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(Quinze heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 100, Loi
sur les élections et les référendums dans les
municipalités.
Personnel électoral (suite)
Nous en sommes maintenant à l'article 76. M. le ministre, vous
avez le parole.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Ce que l'on
conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire
arrivent aisément.
L'article 76 prévoit la nomination d'un scrutateur et d'un
secrétaire pour chaque bureau de vote. S'inspirant du Code municipal, il
permet que ces postes soient occupés par le président et le
secrétaire d'élection, s'il n'y a qu'un seul bureau.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 76? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que cela veut dire que le secrétaire et
le président d'élection ont des rémunérations mieux
réparties quand ils font ce travail?
M. Bourbeau: À ce moment-là, ils sont
rémunérés à la fois comme président
d'élection et scrutateur ou comme secrétaire et secrétaire
de bureau de scrutin.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufour: Pensez-vous que, couramment, c'est la même
pratique ou si cela ne peut pas être la même chose au provincial?
Si c'est une élection provinciale, il ne peut pas y avoir juste un
bureau de vote, par exemple. Ce n'est pas possible?
M. Bourbeau: Si je me souviens bien, le plus petit comté
provincial, c'est celui des îles-de-la-Madeleine où il y a 22 000
de population.
M. Dufour: Je pensais, par exemple, à des votes par
anticipation. Il pourrait y avoir juste un bureau d'ouvert. Non plus?
M. Bourbeau: Ce n'est pas possible, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 76? Est-ce que l'article 76 est
adopté?
M. Dufour: Adopté. M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 77.
M. Bourbeau: L'article 77 étend à toutes les
municipalités de 100 000 habitants ou plus les dispositions
récemment introduites dans la charte de la ville de Québec
concernant la nomination des scrutateurs et secrétaires à partir
de recommandations faites par les deux partis les mieux
représentés au conseil à ta suite des résultats de
la dernière élection générale. À noter qu'il
faut remonter aux résultats de cette dernière élection
parce que entre les élections, il n'y a pour l'instant du moins, aucun
mécanisme dans la législation municipale permettant
d'officialiser les changements d'allégeance des memhres du conseil.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je comprends bien que ce qui se passe par rapport...
C'est vraiment une copie conforme de ce qui se passe au provincial? Au moins
pour les gens qui ont le plus qrand nombre de votes qui vont recommander ou qui
vont suqqérer des noms de scrutateurs ou de secrétaires du bureau
de vote. La personne qui se Drésenterait comme indépendant, qui
serait élue comme indépendant, qu'arrive-t-il dans ce
cas-là?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Il y a une différence avec ce qui
prévaut au niveau provincial. À ce niveau, on examine chaque
circonscription électorale prise individuellement et on considère
les résultats qui ont été obtenus à
l'élection précédente par tous les candidats, qu'ils
soient de partis reconnus ou qu'ils soient indépendants. La
possibilité d'effectuer les nominations appartient à ceux qui
ont
obtenu te plus grand nombre de votes à l'élection
précédente. Dans le domaine municipal, on regarde la composition
du conseil au moment de l'élection et on permet au parti politique celui
qui a obtenu le plus grand nombre de votes lors de la dernière
élection générale de nommer le scrutateur et à
celui qui a obtenu le deuxième plus grand nombre de voix de nommer le
secrétaire de bureau.
M. le Président, j'aimerais apporter une correction. Ce n'est pas
le plus grand nombre de votes, c'est celui qui a fait élire le plus
grand nombre d'élus à la dernière élection qui
nomme le scrutateur et le deuxième nomme le secrétaire de
bureau.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je trouve un peu anormal, là-dedans... Parce
qu'on pourrait rapprocher l'échevin de quartier du député.
On pourrait dire que là où il y a un échevin de quartier
c'est la même chose que s'il y avait un député élu.
Pourquoi refuse-t-on de reconnaître explicitement la valeur d'un candidat
indépendant qui se présente? Je trouve que de cette façon
on favorise les partis. Quelle est l'idée de ta Législature ou du
ministre concernant les élections municipale? Est-ce qu'il y a seulement
les gens qui ont... On peut bien dire à quelqu'un: Vous avez le droit de
vous présenter, mais dans les faits on ne lui reconnaît pas les
mêmes droits que s'il était dans un parti politique. Il me semble
qu'à ce moment-là on nie un peu la valeur du candidat
indépendant puisqu'il ne jouit pas des mêmes
privilèges.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, il est assez difficile de
répondre à la question: Pourquoi est-ce qu'on a choisi de
procéder ainsi? On pourrait apporter l'argument que cette façon
n'est pas la meilleure et qu'une autre serait préférable. Si on a
choisi de procéder ainsi et de ne pas privilégier, si je peux
dire, les indépendants, c'est que le phénomène des
indépendants est moins répandu en politique municipale, et qu'ils
sont moins stables en politique municipale qu'en politique provinciale, que les
circonscriptions peuvent varier plus souvent et, finalement, il est apparu que
cette façon de procéder est peut-être
préférable au palier municipal. Je dois dire que ce ne sont pas
des décisions qui reposent sur des grands principes. C'est un choix qui
a été fait, compte tenu d'une situation précise.
M. Dufour: S'il y avait trois partis au lieu de deux...
Là, vous favorisez effectivement les partis qui ont le plus de candidats
élus. Il pourrait arriver dans une municipalité, surtout de 100
000 habitants et plus, qu'il y ait trois ou quatre partis... En fin de compte,
ce que vous dites, ce que cela semble vouloir dire, c'est que les deux partis
qui ont le plus de candidats élus... En supposant qu'il y ait un parti
qui n'a pas d'élu du tout, vous l'ignorez complètement. À
ce moment-là, je ne pense pas que cela favorise une démocratie
plus grande. Cela a pour effet de favoriser, bien sûr, ceux qui sont en
poste. Là, on parle des deux partis qui ont obtenu le plus de votes,
mais il pourrait arriver que sur deux partis municipaux, le deuxième
parti n'ait fait élire aucun candidat, et à ce moment-là
ce serait le parti qui avait le plus de candidats. Cela veut donc dire a
fortiori, à première vue, que le parti qui a tous les candidats
ferait nommer le secrétaire et le scrutateur.
M. Bourbeau: M. le Président, si un parti avait fait
élire tous les candidats à une élection de sorte qu'il n'y
ait pas d'autre élu que les élus du parti au pouvoir, à ce
moment-là l'article ne s'appliquerait pas et ce serait la règle
générale qui prévaudrait.
Maintenant, pour reprendre la comparaison avec ce qui se passe au palier
provincial, je signale au député qu'au palier provincial ce sont
les deux premiers partis. S'il y avait trois ou quatre partis au palier
provincial, ce ne serait que les premier et deuxième qui nommeraient le
scrutateur et le secrétaire, et on écarte, là aussi,
l'opportunité de donner à un tiers parti la possibilité de
nommer des officiers d'élection. (16 heures)
M. Dufour: Sauf qu'en identifiant comté par comté
c'est différent. Le parti qui n'est pas élu, le troisième
parti... Prenons le Parti rhinocéros, par exemple, dans un comté,
qui a obtenu deux fois plus de votes que le deuxième, c'est lui qui
aurait à choisir le secrétaire. Mais le parti au pouvoir n'a pas
à choisir le scrutateur puisqu'il a obtenu le plus grand nombre de voix
dans le comté. Je prétends qu'à première vue il
semblerait logique qu'on traite les quartiers comme des comtés. Il n'y a
rien qui s'oppose à cela. Vous me dites que cela change, mais c'est rare
qu'un chambardement aussi arand fasse disparaître complètement un
quartier par rapport à un autre. Il me semble qu'au point de vue logique
et administratif, il n'y avait pas de problème majeur à ce que
chaque quartier soit coté individuellement. À ce
moment-là, ce n'est pas, en tout cas, au moins le principe qu'il peut y
avoir un jeu, tantôt favoriser un, tantôt favoriser l'autre, mais
dans l'ensemble il pourrait v avoir trois partis qui sont favorisés par
cette mesure, tandis que là on parle juste de deux partis et parfois de
un.
M. Bourbeau: M. le Président, je reconnais qu'on aurait pu
choisir autre chose. Je signale au député quand même que
dans le projet de loi 60 de l'ancien gouvernement, ce principe avait
été retenu. Maintenant, le député pose la question:
Est-ce qu'on devrait traiter les quartiers électoraux des
municipalités comme on traite les comtés provinciaux et traiter
la municipalité, par analogie, comme étant le Québec au
complet? C'est une façon de voir les choses, mais je pense que
l'analogie n'est pas parfaite entre un quartier d'une municipalité et un
comté provincial. Le comté provincial a des limites quand
même beaucoup plus fixes, beaucoup plus ancrées, si je peux dire,
que les limites d'un quartier d'une municipalité. Si les limites d'un
quartier devaient varier d'une élection à l'autre, il deviendrait
très difficile de recommencer à concilier les votes qui ont
été donnés d'une élection à l'autre dans un
ancien quartier qui aurait été remodelé. Cela
créerait une paperasse inutile et, comme l'ancien gouvernement, on a
décidé de retenir cette formule.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour; II faut admettre que même les comtés qui sont
soumis à la Loi sur la représentation électorale peuvent
varier aussi. Il y a une certaine stabilité, mais, une stabilité
d'une élection par rapport à une autre, suivant le
législateur. On vient ou on va accepter que le nombre de comtés
parte de 122 et puisse aller jusqu'à 125; donc, il y a des changements
qui se sont opérés dans le temps. Que l'ancien gouvernement ait
pensé qu'il pourrait faire comme cela, il n'avait pas été
en discussion ou il n'avait pas été encore en commission
parlementaire. J'admets qu'il pouvait avoir une philosophie.
Moi, ce que je veux arguer par rapport à ce qu'on a devant nous,
c'est qu'effectivement dans une municipalité - connaissant aussi le
processus électoral - la façon dont les élections se
comportent, la division des quartiers, cela ne varie pas autant que cela d'un
quartier à l'autre. Je dis: Est-ce qu'on veut favoriser à tout
prix un parti politique par rapport à un autre? Je trouve que, de ce
côté-là, ce n'est pas une grande concession que je demande.
Il me semble qu'on devrait traiter les gens quartier par quartier. Il n'y aura
pas nécessairement un paquet de problèmes - moi, je promets cela
d'avance -il n'y aura pas 150 problèmes. Au moins s'il y a trois
conseillers et le premier ou le deuxième... Cela serait frustrant, par
exemple, dans un quartier, que ce soit un type qui ait remporté le plus
de votes, et que ce soit le deuxième qui décide qui va être
scrutateur.
Il y a quelque chose au bout de cela.
On parle de démocratie, mais il faut parler aussi des avantages
que cela peut conférer. Dieu sait que c'est important. Quand la
direction nomme soit le scrutateur, soit le greffier ou le secrétaire au
point de vue électoral, il y a un avantage certain par rapport à
cela. Les montants d'arqent ne sont pas les mêmes non plus. On favorise
toujours celui qui est en place par rapport au deuxième. Je me dis:
Faisons jouer la règle de l'alternance ou la règle de la logique.
Cela me semble important, sans beaucoup insister là-dessus. Je ne
demeure pas dans une municipalité où il y a 100 000 habitants.
