou un greffier subisse des pressions; donc, le conseil municipal ayant des
intérêts électoralistes à protéger en
fonction d'une élection qui s'en vient va peut-être prendre
quelqu'un... écoutez! Oui, un jour, ils vont engager quelqu'un comme
greffier ou comme secrétaire-trésorier, même
indépendamment d'une période électorale, mais on sait que
cette personne-là, automatiquement, un jour, va assumer les fonctions de
président du scrutin.
M. Bourbeau: M. le Président, on doit dire...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: II faut interpréter l'article 70 dans le
contexte électoral en ce sens que...
M. Rochefort: Bien, inscrivez-le.
M. Bourbeau: ...le greffier ou le
secrétaire-trésorier sont des employés de la
municipalité qui font leur travail, qui sont engagés, et je ne
prétends pas que le monde municipal, lorsqu'il procède à
leur engagement, a des visées électoralistes. Ce n'est absolument
pas dans mon esprit, sauf que lorsqu'il s'agit de nommer un président
d'élection en remplacement du greffier ou du
secrétaire-trésorier, nécessairement on est dans un
contexte électoral ou préélectoral... Et c'est là
que les choses se compliquent dans le sens où si on peut affirmer, et
j'affirme que le monde municipal n'agit pas d'une façon ordinaire d'avec
les préoccupations électoralistes... Dans un contexte
électoral ou lors d'une élection, il est évident que la
situation change et que, dans certains cas - je ne généralise pas
contrairement à ce que dit le député de Gouin - il peut
arriver que des pressions énormes soient faites sur le greffier ou sur
le secrétaire-trésorier ou encore que des pressions soient faites
sur le maire ou sur le conseil municipal pour que soient nommés en
remplacement des individus qui pourraient ne pas présenter les
meilleures caractéristiques d'impartialité. Alors, pour
éviter précisément ces problèmes-là, la loi
actuelle - je le souligne, c'est la loi actuelle, la Loi sur les cités
et villes - dit, pour ces raisons-là d'ailleurs, que dans ces
cas-là, c'est la Commission municipale qui nomme le remplaçant.
On ne fait pas du droit nouveau. On n'est pas en train de réinventer la
roue. On est en train d'appliquer à l'ensemble des municipalités
du Québec ce que prévoit déjà la Loi sur les
cités et villes. Comme nous avions à faire un choix entre deux
situations, entre deux solutions, nous avons choisi celle des deux qui nous
apparaissait la meilleure. (12 heures)
Cela ne veut pas dire que l'autre est mauvaise, cela ne veut pas dire
que l'autre est inacceptable, cela veut dire que celle
que nous avons choisie nous apparaît la meilleure. Sans vouloir
préjuger ni affirmer que l'autre est absolument néfaste et
dévastatrice, ce n'est pas ce que j'ai dit, j'ai dit que nous avons deux
solutions devant nous, que l'une d'elles nous apparaissait meilleure que
l'autre. C'est celle qui est actuellement utilisée par les
municipalités du Québec dans le cadre de la Loi sur les
cités et villes. Elle fonctionne bien, elle nous apparaît la
meilleure, et nous avons choisi de prendre celle-là.
Je concède toutefois, M. le Président, que d'autres
personnes pourraient vouloir en présenter une autre. Je ne dis pas que
l'autre est mauvaise à ce point qu'elle ne pourrait pas être
acceptée, je dis que celle-ci nous apparaît
préférable étant donné les raisons que j'ai
données. Étant donné également qu'il est midi, je
présume que vous allez nous dire que nous allons continuer
jusqu'à 12 h 30, M. le Président.
M. Rochefort: C'est parce que c'est automatique.
Le Président (M. Saint-Roch): L'ordre que nous avons, M.
le ministre, est effectivement de siéger jusqu'à 12 h 30.
M. Rochefort: Le ministre avait peut-être peur qu'on
finisse plus vite que prévu. M. le Président, une question au
ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Quand on dit: avec l'autorisation de la Commission
municipale ou que c'est la Commission municipale qui nomme tout cela... Le
ministre pourrait-il nous dire qui est-ce? Comment cela fonctionne
concrètement?
Une voix: La Commission municipale?
M. Rochefort: Non, non, l'ancien processus comme celui auquel on
fait référence à 70. On dit: la commission nomme ou la
commission doit donner une autorisation. Comment cela fonctionne-t-il?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, dans un cas comme ça,
la demande est faite à la Commission municipale de procéder
à la nomination d'un greffier ou d'un
secrétaire-trésorier. La Commission municipale siège. Ce
sont des commissaires de la Commission municipale qui sont nommés par le
président de la Commission municipale qui envoie... C'est un banc...
M. Rochefort: Expliquez-moi un petit peu le processus. C'est
ça, le banc est constitué par qui, de combien, à partir de
quels critères?
M. Bourbeau: Le président de la Commission municipale
nomme les membres de la Commission municipale qui constituent le banc. Il y a
un quorum de deux membres.
M. Rochefort: Le maximum est de combien? Le nombre normal d'un
banc est de combien?
M. Bourbeau: À ma connaissance, ce sont deux membres en
général.
M. Rochefort: Donc, le quorum n'est pas de deux.
M. Bourbeau: Il y a deux membres et le quorum est de deux, M. le
Président. Il faut que tous les membres soient présents.
M. Rochefort: Or, donc, il n'y a pas de quorum.
M. Bourbeau: II y a un quorum de deux.
M. Dufour: II a le "rum" mais il n'a pas le "quo".
M. Rochefort: Donc, c'est un banc de deux...
M. Bourbeau: Un banc de deux...
M. Rochefort: Présidé par le président
ou...
M. Bourbeau: Nommé par le président.
M. Rochefort: Lui, est-ce qu'il participe automatiquement
à ce banc-là?
M. Bourbeau: Le président peut faire partie de la
commission mais pas nécessairement. Il n'est pas nécessairement
membre. Cela fonctionnait ainsi sous l'ancien gouvernement aussi.
M. Rochefort: On vient encore une fois d'avoir une illustration
des obsessions du député de Laporte.
M. Bourbeau: C'est en application dans les cités et villes
du Québec depuis de nombreuses années, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Mais ça, ce n'est pas une
référence. Quand le ministre fait ça, il a l'air de se
débarrasser de quelque chose. Il a l'air à vouloir passer la
"puck" à quelqu'un d'autre en disant: Moi, c'était comme
ça...
Rappelons-nous donc qu'il y a eu un changement de gouvernement. Je pense
que vous le savez. Si vous ne le saviez pas, on va vous l'apprendre. C'est
à vous autres à prendre les décisions et les
responsabilités, bien sûr, mais tout le temps en fonction des
éléments qui vous sont connus. Ce n'est pas juste une
répétition générale qu'on est en train de faire la.
Vous avez parlé d'une refonte et, en faisant la refonte, vous avez
changé des lois. Ce n'est pas juste une question de dire: Vous avez
enlevé telle chose. Vous êtes en frais de refondre les deux codes.
En plus, vous avez apporté des amendements et des changements à
cette loi-là. Dans le cas qui nous préoccupe, qui est l'article
70, il y avait, à mes yeux, deux façons de rendre compte et, en
même temps, de refléter ce qui s'était passé en
commission parlementaire. D'une part, des gens sont venus nous dire qu'ils
faisaient partie du Code municipal. Dans le système qu'on a, c'est
vivable, ça se tient, ça a de l'allure, on ne veut pas être
dérangé. Les cités et villes ont dit: On est correct comme
ça. Moi, je vous dis qu'il y a une façon de rendre service aux
deux, c'est de leur donner la chance de pouvoir procéder l'un et l'autre
à leur façon, sans que ça mette en danger le processus
électoral ou la qualité des élections qui auront lieu.
C'est évident que le député de Gouin a amené
un argument de fond, selon lequel, quand on engage le greffier, on engage aussi
un président d'élection. À ce moment-là, on devrait
enlever que le greffier ait le droit d'agir comme président
d'élection.
J'aurais un amendement à proposer bien sûr, à cet
article, qui se lirait comme suit: À la quatrième ligne du
deuxième alinéa de l'article 70, supprimer tous les mots de la
phrase après le mot "d'agir" et les remplacer par les mots "le conseil
peut nommer, par une résolution adoptée au moins 30 jours avant
la date de la mise en nomination, une personne compétente pour agir
comme président de l'élection."
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. te ministre.
M. Bourbeau: Je voudrais simplement souligner, pendant que le
député de Jonquière discute, que ce que nous avons
actuellement dans le projet de loi, c'est exactement ce que l'ancien
gouvernement avait mis dans son projet de loi 60. Je dirais même que nous
avons été plus tolérants envers le monde municipal que
l'ancien gouvernement puisque, dans l'ancien projet de loi 60, le
secrétaire-trésorier n'avait même pas le droit de
démissionner. On ne lui donnait pas le droit, il n'avait pas le droit;
il ne peut refuser d'agir, point; c'était cela. Nous, nous avons
ajouté une clause permettant à un
secrétaire-trésorier de démissionner, ce qui
n'était pas permis.
M. le Président, je vous signale que nous présentons ici
exactement ce que l'ancien gouvernement avait proposé, sauf que nous
avons donné un peu plus de latitude au monde municipal en permettant
à un greffier, à un secrétaire-trésorier de
démissionner, ce qui n'était pas permis dans l'ancien projet de
loi. Cela prouve donc l'incohérence de l'argumentation de l'Opposition,
qui nous demande maintenant de modifier un projet de loi, alors que nous avons
accepté le modèle que proposait l'ancien gouvernement.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Sur ce dernier commentaire du ministre des Affaires
municipales, toujours obsédé par l'ancien gouvernement - je ne
sais pas ce qui l'a marqué à ce point, mais en tout cas il est
toujours marqué par ses obsessions de l'ancien gouvernement - je vous
dirai que ce n'est pas une marque d'incohérence, c'est une marque de
respect pour le processus de consultation que sont les commissions
parlementaires. Oui, le projet de loi avait été
déposé dans une forme par l'ancien gouvernement obsédant
du ministre des Affaires municipales, mais il y a eu une commission
parlementaire où des groupes du monde municipal sont venus soumettre
leur point de vue, leurs recommandations et leurs demandes de modifications. En
êtres sainement constitués et intelligents que nous sommes, aussi
prétentieux que cela puisse paraître, M. le ministre, nous avons
écouté et, lorsque des arguments pleins de bon sens nous ont
été apportés, comme j'ai la conviction que certains de vos
collègues en ont entendu qui les ont convaincus, nous avons
apporté des modifications à nos points de vue initiaux. Je dirai,
M. le Président, que si le ministre, lui, a pu changer d'idée
entre le dépôt de sa version du projet de loi 100 et sa
réimpression à la suite de la commission parlementaire, peut-il
prêter autant d'intérêt aux commentaires de l'Opposition que
lui, sernble-t-il, en a eu?
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a une autre
intervention?
M. Dufour: J'aurai l'occasion dans mon intervention, bien
sûr, de relever ce que le ministre dit.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je ne me sens pas nécessairement lié. Je
dirais aussi qu'un homme... Je dois relire le premier?
