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(Dix heures trente-six minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 100, Loi
sur les élections et les référendums dans les
municipalités. Est-ce que nous avons des remplacements ce matin, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, M. Brassard
(Lac-Saint-Jean) est remplacé par M. Claveau (Ungava).
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
secrétaire. Au moment de notre suspension, hier soir, nous en
étions à l'article 88, J'appelle l'article 88. M. le
ministre.
Personnel électoral (suite)
M. Bourbeau: Est-ce qu'on avait commencé à discuter
l'article 88?
Le Président (M. Saint-Roch): On avait commencé
à le discuter. Est-ce qu'il y a d'autres interventions à
l'article 88?
M. Dufour: Pour nous remettre sur la piste, la question que
j'avais posée était la suivante: Pourquoi le conseil municipal
qui a un travail à faire, dans certains endroits où il y a un
comité exécutif, transmettrait-il ses responsabilités au
comité exécutif ou ne pourrait-il pas les garder en main? Dans le
fond, ce n'est pas une fonction qui prend des mois et des mois et,
régulièrement, les conseils municipaux peuvent bien prendre leurs
responsabilités à cet égard. Cela leur donne une
visibilité devant l'ensemble des contribuables. C'était la
question au moment où on s'est quitté.
M. Bourbeau: Ce que je peux dire, c'est qu'on respecte
l'autonomie locale. On dit que c'est le conseil municipal qui décide,
mais s'il décide plutôt de confier la responsabilité
à son comité excécutif, libre à lui de le faire. Je
souligne que le conseil municipal a toujours la possibilité de le faire
lui-même. C'est seulement dans les cas où il voudra
déléguer cette responsabilité à l'exécutif
qu'il le fera.
M. Dufour: Est-ce que le conseil municipal est obligé de
procéder par règlement ou par résolution pour fixer les
honoraires?
M. Bourbeau: Je pense qu'une résolution sera
suffisante.
M. Dufour: Est-ce que c'est ce que vous pensez ou est-ce vraiment
le cas?
M. Bourbeau: C'est le cas. Une résolution sera suffisante.
Cela ne prendrait un rèqlement que dans la mesure où la loi le
dit. La loi ne dit pas que c'est un règlement; donc, c'est une
résolution.
M. Dufour: II n'y a pas de changement du libellé dans cet
article par rapport à la première version du projet de loi. II y
avait l'Union des municipalités qui parlait de la fixation des tarifs,
des honoraires du personnel électoral. On disait, à ce
moment-là - je me demande sur quoi on s'appuyait -que la
détermination des tarifs est un geste essentiellement administratif. Il
devrait être fait par résolution. Il semble que, dans la loi
provinciale, ce soit par rèqlement. L'Union des municipalités
comprenait - je renvoie à la commission parlementaire où on a
reçu certains intervenants, le 4 septembre 1986...
M. Bourbeau: Quelle est la question?
M. Dufour: L'Union des municipalités disait qu'elle
était d'accord pour la fixation des tarifs, etc. Mais on disait que cela
pouvait être fait par règlement et eux disaient que cela pouvait
être fait par résolution. Je parle de la commission parlementaire
où l'Union des municipalités est venue se présenter, le 4
seotembre 1986.
M. Bourbeau: Vous parlez de la détermination du tarif
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: Si l'Union des municipalités a compris que
cela devait être fait par règlement, elle a mal compris. C'est par
une résolution.
M. Dufour: On ne l'a pas reprise au moment où elle a dit
cela.
M. Bourbeau: Là, je...
M. Dufour: J'aimerais insister un peu sur la question de la
délégation des pouvoirs. On sait que la plupart des
comités exécutifs ont des pouvoirs reconnus par la lot comme
telle, par des projets de lois particuliers. Dans ce cas-ci, on prend la loi
générale pour transférer à nouveau une
prérogative au comité exécutif. On se plaint souvent qu'il
y a un manque de visibilité dans les conseils municipaux et on veut leur
demander d'être le plus expéditif possible, mais je ne vois pas
jusqu'à quel point, ni de quelle façon on améliore la
visibilité des actes administratifs des conseils municipaux en
déléguant ces responsabilités à un comité
exécutif. Qu'est-ce que cela amène de plus que le comité
exécutif puisse faire cela? Généralement, il y a des
élections à tous les quatre ans. Donc, c'est un acte important
qui se fait dans la municipalité. Les conseils municipaux, assez souvent
- surtout s'il y a des comités exécutifs, il peut y avoir plus
d'un parti -vont par la voie de la majorité, déléguer un
pouvoir qui appartient à l'ensemble des conseillers. On ne dit pas que
l'ensemble des conseillers doit être pour la décision. On dit que
la majorité peut déléguer, parce que c'est comme cela que
ça fonctionne au point de vue de la décision ou de la
résolution, peut transférer la responsabilité au
comité exécutif. Par quel principe déposséderait-on
l'ensemble des conseillers par un acte, par une résolution, d'un pouvoir
qui appartient à tout le monde? Pour cela, je pense qu'on a un choix
à faire comme élus, comme députés, comme
élus provinciaux. On a un choix à faire, à savoir si
vraiment on doit adopter cette position par rapport à ce qui peut se
faire. Ce ne sont pas des changements majeurs, mais c'est l'ensemble des
conseillers municipaux qui sont élus par ta population. En adoptant cet
article, on dit non seulement que la majorité a nécessairement
raison mais aussi que la minorité n'aura pas son mot à dire. Ils
vont dire, par résolution: C'est le comité exécutif qui
décide; donc, c'est la majorité des conseillers municipaux qui va
décider. Il me semble que, publiquement en tout cas, vis-à-vis de
l'ensemble de la population, il y a un acte important qui peut être fait
par l'ensemble et c'est beaucoup plus visible plutôt que de critiquer
après et dire que cela n'aurait pas dû être comme cela,
etc.
M. Bourbeau: M. le Président, encore là, il y a
plusieurs façons de faire, on a dû choisir entre plusieurs
méthodes. Je peux signaler au député qu'à la ville
de Montréal, c'est le comité exécutif qui décide;
à la ville de Québec, c'est le président d'élection
qui décide du tarif qui est mis en vigueur lors d'une élection
pour les membres du personnel électoral. Ici, nous avons retenu la
formule qui nous apparaissait la plus démocratique et la plus souple. Au
départ, on dit: C'est le conseil municipal qui, par résolution,
décide du tarif. Mais si le conseil municipal décide plutôt
de confier la responsabilité au comité exécutif, à
ce moment-là, il peut le faire. Donc, il y a une souplesse d'introduite
dans la formule car nous privilégions d'abord le conseil municipal, mais
avec un pouvoir pour celui-ci, s'il le désire, donc si la
majorité du conseil le désire, de déléguer à
l'exécutif. De toute façon, pour ce qui est de la
visibilité dont parle le député, le tarif est
publié, il est rendu public de sorte qu'on ne peut pas dire que,
finalement, tout cela se passe en dessous de la couverte ou en cachette. Le
tarif est publié, on sait que l'exécutif a adopté tel
tarif et je ne vois pas vraiment en quoi cela peut créer un qros
problème.
M. Dufour: II y a certainement eu déjà des
discussions dans tes conseils municipaux concernant les tarifs à
accorder à des gens qui s'occupent des élections. De
mémoire, je me rappelle qu'il y a déjà eu des discussions
sur la place publique concernant les tarifs à établir. Il est
évident que le conseil exécutif... Vous m'avez parlé de
Montréal et de Québec, mais il y a d'autres endroits qui ont des
comités exécutifs. Vous avez Beauport, Charlesbourg, Sainte-Foy
et d'autres. À ce moment-là, ce n'est pas limité seulement
à un certain nombre de municipalités de 100 000 habitants et
plus. C'est aussi le fait d'autres municipalités. Je pense que là
où il y a un comité juridique, c'est pour essayer de faire valoir
des décisions plus complexes et qui ont de l'influence. Par petits
groupes, c'est plus facile de travailler. Quant aux tarifs des
élections, c'est seulement une fois à tous les quatre ans, en
principe. Il est bien certain qu'ils seront publiés. Si les tarifs sont
établis par le gouvernement ou par le ministère, il n'y a pas
trop de problèmes. Mais là, cela implique la question du pouvoir
d'établir un tarif de rémunération ou d'allocation.
Là, on va plus loin. On va travailler seulement avec des allocations. Ce
pouvoir est différent. C'est là mon propos. Pourquoi
n'accepte-t-on pas que le conseil qarde ses pouvoirs?
Il est certain que plus cela va aller, plus on va avoir tendance
à se débarrasser. On va dire: Envoie donc cela à
l'exécutif. Mais les élus municipaux, qui sont-ils? C'est le
conseil municipal dans son ensemble. Il y a des municipalités qui n'ont
pas de comité exécutif. Il y en a d'autres qui ont choisi d'en
voir un. Mais là où il y en a un, par exemple - je mets le
ministre au défi - c'est que cela a été fait par la loi
qui leur donne un certain nombre de pouvoirs identifiés dans leur
charte. Alors que là, on parle d'un pouvoir qui est donné par la
loi en général. Il y a peut-être une souplesse. Il y a
peut-être des choses qu'on peut assouplir davantage, mais il y a d'autres
momentum
ou d'autres endroits où l'on doit tenir compte de la
réalité et des gens qui ne parlent pas. Us n'ont pas de voix et
c'est une façon de leur donner la voix. Il me semble que c'est le but de
la démocratie. C'est d'essayer de permettre à des gens qui n'ont
pas la majorité nécessairement le droit de parler sur les
décisions qui se prennent.
On sait, quand c'est une décision de l'exécutif, que la
décision est déjà prise. Ce n'est donc pas une question
d'orientation. Cela me fait penser à ce qu'on fait ici ce matin. Si la
décision est prise, il n'y a rien à changer. Il faut continuer et
c'est la ligne qu'il faut suivre. Quand il y a un exécutif, cela
fonctionne comme cela. Ce n'est pas vraiment une démocratie. C'est une
démocratie avec bien des restrictions dans ma tête. Une vraie
démocratie, c'est quand on peut décider tous ensemble. Mais ce
n'est pas ce qui se passe. Il y a le Conseil des ministres qui décide
d'avance. Il y en a d'autres également. C'est comme cela dans les
conseils municipaux. Qu'on donne la chance, à mon point de vue, en ne
donnant pas ce pouvoir-là à l'exécutif ou en le lui
enlevant, aux élus ou à l'ensemble des conseillers municipaux de
se prononcer sur une action qui est extrêmement importante, puisqu'elle a
fait l'objet d'un volume complet. Cela a aussi fait l'objet de plusieurs
discussions sur la Loi électorale provinciale.
Je ne pense pas avoir inventé quelque chose. Si ce n'est pas
important, je me demande pourquoi il y a autant d'articles là-dessus.
Mais si c'est important, gardons-lui son importance, gardons-lui son
universalité. Ce n'est pas seulement une question de particulariser les
uns par rapport aux autres.
M. Bourbeau: Je ne prétends pas que ce serait un drame que
d'enlever au conseil municipal le pouvoir de déléguer des
pouvoirs au comité exécutif. Je voudrais, par contre, que l'on
réalise que nous sommes en train de faire une refonte des lois
municipales. Nous tentons de simplifier, d'uniformiser ce qui existe
présentement dans les différentes lois, dans le Code municipal,
dans la Loi sur les cités et villes, dans les chartes des villes de
Montréal, de Québec, etc. J'ai dit tout à l'heure
qu'à la ville de Montréal, par exemple, c'est le comité
exécutif seul qui détermine le tarif utilisé pour les
membres du personnel électoral. La ville de Montréal tient
à garder ces pouvoirs dans sa charte. Nous reconnaissons que, dans une
ville comme Montréal, le conseil municipal ne peut pas commencer
à faire de grandes discussions ou de grands débats, à
chaque jour, sur chacun des points ou des problèmes qui se posent
à l'administration municipale. Dans une ville de cette envergure, il est
normal que le comité exécutif se voit déléguer ces
pouvoirs.
De façon à ne pas avoir plusieurs régimes
différents en vigueur dans plusieurs villes, nous avons pensé que
cette formule-ci est la meilleure. Elle retient le principe de base que c'est
le conseil municipal qui établit le tarif mais que, si le conseil
municipal le désire, c'est ce qu'on dira à la ville de
Montréal, il peut déléguer le pouvoir à son
exécutif de sorte que, d'une certaine façon, nous avons le
meilleur des deux mondes. C'est ce que nous suggérons ici. Je pense que
c'est une position raisonnable.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 88? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que le ministre nous dit, par ces propos, que
la ville de Montréal n'aura pratiquement plus besoin de charte
spéciale quand on aura fini d'étudier ce volume? Quand on aura vu
la refonte de la Loi sur les élections et les référendums
dans les municipalités, cela veut-il dire que tous les articles qui
touchent la ville de Montréal seront enlevés ipso facto?
M. Bourbeau: L'objectif qui a été
déclaré à plusieurs reprises, c'est de tenter de
simplifier, d'uniformiser, de réduire autant que possible le nombre
d'articles qui existe dans toutes les lois. Aujourd'hui, nous avons un projet
de loi qui a environ 800 articles et cela remplace à peu près
2300 articles qui sont inclus dans diverses lois ou diverses chartes. Je ne
sais pas si, à la fin de tout, il restera encore une charte à la
ville de Québec. Je pense qu'il restera toujours quelque chose de
différent pour ces deux villes. L'objectif recherché, c'est de
faire en sorte que la majorité des grands principes soient dans la loi
générale et qu'il y ait un minimum dans les chartes
individuelles.
M. Dufour: Ce qui m'inquiète un peu dans la position du
ministre, c'est qu'en fait, on est en train de "montréaliser" la
province. Là, on égalise par le haut: tout ce qui est bon pour
Montréal est bon pour toutes les autres. C'est à peu près
cela que cela veut dire. Il ne faut pas nier que Montréal a des
problèmes un peu particuliers à cause de la grosseur de la ville,
personne ne peut le nier, on n'a pas grand mérite à faire cela.
On sait que Montréal, c'est à peu près ce qu'il y a de
plus qros au Québec au point de vue municipal.
Cela va, jusque-là. Quand on part du prémisse que si c'est
bon là, ce sera bon ailleurs, on ne peut pas toujours faire les
mêmes discussions. Je comprends cela jusqu'à un certain point.
Là, on est en train de dire que les régimes qui ont
été vécus à Montréal et ceux qui ont
été vécus à Québec sont bons pour l'ensemble
des municipalités.
Il faudrait peut-être se poser des
questions à savoir quel est l'état de la démocratie
dans ces municipalités et jusqu'à quel point cela fonctionne? Je
pense qu'il peut y avoir des régimes particuliers pour Montréal
ou Québec, mais pour l'ensemble des municipalités du
Québec, est-ce qu'on doit insister pour amener tous ces régimes
et les transposer d'une place à l'autre? À Montréal, c'est
différent. C'est bien clair qu'à Montréal, si 10 % ou 3 %
des gens qui s'occupent de la municipalité étaient
présents, cela prendrait une grande salle. Le forum ne serait pas assez
grand pour cela. J'ai de la misère à accepter cette
particularité. Montréal, c'est gros, c'est évident. Je
pense qu'il n'y a pas de preuve à faire là-dessus, cela
crève les yeux.