À ce point de vue, cela me la'.sse indifférent. Mais, je
comprends, par exemple, que là où il y a des municipalités
où il semble avoir un parti excessivement fort, qui a déjà
été au pouvoir, donc qui a normalement une facilité
d'avoir des fonds, qui a du vent dans les voiles, qui a de meilleurs fonds de
recherche, il ait aussi l'avantage de pouvoir nommer ses greffiers au point de
vue électoral. Donc, il a tous les avantages, et le reste pour les
autres. Ils semblent être traités inégalement les uns par
rapport aux autres. Il me semble à ce moment-ci, au point de vue
démocratique, au point de vue de justice distributive ou au point de vue
de justice tout court, qu'on pourrait les traiter également. Je suis
convaincu que cela ne posera pas de problème dans l'administration de la
loi comme telle. Cela serait de nature à bonifier ou améliorer
les relations. En même temps, cela donnerait une chance aux autres. Qui
aurait dit que le RCM à Montréal, il y a dix ans, serait un parti
qui serait au pouvoir si on avait voulu les traiter différemment de
cela? Pourtant, il semble que cela répond bien à des voeux. Avec
le temps, c'est le RCM qui est venu au pouvoir. Nous constatons ensemble
qu'à la dernière élection à Montréal, cela
aurait été le Parti civique qui aurait pu nommer tous les
scrutateurs dans ses bureaux de votation. Donc, c'est un avantage certain.
C'est la population, en fin de compte, qui paie pour ces qens et qui
élit l'autre parti. Il me semble qu'il y a quelque chose qui a une
tendance un peu, pas...
M. Bourbeau: Si je comprends bien, ce que voudrait le
député de Jonquière, c'est qu'on permette dans chaque
quartier d'une municipalité que si, lors de la dernière
élection, un candidat indépendant a obtenu plus de votes qu'un
parti politique reconnu, ce candidat puisse, lors de l'élection
suivante, nommer le scrutateur ou le secrétaire.
M. le Président, cette possibilité a été
étudiée longuement par le comité qui s'est penché
sur l'étude de ces articles et l'équipe de fonctionnaires ainsi
que le ministre également qui ont travaillé là-dessus. Je
pense que la réalité municipale n'est probablement
pas la même partout. Mais il est assez rare que, dans une
municipalité, le même candidat indépendant propose sa
candidature ou se présente quatre années après avoir subi
la défaite d'année en année. S'il est élu, il peut
se représenter encore.
Mais supposons par exemple, qu'un candidat indépendant qui s'est
présenté a été battu, mais qu'il est celui qui a
obtenu le plus de voix après celui qui a été élu,
qu'est-ce qui nous dit que quatre ans après, ce candidat va être
encore candidat aux élections et dans la même municipalité
et dans le même quartier? Ce sont des cas tout à fait
exceptionnels. L'histoire nous apprend qu'en général, les
candidats indépendants battus ne reviennent pas. Dans ces conditions, il
ne nous est pas apparu intéressant, si je peux dire, de commencer
à accorder aux indépendants les mêmes privilèges qui
sont accordés aux partis politiques reconnus qui ont une certaine
pérennité et qu'en général, on est certain de
retrouver à la prochaine élection.
Maintenant, en ce qui concerne le RCM à Montréal dont
parlait le député de Jonquière, je signale qu'il s'agit
d'un parti politique et non pas d'un regroupement d'indépendants et que
si le RCM était parti à une élection étant un parti
d'Opposition, il aurait le droit de nommer le scrutateur ou le
secrétaire selon que lors de l'élection précédente,
il a élu le plus grand nombre de candidats ou le deuxième plus
grand nombre de candidats.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Là où il y a des partis politiques, il
pourrait y en avoir trois. Le troisième parti pourrait, dans certains
cas, être le deuxième qui a obtenu le plus de votes. Là,
vous me parlez de l'indépendant. Je comprends qu'il y a un point de
détail peut-être bien difficile à décrire, mais en
tout cas, dans mon idée, ce sont des possibilités. Cela peut
arriver qu'un indépendant soit élu aussi. Là, vous m'avez
parlé de battu. Supposons qu'il soit élu et qu'il décide
de continuer son mandat, il n'a aucun droit. À la prochaine
élection, il n'est pas consulté. Ce sont les partis qui sont
là qui nomment leur monde à sa place. Donc, pour lui, aucun
avantage parce qu'il a été réélu. Supposons qu'il a
été battu, si c'est le cas, à la deuxième
élection, l'élection suivante, il n'a pas de droit. Il n'est pas
là, donc, on ne lui en accorde pas. Cela devient le jeu du
deuxième et du troisième, qui sont membres de partis. Mais
l'indépendant qui aurait été élu et qui veut se
représenter au bout de quatre ans, à ce moment-là, il n'a
aucun droit. Ou bien, il y a trois partis et le troisième parti va
être le deuxième à obtenir le plus de votes. Mais s'il
disparaît entre- temps, les droits tombent avec la disparition du parti.
Cet avantaqe qu'on discute est attaché à quelque chose. Mais je
suis loin d'être convaincu que quelqu'un qui a perdu l'élection,
s'il arrive le deuxième, pourrait être tenté de se
représenter au bout de quatre ans. S'il ne se représente pas, on
ne tiendra pas compte des avantages de gens qui n'existent pas. Il doit y avoir
une raison pour laquelle vous acceptez que le parti au pouvoir ou le
deuxième qui a le plus de candidats élus ait le droit de nommer
le scrutateur et le secrétaire. Si c'est juste pour le "fun", cela me
va. S'il y a un avantaqe marqué... Il doit y avoir un avantaqe
marqué, puisqu'on l'a mis dans un article de loi. Essayons d'être
le plus juste possible pour l'ensemble des qens qui se présentent. La
démocratie, ce n'est pas seulement pour une personne, un qroupe ou deux
groupes, c'est aussi pour l'ensemble des citoyens. À mes yeux, la
démocratie ne comporte pas seulement le droit de vote mais aussi les
avantages qui sont attachés au vote.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourheau: Tout ce que je peux dire, c'est que, le milieu
municipal étant moins gros en nombre d'électeurs, nous n'avons
pas retenu certaines des dispositions de la loi provinciale, dont, entre
autres, celle traitant des indépendants. Nous n'avons pas voulu
compliquer inutilement tout le processus électoral. J'ai donné
l'ensemble des arquments que je possède» J'ai vidé mon
carquois et je ne peux pas en dire plus au député de
Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais intervenir sur un point en particulier.
Quand on parle de 100 000 habitants, on parle d'une municipalité pas mal
importante. C'est pas mal plus gros qu'un comté dans certains cas. Ville
de Lonqueuil, c'est plus qu'un comté. Ville de Montréal, c'est
plus qu'un comté, face aux 100 000 habitants, pour reprendre ce que vous
avez dit tout à l'heure. I! y a des conseillers municipaux à la
ville de Montréal qui représentent au-delà de 25 000 ou 30
000 habitants, 30 000 électeurs. Il y a pas mal de monde à la
messe dans ces cas-là. On a décidé que c'était 100
000 habitants, donc c'est assez volumineux pour qu'on les traite de la
même façon. Si le ministre ne veut pas retenir la question du
candidat indépendant qui me semble logique, au moins on pourrait retenir
la notion de parti. Si ce sont deux ou trois partis qui sont élus ou qui
ne sont pas élus mais qui ont le premier, le deuxième ou le
troisième plus grand nombre de votes, il me semble qu'on devrait les
traiter sur un pied d'égalité et non pas le meilleur par rapport
au moins
bon. On peut récompenser l'effort, mais on pourrait au moins
retenir l'objectif des partis politiques pour être démocratique.
S'ils sont deux ou trois, qu'on les traite chacun dans leur quartier. Ce n'est
pas un petit quartier de Saint-Clin-Clin, c'est un quartier de la ville de
Montréal ou de Longueuil. Je pense qu'il faudrait retenir ces points de
vue. À moins que je ne me trompe sur ce que je sais et aussi sur ce que
je sens de la démocratie et de la réalité, je ne comprends
plus rien.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufour: On va faire un amendement, en toute
déférence.
M. Bourbeau: M. le Président, si le député
n'est pas favorable, il peut toujours voter contre, il peut toujours voter sur
division.
M. Dufour: C'est sûr que je pourrais voter contre, mais je
trouve que le ministre traite ma position d'une façon trop
cavalière. Je pense qu'il mérite de se faire faire ce que je lui
ai dit, soit de le tenir ici au maximum, parce qu'il ne voulait pas collaborer.
La vérité est seulement d'un côté. Ce n'est pas vrai
ce vous dites, je m'inscris en faux contre vos prétentions et contre
votre notion d'autorité et d'"écrasage". Je n'accepterai jamais
cela. Je vous l'ai dit, vous n'avez pas non plus de "standing ovation" à
l'Union des municipalités d'après ce que je vois. De temps en
temps, il faudrait que vous décidiez quelque chose, mais au moins que
vous écoutiez ce que les autres ont à vous dire. La
démocratie, cela ne vous dit rien? On va faire un amendement. Vous le
battrez.
M. Bourbeau: Je m'excuse...
M. Dufour: On est prêt a proposer l'amendement. (16 h
15)
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait
préciser pourquoi il fait un amendement. Est-ce qu'il nous dit
pourquoi?
M. Dufour: Je pense que je l'ai expliqué. Je vais attendre
que l'amendement soit proposé et je vous l'expliquerai après.
Le Président (M. Saint-Roch): Dans l'attente de
l'amendement de M. le député de Jonquière, nous allons
suspendre pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 16)
(Reprise à 16 h 18)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaîti
La commission de l'aménagement et de3 équipements reprend
ses travaux.
Motion d'amendement
L'amendement proposé par M. le député de
Jonquière se lit comme suit: "À la cinquième ligne de
l'article 77, remplacer tous les mots après "bureau de vote" par les
mots "te candidat d'un parti autorisé qui a obtenu le plus grand nombre
de votes"... Je reprends: "Remplacer tous les mots après "bureau de
vote", par les mots "les personnes recommandées respectivement par le
candidat d'un parti autorisé qui a obtenu le plus grand nombre de votes
et par celui qui a obtenu le deuxième plus grand nombre pour chaque
district électoral". L'amendement est recevable. Est-ce qu'il y a des
commentaires concernant l'amendement de M. le député de
Jonquière? M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, tout à l'heure, le
député de Jonquière a tenté d'expliquer - je n'ai
pas très bien compris ce qu'il a dit ou ce qu'il voulait nous dire
-qu'il prendrait tout le temps qu'il faut pour faire valoir son point de vue.
Est-ce que je dois comprendre que le député de Jonquière
entend parler d'une façon indéfinie sur chaque article pour bien
montrer qu'il ne sera pas victime de la supposée
méchanceté du ministre des Affaires municipales, ou quelque chose
qui tourne autour de cela?
M. Francis Dufour
M. Dufour: Je ne sais pas si je dois répondre à la
question du ministre. Je vais juste lui dire une chose. Quand j'aurai compris
que le ministre veut travailler pour bonifier une loi municipale - ce n'est pas
une loi libérale contre une loi péquiste - il faudrait que le
ministre comprenne que c'est une loi municipale qu'on a à
étudier.