Le Président (M. Saint-Roch): S'il vous plaît.
Motion d'amendement
M. Dufour: À la quatrième ligne du deuxième
alinéa de l'article 70, supprimer tous les mots de la phrase
après le mot "d'agir" et les remplacer par les mots "le conseil peut
nommer, par une résolution adoptée au moins 30 jours avant la
date de la mise en nomination, une personne compétente pour agir comme
président de l'élection. En cas de refus d'agir du conseil
municipal, la commission nomme le président de l'élection." Ce
serait mon amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): La motion de M. le
député de Jonquière est recevable. Avant de vous
céder la parole, M. le député de Jonquière,
j'aimerais attirer l'attention des membres de la commission, des deux
côtés de cette table, afin d'avoir votre collaboration quant
à la vitesse où nous allons. Dans vos discussions, dans vos
commentaires, essayez de rester le plus près possible de l'article en
question, pour la bonne marche de nos travaux. Cela dit, M. le
député de Jonquière, je vous cède la parole sur
votre amendement.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Je suis bien prêt, M. le Président,
à essayer de concourir à la bonne marche des travaux et à
accepter vos directives pour autant que cela se fasse de part et d'autre. Je
suis prêt à aller dans le sens de l'amendement que vous avez
devant vous.
Il faut comprendre que ce projet de lot a subi, au cours des ans, - je
pense qu'on peut parler d'années - certains outrages ou certains
changements ou un cheminement extrêmement difficile puisque, lors du
premier dépôt du projet de loi, il y a eu une élection, il
y a eu des demandes de consultation, il y a eu une réécriture de
ce projet de loi qui s'est concrétisée par environ 350 ou 400
amendements et il y a encore d'autres articles qui sont en consultation. Donc,
on ne peut pas prétendre, à midi, que ce projet de loi
répond d'une façon certaine, d'une façon immuable à
tout l'ensemble des intervenants affectés par ce projet de loi.
Je prends les témoignages ou un des témoignages importants
qui nous ont été apportés à la commission
permanente de l'aménagement et des équipements qui tenait une
consultation générale sur le projet de loi 100, Loi sur les
élections et les référendums dans les
municipalités, le vendredi 5 septembre 1986, où on peut relever
le témoignage de M. Pierre Pétrin procureur de la Corporation des
secrétaires municipaux du Québec.
Il n'y a pas lieu de nier la compétence de cette personne, ni ses
connaissances du monde municipal. Dans un témoignage consigné
dans le Journal des débats, où je cite exactement ses mots
sauf que l'article est l'article de l'ancien projet de loi ou du projet de loi
initial, cette personne nous disait; "Nous parlons de l'article, ensuite de
l'article 68 qui est devenu l'article 70 qui donne le pouvoir à la
Commission municipale de nommer un président d'élection en
remplacement de celui qui se désisterait de ses fonctions ou qui
décéderait ou serait malade - donc des points que le ministre a
soulignés tout à l'heure. Nous nous opposons, è l'instar
sans doute de ce que feront les élus, à ce rôle qui
pourrait être dévolu à la Commission municipale
d'intervenir dans le milieu local en nommant elle-même un
président d'élection. Nous considérons que c'est là
le mérite des élus qui sont en place.," C'est une personne qui
est habituée de travailler avec les lois municipales. On n'invente rien.
Ce M. Pétrin n'invente rien puisqu'il se réfère à
ce qui existe dans le Code municipal qui dit exactement ce qu'il est venu
affirmer à la commission parlementaire. Il est venu affirmer qu'on
devrait laisser entre les mains des élus le pouvoir de décider.
Cela me semble important en considérant la façon dont les
différents conseils municipaux, et surtout les élus municipaux,
ont pris leurs responsabilités depuis quelques années.
On n'a qu'à penser à l'importance des lois qui ont
été adoptées sous l'ancien gouvernement pour voir que le
monde municipal s'est réveillé ou a été
éveillé et a été considéré comme des
adultes, des gens responsables pour l'application des lois.
Donc, l'article qu'on a devant nous tel que présenté
signifie qu'à l'avenir les élus municipaux ne devraient pas
être aussi responsables que cela. On leur nie une certaine forme de
responsabilité puisqu'on a pour tendance à faire
référence à la Commission municipale du Québec. La
Commission municipale est très près des affaires municipales;
elle loge à la même enseigne; c'est un organisme quasi judiciaire
mais qui, dans les faits, demeure très près. Il y a beaucoup de
relations entre la Commission municipale, les affaires municipales, le ministre
des Affaires municipales dans la nomination des membres.
Est-ce que le ministre devrait garder le pouvoir de nommer les membres
de la Commission municipale? J'ai des doutes. Il faudrait peut-être
mettre cela pour consultation à la municipalité. Peut-être
que ce ne seraient pas les mêmes commissaires
qui seraient nommés. Cela changerait peut-être quelque
chose. Pas de partisanerie dans les nominations. On admet et on dit, dans ce
projet de loi, que les officiers municipaux, ça pourrait être des
partisans, ça pourrait être des gens qui déterminent ou
disent que, vraiment, ils pourraient s'interférer dans un processus
électoral et on veut leur garder le caractère de justice,
d'apparence de justice et aussi, hors de tout doute, que ce processus va
être correct.
Mais, par contre, on introduit dans le processus un autre groupe pour
lequel j'ai beaucoup de respect, mais qui pourrait avoir les mêmes
préjugés parce qu'ils sont nommés par quelqu'un, ces
gens-là. Ils sont nommés par le ministre des Affaires
municipales. Lui ne peut pas avoir de préjugés. Lui, c'est la
personne intouchable, immuable et il n'est pas au courant. Donc, on dit
è la Commission municipale: Vous autres, vous avez la vertu. Ils vont
venir dans les municipalités, mais souvent elles n'en ont pas entendu
parler, elles ne les connaissent pas. Ils peuvent être commissaires
à la Commission municipale, mais ne sont pas obligés de connattre
les noms de toutes les municipalités. Ils ne sont pas obligés de
connaître tous les citoyens de l'ensemble des municipalités du
Québec. (12 h 15)
Ils connaissent le ministre, bien sûr. Mais ils ne connaissent pas
nécessairement tous les gens. Comment vont-ils arriver à nommer
un président d'élection sans faire une consultation? C'est quoi
le temps? Quelles sont les personnes que la Commission municipale pourrait
être susceptible de considérer ou de demander? Moi, je me dis, la
façon normale, logique, la Commission municipale dit: Oui, là on
a un président des élections à nommer. Comment fait-on? La
première chose qu'ils vont faire, on reçoit beaucoup d'appels
téléphoniques. Quelqu'un qui a déjà
été maire, pas juste à Jonquière, probablement que
l'ancien maire de Saint-Lambert devait recevoir des appels où on lui
demandait: C'est quoi là, c'est qui ou c'est quoi? Quelles sont les
personnes qui seraient susceptibles d'être nommées? Y a-t-il
quelqu'un qui aurait du bon sens pour venir nous suggérer à qui
on va demander cela?
Il y a de grandes chances que ce soit au maire. C'est plein de bon sens.
Moi, je ne vois pas la Commission municipale du Québec aller demander
à quelqu'un qui travaille complètement en dehors de la
municipalité que son nom est parfaitement inconnu, ce n'est pas d'aller
chercher dans le catalogue chez Eaton ou dans l'annuaire
téléphonique pour savoir qui on va appeler pour nommer le
président des élections. On va appeler les avocats. L'avocat,
vous savez, moi je ne suis pas sûr que les gens qui sont intouchables...
C'est du bon monde, mais il y en a qui ont des tendances péquistes,
libérales ou conservatrices. Il y en a de moins en moins. Mais, toutes
sortes d'affaires, toutes sortes de tendances.
Tendances NPD. Là, ils vont appeler et ils vont dire: On pourrait
peut-être nommer quelqu'un. Ca a du bon sens. Nous autres, les avocats,
nous autres on est corrects. On va avoir le choix. On va décider et on
va nommer un de nos "chums". Untel. Là, il vient de s'interférer
dans le processus électoral. On parle de l'ensemble des
élections. Pas juste des élections de petites
municipalités. Cela va bien pour des municipalités. Ce n'est pas
trop pire. On peut se faire élire assez bien. Mais, dans une grande
municipalité, comment fonctionne-ton? Ils vont nommer quelqu'un qui
n'est pas loin du parti politique d'Untel, de Jos Bleau. Il va nommer un de ses
"chums". L'avocat ou le notaire qui va être nommé n'est pas plus
fou, il veut bien avoir des contrats avec la municipalité. Quand il va
nommer quelqu'un président d'élection... Le monde sait comment
cela se passe, les élections. Qui peut gagner, quelles sont les
tendances, etc? Comment va-ton procéder? C'est là que je vois que
le ministre n'est pas au courant de ses dossiers. C'est là qu'il faut se
poser des questions pour savoir s'il est bien sérieux quand il fait
cela. Il est prêt à donner la responsabilité à tout
le monde sauf à la bonne personne. La Commission municipale va demander
au maire, au conseillers Qui voulez-vous qui soit nommé? Dites-nous si
cela a du bon sens. Ou bien ils vont faire une grande enquête avec leur
grand livre, ils vont demander au corps policier: Donnez-nous donc quelqu'un.
Si ce n'est pas cela, ils vont demander aux avocats. Eux, ils n'ont aucun
intérêt dans l'élection, bien sûr, ce sont des gens
qui ne sont pas sur terre. Ils ne veulent pas avoir de contrats. Ils vont
choisir encore parmi leurs "chums". Quel est le processus qui nous est
présenté? Que les gens sont meilleurs à Québec que
dans les municipalités? C'est faire injure aux citoyens des
municipalités et aux membres du conseil de dire: Vous n'avez pas le
droit de le faire. Il est évident que l'Union des municipalités
du Québec ne s'est pas prononcée là-dessus. Cela marche
bien, il n'y a pas de problème. C'est clair. L'Union des
municipalités du Québec, quand il arrive une loi comme
celle-là... Elle n'a pas regardé le deuxième projet de
loi. J'ai rencontré des gens des unions il n'y a pas tellement
longtemps. Il n'y a pas tellement longtemps qu'ils sont en possession de ce
cahier. Il n'ont pas eu nécessairement tout le temps voulu pour le
consulter. On peut bien dire, comme le ministre le dit souvent: Ah! les unions
sont d'accord. Bien oui! II peut bien demander cela: Êtes-vous d'accord
qu'il se tienne des élections? Oui, on est d'accord. Mais on ne dit pas
comment cela pourrait fonctionner. Les unions viennent de l'apprendre et on
vient de l'apprendre, on
n'a pas eu le temps de se prononcer encore. Mais eux se disent: Tout le
monde est bien content. On a pris la résolution de les garder tous les
deux contents, tous les deux heureux et on va leur donner un choix. On va leur
donner le choix d'être responsables ou de transférer leur
responsabilité, pas selon la volonté du ministre, selon la
volonté ou selon l'économie de la loi, selon ce qu'on a devant
nous. Et les électeurs, les électrices pourraient, à
partir de là, dire: Le ministre a respecté nos qualités
d'électeurs. Il a respecté la responsabilité, il a
respecté les fonctions pour lesquelles on a été
élus. Il a respecté surtout nos électeurs. Ce sont les
électeurs qui ont élu le conseil municipal et ils peuvent bien
penser, en règle générale, que dans leur conseil
municipal, ce sont normalement les meilleurs: des gens de qualité, des
gens qui sont responsables. Donc, si ce sont des gens responsables et de
qualité, ils ont doublement raison de vouloir décider le
meilleur, hors de tout doute, pour la population. Ils ont des comptes à
rendre à la population. Les élus municipaux ont des comptes
à rendre à la population. La preuve, c'est qu'il y a des
élections. La preuve, c'est qu'il y a un processus électoral
copié, c'est presque une copie conforme - sur la loi
générale. On vient de décider, nous, à
Québec que ce processus... Non, la Commission municipale, elle, elle
connaît cela. À qui rendent-ils des comptes ces gens-là? II
faut toujours bien se poser des questions. Pourquoi la Commission municipale
serait plus responsable vis-à-vis de la population que le conseil
municipal? Je voudrais bien savoir en vertu de quel... Elle peut avoir un
pouvoir quasi judiciaire mais quel est le pouvoir de la Commission municipale?