Pour toutes les autres municipalités où il y a des
conseils exécutifs, ne devrait-on pas laisser cette latitude à
l'ensemble des conseillers pour qu'ils prennent la décision? Il me
semble qu'il y a une question de pondération, une question de jugement.
Si c'est bon pour Montréal, ce n'est pas nécessairement bon pour
les autres. À ce moment, il y a un métro à Montréal
et il n'y en a pas ailleurs. Il faudrait peut-être penser à cela.
C'est un peu vrai pour tout le monde.
M. Bourbeau: Je suis d'accord avec le député, c'est
l'ensemble des conseillers qui prendront la décision, comme le souhaite
le député de Jonquière. L'ensemble des conseillers
décideront s'ils établissent eux-mêmes un tarif ou s'ils
délèguent la responsabilité au comité
exécutif. C'est donc l'ensemble des conseillers qui vont prendre la
décision.
Pour ce qui est de la question de "montréaliser" le
Québec, comme le dit le député de Jonquière, je ne
pense pas que ce soit ce qu'on est en train de faire. Je pense plutôt que
si Montréal profite d'une expérience intéressante, qui
responsabilise les élus, on ne voit pas pourquoi les autres
municipalités ne pourraient pas en profiter en ayant les mêmes
droits. Si c'est bon pour Montréal, il est possible que ce soit bon pour
les autres. Il y a d'autres villes, au Québec, qui ont des
exécutifs, des villes importantes comme la ville de Laval, la ville de
Longueuil, par exemple, les conseillers municipaux pourraient estimer que
finalement la détermination du tarif est une responsabilité qui
serait mieux remplie par l'exécutif que par le conseil, et c'est
respecter l'autonomie locale du conseil municipal que de lui donner une
alternative. Alors le conseil municipal a l'alternative de décider
lui-même du tarif ou de le confier à l'exécutif. On ne peut
pas aller plus loin en termes de responsabilisation du conseil municipal.
M. Dufour: Malheureusement, on n'a pas eu tellement de gens
autres que les membres directement des unions ou des municipalités, donc
les gens en poste, si on regarde les mémoires qu'on a eus, qui ont
reconnu que la position qu'on a, te ministre peut la maintenir et dire: C'est
celle-là la bonne. J'ai parlé de ma réalisation dans ce
dossier, je pourrais vous parler d'autres dossiers mais là on ouvrirait
un grand débat, à savoir ce qui est bon pour Montréal,
c'est bon pour tout le monde. Il y a des problèmes particuliers à
Montréal qui ne se vivent pas ailleurs à certains moments.
J'accepte qu'elle ait un statut différent, c'est une métropole,
comme j'accepte qu'il y ait un statut différent à Québec
pour certaines raisons, et peut-être à la ville de Laval.
D'ailleurs on ne l'a pas nié, parce qu'on accepte qu'il y ait des
régimes un peu différents même au point de vue des partis
politiques. Donc, je ne pense pas que l'Opposition actuellement ait fait preuve
de méconnaissance dans ce dossier, je ne fais que dire que ce qui a
été accepté pour Montréal, c'est-à-dire de
donner le pouvoir à l'exécutif, pour des raisons qui sont bien
établies, bien compréhensives, ce n'est pas nécessairement
vrai pour l'ensemble des municipalités qui ont des comités
exécutifs. Cela me surprend chaque fois de voir que c'est toujours
coulé dans le béton. J'essaie d'expliquer et de comprendre des
choses pour bonifier la loi, pour essayer de la faire aller plus vite, mais je
m'aperçois bien que si je veux maintenir ce que je dis, je devrais faire
un amendement à l'article.
Le Président (M. Saint-Roch): II faudrait conclure, M. le
député, sur l'amendement.
M. Dufour: À l'article 88, à la deuxième
ligne du deuxième alinéa, l'article 87...
Des voix: L'article 88.
Motion d'amendement
M. Dufour: L'article 88: Retrancher ceci: le point virgule (;),
les mots: "le cas échéant", la virgule (,) et les mots "il peut
déléguer ce pouvoir au comité exécutif".
Le Président (M. Saint-Roch): Votre amendement est
recevable. Est-ce qu'il y a des interventions, M. le député de
Jonquière, concernant votre amendement?
M. Dufour: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Francis Dufour M. Dufour: On a établi hors de tout
doute que l'élection est un acte important, non seulement pour
les élus municipaux, mais aussi pour l'ensemble de la population. On a
senti le besoin de fixer dans une loi un cadre très précis pour
toutes les actions prises à l'intérieur de ce processus
particulièrement important puisqu'il y a des sanctions que l'on peut
identifier dans les fraudes électorales qui disqualifient des gens
pendant un certain nombre d'années.
Depuis quelques années au Québec, on vit le système
de parti politique dans beaucoup de municipalités. Curieusement, dans
tous les endroits pratiquement où il y a un conseil exécutif, il
y a un parti politique. Je ne vois pas beaucoup d'endroits où il y a un
conseil exécutif qui n'a pas un parti politique. Donc, quand on a un
parti politique, c'est parce qu'on a l'intention de véhiculer un certain
nombre d'idées ou un certain nombre de décisions qui ont lieu de
faire une meilleure cohérence peut-être, une meilleure
coordination, mais c'est aussi dans le but, de temps en temps, de passer sur le
dos de ceux qui n'ont pas les mêmes particularités, et qui ne font
pas partie de la même formation politique. (11 heures)
II y a un problème à la base au point de vue de la
démocratie; ce qui fait qu'on peut ne pas être d'accord, on peut
discuter, mais on règle cela à la journée et à la
date des élections.
Donc, parce qu'il existe à Montréal des partis politiques
et qu'il existe aussi une population importante, on a reconnu, par leur charte
particulière, qu'il y a un certain nombre de décisions dans
Montréal qui doivent être dévolues à
l'exécutif. C'est vrai pour Montréal, c'est vrai pour toutes les
municipalités où il y a un comité exécutif.
À chaque endroit, on a reconnu ces pouvoirs par une législation,
donc par une charte spéciale. Par le biais de cet article, on prend la
responsabilité d'un conseil municipal qui est élu, peut-êre
par formation politique, mais surtout je pense, par des individus. Au
Québec, on élit encore les gens dans les municipalités
pour ce qu'ils sont, pas nécessairement parce qu'ils font partie d'une
formation politique, mais assez souvent parce que l'individu représente
un certain nombre de valeurs, d'idées qui plaisent à la
population. Ce qui fait que ces gens ont le droit de militer à des
postes, ont le droit de se faire élire, mais ils ont aussi le droit
d'agir au nom de leurs concitoyens.
L'acte de vote, l'acte le plus important qu'un citoyen doit accomplir,
on a intérêt à ce que cet acte soit le plus visible
possible. Lorsque le temps est venu de fixer les tarifs particuliers pour ceux
qui travaillent aux élections, en règle générale,
la plupart des municipalités acceptent que les tarifs fixés par
le ministre des Affaires municipales soient appliqués dans l'ensemble
des municipalités. Il peut arriver, par exemple, que dans certaines
municipalités - c'est le sens de l'article - les tarifs soient
différents de ceux fixés par le ministre des Affaires
municipales. À mes yeux, il est normal, s'il y a une décision
susceptible d'être prise dans ce sens, que tous ceux qui ont à se
présenter devant l'électorat participent à la
décision. Les tarifs fixés par le ministre des Affaires
municipales sont, sinon généreux, du moins potables, que je
sache. Dans l'ensemble des municipalités du Québec, c'est
considéré comme potable puisqu'il n'y a pas beaucoup de
chanqements.
Donc, l'article qu'on a devant nous et que j'ai amendé
était dans le but que lorsque arrive le temps des élections, on
pourrait donner le pouvoir d'établir des tarifs à un
comité exécutif qui se rapporte au conseil municipal. Dieu sait
que, quand cela a été décidé par l'exécutif,
il n'est pas facile pour le conseil municipal... Il faut penser que la plupart
des conseillers municipaux font partie de la majorité. Là
où il y a des partis politiques il y a un comité exécutif.
Lorsque vient le temps - si on transfère ce pouvoir -à toutes
fins utiles, on vient d'enlever la responsabilité au conseil municipal,
ce qui veut dire que seuls les gens qui font partie du conseil d'une
façon majoritaire ont le droit de discuter sur les tarifs ou ont le
droit de décider. C'est là-dessus que porte mon amendement.
Pourquoi ne qarderait-on pas, à l'ensemble des conseillers, le pouvoir
de parler, de fixer les tarifs au moment où la discussion se fait, et
pas à un autre moment?
Quand on veut augmenter la démocratie municipale, on fait la
discussion en public autant que possible. Il y a beaucoup de conseils
municipaux dont les assemblées sont télévisées.
C'est couvert par des journalistes. Il n'y a pas beaucoup de conseils
exécutifs qui admettent la présence des journalistes et de la
télévision dans leurs débats. C'est une façon
d'augmenter la participation des citoyens aux décisions qui se prennent
dans leur municipalité. Si on maintient que l'exécutif doit
garder ce pouvoir de décision ou peut accepter de transmettre la
décision... On vient de dire à ceux qui font partie du conseil
mais qui ne font partie de la majorité que ce sont des citoyens de
deuxième classe. Cela va bien pour d'autres décisions qui ont
été prises depuis le début de l'étude de ce projet
de loi. On dit: Oui tout le monde a le droit d'avoir des partis politiques,
mais pas plus que deux, parce que les deux vont être
considérés comme du monde. Les autres, les indépendants,
ils n'existent pas. L'indépendant dans le conseil municipal pourrait
avoir... Quand un conseil municipal de 12 membres a un comité
exécutif, les indépendants n'ont pas le droit de parler à
ce sujet, car cela ne les concerne pas. Ils vont aller aux élections
et
cela ne les concerne pas. Ceux qui font partie d'un autre parti
politique, on va décider si on leur donne la responsabilité ou si
on ne la leur donne pas. On ne discutera pas du fond. On va décider si
le conseil a à déterminer s'il doit payer ou ne rien payer,
comment et combien il doit payer. Ce n'est pas ce qu'on va discuter sur la
place publique. On va décider si c'est l'exécutif qui doit avoir
la responsabilité ou si c'est nous. Il n'y aura pas de chicane. Les gens
vont dire: C'est quoi, cette histoire-là? Il me semble que ce n'est pas
si important de décider des tarifs. Ce n'est pas important, mais cela
tient lieu d'un article dans le projet de loi. Cela tient aussi lieu de
décision dans la Loi électorale provinciale. Il doit y avoir
quelque chose de rattaché à cela. Partout où il y a de
l'arqent, comme beaucoup des décisions qui sont prises à la
municipalité concernent le pouvoir ou la décision administrative,
le pouvoir de dépenser est aussi attaché au droit de taxer. C'est
une responsabilité qui se fait. Pourquoi veut-on toujours évacuer
le conseil municipal et transférer nos responsabilités à
d'autres? Parce qu'on ne veut pas faire de vagues, on ne veut pas dire que tout
le monde fait partie du même train, des trains qu'on accroche en chemin
et qu'on décroche. Tantôt, pourquoi quelqu'un se
présentera-t-il comme conseiller municipal? Pour dire qu'il y a un
exécutif qui décide de tout pour lui? Il me semble qu'on est en
train de faire une négation de la démocratie. On fait, par nos
actes et par nos décisions, ce qu'on ne voudrait pas faire. Je pense
qu'il faut approfondir et examiner cela. Où il y a un conseil
exécutif - je le répète et je le maintiens - ses pouvoirs
sont fixés par des chartes spéciales. Le conseil exécutif
n'a pas tous les pouvoirs. C'est déterminé dans une charte
spéciale.
Là, par le biais d'une loi générale, on leur
transfère des pouvoirs supplémentaires en alléguant qu'on
le fait à Montréal. Je trouve que Montréal a certaines
choses; c'est une grosse ville. Il y a des raisons pour le faire, des raisons
historiques, des raisons logiques, des raisons mécaniques; il y a toutes
sortes de raisons, c'est évident. Mais, pour l'ensemble des
municipalités du Québec, ce n'est pas nécessairement vrai
que les gens, les citoyens, veulent favoriser d'une façon
outrancière les partis politiques et leur donner tous les pouvoirs et,
aux autres, rien. Tantôt, cela va être seulement un simulacre de
démocratie. On aura le parti au pouvoir et on aura, d'autre part, ceux
qui ne font pas partie de la majorité qui seront des gens de
deuxième zone et de deuxième classe. C'est ce qu'on est en train
de créer avec l'air de rien. Le principe de dire: Cela ne va pas si mal,
on devrait arranger cela comme cela.
À mes yeux, il faut se demander sérieusement ce qu'on veut
obtenir en fin de compte. On a dit qu'il faut amener les citoyens à
participer à la vie municipale. S'ils veulent participer à la vie
municipale et que tous les gens ne sont pas nécessairement dans le
même train - certains vont plus vite et d'autres moins vite - il faut
donner l'occasion à ces gens de se rattraper une fois de temps en temps.
Une fois tous les quatre ans, une décision peut se prendre dans
l'ensemble des conseillers municipaux. On dit: Non, c'est trop d'ouvraqe. Je ne
le sais pas. J'ai présidé des conseils municipaux et je n'ai pas
perdu beaucoup de temps à fixer les salaires des choses
électorales, je n'avais probablement rien à favoriser; je
trouvais que les barèmes et les prix fixés par le
ministère étaient corrects. Le conseil avait l'air de dire que
c'était correct. On n'a pas passé beaucoup d'heures à
discuter de cela.
D'où vient l'idée qu'il faut transférer à un
autre? On veut transporter cela ailleurs. Encore là, je maintiens... Je
suis d'accord avec le ministre, peut-être que c'est une grosse
décision pour Montréal, mais je vous passe un papier qu'à
Sainte-Foy j'espère que ce n'est pas ce qui fait l'objet de grands
débats, pas plus qu'à Charlesbourg ou à Beauport. Il doit
y avoir un endroit où on peut faire des débats, pas
nécessairement de grands débats, mais qu'on dise aux gens
pourquoi on veut payer plus, pourquoi on veut se distinguer du
ministère. Il me semble que le ministère ne prend pas d'action
à la légère, il s'appuie sur des normes. À part
cela, j'ai plus confiance, en règle générale, dans le
jugement des ministères pour fixer des barèmes que dans des... En
règle générale, je pense que le ministère fixe des
chiffres et, dans les faits, faisons le tour de la province et, la plupart du
temps, ce sont les chiffres qui sont retenus. Ce sont les montants que les
conseils municipaux acceptent de donner aux qens qui travaillent pour
l'élection municipale. Il n'y a pas beaucoup de cas. Si cela ne cause
pas de problème, pourquoi veut-on en donner plus que le citoyen en
demande?
Dans le fond, on en donne plus que les gens en demandent. On dit qu'on
veut garder une souplesse dans une décision prise une fois par quatre
ans. Imaginez-vous le souci qu'on a au ministère. On est en train de
démontrer qu'on garde de la souplesse. Où il y a des
décisions régulières à tous les jours, à
tous les quinze jours, j'admets que le ministère doit
réfléchir sérieusement à savoir quelles sont les
mesures souples qu'on pourrait accorder aux municipalités pour
améliorer leur vécu et leur administration. Mais là, ce
n'est pas cela, c'est une fois par quatre ans. Qu'on exige que le conseil
municipal réfléchisse sérieusement une fois par quatre ans
pour savoir s'il va donner plus ou s'il va garder les montants fixés par
le ministère qui, en règle générale, ne sont
pas
contestés, je ne pense pas qu'on ferait preuve d'une grande
souplesse ou d'une grande compréhension. Au contraire, pour le bien de
la vie démocratique et de la vie municipale, il faudrait maintenir ce
régime: le conseil a le pouvoir, il a le droit de fixer des
rémunérations autres que celles fixées par le
ministère et cette discussion doit se faire en public.