Je vais prendre le temps qu'il faut pour l'étudier à fond,
s'il y a des amendements et des suggestions qu'on peut faire, pour qu'on
réussisse à la rendre au moins compréhensible, et à
accepter d'apporter des changements en admettant que ce n'est pas la trouvaille
du siècle qu'on a devant nous. Si le ministre n'accepte pas cela, c'est
la première fois que je vois quelqu'un avec tant d'oeillères. De
ce côté-là, je vais faire mon travail à l'Opposition
et je n'accepterai pas de me faire "bulldozer" parce que vous êtes
plusieurs. Je veux bien croire qu'on peut se lamenter et pleurer sur la place
publique en disant: Vous savez, on peut bien demander à l'Opposition son
accord et sa collaboration, en autant... La collaboration, cela marche sur les
deux bords. Ce n'est pas juste une échelle qui descend. Cela monte
aussi. C'est
comme une porte: cela ouvre et cela ferme. Je comprends que le ministre
est ouvert. C'est rare qu'on voit une loi avec 891 articles et parfaite au
départ. La preuve, cela a pris 350 articles déposés, il y
a 350 amendements; vous l'avez récrite et vous n'êtes pas encore
branchés sur certains articles. Un instant! II faut prendre le temps. Ce
n'est pas une loi d'enfant d'école qu'on adopte, c'est une loi pour les
élections municipales et les référendums.
L'importance que j'y attache est peut-être plus grande que celle
que vous y attachez, mais je ne prétends pas avoir seul la
vérité. Mais, au moins, on va creuser chaque article si cela a du
bon sens. Où il n'y avait pas de problème, comme à
l'article 76, on l'a adopté tout de suite. Là, on est à
l'article 77 et je pense que j'ai des arguments à faire valoir. Si vous
voulez battre l'amendement, vous le battrez, mais je pourrai dire un jour:
C'est ce qu'on a proposé et c'est ce qu'on a suggéré mais
le ministre n'a pas voulu comprendre. Cela va bien; il y a presque deux partis
un peu partout. Le jour où il y aura trois ou quatre partis, il faudra
peut-être que vous respectiez les partis qui seront là. Sans cela,
vous respecterez deux partis et vous mettrez les autres de
côté.
Il me semble que l'amendement que je fais n'est pas du boycottage ni un
"filibuster". C'est une question de bon sens. Si le ministre veut comprendre
cela et s'il veut collaborer, je pense qu'on va sortir une loi correcte. Les
élus municipaux seront bien plus contents. C'est pour les
municipalités qu'on fait cela, certainement pas pour mon profit.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Si je comprends bien ce que dit le
député de Jonquière, quand il n'est pas d'accord avec la
rédaction d'un article de loi et qu'on échange sur les raisons
pour lesquelles le gouvernement a choisi telle phraséologie plutôt
qu'une autre, le député de Jonquière estime, à ce
moment-là, que c'est de l'entêtement de ne pas céder
à tout coup à ses demandes. Je signale, M. le Président,
que nous avons déjà accepté, au cours de l'étude de
ce projet de loi, des amendements du député de Jonquière
et, chaque fois qu'il propose un amendement, nous soupesons cet amendement pour
voir s'il améliore le projet de loi, s'il est neutre ou s'il le diminue.
Dans tous les cas où les amendements n'amélioreront pas le projet
de loi, je peux dire dès maintenant au député de
Jonquière que nous ne les accepterons pas. Il n'est pas question de
céder au chantage que nous fait le député de
Jonquière, à plusieurs reprises d'ailleurs, depuis le
début de la commission, alors qu'il nous dit qu'il va parler ad
infinitum, qu'il va nous chloroformer jusqu'à la fin des temps en
espérant qu'on cède finalement à ce genre de chantage. M.
le Présidents je ne céderai pas à ce qenre de chantage.
Les amendements rédiqés, comme celui que vient de faire le
député de Jonquière sur le coin de la table, sur
l'inspiration du moment...
M. Dufour: Ah! Non, non.
M. Bourbeau: ...ce n'est pas ce genre d'amendement qui va nous
impressionner et qui va faire en sorte que nous allons bousculer et triturer un
projet de loi qui a pris de trois à quatre ans de préparation par
des experts en la matière. Je n'accepterai certainement pas de ravaler
un projet de loi à un niveau inacceptable uniquement pour aller
quémander l'approbation du député de Jonquière ou
celle de l'Opposition. C'est très facile pour le député de
Jonquière de parler durant des heures et des heures et de forcer cinq ou
six députés de la majorité gouvernementale à
assister à toutes ces séances, alors que le député
de Jonquière, lui, est seul. Personne de son parti ne se
présente, donc il ne fait perdre de temps à personne de sa propre
formation politique. C'est très facile, M, le Président. Il peut
avoir l'adhésion de son parti pour faire ce qu'il fait; il est le seul
à s'ennuyer et à nous ennuyer.
M. le Président, je vous signale que plusieurs
députés acceptent le chemin de la croix que nous impose le
député de Jonquière depuis plusieurs jours et je
déplore simplement qu'il n'ait pas plus de respect pour ses
collègues. Cela étant dit, M. le Président, si le
député de Jonquière veut y aller de ses 20 minutes, qu'il
y aille. On va l'écouter avec une grande attention, la même
attention qu'on apporte toujours à ses discours, d'ailleurs.
M. Dufour: Je soulèverais peut-être une question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Dans les droits des parlementaires, ce n'est pas tout
à fait ainsi que cela se passe. On n'est pas à la merci du
gouvernement pour prendre nos décisions, pour faire nos suggestions ou
nos amendements ou pour la façon dont on se comporte. II y a des
règles normales.
Le ministre a droit à ses prétentions et à ses
idées. Je vais les lui laisser, mais je vous dis une chose: il ne
répond pas nécessairement aux critères de base qu'il s'est
donnés, à savoir qu'il faut harmoniser les lois et essayer de
voir si cela correspond
au provincial. Ce n'est pas moi qui ai écrit cela, c'est lui. On
dirait qu'il n'a pas encore découvert ou qu'il n'a pas lu son projet de
loi.
Examinons l'amendement que j'ai apporté. Je n'ai pas de scrupule
du tout et cela ne me dérange pas plus que cela. Si les gens s'ennuient
trop, ils vont s'en aller; on n'aura pas quorum et on ne siégera pas. Ce
n'est pas plus grave que cela. Je pense que c'est une preuve de
démocratie et je suis démocrate en ce sens. J'accepte qu'il y ait
des règles, qu'on les respecte et qu'on les suive.
Ce que j'avais à l'idée, et c'est ce que j'ai
proposé, c'est, lorsqu'il y a une élection municipale, est-il
nécessaire ou obligatoire qu'il y ait un, deux, trois ou quatre partis
politiques? Je pense que la Loi électorale permet qu'en observant
certaines normes il puisse y avoir plus de deux partis politiques dans une
municipalité. Si c'est vrai qu'il y a des droits, reconnaissons les
droits des partis politiques, tout au long du processus électoral. On
parle de processus électoral de grosses municipalités. On ne
parle pas de petites municipalités, on parle de grosses
municipalités où le conseiller municipal est très
près, dans certains cas, du député provincial en ce sens
qu'il y a un grand nombre d'électeurs. Donc, il n'y a pas de danger de
distorsion du nombre de votes aussi grand. Dans les faits, qu'est-ce qui se
produit si un ou deux partis politiques ont un plus grand nombre de candidats
élus? À ce moment-là, ils ont le droit de nommer les
scrutateurs à chaque bureau de vote, ce qui fait que ce parti, qui a
déjà la facilité de se procurer de l'argent par la
cueillette de fonds électoraux, qui a déjà un meilleur
système de recherche, est plus favorisé que l'autre parti qui
aurait obtenu un moins grand nombre de candidats. Ceci a pour effet de le
défavoriser pour la collecte des fonds électoraux. Il a ainsi
moins de fonds disponibles pour la recherche et, en même temps, le
handicap, même si un certain nombre de ses candidats sont élus
dans certains quartiers, d'avoir les mêmes critères, d'être
soumise aux mêmes normes que les autres partis politiques en lice.
Il est évident que, dans certains cas, il pourrait y avoir trois
partis politiques dans une municipalité et même quatre.
Souvenons-nous qu'à Montréal, pendant un certain temps, il y a eu
quatre à cinq partis politiques. Les avantaqes que mon amendement
pourrait conférer, il me semble, découlent d'une logique certaine
puisque c'est rattaché au nombre de votes que le candidat, que le parti
a reçus dans un quartier. Est-ce que cela fausserait la
démocratie? Je pense que, au contraire, cela la favoriserait. La
démocratie fonctionne par le pouvoir de se remplacer ou de se
succéder les uns par rapport aux autres, selon la volonté du
vote.
À ce moment-ci, dans des quartiers, même si des candidats
avaient obtenu plus de votes, ils seraient à la merci du parti qui a
obtenu le plus grand nombre de candidats. Donc, ce n'est pas rattaché au
fait de savoir si on a obtenu plus ou moins de votes; c'est rattaché au
nombre de candidats que l'on a fait élire. Contrairement à ce qui
est devant nous, à ce qui est écrit dans l'article et en
examinant les notes explicatives auxquelles on doit se référer.
Elles ont été écrites pour certains
éléments, on veut l'harmonisation des règles aux paliers
provincial et municipal; c'est le financement.
Quand on regarde les procédures électorales, compte tenu
des exiqences du contexte municipal, je pense qu'on ne va pas à
l'encontre de ce qui est écrit là: "avec les règles
applicables lors des élections provinciales en vertu de la Loi
électorale du Québec." À aucun moment, dans la Loi
électorale du Québec, on ne permet au parti qui a le plus de
députés élus de nommer tous les scrutateurs dans
l'ensemble des districts électoraux du Québec. Au contraire, on
s'efforce de favoriser la véritable démocratie qui s'applique
à l'individu. Il y a une démocratie qui s'applique à
l'ensemble des individus, mais il y a aussi une démocratie et une
justice qui s'applique à chaque individu.
Ce qu'on a devant nous comme première proposition, c'est qu'on
veut favoriser un parti par rapport à des candidats appartenant à
d'autres partis. Je ne vois pas de quelle façon on pourrait harmoniser
la loi électorale municipale avec la loi provinciale en maintenant
l'article tel que libellé. Au contraire, il y a place à
l'amélioration. Il y a place aussi à reconnaître dans les
faits que chaque individu ou chaque candidat est égal devant la loi.
Chaque parti politique aussi a ses particularités. Chaque parti
politique, par essence même, est là dans le but de remplacer le
parti qui est en place ou vice versa. C'est une bonne façon, non pas de
les favoriser, mais de les traiter sur un pied équitable et un pied
d'égalité. (16 h 30}
Si cela était seulement une question de favoriser l'un par
rapport à l'autre, je trouve que cela ne serait pas correct. C'est ce
qu'on a devant nous dans l'article principal. Donc, il y a beaucoup
d'éléments qui nous permettraient de donner suite à
l'amendement que j'ai proposé puisque cela a pour effet de favoriser
chaque parti, dans son essence même, du favoriser les candidats qui ont
fait l'effort - on veut amener des gens à se présenter en
élection - donc qu'on leur reconnaisse aussi que l'effort est
récompensé jusqu'à un certain point. Sans cela, on
s'amène avec obligatoirement des luttes de parti. Le troisième
parti va avoir de la difficulté à trouver sa place. Il va avoir
de
la misère à se maintenir, même s'il est reconnu dans
quelques quartiers, s'il n'a pas droit aux mêmes avantages que les autres
partis.