C'est de faire enquête et regarder ce qui se passe dans la
municipalité pour voir si tout va bien. Elle peut garder son pouvoir. En
période électorale, elle va plus loin, elle ne donne pas ce
pouvoir à la Commission municipale, quand il y a des élections,
mais à la cour, la Cour provinciale, la Cour supérieure ont des
droits là-dessus, mais ce sont des ordres que la loi donne. On dit
à ces genst Vous avez une responsabilité, faites-la
respecter.
Là, on dit que c'est la Commission municipale qui est dans un
processus continu, que c'est une préoccupation autre
qu'électorale. Ce n'est pas cela, la Commission municipale, on ne l'a
pas nommée pour faire des élections. On a dit que la Commission
municipale était là pour examiner le processus, pour voir si tous
tes règlements étaient suivis, si ta municipalité
fonctionne bien. Là, on vient de l'introduire dans un domaine... Bien
sûr, pour une certaine partie de la population, mais regardons, ce n'est
pas la majorité. Quand le ministre nous parle dans la Loi sur les
cités et villes de l'Union des municipalités du
Québec, il ne parle pas de l'ensemble des municipalités du
Québec, il parle de 253 municipalités sur 500. Il y a une petite
différence. Pour 1300 municipalités, le ministre vient de
transférer à la Commission municipale cette responsabilité
dont elle n'a pas besoin.
Est-ce que la Commission municipale manque de travail? Est-ce que le
ministre a décidé qu'il lui donnait plus de travail? Il faut que
la commission soit disponible durant tout le processus, pour être bien
sûr qu'on tient les municipalités quelque part. C'est du crois ou
meurs. On les tient, on a une attache avec eux autres. On vous aura quelque
part, on va vous "poigner". Pour le ministre, c'est peut-être de la
déformation professionnelle, il est notaire. Un notaire, c'est la seule
personne dont on ne peut pas se débarrasser dans notre vie. S'il ne nous
"poigne" pas en venant au monde, il nous "poigne" quand on est mort, mais il
nous prend toujours quelque part.
Une voix: Mais un ministre, on peut s'en débarrasser.
M. Dufour: Oui, un ministre, bien sûr, ce n'est pas tout
à fait la même chose, on peut s'en débarrasser, mais avant,
il faut au moins que, pendant qu'il est en fonction, il réponde aux
voeux des gens qu'il a ta mission de défendre. II a mission de
défendre les élus municipaux, il a mission d'être
responsable vis-à-vis des municipalités. C'est le
défenseur. Il me semble que son rôle serait là, mais il
prend le rôle de censeur, le rôle de maître d'école,
parce qu'il considère que les municipalités sont à la
petite école. Pourquoi le ministre ne fait-il pas preuve d'un peu plus
d'humilité, ne donne-t-il pas au moins l'apparence que lui, il comprend
ça, une municipalité, et ne s'appuie-t-il pas sur des
données, sur des choses, sur des actions, sur des documents qui existent
pour prendre une décision éclairée?
Si l'ensemble des municipalités était venu nous demander:
Enlevez-nous cette responsabilité, on n'en veut pas, on n'est pas
capable; je comprendrais ça. Si une municipalité était
prise et disait: Écoutez un peu! Non, non, Seigneur, éloignez
cette coupe, on ne peut pas la prendre. Mais ce n'est pas ce qui arrive, les
municipalités disent: On est capable d'exercer nos mandats. Par exemple,
on veut assez de souplesse dans les lois - j'espère que te ministre va
comprendre cela - qui nous permette de vivre avec les lois, de pouvoir les
respecter, et de comprendre que les gens qui les ont faites ne sont pas des
gens qui viennent de nulle part; ce sont des gens qui sont habitués, qui
connaissent le vécu des municipalités. Pour avoir
été un certain nombre d'années avec ces gens-là, en
avoir fait partie... J'étais maire de Jonquière, mais
je parlais avec d'autres maires, comme par hasard, j'ai rencontré
d'autre monde dans le Québec. Je n'ai pas été là
temporairement, je n'ai pas été maire pour le "fun", moi, j'ai
été maire pendant 18 ans. Les gens portaient des jugements, ils
votaient aux élections. J'étais élu, j'avais des comptes
à rendre et j'ai toujours agi comme cela. Mais quand je parlais avec les
maires, ils me disaient: Pourquoi ils ne nous laissent pas la paix? Pourquoi ne
nous donnent-ils pas un peu de latitude pour qu'on puisse travailler? Ce n'est
pas une négation de l'autorité provinciale ou
québécoise qu'on dit par notre amendement. On dit: Pourquoi ne
laissez-vous pas un peu de souplesse dans la loi pour qu'on puisse s'adapter,
qu'on puisse choisir? C'est cela, être responsable, c'est d'avoir le
droit de choisir. Du moment où on n'a pas le droit de choisir, on est
beaucoup moins responsable.
Dans toutes les lois, normalement, il n'y a pas de choix qui se fait. Il
ne faut pas laisser aux gens partout des choix; quelquefois, on ne peut pas.
Mais dans ce cas précis, on est train de changer une loi qui n'a pas
été amendée. Quand le ministre parle de la Loi sur les
cités et villes, cette loi n'a pas été amendée
depuis 1970. En 17 ans, rien n'a changé, tout a tourné pareil, il
n'y avait pas de changements à apporter? Le Code municipal s'applique
à 1300 municipalités et plus; les gens qui sont sous la
juridiction du Code municipal viennent nous dire: C'est correct. Il y avait une
question d'équilibre. Il dit: Moi, j'ai choisi. C'est la première
fois qu'il fait un choix. C'est la première fois que le ministre
décide de choisir. On devrait dire: Bravo! et l'applaudir. Il vient de
choisir. Pourtant, il y a des gens qui disent, d'un côté comme de
l'autre: On est correct comme cela.
Qu'est-ce que fait notre amendement? On fait juste dire: M. le ministre,
respectez donc les uns et les autres. Acceptez donc de continuer à ne
pas les mélanger mais à continuer à faire leur
administration comme elles sont habituées de le faire. Le ministre ne
nous a pas dit qu'il y a des problème. Il a dit: II pourrait
peut-être y en avoir. Il n'y en a pas de problèmes. Pourquoi ce
besoin de décider dans un cas où il aurait été
aussi facile de s'appuyer sur le vécu. Y a-t-il rien de meilleur et de
plus beau que de donner aux gens sans que cela coûte quoi que ce soit,
sans que cela crée aucun malaise, sans que cela crée de nouveaux
problèmes, de donner aux gens ce qu'ils demandent? Dans ce
cas-là, on ne donne pas cela à n'importe qui. On donne cela
à des gens responsables qui ont été élus, qui sont
représentants d'une population, qui ont à rendre compte de leurs
actes. Si ce n'est pas vrai, empêchons-nous et enlevons, comme le disait
mon collègue de Gouin, la possibilité au conseil municipal
d'engager son greffier ou le greffier adjoint ou le trésorier, parce
qu'il pourrait être susceptible d'être président
d'élection un jour. Cela veut dire que le conseil municipal sera
obligé d'y penser deux fois à l'avenir. Il sera obligé
nécessairement, obligatoirement, d'engager, de penser à son
président d'élection. Est-ce que ce sera la fonction de
président d'élection qui sera la meilleure ou si ce sera celle de
greffier? Le conseil municipal pourrait se poser cette question: Pourquoi
vais-je engager? Pourquoi vais-je prendre telle décision? Il me semble
que c'est tellement simple cet amendement qui dit: Laissez donc les gens vivre,
arrêtez donc des les étouffer, arrêtez donc de les garder en
tutelle, arrêtez de penser que Québec...
Une voix: Bien non.
M. Dufour: ...c'est juste cela qui va décider et il y a
juste eux autres qui ont la vérité. C'est pensable, qu'ailleurs
aussi, il y ait des parties de vérité. Ces parties de
vérité, on les regarde, on les écoute et quand on
reçoit ces gens-là en commission parlementaire, c'est aussi une
forme de respect de regarder, d'écouter ce qu'ils ont à dire et
de le transcrire dans les lois.
Quant à moi, je trouve que cet amendement répond aux voeux
de l'Union des municipalités du Québec, aux voeux de l'Union des
municipalités régionales et locales du Québec et que le
ministre n'aurait qu'une chose à faire. Quand il y a deux parties qui
sont d'accord, quand il y a un mariage, on a juste à le bénir, et
c'est de cette façon-là qu'on va continuer à garder les
municipalités responsables.
Le Président (M. Saint-Roch); Merci, M. le député
de Jonquière.
À moins d'un consentement de la commission, je me vois dans
l'obligation de suspendre nos travaux jusqu'après la période des
affaires courantes.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 15 h 55)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 100, Loi
sur les élections et les référendums dans les
municipalités.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Simplement pour préciser que, si jamais il y
avait des questions
portant sur des sujets très techniques, j'aimerais qu'on
s'entende pour que quelqu'un parmi les gens qui m'accompagnent puisse
répondre. Ce sont des spécialistes en procédure, non pas
en procédure, mais en technicité.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement? Y a-t-il consentement, M. le député de
Jonquière?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): II y a consentement, M. le
ministre. Au moment de la suspension de nos travaux, nous en étions
à l'amendement proposé par M. le député de
Jonquière. Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement de M. le
député de Jonquière?
M. Bourbeau: Je ne sais pas. Voulez-vous rappeler le
numéro de l'article, M. le Président?
Le Président (M. Saint-Roch): Nous étions à
l'article 70. L'amendement de M. le député de Jonquière se
lisait comme suit: "À la quatrième ligne du deuxième
alinéa de l'article 70, supprimer tous les mots de la phrase
après le mot "d'agir" et les remplacer par les mots "le conseil peut
nommer, par une résolution adoptée au moins 30 jours avant la
date de la mise en nomination, une personne compétente pour agir comme
président d'élection. En cas de refus d'agir du conseil
municipal, la commission nomme le président d'élection."