Pourquoi transférer des responsabilités que, pratiquement,
on n'exerce jamais? Ce n'est pas cela, de la souplesse, c'est presque de
l'escamotage. C'est escamoter une décision qui, il me semble, doit
être faite au grand jour. Ce n'est pas gênant pour un conseil
municipal. Ce n'est pas pour cela que Montréal et peut-être
Québec ont demandé dans leur charte de fixer des tarifs autres
que ceux de l'ensemble des municipalités. Cela ne doit pas être
pour se cacher. J'espère, en tout cas, que ce n'était pas
là le motif. Si c'est cela, il faudrait le leur enlever au plus sacrant.
Si le motif était pour avoir une meilleure administration... Je pose
encore des questions, même sur Montréal. Cela pourrait se faire
avec l'ensemble des conseillers. Encore là, je ne pense pas qu'on
virerait le pays en faisant cela. On pourrait accepter ce régime que je
propose par un amendement pour l'ensemble des municipalités du
Québec. À mes yeux, on ne fera pas un grand accroc. Au contraire,
on favorise une meilleure démocratie, on favorise une meilleure
transparence des actions et des décisions d'un conseil municipal par
rapport à l'ensemble de la population. Il me semble que c'est de nature
à garder les gens toujours sur le même pied.
Il ne peut pas y avoir des échevins du pouvoir et des
échevins de l'autre côté de la clôture. Il me semble
que l'ensemble des conseillers élus par l'ensemble de la population ont
droit aux mêmes éqards et aux mêmes décisions. Une
fois que c'est décidé, au départ, l'échevin doit
savoir qu'un tel est de deuxième classe et que l'autre est de
première classe parce qu'il sait qu'il y a des décisions
auxquelles il n'a pas accès. Déjà, dans les grosses
municipalités, du fait qu'il y a un comité exécutif, il
sait qu'il ne fera pas partie de l'exécutif. S'il est dans l'Opposition,
il ne peut pas être là. Donc, il y a une deuxième classe
qui vient se former. La décision se prend à l'exécutif. II
y a un certain nombre de tâches qui sont des tâches où la
personne est directement concernée, il me semble. Des gens directement
concernés par des décisions n'auront même plus le droit
d'en discuter parce qu'ils ne sont pas partie à la décision.
Donc, au départ, on vient de dire que dans un conseil municipal
des conseillers font partie du pouvoir, donc ils sont considérés
corrects dans l'ensemble, et que d'autres élus n'auront pas droit aux
décisions. Une décision sera prise à savoir si on donne le
pouvoir à l'exécutif ou si on le garde; c'est fini, c'est
décidé. Donc, c'est une interrogation sérieuse. Je pense
que l'amendement que je propose est de nature à favoriser... Je
n'épuiserai pas tout mon temps, M. le Président, je n'en ai pas
l'intention, à moins qu'on me provoque. Je vais donner l'ensemble des
arguments auxquels je crois fondamentalement. Cela dit, on pourra
procéder au vote. Encore là, je maintiens qu'une bonne
décision, c'est de favoriser la démocratie. Pourquoi a-t-on
besoin d'un conseil municipal? C'est justement pour participer à des
décisions de nature à faire participer de plus en plus les
citoyens et à maintenir aussi le souci d'équité chez les
élus. Je pense que c'est dans ce sens que ma résolution est
proposée et j'espère que tout le monde va concourir à
l'accepter.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Michel Bissonnet
M. Bissonnet: M. le Président, je ne sais pas si un
chanqement a été fait, mais au deuxième paragraphe, on
dit: "Un tarif qui fixe une rémunération ou une allocation
inférieure..." Est-ce que ce ne serait pas plutôt
"supérieure"? Le conseil de ville, c'est lorsqu'il fixe une
rémunération supérieure qu'il doit avoir l'approbation du
ministre et non quand elle est inférieure. J'imagine que c'est le mot
"supérieure" qui devrait être écrit au lieu du mot
"inférieure". Je ne sais pas, M. le ministre. Un conseil de ville qui
aura une allocation inférieure au tarif que le ministère accorde,
à ce moment-là, je me demande pourquoi il aurait à vous
demander votre approbation s'il paie des tarifs inférieurs. C'est
plutôt lorsqu'il paie des tarifs supérieurs aux tarifs
établis par le ministère qu'il doit avoir l'approbation du
ministre. (11 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Je n'ai pas terminé. Je vais discuter
l'amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse.
M. Bissonnet: M. le ministre, je voudrais que vous apportiez une
réponse aux arguments du député de Jonquière en ce
qui a trait au fait de déléguer un pouvoir additionel au
comité exécutif dans les municipalités. Il faut comprendre
que plusieurs municipalités ont un comité exécutif, mais
il y en a plusieurs qui n'en ont pas, probablement par économie. Je
pense que le conseil municipal n'a jamais assez de pouvoirs. Ceux qui sont
élus à un
conseil de ville doivent, à l'intérieur de leurs
fonctions, être les plus efficaces et agir le plus possible au nom de
leurs électeurs. Comme c'est une résolution du comité
exécutif, si on lui délègue le pouvoir une fois par quatre
ans, je pense que le conseil de ville pourrait avoir une juridiction
entière sur ce dossier. Je serais porté - j'attends vos
arguments, M. le ministre - à voter en faveur de l'amendement du
député de Jonquière.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jeanne-Mance. M. le ministre.
M. Bourbeau: Je ferais motion pour suspendre l'étude de
l'article 88. On reviendra à cela plus tard si vous êtes
d'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre l'amendement et l'article 88?
M. Dufour: Là...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre l'étude de l'amendement et de l'article?
M. Dufour: On peut suspendre la séance. Suspendre
l'amendement, attendez un peu.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement et l'article
88.
M. Dufour: M. le Président, avant de donner notre
consentement, est-qu'on pourrait s'assurer que le député de
Jeanne-Mance sera présent lors de la reprise de l'étude de
l'article?
M. Bissonnet: M. le député, je suis toujours
présent à la commission.
M. Dufour: Cela ne donne pas une réponse à ma
question. Je voudrais m'assurer que, quand on va étudier l'article
à nouveau... Je comprends que le député de Jeanne-Mance a
une grande expérience. Il a vécu lui aussi. Les
différentes expériences de chacun d'entre nous ici... En tout
cas, j'ai beaucoup de sympathie pour lui. Je ne le connaissais pas, mais, juste
parce qu'il a été maire et qu'il exerçait une fonction,
j'ai vu ce qu'un parti politique a pu lui faire et je n'ai jamais
apprécié cela. Je vous la donne, ma philosophie par rapport aux
partis politiques. Ils ont des droits, mais ils n'ont pas tous les droits. Je
n'ai pas accepté cela. Je trouve qu'il a vécu des
expériences qui pourraient être de nature à éclairer
le ministre des Affaires municipales dans certains dossiers. Je trouve cela
correct. Pour moi, ce n'est pas un dossier - je l'ai dit et je vais le
répéter - rouges versus péquistes, ce n'est pas cela.
C'est un dossier municipal. Un dossier municipal sera toujours un dossier
complexe par rapport aux élus provinciaux et ce sera vrai pour n'importe
quel parti politique qui aura à prendre des décisions concernant
le domaine municipal. C'est une question de pouvoirs par rapport à
d'autres pouvoirs. Je vais donner ma philosophie, mon approche, si cela peut
être de nature à améliorer le déroulement des
travaux de cette commission.
Suspension de la discussion sur l'amendement
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre l'amendement et l'article 88?
M. Dufour: Oui, M. le Président. C'est correct.
Le Président (M. Saint-Roch):
L'amendement et l'article 88 sont maintenant en suspens. J'appelle
l'article 89. M. le ministre.
Reprise de l'étude
détaillée
M. Bourbeau: M, le Président, l'article 89, comme la loi
actuelle, permet au Directeur général des élections de
faire des recommandations au président d'élection de la
municipalité.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 89? M. le député de
Jonquière.
Directeur général des
élections
M. Dufour: M. le Président, on a parlé des
fonctions, mais on a été plus loin. À un certain article,
on dit que le président d'élection - donc, le président
d'élection local - veille au bon déroulement de
l'élection. Dans les recommandations que le Directeur
général des élections va faire concernant l'exercice,
est-ce qu'il peut aller plus loin que ce qui est vraiment écrit dans le
projet de loi, en dehors de cet article? Cet article, je le mets encore en
exerque. Je me dis qu'il est tellement vaste, qu'il dit tout et rien. Le
Directeur général des élections qui veut faire des
recommandations doit-il s'en tenir seulement aux fonctions très
précises qui lui sont dévolues par la loi? Je vais aller plus
loin que cela. J'ai un certain nombre de directives que le Directeur
général des élections peut... Il y a beaucoup de demandes
faites au président des élections. Je vous réfère
au rapport annuel 1985-1986 du Directeur général des
élections qui donne un certain nombre de demandes qui sont faites
par rapport au déroulement d'une élection dans une
municipalité. Il y a 1834 demandes. Ce n'est pas une mince tâche
d'agir comme Directeur général des élections. Il pourrait
aller jusqu'à faire des recommandations. Ma question serait: Est-ce que
le libellé de cet article, quant au Directeur général des
élections, a seulement rapport aux élections, ce qui est
dévolu au président?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Si je comprends bien la question du
député de Jonquière, je répondrais que le Directeur
général des élections peut faire des recommandations au
président d'élection sur tout ce qui concerne l'exercice des
fonctions de ce dernier d'une façon générale.
M. Dufour: Peut-être aussi pour une meilleure
compréhension, est-ce qu'il serait possible qu'un candidat puisse passer
pardessus le président d'élection local pour aller demander une
information ou une directive au Directeur général des
élections?
M. Bourbeau: Tout citoyen peut s'adresser au Directeur
général des élections pour recevoir des informations. Un
candidat peut le faire à titre de citoyen.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 89? M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le ministre. Dans les articles 89, 90 et 91,
est-ce que ce sera du droit nouveau que le Directeur général des
élections puisse faire des recommandations? Est-ce que avant, le
Directeur général des élections du Québec avait
autorité sur les présidents d'élection locaux? Il pouvait
peut-être y avoir des échanges de documents, des échanges
de services, mais est-ce que le président d'élection de
municipalité avait un pouvoir quelconque avant ces trois articles que
nous trouvons dans ce projet de loi?
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jeanne-Mance. M. le ministre.
M. Bourbeau: Les article 89, 90 et 91 sont exactement semblables
à ce qu'on retrouve présentement dans la Loi sur les
élections dans certaines municipalités. Ce point-là
concerne toutes les municipalités.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 89? Est-ce que l'article 89 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 90.
M. Bourbeau: L'article 90, comme la loi actuelle, permet au
Directeur général des élections de fournir sur demande de
l'assistance au président d'élection de la
municipalité.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: "Le Directeur qénéral des
élections peut, sur demande, fournir au président des
élections..." Pour ceux qui connaissent le déroulement d'une
élection, de la façon dont l'article est libellé, le
"peut" veut peut-être dire "doit". Ce n'est pas très clair.
Pourquoi y a-t-il un Directeur qénéral des élections?
C'est parce qu'il se déroule une action bien importante, soit dans la
municipalité, soit dans l'ensemble. II y a un président
d'élection local qui est mal pris. C'est pour cela qu'il y a un
Directeur général des élections. Le président
d'élection local va téléphoner ou va aller rencontrer le
Directeur général des élections pour lui demander de
l'aide parce qu'il ne comprend pas trop son affaire, il y a quelque chose qui
ne marche pas. Il y a un problème quelque part. Le Directeur
général des élections, d'après ce libellé,
même si c'est sur demande, n'est pas obligé de la lui fournir. Il
est écrit "peut, sur demande", même si le président
d'élection local est mal pris. Il veut avoir de l'aide et le Directeur
qénéral des élections dit: Tu me la demandes, mais je ne
peux pas, je ne veux pas, je ne t'en donne pas, arrange-toi avec tes troubles.
Est-ce que c'est ce qu'on cherche dans cet article ou c'est moi qui ne le
comprends pas'' J'aimerais que quelqu'un me l'explique comme il faut.
Une voix: On va faire la "job" à sa place.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Ici, je pense que c'est le gros bon sens qui doit
s'appliquer. Le premier responsable, c'est le président
d'élection. S'il a besoin d'aide, il peut toujours se retourner vers le
Directeur général des élections, mais on ne peut pas
s'attendre à ce que le DGE vienne faire le travail à la place du
président d'élection local. C'est à peu près le
contexte dans lequel se fait le travail.
M. Dufour: M. le ministre, je comprends que vous disiez que c'est
du gros bon sens. Vous savez, dans la loi, ce n'est pas indiqué que
c'est du gros bon sens. Cela
n'existe pas de même dans une loi. Une loi, c'est
écrit...
Une voix: ...il faut changer le président
d'élection?
M. Dufour: La loi peut tenir compte du gros bon sens, mais une
fois qu'elle est écrite, on applique ce qui y est indiqué. Le
Directeur général des élections n'est pas changé
à tous les jours et j'espère que non. Le type en place a une
"job" et une fonction à remplir et il a un budget pour l'application de
ces lois. Mais là, même si vous me dites que c'est le gros bon
sens, cela m'inquiète un peu. Je ne dis pas qu'il ne le fera pas et je
pense bien que le Directeur général des élections, s'il y
a de l'abus, que le président d'élection n'est pas
compétent, qu'il ne fait pas sa "job" comme il faut et que cela n'a pas
d'allure, même si on disait "doit fournir l'assistance", s'il doit la
fournir à n'importe quel prix et n'importe comment, je pense qu'on ne
serait pas correct. Si le président d'élection a les deux pieds
dans la même bottine et les deux doigts dans le nez, on n'en veut pas. Ce
n'est pas cela, un président d'élection. Il me semble que c'est
clair que ce n'est pas ce qu'on recherche.
Le Directeur général des élections, qu'on lui
maintienne le pouvoir de répondre, même sur demande, d'y aller ou
ne pas y aller, cela me semble très large au point de vue de
l'interprétation ou, en tout cas, au point de vue de la rédaction
de la loi. Même si on disait que le directeur général doit,
sur demande, fournir au président d'élection toute l'assistance
dont il a besoin pour exercer ses fonctions, on ne vient pas de le tuer, le
président d'élection; on ne vient pas de l'obliger à
partir de Québec et d'aller administrer la loi à Saint-Hubert, on
vient de dire qu'il doit répondre à cette question. Si le
président d'élection se sentait démuni et que cela ne
pouvait pas marcher, quels seraient les recours du président
d'élection local, en dehors du Directeur général des
élections?
M. Bourbeau: Le député de Jonquière voudrait
qu'on change le mot "peut" par "doit". C'est un changement important qui
implique le Directeur général des élections
lui-même, et qui change un peu toute la problématique. Cela
pourrait créer des situations où un président
d'élection local déciderait d'embarrasser ni plus ni moins le
Directeur général des élections en lui demandant toute une
série de choses et de gestes à poser qu'il serait impossible
d'accomplir pour le Directeur général des élections.