Il me semble que c'est un élément important. De quelle
façon peut-on déterminer que les partis les meilleurs sont le
premier ou le deuxième et qu'il n'y a pas de place à
amélioration? De la façon que l'article est libellé, on
reconnaît deux partis et on ne veut pas en reconnaître trois.
 ce moment-là, il va falloir s'interroger sérieusement.
Est-ce qu'on ne devra pas corriger la loi pour reconnaître un
troisième parti lorsqu'il y a déjà deux partis
autorisés? On le reconnaît, oui, mais dans les faits, on nie son
existence parce qu'on ne le traite pas de la même façon que les
deux autres. Cela n'est pas de nature à favoriser ta démocratie.
La démocratie n'est pas juste ce qui est écrit, c'est aussi ce
qu'on vit. Ce qu'on appelle l'apparence... Il faut que les gens voient
l'apparence et que la démocratie soit appliquée. Par rapport
à ce qu'on a devant nous, il n'y a pas grand place pour un
troisième parti. On veut favoriser les gens à se présenter
aux élections. Dans les grosses municipalités, on veut
reconnaître jusqu'à un certain point que la venue d'un parti
politique sur la scène municipale peut favoriser la démocratie.
On veut aussi reconnaître à ces gens une valeur certaine dans le
processus démocratique. Donc, à mes yeux, on devrait
reconnaître aussi que chaque candidat d'un parti autorisé a les
mêmes droits devant la loi, c'est-à-dire que s'il obtient plus de
votes que l'autre, que celui qui obtient le plus grand nombre de votes et est
élu, il aurait le droit de nommer son scrutateur à
l'élection suivante à ce moment-là. S'il n'obtient pas...
C'est un vote? Non.
S'il obtient le deuxième plus grand nombre de votes, à ce
moment-là, c'est le candidat de ce parti autorisé qui, à
mes yeux, devrait avoir le droit de nommer le secrétaire en regardant et
examinant chaque quartier individuellement. On parle de quartiers assez
populeux où il y a suffisamment de monde pour justifier cette mesure.
D'une part, je pense qu'on a reconnu que c'était 100 000 habitants et
plus. Donc, c'est une grosse municipalité et en même temps, c'est
un gros quartier électoral. Au point de vue du vote, cela pourrait
favoriser le candidat qui est déjà en place. Je ne peux pas
être contre cela. Mais favoriser le parti comme tel, c'est très
différent. Favoriser un individu qui a déjà reçu
l'aval de ses électeurs, cela me semble correct. Mais favoriser un
individu dans des quartiers où les électeurs ne se sont pas
prononcés majoritairement pour le parti en place, je ne vois pas sur
quel principe on s'appuie pour dire que, nonobstant cela, on va le payer
plus.
Supposons qu'il y ait autant de municipalités que de quartiers...
C'est un peu tout cela quand on fait des quartiers dans les
municipalités, c'est pour donner une meilleure
représentativité aux individus. Donc, ces individus sont
payés aussi par les électeurs. En même temps, les
dépenses électorales sont payées par les électeurs
de ces quartiers ou de cette municipalité, Cela permettrait à ces
gens de savoir et de pouvoir dire qu'ils ont payé des coûts
d'élections qui sont proportionnels à leur intention de vote.
S'ils votent pour un parti par rapport à un autre, c'est qu'ils veulent
favoriser ce parti.
Quand vient le temps de répartir les dépenses, c'est
exactement le même phénomène qu'on introduit. Les gens qui
ont été introduits ou qui ont suivi le processus électoral
veulent payer leur quote-part selon aussi leur juqement et leur choix. Par
l'article qui est sans l'amendement, on ne reconnaît pas à ces
gens-là leur droit. Car on dit oui, ils avaient le droit au point de vue
électoral de choisir qui ils voulaient mais quand vient le temps
d'engager, on ne vous donne plus ce droit. Pourtant, on le reconnaît pour
les partis politiques mais on ne le reconnaît pas pour les individus
comme tels. Pour plus de cohérence, il faudrait normalement que les gens
qui votent pour des individus puissent, en gros, être capables de payer
pour les représentants qu'ils veulent bien se donner ou se choisir. Ce
serait de nature à favoriser les partis politiques comme tels sans les
nommer expressément, sans que cela soit seulement deux, puisque la loi
reconnaît qu'il peut y avoir plus de deux partis politiques. Le
président d'élection peut reconnaître trois ou quatre
partis politiques. Si c'est vrai, reconnaissons-le pas seulement au point de
vue de former un parti politique mais aussi dans tout le long du processus
électoral. À quoi cela sert-il d'avoir un processus
électoral qui nous dit qu'on a le droit d'avoir autant de partis
politiques que la loi peut nous reconnaître si dans les faits,
vis-à-vis d'un processus d'élection, il y en a seulement deux qui
sont reconnus comme tels?
C'est pour cela que j'insiste sur la valeur de l'amendement que je
propose. Je pense que c'est défendable par rapport aux partis qui sont
en place, par rapport à des partis à venir, par rapport aussi
à ta Loi électorale provinciale qui a été
sanctionnée le 21 décembre 1984 et qui disait à l'article
225: "Dans chaque bureau de vote, le directeur du scrutin nomme comme
scrutateur la personne recommandée par le candidat du parti
autorisé - donc, ce n'est pas par cinquante partis - dont le candidat
s'est classé premier lors de la dernière élection ou par
le député indépendant élu comme tel s'il se
présente à nouveau". Il me semble que la Loi électorale
provinciale est
pas mal plus ouverte. On est en train de discuter d'une loi qui est
fermée. On parle même des candidats indépendants. On nomme
comme secrétaire du bureau de vote la personne recommandée par le
candidat du parti autorisé dont le candidat s'est classé
deuxième lors de la dernière élection. Je n'ai rien
inventé. Je ne suis même pas assez loin dans mon amendement.
Cela donne lieu à un deuxième amendement que je devrais
proposer tout à l'heure. C'est une loi qui a pour effet d'harmoniser les
lois. On ne les harmonise pas, cela ne se tient pas ensemble. Il faut faire un
effort de ce côté. Je ne suis pas en chicane contre le ministre,
je voudrais qu'il comprenne cela, qu'il l'accepte et qu'il soit cohérent
avec ce qui est inscrit là.
Si on veut traiter la loi comme une loi municipale par rapport à
une loi provinciale, il a ma collaboration. Mais si c'est une bataille
péquistes contre libéraux, je ne marche pas. Je le dis
carrément. Le secteur municipal sera toujours une section
électorale différente ou une section d'administration
différente. Il me semble que c'est un gouvernement, les élus
municipaux. Traitons-les comme tels. C'est toujours le pouvoir par rapport
à un autre pouvoir, n'essayons pas de faire des luttes
électorales avec cela. J'essaie de bonifier ce qui est contenu dans la
loi. J'essaie d'améliorer le texte et le processus électoral qui
permettrait à des individus d'être égaux devant la loi,
d'avoir les mêmes avantages et désavantages et de faire face aux
mêmes obligations et aux mêmes règles. Si ce qui est contenu
dans l'article 225 n'est pas correct, je pense que le ministre devrait
s'efforcer de dire que l'amendement va l'améliorer pour en faire une
copie, autant que passible. C'est possible qu'il ressemble au projet de loi 19
présenté le 13 décembre 1984. Je pense que l'article 225,
que je viens de vous lire, est très clair et prouve hors de tout doute
que les électeurs au provincial sont mieux traités -on a un
exemple - que les... Pardon. C'est-à-dire que les candidats ou ceux qui
sont élus sont mieux traités qu'au provincial. Qu'est-ce qu'on
est en train de proposer? Il me semble que le ministre devrait consulter pour
bonifier sa loi. J'espère que le message est clair. Ce n'est pas une
lettre d'un péquiste à un libéral, c'est une loi
municipale par rapport au gouvernement provincial. Si on accepte cela, on va
ramasser des choses qui sont intéressantes. Les gens se
reconnaîtront mieux dans les lois. C'est cela qu'il faut faire. S'il y a
moyen de copier ce qui se passe, on fera des choses qui vont se ressembler et
les gens vont mieux se reconnaître. Les uns par rapport aux autres, ils
vont savoir que, lorsqu'on travaille dans une loi municipale ou dans une loi
provinciale, pour tout ce qui est acceptable et pour tout ce qui est semblable,
on peut les amener à acheminer ensemble. C'est cela: éclaircir et
donner de l'ampleur, de la valeur à une loi et en même temps aider
les gens à mieux exercer leurs droits et à mieux les
reconnaître.
Souvent, on veut changer les uns par rapport aux autres en disant: II y
a des façons différentes de traiter les choses, mais une
élection - pour en avoir fait quelques-unes - cela se ressemble pas mal.
Il faut essayer d'obtenir que cela se ressemble beaucoup - pas seulement pas
mal - et il y a une façon de le faire, c'est de reconnaître les
partis dans les faits, dans les décisions et dans l'administration.
C'est cela qu'on appelle l'économie des lois, c'est d'essayer de
regarder les choses qui sont semblables et de les traiter d'une façon
semblable.
Ce sont beaucoup de raisons qui font que je crois à cela.
Même s'il y avait trois partis politiques, on n'a pas le droit de les
bousculer. Comme légisiateurs, on doit les respecter au même titre
s'il y en a deux que s'il y en a quatre. S'il y en avait quatre, ce serait la
même chose. Tantôt des électeurs pourraient trouver que le
troisième parti est plus fin que le deuxième. On ne peut pas nier
aux électeurs, sinon on leur nie le droit d'avoir un troisième
parti. Ce n'est pas ce que la loi dit; donc, reconnaissons dans les faits ce
qui existe vraiment et ce qui se passe dans la réalité ou
enlevons carrément toute possibilité que les partis nomment des
scrutateurs et des secrétaires. Qu'on revienne à la formule qu'on
avait auparavant. Je pense qu'on a des choix: qu'on rejette complètement
ce qu'on a devant nous ou qu'on harmonise la loi par rapport au Code municipal.
Qu'on harmonise la Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités avec la Loi
électorale, parce que c'est possible de le faire dans ce cas, ou
annulons complètement l'article et revenons à ce qu'on avait
avant. À ce moment-là, on ne se chicanera plus. Cela va marcher
comme cela. Le monde va se reconnaître. On va avoir fait un changement
qui n'aura pas amélioré la loi actuelle, au contraire on va avoir
favorisé deux partis par rapport à ce qui existait. Je pourrais
continuer à argumenter, mais je pense que j'ai donné suffisamment
de points positifs pour permettre de prendre une décision
éclairée.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement proposé par M. le député de
Jonquière?
Est-ce que l'amendement proposé par M. le député de
Jonquière est accepté?
Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'en déduis que
l'amendement est rejeté. Nous entreprenons maintenant...
M. Dufour: II faut le dire.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
rejeté, M. le député de Jonquière.
Reprise de l'étude
Nous revenons maintenant à l'article 77. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 77?