Est-ce qu'il y a des interventions sur la motion de M. le
député de Jonquière?
M. Bourbeau: Simplement pour dire, M. le Président, que,
pour les raisons déjà amplement explicitées, nous
maintenons le libellé de l'article 70, tel qu'il apparaît dans le
projet de loi 100.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Aucune autre intervention? Est-ce que l'amendement
proposé par M. le député de Jonquière est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
M. Bourbeau: Rejeté, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): La motion de M. le
député de Jonquière est rejetée. Nous revenons
maintenant à l'article 70. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
à l'article 70? J'aimerais vous rappeler, M. le député de
Jonquière, qu'il vous reste encore une minute vingt secondes à
l'article 70.
M. Dufour: Une seconde...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 70?
M. Dufour: Est-ce que le ministre fait une motion pour enlever le
cinquième alinéa?
M. Bourbeau: Non, M. le Président, on va le laisser
là comme il est.
M. Dufour: Je pense que je vais avoir une motion a faire pour
enlever cette partie de paragraphe. Il ne faudrait pas le faire mentir, parce
qu'il était prêt à l'enlever.
M. Bourbeau: Que le député présente sa
motion, M. le Président. On verra de quoi elle a l'air.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que je pourrais avoir
l'amendement? L'amendement de M. le député de Jonquière se
lit comme suits "Supprimer le cinquième alinéa de l'article 70."
L'amendement de M. le député de Jonquière est
recevable.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je viens de prendre connaissance de l'amendement
proposé par le député de Jonquière. Pour prouver la
bonne foi du ministre des Affaires municipales et du gouvernement, il me fait
plaisir d'accepter l'amendement.
M. Dufour: Ha! Ha! Hal
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement de
M. le député de Jonquière est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufour: Je pourrais peut-être en profiter...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...pour remercier le ministre...
Des voix: HaI Ha! Ha!
M. Dufour: ...pendant 20 minutes. Je veux dire que j'y vois un
élan du coeur extraordinaire. Je reconnais là sa grandeur
d'âme et sa magnanimité. J'apprécie qu'il se rende à
mes arguments.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que c'est noté
au Journal des débats? Oui?
M. Dufour: Oui, cela va être écrit. Ce n'est pas
bien grave, M. le ministre. Je peux vous en dire. Je peux vous dire autre chose
aussi parce que, parfois, quand on a les fleurs, le pot peut suivre. Je suis
prêt à accepter cela, ce sont les règles du jeu qui
s'appliquent.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 70 tel qu'amendé? Est-ce que l'article
70 tel qu'amendé est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufour: Je suis obligé, malheureusement, de l'adopter
sur division pour les raisons qu'on connaît.
Reprise de l'étude
détaillée
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. J'appelle maintenant l'article
71.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 71, en prenant
modèle sur la Loi électorale du Québec, exprime clairement
ce qui est implicite dans les lois actuelles quant au rôle
général du président d'élection, soit veiller au
bon déroulement de l'élection, former le personnel
électoral et diriger son travail. À ces fins, il peut donner des
directives qui ont force obligatoire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 71? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Avec toutes les précautions qui ont
été prises par les articles 68, 69, 70, quel est le but de
rajouter un article qui, en fait, pourrait être explicité par la
qualité du personnel électoral? Pour s'assurer que personne n'est
de mauvaise foi ou a des problèmes avec la justice, s'assurer de la
qualité des nominations qui sont devant nous, y compris, en principe,
que le greffier ou le secrétaire-trésorier soient en fonction?
Pourquoi rajoute-t-on "le président d'élection veille au bon
déroulement des élections"? N'est-ce pas un article qui ne
rajoute rien dans le fond? Il me semble que le président
d'élection devrait déjà être assuré. Il
devrait comprendre que c'est pour faire une élection d'une bonne
façon, à cause de la qualité du personnel justement,
à cause des articles précédents. Est-ce qu'il y a un but
à rajouter cela? Est-ce que cela ajoute quelque chose?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président. Comme je l'ai dit tout
à l'heure, dans les lois actuelles, il est implicite que c'est le
président d'élection qui a la charge de voir au bon
déroulement de l'élection, à la formation du personnel,
à la direction des travaux, mais nous avons pensé qu'il
était beaucoup plus clair et préférable de le dire
carrément dans le projet de loi. Si cela va sans dire, je pense que cela
va mieux en le disant. Je signale, en terminant, qu'on essaie d'emprunter ce
qui est bon dans d'autres lois et la Loi électorale du Québec,
elle, stipule précisément à peu près la même
chose que l'article 71.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions- à l'article 71?
M. Dufour: Oui, un instant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que le ministre pourrait me dire dans quel
article il retrouve que le président d'élection veille au bon
déroulement de l'élection? Je l'ai devant moi.
M. Bourbeau: On a fait référence aux articles 20 et
42 de la Loi électorale du Québec.
M. Dufour: Je lis l'article 20: "Le directeur
général d'élection définit les devoirs des membres
de son personnel et dirige leur travail. "Aucun membre ne peut se livrer
à un travail de nature partisane." L'autre article, c'est l'article
42?
M. Bourbeau: L'article 42.
M. Dufour: II n'y a aucun endroit où on voit qu'il est
écrit "au bon déroulement de l'élection". C'est sûr
que ce qui est écrit dans les articles veut le dire, mais ce n'est pas
écrit de cette façon.
M. Bourbeau: Article 42, M. le Président, au paragraphe 1
: "de l'application du titre V et de la formation du personnel
électoral;"
M. Dufour: À V, on indique la période
électorale et la convocation des électeurs. Encore là, je
doute que ces mots-là... Honnêtement, je veux bien concourir
à l'acceptation, mais à l'article 24 on dit: "Les membres du
personnel électoral sont choisis parmi les personnes ayant la
qualité d'électeur." Ce n'est à aucun endroit.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai dit à l'article
20 et à l'article 42. À l'article 20,
on dit que le Directeur général des élections - par
analogie, ici on a le président d'élection dans une
municipalité - définit les devoirs des membres de son personnel
et dirige leur travail. Quand on dit qu'il veille au bon déroulement de
l'élection, c'est implicite, il définit les devoirs des membres
et dirige leur travail; donc, il dirige le travail qu'ils font pour assurer le
bon déroulement de l'élection.
L'article 42 dit que, sous la responsabilité du directeur
général - donc, dans une municipalité, du président
d'élection, par analogie, c'est sa responsabilité - le directeur
du scrutin est chargé dans la circonscription électorale pour
laquelle il est nommé de l'application du titre V et de la formation du
personnel électoral. Il me semble, M. le Président... J'ai dit
tout à l'heure qu'on s'était inspiré de la Loi
électorale du Québec. Je pense que c'est une inspiration
évidente.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Encore là, le législateur va un peu plus
loin. Non seulement il se contente de déterminer qui va présider
aux élections, mais, en plus, il va aller dans les moindres
détails et c'est là que le bât blesse, on pourrait dire: Le
président d'élection assure la formation des autres membres du
personnel et il dirige leur travail, cela va. Mais: il veille au bon
déroulement de l'élection. S'il ne veille pas au bon
déroulement, on n'a pas besoin de marquer cela, il n'est pas
président d'élection. Pourquoi nomme-t-on un président
d'élection? Pourquoi exige-t-on autant de qualités de cette
personne? Pourquoi oblige-t-on autant que cela ce fonctionnement et, ensuite,
on va être obligé de lui dire que c'est pour veiller au bon
déroulement de l'élection? Il me semble que le législateur
ne doit pas parler pour ne rien dire; il ne doit pas écrire pour
écrire. Il doit être le plus clair possible et enlever tout ce qui
n'est pas nécessaire. À mes yeux, ces bouts de phrase n'ont pas
affaire là. Le président d'élection assure la formation
des membres du personnel électoral et il dirige leur travail, je suis
d'accord avec cela. "Il peut donner à cette fin des directives qui
obligent toutes les personnes auxquelles elles s'adressent", cela va, mais
"veille au bon déroulement de l'élection", je ne vois pas ce que
cela ajoute de plus à ce qui est là. Un chef de police doit agir
car, comme chef de police, il doit être un bon chef de police. Cela
ajoute-t-il quelque chose? Rien. Cela n'ajoute rien. Je pense qu'à ce
moment-là ces mots devraient être biffés facilement et
normalement.
J'essaie de comprendre pourquoi on met cela. Cela a encore l'air du
paternalisme. Le président d'élection a beau veiller, être
bon garçon et veiller et surveiller ce qui se passe. C'est quoi, cette
histoire-là? Une fois pour toutes, enlevons donc ce qui doit être
enlevé. On doit considérer les élections municipales comme
des élections sérieuses. Un président, avec tout le
sérieux qu'on met pour le nommer et pour lui donner son job... Pourquoi
est-on obligé d'ajouter cela? J'ai beau me questionner, je ne trouve pas
de réponse et je trouve que ces mots ne veulent rien dire et n'ont pas
affaire là. Je vais avoir un amendement à faire
là-dessus.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Franchement, M. le Président, le
député de Jonquière n'est pas sérieux. On a un
texte de loi ici qui nous dît qu'un président d'élection
veille au bon déroulement d'une élection. Il me semble que c'est
évident, clair et normal, et qu'il n'y a rien d'excessif
là-dedans. On essaie d'être gentils avec le député
de Jonquière, de ménager ses humeurs, de ne pas l'indisposer pour
ne pas que la commission parlementaire siège jusqu'à l'an 2000,
mais le député de Jonquière fait un plat avec un bout de
phrase qui nous apparaît tout à fait raisonnable. Le
président d'élection, dans une élection, veille au bon
déroulement de l'élection. Est-ce qu'il y a quelque chose de plus
raisonnable que cela, vraiment? Je le demande aux membres de la commission?
s'il y en a un qui trouve que ce n'est pas raisonnable, qu'il se lève.
Voyez-vous, M. le Président, il n'y a personne qui se lève.
M. Dufour: II n'y a pas grand monde...
M. Bourbeau: M. le Président, je ne vois pas pourquoi le
député de Jonquière fait un plat avec ce bout de
phrase-là. Si le député de Jonquière veut parler
encore 20 minutes sur le bon déroulement d'une élection, qu'il le
fasse, M. le Président. Il prendra la responsabilité de ses
gestes ou de ses paroles. En ce qui me concerne, je trouve cela totalement
correct et normal. Cette phrase est bien faite et je pense que c'est la
prérogative de l'équipe du gouvernement qui a vu à la
rédaction de ce projet de loi de s'assurer qu'il y ait une
cohérence dans le texte. Je pense que cette phrase est cohérente.
On ne peut quand même pas se faire dicter à tout bout de champ des
modifications qui n'apportent absolument rien - je le signale - qui n'apportent
absolument rien, n'améliorent pas le texte de loi. Cela l'affaiblit un
peu, ce n'est certainement pas pour l'améliorer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
Motion d'amendement
M. Dufour: Mon amendement, M. le Président, c'est:
"À la première ligne de l'article 71, supprimer les mots "veille
au bon déroulement...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: II faudrait enlever: "veille au bon déroulement
de l'élection et, à cette fin".