En définitive, je pense que c'est le président
d'élection local qui est le maître d'oeuvre de l'élection,
le responsable de l'élection. II doit mettre ses culottes et faire son
travail. Il est payé pour cela; il est enqagé pour cela et je
pense qu'il serait dangereux de transférer, si je peux dire, le fardeau
sur les épaules du Directeur général des élections
et de le mettre à la merci de 122 présidents d'élection
locaux qui pourraient lui rendre la vie absolument impossible dans une courte
période de temps. À première vue, il m'apparaîtrait
difficile qu'on se rende au désir du député de
Jonquière.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'article 90.
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais intervenir quelque peu. D'abord, on n'a
pas eu l'avis du Directeur général des élections; il n'est
pas venu sur cette loi, car on pensait que tout était à peu
près clair. J'aimerais qu'on ait son avis; on pourrait le faire demander
pour qu'il nous donne son point de vue. Il pourrait peut-être nous le
donner. (11 h 30)
Le ministre dit qu'il ne faut pas en mettre trop. Je ne savais pas qu'il
fallait faire attention avec les lois. Il me semblait qu'on pouvait donner des
pouvoirs à des gens et qu'il fallait faire attention pour ne pas leur en
donner trop ou pas assez.
Je regarde les fonctions et pouvoirs du Directeur général
des élections dans la Loi électorale du Québec, ils sont
inscrits. On n'a pas peur de lui en donner ou pas, on lui en donne. On dit:
C'est cela qu'il doit faire. Quant aux dispositions où cela pourrait
enqaqer des montants d'argent supplémentaires du gouvernement, là
on a été plus prudent, on a dit: II peut faire des choses. Mais
où il ne peut pas, où c'est vraiment sa loi, on dit: II doit le
faire. On lui donne un tas d'affaires, on dit: assurer, surveiller,
émettre, recevoir, autoriser, vérifier, établir,
enquêter; quand c'est pour le public: donner, rendre, maintenir, tenir,
fournir, faire; donc, c'est tout de l'impératif, il n'y a pas un verbe
là-dedans qui est flou, c'est "doit le faire".
Quand on arrive au point de vue municipal, parce qu'il y a le Directeur
général des élections qui est au-dessus du
président d'élection, je serais bien surpris que l'ensemble des
présidents d'élection municipaux deviennent tous
incompétents d'un coup sec, mais ils pourraient de temps en temps avoir
besoin d'aide. Cela peut être une aide au plan de l'information. Je vais
vous en conter certaines choses... Je ne vous en conterai pas beaucoup, mais ce
sont des faits. Quand la loi a été changée en 1980
environ, des gens ou le président d'élection
n'étaient pas capables d'interpréter et c'était flou dans
la loi. Ainsi des gens pouvaient-ils être identifiés à
l'intérieur d'un bureau de vote ou autour du bureau où se faisait
le vote? Je connais un type qui s'est fait élire... Il y avait une
grosse boîte pas bien loin du... juste avant d'entrer à la place
pour aller voter avec son annonce pour favoriser son élection. Cela
s'est fait, ce n'était pas clair darts la loi. Notre président
d'élection chez nous, qui n'était pas un niaiseux -laissez-moi
vous dire que c'était une gars compétent, avec beaucoup
d'expérience -n'était pas capable de déterminer à
quel article de la loi se référer. S'il avait demandé au
Directeur général des élections, celui-ci ne pouvait pas
plus lui donner l'information, non plus. Donc, il y a déjà des
choses floues dans l'application de la loi. Il y a un Directeur
général des élections, et on doit s'en féliciter,
on doit avoir recours à ces gens-là bien sûr parce que,
dans la loi, il y a justement une section où on parle de cela. Il
faudrait que le Directeur général des élections soit
là pour quelque chose, qu'il soit motivé pour le faire, et lui en
donner l'obligation. Donc, le Directeur général des
élections peut, sur demande, fournir au président
d'élection toute l'assistance dont il a beoin pour exercer sa fonction.
Même si !e président d'élection local est "poigné"
dans sa loi et qu'il ne peut plus s'en sortir, le Directeur
général des élections pourrait dire, dans ce
cas-là: Je n'ai pas affaire à toi, je n'ai pas le temps, je suis
"poigné". Je peux sur demande... Je vais aller voir dans la loi parce
que Dieu sait que quand c'est écrit, ce n'est plus le gros bon sens,
comme dit le ministre, c'est vraiment ce qui est écrit. Il va la
regarder et l'appliquer. Il va lire "pouvait sur demande", mais là, il
ne pouvait pas... Donc, c'est une souplesse qui, pour moi, n'est pas
demandée, parce que s'il n'y a pas de loi, c'est le gros bon sens qui
s'applique et c'est donné à tout le monde. Chacun va se dire:
Moi, c'est mon gros bon sens qui me dit cela et l'autre: c'est le gros bon
sens. Cela ne fait pas des enfants forts; cela ne fait pas des lois fortes.
Cela ne fait pas des lois non plus faciles à appliquer.
Je me demande si le ministre ne peut pas reconsidérer cette
demande qui ne me semble pas excessive. Il me semble que c'est... Pourquoi
faire une loi si vous y laissez des faiblesses ou une souplesse qui n'est pas
de bon aloi? Dans une élection, il y a des dispositions où vous
dites que des gens peuvent aller à la cour directement et demander une
injonction et ils vont prendre des décisions rapides. Dans cette
question-ci, vous me dites: Ce n'est pas obligatoire. Essayons donc de leur
aider et ne pas laisser des choses floues. Cela ne me semble pas si
extraordinaire ce que je demande là.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'analyse la demande du
député de Jonquière exactement selon les mêmes
critères que précédemment. Est-ce que la demande du
député améliore ou non le projet de loi'' Je pense que
c'est ce qu'on doit se demander. Reqardons ce qui se fait actuellement puisque
le député a cité tout à l'heure des statistiques.
Dans la loi actuelle, il est dit ceci: "Le Directeur général des
élections - la loi qui prévaut présentement - peut, sur
demande - vous pourrez lire l'article 90 -fournir au président
d'élection toute l'aide dont ce dernier peut avoir besoin pour exercer
ses fonctions." Dans l'article 80, on dit: "Le Directeur général
des élections peut, sur demande, fournir au président
d'élection - c'est la même chose -toute l'assistance dont il a
besoin pour exercer ses fonctions. Effectivement, c'est à peu
près mot à mot le même texte qui prévaut
présentement. Or, le député nous a dit tout à
l'heure que le système actuel fonctionne bien. Il y a eu 1800 demandes
qui ont été effectuées cette année auprès du
Directeur général des élections, alors qu'il y a 1500
municipalités au Québec. C'est donc que la communication est
bonne entre le DGE et les présidents locaux. Il ne semble pas y avoir de
problème. Effectivement, il n'y a pas de problème avec le
système actuel. Je ne vois pas pourquoi on viendrait modifier ce qui
existe.
Deuxièmement, je signalerai, contrairement à ce que pense
le député de Jonquière, que le Directeur
général des élections a participé activement
à la rédaction du projet de loi qui est devant nous
présentement. Son personnel a assisté et a travaillé avec
les légistes du ministère des Affaires municipales à la
rédaction du projet de loi et de tous les articles qui le
concernent.
Troisièmement, le Directeur général des
élections lui-même, personnellement en personne, a fait des
analyses, a travaillé pendant des heures, a aidé, avec des hauts
fonctionnaires du ministère, à faire des analyses du projet de
loi. Il y a travaillé personnellement et il s'est déclaré
satisfait du projet de loi actuellement devant nous. Je me demande donc
pourquoi on viendrait tout à coup modifier un projet de loi qui
satisfait le Directeur général des élections, qui
reconduit une situation qui existe présentement et qui donne pleinement
satisfaction. Dans les circonstances, je ne vois pas pourquoi on modifierait ce
qu'il y a dans le projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: En aucun moment je n'ai
dit que le Directeur général des élections n'avait
pas participé à la rédaction et à l'étude du
projet de loi. Je n'ai jamais prétendu cela. Ce sont les
prétentions du ministre. Il est certain que moins il y a de choses
contraignantes pour quelqu'un, il n'est pas pour se battre pour en avoir. Il
n'appartient pas au Directeur général des élections de
décider cela. Il me semble que c'est à ceux qui font les
lois.
Ce qui s'est fait dans le passé, je n'étais pas là,
qu'est-ce que vous voulez que je fasse? L'ancienne loi, on l'a critiquée
quand cela a été te temps, mais ils l'ont passée. On a
essayé d'y apporter des changements. On a discuté de la loi, mais
on ne m'a jamais demandé comme maire ou comme président de
l'union ou vice-président ou autrement de l'adopter. On ne m'a jamais
demandé: Es-tu d'accord sur tous les articles? Je n'ai pas voté
là-dessus, moi.
Donc, ce qui a été fait dans le passé... et vous
dites que c'est une refonte. Mais aussi, ce n'est pas seulement une refonte
pour faire une refonte, ce sont aussi des changements qui sont apportés
au fur et à mesure. On a le droit de décider, il me semble. C'est
ce qu'on fait. Il ne s'agit pas seulement de ramener ce qui a été
fait dans le passé à aujourd'hui en disant que cela a bien de
l'allure et qu'on va le faire comme cela. Ce n'est pas de l'accepter et de dire
qu'untel a fait la loi, je suis bien d'accord. Moins la loi sera contraignante
dans mon cas, plus je vais trouver qu'elle est correcte. Mats tl y a des
législateurs pour cela. C'est ce qu'on fait actuellement. On a le mandat
d'étudier le projet de lot article par article pour voir s'il pourrait
être mieux libellé. Je ne prétends pas qu'il y a des
problèmes entre le Directeur général des élections
et les présidents locaux d'élection. Il pourrait y avoir des
problèmes un jour, par exemple. Ce ne sera pas toujours le même
monde qui sera là.
Je dis: Pourquoi ne prévient-on pas les coups? Pourquoi ne pas
essayer de bonifier ce projet de loi au moment où il passe? On le voit.
On est en train de l'étudier. On n'étudie pas cette loi tous les
jours. On n'a pas fait des changements tous les jours. Donc, si on est pour y
apporter des changements, on a le droit de le faire. On a le droit de se baser
sur notre jugement, pas seulement sur ce que les autres décident ou
pas.
La question avait été posée: Est-ce qu'il satisfait
le Directeur qénéral des élections? Si je fais venir le
président de la Lot électorale pour lui poser cette question, il
peut bien me dire oui. Mais moi, est-ce que cela me satisfait? C'est une autre
histoire. Les élus ont le droit de dire ce qu'ils n'aiment pas et ce
qu'ils voudraient changer. Sans cela vous n'avez qu'à demander au
Directeur général des élections de faire sa loi, de la
mettre en pratique et nous serons exclus complètement de toutes les
décisions. Il me semble que ce que le ministre vient de nous dire
là, ça ne se tient pas du tout. Je ne suis pas capable d'accepter
que si cela a fait l'affaire du Directeur généra! des
élections - bien sûr, il va me dire qu'elle est bien correcte et
qu'il n'y a pas de mal là-dedans - mais entre le fait de savoir si cela
fait du mal ou du bien, c'est une autre histoire. Je pense que c'est une
question que se posent les élus. Je me la pose personnellement,
même s'il y a une loi qui disait cela auparavant. Mais on est en train de
faire une autre loi. Comme je suis le porte-parole de mon parti sur la
question, je pense qu'on peut apporter certains changements ou certaines
améliorations qui bonifieraient la loi. II ne faut pas laisser cela
flou; sans cela on a des exemples qui nous donnent à comprendre que si
cela satisfait le Directeur général des élections,
à l'avenir, on pourra demander à la police: Est-ce que la loi te
satisfait? II va dire: Bien oui, la Loi de police, pour avoir le moins
d'obligations possible... C'est fatigant. On va être content. On va dire
que cela a bien du bon sens. C'est ce qu'on est en train de faire.
À partir de cela, je voudrais, mais le ministre ne veut pas. Je
ne ferai pas un grand discours mais je vais apporter un amendement que vous
battrez. J'aurai fait ma présentation. J'aurai dit ce que j'avais
à dire.
Le Président (M. Saint-Roch: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 90 ?
M. Dufour: Je vais apporter un amendement si vous pouvez attendre
une couple de secondes.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que je peux recevoir
votre amendement, M. le député de Jonquière?
Motion d'amendement
M. Dufour: À la première ligne de l'article 90,
remplacer le mot "peut" par le mot "doit".
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est recevable.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'amendement de M. le
député de Jonquière?
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, je pourrais encore prendre du
temps, même en abuser, ce n'est pas mon intention. J'ai essayé de
faire comprendre au ministre que je veux apporter des amendements pour
favoriser une adoption de loi qui fasse l'affaire des élus
municipaux, de la population, qui fasse aussi l'affaire du gouvernement
et même celle de l'Opposition. Je pense que c'est ce qu'on devrait
rechercher dans cette loi.
Pourquoi est-ce que j'apporte cet amendement? Je peux bien admettre que
dans l'état actuel des choses, il n'y a pas de problème majeur
entre le Directeur général des élections, chargé de
l'application de la Loi électorale, et les présidents municipaux
d'élection, que je sache. Je n'ai pas eu de représentation dans
ce sens.
Les hommes ne sont pas éternels, ils peuvent changer. Un jour,
ils peuvent être responsables de l'application d'une loi et un autre, ce
peut être d'autres personnes. Donc, il pourrait se présenter des
situations autres que celles qu'on connaît.
C'est évident que la rédaction de l'article par rapport
à ce qu'il était dans te passé, c'est qu'au lieu de parler
de toute l'aide nécessaire, c'est toute l'assistance nécessaire.
Je ne sais pas si cela comporte un gros changement. C'est un linguiste donc, je
ne m'arrêterai pas là-dessus.
Je pense que le fait qu'il y ait une loi - qu'on considère
importante, puisqu'elle fait l'objet d'un cahier assez important d'articles -
pour les élections municipales, qui est appliquée par des hommes
donc - des gens qui sont perfectibles, des gens qui, dans certains cas, sont
susceptibles de commettre des erreurs - des présidents locaux
d'élection, il peut y avoir autant de formulations ou de façons
d'agir des présidents qu'il y a d'individus. Il n'y a rien qui s'oppose
à cela. Il n'est pas question de placer tout le monde dans le même
moule.
Ces gens qui font appliquer ta loi, en tenant compte aussi des
particularités et de ce qui se passe dans leur localité,
pourraient, dans certains cas, être obligés de faire appel
à d'autres ressources. Ces autres ressources, comme par hasard, cela
s'appelle le Directeur général des élections du
Québec, une personne qui a l'autorité, la connaissance et
l'expérience au point de vue juridique, technique à savoir
comment doivent se dérouler des élections.
Donc, cet individu, le Directeur général des
élections, a la protection que tout le monde n'a pas, un statut
particulier. II est engagé par l'Assemblée nationale, il est
redevable de ses actes à l'Assemblée nationale. Ses
prévisions budgétaires sont acceptées directement par
l'Assemblée nationale. Il me semble qu'on lui a donné un statut
très crédible, important et qui est dû à la fonction
qu'il exerce concernant les élections. Le Directeur
général des élections n'a pas ce statut en dehors des
élections. Donc, on a une compétence certaine.