M. Dufour: Un instant.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 77?
M. Dufours II y a un autre amendement que je voudrais vous
proposer, M. le Président. Que l'article 77 soit biffé.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission va suspendre
ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 47)
(Reprise à 16 h 57)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend maintenant ses travaux.
Concernant la recevabilité de l'amendement proposé par M.
le député de Jon-quière que l'article 77 soit
biffé, après étude, M. le député de
Jonquière, concernant la recevabilité de votre motion, la
question qui se pose en tant que président, est à savoir si on
peut, par le biais d'un amendement, proposer de biffer des articles d'un projet
de loi? Tel qu'établi par notre jurisprudence, une motion d'amendement
ne visant qu'à supprimer un article est irrecevable. Je déclare
donc votre amendement comme étant irrecevable en me basant sur
Geoffrion, article 56 et tel qu'exprimé par la doctrine de Beauchesne,
cinquième édition, no 773.
M. Dufour: Est-ce que cela veut dire qu'on ne pourra biffer aucun
article de projet de loi?
Le Président (M. Saint-Roch): Cela veut dire, M. le
député de Jonquière, qu'on peut amender, on peut
soustraire des mots, on peut corriger ou remplacer des mots, mais on ne peut
pas faire un amendement pour biffer un article complètement. Si nous ne
sommes pas d'accord, il suffit de voter contre l'article en question.
M. Dufour: Si le ministre lui-même décidait de faire
disparaître un article, pourrait-il le faire?
Le Président (M. Saint-Roch): À ce
moment-là, c'est l'article 195 de notre règlement qui s'applique:
Que seul l'auteur d'une motion - dans le cas d'un projet de loi public, M. le
ministre est considéré comme étant le propriétaire
ou l'auteur de la motion - peut retirer des articles de loi.
Votre amendement étant maintenant irrecevable, M. le
député, nous en revenons à l'article 77.
M. Dufour: J'aurais un autre amendement à proposer.
À la quatrième ligne de l'article 77, remplacer tous les mots
après "nomme comme" par les mots "le scrutateur et le secrétaire
du bureau de vote".
M. Bourbeau: ...de l'amendement M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement de M. le
député de Jonquière se lit comme ceci: À la
quatrième liqne de l'article 77, remplacer tous les mots après
"nomme comme", par les mots "le scrutateur et le secrétaire du bureau de
vote."
Une voix: Cela n'a pas de sens.
M. Dufour: ...biffer tout ce qui reste de l'article.
M. Bourbeau: "Le scrutateur et le secrétaire de bureau",
cela n'a pas de sens! C'est un amendement qui n'a pas de sens.
M. Dufour: On va le lire de la façon dont on veut
l'avoir.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement tel qu'il vient
d'être corrigé se lirait comme ceci: À la quatrième
ligne de l'article 77, remplacer tous tes mots après "nomme" par les
mots "le scrutateur et le secrétaire du bureau de vote".
Nous allons suspendre nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 heures)
(Reprise à 17 h 3)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend maintenant ses travaux. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur la recevabilité de l'amendement proposé par M.
le député de Jonquière?
M. Bourbeau: M. le Président, si on ampute l'article 77 de
tous les mots qui
suivent le mot "nomme" en quatrième ligne, on revient à
dire que dans les municipalités de 100 000 habitants et plus, le
président d'élection nomme les scrutateurs et les
secrétaires. Or, c'est exactement ce que dit également l'article
76 précédent. Si je me souviens bien, le député de
Jonquière nous a dit que te législateur n'est pas censé
parler pour rien dire. Dans le cas présent, nous aurions un cas
classique d'un législateur qui dirait deux choses. Il dirait à
l'article 76 que le président d'élection nomme le scrutateur et
le secrétaire pour chaque bureau de vote, et à l'article 77 il
préciserait que dans les municipalités de 100 000 habitants et
plus, il fait la même chose. On ne comprendrait pas pourquoi le
législateur a pris la peine de faire cette distinction et il y aurait
certainement de savants avocats qui commenceraient à se poser des
questions, se demandant pourquoi on a pris la peine de dire deux fois la
même chose. Est-ce qu'on a voulu établir un régime
différent pour les municipalités de 100 000 habitants et plus, et
avec toutes les incertitudes que cela pourrait créer? De plus, M. le
Président, cela va aussi à l'encontre de l'objet de l'article 77,
qui est justement d'instaurer un régime de nomination partisane. Cela
heurte de front l'objet même de l'article 77. Dans ces conditions, M. le
Président, je vous soumets que l'amendement est irrecevable.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, est-ce qu'il y a des remarques concernant la
recevabilité de votre amendement?
M. Dufour: II faut essayer d'examiner... On a voulu faire un
statut spécial aux habitants de municipalités de 100 000
habitants et plus. Est-ce que le statut qu'on veut créer exige de la
part du législateur qu'on soit exactement différent? À ce
moment-là, on aurait à faire éliminer un certain nombre
d'articles dans la loi. Si on fait un statut particulier aux
municipalités de 100 000 habitants, on a le droit, même si la
municipalité est plus populeuse, de continuer à faire jouer le
même régime que pour les autres municipalités. À ce
moment-là, cela donne l'intention et l'idée du législateur
pour tenir des élections dans une municipalité. Dans mon esprit,
c'est juste cela que cela ajoute. C'est dans le but de dire aux gens que
même s'ils ont 100 000 habitants et plus, c'est de cette façon que
le régime électoral s'applique, à moins qu'on ne me dise
qu'il n'y a absolument rien qui touche à des places où il y a 100
000 habitants et plus quelque part dans la loi. S'il y a juste là
où on dit qu'il y a 100 000 habitants, on pourrait dire oui, cela serait
superflu. Mais s'il y a plus d'un article qui parle de 100 000 habitants et
plus comme municipalité, je pense que cela ne serait pas un surplus de
pouvoir marquer exactement ce que l'amendement propose.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Nous allons suspendre pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à 17 h 6)
(Reprise à 17 h 8)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Jonquière, concernant la
recevabilité de votre amendement, j'aimerais vous rappeler nos
règles de procédure. L'article 197 dit: "Les amendements doivent
concerner le même sujet que la motion et ne peuvent aller à
l'encontre de son principe. Ils ne visent qu'à retrancher, à
ajouter ou à remplacer des mots."
Après analyse de l'article 77, le principe qui y est introduit
est que le président d'élection nomme le scrutateur et le
secrétaire, suivant la recommandation du parti et, respectivement, par
le parti qui a fait élire le plus grand nombre de candidats. Â
l'article 77, on a introduit une notion de parti. Accepter l'amendement tel que
vous le proposez, viendrait - à mon humble avis - à l'encontre du
principe introduit à l'article 77. Pour cette raison, je déclare
votre amendement non irrecevable.
Nous en revenons maintenant à l'article 77. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions à l'article 77?
M. Dufour: Concernant votre décision, si je regarde
l'article 197, je n'arrive pas aux mêmes conclusions. Je comprends que
vous avez le droit de maintenir vos décisions.
M. Bourbeau: Question de règlement, M. le
Président. Si j'ai bonne souvenance, il n'est pas permis de
contester...
M. Dufour: Je n'ai pas contesté.
M. Bourbeau: ...les décisions du président ou
même de les commenter. Je pense que le député de
Jonquière devrait faire comme on a fait dans le passé. Chaque
fois que le président a déclaré recevables les motions,
nous avons accepté la décision de la présidence. Dans le
cas présent, je pense que le député de Jonquière
devrait faire la même chose.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous revenons maintenant à l'article 77. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 77?
M. Dufour: On parle de l'égalité entre les partis
qui ont fait élire le deuxième plus grand nombre de candidats
pour rétablir leur rang. Qu'est-ce que cela pourrait changer ou en quoi
cela peut-il aider par rapport è l'application du premier article?
Est-ce que cela veut dire qu'ils auraient chacun le même nombre de
candidats élus?
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait
résumer sa question, s'il vous plaît?
M. Dufour: "En cas d'égalité entre les partis ayant
fait élire le deuxième plus grand nombre de candidats...". Oisons
qu'il y a deux partis... On ne parle pas dé trois, mais de deux partis
qui ont fait élire le plus grand nombre de candidats, "leur rang aux
fins du premier alinéa est établi", cela veut dire que celui qui
a fait élire le plus de candidats a le droit de nommer le scrutateur et,
le deuxième, le secrétaire. De la façon dont c'est
écrit, il pourrait arriver... Prenons un problème possible.
Quatorze conseillers, sept d'un bord et sept de l'autre, c'est le nombre
d'élus. Ce n'est pas égal. Cela pourrait être six-huit, non
cela ne se peut pas. Treize conseillers: sept d'un parti et, de l'autre parti,
six plus le maire, cela ferait sept-sept. Est-ce que cela pourrait arriver
comme cela?
M. Bourbeau: Oui, c'est exact.
M. Dufour: Bon. À ce moment-là, il faut additionner
les votes de l'ensemble des quartiers et du maire. Est-ce que le maire sera
compté comme un conseiller?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
M. Dufour: À ce moment-là, c'est un problème
difficile qui se poserait. Je ne sais pas jusqu'à quel point... J'essaie
de jouer avec cela pour voir de quelle façon cela pourrait arriver.
C'est quelque chose d'un peu spécial. C'est juste le maire qui est
élu par l'ensemble des votants de la municipalité. Donc, cela lui
en donne pas mal plus.
M. Bourbeau: Oui, mais son adversaire, le candidat à la
dernière élection aussi a été élu par
l'ensemble des contribuables. Donc, il en a eu pas mal plus lui aussi.
M. Dufour: Cela aurait été plus facile si vous
aviez accepté mon amendement.
M. Bourbeau: C'est une question d'opinion, M. le
Président.
M. Dufour: C'est plus qu'une question d'opinion. Je vais vous le
démontrer.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. Dufour: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 77 est
adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 78.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 78 impose un
délai pour la transmission des recommandations des partis en vue de la
nomination des scrutateurs et des secrétaires des bureaux de vote. La
date limite du seizième jour précédant le scrutin
correspond au septième jour qui suit celui où l'on sait si un
scrutin devra être tenu.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Il serait possible que le chef du parti, pour une
raison ou pour une autre, décède. S'il décède, pour
une raison ou pour une autre et que personne n'est désigné,
qu'arrive-t-il? Là, ce n'est pas une municipalité de 100 000
habitants; cela peut être une municipalité de 20 000 habitants. Il
se pourrait qu'il y ait un chef et qu'il n'y ait pas...
M. Bourbeau: M. le Président, si le parti n'a pas
nommé de nouveau chef dans les 30 jours selon ce qui est prévu
aux articles 364 et suivants, à ce moment-là, il n'y aurait pas
de nomination et c'est le président d'élection qui
procéderait aux nominations.
M. Dufour: Mais là, c'est le seizième jour
précédant celui fixé pour le scrutin. Il a du
vingt-troisième au seizième, donc c'est pour nommer le scrutateur
et le secrétaire. Il pourrait arriver que le chef du parti
décède. À ce moment-là, vous l'oubliez
complètement?
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 78 dit qu'à
une date précise, nommément le seizième jour
précédant le scrutin, des recommandations partisanes doivent
parvenir au président d'élection de la part du chef d'un parti.