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: "Veille au bon déroulement de l'élection
et, à cette fin".
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que vous voulez, M.
le député de Jonquière, apporter des corrections à
votre amendement?
M. Bourbeau: Est-ce que l'amendement est
déposé?
Le Président (M. Saint-Roch): J'attends encore
l'amendement, M. le ministre.
M. Bourbeau: II est en train de le fabriquer. Un amendement
improvisé.
M. Dufour: II n'a pas à porter de jugement.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement de M. le
député de Jonquière.
M. Bourbeau: J'aurais des remarques sur la
recevabilité.
Le Président (M. Saint-Roch): J'aimerais lire l'amendement
de M. le député de Jonquière, c'est: "À la
première ligne de l'article 71, supprimer les mots "veille au bon
déroulement de l'élection et, à cette fin"."
M. le ministre, vous avez mentionné que vous aimeriez exercer
votre droit de vote sur la recevabilité de cet amendement.
M. Bourbeau: Mon droit de vote, oui, M. le Président, mais
j'ai l'impression qu'avant mon droit de vote, vous allez demander...
Le Président (M. Saint-Roch): Excusez, votre droit de
parole, M. le ministre. Alors brièvement, je vais entendre quelques
remarques.
M. Bourbeau: M. le Président, simplement pour vous dire
que je ne veux pas plaider nécessairement sur la recevabilité
comme telle, mais, en fait, je vais le faire, parce qu'il faut parler
là-dessus. Je dirai que je suis prêt à accepter tout
amendement de la part du député de Jonquière qui soit de
nature à améliorer le projet de loi, sans aucune restriction. Que
le député de Jonquière amène des amendements qui
améliorent le projet de loi, on va les accepter de grand coeur. Je viens
de le faire, il y a à peu près deux ou cinq minutes, donnant
là preuve qu'il n'y avait aucune espèce de réticence de
notre part. Mais on n'est certainement pas pour accepter, même si le
député de Jonquière nous menace de siéger
jusqu'à l'an 2000, des amendements qui sont de nature à affaiblir
le projet de loi. Or, l'amendement qu'il nous propose présentement, on
pourrait l'accepter. Probablement que l'article 71 serait encore vivable, mais
malheureusement, on affaiblirait le projet de loi, on le rendrait moins parfait
qu'il ne l'est présentement. Je ne peux pas accepter, ne serait-ce que
sur le plan des principes, uniquement pour faire plaisir à un
député qui n'est pas raisonnable, absolument pas raisonnable, et
qui a décidé de faire perdre le temps de la commission, de faire
en sorte qu'on diminue la qualité du projet de loi pour acheter une paix
que de toute façon on n'est pas disposé à nous vendre.
Dans ces conditions, si le député de Jonquière veut
continuer à faire des amendements qui sont inutiles, qui affaiblissent
le projet de loi...
M. Dufour: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Bourbeau: ...et qui font perdre le temps de la commission, M.
le Président, il en prendra la responsabilité.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je pense qu'il a dit qu'il plaidait sur la
recevabilité, on peut bien le lui permettre, mais il ne faudrait pas
qu'il se donne tous les droits.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: S'il me trouve dur à vivre, moi aussi, je le
trouve dur à vivre.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Ayant à me prononcer sur la recevabilité de
l'amendement, en tant que président de cette commission, je dois me
baser sur nos règles de procédure et de fonctionnement. À
l'article 197 de nos règles de procédure, j'ai à me
prononcer si l'amendement tel que déposé par M. le
député de Jonquière va dans le sens ou à l'encontre
du principe du projet de loi. Or,
l'amendement ne va pas à rencontre du principe du projet de loi
et tout amendement peut ajouter ou soustraire des mots, ce qui est le cas. Je
déclare donc recevable l'amendement de M. le député de
Jonquière.
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement de M. le
député de Jonquière.
M. le député de Jonquière. (16 h 15)
M. Francis Dufour
M. Dufour: Mon premier mot est d'examiner les notes explicatives
où on dit assez clairement que, quant à ce qui a trait aux
procédures électorales, on veut assurer la plus grande
harmonisation possible entre le municipal et les règles applicables au
provincial de la Loi électorale. Dans les articles
précédents qui ont été étudiés, on a
vu qu'on exige un certain nombre de qualités pour que quelqu'un puisse
agir comme président d'élection. Ces qualités qu'on exige
sont déterminées par les articles, ce qui fait que n'importe qui
ne peut pas être président d'élection. Tantôt et ipso
facto la première personne à ce titre, ce sont des
secrétaires, des greffiers, des secrétaires-trésoriers ou
des adjoints. En cas d'incapacité d'agir, ils doivent être
remplacés par d'autres personnes. Si ce ne sont pas les personnes
nommées, la Commission municipale va déterminer qui va agir comme
président d'élection.
Est-ce pensable pour quelqu'un qui a subi toute cette procédure
avant d'être déterminé comme président
d'élection, que le législateur doive lui rappeler en plus qu'il
est nommé pour veiller au bon déroulement des élections?
Si c'est ajouter un élément ou un argument supplémentaire
pour lui rappeler son devoir, je trouve que ces mots-là sont
définitivement de trop, n'ont pas leur place. Je prends les arguments
qui m'ont été avancés. On dit que ça existe dans la
Loi électorale. Dans la Loi électorale, il n'est pas besoin de
dire tout ça. Je pense que le fait qu'on détermine, qu'on leur
dise ce qu'ils doivent faire, c'est qu'il y a un but. Je ne pense pas que
personne pourrait dire que ça ne veut pas dire ça. En fait, on ne
met pas des mots pour mettre des mots dans les lois. Ce n'est pas une question
d'épaisseur, ce n'est pas une question de rallonger les textes. En
règle générale, une loi doit dire ce qu'elle doit dire. On
doit enlever tout ce qui est superflu. A mes yeux, c'est de nature à
bonifier un projet de loi quand ce qui est inutile est enlevé et quand
ce qui est utile y demeure.
À mes yeux, il y a définitivement un paquet de
précautions qui sont placées dans le texte au projet de loi pour
s'assurer du bon fonctionnement, du bon déroulement de
l'élection, de la qualité de l'élection, de la
qualité du cens des électeurs, de lta qualité du
président, de la qualité du personnel électoral. On dit
exactement ce qu'on veut à travers tout ce processus-là.
Nonobstant tout ça, on trouve bon de rajouter qu'il est là pour
ça. La personne qui aurait toutes ces qualités-là, qui
aurait été choisie de toute la manière qui a
été écrite, si elle n'est pas convaincue, si elle ne le
sait pas et qu'il faille lui répéter encore que c'est pour
veiller au bon déroulement de l'élection, il me semble qu'il y a
là quelque chose qui ne fonctionne pas. Il faudrait peut-être
exiger, quand on engage le secrétaire-trésorier, qu'il doit avoir
un bon jugement pour faire un bon travail. Ce n'est pas ça. On ne lui
dit pas comment faire, on l'engage et on dit: II y a un travail à faire.
On lui fait passer des concours et on dit: C'est lui qu'on retient.
C'est évident que, dans n'importe quel domaine, pour n'importe
quelle fonction - ce n'est pas obligatoirement écrit dans la loi
-quelqu'un qui engage du personnel pour faire un travail s'attend à ce
qu'il le fasse. À mes yeux, qu'un président d'élection
soit temporaire ou permanent, la loi lui fait des obligations tous les jours
à savoir comment se comporter. Elle ne dit pas? Tu dois te servir de ton
jugement. Elle dit: Tel jour, il y a la présentation des candidats, tel
autre jour, il y a confection des listes électorales, tel autre jour, il
y a telle chose à faire. La personne est "minutée" presque
à la seconde près. Donc, il y a un processus continu,
régulier, bien écrit dans la loi. En plus, on sent le besoin de
dires Même si vous faites tout ça, on n'est pas bien sûr que
vous savez pourquoi on vous a engagé. On n'est pas tout à fait
sûr que la fonction que vous exercerez sera pour agir comme
président d'élection. On doit vous ajouter quelque chose de plus.
On va dire que vous devez veiller au bon déroulement des
élections. À ce moment-là, je trouve que trop c'est trop.
Je trouve que si on a amené ou si on a enqagé quelqu'un pour
faire un travail, il me semble que cela va de soi que cet engagement soit
à la grandeur ou soit aussi sous la responsabilité de l'individu
et de la personne qui l'engage. Quand on regarde l'épaisseur de lois ou
l'attention qu'on a mise au Québec sur la qualité de la Loi
électorale et quand on a examiné l'ensemble des exigences et des
devoirs qu'on fait, autant pour le directeur des élections que pour le
personnel électoral, que pour les citoyens et pour les électeurs,
à ce moment, il me semble que tout est assez clair pour qu'on ne soit
pas obligé de rajouter des mots qui, à mes yeux, sont de la
redondance par rapport à ce qu'on a devant nous.
C'est le président d'élection, à cause de ses
tâches, qui a la responsabilité du personnel, qui a la
responsabilité de la formation du personnel, qui a la
responsabilité de donner les directives, qui a la responsabilité
et, pour avoir vécu des
élections, on sait quelle est la responsabilité d'un
président d'élection. Le président d'élection qui
pourrait être en mesure de penser qu'il n'est pas là pour veiller
au déroulement de l'élection, je pense qu'il ne mériterait
pas d'être engagé. À mes yeux, je ne puis concevoir que
quelqu'un pourrait plaider l'ignorance parce qu'il a été
engagé comme président d'élection et qu'il n'a pas
pensé que c'était pour veiller au bon... Qu'on essaie de me dire,
qu'on essaie de me prouver qu'on pourrait amener quelqu'un en cour pour lui
démontrer qu'il était président d'élection et que
la seule raison pour laquelle il serait coupable c'est qu'il n'a pas
veillé au bon déroulement de l'élection. Je pense que ce
n'est pas là-dessus qu'on serait capable de condamner ou de
démontrer à un président qu'il a été un
mauvais président d'élection. On irait plutôt dans les
détails, dans ce qu'il a fait et ce qu'il n'a pas fait. C'est dans ses
travaux, dans les articles qui le concernent, dans tous les gestes qu'il pose,
qu'il a posés et qu'il posera au cours de l'élection qu'on va
démontrer s'il est bon ou non. Je ne pense pas que cette phrase va
rajouter quelque chose de supplémentaire à la qualité du
président d'élection.
Donc, personnellement, je suis convaincu que ce mot ou ce bout de phrase
que je propose de biffer n'ajoute rien à la qualité
professionnelle du président d'élection. Il ne pourrait pas non
plus être considéré comme un élément de
discussion dans une cause quelconque qui mettrait en cause le président
d'élection par rapport à la loi qu'on a devant nous. Au
contraire, j'ai la certitude que toutes ces actions sont bien inscrites dans la
loi. Toute sa démarche est faite, précise, continue et cela
s'apparente à ce qui est écrit dans la Loi électorale du
Québec tandis que ce qui nous est proposé devant nous, ce n'est
pas tout à fait dedans. C'est que la Loi électorale du
Québec qui a été adoptée le 13 décembre
1984, sanctionnée le 21 décembre 1984, contient tous les
éléments concernant la responsabilité du président
d'élection. Mais, à aucun moment on n'a senti le besoin d'ajouter
"veille au bon fonctionnement de l'élection".