Le président d'élection local qui pourrait être
confronté à certaines difficultés, dans certains cas,
pourrait avoir recours à ses services, la loi te permet, puisque la
section IV de ce projet de loi, que nous étudions actuellement, permet
à ces présidents d'élection d'avoir recours au Directeur
général des élections. (11 h 45)
En réexaminant et en regardant cet article, cela pourrait donner
lieu à un manque d'information ou à un certain laxisme qui
pourrait se produire. Le Directeur général des élections
"peut", même sur demande, ce n'est pas "doit". Tel que libellé, le
Directeur qénéral des élections peut, sur la demande
même du président d'élection local, la lui fournir... Mais,
supposons qu'il décide de ne pas la fournir, il n'y en a pas. Donc,
à ce moment-là, en perpétuant ou en reconduisant un
article, on ne fait pas beaucoup preuve de rigueur ou de volonté
d'améliorer les choses, puis on dit: C'était fait comme cela, on
continue comme cela. Notre père s'éclairait à l'huile, on
continue de s'éclairer à l'huile, parce que cela donne aussi de
l'éclairage. C'est pas aussi bon que l'éclairage
électrique, mais cela éclaire, puis quand il n'y a pas de
courant, c'est meilleur qu'une lampe électrique.
Donc, ce n'est pas en se basant sur des choses qui ont été
faites avant que l'on peut dire: On devrait les perpétuer et continuer.
Je ne peux pas accepter facilement le fait que s'il y a eu une loi
d'écrite auparavant, si elle est écrite comme cela et si elle n'a
pas posé de problème, on doive la maintenir, si on se rend compte
qu'à la lecture et à sa face même, il y a moyen d'apporter
des changements. C'est pour cela que j'ai fait l'amendement et pour
concrétiser le fait qu'être Directeur général des
élections, d'ailleurs, c'est une fonction importante qui a
été reconnue dans la loi et un statut très
différent des présidents d'élection locaux. Il devrait,
même s'il ne l'a pas décidé de sa propre volonté,
mais que ce soit plutôt la volonté des législateurs que
l'on puisse reconnaître que si un président d'élection a
besoin d'assistance, il la lui donne, puis qu'on ne laisse pas cela à la
volonté ou au bon vouloir de l'un ou de l'autre. Une loi, c'est
impératif, elle doit être impérative dans ce cas-là
et, à mes yeux, le Directeur général des élections
devrait porter assistance, si on le lui demande; sans cela, ce ne sont que des
voeux pieux. On peut dire: Bien oui, cela va bien: L'individu a trouvé
que cela marchait, puis qu'il doit le faire, mais le jour où l'individu
qui y sera ne pourra pas le faire, il faudra peut-être convoquer une
commission parlementaire, mais le mal sera fait dans ce temps-là. Le but
de ma proposition, c'est justement d'amener le Directeur général
des élections à faire son travail, à accepter de le faire
et puis de respecter ses fonctions.
Le Président (M. Saint-Roch); Merci, M. le
député de Jonquière. Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement de M. le député de Jonquière?
Aucune autre intervention sur l'amendement de M. le député
de Jonquière. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Bourbeau: Rejeté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
rejeté.
Reprise de l'étude
détaillée
Nous revenons maintenant à l'article 90. Y a-t-il d'autres
interventions? Est-ce que l'article 90 est adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 91.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 91, comme dans la
loi actuelle, permet au Directeur général des élections de
déléguer tout ou partie de ses pouvoirs de recommandation et
d'assistance auprès des présidents d'élection
municipaux.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des interventions
à l'article 91?
M. Dufour: Concernant la façon dont il les
délègue, y a-t-il une mesure de prévue? M. le ministre ne
répond plus?
M. Bourbeau: Je m'excuse. Est-ce que le député
pourrait...
M. DufouR: J'avais l'impression qu'il ne répondait plus
depuis le début, mais là, c'est encore plus évident.
M. Bourbeau: La réponse est non, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions à l'article 91?
M. Dufour: Auparavant, il y avait...
Le Président (M, Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. dufour: Le Directeur général des
élections pouvait confier à toute personne, mais dans des cas
spécifiquement énumérés qui étaient à
la charge des présidents d'élection et de l'aide au Directeur
général des élections. Là, on semble aller plus
loin dans le libellé de l'article.
On peut suspendre. Je n'ai pas...
M. Bourbeau: M. le Président, si le député
veut poser ses questions, on va y répondre. On est là pour
cela.
M. Dufour: Quelle différence y a-t-il d'avec avant? Avant,
il y avait délégation. Le pouvoir était limité
à certains articles spécifiques de la loi et là, c'est sur
n'importe quoi. Quel est le but que l'on vise?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, dans une première
rédaction, on adoptait la techniaue dont parlait le député
de Jonquière, mais c'est le comité de législation qui nous
a demandé de modifier le projet de loi en nous disant qu'il était
inutile de le préciser, comme dans l'ancienne loi, puisque cela ne
rimait à rien et il nous a demandé d'utiliser la rédaction
qu'on a présentement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufours Je voudrais juste faire remarquer qu'il arrive parfois,
même quand on reconduit des lois, qu'on ne garde pas
intrinsèquement ce qui est indiqué dans l'ancienne loi. La preuve
qu'on a voulu faire pour 90 n'est pas la même pour 91. C'est juste une
question de sémantique. Il faut bien prendre note que ce n'est pas tout
à fait la même chose l'un par rapport à l'autre.
M. Bourbeau: On en prend note, M. le Président.
M. Dufour: Toutefois, cela ne chanqe rien.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'article 91? Â l'ordre, s'il vous
plaîtl
Est-ce que l'article 91 est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 92.
Représentants des candidats et releveurs de
listes
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 92 établit
les règles selon lesquelles les candidats d'un parti autorisé ou
d'une équipe reconnue peuvent être représentés sur
les lieux du scrutin. Ces règles comprennent une nouveauté. Au
lieu d'être représentés individuellement, les candidats
d'un parti ou d'une équipe sont dorénavant
représentés
globalement. Il s'agit d'une extension du principe applicable en
matière de financement des partis, voulant que les candidats d'un
même parti se partagent le même représentant et agent
officiel.
L'effet de cette nouveauté est évidemment de
réduire considérablement le nombre de personnes ayant le droit
d'être présentes dans le bureau de vote, réduisant par le
fait même les risques de confusion et de désordre. Outre cette
nouveauté, l'article 92 apporte quelques changements aux règles
prévues par les lois actuelles. Premièrement, il précise
clairement que les candidats n'ont droit à un représentant que si
un vote peut être donné en leur faveur dans le bureau de vote.
Ainsi, par exemple, les candidats à un poste de conseiller dans un
district ne peuvent être représentés dans un bureau de vote
où les votes ne peuvent être donnés...
M. Dufour: Je m'excuse, M. le Président. À
écouter les explications... Il y a beaucoup de bruit.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dufour: J'ai de la misère à suivre.
M. Bourbeau: M. le Président, les candidats à un
poste de conseiller dans un district ne peuvent être
représentés dans un bureau de vote où les votes ne peuvent
être donnés qu'en faveur des candidats au poste de conseiller d'un
autre district. Cette précision n'apparaît pas dans les lois
actuelles.
Deuxièmement, il réduit de deux à un le nombre de
représentants permis pour chaque parti ou équipe dans un bureau
de vote. Seule la charte de la ville de Québec prévoit
actuellement un seul représentant au lieu de deux.
Troisièmement, il élimine toute possibilité pour
des électeurs non munis d'une procuration de représenter des
candidats. Tous ces changements vont dans le sens de diminuer l'affluence dans
les bureaux de vote.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 92? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: En fait, cette personne est astreinte à
certaines normes. Est-ce qu'on veut élargir jusqu'à un certain
point la présence au bureau de vote? Vous savez que - c'est comme par
procuration - si quelqu'un qui représente un candidat sort du bureau, il
pourrait être exclu du bureau s'il n'a pas une nouvelle procuration lui
permettant d'assister au déroulement du vote.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Un peu plus loin, comme le député de
Jonquière a pu le voir en étudiant son projet de loi, il est
prévu que la procuration est valable pour toute la durée du
scrutin. Il s'agit de l'article 98, alinéa 3.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 92? Est-ce que l'article 92 est adopté?
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Dans ce projet de loi, on ouvre la porte aussi pour...
"ou une équipe reconnue", cela veut dire que les petites
municipalités pourraient avoir le même pouvoir. Ce n'est pas juste
pour les qrosses municipalités, c'est pour l'ensemble des
municipalités du Québec, que je sache.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: II y a deux systèmes, le système des
partis et te système des équipes. Les municipalités de 20
000 et plus ont des partis politiques et, les autres, des équipes.
M. Dufour: Même avec 20 000 et plus, elles auraient le
droit d'avoir des équipes aussi pour les fins de l'élection.
M. Bourbeau: Si les candidats ne sont pas regroupés en
parti autorisé, à ce moment-là, ils vont être
considérés comme des indépendants; c'est une équipe
formée d'indépendants.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 92 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 93.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 93 établit
les règles suivant lesquelles les candidats indépendants peuvent
être représentés sur les lieux du scrutin. Toutes les
explications données concernant l'article 92 s'appliquent
également à l'article 93, compte tenu des adaptations
nécessaires, sauf évidemment l'explication relative à la
représentativité globale des candidats.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: La personne que le candidat mandate par procuration
doit-elle respecter un certain nombre de critères pour être
choisie? Autrement dit, en principe, cela
pourrait être quelqu'un de quatorze ans, de quinze ans qui
pourrait représenter le...
M. Bourbeau: M. le Président, il y a deux conditions qui
empêcheraient quelqu'un d'être mandataire: 1° ne pas être
inhabile au sens de la loi; 2° ne pas être quelqu'un qui fait du
travail partisan dans l'élection. Je m'excuse! M. le Président,
c'est plutôt ne pas être quelqu'un qui n'a pas le droit de faire du
travail partisan. Ce sont deux négations.
M. Dufour: Supposons que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Donc, un employé de la municipalité ne
pourrait pas représenter un candidat. Un travailleur de la
municipalité, un employé de la municipalité n'a pas le
droit de faire du travail partisan. Donc, il ne pourrait pas être la
personne désignée?
M. Bourbeau: Un fonctionnaire ou un travailleur de la
municipalité ne le pourrait pas puisqu'il n'a pas le droit de faire du
travail partisan.
M. Dufour: Quelqu'un qui n'a pas I8 ans pourrait travailler dans
ce bureau?
M. Bourbeau: II n'y a pas d'empêchement. Il s'agit que le
candidat...
M. Dufour: C'est un choix.
M. Bourbeau: ...décide si, oui ou non, cette personne a
les capacités pour faire ce travail. On ne fait pas de discrimination
envers les jeunes.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 93 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté. (12 heures)
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 94.
M. Bourbeau: M. le Président. L'article 94, comme les lois
actuelles, oblige le représentant à affirmer sous serment qu'il
ne dévoilera pas le nom du candidat pour qui une personne vote en sa
présence, conformément à l'article 226.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 94? M. te député de
Jonquière.
M. Dufour: On tient pour acquis que le vote se fait d'une
façon très confidentielle. Je vais citer un cas qui a dû
arriver. Un aveugle, qui est allé voter, avait dit tout haut: Je vais
voter pour Untel. C'est déjà arrivé. Il a dit: Je veux
voter pour Untel, pour telle personne. Tout le monde dans le bureau a
sûrement entendu. Est-ce que cette obliqation que vous faites pour ne pas
révéler le nom du candidat... II pourrait arriver que la personne
aille voter avec quelqu'un. Quelqu'un qui est dans le bureau de vote entend.
Est-ce que cela va aussi loin que cela? Cela pourrait être quelqu'un qui
ne vote pas lui-même, il faut qu'il le dise, il y a quelqu'un qui
l'accompagne. Il y a des gens dans le bureau qui entendent pour qui la personne
va voter. À ce moment-là, il n'a pas l'obligation de ne pas
dévoiler.
M. Bourbeau: M, le Président, l'article dit que le
représentant affecté à un bureau fait le serment qu'il ne
révélera pas le nom du candidat pour qui une personne vote en sa
présence. S'il apprend pendant qu'il est dans le bureau du scrutin
qu'une personne vote pour un candidat donné, il fait le serment de ne
pas révéler l'information. Tous les représentants de
chacun des candidats sont liés par le serment qu'ils ont
prononcé.
M. Dufour: C'est clair que c'est cela.
M. Bourbeau: C'est un serment qui est pris individuellement, donc
chacun des représentants est lié par son serment et il importe
peu que trois ou quatre personnes soient au courant qu'une personne a
voté pour un candidat donné. Chacune de ces personnes est
liée par le serment qu'elle a fait.
M. Dufour: Je comprends le sens de la réponse mais le sens
de ma question c'est: Pour qui une personne vote en sa présence. "En sa
présence" ne veut pas dire nécessairement qu'il est à
côté de lui, it est dans la même pièce,
d'après ce que vous m'expliquez. Cela veut dire en sa
présence.
M. Bourbeau: Je pense qu'on doit comprendre...
M. Dufour: C'est ce que j'essaie de comprendre.
M. Bourbeau: Je comprends. On doit comprendre l'article comme
voulant dire en présence du représentant dans la section de vote.
Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'être situé à
un pied, un mètre de l'électeur, s'il entend, c'est la même
chose.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 94 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 95.
M. Bourbeau: M. le Président. L'article 95, comme la Loi
sur les cités et villes, donne au candidat le droit d'être
présent partout où peut être son représentant, de
l'assister et de le remplacer. Cela vaut, même si le candidat n'a pas de
représentant. Les autres lois actuelles sont moins explicites mais vont
dans le même sens.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 95? Est-ce que l'article 95 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté, M. le
député de Jonquière?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 96.
M. Bourbeau: M, le Président, je vous signale que c'est la
première fois qu'on adopte un article sans aucune remarque. Cela
s'améliore.
À l'article 96, M. le Président...
M. Dufour: ...projet de loi, M. le Président.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est une
première.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre,
l'article...
M. Dufour: II me semble qu'on va en faire des premières.
Vous en faites aussi parce que si je regarde la façon dont vous
connaissez vos lois et vous les faites, ce sont des premières aussi
à toutes les courbes.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, à l'article 96.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne comprends pas le
député de Jonquière. Je le félicitais de sa
célébrité. Je ne vois pas pourquoi il s'offusque.
M. Dufour: Je n'ai pas besoin d'être nargué et vous
n'avez pas besoin de vous servir de la force du nombre pour essayer de gagner,
vous le faites à l'Assemblée nationale et c'est
déjà trop.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaîtl À l'article 96, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la force du nombre c'est
évident, le député de Jonquière est toujours seul.
Donc, il n'y a pas de problème pour lui.
M. le Président, l'article 96 prenant modèle sur la Loi
électorale du Québec, introduit officiellement dans les
municipalités un genre particulier de représentants des candidats
qui existent déjà officieusement. Les releveurs de listes,
communément appelés chasseurs ou "ronneurs", ces
représentants ont pour tâche de recueillir la liste des personnes
ayant déjà exercé leur droit de vote à
différents moments du scrutin.