Si aucune recommandation ne parvient à cette date, soit parce que le
chef de parti ne les transmet pas, soit parce qu'il n'y a pas de chef de parti,
à ce moment-là, le président d'élection nomme
lui-même les scrutateurs et les secrétaires de bureau.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, il y a peut-être juste un point. C'est le
chef du parti ou la personne qu'il désigne. Donc, c'est le
président du parti qui doit désigner. Ce n'est pas le parti qui
désigne la personne. Si le chef du parti décédait - je
suppose que cela peut arriver - il ne peut plus nommer. Cela veut dire que la
partie...
M. Bourbeau: ...
M. Dufour: Bon. Il faudrait qu'il se nomme un nouveau chef. Donc,
le parti serait pénalisé. Le deuxième parti qui a moins de
votes pourrait nommer le scrutateur et l'autre ne serait pas là.
M. Bourbeau: M. le Président, bien sûr, si le chef
est décédé, il ne peut pas nommer quelqu'un d'autre. Il ne
peut pas transmettre son pouvoir à quelqu'un d'autre. À ce
moment-là, il y a une seule alternative; le parti doit nommer un nouveau
chef dans le temps imparti - cela fait des mois qu'ils se rassemblent mais en
tout cas - dans le temps mentionné à l'article 78, soit jusqu'au
seizième jour précédant le scrutin. Et si le parti ne
s'est pas suffisamment dépêché pour nommer un nouveau chef
qui, lui, aurait recommandé tes scrutateurs ou les secrétaires du
bureau d'élection, à ce moment-là, c'est le
président d'élection qui, à défaut de
recommandation d'un chef de parti, nommera lui-même soit le scrutateur
soit le secrétaire du bureau de vote.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufour: Est-ce que, dans la loi, celui qui agit comme chef du
parti peut être obligé de nommer une personne qui l'assiste comme
chef?
M. Bourbeau: C'est non, M. le Président.
M. Dufour: C'est non? Cela veut dire que le parti doit
prévoir, dans ses statuts nécessairement, l'obligation au chef de
nommer la personne. Cela pourrait être le parti aussi qui
décide.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 78? Est-ce que l'article 78 est
adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 79.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 79 permet au
président d'élection de nommer le scrutateur ou le
secrétaire de son choix si le parti intéressé n'a pas
transmis sa recommandation à temps, si la personne recommandée ne
peut ou ne veut pas agir ou si la partie a perdu son autorisation. C'est un peu
ce qu'on a dit tout à l'heure, si la recommandation n'arrive pas
à temps, le président d'élection lui-même
procède aux nominations.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 79? M. le député.
M. Dufour: Je comprends exactement ce que cela veut dire, mais vu
notre opposition à l'adoption de l'article 77 parce qu'il y a seulement
deux partis favorisés par ces articles, autant par l'article 78 que par
79, c'est évident qu'on sera obligé, pour être
cohérent avec la prise de position de l'article 77, de voter sur
division. Parce que, encore là, on nie au troisième parti ou
à la personne qui a eu le plus de votes sur un siège, de subir le
même traitement ou les mêmes avantages. Donc, c'est dans ce sens
que je serai obligé d'inscrire ma division.
Le Président (M. Saint-Roch): Donc l'article 79 est
adopté sur division?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 80.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 80 décrit
les fonctions générales du scrutateur en prenant modèle
sur la Loi électorale du Québec, elle-même copiée
par la charte de la ville de Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 80?
M. Dufour: Juste certaines analogies avec des articles qui ont
été adoptés. Il me semble que, dans cet article, on a
trouvé le moyen de dire que le scrutateur devait s'assurer du bon
déroulement du scrutin, maintenir le bon ordre, contrairement au
président d'élection, on est obligé de faire un article
particulier pour lui dire que c'est cela sa "job". Je trouve que la ville de
Québec avait une belle façon d'expliciter les
responsabilités du scrutateur.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? Est-ce que l'article 80 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 81.
M. Bourbeau: L'article 81 décrit les fonctions
générales du secrétaire du bureau
de vote en prenant modèle sur la Loi électorale du
Québec elle-même copiée par la charte de la ville de
Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 81? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: II y a aussi la responsabilité d'appliquer la
loi telle quelle. Le scrutateur peut demander, tout comme le secrétaire,
l'assermentation ou autre... lors du déroulement du vote. S'il n'y a pas
de représentant de partis qui les assiste ou qui les surveille; en fait,
ils deviennent des représentants de partis. En forçant, ils
n'auraient pas besoin de nommer personne pour représenter les candidats;
ils seront payés par la municipalité.
Le secrétaire du bureau de vote qui inscrit "dans le registre du
scrutin les mentions relatives au déroulement du vote et d'assiter le
scrutateur" ...pourrait aussi, dans certains cas, demander à quelqu'un
de l'assermenter, etc. Il est obligé de l'inscrire, mais ils peuvent
aussi agir... Quand on parle d'agir pour un bureau de vote... s'ils ne savent
pas trop trop qui est la personne devant eux, etc.
M. Bourbeau: Le député pourrait peut-être
remarquer que le huitième mot de la phrase est "notamment". "Le
secrétaire du bureau de vote a notamment pour fonction...", ce qui veut
dire que les fonctions inscrites ici sont les fonctions principales et
générales, mais qu'il y a d'autres fonctions accessoires, si je
puis dire, qui sont regroupées sous le vocable "notamment".
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 81 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 82.
M. Bourbeau: L'article 82 oblige le président
d'élection à nommer, pour chaque local où se trouvent au
moins cinq bureaux de vote, un préposé à l'information et
au maintien de l'ordre, soit un PRIMO. Cette nomination est facultative, dans
le cas où tous les bureaux sont regroupés dans un seul local, car
alors le président d'élection peut lui-même jouer le
rôle de PRIMO ainsi que dans le cas d'un local regroupant moins de cinq
bureaux, car alors la présence d'un PRIMO est moins nécessaire.
Le PRIMO est un membre du personnel électoral dont l'existence est
actuellement officialisée dans la Loi électorale du
Québec, copiée sur ce point par la ville de Québec.
Officieusement cependant, les présidents d'élection des
municipalités d'une certaine importance ont, depuis longtemps, pris
l'habitude de nommer de tels responsables de salle, soit en utilisant des
dispositions spécifiques comme dans le cas des chartes de
Montréal et de Québec, soit en profitant du pouvoir de nommer des
constables spéciaux comme dans le cas de la Loi sur les cités et
villes et du Code municipal.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Dufour: II est un peu surprenant qu'il doive le faire pour
chaque local où se trouvent cinq bureaux ou plus. Dans les petites
municipalités où il n'y a pas un grand nombre d'électeurs,
la loi oblige qu'elles aient jusqu'à six conseillers municipaux. II
pourrait y avoir, dans une municipalité de 1200 ou de 1500 habitants,
autant de bureaux de vote en principe qu'il y a de conseillers municipaux. Cela
ne fait pas beaucoup de monde et tout le monde se connaît. Il va y avoir
un bureau; un endroit pour voter, il va y avoir six bureaux de vote. À
ce moment-là, cela prend obligatoirement, même pour les petites
municipalités, un préposé à l'information et au
maintien de l'ordre. Il y a certaines dépenses qui sont
rattachées à cela. Est-ce qu'il y a vraiment une obligation,
parce qu'on veut l'imposer même aux très petites
municipalités?
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Jonquière est dans l'erreur. Il n'y a pas un nombre de bureaux de
scrutin équivalent au nombre de conseillers municipaux. Il y a un nombre
de bureaux de scrutin équivalant à autant de fois,
approximativement, 300 électeurs qu'il y a dans la municipalité.
Cela veut dire...
M. Dufour: Où il y a 1200 électeurs et six
conseillers?
M. Bourbeau: ...que les bureaux de scrutin dans des petites
municipalités reçoivent autant d'électeurs que les bureaux
de scrutin dans la ville de Montréal. Chaque bureau a à peu
près 300 électeurs de sorte que, quand il y a cinq bureaux de
scrutin dans une très petite municipalité, il y va autant de
monde que quand il y a cinq bureaux de scrutin dans une très grosse
municipalité.
M. Dufour: Peut-être que te ministre se réjouit trop
vite. S'il y a 1000 électeurs et six conseillers municipaux, il n'y
aurait même pas 200 personnes qui voteraient par bureau.
M. Bourbeau: S'il y a 1000 électeurs, M. le
Président, et s'il y a "500 électeurs par bureau de scrutin, il y
aurait trois bureaux
de scrutin plus un quatrième, parce qu'ils ne peuvent pas tous
aller aux trois. Donc, il y aurait quatre bureaux de scrutin.
M. Dufour: Les deux cas sont possibles. Vous admettrez avec moi
que tantôt, pour la facilité du vote, la municipalité
pouvait se diviser en quartiers. En a-t-elle le droit? Est-ce cela qu'on a dit
quelque part. Quelle que soit la municipalité, quant au nombre
d'électeurs, elle peut se diviser en quartiers. En a-t-elle le
droit?
M. Bourbeau: Si une municipalité qui a 1200
électeurs décidait de se diviser en districts, elle aurait six
districts; ce qui serait assez étonnant. À ce moment-là,
il y aurait en moyenne 200 électeurs par district et un bureau de
scrutin pour chaque district.
M. OufouR D'accord. Si elle décidait de les regrouper dans
le même lieu de votation, tel que libellé, le président
d'élection n'a pas le choix, il est obligé de nommer un
préposé à l'information et au maintien de l'ordre.
C'était juste cela.
M. Bourbeau: De deux choses l'une, ou bien chaque bureau de
scrutin est dans le district qu'il représente, soit dans chacun des
districts, et è ce moment-là, ils ne sont pas regroupés.
Donc, il n'y a pas de PRIMO. Si le président d'élection
décide de regrouper tous les bureaux de scrutin dans un seul endroit de
la municipalité, il y a un article qui dit qu'il n'est pas
nécessaire de nommer de PRIMO parce que c'est le président
d'élection lui-même qui est sur place et qui joue le rôle de
PRIMO.
M. Dufour: II n'y a pas grand drame avec cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 82? Est-ce que l'article 82 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 83.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 83 décrit
les fonctions générales du PRIMO en prenant modèle sur la
Loi électorale du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 83? M. le député de
Jonquière.
M- Dufour: Le paragraphe 3° est libellé comme ceci,
c'est le projet de loi qu'on a devant nous: "de veiller à ce que seul le
nombre d'électeurs permis par la loi soit admis à la fois
à un bureau de vote". Si on regarde la Loi électorale
provinciale: "de voir à ce qu'une seule personne à la fois soit
admise à un bureau de vote". Le libellé n'est pas tout à
fait pareil. À un endroit, on dit: Seulement une personne à la
fois et à l'autre, on dit: Le nombre d'électeurs.
M. Bourbeau: La différence, M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre. (17 h
30)
M. Bourbeau: ...vient du fait que, dans certaines
municipalités, on permettra qu'il y ait deux isoloirs par bureau de
vote. À ce moment-là, il y aura au moins deux personnes qui
pourront voter en même temps. Cela a lieu dans les municipalités
qui ne sont divisées ni en quartiers ni en districts et où les
électeurs ont à voter en même temps pour sept personnes,
soit le maire et les conseillers. De façon à
accélérer le vote, on permettra - on le verra un peu plus tard -
qu'il y ait deux isoloirs en même temps.