Je pense qu'à ce moment... est-ce que c'est pour le
président d'élection qu'on ajoute cela? Est-ce que c'est pour les
électeurs qu'on ajoute ces phrases? Est-ce que c'est pour assurer au
conseil municipal qu'on a un gars qui peut veiller. On peut dormir, quelqu'un
veille à notre place. Donc, on peut dormir. Est-ce que c'est cela? On va
se reposer en paix parce qu'avec cet article on a synthétisé tout
le travail du président d'élection, parce que, tenez-vous
tranquille, Québec veille sur vous, la Commission municipale veille sur
vous, sauf qu'on dit: Ne vous occupez pas de votre affaire. Est-ce cela que
cela veut dire? Je vais dire non, ce n'est pas comme cela qu'il faut faire
cela. Il faut aller examiner dans les articles ce que dit l'article, quel est
le rôle d'un président d'élection? Est-ce que c'est de
veiller à ce que cela aille bien? Bien oui. Mais c'est surtout
d'appliquer des articles de loi qui sont très clairs dans la Loi sur les
élections et les référendums. À ce
moment-là, je pense qu'on atteint le but visé. Ce n'est pas parce
qu'on ajoute des mots qui réapparaissent comme du paternalisme. Ecoutez
un peu, "le président d'élection veille au bon déroulement
de l'élection". On vient de tout dire. Tout le monde peut se reposer en
paix parce que le président d'élection veille sur les
élections. Il me semble que ce côté paternaliste qu'on veut
donner à la loi ne devrait pas être là, surtout qu'on dit
dans les notes explicatives que c'est pour apparenter, pour appareiller, pour
harmoniser avec la Loi électorale. Faisons donc les mouvements qui
s'Imposent et appelons donc les mots par leur nom.
Si ce n'est pas vrai que le président d'élection ne veille
pas aux élections, mettons-nous des balises plus sérieuses que
celles-là. Cela ressemble à un voeu pieux. Après avoir
tout dit quoi faire à ce président, après l'avoir
examiné et l'avoir blindé tout le tour, on dit: En plus de cela,
dans votre rôle, vous devez veiller au bon déroulement des
élections. Cela va sécuriser les électeurs. Cela
sécurise tout le monde. De ce côté, je ne sais pas ce qu'on
fera avec l'amendement, mais je trouve que l'amendement apporte d'abord un
élément clé et qu'il enlève le côté
paternaliste de la loi.
On ne fait pas une loi de 891 articles avec "dormez en paix, on veille
sur vous". Ce n'est pas comme ça que ça se passe. Ce n'est pas la
main de Dieu, Le président d'élection a un job à faire, il
l'a fait; et, s'il ne le fait pas, c'est là-dessus qu'on va le
blâmer. Ce n'est pas parce qu'il va dire: Je me suis endormi; je ne
veillais pas, je me suis endormi. Ce n'est pas de même qu'il faut prendre
cela. Il faut regarder cela différemment.
Si le président d'élection a un job à faire, qu'il
le fasse. Quand il l'aura rempli, ce sera assez. Qu'on ne lui demande pas, en
plus, de veiller. On sait qu'il a fait son job. On sait qu'il va le faire, et,
si quelqu'un veut le blâmer, il va le faire sur les articles sur lesquels
il pourrait être en tort. Ce n'est pas parce qu'il n'aura pas
veillé au bon déroulement des élections. Vous savez bien
ce qui va se passer dans une municipalité si le président
d'élection ne fait pas son job; vous savez bien que cela va rebondir
quelque part. Il y a quelqu'un qui va avoir des coups de pieds... Les gens ont
les nerfs à fleur de peau dans le temps des élections. Ils ne
sont pas prêts à laisser faire tout ce qui se passe. II y a des
gens qui surveillent et qui regardent, qui suivent cela à la trace.
Je pense bien qu'on n'a pas besoin de
rappeler au président d'élection qu'il doit veiller
à ce que l'élection se fasse bien. Il y a des partis politiques,
il y a des candidats indépendants, il y a des faiseurs
d'élection, il y a toute sorte de gens autour qui vont s'assurer que le
président d'élection veille bien. Si on le marque en plus, il va
être obligé de ne plus dormir. Le mot "veiller" veut dire rester
éveillé, pas les yeux fermés. Il ne pourra plus dormir de
la période puisqu'il faut qu'il veille dessus et que, s'il ne veille
pas, il ne poigne pas. Je pensais qu'un président d'élection
était astreint à des articles, à des règles,
à des droits, à des obligations. En plus, ils disent: Ce n'est
pas suffisant, il faut que tu agisses comme cela. On n'en a encore pas assez
mis. Trop, c'est trop. Au même titre qu'on engage qui que ce soit dans
une municipalité ou dans un gouvernement, on demande de faire un job.
Quand c'est bien écrit dans son job, on ne lui dit pas en plus: Tu dois
en plus te comporter comme quelqu.'un de raisonnable, parce que si tu ne le
fais pas, tu vas être mis à pied. C'est aussi vrai pour un
président d'élection. Le président d'élection qui
ne remplit pas sa fonction, qui ne remplit pas les obligations pour lesquelles
il a été nommé, il va être sacré dehors.
À ce moment-là, cette partie est complètement inutile.
Elle ne rajoute rien au projet de loi, elle ne le bonifie pas. C'est encore du
paternalisme. C'est encore: Québec est là. On est avec vous
autres les petits gars, on veille sur vous autres, dormez en paix. Si c'est
cela, il y a des articles de trop. Faisons sauter les autres articles. Si c'est
un père de famille qu'on cherche, on va s'engager un père de
famille. On ne s'engagera pas un président d'élection. À
ce moment-là, non seulement il est astreint à un paquet
d'articles, un paquet de règles, mais en plus il faut qu'il soit encore
bon. Il faut s'assurer qu'il est encore meilleur que ça. On rajoute des
éléments qui sont inutiles, qui sont de nature à faire que
ce projet de loi a des mots superflus. Pour la bonne compréhension des
gens, il faut être précis. Normalement, le législateur ne
parle pas pour rien dire. Cette phrase, à mon point de vue, M. le
ministre...
M. Bourbeau: M. le député de Jonquière parle
pour ne rien dire, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaîtl La parole est au député de Jonquière. (16 h
30)
M. Dufour: ...II parlera quand il sera le temps. Mais comme il ne
parle pas, qu'il se répète, qu'il dit des choses qui ne sont pas
correctes... Je peux lui en donner, j'en ai encore devant moi des choses qu'il
dit, puis qu'il se dédit. Je n'ai pas de conseils à recevoir de
lui. Je voudrais surtout qu'il respecte mon droit de parole. À ce
moment-là cela va bien aller. Cela va bien aller, oui, parce que je ne
voulais pas prendre mes vingt minutes au complet, mais je vais les prendre,
parce que je sens que cela vous fait plaisir. On va vous garder là.
M. Bourbeau: Je trouve que le député de
Jonquière...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dufour: Je suis capable de parler pendant vingt minutes. Je
vais vous montrer que j'en suis capable. Je pense qu'en enlevant des mots dans
cet article, il faut qu'on sente et qu'on décide vraiment sur quoi le
président d'élection doit travailler. On lui donne vraiment
quelle est sa responsabilité. L'article est complet même en
enlevant ces mots-là et on touche à sa fonction. On dit: "Le
président d'élection assure la formation des autres membres du
personnel électoral et dirige leur travail". Si vraiment le
président d'élection fait cela, s'il assure une bonne formation
aux membres du personnel électoral et dirige bien leur travail, il est
évident qu'il va avoir fait un bon job. Il va avoir veillé au bon
déroulement des élections. C'est pour cela qu'on l'a
engagé. Pourquoi lui demander plus, ajouter des mots qui en fait ne
précisent rien? Le législateur n'a pas seulement l'intention de
faire des mots pour des mots. Cela donne des articles qui sont plus le "fun"
à lire, mais ce n'est pas un roman qu'il est en train d'écrire,
mais de la législation...
On sait ce que législation veut dire. Il y a des gens qui
interprètent et qui essaient de trouver ce qui est juste et ce qui ne
l'est pas. Il y a des gens qui sont payés pour cela, pour trouver ce qui
est bon ou non. Les gens de loi qui sont assis à cette table connaissent
cela. Il se fait de grands procès. Quelquefois, il y a des mots qui ont
un sens ou d'autres un autre et cela coûte de l'argent à du monde.
Cela veut dire pas mal d'affaires à travers cela. Quand on met des mots,
même si ce sont des mots qui sont inutiles, les gens sont pris avec.
Quelqu'un, à un moment donné, va se réveiller en disant:
Est-ce qu'il a vraiment veillé au bon déroulement? Non seulement
quelqu'un va analyser le travail du président d'élection, mais il
va dire: Qu'aurait-il dû faire pour que ce soit "veiller au bon
déroulement"'' A-t-il fait quelque chose d'incorrect? Même en
suivant tout ce qui est là, est-ce que cela veut dire qu'on lui donne
une latitude plus grande que ce qui est écrit dans les articles'' Est-ce
qu'on veut exiger du président d'élection plus de
capacité, plus de responsabilité, plus d'obligations que ce qui
est écrit? Si c'est cela, il est évident qu'on n'en mettra jamais
assez. Il va être
enchaîné. Il va falloir l'obliger encore bien plus. Si ce
n'est pas ce qu'on a dans l'idée, si on a dans l'idée que le
président d'élection fasse bien son travail, on n'a pas besoin
d'ajouter qu'il doit veiller en plus pour que tout soit bien. Ou les gens qui
l'engagent ne sont pas responsables ou c'est du paternalisme pur et simple qui
ne veut absolument rien dire.
J'ai dit ce matin qu'on arrête de considérer les
élus municipaux comme des bébés. C'est assez. Les gens
disent: On veut faire notre travail, on veut avoir la liberté de
travailler, on veut être respecté. On veut que ce qui se
déroule dans nos municipalités soit bien contrôlé et
bien fait. Mais ce n'est pas ce qu'on dit avec ces mots, on dit: Non seulement
on vous astreint à la Loi électorale provinciale où il y a
un paquet d'éléments - Dieu sait s'il y en a - non seulement on
fait cela, mais on ajoute d'autres éléments. C'est vrai qu'on
n'atteint pas le but visé, puisqu'on dit à des gens: Même
si le président d'élection avait tout fait, tout respecté,
si par hasard quelqu'un trouve qu'il n'a pas bien "veillé", cela va
être l'os quelque part. On pourrait lui faire un procès. Est-ce
que le président d'élection a veillé vraiment au bon
déroulement de l'élection? Je me poserais des questions avant
d'être engagé. Je dirais: Après toutes les exigences que
vous avez pour m'engager comme président d'élection ou comme
trésorier, si en plus vous l'exigez et que je ne suis pas capable de
finir... Ce n'est pas une constitution, c'est vraiment un engagement. Je vais
dire: Veiller au bon déroulement, qu'est-ce que cela veut dire? Pour
quelqu'un, cela va être une chose, pour quelqu'un d'autre, cela va
être autre chose. De l'un à l'autre, il pourrait y avoir des
problèmes qui seraient causés par cette partie d'article de
projet de loi qui, à mes yeux, ne représente aucun
élément supplémentaire à la loi dont on discute
actuellement. C'est pour cela que je plaide que mon amendement est non
seulement recevable mais doit être accepté.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'amendement de M. le député de
Jonquière?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Rapidement. On a ici un bon exemple, M. le
Président, je voudrais le souligner publiquement, d'un amendement
déposé par le député de Jonquière et qui est
totalement inutile, absolument inutile, qui n'apporte rien à l'article
en question. Le député de Jonquière tente de faire tout un
plat...