Il ne peut y avoir, dans chaque local comprenant un bureau de vote,
qu'un seul releveur de listes par parti autorisé, équipe reconnue
ou candidat indépendant.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: La procuration qui est donnée, autrefois cela
existait; cela voulait dire que chaque fois que quelqu'un allait dans le
bureau, il était obligé de remettre une procuration. Est-ce que
la procuration qui va être donnée dure la journée de
votation ou si l'individu doit avoir une procuration chaque fois qu'il entrera
dans le bureau de vote*?
M. Bourbeau: M. le Président, je signale de nouveau au
député, l'article 98 qui dit que la procuration d'un releveur de
listes est valide pour toute la durée du scrutin: troisième
paragraphe, article 98. On y viendra dans quelques minutes, je
l'espère.
M. Dufour: ...vous présumez. Il ne faut rien
présumer.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 96?
M. Dufour: On va le lire un peu.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Pourquoi ne peut-on pas exercer ces mêmes
pouvoirs, pourquoi les deux premiers alinéas ne s'appliquent-ils pas
lors du vote par anticipation?
M. Bourbeau: II n'y aurait pas grand intérêt
à envoyer des ronneurs chercher les listes des gens qui ont voté
lors du vote par anticipation parce que, de toute façon, les gens qui ne
votent pas par anticipation ont toujours le loisir de voter à
l'élection normale. Le but de ces chasseurs de listes, c'est de
s'assurer que des électeurs qui n'auront pas voté avant la fin du
scrutin pourront être rejoints pour leur rappeler que c'est la
dernière chance qu'ils ont d'exercer leur droit de vote. Comme on est
à la
période du vote par anticipation, en général, les
organisations ne jugent pas utile ou nécessaire de faire sortir le vote,
si je peux le dire, comme on peut le faire le jour d'un scrutin.
Maintenant, le vote par anticipation n'est pas ouvert à tout le
monde. On doit être qualifié pour voter lors de ces
périodes? les personnes handicapées, les gens qui feront la
preuve qu'ils ne pourront pas être disponibles le jour du scrutin, etc.
Donc, il y a un nombre assez restreint d'électeurs qui peuvent exercer
le droit de voter ce jour-là.
Finalement, les dispositions qu'on a devant nous reprennent
essentiellement les dispositions qui existent présentement dans la Loi
électorale du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: J'ai devant moi la Loi électorale du
Québec, concernant le releveur de listes, les articles 235 et 236, et je
ne trouve pas ce que vous me dites. L'article 235 dit: "Le candidat peut
également désigner, le jour du scrutin - donc il peut
l'être par anticipation ou pas - pour chaque endroit où il y a des
bureaux de vote, une personne qu'il mandate par procuration pour recueillir une
liste des personnes qui ont déjà exercé leur droit de
vote." 236: "La procuration est signée par le candidat ou son mandataire
et elle est présentée au scrutateur ou au préposé
à l'information et au maintien de l'ordre, selon le cas. Elle est valide
pour toute la durée du scrutin." Donc, cela ne parle pas du vote par
anticipation. C'est complet, en faisant cela.
M. Bourbeau: M. le Président, en réponse au
député de Jonquière, les releveurs de listes - dans la Loi
électorale, on trouve cette fonction à l'article 235, dont vient
de parler le député... Or, à l'article 192 de la
même loi, on dit: "Sauf dispositions inconciliables, les articles 219,
220, 222 à 234 - on exclut 235 - ...s'appliquent au vote par
anticipation en y faisant les changements nécessaires." On doit donc en
conclure que l'article 235 ne s'applique pas au vote par anticipation dans la
Loi électorale du Québec et c'est exactement la même chose
dans le projet de loi qu'on a devant nous.
Comme je disais tout à l'heure, on reprend essentiellement les
dispositions de la Loi électorale du Québec.
M. Dufour: En fait...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...on peut se baser sur cela ou pas, je n'ai pas
regardé tous les... Il faudrait la relire très attentivement. Il
y a peut-être un point qui est important. Ce qui arrive... Pourquoi y
a-t-il des releveurs de listes? Pourquoi des gens suivent-ils le
déroulement des élections? C'est parce qu'ils ont un
intérêt certain à ce que le vote se déroule bien,
mais aussi que tout le monde exerce son droit de vote.
Il peut arriver que, au cours de la période électorale,
des gens disent: Oui, on vs aller voter. Cela peut être des gens qui
travaillent à l'élection, donc ils ne pourront pas voter la
journée même où le vote se déroule. Le
problème qu'on a - ce n'est pas vrai seulement pour les partis, c'est
vrai pour l'ensemble des citoyens - c'est quand il n'y a pas de "ronneur", la
personne qui relève les votes - on a vécu cela... Je dois vous
dire que, dans la municipalité où j'étais, on avait
demandé aussi qu'à l'avenir on donne le droit d'avoir cela.
Qui va voter normalement par anticipation? Vous avez fait une liste
exhaustive: des personnes handicapées, des personnes âgées,
des gens qui ont des problèmes, les qens qui sont en voyage et tout
cela, mais il y a un certain problème et il y une certaine affluence.
Généralement, qu'est-ce qu'il arrive ces jours-là s'il n'y
a personne pour relever les listes? Ils vont placer des gens à
l'entrée pour savoir qui va voter ou pas. C'est comme cela que ça
se passe. Cela a pour effet de congestionner assez curieusement les
entrées ou la circulation autour des bureaux. Tandis que le releveur de
listes comme tel... Je ne veux pas que cela cause un grand dommage et un grand
problème le jour du vote. La personne entre, va à quelque part et
elle s'en retourne immédiatement. On peut faire cela à toutes les
heures et à toutes les deux heures, tandis que si on n'a pas ce releveur
de listes, il y a de grandes chances que, pendant toute la journée
où le vote se déroule, chaque parti ou chaque représentant
va se tenir pas loin pour s'assurer que tout le monde est là. Comment
vous appelez-vous, monsieur? Comment vous appelez-vous, madame? II me semble
que ce ne serait pas une grande concession, mais cela pourrait être de
nature à améliorer le déroulement du vote, même pour
le vote par anticipation et ce serait peut-être une première, mais
qui serait appréciée par rapport aux partis politiques et
à tous les candidats.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne sais pas ce que les
autres membres de la commission pensent sur ce sujet. Je serais
intéressé à avoir le point de vue des autres
députés, soit les députés de l'Opposition -mais je
remarque qu'il n'y en a aucun - ou les députés de la partie
qouvernementale sur l'opportunité d'avoir des "ronneurs" ou des
chasseurs lors des élections en ce qui concerne les bureaux de scrutin
provisoires et les votes par anticipation.
(12 h 15)
Quant à moi, je dois dire que je n'ai pas de conviction profonde
ni dans un sens ni dans l'autre. Je sais que, dans la Loi électorale du
Québec, on ne retrouve pas ces dispositions. Au contraire, elles sont
nommément exclues. J'aimerais savoir pourquoi on les a exclues de la Loi
électorale du Québec. C'est peut-être pour des raisons
qu'on ne connaît pas présentement. Je ne sais pas si des membres
de la commission pourraient nous éclairer là-dessus. Je crois que
M. le député de...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Nicoiet.
M. Richard: J'aurais peut-être un commentaire à
faire là-dessus. Pour le vote par anticipation, chez les organisateurs
politiques, qu'est-ce qu'on fait normalement? C'est qu'on veut être
certain d'avoir le plus de votes possible pour notre parti dans la boîte,
avant l'élection générale. Qu'est-ce qu'on fait? On
cherche à faire sortir les personnes handicapées pour lesquelles
on sait que c'est un avantage. On peut prendre le temps qu'on veut pour aller
les chercher chez elles.
Je pense que ce n'est pas tellement au bureau qu'on a besoin de cela,
mais plutôt au local de l'organisation où on a la liste des gens
qui sont habilités à voter. On dit: On se fixe maintenant comme
défi d'aller chercher, par exemple, des gens qui peuvent avoir la
possibilité d'aller dans un vote par anticipation. On se dit qu'il faut
aller chercher 200 votes dont on est certain. On connaît la
mécanique politique: Pour battre 200 votes, cela en prend 400. On
s'assure que tous les handicapés, les personnes âgées, les
personnes qui ont besoin d'une aide physique pour se déplacer pour aller
voter, sont là.
Personnellement, je ne pense pas qu'on ait besoin d'avoir quelqu'un
à côté de la boîte de votation, en fait, dans la
bâtisse du vote, pour faire la liste, parce que c'est nous qui amenons
les gens selon notre volonté d'organisation. Donc, je pense qu'on n'a
pas besoin d'un personnel qui, sur place, va vérifier si untel a
voté. On sait qu'il a voté. La seule chose qu'on pourrait
peut-être savoir, c'est qui le ou les partis d'opposition ont
amené. Cela pourrait servir uniquement à ce contrôle. Parce
qu'il ne faut pas oublier que les gens qui vont voter, à part quelques
exceptions, ce sont massivement des gens que le parti est allé chercher
par un système et par une organisation.
Personnellement, je prétends qu'il n'est pas nécessaire
qu'on ait du personnel dans les bureaux de scrutin provisoires. Pardon, M. le
député?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: C'est que le personnel n'a pas besoin d'être sur
place. Le releveur de listes, lui - je vais parler avec le député
de Nicoiet... Si quelqu'un va voter et si on veut tenir le contrôle pour
savoir si quelqu'un est allé voter ou non, cela prend quelqu'un qui
contrôle quelque part. S'il est vrai qu'on amène des gens pour
voter, il y a des gens qui y vont d'eux-mêmes. Pour ne pas les
embarrasser, pour ne pas les appeler, pour ne pas les déranger, mais on
a avantage à savoir si les gens ont exercé leur droit de vote.
Supposons que le bureau ouvre à neuf heures, à dix heures et
demie, le releveur de listes s'en va voir au bureau et dit: Est-ce que je peux
voir la liste de ceux qui sont venus voter? Ils ont relevé une liste et
il voit où c'en est rendu. Il s'assure que la personne est là. Je
ne vous apprendrai rien, parce que vous êtes tous des gens qui avez connu
des élections. Vous savez qu'il y a des téléphones qui
sont faits pour demander: Est-ce que vous avez l'intention d'aller voter?
À quelle heure voulez-vous y aller? Le gars dit: Aïe, je suis
allé voter. Ne me tannez pas avec celai
Qu'est-ce qui se passe actuellement? C'est que, même au cours des
jours de vote par anticipation, il y a quelqu'un qui se tient à la porte
pour voir si untel est venu voter et si un autre n'est pas venu. Il biffe les
noms de la liste. Parce qu'il a sa liste préparée pour ceux qui
sont allés voter ou pas, bon, on va aller les chercher. Ce qui fait
qu'il amène des gens à l'entrée du local qui surveillent
lequel est allé voter ou pas. Sans cela, cela fait une organisation
où la personne pourrait être allée voter et être
rappelée deux ou trois fois ou être dérangée
inutilement.
Donc, que fait le releveur de listes? II passe au bureau de vote par
anticipation, parce que les représentants sont quand même
là. Il reqarde qui est allé voter et il s'assure, sur sa liste,
qu'on ne les embarrasse pas et qu'on ne les dérange pas. En même
temps, on surveille si tous les gens qui nous ont dit qu'ils iraient voter y
sont allés. C'est dans ce sens-là que le releveur de listes,
quant à moi, sert à décongestionner le bureau de scrutin.
Parce qu'on n'a pas besoin d'avoir des gens du parti à la porte pour
savoir qui est allé voter ou pas. C'est son contrôle. Le releveur
de listes entre. Il retient la liste et il n'a pas besoin d'être
là à toutes les 30 secondes. C'est de nature à enlever de
la circulation, d'après moi, et à améliorer le
déroulement du vote.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Nicoiet.
M. Richard: Je suis d'accord avec vous, M. le
député de Jonquière, quand vous dites
qu'il est bien sûr que, dans notre organisation, il y a une
mécanique de vérification. D'une part, est-ce que les gens qu'on
a demandés pour aller voter par anticipation y sont bel et bien
ailés? Normalement, c'est assez vérifiable, parce que c'est une
équipe qui nous appartient comme parti ou comme organisation. Elle s'est
occupée d'aller chercher ces gens ou d'appeler le fils pour aller
chercher sa mère pour aller voter. En grande partie, c'est cela.
Par contre, vous avez raison dans le sens où on met quand
même des "spotteurs", comme on les appelle, sur place qui
vérifient les gens qui ne relèvent pas de nous; ne serait-ce que
pour vérifier ce que l'Opposition a à amener comme
démarche et a fait voter, de façon que l'on sache presque
à un près qui a été voté et quel est le
pourcentage du vote par anticipation pour le parti que l'on représente
à la fin de la journée. On sait que ce sont des votes. Certains
sont dans la boîte; ce n'est pas inquiétant, ils sont
déjà acquis pour l'élection générale qui
suivra la semaine d'après. À ce niveau-là, vous avez
raison., Maintenant, est-ce que... Inévitablement, on le fait de toute
façon, mais est-ce important qu'il y ait un accès direct à
l'intérieur?
Le Président (M. Saint-Roch): Avez-vous terminé
votre intervention, M. le député de Nicolet?
M. Richard: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Je crois que lors
d'une élection générale, il y a énormément
de bureaux de vote la journée même de l'élection, mais la
journée du vote par anticipation, il y a seulement quelques bureaux de
vote et la plupart des gens qui vont voter c'est soit, comme le disait mon
collègue de Nicolet, les gens âgés, les gens
handicapés et tous les partis ou tous les candidats qui s'occupent de
cela. Ils font leur propre vérification. II y en a d'autres certainement
et les candidats ne sont pas conscients qu'ils vont y aller. Ce sont des gens
qui s'occupent de leur affaire et sachant qu'ils seront à
l'extérieur la journée du vote, ils s'occupent d'aller voter. Je
ne vois pas ce que cela peut... Et puis, la plupart du temps, si on parle de la
personne handicapée ou de la personne âgée, le candidat ou
les partis font le transport de ces gens-là parce qu'ils ne peuvent pas
se rendre de façon... La plupart ont besoin de transport. Alors, vous
avez un genre de contrôle à ce moment-là. Voua avez un
représentant à l'intérieur au bureau de vote par
anticipation et il y a toujours moyen que le candidat ou quelqu'un fasse le
tour et obtienne ces renseiqnements aussi. Je ne vois pas... La journée
même, du vote ce moment-là, c'est certainement intéressant
de savoir qui est allé et qui n'est pas allé voter, pour faire
sortir le vote et que tout le monde exerce son devoir de citoyen. Et là,
l'intérêt est certainement plus grand.
Dans le fond, je ne vois pas la nécessité, mais d'un autre
côté, est-ce que cela dérangerait? Oui ou non? Mais je n'en
vois pas la nécessité la journée même de
l'élection.
Le Président (M. Saint-Roch: Y a-t-il d'autres
interventions à l'article 96? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: En fait, je prétends que cela uniformise le
vote qui se fait, que ce soit par anticipation ou autrement.Cela peut
décongestionner la circulation interne ou externe. On peut nous dires
Oui, ce sont surtout des handicapés, mais ce n'est pas tout à
fait de la même façon que j'interprète cela. Il y a
beaucoup de gens qui vont voter parce qu'ils voyagent. Ce ne sont pas seulement
des handicapés qui vont voter. Il y a tous les travailleurs des
élections qui vont voter. Il y a une façon indirecte de le faire.