M. Dufour: Quand on dit: "...le nombre d'électeurs permis
par la loi soit admis à la fois à un bureau de vote", à
quel endroit peut-on trouver "permis par la loi"?
M. Bourbeau: II s'agit, M. le Président, de l'article
214.
M. Dufour: Pourquoi ne marque-t-on pas que c'est l'article 214
pour la compréhension de la loi? Ce serait plus facile. Il y a des
références à la loi. Quelqu'un la lit et il doit lire
absolument toute la loi s'il veut comprendre quelque chose qui est
là-dedans. Si on avait marqué l'article 214... Il n'y a pas 150
cas. Il parle de deux. Il ne parle jamais de plus de deux.
M. Bourbeau: II y a toujours un danger...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...de commencer à spécifier les
articles individuels, le danger étant qu'on puisse en oublier. Dans le
cas présent, on peut déjà voir, à première
vue, que l'article 214 ne serait pas le seul affecté. Il y aurait
également l'article 226, paragraphe 2, qui traite du cas où un
électeur serait handicapé et aurait besoin d'assistance, et qui
se présenterait pour voter. À ce moment-là, on pourrait
admettre avec lui quelqu'un d'autre. On peut déjà identifier un
autre cas et il est passible qu'il y en ait d'autres. Plutôt que de
prendre des chances d'en échapper, je pense que la formulation ici, sur
le plan juridique, permet de prévoir tous les cas.
M. Dufour: Sauf que la personne qui assiste quelqu'un pour aller
voter n'est pas considérée comme un électeur, par le fait
même. Ce n'est pas tout à fait...
M. Bourbeau: La loi utilise quand même le mot
"électeur".
M. Dufour: Oui, à l'article 226, on ne parle pas de la
même... On dits "Une personne qui va assister'?. Je pense aussi que dans
la Loi électorale provinciale, même si cela est marqué "une
personne", ce cas-là est prévu.
M. Bourbeau; M. le Président, c'est une interprétation
qu'apporte le député de Jonquière. Les légistes qui
m'entourent trouvent dangereux de commencer à limiter comme cela la
portée de la loi. C'est un principe de législation qui veut qu'il
soit toujours préférable de ne pas commencer à faire des
exceptions ou des limitations de façon à ne pas oublier quoi que
ce soit. Dans le cas présent, la formulation présente est
jugée supérieure à celle qui est proposée par le
député de Jonquière.
M. Dufour: D'une façon ou d'une autre, je n'ai aucune
surprise à ce que vous me dites. Même si cela a bien du bon sens,
cela ne marche pas quand même. Alors, ce n'est pas plus grave que cela.
Il n'y a pas de drame. 11 y a des principes plus fondamentaux qu'on a
discutés tout à l'heure. Ce n'est pas là-dessus qu'on va
faire de grandes choses sauf que la loi est faite pour les avocats. Ce n'est
pas fait pour le monde.
M. Bourbeau: Elle est rédigée par les avocats, mais
elle est faite pour le monde.
M. Dufour: ...mais appliquée par des avocats. Ce n'est pas
surprenant. On vit cela dans toute notre vie courante. Déjà, il y
a pas mal de difficultés à se comprendre. Voua avez parlé
de simplifier. Vous ne simplifiez pas grand-chose. J'étais sous
l'impression qu'on était là pour vulgariser un peu la loi. Cela
ne lui ôte pas sa valeur intrinsèque, c'est afin que les gens
comprennent un peu plus lorsqu'ils lisent. Si vous me le dites, on continue
comme cela. Je ne pourrais pas vous dire que vous avez simplifié
plus.
M. Bourbeau: À moins qu'on ne m'indique qui serait mieux
qualifié qu'un avocat pour rédiger les textes de loi,
jusqu'à preuve du contraire, on va continuer à engager des
avocats et des légistes.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 83? Est-ce que l'article 83 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 84.
M. Bourbeau: L'article 84 permet au président
d'élection d'engager temporairement toute autre personne pour
compléter les rangs du personnel électoral. Ce pouvoir s'inspire
de la Loi électorale du Québec, copiée sur ce point par la
charte de la ville de Québec. Un pouvoir analogue existe
déjà explicitement dans la charte de la ville de Montréal
et implicitement dans la Loi sur les cités et villes.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions concernant l'article 84? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Quelqu'un qu'un président d'élection
requerrait à titre temporaire, pour la durée de
l'élection... Cette personne n'est pas nécessairement
identifiée. Le président l'engage; il n'y a pas
nécessairement quelque chose qui l'identifie comme travailleur ayant
été engagé oar le président. Supposons que ce ne
soit pas pour longtemps. La personne, pour être identifiée comme
quelqu'un travaillant pour l'élection, comment pourrait-on... Autrement
dit, cette personne est engagée à plein temps; il n'y a pas trop
de problème, un scrutateur ou un secrétaire d'élection.
Quelqu'un qui est temporaire, pourrait l'être, c'est-à-dire qu'il
pourrait l'être pour une demi-journée et, l'après-midi, il
ne travaille plus. Mais on l'a vu le matin et il était temporaire comme
faisant partie ou travaillant pour la tenue de l'élection et,
l'après-midi, il ne l'est plus. Comment pourrait-on le faciliter?
Quelqu'un pourrait bien dire: Je pensais qu'il était encore là.
Le gars pourrait dire: J'étais temporaire, mais vous ne m'avez pas
demandé si je travaillais encore pour l'élection, j'ai
aidé à faire quelque chose... Est-ce que cette personne... Est-ce
que ce caractère qu'on donne dans la loi ne représente pas
certaines difficultés d'application?
M. Bourbeau: Je souligne au député de
Jonquière l'article 87, qu'on verra plus tard et qui établit un
mécanisme pour publiciser qui sont les employés du
président d'élection et ceux qui ne le sont plus.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je comprends qu'on a le temps de l'afficher, selon
l'article 87. Mais si le président d'élection l'engage pour une
journée ou pour une demi-journée, c'est à titre
temporaire. Je pense que "temporaire" veut dire court dans le temps.
Quelqu'un travaille. On a juste te temps
de l'afficher et, dans l'après-midi, on va l'enlever. Quelqu'un
va le voir... A part cela, on n'a pas toujours ça avec nous autres.
Pourquoi l'affiche-t-on? C'est pour que les gens sachent qu'il travaille pour
les élections. S'il travaille de façon temporaire parce qu'on lui
donne un droit supplémentaire, le monde ne le saura pas. On va
peut-être voir son nom, mais on ne saura pas quand son nom est
enlevé. Comment fait-on pour s'en assurer? Je pense que c'est pour un
meilleur éclairage. Pourquoi exige-t-on que le président
d'élection affiche le nom? C'est pour que les électeurs sachent
que quelqu'un travaille pour le président d'élection.
Là, vous allez un peu plus loin. Pour le travailleur
régulier, cela ne cause pas trop de problème; il y est pour un
certain temps. La personne qui travaillerait, à la demande du
président, une demi-journée, par exemple, ou une journée -
cela pourrait arriver, ce n'est pas tellement long; cela pourrait être
temporaire, même pour une journée - le président
d'élection afficherait le nom de cette personne et elle travaillerait.
C'est pour avertir le monde, mais on l'enlève une demi-journée
ensuite, le lendemain ou le soir. Si on fait obligation au président
d'élection de le dire aux électeurs, c'est parce que, pour moi,
il y a une longueur de temps qui permet... C'est pour être mieux
identifié. Pourquoi dit-on aux gens qu'ils doivent être
identifiés? Pourquoi dit-on au président d'élection: Vous
devez afficher le nom des gens qui travaillent pour vous?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Vous voulez savoir pourquoi on demande au
président d'élection d'afficher?
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: C'est justement pour que les électeurs
sachent quels sont les gens qui travaillent pour le président
d'élection et quels sont ceux qui ne travaillent pas pour le
président d'élection. C'est pour cela que l'article 87, qu'on
verra tout à l'heure, dit qu'il y a une obligation pour le
président d'élection d'afficher les noms.
Plus tard, le député verra à l'article 208 que les
membres du personnel électoral doivent être identifiés par
un macaron, une "badge" ou quelque chose.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 84 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 85.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 85 oblige "tout
membre du personnel électoral à prêter serment avant
d'entrer en fonction". Cette obligation existe déjà dans les lois
actuelles. Elle existe également dans la Loi électorale du
Québec. Cependant, la prestation du serment n'est pas nécessaire
de la part du président d'élection lorsque ce poste est rempli
automatiquement par le greffier ou le secrétaire-trésorier ou par
son adjoint. Le serment d'office de ce fonctionnaire suffit à couvrir
son rôle inhérent de président d'élection.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Dufour: Autrement dit, le personnel de la municipalité
- c'est un peu ce que cela veut dire - le greffier et le
secrétaire-trésorier ont déjà prêté
serment de faire leur travail comme tel au service de la municipalité;
ils sont déjà assermentés. On n'exige pas qu'ils soient
assermentés à nouveau. Est-ce cela?
M. Bourbeau: C'est exact.
M. Dufour: Pourquoi n'y a-t-il pas une obligation précise
quant aux élections comme telles, même si c'est le greffier ou
quelqu'un d'autre? Les responsabilités supplémentaires, il a le
droit d'y être ou de ne pas y être, mais, s'il fait le travail,
pourquoi ne l'obliget-on pas à avoir les mêmes normes que pour
l'ensemble des gens?
M. Bourbeau: De quel employé le député
parle-t-il?
M. Dufour: Par exemple, si le greffier, le
secrétaire-trésorier ou son adjoint agit comme président
d'élection, ne serait-il pas plus facile d'exiger comme tout le monde
qu'il prête serment pour ce travail spécifique?
M. Bourbeau: Vous voulez qu'il soit assermenté de
nouveau?
M. Dufour: Pour cette fonction spécifique. Il n'est pas
toujours président d'élection.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la réassermentation
des greffiers ou des secrétaires-trésoriers comme
présidents d'élection serait une redondance, puisque cela fait
partie intégrante de leur description de tâche lorsqu'ils sont
engagés par la municipalité et lorsqu'ils sont assermentés
par la municipalité. Il n'y a donc pas lieu d'assermenter une
deuxième fois quelqu'un
qui l'a déjà été pour les mêmes fins.
C'est comme si on demandait à un juge qui va présider un tribunal
de reprêter serment chaque fois...
M. Dufour: On ne serait pas à une anomalie ou à une
redondance près. Quand on dit que "le président d'élection
veille au bon déroulement de l'élection", c'est aussi une
redondance, même si le ministre prétend le contraire. Bon, en tout
cas, ce n'est pas plus grave que ça.
Quand on parle de greffiers, certaines municipalités ont un
greffier et elles ont aussi un greffier adjoint ou elles peuvent en avoir un.
Un greffier et un adjoint. Une municipalité qui aurait un greffier
adjoint, dans votre esprit... Normalement, ce sont les petites
municipalités qui ont un secrétaire-trésorier. Les grosses
municipalités ont souvent un greffier et un greffier adjoint, ou elles
pourraient avoir un greffier adjoint; et certaines en ont aussi, effectivement.