M. Dufour: M. le Président, question de règlement.
Comme...
M. Bourbeau: M. le Président, je crois que j'ai le droit
de parole.
M. Dufour: Oui, mais j'ai le droit de faire une question de
règlement.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je n'ai pas le
droit de parole?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre...
M. Bourbeau: Vous m'avez interdit d'interrompre le
député de Jonquière tout à l'heure.
M. Dufour: Non, mais là, c'est un point de
règlement. Je vais vous dire pourquoi.
M. Bourbeau: J'ai droit à mon droit de parole de la
même façon, je crois.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, tout membre
qui soulève une question de règlement a la priorité.
M. Dufour: Bon. J'ai présenté mon amendement, vous
vous êtes prononcé sur la pertinence et sur le fait qu'il soit
acceptable ou non. Je ne vois pas de quelle façon le ministre peut dire
que c'est un amendement inutile, ou bien, votre rôle est inutile, M, le
Président. Moi, en tout cas, je vous rappelle que...
M. Bourbeau: M. le Président, je crois que, vraiment, le
député de Jonquière devrait écouter, on va lui dire
des choses...
M. Dufour: ...mon amendement était acceptable. C'est ce
que vous avez déterminé.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Je disais donc qu'on a ici un bon exemple d'un amendement qui n'apporte
absolument rien pour bonifier un article d'un projet de loi. Au contraire,
regardons ce que cet amendement cherche à faire avec l'article 71.
L'article 71 dit que le président d'élection dans une
municipalité veille au bon déroulement de l'élection. Il
me semble que c'est important de savoir qui, dans une élection, veille
au bon déroulement de l'élection. Est-ce que c'est un greffier?
Est-
ce que c'est un scrutateur? Est-ce que c'est un agent de service Est-ce
que c'est la police? Non, c'est le président d'élection qui
veille au bon déroulement de l'élection. Il me semble que c'est
important de le dire.
Le député de Jonquière, avec toute
l'expérience qu'on lui connaît, estime que ce n'est pas essentiel
d'avoir les mots "veille au bon déroulement de l'élection". C'est
son privilège, je lui reconnais le droit de pouvoir différer
d'opinion avec le gouvernement sur ce point. Cependant, ]e dis que la
divergence de vues que peut avoir le député de Conquière,
à mon avis, ne mérite pas un amendement et, surtout, un discours
de 20 minutes pour tenter de faire perdre le temps de la commission. Je le dis,
il n'y a pas d'autre objectif, le député de Jonquière a
dit tout à l'heure dans son discours qu'il voulait punir le gouvernement
ou punir le ministre, en parlant, en prenant ses 20 minutes en entier; c'est ce
qu'il nous a dit. Si le député de Jonquière avait
parlé deux minutes, je comprendrais que son amendement a
été fait de bonne foi. Mais, à partir du moment où
il dit clairement qu'il prend ses 20 minutes en entier parce que cela fait son
affaire de retarder les travaux de la commission, on comprend exactement quels
motifs guident l'action et les paroles du député de
Jonquière.
Pour revenir à l'article 71, M. le Président, dans lequel
le député de Jonquière ne veut pas qu'on dise que le
président d'élection veille au bon déroulement de
l'élection, regardons un peu l'amendement qu'apporte le
député de Jonquière. D'abord, je l'ai dit, c'est un
amendement qui n'apporte rien, qui ne bonifie pas l'article. Au contraire, je
dis que c'est un amendement qui affaiblit l'article 71. Deuxièmement, je
dis que c'est un amendement qu'il est dangereux d'introduire à ce
moment-ci. Il faut bien penser que le projet de loi 100 est un projet de loi
qui a été travaillé pendant des années par une
équipe de légistes parfaitement qualifiés et que je
qualifierais même d'experts en la matière. Or, les articles du
projet de loi 100 se complètent les uns les autres. On ne peut pas
commencer à jouer dans un article sans mettre en danger
l'équilibre de tout le projet de loi. Il est dangereux de fabriquer
comme cela des amendements sur le coin de la table, amendements qui surgissent
selon l'humeur d'un député, parce que le député
voudrait tenter de montrer qu'il est capable d'impressionner la commission, de
faire changer des choses, etc. M. le Président, je dis que c'est
dangereux de déplacer des pièces sur un échiquier
semblable. Si j'avais à choisir entre la compétence juridique du
député de Jonquière qui nous propose comme cela un
amendement fabriqué sur le coin de la table et la compétence des
légistes qui nous accompagnent et qui ont préparé le
projet de loi 71, c'est sans hésitation que je dis que les
légistes du gouvernement sont beaucoup mieux placés pour savoir
si on devrait, oui ou non, mettre dans un projet de loi les choses qui y
apparaissent.
Cela dit, si le député de Jonquière - je le
répète - veut apporter des amendements qui sont bien
préparés et qui sont de nature à bonifier le projet de
loi, nous allons les examiner comme nous l'avons fait jusqu'ici, nous allons
consulter les légistes qui nous accompagnent pour voir si ces
amendements pourraient améliorer le projet de loi. Nous allons porter
notre propre jugement et, le cas échéant, il nous fera plaisir
d'accepter les amendements du député de Jonquière qui
pourraient bonifier le projet de loi. Je répète que cet
amendement n'apporte rien. Au contraire, il affaiblit l'article. Je
déplore, M. le Président, en terminant, l'attitude
négative du député de Jonquière qui n'est
certainement pas dans l'intérêt des municipalités.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement de M. le député de
Jonquière? Est-ce que l'amendement de M. le député de
Jonquière est adopté?
Des voix: Rejeté.
M. Bourbeau: Rejeté.
Une voix: Rejeté, c'est évident.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement étant
rejeté, je reviens à L'article 71. Est-ce que l'article 71 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Sur division.
Reprise de l'étude
détaillée
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 72.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 72 prévoit,
comme les lois actuelles, que le président d'élection doit se
nommer un secrétaire d'élection. L'obligation de faire cette
nomination au plus tard le jour de la publication de l'avis d'élection
existe déjà dans la Loi sur les cités et villes et dans le
Code municipal. La fonction équivalant à celle de
secrétaire d'élection est actuellement connue à
Montréal sous le nom de président adjoint et, à
Québec, les fonctions de président adjoint et de
secrétaire correspondent à la nouvelle fonction de
secrétaire. Le choix du nom de secrétaire d'élection
s'inspire de la Loi électorale du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 72? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Cela dit que le président d'élection est
connu. Il va nommer son secrétaire. Dans le cas où le
président d'élection entre en fonction après que son
prédécesseur ait donné l'avis d'élection, il nomme
un secrétaire d'élection. Cela suppose-t-il qu'il n'y avait pas
de secrétaire d'élection ou si cela veut dire que, nonobstant
qu'il y avait un secrétaire d'élection, que le
prédécesseur avait nommé, il faut en nommer un autre?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, au cas où te
président d'élection démissionne, le secrétaire
d'élection devient président. Dans ce cas-là, le nouveau
président d'élection entre en fonction et, dès
après, il nomme un secrétaire d'élection.
M. Dufourî Est-ce que vous pourriez me dire l'endroit
où c'est inscrit comme ça, où c'est aussi clair? S'il vous
plaît.
M. Bourbeau: Pardon?
M. Dufour: Je demande à M. Carrier s'il peut me dire
l'endroit ou l'article...
M. Bourbeau: Dans la Loi sur les cités et villes?
M. Dufour: Où c'est inscrit que c'est ie secrétaire
qui, automatiquement, devient président d'élection.
M. Bourbeau: C'est l'article 73, deuxième
alinéa.
M. Dufour: II est écrit: "Le secrétaire assiste le
président dans l'exercice de ses fonctions et, à cette fin,
exerce les fonctions que le président lui délègue. Il
remplace le président en cas d'empêchement d'agir de celui-ci ou
de vacance de son poste, tant que dure cet empêchement ou cette vacance."
Il peut devenir président d'élection d'une façon
temporaire, pas d'une façon permanente. En tout cas, à moins que
je comprenne mal, mais si je lis l'article tel quel, c'est qu'il pourrait... Il
n'est pas permanent.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est sûr que, si le
président d'élection disparaît temporairement, pendant son
absence, c'est le secrétaire d'élection qui fait office de
président. Mais si le président d'élection revient,
à ce moment-là, les parties se retrouvent dans ta situation
où elles étaient avant. Si le président d'élection
ne revient pas - tout à l'heure, on a parlé de démission
du président d'élection - à ce moment-là, le
secrétaire devient président d'une façon permanente.
M. Dufour: Je vais essayer d'éclairer la lanterne.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Ce n'est pas écrit explicitement, à
moins de coller ensemble les articles 72 et 73, ce n'est pas écrit de
façon aussi claire. Cela veut dire que, quand un président
d'élection démissionne, disparaît ou meurt, le
secrétaire d'élection devient président d'élection,
mais il n'est pas obligé de le demeurer. Il n'est pas
nécessairement président comme tel. Il pourrait y avoir un autre
président de nommé qui n'est pas le secrétaire. À
ce moment-là, qu'est-ce qu'on fait du secrétaire? Il peut revenir
secrétaire d'élection. Ma question était, par rapport
à l'article 72: Si le président d'élection
disparaît, est-ce que le secrétaire devient président? Si
l'autre revient, qu'est-ce qu'il advient du secrétaire? (16 h 45)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la loi prévoit des
automatismes, de sorte qu'il ne peut pas y avoir d'autre personne que le
secrétaire qui succède au président d'élection si
celui-ci démissionne ou ne remplit pas sa charge. L'article 73,
paragraphe 2 est clair. Il dit que le secrétaire d'élection
remplace le président en cas d'empêchement. Le
député de Jonquière dit: Oui, mais si on nomme quelqu'un
d'autre... On ne peut pas nommer quelqu'un d'autre, il n'y a pas de
possibilité de nommer quelqu'un d'autre. Si le président
d'élection disparaît ou est empêché d'agir ou si son
poste devient vacant, c'est le secrétaire d'élection qui,
automatiquement, devient président d'élection.
Même la Commission municipale ne peut pas intervenir en vertu du
troisième paragraphe de l'article 70 qui dit: "Le deuxième
alinéa ne s'applique pas lorsqu'un secrétaire d'élection
est en fonction et n'est pas empêché d'agir".