Bien sûr qu'on le peut et rien n'empêche, dans la loi, qu'à
chaque deux heures on change notre représentant avec une procuration. On
obtient exactement les mêmes résultats. Le but que je visais
c'est: Pourquoi ne pas uniformiser? On pourrait dire: C'est de même que
cela se passe. Qu'il y ait une élection d'une façon ou de
l'autre, vous allez avoir le même résultat au bout. Ce que j'ai
vécu, c'est qu'aux élections, quand il y a un vote par
anticipation, il y a des gens qui ne se tiennent pas loin à
l'extérieur. Ils veulent contrôler pareil. Donc, il y a une
circulation qui se fait qui ne serait pas utile, pas nécessaire, si le
releveur de listes avait le droit d'aller à l'intérieur chercher
la liste et revenir. On règle cela autrement. Ce n'est jamais plaisant
pour quelque personne que ce soit d'être dérangée
absolument inutilement pour dire: Êtes-vous allée voter? Mais
quand y allez-vous? II y a des pressions qui se font de toutes sortes de
façons. C'était le point de vue que je donnais par rapport
à cela. C'est évident que...
M. Middlemiss: M. le Président, y a-t-il des
statistiques...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: ...qui démontrent le taux de participation
lors des élections par anticipation? On va voir s'il y a
réellement un achalandage. Si on parle d'un petit
pourcentage sur le nombre d'heures que les bureaux sont ouverts,
à ce moment-là...
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On a des statistiques, mais malheureusement, on ne
les a pas ici à la table. On me dit que le pourcentage du vote est
encore très faible. Cela tourne aux alentours de 1 % ou 2 % au
maximum.
De plus, nous avons eu l'occasion de vérifier auprès du
bureau du Directeur général des élections pour savoir
pourquoi, dans la Loi électorale du Québec, on ne permet pas les
chasseurs de listes. On nous dit qu'au niveau provincial, d'une part, le but du
vote par anticipation n'est pas vraiment de faire sortir le vote d'une
façon générale. C'est le jour de l'élection
générale que cet objectif est recherché. Il s'agit
plutôt de faire voter certaines personnes qui ne pourraient pas voter le
jour du scrutin pour les raisons qu'on connaît.
D'autre part, les partis politiques reçoivent la liste des gens
qui ont voté au bureau provisoire en temps pour l'élection
générale. Donc, ils peuvent utiliser la liste des gens qui ont
voté lors de l'élection générale pour faire sortir
le vote. Le travail que pourraient faire les "ronneurs" ou les releveurs de
listes n'a pas réellement besoin d'être fait puisque tes listes
sont transmises aux partis politiques qui, après cela, peuvent appliquer
toute la pression voulue le jour du scrutin pour faire sortir les autres.
Donc, si on instaurait le système des releveurs de listes le jour
du vote par anticipation, on irait un peu à l'encontre de la
philosophie, si je puis dire, de la loi qui, justement, n'est pas de faire
sortir le maximum de votes possible le jour du vote par anticipation, mais bien
plutôt un certain vote limité à un groupe de gens en
particulier.
Finalement, si on ajoutait encore des releveurs de listes dans les
bureaux de vote, en plus de tous les gens qui s'y trouvent déjà,
et en plus du fait qu'il y a souvent des personnes handicapées qui
viennent voter par anticipation, on trouve que cela encombrerait inutilement
les bureaux de vote. C'est donc pourquoi, semble-t-il, dans la Loi
électorale du Québec on n'a pas retenu la suggestion de permettre
des releveurs de listes.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 96? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Disons que quand j'écoute mes collègues
d'en face... pas l'intention de sortir des bureaux de vote, c'est
peut-être la prétention du Directeur général des
élections.
Les gens qui se présentent à un poste ont d'autres
prétentions. La preuve, c'est qu'on a juste à relever ce qui
vient d'être dit. Même pour eux, ils veulent que ça vote.
Quand on fait nos sondages, nos pointages et qu'on se rend compte que des gens
ne pourront pas être là la journée du vote, on a
intérêt à les faire voter. Ce n'est pas du tout le
problème du Directeur général des élections,
à mes yeux. C'est le problème des gens qui se présentent
aux élections. Chaque chose a sa place et chaque place a sa chose. Par
rapport à cela, c'est certain que l'intérêt du vote est
pour la personne qui se présente. Ce n'est pas l'intérêt du
directeur des élections. Si c'est vrai, on ne devrait pas avoir de
"ronneurs" non plus le jour des élections. Ils vont savoir qui a
voté et qui n'a pas voté et on le saura pour la prochaine
élection. Je pensais bien que c'était clair que la personne qui
va voter par anticipation sera éliminée de la liste des votants
le jour du scrutin général. Sans cela, elle n'aurait pas eu droit
de vote.
Donc, cela me semble très clair que pour le vote par
anticipation, que le directeur général pense que c'est pour une
chose ou pour une autre, moi, je pense que ceux qui se présentent
veulent effectivement que les gens aillent voter. Ils veulent savoir si les
gens qui leur ont dit qu'ils iraient voter sont absents. Effectivement,
nonobstant ce qu'on pourrait en dire, les gens, les partis politiques, les
individus s'occupent qu'on aille voter ce jour-là. Il y a un
intérêt ou une évidence certaine que les gens, le jour de
l'élection, même si c'est une élection par anticipation,
veulent s'assurer que les gens aillent voter, s'ils ne peuvent pas aller voter
la journée même de l'élection. C'est pour cela que la
personne qui... Est-ce que cela pourrait enqorqer la salle où a lieu un
vote? En règle générale, la personne entre et en ressort.
Ce que je dis, ce que je maintiens, par expérience, non pas par des on
dit pour faire des histoires, il y en a d'autres qui l'ont confirmé en
face, c'est que, quand il y a une élection par anticipation, il y a des
gens ou des représentants qui se tiennent à l'extérieur,
qui regardent qui va voter et rapportent ces listes pour qu'on puisse les
confronter afin de savoir qui est allé voter et qui n'y est pas
allé. (12 h 30)
II y a une autre façon de contourner la loi qui, celle-là,
est très légale et donne exactement le même
résultat. À toutes les heures, on pourrait changer le
représentant au bureau de vote par anticipation, ce qui ne serait pas de
nature à améliorer le déroulement du vote.
Donc, ce qu'on constate... Pourquoi ne pas se conformer à une
réalité, à ce qui se passe tous les jours? II me semble
que ça, ça ne demande pas un gros effort. C'est évident
qu'on peut s'asseoir sur n'importe
quoi quand on ne veut pas changer quoi que ce soit. Toutes les raisons
sont bonnes, mats ça ne fait pas s'améliorer... C'est pour
ça, M. le Président, que simplement par principe, je vais
soumettre un amendement pour dire que le troisième alinéa de
l'article 96 est remplacé par le suivant: "Les deux premiers
alinéas s'appliquent aussi lors du vote par anticipation."
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement de M. le
député de Jonquière est recevable. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement? M. le ministre.
M. Bourbeau: Je demanderais qu'on suspende la discussion sur
l'article 96 et qu'on reporte à plus tard la discussion sur cet article
avec le consentement de la commission.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre l'amendement et l'article?
M. Dufour: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Consentement? Alors,
j'appelle maintenant l'article 97.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 97 empêche
d'être représentant de candidat ou releveur de listes la personne
qui a été condamnée pour manoeuvre électorale
frauduleuse. Cette inhabilité dure cinq ans après la
condamnation. L'article 97 concorde avec l'article 53 qui prévoit
l'incapacité de voter de cette personne et avec l'article 69 qui
prévoit son inhabilité à faire partie du personnel
électoral. Il s'inspire de la Loi électorale du
Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Là, si je comprends bien, c'est juste pour la
fraude électorale. Est-ce que quelqu'un qui serait sous le coup
suspension, surtout actuellement... Il y a beaucoup de libérations. Ils
n'ont pas eu leur pardon. Ils peuvent entrer... Il y a toutes sortes de
façons...
Il y a des gens, même si accusés ou condamnés
criminellement pour autre chose qu'une faute électorale, qui peuvent
jouir d'une certaine partie de leur liberté. On prend des gens qui sont
malcommodes, par exemple, qui se sont battus avec des qens, etc. et qui
pourraient représenter un certain danger latent, ceux-là
pourraient agir, d'après ce que je vois. Mais est-ce que ça
pourrait être une entrave?
M. Bourbeau: Mais comment peut-on les indentifier, ces
gens-là? De quels gens parle le député?
M. Dufour: II y a des gens qui pourraient avoir commis des
infractions criminelles ou autres et ils sont connus par leur dossier de
police, etc. Il y en a sûrement qui connaissent ces gens-là.
M. Bourbeau: ...un genre de liste noire?
M. Dufour: Remarquez bien. Je n'ai pas l'intention de faire
d'amendement à cet article pour le plaisir de le faire; je ne pense pas
en faire non plus. J'essaie de m'éclairer par rapport à...
Mettons, par exemple, que quelqu'un est reconnu comme un fauteur de troubles
extraordinaire dans la municipalité et, à tout bout de champ, il
est à la cour pour une raison ou pour une autre. Il pourrait avoir une
conduite qui pourrait avoir été passible... ou il peut avoir eu
une sentence suspendue... S'il a eu une sentence suspendue, il est reconnu
coupable. Mais, on dit que pour le bien de la chose, on va le laisser libre un
peu.
M. Bourbeau: Là, M. le Président, on peut avoir des
problèmes avec la Charte des droits et libertés de la personne.
On ne peut pas quand même présumer qu'une personne va être
déqualifiée ou sera déqualifiée de détenir
un poste, parce qu'on appréhenderait qu'elle puisse faire des
problèmes. Il faut quand même être en mesure d'être un
peu plus rigoureux que ça.
L'économie générale des lois électorales,
c'est qu'on écarte les gens qui ont été condamnés
et non pas des gens qui seraient susceptibles un jour d'être
condamnés parce qu'on appréhenderait qu'ils pourraient poser des
gestes. C'est ça, le problème.
M. Dufour: Oui, mais s'ils ne sont pas... Si on
appréhende... Mais, des fois, il pourrait avoir... Parce que les lois
ont évolué beaucoup. Il y a des lois évolutives qui nous
disent qu'il y a des gens qui ont fait des choses pas correctes... Ils ont eu
une sentence suspendue pour une raison ou pour une autre. Ils n'ont pas eu leur
pardon. Je sais que la Charte des droits et libertés de la personne, si
la personne est pardonnée, on est obligé de lui pardonner. Je
pense que dans n'importe quelle loi, on est obliqé de l'accepter. Mats
je fais juste poser la question. Est-ce qu'il y a des éléments
qui nous permettraient, de ce côté-là, de bonifier ou si
c'est suffisant? C'est à titre d'information. On ne discute pas des lois
comme ça à tous les jours. Je ne pense pas que j'en fasse mon
livre de chevet. Je veux en discuter; qu'on en discute, pas plus.
M. Bourbeau: M. le Président, l'exercice des droits de
l'individu n'est pas rattaché à son passé. Dans la mesure
où une loi n'interdit pas quelque chose, on a tous les mêmes
droits. Si on écartait arbitrairement les individus en
appréhendant qu'ils puissent être des fauteurs de troubles, on se
trouverait à leur servir une autre condamnation, une condamnation par
avance pour une infraction qu'ils n'auraient pas commise. Je ne vois pas
comment on peut écarter des gens autres que ceux qui peuvent être
nommément identifiés comme ayant été
condamnés par jugement de dernier recours. C'est très clair,
très limpide. On peut les identifier, les écarter, mais à
part cela, cela deviendrait de l'arbitraire et on érigerait l'arbitraire
en système.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 97?
M. Dufour: Est-ce que vous me dites que vous avez toute
l'assurance qu'on ne peut pas faire autre chose que ce qui est là? Je
suis bien prêt à accepter cela. J'accepte votre parole parce
que...
M. Bourbeau: Ce que je vous dis, c'est que le législateur
peut tout faire. On pourrait reprendre dans un texte de loi ce que vous me
dites, mais comment pourrait-on, après cela, décider qui parmi
les citoyens serait susceptible de causer des troubles? On demanderait à
quelqu'un de porter un jugement extrêmement arbitraire. Je ne vois pas
quel fonctionnaire ou quel individu dans la société dirait: M.
Untel, je présume ou je le suspecte d'être un fauteur de troubles;
on l'écarte. Cela créerait un boucan terrible dans une
élection. Quant à moi, je ne voudrais pas être responsable
de ces choix.
Le Président (M. Saînt-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Carrier.
M. Bourbeau: C'est une explication qui vaut la peine d'être
donnée. Si le député veut attendre une explication
additionnelle du...
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Carrier.
M. Carrier (André): Comme vous le savez, des amendements
ont été apportés à la législation
québécoise pour tenir compte de la Charte des droits et
libertés de la personne. Il faut dire que la Charte des droits et
libertés de la personne dit que pour empêcher quelqu'un d'occuper
un poste ou d'occuper un emploi, il faut que l'antécédent
judiciaire ait un lien avec la fonction à laquelle on veut le rendre
inhabile. L'examen fait par les experts constitutionnels du ministère de
la Justice veut qu'il y ait à peu près seulement les fonctions
d'élu - ici, on parlera uniquement des fonctions d'élus
municipaux - pour lesquelles n'importe quelle infraction a un lien avec
l'emploi, car l'élu est censé avoir une fonction de confiance
générale sur n'importe quel aspect. Attendu qu'ici on est dans un
cas de quelqu'un qu'on veut empêcher de participer au processus
électoral, cette fois-ci comme représentant d'un candidat, on a
jugé qu'à peu près les seules infractions qui puissent
subir le test de la Charte des droits et libertés de la personne pour
empêcher cette personne d'être représentant d'un candidat
sont les infractions qui traitent d'une fraude lors d'une procédure
électorale précédente, donc que ce soient des manoeuvres
électorales frauduleuses en vertu de la loi sur les élections
municipales ou des manoeuvres électorales frauduleuses en vertu de la
loi du Québec, bien entendu qu'on n'a pas le pouvoir de
décréter qu'elles seront les manoeuvres électorales
frauduleuses au fédéral, par exemple.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Est-ce que l'article 97 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 98.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 98 précise
les règles relatives à la procuration par laquelle les
représentants des candidats sont désignés. Comme la
représentation globale des candidats d'un parti ou d'une équipe
constitue une nouveauté, la règle relative à la signature
de la procuration désignant un représentant de ces candidats est
également une nouveauté. La procuration est signée par le
chef du parti ou de l'équipe ou par une personne que le chef
désigne dans un écrit transmis au président
d'élection.
Quant à la signature de la procuration du représentant
d'un candidat indépendant, la règle s'inspire de la Loi
électorale du Québec. La procuration est signée par le
candidat ou par une personne qu'il désigne dans un écrit transmis
au président d'élection. Les règles relatives à la
présentation de la procuration sont calquées sur celles de la Loi
électorale du Québec. Il en est de même de celles relatives
à la durée de la validité de la procuration, sauf que
l'article 98 dit clairement ce qui est implicite dans la Loi électorale,
à savoir que
les représentants autres que les releveurs de listes peuvent
continuer d'agir après le scrutin lors du dépouillement des
votes.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce qu'il pourrait y avoir deux personnes
autorisées à signer les procurations? Je vais donner un cas. Vous
allez peut-être me dire non, je ne le sais pas. Si le chef de parti ou le
chef de l'équipe ou le candidat indépendant ou la personne que le
chef ou le candidat désigne signe, si le candidat, en disant par exemple
par écrit: Untel va... est-ce que cela lui enlève le droit de
nommer des représentants? Est-ce qu'il peut y avoir deux personnes qui
nomment des représentants ou une seulement?