Son adjoint, cela s'applique aussi au greffier, j'imagine, "ou du
secrétaire-trésorier ou de son adjoint". Cela s'applique à
l'un ou à l'autre? Cela pourrait être l'adjoint du
secrétaire-trésorier comme celui du greffier? Cela va.
M. Bourbeau: Exactement.
M. Dufour: D'accord. (17 h 45)
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Eat-ce que l'article 85 est adopté?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 86.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 86, comme la
plupart des lois actuelles, prévoit qu'un membre du personnel
électoral ne peut se livrer à un travail de nature partisane
à compter de son assermentation. La charte de la ville de Québec
est particulièrement claire sur ce point, prenant modèle sur la
Loi électorale du Québec. Dans le cas où il s'agit d'un
fonctionnaire municipal, ce sont les règles relatives au travail
partisan des fonctionnaires que nous verrons aux articles 284 et 285 qui
s'appliquent.
Le Président (M. Saint-Roch); Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 86?
M. Dufour: Le recenseur, est-ce aussi un membre du personnel
électoral?
M. Bourbeau: Effectivement, oui.
M. Dufour: Il est assermenté, il fait son recensement.
Quand il a fini le recensement, est-il dégagé de cela?
M. Bourbeau: Quand son travail est terminé, il cesse
d'être membre du personnel électoral et son nom est enlevé
de la liste des employés du président d'élection.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufours Même à titre temporaire, comme de raison, par
rapport à cela, il faut bien lui dire... Est-ce que, dans !e serment qui
est proposé, c'est explicite qu'il ne peut pas faire de travail de
nature partisane?
M. Bourbeau: II n'y a pas encore de formule sacro-sainte qui ait
été communiquée. Lorsque la loi sera adoptée, on
établira par règlement la formulation d'un serment. Ce serment
visera à faire déclarer au personnel qu'il respectera la loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 86? Est-ce que l'article 86 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 87.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 87 prévoit
la confection et la tenue à jour de la liste des membres du personnel
électoral. Cette liste est affichée au bureau de la
municipalité. II s'agit d'une combinaison élargie de la
disposition de la Loi sur les cités et villes qui traite de la liste des
scrutateurs et des secrétaires des bureaux de vote et de celle de la
charte de la ville de Québec qui traite de la liste des recenceurs et
des réviseurs de la liste électorale. L'article 87 prévoit
également que le membre du personnel électoral doit remettre au
président d'élection, lorsqu'il cesse d'exercer ses fonctions,
les documents et le matériel qu'on lui avait confiés dans le
cadre de ses fonctions. Cette règle découle du principe voulant
qu'on ne doit pas s'approprier la chose d'autrui et élargit la
règle de remise des documents qu'on trouve déjè dans la
Loi sur les archives.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je ne sais pas pourquoi on inscrit "Le plus tôt
possible après la prestation du serment". Cela pourrait être:
Après la prestation du serment, le membre du personnel est inscrit sur
la liste affichée au bureau de la municipalité. Vous dites: "le
plus tôt possible après". Est-ce qu'il y a une
raison fondamentale pour cela? "Le plus tôt possible", j'ai
l'impression que cela voudrait dire cela pareil.
M. Bourbeau: M. le Président, on n'a pas indiqué le
nombre de jours. Aussitôt qu'il est possible au président
d'élection d'inscrire le nom du personnel électoral sur la liste,
le président d'élection doit le faire, mais il est assez
difficile de spécifier des heures.
M. Dufour: La question, effectivement, est la suivante: il y a le
premier alinéa et, tout de suite, le deuxième alinéa dit:
"II est rayé le plus tôt possible..." Que "le plus tôt
possible" soit écrit ou non, je ne pense pas que personne puisse
l'obliger. Mais du fait que vous écrivez "le plus tôt possible",
le président d'élection pourrait dire: Pour moi, le plus
tôt possible, c'était deux jours après. C'est ce que cela
veut dire, le fait que vous l'inscriviez. Cela veut dire que cela laisse une
latitude au président d'élection d'interpréter ce qui est
écrit là. Le fait qu'on ait écrit "le plus tôt
possible", on va dire: Je ne pouvais pas avant, donc je ne l'ai pas inscrit.
Donc, en trois mots on explique une attitude ou une façon
différente d'appliquer la loi. Cela me dérange.
M. Bourbeau: Je pense que les mots "le plus tôt possible"
ajoutent quelque chose au sens de la phrase. Si on disait: Le président
d'élection, après la prestation... Si on enlevait les mots "le
plus tôt possible", l'article 87 se lirait comme suit: Après la
prestation du serment, le membre du personnel électoral est inscrit sur
une liste. Le paraqraphe suivant dirait: II est rayé après qu'il
ait cessé d'exercer ses fonctions. Rien là-dedans n'indiquerait
au président d'élection qu'il y a urgence ou
nécessité de procéder avec célérité
dans l'inscription et dans le fait de rayer le nom du personnel de la liste.
Nous pensons qu'il est important que ces gestes soient posés dans les
meilleurs délais. C'est la raison pour laquelle on a utilisé la
formule "le plus tôt possible". On aurait pu dire "dans les meilleurs
délais", on aurait pu dire autre chose, mais on voulait justement
ajouter ce caractère d'urgence - si je puis dire - de procéder
avec célérité.
M. Dufour: Je pense qu'on peut arguer que "les meilleurs
délais", cela ne veut pas nécessairement dire "le plus tôt
possible". Effectivement, si on veut regarder ce que cela veut dire "le plus
tôt possible" laisse une latitude au président d'élection.
Ce n'est pa3 un ordre qu'on lui donne. On lui dit: Le plus tôt possible,
il faut le faire. Si on dit: "dans les meilleurs délais", il est
obligé d'expliquer pourquoi c'est le meilleur délai. Mais, "le
plus tôt possible", je peux toujours expliquer que, moi, je ne pouvais
pas parce que "le plus tôt possible", pour moi, c'était le
lendemain, c'était deux jours après. Si on écrit "dans les
meilleurs délais", à ce moment-là, quelqu'un pourrait
argumenter en disant: C'est quoi, le meilleur délais Je pensais que
c'était deux jours, ou, pour moi c'était deux jours. II pourrait
lui dire: Non, ce n'est pas dans deux jours.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est une question
d'opinion. Le député de Jonquière trouve que "dans les
meilleurs délais", c'est plus contraignant que "le plus tôt
possible". Disons que, sur les quatre avocats et notaires qui sont ici, il y en
a trois qui pensent que c'est la même chose et un qui pense que
l'expression "le plus tôt possihle" est plus contraignante que
l'expression "dans les meilleurs délais". Bref, chacun peut avoir son
opinion sur le sujet, mais je pense que cette formulation...
M. Dufour: ...passe pour les avocats. M. Bourbeau: ...n'est pas
mauvaise.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufour: Oui, il y a peut-être un troisième...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Bourbeau: J'ajouterais, M. le Président, sur le
même point que le bureau des lois a insisté pour cette expression
"le plus tôt possible", par rapport aux autres dont parle le
député de Jonquière.
M. Dufour: Le troisième alinéa: "Le membre du
personnel électoral qui a cessé d'exercer ses fonctions doit, sur
demande, remettre au président d'élection..." Pourquoi ne lui
fait-on pas une obliqation de remettre même si on ne le demande pas? Il
travaille, il est membre du personnel électoral, il a fini d'exercer ses
fonctions, il a complété son travail et il faut que le
président lui demande.
M. Bourbeau: Si le député de Jonquière veut
faire un amendement, je serais prêt à rayer les mots "sur
demande".
M. Dufour: Je vous laisserais faire. C'est moins de travail, je
n'aurai pas la peine de faire d'arguments là-dessus. On va le faire, on
va demander que... On va l'écrire. Je vais consentir. J'aurais pu
accepter que vous le fassiez.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous suspendons nos travaux
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
{Reprise à 17 h 57)
Le Président (M. Saint-Roch): Â Tordre, s'il vous
plaîti
La commission reprend maintenant ses travaux. Or, l'amendement
proposé par M. le député de Jonquière à
l'article 87 se lirait comme ceci; Au troisième alinéa, à
la deuxième ligne, supprimer les mots ", sur demande,".
Une voix: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
proposé par M. le député de Jonquière est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 86 tel
qu'amendé est adopté?
M. Dufour: Adopté.
M. Bourbeau: Est-ce que c'est l'article 86 ou 87?
Le Président (M. Saint-Roch): Excusez. L'article 87.
M. Dufour: L'article 87.
M. Bourbeau: M. le Président. Je ne pense pas qu'on ait
amendé l'article 86.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 88.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 88 prévoit
que chaque membre du personnel électoral est en droit de recevoir de la
municipalité une rémunération ou une allocation de
dépenses. Cette rémunération ou allocation est
fixée par la municipalité moyennant l'approbation du ministre des
Affaires municipales si le montant fixé est inférieur à
celui prévu dans le tarif ministériel adopté en vertu de
l'article 580.
Oans le cas où la municipalité fait défaut de fixer
la rémunération ou l'allocation de dépenses d'un membre du
personnel électoral, ce dernier a droit à celle prévue par
le tarif ministériel ou, si le tarif est muet, à celle convenue
avec te président d'élection. La principale différence
avec les lois actuelles est que le tarif établi par la
municipalité n'a pas besoin, dans tous les cas, d'être
approuvé par le ministre des Affaires municipales.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Au deuxième alinéa, le conseil de la
municipalité peut établir un tarif de rémunération
ou d'allocation. Le cas échéant, il peut déléguer
ses pouvoirs au comité exécutif. Je comprends que là
où il y a des comités exécutifs... 100 000 habitants ou
plus, il y a toujours un comité exécutif. Il y en a aussi en bas
de cela. Vous ne trouvez pas qu'au point de vue de la transparence, cela ne
devrait pas être le conseil qui devrait participer à
l'établissement du tarif. Je pense, par exemple, là où il
y a quelques indépendants dans le conseil qui ne font pas partie du
comité exécutif, au point de vue de la discussion et au point de
vue public, il me semble que cela serait plus clair, plus transparent si cela
était une prérogative du conseil. Cela n'arrive pas souvent
qu'ils aient à déterminer un tarif. Il me semble que c'est clair
que le conseil peut le faire. Cela pourrait être une suggestion de
l'exécutif, mais il faut que ce soit le conseil qui puisse le faire,
à mes yeux.
M. Bourbeau: M. le Président, premièrement...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...il faut bien noter qu'ici, on ne dit pas que
c'est l'exécutif qui vote le tarif. C'est le conseil qui vote !a
rénumération ou qui en délègue le pouvoir au
comité exécutif. Donc, le conseil municipal a toujours le pouvoir
de fixer le tarif et ce n'est que dans le cas où le conseil
décide de déléguer lui-même volontairement son
pouvoir que l'exécutif hérite de ces responsabilités.
M. le Président, je signale que c'est le conseil de la
municipalité qui vote le budget du président d'élection,
le budget électoral. Dans ce sens-là, on peut dire que le conseil
de la municipalité a un bon contrôle sur les dépenses et
entre autres, sur le tarif.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le ministre.
Il est maintenant 18 heures et à moins d'un consentement unanime, nous
allons suspendre nos travaux jusqu'à 10 heures demain matin.
(Fin de la séance à 18 heures)