M. Dufour: Est-ce que le président d'élection nomme
un secrétaire avant de donner l'avis d'élection? L'avis
d'élection est donné assez longtemps avant l'élection
comme telle.
M. Bourbeau: Le 58ème jour avant
l'élection.
M. Dufour: 58 jours avant. Le plus tôt possible
après son entrée en fonction, ça voudrait dire quand dans
votre esprit?
M. Bourbeau: Dans les meilleurs délais.
M. Dufour: II n'y a pas de jour, ni... C'est toujours à
son bon jugement à lui.
M. Bourbeau; Le plus tôt possible, M. le Président,
ça veut dire...
M. Dufour: C'est au bon jugement du président
d'élection. Le plus tôt possible, c'est une obligation qu'on fait
au président.
M. Bourbeau: C'est exact.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 72?
M. Dufour: Le secrétaire, est-ce qu'on le nomme?
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 72 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 72 est
adopté, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Je ne voudrais pas que vous vous adressiez à
moi seulement. Vous pourriez vous adresser aux membres de la commission.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est parce que j'ai entendu
M. le ministre dire: "Adopté" et je ne l'ai pas entendu de votre
côté.
M. Dufour: Ah boni Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 73.
M. Dufour: Ce n'est pas si important que ça.
M. Bourbeau: L'article 73 établit que le secrétaire
d'élection est le numéro deux dans la hiérarchie du
personnel électoral. Il assiste le président d'élection et
le remplace en cas de nécessité.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 73? Est-ce que l'article 73 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 74.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 74 permet au
président d'élection de se nommer des adjoints. Ce pouvoir
n'existe pas dans les lois actuelles. Cependant, à Montréal, le
président d'élection est tenu de nommer un vice-président
dans chaque district électoral. À Québec, il doit nommer
un directeur dans chaque district. L'article 74 permettra donc au
président d'élection de se nommer, notamment, des adjoints
correspondant aux actuels vice-présidents et directeurs de district. La
Loi électorale du Québec permet la nomination de tels
adjoints.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 74?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je comprends que le président d'élection
peut nommer tout adjoint qu'il juge nécessaire. Cela va bien pour des
grosses municipalités mais le président d'élection est
assez autonome dans ses nominations, dans ses choix. Mais qu'est-ce qui
pourrait justifier ou dire à quelqu'un qu'un président
d'élection exagère à un moment donné, qu'il en met
trop? A-t-il toute liberté pour le faire?
M. Bourbeau: S'il en met quoi? M. Dufour: S'il en met
trop. M. Bourbeau: Trop?
M. Dufour: II engage beaucoup de monde, il engage beaucoup de
personnel. Vous savez, il y a des gens qui vont travailler avec un personnel...
Est-ce qu'il y a quelqu'un qui peut limiter ces nominations? Est-ce que
quelqu'un pourrait être au-dessus de tout cela et dire: II me semble que,
pour une municipalité, ce n'est pas si pire? Dans le cas de
Montréal, cela a bien du bon sens, de Québec aussi puis de
Longueuil ou de Laval, mais dans d'autres municipalités?
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai deux réponses
à la question du député.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Premièrement, le président
d'élection a un budget. Alors, il est forcément limité
dans les dépenses qu'il
peut engager. Deuxièmement, le président d'élection
étant un employé de la municipalité en dehors des
élections, étant le greffier ou le
secrétaire-trésorier, s'il se conduisait d'une façon
déraisonnable avec les fonds publics, je pense qu'il aurait des comptes
à rendre au conseil municipal éventuellement qui lui reprocherait
sa mauvaise gestion.
M. Dufour: Donc, de ce côté, on n'est pas
obligé d'écrire qu'il doit être honnête.
J'espère qu'on ne rajoutera pas cela nécessairement, parce qu'on
pourrait ajouter des choses. Mais, concernant le travail du président
d'élection, cela pourrait être une autre personne que le greffier
ou le secrétaire-trésorier que la Commission municipale nomme. Je
ne dis pas que ce que vous me dites est faux, qu'il y a un budget et qu'il doit
travailler à l'intérieur du budget. Mais cela pourrait être
une personne autre que le greffier ou le secrétaire-trésorier.
Donc, il aurait plus la latitude de prendre certaines décisions ou de
nommer des personnes pour l'aider.
M. Bourbeau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 74 est
adopté?
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 75.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 75 prévoit
les fonctions des adjoints au président. Il accorde au président
toute la latitude voulue pour établir l'organigramme qui lui convient.
Le président pourrait nommer des adjoints chargés d'une fonction
particulière pour tout le territoire, en nommer d'autres qui seront
plénipotentiaires mais dans un district ou un groupe de districts
seulement, confier à certains le pouvoir de subdéléguer
leurs pouvoirs.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Il y a déjà cet article... Le
président d'élection, à l'article 74, peut nommer un ou
des adjoints qui exerce les fonctions que le président lui ou leur
délègue. Après cela, avec l'autorisation du
président, il peut subdéléguer et y aller aussi avec le
territoire. Pourquoi cette subdélégation ne peut-elle pas se
faire juste par le président comme tel, parce que, dans une
élection, plus les messages sont transmis d'une personne à
l'autre, plus il y a de chances qu'ils arrivent distordus quelque part?
Je comprends, par exemple, qu'il peut se nommer des adjoints. Mais si
l'adjoint décide de redonner son travail à un autre, même
avec l'autorisation du président, il pourrait arriver que la
décision soit donnée correctement mais aussi elle pourrait
être transmise un peu d'une autre façon. Donc, à mes yeux,
il y a déjà une délégation qui se fait du
président d'élection à l'adjoint et une deuxième
délégation - il me semble qu'il y a là une
hiérarchisation des nominations. En tout cas, cela devient presque trop
large, à mes yeux.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, est-ce qu'il
y a des commentaires?
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas entendu de
question. Je pense que le...
M. Dufour: Bien non. J'ai expliqué mon point de vue. Vous
auriez peut-être pu avoir une réaction par rapport à
cela.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense qu'il est logique
qu'on ait une délégation du président à un ou des
adjoints, évidemment, tout cela ne pourrait se passer que dans des
municipalités d'une importance un peu plus grande qu'un village. Quand
on commence à avoir des adjoints au président et des
sous-adjoints, c'est donc qu'on parle d'une municipalité importante.
Si l'adjoint doit déléguer lui-même certains de ses
pouvoirs, justement pour s'assurer que le président d'élection a
tout en main, on exige que cette subdélégation ne puisse se faire
qu'avec l'autorisation du président. Cela m'apparaît raisonnable.
Le président, lui, ayant déjà délégué
ses pouvoirs s'assure que sa subdélégation se fait correctement.
Je pense que la façon de procéder ici est tout à fait
juste.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je comprends ce que le ministre dit mais il n'est pas
écrit que c'est juste pour un certain endroit. C'est une loi
générale qu'on est en train d'adopter. Bien sur, si le ministre
m'avait dit pour 100 000 habitants et plus ou 150 000 habitants et plus, si
cela avait été écrit ainsi dans le texte, j'aurais compris
ce que cela voulait dire. Mais i! n'est pas indiqué que c'est pour des
villes de 100 000 habitants et plus, il est écrit qu'il pourrait faire
cette chose pour toutes les municipalités. Il continue à dire que
plus il y a de délégations de pouvoir, plus le pouvoir se dilue.
Plus il y a des chances qu'on arrive à des choses qui ne sont pas
nécessairement pareilles. Si le ministre le dit - et c'était dans
des fonctions ou dans des idées de municipalités de toutes sortes
d'importance... Quand j'écoute
les explications, elles ne couvrent pas... Le ministre ne parle pas du
tout des petites municipalités, il parle des municipalités
importantes. Ce n'est pas que les petites municipalités ne sont pas
importantes, mais H parle de municipalités qui ont plus
d'électeurs.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 75? Est-ce que l'article 75 est
adopté?
M. Dufour: Je vais juste reprendre ce que le ministre m'a dit que
lorsqu'il y avait des choses qui pouvaient améliorer la loi, il
était bien ouvert pour les accepter. Je pense que puisqu'on parle
d'adjoints cela me semblait raisonnable de ne pas faire d'amendements, mais il
aurait pu retenir que les adjoints c'est pour des municipalités
importantes, par pour des petites. À ce moment-là je comprends
que le fonctionnement n'est pas nécessairement pareil. Je fais juste
appel à sa bonne volonté. Je n'ai pas l'intention de
présenter d'amendement. Il me semblait qu'à la face même,
pour ôter toute velléité à une petite
municipalité de se prendre pour une grosse, ou une grosse de se prendre
pour une petite, il aurait bien pu dire au départ: C'est vrai que c'est
pour des grosses municipalités. À ce moment-là, tel que
c'est libellé, la première question que quelqu'un pourrait se
poser c'est: Combien je pourrais nommer d'adjoints? Cela élargit mon job
de président d'élection.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je pense qu'il faut quand même être
logique. On parle de responsabiliser les municipalités, responsabiliser
les gens qui sont en charge des élections. Je pense que si on
commençait à introduire la notion de grandeur de villes, les
présidents d'élection ne se nommeraient pas d'adjoints ou de
sous-adjoints plus que la situation ne le requerrait. Mais si on devait
commencer à introduire des chiffres de population, il faudrait en avoir
à plusieurs niveaux. Il faudrait savoir à quel niveau on peut
commencer à avoir des adjoints, après cela à quel niveau
on peut commencer à permettre des sous-adjoints - parce que ce n'est pas
la même chose - après cela il faudrait également regarder
la question de la grandeur du territoire. Il est possible que dans une
municipalité qui a un très grand territoire mais qui est moins
populeuse il y ait lieu de nommer des adjoints ou des sous-adjoints. Ce qui ne
serait peut-être pas le cas dans une municipalité plus populeuse,
mais plus compacte, plus dense en termes de population. Cela deviendrait
extrêmement difficile et compliqué d'introduire des notions de
population. J'aime autant faire confiance à l'autonomie locale, penser
que ces gens ne se nommeront pas des adjoints plus qu'ils n'en auront
besoin.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je veux juste mentionner que c'est vrai qu'il y a des
budgets pour les élections, mais c'est vrai aussi que les
municipalités ont une certaine autonomie, qu'elles peuvent ajouter plus
d'argent. Ce n'est pas standardisé pour le coût des
élections. Je ne peux pas acheter le principe ou l'idée que le
ministre nous a dit tout à l'heure à savoir qu'il y a un budget
pour limiter les élections, mais les conseils municipaux peuvent voter
des montants d'argent différents pour les élections avec de3
approbations. Bien sûr que le ministre nous parle d'autonomie, cela finit
bien un discours. On va aller rencontrer les gens des municipalités,
mais il faudrait que l'autonomie ne soit pas juste pour des articles qui font
son affaire, mais que de temps en temps il regarde l'ensemble du projet de loi
pour savoir si l'autonomie veut vraiment dire cela. L'autonomie n'est pas la
volonté du ministre, ce n'est pas seulement un mot, cela va plus loin
que cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 75 est
adopté?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Comme il est maintenant 17
heures, la commission de l'aménagement et des équipements ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 heures)