M. Bourbeau: Je voudrais avoir une précision de la part du
député. Le député veut savoir si le chef du parti
et/ou la personne à qui il a délégué son pouvoir
et/ou le candidat peuvent nommer chacun un représentant. C'est ce que
demande le député?
M. Dufour: C'est-à-dire, si je comprends bien, on donne un
pouvoir. Le président du parti ou le chef ou le candidat
indépendant dit: C'est celui-là qui peut signer des procurations.
Est-ce que le fait que j'ai délégué quelqu'un pour siqner
la procuration enlève le droit au président du parti d'en
déléguer?
M. Bourbeau: M. le Président, il ne s'agit pas vraiment
d'un mandat au sens de la loi. L'article dit "une personne que le chef a
désignée à cette fin". Je ne pense pas que le fait qu'une
personne ait été désignée pour nommer des
représentants fasse perdre au chef de parti ou au candidat son pouvoir
qu'il a lui-même de le faire. Il s'agira de faire en sorte que ces gens
se coordonnent pour qu'il y ait un seul représentant à la
table.
M. Dufour: C'est-à-dire que c'est pour la procuration?
M. Bourbeau: Pardon?
M. Dufour: C'est pour la procuration? Je comprends votre point de
vue. Ce que j'essaie de sauver ou d'empêcher, c'est que... Parlons d'une
municipalité où il y a 140 bureaux de vote - cela arrive - 140
lieux de vote. On sait bien que le candidat ou le parti va signer 140
procurations et en plus des choses comprises dans les listes, cela en fait une
autre... Il va signer un paquet de procurations, ce qui peut représenter
un nombre assez important. La personne va déléguer. Mais lui,
quand il va aller dans le bureau, vous comprenez ce qui va arriver. Il faut
qu'il donne cela par écrit. S'il y a cinq candidats ou six candidats qui
se présentent à l'élection, cela voudrait dire, si votre
explication est bonne et qu'il ne perd pas son droit, qu'il y aurait douze
personnes habilitées à siqner la procuration parce qu'on peut
déléguer ce pouvoir qu'on a. Donc, ta personne qui est dans le
bureau va avoir à surveiller sur un moyen temps. S'il y a seulement la
personne, elle a le droit de procuration. Une fois que le droit est
donné, il est donné. Mais si vous le maintenez, cela fait du
monde à la messe. C'est dans ce sens. Ce n'est pas... c'est presque un
contrôle.
M. Richard: Je crois que c'est quand même...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Nicolet.
M. Richard: Permettez, M. le Président. Je crois que c'est
quand même sur un document officiel. Ce n'est pas un document manuscrit
qui est siqné par quelqu'un. Avec à la base un document officiel,
qui n'est pas à la portée de tout le monde quand même, la
copie, je veux dire, le document de base est signé - prenons
l'hypothèse - par le candidat, d'accord?
M. Dufour: Oui.
M. Richard: II peut être aussi signé par un
représentant du candidat. On connaît l'immensité de
certains territoires que nous avons. À ce moment-là, le candidat
peut être à l'ouest du comté et son représentant
à l'est. On sait à qui on donne ces procurations-là, ce
sont normalement à des organisateurs que nous connaissons et que nous
autorisons à mettre les pieds dans les endroits de scrutin. Mais c'est
toujours par des formules officielles qui nous ont été
distribuées par le président d'élection de notre
comté. Et c'est normal. Cela a été vécu lors de la
dernière élection provinciale où certaines procurations
ont pu être signées par le candidat et d'autres signées par
-dans mon cas - mon représentant qui était mon organisateur en
chef. Il a pu, lui, signer effectivement des procurations et le candidat, lui
aussi, signer certaines procurations. Ce qui était d'autant plus
officiel. Mais c'était quand même très limitatif. Cela
pouvait être "et/ou".
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Richard: Si je comprends bien c'est ta façon dont cela
s'applique au moment où on
se parle.
M. Bourbeau: Je pense qu'il est reconnu dans tout système
de droit que le mandant ne perd jamais le pouvoir de continuer à faire
lui-même les gestes qu'il autorise un autre à faire. La meilleure
preuve, c'est qu'il peut annuler le mandat en tout temps. S'il est exact que
plusieurs personnes peuvent faire une chose, la loi dit qu'une seule personne
peut se présenter dans le bureau de vote le jour du scrutin pour
représenter l'ensemble des candidats. Alors, s'il se présente
plus d'un mandataire, on devra retourner au mandant pour faire spécifier
lequel est vraiment autorisé et le scrutateur n'en admettra qu'un.
M. Richard: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Nicolet.
M. Richard: En pratique, ce qui se passe, c'est que, normalement,
on signe, comme candidat...
M. Dufour: ...une série... (12 h 45)
M. Richard: Tout à fait, comme vous dites bien, M. le
député de Jonquière, une série de procurations qui
est distribuée. Là où il peut être utile que
d'autres puissent avoir le pouvoir de signer, c'est au cas où on
manquerait de procurations. C'est normalement un manque de procurations qui se
produit à cause de la distance, parce que le comté est grand. Par
exemple, dans mon cas, j'ai 40 municipalités. Il pourrait arriver que
les municipalités qui sont à l'extrémité n'aient
pas eu les procurations à temps, parce qu'on sait que cela nous est
donné normalement dans les dernières heures. Il semblerait que ce
système ne changera pas. C'est donc au dernier mille qu'on reçoit
cela, on doit les signer souvent te matin même ou ta veille; c'est
distribué dans notre organisation. À un moment donné, il
manque, par exemple, quatre procurations. Il faut que quelqu'un puisse avoir le
mandat. Souvent, le candidat ne peut pas se déplacer assez rapidement
pour y aller, parce que ses bureaux ouvrent souvent une demi-heure
après. C'est là que le "candidat et/ou" est quand même
utile pour qu'une deuxième personne ait le droit de... Du moins,
d'après l'expérience que j'ai vécue il y a quelques
années.
M. Dufour: Je pense que...
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va?
M. Dufour: ...c'est éclairci.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article...
M. Dufour: J'ai peut-être un autre point.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur l'article 98?
M. Dufour: Oui, toujours.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Au deuxième alinéa: "Elle est
présentée au scrutateur". J'examine cela par rapport à la
loi provinciale. La différence, c'est qu'elle est
présentée au scrutateur ou au préposé à
l'information et au maintien de l'ordre selon le cas. On a accepté,
à d'autres articles, qu'il y ait des préposés à
l'information. On en a même fait une exigence: quand il y a plus de cinq
bureaux de vote dans un endroit, qu'il y ait effectivement un
préposé à l'information et au maintien de l'ordre.
Comprenons te problème qui peut se poser, là où il
y a plusieurs bureaux, le scrutateur... On n'entre pas comme cela. Il peut y
avoir six bureaux de vote, six scrutateurs dans le même lieu de vote.
Pourquoi a-t-on fait sauter cette particularité qui, à mon sens,
visait à faciliter le vote? Je pense, par exemple, vu qu'il y a une
procuration, au releveur de listes qui veut entrer et à qui on dit: Non,
tu ne peux pas, parce qu'il faut que cela soit présenté au
scrutateur. Si on l'applique à la lettre, il faut qu'il aille chercher
un scrutateur, l'amène à la porte pour pouvoir recevoir... Bien,
écoutez donc, ça ne dit rien ou expliquez-moi ce que ça
veut dire.
Au provincial, on dit: Ou un préposé à
l'information et au maintien de l'ordre. S'il y en a un, c'est où? S'il
n'y en a pas, ça va. Mais s'il y a un préposé à
l'ordre, pourquoi ne serait-il pas capable de porter un juqe-ment si la
personne a une procuration ou pas?
M. Bourbeau: M. le Président, on va répondre.
Le Président (M. Saint-Roch): Me
Carrier.
M. Carrier: La Loi électorale dit effectivement que la
procuration est présentée auprès du scrutateur ou
auprès du PRIMO, mais ce n'est pas un choix qu'on donne au
représentant. Ce qu'il faut retenir, c'est que le représentant
auprès du scrutateur doit remettre sa procuration au scrutateur et que
le représentant auprès du PRIMO doit remettre sa procuration au
PRIMO.
Ce représentant, c'est le représentant
auprès du PRIMO, et par mimétisme sur la Loi
électorale du Québec, dans le projet de loi 60, on avait
également un tel représentant. Là, tous les commentaires
que nous avons reçus, et même ceux du Directeur
général des élections qui administre la Loi
électorale du Québec, disaient: On ne sait pas trop ce que c'est
que cette "bibite". Le représentant auprès du PRIMO, qu'est-ce
qu'il fait dans la vie?
Il se tient à côté du PRIMO à la porte du
local et qu'est-ce qu'il fait? Alors, toutes les recommandations ont
été unanimes à faire disparaître le
représentant auprès du PRIMO dans la nouvelle loi municipale.
Alors, c'est ce qu'on a fait dans la première version du projet de loi
100 et également dans la version qui est actuellement devant la
Chambre.
Alors, comme on n'a pas de représentant auprès du PRIMO
dans le projet de loi 100, il n'est pas question de remettre la procuration au
PRIMO. Il faut la remettre à la personne auprès de laquelle on
est le représentant.
Donc, même si la Loi électorale du Québec semble
laisser le choix de donner la procuration au scrutateur ou au PRIMO, ce n'est
pas exact. Le représentant dans le bureau de vote donne sa procuration
au scrutateur, tandis que le représentant auprès du PRIMO, dans
la Loi électorale du Québec, donne sa procuration au PRIMO et il
n'est pas question de choix.
Quant à la question de rentrer dans le local, évidemment,
il y a la théorie des pouvoirs ancillaires. C'est sûr que si la
loi dit que le représentant doit remettre sa procuration au scrutateur,
c'est bien évident qu'après avoir montré sa procuration
qui dit dans quel bureau de vote il est représentant et avoir
montré cela au policier ou au PRIMO à la porte du local, celui-ci
doit à ce moment-là lui dire: D'accord, tu rentres. Va donner ta
procuration au scrutateur.
M. Dufour: À mon sens, présenter quelque chose
c'est montrer quelque chose. Là si vous allez plus loin, vous dites:
Elle va être presque donnée. Rendu au scrutateur, elle devient
presque... à en prendre possession. Non? Je ne donnerai pas les mots
"ancillaires" et toutes ces choses-là. Je ne prendrai pas des grands
mots, je prendrai des mots ordinaires. J'ai bien compris que c'était par
pouvoir allongé - je suis habitué à cela -ou
rallongé. Présenter au scrutateur, dans mon esprit, cela faisait
justement cela. Au moins, la personne va montrer sa procuration. Elle peut lui
permettre d'entrer. C'est évident, par exemple, qu'il y en a juste un
qui peut contester la qualité à mes yeux de la procuration, c'est
le scrutateur. C'est dans ce sens-là que j'apportais ma question. Puis
dans la loi de la province, c'est quoi?
 l'article 236: "le releveur de listes: "La procuration est
signée par le candidat ou son mandataire et elle est
présentée au scrutateur ou au préposé à
l'information et au maintien de l'ordre..." Ce que vous me dites c'est "selon
le cas".
Le Président (M. Saint-Roch): Me
Carrier.
M. Carrier: M. le député, je vous signale qu'il ne
faut pas oublier que c'est "selon le cas". Cela indique bien que ce n'est pas
un choix donné, mais que cela signifie que dans le cas de la procuration
d'un représentant auprès du scrutateur, elle est
présentée au scrutateur, tandis que dans le cas où c'est
un représentant auprès du PRIMO, elle est remise au PRIMO, elle
est présentée au PRIMO. "Selon le cas" est extrêmement
important.
M. Dufour: Mais est-ce que dans la loi électorale
municipale vous avez maintenu cette chose-là? Il y a un des deux qui
existe là.
M. Bourbeau: C'est justement. Tantôt on a fait une lonque
explication pour dire pourquoi il n'y a pas de représentant
auprès du PRIMO. On n'en a pas, alors il n'est pas question d'avoir un
représentant qui va présenter cette procuration au PRIMO parce
qu'il n'y a pas de représentant auprès du PRIMO, on n'a pas
choisi de retenir, comme le dirait M. Carrier, cette "bibite-là",
puisqu'elle semble inutile et on nous indique que même au bureau du
Directeur général des élections du Québec, on
entend faire des propositions pour faire disparaître les
représentants auprès du PRIMO aussi. C'est ce que M. Carrier a
expliqué tout à l'heure.
M. Dufour: Peut-être qu'il y a un peu confusion. Vous avez
un bureau de vote, il y a quelqu'un qui est là pour s'assurer que tout
fonctionne bien. C'est cela que vous appelez le PRIMO. Cela se fait dans les
municipalités régulièrement où il y a huit, dix
bureaux de vote. Ce que j'ai vu, en tout cas, il y a quelqu'un qui est
là. Lui s'occupe que l'ordre soit maintenu, puis il est même
coordonnateur par rapport à plusieurs bureaux de vote. Les mêmes
coordonnateurs s'assurent que tout va bien, que le matériel est
rentré et que tout est correct.
Donc, c'est cette personne-là qui, à mes yeux, veille
à la circulation, au bon déroulement et au bon fonctionnement.
C'est celui que je voyais que lorsque quelqu'un rentrait pour le bureau, il
pouvait dire: Oui, il peut rentrer ou il n'entre pas, ou sa procuration est
bonne. C'est dans ce sens-là. Mais vous me dites que ce n'est pas bon?
Cette personne qui fait cela, vous allez l'enlever?
M. Bourbeau: Non. M. le député de Jonquière
se souviendra qu'hier ou avant-hier on a étudié exactement ce
qu'est ta fonction du PRIMO à l'article 82 qui dit que le
président d'élection peut nommer un PRIMO.
M, Dufour: C'est cela.
M. Bourbeau: L'article 83 donne les fonctions du PRIMO. Donc,
c'est un poste officiel et qui est prévu dans la Loi électorale.
Ce n'est pas ce que nous disons, nous disons que le PRIMO existe, on a
même voté ces articles de loi il y a quelques jours, ce qui
n'existe pas c'est le représentant des candidats auprès de ce
PRIMO. Cela, il n'y en a pas.
M. Dufour: II n'y en a pas.
M. Bourbeau: S'il n'y a pas de représentant, ils ne
peuvent donc pas remettre leur procuration au PRIMO, il n'existe pas. Ils ne
sont pas là, ils sont inexistants.
M. Dufour: II y a deux choses, c'est cela la confusion. C'est
évident que la personne qui va travailler pour le représentant
d'élection cela se fait dans l'ordre, il faut qu'elle présente sa
procuration. Il y a un scrutateur assis à son bureau et reçoit le
représentant, cela va. La personne qui va relever des listes, il faut
bien qu'elle entre quelque part, vu qu'elle vient plusieurs fois dans la
journée, j'imagine, une ou plusieurs fois.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, je m'excuse, mais à moins d'un consentement des
deux côtés, il est maintenant 13 heures, je me vois dans
l'obligation d'ajourner nos travaux.
M. Dufour: On se reprendra.
Le Président (M. Saint-Roch): Les travaux de la commission
sont maintenant ajournés sine die.
(Fin de la séance à 13 heures)